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VBSFRANCIS A. CO*" '
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THE FRANCIS A. COU? RARY OF MEDICINB
Harvard médical LiBRARY-liOSTON MEDICALllBBABr
GAZETTE HEBDOMADAIRE
DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2« SÉRIE — TOME XXVI
21573. ~ MoTTEnoz.— Imprimbriks réunies, A, rue Mignon, 2, Paris.
GAZETTE HEBDOMADAIRE
DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
COMITÉ DE REDACTION
L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
P. BLACHEZ — E. BRISSAUD — G. DIEULAFOY
DREYFUS-BRISAC — FRANÇOIS-FRANCK — A. HÉNOCQUE — A.-J. MARTIN
A. PETIT — P. RECLUS
DEUXIÈME SÉRIE — TOME XXVI — 1889
PARIS
G. MASSON, ÉDITEUR
LIBRAIRE l>E L'AGAUÉNIE DE MÉDECINE
120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN
H OCCC LXXXIX
CATALOfiUEtt.
E.H:B. ,
Trente*sixiêmb année
N-'l
4 Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAI
'.y
PAR
\ 3
ECINE ET DE CHIRURGIE
NDREDIS
iCTION
M. LK D' L. LEREBOUUiET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOT, DREYFUS-BRISAC, FRAHCOIS-FRARCK, A. HËBOCQUE, k.4. MARTIR, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaeticn à M. Liebboullkt, 44, me de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. Ecole du service de saotc mililairc de Lyon. — Le
imttemcnl du choléra parles injectioos trachéales. —THERAPEUTIQUE. Les indi-
cation.s el la ^lear thérapeutique du Slrophantus. — Revue des cours. Hospice
éi^ la SttJi'étrière : profcMour M. Cbarcot. Travaux originaux. Clinique inédt«
i-«{e: Des rapports de l'iitaxic locomotrice progressive et du goitre exophtlial-
iav\a« — Cliiii4|oe chirurgicale : Es^si sur la'rccherchc, risolement et l'emploi
varcîa^\ è«s escréta sofaddes de certains microbes poUiogènes. •« SociiTÉs sa-
% iSTEi- Académie des sciences. — Société médicale des hôpitaux. — Société
•Je tàaiogic. — BIBLIOGRAPHIE. Arcliivcs de physiologie normale et patholo-
-ii»ne. — VARlérÊS.
BULLETIN
Paris, 31 décembre 1888.
Ér«le diat service de santé miltUilre de Lyon. —
1^ triUtemeiit du choléra par len tnjeetione Ira-
cbéalca.
Le Journal officiel des 26 el 27 décembre 1888 publie
le décret qui institue une Ecole du service de santé mili-
taire près la Faculté de médecine de Lyon et les décisions
relatives aux élèves et aux répétiteurs de la nouvelle Ecole.
L'éteodae de ces documents ne nous permet pas de les
publier in exttnso. Nous ne voulons donc qu'indiquer très
rapidement quels sont les motifs qui ont fait préférer Lyon
A Nancy, Bordeaux ou Montpellier et en quoi TEcole du
service de santé militaire de Lyon différera de celle qui a
si utilement fonctionné à Strasbourg.
Le rapport qui précède le décret du 25 décembre explique
les hé^italions qu'ont dû faire naître les compétitions des
quatre £icuUés de médecine qui sollicitaient la charge et
/7ir>f]oeur de donner Tinstruction scientifique aux nou-
veaux élèves de Tarmée. Nancy était le centre de Tune des
relions qui fournit le plus grand nombre de médecins de
l'année; plusieurs de ses professeurs avaient été les maîtres
i»u les collègues des chefs actuels de la médecine militaire,
tfonfpellier avait recueilli les débris de Tancienne Ecole
tir Strasbourg et, pendant deux années, largement ouvert
KS amphithéâtres et ses laboratoires aux répétiteurs et
in\ élèves du service de santé militaire. Elle venait de
pr'jiiver son libéralisme et son désir d'assurer dans les
intrtileures conditions possibles renseignement de la mé-
iecine d'armée en appelant à Thonneur du professorat
^ux médecins militaires dont Tun avait été professeur du
ITalKle-Grâce et l'autre répétiteur de l'Ecole de Strasbourg.
Ikrdeaux faisait valoir les sacrifices considérables qu'elle
^311 consentis depuis 1883 pour étendre et agrandir ses
Ltiments universitaires, ouvrir de vastes laboratoires et
ïilre des ressources matérielles suffisantes aux mains de
ife^seurs distingués dont plusieurs aussi appartenaient
S* Siaix, T. XXVI.
à l'armée ou y avaient occupé des situations éminentes*
A diverses reprises on avait pu croire, on avait même
annoncé que Tune de ces villes pourrait devenir le siège
de la nouvelle Ecole. Et cependant, malgré les espérances
que ranimaient si souvent des promesses officieuses peut-
être imprudentes, malgré les droits acquis par la promul-
gation du décret du 1'' octobre 1883 qui instituait deux
écoles du service de santé militaire l'une à Nancy, l'autre à
Bordeaux, il n'était point douteux que, le jour où l'on
prendrait une décision définitive, l'administration de la
guerre ne se décidât pour Lyon. En répondant officielle-
ment que cLyon l'emporte non seulement par l'installation
matérielle de sa Faculté, la richesse de ses collections
scientifiques, mais surtout et avant tout par l'immensité de
ses ressources hospitalières et anatomiques », le Comité
technique de santé ne faisait que répéter publiquement ce qui
se disait un peu partout depuis que la question se trouvait
posée. Au point de vue des traditions chirurgicales et des
ressources hospitalières, Lyon est certainement la pre-
mière des Facultés de province. Si la municipalité de
cetle ville a consenti, en faveur de rétablissement d'une
Ecole du service de santé militaire, des avantages matériels
suffisants, le choix de la ville de Lyon devait s'imposer.
Le décret qui institue la nouvelle Ecole déclare que, à
dater de 1891, c'est-à-dire lorsque les mesures transitoires
nécessités par la situation actuelle auront pris fin, les
élèves du service de santé militaire seront choisis parmi
les étudiants en médecine pourvus de quatre inscriptions
et ayant subi avec succès le premier examen de doctorat.
C'est là une mesure qui nous parait excellente. Déjà à
l'Ecole de Strasbourg où la présence d'élèves pharmaciens
motivait celle des répétiteurs de chimie, de physique et
d'histoire naturelle, on avait dû, contrairement à ce qui se
passait alors dans les Facultés de médecine, autoriser les
élèves militaires à subir à la fin de leur première année
d'étude l'examen de doctorat afférent aux sciences dites
accessoires. En n'admettant à l'Ecole du service de santé
de Lyon que les étudiants qui n'auront plus à s'occuper que
de médecine et de chirurgie, le nouveau décret réalise une
économie notable et évite de grands embarras aux chefs de
la nouvelle Ecole. Par suite de cette mesure, la limite
d'âge se trouve reculée à vingt-deux ans pour les élèves qui
n'ont pas encore servi dans l'armée et à vingt-cinq ans pour
ceux qui auront accompli au moins six mois de service
militaire effectif.
Une innovation plus contestable est celle qui consiste
dans l'adjonction au- personnel enseignant de professeurs
NM —
GAZETTE HEBDOMAMmE DE HÉfiECINE ET DE CHIRURGIE
4 Janvier 1889
civils attachés à l'Ecole ponrYenseignemeniàesbelles-'lettreSy
arts et langues YÎyaiites. L'i^rCicleSO qui iitstiiue ce(te nou-
velle catégorie de professeurs externes est copié sur le rè-
glement de TEcole spéciale militaire de Saint-Cyr. On a
voulu, sans aucun doute, imiter pour icâ jeunes médecins
ce que Ton Tait pour ceux qui se destinent à devenir offi-
ciers. On a oublié cependant que les conditions ne sont
point les mêmes et surtout que trois ou quatre années suf-
fisent à peine à parfaire des études médicales un peu sé-
rieuses. N'en faut-il pas conclure que les élèves du service
de santé militaire trouveront bien peu de temps pour s'oc-
cuper d*aris ou de bel I es-lettres? Passe encore pour Télude
des langues vivantes qui deviennent de plus en plus néces-
saires! Il appartiendra d'ailleurs au directeur de TEcole de
Lyon d'éclairer à ce point de vue les auteurs du décret.
On pourrait critiquer aussi la distribution des matières
de l'enseignement complémentaire donné par les répéti-
teurs. Comment a-t-on pu joindre l'anatomie pathologique
à l'anatomie normale et distraire de celle-ci Thistologie?
Un répétiteur d'anatomie normale Qt d'histologie aurait été
mieux à même de bien remplir sa tâche qu'un répétiteur
d'anatomie normale et pathologique, i'examen d*anatomie
pathologique est subi par les élèves de cinquième année,
en même temps que les examens de clinique interne. C'est
au répétiteur de médecine et non au répétiteur d'anatomie
normale qu'il convenait de confier renseignement de l'ana-
tomie pathologique. Quant au malheureux qui sera chargé
d'enseigner tout à fois la matière médicale, l'hygiène, la thé-
rapeutique et la médecine légale, nous le plaignons sincère*
ment. Ces attributions diverses devront être, nous le répé-
tons, modifiées dès que la nouvelle école sera appelée à
fonctionner. Nous espérons aussi que l'on autorisera les aides-
majors de première classe à concourir pour les fonctions
de répétiteur.
Mais nous ne voulons point insister sur des critiques de
détails. Nous ne voulons pas non plus rechercher aujourd'hui
pourquoi dans ce nouveau décret il n'est point question des
pharmaciens militaires. Nous préférons applaudir sans
réserves à la réorganisation d'une école du service de santé
militaire. Depuis près de vingt années nous n'avons cessé,
dans les colonues de ce journal (1), de faire des vœux pour
que l'on arrive ainsi à assurer le recrutement des médecins
de l'armée, à réveiller, par de nombreux et fréquents con-
cours, l'activité scientifique des jeunes aides-majors, à pré-
parer à l'enseignement du Val-dc-Grâce et à celui de nos
Facultés une pépinière nouvelle de médecins savants et
laborieux. L'armée tout entière y gagiiera.
— Nous n'avons point à revenir sur l'analyse qui a été laite
dans notre dernier numéro (p. 831) du long mémoire lu
par H. le docteur Duboué(de Pau)* Les considérations théo-
riques qu'a fait valoir notre confrère diffèrent de celles qui
guidaient, il y a trente ans, le professeur Kûss ; mais le pro-
cédé thérapeutique imaginé à Strasbourg — et, malheureu-
sement, aussi inefficace que peu pratique — est bien celui
que recommande aujourd'hui M. Duboué. Voici comment
s'exprimait Kûss : c La nature du choléra réside dans la
perte rapide de l'eau du sang. Tous les symptômes patho-
gnomoniques : cyanose, algidité, anurie, crampes, etc.,
dérivent de cette anhydrémie. Pourguérir le choléra, il faut
faire pénétrer de l'eau dans le sang. Le 29 août 1855, à l'hO-
(1) V(^es ea parUcuUer. Gaz. hebd*, iS7i, p. 419k
pital civil de Strasbourg, en présence du docteur Aubenas,
de M, Gustave Levy et de Quelques élèves, je ponctionnai la
trachée-artère d'un cholérique in extremi$ avec un trocart
fin et j'y laissai couler, à l'aide d*un appareil à irrigation,
unq certaine quantité d'eau tiède. Ce malade était aiïeclé
d'un goitre volumineux, de sorte que l'expérience dut être
interrompue. Elle fut très bien supportée par le poumon et
l'eau promptement résorbée parut avoir prolongé la vie du
malade. Je suis bien décidé à recommencr cette tentative à
la première occasion. »
L^occasion sVst offerte de nouveau en 1865, mais les
idées théoriques de Kâss s'étaient modifiées, et ce mode
de traitement du choléra dont il parlait encore parfois dans
ses cours n'a plus dès lors été appliqué.
THERAPEUTIQUE
Le» taél«»U«as «« la valear thérapcvU^ve
da «tropbantaa.
Si l'on pouvait juger d'un médicament par le nombre dos
publications dont il a fait le sujet, celui-ci occuperait, à bon
droit, un rang élevé dans la matière médicale contempo-
raine.
Entrevue comme un poison du cœur par Pélikan et
Vulpian, en 1865, Finée ou onage des Pahouins fut oubliée
pendant quatre années, puis étudiée en partie, de 18G9 à
1886, par Fraser, Legros, Hardy et Gallois, sous son nom
botanique de Strophantus. Voici qu'en dix-huit mois, de
juillet 1887 à janvier 1889, je compte dans mes notes
bibliographiques, assurément incomplètes, soixante com-
munications, discussions, thèses, minces brochures ou gro^
mémoires, relatifs à ce remède. Il a été expérimenté sur les
animaux ou essayé sur les malades en France, par MM. Lé-
pine, Gley, Lapicque, H. Huchard, Mairet, Combemale,
Bucquoy, Diigardin-Beaumetz, Poulet, G. Lemoine et pafj
moi-même. En Belgique, M. Snyers en a étudié les pro^
priétés; en Autriche, ce sont les travaux de MM. Pins cl
Langgard, Lœw et Zerner, liaas et Paschkis; en Italie]
ceux de MM. Uummo et Rovighi ; en Angleterre, de Sucklinf
et Uutcbison, venant après ceux de Fraser; en AllemagueJ
ceux de Hans Graetz, Eichborst, Fraenkel, Lewin, Draseh^
Hochhaus, Rosenbusch; en Suisse, les recherches de Buttif
et Prévost; en Amérique, celles de Bodtwich et Oliver, puii
les thèses de Cazeaux, à Paris, Grognier, à Montpellier,
Mayeur, à Lille. Enfin ces jours derniers MM. Bucquoy,
G. Sée, Dujardiu-Beaumeta; et Laborde en parlaient à l'Aca-
démie. En vérité, c'est toute une bibliothèque!
Et cependant, malgré cette richesse documentaire, mal-i
gré tous ces efforts, avouons-le en toute humilité, les phyn
siologistes et les cliniciens n'ont pu jusqu'à présent si
mettre d'accord pour décider si ce remède mérite équitaJ
blement les noms de médicament cardiaque, de diurétiqucJ
d'eupnéique, de nervin ou bien d'irritant des voies digesJ
tives. Attribuer au strophantus cet ensemjble de vertus e^i
peut-être beaucoup ; les lui contester toutes, ce serait tro
assurément. Bref, l'on discute toujours, au grand embarra
du praticien désireux de se faire une opinion impartiale su
l'action physiologique, les indications thérapeutiques et
posologie du nouveau remède.
\ Janvier 4889 GAZETTE HEBbOMADÂlRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 1
3
I
Du signalement botanique et de ia provenance commer-
ciale da strophantus, il y a Tort peu à dire. Interrogeons de
Caiidolle : il en décrit deux variétés, toutes deux venant
dWfriqae. Les botanistes plus modernes en mentionnent
une vingtaine d'espèces d'origine sénégalaise, javanaise ou
indienne, et, tout récemment, M. Blonde! a déterminé la
morphologie dé la graine de quelques-unes de ces espèces.
Cen'élait pas d'ailleurs œuvre inutile. Fraser, en effet,
t^ipériraentait en 1869, avec le Strophantus iowWiMM, Po-
laiilon et Carvllle, Gallois et Hardy avaient mis à Tessai le
Sirophanttis glabre du Gshon'y d'où, en partie du moins,
les différences expérimentales qu'ils observèrent. Depuis,
ks espèces commerciales se sont multipliées : telles les
graines du Strophantus glabre du Gabon, du Strophantus
sfirmenttux du Niger, du Strophantus dichotome de Sou-
rabaya, du Strophantus laineux du Zambèze et du Stro-
phantus de Madagascar que, dans la nomenclature latine,
iHWer (de Kew) qualifie de Aurantianus.
Puis, autre cause d'erreur : à cette confusion botanique,
il fâuUjouter les fraudes commerciales dont cette graine est
Vubjet. On substitue les espèces indiennes aux espèces afri-
uiiies; on mélange les graines du strophantus vrai avec
allés du strophantus faux, et même, ajoute M. Blondel,
les graines actives avec les graines qui ont été antérieure-
ment épuisées par l'alcool.
On le voit, les lacunes sont nombreuses dans l'histoire
botanique du strophantus, comme dans sa matière médicale,
i/est la, sans doute, une cause de la différence des effets
[ihysiolûgiques enregistrés par les expérimentateurs.
Mêmes lacunes, ou plutôt grande confusion dans l'étude
chinnique du strophantus. On emploie des extraits ou des
teiniures alcooliques de titre et de concentration variables,
t^u a isolé une strophantine des graines des strophantus;
mais la strophantine du strophantus kombé, comme
M. Calilloa l'a montré, est tantôt amorphe, tantôt cristal-
Usée, et ses cristaux — autre variation — sont tantôt lamel-
laires, tantôt en aiguilles.
Ce n'est pas tout encore ; voici qu'aux réactifs, la stro-
^ihantioe des strophantus kombé et hispidus répond autre-
ment que la strophantine du strophantus glabre du Gabon.
<*r, eDl877, MM. Hardy et Gallois expérimentaient avec
/♦'S semences de celui-ci ; Fraser, en 1869, avec celles de
reJai-iîK et, comme il fallait bien s'y attendre, ils obtenaient
tous des résultats discordants.
De plus — aulre cause d*erreur dans l'appréciation des
T*rrtus du strophantus — les graines contiennent un gluco-
îi k* jiial déterminé et probablement identique à la sub-
stance désignée sous le nom d'inéine par MM. Gallois et
Hardy. Enfin, voici que M. Arnaud vient, en juillet dernier,
-> <'ommuniquer à l'Académie des sciences une note d'après
l-'|uelle la strophantine serait l'homologue de l'ouabaïne,
^•rincipe actif d'une Apocynée, Touabaïs, dont les Somalis
f-.«l usage pour empoisonner leurs flèches. Jusqu'ici, par
«'insèquent, il est prudent, à l'exemple de M. Dujardin-
teaametz, de déclarer que la pharmacologie des strophan-
j: les et du strophantus est seulement à peine ébauchée.
II
. La Jélennination de ses propriétés physiologiques est-elle
^*a^ précise? Pélikan, Vulpian, Legros, P. Bert, Carville,
■^M, l'olaillon, Gley et Lépine, et d'autres encore, M. H.
Huchard et moi nous sommes de ce nombre, ont mis lé
strophantus à l'essai sur les animaux : chiens, chats, mam-
mifères, oiseaux, tortues, grenouilles, petits crustacés,
animaux à sang chaud et animaux à sang froid. En fait,
depuis quelque temps, on l'a beaucoup expérimenté dans
les laboratoires. D'autres observateurs, MM. Mairet, Com-
bemale, Grognier et G. Lemoine ont voulu de plus — pru-
dente sagesse physiologique — en rechercher les effets sur
l'homme sain avant de les utiliser chez l'homme malade.
Et cependant, malgré leur multiplicité, ces recherches ne
sont pas très concordantes par leurs résultats.
On a noté que l'extrait des graines du strophantus
tuait les animaux de toutes espèces, après un temps dont
la durée variait suivant qu'on l'administrait par la voie
sous-cutanée ou bien par la voie stomacale. On a vu, sur*
tout dans les ingénieuses expériences de M. Lemoine, que,^.
par la répétition des doses, on provoquait une intoxication
chronique et on a ainsi démontré que son administration
répétée ne présente pas moins de dangers que son adminis-
tration à doses excessives. Il existe done un empoisonne-
ment aigu et un empoisonnement chronique par le stro-
phantus, l'un et l'autre redoutables quand on prescrit cette
substance.
A doses mortelles, d'après les divers expérimentateurs,
les extraits aqueux ou alcooliques du strophantus modi-
fient toutes les grandes fonctions de l'organisme : circula-
tion, respiration, digestion, sécrétion, thermogénèse, inner-
vation.
Quels sont les pA^nomènes cardio-vasculairescon^écMWh
à l'administration de l'extrait aqueux du strophantus? Dans
les premiers moments qui suivent l'ingestion, j'ai constaté,
comme la plupart des autres expérimentateurs, l'augmen-
tation de la pression artérielle, et, suivant la remarque de
MM. Gley et Lapicque, une amplification de la i^ystole;
mais ces phénomènes sont passagers, et, après quelques
courts instants, les battements de cœur s'accélèrent et se
multiplient, bien que la colonne mercurielle du sphygmo-
manomètre continue de s'élever: l'hypertension persiste
donc, malgré l'augmentation numérique des battements
cardiaques. MM. Lapicque et Gley, qui notent aussi ce phé-
nomène, l'attribuent à l'exagération de la tonicité artérielle.
C'est en placer la cause dans la circulation périphérique.
Puis — autres phénomènes constituant la seconde phase
de l'expérience — le cœur se ralentit, la pression artérielle
diminue : à la phase d'hypertension succède celle d*hypo-
tension. Le nombre et Tamplitude des battements car-
diaques s'atténuent; finalement, la colonne manométrique
et le cœur s'arrêtent.
Comment interpréter ces faits expérimentaux? Pélikan et
Yulpian ont dit les premiers : c L'inée est un poison du
cœur. » Polaillon et Carville déclarèrent, eux aussi, que le
strophantus abolissait la motricité de la fibre myocardique,
MM. Gley et Lapicque ont admis qu'il modifie l'activité du
système nerveux. Ici, théorie musculaire^ là, théorie ner-
veuse de la toxicité du strophantus ; enfin — troisième inter-
prétation— MM. Mairet, Combemale et Grognier le font
agir directement sur l'épithélium rénal, qu'il irrite : c'est
la théorie rénale de l'action du strophantus.
Ces interprétations sont de nature à satisfaire la curiosité
des expérimentateurs, mais, il faut Tavouer, ont été impuis*
santés jusqu'ici à les mettre d'accord. Les uns, avec
MM. Lépine et G. Lemoine, notent l'arrêt du cœur en dia-
stole par l'autopsie des animaux au moment même de la
4 — NM —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
4 Janvier
mort. D'autres, Paschkis, Langgaard, Prévost et peut-être
aussi Fraser, admettent, ou du moins semblent admettre, la
constance de l'état systolique de cet organe, de sorte que
Ton éprouve un certain embarras en présence de ces opi-
nions, et que l'on ne sait si l'on doit conclure à l'abais-
sement ou à l'élévation de la pression artérielle par le
strophantus.
J'insiste moins sur les troubles des mouvements respira-
toires : gène dyspnéique avec accélération initiale, puis
ralentissement terminal de leur rythme, et sur les modifia
cations thermiques se traduisant par un abaissement de
quelques dixièmes de degré, phénomènes qui ne suffisent
pas pour mettre le strophantus au rang des antithermiques.
Inutile encore de s'arrêter longuement à ces changements
dans la motilité qui, au début, se traduisent par de l'agita-
tion, et, plus tard, par de la paresse musculaire, ou bien
à ces perturbations digestives fort variables, signalées dans
quelques cas : ici, vomissements; là, efforts de défécation,
et, comme je l'ai constaté chez les cobayes, expulsions de
selles semi-liquides.
Son action sUr le système nerveux est loin d'être bien
déterminée. La plupart des expérimentateurs notaient la
prostration avec conservation de l'intelligence, mais
M. Lemoine a observé des symptômes qui, par leur vio-
lence, se rapprochaient des tremblements et de la parésie
du strychnisme.
Môme variabilité de son action sur les sécrétions. On a
vu les doses toxiques de strophantus raréfier les urines,
conséquemment, les rendre plus colorées et troubler leur
limpidité. L'addition du perchlorure de fer et de l'acido
sulfurique y développait la réaction de la strophantine de
Helbing. Par contre, administrées à l'homme sain, les doses
modérées augmentaient la diurèse dans le rapport de i à 2.
Après cela, on s'explique le désaccord entre les observa-
teurs; les uns considèrent le slrophanlus seulement comme
un diurétique par élévation de la tension artérielle avec
Czalary Zerner, A. Lœw {Wien. med. Woch.^ 1888) et
G. Sée; les autros comme un médicament rénal.
Inconstance et variabililé des effets physiologiques, tel
est donc le caractère de Yintoxication aiguë par le stro-
phantus. Observe-t-on ces mêmes irrégularités symptoma-
tiques dans Yintoxication lente par celte substance?
Non, et, à ce point de vue, on ne saurait trop invoquer le
témoignage et les expéri)nces si méthodiques de M. G. Le-
moine sur les cobayes et les chiens. Il leur administrait
quotidiennement une dose de teinture de strophantus qui,
isolée, eût été insuffisante pour provoquer aucun phénomène
physioIogique.Aprèsquelquesjours, cependant, ces animaux
perdaient rapidement de leur poids, de leur appétit et de
leur embonpoint, et ceux de l'espèce canine étaient atteints
de diarrhée séreuse, de polyurie et d'albuminurie.
Du côté du système nerveux, c'étaient des tremblements,
des convulsions des muscles de la mâchoire et des grince-
ments de dents, et môme, dans une expérience, des convul-
sions épileptiformes. L'inertie, la lenteur des mouvements,
la paresse musculaire, s'observèrent à une période plus
avancée.
Puis, du côté des voies respiratoires, M. Lemoine notait
la lenteur et l'irrégularité des battements cardiaques, le
ralentissement des mouvements respiratoires, la prolonga-
tion de l'expiration et la profondeur de l'inspiration. Enfin
—fait démonstratif — on pouvait suspendre ces phénomènes
et « assister à une véritable résurrection de l'animal », en
cessant, pendant quelques jours, radministration du siro-
phantus.
Vraiment il y aurait naïveté de s'attarder à justifier I iiJ
portance thérapeutique de cette intoxication chroniquo. Nt
prouve-t-elle pas, d'une part, l'accumulation du strophantus
dans l'organisme; d'autre part, le danger d'eu cootinuer,
pendant longtemps, l'administration? I
III
L'auatomie pathologique donne-t-elle une notion }>lu!
nette de l'action exercée par le strophantus sur les tissuj
de l'organisme? Oui, sans doute; les altérations obsenâj
sont constantes : dès taches hémorrhagiques maculenHVn^
docarde et la muqueuse gastro-intestinale; des suiïusioni
sanguines sillonnent la surface du foie et ponctuent la cap-
sule et le tissu spléniques.Oui, encore, le parenchyme puli
monaire et la masse encéphalique sont congestionnés; m
semblable congestion envahit la totalité du tissu rônal|
mais avec une intensité plus grande dans la zone corlicali
que dans la zone médullaire.
On observe ces altérations anatomiques dans l'inlc^dia
tion aiguë; on les observe encore dans l'intoxication cbJ
nique, et on a pu décrire les lésions d'une néphrite siro^
phantinienne comparable, dans ses stades divers, à li
néphrite infectieuse. Il est vrai que, chez l'homme, on o't
point noté ces lésions; cependant, à leur défaut, M.Cazcau
a constaté l'augmentation de l'albuminurie des brightiqiuH
et d'autres observateurs ont noté des hématuries strophaii
tiniennes. N'est-ce pas là encore un motif pour pre^crir
avec réserve un médicament qui, selon l'expression d
MM. Combemale et Mairet, agit à la manière d'un irrilai
sur tous les systèmes de l'économie?
IV
Inspirés par ces données de la physiologie expérimenlali'
les thérapeutistes s'efforcent, depuis bientôt vingt ^mki
de fixer les indications de cette substance. En 18C9,Fras(
lui donnait rang parmi les médicaments cardiaques. Depoi:
avec Langgaard et Pins, ce même observateur en a faitu
médicament diurétique. Tout récemment, enfin, on Ta pro
posé et même essayé à titre d'eupnéique, de stimulant dt
fonctions digestives, d'agent nervin et même d'anlihypei
thermique et d'anesthésique local. Voilà tout un ensembi
de vertus fort nombreuses, et, en vérité, très conlestée>.
En le proposant comme médicament cardiaque, Fras<
attribuait au strophantus une puissante efficacité cont
l'asystolie, les ruptures de compensation de l'hypertroph
venlriculaire, l'arythmie cardiaque, la dyspnée, les liydr
pisies, tous phénomènes sous la dépendance plus ou muii
immédiate d'un abaissement de la pression sanguine. J
fait; d'enthousiasme, il le comparait à la digitale!
M. Pins a, lui aussi, proclamé ses mérites dans la M\
générale de clinique et de thérapeutique de l'année 188
en même temps que ses compatriotes Drasche, Zerner, Lff
l'Américain Bowdich (de Boston), et que MM. Dujardi
Beaumetz et Bucquoy, dans les discussions de novembre
cette^ même année à la Société de thérapeutique. Ce demi
lui aUribuait une supériorité sur la digitale : celle do pr
longer son action, d'agir avec une énergie moins bruts
mais plus durable et de restaurer la contraclilité myoca
dique quand le cœur était fatigué. De l'avis de ces div(
observateurs, le strophantus devrait passer pour un nai^dii
4 Janyikr 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE Et DE CHIRURGIE
— NM — 5
ment de lasystolie, pour le succédané de la digitale, et
même pour un agent cardiaque supérieur à cette dernière.
Voici cependant une autre opinion^ celle de M. Haas: c Le
strophantus (Praj.Jm^d. Wochens,,iSSl) n'agit pas^commé
ia digitale. Ce n'est pas l'énergie cardiaque qu'il augmente,
c'est plutôt la tonicité vasculaire qu'il diminue, soulageant
aiûsi TefTort myocardique en amoindrissant ia résistance de
la circulation périphérique. » Ce n'est pas sa seule action
ti pour prouver que le strophantus n'est pas un tonique du
cœur, il ajoute que, sous son influence, le choc précor-
dial diminue, que le deuxième bruit pulmonaire s'affaiblit,
H que le pouls perd de sa fréquence. En d'autres termes,
si le strophantus atténue l'effort myocardique, c'est en
diminuant l'encorobrement de la circulation périphérique
fU s'il possède une efficacité dans le traitement des cardio-
pathies non compensées, ce serait à titre de médicament
vasculaire plutôt que de médicament cardiaque.
Le radicalisme de cette conclusion ne satisfait pas, sans
doute, MM, Fraenkel, Furbinger (Société de médecine de
Berlin, 1888), Hochhaus et Suckling. A leur avis, le stro-
pbantosest bien un tonique du cœur, mais son inconstance
et h faible intensité de ses effets lui donnent un rang infé-
rieure celui de la digitale.
loe autre opinion, défendue par MM. Rovighi et Rummo
(itiforma medicay 1888), et surtout par MM. Mairet et Corn-
bemale, condamne cet engouement en faveur du. stro-
phantus, et — considération en rapport avec la théorie phy-
siologique de son action rénale — le considère comme
m médicament irritant. Il agit directement sur le rein et
par le rein sur le cœur; bref, c'est un médicament rénal
plutôt qu'un médicament vasculaire.
M. Lerooine a, lui aussi, dans ces derniers temps {Revue
ijhiérale de clinique et thérapeutique ^ octobre 1888) revisé
CfS divers travaux cliniques, et, au moyen d'observations
nouvelles et de nombreux tracés sphygmographiques, for-
mulé des conclusions plus décisives.
Qu'a-t-il constaté? Le renforcement de l'énergie du cœur
et une régularité plus grande du rythme de ses battements.
Par contre, il n'a jamais observé ni ces améliorations con-
sidérables proclamées par certains oJ}servateurs, ni enfin
cette souveraine puissance thérapeutique du strophantus,
dViprès laquelle, au témoignage de Fraser, on assistait à
h métamorphose, vraiment bien étonnante, d'une « insuf-
fis^nce niitrale en une insuffisance aortique! »
Médicament cardiaque, vasculaire ou rénal, le strophantus
p4i<^sêde donc des vertus contestées, et, après tant de
recherches physiologiques ou cliniques, le praticien dési-
reu! de le prescrire éprouve le plus grand embarras. Il se
demande donc: quand faut-il l'administrer aux cardiaques?
IBand doit-on en éviter l'emploi?
Les effets les plus heureux ont été obtenus contre l'asy-
!K>lie, et surtout dans les cas où Tasystolie s'accompagnait
•rpdème et d'hydropisie.
ici, il faut bien l'admettre, l'action favorable est consé-
fneate de Taugmentation de la diurèse. On peut donc, à bon
àmi. en essayer l'administration chez les asystoliques re-
lies à la digitale ou à la caféine. Médicament de nécessité
plutôt que de choix, le strophantus devient chez eux une
p>$ource suprême alors que les autres remèd g font défaut.
kept:ndant voici que tout récemment un médecin améri-
prt, M. Dewine, a publié une série de succès qui témoi-
gneraient en faveur du strophantus. Il a vu, écrit-il {The
Boston rned. and Surg. journal^ 25 novembre 1888), les
accidents s'améliorer dans vingt-quatre cas de cardiopathies
organiques ou fonctionnelles (affections mitrales, myoc^ir-
dites graisseuses, palpitations sans lésions définies)! Il n'a
constaté aurun effet cumulatif, aucun trouble digestif, lu
diminution de la faiblesse cardiaque, en un mot tous, les
bénéfices d'un médicament à la fois nervin, eupnéique et
artério-tenseur. Rien ne manque à ces succès, sauf, ce
semble, une expérience clinique assez étendue.
Il y a, en effet, dès contre-indications à son emploi :
tel l'état de dégénérescence du myocarde, selon la remarque
de Zerner et Lœw; telle l'existence d'une néphrite, et sur-
tout celle de l'albuminurie, cas où, dans les premiers jours
après le début de son administration, le strophantus aug-
mente temporairement la diurèse. Cette augmentation est
seulement temporaire, et, comme M. Lemoine le fait
observer, bientôt suivie d'une diminution quantitative des
urines. Les améliorations signalées sont donc incontestables,
mais éphémères, et il ne faut pas, par excès d'engouement,
demander au strophantus plus qu'il ne peut donner.
Néanmoins, quand ces contre-indications font défaut, ou
que la digitale a échoué, on peut en essayer l'emploi, sans
toutefois fonder des espérances trop grandes sur un médi-
cament dont la constance, la fidélité et la régularité no
sont pas les vertus.
VI
Quelle est la valeur du strophantus comme agent diuré-
tique? MM. Fraser et Pins l'ont recommandé dans le trai-
tement des néphrites, attribuant ses effets diurétiques h
l'irritation du parenchyme rénal. MM. Hochhauâ et Dujar-
din-Beaumetz contestent son utilité dans ces affections.
Puis, autre opinion, défendue par MM. Zerner et Lœw;
dans une série de onze cas, ils ont vu, écrivent-ils, la diu-
rèse augmenter sept fois, après l'administration du stro-
phantus cdont les effets diurétiques, ajoutent-ils, sont cor-
rélatifs de l'action cardio-vasculaire du médicament >. Ici,
opinion divergente, ce serait pa.' le cœur et les vaisseaux
que le strophantus agirait sur le rein.
MM. Lemoine et Mayeur n'ont pas été moins satisfaits de
l'augmentation des urines ainsi provoquée. Par contre, ils
avouent avec sincérité que, dans la néphrite brightique, le
bénéfice obtenu est compensé par le danger d'augmenter
en étendue et en profondeur des lésions rénales. Tous deux,
on le sait, défendent la théorie, si vraisemblable d'ailleurs,
de la néphrite strophantinîenne.
De plus, autre fait non moins préjudiciable, l'albuminurie
augmente, toujours sous l'influence du médicament, que
cette albuminurie soit durable comme chez les brightîques
ou passagère comme chez les fébricitants. En bonne raison,
on doit donc redouter l'administration du strophantus
comme diurétique et aussi comme médicament cardiaque
à tout cardiopathe ou rénal en puissance d'albuminurie.
On doit encore le redouter s'il existe des hématuries, car
il les aggrave et parfois il les provoque. En voici la preuve.
Je l'emprunte à un fait que j'observe. M. B... est atteint
depuis longtemps de lésions aortiqucs avec myocardite et
néphrite. Un thérapeute éminent lui prescrit le strophantus à
titre de diurétique et de tonique cardiaque; l'albuminurie
se manifeste, quand jusque-là on l'avait en vain cherchée.
Je cesse le strophantus, ia quantité d'albumine descend de
2 grammes à 50 centigrammes par jour. Chaque fois que
6 _ N- 1 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
4 jAKVlEn
j*essaye à nouveau le médicament, mêmes phénomènes.
Auparavant, des analyses précises ne décelaient jamais
Texistence de Talbumine; faut-^ii, dans Tespèce, mettre en
doute l'action irritanle du strophantus sur le rein et, inter-
prétation abusive, admettre une simple coexistence entre
l'administration du médicament et les progrès de la mala*
die? Non! Mieux vaut mettre toutes les théories hors
de cause et constater qu'ici le témoignage de l'observation
clinique est conforme à celui de l'expérimentation, le danger
venant, dans la néphrite des artério^scléreux, tout à la fois
de l'hypertension artérielle et de Tii'ritation de l'épithélium
rénal. Inutile, par conséquent, d'insister sur cette contre-
indication.
Il faut noter que ces propriétés diurétiques ont été utili-
sées par Hutchinson sur un malade en puissance de coliques
néphrétiques. En provoquant une diurèse abondante, il sol-
licita, parait-il, l'évacuation des calculs et la guérison de la
crise. C'était un succès à l'actif du strophantus. Reste à
savoir si des observateurs moins heureux, employant la
même médication, n'auraient pas à mettre à son passif une
irritation intempestive du parenchyme rénal.
Comme médicament nervin, le strophantus n'a guère
fait ses preuves; car on ne saurait, je pense, compter au
nombre de ses victoires, l'amélioration d'un cas de maladie
de Basedow enregistré par MM. Zenner et Lœw. On ne sau*
rait non plus oublier son impuissance contre l'épilepsie,
insuccès signalé par M. Lemoine.
Enfin, jusqu'àvérification expérimentale, on doit soumettre
au contrôle les effets anesthésiques que, tout récemment,
dans les n"21 et 22 du Wiener klinische Wochenschrift^
M. Steinach aurait observés par les instillations sur la
cornée de la solution au dixième de l'extrait de strophantus.
Faut-il attribuer cette action à un principe actif, encore —
€ mystérieux » — contenu dans le strophantus? M. Steinach
le pense. Ou bien ne faudrait-il pas plutôt le considérer
comme un de ces phénomènes beaucoup moins mystérieux
dus à l'inhibition de la sensibilité, dont M, Brown-Séquard
a démontré la production après les irritations les plus
diverses des muqueuses et de la peau?
VII
Faut-il, en raison des modifications de la respiration
qu'il provoque, placer le strophantus au rang des agents
eupnéiques? MM. Hochhaus et Fuerbinger lui attribuent
le soulagement de dyspnées nerveuses. M. Lemoine l'a
employé avec quelques avantages pour diminuer la gène
respiratoire du catarrhe pulmonaire et de l'emphysème
pulmonaire. Il y a loin de tels faits à une conclusion ferme,
d'après laquelle le strophantus mériterait le nom de
médicament respiratoire. Mieux vaut admettre, à l'instar
de M. Fraenkel et d'autres, que s'il atténue les dyspnées
cardiaques, c'est en raison de ses propriétés cardio-vascu-
laires.
Enfin, peut-on espérer quelque profit thérapeutique de
son action sur les voies digestives? La diarrhée strophanli-
nienne est un phénomène vulgaire, d'après M. Lemoine,
chez les malades qui ingèrent ce médicament, et aussi un
phénomène d'intolérance, selon la remarque de M. Buc-
quoy. Il peut avoir son utilité dans les œdèmes ou les
hydropisies, au même titre que les agents de révulsion
intestinale, mais on ne saurait, ce me semble, en recom-
mander l'emploi prémédité, quand ses avantages ne com-
pensent guère ses inconvénients.
Ce n'est pas tout, le strophantus possède un goût amci
qui stimule Tappélit des malades, ingérant sou extraii
ou sa teinture. Yoilà une vertu stomachique, modeste sao^
doute, mais qui, nonobstant cette modestie, rappelle ]{
loin la stimulation de l'appétit produite par la strychnii»
et la noix vomique.
Je passe sur les propriétés antithermiques que M. Rovigh
a tout récemment attribuées au strophantus, et j'en arni<
à la posologie de ce médicament. Elle est simple, puifr
qu^elIe consiste à l'administrer, sous la forme de teinture,
la dose quotidienne de dix à quinze gouttes véhiculées (Iau
une potion à l'eau sucrée. Jusqu'à présent ce mode d'ad
ministration a été le plus habituellement employé. On j
essayé, mais sans grand succès, il est vrai, de pratiquer il(>a
injections hypodermiques contenant 1 demi-mîlligramini
à 2 milligrammes d'extrait dans i gramme d'eau. Enfin, oi
a proposé la strophantine à la dose d'un dixième de milli
gramme; mais l'extrême toxicité de cette substance esl ui
obstacle à son emploi. La pharmacologie du strophanta
est donc encore à étudier. ^
En résumé, et jusqu^à plus ample informé, les umnh
de ce médicament se compensent avec ses triomphes. i)i
doit le prescrire avec réserve, redouter, commeMM.Dujardm
Beaumetz et Bucquoy, la substitution des strophanlioe
encore si mal définies aux préparations simples de slt»
phantus ; enfin après avoir analysé les travaux dont il a et
l'objet, on peut dire, après l'un des thérapeutistes les pi»
distingués de la province : c Le strophantus appartienl
cette catégorie des remèdes mal connus, que l'on se faligs
d'étudier; — plus on l'étudié, moins on semble le m
naître. »
Ch. Élo^.
REVUE DES COURS
HOSPICE DE LA SALPÊTRIÊRE : PROFESSEUR M, CHARCOT.
Hystérie des enfants. — Parmi les symptômes les pla
fréquents de l'hystérie infantile, il faut noter des trouble
psvchiques associés à des crises de violence d'un aspect toi
à fait spécial.
M. le professeur Charcot présente à son cours un eufii
de sept à huit ans, sans hérédité nerveuse nettemci
constatée, oui ressentant brusquement une sorte de (dou
leur-aura) aans les genoux, éprouve bientôt la même seii^a
tion dans la cuisse, l'aine et le ventre, sans perle de coi
naissance, avec hypéresthésie cutanée sur le trajet de Taun
puis agitation qu'une course folle (manège autour d'un
table) calme un peu.
Cette crise d'hystérie revient à la moindre contrariélti
l'enfant est devenu pour sa famille un véritable lyrai
H. Charcot fait remarquer l'horaire de ces attaques, <|i
reviennent périodiquement de neuf heures à onze heures
soir.
Cette réglementation appartient bien à l'hystérie ;rêp
lepsie, elle, est plus souvent nocturne ou bien se produit
la fin du sommeil vers le matin.
Le professeur constate une migration imparfaite d
testicules, dont l'un est encore dans l'anneau, tandis ai
l'autre est resté dans le ventre; mais il n'attache pas pn
d'importance à ce fait qu'à l'existence dé vers intest
naux chez certains épileptiques.
Crises d'épilepsie. — M. Charcot oppose à l'enf*
hystérique un jeune homme atteint d'épilepsie classioue.i
malade a ses crises presque toutes les nuits de cinq heur
( JAinriEiî 1889
GAZETTE HÈBDOMÀDAiRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
1 ~ 1
à six ou sept heures du malin. Les convulsions prédominent
dans le côté droit du corps. Le professeur fait remarquer la
différence qui existe entre le morbus sacer, à forme unila-
térale, et l^épilepsie Jacksoiiienne, n'atteignant qu'un côté du
corps. Dans cette dernière maladie, la perle de connais-
>ance prévient de sotl arrivée par une série de phénomènes
(auras diverses, douleurs, fourmillements, etc.); enfm la
maladie reconnaît des causes tout à fait différentes. C'est
surtout dans les épilepsies syphilitiques qu'il importe de se
bâter et de faire promplement le diagnostic. L'artérîte
^ommeuse qui cause les phénomènes convulsifs va vite, il
ïautlrèsTite aussi instituer le traitement anlisyphilitique
pil d'attaque. On comprend lé tort if réparable causé au
jalient quand on croit à Tépilepsie classique et quand on se
contente de donner le bromure de potassium.
Quand on a bien affaire à l'épilepsie spécifique, on voit
bientôt répîlepsie s'amender, la connaissance ne se perd
plus, les pnénoraènes cônvulsifs se localisent. Malheureu-
scmenl louiez les épilepsies partielles né sont pas syphi-
litiques. Il font alors, quand on le peut, Recourir à la trépa-
nation. M. Horsley a déclaré à M. Charcot que l'opération
çr^Viquée sur un malade encore sous l'influence du bromure,
pris pour calmer les crises, se faisait dans de mauvaises
condffions et compromettait le succès.
Conclusianê : L'épilepsie vraie qu'on tie peut encore rap-
}>orter à aucune lésion organique démontrable, doit être
fniilée par le bromure. Au contraire, l'épilepsie partielle
est syphilitique, alors elle doit être attaquée vigoureusement
par le traitement spécifique ou bien elle doit être rapportée
:> un néoplasme et devient alors justiciable (autant que pos-
sible loin de la dernière administration du bromure) de la
chirurgie crânienne.
Tremblement de la tête dans la maladie de Pab-
KiNso!c. — On sait que la maladie de Parkinson, môme
dans les cas où le tremblement est très accusé, a coutume
de respecter la tête qui n'est jamais atteinte que par le
mouvement communiqué par le reste du corps. Quand oïl
hesl attaché an début des études sur cette affection à la
différencier de la sclérose en plaques, les auteurs et parmi
eux M. Charcot se sont efforcés de mettre en lumière cette
intégrité de la tète devant le tremblement. Or, te qui avait
pam de prime abord Un caractère absolu semble aujour-
d'hui moins certain. Le professeur, à l'appui de son dire,
montre un homme de trente-neuf ans atteint de la maladie
fie Parkinson et présentant dahs tout son côté gauche un
tremblement violent. Or la tête elle-même tremble très
fort, les secousses du tremblement se font surtout du côté
p:auche, côté le plus atteint. C'est là un de ces cas cotnme
Westphall en a signalé un dans les Annales de la Charité.
Tout ce qu'on peut dire en pareille circonstance c'est que,
dans la majorité des cas, la tête ne tremble pas. L'excep-
ti^n confirme la règle. (Leçon du 30 novembre 1888.)
Chorêe grave. -— Il se présente bon an mal an soixante
eu quatre-vingt malades atteints de chorée à la Salpctrière.
Sorce nombre asse2 considérable on a rarement à Constater
âes décès dtt fait de la chorée elle-même : la chorée grave est
donc peu fréquente. M. Charcot présente un homtnè encore
jeune atteint de la chorée grave de l'adulte. Après une
première phase caractérisée surtout par des troublés
ffientaax il a été pris d'une agitation incessante. Aujour-
d'hui il a une température aux environs de 40 degrés,
làl pulsations, un ventre ballonné, la langue sèche; il n'|
1 aucune complication visèéràle. C'est la chômée seule qui
cjuse tout cela.
il ne s'agit plus de la chorée de Sydenham, de cette
éorée dès emants qiïi guérit très bien, maiâ de la chorée
ft*rtelle, tellement rare, qu'à Saint-Ceorges Hospilal èh
^«-Qte et un ans on en a vu 16 câS; aut Enfants malades
6 cas en quinze ans; ei^lin à la Salpétrière 3 cas sur
160 chorées.
On peut rapprocher la chorée gravé de Padullé de Pétat
de mal épileptique. Dans l'un et l'autre cas là mort vient
sans complications viscérales et Paulopsie a toujours donné
des résultats négatifs.
Vraisemblablement ce malade mourra et û sa chorée
a revêtu un caractère aussi grave c'est non bas parcfe qu'il
est rhumatisant, mai^ parce qu'il est issu ue névropathes
(le père et la mère se sont suicidés). Sur un tel lel'raih la
chorée a montré tout ce qu'elle pouvait donner.
Le malade a succombé comme on pouvait s'y attendre et
Paulopsie n'a révélé que quelques végétations sur la face
auriculaire de la valvule mitrale. Auchrle lésion du sys-
tème nerveux.
Paralysie iNFANtiLS. — A propos de deux cas de
[paralysie infantile H. Chafcot rappelle l'historique de
a question, établit au tableau le schéma habituel des
lésions des cornes antérieures et signale un çoint de
diagnostic délicat avec une paralysie particulière de
Penfance qu'il appelle la paralysie de Kennedy. Cette
affection peu connue amène cfes paraplégies, des monoplé-
gies complètes, qui ont [iour caractère de guérir tout a'un
coup ou du jour au lendemain. Le professeur rappelle éga-
lement un fait des plus curieux signalé ces temps derniers
à Lyon. C'est le développement d'apparence épidémiquede
treize cas de paralysie à Sainte-Foiz l'Argentière, petit pavs
de 1500 âmes. Ces faits, rappelant du reste absolument la
paralysie infantile, doivent-ils faire admettre l'existence
d'une maladie infectieuse... voilà l'intérêt... Y a-t-il un
microbe ayant une sympathie spéciale pour les cellules
des cornes antérieures? Le fait serait assez curieux. Avant
d'admettre cette conclusion, il est bon d'attendre, de voir si
des cas nouveaux viennent à se produire, de s'assurer qu'il
s^agit bien dé la paralysie infantile et de ne se prononcer
qu'à coup sûr. (Leçon du 4 décembre 1888.) B.
TRAVAUX ORIOIMÙX
Cllalqae méélMile,
Des rapports de l'ataxie logomotrige progressive et
DU GOITRE EXOPHTHALMIQUE. Communication faite à la
Société des hôpitaux dans la séance du jÀ décembre 1888,
par M. Alix Joffroy, médecin de la Salpétrière.
La question soulevée par la communication de rïion
savant collègue me préoccupe depuis plusieurs années.
J'aurais cependant préféré en retafder encore la discussion;
mais, puisque le déhat est ouvert,je l'accepte d'autant plus
volontiers que je crois nécessaire de combattre sans retard
les conclusions que M. Barié vous a présentées d'une
manière trop séduisante.
Oi] peut trouver réunischezun ataxique tous les symptômes
capitaux de la maladie de Baseclow : la tachycardie,
l'exophlhalmie, le goitre, le trembletnertt des mains, etc. ;
mais plus fréquemment on n'en trouve que quelques-uns.
Parmi eux, la tachycardie est le plus commun. Il n'est pas
très rare de voir, en même temps que la tachycardie, un
certain degré de protrusion des yeux ; chez d'autres malades,
on trouvera la tacnycardie associée àla tumeur thyroïdienne ;
chez d'autres, on trouvera une ôxophlhalmie très accusée,
avec une grande fréquence des battements du cofeur.
La question qui se pose naturellement dans ces cas est de
savoir si l'on se trouve en présence de malades atteints
simultanément de l'ataxie loèomôtrice et dé la maladie de
Basedow, ou bien si l'on doit regarder la tachycardie,
réxophthalmîe, le goitre, le tremblement des mains, etc.,
comme devant être rapportés à l'ataxie locomotrice;' ' ^"" '
8 — NM -
GAZETTE HEBDOMADAiRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
4 Janvier 1889
Avant d'aborder cette discussion,, nous relaterons d*abord
dans leur ordre d'observation les faits qu'il nous u été
donné d'observer depuis plusieurs années que nous étudions
cette question.
J'ai conservé le souvenir de malades tabétiques oui
étaient, en 188i, dans mon service de Bicétre, et dont les
Î eux présentaient de laprotrusion à un degré très frappant,
e pourrais citer plus particulièrement le nommé Al..., pré-
senté à cette Société en 1883 par M. Debove, après l'élon-
gation du sciatique. Toutefois, ce n'est que l'année suivante
que j'ai commencé à consigner le fait dans mes notes.
Voici la photographie de la première malade atteinte
d'ataxie locomotrice, et chez laquelle j'ai relevé inten-
tionnellement le symptôme exophthalmie. Cette malade,
nommée B..., âgée de quarante-neuf ans, est entrée dans
mon service à la Salpètrière au mois de mars 1885. L'ataxie
et l'exophthalmie paraissent dans ce cas avoir débuté à peu
près simultanément.
Le 21 novembre 1879, la malade fut vivement contrariée
pendant la période menstruelle; elle tomba sans connais-
sance, eut une épistaxis très abondant^, et fut obligée de
garder le lit, en proie à une grande surexcitation, et d'autre
part ressentant de violentes douleurs dans la région lom-
naire.
Vers la (în de la première semaine, pendant la nuit, la
malade voulut se lever dans l'obscurité, mais elle ne put se
tenir debout et tomba. Elle dut demander du secours pour
remonter dans son lit. A partir de ce moment, elle ne put
marcher que de jour ou avec le secours de la lumière.
C'est à cette époque qu'elle remarqua que ses yeux
faisaient une saillie très accusée, qui se serait développée
tout de suite après la perte de connaissance mentionnée
plus haut, d'après le dire d'une de ses amies présente à
l'accident.
Ce n'est que deux ou trois mois plus tard qu'elle ressentit
des crises de douleurs fulgurantes.
A la même époque, on constata un strabisme externe de
l'œil droit, avec affaiblissement de la vue de ce côté.
En 1884 se développa une arthrouatbie tabétique du
genou gauche. Dans le courant de la même année se
montrent les crises gastriques, qui reviennent irrégulière-
ment à des intervalles de quatre à huit semaines environ,
et qui sont parfois excessivement violentes.
Le cœur ne présente aucun bruit morbide, n'est pas
notablement hypertrophié, mais bat un peu plus fréquem-
ment que la normale. La malade étant au repos dans son
lit, qu elle ne quitte guère que pour se mettre sur une
chaise, a de 84 à 90 pulsations par minute. Le choc du cœur
n'est pas violent, si ce n'est quand la malade est impres-
sionnée.
Au cou, on ne constate pas de battements exagérés des
artères, et il n'y a pas trace de tumeur du corps thyroïde.
On observe parfois un peu de tremblement des mains.
Le caractère chez cette malade est excessivement impres-
sionnable; elle est difficile à contenter et très prompte à se
mettre en colère. Elle est hystériq^ue et a présenté à
[plusieurs reprises sous nos yeux des crises nerveuses rappe-
ant la petite allague d'hystérie, avec menace de syncope.
Depuis 1885, il ne s'est présenté aucune modification
importante.
En résumé, on trouve chez cette malade les signes clas-
siques de l'ataxie locomotrice et de l'hystérie, et on observe
un certain degré de tachycardie et une exophthalmie assez
prononcée pour qu'à première vue on songe à la maladie de
Basedow.
Je mets encore sous vos yeux la photographie de la
seconde malade dont je vous parlerai. L'exophthalmie,
thlfjffs^ marquée que dans le premier cas, est encore
fifianiféste.
C'est une femme nommée A..., âgée de soixante ans,
entrée dans mon service en mai 1885.
Le début de l'ataxie locomotrice remonte à 1869 (elle
avait alors quarante-qîiatre ans), et consista en douleurs
lancinantes dans les membres inférieurs. Depuis celle
époque, les crises douloureuses se sont montrées avec une
une grande intensité.
Ce n'est que treize ans plus tard, en 188â, qu'elle éprouva
les premiers troubles de la marche, qui devint irrégulière
et même impossible dans l'obscurité. En janvier 1883,
l'incoordination diurne était manifeste, et en 1885, la malade
ne pouvait faire quelques pas qu'avec l'aide du bras d'uue
personne ou en s'appuyant sur les barreaux des lits.
Depuis trois ans, il y a incontinence d'urine, troubles de
la sensibilité, perte des réflexes patellaires, etc.
Les yeux présentent un degré notable d'exophthahnie,
mais la malade affirme qu'elle a toujours eu ce volume
anormal des yeux, et qu'en cela elle ressemble à sa mère.
Pendant toute une période de sa vie, de vingt-cin(}à
trente-cinq ans, elle a eu des palpitations, qui ont ensuite
disparu.
Aujourd'hui, on constate^que le cœur bat énergiquemenl
en soulevant la mamelle à chaaue pulsation. 11 n y a pas
de souffle, pas ou peu d'hypertrophie; mais parfois, pendant
l'auscultation du cœur, on perçoit une sorte de turoulle
pendant lequel on ne peut compter exactement le nombre
de battements.
Le pouls, généralement régulier, bat de 110 à 130 fois
par minute, la malade étant alitée. A l'arlère radiale, il est
plutôt petit, efl'acé; mais au niveau du cou, on voit les caro-
tides battre assez fortement.
On ne trouve chez la nommée A... ni tumeur thyroldieoae
ni tremblement des mains.
Dans ce second exemple, on trouve donc chez une femme
ataxique, de rexophthalmie, de la tachycardie, une impul-
sion énergique du cœur ; mais on ne trouve ni développe-
ment anormal du corps thyroïde, ni tremblement des
mains.
Notons aussi que dans ce cas l'exophthalmie parait avoir
précédé l'ataxie.
Au mois de juillet 1887, j'ai observé un troisième fait,
que je résume en quelques mots.
Il s'agit d'une femme de vingt-neuf ans, ayant depuis
l'âge de quinze ans des attaques d'hystérie convulsive avec
perte de connaissance, délire, etc.
L'ataxie locomotrice est caractérisée par des crises de
douleurs fulgurantes, l'incoordination motrice des membres
inférieurs rendant la marche presque impossible, le si^'ue
de Romberg, des troubles vésicaux, la perte complète des
réflexes patellaires, l'anesthésie en plaques, etc.
Chez cette malade, les yeux sont un peu saillants, et le
pouls bat 80 fois à la minute. Il n'y a pas à noter dans ce
cas d'autres phénomènes imputables à la maladie de
Basedow.
Le quatrième cas diff'ére des précédents par cette double
(particularité qu'il y a un goitre et qu'on l'a remarqué
ongtemps avant les premiers symptômes tabétiques. Du
reste, je vous présente la malade, qui a bien voulu m'ac-
compagner.
La nommée C..., âgée de quarante-huit ans, est entrée
dans mon service à la Salpètrière le 15 juin 1887.
En 1873, à l'âge de trente-quatre ans, l'ataxie débuta par
des crises gastriques et des douleurs fulgurantes d'une |
grande violence» siégeant d'abord dans les membres infé-
rieurs, et plus tard dans les membres supérieurs et la tête.
Il y avait aussi quelques troubles de la marche.
Après un traitement de plusieurs mois survint une
rémission de sept années, pendant laquelle la malade put
reprendre sa profession de blanchisseuse.
En 1882, la maladie fit de rapides progrès. Des troubles
4 Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
NM — 9
résicaux se montrèrent, les douleurs reparurent, et la
.larche devint d*abord difficile, puis impossible dans
l'obscurité.
Actuellement la malade ne peut marcher que soulenue
lies deux côtés; le signe de Romberg existe à un haut degré;
les réflexes patellaires ont disparu; il y a des troubles de la
sensibilité, des troubles de la vue, de l'inégalité pupil-
laire, etc.
En outre, on note de la protrusion des yeux, de la
tachycardie (124 pulsations à l'état de repos, avec choc assez
violent de la pointe contre la paroi thoracique), du tremble-
ment des mains et une augmentation notable du volume du
corps thyroïde, surtout du côté gauche.
La tumeur thyroïdienne fut remarquée dès l'âge de cinq
ans, et pendtnt tout le temps qu'elle était fillette, elle pré-
senta un certain degré de goitre qui fut alors considéré
romme étant de nature endémique, mais oui vraisembla-
blement traduisait déjà l'existence de la maladie.
En résumé, chez cette quatrième malade on trouve les
quatre symptômes cardinaux de la maladie de Basedow, et
en opposition avec ce qui est noté dans la majorité de mes
observsrUons, il y a un goitre, et de plus il est probable que
si la maladie de Basedow n'a pris un développement
complet qu\iprès le début de Tataxie, du moins, son
existence est antérieure à celle de l'ataxie.
Le cinquième cas que j'ai observé cette année présente
ane particularité intéressante.
Il s'agit d'une femme d^ cinquante-huit ans présentant
aujourd'hui de l'incoordination motrice^ des troubles de la
me (amblyopie et diplopie), des douleurs fulgurantes, des
troubles de la sensibilité, le signe de Romberg, la perte des
réflexes patellaires. Le début de l'ataxie ne parait remonter
qu a quatre ou cinq ans.
Peu de temps après, ses yeux sont devenus saillants; on
retrouve ce symptôme aujourd'hui, et en outre on note
124 pulsations à l'état de repos, et parfois un peu de trem-
blement des membres supérieurs.
Cette malade nous apprend aussi qu'il y a deux ans, alors
qu'elle était à THôtel-Dieu, elle était glycosurique et poly-
urique. L'examen de l'urine, que nous avons souvent répété,
nous a montré que ces symptômes ont presque disparu;
cependant il nous est arrivé de trouver encore de petites
quantités de glycose dans son urine.
La sixième malade dont je vous parlerai est entrée dans
mon service le 12 octobre dernier.
C'est une femme de quarante-deux ans chez laquelle
l'ataxie locomotrice a eu une évolution particulièrement
rapide. Il y a deux ans et demi, les douleurs fulgurantes et
l'incoordination des membres inférieurs se sont montrés
simultanément. Un an après la vue diminua, et en quatre
mois il se développa une amaurose presque complète.
Aujourd'hui, la malade est complètement alitée, et les
symptômes tabétiques s'observent aux membres inférieurs
et aux membres supérieurs.
Chez elle on trouve une saillie des globes oculaires, plus
prononcée du côté droit. On compte 106 pulsations à la
minute. Il n'y a pas de tumeur thyroïdienne.
La dernière malade dont je résumerai l'observation est
une femme âgée de quarante-neuf ans^ ataxique depuis
douze ans environ.
L'ataxie a débuté par des crises gastriques, et pendant
toute la durée de la maladie jusqu'à ce jour, ces crises
constituent le symptôme le plus accusé de l'affection. Depuis
plusieurs années, il y a une certaine difficulté de la marche,
le signe de Romberg est très marqué ; il y a des troubles
très prononcés de la sensibilité, les réflexes patellai-res sont
abolis, etc.
Chez cette malade, les yeux sont plutôt excavés, il n'y a
pas de tremblement des mains, et c'est seulement dans ces
<ierniers jours, en examinant en vue de cette communication
les atàxiques de mon service, que je me suis aperçu qu'elle
portait une tumeur assez développée, formée par le corps
thyroïde hypertrophié surtout à droite. La malade n'avait
pas encore remarqué cette particularité, et j'ignore la date
d'apparition de ce symptôme, qui est sans doute assez récent.
Le pouls, à l'état de repos, bat 80 fois par minute, mais la
malade est facilement émotionnable, et alors on compte
100 pulsations ou plus. 11 n'y a pas de tremblement des
mains.
En résumé, voilà sept malades ataxiques, dont six pré-
sentent de la protrusion des yeux à un degré plus ou moins
marqué.
Chez toutes on observe de la tachycardie variant depuis
80 jusqu'à 130 pulsations à l'état de repos.
La tumeur thyroïdienne et le tremblement des mains
n'ont été relevés que dans deux cas.
Revenons à la Question des relations qui existent entre
l'ataxie locomotrice et les symptômes de la maladie de
Basedow complète ou fruste.
Deux hypothèses peuvent être faites : ou bien il ne s'agit
que de la coexistence de deux maladies distinctes, l'ataxie
locomotrice d'une part et la maladie de Basedow de l'autre;
ou bien l'on doit rattacher aux développements de la lésion
tabétique ces symptômes qui représentent plus ou moins
complètement le tableau du goitre exophthalmique.
Examinons ces deux hypothèses.
S'agit-il d'une simple coïncidence (je ne dis pas d'une
coïncidence fortuite, car l'association des maladies ner-
veuses chez le même sujet n'est pas fortuite), c'est-à-dire de
la réunion chez un même malade de deux maladies dis-
tinctes, l'ataxie locomotrice et la maladie de Basedow? Je
ne vois pas pour quel motif on n'accepterait pas cette combi-
naison. Ne voyons-nous pas déjà l'hystérie (et on en trouve
deux exemples dans ce travail) se combiner avec le tabès,
sans qu'il vienne à l'idée de personne de rapportera une
seule affection les symptômes de l'hystérie et de l'ataxie
locomotrice? Le tabès se combine également avec la para-
lysie générale, avec beaucoup d'autres formes d'aliénation
mentale. Pourquoi ne se comoinerait-il pas avec la maladie
de Basedow ?
D'autre part, nous savons que le goitre exophthalmique
se combine avec l'hystérie, avec la chorée, avec l'aliénation
mentale, etc. Pourquoi ne pourrait-il pas ou bien se com-
pliouer d'ataxie locomotrice, ou se développer chez des
malades ataxiques ?
Les associations de ce genre ne sont-elles pas en quelque
sorte la règle dans la grande famille névropathique?
J'avoue que pour ma part cette association ne me parait
pas douteuse, dans l'une au moins des observations que je
viens de rapporter.
Hais, si la question me semble facile à résoudre quand la
maladie de Basedow se montre avec la totalité de ses
symptômes, il n'en est plus de même quand son tableau est
incomplet.
Depuis longtemps, en effet, on sait qu'il n'est pas rare de
trouver de la tachycardie chez des ataxiques à une période
[dus ou moins avancée de leur maladie. H. Charcot a signalé
e fait depuis longtemps dans ses leçons, et déjà en 1807,
étant interne dans mon service, j'étais préoccupé d'en
trouver l'explication. Voici ce que j'écrivais alors :
€ Nous ne pensons pas que dans l'alaxie locomotrice on
puisse expliquer la fréquence des battements cardiaques par
une altération des noyaux d'origine des pneumogastriques,
analogue à celle que Ion trouve dans la paralysie labio-
glosso-laryngée, ou à celle qui existe dans la sclérose en
plaques, lorsque les plaques de sclérose ont envahi ces
noyaux. » (Jofîroy, Note sur un cas de sclérose en plaques.
Soc. de biologie, 1869.)
Hais depuis cette époque, on a décrit la névrite périphé-
rique des ataxiques, et celle-ci peut sans doute siéger dans
10 — NM
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
4 Janvier 4889
le pneumogastrique. Je n'oserais cependant pas, jusqu'à
plus ample informé, expliquer par cette lésion la tachycardie
3ue Ton observe si fréquemment dans Tataxie, parfois bien
es années avant la mort.
Mais que la tachycardie des ataxiques relève d'une alté-
ration centrale. d*une altération des nerfs périphériques, ou
bien ne soit qu un trouble fonctionnel, je n'en persiste pas
moins, comme par le passé, à la regarder comme un
symptôme tabélique, et jamais il ne me viendrait à l'idée
de parler d'une forme fruste de maladie de Basedow par
cela seul que j'observerais de la tachycardie chez un
tabétique.
J'en dirai autant d'un léger degré de protrusion des yeux,
qui ne me parait pas très exceptionnel chez les ataxiques,
surtout à une période avancée de la maladie.
Mais quand, comme chez la malade (obs. VI) que je vous
Présente, je trouve réunis tous les signes de la maladie de
asedow, alors le doute ne me parait plus permis; ici ce ne
sont plus des symptômes labétiques que nous observons,
mais bien la réunion de deux maladies distinctes, le goitre
exophthalmique et Tataxie locomotrice.
Et si le doute existait encore dans vos esprits, je vous
rappellerais certains détails de l'observation, et vous verriez
qu'il est absolument impossible de mettre sur le compte de
l'ataxie les symptômes de la maladie de Basedow, puisane
celle-ci existait certainement bien longtemps avant le début
de l'ataxie, se traduisant pendant l'enfance de la malade
Sar des palpitations et par une tumeur thyroïdienne qui
onna lieu alors à une erreur évidente de diagnostic.
Je regarderai aussi comme atteinte de maladie de
Basedow, de même qu'elle est atteinte d'hystérie, la malade
de l'observation I, chez lauuelle l'exophthalmie a des pro-
portions très marquées. Malgré l'absence de goitre, ce
diagnostic ne me paratt pas contestable.
Dans l'observation II, il semble que, comme dans l'obser-^
vation IV, l'ataxie se développe chez une malade déjà atteinte
d'une forme fruste de maladie de Basedow.
Par contre, je serais assez disposé à regarder comme
symptômes tabétiques la tachycardie et le léger degré de
protrusion des yeux, relevés dans les observations III,
V et VI.
L'analyse des faits que j'ai observés me conduit donc à
cette double conclusion :
i"" Que chez le même sujet on peut voir réunies la maladie
de Basedow et la maladie de Duchenne. 11 paraîtrait môme,
si j'en juge par les quelques faits que j'ai relevés, que c'est
l'ataxie locomotrice qui se développe généralement en
dernier lieu ;
S"* Que l'ataxie locomotrice peut donner lieu à de la
tachycardie et peut-être aussi à un léger degré de protrusion
des yeux, rappelant ainsi certaines formes frustes de la
maladie de Basedow.
En terminant, je ferai remarquer que si toutes mes
observations se rapportent à des femmes, cela tient à ce
que, à la Salpêtrière, je n'observe oue des femmes, mais
sans doute aussi à ce que la maladie de Basedow est surtout
l'apanage du sexe féminin. Du reste, j'ai indiqué en com-
mençant cette communication que l'exophthalmie pouvait
s'observer aussi chez les tabétiques.
Cllalqae chirtirgleale.
Essai sur la recherche , l'isolement et l'emploi
vaccinal des excréta soludles de certains microbes
PATHOGÊNES, par M. le docteur Ricochon (de Ghampde-
• niers).
La question de savoir comment s'acquiert l'immunité
dans certaines maladies infectieuses n'a jamais cessé d'être
à l'ordre du jour depuis les premiers travaux de M. Pasteur
sur les virus-vaccins. Elle est plus que jamais actaelie.
Dans ces derniers temps un travail de MM. Roux et Cham-
berland, inséré dans les Annahs de Flnstitut Pasteur
S décembre 1887), une étude publiée depuis par M. Chauveau
lans la Revue scientifique (3 mars 1888) ont plus particu-
lièrement fixé l'attention sur le rôle, déjà soupçonné, que
joueraient dans 'l'immunité non plus les microbes eux-
mêmes, mais leurs produits solubles d'etcrétion (1).
Cela laisse supposer déjà que les microbes partage-
raient cette propriété des êtres, d'excréter des produits
qui sont souvent pour eux de véritables poisons, et qu'en les
mettant aux prises avec une quantité sufYlsante de ces
poisons au sein des milieux organiques, on les placerait
dans l'impossibilité de s'y développer et d'y vivre.
Le problème de l'imm^unité à conférer consisterait donc
à préparer ces produits dans des milieux de culture artifi-
ciels, à les isoler de leurs microbes générateurs, et à les
introduire dans l'organisme en i>roportion telle qu'ils y
fussent inoiïensifs et y rendissent inoffensive aussi Tintro^
duction ultérieure de ces mêmes microbes. Ces produits
deviendraient ainsi de véritables vaccins. On peut, si l'on
veut, les appeler des leucomaines vaccinales.
Une autre forme du problème à résoudre consisterait à
prendre l'organisme lui-môme comme milieu de culture
des microbes, et à les y introduire dans des conditions de
bénignité telles qu'ils y créeraient une maladie atténuée,
tout en fournissant une quantité de matière vaccinale suffi-
sante pour assurer l'immunité contre la maladie elle-
même.
C'est à rechercher ce qui a déjà été tenté et ce qu'on peut
espérer dans cette direction que nous voudrions consacrer
cette étude. Chemin faisant, nous apporterions un ou deux
faits nouveaux, et nous envisagerions d'un certain point de
vue des faits déjà connus.
I
Et d'abord, la foimation de cette matière vaccinale est-
elle un fait général dans les maladies microbiennes?
On comprend combien il importerait que cette quest ion
recâtdanstouslescasuneréponse positive. Un jour ou l'autre
on pourrait espérer recueillir seule cette matière vaccinale,
et (lès lors la méthode des vaccinations offrirait, aux yeux
du public et des médecins, un caractère d'innocuité qui
désarmerait les préventions les plus tenaces.
M. Pasteur, q^ui a présidé à^ l'origine de toutes les
questions microbiennes, s'était fait cette demande dès ses
premières études sur le choléra des poules. H. Chauveau a
rappelé, dans la Revue scientifique^ par quelle élégante
expérience in vitro l'illustre savant avait cherché à y
répondre. Mais il avait fait plus encore. Il avait injecté à des
poules les résidus des bouillons de culture et n'avait pu par
ce procédé leur procurer l'immunité morbide.
bst-ce à dire que la matière vaccinale n'existe pas dans le
san|; que le microbe, impuissant à la créer dans un bouilloa
artificiel, ne puisse la produire dans son milieu naturel, dans
le milieu organique, avec des substances protéiques plus
riches et incessamment renouvelées? On ne saurait l'affiriner.
On n'est pas arrivé à la déceler, il est vrai, par les procédés
ordinaires d'isolement (destruction des microbes par la
chaleur, filtration de l'humeur virulente); mais on n'y est
pas arrivé davantage pour la matière vaccinale de la fièvre
charbonneuse, alors pourtant que par une autre voie, la voie
(1) Nous Jgnorivns le nouveau travail de M. Roux sur la matière vaccinale da
charbon symploma tique (AnnaUi de Vinstitut Pasteur, février 1886} quand c«t
essai a ëlé écrit (!«' avril 1888).
Depuis cette note, d'importants travaux et de nouvelles découvertes ont été
faiU sur là matière par MM. Houti Chaoïberland, Malvoa, Nocard, Bouchard»
Gamaléia... Nous les ti(fnaIorons en note à la place que nous leur avions résorvéti
par prévlsioû dans notre classification.
4 Janvier 188$
6AZBTTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET bË CHIRURGIE
— N« 4 — Û
da filtrage placentaire, son existence â été mise à peu près
hors de doate (1).
A ce propos, on se demandera peut-être pourquoi pareil
procédé n*a pas été appliqué au choléra des poules, inoculé
au lapin. C'est qu'en réalité il est inapplicable ; la barrière
placentaire, qui reste souvent impénétrable aux bactéridies
charbonneuses, du moins dans certaines espèces animales,
telles que la brebis (Chauveau), se laisse rompre à peu près
toujours par les microcoques du choléra des poules (Cham^
brelent) et l'isolement de la matière vaccinale devient ainsi
impossible.
Le doute sur l'existence de cette matière dans le sang des
animaux infectés reste donc encore permis, tout au moins
âu point de vue expérimental.
Il Test bien davantage encore dans une autre maladie
>irnlente, dans un cas de variole, dont nous avons publié
ailleurs l'observation {Gaz.hebd, de méd. et de chir,, 1887,
n' 30) et que nous demandons à rappeler sommairement :
i M"*^ B..., de F..., multipare, enceinte dans son septième
mois, contracta une variole confluente, qui se compliqua de
symptômes ataziques graves et mit en danger les jours delà
m\ade. Les médecins appelés allehtlaienl chaque jour la mort
du fœtus et son expulsion prématurée. 11 n'en fut rien. La malade
eriiérit et accoucha à terme d'une grosse fille, pesant 5itir,500, qui
ne portait sur elle la trace d'aucune cicatrice variolique et qui,
bien mieux, fut vaccinée six mois après et prit trois boutons à
chaque foras. »
Ce qu'il faut retenir ici, c'est que l'enfant a été vaccinée
avec succès. C'est donc qu'elle n'avait pas acquis Timmunilé
dans le sein maternel et qu'à travers le placenta aucun
microbe variolique, ni aucune matière vaccinale soluble
n'étaient arrivés jusqu'à elle. C'est donc que cette matière
n existait pas dans le sang de la mère, car autrement il est
diflicile de comprendre Qu'elle n'eût pas, obéissant aux lois
de Tosmose, franchi le filtre placentaire, perméable à toutes
les substances organiaues diuusibles.
Ou peut objecter, il est vrai, que cette matière existait
peut-être quand même dans le sang, mais qu'en franchissant
le placenta, elle a dû subir quelques modifications chimi-
ques, telles qu'en éprouvent les peplones du tube digestif,
qui se désbyaratent en traversant la paroi intestinale pour
repasser à l'état d'albumine. Hais cette objection ne doit
pas valoir, car elle s'appliquerait tout aussi bien à la fièvre
charbonneuse des brebis pleines, et M. Chauveau en a
démontré en pareil cas l'inanité, en prouvant que parfois
la matière vaccinale arrivait intacte au fœtus, sans microbes
concomitanls et leur donnait pourtant l'immunité.
II 2<emble donc bien que dans la variole, sinon dans le
choléra des poules, l'immunité acquise par une première
atteinte de ces maladies ne Test pas par l'intervention d'une
matière vaccinale, d'une matière soluble et libre tout au
moins. Mais cette conclusion ne saurait être ferme, car le
sujet est encore bien neuf, bien obscur et il peut être telle
randition fondamentale du problème qui nous échappe abso-
lument (2).
IL — FiLTRATION DE l'HUMEUR VIRULENTE.
Les conditions de gestation dans lesquelles notre cas de
ifi Elle vient d'être prouTée sûrement par MM. Roux et Chamberland (Afin.
i^ rinâtitut Past€itr,M(il 1888) & Taido de procédés délicats de chaufRigo du sang
'SarbonneaX.
i} Nous avons depuis recueilli un second cas de variole, analogue au premier,
u.isoù Tcnfant n'a pris, lors de sa Taeclnation jennérienne, qu'un bouton de
<i-ctQp. La mère affirne pourtant que son enfant a dû recevoir au moins deux
«ares à chaque bras; avait-il donc ou commencement de vaccination intra-
.Krioe ? O qui en ferait douter, c*est que la cicatrice vaccinale est flranche,
1 r^e, profonde, aujourd'lioi encore, après vingt-cinq ans. Après tout, réflexion
'r.*, il se penl que la matl&re vaccinale soluble ait passé au fœtus, mais en ne
' < donnant qu'une immunité très courte, comme il arrive souvent dans ce mode
' \jcpinatif>n, dès lors, on comprendrait comment la vaccination Jennérienne
u->rTcaue huit oo dix mois aprô5 la naissance, ait pu réussir.
variole s'est présenté, méritent d'être retenues. Il semble,
en effet, qu'elles puissent devenir chez les animaux le point
de départ d'un procédé de recherche et d'isolement de la
matière vaccinale dans la plupart des maladies virulentes.
Mais si Tidée parait juste, elle se bute dans la pratique à de
grandes difficultés.
1* Filtrage placentaire. — Déjà l'observation nous
apprend que ces conditions cliniques se réalisent rarement
dans leur plénitude. Le plus souvent le fœtus succombe
avant terme. Les causes de la mort sont multiples. Il faut
incriminer tantôt Thyperthermie, tantôt l'asphyxie placen-
taire, tantôt l'intoxication ou l'infection microbienne du
fœtus. Dans ce dernier cas il est probable que le filtre pla-
centaire, qui à l'état normal est un filtre parfait, a subi des
modifications de texture. Le revêtement épithélial continu
des villosités fœtales, plongeant dans un sang plus ou moins
altéré, a pu s'altérer à son tour et par la barrière ainsi
ouverte le microbe passer au fœtus, lui apportant la maladie
et souvent la mort (1).
Cette transmission de la maladie de la mère au produit
de la conception a été constatée pour la variole même
(Charcot, Ghantreutl), pour les maladies éruptives
en général (Gauthier, Legendre), pour la fièvre typhoïde
(Neuhaus, Chantemesse et Wldal). En pareil cas, il est
évident que toute recherche, toute constatation d'une
matière vaccinale est impossible.
Il n'en serait du reste pas autrement quand même le fœtus
survivrait à la maladie de la mère et à la sienne propre et
arriverait à terme^ car nous n'avons aucun moyen, aucun
vaccin d'épreuve inoffensif, excepté dans la variole, qui
puisse nous permettre de constater si oui ou non l'immu-
nité est acquise; et, bien entendu, nous ne chercherons pas
à nous en assurer par un essai d'inoculation des maladies
elles-mêmes. Mais la preuve de l'immunité fût-elle faite.,
que nous n'en resterions pas moins à nous demander si elle
est due soit à une matière vaccinale, soit à une première
atteinte de la maladie, car cette maladie, toujours exception
faite pour la variole, n'aurait laissé aucune trace ide son
passage.
Mêmes difficultés chez les animaux. La plupart des
maladies virulentes passent de la mère au fœtus. C'est le
cas de la septicémie gangreneuse (Chauveau), du choléra
des poules inoculé au lapin (Chambrelent), du charbon
symptomatique (Arloing), du rouget des norcs... Mais la
fièvre charbonneuse fait souvent exception. M. Chauveau a,
en effet, démontré qu'en faisant des injections graduées à
des brebis pleines indigènes ou en injectant un virus fort à
des brebis algériennes, à peu près réfractaires au mal, on
ne retrouvait que rarement la bactéridie dans le sang de
leurs fœtus.
Il se servait pour cette constatation d'un réactif fort sen-
sible. Il injectait le sang, puisé dans le cœur d'un fœtus, à
un animal tel que le cobaye, qui est un excellent terrain de
culture bactéridienne et pourtant n'arriva qu'une fois sur
dix à une inoculation positive. Il put même faire tourner, au
profit de sa démonstration, les cas où la bactéridie avait été
trouvée dans le sang fœtal (Straus et Chamberland) (2), en
montrant qu*elle y était rare et inoffensive, et n'y provo-
quait pas ses désordres habituels, comme si son action avai
(i) A ce sujet aous avions suggéré l'idée {Gù%. Hebd. de mid. et de chir.,
39 Juillet 1887) qiM ta péttétmtlon bacillaire devait être comparée Ji* celle que
U. Pasteur réalisait dans l'intestin eu décliirant préalablement la muqueuse par
l'introduction d'aliments piquants. M. E. Malvoz a repris depuis cette idée [Ann.
de llnitilta PoMteur, mars i8S8) et montre qu'en ^eATet, en cas de pénétration
transplacentaire, le placenta était altéré.
(2) Depuis on a critiqué l'expérience de M. Chauveau et ces critiques ont
trouvé asile dans le dernier travail defMM. Roux et Chamberland sur l'immunité
charbonneuse {Ann, de l'tnslitut Patteur, août 1888). Elles reposent sur ce fait
que, même en l'absence de bactéridies dans le sang du cœur du fœtus, on les trouve
dans le foie. Encore ne les y Irouve-t-on pas toujours et même qu'exceptionnel-
lement (Malvoz, Wolff), de telle sorte que l'expérience do M. Chauveau, tout en
I perdant son caractère^ trop absolu, garde une grande partie de sa valeur.
42 — NM —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DS MÉDECINE ETâDE CHIRURGIE
i Janvier 1889
déjà été réfrénée par une matière vaccinale {Ac. des
se, 18 octobre 1882).
Avant d'aller plus loin, on peut se demander comment le
Bflc. awfftracts, qui vit à peu près exclusivement dans le
sang, qui y grandit et s'y multiplie, ne force pas plus souvent
ou plus largement la oarrière placentaire, chez la brebis
tout au moins, et ne passe pas au fœtus, alors que c'est la
règle à peu près invariable pour les bacilles de la septicémie,
du charoon emphysémateux..., qui pourtant n*apparaissent
et ne vivent qu'à peine dans le sang maternel si ce n'est au
moment de la mort. C'est l'inverse, semble-t-il, qui devrait
se produire. Il y a là une contradiction sur laquelle, osons-
nous penser, on n'a peut-être pas suffisamment attiré l'at-
tention.
Me tiendrait-elle point précisément à la difTérence de
mœurs et d'habitat des microbes? Le Bac, anthracis, saLn-
gnicole par excellence, ne se répand pas à travers les tissus
et respecte ainsi plus souvent la barrière placentaire restée
intacte devant lui. Les autres bacilles, au contraire, se pro-
pagent à travers les tissus conjonctif et musculaire, à travers
le tissu utérin en particulier; de là, gagnent les membranes,
prennent à revers la barrière placentaire, et arrivent au
fœtus par les trames celluleuses du cordon. Il n'y aurait
donc pas transport bacillaire d'une circulation dans l'autre,
mais propagation par contiguïté de tissus de la mère au
fœtus (l).Ce qui semble d'ailleurs bien prouver qu'il en est
ainsi, c'est que dans le charbon symptomatique, la septicémie
gangreneuse, les bacilles foisonnent dans les eaux de
Tamnios, ce qui n'arrive point pour la bactéridie et que
les tissus fœtaux qui paraissent les plus envahis sont,
autour de l'ombilic, les muscles de l'abdomen {Charbon
sijmpt. d'Arl., Corn, et Th., 2» édit., p. 193).
Quoiqu'il en soit, M. Chauveau a montré que souvent mal-
gré l'absencede toute bacléridiecharbonneuse dans le sang, le
fœtus survivant d'une brebis infectée n'en avait pas moins
acquis l'immunité. La conclusion qu'il en a tirée est qu'une
matière vaccinale soluble avait dû passer de la mère au
fœtus {Ac. des se, C. R. du 5 juillet 1880).
L'expérience peut être variée de maintes façons. On peut
inoculer à une brebis pleine un premier virus atténué,
attendre la parturilion et inoculer sans danger au produit
un virus fort, qui l'eût sûrement tué s'il n'eût pas recueilli
le bénéfice de la première inoculation de la mère (Rossi-
gnol, de Melun) {Ac. des se, C. R. du 21 novembre 1881).
Il est plus encore. L'immunité peut être acquise au fœtus
du fait seul que sa mère a subi les inoculations préventives,
deux, trois mois avant la conception, ainsi que l'ont prouvé
M. Toussaint pour la fièvre charbonneuse {Ac. des se,
20 juillet 1880), MM. Arloing, Cornevin et Thomas oour le
charbon symptomatique {Charbon symptom., 2* éaition).,
Et, en pareil cas, s'il était prouvé péremptoirement que
l'organisme maternel ne contient plus aucun microbe d'in-
oculation, l'existence de la matière vaccinale et son passage
intraplacentaire acquerraient un grand caractère d'évidence,
il nous semble (2).
Ne pourrait-on recourir également au filtrage placentaire
dans la rage? En dehors du système nerveux, le virus
rabique ne produit aucune désorganisation de tissus. Le
microbe par surcroit semble se détruire dans le sang. Son
passage à travers le placenta, resté sain, doit donc être très
rare. Seuls, MM. Galtier et Perroncito en ont cité des
exemptes. Mais aucune transmission, que nous sachions, n'a
été jusqu'ici signalée au laboratoire de M. Pasteur, et, il y a
quelques années, l'illustre savant en parlait encore comme
(1) Il y aura sur ce sujet tonte une étude bactériologique nouvelle âi fniro sur
les mdtrites infectieuses et sur le cordon placentaire. LebcdcIT suppose déjà que le
niicrocoquc de Pehleisen passe par les lymphatiques du cordon.
(â) Mais, selon Ja remarque faite par M. Vcrneuil au Congrès d'Oran, une con>
tusion survenue cliez un taureau vacciné contre le charbon quelques mois
auparavant, pouvait faire apparaître le charbon, ce qui prouve que les microbes
n'ont pas disparu.
d'une chose prétendue. Dès lors, pourquoi ne profiterait-on
pas du fait pour mettre en évidence l'eiistcnce d'une
matière vaccinale rabique? Pourquoi ne fait-on pas, à une
série de chiennes, près de mettre bas, une série d injections
de moelles rabiques graduées? Elles acquerraient ainsi
l'immunité, et si réellement cette immunité était le fait
d'une matière soluble introduite dans le sang, nul doute que
celle-ci n'allât à travers le placenta assurer le même bénélire
au fœtus.
2° Filtre rénal. — 11 est à l'état normal un autre filtre i
organique non moins parfait que le placenta: c'est le|
rein (1). Il y aurait donc lieu de rechercher la matièn»
vaccinale dans l urine. On peut pour cette recherche choisir
de préférence les maladies virulentes, dont les microbes
pullulent dans le sang, parce que la matière vaccinale a plu<^
de chances de s'y trouver accumulée et de filtrer à travers
les glomérules (2).
Prenons par exemple le sang de rate. Admettons ^ue la
bactéridie charbonneuse se développe bien dans l'urine
neutre d'un animal indemne. Essayons alors sa culture dans
l'urine d'un animal infecté. Si cette culture échoue ou se
développe difficilement, il y aura quelques rai.sons de croire
que le poison vaccinal est en présence. Assurons-nous-en
mieux encore en injectant cette urine dans le péritoine d'un
troisième animal. Nous procéderons par doses répétées et
minimes pour éviter toute intoxication. Puis vérifions, par
une inoculation de contre-épreuve avec un virus fort, si
l'immunité est acquise, auquil cas nous conclurons à
l'existence d'une matière vaccinale.
L'échec de l'expérience ne suffirait pas pour établir
l'absence de cette matière, tout au moins dans le sang, car
elle est de nature si instable, ainsi que le prouve l'inn
possibilité de la retrouver par les procédés ordinaires
de recherche, le filtrage placentaire excepté, qu'elle
aurait bien pu se détruire à travers les voies iiri-
naires, dès même sa sortie dans le sang. Peut-être réussi^
rait-on mieux avec le charbon symptomatique, la septicémie
gangreneuse..., dont les produits vaccinaux paraissent |>lus
stables. Nous ignorons si des expériences ont été entreprise:^
à ce sujet. MM. Arloing, Cornevin et Thomas ont bien injecté
à des animaux sains de l urine provenant d'animaux atteints
de charbon symptomatiaue; mais ces injections, faites eu
vue de révéler dans l'urine la présence des bacilles^
portaient sur des quantités trop minimes de liquide pour
conférer l'immunité, qui du reste n'a pas été recherchée, e(
permettre de rien conclure sur l'existence d'une matièrd
vaccinale (3).
3* Filtrage sur appareils. — Au lieu des filtres orgaiii^
ques nui se trouvent sur le vivant, nous pouvons recouri^
aux filtres ordinaires. Le procédé lut incertain tant qu'or
n'eut pas de filtres parfaits. Les filtres en plâtre dont s'élni'
servi M. Pasteur au début de ses expériences, lui inspiraieti
une certaine défiance. C'était l'épogue où on lui obiectal
que c'étaient, non les microbes, mais des matières soluble
qui étaient les agents des maladies. Il répondait en montran
l'innocuité des matières virulentes filtrées. Mais il craignai
qu'on ne lui objectât de nouveau que les produits solublesj
soi-disant pathogènes, ne fussent restés dans les interslic4*^
du plâtre (4). Aujourd'hui cette crainte n'existe plus ave^
(1) Faisons observer ici que la migration microbienne transrénale se protluil
dans les mcnics conditions quo pour le placenta, c'est-^-dire qu'il faut des losiotx
préalables du tissu rénal (loi de VVyiisokowitsch).
(2) Cette échappée par le rein doit même être assez rapide, ce qui cxpliquj
pourquoi l'injection intraveineuse de la matière vaccinale du charbon ne conforj
pas l'immunité (Roux et Chamberland, Ann. de VInstitiU Patleur, août 18<^8).
(3) Celte expérience a été réalisée depuis avec succès par M. Bouchard ilani
les mémos conditions oxpérimontales, pour la maladie pyocyanique.
(i) C'est alors que M. Pasteur suspendit une culture de bactéridics charbouj
neuses, en tout repos, dans les caves de l'Observatoire, laissa déposer les micnilx]
au fond du vase et montra que les couches supérieuros, parfaitement azoïque^. u
donnaient jamais le charbon. (UHtrc à /!• Koch.)
i Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM — 13
les filtres en porcelaine, surtout depuis les ingénieuses
iii>positions que leur a données M. Chamberland.
On peut filtrer Thumeur virulente sous toutes ses
formes :
a. Le sérum. — Nous ne savons au juste dans quelles
maladies Texpérience a été tentée sur le sérum défibriné et
qaels résultats elle a pu donner. Elle devrait réussir plutôt
dans les maladies à microbes sanguicoles où la matière
vircinale doit s'accumuler dans le sang (1).
b. La sérosité inter cellulaire. — Certaines maladies
virulentes, telles que le charbon symptomatique, la septi-
cémie gangreneuse... donnent Heu à des déterminations
locales. II était à prévoir que ces localisations, riches en
fflirrobes, se prêteraient à la constatation d'une abondante
matière vaccinale concomitante. C'est ce qu'a mis en évi-
ti<'iice le travail de MM. Roux et Chamberland sur la septi-
cmie ; c'est ce qu'ils prouveront certainement pour le
charbon symptomatique (2).
c. Les liquides de culture. — Ceux-ci se prêtent égale-
Dienl bien k l'expérience, d'abord parce que la matière vacci-
nale peut s'y accumuler en grande quantité, et puis que
I arrêt subit de la puliulation des microbes à un moment
donné est une présomption de s'a présence. M. Vooidrige
serait arrivé à la déceler dans une culture spéciale de
badéridies, dont il a donné la formule. Mais ce serait à
vérifier, car le fait cadre mal avec ce que nous savons de
l'instabilité habituelle de la plomaîne vaccinale charbon-
neuse. MM. Roux et Chamberland Font trouvée également
dans la culture du vibrion septique; ils la trouveront demain
pour le charbon symptomatique (3).
{A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des sciences.
SÉA3ÎCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 24 DÉCEMBRE 1888. —
PRÉSIDENCE DE M. JÂNSSEN.
(Fin. — Voyez le n» 52.)
PRIX PROPOSÉS POUR l' ANNÉE 1889.
MÉDECINE ET CHIRURGIE. — Prlx Monttjon : Destinés aux
auteurs des ouvrages ou des décou vertes jugés les plus utiles
à lart de guérir, et à ceux qui auront trouvé le moyen de
rendre oo art ou un milieu moins insalubre. — Prix Bréant
<\i}()000 fr.) : Guérison du choléra asiatique ou découverte des
causes de cette affection. — Prix Godard (1000 fr.) : Mémoire
5ar ]'analom'iCy la physiologie et la pathologie de organes géni-
taa\. — Prix Lallcmana (1800 fr.) : Travaux relatifs au sys-
l«'riie nerveux. — Prix Bellion (1400 fr.) : Ouvrages ou décou-
f^Ties surtout proûtables à la santé de l'iiomme ou à raméliora-
Uuu de Tespèce humaine. — Prix Mège (10000 fr.) : Continuer
ft compléter Fessai du fondateur du prix sur les causes oui ont
retardé ou favorisé les progrès de la médecine depuis la plus
huie antiquité jusqu'à nos joiirs.
Physiologie. — Prix Montyon (750 fr.): Ouvrage imprimé ou
tmii^crit sur la physiologie expérimentale. — Prix Pourat
i^.^0 fr.) : Recherches expérimentales sur les contractions mus-
Chaires. — Prix Martin-Damourette (UOO fr.) : Physiologie
'.b<^rapeutiqae. — Prix Lacaze (iOOOO fr.) : Ouvrage devant le
(Iq> contribuer aux progrès de la physiologie.
Statistique. — Prix Montyon (500 fr.) : Toutes questions
î kttves à la statistique de la France.
. Elle u'a pa« ivQssi «ux mains de MM. Ghamborlund ot Roux pour le sang
*>'<> (.tHit. de VlntlUut Pasteur, août 188B}, sans doulo en raison des inani-
**i- 6n« protoni^ées ao contact do l'air.
î C'*-4t aujourd'hui chose faite {Ann. de l'Institut Pasteur, février 1888).
' ï'.me abscrtation que procédoroniont.
Botanique. — Prix Barbier (2000 fr.) : Découverte précieuse
dans les sciences chirurgicales, médicales, pharmaceutiques et
dans la botanique ayant rapport à Fart de guérir.
Sciences naturelles. — Prix Petit d'Ormoy (10000 fr.) i
Application des sciences naturelles à la pratique médicale.
Grand prix des sciences physiques (3000 fr.) : Etude com-
plète de Tembryologie et de révolution d'un animal (an choix
du candidat).
^ Anatomie. -- Prix Bordin (3000 fr.) : Etude comparative de
Tappareil auditif chez les animaux vertébrés à sang chaud
(mammifères et oiseaux).
Société médicale des hôpitaux.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1888. — PRÉSIDENCE
DE M. SIREDEY.
Du pronosUo de la pleorësie hèmorrhaglqiie : M. Lereboullet. —
Traitement de la fièvre typhoïde par la méthode de Brand :
M. Juhel-Rènoy (DiscuMion : MM. Fèréoi, £. Labbé. OéHn-RoEe.
Hallopeau, Hayem). — Mutations dans les hôpitaux.— BenouTel-
lement du Bureau.
M. H. Barth fait hommage d'un travail, déjà publié dans
la Gazette hebdomadaire^ sur le Traitement du lymphome
malin par les injections interstitielles d'arsenic.
— M. Lereboullet donne lecture d'un mémoire intitulé :
Du pronostic delà pleurésie hémorrhagique. (Sera publié.)
— M. /u/iel-it^noy fait une nouvelle communication sur
le traitement delà fièvre typhoïde par la méthode de Brand.
Depuis l'époque de sa première note, c'est-à-dire pendant
Tannée 1888, il a baigné avec toute la rigueur de cette mé-
thode 8 malades à Thôpital et 2 en ville ; ces 10 cas, qui
se décomposent en : 1 cas bénin, 4 d'intensité moyenne,
4 graves et 1 très grave, n'ont fourni aucune mortalité. Le
dernier de ces cas, relatif à une jeune fille albuminurique
depuis cinq ans du fait d'une scarlatine, a nécessité 177 bains
et 43 jours de traitement. Les bains, chez tous les malades,
ont été appliqués dès le début de la fièvre typhoïde, ou du
moins aussitôt que le secours médical a été demandé. En
réunissant à sa statistique personnelle intégrale celles du
docteur Richard et du docteur Josias, qui ontemployé aussi
la méthode de Brand rigoureuse, H. Juhel-Rénoy montre que,
sur 105 malades baignés, il y a eu 5 décès seulement, soit
une mortalité de 4,76 pour 100. Il ajoute que jamais le bain
froid n'a eu aucun inconvénient, et que toujours, au con-
traire, il a merveilleusement agi contre les complications
pulmonaires de la maladie. Il exhorte tous ses collègues à
employer cette méthode et à publier les résultats obtenus.
En appliquant le bain froid dès le début de la maladie, on
abaissera comme en Allemagne, et comme Vogl, à Munich,
la mortalité au taux de 2 pour 100.
M. Féréol^ partisan en principe de ce mode de traite-
ment, rapporte avoir échoué chez un jeune homme auquel
il a donné un bain froid au quinzième jour de la maladie:
le patient a manqué mourir dans la prostration après le
bain, et on dut renoncer à renouveler pareille tentative.
D'ailleurs le malade a fini par succomber. En présence des
excellents résultats publiés par H. Juhel-Rénoy, il engage
à généraliser cette méthode dans les hôpitaux.
M. Hallopeau rapporte un cas de mort par congestion
pulmonaire au cours de la balnéation.
M. E. Labbéy tout en affirmant l'innocuité du bain fioiil,
ne se montre pas partisan de celle méthode employée d'une
façon systématique. En alimentant les malades avec du
lait, en leur donnant des toni(|ues, et en satisfaisant aux
diverses indications thérapeutiques, il a obtenu des résul-
tats aussi satisfaisants que ceux d<i la méthode de Brand.
U — NM ~
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE ttÉDBGINE ET DE 0HIRUR6IE
4 Janyier 1889
M. Gérin-Roze insiste sur rinsurfisance numérique du
personnel d'infirmiers pour la mise en œuvre de la méthode
de Brand dans les hôpitaux. Il objecte, en outre, que le
diagnostic de la lièvre typhoïde restant souvent incertain
dans les premiers jours, si l'on baign^. à ce moment tous
les malades, on doit évidemment compter dans les statis-
tiques nombre d'embarras gastriques aosolument bénins.
M. Hayem n'est pas partisan de la balnéation froide érigée
en système; elle peut rendre de grands services dans certains
cas, mais les autres médications trouvent leur emploi efficace
dans d'autres. Il ajoute aue l'examen du sang peut aider au
diagnostic précoce : si 1 on constate l'absence du reticulum
fibrineux de coagulation chez un fébricitant, on doit admet-
tre une fièvre typhoïde ; le fait est vrai même pour le typhus
abortif. L'existence du reticulum a moins de valeur, car il
peut se rencontrer dans quelques cas de dothiénentérie
avec détermination inflammatoire intense sur le tube intes-
tinal.
M. Juhel'Rénoy. répond qu'on ne peut invoquer contre
la méthode de Brand les résultats de la balnéation faite en
dehors des règles rigaureuses de celte méthode. D'autre
part, la statistique sur laquelle il s'appuie ne comprend que
des cas de fièvre typhoïde avec taches rosées ; le diagnostic
a été fait et la balnéation instituée dès que les malades ont
été soumis à Tobservalion. L'ensemble des signes classiques
permet le plus souvent d'éviter l'erreur. D'ailleurs, si l'on
a parfois baigné des embarras gastriques, ils n'eu ont pas
moins bien guéri ; il en a été de même pour un cas de pneu-
monie à forme typhoïde. Il est essentiel de baigner les
malades le plus tôt possible.
— Mutaiion^ians lesMpitau(V.-—}llîi. Barth et Chauffard
passent à rhôpital Broussais; M.Oulmont,à l'hôpital Tenon ;
M. de Beurmann, à Lourcine; M. Muselier, à Saiûte-P«rine;
M. Ëd. Brissaud, à La Rochefoucauld.
— Elections, — Sont nommés : Président, M. Cadet de
Gassicourt; Vice-président, M. Dumontpallier ; Secrétaire
général, M. Desnos ; Secrétaires annuels, MM. Comby et
LetuUe ; Trésorier, M. R. Moutard-Martin.
— La séance est levée à cinq heures et quart.
André Petit.
Soelété de btoloigrte.
SÉANCE DU 22 DÉCtIMBRE 1888. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Présentation d'ouvrage : M. Gley. — Un voltamètre enregistreur :
M. Regnard. — De la respiration chez les animaux hibernants :
M. R. Dubois.— Sur le procédé employé pour désarticuler les os du
crâne : M. Oréhant. — Siphon pour l'usage thérapeutique du
chlorure de mëthyle : M. Brasse. — Action toxique de l'aniline :
MBS. Meyer et 'Werthelmer. — Éloge de Vulpian : M. Déjerine. —
Élections.
M. Gley présente la thèse de M. jB. Legrain (de Nancy)
sur les microbes dans les écoulements de l'urèthre, travail
qui comprend en particulier une description très étudiée
des différentes espèces de micro -organismes qu'on trouve
dans les cas d'écoulements uréthraux.
— M. Dastre dépose une note de M. Regnard sur un
voltamètre enregistreur (description de cet appareil et
discussion des résultats qu'il fournit).
— M. Gley présente une note de M. B. Dubois, concer-
nant le mécanisme respiratoire des marmottes pendant le
sommeil hibernal et pendant le sommeil aneslhésique.
M. Dubois, distinguant ces deux sortes de sommeil, montre
qu'ils sont dus à des causes absolument différentes. Pendant
le sommeil hibernal, la respiration n'est entretenue que par
le jeu automatique du diaphragme ; il n'y a plus de respi-*
ration thoracioue, de telle sorte que toute gène apportée aul
constractions aiaphragmatiques tend h faire cesser Thiberl
nation: ainsi agit, par exemple, la section d'un des iierfl
phréniques; ainsi agit encore le chloroforme.
— M. Gréhant a cherché à évaluer quelle force est inis^
en jeu dans le procédé, bien connu des anatoraistes, qui esl
employé pour désarticuler les os du crâne; on sait en efTel
que la force d'expansion des haricots imbibés d'eau, dont o^
remplit le crâne pour le faire éclater, est considérable.
— M. Brasse présente un siphon employé pour la pulvê^
risation de chlorure de méthyle et qu il a modifié de tell<
sorte quç. ce siphon puisse aussi servir à pratiquer 1^
stypage.
— M, Balzer dépose une note de MM. Meyer et HVH
theimer (de Lille) sur l'action physiologique et toxique d^
l'aniline ;'les effets observés ont trait à des modincatioii^
qualitatives du sang et à des troubles de la nutritioil
générale.
— M. Déjerine prononce l'éloge de Vulpian. {Applaudis-^
sements.)
— La Société procède au renouvellement annuel de soii
bureau: MM. Duclaux et Marey sont élus vice-président^
pour l'année 1889; MM. Balzer, Capxtan, Charrin el
Réitérer, secrétaires.
BIBLIOGRAPHIE
Archives de phyfliologte nonnale el pathologl<|ae. 5^ série^
1. 1, fascicules 1 et f avec 2 planches et 58 figures dans Itj
texte. — Paris, G. Masson, 1889.
Les Archives de physiologie normale et pathologiq\u
rentrent, à partir de cette année, sous la direction unique
du fondateur du Journal de la Physiologie, journal auquel
faisaient suite, depuis 1868, les Archives dirigées pa^
Brown-Séquard, Charcot et Vulpian; la mort prématurée dâ
Vulpian avait privé la direction de l'un de ses membres le:^
plus actifs; l'évolution forcée des sciences médicales, enri-
chies d'une branche nouvelle, la Microbiologie, et le déve-i
loppement considérable de l'Analomie pathologique, ont
engagé les deux directeurs des Archives à prendre chacun
l'initiative d'une publication indépendante: M. Charcot, ave(^
la collaboration de MM. Grancher, Lépine, Slraus el Joffioy,
fonde les Archives d'anatomie pathologique et de médecin^
expérimentale; M. Brown-Séauard, assisté de MM. Dastrii
et François-Franck, conserve la direction des Archives <k
physiologie normale et pathologique. Ces deux recueil^
sont donc en quelque sorte complémentaires l'un de l'autre t
la physiologie normale appliquée à la médecine et Id
physiologie pathologique constituent les principaux objectif^
des Archives qui, en outre, se proposent de publier, cuniuit^
elles l'ont fait jusqu'ici, tous les travaux ayant un caractèai
scientifique et susceptibles d applications à la pratique inédit
cale.
Dès aujourd'hui les Archives réalisent leur programmé
par la publication de dix-huit mémoires signés, pour 1:^
plupart, de savants bien connus, qui se sont empressés
d'apporter au journal l'appui de leur autorité j dans l'analyse
sommaire de ces travaux on retrouve, en effet, les norasde
Richet, Morat, Chauveau, Marey, Beaunis, Ollier, Clu
Bouchard, Arloing, pour ne citer que les principaux. Mais
les Archives n'ouvrent point leurs colonnes qu'aux céh'-
brilés officielles; elles ne comptent point être l'organe do la
science physiologique française toute seule : on y verra
figurer tout travail de valeur, quel qu'en soit le signataire
français ou étranger.
4 JiNYin i889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE GHIRUROIE
— N» 1
15
U direction n'entend pas non plus constituer uniquement
an recueil de travaux originaux : elle s'engage, en outre, à
t^nir les lecteurs au courant des découvertes récentes dans
OM compte rendu critique et dans un recueil de faits som-
maires, mais suffisants; elle donnera dans l'avenir, comme
elle le fait dans le présent volume, et avec de plus grands
développements encore, l'indication souvent analytique des
travaux publiés dans les recueils périodiques français et
étrangers ; elle résumera enfin les ouvrages qui lui auront
M adressés pour l'analyse.
La meilleure manière de donner une idée de la publioa-
lioQ actuelle, nous a paru consister, malgré sa sécheresse
el ses longueurs inévit«ibles, dans Tanalyse des mémoires
publiés dans le volume qui ouvre la nouvelle ^érie : nous
2Tons classé ces travaux en deux groupes : travaux de phy-
5iul(^ie normale et travaux 4e physiologie pathologique ou
de médecine expérimentale; dans c« second groupe rentre
une étude d'histologie pathologique.
I. TrA'VXVX de PHTSIOLOGIG NORMALE GÉNÉRALE
ET SPÉCIALE,
l^ De< loiê de la morphoyénie chez les animaux. —
M. Mare; expose les résultats et développe les déductions
philosophiques de ses études sur la variabilité du système
musculaire et sur son adaptation aux conditions mécaniques,
accidentellement ou expérimentalement créées. 11 rappro-
che, daos cet intéressant plaidoyer en faveur du transfor-
misme, les modifications imprimées au squelette par les
formes musculaires qui modèlent la matière osseuse, des
changements produits daos les surfaces articulaires par les
mouvements insolites et les allures anormales. Cet en-
semble de documents, tout imposant qu'il soit, ne parait
point encore suffisant à Tauteur et il appelle l'attention des
chercheurs sur une branche nouvelle de la science qu'il
désigne sous le nom de morphogénie expérimentale : ici,
comme dans toutes ses œuvres, H. Marey se révèle comme
un initiateur, ouvrant des voies nouvelles et fournissant par
son admirable technique les moyens de fouiller les ques-
tions qu'il soulève.
2* De rénervation partielle des muscles; modifications
gu'elie apporte dans les caractères de la contraction totale.
~- M. Chauveau aborde et résout dans un travail sur l'énei^
vatioD partielle des muscles, le problème si délicat de la
transmission au muscle de l'excitation du nerf et de la çropa-
galion de cette dernière dans toute la longueur du faisceau
musculaire primitif. II démontre, à l'aide de procédés
d'inscription rigoureux, qu'un long muscle, comme le
sterno-maxillaire du cheval, présenta <les plaques termi-
nales multiples, étalées sur différents points du trajet des
faisceaux primitifs ; il établit en outre que ces plaques mo-
trices sont assez rapprochées les unes des autres et que le
rhamp de leur activité (c'est-à-dire les limites dans la pro-
pagation des ondes musculaires dont ces plaques sont le
point de départ) est certainement peu étendu. Reste à dé-
i^rminer, comme il le dit, si les faisceaux primitifs ne se
décomposeraient pas en segments distincts, étroitement
ajustés bout à bout et pourvus chacun de leur terminaison
teneuse-
:i' Recherches sur la contraction simultanée des mus-
'in antagonistes. — M. Beaunis développe, dans une étude
apérimentale des plus intéressantes, ce fait déjà énoncé
par lui que pour un mpuvement donné, dan;s la plupart des
: 'ss, les muscles antagonistes se contractent simultanément
nque le mouvement produit est le résultat de ces conlrac-
tu'Ds opposées l'une à l'autre. Cette conclusion, iuslifiée
î-ir des expériences précises, est l'inverse de la doctrine
^'■.assique d^près laquelle un muscle se contractant ne ren-
cr.Qire pas d autre résistance active de la part de son anta-
: oiste que la tonicité de ce dernier.
4"" Relations entre la forme de rexcitatiou électrique i
la réaction névro-musculaire. — M. d'Àrsonval propose u
nouveau procédé pour définir scientifiquement et réalise
matériellement une unité d*excitation électrique; préoccup
de déterminer les rapports entre Ténergie d une excitalio
électrique (induite) et la contraction musculaire qui e
résulte, il arrive à inscrire la courbe qu'il appelle « I
caractéristiçiue de l'excitation électrique :» en fonction d
la contraction produite. C'est un premier pas dans I
dissociation des lois qui relient la réaction musculaire au
différentes qualités de l'excitation électrique.
5"" Recherches sur les nerfs vaso-moteurs de la tête. -
M. Morat, dans un remarquable travail critique et expéri
mental, sur les nerfs vaso*moteur$ de la tète, précise c
complète les résultats de ses recherches antérieures exécu
tées en collaboration avec M. Dastre. U montre, en particu
lier, que les vaso-dilatateurs bucco-labiaux, découvert
par M. DasIre et par lui dans le cordon cervical du sympa
thique, suivent le trajet de l'anastomose qui existe entre 1
ganglion cervical supérieur et le ganglion de Casser; i
rappelle (||ue j'avais établi le passage dans le même file
anastomotique des filets irido-dilatateurs cervicaux (187^
et rapproche, très justement à mon avis, les nerfs qui dila
tent les vaisseaux de ceux qui dilatent la pupille : ce son
de part et d'autre des nerfs inhibitores^ ne réclaman
Sour manifester leur action aucun dispositif musculair
ilatateur, et intervenant comme des agents suspensifs d
l'action tonique musculaire, soit vasculaire, soit irienne,
6* Note sur les rapports de la pression à la vitesse d\
sang dans les artèreSy pour servir à Vétude des phéno
mènes vaso-moteurs. — M. Arloing démontre par l'analyse
comparative des résultats graphiques de l'exploration de I.
pression et de la vitesse du sang, que les effets circulatoire
des excitations vaso-motrices ne sont qu'incouiplètemen
définis par Texamen manométrique : celui-ci ne perme
f^as, en effet, de déterminer avec la même rigueur qu
'examen hémodromographique les phases et la durée de
réactions vaso-motrices.
7** Les variations respiratoires du rythme du cœur et d
la forme du ^ouls. — MM. Wertheimer et E. Meyer on
cherchera établir les relations fonctionnelles des centres bul
baires respiratoires et cardiaques : ils pensent que le cœur
s'accélérant au moment de l'inspiration, ne subit une tell
modification que parce que le centre régulateur respiratoir
bulbaire est associé au centre modérateur cardiaque, d(
façon à diminuer l'activité tonique de ce dernier quand i
entre lui-même en action. Tout en émettant sur le fom
même de la question des réserves que nous justifieron
quelque jour, nous devons reconnaître le réel mérite de c
travail.
8"* Innervation de la glande sous-maxillaire; sur la sus
pension d'actions nerveuses excito-sécrétoires. — M. Ole
discute le mécanisme des suspensions de Factivité sécré
toire réflexe des glandes salivaires ; il admet qu'ici, comm
dans beaucoup d'autres cas, l'effet inhibitoire ne résuit
f»as nécessairement de la mise en jeu de nerfs distincts
réno-secrétoires, mais peut tenir à l'état actuel de I
glande subissant l'incitation réflexe dans des condition
fonctionnelles spéciales.
9" Recherche sur l'influence exercée par les muscles d
fœil sur la forme de la cornée humaine. — M. Leroj
reprenant avec le nouvel ophthalmomètre qu*il a imagio
avec M. R. Dubois, l'étude de la forme de la cornée, montr
que cette cornée porte l'empreinte des muscles moteurs d
globe oculairç. Pour lui, la forme type.de la cornée nor
mâle est celle d'une sphère élastique aplatie à 1 equateui
très peu du côté temporal, deux fois plus verticalement e
haut et en bas, el quatre fois plus du côté nasal ; tout e.
45 — NM —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE' MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
4 Janvier 1889
tenant compte de l'influence des variations d*épaisseur ou
de résistance de la coque sclérale, fauteur attribue le prin-
cipal r6Ic aux muscles droits dans l'asymétrie cornéenne
normale.
(A suivre). François-Franck.
• • ♦ —
VARIÉTÉS
Nécrologie. — Le corps de santé militaire vient d'être dou-
loureusement frappé, en perdant un de ses membres les plus
distingués.
Alfred Poulet, professeur abrégé du Val-de-Grâce, médecin-
major de 1" classe au S*» régiment de zouaves, est décédé, le
2fi décembre dernier, à Thôpital du Val-de-Grâce. Il était âgé
de treute-neuf ans.
Cette mort est une perte non seulement pour la médecine
militaire, qui était, à juste titre, lière de le posséder, mais
encore pour la chirurgie française, dont Poulet était un des plus
brillants interprètes.
Intelligence d'élite, travailleur obstiné, chercheur infatigable,
il avait su se créer rapidement, dans le milieu chirurgical, une
réputation justement méritée. Dans une période de dix années,
il a déployé une activité intellectuelle véritablement surpre-
nante. Il suffit, pour s'en convaincre, de se rappeler son Traité
de pathologie externe^ de consulter la longue liste de ses tra-
vaux originaux et de ses communications à la Société de chirur-
gie.
11 a abordé Tétude d'une foule de questions chirurgicales, à la
lumière de Tanatomie pathologique, il était de ceux qui pensent
5'
que tout chirurgien doit ôtre doublé d'un micro^raphè, et il
avait donné l'exemple, en faisant un stage de plusieurs années
dans le laboratoire du Val-de-Grâce.
Mais il est une partie de la pathologie qu'il avait étudiée à
fond, pour laquelle il avait une véritable prédilection, c'est la
athologie du tissu osseux. Ses recherches n'ont pas été stériles.
Ion nom restera attaché, à côté de celui de Kiener, à la décou-
verte de la nature tuberculeuse de la carie. C'est grâce à leurs
études que ce chapitre, jadis si obscur, de la pathologie est
complètement élucidé.
La tuberculose, que Ton rencontre à chaque pas dans les
hôpitaux militaires, était l'objet de ses préoccupations constantes.
Il . cherchait à la surprendre, à la dépister sous ses manifesta-
tions les plus inattendues. C'est ainsi qu'il découvrait, avec
Nicaise et vaillard, la nature tuberculeuse des synovites tendi-
neuses à grains riziformes.
Après avoir terminé sa période d'agrégation. Poulet, qui trou-
vait à Paris, dans le mouvement et l'agitation scientifiques, un
aliment à son activité intellectuelle, fut envoyé en Algérie, en
novembre 1886, non dans les hôpitaux, mais en vertu du roule-
ment prescrit par les règlements militaires, pour y étudier le
service médical régimentaire. C'est là qu'il devait finir, c'est là
que devait sombrer cette belle intelligence, sous les ardeurs du
soleil d'Afrique, après les fatigues des manœuvres d'automne.
Il serait trop long de faire ici l'énumération de tous ses tra-
vaux; nous mentionnerons seulement, par ordre chronologique :
187:2. Sa thèse sur Vostéo-myèlite des amputés. — 1871). Son
Traité des corps étrangers en chirurgie. — 1885. Son Traité
de pathologie externe, en trois volumes, en collaboration avec
Bousquet.
Ses principales monographies ont trait à ses sujets de prédi-
lection : la tuberculose et la pathologie du tissu osseux.
1883. Avec Kiener, Mémoire sur ïoUéo-périostite chronique
ou carie des os. — 1884. Du traitement de Vadénite tubercu-
leuse du soldat par l'extirpation et le raclage; — Communica-
tion à la Société de chirurgie sur Vhydarihvose tuberculeuse,
les ostéites tubercnleuses et syphilitiques du crâne. — Avec
Vaillard, Sur les corps étrangers articulaires; — Avec Nicaise
et Vaillard, Sur la nature tuberculeuse des hygromas et des
synovites tendineuses à grains riziformes.
A celte liste déjà longue, il convient d'ajouter l'article Tré-
pan du dictionnaire de Jaccoud, des mémoires sur les kystes
hydatiques du foie, de la rate, etc., etc., et de nombreuses
communications à la Société de chirurgie, qui l'avait nommé
membre correspondant en 1885, et qui perd aussi en lui un de
ses membres les plus actifs.
C. Vauïuin.
— Nous avons aussi le vif regret d'annoncer la mort de dem
confrères estimés : le docteur Léon Dumas, professeur à ïi
Faculté de médecine et à la Maternité de Montpellier, elM.i'
docteur Lonis-Victor-Octave Saint-Vel, ancien président de !i
Société médicale du I\' arrondissement, est mort subitemco!.
le 26 décembre dernier.
Légion d'honneur. — Ont été promus ou nommés :
Officiers: MM. les docteurs Féréol, membre de l'Académie ik
médecine; Chipault, chirurgien en chef des hôpitaux d'0^lé:>D^
Talairach, médecin en chef de la marine; Albert, Kruj-Baviir,
Pernod, Robert, médecins principaux de l'armée ; ChaQ\iii,
médecin-major ae 1'* classe.
Chevaliers: MM. les docteurs Albert Hénocque, Ralloptaî.
Gasne, Guiet-Dessus, Combe^ Armaingaud, Vedel, DepauUir:f.
Hardy, chef des travaux chimiques de l'Académie de mêàcm,
et Monin, tous deux membres du jury de TExposition de Barrr>
lone; Boeuf, Gazes, Bastian, Néis, Bourat, Nicomède, Cogman:,
Drago, médecins de 1^ classe de la marine; Ménard (Saint-Vve^-.
directeur adjoint du Jardin d'acclimatation; Roch, CharropiL
Ferrandi, Baudouin, Bourgois, Lachapelle, Donion, bndoN
Belleau, Vaillard, médecins-majors de 1^ classe ; Martin, IM .
Darré, Toussaint, médecins-majors de t' classe ; Frooi i
(d'Espalion) et Duchâteau (de Bessines), médecins de laeeWs:-
merie ; Courssières, médecin-major de 1" classe de urv-^
territoriale; Olivier (de Lilfé); Calmettes, médecin auristed* >
maison de Saint-Denis.
Hôpital des Enfants malades. — M. le docteur Jules Sici."
commencera ses conférences de thérapeutique infantile, à 11."
pital des Enfants malades, le mercredi 9 janvier 18N9, à nt"i
heures, et les continuera les mercredis suivants à la nm^f
heure. — Consultation clinique tous les samedis.
Société médicale des hôpitaux de Paris (séance du vemM*
H janvier 1889). — Ordre du jour: Injtallation du Bureau -!
M. Troisier: Sur la pleurésie consécutive à la pneuniouif. -
M. Netter: La pleurésie purulente consécutive à la pneumon'i
et la pleurésie purulente a pneumocoque primitive.— )l.Bri<:>ail
Tuberculose cutanée. — M. Seveslre : L'hôpital des Ëufau^*
Assistés en 1888. -— M. Edgar Hirtz: Du pouls capillaire dan^ '
plaque d'urticaire. — M. de Beurmann: Un cas de mort |4'
tétanie dans le cours d'une dilatation de Testomac.
Mortalité a Paris (51« semaine, du 16 au 22 dêcemî".
1888. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoidf.i:
— Variole, 3. — Rougeole, 32. — Scarlatine, 2. - Co.r>f
luche, 3. — Diphthérie, croup, 38. — Choléra, 0. — Phib!^
pulmonaire, 19i. — Autres tuberculoses, 22. — Tumcr
cancéreuses, 40 ; autres, 6. — Méningite, 23. — Oongr*
tion et hémorrhagies cérébrales, 37. — Paralvsie, S
Ramollissement cérébral, 7. — Maladies organiques iu cœur,'*
— Bronchite aiguë, 40. — Bronchique chronique, 51 .— Bropiî»
pneumonie, 36. — Pneumonie, 66. — Gastro-entérite: sein.'
biberon, 32. — Autres diarrhées, 8. — Fièvre et péritonilo p«'
pérales, 0. — Autres afTections puerpérales, 1. — Déhililt^^^
génitale, 26. — Sénilité, 42. — Suicides, 10. — Autres n:irt
violentes, 6» — Autres, causes» de mort, 156. — Cauii
inconnues, 5. — Total : 982.
AVIS
MM. les Abonnés de la France à la Gaxette hekio«*'
daire qui n'auraient pas renouvelé leur abonnement avit»!
le 10 janvier prochain sont prévenus que, à moins d'»rii'<
contraire, une quittance leur sera présentée à partir ^<
10 février, augmentée de 1 franc pour frais de recoQ>"|
ment. I
Un mandat collectif, sans frais de présentation fj
la somme atteindra 50 francs, sera présenté à la ni j
date à ceux de nos clients qui reçoivent en même M
plusieurs des recueils édités par la maison. '
G. Masson, Propriétaire-Gérant
177^. — MOTTKKOZ. — lui)>rtuiuric8 rduuici, A, nio Mi^suou, i, l'''-
Trente-sixièmb année
N« 2
11 Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOÏÏLLET, Rédacteur en chef
XM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOT. DREYFUS-BRISAC, F8AIIC0IS.FRANCK, A. HENOCgUE, A..J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Le&eboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SuMMAlRB. ~ Bulletin. Les indications thërapcttUquos du 8lru|ihanttts. —
Opération dcgarirotomie. — Ln Direclion de h santé publique. — Nkdro pa-
TUOLOcrs. Les migraines.— Revu; Des cours et dbs cliniqubs. Hôpital Neckcr.
Scrrrcr de M. i« prof<Mscur DieuUfbj ~ THAVAUX ORICIHAUX. PaUioIo^io gcné-
ra\r : Essai sur la rerlierche, l'isolenioot et l'emploi vaccinal des cxcrcl;*
^'>Wti«9 <ie certains microbes pathogènes. — Pathologie mcdicalr : Du tétanos
lies BimvpaB-iiés. — SocilTis 8AVANTI8. Académie des sctonces. ~- Acaddniio
4*" fdocîne. — Société de chirurgie. — Société de biologie. — Sociéiû de
lilirappuliqnc. — Soctcté aaatoinique. — REVUE DES JOURNAUX. — BlliLlOGRA-
PHI8. Archives de physiologie normale et pathologique. — VAHléTÊS.
BULLETIN
Paris, y janvier 1888.
Académie de médecine: Les indications thérnpontlqnes
ém stropbanlas : 91. Bncquoy. — Opération de gao-
trotomle : 91. Le Dentn. — La Direction de la santé
poMIque.
La revue critiqae, consacrée dans notre dernier numéro
(p, 2) à l'analyse de tous les travaux qui nous ont fait con-
naître le strophantus, nous dispense d'insister longuement
sur rintérét que présente l'importante communication
faite à l'Académie par H. Bucquoy. Ceux qui auront lu
Télude si consciencieuse de notre collaborateur M. Ëloy
devront *: j trouver d'accord avec, lui pour demander que
des observations cliniques, continuées pendant un temps
suffisant pour être probantes, et entreprises par des méde-
cins autorisés parleur expérience et leur savoir, nous met-
lent à même d'apprendre dans quelles circonstances le
strophantus peut être utile et quels sont les cas où il faut
lui préférer d'autres agents thérapeutiques. C'est ce que
M. Bucquoy vient d'établir en s'appuyant sur les recherches
qu'il poursuit depuis plusieurs années.
Notre savant confrère considère le strophantus comme
ua médicament cardiaque de premier ordre qui, dans les
lésions mitrales surtout, devrait être préféré à la digitale.
El, en effet» il ne s'accumule pas dans l'organisme ; il peut
être administré sans inconvénients pendant assez long-
leoips ; son action persiste quelque temps encore après la
cessation du médicament.
L'indication principale du strophantus se tire de l'état
de fatigue du muscle cardiaque. C'est dans les asystolies
dépendantes du rétrécissement mitral que M. Bucquoy a
TU la dyspnée et l'oppression disparaître presque subite-
ment après son administration. Le strophantus est donc un
médicament de soutien pour l'action cardiaque.
M. Bucquoy ne trouve guère de contre-indications à Tu-
^age de ce médicament. Ses conclusions, on le voit, se rap-
S* SiaiE, T. XXVi.
prêchent de celles de Fraser et diffèrent de la plupart de
celles qui ont été résumées dans l'article de M. Kloy. Nous
«rarji9iis pouvoir expliquer ces contradictions apparentes en
faisant remarquer que tous les médecins qui ont étudié
ce médicament n'ont pas fait usage des mêmes préparations.
Les uns ont employé la strophantine, qui est au strophantus
ce que la digitaline est à la digitale. Les autres ont fait
usage de diverses teintures souvent aussi infidèles qu'inef-
ficaces ou même dangereuses. M. Bucquoy s'est servi de
l'extrait de strophantus et c'est grâce à ce médicament qu'il
a pu obtenir les résultats favorables qu'il résume aujour-
d'hui.
S'il nous était permis de parler ici de notre expérience
personnelle, nous affirmerions à notre tour la supériorité de
l'extrait de strophantus sur les diverses teintures de ce
médicament. Nous reconnaîtrions aussi l'influence favo-
rable du strophantus dans les affections mîlrales. Nous
ferions cependant une réserve au sujet de l'action diuré-
tique de ce produit. On peut obtenir au début une diu-
rèse assez rapide et assez abondante; mais nous avons cru
remarquer que celle-ci ne se maintient guère et que, dans
les cas assez nombreux ou l'on échoue avec le strophantus,
on est souvent surpris de la rapidité et de la facilité avec
laquelle, chez les hydropiques (quelle que soit d'ailleurs
la cause de l'œdème), l'infusion de digitale provoque la
diurèse que le strophantus n'arrive plus à produire.
La discussion qui va s'ouvrir devant l'Académie mettra
sans doute, en relief quelques divergences d'opinion entre
les différents médecins qui s'occupent de thérapeutique
expérimentale, mais nous espérons qu'elle fixera désormais
sur les points encore en litige l'opinion des praticiens.
Ceux-ci devront tenir grand compte des conclusions si auto-
risées que vient de faire connaître M. Bucquoy.
— La remarquableobservalion lue parM.LeDentu n'est pas
seulement l'exposé d'un brillant succès chirurgical à ajouter
à tous ceux qui doivent être comptés à l'actif de la chirurgie
française. Elle montre que les lésions internes les plus
irrémédiables en apparence peuvent guérir assez rapide-
ment. Elle autorise les chirurgiens à intervenir dans des
cas jusqu'alors réputés comme absolument incurables. Elle
prouve enfin que les perforations de l'estomac peuvent se
cicatriser spontanément. Tous ces faits ont été bien mis en
relief par notre savant et habile confrère.
— Un décret du Président de la République, en date du
5 janvier, vient de distraire du ministère du commerce et
18 - N' 2
GAZETTE HEBbOMAbAlRE DE MÉDECINE Et 1)E CÎIIRUhGlÈ ii Janvier 1889
de l'industrie le service de l'hygiène publique et de le
transférer au ministère de l'intérieur, pour le joindre à la
Direction de l'assistance publique. C'est là une réforme
dont l'importance n'échappera pas au corps médical et en
particulier à tous les médecins qui s'occupent d'hygiène.
En effet, la Direction de la santé publique, comprenant à
la fois les services d'hygiène et ceux de l'assistance, se
trouve ainsi constituée, et les vœux émis dans ce sens,
avec une grande insistance et depuis si longtemps, par une
grande partie du corps médical se trouvent réalisés.
Le rapport adressé au Président de la République par les
trois ministres intéressés fait toul d'abord observer qu'il
existe entre le service de l'hygiène publique et ceux de
Tassistance, récemment centralisés dans une direction nou-
velle, une conncxité évidente. Cependant ce qui concerne
la sauvegarde de la santé publique dépendait du ministère
du commerce el de l'industrie, et ce qui concerne les hôpi-
taux, les asiles d'aliénés, la protection des enfants du pre-
mier îlge, la médecine gratuite dans les campagnes, ressor-
tissait au ministère de l'intérieur.
Le rapport ajoute que, c grâce aux progrès de la science,
le point de vue de l'hygiène publique s'est modifié depuis
quelques années. On ne concevait autrefois la police sani-
taire que comme la défense du territoire contre les mala-
dies exotiques, et ce sont sans doute les intérêts commer-
ciaux engagés dans cette défense qui l'avaient fait confier
au ministre du commerce. On sait aujourd'hui que Ton peut
défendre les populations contre des maladies qui font
bien plus de victimes que le choléra : ce sont les maladies
transmissibles. On sait aussi que, même contre les ma-
ladies pestilentielles, la meilleure sauvegarde est l'assai-
nissement des villes et des habitations. Or, les mesures
d'assainissement rentrent par leur nature même dans la
police municipale, sur laquelle le ministère de l'intérieur
peut agir plus efficacement que le ministère du commerce.
A maintes reprises, la Chambre des députés s'est occupée
de la question. Tout récemment, la commission nommée
par la Chambre pour étudier la proposition de loi, signée
de cinquante députés, « concernant l'organisation de l'ad-
ministration de la santé publique », se prononçait à l'una-
nimité dans le sens de la réunion du service de l'hygiène
publique à ceux de l'assistance. Des conseils d'hygiène
départementaux qui ont délibéré sur la question, la presque
unanimité s'est prononcée en faveur du rattachement du
service de l'hygiène publique au ministère de l'intérieur >.
Enfin^ il est ajouté « à titre de renseignement, que les
services sanitaires dépendent du ministère de l'intérieur
en Autriche, en Hongrie, en Russie, en Italie, en Hollande,
en Espagne, en Portugal, en Grèce, en Norvège. Ils en
dépendent également en Suisse pour les mesures d'un
caractère fédéral, en Allemagne pour les mesures géné-
rales, et dans presque tous les États d'Amérique pour les
mesures particulières à ces j^.tats. En Angleterre, la direc-
tion des services d'assistance et d'hygiène réunis constitue
un pouvoir à part, le Local Government Board ».
Dans ce dernier pays, on a pu constater qu'à mesure que
l'administration sanitaire s'est développée, la mortalité
générale a diminué, ainsi que la mortalité par les mala-
dies transmissibles et corrélativement les dépenses pour
l'assistance publique. Il est de fait que la lutte contre les
épidémies et contre l'insalubrité nécessite une organisation
administrative suffisamment autonome, compétente et res- •
pensable. S'il convient, d'autre part, qu'une certaine latitude |
soit laissée à cet égard aux pouvoirs locaux et aux individuv
c'est au pouvoir central qu'il appartient de défendre le;
intérêts généraux, et même les intérêts particuliers, cooli'
la négligence, l'incurie et le mauvais vouloir.
Si Ton veut être promptement informé des variations qiie
subit la santé publique, c'est dans le mouvement hospitalier,
dans la fréquentation des bureaux de bienfaisance., dans [a
renseignements du service des secours à domicile quK
puise le plus sûrement des éléments d'informations. Il w
tout avantage à ce que ce soit le même personnel qui ^m^
prescrire le traitement d'un malade, reconnaître les cau^
de l'affection et qu'il soit à même d'empêcher celle-ci de<c
propager à l'entourage plus ou moins immédiat. La prophy-
laxie a tout à gagner à être rapidement ordonnée et ezécule< ;
l'assistance, à être prompte et précise. Les moyens de Tuix
sont le plus souvent indispensables à l'autre. D'où la uécesn:*
de ne pas confier une telle œuvre à desadministrations «'pi-
rées, trop souvent isolées, comme on a dû le constaicft^
France au cours de la plupart des épidémies observées «i<i>;
ces dernières années. Avec quelle peine l'on voyait les per-
sonnalités éminentesqui conseillaient el dirigeaient lado;-
nistration sanitaire, arrêtées dans leurs efforts par l^J
lenteurs et les difficultés forcément inhérentes à la dissém-
nation des services administratifs ! Un indigent venait-il àêir
atteint d'une maladie transmissible, les secours à lui donHt:r
pour obtenir sa guérison devaient venir d'une adminisln-
lion, différente de celle auprès de laquelle il pouvait trouver
les moyens prophylactiques propres à prémunir contre tout'
transmission la famille et les voisins, etc., etc. Un enfant >i«
service de la protection venait-il à tomber malade, if
médecin-inspecteur ne pouvait le plus souvent s'occuper li^
mesures propres à prévenir pour les nourrissons voisins i
tension même de la maladie.
Tout en laissant aux administrations départementales (*
locales une grande liberté dans leur organisation des senio
de la santé publique sur leur propre territoire, il y a Ii»
de les engager à centraliser également ces services, afiu-i
leur donner assez de cohésion pour obtenir le maxim<.-
d'effets utiles ; il faut leur montrer, par des exemples tels q«
ceux du département des Vosges, de Saint-Étienne, d'Amies^
du Havre, de Reims, etc., tout l'intérêt et les avantagp>''l
l'extension de la réforme qui vient d'être commencée a
près du pouvoir central. Sans doute la tâche sera longnt d
difficile; c'est pourquoi elle sera d'autant plus rapidenici^
accomplie que chacun s'y prêtera plus facilement.
Ce n'est pas non plus sans une vive satisfaction que les mé-
decins accueilleront la création d'une direction admini<(r<
tive puissante, confiée à un homme dont Tautorité, le n
et la compétence s'affirment chaque jour de plus en plu?
les conseils qui l'entourent sont prêts à s'associer av
confiance à l'œuvre qu'il a courageusement entrepri
depuis deux ans. Les légitimes revendications des niédeci:n
ne peuvent que gagner à s'adresser à un service auprès dui|u*'|
ils sont tout au moins assurés de trouver un accueil enn
pressé et bienveillant. Jamais l'administration ne leur << ^li'
plus favorable; nous aimons à croire qu'ils apporteront à
nouvelle direction de la santé publique le concours s.:î.
lequel ses efforts comme les leurs resteraient forcénir
stériles.
M Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 2 — 19
NEUROPATHOLOGIE
Les migraines.
Parmi les maladies fonctionnelles du système nerveux, il
en est peu qui soient moins connues de la généralité des mé-
decins que le groupe des migraines. Si on ouvre les traités
classiques, on voit décrits avec beaucoup de soins quelques
phénomènes prodromiques, la douleur de tète ou les vomis-
sements qui souvent viennent clore la scène. On parle bien
un peu de troubles bizarres du mouvement et de la sensi-
bilité, de phénomènes psychiques..., mais ces symptômes
sont rélégués au seéond plan. Si on veut se faire une idée
de ce qu*est ce phénomène complexe qu'on appelle la mi-
graine, il faut recourir aux monographies, aux articles de
journaux, rechercher ce qu'ont écrit les neuropathologistes
assez courageux pour étudier ces faits absolument subjec-
tifs et difficiles à catégoriser. Nous avons été surpris en
lisant la littérature médicale anglaise de trouver un si grand
nombre de documents ayant trait aux migraines et aux
symptômes qui les accompagnent parfois.
Malheureusement tous ces documents, tous ces faits sont
apportés sans ordre et nous dirions volontiers au hasard.
Le livre de Liveing, plein de faits bien observés, de déduc-
tions logiques, n'est qu'un catalogue des symptômes du
groupe migraine. L'auteur anglais considère la migraine
comme ridentification d'un groupe naturel de désordres
désignés sous ce nom. Cette manière de considérer les
choses nous semble fausse; la migraine ainsi entendue
n'est qu'un magma de faits disparates allant de la simple
migraine àl'épilepsie confirmée. Tout migraineux, en lisant
ce livre et en s'en tenant au pied de la lettre, peut se croire
un candidat à l'épilepsie, et rien ne vient le détromper, car
Fauteur étudiant tous ces troubles en bloc semble avoir fait
du symptôme le plus grave une sorte de conséquence natu-
relle du symptôme atténué.
Les choses sont-elles arrangées de telle façon que toute
classification, toute ligne de démarcation soit impossible à
établir entre tous les désordres qui peuvent accompagner la
migraine? Nous ne le pensons pas. 5lM. le professeur Char-
cot, Ch. Féré, Galezowski, etc., ont séparé de ce grand caput
mortuum un type particulier à caractères bien tranchés :
la migraine ophthalmiqne. Ces auteurs ont remarqué que
dans une forme particulière de migraine les troubles ocu-
laires jouaient le rôle capital, pouvaient à eux seuls con-
stituer la maladie ou bien s'unira d'autres troubles sur les-
quels nous reviendrons.
Cette constance dans la nature des troubles, la manière
de se comporter des désordres oculaires, la localisation pro-
bable du processus à un territoire, toujours le même, légi-
timaient suffisamment la création du type : migraine
ophthalmique. c Cette migraine, dit Féré, constitue un
syndrome dont quelques traits caractéristiques suffisent
pour la différencier des autres migraines et en faire une
aflection véritablement autonome. > Cette autonomie ne nous
paraît pas avoir été suffisamment reconnue par les auteurs
qui ont considéré les troubles oculaires et les phénomènes
cérébraux et périphériques qui peuvent les accompagner
comme des épisodes pouvant appartenir à l'histoire de
toutes les migraines, tandis qu'en réalité ils ne se ren-
contrent toujours les mêmes et à chaque accès que chez
un petit nombre de migraineux. Désirant, non pas écrire
ici une monographie détaillée de l'affection, mais donner un
aperçu général des migraines, nous reconnaitrons dans le
groupe migraine : 1'' la migraine simple, vulgaire; 3* la
migraine ophthalmique, divisible elle-même en: migraine
ophthalmique simple ou fruste, associée, dissociée.
Nous aurons peu^ de chose à dire de la migraine simple^
chacun la connaît. Il est difficile de ne pas reconnaître une
grande parenté entre cette migraine simple et les migraines
complexes, maisilestaussiirapossible de les identifier comme
le fait Liveing et de ne voir dans la seconde qulun degré
plus accusé de la première.
La migraine simple consiste essentiellement en accès
plus ou moins fréquents, revenant souvent à l'occasion des
mêmes causes et se caractérise par un ensemble de
symptômes très simples: quelques légers troubles sensoriels
prodromiques, une hémicranie spéciale, un peu de gêne
dans l'émission des idées; enfin, des nausées ou des vomis-
sements qui terminent la scène.
La seconde espèce de migraine revient aussi par accès.
Mais ces accès n'ont pas la régularité des premiers; ils sont
la plupart du temps beaucoup plus espacés — des mois^des
années même les séparent — ils alternent ou coïncident
parfois avec des affections nerveuses déterminées: lachorée,
la neurasthénie, l'asthme, l'épilepsie surtout; les symptômes
qui les constituent ont moins de régularité dans leur succes-
sion, plus d'imprévu, plus de tendance à se remplacer
les uns par les autres; plus de gravité apparente ou réelle.
Ces symptômes, portant sur tous les modes de l'activité
cérébrale, atteignent le mouvement, la sensibilité générale
et spéciale, l'intelligence. Ils consistent du côté des yeux
(migraine ophthalmique proprement dite) en scotome scin-
tillant, amblyopie, hémiopie périodiques, rétrécissement
passager du champ visuel, amaurose temporaire ou défini-
tive ; du côté des autres sens ce sont les migraines olfac-
tives, gustatives, auditives; du côté de la sensibilité géné-
rale nous trouvons les engourdissements en forme d'aura,
auxquels se joignent les sensations subjectives, les anesthé-
sies, les hypéresthésies.
Dans les sphères psychique et motrice, c'est l'aphasie
dans tous ses modes, l'amnésie, la confusion des idées, la
confusion du présent et du passé, la dépression mentale ou
l'excitation. Ce sont les vertiges.
Viennent ensuite les vibrations musculaires, les tremble-
ments et les convulsions, les parésies et les paralysies
vraies.
Résumons-nous donc en disant que la migraine simple
mise à part, nous allons nous trouver en présence d'un
grand syndrome, la migraine ophthalmique, tantôt seule^
tantôt au service d'un appareil symptomatique plus étendu
et d'un pronostic plus grave.
Historique. — L'historique de la question ainsi com-
prise a été fait d'une façon très complète par Sarda dans sa
thèse d'agrégation sur les € migraines 9; nous ne voulons
pas le recommencer et nous nous contenterons de rappeler
les noms et les travaux qui ont fait époque dans l'histoire
de la migraine ophthalmique simple ou associée.
Vater parait être le premier auteur qui ait cité des cas
d'amaurose partielle temporaire; il rapporte ce phénomène
à une lésion cérébrale au sujet de laquelle il émet l'hypo-
thèse de l'enlre-croisement des nerfs optiques.
Lazerme (1748) aurait noté un cas semblable, ainsi que
Plenk (1783), Sloll (1795). Demours rapporte dans son
20
N« 2
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRDRGIE H Janvier 1889
Traité des maladies des yeux (1818) un fait analogue
observé chez M'"* de Pompadour.
Wollaston (1824) rapporte sa propre observation. Dans
cette observation, traduite dans les Annales de chimie par
Arago, Tauteur décrit son scolome scintillant et en fait un
des signes prodromiques de la migraine.
Le médecin français établit une comparaison et un rapport
entre le scotome et les frémissements musculaires.
Piorry décrit magistralement le scotome scintillant,
coloré chez les uns, pâle chez les autres, disposé en zigzag
et agité par une sorte d'oscillation continuelle. Pour lui, la
migraine est une misalgie twrtigineuse (1831).
Tyrrel, en 1841, observe l'hémiopie et la rattache à la
migraine comme Tentend Piorry.
Brewster et Airy décrivent également leur hémiopie
migraineuse.
Testelin (cité dans le Traité des maladies des yeux, de
Makenzie, 1860), publie plusieurs observations nouvelles et
décrit le « scotome noir >.
Enfin nous arrivons à la belle monographie (soixante-sept
observations) de Liveing, qui résume tout ce qui a été écrit
sur ie sujet, y ajoute un grand nombre d'observations,
réunit une quinzaine de cas d'aphasie, d'hémiplégies, de
coïncidences, d'attaques épileptiques et ne considère, comme
ses devanciers du reste, les symptômes oculaires (hémiopie,
amblyopie, scotome, amaurose) que comme des modalités
plus accentuées de la migraine ordinaire.
Ce livre est plein de faits curieux et intéressants.
En 1875, Dianoux étudie le scotome scintillant, et, un
des premiers, distrait cette forme de la migraine vulgaire.
En 1878, dans les Archives générales de médecine ^
Galezowski décrit quatre variétés de troubles oculaires:
1" L'hémiopie périodique (un ou deux yeux) ;
. â"" Le stocome scintillant ;
3" L'amaurose migraineuse ;
4° La photophobie migraineuse.
Galezowski ajoute que ces différentes variétés peuvent se
compliquer d'amblyopie hystérique. Il signale également
l'aphasie et l'amnésie temporaires.
Barrait (1880) reprend Télude du scotome scintillant et
cherche à démontrer que l'amaurose partielle temporaire
est quelquefois indépendante de la migraine. Il conclut à
l'existence de troubles vaso-moteurs de l'appareil optique
et de la rétine.
En 1881 {Revue mensuelle de médecine)^ Féré fait de la
migraine ophthalmique une affection distincte, parfaitement
autonome, s'accompagnant de troubles cérébraux, notam-
ment de troubles localisés de la sensibilité et de la motilité,
d'aphasie, etc.
On peut voir que cette idée de la migraine ophthalmique,
considérée comme affection distincte, était prépcirée de
longue main. Mais c'est Féré, défendant les idées de notre
maître M. Charcot, qui le premier met de l'ordre dans le
fatras des observations éparses et classe les migraines en
simples^ frustes^ dissociées et associées.
Le plus souvent les phénomènes sont transitoires, mais il
est indispensable de savoir que chacun d'eux peut devenir
permanent, et, par conséquent, assombrir singulièrement le
pronostic.
A l'appui de cette vérité, signalons une leçon du profes*
seur Charcot, publiée en 1882 dans le Progrès médical. Il
s'agissait d'un pauvre étudiant en droit, dont nous avons
nous-mêmes pris l'observation, et qui présenta à différentes
reprises, au début d'une paralysie générale, des accès de
migraine ophthalmique. Ce malade eut en même temps des
engourdissements des membres, signalés pour la première
fois par Piorry; des paralysies temporaires et des attaques
épileptiformes plus ou moins localisées.
Dans sa thèse (1882), Féré rapproche l'hémiopie de la
migraine ophthalmique de la même lésion, produite par
lésion cérébrale et cherche par ce rapprochement à en
expliquer la pathogénie.
Galezowski, en 1883, publie dans le Recueil d'ophthal-
iifioloyie une revue sur la migraine oculaire.
MM. Parinaud et Charcot {Arch. de neurologie, 1883,
t. Y, p. 57) publient deux cas de migraine ophthalmique au
au début de la paralysie générale.
Féré, dans la Revue de médecine, cite un cas, suivi de
mort.
Dreyfus-Brisac {Gazette hebdomadaire, 1 883) proteste dans
une revue critique contre le terme migraine ophthalmique
trop étroit.
Les classiques (Grasset, Axenfeld et Huchard) ne s'éten-
dent pas longuement sur les symptômes qui pivotent autour
de i'hémicrânie. Axenfeld et Huchard tentent une classi-
fication des troubles oculaires.
Nous ne devons pas oublier un mémoire intéressant de
Blanchi dans Lo sperimentale (février 1884) sur la céphalée
ophthalmique.
La thèse de Robiolis (Montpellier, 1884) sur la migraine
ophthalmique est remplie de faits intéressants au point de
vue des symptômes gustatifs, olfactifs, etc.
Dans la Gazette des hôpitaux (17 mai 188 i), nous voyons
encore deux observations de M. Charcot; Tune est celle
d'un aphasique simple; l'autre a trait à un bel exemple de
migraine ophthalmique avec phases ou étapes :
l"* Hémiopie latérale droite; â"" scotome; 3^" céphalée;
4° engourdissement du bras ;
Enfin la thèse déjà signalée de Sarda et plusieurs leçons
faites au hasard de la consultation externe du mardi à la
Salpêtrière, leçons qu'on trouvera dans la publication de
MM. Charcot fils, Blin et Collin {Les leçons du mardi).
{A suivre).
P. Berbez.
P. S. — Le néologisme astasie-abasie que j'ai donné
comme titre à ma dernière revue générale {Gazette hebdo-
madaire du 30 novembre 1888) est dû au docteur Blocq.
Après avoir obtenu d'un éminent helléniste l'assurance que
le mot qu'il employait était bien formé, M. Blocq en a
justifié l'opportunité par le soin avec lequel il a recherché
dans les auteurs médicaux et même dans les traités philo-
sophiques tous les caractères qui lui permettaient de consi-
dérer le syndrome astasie-abasie comme un type à part
dans les grandes manifestations nerveuses.
P. B.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HÔPITAL NECKER. — - SERVICE DE M. LE PROFESSEUR
DIEULAFOY.
Hydarthrose blennorrhaglqae i Traitement, pathogénie.
L'hydarthrose blennorrhagique se caractérise, on le sait,
par la brusquerie de son apparition, l'acuité des dou-
H Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N- 2 ~ 21
lears qu*elle occasionne, la lenteur de son évolution. Quel
est le meilleur traitement à opposer à cette arthrite déses-
pérante par sa tendance à la chronicité? Quelle est la pa-
tbogénie de ce rhumatisme dont la nature a été si vive-
ment discutée? Questions à la fois pratiques et capitales
que M. Dieulafov a traitées devant les élèves à propos
d'un malade couché dans son service.
Au vingt-neuvième jour d'une blennorrhagie un homme
fat pris brusquement pendant son travail d'une douleur
violente dans le genou du côté droit, la marche devint
immédiatement impossible, le genou se timéfia rapide-
ment : en quelques minutes Thydarthrose s'était installée.
L'artirulation fut maintenue pendant huit jours au repos
absolu dans un enveloppement ouaté. Au bout de ce temps
et malgré cette thérapeutiqne la jointure continuait à
augmenter de volume et la douleur était si aiguë qu'elle
empêchait tout sommeil. M. Dieulafoy se mit en mesure
d'intervenir suivant les règles formulées par lui dans son
Traité de Vaspiration et dans un article publié dans
la Gazette hebdomadaire en 1878. Avec son aspirateur il
ponctionna trois fois l'articulation malade à trois et quatre
jours d'intervalle. Il retira la première fois 67 grammes,
la seconde MO grammes, la troisième 30 grammes d'un
li^juide d'aspect puriforrae. Immédiatement après la pre-
mière ponction la douleur s'apaisa et le malade put dormir
durant toute la nuit qui suivit l'opération ; après la troi-
sième ponction le liquide fut tan pour ne plus revenir.
Ainsi sept Jours avaient suffi pour faire disparaître douleur
et épancbement. Restaient la raideur et une légère tumé-
faction de la jointure. Contre elles, M. Dieulafoy fit appli-
Îuer le cataplasme de Trousseau trop tombé dans l'ouoli.
u bout de cinq jours il enleva ce cataplasme composé, on
le sait, de mie de pain et d'alcool camphré, le tout arrosé
avec une mixture faite de camphre et d'extrait d'opium.
II montra tout d'abord que l'appareil était aussi frais,
aussi humecté que si on venait de l'appliquer; qu'il avait
conservé sa bonne odeur camphrée et ne portait pas trace
de moisissure, que la peau restée si longtemps en contact
avec le cataplasme était absolument saine. En séjournant
dans cette atmosphère tiède et émoUiente, la jointure avait
repris un peu de sa souplesse, les mouvements commen-
çaient à revenir; il ne restait plus qu'à traiter par l'élec-
Iricité l'atrophie des muscles entourant l'articulation.
MM. Dieulafoy et Widal ayant ensemencé sur tous les
milieux nourriciers usités en microbiologie les liauides
retirés par les trois ponctions successives n'ont ontenu
aucune culture; tous les tubes ou ballons inoculés restè-
rent stériles. L'examen de ces mêmes liquides étalés sur
Jamelles et colorés par les substances d'aniline ne permit
de déceler aucun micro-organisme. Ces résultats ne
concordent pas avec ceux obtenus par quelques expéri-
mentateurs a^ant étudié le liquide retiré d'arthrites olen-
norrhagiques. Les uns ont trouvé les microbes vulgaires
de la suppuration, les autres ont rencontré à l'état de
pureté le gonococcus de Neisser, agent pathogène de la
blennorrhagie. Ces auteurs admettent donc deux théories
différentes : les premiers considèrent l'arthrite blennorrha-
gique comme le résultat d'une affection secondaire dont le
porte d'entrée siégerait au niveau de l'urèlhre dépouillé
de son épithélium par le gonocoque ; les seconds voient
dans cette arthrite une lésion spécifique déterminée par
l'agent même de la blennorrhagie : le gonocoque. Sans
contester l'une ou l'autre de ces opinions s'appuyant toutes
deux sur des faits, M. Dieulafoy montre qu'il existe cepen-
dant des cas où aucun micro-organisme ne peut être re-
trouvé. Dans l'observation présente, faut-il penser que
lors de la première ponction les micro-organismes élaient
déjà morts au sein du liquide dont ils avaient provoqué
la sécrétion? Faut-il admettre que l'inflammation de la
synoviale avait été produite non par l'action des microbes
mais par celle des substances solubles sécrétées par eux
dans l'économie? Le professeur se borne pour le moment
à constater le fait rigoureusement observé au point de vue
expérimental, sans prendre parti pour l'une ou l'autre
hypothèse.
Au point de vue pratique, l'histoire de ce malade suivi
jour par jour, enseigne comment, dans l'hydarthrose blen-
norrhagique, les ponctions aspiratrices aidées du cataplasme
de Trousseau peuvent supprimer immédiatement la dou-
leur, tarir rapidement i'épanchement et ramener à bref
délai les mouvements de la jointure.
F. W.
TRAVAUX ORIGINAUX
Pathologie générale.
Essai sur la recherche , l'isolement et l'emploi
VACCINAL des EXCRETA SOLUBLES DE CERTAINS MICROBES
PATHOGÈNES, par M. le docteur Ricochon (de Cbampde-
niers).
(Suile. — Voy. le numéro 1.)
m. — Destruction des microbes dans les humeurs
VIRULENTES.
Le but étant d'utiliser la matière vaccinale sans l'inter-
vention parallèle des microbes, on peut y arriver, autrement
que par la filtration, en détruisant ceux-ci dans l'humeur
virulente. Cette destruction peut se comprendre de deux
façons: ou bien on opérerait en vases clos avant l'injection
vaccinale, ou bien on introduirait l'humeur virulente telle
quelle dans l'organisme, en la faisant passer par certains
milieux qu'on sait d'avance être destructeurs des microbes.
1"* Destruction en vases clos: a. par les agents cUimiques.
— Plusieurs procédés peuvent être employés. Le premier
qui se présente à l'esprit est de recourir aux substances
antinarasitaires, au sublimé, au nitrate d'argent, à
rioae,etc. Hais toutes ne peuvent être employées indifférem-
ment. Chaque espèce de microbe a son microbicide spécial,
qui agit sur elle à la moindre dose, alors qu'il en faut
beaucoup pour une autre espèce et qu'il est sans effet sur
une troisième. On préférera naturellement le produit qui,
toutes choses égales d'ailleurs, agit sous la plus petite quan*
tité. C'est d'autant plus indiqué que le plus souvent la
matière vaccinale doit être injectée en quantité notable, que
le microbicide employé ne peut en être isolé et qu'il doit
rester en deçà des limites toxiques pour l'économie;
La première expérience est une à Toussaint, qui se servit
de l'acide phénique au tiers pour détruire la bactéridie
charbonneuse.
b. Par Voxygène comprimé. — L'emploi des gaz, même
les plus délétères, n'offre p^s le même inconvénient,
puisqu'on peut les faire disparaître dans le vide. Celui qui
est d'un usage général, et auquel bien peu de microbes
résistent, tant aérobies qu'anaérobies, est l'oxygène sous
pression. On en doit le premier usage à M. P. Bert {Société
de biologie^ 13 janvier 1887^, qui s'en servit pour détruire
la bactéridie charbonneuse, sans arriver à détruire, il est
vrai, les spores, dont il ne soupçonnait pas alors la résis-
tance.
Ueau 9uroxygénée peut être utilisée de la même
manière.
Voxygène à la pression ordinaire agit avec une égale
promptitude sur les microbes franchement anaérobies. Il
détruit aussi à la longue les microbes aérobies, tels que le
microcoque du choléra des poules, la bactéridie charbon-
neuse (Pasteur)...
c. Par la chaleur. — Mais les moyens physiques et
parmi eux la chaleur deviennent d'un emploi général. C'est
^22
IJ. 2 --
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 11 Janvier 1889
Toussaint qui, le premier, a traité le sang charbonneux par
la chaleur. Il n'arriva, il est vrai, contrairement à son
dessein, et ainsi que Pasteur le lui prouva, qu'aune atté-
nuation du virus; il n'en a pas moins créé le procédé.
Il reste à déterminer le degré de température auquel on
doit arriver pour détruire chaque microbe. Il faut 60 degrés
pour la bactérie charbonneuse (Toussaint); 100 degrés pour
la bactérie de la septicémie gangreneuse; 110 deerés pour
celle du charbon symptomalique; 110 degrés pour le bacille
de la fièvre typhoïde. C'est ainsi que la matière vaccinale a
pu être décelée dans le sang des animaux atteints de septi-
cémie (Ghamberland et Roux), dans les bouillons de culture
du bacille de la fièvre thyphoîde (Chantemesse et Widal)
{Société de biologie, 7 mars 1888).
Mais le procédé est sujet à des erreurs. On comprend que
les matières vaccinales solubles ne résistent pas toujours à
d'aussi hautes températures et il ne faudrait pas forcément
conclure de leur non-constatation à leur absence. C'est ainsi
qu'on n'est pas encore arrivé, à la retrouver dans le sang
charbonneux (1).
S"" Destruction dans les milieux organiques, — Là le
procédé consiste à utiliser certaines particularités bien
connues de la vie des microbes. On sait, en effet, qu'ils
vivent chacun dans tels ou tels tissus organiques, délaissent
les autres et succombent même en (prenant le contact de
ceux-ci. Dès lors, si dans les inoculations nous choisissons
pour porte d'entrée un milieu qui soit antipathique à un
microbe déterminé, nous le verrons s'y détruire, tandis
que seule la matière vaccinale ira de là se diffuser dans
toute l'économie.
Prenons, par exemple, les maladies dont les microbes
ne vivent pas dans le sang. Prenons la septicémie gangre-
neuse, le choléra morbus(r), la rage même.... Leur inocula-
tion directe, à la plus petite dose, dans leurs milieux d'é-
lection, selon le cas, dans les tissus cellulaire, musculaire,
nerveux, ou dans le canal cholédoque, amènera presque
infailHblement la maladie. L'injection intraveineuse des
mêmes microbes donnera une puUulation incertaine et
même nulle, et si une quantité suffisante de matière vac-
cinale s'^ trouve associée, il y aura quelque chance pour que
l'immunité soit acquise,
MM. Chauveau et Ârloing ont démontré l'innocuité des
injections intraveineuses de l'humeur virulente de la sep-
ticémie, du charbon symptomatique. Un pas de plus, ils
trouvaient qu'elles donnaient en même temps l'immunité,
'honneur en restera à MM. Roux et Chamoerland. Il en
est probablement de même pour tous les microbes franche-
ment anaérobies qui s'accommodent mal d'un milieu aussi
oxvgéné que le sang.
Nous pourrions dire déjà ^ue les choses ne se passent
peut-être pas toujours aussi simplement, et que la destruc-
tion des microbes dans le sang n'y est peut-être pas aussi
immédiate ni aussi complète que nous semblons le dire; et
qu'avant de disparaître ils contribuent pour une part, grande
parfois, à la production intra-organiquede la matière vacci-
nale qui s'ajoute ainsi à celle déjà introduite. Cela s'appli-
auerait surtout aux microbes du charbon emphysémateux,
ont les mœurs cosmopolites sont tout à la fois anaérobies
et quelque peu aérobies, et s'accommodent assez bien d'un
milieu aussi oxygéné que le sang. Mais c'est un point de
vue que nous délaissons ici pour le reprendre au chapitre
de l'atténuation des virus.
M. Ferran (de Barcelone) a procédé le premier, comme
on sait, selon les vues précédentes, aux inoculations sous-
cutanées, intraconjonclives des bouillons de culture du
(1) C'est aujourd'hui chose faite. Mlf. Roux et Chaniberiand sont arrivés sAre-
ment à détruire la bacléridie sans altérer la matière taccinalc. en enfermant le
sang charbonneux dans des tubes hermétiquement scelles et privés d'air, qu'ils
plongeaient ensuile dans de l'eau à 58 degrés à plusieurs reprises, une heure
chaque reprise.
bacille virgule. Mais les essais de ce médecin distingué
méritent confirmation (1).
Quant aux premières injections intraveineuses du virus
rabique, on les doit à M. Galtier, qui les pratiqua sur le
mouton, et non seulement il ne donna pas la rage à cet
animal, mais il lui procura l'immunité (2). Si le fait eût
pu se généraliser, M. Pasteur se fût vu ravir l'honneur
d'une de ses plus belles découvertes. Il n'en a rien
été. M. Pasteur prouva, avec un grand luxe de précautions,
que les injections intraveineuses, loin de donner l'immu-
nité au chien, au lapin, lui donnaient bel et bien la rage (3).
IV. — Répétition des injections virulentes pour
AMENER LA SATURATION VACCINALE PRÉCOCE DES MILIEUX
ORGANIQUES ET L'IMPUISSANCE DES MICROBES.
Les injections multipliées s'imposent comme corollaire
de la méthode i)i'écédente pour introduire une quantité
suffisante de matière vaccinale. Encore faut-il les espacer
assez dans le dernier procédé pour donner chaque fois aux
microbes le temps de se détruire, et ne pas en accumuler
une trop grande Quantité dans l'organisme, ce qui constitue-
rait un véritable danger, en dépit de la présence de la matière
vaccinale et de la résistance des milieux organiques. Quelque
grande, en effet, que puisse être cette résistance, elle est
à peu près fixe pour chaque organisme, et si on lui oppose
une quantité toujours croissante d'éléments hostiles, il
viendra forcément un moment où elle sera vaincue. C'est
M. Chauveau qui a le premier mis en évidence cette notion
de l'action nocive d'une trop grande quantité de microbes.
1* Injections répétées de virus frais. — Il faut cepen-
dant, semble-t-il bien, faire exception pour le virus
rabique, en raison d'un élément nouveau qui lui est propre,
et qui est la lenteur de son développement. Cette lenteur
(i) On sait que depuis, M. Gamalcia a injecté à des logeons la matière vacci-
nale anli-choléri]ue obtenue dans le bouillon de culture du bacille vir(;ule, cl t'e>t
assure qu'elle donnait rimmunitc en faisant des injections de contrôle avec le rsnc
des pigeons cholériques, rendu extrômement viraient par des pasuges successifs
ches le cobaye d'abord, puis chez les pigeons.
Nous ne savons pas encore si cotte expérience peut être applicable à l'homme.
M. Gamalcia commence par cr«ier chez le pigeon, à l'aide de son tirus panixys-
tique, une maladie essentiellement diflerente du choléra humain, puisque dans rpUt"
maladie, le bacille virgule évolue dans le sang. Quand donc M. Gamaléia intro-
duit dans le sang du pigeon une matière vaccinale, qui cropdche cette évolution,
il fait œuvre utile pour le pigeon sans doute, mais superflue, semble-t-il. p^^iir
l'homme, dans le sang duquel le bacille ne vit pas naturellement. Celui-ci ii'j pas
besoin de cet habitat pour empoisonner Thomme de ses produits toxiques. CVst
en dehors de l'oi^anisme pour ainsi dire, dans les résidus intestinaux qu'il vit, ci
c'est lit qu'il faudrait l'atteindre. Or nous doutons que la voie sou»-cutano« soil
la plus courte et la plus sûre pour conduire la maticro vaccinale dans rinte.^tin.
Celle-ci y transsudera sans doute, mais l'élimination en sera prompte, etdè» lors la
tUriJAMiion intra-inUttinaU (la seule qui intéresse l'homme, puisque c'est p«^lo^
voies digestivcs qu'il s'infecte), incertaine et fugace. Nous trouvons dc'j^ un appui
à ces vues dans des expériences de M. Wilhem Lœwenthal (de Lausanno), qui
établissent qu'une souris inoculée avec de la matière vaccinale cholérique résiste,
et encore très peu do temps, à une injection intra-oi^anique du virus cholvri4|uo
intensif, mais ne résiste pas à une ingetiion intrastomacale de ce même virus
{Sem. méd., 29 aoilt 1888). Et la confirmation de ces expériencci serait donc la
non-immunité, même à bref délai, après une première atteinte de choléra morbus,
alors pourtant que l'organisme doit être saturé de matière taccinale.
Après cela il est bien entendu que notre modeste opinion est sujette ù
erreur et nous faisons des vœux pour qu'elle soit infirmée par de nouvelles com-
munications de M. Gamaléia.
Depuis que ces lignes ont été écrites, M. Gamaléia a montré dans un nntiv(>.iii
travail qu'une maladie naturelle aux poules, et dont le bacUle ressemble U'Auroup
au bacille-virgule, leur était donnée sûrement par injection expérimentale (lan*
le poumon {Ann. de l'Institut Patteur, octobre 1888) et il laisse entrevoir q"o
l'homme prendrait le choléra par la même voie. Mais la preuve reste à faire en
contradiction avec èe qu'on avait pensé jusqu'à ce jour. Et, comme dans rrltc
maladie nouvelle des volailles le bacUle pullule dans lo sang et que la {;a>lro-
cntérite n'est que secondaire, l'objection signalée plus haut tient encore.
(2) Acad. det se, 1" août 1881. MM. Roux et Nocard ont donné depuis à ce^
expériences de M. Galtier la précision rigoureuse qui leur faisait défaut {Ann.
Intt, Patteur, juillet 1888).
(3) M. ProtopopofT, en face de cette résistance insuffisante du sang dn chien
devant le virus rabique frais, a tourné la difficulté en injectant méthodiqueniont
dans les veines, d'aboril un virus affaibli, puis deux plus forts, de six,. do trois ol
d'un jour. Il a ainsi réus.M k donner l'immunité. (CenfroiM. fUr Bakt.» t. IV.
i88.S.)
M Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 2 — 23
|)ermet de faire des inoculations répétées et coup sur coup,
^i uQe matière vaccinale coexiste avec le microbe rabique
dans les moelles d'inoculation, on doit arriver ainsi promp*
tement à saturer l'organisme et à le rendre réfractaire.
Qu'importe dès lors qu'on ait accumulé en même temps
une quantité prodigieuse de microbes, puisque au moment
où ceux-ci deviendraient redoutables, le plus grand nombre
d entre eux est détruit dans le sang, et que le terrain de
culture (système nerveux) s'est dérobé pour ainsi dire pour
le reste. Ainsi, loin de devenir dangereuse, la rapidité des
inoculations est ici facteur du succès.
Et il n'y a pas là une simple vue de l'esprit ainsi qu'on
peut s'en assurer en consultant la lettre magistrale qui
ligure en tête des Annales de VInstitut Pasteur, L'illustre
savant, en effet y cite un certain nombre d'exemples d'ino-
culations répétées coup sur coup avec du virus frais, qui,
sans autre forme, ont donné l'immunité ; et il ajoute : c Je
pourrais multiplier à l'infini ces cas d'immunité à la suite
d^înoculations sous la peau par des quantités assez nota-
bles de vîrus rabiques quelconques. »
Il est bien difficile de comprendre de pareils résultats
en dehors de l'existence d'une matière vaccinale soluble.
Il y a des échecs, il est vrai. Mais peut-être ces insuccès
tiennent-ils précisément à certaines particularités de la
matière vaccinale et au moment de son apparition dans les
moelles rabiques. Il n'est pas impossible, en effet, qu'elle
ne commence à se former que dans les derniers instants
de la vie ; qu'elle ne soit qu'une espèce de deliquium
cadavérique (Metscbnikofl) des cellules rabiques, et que,
comme telle, elle n'existe dans les moelles fraîches qu'en
quantité assez faible-, variable du reste de l'une à l'autre,
suffisante parfois pour procurer d'emblée l'immunité, et
quelquefois à peu près nulle. Et ainsi s'expliquerait com-
ment les injections de moelles fraîches donnent des ré-
sultats différents, et combien peu de sécurité donnerait
une telle méthode de vaccination, pourtant rationnelle en
principe.
Il est cependant quelques moyens de l'améliorer, qui
tous tendent à donner soit moins d'activité au virus, soit
plus de force à la matière vaccinale. Ainsi, parmi les
premiers, on peut choisir comme vaccinifère une espèce
différente de l'espèce à vacciner. L'expérience aidant, on
peut tomber sur une espèce, dont le virus n'ait plus qu'une
aflinité médiocre pour respèce vaccinée, tout en lui appor-
tant la même quantité de matière vaccinale. C'est une
chance de plus acquise à la méthode.
Le succès en sera encore plus sûr si le virus a été cultivé
sur une longue série d'animaux de cette espèce vaccini-
iere. Car en pareil cas, il s'y spécialise, il s'y naturalise
pour ainsi dire, et perd quelquefois, tout au moins en
partie, son droit de cité chez les autres espèces.
Et il n'y aurait pas toujours contre-indication de son
emploi vaccinal, alors même que du fait de ses passages
successifs à travers une espèce il serait devenu plus
virulent pour elle. Cela ne préjugerait en rien son effet
éventuel sur l'espèce vaccinée, qui pourrait n'en être pas
davantage impressionnée. C'est un fait d'ordre général
dont nous pourrions citer maints exemples. Un des plus
curieux est celui d'un virus, qui lentement mortel pour
une espèce, et transporté sur une autre, où il arrive bientôt
à donner très promptement la mort, ne produit plus aucun
effet morbide appréciable sur la première, tout en lui pro-
curant l'immunité. C'est le cas du microbe du rouget
des porcs, qui cultivé en séries sur le lapin, devient 4e plus
en plus virulent pour cet animal, mais ne peut plus dès
lors tuer les porcs {Acad. des sciences^ séance du
iO novembre i^SS. Pasteur et Thuilier). Et qui pourra
jamais dire si le virus rabique, de virulence paroxystiaue
pour le lapia après une série de passages, n*est générale-
ment pas inoffensif pour l'homme, tout en lui apportant
peut-être une quantité de matière vaccinale corrélative du
deeré de virulence acquise chez le lapin?
Mais, d'une manière générale, la méthode des injec-
tions antirabiques, répétées avec des moelles fraîches, n'en
reste pas moins avec ses incertitudes et ses dangers :
incertitudes sur la quantité variable et probablement trop
faible de matière vaccinale, opposée à la quantité sûrement
considérable de microbes inoculés, et dangers de transmis-
sion de la maladie.
2* Injections répétées de vii-us gradués, — Dans cette
situation, M. Pasteur ne pouvant détruire sûrement la
virulence de la matière rabique inoculée en la faisant
passer par des milieux organiques hostiles aux microbes,
tels que le sang, ni isoler ni cultiver ces microbes restés
jusqu'ici inconnus, a tourné la difficulté. L'artifice expéri-
mental, auquel il a recours, est une des plus belles décou-
vertes de son fertile génie.
Prenons une série de moelles rabiques de lapins de dif-
férents âges et vieilles d'un à dix jours. De la première ù
la dernière les microbes, en se détruisant, seront de moins
en moins nombreux jusqu'à leur disparition à peu près
complète. Mais il est à croire qu'une substance chimique
vaccinale, si elle existe, ne suivra pas dans sa destruction
une marche parallèle. Il est à croire même que cette sub-
stance, qui, comme nous l'avons dit, semble être le deli-
quium cadavérique des microbes, s'accroît pendant quelques
jours plus vite qu'elle ne se détruit, suit ainsi une marche
ascendante pour décroître ensuite plus lentement. De telle
sorte qu'il y aurait dans cette série de moelles un groupe
intermédiaire qui é(]uivaudrait, tout compensé, à un mini-
mum de matière virulente et à un maximum de matière
vaccinale.
Nous ne savons au juste à quels jours correspond ce
groupe intermédiaire, et l'on comprend qu'il puisse y avoir
à ce sujet des variations tenant à des causes multiples,
mais plus particulièrement à l'évolution du virus pendant
la vie et, après la mort, au milieu dans lequel les moelles
se dessèchent. Cette incertitude commande notre attitude.
Nous devons nous tenir en deçà des limites probables de
ce groupe, et ne recourir d'abord qu'aux injections des
moelles les plus vieilles. Nous ne courrons d'autre risque
que d'injecter successivement une certaine quantité de
matière vaccinale sans microbes ou avec des microbes raré-
fiés et vieillis.
Nous sommes déjà dans des conditions infiniment supé-
rieures aux conditions précédentes, nous imprégnons peu
à peu l'organisme de matière vaccinale et bientôt nous
l'en saturerons tout à fait en arrivant aux moelles qui sont
à leur maximum de puissance vaccinale, et nous le ren-
drons ainsi absolument réfractaire. Dès lors il importera
peu que nous ayons injecté en même temps des vîrus
toujours plus nombreux et toujours plus jeunes. Ils sont
promptement frappés d'inertie et comme cadavérisés par
leur poison vaccinal, avant qu'ils aient pu prendre le
contact de la substance nerveuse.
Ainsi la méthode de M. Pasteur, qu'il a créée, en devan-
çant même l'explication des faits, consistait à se couvrir
de tout danger, en utilisant dans ce but la diffusion prompte
dune quantité surabondante de matière vaccinale, d'opno-
ser cette matière, d'abord à la moindre quantité possinle
de microbes vieillis et affaiblis, puis, quand l'organisme est
saturé, aux microbes même les plus virulents. L'expérience
a prouvé que dans ces conditions on agit à coup sûr.
On voit ici que le facteur c Temps > est tout à fait éli-
miné, et qu'il n'y a aucun empêchement dans le principe
de la méthode, pour que les injections ne se fassent pas
sans délai, coup sur coup. On peut également pressentir que
l'utilisation de toute la série des moelles n'est pas absolu-
ment nécessaire, et <}ue celles des deuxième, troisième,
quatrième... jours doivent correspondre à la plus grande
U — N» 2 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
i i Janvier 18811
somme de matière vaccinale et suffire à tous les besoins (1).
Les plus vieilles à ce point de vue laissent à désirer ^t ne
sont qu'une amorce pour celles qui suivent. Celles du
premier jour ne répondraient pas non plus au but proposé
puisqu'elles développeraient, selon nous, peu de substance
vaccinale, tout en gardant la plénitude de leur puissance
virulente, et présenteraient ainsi des inconvénients sans
compensation. Leur emploi n'en est pas moins la justiCca-
tion hardie de la méthode, et un triomphant défi jeté à
ses détracteurs (2).
Quant à l'application qui peut en être faite fi la préserva-
tion de la rage après morsure, il ne nous appartient pas
de la juger. Du reste les faits parlent asseye haut, il semble.
Qu'il nous soit permis pourtant de faire une distinction
parmi les morsures rabiques. Au moins 80 fois sur 100, le
virus reste sûrement sans effet, pour maintes raisons, dont
la principale est sans doute que les sujets sont absolument
réfractaires à la rage dans les conditions ordinaires des
morsures. Quant aux vingt cas restants, il en est dix-
huit, je suppose, dont les sujets sont encore réfractaires
dans les conditions dynamiques habituelles de leur
système nerveux; mais ils sont plus ou moins près de
la limite, au delà de laquelle la réceptivité commence.
Tant qu'il ne surviendra chez eux aucune cause dépressive,
subile ou prolongée, telle que la fatigue, la crainte, le
refroidissement..., le microbe rabique restera latent et
comme en simple rapport de contiguïté avec le système
nerveux, jusqu'à sa destruction complète. On peut admettre
qu'il en sera ainsi pour la moitié environ de nos dix-huit
cas, même en dehors de toute action vaccinale.
Quant aux neuf autres, une prédisposition un peu plus
grande (alcoolisme, épilepsie, nystérie...) ou l'interven-
tion fortuite de secousses nerveuses, pendant la période de
latence créera uH jour ou l'autre un défaut de résistance,
et donnera prise à l'envahissement du microbe rabique,
s'il n'y est pas d'avance porté remède.
Il y a aonc pour ces dix-huit cas une possibilité
ou une certitude de rage dans les premiers mois qui
(1) M. Pastonr a montra dopiiU qu'une moelle de lapin do deux jours, qui a ct6
rliauiTée h 35 do^és. ne coulioot plus de microbes rabiques et confère l'imniunilé.
(Ac. des te. 13 août 1888.)
[i) Nous le répétoDs. nous raisonnons ici, pour plus do simplicité, comme si
les microbes injectés étaient aussitôt et complètement annihilés et comme si la
matière vaccinale préexistante agissait seule.
C'est à peu près sûrement ce qui arrive dans la méthode ù coups répétés do
H. Pasteur, uù l'introduction vaccinale surabondante domine tout et (garantit
contre tous les risques de prolifération virulente dans le s.ing et dans les filets
nerveux du siège des inoculations.
Mais quand on voit l'immunité assurée toujours ehei la brebis (Galtier) et
parfois chez le chien (Pasteur) par une seule injection intraveineincux, on
peut se demander si la petite quantité do lu.itière vaccinale injectée (i>i même il
en est) a suffi, et si le complément n'en est pas fourni par la vie ralentie et hiof-
fensivo, mais persistante encore, des microbes rabiques aux prises avec un milieu
sanguin hostile.
Si parfois une injection intraveineuse de virus frais échoue chez le chien, c'est
qu'alors il y a dans le sang des chiens dos difTérences individuelles, qui, comme
milieu d'atténuation, tantôt le rapprochent, tantôt i'éloignent, h son pri'Judice, du
sang des ruminants.
Et si une seule Injection sous-cutanée est souvent virulente chez le chien et
même chez la brnbis, c'est qu'alors intervient un clément nouveau, la contamination
sur place des filets nerveux périphériques, dont la vulnérabilité est à puu près
pareille dans les deux espèces. Cette contamination n'est pas forcée soit du fait de
la forme, du siège, de la profondeur de U piqûre ou de la morsure, soit pour toute
autre cause. Quand cite n'a pas lieu, la brebis est ù l'abri do tout danger, tandis
que le chien court encore un risque de s'infecter par le virus introduit dans sa
circulation.
Quand celte contamination nerveuse a lieu, il est intéressant de rechercher co
qu'il peut advenir pratiquement, par exemple en cas de morsures.
Il pourra arriver ceci : c'est que ses effets seront peat-ctre conjurés par la
portion, si minime soit-elle, du virus qai aura passé simultanément dans le sang et
qui aura produit à tempi une quantité suffisante de matière vaccinale. Cette neu-
tralisation curieuse n'a rion d'hupossible; peut-être est-elle fréquente et explique-
l-clle en partie la grande proportion de cas qui échappent aux morsures virulentes.
M. Galtier en a fait, par une voie détournée, il est vrai, le point de départ d'une
singulière méthode de vaccination, chez la brebis mordue, qui rappelle l'histoire
de la lance d'Achille ou do la queue et de la tête du scorpion. U recommande do
prendre le bulbe du chien mordeur et de l'inoculer dans une veine de U victime.
suivent la morsure, et c'est pour eux que la vaccination
rabique, appliquée de bonne heure, quelquefois même
avec délai, sera vraiment indiquée sinon toujours néces*
saire; de même que ce sont les neuf derniers qui lui font
sa belle part.
Restent un ou deux cas, où l'idiosyncrasie du sujet est
telle que le seul contact du microbe avec le système ner-
veux équivaut à sa pénétration et à son adaptation immé*
diates. Là, la vaccination rabique arrivera à peu près tou-
jours trop tard ; car, si la matière vaccinale peut beaucoup
et tout pour empêcher le développement d'un microbe
désemparé, qui n'est pas en possession de son milieu,
autant elle lui est peu redoutable quand il est en pleine
voie de développement dans son terrain de choix (1). A ce
sujet MH. Chamberland et Roux devraient nous dire dans
une prochaine étude ce qu'il advient du développement de
la septicémie fraîchement inoculée, mais en voie de déve-
loppement, quand on la fait suivre peu après d'une injec-
tion vaccinale intrapéritonéale (2).
Il n'y a pas, il faut le dire, qu'une affaire d'idiosyncrasie
individuelle dans cette promptitude d'action du microbe
rabique. Le point du système nerveux où il est serti n'est
pas, en effet, indifférent. On dirait même au'au fur et à
mesure au'on remonte de la périphérie vers 1 axe cérébro-
spinal, I aptitude réceptrice augmente. La quantité depulpe
nerveuse accumulée, c'est-à-dire de substance nutritive du
microbe, semble aussi avoir son importance ; car la moelle
rabique est plus virulente que les nerfs, le cerveau
Elus que la moelle, et dans la moelle les renflements bul-
aires et lombaires plus que la portion dorsale. Tout cela
expliquerait suffisamment pourquoi les morsures profondes,
toutes choses égales d'ailleurs, sont plus graves que les
morsures superficielles; pourquoi les inoculations intra-
cràniennes réussissent infailliolement; et pourquoi la vac-
cination échoue assez souvent même faite aussitôt après ces
inoculations.
Un dernier mot sur la matière vaccinale antirabique.
En somme la vaccination pastorienne est un magnifique
procédé empirique, oui a permis à M. Pasteur de s'affran-
chir de l'ignorance dans laquelle nous étions des rapports
mutuels du microbe rabique et de sa matière vaccinale.
Elle ne saurait être le dernier mot de la science. Y a-t*il
un obstacle réel à isoler cette matière, en décortiquant
sous la meule les cellules médullaires rabiques, en les
délayant dans de l'eau stérilisée et alcoolisée, en filtrant,
en condensant dans le vide la liqueur filtrée ou en la sou-
mettant à l'action de la chaleur? Si tant est qu'elle existe^
elle devrait se trouver là à l'état isolé (3). En agissant ainsi
avec les moelles de chaque jour, on pourrait aussi savoir
celles qui sont les plus vaccinales.
{A suivre.)
Pathologie médicale.
Du TÉTANOS DES NOUVEAU-NÉS. — Nolcs de voyago dans
le Nord, par M. le docteur H. Labonnk, explorateur.
Durant mes deux missions en Islande, aux Fœroeretaux
Hébrides j'eus l'occasion de prendre des observations el
des notes sur diverses maladies qui sévissent particulièrc-
(1) Ce qui prouve bien qu'il en est ainsi, c'est : 1^ qu'au cours des maladies
vinilenlcs l'énorme quantité de roatiôre vaccinale accumulée n'empêche pas la
pulliilation des microbes, ainsi qu'on peut s'en rendre compte dans les tumeurs
du charbon emphysémateux, par exemple; 2^ combien minime est la fraction
de matière vaccinale, qui, inoculée i un animal sain, suffit pour lui donner l'im-
munité. '
(2) Us devront en faire autant pour le cliarbun symplomatique, le sang do
rate, etc.
(3) Depuis que ces lignes ont été écrites, M. Poyraud (de Libourne) a indique
un mode de préparation do la matière vaccinale raiiique, se rapprochant sensi-
blement de ces iudicationi
M Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 2 —
25
luoul dans les îles de rAllautique du Nord. Aujourd'hui
que l'hypothèse de la nature infectieuse, bactérienne du
létanos est à Tordre du jour, je crois utile de communi-
quer à la presse médicale les renseignements que j'ai
obtenus sur le trismus nascentium, mal qui détruit litlé-
raiement la population des Yestmaneyar, et plus encore
celle de Saint-Kilda.
C'est la situation médicale de cette dernière île que
j'établirai la première, parce que, en dehors des données
Iui m'ont été fournies par les habitants, j'ai pu trouver
ans les bibliothèques d Ecosse des statistiques aussi inté-
ressantes que sérieusement faites.
Saint-Kilda, géographiquement rattachée aux Hébrides,
est située à 60 milles à l'ouest de l'ile Lewis. Sa circonfé-
rence est de 7 milles; son étendue, de 3 milles de l'est à
Touesl, et de 2 milles du sud au nord. Elle est entourée de
rochers escarpés avec un seul point, situé au sud-est, où
il soit possible de débarquer. Sa population se composait,
au dernier recensement, de 82 hanitants. La température,
comme aux Faeroer, est une des plus égales que l'on
puisse trouver sur le globe. Le climat, pluvieux et bru-
meux.
Sur 125 enfants issus de 14 mariages, résidant en l'ile
l'année 1880, 84 moururent dans les 14 jours oui suivirent
leur naissance, soit 67,2 pour 100, du mal appelé Lock-jaw
infantil ou Eight-day sickness.
Le premier explorateur qui appelle l'attention sur cette
effroyable mortalité est Macaulay; il établit que les enfants
de Saint-Kilda sont particulièrement sujets à une maladie
extraordinaire. Le (Quatrième ou le cinquième jour après
leur naissance, mentionne- t-il, beaucoup cessent de teler;
le septième iour, leurs gencives sont tellement serrées qu'il
est impossible de faire parvenir quoi (jue ce soit dans la
bouche. Peu de temps après ces premiers symptômes, ils
sont en proie aux convulsions, et quand ils ont lutté jusau'à
épuisement de vigueur et de force, ils meurent, et c est
généralement le huitième jour.
En Islande, où j'ai assisté à l'agonie d'un pauvre petit,
j'ai vu que les accès de contracture allaient se rapprochant
de plus en plus jusqu'à la fin. Je remarquai aussi qu'après
la période de contraction, les muscles masticateurs sem-
blaient {paralysés et que les deux mâchoires s'écartaient
involontairement, signe impliquant un pronostic absolument
fatal, c Jamais, me dit la sage-femme des Yestmaneyar, je
n'ai vu un seul enfant survivre si la bouche venait à s'ou-
vrir, après avoir été quelques heures convulsivement
serrée. > Sauf ce fait, je n'ai rien observé qui différât sen-
siblement de la symptomatologie ordinaire, et je veux sur-
tout m appesantir sur la question étiologique.
Aux Antilles et à la Guyane, on est généralement
d'accord pour reconnaître que ce sont les brusques transi-
tions de température qui paraissent entraîner une prédis-
position au trismus; ici, rien de semblable, grâce au Gulf
stream, nous sommes sous un climat remarquablement
doux et égal (la différence de moyenne entre l'hiver et
Tété n'est nue de 9 degrés). Nous pouvons donc rejeter
Tinfluence de l'alternative du chaud et du froid. Hais nous
sommes dans une lie, dans une petite ile, et surtout dans
une lie, j'appuie beaucoup sur ceci, où les habitants font
des oiseaux de mer leur principale nourriture, tirent de
ces mêmes oiseaux leur lit, leur chauffage et leur éclai-
rage.
Pendant les trois années 1871, 1872 et 1873, le chiffre
total des décès d'enfants par tétanos a été, en Ecosse, de
4^, dont 11 pour les seuls districts insulaires (non com-
pris Saînt-Kilda), et ces districts insulaires ne renferment
r]ue 131418 habitants. Si la mortalité avait atteint une
pareille progression dans le reste de l'Ecosse, qui compte
3^67807 habitants, on aurait eu 273 cas au lieu de 37 qui
restent à retrancher des 48 cas observés.
Il est donc démontré une les morts par trismus sont
beaucoup plus fréquentes dans les îles que sur les grandes
terres.
De même aux Yestmaneyar, îlots ou roches situées à une
portée de canon au sud-ouest de l'Islande, le trismus
enleva, pendant vingt années, 64 pour 100 de la population,
tandis que la même maladie ne tuait sur Tlslande que
30 pour 100 des enfants. Dans le voyage en Islande de
sir G. Mackenzie, il est établi que, pour lleimaey, la plus
importante des îles, la population, s'élevant alors à 200,
n'était maintenue que par l'émigration de la « Maîniand ».
A peine si, dans les vingt années précédant son exploration,
connaissait-on un seul cas de survie d'enfant venu à terme.
Dans un tableau récapitulatif, il montre que sur 131 morts :
76 arrivèrent le septième jour.
22 — le sixième —
iS — le neuvième —
16 — les cinquième et huitième —
Les médecins indigènes m'ont rapporté que les deuxième
et vingt et unième jours après la naissance étaient les
extrêmes limites du trépas en cas d'attaque.
Quelle est donc la cause de ce véritable massacre des
innocents? Avouons-le tout de suite, de même que pour le
tétanos spontané de l'adulte, nous en sommes réduits à
bien peu de chose de précis en fait de notions étiologiques.
On a incriminé le pansement défectueux du cordon ombi-
lical après la naissance; mais les pansements antiseptiques
s'emploient aujourd'hui jusqu'en Islande, sans ^ue pour
cela la mortalité diminue. On a accusé les maisons qui
jadis n'avaient aucune ouverture, le paysan tenait à récolter
la suie qui se déposait sur les murailles pour s'en servir en
guise d'engrais, le nouveau-né y respirait donc un air vicié et
fort peu renouvelé. Hais un propriétaire charitable a fait
élever des cottages modernes â Saint-Kilda, cottages con-
struits de manière à permettre une aération très conve-
nable, et cependant les enfants meurent toujours !
Schleisner affirme que Tusage du guano d'oiseau comme
combustible et de graisse d'oiseau comme nourriture et
éclairage a une certaine influence sur le développement
de la maladie. J'ose me rapprocher un peu de son opinion,
et je ne suis pas éloigné de penser que les oiseaux peuvent
communiquer à l'enfant, terrain sans résistance, une bac-
térie spéciale liée à l'apparition du trismus. On sait du
reste que le choléra des poules est transmissible à cer-
tains mammifères.
En tout état de cause, deux faits corroborent l'idée que
je soumets pour ce qu'elle peut valoir.
M°" l'amiral Otter n'attribuant pas le mal à une bactérie,
il est vrai, mais à l'âcreté que communiquerait au lait des
nourrices l'usage exclusif, comme nourriture, de chair et
d'huile d'oiseaux de mer, isola deux femmes enceintes de
leur logement ordinaire, leur interdit de manger des
oiseaux et surtout de boire de l'huile de pétrel, les ayant
suffisamment approvisionnées de chocolat, de thé et de
conserves du continent.
Chose remarquable, ces deux femmes eurent deux beaux
enfants que respecta le terrible fléau.
Enfin, dans mes longues pérégrinations au travers de
rislande, j'eus moi-même occasion de me livrer à une
enquête qui m'apprit que le centre de l'île, plateau élevé à
la vérité, mais d'où sont exclus, comme nourriture et
comme combustible, les oiseaux de mer, n'est jamais visité
par le trismus.
Hommes ou femmes qui, dans les îles du nord de l'At-
lantique, peuvent échapper au tétanos des nouveau-nés
sont robustes et fort bien constitués, malgré les mariages
consanguins. Ce qui incidemment permet aussi de disculper
la consanguinéité parfois accusée de jouer un rôle étiolo-
gique pour le trismus.
m — N* 2
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
« Janvier 1880
Il est utile de faire observer qu'il n'y a jamais eu de
chevaux à Saint-Kilda.
Existe-l-il dans la terre végétale des spores de bacille?
Il me serait facile de remettre de Fhumus que j'ai rap-
porté à M. Nicolaier. Cet expérimentateur pourrait alors
nous éclairer sur le plus ou moins de virulence du terreau
suivant que la place où je l'ai enlevé est plus ou moins fré-
quentée par les oiseaux de mer, pétrels ou autres...
Les hanitauts se soumettent avec résignation à ce qu'ils
considèrent comme un décret de la Providence.
If ifs God's will that babie should die, nothing y ou
can do will save them. « Si Dieu veut que les enfants con-
tinuent à mourir, rien de ce que vous ferez ne les sauvera, b
vous répond le Saint-Kildien.
Beaucoup de pieux gentlemen écossais ou hébridiens
émettent également l'hypothèse que c'est un mal néces-
saire pour limiter un excès de population qui ne trouve-
rait plus à vivre sur ces sauvages rochers.
Avec une logique remarquable, les femmes se contentent
d'offrir une louaole fécondité que les Françaises devraient
bien copier. II est commun de voir dans l'ile une femme
de trente ans ayant déjà eu huit enfants. Celle du pêcheur
qui nous servait de pilote, en avait déjà mis neuf au monde,
bien qu'elle ne fut âgée que de trente-deux ans! Mais hélas!
une fille et un garçon seulement avaient échappé au
trismus.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémlo de« aelenAes.
séance do 3i décembre 1888. -— présidence
de m. jans9en.
Contribution a l'étude de la résistance de l'orga-
nisme AUX microbes pathogènes, notamment des rapports
de la nécrobiose avec les effets de certains micro-
bes. Note de M. Arloing. — De ses nouvelles recherches
l'auteur croit pouvoir conclure :
1" Que pour certains microbes les effets dépendent de
l'état des tissus qu'ils rencontrent ;
ï2° Que l'on est exposé à déclarer inoffensifs des microbes
que l'on ne sait pas placer dans les conditions requises pour
qu'ils produisent leur action pathogène ;
3"" Enfin qu'on ne saurait être trop prudent lorsque l'on
doit se prononcer sur les propriétés d'un microbe donné.
REcnERCHES expérimentales sur le bacille du cho-
léra. Note de M. Lcewenthal (de Lausanne). — Si tout le
monde sait aujourd'hui que le microbe auquel on attribue
la genèse du choléra, le bacille virgule, est lacile à cultiver
dans la plupart des bouillons de culture, on sait aussi, par
contre, que ce microbe, en se propageant, perd, en grande
partie, ses propriétés pathogènes ; de là la difficulté de
déterminer expérimentalement, en l'inoculant, des accidents
graves; de là, par suite aussi, de nombreuses recherches
dans les laboratoires ayant pour but de lui rendre toute son
activité. C'est à ces recherches également que M. Lœwenihal
s'est livré, recherches qui l'ont conduit à trouver et à
employer, dans ce but, un milieu cultivable dans lequel le
suc pancréatique joue le rôle essentiel. En effet, il a vu le
bacille du choléra se développer rapidement dans ce nouveau
milieu de culture et y former des produits toxiques, de façon
à tuer facilement et en quelques heures les animaux ino-
culés. Ces derniers meurent en présentant des phénomènes
analogues à ceux du choléra. Ce premier point acquis,
M. Lowenthal a cherché à rendre stérile la pâte pancréatique
renfermant le bacille cholérique et y est parvenu à l'aide du
salol.
Emploi du sublimé dans la fièvre jaune. Lettre de
M. Paul Gibie7\ — A propos de la communication faite Je
22 octobre dernier par M. Yvert, touchant l'emploi au
Tonkin du deutochlorure de mercure dans le choléra,
M. Paul Gibier annonce qu'il a fait lui-même, à l'Académie
des sciences de la Havane, une communication sur l'emploi
de cet agent thérapeutique dans la fièvre jaune.
séance du 7 JANVIER 4889. — PRÉSIDENCE DE
M. DESCLOISEAUX.
De l'inhibition. — M. Brown-Séauard fvésenie une noie
de M.CA. Henry, bibliothécaire à la Sorbonne, sur la dynamo-
génie et l'inhibition. Les travaux de l'illustre physiologiste
ont démontré le grand rôle que jouent dans le fonctionnement
normal de la vie et dans la pathogénèse, ces deux modes de
l'action nerveuse. Les excitations dynamogènes sont celles
qui plus ou moins instantanément, dans des parties ner-
veuses ou contractiles plus ou moins distantes du lieu de
l'irritation, exagèrent plus ou moins une puissance ou une
fonction; les excitations inhibitoires sont celles qui dans
des conditions analogues font plus ou moins disparaître une
puissance ou une fonction. En quoi consiste le mécanisme
de ces réactions? Le problème est impossible à préciser
généralement, car on ignore le plus souvent les quantités
d'excitation et toujours les quantités correspondantes de
réaction physiologique. M. Charles Henry a réussi à tourner
la difficulté et est parvenu à résoudre le problème dans un
certain nombre de cas particuliers, qui se multiplieront
d'ailleurs indéfiniment avec les progrès de l'expérimen-
tation. Choisissant d'une part des excitants bien défi-
nis : mesures linéaires, vibrations sonores, longueurs
d'ondes lumineuses, etc., complétant d'autre ptirt l'insuP-
fisance des données physiologiques par la connaissance de
la nature agréable ou désagréable des réactions mentales
correspondantes, lesquelles sont toujours accompagnées: le
plaisir de dynamogénie, la peine plus ou moins rapidement
d'inhibition, M. Henry se demande quelle est la forme des
mouvements expressifs qui peuvent être décrits continû-
ment, c'est-à-dire avec production de travail, quelle est la
forme de ceux qui ne peuvent être décrits que discontinu-
ment, c'est-à-dire avec empêchement à chaque instant.
L'auteur note q\i*au point de vue de la conscience, la forme
des mouvements d'expression est circulaire; il remarque
que l'élément vivant est à ce point de vue comme un
compas, qui ne pouvant décrire continûment que des petits
cycles et plus ou moins discontinûment des grands cycles,
doit exprimer par des changements plus ou moins réels de
direction de la force, les variations d'excitation et du travail
physiologique correspondant. M. Heni7 s'applique à étudier
tes trois fonctions subiectives qui ressortetit de cetfe hypo-
thèse et qu'il appelle le contraste, le rythme et la mesure.
Il rattache à des opérations mathématiques les modes de
représentation successifs et simultanés de l'être vivant afin
de déterminer nos unités naturelles de mesure. Il obtient
ainsi des schèmes de relations numériques objectives,
schèmes dont les propriétés mathématiques entraînent pour
le mécanisme de l'être vivant la nécessité, suivant les cas,
de réactions idéo-motrices irréductibles comme la dynamo-
génie et l'inhibition. Ce point de vue a permis non seule-
ment de constituer une théorie nouvelle de la sensation
auditive, mais de réaliser à volonté des harmonies de formes
et de couleurs. La théorie est générale. Parmi les nom-
breuses vérifications expérimentales, M. Henry cite la courbe
I»ar laquelle M. Marey a représenté ses expériences touchant
'influence du rythme sur la vitesse de progression, courbe
qui marque des accroissements de vitesse précisément pour
les nombres de pas à la minute, que la théorie indique
comme dynamogènes.
M Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N^ 2 — 27
'Aeadénie de médecine.
SÉANCE DU 8 JANVIER 1889. — PUÉSIDENCES SUCCESSIVES
DE MM. HÉRARD ET MAURICE PËRRIN.
MM. les d«(cteurs Marpaud, médecin principal de i'* classe, chef du service
io santé de la place do Verdun, et Ducloê (de Tours) se portent candidats au
tiirt* de correspondant national dan* la division de médecine.
M. le docteur H. Vincent, médecin stagiaire au Val-de-Grâcc, envoie, pour le
mncours du Prix Alvar n^, en i8^, un mémoire sons PU cacheté et un ouvr.ii;^o
iDtitulé : Recherches expérimentalet tur l'hyper thermie et le* eautet de la mort
Jah* eellt-^i.
M. le docteur F. Garrigou transmet l'ensemble de ses travaux sur Vhydrologie
mééicale.
MM. les docteurs Cohin, Robillard et Cadoret adressent des mémoires sur le
traitement de la phthieie pulmonaire,
M. Gariel dépose le compte rendu de la dix-septième soiisioii tenue à Omn
en 18SS par l'Associaiion française pour l'avancement des sciences.
M. Le- Roy de Mirieourt présente un mémoire manuscrit de M. le docteur
Poupinel de YeUeneé (de l'île Maurice), ayant pour titre : Recherches iur la
lèpre-
Installation du Bureau pour 1889. — Avant de des-
cendre du fauteuil présidentiel, M. Hérard énuraëre les
principales communications faites pendant Tannée écoulée
el apprécie les diverses discussions auxquelles l'Académie
s'est livrée. M. Maurice Perrin prend possession de la
présidence pour 1889; il remercie les membres du Bureau
sortant et installe leurs successeurs: M. Moutard-Martiriy
pour la viee-présidènce ; M. Féréol, comme secrétaire
annuel ; HM. Planchon et Laboulbène^ en qualité de
membres du Conseil d*administration.
Extraction d'une cuillère tombée dans la cavité
pÉarroNÉALE après perforation de l'estomac. — M. le
docteur Le Dentu communique, avec présentation de
Topéré, une très remarquable observation de gastroslomie
au lieu d'élection, suivie immédiatement d'une laparotomie
médiane pour l'extraction d'une cuillère en bois, longue de
il centimètres, tombée dans la cavité péritonéale après
perforation de l'estomac; suture et réduction de l'estomac,
drainage du péritoine, j^uérison. Les détails très nombreux
qu'il donne sur cette orillante opération se résument dans
les termes qui précèdent. Il termine son observation par les
remarques suivantes: c La perforation de l'estomac et la chute
de la cuillère dans le péritoine ont eu lieu entre la douzième
et la quinzième heure a^rès qu'elle eut été avalée; la per-
foration s'est faite au niveau de la grande courbure et le
corps étranger a cheminé entre les deux feuillets antérieurs
de répiploon. On s'explique ainsi comment la perforation
s est cicatrisée assez vite et assez solidement pour que le
passage des matières alimentaires devint impossible par la
suite; l'évidence force à admettre que l'arrivée de la cuillère
dans la séreuse n'a pas provoqué la péritonite qui semble
inévitable après pareil accident. Ou l'estomac ne contenait
pas de germes pathogènes ou le corps étranger s'est dépouillé
pendant son passage entre les feuillets de l'épiploon de
ceux qu'il transportait avec lui ; ce que l'on sait du sort des
corps étrangers de l'estomac et des divers modes d'expulsion
observés jusqu'à ce jour, explique pourquoi j'ai commencé
par ouvrir l'estomac. Je ne crois pas qu'il existe un seul
fait prouvant que la perforation de ce viscère peut avoir Heu
en quelques heures. A défaut de signes indiquant que la
fuillère n'y était plus, il était logique de l'y chercher tout
d'abord; enfin, la gastrostomie, suivie de réduction immé-
diate, a donné un excellent résultat. Elle n'a provoqué ni
Tomissements, ni douleurs, ni troubles dyspeptiques consé-
cutifs. » — (Le mémoire de M. Le Dentu est renvoyé à
l'examen d'une Commission composée de HM. Léon Le
Fort, Larmelongue et Vemeuil.)
Strophantus. — Après avoir exposé l'histoire naturelle
«les strophantus, lianes des forêts du Gabon, dont l'espèce
^ dite S. Aombé est la sorte commerciale la plus en usage,
M. Bticquoy rend compte des résultats thérapeutiques qu'il
a^ obtenus en se servant de granules d'un milligramme
d'extrait de ce médicament. Chaque granule correspond à
cinq gouttes de la teinture de Fraser au vinçtième; la dose
quotidienne est en général de 4 granules, pris à intervalles
égaux, en commençant par 2 granules le premier jour, puis
3 et 4 les jours suivants.
Le strophantus est un médicament cardiaque de premier
ordre, dont l'introduction dans la thérapeutique des maladies
du cœur est une acquisition précieuse; il mérite en raison
de ses eiïets thérapeutiques la place que Fraser lui a assignée,
à côté de la digitale, dont il remplit à peu près les indica-
tions. Dans les lésions mitrales, il relève l'énergie des
contractions cardiaques lorsque la compensation devient
insuffisante et il atténue ainsi, quand il ne les fait pas dis-
paraître complètement, lessymptùmesdeTasystolie. L'œdème
des extrémités s'efface, la dyspnée et les palpitations dimi-
nuent et le malade retrouve bientôt un bien-être qu'il ne
connaissait plus.
C'est à tort que M. Germain Sée prétend que le strophantus
agit sur les cœurs fatigués et non asystoliques et qu'il ne
produit pas de diurèse; car il est, au contraire, très souvent
d'une souveraine efficacité dans l'asystolie et, s'il donne
rarement lieu aux grandes débâcles urinaires de la digitale,
il détermine le plus souvent une diurèse pouvant aller
jusqu'à 4 litres et demi et même 5 litres d'urine par jour.
Il se montre supérieur à tout autre médicament cardiaque
chez les sujets atteints de rétrécissement mitral, dont le
cœur commence à se fatiguer ; il fait souvent disparaître
comme par enchantement la dyspnée et l'oppression, ainsi
que les autres symptômes, qui sont la conséquence de cette
fatigue du cœur. Il est encore d'un effet remarquable dans
les lésions cardiaco-aortiques, également au moment où le
cœur commence à faiblir et là où la digitale n'est pas sans
inconvénient. Dans trois cas d'angine de poitrine et dans un
cas de maladie de Basedow, il a donné à M. Bucquoy
d'excellents résultats; il se montre alors un médicament de
soutien pour l'action cardiaque et la facilité avec laquelle il
est toléré permet d'en continuer longtemps l'emploi. L'ac-
coutumance n'en détruit pas les effets ; de plus, ceux-ci per-
sistent quelquefois assez longtemps après qu'on a cessé le
médicament.
Enfin, il ne s'accumule pas dans l'économie comme la
digitale ; il n'exerce pas non plus sur l'estomac l'action
nauséeuse qui oblige souvent à abandonner celle-ci ; le seul
symptôme d'intolérance observé est la diarrhée, sans
coliques, dont les malades se plaignent peu et qui cède avec
la suspension de la médication.
Est-il des contre-indications à son emploi? M. Bucquoy
ne saurait les formuler; ses effets étant ordinairement nuls
dans les périodes avancées des maladies du cœur, surtout
({uand elles s'accompagnent d'arlério-scléroses et de néphrite
interstitielle; il évite alors de le prescrire. Quoiqu'on ait dit
qu'il réussit mieux que la digitale dans les dégénérescences
cardiaques, avec un cœur dégénéré il ne faut compter ni
sur l'un ni sur l'autre ; toutefois le strophantus peut être
considéré comme une excellente pierre de touche de l'état
du cœur. En tout cas, M. Bucquoy dit n'avoir observé aucun
accident consécutif à son administration, même intempes-
tive; c'est un médicament facile à manier et nullement dan-
gereux. Il y a lieu de ne pas négliger une ressource théra-
peutique aussi précieuse.
Quant à la strophantine. M. Bucquoy ne l'a pas encore
assez fréquemment employée pour émettre une opinion
motivée; il croit qu'elle est au strophantus ce que la (ligita-
line est à la digitale.
— N- 2 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 11 Janvier 1889
Soel^ié de ehlrargle.
SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1888. — PRÉSIDENCE DE
M. POLAILLON.
Kyste à grains rhlzlf ormes : M. Jalaguier. — AnéTrsrsme de l'artère
humérale : M. Kirmlsson. — Salpingite : MM. TerriUon et Trélat.
—Amputation de Blms :M. Jalaguier.
M. Jalaguier communique l'observation d'une malade
qui portait des grains rhiziformes dans la gaine synoviale du
pouce et des fongosités tuberculeuses dans la gaine interne
de la main. Les bacilles n'ont pu être découverts dans les
grains, mais l'inoculation a rendu un cobaye tuberculeux.
La malade, revue tout dernièrement, était en parfaite santé
environ six mois après Topéralion.
— M. Kirmisson dépose une observation d'anévrysme diffus
de l^artère humérale guéri par la ligature des deux bouts.
—M. TerriUon a opéré 32 salpingites, dont 5 hématosal-
ningites, 19 pyosalpingites, 6 salpingites catarrhales et
2 hydrosalpingites.
Hématosalpingites. Trois fois les trompes et les ovaires
ont été enlevés des deux côtés; chez une malade, il
s'est produit à intervalles réguliers des pertes sanguines, et
les règles persistent encore actuellement malgré l'ablation
des deux ovaires et des deux trompes. Chez une autre
malade, la trompe, trop adhérente i)our être détachée, fut
ouverte et suturée à la plaie abdominale ; une fistule per-
sista et donnait passage, au moment des règles, à un écou-
lement sanguin assez abondant ; il s'est déjà produit quinze
ou seize fois, et l'opérée est en voie de guérison. Enfin chez
une dernière malade, les règles se faisaient dans la trompe
droite dilatée; douze ponctions furent pratiquées en quatre
ans et évacuèrent chaque fois de 2 à 400 grammes de sang
noir. — Pyosalpingites. Quatorze fois les annexesfurentenle-^
véesen totalité, cinq fois des adhérences obligèrent à faire le
drainage par la voie abdominale. Dans le premier groupe,
cinq étaient d'origine blennorrhagique ; les autres, suites
de couches ou de fausses couches ; un seul cas s'est ter-
miné par la mort; la décortication avait été des plus
pénibles, la poche s'était rompue et la malade avait été
emportée par la péritonite au huitième jour. — Salpingites
catarrhales. Dans les six cas, les trompes étaient adhé-
rentes aux parties voisines, la muqueuse étaient hyper-
trophiée, il y avait peu ou pas de liquide. Les organes furent
enlevés des deux côtés, sauf chez une femme jeune, âgée
de ^ingt-huit ans et chez laquelle, d'un côté, les adhérences
furent simplement déchirées. — Hydrosalpingites. Chez les
deux malades l'affection remontait à plusieurs années et
délermînaitde vives douleurs. Les trompes oblitérées étaient
transformées en kystes séreux. — Salpingites avec pelvipé-
tonite. Dans tous les cas qui précèdent, l'opération fut faite
tendant une période calme de l'évolution de la maladie,
'intervention est plus rare au stade aigu d'inflammation
[léritonéale, et cependant il semble logique de tenter de
'arrêter dès le début et d'en éviter les conséquences. Instruit
par un cas où il put constater les désordres d'une poussée
péritonéale toute récente, M. TerriUon opéra une malade
au cours d'une péritonite généralisée; la patiente avait déjà
subi quatre attaques de pelvipéritonite grave, et, depuis huit
jours, avait des douleurs vives, le pouls filiforme, le faciès
caractéristique. La trompe gauche adhérente fut enlevée; la
droite, retenue partout par des adhérences, fut impossible à
extraire; après l'opération la température baissa et la gué-
rison fut rapide. Dans un second cas, la malade mourut, il
est vrai, mais l'opération avait été réfusée par elle, et, faite
plus hâtivement, elle aurait pu la guérir.
En ce qui concerne la pathogénie des salpingites, M. Ter-
riUon admet la théorie de la propagation sans aucune réserve.
Il est rare que les lésions ne débordent pas la trompe et ne
gagnent pas le péritoine ; l'ovaire ne participe que secondai-
rement par voisinase et sa surface seule est atteinte. Lu
propagation par les lymphatiques doit être abandonnée. Les
lésions existent dans toute l'étendue de la trompe. C'est
cette théorie qui a contribué à faire croire à l'adéno-
f phlegmon du petit bassin qui n'existe pas et à ce ganglion
ymphatique que les analomistes n'ont pu trouver. Si le
tissu cellulaire du ligament large s'œdématie, s'indure et
augmente de volume, c'est le résultat de l'inflammation
primitive de la trompe. Toujours on trouve le pus dans la
trompe ou dans des cavités faites par des adhérences péri-
tonéales ; c'est là la règle. D'une manière tout à fait
exceptionnelle, on le rencontre dans le tissu cellulaire du
ligament large.
Au sujet de la thérapeutique M. TerriUon pense que cer-
taines malades peuvent être améliorées et même guéries
sans intervention chirurgicale par les soins médicaux. Il ne
propose l'opération que lorsque les malades souffrent de-
puis deux ou trois ans et surtout quand il y a eu plusieurs
poussées de péritonite grave. Après la ligature de la corne
utérine, il fait la section au thermocautère et prend sur-
tout le soin de cautériser la lumière de la cavité de la trompe
malade, qui, jestant dans l'abdomen, serait une cause d'in-
fection certaine. Dans tous les cas la ligature double ou en
chaîne est consolidée par une ligature simple et superpo-
sée ; le drainage est précédé du lavage de la cavité du petit
bassin. Les résultats éloignés de l'opération sont difficiles
à donner encore ; la guérison parait être moins rapide dans
les salpingites purulentes.
H. Trélat. Les phlegmons du ligament large sont des
foyers inflammatoires très rares. Il n'en connaît que deux
cas, où, consécutivement à l'infection puerpérale, des
foyers purulents furent trouvés sur les côtés et en avant du
col de l'utérus et abordés par une incision abdominale im-
médiatement au-dessus de l'arcade de Fallope. Ces foyers
de paramétrite suppurée, comme les dénomme M. Trélat,
sont explicables parla théorie de M. Lucas-Championnière.
Mais ce sont des cas tout à fait exceptionnels qui guérissent
très rapidement comme un abcès phlegmoneux ordinaire.
Il existe d'autres foyers pelviens qui échappent à l'étiologie
générale des salpingites ; on les observe sur des malades à
fistules rectales, ombilicales, rarement inguinales, succé-
dant à d'anciens accidents graves. Tous ces clapiers, fis-
tules, galeries purulentes autour du rectum, derrière
l'ovaire, que l'on appelle du nom vague de cellulite pel-
vienne et dont on ne peut déterminer l'origine, ne seraient-
ils pas en rapport avec des salpingites anciennes? Salpin-
gites dites ainsi par pure abréviation, car ce sont des
métro-salpingo-trompo-ovaro-péritonites, comme le prouve
la série des lésions successives. Le diagnostic en est d'ail-
leurs très difficile, surtout lorsqu'il s'agit de déterminer le
moment où l'on doit intervenir. M. Trélat cite le cas d'une
malade qui présentait il y a un mois des tumeurs manifestes
des trompes, lesquelles ont disparu par le traitement de ia
métrite seule.
— M. Jalaguier présente un malade guéri en dix jours
d'une amputation du pied par le procédé de Sims.
— Sont nommés pour l'année 1889: président : M. Le
Dentu, vice-président: M. Nicaise, premier secrétaire
annuel : M. Pozzi; second secrétaire: M. Marchand.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. POLAILLON.
Persistance des règles après ablation des ovaires: X. Mascarlo
(M. Monod, rapporteur). — Salpingites: MM. Lucas-Champlonnière.
Le Dentu. Trélat. ^ arosaesse extra-utérine : M. Lebeo.
M. Monod rapporte un cas de persistance des règles après
ablation des deux ovaires chez une malade opérée par
Lawson Tait et observée par M. Mascario (de Nice).
H Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N*» 2 — 29
— M. LucaS'Championnière n'a pas élé convaincu par
les arguments que Ton a opposés à sa théorie pathogénique
des salpingites par propagation lymphatique; contrairement
à M. Terrillon, il a trouvé la partie de Ja trompe voisine de
Tutérus indemne dans presque tous les cas, et contraire-
ment à M. Quénu, il affirme que les lymphatiques du col de
Tuténis se rendent du côté de la trompe et forment autour
lie l'ovaire des réseaux que leur hypertrophie pathologique
rend tout à fait évidents. M. Lucas-Championnière ne pense
pas quMl y ait une septicité si grande dans les lésions de la
salpingite, et, s'il cautérise le petit moignon de la trompe
après l'ablation de celle-ci, il ne fait aucun drainage. Ce
sont les phénomènes douloureux qui commandent les indi-
cations opératoires. Au sujet de la persistance de la
menstruation après exérèse des annexes, M. Lucas-Chara-
pionnière prétend qu'une très petite portion d'ovaire suffit
pour faire subsister les règles et qu'on ne peut jamais
afûrmer a^oir tout enlevé quand l'organe est un tant soit
peu malade.
M. Le Dentu communique l'observation d'une malade
opérée par lui il y a six jours pour une salpingo-ovarile. La
patiente souffrait depuis vingt ans; l'intensité des douleurs,
leur siège précis du côté des annexes, une certaine rénitonce
du côté droit, une vive sensibilité du côté gauche où le palper
ne révélait d'ailleurs rien, tels furent les éléments du
diagnostic. La trompe droite était du volume du pouce,
ridée à sa surface, présentant des adhérences multiples
arec les parois du petit bassin; à gauche, lésions sembla-
bles, mais à un degré moins avancé. II fut impossible de
reconnaître les ovaires qui ne furent point enlevés. La gué-
rison est en bonne voie, malgré les accidents de péritonisme
qui survinrent le lendemain de l'opération; il n'y eut jamais
d*élévation de la température. Il y a dix-huit mois M. Le
Dentu fit nne première laparotomie chez une autre femme
qui souffrait de crises douloureuses très violentes et enleva
Tovaire et la trompe très adhérents, ratatinés, sclérosés. La
longueur de l'opératiob empêcha d'extraire les organes du
coté opposé ; un an après, par une nouvelle laparotomie,
ceux-ci furent extirpés dans les mêmes conditions. La
malade guérit parfaitement.
H. Trêlat. Il ne faut opérer ni trop tôt, ni trop tard : ni
trop tôt, c'est-à-dire des cas curables sans opération, par
des roovens médicaux; ni trop tard, comme dans les cas de
M. Le l3entu, pour des vieux reliquats de lésions propagées
de salpingite; les malades ont souffert de longues années
inniilement, et, de plus, on tombe dans des foyers d'adhé-
rences et on laisse une partie de la cause morbide dans le
ycnlre.
M. Le Dentu* A quel moment cette organisation des
adhérences est-elle assez solide pour qu'on ait à craindre
de ne pouvoir faire qu'une opération incomplète?La question
o^est pas encore élucidée. Il est probable qu'au bout d'un
an, dix-huit mois après le début des accidents, on est
autorisé à intervenir.
— M. Lehec lit une observation de grossesse extra-
utérine; menace de rupture, laparotomie au huitième mois,
mort de la mère au bout de deux heures.
— Sont nommés membres correspondants nationaux :
MM. Auffret, Charvot, Desfontaines, Dubar, Hache, Nepveu,
Qvion, Tripier, et correspondants étrangers : MM. Assaki et
Chinne.
P. VlLLEMlN.
Soelélé de biologie.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1888. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Présentation d'ouvrage : M. Bro^va>8^aard. — ÉTolation èplder-
nil(iue spéciale : M. Broivn-Bèquard. — Phénomènes électriques de
la oontraotlon cardiaque: M. "Waller. — Sur les glandes gastri-
ques : M. Montanet. — De la procréation des sexes : M. Dnpuy. ~
Diflusion des courants électriques dans les tissus : M. Dupuy. —
Rapport sur le prix Godard: M. Dastre.
M. Broion-Séquard fait hommage à la Société du premier
mémoire de la nouvelle série des Archives de physiologie
qu'il dirige.
— M. Brown-Séquard observe depuis fort longtem^sur
lui-même une évolution épidermique spéciale qui se^ve-
loppe sur le lit de Tongle de l'un de ses doigts et qui paraît
constituée par un tissu tenant le milieu entre le tissu de
Tongle ou tissu corné et Tépidcrme.
— M. Waller a observé que la contraction cardiaque
commence à la pointe et qu'il se produit une onde de con-
traction qui s'étend jusqu'à la base. Au moment où cette
onde commence, l'état électrique du cœur change, la pointe
devient négative et la base positive. En même temps on
constate que les membres inférieurs et le membre supérieur
gauche deviennent également négatifs. Dans deux cas de
transposition du cœur, M. Waller a vu qu'il y avait aussi
transposition de ces modifications électriques. C'est sur
l'homme que ces observations ont été faites.
— M. CAawrcatt présente une note de M. Montanet (de
Toulouse) sur la dualité anatomique et fonctionnelle des
glandes gastriques. Il résulterait des recherches de M. Mon-
tanet au'il existe bien réellement deux sortes de cellules
glandulaires stomacales et qu'il n'y a pas transformation
d'une forme cellulaire en une autre, comme on l'a soutenu.
— M. Dupuy a observé de nouveaux faits à l'appui de la
loi qu'il a posée relativement à la procréation des sexes, à
savoir que l'enfant à naître est du même sexe que le premier
enfant, s'il a élé conçu dans le mois (période menstruelle)
correspondant, et du sexe opposé, s'il a été conçu dans un
mois impair.
— M. Dupuy a constaté dans de nouvelles expériences
que, quand on excite électriquement l'écorce du cerveau,
les courants diffusent jusau'à la base par les vaisseaux; il
ne croit donc pas devoir abandonner l'opinion qu'il soutient
sur la non-existence des centres dits psycho-moteurs.
— M. Dastre donne lecture de son rapport sur les
méinpires envoyés pour le prix Godard.
^oelété de thérapentlqne.
SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1888. — PRÉSIDENCE DEM. CRÉQUY.
Du strophanttts et de la strophantine : MM. Buoquoy, C. Paul.
Catillon. Blondel.
M. Bucquoyy à l'occasion de l'envoi d'un mémoire de
M. Poulet (de Piancher-les-Mines) sur le traitement de
la fièvre typhoïde par le strophantus, fait remarquer
qu'il serait intéressant de savoir où cet observateur a
pu se procurer pour ses expériences thérapeutiçiues du
strophantus glabre du Gabon, car il n'en existe pas
dans le commerce. D'antre part, les doses indiquées
(quatre à cinq pilules de 0,05 de poudre de semence)
sont plus élevées que celles employées par les autres
expérimentateurs : ce sont des doses toxiques, surtout
si Ton tient compte de l'activité plus grande du stro-
; 30 — N» 2 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE il Janvieiv 1889
Shantus du Gabon ; et cependant les effets obtenus par
I. Poulet ne sont pas plus marqués. Ne serait-ce pas le
strophantus Kombé qu aurait employé M. Poulet, car c'est
le seul répandu dans le commerce.
M. \e Secrétaire général écrira à M. Poulet pour lui de-
mander des renseignements et le prier d'envoyer un
échantillon de son strophantus.
M. Catillon a reçu, sur sa demande, deux semences du
strophantus employé par M. Poulet : il s'agit bien du
strophantus glabre du Gabon. La dose prescrite par
M. Poulet correspond àOi'%015 de strophantine, alors que
Ton n'administre d'ordinaire qu'un demi-miiligramme à
1 milligramme de strophantine. Il fait observer que, dans
une communication è l'Académie, à propos d'un mémoire
de If. Arnaud, M. Laboriie a dit que la strophantine obte-
nue par M. Catillon n'est (ju'un extrait plus ou moins
purifié de strophantus. C'est inexact : les échantillons cris-
tallisés présentés à la Société sont démonstratifs; d'ailleurs,
le pouvoir toxique indiqué par M. Arnaud chez le lapin (4/10
de milligramme) est bien le même précédemment déterminé
par M. Catillon (5/10 de milligramme en chiffre rond;
exactement 4/10 et demi). Avec le strophantus Kombé on
n'obtient pas plusieurs sortes de strophantines : il est
vrai qu'en se servant du tanin, de l'acétate de plomb et
de l'alcool, on recueille par évaporation une strophan-
tine amorphe jaunâtre, toxique à 8/10 de milligramme;
mais, si on la purifie, on obtient la strophantine cristallisée,
blanche, toujours identique, toxique à 4 ou 5/10 de milli-
gramme. Avec le strophantus du Gabon on obtient au con-
traire une autre strophantine, fournissant des réactions
différentes, et beaucoup plus active.
M. Bucquoy rappelle que M. Labordc a dit que l'état
cristallin et les effets physiologiques du produit ne suffi-
sent pas à le caractériser : l'analyse chimitjue élémentaire
est indispensable. M. Catillon ne signale-t-il pas lui-même
deux strophantines cristallisées, et cependant différentes?
M. Caft7/on fait remarquer que ces deux strophantines
cristallisées différentes proviennent de deux espèces diffé-
rentes de strophantus, tandis que la strophantine extraite
du Kombé par lui, puis par M. Arnaud, doit présenter ton-
jours les mêmes caractères et les mêmes réactions, puisque
c'est un produit défini cristallisé: il ne peut y avoir de
doutes sur l'identité des deux produits.
M. C. Paul demande si, en dehors de la forme cristalline,
la strophantine préparée par M. Catillon et celle de M. Ar-
naud offrent les mômes caractères de solubilité, de réac-
tions chimiques, etc.
M. Catillon. Il n'y a à cet égard aucune différence.
M. Blondel fait savoir que Ton pourra bientôt être fixé,
car M. Arnaud a réussi à se procurer environ 300 grammes
de semences de strophantus du Gabon et il a commencé ses
expériences avec ce produit.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
André Petit.
Sc»clélé anatomlque.
SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1888. — PRÉSIDENCE DE
M. POIRIER.
M. /. L. Faure présente des pièces de tuberculose
g énito-ur inaire. Le sujet est mort sans avoir les poumons
atteints. L'examen minutieux des lésions fait penser que
le début a eu lieu par le rein et qu'il y a eu ensuite infec-
tion descendante. Mais la néphrite a été longtemps latente,
et le sujet se plaignait surtout d'une cystite douloureuse*
il a été fort soulagé par la taille hypogastrique.
— M. Souques fait voir des pièces de laryngo-typhus.
Il y a une nécrose limitée aux deux aryténoldes, mobilisés
tous deux en totalité. Les troubles vocaux ont été très
marqués, et la dyspnée à peu près nulle.
— M. H. Legrand communique une observation d'aror-
tement à Quatre mois où le fœtus a été expulsé encore
entouré Je l'amnios. La caduque est tombée trois jours
après.
REVUE DES JOURNAUX
Contriteation à l'étade de rérylhème infeelleui , par
MM. P. Simon et E. Legrâin. — On tend aujourd'hui à admettre,
à la suite de Trousseau, Hardy et Besnier, Spilmann, quv
l'érythèmc polymorphe n'est pas une simple dermatose, mais
une véritable pyrexie infectieuse dont rexanthèrae ne repré-
sente qu'une des manifestations ; raiïcction pouvant, comme la
plupart des maladies infectieuses, présenter des localisations
viscérales, pulmonaires, cardiaques ou rénales. Les recherches
de iMolènes-MahoD, Marquet, Hauslialter, de Langenbageu ont
confirmé cette manière de voir; et même Haushalter a réussi ù
isoler, dans deux cas, un microcoque mobile qu'il reganir
comme pathogène. MM. P. Simon et Ë. Legrain ont observé un
cas d'érythcrae marginé, avec albuminurie transitoire, qui leur
a permis de trouver, dans le saug recueilli au niveau d'une
plaque, deux microbes : un microcoque blanc identique à celui
dllaushaiter et un microbe jaune encore indéterminé. Le pre-
mier, injecté à des souris, détermine la mort des animaux en
cinq à huit jours, par une sorte de septicémie sans lésions
locales ; le second ne donne aucun accident aux souris ou aux
cobayes. Tout en faisant les réserves qu'impose un fait isolé, les
auteurs pensent que leurs expériences servent à confirmer lu
nature infectieuse de l'érythèrae polymorphe, et sont portés à
croire que, si le microcoque blanc est Tagent pathogène de
l'affection, peut-être cependant celle-ci ne reconnaît-elle pas
comme origine un parasite unique, mais résulte d'une infec-
tion par association microbienne. L'apparition d'érythçmes
symptomatiquej, au cours de la lièvre typhoïde, du rhumatisme
aigu, du choléra de l'impaludismc, etc., autorisent à supposer
que cette détermination cutanée peut relever d'infections diffL-
rentes. {Ann, de dennat, tt de syphitig,, i. IX, n" 11, -5 no-
vembre 1888.)
Des indleatloiifl et ûen contre-lndlcalloiiii do la «réoAOi« e*
de riodare de polnsslam dan« In plillilflie, par M. G. StLëCKICR.
— La créosote, écrit l'auteur, est utile dans la pneumonie
caséeuse, et l'iodure de potassium dans les formes fibreuses ou
contre les exsudats pleurétiques. Par contre, il condamne ce
dernier médicament et recommande les balsamiques avec ou
sans addition de créosote dans les cas d'expectoration muqueuse
ou mucoso-purulente.
Enfin, dans des cas où il existe de l'emphysème, il préfère
l'administration de l'iodure de potassium. Les ulcérations tuber-
culeuses de l'intestin, la dégénérescence amyloïdcet une période
avancée de laphthisie, contre-indiquent l'emploi de la créosote.
Les hémoptysies, les lésions profondes du larynx, en raison du
danger de l'œdème glottique, les ulcérations trachéales, l'insuf-
fisance rénale ou l'iodisme, sont les motifs que M. Sluecker
fait valoir pour proscrire l'usage de l'iodure. (Therap. Monat.,
p. 385, 1888.)
il Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N" 2 — 31
BIBLIOGRAPHIE
JUre hivesde physiologie normale et pathologique. 5* série.
1. 1, fascicule 1 et !2 avec 2 planches et 58 figures dans le
texte. — Paris, G. Masson, 1889.
(Fin. — Voyez le numéro 1 .)
II. — Travaux de physiologie pathologique et de
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
l'' Champ d'action de rinhibition en physiologiCy en
pathogénie et en thérapeutique. — M. Brown-Sé(juard
définit par de nombreux exemples le champ de rinhibition,
tel qu'on peut actuellement le concevoir; son étude n'est
qu'un résumé des plus condensés de cette vaste question ;
on pourrait dire qu elle représente un sommaire des innom-
brables conditions dans lesquelles se manifeste reffetinhi-
biloîre d*nne irritation, c'est-à-dire la disparition i^omplète
ou partielle, temporaire ou permanente, localisée ou géné-
rale, d'une propriété de tissu, et secondairement de la
foiiction qui résulte de la mise en jeu de cette propriété.
In tel travail n'est donc pas réductible et ne se prête en
aucune façon à l'analyse : c'est un ensemble de conclusions
qu1i faut savoir à l'auteur le plus grand gré d'avoir enfin
posées et méthodiquement classées.
f* Recherches cliniques et expérimentales sur les en-
tre-croisements des conducteurs servant aux mouvements
volontaires. — M. Brown-Séquard tire de l'examen d'un
grand nombre de faits cliniques et expérimentaux cette
conclusion (qui nous parait aujourd'hui moins élrange,
habitués que nous sommes à compter avec les phénomènes
d'inhibition centrale), à savoir que les fibres entre-croisées
des pjramides antérieures ne sont pas les seules ou les
principales voies de la transmission motrice volontaire et
quedesdécussations motrices (volontaires ou réflexes) exis-
tent dans toute la longueur du centre cérébro-rachidien.
3" De la greffe osseuse chez T homme. — U. Oilier, pour-
suivant les études auxquelles il s'est adonné depuis tant
d'années, élucide dans un nouveau travail la question de
la survie des greffes osseuses. Il montre que la conser-
vation du périoste autour du transplant osseux est l'une
des premières conditions du succès de la greffe, et que les
portions osseuses sans périoste disparaissent par résorption
progressive; les élément» médullaires intra-osseux sont
iQsufâi^nts pour assurer la persistance du transplant.
*• De Vinfluence de la température interne sur les
convulsions. — MM. Langlois et Ch. Richet établissent
J influence de la température organique sur la marche
des accidents produits par les substances convulsivantes,
ou, pour mieux dire, sur l'activité des combinaisons chi-
miques qui se produisent à la suite de l'absorption des
poisons et se manifestent par les réactions anormales,
coovulsives ou autres : ils concluent que plus la tempé-
rature est élevée, plus la dose de poison qui détermine les
convulsions est faible.
S"* Empoisonnement par V acide chlorhydrique (Notes
anatomo-pathologiques et expérimentales). — Mm. M. Le-
tuile et H. Vaquez ont poursuivi l'analyse expérimentale
et l'étude histologique de l'empoisonnement par l'acide
chlorhydrique : ils montrent que les lésions de l'estomac
consistent dans une gastrite suraigue avec prolifération
embryonnaire et nécrobioses cellulaires étendues; ils éta-
blissent, sur les faits cliniques et expérimentaux, la fré-
quence et le danger de la pénétration du liquide caustique
liaus les voies aériennes ; ils concluent enfin, au point de
^ue pratique, àl'impoiiance du lavage de l'estomac avec des
a'jlutions appropriées.
0» Nouvelles recherches sur un cas d'ectopie cardiaqne
(ectocardie) pour servir à V étude du pouls. jugulaire et
aune variété du bruit de galop. — H. François-Franck a
tiré du nouvel examen pratioué par lui sur une malade
atteinte d'ectopie (ectocardie) congénitale du cœur, des
conclusions précises relatives au bruit de galop le moins
connu (le bruit méso-diastolique) et au mode de produc-
tion de l'affaissement brus(]ue des veines du cou au
moment de la systole ventriculaire ; la même étude l'a
conduit aussi à la critique des conditions productrices du
bruit de soufllle dit anémiaue et à la détermination des
rapports (}ui existent entre les changements de volume et
les pulsations du cœur.
7^ De la quantité doxyhémoglobine et de l'activité de
la réduction de cette substance chez les diabétiques. —
M. Hénoccjue, appliquant à l'étude de Toxyhémoglobine
chez les diabétiques ses procédés d'hématospectroscopie,
montre par de nombreuses observations que, si la glyco-
surie avait une action notable sur la quantité d'oxyhémo-
globine, elle tendrait plutôt à l'augmenter; il ne se pro-
nonce pas sur la question de l'activité de la réduction qu'il
a trouvée exagérée dans le plus grand nombre des cas, mais
sujette aussi à variations.
H"" Nouvelles recherches sur Vinjection dé Veau salée
dans les vaisseau^x. — MM. Dastre et P. Loye ont obtenu
des résultats précis et d'une grande portée physiologique
(peut-être aussi thérapeutique) dans leurs recherches sur
1 injection d'eau salée dans le sang. Ils ont montré, par
exemple, qu'en réalisant des conditions expérimentales
très simples, on peut faire subir à l'animal un véritable
lavage du sang et des tissus. Le liquide en excès étant
rejeté à mesure par les reins, les glandes salivaires, l'in-
testin, le poumon, s'emmagasine d'une façon temporaire
dans les tissus qui le restituent ensuite aux vaisseaux :
l'animal, nullement incommodé par cette introduction de
quantités souvent considérables d'eau salée dans les veines,
se comporte comme un trop-plein et met en jeu des méca-
nismes régulateurs de la quantité d'eau tolérable. Il y a là
une base scientifique au traitement par lavage de maladies
dans lesquelles des produits toxiques solubles s'accumule-
raient dans les tissus.
Q** Action des injections intraveineuses durine sur la
calorification. — M. Ch. Bouchard, dans un travail (ju'il y
a grand intérêt à rapprocher du précédent, établit, au
moyen d'une dissociation expérimentale rigoureuse, que
les injections intraveineuses d'urine normale produisent la
mort en amenant presque toujours une diminution de la
calorification, contrairement à ce qui s'observe avec les
injections d'eau pure. L'action hypothermisante de l'urine
ne résulte ni de l'action de substances minérales, ni de
celle de l'urée, mais bien de l'effet d'une substance qui se
fixe en partie sur le charbon à la façon des matières colo-
rantes et des alcaloïdes, et qui s'altère ou disparait par
l'ébullition prolongée au contact de l'air.
François-Franck.
VARIÉTÉS
Société de protection des victimes du devoir phofes-
SiONNEL. — Sous ce nom et grâce à Tinitiative de M. le docteur
Cézilly, directeur du Concours médical^ vient de se fonder à
Paris une Société dont le but est de venir en aide moralement
et parfois matériellement aux familles des médecins et de ceux
3U1, à la suite d'un acte exceptionnel de dévouement accompli
aus Texercice de la médecine, sont morts ou sont devenus inca-
pables de continuer à exercer leur profession.
Celte Société, qui a son siège à Paris, 23, rue de Dunkerquc,
fait appel au concours de tous les médecins.
Le premier comité de patronage est composé comme suit :
32
No 2 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 11 Janvier 1880
Président : M. Th. Roussel, sénateur ; vice-présidents :
MM. Fraock-Chauvcau, sénateur, et H. Monod, directeur de la
Santé et derAssislance publiques; secrétaire : M. le docteur
Gézilly; membres : MM. Brouardel, L. Colin, Dujardin-Beaumetz,
Cuvinot, Farcy, Gibert (du Havre), Grancher, Hyades, Laborde,
LerebouHet, Magnier, Maurat, Nicolas, Nocard, J. Steeg, Treille,
U. Trélat.
Elle vient de recevoir un don de ^000 francs du ministère de
rintérieur et un don de 500 francs du ministère du Commerce.
Académie royale des sciences de Turin. Programme du
septième prix Bressa. — L'Académie royale des sciences de
Turin, se conformant aux dispositions testamentaires du docteur
César-Alexandre Bressa, et au programme relatif publié le
7 décembre 1876. annonce qu'au 31 décembre 1888 s'est clos
le Concours pour les découvertes et les ouvrages scientiflques
qui se sont faits dans le quadrienaium 1885-88, concours auquel
devaient seuls prendre part les savants et les inventeurs italiens.
En môme temps cette Académie rappelle qu'à partir du
1^^ janvier 1887, il est ouvert un concours auquel, suivant la
volonté du testateur, seront admis les savants et les inventeurs
de toutes les nations.
Ce concours aura pour but de récompenser le savant ou l'in-
venteur, à quelque nation qu'il appartienne, lequel durant la
période quadriennale de 188/-90, c au jugement de l'Académie
des sciences de Turin, aura fait la découverte la plus éclatante
et la plus utile, ou qui aura produit l'ouvrage le plus célèbre
en fait de sciences physiques et expérimentales, histoire nalu-
relle, mathématiques pures et appliquées, chimie, physiologie
et pathologie, sans exclure la géologie, l'histoire, la géogra-
phie et la statistique >.
Ce concours sera clos le 31 décembre 1890. La somme des-
tinée à ce prix sera de 12000 francs (douze mille francs). Aucun
des membres nationaux résidants ou non résidants de l'Académie
des sciences de Turin ne pourra concourir à ce prix.
Souscription DucAenne (de Boulogne). — Les admirateurs,
les élèves et les amis de Duchenne (de Boulogne) ont l'intention
de perpétuer la mémoire d'un des grands promoteurs de la
neuropalliologie moderne en lui élevant un monument dans
l'enceinte de la Salpétrière. Ils font appel au concours de tous
les médecins qui savent apprécier 1 importance des services
rendus à la science par notre illustre compatriote.
Pour réaliser ce projet, un comité a été constitué. Il se com-
pose de : MM. Charcot, président; Joffroy, vice-président;
Straus* Pitres, Teissicr, LerebouHet, Magnan, Hamy, Gom-
bault, trésorier.
Les souscriptions devront être adressées à M. le docteur Gom-
bault, trésorier, 41, rue dé Vaugirard, ou à l'un des membres
du comité.
Première liste.
WM. Charcot
300 fr. >
Joffroy
100 j
Dainaschino
...... 100 »
Straus
50 »
Pitres
50 >
Grancher
50 »
Chrysaphy
Falret
50 *
50 ï
Teissier fils
40 ï
A. Gombault
25 >
Debove
25 >
Gilbert
25 >
Ballet
25 j
Magnan . .
LerebouHet
20 »
20 >
Bourueville
20 »
Brouardel
20 j
Bonnet
20 j
Troisier
20 j
Richardière
20 »
Ed. Meyer
Ilénocque
Ouinquaud
Macritot
20 >
10 3
20 ï
10 >
Total..
., 1090 >
Ecole de médecine de Tours. — Un concours s'ouvrira, L*
3 juillet 1889, à l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris, pour
l'emploi de suppléant de la chaire d'histoire naturelle à TEcolc
préparatoire de médecine et de pharmacie de Tours.
Le registre d'inscription sera clos un mois avant Pouverturc
du dit concours.
NÉCROLOGIE. — M. le docteur Estorc, ancien interne des
hôpitaux de Montpellier, chirurgien en chef des hospices de
Bédarrieux, vient de mourir à l'âge de trente-trois ans.
— M. le docteur Pierre-Edme-Euçène Verjon, médecin inspec-
teur honoraire des eaux de Plombières, vient de succomber à
V\ge de cinquante-huit ans aux suites de la cruelle maladie qui
depuis plusieurs années l'avait obligé à cesser Texercice de la
médecine.
{A suivre.)
Mortalité a Paris (52^' semaine, du 23 au 29 décembre
1888. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 21.
— Variole, 6. — Rougeole, 42. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 2. — Diphthérie, croup, 42. — Choléra, 0. — Pbthisie
pulmonaire, 181. — Autres tuberculoses, 21. — Tumeurs :
cancéreuses, 41 ; autres, 6. — Méningite, 32. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 56. — Paralysie, 8. —
Ramollissement cérébral, 11 . — Maladies organiques au cœur, fx^.
— Bronchite aiguë, 42. — Bronchique chronique, 47. — Broncho-
pneumonie, 27. — Pneumonie, 67. — Gastro-entérite: sein, 8;
biberon, 33. — Autres diarrhées, 2. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. — Autres affections puerpérales, 1 . — Débilité con-
génitale, 20. — Sénilité, 28. — Suicides, 11. — Autres morts
violentes, 13. — Autres causes de mort, 179, — Causes
inconnues, 12. — Total : 1033.
OUVRAGES DÉPOSÉS AU BUREAU DU JOURNAL
L'Agbnda MRDICal pour 1889, public chez MM. Asselin et Houieau éditeurs, a
ctc entièrement refondu et comprend :
l" Mémorial thérapeutique du médecin praticien, par M. le docteur Cons-
tantin Paul, professeur-agrcgé à la Faculté de médecine de Paris, raédccin de
l'hôpital Larîbotsièr\ nombre de l'Académie de médecine ;
2* Mémorial ohilétrical, par M. le professeur Pajot ;
3** Formulaire magistral, par M. Delpcch, pharmacien de {^«classe, membre
dc« Sociétés do pharmacie et de thcrapeutiqiic ;
i° Notice tur les stations hivernales de la France et de Vétranger^ pjr
M. le docteur do Valcourt.
Plus un Calendrier à deux jours par page, la liste des médecins, dcnllsie».
pharmaciens et vétérinaires du département de la Seine; Ips médecins dc>
hôpitaux civils et militaires do Paris; les médecins inspecteurs des cjiax
minérales; maisons do sa.-ité de Paris et dos- environs ; la liste dos divers
journaux scientifiques; les Facultés et Ecoles préparatoires de médecine dt
France; les Ecoles de médecine militaire et nivale, avec le nom de MM. 1rs
professeurs ; TAcadéraic de médecine et les diverses Sociétés médicales ; \v
tableau des rues de Paris, etc., format in-18 de 5'JO pages, dont 190 de calen*
dricr et 400 de renseignements utiles.
Prix variant entre 1 fr. 75 et 9 francs.
Hecherches clinùiues sur la paraUfie §inirtAêch$% Vhoinme, par M. le docUnir
P. Arnaud. 1 vol. grand in>8*> d*; 80 pages. Paris, 0. Doin. "£ fr
L'instinct sexuel che% l'homme et chez les animaux, par H. Tillier, précêdr
d'une préface par M. J.-L. de Lancssan (Bihliothèque des actualités médicales
et scientillques). i vol. in-lâ de 300 pages. Paris, 0. Duin. 3 fr. 50
Le crachat dans ses rapports avec le diagnostic, le pronostic et le traitement des
maladies de la gorge et des poumons, par M. le docteur C. Hnnter-Uackenzic.
traduit de l'anglais et annoté par M. le docteur Léon Petit, avec uno préfMco
de M. le professeur Grancher. 1 vol. in-8^ avec 24 pages chromolitliographiquc».
Paris, 0. Doin. 5 fr.
Le siivus uro- génital (son développement, ses anomalies), par M. le dojteur
Issnural. Une brochure in-8» de 100 pages. Paris, 0. Doin. 3 fr. 50
La génération, étudiée sur les végétaux, les oiseaux et les animaux pour la roii-
naître chez la femme, par M. le docteur Kézard de Wonves. 1 vol. in-lâ do
159 pages. Paris, 0. Doin. 3 fr.
Diagnostic précoce de la tuberculose pulmonaire, par M. Antonio Espina yCa{Ki.
Une brochure in-8« de 40 pages. Paris, 0. Doin. i fr. 5rt
Recherches expérimentales sur la durée des actes psychiques les plus simples et
sur la vitesse des courants nerveux A l'état normal et à l'état pathologique,
par M. lu docteur A. Uémoud (de Metz). 1 vol. in-8« de 140 pages. I*ari>»
U. Doin. 3 fi
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
1T797. ~ MOTTEROZ. — Imprimorios réunies, A, rue Mignon, 2, Paris.
Tre^ntë-sixiImb année
^•3
18 Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE {RÉDACTION
M. LK D' L. LEREBOULLET, Râdactbur en ghbp
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6, DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRARCOIS-FRARCK, A. HÊROCQUE, A.J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lebbboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOVUAIKB. — Bulletin. — Neuho pathologie. Les migraines. —Pathologie
c&!tÉR\Li. La diplilhério maladie parasilairo. Pathogénie de la paralysie diphtJn'-
riiiqu*. ~ CoxTRiBUTioNS PHAHMACBUTIQUBS. Savon aiitisepUque cl chiruivical.
— Hkwk 9U3COVR» Kt DBS GLiHiauES» H&piUl ^SaiBl-Louis. Service de M. le
pro£»4eiir Foarnicr. —Travaux originaux. Pathologie générale : Essai sur la
rerherehi*. rîsoteroent ot l'emploi Taccinal des excréta âolubles de certains mi-
rrubea palliocèiics. — SociÉTi^s ftAVANTBS. Acadt^mio de médecine. » Société
moilicak» de» hôpitiux. — Société do chirurgie. — Société de biologie. — So-
ciale de thérapeutique. — Suciclé anatomique. — Revue des journaux. —
BtBLiOGRAPHiE. Traité théorique et pratique do$ maladies de l'oreille et du nei.
BULLETIN
Paris, 10 janvier 4888.
Académie de médecine : Le •trophantuB. — Académie des
sciences : Diabèi« expérimentai. — Socicté médicale
des hôpitaux : Les pleurésies uîéta-pneuiiioiilques.
— Société de chirurgie : Éloge de Glraod-Tealon. —
Comité consultatif d'hygiène: iBstaiiatioa au miuis-
1ère de l'In ter leur.
La discussion sur les indicalions thérapeutiques et l'ac-
tion physiologique du strophantus se continue devant l'Âca-
démie. Nous avons entendu hier M. Dujardin-Beaumelz
qui regarde le strophantus comme un médicament car-
diaque inoffensif même dans les cas de néphrite et M. G. Sée
qui pense, comme Lemoine, que c'est un médicament
rénal n'agissant que comme diurétique et qui peut être
dangereux en raison de Tirritation qu'il produit sur l'épi-
thérium rénal. La communication de M. G. Sée n'étant pas
/er/n/née, nous attendrons une prochaine séance pour pou-
voir résumer toute cette discussion et en tirer quelques
coDclusioas pratiques.
Nous ne ferons aussi que mentionner le travail lu par
M. G. Sée devant l'Académie des sciences. Nous en résu-
merons les parties principales quand nous en aurons sous
les yeux le texte officiel.
£nûn nous devons signaler à nos lecteurs tout l'intérêt
que présentent les deux communications, faites dans sa
dernière séance à la Société médicale des hôpitaux^ par
MM. Troisier et Netter. La question des pleurésies méta-
pneumoniques sera prochainement traitée dans une Revue
générale. Nous nous bornerons donc à faire ressortir, au
point de vue exclusivement pratique, ce qu'il importe de
retenir des faits analysés par M. Netter et de ceux qu'il a
étudiés lui-même avec tant de soin.
Les pneumonies les plus simples, comme les plus graves^
peuvent être suivies de pleurésies. Souvent même la pleu-
résie et la pneumonie évoluent presque simultanément, et, si
Ton ne constate qu'au moment de la défervescence et
r SiaiB, T. XXVl.
pendant la période de résolution de la pneumonie, l'existence
d'une pleurile sèche ou d'un épanchement modéré, c'est
parce que les symptômes bruyants et relativement prédo-
minants de la maladie principale ont masqué ceux de
l'affection secondaire qui, due à une cause identique, venait
la compliquer. Ainsi que l'a bien fait remarquer M. Rendu,
ces pleurésies simples diffèrent cliniquement des pleurésies
purulentes que M. Netter a étudiées au point de vue micro-
biologique. Celles-ci sont dues, comme les premières sans
doute, au passage dans la plèvre et à l'irritation qu'ils y
provoquent des microbes spécifiques de la pneumonie, des
pneumocoques. Mais, et c'est là une conclusion que nous
tenions à faire connj^ître immédiatement, la présence de ces
microbes dans le liquide évacué n'aggrave point le pronostic.
Tout au contraire ce ni icrobe, qui mérite si bien son nom,
puisque sa vie est courte dans le corps humain comme dans
les tubes à culture^ ne produit pas de lésions profondes.
Par conséquent, une ou plusieurs ponctions simples pourront
arriver à guérir la pleurésie méta-pneumonique simple et,
dès lors qu'elle soit séreuse ou purulente elle restera
bénigne. Si, au contraire, le liquide renferme d'autres mi-
crobes pyogènes, le pronostic sera infiniment plus sévère.
Il conviendra de pratiquer immédiatement la tljoracotomie
et les lavages antiseptiques de ta plèvre et, au point de vue
étiolo'gique, la maladie sera autre que la pleurésie méta-
pneumonique simple,
— A la Société de -chirurgie M. Chauvel, qui continue à
remplir avec tant de zèle et de distinction les fonctions de
secrétaire-général, a fait applaudir par tous ses collègues un
éloquent éloge de Giraud-Teulon, que le défaut d'espace
nous empêche de reproduire.
— En installant le Comité consultatif d'hygiène publique
de France au ministère de l'Intérieur, auprès duquel il est
désormais placé, M. Léon Bourgeois, sous-secrétaire d'Etat,
a prononcé un remarquable discours sur l'organisation du
service de la santé publique et sur les avantages qu'on en
doit attendre pour la diminution de la mortalité. C'est la
première fois, croyons-nous, que le gouvernement se pro-
nonce en France, avec une si grande netteté et une telle
conviction, en faveur des efforts tentés par les hygiénistes
et le corps médical contre les maladies transmissibles. En
y associant ainsi l'administration, en montrant l'assistance
commune que la science et elle doivent se prêter, M. Léon
Bourgeois a fait un acte gouvernemental dont il importe
de conserver la date et dont nous pouvons, à Texemple
d'autres nations, espérer les plus heureux résultats.
u
34
N» 3 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Jaktier 1889
NEUROPATHOLOGIE
Le« mli^aliieM.
(Suite. — Voy. le numéro 2.)
Étiologie. — La migraine accompagnée n'est pas une
affection rare. Galezowski en a observé soixanle-dix-neuf
cas en quelques années. Liveing a pu sans grand'peine en
réunir soixante-sept cas. En deux ans, nous avons pu, en
ville, trouver dix cas très accusés et cinq ou six autres moins
intéressants.
Les femmes sont plus souvent atteintes que les hommes
(Liveing, Ramberg, Labarraque, Calmeil, Galezowski).
Chez elles, au dire de Galezowski, on trouve souvent, et
cela n'a rien d'étonnant, l'amblyopie hystérique. La migraine
ophthalmique simple ou accompagnée paraît plus fréquente
chez l'homme.
Cest entre trente et soixante ans que la maladie est
la plus fréquente; mais il est nécessaire de savoir que
l'affection, sous forme de migraine simple, commence de
très bonne heure. Un malade que je vis, il y a quelques
jours, me dît : qu'il a eu la migraine depuis qu'il a le sou-
venir. Cette migraine simple a disparu aujourd'hui et est
remplacée par des accès de migrai7ie accompagnée, exclu-
sivement constituée par des vertiges et des engourdisse-
ments d'un pied.
Tissot assigne pour le début de la migraine en général
huit ou dix ans chez les héréditaires ; trente à quarante
chez ceux qui sont moins prédisposés.
La migraine accompagnée est assez rare chez le vieil-
lard (Romberg, Liveing). Parfois la cessation brusque de
migraines habituelles indique l'apparition d'une dégénéra-
tion (vasculaire) du cerveau, et précède les apoplexies et les
paralysies.
La position sociale a son importance. Les professions libé-
rales sont celles où la migraine se rencontre le plus com-
munément. Vinfliience de Vhérédité longtemps contestée
est admise aujourd'hui par la généralité des médecins. La
migraine est héréditaire. Dans sa thèse, faîte sous l'inspira-
tion du professeur Bouchard, Soulà donne de nombreuses
observations (64) dans lesquelles on .trouve notés les anté-
cédents héréditaires ; quatorze fois la migraine existait chez
les ascendants.
Quand on discute une question d'influence héréditaire,
ce n'est pas seulement l'hérédité de ressemblance qu'il faut
chercher, mais bien tous les membres épars de la famille
neuropathologique. Nous en avons à peu près fini avec les
migraines stomacales, utérines, hémorrhoïdales, etc. Nous
ne supposons plus avec Lasègue et Hîrtz que c'est dans
l'étude du malade, lui-mêmey bien plus que dans celle de
sa maladie, que nous trouvons des données séiieuses. Nous
ne dirons pas que c'est au sein de l'économie de chaque
individu en particulier que semble résider la cause pre-
mière, autrement dit la prédisposition à la migraine.
Nous admettons les points de contact fréquents de la
goutte et de la migraine, avec Scudamore, Travers, Mollen-
dorf, Lynch, HoUand, enfin Trousseau pour qui la migraine
représente la monnaie des attaques de goutte régulière.
Depuis, Charcot, Férc, Galezowski et plusieurs auteurs
de mémoires ou de thèses, ont montré les liens qui unis-
sent la migraine ophthalmique à la goutte. Gauté dit avoir
relevé dans les cahiers de Galezowski quatorze cas de
migraine ophthalmique chez les goutteux.
M. Rendu, dans l'article Goutte du Dictionnaire ency--
clopédiquej admet parfaitement la parenté de la migraine
et surtout de la migraine ophthalmique avec la goutte.
Le rhumatisme affecte les mêmes rapports que la goutte.
La migraine précède, accompagne ou suit le rhumatisme,
le plus souvent elle précède les attaques articulaires. Bien
des rhumatisants (Chaumier, Grasset) ont été migraineux
dans leur enfance.
Plus grande est encore Tinfluence du rhumatisme chro-
nique (Charcot). Sur trente vieilles femmes atteintes de
rhumatisme noueux, douze ont eu de la migraine; le plus
souvent entre les accès réguliers du rhumatisme on ren-
contre la même chose dans les nodosités d'Heberden ;
on observe une association également intéressante de la
migraine avec le rhumatisme musculaire, l'obésité, le
diabète, l'arthrite déformante (Bouchard), l'eczéma, la
sciatîque, Varthritisrne en un mot,
Lancereaux a noté cinq fois la migraine chez douze sujets
atteints de la rétraction de l'aponévrose palmaire. L'asthme,
l'angine de poitrine remplacent souvent la migraine; Trous-
seau, Liveing, Chaumier, Bouchard, Gueneau de Mussy,
admettent les rapports étroits de ces deux affections avec
la migraine.
En un mot, on peut dire avec Landouzy et Huchard que
l'angine de poitrine et la migraine sont reliées ensemble
par la même cause générale qui est l'arlhritisme.
C'est la même chose pour les hémorrhoïdes et les varices,
les épistuxis, la gravelle, la lithiase biliaire, les affections
cutanées, telles que l'eczéma, Tiropetigo, l'acné, le furoncle,
le pityriasis, etc.
Certaines maladies nerveuses affectent avec la migraine
une telle ressemblance que nous nous réservons de préciser
ces rapports au chapitre ayant trait aux transformations des
migraines.
La vraie cause des accès de migraine accompagnée se
trouve évidemment dans l'hérédité, mais il ne faut pas
non plus négliger les causes accessoires. Règle générale
(Liveing), plus le sujet est prédisposé, moins la cause
accessoire a d'importance.
Les désordres gastriques, la période cataméniale, la
grossesse, ont surtout de l'importance sur la production de
la migraine simple.
Piorry dit cependant que la migraine ophthalmique dont
il était atteint se produisait ou quand son estomac était
plein ou quand il était vide.
Nous ne pouvons laisser passer sans la signaler la res-
semblance qu'il y a entre la migraine causée par le vide
stomacal et l'état de malaise si pénible que signalent les
neurasthéniques quand ils souffrent de leurs fringales.
Le sommeil et la veille peuvent provoquer la migraine.
Le matin au lever, des malades sont pris de leur douleur.
Un malade que j'ai connu eut pendant quelque temps des
accès de migraine accompagnée chaque fois qu'il fit la sieste
dans le tantôt. Le trouble oculaire se produisait aussitôt
les yeux ouverts.
Le passage du sommeil à la veille et de la veille au som-
meil, dit Marshall-Hall, est particulièrement apte à pro-
duire les troubles nerveux; il cite la laryngite striduleuse
et l'épilepsie comme manifestations capables de se produire
soit en dormant, soit en se réveillant.
Les impressions sensorielles nous paraissent avoir une
18 Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 3 — as
grosse influence. C'est toujours ou presque toujours à la
suite de la fatigue oculaire que les malades dont j'ai pré-'
sente les observations à la Société clinique^ en novembre
1888, ont été pris de leur migraine: lectures longtemps
prolongées de caractères fins, dans un mauvais jour; lec-
ture dans une voiture qui secoue ou sur un omnibus; lec-
ture en mangeant; miroitement des eaux; réverbération sur
une route très blanche ; travaux minutieux ; fonctionnement
inégal des deux yeux (travaux d'histologie) ; port de verres
trop forts, etc. Piorry considère sa migraine ophthalmique
comme causée sympathiquement par l'irritation du nerf
optique après avoir longtemps observé de petits objets avec
un éclairage défectueux. Telles sont les causes rencontrées
le plus souvent à l'origine d& l'affection spéciale que nous
étudions.
Les influences météorologiques invoquées si souvent par
les médecins anglais nous ont paru avoir peu d'importance.
Dbscriptiok. — Le mode de début est loin d'élre toujours
le même. Dans la moitié des cas peut-être les malades
étaient depuis fort longtemps des migraineux vulgaires chez
qui les symptômes: aphasie, auras sensitive, parésie, etc.,
sont venus s'ajouter ou se substituer aux symptômes fonda-
mentaux de la migraine simple. Souvent aussi la migraine
complexe que nous étudions éclate tout d'un coup avec ses
phénomènes propres. Rarement les phénomènes oculaires
font défaut. Ce sont eux, si légers qu'ils soient, qui donnent
la caractéristique de l'affection. Il faut savoir, cependant,
qu'ils peuvent faire défaut. Un de nos malades, après plu-
sieurs mois d'un grand surmenage intellectuel, rentra chez
lui comme ébloui et ne pouvant plus dire autre chose que
le mot Bradamantei Les phénomènes oculaires avaient été
très peu marqués, cela nous suffit cependant pour porter
le diagnostic de migraine ophthalmique accompagnée
d'aphasie; l'événement prouva que nous avions eu raison.
Au bout d'une heure et demie la parole revint et tout
rentra dans l'ordre; mais cinq mois après, en rentrant
d*uue promenade au grand soleil, belle hémiopie latérale
de l'œil droit avec légers phénomènes d'accompagnement.
C'était donc bien la migraine ophlhalmique dissociée à
laquelle nous avions eu affaire.
Ces troubles oculaires affectent très souvent une préfé-
rence marquée pour tel ou tel symptôme d'accompagnement,
mais oû doit se rappeler que cela n'a rien de fixe et que
toutes les combinaisons sont possibles. Quoi qu'il en soit,
laissoosjdecôté la migraine simple, connue de tout le monde.
Nous arrivons à la description de la migraine ophthalmique
simple dont nous allons énumérer les caractères les plus
constants, n'ayant pas à en faire ici une description détaillée ;
ensuite nous étudierons avec plus de précision les symptômes
qui accompagnent souvent ce syndrome capital ; migraine
ophthalmique.
Le plus souvent, à la suite de la fatigue oculaire que
nous avons signalée, le malade est pris d'une sorte d'éblouis-
sèment dans un seul œil ou dans les deux yeux. Des points
obscurs apparaissent dans le champ visuel et causent autant
de lacunes; souvent ces lacunes sont disposées irrégulière-
' ment, souvent aussi elles obéissent à des lois déterminées
I et occupent la moitié du champ visuel en haut ou en bas
ou sur les côtés {hémiopie) '^ dans d'autres circonstances
elles envahissent le même champ visuel de la périphérie au
centre {rétrécissement concentrique passager du champ
visuel ; analogie avec ce qui se passe chez certains épilep-
tiques au moment de la crise). Quelquefois la lacune débute
au centre du champ et gagne la périphérie.
Dans ces deux derniers cas le phénomène peut avoir assez
d'intensité pour aller jusqu'à la cécité complète.
Dahs la majorité des cas, il semble qu'un brouillard épais
s'étend sur les objets; ce brouillard est gris et immobile.
Quand les lacunes sont disposées irrégulièrement, le
malade dit communément que le livre qu'il lit est plein de
c blancs » et que la lecture est impossible de ce fait. Quand
le trouble oculaire est localisé et prend la forme hémiopie,
le malade ne voit que la moitié des objets placés devant lui,
les mots sont coupés en deux, une moitié est invisible pour
lui, il faut déplacer constamment le livre de droiie à gauche
ou de gauche à droite. Si l'hémiopie occupe la moitié supé-
rieure du champ visuel, le malade ne voit que les jambes
d'un homme qui vient à lui. Si c'est, au contraire, la moitié
inférieure, on voit l'homme situé en face de vous coupé à
mi-hauteur. S'il s'agit du rétrécissement passager du champ
visuel^ le patient voit le cercle de brouillard gagner petit
à petit le centre du champ. Lit-il, il ne voit que le mot qu'il
fixe; les mots qui précèdent ou ceux qui suivent disparais-
sent; bientôt les lettres elles-mêmes ne sont vues qu'une
à une.
Un malade, dont nous avons rapporté l'observation, regar-
dait une horloge et ne voyait qu'elle. Ensuite, il ne voyait
plus le cadre, puis les chiffres marqués autour du cadran.
Bientôt le point d'attache seul des aiguilles demeurait
visible, et, si le malade s'efforçait de fixer quand même, il
ne voyait plus rien et était pris de vomissements.
Le scotome scintillant, dont nous ne voulons pas refaire
ici la description complète, débute fréquemment pendant
la lecture (Forster), à gauche ou à droite du point de fixa-
tion. A cet endroit plusieurs lettres manquent. La lettré
fixée, ainsi que tout le reste de la ligne, sont distincts; mais
bientôt la partie obscurcie progresse en prenant une forme
semi-lunaire, à bord concave peu distinct tourné du côté du
point de fixation. Sur le fond noir se dessine bientôt une
bande lumineuse d'épaisseur variable ; à cette bande qui très
souvent est jaune éclatant, se joignent d'autres bandes
parallèles multicolores qui s'agitent et ondulent, dessinant
bientôt des angles rentrants et saillants représentant assez
bien le plan de fortifications à la Vauban. Le phénomène
dure plus ou moins longtemps. Le lacet qui constitue le
scotome s'ouvre à la manière d'un croissant aux cornes
effilées, il se transporte petit à petit vers les limites les plus
tcculées du champ visuel et finit par disparaître. Si le plan
et l'aspect général de ce scotome sont toujours les mêmes,
les variétés et les différences individuelles sont innombra-
bles. Un malade voit une bande noire (scotome vaporeux
noir de Galezowski) qui s'agite; l'autre ne voit que des
bandes lumineuses rompues de distance en distance; l'autre
ne voit qu'un filet d'or ondulant sur un fond noir.
Liveing, Parry, Airy, ont démontré que le trouble de la
vue débute par un cercle sombre qui grandit et prend la
forme d'une enceinte fortifiée à angles irisés, rappelant les
couleurs variées du spectre solaire.
La forme la plus fréquente du scintillement est celle de
zigzags, d'éclairs apparaissant dans le champ visuel infé-
rieur et externe, s'éte^idant ensuite à toute l'étendue du
champ visuel. Dianoux a décrit un scotome dessinant des
arches lumineuses qui se superposent et produisent un
véritable incendie de tout le champ de la vue.
D'autres fois, et ceci est le cas le plus fréquent, le malade
36 _ W 3 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Janvier 1889
voit apparaître un globe de feu ou une roue blanche, rouge,
phosphorescente, animée de mouvements de rotation et de
vibration. La roue s'élargit, s'obscurcit à son centre, s'ouvre
du côté du point de fixation avec les angles rentrants et
saillants des plans de fortification.
Le scotome est toujours mieux perçu dans une demi-
obscurité qu'au grand jour, et même que dans l'obscurité
complète.
Les variétés du scotome sont, avons-nous dit, innombra-
bles; M. Charcot a vu un malade chez qui il affectait la
forme d une tète d'homme. Quel que soit, du reste, l'aspect
que revêt le symptôme, tous les efforts faits pour lutler
contre lui ne font que Taugmenter et peuvent amener la
cécité plus ou moins rapidement.
Donc, hémiopie périodique, amblyopie, rétrécissement
concentrique passagerdu champ visuel, scotome scintillant,
le tout suivi ou non suivi d'amaurose passagère, tels sont
les symptômes oculaires sur lesquels s'est fondé le grand
syndrome migraine ophthalmique.
Ces phénomènes visuels durent de quelques secondes à
une demi-heure ou une heure ; ils précèdent de très peu la
douleur céphalique.
La douleury dit Sarda, siège le plus souvent à la région
frontale, parfois à la tempe ou à la région pariétale; elle
est surtout orbitaire ou péri-orbi taire. On Ta observée sur
la région sourcilière, à l'occiput, dans l'oreille; rarement
elle occupe un des côtés du nez et de la pommette. Le globe
de Tœil est douloureux, il parait enfoncé dans l'orbite ou
bien poussé au dehors. On peut comparer la douleur éprouvée
à celle du glaucome aigu (Dianoux). Cette douleur s'irradie
parfois assez loin, et constitue une véritable hémicrànie.
La pression sur une large surface (Latham) soulage par-
fois les accès. Au plus fort des accès viennent parfois des
nauséjes et des vomissements qui terminent la série.
P. Berdez.
{A suivre.)
PATHOLOGIE GÉNÉRALE
La diphthérie maladie parastialre. Pathogénte de la
paralysie dlphtliéFiltqae*
A l'école française revient l'honneur d'avoir, ily asoixanle
ans déjà, établi par la clinique la spécificité de la diphthérie.
C'est dans le but de prouver d'une façon rigoureuse la
réalité de la doctrine de Bretonneau et de Trousseau, que
divers savants se sont attachés en ces dernières années à la
recherche de l'agent pathogène de cette maladie. Talamon
avait déjà en 1881 tenté sa découverte, lorsque Klebs
en 1883, et surtout Lœffler en 1884, démontrèrent dans la
profondeur des fausses membranes diphthéritiques la pré-
sence constante d'un bacille à caractères particuliers. Ce
bacille inoculé par LœFfler sur les muqueuses des pigeons,
des poules, des lapins ou des cobayes donnait bien des
fausses membranes au point d'inoculation, mais la fausse
membrane est une lésion si facile à déterminer chez ces
animaux qu'elle ne pouvait suffire à établir la spécificité du
microbe de Klebs, mise en doute par'différenls auteurs.
Hier encore cette question de Tétiologie de la diphlhérie,
quoique préparée par les recherches de Klebs et de Lœffler,
était pleine d'obscurité et d'incertitude. Elle est aujourd'hui
résolue par les travaux poursuivis depuis trois ans au Labo-
ratoire de M. Pasteur par MM. Roux et Yersin travaux dont
les résultats viennent d'être publiés dans le dernier numéro
des Annales de VInslitut Pasteur.
MM. Roux et Yersin n'ont pas seulement étudié en détails
les caractères morphologiques et biologiques du microbe de
la diphthérie, ils ont encore montré toutes ses qualitr'^s
pathogènes et les premiers ont su reproduire expérimen-
talement une des manifestations les plus caractéristiques
de la diphthérie : la paralysie.
I
Dans les quinze cas de diphthérie dont ils ont examiné
les fausses membranes, MM. Roux et Yersin ont constam-
ment retrouvé le bacille de Klebs et de Lœffler. Ce microbe
immobile est un peu plus épais que celui de la tuberculose
dont il a la longueur. Il se développe à l'abri de l'air ou à
son contact, il croit à la température ordinaire et conserve
longtemps sa vitalité dans les milieux nutritifs. Il se colore
facilement par le bleu de méthylène ; quand la culture est
âgée, le bâtonnet devenu renflé, arrondi ou en poire oe se
colore plus uniformément.
Les inoculations faites chez le lapin, le cobaye et le pigeon
déterminent des lésions et des symptômes difi'érents suivant
la porte d'entrée : muqueuses, tissu cellulaire sous-cutané,
système veineux.
Sur les muqueuses, excoriées au préalable et principale-
ment sur celle de la trachée, le dépôt de quelques gouttes de
culture suffit à déterminer l'apparition de fausses mem-
branes fibrineuses. L'afi'ection ainsi produite par MM. Roux
et Yersin rappelle le croup chez l'homme : < La difficulté
que l'animal éprouve à respirer, le bruit que fait l'air en
passant par la trachée obstruée, l'aspect de la trachée con-
gestionnée et tapissée de fausses membranes, le gonflement
œdémateux des tissus et des ganglions du cou, rendent cette
ressemblance absolument frappante. »
L'injection sous la peau occasionne d'une part une lésion
locale, et de l'autre des troubles généraux amenant une
issue fatale lorsque la dose inoculée est suffisante. La
lésion locale chez le lapin ou le cobaye consiste en un
œdème gélatineux et un enduit grisâtre, avec tuméfaction
des ganglions correspondants.
Les organes internes ne présentent d'autre lésion appa-
rente qu'une congestion plus ou moins intense avec dila-
tation vasculaire. Les vaisseaux sont remplis par un sang
noir et mal coagulé. Le foie seulement, chez le lapin, est le
siège d'une dégénérescence graisseuse.
Les injections intra-veineuses ont donné, entre les mains
de MM. Roux et Yersin, des résultats contraires à ceux i
obtenus par Klebs. Chez les lapins, ils ont déterminé la
mort, en :raoins de soixante heures, par l'inlroduclion de
1 centimètre cube de culture. Les animaux mouraient comme
dans certaines septicémies, sans lésions spécifiques, avec |
congestion générale des organes abdominaux, gonflement
des ganglions, néphrite aigué, très souvent dégénérescence j
graisseuse du foie.
L'inoculation du bacille de la diphthérie dans le péritoitie '
tue les cobayes moins rapidement que Tinoculation sous-
cutanée.
Le succès des inoculations varie avec les qualités de la
culkire mise en usage. La virulence du bacille de la diph-
thérie ne parait cependant pas aussi fragile que l'ont pré- ,
tendu quelques auteurs. Si les cultures longtemps con-
18 Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 3 — 37
serrées diminuent de virulence, elles reprennent toute
leur activité lorsqu'on les rajeunit. Enfin le bacille prove-
nant d'une dipbthérie humaine très infectieuse ne parait
pas plas virulent que celui retiré d'une diphthérie humaine
bénigne.
« Un des points les plus intéressants dans l'histoire de la
diphlbérie, disent MM. Roux et Yersin, est le suivant : à
«savoir que Ton ne trouve l'organisme pathogène que dans
les fausses membranes et qu'il est absent des organes et
du sang des personnes qui ont succombé à cette maladie.
II en est de même chez les animaux qui meurent à la suite
d*une infection expérimentale. » Le bacille delà diphthérie
ne pullule, en effet, qu'au point d'inoculation. Il ne passe
dans le sang que très accidentellement. Des expériences
minutieusement suivies, ont permis à MM. Roux el Yersin
d'arriver à celte conclusion. Ils ont sacrifié une série d'ani-
maux, de deux heures en deux heures, à partir du moment
de J 'inoculation, et une seule fois, chez un cobaye pendu
après la sixième heure, la pulpe du foie leur a donné tine
culture.
Môme après injection intra-veineuse, il faut semer de
grandes quantités de sang ou de pulpe de rate pour obtenir
de temps en temps une culture et encore faut-il que la prise
ait été faite quelques heures seulement après l'inocu-
lation.
Ces faits observés chez l'homme et les animaux démon-
trent que la diphthérie est une maladie infectieuse locale.
Son microbe ne se généralise pas à toute l'économie, comme
le fait celui du charbon. Les exemples de maladie infec-
tieuse locale ne manquent plus en pathologie humaine.
Ainsi la blennorrhagie est une infection qui reste toujours
localisée au point primitivement inoculé. Quand son microbe
se trouve entraîné dans la circulation, il peut se multiplier
à l'intérieur d'une synoviale où le hasard l'a jeté, mais il ne
reste pas dans la masse sanguine qui, pour un instant,
lui a servi de voie de transport.
Le microbe du télanos demeure toujours également au
niveau de la plaie; jamais il ne se généralise; jamais on ne
le retrouve dans le sang ou les organes; c'est ce que nous
ont confirmé des expériences que nous poursuivons avec
M.Chantemesse. C'est donc seulement au niveau de cette
plaie, souvent de minime étendue, que le microbe peut
élaborer des substances chimiques, telles que la télanine
de Brieger, substances capables sans doute d'agir sur les
rentres nerveux pour déterminer les symptômes bruyants du
tétanos.
De même, en ce qui concerne la diphthérie, maladie où
on ne trouve l'agent pathogène que dans les fausses mem-
branes, on doit admettre que les troubles généraux, les
altérations sanguines, et les lésions vasculaires de tous les
organes sont dus à un poison très actif qui du point où il
est élaboré par le microbe, se répand dans tout l'organisme.
Conduits par ce raisonnement, MM. Roux et Yersin sont
parvenus à mettre en évidence les poisons chimiques pro-
duits par la culture des bacilles de la diphthérie.
II
Les deux savants expérimentateurs, sans se préoccuper
d'isoler l'élément actif, alcaloïde ou diastase. ont employé
pour cette recherche des cultures vieilles de sept jours,
qu'ils avaient rendues pures de tout microbe, après filtration
sur porcelaine.
Par l'injection de ces liquides dans la cavité péritonéale
des cobayes ou dans les veines des lapins, ils ont déterminé
des phénomènes toxiques et des lésions analogues à celles
produites par l'inoculation du bacille vivant dans le système
veineux.
L'injection sous la peau des produits diphlhéritiques solu-
bles, faite en quantité suffisante, occasionne aussi bien au
point d'inoculation que dans les organes à distance des
lésions analogues à celles produites par le microbe vivant
introduit par la même voie.
. Les espèces animales en expérience sont d'autant plus
impressionnées par les cultures inertes qu'elles sont plus
sensibles à l'action du microbe de la diphthérie. Ainsi trois
à quatre gouttes de culture stérilisée inoculée sous la peau
de petits oiseaux suffisent pour amener la mort en quelques
heures; par contre les animaux c comme les souris et les
rats qui ne deviennent pas malades après injection sous-
cutanée de grandes quantités de bacilles de Klebs, montrent
une remarquable résistance vis-à^vis du poison diphthéri-
tique. Une dose de 2 centigrammes qui fait périr un lapin de
3 kilogrammes en soixante heures, est sans effet sur une sou-
ris du poids de 10 grammes. Chose plus surprenante encore,
on n'observe aucune lésion de la peau, chez la souris, au
point d'inoculation, tandis que l'injection des doses les plus
faibles (1/15 de centimètre cube) amène une mortification
étendue de la peau des cobayes. Il est cependant possible de
faire périr une souris avec le poison diphthéritique en concen-
trant le liquide dans le vide et en injectant une très forte
dose dans un petit volume. >
Plus les cultures sont anciennes, plus le poison diphthé-
ritique est abondant et plus rapides aussi sont les effets de
l'injection du liquide filtré. C'est ainsi qu'en opérant avec
d'anciennes cultures qu'ils venaient de stériliser, MM. Roux
el Yersin ont produit chez l'animal une diphthérie toxique
suraiguê, évoluant en quelques heures. Dans ces conditions
l'animal succombe rapidement avec une diarrhée profuse,
semblable à celle que l'on observe dans la diphthérie infec-
tieuse, avec une respiration anxieuse et une impotence
musculaire absolue.
Lorsque les doses du poison sont moins massives, deux ou
trois jours s'écoulent avant l'apparition des premiers sym-
ptômes qui vont sans cesse croissant jusqu'au cinquième ou
sixième jour, époque de la mort. Parmi ces symptômes, il
en est un, la paralysie, que MM. Roux et Yersin ont été les
premiers, avons nous dit, à reproduire expérimentalement
aussi bien avec le microbe vivant qu'avec les poisons chimi-
ques sécrétés par lui. Ce symptôme ainsi reproduit a une
importance capitale dans l'histoire de la diphthérie expéri-
mentale. C^est sur lui qu'il nous reste à nous étendre.
III
Nous sommes loin déjà du temps où Gûbler considérait
la paralysie diphthéritique comme une syndrome banal,
commun à toutes les angines et à toutes les infections. La
paralysie diphthéritiquapar son mode d'apparition, ses sym-
ptômes, son évolution présente des caractères que l'on ne
retrouve dans aucune autre paralysie infectieuse, La para-
lysie est si bien dans le cadre de la maladie qu'elle apparaît,
quelle que soit la région envahie par la membrane diphthé-
rilique, peau ou muqueuse, et qu'elle peut éclater dans
certaines épidémies sans avoir été précédée d'angine ou
d'une autre manifestation de la diphthérie. Des faits sem-
38 — No 3 -_
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i» Janvier 1889
blables ont élé relatés dans le mémoire de Boissarie, publié
dans la Gazette hebdomadaire en 1881.
On conçoit donc l'importance qu'il y avait à reproduire
expérimentalement avec le bacille de Klebs cette paralysie,
pour établir la spécificité de ce micro-organisme. Loeffler
ne put déterminer de paralysies diphthéritiques chez les
animaux par lui inoculés, et à la fin de son mémoire il
avouait consciencieusement que c'était un argument à
opposer contre la valeur du microbe qu'il croyait être
celui de la diphthérie. Plus heureux dans leurs tentatives,
HM. Roux et Yersin ont déterminé des paralysies en inocu-
lant, par la voie veineuse ou par la voie pharyngée ou tra-
chéale, soit des cultures vivantes, soit des cultures filtrées.
Les symptômes paralytiques peuvent surtout s'observer chez
les animaux qui ne succombent pas à une intoxication trop
rapide. Ainsi chez un pigeon la paralysie débuta trois
semaines après l'inoculation, alors que l'animal, débar-
rassé de ses fausses membranes, semblait complètement
guéri. L'impotence fonctionnelle des pattes et des ailes
fut presque complète ; la mort survint, deux jours après
l'apparition de ces symptômes, et l'autopsie ne permit de
déceler aucune lésion du système nerveux pour expliquer
les troubles moteurs.
Chez le lapin, la paralysie survient en général par le train
postérieur; elle est parfois si rapidement progressive, qu'en
deux ou trois jours la totalité du corps est envahie. On peut
observer toutes les localisations de la paralysie diphthéritique
humaine. Dès le début, l'impotence porte parfois sur les mus-
cles du cou et l'animal ne peut alors soulever sa tête du sol ;
les muscles du larynx peuvent être envahis, d'où la raucité
de la voix. Chez un cobaye « la respiration était seulement
diaphragmatique et saccadée; lorsqu'on obligeait l'animal
à courir, l'oppression devenait si forte qu'il tombait presque
asphyxié ». C'est le tableau que Ton observe chez l'homme
atteint après la diphthérie de paralysies de certains mus-
cles respiratoires.
Il n'est pas jusqu'à la mort subite que Top ne puisse voir
survenir sans convulsions et surprendre l'animal dans l'atti-
tude dans laquelle on venait de le voir quelques instants
auparavant.
MM. Rouxet Yersin, en démontrant une fois de plus quelle
était la cause réelle des paralysies dans les maladies infec-
tieuses, ont établi que la vérité était dans la vieille opinion
de Trousseau, qui incriminait déjà une intoxication.
Ce n'est pas le bacille qui produit la paralysie, mais bien
les substances toxiques sécrétées par lui, puisque les
cultures stérilisées par filtration produisent les troubles
moteurs tout aussi bien que les cultures ou pullulent les
micro-organismes.
Comment les substances toxiques impressionnent-elles le
système nerveux? Attaquent-elles la moelle ou le nerf péri-
phérique? C'est là un point de pathogénie que l'expérimen-
tation n'a pas encore élucidé. H. Babinski (1) n'a pu déceler
de lésions du système nerveux chez un des animaux que
M. Roux avait rendu paralytique. En étudiant avec M. Charrin
la paralysie pyocyanique, M. Babinski n'avait pas été plus
heureux dans ses investigations anatomiques.
IV
Les observations et expériences de MM. Roux et Yersin
font plus qu'apporter des arguments décisifs en faveur de la
spécificité du bacille de Klebs et de LœfQer ; elles permettent
(1) Babioskî, SocUlé de biologie, 12 jaavier 1889.
de tirer quelques conclusions touchant l'hisloire de la
diphthérie.
Le microbe décrit par eux ne ressemble nullement par
ses caractères à ceux qu'ont trouvés dilTérents expérimen-
tateurs dans la diphthérie spontanée des volailles. Au cours
de recherches entreprises avec M. Dieulafoy sur une mala-
die des pigeons, nous avons deux fois avec notre maître
trouvé presque à l'état de pureté un microbe en chaînettes
dans des fausses membranes développées spontanément au
niveau du pharynx de ces animaux. Ce sont là des faits con-
traires à l'opinion soutenue par les hygiénistes, qui voient
dans la diphthérie une maladie à nous transmise parles gal-
linacés.
En se plaçant au point de vue pratique, on peut dire que
si la diphthérie est avant tout une infection locale, c'est loca-
lement qu'il faut l'attaquer en détergeant avec conviction la
fausse membrane et en pratiquant l'antisepsie de la bouche.
Cette antisepsie doit être d'autant plus rigoureuse que les
ulcérations sous-jacentes aux fausses membranes sont autant
de portes ouvertes aux infections secondaires que peuvent
déterminer les microbes innombrables répandus dans la
cavité buccale.
D'autre part, si les expériences de MM. Roux et Yersin
tendent à prouver que le microbe de la diphthérie ne se
développe que sur une muqueuse déjà malade, il est pro-
bable que le plus souvent il en est ainsi chez l'homme.
Aussi voit-on, disent-ils, que la diphthérie est surtout fré-
quente à la suite de la rougeole et de la scarlatine. On ne
doit donc jamais négliger l'angine de ces deux maladies et
pratiquer l'antisepsie de la bouche des morbilleux ou
des scarlatineux pour essayer de prévenir la diphthérie
secondaire.
Fernand Widal.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
AaTon antiseptique ou eblmrsleal.
On sait quelles difficultés l'on éprouve lorsqu'il s'agit
de faire disparaître l'odeur de l'iodoforme qui reste atta-
chée aux mains après chaque manipulation de ce médica-
ment. Les préparations à l'essence d'amandes amères sont
souvent efficaces dans ce but. Mais, d'après M. F. Gay,
pharmacien en chef des hospices de Montpellier, on arrive-
rait aisément à un résultat favorable à l'aide d'un savou
dont voici la formule :
Savon blanc de Marseille râpé .... 600 grammes.
Sulfophénate de zinc 15 —
Essence de géranium rosat 15 —
Teinture de quillaya 20 —
Solution alcoolique saturée d'éosine. 4 —
Glycérine officinale 90 —
Eau distillée Q. S.
Dissolvez le sulfophénate de zinc dans le double de son
poids d'eau et mêlez le soluté à la glycérine. Chauffez en-
semble au bain -marie le liquide glycérine et la ràpure de
savon en les additionnant d'une quantité d'eau distillée
suffisante pour que la masse chaude ait une consistance
molle. Ajoutez alors la teinture de quillaya, la solution
alcoolique d'éosine et l'essence de géranium. Lorsque par
l'agitation le mélange est devenu homogène, coulez-le dans
des moules.
18 Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« 3 — 39
Enveloppez de papier d'étain les pains de savon.
Ce produit diffère peu d*un savon antiseptique ou chi-
rurgical déjà proposé par H. Reverdin et dont voici la for-
mule :
Huile d*amandes douces 72 grammes.
Lessive de soude 214 —
Lessive de potasse. 12 —
Sulfophénate de zinc 2 —
Essence de roses 9^*^,50.
H. Gay a cru devoir substituer à l'essence de roses Tes-
sence de géranium qui donne les mêmes résultats et qui
coûte infiniment moins cher. En outre la formule de M. Re-
verdin exige pour sa préparation au moins un mois, tandis
que le savon de M. Gay se prépare extemporanément. On
pourra^ avec non moins d'avantages, substituer à l'essence
de géraniom, ou à l'essence de roses, l'essence d'amandes
amèrcs.
^
BEVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HÔPITAL SAINT-LOUIS.
- SERVICE DE M. LE PROFESSEUR
FOURMIER.
M. le professeur Fournier va commencer une série de
leçons sur la syphilis par conception. Nous en donnerons
plus tard un compte rendu détaillé sous forme de revue
générale. Mais nous devons dès aujourd'hui signaler une
innovation heureuse et intéressante pour tous ceux qui
s'occupent de dermatologie et de syphiligraphie. Une fois
par semaine, le jeudi matin, les médecins de l'hôpital se
réunissent sous la présidence de M. le docteur Lailler : il y
a présentation des malades les plus curieux de chaque
service et beaucoup de ces présentations sont suivies de
discussions. Le compte rendu officiel de ces séances clini-
ques paraîtra dans les Annales de dermatologie et de
syphiligraphie. Nous croyons cependant intéressant pour
les lecteurs de la Gazette^ hebdomadaire de prendre parmi
les cas présentés les plus simples et les plus pratiques et
d'en donner un aperçu succinct.
Kous comptons continuer cette revue tous les mois; ceux
3ue de semblables questions intéressent spécialement (1),
evront se reporter aux Annales de dermatologie pour y
trouver l'analyse complète des faits cliniques discutés dans
ces réunions.
Alopécie syphilitique chez les nouveau-nés. — Quoique
beaucoup moins fréquente chez l'enfant que chez l'adulte,
on peut voir l'alopécie survenir dans la syphilis infantile
héréditaire. M. Besnier présente un jeune enfant, syphili-
tique héréditaire, atteint d'alopécie dilTuse, représentant le
I type que l'on rencontre chez l'adulte.
M. roumier en a observé plusieurs cas et en possède
' deux ou trois photographies. (Séance du 29 novembre 1888.)
i Nodosités érythéîiateuses des membres inférieurs. —
^ M. Besnier présente une jeune femme chez laquelle on voit
sur les deux jambes des nodosités aphlegmasiques, nées
dans l'hypoderme, atteignant successivement les couches
superficielles de la peau et se traduisant par une coloration
livide du tégument. Ces nodosités ressemblent aux gommes
^ syphilitiques et aux gommes scrofulo-tuberculeuses. Elles en
' différent par leur durée prolongée, leur état stationnaire, le
non-ramollissement ; ces nodosités ne s'ulcèrent qu'acci-
(1) l* revod des cours et cliniques que la Gazette hebdomadaire inaugure
cette année s, en effet, pour objet principal de donner, au jour )c jour, un résunuS
concis, mais exact, du mouvement scientifique contemporain. C'est dans les
recneUs spéciaui qui! conyient de publier les leçons in extento et les mémoires
orifinaia d'iule étendue considérable. [tiott <k la rédaction,)
dentellement sous l'influence de violences extérieures. Elles
différent de l'érythème noueux par leur siège exclusif aux
jambes, leur développement à toute la périphérie du
membre, leur longue durée et leur indolence. L iodure de
potassium est sans action sur elles; elles guérissent par le
repos horizontal, la compression. Ces nodosités ne sont
qu'un épiphénomène dans l'affection décrite, imparfaitement
il est vrai par Bazin, sous le nom d'érythème induré; on les
observe à peu près exclusivement en même temps que de
l'érythromélalgie de la jambe, de l'œdème pâteux hyper*,
trophiant chez des jeunes filles mal réglées et que leur pro-r
fession oblige à stationner longtemps debout. (Séance du
29 novembre 1888.)
Pityriasis rosé de Gibert ; variété prolongée. —
M. Fournier présente un malade atteint de pityriasis rosé de
Gibert, remarquable par sa persistance et par la confluence
des éléments éruptifs. 11 y a déjà plus d'un mois que dure
l'éruption et si elle a disparu en partie sur les membres
inférieurs, elle persiste encore sur le tronc sous forme de
placards très étendus. — M. Hallopeau a vu dans un cas le
pityriasis rosé durer quatre ans. — M. Besnier a vu d'assez
nombreux cas de pityriasis rosé prolongé. Il est à désirer,
dit-il, que l'histologie de cette affection soit l'objet de
recherches suivies; nous sommes encore réduits à avouer
notre ignorance sur sa nature. Il est remarquable que
malgré ses allures parasitaires cette affection ne soit pas
contagieuse, ni susceptible de récidives. (Séance du 29 no-
vembre 1888.)
Purpura iodo-potassique. — M. Besnier présente un
malade, ancien syphilitique, qui a pour l'iodure de potas*
sium une intolérance vraiment remarquable; cette intolé-
rance se traduit par une éruption de purpura sur les
membres inférieurs chaque fois qu'il prend de l'iodure.
H. Besnier lui a fait prendre cinq gouttes de teinture
d'iode : ce malade a été pris d'accidents d'Iodisme (dvs-
pnée, anxiété, accélération du pouls) tels qu'il a fallu
suspendre tout de suite l'emploi de l'iode; mais il n'a pas eu
de purpura. Il est donc à remarquer oue le purpura dit
iodique ne se produit pas à la suite de remploi de l'iode
en nature, mais seulement chez les malades qui font usage
d'iodure de potassium, d^où l'appellation à donner de pur-
pura iodo-potassique. (Séance du 29 novembre 1888.)
Fayus généralisé. Cicatrices post-faviques aux mem-
bres INFÉRIEURS. — M. Hallopeau présente un malade
dont les jambes sont couvertes de cicatrices arrondies,
déprimées, pigmentées à leur périphérie, disposées en
cercles et ayant l'aspect de cicatrices de lésions syphili-
tiques. Il s'agit cependant de cicatrices de favus ; de temps
en temps on voit apparaître au niveau ou au voisinage des
cicatrices des godets faviques absolument caractéristiques.
Le malade a de plus des lésions très nettes de favus du
cuir chevelu et du favus des ongles. Il est tuberculeux. —
M. Besnier considère ce fait comme exceptionnel; dans les
nombreux cas de favus du corps qu'il a observés, il n'ti
jamais vu de cicatrices consécutives; il faut peut-être dans
ce cas tenir compte de l'état général du malade qui est
tuberculeux. Le favus du cuir chevelu donne des cicalrices
spéciales parce qu'il envahit les follicules pileux; mais il
n en est pas de même pour les autres régions. — M. Lailler
n'a pas vu non plus de cicatrices à la suite de favus du
corps; il rapporte plusieurs cas observés par lui de longé-
vité extraordinaire des germes faviques et de contagion
médiate. (Séance du 6 décembre 1888.)
Lupus tuberculeux aigu, nodulaire, disséminé. — On
est encore peu familiarisé avec l'idée que le lupus peut se
disséminer et apparaître d'une façon rapide comme une
éruption véritable. M. Besnier présente une petite fille de
quatre ans, en état de nutrition satisfaisant, née de parents
non syphilitiques, moins sûrement indemnes de tuberculose»
40 — N« 3 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Janvibu 1889
qui présente sur tout le 'corps des éléments néoplasiques
infiltrant le derme sous forme de nodules peu saillants à la
surface, peu durs, avec la coloration jaune rougeâtre, ly-
pi(}ue, du lupus tuberculeux vulgaire. Cette éruption dure
déjà depuis un an; elle est survenue à la suite d'une rou-
geole; il y a une quarantaine d'éléments disséminés sur la
surface du corps. Le traitement antisyphiliiique a été
essayé par acquit de conscience et n'a donné aucun résul-
tat; c'est bien de lupus qu'il s'agit. — M. Hallopeau a dans
son service un malade atteint d'un lupus ancien qui Télé
dernier a eu une éruption généralisée absolument lupique.
— M. Besnier a observé deux autres cas de lupus dissé-
miné. (Séance du 6 décembre 1888.)
Zona de l'épaule droite. — Traumatisme de l'épaule
GAUCHE. — Il s'agit d'un malade, du service de M. Bes-
nier, qui, ayant eu une violente contusion de l'épaule
gauche, a vu apparaître quelques jours après un zona sur
l'épaule du côté opposé. (Séance du 20 décembre 1888.)
Cicatrices syphilitiques kéloïdiennes. — Guérison
spontanée. — M. Quinquaud présente un malade dont le
dos est couvert de cicatrices maintenant affaissées et souples,
mais qui, il y a auinze jours, au moment de l'entrée du
malade à l'hôpital, étaient kéloïdiennes. EHes étaient con-
sécutives à des ulcérations syphilitiques traitées deux ans
auparavant par M. Quinquaud. Celte fois, le malade a été
seulement soumis aux douches sulfureuses chaudes. Ce
résultat est vraiment remarquable, car il est rare de voir
des cicatrices kéloïdiennes disparaître spontanément. —
Toutes les cicatrices kéloïdiennes, d'après M. Besnier,
peuvent guérir; celles de la scrofule guérissent au bout de
deux ans au moins. M. Besnier a vu guérir spontanément
une cicatrice de cette nature au bout de trois ans et comme
on se disposait à l'enlever. (Séance du 20 décembre 1888.)
Blennorrhacie et hydroa. — M. Tenneson présente un
malade atteint de blennorrhagie avec manifestations arti-
culaires qui porte sur le dos des mains et des poignets une
éruption typique d'hydroa, dans le sens d'herpès iris de
Bateman. Le malade n'a fait aucun traitement contre sa
blennorrhagie. M. Tenneson constate la coïncidence des
deux affections sans oser conclure à un rapport immédiat
de cause à effet entre elle deux. M. Besnier croit au con-
traire qu'il y a un rapport immédiat entre la blennorrhagie
et cet érythème, qui n'est qu'une variété de l'érythème
multiforme. La blennorrhagie est l'une des causes oui déter-
minent l'érythème multiforme probablement par l intermé-
diaire du système nerveux. (Séance du 27 décembre 1888.)
H. F.
TRAVAUX OKIGINAUX
Pathologie générale.
Essai sur la recherche , l'isolement et l'emploi
vaccinal des excreta solurles de certains m1cr0res
PATHOGÈNES, par M. le docteur Ricochon (de Champde-
niers).
(Fin. — Voy. les numéros i et 2.)
V. — Atténuation virulente et injection des microbes
ATTÉNUÉS pour LA PRODUCTION INTRA-ORGANIQUE DE LA
MATIÈRE VACCINALE.
Jusqu'ici le but a été de supprimer l'action du microbe
pour laisser le champ libre à la matière vaccinale. Y avons-
nous toujours réussi T Oui, le plus souvent. Ce qui le prouve
dans les cas de filtration de l'humeur virulente, ou de des-
truction des microbes par les agents chimiques ou physiques
ce sont les ensemencemnts stériles tentés avec la liqueur
restante. Mais dans la vaccination antirabique rien ne
prouve que les microbes, réfrénés plutôt que détruits,
ne prolongent pas dans le sang une existence précaire
et inoffensive tout en produisant de la matière vaccinale.
Peut-être en est-il de même du microbe de la septicémie,
en dépit de sa prompte destruction dans le milieu sanguin.
Le fait est tout au moins évident pour les bactéries du
charbon symptomàtique. Celles-ci, également anaérobies
il est vrai, résistent néanmoins à l'oxygène, et vivent et
pullulent dans le sang, même quand elles y sont introduites
en petite quantité. Il est facile de prouver cette pullulation
en répétant l'expérience de MM. Arloing, Cornevin et
Thomas. On pique n'importe quel point de la surface
cutanée, et les bactéries ayant ainsi fait irruption à travers
leur barrière endothéliale, s'épanchent dans leur milieu <le
choix, dans le tissu cellulaire, en assez grand nombre
pour produire à chaque piqûre une tumeur charbonneuse.
Cela suppose dans le sang une pullulation énorme de bac-
téries, hors de proportion avec la quantité injectée.
1" AUénuation par la résistance des milieux organi-
ques du sujet vacciné. — Et pourtant cette activité proli-
fique n'était pas corrélative de l'activité virulente, puisque
avant les piqûres elle ne se traduisait paraucunphénoniène
morbide apparent. C'est qu'en réalité il s'est passé quelque
chose d'analogue à ce qui existe pour certaines plantes
vénéneuses, certains animaux venimeux, qui, transportés
loin de leurs conditions climatériques ordinaires, conti-
nuent de vivre et de se reproduire, mais cessent peu à peu
de former en eux des produits toxiques, ou n'en forment
plus qu'une quantité insuffisante. De même le microbe
du charbon emphysémateux introduit dans un milieu
qui lui est étranger, dans le sang, a pu y végéter et s'y
multiplier; mais ses produits d'excrétion ont perdu
cette haute toxicité qu'ils acnuièrent dans le tissu cellu-
laire, et qui donne à la maladie sa physionomie si promp-
tement mortelle. Celle toxicité reste dans la mesure de la
résistance de l'organisme; elle n'est grave que pour les
bactéries elles-mêmes, gui, déjà aflaiblies par leur lutte
incessante contre un milieu hostile, succombent au bout
de quelques jours.
En réalité, d'après ce que nous venons de dire, un nou-
veau point de vue dans l'ulilisation de la matière vaccinale
a surri. C'est le microbe lui-même, discipliné, maté par
le milieu hostile où on l'a forcé de vivre, qui transforme
son activité pathogène en activité bienfaisante, et qui, loin
de déverser dans ce milieu des proportions foudroyantes
de produits toxiques, les mesure aux besoins de l'éco-
nomie.
Au reste, si cette quantité ne suflit pas pour assurer
l'immunité, une deuxième inoculation avec du virus frais
f permet aux nouvelles bactéries de triompher, dans une juste
imite, de la résistance opposée déjà par la matière vaccinale
formée et de sécréter une nouvelle quantité de matière
devant laquelle elles disparaîtront à leur tour. Et ainsi de
suite jusqu'à ce que la saturation soit complète, et qu'une
dernière inoculation soit absolument sans effet.
Dans cet exemple du charbon symptomàtique nous avons
soigneusement évité d'inoculer le tissu conjonclif lâche,
qui est le terrain de choix. Tout le secret de la méthode
est là, en effet : Nous aurions réussi de même, si au lieu
d'injecter directement dans le sang, nous eussions pris
pour intermédiaire le tissu fibreux, compact de l'extré-
mité de la queue, les faisceaux tendineux des extrémités
des membres, répiîhélium alvéolaire du poumon, où les
bactéridies ne peuvent arriver à leur développement
complet.
La même expérience peut être reprise avec le horse-pox.
En évitant le derme et le tissu cellulaire sous-cutané, on
ne voit pas apparaître l'exanthème vaccinal et on confère
quand même l'immunité (Chauveau). Le succès est iden-
«8 Janvier 1889 GAZETTE HEBBOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- W 3 — 41
tique avec le virus delà péripneumonie contagieuse, quand
on inocule par toute autre voie que la voie pulmonaire,
soit dans le tissu cellulaire, soit dans le sang.
Il est vrai que dans ces dernières maladies l'existence
d'une matière vaccinale n'a pas été confirmée. Mais Tiden-
tité des résultats obtenus par le même procédé de vaccina-
tion permet de croire que ce qui existe pour les premières
maladies existe aussi pour les secondes, et qu'un jour ou
l'autre leur matière vaccinale sera mise en évidence.
i^ Atténuation des microbes hors de r organisme vac^
ciné. — Mais au lieu de confier à l'organisme vacciné le
soin d'atténuer le microbe, l'expérimentateur peut s'en
charger lui-même et cela de différentes manières.
A. Atiénuation en vase clos : a. Par les cultures suc-
resùres. — Au premier rang, comme priorité historique
et importance, interviennent les procédés de culture de
M. Pasteur, qui contiennent les prémisses de toutes les
découvertes microbiennes accomplies depuis.
\)arwîn avait montré la variabilité des espèces, la fixité
p\us ou moins durable de quelques caractères acquis, la
dispûritioo ou le retour atavique de quelques autres, etc.
Au-dessus de toutes ces modalités diverses il avait dégagé
les grands faits de Tinduence des milieux et de l'hérédité.
Son œuvre est toute d'observation, et n'est susceptible de
vérification précise, appliquée aux grands animaux, qu'à
travers les âges et qu'à la condition d'aller demander à
la terre le secret des races disparues.
M. Pasteur a montré que le monde des infiniment petits
obéissait aux mêmes lois, non plus simplement en natura-
liste qui observe mais en savant qui expérimente dans le
laboratoire. Il a utilisé dans ce out la propriété qu'ont
les êtres microscopiques de réaliser en peu d'heures tous
ces phénomènes de reproduction, do multiplication à l'in-
fini, de transformation que le monde organique macrosco-
pioue n'accomplit que dans une longue suite d'années (1).
11 a enlevé certains microbes pathogènes aux milieux
organiques où ils exerçaient leurs ravages pour les placer
dans des milieux artificiels, dans des bouillons de culture.
En les V laissant plus ou moins longtemps, en déterminant
toutes les conditions de leur existence, il est arrivé à les
destituer graduellement de leurs propriétés virulentes. Il
les a fixés à son gréa chaque degré de virulence; puis,
passant des plus faibles aux plus forts, il les a inoculés
successivement à des animaux sains.
A ce point les plus faibles ne donnent plus la mort, loin
de là. Ils accomplissent silencieusement les fonctions de
leur vie en excrétant — pour la plupart d'entre eux du
moins — des produits qui leur sont toxiques (matière vac-
cin^e) et qui les font périr. Alors on inocule le virus
immédiatement supérieur, dont la vie eût été plus tumul-
tueuse s'il eût été injecté tout d'abord, mais que la matière
vaccinale déjà formée ramène aux proportions modestes du
virus précédent. On continue ainsi jusqu'à l'épuisement de
la série, et rinefficacité du virus le plus fort, c'est-à-dire
jusqu'à immunité complète.
\oilà ce que fit M. Pasteur pour le choléra des poules,
pour la bactéridie charbonneuse. Il démontra que Voxygène
était l'agent principal de l'atténuation. Mais tous les agents
chimiques ou physiques, dont nous avons parlé à propos de
la destruction des microbes, peuvent servir à les atténuer à
différents degrés, selon qu'ils restent plus ou moins en deçà
de la limite à partir de laquelle leur action destructive
commence.
b. Par la chaleur. — C'est ainsi' que M. Toussaint
atténue le sang charbonneux défibriné à 55 degrés;
M. Chauveau à 60 degrés, par un chauffage de trois heures;
que M. Pasteur atténue les bouillons de culture charbonneux
à,43 degrés; que MM. Arloing, Thomas et Cornevin atténuent
il) Nous avons trouve depnis un magnifique développement de cette idée, dA à
M. A. Bordier (Rev. te., 81 avril 1888).
le sang du charbon emphysémateux entre 100 degrés et
80 degrés, etc.
c. Par les agents chimiques, — La première expérience
en date a été faite par M. Toussaint sur le sang charbonneux
avec l'acide phénique au tiers et on s'imagine bien que
tous les agents antiparasitaires peuvent servir à des essais
du même genre pour d'autres microbes.
B. Atténuation des microbes par leur passage dans un
autre organisme que l'organisme vacciné. — Nous avons
raconté déjà l'exemple du rouget du porc qui, cultivé sur le
cobaye, ne donne plus aux porcs qu'une maladie atténuée
et le cas n'est pas unique.
VI. — Résumé et conclusions.
Tels sont les procédés qui ont été généralement usités
pour utiliser la matière vaccinale que les microbes excrètent
par leur surface, mais nous n'avons pas la prétention de les
avoir épuisés tous. C'est ainsi que nous avons passé sous
silence un procédé d'atténuation des microbes par leur
inoculation à petites doses, ce qui les met en impuissance
relative devant la résistance en masse de l'organisme inoculé.
Ce procédé a réussi dans le charbon symptomatique (Arloing,
Cornevin et Thomas).C'estainsique nous n'avons pas parlé
davantage de l'immunité, procurée par l'intervention d'un
microbe d'une espèce différente, et telle que le microbe du
choléra des poules la donne contre la fièvre charbon-
neuse (1).
Ces procédés peuvent se résumer sous les chefs suivants:
!• Filtration de l'humeur virulente, soit par le placenta,
soit par le rein, soit sur la porcelaine;
2*> Destruction des microbes de l'humeur virulente, soit,
avant l'injection intra-organique, en vases clos, soit, après
l'injection, par l'action hostile des milieux organiques;
3' Mise en interdit des microbes contenus dans l'hu-
meur virulente injectée, par la saturation vaccinale précoce
des organismes.
Ce procédé, usité dans la rage, s'applique à l'aide d'injec-
tions répétées de virus frais ou mieiix de virus gradués ;
4* Atténuation virulente des microbes et utilisation des
microbes atténués pour la production de la matière
vaccinale.
L'atténuation se fait, ou directement dans et par l'orga-
nisme inoculé, ou préalablement en vases clos.
Maintenant comment comprendre le rôle de cette matière
vaccinale? Considérons-la d'abord injectée seule. Il est
probable qu'une partie s'élimine tout de suite par les voies
d'excrétion, et que l'autre se fixe dans les plasmas et les
tissus. Cette fixation a lieu sans doute comme pour toute
autre substance chimique, et les effets d'immunité qui en
résultent peuvent être comparés, de loin, il est vrai, à
l'accoutumance, au mithridalisme. Puis, peu à peu, la
substance vivante tend à se débarrasser de la matière vacci-
nale qui lui est étrangère. Cette élimination se complète
dans des délais, variables selon l'espèce du vaccin, mais qui
ne semblent jamais bien longs et après lesquels l'immunilé
a disparu. C'est ainsi qu'au bout d'un an ou deux l'immu-
nité rabique n'est plus acquise au tiers des chiens vaccinés
(Pasteur, il nna/^« de VJnstitut Pasteur^ janvier 1887); et,
comme ici la localisation vaccinale a lieu pourtant dans un
tissu (cellules nerveuses^ d'une grande stabilité nutritive,
il est à croire que, pour d'autres maladies à déterminations
locales différentes, l'immunité est encore plus courte.
Il est intéressant de comparer cette brièveté de l'immu-
nité ainsi conférée par Tinjectiôn de la matière vaccinale
seule, avec la longue durée, étendue quelquefois à toute
une vie d'homme, de celle que confère I intervention intra-
(1) Ae. iei ic. 9 août 1881. Dans ces dernîen mois. M. Roux {Ânn. de llnttitut
Poiteur, février 1888) a montré que la matière vaccinale du charbon symptoma-
tique donnait l'immunité <anx cobayes contre la septicémie gangreneuse.
42 _ N« 3 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
18 Janyier 1889
organique des microbes, par exemple dans les fièvres
éruptives, la fièvre typhoïde, etc. Est-ce parce que dans le
premier cas il n'intervient jamais qu'une quantité limitée
de substance vaccinale, et oue dans le second l'organisme
en est littéralement saturé? rie serait-ce point plutôt que la
matière vaccinale ne se fixe plus dans les lissus par un
simple fait d'osmose, mais y est incorporée avec les
microbes qui la recèlent en vertu d'une espèce de conju-
gaison cellulo-microbienne? Il y aurait là un phénomène
d'ordre vital, un cas particulier de phagocytose, qui impri-
merait aux cellules Gxes ou migratrices de l'organisme une
modification durable, aidant à comprendre la longue portée
de l'immunité. Il nous est impossible de savoir, il est vrai,
à quel nouvel arrangement moléculaire ou nucléaire cor-
respond cette modification ; tout au moins pourrait-on cher-
cher si elle provoque quelque changement dans la karyoki-
nèse ou la coloration technique des cellules.
Les excréta, qui pour chaque maladie composent cette
matière vaccinale, doivent être des produits fort complexes,
représentant sans doute la même substance azotée à des
degrés de comnlexité différents. On peut assez bien, dès
lors, assimiler 1 emploi qu'on en fait aujourd'hui à l'ancien
usage de l'opium et du quinquina, avant qii'on eût décom-
posé ces substances en leurs nombreux alcaloïdes. Un temps
viendra sans doute où ce travail d'analyse s'appliquera de
même à la matière vaccinale, et en dégagera quelque leu-
comalne cristallisée, qui résumera à sa plus haute expression
l'action de toutes ses congénères, comme la quinine pour
les aUaloldes du quinquina. Alors quelque quantité infi-
nitésimale de cette substance suffira pour assurer l'immu-
nité. Il n'est même pas impossible qu'on arrive à la déceler
toute faite dans la nature (1).
Mais dès aujourd'hui il est merveilleux de voir comment
tous ces êtres de raison, toutes ces vagues entités, qui ont
soulevé tant de controverses et qui s'appelaient les miasmes^
les génies épidémiques, les constitutions médicales
régnantes, ont été ramenés à la fonction d'êtres vivants,
soumis à l'observation et à l'expérience; et que ce problème
si longtemps mystérieux de l'immunité a sa solution dans
une substance chimique, sécrétée par ces êtres et qu'une
brillante synthèse créera peut-être bientôt de toutes
pièces.
La science est comme la lumière ; elle dissipe les
ombres, les fantômes insaisissables, qui hantaient la nuit
de notre imagination, et à leur place elle met des réalités
de plus en plus accessibles à notre vue et à notre toucher.
Cette science est ici faite tout entière de la clarté de
l'esprit français. C'est sans doute la raison qui nous a
poussé à entreprendre ce modeste travail.
!•' avril 1888 (%
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie 4e médecine.
SÉANCE DU 15 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE MAURICE PERRIN.
M. le docteur Moncorvo (de Rio>de-Janeiro) se porto candidat aa titre do cor-
respondant étranger dans la division de médecine.
MM. les docteurs Dambax et Hanumic envoient des Plié cachetés dont le dépôt
est accepte.
M. lo docteur Slieffel (à Boaugée, Meuse) envoie un mémoire manuscrit sur Ut
{{) M. Peyraud (de Libournc) prétond que l'essence de tanaisie contient toute
formée la matière vaecinale de la rage.
(â) Ce travail a été communiqué à sa date, et n'a pu être inséré pour des
raisons qu'il est inutUd de dire ici. Nous n'avons voulu rien y changer. Mais la
science marche vite, et, comme on a pu voir, plusieurs vérités du lendemain qui
y étaient prévues, sont devenues des vérités de la veille.
bletture* de la région abdominale. — (CommiKsion: MM. lion Le Fort et Lan-
nelongue.)
M. Rmpi* présente, de la part de MM. les docteurs Dalché ot YiUejeant un
mémoire sur la toxicité du bismuth, pour la concours du Prix Barbier.
M. Bergeron présente un mémoire de M. le docteur Debout d'Bêtréet sor
Voxalurie.
M. .4. OUivier dépose un travail de M. le docteur Aliton (do Baccarat) sur les
tymplômes et lee eomplieationt de la grippe.
M. Charpentier présente une brochure de M. le docteur La Tarre (de Rome)
sur le déveioppement du fœtu»,
M. Léon Labbé présente une tonde inlra-uiérine, imaginée par M"' le docteur
Gacher-Sarrante.
Commissions. — Les Commissions d*examen des candida-
tures au titre de correspondant national ou étranger sont
constituées ainsi qu'il suit :
1" division (médecine). — MM. Roger y Hérard, Féréol,
Moutard-Martin^ Empis elBucquoy.
2* division (chirurgie). — MM. Polaillony Léon /> Forty
Rochardy Lannelongue et Tamier,
3* division (médecine-vétérinaire). — MM. Gabriel CoHUy
Goubauxy Leblanc, Trasbot et Nocard.
4* division (physique, chimie, histoire naturelle médi*
cales). — MRl. Riche^ Javal, Schutzenberger, Marty^
Caventou et Gariel.
Strophantus. — M. Dujardin-Beaumetz se prononce en
faveur de l'emploi du strophantus dans le traitement des
maladies du cœur, ainsi que Ta fait M. Bucquoy mardi
dernier. Comme lui, il le préconise comme un excellent
diurétique cardiaque, notamment dans les maladies mitrales
avec affaiblissement du cœur, pourvu que la dégénérescence
du myocarde ne soit pas trop accentuée. De même, il en a
obtenu de bons résultats dans les cas d'insuffisance rénale,
de préférence à la digitale, qui est souvent alors mal sup-
riortée. Son action est prompte et rapide, ce oui permet de
e cesser si au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures la
quantité d*urine n'a pas augmenté ; son emploi modéré
paraît d'ailleurs n'avoir d'autre inconvénient que de déter-
miner de la diarrhée chez certains sujets. La dose usitée par
M. Dujardin-Beaumetz est de cinq à six gouttes matin et soir
de teinture au cinquième. Dans ces derniers temps il a
essayé une apocynée de notre pays, le laurier-rose, employé
à la dose de 10 à 20 centigrammes d'extrait; les effets ont
été moins constants que ceux du strophantus, mais non
moins marqués.
M. Germain Sée fait sur le traitement des maladies du
cœur une longue communication dont les conclusions seront
présentées à la séance prochaine.
Amyotrophie. — Lecture est faite par M. Féréol d'un
rapport an sujet de l'observation d'amyotrophie des quatre
membres chez une femme enceinte, observation lue à la
séance du 27 novembre 1888 par M. le docteur Desnos, en
son nom et au nom de MM. les docteurs Joffroy et Pinard.
Dans ce rapport M. Féréol discute les diverses hypothèses
émises par les auteurs au cours de cette remarquable obser-
vation, dont nous avons antérieurement parlé. Il considère
la malade en question comme ayant été atteinte d'atrophie
dyscrasique ou dénutrition généralisée causée par Tépui-
sèment.
— L'ordre du jour de la séance du 22 janvier comprend :
l'' un rapport de M. A. Robin sur des demandes en autori-
sation pour des eaux minérales; 2"^ un rapport de M. À.
Olliviev sur les épidémies ; 3"* la continuation de la discus-
sion sur l'emploi du strophantus dans les maladies du cœur
^membres inscrits : MM. C. Paul, Laborde, Bucquoy) ;
4° une lecture de M. le docteur R. Blache sur l'application
de la loi Roussel dans le département de la Seine.
18 Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 3 — 43
Société médleale des hôpltavx.
SÉANCE DU H JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. CADET DE GASSICOURT.
A propos da traitement de la fièvre typhoïde : M. Merklen. — I«a
Société eet reoonnae d'atilité publique. — Bes pleurésies meta-
pneomoniques : M. TToisier (Disoussion : MH. Rendu. Ck>mby.
Hayom). — Plauréaiea purulentes méta-pneumonique et pneu-
mocoodqao primitive : M. Netter (Discussion : M. Rendu). —
Grises gastriques non tabétiques : H. Debove.
M. Merklen expose les raisons oui lui semblent moliver
la proposition qu'il soumet à la Société de nommer une
commission pour étudier les résultais obtenus par les
divers modes de traitement de la fièvre typhoïde, à Paris,
en 1888.
Cette proposition soutenue par M. Féréol, qui demande
qu on étende Tenquéte aux résultats à venir de 1880, est
mise aux voix et adoptée. La commission sera composée
de 31M. Féréol, Rendu, Gérin-Roze, Merklen, Moizard,
Troisier et Juhel-Rénoy.
— M. Siredet/y président sortant, prononce Tallocution
d*usage et annonce que la Société des hôpitaux a été
reconnue à*utilité publique par un décret en date du
1t décembre 1888. Il adresse des remerciements à
MM. Féréol, Millard et Desnos qui ont puissamment con-
tribué à cette importante décision.
Sur la proposition de M. Féréoly la Société vote à Tuna-
nimité le titre de membre bienfaiteur à M. de Salverte,
maître des requêtes au conseil d'Etat et membre du conseil
(le surveillance de l'Assistance publique, pour le remercier
du puissant concours qu*il a prêté en cette circonstance.
— M. Troisier lit un mémoire intitulé : Pleurésies meta-
pneumoniqueê {Pneumo-pleurésie de Woillez). (Sera
publié.)
M. Rendu rappelle que son mattre Gubler considérait
UQ léger épancnement pleurétique, à évolution atténuée,
terminée par résolution, comme la règle dans la convales-
cence de ta pneumonie. Lui-même a fréquemment observé
ce fait. Quant aux pleurésies purulentes, elles sont aussi
5 lus insidieuses, plus torpides d'allure, que ne le dit
1. Troisier : aussi faut-il toujours faire avec la seringue
de Pravaz une ponction exploratrice lorsque la résolution
du processus pneumonique n'évolue pas rranchement. On
trouve ainsi souvent du pus dans la plèvre, et ce diagnostic
est d'autant plus important à faire de bonne heure qu'alors
J'eiDpjrème sera presque constamment suivi d'un succès
rapide. Dans deux cas personnels, Texamen' bactériolo-
gique de l'épanchement, pratiqué par Netter, a montré
des pneumocoques.
H. Troisier n'a voulu décrire que les cas dont il a pu
suivre l'observation.
M. Comby a vu Tan dernier trois cas de pleurésie puru-
lente méta-pneumonique. La ponction n'ayant pu amener
la guérison, on fit Tempyème; deux fois il resta des fistules
persistantes. H est donc important d'avoir recours à la pleu-
rotomie antiseptique précoce.
M. Hayem a observé un cas chez une femme récemment
accouchée. La ponction retira un litre et demi de liquide
purulent; l'amélioration fut rapide et la guérison bientôt
complète. Cette pleurésie purulente méta-pneumonique
peut donc guérir sans empyème, même dans des conditions
de puerpéralité.
— M. Netter lit un mémoire sur la pleurésie purulente
méta-pneumonique et la pleurésie purulente pneumo-
coccique primitive. Cette étude de la variété de pleurésie
nommée méta-pneumoniquè par Gerhardt, est basée sur
316 observations, dont 14 personnelles. Woillez, Reisz,
Gerhardt, Guillon, Leyden, Hazotti, Penzoldt, ont successi-
vement décrit celte pleurésie dont le caractère purulent est
presque constant. Elle se montre dé préférence après les
pneumonies sévères ou longues, surtout au-dessous de trente
ans et dans les pays du Nord. On l'observe par séries coïn-
cidant avec les séries de pneumonies plus fréauentes et plus
graves. L'épanchement est un pus épais, verdâtre, inodore,
renfermant peu de sérum; au début, il est plutôt séro-
purulent. Les fausses membranes pleurales sont épaisses et
nombreuses, aussi l'épanchement est-il fréquement cloisonné
ou enkysté ; quelquefois elles se détachent et flottent dans le
liquide. Le poumon est ordinairement peu altéré et récopère
vite son fonctionnement normal après l'évacuation de la
plèvre. Dans les deux tiers des cas, l'épanchement débute
avant la fin de la pneumonie. Souvent la crise terminale de
la pneumonie n'est pas nette et franche; il peut cependant
Lavoir apyrexie complète pendant un ou plusieurs jours,
e début de la pleurésie est ordinairement insidieux, avec
fièvre nulle ou d'allure variable, non intermittente; l'épan-
chement progresse lentement; il est quelquefois partiel,
interlobaire, s'accompaçne rarement d'œdème de la paroi.
La résorption est possible; la vomique fréquente, avec ou
sans pneumothorax, est un des modes de guérison spon-
tanée. Le traitement par la ponction ou l'empyème est
presque constamment suivi de succès. Cette bénignité
relative tient sans doute aux propriétés spéciales du micro-
organisme pathogène : le pneumocoque. Il ne produit pas
d'ordinaire de lésions profondes et sa vie est courte, sans
doute parce qu'il rend lui-même le milieu où il se développe
impropre à son existence. Si d'autres microbes viennent se
joindre à lui ou le remplacer, les allures de raffection sont
moins bénignes et dès lors il faut intervenir par la thoraco-
tomie antiseptique; dans l'empyème méta-pneumonique n&
contenant que des pneumocoques, les ponctions suffisent
souvent, parfois même la guérison s'est produite sans inter-
vention.
Les mêmes considérations s'adressent à la pleurésie puru-
lente pneumococcique primitive, fréquente surtout chez les
enfants, ce qui expliquerait la bénignité bien connue, à cet
âge, de la pleurésie purulente. Le diagnostic n'est possible
que par 1 examen bactériologique, qui montre, en outre,
s'il existe d'autres microbes associés et pose les indications
du traitement.
M.Rendune peut croire que le pneumocoque pénètre ainsi
d'emblée dans la plèvre et provoque une pleurésie puru-
lente primitive, non précédée d'un pracessus pneumonique.
Sans doute celui-ci est souvent peu intense et passe inaperçu,
principalement chez l'enfant.
M. Netter est d'accord avec M. Rendu pour la majorité
des faits, mais il maintient le passage des pneumocoques
d'emblée dans la plèvre pour quelques cas.
— M. Debove présente un malade neurasthénique, avec
manifestations multiples, depuis un trauma du côté droit du
thorax. Cet homme, qui digère généralement assez bien, est
pris tous les trois ou quatre mois de crises gastriques
atroces, avec vomissements répétés et abondants, tous ana-
logues d'aspect avec les crises du tabès dorsal. L'accès dure
de trois à cinq jours. Il n'existe aucun signe de tabès: ni
douleurs fulgurantes, ni ataxie, ni suppression du réflexe
pateilaire. Il s'agit donc d'un cas, analogue à ceux de Leyden,
de crises gastriques chez un neurasthénique.
— La séance est levée à cinq teures et quart.
André Petit.
U _ N« 3 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Janviei» 1889
r,
Soelélé de eblrorp^lo.
SÉANCE DU 9 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. POLAILLON.
Séance annuelle.
M. \e Président résume les travaux de la Sociélé de
chirurgie pendant Tannée 1888. Ils ont surtout porté sur
des questions de gynécologie telles que fibromes, cancers,
déplacements utérins, salpingites. Des vides se sont faits
)ar la mort de plusieurs membres de la Société, Blot parmi
es titulaires ; Benoir, Viberl, Poinsol, Poulet parmi les
correspondants. Quatre nouveaux titulaires ont été élus:
MM. Reynier, Prengrueber, Routier, Jalaguier. Enfin,
MM.de Saint-Germain et Magilot ont demandé Thonorariat.
— M. le Secrétaire annuel récapitule les communications
et les mémoires les plus importants de Tannée et qui doivent
paraître dans le volume des Bulletins de la Société; entre
autres: la pathogénie et le traitement des affections inflam-
matoires des annexes de Tutérus, Tinlervenlion chirurgicale
dans les plaies de Tabdomen par armes à feu, la castration
ovarienne dans les cas de fibromes utérins, Tliystérectomie
[partielle ou totale dans le cancer de Tutérus, la résection de
'intestin pour cancer de Torgane, la cure du prolapsus
utérin par Thyslérorrhaghie, la trépanation pour accidents
cérébraux en dehors du traumatisme, Tostéomyélite infec-
tieuse aiguë chez Tadulte, le traitement des anévrysmes par
la ligature antiseptique, les ectasies lymphatic^ues, les
varices des nerfs, les lésions des nerfs périphériques à la
suite de fractures, Thystérotraumatisme, le cathélérisme
rétrograde après taille hypogastrique, les dangers du ballon
de Petersen, le cancer dîi larynx, divers mémoires de chi-
rurgie de guerre, etc., etc.
— M. le Secrétaire général prononce Téloge de Giraud-
Teulon. Devenu membre de la Sociélé de chirurgie le
16 juin 1869, alors qu'il était âgé de plus de cinquante ans,
il avait porté de préférence ses éludes sur la mécanique
animale et Tophlhalmologie. Sorti de TEcole polytechnique
et devenu médecin bien après, il avait toujours gardé de ses
premières études un goût marqué pour le côté mathéma-
tique des sciences médicales. Signalons parmi ses nom-
breuses productions ses Principes de mécanique animaley
divers mémoires sur la dioptrique oculaire, la physiologie
et la pathologie fonctionnelle de la vision binoculaire, des
leçons sur le strabisme, son livre sur la vision et ses ano-
malies qui résume tous ses travaux antérieurs.
P. ViLLEMIN.
Soelété de blolon^le.
SÉANCE DU 5 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Mensuration des globales sanguins : M. Malassez. — La moelle
comme centre nerveux : M. Brown-Sèquard. — Définition de
l'être vivant : H. I«ata8te. — Relations entre la transpiration et
l'assimilation chlorophylliennes : M. JumeUe. — Rôle des principes
constitutifs des êtres vivants: MH. Chabry et Pouchet. — Action
de l'aniline et des toluidines sur le sang : MH. Meyer et MTer-
tfaeimer. — Sur un diff usiographe : M. Regnard.
M. Malassez décrit le procédé qu'il emploie pour mesurer
les globules sanguins et qui consiste essentiellement, après
avoir dessiné à la chambre claire, à un grossissement connu,
une bonne préparation de sang, à mesurer ensuite des
globules dessinés et à en déduire les diamètres.
— M. Brown-Séquard rapporte quelques faits qui
montrent Timportance de la moelle en tant que centre
nerveux capable d'agir par lui-même.
— }i.Lataste expose une série de considérations qui Tout
amené à proposer une définition nouvelle de Tétre vivant.
— M. Bonnier présente une note de M. Jumelle sur les
rapports qui existent entre les deux grandes fonctions de la
chorophylle, l'assimilation et la transpiration. D'après les
expériences de M. Jumelle, les deux phénomènes sont en
raison inverse Tun de Tautre.
— M. Pouchet a cherché à voir avec M. Chabry ce que
devient un animal, comment il se développe,, quand ou
supprime du milieu dans lequel il doit vivre un des prin-
cipes immédiats nécessaires à son existence. Les expériences
ont été faites sur des œufs d'oursins élevés dans de Teau «le
mer, débarrassée de sa chaux. Or, dans ces conditions, le
développement des larves est considérablement retardé. De
plus, Tétre n'atteint pas sa forme définitive; il ne devient
jamais étoile de mer.
— M. Balzer dépose une note de MM. Meyer et Wer^
fA^^m^r (de Lille) sur Tinfluence de l'aniline et des tolui-
dines sur la capacité respiratoire du sang et sur la tempé-
rature. Ces diverses substances agissent dans le même sens,
pour abaisser la capacité respiratoire et la tempéralmv,
mais Taniline est plus «ictive.
— M. Regnard décrit un appareil qu'il emploie pour
étudier la diffusion, ou diffusiographe.
Sociélé de ibérapeia(lqu«.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1888.— PUÉSIDENCE DE M. CRKQrV.
Rapport sur le traitement de la fièvre typhoïde par l'inèe : M. Grel-
lety. — Strophantate de chaux : M. Gatlllon. — Hygiène alimen-
taire des diabétiques : M. Dujardin - Beaumetc ( Ditousslon :
MM. G. Paul, Duohenne, Blondel). — Renouvellement du bureau —
élections.
M. Grellety lit son rapport sur le mémoire de M. Poulet
(de Plancher-les-Mines), relatif au traitement de la lièvre
typhoïde par Tinée. Il conclut à l'insuffisance numérique
des observations pour permettre de porter un jugement
scientifique, et parlap:e les doutes de MM. Bucquoy el
Catillon sur l'innocuité des doses élevées qui ont été
employées.
— M. Catillon rappelle qu'il a extrait des semences de
slrophantus un corps azoté. On peut obtenir ce corps à
Tétat de strophantate de chaux; pour cela, après avoir
épuisé le strophantus par l'alcool fort pour en extraire la
strophantine, on traite le résidu par Teau distillée. A la
liqueur obtenue, on mélange un lait de chaux, et on sépare
par filtration le dépôt qui s'est formé. Dans le liquide filtré
on fait alors passer un courant d'acide carbonique pour
saturer l'excès de chaux : on filtre à nouveau et on évapore.
Au cours de Tévaporation il se forme, un nouveau dépôt
calcaire que Ton sépare par une dernière filtration lorsque
le liquide est en consistance sirupeuse, puis on dessèche
dans le vide. Le produit est déliquescent, sans saveur pro-
noncée, non toxique. Le corps azoté uni à la chaux serait
un amide; il n'offre pas les réactions des alcaloïdes. Il
semble avoir des propriétés diurétiques, et peut-élrp reprê-
sente-t-il le principe diurétique du slrophantus.
— M. Oujardin-Beaumetz fait une communication sur
l'emploi de la saccharine, de la légumine, de la fromentine
et du soya dans le régime des diabétiques. La saccharine,
qui a été repoussée ajuste titre comme aliment, reste un
médicament utile chez les diabétiques, dont un grandi
nombre ne peuvent se résoudre à la privation des boissons
sucrées. Elle peut servir également, bien q^u'il y ait quelqui^
difficulté de pratique, pour sucrer certains aliments. Ou
n'observe d'accidents gastriques que si son usage esl trop
18 Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 3 - 45
prolongé ou les doses Irop élevées. — Pour remplacer le
pain de gluten qui renferme encore, pviur les meilleures
mari|ues, (le 19 à 20 pour 100 d'amidon, on a proposé la
h'gumine, dont M. Bovet a entretenu la Société dans une
b^'ance antérieure, puis la fromentine et le soya. La fromen-
Une, ainsi que la montré M. Douliot, peut être extraite de
Tembryon des grains de blé, facilement séparé aujourd'hui
par un procédé spécial de meunerie. Cet embryon renferme
une huile» purgative à la dose de 10 grammes, dite huile de
froment ; lorsqu'elle a été retirée de l'embryon, on peut
alors obtenir une farine avec laquelle on prépare des potages
assez agréables, ou des biscuits auxquels on incorpore de la
saccharine et du jaune d'œuf. Mais jusqu'ici la panification
n'a pu étre^obtenue. — Le soya est un haricot du Japon,
cultivé en *grand en Autriche, dans lequel l'analyse chi-
mique et l'examen histologique, pratiqué par M. Blondel,
ont démontré l'absence de fécule : à peine en existe-t-il
2 pour 100. On est parvenu à extraire l'huile de soya, pur-
plive comme l'huile de froment, et à confectionner des
pains d*un goût agréable (Le Cerf, Aurioli). Le pain vendu
ihns le commerce sous le nom de pain de gluten et de soya
(Dourdin) renferme 40 pour 100 de matières féculentes ; il
est certes plus azoté que le pain de gluten, mais il renferme
plus de fécule. Avec la farine de soya on prépare aussi des
hiscotles pour potages, et, en ajoutant de la saccharine, des
gaufrettes et des pâtisseries. Le pain de soya, qui renferme
toujours une petite quantité d'huile de soya, a des pro-
priétés laxatives qui peuvent rendre des services dans bien
tfes cas. Les pommes de terre peuvent être employées
comme succédanées du pain de gluten, car elles renrerment
moins d'amidon à poids égal; il faut donc en consommer
une f lible quantité et choisir les espèces ohlongues, peu
farineuses, que l'on fera cuire à l'eau après les avoir éplu-
chées. D'ailleurs, il ne peut y avoir un régime type, inva-
riable; chaque diabétique présente une susceptibilité par-
ticulière pour certains aliments : fruits, raisins, lait. La
nécessité s'impose d'étudier chaque malade par des ana-
lyses fréquentes de ses urines.
M. C. Paul partage l'opinion de M. Dujardin-Beau-
metz à l'égard de la saccnarine qui constitue en outre
un antiseptique buccal excellent pour les diabétiques. Le
pain de gluten possède un avantage sur le pain ordinaire
qui ne renferme pas beaucoup plus d'amidon (45 à 52
pour 100), c*est de provoquer une mastication prolongée et
une salivation utile pour la digestiou des féculents. Il faut
àivoir, d'ailleurs, que les glycosuriques offrent des oscilla-
lloDs énormes dans le taux au sucre urinaire suivant Tali-
meniation et le degré plus ou moins complet de digestion ;
ye^''ifabéliques vrais ont un taux de glycosurie sensiblement
constant.
M. Duchenne fait remarquer que le cidre nouveau
doit être proscrit de l'alimentation des diabétiques, auxquels
on peut permettre le cidre fermenté.
M. Blondel pense que le principe purgatif du soya est
une résine et non Thuile elle-même, qui ne purge qu'à dose
assez élevée, en tant qu'aliment indigeste.
M. Oujardin-Beaumetz rappelle que le diabétique
soumis à un régime sévère arrive souvent à maigrir; aussi
«1oit-il être surveillé avec grand soin. On devra lui prescrire
.ilurs des aliments gras qu'on peut classer dans l'ordre sui-
\anl : sardines ou thon à Thuile, hareng saur; lard, graisse
d'oie « beurre; rillettes, charcuterie, pâté de foie gras,
caviar. On peut conseiller trois sortes de soupes : soupe
aux choux et au lard, soupe aux œufs pochés, soupe aux
oignons et aux ^ufs ; enfin choucroute garnie. D'autre part,
l'analyse des urines par le procédé qu'a recommandé
M. Duhomme rendra de grands services pour surveiller le
ri>nme, le malade pouvant se rendre compte par lui-même,
chaque jour^ des résultats fournis par les divers aliments.
— Sont nommés pour 1889 : Président, M. Fernet ; vice-
président, M. E. Labbé ; secrétaire généraly M. C. Paul;
secrétaires annuels, MM. Grellety, Ërn. Labbée.
— Sont élus : membres titulaires médecins, MM. Léon
Petit, Ddbousc[uet-Laborderie ; pharmaciens, MM. Kùgler,
de Saint-Martin. — Membres correspondants nationaux,
MM. Lapeye (du Cannet), Hamayde (de Fumay); corres-
pondants étrangers, MM. Semmola (Naples). Candide
Herrero (Béjar-Espagne), Robinson (Constantinople), Kalin>
dero (Bucharest), Botkine, Winocouroff, Loris Melikoff,
Affanafieff et Vassilief (Russie).
— La séance est levée à cinq heures trois quarts.
SÉANCE DU 9 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Du sulfonal : M. G. Paul. — Même sajet : H. H. Haohard (Disous-
Blon : MM. Moutard-Martin. Hètiocque).
M. Fernet prononce l'allocution d'usage en prenant
place au fauteuil de la présidence.
— M. C Paul donne lecture d'un mémoire sur le sul-
fonaU C'est un carbure d'hydrogène dérivé du gaz des
marais : c'est le diélhyl-dimélhyl-méthal. Corps blanc,
cristallisé, insoluble dans l'eau froide, très peu soluble
dans l'eau chaude (450 parties d'eau à 40 degrés ; 18 à 20
à 100 degrés), soluble dans l'alcool, l'éther, le chloro-
forme 11 n'est pas attaqué par les acides énergiques et les
alcalis caustiques. Il n'a ni odeur, ni saveur. Les recher-
ches de Kramer ont montré qu'il n'a pas d'action sur le
ferment salivaire, qu'il ne ralentit pas la digestion par le
suc gastrique, ni la digestion de la librine par le suc pan-
créatique, ainsi que le font l'hydrate d'amyle, la paral-
déhyde, le chloral. Il ne s'élimine pas dans l'urine à l'état
de sulfonal mais sous forme d'un composé sulfureux encore
mal déterminé. Kast (de Fribourg) a reconnu qu'il pro-
duit le sommeil sans état saburral au réveil. C'est en effet
un somnifère dont l'action est plus tardive que celle du
chloral, mais n'amène pas de dépression cardiaque; il ne
présente pas l'inconvénient de l'accumulation des doses.
Les auteurs allemands qui l'ont expérimenté ont rapporté
deux cas d'efflorescence cutanée scarlatiniforme à la suite
de son ingestion. En Allemagne et en Autriche on en a
obtenu, à la dose de 1 ou 3 grammes, d'excellents effets,
95 fois sur 100 dans l'insomnie nerveuse; M. C. Paul l'a
employé chez trente sujets atteints de cette insomnie, et
cela avec un succès constant. Il a remarqué que la nuit
qui suit celle où il a été administré est ordinairement
bonne alors même qu'on n'en a pas donné de nouveau. Dans
l'insomnie causée par la douleur il peut également réussir;
chez les aliénés il a une action moins rapide, mais plus
durable que le chloral. Dans le délire alcoolique il donne
de bons résultats à la dose de 3 grammes, mais reste in-
suffisant contre le delirium tremens. Chez un épileptiquc
en période d'accès, 3 grammes ont amené un sommeil
calme de sept heures. Il a également réussi, à la dose de
3 et 4 grammes, entre les mains d'Ostreicher contre l'in-
somnie délirante des dépressions mentales ; le même
observateur, et aussi Schôiiborn, l'ont employé avec succès
pour combattre la morphinomanie. Enfin, il fait dormir les
cardiaques sans avoir aucune action nocive sur le cœur.
On peut l'administrer dans du pain à chanter, ou dans une
boisson chaude assez abondante, telle qu'une tasse de
thé, de lait ou de bouillon. Les doses varient de 1 à
4 grammes, la dose de 1 gramme est généralement suf-
fisante. Chez les enfants on peut prescrire 25 à 50 centi-
grammes. Il doit être administré le soir à une distance
quelconque du repas puisqu'il ne trouble pas la digestion.
On doit s'assurer qu'il est bien purifié et n'offre ni odeur
ni saveur.
46 _ N* 3 --
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET^DB CHIRURGIE 48 Janvier 1889
M. H. Huchard a expérimenté le sulfonal chez des
phthisiques dès le mois de juillet dernier ; mais, ayant
obtenu peu de résultats et sa faible provision étant
épuisée, il y avait renoncé. Il a repris ses recherches au
mois de novembre chez une hystérique dont l'insomnie a
été calmée; puis chez un phthisique qui, avec une dose de
2 grammes a été plongé dans un état de somnolence d^une
dizaine de jours de durée. Chez les cardio-aortiques il
donne de très bons effets, mais réussit mal dans les affec-
tions mitrales asystoliques. Dans un cas de rétrécissement
mitral, avec 2 et 3 grammes, il a obtenu un sommeil de
huit heures suivi de sensations de brisement des membres,
de vertiges et de titubation. Ce n'est pas un anesthésique,
aussi agit-il peu dans la névralgie faciale. Dans un cas
de rhumatisme articulaire subaigu il a donné cinq à six
heuresde sommeil. Enfin, il a échoué dans le ramollissement
cérébral sénile, et dans cinq cas sur quatorze d'asphyxie
locale des extrémités. Ces résultats concordent avec ceux
obtenus par Kiefer (de Nancv). En résumé il agit surtout
contre l'insomnie nerveuse ; il est moins sûr dans les autres
cas et laisse d'ordinaire au réveil de la lourdeur de tète,
avec fatigue, douleurs des membres, sensation d'ivresse,
sorte de titubation cérébelleuse. Il présente une lenteur
d'absorption et d'action très manifestes. A la dose de 1 à
3 grammes, il procure six à huit heures de sommeil ; dans
un cas, trente-six heures (Kiefer). En résumé c'est un
somnifère qui n'est nullement supérieur au chloral ; il a
l'avantage de ne troubler en rien les phénomènes digestifs,
respiratoires ou circulatoires, et de prolonger son action
pendant plusieurs jours.
M. Moutard-Martin Ta expérimenté sur lui-même à
plusieurs reprises contre l'insomnie tenant à l'asthme; il
a constamment éprouvé au réveil du malaise, de la fatigue,
de la lourdeur de tète. Une dose de 1 gramme amenait le
sommeil au bout d'une heure et demie : le sommeil durait
environ sept à huit heures.
M. C. Paul ajoute que ce médicament n'étant pas anes-
thésique des voies respiratoires ne saurait calmer la toux ;
mais il peut agir comme adjuvant de la codéine :1a toux étant
calmée par elle, le sulfonal amène le sommeil. II en est de
même chez les rhumatisants lorsque Ton calme les dou-
leurs avec le salicylate. Dans l'insomnie nerveuse il l'a
toujours vu agir rapidement : le sommeil survient au bout
d'une demi-heure, le réveil n'a jamais été accompagné de
sensations pénibles.
M. Hénocque a recherché l'action du sulfonal sur le
sang : il ne détermine pas d'altérations, et la quantité
d'oxyhémoglobine est plutôt supérieure à la moyenne nor-
male. A dose énorme il fait périr les animaux par arrêt des
échanges et l'on constate la couleur rouge du sang et des
tissus comme dans l'empoisonnement par l'oxyde de car-
bone ou l'acide prussique. Ce n'est donc pas un poison du
sang, et il n'arrête pas la respiration qui persiste jusqu'à
la mort. Chez le cobaye qui a ingéré une dose massive on
observe le sommeil, avec sensibilité exagérée, tremblements
et abaissement de la température à di degrés. Les recher-
ches cliniques devront prononcer en dernier ressort,
— La séance est levée à cinq heures trois quarts.
André Petit.
Sorléfé anaiomlqiao.
SÉANCE DU 4 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. COUNIL.
M. Tison fait voir un anévrysme de Vaorte ouvert dans
le péricarde.
— M. Girade relate un cas de gangrène massive du
poumon chez un tuberculeux.
— M, Castex communique une observation de sarco-
matose péritonéale.
— M. Ricard décrit les rapports de la glande sous-
maxillaire eileurs conséquences pour la ligature de l'artère
linguale.
4
REVUE DES JOURNAUX
Do rimiiianllé contre l« phihinle palmonalre etaes le»
onvrieni des fonro à ehanx, par M. Halter. — Les ouvriers
des fours à chaux de Lengerichreh sont préservés de la phthisie
pulmonaire, alors que le reste de la population en est souvent
atteinte. L'auteur a recherché les causes de cette immunité,
bien réelle ; sans s'arrêter à Tidée d'une crélification des tuber-
cules par inspiration directe de poussières calcaires, II Fat-
tribue à la double action de la sécheresse et de Téchauffeoient
de lair.
Les ouvriers des fours sont soumis k une température de 65
à 70 degrés. L'air sec qu'ils respirent a les propriétés des sta-
tions climatériques favorables aux phthisiques par la sécheresse
de l'atmosphère. Le bacille périt plus vite dans l'air sec que
dans lair humide, ainsi que l'a montré Sorraani.
L'air échaulTé des fours a la raréfaction des altitudes élevées
et leur pureté au point de vue des microbes. Le séjour dans ce
milieu raréfie est comparable à celui des hautes montagnes. La
respiration y devient plus rapide et la ventilation pulmonaire
est plus complète. Mais c'est la température de l'air qui influe
le plus sur la vitalité des hacilles. Koch a montré qu'ils se déve-
loppent le mieux de 37 à 38 degrés ; au delà ils soufTrent ; à
41 degrés ils périssent. Quand les ouvriers sont exposés à Ja
chaleur des fours, leur température s'élève, et chez les non-
acelimatés dépasse 38 degrés; la température de l'air expiré
s'élève aussi. Il en résulte que pendant les heures de travail,
Fair contenu dans les poumons est porté à une température
nuisible au développement des bacilles, qui meurent quand
cette température arrive à ii degrés. L'élévation fébrile de la
température est un des remèdes les plus actifs qui soient à la
disposition de Torganisme humain.dans sa lutte contre les para-
sites. Ces parasites supportent bien moins une température
élevée que les cellules de l'organisme : ce n'est qu'à 49 ou
50 degrés que les globules sanguins et les cellules des glandes
perdent leurs propriétés physiologiques. Par contre le bacille
du choléra périt à 40 degrés, celui du charbon à 41 degrés.
Pasteur nVt-il pas conféré l'immunité contre le charbon, en
élevant la température des animaux inoculés? C'est donc une
erreur thérapeutique que d'espérer être utile dans les fièvres
infectieuses en abaissant la température.
Les inspirations d'air chaud et sec sont donc indiquées
comme moyen prophylactique et comme moyen thérapeutique
dans la phthisie pulmonaire. Les muqueuses respiratoires sup-
portent aisément l'air chaud; ce n'est qu'au delà de 120 de-
grés que survient un sentiment de chaleur et de dessiccation.
L'auteur a imaginé un appareil qui répond à ces indications.
Du reste on obtient des résultats satisfaisants en éié en chauf-
fant les chambres à 55 degrés. Cotte méthode trouve aussi son
application dans le traitement de la diphthérie et de la coque-
luche. {Berliner klhmche Wochen$ch.f 3 septembre 1888,
17 septembre 1888.)
iBflacBce remarquablo doo piqàrcs d*«bollloo ottr le rkit*
matisme, par M. Tëbc. — La piqûre d'une abeille laisse habi-
tuellement après elle une tuméfaction plus ou moins considé-
rable. Mais, après un certain nombre de piqûres, celle-ci ne se
produira plus, parce que Forgunisme aura acquis Fimmunilé.
Chez les rhumatisants (à l'exception des rhumatisants blennor-
rhagiques), la tuméfaction ne se produit pas d'em.bléey et n'ap-
18 Janvibr 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 3 —
47
parait qa'après an certain nombre do piqûres; en les continuant,
il arrivera un moment où le gonflement ne se produira plus.
Le malade se trouvera alors guéri de son rhumatisme et pen-
dant quelque temps à T^bri des récidives. Pour arriver à Tim-
munité complète, il faudra saturer Téconomie avec du venin
d*abeil1es. L'auteur a appliqué cette méthode dans 173 cas et
fait 39000 piqûres; il lui doit des succès dans des cas aigus,
mais surtout dans des formes chroniques où les malades, atteints
de cachexie rhumatismale, se trouvaient dans des conditions
désespérées. Il faut quelquefois appliquer des centaines de
piqûres à un malade, mais il est à noter qu'elles sont
moins douloureuses chez les rhumatisants que chez les per-
sonnes saines. {Wiener medicinische Presse, 26 août 1}*88,
30 septembre 1888.)
BIBLIOGRAPHIE
Traité théorique et pratique des maladies de l*orellle
et dm nés, par MM. G. HioT et J. Baratoux, 3' et 4" par-
lies- —Paris, 1888.
Quatre années se sont écoulées entre la publication des
deux premières parties de cet ouvrage et la mise en vente
des deux suivantes. Un tel retard, une telle lenteiir, ne
peuvent que nuire à Tœuvre, dont les premiers fascicules
ne sont déjà plus au courant de la science, bien que consa-
crés uniquement à l'analoraie, à la physiologie, à l'explo-
ration des organes de l'audition et de l'olfaction. La troi-
sième partie traite de l'hygiène de l'oreille, de l'influence
de Tàge, du sexe, des vêtements, des climats, des profes-
sions, etc., sur le fonctionnement de l'appareil auditif. A
rimitalion des ophthalmologistes, les auristes demandent
Sue les enfants soient sévèrement examinés, que la portée
e Poule soit constatée dès leur entrée à l'école, pour qu'on
puisse prendre à leur égard les mesures nécessaires. L'op-
portunité de cette pratique ne nous parait pas absolument
démontrée, et nous pensons qu'un tel soin appartient aux
familles. Sous prétexte d'hygiène, la médecine, il nous
semble, devient fort exigeante et passablement tracas-
sière.
Dans la quatrième partie de Touvrage sont étudiées les
maladies de l'oreille externe, conduit et pavillon. D'une
façon générale, en dehors des chapitres consacrés aux
corps étrangers du méat auditif, aux otites externes, aux
exostoses, les descriptions nous ont paru bien longues.
L'histoire de l'othémalome ne comprend pas moins de
quinze pages : les affections bannies de la peau, érythème,
ec2éma, lupus, myxôrae, épithélioma, etc., etc.. sont trai-
tées avec des détails qui ressorlissentdela pathologie géné-
rale et non d'un traité spécial. Nous ne possédons pas en
France, à l'heure actuelle, de traité des maladies de l'oreille
comparable aux ouvrages de Toynbee, de Politzer, etc. Nos
distingués confrères, MM. Miot et Baratoux, ont entrepris
de combler cette lacune. Nous sommes heureux de les en
féliciter, et si nous nous permettons de critiquer ici quel-
ques points de leur œuvre, c'est qu'il nous tient au cœur de
voir s'achever rapidement leur important travail. Qu'ils
fassent bien et vite, nous nous déclarons satisfait.
J. Chauvel.
VARIÉTÉS
Concours d'agrégation de médecine. — L'épreuve des trois
I quarts d'heure s'est terminée vendredi soir. Les questions
traitées à cette épreuve depuis le commencement du concours
' sont les suivantes :
c Ânatomie pathologique et diagnostic des ulcérations de
Vestomac. — Syphilis des amygdales. — Symptômes et diagnostic
de la diphthérie laryngée. — De la mort dans la scarlatine. —
De la mort dans la variole. — Accidents pleuro-pulmooaires du
mal de Bright. — Paralysie du voile du palais. — Hémoptysies
non tuberculeuses. — J^es arthrites dans les maladies infec-
tieuses. — Syphilis héréditaire des nouveau-nés. — Formes
abortives de la fièvre typhoïde. — Causes de la mort dans l'ané-
vrysme de la crosse de l'aorte. — Broncho-pneumonie rubéoHque.
— Diagnostic de la tuberculose pulmonaire au début, t
Chirurgiens des hôpitaux. — Par suite de la création d'un
nouveau service de chirurgie à l'hôpital Tenon et du classement
de l'hôpital Broussais, les mutations suivantes ont eu lieu dans
le service chirurgical : M. Reclus passe de l'hôpital Tenon à
l'hôpital Broussais; M. Felizet de l'hospice des Incurables (Ivry)
à l'hôpital Tenon; M. Richelot de l'hospice de Bicétre à l'hôpital
Tenon ; M. Kirmisson du Bureau central à l'hospice d'Ivry ;
M. Schwartz du Bureau central à l'hospice de Bicétre.
Hôpitaux de Paris. — Concours de l'externat. Ont été
nommés: MM. Mouchet, Bougie, Glantenay, Lévy, Kuss, Pérou,
Funck, Douênel, Junien-Lavillauroy, Le Marc'Haaour,Touvenaint
(Léon), Guépin, Griner^ Batigne, Guibert, Roussel, Marmasse,
Duchemin, Debayle, Sainton (Marie-Adrien), Gannelon, Guitton,
Barrié, Darin, Macé, Pochon, RafTray, Malaperl, Berthelin, Thé-
venard, Du Bonays de Coueslonc, Dupasquier, Lebon, Pineau
(Arsène), Thiercelin, Barbier, Josue, Grasset, Pécharman,
Manson, Hervé. Gauthier, Viguès, Le Tanneur, Antheaume,
M"* Cherchevesky, Chrétien, Morin, Richerolle, Larger, Dubrisay,
Veslin, Bardol, Leblond, Béchet, Parisot, Bonneau, Meyer, Meu-
risse, Breton, Calbet, Auclair, Tariel, Le Seigneur, Barozzi,
Clément, Bertillon, Lapointe, Cazin, Mourette, Raynal, de Brazza,
Ducellier, Benoit, Huguenin, Tolleraer, Dujon, Navarro,
Lieffring, Chesnay, Dimey, Brandès, Comte, Castro, Nanu,
Michallowski, Legrand, Lucas, Lucron, Chapdelaine, Lacombc,
Couvreur, Caryophyllis, Villeprand, Launay, Lajotte, Perruchet,
Lafont, Archambaud, Arrizabalaga, Pascal, Legros, Isidor, Héan,
Dubost, Martin (Louis), Vignaudon, Halouchery, Goupil, Artus
(Maurice), Houdaille, Rescoussié, Main, Matton, Haury, Dessiner,
Baillet, Flandre, Hobbs, Camescasse, Lagoudakis, Bernard,
Abel, Thomas, Pégou, Théloan, Codet, Leclercq, Plichon, Collas,
Regnault, Le Stunf, Solary, Galmard, Ou^Ty, Lorrain, Mirkovitch,
Picot, Marchand, Paquy, Maurice, Rancurel, d'Holtman de
VilUers, Arnaud, Choppin, Galpin, Coriton, Pineau (Henry-
Eugène), Glover, Arlault, Duraa, Sorel, Boutroux, Paulidès,
Poulain, Bergeret-Jeannet, Bouchez, Levet, Cordillot, Duvivier,
Colin, Siguier, Thiébault, Placet, Finck, de Bourgon, Ribell,
Martin (Louis-François-Albert), Grémand, Paulin, Duvacher,
Moitier, M"'' Kolopothakès, Spindler, Ecart, Moussand, de
Amaral, Carpeutier, Anscher, Bon, Petitbon, Trekaki, Roux,
Gresset, Vibert, Duprat, Carré, Brisson, Renons, Leroy, Got,
Danin, Crochet, Millon, Richard, Delaire, Beauvallet, Dauriac
(Julesi, Chauvel, Marchai, Larricq, Hamel, Mathieu, Léonard,
Siron, Sainton (Roger), Vélimirovitch, Chercau, Chamozzi,
Louvel, Arthus (iNicolas-Maurice), Aragon, Mirovitch. Péchaud,
Daum, Faurichon, Bossu, Mergier, Larcena, Durana, Decourt,
Martin (François), Fricotel, Clarac, Arlières, Derchen,Jay, Faus-
sillon, Dutoumier (Adrien), Bougan, M'"" Pilet, Bayeux,
M'"" Rechtsamer, Veillon, 'Athanassio, Crevecœur, Pinault, Danet,
Bondesio, Modiano, Cheminadc, Boutin,.Veuil]ot, de Ribier, Can-
tacuzène, Leterrier, Brunet, Emery, Stojanovitch, M"'' Zlotwoska,
Perdrizet, Fourault, Poirier (Arsène), Gochbaum, Chanson,
Levadoux, Bidault, Faire, Le Guernf Dufour (René-Jules),
Langlois, Surel, Rémy-Ncris, Samalens, M'*« Balaban, Darras
(Charles), Charlier, Slavaux, Bourgogne, Salmon, George-
vitch, Collinet, Silva, Mally, BilbiUs, Poirier (Maurice^, Ménos,
Fouquet, Larsonneur, Coursier, Rollin, Thomas (Charles-Jules-
François), Ancclel, Frun»usianu, Mallet (Henri), Bouquet
(Henri), Bosnière, Réville, Guyot, Claudel, Bouley, Calton,
Zolotuisky, Tonnant, Corny, Mennessier, Duret, Riche, Hahus-
seau, Guérin.
Hôtel-Dieu. — Des conférences cliniques auront Heu 4 PHôtel-
Dieu, dans le laboratoire de M. Proust, les mercredi et vendredi
de chaque semaine.
Maladies du système nerveux et maladies mentales. M. Gilbert
Ballet; pharmacologie, M. Villejcan; maladies du tube digestif,
M. Mathieu; maladies du larynx, M. Lubet-Barbon.
La première conférence sur les affections du système nerveux
aura heu le mercredi 16 janvier à dix heures.
4« _ N» 3 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
18 Janvier 1889
Comité consultatif d'hygiène publique de Frange. — Uu
décrel de M. le Président de la Uépublique vient de nommer
membres du Comité consultatif d'hygiène publique de France :
MM. les docteurs Cornil, Bourneville, Napias, Â.-J. Martin,
Richard et Bertillon.
Faculté de médecine de Bordeaux. — Par décrel, en date du
9 janvier 1889, M. le docteur Merget, docteur es sciences, est
nommé professeur de physique médicale.
Faculté de médecine db Montpellier. — M. le docteur
Ducamp est nommé chef de clinique médicale (emploi nouveau).
M. Pausier est nommé aide de clinique ophthalmologique
(emploi nouveau).
École de médecine d'Alger. — Par arrêté ministériel, en date
12 janvier 1889, un concours s'ouvrira, le 15 juillet 1889, i, TËcote
de médecine d*Alger, pour l'emploi de chef des travaux physiques
et chimiques à ladite Ecole.
Facultés de médecine, — Le cadre des professeurs des
Facultés et Ecoles supérieures de pharmacie a été arrêté ainsi
qu'il suit, au 1"^ janvier 1889 :
Première classe: i\ 000 (vdincs, — MM. Coze (de Nancy);
Moilessier (de Montpellier); Feltz (de Nancy); VVannebroucq et
Folel (de Lille).
Deuxième classe: 10000 francs. —MM. Hecht et Beaunis(de
Nancy) ;Castan (de Montpellier); Poincarré (de Nancy); Paquet et
Gaulard (de Lille).
Troisième classe: 8000 francs. — MM. Jaumes, Dubrueil,
Bertin etËngel (de Montpellier); Lallement, Gross et Bernheim
(de Nancy) ; Grasset et Grynfelt (de Montpellier) ; Chrétien et
Charpentier (de Nancy); Lannegrâce (de Montpellier); Heyden-
reich (de Nancy); Chalot et Tédenat (de Montpellier); Weiss ^de
Nancy); Lotar, Lescœur, Arnould et Hallez (de Lille); Hamelin
(de Montpellier) ; Castiaux (de Lille) ; Spillmann (de Nancy);
Moniez, Herrmann, Tournaux, Leloir et Dubar (de Lille).
Quatrième classe: 6000 francs. — MM. Paulct (de Montpellier);
Malosse (d'Alger) ; Garnier et liergott (de Nancy) ; Carrieu,
Kieuer et Mairet (de Montpellier); Leroy, Baudry et IJebierre (de
Lille).
Faculté de médecine de Lyon. —M. Blanc (Emile) est chargé
des fonctions de chef de clinique obstétricale, en remplacement
de M. Blanc (Edmond), démissionnaire.
École de médecine de Nantes. — M. le docteur Guboriaud est
nommé chef de clinique médicale.
École de médecine de Toulouse. — M. Lespiau est nommé
suppléant des chaires de physique et de chimie.
Gazette de gynécologie. — M. le docteur P. Ménière nous
prie d'annoncer que son état de santé ne lui permet plus de
diriger ce journal, non plus que sa clinique de la rue du Pont-
de-Lodi, qui cessent d'exister à dater de ce jour. .
Corps de santé de la marine. — Ont élc promus :
Au grade de înédccin en chef : M. Laugier, médecin principal.
Au grade de médecin principal : M. Burot, médecin de
l"^" classe.
Au grade de médecin de 1" classe : Les médecins de 2' classe :
MM. Dcbleune, Morain et Houssin.
Société médicale dPs hôpitaux (séance du vendredi 25 janvier
1889). — Ordre du jour: Discussion sur les rapports du goitre
exophlhalmique et de Talaxie locomotrice. — M. Brissaud:
Tuberculose cutanée. — M. Sevestre : L'hôpital des Enfants-
Assistés en 1888. — M. Edgar Hirtz: Du pouls capillaire dans la
plaque d'urticaire. — M. de Beurmann : Un cas de mort par
tétanie dans le cours d'une dilatation de l'estomac. — M. Huchard :
Sur uu nouveau syndrome cardiaque: Fembryocardie.
Monument de Daviel. — Le comité de souscription pour
l'érecliou d'un monument à la mémoire de Jacques Daviel a
décidé, dans sa dernière réunion: 1" que Je monument serait
élevé à Bernay, chef-lieu de l'arrondissement dans lequel Daviel
est né ; 2" que la souscription resterait ouverte.
Il a été exprimé l'espoir que les sommes souscrites condition-
nellement en faveur de La Barre, lieu de naissance de Daviel,
pourront, avec l'assentiment des soupcripteurs, être consacrées
à l'exécution, pour cette commune, d'un travail de sculpture, par
l'artiste qui sera chargé du monument.
. Une Commission a été uommée pour s occuper de l'exécution
de ce monument. Elle se compose de MM. les docteurs Panas,
Président du comité; Brun, trésorier; Horteloup, secrétaire;
[. Puel, maire de Bernay.
Les souscriptions sont reçues: à Paris, chez M. le doclour
Brun, trésorier, rue d'Aumale, 23, et au siège du comité, chez
M. le docteur Horteloup, rue de la Victoire, 7o.
Souscription Duchenne (de Boulogne).
Deuxième liste.
MM.
Begnard
Motet
Gaston
Charcot fils
Marchand
Barth
Chauffard
Teissier père ....
Letulle
Segond
Cazalis
Legroux
Polaillon
Galippe
Fernet
Du Castel
Millard
Hayem
Féré
Lailler
Monod
Jalaguier
Pinard
Nélaton
Brault
Dieulafoy
Luys
Uallopeau
Bouchereau
Josserand
Boques (de Lyon).
10 fr.
20
10
20
20
20
20
20
20
20
10
20
20
10
20
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20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
10
20
20
ToUl....
Montant de la liste précédente.
Total général..
570
1090
1660 fr.
Mortalité a Paris (l"*" semaine, du 30 décembre 1888 au
5 janvier 1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre
typhoïde, 5. — Variole, 3. — Bougeole, 43. — Scarlatine, 4. —
. Coqueluche, 3. — Diphthérie, croup, 40. — Choléra, 0, — Pli ih î s ie
pulmonaire, 168. — Autres tuberculoses, li. — Tumeurs :
cancéreuses, 47 ; autres, 7. — Méningite, 30. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 52, — Paralysie, 5. —
Bamollissement cérébral, 7. — Maladies organiques du cœur, 70.
— Bronchite aiguë, 23. — Bronchique chronique, 48. — Broncho-
pneumonie, 32. — Pneumonie, 52. — Gastro-entérite: sein, 8;
biberon, 38.— Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 32, — Sénilité, 30. — Suicides, 13. — Autres morts
violentes, 12. — Autres causes de mort, 161. — Causes
inconnues, 1 i. — Total : 970.
OUVRAGES DÉPOSÉS AU BUREAU DU JOURIAL
Traité pratique de la ij/philit, par M. le docteur Lan(flcbcrt. 1 vol. in-i2 de
GlO page», carlonné diamanl, tranche ronge. Paris, 0. Doin. 7 fr.
De la tuQQetlion et du Bomnambuliêtne daru leurx rapportt avec lajaritpru"
dence et la médecine légale, par M. J. Liégvois. 1 Immo voluno ii>-12 do
7^îO pages. Paris, 0. i)oin. 7 fr. 50
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Trente-sixième année
NM
25 Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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SOUMAIKE. — Bulletin. Académie do médecine. Le slrophantus. AvanLiges
cX iiicoa«cfitcnl« des alcaloïdes. — Neuropatuologis. Les migraines. —
CoNTitiBtmo!f8 PHARVACBUTIQUBS. Naplitol camplirc et phénols camphrés. —
lirrpK DffSCOORS bt des cliniques. Hôpital de la Salpêlricro Service de U. le
prof'>&»far Charcot. Hôpital de la Chariié. Service de M. le professeur Trclat. —
TiLiVâUX ORIGINAUX. Clinique médicale: Du pronostic de la pleurésie hémor-
rfwi^'^oe, — Correspondance. Observations sur la préparation du chloroforme
iic«lioé à l'anesthésio. -^ Sociétés savantes. Académie des sciences.
.Vadéuie de médecine. — Société do chirurgie. — Société de biologie. —
Bibliographie. Leçons do clinique chirurgicale. — VARiéiés. Hôpilaux de
Paris,
BULLETIN
Paris, 23 janvier 1888.
Académie de médecine : Le sirophantas. — Avanlnfes
ei IneonvénlentA des alcaloïdes.
Saurons-nous enfin, après la discussion académique, ce
(\\ï\\ faut penser du strophantus et dans quelles conditions
il convient de le prescrire ? On aurait pu en douter après
avoir entendu la longue communication de M. G. Sée sur les
maladies du cœur et les médicaments cardiaques. Presque
tous les médecins sont, en effet, d'accord pour affirmer que
la slrophanline ne produit pas des effets identiques à ceux du
strophantus. M. G. Sée affirme le contraire. Presque tous
ceui qui ont suffisamment expérimenté l'extrait ou la
teinture de slrophantus ont reconnu, comme l'a bien dit
M. C. Paul, que ces médicaments rendent de réels services
comme diurétiques et comme toniques du cœur. M. G. Sée
covlesle ces conclusions. Il faut donc attendre encore pour
concfure. D'ailleurs, dans son travail, M. G. Sée a paru sur-
tout vouloir affirmer l'opportunité de la substitution des
alcaloïdes aux préparations pharmaceutiques directement
Urées des plantes. La quinine, dit-il, est supérieure au
quinquina et le vin de quinquina ne sert dans les hôpitaux
qu'à favoriser l'intempérance des infirmiers; la morphine
vaut mieux que l'opium; la digitaline que la digitale, etc.
Nous l'avons déjà dit et nous tenons à le redire, car la
question a une grande importance au point de vue pratique,
nous ne partageons pas cette manière de voir. Sans doute
la découverte des alcaloïdes a permis l'étude scientifique,
expérimentale, d'un grand nombre de médicaments. Leur
administration produit assez rapidement des effets thérapeu-
tiques que ne donnent pas les extraits ou les teintures tirés
directement des plantes. Il est non moins démontré que les
préparations trop complexes, les thériaques si chères aux
anciens médecins, sont souvent inutiles. Mais il n'en faudrait
[LIS conclure à l'identité d'action d'un alcaloïde et d'une
«abstance pharmaceutique extraite d'une plante. Non, la
f SÉRIE. T. XXVI.
quinine n'est point identique au quinquina, l'émétine à
l'ipéca, la digitaline à la digitale. Il serait très dangereux à
notre avis de conseiller aux praticiens cette médecine des
alcaloïdes dont une certaine école abuse singulièrement
depuis des années et qui ne jugule pas plus les maladies
qu'elle ne peut remplir toutes les indications thérapeutiques.
Jamais, avec la digitaline, on n'obtiendra les effets diuré-
tiques que donne l'infusion de digitale ; jamais les prépa-
rations de quinine ne remplaceront le vin de quinquina.
Il y a autre chose encore à faire remarquer à ce sujet : L'art
de formuler, qui se perd de plus en plus chaque jour, parce
que l'on abuse des granules et des spécialités, consiste
précisément à choisir divers produits médicamenteux et à
les associer de manière à mitiger l'action directe que ces
produits peuvent exercer sur la muqueuse de l'estomac,
à favoriser leur absorption, à stimuler les organes d'éli-
mination pour éviter la saturation et l'accumulation médica-
menteuses. Les adjuvants, les correctifs, les excipients, etc.,
ne sont pas indifférents en thérapeutique. Et l'association
des médicaments est des plus utiles dans un grand nombre
de circonstances.
. Tout en reconnaissant donc avec M. G. Sée que l'intro-
duction en thérapeutique de certains alcaloïdes a été un
grand progrès, nous croyons encore à l'utilité des médi-
caments plus complexes au point de vue chimique, mais
autrement efficaces au point de vue pratique, que la nature
nous fournit. Et nous pensons, avec Fonssagrives, qu'en
compliquant ce qui est simple et en simplifiant ce qui est
complexe on n'est jamais dans la mesure et qu'on reste à
côté de la vérité.
Mais ce qu'il convient surtout de retenir de la communi-
cation de M. Sée, c'est l'étude qu'il a faite des diverses
formes de maladies cardiaques, c'est cette affirmation si
vraie qu'il en est qui se maintiennent longtemps sans
aggravation apparente, sans troubles sérieux de l'orga-
nisme; c'est tout ce qu'il a dit au sujet de l'efficacité si
précieuse, si constante, de l'iodure de potassium non seu-
lement dans les affections scléreuses, mais encore dans
bien des endocardiques ; c'est enfin sa classification des
médicaments cardiaques.
Quant au slrophantus, personne n'a jamais prétendu qu'il
pouvait remplacer soit la digitale, soit l'iodure de potas-
sium ou même la caféine qui restent les plus utiles parmi
les médicaments cardiaques. Mais n'est-ce point quelque
chose que de pouvoir, alors que la digitaline est funeste,
la digitale peu ou point tolérée après quelques jours d'ad-
I niinistration, la caféine inefficace, ranimer l'activité du
4
50 — N- 4 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Janvier 1889
cœur et entretenir une diurèse suffisante jusqu'à ce que
quelques jours de repos permettent au malade de reprendre
Tusage soit du lait additionné d'iodure, soit de Tinfusion
de digitale? Repétons-le: parmi les trop nombreux médi-
caments que Ton vante outre mesure, le strophantus
mérite de garder une place. Faisons-la-lui modeste, mais
reconnaissons avec MM. Bucquoy, Dujardin-Beaumetz et
Constantin Paul que l'extrait de strophantus peut être très
utile.
NEUROPATHOLOGIE
I^es Mlfcraines.
(Fin. — Voy. les numéros 2 et 3.)
Migraine ophthalmique associée. — De tous les phéno-
mènes capables d'accompagner le syndrome dont nous
venons d'esquisser les principaux traits, le plus fréquent
est certainement le trouble plus ou moins profond qui
atteint la fonction du langage.
Le degré le plus atténué du syndrome aphasie peut con-
sister en une simple amnésie. Le malade ne trouve pas
les mots, il lui arrive d'employer un mot pour un autre.
L'amnésie porte sur certains faits, sur certaines dates. Nous
retrouvons là l'esquisse de Vintoxication du mot. Un
malade dit : c Je suis aphasique » (Féré); un autre dît ;
(Bradamante ^, et ne peut dire autre chose. Dans une leçon
publiée dans la Gazette des hôpitaux (17 mai 1884),
M. Charcot a rapporté l'histoire de deux aphasiques migrai-
neux. L'un d'eux, un musicien, avait totalement désappris
la musique; d'autres perdent l'usage d'une langue étran-
gère. Féré rapporte, dans son mémoire, plusieurs observa-
tions de cette nature. Parinaud cite un cocher qui était
obligé de se faire répéter par le valet de pied l'adresse des
gens chez qui il devait conduire ses maîtres.
Nous-même avons rapporté plusieurs cas semblables.
Varticulation des mots peut être seule atteinte; les
malades bredouillent et le trouble augmente quand ils
veulent insister pour bien parler.
Enfin, il faut se convaincre de ce fait, c'est que le trouble
fonctionnel peut réaliser et réalise souvent l'aphasie com-
plète; une des observations que nous avons présentées à la
Société clinique en est un bel exemple.
Le malade perdu dans la rue ne put pendant tout le
temps de la crise lire les noms des rues, reconnaître les
quartiers les plus connus (cécité verbale), comprendre par-
faitement ce qu'on lui disait (surdité verbale), parler à un
cocher pour lui donner son adresse (aphasie proprement
dite), écrire son nom sur un morceau de papier pour se
faire ramener chez lui (agraphie). Un autre malade essaya
d'écrire et s'aperçut non sans effroi qu'il enfilait des mots
sans suite. Le mot ou la première partie du mot traduisait
bien l'intention, mais la suite ne répondait pas.
Depuis les leçons de M. Charcot, la thèse de Bernard et
la thèse de Ballet, on connaît trop bien l'aphasie pour que
nous ayons besoin de décrire toutes les dégradations du
type complet. Il nous suffit de les indiquer.
Dans le domaine des lésions organiques les symptômes
les plus fréquemment rencontrés, avec l'aphasie, sont les
phénomènes paralytiques et les troubles de la sensibilité
générale qui se localisent le plus souvent au membre supé-
rieur droit ou à tout le côté droit du corps. La migraine
accompagnée ne déroge pas à cette règle.
Troubles du mouvement et de la sensibilité. — Au point
de vue physiologique, il est donc fort intéressant d'étudier
les troubles moteurs localisés qui peuvent accompagner la
migraine. Étant données les connaissances que nous possi'-
dons aujourd'hui sur les localisations cérébrales, on |>eut
diagnostiquer avec certitude les régions atteintes par Je
processus, quelle que soit sa nature. Plus grand encore est
l'intérêt quand on établit un parallèle entre les affections
organiques localisées et les résultats d'un simple trouble
fonctionnel. Le plus souvent on constate un peu d'affaibli:»-
sèment dans un membre, dans la face, dans les muscles
ou un groupe musculaire ou dans toute une moitié du
corps. Ces phénomènes peuvent survivre assez longteinp>
à l'attaque. Rarement il s'agit d'une paralysie complète,
mais bien plutôt d'une parésie, d'une asthénie musculaire
assez accusée.
Parfois, cependant, il reste des hémiplégies véritables oa
bien des monoplégies.
Féré rapporte des faits d'hémiplégie.
Robiolis parle d'un malade atteint d'une blépharopiose
gauche. Wilks en cite également un exemple. Saundby
(La7}ce^, septembre 1882) signale un cas de paralysie du nerf
moteur oculaire commun gauche avec dilatation pupillaire.
Donnai de Nice rapporte un cas d'aphasie avec hémiplégie
gauche (face et membre). Deux de nos malades eurent, l'un
pendant huit jours et l'autre pendant plusieurs semaiiie>,
une hémiplégie droite.
Est-il nécessaire de citer d'autres faits? ceux-là nous
semblent concluants.
A côté de ces troubles par défaut de la puissance muscu-
laire, nous croyons devoir placer les troubles par exagéra-
tion de fonction. On a cité des tremblements distribués
comme l'était tout à l'heure la parésie, des palpitations
musculaires, des réflexes exagérés, un de nos malades avait
les réflexes exaltés dans toute la moitié droite du corps et
presque de la trépidation spinale; enfin, viennent les
secousses convulsives et les vraies convulsions.
Ici éclate la parenté de la migraine accompagnée et de
l'épilepsie, tout au moins de l'épilepsie partielle; qu'on en
juge : un de nos malades (qui a, du reste, une tante épilep-
tique) se sent pris de malaise, puis les doigts de la main
droite lui paraissent morts, lourds, froids. Cette sensation
d'engourdissement monte vers le coude, gagne l'épaule et
le cou ; la langue que le malade sent à peine devient pâteuse,
lourde, les mots sont difficilement articulés. Dans la moitié
droite des lèvres démangeaisons, fourmillements, légères
secousses, puis apparition de la douleur. Dans les fortes
crises la jambe se prend également pendant deux ou trois
heures, quelquefois plus longtemps, tout ce côté est de
plomb.
Voilà une sorte d'aura qui ressemble fort à l'aura épile|>-
tique. Liveing, qui rapporte neuf cas semblables, remanjue
que, contrairement à ce qui se passe dans l'épilepsie, ces
phénomènes sensitifs peuvent venir à n'importe quel
moment de l'accès migraineux.
Ces engourdissements signalés par MM. Charcot, Féré,
Liveing, et les autres peuvent durer et être remplacés par
une anesthésie plus ou moins permanente.
Féré l'apporte qu'un de ses malades avait des cram[»es
très douloureuses dans la jambe droite.
Dans d'autres circonstances, il y a de véritables attaques
ib Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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épileptiformes. Liveing, Féré, Parinaud en rapportent;
chose remarquable, dit Féré, on peut voir la migraine se
substKuer à des accès d'épilepsie véritable, ce qui pourrait
ïiûre croire qu'elle n'est qu'une des formes larvées de celle
dernière.
Une de ses observations nous montre une migraine
ophlhalmique qui s'atténue après l'apparition d'une épi-
lepsie partielle.
Une autre observation de Féré nous montre le dévelop-
pement parallèle des attaques épileptiformes et de la
migraine ophtbalmique.
Chose curieuse, les accès revenaient périodiquement et
de grand matin.
Un malade avait des crises convulsives, poussait un cri
rauque, après une phase de vertige. Un malade migraineux
dès Tenfance, dont nous avons publié l'observation, eut de
la céphalée à gauche, des attaques épileptiformes dans le
c6té droite de rhémtplégie droite avec engourdissement et
de raphasiCy ainsi que des troubles oculaires.
Lasègue pense que, dans les cas de Liveiug, il s'agissait
d'h}-stéro-épilepsie et non d'épilepsie véritable.
Vertiges. — Les Anglais insistent beaucoup surle vertige
que peut accompagner, suivre, précéder ou remplacer la
migraine simple ou la migraine ophtbalmique. Liveing
dislingue dans ce vertige deux cas : tanlôt c'est le vertigi-
neux lui-même qui se sent emporté au milieu des objets
qui demeurent immobiles, et alors il attribue le phénomène
à un trouble du sens musculaire, tantôt ce sont les objets
eux-mêmes qui tournent; Kappareil optique dans ce cas
serait plus directement intéressé. Nous ne décririons ce ver-
lige que d'après les auteurs qui l'ont observé, si, il y a quel-
ques jours, nous n'avions été à même de voir un migraineux
dont les accès de migraine venaient de se suspendre quel-
ques mois auparavant et avaient été remplacés par des
périodes où le vertige devenait le symptôme dominant. Les
objets semblaient tourner autour du malade immobile. Ce
migraineux avait en même temps un engourdissement du
pieii droit et une légère esquisse des phénomènes oculaires.
Ce dernier devait, sous peine de voir se produire son vertige,
t^viler de changer subitement de position, de baisser brus-
quement la léle, etc. Le vulgaire appelle volontiers ce trou-
ble t des coups de sang » (Trousseau).
Le plus souvent le vertige accompagne la migraine et fait
partie intégrante du syndrome. Cette dissociation qui per-
met de voir le vertige seule manifestation de l'affection est
assez rarement rencontrée.
La migraine ophtbalmique s'accompagne fréquemment
chez les malades très prédisposés de troubles psychiques
des plus accusés et sont capables de donner le change.
Tissol, Liveing citent des cas où il n'y a que des troubles
inlellectuels alternant avec des migraines oculaires.
Tissot parle d'un épileptique de l'enfance qui finit par
avoir à la place de ses migraines de courtes périodes de
grande irritabilité et d'incapacité mentale.
Les Anglais signalent également des frayeurs éprouvées
par des migraineux, et ils rapprochent ces frayeurs de ce
qu'éprouvent parfois les malades atteints d'angine de poi-
trine. Ils signalent également l'analogie de ces accidents
avec ces terreurs nocturnes, cauchemars et somnambu-
iî«me spontanés observés chez des épileptiques
Un enfant migraineux était pris au lieu et place d'accès
de migraine d'une crainte d'un précipice qu'il voyait à côté
de lui en revenant de Técole (Liveing).
D'autres fois on voit un jeune homme pris d'une sorte d'ab-
sence pendant laquelle il récite ses leçons, etc.
On n'en finirait pas de rapporter tous ces cas-là. (îu'il
suffise de savoir qu'il peut y avoir coexistence de troubles
psychiques et de troubles oculaires.
Nous venons de voir la migraine ophtbalmique simple ou
associée aux symptômes psychiques moteurs ousensitifs qui
précèdent réunis dans un même accès. D'autres fois, ces
divers phénomènes sont séparés les uns des autres par un
intervalle plus ou moins considérable. Ce sont les migraines
dissociées de M. Charcot.
Ces phénomènes ainsi dissociés peuvent se retrouver en-
suite réunis pour constituer une migraine ophthalmiqne
simple ou associée.
Féré rapporte le cas d'une malade qui, après avoir pré-
senté séparément du scotome scintillant etdelacéphalagie,
eut des accès où se retrouvaient réunis les deux symptômes.
Nous avons nous-même rapporté le cas de ce malade qui
eut de l'aphasie et après de l'hémiopie avec aphasie. Toutes
les dissociations sont possibles.
Pour ce qui est des transformations subies par les mi-
graines, on peut dire que ce sont celles que l'on rencontre
habituellement dans le grand groupe des névroses , fait qui
vient à l'appui de ce que l'on sait déjà de l'étroite parenté
de ces différentes maladies.
Tissot, tout en repoussant l'idée des métastases humorales,
admet un déplacement simple de l'activité nerveuse.
L'épilepsieparaltaux auteurs la névrose qui présente avec
la migraine les connexions les plus étroites ; en effet, tantôt
on voit la migraine remplacer l'épilepsie et réciproque-
ment, tantôt on constate la coexistence des deux affec-
tions.
Une femme ayant un frère et une sœur épileptiques, a
des migraines jusqu'à l'âge de vingt-trois ans à l'occasion
de ses époques. A vingt-trois ans, ces migraines sont rem-
placées par de véritables attaques d'épilepsie ayant elles-
mêmes le caractère mensuel.
Parry dit : « Cette sorte de migraine n'est pas autre chose
que le précurseur de l'épilepsie. J'ai vu des épilepsies ac-
compagnant la migraine guérir puis reparaître avec elle. »
Marshall Hall fait une observation analogue, appuyée sur
l'histoire clinique d'un jeune homme qui eut des crises
d'épilepsie unilatérale avec blessure de la langue, hémi-
plégie augmentant à chaque attaque, en même temps que
des crises de migraine.
Toutes les formes de la migraine accompagnée (amaurose)
engourdissement, aphasie, etc.) montrent la même affinité
pour les mêmes transformations.
Les relations de la migraine avec Vépilepsie minor sont
beaucoup plus accusées que celle qu'affecte la migraine
avec la grande épilepsie. En effet, les deux manifestations
névrosiques sont Tune et l'autre caractérisées par des
troubles sensoriels de nature plus ou moins vertigineuse. On
peut encore signaler la parenté de la migraine avec une
affection qui n'est peut-être que de l'épilepsie à un faible
degré; nous voulons parler des lypothymies spéciales telles
que les a décrites Prichard.
Leveing a cherché à démontrer les affinités de la migraine
avec l'épilepsie, Vhystérie, la chorée, le tic douloureux de la
face. Ces diverses névroses peuvent se transmettre en se trans-
formant de l'ascendant au descendant. Elles peuvent même
se transformer chez le même sujet qui, à certains moments
de sa vie présente successivement l'épilepsie^ l'asthme, la
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRORGIE 25 Janvier 1889
manie se substituant à la chorée, Tangor pectoris faisant
place à la folio.
Sans entrer dans lesdiscussions qne la question de la pa-
renté étroite de l'épilepsie et de la migraine à forme grave
a fait naître, nous dirons, avec M. Charcot, que la migraine
ophthalmique fruste ou accompagnée , cette dernière sur-
tout, n'est pas sans ressemblance avec Tépilepsie, qu'elle se
rencontre parfois dans les familles où Tépilepsie existe,
qu'enfin elle peut, assez rarement du reste, reconnaître
pour cause cette grande névrose.
PnysiOLOfiiE PATHOLOGIQUE. — Une étude complète
de physiologie pathologique avec discussion des prin-
cipales théories émises nous entraînerait trop loin. Nous
dirons seulement, en nous appuyant sur la simple cli-
nique, que presque toujours la face d'un migraineux
est pfile au début de l'accès, que la pupille est le plus
souvent dilatée (Latham); que les artères temporales sont
dures (Dubois-Reymond), qu'en un mot, on trouve au
début de l'accès tout au moins beaucoup de signes d'une
crampe vasculaire. Nous oublions encore les sensations de
froid et la chair de poule qui accompagnent si fréquemment
l'accès. Il ne nous répugne donc en rien d'admettre la
crampe vasculaire. L'examen du fond de l'œil, fait en pareil
cas, n'infirme en rien cette supposition, car, souvent, on a
constaté l'anémie intense de la papille. Donc, l'explication
plausible des phénomènes décrits plus haut peut très bien
se trouver dans une anémie cérébrale plus ou moins loca-
lisée. Il se produit un spasme et le spasme passé tout
rentre dans Tordre après l'orage causé par le retour plus
ou moins brusque du sang dans le cerveau.
Ce trouble vaso-moteur n'est pas abandonné complè-
tement au hasard. Comme beaucoup d'autres phénomènes,
il obéit aux lois des localisations. Ce qui nous permet d'af-
firmer cette vérité, c'est que nous avons dans la série orga-
nique des faits qui réalisent pleinement tout ce que la
théorie permettait de prévoir. Un malade au début de la
paralysie générale, un syphilitique cérébral présentent sou-
vent les accidents de la migraine accompagnée, en même
temps que des symptôme» convulsifsou paralytiques, étran-
gement semblables à ceux que nous trouvons chez le migrai-
neux sans lésion organique probable.
Bien mieux, il n'est pas absolument rare de voir le mi-
graineux, après plusieurs accès, garder en permanence une
inonoplégie, une hémiplégie, une amaurose et différer peu
de l'organique dont nous parlions il n'y a qu'un instant.
Conclusion logique: la migraine accompagnée est le résultat
d'un trouble vasculaire passager s'attaquant par suite de lois
inconnues aux mêmes régions que certaines légions diathé-
siques connues. Et la preuve, c'est que par suite de la répé-
tition des accès les lésions en question peuvent se pro-
duire et amener des phénomènes permanents.
M. Galezowski trouve un jour un mal.ide en proie à une
migraine ophthalmique intense; il examine le fond de l'œil
et constate une anémie papillaire. L'accès passé, plus rien.
Plusieurs fois le phénomène se répèle, ce qui rassure tout
lo monde; mais un jour la cécité persiste plus longuement
que d'ordinaire. M. Galezowski examine le fond de l'œil et
trouve une thrombose de l'artère centrale de la rétine.
Le spasme, en se répétant, avait fini pjir amener une
lésion durable et grave. Pourquoi n'en serait-il pas de même
dans tous les cas où nous voyons des hémiplégies, des apha-
sies survivre aux accès de migraine accompagnée?
Vraisemblablement le phénomène commence par les yeux,
le plus souvent du moins. Un sujet est disposé par son ht re-
dite aux manifestations nerveuses les plus variées ; il fatigue
son appareil visuel outre mesure. Celui-ci répond sous forme
de pesanteur de tête, douleur orbilaire, puis troubles visuels ;
tout peut se borner là, mais souvent aussi on voit survenir
les symptômes que nous avons signalés; c'est que probable-
ment le spasme fait tache d'huile et diffuse vers les centres
voisins.
Je tiens à rappeler ici un fait que j'ai fréquemment
observé et qui a trait à l'instabilité du champ visuel des
hystériques. Ces malades, en s'éveillant, ont le champ visuel
peu étendu, même quand la nuit a été calme et le sommeil
réparateur. C'est, du moins, ce que nous avons constaté
mainte fois chez un sculpteur sur bois nommé L...
Se mettait-il à travailler et à s'occuper de ciselures fines,
il sentait venir un malaise étrange, une douleur de tète per-
manente : en même temps son champ se rétrécissait, devenait
ponctiforme.Un pas de plus c'était l'amaurose complète et...
l'attaque d'hystérie. L'attaque convulsive (hystérique ou épi-
leptique), les attaques épileptiformesdecertains migraineux,
marquent-elles le terme extrême de l'anémie cérébrale?...
c'est possible. Le rapprochement méritait tout au moins
d'être fait... Quoi d'étonnant alors à ce que les efforts faits
en vue d'augmenter la vision amènent le résultat contraire
et provoquent même ces attaques si voisines par l'aspect cl
les suites des attaques épileptiques?
Il ne paraît pas nécessaire d'établir le diagnostic diffé-
rentiel de ces migraines... elles ont des caractères propres
qui les font facilement reconnaître. Cependant nous ne
saurions trop répéter que les lésions organiques peuvent, à
n'en pas douter, simuler absolument la migraine accom-
pagnée; il sera donc nécessaire de se livrer à une analyse
minutieuse de chaque symptôme en particulier avant de se
risquer à porter un diagnostic et un pronostic de trouble
purement fonctionnel.
On devra également se défier des céphalées diverses syphi-
litiques et neurasthéniques et ne pas porter à la légère un
diagnostic de migraine
Pource qui est du pronostic, nous dirons, avecMM. Charroi
et Féré, que ce trouble fonctionnel, cette crampe vasculaire,
a une fatale tendance à se reproduire, qu'une gêne aussi
grande apportée à la circulation sanguine ne peut que favo-
riser la formation de throrabus, partant l'anémie définitive
et la nécrobiose obligée du territoire qui cesse d'être irrigué.
C'est contre cette terrible éventualité que M. Charcot a
cherché à lutter en s'attaquant directement au spasme cause
de tout le mal et en instituant sans tarder le traitement bro-
mure à doses croissantes usité dans l'épilepsie.
Paul Berbez.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
IVaphtol camphré ei phénols camphrés.
Tous les médecins connaissent aujourd'hui les services
que peut rendre à la thérapeutique des maladies infec-
tieuses le naphtol p, dont le professeur Bouchard a précisé
les indications. Mais le plus souvent on ne peut formuler
le médicament que sous sa forme pulvérulente. Il est en
effet très peu soluble dans l'eau. Or, voici que M. Déses-
quelles, interne en pharmacie dans le service de M. Bou*
25 Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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rhard, vient de montrer que, comme le phénol cristallisé, le
naphtol se dissout dans le camphre. En triturant ensemble
à sec jusqu'à transformation du tout en un liquide presque
blanc ou couleur crème(quand le naphtol est pur), plus ou
moins rougeàtre (quand le naphtol est impur), une partie
de naphtol p avec deux parties de camphre en poudre, on
obtient un médicament qui guérit facilement les excoria-
tions, les plaies, les ulcérations, et qui même, ainsi que
U. Bouchard Ta démontre aussi, arrive à déterger de leurs
fausses membranes les ulcérations diphlhéritiques. Ce mé-
lange est insoluble dans l'eau et, au contraire, miscible en
toute proportion dans les corps gras.
Continuant les expériences de son collègue, H. Âudoucet,
interne en pharmacie, a vu que le tymol, la résorcine, le
salol, etc., pouvaient aussi, en proportions variées, se dis-
soudre dans le camphre et donner naissance soit à des
pâles molles, soit à des liquides sirupeux, qui trouveront
sans doute leur place dans la thérapeutique.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOSPICE DE LA SALPÊTRIÈRE. — M. LE PROFESSEUR CHARCOT.
Tralteaient da tabès par la suapeaslon.
Messieurs, depuis trois mois nous expérimentons un
nouveau traitement du tabès et, ce traitement, je dois le
dire tout d'abord, parait devoir faire merveilles.
iNous demeurons cependant sceptique non pas devant les
résultats obtenus qui sont incontestables, mais nous nous
demandons combien de temps durera l'amélioration...,
Tavenir nous l'apprendra.
Vous savez tous, Messieurs, combien nous sommes désar-
més devant le tabès, la richesse apparente de notre arsenal
thérapeutique en trahit la pauvreté réelle. Quand on a tant
de remèdes contre une maladie, c'est qu'aucun d'eux ne
réunit tous les avantages qu'on est en droit de lui demander.
De temps à autre cependant on se voit éclairé par une lueur
quelconque... En 1867, quand je suis arrivé dans cet
hospice, M. Vulpian et moi nous avons employé le nitrate
d'argent préconisé par Wunderlich. Les résultats n'ont pas
répondu à notre attente, sans être nuls cependant... Après
loul on peut toujours, quand on n'a pas l'esprit prévenu, se
demander si la nature n'est pas intervenue et si l'on n'a pas
affaire à une de ces tendances naturelles vers la guérison
qu'on rencontre assez fréquemment dans l'histoire du tabès.
Le tabès bénin en effet n'est pas rare et aujourd'hui où
l'étude des formes frustes a été poussée fort loin, nous
savons qu'il suffit d'une inégalité pupillaire, de quelques
douleurs à type spécial, d'une abolition des réflexes ou de
quelques troubles viscéraux pour faire le diagnostic. 'Nous
sommes loin, comme vous le voyez, des idées de Duchenne,
qui voyait dans l'ataxie une maladie à étapes progressives
et à enchaînement régulier.
J'ai revu à Turin, lors de mes derniers voyages en Italie,
un ataxique que j'avais soigné plusieurs années auparavant
et qui paraissait guéri à cela près qu'il n'avait pas récupéré
ses réflexes rotuliens. Le séjour à la Malou semblait avoir
pris une grande part à cet heureux événement.
Vous savez quelles sont mes idées sur l'ataxie syphili-
tique ou réputée telle; vous ne vous attendez donc pas à
me voir louer le traitement syphilitique. Ce traitement n'a
jamais en de succès, même dans le cas où il a été appliqué
de bonne heure. Qu'on attaque le labes quand on voudra,
au moyen du mercure et de l'iodure de potassium, même à
doses considérables, et le résultat sera toujours le même,
c'est-à-dire toujours nul.
Rien n'est fatal comme l'amaurose tabétique, même quand
elle se produit chez des syphilitiques, et si on me cite des
observations de guérison ou d'amélioration, je vois que la
plupart du temps il s'agit de cas douteux au point de vue
du diagnostic.
Il y a quelques années, on a préconisé Télongation des
nerfs, H. Debove s'est fait le propagateur de cette méthode
de traitement. Qui songe aujourd'hui à l'élongntion?
Je vais vous parler maintenant du procédé dont vous voyez
ici le dispositif et qui nous arrive de Russie par l'intermé-
diaire du docteur Raymond, agrégé de la Faculté, chargé
d'une mission en Russie, qui a pu en constater les
heureux efl'ets dans le service du docteur Molchoukowsky,
d'Odessa.
La manière dont le médecin russe a découvert ce mode de
traitement est assez singulière. Il avait à redresser la taille
d'un tabétique, atteint de scoliose. Pour ce faire, il suspendit
son malade sous les bras (méthode de Serres) et lui appli-
qua un corset de plâtre. Au bout de quelques jours le
tabétique vient faire remarquer à son médecin qu'il souffrait
beaucoup moins de ses douleurs fuIguranles^Motchoukowsky
crut d'abord que c'était au corset qu'il fallait attribuer ce
résultat inattendu, mais bientôt il constata que la suspension
était la vraie cause de l'atténuation des douleurs.
Dès lors il appliqua ce traitement à une foule de tabéti-
3ues et tous ou presque tous furent avantageusement mo-
ifiés.
L'appareil est des plus simples, il consiste essentiellement
en une sorte de fléau de balance, suspendu par un crochet
médian à une moufle qui peut l'élever. Aux deux extrémités
du fléau transversal sont suspendues des courroies en forme
d'anses dans lesquelles on passe les bras. Â la partie
médiane est attachée une douole fronde appuyant en avant
sous le menton, en arrière sous la nuque.
Au moyen d'une moufle on élève le patient à un pied ou
deux du sol et on le laisse ainsi suspendu pendant une
minute ou deux lors des premières séances, pendant deux
ou trois minutes à la troisième ou quatrième fois. On répète
l'expérience deux ou trois fois par semaine.
En octobre, nous avons commencé à appliquer ce traite-
ment à nos tabétiques. L'idée nous en fut donnée par un
élève du service, un jeune médecin russe des plus distingués,
M. Onanoff, qui accompagna M. Raymond en Russie.
Les résultats furent surprenants.
J'ai du reste fait venir ici les malades qui viennent se
faire « suspendre », deux ou trois fois par semaine et qui vont
vous dire eux-mêmes quels bénéfices ils ont retirés de la sus-
pension. Je vous fais remarquer qu'il ne s'agit pas ici
d'ataiiques douteux, mais d'alaxiques vrais ayant tous ou
presque tous les signes du tabès.
Un des malades de Molchoukowsky avait des douleurs
fulgurantes, de l'incoordination motrice, du signe de
Romberg, l'absence des réflexes rotuliens, de l'impuissance
sexuelle, des troubles vésicaux; il a subi quatre-vingt-dix-
sept suspensions.
L'incoordination a disparu ; les douleurs ont disparu éga-
lement.
Le signe de Romberg s'est amendé.
Enfin les fonctions sexuelles se sont rétablies à la grande
satisfaction de Tintéressé.
Un deuxième malade était dans le même état et s'est fort
amélioré; il souffrait surtout de crises gastriques sensibles,
qui ont disparu. La miction et les fonctions sexuelles se sont
aussi fort améliorées.
Un troisième ataxique était tellement emphysémateux
qu'on ne put le suspendre. On l'a tiraillé sur un lit au
moyen de tractions exercées sur les pieds (les épaules et la
tête étant fixées).
Nos malades à nous ont été aussi heureux que les Russes.
Quinze ont été soumis à la suspension et les résultats ont
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été tels qu'on a pensé à appliquer ce traitement à d'autres
qu'à des tabétiques.
Nous avons remarqué que la suspension avait pour
résultat capital la restauration des fonctions sexuelles.
Aussi comprenons-nous Motchoukowsky, qui a eu l'idée de
traiter de cette façon les impuissances névropathiques.
Messieurs, permettez-moi une digression: il est, vous le
savez, à Paris et ailleurs, des établissements où Ton s[efforce
par les moyens les plus variés de rendre aux impuissants,
aux vieillards surtout, une virilité plus ou moins factice,
capable tout au moins d'assurer pour un temps la satis-
faction de désirs... plus ou moins naturels. Nous nous
sommes demandé si on n'avait pas eu connaissance des
vertus aphrodisiaques de la suspension... etpour nous assurer
de ce fait nous «ivons envoyé des émissaires chargés de nous
renseigner. Le médecin doit tout savoir. Il peut comme le
soleil entrer dans les bouges sans se souiller... Or nous
avons appris que le procédé de la suspension était couram-
ment employé...
Quoi qu'il en soit, nous avons fait déjà neuf cents suspen-
sions et le résultat a dépassé notre attente.
Notre premier malade, âgé de cinquante ans, a vu dispa-
raître ses douleurs fulgurantes et son incoordination s est
sensiblement modifiée. Il a récupéré sa puissance sexuelle.
Les mictions sont plus faciles.
Il a commencé son traitement le "22 octobre et a été sus-
pendu trente-trois fois. Le mieux s'est fait sentir dès la
troisième séance. Il n'est donc pas discutable, et quoiqu'il
soit vrai que les malades se suggestionnent facilement, nous
pouvons dire hardiment que jamais traitement n'a en aussi
peu de temps donné de résultats semblables.
Un deuxième malade, très incoordonné, a commencé le
traitement en octobre également. Les douleurs ont cessé
brusquement, sont revenues une fois, et depuis près de six
semaines n'ont pas reparu.
L'incoordination s'est modifiée de telle façon que le
malade descend du tramway sans faire arrêter la voiture.
Il urine mieux et a des érections.
Un troisième malade, qui venait ici appuyé sur sa femme,
vient maintenant de la rue de la Tombe-Issoire à la Salpê-
trière à pie.d.seul et sans canne...
Un quatrième malade, d'abord amélioré, a eu une rechute,
mais il s'agit d'un de ces malheureux chez qui l'hérédité
nerveuse (aliéné, épileptique, hystérique) est à son
summum. Nous ne nous attendions chez lui à rien de bien
brillant.
Enfin, Messieurs, je vais vous montrer une jeune fille de
quinze ans, atteinte de maladie de Friedreich, ce qu'on a
appelé si faussement l'alaxie héréditaire. Je ne vous répé-
terai pas qu'il ne s'agit point ici du tahes ordinaire, mais
bien d'une maladie à part dont je vous ai souvent décrit les
caractères. Cette malade était soignée en ville par M.Blocq,
qui a eu l'idée de la traiter par ce procédé. Or celte jeune
nlle a été très améliorée par la suspension. Aujourd'hui elle
marche beaucoup mieux.
Je me contente aujourd'hui de vous signaler le fait. Un
malade, atteint de myopathie primitive, affirme se trouver
beaucoup mieux depuis qu'il a commencé son traitement.
Il est probable que la suspension en élevant Jes racines
rachidiennes amène des changements circulatoires dans la
moelle, cliangemenls qui produisent des résultats jusqu'ici
fort à l'avantage des malades qui se sont soumis au traite-
ment. Peut-être que beaucoup d'affections nerveuses sont
modifiables par la suspension. Nous continuerons nos expé-
riences et je ne manquerai pas de vous en faire connaître
les résultats.
P. Berbez.
HÔPITAL DE LA CHARITÉ. — SERVICE DE M. LE PROFESSEm
TRÉLAT.
ExClrpadon d'un «névryanie artérlo- veloeas .
M. le professeur Trélal vient d'extirper avec plein succt-s
un anévrysme artério-veineux du creux poplité, à l'élude
duquel il a consacré deux leçons cliniques. L'importance
chirurgicale du fait est accrue d'une question d'actualité.
La Société de chirurgie vient en effet de s'occuper du trai-
tement des anévrysmes artériels, et les pièces du procès ont
été exposées il y a peu de jours aux lecteurs de la Gazette
hebdomadaire par M. Reclus. Elles se résument en ceci :
les méthodes dites de douceur sont beaucoup moins béni-
gnes et efficaces qu'on ne le croit, la ligature au-dessus
(lu sac est 1^ procédé de choix; l'extirpation du sac est
possible, mais on aurait tort de vouloir la généraliser.
M. Reclus a, dé parti pris, laissé de côté tout ce qui a trait
à l'anévrysme artério-veineux. Il s'était d'ailleurs occuué
de celte question dans un article antérieur et il avait conciu
que la double ligature au-dessus et au-dessous du sac esl
la méthode de choix; que, lorsqu'elle est impossible ou in-
suffisante il faut ouvrir la poche et lier les collaiérales ainsi
mises au jour.
Voici maintenant l'observation de M. le professeur Trélal.
Il y a quelques semaines entrait à l'hôpital de la Charité
un homme de vingt-trois ans qui, il y a neuf ans, s'était
blessé à la cuisse avec un revolver. Il voulait tirer la
baguette, fixée par la rouille. Le canon dirigé en bas, la
main gauche appuyée contre la cuisse gauche tirait sur la
baguette; le genou était un peu fléchi: l'enfant se trouvait
ainsi dans la position d'un homme qui débouche une bou-
teille. Le coup partit et la balle pénétra à la région antéro-
interne de la cuisse, à 18 centimètres au-dessus du genou ;
elle ressortit à la région postéro-exleme du mollet : le
trajet a 38 centimètres de long. L*hémorrhagie fut notable,
mais s'arrêta par un pansement compressif.
Au bout de quinze jours, le malade s'aperçut que sa
jambe était volumineuse, que les veines sous-culané(^s y
étaient saillantes. La douleur était nulle. Les mouvements
revinrent peu à peu et depuis le patient ne s'est guère
occupé de sa blessure : il est comptable et le volume de sa
jambe le gêne peu. Il y a quatre ans, toutefois, un ulcère
survint à la région interne du quart antérieur de la jambe :
rebelle à divers traitements, il céda à un mois de séjour
au lit. Puis il y a deux ans, nouveau séjour au lit, néces-
sité par une phlébite. Il y a cinq mois, enfin, l'ulcère
récidiva, résista aux pansements ordinaires, et finalement
le malade entra à l'hôpital. Il ne s'était présenté à la
consultation que pour cet ulcère, entouré de taches pig-
mentaires et de veines volumineuses, le tout siégeant sur
un membre assez infiltré. C'est alors qu'en l'examinant
on découvrit l'anévrysme jusqu'alors méconnu.
Cet anévrysme se manifestait par des signes évidents. A
deux travers de doigt au-dessous de la cicatrice existait
en un point un thrill extrêmement accusé qui se propageait,
en s'affaiblissant, jusque dans la veine iliaque et dans
toutes les veines de la jambe, jusqu'à la région malléo-
laire. A l'auscultation, on entendait un souffle continu
redoublé des plus nets, dont le maximum correspondait
au maximum du thrill. Au-dessus de ce point, la fémorale
très volumineuse était animée de battements intenses. Au-
dessous, le creux poplité était distendu par une poche
douée de pulsations et d'expansion. Plus bas encore ou
voyait l'expansion des veines superficielles, mais on ne
sentait plus les battements de la pédieuse et de la tibiale
postérieure. Tous les phénomènes cessaient par la com-
pression de la fémorale au pli de l'aine.
Pendant les premiers jours, l'empâtement œdémateux.
i5 Janvier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 4 — 55
accru par la déclivité du membre, empêcha d'apprécier
nettement les limites et la consistance de la poche. Après
un peu de repos, la région devint facile à explorer : il fut
certain que la poche, souple et probablement mince, avait
12 centimètres de long sur 9 de large; qu'elle ne dépas-
sait pas, par en bas, l'interligne articulaire.
L'élude de la température du membre, faite par M. Del-
bet, a fourni un résultat intéressant. A plusieurs reprises,
une hypertherraie de 3**l/2 a été constatée. Ce fait avait été
noté en 1856 par Henry, mais depuis on a admis plutôt qu'il
ja en général de l'hypothermie. En particulier, Bergmann
et Bramann ont observé un malade chez lequel l'abaisse-
ment de température variait de 3 à 5 degrés.
Une première question se posait en présence de ce ma-
lade : fallait-il intervenir? M. Trélat n'hésita pas à répondre
par lafOrmative. La guérison spontanée de Tanévrysme
variqueux est encore au moins douteuse. Mais on dit qu'il
tend à rester stalionnaire, à avoir une évolution bénigne.
Ce\a est vrai parfois, mais il y a de nombreuses exceptions.
Broca déjà en cite quelques-unes et M. Trélat a réuni une
dizaine d'observations où l'accroissement, la rupture, l'in-
ftammation, la suppuration ont surpris le chirurgien,
souvent il est vrai après une longue période où le mal
était resté stationnaire. Ces accidents sont à redouter pour
tous les anévrysmes artério-veineux : c'est une poche
énorme du pli du coude que Purmann extirpa. Mais c'est
surtout pour les anévrysmes des membres inférieurs quMl
faat craindre cette évolution grave, car ici aux conditions
circulatoires vicieuses créées par la phlébartérie s'ajoute
l'appoint de la déclivité. L'intervention est donc indiquée
dans les cas de ce genre, même s'il ne s'agissait point
(fun homme encore jeune, désireux d'être débarrassé d'une
infirmité. Et d'ailleurs, il était probable que le mal
s'aggravait : le sujet n'avait-il pas, à un moment donné,
porté pour ses varices un bas élastique bientôt devenu
trop étroit?
Les méthodes de douceur, aujourd'hui battues en brèche
pour les anévrysmes artériels, sont plus souvent encore
défectueuses pour les anévrysmes variqueux. Pourtant la
méthode employée d'abord par Nélaton, puis régularisée
par Yanzetti, a donné des succès. Elle consiste à faire
ilabord de la compression directe sur la communication
artêrio-veineuse, qu'on oblitère ainsi ; il reste alors un
auévrysnie artériel, justiciable de la compression indirecte
à distance. Il y a quelques années, M. Trélat a obtenu de la
^rte une guérison complète. Mais le résultat n'est favo-
rable que si la lésion est récente. Et de plus la méthode
êlail ici inapplicable, car il n'^ avait sur toute la tumeur
âucan point dont la compression fit cesser les battements
dAos la poche.
Il fallait donc avoir recours d'emblée à une opération
sanglante. Il en est une qu'on peut repousser sans hésita-
tion : c'est la ligature par la méthode d'Anel. Elle est
bonne pour l'anévrysme artériel, mais elle donne des ré-
sultats déplorables ciuand on l'applique à l'anévrysme arté-
rto-veineux. C'était l'opinion de Scarpa, de Roux, et depuis
file s'est confirmée. Delbet attribue à cette opération ;i8,5
pour 100 de mortalité et 17 pour lOQ de gangrènes primitives,
le tout pour n'enregistrer que 17 pour 100 de guérisons.
La ligature de l'artère au-dessus (lu sac une fois éliminée,
lieux méthodes restent en présence : la double ligature
de l'artère et de la veine au-dessus et au-dessous du sac
et l'extirpation.
La double ligature, préconisée parNorris, par Malgaigne,
[lar P. Reclus, donne 80 pour 100 de guérisons, et la gan-
grène y est tout à fait exceptionnelle. C'est donc une mé-
thode des plus recommandâmes; mais elle n'est pas toujours
pOi>sible à exécuter et de plus il reste la crainte (théorique
il est vrai) de la récidive par les collatérales s'abouchant
dans le sac»
Lorsque, après avoir mis le sac à nu on n'arrive que mal
à isoler les quatre bouts vasculaires, on a essayé de les
chercher après incision du sac. Après les avoir reconnus et
y avoir introduit une sonde, on a plus de facilité pour les
lier. Aujourd'hui la bande d'Esmarch semble permettre
d'agir ainsi sans trop de danger immédiat, et MM. Ver-
neuil et Reclus ont publié à cet égard une observation
remarquable. Mais, une fois la bande enlevée, les collaté-
rales qui s'ouvraient dans le sac fournirent du sang en
quantité inquiétante et il fallut les saisir assez pénible-
ment, après avoir appliqué à nouveau la bande élastique.
Il eût certainement été autrement aisé de les lier une à
une, tout en disséquant la face postérieure du sac, si on
avait voulu l'extirper. En outre, il va sans dire qu'il
faut laisser à la suppuration le soin de détruire cette poche
abandonnée dans la plaie, et l'opéré reste sous l'imminence
des diverses complications des plaies qui suppurent. Au
total, sur 13 cas on compte 8 guérisons et 5 morts; morts
toutes dues à des accidents septiques.
L'extirpation du sac expose moins à l'hémorrhagie im-
médiate. De plus, il en résulte une plaie apte à la réunion
par première intention, aussi les complications septiques
sont-elles rares. Enfin, et cet argument a bien son impor-
tance, la guérison est ainsi complète en quelques jours,
au lieu qu'après l'incision il faut des semaines et des mois
pour que la suppuration ait achevé son œuvre. Les chiffres
sont les suivants : 12 cas; 0 gangrène ; 11 guérisons; 1 sep-
ticémie.
En résbuié, M. Trélat est partisan de la ligature des
({uatre bouts, sans incision du sac. Si cette ligature est
impossible, il se rallie à l'extirpation, et proscrit la mé-
thode ancienne d'incision. C'est dans ces idées qu'il inter-
vint sur le sujet de l'observation actuelle.
Après application de la bande d'Esmarch, une incision
de 16 centimètres fut faite dans le creux poplilé. Contre la
face postérieure du sac, les nerfs sciatiques poplités furent
isolés, puis réclinés et M. Trélat aborda franchement la
dissection de la partie inférieure de la tumeur. Il arriva,
peu au-dessus de l'anneau du soléaire, à isoler un vaisseau
qui sortait de la poche : il ne put trouver le second canal
vascnlaire. Ce pédicule une fois lié, fallait-il en faire autant
au niveau du canal de Hunter et laisser la poche en place?
Cet écartement considérable des ligatures est une mau-
vaise condition; de plus M. Trélat ne croyait ne tenir en
bas qu'un vaisseau. L'extirpation fut donc pratiquée. La
face antérieure du sac fut disséqué de bas en haut, après
section du pédicule inférieur; plusieurs vaisseaux s'ouvrant
dans la poche furent liés chemin faisant et enfin les deux
vaisseaux supérieurs furent abordés, liés et sectionnés.
La bande d'Esmarch une fois enlevée, il y eut un suinte-
ment sanguin notable des surfaces cruentées, mais sans jet
sérieux. L'hémostase fut délicate, mais non très difficile.
La plaie fut alors suturée et drainée. Aujourd'hui, onze
jours après l'opération, le malade va aussi bien que pos-
sible. On n'a pas eu un seul instant la crainte de voir le
membre se gangrener. D'ailleurs, avant toute intervention,
ou sentait battre autour du genou des artères volumineuses,
preuves d'une circulation collatérale très développée.
L'examen anatomique de la poche a révélé quelques
particularités intéressantes. Dans le pédicule inférieur
on a trouvé deux vaisseaux. Mais l'artère est très petite et
intimement accolée à la veine. A partir de là, elle remonte
sur 65 millimètres de long, contre la paroi de l'anévrysme,
à laquelle elle adhère, et c'est à deux doigts environ au-
dessous de l'orifice artériel supérieur qu'on voit l'orifice
inférieur. La poche est donc à peu près exclusivement
formée par la veine qui s'y ouvre aux deux extrémités du
diamètre longitudinal, il est bien certain qu'il eût été
impossible, même si la lésion eiU été récente, de transfor-
mer par la compression cet anévrysme en un anévrysme
56 — N» 4
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Janvier 1889
artériel. Il est cerlain aussi que la double ligature n'eût
pu êlre faite qu'en plaçant les fils à Tanneaû des adduc-
teurs d*une part, à Tanneau du soléaire d'autre part.
Dans un cas de ce genre, M. Trélat pense donc que
l'extirpation est la méthode de choix. Elle a nécessité une
dissection soigneuse, mais n'a eu à surmonter aucune dif-
ficulté réellement grave. L'acte chirurgical a été tout a fait
régulier et le succès thérapeutique a été rapide et
complet.
A. Broca.
TRAVAUX ORIGINAUX
Clinique médicale*
Du PRONOSTIC DE LA PLEURÉSIE HÉMORRiiAGiQUE. Com-
munication faite à la Société médicale des hôpitaux
dans la séance du :28 décembre 1888,parM.LEREROULLET.
Dans l'une de vos dernières séances (1), notre collègue
M. Troisier a rappelé votre attention sur les conditions
dans lesquelles naissent parfois les épanchemenls sangui-
nolents de la plèvre et montré que 1 hémorrhagie pouvait
dépendre de l'intensité du processus phlegmasique. Avec
M. R. Moutard-Martin qui, l'un des premiers, a bien fait
voir que les pleurésies hémorrhagiques non cancéreuses
et non symptomalic[ues d'une maladie infectieuse grave
étaient presque toujours curables, il vous a prouvé qu'une
seule ponction remédiait souvent à des accidents très
redoutables en apparence.
Les observations que cette communication m'a remises en
mémoire, confirment ces conclusions trop souvent encore
méconnues. Si je me permets de les résumer devant vous,
c'est pour bien affirmer encore que le pronostic de la pleu-
résie hémorrhagique simple est relativement favorable.
Le premier fait, le plus récent, est presque identique à
celui qui vous a été communiqué par M. Troisier. Le
30 mars dernier, j'étais appelé par mon savant collègue
M. le médecin principal C. Reeb avoir, à Neuilly, dans
la maison de santé dirigée par M. le docteur Défaut, un
jeune homme de dix-neuf ans, atteint depuis le 14 février
1888 d'une affection thoracyque des plus graves. Caracté-
risée dès son début par un mouvement fébrile très intense
(la température dépassant 39 degrés le malin et 40 degrés
le soir) par une oppression vive, avec toux sèche, sans point
de côté initial, m douleur thoracique appréciable, la ma-
ladie avait été énergiquement combattue par des révulsifs
(vésicatoires) et des antipyrétiques variés. Lorsque, le
30 mars, je vis le jeune A..., il se trouvait dans l'état sui-
vant : adynamie extrême; pâleur des téguments; amaigris-
sement prononcé; fièvre à type rémittent, le thermomètre
s'élevant tous les soirs à 40 degrés et quelques dixièmes,
atteignant 38%5 ou 39 degrés le malin; dyspnée considé-
rable ; toux sèche, fréquente, avec expectoration légère-
ment sanguinolente; inappétence absolue. A l'examen
physic|ue on constatait à droite : en avant, depuis la région
hépatique jusqu'au niveau de la troisième côte, une ma-
lité absolue, et depuis la troisième côte jusqu'à la clavi-
cule un bruit skodique manifeste; en arrière, dans toute
l'étendue du thorax, depuis la région sus-épineuse jusqu'à
la base, une malité fémorale, avec diminution des vibra-
tions thoraciques et dans toute cette région un souffle am-
)horique ayant son maximum d'intensité au niveau de
'angle de l'omoplate; Dans la région axillaire ce soufile
s'enlendait à peine. A la région antérieure du thorax,
comme à la base du poumon, le silence respiratoire était
absolu. Il n'existait ni égophonie, ni pectoriloquie, ni râles
(l).4Sount*e du 13 octobre {Ga». hebd., p. 680).
f
d'aucune espèce. Le cœur n'était pas dévié ; le foie n'était
point abaissé.
L'intensité du mouvement fébrile et sa persistance, la
durée de la maladie, l'inefficacité de la médication qui
avait eu pour objet de combattre les accidents d'inflamma-
tion pleuro-pulmonaire; enfin et surtout l'état d'adynamie
profonde dans lequel se trouvait le jeune malade, pouvaient
raire croire soit à une tuberculose miliaire, soit à une pleu-
résie purulente. Cependant Tépanchement, qui était évi-
dent, restait peu mobile; dans les mouvements que Ton
faisait exécuter au malade, la matité de la région anté-
rieure du thorax ne variait pas plus d'un travers de doigt;
enfin l'absence de râles au sommet du poumon droit et
l'intégrité absolue du poumon gauche et des autres organes
(les urines n'étaient point albumineuses) me déterminèrent
à proposer une thoracocentèse destinée à préciser le dia-
gnostic et à soulager le malade du liquide, peu abondant,
3ue l'on constatait. Cette opération fut faite, non sans
ifficullés, en raison de l'état nerveux exagéré et des appré-
hensions du sujet, le lendemain 31 mars. A l'aide du
trocarl n"" 2 de l'appareil Polain, introduit dans le sixième
espace intercoslal, un peu en avant de la ligne axillaire,
j'évacuai rapidement 950 grammes d'un li([uide d'abord
rosé, bientôl franchement sanguinolent et qui se prit rapi-
dement en une masse gélatineuse. Le trocart fut retiré dès
qu'apparurent les premières quintes de toux.
Aucune coniplication immédiate ne suivit cette ponction;
comme il arrive d'ordinaire, la fièvre céda même rapide-
ment; mais le lendemain 2 avril j'étais rappelé à Neuilly
par une dépêche urgente. Atteint pendant la nuit de vomis-
sements rapidement incoercibles, dans un état d'agitation
et d'anxiété extrêmes, le malade paraissait très gravement
menacé. Cependant l'examen du thorax avait déjà prouvé
à MM. Reeb et Défaut que l'épancliement dont il restait
encore une certaine quantité ne s'était pas abondamment
reproduit, que l'auscultation révélait partout en avant,
dans l'aisselle et depuis l'épine de l'omoplate jusqu'à la
fosse sus-épineuse, de nombreux frottements pleuraux. Je
constatai moi-même l'intégrité absolue de tous les autres
organes et dus considérer les accidents observés comme
exclusivement d'origine réflexe et dépendant tout à la fois
de l'irritation provoquée par la thoracocentèse dans une
plèvre facilement susceptible et de l'extraordinaire émo-
tivité nerveuse du sujet. Le repos absolu, une alimentation
exclusivement composée de lait glacé et de vin de Cham-
pagne ; enfin, quel(|ues antispasmodiques eurent, en effet,
très rapidement raison de cette rechute et le 7 avril .M. le
docteur Reeb pouvait m'écrire : « Les accidents consécutifs
à la thoracocentèse et qui m'avaient si fort inquiété se sont
dissipés; les vomissements ne se sont plus reproduits; la
fièvre est tombée et j'ai pu constater ce matin que Tépan-
chôment avait à peu près disparu. Le sommeil absent
durant tant de nuits est revenu profond et prolongé. Il
semblerait que nous eussions assisté à une véritable crise
si l'état général s'était amélioré d'une façon plus nette... »
J'ai hâte d'ajouter que l'amélioration de Tétat général ne
tarda pas à s'affirmer aussi. Le malade a quitté Neuilly le
30 avril. Examiné depuis et à plusieurs reprises par divers
médecins, il a été trouvé en parfait état. Aucun signe de
pleurésie ancienne n'ayant pu être constaté, il a été admis
à s'engager le 1*' octobre dernier dans un régiment d'in-
fanterie.
Son observation prouve donc une fois de plus la rapidité
avec laquelle une seule ponction peut guérir les épan-
chemenls pleurétiques aigus, fébriles, dans lesquels la
présence du sang est due à l'intensité du processus phleg-
masique. Déjà, en 1870 (1), j'avais insisté sur celle utilité
de la thoracocentèse dans les pleurésies inflammatoires
(1) Méinoiro lu à 1.1 Sociélc de médecine de Strasbourg (voy. aussi MontpflUcr
médical, 187â).
25 Janvier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
_ No 4 _ 57
lorque répanchement riche en matière fibrinogène restait
stalionnairc et surtout lorsque, quelle que soit d'ailleurs
rabondance de répanchement, la température fébrile se
maintenait longtemps à un degré assez élevé. Presque tou-
jours alors la fièvre et l'ensemble des accidents thoraci-
ques disparaissent après la ponction. La présence dans le
liquide évacué d'une proportion de sang plus ou moins
notable confirme le diagnostic et n'aggrave en rien le
pronostic de la maladie.
Une deuxième observation concerne un jeune homme de
vingt-sept ans près duquel je fus appelé il y a vingt mois.
Sans antécédents héréditaires, sans maladie antérieure
grave, mais très névropathique et surmené depuis plusieurs
semaines par des travaux intellectuels excessifs, M. A...
avait été atteint, à la suite de plusieurs refroidissements,
d'accès de fièvre irréguliers avec toux sèche, quinteuse,
fréquente, oppression assez marquée à l'occasion du
moindre effort, douleur vague étendue à toute la région
Iboracique du côté droit. Le 8 mars 1887, quand je le vis
pour h première fois, je constatai l'existence d'un épan-
chement pleurétique, caractérisé par les signes physiques
suivants. Du côté gauche : état normal à la percussion et
à lauscultation; aucune déviation du cœur; aucune altéra-
tion cardio-vascnlaire. A droite, au sommet, depuis la
clavicule jusqu'au niveau de la quatrième côte : sonorité
lympanique et, à partir de la quatrième côte, submalité,
puis matité manifeste se confondant plus bas avec la matité
hépatique; foie légèrement abaissé, dépassant de trois
travers de doigt le rebord des côtes. Dans toute la région
mate : diminution notable du murmure vésiculaire ei expi-
ration prolongée; au-dessus et jusqu'à la région sous-
flaviculaire : respiration puérile avec augmentation des
vibrations et retentissement vocal exagéré sans râles, sans
souffle, sans égophonie. En arrière : matité absolue, com-
pacte, depuis la base jusqu'au niveau de l'épine de
l'omoplate. Dans toute cette région : souffle expiratoire
doux, prolongé, ayant son maximum d'intensité le long de
la colonne vertébrale, à la hauteur de l'angle de l'omo-
pialc, ne présentant en aucun point le caractère du souffle
caverneux.^ Quelques frottements secs dans la région
axillaire. Égophonie assez marquée aux limites supérieures
de i'épanchement où l'on perçoit aussi quelques frolte-
ments-ràles. Pas de pectoriloquie aphone.
En faisant asseoir le malade et en examinant attentive-
ment le niveau supérieur de I'épanchement on ne retrouve
qu^avec difficultés les caractères indiqués par Hirtz et Da-
moiseau. La matité reste à peu près horizontale dans la
région postérieure ; elle est complète dans l'aisselle et
c'est à peine si, à la région antérieure, les mouvements
imprimés au thorax dans les diverses attitudes du malade
font varier la forme et l'étendue de cette matité.
Cet examen, répété attentivement les jours suivants,
semble prouver qu'il n'existe qu'un épanchement pleuré-
tique relativement peu abondant et bridé par de nom-
breuses néo-membranes. De plus, l'exploration la plus
minutieuse du sommet droit démontre (]ue le son obtenu
à la percussion, les vibrations thoraciques et le bruit
respiratoire restent constamment et simultanément exagé-
rés. A aucun moment on ne perçoit à ce niveau aucun
signe pouvant faire soupçonner l'existence d'une infiltra-
tion tuberculeuse. A gauche, à diverses reprises, des bouf-
fées congestives avec submatité, diminution du murmure
vésiculaire et râles sous-crépitants fins auraient pu faire
penser à l'imminence d'une poussée de tuberculose aiguë
si, au contraire, ces congestions pulmonaires, si peu pro-
fondes et si mobiles, observées du côté opposé à la pleu-
résie, ne se remarquaient fréquemment chez des sujets
indemnes de toute prédisposition tuberculeuse.
Quoi qu'il en soit d'ailleurs^ le traitement institué dès le
8 mars fut le suivant : enveloppement du côté droit dans
toute sa moitié inférieure par une cuirasse épaisse d'em-
plâtre de Vigo. Régime lacté, chaque tasse de lait étant
additionnée d'alcool et d'eau de Vichy; antipyrine et
bromhydrate de quinine à doses assez élevées pour com-
battre le mouvement fébrile; lavements de bromure de
potassium et de chloral pour(^tenir un peu de sommeil.
Malgré ce traitement, l'état du malade alla s'empiraut
les jours suivants. Les antipyrétiques, administrés pour
combattre la fièvre, n'arrivaient qu'à maintenir la tem-
F»ératureaux environs de 38 degrés le matin et de 39 degrés
e soir. Deux fois même elle s'éleva à 40%5dans le courant
de l'après-midi. L'inappétence était absolue, l'agitation et
la faiblesse extrêmes. A diverses reprises, bien que l'a-
bondance de I'épanchement n'eût pas augmenté, j'avais
songé à une intervention chirurgicale. Elle avait été
repoussée par le malade et par sa famille lorsqu'un inci-
dent nouveau vint la rendre nécessaire. Le 21 mars, après
une série de quintes de toux plus énergiques que de cou-
tume, le malade éprouva une douleur très vive au niveau
du mamelon et fut pris d'une dyspnée et d'une anxiété
telles qu'on me rappela d'urgence dans la soirée. Lorsque
vers huit heures du soir, je pus revoir M. A..., je constatai
que I'épanchement qui, le matin, n'occupait que le tiers
environ de la plèvre droite, s'était accru en quelques heures
de manière à la remplir en totalité. La matité s'étendait,
en effet, en avant jusqu'à la clavicule et c'est à peine si,
au niveau de l'articulation sterno-claviculaire, on retrouvait
encore le bruit skodique. La région slernale était elle-même
absolument mate et la pointe du cœur dévié battait à deux
travers de doigt en dehors et quatre travers de doigt au-
dessous du mamelon. Il fallait admettre ou bien une nou-
velle et très rapide poussée de I'épanchement (j'en ai cité
autrefois plusieurs exemples analogues in Pleurésie et tho-
racocentèse, Montpellier, 1872), ou bien une rupture de
quelques néo-membranes très vascularisées ayant déter-
miné une hémorrhagie pleurale. La thoracocentèse s'im-
posait d'ailleurs pour remédier à la dyspnée extrême
du malade. Je la pratiquai à neuf heures du soir, le
malade restant couché sur le dos (le décubitus sur le côté
gauche était impossible), le bras droit relevé. La ponction
fut faite dans le sixième espace intercostal au niveau de la
ligne axillaire avec le trocart n"" 2 de l'appareil Potain et
avec les précautions antiseptiques nécessaires. Cette ponc-
tion donna issue à 1 litre environ d'un liquide trouble,
louche, très fortement coloré par le sang, laissant déposer
rapidement au fond de la bouteille où il était recueilli une
couche assez épaisse de pus, formant au bout d'utie demi*
heure un caillot rougeàtre assez cohérent. De fréquents
et violents accès de toux m'obligèrent à interrompre l'opé-
ration sans retirer plus de ilOO grammes environ de liquide
sanguinolent.
La nuit fut très bonne. Pour la première fois, depuis vingt
jours, le malade reposa paisiblement et put même se coucher
sur le côté gauche.
Le lendemain j'enlevai, pour le renouveler, l'emplâtre de
Vigo et pus constater que I'épanchement ne s'était pas
immédiatement reproduit et que, dans toute l'étendue du
côté droit en avant, on percevait le bruit respiratoire, mêlé
de frottements secs, tandis qu'en arrière le souffle expira-
toire et l'absence du murmure vésiculaire persistaient
jusqu'à l'angle de l'omoplate.
Deux jours plus tard cependant la fièvre qui, le lendemain
de la ponction, était tombée à 36'',8 le malin, 38 degrés à
trois heures et 37'',9 à neuf heures du soir, remontait à
40 degrés. Une douleur très vive, qui se faisait sentir au
mollet gauche, marquait le début d'une phlébite profonde
qui dura plusieurs jours et céda à la compression ouatée.
Mais l'état général ne s'améliora pas et le 3 avril M. Dieu-
lafoy fut, sur ma demande, appelé en consultation. Notre
58 — NM —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Janvier 1889
Collègue examina M. A... avec la plus minutieuse attention.
Il constata Texistence d'un épanchement peu abondant,
mais qui paraissait en voie de reproduction. Discutant
ensuite, avec Tautorité et l'expérience que vous lui con-
naissez, le diagnostic de la maladie, M. Dieulafoy écarta
ridée d'un hématome de la plèvre aussi bien que celle d'un
cancer et affirma l'existenc^ d'une tuberculose pleurale,
celle-ci se trouvant caractérisée par l'intensité et la persis-
tance du mouvement fébrile, qui rappelait celui de la fièvre
hectique, par la nature du liquide louche, fortement san-
guinolent et déjà même purulent, qui avait été extrait par
la ponction; enfin par la persistance et même la reproduc-
tion du liquide après la thoracocentèse.
Tout devait donc faire redouter une reproduction de plus
en plus abondante d'un liquide rapidement purulent et la
nécessité de ponctions successives, peut-être même de
lavages antiseptiques de la plèvre.
Cependant ces craintes ne se réalisèrent pas. Sous l'in-
fluence d'un traitement essentiellement reconstituant et
ioduré joint à une révulsion permanente et énergique
exercée à la surface du thorax du côté droit, tous les acci-
dents constatés s'atténuèrent progressivement et finirent par
céder. La fièvre tomba dès le 20 avril ; l'épanchement
diminua et disparut peu à peu. Les forces et l'appétit se
relevèrent en même temps. Le 27 avril le malade entrait en
convalescence. Je l'ai revu depuis à diverses reprises. H
reste guéri, du moins en apparence. Je n'oserais affirmer
cependant qu'il ne puisse un jour devenir phthi-
sique. Je n'ignore pas que la pleurésie dont il a été atteint
est de celles où mes amis Landouzy, Kelsch et Vaillard
trouveraient sans doute des bacilles tuberculeux. Ce que je
tiens à faire remarquer, c'est que depuis vingt mois la santé
de M. A... est restée, qu'elle est encore aujourd'hui excel-
lente, que l'on ne peut donc confondre la pleurésie hémor-
rhagique dont il a été atteint avec ces pleurésies manifeste-
ment tuberculeuses dont l'épanchement se reprod.uit
toujours^ ou ne cède que pour laisser évoluer à sa place
une phthisie granuleuse aiguë. Si, comme Ta fait remar-
quer nôtre collègue K. Moutard-Martin, la pleurésie hémor-
rhagique ne s'observe guère que dans la tuberculose miliaire
aiguë, la pleurésie dont a été atteint M. A... n'a pas été une
pleurésie tuberculeuse. D'ailleurs et comme conclusion
elle a guéri après une seule ponction.
Le fait qu'il me reste à vous communiquer diffère des
deux précédents. Si je crois devoir le rapprocher de ceux-
ci, c'est pour pouvoir faire ressortir une fois de plus l'utilité
des révulsions locales dans les cas où la thoracocentèse est
inefficace. Voici très résumée cette dernière observation :
Le 12 septembre 1882, je voyais en consultation avecM.le
docteur Le Baron un homme de trente-trois ans, primiti-
vement vigoureux, sans antécédents héréditaires et qui,
depuis plusieurs semaines, se plaignait de toux, d'oppres-
sion, de débilité progressive. Dès les [)remiers jours du mois
d'août, M. le docteur Le Baron avait constaté l'existence
d'une pleurésie chronique d'emblée dont l'évolution avait
été lente et insidieuse. Le 12 septembre, au moment où je
vis M. B..., il était pâle, amaigri, atteint d'une toux inces-
sante avec dyspnée extrême et expectoration muco-purulente
épaisse, parfois sanguinolente. L'examçn physique révélait
l'existence d'un épanchement excessivement mobile, se
déplaçant aisément quand on faisait varier la position du
malade, épanchement qui remontait en arrière jusqu'au
niveau de l'angle de l omoplate, et qui formait autour du
thorax une ligne à peu près horizontale dans la station
assise. Au niveau de l'épanchement on n'entendait ni
murmure vésiculaire, ni souffle, ni râle. Au-dessus la res-
piration était puérile et au sommet du poumon on perce-
vait, surtout en arrière dans la fosse sus-épineuse, de
nombreux râles sous-crépitants fins. Il s'agissait bien évi-
demment d'une pleurésie ancienne, ayant évolué lentement.
sourdement, n'ayant donné naissance à aucune fausse
membrane pouvant limiter l'épanchement.
L'état cachectique du sujet, non moins que les signes
physiques perçus au sommet du poumon, pouvaient faire
penser à une pleurésie tuberculeuse. L'indication paraissait
être d'évacuer le plus vite possible le liquide collecté dans
la plèvre, sauf à pratiquer rempyèroe si, comme nous le
pensions M. le docteur Le Baron et moi, l'épanchement
était purulent. La thoracocentèse fut donc pratiquée le
13 septembre. Faite dans le sixième espace intercostal, la
ponction donna issue à environ un demi-litre de sang
presque pur qui s'écoula assez bien au début, mais qui, se
coagulant rapidement dans la canule du trocart, s arrêta
spontanément au bout de quelques minutes et nécessita à
plusieurs reprises une intervention destinée à déboucher
celle-ci. L'opération fut interrompue après plusieurs tenta-
tives faites dans ce sens. Le malade parut soulagé pendant
quelques jours; mais Tépanchement s'étant reproduit, une
deuxième thoracocentèse fut pratiquée le 19 septembre.
Cette fois encore ce fut un liquide très fortement teinte de
rouge qui s'écoula d'abord, puis, se coagulant dans la canule
du trocart, détermina l'aplatissement du tube de l'appareil
et l'impossibilité de continuer l'opération. Le 19 septembre,
je ne parvins à extraire que 300 grammes de liquide.
Je conseillai dès lors l'application de deux cautères à la
base du thorax et un traitement essentiellement reconsti-
tuant dont l'extrait de quinquina et l'alcool furent la base.
M. le docteur Le Baron voulut bien accepter cette médi-
cation, qui donna les meilleurs résultats. Dix jours après
l'application de ces deux cautères, toute trace de liquide
avait disparu et le malade entrait en convalesnce. Le
30 novembre 1882, il pouvait être considéré comme défini-
tivement guéri. Je l'ai revu à diverses reprises depuis six
ans. La guérison s'est maintenue et l'exploration la plus
attentive ne saurait retrouver les traces de la maladie dont
il a été atteint.
Dans ce dernier cas l'origine de l'hémorrhagie et les
conditions qui lui ont donné naissance restent difficiles à
préciser. L'extrême mobilité du liquide prouvait que celui-
ci n'était pas, comme chez d'autres malades, bridé par des
fausses membranes épaisses et résistantes. D'autre part il
semble bien démontré que la maladie n'était due ni a la
tuberculose, ni à un cancer de la plèvre. Il s'agissait donc
très probablement d'une pachy-pleurite dans laquelle des
néo-membranes fibrineuses très vasculaires mais non
susceptibles de s'organiser avaient donné naissance à une
hémorrhagie relativement abondante. La seule conclusion
que je prétende tirer de cette observation est relative à j'in-
fluence du traitement. Ici encore la thoracocentèse, aidée
d'une révulsion énergique, a très rapidement remédié à des
accidents qui, sans cette intervention, eussent été sans doute
rapidement mortels.
Ainsi donc, si l'on élimine les cas dans lesquels Tépan-
chement sanguinolent de la plèvre est dû à une maladie
infectieuse grave comme les fièvres rémittentes bilieuses,
les ictères typhoïdes, le scorbut, etc., et dépend dès lors
d'un état de dénutrition profonde de l'organisme (1); si Ton
songe que le cancer de la plèvre est relativement rare et se
reconnaît d'ailleurs assez facilement; si l'on admet, comme
l'a démontré R. Moutard-Martin, que la phthisie chronique
ne donne presque jamais naissance qu'à des pleurésies
sèches ou séro-fibrineuses, il faudra conclure que, 'dans
l'immense majorité des cas, la nature hémorrhagique d'un
épanchement pleural n'aggrave en rien le pronostic de la
maladie. Et si l'on objectait que, dans tous les cas, l'examen
histologique de la plèvre y démontre l'existence de baeilles
spécifiques, on pourrait répondre que la clinique a toujours
(1) Voyez à ce sujo.l rintéressant travail de mon ami M. lo docUMir Soivl :
Observations de iilcurésios héniorrhagiqucs {Archives de médecine et de phar-
macie militaires, 1885, p. i).
i5 Janvier i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N<» 4 — 59
distingué, et qu'elle doit persister à séparer les pleurésies
tuberculeuses vraies de ces pleurésies histologiquement
tuberculeuses qui guérissent après une seule ponction sans
que le sujet {qui en a été atteint devienne jamais un
phthisique.
CORRESPONDANCE
AU COMITÉ DE HÉDACTION DE LA € GAZETTE HEBDOMADAIRE 3
OfeservAtioBS anr la preparatlAn da chloroforme
destiné h l'aneatli^ftil«.
Dans une note publiée en 1883 dans le Journal de phnr-
macie et de chimie^ M. Ilegnauld classait la question du chlo-
roforme parmi les types chroniques et périodiques. Celte dassifi-
calion est légitimée par la note aue M. Marty vient de faire
yaLTaîlre dans les A rchives de médecine et de pharmacie mili-
iniTe% d'octobre 1888, et par cet article rédigé depuis près
d'une année et dont diverses circonstances ont retardé la pu-
blicMtiott.
In chirurgien des hôpitaux de Paris me conOa, il y a quelque
iompsj un échantillon de chloroforme pour être essayé. Le
llacon bleu foncé qui le contenait était bouché à Témeri et
cacheté, sa contenance était environ de 60 centimètres cubes :
1* (Quelques grammes furent versés sur une feuille de papier
Berzelius pliée en quatre. Au début de 1 evaporation, 1 oaeur
«Hait piquante et forte; lorsqu'elle touchait à son terme, on per-
cerait une odeur nauséeuse de vieux fromage qui persistait
sur le papier lorsqu'il était sec.
:^* Le papier de tournesol était fortement rougi; on obte-
nait un précipité blanc volumineux par le nitrate d'argent ;
lorsqu'on approchait un agitateur imprégné d'ammoniaque on
obleuait des fumées abondantes de chlorhydrate d'ammoniaque.
Le ciiloroforme suspect contenait donc de l'acide chlorhydrique
et des dérivés chlorés provenant d'une dév:omposition partielle
ou d'une purification mal faite.
3* «/essai à l'hydrate de potasse pour la recherche de l'aldé-
hyde donna une épreuve négative.
A" L'acide sulfurique pur ne se colora pas sensiblement ; les
matières organiques avaient été éliminées.
r>" Le chloroforme prenait avec la fuchsine une coloration brun
marron due à l'action dos dérivés chlorés sur la matière colorante.
Ce chloroforme soumis à ces quelques essais était donc im-
propre h l'anesthésie et pouvait amener des désordres graves ;
casi pourquoi j'ai cru devoir signaler ces quelque réactions
indiquées par M. Regnauld et admises par le Coucx. J'en pro-
titerai pour faire quelques remarques sur les caractères de
pureté et sur la purification admise par la pharmacopée fran-
çaise.
Il ne faudrait pas en effet prendre à la lettre certaines
rraetions que donne le Codex. Je ne citerai comme exemple que
/a réaction suivante : Le chloroforme doit rester absolument
transparent et incolore au contact d'un cristal de fuchsine.
Pourquoi le Codex de 1884 s'exprime*t-il ainsi lorsque M. Ile-
gnauld, en avril 188:2, dans le Journal de pharmacie et de
chimiey écrivait ce qui suit : c Le chloroforme pur distillé sur
du sodium se colore faiblement lorsqu^on l'agite avec les sels
de rosaniline et semble les dissoudre, la filtration dissipe cette
illusion et montre que la coloration temporaire du liquide ne
dépend pas de la solubilité des sels, mais de leur suspension
à nn état de division extrême dans le chloroforme essayé. >
Si "on voulait indiquer ce réactif, il fallait, croyons-nous,
signaler les causes d'erreur aux({uelles on s'exposait en l'em-
ployant et le Codex en le citant comme critérium aurait dû
montrer qu'il n'était valable qu'après (iltrations répétées. Sup-
posons, en effet, que le chirurgien, confiant dans cette réaction
facile, soit porteur d'un cristal de fuchsine, et qu'avant d'em-
filoyer le chloroforme, il fasse la réaction avec le sel de rosani-
inê. Il est évident qu il rejetterait un produit qui pourrait être
très bon pour Tanesthésie.
Si cette réaction est inûdèle, par contre celles que fait pré-
céder le Codex sont d'une exactitude irréprochable ; certains
ehlorofonnes n'y répondent pas et l'acide sulfurique pur accuse
souvent des matières Organiques. J'ai cru d'abord qiië cette
coloration pouvait être due à 1 alcool qu'on ajoute généralement
au chloroforme pour le conserver ; mais, après avoir additionnoé
un choroforroe dépourvu de matières organiques de 30 pour
1000 d'alcool absolu je n'ai obtenu, qu'une coloration à peine
sensible par l'acide sulfurique monohydraté. Or comme beau-
coup de chloroformes noircissent fortement l'acide au bout de
trois ou quatre jours, il faut attribuer cette réaction à une puri-
fication mal faite. On peut cependant obtenir un chloroforme pur
en rectifiant celui du commerce et surtout en modifiant cer-
tains points du Codex.
On prend cinq flacons de verre jaune bouché à l'émeri et de
contenance de 1500 centimètres cubes par exemple, et un autre
de 2500 centimètres cubes. Dans ce dernier on verse
1500 grammes xie chloroforme avec son volume d'eau distillée,
on agite souvent dans la journée et après quelques jours de
contact on change l'eau au moyen d'un appareil à déplacement.
On fait trois lavages semblables.
Le chloroforme est alors changé de flacon ; on l'additionne ^un
tiers de son volume d'acide sulfurique monohydraté ; on agite
souvent et énergiquementdans la journée de façon à permettre le
contact le plus immédiat entre les molécules de chloroforme et
d'acide sulfurique.
Au bout de huit jours l'acide est enlevé, le chloroforme est
versé dans le flacon de deuxième rectification avec une nou-
velle quantité d'acide sulfurique; si ce dernier se colore encore,
on recommence un troisième traitement dans un troisième flacon
et avec une nouvelle quantité d'acide sulfurique. Le chloroforme
est alors placé avec 3 pour 100 d'une lessive de soude ainsi
préparée :
Soude à l'alcool 1 partie.
Eau distillée 1 partie.
On laisse en contact en agitant de temps en temps. Lorsqu'il
est nécessaire de se procurer du chloroforme pur, en termine
l'opération rapidement et de la façon suivante : On brasse for-
tement et à plusieurs reprises avec 5 pour 100 d'huile d'œillette.
Le savon qui se forme peut être séparé en grande partie de la
façon suivante : on place la liqueur chloroformique dans l'appa-
reil à déplacement et après un instant de repos on laisse s'é-
couler. Le chloroforme part et une grande partie du savon
adhère aux parois de l'appareil. On distille alors au bain-marie
en ayant soin d'employer une cornue et un ballon en verre
jaune. Le produit distillé est mis en contact avec 5 pour 100 de
chlorure ae calcium fondu et concassé. On filtre, on distille
au bain-marie entre 60<',6 et 61 de&^rés en ayant soin de mettre
de côté le premier et le dernier dixième. Ces deux dixièmes
sont réunis et jetés sur l'acide sulfurique pour une opération
subséquente. II est préférable d'employer un ballon et une
cornue pour chaque distillation.
Le produit obtenu placé en tubes jaunes et scellé, d'une conte-
nance de 50 grammes, donne les plus grandes garanties pour
l'anesthésie. 11 répond à toutes les réactions du Codex et se
conserve parfaitement sans avoir recours à l'alcool éthyltque,
surtout lorsqu'on a soin de le tenir à la température presque
constante de la cave et à l'abri de la lumière.
En résumé, j'ai cru qu'il était bon de faire ressortir :
1" L'impureté de certains chloroformes dont les plus com-
munes sont décelées par l'acide sulfurique (matières organi-
ques) et d'autres par le nitrate d'argent (acide chlorhydrique et
composés chlorés) ;
2* La simplicité et la facilité pour tout pharmacien de se pro-
curer un chloroforme chimiquement pur en échelonnant la puri-
fication dans des flacons spéciaux ;
3<> Sa parfaite conservation en le plaçant en tubes scellés,
jaunes, remplis le plus possible, en le maintenant à l'abri de
l'air, de la lumière, des matières organiques et à une tempéra-
ture sensiblement constante.
DUMOUTHlEilS.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des aclenees.
SÉANCE DU 14 JANVIER 1889.
Recherches sur le diabète expérimental, par MM. G.
Sée et Gley. — Les auteurs rappellent d'abord les expé-
riences qu'ils avaient faites en 1888 et communiquées à la
60 — N* 4
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Janvier 1889
Sociélc de biologie. Ces expériences {Gazette hebdoma-
daire^ 1888, p. 109) montraient que Texcitalion du bout
centrai du nerf pneumogastrique détermine de l'azoturie
et que Fadministration de la pbloridzine provoque le dia-
bète.
Restait à savoir si celte glycosurie ne s'accompagne pas
d'autres troubles. Or Tanimal que l'on soumet à l'action
de la pbloridzine devient très vorace et, s'il n'est pas sur-
alimenté, il maigrit rapidement. Cette glycosurie s'accom-
pagne donc, dans une certaine mesure, de polyphagie.
Abstraction faite de la présence du glucose, la compo-
sition générale des urines ne varie guère, du moins au
point de vue de la teneur en urée et en azote total ;
pourtant le rapport entre ce dernier (dosé par le procédé
légèrement modifié de Kjeldahl) et l'urée nous a paru
s'abaisser un peu.
Etudiant ensuite l'influence du traitement, MM. G. Sée
et Gley sont arrivés aux conclusions suivantes :
Les deux modes de traitement par le bicarbonate de
soude et par Yarsenic se sont montrés inefficaces. L'admi-
nistration du bromure de potassium a amené, au contraire,
une légère diminution du glucose.
Une atténuation plus marquée de cette glycosurie a été
obtenue au moyen de Vantipyrine.
Etant donnée l'action générale de Fantipyrine qui diminue
l'excitabilité du système nerveux, ne peut-on se demander,
à propos de ces recherches, si le diabète ne tiendrait pas
plutôt à une exagération qu'à un ralentissement de la nu-
Irition ?
Mode de diffusion des courants voltaïques dans l'or-
ganisme HUMAIN. Résistance des tissus, par M. le docteur
Danion. — L'auteur, après une série d'expériences variées,
est arrivé aux conclusions suivantes: 1* En dehors de la
f)eau et des os, tes divers tissus ou matières constitutives de
'organisme, ont pratiquement la même conductibilité
électrique. Celle des os, la seule qui intéresse ladifl'usion
des courants, est sensiblement inférieuredesdeux cinquièmes
à celle des autres tissus hypodermiques.
^^ L'étude expérimentale de la diffusion des courants
voltaïques faite dans des masses liquides homogènes
montre:
a. Que toutes choses égales d'ailleurs, les intensités
di (fuses intrapolaires ou cxtrapolaires ont la même
valeur;
6. Que les intensités diffusées sur une circonférence de
35 centimètres de diamètre, lorsque le courant principal est
amené par les extrémités d'un des diamètres, sont prati-
quement presque égales à celles du centre, la différence
n'étant que du seizième environ ;
c. Que l'intensité des courants extrapolaires devient
supérieure à celle des courants intrapolaires lorsque les
électrodes se rapprochent de plus en plus sur cette circon-
férence;
d. Qu'au fur et à mesure que les électrodes sont rappro-
chées l'une de l'autre, le champ de la diffusion se restreint
de manière à rendre cette diffusion négligeable.
3"* L'étude de la diffusion faite en substituant les unes
aux autres des électrodes de dimensions variées montre,
contrairement aux notions professées universellement, que
le choix et la combinaison d'électrodes de diverses dimen-
sions ne modifie qu'insensiblement les effets de l'électri-
sation hypodermique même peu profonde et qu'il y a par
suite avantage pour plusieurs raisons, à se servir dans la
pratique de larges électrodes, lorsqu'on ne vise pas d'efl"ets
superficiels.
i" Les expériences faites sur les animaux et sur
Vhomme confirment les expériences pratiquées sur des
masses liquides homogènes, tout en montrant Vextrème
diffusion des courants voltaiquesy et les déductions
auxquelles donnent lieu ces expériences sont applicables
à l^électrisation de Vorganisme.
5"^ Les os qui seuls intéressent la diffusion des courants,
sont une cause d'augmentation de résistance d'autant plus
grande, qu'ils sont plus superficiels. Cette augmentation se
produit surtout lorsqu'ils sont placés transversalement,
mais leur présence ne modifie pas sensiblement le mode de
diffusion. Cependant, le cerveau, et principalement la
moelle épinière, sont protégés, dans une assez notable pro-
portion, par leur enveloppe osseuse contre la diffusion des
courants, et c'est une circonstance oui doit être prise en
considération dans les applications ae l'électricité au trai-
tement des affections de la moelle épinière.
Sur la virulence des parasites du choléra, par
M. Hueppe. — En réponse aux travaux récemment publiés
par MM. Gamalela et Lœwenlhal, l'auteur rappelle que
dans le Congrès de médecine interne tenu le 10 avril
1888 à Wiesbaden, et auquel M. Lœwenthal était présent,
il a montré le premier les variations de virulence du
bacille cholérique dans les cultures, et que, après avoir
cherché contre lui des moyens thérapeutiques à indication
causale, il avait déià donné la première place, au double
point de vue physiologique et pnarmacologique, au tribro-
mophénol, au salicylate de bismuth et au saloL Sahli avait
déjà d'ailleurs préconisé le salol.
Depuis, dans un article antérieur aux communications
de MM. Gamaleîa et Lœwenlhal, et qui a paru dans le
Centralbtatt filr Bakteriotogie (t. V, p. 80), l'auteur a
montré qu'une simple culture de bacilles cholériques peu
ou point virulents dans un milieu convenable où ils mènent
une vie anaérobie, par exemple dans l'albumine d'un œuf,
donne au liquide de culture des qualités toxiques qu'il
ne prend pas, ou ne prend qu'au bout d'un temps très long
dans les cultures sur milieux ordinaires, à vie aérobie.
C'est ainsi au'une culture de quarante-huit heures dans
l'albumine d un œuf devient assez toxique pour tuer deux
cochons d'Inde sur trois et rendre le dernier très malade,
alors que quatre semaines de culture aérobie dans du
bouillon ne donnent qu'un liquide à peine virulent.
M. Hueppe attribue ces résultats à ce que, dans la cul-
ture anaérobie, les ptomalnes et produits basiques résul-
tant de la disloca-tion de la matière albuminolde ne sont
as ultérieurement détruits, tandis qu'ils sont oxydés dans
a vie aérobie. C'est une analogie avec la production des
acides gras volatils dans la fermentation des hydrates de
carbone.
Quoi qu'il en soit de cette idée, on peut se demander si
ce ne serait pas dans le mode particulier de vie anaérobie
que MM. Gamaleîa et Lœwenthal imposent à leur microbe,
l'un dans le corps du pigeon, l'autre dans la pâte gardi'e
en profondeur dans une éprouvette, que gît le secret des
variations de virulence observées.
c
Académie de médecine.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
MM. les doc leurs Garrigou (de Toulouse) et Guermoupre» (de LiUo) se portent
candidats au titre do correspondant national.
M. le docteur Nodet (de Chanibon-Fougorollcs, Loire) cntoie un RepP<'^^
manuscrit sur Ut vaceinationt qu'il a pratiquées en 1888.
M. lo docteur G. André adresse un Rapport manuscrit sur Ut épidémies a
Toulouse en 1888.
M. le docteur Penant cnvtie un Rapport manuscrit sur une épidémie «
varioU en IS-iS à Vcrvins (.^isnc).
M. le docteur CalUat adresse une brochure sur Vimportanee de l'hygiène a<»«'
la tubercHlote. . -j if
}ll. Dujardin-Beaumet» prê&entc: 1« an nom de M. le éocieur Bidard ^^
Dunifront, Orne), une brochure sur l'importance extrême det revaccinations fr -
flU<;Mt«;2« de la part de M. le docteur Moncorvo (de Rio-de-Jaoeiro), uuc »
churc sur la vaUur det injectiont de caféine dant Ut thérapeutique tufani
â5 Janvier 18S9
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIUURGIE
N» 4 ~ 61
Il offre, en outre, les mémoires qu'il vient de publier sur les hôpitaux et Vemei-
mmene médical en Ruitie,
M. Bourgûin dépose un mëmoire manuscrit de BIM. Chaataing et Barillot sur
e4 faUificatUnis du lait dans Pari*.
M. Wou Colin présente la 2« édition des Nouveaux élément* d'hygiène do M. le
professeur J, Arnould et la thèse inaugurale do M. le docloor Emile Arnould sur
te fièvre typhoïde dam la première région du eorp* d* année; étiologie ancienne
et étiologie nouvelle.
M. ComU offre fon Rapport, fait au Sénat, sur Vutilitation a§ric4}le de* eaux
dégoût de Pari* et l'auainittement de la Seine,
M Gueneau de Muuy présente deux brochurcâ de M. le docteur Lécuyer (de
Beaurieux, Aisne) sur Va*9i*tance médicale dan* le* campagne* et sur l'étiologie
et la transmission de U fièvre typhaUde.
Commission. — La Commission d'examen des candida-
tures au titre d'associé national ou étranger est composée
de MM. Roger^ Hérardy Larrey, Léon Le Fort, Leblanc,
GoubauXy Caventou et Gariel.
Eaux minérales. — M. A. Robin donne lecture d'un
rapport favorable pour les eaux concentrées de Châtel-
Gwyon el défavorable pour la source, dite source du Volcan,
à Xizac (Ardèche). — Les conclusions de ces rapports sont
adoptées par l'Académie.
Épidémies. — M. A. OlUvier lit des fragments du Rapport
pnéral dans lequel il analyse les communications envoyées
à J*Académie sur un certain nombre d'épidémies observées
en France pendant l'année 1887. Ces diverses communi-
cations lui permettent de témoigner du zèle que déploie le
corps médical sur les divers points du territoire et des succès
qa'il obtient lorsijue les populations et l'administration se
prêtent à l'exécution de ses conseils. A ce propos, M. OUivier
passe en revue un grand nombre de faits qui montrent,
d'une part, les progrès que les doctrines de l'hygiène ont
faits depuis quelques années et, d'autre part, la nécessité
de l'organisation de nos services sanitaires et de la réforme
de la législation à ce point de vue.
Strophantus. — La discussion sur l'emploi du stro-
phantus dans les maladies du cœur est reprise par
M. Germain Sée, qui achève sa communication commencée
à la dernière séance. Pour lui, les principes essentiels, à
savoir les alcaloïdes et les glycosides, ont une supériorité
incontestable, au point de vue thérapeutique, sur les
Î liantes, la quinine sur le auinquina, la morphine sur
'opium, l'atropine surlesbellaaonées,ladigitaline surtoutes
les préparations de digitale, la strophanfine sur le stro-
phantus, l'oléandrine, espèce de digitaléine, et la néréine,
sorte de digitaline, sur le laurier-rose. La plante n'est
jamais alors qu'un mélange informe et dangereusement
variable, tandis que Falcalolde constitue un principe essen-
tiel fixe et chimiquement défini. D'ailleurs,avant d'apprécier
ia valeur curative des médicaments employés dans les mala-
dies du cœur, il importe de savoir que beaucoup de ces
affections peuvent se passer pendant de longues années
€ sinon du médecin, du moins des drogues ». Tels sont
l'insufGsance aortiaue chez les ieunes gens, le rétrécisse-
ment mitral chez les jeunes filles chlorotiques et chez les
femmes, si bien qu'il y a lieu de se montrer très réservé
dans l'appréciation des effets constatés.
Après avoir rappelé la série clinique qu'il a établie pour les
affections cardiaques, M. Germain Sée propose une nouvelle
classitication des médicaments applicables à ces maladies,
qu'il divise en trois groupes: 1*" médicaments respiratoires
ou antidyspnéiques: iodure de potassium, atropine, pyridinc
et crytbrophléine ; â"* médicaments toni-canfiaoucs :
spartéine, strophantine, digitale et digitaline, convallaria
maialis, convallamarine et sels de potasse; 3"* médicaments
diurétiques proprement dits: lait, adonis vernalis, caféine,
calomel et strophantus; à ces médicaments véritablement
cardiaques, il faut ajouter: 1"* les excitants vasculaires, dont
certains principes de l'ergot de seigle représentent le type le
plus net ; 2' les dépresseurs vaso-moteurs, (jui sont repré-
sentés à des titres divers par le chloral et le nitrate d'amyle ;
S'* les sédatifs terminent la série; c'est le bromure de
potassium qui finit, après avoir calmé le système nerveux
général plutôt que le cœur, par déterminer-une véritable
prostration du cœur; 4° c'est Tantipyrine qui supprime
toutes les douleurs directes, toutes les cardialgies, sans
produire la moindre altération du sang, sans déterminer la
moindre modification du cœur, ni de la pression sanguine.
M. Oujardin-Beaumetz fait aussi remarquer quels
inconvénients présente l'application de la statistique à la
thérapeutique, alors qu'il s'agit d'affections telles que les
maladies du cœur, où Tâge du malade et la période de la
maladie ont des conséquences si prédominantes. En ce qui
concerne l'emploi des alcaloïdes, il croit que dans la classe
des diurétiques du cœur, les plantes dont ils sont tirés,
fournissent de meilleurs résultats. L'oléandrine est un
produit impur qui n'a pas encore été assez étudié pour qu'on
puisse se faire une opinion exacte sur ses effets. Il reconnaît
d'ailleurs que pour la strophantine, ce médicament nécessite
de nouvelles études, depuis que M. Arnaud l'obtient sous la
forme d'un alcaloïde cristallisé nettement défini.
M. Germain Sée partage l'opinion de M. Dujardin-Beau-
metz, pour ce qui est de la statistique des médications appli-
quées aux affections cardiaques. Il persiste, par contre, à
penser que les alcaloïdes et les glycosides produisent des
effets supérieurs à ceux que produisent les plantes dont ils
sont extraits.
Depuis un an M. CéOnstantin Paul emploie le strophan-
tus, d'abord en teinture au dixième, puis sous forme de
pilules renfermant un milligramme d'extrait de stro-
phantus ou des pilules contenant un dixième de milli-
gramme de strophantine, les unes et les autres à la dose
moyenne de deux ou trois pilules par jour. L'extrait de
strophantus lui paraît être beaucoup plus actif el d'un effet
plus régulier. II conclut de sa pratique que le strophantus
est un diurétique; moins puissant que la digitale, mais plus
rapide, il exerce une certaine action tonique sur le cœur et
n'en a presque pas sur la fréquence du pouls; c'est donc
un médicament peut-être plus rénal fjue cardiaque. C'est
dans les maladies valvulaires des orifices auriculo-ventri-
culaires, lorsqu'elles sont arrivées à la période de l'hydro-
pisies, qu'il rend le plus de services.
Transport des blessés. — M. le docteur P. Bouloumié
présente divers modèles d'aménagements, improvisés,
de wagons à marchandises pour le transport des blessés, à
l'aide de matériaux qu'on peut toujours avoir à sa dispo-
sition.
— L'Académie se forme en comité secret, afin d'entendre
la lecture d'un rapport de H. Charpentier sur les candidats
à la place déclarée vacante dans la section d'accouche-
ments. La liste de présentation est établie ainsi qu'il suit:
1* M. Budin, â'' M. Pinard, 3** ex œguo et par ordre alpha-
bétique, MM. Doléris, Porak, Ribemont-Dessaignes et
Verrier.
— L'ordre du jour de la séance du 29 janvier est établi
comme il suit : I. Election d'un membre titulaire dans la
section d'accouchements. — II. Suite de la discussion sur le
strophantus; inscrits: MM. Bucquoy, Lahorde. — III. Com-
munication deM. Cornil, sur des expériences relatives au
traitement du choléra. — IV. Communication de M. Lan-
cereaux sur les poêles mobiles. — V. Lectures de MM. Char-
les Henry, sur la dynamogénie el l'inhibition; R. Blaclie,
sur l'exécution de la loi Roussel dans le département de la
Seine; Terrillon, sur la néphrorraçhie ; Lavaux, sur l'élec-
trolyse linéaire appliquée au traitement des rétrécisse-
ments de l'urèthre.
62 — N* 4
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
25 Janvier 1880
fiociété de chirurgie.
SÉANCE DU 16 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Présentation de pièce d'anèvrysme poplité : H. Trëlat. — Salpin-
gites : M. Routier. — Hystëropexie : M. Terrier (Discussion :
MM. Routier, Desprès. Lucas-Championnière). — Valeur de l'opé-
ration d'Alexander dans les rétroflexions utérines adhérentes :
M. Trélat (Discussion : MM. Terrier. Després) . — Luxation tarso-mè-
tatarsienne : M. Nimier. — Recherche des projectiles dans l'oreille :
M. Tachard, Rapporteur : M. Chauvel (Discussion : MM. Périer,
Soh'wartz. Terrier, Després). — Présentation de malades : MM. Mo-
nod, Ghaput.
M. Le Dentu adresse ses remerciements aux membres
de la Société pour sa nomination au siège de la prési-
sidence.
— M. Verneuil dépose une note de M. Baulon (de Nice)
sur le pronostic et le traitement des plaies de Tabdoraen
par coup de feu.
— M. Lucas-Championnière offre de la part de l'auteur
des Leçons cliniifues sur les maladies chirurgicales de
V enfance de M. Piéchaud et en son nom un opuscule sur
une statistique de 1^0 cas de cure radicale de hernies
opérées par M. Championnière.
— M. Routier dépose une observation de M. Leroy (de
Villiers-le-Bel) sur un cas de hernie congénitale étranglée.
— M. Trélat fait une simple présentation de pièce ré-
sultant de l'extirpation d'un anévrysme poplité volumineux
enlevé récemment. Il sera fait une communication ulté-
rieure.
— M. Routier demande à clore la discussion qu'il a
ouverte sur les salpingites. Il a été séduit par la simpli-
cité de la théorie pathogénique de la propagation par les
muqueuses et il cite à son appui un cas de trompe friable,
altérée au niveau de la corne utérine et rompue pen-
dant les manœuvres d'extirpation. Il emploie volontiers le
chloroforme pour assurer le diagnostic que peuvent fournir
la palpalion et le loucher profond faits avec le plus grand
soin, et considère l'ablation des annexes vraiment malades
comme une opération toujours difficile et très grave.
— M. Terrier fait le récit de ses opérations d'hystéro-
pexie. Chez la première malade une tumeur très doulou-
reuse sur le côté gauche de l'utérus en rétroversion fit
penser à une salpingite. La laparotomie, faite le 13 mars
1888 à l'hôpital Bichat, fit voir un ovaire tombé dans le cul-
de-sac de Douglas et en rétroversion extrêmement accusée;
sa paroi antérieure fut fixée à celle de Tabdomen et les
douleurs disparurent presque entièrement. Par la fatigue
la malade éprouve encore quelques douleurs lombaires.
Chez une autre malade une rétroversion très manifeste
était la cause de crises douloureuses extrêmement vio-
lentes, survenant à la suite du moindre examen; l'utérus
était très mou et de chaque côté existait de l'empâtement.
La laparotomie pratiquée le 23 octobre permit d'extraire
quoique très difficilement l'utérus de l'excavation dans
laquelle il était tombé. Les annexes furent enlevées et
l'utérus fixé par quatre points de suture. Les douleurs dis-
parurent complètement.
Enfin la dernière opération, encore trop récente pour
qu'on en puisse tirer des conclusions, a été faite sur une
jeune femme que des accidents névralgiques intenses et
une rétroversion très marquée retenaient au lit depuis
six mois. M. Terrier conclut que c'est une opération sans
danger et qui prendra rang dans la chirurgie.
M. Routier^ dans un cas semblable à ceux de M. Terrier,
a pris pour une salpingite un utérus en rétroflexion absolue.
Par la laparotomie il constata que l'organe se relevait brus-
quement comme un ressort pendant que la tumeur sentie
au fond du vagin disparaissait. Après ablation d'un ovaire
kystique le pédicule ml fixé à la paroi abdominale et les
douleurs prirent fin.
M. Després demande ce que devient la vessie dans ces
opérations de fixation de l'utérus à la paroi abdominale.
Il admet bien qu'elle se dilate sur les côtés, mais sa réplé-
(ion doit être [fort gênée par les adhérences. Entreprendre
la laparotomie pour une simple rétroflexion utérine c'est
faire de la chirurgie bien hasardée. M. Després n'a jamais
vu de malades ayant d'aussi grandes douleurs. Le pessatre
ne faisant qu'augmenter le mal, il se contente de faire
soutenir le périnée par une ceinture.
M. Lucas-Championnière a fait deux fois l'hystéropexie
et a été émerveillé de la facilité avec laquelle se fixait
l'utérus. Chaque fois il y a eu absence totale de réaction
du côté de la vessie. Il compte que cette opération prendra
le pas sur celle d'Alexander.
— M. Trélat a traité cinq cas de rétroflexion adhérente
de l'utérus par la réduction, la mobilisation de l'organe
et finalement par l'opération d'Alexander. Le plus souvent
l'utérus n'a pas tenu et est revenu à sa position première.
Si l'opération d'Alexander est excellente pour les rétro-
flexions mobiles, sans adhérences, bonne pour celles qui
se laissent facilement ramener en position, M. Trélat y
renonce pour les rétroflexions adhérentes, même quand on
les a monilisées. Ou ces dernières sont indolentes, et alors
il n'y a rien à faire, ou elles sont douloureuses et il n'y a
plus qu'une seule ressource actuelle, l'hystéropexie. Ces
deux opérations ne sont pas rivales, mais valables selon
les cas particuliers.
M. Terrier pense que les variétés anatomiques des liga-
ments ronds chez les diverses femmes font que les résul-
tats doivent être très dissemblables. Le premier effet de
la dilatation de l'utérus est un ramollissement considé-
rable du tissu utérin qui rend très difficile sa mobilisation
et fait que l'action sur les adhérences est très restreinte.
Il préfère aussi l'hystéropexie. Quant à la vessie, après
cette opération, elle se loge où elle peut, mais n'en fonc-
tionne pas moins admirablement bien.
M. Després rappelle que les fils appliqués sur Tutérus
finissent toujours par couper le tissu de l'organe et en
conclut que s'il n y a pas de troubles vésicaux c'est que
l'utérus n'est pas resté fixé.
— M. Chauvel lit un rapport sur une observation de
luxation larso-métatarsienne due à M. Nimier et une autre
sur la recherche des projectiles dans l'oreille communiquée
par M. Tachard.
M. Périer a pu récemment extraire une balle de l'oreille ;\
l'aide d'un tire-fond, sans hémorrhagie ni aucune espèce
d'accidents; après aggravation momentanée des douleurs,
l'amélioration rapide a permis au malade de quitter l'hô-
pital.
M. Schwartz h la demande des malades a laissé, dans
deux cas, les projectiles dans l'oreille. Les patients ont
guéri tous deux sans accidents, de quinze jours à trois
semaines après.
M. Terrier pense comme M. Schwartz qu'il ne faut pas
intervenir à tout prix, mais il peut y avoir des complica-
tions très tardives dues à des foyers qu'ont infectés les
microbes du conduit auditif externe.
M. Pendra obtenu chez son malade l'asepsie complète
avec un peu de salol sous une couche imperméable de
collodion.
M. Chauvel ne croit pas non plus que la thèse exclusive
de M. Berger, à savoir l'intervention dans tous les cas, doit
être adoptée.
M. Després a déjà cité les cas de deux malades qui
25 Janvier i889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N»4-
63
ont eu, après l'accident, de la paralysie faciale. Ils ont
guéri et il y a cinq ans que la balle est dans le rocher.
— M. Monod présente un premier malade atteint pri-
mitivement d'un épithélioma de l'angle de l'œil et auquel
il a enlevé les paupières et le contenu de la cavité orbitaire,
et un second sur lequel il a fait une grande greffe épider-
mique de Thiersch pour ulcère variqueux.
— M. Chaput fait voir un malade traité pour une frac-
ture de rotule par la griffe de M. Duplay. Il y a un cal
osseux, pas d'écarlement des fragments, et au quatrième
mois la flexion de la jambe dépasse l'angle droit.
Soelété de biologie.
SÉANCE DU 12 JANVIER 1889. — IMIÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
1.6 microbe de Tendocardite : MM. OUbert et Lion. — Microbes de
refttomac pendant la digestion : IfM. Capitan et Morau. — Action
des glocosides sur la nutrition générale : M. Quinquaud. — Effets
des excitations chez des sujets anesthëslques : M. A. Binet. —
Léaionm de l'oreille dépendant de troubles divers : M. Brovim-
ftéquard.
If. Gilbert rappelle qu'il a décrit avec M. Lion un micro-
Qr«ranisme trouvé dans plusieurs cas d'endocardite. Or, les
produits solubles'de ce microbe injectés dans une veine,
chez le lapin, déterminent des lésions mitrales et l'animal
meurt après avoir présenté des accidents paralytiques,
semblables aux accidents du même genre, si fréquents dans
les maladies infectieuses humaines.
— M. Capitan a recherché avec M. Morau les micro-
organismes qui existent dans l'estomac au moment de la
digestion. Ces recherches, faites sur une trentaine d'indi-
vidus, ont montré la présence dans l'estomac, dans ces con-
dilioas, de trois, et seulement trois, espèces de micro-
organismes, deux sortes de levure et un bacille, tous trois
fultivant différemment dans les différents milieux dans
lesquels'on les ensemence. Il ne paraît d'ailleurs pas y avoir
<le rapports entre la présence ou l'absence de l'un ou l'autre
de ces micro-organismes et la présence ou l'absence de
l'acide chlorhydrique.
— M. Quinquaud, en étudiant l'action des glucosides en
général sur l'économie, a constaté qu'il en est parmi eux
qui se dédoublent et donnent une petite quantité de glucose
dans l'organisme, comme tn vitro; en même temps les
Inchangés chimiques interstitiels diminuent. Mais à côté de
ces corps, il en est un autre, déjà étudié par von Mering,
qui détermine une glycosurie abondante : c'est la phlori-
dz'we. C'est en dédoublant les matières albuminoides que
la phloridzine agit ainsi, comme l'a admis von Mering. De
plus, l'absorption d'oxygène diminue, ainsi que l'élimination
diacide carbonique. Mais, s'il y a glycosurie, il n'y a pas
hyperglycémie, contrairement à la loi générale posée par
cl. Bernard.
M. Gley observe qu'il a entrepris depuis plus d'un an
des recherches sur le même sujet avec M. G. Sée, recher-
rhes qu'il a d'ailleurs déjà signalées au mois de février
dernier à la Société et que les résultats concordent d'une
manière généraleavec ceux des expériences de M. Quinquaud.
— H. Babinski présente une note de M. A» Binet sur les
effets des excitations sensitives chez les sujets anesthésiques.
(ies excitations, quoique non senties, donnent en effet lieu à
des réactions musculaires qu'on peut enregistrer avec un
myographe.
— M. Brown-Séquard rappelle les lésions de l'oreille
que l'on observe à la suite de la section des canaux semi-
circulaires. Mais il a observé les mêmes lésions après des
excitations diverses, excitations du nerf auditif ou même
simplement des régions périphériques correspondantes.
BIBLIOGRAPHIE
KiCçons do dtnlqne ehlrurs^icmle, professées à l'hôpital
.Saint-Louis pendant les années 1883 et 1884, par m. le
docteur Pêan, membre de l'Académie de médecine. —
Paris, Félix Alcan, 1888.
Ce volume, gros de quatorze cents pages, est le sixième
de la série. Il commence par douze leçons cliniques, dont
les quatre premières sont consacrées à l'étude des cicatrices
et de leurs maladies. Viennent ensuite : l'éléphantiasis des
membres inférieurs ; les exostoses du bassin ; les ruptures
musculaires; le traitement par suppuration des tumeurs
de l'abdomen et du bassin; la gastrotomie appliquée aux
tumeurs lîpomaleuses et tuberculeuses du mésentère; les
indications de la castration utérine et de la castration
ovarienne.
La deuxième partie est la réunion des observations
recueillies dans le service de M. Péan, du 1*"* janvier 1883
au 1*"' janvier 1886; elles sont classées par systèmes et par
régions.
Le livre se termine par la statistique des opérations de
gastrotomie, pratiquées par l'auteur, du l*'^ janvier au
31 décembre 1886.
A tout cela est annexée une table analytique des matières.
A. B.
VARIETES
Hôpitaux de Paris. — Un concours, pour la nomination à
trois places de médecin au Bureau central, s'ouvrira le mercredi
27 février 1889, à midi, à Tadministration centrale, avenue
Victoria.
Les incriptions sont reçues de midi à trois heures, du lundi
28 janvier au 11 février 1889.
Internes des hôpitaux. — Le concours de Tinternat s'est
terminé par la nomination des candidats dont les noms suivent :
Internes titulaires : MM. Arrou, Cestan, Rénon, Terson, Ver-
coustre, Pineau, Chavane, Triboulet, Papillon, Nageotte, Rochon-
Duvignaud, Gauthier (Jean), Leblond, Goupil, Maurel, Bataille,
Cartier, Berdal, Faure-Millcr, Sainton, Calbet, Ettlinger,
Souplet,Willemin, Anpert, Benoit, Berge, M"» Wilbouschewitch,
Bardol, Soupault, Claisse, Mendel, Leredde, Jacob, Ehrhardl
(Pierre), Lamy, Nicolle, Debayle, Breton, Viale.t, Basset, Matlon,
Biaise, Gastou, Renault, Gilis.
Internes provisoires : MM. Lovy, Camescasse, Delaunay, de la
Nièce, Bureau, Bernheim, Dufournier, Legrand, Thiercelin,
Gauthier (Charles), Barrié, Bonneau, Rancurel, Sabouraud,
Baudron, Caulru, Vassal, Pompidor, (îlover, Dudefoy, Baillet,
Guitlon, Dupasquier, Béchel, Sorel, Perruchet, Dej^eret, Sou-
li^oux, Michel, Morax, Bouel, Brésard, Piole, Dubnsay, Hugue-
nin, Marx, Veslin, Malaperl, Carvaphyllis, Trékaki, Domiugucz,
Martin-Durr, Saguet, Binaud, Auberl, Auscher, Potier, Laurent-
Préfontaine, Ehrhardt (Christian), Mignot.
Concours pour l^admission aux emplois de [médecin et de
CHIRURGIEN SUPPLÉANT A L'INFIRMERIE DE SAINT-LAZARE. —
Deux concours sont ouverts, Pun pour remploi de chirurgien
suppléant et l'autre pour celui de médecin suppléant à Pinfir-
mcrie spéciale de Ja maison d'arrêt et de correction de Saint-
Lazare.
Le premier de ces concours s'ouvrira, dans ledit établisse-
ment, le lundi 4 mars 1889, à midi, et se continuera les jours
pairs suivants. Il donnera lieu à la nomination de trois candi-
dats. — Le second s'ouvrira au même lieu, le mardi 5 mars, à
midi, et se continuera les jours impairs suivants. Il ne donnera
lieu qu'à la nomination d'un seul candidat.
Conditions du concours — MM. les docteurs qui désireront
prendre part au concours se feront inscrire au ministère de
l'intérieur — (direction do l'administration pénitentiaire, cabi-
net du conseiller d'Etat, directeur) — rue Cambacérès, n" M, de
dix heures à quatre heures, et y déposeront leurs pièces et
titres.
Le registre d'inscription sera ouvert le lundi 28 janvier, à dix
64 — N* 4
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE Et Ï)E CHIRURGIE
35 Janvier tSS9
lieureS) et sera clos définiUvement le samedi 23 février, à quatre
heures.
Les candidats qui seront admis à concourir recevront avant le
28 février avis de la décision les concernant.
Tout candidat devra justifier de la qualité de Français et du
titre de docteur d'une des Facultés de médecine de TËtat. 11
devra être âgé de vingt-cinq ans au moins. 11 devra joindre à sa
demande Textrait de son acte de naissance, ses diplômes, l'indi-
cation des titres scientifiques et hospitaliers, ses états de ser-
vice, s'il y a lieu, et tous autres documents qu'il jugerait utile
de présenter.
Aussitôt après clôture de la liste d'admission, il sera procédé
à la constitution du jury, et cinq jours plus tard il sera donné
communication de la liste des membres aux candidats admis
qui en feront la demande (11, rue Cambacércs).
Tous liens de parenté ou d'alliance entre quelqu'un des con-
currents et quelque membre du jury devraient être signalés à
l'administration en vue de la modification de ce jury.
Le concours consistera, d'une part, en trois épreuves d'admis-
sibilité et trois épreuves définitives, pour l'emploi de chirur-
gien suppléant; d'autre part, en trois épreuves d'admissibilité
et deux épreuves définitives pour l'emploi de médecin sup-
pléant, ainsi qu'il appert du tableau ci-dessous :
Co7icours 2)our l'emploi de chirurgien suppléant. —
i® fiipreuve des litres scientifiques et hospitaliers.
2" Epreuve théoriaue orale sur un sujet de pathologie externe,
de gynécologie ou d'obstétrique (leçon de vingt minutes après
vingt" minutes de préparation).
3" Epreuve de clinique spéciale (leçon de dix minutes après
dix minutes de préparation).
Les trois dernières épreuves, auxquelles il ne sera admis
que neuf candidats, sont :
1*» Une composition écrite sur un sujet concernant les affec-
tions vénériennes (trois heures sont données pour celte com-
position).
2" Une épreuve orale de diagnostic sur deux malades atteints
d'affections chirurgicales (exposé de vingt minutes après examen
de vingt minutes au lit des malades).
3" Epreuve de médecine opératoire sur un cadavre.
Pour les épreuves orales, ta note maxima sera de 20 points;
elle sera de 30 points pour l'épreuve écrite et pour l'épreuve
de médecine opératoire.
Concours pour l'emploi de médecin suppléant, — 1" Epreuve
des litres scientifiques et hospitaliers.
2° Epreuve théorique orale sur un sujet de pathologie in-
terne ae gynécologie ou d'obstétrique (leçon de vingt minutes
après vingt minutes de préparation).
3° Epreuve de clinique spéciale (leçon de dix minutes après
dix minutes de préparation).
Les deux épreuves définitives, auxquelles il ne sera admis que
(rois candidats, sont :
1" Une composilion écrite sur un sujet concernant les affec-
tions vénériennes (trois heures sont données pour cette compo-
sition).
2^' Une épreuve orale de diagnostic sur deux malades (exposé
de vingt minutes après examen de vingt minutes au lit des ma-
lades).
Pour les épreuves orales, la note maxima sera de 20 points ;
elle sera de 30 points pour l'épreuve écrite.
Corps dk santé militaire. — Par application du titre VU de
la décision ministérielle du 18 avril 1888, et de l'article 15 du
décret du 22 novembre 1887, les élèves du service de santé
militaire, reçus docteurs en médecine, dont les noms suivent,
sont nommés à l'emploi de médecins stagiaire à TEcole d'appli-
cation de médecine et de pharmacie militaires :
MM. Millard, Janot, Arnould, Trouillet, Benoit, dit Beker,
Legrain, Michaud, Beigneux, Rouchaud, Thérault, Faivre,
Iluguct, Castaing, Coste, Sturel, Claude, Contier, De Viville,
Destrez, Berger, Vigerie, Hibicre, Sire, Rossignot, Gilliard,
Puech, IJonnadieu, De Langenhagen, Dormand.Lenoir, Lanusse-
Trousse, Ollier de Vergèze, Séguret, Blanc, De Guénin, Coutu-
rier, Niclot, De Schuttelaëre, Claoué, François, Laine, Arna-
vielhe, Barrier, Loustalot, Mignon, Laborderie, Tournier,
Viguier, Chéreau, Verdierre, Guirlet.
Faculté de médecine de Bordeaux. — Un scrupule des plus
respectables avait déterminé M. le professeur Pitres à adresser
au ministre de l'instruction publique sa démission de doyon de
la Faculté de Bordeaux. Appelée à nommer un nouveau doyen, l.i
Faculté vient, à l'unanimité, de réélire M. Pitres, donnant ainsi
à son chef un nouveau témoignage de la sympathie et de l'cstitne
de tous ses collègues.
— M. Merget, docteur en médecine, docteur es sciences, est
nommé professeur de physique médicale à la Faculté mixte de
médecine et de pharmacie de Bordeaux.
Nouveau journal. — Nous venons de recevoir le premier
numéro de la Revue d'hygihie thérapeutique, publiée par le
docteur Descourtis et destinée à vulgariser les connaissances
relatives à l'hydrothérapie, Télectrothérapie, la gymnas-
tique, etc.
Sur les eaux minérales et les maladies chroniques. — Le
docteur Max Durand-Fardel commencera ce cours le samedi
2 février à cinq heures du 'Soir dans Tamphithéàtre n" 3 de
l'Ecole pratique et le continuera les mardi et samedi de chaque
semaine à la même heure. Ce cours sera fait en douze leçons.
Société d'hydrologie. — La Société d'hydrologie médicale de
Paris a été reconnue comme établissement d'utilité publique
par décret du 29 juin 1888.
Composition du bureau pour 1889:
Président, M. Hi^njoy; vice-présidents, MM. Philbert et Sénac-
Lagrange; secrétaire général, M. Leudet; secrétaires annuels
MM. Bottey et Schlemmer ; trésorier, M. Jloyer ; archiviste.
M. Cazaux.
NÉCROLOGIE. — On annonce la mort de M. le docteur Le Tliiere
(de Paris); de M. le docteur Cras, médecin en chef de la marine,
Tun des professeurs le plus distingués de l'Ecole de Brest, l'un
des collaborateurs les plus actifs des Archives de médecine
navale, et de M. le docteur Bodélio (de Lorient).
Souscription Duchenne (de Boulogne).
Troisième liste.
Société de médecine de Paris 200 fr. >
MM. lesD"Koller • 100 >
Grasset (de Montpellier) 50 >
Beliquet 50 >
Blum 20 >
Adolphe Bloch 20 >
Baréty (de Nice) 25 >
Labric 20 >
E. Neumann 20 >
Gouguenheim 10 i
Hanot 20 >
Machelard 10 >
Huret (de Veretz) 10 i
Christian 10 »
Total 505 T
Montant des listes précédentes. IGGO ».
Total général.. 2225 fr. >
Mortalité a Paris (2*' semaine, du 6 au 12 janvier
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, i!K
— Variole, 2. — Rougeole, 53. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 6. — Diphthérie, croup, 41. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 16o. — Autres tuberculoses, 26. — Tumeurs :
cancéreuses, 40 ; autres, 8. — Méningite, 30. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 68. — Paralysie, 11. —
Ramollissement cérébral, 8. — Maladies organiques du cœur, Oi.
— Bronchite aigué, 37. — Bronchique chronique, 53.— Broncho-
pneumonie, 52. — Pneumonie, 70. — Gastro-entérite: sein, 8;
biberon, 31.— Autres diarrhées, i. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 3. — Autres affections puerpérales, 1 . — Débilité con-
génitale, 26. — Sénilité, 15. -- Suicides, 21. — Autres morts
violentes, 3. — Autres causes de mort, 200. — Causes
inconnues, 13. — Total : 1 H 4.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
18UC5. — MOTTEROZ. — Imprimeries réunies, A. rue MigDoa3.â. Pari».
Trente-sixième année
N* 5
V' Février ^889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDEC[NE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LK D' L. LEREBOÏÏLLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOT, BREYFUS-BRISAC, FRANÇOIS-FRANCK, A. MÊNOCQUE, A.J. MARTIN, A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lkreboullst, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOEMAIKE.— Bulletin. Académie de médecine : Le strophantus. — élection.
SerîêtQ nédicale des bôpitaiix : L'isolement et la dësinfection à l'hôpital des
Etùiih-Asshtés. — CLINIQUE CHIRURGICALE. — De la nécrose pliospliorée.
— GoNTRiBimoiis PHARMACEUTIQUES. Sur l'huilc grise, nouveau procédé de
prèparalÎM. — TRAVAUX osiaiNAUX. Clinique médicale : Pleurésies méta-
piHîameniqnes. — Sociétés savantes. Académie de« sciences. — Académie de
loédecine. — Société médicale des hôpitaux. — Société de chirurgie. — Société
fie biologie. — Société anatomique. -^ Revue des journaux. Thénpeutique.
— Bibliographie. La fièvre typhoïde dans la première région de corps d'ar-
utét. — VARiéTÉs. — Feuileton. Questions professionnelles.
BULLETIN
Paris, 30 janvier 1889.
Académie de médecine : Le strophantus. -- Éieetion.
— Société médicale des hôpitaux : L'iMiement et la
déaInffccUoB A l'hôpital des Enfanta-AMilstéa.
La discussion sur le strophantus est close et l'on peut
considérer comme définitives les conclusions que nous
avions indiquées dès le début. Dans sa réponse à M. G. Sée,
M. Bucqaoy a, en eiïet, maintenu et précisé ce que lui
avaient montré les observations cliniques si nombreuses
qu'il a recueillies lui-même depuis plusieurs années.
M. Bucquoy affirme que le strophantus est diurétique; que
la diurèse peut être obtenue très rapidement et sans trouble
irave ou permanent du côté des reins, par conséquent sans
néphrite vraie; qu'elle peut, dans certains cas, être main-
tenue pendant assez longtemps au grand bénéfice du ma-
Ude. MM. Dujardin-Beaumetz et C. Paul confirment cette
opinion. H. G. Sée, qui n'a étudié que la strophanline, con-
teste reflet diurétique de ce médicament. Cela ne prouve-
t-il pas, comme l'a fait remarquer M. Bucquoy, que la slro
phantine ne vaut pas le strophantus? M. Bucquoy a, de plus,
constaté maintes fois que le strophantus relève l'activité du
cœur et par conséquent le pouls. Cette action est peut-être
un peu moins fréquente que l'eflet diurétique, mais elle
reste évidente dans bien des cas. Enfin, consécutivement à
la diminution de l'œdème et à l'augmentation de l'énergie
du cœur, la dyspnée s'atténue progressivement chez les ma-
lades atteints de lésions mitrales. Le strophantus bien
préparé est donc un bon médicament cardiaque. Il ne sau-
rait, nous l'avons déjà dit, remplacer la digitale ou l'iodure
de potassium ; mais il a ses indications spéciales et celles-ci
ont été bien posées par MM. Bucquoy, Dujardin-Beaumetz
et C. Paul. Il a aussi ses inconvénients, car il ne réussit
pas toujours; il ne détermine pas toujours une diurèse
persistantey enfin il provoque parfois de la diarrhée et des
troubles gastriques. N'est-ce point le cas de beaucoup d'au-
tres médicaments et le rôle du médecin n'est-il pas préci-
sément de bien savoir reconnaître les indications et les
contre-indications des médicaments qu'il emploie non seu-
lement d'après les symptômes observés, mais encore et sur-
tout en raison de l'idiosyncrasie de quelques malades?
Une deuxième discussion, greffée sur la première, a été
continuée hier par un discours de M. Laborde, qui a main-
tenu, comme M. G. Sée, l'utilité de l'administration
exclusive des alcaloïdes extraits des plantes. Le principe
immédiat, a-t-il dit, est toujours un, identique à lui-même,
invariable dans sa censtitution propre, comme dans son
action fondamentale, physiologique et médicamenteuse ; la
FEUILLETON
Questions professionnelles.
Faudra-t-il désormais qu'avant de pratiquer une opéra-
tion quelconque, le chirurgien demande à son client de
lui aflirmer, sur une belle feuille de papier timbré, qu'en
cas d'insuccès — malheureusement possible — il n'exer-
cera contre lui aucune poursuite judiciaire? On serait
vraiment tenté de le croire en lisant le compte rendu du
procès qui vient d'être intenté à M. le docteur Poncet,
ancien médecin en chef de l'hôpital militaire du Val-de-
(iràce. Le fait est assez intéressant et par lui-même et
par les conséquences qu'il pourrait entraîner pour mériter
d'être signalé et commenté. Il s'agissait d'un militaire
retraité, M. G..., qui, blessé à la jambe gauche, pendant
la guerre d'Italie, avait été retraité et pourvu d'un emploi
V StBlE, T. XXVI.
à la Caisse des dépôts et consignations. En 1871, H. G...
avait repris volontairement du service et à la bataille de
Buzenval il avait reçu à la jambe droite des blessures
ayant nécessité l'amputation du membre. Pendant dix-huit
années il avait pu, bien qu'amputé d'une jambe et atteint
d'une arthrite du genou de l'autre côté, continuer son
service d'employé. Mais peu à peu une aggravation de
son état et particulièrement une ankylose angulaire du
genou survenue à la suite d'abcès multiples décidèrent le
malade à se soumettre à un traitement chirurgical destiné
à redresser le membre ankylose. Comme il était ancien
militaire, il sollicita et obtint son admission à l'hôpital du
Val-de-Grâce.
Le médecin en chef, M. Poncet, lui proposa l'application
de l'appareil de Robin (de Lyon), après avoir, il importe
de le dire, demandé l'avis de plusieurs de ses collègues et
l'assistance d'un fabricant d'instruments aussi habile
qu'expérimenté et consciencieux. Malheureusement, comme
5
66 _ N* 5 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 1«' FéViiier 1889
matière totale qui le contient est complexe, variable tant
dans sa composition que dans ses effets.
Nous reconnaissons volontiers que les préparations tirées
des plantes peuvent renfermer divers alcaloïdes ; mais c'est
précisément parce que la matière extraite d'une plante
est variable dans sa composition que ses effets diffèrent
de l'action exercée par un seul alcaloïde. Comme l'ont
dit successivement MM. C. Paul, Trasbot et Gariel, l'ana-
lyse chimique n'a pas isolé, elle n'isolera jamais tous les
principes actifs que renferme une plante. Celle-ci contient
non seulement des substances cristallisables, mais encore
des substances solubles. Et s'il devenait possible de les
isoler tous, il resterait encore difficile de les combiner et de
les associer pour produire l'effet thérapeutique obtenu en se
servant de la plante elle-même.
Concluons donc avec tous le» médecins qui savent pres-
crire et manier ce produit — à l'exception toutefois de
M» G. Sée — que la digitale est un excellent médicament
et qu'elle donne des effets tout différents de ceux que pro-
duit la digitaline; que l'extrait ou la teinture d'aconit
doivent être préférés à l'aconitine; que, chez les enfants, il
serait très dangereux de substituer Témétine à l'ipéca;
en un mot que le médecin praticien doit savoir formuler^
c'est -à-dire prescrire, en les combinant et en les associant,
les divers médicaments dont une longue expérience a
démontré l'efficacité.
— Notre très dislingue confrère le docteur Budin a été
élu au premier tour de scrutin et par 67 voix, membre de
l'Académie dans la section d'accouchements.
— Les progrès incessants de l'hygiène hospitalière nous
permettent d'espérer que, dans un prochain avenir, les
conditions dans lesquelles se produisent les cas inté-
rieurs seront bien précisées et que l'on arrivera dès lors à
restreindre la mortalité due aux maladies contagieuses. La
communication si intéressante que vient de faire à ce
sujet M. le docteur Sevestre (voy. p. 74) est, en effet,
pleine d'espérances. A l'Kôpital des Enfants- Assis tés la
mortalité diminue progressivement^grâce à l'isolement des
rubéoliques et des enfants atteints de diphthérie, grâce
surtout à la désinfection rigoureuse, par l'éluve, de tous les
linges qui transmettent et propagent la maladie.
On lira, dans le Bulletin de la Société médicale des hôpi-
taux, les considérations développées par H. Sevestre au
sujet des allures cliniques et des dangers de la diphthérie
hospitalière. La léthalité constante, pour ainsi dire fatale
de la trachéotomie démontre bien que l'affection est parti-
culièrement maligne et, comme l'a fait remarquer M. Ca-
det de Gassicourt, cette malignité ne dépend ni des opéra-
teurs, ni des soins consécutifs à l'opération. Elle parait
tenir aux conditions dans lesquelles naît et se propage la
maladie. Or H. Sevestre, en installant une étuve à la
désinfection par la vapeur sous pression, en surveil-
lant avec la plus minutieuse sollicitude la désinfection des
linges et des vêtements qui apportaient et transmettaient le
contage, est arrivé à faire disparaître momentanémeul la
diphthérie d'un service où toujours elle régnait en souve-
raine. L'importance d'un semblable résultat se passe de
commentaires. Il fait ressortir avec plus d'évidence que
jamais la nécessité d'installer dans tous les hôpitaux des
étuves à désinfection et des salles d'isolement. Aussi doit-
on insister, après M. Ollivier, pour obtenir de l'administra-
tion hospitalière une réforme complète du système qui reste
en vigueur à l'hôpital des Enfants-Malades, où Tisolemenl
est une chose purement fictive, où il n'existe pas de moyen
de désinfection des linges et vêtements, où les consultations
externes se font encore dans des conditions déplorables.
Nous voudrions aussi que l'on se décidât enfin à établir
dans les hôpitaux d'enfants, aussi bien que dans les hôpi-
taux d'adultes, et en particulier à la maison municipale de
santé, despavillons d'isolement avec salles payantes où Ton
puisse faire admettre les étrangers voire même certains habi-
tants de Paris qui ne peuvent recevoir à domicile les soins
nécessaires. Nous avons déjà il y a neuf ans {Bulletins de
la Soc. de méd. publ.y 1880, p. 174) insisté sur la né-
cessité d'une création de ce genre. M. le docteur Uour-
neville a proposé le 1'' mai 1880, et le conseil municipal
avait alors accepté, l'agrandissement de la maison munici-
pale de santé et la création d'un pavillon d'isolement pour
les varioleux. Nous attendons encore la réalisation de ce^
vœux.
CLINIQUE CHIRURGICALE
De la néeroae phoapliorée.
Quelques années après l'invention des allumettes chimi-
miques au phosphore blanc, on vit que certains ouvriei's
employés à cette fabrication étaient atteints d'une nécrose
spéciale des mâchoires. Les premières observations datent
de 1839. et elles furent suivies des travaux de Lorinser (de
il arrive parfois en pareil cas, le résultat obtenu ne répondit
point à 1 attente du chirurgien ; la jambe resta dans une
Iiosition vicieuse et, la maladie générale qui avait provoqué
es accidents continuant à évoluer, elle s'atrophia peu à
peu. Que fit dès lors M. G...? Il s'adressa aux tribunaux
pour réclamer au chirurgien qui l'avait opéré 50 000 francs
de dommages-intérêts, demandant à établir au moyen
d'une expertise et d'une enquête le bien fondé de ses
allégations.
Hâtons-nous d'ajouter que le tribunal de la Seine, devant
lequel la cause a été plaidée, a répondu à cette requête
par un jugement très nettement motivé, dont voici les
considérants :
Attendu, en principe, quc si les Tribunaux ont le droit incon-
testable d examiner, dans les affaires qui leur sont soumises, si
un médecin a commis une faute et une imprudence, ou s'il s'est
écarté des règles de sa profession, il ne leur appartient pas de
trancher la question d'ordre scienliûque d'appréciation et lic
pratique médicale ;
Qu'ils ne sauraient davantage se prononcer sur l'opportuDilt'
d'une opération, sur la méthode préférable et sur le meilleur
traitement à suivre ;
Que les questions purement techniques écliappent à leur
compétence, et qu'ils doivent se borner à rechercher s'il y a
eu, de la part de l'homme de l'art, imprudence, négligente,
défauts de soins ou maladresse manifeste;
Que le Tribunal doit donc examiner si dans la cause actaelle,
une faute de cette nature est imputable au défendeur;
Attendu que celte faute résulterait tout d'abord, suivant h'
demandeur, de ce que l'opérution était inopportune et niùnic
contrc-indiquée, à raison de l'état général démontré, et surtoul
de l'état local de la jambe ;
Mais, attendu, d'une part, qu'il résulte des écritures du de-
mandeur lui-même que c'est sur le conseil d'autres médecin>
et dans Tintenlion de subir cette opération qu'il s'est fiiit
admettre nu Val-de-Gràcc ;
Que, d'autre part, c'est à la suite d'une période d'examen àv
1^' Février 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- N» 5 - 67
Vienne), Heyfelder, StrohI (de Strasbourg) en 1845 ; de
Roussel et Gendrin en 1846; de Bibra et Geisl en 1847. En
1857, la thèse d'agrégation de M. Trélat résume d'une
manière remarquable Tétat de la question.
A cette époque le c mal chimique » frappait environ un
ouvrier sur douze. Les nombreux travaux qui ont été publiés
depuis établissent bien que sa fréquence a diminué et les
I relevés faits l'an dernier par M. P. Dubois abaissent la
proportion à un malade sur deux cents ouvriers. La simple
amélioration des procédés actuels de fabrication suffirait-
elle donc pour faire disparaître sous peu la nécrose phos-
phorée? La question a été posée il y a quelques semaines à
rAcadéinie par M. Magitot et, à l'unanimité, la savante
Compagnie Ta résolue par la négative: ce n'est pas de per-
fectionnement qu'il faut parler ici ; l'avenir est dans la
substitution complète du phosphore rouge au phosphore
bhoc
La discussion de cette prophylaxie ressortit à Thygié-
DÎsie et elle a été exposée à nos lecteurs au moment même
de la communication de M. Magitot. Hais il reste à côté
de cela des faits de pathogénie et de clinique dont la con-
naissance importe au chirurgien. L'occasion est peut-être
favorable pour en dire quelques mots.
I
Les conditions d'âge, de sexe, paraissent sans action et
si les statistiques allemandes accusent une prédominance
marquée des femmes et des enfants, les statistiques fran-
çaises, au contraire, montrent que l'homme surtout est sujet
à la nécrose phosphorée. Cette contradiction apparente tient
tout simplement à des différences dans la composition du
personnel des usines.
Parmi les causes prédisposantes, on n'accorde guère
attention qu'à l'état de la bouche et du système dentaire.
Déjà Bibra et Geist, Tomes, ont admis l'influence nocive
de la carie dentaire. M. Magitot va plus loin : pour avoir
une action réelle, la carie doit être pénétrante. Les vapeurs
phosphorées, dissoutes dans la salive, pénètrent par celte
voie jusqu'au contact du tissu osseux, qu'elles baignent et
mortifient de proche en proche.
\ cette théorie exclusive, les objections n'ont pas manqué :
M. Trélat, Haltenhoff, et tout récemment Mears, P. Dubois,
oui TU des sujets dont la mâchoire nécrosée ne portait
aucune dent cariée. Pour StrohI, c'est la gencive qui est
Imtermédiaire obligé entre l'os et la salive toxique; laser-
tissure des dents s'altère, se décolle, avec d'autant plus de
facilité, ajoute M. Trélat, que cette muqueuse est dépourvue
de glandes et n'est douée que d'une faible vitalité. De là
la prédisposition efficace créée par les gingivites diverses,
et Mears incrimine d'une façon spéciale les amas de tartre
dentaire. .
En somme, tous les auteurs précédents font de la nécrose
phosphorée une affection essentiellement locale : le poison
ne pourrait pénétrer que par une porte d'entrée buccale,
variable d'ailleurs. La carie dentaire pénétrante semble
être la plus fréquente. Weinlechner a vu des ouvriers
longtemps indemnes ne commencer à être malades qu'à partir
du moment où leur système dentaire se délabra. Dans
leurs expériences, déjà anciennes, Bibra et Geist n'ont pu
provoquer la nécrose sur des lapins soumis aux inhalations
phosphorées qu'après leur avoir arraché des dents ou brisé
la mâchoire.
Mais, dès 1845, Lorinser faisait connaître une observa-
tion où l'os malaire s'était mortifié le premier. Or cet os n'a
rien à voir avec la constitution du rebord alvéolaire ;
nulle part, même, il ne touche à la muqueuse buccale.
Aussi Lorinser a-t-il soutenu qu'il s'agit d'une intoxication
générale, exerçant une action élective sur les maxillaires.
Cette opinion a été reprise en 1862 par Adam, en 1872 par
Wegner (qu'on cite souvent sous le nom de Degner).
Wegner avait vu amputer la cuisse d'un ouvrier en
allumettes chimiques et avait constaté que le périoste
épaissi se décollait avec une facilité anormale de l'os un
peu enflammé. Il institua des expériences et confirma celle
observation. Il réussit même à provoquer des nécroses sur
des animaux auxquels il faisait ingérer du phosphore sous
forme pilulaircEn 1886, Hutchinson donna ses soins à un
homme atteint dans ces conditions.
En présence de ces faits, la possibilité d'une intoxication
générale à déterminations osseuses est difficile à nier, mais
l'hypothèse d'une action élective sur les maxillaires ne
satisfait en rien l'esprit et la fréquence avec laquelle la
cavité buccale est en jeu ne saurait guère se comprendre
que si on invoque, pour la plupart des cas, une altération
locale causée par la salive. Mais peut-être doit-on souvent
associer les deux théories. Mears signale, sous l'influence de
l'intoxication phosphorée, des lésions dégénératives des
parois artérielles : l'action locale s'exercerait sur un tissu
ainsi rendu moins résistant. Cette manière de voir expli-
querait assez bien comment il faut, en moyenne, trois ou
près d un mois, et après avoir appelé en outre deux confrères à
visiter le malade, que Poncet s'est décidé à pralicjaer l'opération;
Qa il n'y a donc eu de sa jpart, ni hâte, ni légèreté et que ces
circoostances suffisent à faire écarter sur ce point Tallegalion
d'imprudence ;
Qu'il appartenait au médecin seul d'apprécier s'il était préfé-
rable de tenter l'opération ou de s'abstenir...;
Attendu que G... articule en second lieu que Poncet aurait
encore commis une faute lourde en se servant pour l'opération
d*un instrument nouveau dont il ignorait le mécanisme et dont
il avait laissé le maniement au fabricant Mathieu qui était sans
qualité pour faire une opération chirurgicale;
Mais attendu que cette allégation n*est appuyée d'aucun élé-
ment de preuve;
Que l'appareil dont il s'agit était inventé et employé depuis
i88â et qu'il n'était pas inconnu de Poncet puisqu'il a eu
précisément la pensée de l'employer dans cette circonstance ;
Que le Tribunal qui ne peut apprécier le degré d'habileté
ou de pratique d'un chirurgien peut encore moins se prononcer
Hur remploi de tel ou tel instrument ;
Qu'en tout cas la présence du fabricant lui-même, assistant
le chirurgien en qualité d'aide, loin de pouvoir être retenue
comme un élément de faute à la charge de Poncet, était au
contraire une circonstance favorable pour le succès de l'opéra-
tion ;
Attendu que G... reproche en troisième lieu à Poncet d'avoir
refusé malgré ses sollicitations les plus pressantes de véri-
fier et de relâcher l'appareil destiné a obtenir le redressement
de la jambe et la réduction de la fracture;
MaiS) attendu que celte articulation tendrait en réalité à
imputer à faute à un médecin de n'avoir pas cédé aux sollicita-
tions d'un malade;
Qu'il résulte de ce qui précède qu'elle n'est pas pertinente;
Par ces motifs G... est aébouté de sa demande et condamné
aux frais.
Ce jugement ne peut (qu'être loué. Il appartient aux
tribunaux d'étudier attentivement toutes les causes qui
leur sont soumises et par conséquent d'examiner si un
médecin ou un chirurgien a commis une faute lourde dans
68 — N« 5
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
1'' Février 1889
quatre ans de séjour à Tusine avant que rostéo-périostite
se manifeste.
n
On a voulu assigner à la nécrose phosphorée des carac-
tères anaiomiques spéciaux. On n'a pas tardé à reconnaître
qu'il n'en existe pas.
C'est simplement uneostéo-périostite nécrosique à marche
très lente, à envahissement progressif de proche en proche,
et la lenteur du processus rend compte d'ostéophytes
assez abondants; dont les uns, grisâtres, poreux, adhèrent
au séquestre ; dont les autres, adhérents au périoste, ont
une face profonde éburnée et une face libre poreuse.
Les séquestres sont d'une étendue variable. C'est presque
toujours vers la bouche qu'ils tendent à s'éliminer. Mais
cette élimination est très lente, précisément parce que
l'ostéite nécrosique envahit de proche en proche et par
conséquent n'arrive que tard à la séquestration, si même
elle y arrive.
Cette marche envahissante a trop souvent des consé-
quences mortelles. Du maxillaire supérieur, la lésion
s'étend à l'os malaire, au palatin, à l'orbite, à l'ethmoïde:
de là des méningo-encéphalites, des phlébites des sinus,
des nécroses de toute la base du crâne. Le maxillaire
inférieur est mieux situé sous ce rapport; mais à un moment
donné l'arthrite purulente temporo-maxillaire n'est pas rare
et la nécrose gagne de là le temporal.
Les lésions viscérales seraient importantes pour démon-
trer la réalité d'une intoxication générale. Haltenhoff,
Leudet, ont vu de la dégénérescence amylolde du foie et
des reins; Bucquoy, Jagu, notent de la stéatose viscérale.
Mais la malade de Bucquoy est morte de variole. Quelle est
donc la part de cette pyrexie dans les lésions viscérales,
et, pour les autres cas, quelle est la part de la septicémie
chronique? C'est une question à étudier encore, quoique
Wegner, dans ses expériences, ait souvent constaté des
altérations hépatiques.
III
L'évolution clinique de la maladie doit se diviser en trois
périodes : ostéo-périostite; nécrose ; séquestration.
L'ostéo-périostite a un début insidieux. Des odontalgies
s'accentuent peu à peu en même temps que les gencives
deviennent tuméfiées, fongueuses et saignantes. Puis les
douleurs prennent un caractère névralgique, s'irradient
vers l'oreille, la face, l'épaule même, et les malades se font
arracher, l'une après l'autre, des dents souvent à peu près
saines. Il va sans dire qu'ils créent ainsi des portes d'entrée
nouvelles à l'agent toxique. A celte période, des poussées
de gonflement, de véritables fluxions se voient à la face
externe du maxillaire atteint.
Parfois tout se borne là et la maladie rétrocède sans
aboutir à la nécrose. Mais cette forme bénigne est rare. A
l'ordinaire, ce n'est qu'une rémission et, au bout d*un
temps variable, l'aflection reprend son cours.
La nécrose une fois établie, les douleurs s'amendent.
Puis, après chute des dents et ulcération des gencives, Tos
grisâtre apparaît à nu dans la bouche, tandis que la tumé-
faction sous-cutanée envahit soit la face, soit le cou, sui-
vant que la lésion occupe le maxillaire supérieur ou
le maxillaire inférieur. Des bosselures fluctuantes s'ouvrent
successivement, laissant des fistules par lesquelles le stylet
arrive au contact de l'os dénudé.
Alors l'haleine est fétide, l'alimentation difficile, h
phonation pénible. Ces phénomènes fonctionnels persistent
pendant la période de séquestration. Nous ne reviendrons
pas sur l'époque tardive où survient celle séquestration :
parfois même, l'ostéite ne se limitant pas, il ne se forme
pas de séquestre mobile.
C'est dans ce dernier cas surtout que la mort par pro-
pagation à la base du crâne est à craindre. Ou bien la
cachexie s'installe, due à la suppuration prolongée et,
ajoute Ch. Lailler, à la perte de la salive : le sujet meurt
ainsi dans le marasme. Ailleurs il est emporté brusque-
ment par des hémorrhagies, un érysipèle, etc.
La mortalité était autrefois considérable. La statistique
de Trélat donnait en 1857 les chiffres suivants : la mort
survenait dans la moitié des cas lorsque les deux mâchoires
étaient atteintes; dans un tiers pour le maxillaire supérieur
seul; dans un quart pour le maxillaire inférieur; soit en
moyenne dans un tiers des cas. Grâce à l'hygiène et à la
chirurgie le danger est devenu moindre, si bien qu'en
1866 Billroth voit la mortalité tomber à 15 pour 100; et
d'après P. Dubois en 1887 elle ne serait plus que d'en-
viron 10 pour iOO.
Mais les survivants sont bien souvent défigurés, hideux,
avec une face ici gonflée, là affaissée, ailleurs cicatricielle.
Heureux encore lorsque l'os régénéré ne subit pas à sou
tour les atteintes du mal.
Nous ne parlerons pas davantage de cette régénération:
l'exercice de sa profession. Le tribunal aurait donc pu,
comme le demandait d'ailleurs le ministère public, ordon-
ner une enquête ou une expertise. Il ne l'a point fait,
préférant tenir compte à M. le docteur Poncet de sa haute
notoriété scientifique et de la position éminente qu'il avait
si dignement occupée dans la médecine militaire. Mais,
après avoir reconnu que les juges du tribunal de la Seine
ont fait preuve d'équité et de bienveillance, nous devons
nous demander ce qui serait advenu s'ils avaient obéi aux
suggestions du parquet, s'ils avaient ordonné l'enquête.
Dans le cas particulier qui nous occupe, il s'acissait
d'un fonctionnaire public, d'un officier de l'armée. C est le
ministre de la guerre, chef hiérarchique de M. docteur
Poncet, qui devait prendre en main la cause de son subor-
donné. Ce sont les avocats et les avoués du ministère qui
ont été chargés de sa défense. Le professeur du Val-de-Gràce
a pu être ennuvé de cette pénible affaire; il n'a eu à en
supporter ni les inconvénients moraux ni les charges
matérielles qui auraient été imposés à des médecins civils.
Supposons en effet qu'un autre chirurgien ait eu à soigner
M- G... et ait cru devoir agir comme M. Poncet. Pense-
t-on qu'il lui eût été indifférent de répondre à diverses
reprises aux interrogatoires auxquels il aurait été soumis,
de se rendre maintes fois au cabinet du juge d'instruction
ou bien aux audiences du tribunal? Croit-on que les frais
qu'entraîne un procès alors même qu'on le gagne ne soient
pas très onéreux pour un chirurgien? Et si une enquête est
ordonnée ; si durant plusieurs mois la réputation a'un mé-
decin ou d'un chirurgien est à la merci de commentaires
malveillants ou d'insinuations calomnieuses, celui-ci ne
serait-il pas en droit de chercher, par une demande recon-
ventionnelle de dommages-intérêts, à obtenir une légitime
satisfaction ?
Mais, il faut le reconnaître, le public en général et les
magistrats en particulier n'admettent pas aisément une
semblable procédure. Aussi, le plus souvent, le médecin
J'^ Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 5 — 60
ce serait verser dans Tétode générale de la nécrose des
mâchoires.
IV
Le diagnosric est presque toujours évident : le malade
Ta fait avant de consulter le chirurgien. L'évolution, le
corn mémoratif professionnel empêchent toute erreur. Tout
au plus faut-il se tenir en garde contre les cas, assez rares
il est vrai, où la première poussée d*ostéite éclate quelques
mois après que l'ouvrier a quitté Tatelier.
Le point délicat est de savoir si la nécrose est limitée, et
la mobilité du séquestre est pour cela le fait capital, mais
non pathognomonique ; elle manque dans une nécrose
terminée où le séquestre est enclavé dans l'os nouveau;
e\le peut exister alors qu'an delà du séquestre l'ostéite
conlinue sa marche.
Pour déceler Tenvahissement de la base du crâne on
tiendra connple, au maxillaire inférieur, de Totalgie avec
olorrhée; au maxillaire supérieur, des céphalalgies fron-
tales, du chémosis et de l'exophthalmie, indices d'une
ostéite orbitaire.
Dans ce dernier cas, sans doute, le traitement chirur-
gical ne saurait guère être actif. Mais, lorsque la maladie
D a encore lésé que les mâchoires, on peut obtenir des
résultats assez satisfaisants.
Au début, Haltenhoff a eu quelques succès par l'iodure
de potassium à l'intérieur ; Mears, par l'exposition aux
vapeurs de térébenthine. Hais le traitement chirurgical est
presque toujours nécessaire.
L'extraction des séquestres est une indication thérapeu-
tique indiscutée et indiscutable. Mais est-ce la seule? Oui,
pour Loriozer, Lailler, Trélat, Rose, pour la plupart des
chirurgiens anglais. Intervenir avant la séquestration, c'est
risquer d'enlever plus que ne détruirait le mal; ou au
contraire d'enlever trop peu, et Tostéite continue alors son
cours.
Rillroth, Langenbeck, Pitha, Richet, ne sont pas de cet
avis : la résection hâtive et large tarit, d'après eux, la
suppuration; met jusqu'à un certain point à l'abri delà
propagation aux os du crâne ; assure une régénération plus
régulière.
Cela serait fort bien si l'on connaissait les limites de
l'ostéite. Mais il n'en est rien, et les récidives sont fré-
quentes, à moins que Ton n'inflige aux patients des déla-
brements vraiment inutiles. Peut-être faut-il donc se rallier
à la temporisation, d'autant plus que les opérations tar-
dives peuvent, pour la plupart, être faites par la bouche ;
que jusque-là les lavages buccaux suffisent en général à
rendre supportables les inconvénients d'une suppuration
modérée.
Mais on sera prêt à intervenir plus tôt s'il y a une indica-
tion spéciale. Ainsi, Alph. Guérin a dû opérer pour parer à
une déperdition grave de salive. Maisonneuve, Verneuil,
ont fait la résection avant la période de séquestration pour
couper court à une suppuration qui épuisait les malades.
A. Broca.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Sar I*hulle «rlaie, nonveaa procédé fie préparatton.
On n'a peut-être point oublié que c'est dans la Gazette
hebdomadaire que, pour la première fois, fut recommandé
Tusage en pharmacie de la vaseline liquide. Les articles
que j'ai écrits à ce sujet n'ont pas tardé à faire adopter
la pétrobaseline, comme je l'appelais alors, ou vaseline
liquide, comme véhicule d'un grand nombre d'injections
médicamenteuses.
Parmi les injections mercurielles, celles que nous avons
eu le plus souvent à exécuter étaient composées de vase-
line liquide et d'un dixième de calomel. Depuis quelque
temps elles tendent à être remplacées par celles d'huile
grise qui, apparemment, n'occasionne aucun abcès.
Mais la préparation de ce mélange mercuriel a offert
jusqu'à ce jour de grandes difficultés, et il nous a paru
intéressant de chercher à la simplifier.
MM. Lang et Trost, qui les premiers ont proposé l'huile
grise, l'ont préparée avec du mercure éteint dans la lano-
line au moyen du chloroforme, et de l'huile d'olives. Le
mélange ainsi fait a la couleur de l'onguent gris, est demi-
fluide, et contient 30 pour 100 de mercure.
M. le docteur Balzer, n'ayant été satisfait ni de l'emploi
de ce médicament ni de sa préparation, a prié son interne
M. Beausse de chercher un procédé plus avantageux.
Le moyen que M. Beausse a trouvé ne nous a pas paru
un progrès réel. On a pu s'en rendre compte par ce simple
aveu, qu'il exige cinq heures consécutives de travail.
Nous n'avons pas été plus heureux avec le procédé de
lui-même recule-t-il devant les ennuis que lui occasion-
nerait un nouveau procès. Et, lorsqu'une difficulté survient
vis-à-vis d'un client récalcitrant, il préfère passer outre plutôt
que de s'exposer à voir son nom et ses actes livrés à une
discussion publique. Que de faits l'on pourrait citer à l'ap-
pui de cette manière d'agir? En voici de tous récents. Il y a
peu de. temps une de mes clientes se trouvait atteinte d'une
tumeur cancéreuse qui donnait naissance aux accidents les
plus douloureux et les plus graves. Un chirurgien des plus
éminents est consulté. Il conseille l'amputation de la partie
malade. L'opération est pratiquée avec la conscience et
rhabileté les moins contestables. Mais la malade succombe
au bout de quelques jours à une septicémie aiguë. Arrive
rheure du règlement des honoraires. Sur la demande de
mon savant maître j'écris au mari de la défunte pour lui
fixer le cbifiTre des honoraires dus pour cette opération. Je
reçois une lettre injurieuse — non pour moi, on me couvre
de fleurs ! — mais pour le chirurgien qui a mal opéré, qui
a assassiné une pauvre et sainte femme, etc., etc. On le
menace d'un procès. On déclare qu'on ne reculera devant
aucun scandale pour obtenir des tribunaux la flétrissure
d*un acte aussi blâmable qu'une opération in extremis^ etc.
Que pouvait-on répondre? Assigner ce débiteur récalcitrant,
entamer un procès long, onéreux et pénible? Il me paraît
évident que le nom seul du chirurgien eût suffi à éclairer
les juges. Mais il nous a semblé préférable à tous deux de
ne point répondre à de pareilles injures et nous avons fait le
le sacrifice de nos honoraires plutôt que d'entamer un
procès.
Une histoire plus édifiante encore m'a été contée par un
médecin de campagne. Par l'une des nuits les plus rigour
reuses du dernier hiver, le docteur X... était brusquement
réveillé. Un paysan qu'il ne connaissait pas le conjure de
se rendre à 10 kilomètres de son domicile pour y voir une
enfant qui, disait-il, soufl'rait cruellement de Ja gorge. En
vain le médecin allègue-t-il le temps aflireux, Son extrême
70 — N- 5 -^
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE l-' Février 1889
Neisser (de Breslau), qui éteint le mercure dans de la
vaseline liquide au moyen de la teinture éthérée de ben-
join.
Ce tour de main trouvé par M. Lebœuf pour faciliter l'ex-
tinction du mercure dans la graisse, ne réussit pas si faci-
lement pour la vaseline liquide.
Forcé de préparer de l'huile grise sur la demande d'un
médecin, je me suis mis, à mon tour, à l'œuvre et voici le
procédé auquel je me suis arrêté.
On triture dans un mortier très propre et stérilisé par
un flambage à l'alcool, 2>'',50 de vaseline blanche solide,
et 1 gramme d'onguent mercuriel bien fait. Quand le mer-
cure est éteint, ce qui demande au plus vingt minutes, on
ajoute 7 grammes de vaseline solide et 20 grammes de
vaseline liquide. On obtient ainsi un mélange intime très
très facile à employer et qui contient 40 pour 100 de mer-
cure. On injecte deux dixièmes de la seringue ou 0,08' de
mercure chaque fois. Ces injections sont répétées chaque
semaine pendant deux mois environ. Une provision de
5 grammes suffira largement au traitement.
Pierre Yigier.
TRAVAUX ORIGINAUX
CIlBiqae mMlMle.
Pleurésies hétapneumoniques (pneumo-pleurésies de
WoiLLEz). Communication faite à la Société des hôpitaux
dans la séance du 18 janvier 1889, par M. Troisier,
agrégé, médecin de la Pitié.
Woillez a désigné sous le nom de pneumo-pleurésie la
pleurésie qui apparaît dans la pneumonie après la déferves-
cence ou pendant la période de résolution. La dénomination
îe pleurésie métapneumoniqtte (1), usitée en Allemagne,
exprime bien la succession des deux actes morbides; ie la
préfère au mot créé par Woillez, qui peut prêter à quelque
confusion.
Ces pleurésie?, d'origine pneumoniqne, forment certai-*
nement un groupe spécial, intéressant à étudier. Je les
recherche depuis longtemps; je me suis surtout demandé
quelle en est l'évolution et quelle est la nature du liquide
exsudé.
Woillez prétend que la pneumo-pleurésie est insidieuse
(1) De |fciT«, après, ie me tais BOUYent servi du terme post-pneumonique, que
M. H. Barth emploie éfl^alement dans son récent article Pnbumonie du Diet.
encycl. det te. méd. H96S, p. 295), mais ce mot n'e!it pas régulièrement formé.
et grave, presque toujours purulente, c Ici, dit-il, la pleu-
résie se développe à la suite de la pneumonie, d'abord
comme maladie fatente, puis comme pleurésie grave avec
épanchement rebelle. » Et plus loin : c La gravité exception-
nelle de la pleurésie, dans les condHions que je viens de
rappeler, n*a pas encore été signalée. Elle mérite rattention
du praticien, dont le pronostic doit être extrèmemeot
réservé, lorsqu'il s*agit d'une pleurésie succédant à une
pneumonie, puisaue cette pleurésie est habituellement
purulente et le plus souvent mortelle. » Il est vrai que
Woillez fait la restriction suivante : c Je ne veux pas dire
Ïue celte purulence soit constante en pareille circonstance.
Ille est la règle générale avec de rares exceptions. >
Les faits que j'ai observés me permettent de dire que les
exceptions dont parle Woillez ne sont pas aussi rares qu'il
le pensait. Je crois que la pleurésie métapneumonique est
assez souvent séro-fibrineuse et qu'elle peut se terminer par
la guérison après une durée relativement courte.
Voici ces ooservations :
Obs. I. — Une femme, âeée de vingt et un ans, d'une boDot"
santé habituelle, entre à 1 hôpital Tenon le 13 mars 1885 p«or
une pneumonie qui avait débuté bruscfuement le 11 mars aa
soir. Cette pneumonie siège dans la moitié inférieure du poumon
droit; elle est caractérisée par les signes habituels de la pneu-
monie fibrineuse : râle crépiUint, souffle tubaire, bronehophonie,
submalité, point de côté. Quelques crachats visqueux, d'une
coloration sucre d'orge.
La fièvre est élevée: temp. rect., soir, iO«,3,
Le 14, la lésion s'est étendue du côté de Faisselle. Agitation.
Épistaxis. Temp. rect., matin, 40^,5; trois heures, soir, iO",ll;
six heures, soir, 40^,4. P., 146.
Le 15, temp. rect., matin, 4(>»,5; soir, 39* ,4. Même état local.
Le IG, la douleur de côté a disparu. Nouvelle épistaxis. Les
râles commencent à prendre les caractères des râles de retour;
le souffle tubaire est toujours très marqué. Temp., rect., malin,
39«,5;soir, 39%2.
Le 17,1e souffle est moins intense; les râles de retour sont
mélangés de râles ronflants et sibilants. Temp., matin, 39^,3;
soir, 39 degrés.
fie 18 (huitième jour de la pneumonie), la température du
matin est à 38 degrés. Le souffle a disparu. Outre les râles, ou
entend un frottement pleural très net dans Taisselle et en
arrière, au niveau de Tépine de Tomoplate. Dans la journée, la
malade éprouve une violente douleur à la base du poumon droit.
Temp. rect., matin, 38 degrés; soir, 38'',2.
Le 19, la douleur persiste avec la même intensité. La respi-
ration est accélérée et irrégulière. Frottement. Temp. rect.,
matin, 38%2; soir, 39«,3.
Le 20, je constate tous les signes d*un épanchement pleural :
matité dans la moitié inférieure du côté droit, souffle doux,
égophonie. Il n\ a plus ni râles, ni frottement. Temp., malin,
38%4;soir, 38%9.
Le 21, mêmes signes locaux. Temp. rect., matm, 38%1; soir,
39 degrés.
fatigue, les difficultés qu'il éprouve à faire atteler à cette
heure tardive. Le paysan insiste. Il est venu à pied, dit-il,
n'ayant pas de quoi ; c'est une œuvre de charité, ajoute-t-il ;
aucun médecin ne consentirait à venir dans ce boui^ loin-
tain on seul le docteur X... va donner parfois quelques con-
sultations gratuites. Emu de pitié, le médecin se rend aux
sollicitations du malheureux qui l'implore et, après deux
heures d'une route des plus pénibles, il arrive devant une
masure. Le paysan le prie d'attendre un instant et, lorsqu'il
lui est permis de pénétrer, le médecin se trouve en face
d'une femmeà peine réveillée qui parait ne rien comprendre
à ses questions, et lui répond en grommelant, et d'une
enfant de trois ans qui dort d'un sommeil paisible. Le
paysan se confond en remerciements et en protestations de
respect. Il déclare que son enfant va certainement beaucoup
mieux, mais cju'elle était bien malade lorsqu'il est parti.
Il fait force simagrées pour montrer comment elle respi*
rait, comment elle toussait. Impatienté, le médecin, qui,
après examen, reconnaît que l'enfant est fort bien portanle
remonte dans sa carriole et rentre chez lui.
Quelques jours plus tard, à sa consultation, le docteur X..<
voit arriver un paysan habitant le petit bourg où s'était
passée cette scène. « Ah ben ! dit celui-ci en entrant dans k
cabinet du docteur, vous avez été joliment joué l'autre nuit
par le... — Et comment cela? — Voilà, j'vas vousdire. Le...
était allé à la ville. Il s'était dit comme ça : Le temps est
mauvais, je parie que je ne rentrerai pas à pied.^ Tope la
que je lui avais dit... Et il a gagné son pari. »— Etcomtne
le médecin le regardait un peu ahuri, c Eh ben quoi,
ajouta le paysan avec un gros rire, il s'est allé vous cher-
cher et c'est vous qui l'avez véhiculé sans frais, car ben sur
ce n'est pas lui qui vous donnera cent sous pour cette
visite. » ^
Que pouvait, (|ue devait faire un médecin joué de la sorte .
Croit-on que s'il avait poursuivi, devant le juge de pat* "^
son canton, le misérable qui n'avait respecté ni sa faligt*^
1'^ Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 5 — li
Le ±% l'épanchement n'augmente pas ; il n'y a ni dilatation
appréciable du thorax, ni abaissement du foie. Temp. rect.,
matin, 39*,5; soir, 39*,7.
Le 23, pas de modification dans Fétat local, mais la fièvre
commence à diminuer. Temp. rect., matin, 38",3; soir, 38 degrés.
Le %i (sixième jour de la pleurésie), temp. rect., matin,
:n%4; soir, 37*,3.
Le 25, la limite du souffle est notablement abaissée. Temp.
rect., matin, 37*,5; soir, 3H*,5.
Le 26, on entend d'une façon très nette des frottements
pleuraux dans 1 aisselle sur la limite du souffle. Temp. rect.,
matin, 37%7; soir, 37%7.
Le 27, Tépanchement diminue de plus en plus. Temp. rect.,
malin, 37*,6 ; soir, 38%3.
Le 28, le souffle est moins net, il ne se produit plus qu'à
rexpiration; il est limité à la base. Egophonie. Temp. rect.,
37\3 et 37*,5.
Le 1*^ avril (quatorzième jour de la pleurésie), tous les signes
d'épanchement ont disparu. Le murmure vésiculaire reste seu*
lement un peu affaibli aans le tiers inférieur du poumon.
Bientôt ta malade peut se lever et le 16 avril elle sort de
rhôpital complètement guérie.
Cette observation n'est-elle pas aussi probante que
possible?
Une jeune femme est atteinte en pleine santé d'une
pneumonie franche du lobe inférieur droit. La défervescence
se fait au commencement du huitième jour; en même temps
le souffle tubaire disparait et Ton entend pour la première
fois du frottement. La fièvre se rallume et en deux iours il
se produit, en regard du lobe hépalisé, un épanchement
peu abondant, qui reste limité à la moitié inférieure du côté
droit. La résorption commence à se faire sept ou huit jours
après le début de la pleurésie et elle est complète vers le
quinzième jour.
N'est-il pas légitime d'admettre qu'il s'agissait là d'une
pleurésie séro-fibrineuse ? Tout l'indique : la rapidité de
révolution, la bénignité des phénomènes généraux, le peu
d'élévation de l'état fébrile, la terminaison favorable.
Dans le cas suivant, je me suis assuré par une ponction
eiploratrice faite avec la seringue de Pravaz, que le liquide
épanché était séro-fibrineux.
H. — H s'agissait d'un homme de vingt-sept ans,
, entré le 28 novembre 1 886 à Thôpital Sainte-Antoine
pour une pneumonie du lobe inférieur gauche datant de deux
)oars. Elle était caractérisée par un souffle tubaire nettement
circonscrit s'entendant au-dessous de Tépine de Tomoplate.
Crachats visqueux et briquelés. Violent pomi de côté. La lièvre
piâil vive. Temp. rect., matin, 39%5; soir, A(y,S, P., 100.
Le f9, au matin, le malade avait une dyspnée excessive et il
était dans la prostration. La température rectale était de 40",3.
U pneumonie gauche ne s'était pas étendue^ mais le poumon
droit était également atteint; il y &vait à droite au-dessous de
Obs.
robuste
répine de Tomoplate un souffle tubaire très intense, que Ton ne
pouvait confondre avec un souffle de propagation.
Le 30, l'état est le même. Même prostration. Dyspnée consi*
dérable(7â respirations à la minute). Albuminurie. Temp. rect.,
matin, 39«,7 ; soir, -40^,8. P., 100.
Le 1*' décembre, râles de retour à gauche, dans toute l'étendue
du souffle dont Tintensité a beaucoup diminué. A droite, le
souffle tubaire est toujours très prononcé et il s'entend au niveau
de la fosse sus-épineuse. Temp. rect., matin, 39^,6; soir, 40^,6.
Le 2 (cinquième jour), la température est tombée à 38%3 le
matin. La dyspnée est moins forte (42 respirations à la minute).
A gauche, persistance des râles de retour; le souffle tubaire
n'existe plus et il est remplacé par une respiration afl'aiblie.
A droite, apparition de râles de retour.
Le 3, temp. rect., matin, 38*^,4, le mieux continue; soir, 39",5.
Le 4, temp. rect., matin, 38 degrés. A droite, dans les régions
sus et sous-epineuses, râles de retour et respiration soufflante.
A gauche, on n*entend plus de râles, la respiration est redevenue
soufflante au niveau du tiers inférieur du poumon; ce n*est plus
un souffle tubaire, mais un souffle doux, caractéristique uun
épanchement. Egophonie, matité. La ponction avec la seringue
de Pravaz donne un liquide citrin et transparent.
Cet épanchement pleural resta circonscrit à la base du poumon
gauche ; sa limite supérieure atteignit à peine la pointe de
romoplate. Vers le 14 décembre, c'est-â-dire douze ou treize
jours après son apparition, il commença à décroître.
Le 17, le souffle et Tégophonie n'existaient plus qu'au milif^u
de la gouttière costo-vertéorale, et quelques jours plus tard, la
résorption de Tépancheraent était achevée. La fièvre, qui ne fut
jamais très élevée (37*,5 à 38 degrés le matin, 38",d le soir),
tomba complètement et le malade sortit de l'hôpital après une
convalescence de courte durée.
Ici encore la pleurésie se produisit au moment de la
défervescence, I épanchement fut peu abondant, séro-
fibrineux, et il disparut spontanément au bout d'une
quinzaine de jours. Et cependant la pneumonie avait pris un
certain caractère de gravité.
Obs. III. — Un homme âgé de trente-six ans, de constitution
moyenne, entre â THôtel-Dieu annexe, le 11 décembre 1880, pour
une pneumonie ayant débuté le 9. La lésion siège à gauche ; il y
a du souffle tubaire et des râles crépitants à la base du
poumon, de la matité avec conservation des vibrations thoraci-
ques. Crachats visqueux et rouilles. La pneumonie resta limitée
a cette région. La fièvre ne fut jamais excessive. La température
rectale, qui était â 39",6 le 15 décembre, tomba le 16 (septième
jour),à 37%7 et le 17 à 37 degrés. Le souffle diminuait d'étendue
et d'intensité.
Le 21, on trouve de la matité avec diminution des vibrations
thoraciques, un souffle doux et de l'égophonie, dans le tiers
inférieur du côté gauche en arrière et â la base de l'aisselle. Il
s'est produit un épanchement. En même temps la fièvre reprend,
mais elle ne s'élève pas beaucoup; pendant une dizaine de
jours la température rectale se maintient à 37 degrés le malin
et 38"" ,5 à 39 degrés le soir. L'expectoration est purement
muqueuse et très rare.
ni son dévouement professionnel, il n'aurait pas été ent
butte aux railleries de toute la contrée? Et n'en faut-il pas
conclure qu'il reste quelque chose à faire pour se défendre
contre l'exploitation des uns et l'injustice des autres?
Ce quelque chose, je l'entrevois bien; mais arrivera-t-on
aisément au but à atteindre? En province, à la campagne
surtout, les syndicats médicaux pourraient prendre à leur
charge les poursuitesjudiciaires et toutes les revendica-
tions de ce genre. A Paris et dans les grandes villes, ce
serait à l'Association générale des médecins de France ou
aux conseils des sociétés locales qu'incomberait la tâche de
défendre les intérêts professionnels de ses membres. Mais
il faudrait, pour aboutir, multiplier les procès, étudier cha-
run d'eux, n'arriver devant les tribunaux qu'avec la certi-
tude morale d'une condamnation pour les clients malhon-
nêtes. Il faudrait laisser de côté les questions de personnes
et ne jamais traiter que les questions de principes, il faudrait
enfin que tous les médecins pussent et voulussent bien s'en-
tendre pour que toutes ces questions si délicates et si
complexes fussent toujours réglées d'un commun accord
entre celui qui se prétend lésé et les Sociétés ou syndicats
appelés à prendre sa défense. La chose est-elle possible? Au
moins pourrait-elle être tentée.
Association générale des médecins de frange. — La séance
annuelle de la Société centrale aura lieu le dimanche 3 février
Jiroehain, à deux heures et demie, dans l'amphithéâtre de
'Assistance publique, avenue Victoria, n* 3.
Ordre du jour, — Allocution du président, M. le professeur
Lannelon^ue ; rapport du secrétaire ; compte rendu du tréso-
rier; ratification des admissions faites dans l'année; élection
du vice-président et de douze membres de la commission admi-
nistrative en remplacement des membres sortants.
NÉCROLOGIE. — On annonce la mort de M. le docteur Emer\'
(de Pont-de-Gé).
72 — N* 6
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i«' Février 1889
L'épanchement ne prit point d'extension. Le 5 janvier, c'est-
à-dire une vingtaine de jours après le début de la pleurésie, on
pouvait constater le retour du murmure vésiculaire, même a la
oase ; Tépanchement était résorbé. Le malade quitta l'hôpital,
peu de temps après, complètement guéri.
Je me garderai bien de dire que la pleurésie meta-
pneuroonique est toujours aussi bénigne; je tiens seulement
à prouver qu'elle Test plus souvent (^ue ne le croyait Woillez.
Notre collègue Netter, qui poursuit depuis quelque temps
sur la nature de ces pleurésies des recherches dont il a déjà
communiqué en partie le résultat à la Société anatomique
{BulL, 1837, p. 547), avance que, même purulentes, ces
pleurésies se terminent souvent par la guérison.
J'ai observé un cas de ce genre.
Obs. IV. — Un homme âgé de vingt-quatre ans, vigoureux,
entra à la Pitié le iO mars 1888 avec les signes d'une pneumonie
du lobe inférieur droit (soufQe tubaire ; râles crépitants). La
défervescence se lit le 14 mars. Temp, rect., 37 degrés matin et
soir.
Cinq jours plus tard, violent point de côté à droite. A partir de
ce moment il y eut un état fébrile continu (38 degrés le matin,
39 degrés à 39'',5 le soir), le malade s'affaiblit peu à peu et tomba
dans Te marasme, avec sueurs abondantes, œaéme aes membres
inférieurs. Une pleurésie s'était développée; d'abord interlo-
baire, elle se révéla ensuite par une matité absolue avec
douleur excessive à la percussion en avant jusaue sous la cla-
vicule, en arrière dans les fosses sus et sous-épineuses et au
sommet de l'aisselle. Les vibrations thoraciques étaient dimi-
nuées et le murmure vésiculaire affaibli ou aboli dans ces
diverses régions. L'épanchement paraissait donc occuper la
moitié supérieure du côté droit. Pour confirmer le diagnostic de
pleurésie purulente, je fis une ponction explorative au niveau du
quatrième espace, sur la ligne axillaire, et séance tenante je
Pratiquai la tnoracentèse avec le Irocart n" 2 de l'appareil Potain.
n évacua ainsi trois c|uarts de litre d'un liquide purulent, non
fétide. Le surlendemain, 20 avril, le malade rut pris subitement
d'une vomique et en l'espace d'une heure il rendit un litre de
pus.
Le lendemain, 21 avril, nouvelle vomique (un demi-litre de
pus).
Le 2â, troisième vomique (même ({uantité). L'expectoration
resta purulente pendant cinq ou six jours encore, mais bientôt
il se produisit une amélioration rapide, les forces se relevèrent,
l'appel it revint et le malade put quitter l'hôpital en très bon
état, le 5 mai, c'est-à-dire dix-sept jours après la première
vomique. Les signes d'épanchement avaient disparu.
La pleurésie (]ui succède à une pneumonie ou qui lui
survit est donc soit séro-fibrineuse, soit purulente (1).
Pour ma part, je considère la première comme relati-
vement fréquente.
Quelle est la pathogénie de ces pleurésies? Sont-elles
dues exclusivement à l'extension, par voie Ivmphatique ou
autre, du processus phlegmasique? Ne faut-il pas plutôt les
considérer comme une manifestation infectieuse, au même
titre que la péricardite et que la méningite qui peuvent
-également apparaître pendant ou après une pneumonie? Les
recherches bactériologiaues de M. Netter sont assez con-
formes à cette manière ue voir, du moins en ce qui concerne
les pleurésies métapneumoniques purulentes. ^ En pareil
cas, dil-il (Netter, loc. cit.), j'ai trouvé dans le liquide pieu-
rétique le microbe pathogène de la pneumonie, le pneumo-
coque, à l'exclusion de tout autre micro-organisme. Il est
juste de rappeler que Friediander, Talaroon, etc., et surtout
A. Fraenkel ont signalé ce dernier point. »
Il en était ainsi dans le fait de pleurésie purulente que
j'ai rapporté plus haut (obs. IV) et que M. Netter a bien
voulu étudier avec moi.
Mais comment interpréter la pleurésie séro-fibrineuse?
Est-ce également une manifestation infectieuse? Pourquoi
les pleurésies consécutives à la pneumonie sont-elles tantôt
(1) C'est également l'opinion de M. le professeur G. Sëe {Dm maladies tpéei'
liques non tubercuUutet du païunon, 1885, p. 225j.
[lurement fibrineuses, et tantôt purulentes ? Je ne puis, je
'avoue, répondre à ces questions. Dans un cas de pleuro-
pneumonie avec épanchement séro-fibrîneux persistant (on
peut, à ce point de vue, assimiler la pneumo-nleurésie à la
pleuro -pneumonie), le liquide, examiné par M. Netter^ ne
contenait pas de pneumocoques et l'inoculation à une souris
est restée négative. En est-il toujours de même? Nous ne
tarderons pas, je l'espère, à être renseignés à cet égard. Ce
que je me contente d affirmer, c'est la fréquence des pleu-
résies métapneumoniques séro-fibrineuses.
Le diagnostic de ces pleurésies est en général facile; il
faut seulement se rappeler que dans certains cas la conden-
sation du poumon persiste longtemps après la défervescence.
Ces épancnements sont souvent méconnus parce qu'on ne les
recherche pas ; aussi, comme le dit Woillez, ne faut-il
jamais négliger de suivre et d'examiner soigneusement les
convalescents de pneumonie.
SOCIÉTÉS SAVANTES
AemûétKde des aclences.
Sur les hématozoaires observés par m. laveran dans
LE SANG DES PALUDiQUES, par H. Bouchard. — c Une noie
récente de M. Laveran me conduit à signaler l'importance
d'une découverte qui remonte à dix années et qui, contestée
pendant longtemps, me parait aujourd'hui inattaauable.
L'importance de cette découverte ne résuite pas seulement
de l'influence désastreuse exercée par la fièvre inlerroit-
tente à toutes les époques de l'histoire de l'humanité. Si
M. Laveran a démontré, le premier, que cette maladie est
parasitaire, il a, en faisant cette découverte, donné le pre-
mier exemple, chez l'homme, d'un parasitisme animal où
l'agent pathogène semble être placé sur l'échelon le plus
inférieur de la vie animale. Si la plupart des maladies infec-
tieuses de l'homme et des animaux relèvent du microbisme
végétai, la plus importante des maladies infectieuses de
l'homme dépend du microbisme animal. J'ajoute que le
parasite observé par M. Laveran en Algérie a été retrouvé
en France, en Corse, en Italie, en Russie, à Madagascar, au
Tonkin, en Amérique, et qu'il est le même que l'organisme
signalé plus récemment par MM. Marchiafava et Celli dans
le sang des paludiques. » (Séance du 21 janvier).
Recberches sur la pathogéme du diabète, par
MM. G. Arthaud et L. Butte. — Voici la conclusion des
recherches de ces auteurs : il est possible, par irritation
centrifuge du nerf vague, de reproduire chez les animaux
les diverses variétés du diabète clinique, tantôt insipide,
tantôt azoturique, tantôt glycosurique, suivant des prédis-
positions individuelles absolument comme chez l'homme.
Au point de vue clinique, MM. G. Arthaud et L. Butte ont
pu vérifier, sur presaue tous les points, l'analogie de celte
maladie expérimentale avec le diabète spontané, pour lequel
la théorie névropathique parait devoir être adoptée.
{Séance du iS janvier).
Académie de médeelae.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
L'Acadêmio reçoit, de MM. les docteurs CastN, Yverl ot Deligny, des inéinoîr.'^
pour les concours du Prix en 1889.
M. Brouardel présente un Traité d'hygiène publique et de police ianitairt. <j>i
langue roumaine, par M. le docteur Félix (de Buciiarest) et un mémoire u
MM. les docteurs d*Espine et Marignae (do Genève) sur U traitemenl à^ "
diphlhérie par l'aeide talicylique.
M. Bucquoy dépose deui mémoires de M. le docteur Huehard ar l'antipltf^^
1'' Fêvrieii 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
W 5 — 73
éAn$ U polffuriê et U diabiU iueré et sur la tention arlérieUe dans le* malaiiet
ti seê ifidicatimu thérapeuiiquti
M. Onjardin-Beaumetz présente l'ouvrage de MM. les docteurs BaretU,
U§€ndre et Lepage sur Vemploi des antiseptiques en médecine, chirurgie et
obstétrique.
M. Ernest Besnier préseate divers mémoires et thèses de MM. les docteurs
Uioir, Bauât, Wagnier et Loustalot (de Lille) sur des affections cutanées.
M. Bail dépose uD travail de M. le docteur Libermann sur Vétiologie et le
traitement de la phthisie pulmonaire et laryngée.
M. GHfon présente, au nom de M. le docteur Piéehaud, des Leçons cliniques
sur Us maladies chirurgicales de l'enfanee.
M. Dujardi»'Beaumet% présente, de la part de M. le docteur Belin, un
cœioicope, appareil destiné à éclairer, îi l'aide de l'électricité, les cavités natu-
tureiles et artificielles.
Élection. — Par 67 voix sur 78 volants, M. Budin est
élu membre titulaire dans la section d'accouchements.
M. Pinard, porté en seconde ligne, obtient 10 voix. Plus
I bulletin blanc.
Kéactions psycho-physiologiques. — M. Henry a ima-
giné des instruments à Taide desquels il se fait fort de
diagnostiquer mathématiquement le caractère normal des
réaeûoas mentales et des ffraphicfues physiologiaues. — (Le
mémoire aa*il présente à Tappui est renvoyé à 1 examen de
UH.JavaltlGariei.)
Strophantus. — M. Bucquoy réfute les objections pré-
sentées dans les deux dernières séances par M. Germain Sée
rontre l'emploi du strophantus dans les maladies du cœur.
II maintient nue, dans la pratique, sinon pour l'expé-
rimentation pnysiologique, les plantes sont souvent plus
actives^ plus efficaces et moins dangereuses à manier que
les principes essentiels, alcaloïdes et glycosides, qu'on en
retire. Il en est ainsi pour la digitale et la digitaline; de
même aussi, pour le strophantus et la strophantine, qui
d'ailleurs ne satisfont pas aux mêmes conditions, comme l'a
reconnu M. Germain Sée.
En ce qui concerne l'action du strophantus dans les
maladies du cœur, il n'est pas douteux que ce médicament
ait ses indications et ses contre-indications, encore incom-
plètement connues. D'ailleurs tout le monde est d'accord
jtour admettre que les affections cardiaques sont loin d'avoir
les conséquences immédiates qu'on leur suppose et ce ne
sont pas celles qui donnent les signes les plus accentués, les
plus Druyants, qui sontaccompagnées des symptômes les plus
graves; ce sont des maladies à longue échéance, dont les
conséquences pourront être indéGniment reculées si la lésion
reste compensée. Les deux lésions d'orifice sur la bénignité
desquelles on peut le plus compter, sont le rétrécissement
mitral et l'insuffisance aortique, à la condition, pour cette
dernière, qu'elle soit simple et dégagée de toute lésion
aorlique concomitante. Hais, si certaines lésions cardiaques
restent ainsi plus ou moins latentes pédant un temps indé- .
terauné, celui qui en est atteint n'est pas pour cela indemne
de tout (lésordre, de tout symptôme ({ui, sans compromettre
leiistence, nécessite une intervention médicale; tels sont
la dyspnée d'elTort, les palpitations, les oppressions, les
menaces d'asystolie, etc. G est alors que le strophantus
produit des résultats remarquables, ainsi qu'en témoignent,
quoi qu'on en ait dit, les observations de Fraser, celles de
plusieurs auteurs et enfin les faits rapportés par M. Bucquoy
(Chemin faisant, celui-ci déclare que l'honneur d'avoir le
premier bien étudié le rétrécissement mitral, honneur qu'on
attribue à H. le docteur Duroziez, revient en réalité
à M. Fauvel en 1843 et à M. Hérard en 1854). Dans trois
cas d'angine de poitrine notamment, il a obtenu d'excellents
effets de l'emploi de ce médicament; M. G. Sée les récuse
eo tant qu'angines de poitrine vraies, car il n'y aurait pas,
d'après lui, d'angine de poitrine sans sclérose ou artérite
coronaire, et le strophantus, pas plus que tout autre médi-
tation, ne pourrait guérir une pareille aflection. Gependant
les malades qui en étaient atteints, présentaient bien les
sTmptômes classiques de l'angine de poitrine; les deux pre-
mières répondent à la cardiacalgie de H. G. Sée et la der-
nière est un type de l'angine vraie chez un cardiaco-
aortique.
M. Germain Sée préfère l'emploi d'alcaloïdes définis,
tels que la digitaline et la strophantine, à la plante elle-
même dont les préparations ne sont jamais identiques à
elles-mêmes; avec les premiers l'effet est constant. La stro-
phantine, il est vrai, ne fait pas uriner comme le strophan-
tus, mais, pour y parvenir, celui-ci détermine une véritable
néphrite. D'autre part, dans les cas d'asystolie, c'est bien
plutôt la régularisation du pouls qu'il convient de recher-
cher, et le strophantus n'y parvient pas complètement. De
même il agit peu sur la dyspnée. Ne vaut-il pas mieux em-
ployer deux ou trois autres médicaments différents dont
chacun a une action directe sur le symptôme qu'on veut
combattre? On sait d'ailleurs que Fraser et les médecins
allemands ont publié des observations qui plaident contre
l'emploi du strophantus. Quant aux prétendues angines de
poitrine dont a parlé M. Bucquoy, M. Germain Sée main-
tient qu'il n'y a pas d'angine vraie sans artério-sclérose
coronaire.
Comme M. Bucquoy, M. Hérard estime qu'il n'obtient
pas avec la digitaline des effets aussi marqués qu'avec la
digitale surtout au point de vue de la diurèse. Il a employé
trois fois le strophantus et en a obtenu des effets diuré-
tiques marqués.
Pour M. Laborde ces débats ne sauraient rester limités
à un simple sujet de thérapeutique appliquée ; car ils
soulèvent une véritable question de principe en thérapeu-
tique expérimentale, c'est-à-dire en thérapeutique ration-
nelle et scientifique, basée sur l'expérimentation pbysiolo-
giaue et clinique. Ce principe sur lequel il insiste parti-
culièrement peut être résumé dans la proposition sui-
vante : i"" dans toute préparation médicamenteuse tirée du
règne végétal, il existe une ou plusieurs substances actives,
par lesquelles s'exerce son action physiologique et théra-
peutiaue; 3"" lorsçiue cette substance active (en supposant
pour l'instant au'il n'y en ait qu'une) a été isolée, déter-
minée et formulée chimiquement, auquel cas elle constitue
le principe immédiat, c'est à celui-ci qu'il est rationnel de
s'adresser, en vue de l'usage thérapeutique, après l'avoir
soumis d'abord au contrôle expérimental et ensuite, et
solidairement, au contrôle clinique; 3* en effet, tandis que
le principe immédiat est toujours un, identique à lui-même,
invariable dans sa constitution propre, comme dans son
action fondamentale physiologique et médicamenteuse,
la matière totale qui le contient et qui peut d'ailleurs en
renfermer plusieurs entre lesquels il peut v avoir lieu de
choisir; cette matière est entièrement complexe et variable,
tant dans sa composition que dans ses effets, qui ne sont et
ne peuvent être qu'une résultante d'actions multiples, di-
verses, non définies, et inconnues en elles-mêmes.
Eh un mot, dans un cas, c'est la détermination chi-
mique et expérimentale, et par conséquent la connais-
sance scientifiaue acquise de l'instrument thérapeutique;
dans l'autre, 1 acceptation préalable et l'application pré-
judicielle de l'inconnu, avec les aléa et les dangers dans le
domaine toxicologique ; d*un côté la science et le progrès,
de l'autre l'empirisme aveugle et la routine. C*est, comme
Ta dit J.-B. Dumas, la formule substituée à la recette.
M. Constantin Paul fait observer ^ue la plante ne ren-
ferme pas, en général, qu'un seul principe actif et que tant
qu'on ne les aura pas tous isolés pour les associer dans une
formule il faut bien s'en tenir à la plante elle-même sous
peine de ne pas obtenir les mêmes effets. A côté de ces
Erincipes cristallisés et chimiquement purs, ajoute M. Tras-
oty il en est d*autres qui ne sont pas cristallisables et qui
ont cependant une action réelle; jusqu'à ce que la chimie
soit parvenue à extraire tous les principes actifs des
U — N- 5 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 1«' Février i889
plantes, l'usage de celles-ci devra être conservé en théra-
peutique. Ce n'est pas une raison, réplique M. iMborde,
pour se priver des principes cristallisés, dont les effets ont
été déterminés expérimentalement par l'expérimentation
physioFogique et par la clinique.
— L'ordre du jour de la séance du 5 février est fixé
ainsi qu'il suit: V Communication de M. Cornil sur la thé-
rapeutique du choléra; 2** Reprise de la discussion sur le
lélanos; inscrits: MM. Nocarcf et Trasbot; 3° Communica-
tion de M. Lancereaux sur les poêles mobiles; 4" Commu-
nication de M. Lagneau sur la mortalité dans l'armée en
campagne ; 5" Lectures de M. le docteur Blache, sur l'exé-
cution de la loi Roussel dans la Seine; de M. le docteur
Terrillon, sur la néphrorrhaphîe; de M. le docteur Lavaux,
sur les résultats éloignés de l'électrolyse linéaire appliquée
au traitement des rétrécissements de l'urèthre.
Société médicale des hôpitaux.
SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. CADET DE GASSICOURT.
Tuberottlose papillomato-crustacèe : M. Brissaud. >- Ectopie car-
diaque : M. H. Huchard. — L'hosploe des Enfants-Asststès
en 1888: M. BeTestre (Discussion : MM. Richard, OlUvier, Cadet
de Gassioourt). — Injectlona sous-outanèes d'huile grise bensoinèe :
M. Ed. Hirts (Discussion: MM. Baiser. Quyot. Du Castel). — Du
pouls capiUalre dans les plaques d'urticaire : M. Ed. Hirtz (Dis-
cussion: MM. Du Castel, de Beunnann). — Donations ft la Société.
M. Ed. Brissaud donne lecture d'une note complémen-
taire relative à un malade qu'il a présenté à la Société dans
la séance du 6 juillet 1887. Il considérait la lésion papillo-
mateuse et croûteuse de l'avant-bras^chez ce malade tuber-
culeux, comme étant de nature tuberculeuse, et, malgré la
constatation de bacilles à ce niveau, certains membres de la
Société, se fondant sur l'aspect général de la lésion, opinaient
pour une lésion syphilitique. Mais l'existence d'une croûte
recouvrant les lésions de tuberculose verruqueuse a été
signalée par Riehl et Paltauf, et M. Brissaud l'a observée
chez deux autres malades, également tuberculeux et non
syphilitiques. Le premier de ces trois malades a succombé
à la tuberculose pulmonaire sans avoir retiré aucun bénéfice
du traitement antisvphilitique institué comme contre-
épreuve. L'examen hisiologique de la lésion cutanée a
montré une infiltration tuberculeuse de la couche super-
ficielle du derme, limitée presque exclusivement à la région
papillaire, dont les papilles sont hypertrophiées, et, par
places, au contraire, ont disparu et sont comme fauchées.
Au-dessous de ces points, on trouve l'infiltration de cellules
épithélioldes et quelques cellules géantes. En outre, accu-
mulation considérable des éléments de la couche cornée.
Les ganglions étaient indemnes. Les faits analogues doivent
être classés dans le groupe des tuberculoses verruqueuses,
d'où ne saurait les faire exclure l'adjonction d'un travail
épidermique, caractérisé par une formation de croûtes. Cette
forme spéciale^^pourrait être exactement dénommée tuber-
culose p^pillomato-crustacée.
— M. Sevestre communique les résultats obtenus en 1888
à l'hospice des Enfants-Assistés par suite des mesures
d'hygiène et d'antisepsie prophylactique. Il pose, en termi-
nant, les conclusions suivantes : 1"* la propagation de la rou-
geole à l'hospice des Enfants-Assistés ne pourra être
enrayée que par rétablissement d'un lazaret convenablement
installé et dans lequel les enfants seront gardés en obser-
vation pendant une période de temps suffisante ; S"* la mor-
talité par la rougeole, à l'hospice des Enfants-Assistés, est
dès maintenant diminuée dans une proportion très notable;
^° la diphthérie devient une maladie rare à l'hospice. C'est
grâce à la création de pavillons d'isolement, et d'un rudiment
de lazaret contre la contagion venant du dehors, à la
reconstruction du service des bains et au fonctionnement
régulier d'une étuve à désinfection que ces bons résultais
ont pu être obtenus.
M. Richard demande si la literie a été désinfectée.
a. Sevestre l'a fait désinfectera l'étuve dans le plus bref
délai qui a été possible. Il a vu, ces jours derniers, des cas
intérieurs de diphthérie dans les salles de chirurgie qui
n'avaient pas été désinfectées.
M. Ollivier souhaite et réclame en vain depuis longtemps
des modifications analogues à Thôpital des Enfants-Malades ;
il exhorte ses collègues à appuyer ses réclamations.
M. Sevestre insiste sur la nécessité de l'étuve sans
laquelle les autres mesures de prophylaxie restent ineffi-
caces.
M. Ollivier rappelle qu'une cause puissante de dissémi-
nation des maladies contagieuses c'est le long séjour des
Eetits malades à la consultation au milieu des autres enfants.
eux-ci sont contaminés et vont répandre la maladie ainsi
contractée >dans le quartier qu'ils habitent. Il faudrait
nommer des internes, ou des médecins de consultation,
pris parmi les médecins du Bureau central ou les candidats
admissibles aux précédents concours, et qui seraient chargés
de répartir les enfants, au fur et à mesure de leur arrivée à
la consultation, sur les services d'isolement, les salles
d'attente, etc., suivant la nature de leur maladie.
M. Richard pense qu'il serait indispensable de posséder
des salles de rechange permettant de procéder, à certains
moments, à une désinfection complète des locaux précé-
demment occupés. C'est ce qui a lieu a l'étranger.
H. Sevestre est de cet avis, d'ailleurs il dispose de salle>
pouvant remplir ce but, soit pour les diphthéritiques, soit
pour les autres maladies contagieuses.
M. Cadet de Gassicourt, tout en regrettant que l'instal-
lation de l'hôpital Trousseau ne soit pas plus irréprochable,
constate cependant qu'elle est supérieure à celle de rhôpi-
tal des Eniants-Malades. La destruction ou la 'désinfection
des linges a déjà donné de bons résultats : les cas intérieur.^
sont plus rares. Il existe une salle d'attente spéciale à la
consultation pour les diphthéritiques; mais il faudrait une
salle de surveillance pour les cas douteux, et des salles
d'isolement pour la rougeole et la scarlatine. L'administra-
tion s'en occupe, paralt-il, activement. Quant aux salles de
rechange, elles sont évidemment indispensables. Nous
sommes encore loin de l'installation remarquable des
hôpitaux étrangers et en particulier des hôpitaux russes, —
Un fait à signaler, c'est la plus grande proportion de suc-
cès après la trachéotomie à l'hôpital Trousseau; la raison
en échappe d'ailleurs entièrement, puisque les conditions
d'opération et de traitement sont évidemment les mêmes.
M. Ollivier pense que le plus grand nombre d'insuccès
à l'hôpital des Enfants-Malades tient sans doute à ce que
les enfants atteints de croup sont apportés trop tardive-
ment à l'hôpital ; on opère le plus souvent sur des demi-
cadavres.
M. Cadet de Gassicourt ne croit pas que ce soit la véri-
table cause de cette différence, car la plupart des enfants
amenés à l'hôpital Trousseau pour être tracnéotomisés sont
également de véritables moribonds.
— M. H. Huchard présente un homme de cinquante ans,
très emphysémateux, atteint d'une ectopie cardiaque épi-
gastrique, non congénitale, -d'un diagnostic fort difficile et
pouvant laisser place à la discussion.
— M. Edg. Hirtz, sur cent trente-neuf injections sous—
cutanées d'huile grise benzoînée de Neisser pratiquées ^
1" Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- N« 5 — 75
Thôpital de Lourcine, a observé <}uinze fois la formation
d*inlillrais das sans doute à l'ancienneté de la préparation
et à la brièveté de l'aiguille ne permettant pas d'atteindre
le tissu musculaire. Jamais d'abcès, ni de salivation. Chaque
seringue renferme 36 centigrammes de mercure. Il faut
^rveiller l'état de la bouche et des dents qui doivent être
brossées deux fois par jour avec une poudre de charbon et
de chlorate de potasse. L'aiguille de la seringue doit avoir
4 centimètres de longueur.
M. Balzer a eu une proportion plus grande d'accidents
locaux et quelques abcès. La longueur de Faiguille a une
«:rande importance; il faut faire l'injection intra-musculaire
pour éviter les abcès.
M. Du Caslel insiste sur l'innocuité de l'injection intra-
musculaire. C'est un fait qu'il a déjà mis en lumière lors
de ses recherches sur la médication éthérée-opiacée dans
la variole.
M. Guyot a pratiqué des injections de peptonate de m«r-
rure; elles sont douloureuses, mais deviennent indolentes
si /on ajoute 1 centigramme.de chlorhydrate de cocaïne
par seringue.
H. Edg. Hirtz rappelle la longue durée d'action du mer-
cure ainsi emmagasiné dans le tissu musculaire. Si les
malades quittent l'hôpital après une injection, elles éprou-
vent encore pendant un mois environ le bénéfice du traite-
ment mercuriel.
— M. Edg. Hirtz lit une note sur la production du phé-
nomène du pouls capillaire au niveau de la zone congeslive
périphérique des plaques d'urticaire. Il ne s'observe ni
dans les érythèmes simples, ni dans les fièvres éruptives.
lie phénomène, d'ordre neuro-paralytique, vient confirmer
la nature de l'urticaire envisagée comme une dermatose
angio-nerveuse.
H. De Benrmann a observé le même phénomène, à
l'hôpital Saint-Louis, chez un malade atteint d'érythème
polymorphe autour des éléments éruptifs orties ayant
l'aspect de Térythème iris.
M. Du Cartel a vu une fois le pouls capillaire, pendant
quelques heures, au niveau des papules d'une variole
cohérente au début. Il ne semble donc pas spécial à l'ur-
lifaire.
Donations a la Société. — Pour c souhaiter la bien-
venue à la nouvelle personne qui vient de faire son entrée
dans l'existence légale i, la Société étant reconnue d'utilité
poMique, MM. Féréol et Gérin Rozê lui font un don chacun
de 500 francs; H. Millard a envoyé au trésorier la somme
deiiXK) francs, et M. Guyot adresse également 500 francs.
Cet aident est destiné à constituer à la Société un capital
et un fonds de réserve. Les promoteurs de ce mouvement
font appel à leurs collègues pour joindre leur contribution
à la leur.
(Depuis la séance, la Société a reçu les dons suivants :
M. Moutard-Martin^ 100 francs; M. Desnos y 100 francs;
M. Marrotte, 100 francs; M. Siredey, 500 francs; M. Du-
jnrdin-Beaumetz^ 500 francs; M. Hérard^ 500 francs.)
- La séance est levée à cinq heures et quart.
André pEirr.
Société de chlrarcle.
SÉANCE DU 23 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LE DENTU.
Fraoture de rotule : MM. Luoae-Championnlère, Kirmlsson, Berger,
Desprës. — Hystëropezle : M. PolaUlon (Discussion : MM. Ter-
rier. PosBl, LucaB*Ghamplonnlère. TerrUlon. TrUat). — Aooideiita
oausès par rinJeotJon d'Ather iodoformë : M. OaUlard (M. Routier,
rapporteur). — Kystes dermoldes intermaxillaires : M. Lanne-
longue (Discussion : MM. Qu6nu, Trèlat, Pe3rrot).
H. LucaS'Championnière montre un malade atteint de
fracture de rotule il y a cinquante jours et auquel il a
fait la suture des fragments avec du fil aargent. Le membre
n'a pas été immobilisé et le blessé a marché au bout de
six semaines.
M. Kirmisson a trois fois employé la griffe de M. Duplay
Sui deux fois a réussi. Chez un troisième malade le cal
breux fut rompu dans une chute et la guéridon ne fut
obtenue que grâce à la suture.
M. S^r^^7* pense que pour juger la méthode il ne faut pas
envisager les cas de fracture directe dans lesquelles l'appa-
reil ligamenteux latéral de la rotule reste intact, et qui gué-
rissent très facilement.
M. Després a montré, il y a trois ans, à la Société la
rotule d'un malade mort de pneumonie quatre mois après
sa fracture; le cal complètement osseux avait été obtenu
simplement avec l'élévation du membre et un bandage com-
pressif.
M. Lucas-Championnière ajoute que chez son malade
il y avait place pour mettre la main entre les deux frag-
ments: pas un seul trousseau fibreux ne les réunissait.
Le malade n'est resté que six jours en gouttière.
— M. Polaillon communique une observation à inscrire
à l'actif des revers de l'hystéropexie. Il s'agit d'un prolap-
sus utérin remontant à une première grossesse à 1 âge de
vingt ans : ce prolapsus complet avec cystocèle, mais sans
hypertropnie ni du col, ni du corps, devint douloureux il
y a deux ans. L'hystéropexie fut faite le 22 décembre
dernier. La malade fut prise rapidement de vomissements,
de douleurs abdominales vives et succomba le 28 sans que
la tem[)érature se soit élevée au-dessus de 38 degrés. Il
n'y avait pas de réunion de la plaie abdominale, le péri-
tome était légèrement rouge, non purulent, les fils de
catgut étaient résorbés et l'utérus qui n'avait plus de rap-
ports avec la paroi abdominale ne tenait plus que par
quelques longs tractus très grêles. M. Polaillon conclut
!|u'il ne faut pas se servir de fils de catgut, mais plutôt de
ils de soie ou d'argent, que l'opération est très difficile
chez les femmes très grosses à paroi abdominale très
épaisse, et qu'il n'y a rien à craindre pour la vessie qu'on
ne voit pas et dont l'évacuation spontanée après l'opération
est très facile. Il attribue la chute de l'utérus à la résorp-
tion des'fils et la rupture des adhérences péritonéales aux
violents efforts de vomissement que la malade fit dès la
fin du premier jour et qui n'ont pas cessé jusqu'à sa
mort.
M. Terrier a employé cinq fois le catgut qui a toujours
tenu. Si la malade ae M. Polaillon est morte de péritonite
septique, c'est au'une précaution antiseptique quelconque
a manqué ; ce n est pas une raison pour incrimer le catgut.
Pour ce qui est des difficultés opératoires, M. Terrier cite
le cas d'un prolapsus tenant à une vieille pyosalpingite;
les annexes furent enlevées, l'utérus fixé avec beaucoup
de peine, les manœuvres durèrent très longtemps et néan-
moins sa malade guérit comme les autres.
H. Pozzi rappelle qu'Olshausen attribue à la résorption
du catgut son insuccès dans le premieir cas de prolapsus
76 — N* 5
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i- Février 1889
traité par l'hystéropexie. Sânger, qui en a fait un grand
nombre, insiste sur la nécessité de l'emploi d'un fil non
résorbable.
M. Lucas-Championnière s'est deux fois servi du catgut
et Tutérus dans les deux cas a fort bien tenu en place.
M. Terrillon au sujet du catgut conseille le procédé
de M. Reverdin; on peut y détruire tous les germes en le
chauffant à 140 degrés pendant deux à trois heures et
en le conservant ensuite dans Talcool au sublimé.
M. Terrier fait observer à M. Pozzi qu'Olshausen n'a
employé qu'un seul point de suture.
M. Trélat pense qu'il importe peu que la suture soit ou
non résorbable, parce que l'organisation des adhérences
est très précoce. Un insuccès ne doit pas faire rejeter l'hys-
téropexie, qui dans certains cas peut être une opération
nécessaire; mais le revers de M. Polaillon doit rappeler
les chirurgiens au respect de la prudence opératoire.
H. Polaillon prétend que ses fils étaient absolument
aseptiques, puisque leur résorption a été extrêmement ra-
pide.
— M. Routier fait un rapport oral sur une observation
de H. Gaillard (de Parthenay). 110 grammes d'éther
iodoformé au vingtième, soit ô^^SO d'iodoforme, furent
injectés dans un abcès froid chez un enfant. Le petit ma-
lade fut pris de collapsus, de cyanose, et on dut pratiquer
pendant longtemps la respiration artificielle. Le rapporteur
conclut que les doses raisonnables ont été dépassées et aue
les accidents sont plutôt imputables à l'éther qu'à l'ioao-
forme qui n'a pu être absorbé si vite.
— M. Lannelongue fait une communication sur les kystes
dermoïdes intermaxillaires. Plus rares que ceux de la
fente fronto-maxillaire, ils sont situés sur le trajet d'une
ligne qui réunirait la commissure buccale au tragus. La
première observation est due à M. Verneuil. Une femme
de vingt-quatre ans présentait une tumeur proéminente à
la joue et dans la bouche; on en fit une ostéite avec abcès
symptomatique qui fut incisé. Par la fistule persistante
sortit une mèche de cheveux et M. Yerneuil énucléa une
tumeur principale possédant tous les caractères des der-
moïdes, entourée de petits kystes secondaires : ces derniers
sont des kystes mncoîdes, dus à l'enclavement de la mu-
queuse. Les deux autres faits sont personnels à H. Lanne-
longue : l'un concerne une tumeur à paroi dermolde, rem-
plie de poils follets chez un homme de vingt-neuf ans, et
l'autre une tumeur analogue qui fut enlevée par la voie
buccale chez une jeune fille de dix-huit ans.
M. Quénu rappelle que le terme de kystes mucoldes peut
Srèter à confusion, car M. Malassez a déjà donné ce nom à
es kystes à parois composées de cellules épithéliales cali-
ciformes ou cellules à mucus. H. Quénu propose d'établir
la division en kystes dermoïdes cutanés et kystes der-
moïdes muqueux.
M. Trélat a deux fois observé des tumeurs de ce genre
siégeant tout près de la mâchoire.
M. Peyrot rappelle que Robin a décrit dans la même
région des fistules branchiales composées à la fois de
derme muqueux et de derme épidermique.
M. Lannelongue ajoute que toutes ces particularités
étaient connues avant Robin et accepte les termes que pro-
pose M. Quénu pour la dénomination de ces tumeurs con-
génitales.
— M. Lannelongue est nommé membre honoraire de la
"^ Société de chirurgie.
P. ViLLKMIN.
Soelélé €le feiotoyle.
SÉANCE DU 19 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Rapport entre les excitations ëleotrlques et la rëaotloB nèrro.
muacolalre : M. d'Araonval. — 8ar quelques effets des assooiatlona
microbiennes : M. Roger. — Présentation d'ouvrage: M. O.Bonnier.
— Unecauie d'aaymëtrie cbeE les enfants nouTeau-nès: KDapQy'
M. d'Arsonval rappelle qu'il n'y a pas de moyen de doser
le courant induit, qui est pourtant 1 excitant pnysiologique
par excellence. 11 a déjà montré antérieurement de quelle
façon on peut le graduer. Mais on ne mesure ainsi que la
quantité aéleclricité mise en jeu au moment du passage du
courant, et encore il n'y a pas de rapport entre cette quan-
tité et la force de la réaction musculaire. Or M. d'Arsonval
a imaginé un dispositif qu'il décrit, grâce auquel rinlensité
du courant induit peut être mathématiquement déterminée
en fonction de l'intensité du courant inducteur.
— M. Roger a constaté qu'un microbe qui, inoculé seul,
n'a aucune influence sur le lapin, associé à un autre microbe
également sans efl*et dans les mêmes conditions, devient
pathogène pour cet animal. Tel est le prodigiosus qui,
associé avec le microbe de la septicémie ou sérosité gan-
greneuse du cobaye, amène la mort du lapin en vingt-quatre
heures. De plus, M. Roger a vu que c'est par ses produits
solubles que le prodigiosus exerce dans ce cas celte action;
ces produits solubles ont donc la propriété do rendre patho-
gène le microbe de la septicémie.
— M. G. Bonnier présente à la Société le premier numéro
de la Revue de botanique qu'il dirige.
— M. Dupuy a remarqué chez plusieurs enfants nouveau-
nés, tenus par leur mère presque constamment couchés
sur le même côté, une asymétrie marquée résultant d'une
déviation de l'occipital. Il la pu faire disparaître cette dif-
formité commençante en faisant changer le côté sur lequel
l'enfant reposait.
M. Féré rappelle que Guénîot et Parrol ont déjà observé
des faits du même genre concernant la même influence du
décubitus.
SÉANCE DU 26 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Présentation d'ouvrage : M. Boger. — Aotion comparée de U maoè-
ration de digitale et de la digitaline : M. Roger. — Garactéret de
culture d'une levure du mucus vaginal : M. Legrain. — Sur on cat
de saturnisme héréditaire : MM. Z^grand et Winter. ^ De l'adde
carbonique contre les douleurs : M. Bro^wn-Séquard. — PrësenU-
tien d'ouvrage : M.Duclauz.— Dévelop]>ement des méloé :M.Beaa-
regard. — Sur le développement des ohnraalides de papUlona :
M. Regnard. — Du cooaSnisme chronique : MM. Magnas et Baury.
tF M. Roger présente la thèse de M. Courtade sur Taclion
thérapeutique de la digitale.
— H. Ro^er a fait des expériences comparatives sur
Faction physiologique de la macération de digitale et de la
digitaline. Au cours de ces recherches il a constaté que
TefTet de la digitaline est le même, que celle-ci soit intro-
duite dans l'organisme par une veine de la circulation gé-
nérale ou par une veine du système porte. Par conséquent
en ce qui concerne cette substance, le foie n'a pas d'action
antitoxique.
— M. Gley présente une note de M. Legrain (de Nancv)
sur les caractères de culture d'une levure trouvée dans le
mucus vaginal. M. Legrain décrit cette levure et principa-
lement les caractères qu'elle prend en se développant dans
différents milieux. 11 se propose d'étudier par la suite de
quelle façon elle se comporte vis-à-vis des matières sucrées.
i" Février 1889 GAZETTE HfiBDO^IADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 5
77
— M. Legrand a observé avec M. Winter un cas de sa-
larnisme' héréditaire avec cirrhose du foie et des reins.
— M. Brown-Séquard indique de quelle manière il faut
einplover l'acide carbonique en inhalations contre les aiïec-
tioDs dfouloureuses : on doit faire une inspiration profonde,
et, au moment où celle-ci va être termmée, Tacide car-
bonique doit être projeté avec force sur le larynx ; de cette
façon il ne peut en pénétrer dans les poumons qu'une très
minime quantité, car le courant d'air expiré le repousse
immédiatement ; d'autre part, ce jet d'acide carbonique
passe ainsi deux fois de suite et avec vitesse sur le larynx,
re qui est la condition essentielle pour que son action soit
eflîcace. Par ce procédé, les douleurs disparaissent dès la
première inspiration, mais elles reviennent vite; il faut
donc continuer cet emploi de l'acide carbonique pendant
assez longtemps. Alors l'analgésie générale peut durer
trente-six ou quarante-huit heures.
— M. Duclaux fait hommage à la Société du deuxième
volume des Annales de Vltistitul Pasteur.
— M. Beauregard expose d'après ses recherches le dé-
veloppement des insectes vésicants en général et particu-
lièrement des Méloë.
— M. Beauregard dépose une note de M. Regnard rela-
tive au développement des chrysalides des papillons ; M. Re-
i;nard a enregistré les phases de l'absorption d'oxygène et
d élimination de l'acide carbonique; pendant la première
semainedu développement, cette élimination est très faible;
elle augmente peu à peu, en même temps la proportion
J'oxygène absorbé augmente aussi.
— M. Magnan communique, en son nom et au nom de
H. Saury, trois observations d'intoxication chronique par
la cocaïne : troubles de la motricité, quelques phénomènes
njnvulsifs, mais surtout troubles ae la sensioilité géné-
riile, beaucoup plus marqués que les troubles sensoriels,
U'U ont été les principaux faits observés.
société «iiACoBiiqae.
SÉANCES DES H ET 18 JANVIEU 1880.
MM. Charrin et Russer: note sur les lésions de resto-
mac et des reins dans Vinfection pyocyanique.
— M. Isch-Wall présente un myome utérin ramolli
iOHs Cinfluence de la grossesse et rompu dans le péritoine
après l'accouchement. Il y avait eu présentation de l'épaule.
— M. Isch'Vall fait voir une perforation latente de l'es-
lO)uac par cancer.
— M. Audain relate un fait de calcul vésical avec pyélo-
fiêphritc et abcès sous-vapsulaire du rein.
— M. Paul Petit communique l'examen histologiquc
lune Syphilide hypertropliigt^ de la vulve.
— M. Toupet décrit un épithélioma sous-unguéal.
— M. Fiflfiiard apporte une tumeur à fibres striées de
l'otaire.
— MM. Dumoret et Poupinel font voir un épithélioma
iu rein pris pour une tumeur des annexes de l'utérus.
— M. Verchèret^ii une communication sur un kyste à
.ontenu sébacé du pouce.
REVDE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIOUE.
Da Bttrlto do eoteAU et de pol««fle eomine uédleAmem %a«-
eaïaire, par M; J. West Roosevelt. — Ce sel, obtenu en faisant
agir une solution de nitrite de potasse sur une solution d'un sel
de cobalt additionnée d*acide acétique, serait un substitutif delà
.nitro-glycérine, du nitrite de soude, du nitrite d'amyle et de
Féther nitreux. Il a pour formule C0-(N0')**K* + 2Aq.
Administré au chien à la dose de 5 grammes, il provoque la
somnolence et raccélération du pouls; mômes eflTets sur le chat,
et, sur les uns et les autres de ces animaux absence de phéno-
mènes toxiques.
M. West Roosevelt a prescrit ce sel à plusieurs malades à la
dose d'un demi-grain toutes les deux ou toutes les quatre heures,
parfois même en répétant cette dose d'heure en heure. Dans trois
cas, il s'agissait d'urémie avec pression artérielle exagérée et
dyspnée, mais sans symptômes d'œdème pulmonaire. La gône
respiratoire fut diminuée dans deux cas, et môme, chez l'un des
malades, ce sel parut supérieur à la nitro-glycérine. L'évaluation
de la tension artérielle au moyen du sphygmographe, permit
de constater son abaissement dans l'espace de quinze minutes
à une heure.
Môme succès dans un cas d'emphysème, mais sans que l(i
médicament provoquât une céphalalgie comparable à celle qui
est consécutive à l'administration delà nitro-glycérine.
M. Roosevelt essaya aussi ce môme nitrite dans un cas de
cardiopathie valvulaire avec dyspnée, œdème pulmonaire et
albuminurie. Malgré les vomissements, une partie du médica-
ment fut absorbée et la tension artérielle diminuée.
Chez une femme atteinte de migraine, avec nausées, vomis-
sements, élévation de la tension artérielle et albuminurie, ce
sel amena la sédation de ces accidents, comme le chloral, mais
avec cette différence que l'administration du chloral était suivie
de céphalalgie. Enfin, l'amendement de ces accidents coïncidait
avec l'abaissement de la tension artérielle.
En résumé, le nitrite de potasse cobalté (c'est le nom que
l'auteur lui donne) agit sur la tension vasculaire dans l'espace
d'un quart d'heure à une heure, et par prises d'un demi-grain
toutes les deux ou trois heures. H mérite donc d'être mis à
l'essai comme médicament arlério-dépresseur. {The iV.-F. med.
Journ.j^ août 1888.)
Du traltemeBC méeAntqne de teHmîwut eau d*eiiipliy«èiiie,
par M. Bebdbz. — On sait que les mouvements alternatifs du
diaphragme ont pour elTet d'augmenter ou de diminuer la capa-
cité de la cavité thoracique, et que Télévation des côtes, com-
binée avec leur rotation, contribue à produire le même résultat.
La théorie de Beau et Messiat fait jouer un rôle capital à l'élé-
vation du diaphragme dans l'élévation des côtes inférieures.
Celle de Magendie et Duchesne en fait plutôt un muscle expi-
râleur, l'élévation des côtes inférieures étant surtout provoquée
par le refoulement des viscères abdominaux.
M. Berdez a démontré expérimentalement qu'en substituant à
celte masse viscérale une vessie pleine d'eau contenue dans
l'abdomen, et en faisant varier le degré de distension de cette
vessie, il reproduisait les mouvements respiratoires. D'autre
part, il a remarqué qu'en comprimant la paroi abdominale,
on peut augmenter Tamplitude respiratoire dans le rapport de
59 pour 100.
11 en conclut que l'une des causes d^insuffisance de la respi-
ration résulte dune pression intra-abdominale trop faible. Dans
d'autres cas, ce trouble respiratoire résulte du défaut d'élasti-
cité des poumons, résistance que le diaphragme est impuissant
à vaincre. C'est pourquoi il propose d'augmenter la pression
exercée par les viscères abdominaux par l'emploi d'une cein-
ture semblable à celle dont les gynécologîstes font usage, et
espère ainsi pendant Tinspiration favoriser le mouvement de
rotation des côtes et augmenter la capacité respiratoire, et,
78 — N« 5 —
GkiETltE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE I" Février 188d
pendant Texpiralion, venir en aide au diaphragme pour vaincre
la résistance du poumon dont Télasticité est diminuée.
A Fappui de ces idées théoriques, M. Berdez rapporte le cas
d'un emphysémateux dont la capacité respiratoire était de
1800 cenlimètres cubes, quand on institua ce traitement ; sous
rinfluence de ce dernier, cette capacité s'éleva à 2000 centi-
mètres cubes. Enfin, il conseille encore cette médication quand •
les troubles respiratoires s'observent après le relâchement des
parois abdominales consécuti/ à des gross.esses répétées ou à
l'ablation de tumeurs. (Revue méd. de la Suisse romande,
4888, n« 67.)
Du traltenient de la néphrite AifcaS ebem len enttkmiB, par
M. le docteur E. Knock. — A cet âge, la néphrite aiguë évolue
habituellement vers la guérison. Quel traitement peut-on pres-
crire pour hâter cette terminaison?
1<> M. Knock insiste sur lutilité du repos pendant toute la
période albuminurique de la maladie.
2" La diète lactée est indispensable ; en autorisant les ali-
ments farineux additionnés de lait et les petites quantités de
viandes ou de bouillon. Le vin ne sera toléré que s'il y amenace
de coUapsus.
S*" De temps en temps, on prescrit utilement un laxatif et
l'emploi des bains chauds quand on obtient, par l'administra-
tion des sudorifiques, une abondante transpiration. Celle-ci est
toujours favorable. Ces bains, de dix à quinze minutes de durée,
doivent être à température normale; on les fait suivre de la
sudation par l'enveloppement du malade dans des couvertures
de laine. M. Knock estime que les complications cardiaques ou
pulmonaires. ne sont pas une contre-indication à leur emploi. Il
faut les suspendre dans le cas seulement où l'hématurie aug-
meuterait.
L'observateur allemand préfère cette pratique à l'administra-
tion de la pilocarpine et à l'emploi du drap mouillé, qui sont,
écrit-il, des moyens sudorifiques inférieurs aux précédents.
Contre l'urémie, il adopte le traitement antiphlogistique ; mais,
si le malade est en danger de coUapsus cardiaque, il suspend
toutes ces médications, et, sans hésiter, court au plus pressé et
prescrit les stimulants. {Charité Annalen, 1888.)
nx A coDsaller.
Traitement de la pharyngite chronique par l'acide ack-
riQUE, par M. Weil. —C'est à titre de substitutif que l'auteur
recommande l'emploi de l'acide acétique pur. A cet effet, il
badigeonne la muqueuse du pharynx, deux ou trois fois par
semaine avec un pinceau imbibé de cet acide. Si le malade est
pusillanime ou la sensibilité du pharinx exaltée, il fait usage
d'acide dilué. La sensation de brûlure est d'ailleurs passagère.
M. Weil a obtenu, par ce procédé, la résolui ion rapide d'an-
ciennes pharyngites. {Therap. Monat.y sept. 1888.)
Des résultats du traitement de l'amygdalite par le ben-
ZOATE DE SOUDE, par M. BoiSLiNiÈRE. — La série observée par
l'auteur comprend soixante-quinze cas dans lesquels on admi-
nistra le benzoate de soude à l'intérieur sans pratiquer aucun
traitement externe, badigeonnages ou collutoires. Les accidents
disparurent dans l'espace de douze à trente-six heures, soit en
moyenne dans l'espace de vingt heures. D'oii cette conclusion :
que le benzoate de soude diminue l'inflammation locale et la
fièvre et peut être administré a hautes doses même aux enfants,
enfin que son emploi ne présente aucun inconvénient. L'auteur
considère cette médication comme la meilleure contre les amyg-
dalites aiguës et les affections inflammatoires du pharynx et des
amygdales. (Med. News., 3 mai 1888.)
Traitement des excroissances èpidermiques par l'acide
SALICYLIQUE, par M. Hœsen. — L'auteur humecte la petite
tumeur (cors, œil-de-perdrix, verrue) d'une solution à l'acide
salicylique; puis saupoudre sa surface d*une couche de 4 â
5 millimètres du même acide cristallisé. Un morceau de linl
borique est appliqué à sa surface et enveloppé d'une feuille de
gutta-percha. Le pansement doit demeurer en place durant
quatre ou cinq jours ; cela est suffisant, si la production est
petite, pour assurer sa chute. {Mnnch. med, Woch., n» 9, 1888.)
Du traitement du T-ENIA par la PELLETIÉRINE, par M. BÉRAN-
GER-FÉRAND. — L'administration de la pelletiérine doit-elle être
suivie de l'ingestion dun purgatif? Oui, d'après ce savant obser-
vateur, car, si, avec ce purgatif, la pelletiérine provoque l'ex-
pulsion du taenia dans sept cas sur dix, elle n'agit que deux
fois sur dix quand on l'administre seule. 11 faut donc doubler
son action de celle d'un purgatif.
M. Béranger-Férand condamne l'usage des purgatifs salins
dont l'énergie est trop faible, le calomel présente des inconvé-
nients chez les anémiques, les dyspeptiques et les dysentériques;
l'huile de croton est trop irritante, de sorte qu'il faut préférer
l'huile de ricin ou bien l'eau-de-vie allemande. La première
est moins efficace que la seconde ; car l'une aide l'expulsion du
taenia dans 54 pour 100 des cas tandis que l'autre l'assure 63 foi>
sur 100. (Bull, gén, de thérap,, 15 août 1888.)
De l'action anesthésique locale des injections sous-ci:ta-
NÉES d'antipyrine, par M. Wolff. — Cet observateur compare
ces injections à celles de la morphine* Il en a fait usage contr<;
Tarthralgie du rhumatisme, les douleurs des phthisiqaes, W
point de côté de la pleurésie et les douleurs du rhumatisme
musculaire. Il considère cette médication comme toute-puis-
sante contre les douleurs superficielles et constate la rapidité de
son action analgésique dans l'espace de quatre à six minute>.
Après une sédation de dix à douze heures, la douleur reparait,
mais avec une moindre violence. M. Wolff a fait usage de U
solution d'antipyrine à 15 pour 100 sans observer aucun acci-
dent. (Tkerap, fwonai., juin 1888, p. 279.)
De l'emploi des topiques dans les affections cutanées de>
enfants, par m. Jacobi. — Quelles sont les formes médicamen-
teuses à employer dans le traitement des dermatoses infiantiles
pour éviter l'irritation de la peau? M. Jacobi redoute l'éry thème
si fréquent après les applications de liquides médicamenteux.
C'est pourquoi il combat l'eczéma chronique ou aigu au moyen
de pommades astringentes plutôt que par l'usage de liquide^
astringents, il recommande de préparer les premières avec la
vaseline ou le cold-cream avec lesquels le plomb, le tanin, le
zinc, le bismuth, riodoforme et Tacide salicylique s'incorporent,
bien.
Sur les surfaces dénudées de leur épiderme, les poudres >oui
plus utiles et M. Jacobi les associe en proportions convenablen
avec le talc. Par contre il proscrit les pommades avec l'axonge
parce qu'elles irritent la peau et font naître des éruptions. Il
préfère alors la lanoîline additionnée de dix parties d'eau, sous 1;^
forme de frictions légères. La peau des enfants absorbe rapide^
ment les médicaments administrés par cette voie. (Arch, o)
Pediatrics, juin 1888, p. 329.)
BIBLIOGRAPHIE
La flèvre typhoïde dans la première réglas de earpa
d'armée, étiologle aaeleane et étiologle noavelle^
par H. le docteur Emile ârnould. — Lille, thèse inau-*
gurale, 1889.
Nous sommes à une époque oi\ les doctrines médicales,
comme bien d^autres, s'appuient facilement sur un ensembUi
plus ou moins exclusif de faits dont la simplicité apparente
séduit et porte à une généralisation trop souvent hâtive
C'est là à coup sûr le symptôme d'un état d'esprit fécond
en découvertes, mais tout aussi prompt à l'abandon dei
1- Févribr 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHmuïlGlE
- N- 5-
7Ô
théories el à l'incertilude. L'observation, comme Texpéri-
fflentation, conduisent à ces écarts ; mais il faut bien recon-
nailre que celle-ci les facilite. Quels que soient les proj^rès
que le laboratoire a permis de faire, quelque indispensables
qae soient devenues les études qu'on y poursuit, les mys-
tères de la physiologie et de la pathologie humaines lui
gardent encore tant de secrets qu'il importe, à l'égard des
aits qu'on y découvre, de prendre garde à l'inânie com-
plexité des réactions de l'organisme, suivant les milieux où
il évolue.
Peu de questions ont été plus agitées dans ces dernières
années que celle de l'étiologie de la fièvre typhoïde; il en
est peu aussi pour laquelle on ait autant accumulé de
théories plus simples, plus unitaires, en quelque sorte,
les unes que les autres. De grands efforts ont été faits, et il
s'en fait encore, pour «c réduire à très peu près toute
recherche étiolo^ique concernant la fièvre typtioïde à la
constatation du bacille typhique ou d'Ebert-Gaffky, dans
Teau des localités où se produisent des cas de cette affec-
Tion ». Ces efforts ont abouti à d'intéressantes études que
M, le docteur Emile Arnould a consignées dans la thèse
iuaogarale qu'il vient de soutenir à la Faculté de médecine
de Lille. Ce travail, auquel nous avons emprunté la phrase
citée tout à Theure, est consacré à l'examen de 166 cas de
fièvre typhoïde, dont 20 décès, observés en trois années
dans le premier corps d'armée; or, il ne parait pas possible
d'admettre, une seule fois, parmi tous les cas observés qui
n ont pas donné lieu à une épidémie, l'influence d'une eau
spécifiquement contaminée. Une telle thèse n'est à coup
sûr pas banale à l'heure actuelle^ elle mérite d'autant plus
irarrèter l'attention qu'on a plaisir à y louer aussi l'ordon-
nance de l'argumentation.
H. Arnould fait tout d'abord observer que les dix-huit
places de la région occupée par le premier corps d'armée
Dont eu, à elles toutes, que deux épidémies très bénignes
de fièvre typhoïde pendant ces trois dernières années. Suivant
lui, la fièvre' typhoïde déterminée par l'usage de Teau de
boisson ne peut se présenter dans une caserne que sous la
forme d'une épidémie, à moins de circonstances tout à fait
singulières; car la garnison représente un groupe soumis à
des conditions d'existence identiques, en particulier à
l usage de la même eau, et la suspension des bacilles
typhogènes dans l'eau serait une condition passagère qui
ne peut agir que par sa violence actuelle. D'autre part, ces
16^ cas ont été presque tous isolés, à des époques généra-
lement diverses, mais surtout lorsque les forces des soldats
étaient le plus déprimées. Souvent on a pu remarquer la
gravité singulière des cas sporadiques, que M. le professeur
Arnould a signalée depuis longtemps; maintes fois on a vu
on cas absolument isolé sur plusieurs mois, dans une gar-
nison, el ce cas a été mortel! L'eau pouvait-elle donc être
le véhicule qui portait le germe typnique? Hais alors ce
< breuvage homicide » eût frappé au moins quelques-uns
de ceux qui l'absorbaient, plus ou moins gravement. Enfin.
M. Arnould constate que c tout en réclaïuant énergiquement
la substitution de l'eau de source à l'eau de puits dans les
casernes et une fourniture d'eau irréprochable, le directeur
du service de santé et les médecins militaires du premier
corps d'armée ont jusqu'à présent combattu la fièvre
typhoïde par l'aération des locaux, le desserrement des
h'ommes dans les chambres, l'enlèvement des immondices,
la modération dans le travail, le relèvement de l'alimen-
tation, les congés et permissions, l'évacuation des locaux
suspects et leur désinfection par l'acide sulfureux; tout,
excepté ce qui pourrait constituer une modification à l'eau
de boisson. Jamais on n'a essayé Teau bouillie ni même
filtrée; on a conseillé, à priori du reste, l'abandon de
quelques puits : mais il est arrivé que des troupes campées
"^nr les glacis d une forteresse pour fuir une caserne infec-
tée, continuaient à boire Teau de la ville d'où elles venaient.
Bien que les mesures prophylactiques n'aient pas visé l'eau,
le succès n'en a pas moins été satisfaisant. >
L'énumération de ces assertions négatives est suivie de
renseignements sur la constitution des eaux consommées
dans la région et d'un examen raisonné sur les circonstances
dans lesquelles les cas de fièvre typhoïde se sont produits
dans les diverses garnisons. Ici les divers faits, groupés
sous la dénomination suffisamment expressive d'^étiologie
ancienne ), concordent à revendiquer c pour les causes ba-
nales un rôle toujours immense et qu'il serait dangereux de
négliger ». Une étude critique de quelques épidémies ré-
centes observées sur divers points de la France et dans les-
quelles l'origine aquatique de la fièvre typhoïde a été plus
particulièrement signalée, termine cette thèse. On nous
Permettra de ne pas suivre l'auteur dans ces derniers déve-
oppements, car les procédés de recherches et les préoccu-
pations ont été trop différents chez les uns et chez les autres
Sour que nous puissons nous livrer sommairement, au cours
e ces épidémies, à un examen comparatif. Nous pensons
que, dans l'état actuel de la science, il convient plus que
iamais de n'avoir aucune vue exclusive en pathologie et que
l'hygiène donne à cet égard de salutaires enseignements,
comme le disait si justement M. Léon Colin à la dernière
séance de l'Académie de médecine, € rien ne doit être
abandonné, à l'égard de la fièvre typhoïde, des anciennes
[ prescriptions 1. La prophylaxie ne peutêtre aussi unitaire que
e voudraient peut-être certains novateurs. Il n'est pas une
seule question où elle ne montre pratiquement quels avan-
tages il y a à s'inspirer bien plutôt, comme nous le disions
tout à l'heure, des variations incessantes et réciproques de
l'économie humaine et des milieux qui l'environnent et
l'influencent si profondément. A cet égard, la thèse de notre
distingué confrère témoigne d'une prudence et d*un bon sens
qui se feraient volontiers rares dans certains pays.
A,-J. M.
Des ARTHROPATUiES TABÉTiQUES DU PIED, par M, le docteur Démo-
STHÈNES Pavudès. — Thèse inaugurale, 1888. G. Steinheil.
Les arthropathics tabétiques, signalées et décrites par
Gharcot, sont moins fréquentes au pied qu'au niveau des autres
articulations; au pied, d'ailleurs, comme toutes les autres arthro-
Sathies tabétiques, elles évoluent rapidement, sans douleur,
onnant lieu à des lésions profondes beaucoup plus étendues
qu*on ne pourrait le supposer pendant la vie. Ces arthropathies,
qui ont été confondues par les auteurs anglais avec les arthrites
sèches, doivent être regardées comme des troubles dépendant
des lésions du système nerveux, et probablement du système
nerveux périphérique. Leur mode d'apparition, leur évolution
particulière, le plus souvent indolore, i e.vistence des signes de
tabès, avec ou sans ataxie locomotrice, permettent d'établir un
diagnostic précis. H ne faut pas confondre, du reste, le pied
tabétique arthropalhique, avec le pied bot tabétique d'origine
musculaire, résultant du décubitus et de la pression des cou-
vertures chez des sujets tabétiques ayant perdu la tonicité et la
réflectivité musculaires. Les arlhropathies tabétiques peuvent
être divisées en arthropathics peronéennes, tarso-mé ta tar-
siennes, des orteils, et généralisées du pied. Elles sont toutes
caractérisées non seulement par des lésions articulaires, mais
aussi par des lésions osseuses souvent beaucoup plus marquées
que les premières. Le traitement de ces arthropathies donne en
général peu de résultats ; d'ailleurs leur pronostic n'a pas de
gravité au point de vue de la vie des malades, mais seulement
en tant qu'intirmité rebelle. Cependant l'amputation, proposée
et pratiquée par certains chirurgiens allemands, ne semble pas
devoir être recommandée, car un «itaxique marchera encore plus
difficilement quand il aura, au lieu de son pied ankylosé, un
appareil prolhéti(|ue. Ajoutons que l'intéressante monographie
du docteur Pavlidès est accompagnée de plusieurs belles plan-
ches en chromolithographie, et de la reproduction d'un certain
nombre de microphotographies exécutées par son maître, le
professeur Damascluno, et montrant les altérations des cordons
médullaires chez plusieurs ataxiques.
80 — N*» 5
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i^ Février
Du LAVAGE ÉLECTRIQUE ET DE LA FARADI8ATI0N INTRA-STOMA-
GALE DANS LA DILATATION DE L'ESTOMAC FONCTIONNELLE
{Maladie de Bouchard), ^slt M. le docteur H. Baraduc. — Paris,
1888. Bureau des publications du Journal de médecine de
Paris.
L'auteur établit dans cette note les indications et le manuel
opératoire de Télectrisation intra-stomacale dans le traitement
de la dilatation gastrique. On emploie un rhéophore place dans
le tube de Faucher de façon que le fil ne soit pas en con-
tact direct avec la muqueuse, mais reste cependant très prés de
la petite courbure et des plexus vasculo-nerveux, tandis qu^une
galette de terre glaise est placée au niveau de la grande cour-
bure descendue. Celte méthode doit être réservée aux simples
troubles fonctionnels gastriques, en dehors de toute lésion
inflammatoire ou ulcéreuse. Le lavage électrique (gros fil) a
pour effet de resserrer la fibre musculaire et de réveiller Tatonie
du plexus solaire : la dilatation gastrique rétrocède et Testomac
remonte dans sa loge diaphragmatique. La faradisation intra-
stomacale (fil fin) calme surtout les douleurs et arrête les
vomissements d'origine nervoso-réflexe,danslescas de dilatation
ombilicale avec irritabilité hystériaue et hyperexcitabiiité des
plexus. On obtient par cette méthoae la disparition des phéno-
mènes éréthiques et des vomissements, le retour de l'absorption
des liquides, le rétablissement progressif d'une meilleure diges-
tion et le retrait de Testomac dilaté. La persistance des effets
obtenus est, d'ailleurs, en rapport avec les causes de dila-
tation.
VARIÉTÉS
Faculté de médecine. — La conférence d'histoire naturelle
faite à la Faculté de médecine aux étudiants de première année
par M. le professeur agrégé Raphaël Blanchard, vient d'être
supprimée par M. le doyen Brouardel en raison des troubles
auxquels elle donnait lieu.
Après diverses menaces de suppression faites par le doyen en
présence des étudiants, M. le doyen vient de prendre la décision
suivante :
€ Le conseil de la Faculté de médecine avait prié M. Blanchard
de faire gratuitement des conférences de zoologie aux étudiants
en médecine de première année.
f MM. les étudiants ont, à diverses reprises, manifesté vis-à-
vis de leur professeur par des manques de respect répétés qu'ils
n'appréciaient pas le service qu'on voulait leur rendre.
c La conférence est supprimée.
c Le doyen, Brouardel. >
Concours d'agrégation de médecine. — Ont été déclarés
admissibles : MM. Babinski, Balzer, Brault, Chantemesse,
Charrin, Gaucher, Gilbert, LetuUe, Marie, Netter pour la Faculté
de Paris.
Aucun des candidats pour les Facultés de province n'a été
éliminé.
La première épreuve (leçon orale d^une heure après qua-
rante-huit heures de préparation libre) a commencé le
28 janvier. Voici les auestions données jusqu'à ce jour :
l"" M. Combemale : Valeur des phénomènes thermiques dans
les maladies aiguës ;
"È"* M. Gaucher: Des métastases;
:{" M. Sarda : De l'influence du traumatisme dans Téclosion
des maladies infectieuses ;
i** M. Suzanne : Des causes secondes dans le développement
des maladies infectieuses ; '
b*^ M. Gueit: Des vaccinations pastoriennes ;
6^ M. Mesnard : De l'insuffisance fonctionnelle du rein ;
7" M. Charrin : Des Infections secondaires ;
S"* M. Netter : Myocardite infectieuse.
Internat des hôpitaux. — Le nombre des internes titulaires
primitivement fixé à 46 vient d'être élevé à 54 et les huit pre-
miers parmi les internes provisoires, MM. Lovy, Camescasse,
Delaunay, de la Nièce, Bureau, Bernheim, Dufournier el Le-
grand, ont été nommés titulaires.
Cette décision a été prise par l'administration à la suite des
firotestations faites par les médecins de Bicétre et par ceux de
'hôpital Broussais, qui eussent été privés d'internes titulaires
dans le cas où le nombre de ceux-ci n'aurait pas été augmenté.
S'il convient de féliciter M. Peyron d'avoir cédé aux légiiimes
revendications du corps médical, il faut désirer cepeodaQtque,
dans les concours ultérieurs, on persiste à fixer à l'avaûce le
nombre des internes qui devront être nommés chaque année.
On évitera ainsi de prêter l'oreille à des sollicitations eWn-
médicales, et de céder pendant la durée du coacours à ki
influences injustement prépondérantes. Il suffira, pour éviter lej
réclamations qui se sont produites cette année, d'évaluer arec
S lus de soin le nombre des vacances à pourvoir. S'il armùt
'ailleurs qu'après la clôture des épreuves et la nominatioQ ile«
internes un trop grand nombre de démissions vint àcréerdef
vides imprévus, rien n'empêcherait de procéder commi' on V
fait dans les concours pour les Ecoles du gouvernement, où Fou
publie des listes supplémentaires, c'est-à-dire de charger des
fonctions d'internes titulaires, avec toutes les prérogatives qui
leur sont attachées, un certain nombre d'internes provisoirei
L'essentiel nous parait être de ne pas laisser de services hospi-
taliers sans internes titulaires, de ne pas empêcher une équi-
table répartition de ceux-ci. Le prestige du titre d'interne of
perdra pas grand'chose au nombre plus ou moins grand di
titulaires nommés chaque année. 11 vaudra surtout ce cjoe fi
donneront d'autorité les travaux scientifiques et l'assiduilcdô
internes.
Société médicale des hôpitadx (séance du vendredi 8 fê\T^?
4889). ~ Ordre du jour: Discussion sur les rapports du ^oitrf
exophthalmique et de l'ataxie locomotrice. — M. de Bearniaoîi
Un cas de mort par tétanie dans le cours d'une dilatatioin'i'
l'estomac. — M. Huchard : Sur un nouveau syndrome cardiaqa--
l'embryocardie.
Souscription Duchenne (de Bodlogne).
Quatrième liste.
MM. lesD^»Potain 100 fr. »
Guyon 50 »
François-Franck 20 i
Dreyfus-firisac 20 »
Nicaise f) »
Fisseaux *1{) >
Clermont 20 »
Durand-Fardel 10 »
Total 2Ô5 »
Montant des listes précédentes. 22J5 >_
Total général.. 2400 fr. »
Mortalité a Paris (3« semaine, du 13 au iO j»fl"f
1889. — Population : 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde,!'
— Variole, 2. — Rougeole, 50. — Scarlatine, 0. - C^f •
luche, 5. — Diphthérie, croup, 37. — Choléra, 0. - Ph^^^'- '
pulmonaire, 179. — Autres tuberculoses, 16. — Tumear>
cancéreuses, 56 ; autres, 10. — Méningite, 2i. — ^'OJ?"'
tion et hémorrhagies cérébrales, 59. — Paralysie, t> ."
Ramollissement cérébral, 4. — Maladies oi^niquesducœuTr^'
— Bronchite aiguë, 36. — Bronchique chronique, 49.— Broocli^
pneumonie, 31. — Pneumonie, 65. — Gastro-entérite: sein,*^.
biberon, 29. — Autres diarrhées, 1 . — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 4. — Débilita; fo»*
génitale, 29. — Sénilité, 37. — Suicides, 9. — Autres mo^^
violentes, 7. — Autres causes de mort, 189. — ^^
inconnues, 12. — Total : 1027.
OUVRAGES DËPOSËS AU BUREAU DU JOURNAL
La ^phthérie, ton traitement antUeptique, par M. lo doeleur J. TirncY
Sauluur), études cliniques, précédées d'une préface du prore«s»eur (inB j"*
1 vol. in-«« de 300 pages. Paris, 0. Doin. "
Det conditioru qui favorisent ou entravent le développement du fffttit> i"''^' .
du père, recherches cliniques, par II. le docteur Fcllce La Torrc. I *^^f"^
in-8o de 236 pages. Paris, 0. Doin.
G. Masson, Propriétaire-Gérant
48170. — MOTTBROZ. — Imprimeries réuuioa, A. rue Uigiion ,t !*>"»■
Trente- SIXIÈME année
N* 6
8 Février i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANÇOIS-FRANCK. A. HÊNOCQUE, A..J. MARTIN. A. PETIT, P. RECLUS
Adreiser tout ee qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférenre)
SÔHMMRB.— BOLLETIN. Académie de médecine. — Conseil supérieur do lus-
MMance publique. — PATHOLOGIE CKNÉU\EE. Cause» el mécanisme de la
sappuralion. — Ubvub DBS COURS ET DES CLINIQUKS. lIApilal Nrckcr; scrvitrc
de M. h /irofe5»eurGu.von.— Travaux originaux. Cliniquo cliirurgicale : Des
krslc» IndaUqucf supérieurs du foie — Pathologie interne : Acrodynic cl arse-
iiesme. — Cliuique médicale : Périlonito luborculeuso localisée, d'origine
tTMn^ttquc. — SociiTis SAVANTES. AcaJéniÎB Aùi sciences. — Académie de
Bicdeciuc. — Société de clnrurgic. — Société de biologie. — Sociclé de Uicra-
prytiquG. — Revue >ES journaux. Tliénipeuliquo. — BinLiocuAPHiE. Eludes
sorle* mabdies da foie. — VARlÉTés. Concours d'agrégation do médecine.
BULLETIN
Paris, 6 février 1889.
Académie de médecine : Rapport de M. A. Bobin snr
le« «AUX minérales. — TraUemeat dn choléra. —
latoxleatlon par les poêles mobllea. — l»e Conseil
sopértear de l'assistance pnbllque.
En exposant, avec la plus louable franchise, toules les
imperfections que présente, dans la plupart de nos élablis-
seraents thermaux, l'organisalion du service médical; el en
ap|>clanl la discussion publique du Rapport général sur le
service des eaux minérales de la France, qu'il a lu à TAca-
démie de médecine le 0 décembre dernier, M. Albert Robin
a rendu un signalé service à la cause que nous défendons
depuis tant d'années.
Sans s'arrêter à examiner si les critiques adressées à
l'iiislilutîon même des médecins-inspecteurs sont ou non
fondées; sans tenir compte des notes plus ou moins offi-
cieuses que publient à cet égard les journaux politiques, le
savaiJl rapporteur de TAcadémie recherche si 'on n*est pas
en droit de reprocher aux médecins de nos stations hydro-
minérales la négligence avec laquelle un certain nombre
d'entre eux s'acquittent de leurs devoirs officiels, les diffi-
cultés qu'ils éprouvent presque tous à tirer parti des obser-
vations cliniques recueillies pendant la saison thermale.
€ L'inspectorat, dit M. Robin, a eu gain de cause devant
TAcadémie et devant le Conseil d'État; il est maintenu...
Mais, puisqu'on s'accorde aujourd'hui pour le maintenir, il
importe d'en tirer tout le parti possible dans le suprême
intérêt des eaux françaises ; et Tune des meilleures manières
de le faire, c'est d'assurer les pouvoirs de l'inspecteur en
élevant à ces fonctions le plus digne et le plus instruit. ^
Chacun s'accordera à reconnaître que la présentation par
l'Académie de médecine et par le Comité consultatif d'hy-jnène
el aussi — M. Robin n'en parle pas — Tubligation imposée
au Ministre de désigner comme médecin-inspecteur celui qui
f StRlE, T. XXVt.
aura été présenté en première ligne sur les deux listes?
donnerait aux élus le prestige qui leur manque aujour-
d'hui. Mais il resterait encore bien difficile* au inéidecin
désigné, par ses travaux scientifiques, au choix de l'Acadé-
mie, de signaler chaque année des réformes parfois oné-
reuses pour les compagnies fermières, sans se créer, dans
le milieu spécial où il exerce, bien des animosités et par-
lant bien des ennuis. A ce point de vue donc, nous pensons
que les visites faites à des époques indéterminées, soit par
les inspecteurs des services sanitaires, soit par des délégués
spéciaux, auront plus d'utilité que n'en pourraient avoir
les doléances des médecins-inspecteurs ou même des com-
missions médicales organisées pour veiller à ce qui inté-
resse la santé publique dans rétablissement ou dans la
commune. Jamais, nous le craignons, les médecins locaux
n'arriveront à mettre fi l'index un établissement, un hôlel ou
une ville qui ne se conformeraient pas aux prescriptions
hygiéniques reconnues indispensables. L'inspecteur des
services sanitaires ou le délégué auront au contraire toute
autorité pour imposer, à cet égard, les mesures jugées utiles.
Mais ce n'est là qu'un petit côté de la question. La pré-
sence dans les stations thermales d'un médecin-inspecteur
serait surtout nécessaire, au point de vue scientifique,
pour recueillir les matériaux qui permettraient de juger
la valeur thérapeutique d'un traitement déterminé, diriger
les laboratoires où se feraient des études hydrologiques
spéciales, tenir à jour la statistique médicale et, dans l'hô-
pital thermal annexé à la station, traiter gratuitement les
indigents. Aujourd'hui le médecin-inspecteur est presque
partout celui qui, absorbe par la clientèle étrangère, signalé
à son choix par le titre qui lui est conféré, ne peut plus
trouver même le lemps nécessaire pour rédiger le rapport
annuel qu'il doit à l'Académie. Si le programme tracé par
M. A. Robin était adopte el suivi, le médecin-inspecteur
serait au contraire un savant dont les recherches, utiles à
la station dans laquelle il exerce, utiles surtout à tous ses
coniVères, permettraient de se faire une idée quelque peu
précise de l'action des eaux minérales. Quel est en effet
ce programme à remplir? Voici comment s'exprime à ce
sujet M. A. Robin:
Pour pénétrer dans le secret de raction des eaux minérales,
il faut connaître la manière dont elles influencent les échanges
organiques, eu un mot, leur action sur la nutrition élémen-
taire.
On sait que derrière la plupart des aifections chroniques —
et ce sont celles qui sont justiciables des eaux minérales — il
existe des troubles nutritifs, originels ou acquis, antérieurs à la
6
82 — N« 6
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Févribu 1889
manifestation morbide et qui sont la condition fondamenlale de
sa forme et de sa durée. Ces vices de la nutrition matérialisent
cette manière d'être jadis indéfinissable, à laquelle nos pères
ont donné le nom de diatbèse, et paraissent si bien conjugués
à ridée représentée par cette dénomination, que les deux
termes ne nous représentent plus que des synonymes. Pourtant,
il ne faudrait pas oublier qu'un trouble de la nutrition, quel
qu'il soit, reconnaît toujours une cause première dont il n'est
que l'expression : aux oxydations accrues ou diminuées, aux
dénutritions locales plus ou moins accentuées, aux fermenta-
tions accélérées ou retardées, il est un trouble antérieur,
encore mystérieux, auquel on pourrait conserver le nom de
diathcse, celle-ci ne représentant pas le trouble nutritif lui-
même, mais l'ensemble des causes qui lui donnent naissance.
La connaissance de ce vice nutritif qu'engendre la diathcse,
et dont le rôle essentiel est de préparer en quelque sorte le
terrain de la maladie, nous donne le moyeu de préjuger du
trouble originel, et nous indique le sens dans lequel doit agir
la thérapeutique. Par conséquent, les divers moyens de traite-
ment ne s'adapteront exactement aux affections contre lesquel-
les ils sont dirigés, que si l'on a mathématiquement fixé, au
préalable, les modifications qu'ils impriment à la nutrition élé-
mentaire. Et tant que cette recherche n'aura pas été faite pour
les eaux minérales, elles manqueront de l'un des éléments les
plus importants parmi ceux qui permettent de juger de leurs
indications et de leurs contre-indications.
L'emploi des eaux minérales est un des plus sûrs moyens de
produire ces modifications lentes et constitutionnelles, qui doi-
vent aboutir aune inversion du mode nulrilif de l'individu;
mais, au moins, faut-il savoir comment réagissent les échanges
devant telle ou telle eau minérale !
C'est à cette étude, jusqu'ici trop négligée en France, que
l'Académie convie les médecins hydrologues. Ils peuvent être
assurés que cette voie, jusqu'à présent presque inexplorée,
leur ouvrira de nouveaux horizons, et qu'elle sera peut-être le
point de départ d'une révolution dans la clinique thermale.
Voici le but à atteindre. Mais les médecins inspecteurs
actuels et même les plus jeunes et les moins occupés
parmi les médecins consultants, arriveraient difficilement,
dans les conditions actuelles, à entreprendre et surtout à
poursuivre longtemps les recherches si minutieuses et
parfois si ingrates qui semblent nécessaires aujourd'hui.
Pour que Ton puisse donner à Thydrologie médicale Tim-
pulsion féconde que souhaite M. A. Robin, il faudrait créer
dans chaque station un laboratoire thermal, y installer un
chef de service qui sérail en même temps le médecin
inspecteur de la station et qui, recevant un traitement fixe
en rapport avec les services qu'il pourrait être appelé à
rendre, se désintéresserait complètement de la clientèle
active. Ne pourrait-on pas demander aux établissements
thermaux une subvention suffisante pour assurer ce ser-
vice ? Ke serait-il point possible de leur faire comprendre
l'utilité qu*aurait, à tous les points de vue, l'installation
d'un laboratoire d'où pourraient sortir des travaux sérieux,
bien différents de ceux qui nous parviennent d'ordinaire et
qu'on hésite à publier, supposant peut-être à tort qu'ils
sont dictés par des préoccupations étrangères à la science?
Et le médecin inspecteur ne se verrait-il point appelé par
ses confrères à des consultations suivies d'analyses et de
recherches scientifiques dont la rémunération légilime ren-
drait sa situation plus enviable ?
Si l'on adoptait cetle manière de voir; si, dans nos
grandes stations hydrominérales, on étudiait plus scientifi-
quement le mode d'action du traitement thermal, peut-
être arriverait-on dès lors, comme le demande si justement
M. A. Robin, à réglementer Phygiène alimentaire des
malades et à obtenir des administrations et des hôteliers
les réformes qui dès aujourd'hui s'imposent un peu par-
tout.
Dans cette voie tout reste à faire. On devra donc savoir
gré à M. Robin d'avoir appelé l'attention de l'Académie et
du ministre, sur un sujet qui devrait nous préoccuper
davantage puisqu'il touche à une série d'établissements qui
sont pour la France une source de richesse, pour les mé-
decins une mine inépuisable d'observations et de recher-
ches cliniques.
— On lira plus loin, au compte rendu de TAcadémie des
sciences (p. 94) une communication de M. Lœwenthal.
En résumant devant l'Académie de médecine les intéres-
santes recherches faites dans son laboraloire, M. Cornil a
insisté sur les difficultés que l'on éprouve à en tirer des
conclusions précises et immédiatement applicables à
l'homme. Cela ne veut point dire que le salol ne devra pas
être essayé chez les cholériques. Mais il serait bien pré-
maturé d'en affirmer l'efficacité réelle et constante.
— On pourrait reprocher à la communication si inté-
ressante de M. Lancereaux sur les dangers de l'usage des
poêles mobiles si répandus aujourd'hui dans les habi-
tations, de venir un peu tard, alors que l'hiver va bientôt
s'achever, si l'on ne savait, par expérience, avec quelle
lenteur l'administration prend et exécute les mesures les
plus utiles. En effet, lorsque le Préfet de police affichait
sur tous les murs de Paris, par décision du 17 novembre
1880, une ordonnance sur le mode de chauffage des
habitations, il avait déjà pour but d'appeler l'attention
publique sur les dangers de l'emploi des poêles mobiles
et l'ordonnance qu'il portait ainsi à la connaissance de ses
administrés reproduisait l'avis émis par le Conseil d'hygiène
sept mois auparavant! De trop nombreux exemples ne ces-
sent de montrer que cette ordonnance a été inutile et
qu'il y avait lieu, suivant l'opinion du professeur Ar-
nould, de lui préférer la réprobation pure et simple de ces
appareils. En 1880, Boutmy, Vallin, Le Roy de Méricourl,
Mathelin, Lagneau, E.-R. Perrin, Ida Remsen, etc.,
avaient déjà signalé des accidents graves survenus à la
suite de l'usage si délicat des poêles à petite marche et à
combustion ralentie; l'administration avait cru, sur la nû
des fabricants sans doute, que l'on pouvait diminuer
leurs inconvénients par des précautions convenables.
L'événement ne cesse malheureusement de démontrer qu^il
n'en peut être ainsi. Il y a donc lieu de proscrire désormais
tous les appareils qui ne peuvent fonctionner économiquement
qu'en introduisant dans l'air respirable des appartements
un gaz aussi toxique et aussi subtil que l'oxyde de carbone.
Les expériences de M. Gréhant, les observations anatonio-
pathologiques de M. Brouardel, les constatations chimiques
de M. Armand Gautier ne laissent aucun doute à cet égard.
M. Vallin a montré, d'autre part, que c la température des
locaux chauffés au poêle mobile est exagérée (18 à i9 de-
grés dans une chambre dont la porte était-entrebàillée de
:29 centimètres); dans un poôle mobile du modèle ordinaire.,
le tirage ne fait arriver au foyer que 4 centimètres cubes
d'air par kilogramme de coke brûlé, alors que celte quan-
tité de combustible exige au moins 9 mètres cubes d'air
pour que tout le charbon soit transformé en acide carbo-
nique. Il n'est donc pas étonnant que l'on trouve dans le
8 FÉVRIER 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N*> 6 — 83
tuyaa de fumée une quantité énorme (16 pour 100) d'oxyde
de carbone ». Le poêle évacue à peine l'air de la pièce et,
par suite, on y sent cette odeur fade, celle lourdeur, qui
caractérisent nettement la présence de ces dangereux
appareils, tant Toxyde de carbone en reflue facilement
dans les appartements. Il est urgent d*en réclamer la sup-
pression; l'Académie ne manquera pas de le faire lors-
qu'elle aura à statuer, dans quinze jours, sur les résolu-
tions que lui a présentées M. Lancereaux.
Erratcm. — Dans le dernier numéro (p. 69), une erreur
d'impression rend incompréhensible la formule de M. Vigier.
Il faut lire : c On triture 193^50 de mercure, 2y%50 de vaseline
blaucbe solide et 1 gramme d'onguent mercuriel. i
Conseit supérieur de V assistance publique : L'inspection
êe Vmmmlmtn.wkee publique ; rassistance médicale dans
les eampagucs ; lo domicile de secouru.
Le Conseil supérieur de l'assistance publique vient de
terminer sa première session de 1889, session marquée par
des débats du plus grand intérêt, empreints d'un esprit à
la fois élevé et pratique et d'un remarquable bon vouloir
de la part de tous ceux qui y ont pris part, à quelque cou-
leur politique ou à quelque opinion philosophique qu'ils
appartiennent. Cette session, qui n'avait été précédée,
depuis Finstitution du Conseil, que par deux réunions plé-
nières, était consacrée à l'examen d'un certain nombre de
rapports préparés depuis plusieurs mois par les sections.
Les résolutions qu'on devait discuter étaient d'ailleurs beau-
coup plus des déclarations de principes qu'elles ten-
daient à déterminer les détails pratiques d'application des
mesures recommandées. Il n'en pouvait être autrement;
car, en matière d'assistance publique, la législation est
presque tout entière à créer en France, et l'administration
réclame une organisation plus conforme aux nécessités
sociales actuelles.
Parmi les questions que vient d'examiner le Conseil supé-
rieur de l'assistance publique, il en est deux qui intéres-
^ent plus particulièrement le corps médical et qui répon*
daieut précisément à l'ordre de préoccupations que nous
venons d'indiquer. L'organisation de l'assistance exige en
elTet une orientation déterminée ; aussi était-il indispen-
sable, au début des études longues et laborieuses que le
ConseU aura à entreprendre, de préciser les principes sur
lesquels il y a lieu de baser l'inspection de l'assistance
publique et l'assistance médicale dans les campagnes. Les
rapporteurs de ces deux questions, nos savants et distingués
confrères, MM. les D" Thulié pour la première et Dreyfus-
Brisac pour la seconde, se sont parfaitement rencontrés
dans l'exposé de la ligne de conduite à intervenir. Ils n'ont
pas pensé qu'il fût d'ailleurs bien utile de faire ressortir
les lacunes et les défectuosités de l'organisation de l'assis-
tance dans les campagnes, si tant est qu'on puisse appeler
de ce nom l'état de choses actuel. Sur presque tout le terri-
toire de la France, il n'existe pas d'assistance médicale à
proprement parler; quant à l'assistance hospitalière, elle
est non seulement limitée aux grands centres, mais encore
là où elle est organisée, elle est trop souvent dépourvue
de ressources. La cause en est ordinairement dans l'impuis-
sance où se trouvent les communes de subvenir aux frais de
celte organisation ; c'est aussi pour cette raison que l'assis-
tance est une si lourde charge pour les grandes villes et en
particulier pour Paris.
Comment remédier à un tel état de choses? Doit-on suivre
les anciens errements et laisser Padministration de l'assis-
tance médicale au bon vouloir des autorités locales, com-
munales ou départementales? Vaut-il mieux confier à
l'Etat le soin d'imposer l'obligation à tous et partout?
Toutes les législations proclament la nécessité de l'assis-
tance communale. Au point de vue du droit de la société,
l'individu doit subvenir à tous ses besoins dans la mesure
de ses forces et par son travail. Lorsqu'il est devenu inca-
pable de se suffire à lui-même par suite d'infirmité, de
maladie, c'est à sa famille à lui venir en aide; lorsque cette
famille elle-même ne peut remplir celte tâche, il faut que
l'action de la collectivité se fasse sentir. Aussi la commune,
à défaut de la famille, doit-elle l'assistance aux nécessiteux,
malades qui y ont leur domicile de secours ; il va de soi
que plusieurs communes peuvent s' associer en syndicat pour
remplir ce devoir social, si leurs ressources propres sont
insuffisantes et comme le projet de loi actuellement soumis
au Parlement l'autorise. Si la commune ou le syndicat de
communes est incapable d'y subvenir, c'est à une famille
plus vaste, au département, que ce soin incombe, et si le
déparlement lui-inéme ne le peut pas, l'Étal doit alors inter-
venir. C'est pourquoi le Conseil a pensé qu'il y avait lieu de
modifier comme il suit la législation du domicile de secours
pour les malades indigents :
La femme a le domicile de secours de son mari ; les
mineurs de seize ans, celui de leurs parents. Le domicile
de secours se perd dans une commune ou syndicat de com*
mqnes par une absence continue de deux ans; il s'acquiert
dans une commune ou un syndicat de communes par un
séjour de même durée. En cas d'accident ou de maladie
aiguë, les indigents ont droit aux secours dans la commune
où ils ont été atteints par l'accident ou la maladie. Pour les
indigents qui n'auraient aucun domicile de secours com«
munal, le domicile de secours est départemental, s'ils ont
séjourné dans le déparlement deux années consécutives, ou
national dans le cas contraire.
Cette question si obscure aujourd'hui du domicile de
secours une fois tranchée, il y avait lieu de se préoccuper
des moyens d'organiser Passistance publique elle-même.
Nous ne pouvons, en ce moment et à cette place, que donner
les conclusions des importants débats auxquels celte ques-
tion a donné lieu, débats au cours desquels des opinions
diversesse sont fait jour, mais avec un vif désir de concessions
mutuelles, si bien que les administrateurs de grandes
villes, les législateurs, les juristes, aussi bien que les
médecins et les personnes d'une compétence reconnue en
la matière, n'ont pas tardé à se mettre d'accord sur les
points les plus importants de ces difficiles problèmes :
Il devra exister dans chaque commune ou syndicat de
communes un Bureau d'assistance publique. Dans chaque
département, le Conseil général déterminera, au mieux des
convenances locales, le mode de fonctionnement du service
de l'assistance médicale aux indigents. Ce règlement devra
être approuvé par le Ministre de Pintérieur, après avis du
Conseil supérieur de l'assistance publique. Les communes
ou syndicats de communes qui justifieront remplir d'une
manière complète leur devoir d'assistance envers leurs
indigents malades pourront tire autorisés, par une décision
spéciale du Ministre de Pintérieur, rendu après avis du
Conseil supérieur, à avoir une organisation spéciale.
81 - N- e
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Février 1889
Chaque année, le Conseil général fixera la part contribu-
tive des communes dans les dépenses d'assistance de leurs
malades indigents et la part contributive du département.
Il devra tenir compte des ressources de chaque commune
et du nombre d'indigents porté par elle sur la liste de ceux
qui devront recevoir gratuitement les secours médicaux ou
pharmaceutiques. Les dépenses qui résulteront pour les
communes de l'application de Tarticle précédent sont obli-
gatoires et pourront être imposées d'office, conformément
à l'article 149 de la loi du 5 avril 1884. La liste des indi-
gents admis à recevoir gratuitement les secours médicaux
ou pharmaceutiques est préparée par le Bureau d'assistance
publique et arrêtée par le Conseil municipal.
Au cas où un département n'aurait pas, dans le délai
fixé, organisé son système d'assistance, le gouvernement
devra lui imposer d'office un règlement. Les dépenses
résultant pour les départements de l'application du règle-
ment fait par le Conseil général ou imposé au déparlement
par le gouvernement, en exécution du paragraphe précé-
dent, sont obligatoires pour lesdils départements et peu-
vent leur être imposées d'office dans les conditions de Tar-
ticle 61 de la loi du 10 août 1871. Il y a donc lieu de
préparer, à cet effet, un règlement modèle.
En ce qui concerne les secours à domicile, le Conseil
a recommandé, dès à présent, les principes sur lesquels
repose le système dit vosgien, dû à l'initiative et à la persévé-
rance des docteurs Liétard, Lardier, Bailly, etc., et de
M. Dœgner, préfet de ce département. On sait que ce système
se caractérise à la fois, par la liberté du malade indigent de
choisir son médecin, par la liberté du médecin et par une
rémunération de celui-ci proportionnelleauxservicesrendus.
Enfin, l'assistance médicale doit être organisée de telle
sorte, que chaque commune soit rattachée à un dispensaire
et à un hôpital. Les malades ne doivent être hospitalisés
qu'en cas de nécessité.
Une telle organisation doit être étroitement unie au
pouvoir central ; car lui seul a laulorité et le désintéresse-
ment nécessaires pours'élever au-dessus des rivalités locales
et rappeler à ceux qui l'oublient, leur devoir social envers les
malades et les misérables. Le Conseil, sur le rapport de
M. le docteur Thulié, n'a pas craint de penser qu'il fallait
créer au plus vile en France un service départemental
d'inspection de l'assistance publique, composé d'agents de
l'Etat.
Cette inspection départementale de l'assistance publique
exercerait, sous l'autorité du préfet et le contrôle des inspec-
teurs généraux, sa surveillance sur tous les services et
établissements, existant dans le déparlement, qui relèvent
actuellement de la direction de l'assistance publique, au
ministère de l'intérieur. En attendant qu'elle puisse être
régulièrement organisée sur tous les poinis du territoire,
l'administration pourrait provisoirement confier les fonc-
tions d'inspecteur de l'assistance publique aux inspecteurs
des enfants assistés, dans les départements où il sera pos-
sible de le faire sans que le service des enfîinls assistés et
protégés s'en trouve compromis. Les inspecteurs départe-
mentaux de l'assistance publique doivent avoir entrée,
avec voix consultative, dans les commissions administra-
tives et conseils de tous les services et établissements visés
dans les résolutions précédentes. Il y a intérêt à ce qu'un
crédit soit inscrit, pour assurer le service de l'inspection
départementale de l'Assistance publique, au budget du
ministère de l'intérieur pour 1890. D'autre part, ces dis-
positions ne sont pas applicables aux hôpitaux, hospices e(
autres services hospitaliers relevant de l'administration
générale de l'assistance publique de Paris, ni du Conseil
général des hospices de la ville de Lyon qui sont soumis à
une législation spéciale.
Sans doute, ce service devra être simplifié lorsqu'il com-
prendra à la fois tout ce qui concerne la santé publique,
tout en tenant compte, pour son organisation, des habitudes
administratives locales. Il devra être une aide et jamais une
entrave aux bonnes volontés, et n'être imposé qu'à l'incurie
coupable, si funeste en matière d'hygiène et d'assistance.
Il y aurait beaucoup à dire sur le caractère que doit revélir
un tel service, sur la part qu'y doit forcément prendre le
corps médical et sur les garanties de compétence qu'il doit
posséder; il serait facile, d'autre part, de montrer qu'il
peut être organisé presque partout par une simplincnlioii
des services existants, trop disséminés aujourd'hui et sans
avoir à aggraver les charges budgétaires, locales ou géné-
rales. Mais nous en avons assez dit dans les lignes qui pré-
cédent, pour montrer tout l'intérêt qui s'attache aux
premiers travaux de celte réunion et la voie pratique dans
laquelle elle pourra entrer désormais.
PATHOLOGIE GÉNÉRALE
Causes et mécanisme de la snppnratlon.
Jusque dans ces derniers temps la suppuration était
regardée comme un aboutissant de l'inflammation. Un
afflux trop considérable de liquides vers la partie enflam-
mée, la nature irritante de l'agenl phlogogène, une débi-
lité spéciale de l'organisme, telles étaient les causes qu'in-
voquaient la plupart des auteurs.
Pourtant dès 4822, Gaspard avait établi un fait d'une
importance capitale: il avait montré que le pus, injecté
sous la peau ou dans les séreuses, était capable de déter-
miner une suppuration plus ou moins étendue ; introduit
dans les veines, il produisait des abcès dans le poumon.
Ces expériences furent répétées et confirmées par divers
observateurs, parmi lesquels on peut citer Gûnther, d'Ar-
cet, Castelneau et Ducrest et surtout Sédillot.
Avec les recherches de M. Chauveau, la question devint
plus précise. Ce savant démontra en 1872 que les pro-
priétés phlogogènes du pus dépendent non pas du sérum,
mais des parties solides; il fit voir de plus que les glo-
bules de pus ont une propriété spéciale, caf il ne
survient pas de suppuration, quand on injecte des matières
minérales ou des cellules provenant des ganglions lympha-
tiques.
Tous ces résultats semblaient expliquer le mécanisme
des abcès métastatiques ; restait à déterminer la nature cl
la cause du foyer primitif.
Lister invoqua l'influence des germes extérieurs, mai^
il supposa que la suppuration pouvait reconnaître d'autres
causes, par exemple l'action des agents chimiques ou d'un
trouble nerveux. A partir de celte époque, l'attention est
attirée vers le rôle des infiniment petits ; aussi les tra-
vaux se succèdent-ils rapidement. En 4875, M. Ikv-
gerou constata la présence de vibrions dans le pus des
abcès chauds. En 1878, M. Pasteur décrivit un diplocoque
pyogène ; mais il admit que cet organisme n'agit que
comme corps étranger; car, d'après lui, la suppuration
8 FÉVRIER 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE _ N» 6 — 85
pt^ul éire produite par l'inlroduclion dans les tissus d*un
corps solide stérilisé par la chaleur, tel que le charbon
ou la laine.
A la même époque une autre idée prenait naissance.
Kocher, examinant un grand nombre d'abcès, y trouva
constamment des bacilles; aussi fut-il porté à conclure
qa'il n'y a probablement pas de suppuration sans micro-
bes. Ce fut aussi l'opinion de Cheyne, de Koch et de
M. Cornil.
Ces microbes de la suppuration furent bientôt isolés et
étudiés grâce aux travaux de Ogston, de Rosenbach, de
Tilanus, de Passet et de beaucoup d'autres. Aujourd'hui
nous savons qu'il existe un très grand nombre de bactéries
pyogènes: les unes ne semblent pas avoir d'autres pro-
priélès sur l'organisme : les principales de ce groupe sont
représentées par les staphylococcus pyogènes aureus,
aUiu$ et citreus, le streptococcus pyogeneSy le bacillus
pjjojenes fœtiduSy etc.; d'autres peuvent accidentellement
amener la suppuration : c'est ce que pourrait faire quelque-
fois le microbe typhique; c'est ce que déterminerait la
hdéridie charbonneuse inoculée à des animaux réft'ac-
tnires à cette maladie.
Que le pus puisse se développer sous l'influence des
microbes, c'est là un point tellement bien établi que nous
n^avons pas à le discuter. Mais trois questions se posent
({ui méritent de nous arrêter: La suppuration peut-elle
être produite sans l'intervention des microbes? L'introduc-
tion des microbes pyogènes est-elle fatalement suivie de la
prodiiclîon d'un foyer purulent ou est-il nécessaire de
faire intervenir diverses causes adjuvantes? Enfin par quel
mécanisme les bactéries peuvent-elles amener la suppu-
ration?
I
Hueter et ses élèves Dembczak, Rausche, Ilallbauer
forent les premiers qui essayèrent de déterminer de la
suppuration au moyen de subtances aseptiques. Ils injec-
taient sous la peau une certaine quantité d'une solution de
nitrate d'argent ou de chlorure de zinc; il ne survint pas
d'abcès et les auteurs conclurent qu'il n'y a pas de pus
Sans microbes.
En 1883, M. Straus fit connaître le résultat de qua-
rante expériences pratiquées sur des lapins, des cobayes et
des rats. L'auteur avait introduit sous la peau les sub-
stances les plus diverses: essence de térébenthine, huile de
crotoi), eau stérilisée, mercure, morceaux de drap ou de
moelle de sureau. Jamais il n'y eut de suppuration, sauf
lorsque des germes avaient pénétré accidentellement ; dans
ce dernier cas le pus contenait des microbes caractéris-
tiques.
Des résultats semblables furent obtenus par plusieurs
autres expérimentateurs; Recklinghauscn, en introduisant
sous la peau ou dans la cornée de l'acide phénique, ou du
nitrate d'argent, n'obtint que des résultats négatifs. Même
insuccès dans les expériences de Ruijs, qui injectait dans
la chambre antérieure de l'œil du lapin de la térébenthine
ou du pétrole ; il se faisait un exsudât fibrineux, mais
Celui-ci se résorbait au bout de peu de temps.
En 1885, la faculté de médecine de Berlin mit la ques-
tion au concours. Klemperer remporta le prix: il avait
constaté que la cantharidine, l'essence de moutarde, le
pétrole déterminaient une inflammation très vive, sans
suppuration; l'huile de crolon, le mercure, la térébenthine
à petites doses, produisaient des exsudations séreusos;
introduites à hautes doses, ces substances provoquaient un
exsudât fibrineux avec nécrose de coagulation ; mais ici
encore il n'y avait pas de pus.
Nous pourrions citer aussi les expériences de Scheur-
len, de Knapp, de Tricomi, de Zuckermann ; toutes ten-
dent à faire admettre qu'il n'y a pas de suppuration asep-
tique. Et pourtant Zuckermann n'a pas étudié moins de
trente et une substances; il a fait soixante-huit expériences
sur des chiens, des lapins et des souris et n'a jamais
observé de pus sans microbes.
Les nombreux travaux que nous venons de résumer,
faits avec beaucoup de soin et par des expérimentateurs
habiles, semblent au premier abord suffire à juger la
question. Malheureusement nous pouvons citer maintenant
toute une autre série de recherches, qui vont nous amener
à des conclusions diamétralement opposées. C'est ainsi que
Riedel obtint une suppuration aseptique en injectant du
mercure dans le genou du lapin ; Cohnheim en introdui-
sant de l'huile de crolon sous la peau du chien. Council-
man reprit la question et eut recours à un procédé fort
ingénieux : la substance à étudier était introduite dans un
tube en verre qu'on fermait ensuite à ses deux bouts : on
insérait le tube sous la peau de l'animal et on le brisait,
quand la petite plaie était cicatrisée. De celte façon, l'au-
teur, en employant des mélanges d'huile de croton et
d'huile d'olive, obtint chez le lapin du pus sans micro-
organismes.
En opérant sur le chien, Uskoff" reconnut qu'il peut y
avoir une suppuration stérile, quand on injecte sous la
peau de grandes quantités d'eau distillée ou d'huile d'olive,
mais la substance pyogène par excellence, c'est l'essence de
térébenthine, qui donne toujours un résultat positif. Ces
expériences furent reprises par Orihmann : avec l'eau, le
lait, l'huile, le résultat fut négatif, et pourtant l'auteur
injectait sous la peau des chiens jusqu'à 300 grammes de
ces substances, mais le mercure et la térébenthine déter-
minèrent une suppuration abondante, dépourvue de mi-
crobes.
C'est à Grawitz et de Bary que nous sommes redevables
du meilleur travail sur ce sujet. Ces auteurs ont démontré
que chez le lapin et le cobaye, on ne peut déterminer de la
suppuration sans microbes ; mais chez le chien, il n'en est
pas de même. Le nitrate d'argent en solution à 5 pour 100,
l'ammoniaque concentrée et surtout la térébenthine ont pu
amener des abcès aseptiques.
r*i'y a-t-il pas dans ces expériences l'explication de bien
des résultats contradictoires? Comme l'a très bien fait
remarquer Rosenbach, la faute fondamentale des premiers
expérimentateurs est d'avoir généralisé à toute la série
animale les résultats obtenus sur une seule espèce. Diverses
substances, particulièrement le mercure et la térébenthine
sont pyogènes chez le chien, tandis qu'elles sont simple-
ment phlogogènes pour le lapin et le cobaye.
Tout récemment, M. Chrislmas, dans un intéressant tra-
vail, a confirmé cette importante distinction. Chez le lapin,
l'essence de térébenthine, le mercure, le pétrole, le chlo-
rure de zinc, la glycérine, le nitrate d'argent n'ont pas pro-
duit de suppuration, soit qu'on eût introduit la substance
étudiée sous la peau, soit qu'on l'eût injectée dans la
chambre antérieure de l'œil. Dans ce dernier cas pourtant,
le mercure amène une suppuration abondante, qui s'arrête
quaiul le globule métallique se trouve entouré de toutes
86 — K« 6 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Février 1889
paris par Texsudat purulent et ne peut ainsi continuer à
exercer son action nocive. Chez le chien, M, Christmas a
amené la suppuration en injectant du nitrate d'argent, de la
térébenthine ou du mercure.
La question semble donc résolue, surtout pour certaines
espèces animales; il peut y avoir des suppurations, pro-
duites par des substances chimiques, en dehors de Tinter-
vention des agents animés.
II
Les microbes n'en restent pas moins la vraie cause de la
suppuration. Aussi est-il important d'examiner de plus
près leur mode d'action et de préciser dans quelles condi-
tions ils peuvent exercer leur influence nocive.
Les expériences que Garré et Zuckermann ont faites sur
eux-mêmes mettent hors de doute l'action pyogène du
staphylococcus aureus chez l'homme bien portant. Sur la
peau légèrement érodée, ou même complètement saine, ces
auteurs ont appliqué des cultures de ce microbe : il s'est
développé des panaris, des furoncles, un anthrax. Quand il
n'y a pas eu de traumatisme préalable, on doit admettre
que l'agent pathogène pénètre par les canaux excréteurs des
glandes cutanées. Mais, dans la plupart des cas, la suppu-
ration est consécutive à une plaie des téguments. Or, de
nombreuses expériences démontrent que l'introduction des
germes pyogènes n'est pas fatalement suivie de la produc-
tion du pus. Il est' certaines circonstances qui favorisent
l'action nocive des microbes et avant tout il faut tenir
compte du nombre des agents introduits.
Fehleisen a montré qu'une petite quantité du staphylo-
coccus aureus ou du streptococcus injectée sous la peau
n'amène aucun accident. Pour produire un abcès, il est
nécessaire d'injecter 1 centimètre cube de culture. Si Ton
force la dose et qu'on introduise 5 centimètres cubes, l'ani-
mal succombe en dix-huit ou trente heures, sans qu'il se
produise de suppuration.
Watson Cheyne a obtenu des résultats semblables : il ne
faut pas moins de 250 000 000 de coques pour amener un
abcès chez le lapin; la mort survient rapidement si on en
injecte 1 000 000 000. Cheyne a étudié l'action du proteus
vulgaris, qui lui aussi exerce chez le lapin et le cobaye
une action pyogène; il a reconnu que l'introduction de
225 000 000 de microbes amène la mort en vingt-quatre ou
trente heures; si l'on injecte 56 000 000, il se produit un
abcès fort étendu et l'animal succombe en six ou huit se-
maines; avec 8 000 000, l'abcès est plus petit et l'animal
survit. Au-dessous de cette dose, il ne survient pas d'acci-
dent.
Odo Bujwîd donne des chiffres encore plus élevés. D'après
lui, il ne survient pas de suppuration, quand on injecte
1 000 000 000 de staphylocoques chez le lapin ou le rat,
100 000 000 chez la souris. Il peut même se faire que la
dose de 8 000 000 000 soit insuffisante pour le lapin, tandis
que pour le rat elle est toujours mortelle.
Si ces résultats peuvent s'appliquer à l'homme, nous
pouvons conclure que les microbes déterminent difficile-
ment la suppuration, lorsqu'ils s'attaquent à un organisme
sain, et nous sommes conduits à rechercher quelles sont les
conditions qui permettent aux agents pathogènes de triom-
pher dans la lutte qu'ils engagent. Ici encore l'expérimen-
tation a permis de serrer de près le problème et de préciser
l'influence des causes secondaires.
Grawilz, après avoir reconnu que l'injection des microbes
pyogènes dans la cavité abdominale n'amène pas de suppu«
ration, a montré que celle-ci survient lorsque les microbes
sont suspendus dans un liquide caustique, lorsque le péri-
toine contient de la sérosité dans laquelle les parasites
trouvent un milieu de culture, lorsque la quantité de liquide
injecté dépasse le pouvoir absorbant de la séreuse, enfm
lorsque le péritoine est déjà malade ou qu'une plaie exté-
rieure, par exemple la piqûre qu'on a faite pour l'introduc-
tion des bactéries, permet l'entrée de l'air. Si l'injection est
faite dans le tissu cellulaire sous-cutané, les résultats sont
les mêmes. Il faut donc, pour obtenir la suppuration dans
une partie saine, introduire avec les microbes une sub-
stance qui diminue la résistance du tissu animal et per-
mette ainsi la végétation de l'agent pathogène : parmi les
substances qui réalisent cette condition on peut citer l'huile
de croton, l'ammoniaque, l'essence de moutarde, la canthari-
dine, le sucre. Ce dernier corps mérite de nous arrêter un
instant; son action a été bien mise en évidence dans un tra-
vail fort intéressant de Odo Bujwid. D'après cet expérirae»-
tateur la quantité de staphylocoques qui pure n*esl pas
nuisible, amène un abcès si on introduit en même temps
1 centimètre cube d'une solution de glycoseà25pour 100. Si
la solution est à 12 pour 100, une injection ne suffit pas : il
faut la répéter pendant quatre jours de suite ; le résultat est
négatif si l'on commence les injections quatre jours après
l'introduction du microbe. Enfin, après avoir injecté du
sucre dans les veines, si l'on introduit le microbe sous la
peau, il se produit une gangrène cutanée que l'auteur rap-
proche des gangrènes diabétiques. Il va sans dire que
Bujwid s'est assuré qu'on n'obtient aucun résultat analogue
en injectant les solutions sucrées pures ou en employant un
liquide indifférent tel qu'une solution de sel marin.
 côté de ces diverses substances chimiques, qui agissent
en troublant la vitalité des tissus, on peut placer les diverses
altérations relevant d'un agent physique ou d'un trouble
physiologique. Ainsi la suppuration est favorisée par le
refroidissement, l'embolie, la ligature des artères, le trau-
matisme. L'influence du traumatisme a été mise en évidence
par les expériences où l'on a vu les microbes de la suppu-
ration, injectés dans les veines, aller se fixer sur les tissus
préalablement lésés: c'est, par exemple, ce qu'on a pu faire
pour l'endocarde et la moelle osseuse. Le résultat a du
reste une portée générale, car on peut observer des faits
analogues avec d'autres microbes, et particulièrement avec
ceux de la pneumonie et de la tuberculose.
Ces recherches récentes doivent être rapprochées de
celles qu'avait publiées autrefois M. Chauveau; tout le
monde se rappelle la célèbre expérience, dans laquelle ce
savant a fait voir que l'opération du bistournage, suivie de
l'injection intra-veineuse du bacille de la septicémie gan-
greneuse, permet au microbe de se développer dans le tes-
ticule lésé. De môme, plus récemment, MM. Arloing, Cor-
nevin et Thomas ont montré qu'un échantillon atténué de
charbon symptomatique peut retrouver sa virulence, quand
on l'injecte avec une petite quantité d'acide lactique. Dis-
cutant ce remarquable résultat, MM. Nocard et Roux ont
reconnu que la substance chimique agit en altérant profon-
dément le tissu musculaire, et de cette façon assure la vic-
toire au micro-organisme qui n'aurait pu vaincre larésislauce
d'un tissu normal.
Tous ces faits ont une grande portée en patfcologie géné-
rale et nous semblent de nature à expliquer bien des phé-
nomènes observés en clinique. Peut-être mêime servenl-i's
8 Février i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHtRURGIE
N» 6 — 87
à comprendre la pathogénie des abcès métastatiques. Rinne
fait justement remarquer que la production d'un foyer puru-
lent, la puUulation des microbes, le développement d'une
phlébite sont des conditions insufiisantes. Pour que les
germes lancés dans la circulation se localisent, il faut au
préalable une altération mécanique ou chimique des tissus,
une déchéance de l'organisme favorisée par les produits
morbides^ qui peuvent, dans quelques cas, prendre nais-
sance au niveau du foyer primitif.
III
Ce que font les agents chimiques et physiques, les microbes
peuvent le faire également, grâce aux substances phlogo-
gènes qu'ils sécrètent. Cette propriété est démontrée pour
plusieurs espèces bactériennes, et tout récemmentM. Arloing
en a tait connaître un nouvel exemple. Les humeurs natu-
relles ou les cultures de la péripneumonie possèdent, après
slénlisation, un pouvoir irritant très marqué ; introduites
sous la peau, elles déterminent un œdème considérable. Le
résultat semble devoir être attribué à un ferment, qui est
détroit par la chaleur, retenu par le filtre de porcelaine,
qui précipite par l'alcool absolu, et se redissout dans l'eau
cl la glycérine.
Il est d'autres produits microbiens qui possèdent des
propriétés analogues. Ainsi , dans un travail récent,
Scheurlen a étudié l'action de l'extrait stérilisé de viandes
pourries. Il a employé la méthode de Councilman, c'est-à-
dire qu'il a introduit le liquide au moyen de petits tubes de
verre qu'il insérait sous la peau et qu'il brisait après cica-
trisation de la plaie cutanée. En tuant les animaux au bout
de trois ou quatre semaines, il a trouvé à chaque bout du tube
une masse jaunâtre, épaisse, ayant les caractères micro-
scopiques du pus: ce foyer ne contenait pas de microbes et
n'avait aucune tendance à s'étendre; il restait limité au
point de l'injection. Ce résultat fort intéressant demandait un
complément de recherches» car on sait combien sont nom-
breuses les substances qui prennent naissance dans les
matières pourries. Grawitz a tenté ce travail analytique en
employant une ptomaine de la putréfaction, la cadavérine
de Brieger. Suivant la dose introduite, il a observé chez le
chien une tuméfaction œdémateuse ou une suppuration
vraie. Pour obtenir ce dernier résultat, il faut employer
1 centimètre cube d'une solution à 8 pour 100 ou 2 centi-
mètres cubes d'une solution à 50 pour 100 : si l'abcès s'ouvre
au dehors, il se développpe secondairement des microbes.
Grawitz a fait voir encore qu'en introduisant simultanément
la cadavérine et des staphylocoques ou des streptocoques,
on obtient un violent phlegmon : les deux agents pyogènes
agissent donc synergiquement et se prêtent un mutuel con-
cours. Tout récemment Behring a obtenu également de la
suppuration avec la cadavérine; mais celle-ci faisait défaut
lorsque en même temps que l'alcaloïde on injectait une cer-
taine quantité d'iodoforme. 11 est probable qu'il se produit
alors une précipitation et partant une neutralisation de la
base. Peut-être faut-il invoquer ce fait pour expliquer Faction
favorable que l'iodoforme exerce sur les plaies, malgré son
faible pouvoir antiseptique.
Tout à fait semblables sont les résultats qu'a obtenus
Fehleisen en opérant avec l'extrait d'une cuisse frappée de
gangrène. En ajoutant une trace de staphylocoques à cet
extrait, l'auteur a constaté que 2 centimètres cubes amènent
un abcès local ; avec 5 centimètres cubes il se produit une sup-
puration abondante, entraînant l'amaigrissement et aboutis-
sant à la mort au bout de cinq semaines; enfin, 1 centi-
mètre cube fait succomber l'animal en seizejours. Dans tous
les cas, on ne trouve pas de suppuration dans les organes
internes.
Cette action adjuvante des produits de sécrétion des
divers microbes ressort très nettement des expériences
qu'on a faites avec le prodigiosus. Grawitz et deBary ont
montré en effet qu'on amène la suppuration lorsqu'on injecte
une petite quantité d'une culture stérilisée du prodigiosus
et une trace de staphylococcus aureus. Cette action nocive
du prodigiosus est telle qu'elle peut permettre le dévelop-
pement de certains microbes auxquels l'animal est réfrac-
laire. C'est ce que nous avons montré pour une variété de
gangrène gazeuse qui n'agit pas sur le lapin, mais amène
sûrement la mort de cet animal quand on injecte en même
temps une certaine qudiXitité de prodigiosus. Les résultats
sont identiques quand on associe le prodigiosus au charbon
symptomatique, maladie à laquelle le lapin est également
réfractaire dans les deux cas, le prodigiosus agit en sécré-
tant une substance nocive, qui. par son insolubilité dans
l'alcool et sa solubilité dans la glycérine, se rapproche des
ferments solubles.
A propos de ces actions nocives locales, nous pourrions
citer encore les résultats si importants qu'ont obtenus
MM. Roux et Yersin avec le microbe de la diphthérie. Cet
organisme sécrète un poison qui peut agir sur toute l'éco-
nomie et déterminer des paralysies analogues à celles
qu'on observe en clinique; mais il produit en outre une
substance nocive, amenant au point injecté de l'œdème et
des altérations nécrobiotiques.
Les faits que nous avons rapportés en dernier lieu sem-
blent nous éloigner de notre sujet; ils nous y ramènent, au
contraire, en nous montrant que certaines substances micro-
biennes possèdent des propriétés phlogogènes, et nous porr
tent à rechercher si la suppuration ne relève pas toujours
des produits sécrétés par les bactéries du pus. C'est ce que
démontrent en effet quelques travaux récents.
Grawitz et de Bary, Scheurlen, Leber, Cliristmas ont fait
voir que la suppuration peut être produite quand on injecte
sous la peau ou dans la chambre -antérieure de l'œil des
cultures stérilisées du staphylococcus aureus. Mais le pus
ainsi produit ne possède pas de propriétés infectantes : ino-
culé dans la chambre antérieure d'un autre lapin, il ne
tarde pas à se résorber sans amener aucun phénomène réac-
tionnel.
Pour Leber, la substance pyogène se rapproche des alca-
loïdes : c'est une matière cristal lisable, soluble dans Tal-
cool, et possédant au plus haut degré le pouvoir inflam-
matoire et nécrobiotique. L'auteur lui donne le nom de
phlogosine et la distingue des alcaloïdes inactifs trouvés
dans le pus par Brieger. Tout autre est le produit séparé
par Christmas : c'est une substance qui précipite par Tal-
cool, se redissout dans l'eau, et de même que les ferments
solubles, est détruite par le chauffage à l!20 degrés; pour-
tant elle traverse facilement le filtre de porcelaine. Son
injection dans la chambre antérieure du lapin amène
l'œdème de la conjonctive, la décoloration de l'iris et une
légère suppuration.
On peut donc conclure de toutes ces recherches que les
microbes amènent la suppuration, non pas en agissant en
tant qu'éléments vivants, mais en sécrétant des substances
irritantes. Ces substances, dont la plupart rentrent dans le
88 _ N» 6 --
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Février 1889
groupe des zymases, doivent peptoiiifier la matière (Ibri-
nogène, ce qui explique la présence de p^plones dans le
pus et la non-coagulation de la fibrine (Klemperer).
Nous voyons donc que les travaux récents nous ramènent
aux anciennes idées humorales : le pus nous apparaît
comme produit par la réaction de l'organisme vis-à-vis
d'une matière plilogistique : qu'elle soit produite par des
subtances inorganiques ou des agents animés, qu'elle soit
aseptique ou microbienne, la suppuration relève toujours
du même processus. Les causes peuvent être multiples, le
mécanisme est unique.
G.-H. Roger.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HÔPITAL NECKER. — SERVICE DE M. LE PROFESSEUR GUYO.X.
Exploration manuelle dn rein.
Le rein, dont l'élude chirurgicale est aujourd'hui à
Tordre du jour, manifeste sa souffrance par des troubles
fonctionnels divers, portant soit sur l'appareil urinaire,
soit sur des appareils divers, plus ou moins éloignés.
L'élude approfondie de ce^ symptômes est indispensable,
mais elle ne saurait suffire au chii-urgien. L'intervention
opératoire ne saurait être entreprise si l'on n'a fait au
préalable une enquête approfondie sur l'état local, sur la
sensibilité, le volume, la mobilité du rein incriminé, sur
l'unilatéralité ou la bilatéralité de ces lésions. Autant de
questions que l'exploration physique peut seule résoudre.
L Règles généi^ales de rexploration. — Les reins sont
enfoncés dans les hypochondres. Ils sont séparés de l'ex-
plorateur en arrière par la masse sacro-lotnbaire; en avant
par les muscles et les viscères abdominaux. En haut, ils
sont enserrés par la ceinture costale. Ces premières con-
statations anatomiques font déjà pressentir que le rein
normal ne doit pas être senti par la palpation. C'est vrai,
sauf chez quelques femmes, en petit nombre, où l'on peut
atteindre l'extrémité inférieure du rein droit.
hsL position du malade a de l'importance. En général,
on recommande le décubitus abdominal, et l'on explore la
région lombaire. Depuis une vingtaine d années, M. Guyon
préconise le décubitus dorsal, sans flexion des jambes: c'est
en effet la seule position où les muscles soient tous relîi-
chés. Or les muscles et leur contraction sont ici l'ennemi.
Le malade ainsi disposé, si l'on place une main sur Tabdo-
men et si l'on appuie en mesure, en faisant une pression à
chamie expiration, on pénètre bien vers la prorondeur, à
condition de ne s'enfoncer que peu à peu. Dans cette ma-
nœuvre, on aura soin de faire glisser sous le rebord costal
un ou deux doigts coiffés par la paroi abdominale antéro-
latérale. On s'approche ainsi beaucoup de la paroi anté-
rieure du rein.
Cette simple palpation antérieure ne fournit pas des
renseignements suffisants. Elle méconnaît les petites tu-
meurs; elle détermine mal lo siège des grosses. Il est
nécessaire de lui associer l'exploration de la face posté-
rieure. Pour cela, on doit avant tout savoir avec précision en
quel point il faut chercher le rein. Or cet organe est situé
tout contre la colonne vertébrale, et sa face postérieure, un
peu au-dessus du hile, est appliquée contre la douzième
côte, que son extrémité inférieure déborde. La douzième
côte se sépare à angle très aigu du corps de la douzième ver-
tèbre dorsale. C'est là, dans l'angle costo-vertébral, au
sommet de cet angle, que l'on arrive constamment sur le
rein à travers les parties molles, après dissection et section
de la masse sacro-lombaire et du carré des lombes.
A travers une telle épaisseur de muscles, la palpation est '
impossible. M. Glénard (de Lyon) a proposé une manœuvre
spéciale. Le malade étant couché sur le dos, les quatre
derniers doigts sont glissés aussi haut (]ue possible dans
l'angle costo-vertébral ; le pouce est appliqué sous les côles
et s'avance en cadence, en suivant les mouvements d'expi-
ration. On arrive ainsi à pincer pour ainsi dire le rein. C'est
exact sur un sujet maigre; mais sur un sujet à ventre un
peu gros la manœuvre devient infidèle. En outre, un seul
doigt perçoit en avant les sensations à analyser. En réalité,
il faut s'adresser ici à la palpation bimanuelle franche, à
l'aide du maximum possible de doigts. Une main sera donc
appliquée en arrière, dans l'angle costo-vertébral; l'autre,
mise sur le ventre, près de la ligne médiane, puisque le
rein est près du rachis, tâchera de s'enfoncer pour aller à
la rencontre de la première. Mais dans cette longue tra-
versée les obstacles sont nombreux, dus surtout à la con-
traction musculaire, Vn artifice spécial permettra de les
éluder au moment voulu.
II. Telles sont les règles générales. En les appliquant
il faut déterminer: 1° la sensibilité du rein; 2" son augmen-
tation de volume ; 3» sa diminution de volume ; 4''sa mobilité
et ses déplacements; 5* sa consistance.
1° Sensibilité. — Celle étude est aisée. Il suffit de foire
une pression localisée, avec un ou deux doigts, au sommet
de l'angle costo-vertébral. A l'état normal, la souffrance est
nulle. Presque toujours, à l'état pathologique, la simple
pression postérieure révèle une exagération même légère
de la sensibilité. Dans les cas douteux, il sera utile de lui
associer une pression en avant.
^ Augmentation de volume. — A Tétat normal, on ne
sent pas le rein. Si donc on le seni, c'est qu'il est gros ou
déplacé. Mais, vu la défense musculaire et l'épaisseur des
parties, le simple palper bimanuel n'atteint le rein que si
l'augmentation de volume est déjà notable : or il est surtout
important d'apprécier les petites tumeurs. Ici intervient la
manœuvre spéciale du ballottement. La main antérieure,
applinuée près de la ligne médiane, est peu à peu enfoncée
sous les côtes, comme il a élé dit. La main postérieure,
insinuée dans l'angle costo-vertébral, imprime alors à h
région lombaire une série de secousses. A chaaue fois, \f>
rein vient au contact de la main antérieure. La brusquerie
de l'exploration surprend la vigilance des muscles. Maij
elle reste en défaut lorsqu'un étal douloureux notable du
rein a accru cette vigilance. Dans ces conditions, l'exameii
sous le chloroforme doit être pratiqué.
3" Diminution de volume ou absence. — Ainsi, avec ou
sans chloroforme, on arrive toujours à reconnaître si un
rein est gros. Il n'en est malheureusement pas de même
pour la diminution de volume, pour Tabsence unilatérale,
si importantes cependant à reconnaître avant d'opérer.
La palpation bimanuelle, le pincement de Glénard échouent.
On a parlé de la percussion lombaire : M. Guyon n'a pu
percevoir aucune différence de sonorité d'un côté à l'autre
sur-un sujet auquel il avait, quelque temps auparavant,
fait la néphrectomie. Peut-être l'incision lombaire explo-
ratrice fournira-t-elle des notions utiles. M. Récamier a
entrepris des recherches sur ce point à l'occasion de sa
future thèse inaugurale; deux fois, sur le cadavre, l'explo-
ration digitale au fond d'une incision lombaire lui a révélé
l'atrophie du rein. Peut-être sera-t-on donc autorisé à
recourir à cette opération bénigne lorsque l'on soupçon-
nera la possibilité d'une atrophie rénale. Le point faible,
il est vrai, est qu'on obtient ainsi un renseignement
anatomique et non physiologique.
^'^ Mobilité. — Les détails suivants sont importants pour
reconnaître si la tumeur est bien rénale; si c'est un rein
volumineux ou seulement un rein déplacé.
La mobilité lombo-abdominale est tout simplement le
ballottement. Elle n'existe que dans les tumeurs du rein.
H FÉVRIER 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 6 — 8VI
î
.<a constatation indique, en outre, que le rein n'a pas perdu
le contact de la paroi lombaire. M. Guyon avait cru, au début,
qu'elle était la preuve d'une tumeur libre, non adhérente;
il a reconnu depuis que cette conclusion est erronée.
La mobilité abdominale peut être transversale ou verti-
cale. Transversale, c'est le degré maximum, et alors elle
est toujours associée à la mobilité verticale, c'est-à-dire
à la possibilité de faire descendre la tumeur en insinuant la
main sons les fausses côtes. Cette association est pathogno-
monique d'une tumeur rénale. La mobilité verticale seule
est déjà presque pathognomonique.
On doit dire qu'il j a mobilité abdomino-lombaire lorsque
le rein saisi entre les deux mains s'échappe, pour ainsi dire,
comme on noyau de cerise pressé entre deux doigts, pour
rentrer brusquement dans sa loge lombaire. C'est un sym-
ptôme caractéristique du rein flottant, mais il n'y est pas
constant. Lorsqu'il fait défaut, il est vrai, on peut admettre
une disposition anatomique un peu anormale. II est pro-
bable que le rein s'est pédiculisé dans l'abdomen avec un
repVi périlonéal formant méso. Une tentative de néphror-
rhaphie a conduit récemment M. Guyon sur un rein de cette
espèce.
Ces recherches doivent être faites sur le sujet couché,
assis ou même debout, car souvent le premier degré de
Tedopie rénale n'est aopréciable que si la pesanteur inter-
vient pour l'exagérer. Des coupes faites par M. Tnffier sur
des cadavres congelés ont démontré que cette action de la
pe.'^nteur sur le rein est indéniable.
La palpatioft- permet enfin de savoir si la tumeur obéit
aux moavenients respiratoires. Il est imprimé partout qu'il
lien est rien. Cela est absolument faux. Au courant d'une
iiéphrotomie, M. Guyon a vu le rein s'élever et s'abaisser
alternativement pendant l'inspiration et l'expiration. Ce
caractère ne saurait donc faire exclure l'idée de tumeur
rénale. M. Glénard va cependant un peu loin quand il pense
sentir fextrémité inférieure du rein passer et repasser dans
l anneau vivant que forment, dans son mode de palper, ses
qnatre doigts et son pouce.
5* Consistance. — La consistance s'apprécie mal, car ici
oa ne peut fixer la tumeur en arrière contre un plan
suffisamment résistant. On reconnaît assez bien la réni-
lente, mais souvent la fluctuation échappe. Le ballotte-
ment fait percevoir les inégalités de la surface. La ponction
exploratrice n'est que rarement indiquée, car en avant le
irocart risque de blesser l'intestin et en arrière la peau <»st
iiien loin du rein.
Kn général, pourtant, on arrivera à diagnostiquer la
nature de la tumeur, mais ce sera surtout en s'appuyant
sur les sympti^mes subjectifs et la marche de la maladie.
C'est un côté de la question que M. Guyon a volontairement
passé sous silence dans les deux leçons que nous venons
derésamer. A. B.
TRAVAUX ORIGINAUX
Cllnliiiie ekirmrgicale.
Des kystes hydatiqueS supÉniEURS du foie, par M. le
docteur Eug. Bœckel, chirurgien de l'hôpital civil de
Strasbourg.
M. Segond, dans son intéressante communication au
iroisiènie Congrès français de chirurgie (1888, p. 520), dis-
tingue quatre espèces de kystes du foie selon leur siège :
l' les antéro-inférieurs ; 2» les antéro-supérieurs ; S^'^les
imtér'fhsuperieurs ou sous-diaphragmatiques; 4° les
Itostéro-inférieurs, très rares.
Mais ses kjfstes antéro^supérieurs ne méritent guère ce
nom, puisqu'il dit c qu'ils sont d'habitude intra-hépati-
SrFPI.ÊMENT.
ques dans la plus grande partie de leur étendue, ou même
complètement enfouis dans le parenchyme glandulaire...
On doit en général les découvrir par une incision parallèle
au rebord des fausses côtes d'après la méthode dite de
Lindemann-Landau. )»
La place de l'incision montre déjà qu'il ne s'agit pas
de kystes véritablement supérieurs et je préfère les
nommer kystes intra-hépatiques ou centraux, qui ne font
de saillie notable sur aucune des surfaces du foie, en
opposition avec les kystes inférieurs qui proéminent à
la face inférieure du foie dans la cavité péritonéale au
fkoint de simuler quelquefois des kystes ovariques et avec
es kystes supérieurs qui débordent vers la cavité thora-
cique en refoulant le diaphragme plus ou moins haut; dans
mon observation c'était jusqu'à la troisième côte.
Je propose donc la classification suivante en trois espèces,
qui me parait plus claire et plus simple que celle de
Segond :
1^ Kystes inférieurs développés vers la cavité périto-
néale, de beaucoup les plus fréquents ;
2*» Kystes intra-hépatiques ou centraux ;
3° Kystes supérieurs, diaphraymatiques, qui font
saillie dans la cavité Ihoracique, coifl^és par le diaphragme
et qui ne peuvent être attaqués que par une résection de
côte.
Ces derniers kystes sont rares puisque Segond n'a pu
en réunir que quatre cas, dont le premier a été opéré par
Israël en 1879. Il y a joint deux observations personnelles
dont l'une surtout est remarquable par la complication
d'un abcès pulmonaire et d'une fistule bronchique. Enfin
la malade dont je vais rapporter l'histoire serait jusqu'à
présent le septième cas connu de cette affection.
Obs. — Ky^ste hydatique suppuré du foie montant jusquà
la troisième côte. Incision directe après résection costale,
Guérison, — M"* H..., boulangère» de fiischheim, âgée de qua-
rante-huit ans, mère de quatre enfants, généralement bien por-
tante, tombe malade en mars 1888. Sou médecin, le docteur
Adam, constate une hypertrophie du foie avec périhépatite et
légcn» jaunisse qui disparaît et revient à plusieurs reprises.
En juillet elle éprouve de petits frissons suivis d'une fièvre
continue et est obligée de s'aliter. Au commencement d'août
il s'y joint un point ae côté assez violent; elle se fait admettre
à la maison des diaconesses, où le docteur Mûnch qui la prend
en traitement constate un épanchement pleurétinue à droite.
A pn''s plusieurs jours de traitement, voyant que la fièvre per-
sistait, il fait une ponctiou avec la seringue de Pravaz et ramène
de la sérosité avec dos flocons do pus épais.
Le 14 août, je vois la malade avec le docteur Mûnch; nous
concluons à un empyôme qui devra être opéré le lendemain.
Etat actuel. — La malade est pâle, très amaigrie, ne tousse
pas. Le côté droit du thorax est dilaté. En arrière il est mat à
la percussion iusqu'à l'épine do Tomoplate. Souffle lointain eu
bas, absence de vibrations. En avant la matité très compacte
part de la troisième côte et se confond avec celle du foie. Celui-
ci descend très bas dans le ventre, nous supposons que c'est
par refoulement. Son bord inférieur part du milieu des fausses
côtes gauches, passe à deux travers de doi^t au-dessous de
romhiUc et descend jusque près de la crête iliaque droite. Le
foie est ferme, presque dur, peu douloureux à la pression. I.e
teint de la malade est jaunâtre, mais les scléroticfues ne sont
pas ictériques ; Turine n'est pas foncée ; néanmoins les selles
sont décolorées, grisâtres. La température monte tons les soirs
au delà de 39 degrés jusqu'à 40<^,2 ; le matin elle oscille entre
38 degrés et 38«,5.
Opération le 15 août 1888 avec les docteurs Munch et Adam.
Nettoyage de la peau, anesthésie, incision de 10 centimètres
sur le milieu de la septième côte droite. Résection de C centi-
mètres de cette côte. Avec la rugine je déchire la plèvre vers
l'angle postérieur de la plaie, mais au lieu de pus, il en jaillit
à notre ^rand étonnement un litre et demi a deux litres de
sérosité citrine, transparente. Les trois quarts antérieurs de lu
plaie laissent voir leroie recouvert par le diaphragme avec sou
centre aponévrolique. En introduisant l'index bien désinfecté
en arrière dans la plèvre je reconnais que le foie rem on le
90 — N* 6 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Février 1889
dans la cavité thoracique jusqu'au niveau de la troisième côte,
d'est dans cet organe que doit se trouver le pus ramené oar la
jionction exploratrice, puisqu'il n'y en a pas dans la plèvre,
j'y plonge donc une aiguille de Pravaz et la seringue se rem-
plit instantanément de pus; celui-ci suinte mt^me à côté de
raigui.lle.
Avant d'aller plus loin, je vide bien la plrvre et j'essuie ses
parois avec des bourdonnets de mousseline imbibés de sublimé
et montés sur des pinces; puis, de peur que le pus n'y pénètre,
je ferme l'ouverture de la séreuse avec des sutures perdues au
catgut comprenant les muscles.
Alors seulement je plonge un bistouri dans le foie à travers
le diaphragme; il en jaillit un flot de pus à plus d'un mètre de
distance et j'élargis 1 ouverture à 5 centimètres. Le pus est
mêlé de centaines de vésicules d'échinocoques depuis le volume
d'un pois jusqu'à celui d'une noix; sa quantité est évaluée à
plus de deux litres. De droite à gauche une sonde pénètre à
Û centiTnètres de profondeur, dans le sens antéro-postérieur
à 9 centimètres.
Je ramonne alors l'intérieur de cette vaste cavité avec des
bourdonnets de mousseline au sublimé et j'en ramène de grands
lambeaux blanchâtres de la paroi kystique ; puis j'y place deux
gros tubes. Suture de la plaie extérieure autour des tubes.
Pan5emcni.
Le soir de l'opération la malade se sent très soulagée, mais il
faut déjà changer le p.insement qui est imbibé tle sérosité
bilieuse.
17 août. Les tubes donnent issue à une forte quantité de
sérosité et de mucosités bilieuses sans pus; il faut les raccourcir
parce qu'ils débordent la plaie. La malade se sent bien, n'a
plus de lièvre, ses selles sont redevenues jaunes.
2â août. Su[ pression des sutures et des tubes. La plaie four-
nit de la bile presque pure sans apparence de pus. La sonorité
et le bruit respiratoire sont revenus dans le côté droit presque
jusqu'en bas.
2o août^ Depuis deux jours un peu de fièvre causée par
une petite collection purulente sous la partie postérieure de
l'incision, qu'on fend d'un coup de bistouri.
Le 31 août, la plaie est presque ferméee et ne donne plus de
bile, mois il y a de nouveau un mouvement de fièvre qui fait
monter le thermomètre le soir jusqu'à 39",7. Kn auscultant la
malade on découvre un foyer pleurétique en arrière et à droite :
matité, souffle, pas de toux ni d'expectoration. L'appétit est
conservé.
5 septembre. En faisant le pansement on voit sourdre un fllet
de pus d'un point de la plaie. La sonde cannelée y pénètre en
haut et en arrière vers le foyer de la matité. J'élargis le trajet
en y forçant le petit doigt et il s'en écoule 250 grammes de pus
crémeux. Drainage. C'est probablement un abcès sous-pleural,
plutôt que pleural.
A partir de ce moment la flèvre disparait délinitivement et
la convalescence marche sans accrocs.
Le 1" octobre la malade rentre chez elle entièrement guérie,
ayant repris des forces et de l'embonpoint.
Le 12 novembre elle se représente en parfaite santé. Par la
percussion je m'assure de l'état du foie; il s'étend de la cin-
quième côte à un faible centimètre au-dessous du rebord des
fausses côtes et ne dépasse plus la ligne médiane. 11 a donc
repris à peu près ses dimensions normales. La cicatrice forme
un sillon fortement déprimé. Le bruit respiratoire s'entend de
nouveau à droite dans toute la hauteur de la poitrine.
Diagnostic des kystes hydatiques supérieurs du foie.
— Sans ponction exploratrice suffisante le diagnostic de
ces kystes est très difficile à faire et on les confondra le
plus souvent avec un épanchement pleurétique. En effet,
dans les deux affections le côté droit de la poitrine est le
siège d'une matité qui monte plus ou moins haut; il y a
absence de vibrations thoraciques, et, si le foie déborde les
fausses côtes, on peut l'attribuer à son refoulement par la
Eleurésie aussi bien qu'à son hypertrophie à la suite d'un
yste.
Une ponction avec la seringue de Pravaz n*est même pas
suffisante pour nous éclairer si le kyste est suppuré, parce
que l'aiguille est trop fine pour laisser passer les vésicules
hydatiques. On amènera du pus et, si rien ne donne l'éveil,
on conclura à. un empyème comme cela nous est arrivé.
Heureusement que ce h*est pas au détriment du malade,
puisque dans les deux alternatives il faut ouvrir la collec-
tion après résection de côtes.
Si le kyste n'est pas encore suppuré, la ponction avec tin
instrument même très fin vous fournit un liquide clair
comme de Teau de roche qui dénote immédiatement la
nature hydatique du kyste et e.xclnt la pleurésie.
Mais avant la ponction eu l'ouverture spontanée, cer-
taines particularités dans les antécédents ou la marche
de la maladie pourraient donner l'éveil si le môme méde-
cin, ce qui est rare, suivait le patient depuis le commen-
cement de son mal jusqu'au moment de 1 opération. Ainsi
dans notre cas, les petites jaunisi^es répétées du débuU les
douleurs dans la région hépatique indiauaient une maladie
de foie ; seulement l'épanchement pleurétique qui est
survenu plus tard en s'annonçant par un violent point de
côté a masqué les symptômes. La matité du foie remou-
tant dans la cage thoracique se confondait avec celle de
l'épanchement; sans doute la percussion antérieure qui
s'exerçait en réalité sur le foie donnait une résistance'
plus considérable au doigt que celle du dos, mai.s cVl
un signe trop vague pour assurer un diagnostic.
En somme, dans les kystes supérieurs du foie il n'y n que
la ponction au moyen d'un ti*ocart aspirateur assez giùs \m\\'
laisser passer les vésicules hydatiques qui puisse éclairer In
situation.
Traitement, — Le seul chemin rationnel pour atteindre
ces kystes hydatiques supérieui*s consisfte à réséquer une
côte pour pénétrer directement dans le foyer. C'est la voie
qu'Israël a eu le mérite de choisir dès le premier cas. 11 Ta
nommée Vincision transpleurale, qui est en môme temps
trans-diaphragmatique et transpéritonéale. En effet,
après avoir enlevé une certaine longueur de côte, on tra-
verse la paroi thoracique avec la plèvre costale et Ion
arrive sur la voiUe du diaphragme, refoulé en haut par le
kyste. En incisant le diaphragme on devrait tomber dans le
péritoine et puis seulement sur la surface du foie qui con-
tient le kyste. Si l'on songe qu'en ouvrant ce dernier un
flot de liquide infectieux s'échappe au dehors et passe sur
les deux séreuses, il y a de quoi frémir, et cependant la
plupart des tnalades ainsi opérés ont guéri.
Les précautions prises y sont peut-éti*e pour quelque
chose. On suture les lèvres do l'incision diaphragmatique à
la paroi thoracique pour fermer la plèvre. Puis, pour fer-
mer le péritoine, on commence par vider le kyste, mis à nu
avec un gros trocart; alors seulement on l'incise et l'on'
suture ses parois à la peau. Théoriquement ce serait par-
fait, mais en realité c'est insuffisant, car le liquide qui osl
renfermé dans le kyste à haute pression ne sort pas uni*
quement par la canule du trocart, mais suinte toujours à,
côté, et une seule goutte de ce liquide pénétrant dans le
péritoine peut y semer une septicémie mortelle. |
D'ailleurs ces précautions n'ont pas touiours été p^ise^;|
on a incisé directement sans sutures préalables, comme je |
l'ai fait pour ma part, et les malades ont tout de même
guéri. A mon avis, cela tient à cette circonstance que (fatisl
beaucoup de cas on pénètre dans ces kystes supérieum
sans ouifir la plèvre, ni le péritoine. Cette assertion peut i
paraître paradoxale, mais je m'explique. I
Pour la première de ces séreuses on n'a qu'à se report^^r,
à mon observation et l'on veiTa que la plèvre avait l'i»?!
repoussée eu arrière par la saillie progressive du foie dans
la cavité thoracique.
Je l'ai ouverte par mégarde à la partie toute postérieure
de mon incision parce qu'elle était distendue par du liquide, i
mais dans le reste de la plaie le foie, recouvert ou o^^^i
phragme, se présentait sans interposition de plèvre. i
L'absence de péritoine s'explique en admettant qtie i •]
X Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« 6
1)1
kystes en question se sont développés dans cette partie de
la face supérieure du foie dépourvue de péritoine qui est
circonscrite par les ligaments coronaire et latéraux. Cette
particularité rendrait même compte pourquoi ces kystes
proéminent tellement dans la cavité thoracique. De fait,
dans toutes les observations que j'ai pu relire, on n*a jamais
va la cavité du péritoine ouverte. Pour l'expliquer, on parle
d'adhérences qui unissent les deux parois de la séreuse,
mais c'étaient probablement les adhérences physiologiques
des ligaments suspenseurs.
Quoi qu'il en soit, je donnerai le conseil d'ouvrir ces
kystes supérieurs du foie aussi haut et aussi en avant que
possible pour ne traverser ni la plèvre, ni le péritoine.
Enlevez un morceau de la septième côte, plutôt que de la
haitième ou de la neuvième, et vous avez grande chance
d'éfiler le péritoine; que ce fragment soit pris entre la
\i«:ne axiliaire et la ligne mamillaire et vous ne blesserez
pas la plèvre. La déclivité de l'incision n'est pas nécessaire
dans ces abcès, qui se vident par rétraction de leurs parois
et par pression élastique des organes voisins;
Cependaniy comme on n'est jamais sûr de ne pas rencon-
trer les séreuses, il faut inciser couche par couche, et si l'on
HTonnait une de ces cavités, il faut procéder par suture
roinme Ta fait Segond et comme je l'ai décrit plus haut.
Paiholop^le interne.
AcRODYNiK ET ARSENiciSME. — Notc adressée à l'Académie
de médecine, séance du 31 octobre 1888, par M. le doc-
teur Marquez, médecin en chef honoraire de l'hôpital
d'Hyèrcs (Var), correspondant de l'Académie de médecine.
I Au cours de l'hiver dernier et, comme la plupart des
' médecins d'Hyères, j'ai eu l'occasion de voir plusieurs per-
sonnes atteintes de la grippe et chez lesquelles il y a eu, à
un degré qui m'a paru remarquable, un affaiblissement,
une lassitude musculaire et une lenteur de la convalescence
peu en rapport avec la durée des manifestations de la
maladie sur l'appareil respiratoire. — . L'hiver n'élait pas
beau. Ici, presque autant que dans le reste de la Provence,
le temps, plus humide et plus variable que de coutume,
était pour bien des malades énervant et amollissant.
A un certain moment, dans quelques cas et surtout dans
la classe des travailleurs, le brisement des forces dont je
Tiens de parler est allé jusqu'à de l'amyosthénie, et nous
! avons fini par avoir là, en outre de la dyspnée, des acci-
I dents pulmonaires et des troubles digestifs de la grippe
eatarrhale, le cortège, sans ordre et à des degrés variables
d'importance, de phénomènes attribués à l'acrudynie : dou-
leurs et chaleur incommode, fourmillements, crampes et
contractures dans les membres, aux pieds et aux mains,
surtout aux pieds ; de la bouffissure de la face; de l'œdème
des jambes; de la conjonctivite; de la pharyngite; de l'hy*-
peresthésie, souvent de l'anesthésie ; de la rachialgie dorso-*
lombaire; une défaillance des membres et surtout des
membres inférieurs allant jusqu'à de la paralysie, plus sou-
vent de la parésie ou de 1 akinésie; à la peau, des taches
bronzées, quelquefois des pustules ; des phlyctènes aux
orleils; des poussées d'érylhème plus ou moins étendues,
sur les membres ou sur le tronc, suivies plus tard d'exfo-
liation par lamelles ou par furfur; à la plante des pieds et
à la paume des mains, large desquamation accompagnée
I d un état d'humidité désagréable, rendant la peau particu-
lièrement sensible et prolongeant ainsi la difficulté de la
I station debout et de la marche.
! J'ai cru à de Tacrodynie, une maladie rarement rencon-
trée et qui a pour caractère principal un ensemble de
troubles de la motililé, de la sensibilité et de la nutrition
qui la font dépendre d'une affection médullaire. En quête
d'une cause plausible, j'ai cherché et demandé aux circum-
fusa, aux applicala, aux gesta et ingesta l'explication du
phénomène.
Un de nos confrères, le docteur Décugis, soignant, sur la
propriété d'un M. de V..., des malades atteints d'accidents
gastro-intestinaux à marche bizarre, avait été amené à sus-
pecter le vin bu par ces ouvriers; mais il avait été dérouté
par l'assurance avec laquelle la pureté du vin lui fut
affirmée. — Plus heureux et absolument mis sur la voie
par l'observation de ce fait qu'une jeune femme, seule à ne
pas boire de vin dans une famille assez nombreuse, était
seule aussi à n'être pas malade comme son entourage, le
docteur Charles Roux parvint à établir que le coupable des
accidents constatés de divers côtés, à la campagne aussi bien
qu'à la ville, était du vin provenant d'un chai ouvert par
le susdit M. de V... Révélation officielle de cette découverte
fut faite à la Commission d'hygiène, le 16 avril. Deux jours
filus tard, M. Roux nous confiait que le vin incriminé par
ui et analysé à sa demande par un chimiste de Toulon,
M. Sambuc, ancien professeur de l'Ecole navale, devait sa
nocuité à do l'arsenic. — Bienlôt M. Sambuc, commis par
la Justice pour analyser les vins saisis chez M. de V.,,, est
arrivé : l"" à démontrer que des échantillons du vin mis en
consommation, les uns étaient parfaitement purs, tandis que
d'autres contenaient de l'arsenic, depuis des traces jusqu'à
G centigrammes par litre ; i** à établir que, par imprudence,
la vendange d'un foudre avait été plâtrée avec de l'acide
arsénieux; 3* à mettre hors de doute que l'on se trouvait
en présence, non pas d'une manipulation intentionnelle et
coupable, mais bien d'un accident, d'un fait sans crimina-
lité de la part de M. de Y...
Cela posé, et attendu que les malades présentant les phé-
nomènes dont il a été question plus haut avaient tous fait
usage plus ou moins suivi et plus ou moins copieux de vin
pris au chai de M. de Y..., vin dont la toxicité a varié selon
l'atténuation par la pratique du mouillage et du coupage,
notre grippe acrodynique, nonobstant les résultats négatifs
de diverses analyses de vin et d'urines, est devenue et
demeure un empoisonnement par l'arsenic, un empoison-
nement lent, une intoxication remarquable par l'irrégula-
rité et l'inconstance de ses allures et, dans la pluralité des
cas, par la lenteur de l'évolution et de l'extinction des
symptômes auxquels elle a donné lieu.
Mous les connaissons. Il suffirait de revenir au résumé
séméiologique que j'ai donné tout à l'heure, alors que j'en
étais à l'idée de l'acrodynie et d'ajouter la miliaire aux phé-
nomènes éruptifs précédemment indiqués. Je ne dois
cependant pas passer outre sans relever quelques points qui
procèdent du caractère de ce Prêtée, un réparateur ou un
malfaiteur, selon l'usage que l'on en fait; un tonique,
presque un analeptique à doses médicinales; un hyposthé-
nisant insidieux lorsque Ton force la dose et, si l'on
dépasse la mesure, un agent parfois brutal de sidération de
l'influx nerveux. Les accidents gastro-intestinaux, avec ou
sans fièvre, avec ou sans vomissements, rarement sans
diarrhée ou coliques, ont été la manifestation la plus ordi-
naire du début de la maladie, la première protestation de
l'économie contre l'introduction d'un élément morbifiquc;
il leur est arrivé rsrrement de faire défaut ou de ne pas
précéder les symptômes podalgiaues qui apparaissent aussi
aux premiers temps de la maladie et dont l'un, les four-
millements, est particulièrement tenace et ne s'use que
très à la longue. — Le mouvement fluxionnaire sur les
voies respiratoires a créé une situation grave, alors seule-
ment qu'il s'est rencontré là avec une maladie préexistante,
déjà grave et compromettante par elle-même : tuberculose,
sur un sujet jeune; catarrhe chronique, chez un vieillard
un peu alcoolisé. — Un homme de cinquante-cinq ans, sujet
à de fréquentes crises d'asthme, n'en a plus eu depuis quatre
9-2
N* 6 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
« Févwer m\)
ou cinq mois qu'il est lombé malade(l). — Sur une femme de
cinquante-trois ans, couverte de larges plaques bronzées,
particulièrement h la taille et sur les épaules, de Toedème
des jambes, avec douleurs à la marche et chaleur insup-
portable, la nuit surtout, après avoir duré trois mois, a
commencé à céder, il y a quatre ou cinq semaines, en
même temps qu^apparaissaient aux pieds de larges plaques
brunâtres, faisant bottines, et que la marche devenait plus
fiicile. — Le mari, soixante-sept ans, vieux goutteux, en
état de parésie depuis près de trois mois, a fait peau neuve
et a repris en juin le libre exercice de ses jambes. Plus tard
(5 août) et alors qu'il paraissait absolument rétabli, cet
homme est venu consulter pour une ulcération du gland,
ayant tout l'aspect d'un chancre huntérien. A cette occasion,
if m*a refait son histoire et signalé que, dans les premiers
temps de sa maladie qu'il supposait n'être qu'un accès de
goutte, sa respiration et son haleine avaient eu une odeur
d'ail détestable. — L'odeur alliacée et les chancres syphi-
litico more de l'arsenic sont parfaitement connus. On con-
naît moins, ce me semble, le fait de troubles visuels d'une
certaine importance à mettre à la charge du toxique qui
nous occupe. J'en ai rencontré deux exemples : homme de
quarante-cinq ans, grand buveur et ayant souffert, il y a
trois ans, d'une violente névralgie occipito-fronlale ) à une
période avancée de la convalescence d'une grippe crue
acrodynique, amblyopie par œdème de la rétine, sans hal-
lucinations de la vue et sans aboutir à la cécité; retour à
plus de netteté de la vue, à mesure que l'état général s'est
amélioré et que se perdaient les fourmillements des
membres en même temps que se dissipait l'opacité nébu-
leuse du fond de l'œil. — Sur un homme de même âge et
de mêmes habitudes que le précédent, semblable altéra-
tion de la vue, progressive et décroissante d'avril en août,
aux périodes d'état et de déclin d'une intoxication qui avait
débuté, en février, par des accidents aigus, une angine
gutturale avec accès de fièvre aux trois stades de la fièvre
intermittente, plus tard éruption miliaire particulièrement
abondante au cou et h la partie supérieure de la poitrine,
podalgie, fourmillements aux mains et aux pieds, paréso*
plégie qui a été de courte durée, mais qui, la liberté des
janibes recouvrée, a laissé le malade dans un état d'ana-
phrodisie absolue (et persistant encore an moment actuel,
novembre).
Les troubles visuels par intoxication arsenicale pourraient
bien n'être pas d'une rareté absolue. Un de mes confrères,
le docteur Dnbrandy, médecin du Rureau de bienfaisance,
qui a vu deux fois plus de malades que moi, dans cette
affaire, m'a dit avoir observé deux ou trois cas analogues à
ceux (jue je viens d'indiquer et peut-être une cataracte par
arsenicisme. — L'amaigrissement est allé jusqu'à l'atrophie
musculaire chez un jeune homme sur les gencives duquel
s'étalait un large liseré ardoisé, comme dans l'intoxication
saturnine, et dont les urines, à une période avancée de
la maladie, sont devenues notablement albumineuses.
Il y a de singuliers traits de ressemblance entre les phé-
nomènes de i'acrodvnie et ceux de l'intoxication lente par
l'arsenic. Est-ce à dire que l'acrodynie pourrait bien n'être
une de l'arsenicisme méconnu et qu'elle devrait être rayée
(tu cadre nosologique? A lui intenter procès, en n'ayant
pour essayer de le justifier que les données de l'événement
malheureux qui nous occupe et dont les effets sont encore
en cours d'observation, je préfère me borner à l'aveu d'hé-
sitations qui peuvent n'avoir pas été sans excuse et m'arrê-
ter, jusqu'à plus ample informé, sur le dire, vieux mais
toujours juste : a Nil magni faciès ex merà opinione aut
hypothesi. »
15 novembre. — Dans un rapport sur cette communica-
tion et sur celles de deux de mes confrères, relatives,
(1) Celle noie a dtd ^rtl0 le 25 juillet. Le 15 octobre suivtnt, le malade dont il
^.<l question a âïfi pris d'un léger accès d'asthme, le premier depnii huit mnî«.
,1
comme la mienne, à l'affaire du vin de M. de V..., rapport
Srésenté à l'Académie de médecine, le 6 de ce mois, par
[. Ollivier, en son nom et au nom de M. Vidal (de Paris)
{Bulletin de l'Académie de médecine, t. XX; n" 45, G no-
vembre 1888), je trouve la justification de ma réserve à
juger des acrodynies anciennes par les phénomènes patho-
logiques que nous venions d'observer à Hyères. Pas plus
que moi, «malgré des similitudes indiscutables, le rapport
ne voit dans l'évolution et la nature de la maladie d'Hycres,
une application qu'on puisse adapter intégralement aui
épidémies d'acrodynies connues. > Les données de notre cas
nous laissent avec une myélite déterminée par une intoxi-
cation qui s'est produite lentement et dont les symptômes,
longtemps variables suivant les individus, n'ont pas facile-
ment mis sur la voie de la cause du mal; elles ajouteni
une page à la douloureuse histoire des méfaits et des per-
fidies de l'arsenic, et elles mettent en évidence, une fois de
plus, le danger que l'on court à ne pas surveiller mieux
u'on ne fait la vente de l'acide arsénieux, en exécution
es.ordonnances du 29 octobre i8i6 et du 26 février 1875.
3
Cllalqoe médlcole
Péritonite tuberculeuse localisée, d'origine trauma-
TIQUK; symptômes d'occlusion intestinale et TROrnLKS
respiratoires; laparotomie, amélioration CONSIhK-
rable, par M. le docteur Em. Duponciiel, professeur
agrégé au Val-de-Gràce.
L'application de la laparotomie au diagnostic et au trai-
tement des maladies de l'abdomen n'est assurément plus
une nouveauté; en ce qui concerne le traitement chirur-
gical de la péritonite tuberculeuse, il suffit de rappeler la
statistique de Pribram (de Prague), qui en 1887, à la
Société centrale des médecins de la Bohême, relatait déjà
trente cas personnels. Les résultats obtenus par ce chirur*
gien ont été très satisfaisants, et quant aux conséquences de
l'acte opératoire, elles se bornaient à deux décès pour
vingt-huit guérisons.
Mais la laparotomie est tout particulièrement indiqii(M>.
quand il s'agit de cas dans lesquels l'état du malade s\ii(-
grave progressivement, au point que l'issue fatale ne parait
guère douteuse, bien que le diagnostic précis de la lésion
en cause n'ait pas encore pu être formulé. On doit alors
intervenir sans trop temporiser, ni attendre l'apparition
d'accidents qui rendraient beaucoup plus aléatoire le résul-
tat de l'opération. Celle-ci permettra du môme coup de
trancher le diagnostic et de taire le traitement, si la lésion
cachée est une de celles auxquelles il est possible de remé-
dier. C'est ce double résultat qui a été obtenu dans le cas
suivant; aussi tout isolé qu'il soit, il nous parait cependant
mériter d'être rapporté. La netteté de l'étiologie par trau-
matisme de la péritonite tuberculeuse observée, l'incerti-
tude du diagnostic due à une symptomatologie incomplète
et quelque peu spéciale, la constatation de troubles respi-
ratoires caractérisés par de l'inspiration saccadée ryth-
mique du cœur, phénomène assurément imprévu dans la
péritonite tuberculeuse, la gravité du pronostic avant 1 in-
tervention chirurgicale, l'innocuité absolue de l'opération
et la précision de ses résultats, constituent autant de cir-
constances véritablement instructives.
Obs. — M..., militaire, détenu au pénitencier de Bicétre, n'a
rien à signaler dans ses antécédents héréditaires ou personnels.
II était de très bonne sauté quand il est entré au service mili-
taire en décembre 1885. Au mois d'octobre 1837, en faisant !♦'
pansage, il reçoit un coup de pied de cheval, qui porto dîins
rhypochondre droit ; le traumatisme est si violent que le sujci
perd connaissance. A la suite de cet accident il a été traité n
8 Février 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
_ N» 6 — 93
l'innrmerie de son régiment ; il éprouvait de vives douleurs
(ians Fabdomen, surtout au niveau de Tendroit contusionné ;
pendant trois jours il n'a pu supporter ni les aliments ui
même le bouillon, mais il n*a jamais eu de Tomissements Ter-
dâtres, pas de sang dans les garde-robes, ni dans les urines.
Tous les symptômes s'amendèrent rapidement et au bout de
quinze jours, M... put sortir de l'infirmerie, conservant seu-
lement dans la région où il avait été frappé, une douleur à
laquelle il ne prêtait pas grande attention, et qui ne l'a pas
eoQpéché de continuer son service militaire.
Envoyé au pénitencier de Bicétre en décembre 1887, pour y
subir une condamnation à deux ans de prison, il continue à tra-
vailler réffulièremeot jusqu'au mois de mars 1888, époque à
laquelle il commence à remarquer des constipations opiniâtres;
il ne va à la selle que tous les trois ou quatre jours, tandis
qu'anlérienrement il y allait régulièrement tous les jours. En
même temps les douleurs de l'hypochondre droit deviennent
plus vives, surtout quand il marche, et après plusieurs entrées
aViofirmerie M... est envoyé dans mon service à l'hôpital du
\al-de4irace.
Etat du malade le il juillet 1888. — Au moment de son
cotrée \es signes observés se résument comme il suit: douleur
5;>ontaoéedans l'hypochondre droit, s'cxagérant sous rinfluence
de /a marche et de la pression, tout à fait insupportable quand
on explore les régions profondes ; elle présente son maximum
DQ peu au-dessus et en dehors du point d'inter ection du bord
eiterne du muscle grand droit du côté droit et de la matité
hépati<jue; elle rayonne dans un espace de 10 à 12 centimètres,
mais n atteint pas la région caecale. Le rythme respiratoire est
très rapide, et présente cette particularité, qu'il est presque
coQsiamment synchrone avec les bruits cardiaques, de sorte que
l'on entend, en plaçant le stéthoscope sur le deuxième espace
intercostal ou rians la région avoisinante, un premier temps
constitué par le bruit inspiratoire du poumon et le premier
bruit cardiaque, un second temps constitué par l'expiration et
le bruit diastolique. La respiration est du reste saccadée, de
sorte que Ton entend deux ou trois saccades inspira toi res pré-
cédant le premier bruit cardiaque ; le phénomène d'ausculta-
tion observé semble donc bien constituer le signe décrit sous
le nom d'inspiration saccadée rythmique du cœur. La percus-
sion et l'auscultation des sommets pulmonaires donnent des
renseignements douteux, un' début de tuberculose parait à
craindre, mais il est impossible d'être tout à fait affirmatif. La
constipation est habituelle, le malade mange peu et vomit après
ses repas; Tétat général est assez bon; pas d'amaigrissement
prononcé; pas d'ascite ; pas de ballonnement du ventre, pas de
tameur iotra-abdominale, perceptible à la palpation.
M'nxke de la maladie. — Les symptômes se modifient peu
durant les premiers jours qui suivent Tentrée à Thôpital, mais
leur gravite et leur intensité s'accroissent de plus en plus les
semaines suivantes ; la douleur devient très pénible et confine
le malade définitivement au lit ; les selles de plus en plus
rares sont obtenues difficilement une fois ou deux par semaine
à Taide de purgatifs et de lavements ; les vomissements sont
constants et suivent de près les repas, mais ne sont jamais
verdâlres; le lait lui-même est incomplètement supporté; des
hêraorrlioîdes apparaissent, la région stomacale se ballonne
légèrement; point d'ascite; point de faciès abdominal ni de
I teint jaunâtre. L'expiration ne tarde pas à se montrer rude et
prolongée au sommet droit, où la percussion révèle à la fin du
mois (foctobre de la submatité; aes sueurs profuses^ quelques
apparitions de fièvre, permettent en outre de devenir affirma-
tif au point de vue ae la tuberculose, Tamaigrissement est
modéré. Au mois de décembre, tous ces signes s'accentuent,
la fièvre devient continue, avec exacerbât ions vespérales allant
à 3î)*^, l'état général commence à devenir alarmant.
Diagnostic. — Si le diagnostic précis de la lésion abdomi-
nale en cause est difficile, si de nombreuses hypothèses sont
possibles, certains faits restent acquis :
1» Tétiologie semble très nette, c'est bien le traumatisme oui
a été la cause occasionnelle sinon efficiente de Tapparition des
accidents, et ceux-ci sont certainement localisés;
2* (Juelle que soit l'affection abdominale en cause, phlegmon
Srofond, tumeur, péritonite tuberculeuse ou enkystée, lésion
e rintestin, lésion du caecum, de la vésicule biliaire, du pan-
créas ou du rein, kyste hydatique du foie, lésion des vaisseaux
profonds, etc., il y a un diagnostic symptomatique qui n'est pas
douteux ; le sujet est atteint d'occlusion partielle des voies di-
gestives, siégeant dans les parties les plus élevées du tube in-
testinal, vers les régions pyiorique ouduodénale;
3" On peut affirmer en raison du rythme respiratoire que le
diaphragme est intéressé ;
4° La tuberculose pulmonaire, dont l'existence n'est plus
douteuse, est consécutive à la lésion abdominale, à l'insuffi-
sance de l'alimentation, résultat forcé des vomissements ; le
séjour dans un milieu confiné et peuplé de tuberculeux a pu
du reste en favoriser l'évolution.
Telles sont les seules conclusions qu il soit permis de formu-
ler au point de vue du diagnostic.
Pronostic* — En dehors de toute considération sur la nature
véritable de la lésion abdominale dont la détermination exacte
restait douteuse; en tenant compte de l'occlusion intestinale
qui s'accentuait chaque jour, de l'apparition des signes de
tuberculose pulmonaire, de l'état général qui s'aggravait à
vue d'œil, le pronostic pouvait être considéré dés les premiers
jours du mois de décembre 1888, comme très grave et même
fatal dans un délai modérément éloigné.
Traitement. — Tous les révulsifs locaux, tous les moyens
préconisés contre l'occlusion intestinale, ayant été successive-
ment employés, une seule ressource thérapeutii|ue subsistait :
celle de la laparotomie destinée à explorer la région, fixer le
diagnostic causal, enfin détruire, si on le rencontrait, Tobstacle
qui s'opposait à la circulation des matières alimentaires. Notre
opinion très formelle étant que le malade était définitivement
condamné à une mort prochaine, si l'on n'intervenait pas chi-
rur^içalement, nous fîmes appel à notre collègue de chirurgie
M. le professeur agrégé Vautrin, qui partagea notre manière
de voir, et voulut bien pratiquer l'opération de la laparotomie,
sans attendre une période où l'extrême gravité de l'état général
aurait été susceptible d'en compromettre le succès.
Constatations faites dans le cours de l'opération (U dé-
cembre 1888). — L'abdomen étant ouvert sur la ligne médiane
dans une étendue de 20 centimètres, la main de l opérateur va
à la recherche des lésions dans la région douloureuse, c'est-à-
dire dans le flanc droit; elle ne découvre ni foyer purulent, ni
tumeur, ni bride péritonéale ; le rein est à sa place et sa face
antérieure est lisse ; les recherches dans la cavité du flanc droit
donnent en somme un résultat négatif. Mais sur le péritoine
pariétal, dans la région correspondant au siège de la douleur,
il est facile de sentir une plaque de péritonite tuberculeuse de
la largeur de la paume de la main occupant la face profonde
de la paroi abdominale.
\jSl main de l'opérateur se dirige alors du côté du creux épi-
çastrique, glisse entre l'estomac et le lobe gauche du foie
d'une part, le diaphragme d autre part; une première recherche
ne donnant rien, on attire doucement en dehors la partie pyio-
rique de l'estomac, qui est saine ; les régions proiondes sous-
épigastriques sont alors explorées, on ne trouve rien, le pan-
créas est normal. En explorant une seconde fois la cavité du
diaphragme, on finit par découvrir une bride peu épaisse, de
3 à 4 centimètres de longueur, reliant le péritoine diaphragma-
tique au tube digestif en un point qu'il est impossible de pré-
ciser exactement. Au point d'implantation de cette bride sur
le diaphragme, le péritoine diaphragmatique est recouvert daiis
un espace large comme la paume de la main, dun semis tuber-
culeux abondant, qui est très nettement perçu. La bride est
déchirée, les parties remises en place ; après nettoyage complet,
la suture de la paroi abdominale est pratiquée. Les précau-
tions antiseptiques les plus rigoureuses ont été prises.
Suites de r opération. — Elles sont très simples ; le malade
qui avait une température de 39*',5 quelques jours avant l'opé-
ration, conserve un peu de fièvre jusqu'au 26 décembre, mais
les exacerbations vespérales ne dépassent jamais 38'',2; il
absorbe de la glace, des bouillons glacés, du vin de canelle. Le
20 décembre il demande à manger, il n'a plus eu un seul vomis-
sement, il rend des ffaz par l'anus ; le 23 il mange un œuf, le
26 il est allé à la selle, le 27 il mange une côtelette et la sup-
porte bien, la réunion de la plaie est complète.
Etat du malade le ib janvier lb89. — Les résultats ont été
aussi favorables que possible, le malade mange de très bon
appétit, il se promène toute la journée, et ne songe nullement
à garder le lit, il ne vomit plus, il a des selles quotidiennes,
il ne sent plus de douleur dans l'abdomen, il engraisse visible-
ment; plus de fièvre, plus de sueurs, et si l'on observe encore
au sommet droit les signes d'une induration pulmonaire mé-
diocrement accentuée, la respiration n'en a pas moins repris
94 _ N* 6 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Février 1889
son rythme normal, et l*on ne perçoit plus le signe de l'inspira-
tion saccadée rythmique du cœur.
Déductions. — Le fait précédent confirme divers points
de doctrine et de pratique d'un haut intérêt ; peut-être
éclaire-l-il en outre une question nouvelle et très obscure
de séméiologie médicale.
l"" Au point de vue doctrinal, il montre une fois de plus
Tinfluence directe du traumatisme sur l'apparition des
tubercules, et la relation est ici d'une netteté vraiment re-
marquable; de plus la tuberculose a bien certainement
débuté au point contas, car les signes observés au sommet
des poumons au moment de l'entrée à l'hôpital étaient
insignifiants, tandis que les symptômes abdominaux dataient
déjà d'assez longtemps. La localisation de la péritonite et
sa non-extension méritent aussi l'attention.
i^ Au point de vue de la séméiologie médicale, nous
voyons que l'inspiration saccadée rythmique .du cœur
décrite par Grasset au Congrès de Toulouse en 1887, et
qui existait chez notre malade, avait chez lui comme expli-
cation fort simple, la coïncidence d'une inspiration sacca-
dée et d'une respiration accélérée, laquelle, sous l'in-
fluence d'une péritonite tuberculeuse diapnragrnatique, était
devenue synchrone aux battements du cœur. En considérant
que sur les douze cas rapportés par Grasset, sept fois il
s'agissait de tuberculeux avérés, n est-on pas en droit de
se demander si le phénomène si obscur jusqu'à présent de
l'inspiration saccadée rythmique du cœur ne pourrait pas
s'expliauer, au moins dans certains cas, par cette coïnci-
dence d'une inspiration saccadée et d'une lésion diaphrag-
matique? Que celle-ci porte sur la face supérieure (plèvre)
ou sur la face inférieure (péritoine), elle peut évidemment
accélérer le rythme respiratoire (c'est là le caractère géné-
ral des lésions diapbragmatiques) au point de le rendre
synchrone aux battements du cœur?
3" Au point de vue pratique, il n'est guère de faits plus
susceptibles d'établir la nécessité de la laparotomie tant
pour éclairer les diagnostics insolubles, dans les maladies
graves de la cavité abdominale (laparotomie exploratrice)
(|ue pour assurer la guérison de certaines occlusions
intestinales partielles ou totales Haparotoroie curative).
Ces occlusions peuvent être considérées comme presaue
toujours incurables parles moyens médicaux, tandis qu'elles
sont fort aisément supprimées quand il ne s'agit que de
simples brides péritonéates, comme celle dont notre malade
était porteur, circonstance que l'on est souvent en droit
d'espérer. En ouvrant l'abdomen, on a donc la perspective
d'un résultat complètement favorable; le risque est mé-
diocre quand on intervient assez tôt, et Ton doit être
encouragé dans cette voie par la quasi-certitude d'une
issue fatale, si la maladie est abandonnée à elle-même.
Enfin dans le cas que nous venous de rapporter, non
seulement le processus tuberculeux n'a pas été précipité
dans son évolution par l'intervention chirurgicale, mais H
a été manifestement enrayé, probablement sous l'influence
des lavages antiseptiques.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémle des •eiences.
Sur la virulence des cultures du bacille cholérique et
r action que le -salol exerce sur cette virulence^ par M. W.
Lœwentiial. — L'auteur croit devoir présenter quelques
observations, à propos de la communication faite à l'Acadé-
mie, par M. Hueppe, le 14janvier(voy. p. 60). L'historique
de la préconisation dû salol contre le choléra lui paraît
pouvoir se résumer comme il suit :
« M. Hueppe, en prenant part à la discussion sur la pro-
phylaxie et le traitement du choléra, au Congrès de Méde-
cine interne à Wiesbaden, le 11 avril 1888, dit incidem-
ment <c qu'il faudrait essayer des remèdes qui traversent
« l'estomac et ne se décomposent que dans Tinteslin, tels
« que le tribromophénol, le salicylate de bismuth ou le
« salol "h; il ajoute immédiatement: c Je ne veux nulle-
€ ment prétendre que ces remèdes soient des spécifiques;
( j'aurais simplement voulu laisser entrevoir le chemia à
« prendre pour arriver à une thérapie étiologique( FerÂa».
€ dlungeUy p. 205). »
« M. Sahli fut le premier à essayer le salol en thérapeu-
tique, mais c'était comme succédané du salicylate de soude
dans les affections rhumatismales, et notamment dans le
rhumatisme articulaire (Correspondenzblattfûr Schweizer
Aerzte, n°' 12 et 13 de 1886). En même temps, M. Sahli
recommanda d'essayer le salol dans un grand nombre de
maladies, le choléra entre autres....
< Il est inutile, dit en terminant M. Lœwenthal, d'in-
sister sur la différence entre ces recommandations et la
démonstration expérimentale de ma proposition, qui part
d'un point de vue nouveau, à savoir l'influence du suc pan-
créatique sur le bacille du choléra.
<( M. Hueppe révoque en doute cette influence; il se
demande si ce n'est pas la vie anaérobie, que le bacille est
supposé mener dans ma pâte, qui rend toxiques les cultures.
Cette supposition me parait peu fondée. Les cultures, dans
une pâte de même consistance, ne sont pas toxiques si la
pâte ne contient pas de pancréas; d'autre part, les cultures
au bouillon pancréatisé sont toxiques^ tandis que les cultu-
res au bouillon ordinaire ne le sont pas. Il est donc évident
que la question d'aérobiose ou d'auaérobiose, tout impor-
tante qu'elle puisse être dans d'autres circonstances, n'a
rien à voir dans la toxicité de mes cultures. >
{Séance du 28 janvier.)
Passage du bacille de Koch dans le pus de séton de
sujets tuberculeux. Application au diagnostic de la tuber-
culose bovine par V inoculation au cobaye du pus de séton,
par M. F. Pëugh. — Plusieurs séries d'expériences ont
démontré à l'auteur que le pus de séton d'une vache atteinte
de tuberculose transmet cette maladie au cobaye. Dès lors,
dans les cas douteux, il est possible d'établir, d'une ma-
nière certaine, le diagnostic de cette affection et d'appli-
Îuer rationnellement les mesures sanitaires prescrites par
e décret du 28 juillet 1888, pour lès bétes bovines tuber-
culeuses.
Résumant ensuite ses expériences, l'auteur arrive à la
conclusion suivante :
4C J'estime donc que, dans le cas de suspicion de tuber-
culose, l'inoculation du pus de séton au cobaye permet
d'établir sûrement le diagnostic, et d'appliquer ainsi, avec
parfaite connaissance de cause, des mesures de police sani-
taire. » (Séance du 28 janvier.)
Ammdémd9 4e médeelBe.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1889. — • PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le docteur Fontan (de Toulon) prie FAcadéniie d'accepter le dépôt d'un Pli
cacheté. — [Accepté.)
M. le docteur Staze envoie le relevé des vaccinations et revaccinations qu'il i
pratiquées au Havre en 1888. — M. H docteur Girard adresse un mcmoire sur lu
variole et la vaeeine au Sénégal.
M. le docteur Margutt el M. lo docteur Tuf fier envoieot des ouvrages pour le
concours du Prix L^borie en 1889.
M. le docteur Millard (de New- York) se porte candidat au titre de correspoo-
dant étranifer dans la division de médecine.
ÎIL. Riche fait hommage d'un ouvrage sur VArt de V essayeur qu'il vient de publivr
avec M. Gélis.
M. Le Roy de Méricourt présente un mémoire imprimé de M. le doclenr Maurel
(de Toulouse) sur le traitement de la pleurésie par le régime lacté.
M. Larrty fait don de plusieor a coUectlons de jonrnuvx de scieoce et de méde-
8 Févribb 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRORGIE
— N'8--
95
eine, ainsi que d'un exemplaire de «on rapport à l'in&titut sur les Iravatus de
si.rtutique adre$Ȏ* pour le eoncoura de 1888.
M. Rochard présente un Rapport manuscrit do M. lo docteur CanoUe sur une
épidémie de variole observde à «Nossi-Bé en 1886-1837 et sur les vaceinatiom
fraiiqtiées dans cette colonie.
M. Constantin Pûul dépose un travail de MM. les docteurs Kalindero et Baben
;dc Bucharest; sur la maladie d'Àdditon.
U. de ViUien présente plusieurs ouvrages de M. le docteur Verrier sur
Vkygiène de Venfanee.
Allaitement par le nez. — M. Ta rmVr ayant présenté
un mémoire de M. le docteur Saint-Philippe (de Bordeaux)
dans lequel se trouve relaté le fait d un enfant atteint
du muguet, qui ne pouvait être alimenté ni par la bouche^
ni par une gaveuse, on recourut à Tinlroduction du lail par
les fosses nasales et le succès fut complet. A ce propos,
M. Hervieux fait remarquer que M. le docteur Henriette a
indiqué ce moyen il y a déjà longtemps. M. Tarnier ajoute
que ce procédé a été signalé autrefois à Lorain par un
médecin étranger qui suivait son service. H.Brouardel con-
tinue le fait dont il a été lui-même témoin ; un enfant
atteint de pneumonie fut également alimenté de cette façon
avec succès.
Strophantus. — Revenant, à roccasion du procès-verbal,
sur la discussion concernant l'emploi du strophantus dans
les maladies de cœur, M. Germain Sée explique la confusion
qui lui a été reprochée à propos du mémoire de Fraser cité
par lui. Il ajoute que les faits contre ce médicament s*accu-
mulenttous les jours, si l'on en juge par les déclarations
qu il reçoit en ce moment de divers côtés dans ce sens.
Eaux minérales. — Sur des rapports de M. Constantin
Paul, TAcadémie émet des avis favorables pour la source
Fontdevie à Coren (Cantal) et pour la source Saint-Janvier à
Marcols (Ardèche).
Thérapi:utique du choléra. — Les bacilles du choléra,
après s*étre développés et multipliés en grand nombre dans
) intestin, ne franchissent pas les limites de la cavité intes-
linale ; ils infiltrent dans une certaine épaisseur la
muqueuse autour des glandes, mais ils ne paraissent pas
aller plus loin, ni pénétrer dans le sang et la lymphe. Le
poison qu'ils sécrètent est seul absorbé et c'est ce poison
qui jusqu'à plus ample informé est le seul agent des phéno-
mènes généraux graves ou mortels du choléra. Si l'on
pouvait arrêter la multiplication des bacilles dans Tintestin,
on supprimerait par cela même la fabrication des poisons
chimiques absorbables et l'on préviendrait l'attaque cholé-
riforme. H. Lœwen est arrivé à ce résultat de tuer les
bacilles de Koch, de supprimer immédiatement leur vitalité
et leur développement ultérieur avec une substance inoffen-
$ive pour l'homme et les animaux, le salol. M. Cornil rend
compte des recherches et des expériences que l'auteur a
failesà ce sujet, en cultivant les bacilles cholériques dans
une pâte leur rendant leur propriété toxigène et ensuite en
essayant de démontrer l'action curative du salol sur des
animaux infectés par les bacilles-virgules et manifestement
malades.
Intoxication par les poêles mobiles. — M. Lancereaux
relate plusieurs cas d'empoisonnement oxycarboné par des
poêles mobiles, même placés dans des pièces plus ou moins
voisines de celles qui servaient à l'habitation. Il appelle
{attention sur les phénomènes parfois inaperçus de l'empoi-
sonnement oxycarDoné, et celle des pouvoirs publics sur les
dangers du chauffage par les poêles à combustion lente,
qui, par raison d'économie, se trouvent aujourd'hui dans la
plupart de nos habitations. Aussi propose-t-il l'adoption des
mesures ci-après : 1' n'autoriser la vente des poêles qu'à la
condition que le tirage soit suffisant pour transformer tout
le carbone en acide carbonique et s'opposer ainsi à la for-
mation de l'oxyde de carbone ; 2* n'autoriser l'ajustement
d'un tuyau d'un poêle mobile à une cheminée quelconque
qu'à la condition que cette cheminée ait un tirage conve-
nable et suffisant pour le dégagement facile des vapeurs ;
3** exiger, avant la pose d'un poêle, l'examen des cheminées
voisines de façon à éviter le refoulement ou la filtration des
gaz d'une cheminée dans une autre et à préserver les inté-
ressés ou leurs voisins de l'empoisonnement oxvcarboné à
distance ; 4** prévenir le public du danger qu'il court en
laissant séjourner la nuit un poêle à combustion lente dans
une chambre où l'on couche ou même dans une chambre
voisine.
H. firou(7rd^/ appuie la proposition de M. Lancereaux; il
fait, en outre, observer (|ue l'intoxication oxycarbonée peut
se produire même en plein air ou dans une pièce assez aérée,
contrairement à l'opinion généralement répandue.
Le globule sanguin se charge de ce gaz et le collecte en
quelque sorte, ainsi que le montre nettement l'examen
spectroscopique.
M. Armand Gautier signale divers cas de cette intoxi-
cation par des poêles mobiles, des chauffrettes dans les
voitures publiques, d'autant plus qu'il a été prouvé que ce
gaz, même à la dose d'un demi-dix millième dans l'air, suf-
fit à détruire la huitième partie de la quantité totale du
sang. Le spectroscope ne suffit pas toujours à reconnaître
la présence de ce gaz ; on y parvient plus sûrement par la
méthode de saturation. — M. Ollivier ajoute qu'on constate
fréquemment de la glycosurie chez les personnes intoxi-
quées par l'oxyde de carbone. — M. le Président renvoie
cette discussion à une séance ultérieure.
Hygiène de l'enfance. — M. le docteur jR. Blache com*
munique la statistique générale du service de protection de
l'enfance dans le département de la Seine pendant l'année
1887 ; il insiste sur les excellents résultats obtenus grâce
à l'intervention de plus en plus fréquente des médecins
inspecteurs. La mortalité sur les enfants surveillés qui était
de 9,72 pour 100 en 1882 n'a pas cessé de s'abaisser depuis
cette époque; elle a été en 1887 de 7,37 pour 100.
Néphrorrhaphie. — m. le docteur Terrillon commu-
nique un cas heureux de néphrorraphie pratiquée dans la
région lombaire gauche chez une femme ue quarante-deux
ans, pour un rein flottant hypertrophié et très douloureux.
Rétrécissement de l'urèthre. — H. le docteur Lavaux
préconise la dilatation rapide dans le traitement des rétré-
cissements uréthraux.
— L'ordre du jour de la séance du 12 février est fixé ainsi
u'il suit : 1"* Communication de M. Hayem sur la genèse
e la fièvre ; 2^ Discussion sur le tétanos. — Inscrits :
MM. Nocard, Trasbot, Verneuil, Leblanc; S"" Communica-
tion de M. Lagneau sur la mortalité des soldats et marins
dans les colonies.
a;
Société de eklrtirifrle.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Sature de la rotule : MM. Klrmiuon. Delene, Luoas-Ghampioniilère,
Deeprès. — Hyet6ropexie : M. Terrier. — Tumeur de la queue du
souroU : M. Larger. — Extirpation de l'astragale et du aoapholde
pour pied bot : M. Lebeo (Rapporteur : M. Sohwarta; Disousaion :
MM. Lucas-Championnière, Berger, Quènu. Le Dentu). — Plaie
pénétrante de l'abdomen par armes à feu : MM. Berger. Nélaton.
— Fraoture du oràne : M. Reolus. ~ Modification de l'amputation
de Chopart : M. Chaput.
M. Kirmisson présente le malade dont il a parlé dans la
dernière séance et auquel il a fait la suture de la rotule.
Le rapprochement n'a pu se faire qu'après avoir enlevé un
petit rragment interméaiaire. Le malade marche très conve-
nablement quoique avec un peu de raideur.
96 — N* 6
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Février 1889
î
M. Delens a eu roccasion de faire celle sulure pour une
fraclure datant de trois mois. L'opération se fit sans diffi-
cultés, la guérison sans accidents, mais le résultat fut
médiocre.
M. Lucas-Championnière a eu à traiter une fracture de
rotule par la simple extension et la compression et a obtenu
un résultat apparent très bon; une chute ayant amené la
rupture du cal, la sulure fut faite, mais avec de réelles
diriicultés. Chez un second malade la sulure fut pratiquée
dix-sept jours après raceidenl et chez un troisième deux
jours après; dans ces deux derniers cas l intervention fut
bien plus facile et la guérison plus complète et plus rapide.
D'où M. Charapionnière conclut qu'il faut inlervenir de
très bonne heure afin d'enlever les fragments osseux, les
caillots, les lambeaux de synoviale, etc., qui empochent
la réunion. C'est le traitement de choix chez les sujets
jeunes.
M. Després rappelle encore qu'il a envoyé en 1884 à la
Société trois malades ayant un cal osseux (ce qui fut vérifié
ar l'autopsie dans un cas) et traités par Tancienne méthode.
«a compression et l'élévation du membre, le pied étant
suspendu à i mètre au-dessus du plan sur lequel est cou-
ché le malade, permettent au blessé de marcher au bout
de cinquante jours. M. Després accorde que la suture est
cependant le seul procédé qui reste pour les fractures
itératives.
M. Kirmisson ajoute qu'il a été étonné de la quantité
de tissus interposés, fongosités synoviales, caillots, tissus
fibreux qu'il a dû enlever entre les fragments. Il pense
aussi que pour les fractures itératives, la suture est la mé-
thode de choix.
— M. Terrier lit une observation d'hystéropexie pour
prolapsus utérin avec hypertrophie de l'organe. La trompe
gauche malade fut enlevée et l'utérus fixe par trois fils de
catgut. Il y a encore un peu de cystocèle, mais l'utérus reste
maintenu à 4 centimètres de la vulve.
— M. Larger communique un cas de tumeur de la queue
du sourcil tendant à prouver qu'à côté des kystes dermoïdes
3u'on trouve dans cotte région, il y a aussi des tumeurs
'origine exclusivement traumalique et de structure toute
différente. Développée sous une cicatrice de la queue du
sourcil et examinée par M. Réitérer, la tumeur s'est
montrée formée de tissu conjonclif sans papilles, sans poils,
sans matière sébacée.
— M. Schwartz lit un rapport sur un mémoire de M. Le-
bcc concernant l'extirpation de l'astragale et du scaphoïde
chez une jeune fille pour pied bot varus équin avec enrou-
lement de la planle au pied. On dut compléter l'opération
par la section sous-cutanée du tendon d'Achille et du liga-
ment plantaire, et actuellement la malade marche d'une
façon très satisfaisante.
M. Lucas-Championnière pense que la tarsotomie pos-
térieure est une opération excellente chez les sujets encore
jeunes ; elle est d'ailleurs d'une grande simplicité, ne né-
cessite pas une immobilisation régulière et ne demande un
appareil solide que quand les malades se mettent à
marcher.
M. Berger professe la même opinion au sujet de l'opé-
ration, mais pense qu'il est des cas où elle est insuffisante,
lorsque l'enroulement du pied l'emporte sur l'équinisme.
M. Quénu croit, comme M. Championnière, que l'immo-
bilisation absolue n'est pas 1res utile et peut parfois être
gênante ; il y a trois semaines, après une extirpation de
l'astragale, il a vu l'appareil plâlré boucher le drain et
donner lieu à un peu de rétention de pus.
M. Schwartz reconnaît également l'innocuité de l'abla-
tion de cette partie du tarse, mais préfère un appareil
plâtré restant en place à la condition de mettre dans la
plaie des drains très courts.
M. Le Dentu a enlevé chez un malade l'astragale, une
partie du calcanéum, le cuboïde et une partie du scaphoïde,
et a obtenu un excellent résultat.
— M. Berger rapporte une observation de plaie pénélranle
de Tabdomen par balle de revolver de 6 millimètres. Li
malade fut opérée moins de onze heures après l'acciileiil;
l'épiploon était perforé; l'intestin grcle prés de la valvulo
iléo-cœcale portait deux perf(»ralions qui avaient détruit
une grande partie de sa circonférence; au tiers supérieur
deux autres perforations permettaient le passage du doijrl ;
le côlon transverse était également troué en deux endroits.
La malade mourut quatre heures après l'opération, qui en
avait duré trois. A Taulopsie on ne trouva pas d'autres
lésions; les sutures étaient parfaitement étanches. L'ope-
ration a été faite dans des conditions en apparence des plus
favorables et néanmoins la péritonite septique a été hMée
par rintervenlion.
Il y a quinze jour?, chez une jeune femme ayant reçu
dans le ventre un projectile de 7 millimètres, M. Berger
préféra l'expectation. La malade avait eu un vomissement
de sang noir, la région du foie était extrêmement doulou-
reuse; la situation fut loin d'être rassurante pendant quatre
jours. A l'heure actuelle la malade mange, ne souffre plus
et peut être considérée comme guérie. M. Berger ne
renonce pas ;i l'intervention opératoire, mais attend
toujours depuis deux ans un cas suivi de succès.
M. ^élaton lit trois observations de plaies de l'inleslin
l'une par coup de couteau, les deux autres par baltes de
revolver. Dans la première le malade guérit après suture
faite grâce à un large débridement; dans la seconde la mort
eut lieu au bout de trois jours et dans la troisième, le len-
demain, une des sutures faites pour les sept perforations
ayant laissé filtrer des matières. Dans ce dernier cas,
M. Kélaton a vu l'intestin rouge en état de péritonite déjà
trois heures après l'accident. Entre les deux pratiques
extrêmes, intervention dans tous les cas ou aoslentioa
systématique, ilfiiut choisir; le parti intermédiaire qui con-
siste à opérer quand la péritonite est manifeste, n'est pas
pratique selon M. Nélaton.
— M. Beclus présente un malade qui, à la suite d'une
chule sur le crâne, resta plusieurs jours dans le coma el
eut des attaques épileptiformes; quatre fragments de la
région temporale représentant une surface de !24 cenli-
mèlres carrés furent enlevés, le sinus latéral fut ouvert el
comprimé par un tampon de gaze; la connaissance revint le
quatorzième jour et le dix-huitième tout était réuni.
— M. Chaput présente un malade auquel, pour un mal
Eerforant de l'avant-pied, il pratiqua une amputation de
hopart modifiée à l'aide d'un procédé nouveau et qui a
remédié au renversement du moignon.
P. VlLLEMlN.
Société de biologie.
SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE H. DROWN-SÉQUARD.
Mécanisme de la fièvre dans la maladie pyocyanique: MM. Charrln
et Ruffer. — Sur les procèdes de dosage de l'oxygène du sang:
M Lambliog. -^ Sur le temps de réaction chez les hystériques et
chez les èpUeptiques: M. Fèré. —Inoculation au lapin du charbon
symptomatique : M. Roger. — Morphine et cocaïne : M. Chouppe-
— Influence des mouvements respiratoires sur le cœur:
M- Brown-Séquard. — Action du chlorure d'èthylène sur la
cornée : M. R. Dubois.
M. Charrin a essayé de déterminer avec M. Bupr It^
mécanisme de l'élévation de température qui suit rniocii-
8 Févuier 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE ^ N« 6 — 97
Jation aux lapins du bacille pyocyanique. Les auteurs ont vu
que la fièvre se développe sous Tinfluence des produits
solubles des cultures absolument privées de tout germe
comme sous l'influence du microbe lui-même. Cette fièvre
parait être en rapport avec ractivilédes éléments cellulaires
(le Torganisme nui luttent contre les microbes; mais elle ne
dépend pas absolument de cette cause, et, dans le mécanisme
de cetle hyperthermie, un rôle doit être laissé à Taction des
substances chimiques proprement diles, puisque les produits
solubles des cultures ont la même influence sur la tempé-
rature.
— M. Gley présente une note de M. Lambling (de Lille)
sur la cause des difl'érences trouvées dans Toxygène du sang,
suivant qu'on Texlrail au moyen de la pompe à mercure ou
qu'on le dose par le procédé de Schulzemberger. M. Lambling
montre que ces écarts tiennent à ce que le sang, abandonné
dans le vide de la pompe à GO ou 70 degrés, consomme lui-
mîMiie une partie de son oxygène, mais cet oxygène sert
â To^ydalion de principes organiques autres que les
matières colorantes.
— M. Féré a étudié, au moyen de Tappareil que M. d'Ar-
sonval a antérieurement présenté à la Société, la difTérence
da temps de réaction, pour diverses sensations, chez les
hystériques et les épileptiques.
— M. Roger^ poursuivant ses recherches sur Tinfluence
des associations microbiennes, a réussi à inoculer le
charbon syraptomatique au lapin en associant au charbon
le bacillus prodigiosus. L'expérience a réussi d'une façon
constante.
M. yocard croît que ces expériences sont du même ordre
que celles qu'il a faites avec M. Roux sur l'augmentation
de virulence du charbon par l'acide lactique. Par des injec-
tions préalables d'acide lactique ils ont pu en efl'et donner
le charbon à des lapins; c'est que par ce moyen on diminue
la résistance de la fibre muscuUire. D'autres substances
qui agissent sur le muscle comme l'acide lactique ont le
même effet. Or les cultures de bacillus prodigiosus
donnent naissance à une certaine quantité de trimé-
thylamine.
-- M. CAoupp^ a noté, dans les observations de cocaînisme
chronique présentées par H.Magnandansla dernière séance
de la Société, que les malades dont il s'agissait ont pu
supporter d'emblée des doses énormes de cocaïne ; il
attribue ce fait à ce que ces malades étaient des morphino-
manes. 11 a eu efl'ectivement l'occasion de voir un sujet qui
s était adonné à la cocaïne et dont les accès de cocaînisme
étaient arrêtés par l'injection de 3 à 5 centigrammes de
morphine.
— M. Rrown-Séquard rappelle qu'il a vu autrefois qu'à
chaque mouvement respiratoire, à la fin de l'inspiration,
chez les animaux â thorax ouvert, le cœur s'arrête un
instant. Il a récemment observé le même fait sur des chiens
et des lapins à l'état normal, mais respinint un mélange
d'acide carbonique et d'oxygène; les inspirations sont très
profondes et, à chacune d'elles, lo cœur s'arrêlc. Quelquefois
même il a pu constater, au cours de ces expériences, que
TelTort expiratoire inhibait aussi le cœur dans ces con-
ditions.
— M. Gley dépose une note de M. /?. Dubois sur l'action
du chlorure d'élhylène sur la cornée, dans laquelle
M. Dubois décrit les modifications des cellules épithéiiales
de la membrane de Descemet qui se produisent sous celte
influence.
Soclolë de thérapcntlqae.
SÉANCE DU 23 JANVlEn 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FEUNET.
Du sulfonal : M. Bouloumië. — Traitement thermal de la graTeUe
urique : M. Dorand-Fardel (Dlsoussion : MM. G. Paul, Dujardln-
Beaumetz, H. Huchard).
M. Bouloumié adresse une lettre dans laquelle il fait
savoir que, sur deux essais qu'il a faits du sulfonal, il a
constaté chez l'un des deux malades, à la dose de i"',50, les
malaises au réveil qui ont déjà été signalés.
M. C. Paul est d'avis qu'il vaut mieux donner en deux
prises la dose de P'^bO, à quelques heures d'intervalle.
— M. Durand'Fardel donne lecture d'une note sur le
traitement thermal de la gravelle urique. La goutte et la
gravelle urique sont le fait du même trouble de ralentisse-
ment ou d'anomalie de nutrition, mais la goutte est plus
essentiellement diathésique; la gravelle est plutôt une ano-
malie qui peut être transitoire : on guérit la gravelle, on
ne guérit pas la goutte. Le traitement de la gravelle con-
siste à favoriser l'issue des concrétions déjà formées et à
prévenir la formation de concrétions nouvelles. Deux sortes
d'eaux minérales peuvent remplir ce but : les bicarbonatées
sodiques telles que Vichy et Vais, dont on peut rapprocher
Fougues; les sulfatées calciques bicarbonatées, telles que
le groupe des Vosges : Contrexévilley Vittel, Martigny, dont
se rapprochentégalement Capvern ou la Preste. Enfin on peut
utiliser Evian, qui est une eau indéterminéCé Les eaux de
Contrexéville, froides et peu minéralisées, agissent surtout
par lavage ; on les prend à la dose de dix à douze verres
dans la matinée. Elles servent surtout à modifier les sur-
faces qu'elles lavent. Elles sont indiquées lorsqu'il y a une
souffrance rénale habituelle ou continue et que l'on sup-
pose un embarras rénal par infarctus urique; l'élat d'irri-
tabilité des voies urinaires les contre-indiquent. — Les
eaux de Vichy à température et minéralisation élevée, se
donnent à moindre dose; elles agissent sur la diathèse
elle-même: goutte, diabète, obésité, diathèse urique. Elles
sont d'autant meilleures dans la goutte, que celle-ci est
régulière ; dans le diabète, qu'il n'y a pas de cachexie ; dans
l'obésité, qu'elle n'est pas périviscérale. Il ne faut pas
d'ailleurs compter obtenir la guérison complète, mais une
amélioration, très notable. La colique néphrétique est une
indication, s'il n'y a pas de signes d'accumulation de gra-
viers dans les bassinets, ou de pyélite; la contre-indication
est formelle avec les phénomènes inverses, ou l'irritabilité
rénale. La source des Célestins, plus spécialisée pour les
voies urinaires, e&t précisément plus aangereuse dans le
cas où existe une lésion véritable dans un point de cet
appareil. Souvent, à Vichy, on voit de gros calculs s'éli-
miner sans crise néphréliq[ue. Les calculs ne sont pas modi-
fiés, mais ce sont les surtaces muqueuses ; leur formation
nouvelle est entravée. — Les eaux de Fougues sont inter-
médiaires comme degré d'action à Vichy et à Contrexéville ;
elles sont bien tolérées pour les voies digestives. La Freste
à une action résolutive analogue à celle de Contrexéville ou
de Fougues, Joint une action sédative manifeste. Evian
peut agir par lavage, mais surtout peut-être par l'hydrothé-
rapie et les excellentes conditions climatériques. En
résumé; Vichy est indiqué comme traitement de la gravelle
urique diathésique; s'il y a irritabilité rénale qui conlre-
indique Vichy, on choisira Fougues, ou Contrexéville, ou
Capvern pour obtenir une action résolutive des catarrhes.
Evian devra être préféré lorsqu'on désirera utiliser le inini-
. mum d'action médicamenteuse.
— M. C. Paul mentionne les bons effets des Eaux-
Chaudes, désulfurées à l'air libre, dans les cas de gravelle
urique. Il faut distinguer la petite gravelle et la grosse gra-
velle. La première se dissout par l'usage des eaux minérales
- N* 6 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Février 1889
appropriées ; dans la seconde, on n'obtient que ia désagré-
gation de la gangue muqueuse et gluante qui englobait les
concrétions. Aussi, en pareil cas, la pierre dans la vessie
devienl-elle plus irritante pour la muqueuse vésicale
débarrassée elle-même du mucus qui ia recouvrait. Le fait
est très connuà Contrexéville. Il signale en outre deux médi-
cations souvent fort utiles pour combattre la gravelle
urique : le phosphate de potasse et de soude, en pilules de
25 centigrammes de chacun, qui amène rapidement Téli-
mination des gros graviers douloureux ; et l'eau oxyazo-
tique donnée en boisson le matin à la dose de 500 grammes,
pour dissoudre la gravelle urique.
Il cite un cas de gravelle urique considérable survenu
chez un diabétique, après une poussée congeslive hépa-
tique très intense, et qui a rapidement disparu sous l'action
de l'eau oxyazotique.
M. Dujardin-Beaumelz demande à M. Durand-Fardel ce
qu'il pense des eaux azotées en pareil cas, et quel parallèle
on peut établir entre l'action du traitement médicamen-
teux par la lilhine et les balsamiques, et celle des eaux
minérales.
M. Durand'Fardel sait que les Eaux-Chaudes et les
sources douces de Luchon sont bien tolérées par les sujets
ayant de l'irritabilité vésicale, mais il ignore leur action
directe sur la gravelle urique. Il ne saurait d'îiilleurs
admettre la dissolution de la petite gravelle sous l'action
d'une eau minérale quelconque; il y a seulement arrêt de
production. Il n'a aucun renseignement sur l'action des
eaux azotées en pareil cas. Enfln, si le traitement médica-
menteux peut suffire chez un graveleux accidentel, il faut
le traitement thermal contre la diathèse chez ceux qui font
des concrétions.
M. H. Huchard cite un cas dans lequel les eaux de Vichy
ont amené l'expulsion facile d'un gros calcul chez une
femme arthritique présentant des hématuries rebelles. Mais
elles ont paru agir moins efficacement contre la diathèse
elle-même qui a continué à se révéler par des troubles
multiples. — D'autre part, bien que Tantipyrine « ferme le
rein » ainsi qu'on l'a (lit, et que l'on recherche au contraire
les diurétiques pour les graveleux, il a vu l'antipyrine non
seulement calmer les douleurs néphrétiques, mais amener
au bout de quelaue temps la diminution, puis la disparition
de la gravelle. Il se contente de signaler ce fait en appa-
rence paradoxal.
M. Durand'Fardel fait observer que l'on ne peut s'at-
tendre à ce que le traitement de Vichy guérisse la diathèse ;
peut-on jamais arriver à un pareil résultat? Mais il la
modifie souvent avantageusement et amène, en effet, assez
fréquemment l'expulsion indolore de gros calculs : c'est ce
qui a eu lieu chez la malade de M. Huchard.
— La séance est levée à cinq heures trois quarts.
André Petit.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
De l^aellon phyulologlque du bornéol, par M. StOCKMANN. —
Dans ce mémoire, l'auteur étudie comparativement le camphre
de Bornéo, le camphre N'gai et un produit isomère retiré de l'es-
sence de térébenthine, le bornéol ; en un mot, les propriétés
physiologiques du groupe des camphres. Administrées à la gre-
nouille, au lapin, au chat et au cobaye, ces substances provo-
quent des phénomènes paralytiques. Chez les mammifères, on
observe d*abord des convulsions épileptiformcs ; puis des acci*
dents comparables à ceux d*une intoxication alcoolique. Les
lapins ne sont pas atteints de convulsions.
Les battements du cœur diminuent de fréquence, mais leur
amplitude est augmentée ainsi que la pression artérielle. Il
existe de plus une notable dilatation des vaisseaux, du ralen-
tissement de la respiration, enfin de la glycosurie.
M. Stockmann conclut de ces faits que les substances de ce
groupe ont des affinités puissantes avec les alcools, et que leurs
propriétés convulsi vantes augmentent à mesure que le nombre
des atomes d'hydrogène est moins considérable. Ce sont des
agents stimulants du système nerveux et du cœur à la raanièn'
des alcools. Enûn, le bornéol possède des propriétés moins irri-
tantes que le camphre. {Journ. of physy 2iO(ki 1888.)
Eipériooee» sar raellon diurétique dr« «el» de nierenrp,
par MM. Roseniieim et Silva. — Le premier de ces observa-
teurs isolait le rein gauche de chiens de forte taille, introduisail
des canules de verre dans les vaisseaux et l'uretère, et injec-
tait dans l'artère des solutions d'oxyde mercurique dans leau
chargée de 5 pour 100 d'asparagine. La solution étail-elle faible?
Pas de modification de la vitesse d'écoulement du sang, ni de
l'énergie sécrétoire du rein.
Avec une solution forte, correspondant à trois doses de calonipl
de 20 centigrammes administrées pendant trois jours, la diunse
était augmentée dans le rapport de dix-sept fois, mais diminuait
dans l'espace de dix minutes. La quantité de sang écoulé par
la vessie pendant ce même temps était accrue, de sorte qu'on
peut expliquer ces phénomènes diurétiques par l'irrilation de
l'épithélium. (Zeits. f. klïn, Med., 1888, Bd. 14.)
M. Silva attribue les effets diurétiques des mercuriaux chez
les cardiaques aux causes suivantes : !• une hyperglycémie
artillcielle et la dilatation des vaisseaux rénaux par irritation
des canaliculi coniorti; ^^ la dilatation des vaisseaux rénaux
chez les hydropiques : cette dilatation facilitant TafAux du sang
dans l'artère rénale et conséquemment augmentant la vitesse de
l'écoulement dans la vessie. Ce sont là des indications favorables
à Taccroisscment de la diurèse.
Pour cette môme raison, la sécrétion urinaire augmenterait
chez les fébricitants quand les vaisseaux rénaux sont en dilata-
tion. De là, sans nul doute, l'impuissance des mercuriaux comme
diurétiques chez ces derniers, puisqu'ils ne peuvent pas provo-
quer une dilatation existant déjà en vertu du processus fébrile.
{Central /. klin. Med., i888^ n° 19.)
BIBLIOGRAPHIE
Etudes sur les maladies du foie i Cancer (épithé'
Home), Sarcome, Mëlauomes, Kystes non paraNl-
falres, Angiomes, par MM. Y. HaNOT et A. GlLBEIlT.
Avec 30 figures en chromotypographie et 7 figures en
noir. — Paris, 1888. Asselin èi Houzeau.
Cet ouvrage représenle le premier volume d'une série
d'études sur les principales questions de la pathologie
hépatique : il est exclusivement consacré à l'histoire des
néoplasies du foie.
On peut dire qu'il se décompose, envisagé dans son
ensemble, en deux parties distinctes : une intéressante
et très complète étude du cancer du foie, et un gioupe de
chapitres, forcément plus brefs, consacrés à la description
de néoplasmes rares observés au niveau du foie : le sar-
come, les tumeurs mélaniques, les kystes non parasitaires
et les angiomes.
Les documents fournis par les auteurs sur ces diverses
lésions hépatiques sont d*autant plus précieux que leut'
étude a été, en général, fort négligée, ou même complète-
ment passée sous silence dans les monographies antérieures
ou dans les traités didactiques.
La sarcomatose hépatique primitive n'est élablicjus((tn^'
8 FÉVRIER 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE _ N« 6 —
99
qae sur un trop petit nombre d^observations, dont quelques-
unes assez peu péremptoires, pour qu'il soit possible de lui
consacrer une description bien topique; mais il en est au-
trement du sarcome secondaire, dans ses diverses Tormes :
fuso-sarcorae, globo-sarcome, lympho-sarcome, chondro-
sarcome, iéio*myo-sarcome, etc. Leur symptomatologie
rappelle d*ailleurs de très près celle du cancer secon-
daire, si Toifi excepte Tàge ordinairement peu avancé des
sujets, les particularités inhérentes au siège du néoplasme
prirailif, et le long intervalle entre Tapparilion de celui-ci
et la métastase au niveau du foie.
Lamélanose pathologique (-par opposition à la mélanose
de patréfaction) se divise en fausse mélanose hématique
dans laquelle la matière colorante est Thématine du sang
altérée, et en mélanose vraie ou mélaninique avec grains
de pigment constitués par la mélanine. A la première se
rapportent le foie pigmenté palustre et sans doute le foie
du diabète bronzé ; à la seconae appartiennent les néoplasies
mélaniqaes ou mélanomes qui. se répartissent en trois
mlèlés: mélanomes simples, mélano- sarcomes, et mélano-
épiibéliomts. Elles sont robjet d'une complète description
densemble, analomique et clinique, fixant l'histoire de ce
groupe de néoplasies du foie consécutives à des mélano-
mes développés dans l'œil ou au niveau de la peau.
Enfin, les kystes non parasitaires : kystes simples, séreux
ou biliaires, si souvent coexistant avec la dégénérescence
kystique du rein, et les angiomes du foie terminent la
liste des néoplasies rares étudiées par MM. Ilanot et Gil-
bert, qui donnent de ces derniers une interprétation patho-
géniqae dilférente de celle de Virchow et très voisine de
I l'opinion émise par Chervinsky. Pour eux, Tabsence de
néoformation vasculaire et d'hépatite interstitielle, et la
ressemblance de ces angiomes acquis avec les plaques con-
gestives du foie, autorisent à les considérer comme des
zones de congestion excessive, irrémédiable, nettement
limitée, avec élargissement excessif des capillaires nor-
maux et tassement des éléments interposés; déplus, il se
produira un certain degré de néoformation conjonctive et
I des communications, par usure ou rupture, entre les
I lacunes vasculaires. Ce sont, en résumé, de véritables
angiectasies caverneuses.
Tels sont, brièvement analysés, les divers sujets qui
composent cette seconde partie de l'ouvrage; nous avons
tenu à endoner une idée succincte, nous réservant d'insis-
ter plus particulièrement sur les importants chapitres con-
sacrés à l'étude anatomique et clinique du cancer du foie.
Le cancer du foie présente deux variétés : le cancer pri-
mitif et le cancer secondaire. Cette dernière est depuis
longtemps bien connue et décrite avec soin dans tous les
ouvrages classiques, aussi nous semblerait-il supperflu de
nous y arrêter longuement; signalons seulement les inté-
ressants paragraphes consacrés à l'histogenèse et à la
palhogénie, par embolie intracapillaire, des nodules carci-
nomateux développés secondairement dans le foie. L'étude
microscopique du cancer secondaire montre au'il appar-
tient, suivant les cas, à divers types : épithéiiome pavi-
menteux, absolument exceptionnel*; épithéliome cylindrique
avec stroma alvéolaire ou tubulé sur lequel s'implantent
perpendiculairement les cellules cylindriques; enfin épi-
tbéiiomes glandulaires conservant d'une façon générale
leur forme originelle et présentant les dispositions soit
alvéolaire, soit tubulée de leur stroma conjonctif.
Le cancer primitif, moins bien connu jusqu'ici, et dont
l'existence même était mise en doute il y a peu de temps
encore par quelques-uns, a été l'objet, de la part de
MM. Hanot et Gilbert, d'une étude approfondie qui a mis
définitivement en pleine lumière ce chapitre important
<le la pathologie hépatique.
Le cancer primitif affecte trois formes anatomiques diffé-
rentes d'aspect : le cancer massif, le cancer nodulaire et le
cancer avec cirrhose. Le cancer massif a été déjà fort bien
décrit par H. Gilbert dans sa thèse inaugurale, et l'analyse
3ui en a été donnée à Tépoque dans ce journal nous permet
e ne pas insister. Il s'agit alors d'un gros foie, non dé-
formé, non bosselé, renfermant une masse néoplasique
volumineuse, lardacée, siégeant plus souvent dans le lobe
droit et pouvant affecter la disposition dite en amande.
Assez souvent, il existe quelques noyaux plus petits dans
le reste du parenchyme. Presque jamais on ne constate
d'ascite ou d'ictère ; la rate est grosse.
Le cancer nodulaire présente un aspect assez semblable
au cancer secondaire; mêmes nodosités hérissant le foie
augmenté de volume et déformé, même variabilité de
forme et de dimension de ces nodosités, même dépression
centrale sur quelques-unes : périhépatite et ascite à peu
près constantes.
Enfin le cancer avec ciiThose, sur lequel l'accord n'est
peut-être pas encore fait d'une façon délinilive, est essen-
tiellement constitué par la coexistence de lésions cirrho-
tiques et de lésions cancéreuses : nodules cancéreux par-
semant un foie cirrhose, mamelonné, et d'ordinaire peu
augmenté de volume. Est-ce un cancer hépatique ? MM. Hanot
et Gilbert n'hésitent pas à le considérer comme tel, et à
l'assimiler entièrement aux autres formes du cancer du
foie. On sait que c'est à cette lésion que Sabourin a donné
le nom d*adénome, et qu'un certain nombre d'auteurs se
sont ralliés à son opinion. Nous ne voulons pas reprendre
ici cette intéressante discussion, fort brillamment résumée
par M. Dreyfas-Brisac dans une récente revue critique
(voy. le n* du 14 décembre 1888); nous nous contenterons
de rappeler que, pour Lancereaux, la sclérose hépatique
serait consécutive à l'infiltration adénomateuse; pourBris-
saud et Sabourin, la cirrhose est primitive, l'adénome n'en
est qu'une complication, comme elle d'ordre inflammatoire
et non spécifique, maispouvantseiransformer en néoplasme
infectant : c'est une sorte d* avant-marche (Schûppel) du
cancer ; pour Hanot et Gilbert, la cirrhose et l'aclénome
évoluent simultanément, l'agent irritatif agissant à la fois
sur le tissu conjonctif et l'élément épithélial. Il s'agit donc
d'une hépatite épithcliale amenant la formation d'un épi-
théliome; ce qui ramène, comme le fait fort justement
observer Dreyfus-Brisac, vers l'opinion, si dénigrée
depuis, de Portai et de Broussais sur l'origine inflam-
matoire des processus cancéreux. Il s'agit, d'ailleurs, d'une
forme de cancer hépatique un peu différente dans son
aspect et en particulier dans ses allures : au lieu de la
propagation par le système lymphatique, c'est l'envahisse-
ment du système veineux qui sert à la propagation du néo-
plasme.
Nous voudrions nous arrêter sur l'intéressante étude his-
togénique du cancer primitif du foie, si bien exposée parles
auteurs, mais nous ne saurions rendre cette analyse plus
longue, bien qu'il s'agisse d'un des points les plusimportants
de l'ouvrage : ils montrent que le cancer du foie est un
épithéliome parenchymateux à forme alvéolaire ou trabé-
culaire. Bien que chacune de ces variétés histologiques ne
réponde pas d'une façon absolue à une forme anatomique,
cependant on peut dire qu'en général les cancers massif
et nodulaire sont des épithéliomes alvéolaires, tandis que
le cancer avec cirrhose est constitué par l'épilhéliome
trabéculaire. Enfin, Texamen histologique des coupes
montre nettement que le processus de multiplication cel-
lulaire n'est pas limité aui points manifestement atteints
par le cancer ; très souvent le foie est lésé dans sa presque
totalité et les nodules cancéreux visibles à l'œil nu ne
correspondent qu'à « des maxima de lésion ».
Ajoutons que les descriptions cliniques fort soignées et
les nombreuses observations inédites jointes au texte
seront fort appréciées des médecins qui prendront connais-
sance de cet important ouvrage. André Petit,
100
N" 6
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Février iggO
VARIETES
Concours d*agi\éoation de médecine. — Voici la suite des
questions que les candidats ont eu à traiter :
M. Royer: Troubles du système nerveux dans les maladies du
cœur.
M. Brault: Des crises daos les maladies aiguës.
M. Chantemesse : De la désinfection comme moyen prophy-
lactique des maladies transmissibles.
M. Jeannel : Pathogénie de la suppuration.
M. Âubry : De la cachexie cardiac|ue.
M. Marie : De l'influence éliologique du froid dans les ma-
ladies.
M. Roque : De la thrombose.
M. Colin : Transmission des maladies contagieuses dans le
mariage.
M. Letulle : De Térysipèle à répétition.
M Grenier : De Fictcrc dans les maladies infectieuses.
Association médicale mutuelle. — L'assemblée générale de
TAssociation fondée par M. le docteur Gallet Lagoguey aura lieu
le dimanche 10 février, dans le grand amphithéâtre de la
Faculté de médecine, à trois heures très précises.
Ordre du jour : 1' Vote pour Tadmission déûnitive des
confrères provisoirement admis et prooosés àTunanimité par le
Conseil; ^"^ Allocution du président; ô"* Rapport du secrétaire
général; i** Rapport du trésorier; Approbation des comptes;
5"* Election du bureau. (Messieurs les membres honoraires sont
éligibles à toutes les fonclions).
iV. B. — Ainsi qu'il a été décidé à la dernière Assemblée
générale, le trésorier sera, de deux heures et demie à trois
heures, à la disposition dos associés qui Touront faire des ver-
sements anticipes.
Asile Sainte-Annb. — A partir du 6 février, M. le docteur
Rouillard, chef de clinique de la Faculté, médecin-adjoint des
asiles d'aliénés de la Seine, fera des conférences cliniques sur
les maladies mentales, dans les pavillons de la clinique à 1 asile
Sainte-Anne, tous les mercredis à quatre heures de l'après-
midi.
ÉCOLE d'Alger. — Par décret, en date du 31 décembre 1888,
l'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie d'Alger est
transformée en Ecole de plein exercice.
Souscription Ducuenne (de Boulogne).
Cinquième liste.
MM. de Watteville, rédacteur du Brain,
à Londres 1 00 fr. i
Féréol 50 >
Duguet 20 »
Sanchez Roledo 20 »
J.-W. iNunn (de Londres) 25 »
Total 2Ï5 r
Montant des listes précédentes. 2490 >
Total général.. 2705 fr. >
Académie royale de médecine de Belgique. — Programme
des concours 1888-1889. — l'» Etablir et discuter les moves de
diagnostic difl*érentiel des tumeurs du ventre. Prix : 600 francs.
— Clôlure du concours : 15 mars 1889.
2" Faire Télude de Térysipèle charbonneux ou rouget du porc,
au point de vue de ses causes, de ses manifestations, de ses
lésions, de sa prophylaxie el de son traitement; établir éven-
tuellement ses rapports avec les affections charbonneuses, bac-
téridiennes et bactériennes. Prix : 600 francs. — Clôture du
concours : 15 mars 1889.
3" Faire connaître, en s'appnyant sur des recherches person-
nelles et inédites, une mélhode exacte el facilement réalisable
pour le dosage des alcaloïdes dans les substances médicamen-
teuses et dans les préparations pharmaceutiques. Prix : bOO francs.
— Clôture du concours : 15 décembre 1889.
A" Déterminer par de nouvelles recherches le mode de for-
mation des globules rouges et blancs du sang. Prix : 5u0 fran^.
— Clôture du concours : 15 décembre 1890.
• 5" Prix fondé par le docteur da Costa Alvarenga. — Ain
termes du testament de M. Alvarenga, c l'intérêt capilal coa-
slituera un prix annuel qui sera appelé : Prix d'Akaremjn,
de Piauhy (Brésil). Ce prix sera décerné, à raniversaire dudée*^
du fondateur, à Fauteur du meilleur mémoire ou ouvrage ioédii
(dont le sujet sera au choix de Fauteur) sur n'importe quelle
branche de la médecine, lequel ouvrage sera jugé digoe de
récompense, après que Ton aura institué un concours auQuei
et procédé à Texamen des travaux envoyés selon les règles ara<
démiques. Si aucun des ouvrages n'était digne d'être rècom-
Çensé, la valeur du prix serait ajoutée au capilal. > Pm:
00 francs. — Clôture du concours : 15 décembre 1889.
Conditions du concours, — Les membres titulaires et W
membres honoraires de l'Académie ne peuvent point prendre
part aux concours.
Les mémoires, lisiblement écrits en latin, en français ou eu
flamand, doivent être adressés, francs de port, an secrétaire do
l'Académie, à Bruxelles.
Sont exclus des concours : !• le mémoire qui ne remflil|i3*
les conditions précitées; â^* celui dont Fauteur s'est fait w
naître directement ou indirectement; 3* celui qui est publié, «n
tout ou en partie, ou présenté à un autre corps savant.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations,
ainsi que la mention de 1 édition et de la page du texte ori{riii<i'
Le mémoire de concours et le pli cacheté dans leuuel le nom «t
l'adresse de lauteur sont indiqués doivent porter la même l'i •
graphe. Le pli annexé à un travail couronné est ouvert par Ir
président en séance publitjue. Lorsque l'Académie naccorJf
Qu'une récompense à un mémoire de concours, le pli oui Vf^i
joint n'est ouvert qu'à la demande de l'auteur. Cette demaml'
doit être faite dans le délai de six mois. Après rexpiraiion k
ce délai, la récompense n'est plus accordée. Le manusctii t>a
voyé au concours ne peut pas être réclamé ; il est déposé aui
archives de la Compagnie. Toutefois l'auteur peut, après h\>''
clamât ion du résultat du concours, faire prendre copie «le ^î
travail.
L'Académie accorde gratuitement à Fauteur du niéipoirt
dont elle a ordonné Fimpression cinquante exemplaires lire^ s
part et lui laisse la faculté d'en obtenir un plus grand Donibr:
a ses frais.
NÉCROLOGIB. ~ M. le docteur Peulevé Victor vient !•
mourir à Amiens. Ancien interne des hôpitaux, il se fil remarf ^
par son dévouement pendant l'épidémie cholérique de \0'>''^
il devint chirurgien en chef de FHôlel-Dieu et professeur t:
pathologie externe à FEcole secondaire.
Mortalité a Paris (4« semaine, du 20 au 2»') ja"*";^
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, li
— Variole, 5. — Rougeole, 49. — Scarlatine. 4. - <>f "^
luche, 13. — Diphthérie, croup, 43. — Choléra, 0. - l'I»"'''';
pulmonaire, 188. — Autres tuberculoses, 10. — Tumeur i
cancéreuses, 29 ; autres, 5. — Méningite, 26. -7 Cojij'cj
tion et hémorrhagies cérébrales, 63. — Paralysie, i 7
Ramollissement cérébral, 11. — Maladies organiques du cœur, »'
-— Bronchite aiguë, 39. — Bronchite chronique, 43. — Broncti&
Kneumonie, 41. — Pneumonie, 63. — Gastro-entérite: sein, j
iberon, 34. — Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite m
pérales, 3. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilite f^j
génitale, 33. — Sénilité, 43. — Suicides, 8. — Aulrei^im>rt]
violentes, 6. — Autres causes de mort, 177. — ^*"'^
inconnues, 19. — Total : lOiO.
OUVRAGES DEPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Guide pratique de petite chirurgie, par M. le docteur Michel Gan^rolitl'C. 1"^' '
d'une Icllrc do M. le professeur iLéoii Tripler. 1 vol. iii-l2 de IW !«}.'''*• ^^
4 planches hors Icxic. Paris. 0. Doiu.
Vhygiine du vélocipédiste, par U. le docteur P. Tîsslê. I joli t(i\ame in-J\^
390 pages et 40 ligures, cartonné avecfcrs spéciaux Paris, 0- I^oi"- *' "'
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
i8i68. — MoTTBROZ. — Imprimerie» réuoios. A, nie Mignofli -. ''*'^'*
8 Kéviuek 1889 GAZETTK HEBDOMAMIKK DE MÉDECINE ET DE CHIKUKGIE — N" 6 - 10(
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CIIIUUHGIE
TIIëUAPEUTIUUE
D« l'eniplot da I««c(aeortaiii.
Par M. le docteur Dklmis.
M est un cerlain nombre de médicaments qu'un engoue-
utcut un peu irréfléchi a fait négliger pour les alcaloïdes,
/e< i^/ucosides et les produits dérivés du goudron dont la
«îniuie a récemment enrichi la thérapeutique. Le premier
liiument d'enthousiasme passé, la plupart des praticiens
<iiiit sagement revenus aux préparations qui^ depuis
longtemps, avaient fait leurs preuves* Au nombre de ces
dernières se trouve le Sirop de lactucarium d*Âubergier, si
ellicace contre les rhumes, les bronchites, les toux nerveuses
ei spasmodiques, qui tiennent à l'irritabilité de l'arbre
(rachéo-broncbique.
Le médecin, heureusement pour lui et pour l'humanité,
n'est pas uniquement appelé à soigner des maladies graves
où la vie est immédiatement en péril et où son intervention
(luit être énergique; il est souvent consulté pour des indis-
positions légères qu'il doit empêcher de s'aggraver, ou bien
il doit remédier à un symptôme morbide, peu dangereux
par lui-même, mais susceptible d'exaspérer la maladie
principale.
Qu'un enfant, au moment de l'évolution dentaire, soit pris
d'une ces toux quinleuses à caractère laryngé, \b premier
devoir du médecin sera de calmer ces quintes sous peine de
les voir dégénérer en véritable bronchite et même d'ouvrir
la porte au bacille de la pneumonie. Qu un phthisique pris
de toux opiniâtre vomisse ce qu'il vient de manger, que
le repos de ses nuits soit troublé par la violence même des
quintes, et la maladie principale en recevra un fameux coup
de fouet.
Et les arthritiques, les asthmatiques, les emphysémateux,
les cardiaques, combien leur affection n'est-elle pas
a<,'gravée par la fatigue de la toux, que le médecin doit
combattre de prime abord !
Pour des syndromes aussi complexes que la toux et l'in-
somnie que tant de causes peuvent provoquer, les médi-
caments simples, univoques, ne conviennent pas ou doivent
être employés à des doses énormes. Sans vouloir contester
la su|>ériorité fréquente des alcaloïdes sur les extraits, il est
cependant un grand nombre de cas où ces derniers sont à
juste titre préférés par les praticiens. C'est ce qui fait que
Ion emploie les préparations de digitale plutôt que les
diiîitalines, que la méco-narcéine, dont M. Labordc entre-
tenait dernièrement l'Académie de médecine, est bien plus
active que la narcéine presque inerte; enfin, pour parler du
dernier venu dans cette série, que l'extrait de strophantus
nspire plus de confiance que la strophantine (1).
Ui buciiuoy, Académie de médecine, soaacc du 8 janvier 1880.
La même raison explique la supériorité du Sirop de
lactucarium d'Aubergier, malgré la quantité très faible
d'opium qu'il contient et qui serait absolument inefficace si
elle était employée seule. Le savant et persévérant doyen de
la Faculté des sciences de Clermont qui, à force de recher-
ches et d'essais, est parvenu à cultiver en grand dans les
plaines de la Limagne la laitue vireuse {Lactuca virosa
altissima), a passé une partie de son existence à démontrer
les propriétés calmantes et adoucissantes de cette plante.
L'Académie de médecine finit par se rendre à l'évidence et
approuva celte préparation qui fut inscrite au Codex
de 1862. Bien rares, on le sait, sont les formules pharma-
ceutiques qui ont obtenu cette suprême consécration.
Mais il est nécessaire que le Lactucarium soit préparé
avec des précautions spéciales très minutieuses qui ne sont
nullement observées pour le Lactucarium du commerce que
l'on cherche à obtenir avant tout à bon marché (1). Il est
indispensable de conserver dans le suc du Lactucarium
tous les principes correctifs qui exaltent les propriétés de
l'opium tout en diminuant ses efl*ets irritants. Aussi le Sirop
d'Aubergier possède-t-il les propriétés caïman* es et sédatives
de l'opium, sans provoquer aucun des symptômes de con-
gestion cérébrale, de constipation ou d'inappétence, ce
qui lui permet d'être parfaitement toléré par tous les tem*^
péraments.
Ainsi que le disait, un jour, un de nos maîtres en théra-
peutique, le docteur Jules Simon, médecin de l'hôpital des
Enfants, c'est un excellent médicament de la coqueluche et
du faux croup des enfants. Employé au début des rhumes, il
fait cesser toute irritation et fait merveille comme calmant
nocturne, là où les opiacés eux-mêmes échouent ou pro-
duisent mauvais effet, ainsi que l'ont démontré les expé*-
riences (2) de H. Deschamps d'Aval Ion et de Debout.
En somme, c'est une excellente préparation que les pra-
ticiens ont eu raison de continuer à prescrire en dépit de
l'avalanche des nouveautés thérapeutiques, parce qu'elle
agit selon les préceptes de l'ancienne médecine, citOy tuto
et jucunde.
(1) Le Lactucarium, obtenu par incUion dc« tigea do la lactuca virosa
altittima, revient à 300 francs lo kilogrammo. Le Lactucarium du cumincrcu,
|irci>aro à cliiiud avec toute la laitue ordinaire, coûte âO francs, mais est cumplc-
tomenl inerte.
(i) Compcndinm de hoschaïups («l'Avallon), p. 3ii, ul Matière médicale el thé-
rapeutique de MoHcliurdnl, p. 70.
(Gazelle dea héintaax*)
102
N" 6 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 FÉVRIEII i8»<.l
THÉRAPEUTIQUE
IMaladlcci du cceiir.
Les alTections cardiaques comptent parmi les plus nom-
breuses et les plus graves maladies de notre époque. Les
excès, les passions, la lutte pour la vie dans les villes, les
intempéries, les fatigues du travail pénible dans les cam*-
pagnes, les font naître et se développer chacjue jour de plus
en plus. Il est facile, en parcourant les bôpilaux, de recon-
naître celte vérité.
Malheureusement, nos ressources thérapeutic|ues ne sui-
vent pas la même progression, el c'est à peine si le médecin
arrive aujourd'hui à calmer les douleurs de la lente agonie
du cardiaque. La digitale a toujours été jusqu'à présent le
cheval de bataille dans ce genre de maladies, mais c'est
une arme à deux tranchants qu'il faut employer avec dis-
cernement, car elle est dangereuse, a dit M. Fernel à la
Société de thérapeutique, lorsqu'elle est administrée hors
de propos ou sans mesure. Ses indications en sont bornées
et passagères, et on comprend la désolation de l'homme de
l'art, obligé de rester l'arme au bras, spectateur inactif des
soulfrances qu'il ne peut ni prévenir, ni arrêter dans une
évolution parfois si longue, qu'elle fait du malade un véri-
table martyr.
Cela explique aussi pourquoi la thérapeutique ne se lasse
pas de demandera la matière médicale des ressources nou-
velles contre les affections cardiaques. Aussi, il y a deux
ans, avait-on salué avec enthousiasme la révélation du pro-
fesseur G. Sée sur les vertus diurétiques et sédatives du
muguet, mais les aveux de M. Moutard-Martin, de M. Fer-
rand et de la plupart des docteurs qui l'ont employé ont
empêché le Convallaria maialis de remplir la lacune pro-
fonde qui existe dans le traitement des maladies de cœur à
la période où la digitale est inutile ou dangereuse.
Dernièrement M. G. Sée vient de faire à l'Académie une
importante communication sur les propriétés de la slro-
^ phantine dont il exalte avec enthousiasme la puissance et
qu'il emploie à la dose d'un à deux cinquièmes de milli-
gramme, ce qui indique assez l'activité de ce médicament.
Jusqu'ici les praticiens, M. Bucquoy entre autres, ne se
servaient que du strophantus dont ils obtenaient des effets
remarquables, et dans cette même séance de l'Académie,
un savant académicien, répondant à M. G. Sée, établit les
raisons qui doivent faire préférer le strophantus.
Il y a, dit-il. actuellement cinq variétés de strophantine
el mênio une slrophantidine, toutes nocives au plus haut
degré, mais plus ou moins. A laquelle accorder la préfé-
rence? l^eur prescription peut donner lieu à dos erreurs
fatales. 11 se passe donc ici ce qui a déjà lieu pour les
variétés de digitaline, tandis que le strophantus est un bon
médicament presque su|3érieuràla digitale, d'après l'hono-
rable académicien. Mais ici encore, poursuit-il, on se
trouve dans un certain embarras; il existe plusieurs espèces
de teintures, il y a la teinture au cinquième, au dixième,
au vingtième; il y a aussi l'extrait de strophantus! N'est-il
pas préférable, pour éviter des erreurs dangereuses, d'em-
jiloycr la poudre de strophantus au lieu des teintures varia-
oies et de la strophantine, de même nu'on emploie la digi-
tale au lieu de la teinture et de la digitaline? S'il est un
point sur lequel tout le monde est d'accord, c'est celui-ci :
que la poudre de digitale a une action complexe bien plus
efûcace que la digitaline!! Il en est de même pour la pou-
dre de strophantus qui met les praticiens à l'abri d'erreurs
faciles dans la prescription d'un alcaloïde qui agit si puis-
samment à si petites doses.
La poudre de strophantus est une des bases de la compo-
sition des dragées toni-cardiaques Le Brun, chacune d'elles
en contient un centigramme, et le praticien, en les em-
ployant à doses progressives et en débutant par trois dragées
par jour, n'a point d'erreurs à redouter.
Les dragées Le Brun contiennent encore deux aulro>
éléments de succès, la caféine et l'iodoforme.
D'après le docteur Huchard, la caféine est sujjérieurc ;i
la digitale par sa rapidité d'action, car elle produit rapide-
ment la diurèse en douze ou vingt-quatre heures, de plus
elle ne fatigue pas l'estomac, elle ne s'emmagasine poiiii,
tant elle s'élimine rapidement ;auand la digitale est impuis-
sante ou nuisible, par exemple dans le cas de dégéné-
rescence graisseuse et quand i'asystolie se complique d'un
véritable état cardioplégique, la caféine peut dans ces con-
ditions rendre de réels services.
Le docteur Henri Huchard conclut en disant que la caféine
est un médicament cardiaque; Gubler, lui, la re;;ardait
comme « un diurétique idéal aussi efficace qu'inolTensil ».
Le professeur Lépine, de Lyon, et le docteur (lirard,
dans sa thèse remarquable, disent que la caféine à iost^
thérapeutique détermine la diminution de fréquenco du
pouls, l'augmentation de la tension artérielle et de la séné
lion urinairc, enfin (ju'elle rend les plus grands servies
dans le traitement des maladies du cœur arrivées à leur
dernière période (rétrécissement et insuffisance mitrale,
tricuspidienne, athéromes de la mitrale, etc.).
Mais dans presque toutes les maladies du cœur, il y a
des symptômes qui fatiguent horriblement les malades; la
dyspnée, les étouffemenls, la toux, la fièvre, les vertiges,
l'insomnie, oui accompagnent presque infailliblemenl les
lésions valvnlaires et des orifices. En outre, la plupart des
maladies du cœur sont compliquées d'athéromasie due à
l'usage des vins presque tous alcoolisés aujourd'hui. Il nous
restait à les amoindrir et à les faire disparaître el pour y
parvenir l'iodoforme procure la ressource la plus précieuM*
par ses verlus résolutives.
D'après M. Testa, Viodo forme agit très favorablenieni
dans les cas de lésions organiques du cœur et dissipe raj'-
ment tous les troubles fonctionnels symptomatiqucs d'uuc
lésion des valvules ou des orifices.
L'iodoforme agirait d'une part en combattant les dégéné-
rescences ou les tendances à la dégénérescence scléreuse,
d'autre part en ralentissant les contractions cardiaques, ce
qui permet au cœur de mieux se vider de son contenu.
Grâce à ces trois agents puissants, les dragées toni-car-
diaques procurent une sédation rapide sur les cardiaquei^
les plus gravement atteints.
Lorsque l'œdème est extrême, les selles rares, ou iJi
miction insuffisante, les purgatifs drastiques, m denv
verres à bordeaux le matin de Royale honaroise, soulajieni
beaucoup le malade et facilitent l'action des dragées loni-
cardiaques^ qui agissent alors plus promptemenl.
Au résumé, ralentissement et régularisation des baU»'-
nients du cœur, disparition de la toux, de la dyspnée, nc>
concrétions scléreuses, tonification des fibres cardiaques,
diurèse abondante et prompte, possibilité de continuer sans
danger une médication bienfaisante, tels sont les avantai^es
que les dragées toni-cardiaques de Le Brun présentent sur
la digitale et qu'on constate avec un ou deux flacons, si o»
augmente hardiment la dose jusqu'à ce que la diure^c
s'établisse.
G. Masson, Propriétaire-Gérant
18iG8. — lioiTEROZ, Imprimeries réunies, ▲, lue Mignon, î. P*"*'
Trente-sixième année
W 7
15 Février 1880
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CBIRIRGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDilS
COMITÉ DE RÉDACTION
M« LB D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
liM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, G. DIEULAFOT, DRETFUS-BRISAC, FRARCOIS-FRARCK, A. HÊROCQUE, A.J. lARTIH, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ee qui concerne la rédaction à M. Lireboullr, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
S^OHMAIRB. — Bulletin. Académie de médecine. — THénAPBUTlQUE. Les
miiitaWoQ» thérapeutiques des mercuriaux comme diurétiques. — CONTRIBU-
TiO!«$ PHARIACSUTIQUKS. Les Uvemcnts narcotiques. — Rbvub des couns'BT
i)a amifiUKS. Hospice de la Salpôtrièro : M. le professeur Charcol. — Tra-
VACX ORiciNAVX. Patlioloçic générale : Nouveaux faits confirmant l'origine
ri}ttine du tétanos. — SOCIETES savantes. Acadômie de médecine. >- Société
is«JicaIt) des bàpiUux. — Société de cliirargte. — Société de biologio. ~
Bibliographie. De réliologie de la pUthisio pulmonaire et laryngée. — VAniÉ-
T!^'*. Reforme de Toxamcn d'aptitude des roddccins-roajors de rarmée.— Concours
d'agrégation de médecine et do cliirurgie.
BULLETIN
Paris, 13 février 1889.
Académie de médecine : Le tétanos. — L'origine do la
fièvre. — La mortalité dans l'armée et la Ootte.
La discussion de l'étiologie du tétanos est rouverte devant
] Académie et nous publions aujourd'hui un nouveau tra-
rdil de M. Verneuil à l'appui des considérations qu'il dé-
fend avec tant de conviction et d'énergie. Hier, dans un
Iticellent discours, aussi net et concis dans la forme que
riche d'observations personnelles et d'expérience clinique,
k. Nocard est venu affimer à son tour que le tétanos était
vae maladie infectieuse et inoculable, par conséquent
^raiismissible d'un animal à un autre ou de l'animal à
Ihomme par contact médiat. Pas plus que M. Leblanc,
H. Nocard n'admet la contagion directe. Comme lui, il croit
fi rinfluence de causes générales et de prédispositions in-
dividuelles. Mais ce sont là des arguments que M. Verneuil
ne contredit point. Il en est de même pour toutes les ma-
ladies infectieuses. Il faut un certain degré de réceptivité
individuelle pour qu'un virus, quel qu'il soit, puisse se
ilf'ielopper dans l'organisme. Il faut souvent qu'une in-
luence extérieure, déprimante comme le surmenage ou
ictive comme le refroidissement, vienne mettre cet orga-
Qisme en état de[réceplivité, pour que la maladie se'déclare.
Cela ne veut point dire d'ailleurs que celle-ci n'est pas
provoquée soit par un microbe spécifique, soit plus souvent
encore par les produits de sécrétion de ce microbe. M. Le-
klauc, dont la grande expérience apportait au débat toute
loe série d'observations très intéressantes à examiner, a
en\isagé la question du tétanos au point de vue de la con-
tagiosité telle qu'on l'admettait jadis. Jamais, a-t-il dit, on
ke voit un cheval transmettre à son voisin la maladie dont
il est atteint. M. Trasbot, qui sans doute parlera mardi pro-
èfiâin dans le même sens, avait déjà devant la Société de
Uiérapeulique (voy. Gazette hebdomadaire, 1888, p. 774),
I «• Siais, T. XXVI.
insisté dans le même sens. Mais n'en est-il pas de même pour
le charbon ; ne faut-il pas que la bacléridie charbonneuse ait
passé par le sol pour transmettre la maladie à tout un trou-
peau? N'en est-il pas également ainsi pour la fièvre
typhoïde ? Et n'en faut-il pas conclure que si la contagion
médiate, c'est-à-dire Tinoculation des produits virulents,
réussit dans un grand nombre de cas, ce n'est point à dire
pour cela que la maladie ainsi inoculable soi; directement
contagieuse.
Quant à l'influence des causes extérieures sur la propa-
gation du tétanos, elle est considérable et M. Nocard a bien
eu raison de rappeler qu'il en est de même pour la pneu-
monie... et beaucoup d'autres maladies aujourd'hui recon-
nues pour être microbiennes. Cela ne veut pas dire toute-
fois qu'il faille nier l'existence ou l'influence du microbe.
La guérison du tétanos par une amputation secondaire
semble bien prouver qu'il existe, qu'il reste localisé dans
les tissus où il a été inoculé et que ses produits de sécré-
tion vont se porter un peu partout et déterminer la'maïadie.
Après un assez long débat, que l'intervention de M.Trélat
a fait résoudre conformément au règlement de l'Académie
et aux intérêts scientifiques que celle-ci a pour mission de
protéger et de défendre, il a été décidé que M. Hayem ferait
mardi prochain un rapport sur le travail qu'il venait de
présenter au nom de sou élève M. Roussy. Il convient d'es-
pérer que, durant cette semaine, M. Roussy se décidera à
faire connaître la source ou la nature du produit pyrétogène
qu'il a découvert. On ne peut discuter devant une Académie
ni sur un remède secret ni sur les résultats d'un procédé de
laboratoire que son auteur ne divulgue pas. Il nous semble
que si M. ^Roussy prétend garder secrets ses procédés de
recherche, M. Hayem ferait mieux de ne pas lire de rapport
à ce sujet. Les plis cachetés existent pour assurer la prio-
rité de découvertes encore trop peu précises pour pouvoir
être officiellement divulguées.
— L'important travail de M. Lagneau sur la mortalité
comparative des marins et des soldats français dans les
diverses colonies comble une lacune qui avait été signalée
depuis longtemps, notamment par nos confrères de la
marine. Il a toujours semblé que les administrations publi-
ques redoutaient les investigations des démographes et
qu'elles fuyaient la lumière ; cependant il n'en est pas une
qui n'y ait puisé des renseignements utiles et qui n'ait eu
finalement à s'en féliciter. M. Lagneau, avec une patience
et une érudition qu'on ne saurait trop reconnaître, a fait à
lui seul ce travail considérable que l'administration n'avait
7
102 — N» 7 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 45 Février 1889
pas encore osé tenter. Les résultats qu'il en a tirés montrent
les immenses services rendus à Thygiène coloniale par le
corps de santé dans les diverses contrées où la France a
planté son drapeau; ils montrent aussi sur quels points
particuliers ces efforts, dévoués et autorisés, devront por-
ter. A ces divers titres, cette communication aura un grand
retentissement.
THÉRAPEUTIQUE
Les indications thérapeutiques des mercnrlaux
comme diurétiques.
On n'a pas oublié — c'est de l'histoire contemporaine —
l'étonnement que causa le mémoire où, dans les Deutsche
Archiv, fur klinische Medic, de 1886, Ernst Jendrassik
annonçait aux thérapeutes la puissance diurétique du
calomel.
On s'étonna, mais bien à tort ; il ne s'agissait ni d'une
révélation, ni d'une découverte originale, mais seulement
d'une restitution. Le hasard de l'expérimentation clinique
venait, en effet, de rendre au calomel une vertu que nos
anciens, sans pouvoir en donner raison, attribuaient à
diverses préparations mercurielles.
Paracelse, J. Frank, Boerhave, Hoffmann, étaient de
ceux-là. Plus près de nous, à la page 408 de son Traité de
médecine pratique, Vierre Franck n'avait-il pas écrit une
phrase que les modernes inventeurs de cette ancienne
médication liront, je pense, avec intérêt et dans laquelle il
précisait les indications de son emploi diurétique en disant:
€ On a vu une petite quantité de mercure doux dissiper,
par un flux abondant d'urine, une ascite compliquée d'ana-
sarque. y> Il ajoutait encore : « Par l'addition au calomelas,
d'une petite quantité d'opium, on prévient l'effet purgatifs;
il remarquait ainsi, comme d'autres l'ont fait depuis, que cette
action diurétique du calomel est indépendante de son action
purgative.
Vint Stokes. Plus affirmatif encore, il recommandait
chaleureusement le calomel contre n l'anasarque, accom-
pagnant l'affaiblissement du cœur et sa dilatation i> et en
attribuait l'action thérapeutique, non pas au ptyalisme, non
pas à un effet spécifique du mercure, mais bien à ses pro-
priétés diurétiques.
Ces citations suffisent. Je rappelle seulement que Saharjin
a fort opportunément insisté sur la méthode du médecin
anglais dans le n** 1 du Centralblatt fur die gesammte
Thérapie de 1886. Je rappelle encore que M. Longuet a
aussi insisté l'un des premiers sur ce point d'histoire, et
je passe outre pour me placer au point de vue, le seul d'ail-
leurs intéressant ici, des indications thérapeutiques, de
la physiologie et de la posologie des mercuriaux comme
diurétiques contre les hydropisies.
1
Revenons donc, dans le présent, à la première observa-
tion de Jendrassik. On l'a souvent reproduite : elle est
classique ; je l'abrège.
Nous sommes à la clinique de M» Wagner, à Buda-Pest,
en présence d'un hydropique. Son anasarque est considé-
rable. D'où vient-elle? De troubles circulatoires. A quelle
cause attribuer ces derniers ? M. Jendrassik l'ignore. Il
pense cependant à la syphilis. C'est d'intuition; il Tavouc;
ce n'est pas un diagnostic ferme. Et puis quand on hésile
c'est si commode, la syphilis... et parfois si réel I
Il prescrit donc le calomel, non pas le calomel seul, mais
une préparation purgative fort classique, un mélange de
calomel et de jalap à petites doses. Deux jours se passent, le
malade urine abondamment et l'œdème disparait.
Encouragé par ce résultat inattendu, M. Jendrassik entr&
prend des essais systématiques, sur sept cardiaques. L'étal
général de ces malades est grave; ils accusent des troubles
respiratoires, de l'asystolie, de l'hydropisie, de rœdèmc des
membres inférieurs et de l'oligurie. Leur cœur et leurs
vaisseaux ont résisté à la digitale. Même impuissance de la
caféine. H. Jendrassik administre le calomel, et voici que,
le surlendemain, c'est-à-dire après quatre ou cinq doses
quotidiennes de chacune 20 centigrammes, la diurèse
augmente et rapidement s'élève à 7, 8 et même 9 litres par
vingt-quatre heures.
Il est vrai que cette diurèse s'atténue bientôt en raison
directe de la résolution de l'anasarque, que cette action
diurétique s'épuise, et qu'après un temps plus ou moin^
long et la cessation du calomel, les hydropisies récidivent,
H. Jendrassik revient à la préparation mercurielle: mêmes
effets thérapeutiques. Bref, ce que Stokes avait écrit avani
lui, M. Jendrassik le voyait à son tour.
Le calomel posséderait donc des vertus diurétiques et les
seuls inconvénients de son emploi seraient ceux du mercu^
rialisme commençant: la saveur métallique, le ptyalisme,
la stomatite et parfois la diarrhée. Le thérapeutiste hongrois
l'affirme : c'est sa conclusion.
D'autres observateurs, dont le nombre est aujourd'hui fori
grand, ont reconnu et étudié ces vertus. Ils les ont vanléei
avec une admiration parfois enthousiaste, et actuellement|
après un long oubli, ils proposent de rendre au mercure ni
rang élevé dans l'arsenal assez pauvre de la médication
diurétique.
Après les observations de M. Jendrassik, celles (h
M. Stiller. Dans le Wiener medicinische Wochenschrifl
de 1886, cet observateur n'hésitait pas à proclamer la palS'
sance hydragogue du calomel, ce qui était assez classique, ei
à célébrer — ce qui l'était moins — sa supériorité sur \\
digitale.
A cet effet, il énumérait ses essais et ses succès. Ceux-c
sont aussi nombreux que ceux-là. Quatorze cardiaques ingc
rent du calomel ; tous urinent abondamment du troisiètm
au quatrième jour. Pas un seul revers ! De telles victoire
ne sont-elles pas inaccoutumées, avec les meilleurs agent
de la matière médicale ?
Même satisfaction de la part de M. Mendelsohn {Deui
medicin, Woch,^ 1886, iV 45). Il afûrme celte souveraini
puissance diurétique du calomel à laquelle aucun de se
malades n'a pu résister. C'est plus qu'une victoire, c'est ui
triomphe !
£n février 1887, Nothnagel dépose à son tour en faveur d<
cette médication. Du hautdesachaire magistrale, il proclama
son efficacité contre les hydropisies réfractairesàladigitale,i
la caféine et au salicylate de soude. De plus — fait noté pal
Stokes — il déclare, lui aussi, que l'action diurétique dt
calomel n'est pas immédiate, qu'elle se fait parfois attende
et qu'elle peut manquer, malgré l'ingeslioa régulière d(
doses convenables durant plusieurs jours.
Il remarque aussi, toujours après Stokes, dont on onblii
souvent de citer le nom, que cette infidélité est éphémère
15 Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 7 — 103
Le calomel a échoué une première fois. Est-ce un motif d'en
fesser l'usage ? Non ; il faut répéter la prescription. Un
premier échec ne doit pas rebuter le Ihérapeulisle et faire
abandonner le médicament. Le médecin anglais l'avait dit; le
médecin viennois le répète : « Il faut y revenir à plusieurs
reprises, ^
M. Nothnagel rapporte Thistoire de deux malades.
C'est peu, ce serait même très insuffisant. Voici heureuse-
ment M. Rosenstein qui présente seize cas de cardiopa-
thie, traités par le calomel. C'est mieux.
Treize fois, déclarait-il le 7 mars 1887 à la Société de
mdecine interne de Berlin, il a par cette méthode provoqué
f une polyurie paroxysmale :», après l'échec de la digitale
et Fadministration inutile de la caféine. Trois fois seule-
ment Taclion diurétique ne se produisit pas. Voilà des
rêsnllats un peu différents de ceux annoncés par Jendrassik,
)Iendelsohn et Stiller. Ils auraient été de nature à modérer
l'aotesiasme, si le même observateur ne les avait exa-
gérés en proclamant à tort l'utilité fort contestable du
calomel dans huit cas de néphrite. Onze fois cependant il
avait observé, avouait-il, des stomatites et des diarrhées pro-
foses justiciables seulement de l'opium.
Quelques jours après, le23 mars, devant la même Société,
M. Leyden apportait à son tour un contingent de preuves
cliniques sur la valeur de cette médication. Son témoignage
était plus réservé. Dans trois cas de cirrhose hépatique avec
ascite, une seule fois l'ascite cédait à l'action diurétique
du calomel. Dans quatre cas de cardiopathie avec asysto-
lie, H. Leyden avait été plus fortuné et avait obtenu quatre
fois la disparition de l'hydropisie. Son collègue, M. Bast,
n'avait pas été moins heureux chez un cardiaque artério-sclé-
reux et hydropique. Enfin, même succès dans une série
de neuf cardiopathies où M.| Biro employa cette médica-
tion.
Cependant voici un autre témoignage. Il est moins opti-
miste. M. Furbringer l'a professé devant la même Société
berlinoise : c J'ai bien, répondait-il à ses collègues, obtenu
nne abondante diurèse par l'administration du calomel,
mais cette action diurétique est éphémère. Elle cesse
prompiement, et — aveu de franchise — il n'existe pas un
seul cas dans lequel je puisse me vanter d'avoir pu, par
cette inédicatioUf prolonger pendant un instant la vie d'un
ml malade. >
MM.Fraenkel et Drasche (de Vienne) ne formulent-ils pas
les mêmes réserves, et ne donnent-ils pas à entendre que,
si le calomel échoue, on ignore la t^ause de l'échec, et que,
s'il réussit, on ne peut donner la raison de son succès ? Au
demeurant, jusqu'à présent, il n'y a pas eu de l'autre côté
du Rhin cet accord unanime des observateurs, dont, tout
dernièrement, on nous affirmait l'existence.
Tout récemment, d'autres travaux ont été publiés dans le
but de préciser la question: tels ceux de Schwass (Berliner
klinische Woch., 17 septembre 1888) ; de Wladislas
Bieganski et de Stinlzing {Deut. Arch. fiir klin. Med.,
Bd 43, 1887); d'Ignajteff {Petersburger med. Woch,,n^' 44,
^888); tel surtout celui de M. Terray {Wien. med, Press,
1888, n" 50), se plaçant au point de vue plus général
dû traitement des hydropisies de causes diverses par ce
médicament. A son avis, qui de jour en jour devient celui de
la majorité des médecins allemands, le calomel rend des
services contre l'hydropisie des cardiaques. Par contre, ces
tertus sont moins fidèles et moins précieuses, pour com-
battre les anasarques d'origine rénale. Il n'est pas seul à le
déclarer; on va le voir; les médecins italiens partagent
cette opinion.
Passons en Italie. Là aussi l'action diurétique du calomel
a une histoire. Dès 1887, à la réunion de l'Association
médicale italienne, H. Silva et M. Balestreri (de Gênes)
reconnaissaient les propriétés diurétiques de ce médica-
ment. De plus, à la page 38 des Annali universali di medi^
cina de cette même année, M. Brugnatelli leur rendait un
chaleureux hommage, mais — circonstance à noter, — men-
tionnait dans l'observation qu'il publiait l'association du
sel mercuriel avec le jalap. Ces résultats thérapeutiques se
partageaient donc entre l'agent purgatif et le médicament
diurétique ; on se demande auquel des deux le succès
appartient. Est-ce à l'émonction intestinale ou bien à
l'éraonction rénale que l'on doit l'attribuer?
Sous ces réserves, ces trois observateurs raisonnent
en cliniciens avisés et adoptent une opinion moyenne.
Pour eux le calomel est un diurétique de choix chez les
cardiaques et tout au plus un diurétique de nécessité che2
les rénaux !
En Hollande, semblables essais. Dans le service de cli«
nique de M. Pel, à l'Université d'Amsterdam, M. Meyzes
administre le calomel à vingt-sept cardiaques, et obtient des
résultats favorables, mais inconstants. Chez ces malades, il
existait de l'asystolie, de la myocardile graisseuse et des
lésions valvulaires anciennes.
En Angleterre, les tentatives ont été moins nombreuses
ou plus discrètes. Malgré le nom de Stokes attaché à cette
médication, il semble que ses compatriotes ont résisté à
cet enthousiasme contagieux. Une communication de
H. Talfour Jones au Congrès de 1888 de TAssociation
médicale britannique s'y rapporte. Elle a pour objet un cas
d'ascite hépatique traité par le calomel. C'est un fait à rap«
prêcher de ceux dont Obolenski (de Moscou) a publié
l'histoire en 1885 ; ce n'est pas un document décisif.
Revenons en France. Il est temps. Malgré la prudence de
nos compatriotes à l'égard de cette médication, rappelons,
puisqu'on a omis de citer son nom et son travail, que
M. Lannois, l'un des premiers, sinon le premier parmi
nous, la signalait dans le Lyon médical de 1886, au
retour d'un voyage en Autriche et d'une visite à la clinique
de Wagner. Depuis, avec des fortunes variables, elle a été
essayée dans les hôpitaux de Paris. M. H. Huchard en fait
usage sans résultats décisifs jusqu'à présent (Rertte générale
de clinique et de thérapeutique, 1889 n*» 6), et M. A. Mathieu
a conseillé tout récemment de la mettre à Fessai {Gaiette
des hôpitaux, 1889, p. 53). Quand à M. G. Sée, il se déclare
plus satisfait et dans l'une de ses dernières Leçons il en
proclame les mérites, après ces observateurs de nationalités
si diverses, après Collins, après Masius, après Snyers et
après d'autres encore.
J'arrête ici cette énumération. Elle est incomplète, je le
sais, et cependant elle me paraît suffisante pour dégager
une première conclusion pratique, à savoir : que l'action
diurétique du calomel, observée par Stokes et quelques
thérapeulistes d'autrefois, n'est pas une illusion thérapeu-
tique. Loin de là; elle peut même, mais exceptionnellement
et à défaut d'autres, devenir, entre des mains expérimen-
tées, une ressource suprême de la médication hydragogue.
II
Essayons au moyen de ces documents d'en dégager les
indications.
104
N« 7 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Février 1889
Après les premiers succès de Jendrassik et de ses émules,
les expérimenlaleurs se disaient, ceux d'Allemagne surtout :
le calomel serait-il donc le médicament de toutes les
hydropisies? On le prescrivit donc contre les épanchements
pleuraux, lesascites d'origine hépatique, les ascites rénales,
comme on venait de l'ordonner contre les anasarques des
cardiopathies.
Or les épanchements pleuraux lui résistent; Rosenstein
Ta montré. Heureusement que contre eux le clinicien
dispose d'autres ressources, et, comme je le rappelais
récemment à cette place, d'un diurétique plus usuel et
mieux maniable, le lait (Gazette hebdomadairey 1888).
Les ascilesde la cirrhose hépatique cèdent-elles à l'action
diurétique du calomel? Non pour les uns, qui, avec Rosens-
tein et Schwass, en considèrent l'emploi comme inutile ;
« quelquefois pour Leyden, Talfour Jones, Obolenski et
M. Lannois; rarement, sinon jamais, pour d'autres. Bref,
la question est en suspens ; il y a désaccord entre les
observateurs.
Ils ne s'entendent pas mieux quand il s'agit de le
prescrire contre les ascites d'origine rénale. Silva, Bales-
treri et Brugnatelli en condamnent l'administration aux
individus porteurs de néphrites et de glomérulo-néphrîtes ;
mais Rosenstein, qui le redoute moins. Ta vu dans quatre
cas sur huit, provoquer une favorable diurèse.
Restent les hydropisies cardiaques. Ici, on s'entend mieux.
C'est contre elles que l'on en fait le plus fréquent usage.
Au total, les observations publiées par Jendrassik, Leyden,
Bast, Rosenstein, Nothnagel, Brugnatelli et Ignatjeff, sont
au nombre de 79, et, dans les 79 cas, on a constaté —
série singulièrement heureuse, — la résolution de Thydropi-
sie et le soulagement de l'asystolie.
En vérité, voilà des succès bien différents de ceux de
Stintzing qui, sur 19 cas d'hydropisies traitées par le
calomel, mentionne 11 succès et 8 insuccès (Cent, fur
klin. Med., 8 septembre 1888). Ils diffèrent aussi des
résultats obtenus par M. G, Sée. Dans une série de six car-
diaques soumis à cette médication, trois seulement, dit-il,
furent amendés; bref, ne méconnaissons pas l'action diuré-
tique du calomel, mentionnons les chiffres allemands, mais
avouons qu'en bonne clinique et avec une sage prudence, il
faut mettre une sourdine à tant d'enthousiasme.
Un autre enseignement se dégage de ces faits. Il est pra-
tique d'en tenir compte, car il donne la clef de la plupart
des succès et des revers obtenus.
Cet enseignement, quel est-il? Je veux parler de l'in-
tégrité relative des éléments glandulaires du foie et du rein
des malades qui sont dociles à l'action diurétique du calo-
mel. Cette dernière se manifeste plus souvent chez les
bydropiques en puissance de cardiopathies que chez ceux
dont Tascite est secondaire à des lésions hépatiques ou ré-
nales. J'en appelle aux documents que je viens d'énumérer.
Parmi les auteurs, les uns repoussent son emploi dans la
cirrhose, et les autres — c'est le plus grand nombre — vont
plus loin et le condamnent dans le cours des néphrites et
des glomérulo-néphrites. En d'autres termes, je conclus,
dès à présent, que, s'il y a lieu parfois de prescrire le calo-
mel aux cardiaques, atteints d'hydropisie, il y a presque
toujours contre-indication de l'administrer aux hépatiques
et aux rénaux.
La physiologie motive-t-elle cette conclusion ? Essayons
de le prouver.
III
Quelle est l'interprétation physiologique de l'action diu-
rétique des mercuriaux et en particulier du calomel?
Notons d'abord l'absence d'effets diurétiques appréciables
sur les individus en état de santé. Autrement on ne s'ex-
pliquerait pas que cette action ait pu échapper des siècles
durant à Tatlention des cliniciens qui chaque jour pres-
crivent le mercure aux syphilitiques.
Dans certains états morbides, il en est tout autrement :
à preuve l'utilité, anciennement reconnue, de préparer
et d'augmenter les effets diurétiques de la scille et de la
digitale par l'association d'un composé mercurieU
Or quels sont les phénomènes physiologiques qui sui-
vent l'administration du calomel? On observe une augmen-
tation de la diurèse, vers le deuxième ou le troisième
jour après l'ingestion des premières doses. Cette augmen-
tation est considérable : les urines s'élèvent de trois ou
quatre cents centimètres cubes par vingt-quatre heures
à trois, quatre et même cinq et six mille.
Cette c polyurie paroxysmale > n'est pas immédiate, et la
raison de ce retard se trouve dans la lenteur de l'absorp-
tion intestinale du composé mercuriel. De plus, cette aug-
mentation de la diurèse persiste pendant trois, six, huit et
parfois dix jours, puis s'atténue et finalement le chiffre
de l'urine, même quand on continue l'administration du
médicament, se rapproche du chiffre normal et graduelle-
ment l'atteint. En d'autres termes, les faits cliniques le
prouvent : l'action diurétique n'est pas proportionnelle à la
quantité de calomel ingéré; elle est plutôt en rapport avec
l'étendue de l'hydropisie.
S'accompagne-t-elle de modifications qualitatives de
l'urine? D'après Terray, ce liquide perdrait de son poids
spécifique : c'est une modification de médiocre importance,
puisque, en augmentant d'abondance, l'urine, on le sait,
est toujours moins concentrée.
Cependant elle devient plus riche en éléments solides
(Talfour Jones) et en chlorures, plus pauvre en albumine,
quand, — cela s'entend, — il existe de ralbuminurie, enfin,
plus riche en urée. Ce dernier phénomène a été conslalé
par maints observateurs, entre autres par.Lewins (The med.
Record, 1867, p. 405) après l'ingestion du calomel comme
purgatif, et par Burrow (The med. Times and 6aJ., 1850,
t. II, p. 53), après des frictions mercurielles.
Ce dernier phénomène présente une incontestable im-
portance physiologique et clinique. Je le retiens donc :
car il peut donner, sinon la raison, du moins une interpré-
tation de l'action diurétique des sels de mercure et des
indications ou des contre-indications de leur emploi.
Deux théories prétendent expliquer leur action. L'une,
Ia théorie rénale, professée d'abord par Furbringer: elle
consiste à dire : les sels de mercure font uriner en vertu
d'une action élective sur l'épithélium rénal. Est-ce là une
interprétation physiologique? On la motive bien par l'ana-
lyse chimique dévoilant la présence du mercure dans les
urines des individus ingérant les sels de ce métal, ou
par une irritation exercée sur le rein à la manière de
celle des médicaments dits rénaux. Une action élective,
soit. Il conviendrait de s'expliquer et de ne pas répéter
Molière en déclarant que le mercure- fait uriner... quia
hahet proprietatem diureticam. En vérité, ce serait trop
commode.
Proclamer la théorie de Taction élective du mercure sur
15 Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DÉ CHIRURGIE
— N» 7 — 105
le rein, c'est affirmer un fait; ce n*est pas le prouver; c'est
encore moins rinlerpréler,
L'autre théorie, la théorie hépatique, s'efforce d'être
plus physiologique et plus clinique. A défaut d'autres, ce
sont des qualités.
Le mercure, dit-elle, agit sur le foie, en augmentant
l'activité de ses éléments, la production du glycogène et
celle de l'urée. De plus, elle le prouve et avec M. Silva
{Centrait, f. klin. Med.j 1888, n« 19, p. 346), invo-
que d'une part l'existence du sucre en excès dans le sang
des animaux ingérant le calomel depuis plusieurs jours,
d'autre part, le rapport de causalité démontré par Noël
Palon entre l'exagération de la sécrétion biliaire, la des-
truction des globules rouges et l'augmentation de la pro-
duction de l'urée.
N'est-ce pas d'ailleurs un fait de connaissance banale
que la provocation de la diurèse par l'urée accumulée
dans le sang ? D'où la dilatation des vaisseaux du rein ;
d'où /'irritation des éléments sécréteurs de cet organe,
constatée par l'autopsie des animaux observés par M. Silva;
d'où, enfin, ces néphrites, ces glomérulo-néphrites, ces
allérations profondes du parenchyme rénal produites
expérimentalement, démontrées, il y a longtemps déjà, par
H. Hénocque et d'autres (Société de biologie, 1878) après
des intoxications hydrargyriques et explicables tout à la fois
par l'émonction rénale d'une partie du mercure ingéré et
par celle de l'urée en excès dans le sang.
Ce sont là, m'objecte-t-on, des considérations très phi-
losophiques et peu pratiques. Non, soyons indulgent : leur
adaptation à la clinique et à la théi-apeutique donne faison
des conti-e-indications, des insuccès et des inconvénients
des sels mercuriels inconsidérément administrés contre
l*anasarque de cause hépatique ou rénale.
Dans les cirrhoses du ''foie la destruction des éléments
nobles ferme la glande, ralentit la sécrétion biliaire et
diminue la production de l'urée : de là, dans ces cas, l'im-
puissance des sels de mercure comme médicament hépa-
tique et l'absence si fréquente d'effets diurétiques.
Dans les hydropisies consécutives aux néphrites étendues
et avancées, la même interprétation ne justifie-t-elle pas
encore la variabilité des résultats thérapeutiques? Les sels
de mercure augmentent bien, alors, la sécrétion biliaire et
la production de l'urée; cette dernière s'accumule bien
encore dans le sang, mais l'obstacle à TeiTet thérapeutique
vient du rein dont les éléments glandulaires, détruits ou
altérés, ne répondent plus à l'action irritante de l'urée.
Bref, c'est le rein qui est fermé et c'est lui qui fait obstacle
à l'action diurétique des sels de mercure.
Après cela il devient aisé de répondre à ceux qui se
demandent quelle place on doit donner aux mercuriaux
dans la hiérarchie des médicaments diurétiques? Inutile de
trop s'attarder à celte question ; mieux vaut reconnaître les
lacunes des classifications les plus récentes des diurétiques,
admettre la nécessité de les réviser, et de créer un groupe
nouveau entre celui des diurétiques cardio-vasculairesy
agissant sur le cœur, les vaisseaux ou la masse du sang
el celui des diurétiques rénaux vrais, dont l'action se
localise sur le rein. Là du moins il y aurait place pour les
médicaments qui, cholalogues par vocation, deviennent
des diurétiques par occasion. Ce sont, qu'on me par-
donne l'expression, des diurétiques hépatiques. Comme les
autres sels de mercure, le calomel est de ceux-là.
J'ajoute que les notions vulgaires sur les propriétés des
mercuriaux permettaient de prévoir les inconvénients de ces
sels comme diurétiques. Aussi les avocats les plus convain-
cus de leur emploi reconnaissent ces dangers: ici ptyalismé;
là coliques et diarrhées. Ces inconvénients sont bien
connus, on les redoute el on les prévient. On sait que le
chlorate de potasse et l'antisepsie buccale agissent contre le
premier, on sait aussi que l'opium combat les secondes.
C'est classique : je passe oulre.
IV
Quel est le moment, et quel est le mode d'administra-
tion du calomel aux hydropiques? Sur ce point, pas de
désaccord.
Il convient de ne pas établir d'emblée ce traitement. Son
heure est celle où les autres agents diurétiques, scille,
digitale, spartéine, convallaria, strophantus , indurés,
caféine et surtout régime lacté, sont en défaut ou cessent
d'agir. La médication mercurielle des hydropisies est donc
seulement celle des grands jours el des graves nécessités.
Elle peut cependant rendre des services dans des circon-
stances moins solennelles. Stokes le pensait aussi ; d'autreâ
aujourd'hui, pensent encore de môme. Ils prescrivent le
calomel dès le début des hydropisies, mais en les associant
aux autres diurétiques, digitale, scille ou strophantus, dont
le sel mercuriel favorise l'action. Au lit du malade on tire
donc un double parti de l'action diurétique des mercuriaux,
soit comme agents principaux de la médication diurétique
{Méthode de Stokes renouvelée par Jendrassîk), soit comme
agents auxiliaires des divers diurétiques {Méthode mixte).
Les observations de Stokes et les faits signalés par les
autres cliniciens démontrent bien qu'il n'est pas indifférent
de débuter par l'une ou par l'autre de ces méthodes. En
voici la preuve. On prescrit un sel mercuriel ; la diurèse
se produit, Thydropisie disparaît. Quelque temps se passe
et voici que*, chez le même malade, on veut combattre le
retour des accidents par l'emploi des diurétiques clas-
siques. Vaine tentative: ces médicaments n'agissent plus;
et pour obtenir un nouvel effet diurétique, on doit de nou-
veau faire appel aux sels de mercure, dont l'action ne
s'épuise pas.
En effet, tous les travaux modernes le prouvent, le calo-
mel s'administre aisément à plusieurs reprises, et continue
d'agir encore après les premiers succès.
Ce n'est pas touf ; autre circonstance à noter. On ne doit
pas se rebuter après un échec initial. L'action diurétique
manque après les premières doses de sel mercuriel, soit ;
on attend quelques jours, puis on revient à son admi-
nistration et souvent on obtient alors le résultat positif que
l'on avait cherché inutilement.
Au reste, la posologie de cette médication est des plus
simples. Elle consiste à faire ingérer quotidiennement
aux malades trois ou quatre prises de 15 à 20 centi-
grammes de calomel. M. Jendrassik prescrit les doses les
plus élevées sans crainte du mercurialisme. D'autres, par
prudence, adoptent les doses les plus petites; mais tous
s'entendent pour suspendre la médication après deux,
trois ou quatre jours et dès que la polyurie s'établit.
M. Terray va, il est vrai, plus loin : il attend les pre-
mières manifestations de Tinloxication mercurielle : sto-
matite et diarrhée.
Se produit-il des effets purgatifs sous l'influence du
calomel? Dans ce cas, et cela s'explique, l'action diurétique
est faible ; mais cet accident ne fait pas obstacle au succès
106 — N* 7
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Février 1889
final. On le comprend aisément, Taclion purgative étant
au même titre que l'action diurétique l'un des moyens de
la médication hydragogue. Quelques thérapeutistes, entre
autres, M. Brugnatelli, regardent la diarrhée comme un
avantage. Ils la cherchent et volontairement la sollici-
tent par l'association du jalap au calomel.
La propriété de provoquer la diurèse chez les hydro-
piques est-elle un privilège appartenant en propre au
calomel, ou bien une vertu commune au mercure et à ses
composés? Ici, il existe une lacune dans l'histoire théra-
peutique de ce métal et de ses sels. Naguère Burrow avait
utilisé l'action diurétique des frictions mercurielles contre
l'ascite de la cirrhose hépatique. Depuis, M. Rosenstein
n'a pu obtenir le même succès contre les hydropisies cardia-
ques. Que conclure de résultats aussi contradictoires?
Le dernier de ces observateurs a essayé le sublimé sur
six hydropiques. Une fois l'action diurétique parut réelle ;
une autre fois elle fut douteuse et quatre fois elle manqua.
En outre les effets de l'iodure jaune et du chlorure de
mercure ont été analogues, de sorte que, sans préjuger
le résultat d'essais ultérieurs, on doit admettre provi-
soirement la supériorité du calomel sur les autres mer-
curiaux en raison de la facilité de son maniement, de
l'aisance de son administration et de la faiblesse relative
de sa toxicité.
En résumé, voici ma conclusion : l'action diurétique du
calomel peut rendre des services contre les hydropisies des
cardiopathes; mais après et malgré l'échec des autres diu-
rétiques;— elle manque souvent et son emploi n'est pas
sans danger dans la cirrhose et dans les néphrites avec
anasarque.
Est-ce à dire, avec ceux qui l'ont en vain prescrit contre
ces dernières hydropisies, que ce sel agit plus volontiers
sur les individus en puissance de cardiopathies et jouerait
le rôle d'un médicament cardiaque? Non «assurément,
car il ne modifie ni l'énergie, ni le rythme du cœur.
Si pendant la durée de son action thérapeutique, on voit
bien, il est vrai, le pouls se régulariser, ce phénomène
secondaire est en rapport avec la résolution de l'hydropisie
et non pas avec une modification de la motilité cardiaque,
par l'agent médicamenteux.
On ne doit donc pas demander à cette médication plus
qu'elle ne peut donner. C'est pourquoi je termine en répé-
tant ce que j'ai déjà écrit plus haut : le calomel est un
médicament de nécessité contre les hydropisies cardiaques;
ce n'est pas un médicament de choix et en rappelant ce
qu'un ancien médecin, Lentin, disait judicieusement du
mercure : Ubi omnia alia remédia fatescunt, menu-
rius sanai,
Ch. Eloy.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
liCS lavements nareoilqnea.
On a souvent l'occasion de prescrire des lavements des-
tinés à procurer aux malades un sommeil calme et suffi-
samment prolongé. On administre dans ce but le laudanum,
le chloral, etc. Il est préférable de remplacer le laudanum
par la teinture d'opium qui ne renferme pas de narcotine
et calme davantage. Huit à dix gouttes de teinture d'opium
suffisent à faire supporter les lavements d'hydrate de
chloral parfois irritants, même lorsqu'ils sont pris dans du
lait. Mais il vaut mieux encore administrer le chloral
(2 grammes), le sulfonal (même dose) ou l'hypnone (dix ou
vingt gouttes), en les associant à la gomme et à l'huile d'a-
mandes douces. Yoici la formule que nous recommandons :
Hypnone X à XX gouttes.
Gomme en poudre 3 grammes.
Huile d'amandes douces. 5 —
Eau 150 —
Pour un lavement.
Mélangez dans un mortier l'huile et la gomme, ajoutez
l'hypnone, puis l'eau, petit à petit, en battant continuelle-
ment. Au bout de cinq (minutes Témulsion est parfaite. On
peut remplacer l'hypnone par 1 ou 2 grammes de chloral
ou de sulfonal. Ces corps introduits dans cette émulsion
sont moins irritants pour la muqueuse/cctale.
Pierre Vicier.
^
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOSPICE DE LA SÂLPÊTRIÈRE : H. LE PROFESSEUR CnARCOT.
Chorée molle. — Le 8 décembre il vient à la consul-
tation externe une femme paraisssant atteinte d'une hémi-
plégie gauche qui ne serait autre chose qu'une hémichorée
molle consécutive à une hémichorée ordinaire. Il est bon
de rappeler à cette occasion que la chorée molle n'est pas
autre*chose que la chorée ordinaire modifiée. Il n'est pas
absolument rare, chez les enfants choréiques surtout, de
voir survenir brusquement une paralysie qui peut atteindre
les quatre membres, la moitié du corps ou un membre
seulement. Cette paralysie est complète, ne s'accompagne
pas de troubles de la sensibilité et a pour caractère con-
stant (comme l'hémiplégie hystérique du reste) de ne pas
présenter de déviation de la face.
C'est là un grand point pour le diagnostic de ces troubles
passagers avec l'hémiplégie organique vulgaire. M. Charcot
croit cependant avoir vu une fois, au temps où on ne con-
naissait pas encore l'bémispasme glosso-labié, la face
prise dans une hémiplégie choréique.
Hémiplégie faciale. — Vient ensuite un homme atteint
d'une hémiplégie faciale à type périphérique. H. Charcot
indique, à propos de ce malade, la manière de faire le dia-
gnostic du siège de la lésion. Il suit le facial dans son
trajet depuis Técorce jusqu'au trou stylo-mastoïdien, insiste
sur les paralysies d origine protubérantielle, montre les
effets concomitants produits par la destruction en tout ou
en partie du facial et du faisceau pyramidal son voisin et
indique les symptômes résultant de cette division et capa-
bles d'éclairer le diagnostic. En procédant par exclusion
on arrive à penser que le malade a une paralysie faciale
d'origine auriculaire.
Amyotrophïe articulaire. — Il y a six semaines un ou-
vrier est pris sans cause appréciable de douleurs dans
l'épaule. Au bout de quatre jours ces douleurs sont si
vives qu'il interrompt son travail. L'arthrite cède, mais on
constate bientôt une atrophie énorme du deltoïde et égale-
ment une atrophie de tous les muscles du bras et de
l'avant-bras. Les réflexes sont forts. Il s'agit véritablement
là de l'amyotrophie d'origine articulaire. Conformément à
la règle, I extenseur de la jointure (deltoïde) est le muscle
le premier et le plus atteint. En six semaines il a donc pu
survenir une atrophie aussi considérable du fait seul de
i5 FÉVRIER 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM — 107
l'arlhrite. Ces faits justifient la théorie de Yuipian basée
sur le retentissement spinal de la souffrance articulaire;
théorie que M. Charcot a faite sienne par le développe-
oieiU et les preuves cliniques c|u'il lui a donnés.
Le professeur rappelle le fait d'un malade qui pris de
plusieurs jointures successivement eut du retentissement
spinal avec exaltation réflexe tels qu'un médecin des
hôpitaux crut avoir affaire à une double paraplégie (supé-
rieure et inférieure) spasmodique ayant produit aes désor-
dres articulaires. (Leçon du 8 décembre.)
ÂTAxiE ET HYSTÉRIE CHEZ LE MÊME SUJET. — Fort heu-
reusement pour les nosographes il n'y a pas d'hybrides en
pathologie; malgré une intrication d'apparence indéchif-
frable, il est toujours possible au clinicien de faire la part
des maladies distinctes réunies par hasard chez un même
sujet. M. Charcot, le H décembre 1888, montre à son
cours une femme, du reste entachée d*hérédité nerveuse
dès Tenfance, qui présente réunis le tabès et l'hystérie. Le
professeur attire I attention sur les troubles oculaires pro-
duits dans le présent cas par les deux affections; chacune
imprimant aux symptômes son cachet particulier.
Du fait de son tabès la malade a du myosis et le signe
d'Argyli Robertson ; du fait de l'hystérie elle a un beau
rétrécissement du champ visuel avec transposition du
rouge.M. Charcol établit la différence qu'il y a entre l'achro-
matopsie hystérique et l'achromatopsie tabétique. La pre-
mière (que présente la malade) consiste en un rétrécisse-
ment concentrique régulier du champ visuel, rétrécisse-
ment qui atteint naturellement et fait disparaître progres-
sivement le bleu, le jaune, le rouge, le vert, le violet.
Parfois le cercle du rouge est rejeté au centre par une
transposition assez fréquente.
L'achromatopsie tabétique consiste en un rétrécissement
irrégulier allant du centre à la périphérie et non de la
périphérie au centre et atteignant les cercles des couleurs
(sans transposition du rouge) en sens inverse de l'achro-
matopsie hystérique. Rien que par l'examen des yeux on
peut donc, chez cette malade, faire le diagnostic de tabès
et d'hystérie. L'analyse clinique ne fait qu'aider à consta-
ter le dualisme pathologique.
SCLÉROSB EN PLAQUES ET HYSTÉRIE. — Une jcuno fille
du service de la clinique est atteinte de ces deux affections.
Du côté des yeux elle présente du fait de la sclérose en
plaques :
1' Une paralysie associée des yeux (cause de diplopies
transitoires) ; du vague dans le regard ;
^ Du nysiagmus ;
3' Une sorte de myosis différant du myosis tabétique
en ce qu'il s'agit dans l'espèce' d'un myosis sthénique
d'une véritable convulsion ;
4' y.ûe décoloration spéciale de la papille (cause d'am*
l^lyopie, de cécités plus ou moins passagères) absolument
différente de la papille nacrée des labétiques. C'est une
décoloration spéciale du nerf optiaue qui amène rarement
une cécité incurable. Il s'agit là d une maladie inflamma-
toire, d'une véritable névrite. La fatalité est moindre que
dans l'atrophie papillaire du tabès. Dans ce cas l'achroma-
topsie de la sclérose en plaques se traduil fonctionnelle-
nient, comme celle de l'ataxie, par une disparition du bleu
et du jaune. Du fait de l'hystérie nous trouvons le rétré-
cissement concentrique habituel avec transposition du
l'OQge, nous avons donc une espèce de fusion sans confu-
sion, cependant des troubles oculaires dus à la névrite
optique de la sclérose en plaques et du rétrécissement
concentrique avec achroraatopsie et transposition du rouge
de l'hystérie. (Leçon du il décembre 1888.)
Folie du doute. — Il faut continuer à donner ce nom
aux troubles mentaux ajipartenant à cette catégorie, bien
que tous les malades ne présentent pas la folie du doute
à nroprement parler. M. Cnarcot présente à sa leçon une
collection curieuse de bouts d'allumettes, de feuilles, de
Seaux d'oranges, de cailloux, de morceaux de viande,
'os, etc., etc. La malade qui collectionne ces objets dé-
goûtants est une commerçante des plus intelligentes, mer-
veilleusement organisée pour les affaires. Les collection-
neurs, les onomatomanes, les scrupuleux de toute nature,
les arythmonomanes, les mysophobes, les métallophobes,
constituent un grand groupe naturel auquel on a donné le
nom assez impropre de dégénérés. Malgré le correctif de
supérieur appliqué à certains de ces dégénéHSy le terme
est mauvais. Ces malades sont avant tout des héréditaires.
Tabès et maladie de Basedow. — A une des der-
nières séances de la Société médicale des hôpitaux M. Barié
a présenté un malade atteint de maladie de Basedow et de
taoès. Loin de considérer les deux maladies comme deux
affections juxtaposées et sans autre lien entre elles que le
lien de la famille neuro-pathologique, M. Barié a voulu
voir dans les troubles buloaires de Basedow, des signes
d'une propagation au bulbe de la sclérose des cordons pos-
térieurs. M. Charcot, à l'appui de l'opinion contraire à
celle de M. Barié et soutenue par H. Joffroy à la Société
des hôpitaux, montre un malade atteint de tabès et de
maladie de Basedow ; chez cet homme c'est la maladie de
Basedow qui a commencé. On serait donc mal venu à dire
que c'est le tabès, venu plusieurs années après, qui s'est
propagé au bulbe.
Le professeur montre ensuite un autre tabétique atteint
en même temps de paralysie générale progressive. S'agit-il
donc d'une propagation cle la lésion spinale au cerveau ou
de la lésion cérébrale à la moelle.... On peut le soutenir,
mais la vérité est que la série est la même. On peut avoir
le tabès seul, ou le tabès avec la paralysie générale, ou le
tabès avec une des formes de l'aliénation mentale, surtout
la mélancolie. (Leçon du 21 décembre 1888.)
P. B.
TRAVAUX ORIGINAUX
PatholOfcle f^énérale.
Nouveaux faits confirmant l'origine équine du tétanos,
par M. le professeur Verneuil,
Je ne puis que me réjouir de l'activité avec laquelle on
poursuit les recherches sur la nature et les origines du
tétanos. Les communications se multiplient dans les Sociétés
savantes et dans la presse et à en juger par les progrès que
la question a faits depuis le temps relativement court où
elle a été nettement posée, on peut espérer oue la lu-
mière ne tardera pas beaucoup à se faire sur les points
principaux.
Je crois d*abord que la nature infectieuse et parasitaire
n'est plus guère contestée, mais je reconnais que l'origine
animale et l'origine tellurique se disputent encore (comme
cela est juste d'ailleurs) la priorité. Je compte reprendre
cette question le plus tôt possible devant l'Académie de
médecine et exposer de nouveau la théorie que j'ai déjà
formulée dans ma conférence du mois de janvier dernier;
mais en attendant, pour entretenir le zèle de mes bienveil-
lants collaborateurs et provoquer de nouvelles adhésions,
j'emprunterai les colonnes de la Gazette hebdomadaire
qui se sont si souvent ouvertes déjà, pour publier d'intéres-
santes observations inédites, bien favorables à mon hypo-
thèse.
Yoiei d'abord un fait modèle, par sa netteté et sa puis-
sance démonstrative. Je le dois à l'obligeance de M. le
108 — N* 7
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Février 1889
docteur Peltier, médecin aîde-major au 25« de ligne, à
Cherbourg ; il a été recueilli aux environs de Rennes.
Obs. I. — Tentative de castration faite sur l'homme par un
castreur de chevaux. Tétanos au cinquième jour. Mort le
lendemain, — M..., menuisier, âgé de quarante-deux ou qua-
rante-trois ans, est mort il y a quinze jours de tétanos suraigu.
Le décès à peine connu, la rumeur publique affirme que cet
homme s'est fait opérer ou plulôt mutiler peu de temps aupa-
ravant par un individu dont la seule profession est de castrer
les jeunes animaux, en particulier les chevaux.
La justice s'émeut de ces rumeurs et je suis requis, en l'ab-
sence du confrère civil, pour aller constater ce qu'il pouvait
y avoir de fondé dans ces bruits.
Palpant les bourses des deux côtés en môme temps, je trouve
les deux testicules en place, mais à la partie postéro-infériéure
du scrotum, du côté gauche, je constate la présence d'une
plaie peu étendue, dont les lèvres sont renversées en dedans
de manière à former un petit infundibulum à roriOce duquel se
trouve un bourdonnet de charpie imprégné de pus et maintenu
par un suspeusoir. Il n'y avait pas eu castration, mais vrai-
semblablement intervention quelconque, la plaie n'étant pas
un simple trajet.
Le hongreur que désignait la rumeur publique est interrogé
et il ne fait aucune difficulté d'avouer que, cédant aux sollicita-
tions réitérées de M..., il avait, le 17 novembre, consenti,
moyennant 5 francs, à lui faire cette opération. M..., espèce de
maniaque au cerveau mal équilibré, voulait même qu'on lui
enleva les deux testicules dont il souffrait, disait-il. Le hon-
greur décrivait avec complaisance l'opération pratiquée :
u s'était servi pour cela de ses instruments ordinaires ; ayant
incisé les bourses, il avait fait sortir, disait-il, le testicule,
appliqué un fil ciré et coupé net avec son canif. Il ne s'était
pas produit d'hémorrhagie, et l'opération n'ayant pas eu de
suites fâcheuses, les deux compères étaient allés, aussitôt
après, prendre un café au cabaret voisin. L'opéré continua les
jours suivants de vaquer à ses occupations habituelles comme
si de rien n'était. Le 21, qvatre jours après, dans l'après-midi,
voulant fumer un cigare, il s'aperçoit qu'il a quelque difficulté
à en couper le bout avec ses dents ; il se met au ht seulement
dans la soirée et meurt brusquement le lendemain 22, à six
heures du soir, après avoir présenté les symptômes caractéris-
tiques du tétanos.
Avis télégraphique est envoyé au parquet, qui se rend dans
l'endroit avec un médecin chargé de pratic|uer l'autopsie.
Prolongeant en haut et eu bas l'incision existante pour
ouvrir les bourses, on trouve un foyer dans lequel les tissus
sont dilacérés et imprégnés de pus. La partie inférieure du
testicule a été sectionnée; la surface de section est recouverte
d'un exsudât fibrineux grisâtre; le parenchyme de la glande est
infiltré de pus dans une certaine profondeur ; les éléments du
cordon, dans la partie extra-inguinale, sont agglutinés entre
eux et difficiles à dissocier. Pas de péritonite ; tous les viscères
abdominaux sont parfaitement sains. Congestion pulmonaire,
caillot volumineux dans le cœur droit. Veines et sinus de la
dure-mère distendus par du sang noir, iie tissu cérébral est
ferme, ne présente pas d'altérations visibles à l'œil nu, le
niqueté est peut-être un peu plus marqué qu'à l'état normal.
Rien dans les pédoncules ni dans le bulbe.
« Je n'ai, cher maître, que ce seul fait à vous présenter. Il
est au moins authentique : i'ai vu moi-même le malade
avant sa mort; le trismus, ropisthotonos avec redouble-
ments convulsifs très marqués ne permettent pas le
moindre doute sur le diagnostic; j*ai assisté à l'autopsie,
qui démontrait qu'une plaie avait été faite au scrotum,
intéressant le cordon et le testicule ; enfin j'étais présent à
l'interrogatoire de l'homme qui avait fait cette opération et
dont la profession, comme l'indique son enseigne d'ailleurs,
est affranchisseur de chevaux.
e Quant à l'assertion de cet homme qui prétendait avoir
extirpé complètement le testicule, elle s'explique parce
fait que M... devait être atteint d'un varicocèle volumineux
et douloureux (il prenait tous les jours deux bains de siège
froids par ordonnance de médecin cl portait un suspensoir;
de plus il avait déclaré à son opérateur que la "partie
gauche se gonflait parfois considérablement, descendant
Sresque jusqu'à mi-cuisse). Après incision des enveloppes
es bourses, le paauet variq\ieux faisant hernie aura été
pris pour le testicule par l'empirique, qui aura tiré dessus
et fait une ligature en masse.
€ J'ajouterai que l'individu qui fait l'objet de cette obser-
vation n'était nullement alcoolique mais sujet à des crises
nerveuses de nature indéterminée qui le rendaient malade
parfois plusieurs jours de suite.
« Il eût été certainement fort important de savoir si le
hongreur avait soigné antérieurement des chevaux léU-
niques, mais on n'a pas songé à prendre ce renseignement.
( Recevez, cher maître, etc., etc.
c 3 décembre 1888. »
Le fait peut je crois se passer de commentaire, car il
faudrait plus que du scepticisme pour ne pas voir ici Tori-
gine équine et la contagion médiate par l'homme ou se<
instruments.
La lettre suivante m'a été adressée le 39 juillet dernier
par M. le docteur Justin Carié, médecin en chef dcTh^-
pital espagnol de Buenos-Ayres.
Vénéré confrère,
J'ai été vivement frappé de l'exposition que vous avez faili»
sur la nature du tétanos dans votre conférence à rAssociatioii
française. En rassemblant mes souvenirs, j'ai reconnu la juv
tesse de votre hypothèse, qui sera, je crois, oientôt admise par
tous... Je ne saurais faire ici avec la ri^eur scientifique né-
cessaire le récit des faits aue j'ai autrefois rencontrés, mais je
me promets, à l'avenir, a'examiner à ce point de vue les ras
nouveaux ; le suivant, tout récemment observé avec M. le doc-
teur Carrera, semble tout à fait confirmalif.
Obs. II. — Plaie du sourcil avec la mèche d'un fouet.
Tétanos au huitième jour; mort rapide. — C. J..., quarani<»-
quatre ans, charretier, bonne santé habituelle, se fait, en fouet-
tant son chevaly une petite blessure au-dessusdu sourcil gauchf»
au niveau du trou sus-orbitaire. Le lendemain, œdème considé-
rable de la paupière supérieure, puis petit abcès qu'on ouvre
et d'où sort un peu de pus de bonne nature. Pansement avec la
glycérine phéniquée. Deux jours après, cicatrisation complète
et disparition de l'œdème ; tout semblait fini au bout du cin-
quième ^our.
Trois jours plus tard, c'est-à-dire au huitième jour de racri-
dent, le blessé se plaint d'un froid qui f empêche d'ouvrir In
bouche. Le médecin diagnostiaue un trismus tétanique et pres-
crit le chloral à haute dose et la pilocarpine.
Le lendemain, M. Carié constate le trismus absolu, la contrac-
ture des muscles du pharynx et du larynx, et des accès violents de
suffocation. Injections de morphine et de cocaïne et lavement
de chloral. A onze heures la contracture cède, la respiration se
rétablit; mais deux heures plus tard les accidents reparaissent
et le malade succombe après une demi-heure d'une lutte
horrible.
M. Carié fait ressortir avec raison les points suivants :
la profession de charretier; l'instrument vulnéranl, lei
fouet, lequel venait précisément d'être en contact avec le
cheval ; la marche suraiguô ; la terminaison rapide ; la
limitation de la contracture aux muscles de la face, du
larynx, du pharynx et de la respiration: ceux de la|
nuque, du dos* de l'abdomen, et des membres n'ayant pas
été atteints. A quoi j'ajouterai à mon tour que la termi-
naison a été 1res rapide précisément à cause de l'envahis- 1
sèment en auelque sorte primitif des muscles dé la déglu-
tition et de la respiration. I
Le même agent vulnérant, c'est-à-dire la mèche de fouet
frappant la même région dans les mêmes circonstaiices, se
retrouve dans les deux observations suivantes, que j'extrais
de Texcellente thèse de M. le docteur d'Oliveiro Luzès (D.
ObS. m. — Cocher, vingt et un ans; fouettant ses chevanv,
la mèche du fouet frappa l'œil gauche ; plaie conlusc de la ,
cornée.
(1) 0 TtlnnOt thèse soutenue à IJsb jnno dans le cuui*ant do tSHJ?, p. 9*-
i5 Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 7
109
Cinq jours après, premiers svraptômesd'un tétanos qui guérit
par le bromure de potassium, Je sulfate de soude et le séné en
lavement.
D' Ântonib Da Silva Oleiro.
Obs. IV. — Blessure grave de Vœil gauche par la mèche
d'un fouet. Tétanos au 9« jour; guérison (D*^ Luzès, obs.
personnelle. Thèse, p. 95). — F..., trente-quatre ans, charre-
tier, forte constitution, bonne santé, entre à Thôpital le 31 dé-
cembre, service de clinique du professeur Oliveira Feijâo.
En fouettant son cheval, il se frappe Fœil gauche avec la
mèche du fouet ; il en résulta une hémorrbagie abondante, la
perle de la vue et au bout de deux jours Télimination du globe
oculaire.
Traitement par les lotions avec Tarnica et le sulfate d'atropine.
Le 9 janvier, dans la nuit, difficulté pour ouvrir la bouche et
pour mastiquer, déviation de la commissure buccale droite.
Le 10, tremblements dans tout le corps augmentés, par la
lumière et le bruit.
Le 1 1,1e patient est transféré à la salle San Carlos où M. Luzès
lui-même constate : fflobe de rœil cncavé, contracture des
muscles de la face, douleurs de la nuque, pouls fréqueut, 110;
température» 39 degrés; tétanos conûrmé.
Traitement par 1 hydrate de chloral, guérison complète le
9 AHrier.
Voici encore un autre fait du même genre, dans lequel
le tétanos et la blessure eurent pour intermédiaire une
panophthalmie.
Obs. V. — Un jeune garçon de dix-neuf ans reçoit dans rœil
gauche un coup de fouet. Deux jours et demi après, panophthal-
mie. Huit jours après la blessure, trismus; au neuvième jour,
contraciures des membres, puis paralysie partielle du moteur
oculaire commun de Toeil gauche; au onzième jour, opisthoto-
nos avec contractions ioniques et classiques des membres. Délire
et mort au quatorzième jour.
Le malade avait présenté en même temps des phénomènes
(J'ophthalmie sympathique à gauche. A Tautopsie, pas de mé-
ningite. Quelques ecchymoses dans le péricarde viscéral, Thy-
perlrophie de la rate et des ganglions mésentériques, la colo-
ration foncée, laquée, du sang dans les grosses veines, font
conclure à l'existence d*une maladie infectieuse. Lésions di-
verses des cellules du bulbe et de la moelle épinière (Becker,
Arckiv. fur Psychiatrie, 1872, vol. XII, fasc. I, p. 250-251).
J'ai déjà signalé, dans mon long ménioire inséré dans
la Revue de chirurgie^ la mèche du fouet comme un dan-
gereux agent vulnérant et cité d'assez nombreux faits à
rappui.
Je ti'ouve encore dans la thèse de M. Luzès, p. 94, un
cas de tétanos par morsure de cheval, à ajouter aux nom-
breux faits de même ordre que la science possède déjà,
il s*agissait d'un charretier de vingt-deux ans, blessé au
petit doigt de la main droite le 30 mars. Entré à Thôpital
le même jour, il fut pris le 3 avril d*un tétanos auquel il
succomba.
H. le docteur Legrip, ({ui exerce depuis de longues années
à Chatou, a observé trois cas de tétanos, dont Tun chez un
menuisier à la suite d'une morsure de cheval (1).
M. le docteur Germain (de Château-Thierry), qui m*a
jadis fourni des documents, vient de m'en envoyer un
nouveau.
Au mois de juillet dernier : Un boucher possédant plusieurs
chevaux pour son commerce se pique à la main avec une
esquille osseuse et meurt du tétanos.
M. le docteur Nègre, exerçant acluellemenl à Saint-
Mandé a observé autrefois à Rodez le fait suivant :
lue femme de charretier, âgée de quarante ans, tenant une
auberge et soignant elle-même tous les jours ses chevaux, se
(1) Dans lo3 deux aulref cas, il «'ad^issaii d'un ciiltivalour qui tombant sur la
(ac« dans um cliainp, se fit uno lar^ écorchura au nex et au front ; il guérit en
qaaire »einaines ; puis d'un tonnelier qui, atteint do brûlures multiples, succomba
iîin rapidement. Ces cas étant loiatains, H. Legrip n'a pu me donner de détails
plas précis.
fait à la main droite une légère blessure qui ne Tempêche pas
de continuer à panser ses animaux. Quelques jours après,
elle est prise d'un tétanos subaigu dont elle est soignée et
guérie par le docteur Albespy (de Rodez).
L'observation suivante m'a été communiquée par M.Paul
Berger, chirurgien de l'hôpital Lariboisière.
Obs. VI. — Maréchal-ferrant de Sceaux, se fait le 14 août
1888, à neuf heures du soir, une plaie profonde à la face dor-
sale de la main, en brisant un carreau ue verre ; hémorrbagie
artérielle arrêtée par la charpie et le perchlorure de fer, pas de
phénomènes inflammatoires ; bains et pansements phéniqués à
partir du 16.
Le âO août, le blessé, se sentant mal à l'aise, va à Thôpital
Cochin ; on le panse à Tiodoforme. En rentrant chez lui, il res-
sent du trismus et de la raideur des muscles de la nuque et du
dos ; aussitôt, lavement de chloral et injection de morphine.
Le 21, aggravation et extension de la contracture, sauf aux
membres ; point de convulsions ; pouls, respiration, température
à rétat normal.
Chloral et morphine à hautes doses sans succès, la contrac-
ture se généralise, convulsions et accès d*asphyxie.
Le 23, malgré le sommeil chloralique, le patient est courbé
en arc ; le moindre attouchement provoque une suspension pro-
longée des mouvements du diaphragme, contracture dcrœ-
sophage, crise violente consécutive a Fessai du cathélérisme
œsophagien ; température, 40 degrés ; pouls variant de 60 à
140 pulsations.
Mort dans la nuit suivante.
Le malade avait ferré des chevaux le jour même où il s'était
blessé.
J*ai cité déjà des faits analogues dans mes publications
antérieures; ceux que je relate ici sont inédits, sauf un,
et me sont parvenus dans ces derniers temps, ce qui démon-
trerait, soit dit en passant, qu'ils ne sont point rares.
Je voudrais qu ils fussent pris en considération par
quelques personnes qui, un peu à la légère et sans paraître
bien au courant de la Question, déclarent simplement que
la provenance équine au tétanos humain est certainement
inadmissible ; puis par ceux encore qui croient plutôt à la
provenance telluri^ue. C'est même pour ces derniers que
j'écris aujourd'hui cette note, en leur faisant remarquer
que chez aucun des malades cités plus haut les blessures
n'ont été en rapport avec la terre.
Je terminerai par la relation de trois faits précieux. Les
deux premiers établissent de la façon la plus nette la con-
tagion équino-humaine directe. Je les dois à M. le docteur
Santallier, médecin de la marine à Saint-Denis (Ue de la
Réunion).
Obs. VII. — Un mulet laissé à Técurie, & cause d'un accident
survenu pendant la ferrure, se blesse à l'épaule en faisant des
efforts pour s'échapper.
Un Indien, B..., palefrenier, chargé de le panser, en hachant
des herbes pour couvrir la plaie, se blesse lui-môme à la main,
mais continue son service sans s'en préoccuper.
La semaine suivante, le mulet est emporte par le tétanos.
Dix jours plus tard, le palefrenier est pris lui-même de tétanos
et succombe.
Ceci se passait en 1887, dans la banlieue de Saint-Denis, dans
un établissement de vidange où il y avait environ quarante
mulets et de nombreux coolies.
Quelques temps après, à Saint-Pierre, dans un autre établis-
sement de vidange appartenant au même propriétaire, un
incendie éclate; un mulet assez profondément olessé et gardé à
l'écurie est pris de tétanos et eu meurt.
Quelques jours après, son palefrenier, oui lui-même avait été
légèrement brûlé, est pris de trismus et o opisthotonos.
Un médecin appelé aussitôt institue le traitement et parvient
à sauver le malacie.
Qu'en diront ceux qui avancent ^u'on n'a jamais vu les
gens soignant les chevaux tétaniques être atteints eux-
mêmes de cette maladie?
Enfin le fait suivant, unique à ma connaissance, montre
110 — N* 7 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DÉ MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 FÉVRreR 1889
comment un cheval non tétanique, — mais certainement
tétanifère suivant moi, — peut servir d'intermédiaire entre
un homme récemment blessé devenant tétanique et un
cheval antérieurement affecté de tétanos.
Je le dois à M. le docteur Tapie.
Obs. VllI. — Le 16 octobre 1887, à Auch, un sous-lieutenant
de chasseurs, en promenade, tombe de son cheval, la main gauche
Srise sous le piea de ranimai. Le chaton de la bague portée au
oigt annulaire coupe les parties molles et ouvre les gaines ten-
dineuses.
Dix minutes plus lard, la main était plongée dans une solu-
tion de sublimé puis recouverte d'un pansement antiseptique
bien fait.
Les jours suivants la blessure a bonne apparence et suppure
à peine. Cependant, vers le douzième jour, Irismus et raideur
du cou.
Le lendemain, Topistliolonos et les convulsions conûrment le
diagnostic.
Le malade traité par la chaleur, Tobscurilé, le repos absolu
et le chloral à la dose de 12 grammes par jour, se rétablit.
Le vétérinaire du régiment apprit à M. le docteur Tapie
Sue dans Tëcurie occupée par le cheval du lieutenant,
eux chevaux avaient été atteints de tétanos trois mois
auparavant ; ils avaient guéri.
L'année précédente, dans le même régiment, on avait
observé un cas de tétanos humain.
N'est-il pas logique d admettre que le cheval du lieute-
nant, bien sain en apparence, portait sur lui, à Tétat latent
et sans en être incommodé, les germes tétaniques pris dans
l'écurie contaminée huit mois auparavant et les transmettait
à son maître à l'occasion d'une légère blessure, et malgré
un traitement antiseptique local très précoce.
On voudra bien me rendre cette justice que si, ayant
émis une hypothèse, je cherche de mon mieux à la faire
prévaloir, je me fais un devoir de l'appuyer sur des faits
aussi nombreux et aussi précis que possible.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie de médeelne.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE H. MAURICE PERRIN.
M. le docteur Motait (d'Angers) se porte candidat au titre de correspondant
national dans la première division {Anatomie) et M. le docteur Félix (de
Bruxelles), candidat au titre de correspondant étranger dans la deuxième division
{Chirurgie).
MM. les docteurs Prieur (à Gap) et Huguenari, médecin-major de 2* classe au
6* régiment de hussards, envoient les relovés des vaccinatUmt et revaccinationt
qu'ils ont pratiquées en 1888.
M. le docteur Ripault adresse un mémoire sur les dangert des purgatifs vrais
dans les maladies infectieuses,
M. le docteur J. Comby envoie une Notice sur le professeur Boyer et invite
l'Académie à souscrire au monument qui doit être érigé h sa mémoire à Uxerche
(Corrèze).
M. Roehard présente un volume sur l'hygiène de la vue, par MM. les docteurs
Calezowshi et Kop/f,
M. Larrey dépose un ouvrage de M. le docteur de Séré sur la virilité et Vdge
critique de l'homme et de la femme et fait don de plusieurs collections de recueils
scientiflques et d'hygiène.
M. il. Robin présente le premier numéro de la Revue des Pyrénées et de la
France méridionale, publiée par MM. Sacaze et F. Garrigou.
M. A. Gautier dépoie un mémoire de M. Œchsner de Coninck sur les acides
oxybenseilque et bcMoîque,
Tétanos. — La discussion sur l'éliologie du tétanos,
soulevée au mois d'octobre dernier par M. Verneuil, reprend
par un discours de M. Nocard. Pour lui, les faits expéri-
mentaux sont venus si complètement confirmer les données
de la clinique qu'il n'est plus possible de contester l'inocu-
labilité du tétanos traumatique; car, dans tous les cas où
l'on connaît le traumatisme d'où procède le tétanos, il suffit
d'inoculer le pus de la plaie, les bourgeons charnus ou
même les tissus de la cicatrice, pour rendre tétaniques la
plupart des animaux aptes à contracter la maladie. Or, le
tétanos spontané ne diffère pas du tétanos traumatique,
quant à ses symptômes, à sa marche et à ses modes de
terminaison, d'où il est permis de conclure que l'un el
l'autre ont une cause identique; ce qui les distingue seule-
ment, c'est que dans un cas Ton connaît et dans l'autre on
ignore la porte d'entrée du contage. Il est, il est vrai, plus
difficile d'interpréter le rôle indiscutable du froid dans bon
nombre de cas de tétanos, mais il est ici permis d'admettre
que le bacille tétanigène existe dans l'organisme comme le
pneumocoque dans celui des pneumoni()ues, préalablement
au coup de froid, qu'il est resté inoffensif tant que leur santé
a été parfaite et que la perturbation résultant du refroidis-
sement en a tout à coup permis la diffusion et la prolifé*
ration.
Comme M. A. Guérin, M. Nocard ne croit pas que le
tétanos soit transmissible par l'air, d'autant qu il ne sau-
rait donner au mot infection la signification restreinte
qu'on lui accordait autrefois. Si le pansement de Lister est
impuissant à prévenir cette affection, ce n'est pas parce
qu elle ne proviendrait pas d'un agent infectieux, mais plu-
tôt parce que le contage tétanique possède une extrême ré-
sistance aux causes naturelles de destruction, ainsi que
M. Nocart en fournit de nombreux exemples. Dans les cas
de tétanos chirurgical ce sont surtout les instruments da
chirurgien qui portent le contage sur la plaie opératoire;
d'où l'indication très nette de les aseptiser par le flambage
ou par rimmersion dans un bain d huile chauffé au delà
de 120 degrés centigrades. Depuis 1882, M, Nocard a fait
17 autopsies complètes de chevaux tétaniques; à part l'aug-
mentation notable et constante du liquide céphalo-rachi-
dien, il n'a rien constaté d'anormal ; l'inoculation de tous
les produits supposés infectieux, notamment de la sub-
stance nerveuse, a toujours été négative, sauf une fois.
Le contage tétanioue semble donc rester confiné au voisi-
nage de la plaie a'où procède la maladie, de même que
dans la diphthérie le microbe pathogène n'existe nulle
part ailleurs que dans la fausse membrane. Enfin, la gra-
vité du tétanos paraît être en raison inverse de la durée
de son incubation ; mortel lorsqu'il apparaît du septième
au huitième jour, il guérirait lorsqu'il survient du vingtième
au vingt-cinquième jour, si bien que le médecin trouve-
rait dans la date de l'accident un élément précieux pour
établir son pronostic.
Dans un long et important mémoire, M. Leblanc cri-
tique les diverses observations d'origine équine du tétanos,
communiquées par MM. Verneuil et Ricochon. II /ail
remarquer que aans ces cas les personnes blessées n'avaient
été en contact qu'avec des chevaux sains ou avec des bœufs,
des moutons ou des porcs ; il ne peut admettre en principe
qu'un animal puisse transmettre à l'homme une maladie
3u'il n'a pas. Examinant, par contre, les faits si nombreux
e la pratique vétérinaire, il estime (|ue dans cette ques-
tion on doit tenir] compte de la prédisposition; le germe
n'agit que sur le sujet prédisposé et ce germe, s'il existe,
réside dans le sol. Il ne croit pas à l'infection, encore
moins à la contagion du cheval au cheval et du cheval à
rhomme. Si l'infection était la seule cause du tétanos,
l'autopsie devrait donner des résultats positifs et elle a
échoué dans des cas nombreux. Aussi attendlra-t-il des
(preuves nouvelles avant de se convertir à la doctrine de
'infection, cause unique du tétanos.
M. Verneuil craint que M. Leblanc n'ait examiné qu'une
partie des observations qu'il a présentées el qui sont plus
nombreuses que celles dont il vient de parier. Il se réserve
de répondre en détail mardi prochain, en faisant l'expose
de sa doctrine à l'égard du tétanos.
15 Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N*7— IH
Patbogénie de la FtÈVRE. — M. Hayem communique
un mémoire dans lequel M. le docleur Roussy rend compte
d expériences qui lui ont permis d'isoler d'un micro-orga-
nisme une substance chimique à laquelle il donne le nom
de pyrétogénine et qui, inoculée à raison d'un demi-milli-
gramme par kilogramme d'animal, détermine, chez le chien
tout au moins, un accès de fièvre intense. D'où il conclut
que la fièvre observée dans les différentes maladies est
causée par une substance chimique identique ou sem-
blable à celle-ci. De même il existerait des substances ana-
logues, qui auraient des propriétés frigorigènes.
Ce mémoire sera discuté par l'Académie, lorsque
M. Hayem aura donné lecture du rapport qu'il est chargé
de faire.
Mortalité militaire aux colonies. — M. Gustave
Lagneau présente un tableau comparatif delà mortalité des
marins et des soldats français dans les colonies. Après avoir
rappelé que nos jeunes gens de vingt à trente ans, en géné-
ral, onl une mortalité annuelle de 8 à 10 sur iOOO, il mon-
tre d'abord que les militaires à l'intérieur, en France, bien
que soumis à l'élimination de tous les infirmes et débiles
Sardes exemptions, dispenses et réformes, qui déchargent
e nombreux décès l'obituaire de l'armée, présentent une
mortalité au moins égale, de 9 à 11 sur 1000, par suite
principalemeut de Tencombrement humain de la caserne.
Passant à l'Algérie, il rappelle que la mortalité, de 77
sur lOX) de 1837 à 1848, est descendue actuellement à la
proportion d'environ 11 à 12 sur 1000, peu différente de
telle de l'armée à l'intérieur.
Pareillement, mais plus rapidement la mortalité de nos
soldats, de 61 sur 1000 en Tunisie en 1881, serait actuelle-
ment descendue à 12 sur iOOO.
La mortalité de nos militaires est remarquablement faible
dans nos possessions océaniennes, de 8 à 9 sur 1000 à
Tahiti, à la Nouvelle-Calédonie.
Bien que la mortalité ait considérablement diminué aux
Antilles françaises, où de 91 sur 1000 d'effectif, d'un
onzième, de 1819 à 1855, elle serait arrivée à n'être guère
ordinairement qu'environ deux fois plus forte qu'en France,
elle s'élève bien davantage lorsque sévit la fièvre jaune.
Quoique beaucoup moindre pour les militaires que pour
les colons cultivant le sol, la mortalité à la Guyane s'est
montrée énorme lors d'épidémies de fièvre jaune, qui ont
fait périr jusqu'à 237 hommes sur 1000 comme en 1855,
près d'un quart de l'effectif.
Dans les Indes françaises, à Pondichéry, la mortalité
serait d'environ 37 sur 1000.
Dans la Cocbinchine, la mortalité considérable durant
les premières années de l'occupation, de 115 sur 1000 en
1861, soit de plus d'un neuvième de l'effectif, serait pro-
gressivement descendue à n'être guère que le double qu'en
France. Mais, pour cette colonie, comme pour toute autre,
on ne peut exactement déterminer la mortalité réelle due
au séjour colonial, par suite du rapatriement de nombreux
malades, dont un certain nombre succombent ultérieure-
ment.
Vu la diversité plus grande des saisons, le Tonkin serait
plus salubre. Mais par suite de leur nombre insuffisant, les
soldats fatigués seraient parfois fortement éprouvés. De
1882 à 1885, leur mortalité annuelle aurait été d'environ
40 sur 1000. Mais, en 1885, à partir d'août, durant quelques
mois, le choléra fit périr 96 sur 1000 de l'effectif..
A la Réunion, la mortalité de nos soldats et marins serait
modérément élevée, si dans ses hôpitaux ne venaient mourir
les malades de Madagascar et des îles voisines. Aussi la
mortalité ordinaire de 29 à 30 sur 1000 s'élève-t-elle de 70
à 113 sur 1000 lors de certaines expéditions dans les Iles
Madecasses.
Parmi nos colonies les plus insalubres, le Sénégal sem-
ble le plus redoutable. La mortalité moyenne de 148
sur 1000 de 1832 à 1837, a diminué de moitié, et est ac-
tuellement de 73 sur 1000, çrâce à la moindre durée du
séjour et au rapatriement rapide de 150 malades sur 1000
d'effectif, malades qui trop souvent succombent ou restent
valétudinaires. Dans cette colonie, les épidémies de fièvre
jaune font périr parfois plus de la moitié des Européens ;
en 1830, en 1859, en 1878, il succomba 573, 610 et 526
malades sur 1000 Européens.
Pour atténuer la morbidité et la mortalité de nos troupes
coloniales, non seulement de plus en plus on abrège leur
temps de séjour; on les envoie dans des sanatoria à des
altitudes plus ou moins grandes, dans des îles assainies par
les brises de mer ; on rapatrie promptement les convales-
cents et les malades transportables ; mais il faut surtout de
plus en plus substituer les troupes indigènes tout accli-
matées, aux troupes européennes, dont l'acclimatement est
si difficile. Des volontaires doivent seuls fournir au recru-
tement des cadres et de quelques rares corps spéciaux.
En se créant des colonies, la France, non seulement
accroît son importance politique et ses relations commer-
ciales, mais aussi favorise notre émigration, nui en offrant^
à nos nationaux, de larges débouchés, de nombreux moyens
d'existence et de richesse, augmente le bien-être général et
accroît notre natalité, actuellement si restreinte. Mais,
ainsi que le font d'autres nations, ainsi que le fait l'Angle-
terre, la France doit publier les documents statistiques
relatifs à la morbidité et à la mortalité de nos marins, de
nos troupes coloniales. La nation qui fournit les hommes,
les Parlements qui décident de la prise de possession de
telle ou telle contrée, doivent connaître la dîme mortuaire
de chaque campagne, de chaque occupation territoriale.
Dans notre pays, plus riche que populeux, il importe que
l'évaluation précise du nombre ues malades et des morts
[lermette d'appliquer constamment les mesures hygiéniques
es plus propres à en restreindre les proportions. Il importe
aussi que la mission périlleuse de nos troupes coloniales
étant mieux appréciée, on sache récompenser nos soldats,
nos marins proportionnellement aux dangers uu'ils courent
pour étendre et maintenir au loin l'autorité de la France.
— L'ordre du jour de la séance du 19 février 1889 est
fixé ainsi qu'il suit : 1° Rapport de M. Hayem sur un mé-
moire de M. le docteur Roussy concernant la pathogénie de
la fièvre ; 2'' Communication de M. Guyon sur la néphror-
raphie ; S** Discussion sur le tétanos. Inscrits : MM. Ver-
neuil, Trasbot ; 4'' Lecture de M. le docteur Pinard sur une
observation de laparatomie dans un cas de grossesse extra-
utérine.
Soel^lé médleAle des hôpitaux.
SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. CADET DE GASSICOURT.
Réformes hygiéniques dans les serv^ioes hospitaUers : K. MiUard
(Dltousaion : MM. Rendu. LaUler). — Du strophantos dans les
maladies du oœur: M. Buoquoy. — Rapports du goitre ezophthal-
mique et de l'atazie : BCM. Féréol, BaUet (Disoussion : MM. Re-
nault, OUivier, DumontpaUier, E. Labbé). — Donations A la
Société).
A l'occasion du procès-verbal de la précédente séance,
M. Millard fait savoir qu'il a appuyé auprès de l'adminis-
tration les justes réclamations formulées par ses collègues
Cour l'exécution de réformes hygiéniques dans les hôpitaux
rousseau et des Enfants-Malades. L'administration fait
preuve depuis longtemps déjà des meilleures intentions en
vue des améliorations de cette nature ; elle a été déjà saisie,
l'an dernier, d*un projet d'organisation de l'antisepsie
médicale, et sur les instances de M. Grancher, formulées
dans une lettre dont M. Millard donne lecture, elle a voté
il2 — N» 7 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Février 1889
une sorarae de 27924 francs, destinée aux réformes récla-
mées dans cette lettre, et à Tinstallation d'une étuve à
vapeur humide sous pression du système Geneste et
Herscher. Une seconde aécision, toute récente, a destiné à
des réformes semblables la somme de 500000 francs, pro-
venant du ministère de l'Intérieur et prélevée sur la rede-
vance des paris mutuels aux courses de chevaux. Sur le
rapport de M. de Salverle, les crédits suivants ont été
votés: 180000 francs pour envoi à titre d'essai d'enfants
scrofuleux dans les stations thermales ou maritimes;
120 000 francs pour remplacement des étuves à désinfection
par le nouveau système; 200000 francs pour l'amélioration
du mobilier des services non seulement de chirurgie, mais
de médecine et d'accouchements.
H. Rendu reconnaît le bon vouloir de l'administration,
mais il fait observer que tant qu'on mettra vingt malades
dans une salle où dix seulement peuvent respirer, tant que
les services seront encombrés de brancards, on ne pourra
réaliser une bonne hygiène et une désinfection suffisante.
M. Lailler pense qu'il vaudrait mieux répartir les
• 200000 francs votés sur certains services spéciaux et non
sur la masse, car alors on n'arrivera qu'à des avantages
insignifiants pour chacun d'eux.
M. Millard répond que telle est en effet l'intention de
M. Monod, directeur au ministère de Tlntérieur. Peut-être
la Société des hôpitaux pourra-l-elle, en temps opportun,
émettre un vœu à ce sujet.
— M. Bucquoy offre son travail sur le slrophantus dans
les maladies du cœur. Il fait savoir à ce propos que l'admi-
nistration, sur l'avis formel du pharmacien en chef des
hôpitaux, a décidé qu'elle ne délivrerait pas de strophantus.
Les motifs allégués ne sauraient être valables puisaue le
strophantus du commerce, abondant sur le marché de
Londres, est bien spécifié comme graines du strophantus
Kombé, que son prix de revient est loin d'être excessif, et
que ce n'est plus un médicament à l'essai, mais au'il est
employé régulièrement dans toutes les capitales de I Europe
et aux Etats-Unis. H. Bucquoy propose à ses collègues de
faire un certain nombre de bons pour des pilules d'extrait
de strophantus, destinées à leurs services respectifs ; il
espère que l'on pourra ainsi forcer la maiu à l'adminis-
tration.
— M. Féréol ne veut pas entrer dans la discussion des
rapports du goitre exophthalmique et de l'ataxie; mais il
tient à remercier M. Barié d'avoir rappelé que, dès 1874,
il avait signalé le tremblement comme un des symptômes
de la maladie de Graves. 11 relate une observation de goitre
exophthalmique développé chez un homme de cinquante
ans et dont la guérison a été complète sous l'influence
de l'iode intus et extra. Il rappelle aue, si la guérison de
la maladie de Graves n'est pas rare chez les jeunes sujets,
par contre elle est exceptionnelle chez les gens âgés, qui
succombent d'ordinaire soit à une cachexie profonde, soit
à une affection organique du cœur, ou à une sorte de con-
somption hyperpyrétique spéciale.
M. Ballet reconnaît la coexistence indéniable, signalée
par H. Barié, du goitre exophthalmi(|ue et de l'ataxie, mais
li ne saurait admettre, comme lui, que la maladie de
Basedow soit la conséquence des lésions tabétiques du
bulbe. M. Barié admet sans doute la maladie de Basedow,
névrose, dont la réalité ne saurait être niée en présence de
son étiologie par émotion morale, de la brusquerie de son
apparition, de ses rémissions, de sa guérison et de ses réci-
dives possibles. La discussion ne saurait s'engager sur ce
point, mais sur celui de savoir si des lésions tabétiques
bulbaires peuvent engendrer la maladie de Basedow. A pro-
pos du malade présenté, en 1874, devant la Société, par
M. Féréol, M. Ballet lui-même, cherchant l'explication des
phénomènes de tremblement, d'hémiparésie avec hyperes-
thésie à droite et hémianesthésie du côté opposé, avait
[lensé à l'existence d'une lésion bulbaire; mais, depuis lors,
es notions acquises en neurologie ont modifié son opinion,'
et il n'est pas douteux qu'il s'agissait de Thystérie associée,
chez ce malade, au soitre exophthalmique. Dans les cas
analogues à ceux de M. Barié, on peut émettre deux hypo-
thèses. La première, admise par M. Joffroy et par M. Ballet,
mais que repousse M. Barié, est celle de la coexistence de
l'ataxie et de la maladie de Graves. Il ne s'agit pas, d'ail-
leurs, d'une coïncidence fortuite; elle résulte (l'une lare
originelle, ordinairement héréditaire, prédisposant certains
individus à l'éclosion de différentes affections nerveuses.
Les exemples de ce fait abondent : coexistence de plusieurs
délires, de l'hystérie et des vésanies, des vésanies et de la
chorée,de l'hystérie et du goitre exophthalmique, de Tataxie
et de la neurasthénie. C'est presque une loi de la patholo-
gie nerveuse; donc, rien de surprenant à Tassociation de
l'ataxie et de la maladie de Basedow, manifestations d'une
même cause : l'hérédité nerveuse. La seconde hypothèse,
celle de H. Barié, parait, par contre, inadmissible. Il fau-
drait admettre que les lésions tabétiques ont intéressé le
noyau bulbaire du pneumogastriaue; mais, lorsque ce
noyau dégénère, dans la sclérose latérale amyotrophiçiue,
par exemple, on observe bien de la tachycardie, mais il
s'agit alors d'un trouble ultime, sans apparition des autres
signes de la maladie de Basedow. En terminant, M. Ballet
rappelle que M. Joffroy admet qu'au cours de l'ataxie, on
peut observer une tachycardie, sans qu'on doive la reprd r
comme indiquant la coexistence de la maladie de Graves.
Sur quels arguments cfiniques s'appuie-t-il pour différen-
cier la tachycardie de Basedow de celle qu'il rattache direc-
tement au tabès? — En résumé : l'association possible de
la maladie de Graves et du tabès est chose bien établie.
L'hypothèse d'une lésion bulbaire dépendant de l'extension
du processus tabétique ne paraît pas admissible. Il faut
voir, dans les faits de ce genre, avec MM. Charcot et Joffroy.
un exemple de ces associations d'affections nerveuses qui
ne sont pas rares chez les héréditaires et les dégénérés.
M. Renault rapporte un cas de goitre exophthalmique
très net, avec exophthalmie, goitre médiocre, et tachycar-
die, dans lequel tous les accidents disparurent après un
accouchement à terme.
M. Ollivier a observé, chez un ataxique, une hyperhydrose
et une séborrhée ayant disparu au bout de quelques mois
alors que les symptômes du tabès continuaient à évoluer.
Ces accidents paraissent relever d'un trouble du sympathi-
que et démontrer, en particulier, l'influence du système ner-
veux sur la sécrétion sébacée.
M. Ballet rappelle qu'on observe assez fréquemment des
troubles de même ordre chez les ataxiques : crises de diar-
rhée passagère, poussées de rougeur éphémère à la peau.
Il a vu, une fois, une sialorrhée assez intense.
M. DuMontpallier est surpris d'entendre parler de la^
guérison du goitre exophthalmique ; il n'en connaît aucune'
observation, et n*en a jamais eu d'exemple parmi les nom-
breux goitres qu'il a rencontrés.
M. Ballet répond que les cas de guérison ne sont pas rares
si l'on envisage non pas seulement les faits de goitre exoph-
thalmique typiques, mais les formes frustes. Dans les cas
les plus caractérisés la guérison est encore possible, bien
au'el le soit relativement rare. lien rapporte unexemplei
es plus concluants. Bien des observations probantes ont
été recueillies à la Salpétrière après l'emploi des courants
électriques et surtout aes courants continus.
M. E. Labbé avait cru jusqu'ici que le goitre exophthal-
mique ne guérissait pas. Il a observé, pour sa part, plu-i
13 Févbier 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 7 — H3
sieurs fois l'association de la maladie de Basedow et de
FaUxie.
La séance est levée à cinq heures et quart.
André Petit.
~ Suite de la liste des donations a la Société :
MM. Baillai^er, 50 francs; Charcot, 100 francs; Duraont-
pallier, 500 francs ; [Grancber, 1000 francs ; Bourdon,
■iO francs: Labric, 500 francs; Lereboullet, 100 francs;
R. Moulard-Marlin, 100 francs; Hallopeau, 100 francs;
£. Labbé, 200 francs; Ilayem, 100 francs; Ferrand,
liJO francs; Gouraud, 50 francs; Monteils (membre corres-
pondant à Mende, Lozère), 100 francs ; Hutinel, 100 francs.
Soeléi^ de chirargle.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LE DENTU.
Kyste dermolde de la Joue : K. Lannelongue. — Plaie pénétrante
de l'abdomen : M. Baadon (Rapporteur: M. Ohauvel. Diaousslon :
XM. Kirmlsaon, Terrier, Quènu, Berger, Peyrot). — Anèvrysme
de la soos-daviére : K. VlUadarèe (Rapporteur : K. Nèlaton. Dis-
ausion : MM. Terrier, Kirmiason, Marc 8èe. Vemeuil). — Myômes
otëriBa pédicules douloureux : M. TerriUon (Diecusaion : MM. Des^
prëa, Routier. Terrier). — Laparotomie exploratrioe : M. Dupon-
ehel. — Amputation de Lisfrano : M. ChauTel.
M. Lannelongue dépose une autre observation de kyste
dermolde de la joue à ajouter à celles qu'il a communiquées
récemment. Il existait depuis la naissance une petite tache
éreclile précisément là où se montra la tumeur.
— M. Chauvel donne lecture de deux observations de
plaies pénétrantes de Tabdomen par armes à feu, suivies
deguérison sans intervention, par M. Baudon (de Nice).
H. Chauvel a fait le relevé des cas de laparotomie faits
pour les accidents de ce genre et a constaté qu'en Amérique
du moins, la proportion des succès va en augmentant. Si
l'on est moins heureux en France, cela tient à ce qu'on
opère trop tard.
M. KirmissoTty au sujet du cas que M. Berger a rapporté
dans la dernière séance, rappelle que tout le monde est
d'accord en ce qui concerne les plaies de l'estomac, qu'elles
guérissent spontanément dans la plupart des cas et qu'il
faut en faire une classe à part. Le pronostic est bien diiïé*
rent pour les blessures de l'intestin grêle, et si en Amé-
rique on obtient la guérison dans un tiers des cas, c'est
que les chirurgiens les opèrent tous et très promptement.
M. Terrier pense qu'il faut ouvrir l'abdomen quel que
soitle viscère atteint. Si les Américains réussissent, cela
tienlàccque les blessés sont transportés très rapidement
et trouvent à l'hôpital un chirurgien assistant qui opère
dès leur entrée. En France l'intervention la plus hâtive
ne peut pas se faire avant six ou huit heures.
M. (fuénti, appelé une demi-heure après l'accident auprès
d'une malade qui avait une plaie de l'estomac, n'intervint
point quoiqu'il fût dans de bonnes conditions. Malgré le
iraiiemcnt médical, la malade mourut de péritonite au
cinquième jour. Pour H. Quénu, il ne faut pas être demi-
interventionniste; la règle est d'agir toutae suite ou pas
du tout.
; M. Berger fait remarquer que s'il est facile de trouver et
! de suturer la plaie de la face antérieure de l'estomac, celle
^ela face postérieure se cache si bien dans l'épiploon qu'il
^st parfois impossible de la rencontrer même à l'autopsie.
M. Peyrot raconte l'histoire d'une laparotomie faite
^eize heures environ après le coup de feu; des perforations
(ioubles de l'estomac, du côlon transverse et du duodénum
furent facilement trouvées et suturées ; le projectile entouré
de fragments de vêtement était logé derrière le duodénum.
Le malade mourut vers le quatrième jour.
— M. Nélaton lit un rapport sur une observation d'ané-
vrysme de l'artère sous-cfavière traité par les courants
continus et guéri en cinquante-cinq jours par M. Villada-
rès. L'interprétation de celte cure est assez difficile à
donner à cause des lacunes que renferme l'observation.
M. Terrier. Comme on a simultanément traité le ma-
lade qui était syphilitique par l'iodure de potassium, il n'y
a pas à chercher ailleurs que dans son influence la cause
de la guérison. D'ailleurs les anévrysmes en général même
chez les sujets non syphilitiques s'améliorent copeidérable-
ment par les iodures et surtout par l'iodure de sodium.
il, Kirmisson rappelle que récemment M. Jaccoud a
réuni une douzaine d'observations d'amélioration d'ané-
vrysmes de l'aorte sous l'influence des iodures, et M. Marc
Sée que l'Académie a adopté la môme opinion sans con-
teste.
M. Verneuil pense que les chirurgiens ne profitent pas
assez de cette méthode qui appartient à Bouillaud.
— M. Terrillon lit un mémoire sur l'extirpation des
mvômes utérins pédicules douloureux. Ce n'est pas le
volume de ces tumeurs qui est la cause de l'intervention
opératoire, c'est d'une part la douleur spontanée, exagérée
par la pression, la station debout, la marche, douleur tou-
jours vive et que le décubilus dorsal seul soulage; d*autre
part ce sont des troubles intestinaux, nausées, crampes
douloureuses, vomissements, tous symptômes attribués
presque toujours à une maladie d'estomac. Quoique ces
librômes sous-séreux coïncident le plus ordinairement avec
des fibromes interstitiels ou avec des tumeurs semblables
faisant saillie sous la muqueuse dans la cavité utérine,
M. Terrillon s'est contenté dans les quatre cas qu'il a
opérés d'enlever la tumeur pédiculée et les douleurs ont
complètement cessé. Il attribue ces vives soufl'rances à des
adhérences entre le grand épiploon et ces tumeurs ma-
melonnées, irrégulières, flottant dans de larges limites '
dans l'abdomen ; quant aux adhérences, elles seraient
provoquées par des poussées de péritonite partielle,
comme la clinique a permis de l'observer dans un cas.
H. Després ne s'explique pas que des malades conser-
vant des fibromes interstitiels après ablation des pédicules
ne souffrent plus.
M. Routier a enlevé un corps fibreux de 2 kilogrammes
et demi flottant à côté d'un utérus énorme; grâce à la cas-
tration faite simultanément la malade a guéri.
M. Terrier croit que si les adhérences épiploiques sont
l'origine des douleurs, il y a aussi les inflammations des
annexes à invoquer comme cause dans presque tous les
cas.
M. Terrillon n'a envisagé que les fibromes pédicules
douloureux par eux-mêmes, sensibles à la pression et indé-
pendamment de toute autre tumeur de l'utérus.
— M. Duponchel présente un malade atteint de troubles
digestifs variés à la suite d'un coup de pied de cheval sur
l'abdomen. Des plaques de péritonite tuherculeuse furent
reconnues par une laparotomie exploratrice et depuis
l'opération le malade est complètement rétabli.
— M. Chauvel montre 'un malade auquel il a pratiaué
une amputation de Lisfranc avec un lambeau plantaire plus
long que celui qui est conseillé dans les livres classiques.
M. Delens a fait une opération semblable selon la mé-
thode classique et a obtenu un très bon résultat.
— M. Horteloup présente un nouveau modèle de sonde
lU
N- 7
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
15 Février 1880
dans lequel est supprimé le cul-de-sac qui existe entre
Tœil de la sonde et son extrémité. Cette modification en
rend le nettoyage facile et Tantisepsie plus parfaite.
P. ViLLEMIN.
Société 4e biologie.
SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Sur la crampe des èorivalns : M. Fëré. — Sur la structure de la
glande pinèale : BCM. Mathias-Duval et Kalt. — Les sauterelles en
Algérie : M. Kûnckel d'Herculals. — Influence de la respiration
sur les contractions cardiaques : K. Broi^m-Sèquard. — Des mi-
crobes de l'estomac : M. Abelous. — Dosage de l'acide benzoïque
et de l'acide salicylique : M. Oesohner de Goninck. — Sur l'estomac
du cachalot : MM. Beauregard et Pouchet. — A propos d'une alté-
ration des ongles : M. Chouppe. — Effet de l'excitation du bout
périphérique du nerf vague sur la respiration : M. Laulanié.
M. Féré a observé un cas de crampe des écrivains survenu
à la suite d*émotions répétées chez un musicien (un flû-
tiste) ; il y eut d'abord impotence fonctionnelle des doigts
qui s'appliquent sur la flûte, puis crampe des muscles
antagonistes. Conformément à la théorie d'après laquelle
cette afl'ection dépend surtout d*un épuisement général,
M. Féré la traita avec succès par le massage et par la sur-
alimentation.
— M. Kalt a étudié avec M. Mathias-Duval la structure
chez Torvet et chez différents oiseaux de la glande pinéale,
qu'il faut, comme on sait, considérer comme un troisième
œil; elle diffère sur certains points chez ces animaux et
chez les mammifères.
— M. Kûnckel d'Herculais a étudié les sauterelles qui
Tannée dernière ont envahi l'Algérie; ces sauterelles
n'appartiennent pas, comme on l'avait cru, à l'espèce
Acridium peregrinum; M. Kûnckel d'Herculais a d'abord
déterminé cette nouvelle espèce, puis ses conditions de vie,
les conditions dans lesquelles les œufs sont pondus, etc.
Toutes ces recherches n ont pas été inutiles à la détermina-
tion des meilleurs procédés à employer pour la destruc-
tion des criquets.
— M. Broum-Séquard a continué ses expériences, dont
il a parlé dans la dernière séance, relatives à l'influence
inhibitoire des mouvements respiratoires, particulière-
ment de l'inspiration, sur les contractions cardiaques ; il
présente des tracés qui montrent bien cette influence.
— M. Abelous (de Montpellier) fait une communication
sur les microbes de l'estomac; il en a déterminé seize
espèces Qu'il a cultivée en différents milieux : les uns agis-
sent sur les substances hydrocarbonées, les autres sur les
aliments azotés; il en a retrouvé plusieurs espèces dans
les matières fécales ; d'autres espèces doivent se retrouver
dans la salive.
— M. Quinquaud mésenie un Iravail de M. Oeschner de
Coninck sur une méthode de dosage de l'acide benzoïque
et de Tacide salicylique, quand ils se trouvent en même
solution.
— M. Beauregard fait en son nom et au nom de M. Pou-
chety une description sommaire de l'estomac du cachalot,
estomac proprement dit, jabot, sac duodénal.
— M. Chouppe a observé, à la suite d*inbection,
une altération trophique de l'ongle du médius qui, au bout
de (luelque temps, fut suivie d'une altération semblable se
produisant au médius de l'autre main.
— M. Chauveau présente une note de N. Laulanié sur
l'arrêt de la respiration causé par l'excitation du bout péri-
phérique du nerf pneumogastrique.
BIBLIOGRAPHIE
De l'éllologle de la phthlale pulmonaire el laryng^ée ei
de leur Iraltemenl h toute* leo pértodeo de la maladie,
par H. le docteur Libermann , ancien médecin principal
de l'armée. — Paris, 1888, G. Masson.
Ainsi que le dit l'auteur de ce Iravail, il peut paraître
hardi, en présence de la doctrine microbienne qui domine
actuellement la pathologie, d'avancer sur la phthisie pul-
monaire une théorie nouvelle où le microbe ne joue aucun
rôle. Ce n'est pas que M. Libermann nie l'existence du
bacille de Koch. Ce bacille, il l'a vu, dit-il, non seulement
dans les crachats des phthisiques, mais aussi dans ceux de
la bronchite simple et de la pneumonie catarrhale, et pour
cette raison même il le regarde comme le produit et non
comme la cause de la tuberculose. Celle^^i ne serait, selon
lui, que le terrain propice au développement du micro-
organisme. Tout autre et non microbienne est pour
H. Libermann l'origine de la phthisie pulmonaire. Ayant
remarqué que presque tous les phthisiques présentent, dès
le début de leur mal ou même avant, une altération de la
voix, il a été porté à examiner le larynx de ses tuberculeux,
et chez tous il a trouvé une paralysie d'une des cordes
vocales ou même des deux. Ces altérations vocales ne pou-
vant, dans sa pensée, se rattacher qu'à une lésion du nerf
pneumogastrique, il s'est mis à étudier l'état de ce nerf
chez les phthisiques, et de ses recherches analomiquesila
déduit les conclusions que voici :
Le nerf pneumogastrique, toujours enflammé chez lis
phthisiques, passe dans ses altérations par quatre phases
ou degrés successifs qui sont : la congestion, Texsudation
séreuse, la prolifération du tissu conjonctif et enfin Tintil-
tration graisseuse du nerf. A chacun de ces degrés corres-
f tondrait une lésion'plus ou moins avancée du poumon ou du
arynx. Au premier degré répondraient les troubles de l;i
voix et la paralysie des cordes vocales, signes précurseurs
de la tuberculose à venir; au second, l'apparition des gra-
nulations grises du larynx ou du poumon ; au troisième, les
troubles fonctionnels du poumon et l'hémoptysie; au qua-
trième, l'infiltration caséeuse du parenchyme pulmonaire et
les altérations profondes de la muqueuse laryngée. Déplus
la lésion du poumon siégerait toujours du même côté que la
tiaralysie de la corde vocale. Enfin, toutes les lésion?
aryngo-pulmonaires seraient d'ordre trophique et la con-
séquence d'une inflammation à frigore du nerf pneumo-
gastrique.
Voilà assurément une théorie aussi nouvelle qu'inat-
tendue, aussi simple qu'originale, mais qui, nous le crai-
gnons fort, trouvera bien des incrédules et soulèvera plu^i
d'une objection. On se demandera surtout si la tuberculose'
des organes autres nue le larynx et le poumon, n'est pas»j
elle aussi, la suite d une névrfte. Ce point, que l'auteura]
laissé dans l'ombre, aurait mérité d'être élucidé par liii|
dans l'intérêt même de sa doctrine. Mais nous ne prétendons
ici ni critiquer ni louer l'œuvre de M. Libermann. iNous
nous bornons à l'analyser et nous laissons le soin de la
juger aux médecins des hôpitaux, mieux placés que "oaJ
pour contrôler sur le cadavre les recherches anatonio-
pathologiques de l'auteur, et sur les malades le Irailcmeflt
qu'il préconise contre la phthisie pulmonaire. Ce traitenieflt
aussi original et aussi inattendu que la théorie dont u
découle, vise exclusivement l'inflammation du pnemno*
gastrique. Pour décongestionner ce nerf, il suffirait de
l'électriser deux fois par jour, dans son parcours cervical, »
l'aide de courants continus. M. Libermann dit avoir w^
avorter par ce moyen des phthisies pulmonaires coinnu^n-
çantes et ne se traduisant encore que par des signes ration-*
nels, tels que la paralysie de la corde vocale et les héniopti'
15 FÉVRIER 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 7 — 115
sies. Ce traitement préviendrait même l'éclosion de la
tuberculose chez les sujets héréditairement prédisposés. Il
serait donc à la fois curatif et prophylactique. Quant à la
phthisie confirmée avec productions caséeuses, les courants
ToUaîques n'ont pas de prise sur elle et le traitement des
sTmptdmes lui est seul applicable. Nous ne suivrons pas
i. Libermann dans Texposé du traitement symptomatique
qu'il a adopté. Qu'il nous suffise d*avoir résumé et mis en
relief ce que le mémoire de notre excellent confrère et ami
offre de neuf et d'original.
V. WlDAL.
VARIÉTÉS
RÉFORME DE l'EXAMEN D'APTITUDE DES MÉDECINS-MAJORS
DE l'armée.
Une eicellente mesure vient d'être prise par la direction du
semce de santé. L'examen d'aptitude des médecins de Tarmée,
aa lieu d'être subi au siège de chacun des grands commande-
meals mililaires et jugé par les directeurs régionaux du service
de santé, sera désormais confié à un jury spécial. De plus, cet
eiamen sera facultatif pour les médecins-majors de l" classe.
lien résultera, nous aimons à l'espérer, que cet examen pourra
devenir un peu plus sérieux que par le passé, el conférer dès
ioFS un titre sérieux à ceux qui l'auront mérité. Nous ne souhai-
tons plus qu'une chose, c'est que Ton revienne aussi, au moins
pour les médecins-majors de 1" classe, à la division du concours
en concours de médecine et concours de chirurgie. Il serait
vraiment déplorable d'emf>écher à partir de ce grade une spé-
cialisation nécessaire. Voici les principaux passages de la note
ministérielle.
L'examen d'aptitude institué par les décisions des 26 avril et
aimai 1883 restera facultatif, sans condition d^ancienneté, pour
les médecins-majors de l'* classe, el obligatoire pour les méde-
cins et pharmaciens-maiors de S'^ classe appartenant à la moitié
la plus ancienne du caare.
Les professeurs agrégés du Yal-de-Grâce, les répétiteurs de
TEcolede Lyon, ainsi que les médecins ayant précédemment
satisfait aux épreuves de Tancien concours pour le service hos-
pitalier, en seront seuls dispensés.
Les médecins-majors de v^ classe, les médecins et pharma-
ciens-majors de ^ classe ne pourront être proposés pour le jg^rade
supérieur, sauf en campagne, qu'autant qu'ils auront subi avec
succès Teiamen d'aptitude qui comprendra les épreuves déter-
minées par la circulaire du il mai 1883.
Toutefois, pour la quatrième épreuve, les candidats pourront
être interroges non seulement sur les lois, décrets, instructions
et règlements énoncés par ladite circulaire, mais sur toutes les
dispositions nouvelles ayant un caractère général ou concernant
spécialement le service de santé.
Le jury d'examen est composé de trois membres, savoir :
Pour les médecins : le médecin inspecteur général, ou un
médecin-inspecteur, président ; deux médecins principaux, dont
QQ professeur du Val-de-Grâce.
Pour les pharmaciens: le pharmacien inspecteur, président;
OQ médecin principal ; le pharmacien professeur au Val-de-
(iràce.
Le ministre désigne les présidents et choisit les membres des
jurvs sur une liste présentée par le comité technique de santé.
L'épreuve écrite est éliminatoire :
. La composition est faite par les candidats partout le même
jour, à la même heure et au lieu de leur résidence.
Le sujet de cette composition, choisi par le jury, est envoyé
aux directeurs du service de santé de chaque corps d'armée, sous
autant de plis cachetés qu'il y a de garnisons possédant des can-
didats. Le directeur provoque les ordres nécessaires pour que
ceux-ci soient convoqués et réunis à l'heure et au jour fixés et
fait parvenir les plis cachetés, par Tintermédiaire du comman-
Qement, aux commandants d*armes.
La décision du jury est notifiée par le ministre (7* direc-
tion) aux candidats. Ceux qui ont été déclarés admissibles sont
ÇOQvoqués à Paris (hôpital du Yal-de-Gràce) où ils subissent les
«preuves définitives.
, L'ordre dans lequel les candidats sont appelés à subir les
'ipreuves définitives, ainsi que les questions auxquelles ils
doivent répondre, sont déterminés par le sort. Le nombre des
questions mises dans l'urne est toujours double de celui des
candidats.
Les épreuves sont notées de 0 à 20 par chaque membre du
jury-
La moyenne des notes ainsi obtenues à chaque épreuve est
multipliée par les coefficients suivants : 1"» épreuve : coeffi-
cienl,12; 2" épreuve: coefficient, 15; 3« épreuve: coefficient, 10;
4* épreuve ; coefficient, 8.
L admissibilité exige un minimum de 132 points.
Nul candidat n'est admis s'il n'a obtenu 495 points au moins
pour l'ensemble des épreuves.
Concours d'agrégation de chirurgie. — Le jury se trouve
constitué de la manière suivante : président, M. Verneuil; juges
titulaires, MM. Trélat, Le Fort, Duplay, Tarnier, Ollier (de
Lyon), Lannelonguc (de Bordeaux), Dubreuil (de Montpellier),
Gaulard (de Lille); juges suppléants: MM. Panas, Reclus, Budio,
Pinard.
Les candidats sont, d'après l'ordre de la Faculté pour laquelle
il se sont fait inscrire :
Paris. — Chirurgie : MM. Baretle, Bazy, Beurnier, Broca,
Castex, Clado, Hartmann, Marchant, Ménard, Michaux, Nélatoh^
Phocas, Picqué, Pollosson, Ricard, Rochard, Routier, Truffier,
Verchère, Villar et Walther. — - Accouchements : MM. Auvard,
Bar, Boissard, Bonnaire, Bureau, Doléris, Lêpage, Olivier,
Planchard, Potocki, Tissier.
Lyon. — Chirurgie: MM. Gangolphe, Genevey-Montaz, Rochet,
Vallas.
Lille. — Chirurgie: MM. Carpentier, Coppens. — Accouche*
ments : M. Turgard.
Bordeaux. — Chirurgie : M. Courlin. — Accouchements :
MM. Chambrelent, Rivière.
Montpellier. — Chirurgie : MM. Ester, Février.
Concours d'agrégation (Médecine).— -Les dernières questions
orales ont été les suivantes : MM. Balzer : Du collapsus. —
Davezac: Des agents pyrétoeènes. — Gilbert: De la vaccination
antivariolique. — Babinski : Des réactions cellulaires en présence
des microbes pathogènes.
Concours du Bureau central. — Un concours pour la nomi-
nation à deux places de chirurgien du Bureau central s'ouvrira
le 25 mars à midi.
Le registre d'inscription des candidats sera ouvert le lundi
25 février et sera clos le lundi 11 mars à deux heures.
— Un concours pour la nomination à une place d'accoucheur
du Bureau central sera ouvert le lundi 6 mai a midi. Le registre
d'inscription sera ouvert le lundi i*' avril et clos le mercredi 17
à trois heures.
Médecine. — Ont été désignés pour faire partie du jury du
prochain concours du Bureau central {Médecine), sous réserve
des changements qui pourraient ultérieurement se produire :
MM. Dreyfus-Brisac, Potain, Gombault (de Beaujon), Desnos,
Dujardin-Beaumelz, Labadie-Lagrave, Richet.
Association générau: des médecins de France. — L'Assem-
blée générale de l'Association qui devait avoir lieu le dimanche
28 avril est reportée, à cause de l'Exposition universelle, au
dimanche 12 mai.
Association générale des ^ médecins de France {Séance
annuelle de la Société centrale). — Le 3 février dernier se
réunissaient, sous la présidence de M. Lannelongue, les membres
de la Société centrale. Dans un discours très applaudi, le président
a fait ressortir le rôle moralisateur de la Société et la satisfaction
que, les premiers, en éprouvent ceux qui ont la mission de
répartir pour le mieux les économies communes. € Notre nombre
augmente, a-t-il dit, nos ressources augmentent plus rapidement
encore, mais l'Association générale des médecins de France est
une œuvre à laquelle nous devons tous chercher à imprimer une
impulsion continue. »
Après M. Lannelongue, M. Piogey, secrétaire, a rendu compte
des actes de la Société. Le nombre des pensionnaires s^st
élevé de 80 à 100. Les ressources de la Société augmentées^
grâce aux legs de MM. Roth et Bell, lui permettent de venir en
aide à un plus grand nombre d'infortunés.
116 — N* 7 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Févrikh 1889
M. Drun, trésorier, annoDCQ qu'il a touché le legs de
i50000 francs fait par H. Roth. Il y a actuellement, ajoute-t-il,
826 sociétaires, dont 185 versent une cotisation supérieure à la
cotisation réglementaire et yariant de 15 à 1000 francs, sans
compter les 35 cotisations perpétuées par des membres décédés.
6850 francs ont été distribués en secours à 53 personnes ; c'est
Feu, mais la plupart de ces personnes étaient étrangères à
Association. La Société centrale a fourni une contribution
volontaire de 2000 francs à la caisse de pensions de retraites de
FAssociation.
La Société centrale est donc dans une situation financière
cxcellenle ; elle possède 61 U2 fr. 43 de fonds disponibles;
1844 francs de rente française p6ur cotisations perpétuées, et
sa participation au fonds commum de l'Association générale, ce
qui lui a permis de faire allouer deux pensions, chacune de
600 francs, à deux sociétaires âgés et infirmes et d'en réclamer
deux autres lors de la prochaine assemblée générale.
Au cours de la séance, M. le docteur Bucquoy a été élu, à
l'unanimité des membres présents, vice-président de la Société,
en remplacement de M. Le Roy de Méricourt, démissionnaire, et
à la On de la séance ont été élus membres de la Commission
administrative: MM. les docteurs Jules Besnier, Bonin, Bourot,
Diday, Raymond Durand-Fardel, Hervé de Lavaur, Gustave
Lefèvre, Moreau (de Tours), Ozenne, Paul Reynier, Turner et
Voelker.
Association médicale mutuelle de la Seine. — Cette Asso-
ciation, fondée par M. le docteur Lagoguey, a tenu dimanche
dernier, dans le grand amphithéâtre de la Faculté de médecine,
sa deuxième assemblée générale annuelle.
L'effectif de la Société qui était, l'année dernière, de
76 membres, avec un capital de 6721 francs, s'est élevé à
147 membres, avec un capital de 15800 francs. Le nombre des
membres honoraires a augmenté dans des proportions notables,
et parmi eux, on compte six professeurs de la taculté.
L'Association est donc moralement et matériellement très
prospère. Le rapport du trésorier, M. Fissiaux, est concluant à
cet égard. Les recettes, pendant ces deux premières années, se
sont élevées à 20259 francs; les dépenses a 4902 fr. 75 ; parmi
ces dernières, figurent surtout 329 lournées de maladies, répar-
ties entre plusieurs confrères. Il reste en caisse près de
16000 francs sans compter les recettes courantes.
Société protectrice de l'enfance. — L'Assemblée générale
de la Société aura lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne,
rue de la Sorbonne, 15, le dimanche 17 février 1889, à deux
heures précises, sous la présidence d'honneur de M. Rousse, de
TAcadémte française.
Ordre du jour: 1° la protection de l'enfance, par M. le docteur
Marjolin; 2*" compte rendu moral et financier, par M. le docteur
Bladie ; 3** rapport sur les mémoires pour la question de prix,
par M. le docteur Fauvelle ; 4° rapport sur les récompenses
décernées aux médecins-inspecteurs, par M. le docteur Beclère ;
5'^ rapport sur les récompenses accordées aux mères-nourrices,
par M. Mansais, référendaire au sceau de France.
liA HÉPRESSION DES REMÈDES SECRETS. — On annOnce que, sur
une Commission rogatoire de M. Guillot, juge d'instruction, des
flacons contenant des drogues diverses devant guérir les mala-
dies les plus secrètes ont été saisis et que les médecins dont les
noms figurent sur les étiquettes de ces flacons, seront poursuivis
pour exercice illégal de la médecine s'ils ne peuvent justifier du
titre de docteur.
Il serait à désirer que Ton pût saisir de même les nombreux
médicaments secrets qui sont vendus en si grand nombre, grâce
aux réclames de prospectus aussi insinuants que mensongers
N'est-ce pas commettre le délit d'escroquerie ou celui de trom-
perie sur la qualité de la marchandise vendue que d'abuser aussi
audacieusement de la crédulité publique? On peut et Ton doit
autoriser les spécialités pharmaceutiques. Il faudrait pouvoir
poursuivre les médicaments secrets.
Banquet offert a M. Diday. — Le 31 janvier dernier les
membres de la Société nationale de médecine de Lyon se sont
réunis pour ofl'rir un banquet à leur ancien secrétaire fi[énéral
M. Diday. De nombreux toasts ont été portés au médecin de l'An-
tiquaille, au publiciste éminent, au secrétaire général, qui a
bien mérité de la science et de la médecine lyonnaise.
CREATION D un FONDS D'ENCOURAGBMENT POUR LES ETUDES
SUR LA GUÉRISON DB LA TUBERCULOSE.
Vivfïi-cinquième liste,
M-« Raymond 500 fr.
Direction générale des bains de mer de Monaco. 300
Société de médecine vétérinaire pratique à Paris • 200
M. le professeur Lannelongne 200
M. le professeur Ghauveau 100
M. le professeur Nocard 100
M.Verneuil 100
Conseil général de l'Oise 59î) 15
Commune de Nogent-sur-Marne 100
— . de Beaume-la-Rollande 06 70
— de Lanthenay 53 (m
— de Doulaincourt 50
— d'Haulmont 49 40
— deHam 40
— de Verneuil 37
— de Varcddc 31
— de Carvin 25
— d'Avallon 25
— du Perreux 20
— de Sainte-Geneviève-des-Bois 20
— de Vaux 14
— de Sainte-Preuve 10
— d'Escosse 10
— de Champagnole ^Û
— de Quessy ^
— de Guercny 5
— de Boran 1
Total 2.671 fr. iXl
Montant des listes précédentes. . . 74.656 8i
Total général.. 77.328 fr. Ti
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi 22 février
1889). — Ordre du jour : A l'occasion du procès-verbal:
M. Sevestre : Mode de transmission des maladies. — M. de
Beurmann : Un cas de mort par tétanie dans le cours d'une dila-
tation de l'estomac. — M. Huchard ; Sur un nouveau syndrome
cardiaque : l'embryocardie. — BI. Debove : Présentation de
malade.
NÉCROLOGIE. — Le docteur Jules lïonnoral, ancien interne des
hôpitaux de Lyon, médecin des hôpitaux de Vienne, vient de
succomber aux suites d'un empoisonnement septique. Notre
confrère venait d'opérer un enfant atteint du croup, il se blessa
avec le bistouri dont il venait de se servir. Une lymphangite des
plus graves se déclara aussitôt. Le docteur J. Honnorat emporte
en mourant l'estime et les regrets de tous ses collègues.
Mortalité a Paris (5'' semaine, du 27 janvier au 2 février
1889. — Population : 2^60945 habitants). — Fièvre typhoïde, IS. l
— Variole, 3. — Rougeole. 39. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 6. — Diphlhérie, croup, 5i. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 190. — Autres tuberculoses, 23. — Tumeurs:,
cancéreuses, 50 ; autres, 3. — Méningite, 40. -;- Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 58, — Paralysie, 10. —
Ramollissement cérébral, 9. — Maladies organiques du cœur, ni.
— Bronchite aiguë, 29. — Bronchite chronique, o2. — Broncho- |
pneumonie, 63. -- Pneumonie, 62.— Gastro-entérite: sein, IK
biberon, 35. — Autres diarrhées, 1 . — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con- j
génitale, 18. — Sénilité, 29. — Suicides, 9. — Autres morts |
violentes, 16. — Autres causes de mort, 196. — Causes
inconnues, 1 4. — Total : 1 1 1 1 . j
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
18384. — MOTTEROZ. — Iiupriiuorios réuniof, A. rue Iliguoo» i$ I^^"^*
Trente-sixième année
N-8
22 Février 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CflIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LBREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 8. DIEULAFOY, DBEYFUS-BRISAC, FRAHCOIS-FRARCK, A. NEROCQUE. A. J. IARTIR. A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui eonoeme la rédaction à M. Liriboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence}
SOMMAIRE. — BULLITIN. — DéiiOGRAPUiE. Da degré de fréquence des prin-
ci|4lei causes de mort à Paris pendaat V»nnée 1888. » Travaux originaux.
hllKi(«;tc générale : Sur le rôle des poisons d'origine microbienne dans les
mjiidki intectieuêes. — Séméiologie : Note sur l'exploration manuelle du rein.
-RtvuK DBS COURS BT DIS CLINIQUES. HApital de la Charité : M. le profcs-
}t-]ir Pouln. — SociBTés SAVANTBS. Académie des sciences. — Académie de
niédecioe. — Société do chirurgie. — Société de biologie. " Société de théra-
pt^ytMfue.— BiBLiooRAPHlB. Anaiomie des centres nerveux. — Études thcrapeu-
ti()HC> el bactériologiques sur le furoncle de Toreille. — Traité d'iiystérotomic. —
Treiiê pratique de baictériologie. — VARlirés.
BULLETIN
Paris, 20 février 1889.
Acndémie de médecine : Képhrorrhaphle. — Trépanallcn
dans on ea« dVpUepaie. — Société dcs hôpitaux : Lc«
■sladica coatagleuac*.
La discussion sur le tétanos a été continuée par M. Tras-
boletM. Vemeuil. Nous attendrons que M. Verneuil ait
complété la réponse qu'il a commencée hier pour résumer
les arguments développés de part et d'autre.
Dans cette même séance deux communications chirur-
gicales, du plus haut intérêt ont été faites à l'Académie.
M. le professeur Guyon a magistralement exposé les motifs
qui doivent faire préférer la néphrorrhaphie à la néphrec-
lomie, précisé le mode opératoire de la fixation du rein et
donné à l'appui de ces considérations cliniques deux obser-
vations d'ectopie douloureuse du rein traitées avec succès
par la néphrorrhaphie.
L'observation communiquée à l'Académie par M. Péan,
en son nom et au nom de MM. Gilbert Ballet et Gélineau,
aura le plus grand et le plus légitime retentissement. Elle
prouve en effet avec quelle précision, quelle certitude les
élèves de M. Charcot peuvent aujourd'hui, de la doctrine
des localisations cérébrales, déduire les applications pra-
tiques si bien indiquées autrefois par H. J. Lucas-Champion-
"ière. X'est-ce pas en s'appuyant sur tous ces travaux que
H. Gilbert Ballet a pu , avec une sûreté diagnostique
vraiment admirable, marquer sur la boite crânienne le point
précis où devait être appliquée une rondelle de trépan ? Et
ne convient-il pas de louer aussi le docteur Gélineau qui a
^u reconnaître par les caractères de son aura intiale l'épi-
l^psie partielle dont était atteint le malade et, par consé-
<)uenl la cause pathologique de ses accès ? Après avoir
rendu pleine et entière justice à Thabilelé opératoire du
•'liirurgien qui a mené à si bonne fin une opération des
l'Ius délicates, ne convient-îls pas, avec M. Péan, qui l'a
to lui-même et en excellents termes, de proclamer haute-
1* Stâii, T. IX VI.
ment qu'en France, aussi bien qu'en Angleterre, la doctrine
des localisations cérébrales a rendu les plus grands services.
— Nous devons également appeler l'attention de nos
lecteurs sur l'important travail qu'a bien voulu nous donner
M. le professeur Bouchard (p. 120) et qui résume si nette-
ment ses remarquables découvertes sur le rôle des poisons
d'origine microbienne.
— La Société médicale des hôpitaux va commencer, à
l'occasion de la communication qui lui a été faite par M. Mil-
lard (voy. p. 111), une discussion qui sera des plus intéres-
santes et des plus utiles si des conclusions tant soit peu
précises en peuvent être déduites. Tout en reconnaissant,
en effet, l'immense service que rendrait à l'hygiène hospi-
talière l'adoption de toutes les mesures dont M. Grancher a
si nettement précisé Tutilité; tout en constatant les résul-
tats si remarquables qu'a déjà obtenus M. Sevestre, nous
devons cependant affirmer encore la nécessité de bien con-
naître, alors qu'il s'agit de maladies infectieuses, le mode
suivant sur lequel se fait la contagion et la durée de celle-ci.
Ce sont là des questions sur lesquelles, dans sa lettre à
l'administration de l'assistance publique, M. Grancher
appelle l'attention des cliniciens ; ce sont celles qui devront
être sérieusement discutées devant la Société des hôpitaux.
Or, si Ton se place non pas seulement au point de vue
de l'hygiène hospitalière mais au point de vue de la
pratique médicale, il faut bien avouer que ces diverses
questions sont loin d'être définitivement résolues. Parmi
les maladies de l'enfance, la rougeole et la diphthérie, nous
dit M. Grancher, sont les plus contagieuses et au point de
vue de la mortalité les plus redoutables. La scarlatine, la
varicelle, la fièvre typhoïde, la coqueluche, etc., peuvent
être contractées dans les salles mais le sont rarement.
Admettons-le pour l'hôpital. En est-il de même en ville?
Au point de vue de la contagiosité, la rougeole qui se trans-
met avant que l'éruption se soit manifestée, c'est-à-dire
alors que, le plus souvent, elle est encore méconnue, qui
dès lors en dix à douze jours frappe tous les enfants d'une
même famille, est évidemment des plus contagieuses. Dès
qu'un enfant rubéolique se trouve atteint, il est presque
toujours trop tard pour lisoler et préserver ses frères et
sœurs; mais le germe contagieux est-il aussi persistant,
aussi tenace que celui de la scarlatine? Peut-il rester
adhérent à un lit, à une chambre? Est-il nécessaire de
désinfecter longuement et minutieusement les appartements
où l'on a traité un rubéolique? Faut-il pendant quarante
jours interdire à celui-ci la vie commune; et les règlements
8
118 -~ N» 8
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Février 1889
qui rempêchent de reprendre ses éludes ne sont-ils point à
cet égard trop rigoureux? En ce qui concerne la scarlatine,
les conditions ne sont-elles point tout à fait différentes?
La maladie est-elle contagieuse dès l'apparition des pre-
miers symptômes (vomissements et lièvre) ou même dès
que l'éruption s'est manifestée? Ne peut-on pas espérer,
par un isolement rigoureux, préserver, dans un-même appar-
tement, plusieurs enfants qui cependant n'eussent pas
échappé à la contamination rubéolique? Par contre ne faut-
il pas isoler très longtemps, peut-être même plus de qua-
rante jours, l'enfant atteint de scarlatine? Ne sait-on pas
que le germe de cette maladie reste attaché avec une téna-
cité désolante aux meubles, aux tentures, à la literie? Les
prescriptions universitaires et les règlements sanitaires
imposant la désinfection ne doivent-ils pas être infiniment
plus sévères quand il s'agit de la scarlatine que lorsqu'on a
affaire à la rougeole? Et pour la coqueluche? A quelle date
commence le danger de transmissibilité de la maladie?
N'est-ce point dès le début, avant même que la toux ne
présente ses caractères spécifiques? N'est-ce point long-
temps encore après que la période aiguë de la maladie a
cessé? Contentons-nous de poser aujourd'hui toutes ces
questions. Si elles pouvaient être discutées par les savants
expérimentés qui, à la Société des hôpitaux, ont toute auto-
rité pour les résoudre, les médecins praticiens auraient
grand intérêt à écouter leurs avis et à suivre leurs conseils.
— Cette élude de la contagiosité des maladies épidé-
miques a de nombreux points de contact avec celle qui a
pour objet l'évaluation numérique des décès que courent à
Paris les maladies contagieuses. Aussi avons-nous pensé
rendre service à nos lecteurs en demandant à notre distin-
gué confrère, M. le docteur Jacques Bertillon, l'article
quon lira ci-dessous. Les bulletins statistiques que nous
publions chaque semaine, s'ils permettent de connaître
avec précision le mouvement des maladies épidémiques, ne
peuvent en effet faire apprécier les résultats que donnent au
point de vue de la mortalité les progrès de l'hygiène ou de
la thérapeutique. Il faut, pour y arriver, additionner tous
les chiffres que nous donne si exactement M. Derlillon et
les comparer aux chiffres des années précédentes. C'est ce
travail qu'a bien voulu établir pour nous le savant et zélé
directeur de la Statistique municipale.
On remarquera, dans les tableaux dressés par M. Bertil-
lon, l'atténuation si notable du chiffre des décès occasion-
nés par la fièvre typhoïde. C'est le résultat le plus impor-
tant à signaler. On verra de plus qu'à tous les points de vue
— nous ne parlons que des maladies épidémiques — l'an-
née 1888 a été bien partagée. Les décès par rougeole,
variole, scarlatine et coqueluche, ont été inférieurs à ceux
des années précédentes. On lira aussi avec un vif intérêt
ce qui nous est démontré au sujet de l'état sanitaire de la
presqu'île de Gennevilliers.
DÉMOGRAPHIE
Du degré de fréquence de« prlnclpaleii cnuacs de uiort
& Parla pendant Tannée 1888.
L'année 1888 s'est fait surtout remarquer par la rareté
relative de la fièvre typhoïde et de la rougeole. La plupart
des autres maladies ont eu une fréquence à peu près nor-
male.
La fièvre typhoïde n'avait jamais été si rare à Paris de-
puis que la statistique parisienne est publiée régulière-
ment, c'est-à-dire depuis vingt-quatre ans. On verra par la
lecture de la colonne 2 de noire tableau II, que jusqu'en
1879, cette fièvre conservait* une fréquence voisine de
50 décès annuels pour 100000 habitants (sauf le siège el
l'épidémie de 1876). En 1880, cette fréquence double brus-
quement; pendant cinq ans de suite la fièvre typhoïde con-
serve cette fréquence exagérée; enfin, dans les quatre
dernières années, elle a diminué peu à peu ; le chiffre de
1887 est analogue à ceux d'autrefois et celui de 1888 est
plus favorable encore.
Comme toujours (1), la fréquence de la fièvre typhoïde a
été au minimum en juin (45 décès pendant ce mois); elle
s'est relevée à partir de septembre.
TABLEAU I. — Ville de Paris. — Sur 100000 habitants,
combien de décès causés par chaque maladie?
MALADIES CAUSES DE OÉCÈS. t89I. 188^.
Fièvre typhoïde Cl 33
Variole 17 11
Rougeole 72 -10
Scarlatine.. iO 8
Coqueluche 19 12
Diphthérie et croup 70 77
Erysipèle 9 7
Autres maladies épidémiques 1 1
Phthisie pulmonaire 4i6 i30
Autres tuberculoses 55 «Vî
Tumeurs cancéreuses 99 102
Méningite simple 78 7i
Congestion et hémorrhagie cérébrales. 105 110
Rarooliissemeut cérébral !22 25
Maladies organiques du cœur 133 13i
Bronchite aiguë 59 63
Bronchite chronique 85 85
Pneumonie et broncho-pneumonie 190 18i
Castro entérite (de 0 à 5 ans) 168 167
Diarrhée (plus de 5 ans) 11 10
Affections puerpérales 1i 11
Débilité congénitale 53 58
Sénilité 62 08
Suicide 38 35
Autres causes de décès 458 iO!
Total des décès pour 100000 habitants. ^2335 ' 2-200
Comme toujours, le quartier le plus frappé a été le Gros^
Caillou (environ 70 décès pour 100 000 habitants), où sd
trouvent plusieurs casernes. Parmi les quartiers éprouvés,
il faut citer les Quinze-Vingts (06 décès pour 100000 habi^
lants) (2). *
Variole. — Cette maladie est extrêmement irréguliérfi
dans ses apparitions, ainsi qu'on le verra par la colonne ii
de notre tableau II. L'exemple de TAIlemagne prouve
qu'on peut la supprimer entièrement par Tobligation de la
vaccine et de la revaccine. Sa fréquence en 1888 a M
faible, étant donnés les chiffres ordinairement observés à
(1) De l'augmenta lion de frèqueiice deg principala maladies épidémiquet à
Paru et de leura saisons d'élection (1805-1883), par Jacques Ucrlilloo (Annitaire
statistique de Paris 1883 et Congres d'Iiygicnc de la Uayo).
(â) Conformément à un usage qui s'est per|icuic de 1805 à 1880, nous ne comp'
tons pas dans le nombre des décès parisiens les décès d'individus dom ciii<--<
dans la banlieue, et qui ne sont venus à Paris que pour se faire soi^^.ier à j'iiôpilil
de maladies onntractëcs dans leurs communes. Nous sommes obligé d'agir aimi
pour pouvoir comparer les chiffres qui précèdent 1880 et ceux qui siiivciil idin
date. Mais il faut compter autrement lorsque Ton compare la mortalité de lnûi
k colle des villes étrangères (Décision du Congrès de Budapest). Les chiffres que
nous citons sont toujours rapportés à 100 000 habitants (et pour la banlieue à lOOOfl
seulement). Ces chifl'res ne sont encofii à présent que provisoires, mais ils ne dif-
fcroront vraiseml)lablemont pas des chiffres déliuitifs.
îî Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 8
119
Paris. Conirairement aux autres maladies épidémiques, la
Tariole n*a pas de saison d'éleclion. En 1888, elle a été plus
fréquente pendant les six premiers mois de Tannée que
pendant les six derniers.
Le quartier le plus frappé a été la Villette (58 pour
100000 habitants).
TABLEAU II. — Pour iOOOOO habitants, combien de décès
par chacune des maladies indiquées f
iT«iES.
TYPHOÏDE.
VABMLE.
ROUOBOLE.
SCAnLATINB.
GOQUBLUCUB* DIPIITHÉRII
M. l.
Col. 2.
Col. 3.
Col. 4.
Col. 5.
Col. 6. Col. 7.
1805..
6i
42
19
8
12 53
m,.
53
32
45
4
. 10 45
m:..
48
17
34
4
11 36
m..
51
33
34
7
12 41
m...
5i
36
27
14
7 41
\ni..
\'3i
531
42
12
12 27
ix:i..
243 •
149
32
14
14 30
M71..
54
5
31
7
10 62
m...
55
0,9
30
5
4 64
i87i...
43
2
33
4
13 53
1875...
53
13
34
4
15 67
18711...
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10
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\m. . .
33
11
40
8
12 77
Rougeole, — Cette maladie a nolablement augmenté de
fréquence depuis 18G5; après s^ôlre maintenue jusqu'en
1878 aune proportion voisine de 33 décès pour 100000 ha-
bitants, elle s'est élevée bien au delà pendant les neuf
années suivantes. Elle est revenue à 40 pendant Tannée
dernière.
La rougeole est une maladie très régulièrement saison-
nière; toujours son maximum se rencontre vers juin et son
mininium en octobre. En 1888, le maximum a été un peu
relardé (juillet, 90 décès; et août, 90 décès); son minimum
aéiécomme toujours en octobre (42 décès). Sa fréquence
a beaucoup augmenté en décembre.
On peut dire que la fréquence de la rougeole dans les
diiTérents quartiers de Paris se proportionne exactement
au degré d'aisance de la population. Aussi les quartiers du
centre sont presque tous épargnés ; les seuls parmi eux qui
aient été atteints sont les quartiers relativement peu aisés de
la Sorbonne (dont la partie inférieure est très misérable), de
Saini-Avoie, Saint-Merri et Saint-Gervais. Parmi les fau-
bourgs, les plus frappés sont les plus pauvres, la Gare
(l:i4 décès pour 100000 habitants), la Maison-Blanche
(155 décès pour 100000 habitants), et enfin Charonne
(in décès pour 100000 habitants).
Scarîatitie. — Cette fièvre, toujours rare à Paris, a pré-
senté cette année un chiffre moyen (8 décès pour 100 000 ha-
tîlauts).
Coqueluche. — L'augmentation de la coqueluche dans
'^t's dernières années n'a pas été progressive comme celle de
la diphthérie, ni brusque comme cellede la fièvre typhoïde;
elle s'est manifestée par des poussées épidémiques plus
fréquentes (colonne 6 du tableau II). En 1887 et surtout en
1888. elle est revenue aux proportions qu'elle avait ordi-
nairement avant 1876.
Diphthérie. — Cette maladie augmente très régulièrement
de fréquence à Paris depuis vingt^qualre ans (colonne 7 du
tableau II). On peut résumer les chiffres de la colonne 7
de notre tableau II de la façon suivante : pour 100 000^ ha-
bitants, il ya eu à Paris :
En 1865-67 ib décos |)ar diphlhérle.
En 1868-69 cl 1872-78 64 —
En 1879 82 99 —
En 1883-88 76 --
Malgré cet accroissement incessant, .la diphthérie est
moins redoutable à Paris que dans la plupart des villes
allemandes, mais les villes anglaises en sont beaucoup
moins atteintes.
En 1888, la fréquence de la diphtérie (77) a été à peu
près double de ce qu'elle était il y a vingt ans ; mais ce
chiffre, qui aurait seml^é naguère considérable, doit être
aujourd'hui regardé comme moyen.
La diphtérie est assez régulièrement saisonnière. Fré-»
qucnte en février, mars et avril, elle décroît jusqu'en août,
septembre et octobre où se trouve son minimum. C'est pré-
cisément ce qui est arrivé en 1888 (février, 203 décès;
mars, 178; avril, 182; mai, 184... août, 99; septembre, 70).
De même que la rougeole, la diphthérie est rare dans les
quartiers riches, fréquente dans les quartiers pauvres. Des
quarante quartiers du centre, le seul qui soit frappé par la
diphthérie est le Gros-Caillou (environ 133 décès pour
100000 habitants), tandis que presque tous les quartiers
de la périphérie (quartiers pauvres) sont sérieusement
atteints. Nous citerons notamment: Picpus (131); Necker
(140); Grenelle, (164); Javel (171); et enfin les faubourgs
les plus pauvres de Paris : la Salpêlrière (118) ; la Gare
(151); les Carrières d'Amérique (181), et Charonne (145
décès pour 100000 habitants).
Nous n'insisterons pas sur les autres causes de mort dont
la fréquence ne varie guère d'une année à l'autre. Elles ont
été en 1888 ce qu'elles sont à peu près chaque année. On
rem'arquera la fréquence sans cesse croissante du suicide,
qui a fait l'année dernière plus de victimes que la fièvre
typhoïde.
État srinitaire de la plaine de Gennevilliers irriguée
à Veau d'égout. — L'enquête sanitaire que le Préfet de la
Seine, sur ma proposition, a prescrite dans toutes les corn-
munes du département de la Seine, m'a permis de pour-
suivre les recherches que j'avais entreprises Tannée der-
nière (Revue scientifique du 3 mars 1888) sur l'état sani-
taire de Gennevilliers et autres lieux arrosés à l'eau d'é-
gout.
La plaine irriguée (étendue irriguée, 600 hectares) se
trouve située dans la presqu'île de Gennevilliers formée au
nord de Paris par une boucle de la Seine. La petite ville
de Gennevilliers est située au milieu de ce vaste champ
d'irrigation, et les villes d'Asnières et de Colombes y sont
enclavées par leur côté est et leur cùté nord. La totalité de
la plaine reçoit en moyenne, par jour, 85000 mètres cubes
d'eau d'égout (sur 300000 mètres cubes que produit la
ville de Paris). La plaine irriguée est entièrement drainée;
120 — W 8
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 2^2 Février 1889
la quantité d*eau qui sort des drains est incomplètement
connue (les compteurs trouvent 18000 mètres cubes d*eau
par jour). Cette eau est aussi limpide que l'eau de roche.
On sait combien a été discutée Tinfluence des irrigations
sur l'état sanitaire. Notre tableau III montre que celte
influence est nulle. Les maladies épidémiques (1) ne sont
ni plus rares ni plus fréquentes dans la plaine irriguée
qu'elles ne le sont dans le reste de l'arrondissement de
Saint-Denis. La rougeole y est même plus rare. D'autres
maladies (et notamment la pneumonie) sont plus rares à
Gennevilliers qae dans les autres communes du nord de
Paris et en somme la mortalité y est plus faible. Il va
de soi que ces heureux résultats ne viennent pas des
irrigations, mais seulement de ce que Gennevilliers,
Asnières, Colombes ne sont pas habités par une popula-
tion vouée à la grande industrie, comme le sont Saint-
Denis, Clichy, etc.
TABLEAU UL — Sur 10000 habitantSy combien de décès
causés par chaque maladie?
MALADIES CAUSES DB MORT.
Fièvre typhoïde
Variole
Rougeole
Scarlatine
Coqueluche
Diphthérie
Phthisie et autres tuberculoses.
Tumeurs (cancer, etc.)
Méningite simple
Apoplexie cérébrale, paralysie,
ramollissement
Maladies organiques du cœur...
Pneumonie et bronchite aigué. .
Bronchite chronique
Diarrhée (athrepsie, etc.)
Fièvre et péritonite puerpérales.
Autres maladies puerpérales. . .
Débilité congénitale
Sénilité
Suicide
Aulres morts violentes
Autres causes de mort
Causes inconnues
Total des décès pour 10 000 hah. iÔÔ" 257 !2i)2 "^
Tel est renseignement qui ressort de ce tableau. Il
ressort avec la même netteté des chiffres relatifs aux
années 1885 et 1886. Ce qui fait leur intérêt, c'est leur
monotonie ; les mêmes chiffres se retrouvent à chaque
colonne, montrant ainsi qu'ils ne sont en rien influencés
par les irrigations.
Peut-être répondra-t-on que Peau d'égout ne contamine
pas Pair (parfaitement inodore, soit dit par parenthèse) de
la région irriguée, mais qu'elle souille les légumes qu'elle
arrose; que ce sont ces légumes que Ton doit mettre. en
suspicion légitime; que ces herbes transportées à Paris
pour y être vendues, peuvent porter sur elles quelque mi-
crobe malfaisant et donner la fièvre typhoïde à ceux qui
(i) Naturellement les individus domiciliés dans les communes suburbsincs, mais
morU à Paris, ont été comptés comme s'ils étaient morts à leur dmoicilc.
GENNKVILLIKRS
AUTIIES COMMUNES DE
ASMÈRES
l'arronoissement
COLOMBES.
DE SAINT-OBNIS.
Total: 33 302 hab.
Total •
31i8iOhab.
■ — ^
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■ — - ""^^
, g— ^
1887.
1889.
1887,
1888.
7
7
7
6
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1
i
3
3
3
9
5
1
2
1
1
1
1
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10
12
51
46
52
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23
23
21
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30
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5
A
5
5
4
4
37
48
II
45
1
1
2
2
les mangent; que là seulement est le danger, et que su
ce danger nos chiffres ne nous fournissent aucune lumière
Mais je pense que le lieu du monde où Ton mange 1
plus de légumes de Gennevilliers doit être Gennevillier
lui-même; si donc ces légumes étaient dangereux, no
chiffres nous en auraient dit quelque chose ; or ils ne nou
montrent rien de pareil.
Jacques Bertillon.
TRAVAUX ORIGINAUX
' PailiolOfcle générale.
Sur le rôle des poisons d'origine microbienne danî
LES MALADIES INFECTIEUSES, par M. Ch. BOUCHARU.
M. Hayem a lu à l'Académie de médecine, dans la
séance du 12 février dernier, une note de M. Koussy dont
les conclusions figurent au Bulletin. Les règlements de
TAcadémie s'opposant à ce que la discussion s'engage sur
les travaux d'un savant étranger à cette compagnie tant
qu'ils n'ont pas été l'objet d'un rapport, et, d'autre part, le
rapport qui devait être lu dans la séance du 19 février
ayant été ajourné, je me décide à publier les réflexions
qui m'ont été suggérées par la lecture faite par M. Ifayein.
Les faits qui y sont relatés intéressent cette conception
nouvelle de la virulence d'après laquelle les agents pallio*
gènes des, maladies infectieuses seraient nuisibles surtout
par les matières chimiques qu'ils sécrètent. A vrai dire la
conception n'est pas nouvelle; elle a provoqué des recher-
ches déjà anciennes qui la rendaient vraisemblable ; mai<
sa démonstration expérimentale définitive est de dale
récente.
Les faits de M. Roussy n'ont trait qu'à un côté spécial
et restreint de la virulence, à l'état fébrile. Quand les pro-
messes de cette communication seront réalisées, ces faits
prendront place à la suite de ceux qui établissent déjà
aue, dans certaines maladies infectieuses, la fièvre est pro-
uite par des matières pyrétogèneSy comme on disait il y
a plus d'un quart de siècle, sécrétées par les microbes
pathogènes. Quand enfin M. Iloussy aura établi que la sub-
stance dont il parle est un corps chimiquement défini, il
aura le mérite d'avoir isole le premier l'un de ces corps
qui n'ont encore été étudiés que physiologiquemenl cl qui
donnent aux produits de sécrétion de certains microbes
leur propriété pyrétogène. Malheureusement cetle substance
n'est pas encore définie; et plus malheureusement encore
on se refuse à nous dire par quel microbe elle est fabri-
quée.
Sans m'arrêter à une question de procédure, je ne veux ,
voir dans celte communication que les promesses dont la
réalisation très désirable ne peut manquer de nous être
apportée prochainement par M. UouSsSy et à son très grand '
honneur. Us m'offrent Toccasion que je saisis d'exposer les
résultats de recherches poursuivies dans la même direc- î
tion soit par moi, soit par quelques-uns de mes collabo-
râleurs. |
Celte question de Tintoxication par les matières cbi-
miques solubes résultant de la vie des microbes a eu deux |
phases distinctes : l'une concerne la septicité, Taulre la i
virulence proprement dite. Entre les deux la distinction
n'est pas fondamentale, plusieurs microbes des pulréfac- j
tiens étant capables de s'élever à la dignité de virus.
Quand Gaspard produisait la maladie et la mort par Tin- 1
jection des matières putrides, il ne concevait comme pos- '
sible et ne discernait que l'intoxication là où d'autres, ijlus
tard, n'ont voulu voir que l'infection. Il a fallu deux tiers |
îi Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N<» 8 — 121
(le siècle pour élucider celle question qui, po«ée en 182:2, a
récuses derniers développements en décembre 1887, dans
ua mémorable travail de MM. Roux et Chamberland. Les
malières putrides, débarrassées de tout microbe, tuent par
iiuoiication ; parmi les microbes des putréfactions, les uns
peuvent être sans danger introduits dans le corps des ani-
maux vivants, d'autres sont capables de détruire la matière
ïivanle comme la matière morte ; mais ces derniers ne pro-
duisent la maladie et la mort que parce qu'ils sécrètent
dans l'économie vivante les mêmes poisons qu'ils fabri-
quaient dans la matière morte.
Pour les maladies virulentes proprement dites, la question
s'est posée dans les mêmes termes.
Le 15 avril 1878, M. Toussaint formule, à titre de pure
hypothèse et sans preuve, l'idée que la bactérodie charbon-
neuse secrète une matière loxinue, soluble, phlogogène.
Le iO novembre 1879, M. Cnauveau invoque la même
\^k pour expliquer des faits constatés expérimentalement :
le (liarbon qui tue nos moutons indigènes rend seulement
nialades les moutons algériens; M. Chauveau pense que ce
malaise éprouvé par les moutons algériens est dû à un poi-
son soluble fabriqué par les bacléridies.
llfallait vérifier expérimentalement celte hypothèse. C'est
ee qu'avaient fait déjà, en 1878, et avecun résultat négatif,
)iM. Tiegel et Zahn qui, injectant la culture charbonneuse
lillréc constatèrent qu'ils ne provoquaient aucun trouble
morbide.
Le 3 mai 1880, M. Pasteur fournît le premier document
e\périmental favorable à cette théorie : il injecte à une poule
l'exlrail de 120 centimètres cubes de culture filtrée du
choléra des poules, l'animal reste pelotonné et somnolent
comme les poules inoculées avec le virus. Ces symptômes,
à vrai dire, ne sont pas bien spéciaux ; l'expérience prouve
au moins que l'extrait de la culture d'un microbe pathogène
peut élre toxique.
Le 20 novembre 1880, M. Chauveau reproduit avec plus
de fermeté son hypothèse en vue d'expliquer les phéno-
mènes morbides graves provoqués chez des moutons réfrac-
taires par l'injection de 15 à 70 centimètres cubes de sang
charbonneux renfermant jusqu'à deux cent milliards de
bactéridies.
L*idée que la virulence consiste en une intoxication par
des poisons que sécréteraient les microbes se faisait vrai-
î^emblable mais ne s'imposait pas encore.
En novembre 1884, j'ai démontré que si l'on injecte dans
les veines du lapin l'urine de l'homme cholérique filtrée
ou cbautTée, on produit, indépendamment des phénomènes
propres à l'injection de l'urine normale, certains effets spé-
ciaux singulièrement analogues aux symptômes cholériques:
cyanose des muqueuses, hypothermie considérable, crampes
des membres postérieurs, diarrhée d'abord stercorale, puis
blanchi'ilre et rougeâtre avec desquamation de Tépilhélium
intestinal, absence de bile dans l'intestin et distension de
la vésicule, albuminurie progressivement croissante abou-
tissant à l'anurie, enfin la mort après trois ou quatre jours
de maladie. Ce n'était pas le choléra, c'était une mtoxication
à son image. Le poison cholérique était démontré ; il était
sécrété par le microbe palhogène ou par les cellules
humaines aux prises avec ce microbe. Je posai l'alternative
sans la trancher auand je communiquai ces faits au Congrès
de l'Association trançaise pour l'avancement des Siences,
tenu à Grenoble en septembre 1885.
Parmi les alcaloïdes fabriqués parles microbes, il en est
un que M. Briegera extrait en 1885de la culture du bacille
d'Eberth: c'est la typho-toxine qui produit une intoxication
dont quelques caractères rappellent certains symptômes ou
accidents de la fièvre typhoïde de Thomme. Il n'est pas
démontré que cette substance soit le vrai ou le seul poison
lyphique, mais il y avait dans celte constatation une raison
de plus de soupçonner que dans les maladies infectieuses
certains phénomènes morbides sont d'ordre toxique et que
le poison est sécrété dans le corps de l'individu malade par
le microbe pathogène.
La démonstration expérimentale de la réalité de cette
opinion a était faite d'une manière définitive par M. Char-
rin, dans mon laboratoire. M. Charrin avait établi que si
l'on inocule au lapin le bacille pyocyanique de manière à
ne pas produire une mort rapide, soit qu'on ait conféré à
l'animal un certain degré d'immunité par une vaccination
antérieure, soit qu'on choisisse un microbe peu virulent,
soit qu'on injecte la culture de ce microbe en petite quan-
tité, soit enfin qu'on l'introduise sous la peau et non dans
les veines, on produit la fièvre, la diarrhée, l'albuminurie,
l'amaigrissement, une monoplégie ou une paraplégie spas-
modique sans lésions anatomiques nerveuses ou muscu-
laires, la paralysie vésicale et la mort, tout cela évoluant
en un temps qui peut varier de quinze jours à plusieurs mois.
Dans une note publiée le 24 octobre 1887, M. Charrin a
montré que ces symptômes, y compris les paralysies spas-
modiques, peuvent être provoqués chez le lapin par l'injec-
tion de cultures pyocyaniques débarrassées de tout microbe
par le filtre ou la chaleur.
Ces poisons morbides que le bacille pyocyanique fabrique
ainsi in vitro, il les sécrète aussi dans le corps des ani-
maux inoculés. Je l'ai démontré le 4 juin 1888, en recueil-
lant les urines des animaux atteints de la maladie pyocya-
niaue et en injectant ces urines dépourvues de tout microbe
à des animaux sains. J'ai reproduit ainsi les symptômes
caractéristiques de la maladie pyocyanique y compris les
paralysies spasmodiaues.
Mes injections d urines cholériques avaient démontré
deux choses : elles établissaient l'existence de poisons mor-
bides dans certaines maladies infectieuses, poisons aux-
quels sont dus les principaux symptômes de ces maladies;
elles prouvaient de plus que l'économie est capable de se
débarrasser de ces poisons, qu'elle les élimine par les
émonctoires, spécialement par les reins. Mes injections
d'urines pyocyaniques prouvaient que ces poisons morbides
éliminés par les urines étaient d'origine microbienne,
fabriqués dans l'organisme animal infecté comme ils le
sont m vitro,
MM. Charrin et Armand Rûffer ont apporté un surcroît
de preuves à cette manière de voir, dans une communica-
tion en date du 13 octobre 1888. Ils injectent à un lapin
sain la culture chauffée et filtrée du bacille pyocyanique,
recueillent ses urines et les injectent à un autre animal
sain; ils voient se développer chez ce dernier animal les
symptômes de la maladie pyocyanique et en particulier
une monoplégie spasmodique.
La réalité de Texistence de poisons morbides fabriqués
par les microbes que M. Charrin avait démontrée pour la
maladie pyocyanique en octobre 1887, a été prouvée égale-*
ment par MM. Roux et Chamberland pour la gangrène ga-
zeuse en décembre 1887; par MM. Cnantemesse et Widal
Cour la fièvre typhoïde en février 1888 ; par MM. Roux et
ersin pour la diphthérie en décembre 1888. J'avais moi-
même, au commencement de cette même année, démontré
que si les cultures charbonneuses semblent n'être pas
toxiques, il y a dans la sérosité de l'œdème charbonneux,
une matière éminemment vénéneuse.
A ne considérer que l'état fébrile, élément important
mais contingent de la virulence, et qui est seul visé dans la
note de M. Roussy, on soupçonnait depuis longtemps qu'il
pouvait être produit, dans les maladies infectieuses, par des
substances solubles, et, à ce point de vue, 0. Weber, dès
1864, avait déjà distingué les matières pyrétogènes des
matières phlogogènes. La réalité de cette hypothèse a été
surabondamment démontrée par M. Chauveau, dans ses
injections de matières putrides stérilisées.
122
N» 8 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Février 1880
Ces expériences, à ia vérité, ne prouvaient pas que cette
matière soluble pyrétogène fut d'origine microbienne, car
les extraits des tissus d'animaux sains, non putrides, peu-
vent provoauer la fièvre. Le ferment soluble de la coagula-
tion, introduit dans les veines, peut élever la température
jusqu'à 44 degrés, et MM. Charrin et Armand Rûffer ont
établi que le bouillon ordinaire, non altéré, introduit dans
les veines ou sous la peau, produit un accès fébrile avec
élévation thermique de 2 degrés, dont l'évolution totale
peut varier de huit à douze heures. Il y a des substances
d'origine végétale, des alcaloïdes en particulier, qui pro-
duisent la fièvre : la vératrine, la cocaïne, par exemple.
Le même effet a été obtenu avec des alcaloïdes d'origine
putride. C'est ce qu'a vu M. Brieger, à la suite de l'injection
de la mydaléine. Mais, comme cette substance a été extraite
non de cultures pures mais de tissus animaux putréfiés, on
pourrait peut-être, à la rigueur, prétendre que son origine
microbienne n'est pas absolument démontrée. Les expé-
riences faites dans mon laboratoire, par MM. Charrin et
Armand Rûffer, communiquées le 1" février 1889, démon-
trent d'une manière décisive qu'un microbe pathogène,
même cultivé dans un milieu inerte, produit des substances
qui, injectées à l'animal sain, donnent lieu à un état fébrile
cyclique, avec élévation thermique de 2%5, avec acmé au
bout de trois heures, et avec une durée totale qui peut
atteindre et dépasser quarante-huit heures. C'est avec la
culture stérilisée, chauffée et filtrée du bacille pyocyanique
que ces résultats ont été obtenus.
Nous avons la pensée, mes collaborateurs et moi, que les
choses se passent de la même façon dans la pathologie
humaine ; que les poisons pyrétogènes peuvent être sécrétés
dans le cours de certaines maladies infectieuses, et qu'ils
peuvent s'éliminer par les urines comme les autres poisons
normaux ou pathologiques. En effet, tandis que les urines
normales, comme je l'ai établi, sont hypothermisantes,
MM. Charrin et Armand Rûffer ont reconnu que l'injection
de Turine des animaux pyocyaniqucs provoque la fièvre, et
la même constatation *a été faite avec l'urine d'un malade
atteint de pneumonie tuberculeuse.
Sémélologle.
Note sur l'exploration manuelle du rein,
par M. le docteur Franlz Glénard.
Les résultats que l'on peut obtenir, grâce à l'exploration
manuelle du rein, sont, de jour en jour, plus appréciés,
non seulement en médecine, mais encore en chirurgie.
Dans l'une de ses dernières cliniques {Gaz. Iiebd.y p. 88),
M. le professeur Guyon qui, depuis plus de vingt ans,
a fait connaître et perfectionné les procédés d'exploration
destinés à déterminer la sensibilité du rein, ses varia-
tions de volume, sa mobilité, ses déplacements, etc., a
bien voulu parler de mes recherches à cet égard. Je
me considère dès lors comme autorisé à préciser encore
ce que j'ai désigné sous le nom àepalpation néphroleptique
et à appeler l'attention des lecteurs de la Gazette hebdoma-
daire sur les résultats que peut donner cette palpation.
Comme il arrive souvent que 1 on me cite parmi ceux qui se
contentent de l'exploration du rein à I aide d'une seule
main, je crois devoir tout d'abord reproduire ici la des-
cription que j*ai souvent donnée de l'exploration néphro-
leptique. «: J'élreins (1) largement et solidement de la main
gauche, — pour la recherche du rein droit, — pouce en
(1) F. Glénard, A propo* d'un eaê de neuraslh'sie gastrique {entéronéphropiote
traumaVque). Diagnostic de Ventéroptose. Conférence clinique faite à l'HôlcI-
Dicu de Lyon le 8 mars 1887. Province médicale, 18 avril 1837 el n" suivants.
avant, médius en arrière, la zone des parties molles immé-
diatement sous-jacente au rebord costal. Les doigts forment
ainsi un anneau étroit, qui sera complété à sa partie interne
en arrière par la colonne vertébrale, en avant j)ar la main
droite; celle-ci déprime en effet la paroi antérieure dans le
prolongement de l'extrémité du pouce gauche, oui se trouve
à la hauteur et au-dessous de l'extrémité de la neuvième
côte droite..., la main droite étant chargée surtout de
déprimer, le pouce gauche surtout chargé de palper. C'est
à ce pouce gauche que doit être dévolu le rôle intelligent...
Lorque la néphroptose parait avoir atteint la limite infé-
rieure de son incursion, — sous l'influence d'une forie
inspiration, on augmente brusquement la constriciion
exercée à travers les tissus par les doigts, en rapprochant le
plus possible l'une de l'autre les extrémités du médius ot du
ponce gauche. Pendant ce temps la main droite veille à ce
que la ptôse ne soit pas déviée vers la ligne médiane et
n'échappe ainsi à la pression ou à la préhension de la inaiu
gauche. :»
Sur un sujet à ventre un peu gros, la manœuvre que
je viens d'indiquer peut, il faut en convenir, devenir infi-
dèle, mais c'est à la condition que ce ventre soit non seulement
gros, mais tendu; car si le ventre, tout en étant gros est en
môme temps flasquç et dépressible, le pincement de Glé-
nardj comme dit M. le professeur Guyon, est encore réali-
sable. Il n'est réellement infidèle que si le ventre est gros
et tendu. Or, dans des cas pareils, aucun procédé ne peut
éclairer la mobilité du rein.
Je n'ai d'ailleurs jamais prétendu sentir rexlrérailé infé-
rieure du rein passer et repasser dans l'anneau vivant que
forme la main. Bien au contraire, je me suis exprimé de la
manière suivante, relativement au premier degré que je
propose d'admettre dans la mobilité du rein (néphroptose):
<ic II est évident, ai-je dit, que ce diagnostic du premier
degré ou pointe de néphroptose serait contesté par tout
médecin qui serait appelé à le contrôler sans avoir déjà,
par devers lui, une grande expérience de la palpation du
rein mobile. Car, dans ce cas, on ne sent que le pôle infé-
rieur du rein. Il ne s'agit plus ni de capture, ni ae sillon;
c'est à la fln du temps d'affût, au moment où Ton espère
saisir la ptôse, que l'on sent profondément un corps orbe.
lisse, dur, du volume d'une noix, qui, sous l'influence de la
pression brusque, exercée par les extrémités du médius et
du pouce gauche (pour le rein droit), saute comme une bille
et s échappe en haut, en laissant aux doigts une sensation
analogue à celle qu'ils éprouvent lorsqu'ils viennent de
projeter par pression un noyau de cerise. Telle est pour moi
ta pointe de néphroptose ou néphroptose du premier degré,
car on ne peut atteindre le rein à tétat normal. »
La preuve que telle est bien ma manière de voir, c'est que
j'ai publié la statistique suivante : sur une série de 950 ma-
lades, atteints de troubles divers des fonctions digestives el
chez lesquels j'ai cherché délibérément la mobilité du
rein par le procédé que je recommande, j'ai trouvé 145 as
de rein mobile à divers degrés et, sur ces 145 cas, 62 cas
seulement des premier et deuxième degrés réunis, -; l6
deuxième degré de néphroptose se distinguant du premier,
parce que l'on peut retenir « capturer », entre les doigts, le
rein que vient d'abaisser l'inspiration, tandis qu'au premier
degré il est si peu abaissé qu'il glisse en haut sans pouvoir
être retenu; se distinguant du troisième degré, parce que
dans celui-ci on peut pincer Thypochondre au-dessus du
rein et déprimer un sillon entre le rein et le foie. En
somme, je n'ai pu déceler nettement ces deux premiers
degrés de mobilité (néphroptose) du rein, que 62 fois sur
950 malades (1). Cette faible proportion des cas dans
lesquels on l'observe, les degrés insensibles que Ton note
(1) Celle statistique acqaiorl une singulière valeur do ce fait que, «ur une
seconde série de 4i3 malades, j'ai trouvé G7 cas de néphroptose et, sur r<V'*
07 cas, non seulement la même proportion relativement au sexo, m.iis la mémù
ii Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N'» 8
123
en clinique entre la mobilité légère (néphroptose du
premier degré) dans un cas et la mobilité extrême
inéphroptose du quatrième degré); dans un autre cas,
eiiGn, les traits manifestes de parenté que Ton observe dans
rallure du syndrome (entéroptose) chez les divers malades,
présentant des degrés variés de néphroptose, autorisent à
dire, d'abord que c'est bien le rein que l'on fait c sauter »
lorsqu'on atteint cette petite tumeur mobile, et ensuite que,
paisqu*il est atteint par les doigts, c'est qu'il a une mobilité
anormale et qu'il est déjà proiabé; sinon, on ne l'atteindrait
pas, ce qui est la règle, ainsi que je m'en suis assuré chez
les sujets bien portants, quelque maigre et flasque que soit
leur abdomen.
Tels sont les seuls points au sujet desquels j'ai cru devoir
insister dans cette courte note. lis se rapportent à des
faits cliniques aisés à vérifier et qui, en raison de Timpor-
tance qui s'attache aujourd'hui aux recherches de ce genre,
me paraissaient devoir être rappelés.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOPITAL DE LA CHARITÉ. — M. LE PROFESSEUR POTAIN.
Traliemeni dea ttenlaa.
Après avoir insisté sur les difficultés que présente parfois
le diagnostic de l'helminthiase et sur la nécessité de n'insti-
tuer une médication que lorsque Ton a reconnu la nature du
ver intestinal qu'il faut combattre, M. Potain examine
quelle est la valeur des différents txnicides. Les uns, dit-il,
agissent par traumatisme sur le ver. Ce sont les poudres de
fer, d'élain, de zinc, de charbon.
II en estd'autres qui sont des poisons chimiques, depuis
le pétrole et la noix vomique, jusqu'au cyanure de potas-
sium, que M. Peter a indiqué comme ayant, par hasard,
guéri un Américain.
Dans une autre classe, il faut ranger les stupéfiants tels
que l'acide carbonique, Téther, l'alcool. Dans quelques cas,
on a vu le parasite rendu à la suite d'une forte absorption
de liquides alcooliques. Mais ce sont là des exceptions. Les
médicaments tsenicides sont en général des spécifiques. En-
core la plupart d'entre eux donnent-ils des résultats médio-
cres. Trois des principaux appartiennent à la matière médicale
exotique. C'est d'abord le Mucenna, sorte d'acacia dont on
donne l'écorce en poudre et qui serait très utile en Afrique ;
en France, les résultats sont beaucoup moins beaux, et on n'a
guère à enregistrer que des revers. Vient ensuite le kamala,
qui provient du fruit d'une euphorbiacéc de l'Inde; on en
administre 12 grammes dans un purgatif huileux. Jadis en
pruporlion relativement aux degrës de la népliroptose. Je ne m'attendais vmimenl
l»as à une aussi exacte confirmation :
Proportions relative» à la fréquence, à la répartition, tuivant Us axes et au
degré de la néphroptose {rein mobile) dans les affections chroniques de
VapparcU digestif observées à Vicl^y.
Séri«> I: 950 ca« observés, 145 népliroploscs, 15,2 pour 100.
Série II : 423 cas observés, 67 néphroptoics, 13.4.
Proportion des néphroptoses relative au sexe.
Série I: 145 nëphroptoses, 198 femmes, 88,S pour 100.
Série 11 : G7 néphroptoses, 5'J femmes, 88,0 pour 100.
Proportion des néphroptoses relatives au degré.
Série I: 145 néphroptORes, 47 premier et deuxième degrés, 2i pour 100.
St'rie II: 67 néphroptoses, 21 premier et deuxième degrés, 31 pour 100.
Oa pcui donc considérer comme exactes (au moins pour lu clinique de Vichy où
e-^ observations ont été relevées) les proportions suivantes, basées sur l'examen
de 1373 malades (077 hommes, 606 femmes).
Sar 100 malades, il y a 14 cas de néphroptose (rein mobile).
Sur 100 cas de néphroptose, il y a 88 femmes et 12 hommes.
Sur 100 cas do néphroptose, il y a 32,5 cas de néphroptose dos premier et
deuxième degrés.
o(leur de sainteté, ce médicament est aujourd'hui délaissé.
Vient enfin le kousso qui, pendant quelque temps, a été à
peu près le seul médicament prescrit en France. On fait
macérer puis infuser les fleurs de cet arbrisseau à la dose
de 20 grammes, et on avale le mélange. L'activité des fleurs
mâles et femelles difl'ère ; telle est là peut-être la cause de
la variabilité des résultats obtenus. La préparation est
d'ailleurs nauséeuse. On a alors essayé de granuler le mé-
dicament, mais il faut avaler 48 grammes de ces granules
pour ne prendre que 16 grammes de fleurs. Sur 737 cas,
Bérenger-Féraud n'a relevé que 07 succès, soit 1 pour 10.
En Abyssinie, le kousso est très employé, mais ce n'est
pas pour se guérir du parasite qu'on l'emploie. Les Abys-
siniens se contentent d'en évacuer une partie. Le ver se
régénère peu à peu et sa présence provoque des contrac-
tions intestinales favorables contre la constipation qui
est, chez eux, endémique. Parmi les médicaments tirés
de plantes indigènes, il faut citer, en première ligne,
la fougère mâle. Son rhizome renferme une huile volalile
qui s'emploie sous forme de poudre ou d'extrait élhéré. On
prescrit d'ordinaire 4 grammes de poudre en suspension
dans une potion. Trousseau donnait à la fois l'extrait et la
rioudre et terminait par trois gouttes d'huile de croton :
'application du traitement était difficile.
Il faut préférer les capsules contenant de l'extrait éthéré
etducalomel; mais pour réussir il faut en avaler 16 au
moins, ce qui complique le traitement. De plus, il est
certain que si certaines plantes sont actives, comme celles
que l'on recueille dans les Vosges, il en est d'autres qui
restent inactives, par exemple celles de Normandie.
La graine de courge vient ensuite. On doit employer les
graines du potiron commun, les autres sont inactives ou
mal connues. La partie utile serait le péri«perme qui ren-
ferme une sorte de résine verdàtre; cependant quelques
médecins ou eu moins de succès avec ce pcrisperme. il faut
donc mieux employer les graines, mais après les avoir
mondées ; 50 à 60 grammes de graines bien mondées
représenteront 140 grammes de semences entières. On pilera
en pâte et on administrera le médicament soit sous forme
d'êlectuaire, soit, ce qui est mieux, en émulsion dans du
lait. Ensuite, on fera prendre un purgatif quelconque.
Bérenger-Féraud a relevé 20 succès sur 349 cas, soit
4 pour 100. Mais peut-être les résultats seraient-ils plus
brillants si l'on avait soin de noter la provenance des
graines.
La racine de grenadier, déjà employée par les anciens
Romains, est l'un des médicaments to^nifuges les plus
recommandés dans ces derniers temps. On emploie l'écorce
de la racine et celle des branches en rejetant les rameaux
de l'année. Quand elle est fraîche, celte écorce est très
active ; elle s'altère, du reste, assez facilement. Cette alté-
ration spontanée se remarque pour la plupart des ta^ni-
fuges^ et c'est une des raisons pour lesquelles il vaut mieux
choisir ceux qui proviennent de plantes indigènes. Le
kamala, le kousso, par exemple, deviennent inactifs au bout
d'un an et demi à deux ans.
Pour le grenadier, on se sert de la poudre, de l'infusion,
de l'extrait. Il faut prescrire 60 grammes de poudre, prépa-
ration désagréable et peu efficace. L'infusion est plus utile
et se fait avec 60 grammes d'écorce fraîche ou sèche. L'état
de dessication importe peu parce que, s'il y a moins de sub-
stance active, il y a moins d'eau ; par contre, il ne faut
jamais employer d'écorce vieillie. On met les 60 grammes
d'écorce dans 750 grammes d'eau que l'on fait bouillir, on
laisse macérer vingt-quatre heures, puis on évapore à
500 grammes. On termine le traitement en donnant un
purgatif approprié à l'état des voies digestives du malade.
Bérenger-Féraud, sur 832 cas, a relevé 50 pour 100 de
succès. L'extrait donne des résultats médiocres. On pour-
rait essayer de l'administrer en cachets et de Aiire boire
124 — N» 8 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Févbier 1889
ensuite au malade une certaine quantité d'eau; car celte
dilution a pour objet de faciliter et de rendre plus rapide
l'évacuation du médicament dans l'intestin où il agît et
d'empêcher son absorption dans l'estomac.
Le principe actif de la racine de grenadier est la pelletié-
rine. C'est un alcaloïde liquide qui peut former un sulfate
solide. Le sulfate de pelletiérine devient actif quand il est
associé au tannin, qui le rend cependant beaucoup moins
soluble ; la nature exacte du corps qui se forme alors n'est
pas bien établie. Mais grâce à cette préparation on a obtenu
G5 et même, dans ces derniers temps, 79 pour 100 de suc-
cès. Au début, on donnait 0,70 centigrammes ; actuelle-
ment, on a reconnu que 0,30 sont suffisants. Une dose forte
est loin, en effet, d'être inoffensive. La racine de grenadier
cause des vertiges, des palpitations, de l'angoisse prêcor-
diale, des nausées, des vomissements, de la faiblesse géné-
rale, des crampes dans les membres inférieurs. Quelquefois
il y a des accidents persistants, de la paralysie tenace des
muscles intestinaux. De là la nécessité d'administrer des
purgatifs assez énergiques et d'attendre quelque temps
avant de recommencer le traitement.
Quel que soit l'anthelminthique choisi, un certain nom-
bre de précautions sont à prendre. L'animal doit être
expulsé pendant l'engourdissemenL Un purgatif prescrit la
veille a des inconvénients, car il est d'observation que,^ quand
le tc^Buia est irrité, il se cramponne davantage. On se bor-
nera donc à ordonner la diète lactée dès la veille et un lave-
ment purgatif pour vider le gros intestin. L'anthelminthique
sera donné en deux fois à une demi-heure d'intervalle et le
malade restera au lit pour éviter, autant qiie possible, les
étourdissements et les nausées. La nature du purgatif est à
peu près indifférente, mais celui-ci devra être donné après
un intervalle ni trop long, ni trop court. On le fera prendre
quand certains mouvements dans l'abdomen indiqueront
que le ver se détache, c'est-à-rdire une demi-heure à trois
quarts d'heure après l'administration du spécifique. Quand
on le donne trop tôt, le spécifique n'a pas le temps d'agir ;
3uand on le donne trop tard, le ver est sorti de son engour-
issement. Il faut bien recommander au malade de se placer
au-dessus d'un vase plein d'eau pour rendre le parasite, de
ne pas tirer sur l'animal, s'il sort peu à peu, au lieu de
tomoer en bloc. S'il tarde à sortir, on recourra à un lave-
ment purgatif. Si on échoue, il faut attendre pour agir que
le tœnia ait donné de nouvelles preuves de sa présence.
A l'occasion de celte leçon, déjà résumée dans VUnion
médicale, M. le docteur Giquel nous adresse la lettre sui-
vante :
Dans une leçon faite récemment à la Charité sur le traite-
ment des tœnia, M. le docteur Potain passe en revue les diffé-
rents médicaments qui ont été essayés pour nous débarrasser
de ces hôtes incommodes et parfois dangereux. Il y en a cin-
quante, parmi lesquels un petit nombre seulement est destiné
à rester dans la thérapeutique.
Le mucenna est inerte lorsqu'il arrive en France.
Le karoala réussit peu.
Le kousso est nauséeux et tellement répugnant que beau-
coup de malades ne peuvent le supporter. Toléré il ne donne
guère plus d'un dixième de succès.
L'extrait éthéré de fougère mâle est infidèle dans son action.
La racine de grenadier est active à Tétat frais, mais lorsqu'elle
a été conservée pendant quelque temps dans nos pharmacies,
elle est une arme insuffisante pour expulser fennemi.
Le sulfate de pelletiérine associé au tannin est d'un prix élevé
et parait, dans certains cas, aussi dangereux pour l'homme que
pour rhelminthe.
tieste la graine de courge dont on fait une pâte qui, préparée
la veille a fermenté pour le lendemain et a pris un goût de
souris devant lequel yai vu reculer des hommes résolus.
En face de ces inconvénients nombreux des tsenifuges admi-
nistrés par les vieux procédés, et après avoir éprouvé plusieur*'
insuccès, le praticien peut se trouver embarrassé. Quel médi-
cament devra-t-il proposer à un malade ennuyé de tentatives
infructueuses? Quelle forme donnerat-il à ce médicament?
Devra-t-il attendre pour agir que le ver reformé laisse échapper
des anneaux? L'observation suivante répond à ces question.
A..., âgé de vingt-deux ans, est atteint depuis trois ans de
tœnia médiocanellata dont il a vainement essayé de se déhar-
rasser en employant plusieurs ttenifuges et en particulier le
kousso et la graine ae courge. Désireux de chasser son hel-
minthe et fatigué des drogues indigestes et des purgations qu'il
avait prises jusqu'alors, il employa, d'après mes conseils, peu
de temps après une tentative dont le résultat avait été rort
incomplet, le procédé suivant : Chaque matin, on lui apportait
du marché, des graines fraîches de citrouille ; il en roettail dans
sa f)oche une poignée et fréquemment, dans la journée, il man-
geait sans compter un certam nombre de ces graines préalable-
ment décortiquées à l'aide de ses ongles. Pendant près de quinze
jours il rendit à chaque selle des fragments plus ou moins longs
de taenia et des cucuruitins isolés. Pendant la troisième semaine
de son traitement, rien de suspect n'apparaissaul dans les
garderobes, il s'en tint là. Plusieurs années ont passé depuis
ce moment et la fi^uérisou est bien acquise.
Le patient se loue beaucoup de ce mode de traitement qui
a donné un résultat vainement recherché auparavant, san^
qu'il ait eu l'ennui de prendre de nouvelles purgations et d'in-
terrompre le cours de ses occupations. Le seul inconvénient
qu'il ait ressenti de cette absorption prolongée de la graine de
courge a consisté en un peu de pesanteur d estomac lorsque la
quantité prise en un jour a été trop considérable.
De cette observation on peut conclure: 1<> Que la graine de
courge est un médicament efficace autant qu'innolTensif;
i2<' Qu'elle peut donner un résultat complet sans le secours
des purgatifs ;
3" Qu il n'est pas nécessaire d'attendre, pour l'adminislrer
utilement, que le ver soit pourvu d'un ^rand nombre d'anneaux;
4** Enfin, et c'est là le point le plus important, que lorsqu'on
n'est pas parvenu à expulser un taenia avec des doses massives
de médicament et pour ainsi dire par surprise, on peut avoir
raison de Tentozoaire par un empoisonnement chronique.
D' Giquel (de Vannes).
Nous n'ajouterons que quelques mots à la lettre de notre
honoré confrère. Dans une série d'articles publiés en 187G
(Gaz. hebdomadaire^ p. 451 et suiv.) nous avons déjà indi-
qué les avantages et les inconvénients des différents tœni-
cides et montré tout à la fois et les dangers que présente
souvent l'administration du kousso et les heureux effets que
peuvent produire les graines de courge. Nous rappelions à
ce sujet les observations d'Archambault et les recherches
chimiques de Heckel et de Vigier. Hais, dans cet article,
nous insistions surtout sur la nécessité de n'employer
jamais que de bons médicaments. La recommandation
paraît banale. El le a cependant son im portance . Si Ton échoue
si souvent, en effet, avec l'extrait éthéré de fougère mâle
où avec Técorce de racine de grenadier, c'est que Ton
emploie trop souvent des produits anciens ou mal préparés.
Il en est de ces médicaments spécifiques comme de la digi-
tale et de l'aconit. Les résultats qu ils produisent sont en
raison directe du soin que l'on a mis à récolter et à conserver
la matière première, à préparer et à administrer le médica-
ment composé. D'autre part, les différents helminthes
nécessitent chacun une médication différente; c'est pourquoi
il importe, comme Ta fait remarquer M. Potain, de préciser
le diagnostic, avant d'agir et, pour agir efficacement, de se
procurer des médicaments bien recueillis et bien préparés.
L. L.
a Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 8 — 125
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie de« Selenccs.
Nouvelles uecherches démontrant qie la toxicité
DE L*AIR expiré NE DÉPEND PAS DE L* ACIDE CARBONIQUE,
par MM. Brown-Séquard el d'Arsonval. — L'air qui sort
du poumon de l*bommeou des mammifères domestiques est
uQ air toxique. Le poison qu*il contient peut tuer les ani-
maux douze ou vingt-quatre heures après son injection sous-
cutanée, stomacale ou abdominale. La toxicité de Tair
expiré n'est pas due à la présence de microbes. Soumis à
une température de 100 degrés en vases clos, le liquide
provenant do la condensation des vapeurs, sortant avec Tair
aliuosphériquey est aussi meurtrier que lorsqu'on remploie
sans avoir été chauffé. MM. Brown-Séquard et d'Arsonval,
a^rès avoir vérifié à diverses reprises cette toxicité du poi-
âoQ pulmonaire, se sont préoccupés de démontrer que
/'acide carbonique n'est pour rien dans cette toxicité, ils
oDt employé, dans ce but, un appareil spécial composé d'une
série de vases métalliques ou étuve^ dans lesquels une
trompe aspirante fait passer un courant d'air continu qui
les parcourt successivement. Il en résulte qu'un animal
placé dans l'étuve par laquelle entre l'air extérieur respire
de l'air pur, alors que tous les autres animaux, soumis à
l'expérience dans les autres étuves, respirent de l'air de
plus en plus vicié. Il va sans dire que le dermer animal,
c'est-à-dire celui dont l'étuve avoisine le plus la trompe
aspirante, respire l'air ayant passé par les précédentes
étuves et que celui de la deuxième étuve ne respire que
Tair de la première.
Les étuves sont faites de telle sorte que les excréments,
tant solides que liquides, expulsés par les animaux, ne peu-
vent y séjourner, non plus que les débris alimentaires.
De jeunes lapins de cinq à sept semaines, mis dans
; huit vases de cette sorte, y sont morts très rapidement,
I excepté ceux qui étaient dans le premier et le second, en
appelant premier le vase par lequel l'air entre dans l'appa-
reil. La mort a eu lieu quelquefois pour le lapin des aeux
derniers vases, et même pour celui du sixième, au bout de
deux ou trois jours. Quelques lapins ont cependant résisté
quatre, cinq ou six jours dans les deux dernières étuves.
Bien qu'un peu plus tardive, en général, la mort a eu lieu
en une semaine dans le quatrième vase, et à peine quelques
jours plus tard dans le troisième. Les lapins des cages i
el :î ont survécu très longtemps et ne sont morts que par
!=:uite d'un accident, le second animal montrant cependant
I que sa santé était alors très altérée.
Lorsqu'on retirait un lapin mourant de l'une des cages
3, 4, 5, 6, 7 ou 8, il revenait, en général, à la vie et mènie
â la santé, mais après un temps assez long (de cinq à dix
' ou douze jours).
' La quantité d'acide carbonique, qui était très inférieure
à I pour 100 dans la cage 2, n'a guère été au-dessus de 2
ou 3 pour 100, en général, dans les étuves de 0 à 8. Avec
une plus grande vitesse du courant d'air, il y a eu parfois
encore moins d'acide carbonique dans les dernières cages.
Il fallait cependant démontrer que l'acide carbonique
n'était pour rien dans ces intoxications successives. Or, bien
que MM. Brown-Séquard et d'Arsonval aient déjà, à diverses
reprises, démontré aue l'acide carbonique pur (non chargé
de vapeurs d'acide cnlorhydrlque) peut être inhalé en pro-
portion notable dans l'air atmosphérique par l'homme, le
chien, le lapin et d'autres mammifères ; bien qu'ils aient
pu respirer pendant plus d'une ou deux heures de l'air
contenant 30 pour 100 de CO^sans en être incommodés
d une façon man|uée, et surtout sans effet durable. Il leur
fallait, pour prouver la toxicité du poison pulmonaire,
donner des preuves plus acceptables par tout le monde*
L'absorption de l'acide carbonique par un alcali n'était
point applicable. Les alcalis absorbent, en effet, le poison
pulmonaire et purifient l'air qui passe à travers leurs solu-
tions.
« Pour arriver à notre but, disent les auteurs, nous avons
employé un moyen très simple, qui a consisté à ajouter à notre
appareil deux autres étuves semblables aux précédentes,
mais séparées des six premières par un large cylindre en
verre rempli de perles en verre imprégnées d'acide sulfuri-
que concentré. L'air sortant de la cage 6 passe dans l'inté-
rieur de ce cylindre et, après avoir été soumis à l'influence
de l'acide sulfurique, se rend dans l'une des cages addition-
nelles et de là dans l'autre, d'où il sort attiré par la trompe
aspirante. Or, l'acide sulfurique s'empare du poison pulmo-
naire et des substances organiques (quelles qu'elles soient)
qui proviennent des six premières cages, tandis que l'acide
carbonique passe librement. L'air arrivant dans les deux
nouvelles étuves est donc de l'air privé du poison pulmo-
naire, mais chargé d'acide carbonique. Or, cet air ne lue
ftas et nous avons par là, à la fois, une preuve nouvelle de
'innocuité de l'acide carboni(|ue et de la toxicité du poison
pulmonaire.
« La mort, dans ces expériences, a lieu comme dans les
cas d'injection de liquide pulmonaire dans le sang ou sous
la peau. Les symptômes qu'on observe sont les suivants : la
respiration est ralentie ; le cœur est activé ; la température
s'abaisse lentement, mais, à la fin, considérablement; de
la diarrhée survient très vite et dure tant que vit l'animal.
La mort a lieu sans agonie ou tout au moins sans convul-
sions. L'attitude du cadavre montre qu'il n'y a pas eu de
lutte ; il repose sur ses pattes repliées et sur son ventre et
son thorax, comme dans le sommeil. L'autopsie fait voir
que l'animal est mort avec ce ({ue l'un de nous a appelé
arrêt des échanges entre les tissus et le sang. Il y a du
sang rougeàtre, au lieu du sang noir qu'on trouve dans les
morts ordinaires, dans le ventricule droit; le sang, plus
abondant que dans ces derniers cas dans le ventricule gau-
che, y est rosé. L'aorte el la veine cave contiennent bien
plus de sang qu'à l'ordinaire et la couleur de ce liquide est
d'un rouge beaucoup moins noirâtre que dans la mort après
agonie. La vessie et le rectum ne se sont pas vidés. Les
poumons sont d'un rouge plus ou moins tendre. Ils contien-
nent des ecchymoses et des foyers d'inflammation, comme
chez les animaux tués par une injection da liquide pulmo-
naire dans les bronches. Ils sont aussi emphysémateux. Le
foie, les reins et les autres viscères abdominaux sont con-
gestionnés. Il y a assez souvent des hémorragies dans l'in-
testin, et quelquefois dans le péricarde.
€ On se demandera si c'est bien à un poison venant des
poumons qu'est due la mort des animaux dans ces expé-
riences : la réponse est facile à donner. Les symptômes et
l'état des organes qu'on observe après la mort se retrouvent
dans les cas de ces individus comme dans ceux des animaux
tués par une injection de poison pulmonaire dans le sang ou
sous la peau. Qu'il y ait dans l'air confiné d'autres causes
capables d'altérer la santé que le poison provenant des
poumons, nous ne voulons pas le nier ; mais il nous sem-
ble, par la raison que nous venons de donner, que c'est
surtout, sinon exclusivement, à ce poison que la mort est
due, dans notre expérience, après la respiration d'air con-
finé, pendant quelques jours. »
Des abcès spirillaires ; par MM. Ar, Verneuil et
Clado, — Poursuivant une série de recherches entreprises
dans le but de préciser le rôle des nombreux microbes que
l'on peut rencontrer dans le pus des abcès, MM. Verneuil
et Clado se sont préoccupés d'examiner au point de vue
bactériologique le contenu des abcès en communication
indirecte avec la cavité buccale ; il leur semblait possible,
a priori^ que les microbes de la salive s'engageant dans les
126
N« 8 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Février 1889
vaisseaux lymphatiques pussent parvenir jusqu'aux gan-
glions et se mélanger au pus des adénites cervicales. Or, ces
prévisions se sont pleinement réalisées dans deux cas dont
ils communiquent l'observation.
La présence dans le pus des ganglions sous-maxillaîres
de spirilles de la salive semble prouver que les microbes
de la salive, et surtout les spirilles, possèdent à un
très haut degré les propriétés phlogogène et pyrogène, sans
compter la tendance à produire des phlegmons sepliques
et gangreneux. Les adénites aiguës du triangle sous-clavi-
culaire, de l'aisselle, du pli de l'aine sont, en effet, incom-
parablement plus bénignes. Mais ce n'est point seulement
dans le système lympalhique et dans lès ganglions que la
fiénétration des fluides buccaux cause de grands désordres;
e tissu conjonctifpeut être aussi gravement atteint. On
peut observer des panaris et des phlegmons dus à Tauto-
inoculation de produits extraits des dents cariées ou de leur
voisinage. Tout porte à croire que ces accidents sont dus à
des microbes pathogènes et très probablement à des spi-
rilles.
Académie de mèdeelne.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le docteur Poncei (de Cluhy) se porte candidat au titre de correspon Jant
national dans la division de chirurgie.
M. le docteur Crouzat envoie un PU eacheti rcnrermant une note sur une
sonde dilatatrice^ à double courant, pour injectiont inlra-utérinet.
M. Moulé cnvoiâ une brochure sur let tarcoaporidiei.
^la.FUury (à Bour|;es) et Founé (à AIbi) adressent des rapports sur leurs
scrvicei départementaux des enfants assistes et de la protection des enfants du
premier âg^e en 1887.
M. le docteur J. Boeckel envoie un ouvrjge sur la résection du genou.
MM. les docteurs Weill, médecin principal de 2* classe, et Cliquet, médecin-
major de 2* classe, adressent une Note manuscrite sur une épidémie de fièvre
typhoïde dans la garni«on de Reims.
M. le docteur A^nau/, médecin-major de 2* classe, envoie le compte rendu des
vaccinations et revaccinations qu'il a faites en 1888 au 5* chasseurs d'Afrique.
M. Léon Colin présente le Traité des maladies des pays chauds, do MM. les
docteurs Kelsch et Kiener,
M. Goubaux dépose un Traité des maladies parasitaires non microbiennes des
animaux domestiques, par M. Neumann (à l'oulouse).
M. Riche présente une brochure de M. Zune sur l'analyse des eaux potables.
M. Tarnier dépose des Leçons de gynécologie opératoire, par MM. les docteurs
Vulliel et Lutaud.
M. Hérard présente, au nom de M. le docteur Garcin, une Étude sur la valeur
du traitement de la tuberculose pulmonaire par les inhalations d'acide fluor--
hydrique.
M. Dujardin-Deaumetz dépose un nouveau modèle de siphon, imaginé par
MM. Ferrand et Gœttl afin d'empêcher le liquide d'ctre en contact avec le
méul et, de la part de M. Douliot, des échantillons de biscuit préparé avec de la
fromentine.
Mortalité militaire aux colonies. — M. Rochardy à
ronos de la communication faite à la dernière séance par
'. Lagneau, fait observer que le chiffre réel de la mortalité
parmi les troupes de Tinfanlerie de marine est de
44 pour 100. Il appuie les remarques faites par M. Lagneau
en faveur des mesures propres à diminuer cette mortalité.
Ablation d'une tumeur cérébrale dans un cas d'épi-
LEPSiE, GuÉRisoN. — M. Péun, OU SOU nom et au nom de
MM. les docteurs Gilbert Ballet et Gélineau, communique
une observation d'épilepsie parlielle chez un homme de
vingt-huit ans, qui paraissait due à Texistence d'une tumeur
cérébrale siégeant au voisinage des centres moteurs du
membre inférieur droit. Une couronne de trépan fut appli-
quée, après avoir bien délimité la région ; la tumeur fut
enlevée par morcellement et la plaie suturée, puis traitée
antisepliquement. Les accidents ont disparu depuis celte
époque, soit depuis deux mois et demi.
Néphrorraphie. — A propos de deux cas dans lesquels il
a pratiqué avec succès la néphrorraphie, M. Guyon fait
connaître les raisons pour lesquelles il a fait choix de cette
opération de préférence à la néphrectomie ; il insiste sur Tin-
discutable utilité de la conservation d'un organe sain et la
bénignité relative des néph recto mi es secondaires; d'ailleurs,
dans la pyonéphrose, la mortalité de ces dernières est de
30 pour 100, tandis que celle des néphrectomies primitives
est de 40 pour lUO. L'ablation du rein ne doit être qu'une
opération de nécessité; sa fixité est l'opération de choix;
c'est à elle qu'il est rationnel de recourir tout d'abord dans
les cas où la mobilité rénale détermine des accidents non
justifiables du traitement médical ou des appareils.
Il fiiut remarquer, d'autre part, que les succès durables
appartiennent tous aux opérateurs qui ont suturé direclemenl
le rein en passant à travers sa substance. Considérant le peu
de résistance de sa capsule propre, la friabilité de son tissu,
M. Guyon, dans les deux cas précités, a passé les fils pro-
fondément et non sous la capsule, en ne comprenant qu'une
même épaisseur de tissu rénal. Aucun accident n'en est
résulté; les urines n'ont jamais été teintées ni diminuées
dans leur quantité ; il n'y a eu aucune douleur. Il a cru
également nécessaire de multiplier les points, de ri^partir
les attaches nouvelles du rein sur les deux lèvres profondes
de la plaie, de superposera la suture de fixation une sulure
de soutien et pour que la soudure réno-pariétale se fit en toute
sécurité, il a pensé que la suspension de l'organe à la der-
nière côte était nécessaire. Ce sont là les conditions de la
réussite. Il s'était enûn demandé s'il ne serait pas néces-
saire d'aviver le rein pour assurer sa fixation ; il est mainte-
nant disposé à croire qu'il suffit de mettre bien à nu la
surface à fixer.
Tétanos. — M. Trasbot ne croît pas qu'il soit possible
d'invoquer l'action des instruments tranchants comme agents
de production du tétanos; il signale de nombreux faits où
il n a pu en être ainsi. Il admet l'incurabilité de celte affec-
tion, mais il ne croit pas à son origine équine.
M. Verneuil commence une communication sur ce sujet.
Elle sera résumée lorsqu'elle sera achevée, à la prochaine
séance.
— L'ordre du jour de la séance du 26 février est ainsi
fixé: 1° rapport de M. Cornil sur un travail de M. Babès;
2° suite de la discussion sur le tétanos (inscrit : M. Verneuil^
3" lectures par M. Fort sur le traitement des rétrécisse-
ments de 1 urèthre par l'électrolyse linéaire ; par M. le
docteur Pinard sur la laparotomie dans un cas de grossesse
extra-utérine; par M. Fredet sur les accidents à la suite des
morsures de vipères.
SoctéCë de chlrarf^le.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Plaies pénétrantes de l'abdomen : M. Reclus. Discussion : BCM. Ter-
rier, Klrmisaon, Perler. Berger. Lucas-Champlonnière. Trèlat
— Résection totale de la clavicule : M. Després. Discussion :
MM. Segond. Marchand, Polaillon. — Anomalie de l'annulaire :
M. Tachard.
M. Reclus fait une communication au sujet des plaies péné-
trantes de l'abdomen par armes à feu. Il est une formule^qui
résume son opinion : s'abstenir sous le couvert d'un traite-
ment médical et n'intervenir que lorsque les phénomènes de
péritonite éclatent. Entre l'abstention absolue et Tinterven-
tion syslématicjue il y a place pour une pratique intermé-
diaire. Tout l'intérêt de la discussion porte sur le problème
suivant: l'oblitération spontanée de la plaie intestinale peut-
elle se produire assez souvent pour que le chirurgien puisse
faire fond sur elle ou bien est-ce une curiosité patholog^ique
rare et sur laquelle il n'est pas permis décompter? D'abord
M. Reclus admet que perforation de l'intestin et pénétra-
a FÉVRIER 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 8 — 127
(ion abdominales sont synonymes et coexistent toujours.
Lorsqu'il y a hématémëse. melèna, issue de gaz ou de ma-
tières par* la plaie, les adversaires de sa doctrine préten-
dent que ces symptômes sont dus à des plaies de Testomac
ou (lu gros intestin, lesquelles guérissent spontanément
d'ordinaire, tandis que les plaies de Tintestin grêle ne
guérissent pas. Il faudrait admettre, si l'on se base sur la
situation de rorifice d'entrée du projectile, nue la balle ne
dévie jamais et ensuite qu'il n'y a jamais qu un seul viscère
allelnl. Or, dans l'immense majorité des cas, les plaies sont
multiples et l'intestin grêle est presque toujours blessé.
Dansées conditions, sur 114 cas de blessures de l'intestin
par armes à feu relevés dans divers auteurs, il y eut 94 gué-
risons et ^0 morts, soit une léthalité d'environ 20 pour 1()0.
Dans sa statistique personnelle M. Relcus compte une gué-
rison sur cinq cas. Enfin il cite un exemple de plaie de l'in-
testin par coup de couteau, où trois perforations étaient
déjà oblitérées par des adhérences agglutinatives. Ce sont
^u^loQl les manipulations que l'on fait subir à l'intestin par
la laparatomie qui aggravent le pronostic et donnent des
résullals déplorables.
M. Terrier ne peut pas admettre les propositions de
H. Reclos. Une ouverture de la paroi abdominale n'en-
iraine pas une ouverture intestinale. Quand celle-ci existe,
quel que soit l'organe lésé, il faut intervenir et faire des
«sutures, car une quantité infinitésimale de matière sufiit
pour donner lieu à une péritonite septique. Si les insuccès
sont si nombreux, cela tient à ce qu'on n'a rien de prêt
dans les hôpitaux parisiens. On ne peut juger la question à
riieure actuelle.
M. Kirmisson. Etant donnée une plaie de Tépigastre ou
des flancs on est en droit de supposer une plaie de l'esto-
mac ou du gros intestin, tandis que dans toute plaie de la
région périombilicale, fatalement l'intestin grêle est lésé.
M. Périer a soigné un malade ayant reçu un coup de
fOQteau dans le ventre et auquel il signa son exeat au bout
de douze jours, persuadé qu'il n'avait pas eu de perforation
intestinale. Quelque temps après il fut ramassé dans la rue
et mourut de péritonite suraiguë en huit heures. M. Brouar-
dti, qui fit l'autopsie, trouva deux anses perforées.
M. Berger cite un cas d'un médecin russe, Constantin
Koibin, où l'issue par la plaie de matière liquide jaunâtre
ne permettait pas de douter d'une blessure de l'intestin
grêle. Le malade refusa l'opération et guérit en cinquante
jours.
M. LucaS'Champiomiière ne peut accepter qu'il y ait
plaie de l intestin toutes les fois qu'il y a un trou par coup
de fea sur le ventre.
M. TrélaU II n'est pas exact de dire que des matières
liquides sortant par une plaie proviennent de l'intestin
grêle: le cœcum en fournit de semblables. L'opinion uni-
voque de tous les chirurgiens est que l'ouverture de l'intes-
tin dans la cavité péritonéale met le blessé dans une situa-
tion des plus graves. Enfin il n'y a pas que les conditions
de matériel qui soient insuffisantes dans les hôpitaux;
celles du personnel le sont également.
M. Recltis. Le simple aperçu de la plaie de la paroi
abdominale doit suffire comme indication aux laparato-
inistes, puisque s'ils attendaient un autre signe de perlora-
lioa ils opéreraient trop tard. Un bouchon septique n'in-
fele pas fatalement tout le péritoine ; il peut faire naître
des adhérences qui limitent l'envahissement et c'est pré-
cisément parce qu'il y a un grand nombre de cas où la
nature empêche cette affusion qu'il est préférable de s'ab-
slenir.
M. Terrier. M. Reclus croit que la laparatomie aggrave
la situation; M. Terrier pense au contraire qu'il faut faire
tous ses efforts pour fermer toutes les plaies.
— M. Després présente une pièce résultant de l'ablation
totale de la clavicule pour un ostéosarcome chez une jeune
fille de quatorze ans. Il a employé le procédé de Chassai-
gnac, qui consiste à scier l'os en son milieu et à détacher
successivement chaque moitié.
M. Segond a enlevé une clavicule passée pour ainsi dire
tout entière à Télat d'ostéosarcome en faisant basculer l'os
de dehors en dedans. La tumeur examinée au laboratoire
de M. Trélat fut qualifiée de cancer de la clavicule. Le
malade mourut au neuvième jour, guéri de sa plaie opéra-
toire, mais avec un énorme cancer primitif du rein gauche.
M. Marchand a enlevé la presque totalité de la clavicule
pour une tumeur que l'histologie montra être du carcinome.
Le malade guéri succomba par la suite à une hématémèse
foudroyante dont un cancer de l'estomac devait être l'ori*
gine.
U.Polailloîi a publié dans les bulletins de la Société de
chirurgie un cas d'ablation de la clavicule pour ostéosar*
corne. Le malade mourut pour ostéosarcome du fémur.
M. Després pense qu'il faut enlever la totalité de l'os et
que l'opération est singulièrement facilitée par la section
préalable en son milieu.
— M. Tachard lit une observation d'anomalie congéni-
tale de l'annulaire consistant en une simple hypertrophie
graisseuse déformant le doigt et empêchant ses fonctions.
Paul V1L1.EMIN.
SoeléCé de fetoloi^le.
SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Présentation d'ouvrage : M. Malassas. -^ Des variations de l'hémo-
globine ohez les hystériques et les épileptiques : M. FérÂ. — De
l'état mental aux approches de la mort : M. Féré. — Procédé
d'étude pour les phénomènes vaso-moteurs : M. Gley. — Sur la
sorUe des globules polaires de l'œuf : M. Oiard. — Troubles tro-
phiques consécutifs à. la section du trijumeau : M. Laborde. --
De la présence dans le sang des substances vaccinantes : M. Char-
rin. — Influence des hautes pressions sur les phénomènes de
putréfaction : M. Regnard.
M. Malassez présente, de la part de MM. Kelsch et Kiener^
un ouvrage intitulé : Traité des maladies des pays chauds.
— M. Féré a étudié, au moyen des procédés hématoscopi-
ques de M. Hénocque, la durée du temps de réduction de
Toxvhémoglobine chez les hystériques et chez les épilep-
tiques. Il a constaté l'existence chez les hystériques de dif-
férences latérales notables : ainsi du côté aneslhésié le
temps de réduction est plus long. Les excitations périphé-
riques, les émotions, le sommeil font varier ce temps dans
des limites assez étendues. Chez les épileptiques, il a vu à
la suite des accès eu série diminuer 1 oxyhémoglobine.
— M. FéJ'é rapporte quelques faits intéressants concer-
nant l'ékat mental aux approches de la mort.
— M. Gley décrit un procédé permettant la destruction
complète de la moelle, sans hémorrhagie, chez les mam-
mifères. Grâce à l'emploi de ce procédé, il a pu étudier dif-
férents phénomènes vaso-moteurs indépendamment de
toute influence nerveuse d'origine centrale : c'est ainsi
que dans ces conditions la strophantine produit encore une
vaso-constriction générale très nette. De cette façon il est
donc facile de séparer dans la production des actions vaso-
motrices ce qui revient au système nerveux bulbaire et aux
centres médullaires des variations d'origine exclusivement
128 — N- 8 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Février 1889
périphérique. M. Gley a entrepris également au moyen de
ce procédé de vérifier sur les mammifères les expériences
bien connues d'Huizinga sur la grenouille sur le rôle
réflexe des ganglions sympathiques.
— M. Giard étudie la signification du phénomène que
Ton décrit sous le nom de sortie des globules polaires. Il
s'attache à montrer que ce fait, auquel on a donné surtout
jusqu ici une explication physiologique, peut recevoir une
explication morphologique; il le considère comme repré-
sentant chez tous les métazoaires, en vertu des rapports qui
unissent Tontogénie à la pliylogénie, le stade de proto-
zoaire.
— M. Laborde présente un lapin chez lequel, à la suite
de la section intra-crânienne du trijumeau, sont survenus
des troubles trophi<iues de rœil qui ont manifestement
débuté par la profondeur et un développement des plus
exagérés des dents.
— M. Charrin a trouvé dans le sang des lapins inoculés
avec le bacille pyocyanique les substances vaccinantes
contre la maladie elle-même; mais elles ne font sans doute
que traverser ce milieu, car elles sont moins actives que
les matières solubles sécrétées par les microbes, il en faut
une bien plus grande quantité pour vacciner. Ainsi d'ailleurs
le bacille lui-même séjourne peu dans le sang.
— M. flegfWrtrd a soumis des morceaux de viande à une
pression de 600 atmosphères et a vu que la putréfaction ne
se produisait pas, même au bout de quarante jours. On ne
peut cependant conclure de cette expérience que les corps
qui tombent au fond de la mer ne se putréfient pas, car
nous ne savons s'il n'existe pas dans les grands fonds des
microbes qui, habitués a cette vie sous haute pression, ne
peuvent produire la putréfaction.
Société de thérapeutique.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. FERNET.
Appareil pour lavage de la vessie sanv sonde : M. Duran (d'Am>
boise) (Discussion: MM. G. Paul, Dujardin-Beaumets). — NouveUe
préparation d'huile grise pour injections hypodermiques: M. P.
Vigler (Discussion: MM. Mayet. Boymond).
VL. Duran (d'Amboise) présente un appareil qu'il a inventé
pour pratiquer le lavage de la vessie sans sonde ; c'est une
sorte d'irrigateur donnant, sous une pression réglable à
volonté, un jet mince de liquide à l'extrémité d'une canule
uréthrale en gomme. Un robinet permet de suspendre ou
de rétablir Técoulement. L'auteur en a obtenu sur lui-même
d'excellents effets et a même pu déterminer des contrac-
tions vésicales suffisantes pour amener Texpulsion de
graviers.
M. C Paul rappelle que M. BertoUe a cherche, il y a une
vingtaine d'années, à pratiquer le lavage de la vessie sans
sonde; depuis loi's, on a inventé dans ce but un certain
nombre d'appareils qui ont tous été successivement délaissés.
Il demande en quoi l'appareil de M. Duran (d'Amboise) est
supérieur à l'irrigateur ordinaire.
M. Duran répond que l'irrigateur est difficile à nettoyer
et que, de plus, il développe une pression invariable qu'on
ne peut réglera volonté, ce qui est un gros inconvénient en
présence d'une tolérance vésicale absolument variable d'un
sujet à l'autre.
M. Dujardifi'Beaumetz rappelle, comme M. C. Paul, que
des tentatives assez nombreuses dans cette voie se sont suc-
cédé sans obtenir un grand succès. D'ailleurs M. Guyon et
les autres chirurgiens s'occupant spécialement des voies
urinaires paraissent avoir définitivement repoussé la mé-
thode comme offrant des inconvénients graves, et en parti-
culier celui de ne pas laisser apprécier la résistance de lu
vessie dont on juge mieux avec la seringue adaptée à une
sonde. On doit donc se montrer très circonspect en pareil
cas, lorsque l'on voit les maîtres les plus compétents recou,
rir à d'autres procédés.
— M. P. Vigier fait connaître un nouveau mode de pré-
paration de l'huile grise pour injections hypodermiques
mercurielles. (Voy. le n° du 1'' février, p. 69.)
M. M ajf et demdinAe s'il n'y a pas inconvénient pour des
injections hypodermiques à employer de l'onguent mercu-
riel qui présente toujours un certain degré de rancilé.
puisque l'on se sert de graisse légèrement rance afin
d'étemdre plus facilement le mercure.
M. Viqier n'a rien à craindre de semblable car il
n'emploie pas de graisse rance et se sert d'onguent mcrcu-
riel très frais. On éteint rapidement le mercure dans la
graisse fraîche en utilisant la teinture éthérée de benjoin.
M. Boymond croit qu'on a proposé, en Allemagne, pour
la préparation de l'huile grise, d'éteindie directement le
mercure dans la vaseline au moyen de la teinture éthérée
de benjoin.
M. P. Vigier a essayé ce procédé, qui est de Neisser (de
Breslau), mais il doit déclarer qu'il n'a pas réussi.
— Congrès de thérapeutique. — M. Dujardin-Beaumelz
annonce à la Société que le Congrès se réunira du T' au
5 août. Les séances auront lieu le matin et le soir. Le>
questions proposées sont : l*" antithermiques et analgési-
ques ;!2° toniques du cœur; 3° parasiticides des microbes
pathogènes ; 4° nouvelles drogues végétales.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
André Petit.
Soelété anatomlqae.
SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. -— PRÉSIDENCE
DE M. CORNIL.
M. Darier: Note sur un kyste épidermique de la paume
du pouce.
— M. Louis Wickham présente un anévrysme de ïaovle
ayant perforé le sternum.
— M. /. Reboul décrit une artropalhie tabétique du
genou. Les lésions des nerfs sont nulles.
— U.G.Poupinel présente une tumeur kystique maliyne
de l ovaire où l'épithéliome s'associe au kyste dermoïde.
— M. H. Delagènière communique un fiiit de cureradi^
cale d'une cystocèle inguinale.
— M. Chipault fait voir une hernie para-inguinale
étranglée.
— M. Girode relate un fait i'adéno-épithéliome du rehh
associé à de la néphrite interstitielle par arlério-sclérose.
SÉANCE DU 1'' FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LETULLE.
MM. Hartmann et Mordret : Note sur Vanatomie dn
premier cunéiforme.
— M. Buscarlet communique un cas de kyste muquenx
intra-musculaire.
ii Février 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 8 — 129
— M. Lejars fait voir un kyste synovial du poignet
en^aînanl l'artère radiale.
— M. Terrillon fait une communication sur une salpingo-
ovarite tuberculeuse ayant simulé ce qu'on appelle
phlegmon du ligament large.
— a, Chaput décvii une amputation intra-calcanéenne
horizontale.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE M. GORNIL.
M. Lyot montre une salpingite suppurée coïncidant avec
QQ kyste de Tovaire.
— M. Tissier fait voir une pièce de ramollissement du
(cneau chez une femme atteinte dechorée sénile.
— M. Chipault présente un lipome calcifié de la cuisse.
REVUE DES JOURNAUX
CHrnURGlE
BécMiTett dn eaMeer, par M. KosNiG (de Gœttingue). — Dans
Fêtât actuel de la science, il ne saurait être question d'assurer une
rure radicale du cancer, si Ton prend le mot au pied de la lettre.
' Mais on doit se trouver heureux si, à Taidc d'une opération qui
n'est pas trop meurtrière, on oblient plusieurs années de survie
sans récidive. Ainsi on doit se déclarer relativement satisfait par
\ablaiion du sein avec curage de raissellc ; Kœnig obtient en-
viron iO pour 100 de guérisons temporaires, datant de trois ans au
moins. Mais Fimminence de la récidive est toujours à redouter.
ùrli's, plus de la moitié des repullulations ont lieu avant la fin
lia premier semestre, puis un tiers avant la fin de Tannée. Mais il
va environ 15 pour 100 de récidives tardives, pouvant avoir lieu
au bout de quatre ans ; une femme, restée indemne pendant dix:
ans et demi, a été prise à ce moment d'une récidive ganglion-
naire sus-claviculaire, à marche très rapide. Quelquefois il arrive
des récidives tardives dans la cicatrice: au bout de cinq ans dans
un cas des Kœnig. Dans un fait de Rosenbach, une femme a eu
un noyau dans la cicatrice au bout de huit ans; extirpation;
! mrme accident quatre ans après. Sans doute il s'agit de greffes
I (faites pendant Topération), qui sommeillent plus ou moins
longtemps.
En est-on là pour le rectum? Kœnig ne le pense pas. Il con-
lesle d'abord d'abord la bénignité des extirpations, malgré Bar-
(ienheuer. En défalquant même les décès trop rapides où l'opé-
ration n'est peut-être pasdirectement en cause (?), il reste à Kœnig
^i,5pourlOO de mortalité ; et 16 pour 100 aumoins s'il s'en tient
aux dix dernières années, avec une bonne antisepsie. D'autre
part, les survivants ont pour la plupart une incontinence dégoù-
^nle, sont exposés à une atrésie grave du nouvel anus. La coloto-
mie est donc, la plupart du temps, préférable jusqu'à nouvel
onlre. Elle permet aux malades de vivre quelquefois deux
ans, deux ans et demi sans souffrir; la malpropreté de l'anus
p^t moindre; les risques opératoires sont nuls. (Ueber die PfO'
gnose der Carcinome nach chirurgischcn Eingriffen.mit be-
pondérer Beriichsichtigung derCarcinoma recli in Arc^. f klin.
C/iir.,1888, t. XXXVII,p. 461.)
I lleère Ivbereuleux de U langue ; ablation ) mort le scp-
Uème Jour do tubercnlofie nilllalre algnSy par M. F.-G.
; ^HEPEARD(de Montréal). — L'opération a été faite sur le diagnostic
erroné d'épilhélioraa. Erreur difficile à éviter sur un homme de
I soixante-quatre ans, chez lequel les antécédents héréditaires et
personnels étaient nuls, pour une ulcération à base dure, s'ac-
compagnant d'engorgement des ganglions sous-maxillaires.
1^'aulopsie seule a rectifié le diagnostic. {A case of excision
^^ftongue^followed bydeath from acute miliary tuberculosis,
iûAnn, of Surg.j 1888, t. VIII, p. 368.)
Anévrypme de raxlllalre; llg;ature de la iions-claYlère, par
M. G. -A. WniGHT. — Homme de quarante-neuf ans, syphilitique.
Le résultat a d'abord été bon. Mais deux mois après le malade
mourut de t maladie aortique >. L'autopsie n'a pu porter que sur
la région thoracique. Le sac est plein de caillots solides et stra-
tifiés à la périphérie, un peu moins au centre. Il adhère inti-
mement aux nerfs du plexus brachial (point important si l'on se
place au point de vue de Textirpation du sac). {Ligatur of sub-
clavian artet^ for axillary aneurmis, in Afin, of Sutg., 1888,
t. VIII, p. 362.)
Corp« éCranserit artieulafrcs, par M. 0. VœlkeR (de Bruns-
wick). — Observation d'un homme qui, dans un mouvement de
maniement d'arme, reçut un choc violent sur le condyle interne
du fémur gauche; douleur syncopale. La semaine suivante, gon-
flement articulaire, hydarthrose. Soupçonnantun corps étranger,
Vœlker fit Tarthrotoraie et ne trouva absolument rien jusqu'au
moment où son ongle fut un peu arrêté par une légère rainure
du condyle fémoral interne. Il fit un peu pénétrer son ongle,
pour bien constater ce dont il s'agissait, et, à son grand étonne-
ment, vit sauter de là le corps étrauger tant cherché, long de
25 millimètres, large de 22, épais de 11. Lavage, suture, drai-
nage. Guérison. C'est un cas indiscutable de corps étranger par
traumatisme d'une articulation préalablement saine. Cela con-
corde bien avec les expériences cadavériques de Kragelund
(Copenhague, 1886); cet auteur, par des chocs intenses sur le
condyle fémoral interne, parvient à en isoler des fragments sen-
siblement biconvexes, qui ne sont pas, il est vrai, détachés
complètement du corps, mais sont faciles à arracher ensuite
au tire-fonds. Sur le vivant, l'isolement complet se fait
ensuite par un processus d'ostéite raréfiante. Pour Kœnig
{Deutsch, Zeitschr. f, Chir., t. XXVIl), le trauma se borne à
causer des troubles nutritifs et de là une c osléo-chondrite dis-
séquante 1, qui libère un fragment osseux. Vœlker ne le pense
pas, et il admet même, allant plus loin que Kragelund, que h
violence initiale peut à elle seule provoquer la séparation com-
plète. {Beitrag zur Frage von der Enstehung der krorpelig-kno-
chernen Gelebkmduse, in Arch. f.klin. Chir., 1888, t. XXX Vil,
p. 782.)
Greffes de maqneusea, par M. A. WdilLFLEU (de Graz). — - Si
Ton veut parer aux rétrécissements cicatriciels, le seul moyeu
radical consiste à remplacer la surface cicatricielle par une sur-
face muqueuse. Pour cela la greffe est souvent le seul procédé
possible. Mais elle n'a pas donné jusqu'à présent de bien bons
résultats. Il y a seulement eu quelques expériences de Czerny,
quelques faits heureux de Stellwag pour guérir le symblépharon.
Wœlfier a d'abord cherché à éviter la récidive dans les rétrécis-
sements de l'urètiire, où il faut extirper le périnée fistuleux. 11 a en
premier lieu essayé de transplanter de petits morceaux de conjonc*
tive de lapin et a échoué ; de môme avec des petits morceaux de
muqueuse humaine ; mais il a réussi en taillant des lambeaux
comme ceux que Thicrsch emploie pour les greffes épidermiques;
ils sont constitués par des lanières minces, larges de 1 à 2 cen-
timètres. Cela est facile à découper, avec un rasoir, à la surface
d'un utérus en prolapsus. Ces lanières sont appliquées suri a sur-
face granuleuse, mais ne sont pas suturées. Des essais heureux
ont été faits en transplantant ainsi à la surface d'ulcères de
jambe bien bourgeonnants des lambeaux de muqueuses diverses
de lapin, de grenouille. Les observations cliniques portent sur
trois excisions du périnée calleux et fistuleux; deux blépharo-
plastics; une rhinoplastie ; une geno-plaslie. {Ueber die Technik
und den Werlh von Schleimhautûbertragunyenf in Arch. f
klin. Chir., 1888, t. XXXVII, p. 709.)
130 — N* 8
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Février 1889
BIBLIOGRAPHIE
Aoatomte des centres nerveux. — Leçons professées
par M. le docteur Ludwig Edinger. Traduit de l'alle-
manâ par M. Siraud, externe des hôpitaux de Lyon.
Avec 122 figures intercalées dans le texte. Paris, 1889.
J.-B. Baillière et fils.
Nous sommes heureux d'avoir à signaler cet ouvrage, qui
permettra au public médical français de prendre connais-
sance des intéressantes leçons professées en Allemagne par
Ëdinger, sur Tanatomie du système nerveux. Nous devons
nous efforcer de nous tenir au courant des travaux parus à
l'étranger, ne fût-ce que pour ne pas encourir le reproche
si bien mérité par nos voisins de 1 autre côté du Rhin, qui
professent un dédain affecté pour les publications du corps
médical français. Aussi, devons-nous faire d*autant meil-
leur accueil aux leçons d'Edinger que, sans parler de leur
très réel mérite, elles font une juste mention tles recher-
ches entreprises en France par Gratiolet, Luys, Charcot,
Bouchard, Brissaud, Ballet, Ferré, etc. Le fait est assez
rare pour mériter d'être signalé.
Cet ouvrage renferme dix leçons, dont la première est
consacrée à la description des méthodes aaoptées dans
l'étude des centres nerveux : coupes minces en série, de
Stilling; observation du développement de l'enveloppe
médullaire, de Flechsig; examen histologique de coupes ou
de dissociations.
Dans la seconde leçon l'auteur étudie les formes et les rap-
[lorts généraux du cerveau, prenant comme point de départ
e développement de l'encéphale chez Temoryon. Procédé
rationnel qu'il suit, d'ailleurs, dans les diverses parties de son
ouvrage, mettant amplement à profit les notions précieuses
fournies par l'embryogénie et l'anatomie comparée. Dans
les leçons suivantes, il décrit avec un soin minutieux la
constitution des différents centres gris de l'encéphale, et
des multiples faisceaux blancs qui les relient entre eux, ou
les rattachent à Taxe médullaire, indiquant chemin faisant
les renseignements que Tanatomiste peut puiser dans la
physiologie expérimentale et la pathologie.
Enfin, les trois dernières leçons renferment la descrip-
tion de la moalle allongée, du cordon médullaire, des
racines des nerfs périphériques, et des ganglions spinaux.
Nous ne pouvons évidemment résumer une semblable
étude analomique; quil nous suffise de dire que, grâce à
la précision du style et à la netteté des nombreuses figures,
demi-schématiques pour la plupart, la lecture en est assez
attachante pour compenser ce que le sujet peut offrir par
lui-même d'aridité inévitable.
Nous adressons au traducteur de sincères félicitations
pour avoir su mènera bien une tache qui n'était pas sans
difficultés : nous avons conscience qu'il a fait œuvre utile
et nous pensons que tous ceux qui liront son livre seront de
notre avis.
André Petit.
ÉiudcB CliérapeiaCiqnea et bactérlologlqars sur le
faronele de rorellle, par M. Ic docteur LœwENBERG. —
Parisj 1888.
Dans celte nouvelle publication, notre distingué confrère
confirme les résultats que lui avaient donné des recherches
commencées il y a bientôt dix ans, sur le furoncle de
l'oreille et la furonculose générale. Qu'il résulte de Fac-
tion Anstaphylococcus albus, comme l'a trouvé Al* Lœtven-
berg, du staphylococcus aureus, ainsi que l'admettent
d'autres observateurs, le furoncle est une maladie micro-
bienne, qui naît et se propage par contagion. On comprend
ainsi l'apparition successive de clous dans le voisina^jc
d'un premier, leur extension par inoculation, par grattage
îi des parties éloignées. Peut-être, chez certaines personnes,
une constitution spéciale des tissus, des humeurs, favorise
leur multiplication. Bien qu'il en soit, c'est par les anti-
septiques seuls qu'il faut les combattre, et la solution
saturée ou mieux sursaturée d'acide borique dans l'alcool
absolu, est le topique qui, au moins pour l'oreille, remplit
je mieux ce but. Judicieusement employé, c'est-à-dire en
bains auriculaires de dix à quinze minutes de durée, la télc
inclinée latéralement pour rendre le conduit auditif ver-
tical, il amène d'autant plus rapidement que la tumeur est
moins avancée, l'avortement du furoncle. Notre confrère
insiste sur les difficultés et les dangers de l'incision dans
ce canal contourné et rétréci; il trace au praticien le dia-
gnostic entre l'otite moyenne aiguë et le furoncle profond
du conduit auditif, et montre l'importance de s'opposera
l'auto-contagion qui donne à l'affection une durée parfoi5
interminable.
J.C.
Traite d'hyaCérotomlo et d'hystéreeCoBite par la vole
vaifinaie, par M. le docleur Laurent Secheyron, ancien
interne des hôpitaux de Paris, professeur suppléant à
I Ecole de médecine de Toulouse, précédé d'une préHice
de M. Péan, chirurgien de l'hôpital Saint-Louis, membre
de l'Académie de médecine, avec figures et tableaux dans
le texte. — Paris, 1889, 0. Doin.
M. L. Secheyron est digne de bien des éloges pour le
labeur considérable dont il vient de faire preuve. Il esta
peine sorti de l'internat depuis un an, docteur du début de
cette année, que le voici à la tête d'un Traité d'Iiystéro-
tomie et d'hystérectomie par la voie vaginale ! Ce volume,
de plus de huit cents pages, réunit avec soin les matériaux
publiés sur ce point; il établit des statistiques nombreuses.
Cela est fait avec compétence, car depuis plusieurs années
déjà M. Secheyron étudie la gynécologie avec prédilection.
II est bien certain, cependant, qu'il n'aurait guère pu
nous fournir déjà des données et des appréciations exclu-
sivement personnelles sur ces interventions si graves et si
délicates dont il décrit dans son traité les indications el le
manuel opératoire. Il a été guidé dans ses études par un
chirurgien passé maître dans l'art des interventions gynéco-
logiques. Nous trouvons en effet ici le reflet fidèle de la
F pratique de M. Péan, l'analyse complète de ses travaux,
'exposé de ses procédés.
Nous ne croyons pas devoir indiquer tous les points
étudiés par M. Secheyron : ce serait passer toute la chi-
rurgie utérine en revue; tous les cas où Tutérus est incisi'
ou excisé, où l'on fait par conséquent l'hystérolomie ou
l'hystérectomie.
Disons seulement qu'avec M. Péan, l'auteur se déclare
partisan de l'hystérectomie totale pour cancer utérin des
que le diagnostic est posé; qu'il nous ftiit connaître deux
observations où M. Péan a enlevé la matrice pour parer a
des accidents graves de phlegmasie péri-utérine. Pour le
resle, nous ne nous arrêterons que sur le traitement des
myomes utérins.
Là, M. Péan est, en principe, opposé à la castration
ovarienne, moins efficace qu'on ne le prétend et, de pli/S
cause" de stérilité. M. Secheyron insiste sur ce dernier
argument, sur c le respect que l'on doit au don précieux m'
la maternilé ». Or, l'ablation des myomes par le vajji»
« conserve à la femme son plus noble attribut j». Cette ablalio"
se fait, après débridemenl du col, et au besoin du corps lu'
l'utérus, pour les myomes interstitiels du corps aussi bieu
que pour ceux du col. Si la tumeur est voluniincuse.it'
îi FÉVRIER 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 8 — 131
morcellement permet d'en venir à bout. Ces interventions,
pemiaiU longtemps proscrites, se font aujourd'hui sans
hémorrhagic grâce à l'emploi des pinces hémostatiques.
Sur quarante opérations, trois morts seulement sont enre-
gistrées : le résultat est beau. Il serait meilleur encore si
Ton se décidait toujours à attaquer le néoplasme de bonne
heure.
Dans cette énucléation avec ou sans morcellement, tout
comme dans l'hystérectomie vaginale, l'hémostase par la
pince joue un rôle considérable, et il est naturel que Ton
Irouve dans ce livre toutes les polémiques de priorité sou-
levées par cette méthode chirurgicale si précieuse. M. Péan
les indique dans la préface; M. Sccheyron y revient à plu-
sieurs reprises dans le courant du livre. L'élève semble
même avoir tendance à exagérer la parole du maître. Il
pense que € les pinces ont le mérite de servir à ménager le
sang avant et pendant l'opération ». Nous croyons que peu
de vaisseaux saignent avant l'opération et qu'il ne faut pas
èlreplus royaliste que le roi.
A. B.
TniUé pratlqoe de finctérlologfle , par M. E. MaCÉ.
Paris, J.-B. Baillière, 1889.
L'étude de la bactériologie doit faire maintenant partie
des éludes médicales et il n'est plus permis à un médecin
instruit d'ignorer les éléments de cette jeune science qui
a déjà apporté à la médecine un si lumineux appui.
A côté des importants traités de Cornil et Babès, Van
Ermenghem, Crookshank, etc., il restait une place pour un
livre plus élémentaire et, tout à la fois, pratique. C'est ce
qu'a compris H. Macé et tel est le but et l'intérêt de son
Traité pratique de bactériologie.
Ce livre qui est destiné à devenir un vade-mecum du
laboratoire renferme en même temps des notions suffisantes
pour ceux qui veulent seulement se faire une idée de l'état
actuel de la bactériologie et trouver des indications relatives
à la plupart des micro-organismes isolés et étudiés jusqu'à
ce jour.
C'est en effet l'histoire des bactéries qui occupe la plus
large place dans le traité et, avant d'aborder cette partie
descriptive, l'auteur a voulu familiariser le lecteur avec la
morphologie et Jla biologie de ces infiniment petits en choi-
>i^saot ses exemples parmi les espèces les plus inféres-
sanles, soit par suite de leur rôle en pathologie, soit en
raison de la facilité que l'on a de se les procurer.
Après quelques pages d'historique et des considérations
surforigine des bactéries et leur place parmi les êtres
Vivants, pages dont la lecture est pleine d'intérêt, M. Macé
passe en revue les caractères des bactéries, leurs fonctions,
i'aclion de divers agents sur ces micro-organismes, et l'ac-
tion de ces micro-organismes sur les différents milieux.
L'élude des différents procédés permettant d'isoler et de
cultiver les bactéries ainsi que les méthodes spéciales
d'examen microscopique font l'objet des chapitres suivants.
lians toute cette partie, le livre de M. Macé se montre un
excellent manuel de laboratoire. La composition des divers
milieux de culture, les soins relatifs à leur préparation,
les méthodes employées pour obtenir leur stérilisation ;
les nombreux procédés de culture, en vases fermés, sur
plaques, sont exposés avec détails et permettent au lecteur
désireux d'aborder le côté pratique de ces si intéressantes
recherches, de s'initier peu à peu aux méthodes utilisées et
reconnues comme les meilleures. Cette première partie,
toute pratique, se termine par un résumé du manuel opé-
ratoire permettant de rechercher les bactéries dans les
liquides et dans les tissus.
La seconde partie forme le cAté plutôt descriptif et théo-
rique du traité : elle renferme la classification et la des-
cription des espèces que l'auteur divise en trois familles :
1** CoccACÉEs comprenant les genres micrococcus, sarcina^
leuconostoCy ascococcus; i° Bactériacées com|)renant les
genres bacillus, spirillum^ leptothrix, cladothrix; 3" Beg-
GiATOACÉES renfermant seulement les genres beggiatoa
et crenothrix.
Des tableaux récapitulatifs placés à la suite des genres
les plus riches en espèces permettent une détermination
plus facile et plus rapide. L auteur a seulement le tort de
ne pas assez mettre en garde contre les* modifications quel-
quefois très profondes que le moindre changement dans la
constitution du milieu de culture imprime aux caractères
les plus saillants des cultures des micro-organismes : c'est
là, les bactériologues le savent bien, un écueil considérable
et que l'on ne parvient pas toujours à franchir malgré toute
la patience et la persévérance qui doivent être 1 apanage
de ceux qui se livrent aux études microbiologiques.
Pour terminer ce Traité pratique M. Macé expose dans
les derniers chapitres l'état de nos connaissances sur les
bactéries de l'air, de l'eau, du sol et du corps humain,
ainsi que les procédés usités pour ce genre de recherches.
Eu résumé, l'avantage de ce livre consiste essentiellement
en ce qu'il est clair et pratique.
Gabriel Pouchet.
VARIÉTÉS
Société protectrice de u'enfance. — La séance annuelle de
la Société s'est tenue dimanche dernier 17 février dans le grand
amphithéâtre de la Sorbonne. Ne pouvant, faute de place, ana-
lyser ici les rapports lus à rassemblée générale par M. le doc-
teur Blache, qui a écrit le compte rendu moral et financier de
la Société, et par les médecins dévoués qui ont signalé les
œuvres ou les mérites de ses lauréats, nous tenons au moins à
dire quelques mots du discours de M. Marjolin.
Comme toutes les fois qu'il prend la parole, dans ces réunions
d*une Société qui lui doit tout, le président n^anoint voulu parler
des services qu'il a déjà rendus et qu'il rendra aurant de longues
années encore à la protection de Tenfance. Il s'est appliqué à
montrer combien trop souvent encore on néglige les devoirs
qu^imposent la loi Roussel et les instructions du ministère^
t La cause de tout ce mal, a-t-il ajouté, puisque notre devoir
est de dire la vérité, provient de notre propre insouciance et des
mutations continuelles dans le personnel administratif. Les
rapports succèdent aux enauôtes, s'accumulent dans les bureaux,
et les réclamations les plus pressantes restant sans eflet, le
danger persiste, s'aggrave, le pays continue à souifrir et à se
dépeupler.
f En présence d'une pareille situation, faut-il se décourager et
tout abandonner? Ne devons-nous pas, au contraire, combattre
énergiquement et chercher le moyen le plus puissant, le plus
efficace pour conjurer le mal?
cl/Etat ne pouvant suflirc à tout et n'étant pas toujours assez
secondé, il faut donc revenir à la source inépuisable, à la charité,
et faire un appel à tous les cœurs de bonne volonté, et, si grave
que soil la situation, ne jamais désespérer, i
Aprèi cet appel qui, nous aimons à l'espérer, sera entendu.
M. Marjolin aborde la question du surmenage intellectuel et,
parlant surtout de l'éducation des filles, critique avec autant de
lincsse que de bons sens l'extension abusive des programmes.
€ En donnant à notre époque une extension aussi grande aux
programmes des études des sciences naturelles, n'est-on pas allé
un peu trop loin pour des intelligences aussi jeunes ? et de
toutes ces notions superficielles accumulées en si peu de temps,
qu'en restera-t-il plus tard ? Des idées inexactes, confuses et
rien de plus. Pour moi, j'en suis persuadé et je ne suis
pas seul a avoir cette conviction, que toutes ces sciences ne
sont pas indispensables pour faire do la jeune fille une bonne
mère de famille, dirigeant bien sa maison et faisant le charme
de son intérieur. Que ce soit dans la mansarde de l'ouvrier ou
dans le salon le plus opulent, la femme qui a été bien élevée,
suivant sa position, n'a rien à envier à ces encyclopédistes de
i32 — N» 8 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Février 1889
renconlre, à ces prétendues savantes, car elle sera toujours
respectée, admirée et utile à son pays, n'importe dans quelle
situation, i
On ne saurait mieux dire et ce qu'il convient de regretter
c'est qu'il ne soit point possible de reproduire tout ce discours,
si bien pensé, si bien écrit.
Concours d'agrégation. — Par arrêté du ministre de
l'instruction publique et des beaux-arls, en date du 19 février
1889, l'ouverture du concours pour dix places d'agrégés des
Facultés de médecine (section de chirurgie et accoucheraenis),
précédemment fixée au l^mars 1889, est ajournée au jeudi 7 du
môme mois.
Faculté de médecine. — Le prix Lacaze (phthisie pulmo-
naire), d'une valeur de 10000 francs, a été décerné à M. le
docteur Malassez, directeur du laboratoire d'histoire au Collège
de France, pour ses travaux sur la tuberculose.
Écoles de médecine. — Par arrêtés du ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts, en date du 19 février 1889, des
concours s ouvriront :
1* Le 4 novembre 1889, devant la Faculté mixte de médecine
et de pharmacie Lyon, pour l'emploi de suppléant des chaires de
pathoWie et de clinique chirurgicales et cte clinique obstétri-
cale à l'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie de
Grenoble ;
2** Le 5 novembre i889, devant la Faculté mixte de médecine
et de pharmacie de Bordeaux, pour l'emploi de suppléant des
chaires de phathologie et de clinique ctiirurgicales et de cli-
nique obstétricale à l'Ecole de médecine et de pharmacie de
Limoges ;
3^ Le 6 novembre 1889, devant la Faculté de médecine de
Paris, pour l'emploi de suppléant des chaires de patholo^e et
de clinique chirurgicales et de clinique obstétricale à l%cole
préparatoire de médecine et de pharmacie de Rennes ;
4" Le G novembre 1889, devant la Faculté mixte de médecine
et de pharmacie de Lyon, pour l'emploi de suppléant des chaires
d anatomie et de physiologie à l'Ecole préparatoire de médecine
et de pharmacie de Dijon.
Les redstres d'inscription seront clos un mois avant l'ouver-
ture desaits concours.
Concours du Bureau central. — Les candidats du concours
ui doit s'ouvrir le 27 février pour la nomination à trois places
c médecins des hôpilaux de F^aris sont au nombre deÔG; ce
sont MM. les docteurs Achard, Babinski, Barbe, Barthélémy,
Bédlère, Bélin, Blocq, Bourcy, Bourdel, Druchet, Capitan, Cayla,
Charrin, Cliéron, Dalché, Darier, De Gennes, Delpeuch,
Descharaps, Despréaux, Dreyfous, Dubief, Dullocq, Duplaix,
Durand- l^ardel, Florand, Galliard, Gallois, Cauchois, Gilles de la
Touretle, Giraudcau, Girode, Havagc, Ilirtz (Hippolyte),
Ilischniann, Jeanselme, Launois, Lebreton, Leduc, Le uendre,
Lormoyez, Leroux, Liandier,Marfan, Mathieu, Martin de Gimard,
Martinet, Ménétrier, Molcnes (dej, Morci-Lavallée, Œltinger,
Petit, Polgucre, Poupon, Queyrat, Raymond, lUbail, Richardière,
Robert, Rogerj^ Sapelier, Siredey, Thibierge, Thoinot, Variol et
Weber.
Le jury définitif se compose de MM. les docteurs Desnos,
Dreyfus-Brisac, Dujardin-Beaumetz, Ferrand, Labadie-Lagrave,
Lacombe et B. Anger.
Hôpital du Midi. — M. Humbert, agrégé à la Faculté, chirur-
gien de rhopital du Midi, commencera des leçons sur les mala-
dies vénériennes et les maladies des organes génitourinaircs,
le mardi 26 février, à neuf heures et demie, et les continuera les
vendredis et mardis suivants ù la même heure.
3
ÉCOLE DE médecine MILITAIRE DE Lyon. ^ Ont été nommés à
la suite du concours qui vient de se terminer au Val-de-Gràce :
M, Cahier, médecin-major de 2° classe, répétiteur d'anatomie
normale et patholoo^ique.
M. Brousses, médecin-major de 2* classe, répétiteur de patho-
logie externe et de clinique chirurgicale.
M. Catrin, médecin-major de 2« classe, répétiteur de physio-
logie et d'histologie.
M. Lemoine, médecin-major de 2* classe, répétiteur de patho-
logie interne et de clinique médicale.
CONGUÈs DE 1889. — Le ministre du commerce vient de
former comme suit les comités d^organisation des Congrès
internationaux de médecine mentale et de psychologie physiolo-
gique qui auront lieu à Paris pendant l'Exposition universelle
de 1889 :
Congrès de médecine mentale : MM. les docteurs Bail,
Blanche, Charpentier, Cotard, Falret, Garnier, Magnan, Motet,
Ritti et Voisin.
Congrès de psychologie physiologique : MM. Brissaud,
Charcot, Ferran, Gley, Magnan, Marillier, Ochorowicz, Biboi,
Ch. Richet, Ruault, SuUy-Prudhomme et Taine.
Congrès des Sociétés savantes françaises en 1880. — Le
Congrès des Sociétés savantes de Paris et des départements
s'ouvrira, au ministère de l'instruction publique, le 11 juin 1889.
Les journées des il, 12, 13 et U seront consacrées aux
travaux du Congrès.
La séance générale aura lieu, le 15 juin, dans le grand amphi-
théâtre de la Sorbonne.
Congrès international de thérapeutique en 1889. — le
Congrès international de thérapeutique oui se tiendra à Paris,
en 1889, du l^*" au 5 août, se divisera en aeux sections: l'une de
matière médicale et de pharmacologie, l'autre de thérapeutique
proprement dite.
Les questions proposées pour les discussions générales sont
les suivantes: des antilhermiques analgésiques; des tonique?
du cœur; des parasiticides des microbes pathogènes ;des nou-
velles drogues d'origine végétale.
Mortalité a Paris (6" semaine, du 3 au 9 février
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, Il
— Variole, 1. — Rougeole, 30. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 9. — Diphthérie, croup, 36. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 203. — Autres tuberculoses, 21. — Tumeurs:
cancéreuses, 33 ; autres, 1. — Méningite, 42. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 54. — Paralysie, 6. —
Ramollissement cérébral, 8. — Maladies organiques du cœur, 5 i.
— Bronchite aiguë, 33. — Bronchite chronique, 46. — Broncho-
pneumonie, 25. — Pneumonie, 72. — Gaslro-ebtérite: sein, 8;
biberon, 39. — Autres diarrhées, 5. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 4. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 26. — Sénilité, 26. — Suicides, 12. — Autres morts
violentes, 17. — Autres causes de mort, 165. — Causes
inconnues, 16. — Total : 1013.
OUVRAGES DÉPOSÉS AU BUREAU DU JOURNAL
leçon» de clinique chirurgicale, profcsâduH à la S.il{idtrièrc, par M. \c dodi^t^r
0. Territlon, comprenant les nouvelles jipplica lions de la clûrur^'io aux alli'c-
tions de l'abdomen et des or^^aucs génitaux de I» femme, i beau vulutuu iu->''
de 520 pages avec figures dans le texte. Paris, 0. Doiu. *l' ^^^
Dictionnaire de Ihèrapeutiquf, de matiirc médicale, de phannac(»l«»},'io, de
toxicologie ot des eaux minérale::, par ÎA. le docteur Dujardin-Bcnumrt/, ax'i'
de nombreuses figures dans le texte. * forts volumes in-4» de 000 jiagc:<ch.ifiiii
Paris, 0. Ooin. IW fr-
Traité d'hyitirolomie et d'hystérectomie par la voie 7-aginale, par M. k dtxMi nr
Laurent Secheyron, précédée d'une préface de M Pôan. 1 beau volume }îr.in<l
iu-8° de 8i5 pages avec figures et tableaux dans le texte. Paris, C !><»•"•
lifr.
DulLtin delà phthisie pulmonaire, nar MM. les docteurs A. Fillcau ot Pdif,
30 année, n» 5. Juin 18S8. 1 vol. in-8« de 90 jiages. Paris, 0. Doin. '» f^-
Les névrosée et le pessimisme, conférence faite au palais des Facultés do Clcrniooi-
Ferrand, le 4 mars 1880, par M. le docteur A. Deschamps. 1 vol. ii»-l- '^''
40 pages. Paris, 0. Doin. ^ "'
Les criminels, caractères physiques cl psychologiques, par M le docteur A.Corro
avec 43 figures dans le texte {Bibliothèque des actualités médicales et scyn-
tiflques). 1 vol. in-12 de 41i pages. Paris, 0. Doin. ^ '^'
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
48437. — MOTTBROZ. — imprimeries réaniea, A, rue Mignon, i, P*"'*
ii FÉVKiEM 1889 GAZETTE HËBDOMADAIUE DE MÉDECINE ET DE CHlRUnCIE — N» 8 — VJ^i
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
UE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE GHIKUKGIE
THERAPEUTIQUE
Peries da doeteor ClerCan.
Approbation de l'Académie de médecine de Paris,
Priuiitivement appH(][uée à Téther, la découverte du
docteur Clertan a permis d'emprisonner ce corps si volatil
cl de Je porter dans Testomac à dose fixe et sans aucune
perte. Le même procédé a été appliqué à la plupart des
cvubslances^ liquides ou solides, dont la volatilité, la saveur
OQ Todeur reudaient l'administration difficile.
MM. les Médecins pourront ainsi prescrire, sans aucun
désagrément pour le malade, Modoforme^ la Créosote^ la
yalèrianey le Castoreum^ VAssa-fcetida, tous les .Sels de
Quininey Stilfate, Bisulfate^ Chlorhydrate^ Bromhydratey
Ydlérianaley Salicylate, Lactate, etc., VEssence de Téré-
benthine, l2L Mixture deDurande, les Gouttes ou Liqueur
dHoffmann^ VEssence de Santal, et les substances nou-
vellemenl introduites dans la Thérapeutiuue, telles que le
Terpinoly le Gaiacoly etc., etc., auxquelles ce mode de
préparation pourra s'appliJuer avec avantage.
Ces substances et les perles de nom correspondant peu-
vent être partagées en séries suivant leurs propriétés et
leurs applications :
i"" SÉRIE. — MALADIES D£ l'APPAREIL RBSPlRATOIUfc:.
n. Perles de Créosote de Clertan. — 5 centigrammes par
pcple. Dose moyenne, i par jour.
b. Pales dfi Gatacol de Clertan — 5 centigrammes par
perle. Dose moyenne, i par jour.
('. Perles d'iodoforme de Clertan. — 5 centigrammes par
perle. Dose moyenne, 4 par jour.
(/. Perles de Terpinol de Clertan, — 30 centigrammes par
perle. Dose moyenne, 4 par jour.
2« SÉRIE. — LITHIASE BILLVIRE.
n. Perles de Durande de Clertan (Éther, 2 p.; Ess. de ter.,
op.; ensemble, 20 centigrammes). Dos^, 6 à 10 par jour.
b. Perles de Chloroforme de Clertan, — 45 centigrammes
pur perle. Dose, i par jour. (Vomissements, hoquets, mal de
mer.)
3" SÉRIE. — MÉDICATION ANTISPASMODIQUE.
n. Perles d'Élher de Clertan. —20 centifframmes par perle.
Dose, 4 à 10 par jour. (Migraines, céphalées rebelles, accès
d'asthme, crampes d'estomac, tiendances à la syncope.)
b. Perles d Hoffmann de Clertan <Éther, 1 p.; alcool, 2 p.;
ensemble 20 centigrammes). Dose, 4 à 10 par jour. (Mômes
indications que pour les perles d Êlher, et plus particulière-
nieiit nausées, digestions douloureuses, indigestions, vomisse-
raenls.)
c. Perles de Valériane de C/<?r<a«. — 20centifframmesde lein-
lure éthéréc. Dose, 4 à 10 par jour. (Vertiges, etourdissements,
palpitations nerveuses.)
'/. Perles d'Assa-fœtida de Clertan. — 20 centigrammes de
leinlure élhérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Spasmes, suffocation,
Houle hystérique, œsophagisme, chlorose.)
c. Perles de Castoreum de Clertan»—- 20 centigramme de tein-
ture élhérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Dysménorrhée, coliques de
la menstruation, gonflemenls du ventre.)
f. Perles d'Apiol de Clertan.
indications.)
5 centigrammes. (Même
g. Perles d'Essence de Térébenthine.ile Clertan. — 20 centi-
grammes. Dose, 4 ù 10 par jour. (Migraines, névralgies faciales,
scialique, lumbago.)
4*" SÉRIE. — MÉDICATION aUIMQUE OU FKBRiFUr.E.
a. Perles de Bromhydrate de quinine de Clertan y à 10 cen-
tigrammes de sel chimiquement pur.
b. Perles de Chlorht/draie de quinine de Clertan, à 10 cen-
tigrammes de sel chimiquement pur.
c. Perles de Sulfate de quinine de Clertany u 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
d. Perles de Bisulfate de quinine de Clertan, u 1 0 centi-
grammes de sel chimiquement pur .
e. Perles de Valérianate de quinine de Clerlan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
f. Perles de Salicylate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
g. Perles de Lactate de quinine de Clertan, ù 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
5« SÉRIE. — MÉDICATION HYPNOTIQUE.
• a. Perles d'hypnone de Clertan, à 10 centigrammes. Dose,
2 à 4 par jour.
6* SÉRIE. — MÉDICATION BALSAMIQUE.
a. Perles de Santal de Clertan, à 30 centigrammes. Dose,
2 à 12 par jour.
D'une manière générale, les Perles du docteur Clertan
contiennent cinq gouttes de médicament liquide ou 10 cen-
tigrammes de médicament solide.
Les Perles du docteur Clertan sont très promptemeni
dissoutes dans l'estomac : peu d'instants après l'ingestion
d'une perle d'éther, par exemple, l'ascension de vapeurs
témoigne de la rupture de l'envelojipc.
Par leur volume, leur aspect .bnlhint, les préparations
du docteur Clertan représentent bien exactement des sortes
de perles : la transparence et la minceur de la couche
gélatineuse permet cte voir le médicament en nature et de
s'assurer ainsi de son état de conservation.
En prescrivant, sous le nom du docteur Clertan et avec
la garantie de son cachet, les divers médicaments énunié-
rés ci-dessus, MM. les Médecins sont assurés d'avoir des
préparations pures et rigoureusement dosées.
Tous les produits inclus sont ou fabriqués de toutes
pièces ou analysés à notre laboratoire.
La Maison L. Freue, 19, rue Jacob, Paris, fro^vié-
taire de la marque et des procédés du docteur Clertan, a
mérité les plus hautes récompenses, Médailles d*or uni-
ques, décernées aux produits pharmaceutipues aux Expo-
sitions universelles de Paris (1878) et de Tétranger, Ams-
terdam (1883), Sydney (1888).
Les préparations du docteur Clertan sont recommandées
en plusieurs endroits du Traité de thérapeutique de Trous-
seau et Pidoux, notamment p. 289 et p. 614, t. II, 7* édit.
8..
134 -^ JN- S ^ GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Févrieu 188U
L'Eau antlapoplectlqae Wolasniaim.
Dans le nombre, malheureusement trop grand, de maladies funestes
«lui menacent l'organisme humain le coup on l'attaque d'apoplexie se
trouve en première ligne. L*apoplcxie frappe soudainement le riche
aussi bien que le pauvre indigent à la misérable existence duquel
Tapoplexie vient mettre ainsi un terme rapide et ordinairement désiré.
L'âge moyen de l'homme, qui est si robuste, n'est pas plus à l'abri des
coups d'apoplexie que la vieillesse qui, courbée sous le poids des
années, s'achemine déjà vers lu fin de l'existence.
Soudain comme l'éclair qui atteint et brise l'urbrc (|ui s'élance
majestueux dans les airs, l'apoplexie fait aussi un décliirement dans
l'organisme de riionimc en y laissant des traces qui ne s'effacent presque
jamais cntiërcmeiil : ce qui est très naturel, du reste, si l'on songe que
cette explosion de maladie qui s'appelle « coup d'apoplexie » frappe
le cerveau de l'homme et que le cerveau est l'organe central de la vie
cl de l'activité animale.
Et maintenant tAchons de répondre avantluutàla question : Qu'est-ce
ijue le coup d'apoplexie?
Le coup ou l'attaque d'apoplexie n'est qu'un déchirement d'un vais-
seau sanguin dans le cerveau, ce qtii produit une extra vasatiou du
sang dans la substance cérébrale ou bien entre les méninges du
cerveau.
Le commencement et lu marche d'une attaque se manifestent de
différentes manières, selon la grandeur du vaisseau déchiré et selon le
lieu cl la quantité de sang qui s*extravase, aussi bien que selon la
cause plus ou moins dangereuse de ce phénomène.
Il y a assez souvent des symptômes précurseurs qui annoncent pou
ainsi dire plusieurs jours, quelquefois même plusieurs semaines
d'avance, la catastrophe apoplectique qui va nous frapper : tels que,
la pesanteur ou bien les douleurs de tête avec une sensibilité exagérée
(le tous les sens, rélincellement et le papillotage devant les yeux, le
bourdonnement d'oreilles, le fourmillement, les soubresauts, l'exal-
tation et l'incohérence d'esprit, les idées délirantes, l'afTaiblissement de
la mémoire, etc.
Un âge avancé contribue particulièrement à l'état morbide des parois
vasculaires en les rendant plus friables; à cctàge les fibres élastiques
s'atrophient, elles sont substituées par une masse friable, calcaire, qui
entrave le jeu rythmique des vaisseaux (dilatation et contraction).
Et maintenant si nous avons réussi dans ce qui précède à faire
comprendre aux non-initiés sans le scalpel de l'anatomiste, la loupe
du physiologiste et l'analyse du chimiste, l'essence pathologique de
l'attaque d'apoplexie, nous dirons quelques mots, d'une manière tout
à fait objective, sur le remède préservatif ou curatif qui, comme l'indique
le titre de cet article, s'appelle Eau a7iUapopUc tique Weismiann.
L'assurance de M. Weissmann que le principe de son remède a pour
but principal d'obtenir une influence vivifiante sur le système nerveux,
grâce à la faculté de résorption de l'organe cutané qui est si riche en
nerfs, nous sommes obligés d'admettre qu'avec ce nouveau remède l'in-
venteur a trouvé le vrai moyen pour combattre efficacement cet ennemi
si cruel de l'organisme humain, qui s'appelle apoplexie. La malignité
de la maladie du cerveau, de cet organe très important qui n'est
jamais de véritable rcpoi pendant la vie, impose à tout philanthrope
et particulièrement au médecin le devoir inévitable de tenir compte
de chaque rayon de lumière qui nous soit fourni par un remède curatif
et préventif, trouvé par les efforts combinés de la science .et de l'expé-
rience, pour combattre un ennemi si dangereux de notre santé.
Le mélange d'essences extractives qu'on nous recommande sous le
nom d'eau antiapoplectique, comme remède préventif et curatif contre
les accès d'apoplexie, d'après les déclarations qu'un en a obtenues
depuis Tespace de temps assez court qu'on l'emploie et qui se basent
sur l'expérience (les nombreuses attestations des médecins et des
malades sont là pour le prouver), est certainement digne de figurer
parmi les remèdes qu'on a mis en vogue tout récemment pour soulager
et guérir les infirmités des organes humains.
La science vient donc de s'enrichir d'un nouveau produit appelé à
rendre les plus signalés services comme moyen préventif des afl'eclions
nerveuses : congestions cérébrales, paralysies, migraine rebelle et
autres accidents comécuiïîs. L'Eau antiapoplectique du docicixr Romain-
Weissmann a reçu partout un chaleureux accueil. Son emploi, basé
sur le système de la résorption cutanée, est d'une indiscutable valeur.
Cette préparation, d'une odeur agréable, extraite des produits végétaux,
agit par l'intenn^iaire des pores de la peau, elle est donc d'un emploi
facile. M. Lexaire, pharmacien de 1" classe, n" U, rue de Grammont,
à Paris, qui prépare ce produit hygiénique avec le plus grand soin,
enverra franco la brochure à tous les membres du corps médical qui
lui en feront la demande.
THÉRAPEUTIQUE
La llévellle.
La Réveille, célèbre source des Bénédictins de Clunv,
à Sauxillanges (Puy-de-Dôme), approuvée par rAcadéinie
de médecine, autorisée par TÉlal, ferrugineuse, bicarbo-
natée, chlorurée-sodique, gazeuse.
Analyse :
Acide carbonique \ ,<I75
Bicarbonate de soude 2,545
Bicarbonate de magnésie ^ . . . 0,230
Bicarbonate de fer 0,107
Carbonate de chaux 0,314
Sulfate de potasse 0,00fi
Chlorure de sodium 0,005
Elle est, de toutes les eaux minérales, la plus normale-
ment minéralisée et la plus agréable à boire, tonique,
reconstituante, apéritive et digestive.
Prescrite avec succès contre chlorose, anémie, dyspep-
sies, goutte, diabète, albuminurie, fièvres intenniltenles.
ainsi que contre les affections du foie et des voies uri-
naires.
Dans Tétat ordinaire de santé, elle réveille l'appétit cl
fortifie tous les organes.
Un ou deux verres eu mangeant ou en dehors des repas,
coupée avec du vin ou un sirop quelconque.
S'adresser au régisseur, à Sauxillanges (Puy-de-Dôme),
ou Maison d'Esebeck, rue Jean-Jacques-Rousseau, Paris.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
18^68. — MoTTBROZ, Iiuprinicriui réunies, A« rue Miguou, 2, Pari?.
Trente- SIXIÈME année
N» 9
i" Mabs 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDEC[NE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LK D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chep
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANCOiS-FRANCK, A. HENOCQUE, A.J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne U rédactiim à M. Leeiboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOÏVAIRB. — Bulletin. — Pathologib CENÉnALE. Théorie nerveuse du
pKînaiis. — Revue DES cours et des climiqubs. CliDiquo du Val-de-Grâco :
M. le professeur Cbauvel. — Hôpital Sainlo-Annc : M. le professeur Bail. —
- Travaux ORIGINAUX. Clinique médicale : De la syrinçomyélie.— Odonto-
h'iK : La maladie de Fauchai-d. — Sociétés savantes. Académie des sciences.
-.Veadcmie de médeeioo.— Société médicale des hôpitaux. — Société docUi-
ntrgie. — Société de biologie. —Société analomiqnc. — Revue des journaux.
Chirurgie. — Travaux à consulter. — Bibliographie. Traité pratique d'antî-
«psic appliquée à la thérapeutique et à l'hygiène. — La circonvolution de Broca.
- VARiérés. Création d'un laboratoire do physiologie pathologique.
BULLETIN
Paris, 27 février 1889.
Académie de médecine : L'oH^ne du tétanos. — Aca-
démie des sciences : L'atténuatioM des vims. -^ Société
médicale des hôpital^ : hem maladies eontaglease*.
La discussion sur les origines du tétanos s'est continuée
par une nouvelle communication de M. Verneuil, qui n'a
pu terminer cependant Ténumération des faits et des argu-
ments venant à l'appui de sa doclrine. Celle-ci paraît dès
aujourd'hui pouvoir se résumer de la manière suivante : Le
lêlanos est une maladie infeclieuse; tous les chirurgiens et
la plupart des vétérinaires sont d'accord sur ce point. In-
fectieuse, la maladie est en même temps inoculable; de
nombreuses observations démontrent la transmission par
les objets ou les instruments qui ont touché un tétanique.
Plusieurs vivisections pratiquées sur les animaux prouvent
que l'inoculation expérimentale est possible. Il existe donc
lin virus. Celui-ci a été isolé et cultivé. S'il n'agit pas direc-
leincnl sur les centres nerveux, il exerce son influence par
rinterraédiaire des plomaïnes qu'il sécrète. Quant à l'ori-
gine première de ce microbe, elle reste encore un peu
obscure. D'assez nombreuses observations tendent à dé-
montrer qu'il se trouve le plus souvent mélangé à des pro-
duits ayant été en contact avec divers animaux ou ayant
reçu leur déjection. La terre, la paille, les harnais des che-
vaux seraient le plus fréquemment les agents qui transmet-
leiU le tétanos. C'est là une hypothèse séduisante. Ce n'est
encore pourtant qu'une hypothèse et l'on doit attendre pour
conclure la fin de l'argumentation de M. Verneuil.
'XY Académie des sciences une question des plus impor-
tantes a été soulevée par M. Chauveau. Il s'agit, en effet,
dans sa communication que nous résumons plus loin (p. UO),
non seulement de Tatlénuation des virus et des procédés à
mettre en usage pour l'obtenir, mais encore et surtout de
ce fait qu'un microbe pathogène ^ soumis à l'action de
«• StaiB, T. XXVI.
l'oxygène sous pression, peut perdre toutes ses propriétés
virulentes, c'est-à-dire devenir ei rester iiidéfiniment inof-
fensif tout en conservant son individualité propre, tout
en continuant à conférer l'immunité que donne l'inocu-
lation d'un virus. En d'autres termes, un microbe virulent
peut perdre toutes ses propriétés nocives et devenir un
vaccin, préservant de la maladie qu'il conférait primiti-
vement, alors cependant que ses caractères extérieurs n'ont
pas changé. D'autres procédés physico-chimiques pourront-
ils rendre à ce microbe devenu inoffensif la propriété viru-
lente qui lui est ainsi enlevée? Tout tend à le faire croire,
et, dans sa réponse à M. Chauveau, — réponse qui ne figure
pas dans les Comptes Rendus et que, par conséquent, nous
ne pouvons citer in extenso, — M. Bouchard a promis de le
démontrer. En résumé, a-t-il dit, les microbes sontdesétres
vivants ayant non seulement des fonctions essentielles qui
ne se modifient pas, mais susceptibles aussi d'avoir des
ïoDCiions accessoires au nombre desquelles est la virulence,
fonctions accessoires qui peuvent être supprimées alors que
les premières persistent. De sorte que, pour employer le
langage barbare, qui s'introduit peu à peu en microbiologie,
un microbe pathogène peut devenir saprogène et recouvrer
ensuite sa virulence. Nous aurons à revenir sur cette ques-
tion si, comme nous l'espérons, elle suscite devant l'Aca-
démie des sciences ou devant l'Académie de médecine une
discussion plus étendue. Bornons nous à faire remarquer
de suite que les recherches de M. Chauveau confirment ce
que les observations les plus récentes ont établi au sujet de
l'action des microbes. Ce sont les produits sécrétés et éla-
borés dans Torganisnie, lorsque se fait sentir l'action patho-
gène des microbes, qui sont surtout à considérer. Les
microbes peuvent vivre dans l'organisme, s'y développer,
s'y multiplier sans être nécessairement malfaisants. Ce sont
leurs sécrétions qui sont nocives. Que, par suite d'une action
physico-chimique qui s'exerce sur le microbe lui-même ou
par une modification apportée aux tissus ou aux liquides
dans lesquels vivra et évoluera cet organisme, on rende
inoffensifs les produits qui résultent de la vie du microbe et
tout aussitôt cesseront les accidents. Ce ne sont point dès
lor$ l'aspect extérieur ou le nombre des microbes qui permet-
tront toujours de juger la gravité d'une maladie déterminée.
Le problème est plus complexe. II est loin d'ailleurs d'être
résolu.
— La discussion qui s'est ouverte devant la Société des
hôpitaux et à laquelle n'ont encore pris part que MM. Se-
vestre et Grancher n'a porté que sur le mode de conta-
134 — N* 9 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
1<' Mars 1889
giosité de la rougeole. Il est démontré que la maladie est
très contagieuse dès ses premiers jours, c'est-à-dire avant
que l'éruption se soit manifestée, avant même qiie Ton
puisse observer dans la gorge l'exanthème caractéristique.
M. Sevestre en conclut que le germe contagieux se propage
par l'intermédiaire de l'air expiré; M. Graucher pense, au
contraire, qu'il ne se transmet que par les objets (linges,
vêtements, etc.) sur lesquels le mucus nasal ou bronchique,
les larmes, auront été déposés. Ce que l'on voit dans la
pratique semble bien donner raison à Thypothèse émise
par M. Sevestre. Un enfant, qui cinq ou six jours plus tard
seulement sera atteint de Téruption rubéolique, vient
assister à une matinée. C'est un enfant de deux ou trois
aus, qui porté sur les bras de sa bonne n'a aucun contact
direct avec ceux qui l'entourent. D'ailleurs, pendant les
quelques heures passées dans un salon surchauiïé et où l'air
reste confiné, c'est à peine s'il a toussé ou éternué une seule
fois. Et cependant dix ou douze jours plus tard le nombre
est grand de ceux qui, à celte matinée^ ont pris la rougeole.
Que cet enfant présente les prodromes de la scarlatine,
que deux heures à peine, après avoir été en contact
avecd'autres enfants il soit pris de vomissements, de fièvre et
d'angine, que le lendemain matin il soit couvert de l'exan-
thème scarlatineux, il n'aura cependant communiqué la
maladie à aucun de ceux qui l'auront vu, touché, embrassé.
N'en faut-il pas conclure que la prophylaxie de la rougeole
est à peu près impossible, tandis que celles de la scarla-
tine, de la coqueluche et surtout de la diphtérie sont des
plus faciles. C'est sur la durée de la contagiosité et sur les
moyens à conseiller pour s'assurer qu'une maladie éruptive
n'est plus contagieuse que nous voudrions voir porter sur-
tout la discussion.
PATHOLOGIE GÉNÉRALE
Tliéorle nerve«ae da psoriasis.
On prétend que lorsque les médecins hésitent sur la
nature d'une maladie, ils ont toujours la ressource de dire :
« C'est nerveux, i^ A ce compte, il y a longtemps qu'ils
auraient dû dire du psoriasis : c'est nerveux ; car tout ce qu'on
sait de cette dermatose, abstraction faite de ses caractères
anatomo-cliniques, se réduit à presque rien. Il est démontré
qu'elle n'est pas contagieuse, et il est généralement admis,
quoi qu'en pense Hébra, qu'elle se manifeste de préférence
chez les arthritiques. Voilà tout.
Cependant, on a remarqué encore que la disposition
interne, — arthritique ou autre, le nom importe peu, —
qui préside aux rechutes ou aux attaques réitérées du pso-
riasis, est parfois sollicitée par des influences acciden-
telles servant de causes provocatrices : tels sont les
fatigues, les traumatismes, les émotions, les chagrins, la
frayeur. La frayeur, voilà déjà un facteur étiologique qui
peut faire soupçonner le rôle pathogénique du système
nerveux, sans préjudice de l'influence diathésique. Mais
certains faits d'un autre ordre permettent de préciser mieux
l'origine nerveuse du psoriasis, en assignant à cette derma-
tose les attributs essentiels d'une véritable tropho- névrose.
Il s'agit là d'une doctrine toute nouvelle, peut-être un peu
hardie et, à coup sûr, imprévue. Eu tout cas, on ne peut
méconnaître qu'elle ait été brillamment soutenue par un
élève de rhôpital Saint-Louis, M. Bourdillon, dans une
thèse récompensée, il y a quelques jours, par la Faculté
Le professeur Pournier a consacré aussi une de ses dei
nîères leçons à ce sujet d'actualité. Il a exposé, avec I
talent qu'on lui connaît, les arguments qui plaident pot
ou contre la théorie de la tropho-névrose; sans prendi
parti d'une façon irrévocable, il ne dissimule pas que ceti
théorie le séduit et que, faute de mieux, il serait ass(
disposé à l'accueillir, à l'exclusion de toutes les autres.
I
En premier lieu, quelles preuves avons-nous que le psc
riasis n'est pas une détermination cutanée de provenanc
nerveuse? Est-il d'origine toxique? Nullement. Et, le fût-il
rhypothèse n'en serait que plus vraisemblable. Appartient
il en propre à un âge, à un sexe, à une race, à un cliinal
 un tempérament, à une classe sociale? Pas davantage
Inventaire fait de toutes les causes auxquelles on a vouli
le rapporter, nous sommes amené, comme Hebra, à éliini
ner tout; ou, du moins, pas absolument tout, puisqu
Hébra exclut jusqu'à la diathèse, € notre vieille marolb
française » ; or, la diathèse nous reste, et nous y tenons
Aujourd'hui, pour le plus grand nombre des médecin:
français, le psoriasis n'est que la manifestation extérieun
d'une maladie générale ou d'une prédisposition niorbidi
appelée, par Bazin, la diathèse dartreuse, variété ou subdi-
vision de l'arthritis.
La notion du parasitisme dans les maladies a causé toul
d'abord un grave préjudice à la doctrine des diathèses. Ce
fut, pour la première fois, le jour où l'inoculation efficace
de Yacarvki scabiei démontra que la gale n'est pas la consé-
quence d'un vice du sang. Le bacille de Koch devait, plus
tard, compromettre du même coup deux diathèses : la
scrofuleuse et la tuberculeuse. On pouvait croire, dès lors,
que toutes nos dermatoses diathésiques, y compris le pso-
riasis, allaient successivement y passer. Mais les conli-
nuateurs de Bazin prétendent, sans doute avec raison, que
le parasitisme, loin de ruiner la doctrine française, ne sert
qu'à la corroborer. Certainement, la diathèse ne suffit plus
pour créer des dermatoses de toutes pièces, mais le terrain
est aussi indispensable que la graine. Il viendra une
époque où l'étude chimique du terrain diathésique four-
nira, sur ce point, des données bien plus intéressantes et
bien plus décisives que toute la morphologie bactérienne.
En attendant, il reste à compléter la liste des parasites
dermatophytiques, et, pour n'en citer qu'un, le champignon
du psoriasis est encore à découvrir. Les recherches de
Lang, de Wolfl*, d'Ecklund, n'ont rien tenu de ce qu'elles
avaient promis. Vépidermophyton et le lepocolla repens
n'ont pas sitôt vu la lumière qu'ils rentrent déjà dans
l'ombre. Ce sont des parasites sans importance et ne tirant
point à conséquence. Leurs propres auteurs les renient. Les
choses en sont là! Bref, dans l'état actuel de nos connais-
sances, il n'est pas un témoignage sérieux qu'on puisse
invoquer en faveur de la docirine parasitaire du psoriasis;
et, à moins de ressusciter pour lui seul la c spontanéité
morbide :», on ne sait vraiment pas à quelle cause les ratta-
cher.
D'autre part, trouve-t-on dans ses caractères histolo-
giques un argument qui fasse évincer de prime abord
l'hypothèse d'une dystrophie nerveuse? Nullement, car, si
les modifications épidermiques très simples dans lesquelles
il se résume ont permis d'admettre l'intervention d'un
{» Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* é — 135
a^ent parasitaire, ces mêmes modifications peuvent être
aUribuées tout aussi justement à une irritation des filets
nerveux derrao-épiderraiques. Beaucoup de formes érup-
lives, depuis Férythème jusqu'à la vésicule, relèvent,
saivaiil les circonstances, de l'un ou l'autre de ces deux
ordres de causes. Il est invraisemblable que le psoriasis
soil, sous ce rapport, une espèce exceptionnelle. Envisagée
30 seal point de vue de sa structure microscopique, une
plaqué de psoriasis se réduit toujours à un trouble de la
production de l'éléidine. C'est une exagération du travail
de kéralinisation, combinée avec une élimination insuffl-
ante des produits kéralinisés : c'est la parakératose de
Rohioson, Auspilz, H. v. Hebra.
Les mêmes altérations sont vulgaires, sinon dans leurs
manifestations extérieures, du moins dans l'intimité de
\m processus, à la suite des lésions nerveuses les plus
dherjes. Ainsi, rien n'est plus commun que devoir, après
uflc lésion accidentelle ou spontanée des nerfs périphé-
riques, Tépiderme s'épaissir et se détacher, tantôt en larges
plaques écailleuses, tantôt en petites lamelles furfuracées,
dans le territoire plus ou moins circonscrit où se distri-
buent tes nerfs malades. Existe-t-il donc une si grande
différence entre ce mode de desquamation de l'épiderme
épaissi et l'exfoliation du psoriasis? L'histologie, en tous
cas, serait souvent bien empêchée de caractériser la diffé-
rence en question. Donc, a priori et théoriquement, rien
ne s'oppose à ce que le psoriasis résulte d'un trouble Iro-
phique du système nerveux.
II
Un second ordre d'arguments permet de serrer la ques-
tion de plus près. Nous venons de dire, et il est notoire,
que le psoriasis succède fréquemment à des causes exclusi-
vement morales. Certains sujets, sous l'influence d'une
émotion, d'un chagrin, ont des attaques de psoriasis, comme
d'autres ont des attaques d'hystérie ou d'angine de poitrine.
(|r, le relevé minutieux des antécédents morbides chez les
psoriasiqnes démontre que ces malades sont, pour la plupart,
d'un tempérament nerveux ; pour parler plus exactement et
plus explicitement, ils sont ou ont été, à un moment
donné, atteints de quelque phénomène névropathique bien
caractérisé. Et si, par hasard, ils sont indemnes de toute
lare nerveuse personnelle, on retrouve, en cherchant bien,
les symptômes d'un état névropathique, quelles qu'en soient
les manifestations, chez leurs ascendants directs uu parmi
leurs collatéraux les plus proches. Ce sont, comme on dit
aujourd'hui, des membres de la « famille névropathique ».
Il n'est donc pas surprenant qu'une dermatose d'ordre
ncryeux se produise sur de tels sujets. Nous y reviendrons,
d'ailleurs, dans un instant.
Voici, maintenant, une autre série d'arguments. C'est un
fait remarqué de longue date (alors môme que la discussion
actuelle n'était ni soulevée ni prévue) que le psoriasis est
très fréquemment symétrique. Il a une tendance marquée
à la bilaléralité et il envahit, le plus souvent, des parties
similaires. Cela ne peut être un simple effet du hasard. La
symétrie des éruptions, en général, est certainement un
résultat voulu par la cause éloignée et, il faut l'avouer,
encore obscure, qui préside à leur distribution. Comment
se soustraire à l'hypothèse que la cause dont il s'agit —
lésion ou trouble fonctionnel — réside dans un appareil
tout préparé pour la systématisation des localisations mor-
bides? Comment, cette hypothèse une fois admise, hésiter
sur l'organe qui commande la répartition symétrique des
éléments éruptifs? Quel autre organe que l'axe médullaire
possède cette faculté de coordination?
Il est, d'ailleurs, une forme toute particulière de psoria-
sis qui atteste l'intervention des centres spinaux. C'est celle
qu'on a désignée, à très juste titre, sous le nom de psoria--
sis douloureux. L'éruption, dans la forme dont il s'agit,
n'est certainement qu'un symptôme accessoire, presque
indifférent. Ce qui domine, c'est Virritation spinale, dans
le sens le plus large qu'on attribue à ce terme. Les douleurs
occupent de préférence les jointures. Elles sont provoquées
par la pression la plus légère. Tout le tégument qui les
avoisine est hyperesthésié. Évidemment, il s'agît là plutôt
d'une arthralgie que d'autre chose; mais il est impossible
de ne pas tenir compte aussi de quelques phénomènes
accessoires qui complètent le tableau clinique : les mêmes
malades, en effet, sont sujets à des névralgies de siège et
d'intensité variables, névralgies le plus souvent intercos-
tales ou sciatiques, à des myalgies, à des engourdissements
ou à des fourmillements des extrémités, à des contractures
musculaires ordinairement transitoires, parfois cependant
permanentes, à des spasmes plus ou moins complexes,
enfin, et surtout, à l'exagération constante des réflexes
tendineux. Les articulations, cependant, ne renferment pas
de liquide, et les douleurs dont elles sont le siège n'ont pas
la mobilité qu'on observe dans le rhumatisme proprement
dit, et, en particulier, dans le rhumatisme aigu ou subaigu.
m
Il nous faut parler maintenant d'une autre variété d'ar-
thropathies douloureuses dont la parenté avec le psoriasis
parait établie sur des fails d'une authenticité clinique encore
plus irréfutable. C'est dans l'histoire de ces faits que
M. Bourdillon pense avoir trouvé les preuves les plus con-
vaincantes en faveur de la nouvelle doctrine.' Nous serons
bref.
Si la coexistence des arthropathies avec le psoriasis est
connue depuis longtemps, si elle a été signalée par nombre
d'auteurs, notamment par Alibert, Gibert, Cazenave, Dever-
gie, Bazin, etc., il importe d'insister, plus que ne l'ont fait
tous ces maîtres, sur la chronicité des localisations articu-
laires chez les malades atteints de psoriasis chronique. Ce
qui, d'une façon générale, est peut-être encore plus frap-
pant que ce rapport, c'est la coïncidence des exacerbalions
arthropathiques avec les exacerbations de l'éruption. Enfin,
soit dans la forme chronique progressive, soit dans la forme
chronique à paroxysmes successifs, les arthropathies en
question ont encore ce caractère essentiel, qu'elles n'aban-
donnent jamais leur localisation première. Donc, nul espoir
de guérison complète. Il faut dire d'ailleurs que l'impo-
tence fonctionnelle qui résulte, à la longue, du progrès du
mal, s'explique ici par l'ensemble bien connu des altéra-
tions ostéo-fibreuses qui constituent les rhumatismes défor-
mants : distorsions, ankyloses, atrophies musculaires, etc.
Si les lésions, d'abord localisées sur deux ou quatre join-
tures symétriques, empirent constamment sans manifester
la moindre tendance à rétrocéder, cela n'implique pas que
d'autres articulations ne puissent être prises à leur tour ;
bien au contraire. Comme dans le rhumatisme noueux, la
généralisation est chose commune. Mais alors chaque nou-
velle arthrite parcourra les mêmes phases que les pre-
136
N« 9 -'
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
i" Mars 1889
mières. Même destinée, même aggravation fatale. Sous ce
rapport et à première vue, les arthropathies des psoriasi-
ques ne diffèrent donc pas beaucoup de celles que nous pré-
sentent si fréquemment, dans les asiles d'incurables, les
vieux rhumatisants et surtout les vieilles rhumatisantes.
Pendant ce temps, l'éruption psoriasique fait, de son
côté, des progrès en surface et en épaisseur ; elle se trans-
forme, même au point de devenir méconnaissable. Elle se
généralise, tout en conservant son caractère fondamental,
qui est la symétrie, et arrive parfois à envahir la totalité du
tégument. Désormais ce n'est plus un psoriasis ; c'est une
véritable dermatite exfoliatrice, dont les débris jonchent à
profusion le lit du patient. Ajoutons, pour compléter le
tableau, qu'on observe assez souvent des troubles de sécré-
tion tels que la suppression des sueurs ou leur apparition
sur un point limité, et le développement exagéré des poils
»ur un ou plusieurs segments des membres. Inutile d'in-
sister sur l'importance de ces derniers phénomènes dont
l'interprétation pathogénique ne comporte aucune hésita-
tion.
Les psoriasiques arlhropathiques sont parmi ces malades
inguérissables qui ont, comme on dit, la vie dure. Amaigris,
décharnés, cachectiques, condamnés à l'immobilité à per-
pétuité, ils ne succombent, le plus ordinairement, qu'à une
maladie intercurrente, à la pneumonie par exemple, la
maladie « terminale » entre toutes.
IV
Dans ce qui précède peut-on trouver les éléments d'une
théorie pathogénique rationnelle? — Tout d'abord, si
rien ne s'oppose à considérer le psoriasis comme un trouble
trophique de l'épiderroe et les arthropathies comme des
troubles trophiques des jointures, la coïncidence de ces
deux déterminations dystrophiques n'a rien non plus qui
doive surprendre. Malheureusement les recherches micro-
scopiques de Leloir^ Vidal, Kopp n'ont pas permis, du moins
jusqu'à ce jour, de découvrir dans les filets nerveux
recueillis au-dessous des plaques psoriasiques, la moindre
altération comparable, de près ou de loin, à celles qu'on a
constatées dans tant d'autres dermatoses. D'autre part, les
arthropathies dont il s'agit n'ont pas cessé d'être confondues
avec celles du rhumatisme chronique déformant. — Voilà
donc deux objections qui ne sont pas sans valeur.
Pourtant, eu ce qui concerne la première, on peut faire
valoir que tous les troubles trophiques de la peau ne sont
pas nécessairement commandés par des lésions anatomi-
ques des nerfs. Si l'on veut être édifié sur ce point, il suffit
de lire les observations très démonstratives que M. Leloir a
récemment réunies sous le titre de dermatoses par choc
moral. Le psoriasis mérite de figurer dans ce groupe : les
cas auxquels nous avons fait allusion plus haut en font foi.
La seconde objection a aussi ses côtés faibles. En premier
lieu, personne n'ignore que la symétrie des localisations
articulaires rhumatismales avait suggéré à de nombreux
auteurs et déjà depuis plus de cinquante ans, l'hypothèse
que le rhumatisme (aigu ou chronique) est sous la dépen-
dance d'un trouble matériel ou fonctionnel de la moelle
épinière. La précocité des atrophies musculaires périphé-
riques dans le rhumatisme chronique n'a fait que confirmer
cette manière de voir, toutefois sans la consacrer définiti-
vement. M. Charcot qui, le premier peut-être, a plaidé
énergiquement (à une époque où il y avait quelque mérite
à le faire) en faveur de l'origine trophique de certaines
lésions cutanées, a été le premier aussi à insister sur les
étroites connexions des atrophies musculaires avec les
arthropathies rhumatismales.
Puis, il faut bien — car on ne saurait trop y revenir —
attribuer aux circonstances étiologiques l'importiioce
qu'elles méritent. La famille névropathique est proche
parente de la famille arthritique. Dans l'une et l'autre les
manifestations morbides sont comme les rameaux de deux
arbresqui s'entrelacent : « Les deux arbres, dit M. Charcot,
sont voisins, ils communiquent par leurs racines et ont des
relations tellement intimes qu'on peut se demander quel-
quefois si ce n'est pas le même arbre. >
A cet égard les observations de la thèse de M. Bourdillon
sont pleines d'enseignements. Qu'on en juge par une seule.
Un homme de cinquante et un ans est atteint d'un psoriasis
encore discret combiné avec des arthropathies déformantes
localisées à la main. Ce malade, qui n'eut sa première
attaque de psoriasis qu'à l'âge de quarante-neuf ans, avait
été depuis son enfance affligé de tous les accidents de fhys-
téro-neurasthénie au grand complet. On l'avait même soigné
en 1866 pour une (c maladie de la moelle épinière >. Voici
maintenant ce qu'on a pu savoir sur sa famille : père très
nerveux, violent, sujet à des emportements, mort d'une
attaque d'apoplexie ; mère, encore vivante, âgée de quatre*
vingts ans, autrefois grande hystérique (elle eut, à l'époque
de la ménopause, jusqu'à cinq crises convulsives par jour);
frère maniaque, suicidé à trente et un ans; deux nièces,
l'une arriérée, l'autre âgée de dix-huit ans et encore atteinte
d'incontinence d'urine.
Les renseignements dont il s'agit ne sont pas de ceux
auxquels on attachait jusqu'à présent une grande valeur
lorsqu'on se trouvait en présence d'un cas de psoriasis.
D'autre part il est évident que les malades ne sont jamais
disposés à les fournir spontanément. A l'hôpital, on a plus
de peine aussi à les obtenir parce que les sujets sont moins
au courant de leur généalogie pathologique. Il faut insister
cependant, faire appel à des souvenirs quelquefois assez
lointains. Et quand on s'en donne la peine, ainsi que l'a
fait M. Bourdillon, on arrive à des résultats toujours trèà
significatifs.
Faut-il conclure maintenant, de cet exposé des faits, que
tous les psoriasis sont des trophonévroses ? — Ce sérail
assurémeut prématuré. Il suffit de savoir que beaucoup de
psoriasis et en particulier les psoriasis douloureux sont une
manifestation cutanée de névropalhie. Et le rhumatisme
chronique, dira-l-on ? Est-il donc, lui aussi, toujours un
trouble trophique d'origine spinale? L'ancienne hypothèse
de Milchell serait-elle près de recevoir sa confirmation (l)j
A cela M. Bourdillon répond d'une façon évasive. Mais il
paraît ressortir de son travail que les arthropathies psoria-
siques, malgré leur ressemblance frappante avec celles de
la maladie de Landré Beauvais, en diffèrent par certaines
particularités que nous allons énumérer brièvement.
D'abord, et c'est là le point important, on les observerait
chezles hommes beaucoup plussouventquechezlesfemmes.
Puis, on constate, chez les psoriasiques, que les articu-
lations des doigts sont ordinairement les dernières frap-
pées, juste l'inverse de ce qui se passe chez les rhumatisant?
(i) Conférences Pilrcsi et VaUIard : Névrite* périphiriquet dans le rhuinA-
tiime chronique {Revue dt méiecinc, 1887, n* 7).
\^ Mars 1880
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 9
m
chroniques. Les nouures propremeni dites font souvent
défaut. Elles semblent même devoir être considérées comme
très rares dans la forme généralisée. Au lieu d*un gonfle-
Qieoldes petites épiphyses, on observerait plutôt une dimi-
nution de la substance osseuse au niveau des interlignes
articulaires. Cette raréfaction du tissu osseux n'a-t-elie pas
quelque analogie avec celle qui caractérise les arthropathies
du tabès ? Notons encore que Tinclinaison des doigts vers
le bord cubital, qui est un signe commun du rhumatisme
noueux, est rare chez les psoriasiques ; ceux-ci présente-
raient plutôt le phénomène inverse. Enfin, ces malades ont
mm souvent la déformation du pied en varus ou en valgus
qu'une simple extension rectiligne avec exagération de la
voùle plantaire.
Voilà, en résumé, des constatations cliniques fort inté-
ressantes. Les faits sont là, c'est la chose importante. Du
jouroù ils auront suffisamment éveillé l'attention, nous les
T<!rrons, sans doute, se multiplier. Pour le moment, les
i^rpothëses pathogéniques sont inutiles. Cependant nous
enregistrons celle de M. Bourdillon; elle est ingénieuse-
ment présentée ; elle a surtout, quel que soit son avenir,
le grand mérite de s'appuyer sur des observations bien
recueillies et complètes.
E. Brissaud.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
CLINIQUE DU VAL-DE*GRACE : M. LE PROFESSEUR GHAUVEL.
ilYOPIE CONGÉNITALE AVEC ASTIGMATISME. — M. Chauvel
présente deux jeunes soldats atteints d'une diminution
considérable de la vision, sans correction marquée par les
verres. Ces hommes, cultivateurs, sans antécédents héré-
dilaires, n'ont jamais vu de loin ; dès leur enfance l'am-
blyopie était aussi prononcée qu'aujourd'hui. Ils n'ont pas
soutiert des veux et l'on ne constate à l'examen aucune
lésion des liémisphères extérieurs. Impossible de tirer
aucun renseignement des méthodes subjectives d'explora-
tion, tant en raison de la faiblesse de la vue que du peu
d'intelligence ou de bonne volonté des sujets.
Le professeur insiste sur la nécessité dans ces conditione
frexplorations objectives complètes. Il montre que gràcs
à la kératoscopie et à l'angioscopie, grâce à l'emploi
•iesophlalmoraètres, on peut affirmer : 1° qu'il existe une
myopie de 6 dioptries environ ; 2' qu'un astigmatisme cor-
née» de 3 à 4 dioptries vient compliquer la situation et
rendre compte des difficultés de la correction, sinon de
son impossioilité. M. Chauvel insiste enfin sur l'absence
presque complète des lésions staphylomateuses caractéri-
stiques de la myopie forte, contrairement à l'opinion géné-
rale en ce qui concerne ces amétropies congénitales.
Choroïdite maculaïre congénitale. — En présentant
un jeune soldat atteint de cette lésion de la choroïde à
i'œil droit, M. Chauvel insiste sur la fréquence relative-
menigrandede cette cause d'amblyopie. Il en observe chaque
année 2 ou 3 cas environ sur 1500 sujets. Remontant
probablement jusqu'à la vie intra-utérine, cette affection
localisée à la membrane vasculaire ne se traduit que par
iamblyopie plus ou moins prononcée qu'elle entraîne. Elle
nesaufait échappera un examen ophtalmoscopique sérieux,
^J, ses variétés comme étendue, comme forme sont con-
sidérables. Il n'a pu jusqu'ici retrouver la cause première
<le cette choroïdite, mais elle ne saurait être rapportée à la
syphilis héréditaire.
hôpital sainte^anne : m. le professeur ball.
Les mélancoliques. — Les troubles symptomatiques que
présentent les mélancoliques sont nombreux et variés : le
mélancolique respire mal; sa respiration est insuffisante
soit en nombre soit en qualité ; le rythme en est saccadé,
irrégulier; le rapport entre le nombre des inspirations et
celui des pulsations se trouve troublé ; une inspiration cor-
respond à cinq ou six pulsations; il y a défaut d'oxydation,
de combustion, dû à un trouble circulatoire et à un abais-
sement de température.
Au point de vue de la digestion, on constate qu'en géné-
ral les mélancoliques refusent les aliments ; sans le secours
de la sonde ils mourraient de faim. Souvent il y a
anorexie, répugnance pour les aliments; il peut aussi
arriver que leur refus tienne à des idées délirantes; dans
ces cas ils craignent d'être empoisonnés; enfin leur absti-
nence systématique peut encore être due à des hallucina-
tions de l'ouie, des voix leur commandent de ne pas manger,
leur salut ou ceux des leurs se trouvent ensuite compromis.
Il y a des mélancoliques qui refusent de manger simplement
par amour-propre; ils ont dit qu'ils ne le feraient pas, ils
veulent maintenir leur dire.
C'est là un point de contraste entre le maniaque et le
mélancolique : tandis que ce dernier se maintiendrait
volontiers dans le jeûne, le premier, au contraire, en proie
à une faim canine se lance gloutonnement sur les aliments.
La constipation opiniâtre qui existe chez les mélanco-
liques fait qu'on les airait atteints de paralysie de l'intestin.
Chez les mélancolioues l'appareil digestif est troublé
dans son ensemble. L amaigrissement notable qu'ils pré-
sentent s'explique surtout par une raison d'ordre cérébral ;
troublé dans ses fonctions, le cerveau oublie de réveilller
l'appétit qui s'endort.
Le mélancolique ne dort jamais, le cerveau mal irrigué
n'a plus la turgescence vitale nécessaire pour que le
sommeil s'ensuive. D'ordinaire il a la bouche sèche, con-
trairement au maniaque; il transpire encore moins; la
peau est sèche, rugueuse, fendillée. Les urines sont rares,
peu abondantes et fortement chargées de principes extrac-
tifs. Par une sorte d'anesthésie il peut garder longtemps
ses urines. Le mélancolique vide rarement sa vessie. Dans
ses urines on a signalé un excès d'acide urique, d'urates
alcalins et de phosphates. On peut encore y rencontrer du
sucre et parfois un excès de ptomalnes.
Dans ces derniers temps des auteurs qui ont repris l'ex-
périence du vernissage des animaux sont arrivés à la con-
clusion que leur mort était due à la rétention par l'écono-
mie d'un poison spécial (ptomalne) non déterminé. Le
tirofesseur Ball, en se basant sur la rareté de sueurs che2
es mélancoliques, croit q^ue chez beaucoup d'entre eux
sinon chez tous il y aurait lieu de tenir compte de l'exis-
tence d'un poison de nature animale.
En dehors des troubles cités, les mélancoliques pré-
sentent encore des troubles de la motilité. Souvent ils ne
veulent pas quitter leur lit. Loin d'être exclusif comme
certains auteurs, le professeur Ball est d'avis qu'il y a
des cas où on doit respecter cette torpeur, tandis que dans
d'autres cas il faut chercher à la vaincre.
Le plus généralement muets, quand on parvient à vaincre
leur silence, leur voix presque éteinte est faible, basse,
caverneuse; cela dépend, en dehors d'autres causes, d'une
parésie des tenseurs des cordes vocales.
Le trouble de la sensibilité que l'on constate le plus
souvent chez les mélancoliques est l'anesthésie ; c'est ainsi
que l'on a vu des mélancoliques se brûler sans laisser voir
aucune manifestation qui fît croire qu'ils sentaient ; de
même on en a vu dans la neige qui ne semblaient rien
éprouver. C'est encore par l'anesthésie que l'on explique
138 _ N<» 9 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
!•' Mars 1889
les mutilations auxquelles ils se livrent si Tréquemment.
Les hallucinations de Touie sont terrifiantes ou délirantes.
On observe aussi des sensations morbides du c6té de la
peau, des troubles de Todorat ou bien du goût, des troubles
génitaux, etc.
Les troubles de la vue sont rares chez les mélancoliques
à moins toutefois qu*ils s'agisse par exemple de la lipéma-
nie alcoolique ou encore la mélancolie hystérique.
TRAVAUX ORIGINAUX
Cllolqne miédlcale*
Db la syrinoomyélib. Communication faite à la Société
médicale des hôpitaux, dans la séance du ^2 février 1889,
par M. le docteur Debove, agrégé de la Faculté, médecin
de l'hôpital Andral.
Il y a peu d'années la syringomyélie était une simple
curiosité anatomique et son diagnostic semblait impossible.
Aujourd'hui, grâce aux travaux publiés à l'étranger par
Fr. Schultze (1), Kahler (2), Rolh (3), Bernhardt (4), etc.,
nous pouvons, dans la majorité des cas, la reconnaître du
vivant même du malade. Ses symptômes, si caractéristiques
cependant, sont si peu connus en France qu'il m'a paru
intéressant de vous présenter un malade qui est un type de
ce genre d'affection.
Je disque la syringomyélie a été peu étudiée en France ;
cependant M. le docteur Morvan (5) (de Lannilis) a décrit
sous le nom de parésie analgésique ou paréso-analgésie
des extrémités supérieures, une maladie identifiée à la
syringomyélie par A. Broca (6), Bernhardt et Roth.
MM. Monod et Reboul (7) croient, au contraire, qu'il s'agit
d'une affection nerveuse périphérique et dans une autopsie
récente, sur un malade soigné par Mqrvan même, ils n'ont
trouvé aucune lésion médullaire (communication verbale).
La question de l'identité ou non des deux maladies n'est pas
encore tranchée, mais l'autopsie de MM. Monod et Reboul
nous fait penser qu'elle le sera dans le sens de la non-iden-
tité.
Permettez-moi, avant de présenter mon malade, de rap-
Seler les lésions et symptômes d'une maladie dont les
étails peuvent ne pas être présents à l'esprit de plusieurs
d'entre vous. Anatomiqueuient, la syringomyélie est carac-
térisée par une destruction de la substance grise de la
moelle épinière, destruction plus ou moins étendue dans le
sens transversal et dans le sens longitudinal. Les cordons
de substance blanche sont alors plus ou moins lésés. S'agit-
il d'une affection ayant pourpoint de départ le canal central,
ou d'une gliomatose, c'est-à-dire d'une inflammation des-
tructive de la nevroglie; les deux opinions ont été soute-
nues, et en l'absence de toute autopsie récente je me gar-
derai bien d'avoir un avis.
La syringomyélie est surtout caractérisée par des troubles
de la sensibilité à la douleur et à la température, alors que
la sensibilité au tact est presque indemne, et par des trou-
bles trophiques intéressant divers tissus, muscles, os, etc.
Notre malade présente à un haut degré ces divers symp-
tômes. Chez lui, la sensibilité de la douleur a disparu des
pieds à la tête. On peut, en toute région, pincer, irriter la
Feaii, même violemment, le malade sent bien le pincement,
irritation, mais ne perçoit aucune douleur.
(1) Schultze. ZeiUchrift fur kliniichèiMedicin. Bd XIII. Hilfl Ù.
(2) Kahler, Ueber dU Diaffnoie der Syringo'hyeUe. Prâper medicin. Wochen-
tthrift. S. 63, 188H.
(3) Rotlt, Gliomatote médullaire (Arckivet de neurolofie, 1887. Vol. ii et
suivants.
(4) Bembardl, Centralblatt fur Nervenheitkunde, 1887, n« i, ei 1889, n» 2.
(5) Morvan, Gaz. hek., 1886. n»33 et suiv.; 1887, n« 41.
(6) A. Broca, Ga%. heb., 1888, n« 39.
(7) Moood et Reboul« Archivée glniraiu de médecine, 1888.
La thermoanesthésie est moins étendue. Elle est com-
plète pour toute la partie des membres inférieurs située
au-dessous d'un plan perpendiculaire au tiers moyen de la
cuisse, et pour la partie des membres supérieurs située au-
dessous d'un plan passant par l'insertion humérale du del-
toïde. La thermoanesthésie est beaucoup moins nrononcée
à ta racine des membres, au tronc et au cou, elle n'existe
pas à la tète. Les muqueuses oculaires et buccale sont sen-
sibles à la chaleur et le malade sait parfaitement si sa soupe
est trop chaude. Cette thermoanesthésie a donné lieu à un
accident le jour même de l'entrée à l'hôpital. Le malade se
plaignant d'une sensation subjective de froid, on lui mit aux
pieds une boule trop chaude qui le brûla à son insu.
Aujourd'hui, au bout d'un mois, ces brûlures ne sont pas
encore cicatrisées, moins à cause de leur profondeur qu'à
cause des troubles trophiques dépendant de la lésion du
système nerveux.
Malgré ce trouble profond de la sensibilité à la chaleur
et à la douleur, la sensibilité tactile est conservée sur toute
l'étendue du tégument, je ne dirai pas qu'elle est intacte,
mais elle ne s'éloigne guère de la normale.
Les organes des sens spéciaux ne présentent rien d'ano-
mal.
J'arrive maintenant aux troubles trophiques. Le plu>
caractéristique est une atrophie musculaire de la main el
de l'avant-bras droit, affectant le type Duchenne-Aran. L'é-
minence hypothénar n'existe plus, le relief de réminence
thénar est notablement diminué, les muscles interosseus
ont en grande partie disparu. L'atrophie de l'avant-bras
parait surtout porter sur I extenseur commun des doigts. Il
résulte de ces diverses atrophies une déformation de la main,
une griffe, amenant la flexion permanente des trois derniers
doigts; ils se laissent d'ailleurs facilement redresser, car il
n'y a pas de contracture. Le bras de ce côté est normal, le
deltoïde correspondant est un neu atrophié.
La main gauche est le siège aune atrophie non douteuse,
beaucoun moins prononcée quà droite, n'amenant pas en-
core de aéformation notable et permettant tous les mouve-
ments. Le bras, l'avant-bras, l'épaule de ce côté sont à peu
près normaux, il en est de même des muscles du tronc et de
ta tête.
Aux membres inférieurs, les muscles du mollet et le tri-
ceps crural du côté gauche sont un peu moins volunnineui
que les congénères du côté opposé. Mais ces atrophies ne
suffisent pas à expliquer la faiblesse du malade qui ne sau-
rait marcher quelques centaines de mètres.
Il existe encore ici un autre trouble trophique, c'est une
scoliose prononcée de la région dorso-lombaire. Sa con-
cavité est tournée à droite ; il existe une courbure de com-
pensation à la région dorsale.
Nous n'avons pas observé d'autres troubles trophiques
fréquemment relevés en pareille circonstance, tels que
affections osseuses (panaris), cutanées (eczémas rebelles),
ou sous-cutanées (phlegmons) etc. Hais depuis peu de temps >
est survenu un phénomène qui peut également être rap-
porté à un trouble trophique. L'urine est abondante et légè- 1
rement trouble, elle contient des globules de pus, et pour
qui connaît la signification de la cystite dans les myélites, 1
il y a là une lésion dont il faut tenir grand compte au point
de vue du pronostic. j
Les réflexes papillaires pharyngés, crémastériens sont I
conservés. Les réflexes tendineux sont abolis aux membres
supérieurs. Aux membres inférieurs, le réflexe rotuJien a
disparu à gauche, il est exagéré à droite. Cet état contra-
dictoire semble indiquer qu'à la région lombaire droite, la
lésion s'est étendue au cordon latéral, tandis que du côté
opposé elle s'est étendue au cordon postérieur. De inénie
l'atrophie du membre supérieur droit indiquait que h
substance grise intéressait une partie de la corne antérieure
droite du renflement cervical.
\« Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
_ fjo 9 _ 139
Voilà à peu près tous les phénomènes présentés par notre
malade, il ne me reste plus guère qu'à énuraéreraes signes
négaïifs. Il n'y a pas et il n'y a jamais eu de douleurs, con-
Ifairement à ce qui a été observé chez nombre de ces mala-
des, nous trouvons tout au plus à noter des sensations
subjectives du froid. Nous n'avons constaté aucun trouble
des organes internes. Le malade est assez triste, mais son
état cérébral est suffisamment expliqué par la longueur et
la gravité de son mal.
Etant donné cet ensemble de symptômes, je ïïb crois pas
qu'on puisse contester le diagnostic. Les troubles de la sen-
sibilité à la douleur et à la température, l'atrophie muscu*
laire et la scoliose sont si caractéristiques qu'il n'est guère
possible de nier la syringomyélie.
Contrairement à 1 usage, j ai commencé par décrire l'état
icluel sans indiquer ni l'époque, ni le début des accidents,
parce qu'il y a là matière à discussion.
Suivant le malade, ses accidents auraient débuté il y a
cinq ans; suivant moi, ce début remonterait à une vingtaine
d'années. Il y a cinq ans, apparut l'atrophie musculaire.
Vers la même époque, le malade se fit, en se chauffant les
jambes, une brûlure étendue sans percevoir la moindre
douleur; mais une circonstance nous permet de reconnaître
que Tanesthcsie existait déjà il y a neuf mois. A cette
époque, notre homme fit une chute sur le genou ; cette
articulation se tuméfia considérablement et nécessita l'entrée
àrhôpital(ârthropathie d'origine médullaire?); on appliqua
des ventouses scarifiées; or, ni la chute, ni la lésion articu-
laire, ni les ventouses scarifiées n'ont provoqué de douleur,
il y aurait donc de l'analgésie à Tinsu du malade. Cette
ignorance ne nous étonnera pas, si nous nous reportons aux
mêmes obénomènes observés chez les hystériques. Ils (les
recherches contemporaines nous autorisent à dire aussi bien
ilsque elles) ne s'aperçoivent pour ainsi dire jamais qu'ils
sont anesthésiques et c'est l'exploration médicale qui le
leur révèle.
Quoique j'ignore à quelle époque est survenue l'anes-
tbésieje suis tenté de faire remonter le début des accidents
actuels à une fièvre typhoïde très grave survenue à l'âge
de quinze ans. Le relevé de nombreuses observations nous
apprend en effet que la syringomyélie survient à la suite de
maladies infectieuses. Or, deux ans après la fièvre typhoïde,
la scoliose était déjà très prononcée. Etant donné la fré-
ouence de la scoliose dans la syringomyélie, nous sommes
Uen porté à la considérer comme le premier accident par
lequel s'est traduit cette maladie.
Odonlologfle.
La MALADIE DE Fauchard, par M. le docteur Th. David.
Les alvéoles dentaires sont le siège d'une maladie sur la
dénomination, l'étiologie et la nature de laquelle les auteurs
dissertent depuis plus d'un siècle et demi, sans que la
question ait fait grand progrès à cet égard.
Cette maladie survient chez les adultes vers quarante ou
cinquante ans, chez des sujets atteints d'une afl'ection géné-
rale (goutte, diabète, rhumatisme. ••) ou d'une afl'ection
locale avec retentissement sur l'étal général (maladie de
cœur ou du foie...), et chez beaucoup de femmes à la méno-
pause. Elle est caractérisée par une inflammation intra-
alvéolaire chronique, accompagnée d'une suppuration
abondante. Commençant au niveau du bord libre de la
gencive, elle s'étend de proche en proche, très lentement,
jusqu'au fond de l'alvéole, qui se résorbe, au fur et à
^esure,en dénudant peu à peu la dent jusqu'à ce que celle-ci,
ébranlée, déchaussée progressivement, tombe en quelque
Me d'elle-même, sans présenter de lésion apparente.
Suivant que les auteurs ont été frappés par l'un de ces
symptômes plus particulièrement que par les autres, ils ont
donné son nom à la maladie. D'où les termes de suppura^
lion conjointe des alvéoles et des gencives (Jourdain),
dissolution des alvéoles suivie d'ébranlement et de la
chute desdents (Saucerotte), pyorrhée inter-alvéolo^ntaire
(Toirac), suppuration des gencives (Désirabode), gingivite
expulsive (Marchai, de Caivi), ostéopériostite aïvéolo^
dentaire (Magitot), rhumatisme, goutte dentaire^ gingi-*
vite arthrodentaire , arthrite alvéolaire^ etc....; on en
pourrait encore citer bien d'autres, et chaque année en voit
apparaître de nouveaux.
Les opinions relatives à la nature de la maladie sont
tout aussi diverses, et ne prêtent pas moins le flanc aux
objections.
1° Pour les uns, la maladie serait essentiellement gingi-
vale, d'où la désignation de gingivite; or, l'inflammation
gingivale n'est qu un épiphénomène faisant souvent défaut
autour de dents qui, néanmoins, s'ébranlent et tombent ;
J!" Pour d'autres, l'inflammation et la destruction du
ligament ou périoste inter-alvéolo-dentaire seraient les
lésions principales, entraînant accessoirement l'altération
du cément, de l'alvéole, de la fi;encive, d'où lé terme d'os-
téo-périostite ; or, souvent, il n y a pas trace d Inflammation
intra-alvéolaire ;
S"" Enfin, l'affection consisterait essentiellement dans une
lésion des procès alvéolaires, qui se résorberaient ou s'éli-
mineraient en suppuration ; accessoirement, le périoste et
la gencive entreraient en cause.
Mêmes variétés d'opinion au ^oint de vue étiologique.
i° La maladie serait d'ordre local : action du tartre, irri-
tants divers, anomalies dentaires, action de l'acide lactique
provenant de le décomposition du sucre chez les diabé-
tiques, présence de parasites...;
2" Suivant la plupart des auteurs, elle serait d'ordre
général : manifestation locale d'un état constitutionnel,
répercussion d*une maladie générale éloignée, scorbut,
goutte, rhumatisme, arthritisme, diabète...
Pour nous, d'après l'analyse des auteurs et l'appréciation
des faits, cette maladie ne survient que chez aes sujets
atteints de troubles graves, passagers ou durables de la
nutrition. La guérison de l'état général entraîne souvent
celle de la bouche, et, (l'autre part, avec la persistance de
cet état, Tantisepsie la plus parfaite tous en le retardant
n'arrête pas le déchaussement progressif des dents. Si les
micro-organismes étaient la cause réelle de la maladie,
pourquoi ne l'observerait-on pas dans les bouches sales, où
par la multiplicité des caries, la présence de fistules, de
gingivites, de périostites se trouvent réalisées les plus par-
faites conditions de culture microbienne?
Au sujet de sa nature, la maladie nous parait consister
essentiellement dans une {^5ton osseuse; telle était l'opi-
nion de Bourdet, Piorry, Gosselin... Les procès alvéolaires
s'atrophient, se résorbent comme le tissu osseux en général,
comme le col du fémur chez les vieillards. Des conditions
topographiques particulières exposent cette ostéite raré-
fiante à l'air, au milieu buccal, à l'action des nombreux
riarasites qui s'y trouvent et font qu'elle s'accompagne de
ésions gingivales et périostales auxquelles est due la sup-
puration intra-alvéolaire.
Le traitement local aussi nécessaire que le traitement
général, doit avoir précisément pour but de remédier à ces
conditions : destruction de la gencive décollée, lavages
fréquents pour entretenir aseptiques les interstices dentaires
et les culs-de-sac gingivaux. Méthodiquement suivi, il peut
retarder pendant longtemps la chute des dents. Il peut même
aboutir à un arrêt complet du processus, si, spontanénient
ou par un traitement général approprié, l'état constitution-
nel est lui-même guéri.
Telle est notre manière de voir au sujet des causes et de
la nature de cette maladie. Mais, bien qu'elle soit confirmée
par les faits que nous observons chaque jour et surtout par
140 — N' 9 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
l'^'' Mars 1889
les résultats thérapeutiques qui en découlent, nous sommes
aussi embarrassé que nos devanciers pour trouver une
dénomination qui ne soit sujette à aucune critique.
Plutôt que d'en proposer une que de nouvelles recherches
viendraient encore renverser, nous nous sommes demandé
s'il ne valait pas mieux, suivant un usage assez générale-
ment adopté aujourd'hui, lui donner le nom du médecin
qui, le premier, en a tracé une bonne description clinique.
En 1/28, Fauchard décrivait ainsi celte maladie :
« Il est encore une espèce de scorbut de laquelle je
pense qu'aucun auteur n'a encore pris le souci de parler,
et qui, sans intéresser les autres parties du corps, attaque
les gencives, les alvéoles et les dents... On la reconnaît par
un pus blanc et un peu gluant que l'on fait sortir des gen-
cives, en appuyant le doigt un peu fortement... Ce pus sort
souvent d'entre la gencive et le corps de l'alvéole, et, quel-
quefois, d'entre l'alvéole et la racine de la dent : ce qui
arri\e plus fréquemment à la partie extérieure des mâchoires
qu'à leur partie intérieure, et plutôt aux dents incisives et
aux canines de la mâchoire inférieure qu'à celle de la supé-
rieure. » (Fauchard. Le clmu7*gien dentiste, V' édit. Paris,
1728, t. I, p. 275.)
On n'a guère ajouté depuis lors à celte description. Aussi
proposons-nous de donner à la maladie dont il s'agit le
nom de notre compatriote Fauchard, le père de la chirurgie
dentaire, de préférence à celui de Rigg qu'on a proposé en
Amérique, du nom d'un auteur contemporain. Celte déno-
mination a l'avantage de ne rien préjuger, et l'accord se
fera plus facilement sur elle que sur toute autre de celles
qui ont été proposées jusqu'ici.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des acIenceM.
Sur les propriétés vaccinales de microbes ci-devant
pathogènes, transformés en microdes simplement sapro-
gènes, destitués de toutes propriétés virulentes, par
M. A. Cliauveau. — Dans celle note M. Chauveau se pro-
pose de résoudre diverses questions.
^k.La perte complète de toute virulence dans les microbes
infectieux peut-elle être considérée comme un indice de
transformation spécifique? — On connaît, dit-il, l'étroite
parenté qui existe enlre les microbes pathogènes et ceux
que, par une extension légitime, quoique peu grammaticale,
on peut comprendre sous la désignation de microbes
saprogènes. Cette parenté a, tout naturellement, suscité
l'hypothèse qu'il n'y a entre ces deux sortes d'organismes
aucune ligne de démarcation tranchée, et qu'ils peuvent se
transformer les uns dans les autres. On a même cherché
à réaliser ces transformations, à rendre bénin, c'est-à-dire
impropre à ses manifestations virulentes habituelles, tel
microbe éminemment malin, et à rendre malin, c'est-
à-dire nettement virulent, tel microbe saprogène habi-
tuellement impropre à toute influence physiologique mal-
faisante quand, au lieu d'être cultivé dans les milieux
extérieurs, il est implanté dans l'organisme animal.
« 11 est bien certain que la virulence de certains agents
pathogènes s'atténue ou s'exalte, suivant les conditions de la
culture à laquelle on soumet ces agents. Parfois même
cette virulence s'éteint absolument, du moins en apparence,
sans que la végètabilité du microbe ait subi une sensible
atteinte. A la vérité, la récupération de la virulence tota-
lement perdue ne semble pas aussi facile à obtenir, ni, a
fortiori^ l'attribution, de toutes pièces, de cette propriété
à des microbes purement saprogène à l'origine. Mais le
succès de l'opération inverse n'en est pas amoindri dans ses
conséquences. Il autorise à se demander si vraiment on
transforme spécifiquement les microbes pathogènes qu'on
prive de toute aptitude virulente, en leur conservant leur
aptitude à vôgéler. »
Pour inlerpréter ce résultat, M. Chauveau a choisi, parmi
les faits de transformation dont il est possible de tirer parti,
ceux qui concernent le microbe de Davaine, c'est-à-dire le
bacillus anthracis.
Il l'a cultivé pendant quatre et cinq générations succes-
sives sous pression d'air augmenté (9 atomosobères) et a
obtenu ainsi des races de bacilles anthracisdont la virulence
était considérablement atténuée.
Soumettant une seconde fois ces cultures à l'action de
l'oxygène sous pression, il a obtenu pour les uns une atté-
nuation très rapide, allant jusqu'à la perte absolue de la
virulence, et pour les autres upe atténuation moins ariivc,
mais qui aboutissait cependant aussi à la déchéance com-
plète au point de vue de l'aptitude virulente, et cela sans
que la forme ou l'aptitude prolifique des éléments micro-
biens aient été modifiées. Après comme avant, € c'est bien
toujours le môme microbe; seulement il n'est plus patho-
gène : il est devenu neutre ou indifférent, c'est-à-dire
impropre aux fermentations physiologiques de nature infec-
tieuse. C'est un microbe qui semble être maintenanl sim-
plement saprogène ; il ne parait plus pouvoir s'attaquer à la
matière vivante, et peut être considéré comme étant aple a
vivre, à se développer seulement dans les milieux exté-
rieurs, comme les microbes des fermentations communes.»
Mais ce microbe, s'il n'est plus infectieux, reste cependani
apte à conférer l'immunité. Ce n'est plus un virus actif, c'eslî
un virus-vaccin. - !
M. Chauveau croit pouvoir tirer de ses expériences les
conclusions suivantes : « Le microbe charbonneux, tota-
lement privé de sa virulence, n'est pas devenu un simple
microbe saprogène apte seulement aux fermentations com-
munes qui se passent en dehors des milieux vivants. Il a
conservé un des attributs les plus précieux qui dénotent la
nature infectieuse du microbe pathogène. Donc il n'a pas
été transformé spécifiquement; cet agent appartient encore
à la souche d'où il est issu; il reste toujours microbe patho-
gène. C'est au moins la conclusion qui s'impose aclnei-
lement. Naturellement, je ne peux rien préjuger au sujet
des métamorphoses ultérieures qu'il sera peut-être possible
d'imprimer encore au bacillus anthracis, en continuant de:
le soumettre à l'action de l'oxygène comprimé, ou par tout
autre moyen. Mais, dans l'état actuel où j'ai mis le microbe,
sa transformation n'est qu'apparente. Au fond, tout destitue
qu'il soit de sa fonction virulente, il n'a pas été privé de
l'aptitude à la récupérer. C'est ce que je ferai ressortir dans
les développements que j'ai encore à donner. >
Sur l'apparition rapide de l'oxyhémoglobine dans la
bile et sur quelques caractères spectroscopiques nor-
MAUX DE CE LIQUIDE, par MM. Ë. Wertueimer et Ë. Mëyer.
— D'une nouvelle série de recherches les auteurs de celte
note déduisent les conclusions suivantes. Il ont observé :
« 1" Le passage rapide de l'oxyhémoglobine dans la bile,
chez des animaux, ou intoxiqués par des agents destruc-
teurs des hématies, ou morts de froid, ou artificiellement
refroidis; 2* la formation dans ce liquide, chez les mêmes
animaux, d'un dérivé de l'hémoglobine, dont les propriétés
optiques sont celles de la méthémoglobine, mais qui diffère
de celle-ci par la façon dont il se comporte à l'égard des
réactifs; 3' la présence de ce même corps (cholomélhémo-
globine) dans la bile normale des jeunes chiens; 4* la pré-
sence, dans la bile des chiens de tout âge, de bandes dont
les caractères sont ceux des bandes de bilicyanine. »
— M. Berthelot a été élu secrétaire perpétuel en rem-
placement de 41. Pasteur nommé secrétaire perpétuel
honoraire.
1*' Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 9 — 141
Aeadéfliie de médeelBe.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE H. MAURICE PERRIN.
U correspondance comprend : 4* une étude 9ur 300 eai de fièvre tearlatine
iàitnit à l'hôpital militaire de Saint-QuenHa, par M. le doclear Fonsard.
mftttTin militaire; â* on méinoire »ur Ut revaccinatiwM pratiquée» à l'école
i(n{ant% de troupe de$ Andelys, {tar M. le docteur Dupeyron; 3* un rapport sur
d<>s vaceinationt pratiquées en 1883 dans le district d'Aumale, par M. le docteur
(jsU>lbou; 4** un mémoire sur la moriidUé et la mùrtalité enfantines dans la
circonscription médicale do Retin. par M. le docteur Séjoiirnet (de Revin); 5*^ un
rtppôrttur Amélie les-Bains, par M. Lamarque, stagiaire de l'Académie; 6« une
Ifitre de M. le docteur Scjournet (do Revin), qui se porte candidat au titre de
r»rrc>pondant national.
M. Dujardin-Beaumetx présente n^ mémoire du docteur Clémente Ferreirt sur
iMptlttdisme che% les enfants (renvoyé à la Commission pour le concours du
Prit tiodardj.
M. Tarnier présente un mémoire de M. Quelrcl sur l'histoire de la Maternité
it MsrteiUe.
U. FtHmier oflre à l'Académie ses leçons sur la syphilis vaeeinale recueillies
|4r le docteur PorUlier.
M. Mdal présente une thèse de M. Sénnme sur la syphilis et grossesse, étude
<i. !i<,yi>liilis pust-coiiceptionnelle, et une thèse de M. Impers sur les relations de
Ui^philis awec Timpaludisme.
H. Uboulbéne fait faommaffe à l'Académie de son Étude sur l'ancienne Âca-
•JcBiie de Paris.
De la NÉCESSITÉ DE LA VACCINATION ET DE LA REVACCINA-
TIO> POUR FAIRE PARTIE D'UNE SOCIÉTÉ DE SECOURS MUTUELS.
— M. Hervieux lit un rapport au sujet des questions sou-
mises à l'Académie par ladhambreconsullalive des Sociétés
de secours mutuels sur la nécessité d'exiger la vaccination
e( la revaccination avant l'admission dans ces Sociétés.
Voici les conclusions de ce rapport :
i" Il est désirable, dans Tintérêt individuel aussi bien que
dans l'intérêt général, que tout individu qui se présente
pour être admis dans une Société de secours mutuels n'y
soii reçu qu'autant qu'il aura été antérieurement vacciné;
2" Il est désirable que, hors le temps d'épidémie, toute
Société de secours mutuels puisse exiger de ses membres
qu'ils soient soumis à la revaccinalion après un délai de dix
ans; en temps d'épidémie, on ne devra pas attendre l'expi-
ralion de ce délai;
3° Si la jraccination ou la revaccination avaient échoué,
Topération pourra, comme dans l'armée, être répétée jusqu'à
réussite ;
4" La source vaccinale et le mode de vaccination impor-
tent peu, pourvu que le vaccin soit irréprochable et le
résultat satisfaisant.
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
Médecins français en Orient. — M. Le Roy de
Méricoiirt lit un rapport au sujet d'une lettre de M. Lionel
Radiguel, ancien gérant du consulat de France à Canton.
Celte lettre constate la moindre résistance des indigènes de
rExlréme-Orient à la médecine européenne et le triomphe
prochain de celle-ci, si l'on venait à former des médecins
instruits pour les Ecoles de médecine d'Orient. Ces
missionnaires relèveraient le prestige de la France.
De la MALADIE d'Addison. — M. Cornil lit, de la part de
NN. Babès et Kalindero, un travail intitulé : Notes sur un
cas de maladie d'Addison avec lésions médullaires. Entre
autres lésions, telles que tuberculose de la capsule surré-
nale, les auteurs ont constaté une sclérose de la moelle,
portant sur les cordons postérieurs et sur les racines rachi-
diennes.
Les origines du tétanos. — M. Yerneuil^ dans sa
nouvelle communication sur le tétanos, insiste d'abord
sur les observations qui tendent à prouver la transmis-
sion dite intra-humame, c'est-à-dire celle qui se fait de
Thomme à Thomme, qui, si elle est rare chez l'adulte,
parait de nature à expliquer le tétanos des nouveau-nés
qui cause parfois de si grands ravages. Cinq faits nouveaux
cités par M. Verneuil semblent démontrer ce mode de
contagion*
Répondant à M. Guérin, M. Vemeuil affirme de nouveau
l'inoculabilité du tétanos et rappelle ce que les recherches
de divers expérimentateurs et les observations de MM. Ni-
colaier et Rosenbach ont appris à cet égard. Le tétanos
paraît dû à un microbe et aux plomaines que sécrète celui-
ci. S'il est vrai que le pansement ouaté ou le pansement de
Lister ne préservent pas toujours le blessé, cela ne pro-
vient-il point de ce que l'instrument qui a déterminé la
blessure était déjà infecté par le virus tétanique et que
[lar conséauent l'infection se trouvait produite avant que
es méthoaesde pansement antiseptique aient été instituées.
La transmission du tétanos semble se faire exclusivement
par contagion. Celle ci est directe ou indirecte. La conta-
gion immédiate ou directe n'a pas été prouvée encore par
des faits scientifiquement indiscutables; la contagion
indirecte est bien établie dans la plupart des cas où l'on a
suffisamment étudié les faits.
L'agent de la contagion est un microbe. Celui-ci se trans-
met par la terre, par le contact avec un cheval ou avec
divers animaux. La terre, comme a^ent de transmission,
est bien indiquée dans une observation de M. Larger. Le
tétanos peut atteindre aussi d'autres solipèdes, tels que le
mulet, l'âne, le bœuf, la chèvre; le chien le contracte, mais
rarement. A leur tour, ces animaux peuvent infecter
l'homme. Plusieurs observations que cite M. Verneuil
viennent à l'appui de cette opinion.
La contagion peut être immédiate ou médiate. Dans la
contagion médiate les intermédiaires sont plus ou moins
nombreux, ce sont les brides, les selles, les harnais, la terre
ou s'est étendu l'animal malade, où ses excréments ont servi
d'engrais, enfin ces engrais eux-mêmes. Donc le tétanos
devra frapper surtout les palefreniers, les cochers, les
laboureurs qui cultivent les terres fumées avec la paille
ayant servi aux animaux malades. En un mot tous ceux qui
ont eu un contact direct avec les produits venus d'animaux
malades.
M. Verneuil cite plusieurs observations qui confirment
ces faits et la suite de la discussion est remise à la prochaine
séance*
Soei^té médieale des MpItawK.
SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. CADET DE GASSICOXJRT.
▲ propos des relatâona du goitre ezophthalxnique et du tabès :
M. Bariè. — De la contagion de la rougeole et de l'antisepsie dans
les hôpitaux d'enfants : MM. Semestre, Oranoher. — tJn cas de
s3rringo*my611e (Présentation de malade) : M. Debove.— Autre cas
semblable (Présentation de malade) : M. Dèjerlne. — Présentation
d'instrument : M. Baiser.
H. Barié répondant à l'argumentation de M. Ballet dans
la séance précédente, cite deux nécropsies de goitre exoph-
thalmique où l'on a pu constater la congestion manifeste de
la zone bulbo-protuDérantielle. D'ailleurs, tous les symp-
tômes plaident en faveur d'une perturbation morbide de
cette zone, et en particulier les phénomènes de paralysie
de la septième paire observée par Potain. Il reconnaît avec
M. Ballet l'influence de l'hérédité nerveuse, mais ne voit
pas en quoi elle s'oppose au développement d'une lésion
bulbo-protubéraniielle d'origine tabétique et donnant le
syndrome de Basedow. Quelle est cette lésion? s'agit-il
d'une simple congestion ? M. Barié parait même disposé
à admettre qu'il peut n'exister au niveau du bulbe que des
troubles fonctionnels. Enfin, contrairement à M. Joffroy oui
a montré le goitre précédant le tabès, M. Barié rappelle
us
N' 9
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
l*' Mars 1889
que chez son malade c'est le tabès qui a précédé le goitre de
longtemps.
M. Guyot cite un cas de guérison d'un goitre exophthal-
raique, datant de trois ans, avec la teinture de veratrum
viride.
— M, Sevestre rappelle que Ton a cm longtemps la rou-
geole contagieuse, surtout pendant et après l'éruption, tan-
dis qu'une observation plus rigoureuse montre que la conta-
gion s*opère surtout dès le début de l'affection, pendant la
fiériode prééruptive ou les premiers jours de l'éruption. Dès
ors, contrairement à l'opinion de M. Grancher qui admet
la contagion seulement par contact direct ou indirect,
M. Sevestre pense que la contagion se fait par l'air expiré
dans lequel le germe se trouve répandu à courte distance,
principalement par la toux et les éternuements. 11 doit, en
effet, provenir des voies respiratoires, puisque la contagion
a lieu avant toute éruption cutanée. La contagion ne s'opère
qu'à petite distance, quelques mètres au plus ; on voit les
enfants couchés à côté d'un rubéoleux être contaminés,
mais non ceux qui sont placés à l'autre bout de la salle,
lorsque celle-ci offre une certaine étendue. D'autre pari le
germe de la rougeole meurt vile ; si Ton place des enfants
sains dans une salle quittée peu d'heures auparavant par
des rubéoleux, jamais il n'y a de contamination ; il semole
donc peu probable que le contage {)uisse être transporté à
distance par les personnes ou les objets ayant approché les
malades. Tout autres sont les conditions de propagation de
la diphthérie : le contage médiat paraît le plus fréquent,
ainsi que le prouvent de nombreux faits bien observes ; en
outre, le germe offre une vitalité très longue : deux ans dans
un cas très démonstratif. Il résulte de ces notions que pour
circonscrire une épidémie de rougeole il faut isoler les
malades dès les premiers symptômes qui, malhe^ureuse-
ment, n'ont rien de caractéristique. Aussi, convient-il d'isoler
les enfants qui ont été en rapport avec un autre enfant,,
reconnu quelques jours après atteint de rougeole. On pourra,
[lar surcroît de précaution, désinfecter à Tétuve la literie,
es vêtements, etc., et faire prendre aux petits convales-
cents un bain de sublimé avant de les rendre à la vie com-
mune. Pour la diphthérie lisolement est insuffisant ; la
désinfection rigoureuse de tous les objets souillés s'impose.
M. Grancher ^^i d'accord avec M. Sevestre sur la question
de contagiosité de la rougeole avant l'éruption et au début
de celle-ci, et aussi sur le fait de la courte vitalité du con-
tage, bien que la limite de quelques heures lui semble trop
restreinte. En tout cas, il est exact que le transport du
germe par une tierce personne restée indemne, est un fait
exceptionnel. La vitalité du germe diphthéritique est, par
contre, bien plus prolongée, puisque dans un cas observé
par M. Worms, elle paraît avoir été de (|uatre ans. Mais il
ne peut accepter la contamination de l'air expiré : les expé-
riences de Strauss montrent l'absence de tout germe dans
l'air sortant des poumons, et, d'ailleurs, comment les ger-
mes, englués dans un liauide muqueux, seraient-ils entraî-
nés en suspension dans I atmosphère ? L'air est souillé, c'est
possible, mais indirectement : les liquides renfermant les
germes et déposés sur le mouchoir ou tout autre objet s'y
dessèchent puis se mélangent à l'atmosphère sous forme de
poussières nocives. C'est ainsi que la contagion par l'air se
produit. Tout ce qu'on peut dire aujourd'hui, c'est que l'air
autour d'un rubéoleux ou d'un diphthéritique peut être
dangereux. Si la contamination directe de l'air expiré était
réelle, nos procédés actuels de désinfection et de prophy-
laxie seraient absolument impuissants. Je crois, en effet,
avoir démontré que Tisolement, tel qu'il nous est permis de
le pratiquer, n'a diminué ni la morbidité ni la mortalité de
la rougeole dans nos hôpitaux. Cette dernière, en parti-
culier, a paru plutôt augmentée parle fait de l'accumulation
des malades dans un local insuffisant et la fréquence plus
grande, qui en résulte, des broncho-pneumonies. Certes,
l'isolement parfait au moyen d'un lazaret bien établi, tel
aue le propose M. Sevestre, aurait des conséquences toutes
ifférentes. Il faut reconnaître aue l'isolement est, dès
aujourd'hui, plus efficacement réalisé pour la diphthérie.
H. Sevestre n'a admis la contamination directe de l'air
expiré que comme une hypothèse expliquant la contagion à
la période prééruptive alors qu'il existe seulement des lésions
au niveau des voies respiratoires et de la gorge. Tout en
maintenant la contagion par l'air atmosphérique, il ne
repousse pas la propagation par le contact direct. Dans les
salles où sont placés des enfants trop jeunes pour marcher
la contagion ne s'opère que sur les lits voisins du malade;
pourquoi, s'il s'agissait d'un transport médiat, ne verrait-
on pas des cas à plus grande" distance. Il est évident,
d'ailleurs, que l'isolement ne peut être efficace que s'il est
complet et porte également sur les enfants devenus ^usp^cfi
f»ar suite oe relations antérieures avec un malade. Le
ait de la multiplication des accidents de broncho-pneu-
monie par suite ae l'encombrement des salles d'isolement
ne saurait être discuté.
M. Grancher ne conteste pas que le germe de la rou-
geole existe dans le mucus nasal et bronchique, mais il
ne souille l'atmosphère qu'après s'être desséché à la surface
des objets environnant le malade. La contagion s'opérant
sur les lits voisins du malade ne prouve pas la transmission
par l'air expiré ; celle-ci peut fort bien se produire de façon
médiate par les objets ou par le personnel médical : les
faits semblent démonstratifs.
— {La discussion de cette question reste à Vordre du
jour.)
— M. Debove présente un malade atteint de syringo-
myélie et donne lecture de l'observation, la première pu-
bliée en France (voy. p. 38).
— M. Déjerine présente un malade atteint de la même
affection et dont l'histoire est tout analogue (sera publié).
— M. Balzer présente un appareil destiné à empêcher
la pénétration des poussières dans le poumon après la
trachéotomie, par filtration de l'air à travers une ouate anti-
septique.
— La séance est lavée à cinq heures et quart.
André Petit.
Soelélé de chirurgie.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LE DENTU.
KystOB dennoldea : MM. Masw, Chavasse (Rapporteur : M. Kirml»-
8on ; discussion : MM. Lannelongue, Quènu). — Entérectomie pour
hernie étranglée : M. Martinet (Rapporteur : M. Th. Anger). —
Extirpation d'anèTrysme artèrio-^eiaeuz : M. Trèlat (Dlaoussion:
M. Reolna). — Désinfection des instruments (Disoussion ; MM. Ter-
rier» TerrUlon, Lucas-Championnière, Perler). — Hyperostose
fémorale; flexion du genou : M. Lannelongue. — Torticolis :
M. Kirmisson.
M. Kirmiison lit un rapport sur des observations de
kystes dermoides adressées par MM. Masse (de Bordeaux)
et Chavasse. Le premier des faits de M. Masse est relatif
à une tumeur sacro-»coccygienne qui, chez un jeune honiine
de vingt ans, devint douloureuse et grosse à la suite d'une
chute. L'incision a donné issue à un liquide huileux, mais
il n'y a pas eu d'examen histologique de la paroi. Le
diagnostic n'est donc pas certain. Il Test, au contraire, daus
la deuxième observation : kyste du cou siégeant entre Tangle
de la mâchoire et Tos hyoïde. L'e.\amen histologique a été
démonstratif. De même encore, vu l'existence d*un revête-
ment épitbélial pavimenteux et malgré l'absence de poiUi
i" Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 9 — 143
dans l'observation de M. Chavasse. Le kyste était sou8<-
hjoldien médian.
yi. Lannelongue fait observer que la présence des poils
n'est pas constante dans les kystes dermoldes. Il considère
le ras de M. Chavasse comme un kvste mucolde, terme
préférable, malgré M. Quénu, à celui de kyste dermoïde
mnqueux, le terme dermoïde impliquant l'idée de peau.
M. Quénu persiste à croire qu'on peut sans inconvénient
employer le mot derme dans son sens bistoloffique le plus
élendu, appelant ainsi la couche sous-épithéliale et de la
peau et des muqueuses. On dirait dès lors kyste dermoïde
cutané et kyste dermoïde muqueux.
— M. Th. Anger. Rapport sur une observation de
M. Martinet : Hernie crurale étranglée depuis quatre
jours, anse gangrenée, résection intestinale, guérison, La
plaie extérieure n'a pas été réuni, quoique l'intestin ait
elê suturée et réduit. Pendant l'opération, en effet, il s'était
fcoulè un liquide fécaloïde. La guérison fut retardée par
dm abcès de la cuisse.
— M. Trélat relate une opération d*extirpation d'un
iinnrysme artério-veineux poplité. Le malade va très bien :
il se plaint seulement d'un léger œdème du pied lorsqu'il a
marché quelque temps (voy. Gazette, 1889, p. 62).
H. Reclus admet avec M. Trélat que l'extirpation est
parfois indiquée. Mais il pense que Kmcision peut donner
uo bon résultai lorsque la poche est molle et peut revenir
sur elle-même, comme dans le cas qu'il a opéré avec
M. Verneuil.
—M. r(>rrt>f communique sastatistique pourl'année 1889,
Les accidents sepliques sont encore en voie de décroissance,
ce (]ui semble tenir, en partie au moins, à l'emploi du sté-
rilisateur de Poupinel. Les instruments sont ainsi portés à
M degrés.
M. TerriUon pense que la stérilisation par l'eau bouil-
lante est suffisante.
M. LucnS'Championnière n'a recours à aucun de ces
moyens. Il s'en tient aux règles primitives de la méthode
antiseptique el n'a pas à s'en plaindre.
H. Périer met ses instruments dans le naphthol camphré,
les autres antiseptiques ayant l'inconvénient d'altérer les
tranchants.
M. Terrier reconnaît que la méthode antiseptique
ancienne suffit la plupart du temps. Hais la stérilisation des
iii<lrumenls par l'étuve est une tien petite complication, et
en pareil cas il vaut mieux pécher par excès que par
défaut.
— M. Lannelongue a observé un enfant chez lequel, à la
suite d'une ostéomyélite, il existait une flexion au genou
pfir hyper ostose fémorale. Le redressement a été obtenu,
sans opération sanglante, par un appareil à extension.
— yi.Kirmisson rapporte un fait de guérison de torticolis
par section à ciel ouvert du chef claviculaire du sterno-
masloïdien.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CORNIL,
^> Hartmann fait une communication sur Vanatomie du
^mdénum et les hernies rétro-péritonéales,
— H. Poirier établit expérimeotaleraent la théorie d'un
^(ngt à ressort articulaire.
— M. Nicolle relate un fait d'urémie à forme cérébrale
chez une femme atteinte de ramollissement ancien.
— M. 6. Marchant fait voir un kyste dentifère du sinus
maxillaire ayant simulé un sarcome.
— M. Valude montre une balle de revolver enchâssée
dans la sclérotique non perforée.
— M. Caussade présente un tubercule du mésocéphale
qui a causé de l'hémiplégie alterne et du nystagmus.
Soelélé de âilolQ^le.
SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
De la gestation eztra-ut^rine : M. Xiataste. >• RÔU des miorobea
dans certaines fermentations : M. Herzen. — Procède d'atténua-
tion de la taberculose: MM. Héricourt et Richet. — Les glandes A
▼enin des poissons : M. Bottard. — Recherche de l^urobiUne dans
la bile : M. IVinter. — Digestion et assimilation de la lactose %
MM. Boorquelot et Troisier. -• Sur l'asaimUation de la lactose:
M. Dastre. — Développement de l'èvent ches les oétodontes:
• M. Pouohet. — Comparaison entre la digitaline, la spartèine et la
stropbantine : M. Laborde. — Altérations du fond de l'osil dans
r hémiatrophie faciale : M. Kalt. — Élection d'un membre
titulaire.
M. Lataste a entrepris plusieurs séries d'expériences sur
le développement, dans l'abdomen de souris mâles, d'ovules
fournis par des femelles fécondées, dans le but de déter-
miner jusqu'à quel stade le produit de la conception est
susceptible de continuer son évolution en dehors de l'utérus.
Ces expériences lui ont déjà fourni quelques résultats inté-
ressants au point de vue de la théorie de la gestation extra-
utérine.
— M. Dttdau» dépose une note de M. Herzen (de Lau-
sanne) sur le rôle des mierobes dans certaines fermen-
tations.
— M. Ch. Richet a étudié avec M. Héricourt les effets de
la transfusion péritonéale du sang de chien sur des lapins
préalablement inoculés avec des cultures tuberculeuses. 11
parait y avoir là un procédé d'atténuation de la tuberculose;
car non seulement parmi les animaux transfusés, après ino-
culation, il en meurt très peu, comparativement au nombre
des animaux témoins qui succombent, mais, de plus, les
phénomènes mêmes de l'inoculation sont moins graves: le
poids des lapins ne baisse pas, leur température n'augmente
pas, etc., alors que les témoins maigrissent très rapidement
et ont la fièvre.
— M. Guignard présente une note de M. Bottard (du
Havre) sur les glandes à venin des poissons ; l'auteur a
étudié avec soin ces glandes dans vingt-cinq ou trente
espèces, tant indigènes qu'exotiques.
— M. Gréhant dépose une note de M. Winter, concernant
un procédé de recherche de l'urobiline dans la bile.
— H. Bourquelot a recherché avec M. Troisier comment
s'assimile le sucre de lait. Il rappelle que M. Dastre a
montré que ce sucre n'est pas assimilable à l'état naturel.
Quel est donc l'agent de sa décomposition en glucose et
galactose? Or, on ne peut trouver, et, en fait, on n'a trouvé
aucun suc digestif qui décompose la lactose. Etant donnée
celte difficulté, MM. Bourquelot et Troisier se sont demandé
si on ne pouvait pas résoudre la question par une voie indi-
recte, par exemple en soumettant au régime lacté un
glycosurique» puisqu'on peut admettre qu'un glycosurique
digère, mais n'assimile pas le sucre. Or, ils ont vu chez un
diabétique que la totalité de la lactose passe dans les urines
et, en isolant la matière sucrée trouvée dans les urines, ils
ont reconnu que c'est bien du glucose.
144 — N* 9 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 1« Mars 1889
— M. Dastre rappelle qu'il a étudié depuis 1878 le rôle
physiologique de la lactose ; il a trouvé ce sucre dans les
urines en petite quantité, et il s'agissait bien d'un sucre non
fermentescible. D'autres expériences ont amené leur auteur
à penser que c'est le suc intestinal qui transforme la lactose
en glucose et galactose, et cependant les chimistes admettent
que l'invertine n'agit pas sur le sucre de lait.
M. Pouchet fait une communication sur le dévelo|)pe-
ment de l'évent chez les cétodonles; il a eu l'occasion d élur
dier un petit embryon de cachalot; c'est d'après cet embryon
qu'il fait sa description.
— M. Laborde montre par un exemple que l'emploi thé-
rapeutique des substances médicamenteuses et toxiques
dépend de l'expérimentation physiologique qui peut en
fournir toutes les indications; l'exemple qu'il donne est
tiré des efforts comparatifs sur le cœur et sur les vaisseaux
de la digitaline et de *a strophanline.
— M. KaltSL observé un cas d'hcmiatrophie faciale avec
altérations du fond de l'œil; il décrit ces altérations. Or
rhémialrophie est considérée comme une affection déçen-
dant du nerf trijumeau. Les allérations de l'œil dont il s agit
sont donc des troubles trophiques dus à la lésion de ce nerf.
— M. Netter est élu membre titulaire de la Société.
REVUE DES JOURNAUX
CHIRURGIE
' Traitcmeii* do «oitre, par M. RuDOLF Trzebicky. — L'uuteur
expose la pratique de Mikulicz, dont ropération, publiée en
1885, a, parait-il, été mal comprise par quelques auteurs (Wœl-
fler, Obalinski). Cette opération consiste à mettre à nu un lobe
du corps thyroïde par une incision soit médiane, soit paral-
lèle au bord antérieur du sterno-mastoïdien ; à lier les vais-
seaux de la corne supérieure, à libérer le lobe avec un
instrument mousse, en coupant les vaisseaux entre deux
ligatures, à sectionner Tisthme d'abord lié, et enfin à jeter
une ligature en masse sur la corne postérieure, de façon à lais-
ser au fond de la plaie environ gros comme une châtaigne de
thyroïde. On est bien sûr de ne pas léser ainsi le nerf récurrent;
en fait, cela est démontré par les vingt-trois observations
de Fauteur. La ligature en masse n'occasionne aucune nécrose,
et la réunion immédiate est la règle. On a objecté qu'il ne res-
tait pas assez de thyroïde pour parer à la cachexie strumi prive
si ropération était bilatérale ; les faits démontrent qu'il n'y a
pas ici un seul cas de cachexie. Or sur sept ablations totales,
Mikulicz avait enregisié quatre myxœdèmes opératoires. Enfin,
la partie replante n*est pas la source d'une récidive. Les ma-
lades sont pour la plupart suivis pendant au moins un an.
Si l'on ne tient pas compte de ce procédé spécial, Mikulicz a fait
en cinq ans quarante-deux opérations pour goitre avec un seul
décès. {Weiieî-e Erfahrungen uber die Résection der Kropf es
nach Mikulicz, in Arch. f. klin. Chir., 1888, t. XXXVII, p. 498.)
Amputation Interaeapnlo-tlioraelqiie, par M. G. AdELMANN. —
Ce travail résume en somme le mémoire de M. Berger, auquel
il ajoute dix-neuf observations, les unes publiées depuis, les
autres antérieures. Deux observations in extenso de Poggi et de
Reyher terminent cette note. Celle de Reyher est inédile. {Die
operative Entfetmung dcr knochernen Bi^stgurtels, in Arch,
f. klin. Chir,, 1888, t. XXX VII, p. 681.)
Constrietlon des mâeboires, par M. KuESTER. — Dans ces der-
nières années, depuis les travaux de Kœnig surtout (1878), on
a étudié avec soin la part de Tankylose temporo-maxil-
laire parmi les constrictions permanent<^s des mâchoires.
L'arthrite causale est d'origine maxillaire (fracture, ostéomyé-
lites), temporale (otite8 moyennes suppurées), ou directement
articulaire (arthrites infectieuses diverses, arthrite sèche). Dans
ces cas, Kœnig a bien fait voir que le vrai traitement consiste
dans la résection articulaire. Cela avait d'ailleurs été dit depuis
longtemps par Paget, Ch. Heath, Humphry, 0. Weher. Boltini,
mais la vulgarisation réelle semble ne dater que de ces der-
nières années, Kùster apporte quatre observations. Il y in-
siste sur l'atrophie du maxillaire ankylosé. On ne saurait pour
cela invoquer la seule immobilité, car l'atrophie est ordinaire-
ment asymétrique et maximum le plus souvent du côté où la
jointure est atteinte. {Veber Ankylosé der Kiefergelenke$, in
Arch. f. klin. Chir., t. XXXVII, p. 723.)
Pleurésie purulente des eurunts, par M. A.-K. Steele.— Le
traitement de cette pleurésie est plus efficace que celui de la
pleurésie purulente de l'adulte. La ponction aspiratrice répétép
peut suffire à la guérison, mais l'incision franche, avec drainage,
est le procédé de choix. Il faut parfois, pour bien drainer, pra-
tiquer la résection sous-périostée d'une côte, mais la thoraco-
plastie n'est indiquée qu'exceptionnellement. {Surgical ireat-
ment ofempyema in children, in The journ. of ihe American
médical Association^ 1888, t. XI, p. 688.)
Hydroeèle ebyleuse ; éléphuntlusto du «erotuni ; fliairo da
«ans, par M. W.-M. MâStin. — L^observation personnelle^ de
l'auteur a trait à une hydrocèle chyleuse dont le porteur pré-
sentait la fîlaire dans le sang. A ce propos, Mastin étudie l'his-
toire de la filaire du sang en Amérique. Il montre son lien avec
la chylurie, l'éléphantiasis (du scrotum surtout), rhydrocèle
chyleuse. Bibliographie étendue, mais où il n'est pas fait men-
tion du travail de Le Dentu, spécial à ce même point de 1 hydro-
cèle chyleuse. {The history of the filaria sanguinis homi-
nis, etc., in Annals ofSurgery, 1888, t. VIII, p. 321.) A. B.
Travaux ik consulter.
Des injections d'acide osmique dans le rhumatisme .<hl'>-
CULAIRE, par M. Grinevitsk.1. — Il y a deux ans, le mérae obser
vateur publiait des cas de guérison de myalgie rhumatismale
par les injections sous-cutanées d'acide osmique. Il prescrivait
alors trois à six gouttes de la solution au centième de cette sub-
stance dans les cas de névralgie. Actuellement, et Tobservation
qu'il publie justifie cette pratique, il emploie le contenu tout
entier d'une seringue de Pravaz de cette même solution ainsi
titrée et l'injecte dans l'épaisseur du tissu musculaire, en pré-
férant les doses élevées, parce qu'elles permettent de ne pas
multiplier les piqûres et parce que leur action est plus prompte
et plus certaine.
Les succès ont été obtenus aussi bien contre le rhumatisme
aigu que contre le rhumatisme chronique et après deux injec-
tions. Rarement il a été obligé de porter leur nombre jusqu'à
six, et de plus, autre avantage, il n'aurait pas observé de récidives.
{Russkaia meditzina, 1888, n» 28.)
Des injections sous-cutanéks de quinine contre la coqlf-
LUCHE, par M. B. Fervers.— Depuis les travaux de Bing en i88S,
on a souvent essayé le traitement de cette affection par la qui-
nine, et Ungar (de Bonne) admet, avec le premier de ces obser-
vateurs, que ce traitement abrège la durée de la maladie el
diminue son intensité.
Cependant, il reconnaît avec son élève, M. Fervers, la difli-
culté de prescrire des doses élevées de ce médicament, même
sous la forme de tannate, qui a été recommandée dans ces der-
niers temps : c'est pourquoi il adopte la méthode des injeclionî^
sous-cutanées avec la solution de phénate de quinine dans par-
ties égales d'eau ou de la solution au trois-dixième d'élliyl-
sulfate de quinine. Le seul inconvénient de ce mode d'adminis-
tration de la quinine serait parfois de provoquer la formation
d'abcès; aussi, on ne doit l'employer que dans les cas où il ^^^
impossible d'administrer le médicament par la voie stomacale.
{Jakrb, f. KinderheiL, Bd XXVIIl-, n« 9, 1888.)
1«^ Mars 4889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 9 — 145
Du TRAITEMENT DE LA. PLEURÉSIE PAR LE SALICYLATE DE
SOUDE ET LE sAi.OL, par M. J. Drzewibcki. — L'année der-
oière, le joarnal Medicyna, dans ses numéros i5 et 46, publiait
UDC série de cas de pleurésie traités avec succès par le salicy-
Ute de soude. Sous Tinfluence de ce sel, on avait vu la maladie
sauénuer dans les vingt-quatre heures, la douleur diminuer, la
température s*abaisser et la diurèse augmenter. Des guérisons
complètes étaient ainsi obtenues dans l'espace de deux septé-
naires.
Encouragé par ces résultats, M. Drsewiecki a essayé le salol
daos UQ cas de pleurésie et conclut favorablement à la substitu-
lion du salol au saiicylate de soude dans le traitement. 11 rap-
pille les avantages bien connus de ce sel et la tolérance de Tor-
g;iDi$Qie pour ses doses élevées, mais ajoute qu'on n'en obtient
(leffeU curatifs qu'à la condition de le prescrire aux pleuréti-
ques par larges doses. Au demeurant, cette médication n'est indi-
quée, est-il besoin de le noter, que contre les pleurésies fran-
chement rhumatismales. {TheN, y. med. Record, l5aoùtl888.)
bl TRAITEMENT DE LA PHTHISIE PULMONAIRE PAR U CRÉOSOTE,
par M. Van der Veoet. -^ L'auteur, dans ce mémoire, s'inspire
•le la pratique de son maître, M. Verstraeten (de Gand), pour
recommander quelques préparations de créosote destinées à rem-
placer l'huile de foie de morue créosotée et à vaincre l'intolé-
raDce ou la répugnance des malades.
Il propose Thuile d'amandes douces, additionnée de créo-
sote par parties égales, à la dose de cinq à dix gouttes dans
'jO grammes de lait, en répétant cette dose trois à quatre fois
chaque jour.
11 formule aussi une mixture contenant 6 grammes de créo-
>ole pour 8 grammes de noix vomique, à raison de huit à dix
gouttes dans deux cuillerées d*eau sucrée avant les repas. On
doit répéter cette dose trois à cinq fois chaque jour.
Cette préparation stimulerait les fonctions digestives, ferait
disparaître leurs perturbations et, en même temps, par son
action germicide, elle agirait favorablement et rapidement sur
les lésions pulmonaires. (Bull, de la Société de médecine de
(;'w/,juillet1888, p. 133.)
De ia terpine dans les maladies du poumon, par M. Cam-
JiA.NX. — Vingt-cinq cas d'affection des voies respiratoires
traitées par la terpine, telle est la statistique que l'auteur
produit en faveur de remploi de ce médicament, qu'il prescri-
vait sous la forme pilulaire, à raison de 8 grains par jour. Dix-
neuf fois il s'agissait de bronchites, une fois d*emphysème, une
fois de pleurésie et quatre fois de tuberculose pulmonaire.
Vingt-quatre heures après l'administration du médicament, il
observait, sauf dans un cas, une diminution de l'expectoration et
(le la toux. Dans six cas, la dyspepsie s'atténuait; dans neuf cas,
il y avait augmentation quantitative des urines; enfin, quelques
malades accusaient une augmentation de l'appétit. Au demeu-
rant, la terpine lui paraît mériter les éloges dont il a été l'oh-
\^i(TkeS. Y, Record, 30 juin 1888.)
Des fumigations mercurielles dans la diphthérie laryn-
gée, par M. Corbin. — Le procédé que Fauteur recom-
mande est le suivant. On dispose dans la chambre à coucher
<ie l'enfant une sorte de tente sous laquelle on peut faire
séjourner ce dernier. Puis on volatilise, au moyen de la cha-
l<^ur d'une lampe à alcool, une dose de 3 à 4 grammes d'oxyde
noir de mercure, et on fait demeurer le malade pendant vingt
niinutes dans cette atmosphère chargée de vapeurs mercurielles.
Ces vaporisations sont répétées toutes les deux heures. M. Cor-
bin déclare en avoir obtenu des résultats fort heureux et n'avoir
noté, sous l'influence de cette médication, ni diarrhée, ni sali-
galion. {Rev, mens, des malad. de Venfance, août 1888.)
Dl* TRAiTEMENT DES ULCÉRATIONS TUBERCULEUSES PAR L'ACIDE
SAUCYLiuuE, par M. P. Henrijean. — Les trois observa-
tions qui font l'objet de cette note sont celles d'ulcérations
luberculeuses du visage que la pusillanimité des malades empê-
chait de traiter par raclage. M. Henrijean fit usage de l'emplâtre
salicylique et obtint la guérison dans l'espace de deux à trois
semaines.
Le pansement était pratiqué au moyen de langfuettes d*un
emplâtre titré à 20 pour 100 de la substance antiseptique, que
l'on recouvrait d'une couche de bandelettes d'un emplâtre à
l'oxyde de zinc pour réaliser une occlusion plus parfaite des
plaies ulcéreuses. {Annales de la Société médico-chirurgicale
de Liège^ août et sept. 1888, p. 53.)
De l'emploi du calomel a hautes doses dans la pneumonie,
par M. le docteur J. Me Manns. — Le traitement proposé par
Tauteur consiste à faire ingérer une dose massive de 30 à
60 grammes de calomel avant le troisième jour de la maladie.
Plus tard on peut prescrire une dose moins élevée. M. Me Manns
prétend provoquer ainsi une crise favorable, caractérisée par la
diminution de fréquence du pouls, l'abaissement de la tempéra-
ture , la régularisation du rythme respiratoire et l'abolition de
la douleur de côté. Sous cette influence, il ne redoute pas les
troubles gastro-intestinaux, c qui consistent seulement, ajoute-
t-il, dans l'augmentation temporaire des selles ». {The New-
York med. Record, 8 sept. 1888, p. 260.)
BIBLIOGRAPHIE
Traité iMratiqnc d^antlsepale appll^aé« h la th^rapea-
tique et * Tiiysièiie {médeciney chirurgie, obstétrique),
par M H. les docteurs Legendre, Barette, LepagEp
3' partie: Antisepsie chirurgicale par M. le docteur
Barette ; 4* partie : Antisepsie obstétricale, par H. le
docteur Lepage (1 vol. de 500 pages). Paris, 1888.
G. Steinheil.
Ce livre est le second volume du traité d'antisepsie appli-
quée à la thérapeutique et à Thygième, dont nous avons
fait connaître précédemment le plan général, et ia partie
consacrée à l'antisepsie médicale par le docteur Legendre.
^ette analyse nous permettra d'être plus bref aujourd'hui
en signalant au public médical le volume qui vient' com-
pléter l'ensemble de l'ouvrage. D'ailleurs, sans vouloir
diminuer le mérite qu'ont eu MM. Barette et Lepage à com-
poser un second volume digne en tous points du premier,
nous ne pouvons nous dispenser de faire remarquer que
leur tâche était évidemment moins lourde, les progrès de
l'antisepsie en chirurgie et en obstétrique étant établis
de[)uis plus longtemps, sur des bases mieux connues et plus
solides. Quoi qu'il en soit, nous n'avons à leur adresser que
des félicitations pour l'excellente monographie qu'ils ont
composée et dans laquelle se.trouvent réunis tous les pré-
ceptes de la méthode antiseptiaue à laquelle la chirurgie et
l'obstétrique sont redevables des brillants succès que nous
enregistrons chaque jour.
Après un intéressant préambule consacré aux principes
fondamentaux de l'antisepsie chirurgicale, M. Barette étu-
die les procédés d'antisepsie physique et d'antisepsie chi-
mique : parmi les premiers se rangent l'emploi de la cha-
leur, l'étuvage, le flambage, le pansement à l'abri de l'air,
le drainage, la suture des plaies, la compression, etc.; les
seconds comprennent l'usage des substances microbicides,
le spray, les pansements humides, ou les pansements secs.
Mais la'plupartde ces substances antiseptiques sont toxiques
et l'auteur passe en revue les accidents locaux ou les phé-
nomènes d'empoisonnement qui peuvent être la conséquence
de leur emploi intempestif ou mal dirigé.
Passant ensuite à I application des préceptes généraux, il
décrit successivement le pansement des plaies exposées ou
des plaies cavitaires, la mise en pratique de l'antisepsie
dans les affections des tissus et des systèmes, dans les
146 ^ N* 9 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
1« Mars 4889
grandes blessures par armes à feu, dans les grandes opéra-
tions sur les membres, dans la chirurgie du crâne et de la
face, du tronc, de Tabdomen et de l'appareil génito-urinaire.
Signalons à ce propos les intéressants chapitres qui ont trait
à la gynécologie opératoire, cette branche trop longtemps
délaissée chez nous de la chirurgie, mais dont les récents
(progrès ont été considérables grâce à l'emploi, judicieux de
a méthode antiseptique rigoureuse.
Enfin, M. Barette fait, ajuste titre, de minutieuses recom-
mandations au sujet de l'hygiène du malade, de l'opérateur,
des locaux et de la literie, insistant comme il convient sur
la désinfection rigoureuse dès instruments et des mains du
chirurgien ou de ses aides. C'est, en effet, trop souvent
l'opérateur ou ceux qui l'assistent qui apportent l'agent
septique et le déposent dans la plaie : négliger sur ce point
spécial la moindre précaution pouvant compromettre l'asepsie
absolue serait commettre une lourde faute, engageant gra-
vement la responsabilité professionnelle.
. Nous retrouvons les mêmes préceptes et des règles pra-
tiques tout analogues dans les chapitres dus à la plume de
M. Lepage et relatifs à l'antisepsie en obstétrique. L'accou-
chée est une blessée, n'eût-elle que la plaie placentaire ; à
plus forte raison lorsqu'il vient s'y ajouter quelque déchi-
rure du col, du vagin ou de la valve. Elle est exposée à des
souillures au moment de la parturition, à l'introduction des
germes par les interventions opératoires, par le simple
toucher, vaginal; elle est en imminence d'infection par
suite de l'involution puerpérale elle-même. Enfin multiples
âont les causes acciaentelles oui peuvent amener la conta-
mination, soit à l'occasion de l'accouchement normal et de
la délivrance, soit au moment de l'avortement, de l'accou-
chement prématuré artificiel, etc.
' Antisepsie et hygiène minutieuse pendant la grossesse,
au moment de l'accouchement et durant les suites de
couches, tel est le but auquel doivent tendre tous les efforts
de l'accoucheur. Enfin, antisepsie thérapeutique intensive,
persévérante, lorsqu'on assiste à des accidents puerpéraux
septicémiques, telle est la règle à suivre et grâce à laquelle
bien des femmes échapperont encore à une mort mena-
çante.
Nous conseillons aux praticiens la lecture attentive des
chapitres consacrés à l'antisepsie du nouveau-né, à l'anti-
sepsie et à l'hygiène de l'allaileraent, et aux préceptes qui
doivent présider à la construction, à la direction et à l'en-
tretien des maternités. Nous ne saurions insister davanlaçe,
mais nous tenons à rappeler, en terminant, combien les
statistiques sont encourageantes, puisqu'elles nous montrent
que les épidémies de fièvre puerpérale, que celte effroyable
mortalité des femmes en couches ont disparu depuis que l'on
a mis en œuvre les procédés de la méthode antiseptique.
•
André Petit.
La circonvolution de Broca, Étude de morphologie céré-
brale, par M. Georges Hervé. — Paris, 1888, Lecrosnier
et Babé.
Il y a quelques semaines seulement, au Congrès de
Glasgow, le docteur Mac-Ewen, dans une communication
des plus intéressantes sur la chirurgie cérébrale, procla-
mait Broca le premier des localisaleurs, et montrait quelle
avait été l'importance de la découverte du savant français.
Nous ne pouvons donc qu'applaudir à l'idée qu'a eue le
docteur Hervé en écrivant une monographie sur la Broca*s
Circonvolution, comme l'appellent nos voisins.
En ce point limité du cerveau réside, pour Broca, la
faculté particulière d'exprimer les idées par l'articulation
des mots; en un mol, la faculté coordinatrice du langage
articulé. Dans cette circonvolution siège une faculté, c'est-
à-dire une fonction nerveuse de nature supérieure, mais
inséparable de la matière en laquelle gll sa cause efficiente.
Comme toute faculté a une mémoire propre, non solidaire
des mémoires adjointes aux autres facultés, on peut dire
que la troisième circonvolution est l'organe de celle mé-
moire, qui n'est autre que la mémoire du mécanisme roin-
plic|ué de l'articulation. Plus tard, Charcot attribue à la
troisième frontale la garde de la mémoire motrice des mou.
Enfin, il montre que la fonction du lanpge n'est pas une,
et qu'elle représente la collaboration de plusieurs sens et
de plusieurs centres cérébraux à la fois solidaires et indé-
pendants.
M. Hervé tente une étude morphologique de la circonvo-
lution de Broca, il veut montrer son autonomie, montrer
qu'elle est indépendante au point de vue circulatoire,
comme au point de vue de la fonction, comme au point de
vue anatomique, puisque Betz a prouvé que les cellules de
la circonvolution de Broca ont une structure spéciale.
Transformiste convaincu, M. Hervé va chercher, dans les
espèces inférieures, l'ébauche de la circonvolution, siège
du langage articulé. Mais, avant de se livrer à cette étude,
il veut examiner la circonvolution de Broca chez l'homme
d'après le cerveau schématique, s'appuyanl sur celte règle
immuable de la morphologie : la description du type pré-
cède celle des variétés.
La découverte de la troisième circonvolution frontale
remonte aux travaux de Gratiolet (1854), qui en fait un
organe cérébral distinct et indépendant. Broca, en 1861,
admet l'existence de centres nerveux indépendants.
Malgré la ruine de l'école phrénologique, il affirme l'au-
tonomie du langage articulé et du centre qui y préside.
Nous ne pouvons qu'admirer la précision descriptive dont
fait preuve M. Hervé. Dans cette minutieuse description de la
circonvolution, nous relevons le point qui, pour Broca.
représentait le siège de la mémoire motrice des mots.
Ce centre se trouve inscrit dans un espace quadrilatère
haut de i à 4 centimètres, large de 25 à 35 millimètres,
compris entre la branche ascendante de la scissure de Syl-
vins, la scissure de Rolande, le deuxième sillon fi*ontal et
la scissure de Sylvius. C'est en langage courant le pied de
la troisième circonvolution. Ce pied, qui s'appuie sur l'ex-
trémité inférieure de la frontale ascendante et, naturelle-
ment, de la pariétale ascendante, explique, quand la lésion
qui l'atteint diffuse un peu, de l'aphémie d'abord, une
monoplégie associée de la face ensuite.
Après avoir décrit la circonvolution, Hervé montre qu'elle
se termine très en avant, sur le lobe orbitaire, en un point
qu'on appelle le pâle frontal.
L'auteur nous montre ensuite les connexions de la troi-
sième circonvolution frontale avec le lobule de l'insula,
la troisième temporale, l'extrémité antérieure du centre
ovale (faisceau pédiculo-frontal de Charcot et Pitres, de
Boyer. Brissaud, etc.).
Après un long chapitre, consacré aux primates, Hervé
conclut que le type cérébral primitif desdits primates est
un type à deux et non à trois étages frontaux. La circonvo-
lution de Broca n'apparaît que chez les anthropoides; elle
se forme par dédounlement du deuxième étage frontal pri-
mitif. Conclusion : Cette circonvolution constitue, chez les
anthropoïdes et chez l'homme, une quatrième circonvolu-
tion frontale.
L'étude du développement de la région sylvienne est faite
magistralement. Nous connaissons peu de traités d'embryo-
logie où les choses soient exposées d'une façon plus claire
et plus précise. On peut suivre pas à pas, chez le fœtus
humain, le développement de la circonvolution de Broca.
De toutes les circonvolutions du cerveau, la circonvolu-
tion de Broca est celle qui échappe le plus complètement
aux influences somatiques, et qui se trouve le plus intime-
ment liée à la fonction spéciale dont elle est l'instrument.
i" Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 9 — 147
Manouvrier, qui a fait de longues recherches sur Tindépen-
daiice relaCive des circonvolutions frontales et de la troi-
sième frontale en particulier, par rapport à la taille, a
apporté de nombreux faits à l'appui de cette affirmation.
Ce point admis, Hervé nous montre, chez des sourds-
muets, des atrophies (Broca, Broadbeut, Rudinger) attei-
gnant en partie ou en totalité la troisième circonvolution
frontale, ou bien les communications qui existent entre
rinsula, la première temporale (centre auditif) et le centre
da langage articulé*
Il en est de même pour les idiots, bien que l'idiotie ne
constitue pas, anatomiquement parlant, Un aroupe un...
Cbe2 des microcéphales, on a constaté Tabsence de la
branche antérieure de Sylvius et de la circonvolution de
Broca. Il est bon de savoir que, si tous les gens qui n'ont
pas de circonvolution de Broca parlent peu ou mal, la réci-
proque n'est pas vraie. Bien des individus parlant mal avaient
une (roisième frontale intacte.
Les imbéciles ont leur troisième frontale présente. On se
rappelle que, chez eux, tout est faiblement développé, mais
i/ae rien ne manque.
Le^ criminels ne présentent pas d'anomalies de disposi-
tion dignes d'être signalées. Pour ce qui est des races dites
inférieures, on ne Ifouve rien de bien caractéristique.
Enfin, pour terminer cette analyse, disons que, d'après
Hervé, chez les intellectuels (Gratiolet), le volume, le plis-
sement en un mot, la complexité morphologique de la cir-
I coDvolution est toujours proportionnelle à sa puissance.
I II est donc hors de doute qu'il existe un rapport entre le
I déTeloppement de la fonction et celui de l'organe charsé de
desservir cette fonction. Ce fait, admis pour une des Tocar
lisalions les plus importantes, ne peut-il pas être étendu
I à toutes les autres?
Paul Berbez.
Sur une forme végétante et atrophique de pemphigus
lODiQUE, par M. Hallopeau.
Obserfation d'un très grand intérêt, uniqu»^ dans la littéra-
ture médicale, et où l'auteur a moutré une jurande sagacité cli-
nique. 11 s'agit d*un malade qui portail à la tace et sur les mem-
bres supérieurs surtout des dépressions cicatricielles que
sormontent ou entourent des croûtes et des végétations conay-
lomateuses. Le nez est très déformé par une cicatrice dont l'as-
pect est comme vernissé. La cornée gauche est staphylomateuse
elen partie transformée en une cicatrice opaque et vasculaire
&}ant amené une cécité presque complète. Toutes ces lésions
mi d'origine récente, selon le malade, et ont succédé à une
éniplioQ huileuse.
Comme il a eu il y a vingt ans un chancre induré, faut-il le
I i'egarder comme une manifestation anormale de la syphilis?
Faui-ii les considérer comme produites par un lupus ancien?
Oabien a-t-on affaire à un pemphigus végétant de Neumann?
Eo raison de la syphilis ancienne, on lit prendre au malade
1 gramme d'iodure de potassium par jour. Quatre jours après, se
produisit, avec une lièvre iiltenso, une éruption de bulles, sui-
vies de croûtes et de cicatrices. A six reprises, l'administration
<ie 1 iodure de potassium fut suivie, a bref délai (^ ou 3
joars) des mêmes phénomènes, et de plus, sur des bulles ré-
(eotes^ on constata le développement de végétations semblables
auï premières. U fut donc hors de doute que bulles, cicatrices,
YégéiatioDs étaieni produites par la même cause, le médi-
cament.
Celte observation montre que Tiodisme comme le mercuria-
'^smc peut donner lieu à des accidents graves, et que les érup-
l'ons iodiques peuvent laisser des cicatrices indélébiles et
^fQener la cécité. L'action palhoffénélique de Tiodure de potas-
sium ne s'exerce qu'à courte échéance, mais Tidiosyucrasie ,
fomme chez le malade observé, peut ne se développer que tar-
divement, car Fenquéte faite à son sujet a prouvé que pendant
"^«longues années il avait fait abus de fiodurede potassium.
[Annales de dermatologie et de syphiliograpkxe, 1888.)
Psoriasis et arthropathies, par M. Rourdillon.
L'auteur a fait, dans sa thèse inaugurale, une étude intéres-
sante de ce point de pathologie. La rencontre du psoriasis avec
des troubles articulaires est assez fréquente ; le plus souvent la
dermatose précède Farthropathie, et cette complication s'observe
principalement chez les névropathes. Sous l'influence d'une
cause accidentelle, telle qu'un refroidissement, on voit appa-
raître chez les sujets atteints de psoriasis, des névralgies, des
douleurs musculaires, des troubles articulaires, depuisla simple
arthralgie jusqu'aux arthropathies proprement dites. Ces ar-
thropathies sont quelquefois généralisées et envahissent un
grand nombre de jointures — les petites articulations surtout —
avec rougeur, ffonflement et état fébrile. Les poussées se succè-
dent ensuite plus ou moins nombreuses. Quand les arthropa-
thies sont localisées à un petit nombre de jointures, rélémenl
fluxionnaire semble céder la place à l'élément douleur.
Quelquefois des ostéophytes se produisent autour des articu-
lations; des brides fibreuses surviennent et quelquefois de vé-
ritables ankyloscs s'établissent. U est remarquable de constater
qu'il n'y a ordinairement pas de complications cardiaques. Le
psoriasis ne présente aucun caractère particulier permettant de
prévoir des troubles articulaires, 11 parait être de nature tro-
phonévrotique et non parasitaire; c'est à cette origine nerveuse
qu'il faut également rapporter les troubles du côté des articula-
tions. L'emploi de baitis prolongés (de quatre à douze heures)
à 35 degrés, recommandés par M. Besnier, constitue le moyen
le plus puissant contre les déterminations cutanées et articu-
laires.
VARIÉTÉS
Création d'uiN laboratoire de puysiologie pathologique
a l*éc0le des hautes études, dirigé par m. le docteur
François-Franck.
C'est avec la plus vive satisfaction que tous ceux qui s'in-
téressent aux progrès de la science française apprendront
la création de ce nouveau laboratoire. La physiologie patho-
logique est née en France. C'est dans notre pays qu'elle a
compté ses plus illustres représentants : Hagendie, Claude
BernardJYulpian,}pour ne parler que de ceux qui sont morts.
Elle aôit être considérée comme la base scientifique de
la médecine, et, à une époque oti les incessants et légitimes
progrés de la microbiologie la menacent d'une concurrence
redoutable, il importait de lui maintenir une place dans
renseignement ofliciel.
Or, à la Faculté de médecine, la physiologie pathologique
ne peut être enseignée sans que la préoccupation d'en
déduire immédiatement des applications pratiques ne
vienne en arrêter Tessor. Plus libre de se consacrer à la
science pure, le professeur du Collège de France peut
étudier les questions de ce genre à un point de vue plus
élevé, plus général. C'est ce qu'a bien compris le Directeur
de l'enseignement supérieur lorsque, cédant aux sollici-
tations de savants qui s'appelaient Marey, Brown-Séquard,
Charcot, Potain,etc.,etc.,il se décida à instituer un nouveau
laboratoire à l'Ecole des hautes études, en le rattachant à la
chaire d'Histoire naturelle des corps organisés du Collège
de France, chaire dont M. Marey est le titulaireetM. François-
Franck le suppléant. Pour diriger ce nouveau laboratoire, il
fallait non seulement un physiologiste érudit, bien au cou-
rant de toutes les recherches modernes, un expérimentateur
habile et exercé; ilfallaitencoreetsurtoulun médecin ayant
beaucoup vu, ayant bien vu, pouvant discuter avec sagacité
les problèmes que l'observation médicale vient poser à la
r physiologie. Toutes ces expériences acquises, toutes ces qua-
ités médicales, M. Liard les a trouvées réunies chess notre
ami et collaborateur M. François-Franck. Il nous sera per-
mis, après les maîtres éminentsqui ont provoqué sa nomi-
148 — N^ 9 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
f Mars 1889
nation, de signaler celle-ci comme un juste hommage rendu
à des travaux estimés de tous, à des services universitaires
des plus méritoires.
Concours d'agrégation de médecine. — Ce concours s*est
terminé par les nominations suivantes :
Faculté de Paris : MM. Ghantemesse, Marie, Gilbert, Letulle,
Netter.
Faculté de Bordeaux: M.Ménard.
Faculté de Lille: M. Combemale.
Faculté de Lvon;M. Koque.
Faculté de Montpellier: M. Sarda.
Faculté de médecine de Paris. — Les cours et les confé-
rences de la Faculté de médecine de Paris seront suspendus le
lundi i et le mardi 5 mars. Ils reprendront le mercredi 6.
Faculté de médecine de Lille. — Par arrêté ministériel, en
date du 21 février 1889, un concours s'ouvrira le 5 novembre 1889,
à la Faculté de médecine de Lille, pour l'emploi de suppléant
des chaires de pathologie et de clinique médicales à l'Ecole de
médecine d'Amiens.
Ecole de médecine d'Alger*
nommé directeur de l'Ecole.
M. le professeur Texier est
Corps de santé militaire. — Ont été nommés :
Au grade de médecin principal de deuxième classe:
M. Viry, sous-directeur de l'Ecole de Lyon.
Au grade de médecin-major de première classe: MM.fioilard,
Vautrin et Gerbault.
Augrade de médecin-major de deuxième classe: MM. Desprez,
Ferra, Cassel, Bernard.
Corps de santé de la marine. — A été nommé médecin de
2* classe, M. Lardy, médecin auxiliaire.
Asile Sainte-Anne. — A la suite du concours ouvert à l'asile
Sainte-Anne, le 10 décembre 1888, sont nommés dans les asiles
publics d'aliénés de la Seine :
1" Internes titulaires en médecine : MM. Roubinowitch,
fiéchet, Berbez, Rieder, Marie, Blin, Bernard et Rave;
2* Internes provisoires en médecine: MM. Guérin, Vigoureux,
Barazer el Targowla.
Prix de la Société médico-psychologique pkoposés
POUR 1890. — Pria? Aubanel (2400 francs). — Question ; Des
difficultés du diagnostic différentiel de la paralysie générale
avec les diverses formes de la folie.
Prix Belhomme (1000 francs). — Question : De Vétat mental
et du délire chez les idiots et les imbéciles.
Prix Esquirol. — Ce prix, de la valeur de 200 francs, plus les
œuvres d'Esquirol, sçra décerné au meilleur mémoire manuscrit
sur un point de pathologie mentale.
Prix Moreau {de Tours). — Ce prix, de la valeur de
200 francs, sera décerné au meilleur mémoire manuscrit ou
imprimé, ou bien à la meilleure des thèses inaugurales soute-
nues en 18^8 et 1889 dans les Facultés de médecine de France,
sur un sujet de pathologie mentale et nerveuse.
Nota. — Les mémoires manuscrits ou imprimes, ainsi que les
thèses, devront être déposés le 31 décembre 1889, chez M. le
docteur Ant. Rilti, médecin de la maison nationale de Charenton,
secrétaire général de la Société. Les mémoires manuscrits seront
accompagnés d'un pli cacheté avec devise, indiquant les noms et
adresses des auteurs.
Société médicale des hôpitaux ^séance du vendredi 8 mars).
— Ordre du jour: Discussion sur le mode de transmission des
maladies infectieuses dans les hôpitaux d'enfants, et des mesures
à prendre pour éviter la contagion. — M. Comby: De la trans-
mission des maladies par les consultations externes. — M. de
Beurmann : Un cas de mort par tétanie dans le cours d'une dila-
tation de l'estomac. — M. Huchard: Sur un nouveau syndrome
des maladies du cœur: Tembryocardie. — M. Hayem: Hémoglo-
binurie. — M. Gérin-Roze: Noie sur un cas de rage inutilement
traité par les inoculations à l'institut Pasteur.
Souscription Duchenne (de Boulogne).
Sixième liste.
MM. les D" Danion 50 fr. >
L. Labbé 40 •
Ch. Mauriac 20 »
Guermonprez (de Lille) 10 i
Bernhardt (de Berlin), 10 maxcks. 12 3i
Kirmisson 20 >
M. le D^ Clermont avait souscrit 50 francs
et a été par erreur porté comme
n'ayant versé que W francs, reste
donc 30 1
Total 182 âT
Montant des listes précédentes. 2705 fr. >
Total général. . 2887 W
NÉCROLOGIE. — La Faculté de médecine de Lyon vient de
perdre Tun de ses maîtres les plus estimés, le corps médical
français l'un de ceux qui ont le plus honoré notre profes-
sion. Le professeur B. Teissier avait depuis plusieurs années
demandé l'honorariat et la cruelle maladie à laquelle il vieDt
de succomber Tavait contraint de cesser ses fonctions de
médecin d'hôpital. Mais nul de ceux qui ont suivi son en>ei-
§nement ou c^ui ont eu recours à ses soins si éclairés et si
évoués n'oubliera jcamais les services éminents qu'il a rendus à
la science et à la pratique médicales. Us s'associeront tous aa
deuil de son fils, le professeur J. Teissier.
M. B. Teissier était associé national de l'Académie de méde-
cine, professeur honoraire de la Faculté de Lyon, président de
l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de cette ville.
— Le professeur Moitessier qui vient de mourir à Montpellier
à Tàge de cinquante-six ans et après quelques jours de maladie
était, lui aussi, une intelligence d'élite, un caractère droit et
ferme, un savant laborieux et modeste, dont la vie a été pure de
toute défaillance. Docteur es sciences et docteur en médecine,
successivement professeur à Clermont, à Cluny, enlln à Mont-
pellier, ancien doyen de la Faculté de médecine et membre du
Conseil supérieur de l'instruction publique, Moitessier a mérité
par son travail infatigable les succès de son enseignement et sa
probité scientifique les hautes distinctions qu'il avait obtenues,
dur sa tombe son collègue et ami le professeur Engel a rendu à
sa mémoire un hommage éloquent et mérité.
— M. le docteur Antoine .Mougeot est décédé à Bruyères
(Vosges) à Fàge de soixante-quatorze ans. Mycologue dislinpé,
Eralicien très répandu, le docteur Mougeot était chevalier de I«î
égion d'honnneur et ancien président du Conseil général des
Vosges. On annonce aussi la mort de MM. les docteurs Claude (dv
Nomény), Jacques (de Sains), Masseloux (de Clussais), Pasraret,
élève du service de santé militaire; Régnier (de Blaye), Simon
Sde Caen), Truchol (de Lyon), Contran (de Viviers), Hamel idc
)ogent-le-Hotrou), Connétable (de Pierrefonds), Peytral (médecin
militaire en retraite).
Mortalité a Paris (7« semaine, du 10 au i6 ft^vrier
1889. — Population: 22609^ habitants). — Fièvre typhoïde, il
— Variole, 1. — Rougeole, 35. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, iO. — Diphthérie, croup, 41. — Choléra, 0. — Phlhistf
pulmonaire, 190. — Autres tuberculoses, 26. — Tumeurs;
cancéreuses, 42 ; autres, 9. — Méningite, 42. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 38. — Paralysie, iT). -
Ramollissement cérébral, 6. -— Maladies organiques du cœur, ô»
— Bronchite aiguë, 21. — Bronchite chronique, 49. — Bronchoj
pneumonie, 33. — Pneumonie, 56. — Gastro-entérite: sein, o\
biberon, 38. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite pue^
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité co^
génitale, 26. — Sénilité, 40. — Suicides, 15. — Autres mortt
violentes, 8. — Autres causes de mort, 188. — Causil
inconnues, 8. — Total : 1037. '
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
iSSJâ bit. — MoTTBROZ. — Imprimeries réunie*, A. rue Mignon, î, f'»'"''- '
TaKRTE-SIXliMB ANNÉE
N» 10
8 Mabs 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. Li D* L. LEREBOÏÏLLBT, Rédacteur kn chbp
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 8. DIEULAFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANÇOIS-FRANCK, A. HËNGCOUE, A.^. lANTIN, A. PETIT, P. NECLUS
Àdreiser tout ce qui concerne la rédaction à M. LirebOïïllkt, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOVIIAIRB. — Bulletin. — ThiSrapeutique. Des indicaliuDB do l'antisef^sie
il» la pnetimonie. *- Travaux originaux. Pathologie externe : Mécanisme des
/uations du sternum.— Clinique médicale : Sur un cas de syringooiyëlie ((^liome
rentnl de la moelle épinière. *- SociÉTés savantes. Académie des sciences. —
Académie de médecine.— Société de chirurgie. — Société de biologie.— Société
aiuiomiqae. — Rbvub dbs JOURNAUX. Thérapeutique. — Bibliograpbib. Traité
do pilper abdominal au point de vue obstétrical et de la version par manœuvres
externe». — VARiéT^. Nécrologie : M. Legouest. — Service de vaccine de
l'Académie de médecine.
BULLETIN
Paris, 6 mars 1889.
Académie de médecijie : Décès de M. liS^oarat. — Acadé-
mie des sciences : Propriétés virulentes et vsceinalea
des microbes pathogènes» — Service départemental
de la vaccine dans le Gard.
Après avoir annoncé à ses collègues la mort de M. Le-
gouest, M. le Président de TÂcadémie de médecine a levé
la .séance en signe de deuil. M. Maurice Perrin ne pouvait, à
cette occasion, que rappeler en quelques mots que nous
reproduisons plus loin (p. 160) les services éminents de
l'ancien professeur du Val-de-Grâce, de Tancien inspecteur
général du service de santé de l'armée. M. Legouest a, en
flTel, exprimé le désir formel qu'aucun discours ne fut pro-
noncé sur sa tombe. Mais nous devons à sa mémoire Thom-
mage de la respectueuse estime et de la gratitude que lui
gardent tous ses anciens élèves. Aussi avons-nous demandé
à Tun de ceux qu'il avait le plus aimé de résumer (voy.
P- 163) les titres scientifiques de notre regretté maître.
— En commentant dans notre précédent numéro (p. 133)
la première communication faite à V Académie des sciences
par M. Chauveau, nous avions cru comprendre que le savant
académicien se ralliait à la doctrine que défend M. Bou-
chard et considérait dès lors les propriétés virulentes et
vaccinales des microbes pathogènes comme dues à la sécré-
tion de produits différents. Cette doctrine n'est-elle pas
i^éduisante, en effet ? La plupart des nouvelles recherches
ne tendent-elles point à démontrer que la propriété viru-
lente dépend non seulement de la présence d'un microbe
morphologiquement déterminé, mais avant tout et surtout
des matières sécrétées par cet agent infectieux ? La mé-
thode dite de l'atténuation des virus ne semble-t-elle pas
de nature à prouver que Ton peut arrêter la sécrétion de
fes matières virulentes, c'est-à-dire rendre le microbe
infécond ? Et, dès l'instant que ce microbe non virulent
î- Stwi, T. XXVI.
continue à conférer l'immunité, n'est-il point assez naturel
de supposer qu'il secrète un produit nouveau, c'est-à-dire
un vaccin, différent du virus, mais capable d'enrayer ulté-
rieurement l'action nocive qu'exercerait celui-ci s'il était
injecté avant toute inoculation vaccinale?
Telle n'est point cependant la conclusion à laquelle
arrive M. Chauveau. Ses expériences lui ont prouvé qu'il
est possible d'obtenir avec certains microbes pathogènes,
doués de toute leur virulence mais inoculés en très petite
quantité, les mêmes effets, bénins au point de vue infectieux,
très actifs au point de vue vaccinal, que ceux obtenus avec
les mêmes microbes préalablement atténués. S'il est facile de
comprendre que l'atténuation rende le microbe impropre à
fabriquer la matière virulente en proportion suffisante pour
produire l'infection, tout en le laissant apte à sécréter la
matière vaccinale en quantité considérable, on ne peut, selon
M. Chauveau, expliquer par là l'inocuité de l'inoculation
d'un petit nombre de microbes et, en même temps, l'immu-
nité vaccinale due à cette inoculation. Ou du moins ces
expériences ne peuvent être comprises que si l'on consi-
dère la vaccination comme exclusivement due à la sécrétion
en très petites proportions de la matière virulente. La
matière vaccinale ne serait donc plus une sécrétion distincte
de la matière virulente.* La propriété vaccinale, dit en effet
M. Chauveau, peut agir à tous les degrés ; il n'y a pas de
limites pour ainsi dire à son action miuima ; la propriété
infectieuse, au contraire, doit être très développée pour
déterminer soit une maladie accessible à nos moyens d'explo-
rations soit la mort, i^
Nous n'avons pas à discuter ici les opinions émises par
des savants dont l'autorité en microbiologie est indiscutée.
Il nous sera permis cependant d'affirmer une fois de plus
que ces problèmes de physiologie pathologique générale
sont loin d'être résolus. Ce qui jadis caractérisait le virtis^
c'était précisément son extrême activité indépendante de la
quantité de la matière inoculée. La rapidité avec laquelle
agissent les microbes du choléra, de la fièvre jaune, du
typhus, etc., etc., semble bien encore démontrer que, dans
certains cas, alors que les recherches les plus minutieuses
ne découvrent point les microbes infectieux ou n'en rencon-
trent qu'un très petit nombre, la mort se trouve amenée
par une sorte d'intoxication aiguë analogue à celle que déter-
minent les poisons chimiques. D'autre part, il est non moins
difficile d'admettre que, dans un milieu favorable, les
microbes inoculés — en si petit nombre qu'on le suppose —
ne puissent se multiplier et déterminer dès lors une mala-
die infectieuse. La doctrine qui tend à admettre que la
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150 — N'' 10
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Mars 1889
matière vaccinale diffère de la matière virulente reste donc
très séduisante. L'exemple de la vaccine comparée à la
variole parait la confirmer. Attendons dès lors de nouvelles
expériences pour nous éclairer définitivement à cet égard
et applaudissons surtout à celles que vient de faire con-
naître M. Chauveau (voy. p. 159) et qui montrent que l'on
peut par des expériences physico-chimiques successivement
retirer et redonner la propriété virulente à des microbes
pathogènes qui, par conséquent, restent, non seulement au
point de vue morphologique, mais surtout au point de vue
de leur organisation et de leur vie, toujours semblables à
eux-mêmes.
— On sait que des efforts sont tentés de tous côtés pour
étendre la pratique de la vaccination; nous avons eu
maintes fois l'occasion d'en parlera cette place. En France,
l'armée possède aujourd'hui un service de vaccination des
plus complets, dans tous les corps d'armée ; mais pour la
jpopulation civile, il est loin d'en être ainsi. Malgré les
appels réitérés de l'Académie de médecine et des Sociétés
d'hygiène, le Parlement et les conseils généraux des dépar-
tements ont souvent assez mal accueilli les propositions
qui leur ont été faites à cet effet. Cependant les instituts
vaccinaux commencent à se multiplier et le jour ne tardera
peut-être pas où cette excellente mesure pourra être, grâce
à eux, assez généralisée pour ne laisser en dehors d'elle
qu'une faible partie de la population. A ce titre l'initiative
prise par M. Grimanelli, préfet du Gard, nous parait digne
des plus grands encouragements; car l'organisation admi-
nistrative qu'il vient de créer pour assurer le service gratuit
de la vaccine dans son département tient compte, dans la
mesure légitime, de tous les intérêts en cause, ainsi qu'il
est facile d'en juger d'après les renseignements suivants
qu'il nous a été flonné de recueillir.
M. le préfet du Gard a institué dans ce département, à
partir de cette année et après s'être éclairé des avis du Con-
seil central d'hygiène publique et de salubrité, un service
gratuit de vaccination et de revaccination par vaccin de gé-
nisse. Ce sont les médecins inspecteurs des enfants du pre-
mier âge qui sont chargés de ce service pour les communes,
à de rares exceptions près, de leurs circonscriptions res-
pectives. Les conseils municipaux de la très grande majo-
rité des communes du département ont d'ores et déjà voté
au budget de 1889 les ressources nécessaires, d'après les
bases suivantes : 0 fr. 50 par vaccination ou revaccination ;
indemnité de parcours calculée à raison de 1 franc par ki-
lomètre de distance de la résidence du médecin inspecteur
à la commune intéressée. Quant au prix du vaccin, qui est
fourni par l'Institut vaccinal de Marseille, il est payé sur un
crédit ouvert au budget départemental pour la propagation
de la vaccine.
Tous les ans, au printemps et en automne, ainsi qu'au
moment de chaque éclosion d'épidémie variolique, les maires
sont tenus d'avertir le public, par voie d'affiches, delà néces-
sité de faire vacciner les nouveau-nés et de revacciner les
personnes qui n'aurait pas subi cette opération depuis sept à
huit ans; ils provoqueront de la part des médecins l'indi-
cation approximative du nombre des personnes à vacciner
et en informeront la préfecture qui fera venir de l'Institut
vaccinal de Marseille ou de Montpellier la quantité de vac-
cin nécessaire ; le public sera prévenu des jours, de l'heure
et du local où aura lieu la séance de vaccination gratuite.
L'effet de préservation de la vaccine ne durant qu'une
huitaine d'années, ce sera donc le 1/8 de la population qui
devra être vacciné chaque année. Si, au lieu de prendre le
1/8 pour base de l'évaluation du nombre des personnes à
vacciner, on abaisse la proportion jusqu'à .1/10, c'est-à-
dire jusqu'au minimum, on voit que, dans cette organisa-
tion, pour une commune de 1000 habitants, par exemple,
éloignée de 10 kilomètres de la résidence du médecin
vaccinaleur, celui-ci recevra d'abord 10 francs d'indemnité
de déplacement, plus 50 francs de rétribution pour le i/lo
de 1000 ou 100 X 0 fr. 50, soit au total 60 francs.
THÉRAPEUTIQUE
De« indlcatlona de l'autUepaie dans I* pneamonle.
Existe-t-il une médication antiseptique de la pneumonie?
Quelle est-elle? Que vaut-elle? Ces trois questions intéres
sent le thérapeute désireux d'utiliser les travaux modernes
sur la palhogénie de cette affection.
I
Tout récemment encore, il était d'argumentation banale
et de critique commode, d'énumérer les vicissitudes des
idées médicales sur la nature et le traitement de la pneu-
monie.
On l'a bien souvent écrit, et, hier même, un auteur que
l'on dit classique le répétait une fois de plus : c la théra-
peutique courante aime à -se mettre d'accord avec les opi-
nions régnantes :». Telle théorie, telle médication.
Vraiment, formuler cette remarque, est faire un eiîorl
d'érudition des plus modestes; ne consiste-t-elle pas à
répéter à des gens qui ne l'ignorent pas, que Bouiliaud
saignait coup sur coup les pneumoniques; que Broussais
était plus sanguinaire encore; que Grisolle aimait Témé-
tique et que Béhier prescrivait volontiers l'alcool? C'esl
banal.
On ajoute, suivant l'usage, que, plus avisés, d'autres
médecins préfèrent l'expectation : Quid in pneutnoniaf
Expectatio simplex : c'esi une formule ! Ils attendent; Taf-
feclion suit son cours. Ne faut-il pas qu'elle se termine? 11
s'agit d'une maladie cyclique. Et bien des fois, on doit
l'avouer, l'expectation réussit, et la pneumonie guérit.
Elle guérit, soit; mais c'est bien là une medicatio
pigrorum.
Naguère cette méthode s'excusait par l'incertitude des
cliniciens sur la nature de la maladie : dans le doute on
s'abstenait. Autre temps, autre thérapeutique; el aujour-
d'hui, fût-elle bien armée, comme Hippocrate la voulait,
l'expectation ne peut plus rester le dernier mot de la méde-
cine, contre la pneumonie.
En effet, voici que l'on s'entend volontiers sur son ori-
gine microbienne. Eberth, Fraenkel, Sternberg, Sanger,
Weischelbaum, Netter, Talamon, Koch, Matricy, Salvioliet
Zasteim, ont fait connaître la morphologie de son microbe.
Ils l'ont trouvé dans l'exsudat alvéolaire des pneumoniques,
dans les capillaires de leurs poumons, dans les crachats
qu'ils expectorent : ils l'ont trouvé dans leurs reins et
peut-être ailleurs encore. On l'a cultivé, puis avec le produit
de ces cultures fertiles, Afanassiewet d'autres ont provoqué
des pneumonies expérimentales. Bref, la pneumonie
franche a perdu le rang élevé qu'on lui donnait dans la
hiérarchie des phlegmasies. Elle est devenue une inflani-
8 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NMO — 151
mation spécifique ou plutôt une maladie infectieuse. Dès
lors pourquoi la soustraire indéfiniment aux lois de la
médication parasiticide?
Il est vrai que, malgré ces découvertes, le débat n'est
pas encore clos : il reste à déterminer les conditions de
l'organisme qui favorisent le développpement et la pullula-
tionde l'agent infectieux. Ici on s'entend moins.
Les uns, disciples de l'école traditionnelle, Jurgensen,
Cohniieim, Leitchtensteim, Heidenhaim (en Allemagne),
Bernheim et Grasset (en France), considèrent l'invasion de
tout l'organisme comme primitive ; adoptent la théorie de
la ûèvre pneumonique, la confirment au moyen des plus
récentes données de la microbiologie et renouvellent ainsi
la doctrine de Huxbam et de Fr. Hoffmann. N'est-ce pas
aossi préparer Tadoption d'un traitement germicide contre
celte affection?
Par contre l'école anatomique possède toujours des parti-
sans. Dévoués à l'histoire plutôt qu'à la médecine expéri-
mentale, ils discutent ou mettent en doute l'action patho-
gène du microbe. Quelques-uns même, de conviction
inébranlable, coulinuent à professer la théorie démodée
des deux pneumonies. Tune franche et l'autre infectieuse.
El cependant, moins fidèles aux traditions thérapeutiques
de leurs devanciers, voici qu'ils discutent la valeur des
médications systématiques : les antiph logistiques contre la
congestion pulmonaire initiale et les phénomènes réaction-
nels avec la révulsion et les soustractions sanguines locales
comme moyens, la médication chimiatrique contre l'hjpe*
rioosepar l'emploi des saignées défilétives, ou enfin le trai*
lement par les agents contre-simulants dans l'intention de
modérer le stimulus, cette force mystérieuse, si commode à
invoquer depuis Brown et Rasori. Inutile de s'arrêter à
rinlransigeance de ces localisateurs convaincus. Les résul-
tais cliniques et expérimentaux sont là. Ce n'est pas un
système philosophique qui prévaudra contre la brutalité
des faits t
Voici une troisième doctrine : cette opinion est moyenne;
ses avocats sont des séclectiques. Ils admettent, disent*
ils, Tunité pathogénique des pneumonies.
Affection parasitaire et microbienne, la pneumonie e.st,
ajoutent-ils, théoriquement comparable aux autres maladies
parasitaires et microbiennes. 11 y a une diphthérie localisée
aux amygdales ou au larynx; il y a aussi une diphthérie
toxique foudroyante. De même, il existe une pneumonie
localisée au poumon ; c'est une inflammation spécifique de
cet organe, c'est la pneumonie franche de nos devanciers.
11 existe de plus une pneumonie infectieuse ou plutôt c infec-
tante ), selon l'expression de M. G. Sée.
Bref, ne sont-ce pas là des modalités habituelles aux
affections parasitaires et infectieuses?
En vérité, il est temps de conclure : à maladie micro-»
bienne, c'est un traitement germicide qui convient.
El cependant, avouons-le, cette notion n'est pas encore
complète. Quel rôle attribuer au microbe pathogène dans la
provocation des lésions viscérales de Tinfeclion pneumo-
nique?
Quelle est l'influence pathogène des matières toxiques
produites par le pneumocoque ou par les tissus dont sa
présence modifie les activités trophiques?
Au point de vue pratique la question à débattre est donc
celle-ci:lamédition pathogénique de la pneumonie devrait-
elle être simplement microbicide, ou bien, ne doit-elle
pas élre tout à la fois antiparasUaire et antiseptique?
L'anatomie pathologique et la médecine expérimentale
justifient-elles cette prémisse? Oui, car, au cours de l'iU'^
fection pneumonique, la plupart des organes sont l'habitat
du microbe pathogène, auquel on donne le nom de Fraen-
kel, et qui — on doit le rappeler — mérite celui plus illustre
de Pasteur, qui le premier le découvrit dans la salive d'un
enfant. Oui, d'après les observations aujourd'hui indiscu-
tables de péricardite (Dassier et Ménétrier) et d'endocardite
à pneumocoques (Roustan, Heyer, Gulliver, Jaccoud, Netter,
Besançon, Weischelbaum) ; oui encore, en présence des
mœurs ubiquitaires de ce microbe dont on a signalé la
présence dans certaines méningites (Immermann, Inglesis,
Willich, Keller, Homolle), dans des pleurésies, des périto-
nites (Crespel), des otites, des laryngites, des pharyngites et
des néphrites. La découverte de la nature spécifique de ces
lésions viscérales et de ces inflammations locales impose
donc des devoirs nouveaux au clinicien.
Cependant je m'empresse de l'ajouter, ces lésions ne
sont pas tout dans le processus de l'infection pneumonique
localisée ou généralisée. Les phénomènes généraux de la
pneumonie et certaines complications ont vraisemblable-
ment pour cause l'absorption de substances toxiques par les
tissus.
Qu'on justifie cette hypothèse, et l'effort thérapeutique
consistera aussi dans la neutralisation de ces poisons. Or voici
des expériences de MM. Serafini et Locatello. Ils adminis-
trent aux animaux les produits des cultures de pneumo-
coques. Or, malgré la destruction de tous les micro-orga-
nismes qu'ils contenaient, et malgré leur stérilisation, ces
liquides provoquent des phénomènes fébriles. Ils sont donc
toxiques.
Puis, expérience de contrôle, le second de ces observa-
teurs saigne un pneumonique, stérilise le liquide sanguin^
l'injecte aux animaux et provoque encore les mêmes phé^
nomènes fébriles.
Plus tard, autre vérification expérimentale ; on pratique
cet essai avec le sang des mêmes pneumoniques, définiti-
vement guéris et les résultats obtenus sont négatifs.
Autre considération. Elle est relative à l'étiologie des
troubles cardiaques chez les pneumoniques. Les uns ont
pour origine l'obstacle circulatoire intrapulmonaire par
la diminution du champ respiratoire et l'amoiodrissement
de l'appel du sang durant les mouvements respiratoires. Ce
sont les cardiopathies mécaniques des pneumoniques.
Les autres ont pour cause anatomique l'altération
trophique des fibres myocardiques. On les a volontiers attri-
bués à l'état fébrile et à l'élévation thermique. L'origine
en est ailleurs, comme M. Mairigliano le déclarait à ses
collègues du récent et premier Congrès de la Société ita-
lienne de médecine interne. On la trouve dans la présence
dans le sang de principes toxiques agissant sur les fibres
myocardiques : à preuve, ces pneumonies peu étendues
dans lesquelles les troubles cardiaques se manifestent vers
le quatrième ou le cinquième jour et en l'absence de toute
fatigue cardiaque pour vaincre l'obstacle pulmonaire.
Exisle-t-il une preuve expérimentale de cette opinion?
L'observateur italien la donne en injectant sous la peau de
la tortue le sang stérilisé de pneumoniques et en provoquant
ainsi des perturbations cardiaques indéniables. Puis, expé-
rience de contrôle, il remplace ce liquide par le sang égale-
ment stérilisé des mêmes individus en guérison confirmée
et ne provoque plus aucun trouble cardiaque.
Voici un autre fait sur lequel l'opinion est plus unanime :
152 — NMO —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Mars 1889
l'examen du sang avec les réactifs microbiques y démontre
la rareté des micro-organismes. C'est, a-t-on dit avec
quelque vraisemblance, que les conditions de milieu ne
sont pas favorables au développement bacillaire. C'est aussi
que les globules blancs semblent être leurs antagonistes ou
plutôt leurs phagocites, suivant l'expression de M. Melchni-
koff. Faut-il motiver par ces remarques, quelque objec-
tion contre la théorie de la septicémie pneumonique? Je
ne le pense pas; mieux vaut soupçonner ici, comme dans
la diphthérie, l'action de produits toxiques chimiquement
mal déterminés, mais physiologiquement démontrés, et à
côté de V endocardite microbienne des pneumoniques, don-
ner place à une myocardite toxique des pneumoniques.
Naguère, on s'en souvient, Gurgensen avait noté les alté-
rations des fibres myocardiques dans 19 cas sur 19. Il est
vrai aussi que Hamburger mettait ces lésions en doute.
Soit ; c'est un conflit d'opinions; ce n'est pas une démons-
tration et ce désaccord ne rend pas moins urgente la médi-
cation antiseptique de la pneumonie.
Enfin, l'anatomie pathologique fournit des arguments
d'analogie. Dans la pneumonie, il existe des altérations des
ganglions bronchiques. Eh bien, les ganglions cervicaux
ne sont-ils pas altérés dans la diphthérie pharyngée? Il
existe aussi dans la pneumonie des congestions hépatiques
et spléniqnes. Ne sont-ce pas là phénomènes communs à
toutes les maladies infectieuses? Il existe encore chez ces
mêmes pneumoniques, à côté de néphrites nettement carac-
térisées, des congestions rénales : autres lésions viscérales
habituelles dans ces dernières maladies. Sont-elles dues à
l'action de présence du pneumocoque traversant l'émonc-
toire rénal ou bien à l'action destructice des matières
toxiques véhiculées par le sang? Je trouve réponse à cette
question dans les leçons de M. Bouchard. D'après les
essais urotoxiques, l'urine des pneumoniques présente un
coefficient de toxicité supérieur à celui de Turine normale.
Ce n'est pas tout; les symptômes de cette intoxication expé-
rimentale diffèrent. Injectée sous la peau, l'urine normale
provoque, on le sait, le myosis et l'abaissement thermique^
Administrée aux animaux de même espèce et de poids équi-
valent, l'urine des pneumoniques provoque, à la dose de
22 centimètres cubes par kilogramme, dès convulsions
toniques et la mort.
II
En s*appuyant sur ces faits, le thérapeute formulera-t-il une
médication directement antiparasitaire de la pneumonie?
Théoriquement, oui, il en a le devoir; pratiquement, non;
car à cette heure, il ne dispose, ni d'un agent spécifique
contre le pneumonique, ni de médicaments directement
neutralisateurs des substances toxiques qui interviennent
dans de l'infection pneumonique.
Est-ce un motif pour désarmer, s'en tenir aux affirma-
tions des abstentionnistes et proclamer l'inutilité de tout
effort thérapeutique? Sans nul doute, on le sait, l'infection
pneumonique suit une marche uniforme. Les travaux clas-
siques de Wunderlich et de Traube en ont défini le type
régulier et cyclique; au début, un frisson et une ascension
de la température à 40 degrés; entre le cinquième et le
septième jour, la crise; après le huitième jour, la défer-
vescence. C'est doctrine renouvelée d'Hippocrate et de la
théorie des jours impairs. C'est aussi, comme on l'a dit, le
système thérapeutique de la résignation, consistant à faire
fond, d'une part, sur la résistance de l'organisme, que le
clinicien le plus expérimenté ne peut mesurer et d'autre
part, sur les facteurs mobiles, variables et le plus souvent
inconnus qui augmentent ou atténuent l'intensité de
l'infection.
En 1849, l'expectation donnait une mortalité de 74 chez
les pneumoniques soignés par Diehl ; en 1849, cette morta-
lité était de 23,4 pour 100 parmi les malades de Wunderlich.
Sont-ce là des statistiques concluantes? Au moyen de ces
arguments contradictoires tirés de larithmétique, on a bien
souvent condamné tour à tour les diverses médications. Il
est donc plus juste de répéter avec M. Laboulbène : < Il faut
traiter celte affection comme une fièvre spécifique. >
Quels sont les moyens dont l'antisepsie médicale dis-
pose pour combattre « celte fièvre spécifique? »
L'indication thérapeutique idéale serait de réaliser la
rapide destruction de l'agent infectieux dans son foyer pul-
monaire initial. Des tentatives ont été faites dans ce but.
A l'instar des essais antérieurs de Mosler, Pepper et
Fraenkel, sur des foyers bacillaires intrapulmonaires, on
s'est adressé aux injections intraparenchymaieuses, et
M. Lépine, le premier parmi nos compatciotes, a essayé de
réaliser ainsi Vantisepsie locale chez les pneumoniques.
La méthode qu'il communiquait, le 10 août 1885, à TAca-
demie des sciences, consistait à pratiquer une série d'injec-
tions (quatre ou cinq), sur les limites de la zone d'hépati-
sation, à circonscrire ainsi la lésion et à en prévenir
l'extension. Le sublimé en solution au 30 ou 40 millième
lui parut d'abord l'antiseptique de choix^ car son adminis-
tration, était suivie de la disparition des râles crépitants et
du souffle, d'un silence des bruits respiratoires anormaux,
d'une défervescence précoce et d'un rapide amendement de
l'état général. Cependant, en expérimentateur bien avisé,
notre savant confrère lyonnais cherchait un antiseptique
moinsirritant.il s'adressa à Tiodure de sodium, et à la
page 1105 de la Revue de médecine de l'année 1885, signala,
dans un cas de pneumonie des vieillards, la résolution des
symptômes objectifs et subjectifs, après une double injection
de 4 grammes de ce sel en solution dans 60 centimètres
cubes d'eau.
Malgré ces succès, la méthode des injections intraparen-
chymateuses semble déjà dans l'oubli. Les pusillanimes
déclarent l'opération c effrayante », quand l'expérience
démontre son innocuité; les prudents hésitent à la pres-
crire pour ce motif que les cas où l'on en a fait usage sont
encore peu nombreux. Ce sont des arguments de timidité
et il y aurait lieu de passer outre, si, pour une autre
raison, on n'était pas fondé à contester la valeur des résul-
tats obtenus. Je m'explique : l'antisepsie ainsi localisée
permet bien de combattre l'agent parasitaire dans le foyer
où il pullule, c'est un avantage; par contre, elle ne permet
pas, indication plus urgente encore, de lutter contre l'in-
fection et de mettre l'organisme en résistance.
A cet effet il faudrait obtenir Vantisepsie du milieu inlé-
rieur chez les pneumoniques. Cet objectif n'est guère réa-
lisable avec les ressources thérapeutiques actuelles. On a
prescrit le calomel et on a voulu ainsi pratiquer la mercu-
rialisation des pneumoniques. Ce fut sans succès. On a
conseillé l'iodure de potassium à l'intérieur; mais cet
iodisme thérapeutique n'a pas procuré de résultats plus
constants.
Co:is.dérera-t-on pour cela l'antisepsie dans la pneumonie
commeune médication impuissante? Non, ce jugement serait
téméraire et il ne faut pas lui demander plus qu'elle ne
8 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— KMO — 153
peut donner en ce moment. On la veut faire offensite : or,
à cette heure, avec les moyens insuffisants dont elle dispose
elle doit surtout être défensive.
III
Le danger, on Ta vu plus haut, n'existe pas seulement
dans une émigration des microbes lors de leurs foyers pul-
monaires ; il vient encore de raccumulation des substances
toxiques dans les tissus et de leur véhicuiation à travers
l'organisme. Cette hypothèse, objec.te-t-on, est un retour
à la vieille doctrine de la matière peccante et aux idées
de l'humorisme. Qu'importe? Il s'agit de faits expérimen-
taux et non d'une théorie. Acceptons les faits, tout en
avouant que l'arsenal thérapeutique actuel est dépourvu de
médicaments susceptibles de neutraliser ces poisons, et
dispose d'une seule ressource : celle d'en prévenir l'ac-
cumulation dans les tissus. Ce rôle thérapeutique appar-
tient aux soustractions sanguines et aux médicaments
éliminateurSy qui, à ce point de vue, sont des agents de la
médication antiseptique.
Faut-il ouvrir une discussion nouvelle sur l'opportunité
des soustractions sanguines dans la pneumonie? Non,
certes. Gomme moyen antiphlogistique local, c'est cause
entendue : les émissions sanguines ont été condamnées.
Sont-elles également condamnables au point de vue anti-
septique? Oui, disent leurs adversaires, car elles sont
inutiles. Elles diminuent la masse du sang? Oui. Elles
atténuent la proportion relative des pneumocoques dans
l'organisme? Oui, sans doute, mais quel inutile résultat !
Ce qu'il faudrait, ce serait les atteindre tous. On complète
ce réquisitoire en ajoutant que, bien loin de favoriser l'éli-
mination de ces agents, elle la, retarde, en mettant l'orga-
nisme dans la nécessité de consacrer toutes ses activités
trophiques à la réparation des pertes d'hémoglobine, en
diminuant la richesse du sang en hétnaties, enfin, en modi-
fiant profondément les conditions de la circulation pulmo-
naire.
Non, répondent les partisans de la saignée antiseptique,
et, pour légitimer leur opinion, ils analysent les faits cli-
niques. Dans douze cas où la pneumonie était de gravité
moyenne, Marigliano a prescrit, vers le quatrième ou le
cinquième jour, une saignée de 100 à 300 centimètres
cubes, et l'a répétée deux ou trois fois. Tous les malades
guérirent. Cette saignée ne modifia ni Tétat local, ni la
température, mais diminua la fréquence du pouls, accrut
sa plénitude, améliora sa courbe sphygmographique, aug-
menta la pression artérielle et rendit la diurèse plus
abondante. L'amélioration des troubles circulatoires dura
onze ou douze heures, et l'augmentation de la diurèse
pendant un jour et demi ou deux jours.
Est-ce là un résultat clinique négatif? Le soulagement
du cœur, l'atténuation de l'infection septique ; voilà une
intervention thérapeutique de quelque efficacité, dùt-elle
permettre un jour durant ou même seulement pendant
quelques heures, de suspendre la marche d'une maladie à
évolution rapide.
Reste à déterminer le moment opportun de leur emploi.
Est-ce au début? Non; mais vers le troisième et le qua-
trième jour, où, pour ainsi parler, s'ouvre la période sep-
tique de la maladie. A ce moment leur heure vient de
sonner.
li'êmonction glandulaire assure par une voie plus directe
l'élimination de ces substances toxiques, le coefficient uro-
toxique de l'urine des pneumoniques le prouve bien, puisque
spontanément l'organisme choisit la voie rénale pour assu-
rer sa propre dépuration. Voilà, ce semble, une réhabili-
tation des boissons aqueuses dans le régime diététique de
ces malades et une justification de l'administration du
lait à titre d'éliminateur et de médicament hydragogue.
L'émonction cutanée ne possède pas une moindre im-
portance. Il y a beau temps que Franck insistait sur la
valeur des crises sudorales comme un signe de résolution
de la maladie. Ce savant observateur devançait donc les
essais récents de Queirolo sur le rôle antiseptique de
l'émonction cutanée chez les pneumoniques. De là pour le
clinicien bien avisé l'indication de solliciter la diaphorèse
et d'en faire son utile auxiliaire thérapeutique.
En résumé, les ressources de l'antisepsie directe contre
la pneumonie sont peu nombreuses et dans cette indigence
le thérapeute trouve dans la diurèse et la diaphorèse des
moyens auxiliaires d'antisepsie.
lY
Ce sont, il est vrai, des ressources de modeste puissance
et pour les coiiipléter, on cherchera donc ailleurs d'autres
moyens de s'assurer la victoire. Où les trouver? Dans l'aug-
mentation de la résistance de l'organisme; en d'autres
termes, dans l'antipyrèse contre la fièvre et dans les médi-
caments cardiaques contre le coUapsus.
Comment traiter la fièvre dés pneumoniques ? Par l'abs-
tention, au témoignage de quelques-uns, et ces avocats de
l'expectation justifient leur opinion en rappelant que ce
mouvement fébrile présente rarement des allures mena-
çantes. Il y a bien parfois une élévation et des oscilla-
tions thermiques assez grandes; mais, ajoutent-ils, l'obser-
vation clinique enregistre la guérison de pneumoniques &
température élevée.
On a dit aussi, affirmation téméraire, que la fièvre a son
utilité, comme si le pneumocoque s'accommodait mal
des températures élevées. Enfin, troisième objection, oh a
prétendu non moins témérairement, je pense, que l'usage
des médications antihyperlhermiques prolongeait la durée
de la maladie*
Que ces assertions servent d'excuse aux abstentionnistes,
soit! Elles ne feront pas oublier cependant que l'état
fébrile diminue la résistance de l'organisme, et que l'hy-
perthermie affaiblit celle du cœur. CM Aïoiifs légitiment
suffisamment l'emploi des médicamenfS* antipyrétiques et
des agents de réfrigération.
Je ne m'arrête pas à l'administration des médicaments
antithermiqueSy l'antipyrine ou la quinine, par la voie sto-
macale avec Liebermeister, Jurgensen et la majorité des
cliniciens, ou bien par la méthode hypodermique avec
Gerhardt et quelques autres. Mais je constate que les
résultats thérapeutiques obtenus sont en rapport avec les
vertus antihyperlhermiques de ces médicaments plutôt
qu'avec leurs propriétés antizymasiques, et, qu'au point de
vue antiseptique, ils interviennent donc indirectement
comme des modificateurs de la nutrition et non pas à titre
de parasiticides. A ce titre, ils sont aussi les auxiliaires du
traitement antiseptique.
J'en trouve la preuve dans l'action thérapeutique ana-
logue exercée par l'emploi des réfrigérants. La balnéation
répond donc, elle aussi, au programme de la médication
antiseptique.
Qu'on adopte, en effet, les bains progressivement refroi-
154 — NMO — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Mars 1889
dis, de 30 à 20 degrés, et continués durant quinze ou vingt
minutes, ou bien que plus timidement on prescrive les
bains chauds permanents de Reiss, peu importe; les ré-
sultats antithermiques sont équivalents. Avec Tantipyrine
on augmente la déperdition de calorique à la périphérie;
avec la balnéation on soustrait ce calorique en excès ; les
procédés diffèrent, les résultats sont analogues ; les scru-
pules des cliniciens varient seuls.
La réfrigération locale par les cataplasmes, les demi-
bains de la méthode de Winternitz, la vessie de glace en
permanence de Riegel ou le tube de Lister, ne diminue
pas la température ; ses avantages sont contestables et ses
dangers moins imaginaires, car elle provoque l'ischémie
cutanée et peut conduire aux congestions viscérales. Ce
sont des petits moyens sans grands effets thérapeutiques.
J'en reviens à labalnéation: les méfaits qu'on lui attribue
sont bien connus : augmentation de l'induration pulmo-
naire; au début, congestion pulmonaire par ischémie de
delà peau; plus tard, congestion cutanée de retour par
ischémie viscérale. Quelques-uns, avec Oscar Fraentzel,
l'accusent de conduire les pneumoniques au tombeau et
dans leur sévérité pour la médication qui fut si chère à
Jurgensen, affirment même que, si des pneumoniques
guérissent après cette médication, c'est malgré les bains et
non pas par les bains.
Soyons moins enthousiastes que Jurgensen et moins
sceptiques que Fraentzel, mais, avec Hippocrate, reconnais-
sons à la balnéation des pneumoniques quelques verlus
physiologiques et thérapeutiques : celles de tempérer la
fièvre, de modérer la température et de tonifier tout à la
fois le cœur et le système nerveux, résultats importants au
point de .vue de l'antisepsie générale. Réservons-les pour
les cas graves, où elle sera avec la saignée une médica-
tion de nécessité, qui, selon les paroles du père de la mé-
decine, c convient généralement dans la pneumonie plus
encore que dans les fièvres ardentes :».
J'en arrive à l'autre danger auquel les pneumoniques
sont exposés. C'est le péril cardiaque. La médication anti-
septique a pour devoir de le conjurer. Le régime diététique
est l'arme la plus puissante pour prévenir et pour combattre
tout affaiblissement de la résistance de lorganisme. D'où
l'obligation d'éviter la diète absolue et de prescrire des
aliments promptement assimilables, les œufs et le lait et
d'administrer éventuellement l'alcool à doses répétées.
Puis, inutile d'insister, dans les cas de faiblesse myocar-
dique, de collapsus menaçant, d'œdème ou de congestions
pulmonaires, on conseillera les médicaments cardiaques,
comme la digitale contre l'insuffisance cardiaque et les
agents cardio-vasculaires, tels que le strophantus, et sur-
tout la caféine ou les iodures.
J'arrête ici cette enquête thérapeutique et je conclus.
L'antisepsie médicale dans la pneumonie ne mérite donc
pas- les reproches que Ton a formulés contre les autres
médications de la pneumonie. Radicale en principe, elle
est opportuniste dans ses moyens. Ses ressources sont
incomplètes : elle ne dispose pas encore de médicaments né •
crophytiques contre le pneumocoque ; elle ne dispose pas non
plus d'agents neutralisateurs des substances septiques que
le microbe produit ; mais fidèle aux traditions classiques,
elle s'efforce de satisfaire à deux indications capitales :
d'abord empêcher l'agent pathogène d'émigrer hors do son
foyer pulmonaire : c'est le but sinon le résultat des essais
d'antisepsie locale; ensuite^ mettre l'organisme en état de
défense contre cet agent et de résistance contre l'intoxica-
tion septique : c'est le rôle de Vantisppsie générale, qui,
provisoirement et à défaut d'autres, possède pour ressources
le régime diététique, l'antipyrèseet les médicaments cardio-
vasculaires.
C'est peu, dira-t-on; oui, j'en conviens; mais c'est drjà
assez pour faire plus, et mieux, que par rabstention,
l'expectation simple ou les méthodes de résignation.
Ch. Eloy.
TUAVALX OBlGiiNADX
Patholoi^e externe.
Mécanis>ie des luxations du sternum, par M. le
professeur Servier.
Il ne s'agit, dans cette courte étude, que des luxa-
tions du sternum par cause indirecte. Ces luxations son!
très rares. La littérature médicale en renferme dix-huit à
vingt exemples. Elles sont déterminées par le déplacement
de la seconde pièce du sternum sur la première. Dans tous
les faits connus on remarque une luxation en avant, c'est-
à-dire que la deuxième pièce du sternum est portée en avant,
et non en arrière, de la première, qu'elle vient faire saillie
en dehors du thorax et non dans la cavité thoracique. Il
n'est pas question ici des luxations de l'appendice xipholde.
Cela posé nous nous demandons quel est le mécanisme
de cette luxation, quelle direction doivent suivre les forces
appliquées sur un point du corps plus ou moins éloigné
du sternum pour venir aboutir à cet os, et le pousser en
avant, comme elles le font.
Les anciens, quelques modernes, ont présenté diverses
explications qui, je dois le dire, sont une exposition des
faits, et non la démonstration de leur enchaînement; inu-
tile de nous y arrêter. Maisonneuve a indiqué une théorie
qui est restée, et qui est généralement acceptée {Arch.
gén. de méd. et chir., t. XIV, p. 240, 1842; et Clinique
chirurg., t. I, p. 475, 1863). Il suppose que le sternum
est pris entre deux forces, agissant en sens contraire sur
chacune de ses extrémités. Cet os serait maintenu {\\t à
son bout supérieur par les articulations du sternum, des
clavicules et des deux premières côtes, et le bout inférieur
serait poussé en h.iut par l'action des côtes transmettant la
force produite par une chute sur le dos ou sur les pieds.
Le sternum s'incurverait, et céderait dans le point le moins
résistant, l'articulation de ses première et deuxième
pièces.
Cette théorie ne me semble pas satisfaire complètement
Tesprit. Que Textrémité supérieure du sternum soit soli-
dement fixée, la chose est sûre, mais que l'extrémité infé-
rieure soit poussée de bas en haut par le mouvement im-
primé aux côtes, je le comprends mal.
II m'a paru que la question pouvait recevoir une solution
différente, qui se rapproche par quelques côtés de celle
fournie par Maisonneuve, mais nui s en éloigne par d'autres.
Je crois, et j'espère pouvoir le démontrer, que les luxations i
en avant de la deuxième pièce du sternum sur la première,
sont déterminées par l'action des côtes tendant à porter le ,
sternum, non pas en haut, dans le sens de sa longueur, '
mais précisément en avant, dans le sens de son épaisseur,
la direction des forces étant perpendiculaire, et non parai- j
lèle, à l'axe du corps.
Dans Tétude des observations de luxation du sternum
un fait nous frappe par sa constance ; je veux dire que Tou j
reconnaît toujours que ces luxations se produisent après
une chute, une précipitation sur le dos, ou après une près- i
8 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 10
155
sioQ exercée sur le dos par des agents d'un poids considé-
rable, une pierre, un éooulemeni de terrain, la roue d*une
voiture pesamment chargée. J'insiste, sur le dos, et non sur
une autre partie du corps. Yoilà un point à noter, une
observation à retenir.
La question peut donc se poser ainsi : comment, et par
quel moyen, une force appliquée sur le dos d'un sujet se
propage-t-elle au sternum ? Pour y trouver une réponse il
fallait faire des expériences d'amphithéâtre.
Le thorax d'un sujet étant largement dépouillé de la
peau et des muscles dans sa partie antérieure, le ster-
num a été enlevé, en coupant les cartilages au ras de cet
os. De fortes épingles ont été solidement implantées dans
les extrémités de ces cartilages, perpendiculairement à
leur longueur; puis, de minces bandes de papier ont été
allachées à leurs tètes, reliant entre elles les épingles
correspondantes à gauche et à droite. Ainsi, une bande de
papier fixée à l'épingle de la troisième côte gauche allait
saltacher, bien tirée, à l'épingle de la troisième côte
droite, faisant comme un petit pont au-dessus du vide
laissé par Tenlèvement du sternum ; de même pour les
épingles des quatrièmes, cinquièmes et sixièmes côtes. Les
cooses ainsi disposées, le cadavre a été mis dans la posi-
tion assise sur la table de pierre, puis on l'a laissé lour-
dement retomber en arrière, son dos frappant la table. On
simulait ainsi une chute sur le dos.
Si dans ces mouvements ainsi imprimés les côtes cor-
respondantes s'écartaient les unes des autres entraînées à
droite et à gauche par l'impulsion reçue, il est sûr que les
fragiles bandes de papier devaient être déchirées, tirées
en sens opposés par leurs points d'attache ; mais si, au
contraire, les extrémités des côtes étaient poussées les
unes vers les autres, tendaient à se rapprocher, ces bandes
ne seraient pas déchirées, seraient même légèrement plis-
sées. Eh bien 1 c'est ce second fait qui se produit ; c'est celui
que nous avons observé.
Nous devons donc reconnaître que dans les chutes ou
pressions sur le dos, le thorax ne s'aplatit pas, ne s'étale
pâs à gauche et à droite, comme le ferait un cylindre de
plomb, de matière molie, mais plutôt qu'il se redresse, si
je puis me servir de ce mot, que les côtes sont poussées par
un raouveraent en avant, mouvement arrêté par leur arc-
boutemenl sur le sternum.
Il m'a semblé que cette expérience cadavérique rendait
compte du mécanisme de la luxation en avant de la seconde
pièce du sternum sur la première.
Supposons, en effet, une force puissante appliquée sur
le lies (l'un sujet, elle va suivre une direction donnée jus-
qu à ce qu'elle s'épuise sur un obstacle ; dans le cas présent
elle sait les côtes, et les pousse en avant ; mais elle ren-
contre un obstacle, c'est le sternum. Cet os est donc pris
entre deux forces agissant en sens opposé, il est serré
comme par les mors d'un étau, entre les côtes du côté
droit et celles du côté gauche. Si sa puissance de résis-
tance se trouve supérieure à colle de l'agression il sortira
(le la lutte indemne, ou plus ou moins contus; mais si l'at-
taque est trop violente il faudra bien qu'il cède par quelque
côté et, naturellement, ce sera sur le point le plus faible.
Or, un des points faibles du sternum, surtout chez certains
sujets, c'est l'articulation de sa seconde pièce avec la pre-
mière. Celle-ci est très solidement fixée, les côtes qui
viennent y aboutir sont assez courtes, reçoivent donc des
violences extérieures une impulsion de moyenne intensité,
mais la deuxième pièce est bien moins solidement encastrée
et doit supporter tout entier le choc apporté par les côtes
qui s'insèrent sur elle; il arrive donc qu'elle est enlevée
de ses attaches déchirées, et plus ou moins largement
déplacée.
Remarquons que l'expérimentation sur le cadavre con-
corde avec l'observation de la clinique; toutes deux se cor-
roborent mutuellement. La clinique nous montre ces luxa-
tions résultant de l'application d'une force, d'une violence,
sur le dos, et l'expérience reproduit, dans des limites plus
resserrées, les faits observés sur le blessé.
Nous pensons donc que les luxations du sternum, de
cause indirecte, sont déterminées par l'impulsion des côtes,
dont les extrémités, tendant à se rapprocher les unes des
autres, pressent violemment entre elles la deuxième partie
de cet os, et arrivent à la projeter en avant quand le mou-
vement qui les anime est produit par une force suffisante.
On pourrait presque comparer ce qui se passe alors à la
projection d'un noyau de cerise serré entre deux doigts.
J'ajoute que la même théorie peut s'appliquer à la plu-
[tart des fractures du sternum par cause indirecte. Dans
'un comme dans l'autre cas le sternum est attaqué de la
môme façon, par le même procédé, seulement, suivant les
circonstances individuelles et extérieures, il succombe sur
un point ou sur un autre de son étendue, celui où sa résis-
tance est moindre. Quelquefois le point le moins solide est
l'articulation elle-même, alors il y a luxation; d'autres fois
Tarticulation résiste, mais une portion de l'os, plus faible,
est entamée à sa place, alors il y a fracture.
Gllniqae médicale*
Sur un cas de syringomyélie (gliome central de la
MOELLE épinière). Communication faite à la Société
médicale des hôpitaux dans la séance du 22 février
1889, par M. le docteur J. Déjerine, professeur agrégé,
médecin de Thospice de Bicètre.
Comme M. Debove, notre collègue, vient de vous l'indi-
quer, la syringomyélie est une affection encore très peu
connue chez nous. Aujourd'hui, elle ne doit plus être
reléguée dans les traités des maladies du système nerveux
au chapitre des « curiosités pathologiques » dont le dia-
gnostic n'est possible que sur la table d'autopsie. Sa symp-
tomatologie est, en effet, tout à fait caractéristique et on
peut aujourd'hui, au moins dans la grande majorité des
cas, en porter très sûrement le diagnostic pendant la vie.
Le malade que M. Debove vient de vous montrer en est
un exemple très net, et celui que je vous présente actuel-
lement, est non moins démonstratif. Il s'agit d'un homme
de soixante-quatre ans, à Bicêtre depuis vingt ans, et chez
lequel le début de là syringomyélie remonte à l'année
1849.
Obs. — Paralysie atrophique des membres supérieurs {type
Aran-Duchenne) ayant débuté à l'âge de vingt-cinq ans, chez
un homme de soixante-quatre ans ; contractions fibrilaires ;
scoliose; intégrité de la sensibilité tactile sur toute la sur-
face du corps; analgésie marquée de toute la moitié supé-
rieure du tronc, des membres supérieurs et de la moitié droite
de la face; thermo-anesthésie très prononcée dans les mémea
régions; abolition du réflexe olecranien; exagération du
réflexe patellaire ; intégrité des sens spéciaux; pas de troubles
trophiques cutanés; état lisse de la peau des membres supé-
rieurs ; gonflement léger des extrémités inférieures du radius
et du cubitus; exosiose du cubital gauche; modifications de
la sécrétion sudorale; réaction de dégénérescence dans
quelques muscles; marche extrêmement lente de ^affection.
— Le nommé G..., (Frédéric), âgé de soixante-quatre ans, à
Bicêtre depuis 1868, entre le 12 janvier 1888 à l'infirmerie,
dans le service du docteur Déjerine, salle Bichat, lit n®6.
Antécédents héréditaires. — l.e malade est né à Paris, son
père et sa mère sont nés en Picardie. Père mort à soixante-six
ans d'un eczéma? Mère morte à cinquante-sept ans du choléra.
Huit enfants dans la famille : deux morts en bas âge ; trois
encore survivants. Pas trace d'atrophie musculaire dans les
ascendants et collatéraux du malade. Pas de maladies ner-
veuses dans la famille.
Antécédents personnels, — Rougeole vers l'Age de huit ans.
156 — N- 10 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Mars 1889
Pas d'autres maladies. Pas de maladies vénériennes. En 1848,
à l'âge de vingt-quatre ans, douleurs violentes dans la tête,
ayant duré plus d'une année. En 1849, début de raffection par
de la faiblesse des bras; il alla consulter Louis à THôtel-Dieu,
où il fit un séjour de deux mois (traité par la noix vomique),
puis à la Charité, chez Briquet, enfin chez Horteloup. — Il fut
examiné à cette époque (1852) par Duchenne (de Boulogne), soit
dans ces derniers services, soit à sa clinique. Au bout de deux
ans (1852) il ne pouvait presque plus travailler.
A partir de cette époque, TafTection paraît rester stationnaire
pendant vingt ans, en tous cas si elle a progressé c'est d'une
façon très lente.
Depuis son entrée à Bicêtre (à quarante-quatre ans), Talfec-
tion a un peu progressé. Elle semble surtout avoir subi une
aggravation, après deux ans de séjour à Bicôtre, car le malade,
qui pouvait jusqu'alors se servir de ses mains pour couper son
pain et pour manger, a remarqué qu'à partir ae Tâffe de cin-
Suante ans cela lui était plus difficile. Jamais il n'a éprouvé de
ouleurs dans les membres inférieurs, la poitrine ou la nuque.
£f a t actutf^ (janvier 1888). — Homme de petite taille, pa-
raissant bien portant et présentant les déformations suivantes :
Le malade est très voûté, la colonne cervicale et dorsale supé-
rieure sont fortement incurvées en avant, la tête est enfoncée
entre les épaules, le menton fortement rapproché du sternum.
— Les moignons des deux épaules sont portés en avant, et
contribuent à donner à la partie supérieure de la poitrine une
forme de carène, déformation qui est due bien plus à une
saillie en avant des épaules et des clavicules, qu'à un enfonce-
ment véritable du sternum. Les creux sus-claviculaires sont très
profonds surtout à gauche. Les régions mammaires envahies
par la graisse simulent des seins de femme. A la réeion posté-
rieure du tronc, entre la courbure exagérée et générale de la
colonne cervico-dorsale, il. existe une saillie très prononcée des
dernières vertèbres cervicales, sans gibosité toutefois. Scoliose
de la colonne dorsale, à convexité latérale droite, s'accompa-
enant d'uoe déformation latérale du thorax qui bombe en arrière
cans sa moitié droite postérieure.
Topographie de l'atrophie» — L'atrophie paraît de prime
abord moins prononcée qu'elle n'est en réalité, masquée qu'elle
est par une adipose sous-cutanée assez notable.
Les deltoïdes sont diminués de volume surtout à gauche, leur
segment postérieur est plus pris que les autres. Les sus et sous
épineux sont diminués de volume surtout à gauche. L'angle
supérieur de l'omoplate remonté des deux côtés vient faire
saillie à la partie postérieure du triangle sus-claviculaire. Les
grands pectoraux^ si l'on ne tient compte que du volume de la
région, paraissent peu touchés ; ils sont en réalité très atro-
Shiés, et la palpation permet de constater qu'il existe surtout
e l'adipose. Le biceps et le triceps droits sont fortement atro-
phiés et ont une force peu considérable.
A l'avant-bras droit, le groupe externe est notablement dimi-
nué, le long supinateur est réduit de volume, les radiaux éga-
lement. Il en est de même du groupe cubital (fléchisseurs), qui
est très réduit. Les extenseurs sont relativement conservés.
La main droite n'est pas déformée, pas de griffe, toutefois
légère inclinaison de la main sur le bord cubital. Le pouce, dont
la première phalange est en hyperextension sur le métacarpien,
est rapproché du deuxième métacarpien sans main simienne
toutefois. L'éminence tA^ar, en particulier le court abducteur,
est notablement diminuée de volume. Les interosseux et l'émi-
nence hypothénar ne paraissent pas atrophiés.
Sur le cubital, à la réunion du tiers supérieur avec les deux
tiers inférieurs, hyperostose du volume d'un œuf de pigeon à
^rand axe longitudinal, existant depuis l'année 1852, et diagnos-
tiqué non syphilitique par Ricord.
Motilitè du membre supérieur droit. — L'abduction et l'élé-
vation du bras sont très faibles; le malade ne peut porter sa
main sur sa tête, mais il peut porter le pouce à sa bouche.
L'extension, la flexion de Tavant-oras se font d'une façon limi-
tée ; quant à la flexion des doigts sur la paume de la main, elle
est absolument impossible. L'index seul exécute un mouvement
de flexion des phalangines et phalangettes sur la première pha-
lange. Ceci explique pourquoi il n'y a pas de griff'e, et pourauoi
à l'état de repos les doigts du malade sont toujours dans 1 ex-
tension. Les mouvements des interosseux sont en partie con-
servés. L'extension des deux dernières phalanges est possible,
mais les mouvements d'ab et d'adduction sont très limités.
Membre supérieur gauche, — L'abduction, l'élévation, la rota-
tion, s'exécutent faiblement comme à droite ; l'adduction, au
contraire (arand pectoral), se fait très bien et avec assez de
force des deux côtés. Le biceps, le triceps sont notablement
moins pris qu'à droite, le long supinateur est aussi atrophié
qu'à droite, les radiaux moins. Le groupe cubital (fléchisseurs)
un peu plus atrophié qu'à droite. Les extenseurs sont assez
conservés.
La main présente la même attitude qu'à droite ; toutefois
l'apparence simienne est beaucoup plus accentuée, le pouce est
sur le même plan que les autres métacarpiens ; l'atropnie porte
sur tous les muscles de l'éminence thénar. Vadducteur est tou-
tefois un peu moins pris que les autres. Whypothénar est dimi-
nué de volume. Les intérosseux paraissent peu touchés; il nj
a pas de griffe.
Les phalanges des doigts, principalement la première pha-
lange de l'index des deux côtés, sont un peu augmentées de vo-
lume. L'articulation phalango-phalanginienne de l'index gauche,
présente une augmentation de volume des surfaces articulaires,
avec possibilité d'hyperextension, comme s'il y avait altération
de la surface articulaire.
La force musculaire du biceps et du triceps est assez grande.
L'extension du poignet et des doigts se fait assez bien (conser-
vation des extenseurs et des interosseux). La flexion du pouce
et des deuiC premiers doigts est absolument impossible, le ma-
lade ne peut leur imprimer le moindre mouvement sur la paurae
de la main, il peut au contraire fléchir les deuxième et troisième
phalanges des deux derniers doigts.
Les trapèzes sont diminués de volume, le malade peut cepen-
dant élever les épaules. Le sus et le sous-épineuœ gauches sont
S lus atrophiés qu'à droite. Lorsqu'on tient élevé en avant les
eux bras du malade, l'omoplate gauche se tient écarté du tronc
(atrophie du rhomboïde) ; rien de semblable à droite.
Contractions fibrillaires très nettes, dès que le malade est
exposé à l'air, dans le deltoïde, le triceps et le biceps des deux
côtés. Conservation du sens musculaire et de la notion de po<;i-
tion des membres. Pas de réflexe olécranien. Pas de signe de
Romberg.
Face, — Intégrité complète comme motilitè, expression de la
physionomie, etc. Les pupilles sont normales et reagissent à la
lumière et à l'accommodation. Langue, voûte du palais, masti-
cateurs normaux ; les mouvements de diduclion sont seuls un pia
difficiles.
Membres inférieurs. — Pas trace d'atrophie musculaire, pas
de contracture, le malade marche facilement comme à Tetat
normal. Force musculaire très développée. Réflexe patellairc
très exagéré ; à droite, tendance à la production du phénomène
du pied. Pas de contractions fibrillaires dans les muscles des
jambes. Réflexes plantaires normaux.
Sensibilité.— Tout au début de son afl'ection, en 1848, le ma-
lade avait remarqué que sa sensibilité était troublée. A cette
époque, il était garde national mobile ; il lui arriva souvent, en
portant des gamelles de bouillon très chaudes, d'avoir des phlyc-
tènes de brûlure dans les mains, sans s'en rendre compte. Il
présente aujourd'hui les mêmes troubles de la sensibilité qu'à
cette époque, et il assure qu'ils n'ont augmenté que d'une façon
fort minrme.
Sensibilité tactile, absolument noiynale au tronc, à la fare,
aux membres supérieurs.
Sensibilité à la douleur altérée au niveau des mains, avant-
bras, bras, épauleSy partie supérieure du tronc en avant et en
arrière, jusqu'à une ligne circulaire passant au-dessous des
mamelons. Dans toute cette étendue (voy. le schéma), la sensi-
bilité à la douleur est très altérée: une piqûre d'épingle même
intense n'est pas perçue en tant que douleur, il sembre au ma-
lade qu'on le touche ; tout au plus, parfois, peut-il dire qu'on
le pique. On peut traverser la peau dans la région correspon-
dante, sans que le malade accuse de douleur.
A la face, la sensibilité tactile est normale, mais il existe de
Vanalgésie de toute la moitié droite de la tête. Lorsqu'on pro-
mène une pointe d aiguille de droite à gauche, le malade accuse
une sensation de douleur dès que l'on approche de la ligne
médiane. Pas de retard dans la transmission.
Sensibilité thermique très altérée. £n touchant avec un flacon
rempli de glace différentes parties du corps, on observe les par-
ticularités suivantes: sur toute la peau de la face, de la nuque,
du cou, des membres supérieurs, épaules, bras, avant-bras, i
mains, face (palmaire et dorsale), cest à peine si le malade
accuse une sensation de froid. Par contre, les membres inf^-
8 Mars i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NMO — 157
rieurs, tout ]*abdomen et toute la partie du troue, située au-
dessus d*une ligne circulaire passant par les mamelons, sont
sensibles au froid comme à Télat normal.
Les troubles de la sensibilité à la chaleur sont très pro-
noncés dans ces mêmes régions. Le malade ne fait pas la diffé-
rence de la température entre 30 et 50 degrés, tout lui paraît
également froid. Dans la moitié gauche de la face seulement, la
sensibilité à la chaleur est conservée et une différence de tem-
pérature (35 degrés — 4i degrés) est nettement perçue.
En employant une eau à 85 degrés et en appliquant la bou-
leille à Vextrérailé des doigts, le malade accuse au bout de
ijurlques secondes, une sensation de chaleur assez vive. Mais
sur tout le reste de l'étendue de la surface cutanée précédem-
ment mentionnée, Teau à 85 degrés maintenue sur la peau,
aussi longtemps que Ton veut, ne produit aucune sensation de
chaleur.
En d autres termes, à part l'extrémité des doigts et un peu la
paume de la main, le malade n'accuse qu'une sensation de
contact, quelle que soit l'élévation de la tem(>érature de Teau
appliquée sur la peau du malade dans les régions ombrées du
schéma. C'est à peine si une application (Teau à 85 degrés
produit à la longue une sensation de chaleur du reste fort sup-
Eortable. On comprend donc aisément que le malade puisse se
rùler sans en avoir conscience. (Voy. les schémas.)
Le malade ne présente pas de troubles trophiques cutanés, à
part un état lisse de la peau des doigts. Les ongles sont intacts,
mais les doigts présentent un peu 1 aspect en massue. Les bras
et les avant-bras se cyanosent peu au contact de l'air. En injec-
Topographie de l'analgésie et de la thcrnioancstluîsio chez Gav...
tant sous la peau du bras droit 2 centigrammes de pilocarpine,
iu sueur ne se produit qu'au bout de douze minutes, et elle est
beaucoup plus abondante dans les points correspondants aux
zones d analgésie et de thermoanesthésie que sur les autres
points du corps.
Courants galvaniques. — Appareils de Gaiffe,
CALVANOH&TRB APÉRIODIQUI
Droit.
Trapèie...
Deltoïde..
Biceps . . .
Triceps . .
PFC. à 23-
NFC. = 0
PFC. à 11'
NFC. = 0,
12»« NFC.>PFC.
45- NFC.>PFC
tortes contractions
fortes contractions
Extenseurs des doigts, it^ NFC.>PFC.
léchisseurs de l'avant-bras. 25»* p^^^O
Examen électrique. — Appareil à
Gauche.
â^28^^C.>PFC.
à là"» NFC.=PFC.
à IS»* NFC.>PFC.
à 15«» NFOPFC.
à 7»« NFOPFC.
chariot de Dubois-
Reymond, modiûé par Gaiffe. Minimum d'excitation, 10'',5 d'é-
carlement des bobines.
MEMDRB SUPER. GAUCHE MIMBRB SUPÉR. DROIT
Cent, d'écart. Cent, d'écart,
des bobines. des bobines.
Grand pectoral 0 0
Deltoïde 9,5 8,5
Biceps 10 8
Triceps 9,5 9
Extenseurs des doigts.. 10,5 9,5
Radiaux 9,5 9,5
Long supinateur 9,5 9,5
Féchisseurs des doigts.. 0 0
Thénar 0 0
Interosseux 0 0
Trapèze 9,5 8,5
Sus-épineux 8 5
Sous-épineux 0 0
Diminution très grande de la sensibilité électrique. La sensi-
bilité électrique au pinceau est presque éteinte dans tous les
158 — N« iO —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÉDECINE ET DE CHIRURGIE
'8 Mars 1889
fioints correspondant à. Tanesthésie thermique et douloureuse.
Voy. les schémas,)
Il existe donc, en résumé, une perte complète de la contrac-
tililé faradique et galvanique des muscles de la main et des
fléchisseurs des doigts, du sous-épineux et du grand pectoral,
avec réaction de dégénérescence dans les muscles trapèze et
deltoïde droits.
La sensibilité électrique est très diminuée.
Messieurs, la syringomyélie, comme vous pouvez le voir
par les symptômes présentés par ce malade, se traduit par
un cortège symptomalique tout à fait caracléristiaue, per-
mettant d'en faire le diagnostic pendant la vie. Elle ne doit
en effet élre considérée, ni comme une affection cxceplion-
nelle, ni comme une curiosité anatorao-palhologique. L'af-
fection n'est pas rare, car M"" Baumler, dans une thèse ré-
cente {Thèse de Zurich^ 1887), a pu en réunir plus de cent
observations, dont deux personnelles. Ces observations se
décomposent en : soixante-six observations avec autopsie, de
malades ayant présenté pendant la vie une symptomatolo-
gie médullaire, en vingt-cinq observations purement anato-
miques et en dix cas purement cliniques. A ces observations
il fai(t ajouter les cas récents de Roth et de Schuize. Je veux
bien que, parmi ces cas, ils s'en trouve quelques-uns qui
n'aient pas toute la valeur désirable, mais le nombre des cas
bien observés n'en est pas moins assez considérable pour
nous permettre dès aujourd'hui d'en établir une histoire
clinique. Notre malade peut, à cet égard, être considéré
comme un cas absolument typique.
S'il est vrai que dans quelques cas, lasyringomyélie évolue
sans aucun syndrome clinique médullaire, dans la majorité
des cas, au contraire, sasymtomatologie est caractéristique,
et se manifeste surtout par deux ordres de symptômes : une
atrophie musculaire débutant et surtout localisée aux
petits muscles des mains, et des troubles sensitif s spéciaux,
intéressant la setisibilité thermique et douloureuse. La
fréquence de ces deux ordres de symptômes explique pour-
quoi tant de cas de syringomyélie oni été publiés sous la
rubrique : « Atrophie musculaire progressive » ou c Atro-
phie musculaire s'accompagnant de troubles sensitifs i>
(Gull, Mcher, Lock'hart-clarke, Charcot. Joffroy, Hallopeau,
Westphal, Roth, Kabler et Pick, Schullz, Frend, etc.).
Généralement, en effet, Taffeclion débute par une atro-
phie lente, progressive, le plus souvent bilatérale des petits
muscles de la main, donnant à celle-ci l'aspect de la main
simienne ou de la main en griffe, bref l'aspect du type Aran-
Duchenne, de l'atrophie nmsculaire progressive. De là
l'atrophie s'étend aux muscles des avant-bras, des bras, des
épaules, du tronc. Presque en même temps apparaissent
des troubles sensitifs : analgésie et Ihermo-anesthésie plus
ou moins étendues, envahissant d'habitude le3. membres
supérieurs, la tète, quelquefois les membres inférieurs, et
s'accompagnant d'une intégrité, le plus souvent complète,
quclqueiais relative, de la sensibilité au contact et du sens
musculaire. Si dans un certain nombre d'observations, les
Iroubles de la sensibilité ne sont pas notés, cela peut très
bien tenir au fait que ces troubles veulent être cherchés
avec soin, étant donné l'intégrité ordinairement complète de
la sensibilité tactile. Ces deux ordres de symptômes, atro-
phie musculaire des mains et paresthésies des membres
supérieurs de la face, correspondent assez exactement, au
siège (le prédilection de la syringomyélie, dans la région
cervicale inférieure et dorsale supérieure, intéressant la
substance grise centrale de la moelle et envahissant les
cornes antérieures.
Mais pdur peu que la lésion évolue, pour peu qu'elle
envahisse soit la substance blanche soit les cornes posté-
rieures, soit le faisceau pyramidal, on voit se surajoutera
ce syndrome clinique, les symptômes d'une paralysie spas-
modique (Strunipell), d'une sclérose latérale amyotro-
phique (Schultze, KahleretPick), d'une hémilésion médul-
laire (Schultze), voire même des symptômes bulbaires : i|
n'est pas rare, en effet, de voir la syringomyélie affecter un€
marche ascendante, et intéresser la racine ascendante de la
cinquième paire, les noyaux des nerfs vague et hypoglosse^
A ces symptômes, s'ajoutent assez souvent des troubles
trophiques cutanés ou autres; on a signalé des hyperkéra*
tinisations, l'étal lisse de la peau, l'hyperhydrosis', des frac
tures spontanées, l'amincissement des os, le gonflement dej
epiphyses, des lésions articulaires, des panaris avec pert^
des phalanges, etc , etc.
Lorsque l'affection est simple, que la substance blanchtj
n'est pas envahie, le diagnostic de la syringomyélie estd'or*
dinaire facile.
Elle se distingue de l'atrophie musculaire progressive e<
de la myopathie strophique progressive par ses trouble^
sensitifs; ae la sclérose latérale amyotrophique, par s;i
marche beaucoup plus lente et encore par ses troubles sen^
sitifs. Ces mêmes troubles et l'apparition beaucoup plu^
tardive de la paralysie spasmodique aes membres inférieur^
la distinguent des myélites cervicales et dorso-cervicales^
La pachyméningite cervicale hypertrophique, se distin^'Ut!
par ses douleurs, la raideur de la nuque, ses contraclures,
par le mode de développement de la paralysie atrophique e|
l'attitude spéciale des mains.
Restent les névrites périphériques. Les névrites satura
nines, alcooliques, arsenicales ne présentent généralement
ni cette localisation, ni ces troubles sensitifs si spéciaux, \\i
se développent en outre beaucoup plus rapidement. Du reste^
le diagnostic est facile, étant donné l'évolution, la marchtj
et surtout la connaissance de la cause de l'affection. Ce^
mêmes particularités s'appliquent aux névrites survenant
au cours ou dans la convalescence des maladies infectieusesi
Parmi les névrites infectieuses, nous signalerons surtout Id
névrite lépreuse.
Dans la lèpre anesthésique, en effet (lèpre nerveuse sys^
tématisée de Leloir), on peut observer un tableau clinique
très analogue à celui de la syringomyélie. On peut observer
une atrophie musculaire d'origine lépreuse revêtant le type
Aran-Duchenne, s'accompagnant du fait de la lèpre de
troubles sensitifs, et l'on sait que l'analgésie comme iaj
thermo-aneslhésie sont des symptômes fréquents, sinonj
communs, de la lèpre nerveuse, si nous y ajoutons les troubles!
trophiques de cette affection, les mutilations fréquentes, un
voit combien ce tableau se rapproche de celui de la syrin-
gomyélie. Je n'en veux pour preuve que les deux belleâ
observations rapportées par M. Leloir, dans son reraar^
quable Traité de la lèpre (XL et XLl, p. 10-2 et 160). N'étai^
en effet la notion de la marche de l'affection, n'étaient les
manifestations antérieures de la lèpre tuberculeuse, nVtailj
enfin la notion étiologique spéciale à la lèpre, l'erreur dej
diagnostic serait inévitable comme dans les faits rapportés
par Langhans et Rosenbach.
Quant à l'anatomie pathologique de cette affection, elle
est aujourd'hui parfoitemont connue. La syringomyélie, en
effet, n'est autre chose qu'une gliomatose médullaire, avec
foyers lacunaires consécutifs. Cette gliomatose se dével' pp?
dans le centre de la moelle épinière, autour du canal
central, et pousse parfois des prolongements du côtt^ des
faisceaux blancs. Tôt ou tard, il se forme au sein de ce tissu
de nouvelle formation, des lacunes de volume variable,
lacunes qui trompèrent autrefois les anatomo-pathologistes,
qui les prirent pour le canal central de la moelle dilaté,
c'est là du reste une interprétation qui ne saurait plus ère
soutenue aujourd'hui, car ces lacunes ne contiennent pas
d'épithélium. La façon dont se forment ces lacunes (qui
pénètrent parfois dans le canal* central), n'est pas encore
complètement élucidée. On ne saurait toutefois y voir le
résultat d'une endartérite oblitérante, amenant le ramollis-
sement du tissu, car, ainsi que le fait remarquer Schultze,
dans la sclérose en plaques, où l'endartérite va souvent
g Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* iO — 159
jusqu'à l'oblitération complète, on n'observe pas ces forma-
tions lacunaires. Dans la myélite chronique, ces mêmes
lacunes ne s'observent pas davantage. Du reste, la syringo-
myélie ne relève pas d'nn processus myélite, mais bien d'un
processus de nouvelle formation, d'une néoplasie glioma-
leusedela moelle épinière.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des Belencea.
Les microbes ci-devant pathogènes, n'ayant conservé,
E> apparence, que la propriété de végéter en dehors
DES MILIEUX VIVANTS, PEUVENT-ILS RÉCUPÉRER LEURS PRO-
PRIÉTÉS INFECTIEUSES PRIMITIVES, par M. A. Chauveau, —
Cvolinuânl ses recherches, M. Chauveau établit d'abord
qu'il est facile, comme Ta montré M. Pasteur, de restituer
m activité à la virulence amoindrie du bacille charbon-
oeai. Il suffit pour cela que le microbe atténué puisse
encore tuer les sujets appartenant aux catégories d'animaux
particulièrement impressionnables au charbon, comme les
cobayes d'un jour et les souris. Après un certain nombre de
passages du microbe sur ces animaux, puis sur d'autres
moins sensibles, on arrive sûrement à reconstiluer un virus
tuaolle mouton et le lapin, tout aussi bien que le bacille
qui n'a pas traversé une phase d'atténuation. Mais, quand il
sagilde cultures devenues absolument incapables de mani-
fester leur virulence, par l'inoculation aux animaux, quels
qu'ils soient, comment s'assurer que cette virulence dispa-
roen est pourtant pas une virulence détruite et qu'on peut
lui restituer sa puissance ?
11 fallait se rabattre sur l'exploitation de moyens spéciaux
de culture in vitro pour arriver à la révivification cher-
chée.
Après une série d'expériences, M. Chauveau est arrivé
lUKoncIusions suivantes :
1' La reconstitution de la virulence disparue, dans les races
^f Bacillus anthracis destituées/ en apparence, de toute pro>
priété infectieuse, parait tout aussi facile et tout aussi sûre que
l'fMitation de la virulence simplement diminuée, dans les races
atténuées de M. Pasteur;
^ Celle reconstitution de la virulence disparue ne peut être
(lemaudée qu'aux moyens de culture in vitro;
'i' La nature du 'bouillon employé comme milieu nutritif
jt^ae le principal rôle dans les cultures destinées à rappeler la
virulence : le sang frais doit entrer dans la composition de ce
b«)Qillon. Le sang de cobaye a été seul essayé. Il esl probable,
maison ne saurait raffirmer, que celui d autres espèces se com-
porterait à peu près de la même manière ;
i* Il esl prouvé que l'anaérobiose imparfaite favorise l'action
recon^ituaule exercée par le sang ajouté au bouillon ;
•V l'ne cerlainc pauvreté du bouillon en matières nutritives
«si également favorable à cette inlluence reconstituante du sang.
Discutant ensuite la théorie relative à la disparition et à
la réapparilion de la virulence, M. Chauveau (voy. au Pre-
mier Paris, p. 149) n'admet point, avec iM. Bouchard, qu'il
s'agisse là de deux produits différents, venant d'un même
microbe pathogène, le premier (le virus) pouvant dispa-
raître par l'atténuation nue provoque l'action de Toxygône
sous pression, le second (le naccin) conservant ses pro-
priétés préàervalrices. Pour l'auteur, il s'agit, au contraire,
dtine diminution réelle de la virulence du microbe palho-
^>^iie, celui-ci sécrétant en moins grande quantité des pro-
duits qui, s'ils sont suflisants pour impressionner l'orga-
m^ine, sans l'altérer trop profondément, agissent comme
vîipcins et confèrent l'immunité. Ce qui tend à prouver que
ces produits vaccinogènes ne différent pas essentiellement
'l'^s produits virulents, c'est que l'inoculation d'une très
l^liU quantité de microbes doués de toute leur virulence
agit de même en conférant l'immunité sans provoquer la
maladie.
« On peut donc, dans ce cas, dit M. Chauveau, s'expli-
quer les effets produits par l'inoculation du microbe patho-
gène sans avoir besoin de faire inlervenir une substance
vaccinale distincte de la matière infectieuse. Or, ce qui est
plausible pour l'explication des effets produits par de minir
mes quantités d'agents nettement virulents peut bien l'être
aussi pour l'explication des effets que déterminent les agents
dont la virulence a été atténuée ou a même complètement
disparu. Les deux cas peuvent être réunis, au moins provi-
soirement, dans une seule et même interprétation.
€ J'ajoute que Texplication inverse s'applique exactement
à la réapparition de l'activité virulente. Ce n'est pas la
sécrétion d'une matière nouvelle, le poison infectieux, qui
s'aioute alors à la sécrétion persistante d'une matière vacci-
nale, supposée indépendante. Le microbe n'avait pas com-
plètement perdu la propriété de produire ledit poison
infectieux ; il le fabriquait seulement en quantité trop petite
ou avec une activité trop faible pour déterminer autre chose
que l'infection rudimentaire, cause de l'immunité. Avec la
reviviscence des cukures, le poison créé par le microbe
devient graduellement plus énergique ou plus abondant, et
acquiert ainsi la puissance nécessaire pour manifester ses
effets toxiques habituels. >
( Il résulte de tout ce oui précède, dit en terminant
M. Chauveau, que les microoes pathogènes, en perdant ou
en récupérant la propriété infectieuse, ne subissent pas à
proprement parler de transformation spécifique. Ces méta-
morphoses physiologiques ne sont que l'extension d'un cas
général bien connu des botanistes, à savoir que les condi-
tions de culture peuvent modifier, non seulement la forme,
mais encore et surtout les fonctions des végétaux. L'exem-
ple actuel ne diffère pas, au fond, de ceux qui sont présentés
par un certain nombre de saprophytes non palliogènes, et
dont il faut chercher les types les plus intéressants dans les
curieux autant qu'importants travaux de M. Pasteur sur les
levures, i»
Et l'auteur en conclut que, dans la plupart des maladies
infectieuses, on arrivera par inoculations à doses copieuses
et réitérées de liquides devenus non virulents, par atténua-
tion propensive, à conférer l'immunité sans créer aucun
danger.
Du MÉCANISME DE LA MOIIT DES LAPINS TRANSFUSÉS AVEC
LE SANG DE CHIEN, par M. G. Haycm. — Ainsi que l'ont vu
MM. J. Héricourt et Ch. Richet, lorsqu'on injecte directe-
ment dans les vaisseaux du lapin une petite quantité de sang
de chien, l'animal transfusé ne tarde pas à succomber. Que
l'on emploie du sangcomplet ou du sangdéfibriné, le résultat
est le même. Le sérum possède également les mêmes pro--
priétés nocives.
Relalivement à leur puissance toxique, ces trois liquides
semblent pouvoir élre placés dans l'ordre suivant, en allant
du plus actif au moins actif: sang défibriné, sang coropleti
sérum. Mais, comme les différences dans l'intensité des
effets sont peu accusées, il faudrait multiplier encore les
expériences pour pouvoir fixer ce point d'une manière
rigoureuse, d'autant que la résistance des animaux pour un
même liquide varie dans une certaine mesure. Quoi qu'il
en soit, il suffit d'une dose de 5 à 7 centimètres cubes de
sang défibriné de chien par kilogramme de lapin pour en-
traîner la mort rapide des animaux mis en expérience.
M. Hayem, qui à diverses reprises a déjà étudié l'histoire
anatomo-pathologique des concrétions sanguines intra-vas-
culaires, énumère les symptômes et les lésions que produi-
sent ces injections. Il en conclut que la mort des animaux
par asphyxie est la conséquence de l'arrêt du sang dans le
cœur droit. Ceux-ci meurent comme si on leur avait jeté
une ligature sur l'artère pulmonaire.
160
N» 10
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Mars 1889
La cause de ce genre particulier de coagulation est due à
la dissolution rapide des hématies du lapin dans le sérum
du chien.
La transfusion du sang de chien au lapin a pour consé-
quence une destruction massive de globules rouges et la
mise en liberté, dans le sang du transfusé, d'une quantité
d'hémoglobine proportionnelle à la dose du sang injecté.
Or, Naunyn a démontré, en 1873, que le lapin peut suc-
comber rapidement par formation de thromboses massives
lorsqu'on lui injecte dans les vaisseaux du sang dissous ou
même une dissolution d'hémoglobine cristallisée.
Les expériences qui viennent d'être rapportées prouvent
que le même résultat peut être obtenu, peut-être même
avec plus de régularité et de constance, à l'aide de la trans-
fusion d'un sang ou d'un sérum étranger, exerçant une
action dissolvante extrêmement intense sur les hématies du
sang du transfusé.
Dans ces dernières années, Wooldridge a pu produire
chez le lapin des thromboses veineuses en injectant dans les
vaisseaux de cet animal une solution d'une matière alburoi-
noïde qu'il relire particulièrement du thymus du veau et
qu'il désigne sôus le nom de fibrinogène des tissus.
Dans Tétat actuel de nos connaissances, on peut donc dire
que les globules rouges du sang, ainsi que les éléments
anatomiques de divers organes, renferment des matières
albuminoîdes impures, ayant la propriété de provoquer la
frise en masse du sang vivant. Il est remarquable que dans
es transfusions faites avec le sang de chien l'action coagu-
latrice s'exerce d'une manière toute spéciale au niveau des
cavités droites du cœur.
Ces expériences rapprochées des recherches antérieures
de M. Hayem, éclairent d'un jour nouveau la pathogénie
des thromboses et des embolies d'origine dyscrasique en
montrant q^ue les transfusions de sang et de sérum peuvent
donner naissance aux deux variétés de concrétions san-
guines intra-vasculaires que M. Hayem a nommées concré^
tions par précipitation les grumeleuses produisant des
embolies et des infarctus hémorrhagiques ; les massives ou
thrombosiq^ues capables de déterminer rapidement la mort
par asphyxie.
Académie de médeetne.
SÉANCE DU 5 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
Après le dépouillement de la correspondance, M. le pré-
sident prononce les paroles suivantes :
« Ce n'est pas sans une vive émotion que j'ai la douleur
d'annoncer à l'Académie la mort de mon collègue et ami
M. Legouest, premier inspecteur général du service de santé
de l'armée.
€ Malgré les soins aussi éclairés (jue dévoués dont il était
entouré, il a succombé ce matin à six heures et demie.
<! Un article formel de son testament nous interdît de
parler sur sa tombe, mais au'il soit permis néanmoins au
président de l'Académie d adresser un suprême adieu au
collègue éminent qui a dirigé ses travaux avec autant de
distinction que d'autorité pendant l'année 1881, à l'homme
de haute valeur qui, dans sa carrière militaire et acadé-
mique, s'est toujours distingué par l'élévation de son esprit,
la sûreté de son jugement, la loyauté et la fermeté de son
caractère.
« Il nous laisse l'impérissable souvenir de ce que doit être
la dignité médicale.
( En signe de deuil je lève la séance. »
Soelétë de ehlrarg^le.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
ImpulssaDce guërle par la oure radicale d'un varioooèle : M. R. J|
min (M. Segond, rapporteur. Discussion : BiM. Berger. Terril
ChamplonnlÀre. Quënu, Horteloup. Reclus. Le Dentu). — Rèsecti^
du genou: M. Defontaine. (M. Chauvel. rapporteur. Discussioi
MM. Ghampionnière, Routier). — Striction de la verge par u^
ficelle. M. Le Dentn. ^ Résection du pied par le procède WUul
miroff-Mikulics. M. Berger. — Fracture du coude. M. Routier.
M. Segond lit un rapport sur un fait de M. Jamin : in
puissance dm à un varicocèle; cure radicale du varicd
cèle; guérison. Le diagnostic de la cause a été porté par<
que l'érection était possible dans le décubitus dorsal; mai
ne pouvant rester en arrêt dans une autre attitude, le ma
lade était impropre au coït. La puissance fut récupéré^
dans toutes les positions, par le port d'un appareil spécial
suspenseur et compresseur : mais cet accoutrement n eti
£as été sans quelque ridicule pendant les ébats amoureu]
[. Jamin fit donc la cure radicale du varicocèle par I
résection du scrotum associée à la résection des \eini
(procédé de M.Guyon). Après de simples velléités, la verg
récupéra en quelques semaines une rigidité satisfaisante
et, après une courle période de tâtonnements, le malad
put enfin connaître, dans leur intégrité, les plaisirs inhé
rents à son sexe. M. Segond, après avoir rappelé quelque
cas analogues, dus surtout à Vidal (de Cassis), insiste su
les procédés opératoires et conclut que Ton ne saurait étr
partisan exclusif de la résection veineuse ou de rexcisioj
du sci'otum, ou de leur association. Souvent pourtaol
comme l'a bien vu Henry (de New-York), la résection dj
scrotum suffit.
MM. Berger et Terrier pensent que les troubles _
siques observés quelquefois en cas de varicocèle sont sur
tout d'origine hypochondriaque et qu'alors ils peuvent ces
ser sous l'influence morale d'une opération quelconque
M. Terrier ajoute qu'à New- York Keen opère par la ligatur
sous-cutanée des veines variqueuses. Il pense que les in
terventions atteignant les veines n'ont actuellement aucun
gravité.
M. Ghampionnière a vu des récidives après les ligature
veineuses. Il est partisan de la résection scrotale, depui
longtemps d'ailleurs préconisée nar Dionis, et anaiogu
dans son action à l'anneau de Nélaton. La douleur es
peut-être un facteur important de l'impuissance.
M. Quénu ne croit pas que la pathogénie de l'impuissanc
soit aussi claire qu on le dit. Il serait bon d'examiné
les nerfs du cordon.
M. Horteloup n'a pas noté de récidive chez les malade
qu'il a opérés en associant l'excision du scrotum à la résec<
tion des veines postérieui^es.
M. Reclus pense avec M. Segond que le procédé de Henrj
a beaucoup d'avenir. Après la résection des veines, il ^
observé une fois l'atrophie du testicule.
M, Le Dentu est d'avis que l'on doit être éclectique.
Toutes les opérations sont bonnes : cela dépend des cas.
M. Segond constate que Texcision simple du scrotums
des partisans : et elle en gagnera encore. Quoi qu'on en discj
les opérations sur les veines sont plus aléatoires. Un fois n
a eu des accidents de phlébite, qui n'ont fait, il est vrai, que
retarder la guérison.
M. Terrier maintient ses préférences pour la réseclioa
des veines. L'atrophie du testicule tient, à son sens, à ce
Îue Ton a coupé Tartère spermalique. La phlébite provienj
'un défaut d antisepsie. Donc, fautes opératoires el nui
point vice du procédé.
g Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 10
161
— }l. Le Deniu relaie trois observations d'uréthroplastie
beureuse pour des sections incomplètes de la verge, dues à
une striction par une ficelle.
— M. ChauveL Rapport sur un travail de M. Defontaine
(duCreiizot) : suppression du drainage dans la résection
du genm. Ce travail est basé sur deux opérations heu-
reuses, pour tumeur blanche. Il y a eu un soupçon de sup-
puration. M. Defontaine n*a enlevé que peu d'épaisseur des
trois os et a fait ainsi une résection intra-capsulaire.
M. Championnière ne voit pas quel intérêt il y a à sup-
primer le drainage qui dans l'espèce n'allonge pas le traite-
ment et est une grande sécurité. En outre, pour dépasser
le mal et se mettre à l'abri des récidives, il faut presque
loujours dépasser largement les limites de la capsule.
M. Routier appuie ce dernier avis.
-M. Berger présente un malade auquel il a fait la ré-
veclion du pied connue sous le nom d'opération de Wladi-
i^irûff'Mikulics (ablation du tarse postérieur, suture de
l\iunl-pied aux os de la jambe et marche sur les orteils,
redressés à angle droit sur les métatarsiens). Le résultat est
bon.
N. Routier présente un malade atteint de fracture du
(oui^ guérie avec des mouvements normaux de la jointure.
Hoeléié de bloloi^le.
SÉANCE DU 2 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Sor le mode de préparation des subatanoes employées en thtoa-
peatiqne oculaire : M. G-alezoTnrski. — De la sclérose oèrëbrale :
H. ChasUn. — Procède de dosage du fer : M. Lapicque.
M. Galezowsky a reconnu que l'action de différentes
substances employées dans la thérapeutique oculaire, atro-
pine, duboisine, cocaïne, etc., varie beaucoup suivant le
mode de préparation de ces substances ; de plus, toutes ces
préparations s'altèrent plus ou moins avec le temps. Il a
trouvé le moyen de remédier à ces inconvénients en fai-
sant préparer ces divers alcaloïdes exclusivement avec
Facide borique : ils se conservent alors très bien et les
solutions ont une action constamment identique; il faut
sealement en .employer une quantité un peu plus forte.
— M. Chaslin, en faisant une étude anatomo-palholo-
gique minutieuse de plusieurs cerveaux d'épileptiques,Y a
trouvé des lésions très nettes de sclérose atrophique. Ces
lésions se ramènent en somme à des altérations de la
névrogiie. 11 conclut de ces faits que beaucoup des lésions
décrites sous le nom de sclérose cérébrale ne doivent être
dues qu*à la prolifération de la névrogiie.
— M. Lapicque décrit un procédé simple et rapide de
dosai^e du fer dans le sang, applicable à quelques grammes
de substance. La destruction aes matières organiques s*ob-
lient par Taction combinée de Tacide sulfurique et de
I acide azotique à chaud ; on évalue ensuite au moyen du
foloriraètre de Duboscq la coloration rouge développée par
ia<Jdition de sulfocyanate d'ammoniaque. Il résulte des
dosages de contrôle effectués par M. Lapicque que l'erreur
tnasima est de 2 pour 100 à peine.
Société Miatoiiilqiie.
SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. — PRÉSIDENCE DE
H. CORNIL.
— M. Paul Bezançon communique un fait d'an^-
ffîfmc aortique ouvert dans le péritoine et accompagné
« hmorrhagie cérébrale.
— M. Martin Durr fait voir un kyste hydatique du
cœur.
— M. Hartmann étudie le mécanisme de la torsion de
l'intestin.
— M. G. Marchant démontre, avec pièces à Tappui, les
indications de la résection dans Vostéomyélite aiguë et
chronique des adolescents.
BEVnE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE
Dv traUemonf do la ptaital^ie par lea liiJ«elloB« laCraparea*
ehymafeaiieii de eréosocc^ par M. le docteur Stachiewicz. — C'est
la méthode de Rosenbuch dont notre confrère russe a fait usage,
sans en obtenir les résultats annoncés par son inventeur. 11 a
constaté Taugmenlation de la toux et des crachats, mais sans
abaissement de la température. De plus, il attribue cette exa-
gération des phénomènes locaux à Tirritation inflammatoire
purulente par la créosote.
Les injections pulmonaires interstitielles de créosote sont
donc contre-indiquées si le phtliisique est prédisposé aux
hémoplysies et dans les cas d'infiltrations tuberculeuses, car il y
a danger de tuberculose miliairc et de destruction du tissu
pulmonaire. Au siège de l'injection, il se produit une destruc-
tion de ce tissu, et cette destruction, quand elle est située sur
les limites des zones d*infiltration tuberculeuse, peut être favo-
rable à l'élimination des foyers morbides et à leur limitation.
C'est pourquoi l'emploi de cette médication n'est pas justifiable
quand les zones d'infiltration sont très peu étendues, car, dans
ce cas, l'inflammation secondaire peut favoriser l'envahissement
des régions encore saines ou produire d'inutiles destructions de
tissu.
La technique de cette opération consiste dans l'emploi d'ai-
guilles assez fortes, longues de 5 à 7 centimètres et mesurant
en épaisseur 1 millimètre à 1 millimètre 1/2. Aussitôt après
Topéralion, M. Stachiewicz recommande aux malades l'observa-
tion d'un repos absolu et i application d'un sac rempli de glace
sur la région correspondant à celle où l'injection a été pratiquée.
{Przg, Lekarski, 1888, n» 21.)
Do riBQoeneo doa agonta aatlpyréilqfiCfl sur réllmlnaltoa
de« 0iibt(anee« asotéon, par MM. MUNEO KUMA.GAWA. — Cet
important mémoire est le résumé de nombreuses observations
et se termine par des conclusions que nous allons résumer.
Le benzoate de soude a été administré par doses physiolo-
giques à des chiens dont lalimentation était copieuse. L'aug-
mentation des matières azotées dans les urines variait entre 2 à
5 et 19 à 20 pour 100; elle augmentait quand l'animal était
mal nourri. De plus, une moitié du benzoate de soude était éli-
minée en nature et l'autre à l'état d'acide hippurique.
Wacide benzoique pur produisait une élévation semblable
du chiffre des substances azotées dans les urines. Son action
antiseptique sur le tube digestif était considérable et l'urine
éliminée ne contenait plus qu'un sixième des bactéries qu'elle
renfermait normalement.
Le salicylate de soude augmentait la quantité des matières
azotées de l'urine dans le rapport de 10,G à 13,4> au minimum
et de 19,8 à 21,3 pour 100 au maximum; celle de l'acide urique
dans le rapport de 31 à ^8,6 au minimum et 57 à 74,4 pour 100
au maximum; celle des sulfates dans les proportions de 7,2 à
13,7 et de 18,6 à 26,9; enfin celle de Tacide sulfurique pur dans
les rapports de 10,6 à 19,6 et de 28,5 à 38,9 pour 100. L'action
microbicide de l'acide salicylique dans le tube digestif est peu
marquée, probablement à cause de son absorption rapide.
Le salol augmente considérablement le chiffre des matières
azotées dans les urines. Ce chiffre s'élève de 19 à 41 pour 100. Son
162 — NMO —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Mars 1889
action antiseptique sur le tube intestinal n'est pas nettement
manifestée.
Vantifébrine ne modifie pas Tel imi nation des substances azo-
tées quand on l'administre à faibles doses. A celles de 4 à
6 grammes par jour, elle l'augmente de 30,8 «^ 3.*», 7 et de 77,7 à
78,8 pour 100. Son absorption est rapide, son élimination com-
plote dans l'espace de vingt-quatre heures et son action anti-
septique sur le canal alimentaire très puissante. Le nombre des
microbes de Turine est diminué dans la proportion de II
sur 37.
Ij antipyrine n'a pas une action aussi constante : dans un cas
elle ne modifiait pas le chiffre des matières azotées contenues
dans l'urine, dans une autre expérience elle l'augmentait dans
la proportion de 6:2,6 pour 100.
Le sulfate de thalline possède une action semblable. La
quantité des matières azotées contenues dans l'urine s'éioTait,
éous son influence, dans le rapport de 6,6 et de 26,8 pour 100.
Enfin son élimination à l'état de sulfate était rapide. ( Kirc/iow's
Archiv , Bd. 1 et 3, hefl I, p. 134.)
De l''Ae(l«B ée la dlsUale mur la leiapéralare n«rinale et
ëie 8» valeur antillieriiilqae dans la fièvre typhoïde, par
M. J. Leidy. — De ses nombreuses expériences cliniques et phy-
siologiques l'auteur conclut qu'à l'état normal la digitale abaisse
la température de 1 degré à1 degré 1/2, et que cet abaissement
persiste un ou deux jours après qu'on a cessé l'ingestion du
médicament. Chez les typhoïsants, elle diminue la fréquence du
pouls, le nombre des respirations et la température; ces trois
phénomènes sont en rapport les uns avec les autres.
Les indi' ations de son emploi sont les symptômes de faiblesse
cardiaque, surtout quand ils accompagnent l'adynamie. Par
contre, elle est contre-indiquée quand le pouls est fort et bon-
dissant.
M. Leidy préfère la teinture dans la fièvre typhoïde et l'infu-
sion s'il existe une affection chronique du cœur. De plus, il
n'hésite pas, s'il [y a intolérance stomacale, à l'administrer pur
la voie hypodermique et note des succès quand on l'associe à
l'eau froide et à la quinine. {The Therapeatic Gaz,, p. 661,
octobre 1888.)
Au tralteoient dc« épanehement* pleuréllqaen réeenta par
lea parsatiffl saiiitii, par M. le docteur BiACKiE Smith. — Pour
donner raison de celte médication ^ on déclare que les évacua-
tions alvines abondantes ont pour effet de concentrer le liquide
sanguin .et de favoriser l'absorption : c'est là un des motifs pour
lesquels on recommande la médication hydragogue. De plus, on
invoque encore un exemple : la disparition des épanchements
séreux après les abondantes évacuations du choléra.
. M. Blaikie Smith utilise systématiquement ces données phy-
siologiques et cliniques pour le traitement des épanchements
de la plèvre. A cet effet, il prescrit chaque jour deux doses de
8 grammes de sulfate de magnésie en solution dans une quantité
aussi petite que possible d'eau tiède. 11 préfère le sulfate de
magnésie aux autres purgatifs salins en raison même de son
énergie.
L'épanchemenl diminue, îijoute-t-il, graduellement en raison
directe de l'abondance de la diarrhée. La diarrhée n'augmente
pas, il est vrai, mais dans l'espèce, la perte de liquides par Tin-
testin donne raison de sa raréfaction. Au demeurant, cette pra-
tique n'est qu'une application de la médication hydragogue. (The
Brit. mcd. Journal, 13 octobre 1888, p. 809.)
Da ealomel eomme dinréllqnr, par MM. JonES et SCHWASS.
— Dans un cas de cirrhose hépatique, M. Jones a prescrit le
ealomel à la dose de 3 et 5 grains par jour. Dès le second jour,
il notait l'augmenlalioii de la diurèse et la persistance de cette
augmentation durant cinq jours après la cessation du médica-
ment. Douze jours plus tard, il répétait avec un semblable succès la
même médication, et put ainsi dans l'espace de vingt cinq jours
amener la guérison de l'ascite. M. Jones conclut à l'utilité d as
socier le ealomel avec la digitale et la scille. Il termine enfin,
en adoptant la théorie, soutenue par M. Paton, de Taction du
mercure sur les éléments figurés du sang se traduisant par l'aug-
mentation de la quantité d'urée. La présence de cette dernière
en excès dans le sang serait l'origine de la diurèse provoquée
parle ealomel. (Brit, med. Journal, 22 septembre 1888.)
M. Schwas vient aussi de recommander l'association du calomd
à la digitale et se fonde pour célébrer les mérites de celte médi-
cation sur les essais qui ont été poursuivis depuis deux années
dans le service de Senator (de Berlin). Cette association aurait
pour effet de prolonger l'action diurétique de la digitale t\k
la scille. {Berlin, klin. Wochens., 1888, n« 38.)
i
BIBLIOGDAPBIE
Traité da palper abdominal aa point de vne ob«(é<
trlcal et de la version par n&aaeenvrea extcmct.
)ar A. Pinard. 2* édition très augmentée. — Paris;.
Sleinheil, 4889. In-8* de 392 pages avec 37 figures.
Ceux de nos lecteurs qu'intéressent les choses de Tac-
couchcment connaissrnl à fond la première édition de ce
livre qui a si profoniément nfiodifié, en moins de dix an^
les conditions du diagnostic et de la pratique obstétricale,
et initié an palper et à la version par manœuvres externes
toute la jeune école française. Je ne ferai donc qu'en si-
gnaler ici les remaniements les plus importants.
S'appuyant sur des recherches poursuivies sans relâche
depuis 1878, et en particulier sur les résultats que luiâ
donnés Texamen minutieux et quotidien des remmesgrosse?
dans un service où il en passe plus de deux mille paraii.j
M. Pinard confirme et étaye de précieuses statistiques se5
idées d*anlan sur les lois de Taccommodation pendant la
grossesse. Il insiste à nouveau sur ce fait, si capital \)m
le praticien, qu'il n'a ja»nais rencontré que les présenta^
tiens consacrées par M""^ Lachapelle; et ces! en vaiu qu'u»
chercherait d^ns son livre ces présentations du dos, de
Tabdomen, etc., ^ue voudraient réhabiliter à Vhem
actuelle quelques élèves attardés de H"* Boivin. Il inaiu^
tient, au même titre, ce qu'il a écrit en 1878 sur le non^
engagement du siège pendant la grossesse, et sur les pr(H
senlations de la face qu'il considère comme secondaires t\
produites par le travail, n'ayant encore pu constater par U
palper (seul procède d'exploration raisonnablement applu
cable à ce genre de recherches) une de ces présenlalioiii
primitives que diagnostiquaient si aisément, parle lourlierj
Naegele, Spiegelberg et Valenta. M. Pinard nous indiqr
enfin ce que nous devons penser de certaines allituai
fœtales bizarres fréquemment notées, dans la grosses!
gémellaire, par d'autres observateurs au cours d'une pi
tique notablement plus restreinte.
Dans la seconde partie de son Traité, celle qui a >o
les remaniements les plus marqués, l'auteur aborde, dai
une série de chapitres que nous ne saurions trop recon
mander à l'atteniion non seulement des accoucheurs ma
encore des chirurgiens, les applications du palper au diî
gnostic de la grossesse, dans les cas où le fœtus est moi
le liquide amniotique en quantité exagérée, l'œuf dégénéï
ou ectopique, les fœtus multiples. De nombreuses observai
tiens, choisies parmi les plus intéressantes de la praliqi
hospitalière de M. Pinard, fixeront dans l'esprit du lecteil
les points les plus importants afférents à ces délicalU
questions. Viennent ensuite le palper dans la délivrai)^
normale et anormale et dans l'hydrocéphalie, sur lesque
je ne puis insister ici, et ses applications nouvelles à 1
mensuration in utero de la tète fœtale.
Ce dernier chapitre est un des plus importants de i'oal
vrage, le palper mensuraleur, comme Pappello M. I*"'ar
g Mars 1889
&À^ETTË HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
-- NMO — tea
nous paraissant appelé à doubler la puissance de Taccou-
chenient prématuré artiflciel dans le traitement des rétré-
cissements du bassin..
Depuis longtemps les accoucheurs avaient, grâce à
H. larnier, un bon moyen (que vient de perfectionner
H. €hampetler ^e - Ribes) de provoquer l'accouchement
pn^maturé; mais c était une question à la fois fort simple
et fort difGcile à résoudre que de savoir à quel moment
on V devait avoir recours.
C*étail une question fort simple : car, d'après l'enseigne-
ment classique, il suffisait de déterminer par la pelvimé-
trie digitale l'étendue du diamètre antéro-postérieur mini-
niuin ou diamètre utile. Si le bassin mesurait 9, on laissait
là femme aller à terme, à moins au'un ou des accouche-
ments antérieurs n^èussent montré les dangers de Texpec-
(aiioii; si le bassin mesurait 8 l/:2, on faisait accoucher la
femme à huit mois et demi; 8, à huit mois, etc. On pous-
sait la précision jusqu'à fixer un mois d'avance la date
à raccouchement provoqué. En théorie c'était parfait.
En pratique la question se révélait bien plus com-
plexe. Dans nombre de cas il était impossible de détermi-
ner avec précision : 1* l'étendue du diamètre utile ; 2^ l'âge
exact de la grossesse. D'autre part on négligeait un fadeur
capital : le volume de l'enfant. El l'on voyait alors trop
souvent ceci : ou l'on attendait trop longtemps et l'accou-
diemenl ne pouvait se terminer qu'après une application
k forceps laborieuse entraînant la mort de I enfant ou
après une basiotripsie ; ou bien Ton intervenait trop tôt
et Ton séparait de la mère, avant le temps nécessaire, un
fiplus insuffisamment développé qui succombait de faiblesse
congénitale. La couveuse avait en partie remédié à ce
second écueil. Mais le premier restait toujours avec son
lerribie aléa. M. Pinard montre comment, par le palper
mensuraleur, on peut apprécier, ce qui seul importe, les
dimensions respectives de la tète du fœtus et de l'anneau
pelvien qu'elle doit traverser; il nous a, par sa pratique,
fait constater à maintes reprises les immenses avantages
de cette méthode sur l'ancienne, en diminuant dans des
proportions étonnantes le nombre des cas nécessitant l'em-
ploi du forceps ou du basiolribe dans les rétrécissements
du bassin.
On trouvera dans la troisième partie du Traité, plus
nettement formulés que dans la première édition, les
indications, les contre-indications et le manuel opératoire
de la version par manœuvres externes. L'auteur prouve,
Chiffres en main, qu'il a atteint le but qu'il s'était pro-
posé en supprimant de sa pratique les {^ésentations
vicieuses. *
Dans un appendice est exposée la méthode employée
par M. Pinard pour réduire en présentations du sommet les
présentations de la face.
Je souhaite, pour ceux qui liront cette analyse trop courte
à mon gré, qu'elle les engage à méditer ce livre tout
d'observation personnelle, où l'auteur a mis le meilleur
de lui-même et dont il aurait pu dire, comme jadis Mau-
riceau : « Vous pourrez vous fier au chemin qu'il vous
nionire, puisque pour vous y conduire, je vous fais un
fidèle récit de tout ce que j'ai remarqué de plus particu-
lier avec un assez heureux succès. »
H. Varnier.
VARIÉTÉS
NÉCROLOGIE : M. LEGOUEST.
M. Legouest a succombé mardi dernier, 5 mars, aux
cuites d'un phlegmon septique de la région sus-hyoïdienne
dont il avait été atteint dans les derniers jours de l'année
dernière. L'Académie de médecine, dont il avait été le pré-
sident en 1881, et la médecine militaire ressentiront vive-
ment sa perte. Bien que depuis près de quatre ans il
n'appartint plus au cadre d'activité, l'ancien et le premier
médecin inspecteur général de l'armée ne s'était pas désin-
téressé de l'avenir de ce corps de santé dont il avait été
pendant plus de dix ans le chef hiérarchique en môme
temps que le chef scientifique incontesté et le guide, dans
la lutte toujours renaissante pour la revendication de ses
droits. Disciple de Bégin, à qui il a dédié son œuvre prin-
cipale, il se servit de l'autorité que lui assuraient ses longs
services, sa valeur morale, sa situation scientifique, pour
conduire la médecine militaire à l'autonomie qu'elle pos-
sède aujourd'hui.
Né à Metz/ le 1*"^ mai 1820, dans cette pépinière de méde-
cins d'armée, la Lorraine, qu'il devait voir un jour arracher
à la France, Legouest entra de bonne heure dans la méde-
cine militaire. Ses débuts n'y furent pas brillants, si l'on en
juge par son avancement; il avait trente-trois ans quand,
après quelques années d'Algérie, il fut nommé major au
2° chasseurs. Mais le concours le fait agrégé de chirurgie h
l'Ecole du Val--de-Grâce. Bégin et Michel Lévy ont compris
sa valeur, et ses travaux, dont il a recueilli les matériaux
dans les hôpitaux de Constantinople, commencent sa répu-
tation scientifique et lui ouvrent les portes de la Société
de chirurgie. (Mémoires sur les congélations, les amputa-
tions du pied, etc.) En Italie, le corps d'armée dont il est
le médecin en chef ne prend qu'une part minime à la lutte.
Professeur de clinique chirurgicale et de blessures de guerre
au Val-de-Grâce, Legouest s'y montra à la hauteur de sa
situation. Exigeant pour ses subordonnés auxquels il de-
mande l'exactitude et le zèle, il sait reconnaître et apprécier
le travail dont on fait preuve; et pour ses malacfes il ne
redoute ni ses peines ni son temps. Sous une apparence
froide, il cache une sensibilité bienveillante pour ceux qui
l'approchent ; comme chef il semble parfois un peu sé-
vère, mais il est juste, compensation hautement appréciée
de tous. C'est pendant son professorat au Val-de-Gràce que
M. Legouest publia-son Traité de chirurgie d'armée (iS^S),
la quatrième édition de sdi Médecine opératoire de Sédillot.
œuvres considérables, où se révèle la sûreté de son juge-
ment et l'étendue de ses connaissances.
L'Académie de médecine lui ouvre ses portes, la guerre
de 1870 le fait inspecteur du service de santé. Ses forces,
un moment affaiblies par une maladie grave de l'cslomac,
lui sont revenues au moment où s'ouvre devant l'Académie
le grand débat sur les rapports de la médecine et de la
pharmacie militaires. Legouest en porte vaillamment le
poids, et son éloquent plaidoyer, s'il ne parvient pas à
entraîner la majorité, fait ressortir la haute valeur et l'in-
telligence élevée du président du Conseil de santé des
armées. L'une et l'autre lui sont nécessaires pour continuer
les luttes engagées contre l'intendance, pour défendre dans
les Commissions du Sénat, de la Chambre, auprès des
ministres qui se succèdent, les intérêts de la médecine
militaire. Enfin la loi de 1882 consacre le principe de l'au-
tonomie du corps de santé, et grâce à l'énergie du baron
H. Larrey, ancien médecin inspecteur, l'inspectorat général
est maintenu. C'est à M. Legouest qu'est donnée pour la
première fois cette situation élevée, oui fait de lui le chef,
au moins hiérarchique, du service ae santé de l'armée.
Il conserva trois ans ses hautes fonctions, poursuivant
jusqu'à son dernier jour la mission qu'il avait faite sienne:
maintenir la médecine militaire dans la voie du travail, de
labeur scientifique où Michel Lévy l'avait depuis vingt ans
engagée et où l'avaient suivi la considération des chefs
militaires et l'estime des confrères civils.
M. Legouest réunissait en lui les qualités qui font le vrai
chef de corps: valeur incontestée, jugement sûr, impartia-
lité. Sa haute stature, la dignité de sa tenue comme celle
de sa vie, ses traits accentués et énergiques en imposaient
164
N« 10 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Mars 1889
à tous. Nous ne pouvons dans cette courte notice apprécier
ses travaux scientifiques, pas plus que la part importante
qu'il a prise aux discussions de la Société de chirurgie, dont
il fut le secrétaire général, à celles de l'Académie où il
siégea vingt ans. Il fut pour moi un ami après avoir été un
maître; il restera dans mon esprit comme le type de ces
hommes accomplis, dont le souvenir entraîne le regret de
ne pouvoir être ce qu'ils ont été.
J. Chauvel.
— Nous avons aussi le regret d'annoncer la mort de MM. les
docteurs Lallemenl, professeur d'anatomie à la Faculté de méde-
cine de Nancy, fondateur du Bureau d'hygiène de celte ville;
Perroud, professeur adjoint, chargé de la clinique^des enfants à
la Faculté de médecine de Lyon ; Dhamelincourt, de Boyelles ;
de la Tourette, de Saint-fieorges-sur-Loire ; Labrousse, de
Ribérac ; Veilh, médecin d'arrondissement à Wissembourg.
Service de vaccine de l'Académie de médecine. ~ Grâce à
une allocation spontanément accordée par M. le directeur de
l'Assistance et de rHygiène publiques au ministère de Tinlérieur,
l'Académie a pu faire construire sur une partie du jardin qui
OHge le boulevard Saint-Germain, une vacherie à trois élables,
Sourvue d'une salle de vaccination pour les animaux. A partir
'hier? mars, les vaccinations animales se feront avec du vaccin
recueilli sur des génisses provenant du service de la vaccine de
l'Académie. A dater de ce jour, les médecins et sages-femmes
peuvent recevoir gratuitement soit du vaccin humain soit du
vaccin animal, en s*adressant directement à TAcadémie ou au
ministère de rintérieur par l'intermédiaire des maires de leur
localité.
Institut Pasteur. — M. Duclaux commeucera le mardi
19 mars à deux heures et demie, à l'Institut Pasteur, 25, rue
Dutot, le cours officiel de chimie biologique qu'il faisait les
années précédentes à la Sorbonne. Les personnes qui désirent
suivre ce cours peuvent se procurer des cartes au secrétariat
de la Faculté des sciences à la Sorbonne.
M. Roux commencera, le vendredi 15 mars, un cours pratique
de micro-biologie. Les personnes qui désirent suivre ce cours
doivent se faire inscrire à l'économat de l'Institut Pasteur,
25, rue Dutot. Le droit d'inscription est de 50 francs. En s'in-
scrivant les élèves recevront une notice donnant les indications
nécessaires.
Faculté de médecine de Paris. — Par décret, la chaire
d'accouchements, maladies des femmes et des enfants, prend le
titre de clinique obstétricale. M. Tarnier, professeur d'accou-
chements, maladies des femmes et des enfants, est nommé
professeur de clinique obstétricale.
École de médecine d'Angers. — Un concours s'ouvrira, le
Un concours s'ouvrira, le 18 novembre 1889, devant l'École
supérieure de pharmacie de Paris, pour^l'emploi de suppléant
de la chaire d'histoire naturelle, à l'Ecole de médecine d'Angers.
École de médecine de Limoges. — Le concours qui devait
s'ouvrir, le 5 novembre 1889, devant la Faculté de médecine
de Bordeaux, pour l'emploi de suppléant des chaires de patho-
logie et clinique chirurgicales et de clinique obstétricale à
l'Ecole de médecine de Limoges, n'aura pas lieu.
École de médecine de Marseille. —M. Domergue, suppléant
des chaires de pharmacie et de matière médicale est chargé, en
outre, d'un cours de pharmacie jusqu'à la fin de l'année sco-*
laire 1888-1889.
Bureau central (Médecine). —La première épreuve d'admis-
sibilité du concours pour trois places de médecin du Bureau
central, a eu lieu le mercredi 27 février. — Le sujet était : De
la sclérose du cœur,
CUNIQUE OPHTHALMOLOGIQUE DES QuiNZE-VlNGTS. — M. le
docteur Abadie a donné sa démission de médecin de la clinique
des Quinze-Vingts pour reprendre la direct ion de sa clinique par-
ticulière. M. le docteur Cnevallereau, médecin suppléant de la
clinique nationale ophthalmologique des Quinze-Vingts, à et
nommé médecin titulaire, en remplacement de M. le docleq
Ch. Abadie.
Un concours sera institué pour la place devenue vacante d
médecin suppléant.
^ ÉCOLE DU SERVICE DE SANTÉ MILITAIRE A LYON. — Par déct
sion du ministre de la guerre, l'Ecole du service de santé miij
taire s'ouvrira le 9 mars 1889.
Elle recevra : 1» les élèves ayant concouru avec quatre et hu^
inscriptions et nommés élèves du service de santé militaire 1^
14 octobre 1888 ; S*» les élèves actuellement en deuxième ou troi
sième années d'études, et nommés élèves en 1887, qui en on
fait la demande. Les élèves admis entreront à l'Ecole les 9 e
10 mars 1889.
Concours pour l'admission a l'École du service de saxti
MILITAIRE en 1889. — Un concours s'ouvrira, le 8 août \m
pour l'admission à l'École du service de santé militaire.
Les étudiants de quatre à douze inscriptions valables pour ii
doctorat sont admis à concourir en 1889 pour entrer à 1 Ecole;
ceux de seize inscriptions pourront concourir pour des eraploii
d'élèves du service de santé militaire, mais ne seront pas admii
à l'Ecole. Ils recevront une indemnité de 100 francs par moisi
fartir de leur admission et devront être reçus docteurs avant li
•"^ février de l'année oui suivra leur admission.
Nul ne peut être admis au concours s'il n'a préalahlemenl
jusliûé qu'il a eu, au l»»^ janvier de Tannée du concours : Moinj
de vin^t-deux ans, pour les élèves concourant pour entrer e^
quatrième division (quatre inscriptions) ; moins de vingt-lroij
ans, pour les élèves concourant pour entrer en troisième di?i^
sion (huit inscriptions) ; moins cle vingt-quatre ans, pour Ici
élèves concourant pour entrer en deuxième division (douze in^
scriptions) ; moins de vingt-cinq ans,''pour les élèves coacouran|
à seize inscriptions.
Néanmoins, les militaires ayant quatre inscriptions et kséi
de plus de vingt-deux ans, qui auront accompli au l*"^ juiîle
six mois de service réel et effectif, sont autorisés à concourir^
pourvu qu'ils n'aient pas dépassé l'âge de vingt-cinq ans à cetW
même date et qu'ils soient encore sous les drapeaux au momeol
du commencement des épreuves ;
L'épreuve écrite aura lieu dans les villes suivantes : AlgerJ
Amiens, Angers, Arras, Besançon, Bordeaux, Caen, Clerroonli
Ferrand, Dijon, Grenoble, Lille, Limoges, Lyon, Monlpeilier,i
Nancy, Nantes, Paris, Poitiers, Reims, Rennes, Rouen, Toulouscj
Tours.
Les épreuves orales auront lieu pendant le mois de septembre:
à Paris (le 2), à Lille (le 6), à Nancy (le 10), à Lyon (le ii), à
Montpellier (le 19;, à Bordeaux (le 23), à Rennes (le 27). !
Le registre d'inscription sera ouvert du l"" au 25 juillpl dan^
les préfectures de ehacjue département. Les demandes M
bourses devront y être déposées pendant la même période pa*
les parents ou tuteurs des candidats. |
Hospice de la Salpêtrière. — M. le docteur Auguste Voi.slfl
reprendra ses conférences cliniques sur les maladies mentales el
nerveuses, le dimanche 10 mars, à neuf heures et demie ai
matin, et les continuera les dimanches suivants, à la mém^
heure.
Mortalité a Paris (8*^ semaine, du 17 au 23 février
1889. — Population : 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde, 15.
— Variole, 1. — Rougeole, 46. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 12. — Diphthérie, croup, 45. — Choléra, 0. — Phlhî^l«
pulmonaire, 16». — Autres tuberculoses, 25. — Tumeurs:
cancéreuses, 36; autres, 6. —Méningite, 31. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 45. — Paralysie, 2. —
Ramollissement cérébral, 5. — Maladies organiques du cœur, 57.
— Rronchite aiguë, 42. — Bronchite chronique, 57. — Broncho-
pneumonie, 28. — Pneumonie, 70. — Gastro-entérite: sein,11;
biberon, 49. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 6. — Autres aifeclions puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 26. — Sénilité, 44. — Suicides, 13. — Autres morts
violentes, 9. — Autres causes de mort, 192. — Causes
inconnues, 16. — Total : 1061.
G. Masson, Propriétaire-Gérant
18555. — MOTTlROZ. — Imprimeries réunies, ▲, roo Mignon, 8. Paris.
TBEHTE-SIXliXB ÀMNiE
tlMl
15 Mabs 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION.
M. LB D' L. USREBOULLET, Rédacteur kn chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANÇOIS-FRANCK. A. HÊNOCQUE. A.nl. RARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adretier tout ce qui concerne la rédaction A M. Lbreboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
&OVIAIRB. — BULLiTiN. — Clinique ciiiRunGiCALB. Do la cystoscupio ou
ea^s'opic vi^irale. — GoHTniBUTiONâ PiixRHAGBUTiQUES. Des injections liypo-
é'riDiiinef de laclato do quinine. — Trav\ux originaux. Clioiquo médicale :
NMTclle contribniion à l'ctudc do I'h6mo*^lobinuric paroxystique. — Pathologie
aicnte : Note sur le mal des confiseurs. -^ Sociérés SAVAKTSft. Académie des
sàtaces. — Académie de médecine. — Soclélé médicale des hôpitaux.— Société
•Je ilicnpeo tique. — Ri VUS DIS JOURNAUX. Médecine. — Bidliooraphib. Un
nsd'arUinipalbic labclique suppuréc. — La fuhcchcz les enfants. — VAniÉTKâ*
U^concouri d'agrégation. — Nécrologie : Cliarlcs Martins.
BnUETIN
Paris, 13 mars 1889.
kndémie des sciences: Im vaceinatlon de la norve. —
Société médicale des hôpitaux : La traasnilsalon des
maladtes eoiita|plea«ea.
En terminant l'un des chapitres de son beau livre sur la
laberculose, notre maître^ M. Villemin s'exprimait ainsi :
i En résumé il n'existe pas de maladies dans le cadre no-
^olugique qui aient entre elles des analogies plus nom-
breuses et plus évidentes que la tuberculose et la morve.
Elles se touchent par tous les côtés de leur histoire jusqu'à
se confondre en plusieurs points. Frappé d'un pareil rap-
prochement, nous ne pouvons nous empêcher de les considé-
rer comme des espèces voisines d'un même genre... » Nous
avons tenu à citer ces paroles, que l'avenir a pleinement
justifiées, au moment de signaler l'importante communica-
tion que M. le professeur I. Strausvientde faire à l'Académie
<les sciences. En raison des étroites parentés étiolologiques
el analomiques qui unissent la morve aux deux grandes
maladies virulentes humaines, la tuberculose et la syphilis,
loul ce qui concerne l'infection morveuse doit, en effet, in-
léresser le médecin. Or jusqu'à ce jour la morve avait été
considérée comme le type des maladies virulentes pour les-
quelles il n'existe pas d'i mmunilé dérivant d'une première
atteinte. Saint-Cyr, le professeur de l'i^cole vétérinaire de
Lyon, à qui la science vétérinaire doit, en ce qui concerne
la morve, tant de progrès utiles, assimilait celte maladie
à la syphilis, et plusieurs vétérinaires à son exemple
ont pensé qu'elle ne pouvait être contractée qu'une seule
fois comme la syphilis chez l'homme. Toutefois cette vue
théorique ne répondait pas aux faits expérimentaux qui
Uiontrenl que la morve est pour ainsi dire indéfiniment
réinoculable au cheval et au chien.
Quoi qu'il en soit, l'idée d'une vaccination possible par
inoculation préventive paraissait devoir être écartée à priori.
Les recherches de M. I. Straus ouvrent à cet égard une voie
«• StaiE, T, XXVI.
nouvelle. Notre savant ami a eu, en effet, l'idée ingénieuse
de s'adresser non à l'âne, au cheval, ou au cobaye dont la
réceptivité morveuse est très intense, mais bien au chîen,
qui ne contracte que très difficilement la maladie et chez
qui les inoculations sous-cutanées ne donnent naissance
qu'à un ulcère local caractéristique qui se cicatrise rapide-
ment. Ainsi qu'on le verra dans la note que nous reprodui-
sons ci-dessous (p. 176), M. Straus a procédé par injection
intra-veineuse et obtenu ainsi, en introduisant dans la
veine saphène des quantités notables du bouillon de cul-
ture, des accidents de morve suraigué généralisée, à loca-
lisations tégumentaires et viscérales et rapidement mortelle.
Celte injection étant faite à dose plus faible détermine une
maladie atténuée, et les animaux ainsi inoculés restent
ensuite et longtemps réfractaires à l'injection intra-veineuse
de liquides très virulents même à dose massive.
Voici l'un des résultats expérimentaux. Il démontre, au
moins pour le chien, car malheureusement les mêmes effets
n'ont pu encore être obtenus sur les solipèdes, que l'on peut
arriver, dans les cas de morve, à produire l'immunité par
un procédé à peu près semblable à celui qui la détermine,
alors qu'il s'agit d'autres maladies virulentes comme le
charbon. Peut-être parviendra-t-on, en modifiant les pro-
cédés d'inoculation imaginés par M. Straus, à vacciner de
même les chevaux et les ânes.
Une deuxième conclusion à déduire de ces expériences
nous parait plus intéressante encore à signaler. La morve
du chien, déterminée par injections intra-vasculaires de cul-
tures du bacille de la morve, est peut-être le plus bel
exemple des différences d'effets que l'on peut obtenir en
inoculant des quantités variables de substances virulentes.
Ces expériences répondent dès lors avec une netteté presque
schématique à la question que nous postons il y a huit
jours au sujet des expériences de M. Chauveau. De grandes
doses de matière virulente tuent ; de petites doses rendent
malade et confèrent l'immunité. La vaccination, qui résulte
de cette inoculation d'un virus non atténué mais inoculé
en petites proportions, est l'une des plus solides que l'on
connaisse. On peut,' après la vaccination, injecter dans la
veine des quantités véritablement formidables de culture
virulente (cent fois, mille fois plus consi lérable que la
quantité qui tuerait infailliblement un chien non préparé)
sans provoquer aucun désordre appréciable.
Grâce à cette élude de la morve chez un animal à faible
réceptivité, M. Straus a donc réussi à démontrer que la
morve, elle aussi, obéit à la loi de l'immunité.
Cette découverte aura, nul ne saurait le nier, une impor-
11
166
N- H —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
i6 Mars 1889
tance capitale au point de vue de la pathologie générale. La
morve, nous l'avons rappelé plus haut, se rapproche de la
tuberculose. Or il est des animaux très réfractaires à cette
maladie (les moutons, les chèvres, par exemple). Ne pour-
rait-on chercher à obtenir sur ces animaux des résultats à
peu près semblables à ceux que vient de nous faire con-
naître M.I.Straus? Et, si Ton y arrivait, ne serait-il pas pos-
sible de chercher peu à peu les procédés et les méthodes
qui permettent d'atténuer suffisamment le virus tubercu-
leux de façon à créer un vaccin inoculable aux espèces à
réceptivité plus active? Nous ne voulons pour aujourd'hui
que poser ces questions. Il nous suffira de les avoir indi-
quées pour bien faire comprendre toute la portée scienti-
fique des expériences dues à M. le professeur Straus.
— A l'Académie de médecine nous ne pouvons que men-
tionner la suite des communications de M. Yerneuil sur
l'étiologie du tétanos. Nous résumerons l'ensemble de ce
vaste travail quand la discussion sera terminée. Nous atten-
dons aussi pour parler de la communication de M. Roussy
que la Commission nommée pour examiner son mémoire ait
fait un rapport. Il serait impossible d'examiner, sans les
analyser longuement, les nombreuses conclusions de
l'auteur.
— La très intéressante communication qui vient d*élre
faite à la Société médicale des hôpitaux par H. Cadet
de Gassicourt apporte à la doctrine de la contagiosité
des maladies de l'enfance un argument statistique des
plus précieux. Il en résulte, en effet, que, dans l'immense
majorité des cas, ce ne sont ni les médecins, ni les
élèves, ni les infirmiers qui transmettent la maladie des
salles d'isolement aux salles communes. Les cas intérieurs
sont toujours ou presque toujours dus à l'introduction dans
l'hôpital d'un malade qui y séjourne, qui se trouve pendant
un temps appréciable en contact avec ses voisins et
qui leur donne ainsi la rougeole ou la scarlatine dont il est
atteint lui-même. Il importe de faire ressortir cette conclu-
sion. Elle démontre, en effet, que les méthodes de pro-
phylaxie individuelle— indispensables lorsqu'il s'agit de la
septicémie chirurgicale ou puerpérale et peut-être de
diphthérie — sont bien moins utiles, lorsque Ton a affaire
à des rubéoliques ou à des scarlatineux, que les mesures
d'isolement rigoureux et de surveillance intelligente et atten-
tive. On ne manquera point, en effet, de retenir des statis-
tiques présentées par M. Cadet de Gassicourt le fait sur lequel
nous voulons surtout insister. Il existe à l'hôpital Trousseau
des salles de médecine, des salles de chirurgie, et des salles
consacrées au traitement des teigneux. Les médecins, les
élèves, les gens de service sont appelés dans ces diverses
salles; mais les malades venus du dehors ne sont admis dans
les salles de teigneux que lorsqu'ils sont atteints de cette
affection parasitaire. Or, dans les salles de teigneux, on n'a
observé en 4888 aucun cas intérieur de rougeolo, de scarla-
tine, de diphthérie ou de coqueluche. Ceux-ci, au contraire,
ont été très fréquents dans les salles de chirurgie, plus
fréquents même que dans les salles de médecine, et cela
sans doute d'une part parce que la surveillance y est moins
attentive au point de vue de l'existence possible d'une
maladie éruptive et d'autre part en raison de ce que, débi-
lités par une maladie chirurgicale chronique, les jeunes
malades sont plus aptes à gagner la fièvre éruptive qui leur
est apportée du dehors.
Il convient donc de s'associer sans réserves aux proposi-
tions développées par M. Cadet de Gassicourt etdecouclun
avec lui et avec M. Seveslre, que le seul moyen de diminue
dans les hôpitaux d'enfants le nombre des cas intérieui
serait d'exercer une surveillance plus sévère sur les entrauli
d'avoir des salles et des chambres d'isolement, de pouvoii
lorsqu'il s'agit de malades alités, évacuer tout de suite dans I
service d'isolement non seulement l'enfant qui a apport
dans la salle commune un germe de maladie, mais encor
ses voisins immédiats, et enfin de pratiquer la désinfeclio
avec soin.
Toutes cessjilles, toutes ces chambres d'isolement seront
elles faciles à obtenir dans les hôpitaux d'enfants ? Nou
n'avons pas à résoudre cette question ; mais, avant méin
qu'elle soit abordée, ne serait-il point nécessaire de régie
menter le service des consultations externes ? C'est, en elfH
cette promiscuité si dangereuse de malades attendant io.i
guement le moment où ils seront admis à l'hôpital qui 1
plus souvent propage les maladies contagieuses. M. Olii
vier et M. Comby ont indiqué le remède qu'appelle uu<
organisation encore bien défectueuse. Nous faisons des vœu
pour que leurs protestations soient écoutées. Mais nou
voudrions plus encore. En ville, dans les cités ouvricre.<i
dans les logements où tant d'enfants se trouvent en conUr
journalier, rien, absolument rien n*est tenté pourempcchei
la propagation des maladies les plus redoutables, la dipli
thériepar exemple. Nous pouvons citer à ce sujet un fait de
plus navrants. Dans une de ces grandes maisons où les rné
nages d'ouvriers vivent pressés les uns contre les autreà
un malade atteint de diphthérie est soigné à domicile peaj
dant dix jours, pais évacué à l'hôpital Saint-Antoine où ij
meurt. Atteinte quinze jours plus tard delà mémo maladie
la femme de ce malheureux succombe à son tour. Les scel
lés sont apposés sur l'appartement qu'ils occupaient. Pen-
dant quinze jours, sans qu'aucune mesure de désinfection
ait été prise, le logement reste clos, renfermant les lil$,
les vêtements de ces malades. Après quinze jours on iévo
les scellés, on fait un inventaire et le mobilier tout entief
est envoyé à l'Hôtel des ventes où il est vendu. Dans l'inter-
valle un voisin a été à son tour atteint de diphthérie et a
succombé; un enfant est actuellement malade. Combioii
d'autres victimes auront faites ce linge, cette literie irapn*-
gnés de germes diphthériliques, non lavés, non désinfectêsi!
Vraiment, aujourd'hui que l'on commence à se préoccuper
de ces questions de prophylaxie, il serait temps d'intenc-^
nin et d'insister énergiquement pour armer la police sani-
taire de pouvoirs plus étendus et surtout pour faire exécuter
avec plus d'énergie les règlements en vigueur.
CLINIQUE CHIRURGICALE
De la cystoscople on eiido«co|ile Yéalralc.
En 1807, Bozzini (de Francfort-sur-Ie-Mein) décrivil,
sans aucun succès d'ailleurs, un appareil qui permettait,
disait-il, d'éclairer les cavités du corps humain. Cette
machine inefficace fut bientôt rejointe dans foubli par le
spéculum urélhro-vésical que Ségalas inventa en 18^6.
Désormeaux, en 1853, pensa avoir plus de succès. Son
instrument souleva bien des controverses, mais il resta, en
somme, la base des endoscopes construits par Gruise (de
Dublin), Fûrstenheim, Stein, Grûnfeld. Le principe ii^'
varie pas : un tube reciligne étant introduit dans l'urèthre,
j5 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NMl — 167^
oD y projette un faisceau lumineux, tandis qu'on regarde,
par le même oriGce, la surface ainsi éclairée.
Les connaissances de physique les plus élémentaires font
comprendre immédiatement que Ton ne saurait avoir de la
sorfe que des vues bien imparfaites. Que de rayons doivent se
perdre, à l'aller et au retour, en cheminant dans ce défilé
$i long et si étroit ! Et puis, on n'a sous Toeil qu'une surface
bien étroite, et pour se faire une idée de ce que peut être la
hce interne de la vessie, le chirurgien doit se livrer à un
travail de mosaïste, sujet à bien des erreurs.
Les choses en étaient là lorsque, en 1876, M. Nitze com-
mença ses recherches, fondées sur des principes optiques
essentiellement différents de ceux que l'on avait appliqués
jusqu'alors. D'étape en étape, ce savant ingénieux a peu à
peu inventé, modifié, perfectionné ses instruments et Ton
Be saurait méconnaître que, grâce à lui, la cystoseopie a fait
depuis une dizaine d'années des progrès considérables. Nul
te qu'elle ne soit appelée à rendre en clinique des ser-
rires importants. Aussi avons-nous tenu à mettre nos
lecleors au courant de la technique générale de ce mode
d'exploration. Quelques figures, envoyées par M. Nitze, nous
Ml élé prêtées par la rédaction des Annales des maladies
des organes génito-urinaires. Elles aideront beaucoup à la
clarté d'une description souvent un peu sèche (1).
I
Nitze, avons-nous dit, a établi ses instruments sur des
principes nouveaux. Il a pensé, d'abord, que le seul moyen
d'éclairer d'un coup toute la surface interne de la vessie
était d'introduire la source lumineuse dans la cavité vésicale
elle-même, distendue par un liquide transparent.
Cette idée est réalisable aujourd'hui que les électriciens
nous fournissent-dos -lampes assez petites pour être conte-
nues dans une sonde n° 20 ou n'' 21. L'éclairage alfait bien
avec les lampes à fil de platine ; mais réchauffement était
tel qu'un courant d'eau fraîche devait constamment assurer
la réfrigération de la vessie. Outre la complication d'un
semblable appareil, il va sans dire qu'une bonne partie du^
tube uréthral étant ainsi remplie, il restait bien peu de^
place aux rayons visuels. La lampe Edison, s échauffant très
peu, a enfin permis de résoudre le problème. Elle a encore
l'avantage d'être mise en action par une simple pile à
l'acide chromique, mélangé d'acide sulfuriquc.
Fl6. 1.— r.ysU^copc n» I.
Une semblable source lumineuse étant au bec d'une sonde
^ petite courbure, si l'on a fait une fenêtre au talon de
rinslrument, dans l'axe du tube uréthral, on peut regarder
sans peine la partie de surface vésicale située sur le prolonge-
ment de cet axe. De même, la fenêtre étant faite en un point
quelconque de la partie intravésicale, si on la garnit d*un
prisme à réfraction totale convenablement orienté. Mais,
ni Tétroitesse et la longueur du tube, le champ visuel ainsi
obtenu est singulièrement étroit, et l'on retombe dans le
Second inconvénient des anciens endoscopes.
Ici intenient le second principe nouveau : à l'aide d'un
appareil optique convergent, condenser une large surface vé-
sicale en une petite image réelle ne dépassant pas les dimen-
sions du tube endoscopique. L'appareil est formé de plusieurs
Jenliiles, combinées de telle sorte que l'image se fait près du
pavillon de la sonde, et là elle est examinée à la loupe. Nous
ne croyons pas devoir insister davantage sur les lois d'optique
'ionl l'inventeur a eu à tenir compte. Ceux qui sont quelque
peu familiarisés avec les mystères du plan focal et du plan
pnncipal comprendront sans peine comment fonctionne le
sfslème de lentilles montré par la figure 1 et nous ne voulons
pas importuner ceux qui- n*ont cure de la théorie et de la
physique.
Comment donc est construit un cystoscope ? car il faut
•^'re cystoseopie, et non endoscopie, ce dernier vocable
^'appliquant à l'inspection de toute cavité.
Un cystoscope est une sonde qui a, à peu près, la forme
et les dimensions d'un lilholritcur. Le calibre est du n*" 20
à 21 pour l'adulte; du n" 16 pour les enfants.
Le bec se termine par une vis femelle dans laquelle va
être fixé le bout de sonde, constitué par la lampe, entourée
d'une coque d'argent, coque percée d'une fenêtre par
laquelle émergent les rayons éclairanls. Dans la sonde est
un fil conducteur, et le métal de l'instrument lui-même sert
de conducteur au second pôle. Un coup dœil sur la figure
fait comprendre comment le contact s'établit lorsque la
lampe est vissée; comment, d'autre part, rien n'est plus
simple que de changer une lampe dont le charbon est usé,
ce qui, entre les mains de Nitze, a Heu à peu près tous les
six mois.
Le prisme est enchâssé dans une fenêtre, dont la position
varie suivant le modèle de l'instrument. Dans ce que Nit/c
appelle cystoscope n"* 1, elle est située à la face supérieure
de l'extrémité vésicale de la partie reclilîgne, en deçà du
coude par conséquent. Dans d'autres, elle est percée entre le
coude et la lampe, soit en arrière (cystoscope n* 2), soit en
avant (cystoscope n' 3).
Dans les trois instruments, la fenêtre de la lampe
regarde dans le môme sens que la fenêtre du prisme.
(1) Aprde une B4Îrie de pubticaUons préalables. M. Nh te rient de faire paraître
uD traité didactique, Lekrbuch der Kyttotcopici ihre Technik vnd kliniiche
Bêdeutung, Wiesbaden, i. F. Bergniann, 1899.
168 — N« 11 —
GAZETTE HEBDOMilDAIRE DE HËAECtNE Et DE CHIRURGIE
15 Mars 1889
II
Pour que la cystoscopie soil possible, il faut réaliser trois
conditions: Furètbre doit se laisser franchir ; la vessie doit
supporter une injection ; le liquide injecté doit rester assez
transparent pour permettre une vision distincte des objels
qu'il sépare de la lampe. Dans certains cas, ces circonstances
favorables existent, et Ton n'a aucune manœuvre spéciale à
faire pour tourner une difficulté. Partons donc de ce cas
simple pour indiquer les rès:les principales de la cysto-
scopie.
Le sujet est placé sur le dos, le bassin élevé, les cuisses
fléchies et écartées, dans la position dite de la taille. Le
chloroforme est inutile. Les précautions antiseptiques seront
rigoureuses, surtout lorsque le sujet n*a pas de cystite. Tous
les instruments sont lubrifiés à la glycérine, l'huile et les
diverses graisses ayant l'inconvénient de ternir et la lampe
et le prisme, tandis que la glycérine, restée adhérente au
verre, se dissout vite dans le liquide intravésical.
Premier temps. -Èvsicner la vessie, car la couleur jaune
de l'urine est une condition optique défectueuse pour le
milieu transparent où la lampe doit rayonner.
Deuxième temps. — Laver avec soin l'urèthre pour éviter
qu'un reste de mucus ne vienne adhérer aux verres et les
obscurcir. Pour cela, laver d'abord l'urèthre antérieur, puis
l'urèthre postérieur et enfin la vessie, en laissant ensuite le
malade pisser ce liquide, ce qui lavera une fois de plus
l'urèthre.
Troisième temps. — Cocaïniser l'urèthre antérieur, puis
le postérieur, puis la vessie. Cela n'est pas indispensable
dans les cas ordinaires, mais la précaution est bonne, car
elle évite au patient toute sensation désagréable. Nitze
injecte dans la vessie 50 centimètres cubes de solution à
2 pour 100.
Qtiatrième temps. — Injecter dans la vessie 150 centi-
mètres cubes d'une solution antiseptique incolore. Faire
l'injection avec une seringue et non avec un irrigateur, de
façon à bien apprécier les résistances.
Cinquième temps. — Injecter dans la vessie une petite
bulle d'air qui, surnageant au point le plus élevé de la vessie
(paroi antéro-supérieure), servira de point de repère.
Sixième temps. — Introduire le cystoscope, ce qui, vu la
courbure et le diamètre (n"" 20 ou 21 ; 16 pour les enfants),
n'a rien de bien spécial.
Septième temps. — Manœuvrer dans la vessie et regarder.
Il n'y a pas besoin d'apprendre à y voir, comme pour
l'oplithalmoscopie. Mais il Hiut savoir s'orienter et inter-
préter ce qu'on voit; or cette éducation est assez longue. Il y
a, en effet, peu de points de repère pour se diriger : le tri-
gone est à peu près le seul, et artiliciçllemcnt on y joint la
bulle d'air. En outre, l'image est assez déformée, surtout
quand on regarde les parties inférieures, parce que les
dimensions sont d'autant plus grandes que l'objet est plus
près du prisme. Enfin, les déplacements de ces images
pendant les déplacements de l'instrument ne sont bien
interprétés que si l'on a une connaissance exacte des pro-
priétés optiques de l'appareil ; si on se souvient toujours bien
pendant la manœuvre dans quel sens le prisme est incliné
sur la région examinée et à quelle distance il en est. L'édu-
cation s'acquerra soit dans une vessie artificielle, soit sur
le cadavre, soit, mieux encore, dans la vessie normale d'un
vivant. Nitze dit avoir (ait supportera un patient bien poilant
deux heures d'examen: c'est beaucoup, malgré la cocalni
pour un individu qui n'en retirera aucun bénéfice.
Dans la vessie, le cystoscope n^'l étanl introduit, on i
meut à peu près comme avec un lithotriteur, en faisant d
mouvements d'avant en arrière et de rotation ; en changea
Taxe de ces mouvements par des déplacements du pavilh
dans le sens transversal ou dans le sens vertical. Il ne fat
jamais laisserla lampe au contact de la paroi, qu'on pourn
-brûler; on reconnaît ce contact à un obscurcissement rou^
total ou partiel, du champ visuel, la paroi déprimée pari
bec formant capuchon et venant empiéter plus ou moins d
le champ lumineux du prisme.
Pour explorer méthodiquement la vessie avec le cystoscoj
n° I, Nitze conseille les cinq mouvements suivants: l'^tourni
l'instrument de façon que le bec fasse avec la verticale i
angle de 22 degrés et demi à droite; puis, élevant un p(
le pavillon, pousser la sonde jusqu'au contact de la par
postérieure et alors élever peu à peu le pavillon pourqt
peu à peu le bec, s^abaissant et se rapprochant de rh(
rizontale, longe le plus possible la paroi postérieure
2" tourner le cystoscope de 45 degrés à gauche en élevant!
pavillon, et retirer l'instrument, doucement au contact d
bas-fond, pour conduire le coude au col de la vessie; 3' uri
fois là, tourner encore le bec de 45 degrés à gauche et ii
placer le pavillon vers la gauche, puis pousser pour prends
à nouveau le contact de la paroi postérieure ; 4" déplacer I
pavillon vers la droite, tout en tournant le bec de 135 degré
à droite, et retirer l'instrument pour revenir au col ; 5** enfii
abaisser le pavillon et enfoncer dans la vessie le bec, qu
regarde alors en bas et en arrière. Ce dernier temps est I
plus difficile. De sa perfection dépend la vue complète oi
incomplète du bas-fond avec le cystoscope n'' 1. Si cette vul
reste incomplète, alors on aura recours au n*" 2, puis ai
n'3.
Dans tous ces mouvements on se guide sur un boulot
placé à l'extrémité supérieure du diamètre vertical du
pavillon. La position de ce bouton est toujours semblable
à celle du bec de la sonde. En outre, on a par l'image
endoscopique quelques points de repère.
L'aspect du col, d'abord, est important. Il forme dans le
bas de l'image une courbe à concavité supérieure, ordi-
nairement unie, rarement rendue dentelée par des pli^
radiés. Si on fait revenir ce prisme en partie dans l'urèthre,
cette ligne du col est remplacée par une ombre rougeâlre,
l'angle qui empiète sur le prisme étant rendu diaphane
par l'éclairage intravésical. Si on pousse, au contraire,
l'instrument, la ligne du col se rétrécit, puis disparait, et
bientôt apparaît la bulle d'air, reconnaissable à sa forme,
à ses reflets, à sa mobilité. Elle jalonne le point culminant.
A la face inférieure, enfin, se voient les élevures sur les-
quelles s'ouvrent les uretères, élevures très variables
toujours vues de près et par conséquent grossies. Elles en
imposeraient donc sans peine pour une tumeur, n'était
l'orifice de leur sommet. Ces élevures, observées pendant
quelque temps, subissent des mouvements, puis brusque-
ment on a la sensation d'un jet liquide clair (mais non
pas jaune) s'élevant vers le prisme : c'est l'écoulemeni,
saccadé, de l'urine dans la vessie.
III
Tout ne va pas toujours avec une semblable simplicité,
et dans la pratique on aura souvent à triompher d'un
15 Mabs 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* H — 1G9
obsUcIe, tenant à Télat de l'urèlbre, de la vessie ou du
Diilieu transparent.
Ainsi rhyperirophie de la prostate allonge Turèthre :
mesure à prendre à Tavance, de façon à choisir un instru-
ment long en conséquence. Et puis ces prostates saignent
facilement, et il n'est pas rare de constater, une fois dans la
Te^^sie, que les surfaces transparentes du cystoscope sont
ûbscurcies d'une pellicule sanguine ramassée au pas-
sage, pour peu qu'on ait hésité sur la route à suivre : on
iQradonc soin de frayer le chemin à Tavance. Enfin on ne
manœuvre pas toujours en toute liberté dans ces vessies
dont le col est surélevé et le bas-fond spacieux : c'est alors
surloul que les cystoscopes n**' 2 et 3 sont utiles.
Il va sans dire qu'un rétrécissement de Furèlbre sera
au préalable dilaté par les moyens appropriés. Un rétrécis-
sement du méat n'empêche pas l'examen séance tenante,
miisil faut le traiter par la divulsion et non par l'incision,
rafle sang salirait le verre du prisme et celui de la lampe.
Uaisles cas ne sont pas rares où la vessie ne tolère pas
150 grammes de liquidé; certes iOO grammes, 60 grammes
iDéme suffisent, mais encore ne peut-on quelquefois rien
inlrodaire, ou à peu près. Nitze établit alors plusieurs caté-
gories.
Dans Tune, il range les vessies dont les pareis sont
calleuses, cicatricielles, infiltrées d'exsudat inflammatoire ;
alors, rien à faire : à vouloir triompher de l'obstacle, on
s'exposerait à la rupture de la vessie.
Dans une autre, U s'agit d'un spasme réflexe par dou-
leur. Pour les spasmes légers^ on peut souvent réussir à
Taide d'une injection sous-cutanée de morphine; la cocaïne
a peu (l'efTicacité. On aura encore la précaution de n'in-
jecter que peu de liquide pour laver la vessie ; de ne pousser
qoe peu à peu l'injection définitive, habituant ainsi peu à
peu la vessie à la distension. — Dans les cas intenses^ le
malade sera soumis pendant quelques jours au repos au lit,
m suppositoires morphines, aux balsamiques (au santal
sorlout); si les phénomènes inflammatoires persistent, on
fera des injections faiblement astringentes ou des instilla-
tions argentiques; les phénomènes inflammatoires une fois
un peu éteints, on soumettra la vessie à des séances de
dilatation progressive. Avec ces moyens, on arrivera le plus
souvent à éviter le chloroforme, qui, en tout cas, est d'ail-
leurs souverain. Nitze n'y a eu recours que trois fois, dont
deux sur la demande expresse de malades pusillanimes.
Dans ces conditions on peut agir, car la rupture n'est pas b.
craindre. "
Dans la troisième catégorie, enfin, la^vessie, tolérante au
début, s'irrite pendant les injections préparatoires, devient
rebelle à la cocaïne, expulse son contenu entre l'urèthre et
1^ sunde. C'est ce qui a lieu si l'opérateur, sentant au
pislon une résistance légère, veut triompher de l'obstacle par
la force : c'est aller au-devant d'une défaite certaine. Pour
vaincre, il faut reculer d'abord pour revenir à la charge avec
douceur, après s'être bien assuré que le bec n'est pas au con-
taclducol, région qui, dans les vessies, ne supporte pas la
inoindre violence. En môme temps, un aide comprime
î'u/èthre autour de la sonde, pour empocher le liquide,
"éjecté lentement, de s'écouler au fur et à mesure. Au
reste, presque toujours, la morphine a raison de ces diffî-
Les exsndats inflammatoires peuvent troubler la transpa*
^^nce du milieu : c'est afl*aire de lavages. De même pour le
^% lorsque l'Iiémorrhagie est légère. L'hémorrhagie,
d'ailleurs, est fort importante, car c'est surtout les tumeurs
qu'elle complique, et c'est surtout pour les tumeurs que la
cystoscopie est précieuse. Il est vrai qu'on peut en grande
partie l'éviter si on a soin, pendant les manœuvres prépara-
toires, de ne jamais laisser la vessie se mettre à sec : c'est
à ce moment, en efl'et, qu'elle saigne. Dans certains cas, on
aura avantage à se garder de tout lavage et à utiliser comme
milieu transparent, si elle est assez limpide, l'urine qu'on
aura laissé s'accumuler. En semblable occurrence, on n'in-
troduira même pas une sonde pour porter la cocaïne dans
la vessie. La solution sera poussée par une simple injec*
tion uréthrale forcée. Enfin, une fois dans la vessie, on fera
aussi peu de manœuvres que possible, et l'on n'aura pas
recours aux cinq mouvements de l'exploration méthodique.
On inspectera immédiatement le siège de prédilection, c'est-
à-dire la face inférieure.
Quelquefois enfin, le malade vient consulter à l'occasion
même d'un pissement de sang : l'examen n'est possible
qu'après ce^sîition dfi.la, période hématurique.
IV
pécrire les particularités des images endoscopiques des
cystites, des vessies à colonne, de la tuberculose, des cal-
culs, des tumeurs, nous entraînerait trop loin et n'aurait
que peu d'utilité. Aussi bien les figures que nous reprodui-
sons ici fournissent-elles des renseignements sur ce que
l'on peut voir dans les cas les plus importants : les calculs
et surtout les tumeurs. La figure 2 représente un calcul
associé à une hypertrophie prostatique. Les figures 3, 4, 5
et 6 sont des images de tumeurs.
Passons donc sous silence ces descriptions minutieuses,
et, avant de terminer, demandons-nous quels services on
est en droit d'attendre de la cystoscopie.
Fio. 2. — Pierre pho«phaliquo, avec hypertrophie de la proslale.
D'après Nitze, de toutes les manières d'interroger et d'ex-
plorer les malades atteints de troubles urinaires, la taille
hypogaslrique exploratrice peut seule donner des résultats
plus précis que ceux de l'endoscopie. Or, c'est toujours une
opération sérieuse.
Peut-être l'inventeur exagère-t-il un peu l'importance
qu'il y a à constater de visu un corps étranger, un cal-
cul, la rougeur ou l'ulcération d'une cystite. Mais il reste
deux conditions où la cystoscopie est appelée à jouer
un rôle de premier ordre. Elle sera une ressource des
plus précieuses pour établir le diagnostic précoce des
470 — N* 11 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE i)E MÉDECIME ET DE CHIRURGIE
i5 Mars 1889
tumeurs. Et d'autre part, si l'on se souvient, que Ton
peut voir Turine sortir des uretères, n'a-t-on pas là un
moyen de déterminer si cette urine est claire ou trouble;
d'avoir ainsi des données exactes sur Tétat respectif des
Fie. 3.
deux reins : données du plus haut intérêt pour qui veut
aborder la chirurgie rénale.
Ce n'est pas lout, et la thérapeutique sera peut-être rede-
Pl6. 4.
vable de quelques progrès à l'endoscopie. Ainsi, on a pré-
tendu — à tdrt probablement — que les récidives des cal-
culs sont fréquentes après la litholapaxie. Dans ce débat,
Fia. 5.
les partisans de la taille révoquent en doute les résultats
négatifs de l'exploration faite, par le simple cathétérisme,
avant de renvoyer les malades comme guéris : ils devront,
sans] doute, s'incliner devant les constatations indéniables
de la cystoscopie. Enfin, d'après Nitze, pour les tumeul
petites, polypiformes, on peut reconnaître avec exactituc
comment s'implante le néoplasme, que l'on va ensui
saisir et arracher avec un instrument approprié. Puis, grâi
FiO. fi.
au cysloscope, on peut vérifier si la besogne est bien fait^
La cystoscopie aurait donc, sœur de la laryngoscopie, cré
une méthode chirurgicale nouvelle: l'extraction destumeui^
de la vessie par les voies naturelles, car on ne peut décora
du nom de méthode les quelques tentatives de ce genr
faites jusqu'à présent au hasard. Certes ce procédé ni
revendique que les petites tumeurs polypeuses; il laisse H
autres à la taille hypogastrique. Mais il prétend délrônei
les ablations par la voie périnéale, déjà condamnée commj
voie d'exploration.
Tel est le résumé des principales idées de M. Nitze. Noui
avons cru devoir, en le faisant, insister sur les données ai
technique opératoire et nous abstenir de toute appréciation
critique. II faut le temps pour que chaque chirurgien puisse
éclairer sa religion sur la valeur exacte de l'endoscopie
dans les diverses maladies de la vessie.
Depuis quelque temps, H. Guyon s'est attaché à cett^
étude et l'an prochain nous espérons voir paraître une ihèsé
importante, due à l'un de ses élèves les plus distingués,
Alors il sera possible de porter un jugement dont on peu!
prévoir, d'ailleurs, que quelques points seront sûremenl
favorables.
A. Broca.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Des Injeetlons hypodermlqaes de la«ta(e de qolnlne.
Il y a quelques années nous avons démontré, à cette place
même, la supériorité du lactate de quinine sur les autres
sels analogues, lorsqu'il s'agit d'injections sous-cutauées.
La grande solubilité du lactate de quinine (1 gramme de
sel pour 4 d'eau distillée), ensuite sa richesse en alcaloïde
(78 pour 100) devaient faire préférer ce sel à tout autre.
Cependant la pratique des injections sousH^utanées de lac-
tate de quinine ne s'est pas répandue et nous avons reçu de
nombreuses plaintes de nos confrères sur les produits que
leur livrait le commerce. Longtemps nous avons cherché
la raison de cet insuccès; aujourd'hui que nous l'avons
trouvée, nous nous empressons de la faire connaître) afin
15 Mars i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 11 — 171
dViablir définitivement une formulé scientifique pour les
injeelions hypodermiques de quinine.
Il existe une anomalie singulière dans la solubilité du
lactate de quinine : dès que ce sel est cristallisé, il ne se
dissout plus que dans dix fois son poids d'eau; tandis que
la dissolution au quart qui n'a pas encore fourni de cristaux
se conserve indéfiniment à ce titre. De là les résultats con-
tradictoires des praticiens.
Si le pharmacien achetait du lactatede quinine très blanc
et bien cristallisé, il lui était impossible d'exécuter notre
formule, 4 d'eau pour 1 de sel. Il ne fallait pas songer à
acidifier la solution; car chacun sait que les injections
doivent toujours être neutres. Aussi que de mécomptes!
Seuls, pouvaient s'en tirer, ceux qui fabriquaient eux-
aiéme leur solution de toutes pièces.
C'est à ce dernier parti que mes confrères doivent se
nllier, et, en leur simplifiant la besogne, j'espère les encou-
n^er dans cette voie. Nous possédons deux moyens de pré-
parer le lactate de quinine, l'un par double décomposition,
l'autre par précipitation ~dc la quinine du sulfate, et sa
dissolution dans l'acide lactique. C'est à ce dernier procédé
que je donne la préférence. Voici le premier: Quand on
traite le lactate de baryte par le sulfate acide de quinine,
il se fait du sulfate [de baryte insoluble, et du lactate de
quinine en solution; mais cette solution est acide, et il est
nécessaire de la saturer, au bain-marie, avec de la quinine
précipitée. Il est indispensable d'opérer au bain-marie si
Fon veut obtenir une solution a peu près incolore. Car si
pour une cause ou une autre elle est de couleur rousse, le
charbon animal ne la décolore plus. J'ai remarqué en outre
qu'elle ne conservait pas facilement son titre et avait une
forte tendance à cristalliser.
J'ai donc abandonné ce procédé pour le suivant, qui d'ail-
leurs est fondé sur celui du Codex.
Pr. : Sulfate de quinine 2|9%65
Eau distillée 4009^00
Acide sulfurique dilué au 1 0* â59%00
Dissolvez et précipitez par :
Ammoniaque en excès 209',00
Lavez la quinine obtenue, délayez-la dans un mortier
avec quantité suffisante d'acide lactique (environ 5 gram-
mes); ajoutez 100 grammes d'eau distillée à 80 degrés —
cette température est nécessaire pour clarifier la solution ; -~
chauffez au bain-marie dans une capsule tarée, jusqu'à
réduction à iO<} grammes. Laissez refroidir, filtrez et con-
servez dans un flacon bouché à l'émeri.
Cette solution contient exactement 1 gramme de lactate
tle quinine par 5 grammes, ou 20 centigrammes par seringue
de Pravaz calculés d'après les équivalents. Comme précau-
tions antiseptiques, il est bon de n'employer que des usten-
siles lavés et flambés à l'alcool à 95 degrés.
Pierre Vicier.
, 4^
TRAVAUX OlUGIiNAUX
CUoIqoo mMleale*
Nouvelle coNininuTiON a l'étude de l'hémoglobinurie
PAROXYSTIQUE. — Communication faite à la Société médi-
cale des hôpitaux, dans la séance du 8 avril 1889, par
M. G. Hayem, médecin de l'hôpital Saint-Antoine.
Permettez-moi de revenir sur un sujet dont j'ai déjà eu
Toccasion de vou^ entretenir plusieurs fois.
Vous vous rappelez, sans doute, l'observation d'hémoglo*
binurie paroxystique queH. Millardvous a communiquée le
13 avril 1888 et vous n'avez pas oublié que notre distingué
et obligeant collègue ayant bien voulu m'adresser sa ma-
lade, je suis venu vous rendre compte à mon tour des phé-
nomènes pathologiques qu'elle présentait à cette époque
(l3juilleH888).
Comme il m'avait été impossible, même en exposant la
malade à un refroidissement assez prolongé, de provoquer
chez elle un accès d'hémoglobinurie, j'ai dû faire des ré-
serves sur le diagnostic porté par H. Millard* Mais nous
étions à la fin du printemps et le froid extérieur n'était pas
assez vif pour faire éclater les crises caractéristiques.
Le 19 décembre dernier (1888), la malade, que nous n'a-
vions plus revue depuis Tété, venait nous retrouvera l'hô-
pital Saint-Antoine par une température au-dessous de
zéro et après avoir fait une assez longue course. Elle
rendait une urine vin de Malaga absolument pathognomo-
nique. Iln'y avait plus à hésiter: le diagnostic de M. Mil-
lard était parfaitement fondé; il s'agissait bien de cette
singulière affection connue sous le nom (ïhémoglobinurie
paroxystique.
Depuis le 20 décembre la malade est dans mon service, et,
après l'avoir soumise à un examen détaillé, je crois devoir
vous rendre compte de mes observations.
Elle est sujette à deux sortes d'accès, dont les caractères
varient suivant l'intensité et la durée du refroidissement de
la surface cutanée.
En tout temps, elle est d'une excessive sensibilité au
froid. Mais lorsaue la température extérieure est de 8 à
10 degrés au-dessus de zéro, elle peut rester à l'air
assez longtemps sans éprouver d'autre inconvénient qu'une
crise d'albuminurie paroxystique, accompagnée ou non
d'une très légère hématurie. Ce sont là les accès dont nous
avions déjà été témoins, M. Millard et moi, les seuls qui
surviennent au moment des saisons intermédiaires, au
printemps et à l'automne.
Lorsque, au contraire, la température extérieure est plus
basse, voisine de zéro, les grands accès d'hémoglobi-
nurie se déclarent, au bout d'une heure à une heure et de-
mie d'exposition à l'air. La malade est alors condamnée à
un repos complet; elle est frileuse et a froid quand elle
sort de son lit pour se promener dans les salles ou aller au
salon. S'aventure-t-elle au dehors, une course de quelques
minutes suffit pour amener un léger accès.
Les grandes crises, celles dans lesquelles les urines de-
viennent aussi foncées que du jus de pruneaux, ressemblent
à un violent accès de lièvre intermittente. Elles sont fort
pénibles et se caractérisent particulièrement par une cya-
nose avec état grippé d^ la face, une teinte livide des extré-
mités, un pouls petit presque insensible, un refroidisse-
ment très appréciable de toute la surface du corps, un fris-
sonnement général allant jusqu'au claquement des dents et
au resserrement des mâchoires. En même temps la malade
éprouve un sentiment de défaillance, de malaise indéfinis-
sable ; elle se plaint de cardialgie et d'une douleur profonde
dans le flanc gauche, dans la région rénale et splénique.
La température rectale s'élève alors momentanément jus-
qu'à 39%6, mais la rate n'est pas tuméfiée.
Remise dans un lit chaud, elle se rétablit lentement et
ressent pendant environ quarante-huit heures un peu de
fatigue et de courbature.
Mon attention devait se porter d'une manière toute spé-
ciale sur l'état du sang et des urines.
Je puis vous donner aujourd'hui des renseignements pré-
cis sur les caractères présentés par ces deux liquides.
Le sang laisse sourdre, après la coagulation, un sérum
rouge-cerise laqué, assez foncé. Ce phénomène, qui existait
déjà pendant le premier séjour que fit la malade dans mon
service, est, en ce moment, plus prononcé. Hais, de même
172
K* 11 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
i5 Mads 1889
qu*à celte époque, il se produit d'une manière constante,
aussi bien en dehors des crises que pendant leur cours. En
général, la coloration du sérum est plus prononcée dans
cette dernière circonstance ; cependant une des prises de
sang faites en dehors des accès a laissé se former un sérum
tout aussi teinté, sinon plus, qu'au moment de Taccès pré-
cédent. Cette constatation a été efTectuée par juxtaposition de
deux tubes de sérum de même calibre et d'une manière très
précise.
Lors de mes premiers examens, en été, j'avais vu que la
première goutte de sérum exsudé par le caillot avait une
coloration normale, que l'hémogiobinurie se dissolvait un
peu plus tard pendant l'achèvement de la rétraction du coa-
gulum.
Dans le cours de mes récents examens, je me suis assuré
plusieurs fois que le sérum est actuellement teinté dès le
début de sa séparation.
En même temps, j'ai été témoin d'un fait nouveau qui me
parait avoir une grande importance.
Lorsqu'on pratique la petite prise de sang qui sort à
l'examen du sérum au moment où l'accès est à son apogée,
le sang se coagule rapidement, peut-être plus nipidement
qu'à l'état normal, puis déjà au bout de trois quarts d'heure
(dans une chambre dont la température est de 16 à 17 de-
grès) le caillot laisse transsuder du sérum. Mais au bout
de peu de temps (le sang a été revu quatre heures plus
tara), on trouve le caillot complètement redissous. Le sang
contenu dans la petite éprouvette est nettement séparé en
deux couches d épaisseur à peu près égale, Tinférieure
formée par les globules rouges, précipités et lassés, la supé-
rieure constituée par le sérum rouge-cerise.
Dès qu'on agite l'éprouvette, les deux couches se mélan-
gent et l'on constate que le sang est absolument liquide,
sans trace de grumeaux. Il restedéfmitivement dans cet état
jusqu'à putrétaction. Cet essai a été fait deux fois, mais,
comme on ne s'attendait pas la première fois à un tel résul •
tat, le sang n'avait été revu que le lendemain et on avait
cru qu'il était resté liquide. On s'est assuré la seconde fois
qu'il se coagule, mais pour se redissoudre ensuite avec une
extrême rapidité (au plus en quatre heures).
Quand la prise de sang est faite un peu plus tard, alors
que la malade commence à se réchauffer, le sang se coagule
un peu plus lentement et il parait d'abord se comporter
normalement. Le lendemain, on retrouve comme d'ordi-
naire, un caillot cruori^ue, rétracté, baignant dans du
sérum ; mais à peine agite-t-on l'éprouvette que ce caillot
tombe en deliquium, en présentant quelques grumeaux, qui
ne tardent pas, au bout de quelques heures, à se désagréger
entièrement.
Cependant, en dehors des crises d'hémoglobinurie, le
caillot ne présente rien d'anormal ; il est persistant et se
comporte comme celui de toute saignée.
Cette redissolution du caillot sanguin est un fait évidem-
ment très intéressant. Je ne crois pas qu'il ait été signalé
chez l'homme en dehors de l'hémogiobinurie, mais il sem-
ble bien que M. le docteur Salle Tait déjà noté dans cette
maladie. Je lis, en effet, dans son intéressante communi-
cation du 13 avril 1888: c La coagulation du sang est très
rapide, mais reste incomplète; le caillot est mon, friable,
se liquéfie facilement. » Chez ma malade, le caillot parait
d'abord avoir une consistance normale ; ce n'est que pen-
dant la séparation du sérum qu'il se désagrège et se
liquéfie.
Pour compléter l'étude du sang, j'ai pratiqué à diverses
reprises l'examen de ce liquide dans la cellule à rigole.
Au moment où la préparation vient d'être exécutée, le
sang paraît tout à fait normal. Mais, au bout de quelques
minutes on voit se former des globules sphériques, qui
perdent peu à peu leur hémoglobine et se transforment
d'abord en chlorocytes^ puis en achromacytes. Ce processus
de dissolution globulaire ne porte que sur une faible partit
des éléments colorés et l'on peut conserver pendant plu
sieurs heures la préparation sans qu'il se généralise. Oi
observe, à cet éeard, les mêmes particularités dans le san;
pris en dehors des accès que dans le sang recueilli au mo-
ment même des crises.
Relativement aux urines, j'ai peu de chose à ajouter i
mes descriptions antérieures.
Lorsque au moment des accès, on examine les première]
gouttes d'urine excrétée, en ayant soin de les retirer à l'aida
d'une sonde, on y trouve un petit nombre de globules rou-
ges, tandis que dans les urines rendues ultérieurement, il
est impossible de constater autre chose que de l'hémoglo-
bine parfaitement dissoute, sans traces de stromas globu-
laires. Ces premières urines renferment, aussi bien ^ue les
suivantes, une proportion sensible de méthémoglobine. La
transformation de 1 hémoglobine en méthémoglobine a donc
lieu avant l'arrivée de l'urine dans la vessie.
La présence de celle matière dans l'urine fraîche, que
j'ai déjà constatée chez le malade de M. Mesnet, ainsi que
dans le cas d'hémoglobinurie rhumatismale dont je vous
ai communiqué l'observation, parait donc être un des carac-
tères constants de l'hémogiobinurie observée chez Thorome.
Ce caractère appartient à la fois à la forme dite paroxystique
et à la forme symptomatique.
Examinons maintenant ce que l'on peut induire de ces
nouvelles observations relativement à la nature de l'hémo*
globinurio paroxystique.
Vous savez que la plupart des médecins qui se sont
occupés de cette maladie considèrent la décharge d'hémo-
globine par les urines comme la conséquence de la dissolu*
lion de l'hémoglobine dans le plasma, c'est-à-dire de Thc-
nioglobinhémie.
Mes premières recherches personnelles m'ont conduit, au
contraire, àregarder la formatipnd'un sérum coloré comme
un processus en quelque sorte étranger au sang circulant
et se produisant uniquement in vitro pendant le cours de
la rétraction du coagulum.
Les faits que je viens de décrire brièvement, loin de me
pousser à abandonner cette opinion, me paraissent de
nature à la fortifier.
Voici les divers motifs pour lesquels je ne puis admettre
la dissolution de l'hémoglobine dans le sang des vaisseaux.
Si cette dissolution existait, elle serait constante, puisque
le sérum est coloré dans l'intervalle des accès de même que
pendant leur cours.
Voyons donc ce qui se passe lorsqu'il existe de l'hémoglo-
bine dans le sang. C'est une question facile à étudier à
Taidede l'expérimentation chez les animaux.
Le procédé le plus simple, celui que j'ai employé maintes
fois, pour provoquer rhémoglobinhéinie, consiste à injecter
dans le sang une certaine quantité d'eau distillée. Lorsqu'on
veut pousser Texpérience assez loin pour provoquer immé-
diatement un accès d'hémoglobinurie, il faut injecter une
(juantité d'eau vraiment considérable. Il est nécessaire, en
effet, d'employer une dose presque deux fois égaie à la
masse totale du sang. Mais avec des doses plus faibles, on
obtient, sans produire à coup sur de rhémoglobinurie, uno
hémoglobinhémie se traduisant par la production d'un
sérum rouge-cerise laqué, analogue à celui des malades
atteints d'hémoglobinurie paroxystique.
Cet état du sérum dure un temps qui varie un peu avec la
quantité d'eau injectée; mais il est toujours passager; ii
disparaît en moyenne en quarante-huit heures. L'hémoglo-
bine libérée des hématies est donc assez rapidement éli-
minée du plasma, soit parce qu'elle est reprise par cer-
taines sécrétions, en particulier par la sécrétion biliaire,
soit parce qu'elle est détruite dans l'organisme. Il faudrait,
pour qu'il y eut' constamment dans le sang de l'hémoglo-
15 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« 11 — 173
! bioe dissoule, que le processus de dissolulion des héma-
(les fût sans cesse en activité. .
ETidemment il en résulterait une usure très exagérée des
globules rouges, état qui se traduirait au bout de peu de
temps par une anémie à marche progressive.
Or, qa*observe-t-on sous ce rapport chez les malades?
L'anémie est simplement proportionnelle aux décharges
d'hémoglobine par les urines, décharges qui équivalent
aune certaine perte de sang. Il suffit que les malades
évitent les crises en restant* dans une atmosphère chaude
poar qu'il n*y ait pas de déglobulisation appréciable ou
Diëme pour que le sang se répare facilement lorsque des
accès antérieurs ont déterminé un certain degré d'anémie.
En vérité, la vie serait-elle longtemps possible si le
plasma avait la propriété de dissoudre une certaine propor-
tion de globules rouges par un processus toujours en éveil
et renouvelant la provision de matière colorante solubilisée
aa far et à mesure de sa disparition?
Jarrive à un autre genre d'argumentation. Pour qu'on
plt expliquer Thémoglobinurie par rhémoglobinhémie,
il faudrait qu'il y eût une différence nettement accusée
entre la coloration du sérum pendant les accès et dans leur
iiitetralle.
Cette différence est faible et même inconstante, puisque,
dans un de nos examens, le sérum s'est montré plus coloré
en dehors de la crise que pendant son cours.
A ces divers raisonnements vient s'ajouter — ce qui vaut
mieux — une preuve directe. Elle nous est fournie par le
(ail nettement constaté de la dissolution d'un certain
nombre de globules rouges dans le sang pur examiné au
microscope. Cet examen permet en quelque sorte de sur-
prendre le procédé qui conduit à la production du sérum
coloré.
Mais, si le sang de notre malade n'est pas hémoglobinhé-
ffliqae, il est à coup sûr altéré.
Cette altération ne portant pas sur les éléments anato-
miques, il est logique d'admettre qu'elle atteint le plasma
et doit être de nature chimique. Elle s'est d'ailleurs tra-
duite à nous, dans les recherches précédemment exposées,
par un phénomène bien particulier, c'est-à-dire par la
redissolulion rapide du caillot sanguin. Ce dernier fait
semble incliquer que la modification du sang se fait surtout
sentir sur les matières albuminoldes qui concourent à la
formation de la fibrine. Elle augmente certainement au
moment des accès, puisque c'est alors seulement que le
caillot présente cette propriété singulière de se désagréger;
mais elle doit exister à un certain degré dans leur intervalle
et ce degré d'altération doit suffire pour que le sérum acquière
des propriétés dissolvantes. C'est la seule manière de com-
prendre la fausse hémoglobinhémie qui s'est produite inva-
riablement à la suite de toutes nos prises de sang.
Voici, en effet, ce qui doit se passer.
Le plasma du sang circulant, tout en étant altéré, ne dis-
sout pas les globules rouges. Mais, dès que le sang est sorti
des vaisseaux, le plasma fournit pendant la coagulation un
sérum qui est anomal et qui attaque un certain nombre
d'hématies pour en faire transsuder l'hémoglobine. Dès que
ce sérum a acauis de nouvelles qualités physiques par suite
de cette dissolution, il devient de nouveau propre à con-
server les hématies, le processus s'arrête. Et, en effet, j'ai
pu garder au laboratoire pendant plusieurs jours le sérum
laqué au contact de la masse globulaire sans lui voir prendre
une coloration plus intense. Les globules rouges qui ont
échappé dès l'abord à son action dissolvante sont définiti-
vement respectés.
Je ne pense pas que cette altération évidente du sang soit
»a cause de la transformation partielle de l'hémoglobine
nriDaire en méthémoglobine. En effet, non seulement on
ûe trouve pas trace de méthémogl jbine dans le sérum san-
E^io, mais encore chez la malade rhumatisante qui avait un
. SOPPLÉUflTT» .
sérum tout à fait normal au moment de sa crise, l'urine
hémoglobique renfermait néanmoins une certaine propor-
tion de méthémoglobine.
Il y a là cependant un fait un' peu particulier, car chez
des animaux rendus hémoglobinuriques par injection d'eau
dans les veines, l'urine n'a pas les mêmes caractères : je
n'y ai jamais trouvé à l'état frais la moindre trace de méthé-
moglobine.
On pouvait se demander si l'altération du sang des
malades hémoglobinuriques n'était pas le résultat d'un pro-
cessus microbique. J'ai prié mon ancien interne, M. Lesage,
dont vous connaissez la compétence spéciale, de faire au
moment d'un accès des cultures du sang et des urines de
la malade. Ces essais sont restés infructueux. Ce résultat
négatif ne tranche évidemment pas la question d'une
manière certaine, car les germes de^ bien des maladies
microbiennes nous échappent encore, par suite sans doute
de l'insuffisance de la technique actuellement employée en
bactériologie. Je tenais cependant à vous le signaler.
Il me serait impossible d'aller plus loin, pour le moment,
dans l'analyse des conditions qui donnent naissance à l'hé-
moglobinurie paroxystique. Je crois avoir été très précis
dans ma réfutation de l'hypothèse le plus généralement
admise jusqu'à présent.
Mais, dans l'état actuel, fort sommaire, de nos connais-
sances sur les modifications chimiques du sang, je ne sau-
rais me prononcer sur la nature de l'altération de ce liquide
dans l'hémoglobinurie paroxystique.
Cela dit, touchant l'état du sang et des urines, il est bien
entendu que je maintiens l'opinion que j'ai exprimée, dans
une précédente communication, sur la participation que
prennent les reins eux-mêmes dans les altérations présen-
tées par les urines.
Au moment où éclatent les violentes perturbations vaso-
motrices, qui se traduisent par le rétrécissement des artères
périphériques, la cyanose et le refroidissement des tégu-
ments, le sang se porte en abondance dans les organes inter-
nes et notamment dans le parenchyme rénal. La fluxion des
reins se juge, en quelque sorte, tantôt par une simple
poussée d albuminurie, tantôt par une décharge d'hémo-
globine dissoute, et il est probable que cette inconstance
dans la solution de la crise dépend non seulement de l'in-
tensité de la congestion, mais aussi du degré plus ou moins
mar(|ué de l'altération indéniable du sang.
Celte altération est peut-être de nature à augmenter sous
l'influence du refroidissement de la surface du corps. Peut-
être aussi produit-elle la dissolution d'un certain nombre
de globules rouges lorsque le sang e«t en stagnation dans
le réseau ou siège la congestion. Hais j'ai hâte de m'arrêter
dans l'énoncé des hypothèses qui pourraient être proposées
pour expliquer la transsudation de l'hémoglobine au
niveau des reins.
Qu'il me suffise d'avoir montré que le processus de l'hé-
moglobinurie paroxystique est plus complexe qu'on ne Fa
dit et que le problème soulevé par cette intéressante maladie
est encore incomplètement résolu.
Pathologie exterae.
Note sur le mal des confiseurs (onyxis et péri-onyxis
professionnelles), par M. le docteur Albertin, prosec-
teur à la Faculté de médecine de Lyon.
Le 23 janvier 1881, M. le professeur Poucet envoyait à
l'Académie de médecine un pli cacheté contenant une com-
munication sur une variété d'onyxis propre aux confiseurs,
11.
iU — NMl
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
15 Mars 1880
affection non décrite jusqu'à ce jour et dont la description
était basée sur quatre observations personnelles.
En janvier 1889, ayant eu Toccasion d*observer cinq
malades atteints de cette affection, nous les avons présentés
à M. Poncet, qui a bien voulu nous permettre de réunir ses
documents à nos observations pour écrire la note que nous
publions aujourd'hui.
Des neuf observations que nous avons réunies, nous n'en
Emblierons ici que deux, une première donnant à M. le pro-
èsseur Poncet la priorité de la description ; une seconde,
qjiii nous est personnelle et représente un cas type de l'affec-
tion observée par M. Poncet. Les autres observations, avec
planches démonstratives, seront ultérieurement reproduites
(iaus une thèse actuellement à l'étude.
Disons tout d'abord que l'affection que nous allons étudier
peut se définir : Onyxis et péri-onyxis professionnelles
chez les confiseurs. Ceci dit pour fixer le lecteur sur la
nature et le siège de la lésion, voici la première observation
de H. Poncet:
Obs. I (de M. le professeur Pi)ncet en janvier 1880). — Tard...,
confiseur à Lyon, trente-sept ans, marié depuis deux ans et
demi. Père âgé de soixanle-sept ans. Mère morte à l'âge de
cinquante- trois ans. Un frère âgé de trente-huit ans très bien
portant. Sœur morte à Tàge de dix-sept ans d'affection non
déterminée à forme aiguë. Pas d'antécédents syphilitiques, ni
dnrtreux. Le malade n'a jamais eu aucune éruption.
Il est entré comme apprenti confiseur à Tâge de seize ans et
demi, au mois de novembre 1860.
En 1864, il a eu à faire la préparation des marrons glacés
pendant un mois et demi.
Les principales manipulations sont: 1" la décortication, après
macération dans Teau chaude; 2* le blanchiment à Teau bouil-
lante; 3" le séchage, suivi de la macération dans le sirop de
sucre.
Au bout de quinze jours de ce travail, le malade a éprouvé
des démangeaisons aux extrémités des doigts, surtout à la main
droite. Puis sont survenues des douleurs progressives qui cepen-
dant n'empêchaient pas le malade de travailler. En même temps
le malade a observé de la roug^eur et du gonflement siégeant soit
au niveau du bourrelet lunulaire, soit sur les parties latérales de
la sertissure unguéale. A ce moment tous les doigts de la main
droite présentaient quelques-unes de ces modifications eLparmi
eux le médius et Tannulaire étaient les plus atteints. Le malade
continuant à travailler, les lésions s'aggravèrent. 11 vit survenir
de petits abcès sur les parties latérales du bourrelet péri-
unguéal, donnant issue à une gouttelette de pus. Trois semaines
après le début de Taffeclion, cet ouvrier ne pouvait plus tremper
les mains dans les solutions de sucre. Sur certams doigts, il
n'existait aue de la rougeur et du gonflement sans abcès, surtout
si le malaae cessait de travailler.
A chaque reprise du travail, poussées inflammatoires plus ou
moins aiguës avec ou sans abcès.
L'ongle devint alors malade, se brisant facilement à son extré-
mité libre, présentant des craquelures, des irrégularités sur sa
face dorsale. Au début, l'ongle prend une coloration noirâtre au
voisinage du bord libre et sur les parties latérales ; cette colo-
ration noirâtre empiète progressivement et longle devient noir
dans sa totalité lorsque la lésion est en pleine évolution.
Le début se fait ordinairement par de petites crevasses dans
la région péri-unguéale, mais quelquefois aussi on voit d'emblée
apparaître un jjeu d'œdème inflammatoire sur tout le pourtour
de l'ongle. Peu a peu Tongle prend un aspect écailleux, bossue,
une teinte gris sale noirâtre. Après deux à trois mois, l'ongle
tombe par morceaux.
En 1864, les deux ongles tombés sont ceux du médius et de
l'annulaire, la chute complète de l'ongle n'est arrivée au'au bout
d'un an. Les ongles repoussent peu à peu. En 1865, le malade
constate une poussée mflamraatoire analogue à tous les doigts
de la main gauche, mais à un degré beaucoup plus atténué que
la poussée qui a eu lieu précédemment à la mam droite.
En 1866, le malade prépare des fruits confits ; il observe une
nouvelle poussée inflammatoire toujours plus marquée pour le
médius et l'annulaire droit, ce qui s'explique facilement par ce
fait que la main droite plonge constamment dans les bassins.
Les ongles du médius et de l'annulaire, tombés en 1865, se
morcèlent, mais il n'y a pas de chute complète.
De 1867 à 1871, M.T... fait son service militaire. Pendant celle
période les lésions unguéales et pérî-unguéales se réparent et
disj>araisscnt complètement. Les ongles reprennent leur aspr-cl
normal.
En 1871, campagne de Prusse, Metz, Strasbourg. Le malade
reste six mois à l'hôpital pour une pleurésie. Il revient el prend
le métier de confiseur. Le 3 octoore 1871, il a une poussée
d*eczémades mains, de la face et du cuir chevelu. Cette éruption
réapparaît par intervalles, puis s'atténue. C'est seulement lorsi}ue
le malade se livre à la préfiaration des fruits qu'il observe de
nouvelles poussées inflammaluires dans la région unguéale. En
septembre 1880, à la suite d'une lésion très accusée de l'annu-
laire droit, la chute de l'ongle de ce doigt s'est produite. Depuis,
le malade a été perdu de vue.
Voici maintenant notre observation prise en janvier 1889;
ayant vu les dessins de M. Poncet, reproduisant les doi^'is
des confiseurs atteints d'onyxis, nous avons pu tout de suite
établir à quelle variété d'affection nous avions afl'airc à pre-
mière inspection du malade :
Obs. V (recueillie par M. le docteur Alherlin en janvier 1889i.
— Dur... (Joseph), quarante ans, ouvrier confiseur (atelier Buard),
de Lyon, rue Montesquieu, 116. Ce malade a été examinée
4 janvier 1889. Il n'a jamais présenté aucune éruption, aucune,
affection cutanée autre que celle que nous aurons à examiner.
Pas de syphilis. Autrefois pâtissier, il exerce la professioa
d'ouvrier contiseur depuis sept ans.
L'affection actuelle a débuté il y a un an et demi par le
médius droit. Depuis, elle a envahi tous les doigts de la main
droite, à l'exception du petit doigt, qui ne présente pas de
modification bien appréciable. Les doigts de la main gauche pré-
sentent quelques lésions très peu marquées, aue nous décrirons
cependant, car elles représentent le stade de aébut de l'alfectioD
qui est arrivée sur la main droite à son complet développeiueni.
Depuis trois ans environ, le malade, dans rexercice de sa pro-
fession, est occupé à la manipulation des fruits (prunes, abricots,
poires, pèches, cerises, marrons, chinois, oranges, noix, mira-
Delles, etc., etc.). Les différentes opérations sont le blan-
cliiment à l'eau bouillante, la cuisson des fruits et la macération
dans le sirop de sucre. L'ouvrier plonge à tous moments la main
soit dans l'eau, soit dans le sirop où macèrent les fruits. Li pré-
ftaration des prunes, au dire du malade, est celle qui occasionne
es cuissons les plus vives et provoque les poussées les plus
aiguës de dactylite. Lorsque le malade cesse de travailler, les
accidents s'atténuent d'une façon très notable.
Actuellement, l'affection occupe le pouce, le médius et l'annu-
laire droit ; les lésions sont beaucoup plus accusées sur le
médius où elles ont d'ailleurs débuté. On peut prendre la
description de l'extrémité du médius malade comme type dn
doigt atteint de mal des confiseurs en pleine évolution. Aussi le
décrirons-nous avec beaucoup de détails.
Médius droit. Région péri-unguéale. — La région pén-
unguéale est le siège d'une tumétaclion marquée formant une
sorte de bourrelet en croissant. Cette tuméfaction correspond à
la région occupée par la matrice de l'ongle et se forme en grande
partie aux dépens du manteau de l'ongle. Les tissus à ce niveau
sont le siège d'un œdème dur, douloureux à la pression. Ce
bourrelet a environ i/2 centimètre d'épaisseur. A son niveau, la
peau présente une coloration rose vif caractéristique.
Sur le bord libre du bourrelet et sur sa face dorsale, l'cpi-
derme est légèrement épaissi, se fendille et desquame par petites
plaques. Sur les parties latérales de l'ongle le bourrelet existe,
mats s'amincit comme les cornes d'un croissant et on trouve là
de petites productions épidermiques cornées se détachant par
fragments.
Ce bourrelet péri-unguéal est mobile sur la racine de Tongle,
qui est déchaussée soit sur les parties latérales, soit au niveau
de la matrice. Il existe entre la face profonde du bourrelet et le
dos de la racine de l'ongle un espace libre le plus souvent rempli
de liquide sécrété par les tissus enflammés et dont la présence
explique la mobilité des tissus péri-unguéaux sur l'ongle. La
douleur à la pression est plus marquée sur les parties latérales
des extrémités digitales.
Médius droit. Ongle. — L'ongle est déchaussé, relativement
isolé des tissus péri-unguéaux. H est modiOé soit dans sa forme, soit
dans sa structure. On note un épaississement notable avec une
irrégularité très apparente de la race dorsale, oui est écailleuse»
bossuée. La moitié de Tonglei située du côté du bord libre, est
J5 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NMl — 175
craquelée, ptésenle des points épaissis saiIJants, d'aalres usés,
casses. On trouve au niveau du bord libre de véritables
produflious cornées, noirâtres, à strates superposés, rappelant
I ongle de ronycogriffone. En plusieurs points, vers le bord
libre, rongle est noir et présente en outre une teinte générale
grisâtre.
Aspect général de V extrémité du médius,— Outre les lésions
oDgaéales signalées et la présence du bourrelet péri-unguéal, il
faut noter lelargissement de rextréraité du doigt, qui lui donne
la forme en spatule. Cette déformation est due a la tuméfaction
du dernier segnrtentde rextrémité digitale.
En janvier 1888, à la suite d'une violente poussée inflamma-
toire, le malade a observé une chute de Tongle du médius.
Annulaire droit. Hégion péri ungué aie, — Le bourrelet péri-
oDgnéal est aussi très maraué sur ce doigt. Il n*est cependant
survenu qu'après celui que ion trouve sur le médius. 11 offre
les mêmes caractères que nous avons signalés pour ce dernier
doi^t et occupe aussi la demi-ellipse qui correspond aux attaches
périphériques de TonglcGc bourrelet a environ 1 centimètre 1/2
de largeur à sa partie moyenne et fait une saillie très marquée
wtoixT de Tongle. Il est douloureux à la pression.
Annulaire droit. Ongle, — L'ong-le présente une série d'iné-
g&lilés, de dépressions et de saillies avec des craquelures. Le
Jiurd libre est usé et à ce niveau Tongle présente un léger
épaississement moins marqué cependant que sur le médius.
Le bourrelet péri-unguéal est extrêmement mobile sur la face
dorsale de la racine de Tongle. Il existe un léger suintement
entre ces deux surfaces.
L'extrémité de Fannulaire offre nettement la déformation en
spatule. La pression est très douloureuse sur les parties latérales,
UD peu moins sur la région dorsale oh cepenaant le bourrelet
s'étend jusqu'au niveau des plis dorsaux oui correspondent à
Tarliculation phalangino-phalanget tienne. Il n'y a pas eu de
chute de Tongle à ce doigt. 11 faut remarquer que les deux doigts
atteints sont les plus longs. En faisant passer une ligne par
l'exlrémité de Tindex et du petit doigt, on voit que le dernier
segment de Tannulaire et du médius est situé au-dessus de cette
ligne. Lorsque Touvrier plonge la main droite incurvée en
forme de cuiller dans les bassines, ce sont ces deux doigts qui
sont les plus exposés aux frottements par leur face dorsale et
qui buttent contre le fond de la bassine par leur extrémité; ces
lails nous expliquent la prédominance des lésions sur le médius
et l'annulaire.
Pouce droit. Tissus péri-unguéaux. — Ce doigt est aussi
atteint, ce qui s'explique par le travail considérable imposé à ce
doigt dans les mouvements d'opposition. Le bourrelet péri-
unguéal présente les mêmes caractères que ceux que nous avons
signalés plus haut. Le décollement entre la face profonde de ce
bourrelet et le dos de la racine de Tongle est très accusé. On
retrouve à la surface du bourrelet les mêmes débris épidermi-
ques et de nombreuses éraillures sur la sertissure épidermique
péri-unguéal e.
Vongle est le siège d'altérations très marquées ; la face dorsale
est rugueuse, dépolie. Les bords latéraux présentent des cas-
sures, un décollement assez profond pour aue des corps étran-
gers logés sous l'ongle lui donnent une coloration noirâtre. La
pression sur les parties latérales est douloureuse. La forme eu
spatule est moins accusée que pour les autres doigts malades.
Les symptômes subjectifs sont surtout des phénomènes dou-
loureux. 11 se produit une cuisson très vive au moment où
l'ouvrier se met au travail; peu à peu les douleurs s'émoussent
el l'ouvrier continue ses manipulations sans trop souffrir. Les
extrémités des doigts malades sont très sensibles aux heurts.
Le malade éprouve souvent des douleurs nocturnes, caractérisées
par des picotements dans le bout des doigts; elles sont quelque-
fois assez fortes pour gêner le sommeil vers deux à trois heures
du matin.
Ces lésions subissent une exacerbation au moment de la pré-
paration des fruits en juin, juillet, décembre et janvier, époque
de la préparation des oranges, chinois, etc.
Vindex et le petit doigt présentent un bourrelet très peu
accusé.
L'èpiderme est crevassé, desquame par places à ce niveau.
Les ongles sont usés à leur bord libre, légèrement dépolis sur
leur face dorsale.
la main gauche ne présente pas les lésions spéciales décrites
pour la main droite. .
Ces deux observations nous permettent de tracer en
quelques lignes rhisloire pathologique de TaiTection.
Certaines conditions étiologiques président à Tapparition
des lésions. Il faut incriminer les différentes manipulations
nécessaires pour la préparation des fruits confits et des
marrons glacés, c'est-à-dire le blanchiment des fruits à
l'eau alternativement bouillante et froide, la cuisson et la
macération dans le sirop de sucre. L'ouvrier plonge à tous
moments la main droite dans les bassines où se trouvent les
fruits avec leurs sucs ou les sirops. Plusieurs causes peuvent
être invoquées :
!• La température des liquides employés alternative-
ment chauds ou froids dans le blanchiment des fruits ou les
sirops ;
2^ La 7iature des liquides. Le liquide qui a servi au
blanchiment des fruits contient des acides, malique, tar-
trique et citrique; il rougit le papier de tournesol. L'eau
de châtaignes contient beaucoup de tanin. Les sirops doi-
vent leur action au sucre ; rappelons son action sur les
dents. On peut admettre avec Remy el Broca que l'impré-
gnation des tissus par le sucre amène la mortification des
éléments anatomiques;
3° Les manipulations. La macération continue, les frot-
tements répétés irritent les tissus péri-unguéaux, modifient
les ongles.
Dans chaque atelier de confiserie, un ou trois ouvriers,
selon l'importance de la fabrication, sont occupés à la prépa-
ration des fruits confits et marrons. Tous ces ouvriers pré-
sentent plus ou moins les lésions que nous avons signalées.
Nous ne ferons que résumer la symptomatologie de cette
affection, la lecture des observations prises avec détails sera
plus instructive.
Le début se fait ordinairement sur les parties latérales de
l'ongle où l'on note du déchaussement et des érosions de la
sertissure péri-unguéale. On note un peu de rougeur, un
gonflement léger, une douleur modérée. L'ongle devient
dépoli, noirâtre.
Lorsque les lésions sont en évolution avancée, on note
du côté des tissus péri-unguéaux : un bourrelet en crois-
sant péri-unguéal à la racine de l'ongle. Ce bourrelet est
coloré en rose plus ou moins vif et des éraillures de l'èpi-
derme. L'ongle est déchaussé, le bourrelet est mobile sur
la racine de l'ongle. L'ongle est dépoli, rugueux, écailleux,
bossue. On y remarque des cassures sur le bord libre et
une teinte noirâtre. On observe fréquemment la chute de
l'ongle par fragments, jamais en bloc.
L'extrémité du doigt malade présente la déformation en
spatule. L'ongle qui repousse est inégal, déformé.
Lorsque les lésions sont très accusées, les malades éprou-
vent une douleur assez vive au début de la journée, mais il
est rare qu'ils interrompent leur travail. La cessation de
leurs occupations amène la disparition des lésions, mais
après un temps excessivement long, et l'extrémité digitale
conserve plus ou moins marquée la forme en spatule.
Nous bornerons là l'exposé des caractères principaux de
cette affection que M. le professeur Poncet appelle mal des
confiseurs. On a pu voir combien Tétude de ces lésions,
onyxis ou péri-onyxis professionnelles , peut présenter
d'intérêt au point de vue de la clinique, de I hygiène ou de
la médecine légale.
176 — NMl —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÉOECINE ET DE CHIRURGIE
15 Mars 1889
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des selences.
Effets généraux des substances produites par le
BAGILLUS HEHINECROBIOPHILUS DANS LES MILIEUX DE
CULTURE NATURELS ET ARTIFICIELS, par M. S. ArLOING.
€ Si Ton injecte dans le testicule bistourné d'un bélier
0«%5 d'une culture du BacHim heminecrobiophilus, on observe
une destruction plus ou moins rai)ide et plus ou moins complète
de Torgane. Celui-ci est converti tantôt en une masse semi-
lluide, roussâtre, mêlée de gaz, tantôt en uue matière jaunâtre
d'aspect caséeux. La transformation s'opère au dedans d'une
albuginée épaissie et œdémateuse, et elle s'accompagne de phé-
nomènes généraux de résorplion. Les vaisseaux du cordon testi-
cuiaire sont bien oblitérés; mais l'organe, exsangue dans sa pro-
fondeur, se greffe soit sur la face interne des enveloppes
scrotales, soit sur le tissu conjonctif de la région inguinale et
des vaisseaux sanguins, ne tardant pas à se répandre à sa
surface, à la façon des vaisseaux omphalomésentériques sur la
vésicule ombilicale. Ces vaisseaux absorbent continuellement
une partie des matières solubles fabriquées par les microbes
dans le milieu de culture naturel où ils évxïluent.
c II en résulte des phénomènes d'intoxication parfois assez
graves pour donner la mort en deux ou trois jours. Le plus
souvent, les animaux survivent, mais ils sont tristes, sans
appétit, restent presque toujours couchés, languissent et perdent
leur laine çà et là, spontanément ou à la moindre traction. On
peut rendre très rapidement ces malades à la santé; il suffit
pour cela de pratiquer Tablation du testicule nécrobiosé.
c On remarquera aue cette expérience réalise aussi complète-
ment que possible le type d'une vaccination par les produits
solubles de la vie microbienne sécrétés dans le cours d'une
maladie virulente. Ainsi, le microbe végète en abondance dans
une poche accidentelle qui fait partie intégrante de l'organisme ;
il fabrique sur place des matières toxiques qui passent dans le
sang, comme en témoi^ent les symptômes généraux que nous
avons signalés. On laisse ces poisons solubles se déverser
Ëendant quinze à vingt jours dans le système circulatoire.
Infin, à un moment donné, on supprime toute communication
entre le foyer de culture et l'organisme, et l'animal revient
promplement à la santé.
c Malgré ces conditions éminemment favorables à la production
de l'immunité, nous ne 1 avons pas obtenue dans nos expériences.
En effet, si l'on bistoiirne le second testicule, après TaDlation du
testicule malade, et qu'on injecte à son intérieur le Bacillus
hetninecrobiophiius, on constate qu'il est détruit aussi rapide-
ment que le premier. L'imprégnation du testicule sain par les
produits solubles du bacille en question pendant quinze à vingt
jours ne lui a donc pas communiqué l'état de vacciné. »
Si l'on injecte dans les veines le suc stérilisé et filtré d'un
testicule réduit en pulpe par l'action du microbe ou le bouillon
des cultures à sa sortie du filtre en porcelaine, on trouble gra-
vement toutes les fonctions de l'organisme.
Le bouillon de culture renferme des substances pyrétiques et
nauséeuses.
Le liquide qui s'est formé dans le testicule bistourné déter-
mine des effets semblables à ceux du bouillon de culture, mais
sa puissance toxique est neuf à dix fois moins grande.
c Conclusions. — !• Le Bacillus heminecrobiophilus ne
confère pas l'immunité; 2*» les produits solubles qu'il fabrique
peuvent donner la mort s'ils s'accumulent dans le sang; 3* ces
produits, pyrétiques et yomitifs, sont plus actifs quand ils se
sont formes dans le bouillon de culture que dans un organe
nécrobiosé; 4° ils doivent surtout ces propriétés à des substances
précipitables par l'alcool. >
Sur LA VACCINATION CONTRE LA MORVE, par M. J. Straus.
La morve est considérée comme une des maladies virulentes
pour lesquelles il n'existe pas d'immunité dérivant d'une pre-
mière atteinte. Les expériences que je vais exposer montrent
?[ue cette manière de voir n'est pas conforme à la réalité des
àits.
On sait que le chien est un animal à faible réceptivité morveuse.
Lorsque, par scarification ou par incision, on insère des produits
morveux dans la peau d'un chien, on détermine un ulcéra local
caractéristique, qui 'se cicatrise spontanément au bout d'un
mois à six semaines. Ce n'est qu'exceptionnellement que l'on a pu
ainsi produire des lésions morveuses disséminées et la mort (I).
Dans mes expériences, j'ai procédé autrement; j'ai introduit
directement, par injection intra-veineuse, dans la circulaiiou
générale du cnien, des cultures pures, virulentes, du bacille de
la morve. Dans ces expériences, plusieurs éventualités se'pré-
sentèrent.
Lorsque la culture injectée dans la veine sapliène était en
Quantité notable (1 à 2 centimètres cubes de culture dans du
DOutUon), l'animal présentait au bout de auelques jours une
fièvre intense et un amaigrissement extrême; la peau se couvrait
de nodosités siégeant dans l'épaisseur du derme et qui ne tar-
datent pas à s'ulcérer, en donnant l'écoulement séro- sanguino-
lent, oleiforme, propre aux\ulcères morveux. La mort survenait
dans un espace de temps] variant de trois à six jours. A l'au-
topsie, le foie, la rate, plus rarement et à un moindre degré le
poumon étaient parsemés de fines granulations morveuses. Les
ensemencements faits avec le suc de ces granulations ainsi
au'avec le sang du cœur donnaient des cultures pures du bacille
Qc la morve. Celte première série d'expériences montre donc
que par l'inoculation intra-veineuse^ à dose massive, d'une cul-
ture virulente de morve, on détermine chez le chien, une morve
suraiguë, généralisée, à localisations tégumentaires et viscé-
rales, mortelle.
Si Ton injecte dans la veine la môme culture, mais à dose
plus faible, on détermine uni état général moins grave, une
éruption cutanée morveuse moins abondante et l'animal récupère
plus ou moins vite la santé.^C'est là un nouveau et bel exemple
du fait mis en évidence par M. Chauveau : la proportionnalité
qui existe, dans certaines maladies, entre la dose du virus et les
effets développés par ce virus.
Chez les cniens ayant ainsi subi une première atteinte de
morve généralisée, on peut ensuite, plusieurs semaines et
plusieurs mois après la guérisou, réinjecter dans la veine des
cultures virulentes, à des doses excessivement fortes et qui
seraient infailliblement mortelles pour un animal non préparé.
Souvent on ne provoque ainsi aucun phénomène, local, ai
général, parfois un mouvement fébrile passager, plus rarement
une nouvelle poussée, très discrète, d'éruption morveuse. De
semblables injections par la voie veineuse ont pu être prati-
quées trois, quatre fois de suite, à un mois d'intervalle chaque
fois, avec des quantités véritablement formidables de culture
virulente, sans provoquer aucun accident appréciable.
Ces faits montrent donc qu'une première atteinte de monre
aiguë, supportée par le chien à la suite de l'injection intra-vei-
neuse d'une culture du bacille de la morve, met cet animal à
l'abri d'une réinfection ultérieure.
Toutefois, si l'immunité ainsi conférée au chien à l'égard deN
injections intra-vaineuses du virus est complète et absolue, on
ne lui confère cependant pas ainsi la même immunité, au même
degré, à l'égard de l'inoculation du virus sur la peau. Si l'on
soumet des chiens, rendus absolument réfractaires à l'inocula-
tion intra-veineuse, à des scarifications morveuses sur la peau
du front, on peut encore provoquer chez eux l'apparition de
l'ulcère caractéristique. Mais cet ulcère est toujours remarqua-
blement petit et guérit avec une grande rapidité.
11 est inutile d insister sur la portée de ces faits au point de
vue de la pathologie générale. La morve était jusou'ici consi-
dérée comme le type d'une maladie virulente ne donnant pas
l'immunité.l En choisissant un animal à faible réceptivité, tel
que le chien, nous avons réussi à démontrer aue la morve, elle
aussi, rentre dans le cadre des maladies pour lesquelles l'immu-
nité peut être créée.
J'ai été naturellement conduit à étendre ces expériences aux
animaux à grande réceptivité morveuse, aux solipédes, pour
lesquels une pareille vaccination trouverait une application
Sratique évidente. Au lieu de cultures virulentes, j'ai employé
es cultures âgées et ayant subi, par le fait de l'âge, une mode
atténuation. Des quantités, d'abord très faibles, puis fi^raauelle-
ment croissantes de ces cultures ont été injectées, a diverses
reprises, dans la veine d'un âne, sans déterminer d'accidents
{i) On doit à M.lGaUier cette conslaUtion intéressante que le cliien peut être
réilioculë sur la peau, avec succès, k diverses reprises, mais que les lésiooi toot
moins étendues dans les inocàlatlons successives. (Compte rendu de l'AcadéwU
det teieneet, 1881. t. XGII. p. 303.)
15 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* H - 177
appréciables (1). Nais cet animal, soumis ensuite à l'épreuve
d aoe injection sous-cutanée d'une culture ?i mien te, succomba
à une morve aiguë, caractéristique. Le résultat ne doit pas
décourager et je poursuis les expériences dans cette ilireclion.
SÉANCE DU 12 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
V. iedocicur Laennec (Uo Nnites) se porlo randiJat au tilro de correspondant
lutiooal daiu Ja division de médecine.
MM. les docteurs Bertrand [de Toulon) et Dutard (do GliAtillon-sur-Lolrc)
eBTuieot àûs.PUt cachfU» donl le dépôt ect accepté.
M. \ioltt, médecin m La ViileJieu-du-Clain (Nièvre), adresse un mêmoini
iakpriffl« sur an mode parlieulier de traitement de la euette miliaire,
MM. les'doeteuni Toumeux (à Thiel, Allier), DuMau, directeur de l'asile
pablic d'aiicaés d'Armentières (Nord) et Blayae^ médecin-inspecteur des ocqIos
i#hri:^, envoient les relevés des vaeeinalUme ei revaeciiiationM qu'ils ont prali-
qwt) «a 1888 et au commencement de 1889.
M. le docienr Bonnet (d'Auray) adresse un mémoire manuscrit sur Vateœlieme
.iules jeiuu< femmee riehet et bien éUvéee dee campagne» bretonne».
M. Firéoi présente plusieurs mémoires de M. le docteur Henrot sur Yhygiine
le la vtllt de Reim», à l'appui de sa candidature au tilro de correspondant
jiiiunal dans la division de médecine.
M. Kmett Beenter déposo une observation de lèpre, améliorée par l'huile de
tUuUnoogra, faite et réiigde par M. le docteur Mariy (do Saint-Ccrni»,
UaUl,.
M. Cornil fait homma]^ do ses Leçon» »ur Vanalomie pathologique de»
viiTxUi, de» »atpingile» et de» cancer» de Vutéru», recueillies par M. Laffitte
tl M. le docteur Toupet.
M. Buequoy dépose, au nom do M. le docteur Niepee (d'Allcvard), deux obscr-
DtioM d'atphyxie incomplète par le» badigeonnage» du pharynx avec la
cxùUe et une Étude clinique de» eaux tulfureuee» d'Àllevard et de »e» »alle»
iiHhaletion.
M. Rochûrd dépose un rapport do M. le docteur Aubert, médecin-major de
i" classe, sur Ira vaccination» et les revaccination» pratiquées au 23* régiment
dlnfantcrie.
M. Gariel présente une Note »ur un »y»tème d'avertit»eur de t'atphyxie par
i'txiMe de carbone, imaginé par M. Racine.
H. Dujardin-BeaumetM présente un malade atteint do rétréciuement de
tttùpKage, 0|téré ttvec succès par MM. les docteurs Fort et Brochin a l'aide du
f>roccdé é'clectrolyso uréthralo découvert par lo premier.
Commissions de prix pour 1889. — Prix de VAcad^-
mi>. — MM. Marey, Luys, François-Franck.
Prix Alvarenga. — MM. Peler, Besnier, Robin.
Prix Barbier. — MM. Villemin, Le Roy de Méricouit,
Nocard.
PrixBuignet. — MM. Schûlzenberger, Java!, d'Arson-
val.
Prix Capuron. — MM. Tarnier, Guéniot, Budin.
Prix Civrievjs. — MM. Polain, Bouchard, Damascliino.
Prix Daudet. — ÎHyi. Ranvier, Charpentier, Fourniej'.
Prix Desportes. — MM. Laboulbène, Hayem, Vidal.
Prix Godard. — MM. Le Fort (Léon), Labbé, Lanno-
loQgue.
Prix Huguier. — MM. Richel, Cusco, Siredey.
Prix de l'Hygiène de rfin/aucf.— MM. Lagneau, Vallin,
Charpentier, Roussel, Roger, de Villiers.
Prix Laborie. — MM. Larrey, Trélat, Verneuil.
Prix Laval. —MM. Hérard, Jaccoud, Moulard-Marlin.
Prix Louis. — MM. Paul, Dujardin-Beaumelz, Féréol.
Prix Meynot. MM. Perrin, Duplay, Panas.
Prix Monbinne, — Colin (Léon), Bucquoy, Leblanc.
Prix Portai. — MM. Empîs, Lancereaux, Cornil.
Pria? Pourat. — MM. Polaillon, Duval, Laborde.
Prix Yemois. — MM. Brouardel, Trasbot, Proust.
, Onyxis des confiseurs. — Dans un pli cacheté, dont
louverlure est faite sur sa demande et qui date du
^janvier 1881, M. le docleur Poncet (de Lyon) a signalé
Inexistence, chez les confiseurs, d'une variété d'onyxis dâe
lu contact prolongé des mains dans des solutions sucrées.
'') Cos cultures étaient injectées p:t td^mo temps dans le périt lino do cobayes
^' le» faisaient régulièrement périr de It monre.
En particulier, tous les ouvriers employés à la fabrication
des marrons glacés en sont atteints à des degrés divers.
L'affection débute par les parties latérales pour s*étendre à
tout le derme péri-unguéal ; elle est caractérisée au début
par de la rougeur, du gonflement du derme, par des altéra-
tions de Tonale qui s'effrite, devient cassant et prend une
teinte gris noirâtre. Après un certain temps la lésion inflam-
matoire gagne en étendue, en profondeur; la peau s*ulcérc
et forme un bourrelet rouge, oedémateux, parfois très dou-
loureux au toucher, à la pression, puis Tongle se déchausse
et tombe. Les deux doigts les premiers atteints sont le
médius et l'annulaire ; chez quelques ouvriers la lésion
occupe tous les doigts. Les extrémités digitales ont alors
une forme spéciale; elles sont en spatule; celte déformation
devient caractéristique et durable.
Eaux minérales. — Sur le rapport de H. Constantin
Panly l'Académie émet un avis favoraole en ce qui concerne
les demandes d'autorisation pour les sources Reignier,
Saint-Antoine et Lavergne à Saint-Yorre (Allier) et Rosas à
Juvinas (Ardèche).
Tétanos. — M. Verneuil continue la discussion sur la
palhogénîe du tétanos (voy. l'avant-dernière séance). Après
s'être efforce d'établir que le fumier pur, c'est-à-dire à peu
près exclusivement composé de plantes fourragères ou autres,
imprégnées d'excrela équins, peut renfermer le virus
tétanique, il déclare qu'il en est de mémedu fumier répandu
en couche mince à la surface du sol ou mélangé avec la terre
en proportion plus ou moins grande. Pour preuves il donne :
l' le danger spécial des blessures mises en contact avec les
couches superficielles du sol des écuries, des cours de fermes
ou d'auberges, des endroits où les chevaux s'arrêtent, des
routes fréquentées par les bestiaux ou les voitures, ou même
simplement souillées par la terre fumée; 2^ l'extrême facilité
avec laquelle -on rend les animaux tétaniques en leur iiic-
culant la terre recueillie précisément dans les points qui
viennent d'être énoncés, ou tout uniment dans les champs
fertilisés par les «engrais animaux.
A ce sujet M. Verneuil présente un gi*and nombre d'ob-
servations de tétanos, tendant à prouver la virulence de la
terre ; il les groupe en trois catégories : la première est
celle des blessures de cause et de nature diverses, siégeant
sur des parties du corps en contact fréquent, inmédiat ou
médiat avec la terre; la seconde comprend les plaies de na-
ture et de siège divers, .«mouillées par la terre au moment de
leur production ou peu de temps après et, la troisième, les
blessures causées par des agents vulnérants traînant sur la
terre ou servant à la culture. Il reproduit ensuite les preuves
expérimentales de celte virulence de la terre, d'après les
nombreux travaux déjà publiés à ce sujet. La contagion par
l'eau, l'air^ les poussières est encore à l'étude ; mais les
faits recueillis jusqu'ici sont tout au moins en faveur de la
transmissibilité du tétanos par la voie atmosphérique lors-
que l'air est chargé de poussières servant de véhicule aux
germes tétaniques. — M. Verneuil achèvera sa communica-
tion dans la prochaine séance.
Pathogénie de la fièvre. — M. le docteur Roussy,
chef du laboratoire de thérapeutique expérimentale à la
Faculté de médecine de Paris, lit un mémoire étendu sur
les recherches cliniques et expérimentales qu'il a faites sur
la pathogénie de la lièvre depuis plusieurs années et sur la
théorie générale qu'il en a déduite sur la nature et les rôles
physiologique et pathogène des diastases ou ferments solu-
Dles. Parmi les substances élaborées par les cellules de la
levure réduites à l'autophagie, il a isolé la plus active,
celle atii influence le plus les processus de la calorification
animale: la pyrétogénine, coTknme il l'appelle, est une
substance exclusivement organique, spéciale et azotée, blan-
che granuleuse, homogène, facilement volatile, répandant
une odeur de levure ; quelques dixièmes de milligramme
178
N- H
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
15 Mars 1889
par kilogramme d'animal déterminant rapidement, chez le
chien, Taccès de fièvre la plus intense et la plus typique;
cet accès décrit son évolution en neuf ou dix heures et en
trois phases au cours, desquelles se déroulent tous les trou-
bles lonctionnels qui caractérisent Taccès de fièvre palu-
déenne. M. Roussy en décrit les propriétés physiaues et
chimiques; il démontre Qu'elle se comporte absolument
comme une diastase singulièrement énergique. — (Le mé-
moire de M. Roussy est renvoyé à l'examen d'une commis-
sion composée de MM. Sckutzenberger, Armand Gautier
et Hayem.)
Grossesse extra-utérine. — Les deux observations
communiquées par M. le docteur Pinard ont trait^à des
laparatomies pratiqués dans des cas de grossesse exlra-ulé-
rine, des plus difficile àdiagnostic|uer. Elles montrent les
avantages du manuel opératoire suivi : suture du kyste à la
Earoi et abandon^ avec antisepsie^ du placenta ; enfin, les
énéfices que l'on peut et doit retirer en i;iisant usage pour
obtenir celte antisepsie de la solution aqueuse et saturée
de naphtol. — (Le mémoire de M. Pinard est renvoyé à
l'examen d'une commission composée deMM.(2& Villiers,
Guéniot et Polaillon.)
— L'ordre du jour de la séance du 19 mars 1889 est fixé
ainsi qu'il suit :
1" Communication de M. Proust sur un cas d'aïnhum. —
2* Communications de MM. Dujardin-Beaumetz et Nocard
sur la statistique de la rage. — 3"* Suite de la discussion sur
le tétanos (Inscrit: M. Verneuil). — 4" Lecture de M. le
docteur Fredet sur les accidents consécutifs aux morsures
de vipère.
Société médleiae ëe« h6plUMBX.
SÉANCE DU 8 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
M. CADET DE GASSIGOURT.
DE
A propos de la Byrinoo-myëlle : M. Hallôpeau (Discussion : M. D6-
jerine). — De l'inoculation de la rougeole : M. Laboulbène. —
Période contagieuse de la rougeole : M. X. Ctouraud (Discussion :
M. Bevestre). — Transmission des maladies par les consultations
externes : M. Comby. — De la transmission des maladies infec-
tieuses dans les hôpitaux d'enfants : M. Cadet de Oassleourt (Dis-
cussion : M. Serestre). — Un cas de guârison de goitre exopli-
tbalmique : M. Gërin-Bose. — Hèmoglobinurie paroxystique :
M. Hayem. — Un cas de rage inutilement traité à l'Institut Pas-
teur : M. Gërin-Roze.
M. Hallôpeau Si fnbViéj il y a vingt ans, un travail sur une
aflection médullaire qu'il a appelée sclérose diffuse péri-
épendymaire et qui semble se rapporter au type décrit en
Allemagne, et étudié par MM. Debove et Déjerine sous le
nom desyringo'-myélie; il s*agissait, en effet, cliaiquement
de troubles de la sensibilité et d'amyotrophies, et anatomi-
aueiuent de la formation d'une cavité centrale entourée
d*une épaisse couche de tissu scléreux. Il maintient la dé-
nomination qu'il a adoptée pour définir ce processus d'in-
flammation chronique autour du canal central, accompagné
de Iraclus irradiant dans la substance grise et les cordons
blancs et d'épaississement des tuniaues vasculaires. Il ne
s'agissait pas d'une néoplasie,et d'ailleurs la localisation en
anneau autour du canal central, sans nodosités, concorde peu
avec les allures d'un néoplasme glioinateux. M. Joffroy a
lui-même admis la nature inflammatoire de cette lésion.
Quant à la cavité centrale, elle ne résultait pas d'un proces-
sus lacunaire mais d'une dilatation évidente du canal épen-
dymaire revêtu presque partout de son épithélium.
M. Déjerine ne conteste nullement le cas de M. Hallô-
peau, mais est d'avis (|ue Texistence d'un gliome est établie,
dans la syringo-myélie, par les recherches histologiaues des
auteurs allemands. Sur une pièce anatoroique qui lui a été
remise par M. Barth, la nature néoplasique de la lésioi
périépendymaire est manifeste : le néoplasme est pourains
dire énuciéable en bien des points. Ce ne pourrait être h
fait d'un processus inflammatoire. D'autre part le diagno<^
tic basé sur les amyotrophies et la thermo-anesthcsie ave<
conservation de la sensibilité tactile est aujourd'hui de:
mieux établis.
— M. LaôoM/ôène rappelle les inoculations de sang rubêo
lique pratiquées par Home, en 1758, et celles de larmes ei
de sécrétions nasales provenant de morbilleux pratiquées
en 1822, par Speranzza. Ces inoculations ont été positives
et suivies constamment, au bout de huit à dix jours, d'une
rougeole bénigne. Peut-être celte méthode d'inoculations
pourrait-elle rendre des services et mettre à l'abri des
formes graves.
— M. Gouraud a été appelé à se prononcer plusieurs
fuis, en sa qualité de médecin du collège Stanislas, sui
l'époque à laquelle les jeunes collégiens atteints de rou-
geole peuvent rentrer au milieu de leurs camarades, il a dû
se conformer à la circulaire ministérielle, inspirée par une
décision de l'Académie, et qui prescrit une quarantaine de
vingt-cinq jours en pareil cas. Mais s'il est vrai, comme
l'ont dit à la séance précédente MM. Sevestre et Grancher,
que la rougeole cesse d'être contagieuse à la fin de la pé-
riode d'éruption, un isolement aussi prolongé est inutile et
ne peut que porter préjudice aux études. La Société ne
pourrait-elle voter des conclusions sur lesquelles le méde-
cin pourrait s'appuyer en pareil cas.
M. Sevestre, qui est médecin du collège Chaptal, établis-
sement indépendant de l'Université, n'hésite pas à autoriser
la rentrée aes élèves atteints de rougeole dès qu'ils sont
guéris, et, par suite, bien souvent avant le vingt-cinquième
jour.
— ;M. Comby est d'avis que la promiscuité à la consulta-
tion des hôpitaux est une cause puissante de contagion, et
pense que le service de sélection précédemment réclamé
par M, Ollivier pourrait être fait chaque jour par Tinterne
du service auquel incombe ce jour-là la consultation.'Poinl
n'est besoin d'un interne ou d'un médecin spécial. Celte
sélection sera plus facile et plus efficace quand on possé-
dera des salles d'attente spéciales pour la plupart des ma-
ladies contagieuses. Il a établi des mesures de scleclion
analogues au dispensaire de la Société philanthropique et
en a obtenu d'excellents résultats.
— M. Cadet de Gassicourt, en se basant sur la statistique
de l'hôpital Trousseau pour l'année 1888, établit : ^ que la
cause des cas intérieurs n'est ni dans la proximité des salles
d'isolement, ni dans le transport par les gens de service;
2» que cette cause est limportation dans les salles com-
munes de malades venus du dehors et porteurs de maladies
infectieuses non reconnues. En effet, en se bornant à
l'étude de la rougeole, de la scarlatine et de la diphthérie,
on voit que les cas intérieurs ont été plutôt plus nombreux
pour les services éloignés des salles tVisolement que pour
les services rapprochés, et en particulier plus nombreux
dans les services de chirurgie complètement distincts.
Ainsi le pourcentage par rapport au nombre des ïiis a
donné : cas intérieurs :
Rougeole. Médecine : 370 lits. 76 cas, 20 pour 100.
Chirurgie : 96 lits,' 34 cas, 35 pour 100.
Scarlatine. Médecine : 376 lits, 9 cas, 2,i5 jpour 100-
Chirurgie : 96 lits, 20 cas, 11,40 pour 100.
Diphthérie. Médecine : 376 lits, 62 cas, 16,80 pour 100-
Chirurgie : 96 lits, 10 cas, 20,80 pour 100. |
En total : cas intérieurs en médecine, 39 pour iOO;
en chirurgie, 67 pour 100, ,
15 MiRS 1989
GAZETTE HEBDOHâMIRE DE HÉDECINB BT DE CHIRURGIE
— »• H ~ 179
La raison de ces résultats en apparence paradoxaux con-
siste dans ce fait que les malades placés dans les services
de chirurgie sont soumis à un examen médical moins
complet et moins sévère, de telle façon qu'ils séjournent
plas longtemps dans les salles avantd*ètre évacués lorsqu'ils
sont atteints d'une maladie infectieuse; ils sont ainsi Toc-
casion d'une contamination plus multipliée. Le nombre do
cas inlérieurs plus grand pour les salles de médecine éloi-
gnées des salles d'isolement, montre bien également que
c'est par l'importation du dehors et non par transmission
venant du service d'isolement que la contagion s'opère.
D'ailleurs, la plupart des cas inlérieurs se sont toujours
montrés après l'introduction dans les salles communes
d'une maladie infectieuse méconnue. Dans les salles de
teigneux où cette importation ne s'est pas réalisée, aucun cas
intérieur ne s'est produit. D'autre part, pour la diphthérie,
les cas intérieurs n'ont pas toujours été pins nombreux dans
chacun des services de médecine pendant les quatre mois
durant lesquels chaque médecin est chargé à tour de rôle
da pavillon des diphlhéritiques. De ces faits, et de quelques
autres analogues, M. Cadet de Gassicourt conclut que si
risolement, préconisé paf M. Sevesire, est une prudente
mesure, elle est insuffisante; il faut y joindre, comme le
veut M. Grancher, l'antisepsie à chaque lit, h désinfection
de tous les objets contaminés, et surtout il faut organiser
des chambres séparées pour placer les cas douteux lors de
leur entrée à 1 hôpital, et des salles de rechange pour
évacuer les malades des salles communes, devenus suspects
par l'apparition au milieu d'eux d'un cas intérieur.
— M. Gérin-Roze rapporte une observation de guérison
d'un goitre exophthalmique ayant débuté à trente-six ans
chez une femme, et s'étanl accompagné de troubles digestifs
graves. Bien des modes de traitement restèrent d'abord
inefficaces, puis la guérison se montra après l'habitation à la
campagne. La malade s'est mariée, a eu un enfant, et la
guérison ne s'est pas démentie.
— M. Hayem lit une nouvelle note sur l'hémoglobinurie
paroxystique, (Voy. p. 171.)
— M. Gérin-Roze publie un cas de rage inutilement
traita par les inoculations à e Institut Pasteur. Il s'agit
d une jeune fille de seize ans, mordue, le 7 janvier, à la joue
gauche par un chien enragé. Elle fut soumise aux inocula-
tions seize heures après la morsure, et reçut chaque jour
jualre injections, du 9 au i:^ février, puis une injection par
jour jusqu'au 28. Elle éprouva les premiers malaises le
1" février, fut amenée à l'hôpital Lariboisière le 7, et
succomba, après avoir présenté des symptômes manifestes
de rage (cris, convulsion, spasme pharyngien, hyperes-
^".f ®» etc.), le 9 février, environ quatorze heures après le
début des acddents convulsifs. Un petit garçon, mordu la
veille par le même chien, a été inoculé également à l'Institut
rasleur, trente-six heures après la morsure qui siégeait à
1 index; jusqu'ici il ne présente aucun phénomène alarmant.
Jl. uénn-Roze fait remarquer que si le vaccin a étépré^
paré avec tout le sain ifnaginaUCy on devra reconnaître
que, même dans les meilleures conditions (morsure unique,
sans délabrement; début du traitement avant vingt-quatre
neures), il est des sujets réfractaires à une méthode qui
avait donné tant d'espérances.
— La séance est levée à cinq heures et quart.
André Petit.
Société de thérajieiitlqae.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1889.— PRÉSIDENCE DE
M. FERïiET.
Traitement des ulcérations tuberculeuses par le naphtol oami^rè :
M. Femet (Disoutsion : MU. C. Paul, Buoquoy, GreUety). — Trai-,
tement de la coqueluche par l'antipyrine : M. Oabousquet-Labor-
derie (Discussion : M. Femet). ~ Du traite i:ent tërëbentliinè :
M. Brèmond.
M. Fernety connaissant les tons résultats obtenus en
chirurgie, par M. Périer, de l'emploi du naphtol camphré
(naphtol, 1 partie; camphre, 2 parties), a songé à utiliser ce
topique dans un cas de diphthérie et dans deux cas d'ulcé-
rations tuberculeuses buccales. Les fausses membranes
diphlhéritiques, sous Tiufluence de deux badigeonnages par
jour, disparurent rapidement; mais il subsiste peut-être quel-
que doute sur l'exactitude du diagnostic, plusieurs personnes
de Téntourage de la malade ayant présenté après elle des
accidents d'angine manifestement herpétique. — Le pre-
mier malade tuberculeux était un homme adulte atteint de
phthisie pulmonaire et d'une ulcération linguale; celle-ci,
qui résistait au thermocautère enaployé à diverses reprises,
lut notablement modifiée par le topique, mais la mort sur-
vint avant sa disparition «ompléte, du fait des lésions pul-
monaires. L'autre observalion, plus probante, est celle d une
jeune fille de dix-sept ans, soignée antérieurement par la
cautérisation ignée pour un lupus de la gorçe. La cicatri-
sation avait été obtenue; mais, il y a dix-huit mois, Tulcé-
ralion reparut, et il vint s'y joindre une ulcération tuber-
culeuse envahissante de la base de la langue et de l'isthme
du gosier. L'acide acétique au 1/10% préconisé par Bering,
n'ayant pu enrayer les accidents, M. Femet pratiqua chaque
jour un badigeonnage au naphtol camphré, précédé d'une
application de solution de cocaïne pour calmer les vives
douleurs ressenties par la malade; l'amélioration a été sur-
prenante, et, en un mois, la guérison presque complète a
été obtenue. Il est évident qu'un fait isolé ne peut être
sufiisammenl démonstratif; mais il est certain que le naphtol
camphré, employé comme topique, paraît appelé à rendre les
plus grands services dans le traitement des accidents locaux
qui signalent parfois le début de la tuberculose.
M. C. Paul traite actuellement une ulcération linguale,
chez un malade de son service, par le même procédé. En
quinze jours il a obtenu une grande amélioration.
M. Bucquoy a retiré de bons effets, en pareil cas, du
lopique suivant : glycérine, 30 grammes; acide phénique,
20 centigrammes.
M. GreUety rappelle qu'à l'hôpital Saint-Louis on recom-
mande surtout pour les cas analogues l'acide lactique ; mais
son application est très douloureuse, quelquefois même en
dépit de la cocaïne.
— }ll,Dubousquet-Laborder%e emploie, depuis deux ans,
l'antipyrine contre la coqueluche. Il avait en vue tout d'a-
bord de combattre l'élément nerveux, et a pu se convaincre
que le médicament agit également contre le catarrhe et la
spécificité qui constituent les deux autres éléments de la
maladie. Sur 94 cas, il a obtenu 71 améliorations notables;
la durée de l'affection a été diminuée et l'intensité ainsi que
le nombre des quintes rapidement atténués. Jamais il n'a
reconnu aucun inconvénient à ce mode de traitement; dans
aucun cas il n'y a eu d'action sur la fonction urinaire. Chez
deux malades s'est produite une éruption cutanée passa-
gère; rarement les troubles gastriqiues ont obligé à sus-
pendre le traitement, et, d'ailleurs, rimpureté du médica-
ment a paru dans ces cas devoir être incriminée. Il a
prescrit rantipyrine à la dose de 30 centigrammes à 1 gramme
pour les enfants d'un à trois ans, et à la dose de 2 à
180 - N» 44 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE!PE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
15 Mabs 1889
4 grammes au-dessus de trois ans. En faisant dissoudre
Tantipyrine dans l'eau de Vais ou de Vichy et ajoutant un
sirop quelconque on la fait accepter très facilement par les
enfants les plus délicats. Elle est, d'ailleurs, très bien sup-
portée par les petits malades.
M. Fernet est surpris que Ton n'observe pas la diminution
de la sécrétion urinaire signalée chez les adultes, même en
l'absence de toute altération rénale.
M. Dubousqtiet'Laborderie n'a jamais constaté rien de
semblable, bien qu'il ait recueilli soigneusement les urines
dan^ une dizaine de cas.
— H. Brémond lit une note sur de nouvelles recherches
sur l'influence du traitement térébenthine sur la richesse
du sang en oxyhémoglobine chez les anémiques, et sur
l'activité de la réduction de cette substance.
— La séance est levée à cinq heures trois quarts.
André Petit.
REVUE DES JOURNAUX
MÉDECINE.
»« la Béphrito eovséeadvo à la varicelle, par M. UnGER. —
L'auteur a observé sept cas de varicelle, suivie de néphrite du
sixième au douzième jour de Féruption. L*urine contenait plus
ou moins d'albumine, avec des cellules épithéliales du rein, des
cylindres épithéliaux et des leucocytes. Peu de symptômes géné-
raux. Une fois cependant, la fièvre fut élevée (^,b), et en outre,
il y eut des douleurs rénales, de l'œdème de la face et des pieds,
des Vomissements et de la dyspnée ; la convalescence fut longue,
li'aùteur considère ces néphrites comme étant de' nature
catarrhale,desquamative, déterminées par une irritation spécifique
du virus de la varicelle. Elles peuvent devenir parenchyroateuses
chez les sujets dont la nutrition est affaiblie. Il est indiqué
d*examiner les urines dans la varicelle, car fréquemment cet
examen sera positif. {Wiener medicinische Presse, 7 octobre
1888.)
»ésiofe«tt4»« des vele« r«apira|laira«, par M. le professeur
EiCHHORST. — Les inhalations térébenthinées recommandées par
Skoda dans les bronchites putrides et la gangrène pulmonaire
sont rarement supportées par les malades à cause des douleurs
de tête et des vertiges qu'elles provoquent. L*auteur a expéri-
menté le myrlol, sous forme • de capsules gélatineuses de
15 centigrammes, et a été frappé par la rapidité de son action.
Une heure après l'absorption d une capsule on en trouve Todeur
dans Tair expiré. L'auteur rapporte l'observation de quatre
malades, épuisés par une expectoration fétide, au point qu'il a
fallu les isoler, et chez qui la désinfection des voies respiratoires
a été rapidement obtenue. 11 convient de prescrire deux
capsules toutes les deux heures. Chez un tuberculeux, malgré
Tusage du myrtol, le nombre des bacilles a augmenté de plus en
plus dans les crachats. Ce médicament est donc sans action sur
leur développement et leur extension. {Wiener medicinische
Presse, 14 octobre 1888 )
»o raeloa antipyrétique de la ptiénaeétlae, par M. Armin
HuBER. — L'auteur rend compte des expérimentations faites
dans le service de M. Eichhorst, avec la phénacctine, substance
sans odeur ni saveur, insoluble dans l'eau et le vin. Prescrite à
la dose de 1 gramme par jour, et en une fois, elle abaisse la
température au bout d*une heure ; son action est annoncée par
une forte transpiration; rabaissement de la température persiste
de cinq à sept heures, et chez les tuberculeux toute la journée.
Ni collapsus, ni vomissements. Elle a été employée avec succès
dans toutes les affections fébriles: tuberculose, fièvre typhoïde,
rhumatisme articulaire, pneumonie, endocardite ulcéreuse. Dans
ceHains cas elle a produit l'apyresie vainement cherchée par
Tantipyrine, à laquelle elle est préférable dans beaucoup de
circonstances. {Corresp'ondenz-Blatt fur Schweizer Aerzte^
n« 18.)
KiaBlbème preToqaé par le aaiffeaal, par M. EngELMANN.—
Il s'agit d'une malade atteinte de métrite chronique et do
dysménorrhée qui, après, avoir fait longtemps usage de chloral
contre l'insomnie, prit un soir 2 grammes de sulfonal. Le
sommeil ne fut pas obtenu, mais le lendemain elle eut la poitrine
couverte d'une éruption scarlatiniforme, accompagnée de vives
démangeaisons. Vers la fin de la journée, 1 éruption avait disparu
de la poitrine pour occuper les deux bras. Elle pâlit le troisième
jour pour disparaître graduellement. {SHunchener medicinische
Wochensclirifty n* il.)
»e raatipyriae daaii la laryngite «IrMalevae, par M. Mox-
tagu-Percival. — L auteur recommande de donner aux enfants
10 centigrammes d'antipyrine toutes les heures; les troubles
respiratoires ne tardent pas à se calmer, et les enfants à s'en-
dormir. Une seule fois, il fut obligé d*élever la dose à 25 centi-
grammes pour couper un accès. {Lancet, 17 novembre 1887.)
0ar on eas ««latexieaUen parle aolfenal, par M.Bornemann.
— Il s'agit d'un morphinomane chez qui on essaya de remplacer
la morphine par le sulfonal pour procurer du sommeil. On pres-
crivit ce dernier h des doses progressives de 2, 3 et i grammes,
avec addition ou non de petites injections de morphine. Le
sommeil ne fut pas obtenu, mais le malade fut pris de tituba-
tion comme un homme ivre. Même incoordination des mouve-
ments des membres supérieurs; le malade ne pouvait tenir un
verre pour boire. L'ataxie des membres fut telle qu'il dut rester
couché; il avait en outre de ladiplopie et des troubles psychiques
qui lui faisaient croire qu'il avait deux tètes, et deux bras du côlc
droit. Aucun trouble respiratoire ou circulatoire, ni des sécré-
tions. Ces phénomènes ataxiques ne disparurent que six jours
après la suppression du médicament. Cette ataxie est d'origine
centrale, et d'après les expériences de Kast, a son point de départ
dans récorce grise du cerveau. {Deutsche medicinische Zeitung^
n» 95.)
. ee la valeur de la eaeelMiHve en tkéra^ealNiae et •■
hyci^ne, par MM. Thomas Stevenson et L.-C. Woolridge. —
C'est surtout au point de vue de son utilisation en hygiène que
les auteurs ont expérimenté, laissant de côté la question de la
toxicité de cette substance qui a été étudiée auparavant. Néan-
moins, ils proclament sa non-toxicité après avoir alimenté dos
chiens avec cette substance. Ils ont plutôt cherché à déter-
miner son influence sur les fermentations, constatant que par
son mélange au centième avec la fibrine, elle n*en retarde pas la
digestion par la pepsine; mais que 20 centièmes de saccharine
ralentissent les phénomènes de peptonisation. Ils ont noté que
la fermentation urinaire était retardée.
Pour contrôler ces expériences tu vitro, il fallait administrer la
saccharine en mélange avec les aliments. A cet effet, ils ont
nourri deux chiens de même poids avec une même ration de
viande; l'un ingérait simultanément de la saccharine, l'autre
recevait la viande seule. Cinq heures après le repas on sacrifiait
ces animaux et on constatait la chymification de 30 pour 100 des
aliments chez celui qui avait ingéré la saccharine. Ce chiffre
était de 33 pour 100 pour l'animal ayant ingéré la viande seule.
La saccharine employée était la saccharine soluble dont le pou-
voir sucrant est supérieur à celui de la saccharine pure du
commerce. Ces expériences tendraient à prouver que l'usage
modéré et que les doses minimes de ce médicament sont sans
inconvénient. {The Lancet, p. 938, 17 novembre 1888.)
15 Mars 18S9
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 11 — 181
BIBLIOGRAPHIE
Iseas d'arihropatbie taMtIqae sapparée (Contribution
à réiadc dé Tarthropathie des ataxiques), par A. HossÊ,
chargé de cours clinique à la Faculté de Montpellier.
Chacun sait combien sont rares les cas de suppuration
dans les arthropathies tabétiques... Aussi, qnand une
semblable lésion est constatée, remet-on sur le tapis h
fameuse question de l'entité nosologique de rarthropathic,
el cherche-t-on à voir daus ces manifestations si fréquentes
du tabès autre chose qu'un trouble trophique imputable à
la sclérose des cordons postérieurs.
H. Hossé, à propos d un cas de suppuration de l'articu-
lation du coude chez un tabétique, a rait à la Société de
médecine et de chirurgie pratiques de Montpellier la com-
inttoication la plus intéressante et la plus remarquable.
les idées du savant médecin de Montpellier nous sont
trop chères pour que nous ne cherchions pas à donner
aux lecleuns de la Gazette hebdomadaire un compte
rendu aussi fidèle que possible de cette importante com-
munication.
Sans rapporter ici Tobservation même résumée du
malade, nous dirons qu'il s'agissait d'un sujet arrivé à la
période cachectique d'un tabès dont le début rtimontait à
plus de vingt ans, encore torturé par des crises doulou-
reuses intenses de la nature de celles qui se montrent aux
premières périodes de l'ataxie. Un jour, au déclin d*unc
crise prolongée, le malade se plaint du coude droit qui, du
soir au matin, est devenu énorme.
A l'examen : KYdarthrose considérable, laxité anormale
des surfaces articulaires, craquements faisant admettre
l'existence probable d'arthroptiytes mobiles. Aucune réac-
tion pendant douze jours, exploration peu douloureuse et
relativement facile. Au bout de douze jours, pneumonie,
fièvre, état ^^néral grave. On redoute la suppuration de
rarlhropatbie* Mprt en quelques jours. A Tautopsie, sup-
puration et lésions multiples caractérisées par des lésions
destructives des ligaments et cartilages articulaires, et en
même temps par des lésions osseuses à type prolifératif
dont M. Mossé toute d'établir la nature et la palhogénie.
Tautcur commence à établir le diagnostic nosologique
des lésions articulaires observées chez son malade.
Il s'agit bien d'une arthropathie imputable au tabès : le
mode d apparition et l'évolution des symptômes ont donné à
Tarthropathie une physionomie spéciale telle que la fixée
M. Charcot. M. Mossé ajoute même deux remarques très
ioléressantes : L'arthropathie s'est montrée à la fin d'une
cme de douleurs fulgurantes intenses prolongées. Enfin,
le« Umns ostéo-articulaires existaient au coude avant
h tuméfaction pathognomoniaue.
Le diagnostic positif établi, H. Mossé attribue avec beau-
coup de raisons* au mauvais état général, créé par la
pneumonie, la suppuration qui a envahi l'articulation; il
repousse l'idée d'une arthrite simplement infectieuse ou
d'une arthrite sèche suppurée. Ces deux points acquis,
hauteur aborde la question encore si controversée de la
nature et des formes de l'arthropathic tabétique.
On sait (]uc deux opinions ont cours sur la nature de ces
arthropathies. Pour les partisans de la première, Tarthro-
palliic des ataxiques n'est qu'une arthrite déformante
chronique tout au plus modifiée dans son aspect par le
labes; c'est la manière de voir, défendue parla plupart des
médecins allemands cl acceptée en partie en Angleterre.
La seconde opinion est celle du professeur Charcot.
*>olre maître l'a défendue avec tant d'éclat dans ses leçons
.^^ dans ses écrits, que nombre de médecins ctran-
pi^, Hulchinson-Macnamapa, Barwell-Buzzard en Angle-
^•^rrc-, Rottcr, Sonnenbourg, Bernhardl en Allemagne,
sont aujourd'hui gagnés à l'opinion du chef de l'école fran-
çaise.
Parmi les médecins qui n'acceptent pas complètement
les idées de M. Charcot, tous ou presque tous tombent
d'accord que cette complication de 1 ataxie se sépare, par
son allure clinique, de l'arthrite déformante. La contesta-
tion résulte de Tétude des lésions anatomiques.
Pour les cas de M. Charcot, caractérisés par la disloca-
tion, Vathrophie'des extrémités articulaires : pas de doute.
Ces lésions sont complètement différentes des lésions de
l'arthrite déformante. .
Malheureusement on a trouvé chez des tabétiques (obs.
de Panne, Soc. anal., février 1886) des lésions rappelant
assez exactement l'aspect de l'arthrite sèche ordinaire :
f réductions osseuses, ecchondroses, arthrophites, anky-
ose, etc.
Entre ces deux types extrêmes (type atrophique do
M. Charcot) et le dernier (type hypertrophique) il y a
une foule d'intermédiaires se présentant parfois chez le
même malade, parfois même sur le même os. Comment
expliquer cette coexistence de lésions qui paraissent appar-
tenir à deux maladies si différentes?
Le plus simplement du monde, pour M. Mossé, si l'on
veut admettre ses propositions :
L'arthropathic tabétique {Joints CharcoVs disease^
maladie de Charcot) est une entité pathologique résultant
d un trouble trophique d'origine spéciale ou nerveuse ; à ce
point de vue, elle mérite d'être rapprochée des autres
coinplicitions d ordre trophique observées chez les ataxi-
ques.
Les lésions macroscopiques se rattachent à trois types :'
a. Le type classique ou atrophique. Atrophie, usure,
disparition d'une partie plus ou moins considérable des
surfaces articulaires des ligaments : fractures, luxa-
tions, etc.
b. Le type hypertrophique. Augmentation de volume des
épiphyses, stalactites osseuses, etc.
c. Type mixte. Coexistence des lésions prolifératives et
destructives à des degrés divers. Ce dernier type est peut-
être le plus fréquent. Celui décrit par M. Charcot est le
plus caractéristique.
Paul Berdez.
La folle ehes les eAfants, par le docteur Paul MoBEAU
(de Tours), membre de la Société médico-psychologique.
i vol. in-13 de la Bibliothèque scientifique contempo-
raine. — Paris, 1888. J.-B. Baillière et lils.
Les manigraphes du commencement du siècle ne s'arrê-
tent guère à l'étude de la folie chez les enfants. La vérité
est qu'ils y croyaient peu ou qu*ils l'avaient rarement obser-
vée. Esquirol résumait son opinion sur le sujet dans la
phrase suivante : c L'enfance e.st à l'abri de la folie, à moins
qu'en naissant l'enfant n'apporte quelque vice de confor-
mation, ou que des convulsions ne le jettent dans l'imbéci-
lité ou l'idiotie. > Ce que l'illustre médecin de Charenton
enseignait au nom de la clinique, Broussais le confirmait
en s'appuyant sur l'observation physiologique, c Les en-
fants, écrit-il en 1828 {De l'irritation et de la folie.
l'*> édit. p. 335), sont peu susceptibles des folies par causes
morales, parce que les impressions sont moins durables
chez eux que chez les adultes; mais l'intensité de ces im-
pressions peut suppléer à leur durée : d'ailleurs, il est
quelques enfants qu'un développement prématuré de l'en-
céphale rend susceptibles d'une mélancolie capable de les
conduire aux aliénations mentales. >
Depuis, en y regardant de plus près, on a constaté que la
folie^ sans être très fréquente chez les enfants, n'était pas
aussi rare que le pensaient ces observateurs. Avec le temps,
182 — N* H —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÊDEGINfi ET DE CHIRURGIE
15 Haas 1880
des faits cliniques nombreux — quelques-uns même extra-
ordinaires— se sont accumulés, et il a fallu se rendre à
Téndence : les enfants ne deviennent pas seulement imbé-
ciles ou idiols, ils sont sujets, dans certaines conditions
étiologiqnes, à devenir aliénés ; ils sont € susceptibles >
des formes de folie les plus variées, comme les adultes.
Les nombreux travaux qui, en France comme à Tétran-
ger, ont mis cette vérité bors de doute, ont été admirable-
meut résumés et condensés dans Touvrage quo vient de
publier M. Paul Horeau (de Tours). L'intéressante mono-
graphie dont il a enrichi la € Bibliothèque scientiOquo
contemporaine » est divisée en trois parties. Après un
court historique, Tauteur aborde Tétude des c;vuses de la
folie chez les enfants : il les divise en causes morales et
causos physiques. Une objection se présente naturel lement
à Tesprit, lorsqu'on lit le paragraphe consacré à Tétude des
causes morales générales. L'hérédité peut-elle être consi-
dérée comme une cause morale? N'est-elle pas la cause
physique par excellence, celle dont dépendent toutes les
autres, et en particulier le tempérament que M. Moreau (de
Tours) classe dans la catégorie des causes physiques géné-
rales? En sa qualité de cause prédisposante, l'hérédité
joue le rôle principal dans Tétude de l'étiologie de la folie
chez les enfants et, à ce point de vue, elle doit être consi-
dérée comme la cause primordiale, et ne pas être confondue
avec des causes morales générales, telles que l'imitation,
l'influence des mœurs, l'éducation, etc.
Après l'hérédité, les causes qui jouent le plus grand rôle
dans la production de la folie chez les enfants sont certes
celles que notre auteur a décrites sous le titre de € causes
physiques dépendant de l'individu >. Il s'asit surtout de
certaines affections aiguës, la miéningite, I hydrocéphalie
aiguë, la scarlatine, la fièvre typhoïde, les fièvres intermit-
tentes ; puis les traumatisnies, les vers intestinaux, les vices
de conformation du crâne, etc.
Dans la deuxième partie, consacrée à l'étude des formes,
l'auteur étudie d'abord les formes purement nerveuses : les
convulsions» l'éclampsie, les tics, etc. Le chapitre suivant
est sans contredit le plus intéressant : il étudie les formes
purement psychiques. On y peut suivre la description de
tous les troubles intellectuels et moraux qui atteignent
Tcnfançe, depuis les simples terreurs nocturnes jusqu'à
ridiotie la plus complète et au crétinisme, en passant par
la manie, la mélancolie, la folie à double forme, les folies
hystérique, épileptique, choréique, etc. Celte lecture est
rendue plus intéressante par les nombreux faits cliniques
— personnels ou empruntés aux auteurs — dont M. Moreau
(de Tours) a illustré ses descriptions.
La dernière partie traite du diagnostic, du pronostic, des
conséquences médico-légales, et se termine par un chapitre
intitulé: Sfiins et/mesures de protection* L'auteur donne
en quelques pages certaines règles prophylacli(^ues pour
« lutter avec avantage contre les prédispositions lâcheuses
qui planent sur certains individus et qui en quelque sorte
président à leur destinée morale et intellectuelle. Fortifier
le corps tout en imprimant une saine direction aux facultés
psychiques, telle est la loi qui prime toutes les autres. ^
Nous terminerons sur cette phrase l'analyse d'un livre
qui mérite d'être lu, non seulement par les médecins alié-
nistes, mais surtout par les praticiens. Ils y puiseront des
renseignements et des conseils qui leur seront d'un fré-
quent secours dans leur clientèle.
Anl. RiTTi.
Études sua l'uystiîrië infantile, par M. Clopatt.
Travail publié en Finlande, mais dont les éléments ont élô
en majeure partie recueillis dans tes services de MM. Charcot,
Bourneville et Grancher. Il comprend Tanalyse de 272 obser^
rations d'hystérie infantile. C*esl de sept à treize ans qu'elle se
.montre le plus souvent; le nombre des Glles atteintes est
S eu prés double de celui des garçons. Chez un grand nombij
e petits malades on trouve des tares nerveuses chez la
ascendants. Le déhut de la maladie est souvent amené paruq
émotion, une frayeur; l'imitation joue aussi un grand ri4
sous ce rapport. On Ta vue survenir à la suite de maladie
fébriles aiguës, et à la suite de traumatismes, chez des sujet
alteinls de la c diathèse des contractures».
M. Charcot a fait connaître un cas d'hystérie à la suite en
séances de spiritisme, et un autre chez un collégien qui (•qi
des attaques convulsives après avoir été hypnotisé par drua
de ses camarades. Dans la description que aonne l'autour di
Tenfant hvstcrique, nous relevons la phrase suivante emprnih
tée h M. Jules Simon et qui en est pour ainsi dire le résumé:
c Les jeunes hystériques pratiquent volontiers le mensonge,
et jouent d'instinct la comédie. > — L'auteur étudie ensuae|
les troubles de la sensibihté, de la motilité, du système vaso-
moteur et des sécrétions chez l'enfant. A propos des zones
hystérogènes il montre que le testicule chez les jeunes garçons
joue le même rôle que l'ovaire chez les jeunes filles, pour
provoquer ou interrompre les attaques. A propos du diagnostrt
il rappelle que M. Charcot a employé le bromure de potassiuRi'
pour la distinguer de l'épilepsie; par des doses croissantes f\\
prolongées, les crises épileptiques sont éloignées, tandis qu'elles;
sont sans action sur les attaques d'hystérie. Le pronostic est en
général favorable chez l'enfant ; il importe d'Isoler le malade iltfi
son entourage habituel. La suggestion hypnotique a pu êirr|
employée avec avantage dans la forme couvulslve. L'Iijdrolhè
rapie et réieclricilé, statique ou farad Ique sont d une' grande
utilité. L'^application de la glace et la compression sur les zones
hystérogènes, ovarienne et testiculaire arrêtent les attaque».
11 importe de ne pas recourir à un traitement actif des con-
tractures, sous peine d'aggraver le spasme musculaire.
L'année médicale (1887), publiée sous la direetion de M. le doc-
teur BoURNEviLLB. —- Paris, 1888, Lecrosnier et Bahé.
Vannée médicale pour i887, publiée sous la direction dt"
M. Bourneville, a paru vers la do de Tannée dernière. Ce nou-
veau volume a été accueilli avec^la même faveur que ses aines
car il remplit bien son but qui est de résumer les progrb
accomplis pendant Tannée dans les sciences médicales, c Les
lumières grandissantes des doctrines microbiennes > jellent
chaque jour des clartés nouvelles sur Tétiologie des maladies
infectieuses, et les recherches faites sous l'influence de ces
doctrines ont été des plus fructueuses cette année. On trouve
dans ce volume le résumé des études récentes sur le bacille do
la lièvre typhoïde, de la diarrhée des enfants, sur la transfni:>si-
bilité infectieuse du tétanos, sur le microbe pathogène de h
fièvTe jaune, etc.; il n'est pas sans utilité de trouver réunis, eu
quelques pages écrites avec clarté, tous ces importants ira-
vaux. On y trouve aussi l'analyse oes leçons de M. le profes-
seur Charcot sur Taphasie, les amyotrophies, Thysléric cIh'z
Thomme, etc. Nous aurions bien des chapitres inléressanls à
signaler encore, tels que le suhstauliel article Sur Jes progrès
de ToplUlialmologic, mais nous ne pouvons noros jélendre davan-
tage sur ce livre qui (jar su nature même échappe à Tnimlvsr,
et qui sera lu avec fruit par tous ceux qui suivent avec intcnl
le développement des connaissances médicales. ^
En. W.
V.\KIÉTÉS
i.ES coNcouns d'acrécation.
Lorsque parut, il y a deux ans, la décision qui inodiiiail
le statut de l'agrégation, nous avons longuement exposé !»'>
motifs qui nous faisaient craindre que les réformes annon-
cées ne fussent point de nature à rendre meilleur le recru-
tement des professeurs de nos Facultés. Les impressions qu a
laissées le concours d'agrégation de médecine et les inci-
dents qui marquent le début du concours iTagrégalion ne
chirurgie semblent prouver que nos craintes étaient mal-
heureusement justifiées.
Personne n'ignore plus aujourd'hui que des dissentiment^
profonds entre les membres du jury d'agrégation de médc-
13 Mars iS89
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÉDECmE BT DE CHIRURGIE
N' Il — t83
eine ont provoqué des discussions assez vives et vont sans
doute motiver de divers côtés soit des rapports officiels, soit
des propositions officieuses destinées à faire changer une
fois encore le programme de ce concours. Nous n'avons pas
àinsisterdès à présent sur ces ({ucstions qui ne seront que
trop débattues dans un prochain avenir. Mais nous devons
dire tout notre sentiment au sujet de la mesure que vient de
prendre le juiT d'agrégation de chirurgie et qui a déjà donné
lieu non seulement à des protestations mais même à des
lettres ministérielles presque comminatoires. Pour bien
faire comprendre la pensée qui a dicté cette mesure, il nous
parait utile de reproduire encore les arguments que nous
avons tant de fois déjàopposés aux dernières réformes.
Le concours d'agrégation, disions-nous, a pour but de
sassurerque les candidats au titre de professeur sont ins-
Iruils, aptes à renseignement public et au rôle d'examina-
tear qu'ils auront à remplir, enfin pourvus de litres scien-
tifiques démontrant tout à la fois leur intelligence et leur
activité. L'épreuve de trois quarts d'heure après trois heures
(/e préparation peut servir à démontrer que les candidats
sâTent bien faire une leçon publique, elle démontrera de
plus, si cette leçon est pré{)arée sans le secours de notes ou
de livres, qu'ils sont instruits et dès lors en état de bien faire
passer les examens qui constitueront une bonne partie de
leur lâche universitaire. En modifiant cette énreuve et
en posant en principe que c le candidat pourra s aider des
ouvrages désignés par le jury », le Conseil supérieur de
rinslracUon publique est allé à rencontre du sentiment
fresque unanime des professeurs de nos Facultés.
eux-ci, lorsqu'ils ont eu à réglementer le concours
d'agré^tion de médecine, ont habilement tourné la diffl-
culte, lis ont choisi le tex»** '*e la plupart des questions
tirées au sort, de telle façon que celles-ci ne pussent se
trouver traitées in extenso dans aucun des ouvrages de mé-
decine mis à la disposition d^s candidats. Et cependant, il
a été reconnu que, jadis tr^<« ^v*illantes, ces leçons avaient
été moins bonnes celte *? -'^e que dans les concours
précédents.
Le jury du concours de chirurgie a été plus radical.
Désireux de faire traiter par les candidats des sujets pra-
tiques, développés dans la plupart des ouvrages de chi-
rurgie, il s'est dit qu'un chirurgien qui ne saurait, sans le
secours de livres, parler sur les fistules pyo-stercorales, les
blessures de la vessie ou les pseudarthroses, ne serait point
digne du titre d'agrégé, et il n'a voulu, dès lors, mettre à la
disposition des candidats que des ouvrages leur permettant
de retrouver rapidement, soit, à propos d'une tumeur, un
d;tail de structure hislologique, ou bien, à propos d'une
rt'gion, quelques données analomiques précises.
Nous n'irons point jusqu'à soutenir, quelques-uns des
ouvrages choisis semblent prouver le contraire, que le jury
n ait pas voulu affirmer surtout son désir de protester contre
l6 règlement qui lui était imposé. Mais cette (irotestation
Çit légale; elle ne saurait, quoi qu'on en dise, faire annuler
J6s premières épreuves du concours. Elle aura peut-être
pour résultat d'appelerl'attention du ministère sur la néces-
sité d^abroger un règlement que la plupart des Facultés
avaient condamné et qui leur a été Imposé par le Conseil
supérieur de l'Instruction publique. Quant aux autres
épreuves du concours d'agrégation, nous aimons à espérer
^l^ elles seront modifiées à leur tour. Ce qui vient de se
passer prouve jusqu'à l'évidence qu'il faut aviser rapide-
ijsnl à une réforme plus complète de tous ces concours.
j'ous aurons prochainement l'occasion de discuter plus
'oûguement cette question, qui intéresse à un si haut degré
^<>" seulement l'avenir de notre enseignement supérieur,
J^ais encore la réputation de loyauté et de justice qui ne
devrait jamais manquer à nos concours.
NÉCnOLOGlE : CHARLES MARTINS.
Charles Martins, qui vient de mourir à Paris, après avoir
été l'une des gloires de l'Ecole de Montpellier, était un de
ces hommes éminenls dont la vaste intelligence sait com-
prendre l'utilité de connaissances encyclopédiques, et qui
deviennent de plus en plus rares aujourd'hui au'une spé-
cialisation hâtive et exagérée détourne les médecins des
études de philosophie médicale et de médecine compara-
tive. Ses travaux scientifiques, ses voyages, son talent de
professeur et d'écrivain lui avaient créé une situation excep-
tionnelle. Il recevait à Montpellier, dans cet admirable Jar-
din des plantes, qu'il avait presque créé, l'élite des savants
européens, avec lesquels il était en relations suivies. Tous
ceux qui l'y ont connu gardent à sa mémoire le plus respec-
tueux souvenir.
Charles-Frédéric Martins est né à Paris le 6 février 1806.
Successivement interne à Bicêlre, à la Pitié et à Saint-
Louis, premier prix de l'Ecole pratique en 1833 et docteur
en médecine en 1834, il ne tarda point à s'adonner plus
spécialement aux études d'histoire naturelle. Reçu agrégé
en '1839, il suppléa Achille Richard à la Faculté de méde-
cine et Constant Prévôt à la Sorbonne. Quelques années
plus tard (1851) s'ouvrait un concours pour la place de pro-
fesseur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de
Montpellier. Martins y fut reçu et se préoccupa dès lors de
faire profiter ses élèves, dont plusieurs devinrent des maî-
tres incontestés, des connaissances étendues qu'il acquérait
par ses recherches personnelles, ses voyages d'exploration,
ses travaux de laboratoire. Les relations de ses voyages au
Spitzberg et eu Laponie, de son ascension scientifique au
Mont-Blanc avec Bravais (1844), de ses excursions dans les
Alpes et les Pyrénées, en Asie Mineure et en Algérie, sont
justement célèbres. Il serait difficile de mentionner, même
par leurs titres, tous les mémoires insérés par Chartes Mar-
tins dans les Annales des sciences naturelles, les Annales
de physique et de chimie^ les Bulletins des Sociétés géolo-
gique, botanique et météorologique, V Annuaire météoro-
logique, fondé par lui en 1849, avec Ilaegens et Bérigny,
les Mémoires de V Académie des sciences de Montpellier,
la Bibliothèque universelle de Genève, la Revue des Deux
Mondes', etc. Nous ne citerons donc ici que ses principaux
ouvrages; mais nous devons une mention toute spéciale à
l'Introduction qu'il rédigea en tête des Œuvres philoso-
phiques de Lamarck, et aux différents articles dans lesquels
il étudia avec tant de sagacité la doctrine de Darwin.
Charles Martins était correspondant de l'Institut (Acadé-
mie des sciences) depuis 1803; associé national de l'Acadé-
mie de médecine, membre de la Société géologi(juc de
Londres, officier de la Légion d'honneur, etc. Voici ses
principales publications :
Sur les principes de laméthode naturelle appliquée à la clas-
sification des maladies de la peau (Thèse de i^iris, 1834) ; (JEit-
vres d'histoire naturelle {\H*dl) traduites de Gœthe ; Causes
générales des syphilides (1838) ; Du microscope et de son ap-
plication à Vétude des êtres organisés (lî^39); Essai sur la
topographie du Mont Ventoux (1838) ; Observations sur les
Glaciers du Spitzberg comparés à ceux de la Suisse (1840) ;
Voyage botanique en Norvège (18H) ; Délimitation des régions
végétales sur les montagnes du continent européen (1811) ;
De la vitesse du son entre deux statians également ou inéga-
lement élevées au-dessus du niveau de la mer, avec Bravais
(i8i5); Le Jardin des plantes de Montpellier (185i); Sur la
température des oiseaux palmipèdes du nord de l'Europe
(1856); Nouvelle comparaison des membres pelviens et thora-
ciques déduites de la torsion de l humérus (1857) ; Du Spitz-
berg au Sahara {\H6b) ] Aignes-Mortes,son passé, son présenty
son avenir (1875) ; ïiilroduction du Conrs complet de Météoro-
logie de Kaemlz (1843); Deux éditions annotées des Eléments
de botanique de A. Richard, etc., etc.
— Nous avons aussi le regret d'annoncer la mort de M» le
184 — N* 11
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRDRGIE
15 Mars 1889
docteur Marsoo, médecin consultant à Salies*de-Bearn et de
MM. les docteurs Desclaux (de Tonneins), Serré (de Bapaume),
Larmoyer (de Gharleville), Sauzè (de la Mothe-Saint-Héraye).
GO^rCOURS D*AGRÊGATION DB CHIRURGIE ET D'ACCOUCHEMENTS. —
La première épreuve de ce concours, épreuve orale de trois
Quarts d'heure après trois heures de préparation, a commencé le
8 mars 1889; elle se continuera tous les jours dans Tordre
suivant, les samedis et les dimanches exceptes :
Chirurgie. — Vendredi 8 : MM. Marchand, Bazy, Broca. —
Lundi 11: MM. Carpentier, Gastex, Nélaton. — Mardi 12:
MM. Poliosson, Goppens, Villar. — Mercredi 13: MM. Watther,
Yallas, Genevey-Montaz. — Jeudi 14 : BIM. Glado, Février,
Gourtin. — Vendredi 15: MM. Barelte, Gangolphe, Rochet. —
Lundi 18: MM. Tufaer, Ricard, Picqué. — Mardi 19: MM. Rou-
tier. Verchère, Phocas. — Mercredi 20: MM. Hartmann, Ménard,
Rochard. — Jeudi 21 : MM. Michaux, Estor.
Accouchements. — Vendredi 22 : MM. lissier, Bonnaire,
Rivière. — Lundi 25: MM. Auvard, Chambrelent, Turgard. —
BIardi26: BiM. Bureau, Doissard, Bar.
MM. Beurnier, Doléris, Lepage, Olivier, Planchard et Potocki
se sont retirés du concours.
Les questions données jusqu'à ce jour sont: 1^ fistules pyo-
stercorales; 2' plaies- de la vessie: 3" du retard et de l'absence
de la formation du cal.
HÔPITAUX DE Paris. — Les candidats du concours qui doit
s'ouvrir le 25 de ce mois pour la nomination à deux places de
chirurgien des hôpitaux de Paris, sont: MM. les docteurs Barelte,
Rournier, Broca, Laslex, Glado, Goudray, Garnier, Guinard, Halle,
Hartmann, JuUien, Lejars, Ménard, Ozenne, Petit- Vendol,
Phocas, Poirier, Remy, Ricard, Rochard, Verchère et Walther.
Le iury, tiré au sort hier matin, se compose provisoirement
de MM. Blum, Desormeaux, Kirmisson, Alarchand, Panas, Péan
et Jaccoud.
GONGOURS POUR L'ADMISSION DE MÉDECINS ET CHIRURGIENS-
ADJOINTS A Saint-Lazare. — Ge concours s*est ouvert le 12 mars.
Sont admis à concourir :
1" Pour les places de médecins: MM. Barthélémy, Brivois,
Buret, Brette, Feulard, Gillet, Lannelongue, de Molcnes-Mahon,
Reuss et M"« Edwards.
2^ Pour les places de chirurgiens : MM. Baudier, Fournel,
Gundelach, Jullien, Ozenne, Verchère et Wickam.
Le jury médical est composé de MM. Balzer, fiudin, Fournier,
Hallopeau, Lancereauz, Le Pileur et Quinouaud.
Le jury chirurgical est composé de MM. Ghéron, Horteloup,
Humbert, Lannelongue, Pinard, Terrillon et Vidal.
Faculté de médecine de Lyon. — M. Lortet, professeur d'his-
toire naturelle, est maintenu, pour trois ans, en qualité de
doyen de ladite Faculté.
Faculté de médecine de Lille. — Par décret, en date du
8 mars 1889, M. Lambling, agrégé, est nommé professeur ai
chimie organique.
Êcoi.B DE médecine d'Amirns. — M. Kayser (Marie-Louis-
Nupoléon) est nommé chef de clinique obstétricale et gyné-
cologie.
GORPS DE SANTÉ DE LA MARINE. — Par décret, en date du
9 mars 1889, ont été promus :
Au grade de médecin principal: M. Gauvin.
Au grade de médecin de V classe : MM. David, Aubry,
Mestayer, Torel, Legrand et Gauthier.
SociiâTÉ MÉDICALE DRS HÔPITAUX (séance du vendredi 22 mars).
— Ordre du jour : }]. de Reurmann : Un cas de mort par
tétanie dans le cours d'une dilatation de rrslomac— M. Huchard :
Sur un nouveau syndrome des maladies du cœur: Tembryocardie.
— Discuss'on sur la transmission des maladies infectieuses dans
les hôpitaux (M. Richard). — M. Debove: Présentation d'instru-
ment. — M. Fernet: Sur une petite épidémie d'entérite choléri-
forme.
Souscription Duchenne (de Boulogne).
MM. Paul Richer
Variot
Balzer
Hippolyte Martin.
Hamy
Babinski .
Septième liste.
20 fr.
25
20
20
50
25
Raymond 25
Dejérine 20
Dumontpallier 20
Daslre 10
Jules Voisin 25
Richelot 20
Routier 10
Mathias-Duval 20
Laboulbène 20
Maygrier 20
Gadet de Gassicourt 20
Gilles de la Tourctte 10
Bouchard 20
Blondeau 20
Hérard 20
Huchard 10
Total
Montant des listes précédentes.
Total général..
i50 fr. >
2887 3i
3337 fr. 31
A cette liste, nous sommes heureux de pouvoir ajouter, en h
signalant tout spécialement comme un touchant hommage rcndi
à Ta mémoire de Duchenne (de Boulogne), la souscription de
internes des hôpitaux de Lyon, adressée à M. le professcai
Gharcot par M. Eug. Loison, doyen des internes des hôpitaux d<
Lyon.
Voici les noms des souscripteurs qui ont adressé une somme
de 70 francs.
MM. Adenol, Audry, Berthet, Bonnet, Bret, Brosse t,
Ghabatier, Chaintre, Gourmont, Guilleret,
Dolard, Dor, Duchesoeau , Durnerin,
Fayard, Lacroix, Loison, Michon, Mollard,
Orcel, Péchadre, Pic, Proby, Rossigneux,
Sigaud, Tellier, Tournier, internes des
hôpitaux.
MM.Bouchet, Ferroud, Levrat, Ollicr, Sales,
Stourrae, internes suppléants 70 fr. »
Total général.. 3iU7 Ir. 3i
Mortalité a Paris (9" semaine, du 2i février au 2 mr*
1889. — Population : 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde, 16
— Variole, 6. — Rougeole, 31. — Scarlatine, 7. — Coque
luche, 2. — Diphthérie, croup, 37. — Gholéra, 0. — Phthisif
pulmonaire, 18*. — Autres tuberculoses, 25. — Tumeurs;
cancéreuses, 41 ; autres, 8. — Méningite, 34. — Congés-
tion et hémorrhagies cérébrales, 54. — Paralysie, II. -
Ramollissement cérébral, 8. — Malad ies or^niques du cœur, 50,
— Bronchite aigué, 35. — Bronchite chronique, 55. — Droncho-
pneumonie, 34. — Pneumonie, 58. — Gastro-entérite: sein, 10;
biberon, 45.— Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. — Autres affections puerpérales, 4. — Débilité con^
génitale, 23. — Sénilité, 34. — Suicides, 13. — Autres mortt
violentes, 6. — Autres causes de mort, 173. — Causci
inconnues, 11. — Total : 1 027.
OUVRAGES DÉPOSÉS AU BUREAU DU JOURNAL
Alm^'iaeh^annuaire des médecitu et pharmaeieni de France pour IsSlt l ^^
de 750 fMigca in-8« jcsiis. Parii, Alcan-Lévy. J
Brochd : Pari*, o fr. ; doparlcmcnts. 2 fr. W
Cartonne : Var'». è fr. 50 ; dcparlciiic iK. 3 fr*]
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
1851)3. — MoTTBROï. — Imprimeries réuiiioi,4, rao MifoeOi 8, P«r»«-
15 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N» H — 185
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
CHIMIE ET PHARMACOLOGIE
hem alvAloIdca de l'halle de foie de monie.
MM. Â. Gautier et Moargues viennent de reprendre
Tétude chimique de Thuile de foie de morue. A la suite
de divers essais de préparation, ils sont arrivés à en retirer
six alcaloïdes (leucomalnes). Leur travail, communiqué à
l'Âcadéoiie des sciences, a plus particulièrement porté sur
l'huile brune ou fauve, c'est-à-dire sur Thuile que Ton
reconnaît généralement comme la plus active.
Le procédé de préparation consiste à épuiser Thuile de
(oie de morue par soit volume d'alcool à 33 degrés, conte-
nant 4 grammes d'acide oxalique par litre. Les liquides
d'extraction sont presque saturés par de la chaux, filtrés et
disiillés à 45 degrés dans le vide. On les met à digérer sur
du carbonate de chaux, puis on les évapore à sec dans le
ride : le résidu est repris par de l'alcool à 90, degrés, dis*
tillé dans le vide, repris par de l'eau, sursaturé de potasse
el finalement repris par de Téther. Il se charge des alca-
loïdes qu'on précipite par l'acide oxalique en solution
éthérée. On obtient ainsi un mélange de 0,350 à 0,500 d'al-
caloïdes secs par kilogramme d'huile de foie de morue.
Le mélange des bases soumis à la distillation fractionnée
se sépare en deux parties :
1* Bases volatiles (butylamine, amylamine, hexylamine,
dihydrolutidine) ;
2* Bases fixes (aselline, morrhuine), accompagnées d un
acide répondant à la formule G^H^^AzO^, l'acide guadinique,
à la fois acide et base.
Les trois premières de ces bases sont déjà connues, les
antres sont nouvelles. L'hydrolutidine appartient à la famille
des bases hydropiridiques.
C'est un liquide incolore, un peu huileux, très caustique,
d'une odeur vive, peu soluble dans l'eau, bouillant à
1^9 degrés, ses sels sont amers. Son chlorhydrate cristallise
ainsi que le sulfate.
La dihydrolutidine est modérément vénéneuse. A faible
dose, elle diminue la sensibilité générale. Dans un prochain
travail, les auteurs se proposent de faire connaître l'aselline
et la morrhuine.
L'huile de foie de morue doit-elle une partie de son
action aux alcaloïdes ci-dessus? La question resté pen-
dante.
Déjà en 1885, M. Ghapoteaut, supposant que l'huile de
morue devait son action à des principes particuliers, a pro-*
posé sous le nom demorrhuoi, le produit obtenu en épuisant
l'huile de foie de morue par de l'alcool et en distillant
le liquide alcoolique : il obtenait ainsi une substance ren-
fermant les principes actifs de l'huile (le morrhuoi) et
douée de propriétés thérapeutiques remarquables {BuU.
thér.y 1885).
Ce remède est bien toléré et absorbé et son action anli -
dénutritive le rapproche de l'action médicatrice de l'huile
de foie de morue (Germain Sée, Du régime alimentaire).
A la dose de 2 à 4 capsules chez les enfants ; de 8 à
10 chez les adultes, le morrhuoi augmente l'appétit, fait
disparaître les troubles digestifs. Ghez les tuberculeux au
premier degré, elle calme la toux, ranime Tappétit, aug-
mente les forces.
Il serait intéressant de rechercher dans ce produit les
alcaloïdes de MM. Gautier et Mourgues.
F. W.
(Extrait de la Tribune médicale.)
186 — N<» 11 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
15 Mars 1889
THÉRAPEUTIQUE
lia Digitale.
La séance du 22 janvier de TAcadémie de médecine a
été animée par une discussion que M. Germain Sée a sou-
levée au sujet de l'emploi médicinal du strophantus et de
la strophanline. La doctrine que le savant professeur a sou-
tenue, très scientifique et très séduisante, invoque une
opinion d'un de nos plus illustres expérimentateurs ; et il
Ta résumée dans une phrase très bien frappée : « Ce sera,
dit-il, l'honneur de la médecine moderne et de la chimie
biologique de substituer, selon la grande idée de Cl. Ber-
nard, partout et toujours, aux plantes sauvages et aux
médicaments empiriques en général, les principes chimi-
ques rigoureusement déterminés. > Si cette phrase est
l'expression d'un vœu, c'est parfait; mais, si elle a la pré-
tention d'offrir une doctrine actuelle et absolue, elle
renferme deux mots, « partout et toujours », qui sont de
trop.
11 est très vrai, nous nous empressons de le reconnaître,
que la tendance à laquelle la phrase de M. Germain Sée
applaudit avec tant de raison, existe, et que nous devons
réunir nos efforts pour lui faire la voie de plus en plus
large. Mais la science n'est pas encore allée jusque-là que
toutes les plantes qui jouent un rôle dans la matière médi-
cale aient répondu aux investigations de la chimie ; et il s'en
faut de beaucoup, malgré l'affirmation très respectable de
M. le professeur Germain Sée, que les alcaloïdes retirés d'une
plante soient toujours supérieurs, comme agents thérapeu-
tiques, à la plante elle-même avec la réunion de tous ses
principes. Souvent même, on le sait, les effets produits par
les alcaloïdes offrent, avec les résultats obtenus par l'emploi
de la plante mère, une différence telle, qu'on ne saurait
hésiter à recourir à cette dernière.
Prenons pour exemple la digitale, notre diurétique le
plus sûr, l'agent le plus efficace de la médication anti-
pyrétique, dont les propriétés ont été confirmées par trente
années d'expérimentation. Si Ton pose cette question :
Doit-on préférer, dans la pratique médicale, les alcaloïdes
delà digitale à la plante mère? un de nos thérapeutistes
les plus compétents, M. le docteur Dujardin-Beaumelz, va
nous répondre : c Dans l'état actuel de la science, vu la
complexité chimique de ces composés et leur action physio-
logique variable, il vaut mieux, en attendant, conseiller
l'usage de la plante mère. »
La réponse est catégorique. Pourtant, les alcaloïdes de
la digitale ont été, sinon trouvés, du moins cherchés et
étudiés avec le plus grand soin par de savants chimistes
et médecins. Mais la digitaline soluble dans l'eau et l'alcool,
la digitaline amorphe et insoluble, et la digitaline cristal-
lisée, ne sont, d'après Schmiedeberg, que des mélanges de
principes préexistant dans la plante ou des corps de décom-
position ; il ne reconnaît comme principes chimiques purs
que les quatre corps suivants : la digitonine, la digitaline,
la digitaléine et la digitoxine, dont les trois premiers au-
raient, d'après Hoppe, des propriétés qui les rapprocheraient
de la plante mère, et dont le quatrième, de six à dix fois
plus actif, n'est pas d'un emploi sans danger. Il résulte de
là que la plante mère se trouve logiquement et nécessaire-
ment attachée à la pratique médicale dans un rang incon-
testablement supérieur à celui des agents tirés de son sein,
jusqu'au moment où la science, isolant ceux-ci nettement,
pourra différencier chimiquement les propriétés diverses
dont la plante jouit et qui, aujourd'hui, peuvent être
considérées comme concourant à l'effet principal pour
lequel elle a été surtout étudiée, à savoir les effets sur le
cœur.
Or ces considérations ont une grande importance. En
effet, l'agent thérapeutique adopté, c'est-à-dire la plante
mère, est un corps très composé, dont les éléments ont
des propriétés chimiques et physiologiques diverses; et il
importe de choisir le mode de préparation qui doit donner
de la manière la plus certaine tout l'ensemble de ces élé-
ments réunis et combinés. Labélonye, dont le mode de
préparation a été adopté dans la dertiière édition du
Codex, se plaçant précisément à ce point de vue, a repoussé
la méthode de l'infusion aqueuse prolongée, qu'on mil
considérée comme donnant le meilleur produit pour l'usage
médical, et il a démontré que la plante doit être traitée
par l'alcool hydraté à 22 degrés, qui, dissolvant l'huile
volatile, la résine et les principes amers, fournit un extrait
hydro-alcoolique, qui, préparé dans le vide, présente asso-
ciées toutes les propriétés de la plante.
Le rapport lu à l'Académie de médecine le 23 janvier
1872, par M. Buignet, a mis hors de contestation que la
solution hydro-alcoolique de digitale doit être la base des
préparations digitaliques; et c'est d'après ce principe quei
Labélonye a créé le sirop de digitale, dont les effets
consunts démontrent qu'il possède réellement toutes
les propriétés de la digitale, produisant chez les hydro-
piques et les cardiaques des effets franchement diurétiques,
se montrant éminemment utile dans plusieurs affections
des voies respiratoires, asthme, coqueluche, hydropisie de
poitrine, etc., déterminant le ralentissement du pouls, cal-
mant les palpitations en rendant les battements du cœur
plus fermes et plus réguliers, etc.; en un mot, donnant
tous les résultats propres à la digitale elle-même.
Pour appuyer ce que nous venons de dire sur la préfé-
rence à donner à la plante mère, dans l'application médi-
cale de la digitale, citons ici le passage suivant que nous
lisons dans le Dictionnaire de M. Dujardin-Beaumelz:
( Dans les maladies du cœur s'accompagnant d'une exsu-
dation aqueuse abondante, suite de la stase du sang dans
le système veineux, la digitale fait disparaître cette sUse
et aide à la résorption des exsudats séreux en régulari-
sant les fonctions du cœur et la distribution du sang », ce
qui révèle évidemment une action aussi complète que pro-
fonde.
(Extrait de l'Union médicale.)
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
18596.
— MoTTBROZ. — Imprimerie» réunies, A, nie Mignon, % P»n5.
TRgNTK-SlXIÉlfR ANMÊB
NM9
n Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LK D' L. UREBOÏÏIXET, RiDACTKUR in chkf
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, B. OIEULAFBT, DBETFUS-BRISAC, FBABCOIS.FBARCI. A. NEROCOUE, A.J. ■ABTIH, A. PETIT, P. BECLUS
Adresser tout ee qui eoneeroe U ridMtUm A M. Lkiiboullet, ii, rue de Lille (ayant le mardi de préférence)
S<)M1IAIR8. — Bulletin. Académie de mcileciae : La prophylaxie de la rage.
-CURIQUI MÉDICALB. Des pleurésie* mélapneurooniques. ~ GoNTRiBUTlONfl
MVRMACCUTIQUBS. Sur la conservalion des solutions pour injections hypo<ier-
oiqucs. — Ri vus DBS cours et dis cliniques. Hospice de la Salpétrièro :
M. le professeur Clmrcot. — Travaux originaux. Anatomie : Sur l'emploi des
ftto.<ilimes pour U consenration des cadavres. •— Hygiène infantile : Du pesage
a^thodtquc dea nourrissons.— SociiTéfl savantes. Académie de médecine. —
Société de chirurgie. — Société do biologie. — Société de thérapeutique. —
RivDi DIS journaux. Chirurgie. — Travaux à consulter. — Bibliographie.
Pictioanairo de Ihcrapculiquc. — De la mensuration des os longs des membres.
- Variétés. Inauguration de l'Écoto du service do santé militaire de Lyon."
BULLETIN
Paris, 20 mars 1889.
Xvaiémie de médecine : L« prophylaxie ée la raige.
Encore une fois rAcadémie vient d'appeler TaUention
des pouvoirs publics sur la nécessité d'exécuter les près-
friptionsde la loi à'i'égard des chiens enragés ou suspects
de rage. Cette nouvelle manifestation du sentiment unanime
des corps savants et des conseils autorisés a-t-elle plus de
chance d'être favorablement accueillie que celles qui l'ont
précédée en si grand nombre? Il est à craindre que non.
Car, cette année, la grande préoccupation administrative en
France est celle du renouvellement électoral de la Chambre
des députés et bien audacieux, bien imprudent serait le
parti politique qui oserait assumer la responsabilité de
telles mesures. C*est là, il faut bien le reconnaître, le
motif impérieux, sinon le plus excusable, qui fera que dans
un an, sur de nouvelles et éloquentes communications de
MM.Dujardin-Beaumelz et Nocard, l'Académie pourra com-
me aujourd'hui, affîrmer d'une part que la loi du 21 juillet
iH81 peut, pourvu qu'on l'applique, diminuer la propor-
tion si considérable des cas de rage, et exprimer le vœu,
d'autre part, qu'elle soit régulièrement et rigoureusement
exécutée. H nous souvient que, l'année dernière, dans une
des grandes villes de France, l'un des maires qui ont rendu
le plus de services à leur cité et qui ont le plus manifeste-
ment accru la vie moyenne de leurs concitoyens par des
mesures d'hygiène habilement prises, ne réussit qu'à grand'
peine à être réélu, parce qu'il avait obligé ses administrés
à tenir leurs chiens en laisse et muselés; nombre de ses
électeurs avaient même trouvé spirituel de remplacer son
nom sur les bulletins de vote par celui d' c Azor > ! N'a-t-on
pas vu réceroment un préfet de police chansonné sur les
lliéàtres et dans tous les carrefours sous le pseudonyme de
* Canicide > pour avoir, en faisant exécuter la loi pendant
^ix semaines seulement, abaissé considérablement le chiffre
«• StaiE, T. wn.
des cas de rage, à telle enseigne que l'Institut Pasteur avait
vu sa clientèle habituelle presque aussitôt diminuée. Tout
cela est connu ; personne n'ignore que de telles mesures
ont supprimé la rage dans plusieurs pays étrangers et Ton
n'en persiste pas moins à s'efforcer de cacher les chiens
enragés ou suspects, à ne les abattre qu'au dernier moment
et à se refuser à prendre les précautions les plus indispen-
sables. Faut-il attendre que l'éducation publique soit faite
ou vaut-il mieux avoir le courage de braver les récrimina-
tions? Le choix n'est pas douteux; mais nous ne savons
s'il ne conviendrait pas aussi de faire largement usage de
l'article du Code qui permet de demander réparation du
préjudice causé, lorsqu'un chien enragé a causé la mort ou
des blessures, par suite de négligence dans l'application de la
loi ou même par absence complète d'exécution de celle-ci.
Ces réflexions que nous suggèrent les communications de
MM. Dujardin-Beaumetz et Nocard nous paraissent d'au-
tant plus plausibles que les résultats obtenus par les
inoculations pastoriennes se confirment de plus en plus.
La statistique présentée par H. Dujardin-Beaumetz pour le
département de la Seine ne laisse plus aucun doute à cet
égard: les années se suivent et la mortalité chez les person-
nes traitées à l'Institut Pasteur continue à ne pas dépasser
1, â pour 100, tandis qu'elle est de 14 à 16 pour 100 lorsque
ce traitement n'a pu être appliqué. On n'en peut que déplo-
rer davantage l'incroyable indifférence du public et de
l'administration à l'égard des mesures préventives que la loi
a si sagement édictées. Aussi resterait-il à savoir comment
on pourrait parvenir à pratiquer la vaccination préalable des
chiens eux-mêmes et c'est la réflexion que plus d'un mem-
bre de l'Académie n'a pas manqué de faire, tout en s'asso-
ciant au vœu qui lui était soumis. La question d'argent est
ici sans importance, puisque cette mesure ne pourrait
qu'augmenter faiblement la taxe déjà établie et qu'elle serait
facilétnent soldée par le budget municipal pour les chiens
appartenant à des malheureux et pour les chiens dits de
garde, dont les propriétaires sont exemptés de tout impôt.
CLINIQUE MEDICALE
Dca plenréalea métapBeamoaiqiicsf.
I
Dans la pneumonie franche, la plèvre est le plus souvent
touchée par le processus inflammatoire; nul ne l'ignore.
Hais parmi les diverses modalités de la pleurite d'origine
is
186 — N* 12
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
iî Mars 1889
pneumonique, deux seulement jusque dans ces dernières
années avaient attiré Tattention. L'une, caractérisée par la
production de fausses membranes fines à la surface du
poumon hépatisé, sans exsudation liquide notable, n'offre
qu'unintérêtanatomique; l'autre, s'affîrmant par la formation
d'un épanchement plus ou moins abondant qui évolue pari
passu avec l'affection pulmonaire, donne lieu à la sympto-
matologie classique de la pleuro-pneumonie. Dans les deux
cas, la lésion pleurale reste au second plan et ne présente
qu'une importance secondaire au point de vue du pronostic
et même de la thérapeutique.
Dans le même ordre d'idées, on pourrait signaler un fait
peu connu, ce semble; c'est que souvent, aa début de la
pneumonie, il se produit dans la plèvre une exsudation puru-
lente très peu abondante, dont l'examen physique permet
de soupçonner et la ponction exploratrice d'affirmer
l'existence. C'est d'ailleurs un phénomène sans grande
signification clinique; car, d'une part, il s'observe aussi bien
dans les formes bénignes que dans les formes graves de la
pneumonie, plus souvent peut-être dans les formes franche-
ment inflammatoires, et, d'auire part, il disparaît au bout
d'un ou deux jours.
Bien plus importants à tous égards, mais beaucoup moins
connus du grand public médical sont les cas où la pleurésie
domine à un moment donné la scène morbide, qu'elle ait
débuté à une période avancée de la pneumonie pour conti-
nuer son évolution après la crise pneumonique ou que,
constituant en quelque sorte une rechute, elle n'ait apparu
qu'après la défervescence de la maladie primitivç. C'est à
ces diverses formes de pleurésie qu'on a donné la dénomi-
nation de métapneumoniques, dénomination que, d'ailleurs,
il ne faudrait pas prendre au sens strictement étymologique.
Signalées en premier lieu par Woillez, puis étudiées par
divers auteurs, notamment en Allemagne, elles viennent de
fournir matière aux recherches de Troisier et de Netter.
Les mémoires de nos collègues ont été communiqués à la
Société médicale des hôpitaux dans la même séance
(23 janvier). Coïncidence heureuse, car la question a été
ainsi étudiée à deux points de vue différents, puisque l'un
de ces travaux concerne les pleurésies séro-fibrineuses et
l'autre les pleurésies purulentes.
II
La note de Troisier ayant été publiée ici même in extensOy
nous ne reviendrions pas sur les idées qui. y sont émises,
n'étaient certaines réflexions qu'elle nous suggère.
Dans la pleurésie métapneumonique, il y a, dit Troisier,
succession de deux actes morbides, le premier pulmonaire,
le second pleural. Rien n'est plus vrai; mais on pourrait
généraliser cette idée, car il n'y a pas de pleurésie primitive,
et toute lésion pleurale d'origine non traumatique suppose
une atteinte préalable du poumon, sous forme de phlegœa-
sie ou de congestion. Que de fois par exemple à l'hypérémie
pulmonaire se superpose un épanchement pleural. C'est
ainsi notamment qu'évolue la pleurésie a frigore que
certains auteurs cherchent si malencontreusement à rayer
du cadre nosologique et qui, pour nous, est toujours consé-
cutive à une congestion pulmonaire, d'abondance variable,
souvent assez peu accusée pour passer inaperçue à un exa-
men superficiel.
Dans ces cas, inflammation ou congestion pulmonaire
d'un côté, pleurésie de l'autre, reconnaissent une même
cause morbide, coup de froid, infections diverses, etc.
D'autres fois c'est par contiguïté de tissu que la lésion se
propage du viscère à la séreuse qui la tapisse.
D'autre part, la pathogénie de certains épanchetnenis
post-pneumoniques est passible d'une interprétation que
Rendu a signalée à la Société médicale des hôpitaux, en
invoquant l'autorité de notre maître commun Gubler. Nous
avons, en effet, appris de Gubler et nous avons maintes fois
montré à nos élèves que, dans les phlegmasies, la crise
s'affirme très souvent par une poussée œdémateuse dans
les régions voisines du territoire phlogosé : tel l'œdèrae
révélateur de la collection de pus dans un phlegmon, telle
la fluxion dentaire au moment où a lieu la détente dans
l'inflammation périostique. Pour en revenir à la pneumonie
franche, la crise s'accompagne d'habitude d'une poussée œdé-
mateuse, soit dans les parties de poumon voisines du foyer
pneumonique, soit dans la cavité pleurale. Rien n*est plus
fréquent que ces épanchements critiques, d'aspect très
variable, suivant le nombre de leucocytes qu'ils renferment.
D'ordinaire très peu abondants, ils demandent à être recher-j
chés; souvent, à défaut de caractères cliniques biennels,
ils ne peuvent être reconnus que par la ponction exploran
trice. Et encore celle-ci doit-elle être faite au moment!
opportun, car cet œdème pleural n'a qu'une durée éphé-
mère, pour disparaître sans laisser de traces.
A ces deux variétés d'épanchemenis métapneumoniques,
exsudais séro-tibrineux inflammatoires, œdèmes critiques, il
faut en ajouter une troisième, la plus intéressante au point
de vue clinique, celle des empyèmes, étudiée par Netler
dans son remarquable mémoire que nous allons rapidement
analyser.
III
Woillez qui, comme nous l'avons dit", a le premier étudié]
les pleurésies métapneumoniques, insistait sur la tendance
à la suppuration et la haute gravité de ces c pneumo-pleu-
résies ». Sur le premier point, Woillez a cause gagnée, car,
de l'avis de tous, l'épanchement présente le plus souvent le
caractère purulent. Hais en ce qui concerne le pronostic de
Tempyème métapneumonique, l'opinion du médecin français
a été infirmée par tous les auteurs qui, après lui, se sont
occupés de cette question.
L'empyème métapneumonique peut se produire soit au
cours, soit, plus fréquemment, dans la période de conva-
lescence de la pneumonie. Dans le premier cas, la compli-
cation pleurale influence la crise pneumonique qui se fait
lentement par iysis et la défervescence est bientôt inter-
rompue par des réascensions thermiques tributaires de la
pleurésie. Dans le second cas, c'est le retour de la fièvre
qui annonce l'entrée en scène de l'affection pleurale.
Celle-ci affecte d'habitude une allure insidieuse, sans
phénomènes hectiques bien accusés, malgré la purulence de
l'épanchement dès le début; elle est tantôt généralisée,
tantôt limitée à une partie de la plèvre, au sommet, entre
les lobes, souvent nettement enkystée.
L'épanchement constitué, l'affection conserve son carac-
tère insidieux, avec réaction générale faible; parfois le pus
se résorbe peu à peu; plus souvent il se produit une fistule
pleuro-bronchique qui lui donne issue. L'apparition de
vomiques est, en fait, beaucoup plus commune dans celte
variété d'empyème que dans les auti^s, puisqu'on V^
signalée dans le quart des cas environ. Que la vomique soit
ou non suivie de pneumo-thorax circonscrit, il peut arriver
que la sécrétion pleurale se tarisse progressivement, sans
îi Mars 4889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N' 12 — 187
opéralion. D*autre part^ on a vu la guérison survenir à la
suite d'une ou de plusieurs ponctions; néanmoins, dans la
majorité des cas, il a fallu recourir à une intervention plus
radicale.
La thoracotomie antiseptique et la costotomie ont
d'ailleurs donné d'excellents résultats dans rempyème
mélapneumouique, ainsi que cela découle de la statistique
deNetter, qui porte sur 160 opérations faites par six chi-
rorgiens pour diverses variétés d'empyëme. Sur 43 empyèmes
métapneumoniques, il n*y eut qu'une mort, tandis que sur
117 pleurésies purulentes non consécutives à une pneumonie,
la terminaison fut fatale dans 29 cas.
On conçoit dès lors que, contrairement à l'opinion de
Wuillez, la pleurésie mëtapneumonique ait un pronostic
relativement favorable; et, en effet, sur 316 observations,
Nelter ne relève que 49 décès, dont un tiers au moins
incombait, non à la pleurésie elle-même, mais à l'infection
paeumonique, ou à des complications, telles qu'une péri-
eardite.
Résultats d'autant plus intéressants qu'ils viennent à
Teoeontre d'une conception patliogénique qui, à priori,
pourrait paraître très vraisemblable. On serait en droit de
supposer que la pleurésie purulente frappe de préférence
les pneumoniques surmenés, débilités, affaiblis par Tàge
ou la misère; la bénignité relative de l'affection plaide déjà
contre cette interprétation qu'infirment avec plus de net-
teté encore les données étiologiques. Elles nous apprennent
en effet que Tempyème métapneumonique est rare chez
le vieillard, plus fréquent dans l'âge adulte, plus commun
encore dans l'enfance. Les 286 observations réunies par
Netter se décomposent de la manière suivante : 93 cas avant
dix ans, 62 de dix à vingt ans, 66 de vingt à trente ans,
% de trente à quarante ans, 23 de quarante à cinquante
ans, 6 seulement au-dessus de cinquante ans.
D'un autre côté, la statistique prouve que Tempyème
métapneumonique apparaît par séries au cours de certaines
épidémies étendues et graves de pneumonie. Ainsi dans la
thèse de Robert (Paris, 1881) est relatée l'bistoire de sept
malades, tous frappés en janvier et février 1880, à une
époque où la mortalité pneumonique à Paris s'éleva au
double du chiffre moyen.
On voit qu'à tous égards, étiologie, séméiologie, pronostic,
sans parler de certaines particularités anatomiques de
moindre importance, la pleurésie métapneumonique se
dislingue nettement des autres variétés d'empyèmes, diffé-
rences dont l'examen bactériologique donne aux yeux de
Netler l'explication. En effet, après une série d'auteurs tels
que Friedlander, Talamoo^ Gornil et Babës, Fraenkel,ila
constaté dans cinq cas que l'exsudat purulent renfermait
une seule espèce de micro-organismes, le pneumocoque de
Fraenkel. Si donc la pleurésie métapneuiiionique diffère
des autres empyèmes, c'est qu'elle n'est pas due aux
microbes habituels de la suppuration, qu'elle est d'origine
pneuraococcique ; si elle est relativement bénigne, c'est que
l'activité pathogène de ce microbe s'éteint rapidement;
enfin, si elle a parfois une terminaison fatale, c'est sans
doute qu'au pneumocoque se sont joints dans l'exsudat les
organismes pyogènes vulgaires.
De ces vues incontestablement séduisantes et qu'on peut
provisoirement adopter, quoiqu'elles ne s'étayent que sur
"» petit nombre de faits bien étudies, Nelter conclut que
l'exameu bactériologique complet (cultures comprises)
fournit des indications précieuses au point de vue du pro-
nostic et de la thérapeutique. Du pronostic, car lorsque dans
un exsudât purulent on ne. trouve pas d'autre micro-orga-
nisme que le pneumocoque, on doit espérer une issue
favorable de la maladie ; de la thérapeutique aussi, car dans
ces cas de simple^ ponctions suffisent souvent et la pieu •
rotomie est rarement indiquée.
Il faut, croyons-nous, une foi bien robuste dans les
données fournies par la bactériologie pour se rallier à ces
conclusions. Comme le dit fort bien Comby, dans le
Bulletin du Progrès médical consacré à cette question
(26 janvier 1889), il ne manque pas de faits qui prouvent
que la présence du pneumocoque dans un épanchement
pleurétique n'est pas aussi rassurante que l'affirme Nelter.
Que dans les pleurésies circonscrites où la guérison spon-
tanée par résorption du pus ou par vomique est fréquente,
on temporise surtout lorsqu'on a quelque raison de
soupçonner l'existence d'une fistule pleuro-bronchique, rien
de plus légitime. Mais que dans les pleurésies totales ou un
retard de quelques jours peut avoir les plus fâcheuses con-
séquences, alors qu'une ponction n'a pas produit de détente,
on attende pour donner largement issue au pus que l'en-
quête bactériologique ait été faite, et même qu'on attache à
celle-ci une entière confiance, nous ne saurions y souscrire.
Une telle abstention nous semble d'autant moins justifiée
que, comme nous l'avons vu, l'intervention radicale donne
dans ces cas les plus brillants résultats.
L. D.-B.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Hur la coDservation des «olutlona pour Inlectlons
hypodermlquea.
Deux inconvénients assez sérieux peuvent empêcher le
médecin de se servir des solutions qu'il a fait préparer pour
injections hypodermiques. Le flacon conservé pendant queU
ques semaines dans une armoire est si bien bouché à
l'émeri que l'on n'arrive plus à l'ouvrir. Quand, après maints
efforts, on y parvient, la solution se trouve hors d'état de
servir, elle est envahie par de nombreuses colonies de micro-
organismes. Comment remédier à ces inconvénients ?
Une précaution des plus simples, lorsque l'on demande à
son pharmacien un médicament qui doit être conservé dans
un flacon bouché à l'émeri, permet d'empêcher le bouchon
d'adhérer au goulot du flacon. Cette précaution consiste
à faire enduire le bouchon d'une petite quantité de paraffine
que l'on renouvellera au besoin de temps à autre.
Pour éviter la rapide décomposition des solutions, il
importe de se servir d'eau chimiquement pure, filtrée sur
un filtre de porcelaine que l'on nettoiera fréquemment et non
sur un filtre de papier qui est presque toujours impur. Si
l'on n'a pas de filtre de porcelaine, il conviendra de se
servir d'eau distillée bouillie ou d'eau de laurier-cerise.^
Pierre Vigieu.
188 - N- 12 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
22 Mars 1889
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOSPICE DE LA SALPÊTRIÈRE. — PROFESSEUR: M. CIIARCOT.
Vertige de Ménière chez un goutteux. — Un ancien
maréchal ferrant de Tannée, après avoir eu des accès classi-
ques de goutte au lieu d^élection, après avoir été atteint de
paralysie faciale, est pris brusquement après un voyage au
chemin de fer d'un vertige affreux avec sifflements intenses
dans Toreille et tendance à tomber à gauche. Le vertige dure
trois heures, de huit heures à onze heures du matin. On a
emporté chez lui le malade, toujours nauséeux, vertigineux
et entraîné vers la gauche. Pendant quinze jours cet homme
est en proie à des accès de vertige, il est repris de sa para-
lysie faciale, vraisemblablement due à un retour d*otite.
Cette hémiplégie faciale, du reste, a disparu aujourd'hui.
Dans Tespèce, les exacerbations vertigmeuses constituent
un vertige aigu greffé sur un état vertigineux chronique.
M. Charcot fait remarquer chez ce sujet: la goutte, deux
paralysies faciales, dues à une otite vraisemblablement
goutteuse, une démarche bien caractéristique ayant pour
but d'éviter les altitudes capables d'éveiller le vertige.
A propos de ce malade, le professeur dit qu'il ne connaît
pas Véptlepsie auriculaire, mais qu'il connaît le vertige
auriculaire tel qu'il se présente chez ce malade; un des
caractères distinctifs de ce vertige c'est l'absence de perte
de connaissance; parfois le vertige est si brusque qu'on peut
tomber et se blesser, mais la conscience n'est jamais perdue
complètement comme dans l'épllepsie.
On peut donc recoi^naître trois espèces de vertige auri-
culaire :
l"* Le vertige aigu; 2° le yertige constant ou chronique;
3** le vertige mixte ou combinaison des deux précédents.
Le traitement consiste essentiellement en sulfate de qui-
nine de 75 centigrammes à 1 gramme par jour, etc.
Le vertige aigu disparaît facilement; il n'en est pas de
même du vertige chronique. On ne doit pas se laisser décou-
rager par l'exacerbation momentanée des symptômes.
La surdité qui suit parfois le traitement par le sulfate de
quinine ou le salicylate de soude est liée, comme cela a
été prouvé par les expériences sur les animaux, à des inflam-
mations hémorrhagiques de l'oreille.
Maladie de Baseddw. — Le malade qui fait le sujet de
la leçon d'aujourd'hui est un homme amaigri, débilité, qui,
à la suite de chagrins, s'est mis à trembler; il s'agit dans
l'espèce d'un tremblement menu et serré qui agite avec le
même rythme tous les muscles du corps. Ce tremblement,
bien étudié par M. Marie dans sa thèse, ressemble un peu
à celui d'un homme qui grelotte de froid.
Le malade a de la tachycardie, il a de 120 à 130 pulsa-
tions. Sa température est de 37 à 38 degrés. Il a de
rexophthalmie, mais pas de goitre, des sueurs abondantes
(ressemblance avec la tuberculose) et (autre ressemblance
avec la même maladie), une diarrhée abondante.
Point nouveau, — Le malade prétend que plusieurs fois
il est tombé en marchant, sans verliges et sans perte de
connaissance; il s'est passé chez lui ce qui se passe parfois
chez les tabétiques, les jambes se sont dérobées sous le
poids du corps sans qu'il y ait eu (comme dans le tabès) de
douleur fulgurante accompagnant la chute.
H. Charcot considère ces défaillances comme le début
(Tune paralysie spéciale à la maladie de Basedow, Les
réflexes sont faibles, la paraplégie est esquissée ; il s'agit
dans l'espèce d'une sorte de parésie des membres inférieurs.
M. Charcot montre à sa leçon une femme atteinte de
maladie de Basedow et s'attache à montrer à quel point il
est facile (grâce à la température élevée, aux sueurs, à la
toux? aux selles), de confondre l'affection avec la tubercu-
lose. Dans une thèse soutenue à Lyon et faite sous l'inspi-
ration du professeur Renaud, il est prouvé que l'élévation
de température est constante dans la maladie de Basedow,
mais que malgré les apparences, la tuberculose n'arrive
pas.
La seconde malade, comme le premier, a aussi eu à diffé-
rentes reprises de l'effondrement des membres inférieurs.
A propos d'une jeune fille atteinte en môme temps de
goitre exophthalmique et d'hystérie, le professeur fait
remarquer les rapports étroits et la coïncidence fréquente
de ces deux névroses.
On peut en somme résumer facilement en un tableau les
symptômes de la série de Basedow :
Premier ordre. — Symptômes cardinaux.
Tachycardie (asystolie), goitre, exophthalmie, tremblement,
Deuxièvib ordrb. — Symptômes secondaires.
a. Digestifs. — Vomissements, diarrhées spéciales, boulimies,
fringales, ictère.
b. Respiratoires. — Toux, respiration fréquente, symp*ônies
d*angor pectoris.
c. Moteurs. —- Paralysies, signes de Graefe, impossibilité de la
convergence (Môbius), convulsions, crises épileptiformes.
d. Psychiques. — (Etat mental spécial).
e. Cutanés. — Urticaire, pigmentation, vitiligo, sueurs,
chaleurs, diminution de la résistance électrique.
f. Urinaires. — Polyurie, albuminurie, glycosurie,
ff. Génitaux, — Impuissance, troubles menstruels.
n. Généraux. — Anémie profonde, cachexie, œdème, asystolie
finale.
(Leçon du ii janvier 1889.)
Mutisme hystérique. — Les caractères de celte singulière
manifestation de l'hystérie sont aujourd'hui assez tranches
pour que la confusion avec les aphasies organiques soil
difficile. Quand on voit un malade ne pouvoir profêrcr
aucun son avec son larynx, ni même parler à voix basse,
mais écrire rapidement ce qu'il ne peut exprimer avec la
parole, on doit déjà penser à l'hystérie.
La malade présentée au cours ne peut proférer aucun
bruit laryngé, elle n'a ni cécité, ni surdité verbale, ni agra-
phic. C'est une victime de l'hypnotisation foraine et son
histoire fort curieuse du reste a été publiée par M. Séglas
dans les Annales médico-psychiques ae janvier, t. IX.
M. Charcot étudie ensuite, avec examen clinique à l'appui,
la neurasthénie des ouvriers, il montre que dans un cas la
neurasthénie s'est unie d'une façon intime à l'hystérie. La
fréquence de la neurasthénie et de l'hystérie s'affirme tous
les jours dans la classe ouvrière. Il ne s'agit plus ici du
surmenage intellectuel. Nous n'avons plus affaire à des
collégiens, ni à des négociants de Boston ou à des ingénieurs j
ou des polytechniciens, ce sont des ouvriers, dont l'un voit
son fils tomber d'un toit et se briser dans la cour à ses pieds,
dont l'autre est tombé à l'eau en péchant à lépervier,elc., i
et qui à la suite de ces divers accidents tomoent dans le
marasme, ont un sommeil peuplé de cauchemars où ils
voient des animaux, des reptiles, des serpents, ne mangent
plus, ne peuvent plus ni travailler, ni fixer leur attention
sur rien ; enfin sont pris de ces symptômes objectifs si carac-
téristiques : l'amaigrissement , l'aspect mélancolique
auxquels se joignent les céphalées spéciales, les douleurs
sacrées, les frémissements musculaires, les faiblesses des
membres inférieurs, tous phénomènes capables de faire
croire à l'existence d'une maladie organique. (Leçon du
28 janvier 1889.)
Crises gastriques du tabes. — Malgré les nombreuses
descriptions données de cet aspect spécial du tabes, il est
encore un grand nombre de médecins qui ne reconnaissent
pas la crise gastrique nhand elle se présente à l'état isolé ou
au début de la malaaie. M. Charcot rappelle que c'est lui
qui a dénommé l'afleclion : crise gastrique, dans le Mouve-
ment médical de 187i.
32 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 12 — 189
Gull en 1858 avait reconnu la liaison qui unissait les
crises gastriques à cerlaines affections spéciales et Duchenne
(de Boulogne), lui, niait toute connexion entre les deux
phénomènes.
Le professeur rappelle qu'on peut avoir des crises gastri-
ques dix ans, quinze ans avant d'être ataxigue, que dans
ces crises on a pres(]ue toujours des vomissements alimen-
taires, que le vomissement marc de café est rare, que le
vomissement glaireux, riche en acide chlorhydrique, est la
règle.
Les malades sont en pareil cas dans un état spécial,
soporeux, inertes, froids, les traits tirés comme dans le
choléra. Tout cela cesse comme par enchantement. Il y a
un passage brusque d'une douleur épouvantable à un
immense bien-être; le malade dont l'estomac ne tolérait
pas une cuillerée d'eau se met à manger avec voracité des
mels que cet estomac digère fort bien. La périodicité est la
régie dans le retour des crises gastriques. Ces crises sont
sccompagnées de crises laryngées, vésicales. Parfois le
vomissement a lieu sans douleurs. Quelquefois il n'y a pas
de vomissements.
Tous ces symptômes ont leur raison d'être dans des
lésions du nerf vague, du pneumo-gastrique, du gloeeo-
pharyngien.
Leyden a prétendu qu'il a observé des crises en tout
semblables aux crises gastriques de l'ataxie chez des gens
qai ne sont jamais devenus tabétiques. Cette affirmation laisse
rêveur quand on relève dans l'histoire clinique de ces
singuliers gastralgîques, des paraplégies, de la diplopie et
de la gêne dans les mouvements, des douleurs à type
fulgurant, etc.
On sera bien aidé dans l'établissement de son diagnostic
par la concomitance de crises ou de vertiges laryngés avec
ou sans convulsions épileptiformes ou apoplectiformes.
(Leçon du 49 février 1889.)
TRAVAUX ORIGINAUX
Anatoiiile.
Sur l'emploi des fluosilicates pour la conservation
DES CADAVRES, par M. A. Nicolas, agrégé, cbef des
travaux anatomiques à la Faculté de médecine de Nancy.
L'injection des cadavres destinés soit aux dissections,
soil aux exercices de médecine opératoire, présente des
avantages qu'aucun anatomiste ne songe à mettre en doute.
Outre que l'emploi des solutions conservatrices permet, à
cerlaines époques, de mettre en réserve les sujets qui
aulrement ne pourraient être utilisés convenablement, il y
a tout intérêt à livrer aux étudiants des pièces qu'ils peuvent
disséquer et étudier à fond, pour ainsi dire à loisir, sans
avoir à redouter les nombreux inconvénients de la putré-
faction. Aussi l'injection des cadavres est-elle pratiquée
aujourd'hui couramment dans la plupart des amphithéâtres
(le dissection, en France et à l'étranger.
Les mélanges qui ont été préconisés sont très nombreux;
inutile de les énumérer. Les meilleurs sont incontestable-
nient : la glycérine phénico-boriquée ^Laskowsky), la gly-
cérine boratée (Beaunis-Bouchara), la liqueur de Le Prieur,
et ce sont ceux-là que nous employonsjournellement depuis
plusieurs années à la Faculté de médecine de Nancy. Ces
liquides nous ont toujours donné d'excellents résultats ; ils
assurent la conservation des pièces de la manière la plus
satisfaisante; leur odeur, si ce n'est celle de la liqueur de
Le Prieur, est insignifiante et n'incommode jamais. Leurs
seuls inconvénients sont : 1*" leur préparation qui, quoique
peu compliquée, exige cependant un certain matériel et un
personnel soigneux; 2* surtout leur prix relativement très
élevé. J'ai cherché alors s'il n'existerait pas quelque sub-
stance moins coûteuse et d'un maniement facile qui puisse
remplir les conditions exigées pour une bonne injection
conservatrice, et, songeant aux propriétés antiseptiques des
composés du fluor, je me suis arrêlé aux fluosilicates.
Je crois que personne n'a pensé à utiliser ces sels pour
la conservation des cadavres et c'est il y a quelques jours
seulement que j'ai eu connaissance des essais faits par
W. Thompson, Mayo-Robson (cités tous deux dans le n** du
15 janvier 1889 du Journal de pharmacie et de chimie),
et C. Berens {Annuaire de thérapeutique, 8 novembre 1 888)
au point de vue de l'antisepsie chirurgicale. Dès la fîn
de 1887, j'avais commencé des expériences qui, quoique
très incomplètes, m'avaient cependant donné des résultats
fort encourageants; aussi me suis-je décidé à les reprendre
cet hiver. Sans être en mesure de me prononcer d'une
façon absolument définitive sur la valeur de ces substances
au point de vue spécial qui m'occupe, et sans vouloir don-
ner une formule, j'ai cru cependant utile d'attirer dès
maintenant sur elles Tattention des analomistes.
J'ai expérimenté avec les fluosilicates de zinc(ZnFl*SiFl*),
de magnésie (MgFl*SiFl*) et de soude (2NaFlSiFl*). Les
deux premiers sont très solubles dans l'eau et Ton peut en
faire rapidement, à froid, des solutions de 30-40 pour 100;
le dernier l'est très peu, une solution à chaud de 0,5 pour 100
est saturée. J'ai injecté alors des sujets entiers ou des
membres isolés : 1"* soit avec des solutions aqueuses dont
la concentration variait de 40 à 15 pour 100 pour les fluo-
silicates deZn et de Mg, et atteignait 0,5 pour 100 quand
il s'agissait du fluosilicate de Na; ^ soit avec des solutions
aqueuses glycérinées dans la proportion de 1/4 de glycé-
rine pour 3/4 d'eau avec 10, 5 et 2 pour 100 de fluosilicate ;
3^ soit enfin avec des solutions aqueuses de chlorure de
calcium ordinaire (D = HOO) renfermant de 1 à 2 pour 100
de sel.
Je possède des pièces injectées depuis plus de six se-
maines et qui sont dans un état de conservation excellent.
Pratiquement cette durée est suffisante, mais rien ne me
fait prévoir qu'elle ne puisse être infiniment plus longue.
Quelques-unes ont été disséquées au bout d un mois et
voici ce que j'ai pu observer.
En règle générale les muscles sont un peu décolorés,
comme cela arrive d'ailleurs avec n'importe lequel des
liquides connus, mais ils le sont beaucoup moins avec les
solutions glycérinées ou chlorurées qu'avec les solutions
purement aqueuses (en tous cas, au moins pour les exer-
cices de médecine opératoire, ou pour les sujets réservés
aux autopsies médico-légales, le fait n'a qu'une médiocre
importance). Les nerfs deviennent durs et blanchissent; les
centres nerveux se ratatinent à peine, acquièrent une con-
sistance assez ferme et conservent lesteintesblancheou grise,
qu'ils ont à l'état frais. Le sang est coagulé dans les vais-
seaux. D'autre part, la pièce n'exhale aucune odeur et le
liquide qui l'imprègne n attaque nullement les instruments ;
il n'exerce pas non plus la moindre action sur les mains de
celui qui dissèque ; mis en contact avec des coupures il ne
provoque aucune sensation douloureuse.
Les avantages qui résulteraient de l'emploi de ces sels
pourraient donc se résumer ainsi :
1" Une conservation des pièces largement suffisante à tous
les points de vue pour les besoins ordinaires;
2* L'absence aosolue d'odeur et d'action sur tout ce qui
peut se trouver en contact avec les tissus imprégnés de leur
solution ;
3° Leur maniement facile, puisqu'il suffit de les garder
dans un sac de grosse toile(leur inaltérabilité étant absolue)
ou un baril, et, de les faire fondre au moment de s'en ser-
vir, dans de l'eau de fontaine ;
4" Leur prix, qui est très modique. Sans vouloir détailler
ici un tarif de produits chimiques, je me contenterai de
190 ^ NM2 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
22 Habs 1889
faire observer qu^actuellement un litre de glycérine phénicb-
boriquée coûte au moins 2 francs, ce qui fait qu'une injec-
tion (à raison de 4 à 5 litres par cadavre en moyenne)
revient à 8 ou 10 francs. Or le kilogramme de fluosilicate
de zinc, par exemple (acheté en gros), revient au plus à
3 francs. Une solution purement aqueuse à 15 pour 100
peut suffire dans la majorité des cas, ce qui fait un total
de 2 fr. 25 au maximum par cadavre. Je crois cependant,
et jusqu'à plus ample informé, qu'il est préférable d'em-
ployer de l'eau additionnée de glycérine ou de chlorure de
calcium (dont le prix est insignifiant) surtout dans les
cas où la nièce, dépouillée de la peau, doit rester très long-
temps à l'air. Dans ce cas la quantité de fluosilicate peut
être de 10 pour 100 ou même moindre encore. Le litre
de liquide coûterait alors 48 centimes et l'injection totale
2 fr. 40.
Il résulte de ce qui précède que, à mon avis, l'emploi
des fluosilicates pour la conservation des cadavres pa-
rait devoir rendre de grands services. Je ne veux pas
encore tirer de conclusions d'expériences dont le temps
seul pourra consacrer la valeur. Je me propose de les conti-
nuer activement, en les variant pour pouvoir arriver à une
formule convenable et je ne saurais trop engager les ana-
tomistesà tenter quelques recherches dans ce sens.
Wijgiéne Infantile.
Note sur le pesage méthodique des nourrissons,
par M. le docteur A. Coriveaud (de Blaye).
Tous les médecins oui s'occupent des maladies de l'en-
fance reconnaissent 1 utilité des pesées méthodiques des
nourrissons. Depuis les travaux de Natfaalis Guillot, de
Bouchaud, d'Odier, de Blache et d'H. Blot, qui ont vulga-
risé les données de cette pratique, on connaît les bases scien-
tifiques sur lesquelles elle repose. On sait qu'un « enfant
qui prend suffisamment de lait, ainsi que le ait Tarnier(l),
qui digère bien, dont les garde-robes sont d'un beau
jaune clair, homogènes et sans odeur, de la consistance
d'une bouillie épaisse », s'accroît rapidement, et très régu-
lièrement. Les pesées comparatives ae Bouchaud, Bowditch,
Albrecht, Fleischmann, Biedert^ bien que variant un peu
dans leurs maxima, nous fournissent une base d'apprécia-
tion suffisamment solide, en fixant aux environs de 25 à
30 grammes le coefficient d'augmentation quotidien d'un
enfant depuis la première semame jusqu'à la fin du troi-
sième mois. L'habitude peut bien nous permettre, au moyen
du tact et de la vue, de nous rendre un compte à peu près
exact de la marche de cet accroissement normal, mais
outre l'intérêt de curiosité qui peut nous pousser à préciser
par le calcul ces perceptions sensorielles, il est telles cir-
constances où la pesée, au moyen d'une balance, s'impose
absolument. Comment, par exemple, affirmer péremptoire-
ment et prouver à des gens intéressés à ne pas le voir, ce
fait ^u'un enfant dépérit lentement au sein d'une nourrice ?
La situation devient tout particulièrement délicate, lorsque
la nourrice est la mère elle-même. Quel praticien n'a été
le témoin de l'un de ces drames intimes où la vie d'un
pauvre bébé est compromise par l'amour trop aveugle d'une
mère illusionnée sur les qualités ou la Quantité de son lait?
Le service de la protection des enfants au premier âge pose,
pour ainsi dire journellement, à nos collègues les méde-
cins-inspecteurs, ce problème sous une forme ou sous une
autre. Ici, c'est une nourrice trop jeune et dont la sécrétion
lactée tarit après un allaitement heureux de trois ou quatre
mois. Là, c'est une jeune femme qui devient enceinte pen-
dant sa lactation. Celle-ci a pris un nourrisson, en cachette,
sans certificat, et prétend l'alimenter d'un lait vieux de
(1) Phi/siologie et hygiène de la première enfance, p. 55.
deux ans et plus. Celle-là est anémiaue, scrofuleuse, phthi-
sique, ou bieu elle est à peine convalescente d'une maladie
grave; cette autre a subi des chagrins prolongés, etc., toutes
causes qui, malgré leur diversité, aboutissent au même
résultat: la diminution de quantité ou l'altération de qua-
lité du lait. Le médecin-inspecteur constate le fait, mais
comment démontrer à ces femmes d'esprit inculte, et chez
lesc|uelles la rapacité éteint tout sentiment, qu'elles sont en
train de commettre un homicide par omission ? Ceux de nos
confrères qui ont eu à intervenir dans ces litiges savent à
Îuelles difficultés on se heurte et quels ennuis on se crée,
es arguments les plus démonstratifs, les objurgations les
plus pressantes, les conseils les plus doucement insinués,
ne sauraient faire impression en pareille occurence. Il faut
fournir une preuve irrécusable ae l'assertion émise, c Ce
nourrisson est maigre, il ne profite pas », le médecin
l'affirme, mais la nourrice en doute, et l'entourage intéressé
le nie. Les parents eux-mêmes, chose incroyable, se
rangent très souvent du côté de la nourrice, et le médecin
parti, conseillent à celle-ci, si elle n'a pas assez de lait, de
faire manger l'enfant.
Une assez longue expérience de tous ces faits m'avait dès
longtemps convaincu qu'une série de pesées bien exécutées
était le seul argument décisif à opposer à ces dénégations.
Chargé depuis quinze ans de l'inspection médicale d'une im-
Fortante circonscriplion, j'ai eu à maintes et maintes reprises
occasion d'intervenir dans des différenils dont la solution se
juge par la vie d'un nouveau-né, et toujours, j'ai réussi,
sinon à convaincre les plus récalcitrants, du moins à leur
fermer la bouche, en pesant devant eux un nourrisson que
j'estimais en détresse alimentaire. Mais je m'étais souvent
trouvé embarrassé par le manque d'un instrument commode
et toujours à portée pour effectuer cette pesée; on ne trouve
pas dans toutes les maisons de balances à plateau et il n'est
pas toujours possible d'en faire apporter une d'un magasin
voisin. D'autre part, l'examen que j'avais fait des divers
pèse-bébés en usage m'avait convaincu qu'aucun d'eux ne
répondait à tous les besoins de la pratique. Ceux qui sont
[portatifs, comme lepeson de Blot, ou la règle de Lesnier,ont
e grave défaut de n'être pas suffisamment justes. Les
autres, comme celui de Bouchut, sont d'un maniement
difficile, coûtent très cher et nécessitent une installation
spéciale. Je me hasardai alors à imaginer un modèle, qui
fût en même temps solide, portatif, très juste, et maniable
par n'importe quelle main. Grâce à l'ingéniosité de l'un de
nos amis, architecte de profession, et artiste par goût, qui
fixa de son habile crayon l'idée que j'avais conçue, j'ai fait
construire par M. Aubry, la petite romaine dont le dessin re-
produit ci-contre peut m'épargner une longue description.
C'est, ainsi qu'on peut le voir, une romaine, roaisune romaine
qu'il faut se représenter renversée, puisque, au lieu de la
suspendre, on la fixe au moyen d'un écrou sur le rebord
d'une table ou d'un meuble quelconque. C'est en outre une
romaine très perfectionnée, car : 4* elle est équilibrée à 0,
îi Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DK MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 12 — 191
c*est-à-dire qu'on peut peser avec elle un objet de n'importe
qael poids, depuis 1 gramme; S'^elle est sensible, une Fois
chargée, à des différences de 1 à 2 grammes.
La pesée s^effectue avec une extrême rapidité et une grande
précision, grâce au jeu de deux contrepoids, dont l'un, qui
indique les kilogrammes, glisse sur le bras de levier infé-
rieur, et l'autre, qui marque les gram mes, progresse au moyen
d'an pas de vis sur le levier supérieur. Rien n'est plus
simple que de lire le poids de l'enfant lorsqu'on sait aue
chaque tour de la virole supérieure correspond à une diné-
reacede 10 grammes, les kilogrammes étant inscrits avec
les divisions de 100, 50 et 25 grammes sur la tige supé-
rieure.
Les nombreux services que m'a déjà rendus ce petit
instrument et' aussi la persuasion où je suis qu'il pourrait
en rendre de semblables entre les mains de tous les prati-
ciens, dans les Maternités et dans les familles, m'ont fait
sarmonter le sentiment de réserve qu'on éprouve toujours à
préconiser une invention qui vous est personnelle. Je me
iKirne donc toat simplement à prier mes confrères de voir
si ce pèse-bébés leur parait répondre aux indications les
plus urgentes, si, grâce à celte nouvelle balance, ils éprou-
veront moins d'ennuies qu'avec les balances à plateau dont
ils font d'ordinaire usage. Je crois cette romaine juste, d'un
maniement commode, portative et très sensible. Le croyant,
je n'éprouve aucun scrupule à le dire. L'expérience prou-
vera si je me suis trompé.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie do méde«liie«
SÉANCK DU 19 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
V. le docteur ledouble, professeur k l'École de médecine de Tours, se porte
candidat au titre de correspondant national dans la divisioa do chirurgie.
M. le docteur Leewel, médecin^inajor de 1** classe au 67* de ligne, et M. le
docteur Bouuloup, médecin de colonisation à Charon (Algérie), cnToient dos
rapports sur les raeeinatioru et revaeeinatiom qu'ils ont pratiquées en 1888.
M. le docteur f^iuarf, médecin-major de 1'* classe au 87* de ligno, adr<*sse
ua mémoire manaacrit sur Yipidémiê qui a régné à la eaterne Saint-HHaire
en 1888-18%).
M. Brouûr^l présente, au nom de M. le docteur Coiombê, le compte rendu de
la première année de foacUonnement du dUpemaire de LUieux.
M. Moutard-Martin dépose un ouvrage de M. le docteur Monin fur l'hygiène
du travail.
M. Rocl^ard présente un mémoire manuscrit de M. le docteur Bertrand, pro-
re»seori r École de médecine navale do Toulon, sur la prétenee de itaphylO"
eoutti albi et aurei danê le pus d'un abcès du foie d'origine dysentérique.
U. F^r^ol dépose: f* au nom do M. le docteur A. Tardieu, une brochure sur
\^ traitement de Vasthme au Mont-Dore ; %^ do la part de MM. loi docteurs
lnnu, Pinard et Jouffroy, une observation à'atropMe musculaire des quatre
mnbru, survenue pendant la grossesse et consécutivement à des vomissements
iwoercibUs.
M. de Viltiers pi^sento an travail de M. le docteur Bertherand sur Vhygiène de
HtnfaiMt elgérienme.
V. Durond-Fardel fait hommage d'un mémoire sur le traitement thermal de la
sravtlU urique.
M. Vidal dépose une tbfcse soutenue à Lille par M. le docteur Brunelle sur les
aiénùpathies syphilitiques anormales,
M. Foumier présente ua nécessaire pour la réfrigération par le chlorure de
vUthyU, imaginé par MM. Brasse et Ylasto.
Éloge de Ch. Robin. — M. Sappey donne lecture du
discours qu'il a prononcé à Tinauguration du monument
élevé à la mémoire de Ch, Robin par ses compatriotes, à
Bourg (Ain).
Morsure de la vipère. — M, le docteur Fr^ete^ (de Royat),
à propos de onze cas de morsure de vipère (ju'il a eu Toccasion
(l'observer, expose les dangers de cet accident. Pour lui, la
morsure de la vipère est en France une cause de mort plus
fréquente pour l'nomme qu'on ne le croit généralement; elle
esl des plus dangereuses pour les enfants. La gravité de la
morsure dépend du siège ou mieux de l'importance des
vaisseaux atteints, de Tàge du blessé et de la quantité de
venin infecté. Quand elle n'est pas mortelle, elle peut
causer des accidents généraux d'une gravité variable et com-
promettre la santé pour un temps plus ou moins long. Ce
genre d'accidents, observé principalement au printemps,
frappe plus spécialement les gens de nos campagnes qui
sont mordus souvent pendant leur sommeil. Le traitement
de la morsure doit être immédiat et l'on devrait vulgariser
les premiers soins à donner, tels que la succion» la ligature
du membre blessé et la cautérisation avec un caustique
énergique. La vipère devrait être rangée parmi les animaux
les plus nuisibles et une prime devrait être instituée par les
départements ou les communes pour sa destruction. — (Le
mémoire de M. Fredet est renvoyé à l'examen d'une Com-
mission composée de MM. Larrey^ Laboulbène et Le Roy de
Méricourt.)
Rage. — Dans le rapport qu'il a présenté au Conseil
d'hygiène de la Seine et uont il donne lecture à l'Académie,
M. Oujardin-Beaumetz constate qu'il y a eu en 1888, dans
le département de la Seine, 19 décès dûs à la rage. Ces décès
ont été causés 4 fois par un chat et 15 fois par un chien ;
dans deux cas, il n'v a pas eu de morsure et c'est par le
seul contact de la langue avec les parties dénudées du
derme que la maladie a été inoculée. M. Dujardin-Beaumetz
fait à ce propos observer que ce sont les parties découvertes,
notamment les mains, qui ont été le plus fréquemment
mordues. Il insiste sur les difficultés du diagnostic dans
certains cas et sur les erreurs qui peuvent être commises si
on s'en rapporte exclusivement à la feuille de décès; c'est
ainsi que dans 4 de ces 19 cas on avait diagnostiqué le
tétanos, l'angine suffocante, le diabète et la folie : trois fois
l'inoculation du bulbe à des animaux a permis a'établir le
diagnostic réel. Quant au traitement pastorien, il n'a fourni
qu'une mortalité de 1,14 pour 100 en 1887 et 1,19 en 1888,
tandis que parmi les personnes mordues et qui n'ont pas été
traitées, la mortalité a été, pendant ces mêmes années, de
15^0 pour 100 en 1887 et de 13,33 en 1888.
D'autre part, le nombre des cas de rage tant chez les ani-
maux que chez l'homme ne cesse de croître à Paris, bien que
la loi prescrive, lorsqu'un cas de rage a été constaté dans
une commune, d'interdire pendant six semaines au moins la
circulation des chiens autrement que tenus en laisse. Le
préfet de police n'a appliqué qu'une fois l'année dernière
cette prescription de la loi et aussitôt la rage a diminué ; il
y a lieu d'en demander énergiquement l'exécution perma-
nente.
Ces observations sont confirmées par M. Nocard. Il a pu
constater qu'on 1887 on a reconnu en France 2567 chiens
enragés et encore ce chiffre est-il très inférieur à la réalité,
de 50 pour 100 d'après le dire des vétérinaires sanitaires.
Par contre, on n'en a compté que 427 dans tout l'Empire
allemand, 20 en Bavière, 4 en Suisse, 1 dans le grand-duché
de Bade et pas un seul dans le Wurtemberg I C'est que la
police sanitaire de la rage canine est soigneusement mise en
pratique. Or elle comporte trois mesures : la déclaration
des animaux enragés, 1 abatage immédiat des chiens mordus
et l'abatage des chiens errants sans collier portant l'adresse
de leur maître. En France, chacun cherche à éluder le plus
possible ces prescriptions et l'autorité a la faiblesse de ne
pas en exiger l'exécution. A Paris, il y a quelques années,
dans le Yar et le Loiret l'année dernière, l'aciministration
s'est montrée rigoureuse et aussitôt les cas de rage ont
diminué. Rien ne serait pourtant plus facile que de suppri-
mer la rage, si l'on savait vouloir I C'est pourquoi M. Nocard
s'associe au vœu proposé par M. Dujardin-Beaumetz, vœu que
l'Académie adopte à l'unanimité, après Quelques observa-
tions de M. Laborde sur l'insuffisance de la réglementation
actuelle. Ce vœu est le suivant: c L'Académie demande que
le gouvernement applique avec rigueur toutes les mesures
192 — N* 12
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
22 Mars 1889
propres à diminuer le nombre des chiens errants et en parti-
culier celles que lui confère la loi du 21 juillet 1881. i»
Tétanos. — M. Vemeuil continue la lecture de son mé-
moire sur Tétiologie du tétanos (voy. les numéros précé-
dents). Après avoir établi, par de nombreux faits, les trois
provenances ordinaires du tétanos, il montre que, dans la
grande majorité des cas, il est possible, un tétanique étant
donné, de remonter à Tune de ces provenances et de con-
stater, directe ou indirecte, Tune des contagions, inter-hu-
maine, équino-humaine, telluro-humaine. On constate
même dans une foule de cas la réunion de plusieurs de ces
causes d'infection, dont une seule suffirait pour expliquer
la transmission du mal ; souvent aussi. Ton ne découvre
(|[U*une provenance unique. Mais, s'il en est ainsi, à quel
titre et de quel droit placer au premier rang la provenance
équine plutôt aue la provenance telluri^ue et rejeter au
troisième rang la provenance humaine, ainsi qu'il convient
aujourd'hui de le faire ? H. Verneuil rappelle à ce sujet
qu'afin de soumettre l'idée de la provenance équine du
tétanos de l'homme au contrôle du raisonnement et des faits,
il a dressé un questionnaire qui lui a permis de recevoir
un grand nombre de réponses plus ou moins précises ; en
recueillant, en outre, toutes les observations jusqu'ici pu-
bliées, il est parvenu à réunir environ quatre cent cinquante
cas, oui lui fournissent trois arguments majeurs favorables
à sa thèse. Ces arguments sont tirés : l'' des professions
exercées par les tétaniques ; ^ des circonstances montrant
comment, avant ou après l'accident, les blessures avaient
pu être soumises à la contagion ; 3"" enfin, de la distribution
géographique du tétanos équin et humain.
Or, la plus grande partie (58 pour 100) des cas de tétanos
s'observe chez des individus se trouvant en contact habituel
avec des chevaux; dans l'armée, ils sont plus fréquents
dans Tartillerie et la cavalerie aue dans l'infanterie; vien-
nent ensuite les artisans occupés à travailler la terre, qui
sont bien moins souvent frappés par cette affection;
d'ailleurs, il est expérimentalement prouvé que la virulence
de la terre dépend manifestement de son mélange avec les
excrétions du cheval.
Si le relevé des professions est plus favorable à la pro-
venance équine qu'à la provenance tellurique, l'examen des
cas où sont suffisamment indiqués les genres, qualités et
propriétés de l'agent vulnérant ainsi que les modes possibles
de contagion contemporaine ou ultérieure des plaies, dé-
pose dans le même sens ; en d'autres termes, si l'on réunit
dans une colonne les blessures où la terre n'a que peu de
chose ou même rien à voir, le cheval agissant directement
ou par ses accessoires, morsures, coups de pied, chutes,
écrasements, harnais, fouets, voitures, fumiers, écuries,
etc., et dans une autre les blessures où la terre, y compris
même la terre cultivée, intervient seule comme agent de
contamination, la première série est beaucoup plus consi-
dérable que l'autre. — (M. Verneuil continuera sa commu-
nication dans la prochaine séance.)
Ablation totale de l'humérus. — M. Polaillon pré-
sente un homme chez lequel il a enlevé tout Thumérus
gauche pour une ostéomyélite datant de trente ans. Ce cas
se résume comme il suit : Un coup de feu à l'humérus, pro-
venant d'une balle autrichienne reçue à Solférino, en 1859,
a déterminé une ostéomyélite partielle qui, au bout d'un
an, s'est guérie ou plutôt a cessé de se manifester par des
troubles morbides. Pendant dix-sept ans les termes de l'os-
téomyélite sont restés à l'état latent et le blessé a pu se
croire à l'abri de tout accident. Il n'eu fut rien ; après cette
longue période de torpeur, l'ostéomyélite s'est réveillée tout
à coup; elle s'est généralisée dans toute la longueur de
l'humérus, produisit pendant douze années des poussées
inflammatoires intermittentes et, en définitive, a nécessité
l'ablation totale de l'os envahi. Aujourd'hui la guérison est
parfaite et, lorsqu'on redonne de la rigidité au membre en
le fixant avec un tuteur ou un brassard, les mouvements de
l'épaule et surtout du coude redeviennent possibles; les
fonctions de l'avant-bras et de la main sont toutes con-
— L'Académie se réunit ensuite en comité secret, afin
d'entendre la lecture d'un rapport de M. Féréol sur les
candidats au titre de correspondant national dans la pre-
mière division (Médecine). La liste de présentation est la
suivante : l"" M. Duclos ^de Tours) ; i"" H. Fabre (de Corn-
mentry); 3* M. Henrot (de Reims); 4" ex œquo MM. Bol-
tKutuit (de Plombières), Niepce (d'Allevard), Viliard (de
Marseille). L'élection pour deux places aura lieu mardi
prochain.
— L'ordre du jour de la séance du 26 mars est fixé ainsi
qu'il suit : l"" Communication de M. Proust sur un cas d'aiu-
hum ; â*" Discussion sur le tétanos (Inscrit : M. Verneuil) ;
3" Discussion sur les poêles mobiles (Inscrits : MM. A. Gau-
tiery Laborde, Le Roy de Méricourt^ Oujardin-Beaumetz,
Léon Colin, Èrouarael et Lancereaux).
Soeiétë de ehlrarsie.
SÉANCE DU 13 MARS 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LE DENTU.
Eau chaude dans le traitement des tractares artionlalres : M. Da-
rand (M. Ghauvel. rapportaor). — Balle déformée an oontaotd'an
os : M. Orlpat (M. Ghauvel. rapporteur). — Rupture traumatlque
de l'urettoe : M. Chaput (M. TUlanz, rapporteur). — Gholècysto-
tomla : M. Latouctae (M. TerriUon, rapporteur) ; disoussion : MM.
Terrier, Jalaguier. — Opération césarienne : M. Bouilly (Dlsciu-
sion : MM. Ouéniot, Marchand).
M. Chauvel lit un rapport sur un travail de M. Durand,
Notre confrère de l'armée traite les entorses et les fractures
juxta-articulaires (extrémité inférieure du radius et du
péroné) par des bains d*eau à 45 et 50 degrés. Il préfère ce
traitement à la compression et au massage. C'est possible,
mais non démontré.
— M. Chauvel montre une balle déformée, extraite en
1870 par M. Gripat (d'Angers) au contact du fémur et à re
propos soutient la doctrine, qu'il a déjà défendue à plusieui-s
reprises: les projectiles se déforment par compression el
non par fusion.
— M. filiaux. Rapport sur une observation de M. Cha-
put: Rupture de Furetère, par coup de pied de cheval. Il
existait une tumeur lombo-iliaque, d'où la ponction explo-
ratrice fit sortir un liquide rosé. En l'absence de diagnostic
précis, M. Chaput fit une incision iliaque et chercha à aller,
en décollant le péritoine, à la recherche du foyer morbide.
Involontairement il ouvrit la séreuse, et se trouva bientôt
dans une cavité qu'il ne tarda pas à reconnaître pour le
caecum. Cet intestin, ainsi ouvert par mégarde, fut suturé,
et M. Chaput put alors, décollant le péritoine, aborder la
collection liquide. L'odeur lui fit reconnaître la nature uri-
neuse du contenu, et le diagnostic fut ainsi posé. Le malade
guérit avec une fistule ùrinaire el une fistu\| stercorale. La
première conduisit à la néphrectomie ; après quoi la seconde
guérit sans peine.
— M. Terrillon rend compte d'une observation de
M. Latouche (d'Autun) : Cholécystotomie pour cholécystite
suppurée calculeuse (80 calculs). Mort lente par phéno-
mènes hépatiques. L'opérée était une femme de quarante-
deux ans, portant, tout entière à droite de la ligne médiane,
une tumeur hépatique, fluctuante, qui fut prise pour uu
kyste hydatique. La ponction, montrant un pus bilieux, rec-
tifia le diagnostic. Tout sembla aller bien, d'abord, après la
cholécystotomie ; puis survinrent, à partir de la sixième
n Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 12
193
semaine, des accidents apyrétiques, auxquels la malade suc-
comba en deux mois et cfemi. Ces accidents sont probable-
ment d*ordre hépatique : probablement, car Tautopsie ne
put être pratiquée. A ce propos, M. Terrillon rappelle des
observations analogues, publiées par H. Terrier, par lui-
même. Il ajoute la relation de deux opérations récentes et
insiste sur le développement en arrière de la tumeur, qui
lie dépasse pas la ligne médiane ; sur Tabsence de phéno-
mènes réactiounels préalables, quoique la vésicule lût très
adhérente aux organes voisins. Un de ses opérés est un
garçon de quinze ans, chez qui il A'y avait pas de calculs,
mais une incrustation de la paroi par des grains calcaires.
H. Terrier. L'histoire des lésions chirurgicales des voies
biliaires est tout entière à faire. Il faut établir des divisions
parmi ces faits très complexes. Le résultat opératoire peut
être bon lorsque la vésicule seule est oblitérée — avec ou
sans calculs — et que le reste des voies biliaires est en bon
état. La vésicule peut être impunément détruite et l'opéré
Tit comme un solipède. Si le col de la vésicule est encore
perméable, on aura fatalement une fistule plus ou moins
persistante. Le résultat sera satisfaisant si le foie n'est pas
malade ; mais la question change quand le parenchyme est
désorganisé et à cela la chirurgie ne peut rien. Elle ne peut
même pas expliquer le mécanisme exact de la mort, et le
désaccord des médecins eux-mêmes, sur ce point, l'en
excuse.
ï. Jalaguier communique une observation de cholécys-
totomie qui sembla d'abord favorable, mais depuis la
malade est atteinte de lésions tuberculeuses graves.
— M. Bouilly fait connaître une opération césarienne
heureuse et pour la mère et pour l'enrant. L'opération date
dWil 1887 et elle a eu pour sujet une rachitique qui avait
déjà dû subir antérieurement une basiotripsie , et qui,
malgré les recommandations qu'on lui avait faites à cette
époque, ne vint pas consulter dès le début de sa nouvelle
grossesse. Elhe voulait avoir un enfant vivant et se soumit
de propos délibéré à l'opération césarienne, avant le début
du travail, mais à terme. Dès la paroi abdominale incisée,
le globe utérin fit hernie, et H. Bouilly fit sortir l'enfant
parone fente longue de 16 centimètres. Après lavage à l'eau
bouillie de la cavité utérine et deux piqûres d'ergotine à la
cuisse, Tutérus, un peu rétracté, fut suturé avec dix fils
d'argent, prenant presque toute l'épaisseur de la paroi, et
dix-huit points superficiels. Les fils d'argent ont été aban-
donnés et la malade n'en a nul souci depuis. Avant de
refermer le ventre, M. Douilly y a mis une li«^ature bien
serrée sur chaque trompe, pourassurer la stérilité future.
I^'est évidemment moins dangereux que de compliquer
l'opération par une castration ou par une hystérectomie sus-
vaginale.
H. Guéniot voit avec plaisir que M. Bouilly s'est bien
trouvé d'avoir incisé l'utérus hors du ventre, comme il l'a
conseillé depuis lonj^temps; il continue à soutenir que
moins l'incision utérine est longue, moins l'hémorrhagie
esta craindre ; or 1^ à 13 centimètres de long suffisent pour
donner passage à l'enfant. On a dit que cette boutonnière
pourrait élranglej l'enfant : c'est au moins douteux. En cas
d hémorrhagie, l'ergotine met une demi-heure à trois quarts
d'heure pour agir; le mieux ne serait-il donc pas de faire
une piqûre quelques minutes avant de commencer l'opé-
ration?
M. Marchand a publié une observation d'opération césa-
nenne indiquée par un cancer du col de l'utérus. La malade
«si morte au troisième jour, deux des sutures (au catgut)
^vant laissé envahir le péritoine par des substances septi-
ques d'origine intra-utérine.
M. Bouilly croit qu'on peut aujourd'hui redouter moins
» hémorrhagie : une striction élastique temporaire est facile
à établir au bas du globe utérin lorsqu'on se voit débordé
par le sang. Pendant ce temps, l'eau chaude et l'ergot
pourront agir. Le point le plus intéressant de l'opération
actuelle est que M. Bouilly a cru pouvoir, grâce aux
méthodes modernes, entreprendre de parti pris, avant le
début du travail, une opération qui jusqu'ici n'était souvent
faite que quand on avait la main forcée, et avait de ce chef,
une gravité souvent accrue.
A. BnocA.
«•clé<é de feloloffle.
SÉANCE DU 9 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
TaberooloM sooglàiqne : K. Vooard. — Développement de l'inullne
dans oertainee plantes : M. Daniel. — De la végétation dans
roboourité : M. Jumelle. — Aotion de quelques convulslvants sur
le oarolnus mcenas : M. de Varigny. — Transmission au fmtus de
rinfeotion pneumonique : M. Netter. — Sur les phénomènes phy-
siologiques de l'hlbemation : M. R. Dubois. — Aotion du bacUle
pyooyanique sur des snimaux atteints de lésions nerveuses :
MM. Charrin et Ruffer. — Cellules épithéUales cillées dans une
tumeur de TomblUo : M. Toumeux. — ÉpithéUum de la vésicule
ombilicale ohes l'embryon humain : M. Tourneux. — Squelette du
cachalot mêle et du cachalot femelle ; MK. Pouchet et Beau-
regard.
M. Nocard a étudié un cas de tuberculose zoogléiquc.
Le jetage, exempt de bacilles de Koch, d'une vache sus-
pecte de phthisie, inoculé à des cobayes, a déterminé chez
ces animaux des lésions tuberculeuses du foie et de la rate;
et l'examen de ces productions tuberculiformes a fait re-
connaître la présence d'un grand nombre de zooglées. Des
tubes de gélatine et de gélose ensemencés ont donné des
cultures abondantes; celles-ci, à l'état frais, semblaient
renfermer deux organismes, un microcoque et un court
bacille; mais en réalité il n'y avait là que deux formes d'un
seul et même microbe. L'inoculation de ces cultures au
cobaye et au lapin a toujours produit des résultats iden-
tiques : une tuberculisation très marquée du foie, de la
rate, des poumons, et la mort.
— M. Bonnier dépose une note de M. Daniel sur la pré-
sence de l'inuline dans les canitules d'un certain nombre
de plantes, de la famille des Composées.
— M. Bonnier dépose une note de M. Jumelle relative à
la végétation dans l'obscurité.
— M. Dtfr/aua; présente une note de M. de Varigny con-
cernant l'action de quelques substances convulsivantes,
strychnine, brucine, picrotoxine, sur des crabes ; c'est la
picrotoxine qui seule s est montrée convulsivante.
— H. Netter a observé un cas très net, selon lui, de
transmission intra-utérine de la pneumonie et de l'infec-
tion pneumonique chez l'homme. Il s'agit d'une femme
enceinte de sept mois et demi et atteinte d'une pneumonie
grave; le dixième jour elle accoucha, l'enfant vécut cinq
jours. A l'autopsie, on trouva une pneumonie franche du
poumon droit, avec pleurésie fibrineuse, péricardite, mé-
ningite cérébro-spinale et otite. L'examen bactériologique
démontra la présence dans le poumon et dans le sang de
pneumocoques.
— H. Duclaux présente une note de M. R. Dubois sur
la physiologie de l'hibernation.
— M. Charrin a étudié avec M. Ruffer l'action du ba-
cille pyocyanique sur des animaux qui avaient préalable-
ment subi des lésions nerveuses (section d'un nerf sciatique).
Chez ces animaux l'affection locale, résultant de l'inocula-
tion faite à la partie postérieure de chaque cuisse, est beau-
coup plus grave du côté où le sciatique a été sectionné, les
lésions sont plus étendues, et la mort survient plus facile-
194 — NM2 -
GAZETTE HEBDOMADAraE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Mars 1889
ment que ehez les animaux témoins. Les auteurs poursui*
vent d ailleurs ces intéressantes recherches.
— M. Beauregard dépose une note de M. Tourneux (de
Lille), sur la présence de cellules épithéliales ciliées dans
une tumeur de Tombilic chez Tadulte.
— M. Beauregard présente une autre note de M. Tour-
neux sur répilhélium de la vésicule ombilicale chez Tem-
bryon humain.
— M. Beauregard fait, en son nom et au nom de M. Pou-
cA^f, une communication sur le squelettedu cachalot femelle
comparé au squelette du cachalot mâle. La femelle est
beaucoup plus petite aue le mâle, et les vertèbres surtout
présentent plusieurs clifTérences importantes.
SÉANCE DU 16 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE H. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
AltèrationB des globules rouges à la suite des aooès d'épUepsie :
M. Fèrè. — Tuberculose soogléique : M. Gourmont. ^ Action de
la levure de bière sur les produits secondair«6 de la fermenta -
^cn : K. Duclausc. — Action de la oinchonine et do ses dérivés
sur les crabes : MM. Langlols et de Vartgny. — Les parasites de
la oaxle dentaire : MM. Galippe et Vignal. — RotaUon de la tète
chef le foBtus : M. Bndin.
M. Féré a constaté des altérations notables des globules
rouges à la suite des attaques d'épilepsie ; si on examine le
sang une heure el demie après Taccôs environ, ou voit que
les globules sont devenus sphériques. Dés le lendemain, en
général, ils ont repris leur aspect normal. En même temps
le nombre des globulins a beaucoup augmenté. On sait que
ce dernier fait se constate aussi après les saignées, après la
menstruation ou une grave maladie.
— M. Straus présente une note de M. Courmont (de
Lyon) sur un cas de tuberculose zoogléique observé chez
une vache ; le bacille inoculé à des cobaves a déterminé des
lésions spéciales évoluant avec une rapidité très grande.
— M. Duclaux a constaté autrefois que le sucre, au con-
tact de l'air, à la lumière, peut subir une dislocation chi-
mique et donner de l'alcool, sans l'intervention de la
levure. Inversement, on peut se demander si dans toutes
les circonstances, l'alcool, résultant de l'action de la levure
i'ur les solutions sucrées, reste bien à l'état de produit
ultime et définitif, de même que la cellule animale ne peut
plus agir sur l'urée. Or» M. Duclaux a noté des conditions
où la levure, quand le sucre lui manque, agit sur Talcool
qu elle a antérieurement formé : surtout il a vu qu'elle agit
sur les produits secondaires de la fermentation alcoolique,
la glycérine, l'acide succinique, et qu elle peut les détruire
un les transformant en eau et acide carbonique.
— M. ÏMuglois a étudié avec H. de Vartgny l'action de
la cinchonine et de ses dérivés sur les crabes. Les convul-
sions sont bien moins marauées que sur les mammifères;
dans quelques rares cas seulement on observe un véritable
tétanos I aordinaire, tout se borne à quelques mouvements
convulsifs, suivis parfois d'un court accès de convulsions
cloniques. L'action des dérivés diffère aussi chez ces ani-
maux et chez les mammifères. Alors que chez ces derniers
c'est la cinchonigine qui est particulièrement toxique, sur
les crabes c'est la cinchonifine qui est la plus active.
— M. Galippe, dans des recherches faites en commun
avec M, Yignaty a trouvé dans la carie dentaire trois mi-
crobes différents ; la présence de ces microbes a été constatée
dans lescanalicules de la dentine. Les auteurs ont égale^
ment trouvé dans la pulpe différents parasites, le bactérium
terme, un microbe qui forme de l'acide lactique et le sta-
phylococcus pyogenes aureus. M. Galippe montre combien
ces actions microbiologiaues s'accordent avec ce aue nous
savons de l'évolution de la carie, cliniquement parlant.
— M. Budin a vu qu'il est possible, dans certains cas de
Srésentation vicieuse (enfant eu position occipilo-sacrée),
'imprimer à la tête fœtale, de façon à la dégager, un mou-
vement de rotation d'arrière en avant très étendu. Ce fait
tient, d'après lui, moins à lalaxité de l'articulation occipito-
atloldienne qu'à la très grande laxité de tous les téguments
des vertèbres cervicales et même dorsales.
Soelélé de thérapewtlqae.
SÈAI^CE DU 13 HÂRS 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. FERNET.
Bèaotit de l'aoidltè chlorbydrique du suo gastrique : M. Kugler. •
Strophantus du aabon : M. Blondel (Discussion : M. GatUlon).
M. Kugler donne lecture d'une note dans laquelle il passe
en revue les divers réactifs oui ont été proposés ou sont
employés pour la recherche de l'acide chtorhydrique libre
dans le suc gastrique. Ces réactifs, bien connus de tous,
sont : le violet de méthyle employé pour la première fois par
Laborde,la tropœoline, le réactif de Mosler,la phlorogluciiio
vanilline de Gunzbourp:, le vert malachite, le vert brillant
de Lépine, le réactif d'Uffelmann, le rouge du Congo, enfin
une solution de sucre et de résorcine qui vire au rouge
pourpre par l'acide chlorhydrique.
M. Blondel a reçu du gouverneur du Gabon, M. Ballay,
un envoi direct d'importants échantillons de strophantus ei
de quelques autres fruits analogues qu'il présente à la
Société. Outre des graines et des fruits entiers du stro-
Shantus glabre, décortiqués comme ceux du kombé,
I. Blondel a reçu un certain nombre d'autres fruits
beaucoup plus longs (1 mètre) et qui n'appartiennent
évidemment pas aux strophantus. Les graines sont surmon-
tées d'une touffe de poils roux, brillants, solides, tandis
que les graines des strophantus présentent, à l'une des
extrémités, une hampe avec des poils soyeux blancs s^insé-
rant sur une plus ou moins grande longueur, et, en outre,
à l'autre extrémité, un petit bouquet de poils en partie
recourbés. En outre, l'aspect de la graine elle-même est
différent, la texture histologique de son tégument complète-
ment dissemblable ; enfin cette graine est dépourvue de
l'amertume si caractéristique des graines de strophantus.
H. Blondel rappelle que cette espèce, à laquelle il a donné
provisoirement le nom de strophantus glabre du Gabon, est
celle qui est arrivée la première en France, il y a vingt
ans, qui a été dénommée inexactement alors Strophantus
hiBpiduSf nom sous lequel ont été faites les expériences de
Polaillon et Carville et les recherches de Hardy et Gallois.
En réalité, comme Ta .montré M. Blondel dans un précé-
dent mémoire, le strophantus hispidus vraien est toutàfail
différent, extérieurement et anatomiquement. D'ailleurs celte
forme ne se trouve pas dans le commerce où l'on ne ren-
contre actuellement que le kombé et Vhispidus, ce dernier
à graines brunes et à fruits entiers, le premier à graines
vertes et à fruit décortiqué. Sur un échantillon intact,
pourvu de son parenchyme, M. Blondel montre que la
surface des fruits du Strophantus hispidu,s otfre de petites
taches remplacées par des stries dans le strophantus
kombé. Ces deux strophantus ne sont pour lui que deux
variétés d'une même espèce; on les retrouve, empiétant Tune
sur l'autre, vers le centre de l'Afrique. — D'après le gou-
verneur du Gabon, la difficulté que l'on éprouve à se pro-
curer du strophantus et le prix élevé de ce produit viennent
du grand nombre de demandes qui ont été adressées au
Gabon et qui ont appris aux indigènes la valeur que les
Européens attachent à ces fruits. Aussi, les vendent-ils fort
cher et se livrent-ils à une recherche active de la plante; i
mais la récolte est faite sans aucune précaution, les stro- ,
phantussont détruits et deviennent de plus en plus rares. |
îl Mars i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRIIRGIB
— N- 12
195
Les indigènes, par vantardise, sans doute, prétendent que
jusqu^ici les blancs ne connaissent pas Tinée véritable. Le
strophantus, comme tous les poisons employés parles indi-
gènes, doit posséder son contrepoison; mais on n'a encore à
cet égard aucun renseignement certain. On a indiqué comme
telle l'écorce fraîche de baobab que les sauvages placent
sous la peau des animaux tués par les flèches empoisonnées
autour de la blessure, afin de pouvoir manger la chair de
ces animaux sans danger.
M. Catillon affirme que la difficulté de se procurer
des graines de strophantus résulte surtout de la rareté
du produit et du mauvais vouloir des indigènes. —
Il rappelle qu'il a déjà dit, il y a environ dix-huit mois,
I que le Strophantus hispidus ne fournit pas de strophan-
tiae cristallisée, quel que soit le procédé de préparation
que Toa emploie. C'est ce qui expliaue que les Anglais, qui
se sont servis de Strophantus hUpiaus ne parlent jamais que
de slrophantine amorphe. II est très fréquent de recevoir
des envois de graines avariées, surtout lorsque les fruits du
strophantus n'ont pas été soigneusement dépouillés de leur
, parenchyme. Il a eu occasion d'analyser comparativement
des graines saines de strophantus kombé et des eraines de
1 même espèce noirâtres, plates, vides provenant d un mémo
envoi; or il a été fort surpris d'obtenir avec ces dernières
I identiquement la même quantité de strophantine cristallisée.
j II ne s agissait pas, d'ailleurs, de graines attaquées par des
insectes, qui respectent le principe actif et ne se nourrissent
que de la partie inerte; on sait, en effet, qu'en pareil cas,
les cantharides, par exemple, renferment pour un même
I poids une proportion plus grande de cantharidine.
André Petit.
Société Miatoiiilqae.
SÉANCES DU !•' ET DU 8 MARS <889.
M. CORNIL.
PRÉSIDENCE DE
M. Cornil présente un ulcère de Vestomac adhérent à la
paroi abdominale, d'où une tumeur ayant fait croire à un
cancer.
— M. Matton fait voir des tubercules massifs du eer-
reau.
— M. £. Willemin montre une pyêlonéphrite suppurée
avec examen bactériologique par M. Cornil.
— M. Y. Carlier présente une petite tumeur tendineuse,
qu'il a enlevée au fléchisseur du médius sur une femme
atteinte de doigt à ressort.
— H. A. Pilliet communique Vexamen histologique
fun endothéliome de la dure-mère.
— H. A. Pilliet décrit des dilatations bronchiques
mpnUaires du sommet chez une femme de quatre-vingt-
un ans,
— H. Potherat montre un goitre intra-thoraeiqu^ rétro^
aortique, sans tumeur cervicale.
REVUE DES JOURNAUX
CHIRURGIE
FrMtarea «■ 0râ«0. M^êtiWÊB «o I» néiilMséa oMyeiui*, par
M. Bronner. — Deux observations sont relatives à des fractures
avec plaie et avec hémorrhagie externe. Dans Tune, les phéno-
mènes cérébraux étaient nuls ; le tamponnement à la gaze iodo-
formée vint à bout de Thémorrhagie ; guérison. Dans l'autre,
après enlèvement des esquilles, Tartère a été liée. Les accidents
<le compression cérébrale ont cessé par l'évacuation de Tépan-
chement intra-crànien que n*avait pas empêché Thémorrhagie
externe. Dans la troisième observation, il s*agtt d'une fracture
sans plaie. Les accidents cérébraux ont débuté cinq heures après
le trauma. Trépanation, évacuation du sangy ligature du vais-
seau. Le malade est mort au septième jour de pneumonie lobu-
laire. Les phénomènes de compression cérébrale avaient cessé.
Aucune suppuration de la plaie crânienne. {Ein Beitrag zur
Kasuistik bei Schàdelfrakturund Ruptur derArt. men. med,^
in Korr, Bl, f. Schweizer. Aerzte, 1888, n» 12),
perforaiiMs laiMMoiiiM. — < M. Macrie (de Milwaukee) a
employé l'insufflation de l'intestin à l'hydrogène pour diagnos-
tiquer une perforationde l'intestin par coup de feu. Laparotomie ;
suture des plaies (de Tintestin, de l'estomac et du mésentère).
Mort en trente-quatre heures de péritonite septiqne* A l'autopsie,
on a constaté que le tube gastro-intestinal était bien fermé. Mais
il y avait un broiement de la queue du pancréas et une hémor-
rhagie péri-rénale à gauche.
M. Taylor (de Philadelphie), dans un cas de fistule fécale de
la paroi abominale latérale, se demandait si elle communiquait
avec l'intestin grêle ou le célon. Il a constaté, par l'insufflation
rectale, que le gaz sortait par la plaie avant la production du
bruit caractéristique de la valvule iléo-cœcale. L'incision explo-
ratrice conduisit sur un cancer inopérable du côlon descendant,
(Med. News, 9 juin 1888, diaprés Centr, f. CAir., 1888, p. 973.)
Adteéreneea ^érltoaéiile* à la «vile de* lii^iirol«mle«, par
M. Thadeus von Dembowski. — Depuis que la laparotomie est
vulgarisée, on a constaté que quelques malades présentent, à
échéance variable, des accidents d'occlusion intestinale, dus &
des brides péritonéales, reliquats de l'opération première.
Dembowski a recherché expérimentalement dans quelles condi-
tions on s'expose à ces brides ou au contraire on les évite. Il
conclut contre les ligatures trop nombreuses ; contre les cauté-
risations au thermocautère des surface saignantes. L'adhérence
du grand épiploon à la cicatrice du péritoine pariétal est con-
stante. {Ueber die Ursachen der peritonealen Adhàsionen nack
chirurgischen Eingriffen^ mit RUcksicht auf die Frags der
lleus nach Laparotomieny in Arch* f. klin. Chir.f 1888,
t. XXXVII, p. 745.)
Fr««iare ûu r«ehi«^ par M. Sbvereanu (de Bucharcst). —
Garçon de seize ans, ayant été frappé au dos par une balle de
revolver, à trois doigts à gauche de la ligne épineuse, à 1 centi-
mètre en dedans du bord interne de l'omoplate. Aucun signe de
lésion intra-thoracique. Abstention. Mais au troisième jour, la
fièvre s'allume avec un peu de contracture de la nuque, paralysie
des membres inférieurs, rétention d'urine et constipation. Ces
symptômes s'aggravant, au huitième jour après l'accident, le
trajet a été débridé et du pus s'est écoulé. La balle a été trouvée
à l'aide de l'appareil de Trouvé, dans l'arc postérieur, brisé, de
la deuxième dorsale. Extraction. Guérison. {Arch.f. klin. Chir.f
1888, t. XXXVII, p. 664.)
périioBiten pwr ^rrforatioB, par M, G. F. Stbinth AU— Rela-
tion de trois opérations malheureuses, faites par Gzerny (deux
ulcères perforants de l'estomac ; une perforation de l'appendice
vermiculaire). A ce propos, Steinthal réunit vingt autres obser*
valions, déjà publiées, avec huit guérisons. {Ueber die chirur-
gische Behandlung der ulcerôsen Magen- und Darmperfo-
rationenj in Arch, /. klin. Chir., 1888, t. XXXVII, p. 850.)
€«ii«er ûu Mlii. éryalpèle iM^enlé, par M. U FfiILCHENFELD.
— L'inoculation a été faite par Fehieisen et elle a été mortelle.
Examen histologique du néoplasme. Quelques renseignements
sur les tumeurs guéries sous l'influence d'un érysipèle ; sur plu-
sieurs statistiques de survie moyenne après extirpation de la
mamelle. (Erysipelimpfung bei inoperabelem Mammacarci-
nom mit letalem Ausgang, in Arch. f. klin. Chir.j 1888,
t. XXXVU, p. 834.)
I.az«M«a de l« mâchoire ea arrière, par M. Thiem. — L'au-
teur se fonde sur quatre observations personnelles qu'il a
196 — NM2 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
22 Mars 1889
recueillies en deux ans et sur un fait que lui a communiqué
M. Siemon. Donc, c'est plus fréquent qu'on ne le croit, mais
probablement la confusion avec les constrictions temporaires des
m&choires est fréquente. Thiem rappelle d'abord les luxations
congénitales en arrière vues par J. Guérin, par Smith ; renfon-
cement de la paroi antérieure du conduit auditif externe (Bau-
drimont, Schwartze). Mais, malgré une observation de Crocker
King (1855), on nie, en général, la luxation proprement dite en
arrière. Anatomiqnement, par Texamen du squelette de la ré-
gion, Thiem conclut cependant que cette luxation est possible ;
qu'il y a une place oii le condylc peut se loger entre le tuber-
cule du tym panai en avant, l'apophyse mastoîde en arrière et
l'apophyse styloïde en dedans. Cette c fosse tympanico-stylo-
mastoîdienne > est très petite chez l'homme, mais elle est spa-
cieuse chez la femme. Aussi la luxation en arrière n'a-t-elle été
observée que chez la femme. Il faut tenir compte, en outre, de
la direction différente de l'angle maxillaire suivant les Âges, cet
angle étant à peu près nul chez les enfants et les vieillards, l'ar-
cade alvéolo-dentaire n'existant pas encore ou peu. Les muscles
masséter et ptérygoTdien interne deviennent alors purement élé-
vateurs et perdent leur action de prépulsion, tandis que le tem-
poral reste toujours' an^si éniergiqiiement rétro-puh^r. C'est
pour cela que la luxation ordinaire, en avant, est exceptionnelle
et chez l'enfant et chez le vieillard. Les observations de Thiem
concernent de vieilles femmes. Le déplacement a lieu, non par
l'acte d^ouvrir la bouche, mais par celui de la refermer. La mâ-
choire inférieure est au contact de la supérieure et elle est un
peu refoulée en arrière. Le condyle est juste devant la mastoîde.
La réduction se fait par ouverture brusque de la bouche. La
luxation s'est produite trois fois par le bâillement ; une fois elle
a été causée par un médecin qui, pour voir la gorge, a exercé
une traction énergique sur l'abaisse-langue, brusquement
saisi lors de la luxation par la mâchoire inférieure venant au
contact de la supérieure. {Ueber Verrenkungen des Unlerkie-
fer$ nach hinten, in Arch. f. klin. Chir., 1888, t. XXXVII,
p. 526.)
Mlero-orsABlMnea ei «opporalloa, par MM. KreiboHV et
RosENBACH. — Malgré les expériences de Rosenbach et Orth-
roann, de Councilmann, de Passet, de Brewing, la plupart des
auteurs nient que, sans le concours des microbes, les irrita-
lions chimiques et mécaniques puissent engendrer du pus
(Strauss, Klemperer, Scheuerlen, Knapp). Klemperer pense que
les expériences de ses contradicteurs n'ont pas été faites avec
une asepsie suffisante. Aussi Rosenbach a-t-il repris la question
avec Kreibohm, et leur travail a été prêt en même temps que
celui de Grawitz et de Bary : pour les uns comme pour les autres,
les irritations chimiques peuvent causer la suppuration. L'espèce
animale choisie a, d'ailleufs, de l'importance. Ainsi, une injec-
tion de térébenthine se résorbe chez le lapin et suppure chez le
chien. Cela dépend aussi du degré de concentration des ^b-
stances. Ces expériences sont faites avec une asepsie absolue, et
d'ailleurs, il est facile de s'assurer, par des cultures, que le pus
ainsi produit est stérile. En somme, la suppuration est un mode
de réaction de l'organisme contre des irritations diverses, et ce
n'est pas un symptôme pathognomonique d'une infection micro-
bienne {Kann Eiterung ohne Mittheilung vonMikroorganismen
durchiodte Stoffe entstehen? in Arch. f. klin. Chir., 1888,
t. XXXVII, p. 736.)
M. Alphonse Nathan a étudié la même question sous la direc-
tion de Pehleisen. Il conclut qu'après les injections d'ammonia-
que, de nitrate d'argent, de térébenthine, la suppuration n'est
pas constante, et quand elle a lieu les cultures sur plaques
démontrent toujours que le pus contient des micro-organismes.
(Zur Aetiologie der Eiterung, in ibid.y p. 875.)
A. B.
TrttTanx h consulter.
De l'hydraugyrib suraigue et de son traitement par l
SOUFRE, par M. le docteur A. Luton. ~ A propos des accident
causés par les injections sous-cutanées d'huile grise, M. A. Lu
ton recommande, pour combattre la stomatite niercurielle et le
intoxications mercurielles aiguës, l'emploi du soufre sublimr.
A cet effet, il fait préparer un électuaire de soufre et de mie
au cinquième et le donne â raison de deux cuillerées à caf
combles, chaque jour à jeun. Le soufre, de l'avis de M. Luton
serait le spécifique de l'hydrargyrie au même litre que le mer
cure est celui de la syphilis. Il serait donc supérieur au cblo
rate dépotasse. (Union médicale du Nord-Est^ 15 octobre 1888.
De l'action et de la posologie des préparations ferrucî
NKDSEs, par M. H. Sghulz.— Des expériences furent entreprise:
sur trois individus en état de santé et au moyen d'une solutior
aqueuse ki/i pour 100 de perchlorure de fer. Pendant la pre
miére semaine, on en administrait trente gouttes, pendant h
seconde soixante gouttes et durant la troisième quatre-vîii^t
dix gouttes. Au début on notait des troubles digestifs, do;
symptômes congestifs, de la tachycardie et de l'oppression. Mai^
en même temps, on constata pendant toute la durée des expé-
riences, un bien-être général, l'augmentation des forces et la
plus grande fréquence du pouls. Une fois il y eut de racné et
de la conjonctivite. La cessation du médicament fut suivie dn
dépression générale, de gène stomacale, de troubles de rappélit
et d'irrégularités de la défécation. Enfin on nota aussi du ver-
tige chez deux des individus soumis à l'expérience. £n consé-
quence, on doit admettre que le fer administré à petites doses
est mieux absorbé que quand on le prescrit à doses élevées.
{Therap, Monat/y 1888, p. 11.)
Du DANGER DE LA PARALDÉHYDE DANS l'EMPHYSÈME, par M. H.
Davy Rolleston. — Deux fois, à la suite de radminislralion
de ce médicament, cet observateur a observé de la dyspnée et
du collapsus, de sorte qu'il est conduit à considérer ces phéno-
mènes comme comparables à l'action sur la respiration observée
par Wood dans les expériences où il administrait la panildé-
hyde aux animaux. C'est ainsi que chez le lapin cette substance
provoque le sommeil, une diminution graduelle de la respira-
tion et la mort par asphyxie et sans convulsions. D'après M. Quin-
quaud, ces phénomènes s'accompagnent d'un abaissement
thermique, d'une diminution de l'acide carbonique, et comme
M. Ménocque l'a montré, de la réduction de l'hémoglobine
Dans l'emphysème, ajoute M. Rolleston, le sang chargé d'acide
carbonique stimule moins vivement les centres respiratoires :
c'est donc pour cette cause qu'il faut redouter l'action de la
paraldéhyde et à cette action qu'on doit attribuer les accidents
observés. (T/itf Practitioner, novembre 1888, p. 339.)
Une éruption cutanée causée par le sulfonal, par M. Ma\-
Engelman. — La malade, soignée pour une métrite chronique,
était atteinte d'insomnie rebelle au chloral. On lui administra, à
litre d'hypnotique, une dose quotidienne de 2 grammes de
sulfonal pendant sept jours. A ce moment on constata sur les
côtés de la poitrine une éruption scarlatiniforme et papuleuse
accompagnée de prurit. Cet exanthème s'étendit symétrique-
ment sur la face interne des deux bras et à l'épigastre. Trois
jours après sa coloration rouge pâlissait et le lendemain la peaa
avait repris son aspect normal.
Avec lasser, on doit vraisemblablement attribuer de tels exan-
thèmes à un trouble de l'innervation vaso-motrice. Leur dispo-
sition symétrique tend à supposer que l'action du médicament
s'exerce sur les centres mômes de cette innervation. {Munch.
med. Woch,, 10 octobre 1888.)
Du traitement des douleurs dysménorrhéiques par l'anti-
PYRiNE, par M. Windelschmdit. — C'est sous forme de lave-
ments contenant un gramme et demi de substance active, que
(fi observateur Ta prescrite contre les coliques menstruelles.
loe demi-heure après son administration les douleurs diminuent
et cette diminution persiste pendant douze heures. Il a pu
im amener leur sédation, huit jours durant, chez deux
femmes dysménorrhéiques. Ces effets sont accompagnés de ten-
dances au sommeil , et parfois aussi de sueurs abondantes avec
diminution de la diurèse. Dans le but d'éviter le collapsus,
) auteur conseille d*aaministrer simultanément des toniques et
eu particulier des alcooliques. {Medicininch'Chir.Rund,^ \ sep-
tembre 1888.)
De \Jl valeur des inhalations d'acide fluoriiydriqub contre
L\ PHTHisiE pulmonaire, par M. le docteur Desplats. — Cet
ûb>ervateor en a fait usage sur vingt-trois malades pendant un
temps assez long pour qu'on puisse en juger les effets. Ils
^i^jûuraaient chaque jour pendant une heure ou deux dans une
cabine ou une soufflerie envoyait 700 à 1000 litres d*air chargé
(les Fapeurs fluorhydriques. A part des accidents bénins, coryza,
rëphalalgie, étouffement, vingt et un les tolérèrent bien. Il y
(<ii parmi eux : six améliorations, sept aggravations et dix insuc-
cès; dans treize cas Tappétit augmentait; sept fois les sueurs
iliminuèrent ; trois fois les crachats furent plus rares et six fois
le pouls augmenta. On le voit, ces résultats sont médiocres et
confirment les résultats négatifs des expériences récentes de
XM. Grancher et Chaulard sur Taction stérilisante de Tacide
fluorhvdrique. {Journal des sciences médicales de LHUy p. 385,
i6 octobre 1888.)
Dg LA POSOLOGIE DE LA COCAÏNE, par MM. les docteurs Szunann
et Oblinski. — Chez les adultes on peut prescrire des in-
jections sous-coianées aux doses de 3, 4 ou au maximum
de 5 centigrammes du médicament sans provoquer d'acci*
dents. Toutefois, diaprés Fauteur, la dose de 6 centigrammes
ne doit être administrée qu'à des individus vigoureux. Cepen-
(laol on a observé des individus chez lesquels la dose a été
portée jusqu*à 20 et 30 centigrammes; mais ces individus
t'Iaient morphinomanes.
Od doit prescrire ce médicament avec prudence aux cardio-
pathes, aux individus prédisposés aux congestions cérébrales et
aui uévropathes. A ce point de vue Szumann partage lopinion
de A. Fraenkel. {Therap. MonaL, août 1888.)
Toutefois, selon Oblinski, ces inconvénients seraient moindres
quand, pour produire Tanesthésie générale, on combine Faction
de la cocaïne avec celle du chloroforme. La cocaïne est, écrit-il,
UD excitant qui prévient les dangers de la paralysie vasculaire
causée par le chloroforme et par contre ce dernier combat
raoémie vasculaire produite par \h cocBlae. {Wien.med. Woch,j
IKS, u» 15.) ^
BIBLIOGRAPHIE
DIciionoaIre de théf«|^atlqne» de matière médleale,
ée pharmacologie» de toxlcoloi^le et dea cavx miné-
rales, par M. Dujardin-Bkaumetz. Paris, 0. Doin,
quatrième et dernier volume, 18i9.
Lorsque, en 1882, parut la première livraison de cet
important ouvrage (Ga;;. AeW., 1882, p. 598), nous avons
dit tout le bien qu'il fallait penser d*un dictionnaire conçu
sar un plan aussi vaste et dirigé par un maître aussi expé-
rimenté et aussi laborieux. L'œuvre est aujourd'hui termi-
née. Ainsi qu'il fallait le prévoir, le nombre de ses pa^es a
dépassé quelque peu le chiffre annoncé au début; mais on
ne saurait trop louer la rapidité avec laquelle l'auteur a su
mener à bien une tâche aussi difficile. A côté de ses Leçons
de clinique thérapeutique si personnelles, si intéressantes
à étudier, le Dictionnaire de M. Dujardin-Beaumetz devra
être consulté par tous ceux qui veulent se tenir au courant
des progrès de la thérapeutique.
Le quatrième volume, le seul dont nous ayonsà parler Ici, va
de la lettre 0 à la lettre Z, et contient un addenaum de près
de 100 pages consacré à l'étude des nouveaux médicaments,
tels que l'acétanilide, Tautipyrine, la cocaïne, le strophan-
tus, etc., — voire même la médication dite suggestive qui
n'occupe dans cette étude des médications les plus récentes
qu'une place bien modeste (une colonne et demie) et au
sujet de laquelle des réOexions critiques un peu plus éten-
dues n'auraient pas été sans intérêt.
Cette simple énumération suffit à montrer tout Tintérét du
volume. Comme dans les précédents on sera frappé^ quelque-
fois même un peu troublé par le nombre des renseignements
fournis au sujet de chaque médicament. L'analysedes innom-
brables recherches cliniques ou expérimentales qui ont pour
but de faire mieux connaître les propriétés ou le mode d'action
d'une substance encombre aujourd'hui les ouvrages qui ont
la prétention de tout dire ou tout au moins de faire preuve
d'érudition en même lemps que.de critique. Hàtons-nous
d'ajouter que des résumés précis où l'on reconnaît souvent
la plume et toujours l'inspiration du maître terminent sou-
vent les chapitres les plus touffus et permettent au lecteur
de de faire rapidement uue idée plus nette de ce qui doit
être retenu et regardé comme immédiatement applicable.
Il nous sera bien permis, en ce moment où les opinions
sont si divisées sur ce sujet, de montrer qu'avec la plupart
des médecins expérimentés, qui se trouvent chaque jour
aux prises avec les nécessités de la clinique, H. Du-
jardin-Beaumetz reconnaît l'utilité des médicaments com-
filexes et proteste contre l'opinion qui tend à leur substituer
es alcaloïdes. A propos de l'opium brut (p. 39) : c nombre
d auteurs, dit-il, ont conseillé d'abandonner l'opium pour
ses alcaloïdes, conclusion peu légitime, car, donnés indivi-
duellement, les alcaloïdes de 1 opium ne sauraient» dans
nombre de cas, remplacer leur substance mère, i L'étude
qui suit, en montrant les différences d'action de la mor-
phine, de la codéine, de la narcéine, etc., etc., confirme
et complète cette pensée si juste.
Nous recommandons aussi particulièrement, dans ce
volume, la lecture des chapitres consacrés à l'étude de l'oxy-
gène, des peptones, de l'acide phénique, de la quinine et
des quinquinas. Nous regretterons cependant que, dans les
pages consacrées aux sels quiniques, le lactate de quinine
ne tienne point la place ^ue, depuis plusieurs années, nous
nous efforçons de lui faire obtenir. On sait que les injec-
tions sous-cutanées de lactate de quinine sont moins dou-
loureuses et plus efficaces ^ue celles du sulfate ou du
bromhydrate. A diverses reprises, et tout récemment encore
notre collaborateur, M. P. Yigier,.a montré par auels pro-
cédés on pouvait obtenir pour ces injections hypodermiques
un produit tout à la fois inoffensif et efficace. Depuis bien des
années nous nous servons exclusivement, au grand profit
de nos malades, du lactate neutre de quinine.
Il est un autre médicament en faveur duquel nous ne
cesserons aussi d'élever la voix malgré le discrédit officiel
dans lequel il paraît tombé. Nous voulons parler du phos-
phate de potasse. C'est, dit l'article qui lui est consacré,
un purgatif cholagogue qui a, en même temps, des pro-
priétés catharliques et irritantes de nature à le faire reje-
ter. Nous crevons pouvoir affirmer qu'à la dose del gramme
environ par lour, et administré dans du vin de quinquina
ou dans du sirop d'écorces d'oranges amères, le phosphate
de potasse est un reconstituant des plus énergiques, qu'il
agit sur la rénovation des globules rouges du sang, qu'il
rend les plus grands services dans les cas où les prépara-
lions martiales ne peuvent être tolérées. Nous ne doutons
pas que les médecins qui voudront administrer ce médica-
ment n'en retirent les plus grands services.
On comprendra que nous ne puissions suivre par cha-
pitres un ouvrage de cette étendue, ni insister sur les
réflexions élogieuses qu'il suggère. Nous n'avons eu pour but
qne de montrer, par quelques critiques, avec quel intérêt et
Îuelie attention nous avons parcouru ee quatrième volume,
e Dictionnaire de thérapeutique de M. Dttjardtn-Beanmeti
est, nous ne craignons pas de le répéter, l'œuvre la plus
considérable, la plus savante et la plus utile qui ait, depuis
de longues années, été écrite à propos d'une science dé^
daignée par ceux-là qui ne la connaissent pas. Les médecins
praticiens aussi bien que les physiologistes et les cliniciens
qui reconnaissent, au contraire, les précieuses acquisitions
Qu'elle a faites dans ces dernières années, sauront rendre
i'ustice au maître éminent qui n'a pas reculé devant le
abeur aussi ingrat que méritoire d'établir l'état actuel
de nos connaissances en thérapeutique.
L. Lereboullet.
Hc la meMiariilloa des os lonc« des membres, par
M. E. RoLLET (Thèse de la Faculté de médecine de Lyon).
— Lyon, 1888, Slorck.
M. le docteur Etienne Rollet vient d'étudier la mensura-
tion des os longs des membres dans se^ rapports avec Tan-
thropologie, la clinique et la médecine judiciaire.
L'auteur a mesuré à la Faculté de Lyon, dans le labora-
toire de médecine légale du professeur Lacassagne, avec la
planche osléométrique de Broca, les os longs des membres
de cent sujets (cinquante hommes et cinquante femmes) ;
l'âge et la taille sont notés. La méthode adoptée étant très
rigoureuse, on peut regarder comme très précises ces men-
surations faites à un millimètre près.
M. Etienne Rollet étudie les proportions des membres
par rapport à la taille et en cherchant les rapports de la
longueur moyenne des 6s aux tailles moyennes extrêmes ; il
constate que^ chez l'homme, les membres sont proportion-
nellement plus longs dans les petites tailles que dans les
grandes; chez la femme, le membre inférieur est plus court,
mais le membre supérieur plus long. Les différences pro-
(^ortionnelles sont moindres chez la femme que chez
'homme. La race noire a les membres plus longs que la
race blanche, surtout parle développement du tibia et du
radius : la différence est très marquée entre les femmes.
M. Eftienne Rollet consacre un chapitre à la question de
l'asymétrie des membres, qu'il appelle dissymétrie. Les os
longs des membres homologues présentent une inégalité
manifeste. L'humérus est, 93 fois sur 100, plus long à
droite. Il en est à peu près de même des os de ravant-bras.
Les membres supérieurs ont entre eux une inégalité de lon-
gueur 99 fois sur 100. La différence de 8 millimètres en
moyenne atteint parfois 14 et 22 millimètres en faveur du
côté droit.
L'inégalité du fémur est de 3 millimètres en moyenne,
tantôt en faveur du côté droit, tantôt en faveur du côté gau-
che, parfois elle atteint 7 à 10 millimètres. L'inégalité est
moins fréquente pour le tibia et surtout pour le péroné qui
est l'os le plus symétrique.
On est souvent droitier par le membre supérieur et gau-
cher par le membre inférieur. On peut être gaucher par le
memore supérieur et droitier par le membre inférieur. La
dissymétrie des membres est aussi marquée chez le vieillard
que chez l'adulte, chez la femme que chez l'homme ; elle
n'existe pas encore chez le fœtus et ne commence à se mon-
trer que dans la première enfance. Ce sont là des résultats
dont on ne saurait assez apprécier l'importance.
Dans le dernier chapitre, M. Etienne Rollet, après avoir
discuté les applications cliniques de ces résultats, aborde le
problème de la détermination de la taille d'après un ou plu-
sieurs os longs;
C'est un des sujets des plus intéressants en anthropologie
et en médecine légale, i^ous possédons des féliiurs, pai*
exemple, des hommes préhistoriques, quelle était leur sta-
ture ? En médecine légale l'identité du cadavre est choa
importante. Actuellement, on se base sur les tableaux d'Ol
fila assez incomplets. M. Etienne Rollet donne de nouveau
procédés pour déterminer la taille d'après les os longs <
arrive à des résultats très satisfaisants.
Pour lui, les hommes préhistoriques auraient une taill
moins élevée qu'on ne le suppose .généralement. Ain^
rhomme de Cro-Magnon aurait mesuré 1",80, et non l",9i
comme l'indiqueraient les tableaux d'Orfila.
M. DcvAL.
Travaux d'obstétrique du docteur Auvard, 3 volumes in-^
Paris, Lecrosnier et Babé, i8«9.
Des trois volumes que vient de faire paraître M. AovaN
le premier seulement contient la réédition de travaux et d'ar
ticles déjà publiés, soit dans la Gazette kebdonuLdaire^ soit du
les Archives de tocologie ou dans différents autres recueils 4
médecine. Le deuxième et le troisième volume ne renfernic/j
que des travaux inédits, parmi lesquels nous mentionnerons de
recherches personnelles sur Textraction de la tète fœtale e( I
mécanisme de la sortie des épaules (tète première) ; sur les pH
sentations du front et de l'abdomen, etc.; une étude très appn
fondie sur les rapports de Tadipose et de la puerpéralite ; ni
travail, qui a donne lieu à bien des controverses, sur le laoi
Îionnement iiitra-utérin, etc., etc. Toutes les recherches, toule
es considérations développées par Fauteur s*appuient sur ui
ffrand nombre d'observations reproduites in-extenso dans ce
deux volumes. Le chapitre consacré au diagnostic de Yè^\vt
de Taccouchement est une élude très minutieuse de tous le
documents qui peuvent éclairer cette question sî difficile i
pourtant si importante à résoudre.
Il n*est pas besoin d'insister sur la somme considérable é
travail personnel et d^études bibliographiques que représenlea
ces trois volumes.
Traitement db l'éclampsie pcerpkralb, par M. le doclcu
A. AuvAHD. — Paris, 0. Doin, 1889.
Comme Touvra^e précédent, celui-ci ^ renferme un grani
nombre d*observations, de statistiques et d*indications bibliogn
phiques sur lesquelles s'appuient les conclusions de l'auteur
M. Auvard, après avoir étudie dans tous leurs détails les diverse
méthodes tnérapeuti<|ues recommandées dans le Iraitemen
de réclampsie puerpérale, en arrive à conseiller avant toal e
surtout le régime lacté exclusif qui seul peut améliorer ralburoi
nurie gravidiijue. Si, malgré le traitement de cette albuminurie
traitement qui, avec le régime lacté, doit comprendre parfois le
bains, les purgatifs, les diaphorétiques, les inhalations uoxygènc
— et aussi riodure de potassium, — Téclampsie se déclarait, cV»>
à Tanesthésie chlororormiaue ou chloralique qu*il conviendrai
d'avoir recours. Le cbloral a hautes doses, en lavement, retard(
ou entrave les accès. Le chloroforme les arrête quand ils son
trop violents. L'accouchement forcé ne sera tenté qu'en cas d*
nécessité absolue; mais Taccoucheur devra, dès quela dilatalior
sara eampléte, ai^tiver par tous les moyens possibles rexpul
sion du fœtus letla délivrance. Les autres méthodes ne sont qu<
palliatives, souvent înefûcuces.
Annuaire de thérapeutique. — Paris, 0. Doin, i888.
Ce nouvel annuaire est précédé d'une intéressante préface
signée par M. Dujardin-Beaumets, et résumant les progrh
accomplis pendant Tannée 1888. On lira avec un grand prolit ce
que dit l'auteur an sujet de Tattipyrine, de Tacétanilide, an
une table alphabétique des matières, pourront être retrouvées;
mais (|ui, à première vue, semblent un peu éparscs et tr»»î^";
des suiets les plus divers. Le livre est uonc un recueil de lait*
utiles a consulter, et résumant à peu près tout ce qui a para dans
te courant de l'année.
^ Mars 4889
GAZETtE HEBDOMADAIRB DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 12 — IM
Variétés
INAUGURATION DE L'ÉCOLE DU SERVICE DE SANTÉ
MILITAIRE A LYON.
UinauguraUon de la nouvelle Ecole du service de santé
militaire a fourni Toccasion à son directeur, M. Vallin, d'ex-
iiriDier, en excellents termes, comment il entend exercer les
hautes fonctions qui lui ont été confiées. Après avoir rappelé
if soavenir de l'École de Strasbourg, où il avait été lui-même
^;pétiteu^ de médecine, et payé une dette de reconnaissance à
)a ville f qui a été le berceau delà médecine militaire française
contemporaine et qui, de plus, est pour quelques-uns la patrie
regrettée >, Bl. Vallin a donné à ses élèves les conseils sui-
Taots :
c Avant tout, vous devez respecter et faire respecter votre
oaiforme : il faut que vous en soyez fiers. Aussi bien, celui
quon vous a donné est martial, élégant; il sied bien à votre
jeunesse ; il vous donnera des satisfactions d'amour-propre,
jMurru que vous le portiez avec une correction scrupuleuse.
Hais, ne Toubliez pas, dés que vous Taurez revêtu, vous aurez
Miquéune partie de votre liberté, vous ne vous appartiendrez
plus; vous n'êtes plus un inconnu qui se perd dans la foule et
dont on ne connaît ni le nom ni la qualité; vous êtes un élève
k l'Ecole du service de santé militaire, qu'on distingue de loin,
>ur qui se fixe Tattention; et, si par malheur un jour vous vous
compromettiez un instant, ce n'est plus vous seul, c*est l'Ecole
(oui entière que vous compromettriez avec vous.
c Vous faites vos premiers pas dans l'armée, dans une carrière
où tous ceux qui ont Thonneur de porter le même uniforme se
coQsidèrent, jusqu'à la fin de leur vie, comme solidaires les uns
des autres. Cette solidarité est une force que, sans doute, vous
D'arei pas encore mesurée; elle est le stimulant qui suscite les
plus hauts faits d'armes et les plus grands dévoùments; elle
empêche aussi les défaillances* car celui qui a déshonoré son
uniforme est jug^é et renié par ses pairs; il n'y a pas de châti-
ment comparable à celai-li.
c Cette justice, vous avez le droit et le devoir de la faire vous-
iBi^mes entre vous; dans cette vie en commun où tout se passe
au grand jour, les jeunes gens du même âge se connaissent
bien vile, s'apprécient et se jugent. N'hésitez pas à répudier le
ramarade indigne qui vous paraîtrait capable de compromettre
et de déshonorer le titre d'élève et, plus tard, celui de médecin
militaire; c*est un devoir que vous auriez à remplir envers le
corps auquel vous appartiendrez bientôt.
€ Cest par ce respect de vous-même et par cette vigilance
réciproque que vous formerez cet esprit de corps qui fait la
iorce et te prestige de l'Ecole Polytecuniçiue, de Saint*Cyr, de
Siiumur, de la Flèche, du Borda, Ce qui a fait pendant long-
it^mps notre faiblesse, ce mii a retardé notre unité et notre
autonomie, c'est l'absence d'une origine commune, c'est Fab-
sencc d une Ëcole du service de sauté militaire. Cet élément de
t-italité est maintenant entre vos mains; sachez eu profiler.
« Celte Ecole nous a été rendue, non seulement pour créer
i esprit de corps et la solidarité, non seulement pour vous donner
1 instruction technique, mais encore et surtout pour vous ensei-
gner l'esprit militaire, la discipline, le sentiment de la hiérar-
chie, ces trois granacs choses sans lesquelles il n'y a pas
d armée régulière et solide, sans lesquelles le corps de santé n'a
plus de raison d'être, car les médecins militaires pourraient dès
lors être remplacés par des médecins civils empruntés à la
réserve ou à l'armée territoriale.
, ( Messieurs les Elèves, vous n'êtes ici ni des soldats ni des
étudiants : vous êtes des élèves officiers, comme à l'Ecole Poly-
technique, comme à Saint-Cyr. Inspirez-vous de ces écoles ;
empruntez à leur vie intérieure ce qu'elles ont de bon, de noble,
de généreux. Vous n'êtes pas gênés par des traditions trop
anciennes, où se sont parfois maintenues des pratiques puériles
ou brutales. Commencez une tradition nouvelle; soyez de votre
•'geel de votre temps; respectez-vous et aimez-vous les uns les
autres; formez ici de ces amitiés durables oui font le charme de
«1 vie et qui sont si précieuses dans l'armée. Faites honneur à
voire uniforme, non seulement dans la rue, mais dans les hôpi-
laux et devant vos professeurs en robe qui vous feront subir
^os examens; faites honneur à la ville de Lyon, qui s'est imposée
pour vous de mnds sacrifices et qui est ficre de vous posséder;
a la Facttlié, dont vous augmenterez l'éclat et dont vous appré-
cierez tout à l'heure les immenses ressourced; à celte Ecole
enfin» sur laqnelle sont fixés en ce moment les yeux de tous les
médecins de l'armée, dont vous serez dans quelques années les
camarades et les collègues.
c Messieurs, dès aujourd'hui commence votre tâche; je me
persuade aue le régime de l'Ecole ne vous paraîtra pas trop
lourd. Les tacililés de travail, les encouragements et les conseils
ne vous feront jamais défaut. Eu ce qui me concerne, vous me
trouverez toujours à la fois sévère pour le service et bienveillant
pour les personnes. »
Nous avons tenu à reproduire te.vtuellement ce discours; nous
ne doutons pas que les nouveaux élèves du service de santé
militaire qui l'ont si cordialement applaudi ne rendent sa tâche
facile à leur éminent directeur.
Faculté de médecine de Paris. — Cours de pathologie expé-
rimentale et comparée, — M. le professeur Straus a commencé
le cours de pathologie expérimentale et comparée le mercredi
20 mars 1889, à cinq heures de l'après-midi et le continuera les
vendredis, lundis et mercredis suivants, à la même heure, à
l'amphithéâtre du laboratoire de pathologie expérimentale
<EoQle pratique, l" étage).
— Cours de pathologie chirurgicale.-— }AA^ professeur Guyon
commencera le cours de patholoffie chirurgicale le lundi
25 mars 1889, à trois heures de I après-midi (grand amphi-
théâtre), et le continuera les mercredis, vendredis et lundis
suivants, à la même heure.
— Cours de thérapeutique et matière médicale. — H. le pro-
fesseur Hayem commencera le cours de thérapeutique et matière
médicale le lundi 25 mars 1889, à cinq heures de l'après-midi
(petit amphithéâtre), et le continuera les mercredis, vendredis
et lundis suivants, â la même heure.
— Cours d'hygiène. — M. le professeur Proust commencera
le cours d'hygiène le mardi 26 mars 1889, à quatre heures de
l'après-midi (grand amphithéâtre), et le continuera les jeudis,
samedis et mardis suivants, â la même heure.
— Cours de pathologie et thérapeutiques générales. — M. le
professeur Bouchard commencera le cours de pathologie et thé-
rapeutique générales le mardi 26 mars 1889, à cinq heures de
l'après-midi (petit amphithâtre), et le continuera les jeudis,
samedis et mardis suivants, â la même heure.
-** Cours de physMogie. — M. le professeur Gh. Richet com-
mencera le cours de physiologie le samedi 30 mars 1889, â cinq
heures (grand amph*ithéâtre de l'Ecole pratique), et le continuera
les mardis, jeudis et samedis suivants, â la même heure.
— Cours de pathologie interne. — M. le professeur Damas-
chino commcucera le cours de pathologie interne, le mardi
2(j mars 1889, à trois heures (grand amphithéâtre), et le conti-
nuera tes jeudis, samedis et mardis suivants à la même heure.
—- Objet ciu cours : c Maladies tuberculeuses et cancéreuses. ï
— Cours de médecine légale. — M. le professeur Brouardel
commencera le cours de médecine légale, le lundi 25 mars 1889,
à quatre heures (grand amphithéâtre), et le continuera les ven-
dredis et lundis suivants à la môme heure. — 11 traitera des
blessures et des intoxications aiguës.
— Conférences de pathologie interne. — M. Hanot, agrégé,
commencera ces conférences le mardi 26 mars 1889, à quatre
heures de l'après-midi (petit amphithéâtre), et les continuera
les jeudis, samedis et mardis suivants, à la même lienre.
— Conférences de pathologie infantile. — M. Hutinel,
agrégé, commencera les conférences ue pathologie infantile le
mardi 26 mars 1889, â trois heures de l'après-midi (petit
amphithéâtre), et les continuera les jeudis, samedis et mardis
suivants, à la même heure.
— Travaux pratiques d'histologie (sous la direction de
M. Rémy^ agrégé, chef des travaux). — Les travaux pratiques
d'histologie du semestre d'été commenceront le jeudi 21 mars
1889 et se continueront les samedis, mardis et jeudis de
chaque semaine, d'une à trois heures de l'après-midi (Ecole
pratique, 15, rue de TEcole-de-Médecine).
Les travaux pratiques d'histologie sont obligatoires, pendant
200
N* 12 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDEGIflE ET DE CHIRURGIE
22 Mars 1889
le semestre d'été, pour tous les élèves de seconde année. (Les
étudiants pour rofuciat ne sont pas astreints à ces travaux.)
MM. les étudiants seront convoqués individuellement par une
lettre spéciale.
Faculté de médecine de'.Montpellier. — M. Irokerl, agrégé,
est chargé d'un cours de pHysique.
Faculté de médecine de Nancy. — M. Zilgien, ancien aide
d'analomie, est nommé chef des travaux d*anatomie patholo-
gi()ue à ladite Faculté, en remplacement de M. Ehrmann, dé-
loissionnaire.
Faculté de médecine de Bordeaux. — M. Amozan, agrégé,
est chargé d*un cours complémentaire des maladies syphilitiques
et cutanées.
ËCOLE DE médecine d'Amiens. — M. le docteur Mojilongret
est institué suppléant des chaires d'anatomie et de physiologie.
École de médecine ds Caen. — - M. Guillet, suppléant, est
chargé d'un cours de pathologie externe et de médecine opéra-
toire.
École de médecine de Limoges. — M. le docteur Delotti est
institué suppléant des chaires de pathologie, de clinique chirur-
gicale et de clinique obstétricale.
École de médecine de Rouen. — M. Gascard est institué
suppléant des chaires de physique et de chimie.
Asiles d'aliénés. — Par arrêté ministériel, en date du 2 mars
1889, M. le docteur Donnet, directeur-médecin de Tasile public
d aliénés de Vaucluse, est mis en disponibilité, sur sa demande,
et remplacé par M. le docteur Boudrie, directeur-médecin de
Tasile d'aliénés de Bassons (Savoie).
— Les concours pour les places de médecins-adjoints se sont
terminés par les nominations suivantes :
Région de Lille : M, Journiac. — Région de Lyon : MM. Chau-
mier et iJarlhomeux. — Région de Nancy: M. Sizaret. — Région
de Paris : MM. Sérieux, Arnaud et Gombemale.
Corps de santé militaire. — Liste des médecins oui ont
produit les meilleurs travaux scienti^aues en i9^,— UM. Dela-
housse : Etiologie de la fièvre typhoïde. Microbisme et leuco-
maïsme. — Au^arde : Rapport sur l'épidémie de rougeole qui a
sévi sur la garnison de Rayonne en mai, juin et juillet 1888. —
Camus : Exposé de Torganisation des lazarets militaires de Sidi-
Ferruch et de Matifou, en 1886-1887. — Eude : La rougeole et
les oreillons au 90« régiment d'infanterie, à Chàleauroux,
pendant Thiver 1887-1888. — Geschwind : Recherches sur la
fièvre typhoïde dans la garnison de Moslaganem. Rôle de Teau
d'alimentation. — Jeunehomme : L'étiologie de la malaria,
diaprés les observations anciennes et modernes. — Lonçet :
Relation d'une épidémie de scarlatine ayant sévi sur la garnison
de Givet, avec des formes et des complications graves, du
26 septembre 18Ç7 au 11 mai 1888. — Poulet: De Tostéo-périos-
tite rhumatismale des métatarsiens au 3* régiment de zouaves.
— Darde : De l'emploi de l'eau chaude dans le traitement des
entorses et des fractures périarticulaires. — Duléry: De l'emploi
de l'iodoforme pour les premiers pansements des blessures de
guerre et dans le traitement des affections tuberculeuses locales.
— Escard : Accidents consécutifs à la morsure d'une vipère k
cornes; traitement parles injections hypodermiques de perman-
ganate de potasse; guérison. — Lagrange: La pathologie des
Européens a Hué. — Mackiewicz : Essai sur la valeur des indi-
cations fournies par les différents périmètres pour iuj;er de
Taptitude au service militaire. — Pauzat: Rapport sur l'épidémie
de fièvre typhoïde quia frappé le 115* d'infanterie, du 23 novem-
bre 1887 au 3 février 1888. — De Schuttelaere : Rapport sur le
choléra au Tonkin. — Tartière: Observation d'un cas de mutisme
hystérique. — Dnpeyron: Rapport sur les vaccinations et les
revaccinalions pratiquées au 143* régiment d'infanterie pendant
le meis de décembre 1887. — Uublé : Mémoire sur les vaccina-
tions et les re vaccinations pratiquées en 1887; résultats compa-
ratifs du vaccin humain et du vaccin de génisse conservé et con-
sidérations sur les causes qui influencent ces résultats. —
Maubrac: Plaies de la veine fémorale par armes à feu. ~ LalTo
gue : De l'atrophie testiculaire consécutive à l'orchite de
oreillons; symptômes et anatomie pathologique.
Congres français de chirurgie en 1889. — La quatrièm
session du Congrès français de chirurgie se tiendra du 7 a
13 octobre 18Sd, à Paris, sous la présidence de M. le baro
Larrey.
Les questions suivantes sont mises à Tordre du jour
l' résultats immédiats et éloignés des opérations pratiquées pou
des tuberculoses locales; 2** traitement chirurgical de la périio
nite; 3" traitement des anévrysmes des membres.
Congrès international de thérapeutique et dematierbne
dicalb. — Ce Congrès aura lieu à Paris, du 1*^ au 5 août 188^,
Thôtei des Sociétés savantes, 28, rue Serpente. Pourront en fsiir
partie tous les médecins, pharmaciens et vétérinaires qui auroo
envoyé leur adhésion et payé la cotisation de 10 francs.
Le bureau du Comité d'organisation est ainsi composé
MM. Moutard-Martin, président; Dujardin-Reaumetz, vice-pré
sident; Constantin Paul, secrétaire général; P.-G. Bardet, it
crétaire général adjoint; Labbé, secrétaire de la section l
thérapeutique f et R. Blondel, secrétaire de la section dem-
tiére médicale.
Le Congrès sera divisé en deux sections : l'une de tAerapfx
tique^ l'autre de matière médicale. Chacune des deux section'
f>ourra délibérer à part dans des salles séparées, aux séances li*
a niatinée consacrées aux questions particulières laissées in
choix des membres du congrès ; les séances du jour seront coni
munes et réservées à la aiscusiou des questions posées park
Comité d'organisation du congrus.
Première question. — Des antithermiques analgésiques
Chimie et pnarmacologie de ces corps ; action physioiogii]iK
et usages thérapeutiques ; lois oui peuvent permettre d'établi;
une relation entre la fonction chimique et la fonction physiol'
giaue. (Rapporteur, M. Dujardin-Reaumetz.)
Deuxième question. — Des antiseptiques propres à chai}n<
espèce de microbes pathogènes : Valeur proportionnent' «H
antiseptiques, leur action spéciale ; étude de leur moJ-^
d'absorption et des meilleurs procédés d'administration. {^^
porteur, M. Constantin Paul.)
Troisième question. — Des toniques du cœur : leur nalnrv,
leurs actions spéciales ; valeur relative des plantes pt if^
leurs principes actifs, alcaloïdes et glucosides. (Rapporteur^
M. Bucq^uoy.)
(Quatrième question. — Des nouvelles drogues d'ori^^^^
végétale récemment introduites dans la thérapeutique. (M"]
porteur. M. Planchon.)
Cinquième question. ~ Unification des poids et mesa^'^
employés dans les formules; de Vutilité d'une pharmacoyfi
internationale. (Rapporteur, M. Shaer, de Zurich.)
Les membres du Congrès qui comptent faire une commune' ••
tion sont priés d'en annoncer le titre au secrétaire du romi!|
avant le 15 mai prochain. Les communications et diseussioB^
seront réunies dans un volume qui sera imprimé paj les soinj
du comité d'organisation et sera adressé à chaque adhérent. 1
Une exposition de drogues simples se rapportant aux qnestioi»
posées par le Comité aura lieu au siège au cougrès pendant i
durée de la session ; elle sera organisée par les soins dj
MM. Adrian et Blondel.
On est prié d'adresse toutes les adhésions et communici»ti«J
à M. le docteur Bardet, secrétaire gén ;ral adjoint du forn^
d'organisation, 119 bis, rue Notrc-Dame-des-Champs, à Paris, i
Nécrologie. — Nous avons le regret d'annoncer le déciV
M. le docteur Denucé, doyen honoraire de la Faculté de m
cine de Bordeaux, associe national de l'Académie, auquel
travaux de chirurgie ont valu une réputation mériiée;
MM. les docteurs Bodereau, médecin en chef de rhdpit^il |
Bïans; Herbelin (de Nantes), et G. Johnslon, président du Kc
and Queen's Collège of physician, de Dublin.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
i8038. — MOTTBROZ. — Imprimerioi rëuniot. A. me Migooo, t l**»»-'
n Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE. CHIRURGIE
N» 12 — 20t
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
Le fiAlaeol.
En 1887, il a paru dans le n"" 20 du Correspondenz-Blatt
fur Schweizer Aerzte. un travail du docteur Sahli sur le
Gaîacol. Ce médecin s est proposé de substituer ce corps à
la créosote dont il fait partie dans la proportion de 60 à
90 pour 100. En effet, la créosote n*est pas une espèce chi-
mique définie^ mais un mélange de plusieurs composés
appartenant à la classe des phénols.
En 1888, M. Fraentzel (Therapeutische Monatshefte]
11" 4), se basant sur une communication personnelle du pro-
fesseur Penzoldt, qui croit que le Galacol est la substance
aclive dans la créosote, a employé le Galacol dans plus de
douze cas de tuberculose, et a obtenu les mêmes résultats
qu'avec la créosote.
Le Gaîacol se prépare, diaprés le procédé de Fischer, par
distillation du bois de hêtre et se sépare vers 200 degrés.
Lesuroduits recueillis à cette température sont traités par
plusieurs^ réactifs et soumis plusieurs fois à des distillations
Iraclioanées.
A Tétat pur, le Galacol constitue un liquide incolore,
d'une odeur aromatique agréable, ce qui est un avantage
sur la créosote.
Fischer a indiqué plusieurs procédés pour s'assurer de la
pureté du Galacol. Un de ces moyens consiste à agiter
i centimèires cubes de Galacol avec 4 centimètres cubes de
benzine de pétrole à la température de 20 degrés. Si le
Galacol est pur, il se sépare rapidement et en totalité. Si on
a affaire à du Gaiacol du commerce qui, d'ajprès Fischer, ne
renferme quelquelois que 35 pour 100 de ualacol, il se fait
une solution claire ; rien ne se sépare.
Il est de première importance de s'assurer d'un produit
bien préparé, parfaitement pur et bien conservé ; les effets
thérapeutiques dépendent évidemment de ces conditions.
L'action thérapeutique du Galacol est très voisine de celle
de la créosote. Sahli a expérimenté sur un grand nombre de
phlhisiques et a vu la toux, surtout au début de la phthisie,
promptement calmée. Quand l'expectoration est pénible et
les sécrétions abondantes, le Galacol fluidifie les mucosités
et les diminue progressivement.
Le Galacol convient à tous les cas de phthisie lente qui
exigent un long traitement.
Quand le Galacol est bien supporté, l'appétit ne tarde pas
à se relever ainsi que l'état général.
C'est un médicament, comme la créosote, à continuer
pendant des semaines et des mois.
Tout récemment, un médecin des hôpitaux de Paris a fait
usage de ce médicament sous forme de Perles contenant
chacune 5 centigrammes de Galacol pur en solution dans
Thuile de £alne. Ces Perles ont été préparées sur sa demande
suivant le procédé du docteur Clertan, par la maison
L. Frère. Les résultats obtenus seront l'objet d'un travail
ultérieur, mais déjà nous savons qu'ils confirment de tous
points les travaux des médecins étrangers.
La dose usitée de Galacol est de 15 à 20 centigrammes
par jour environ, ce qui correspond à trois ou quatre Perles;
mais il peut être administré à des doses beaucoup plus
élevées.
THÉRAPEUTIQUE
Saltejlato de mcrcnre.
Une communication du docteur Silva Araujo à la Société
de polyclinique générale de Rio-de-Janeiro a appelé l'atten-
tion sur cette combinaison hydrargyrique. Cet auteur lui
reconnaissait de sérieux avantages qu'il résumait ainsi :
1** Le salicyiate de mercure est facilement supporté par
l'estomac; il n'occasionne ni les gastralgies, ni les enterai-
gies ou coliques, ni la diarrhée qui sont fréquemment l'effet
des autres préparations mercurielles, sans y excepter le pro-
toiodure et le tannate de mercure dont il a été fait récem-
ment un si large emploi ;
2<' Le salicyiate de mercure n'a jamais produit la stoma-
tite mercurielle;
3*" A l'intérieur le salicyiate de mercure agit avec plus de
promptitude qu'aucun autre des sels de mercure usités
jusqu'à ce jour.
A la suite de cette publication le docteur Cari Szadek, de
Kiew, a administré le salicyiate de mercure dans vingt-cinq
cas de syphilis.
Les observations du médecin russe confirment entière-
ment les résultats annoncés par le docteur Araujo, de Rio.
Dans aucun cas la médication n'a occasionné de désordres
des organes digestifs, ni stomatite, ni salivation lorsque la
bouche et les dents étaient en bon état.
Plus récemment, le professeur Swimmer, de Budapest, a
demandé à la maison L* Frère, de Paris, de lui préparer,
suivant son procédé d'enrobage et d'impression, des pilules
imprimées, de salicyiate de mercure, à la dose d'un centi-
gramme. Le sel lui-même a été préparé de toutes pièces au
laboratoire de cette importante maison*
Le professeur de Pest donne cinq de ces pilules par jour,
tandis que le docteur Silva Araujo a formulé des pilules de
25 milligrammes dont il donnait trois par jour.
Nous pensons que, d'une manière générale, la dose du
professeur hongrois convient mieux pour une médication
qui doit être fractionnée et progressivement croissante.
D'ailleurs, il est toujours facile d'augmenter le nombre des
pilules.
11.
30* — N* 12
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
22 Mars 1889
THÉRAPEUTIQUE
Caraetères chimiques de la peptone.
Une bonne peplone, pour être assimilable, doit
remplir les conditions suivantes :
Emploi de viande de bœuf de première qualité,
sans muscle ni graisse; rejet absolu de la viande
de cheval, avec laquelle on baisse le prix.
Digestion de cette viande de bœuf avec la pep-
sine dialysée pure, jamais par les acides seuls.
Après la digestion, la pcptone obtenue doit être
neutre, ne contenir ni glucose, ajoutée souvent
pour augmenter la densité au détriment de la
quantité de viande employée, ni phosphates arti-
ficiels, pour augmenter les phosphates naturels,
ni chlorure de sodium ou sel marin provenant
de l'emploi de Tacide chlorhydrique pour la
digestion de la viande, ni tartrate de soude,
quand on s'est servi d'acide tartrique dans le
môme but.
Une solution de peptone pure doit être lim-
pide et ne pas précipiter par l'acide azotique, ce
qui est la conséquence d'une digestion parfaite.
La peptone Chapoteaut remplit exactement
toutes ces indications ; c'est à sa pureté, à sa
régularité de préparation et d'action qu'elle doit
d'être la seule employée dans le laboratoire de
M. Pasteur pour les opérations si délicates de
culture des organes microscopiques, et dans tous
les laboratoires de physiologie.
Au Ministère de la Marine, les navires qui font
le service de la Cochinchine et du Tonkin doi-
vent être, par décision ministérielle, approvi-
sionnés de la peptone Chapoteaut^ car c'est le
plus puissant moyen de nourrir les malades
atteints de la diarrhée, du choléra ou du typhus;
ce traitement est de beaucoup plus actif que le
régime lacté.
La peptone Chapoteaut est employée sous les
formes Suivantes :
POUDRE DE PEPTONE CHAPOTEAUT.
Elle représente cinq fois son poids de viande
de bœuf et s'emploie dissoute dans du thé, du
bouillon ou du potage, pour augmenter leur
puissance nutritive, ou dans de l'eau tiède pour
lavements. La peptone en poudre supprime rem-
ploi des peptones liquides, sujettes h s'altérer si
elles ne contiennent pas soit de l'alcool, soit de
la glycérine.
VIN DE PEPTONE CHAPOTEAUT.
Ce vin est alimentaire par excellence; il est
agréable au goût, se conserve bien et contient,
par verre à bordeaux, la peplone de 10 grammes
de viande de bœuf.
Il s'emploie dans tous les cas où il est néces-
saire de relever et de soutenir les forces des
malades, d'assurer une alimentation et une diges-
tion régulières.
Dose : un demi-verre à vin de Bordeaux après
les repas.
G« MA8S0N, Propriitair$*GéranU
l.liM. ,1. .H4lUt -Mil n '''HllTij JIJ. MIL II. ■' ' ""
— MoTTEROZ. — Imprimeiiei réunies, A, rue Mignon, % Pari»-
TRENTE-SIXliKE ANNÉE
NM3
29 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. USRSBOÏÏLLET, Rédâctbur sn ghit
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, B. DIEUUFOY, DREYFU$-BRI$AC, FRANCOIS-FRANCK, A. HÊIOCQUE. h.4. ■ARTIN, A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ee qui concerne la rédaction à M. Lirkboollit, Ai, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. ^ BOLLCTIN. ~ OBSTKTniQUB. Céphalolribo etbatjotribe. — CoM-
niaimoNS pharmaceutiquis. Incompatibilité du salicjflate de soude et de
lantipTrihc (Ml nature. — FoRHOLAlRR thkrapeutiqub. Du traitement de
l'eaéina de la ilentltion. — Traitcaient local antiseptique do l'crysipèle. —
Travaux ORIGINAUX. Médecine opératoire : Xole sur un appareil à llioracénièse.
- Sur une petite épidémie locale ileçastro-cotcritc ch'o'criforme. — Rttt?EDE8
rOtRS ET DBS CLINIQOBfl. HApitsl Saillt^LouIs. •> SOCIBTéS 8AVARTB8. Aca-
(iciuic des sciences. » Académie de médecine. ~ Soricté médicale des hôpitaux.
-Société de chinir(,ne. —Société de biologie. — BidliograpHK. Guide pratique
4e (H!tite chirurgie. — VARlirés.
BULLETIN
Paris, 27 mars 1889.
Académie de médecine : Le létaBos. — l-e» poêien mo-
ules. — Société médicale des hôpitaux : !•«• msdAdies
érnpllvcii eontuffleiMes. — IKoitwelle ornanteAilon
du Val-dc-€Sr*ee.
S'il esl vrai qu'il soil possible de juger la valeur d'une
Ihêorie scientifique par ses applications pratiques et s'il est
josle de reconnaître que, en prophylaxie aussi bien qu'en
thérapeutique, la nature des maladies peut être parfois
reconnue par les procédés qui servent à les guérir, les
préceptes prophylactiques qui terminent le travail de
M. Verneuil ne trouveront plus de contradicteurs. En ad-
roeUant même qu'on ne considère point le tétanos comme
une maladie infectieuse transmissible des solipëdes à
l'homme, et tout en niant son origine équine, nul ne pourra
se refuser à considérer comme utiles les précautions indi-
quées pour soustraire les blessés à une contamination au
moins possible. L'isolement des tétaniques, la purifîca-
tion anliseptique des instruments et des objets qui auront
servi à les panser, le nettoyage des plaies suspectes, les pro-
cédés conseillés en vue d'empêcher le tétanos du cheval de
!^e développer après la castration constituent toute une
série de mesures dont l'utilité est indiscutable.
L'immense quantité de documents analysés par M. Ver-
neuil, le talent avec lequel il les a groupés pour en déduire
les conclusions théoriques qu'on lira plus loin (p. 211) don-
nent à cette étude sur le tétanos une importance considé-
rable. Il paraît impossible que de nouvelles recherches
dirigées dans une voie si magistralement tracée n'aboutis-
sent pas à quelques résultats définitifs.
La discussion sur les dangers d'intoxication oxycarbonée
que présentent les poêles mobiles s'est brillamment ouverte
par des communications de MM. Vallin, Le Roy de Méri-
courl et Dujardin-Beaumetz. Un grand nombre d'orateurs
Sont inscrits pour les séances prochaines. C'est dire que la
^•StWI, TrXXVI.
question soulevée par M. Lancereaux est difficile à résoudre •
ou bien que les inconvénients à signaler sont nombreux.'*
Aussi aimerait-on à voir, s'il est possible, les débats se
préciser et s'ordonner. Quelles sont les questions à exa-
miner ? 1^* Les poêles à combustion lente, tels qu'ils exis-
tent aujourd'hui, présentent-ils des inconvénients graves ?•
3^ Les intoxications observées sont-elles réellement dues
au fonctionnement régulier de l'appareil ou à des fautes
commises dans son usage? S"* Ces fautes peuvent-elles être
évitées ? 4*' En cas de réponse affirmative, comment en
informer le public avec une précision suffisante? ô*" Dans le
cas contraire, faut-il résolument proscrire l'emploi des
poêles à combustion lente, ou doit-on laisser payer d'accidents
dont on ignore généralement le nombre et la gravité, les
avantages économiques de ce nouveau procédé de chauffage?
Tels sont les points qui seront vraisemblablement sou-
levés ; il y aurait tout intérêt à les discuter successivement,
puisqu'ils dérivent les uns des autres, et il y aurait sans
doute des inconvénients à les confondre. Ce qui domine, en
effet, c'est la nature et l'étendue du danger qu'offrent les
nombreux poêles à combustion lente qui se disputent la
faveur du public et nous souhaitons que des expériences
démonstratives et contradictoires puissent enfin donner des
indications nettes et précises sur ce point fondamental. Il
n'est pas douteux que la combustion y soit incomplète, mal
réglée et que le bénéfice de l'appareil tienne en grande
partie à ces conditions ; quant aux dispositions qu'ils exigent
poux la rapide évacuation des gaz produits, le tirage éner-
gique, rapide et efficace, l'impossibilité de tout retour dans
la pièce, il est bien peu de cheminées qui les assurent dans
nos constructions contemporaines. Il faut aussi songer que
le bon marché de ces poêles en rend l'usage presque indis-
pensable, à moins qu'il ne doive être proscrit, dans les loge-
ments populaires, où il est souvent matériellement impos-
sible de changer l'appareil de local pendant la nuit et de
prendre des précautions convenables. Si donc, nous le répé-
tons, il était définitivement prouvé qu'il y a un réel danger
à user de ces appareils et qu'il n'y existe aucun remède
faudrait-il aller jusqu'à les tolérer, au nom de cette
liberté du suicide que les économistes de l'école aujour-
d'hui dominante considèrent comme la règle fondamentale
en matière d'hygiène des habitations privées? La discussion
prochaine, qui n'a été ({u'amorcée hier, permettra, sans
doute, de conclure sur ces divers points.
— Sur la proposition de M. Grancher, une commission,
composée de tous les médecins des services hospitaliers où
13
202
N* 13 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
29 Mars 1889
sont traitées les maladies de l'enfaace, vient d'êlre appelée à
rédiger un rapport dont les conclusions devront établir ce
que nous savons au sujet du mode de propagation des ma*
ladies éruptives, ce que Ton peut tenter pour en diminuer
le nombre et la gravité. Il convient d*applaudir sans réserves
à cette décision et d'émettre le vœu que les médecins des
services d'enfants tiennent tous à honneur de donner leur
avis et de s'entendre pour arriver à préciser un peu la ques-
tion qui vient d'être discutée devant la Société des hôpi-
taux.
Gomme Ta si bien dit M. Grancher, à moins de discuter
indéfiniment des questions insolubles et de demander à
l'administration de l'Assistance publique des mesures im-
praticables, il faut, dans toutes ces question de contagion,
tenir compte de ce qui paraît démontré, laisser dans l'om-
bre ce qui n'est que probable et surtout n'imposer aux mé-
decins que des réformes pratiques et vraiment utiles. À ces
divers points de vue, l'isolement cellulaire dont a parlé
M. Richai*d est une de ces mesures radicales auxquelles on
ne peut songer non seulement pour les malades de Thôpitai
qui, en cas d'épidémie, sont beaucoup trop nombreux, mais
même pour les malades de la ville. Il n'est pas un médecin
un peu expérimenté, un peu au courant des nécessités de la
clientèle privée, qui ne sache traiter les rubéoliques et éviter
les complications qu'ils présentent parfois, sans recourir
à des procédés tout à fait inapplicables. Le mot antisepsie
médicaleysi souvent prononcé dans cette discussion, équi-
vaut pour nous au mot propreté. Encore ne faudrait-il point
croire que la propreté d'un rubéolique exige une aération
trop souvent suivie de refroidissements graves. Dans l'épi-
démie qui sévit en ce moment encore et qui a rarement été
plus intense que cette année, la mortalité par rougeole, au
moins dans la classe aisée, est à peu près nulle, et nous
croyons n'avancer que des opinions admises par tous les
médecins d'enfants, en disant qu'il est des épidémies béni-
gnes et des épidémies graves, que les précautions antisep*
tiques ne sont vraiment utiles que dans certains cas déter-
minés et excessivement rares en ce qui concerne la rougeoie.
Nous ne doutons point dès lorsque la Commission nommée
par la Société des hôpitaux ne laisse de côté ce sujet, un
peu étranger aux préoccupations des praticiens, et qu'elle ne
s'applique surtout à préciser, en tenant compte des diverses
maladies éruptives. le moment où commence et surtout
celui où finit le danger au point de vue de la contagion.
En ce qui concerne la rougeole, la question parait simple ;
elle pourrait être facilement résolue. Il semble surabondam-
ment démontré que la rougeole est contagieuse et surtout
contagieuse dès le début de la période d'invasion, c'est-à-dire
pendant les quatre ou cinq jours qui précèdent l'apparition
de l'exanthème et pendant toute la durée de celui-ci. Or,
que se passe-t-il trop souvent ? Un enfant est atteint de rou-
geole dans une famille qui compte cinq ou six frères et
sœurs. On isole — ou Ton prétend isoler — le malade, afin
de préserver ceux qui vivent près de lui. Ceux-ci continuent
à sortir, à assister à des cours, à se mettre en contact avec
d'autres enfants ; mais ils ont gagné la maladie avant même
que le médecin ait été appelé ; et, successivement atteints
après dix, quinze, dix-huit jours, ils transmettent autour
d'eux le germe de la rougeole qu'on ne reconnaît que le
jour où il est trop tard pour en empêcher la propagation.
Ne diminuerait-on pas notablement le nombre des rubéoli-
ques en exigeant que les écoles, les cours publics, les mati-
nées, etc., soient interdits à tous les enfants n'ayant point
encore eu la rougeole, mais appartenant à une famille dans
laquelle se trouvera un rubéolique et cela pendant les vingt
jours qui suivront la guérison de ce rubéolique? Ne faudrait,
il pas,dans les internats, isoler tout de suite à rinfirmcrie et
les y garder pendant vingt jours le rubéolique et ses voisins
immédiats?
En un mot, ne devrait-on pas poser en principe que
toutes les fois que la rougeole a frappé un enfant, tous
ceux qui ont vécu côte à côte avec lui pendant les quatre ou
cinq jours qui ont précédé l'éruption, devront être consi-
dérés comme suspects et traités en conséquence? Par
conlre n'esl-il pas exagéré de considérer comme contagieux
et devant rester isolés les enfants dont l'éruption a disparu
depuis huit jours ? Un ou deux bains ne suffiraient-ils pas
pour les purifier et la durée totale de l'isolement pour la
rougeole ne devrait-elle pas être limitée à dix ou douze
jours au plus après l'apparition de Texanthème?
Pour la coqueluche et surtout pour la scarlatine, la
question est plus diflicile à résoudre. La toux reste quinteuse
dans la coqueluche pendant de longues semaines et cepen-
dant la maladie, elle aussi, ne se transmet guère que durant
la première période et surtout ne se transmet que par un con-
tact immédiat ou prolongé. Est-il possible, en effet, d'admelire
que le seul changement d'air suffira à guérir une maladie
spécifique? Et si l'on pense que le changement d'air na
d'autre effet que d'atténuer les crises qui s'observent dans
le cours d'une affection spasmodique, on reconnaîtra qu à
partir du moment où le changement d'air est efficace, c'esl-
à-dire trente ou quarante jours après le début de la coque-
luche, l'élément infectieux de la maladie peut être considéré
comme ayant fait place à l'élément purement spasmodique.
A ce moment la coqueluche ne doit plus être contagieuse.
Or, si l'on peut démontrer — et nous croyons qu'on peut le
faire sans danger aucun — que la rougeole n'est plus conta-
gieuse huit jours après que l'éruption a disparu, et cela en
faisant à ce moment passer les malades des salles d'isole-
ment dans les salles communes, on pourra peut-être, eu
procédant de même, démontrer que, malgré la persistance
des quintes convulsives, la coqueluche n'est plus contagieuse
après trente ou quarante jours.
Il n'en sera pas autrement pour la scarlatine. La durée de
la desquamation n'est pas toujours en rapports directs avec
la durée de la contagiosité de la maladie. Celle-ci n*esl
guère transmissible pendant la période d'invasion ; elle Test
davantage pendant la période de desquamation. Mais il ne
faudrait pas pour ce motif condamner à l'isolement un ma-
lade qui pèlera pendant deux ou trois mois comme nous en
avons vudes exemples. A ce point de vue également il y aurait
une expérience à tenter en favorisant la rentrée des malades
dans les salles communes après trente ou quarante jours
et un ou deux bains savonneux.
Quant à la diphthérie, nous pensons que l'on se mettra
d'accord pour affirmer que la maladie n'est contagieuse que
durant le développement des fausses membranes qui la
caractérisent. Lorsque l'angine est bien guérie, ce qui varie
singulièrement suivant les sujets ; lorsque les manifestations
extérieures de la maladie ne sont plus visibles, celle-ci
peut être considérée comme n'étant plus contagieuse; mais,
pour la diphthérie surtout, il importe de bien désinfecter
tous les vêtements, tous les instruments, tous les meubles,
rideaux, tapis, tentures, etc., qui ont pu recevoir et garder les
germes infectieux.
Après la discussion f|ui vient d'occuper plusieurs séances
Î9 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— W 13 — 203
de la Société des hôpitaux et qui aboutira, nous l'espérons,
à une série de conclusions précises, nous devons nous
borner à ces quelques réflexions. Notre but, en les écrivant,
e>t surtout de bien faire comprendre qu'il y a quelque chose
à tenter, non seulement à l'hôpital, mais encore et surtout
en dehors de l'hôpital, pour arriver à enrayer le développe-
ment (les maladies contagieuses de l'enrance. A Tbôpital,
I encombrement, la malpropreté, etc., etc., peuvent, nous le
reconnaissons, aggraver la maladie et donner naissance à
un plus grand nombre de cas intérieurs. Dans le milieu
nosocoroial, les précautions antiseptiques sont donc néces-
saires. Hors de l'hôpital, ce qu'il faudrait, c'est, après avoir
bien précisé les modes de contagion et la durée de la
maladie, indiquer et au besoin imposer les mesures né-
cessaires pour en arrêter la propagation. Ces mesures
semblent assez faciles à prescrire et les familles les
accepteront sans grandes difficultés le jour où elles seront
assurées qu'elles sont imposées partout, dans les collèges,
dans les écoles, dans toutes les agglomérations d'enfants.
— Un décret publié il y a quelques jours dans le Journal
mlitaire officiel modifie en certains points l'organisation
(le rÉcoIe du Val-de-Grâce. Désormais, l'hôpital du Val-de-
Grâce, sous le nom éChôpital (Tinstrtictiony est rattaché à
l École d'application de médecine militaire et placé sous les
ordres immédiats du sous-directeur. Cette mesure, depuis
longtemps réclamée et toujours ajournée, a l'avantage de
mettre le personnel enseignant hors de l'autorité collatérale
du directeur du service de santé du gouvernement de Paris,
et de rendre plus faciles les rapports journaliers du médecin
chef avec son supérieur hiérarchique. Nous approuvons
moins le maintien au Val-deGrâce des aides-majors surveil-
lants, promus au grade de médecin-major de S*" classe; mais
nous regrettons surtout l'article qui autorise le directeur à
ronfler au major de l'école, dont les fonctions étaient
jusqu'ici purement administratives, un service d'hôpital et
même des conférences. Dans une institution où tout le per-
sonnel enseignant est arrivé par le concours, nous consi-
dérons comme une innovation dangereuse de mettre sur le
même pied que les agrégés, voire même que les professeurs,
un fonctionnaire qui n'a jamais eu à faire preuve de ses
aptitudes à l'enseignement ou au traitement des malades.
Les mesures de ce genre, prises sans le conseil ou l'assen-
timent de ceux qui auraient toute autorité pour les juger,
sont essentiellement arbitraires. Il nous eût semblé plus
urgent de renforcer l'enseignement chirurgical, que la
suppression du professeur d'anatomie laisse grandement en
souffrance depuis plus d'une année, et de rendre au corps
enseignant la stabilité qui permet seule les travaux de
longue haleine.
OBSTÉTRIQUE
€épluilOtrlbe «t feastolrlbe.
Lorsque, le fœtus étant vivant et se présentant par le
sommet, le forceps, appliqué régulièrement et par suite
solidement sur la tête au détroit supérieur rétréci^ n'a pu,
•Malgré des tractions soutenues mais sans violence,
triompher de l'obstacle pelvien ; ou bien encore quand le
f'^lus, se présentant dans les mêmes conditions, est mort au
moment où l'intervention est possible ou s'impose, il ne reste
au médecin élevé à l'école française, qu'une ressource pour
terminer l'accouchement en faisant courir à la mère le
moins de risques possible : la réduction du volume de la
tète fœtale par perforation et broiement.
Deux instruments sont, à l'heure actuelle, employés dans
ce but: le céphalotribe et le basiotribe. Malgré les immenses
avantages que présente celui-ci comparé à celui-là, c'est mal-
heureusement encore au céphalotribe que la grande majorité
des médecins français donnent la préférence. Les uns
semblent obéir à ce penchant de l'esprit qui, comme le dit
si bien Pajot, nous fait plus ou moins réfractaires à un
moyen nouveau tombant au beau milieu de notre carrière
et d'une position déjà faite. Les autres, sans parti pris, et
c'est le plus grand nombre, n*ont eu ni l'occasion, ni le
loisir d'apprendre à connaître, dans les mémoires et les
journaux spéciaux (i), les avantages du basiotribe sur son
aîné. C'est pour ces derniers que je voudrais examiner ici ce
qu'était naguère (j'entends au point de vue mécanique) la
céphalotripsie, avec Tinstrument plus ou moins modifié de
Baudelocque neveu, et ce qu'elle est devenue avec le basio-
tribe Tarnier.
I
L'idéal sans cesse rêvé et poursuivi depuis 1829 par les
accoucheurs réduits à pratiquer la céphalotripsie a été le
suivant : broyer la tête (voûte et base) d'une façon suffisante
pour lui permettre de franchir le rétrécissement sans
risques pour les parties molles; conserver sur la tête broyée
une prise suffisamment solide pour Tentrainer au dehors
sans déraper; réduire autant que possible la durée de Tacte
opératoire.
Or, dans un grand nombre de cas, même dans les rétré-
cissements moyens qui de beaucoup les plus communs nous
occuperont d'abord, le céphalotribe était, de l'avis de ceux*
là mêmes qui le maniaient avec le plus d'habileté, impuissant
à réaliser ces desiderata.
Certes, lorsqu'il saisissait bien la tête, il la broyait fort
bien. Mais le malheur était que trop souvent il la saisissait
mal parce que non engagée, mobile, elle remontait en
fuyant au-dessus de l'instrument, ou s'échappait en avant ou
en arrière des cuillères, à la façon du noyau de cerise pressé
entre deux doigts. Un aide habile peut, il est vrai, en Tim-
mobilisant par pression au travers des parois abdominales,
parer dans une certaine mesure au premier de ces inconvé-
nients; mais il est trop souvent impuissant à empêcher le
glissement horizontal. La tête échappe ainsi à l'action du
céphalotribe qui n*en broie qu'un segment (la voûte) et non
la totalité.
Lorsque, ce broiement incomplet terminé, l'accoucheur
cherche à engager la tète, à l'extraire après l'avoir fait
tourner, il n'y peut parvenir; l'instrument dérape. « Mal-
heureusement, écrivait M. Tarnier en 1865, l'application du
céphalotribe est souvent imparfaite, et malgré toutes les
précautions, le céphalotribe lâche prise et glisse sur la
tête » ; et plus tard, en 1876, il ajoutait : € Tous les céphalo-
tribes connus ont Tinconvénient de lâcher prise; i
Que faire alors? Séance tenante, d'après la méthode pré-
conisée par P. Dubois, on réappliquait l'instrument une
seconde fois pour tâcher de compléter le broiement et de
faire une prise plus solide; mais on se heurtait alors à une
difficulté nouvelle : la tendance des cuillères à se réengager
(1) Bulklin de V Académie de médecine, déconibro 1883; Pinard, Annales de
gynécologie, novembre i88(; Bar, Progrèt médical, d<kciubre ISSi*
204 — N* 13 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
39 Mars 1889
dans leur premier sillon. On allait ainsi parfois jusqu'à
trois, quatre, six interventions successives. Courbure des
cuillères suivant les faces, courbure suivant les bords, rugo-
sités de la face interne, crochets, fenêtres, saillies transver-
sales, rien n'y faisait.
Devant Timpossibilité d'entraîner le fœtus avec le cépha-
lotribe, même après des broiements multiples, on avait en
avant-dernier ressort recours au cranioclaste, bon instrument
d'extraction; et, si l'on échouait encore, à la version con-
seillée par Tarnier et Bertin.
II
J'ai dit que je ne parlais pour l'instant que des rétrécis-
sements moyens. Il me suffirait d'ouvrir les thèses nom-
breuses publiées sur la céphalotripsie pour y puiser des
observations probantes; je citerai seulement quelques faits
récents.
Dans un recueil fort intéressant ayant pour titre : Der
Kaiserschnitt und seine Stellung zur kûnstlichen Fruhge-
burty Wendung und Perforation bei engem Becken (1888) et
dans lequel Léopold vient de publier les résultats de sa pra-
tique à la clinique de Dresde, je relève les quatre observa-
tions qui suivent:
Obs. I. — Sexipare, à terme (premier accouchement spontané
lent, enfant vivant; deux accouchements terminés par le forceps,
enfants vivants; deux terminés parcraniotomie). Conjugué vrai de
8 centimètres; enfant vivant. Perforation; deux applications du
céphalotribe qui glisse deux fois. Extraction facile par la cranio*
ciasie d'une fille de 3710 grammes. En tout quatre opérations
successives.
Obs. II. — Primipare. Conjugué vrai de 7 centimètres. Perfo-
ration ; deux applications du cranioclaste qui glisse deux fois ;
une application de céphalotribe qui dérape. Extraction, à Taide
du doigt, d une fille de 2590 grammes.
Obs. III. — Primipare. Bassin normal. Éclampsie. Enfant
vivant. Tentative infructueuse de forceps. Deux applications
infructueuses du cranioclaste. Céphalotripsie également infruc-
tueuse. Extraction d'une fille de 3300 grammes à la suite d'une
nouvelle cranioclasie.
Obs. IV. — Secondipare (premier accouchement terminé par le
forceps. Enfant mort). Conjugué vrai de 75 millimètres. Version
impossible. Tentative infructueuse de forceps. Perforation.
Application du cranioclaste qui dérape. Céphalotribe qui dérape
également. Extraction à Taide du crochet aigu introduit dans
Torbite.
Je trouve d'autre part sur les registres de la Maternité de
Lariboisière de 1882 à 1884 les six observations suivantes,
les seules où l'on ait dû avoir recours au broiement de la
tête:
Ors. I. — Primipare; bassin de 7 centimètres, asymétrique.
Enfant mort à l'arrivée à la Maternité (pesant 3000 grammes).
Craniotomie. Deux applications du céphalotribe (M. Pinard
opérant).
Obs. II. — Primipare; bassin de 7 centimètres, asymétrique.
Enfant mort à l'arrivée, non pesé. Craniotomie. Deux applica-
tions de céphalotribe (M. Pinard opérant).
Obs. III. — Primipare; bassin de 8 centimètres, canaliculé.
Enfant mort par procidence du cordon (pesant 4000 grammes).
Craniotomie. Quatre applications du céphalotribe (M. Pinard
opérant).
Obs. IV. — Tertipare. Deux accouchements antérieurs spon-
tanés à terme, par le sommet ; premier enfant macéré, deuxième
vivant. Bassin de 8 centimètres, canaliculé. Enfant mort par pro
cidence du cordon (pesant 3200 grammes). Craniotomie. l oi
application du céphalotribe qui ne broie que la voûte et dérape
Extraction à Taide du cranioclaste.
Obs. V. — Secondipare (c'est la femme de l'observation ]}
Enfant mort à l'arrivée (pesant 3000 grammes). Craniotomie; un<
application infructueuse du céphalotribe ; cranioclasie san
succès ; deuxième application du céphalotribe (M. Maygrie
opérant).
Obs. VI. —Tertipare. Rassin de 87 millimètres. Deux accou-
chements antérieurs spontanés (enfants morts). Présentation d(
la face; enfant vivant (pesant 2800 grammes). Après échec du
forceps, craniotomie. Trois applications du céphalotribe
(M. Pinard opérant).
Une observation qui remonte à quelques mois, tirée dci
mêmes registres, vient encore à l'appui de ma thèse; je la
résume brièvement :
Qbskrvation. — En octobre dernier se présentait à la Ma(e^
nité de Lariboisière une femme de trente-cinq ans, arrivée an
terme de sa neuvième grossesse.
Les premier, quatrième et septième accouchements ont élc
terminés par le forceps, les trois enfants sont nés vivants ; les
deuxième et cinquième accouchements ont été spontanés, renfaul
présentant le sommet; les troisième, sixième, huitième grossesses
ont avorté vers trois mois.
Lorsque cette femme arrive à Thôpilal, à neuf heures du soir,
il y a dix-huit heures qu'elle est en travail et huit heures que la
poche des eaux est rompue. L*enfant, encore vivant, mais qui
rend son méconium et dont les battements cardiaques sont irré-
guliers et ralentis, présente Textrémité céphalique un peu
déQéchie et mobile au-dessus du détroit supérieur. Un médecin
de la ville a fait sans succès six tentatives d^applications de
forceps. L'utérus est tétanisé. Temp., 38 degrés. Pouls rapide.
Agitation.
Le bassin ;nesure 97 millimètres dans son diamètre promoiUo-
sous-pubien.
Une application régulière de forceps, faite par rinterne do
service, n'ayant pu engager la tète, M. Pinard est mandé. A son
arrivée, Tenfant ayant succombé, M. Pinard se décide à réduire le
volume de la tète fœtale. N'ayant pas de basiotribe sous la maiD,
il a recours au céphalotribe. Après avoir pratiqué la craniotomie,
il est obligé de faire successivement «ix applications du cépha-
lotribe. Les cinq premières fois, la tête, très mobile, fuit en
avant ou en arrière des cuillères, malgré tous les efforts de l'aide,
et échappe au broiement. Ce n'est qu'à la sixième tenlalive
qu'elle peut être solidement saisie du front à Tocciput et broyée.
Quelques tractions suffisent alors pour extraire facilement un
fœtus de 2630 grammes. Les suites de couches ont été normales;
la femme a quitté la Maternité le douzième jour.
Mais enfin, dans les faits précédents, avec bien de la
peine, on est arrivé au but. t Quoi qu'on fasse cependant,
dit M. Tarnier, il n'est pas toujours possible d'extraire la
tête; quelquefois les femmes succombent sans avoir été
accouchées, i Un confrère de province, d'une très grande
ville de province, me racontait récemment l'histoire d'une
femme ayant un bassin de 7 centimètres et demi, qu'il vit
mourir sans être accouchée après des applications réitérées j
du céphalotribe. Et l'opérateur est un accoucheur et un pro- ,
fesseur de talent. |
Si contre de tels écueils viennent se heurter des maîtres
rompus par une pratique quotidienne à toutes les diffi- j
cultes de l'obstétrique opératoire, que doit être la cépha-
lotripsie entre les mains du praticien qui, à de rares |
intervalles, au cours dç sa carrière, se trouve en lace de cas
20 Mans 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM3 — 205
semblables? Etcomment s'étonner des désastres qu'entraîne,
par crainte du cépbalotribe, remploi immodéré du forceps et
de la?ersion, voire de Topération césarienne, dans des cas
où, retirant étant mort, ces opérations sont contre-
indiquées?
III
Dans les rétrécissements extrêmes, de G centimètres et au-
dessous, les imperfections du céphalolribe étaient plus
évidentes encore*
De l'avis unanime, la céphalotripsie devenait alors « une
opération excessivement dangereuse, assez même pour qu'on
ait pa dire, non sans raison, qu'elle compromettait la vie
de la femme tout autant que l'opération césarienne, et cela
sans la compensation offerte par cette der-
nière, la conservation possible et parfois
probable de la vie fœtale ]» (Pajot). C'était de
plus une opération très difficile, car < c'est
justement dans cesrétrécissemenlsi excessifs
que la tète restant fort élevée, fuit facile-
ment devant l'instrument et n'est très or-
dinairement saisie que par la partie la plus
accessible de la voûte 3 (Pajot).
Pour parer à la fois à ces dangers et à ces
dirficultés, le professeur Pajot avait imaginé
sa merveilleuse méthode de céphalotripsie
répétée sans tractions qui consistait à faire,
à deux, trois ou quatre heures d'intervalle
les unes des autres, deux à quatre séances
d'un, deux ou trois broiements chacune^ et
à confier à la nature l'expulsion de la tète
ainsi réduite* C'était là un grand progrès,
mais qui était loin, on en conviendra, de
réduire au minimum l'acte opératoire*
J'en ai dit assez, je pense, pour montrer
eorobieu, dans ces conditions, était justifié
le jugement porté jadis par M. Tarnier sur
la céphalotripsie:
c Indépendamment des difficultés qui com-
pliquent cette opération, on lui reproche
d'exiger souvent un temps fort long, des
manœuvres nombreuses, de causer ainsi
Tépuisement des femmes, de les exposer à
des inflammations de la plus haute gravité,
de produire quelquefois des violences trau-
roatiques mortelles ; on peut encore ajouter
que parmi les femmes qui guérissent, quel-
ques-unes ont présenté des fistules vésico-vaginales. Que
répondre à cela, si ce n'est que personne ne conteste la
gravité de la céphalotripsie; d'ailleurs comment faire
mieux? >
M. Tarnier a répondu lui-même à sa question en imagi-
nant en 1883 le basiotribe.
IV
Cet instrument se compose, comme le montre la figure ci-
joinle'(rig.1), de trois branches d'inégale longueur, étagées,
et d'une vis d'écrasement. Long de 4i centimètres, il mesure
4 centimètres d'un côté à l'autre quand il est articulé et
serré.
La branche médiane (fig. 1 et 2 A), la plus courte, porte un
perforateur alésoir que l'on fait pénétrer dans le crâne par
un mouvement de rotation jusqu'à ce que sa pointe soit arrêtée
par la résistance de la base, avec laquelle elle devra rester
en contact jusqu'à la fin de l'opération.
La branche gauche (fig. 1 et 2 B), analogue à la branche
gauche d'un forceps, est ensuite appliquée comme s'il s'agis*
sait du forceps et articulée avec la branche médiane.
Branche médiane et branche gauche sont alors rappro-
chées par la vis d'écrasement et broient une moitié de la
tète. Un petit crochet maintient ces deux branches rappro-
chées pendant qu'on enlève la vis d'écrasement.
La branche droite (fig. 1 et 2 C), la plus longue de toutes,
est ensuite appliquée et articulée comme la branche droite
d'un forceps, et la vis d'écrasement (fig. 1 et 2 D), mise de
nouveau en place et en action, rapproche cette branche des
deux premières*
La tète est ainsi écrasée en deux broiements successifs,
moitié par moitié, puis l'on procède à son extraction. Je ne
puis décrire ici en détail le manuel opératoire de la basio-
tripsie. Ceux de nos lecteurs qu'aura convaincus la lecture
de cet article, trouveront ce manuel exposé tout au
long dans le mémoire publié en 1885 par mon maître
M. Pinard (1) et qui renferme en outre les premiers résul-
tats cliniques obtenus à l'aide du basiotribe.
Les avantages du basiotribe sur le céphalotribe sont, au
point de vue théorique, les suivants:
l*" Le perforateur et la branche gauche forment un appareil
de fixation empêchant la tête, voûte et base, d'échapper par
glissement vertical ou horizontal au broiement de la grande
branche;
(1) Le Boiiotribe Tarnier» In-S» de 03 page», avec 11 figures et 2 planches en
chromolithographie. Paris, Slcinheil, 1885.
206
N* 13 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
29 Mars i889
2'' Lorsque le broiement est termiaé, la tète est solide-
ment saisie et tout dérapement est impossible.
« Le maniement de cet instrument, concluait M. Tarnier
(dans une note lue à l'Académie de médecine en décembre
1883), est d*ailleurs analogue à celui du céphalotribe et du
cranioclaste, mais il leur est supérieur et offre, comparati-
vement, de très grands avantages, si je m'en rapporte aux
expériences cadavériques que j'ai faites. »
La clinique est ici d'accord avec les expériences cadavé-
riques. Je reprends en eiïet les registres de la Maternité de
Lariboisière et j'y vois ceci :
De 1884 à 1889, il a été pratiqué dans cet établissement,
par M. Pinard ou ses élèves, trente-deux basiotripsies pour
des rétrécissements variés du bassin (rétrécissement mini-
mum, 55 millimètres).
Trente fois une seule application du basiotribe a suffi
pour permettre l'extraction immédiate, et, je n'ai pas besoin
de le dire, sans tractions violentes.
Deux fois, de propos délibéré, pour éviter dans les
tractions l'emploi de la force, et alors que l'instrument
tenait solidement, le premier broiement a été, sans retrait
du perforateur, doublé d'un second, immédiatement suivi
de l'engagement spontané de la tète réduite au maximum.
Cette statistique démontre d'une façon irréfutable les
immenses avantages du basiotribe sur le céphalotribe. Le
basiotribe est tout ensemble perforateur parfait, broyeur et
extracteur excellent. Il réduit au minimum la durée de
l'acte opératoire. II remplace, sous un moindre volume,
dans la trousse obstétricale, trois instruments : le perfora-
teur, le céphalotribe et le cranioclaste, ce qui réduit à néant
l'argument tiré contre lui de son prix élevé.
Grâce à lui, l'extraction, après broiement, de la tête dans
les bassins viciés, est devenue une des opérations les plus
simples de l'obstétrique, non pas seulement pour les
maîtres, mais pour les débutants ; et nous pouvons dire
hardiment, pour l'avoir éprouvé maintes fois, que la basio-
tripsie est infiniment moins difficile et moins troublante
qu'une application de forceps au détroit supérieur rétréci.
H. Varnier.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
loeompatlbllKé du «allejlate de «onde et de l'natlpyrlne
en natare.
On associe parfois, dans une même formule, le salicylate
de soude et l'antipyrine. Bien qu'il convienne de toujours
donner ces médicaments l'un après l'autre plutôt que
l'un avec l'autre, cette méthode n'a aucun inconvénient,
lorsqu'on prescrit une solution d'antipyrine et de salicylate
de soude. Tout autre serait la question si l'on voulait mé-
langer dans un cachet ou un paquet ces deux médicaments.
Ainsi que l'a montré récemment à la Société de pharmacie
notre collègue M. Prudhomme, ce mélange tache bientôt
le papier ; il se forme assez rapidement un corps huileux
qui, au bout de vingt-quatre heures, transforme le mélange
en un magma pâteux et alcalin, dont la décomposition s'ac-
croît de jour en jour. Il est donc de toute nécessité de ne
jamais réunir dans un cachet l'antipyrine et le salicylate de
soude. Sans rechercher s'il convient d'associer ces deux
médicaments dans une même solution, je crois pouvoi
affirmer que celle-ci se conservera indéfiniment et gardera I
légère acidité que possède toujours le salicylate de soude.
Pierre Vicier.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Da Iraltement de Veeméwnm de la dentltlaa.
Pour M. E. Besnier, l'eczéma de la dentition est an eczém.'
réflexe du visage, parfois du dos de la main et du poigne
avec sensibilité gingivale et salivation.
De là trois indications : 1** calmer le prurit gingival
2" combattre Vinsomnie; 3" guérir F état local,
!• Pour calmer le prurit gingival^ attouchement et fric-
tions fréquentes des gencives avec le doigt trempé dans uni
solution ainsi formulée :
Hydrochlorate de cocaïne , 0,05 centigrammes.
Bromure de potassium 0,50 —
Eau distillée ) « -^ .^^^^^^
Glycérine T* 10 grammes.
2** Pour combattre /'iw«omnt>, faire ingérer par cuille-
rées à soupe d'heure en heure la potion suivante :
Bromure de sodium 0,30 à 0,50 centigrammes.
Sirop de fleurs d'oranger 60 grammes.
3* Contre l'état local^ prescrire des onctions avec une
pommade contenant :
Oxyde de zinc 10 grammes.
Vaseline 30 —
H. E. Besnier recommande en outre de recouvrir les ré-
gions malades d'un masque en toile de caoutchouc ou en
mousseline; suivant les parties atteintes, on peut le rem-
placer par une feuille de makintosch.
Traltemeot loeal aallseptl^ne de l'éryalpèle.
Aux injections sous- cutanées antiseptiques on a essayé
de substituer des topiques doués des mêmes propriétés.
Voici le traitement recommandé par Nussbaum :
i** Onctions sur les surfaces érysipélateuses avec une
pommade ainsi formulée :
Icthyol ) -
Lanoline S
ââ 15 grammes.
2<' Enveloppement — immédiatement après l'application '
du topique — avec une couche d'ouate salicylée. |
Ce pansement arrête la marche de l'érysipèle et diminue
la douleur et l'inflammation cutanée dans l'espace de quel- 1
ques heures à deux ou trois jours. i
Ch. Éloy. I
39 Mars 1889
GÂZBTTE HEBDOMADAIRE DE HÉDECINB ET DE CHIRURGIE
— N* 18 — 207
TRAVAUX ORIGINAUX
Hédeelne opératoire.
XoTE SUR UN APPAREIL A THORACENTÈSE. Communication
faite à la Société médicale des hôpitaux dans la séance
du 22 mars 1889, par M. le docteur M. Debove, agrégé
de la Faculté, médecin de Thôpital Andral.
Depuis que HH. Potain et Dîeulafoy ont préconisé les
ponctions aspiratrices, d'innombrables appareils aspirateurs
ont été proposés et il vous paraîtra peut-être inutile d'en
augmenter la liste. J'ai cependant fait construire par M. Ga-
lante un modèle qui mejparait d'un emploi commode; j'en
énumérerai brièvement les avantages.
I. — Voyons d'abord le trocart :
1** Il est entièrement métallique, tandis que les autres
trocarts sont munis à l'intérieur d'une petite rondelle de
cuir, ce qui ne permet pas de les désinfecter à l'étuve sans
les détériorer;
2* Il est muni d'une gaine et d'un mandrin, qui repré-
sentent une sorte de trocart plein, transformé en trocart
creux par un simple niouveinent de rotation, et cela si
commodément gu'on pourrait opérer d*une seule main;
3* Il est muni d'un manche, ce qui rend son maniement
plus facile.
II. — Les tubes qui relient le trocart à la bouteille et à la
pompe sont de simples tubes de caoutchouc non munis de
robinets; ces tubes s'adaptent à des tétons, et l'appareil
Trocarl ol sa cannie. — Appareil aspiratoiir.
forme un tout dont les diverses parties ne sont pas suscep-
tibles de se désunir pendant l'opération.
ni.— La pompe est seulement aspirante. J'ai vu nombre
d'accidents arriver par l'emploi des pompes qui peuvent
servir tout à la fois à aspirer et à refouler. Trop souvent
des opérateurs ont refoulé le liquide qu'ils voulaient as-
pirer.
IV. — Enfin mon appareil présente un dernier avantage :
u est notablement meilleur marché, en raison même de sa
simplicité, que ceux existant actuellement dans le com-
merce.
Giialqtt« mMIcale*
Sur une petite épidémie locale de gastro-entérite
GHOLÉRiFORME. — Communication faite à la Société médi-
cale des hôpitaux dans la séance du 22 mars 1889, par
M. Ch. Fernet, agrégé à la Faculté, médecin de l'hôpi-
tal Beaujon.
Le iS décembre 1888, entrait dans mon service une jeune
femme de trente ans qui présentait des symptômes d'une
gastro-entérite dont révolution fut bientôt accompagnée de
phénomènes cholériformes à marche rapide, et, neuf jours
à peine après son entrée, la malade succombait à une com-
plication d'érysipèle.
Comme je recherchais quelle pouvait être la cause de la
maladie, et au'à défaut d'une intoxication vraie, volontaire
ou accidentelle, je me demandais s'il n'y avait pas lieu
208
N« 13 —
CAZETTË HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CIIIRURC.IE
29 Mars 1889
l
d'incriminer l'eau prise en boisson, un de mes externes,
M. Carlier, aujourd'hui interne des hôpitaux, qui habitait
précisément dans le voisinage de celte malade, m'apprit
qu'à sa connaissance plusieurs cas analogues s'étaient pré-
sentés récemment dans un groupe limité de maisons, si-
tué dans la rue Pergolèse (quartier de l'avenue du Bois de
Boulogne), où habitait la malade en question. Je lui de-
mandai de vouloir bien se livrer à une enquête sur ces
faits, et il put ainsi réunir quatre cas, y compris le nôtre,
ui s'étaient développés à court intervalle de temps dans
es maisons voisines l'une de Fautre. Voici d'abord les ren-
seignements que j'ai pu obtenir sur les cas qui .n*ont pas
été soumis à mon observation :
l*" Le 10 octobre 1888, une femme X..., concierge au
n** 42 de la rue Pergolèse, tombe malade et après quelques
jours de malaise, est prise d'une diarrhée violente et de
vomissements répétés. Transportée à l'hôpital Beaujon le
15 octobre, elle est placée dans le service ae M. Millard et
le diagnostic inscrit est celui d'entérite cholériforme ; la
malade reste plusieurs jours dans un état grave avec coUap-
sus, refroidissement des extrémités, etc.; néanmoins elle
va mieux au bout de peu de temps et peut sortir de l'hô-
pital; mais deux mois après cette maladie, elle conserve
encore une grande fatigue et une faiblesse générale.
2» Le 28 octobre 1888, M. Y..., employé, âgé d'environ
quarante ans, demeurant 38, rue Pergolèse, est pris subi-
tement dans la nuit d'une diarrhée intense; dans la jour-
née suivante il a des garde-robes répétées qu'on évalue à
quarante au moins dans les vingt-quatre heures, avec ex-
pulsion de matières noirâtres; en même temps il a des
vomissements et de légères crampes dans les membres; il
reste pendant dix-huit heures sans uriner. La période aiguë
de la maladie dure quatre jours entiers. Le médecin de la
ville appelé à soigner ce malade diagnostique cholérine et
emploie, nous dit-on, une médication anti-diarrhéique éner-
gique. Le malade guérit, mais il reste une semaine en
convalescence.
3"" Le troisième cas concerne la malade de mon service
dont je donnerai tout à l'heure l'observation plus détaillée.
Elle habitait au n"" 48 de la rue Pergolèse, est tombée
malade le 6 décembre 1888, et est morte le 21 du même
mois.
4° Une dame Z..., demeurant 39, rue Pergolèse, est prise
subitement dans la nuit du 9 au 10 décembre de douleurs
abdominales avec vomissements, diarrhée et expulsion de
matières noirâtres. On lui administre du sirop thébaïque,
du laudanum, du bicarbonate de soude et du sous-nitrate
de bismuth. Les accidents cessent bientôt et la malade
guérit.
Relativement à l'eau qui peut être prise en boisson, nous
avons appris que l'eau distribuée dans la rue Pergolèse est
l'eau de la Vanne ; nous n'avons pas eu connaissance qu'on
se soit servi d'eau de puits ni d'eau de citerne; mais nous
avons su qu'on avait creusé des fondations dans la rue vers
le milieu du mois de septembre : ces travaux avaient-ils pu
entraîner quelaues contaminations de l'eau? Je me con-
tente de poser la question.
Voici maintenant l'observation de la malade de mon ser-
vice, résumée d'après les noies de mon externe M. Cartier
et aussi celles de mon interne M. Laffitle.
Obs. La nommée V..., domestique âgée de trente ans, entre à
Beaujon (salle Axenfeld, n° H) le 42 décembre 1888. Cette
femme, bien portante habituellement, est prise le 6 décembre
de symptômes qui paraissent d'abord se rapporter à une bron-
chite avec fièvre et soif vive. Le iO décembre, en même temps
3ue la soif augmente, elle commence à avoir de la diarrhée et
es vomissements. Le médecin qui la soigne, pensant à la possi-
bilité d'une fièvre typhoïde, lui conseille de se faire soigner à
l'hôpital.
Vne fois à l'hôpital, la malade continue à se plaindre d*une
soif intense; les vomissements persistent, fréquents, ils sor
verdâtres, porracés, survenant sans grands eflbris; la diarrh^^
est abondante, aqueuse , mais sans grains rizi formes. Le m;
de tête dont la malade avait souffert a disparu; il y a un peu d
sommeil pendant la première nuit. Le ventre est aplati, pàlcu!
et indolent à la pression; on ne trouve à sa surface aucun
tache rosée lenticulaire. La malade ne tousse plus; Texamen d
la poitrine est négatif. 11 n*y a rien au cœur. L'examen de
urines révèle Pexistencc d'une albuminurie peu «iccusée. Il n*
a pas de fièvre : la température est normale à 37 degrés ; 1
pouls est petit, faible à 80 pulsations.
En présence de cet état, la fièvre typhoïde me parait bien im
probable» mais le diagnostic reste en suspens.
Traitement purement svmptomatique : potion laudanum e
bismuth, potion de Todd, lait additionné d eau de chaux.
14 décembre. — La situation reste à peu près la même, lei
vomissements ont été moins répétés, mais la diarrhée a ét4
fréquente pendant la nuit. Le soir, la température fléchit, ell<
est à 36 degrés.
15 décembre. — Aujourd'hui les symptômes cholériforme!
s*accu$ent nettement : Furine, devenue rare, contient une
fraude ({uantité d'albumine; il n'y a pas de crampes, mai*
algidité est générnle (température 35'',2), le pouls est fiii-
forme, il y a de la cyanose des extrémités et la peau a perdu sa
tonicité : les plis qu'on y détermine entre les doigts ne s'effa-
cent que très lentement; la voix est éteinte, les yeux sout creux
et cernés. Les vomissements continuent et les selles sont sé-
reuses avec des grains riziformes. Un échantillon de ces garde-
robes est envoyé au laboratoire de bactériologie : notre cuUè^ui'
Chantemesse qui les a examinées n'y a trouvé aue des carac-
tères banals, notamment des microbes de la putréfaction.
Au traitement antérieur, j'ajoute des injections sous-eutauêt>$
d'éther et du vin de Champagne.
16 décembre. — Les vomissements et la diarrhée ont cessé;
mais l'état général reste le même et l'hypothermie persiste; la
malade est dans une torpeur profonde, elle refuse toutes k&
boissons, même le vin de Champagne, et je suis obligé de con-
seiller de les lui introduire par le nez.
17 décembre. — Depuis deux jours il n'y a [«lus ni vomisse-
ments ni diarrhée, mais Tanurie est complète et absolue; if
pouls est imperceptible et il faut ausculter le cœur pour con-
stater qu'il V a 85 contractions par minute.
J'essaye oe faire sortir la malade de sa prostration en prati-
quant sur le tronc et les membres la faraaisation cutanée avec
lé balai, mais cette excitation n'a qu'une action momentanée.
Dans la journée, sur mes indications, mon interne, M. Laf-
fitte, fait une injection intra-veineuse d*eau salée suivant la
formule d'Hayem (10 grammes de chlorure de sodium, 5 grammes
de sulfate de soude pour 1 litre d'eau à 38 degrés). Cette injec-
tion est bien supportée et le pouls se relève aussitôt.
18 décembre. — L'amélioration survenue hier à la suite «If
l'injection intra-veineuse n'a pas persisté, et je retrouve la ma-
lade dans le même état de prostration inquiétante que les jours
précédents ; cependant on sent un peu le pouls qui est régulier
a 80. 11 y a eu ce matin quelques ^arde-robes peu abondantes,
colorées en jaune et sans grains riEiformes.I/urine est revenue,
en petite quantité. La malade continue à refuser les boissons,
alimentaires et les remèdes qu'on veut lui donner; ainsi il n'a
f»as été possible de lui faire accepter le naphtol que je voulais ;
ui faire prendre.
Aussi une seconde injection d'eau salée est décidée pour ;
l'après-midi; elle est- pratiquée dans les mêmes conditions et
donne le même résultat : relèvement du pouls, retour partiel
des apparences de la vitalité.
19 décembre. — Je constate une amélioration nolable : la |
température axillaire. qui était descendue à 3l*,6, s'est élevée
d un degré ; la température rectale, qui était les deux malins ,
précédents à 36 degrés, atteint maintenant 37%7; le pouls est
Serceptible, et depuis hier soir on a pu recueillir 500 grammes ,
'une urine qui contient peu d'albumine. '
On fait prendre à la malade un bouillon additionné de pev- ,
tone qu'elle ne vomit pas; dans la journée elle prend un peu de |
lait et du vin de Champagne. i
29 décembre.— La malade semblait entrer en convalescence, |
elle était sortie de son état de torpeur et Talgidilé avait cesse;
la peau avait repris sa consistance, les vomissemenis s^éta/ent
arrêtés et le pouls avait gagné de la force ; mais ce malin nous
voyons apparaître un érysipèle de la face, qui a débuté par la
20 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM3 — 209
narine droite et s^étend déjà sur la joue ; la température rec-
ule moDle à 39 degrés et le pouls est ample. Cette complica-
tiûu me fait porter un pronostic défavorable.
Lérysipèle s'étend rapidement dans la journée au côté droit
(le la face et envahit aussi Taile gauche du nez et la lèvre supé-
rieure.
îi décembre. — La malade meurt à neuf heures du matin.
A Vaulopsie on trouve les lésions d'une entérite très étendue
du petit et du gros intestins: la muqueuse est par places rouge,
congestionnée, ecchymotique ; la partie inférieure de Tintestin
grêle et le gros intestin surtout sont très congestionnés et pré-
sentent un piqueté hémorrhagique abondant. En aucun point
ou oe constate de saillie glandulaire ni d'ulcération. Le cœur
est petit, revenu sur lui-même, ainsi que les vaisseaux arté-
riels ou veineux.
Les poumons sont normaux, sauf quelques traces d'emphy-
sème; chose singulière, on constate de remphysème dans le
tissu cellulaire des médiastins : la cause de cette lésion n'a pu
être déterminée.
L'observation précédente ne comporte pas de longs com-
QiêDtaires : elle ressemble, en effet, à beaucoup d'autres
observations de choléra ou de gastro-entérite cholériforme.
L'érysipèle terminal, qui a été la cause déterminante de la
mort, n'est pas non plus une complication rare dans ces
; rircoustances (il est vraisemblable gue ces malades, profon-
dément déchus, offrent un terrain favorable à Tinvasion du
microbe érysipélaleux), et alors cet érysipèle esl presque
toujours rapidement funeste.
Malgré l'issue fâcheuse de la maladie, je pense que ce
cas peut être porlé à l'actif de la pratique' des injections
intra-veineuses : il est admissible, presque probable que la
malade eût gaéri sans la complication d'érysipèle, et je
crois pouvoir dire que la situation était désespérée quand
les injections ont été commencées.
Il resterait à déterminer quelle a été la cause de la ma-
ladie chez notre malade et chez les trois autres personnes
dont j'ai parlé d'abord. Sur ce point je n'ai pas de données
positives; mais, si l'on considère qu'il ne paraît pas possible
d'admettre, soit un écart de régime ou une indigestion, soit
une intoxication alimentaire ou médicamenteuse, on sera
amené à soupçonner que l'ean de boisson a été l'origine
vraisemblable de ces accidents. Il me parait avéré que la
Compagnie des eaux envoie de temps en temps de Teau de
Seine au lieu d'eau de source dans certains quartiers ou
groupes de maisons, et cela, quel({uefois au moins, sans en
prévenir d'avance les habitants. Ceux-ci voient alors la
bonne eau claire et transparente remplacée par l'eau sale
et jaunâtre que nous connaissons tous comme étant celle
qui passe sous les ponts de Paris. J'en ai connu, récemment
encore, plusieurs exemples, qui ont eu des conséquences
moins graves assurément, mais cependant fâcheuses. N'y
a-l-il pas là un abus que nous avons le devoir de combattre
en en signalant avec insistance les dangers?
Quoi qu'il en soit de cette interprétation, le fait seul de
la petite épidémie, circonscrite dans un groupe de maisons
bien limité, que je viens de rapporter, m'a paru digne de
vous être communiqué*
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Hôpital Saint-Louis. — Réunions cliniques hebdoma-
daires DES MÉDECINS DE l'HÔPITAL SaINT-LoUIS (1).
Lichen ruber plan multiforme, lichen de la langue
ET DE LA CAVITÉ BUCCALE. — Il s'agit d*une femme, âgée
^e cinquante-six ans, entrée le 1" février 1889 dans le sec-
<1) Voy. la Gaz. hebd. du iS jantier 1887, a* 3. Il est bien entendu que aous ne
«i'iaiions, et scuknuent par extraits, qu'un résumé des principaux cas présentés.
^ cotopie rendu détaiUé de ces réunions parait dans les Annales de dermatologie
'< lU suphitigraphie.
vice de M. le docteur Besniery pour une éruption prurigi-
neuse dont le début remonte au mois de novembre 1888.
La cause accusée par la malade serait la répétition d'émo-
tions morales et pénibles. L'éruption oècupe pres(}ue la
totalité du corps à l'exception de la face et du col. Discrète
sur le tronc, elle présente un maximum régulier à la région
lombaire dans les points de pression des vêtements. Sur
les membres elle occupe de prérérence le sens de la flexion ;
elle est surtout marquée aux jambes. Sur les avant-bras, on
constate dans toutes leurs variétés et leur multiformité des
papules plates, simples ou conglomérées, planes, lisses,
brillantes: quelques-unes présentent au centre une squame
blanche augmentant par le grattage. Aux jambes les groupes
de papules forment des plaques, presque complètement
recouvertes de squames qui donnent à la maladie l'aspect
d'un psoriasis vulgaire. H. Besnier fait remarquer comoien
le diagnostic avec cette dernière dermatose pourrait être
embarrassant. Ce qui rend ce cas particulièrement intéres-
sant, ce sont les lésions de la langue et de la bouche. La
langue est couverte de taches légèrement saillantes, blanc
d'argent, isolées ou cohérentes, irrégulières de forme,
lisses et brillantes, quelques-unes déprimées au centre, d'au-
tres à l'état de petites papules planes. L'éruption se retrouve
à la face interne des joues sous forme de taches blanches
saillantes dont un grand nombre sont nettement papuleuses
et de cette même couleur blanc d'argent. Il n'y en a pas à
la voûte palatine. Quant au traitement du lichen plan, on
obtient de bons résultats par l'administration de 1 arsenic;
beaucoup d'auteurs pensent qu'il vaut mieux avoir recours
au traitement purement externe. La multiplicité des lésions
rend souvent I application de celui-ci bien difficile.
M. Vidal reconnaît l'utilité de l'arsenic dans le traitement
du lichen plan; il l'a dépendant souvent employé seul sans
résultats bien brillants. Par contre, le traitement externe
seul lui a procuré de beaux succès : il prescrit les bains
vinaigrés (1 à 2 litres de vinaigre par bain) d'une durée de
dix minutes environ, et des applications de glycérolé tar-
trique au vingtième. Sur les plaques rebelles, il fait appli-
quer le sparadrap de Vigo. Sur les plaques cornées il
emploie d'abord le savon de potasse et les cataplasmes,
puis le sparadrap d'huile de loie de morue. (Séance du
jeudi 7 février 1889.)
Trichorrexis nodosa. — m. tia//op^au présente un jeune
homme de vingt-cinq ans atteint de cette curieuse afl'ection
de la barbe. Il semble qu'il y ait sur les poils des grains de
poussière au niveau desquels le poil se casse, laissant un
moignon terminé par une sorte cle balai très court et gri-
sâtre. Au microscope, le poil est tuméfié en un point cir-
conscrit, épaissi, tandis qu'au-dessus et au-dessous de ce
point il ne présente aucune lésion. Il n'y a pas trace de
parasite* — M. Besnier croit que cette affection n'est pas
aussi rare qu'on le dit; elle passe souvent inaperçue, on la
rencontre chez les sujets oui portent la barbe longue. Les
malades s'aperçoivent que leurs poils se cassent. Il a remar-
qué que la rupture et la nodosité qui la précède siègent
toujours à 1 centimètre au moins au-dessus de l'émergence
du poil. On ne doit pas confondre cette affection avec la
piedra^ maladie parasitaire récemment étudiée par H. Juhel
Rénoy» et dans laquelle les nodosités sont très dures. Le
traitement de la trichorrexis nodosa consiste à porter assez
longtemps la barbe courte, puis à appliquer légèrement au
moyen d un pinceau très nn de la teinture de cantharide
au niveau de l'implantation des poils malades. (Séance du
jeudi 7 février 1889.)
H. F.
SOCIÉTÉS SAVANTES
A«adémle des seleBees.
Sur l'action physiologique et thérapeutique de l'ortho-
MÉTHYLACÉTANiLiDE, par MM. Ditjardin'Beaumetz et G. Bardet.
^( Un grand nombre de corps de la série aromatique nous ont
été apportés, dans le courant des deux dernières années, au
laboratoire de thérapeutique de Thôpital Cochin, ce qui nous a
permis d^entre prendre un travail d'ensemble sur Taction com-
parée des composés de celte série et la recherche d'une loi
qui établirait cette action en fonction de leur composition chi-
miq^ue. Parmi ces corps, nous avons eu l'occasion d'étudier un
dérivé de la benzine désigné sous le nom d'exalgine (de il,
hors, et éD.yoç, douleur) par le chimiste qui l'a préparé, M. Bri-
gonuet; ce composé, en raison des propriétés physiologiques
qu'il possède, nous a permis de faire faire un pas à cette étude
générale.
€ L'exalgine est chimiquement l'orthométhylacétanilide, ré-
pondant à la formule C°H**AzO : on obtient avec l'acétanilide
{rois dérivés méthylés, occupant les positions para, ortho et
raéta; c'est donc le dérivé ortho, dont le point de fusion est
101" C., que nous avons étudié. Use présente en aiguilles ou en
larges taolettes blanches, suivant qu'il a été obtenu par cris-
tallisation ou qu*il s'est pris en masse après distillation; il est
peu soluble dans l'eau rroide, plus soluole dans l'eau chaude,
très soluble dans l'eau légèrement alcoolisée*
c Administré à un animal, ce corps affit énergiquement sur
Taxe cérébro-spinal et entraine, en quelques minutes, la mort
d'un lapin, à la dose de O0%4G par kilogramme du poids du
corps : il se produit alors des phénomènes d'impulsion, du
tremblement et la paralysie des muscles respiratoires. A dose
non toxique, la sensibilité à la douleur disp^irait, mais la sen-
sibilité tactile persiste; on note un abaissement progressif et
notable de la température.
c Comparés à ceux de l'antipyrine, les effets physiologiques
et toxiques de ce corps se ressemblent beaucoup ; mais cepen-
dant l'orthométhylacétanilide, ou plus simplement exalgine,
parait agir plus nettement sur la sensibilité et d'une façon moins
active sur les centres thermogènes.
< Au point de vue thérapeutique, on obtient de Torthométhyl-
acétanilide des effets analgésiques à la dose de 09%25 à O0%iO,
Srise en une seule fois, ou de Oo^iO â 0»',75 prise en deux fois
ans les vingt-quatre heures. Cette action analgésique est très
marquée et parait supérieure à celle de l'antipyrine, et cela dans
toutes les formes de névralgies, y compris les névralgies viscé-
rales. Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu à constater, dans
l'emploi de ce médicament, l'irritation gastro-intestinale, le
rash et la cyanose déjà notés dans l'usage de l'antipyrine ou de
l'acétanilide, mais une seule fois un léger érythème.
c L'orthométhylacétanilide s'élimine par les urines, elle mo-
difie la sécrétion urinaire et agit, comme les antîtnermiques
du même groupe, dans la polyurie diabétique, en diminuant la
quantité do sucre et la quantité journalière des urines.
c En résumé, l'orthométhylacétanilide, ou exalgine, est un
puissant analgésique^ qui parait supérieur, à ce point de vue
particulier, à l'antipyrine; elle est de plus beaucoup plus
active, puisqu'elle agit à doses moitié moindres. Si Ton com-
pare ce nouveau produit aux autres antilhermiques analgésiques
tirés de la série aromatique, on constate que, comme ces der-
niers, l'exalgine est à la fois antiseptique, antithermique, anal-
Sésique, mais que c*est cette dernière propriété qui parait
ominer dans ses effets thérapeutiaues.
€ D'après nos recherches sur l'ensemble de ces corps, il
semble découler une loi qui permettrait d'apprécier à priori la
dominante des trois propriétés physioJojj^iques qui caractérisent
leur action : effets antiseptiques, antithermiques et analgé-
siques.
€ Les effets antiseptiques appartiendraient surtout aux déri-
vés hydratés alcooliques (phénol, naphtol, etc.).
c Les propriétés antithermiques seraient surtout dominantes
dans les dérivés amidogénés (acétanilide, kairine, thalline, etc.).
c Enfin les propriétés analgésiques seraient au maximum
dans les corps amidogénés où 1 on a substitué à 1 atome d'hy-
drogène 1 molécule d'un radical gras, et particulièrement ae
métnyle (antipyrine ou dimêthyloxyquinizine, acetphénéti-
dines, etc.); le corps que nous venons d'étudier, exalgine ou
orthométhylacétanilide, rentre donc dans ce dernier groupe. >
Sur les kystes dermoîdes intra-craniens, par M. Lanne-
longue» — c lia rareté de cette affection n'a pas permis jus-
qu'ici d'en faire un examen pathologique approfondi, d'ea
aborder la pathogénie, non plus que d'en établir le diagnostic
elinique. La question présente cependant une grande impor-
tance ; en effet, comme eeç kystes sont placés loin du tégument
externe et séparés de lui par une épaisse couche osseuse, l'élude
de leurs relations avec la peau permet, mieux que tout autre
kyste de même nature, de confirmer la théorie de l'enclavement
du tégument (loi de Verneuil) on celle d une genèse spontanée
émise par Lebert.
c Tous les faits publiés antérieurement sont trop incomplets
pour permettre de se prononcer dans un sens ou dans un autre;
pourtant, comme il n y est signalé aucune connexion avec la
peau, il semblerait que ce silence soit une condition favorable
a l'opinion de Lebert (hétéroplastie). Il n'en est rien toutefois,
comme nous avons pu nous en assurer récemment, dans un fait
qui sert de base à la présente communication.
c Ce qu'on savait jusqu'ici des kystes dermoîdes intra-cràniens
peut être résumé brièvement.
< Ces kystes occupent, sans aucune exception, les fosses céré-
belleuses et plus spécialement 'le voisinage du pressoir d'Iiéro-
phile; cina fois sur six, ils étaient situés dans Vangle rentrant
formé par la tente du cervelet et la dure-mère des fosses cér/'-
belieuses. On trouve là une tumeur médiane et symétrique, va-
riant du volume d'une noix à celui d'une orange, enchatonnce
tantôt entre l'occipital et la dure-mère (kyste exira-dure-mê'
rien)y tantôt entre celle-ci et la substance nerveuse. En se déve-
loppant, le kyste repousse d'arrière en avant les deux lobes du
cervelet, comprime cet organe, l'atrophie et l'amincit, etc.
€ La compression s'exerce aussi sur la protubérance, le bulbe,
la moelle elle-même; puis sur certains vaisseaux, les sinus crâ-
niens en particulier, les veines encéphaliaues ; de là, comm**
conséquence, nne hydropisie ventriculaire, l'œdème cérébral ou
cérébelleux et même l'hydrocéphalie.
< La paroi kystique est en général mince, adhérente à la dure-
mère, et souvent comme fusionnée avec elle, mais non avec la
substance cérébrale, qui n'a que des rapports de contiguïté. Le
contenu se compose de masses épithéliales et sébacées d'appa-
rence caséeuse, disposées en couches stratifiées contre la paroi,
avec des cheveux en boucles, en touffes, de la même couleur
que ceux du sujet ou d'une couleur différente, atteignant jus-
qu'à 2 pouces de long.
c Les signes n'ont rien de pathognomon ique ; on doit chercher
les éléments du diagnostic dans le groupement des symptômes
et dans la marche particulière des accidents. Le jeune âge des
sujets (deux ans le plus jeune, vingt ans le plus âgé) est un
argument en faveur du kyste, et il n'y a guère que la syphilis
héréditaire ou les tubercules de la moelle allongée qui pour-
raient donner lieu à des signes comparables.
< L'observation dont on va lire le résumé n'ajoute guère à nos
connaissances cliniques sur les kystes dermoîdes intra-cràniens,
mais elle éclaire singulièrement leur anatomie pathologique et
leur pathogénie.
c La relation directe entre le kyste et le tégument externe avait
fm être soupçonnée déjà dans un cas de César Hawkins; en effet,
e crâne présentait en face du kyste une perforation oblique de
haut en nas et d'avant en arrière, pouvant livrer pîissap à uii
stylet. On doit voir là une épreuve que l'ossification était restée
incompK'te à cause de la présence du kyste et non par suite
d'une usure qu'il aurait produite.
c Mais ce fait n'est pas suffisamment démonstratif, et, sur une
pièce anatomique qui nous a été offerte par M. Widal, nou5
avons découvert, par la dissection, un lien de continuité assez
épais entre la peau et la paroi du kyste intra-crânien. Voici le
résumé de ce cas :
c Kyête dermoide cérébelleux médian refoulant le cervelet
et le bulbe. — De la paroi du kyste, au point où elle se confond
avec la dnre«mère, part un ligament fibreux qui s'engage dans
l'occipital par un petit canal osseux à bords arrondis et dirigé
de bas en haut. D autre part, en séparant le cuir chevelu de la
voûte crânienne, on trouve un petit pédicule, plus court que le
Sremier, et qui, né de la face profonde du cuir chevelu, s'engage
ans l'occipital en se dirigeant en bas. Bien que ces deux pédi-
cules ne soient pas exactement au même niveau et ne soient
Seut-étre pas en continuité complète, il n'en est pas moins évi*
ent que leur conformation semnlable et la direction identique
• de leur trajet doivent les faire considérer comme les deux par-
29 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DS MEDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM3 — 211
ties d'un même iractus ajant été primitivement en continuité,
et séparées plus tard par le développement du squelette.
f Ce fait contient tout entière la pathogénie des kystes
dermoîdes intra-crâniens, et le point de départ du kyste dans le
tégument externe y apparaît avec la plus grande netteté. 11
démontre que, malgré la présence d'une épaisse couche osseuse
entre la paroi du kyste et le tégument, ces deux parties sont
réunies 1 une à l'autre par un faisceau fibreux, indice de Ten-*
clavetnent d'une portion de la peau du crâne pendant la vie
intra-utérîne. On peut donc élargir encore la proposition de
Veroeui! et poser la loi suivante : Tout kyste dermdide émane
de l'enclavement ou de la persistance de fectoderme prove-
nant d'une fissure embryonnaire,
( Il reste à élucider un dernier point, celui qui a trait au
siège exclusif de ces kystes dans les fosses postérieures du crâne.
Tout porte à penser qu'il se fait un pli tégumentaire dans les
dépressions qui existent normalement entre les vésicules céré*
brates. Qu un pincement de Tectoderme se produise en ce point»
et l'ilol enclavé, qui sera le futur kyste^ se trouvera nécessaire-
ment interposé entre le cerveau antérieur et le postérieur. La
flexion prononcée que présente le cerveau de Tembryon à ce
/tiyeau peut contribuer a la formation du pli tégumentaire, et il
I n'est pas jusqu'au développement de la tente du cervelet qui ne
paisse entraîner dans la profondeur les parties enclavées.
I La pathogénie des kystes dermoîdes intra-crâniens offre un
iDtérét a autant plus grand qu'elle sert à éclairer la clinique en
moutrant que ces tumeurs ont leur siège exclusif dans les fosses
cérébelleuses. Cette donnée peut à son tour permettre de poser
le diagnostic et servira peut-être un jour de guide à la théra-
peutique chirurgicale. Le seul traitement rationnel doit être, en
pflet, la trépanation du crâne suivie de Textirpation de la
tomenr; comme le siège de ces kystes est connu et que Tinrio-
cuite relative de la trépanation est établie aujourd'hui, on peut
tenter cette opération, i
Académie de médeetne.
SÉANCE DU 26 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE H. MAURICE PERRIN.
M. le docteur ttêlage, mëdccln de colonLsalion à A'in-Besseni (Algt^rio),'
airesso un Rapport sur Ui eaux therruù-minéralet d'Hajfimatn-M'tara.
M. le docteur Gailtard (de Parthcnay) envoie le relevé des vaeeination» qu'U
8 jtraliquéei en 1888.
M. Brunet, vétérinaire, envoie un méiQoiro manuacrit sur la méningite. aiguS
[ComniiMion : MM. Bmjnt, Leblanc et Tratbot),
}l. le docteur Kalindero (de Bucharcst) se porte candidat au litre de corres-
pondant étranger dans la division do médecine.
M. Le /toy d« Méricourt prétenle une brochure de M. le docteur Ad, f(tc0l*i
$nr an projet de It^ngue scientifique internationale,
M. ie YUlien dépose, au nom de M. le docteur Bertherand (d'Alger),
l'observation d'un cas d'àlnhum,
M. Constantin Paul o(n*e un mémoire imprimé sur le sulfonal, nouveau
iùinnirèro.
M. Larrey présente un mémoire do M. le docteur Lalogade (d'Albi) aur la
taccim.
il. Metnet hïl hommage d'une Étude sur les troubles fonctionnels deg sens et
du îentibUitég sur l'hypnotisme.
y. Hervieux offre, de la part do M. Pourquier (de Montpellier), un mémoire
m kt accidents qui accompagnent quelquefois la vaccination animale.
Décès de M. Doxders, — M. le Président fait part da
décès de M. le professeur Donders (d'UlrechI), correspondant
étranger, et énumère ^aelques-uns des litres qui ont valu à '
cei éroinent physiologiste une si juste renommée.
Élections. — Par 71 roix sur 78 votants, M. le docteur
thiclos (de Tours) est élu correspondant national dans la
première division (Médecine). M. Bottentuit obtient 4 voix;
MM. Fahre et Henrot, chacun i ; plus 1 bulletin blanc.
L'élection d'un second correspondant national donne lieu
à deux tours de scrutin: 1* M. Fabre obtient 31 voix: M. Bot-
tenluii,24;M. Henrot, 16;MM.Niepce et Laennec, chacun 1 ;
plus! bulletin blanc.
2* Par 38 voix sur 60 votants, M. le docteur Fabre (de
Commentry) est élu correspondant national dans la division
de médecine. H. Bottentuit obtient 15 voix et M. Henrot, 7.
Tétanos. — M. Verneuil achève la lecture de son rapport
qu'il termine par les conclusions suivantes:
1° Le tétanos, transmissible entre animaux de même
espèce ou d'espèces différentes, l'est également de l'homme
à l'homme, de l'homme à l'animal et réciproquement de
l'animal à l'homme,
2'' Il est vraisemblable que plusieurs animaux domesti-
ques sont capables d'infecter 1 homme, mais la démonstra-
tion suffisante n'est encore faite que oour les soiipèdes.
3** La contagion s'eiïectue du cheval tétanique à Thomme
blessé^ directement ou indirectement; elle est donc immé-
diate ou médiate. Le second procédé estde beaucoup le plus
commun^
4** Lesagents intermédiaires entre ranimai premièrement
atteint et l'homme infecté plus ou moins longtemps après
sont extrêmement variés et parfois assez multiples pour
qu'il soit souvent malaisé de suivre la piste du microbe
tétanique ou de ses germes.
5'* Deviendra agent tétanifére possible tout objet, de
quelque nature qu'il soit, qui, rois en contact passager ou
prolongé avec un cheval tétanique, en recevra le dépôt viru-
lent, lui donnera asile au moins temporaire et en tout cas
ne le détruira pas.
Q"" Tout objet mis à son tour en contact avec un agent
tétanifére pourra devenir tétanifére à son tour, de sorte que
le cercle d'infection pourra aller en s'agrandissant sans
cesse.
7<» Dans ce cercle on trouvera des corps inanimés et des
êtres vivants ayant été les uns et les autres en rapport avec
le cheval tétanique ou les objets souillés par lui. Les
[iremiers naturellement n'auront point à souffrir du péril-
eux dépôt. Il pourra en être de même pour les seconds,
c'est-ft-dire pour les hommes et les chevaux simplement
tétanifères, mais avec la menace constante de devenir téta-
niques par auto-inoculation Iraumatique si une porte d'entrée
est ouverte au virus.
8* L'homme blessé peut donc recevoir le tétanos de la
plupart des objets ambiants mis en contact avec sa blessure,
mais l'observation et les recherches expérimentales démon-
trent que les contacts les plus dangereux, et de beaucoup,
sont ceux du cheval et de tout ce qui en dépend et lui
appartient, puis de la terre cultivée et de quelques-uns de
ses produits, d'où en ce qui concerne les provenances du
tétanos, la querelle entre les équinUtes et les telluristes.
9^ L'accord serait facile si Ton voulait, en admettant ces
deux provenances, subordonner l'une à l'autre et reconnaître
que SI la terre possède une virulence tétanigère indéniable,
elle la doit à sa souillure par le cheval tétanique.
lO"" Pour soutenir que aans la double virulence du cheval
et de la terre la priorité appartient à l'animal, on peut,
outre la comparaison avec d'autres maladies infectieuses, le
charbon, par exemple, invoquer trois arguments princi-
paux : a. le relevé des professions démontrant pour le
tétanos, comme pour la morve, que ceux-là surtout y sont
exposés qui sont en contact habituel avec le cheval ; b. l'en-
quête sur la nature des agents vulnérants et sur les cir-
constances précédant, accompagnant ou suivant les
blessures, d'où résulte que celles-ci sont dans un grand
nombre de cas souillées par le cheval ou la terre fumée ;
c. la distribution topographi(j[ue du tétanos équin et humain
montrant les rapports numériques intimes qui existent entre
les deux; le premier, au moins sous nos climats, étant plus
fréquent que le second en un lieu donné; le second, comme
le lait a été constaté déjà pour la morve, diminuant et
tendant à disparaître là où le premier diminue et disparaît
lui-même, d'où il ressort que la vraie prophylaxie du
tétanos humain serait entre les mains des vétérinaires.
Il** Si, sur 100 cas de tétanos humain récemment et con-
venablement observés, on recherche la provenance d'après
les données établies plus.haut| çn constate qiie les faits
312 — NM3 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
29 Mars 1889
conformes à la théorie équine constituent la très grande
majorité et que des faits négatifs sont trop peu nombreux
pour ébranler sérieusement la doctrine.
12^ L'admission définitive de la nature infectieuse et de
la provenance animale du tétanos humain entraînerait cer-
tainement des conséquences pratiaues importantes. Les chi-
rurgiens et les vétérinaires d abord en profiteraient sans nul
doute, mais les hygiénistes devraient s'en préoccuper éga-
lement. 11 paraîtra bon peut-être que nous réunissions
nos efforts pour obtenir des pouvoirs publics que le tétanos
soitdésormais rangé parmi les maladiesvirulentes auxquelles
sont applicables certaines dispositions de la loi. Si donc,
après la clôture du présent débat, l'Académie se trouvait
suffisamment éclairée, ie demanderai ({u'une* Commis-
sion fût instituée dans le but spécial d'étudier le tétanos non
plus comme entité pathologique, mais comme maladie
infectieuse ressortissant à la médecine publique.
Poêles mobiles. — La discussion de la communication
faite à la séance du 5 février dernier par M. Lancereaux,
sur l'empoisonnement oxycarboné par les poêles mobiles est
ouverte par M. Vallin. Tout en reconnaissant les dangers
auxquels exposent ces appareils de chauffage, principa-
lement au point de vue des intoxications chroniques, à
petites doses, par l'oxyde de carbone, très fréquentes et sou-
vent méconnues, il estime qu'on ne pourra parvenir à en
supprimer l'emploi. On peut affirmer qu'il n'j a pas un
poêle moderne dont les produits de combustion ne con-
tiennent une proportion d'oxyde de carbone beaucoup plus
forte que dans une cheminée ordinaire; mais le public
apprécie trop le bénéfice économique de ces appareils pour
au on songe à les prohiber tous par ordonnance de police,
ëes poêles sont surtout dangereux quand ils sont mal con-
struits et quand on ne sait pas s'en servir; au lieu de les
supprimer tous en bloc, il vaut mieux signaler leurs lacunes
et les moyens de se mettre à l'abri di) danger. Pour cela,
il y a lieu de laisser arriver sur le combustible tout le
volume d'air nécessaire pour transformer la totalité du
carbone en acide carbonique et savoir perdre la quantité de
chaleur nécessaire pour assurer un tirage protecteur. Il faut
engager les fabricants à supprimer la clef permettant de
mettre l'appareil en petite marche pendant la nuit, et aug-
menter la difficulté de sortie du gaz de la combustion; un
autre mode de fermeture que l'immersion du couvercle
dans du sable insuffisamment renouvelé et sec doit être
recherché ; une position oblique doit être donnée au cylindre
contenant le combustible et l'on doit rappeler sans cesse
que le danger augmente avec le déplacement fréquent de
ces poêles; enfin, chaque cheminée à laquelle ils sont
susceptibles de s'adapter doit être munie d'un tuyautage
ûxe^ d'une grande hauteur ; il est indispensable de l'échauffer
chaque fois par un feu clair et rapide pour déterminer le
tirageavantd'yajusterl'appareil. C'estaux Conseils d'hygiène
qu'il appartient d'instruire le public sur l'importance de
ces diverses précautions et celui-ci gagnerait beaucoup à
imiter l'exemple suivi par certain pays, notamment l'An-
gleterre, où des médecins sanitaires spéciaux assurent la
protection sanitaire des habitations moyennant une faible
redevance annuelle.
M. Le Roy de Méricourt est aussi d'avis que, s'il est
nécessaire de prévenir le public contre les dangers qu'of-
frent les poêles mobiles, il n'y a pas lieu, par contre, de
troscrire absolument un mode de chauffage des locaux
abités qui présente incontestablement de réels avantages,
tels que Téconomie d'argent et de temps, et la facilité
d'obtenir une température suffisante pendant l'hiver dans
toutes les habitations. Assurément, tout poêle à combustion
lente peut, à un moment donné, devenir dangereux, si la
marche n'en est pas surveillée avec soin; les accidents rap-
portés par M. Lancereaux ne laissent aucun doute à cet
égard; mais il faut aussi reconnaître que dans ces cas les con-
ditions du fonctionnement régulieret inoffensif des appareil!
n'étaient généralement pas remplies. Tout le monde sai
qu'il est dangereux de uormir dans une chambre avec ur
poêle, et la plupart des intoxications observées ont eu liei
pendant la nuit! D'ailleurs, quand on compare le nombre
des accidents à la quantité si considérable de ces appareih
en usage, on voit qu'ils sont relativement rares. Parmi les
précautions à prendre, la présence de la plaque régula-
trice du tirage est nécessaire et indispensable ; le poêle ne
doit être placé dans une cheminée que lorsqu'on s'est assur«^,
Sar un assez long séjour dans un appartement, ifue le tirage
e cette cheminée se fait, avec un foyer ordinaire, dans
d'excellentes conditions par tous les temps. Quant à la
nécessité de ne pas laisser séjourner, la nuit, dans une
chambre où l'on dort ou même dans une chambre voisine,
un poêle mobile, elle doit être rigoureusement admise, à
moins que la chambre voisine n'en soit parfaitement isolée
par une porte bien close.
De recherches analytiques auxquelles il s'est livré, avec
M. le docteur G. de S^aint-Martiny M. Oujardin-Beaumet:
conclut que les analyses publiées, en 1880, par H. Boutmy,
sur les gaz de combustion dans les poêles mobiles, ne sau-
raient être considérées comme exactes.
Dans toutes ces analyses, la proportion d'oxyde de car-
bone avait été reconnue double de celle de l'acide carbo-
nique produit, tandis que MM. de Saint-Martin et Dujardin-
Beaumetz ont trouvé que le chiffre de l'oxyde de carbone est
toujours inférieur à celui de l'acide carbonique; on com-
Î^rehd ce premier résultat, puisque, si l'on veut obtenir d*un
oyer en combustion le maximum de chaleur qu'il puisse
produire, il est nécessaire de réduire à son minimum la
quantité d'oxyde, car le charbon en produisant ce gaz déter-
mine trois fois moins de calories qu'en se transformant en
acide carbonique. En petite marche, c'est pendant le jour,
c'est-à-dire lorsqu'on remue la grille du foyer, que la quan-
tité d'oxyde de c<arbone produite est la moindre; c'est au
contraire, pendant la nuit, c'est-à-dire quand les cendres
ne sont pas enlevées, que cette production est la plus consi-
dérable; alors la proportion d'oxyde de carbone produit esl
presque égale à celle de l'acide carboniaue et la proportion
entre ces deux gaz est représentée par le chiffre de 0,985.
En grande marche, les conditions de combustion se
modifient complètement: c'est pendant le jour et pendanl
que l'on remue le foyer toutes les heures, que se produit la
plus grande quantité d'oxyde de carbone, tandis qu'au con-
traire cette quantité d'oxyde de carbone est à son minimum
lorsQue le poêle n'a pas été remué de toute la nuit. D'où il
résulte que si pendant le jour on doit faire marcher les
poêles mobiles en petite marche et en agitant le foyer de
temps en temps, pendant la nuit il y aurait intérêt à les
faire marcher en grande marche, à l'inverse de ce qui se
fait habituellement. Enfin, il résulte d'analyses faites sur la
combustion des houilles maigres vendues sous le nom d'an-
thracite pour l'usage de cet appareil, qu'elles produisent
une quantité d'oxyde de carbone notablement inférieure;!
celle produite par le coke; d'autre part, l'odeur désagréable
que produit ce combustible avertit du danger.
— L'orflre du jour de la séance du 2 avril est fixé ainsi
3u'il suit: l"" communication de M. Proust sur un cas
'ainhum; 2"" discussion sur les poêles mobiles. — (Inscrits:
MM. Brouardel, Laborde, Léon CoHUy Armand Gautier^
Vemeuil et Lancereaux,)
^9 Mars 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
-N« 13
313
Soeiolé Médleale dea bôpitenx.
SÉANCE DU a MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CADET DE 6ASSIC0URT.
A propos de la Byxingomyèlle : M. Joffroy. — Appareil à thora-
cantèse : M. Debove. — Paralysie agitante ; amélioration par les
miroirs rotatifs : M. Lnys (Discussion : MM. Oauoher, Joffroy). —
De l'isolement indiTiduel dans la rougeole : M Rtohard (Disoos-
slon : MM. Oranoher. Serestre, <}«rln-Roze» Cadet de Oassioonrt).
Nomination d'une commission. — Gontraoture mortelle d'origine
gastrique : M. de Bearmann (Disoussion : M. Hayem). — Petite
épidémie locale de gastro-entérite cholériforme : M. Femet. —
Appareil ponr injections hypodermiques, du docteur Gimbert (de
Canne) ; M. liereboullet.
M. Jo/froy pense que le diagnostic de syringo-myélie
est moins facile et moins certain que ne Ta dit M. Déjerine
dans la séance précédente ; il faut encore attendre la véri*
gcation anatomique pour affirnier qu*il s'agit bien d'une
jsfélite cavitaire soupçonnée pendant la vie. En outre, on
doit compter avec les cas anormaux ou frustes qui ne sont
peut-être pas exceptionnels. D'autre part, si l'on peut
regarder la gliomatose comme Tune des causes de Ist syrin-
^^omyélie, il y a lieu de tenir compte des faits que men-
tionne H. Joffroy, et qui démontrent que, contrairement
aai assertions de HM. Schultze et Déjerine, les cavités carac-
téristiques de la syringomyéiie peuvent avoir Tinflammation
comme point de départ et se développer au milieu d'un
foyer de myélite chronique. M. Joffroy a observé ces lésions
dans deux cas de pachyméningite cervicale hypertrophique.
— H. Luys présente, en son nom et au nom de M. Gau-
cher, un maladie, âgé de quarante-quatre ans, qui lui a été
amené par M, Gaucher, dans le service duquel il était
entré, depuis quelque temps, pour des accidents remontant
à quatre années. Le symptôme le plus marqué consistait
dans on tremblement des membres et même de tout le
tronc, exagéré par les mouvements (ce qui avait fait croire
à un confrère à l'existence d'une sclérose en plaques) et
privant le malade de l'usage de ses. mains; il ne pouvait
plus écrire, ni porter les aliments à sa bouche. L'aspect du
malade, la raideur du cou, son habilus général ne pouvaient
laisser aucun doute sur le diagnostic de paralysie agitante.
Les divers moyens de traitement habituels ayant échoué,
M. Luys eut recours à un nouveau procédé de thérapeu-
tique hypnotique par l'emploi de miroirs rotatifs, sorte
de miroirs à alouettes. Les premiers essais n'amenèrent
pas lesommeily et produisirent peu de résultats, jusqu'à la
auilième séance, à partir de laquelle le sommeil hypno-
tique, suivi de l'amélioration des symptômes morbides, s'ac-
centua progressivement. Aigourd'hui,^ 1q treipblement, a
presque entièrement disparu^ et le nialade se considère
comme guéri. Cet heureux résultat est évidemment amené
pai' Tinfluence, encore inconnue, exercée sur les yeux
d'abord, sur le système nerveux ensuite, par les vibrations
lumineuses. Sous leur action se produit un sommeil que
Ton peut appeler mécanique et qui parait doué d'effets
sédatifs et thérapeutiques puissants.
M. Gaucher avait choisi cet individu comme aussi peu
suspect que possible d'hystérie et de simulation; il lui a
paru aussi honnête que borné. Le diagnostic de paralysie
î^gilante n'élail pas douteux, et, ce qui est certain, c'est
^lue Tamélioration est aujourd'hui considérable. C'est une
guérison surprenante.
M. /ojJVoyne conteste pas le fait; mais l'exactitude du
uiagnostic lui laisse des doutes, puisque l'on a pu songer à
une sclérose en plaques. Quand la maladie de Parkinson
fsl nette, personne n'hésite. Il serait bon d'appliquer le
"^ème traitement à des cas non douteux.
M. Luys est d'avis que le diagnostic ne pouvait laisser
d'hésitations : tout l'aspect du malade attestait la paralysie
agitante. Il ajoute que l'on abuse un peu du diagnostic de
sclérose en plaques, La vérification anatomique montre que
c'est une aflection plus rare qu'on ne paraît le croire. Pen-
dant vingt années à Bicétre et à la Salpêtrière, il en a con-
staté seulement quatre cas sur la table d'amphithéâtre.
M. Gaucher fait remarquer que les résultats du trai-
tement n'en seraient pas moins surprenants, qu'il s'agisse
d'une paralysie agitante ou d'une sclérose en plaques.
— M. Dèbove présente un appareil à thoracentèse con-
struit sur ses indications (voy. p. 207).
— M. Richard lit une note sur Visolement individuel dans
la rougeole. Du double rôle qui échoit au médecin, pro-
téger 1 individu sain contre la rougeole, maladie bénigne en
elle-même, et protéger le morbilleux contre les infections
secondaires, le second lui semble devoir attirer surtout
l'attention. En effet, la réceptivité humaine est telle pour
la rougeole qu'il est presque impossible de préserver contre
elle : tôt ou tard on est contaminé. D'autre part, le morbil-
leux constitue un terrain éminemment propre à l'introduc-
tion et au développement des germes et des infections secon-
daires graves: ophlhalmies purulentes, gangrènes, érysi-
pèie, broncho-pneumonies, tuberculose, diphthérie; il y a
donc intérêt majeur aie préserver par l'antisepsie du milieu
dans lequel il est placé. C'est ce que démontrent les faits
observés dans les divers hôpitaux, et ce qu'ont établi
HH. Sevestre et Grancher. Les résultats qu'ils ont obtenus
sont des plus encourageants. Mais H. Richard est d'avis qu'il
faut agir à l'égard du rougeoleux comme pour la femme en
couches : isolement individuel, cellulaire, prévenant l'in-
fection réciproque secondaire, et prolongé aussi longtemps
gue dure la réceptivité pour les germes pathogènes, soit
jusqu'au quatrième jour après la disparition de la fièvre. On
supprimerait ainsi la broncho-pneun^onie, infection sur-
ajoutée et non détermination morbilleuse, dont la gravité
est extrême. Enfin, désinfection et antisepsie rigoureuse de
la cellule elle-même et de tous les objets qu'elle contient.
Il termine en disant, avec M. Lucas-Championnière :
c Plutôt antisepsie médicale sans isolement, qu'isolement
sans antisepsie. > Le mieux, du reste, sera encore et toujours
l'antisepsie avec l'isolement et par l'isolement.
M. Grancher craint que si l'on s'engage dans celte voie,
excellente à coup sûr en théorie, on ne rende bien dirficile
la tâche de l'Administration. Comment réaliser l'isolement
individuel avec toutes les maladies contagieuses dont nous
sommes entourés, et auxquelles s'ajoute à bon droit la bron«
cho-pneumonie? Enfin, bien des points sont encore obscurs
dans les questions de pathogénie ; la broncho-pneumonie,
par exemple, nesemble-t-elle pas résulter d'une auto-in-
fection au cours d'un microbisme latent bucco-pharyngé ?
Doit-on proposer d'aussi nombreuses et d'aussi importantes
réformes sans que la Société ait pu formuler une opinion
basée sur des données scientifiques, admises partons? Il
ne serait pas sage de bâtir sur un terrain, encore aussi peu
stable, des projets de cette importance ; aussi, doit-on se
contenter d'un minimum de demandes, et ne réclamer que
des réformes pratiques que l'Administration soit en mesure
d'accorder en l'étatactuel. M. Grancher, comme M. Sevestre,
en pratiquant l'antisepsie aussi rigoureuse que possible,
l'isolement, l'aération, toutes choses faciles à obtenir, ont
dès maintenant enregistré des résultats encourageants. Il
ne faut pas vouloir demander trop, sous peine de ne rien
obtenir.
M. Sevestre esi entièrement de cet avis ; le plan de M. Ri-
chard est scientifiquement excellent, mais impraticable, du
moins actuellement. Pour sa part, avec deux salles d'isole-
ment bien aérées et salles de rechange, il a abaissé de 40 ou
m — N* 13
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
29 Mars 1889
50 pour 100, à 10 pour 100 la mortalité par rougeole aux
Enfants-Assistés.
M. Richard pense que si Tauto-infection par microbisme
latent coinuiandait la pathogénie de la hroncWpneumoDie
daui^ la rougeole, les faits seraient aussi nombreux en ville
qu'à Thôpital. La fréquence bien plus grande à l'hôpital
montre bien Tinfeclion des salles par les germes de cette
maladie. Aussi, comme concession extrême, accorderail-il
de placer deux malades par chambre, mais il ne saurait aller
au delà, dans la crainte de Tinfection réciproque.
M. Sevestre possède des salles de dix malades où la bron-
cho-pneumonie est absolument exceptionnelle.
M. Grancher est d'avis qu'il faut, au moins, ne pas
demander toutes les réformes à la fois ; on peut, dès main-
tenant, chercher à réaliser l'antisepsie et l'aération, en
réservant pour une époque ultérieure Tisolement par deux
malades, ou même 1 isolement individuel. II regrette que
tous les médecins des hôpitaux d'enfants ne soient pas pré-
sents à la séance pour apporter leur opinion dans le débat,
car il est nécessaire que cette discusssion aboutisse en fin
de compte à des résolutions pratiques soumise^ au vote de
la Société.
M. Gérxn^Roze ne croit pas qu'on puisse qualifier de
bénigne la rougeole, ainsi que Ta dit M« Richard; la mor-
lalité est malheureusement assez élevée. C'est la bronche*
pneumonie, il est vrai, c|ui constitue le péril le plus mena-
çant, mais on ne saurait, dès maintenant, affirni^r qu'elle
constitue une affection distincte, surajoutée. Il regarde,
d'ailleurs, comme impossible de réaliser actuellement Tiso-
lement individuel.
M. Richard 2ià\X que la rougeole est une maladie bénigne
par elle-même, c'est-à-dire lorsqu'elle est exempte de com-
plications.
M. Cadet de Gassicourtj désireux, comme M. Grancher,
de voir aboutir la discussion à des résolutions pratiques,
propose de nommer une commission^ composée de tous les
médecins des hôpitaux d'enfants, qui présentera un rapport
dont les conclusions seront discutées en séance générale et
soumises au vote de la Société*
(Cette proposition est adoptée.)
— M. deBeurmann lit une note surun cas de contracture
mortelle d'origine gastrique. (Sera publié.)
M. Hayem rappelle que le malade dont il a rapporté l'ob-
servation avait eu deux accès de tétanie et a succombé ulté-
rieurement à des accidents de collapsus algide sans diar-
rhée. L'autopsie a révélé une fluxion roésentérique intense,
telle qu'on l'observe dans Fétranglement ou les déplace-
menls notables d'organes abdominaux.* Sans doute, on au-
rait trouvé des lésions analogues chez le malade de M. de
Beurmann.
—M. Fernet relate une petite émdémiè locale de gastro-
entérite cholériforme (voy. p. 207).
— M. Lereboullet présente, au nom de M. Gméef^ (de
Cannes), un appareil pour pratiquer l'injection hypoder-
mique des liquides les plus divers, voire même des sub-
stances les plus irritantes. On arrive à injecter ainsi, sans
douleur, et sans aucun accident consécutif, jusqu'à 15 et
20 grammes d'huile créosotée au quinzième, lin travail de
M. Gimbert sur le sujet sera publié dans la Gazette hebdo^
madaire.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
André Petit.
Sttslét^ 4e eblriirffhSé
SÉANCE DU 20 MARS 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LE DENTD.
Luxation da l'èpanle : M. La Fort. — Tumaur da l'ombilic : M. Coi
lombe (da Llaiaox) (M. PolaUlon, rapportaur). — Plaies de
l'abdoman: M. Michaux (V. Berger^ rapportaur) (Discussion:
MM. M. 86a. Raolua. Chauvel, Tarriar). — Opération d'Alaxander:
M. Sohwarta (Olaousaion: XM. Lucas- Championnièra, Boollly,
Qu6nu, Segond, Riohalot).
M. Le Fort présente une pièce de luxation inlra-
coracoïdienne de l'épaule. La tète s'est échappée à travers
le muscle sous-scapulaire déchiré.
— M. Terrilion dépose les observations de cholècyslO'
tomie dont il a parlé dans la dernière séance. M. Jalaguier
a fait ce matin même Tautopsie de son opérée, morte de
tuberculose pulmonaire. Un calcul était enclavé dans la
partie intrapancréatique du cholédoque. Il existait nue
cirrhose biliaire typique.
-- M. Polailton a résumé Tan dernier une observation
du tumeur vasculaire de Vomhilic adressée par M. Colombe
(de Lisieux). Dépourvue d*examen histologique, cette obser-
vation ne prouvait rien. Depuis^ la malade est morte d'une
cirrhose atrophiquè du foie, et l'autopsie a montré que la
cause des hémorrhagies était la rupture d'une dilatation
ampuUaire d*une veine porte accessoire du ligament falci-
forme.
— VL. Berger. Rapport sur une observation de U. Michaux:
Plaie non pénétrante de Vabdomen. Cette plaie, par balle
de revolver, semblait bien être pénétrante; M.Michaux
explora le trajet, et trouva la balle dans la paroi. Il pense
que cette exploration est indiquée, et M. Berger est de son
avis.
A ce propos, M. Berger revient sur une observation qu'il
a communiquée il y a quelque temps. 11 s'agit d'un coup de
revolver à la région sus-ombiiicaie avec hématémèse.
M. Berger av^it diagnostiqué une plaie de Testomac. La
malade était en v-oie de guérison lorsque M. Berger trouva
dans le huitième espace intercostal droit une tuméfaction qui
peu à peu pointa, et dont une balle fut extraite. Y avait-il
donc plaie de l'estomac? Puis quelques jours après des pico-
tements très vifs à l'anus indiquèrent d'examiner le rectum;
une douille de cartouche y fut trouvée. Ce fait bizarre reçut
alors l'explication suivante: voulant se luer, la femme avait
acheté un revolver n** 9 et, par erreur, elle le chargea avec
une cartouche n''7, qui disparut dans le canon. Elle ne put
extraire ce projectile et alors elle mit derrière une cartouche
n"* 9. Le projectile a été ainsi constitué par la balle et la
douille (le la cartouche n^" 7. Et ainsi s'expliqua un fait
bizarre signalé par le médecin qui avait donné les premiers
soins; une balle n"" 9 avait été trouvée dans le lit de la
malade.
M. Marc Sée se déclare partisan de l'exploration du trajet.
M. Reclus également, et, à cet effet, il recommande surtout
l'emploi du doigt. Il a ainsi trouvé une balle de revolver
dans la paroi. MM. Chauvel et Terrier sont du même avis,
mais ils s'étonnent que M. Reclus ait pu introduire le doigt
sans débridement dans une plaie par balle de revolver.
M. Reclus ajoute qu'il l'a fait sans peine ; le revolver était
de calibre n* 9.
— M. Schwartzisdi une communication sur dia? opérations
d'Alexander qu'il a pratiquées depuis 1888 pour rétro-
version, rétroflexion et prolapsus simples. Il n a eu aucun
accident et a eu de bons résultats définitifs dans les cas ou
il s'agissait de déviations non adhérentes. Pour le prolapsus,
il faut combiner le raccourcissement des ligaments ronds
à des opérations plastiques sur le périnée et le vagin.
Î9 Mars 1889
GAZETTE HEBOOMâDAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N' 13 ~
M. Lucas-Ckampionnièie n'est pas converti par cette
communication. Il est certain que souvent, Tutérus redressé
reste en place. Mais le plus souvent après un temps variable,
les douleurs reparaissent. Or, c'est là l'important. Il ne faut,
en somme, considérer cette opération que comme un per-
fectionnement des pessaires. Aussi M. Championniëre a-t-il
une préférence marquée pour rtijstéropeiie. Pour un chi-
runrien antiseptique ce n est pas plus grave ; de plus, on
peut toujours faire le redressement complet, tandis que les
adhérences un peu notables y sont un obstacle dans Topéra-
(ion d'Alexander. Ëntin, on peut examiner les ovaires, dont
j intlammatlon, la dégénérescence kystique sont pour beau-
coup dans les phénomènes douloureux; s'ils sont malades,
on les enlèvera et on aura fait ainsi une opération radicale.
M. Bouilly appuie cette manière de voir, M. Qiiénu égale-
ment, et il cite une observation où, l'utérus restant parfaite-
ment réduit depuis dix-sept mois, les douleurs ont reparu
depuis quatorze mois.
M. Second connaît un succès durable pour une rétrodé-
Tiation facilement réductible. Pour les rétrodéviations adhé-
rentes, il a quatre observations, dont deux où la mobilisa-
tion préalable avait été faite par M. Trélat lui-même. Or
ces femmes n*ont eu que trois mois de bien-être, en
moyenne, tout au plus. Puis la déviation et les souffrances
oDlVeparu.
H. Schwartz n'a pas prétendu faire de l'opération
d'Alexander une panacée. Il la croit bonne pour bien des
rétrodéviations non adhérentes. C'est donc par elle qu'il
[M commencer^ quitte à ouvrir le ventre si les accidents
récidivent.
Société 4e Mologle.
SÉANCE DU 23 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
De la pression «zerote par les graines qni se gonflent dans l'eau :
M Orèhant. — FtfeU respiratoires rèsuiunt de l'excitation du
bout inf6riear du nerf vagne: M. François-Franok. — Transmis*
ùon de la monre ohes le mouton : M. Peuch. — Bar les glandes
gastrlqaes: M. Montanet. -r Bar une affection parasitaire de la
peau: M. Darier. — Atrophie des n^rfs optiqaes dans l'ataxie
looomotrioe: M. Berger. — ttaelques caractères de la pyocyanlne:
M. Charrin. - - EffeU de la morsure de la sarigue: M. Dugès. —
Échoaement d'un oètaoè sur les côtes de France: M. Beauregard.
H. Grékant a déterminé Teiïort exercé par des graines
contenues dans un vase clos et qui peuvent s'imbiber
deaii; il a vu par exemple qu'avec des pois la pression
déployée peut aller jusqu à huit atmosphères.
— M. François^Franck a étudié depuis un certain
nombre d années les effets qui résultent de l'excitation du
bout inférieur du pneumogastrique. Parmi ces effets il en
est qui proviennent de la mise en jeu de fliets nerveux
destinés à des organes déterminés (effets directs); mais il
en est d'autres aussi qui sout de nature indirecte. Entre ces
derniers, M. François- Franck ne veut considérer pour le
moment que les effets respiratoires. Ces troubles respira-
toires peuvent-ils s'expliquer par les troubles circulatoires
résultant aussi de cette môme excitation du nerf vague ou
sont-ils attribuables à la sensibilité récurrente? C'est à
cette dernière cause que les ont explicitement rapportés
Arloing et Tripier en 187i. En 1877, M. François-Franck à
S3Q tour a observé des faits analogues et s'est rangé à la
même explication. Depuis, il a eu l'occasion d'en poursuivre
une étude détaillée et systématique.
. De ces recherches il résulte que l'excitation du bout
inférieur du nerf vague donne toujours lieu à des effets
respiratoires. Ceux-ci sont très variables, consistant tantôt en
une simple accélération des mouvements, tantôt en irrégu-
larités diverses, tantôt en des troubles profonds, comme un
arrêt plus ou moins prolongé, etc. ; bref, ils ne peuvent
être ramenés à un type commun, par suite ils ne peuvent
avoir la même et constante origine, comme M. Laulanié l'a
E rétendu dans une communication récente à la Société de
iologie (février) en leur assignant toujours pour cause les
troubles circulatoires concomitants.
Il n'y a pas non plus à faire intervenir ici l'excitation des
filets nerveux contenus dans le tronc du pneumogastrique
et qui vont aux bronches. En effet, on observe ces phéno-
mènes respiratoires chez des animaux chez lesauels on ne
voit pas se produire le spasme bronchique qui traduit la con--
traction des muscles de Reissessen. De plus, et cet argu-
ment est péremptoire, les troubles de la respiration dont il
s'agit n'ont plus lieu sur un animal même légèrement anes-
thésîé.
D'autre pail, on ne peut invoquer les modifications dans
la circulation pulmonaire, d'origine vaso-motrice, puisque
les vaso-moteurs du poumon ne sont pas contenus, on le sait
bien aujourd'hui, dans le pneumogastrique.
Enfin ces troubles de la respiration ne sont pas dus à
l'arrêt du cœur que détermine l'excitation du vague
(dyspnée anémique), puisqu'ils se produisent tout aussi
bien quand on a supprimé au moyen d'une atropinisalioh
préalable l'action d'arrêt du pneumogastrique sur le cœur.
En définitive, M. François-Frank est amené à conclure
(^ue ces effeès respiratoires tiennent uniquement à des réac-
tions sensibles, dues à l'irritation des filets sensilifs récur-
rents que contient le nerf vague. Cette interprétation repose,
du reste, sur un certain nombre de faits expérimentaux;
ainsi pendant ces excitations, beaucoup d'animaux présen-
tant des réactions manifestement douloureuses; de plus, ces
troubles respiratoires ressemblent de tous points à ceux que
détermine 1 irritation d'un nerf sensible quelconque; d'autre
part, ils sont supprimés par l'anesthésie préalable. En
terminant, M. François-Franck signale la cause d'erreur,
d'ordre technique, dans laquelle sans doute est tombé
H. Laulanié.
— M. Chameau dépose une note de M. Peuch sur la
transmission directe de la morve du mouton au mouton,
que l'on n'avait pu encore déterminer.
— M. Chauveau présente une note de H. Montanet (de
Toulouse) sur la dualité fondamentale des cellules des
glandes gastriques. M. Montanet rapporte de nouveaux
faits à l'appui de cette opinion qu'il a déjà défendue.
— M. Darier a observé deux cas d'une singulière affec-
tion cutanée décrite jusqu'à présent sous des noms variés et
qui est en réalité une maladie parasitaire, due à une psoro-
spermie. Aussi propose-t*il de l'appeler psorospermose de
la peau. L'affection siège exclusivement dans les follicules
piteux ; elle est caractérisée par la présence dans les folli-
cules pilo-sébacés de petites élevures, causées par des corps
rondsenveloppésd'unemembranegranuleuse, contenus dans
une cellule épithéliale ; entre ces petits grains, on voit les
cellules épidermiques. M. Darier montre que ces corps ne
sont ni des éléments normaux, ni des éléments altérés de
l'épiderme; il s'agit là de véritables coccidies. Ces parasites
se trouvent en abondance à l'orifice pileux où ils forment
une masse dure, kératinisée. Secondairement, les parois
du col du follicule végètent.
— M. Z>tt^>My présente une note de M. Berger sur l'atro-
phie du nert optique dans l'ataxie locomotrice.
— M. Charrin montre quelques-unes des réactions de
la substance produite par le bacille pyocyanique, ou pyo-
cyanine.
— M. Beauregard dépose une note de M. Dugès sur quel-
ques phénomènes d'intoxication dus à la morsure de la
sarigue.
— M. Beauregard rapporte (juelques détails relatifs à un
nouvel éclioucnicnt d'une baleine sur nos côtes.
216 — NM3 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
â9 Mars 1889
BIBLIOGRAPHIE
Cïiilde pratlq«« de petite ehlrursle, par M. Michel Gan-
GOLPHE, chirurgien en chef désigné de l'Hôtel-Dieu de
Lyon, précédé d'une lettre de M. le professeur Léon Tri-
pier. — Paris, 0. Doin, 1889.
Chargé par l'administration des hôpitaux de Lyon d'une
série de conférences sur les pansements, à Tusage du per-
sonnel hospitalier, M. Gangolphe a eu Theureuse idée de
publier ces dix-neuf leçons. Rompant, à bon droit, avec les
usages des manuels de petite chirurgie, il ne s'astreint pas à
décrire tel ou tel pansement. Il cherche à faire comprendre
ce que sont Tasepsie et l'antisepsie, comment on y peut
parvenir; après cela viennent les indications thérapeutiques
firincipales pour les cas urgents : hémorrhagies, syncope,
ractures simples et compliauées, plaies d'armes à feu. Puis
Tauteur décrit Tanesthésie, le traitement des brûlures et des
gelures, la vaccination, la saignée, l'application des sangsues
et des ventouses, les injections sous-cutanées, la révulsion,
la cautérisation, le cathétérisme. La fastidieuse énumérat ion
des bandages ne trouve point ici sa place.
En somme, guide tout à fait élémentaire, destiné surtout
à styler des infirmiers instruits que M. Léon Tripier vou-
drait voir attacher à chaque service chirurgical. A. B.
VARIÉTÉS
Corps db santé militaire. — Par décret en date du 'ii mars
1889, ont été promus:
Au grade de médecin-major de i" claêsey M. Yvert, raéde-
ciu-major de 2« classe à récole d'application de cavalerie de
Sauraur.
Au grade de médecin-major de 2' classe, MM. Mosimann et
Bcchard.
Hôpital Broussais. — L'hôpital Broussais, qui ne comprenait
jusqu'ici que des services temporaires, a reçu depuis le 1*' janvier
dernier une organisation définitive et Fadministration de
l'Assistance publique a décidé qu'il serait ouvert dans cet hôpital
une consultation externe, mais sans délivrance de médica-
ments.
Cette consultation, qui aura lieu tous les jours, sera fuite
allernalivement par les deux médecins et par le chirurgien de
rétablissement. Toutefois, l'hôpital Broussais devant continuer à
recevoir ses malades du Bureau central, aucune admission ne
pourra élre prononcée à la suite de ces consultations.
Cours libres. — M. le docteur Dareste, directeur du labora-
toire de tératologie, commencera ses conférences pratiques
d\'nibr>'ogénie normale et tératologique, le mardi 2 avril à
quatre heures, et les continuera les samedis et mardis suivants
il la même heure, au laboratoire de tératologie. — Bâtiment du
Musée Dupuylren.
Cours pratique de chimie et de micrographie médicales. —
M. Lafon recommencera, le 8 avril 1889, son cours pratique de
chimie et de microscopique médicales.
Ce cours comprend particulièrement : 1° l'étude chimique
et microscopique, au point de vue clinique, des urines, des cal-
culs, des kystes, de la bile, du suc gastrique et du sang; ^ la
technique microscopique, applicable* à la recherche des
microbes pathogènes, aux helminthes et parasites de Thomme;
3*" l'examen de I eau potable, du vin, du lait de femme, au
point de vue de l'hygiène; i*» les recherches chimico-légales et
médico-légales que l'on rencontre le plus fréquemment dans la
pratique médicale. — S'inscrire à 1 avance de trois heures à
quatre heures, au laboratoire, 7, rue des Saints-Pères, 7.
Clinique des maladies du larynx* — Le docteur Galmettes
rouvrira sa cliniaue des maladies de l'oreille, du nez et du
larynx, le mardi 2 avril à quatre heures, 60, rue Sainl-André-
deS'Arts. Consultations les mardis, jeudis, samedis, de quatre à
six heures.
Nécrologie. — Le professeur Dénucé (de Bordeaux), don
nous n'avons pu qu'annoncer la mort dans notre dernier numérc
était, comme l'a oien dit sur sa tombe son collègue et son suc
cesseur M. Pitres, un de ces maîtres éminents qui pendant pir
de quarante ans s'est consacré sans trêve ni repos à ses malade
et à ses élèves, prodiguant ses forces et son activité, rcndac
service à tous ceux qui avaient besoin de lui et jouissant dan
la région bordelaise d'une notoriété telle qu^aucun chirurgiei
de province n'en a peut-être jamais connu de pareille.
Correspondant de la Société de chirurgie, associé national d(
l'Académie de médecine, membre honoraire d^un grand nombre
de Sociétés savantes, Dénucé avait communiqué aux Corapagoiei
3ui l'avaient élu un grand nombre de mémoires^ en particulier
es travaux estimés sur les luxations du coude, 1 autoplastie, les
corps étrangers de la vessie, les anévrysmes, les fausses articu-
lations, les formes malignes du furoncle et de l'anthrax, Tinver-
sîon utérine, etc., etc.
Sur sa tombe M. Ouvré, recteur de TAcadémie ; M. Pitres,
doyen de la Faculté; MM. Labat, Hameau, Dubourg, I^ijot, etc.,
se sont faits les interprètes des regrets qu'a causés sa mort.
— On annonce aussi la mort du célèbre ophtlialmologislc
Donders, qui vient de succombera LHrechtà l'âge de soixante el
onze ans.
Né à Tilburg le 27. mai 1818, Donders avait fait ses
études à l'Ëcole médicale militaire d'Utrecht. 11 fui nommi:
médecin militaire à l'hôpital de Haag, puis professeur à Tt ni-
versité d'Utrecht où, depuis 1847, il proTessa d'abord la physio-
logie et l'histologie, puis peu après l'ophthalmologie. Sa clini(|u<<
des maladies des yeux et son laboratoire de physiologie attirè-
rent à Utrecht de nombreux élèves. Le savant maître hollandais
a publié de nombreux mémoires dans les Archives d'ophikal-
mologie de de Graefe et dans le Recueil des travaux du Inho-
ratoire de f Ecole supérieure d^Ulrecht. On lui doit au>>i
plusieurs ouvrages importants, traduits en français, entre autres
une Etude sur les mouvements des yetix^nn livre sur V Astig-
matisme et les verres cglindriques^ un traité des Anomalies de
la réfraction de /'o^tï. Donders était correspondant de Tliistitut
et de l'Académie de médecine.
Mortalité a Paris (10^ semaine, du 3 au 0 Mi«r!«
1889. — Population -.2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, i».
— Variole, 3. — Rougeole, 34. — Scarlatine» 4. — Coque-
luche, 4. — Diphthérie, croup, 47. — Choléra, 0. — Phlhisie
pulmonaire, 200. — Autres tuberculoses, 20. — Tumeurs:
cancéreuses, 45 ; autres, 5. — Méningite, 39. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 60. — Paralysie, 7. —
Ramollissement cérébral, 15. — Maladies orjg^aniques du cœur, 7i.
— Rronchite aiguë, 38. — Bronchite chronique, 60. — Broncho-
pneumonie, 30. — Pneumonie, 71. — Gastro-entérite: sein, IH;
biberon, 34. — Autres diarrhées, 7. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. — Autres affections puerpérales. 4. — Débilité «on-
génitale, 27. — Sénilité, 36. — Suicides, f 5. — Autres morls
violentes, 9. — Autres causes de mort, 181. — Causes
inconnues, 15. — Total : 1111.
Mortalité a Paris (11" semaine, du 10 au 16 mars
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 10.
— Variole, 5. — Rougeole, 33. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 7. — Diphthérie, croup, 40. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 201. — Autres tuberculoses, 33. — Tumeurs:
cancéreuses, 50; autres, 4. — Méningite, 25. -- Cong«îs-
liou et hémorrhagies cérébrales, 5Ï. — Paralysie, .">. --
Ramollissement cérébral, 12.— Maladies organiques du cœur, i^>
— Bronchite-aigué, 42. — Bronchite chronique, 45. — Bronclio-
Eneumonie, 32. — Pneumonie, 88. — Gastro-entérite: sein, »;
iberon, 28. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. — Autres affections puerpérales, 5. — Débilité con-
génitale, 2». — Sénilité, 32. — Suicides, 11. — Autres morts
violentes, 13. — Autres causes de mort, 217. — Causes
incqnnues, 18. — Total:. 1100,
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
18UU3. — HOTTKROZ. *— liiipriuicries rëunioa, A., inio Miguua, 2, l'an».
Trerts*sixièhe année
W 14
5 Avril 1899
GAZETTE HEBDOItlADAIBE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
H. U D' II. LERBBOULLST, RiiiàCRUR sn chip
HN, P. BUCHEZ. E. BRISSAUD, 8. DIEUUFOY, DREYFUS-BRISAC, FRAMCOIS-FRAMCR, R. NEROCQUE, R.^. NRRTIR. A. PETIT, P. RECLUS
Àdreuer tout ce qui concerne le rédaetUm à M. Lkieboullit, 44» rue de Lille (enat le mardi de préférence)
§dlllAlRB« — BULLBTIM. ~ CLlNiat'B «KDICALE. Ç^ttscs ot pallio{;éiiie do
JarUJrioscIcrose. — FoHMULAlRK THKîiapeutiûUK. Du trailomcnl anlisculi'iuc
delà lyplililc. — RsVUE d:-8 couns et des cliniques. H6pil«t Sainl-Louis :
Kéttiiioàs cliniques hebdonadaires des médocios de l'bôpiul Ssinl-Louis. ~
Travaux originaux. Cliniqnc tnciiicalc : Note sur un cas de contraelurc mor-
lell* d'orii^inc gastrique. — Sociétés savantes. Actidémio des sciences. —
Aeadémie de médecine. — Société de chirurgie. — Société de llidrapculiquc. —
Bfvce des iOURS.xrx. — Bidlioorapbib. La moMO do Toiclimano. — Nouveaux
clfarals do patlio'ogie oiteroo. — Vaiii^tbs.
BULLETIN
Paris» 3 avril 1889.
; CMini4e|ftatliol4»0to Kéaémlet L'aBtlacpsIe médicale. —
I Académie de médecine : L'avnimiii. — Le» poète*
I aiebllc». — Exllrpaftloa 4*eaeéph«loc«le.
On a souvent prolesté contre Tinstitution des cours théo-
riques, et, à diverses reprises, on a prétendu qu'une Faculté
de médecine ne devrait compter parmi ses maîtres que des
professeurs de clinique et des directeur.*; de laboratoires. La
palhologie générale et spéciale s'apprendrait, disait-on,
dans les livres. Nous conseillons à ceux qui n'admettent
qu'un enseignement pratique et des leçons de choses de lire
le nouveau volume qui contient les leçons professées pen*
dant Tannée 1887-1888 par M. Bouchard. Une œuvre de
celle valeur suffit à elle seule pour justifier l'enseign. ment
thé(4ique — puisque c'est le mot officiel qui le caractérise.
Sans doute, un slavanl, dont Tesprit philosophique a!ine à
envisager dans leur ensemble les problèmes les plus nrdus
de la palhologie, aurait toujours trouvé le moyen d'exposer
ses vues personnelles. Aurait-il eu le temps et l'occasion
d'écrire lui-même un traité {le la thérapeutique antisep-
tique des maladies ii^ctieuses? S'il n'y avait point été con-
traint par les néce^ités de son enseignement officiel,
M. Bouchard se serait-il appliqué à rédiger, sous la forme
si séduisante et d'une clarté si lumineuse qu'il a su donner
à ses leçons orales, toute cette série de considérations his*
Viques et critiques qui expliquent et font mieux com-
prendre les découvertes auxquelles son nom restera glo-
rieusement attaché? Ne se serait-il pas contenté de publier
des notes, des mémoires, des communications aux Sociétés
savantes, relatant au jour le jour les faits nouveaux que
celle série de leçons met si nettement en relief? Professeur
de pathologie générale, il a considéré comme un devoir de
Irailer in extensOy c'est-à-dire en la développant par
^M'analyse des travaux de ses contemporains, l'une des
iiueslions les plus importantes qui puissent aujourd'hui
V stRiB. T. XXVI. : ' -
préoccuper le médecin. Nous ne craignons pas d'affirmer
que si tous les maîtres appelés à l'honneur de l'ensei-
gnement officiel s'appliquaient à publier leurs leçons
publiques avec autant de zèle^ s'ils y apportaient autant
d'esprit critique, de saine érudition et de vues person-
nelles, les ouvrages qui mettraient aux mains de tous le&
médecins ces leçons didactiques feraient le plus grand hon-
neur à l'École française.
Nous aurons, sans doute, maintes fois l'occasion de parler
du nouveau^ livre que npus devons à M. le professeur Bou-
cliard (1). Mais nous voudrions, dès aujourd'hui, pour en
mieux montrer l'intérêt, revenir sur un sujet que nous avons
déjà effleuré à cette place même ; nous voulons parler du rôle
des microbes dans la pathogénie des maladies infectieuses et
des procédés thérapeutiques qui permettent de réaliser par*
fois ce que l'on a appelé l'antisepsie générale.
Ce mot antisepsie générale n'a pas été admis sans con-
testation et bien des médecins, aujourd'hui encore, hésitent
à croire qu'il soit possible d'instituer une thérapeutique eu
tenant compte des données pathogédiques fournies par ^
l'élude microbiologique des maladies. Us persistent, en
effet, à penser que, dès l'instant qu'un microbe a été
découvert, isolé et culllUi et qu'on suppose qu'il est
l'agent principal de la maladie infectieuse, tout l'effort thé«-
rapeutique de ceux qui croient à l'antisepsie médicale doit,
tendre à tuer le microbe, à agir sur sa vitalité à l'aide d'un
parasiticide. Et c'est en se plaçant à ce point de vue exclu-^
sif que les adversaires de la doctrine jnicrobienne affirment
que ce qui pourrait tuer le parasite détruira plus rapide-
ment encore la cellule nerveuse, et qu'ainsi l'on tuera le
malade avant d'avoir atteint le microbe. M. Bouchard, dans
toutes ses leçons, a cherché, comme il le dit lui-même, à
communiquer à ses auditeurs cette discipline de l'esprit
qui fait le savant et non l'empirique, à les habituer à se
rendre compte de ce qu'ils peuvent et doivent faire, à dis-
cerner le pourquoi et le comment de leur intervention, et
c'est pourquoi il proteste contre cette^tendance à chercher
une recette, une formule, au lieu de préciser des indica-
tions et de trouver une médication utile. C'est pourquoi
aussi il s'élève aussi énergiqucment contre les assertions
erronées de ceux qui considèrent la médication antiseptique
comme exclusivement microbicide; cette médication est le
plus souvent complexe. C'est indirecleinent que l'antisepsie
s'adresse au microbe; mais il faut lire tous les cha-
(!) Thérapeutique des maladicM infeetieutet : Antuepiie. — Cours de Patlio-
logie générale, par Ch. Bouchard, recueilli et publié. par le doclenr P. Le Gendre.
Paris, F. Savy, 188».
u
m ^ N« 14 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Avril 1889
pitres de ce beau livre poar bien comprendre que traiter
une! maladie infectieuse n*est »as aussi simple que d'admi-
nistrer ntt t)a plusieurs* parasiti ci des.
M. Bouchard démontre que l'on peut souvent amoindrir
la vitalité d'un microbe, restreindre sa pulluiation, changer
sa forme, modifier ses fonctions, exalter, restreindre, sup-
primer, restaurer sa virulence d'une façon passagère ou
durable, mais il montre aussi que l'on n'a pas encore
trouvé tous les agents capables, après leur absorption,
d'agir assez énergiquement et assez rapidement sur les
mipabe^ pathogènes pour les luar ou les rendre immédia-
tement inoffensifs. Ajoutons que les expériences de labora-
toire ne sont pas toujours confirmées par l'expérimeutation
clinique; tel ou tel agent qui peut, in vitro, modifier sen-
siblement les conditions de vitalité du microbe n'est pas
facilement absorbable. Ce sera le rôle, ce doit être le but
de la thérapeutique expérimentale de déterminer quels
sont les médicaments qui peuvent être à la fois microbi-
cides et inoffensifs. On en doit plusieurs déjà à M. Bouiehard
et à ses élèves.
En attendant c'est l'organisme vivant qui, par son fonction-
nement normal, arrive à détruire les microbes pathogènes.
Pourarriver au buta atteindre c'est l'organismequ'il faut se-
courir dans cette lutte. Or il est démontré que les microbes
sont surtout nuisibles par les poisons solubles auxquels
donne naissance leur vie au sein de l'organisme infecté.
Ces poisons, nous pouvons obtenir qu'ils soient retenus ou
détruits par le foie, brûlés dans le sang, éliminés par les
reins. De là découlent une série de médications que l'on
peut appeler antiseptiques, bien qu'elles n'agissent qu'indi-
rectement pour réaliser l'antisepsie générale. A ces moyens
indirects s'ajouteront peut-être un jour des procédés théra-
peutiques plus immédiatement dirigés en vue d'entraver Ja
puliulation des microbes ou de modifier leur fonctionne-
ment. Nous verrons prochainement, en revenant sur la ques-
tion des vaccinations préventives, ce que l'on peut espérer
à ce-point de vue.
Enfin, et c'est ce que M. Bouchard a si bien montré dans
nés précédentes leçons, toutes méthodes hygiéniques et
ttiérapeuliques qui ont pour résultats de fortifier l'orga-
nisme et de combattre les diathèses contribuent aussi à
rendre moins facile l'action pathogène des micro-orga-
nismes. Ceux-ci nous entourent, nous pénètrent de toutes
parts. Si nous résistons à leurs attaques, c'est le plus sou-
vent parce que l'état de santé empêche ou entrave notable-
n^^ent leur germination. Il importe d'ailleurs de ne point ou-
blier que si la maladie est le résultat des causes morbifiques
qui agissent sur l'organisme, elle est aussi, comme le dit si
bien M. Bouchard, l'ensemble des actes fonctionnels qui
réagissent contre ces causes. Or ce travail de réaction, qui
persiste longtemps après que la cause morbifique a cessé
d'agir, entretient ces pleurésies, ces pneumonies, ces lésions
organiques multiples qui constituent l'un des plus grands
dangers des maladies infectieuses; c'est lui donc que
nous avons le plus souvent à combattre, c'est lui qui exige
toutes les armes de la thérapeutique, et qui permet
de maintenir, à côté de la thérapeutique antiseptique
directe, l'ensemble des médications traditionnelles : c Sur-
veillez le microbe, dit M. Bouchard, mais n'oubliez pas
l'organisme et ses réactions. Glorifiez les progrès récents,
mais soyez assurés que tout ne date pas d'hier, et qu'il y a
encore une médecine. > On voit, par ce court exposé, dans
quel esprit est conçu ce livre. Nous aurons à montrer pro-
chainement quelles applications pratiques on peut déduit
de ces notions générales.
— Qu'est-ce que l'aïnhum? D'après les descriptions fait(
par les médecins qui l'ont observée au Brésil, la maladi
paraîtrait analogue à la lèprej ou bien due à des lésions Irc
phiques encore mal définies, ou peut-être congénitale. L'ol
servalion très remarquable que H. Proust vient de commu
niquer à l'Académie est de nature à faire admettre qu'i
existe parfois des malformations congénitales, débutan
pendant la vie intra-utérine, évoluant ensuite plus ou moin
tardivement et pouvant donner naissance soit aux lésion
de l'ainhum, soit à des lésions trophiques de diverse
natures. Malheureusement l'anatomie pathologique de toute
ces lésions reste encore relativement obscure. Aussi faul-i
espérer que la communication de M. Proust appellen
l'attention des cliniciens sur les faits analogues. Peut-étn
arrivera-t-on, s'ils se multiplient, à bien définir pathogéni-
quement une maladie des plus curieuses, qui parait bieo.
comme le croit M. Proust, une malformation congénitale
— Les intéressantes communications de MM. Brouardel
Gabriel Colin, Laborde et Léon Colin sur les dangers de^
poêles dits mobiles confirment de tous points les observa-
tions que nous présentions, il y a huit jours, au début de
cette discussion, qui promet d'être à la fois précise et
approfondie.
Les graves inconvénients de ce système de chauffage ne
sont plus niables; voilà que l'on va même jusqu'à recon-
naître que leur usage ne saurait être autorisé dans aucune
habitation collective. Mais on le permettrait aux particu-
liers dans l'espoir que ceux-ci ne manqueront pas de se
conformer à la longue énumération de précautions, libellées
avec une grande compétence et une vigilante attention par
le Conseil d'hygiène de la Seine, sur le rapport de M. Michel
Lévy. Si ces précautions ne sont pas prises, le danger est
incontesté; or elles concernent à la fois l'entretien de
l'appareil et la disposition même de l'immeuble où celui-ci
doit être placé. Combien d'immeubles sont susceptibles de
présenter ces dispositions, tant à Paris que dans la France
entière? C'est ce qu'on oublie de nous dire. Pour peu qu'on
y réfléchisse, il n'est pas difficile de reconnaître que l'in-
struction nouvelle demandée à l'administration par le Con-
seil d'hygiène est appelée à n'avoir pas *plus d'action ni
d'efficacité que celles qui l'ont précédée, au moins pour ce
qui concerne les habitations actuelles.
Les poêles mobiles, pour être sans danger, exigent donc,
de l'aveu général, un aménagement particulier des conduits
de fumée qu'il est facile d'indiquer pour les constructions
nouvelles dans l'autorisation de bâtir demandée; mais il
n'en est plus de même pour la très grande majorité des mai-
sons existantes, et c'est ici que les habitants et leurs voisins
courent de ce fait des dangers plus ou moins directs. La |
conséquence logique d'un tel état de choses serait la pro-
scription absolue de ces appareils ; mais le Conseil d'hy- 1
giène n'a pas voulu être aussi radicale el, au nom de la
logique condamner définitivement les poêles mobiles. H j
est à craindre que les circonstances invoquées pour les |
défendre n'atténuent guère les conséquences de ce système
de chauffage. C'est ce qui sera prochainement démontré à |
la tribune de l'Académie, et ce que nous comptons signaler
ici même dans huit jours. j
— M. Périer a présenté à l'Académie un enfant opéré
:> Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— HM< — ii9
avec succès d'une volumineuse méningo-encéphalocèle qui,
grJice à l'aspiration préalable du liquide et à la méthode
antiseptique, a pu être enlevée sans dangers ni compli-
cations.
CLINIQUE MÉDICALE
l'aniic* et palhogéale de rar(érlo«iieI«ro«« (1).
Les causes de rartério-sclérose sont de cinq oMres: elles
sont d'abord diathésiquesy toxiques ou infectieuses. Les
premières concernent le rhumatisme, la goutte, Tarthrilis,
la syphilis, rhérédité ; les secondes, Talcoolisme, le taba-
gisme, le saturnisme, le paludisme, le végétarisme; les
troisièmes dérivent de maladies aiguës infectieuses, fièvre
typhoïde, variole, diphthérie, etc.
L'influence de Tàge et du sexe doit aussi être étudiée,
«(uoiqu'elle ait une moindre importance. — Il n'en est pas de
même du surmenage, et surtout du surmenage moral qui
joue, d'après moi, un rôle étiologique de premier ordre.
I
I" Causes diathésiques. — C'est le rhumatisme chro^
nique qui donne lieu le plus ordinairement aux indurations
artérielles. Quant au rhumatisme aigu, il est moins souvent
accompagné ou suivi de manifestations artérielles. Cependant
Yoas verrez des cas où des malades ayant été atteints de
plusieurs attaques de rhumatisme articulaire franchement
aigu» sont devenus artério-scléreux à la longue; et tout der«
nièrement encore, je voyais un homme atteint d'artério-
sclérose du cœur, chez lequel on ne pouvait noter dans ses
antécédents pathologiques qu'une série de rhumatismes
articalaires aigus.
D'autres fois encore, vous ne trouverez dans les antécé-
dents personnels ou héréditaires des malades, que des mani-
festations abarticulaires de la diathèse rhumatismale, telles
que des migraines, des névralgies erratiques et très rebelles,
désaffections cutanées ou des attaques d'asthme. D'après
Gueneau de Mussy, la lésion artérielle chez les arthritiques
et les rhumatisants commence d'abord le plus souvent sur
les artères fémorales avant d'atteindre les autres vaisseaux
périphériques, t Si l'on cherche, dit-il, dans quelles pro-
portions les manifestations rhumatismales ont coïncidé avec
les lésions artérielles, on trouve que dans 140 cas, on les a
constatées 68 fois, c'est-à-dire chez près de la moitié des
malades. » Pour le même auteur, le froid et Yhumidité
joueraient aussi un certain rôle étiologique. c Quand on
réfléchit, ajoule-il, au rôle dominateur que le rhumatisme
joue dans l'étiologie des maladies du cœur dont les artères
sont une annexe, il n'est guère permis de conserver des
doutes sur les rapports pathogéniques qui existent entre le
rhumatisme et les lésions artérielles. L'évolution de celles-
ci me semble moins rapide que celle des lésions cardiaques,
ou moins apparente à ses débuts; mais dans le rhumatisme
du cœur, après le choc de la maladie aiguë, l'organe affecté
peut subir une modification lente qui transforme les produits
du processus inflammatoire, et soit sous l'action persistante
mais latente de la diathèse, soit sous l'influence des troubles
fonctionnels qui résultent de la lésion primitive, les altéra-
it Kxlrait d'un volume sous presse de Leçont de thérapeutique et de clinique
^éiieaUt tur lei maladUe du cœur, par M. le docteur H. Uuchurd (1 voL in-S»
w 800 pages environ. Paris, mai 1889).
tiens du cœur deviennent très souvent plus graves et piasi
profondes. ]i Cette opinion, que j'accepte sans réserve, n'est
pas celle de Lancereaux, qui, opposant les altérations viscé-
rales observées dans le rhumatisme articulaire aigu et cç
quil appelle l'herpétis, affirme que le premier affecte le
cœur et non les artères, tandis que les manifestations arti**
culaires de l'herpétis, « à peu près sans'ieffet'sur le cœorj
sont presque toujours suivies, sinon accompagnées, de
lésions généralisées du système artériel (1) »1 >
L'influence de la diathèse goutteuse sur le développement
de l'artério-sclérose et de Tathéroroe artériel est si biei)
établie, qu'il me semble inutile d'y insister davantage* C'est
ainsi que vous voyez chez des geutteux héréditaires^ avant
même l'apparition des symptômes articulaires, se développe^
lentement les lésions de l'artério-sclérose. Celle-ci dérive
nettement de VarthritiSy ce tronc commun de l'arbre
pathologique, dont la goutte et le rhumatisme sont les prin**
cipales branches. C'est ainsi, sans doute, qu'il faut com-^
prendre les fait« d'hérédité de la ^cléiH>se artérielle que
j'ai observés plusieurs fois, et l'arthritis souvent méconnuj
avec ses manifestations plus ou moins frustes ou larvées^
rend compte de certaines cardiopathies héréditaires^ qui ne
sont autre chose que des cardiopathies artérielles»
Le rhumatisme peut être héréditaire, mais les affection^
cardiaques qui en dépendent (cardiopathies vahulaires) ne
le sont pas. Il n'en est pas de même de l'artério-^sclérose
généralisée et de l'artério-sclérose du cceur {ôardi&pathieè
artérielles^ qui sont souvent héréditaires^ alors même
qu'on ne peut invoquer cbe2 les ascendants l'influence de
l'arthritis, de la goutte ou de la syphilis. Void un des
nombreux exemples d'hérédité de l'artério-sclérose 5
M. B..., soixante ans (obs. L), ni syphilitique, ni aicoo^
lique, mais ayant autrefois abusé du tabac, ne présente
aucun antécédent héréditaire de goutte ou de rhumatisme»
Il est atteint d'artério-sclérose cardio-rénale dont led^but a
été annoncé, il y a deux ans, par une bronchite très tenace
qui dure encore, et qui s'est confirmée depuis trois mois par
la dyspnée d'effort, des palpitations nocturnes très douions
reuses, un léger bruit de galop, des battements artériels du
cou, le retentissement diastolique de l'aorte, de la polla^
kiurie nocturne (sans aucune trace d'albuminurie)^ etc. Son
frère est mort d'angine de poitrine; un autre frère, d'une
afleotion cardiaque; une sœur, d'hémiplégie; son père mort
accidentel lemenl à cinquante et un ans ; mère morte
d'apoplexie cérébrale; grand-père maternel mort d'affection
cardiaque (œdème des membres inférieurs, etc.) ; grand'mèré
maternelle, d'un cancer au sein ; grand-père paternel,
d'hydropisie du ventre; grand'mèré maternelle, de vieil*
lesse à quatre-vingt-dix ans. Cet homme a eu trois
enfants: l'un d'eux a succombé vers l'âge de deux mois, à
une entérite ; le second a souffert du cœur (palpitations,
œdème des membres inférieurs); le troisième est mort
tuberculeux.
Il est donc démontré pour mot, que certaines affections
cardiaques sont directement héréditaires ; du reste, les
auteurs anciens avaient autrefois insisté sur cette étiologie.
Lancisi raconte que, dans une irtêrae famille, l'aïeul, le
grand-père, le père et le fils ont été successivemenls atteints
d'anévrysme du cœur. Âlbertini parle d'une femme déjà fort
âgée qui avait eu cinq frères morts à la fleur de Tàge^ de
maladies du cœur, et qui elle-même luttait depuis plus de
(i) Traité de Vherpétitme, par Lancereaux, 1883, p. 388.
220 — N» 14
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 AvHiL 1889
trente ans contre une affection semblable. Corvisart avait
classé lès causes des cardiopathies en c héréditaires, innées
ou acquises »; et Bouillaud, après avoir affirmé que celle
question d'hérédité ne peut élre mise en doute, s'exprime
ainsi: < Mais il reste à déterminer d'une manière plus pré-
cise qu'on ne l'a fait jusqu'ici, quelles sont, parmi ces
maladies, celles dans le développement desquelles influe
surtout l'hérédité, quelles sont les limites de celte influence,
et jusqu'à quel point elle peut être neutralisée par une sage
observation des lois de l'hygiène (1). » Près de vingt ans
plus tard, en 1868, cette question de l'hérédité des maladies
du cœur n'était pas résolue, puisque Maurice Raynaud,
reconnaissant c que l'on voit des parents atteints d^hyper-
trophie cardiaque, donnant le jour à des enfants qui pré-
senteront la même affection », s'empressait d'ajouter : c Ce
qui est héréditaire, ce n'est pas l'hypertrophie en tant
qu'hypertrophie, c'est la diathèse rhumatismale (2). »
Or Bouillaud, en disant judicieusement que l'on ne
connaît pas, parmi les maladies du cœur, c celles dans le
développement desquelles influe surtout l'hérédité », a posé
nettement les termes du problème. Je le résous par cette
aflirmation :
Les cardiopathies valvulaires ne sont pas directement
héréditaires. Seules, les cardiopathies vasculaires se
transmettent par hérédité.
Mais cette question de l'hérédité touche encore à l'un des
points les plus importants de la pathologie générale : il vous
arrivera souvent, en effet, de constater la transmission
d'une maladie organique sous forme de troubles fonctionnels
dans le même organe atteint par les ascendants. C'est cette
vérité que j'ai autrefois exprimée dans le Traité des
n^ro«d« (3): parfois, disais-je alors, l'hérédité exerce une
influence réelle sur la fixalion de la névrose sur un organe
ou un appareiL Tel malade, par exemple, qui présente des
symptômes d'hystérie gastrique, a eu des ascendants
goutteux ou rhumatisants qui ont souffert de l'estomac sous
forme de dyspepsie simple, de gastralgie ou même de
cancer; tel autre qui se plaint de palpitations, de syncopes
répétées, est issu d'une mère morte d'une affection réelle
du cœur... Ces faits prouvent qu'à c6lé de Y hérédité dans
les lésions, il faut placer Vhérédité dans les organes.
â"" Causes toxiques. — Elles sont nombreuses et des
moins discutables. Parmi elles, il faut citer Valcoolismey la
syphilis, le saturnismey Vimpaludisme (4). Gubler avail
pensé (}ue le végétarisme, c'est-à-dire l'alimentation plus
ou moins végétale, pouvait élre classée parmi les causes de
l'athérome ou de l'artério-sclérose ; mais jusqu'ici rien
n'est venu démontrer la réalité de celte assertion.
Une des opinions les plus controversées est celle de
l'influence du tabagisme. Selon moi, elle est résolue
dans le sens de l'aftirmative, et vous verrez fréquemment
des fumeurs chez lesquels on ne peut invoquer aucune
autre cause que celle de l'intoxication nicotique pour
expliquer la production des indurations artérielles.
(I) Douillaod, Traité clinique dêt maladiet du cœur, 1. 1, 1811.
{•î) Maurice Raynaud, art. CuiUn du Dictionnaire de médecine et de chi-
rurgie pratiquet. Paris, 1868.
{'à) Axeofeld ot Huchardp loc, cil, Voyci aussi la thèse do uiou éièvo M. Ueniau
sur l'hystérie gastrique, p. 10, 1883.
(I) Ces diverses causes s r la valeur desquelles quelques auteurs ont émis dos
doutes, au sujet de l'alcoolisme par cxoniplo (Laneereaux), seront étudiées plus
conip!èleuienl dans le» Irçuns sur i'unginc do poitrine, à propos du leur
oliulogic.
3"" Causes infectieuses. — Â côté des diathèses et de:
inloxicalions, on doit placer les maladies infectieuses. Mais
ici, le processus anatomique, au lieu d'être lent, progressil
et chronique, est au contraire aigu et rapide ; il s'agii
réellement d'une endartérite aiguë, comme Hayem Vî
démontré il y a longtemps déjà, dès 1869, pour la fiètn
typhoïde. Le poison typhique porte du reste son action sut
le système artériel, comme le prouve la fréquence relative
des artérites dans cette maladie (Barié). A côté d'elle, il
faut placer la rartoie, dont j'ai fait connaître avecM. Desnos,
dès 1870 (1), l'influence sur le développement de la myo-
cardite. Plus tard, Brouardel démontrait que les varioles
graves déterminent des lésions inflammatoires, non seule-
ment sur la membrane interne du cœur, mais aussi sur celle
de l'aorte.
Dès cette époque, la question de l'influence des maladies
infectieuses sur le développement ultérieur d'affections arté-
rielles avait été nettement posée, comme on peut le voir par
ce passage : c II existe donc, suivant nous, une endocardite
et une endartérite varioleuses. Elles diffèrent assez dans
leurs lésions, dans leurs signes physiques et surtout dans
leur marche, pour être séparées dans les descriptions des
complications cardiaques du rhumatisme et de la pleuro-
pneumonie. Il faudra les ranger à côté des lésions identi-
ques ou analogues, qui surviennent dans les maladies infec-
tieuses. Il reste à déterminer quelle est leur part d'influence
sur le développement ultérieur des affections du cœur et des
artères (i). >
Les mêmes lésions, du côté de Taorte et du système
artériel, ont encore été signalées dans la diphlkérie, dans la
scarlatine (3), et nul doute qu'on ne les trouve plus tard
dans d'autres maladies infectieuses comme Térysipèle, dont
on a reconnu l'influence sur la production de l'endocardite
et de la myocardite (Jaccoud, Sevestre, etc.). Dans la tuber-
culose pulmonaire, et surtout dans la phthisie aiguë, j ai
observé, pour ma part, deux exemples remarquables d'aorlilc
el d'endartérite généralisée, qui s'étaient développées cer-
tainement sous l'influence de ces affections.
La plupart de ces maladies infectieuses sont d'origine mi-
crobienne, il en résulte que les scléroses artérielles qui en
dépendent, peuvent être de même nature. C'est l'opinion
qu'exprimait Balzer, en 1882 : t Les scléroses, disait-il, aussi
bien que les autres altérations que l'on observe dans les
maladies infectieuses, paraissent déterminées par la pré-
sence, au sein des tissus, d'organismes inférieurs et surtout
de microbes de diverses espèces. Le nom de «scléroses para-
sitaires » serait donc mieux justifié pour les désigner (4). >
4° Influence du surmenage. — Eu dehors des dialbèses,
des intoxications et des maladies infectieuses, il est une
cause à laquelle j'attache la plus haute importance, c'est le
(1) Desnos et Huchard, De la myocardiie varioUute [Union méd- Paris, i^'^
1871).
(2) Brouardel, Études sur !a variole. Lésions vasculaires (cœur cl aorte) (irrk.
§én. de tnéd , décoinbrc i87i).
(3) Toul deriiièremenl MM. Landouzy et A. Sircdcy ont repris cette qu('»li«>n
et lui ont donné d'intéressants ddveloppoments. Pour eux, les lésions de ron<t-ir-
tcrito cardiaque lyphoïdiqno no sont pas scttlemont intéressantes ii éludipr a»
point de vue de leurs conséquences immédiates (collapsus et morts subites), w^]*
elles doivent être envisagées sous le rapport de leurs couséqucnccs plus vloi-
gnécs: elles peuvent détenir, plusieurs années après la maladie, le point do départ
de cardiopathies ruelles, elles peuvent aussi, surtout chex les individus pré«li>«*
posés par leurs antécédents arthritiques ou ncvropalhiques, dcveuir la (^^^
d'une endartérite plus généralisée et d'une artériu-scléroso étendue à (util If
système artériel {Revue de médecine, 1887 el 1888).
(4) Baiser, art. Sclérose [Dicl. de méd. et chir. pratiques, 188â)'
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surmenage^ question bien débatlue dans ces derniers temps
et très complexe, comme vous allez le voir.
Un muscle fatigué est un muscle intoxiqué par des acides
et surtout par Tacide lactique; le surmenage aigu, qui jette
dans l'économie une quantité considérable de matières
extractives et de déchets de désassimilation des tissus insuf-
fisamment éliminés par les émonctoires naturels, porte son
action nocive sur les muscles vasculaire et cardiaque. Il
s'agit donc ici d'une myocardite aigUë par intoxication.
->D*autres fois, c'est par le mécanismede l'effort que seront
produites certaines affections du cœur, admises par les uns
et niées par les autres, et qui aboutissent promptement aux
symptômes du cœur forcé chez les soldats en campagne. —
Enfin, le surmenage peut porter son action non seulement
sur le myocarde, mais aussi sur le système artériel. < On
observe souvent Tathérome, chez les manouvriers, les cam-
pagnards, les hommes de peine, chez ceux quic ont le sang
noir ), comme disaient les praticiens de Venise, en compa-
rant leurs mains veinées de bleu aux mains calleuses à
grosses veines foncées des artisans (I). » Mais ici, la patho-
génie est complexe, et l'on ne fait pas jouer un rôle suffi*
saot à l'alcoolisme et au tabagisme.
D'un autre côté, l'influence du végétarisme, c'est-à-dire
de l'alimentation presque exclusive par les légumes et les
fruits, peut aussi être invoquée. A ce sujet, Lacassagne,
ayant remarqué que Tathérome est rare chez les animaux
herbivores et qu'il ne survient chez les végétaristes qu'après
de grandes fatigues et des marches forcées, a émis la théorie
soivante: le travail exagéré augmente la proportion d'acide
carbonique contenue dans le sang, ce qui détermine la
formation exagérée et la précipitation de carbonates alcalins
et de phosphates. Dès lors, on comprend qu'un régime
exclusivement végétal jette dans l'économie une proportion
plus forte de principes minéraux et favorise ainsi la pro-
duction de l'athérome (*2).
La plupart des auteurs ont du reste décrit l'influence du
surmenage sur le cœur, et Revilliod a bien résumé cette
question par le passage suivant :
( il était à prévoir que le centre circulatoire devait res-
sentir en premier lieu les effets d'une affection produite par
une suractivité fonctionnelle de tout l'organisme et subir
des troubles nutritifs, conséquence naturelle des altérations
du liquide nourricier. Or, nous constatons, en effet, que
toute fatigue aboutit au cœur. Par les hautes fonctions qui
lui sont dévolues, par sa riche organisation musculaire et
nerveuse, dont les sources dérivent du système cérébro-
spinal et végétatif, il ressent le contre-coup de la fatigue
musculaire comme de la fatigue morale. Point de départ et
point d'arrivée, centre lui-même d'actes réflexes multiples,
il est exposé à mille causes de désordres auxquels ses nerfs
pondérateurs ont peine à suffire. On concevra donc sans
iUfficulté, comment, malgré toutes les précautions prises
par la nature, ce muscle destiné à battre soixante-dix fois
par minute, du commencement à la fin de l'existence, puisse
au même titre que tout autre muscle, être appelé à remplir
une tâche excessive et subir dans certaines circonstances
les phénomènes de la fatigue, ou souffrir par action à
distance d'un état de fatigue localisé ou généralisé (3). »
(1) Kcim, De la fatigue et du turmenage au point de vue de l'hygiène et de
la médecine légale (Thèse inaugurale de Lyon, décembre 1886). Voyei encore
Gloj: sur le» était typhoUiquet de fatigue, etc. {Revue générale de ehnique et de
ihéra^utique, 1888>
(2) Lacaftjiagne (Annales d^hygiéne, vol. XLIX). n
(3) neviiiiod. De la faHgue {Kémokre de la Sceiété médicale de Genève, 4880).
Nous voici loin de l'artério-sclérose, me dir^-vous?
Nullement. Je vous fais ces citations pour vous démontrer
que, si les auteurs ont judicieusement inisisté sur le surme-
nage dans ses rapports avec les affections cardiaques, ils ont
laissé complètement de cô(é le surmenage artériel et ses
conséquences. Si Peter a pu dire, avec raison, que « le
cœur physique est doublé d'un cœur moral », voulant
montrer par là l'influence indéniable des émotions sur les
cardiopathies, il n'a pas montré le mode pathogénique des
cardiopathies artérielles et de l'artério-sclérose. Â propos de
l'hypertrophie du ventricule gauche, il a dit, avec raison,
qu'elle c est la maladie des organismes usés par la fatigue,
les passions et les excès: fatigue de la vie maritime, de la
vie guerrière, de la vie politique... » Mais la phrase sui-
vante, la seule que je puisse invoquer à Tappui de la thèse
que je vais développer, ne fait qu'indiquer la participation
du système artériel aux effets du surmenage moral: « Ici,
ajoute-t-il, la maladie (l'hypertrophie venlriculaire) est
cellek.des c viveurs » chez lesquels le système artériel est
constamment tendu, et s'use prématurément par excès de
tension habituel (1). »
On a souvent discouru au sujet de l'influence des causes
morales sur la production ou l'aggravation des cardiopa-
thies, et cette question a été diversement résolue par les
médecins pour être reléguée ensuite parmi les suppositions
banales du vulgaire.
Corvisart plaçait avec grande exagération à la tète des
causes des cardiopathies t innées » l'influence de t l'ima-
gination de la mère sur le fœtus > et celle des passions sur
la production des cardiopathies c acquises >. « Si quelqu'un
pouvait nier de bonne foi, disait-il, ou douter seule-
ment des fatales influences physiques des passions sur le
cœur, qu'il lui suffise de savoir qu'il se déchire dans un
accès de colère et cause la mort subite; et je ne suis pas le
seul médecin qui ait pensé que ses lésions organiques ont
été plus fréquentes dans les horribles temps de la Révolution
que dans le calme ordinaire de l'ordre social (^). > Plus
tard, un médecin italien, Schîna, dans une longue disserta-
tion, se rangeait à cette opinion (3) que Beau devait égale-
ment accepter (4). Plus tard encore, Leudet se montrait
très réservé sur cette question, tout en concluant à « l'in*
fluence réelle des causes morales sur les affections organi-
ques du cœur, sans pouvoir toutefois la démontrer d'une
façon certaine (5) ». De son côté, Claude Bernard aborde
ainsi la question :
< Lorsqu'on dit que le cœur est brisé de douleur, il se
passe dans cet organe des phénomènes très réels. Le cœur
s'est arrêté, si l'impression douloureuse a été trop soudaine,
et il en est résulté une syncope avec les crises nerveuses
qui en sont la conséquence. On a donc bien raison d'user
de ménagements, quand il s'agit de faire connaître à quel-
qu'un une de ces nouvelles terribles qui bouleversent l'àme.
Quand, après avoir éprouvé de longues angoisses, on dit
qu'on a le cœur gros, cela répond encore à des conditions
physiologiques particulières; nos expériences nous ont
montré, en effet, que des excitations d'une intensité gra-
duellement croissante, émoussent ou épuisent la sensibiliti;
(1) Peter, loe. cit., p. 309.
(2) CorvUart, Essai sur les maladies et les lésions organiques du cœur,
3« éd. Paris. iStS.
(8) Schina, Arehivio di mid. pratiea univ. Tnrino, 1834.
(4) Beau, Traité expérimental et clinique d'auscultation, p. 123, 4856.
(5) Leudet» Influence des causes morales et mécaniques dans la production
des matadéêê organiques du cœur (Tbèie d'agrégation, Paria, 1853).
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'du cœar, sans en arrêter les battements. Les impressions
doalooreusas prolongées, devenues incapables d'arrêter le
oœar, le fatiguent donc sans retarder ses battements, pro-
longent la diastole, et font éprouver dans toute la région
iprécordiàle un sentiment de plénitude ou de resserre-
ment (1). »
] Tout cela est fort bien; mais Cl. Bernard, pas plus que
le^ auteurs précédents ou suivants, n*a parlé de l'influence
des émotions sur le système artériel, et par son intermé-
diaire sur le cœur. Or, comme vous le verrez plus loin,
c'est par ce seul mécanisme que j'arrive à la conception de
l'artério-sclérose déterminée par les impressions morales.
. ' Bernheim (2), dans sa relation € d'affections cardiaques
sans lésions valvulaires », cite plusieurs observations dans
lesquelles les < causes morales déprimantes > ont certaine-
ment dû jouer un grand rôle dans la production de certaines
cardiopathies. Vous pouvez lire à ce sujet l'observation VI
de son livre, où vous verrez qu'une femme de soixante-
six ans, non rhumatisante, réduite à la misère après de
j^nds revers de fortune, éprouva d'abord de violentes pal-
pitations cardiaques auxquelles succéda une dyspnée crois-
sante; puis, survinrent de l'œdème des membres inférieurs,
une hypertrophie considérable du cœur, la dyspnée de
Cheyne-Stokes et des troubles graves de compensation qui
aboutirent à une asystolie mortelle. A l'autopsie, on trouva
une hypersarcose ventriculaire considérable, des plaques
atbéroroateuses de l'aorte, avec intégrité des orifices du
i;œur« LeTfiême auteur cite encore plusieurs observations
semblables où l'on trouve le plus souvent la mention d'émo-
jlions violentes ou de chagrins répétés.
. Enfin, Lamarre (de Saint^Germain) et Peter ont été plus
précis, et ils ne doutent pas de l'influence du système ner-
veux sur les maladies du cœur (3). Nais ils n'indiquent
pas son rôle pathogénique, ils mentionnent seulement
l'aggravation, par les causes morales, d'une cardiopathie
préexistante.
D'après ces citations, il vous est difficile de vous faire une
idée exacte sur la solution de cette question, et cependant
d'après mon expérience personnelle, j'estime que rien n'est
plus simple. Jusqu'alors on n'avait pas une opinion ferme à
ce sujet et les controverses étaient nombreuses parce qu'on
n'avait pas formulé, comme je l'ai fait, cette distinction
capitale entre les cardiopathies valvulaires et les ca^rdio-
pathies vasculaires. Pour les premières, tout le monde
doit être d'accord : elles peuvent être aggravées, mais elles
ne sauraient être jamais créées de toutes pièces par les
impressions morales. Il n'en est pas de même des secondes.
A leur sujet, je résous la question par l'affirmative, et je
soutiens que les émotions senties causes les plus fréquentes
du développement de l'artério-sclérose en général et de
l'artério-sclérose du cœur en particulier. Rappelez-vous ce
que ie vous ai dit dans une des précédentes leçons au sujet
de l'hypertension artérielle : je vous ai montré tout l'arbre
circulatoire en état de contracture sous Tinfluencc d'une
émotion, la plus légère en apparence; or cette contracture
vasculaire est un facteur important de Thyperlension arté-
rielle, et cette dernière, comme je vous l'ai dit et prouvé,
est la cause première de l'artério-sclérose.
(1) Cl. Bernard, Conférence sur les f fonctions du cœur et ses rapports avec le
ccrvean > [Revue da conn ieieniifiquêM, 1864-1865. p. 314).
(2) BerMbeim, Ufn9 âê eêmique méMtmle, Paria, i9n,
i^ Uaam, hâU en 99ÊUme ner^mt» imu ktê wiëlééèêê d» tmme, l»l.
>- Peter (RapfMH fii» ee méfaniiaK BMUhn ée rÀtméémU ée mééêeimê, imi.
Ce sont là des idées purement théoriques, direz-vous?
Oui, sans doute, si elles n'étaient pas confirmées d'une
façon éclatante par l'observation des fait$. Vous admettez
bien l'influence du choc traumafique sur l'aggravation des
afl'ections cardiaques, et vous ne comprendriez pas que le
choc ou le traumatùme morale répété et répercuté, pût
déterminer à la longue une lésion de tout le système cardio-
vasculaire ?
Voyez donc cet homme sous le coup d'une violente et
d'une triste émotion : la face pâlit et se couvre de sueur,
les extrémités se refroidissent, le pouls est petit, faible et
misérable, une angoisse indicible étreint le cœur dont les
battements, précipités et tumultueux d abord, peuvent se
suspendre au milieu d'un état lipothymique ou syncopal.
Niera- t-on, dans ces cas, l'existence d'un spasme vasculaire,
et n'en avez-vous pas vu la preuve dans l'expérience de
Mosso à l'aide de son plétbysmographe? Supposez alors des
émotions qui se répètent, qui se perpétuent, comme vouseo
voyez dans la vie agitée des hommes politiques, des finan-
ciers, des ambitieux ou des incompris, et alors vous com-
prendrez poui^quoi leur système artériel en état d'hyper-
tension permanente devra subir à la longue les lésions de
l'artério-sclérose.
Souvent, des malades arrivent à vous avec tous les signes
indéniables d'une cardiopathie. Vous en cherchez les causes
et vous ne les trouvez pas dans les antécédents héréditaires
ou personnels : il n'y a pas de tare diathésique parmi les
ascendants, ni rhumatisme, ni goutte; ce ne sont ni des
saturnins, ni des alcooliques, ni des impaludiqnes, ni des
tabaglques. Mais alors, interrogez-les de plus près, scrutez
tous les incidents de leur existence, et vous verrez que le
plus souvent leur afi'ection n'a pas d'autre source que dans
le surmenage moral ou intellectuel d'une vie continuelle-
ment tourmentée par les ennuis, par les émotions, par les
malheurs et par les déceptions de toutes sortes. Ici cestune
malheureuse mère qui voit succomber les siens; là c'est
un financier qui, d'infortunes en infortunes, tombe dans la
ruine la plus complète ; plus loin, c'est l'homme politique
qui se lance dans la voie des déceptions. En voici un
exemple :
Un homme de cinquante-deux ans, riche banquier
dans une ville importante, maire et conseiller général de
son pays, descend dans l'arène politique; il est grand élec-
teur de son pays, il combat ses adversaires avec une vigueur
inaccoutumée par la plume et par l'action ; puis, l'heure
des déceptions arrive : ses candidats sont battus par le parti
adverse; battu lui-même, il ne parvient qu'à grand'peineà
rester à la tète de l'administration de son pays. Alors, les
désastres de ses finances succèdent aux désastres de son am-
bition déçue; le visage pâlit, le cœur est agité par de folies
palpitations, le pouls est serré, petit et concentré, et le
médecin voit évoluer pas à pas, jour par jour, une affection
cardiaque d'origine artérielle. Les artères tendues et résis-
tantes d'abord au toucher deviennent dures et atbéroma-
teuses, l'aorte se dilate, et l'on finit par constater une double
lésion de l'orifice aortique. Chez cet homme, on ne peut
invoquer aucune cause de son affection ; il n'était ni syphi-
litique, ni alcoolique, ni goutteux, ni rhumatisant, ni
fumeur. Seules, les émotions de cette vie tourmentée et
tumultueuse avaient agi en déterminant un double surme*
nage : celui du système nerveux et celui du système circu-
latoire. Il y a quelques mois, il meurail en laissant dass sa
5 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE ÎHR MEDECINE ET DE CHIRURGIE — NM4 — 223
caisse un déficit de près d'un million de francs, déficit qu'il
avait soigneusement caché aux siens.
Qae d'exemples semblables n'àurai-je pas à vous citer à
i*appui de la thèse que je défends ! Les émotions agissent
d'abord sur le système artériel, et c'est par lui, c'est par son
intermédiaire que le cœur est atteint dans sa substance
contractile.
Ici donc, les émotions ont développé d'abord de toutes
pièces une cardiopathie artérielle et en ont ensuite préci-
pité réchéance fatale. Mais, dans d'autres cas, elles peuvent
avoir leur retentissement sur des cardiopathies palvulaires
préexistantes. Voici, à ce dernier point de vue, un exemple
que j'emprunte à Peter :
c J'ai eu l'occasion de voir un préfet chez lequel une
maladie du cœur parcourut en moins de dix-huit mois toutes
ses phases, depuis l'endocardite génératrice jusqu'aux infil-
trations généralisées et terminales, et cela dans les circon-
stances que voici : en juillet 4868, au milieu d'une tournée
de revision, ayanl excessivement chaud, il se baigna incon-
sidérément dans la mer, en éprouva un malaise immédiat,
et trois jours après, sans rhumatisme articulaire concomi-
tant ou antérieur, le matin il était réveillé par une angoisse
considérable avec grande agitation. Son médecin constata
une endocardite aigaé et à peine fébrile, dont l'origine
Détait guère douteuse, et il la traita en conséquence.
Nonobstant une médication rationnelle, le malade, restant
tourmenté pardes palpitations, vient à Paris deux mois plus
tard consulter Bouillaud et Barth qui tous deux reconnu-
rent l'existence d'une affection organique du cœur. Vers la
fin de septembre, je le vis moi- même et lui trouvai un bruit
de souffle intense, dur, vers la pointe du cœur, ayant son
maximum d'intensité un peu au-dessous du mamelon;
c'était là l'indice d'une insuffisance mitrale bien caracté-
risée, et tel avait été le diagnostic de Bouillaud et Barth.
Le cœur était déjà un peu hypertrophié. Le malade, homme
très vigoureux, très actif et très remuant, ne se plaignait
que de palpitations et d'oppression; cependant les bases
pulmonaires étaient encore intactes. Je conseillai, indépen-
damment d'une médication révulsive locale et de l'emploi
de Tiodure de potassium associé à la digitale à l'intérieur,
de modérer l'existence et surtout de mettre un frein à celte
politique trop militante. Malheureusement, l'année suivante
fut celle des élections générales : il fallait faire échouer le
candidat de l'opposition, homme très populaire ; le préfet
donna fougueusement de sa personne, et le candidat popu-
laire ne fut pas nommé. Mais, quatre mois plus tard, le
fonctionnaire mourait infiltré de toutes parts, enseveli dans
son triomphe. « Vous m'avez battu, lui avait dit après son
échec le candidat évincé, mais vous en mourrez !» Et la
prédiction s'était réalisée. »
5* Influence de Fâge. — L'influence athéromigène de la
vieillesse n'est plus à démontrer, qu'il s'agisse de la vieil-
lesse prématurée des goutteux, des alcooliques, des surme-
nés, etc., ou de la sénilité, succédant à l'accumulation des
ans. Mais ces deux vieillesses ne se ressemblent pas absolu-
ment au point de vue de Tanatomie pathologique, de la cli-
nique et de leurs causes : pour la première, les scléroses
Viscérales sont fréquentes, et la lésion est prédominante
dans les petits vaisseaux ; en un mot, il y a plus d'artério-
sclérose viscérale que d'athérome artériel. Pour la SMonde^
le processus se localise datantage dans les gros troncs arté-
riels, le retentissement viscéral m^tm accusé ne se mani-
feste souvent que par l'atrophie des organes, il y a plus
d'athérome artériel que d'artério-sclérose viscérale. La
marche est subaiguë dans l'une, chronique dans l'autre.
Dans la première, les agents d'irritation sont à peii près
connus (acide urique, plomb, alcool) ; mais pour la seconde,
il n'est pas possible de voir dans la composition du sang de
vieillards, dans la quantité moindre d'oxygène absorbé, dans
la diminution des globules sanguins et de leur hémoglo-
bine, les raisons suffisantes pour expliquer la production de
la sclérose vasculaire. Nous vieillissons tous les jours, la
sclérose artérielle est la c rouille de la vie >, et c'est ainsi
qu'Hîppolyte Martin a pu trouver chez un enfant de vingt-
trois mois, au-dessus de l'orifice de l'artère coronaire
gauche, un point d'athérome aortique ayant un millimètre
de diamètre; c'est ainsi que,dèsràge le plus tendre, à trois
et quatre ans, on peut constater déjà quelques stries athéro-
mateuses ; on cite m^me un cas, unique en son genre,
relatif à un vaste anévrysme de l'aorte abdominale d'un
volume tellement considérable qu'il était devenu chez un
fœtus la principale cause de dystoeie (4). Chez un enfant
de deux mois, Moutard-Martin (^) a pu constater une aortife
chronique avec rétrécissement de l'aorte. Hogdson raconte
que S. Young a enlevé une artère temporale absolument
calcaire sur un enfant de quinze mois. Portai et Scarpa
auraient encore rencontré des cas semblables. Ândral a vu
des ossifications aortiques chezun enfant de huit anset chez
cinq Ou six malades âgés de moins de trente ans. H. Roger
et Sanné (3) ont rencontré chacun un cas d'anévrysme de
l'aorte avec lésions athéromateuses chez deux enfants de
dix ans et de treize ans et demi. Sur 55i cas d'anéVrysmes
rassemblés par Crisp (de Londres), cinq appartenaient à des
sujets dont l'âge variait de quelques jours à vingt ans.
Blache a constaté c une dégénérescence calcaire considéra-
ble de l'endocarde et des parois artérielles dans toute l'éten-
due de l'aorte jusqu'aux iliaques (4) ».
J'ajoute encore que, d'après mes observations, la méno-
pause est fréquemment une cause, non seulement d'aortîte,
mais aussi d'artério-sclérose.
Cazalis avait donc raison de dire qu'on a l'âge de ses
artères. Nous vieillissons par notre système artériel et cela
se comprend aisément; car, ainsi que le dit H. Martin,
€ dans l'air que nous respirons, dans les aliments liquide^
ou solides que nous ingérons, dans les gaz et les liquides
qui arrivent au contact de nos muqueuses, etc., se trouvent
mille particules, quelle que soit leur nature, qui, une fois
introduites dans la circulation, doivent agir sur la paroi
vasculaire au contact de laquelle elles sont arrivées. Il n'est
point de canal destiné à alimenter d'eau une ville, aussi
perméable qu'il soit primitivement, qui ne s'incruste de
sels, de corps étrangers et dont la destruction lente de la
paroi n'exige un jour ou l'autre l'établissement d'une ca-
nalisation nouvelle. Il en serait rapidement de môme pour
nos artères si elles étaient des conduits inertes; mais toute-
fois leur résistance vitale a des limites. Les artériolès et
les capillaires, dont la paroi, plus délicate et plus mobile,
obéit directement à l'influence nerveuse et se contracte
brusquement et fréquemment sur le sang qu'elle contient,
sont tout particulièrement lésés, i
(1) Phœnomeaow {Areh. f. gynxkologie, 4882).
(2) MouUrd-MarUn {BuU. dé la Soc. anatomique, <fif7». f. TfS).
(3) H. Roger {Soc. méd. det hôpitaux); Sanné. De Vanévrynne de l'am-te et
iê VtUkiromaiie oorltfM (Revue memiulU des maladiet de l'enfance» 4875,
*(4):Blacbe, Maladiee du eœur^^chex let enfanii ff»»è»e inaiig., P*rii, f«(»). ^
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5 AvniL 1889
II
Pathogénie. — Les causes de rartério-sdérose vous sont
suffisamirfent connues; il s'agit maintenant de savoir com-
ment elles se comportent pour la produire. Il est certain
qu'elles agissent souvent par Tintermédiaire du sang plus
ou moins modifié dans sa composition. Mais l'agent de
Virritation n'est pas le même suivant les cas. Le sang des
■ goutteux, des saturnins et môme des alcooliques, est riche
en acide urique; chez ces deux derniers, la présence du
- plomb ou de l'alcool ne doit pas être élrangère à l'irrita-
- tion des parois vasculaires, et pour le saturnisme, il a été
démontré par Malassez que les globules sanguins sont
; moins nombreux et plus volumineux qu'à l'état normal. Le
sang des rhumatisants renfermerait^ d'après Richardson,
de notables proportions d'acide lactique, ce qui est loin
. d^étre prouvé.
Quant à la théorie parasitaire du rhumatisme, elle n'est
pas encore démontrée, malgré les travaux de Reckling-
hausen, de Fleischauer, d'Ebcrlh, de Kosters et de Klebs.
Pour ce dernier le parasite serait une monadine^ de sorte
que l'expression de rhumatisme pourrait être remplacée
par celle de monadinie (1).
Mais, si les agents de l'irritation vasculaire sont variables,
s'ils no sont pas encore bien démontrés dans les différentes
maladies que nous venons de passer en revue, on peut
pressentir leur^mode d'action, et pour ma part, en m'ap-
puyant sur l'existence du spasme artériel qui précède tou-
jours dans les petits vaisseaux la production de la sclérose,
je crois qu'ils se comportent tous comme des poisons ou
.des excitants musculaires. Le fait n'esl-il pas démontré
.pour l'alcool et le plomb qui déterminent, comme chacun
«ait, un état de rigidité musculaire du cœur et des vais-
seaux? Du reste, Kusmaul, Meyer et Hilzig ont nettement
constaté sous l'influence du saturnisme, la diminution du
palibre des artérioles et l'épaississement assez rapide de la
paroi celluleuse. C'est là un fait déjà observé par les au-
teurs anciens, et- StoU avait remarqué depuis longtemps
que les malades présentaient pendant un temps plus ou
moins long après des caliques saturnines, une dureté et une
tension anormales de tout le système artériel. Donc, pour
expliquer la fréquence de l'artério-sclérose chez les satur-
nins, il n'est pas nécessaire de toujours invoquer, coin me
le pense Maurice Raynaud, l'usage immodéré du vin et des
liqueurs (2).
Jusqu'ici, comme l'a fait remarquer H. Martin, il ne
B'agit que d'endartérite consécutive à une irritation localCy
d'une endartérite traumatique^ pour ainsi dire. On doit se
demander encore s'il n'y aurait pas une endartérite sponta-
née d'origine nerveuse. Or les expériences et certaines
observations tendraient à prouver son existence, et je ne
serais pas étonné, pour ma part, de croire avec Giovanni
que la sclérose artérielle soit le résultat de perversions
dans le fonctionnement des nerfs vaso-moteurs. Cet ex-
périmentateur a pu sectionner à plusieurs reprises chez
les chiens à travers deux espaces intercostaux les cordons
du grand sympalhiquc. Après avoir sacrifié ces aniinaux,
quelques mois ou quelques semaines après, il a toujours
trouvé à l'autopsie des taches jaunâtres athéromateuses
(!) Klebs, Areh. f. exp. path. med. pharm., 1875 et 1878 (cite par H. Marlin).
(2) llAOrice Raynaud, arl. Aatiîritb du Nouveau dictionnaire de médecine et
de chirurgie pratiquée, 1865, t. III, p. 224.
disséminées à la surface interne de l'aorte descendante (1 1.
Ce même auteur cite à l'appui de son opinion, l'obser-
vation suivante : chez une femme de cinquante ans,
atteinte depuis sa jeui>e8se d'une névralgie faciale du côté
droit, l'artère temporale et ses ramifications étaient volu-
mineuses et rigides, tandis que celles du côté opposé
étaient absoloment normales.
Avant Giovanni, Botkin avait fait, en 1875, la remarque
que l'endartérite se développe beaucoup plus dans les ar-
tères siégeant du côté même où l'on observait des troubles
vaso-moteurs symptomatiques d'une lésion unilatérale du
cerveau.
J'ai observé, pour ma part, un fait semblable dans un cas
de névralgie brachiale, une des névralgies les plus rebelles
qui existent. Le malade souffrait à gauche depuis plu-
sieurs années, sans qu'il eût été possible de calmer ses vio-
lentes douleurs. Or je constatai de la façon la plus mani-
feste que toutes les artères du bras et dei'avanl-brasdece
côté étaient devenues dures, flexueuseset très athéroma-
teuses, tandis que celles du côté droit avaient gardé leurs
caractères normaux.
Il résulte de ces faits expérimentaux et cliniques que
l'endartérite peut être produite par des lésions nerveuses.
Si l'existence des nerfs trophiques de Samuel a été con-
testée par divers auteurs et notamment par Hermann
Joseph (2), elle a été, d'autre part, démontrée par les nou-
velles expériences d'Eichhorst, de Grawitz, de Rosanoff, de
Wassilief et d'Hippolyte Martin (3). Les deux premiers
expérimentateurs, après la section des pneumogastriques
chez des oiseaux, ont pu observer une altération graisseuse
très manifeste des fibres striées du myocarde, altération
qu'ils ont attribuée à une action directe des nerfs sur le
muscle. Le dernier auteur a répété ces expériences et, d'a-
près la topographie des lésions, il est arrivé à cette conclu-
sion, qu'après la section des nerfs, le premier phénomène
constaté est l'altération vasciilaire, et que les lésions mus-
culaires et conjonctives lui sont consécutives. Cette inter-
prétation concorde absolument avec les données de l'ana-
tomie pathologique qui nous ont appris la subordination
absolue des dégénérescences musculaires et scléreuses à
l'endartérite oblitérante. Il faut donc conclure avec Hippo-
lyte Marlin que les centre nerveux n'exercent pas une in-
fluence irophique directe sur les tissus, qu'ils agissent sur
ces derniers seulement par l'intermédiaire des vaisseaux.
On a donc affaire à une véritable tropho-neurose vascu-
taire.
Le même mécanisme peut, sans doute, être invoqué à la
suite de lésions constatées sur les nerfs du plexus cardiaque
et les ganglions nerveux du cœur dans certaines hyper-
trophies de cet organe (Putjalin et Uskow) et dans les ma-
ladies infectieuses comme la fièvre typhoïde et la pneu-
monie (Ivanowsky, WinogradofQ (4).
Ces faits ont une grande importance; ils ne doivent pas
vous étonner si vous réfléchissez aux nombreux troubles
(1) Gtovunni, Conlribuùotie alla patogenesi delta endarterita (Ahn. nniv- rf»
medicina, février 1877).
(3) Hermann (Joseph), ReieherMi't und Duboii-RetfmonA areh., 1872.
(3) Hippolylo Marlin, Conndéraliont gétUralet tur la pathogénU det tclérous
dystrophiqucM eofisécutive» à l'endartiriU oblitérante progrettive {Revue if
médecine, 4881); Eichliorsl {Centralb.f, die med. Wiu., 1879); HtMnoff, '»"**
dû Sainl-Pétersbourg, 1877; WasaUief {Zeitfch. f. kUn. Med., 1881). Voy. aus».
la thèse inaugurale de SchneU : Léiiom cardio-vatculttires d'origUu nervfusf,
Paru, 1886. ^ ..^
ik) Putjalin, Yirehow't Arch., 1883 ; Uskow, Ibid., 1883 ; Iwanowsk), i*'
Vanatomie pathologique du typhuê abdominal, 1876; Wïno^éoÏÏ {Congres de *
Société deê médecin» rutses, 1886).
5 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N° U — itb
vaso-molears produits par les névralgies; et si vous ad-
mettez avec moi que le système nerveux joue également son
rôle dans la production de rartério-sclérose, vous compre-
nez bien pourquoi les causes morales, les émotions diverses,
le surmenage intellectuel et moral agissent par l'intermé-
diaire des vaisseaux, comme cela est ma conviction, dans le
développement de cette maladie.
Henri Huchard,
M(>docin de rtiôpilal Birhat.
FOBMULAIRE THÉRAPEUnQDE
Du tr«lteHient «Bllsepilqae de Ut iyphlite.
Les indications de la médication sont les suivantes,
d'après M. Bouchard : 1"* calmer la douleur; i'' mettre Tin-
lestin au repos et réduire les fermentations digeslives au
minimuin ; 3^ assurer Tasepsic du gros intestin.
Le traitement delà typhlite doit donc être: sédatif, dié-
tétique et antiseptique.
1" Pour calmer la douleur, on emploiera le cataplasme
classique, les onctions mercurielles belladonées et Tinjec-
tjoa hypodermique de morphine.
^o Pour éviter r encombrement intestinal^ on disposera
du régime diététique et des laxatifs.
Comme aliments préférer le lait coupé d*une eau alca-
line ou additionné de jaunes d'œufs; éviter les substances
solides ou aisément fermentescibles.
On assure la liberté du*ventre par des laxatifs doux (eau
sucrée additionnée d'une cuillerée de magnésie ou bien une
cuillerée à dessert d'huile de ricin), et en évitant les pur-
gatifs violents.
3' Pour assurer l'asepsie intestinale^ M. Bouchard
pratique des irrigations biquotidiennes avec un litre de la
solation suivante tiédie à 38 degrés.
Pr. Eau iOOO grammes.
Borate de soude 5 —
Teinture de benjoin | ^ g
Alcool, camphré ) ^
Ch. ÉLOY.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Hôpital Saint-Louis. — Réunions cliniques hebdoma-
DAinES DES MÉDECINS DE l'HÔPITAL SaINT-LoUIS.
Lupus érythémateux de la bouche. — M. Vidal pré-
sente une malade atteinte de cette très rare variété de
lupus. Celui-ci se présente sous forme d'une plaque isolée
sur la face interne de la joue gauche; il j a en même temps
du lupus érythémateux de la face interne des lèvres. C'est
la seconde fois seulement qu'il voit ainsi une plaque isolée
de lupus érythémateux buccal. Le lupus érythémateux de la
bouche se montre ordinairement sur les lèvres et se conti-
nuant avec une lésion semblable de la surface cutanée. —
^'Quinquaud a vu un lupus érythémateux débuter par la
voûte palatine. — M. Lailler n'a jamais observé le lupus
érythémateux de la cavité buccale. (Séance du jeudi 7 fé-
vrier 1889.)
Sclérodermie en plaques du cuir chevelu. — M. Four-
nier présente une jeune fllle de vingt ans qui, depuis l'âge
de onze ans, présente au niveau de la partie moyenne du
pariétal gauche une plaque de la dimension d'une pièce de
cinq francs absolument glabre. De cette plaque^ part une
sorte de ruban large d'environ â centimètres (|ui traverse le
front de haut en bas et vient aboutir à la partie moyenne de
l'arcade sourcilliëre gauche. Au niveau de la lésion, la peau,
légèrement déprimée, présente un aspect jaunâtrp, lisse ;
elle est dure, violacée sur ses bords. Depuis sept ans, nou-
velle plaaue rubanée s'étendant de la racine du nez à la
bordure des cheveux. Il s'agit d'une variété de scléroder-
mie ou morphée. -* M. Besnier estime que les alopécies de
cette sorte ne sont pas toujours incurables; il soumet les
. plaques malades à un massage quotidien et donne du bro-
mure de potassium k hautes doses pour lutter contre la
disposition névropathique des malades atteints de scléro-
dermie. (Séance du 14 février.)
Syphilide tertiaire circinée superficielle. — On a
l'habitude de considérer la syphilis tertiaire comme pro-
duisant toujours des lésions cutanées profondes, ordinaire-
ment destructives. A l'appui de plusieurs présentations faites
dans les séances précédentes, M. Vidal montre un malade
âgé ,^e vingt-sept ans, syphilitique depuis onze ans, qui
présente sur les avant-bras, les coudes et sur ta partie
interne des cuisses, des plaques à contour circiné à bords â
peine saillants, de coloration rosée et légèrement squa-
meux et qui ont débuté il y a seulement trois mois. (Séance
du 14 février.)
Syphilis héréditaire; lésions multiples. -— M. Ten-
neson présente un jeune malade de dix-huit ans, syphili-
tique héréditaire dont voici l'histoire résumée. Né de parents
qui avaient contracté la syphilis un an environ avant sa
naissance, l'enfant vint au monde sans symptôme app;irent
de syphilis; faible et chétif, il n'a marché qu*à cinq ans.
A l'â^e de quatre ans et demi, un testicule fut enlevé, à
l'hôpital Sainte-Eugénie; à neuf ans et demi, à la suite d'un
coup, développement d'une tumeur frontale également
ouverte à Sainte-Eugénie, mais qui se transforma en ulcé-
ration persistante. De neuf ans et demi à quatorze ans
l'enfant reste à Berck. Aujourd'hui, âgé de dix-huit ans, il
en parait dix ou douze au plus : sa taille mesure l^St), les
membres sont grêles; la verge est celle d'un enfant de
dix ans, le testicule gauche, le seul restant, est gros et dur
(sarcocèle probable). Opacité de la cornée à droite; tibias
déformés (en lame de sabre) : beaucoup de dents manquent,
celles qui restent sont cariées ou mal plantées, nombreuses
cicatrices en divers points du corps. Les oreilles sont en
bon état.
Il s'agit à n'en pas douter d'une syphilis héréditaire à
manifestations multiples remarquable en cela surtout qu'elle
a produit chez ce sujet un degré d'infantilisme tout â fait
exceptionnel. (Séance du 21 février 1889.)
Sclérodermie lardacée en plaques de la face. —
Scléréhie lardacée d'alibert. — ChéloIde d*addison,
MORPHÉK dlanche. — M. Bcsnier présente une jeune fille
de douze ans, qui a vu se développer il y a treize mois, au
niveau du cou, une plaque de sclérodermie mesurant 6 cen-
timètres sur 4. Cette plaaue présente tous les caractères
habituels des plaaues scléroaermiques, et ce cas mérite
d'être rapproché ae celui, cité plus haut, qu'a présenté
M. Fournier. (Séance du 28 février 1889.)
Épithélioma SÉBACÉ. — M. Vidal présente une femme
de quarante-cinq ans, atteinte depuis dix ou douze ans
déjà d'un épithélioma sébacé siéceant sur le côté gauche
du nez. Cette variété est habituellement, comme dans ce
cas, bénigne. Il n'y a pas d'adénopathie correspondante.
Le traitement qu'il emploie est le raclage, auquel on peut
adjoindre des applications d'une solution saturée de chlo-
rate de potasse. (Séance du 28 février 1889.)
H.F,
226
H- 14 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Ayril 1889
TRAVAUX ORIGINAUX
ClUil^ae médlcttle.
Note sur un cas de contracture mortelle d'origine gas-
trique. Communication faite à la Société médicale des
hôpitaux dans la séance du 22 mars 1889 par H. de
Beurhann, médecin de l'hôpital de Lourcine.
Nous avons suivi pendant plusieurs années un malade
atteint de dilatation de l'estomac, causée et entretenue par
(le nombreuses erreurs de régime ;. cette affection déter-
mina après une série d'accidents de diverse nature un
accès de contracture tétaniforme qui s'étendit aux muscles
respiratoires et causa la mort en quelçiues heures.
Voici l'histoire de ce malade, réduite à ses traits princi-
paux :
Obs. Nous avons examiné M. R... (Ferdinand) pour la première
fois en mars 1881, il avait alors trente-trois ans et exerçait la
profession de coiffeur. H était atteint de troubles dyspeptiques
assez sérieux, consistant en vomissement piluiteux, gonflement,
malaises et vertiges après le repas; l'appétit était conservé et
même vorace ; Taspect général était assez bon, il n'y avait pas
d'amaigrissement ni oe diminution des forces appréciable.
Après un traitement dans lequel l'hygiène alimentaire et la
suppression des alcooliques iouèrent le plus grand rôle, il y eut
une amélioration considérable.
Au mois de mai 188â,M.R...était repris des mêmes accidents.
Il avait beaucoup mai^i et avait eu à plusieurs reprises des
vomissements alimentaires abondants. Son foie était volumineux
et il avait un peu d'ictère. La suppression des aliments indi-
gestes et l'emploi des purgatifs n'ayant amené aucun amende-
ment des symptômes locaux, le malade fut mis au régime lacté
exclusif et réglé, et au repos; au bout de quelques semaines il se
trouva très soulagé et put reprendre ses occupations habi-
tuelles.
Dans le courant de Tannée 1883, M. R... fut obligé à deux
reprises de se remettre au régime lacté qui réussit cnaq^ue fois
à mire disparaître les troubles digestifs dont il se jplaignait, puis
je le perdis de vue jusqu'au mois de décembre 18o5.
A cette époque, la nature de ses occupations avait changé;
de coiffeur, il était devenu marchand de vins au détail et il
n'avait pas manqué de succomber aux tentations du comptoir.
Son hygiène alimentaire, médiocre autrefois, était devenue
déplorable; aussi les accidents dont il souffrait jadis étaient-ils
plus accusés que jamais. Je constatai sans peine les signes phy-
siques d'une dilatation de l'estomac extrêmement étendue. Le
cïapotage stomacal était perçu jusqu'à trois travers de doigt au-
dessus du pubis le matin à jeun après l'ingestion d'un seul
verre d'eau. Le malade fut mis au régime lacté exclusif et réglé
qui le soulagea encore une fois. A la fin du mois d'avril son
état était satisfaisant, bien que la limite inférieure de l'estomac
ne fût remontée que de 6 centimètres environ.
Au mois de décembre, une nouvelle rechute fut causée par
l'imprudence du malade, qui malgré tous les conseils ne prenait
pas soin de manger à des heures régulières, de mastiquer
exactement ses aliments, d'éviter ceux qu'il savait lui être nui-
sibles et qui avait repris ses habitudes d'intempérance. Il fut
mis au régime suivant : un litre de lait et cinq œufs pris en
cinq fois, a quatre heures d*intervalle, et comme auparavant se
débarrassa bientôt des accidents les plus incommodes.
Au mois d'avril 1887, nouvelle rechute; R... était extrême-
ment amaigri ; sa langue était couverte d'un enduit épais et
jaunâtre, son haleine était infecte* 11 pouvait à peine rester
debout a cause des sensations de vertige qu'il éprouvait à
chaque instant. Son sommeil était troublé par de vives douleurs
occupant la région épigastrique et les deux côtés de la base de
la poitrine. Le malaoe entendait le cïapotage stomacal en mar-
chant et en se retournant sur son lit; l'estomac descendait à
deux travers de doigt du pubis et ne revenait sur lui-même ni
après les vomissements ni après une abstinence de douze heures.
Je conseillai le régime qui avait déjà souvent réussi et je com-
battis la constipation par les lavements laxatifs répétés. Au bout
de peu de jours R... put reprendre ses occupations.
Le 17 aqùt, nouvelle crise, caraotérlséé Buitout par dM ypéf^
tiges «?ee aensation de faiblesse générale et une sorte d'engour-
dissement et de fourmillement des mains que le malade n ava
pas encore signalés.
Dans la nuit du 25 au 26 août, R... était pris de cramm
douloureuses occupant les bras et les jambes et rappelant k
fourmillements qu'il avait ressentis les jours précédents; mais
ces sensations se joignait une certaine gêne des mouveroeni
des pieds et des mains. Bientôt ces douleurs devenaient de pk
en plus vives et de plus en plus étendues; les membres se rai
dissaient, les mains prenaient l'attitude classique de la tétanie
c'est-à-dire que les doigts étaient allongés et serrés les un
contre les autres de manière à former une sorte de cône, le
douleurs étaient constantes, mais il y avait des exacerhation
pendant lesquelles elles devenaient assez violentes pour arra
cher des cris au malade, elles s'étendaient alors aux membres
tout entiers. La pression et les mouvements communiqué*
étaient aussi très douloureux au niveau les parties atteintes d(
contracture, ils faisaient redoubler les douleurs et la rifriditi
musculaire. La sensibilité était intacte. La face était pâle ei
crispée; la respiration était rapide et superficielle et la paroh
entrecoupée. Le malade avait un peu vomi pendant la nuit ei
l'estomac ne renfermait qu*une quantité très minime de liquide.
11 n'y avait ni élévation de la température ni accélératloo
notable du pouls.
2 grammes de chloral et 2 grammes de bromure de sodluai
furent absorbés dans l'espace d'une heure sans qrue la situation
se modifiât. Les crampes douloureuses se suceéaaient à inter-
valles de plus en plus rapprochés ; la raideur envahissait peu à
peu la totalité des membres. Tandis que les doigts restaient
étendus et serrés les uns contre les antres, les avant-bras étaieot
fléchis sur les bras et ceux-ci serrés contre la poitrine, les
membres inférieurs ainsi que les pieds se trouvaient dans
l'extension forcée.
Vers une heure de l'après-midi, R... commença à éprouver une
sensation de serrement autour de la poitrine au moment de
chaque exacerhation douloureuse et la respiration devint difli-
cile. Une injection de 2 centigrammes de chlorhydrate de ^lo^
phine fut faite sans résultat : la respiration s'embarrassa de plui;
en plus et le malade succomba dans le coma à cinq heures et
demie. La durée totale de la crise avait été de treize heures
environ. L'autopsie ne put être faite.
Les faits analogues à celui aue nous venons de rappor-
ter sont assez rares, bien qu ils tendent à se multiplier
depuis quelques années. M. Kussmaul, dans son mémoire
sur le traitement de la dilatation de restomac au moiien
de la ponipe stomacale^ a signalé pour la première fois
en 1869 cette variété de contracture consécutive à la gas-
trectasie et en a publié trois observations (i).
M. Leven, en 1869, dans son Traité des maladies de f es-
tomac en a rapporté deux cas semblables (3). ,
M. Gailliard a fait au congrès de Rouen en 1883 une
communication sur un fait du même genre, recueilli dans]
le service de M. Hayem (3).
M. Dujardin-Beaumetz a présenté la même année à la|
Société médicale des hôpitaux, en son nom et au nom de^
M. Oettinger, une autre ooservation analogue (4). , I
On trouvera dans la thèse de M. Laprévotte la relation i
de ces sept faits auxquels il joint une observation recueillie I
dans le service de M. Hanot (5). 1
A ces huit cas, il faut ajouter une observation del
M. Balzer (6), une de H. Mathieu (7), une de H. Gerhardt (8) i
et trois faits dont M. Bouchard nous a dit avoir élé|
(1) Kusgmaul, Uebêr die Behanilung der Magerurweiterung âwrch eine tiau \
Méthode miUeUt der Magenpumpe (Arch. fUr klin. Hed„ Bd. VI, p. V^, l^'- j
(2) Leven, Traité des Mal. de l'eitofMC. Paru, DeUha^e. 1879.
(3) L. Gailliird. De la tétanie d'origine gastrique {Assoe. franc, pour l'avatic,
des sciences. — Congrèf de Rouen, 4883).
(4) BulL de ia Sœ. nid. des Hôpitaux, octobre 1888. et Unis» méd. ; Sur »«. I
cas de diiataiian ds Vcsmmac compliquée de Utanàe §énéraliséa, S9 jauri^r ^ i
3 février 1884. |
(5) LiprévoUe, Des accidents iétaniformes dans la dilatation de Vettomac
(Thèse de Paris, 4884. n* f86).
(6) BuU, de la Soc, clin, de Paris, 1885. >
(7) llaihieu, art. Estomac, paUiologie, du Dict. eneycl. des se. «■/<
t. XXJKYI, r* série, p. IMî.
(H] DUatation de l'estomaa avec t^taniq ^iaU de mori p«r GerbardU
(Bfflinef klin. WôehentehHft, p. 74. Jântier 1888. — Analyse dans «efu4 M
H, méd., année 4888. 1. XKXll. p. Ml).
5 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- MM* — 227
témoin (i), ce qui avec notre malade donne un total de
quinze faits connus depuis 1869. '
La coïncidence de la dilatation d'estomac et des accidents
lélaniformes qui peuvent l'accompagner reste donc assez
rare sans être exce[)tionnelle et il est probable que si
l'attention était plus vivement attirée sur ce point les obser-
vations se multiplieraient encore. En tous cas, la contrac-
tare localisée aux extrémités ou généralisée mérite de tenir
une place assez importante dans la symptomatologie et dans
le pronostic de la gastrectasie.
On remarquera que notre malade avait eu huit jours avant
la crise qui l'emporta et à plusieurs reprises, des sensations
d'engourdissement et de fourmillement des extrémités,
auxquelles nous n'avions pas cru devoir attribuer grande
importance. Nous avons retrouvé ees sensations qui furent
pour lui comme les prodromes de la contraction chez
plusieurs malades que nous avons examinés depuis. Ceux-ci,
plus heureux ou plus prudents que lui, se soignèrent régu-
lièrement et échappèrent à la tétanie. Peut-être faudrait-il
dans une étude générale tenir compte de ces accidents très
atténués (][ui seraient à la contracture grave ce une les sensa-
tions vertigineuses, si fréquentes chez les dilatés, sont au
grand vertige avec perte de connaissance.
Quoi qu'il en soit, si l'on se borne à l'examen des faits
eonnus, on voit que les accidents tétaniformes d'origine
gastrique sont d'une extrême gravité. Sur les douze cas que
BOUS avons réunis, il y a eu huit morts, et un des trois
malades que M. Bouchard nous a autorisé à citer a
également succombé. Plusieurs de ceux qui ont été guéris
ont eu pendant leurs crises, de la gêne respiratoire^ de
Toppressiou, de la cyanose, phénomènes des plus sérieux
puisqu'ils indi(|uent l'envahissement des muscles respira-
teurs et l'imminence de l'asphyxie qui a terminé la scène
dans les cas malheureux.
La tendance de la contracture d'origine gastrique à
envahir rapidement les muscles du tronc, ne permet évi-
demment pas de la décrire sous le nom de contracture des
e^s^trémitês qui est donnée en général aux autres formes de
la tétanie. Il y a là une différence de localisation et de gra-
vité qui implique une différence de nature. Nous ne pensons
pas du reste que personne songe aujourd'hui à faire de la
tétanie telle que Trousseau l'a décrite une véritable entité
morbide. Ce n'est qu'une complication pouvant survenir
dans le cours des états les plus divers et sous l'influence des
causes étiologiques les plus variées. Quelle parité établir
entre la tétanie bénigne des nourrices, la tétanie épidé-
mique dans laquelle l'imitation et la suggestion semolent
jouer un rôle peut-être prépondérant, la tétanie consécutive
àr«xtii^ation du corps thyroïde, récemment étudiée par les
fhirurgiens allemancls, et les accidents qui se sont produits
i^hez notre malade ? L'incohérence du chapitre étiologique
des travaux consacrés à la tétanie nous semble démontrer
que le seul lien qui réunisse des faits si dissemblables est
ieur similitude clinique.. Nous pensons donc que Ton sera
amené à démembrer la tétanie et à préciser les différences
Qui séparent ces diverses formes, au lieu de les réunir arti-
uciellement sous une dénomination unique.
Pour que la valeur des différentes sortes de contracture
tétaniforme pût être déterminée, il faudrait que leur patho-
génie fût connue. Pour nous borner à la forme gastrique,
différentes opinions ont été émises sur le mode de produc-
tion de ce phénomène sans que la question soit encore
résolue.
D'après M. Kussmaul, les exhalations de liquide quelque-
fois SI considérable, qui se produisent à la surface de
l'estomac dilaté après les vomissements ou après les
levages, amèneraient la condensation du sang et piar suite
une espèce de dessèchement du système nerveux et des
muscles qui serait l'origine des accidents. Ces crises se pla-
ceraient ainsi à côté de celles que l'on voit sui^ir quelquefois
dans les cas de diarrhée cholériforme.
Notre observation n'est pas favorable à cette hypothèse
puisque R... n'a presque jamais vomi, n'a pas eu de diar-
rhée pendant les quelques jours qui ont précédé l'appari-
tion de la contracture et n'a jamais subi de lavage de
l'estomac. Il en est de même de plusieurs des faits que
nous avons cités et en particulier de celui de M. Mathieu,
dont la malade ne vomissait pas non plus. Nous pensons
donc que la théorie de la concentration du sang aoit être
abandonnée.
Celle qui invoque comme cause de la contracture une
action réflexe ayant pour point de départ une irritation des
nerfs sensitifs contenus dans les enveloppes de l'estomac,
nous semble bien difficile à admettre. Des accidents de ce
genre n'ont jamais été signalés ni dans le cancer, ni danç
l'ulcère de l'estomac, ni dans le cas de corps étranger vo-
lumineux, blessant les parois stomacales, circonstances
dans lesquelles les terminaisons nerveuses de la muqueuse
et deia musculeusesont cependant sollicitées de la façon la
plus directe.
La théorie de l'auto-intoxication proposée par M. Bou-
chard nous parait bien plus vraisemblable. Parmi les nom-
breuses substances toxiques qui se développent dans un
estomac dont le contenu est le siège de fermentations con-
tinuelles, il peut se rencontrer des poisons convulsivants,
capables de donner la mort à doses extrêmement faibles,
comme ceux dont on a constaté la présence dans les urines.
Ce sont peut-être ces substances, cjui, absorbées à un mor
ment donné à la surface du tube digestif et insuffisamment
éliminées parles reins, donnent lieu aux accidents tétani-
formes dont il s'agit de fixer la pathogénie. Pour démon-
trer la réalité de cette interprétation, il faudrait extraire
le contenu de l'estomac d'un malade atteint de contrac-
ture et voir si, injecté dans le sang d'un animal, il repro-
duirait les mêmes phénomènes. Mallieureusemant la
marche rapide des accidents ne nous a pas permis de fairç
cette expérience.
En résumé, notre observation vient à l'appui de la des-
cription clinique de M. Kussmaul et contribue à fixer lé
type de contracture lié à la dilatation de l'estomac qui a
été indiqué à plusieurs reprises dans ces dernières annéesl
Elle montre que cette sorte de contracture est toujours
très grave et qu'elle peut être précédée de phénomènes pro-
dromiques, tels que les engourdissements et les fourmille-
ments des extrémités, auxquels on devra attribuer une im-
portance considérable à cause de leur valeur prémonitoire.
Enfin, elle nous paraît favorable à la théorie de l'auto-
intoxication à laquelle nous croyons devoir nous rattacher
en attendant qu'elle soit confirmée par l'expérience.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémie des sclenecs.
Action pathogène d'un microbe trouvé dans, l'urine
d'éclamptiques, par M. Emile Blanc, -- Il y a deux ans,
l'auteur a déjà fait quelques recherches à ce sujet. Deux
lapines ont été inoculées avec un microbe isolé des urines
d'une éclamptique, Tune sous les méninges, l'autre dans le
sang. La première lapine a succombé en présentant des
accidents eonvulsifs; la seconde a eu de la néphrite infec-
tieuse.
Dans de nouvelles expériences, une goutte des urines
d'une deuxième éclamptique, recueillies avec beaucoup dç
soin (sonde en verre plombée, lavage du méai avec un
tampon de cotoR imprégné de sublimé» ^U»), a été ense*-
us — NM4 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DI CHIRURGIE
5 Avril 1889
mencée dans deux lubes de gélatine n" 0 eH par la mélhode
d'Esmarch. Dès le lendemain, de nombreuses colonies
rondes, blanc bleuâtre, s'étaient développées, offrant toutes
les mêmes caractères et contenant le même micro-orga-
nisme: une culture de ce bacille fut injectée dans la veine
auriculaire d'une lapine, qui succomba une heure plus tard
à des accidents convulsifs.
Une seconde lapine, inoculée avec des doses fitibles du
même bouillon (une à deux gonllcs), n'eut que des acci-
dents locaux (œdème inflammatoire dur, suivi de gangrène)
et des phénomènes généraux légers. Avec une plus grande
quantité de bouillon (1 ou i centimètres cubes), deux autres
lapines gravides furent prises d'accidents convulsifs graves
et succombèrent.
Des accidents analogues ont été observés chez la chienne.
D'autres animaux (femelle de cobaye, rat) succombèrent
aussi aux injections de ces cultures de microbes.
En résumé, il semble résulter de ces expériences qu'il
existe chez les éclamptiques un microbe pathogène ayant
une action convulsivante, surtout sur les femelles d'animaux
(gravides, et pouvant aussi déterminer des phénomènes
ocaux particuliers. ' ^
De la transfusion pêritonéale et de r.\ toxicité
VARIABLE DU SANG DE CHIEN POUR LE LAPIN, par MM J.
Héricourt et CA. Richet, — Le sang d'animaux d'espèces
différentes, injecté à une même espèce animale, est diffé-
remment toxique. Le sang de chien est pour les lapins
toxique à une dose de 40 grammes. Le sang de canard est
toxique à une dose voisine de 7 grammes. Le sang d'an-
guille l'est bien plus encore, car il suffit de 5 centigrammes
pour tuer un lapin (A. Hosso). La dose toxique de sang de
chien, non plus transfusé dans lé péritoine, mais injecté
dans le système vasculaire du lapin, est de 5 grammes seu*
lementmayem).
Chez les cobayes, le sang de chien injecté dans le péri-
toine est plus toxique que chez le lapin. Sur 25 transfu-
sions péntonéales de sang de chien à des cobayes, la mort
est survenue, sauf une exception, chaque fois que la dose a
dépassé 25 grammes (par kilogramme), soit avec des doses
de 63, 51, 42, 38, 36, 33 grammes. Il y a même eu des
morts avec des doses de 20 et de 17 grammes.
De 131 expériences de transfusion, il ressort aue la dose
de sang de cnien toxique pour le lapin est variable.
Ces différences sont imputables en partie à la variabilité
des lapins transfusés (résistance organiçiue variable,
absorption plus ou moins rapide, etc.). Mais c'est surtout
la variabilité du chien transfuseur qui est en jeu.
En suivant la courbe des poids quotidiens, on voit bien
que les sangs des différents chiens sont de qualité diffé-
rente. En général, un lapin transfusé perd beaucoup de son
Iioids pendant les trois ou quatre premiers jours qui suivent
a transfusion, et il lui faut près de huit jours pour qu'il
revienne à son poids primitif. Mais, avec le sang de certains
chiens, quelle que soit la dose injectée, le retour au poids
primitif est plus lent, et dure près de trois semaines.
Cette variabilité dans les qualités toxiques du sang, chez
les individus de même espèce, est très probablement
d'origine chimique, quoique, en l'état actuel, la chimie ne
puisse en donner l'explication adéquate. Il faut admettre
qu'il y a, dans le sang, des ferments solubles toxiques,
produits en quantités variables, soit par des microbes acci-
dentels, soit par les tissus normaux.
Ces poisons sont partiellement détruits par les ferments
digestifs quand ce sang est ingéré dans Testomac. Sur
18 transfusions stomacales de sang de chien à des lapins,
six fois la dose dépasssait 50 grammes. Il y a eu deux
morts avec des doses de 213 et de 85 grammes. Les quatre
autres lapins ont survécu aux doses de 70, 65, 58 et
52 grammes, chiffres qui sont bien supérieurs aux doses
toxiques du sang transfusé dans le péritoine.
Détermination des espèces animales aptes a con-
tracter, PAR CONTAGION'SPONTANÉE ET PAR INOCULATION, LA
PNEUMO-ENTÉRITE INFECTIEUSE, CONSIDÉRÉE JUSQU*A PRÉSENT
COMME UNE MALADIE SPÉCIALE DU PORC, par M. V.GalUer,-
Chargé par H. le ministre de Tagriculture d'aller éludior
dans les Basses-Alpes une épizootie qui sévissait snr hs
moutons, l'auteur avait déjà reconnu le 13 janvier dernier
3u*il s*agissait de la pneumo-entérite, qui avait été transmise
u porc aux animaux de Tespèce ovine.
Par une série de cultures et d'inoculations il esl panena
à prouver que cette hypothèse est bien fondée. Peut-être
sera-t-il même permis de transmettre la maladie de Tespec^
bovines aux solipèdes.
En résumé donc, la pneumo-entérite, visée par le déci-et
du 28 juillet 1888 sur la police sanitaire comme une
maladie qui serait spéciale à l espèce porcine, est transmis-
sible par inoculation et par rapports directs ou indirect
non seulement aux petits animaux tels que le cobaye, le
lapin, les oiseaux de basse-cour, mais encore au chien, ao
mouton, à la chèvre et très vraisemblablement aux animaui
de l'espèce bovine. Elle est beaucoup plus -grave poarie
mouton et pour la chèvre que pour le porc. Il esl donc
absolument indiqué de prendre des mesures pour empêcher
tous rapports entre les porcs malades et les autres animaux.
dans les fermes où sévit cette affection; il est enfin urgent
d*étendre aux espèces précipitées les mesures applicabbà
Fespèce porcine et de modiOer en conséquence le régime
établi par le décret du 28 juillet.
Aeadéaale de médecine.
SÉANCE DU 2 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le docteur Bouchacourt (de Lyon) se porto candidat «lu titre de coirrif^i*
dant national dans la <tl vision de chimrjpie.
M. Brothier de BoUiêre oavoio une Etude iur la destruction des vipèr<tct
France. — (Commisiion : MM. Lûrrey, LatHmlbène et Le Roy de MériceurL]
M. le docteur Pennetier adresse un rapport de U.Bordeaux eut la rage dant'i
Seine-Inférieure en 1888.
M. le docteur Babtt (de Bncbarest) se porte candidat au tUre do corresfMmti»
étranger dans la diviaion de médecine.
M. Lion Colin prdseole uu mémoire de M. le docteur Kel»eh sur Vilistosit^*
choléra.
M. Dujardin-Beaumetx dépose un ouvrage de H. Maxime Du Camp^^'*
Croix-Bouge en France et le compte rendu de la Société d'Iiydrologie pour i^
par M. le docteur Leudet,
M. Marjolin offre V Annuaire-Bulletin de la Société inroteetrice de VenfMif
pour 1889.
M. Conttantin Paul présente un travail manuscrit de M. le àocteur Kali^^
(de Bucliarest) atir les variationt det globule» tanguint dahe l'impalvdimi-
M. Oujardin-Beaumetz dépote un étui ihermomélrique tfêeplique inupoi' p
M. le docteur Bailly (de Chambly).
AiNHUM. — M. Proust communique l'observation d'an c^
de déformation conjçénitale rappelant l'alnhum, constalé^
chez une jeune fille âgée de vingt ans. Cette obseryaliofl
se résume comme il suit : malformations et lésions inti^-
utérines diverses chez un même sujet ; amputations dile^
spontanées, pied bot, sjrndactylies, slrictures circulaires
parallèles, strictures profondes rappelant Tainhum.
A cette occasion M. Proust fait l'historique des Iravaoi
publiés surlaquestion de l'alnhumetil en commente les diver-
ses conclusions. On a voulu en faire une affection : i"* spéciale
aux nègres; 2*" frappant exclusivement les adultes; 3* can-
tonnée absolument au cinquième ou au quatrième orteil
Or, ra!nhum a été observé chez les Micronésiens e( \[>
Malgaches, qui n'appartiennent pas à la race nègre, pu^^
chez les Hindous; enfin, chez les Arabes; il peut élre coo-
génital et il n'est pas une maladie limitée au cinquième
orteil, puisqu'on le voit aussi à la main. Il faut en oalro
remarquer que la notion du temps est inconnue de beaucoup
de nègres, qui apportent peu d'attention aux modiGcations
5 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
» 14
2i9
de leur organisme ; d*un autre côté, la séparation d'une
phalange met jusqu'à vingt ans et plus à se compléter; la
légère dépression, premier stade de la maladie, peut exister
aaniomentdela naissance. En oulre,la consanguinité,cause
fion contestée de difformités congénitales, est presque de
règle dans les unions de ces peuplades «antonnées en petit
nombre dans des îles étroites et Ton a même constaté des
cas d'hérédité.
La malade observée par M. Proust a, dtpuis sa naissance,
des malformations identiques par leur a9|pecl et leur méca-
nisme à celles que produit Tainhum ; chez elle on retrouve
plusieurs caractères déjà notés dans un certain nombre
d'observations, la syndactjlie, Talrophie de certaines pha-
langes, etc. On pourrait obiecter que les sillons restent sta-
lionnaires pour repousser 1 assimilation avec l'alnhum ; mais
11 est bien démontré que les lésions longtemps stationnaires
peuvent ne progresser qu'à un certain âge. bn outre, on n'a
pas encore signalé jusqu'ici en Europe la lésion siégeant au
Diveau d'un orteil avec des caractères aussi semblables à
cens qui ont été décrits par les médecins brésiliens sous le
nom d'aînbum* Il y a donc lieu de se demander si cette
maladie n'est pas une anomalie de même ordre que les
déformations congénitales, fréquente seulement chez les
Degrés, etc., parce que les causes de malformations et en
particulier les unions consanguines j jouent un rôle plus
considérable. Des déformations d'origine fœtale peuvent
apparaître, semble-t-il, après la naissance. D'où la parenté
de Talnbum avec les déformations congénitales et les maia*
dies fœtales. Tous ces cas peuvent être considérés comme le
résultat d'une maladie du fœtus, maladie débutant d'ordi-
naire et évoluant le plus souvent dans la cavité utérine ou
bien n'apparaissant qu'à une époaue plus éluignée. Leur
processus commun consiste dans la production, au milieu
de dermes, de trousseaux fibreux à disposition annulaire.
Eaux minérales. — Sur le rapport de M. Constantin
Paul, l'Académie alloue les récompenses suivantes aux sta-
giaires auprès des eaux minérales: l*" 500 francs à H. Bou-
tarel et le titre de lauréat de l'Académie pour un rapport
sur les eaux de Bourbonne; 2" 500 francs à M. Lamarque et
le titre de lauréat de l'Académie pour ses rapports sur les
eaux de la Bourboule et d'Amélie-Ics-Bains.
BACTÉniES DE L'uniNE. — M. le docteur Doyen (de
Keims) a étudié, au point de vue bactériologique, les urines
des cystites, de la pyélo-néphrite et de l'infection urineuse.
Il y a trouvé quatorze espèces de micro-organismes, dix
bacilles et quatre microco^ues, dont il a étudié les réactions.
Les bacilles sont : b. urinse fertilis ; b, major ; 6. clavi-
formis ; b. aerobius ; b. striatus ; b. mollis ; b, tenuis ;
&. pellocidus; b, diffluens; b, liquefaciens. Aucun de ces
bacilles ne se colore par les méthodes de Gram et de
Wcigert. Les quatre microcoques sont: m. albus urinœ;
w. major; m, albus olearius ; m. flavus olearius. — (Le
mémoire de M. Doyen est renvoyé à l'examen d'une Com-
mission, composée de MM. Bouchard, Guyon et CorniL)
MÉMNGo-EiNCÉPHALOcÊLE. — M. Ic duclcur Périer pré-
i^enle un enfant âgé de deux mois et demi, sur lequel il a
excisé, il y a un peu plus d'un mois, une méningo-encé*
phaloccle volumineuse, située à la région occipitale sur la
ligne médiane. L'enfant fut chloroformé. Deux lambeaux
latéraux, sufGsanls pour recouvrir la plaie après l'excision,
furent taillés aux dépens du cuir chevelu du pédicule, puis
disséqués avec soin; le liquide céphalo-rachidien contenu
dans la poche fut évacué par aspiration, le pédicule lié,
puis la tumeur excisée avec des ciseaux; les lambeaux cuta-
nés furent alors rabattus par-dessus le moignon du pédicule
et eufiu suturés sans drainage.
Il va de soi qu'une antisepsie rigoureuse fut pratiquée.
l'a réunion de la plaie est parfaite et l'enfant est en bonne
santé.
M. Ranvier trouva dans la tumeur enlevée, indépendam-
ment des méninges, une portion de toile choroïdienne, des
parties de substance nerveuse provenant les unes du cer-
veau, les autres du cervelet et une masse assez volumineuse
contenant des éléments du canal deTépendyme.Ilse propose
de faire connaître ultérieurement les résultats de l'étude
anatomique de la pièce.
Poêles mobiles. — M. Brouardely reprenant la discus-^
sion sur les poêles mobiles, précise les deux inconvénients
de ce système de chauffage, à savoir: l"" l'aggravation du
péril commun à tous les systèmes de chauffage par l'aug-
mentation de la quantité d*oxyde de carbone produit; i'' leur
péril propre résultant de leur mobilité. Ci'est pourquoi il
estime que, quels que soient les perfectionnements appor->
tés à la construction de ces appareils, quelles que soient
les conditions de construction imposées pour les habitations/
la mobilité des poêles, surtout de ceux dont la combustion
est lente, crée des dangers qui ont déjà fait de nombreuses
victimes. L'adjonction à ces appareils de roulettes ou tous
autres procédés facilitant leur déplacement, doit étreiniei''
dit. Dans tous les cas, le tirage doit être garanti par des
tuyaux de cheminée d'une section utile et d'une hauteur
suftisauie, complètement étanches, ne présentant aucune
fissure ou communication avec les appartements contigus
et débouchant au-dessus des fenêtres voisines. Il est utile
que ces cheminées ou tuyaux soient munis d'appareils sen-
sibles, indiquant que le tirage s'effectue dans le sens nor-
mal. Ce qui domine en effet la question, c'est la sécurité
des voisins, ainsi que le témoignent la plupart des cas
d'intoxication constatés.
Pour M. Gabriel Co/m, ces appareUs sont redoutables à
un triple point de vue : l"* parce que le coke et le charbon
de terre qui les alimentent, dégagent une énorme propor-^
tion d'oxyde de carbone, comme on peut en juger par l'^m^
pleur des flammes bleuâtres aux forces des ateliers, même
lorsque la combustion est suractivée par l'insufflation ;
2« en raison de l'extrême lenteur delà combustion, lenteur
qui a pour conséquence inévitable, avec de tels combus-^
tibles, de porter à son maximum la production de l'oxyde
carboné; 3" ils le sont enfin à cause de l'insuffisance du
tirage, duc à ce que la colonne d'air et de gaz échappés du
poêle n'est pas ou ne se maintient pas assez échauffée en se
déversant dans une cheminée ample et à parois froides,
pour s'élever au dehors. Aussi devait-on graver l'étiquette :
toxique, sur ces poêles. M. G. Colin rend compte à ce sujet
d'expériences très favorables qu'il a faites sur lui même et
avec des animaux pendant cet hiver, à Taide de poêles de
fonte, dont le tuyau d'abouchement, disposé à 50 centimètres
seulement du sol, entre dans la cheminée par-dessous la
tablette dès que le tablier est relevé, puis monte tout à
fait dissimulé, à un mètre etdemi, afin de donner un tirage
suffisant.
M. Léon Colin signale les conclusions auxquelles vient
d'arriver sur cette question le €onseil d'hygiène de la Seine
dans sa séance d'il y a huit jours, sur le rapport de M. l'ingé-
nieur Michel Lévy. Ces conclusions tendent à modifier l'in-
struclion du 16 avril 1880 sur le mode de chauffage des
habitations, eu y introduisant des affirmations catégoriques
au sujet du danger de Temploi des poêles mobiles dans
certaines circonstances déterminées, puis à donner une
large publicité à la nouvelle instruction et à recueillir
désormais les documents statistiques les plus complets sur les
accidents causés par les appareils de chauffage et à adresser,
à ce point de vue, une circulaire aux commissaires de police
et^aux commissions d'hygiène des divers arrondissements.
Aux termes de l'avis émis par le Conseil, on ne saurait
trop s'élever contre la pratique dangereuse de fermer com-
plètement la clef d'un poêle ou la trappe intérieure d'une
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Avril 1889
cheminée qai contient encore de la braise allumée; c'est là
une des causes d'asphyxie les plus communes; on con-
serve, il est vrai, la chaleur dans la chambre, mais c'est
aux dépens de la santé el ouelquefois de la vie. Il y a lieu
de proscrire formellement remploi des appareils et poêles
économiques à faible tirage, dits poêles mobiles, dans les
chambres à coucher et dans les pièces adjacentes. L'emploi
de ces appareils est dangereux dans toutes les pièces aans
lesquelles des personnes se tiennent d'une façon perma-
nente, et dont la ventilation n'est pas largement assu-
rée par des orifices constamment et directement ouverts
à l'air libre. Dans tous les cas, le tirage doit être convena-
blement garanti par des tuvaux ou cheminées d'une section
utile et d'une hauteur suifisante, complètement étanches,
ne présentant aucune fissure ou communication avec les
appartements contigus et débouchant au-dessus des fenêtres
voisines: il est utile que ces cheminées ou tuyaux soient
munis d appareils sensibles, indiquant que le tirage s'effec-»
tue dans le sens normal. Les orifices de chargement doivent
être clos d'une façon hermétique et il est nécessaire de ven-
tiler largement le local, chaque fois qu'il vient d'être pro»
cédé à un chai|;ement de combustible. Toutes ces additions
aux instructions antérieures ont leur raison d'être ; c'est
aux particuliers qu'il apj^artient de s'y conformer dans leur
domicile, et aux administrations de les imposer dans les
logements collectifs.
M. Laborde continue la discussion par une communi-
cation qui sera analysée, après son achèvement dans la
prochaine séance.
— L'ordre du jour de la séance du 9 avril est fixé ainsi
qu'il suit : 1* communication de M. Panas sur remploi de
1 antipyrine dans le diabète j 2"* communication de H . Budin
sur la pathogénie de certains abcès du sein; 3" suite de la
discussion sur les poêles mobiles (inscrits: MM. Armand
Gautim^ Yerneuily Lagneau et Lancereaux) ; A"* lectures :
par M. le docteur Oombault^ sur le traitement des affec-
tions dartreuses, et par M. le docteur Fortf sur le traite-
ment des rétrécissements de l'urèthre par l'électrolyse
linéaire.
m^eîéié de «hlrsrgle.
SÉANCE DU 27 MARS 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DBNTU.
Rèsootlon de la olavloule : M. Desprèa.— Traitement des dèviatione
utérines : MM. Trèlat. Boumy, Biohelot. Begond.
M. Després présente une malade à laquelle il a réséqué
la clavicule et fait remarquer le retour remarquable des
fonctions du membre. Un seul mouvement est impossible ;
porter la main derrière la nuque.
— M. Trélat reprend la discussion sur les rétro-dévia-
tions utérines et pense que l'opération d'Alquîé-Alexander
leur est parfaitement applicable. Mais elle ne peut rien sur
le prolapsus, auquel il faut parer par l'amputation du col,
par la colpo-périnéorrhaphie, et peut-être par l'hystéro-
Sexie. Encore faut-il établir des catéçories parmi les rétro-
évialions : mobiles, résistantes, adhérentes. Le raccour-
cissement des ligaments ronds est efficace contre les deux
premières variétés; inefficace contre la dernière. De plus,
celle opération ne peut rien contre les salpingites, ovarites,
périmétrites concomitantes. Dans ces cas, donc, on a des
insuccès, dus non pas à la méthode, mais à son application
intempestive. Aussi faut-il traiter opératoirement les dévia-
tions aèsau'on les a reconnues. Mobiles,indolentes, entend
souvent aies respecter: c'est oublier qu'abandonnées à elles-
mêmes elles se compliqueront bien souvent d'accidents
inflammatoires. D'ailleurs, l'opération est des plus béni^
gnes, et sur quator/e cas M. Trélat a eu quatorze réunion
immédiates.
M. Bouilly pense aussi qu'il faut distinguer les dévia
tiens simples et compliquées. Pour les premières, le dépla
cernent est tout, et souvent ne cause aucun inconvénient
alors il n'y a rien à faire. Ailleurs, il en résulte des acci
dents (pesanteur rectale, douleurs pendant la marche oi
la station assise; dysménorrhée, ménorrhagie quelquefois)
Alors l'opération d Alexauder réussit, mais un pessaire d
Hodge bien apjpliqué réussit également. Il agit en disieii
danl le fonddu vagin, devenu trop large et supplée aux iiga
ments utéro-sacrés. Aussi esl-il non de commencer parfoi:
par la colporrhaphie. Et après huit à dix mois de port di
rtessaire, on arrive assez souvent à la guérison réelle. Poui
es déviations compliquées, c'est avant tout aux accideiih
inflammatoires péri-utérins qu'il faut s'adresser.
M. Richelot a fait deux opérations d'Alexander. Une foii
il a échoué, car le ligament rond, graisseux et friable, .s«
rompait à la traction. La malade a eu pour tout bénéfice la
formation de deux hernies inguinales. Dans le second cas
l'oj^ération a réussi, mais la récidive a été prompte. Il e>l
vrai que la déviation est engendrée par un rayome utëriii,
que dès lors on dira que l'opération d'Alexander n*y peul
rien. Mais son défaut est précisément d'agir à l'aveuglo,
tandis que l'hystéropexie permet de savoir au juste com-
ment et pourquoi on agit. Pour le prolapsus de «éme, où
il est vrai hystéropexie et raccourcissement des ligaments
ronds ne sont tous deux qu'un adjuvant des opérations
plastiques sur le périnée et le vagin.
M. Segond relate six opérations d'Alexander : deux pour
prolapsus, résultats éloignés nuls; une pour rétro-dévia-
tion réductible, résultat bon; une pour rétro-déviation
résistante, résultat assez bon; deux pour rétro-déviation
adhérente, récidive rapide.
A. Brocà.
Soelété de théMipeua^pie.
SÉANCE DU 27 MARS 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FEIOLT.
Xhi pools l«nt aveo attaques èpilspUformes st synoopales : M. E
Huohard (Disoussion : MM. Fernat, G. Paol). — X>a soUonal :
M. Moatard-MarUn. — De l'ezalgina : M. Bardet.
M. H* Huchard donne lecture d'un mémoire sur la ma-
ladie qui a reçu le nom de pouls lent permanent arec
attaques syncopales et épileptif ormes, A cette longue dêno-i
jnination, on substituerait avec avantage celle de malcnlii
de Stokes-Adams, rappelant le nom des auteurs qui Ton!
les premiers bien décrite ; d'ailleurs, il faut bien savoir que|
le ralentissement du pouls, en pareil cas, n'est pas toujours
permanent. Il s'agit d'individus qui, avec un pouls plus oo:
moins lent, présentent tantôt des attaques syncopales â|
répétition, ce qui avait faitadmettre par Stokes et Adams la
dégénérescence graisseuse du cœur, tantôt des accès épi-j
leptiformes, et finissent par succomber après un lem(«|
essentiellement variable. On a incriminé une lésion bul-
baire, mais d'une façon trop exclusive, car l'inftoence du
système nerveux et du myocarde se trouvent réunies el
s allient même parfois à celles de lésions rénales. En uo
mot, il s'agit de la triple détermination bulbaire, cardiaque
el rénale d'une maladie plus générale, rartério-sclérosc.
Du reste, on voit s'ajouter aux phénomènes cardinaux déjà
indiqués, tantôt des troubles asystoliques avec œdème des
jambes, tantôt des accidents angineux, dyspnéiques, on de
simples lipothymies; enfin les malades peuvent mourir par
le rein, avec îles phénomènes urémiques dont les crises
antécédentes n'étaient peut-être qu'une ébauche. M. J«
Huchard rapporte l'observation de trois malades allcints de
l'afl'ection de Stokes-Adams. Chez l'un d'eux le sulfate de
5 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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quinine, conseillé par H. Charcot, amena TaggraYation
rapide des crises ; en effet, à la première période, alors qu'il
sagit d'anémie bulbaire avec hypertension artérielle (ainsi
que le démontre le retentissement du deuxième bruit aor-
tique), il faut recourir aux vaso-dilatateurs et non pas aux
vaso-eonstricteurs. Aussi M. H. Huchard a-t-il employé avec
succès la trinitrine, préférable en pareil cas à l'iodure. 11
prescrit, trois, quatre et cinq fois par jour, 3 gouttes d'une
solution alcoolique de trinitrine au centième; au moment
des crises il a recours au nitrite d'amyle. Parfois encore il
prescrit des injections hypodermiques de trinitrine d*après
la formule : eau distillée, 10 grammes; solution alcoolique
de trinitrine au centième,^ gouttes. 1 gramme renferme
donc 4 gouttes de la solution de trinitrine. On doit injecter
deux, trois ou quatre quarts de seringue dans les vingt-
quatre heures. — Plus tard, lorsque les malades deviennent
plus ou moins brusquement des asystoliques, lorsque se
montre l'hypotension artérielle (révélée par l'accentuation
du deuxième bruit pulmonaire), il faut alors relever la
(ension artérielle au moyen de la caféine à hautes doses.
Enfin le régime lacté sera suivi surtout lorsque les reins
sont intéressés.
M. Femet n'est pas d'avis d'adopter la dénomination de
maladie de Stokes^Adams, car ces auteurs ne sont peut-être
pas les premiers à avoir décrit l'affection, et du reste ils se
iont trompés sur sa nature. Si l'on voulait consacrer le nom
dan auteur (ce qui. a souvent des inconvénients d'ordres
divers), il conviendrait de choisir le nom d'Hutchinson,
qui a fait une étude exacte et complète des phénomènes.
Dautre part, 91. Fernet, s'il reconnaît pour certains cas
l'origine bulbo-eardio-rénale. relevant du processus artério-
scléreax,ne sa.uraît admettre la même pathogénie pour les
faits qui se sont développés rapidement à la suite d'un
traumatisme, d'une fracture du rachis, d'une pachyménin-
gîte cervicale, ou pour ceux qui paraissent relever d'une
intoxication, comme à la suite de ta diphthérie. Il semble
donc (ju'il existe plusieurs formes de la maladie : l'une
dépendant de l'artério-sclérose, une autre d'un trauma-
tisme, une troisième d'une lésion organique bulbaire, une
dernière enfin d'origine toxique. On conçoit, par suite, que
le traitement univoque indiqué par M. Huchard ne saurait
être appliqué indistinctement à tous les cas; il deviendrait
parfois inutile, et peut-être dangereux.
M. C. Paul rappelle qu'assez souvent, à la période ultime
4es aiïections cardiaques artérielles, c'est l'urémie qui do-
mine la scène : les malades meurent comme des rénaux.
La dyspnée et la mort subite appartiennent en pareil cas à
l'urémie, que Ton doit toujours s'efforcer de dépister chez
les cardiaques anuriques.
M. Huchard ne tient pas absolument à la dénomination
de maladie de Stokes-Adams, bien qu'il la trouve préférable
et justifiée, ces auteurs ayant les premiers bien décrit les
phénomènes clinice^es^ qui est le principal en pareil cas.
il est convaincu, d'ailleurs, que la description d*Hutchinson
s'applique à une autre affection : maladie du système ner-
veux avec paralysie bulbaire, soit traumatique, soit toxique,
comme dans la diphthérie; mais il ne s'agit pas là de la
maladie de Stokes-Adams, de l'artério-sclérose bulbo-
cardio-rénale, avec sa note cardiaque manifeste, ses
œdèmes intermittents. Il y a donc deux affections absolu-
ment distinctes : l"" maladie artérielle de Stokes-Adams,
2* sjrndrome de paralysie bulbaire. — Quant à l'urémie
terminale des cardiaques artériels, il a été un des premiers
^ la signaler à l'attention des observateurs. Cependant il ne
P^nse pas que la mort subite soit un accident d'ordre
urémique ; elle est le fait de l'artério-sclérose du cœur.
.— H. Moutard-Martin^ à la suite de la communication
faite à l'Académie sur le sutfonal par M. G. Paul, a tenté un
nouvel essai sur lui-même, cette fois à la dose de 2 grammes.
Le sommeil a été obtenu plus rapidement, au bout de trois
quarts d'heure environ; mais, au réveil, à huit heures du
matin, lesphénomènesde malaise se sont montrés plus mar-
qués <^ue lors des essais antérieurs à la dose de 1 gramme :
sensation générale pénible, mal de tète, torpeur intellec-
tuelle, faiblesse des jambes. Ce malaise persiste encore en
Eartie à cinq heures du soir. M. Houtard-Hartin préfère de
eaucoup le sommeil produit par le bromidia, préparation
américaine qui renferme, pour une cuillerée de b grammes :
1 gramme de chloral, 1 gramme de bromure de potassium,
I centigramme d'extrait de jusquiame et 1 centigramme
d'extrait de chanvre indieu. Cette dose, dans un demi-
verre d'eau, procure un sommeil rapide, avec réveil naturel
exempt de tout malaise.
M. C. Paul fait observer qu'il faut se mettre dans les
mêmes conditions si l'on veut obtenir des effets identiques.
II a vu le sulfonal donner d'excellents résultats contre l'in-
somnie nerveuse; mais il reconnaît que, chez les personnes
souffrant d'une affection des voies respiratoires, emphysème
Sar exemple, comme M. Moutard-Martin, tuberculose,
yspnée d'origine cardiaque, les effets obtenus sont moins
satisfaisants. Il vaut mieux prendre la dose de 2 grammes
en deux fois, à cinq ou six heures d'intervalle.
M. Blache n'a pas obtenu de résultats bien satisfaisants
du sulfonal, même dans le cas d'insomnie nerveuse. Le
réveil s'est toujours accompagné de malaises plus ou moins
marqués.
— M. Bardet présente un échantillon d'exalgine ou
méthylacétanilide, corps solide, blanc, dérivé méthylé de
la benzine; c'est un analgésique à la dose de 30 à 40 centi-
grammes.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
André Petit.
BEVUE DES JOURNAUX
ÉvaeaatloB maBaelle de la veanle, par M. HeddACEU.<. —
Personne jusqu'ici n'a eu l'idée d'employer la compression
manuelle à l'évacuation de la vessie. Le procédé recommandé par
l'auteur est facile, sur et peut être employé des deux façons
suivantes :
1^ Le médecin, faisant face au malade, applique ses mains sur
rhypogastre de cehii-ci, les pouces croisés sur la symphyse des
pubis, Textrémité libre des autres doigts repliée sur la convexité
de la tumeur vésicale. 11 sufHt d'exercer une compression dans
la direction du col de la vessie, pour en voir ainsi le volume
s'amoindrir, en même temps que l'urine est expulsée par un
jet souvent énergique.
2" Dans le deuxième procédé, le médecin tourne le dos au
malade, place le bord cubital de chacune de ses mains le long
du ligament de Poupart correspondant, et avec les pouces cette
fois, il exerce une compression sur le globe vésical. Ce deuxième
procédé est souvent plus pratique que le premier.
Cette opération est indiquée dans les mêmes cas que le cathé-
térisme, mais elle est contre-indiquée quand la vessie est très
distendue, quand elle est douloureuse, quand les parois abdo-
minales sont très adipeuses et dans les cas de grossesse. Elle
convient surtout dans les paralysies vésicales qui accompagnent
les affections de la moelle. Elle a sur le cathétérisrae l'avantage
de ne pas être douloureuse, de pouvoir être faite par des
personnes étrangères à la médecine et de ne pas exposer,
comme la soude, à des fermentations d'urine dans la vessie.
(Berliner klinische Wochenschrift, 22 octobre 1888.)
232
HM4
&AZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Avna 1889
BIBLIOGRAPHIE
La maMo do Tcichnann, exposée d*a près le mémoire et les
enseignements de Tauleur, par M. le docteur F. Lejars,
prosecteur à la Faculté de médecine de Paris. — Paris,
C. Steinheil, 1888.
M. Lejars a vu qu'à Vienne, à Prague et dans d'autres
écoles encore, on fait les injections vasculaires sur le
cadavre à l'aide de masses froides, d'après le procédé de
teichmann, professeur à Cracovie. Tous les anatomistes
comprendront quels avantages considérables une sem-
blable méthode doit avoir sur les anciennes masses que
l'on devait injecter à chaud.
Il faut commencer par faire un mastic dans les propor-
tions suivantes, la masse de l'injection rouge (pour artère)
étant donnée avec les quantités nécessaires pour un cadavre
entier; la masse bleue (pour veine) étant donnée en pro-
portions élémentaires (car on ne fait guère que des injec-
tions veineuses partielles, et chacun réglera les injections
à sa guise).
1" Mastic rouge.
Craie pulvéri:»ée 500 grammes.
Cinabre 100 grammes.
Huile de lin 140 à 200 cenlimèlres cubes.
â"» Mastic bleu.
Oxyde de zinc 15 grammes.
Bleu d'outre mer 1 gramme.
Huile de Jin 2 à 2,5 cenlimèlres cubes.
Ces mastics, mis en boule, se conservent indéfinimenl
sous l'eau.
Pour s'en servir, on le délaye dans le sulfure de carbone,
dans la proportion de 100 à 200 centimètres cubes pour un
cadavre^ suivant le degré de fluidité, cl par conséquent de
pénétration, que l'on veut obtenir.
L'injection peut être poussée avec une seringue ordinaire,
mais il faut une presssion continue, lente et assez éner-
gique. Le meilleur est donc d'avoir une seringue où le
manche du piston soit vissé dans l'orifice où ordinairement
il glisse. Cela, en outre, expose moins aux ruptures, car on
exerce une poussée graduée.
L'injection durcit en vingt-quafre à quarante-huit heures
pour les plus gros vaisseaux.
Wonveaax éléments de pathologie exterae, publiés par
le professeur A. BoucHAnn (de Bordeaux) ; t. II : Mala-
dies des régions^ fascicule I, avec la collaboration de
MM. Piéchaud, M. Denucé et Princeteau. — Paris, Asselia
et Houzeau, 1888.
Il nous suffira d'annoncer ce fascicule, car nous avons
déjà parlé deux fois de cet ouvrage; constatons seulement
que les fascicules se suivent avec une grande rapidité.
Celui qui vient de paraître entame Tétude delà chirurgie
des régions. Il étudie les maladies de la tète ou rachis de
la hce et du cou. Ces dernières ne sont pas encore tout à
fait au complet. A. Broga.
♦
VARIÉTÉS
Faculté de médecine de Paris. — La chaire de clinique
d'accouchements de la Faculté de médecine de Paris est
déclarée vacanle. Un délai de vingt jours, à partir du 30 mars,
est accordé aux candidats pour produire leurs litres.
Cours d'hyciène. — M. le professeur Proust a commencé son
cours le jeudi 4 avril, à quatre heures, et le continuera les
samedis, mardis et jeudis suivants dans le grand amphithéâtre.
Concours de Saint-Lazabe. — A la suite du concours qu
vient d'avoir lieu, M. le docteur Barthélémy, ancien chef de cli
nique à Fhépital Saint-Louis, est nommé médecin de Tinfirmeri
de Saint-Lazare.
Association des médecins de la Seine. — L'assemblée géni
raie de l'Association des médecins de la Seine, fondée par Orlila
aura lieu dimanche prochain 7 avril, à deux heures, dans 1
grand amphithéâtre de la Faculté de médecine.
Ordre au jour: IMeclure du compte rendu de Texercice 18^
2* élections d'un président, de deux vice-présidents, d'un secr»-
taire général ; 3<^ renouvellement par tirage au sort de la Corn
mission générale.
Les sociétaires oui, par suite d'une erreur d\idrosse
n'auraient pas reçu ae lettre, sont priés de considérer le présent
avis comme une convocation.
Vaccinations en vue de l'Exposition. — L'ouverture pro
cbaine de l'Exposition et l'immigration des marchands foraitu
qu'elle déterminera nécessairement, ont attiré rattentioii dr
M. le professeur Proust, qui a lu et fait adopter, par le Conseil
d'hvgiène de la Seine, un court et intéressant rapport.
M. Proust, après avoir signalé des cas de variole introduite par
des nomades à Mariffny-Marmande et à Ghinon» dans Indre-el-
Loire, a conclu par Tes deux résolutions suivantes : l'' il y a lieu
de vacciner et de revacciner tous les nomades, mcircharulà
forains, baladins et saltimbanques qui vont arriver à Paris pour
l'Exposition universelle ; ^ aucune installation ne pourra être
autorisée sous quelque prétexte que ce soit, si ces individus dc
possèdent pas un certiiicat constatant cette vaccination ou
revaccination récente.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi iiavnl
1889). — Ordre du jour: M. Grancher : A roccasion du procès-
verbal. — M. Huchard: Sur un nouveau syndrome des maladies
du cœur: Pembryocardie. — M. Séglas: Deux cas d'onoroalo-
manie: coexistence chez un malade de Phystérie et d'une variété
spéciale d'onomalomanie (écholalie mentale). — M. Huchard:
Les emphysémateux artériels. — M. A. Gombault: Un cas de
maladie de Morvan : eiamen aualomique.
Mortalité a Paris Mi" semaine, du 17 au !tô mars
1889.— Population: 2260945 habitant^. — Fièvre typhoïde,!).
— Variole, 6. — Rougeole, 4G. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 5. — Dinhthérie, croup, 45. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 2 lu. — Autres tuberculoses, 16. — Tumeurs:
cancéreuses, 64; autres, 7. — Méningite, 42. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 62, — Paralysie, 9. —
Ramollissement cérébral, 7. — Maladies organiques du cœur, 00.
— Bronchite aiguë, 31. — Bronchite chronique, 61 . — Broncho-
pneumonie, 41. — Pneumonie, 100. — Gastro-entérite: seioJO:
biberon, 28. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-'
pérales, 7. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité coo«
génitale, 24. — Sénilité, 28. — Suicides, 17. — Autres mortlj
violentes, 9. — Autres causes de mort, 190. — Cause*'
inconnues, 13. — Total : 1160. |
ÛUVBAGES OËPOSËS AU BUREAU DU JOURNAL
Traité de pathologie chirurgicale tpéeiale, |>ar M. le profestciir F. Ka»ii)r. <r»l«il
do rallemaod d'après la 4« cidition, par M. J.-M. GenCe (do Genève,, oumff
précédé d'une introduction, par M. Tcnrillon. T. II, i" faiciculc 1 vol. in-^
avec 51 figures intcrcalcos dans le texte. (II paniil un (ascicule tous les qii-KfS
mois). Paris, E. Locrusnicr et Babc. " **
Traité élémentaire d'hygiène et de thérapeutique de VhyêtérU, par U. le docii»'
G. Tcrmci. 1 vol. in-l. Pari», E. Lccroanicr al Babé. ^ '^'i
Traité d^hUtotogie pratique^ par M. J. Renaut. i*' fascicule, i vol. io-^ »«<^j
iil figures dans le texte. (L'ouvrage complet ^ora publié en troi» t*»emV'*à\
Paris, E. Lccrosnicr et Babé. * '
Itçont tur la typhitis vaccinale» par M. le professeur Alfred Fournicr, •'c«^"'''|*. j
Ue.i par M. le docteur P. Portalicr. 1 vol. in-8». Paris, E. Locrosnicr c( Rjnt'- 1
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
18793. — NoiTSROz. — Imprimeries révniot, A. rue liî|;Doa, 3. P«r»-
Trente-sixième année
N- 15
12 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LEREBOÏÏLLET, Réoactkur en chef
MM. P. BLACHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOT, DREYFUMRISAC, FRANÇOIS-FRANCK, A. HÊNOCQUE, A..J. lARTIN. A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Likiboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préféreuce)
SOMMAIRE. — Bulletin. Hyiîiknk. — Le clviud'age parle» poêles mobilou.—
CoMKiBUTioNS FHARMAiiRUTiQURi}. Dcs pominadc« inucilngiiieuses. — Formu-
laire tiiéhapbutiqub. Du traitement du prurit sénile {uir les composes sali-
ryliques. — Rbvub DES COURS ET DBS CLiNiQCBS. De la palpation du rein. ~
Travaux originaux. Clinique raédicalo : Sur un système spécial d'injection
h)(H>dcrmique do certains médicaments irrifànls ou caustiques. — Sociétés
sAVAKTBS. Académie des sciences. — Académie de médecine. — Société de
rbinir^'ie. — Société de biologie. — Revue des jouhnaiix. — Bibliographie.
Tniui des maladies des pays chauds, région prétro-iropiciile.— VARIÉTÉS. Nécro-
lo^ne: M. ChcYreul-— Association générale de prévoyance et do secours mutuels
<Jea incdccins de France.
BULLETIN
Paris, 10 avril 1889.
Académie de médecine : Trallcnien* da dUbète aoerë.
L'observation de deux'maiades, atteints de diabète sucré
et momentanément guéris sous l'influence de Fantipyrine,
a soulevé à rÂcadéniie une courte mais très inléressanle
discussion. En rapportant Ttiistoire des sujets qu'il a pu
opérer de la cataracte après l'administration de l'antipyrine,
.M. P:mas n'a pas manqué de faire remarquer que le sucre
avait reparu dans leurs urines de deux à neuf jours après la
suppi*esi»ion du médicament. C'est bien là ce qui se produit
dans l'immense majorité des cas; c'est ce que M. A. Robin
:i nellemenl mis en évidence lorsqu'il a donné le résultat
(l'ûbservalions et d'expériences qu'il poursuit depuis 1887.
Comme HM. G. Sée, Dujardin-Beaumelz et Panas, comme
tous ceux qui ont essayé l'antipyrine dans le traitement du
diubèle sucré, M. A. Robin a constaté que ce médicament
abaissait notablement et rapidement la proportion du sucre
lorsqu'il était prescrit de bonne heure, lorsqu'il est question
d un diabète peu intense, sans amaigrissement ni azoturie,
lorsque, enlin, il s'agit mome/ïtan^^menf d'interrompre 1ère-
[(ime antidiabétique et de le remplacer pour quelques jours
par une médication active. L'antipyrine peut donc devenir une
ressource précieuse. Elle permet de suspendre le régime
chez les diabétiques qui en sont fatigués, et cela sans que la
proportion de sucre augmente de telle sorte qu'en combi-
nant le régime et l'antipyrine, associés dans une sorte de
médication alternante, on arrive souvent à de bons résultats.
U;\lons-nous d'ajouter qu'il serait inutile, imprudent et
souvent dangereux de continuer longtemps l'usage de l'an-
tipyrine. M. A. Robin déclare qu'on ne saurait dépasser huit
à douze jours en moyenne. Ce temps écoulé, il faudra
cesser sou usage sous peine de voir s'installer et augmenter
progressivement une albuminurie transitoire, il est vrai,
Hiaisqui, si j'en crois deux observations personnelles, peut
î* Still, T. iXVL
durer assez longtemps. D'autre part, l'antipyrine ne convient
pas aux diabétiques azoturiques ou phthisiques, H. G. Sée
l'affirme; tous les observateurs sont d'accord à ce point
de vue.
Enfin, et c'est là une remarque sur laquelle il convient
aussi d'insister, s'il est des malades qui supportent bien
l'antipyrine et chez lesquels ce médicament donne des ré-
sultats favorables, il en est d'autres qui sont réfractaires à
tous les points de vue, c'est-à-dire qui ne peuvent digérer
3 grammes d'antipyrine, alors même qu'on additionne le
médicament de bicarbonate de soude ou d'eau de Vichy,
qui éprouvent rapidement de la gastralgie, des vertiges, de
la pâleur du visage, des brûlures avec érythème scarlatini-
forme aux bras et à la face, etc., etc. Chez ces malades
l'antipyrine n'agit ni contre la migraine, ni contre les dou-
leurs névralgiques. Elle n'influence que peu la glycosurie.
Mais, alors même que la proportion de sucre diminuerait,
l'intolérance absolue du médicament devra faire renoncera
son emploi.
M. A. Robin nous donne de plus un moyen déjuger les
efl'ets de l'antipyrine en mesurant la densité des urines.
Lorsque, au fur et à mesure que la quantité de sucre
s'abaisse, la densité de l'urine diminue ou tout au moins
reste stationnaire, l'antipyrine a un effet favorable. Si, la
quantité diminuant, la densité tend à s'élever, il faut immé-
diatement cesser l'antipyrine.
Par ce court résumé de la discussion académique, on voit
tout à la fois quels sont les avantages de l'antipyrine et
quels sont ses dangei*s. L'antipyrine n'est pas un spécifique
du diabète. Comme l'a bien dit M. J. Worms, il existe quel-
ques autres médicaments, en particulier le sulfate de qui-
nine, qui donnent parfois des résultats semblables. Mais,
de plus, le diabète est un trouble général de la santé, un
vice de la nutrition qui ressortit à des causes diverses et
qui, par conséquent, nécessite dans ses formes multiples
des médications différentes. Longue serait l'énumération des
agents thérapeutiques que l'on a maintes fois cités comme de
nature à guérir les diabétiques. L'arsenic si souvent vanté
réussit, je crois pouvoir l'affirmer, bien plus souvent que
l'antipyrine et peut être longtemps prescrit sans causer au-
cun dommage, sans provoquer l'intolérance. L'opium et la
valériane abaissent momentanément la glycosurie et pour
un temps bien plus long la polyurie. Le bromure de potas-
sium et la glycérine conviennent aux diabètes peu intenses
et d'origine nerveuse. Ce n'est point à dire pour cela que
l'antipyrine — voire même l'exalgine — ne puissent rendre
des services. Il convient de les prescrire, comme le dit
15
234
N- i$-
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
12 Avril 1889
M. A. Robin, lorsqu'il faut suspendre pendant quelques
jours le réginoe toujours utile aux diabétiques. Il convient
d'associer le régime et les autres médications à remploi de
l'antipyrine. Mais il ne faut point croire que Tantipyrine
convienne à tous les cas de diabète et guérisse toujours.
— La discussion sur les poêles mobiles se précise de
plus en plus. Tous les orateurs qui ont pris hier la parole
ont été d*accord pour reconnaître les dangers de ces appa-
reils, et combien leur fonctionnement estdélicat. Tous aussi
ont pris soin d'énumérer les précautions à prendre, et, en
Tabsence de moyens légaux de coercition, ils ont émis l'es-
poir que le public^ mieux informé, ne manquerait pas de se
conformer à des conseils aussi autorisés. Parmi ceux-ci, il
en est malheureusement quelques-uns qui sont d'une réa-
lisation difficile, puisqu'ils mettent eu Jeu non seulement
la bonne volonté du possesseur de l'appareil, mais encore la
surveillance du propriétaire de l'immeuble ou même celle
des voisins. D'autre part, la législation est nulle à cet eiïet,
et la réglementation insuffisante. On trouvera plus loin
l'appréciation des difficultés que soulève cette question
complexe. L'Académie ne voudra sans doute pas les laisser
sans solution.
HYGIÈNE
Le chaaffaffe par les poêles mobiles.
La discussion actuellement rouverte devant l'Académie
de médecine sur les avantages ou les dangers du chauffage
des habitations par des poêles mobiles soulève un certain
nombre de questions qui intéressent à la fois les médecins,
les ingénieurs, les architectes et surtout le public, qui est
appelé en fin de compte à recueillir les bénéfices ou à sup-
porter les inconvénients des modes de chauffage qu'on lui
propose. On a à peu près rappelé tout ce qu'il y avait à dire
sur la nature des accidents observés à la suite des intoxica-
tions oxycarbonées produites par l'usage imprudent des
poêles mobiles, ainsi que sur les précautions à prendre.
Aussi convient-il, avant de prendre une décision sur cette
difficile question, de définir les conditions nécessaires et
suffisantes que doit remplir un système de chauffage pour
être vraiment efficace tout en restant salubre, de même
qu'il n'est pas sans intérêt de rechercher si nos habitations
actuelles se prêtent à l'installation et au fonctionnement
d'un tel système.
I
Aux termes de la définition très complète et très précise
d'Arnould, « le chauffage doit procurer le degré de tempé-
rature le plus favorable à la santé, le donner d'une façon
continue et égale dans le temps et dans l'espace, ne pas
altérer les propriétés physiques de l'air, spécialement
l'hygrométricité, ne pas y introduire d'impuretés, n'exposer
à aucun accident, être économique j^. Et il faut surtout
remarquer, ainsi que l'enseigne si judicieusement Emile
Trélat, que dans la maison de grande ville aussi bien que
dans tous les autres abris clos, <( le séjour devient malsain :
1'' par le seul fait d'une occupation continue quand on n'a
pas pris le soin d'y installer une abondante circulation d'air
pur -^2" lort^que les matériaux de la cunslruclidn et les
meubles qui l'occupent ne sont pas pourvus d'une quan^
tité convenable de calorique ». C'est pourquoi l'air que noa.^
respirons doit dans tous les cas rester pur et aussi frais que
possible.
Nous emprunterons encore à Emile Trélat, celui de tous
nos sanitaires qui a fait faire le plus de progrès à celte
partie de l'hygiène des habitations, l'exposé des i'on>é-
quences qu'entraîne cette double condition, exposé qui
résume ses cours du Conservatoire des Arts et Métiers et la
longue série de communications et de conférences quila
faites sur ce sujet depuis longtemps déjà. Lorsque nous
sommes en plein air, fuit-il remarquer, surtout à la campagne,
l'atmosphère qui nous environne se nettoie incessamment
et aussitôt qu'elle se salit, car notre corps dépense autour
de lui, par voie de rayonnement calorifique, une partie de
la chaleur qu'il produit intérieurement ; ce rayonnemeul
calorifique, jointà la température des gaz expirés, détermine
un courant atmosphérique ascendant autour des i^diYidu^
et dans ce courant sont emportés l'acide carbonique et la
vapeur d'eau chargée des matériaux organiques exhalés.
Aussi est-il indispensable, lorsque nous occupons de:^
habitations closes, d'y assurer artificiellement le renou-
vellement de l'air; plus les communications seront ïmk^
avec l'atmosphère extérieure, plus elles seront actives, plus
il y aura de salubrité à l'intérieur. Il faut aussi que ce^
communications soient aussi immédiates et directes que
possible, puisqu'il faut respirer de l'air frais, celui-ci étrnt
le plus favorable à la santé. Lavoisier a, en effet, démonlri'
qu'à 26'',25 on consomme 41 parties d'oxygène, tandis quà
12%55 ce chiffre s'élève à 12, d'où il résulte qu'à oxydation
égale des poumons ou à production de chaleur égale, il faut
que le même individu fasse 11 inspirations si l'air esià
26%25 et 12 s'il est à 12%5. Ainsi, sous un même volume.
l'air chaud contient moins d'oxygène que l'air froid; il esl
donc moins efficace à la respiration ; eu outre, plus Tair e^l
chaud, plus il peut contenir de vapeur d'eau avant des*'
saturer; plus la place de l'oxygène y est, par suite, réduite
Il faut, il est vrai, compter avec les conditions climatêri-
ques au milieu desquelles nous vivons, mais elles n'ont p
assez d'influence dans nos contrées pour que ces principe>
n'en doivent pas moins régler la salubrité de nos habi-
tations.
On doit aussi songer, suivant un axiome bien connu, roai>
difficilement accepté, que le meilleur moyen de se bien
chauffer, consiste à ne pas se refroidir; en d'autres termes,
comme on l'a dit, si une maison ne se refroidissait pas en
hiver, il serait superflu de la chauffer; or, comme abstrac-
tion faite de la ventilation nécessaire, les seules causes de
refroidissement proviennent de l'enveloppe, il suflil de
donner à cette enveloppe autant de chaleur que les influence^
extérieures lui en prennent, suivant la juste remarque de
Somasco. Il ne faudrait donc pas, ou le moins possible,
élever la température de l'air dans la maison, maischaufler
nos murs, nos parquets, maintenir à une température con-
venable tout le matériel qui nous environne, restituer arti-
ficiellement aux murailles la chaleur qui leur manque el
avoir à notre portée un foyer brillant, rayonnant de
chaleur lumineuse, ardente. De là, pour les habitations
particulières, les avantages d'appareils envoyant aussiioi
les produits de la combustion au dehors, et n'enlevant que
le moins possible des qualités normales de Tair qui nou>
entoure.
Or, commeut nous chauftuns-nous d'ordinaire? bui\ant
Ik
M Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« IS — 235
les climats^ la préférence élait jusqu'ici donnée soit à la
cheminée, soit au poêle fixe. Avec le premier de ces appa-
reils, il convient d'avoir de vastes salles, pourvues de foyers
sans cesse alimentés abondamment et de se garantir contre
les courants d*air entre les fentes de la porte, des fenêtres
elTouverture de la cheminée. Si le foyer ne marche pas, la
famée est refoulée à Fintérieur; d'autres fois la combustion
adive du foyer et le tirage énergique de la cheminée font
violemment pénétrer Tair par les fissures des fentes et
de la porte, de façon à glacer au passage les personnes.
Il faut « des soufflets pour faire marcher le feu », sinon les
habitants risquent tout au moins des rhumes de cerveau.
Tout autres sont les inconvénients, et souvent les dangers,
avec Tusage des poêles, lorsqu'ils ne sont pas accompagnes
d'an appareil spécial pour renouveler l'air de la pièce
habitée, f L'atmosphère intérieure se corrompt, la tempé-
rature s'élève, la respiration devient maladive, parce que,
malgré son excitation, elle n'introduit aux poumons que de
ialr trop pauvre en oxygène ou chargé de matériaux
((Cliques. Dans un tel milieu on gagne pour le moins mal à
I la lèle. » Et cependant c'est cette solution qui tendrait à
' l'emporter si les progrès de l'éducation publique ne parve-
naient pas à en faire justice.
Ce qui a conduit à l'usage des poêles, c'est avant tout une
question d'économie de combustible. Dans les pays tout à
ÎAii septentrionaux, on a pu en tirer parti sans nuire d'une
farontrop flagrante à la salubrité des habitations; dans ce
but on les a connpiétés par des introductions d'air spéciales
pour la respiration ; on s'est ingénié à les faire chauffer le
plus possible par rayonnement et ne ventiler que par
extraction ; on a usé pour leur construclion de matériaux
qui leur permettent de ne pas modifier sensiblement l'airdes
appartements. Mais comme les poêles simples, en tôle, en
fonte, en faïence ou en briques nécessitaient encore une
dépense assez considérable de combustible, on a poussé
jusqu'à la dernière limite, jusqu'à l'absurde, serait-on
presque tenté de dire, les conséquences des idées de Péclet.
Un est ainsi peu à peu parvenu à construire tous ces appa-
reils portatifs, si divers et si variés, sans tuyau ou munis
d'un tuyau très court; ils sont destinés, il est vrai,
comme le fait observer Arnould, < à être mis en corn-
iimnication avec une cheminée, mais dont le tirage reste
nul si la cheminée elle-même tire mal, soit par défaut
de construction, soit parce que la température reste basse
dans son intérieur >. Péclet avait déjà remarqué qu'une
bonne cheminée d'appartement, envisagée comme appa-
reil de chauffage, ne rend qu'un effet utile de 5 ou
^) pour 100, la fumée emportant et perdant dans Tatmo*
sphère les 95 centièmes des calories produites par le foyer.
iVendre ces calories au travers de l'enveloppe du combus-
tible, les recueillir et les amener dans le local à chauffer,
tel était le problème; tant que le foyer continuait à rayonner
de la chaleur lumineuse, les procédés économiques employés
n'avaient que fort peu d'inconvénients; mais il n'en a plus
été de même lorsqu'il s'est agi d'appareils € ayant pour
rôle unique de fournir dans le lieu habité des calories
sombres portées par l'air ».
C'est à l'époque de l'Exposition universelle de Paris,
en 1878, que la vogue du poêle mobile a commencé à
devenir générale en France. Peu de temps après cependant,
"^es dangers ne tardaient pas à être signalés, car, dès le
-8 janvier 1880, iM. Le Roy de McricDurt rapportait à la
Société de médecine publique de graves accidents dus à
son usage; l'attention publique fut éveillée dès ce moment
sur les précautions à prendre. On n*en a pas moins constaté
des asphyxies de plus en plus fréquentes à mesure que se
multipliait l'emploi de ces appareils et malgré des reconi-
mandations expresses très souvent renouvelées. Aujourd'hui,
et il suffit, pour s'en convaincre, de suivre la discussion de
l'Académie de médecine, discussion que nous ne voulons
pas reprendre ici, le doute n'est plus permis: les poêles
mobiles sont dangereux. Le sont-ils toujours? Peut-on se
préserver, de ces dangers, par des précautions et une sur-
veillance convenable? Ou convient-il, si cela est impossible,
d'aller jusqu'à en demander la proscription absolue? Telles
sont les seules questions sur lesquelles les avis divergent.
II
Les conditions exigées pour éviter les dangers des poêles
mobiles sont de deux ordres : elles tiennent, d'une part, à
la marche même de l'appareil, à ses dispositions essen-
tielles; elles dépendent, d'autre part, du milieu dans lequel
ils sont placés. Dès 1880, M. Du Souich faisait ressortir, dans
un rapport soumis à l'approbation du Conseil d'hygiène
publique et de salubrité de la Seine, que les avantages éco-
nomiques de ces appareils sont malheureusement com-
pensés par les inconvénient suivants : 1° l'épaisseur de la
couche de combustible est si grande, le tirage est si minime,
que la plupart produisent une grande proportion d'oxyde de
carbone; les produits de la combustion sont donc non seu-
ment irrespirables dans l'espèce , mais, en outre, ils consti-
tuent un poison d'une extrême activité, dont on connaît tous
les effets, tantôt insidieux, tantôt foudroyants. 2^ Le tirage,
intentionnellement réduit au minimum, exige une disposi-
tion soignée et constamment bien entretenue des conduits
et cheminées dans lesquels se rendent les produits de la
combustion; il faut ordinairement les munir de clapets
régulateurs et d'appareils indicateurs, d'un fonctionnement
assez délicat et dont les intéressés se préoccupent fort peu
en général. Dès qu'une cause fortuite, obstruction, soleil,
grand vent, en trouble le fonctionnement, le tirage se ren-
verse et l'oxyde de carbone se déverse dans l'intérieur des
pièces qu'il s'agit de chauffer. Le même accident peut se
produire quand on déplace sans précaution un appareil
mobile pour le greffer sur une cheminée encore froide, ou
quand une cheminée voisine, dans le même appartement,
est sous le régime d'un tirage un peu énergique. 3' Enfin,
ces appareils sont munis d'un couvercle masquant une
ouverture de chargement du combustible et la fermeture
que doit procurer ce couvercle est, en général, loin d'être
hermétique; il y a là encore une cause de dégagement dan-
gereux d'oxyde de carbone.
L'expérience n'a que trop montré, depuis, combien ces
observations étaient justes. Chacun s'accorde à dire que le
principal inconvénient des poêles mobiles c'est leur mobi-
lité, et cela non seulement pour ceux qui s'en servent,
mais encore pour les voisins. La plupart des accidents
observés sont dus, en effet, à la présence des causes de dan-
ger que nous venons d'énumérer ou à la disposition vicieuse
des conduits de cheminée, par l'intermédiaire desquels les
voisins reçoivent, sans pouvoir s'en préserver, les gaz toxi-
ques produits par le poêle. Les orateurs qui ont d« jà pris la
parole à l'Académie en ont fourni d'assez nombreux exem-
ples. Ainsi qu'un de nos ingénieurs sanitaires les plus com-
236 — N» 16 —
GAZETTE HEBDOMAi)AIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
i2 Avril 1889
pélents voulait bien nous le déclarer récemment, si favo-
rables que puissent être les conditions d'élablissementd'un
corps de cheminée, il n'en faudrait pas mpins, à cha-
que déplacement d'un poêle mobile, procéder à une vérifi-
cation et prendre des précautions spéciales si on veut être
sûr du tirage, il suffit que ces précautions quotidiennes ne
soient pas observées rigoureusement pour que l'existence
des voisins soit menacée, sans qu'ils puissent d'ailleurs rien
faire pour se défendre et sans qu'ils se doutent même du
péril qui les menace. A lui seul déjà cet argument suffit
pour montrer que l'immobilité des appareils s'impose. La
fixité offre les meilleures chances d'échauffement du corps
de cheminée, échauffement qui crée la dépression néces-
saire au tirage et rend inoffensif le dégagement des gaz
oxy-carbonés. Qu'on ne croie pas, d'autre part, que Tétan-
chéité du coffre de cheminée dans la traversée des étages
soit facile à réaliser; un tassement, un clou mal planté dans
la pose du parquet ou d'une moulure suffisent pour donner
lieu aux fissures par où s'insinuent les gaz. Donc, un coffre
de cheminée distinct, établi suivant les règlements en vi-
gueur et la fixité du poêle, ainsi que l'absence de toute
ouverture quelconque, munie ou non d'une vénielle auto-
matique, telles sont les premières conditions essentielles et
obligatoires de la sécurité de chacun. Sv celhès-ci peuvent
être à la rigueur, et grâce aune surveillance continue, réa-
lisées dans les habitations occupées par des gens aisés, il
n'en est plus de même dans les logements des classes moins
fortunées et dans ceux des pauvres ; or, l'économie de ces
appareils en rend l'usage encore plus tentant pour ces der-
niers. Aussi ne saurait-on s'étonner de ces accidents
d'asphyxie de plus en plus fréquents, surtout dans les mai-
sons où les habitants n'occupent que des petits logements
et dans lesquelle*; les conduits de famée abondent dans les
murs séparatifs. Mais combien pjus nombreux encore sont
les malaises légers, plus ou moins prolpngés et répétés,
ainsi que tous les désordres de l'anémie due ad séjour, for-
cément prolongé pour certaines classes de la population et
non les moins intéressantes, dans l'atmosphère surchauffée,
fade, lourde et énervante des appartements que chauffent
ces appareils !
Afin de remédier à un tel étal de choses, le Conseil d'hy-
giène de la Seine vient, sur le rapport de M. Michel Lévy, donl
M. Léon Colin rappelait les conclusions il y a huit jours à
l'Académie, de proposer de modifier, dans un sens
plus restrictif, les conseils insérés dans Tlnslniction de
1880, et de dire notamment : qu'il y a lieu de proscrire for-
mellement l'emploi des poêles mobiles dans les chambres
à coucher et dans les pièces adjacentes; de garantir le tirage
par des tuyaux ou cheminées d'une section utile et d'une
hauteur suffisante, complètement étanches, ne présentant
aucune fissure ou communication avec les appartements
contigus et débouchant au-dessus des fenêtres voisines ; les
orifices de chargement doivent être clos d'une façon hermé-
tique, et il est nécessaire de ventiler largement le local,
chaque fois qu'il vient d'être procédé à un changement de
combustible, etc., etc.
in
Ces prescriptions sont des plus rationnelles; mais il n'est
malheureusement pas difficile de reconnaître qu'avec la
plupart des systèmes de poêles mobiles actuellement usi-
tés, elles sont inexécutables dans leur ensemble, sinon dans
quelques-uns de leurs détails; et l'on conçoit aisément que
M. Léon Colin, après les avoir énumérées, ait conclu qu'il
fallait interdire rigoureusement l'emploi de ces appareils
dans tous les établissements collectifs, dépendant des admi-
nistrations publiques, tels que les écoles, les hôpitaux, les
casernes, les bureaux, etc.
Il n'en pourrait être de même dans les habitations
particulières. Pour ceux-ci, dans l'état actuel de notre
législation, qui laisse une si grande latilude aux habitudes
d'insalubrité et permet aux propriétaires démettre, en quel-
que sorte, la mort en location, il faut s'attendre à n'obtenir
aucune mesure préventive efficace. Un jurisconsulte admi-
nistratif écrivait, en 1880, que« l'industrie du fabricant de
poêles est affrantBie de toute réglementation légale, d'au-
tant que ce qui se passe dans son magasin même, à savoir
la mise en vente et la vente de l'appareil de chauffage, n'a
rien en soi de compromettant pour la salubrité; les incon-
vénients du poêle mobile ne se révèlent que plus tard, s'il
en est fait un usage imprudent, et cet usage a lieu dans
des emplacements où la surveillance de l'autorité n'a pa:>;i
s'exercer J5>. Il n'y a rien à reprendre à ces observations,
dont nous avons pu récemment apprécier toute la correc-
ttan juridique; c'est, on le voit, la théorie habituelle de la
liberté du suicide en matière d'hygiène et de salubrité! On
objectera, il est vrai, que Ton peut, au moins dans les mai-
sons à construire, exiger pour les conduits de fumée djs
dispositions telles que les appareils de chauffage, quels
qu'ils soient, offrent le moins de dangers possible; mais
qui peut assurer et garantir la persistance de ces dispositions
toujours sujettes à des modifications contre lesquelles ni
la loi ni la jurisprudence n'offrent aucune garantie, et ne
voit-on pas, par les considérations qui précèdent, que les
poêles mobiles sont toujours, toutes choses égales d'ail-
leurs, et, quoi qu'il arrive, les plus dangereux des appareils
de chauffage.
Quoiqu'il en soit, si l'on ne peut être ici que très circon-
spect au point de vue de la réglementation, puisqu'on ne
peut uniquement défendre, par exemple, l'emploi de tel ou
tel appareil parcequ'il dégage de l'oxyde de carbone, atlendu
que beaucoup d'autres très usités en produisent aussi et
sans inconvénient, on peut néanmoins prendre certaines
précautions dont une des plus importantes consiste à sup-
primer la clef de réglage du luyau de sortie du gaz, comme
le voudrait M. Vallin. Il conviendrait, en tout cas,- de dire au
public de se méfier des poêles dans lesquels les gaz se dé-
gagent au travers d'une épaisse couche de combustible, de
choisir plutôt les appareils dans lesquels l'airde combustion
Iraverse simplement une faible épaisseur de charbon et de
toujours préférer un feu clair et vif aune combustion lente.
Ainsi, on a non seulement une moindre proportion d'oxjde
de carbone, mais la production d'acide carbonique ainsi
obtenue dégage pour une même quanUté de charbon brûle
plus de trois fois autant de chaleur que l'oxyde de carbone.
En admettant même qu'à surface de chauffe égale c'est plu-
tôt la cheminée que l'habitation qui profite de l'excédent de
chaleur produit, le chauffage de la cheminée est un élément
capital de sécurité.
Il est d'ailleurs des poêles, même mobiles, dont le^
inventeurs se sont rapprochés, dans ces derniers temps, do
ces conditions ; ces appareils sont assurément plus accep-
tables, au moins pour les personnes qui peuvent en surveiller
soigneusement l'usage. Tandis que, pour tous les poêles mo-
biles sansfoyer apparent, il nous paraît impossible d'obtenir,
dans la très grande majorité des cas, Tcwcntion des prescrip-
H Avril i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM5 — 237
lions si nombreuses exigées par ceux-là mêmes qui sont
d'avis que l'usage en soit libéralement toléré. Quant à ceux
qui pensent que ces prescriptions sont irréalisables et que
c'est aux pouvoirs publics qu'il appartient de veiller à ce
i[iie (les procédés de chauffage dangereux ne puissent pas
lire mis en usage, ils doivent reconnaître tout d*abord que
notre législation ne renferme aucune disposition qui per-
mette à Tautorité d'intervenir efficacement; cette législa-
tion est tout entière à faire. La loi ne permet pas la vente
d'une substance toxique au point de vue alimentaire, mais
elle ne défend pas la vente d'un appareil qui peut déter-
miner rintoxication par la voie atmosphérique. Quant à la
législation sur les logements insalubres, on connaît assez
son insuffisance et son incohérence pour être certain qu'elle
ne peut prémunir contre les accidents dus à l'usage d'ap-
pareils de chauffage défectueux. Reste la responsabilité du
propriétaire de Timmeuble, dont les conduits de fumée
son en mauvais état, ou bien l'exercice du droit commun
à l'égard d'un préjudice causé; mais comment y compter,
alors que cette responsabilité est partagée par le possesseur
lui-même de l'appareil incriminé, que les précautions
reconnues indispensables sont aussi minutieuses et que
rien, dans la législation, ne permet d'en exiger l'appli-
cation !
Les questions que soulève l'usage des poêles mobiles sont,
on le voit, nombreuses et complexes. Au point de vue de
la réglementation, il en est plusieurs, et des plus impor-
lr.i)ts, qui sont même insolubles, à moins de demander une
léjrislation spéciale que beaucoup de bons esprits ne sont
pas loin de désirer dans l'intérêt public. Sinon, il y a lieu
(le multiplier lesconseils, quelle que soit l'insuffisance indis-
< niable de leur sanction, et de proclamer bien haut les
dangers auxquels exposent ceux de ces appareils qui ne fonc-
tionnent économiquement qu'aux dépens de la santé de
ceux qui s'en servent et surtout de celle des voisins.
A.-J. Martin.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Des pommade» muellagfineases.
On présente aujourd'hui comme nouvelle la méthode
thérapeutique de M. le professeur Unna, qui consiste à
appliquer sur la peau des enduits gélatineux. Or il est
arrivé très fréquemment à tous les pharmaciens de recevoir
(les formules qui, si elles avaient été bien comprises,
auraient fourni des produits analogues. Je veux parler des
tormulesde pommades contenant de la gomme adragante.
Olles-ci seraient mucilagineuses si le médecin avait le
soin d'ajouter de l'eau à sa prescription ou encore si, voulant
obéir aux indications fournies au lieu de s'en tenir à la
lettre de la formule indiquée, le pharmacien, sachant que
la gomme adragante ne fournit du mucilage qu'avec de l'eau,
prenait sur lui d'ajouter ce liquide à sa préparation.
Pour mieux préciser ma pensée, j'indiquerai ici une
formule de ce genre :
Vaseline 30 grammes.
Glycérine et gomme adragante, ââ. . . . 5 —
Oxyde de zinc i —
Teinture de benjoin de Siam XXX gouttes.
En exécutant cette préparation on aura une pommade
simple. Si, au contraire, on y ajoute :
Eau distillée 10 grammes.
on aura une pommade mucilagineuse ou gélatineuse
analogue à celles de M. Unna. Toutefois l'addition de cette
eau exige certaines précautions sans lesquelles la pommade
manquerait d'homogénéité. II faut développer le mucilage
dans un mortier avec l'eau, la gomme et ensuite la glycé-
rine, et le mêler à la pommade d'oxyde de zinc et de vaseline
faite dans un autre.
On obtient ainsi un médicament plus adhérent que les
pommades ordinaires.
Pierre Vicier.
♦
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Du Grattement da prarlt ■énile par les eomponéii
■alicyllqnes.
Ces substances rendent des services contre le prurit dou-
loureux des vieillards et en l'absence de dermatose. M. E.
Besnier les recommande dans ces cas. Il faut noter cepen-
dant que pour obtenir des résultats de ce traitement, il est
avantageux d'adopter la technique suivante :
l"* Conseiller l'usage des bains amidonnés ou d'eau de
son;
2** Lotionner tous les soirs la surface du corps avec l'eau
chauffée à 40 degrés, et additionnée de deux cuillerées de
la solution suivante :
Acide phénique 4 grammes.
Vinaigre aromatique 200 —
3" Saupoudrer ensuite avec le mélange suivant :
Salicylale de bismuth 40 grammes.
Amidon ^>0 —
Ou bien :
Acide salicyliquo finement pul-
vérisé 10 grammes.
Amidon * 90 —
Dans une de ses leçons, M. Besnier a recommandé d'ap-
pliquer ces poudres par de légères frictions sur la peau des
régions malades.
Ch. ÉLOY.
♦
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
De la palpatlon da retn.
Dans un précédent numéro nous avons publié une cli-
nique de M. le professeur Guyon sur l'exploration manuelle
du rein {Gaz. hebd., 1889, p. 88). Peu après, M. Glénard
(de Lyon) a insisté sur sa propre méthode (p. 122). Aussi
croyons-nous utile de faire connaître à nos lecteurs un
article récent d'Israël (de Berlin) sur ce point aujourd'hui
à l'étude (1). Nous nous dispenserons d'une traduction lit-
térale, mais nous donnerons plus qu'une simple analyse.
On se livre aujourd'hui sur le rein à des interventions
chirurgicales auxquelles on n'aurait même pas pensé il y a
{{) Israël, Ueber Palpation getunder und kranker [NUren, Vortrag gehaUen
am 15. Dccember 1888 im Verein fiirHeilknnde, in extento in Berl.kUn. Woch.»
1889. n»« 7 et 8. p. 125 et 156.
238 ^ NM5 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
12 Avril 1889
dix ans. Pour faire des progrès dans cette voie, il ne faut
pas s^absorber dans la contemplation des résultats acquis,
mais il faut chercher avec soin la cause des échecs, encore
trop fréquents. On arrive ainsi à constater que ces revers ne
tiennent ni à la technique opératoire ni aux pansements.
Leur cause est dans Tinsufrisance de nos connaissances
préalables sur Tétat anatomique exact des lésions. L'avenir
de la chirurgie rénale dépend de la finesse du diagnostic.
Or à ce point de vue la palpation est une méthode des plus
précieuses.
Aux notions classi(]^ues sur les rapports du rein, Israël
ajoute la suivante : Si on élève une verticale passant par le
milieu de Parcade do Faliope, le rein se trouve sur cette
ligne, à deux doigts au-dessous du rebord costal. C'est là
qu'il faudra déprimer la paroi abdominale pour aller à la
rencontre de la face antérieure du rein.
i" Le rein hypertrophié est-il accessible à la palpation?
C'est une question fort importante, et pour déterminer quel
est l'état d'un rein quand on veut intervenir sur Tautre, et
pour reconnaître certaines lésions qui ne s'accompagnent
pas d'augmentation de volume, ainsi que cela est le cas
pour quelques calculs, pour quelques tumeurs au début,
ne s'annonçant encore que par une légère proéminence. Il
serait donc important de pouvoir palper un rein peu ou pas
hypertrophié et non luxé.
Cette possibilité exige des conditions spéciales : peu de
graisse, peu de tension des narois abdominales, soit du fait
des muscles, soit du fait de l'intestin; dimension suffisante
de l'espace entre la crête iliaque et le rebord costal; forte
lordose physiologique dorso-lombaire, car alors le rein est
fierté en avant. Celte dernière condition est réalisée chez
es femmes qui ont une forte inclinaison du bassin. Il faut
vider entièrement l'intestin, car des masses fécales dures
situées dans le côlon peuvent être une cause d'erreur; de
plus, on diminue ainsi la tension abdominale. Si les
muscles résistent, on peut user du chloroforme ; mais on
se prive ainsi de Taide que fournissent les profondes respi-
rations volontaires.
Les méthodes de palpation sont au nombre de trois : la
palpation bimanuelle dans le décubitus dorsal ; le ballotte-
ment rénal de Guyon; la palpation dans le décubitus latéral.
Pour la palpatfon bimanuelle, nous renverrons à la des-
cription, plus précise aue celle d'Israël, de M. Guyon. Une
diilérence est à signaler cependant : Israël conseille de
placer la main antérieure un peu moins près de la ligne
médiane, la pointe du médius au point où la dixième côte
s'unit au rebord costal. Pour le ballottement nous n'avons
rien à ajouter.
Ces deux méthodes sont indispensables, mais pour le rein
non hypertrophié et non déplacé ne donnent des résultats
que dans des cas exceptionnels. Alors Israël préconise un
troisième procédé.
Le malade est dans le décubitus latéral sur le côté non
examiné, position où les muscles sont rel&chés et où le rein
exploré tend, de par son poids, à se porter en bas et en
avant. Les membres inférieurs sont en légère flexion. Le
[»atient respire largement la bouche ouverte. Pour explorer
a région gauche, le chirurgien se place à la droite au lit,
la face tournée vers la tête du malade. Il met les doigts de
la main droite à plat sur la région lombaire gauche; la main
gauche sur le point correspondant de la paroi abdominale
antérieure, de façon que le bout de l'index et du médius soit
H deux doigts |iu-dessous du point de réunion des neuvième
et dixième cartilages costaux. Puis, tandis que la main
droite appuie sur la région lombaire, on fait faire aux ma-
lades des inspirations profondes et on appuie au moment où
débute l'expiralion. On appuie doucement, de la mainmise
bien à plat, en même temps que les doigts allongés font
de légers mouvements de flexion dans les articulations
métacarpo-phalangiennes. Le bout des doigts arrive ainsi
[>eu à peu au-dessus de l'extrémité inférieure du rein,
orsque cet organe est dans la position la plus basse, c'est*
à-dire à la fin de l'inspiration; on sent l*oreane sélevet
pendant l'expiration, et c*est précisément ce léger mouve^
ment qui permet la perception. Une fois atteinte de la sorttj
l'extrémité inférieure, on palpe la face antérieure, lorsque
va commencer l'expiration, car c'est alors que la surface
accessible est maxima. Les mouvements d'ascension et de
descente font sentir avec netteté les irrégularités que peut
présenter cette surface.
Israël insiste sur les mouvements synchrones à ceux dt'
la respiration. Il les a aussi constatés pendant les néphro-
tomies. Il est erroné, par conséquent, de les considérer
comme caractéristiaues des tumeurs du foie et de la rate.
Par cette méthode, on peut palper le tiers inférieur ou
même la moitié d'un rein normal. On sent alors un corp^;
convexe, lisse, à bords mousses (ce qui est une différence
avec le foie et la rate). Si, palpant à gauche, nous trouvons
un organe à bord tranchant, nous saurons que c'est la rate;
que nous palpons, par conséquent, trop superficielleinen(
et trop latéralement. Souvent, à droite comme à gauche,
nous ne saurons exactement ce qui appartient au foie ou à
la rate et ce qui dépend du rein que si nous réussissons
ce qui est le plus souvent possible — à introduire le bout
des doigts entre les deux organes : la face palmaire touche
le rein, et la face dorsale sent le foie ou la rate. Pour ces
palpations subtiles, on n'arrive qu'avec le temps à une ana^
lyse exacte, en perfectionnant peu à peu cette analyse, par
des explorations successives, à mesure qu'on enregistre des
sensations nouvelles.
Israél rapporte quelques observations où il a eu recours
avec succès à la palpation du rein sain. Ainsi chez un gar-
çon de quatorze ans auquel, après vérification d'un côté, il
a extirpé un sarcome rénal du côté opposé. Une autre fuis,
on lui a adressé une malade qu'on croyait atteinte de rein
flottant : il a senti par le palper le rein non déplacé, isolé
de la tumeur, et une incision exploratrice a vérifié qu'il
s'agissait d'un lobe flottant du foie.
Voici deux faits relatifs à des inégalités de la surface an-
térieuredu rein non hypertrophié. L'un concerne une femme
de trente-cinq ans, maigre, chez laquelle fut sentie une
bosselure dure dans l'extrémité inférieure du rein droit;
la dureté fit penser à un calcul, qui fut enlevé par la né-
phro-lithotomie. La malade mourut et à l'autopsie il fui
reconnu que le rein n'avait que 11 centimètres de long.
L'autre observation est bien plus importante. Sur un homme
de vingt et un ans, atteint d'hématuries profuses, Israël
sentit sur le rein gauche une petite élevure qui en quatre
semaines acquit le volume d'une demi-cerise : cet accrois-
sement fit diagnostiquer un cancer, vérifié après néphrec-
tomie. Et, vingt-deux mois après cette opération, d'une
grande précocité, il n'y a pas de récidive.
i° Il y a une tumeur manifeste. En pareil cas, deux
Suestionsse posent. S'agit-il du rein? Quelle est la nature
e la tumeur? Le mot tumeur est pris ici dans son sens
vulgaire, de grosseur quelconque. Israël fait abstraction du
rein flottant et du rein en fer à cheval.
La palpation bimanuelle prouve que la tumeur occupe à
la fois les lombes et Tabdomen. Mais ce mode d'exploration
est sujet à des erreurs. Le ballottement rénal de Guyon esl
plus significatif, car il exige un contact direct de la tumeur
avec la fosse lombaire. Mais ce symptôme si important fait
déftiut pour les grosses tumeurs qui remplissent tout l'ab-
domen et qui dès lors sont constamment au contact de la
paroi abdominale antérieure. Il nécessite en effet un cer-
tain écartement entre la tumeur et la paroi, pour que la
tumeur puisse, pour ainsi dire, prendre sa course, avant de
venir choquer la paroi. Or le diagnostic des grosses tumeurs
est difficile. La palpation dans te décubitus latéral devient
alors importante, d'autant plus que dans cette position
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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239
Tarlion de la pesanteur agit, écartant la tumeur du foie ou
de la rate, en sorte que l'on peut insinuer les doigts entre
ces organes.
Pour déternniner que la tumeur est rétro-péritonéale, les
connexions avec le côlon ascendant à droite, le côlon descen-
dant ;i gauche, ont une valeur réelle. Ordinairement, en
effet, le pli du méso-côlon se forme sur la surface anté-
rieure du rein, et les tumeurs rénales se développent entre
les deux feuillets du repli séreux dédoublé. Dès lors, le
côlon est appli(]ué à la face antérieure de la tumeur. Pour
rette constatation, la percussion est insuffisante; mais au
palper on sent, si Tintestin est vide, un cordon longitudi-
nal, aplati, qui roule sous les doigts. On peut encore s*assu-
rerde la chose en insufflant Tintestln par le rectum. Malgré
quelques exceptions signalées plus loin, quand ce symptôme
existe, il est important. Mais il fait assez souvent défaut, à
droite surtout ou le côlon, qui normalement s'élève peu sur
la face antérieure du rein, est souvent refoulé en bas, ou
eu bas et en dedans. On peut encore signaler la forme
rénale que conservent souvent les tumeurs du rein.
Tous ces symptômes sont précieux* Mais ils sont en défaut
pour les grosses tumeurs qui remplissent Tabdomen. Alors
le ballottement est absent; le côlon est inaccessible, dévié
qu'il est en dedans ou. caché dans une gouttière du néo-
plasme; la séparation entre la tumeur et les organes voi-
sins est difficile à établir, aussi les erreurs de diagnostic
sont-elles nombreuses.
Avec des tumeurs rétro-péritonéales, d'abord; tumeurs
rares, d*origine obscure, dont les signes physiques sont en
somme ceux des tumeurs du rein et dont le diagnostic n*est
possible que si on trouve à côlé le rein normal, repoussé
en avant.
Les confusions avec les tumeurs de Tovaire sont fré-
quentes. Certes, ces tumeurs sont ordinairement devant
linteslin, mais ce signe peut exister dans les tumeurs du
rein; et d'autre part Tinverse peut avoir lieu lorsque l'ovaire
est en cause. En pareil cas, il faut chercher avec soin les
connexions avec les organes pelviens, à l'aide d'un loucher
minutieux du vagin et du rectum. Israël signale une parti-
cularité spéciale : deux fois il a vu des kystes de l'ovaire se
rompre pendant l'exploration et s*afTaisser sous la main du
chirurgien, comme certaines hydronéphroses. Mais dans le
kyste de Tovaire la vessie ne se remplit pas à ce moment,
et d'autre part on constate qu'il vient ae se produire un
épanchement libre dans la cavité abdominale.
l/intestin peut s'insinuer entre la paroi abdominale an-
térieure et les tumeurs hépatiques ou biliaires. Le fait est
rare mais réel. Ainsi on a vu une anse d'intestin grêle
prendre en travers, en avant, le col d'une vésicule biliaire
distendue, et on a conclu dès lors à une hydronéphrose.
I/exislence d'une zone de sonorité entre le foie et la tu-
meur n'est donc pas pathognomonique d'une tumeur rétro-
hépatique. En outre, on sent parfois, dans les hydropisies
de la vésicule, dans les kystes hydatiques, que le bord
tranchant du foie est assez "isolé de la tumeur; mais, si la
tumeur dépend du foie, on ne peut pas insinuer les doigts
entre elle et la face inférieure de la glande.
Autre cause d'erreur. Dans les tumeurs volumineuses de
la vésicule, le foie subit une rotation sur son axe antéro-
poslérieur, et le lobe droit s'enfonce profondément dans la
région lombaire. Le bord tranchant devient oblique en haut
et à gauche. Une pression de la vésicule se transmet au
lobe droit, et on croit facilement à une tumeur lombo-
abdominale : l'absence du ballottement a alors une grande
valeur.
Pour le diagnostic de la nature de la tumeur rénale, la
P^lpalion donne des renseignements moins précieux. Comme
phénomènes pathognomoniques, mais exceptionnels, Israël
signale le frémissement hydatique; la collision de calculs
multiples (et en donne une observation personnelle); l'éva-
cuation d'une hydronéphrose ou d'une pyonéphrose sous
l'influence des pressions manuelles. Mais en général les
signes physiques ne méritent pas une confiance absolue. La
fluctuation manque dans les tumeurs liquides très tendues
et existe souvent dans les sarcomes médullaires des en*^
fants. Les tumeurs liquides sont ordinairement^ lisses, les
cancers étant bosselés; mais l'inverse est possible, et l'on
a vu, par rétention, des calices développés inégalement
former des inégalités, moins irréguliéres il est vrai et de
consistance moins variable suivant les points.
A. B.
TRAVAUX ORIGINAUX
Clliil4«e mëdlmle.
Sur un système spécial d'injection hypodermique de
certains médicaments irritants ou caustiques, par
M. le docteur J.-L. Gimbert (de Cannes).
DE LA THÉRAPEUTIQUE PAR LA MÉTHODE HYPODERMIQUE -
La thérapeutique par la méthode hypodermique prend
une place importante dans nos traitements modernes. Ses
conquêtes,*et partant ses prétentions, ont encore à cette heure
des bases fragiles, mais on entrevoit une période prochaine
dans laquelle nous la verrons sinon remplacer la plupart des
autres méthodes, tout au moins les compléter quand elles
seront insuffisantes.
Cette espérance est basée sur le besoin qu'éprouvent des
esprits sérieux de donner la préférence à une thérapeutique
scientifique dans laquelle l'absorption des solutions médica-
menteuses est intégrale, leur action rapide, nette, leur
dosage presque absolu, alors que la méthode intraveineuse
ne peut être, à cause de ses dangers, qu'exceptionnellement
appliquée chez l'homme; que la méthode des inhalations
reste dans le vague; enfin, alors que la méthode classiaue
reste infidèle, inégale, mobile, soit en raison des troubles
existants au moment de l'intervention, soit encore en raison
du chemin tortueux, ou des milieux chimiques variés que le
médicament doit traverser avant d'arriver dans les veines
sus-hépatiques.
La méthode hypodermique s'adresse directement à un •
tissu d'une structure assez simple, très vasculaire, et à peu
de chose près analogue chez tous les sujets. C'est le cas de
dire que les liquides injectés forment un bain autour des
vaisseaux absorbants au point c^ue l'endosmose vers le cœur
est immédiate s'il n'y a pas lésion de tissu.
Une de ses plus grandes fonctions, l'absorption, est à
notre discrétion, alors même que l'estomac ne saurait plus
rendre de services; elle survit aux lésions des tissus et des
organes, à leurs troubles fonctionnels, elle reste biologi-
quement à peu près la même, quelle que soit la nature des
maladies générales, excepté, peut-être, à la période algide
du choléra et dans les grands œdèmes sous-cutanés. D'après
ces avantages que résume l'histoire de l'injection hypoder-
mique de la morphine, on peut se demander pourquoi cette
méthode n'est pas plus générale ; cela tiendrait, selon nous, à
ce qu'on n'a pas suffisamment étudié les conditions et les
procédés qui rendent l'injection pratique; le jour où, à l'aide
d'un système déterminé, on pourra introduire avec sûreté et
facilité sous la peau nos grands médicaments, la méthode
hypodermique aura triomphé des hésitations actuelles, elle
sera très souvent la préférée.
Préoccupé de l'importance de cette lacune, stimulé par
quelques succès notoires, nous avons cherché la solution du
problème que nous poserons ainsi: Trouver les procédés
physiques et physiologiques qui permettront aux médica^
ments sérieux^ irritants ou caustiques ^ d'être bien tolérés,
240
N* 16 ~
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
12 Avril 1889
entièrement absorbés par la peau et transportés sans
danger dans Véconomie.
Nous n'oserions affirmer que nous avons trouvé la solution
péremptoire du problème pour tous les médicaments irri-
tants, mais nous pensons Tavoir obtenue pour les substances
qui nous intéressaient particulièrement, et comme ces der-
nières sont caustiques, nous sommes autorisé à dire que
notre système pourra très probablement s'appliquer à toutes
les injections médicamenteuses irritantes.
D'après un relevé minimum, nous avons pratiaué depuis
trois ans 1187 injections variées en employant alternative-
ment la technique et la méthode qu'on trouve dans les
trîivaux de Verneuil, Germain Sée, Dujardin-Beaumetz,
Bouchard, Beurmann et Villejean, Baizer, Besnier,
Scarenzio,Vitali, Meunier, Fillaut, Petit, etc., etc., et celle
que nous allons exposer; et nous espérons démontrer que
celle-ci réalise un progrès dans la question. Dans cette note
la médication est la question secondaire, nous la réservons
pour une prochaine publication.
Ce que nous désirons décrire c'est un système spécial
d'injection permettant de faire tolérer par le tissu cellulaire
^us-dermique des solutions contenant des substances très
caustiques. Ce système nous a permis d'ailleurs d'entre-
prendre par la méthode hypodermique le traitement de
certaines maladies chroniques avec des résultats très
encourageants.
DE l'injection HYPODERMIQUE PROPREMENT DITE
De la médication. — Dans l'étude de Tinjeclion sous-
cutanée il faut examiner la méthode et la médication. La
méthode comprend l'ensemble des actes physiques et
physiologiques à l'aide desquels une substance est introduite
sous la peau et de là conduite dans le ventricule gauche.
La médication est l'application des propriétés physiolo-
giques et thérapeutiques d'une substance au traitement
d'une maladie déterminée, elle est issue d'une théorie
pathologique, utilise les méthodes thérapeutiaues qui
paraissent préférables sans être l'esclave de I une d'elles.
L'injection est affaire de technique chirurgicale ou'un
aide peut réaliser, la médication est sous la dépendance
exclusive du médecin.
Le mercure est antisyphilitique, quel que soit son mode de
pénétration dans l'économie. La créosote est antiseptique
des voies respiratoires, qu'elle soit absorbée par inhalation,
par injection sous-cutanée ou par la muqueuse gastro-intes-
tinale. Il en est de même pour les sels de quinine et
pour beaucoup d'autres substances. Néanmoins la médication
peut être plus efficace suivant que l'on donne la préférence
à une des méthodes précitées. L'injection ne donne pas de
nouvelles propriétés aux médicaments, mais elle a le
touvoir d'augmenter la puissance de certaines d'entre elles,
a morphine par hjpodermie n'est-elle pas plus analgé-
siante que par la voie gastrique? La créosote en injection
s'élimine avec profusion par les voies respiratoires de la
façon la plus évidente, une égale dose absorbée par
l'estomac s'élimine à l'état de diffusion extrême par cet
organe et passe inaperçue pour le goût et l'odorat. Dans le
premier cas, ce médicament exerce une action antiseptique
et cicatrisante énergique, apparente; dans le second cas,
elle passe inaperçue. Il en est de même pour tous les
balsamiques. Par cette méthode l'action névroslhénique des
sels de quinine sur les centres nerveux est triple de ce
qu'elle pourrait être s'ils passaient par le tube digestif. De
telle façon que si l'on veut obtenir rapidement l'antisepsie
pulmonaire, il faudra introduire l'antiseptique par la peau;
de même on injectera ainsi la quinine si un accès perni-
cieux est imminent, alors qu'on accordera la préférence à
l'injection intraveineuse si l'on désiie injecter une grande
quantité d'eau à un cholérique arrivé à la période
asphyxique.
Outillage pour les injections hypodermiques. — bans
notre système nous accordons une importance considérable!
à l'outillage. La seringue de Pravaz ne répond qu'exception-
nellement à nos besoins. Aussi nous l'avons remplacée le
plus souvent par une seringue en argent fin de 5 centi-
mètres cubes de capacité, dans laquelle le liquide se déplace
en tournant le piston dont la tige est munie d'un pas devis.
La seringue à piston tournant doit être préférée à toute
autre. Elle permet de faire pénétrer sous la peau par
portions infinitésimales et sans secousses 5 centimètres
cubes de liquide. Celle opération est insensible si l'opéra-
teur est adroit et patient.
Injecteur sous-cutané. — La seringue ne répondant qu'à
un nombre limité d'indications, nous avons dû faire
construire un injecteur spécial pour lequel le concours de
M. Collin a été des plus précieux.
Il suffit de jeter un coup d'œil sur le dessin qui en repré-
sente la coupe verticale pour se rendre compte tout de suite
de ses dispositions et de son fonctionnement.
L'ensemble peut être décomposé en trois portions: une
centrale, deux latérales. La première est constituée par un
flacon étroit et long, en cristal épais, jaugeant 120 centi-
mètres cubes environ dans lequel s'engagent deux tubes en
argent fin d'inégale longueur. Sa cavité intérieure présenle
P, Pompo foulnnle; A, ajusiagfo; TI, tube insufnateur; A', «jusUge; R, robinet dr
réserve; 1, tiibc lUÀlribiiarit h pression; S, tube plongeur (argent ou pUiioc;;
3, chambre à air comprimé; 4, liquide; 5, graduation ; 6, rondelle en raoutrhonr;
7, plaques où sont les tubes; 8. bouchon métallique vis^é; A", ajustage ;T T.
tube injecteur; I, index tnios)>arent; R', robinet de distribution; \, aiguille.
deux chambres virtuelles : une inférieure (n° 4), recevant
exactement 60 centimètres cubes de liquide. Une échelle,
divisée en centimètres cubes et gravée à l'extérieur, en pré-
cise les limites ;
L'autre, supérieure (n"" 3), dans laquelle on emmagasine
de l'air comprimé destiné à refouler les liquides que Ton
injectera (n** 4).
Le flacon est fixé par sa base à un disque métalliaue épais
qui lui assure la stabilité, son goulot est fermé nerméti-
Juement par un bouchon complexe qui mérite une
escription.
Si on examine la figure ci-jointe, on remarque les parli-
cularités suivantes : un disque en métal (voy. n" 7) de la
dimension du goulot et muni à sa base inférieure d'une
plaque de caoutchouc épais, de même dimension, est forte-
ment pressé sur l'orifice par une capsule métallique (n" 8),
qui se ihe par un pas de vis sur une bague métallique
entourant le goulot. De cette façon l'air ne peut s'échappor
par le bouchon.
Les tubes métalliques traversent le bouchon en se soudant
au disque obturateur (n° 7).
Le u° i se termine dans ta chambre à air et se continue
au dehors avec la portion latérale droite de l'appareil, qui
n'est autre chose qu'une pompe foulante munie d'un long
tube insuffiateur (Ti).
Le n'* 2 qui plonge jusqu'au fond du flacon s'ajustera an
dehors à l'aide d'un long tube en caoutchouc de 35 cenli-
i^ AvBfL 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 15 — 241
mètres avec un robinet spécial dit de distribution qui est
la pièce importante de la portion latérale gauche. Ce
robinet est long de 7 à 8 centimètres en moyenne. Le pivot
est placé à une extrémité du tube, de telle façon que Tautre
})ortion est très longue, celle-ci s'engage en entier dans le
bout périphérique du caoutchouc avec lequel se forme un
cylindre résistaut servant de point d*appui à l'opérateur.
L'antre extrémité s'ajuste avec les aiguilles, tandis que le
pivot central est muni à Textérieur d'une manette, permet-
tant de graduer à volonté l'ouverture du robinet.
Les tubes en caoutchouc sont revêtus d'une chemise de
soie destinée à les rendre inextensibles; grâce à ces détails,
il est facile de comprendre le fonctionnement de l'appareil.
Le flacon étant chargé, hermétiquement clos, les tubes
étant bien ajustés avec toutes les pièces, la pompe P pousse
de l'air dans la chambresupérieure(n^ 3), celui-ci comprime
le liquide médicamenteux qui sort par le tube plongeur et
irrive dans le robinet R', d'où il sortira au gré de l'opéra-
(earpour pénétrer sous la peau.
Léchelie gravée sur le récipient permet de mesurer
eiaclement les quantités de liquide expulsées. Il importe à
cet égard de remarquer qu'en raison de la capillarité et de
l'tpaisseur du cristal, la ligne de surface parait triple. Il
faut fixer les yeux sur la ligne du milieu qui est plus fon'^ée.
L'injection étant terminée, on doit démonter en entier
Tappareil et laver ou vider exactement le tube injecteur.
Let instrument nous a servi pour toutes les solutions aue
nous avons employées. L'huile a l'inconvénient de ramollir
le caoutchouc, il sera bon d'avoir des tubes de (rechange.
Avant de le mettre en œuvre^ il faudra aseptiser l'injecteur
par des lavages réitérés et antiseptiques.
Les aiguilles que nous employons sont longues et d'un
diamètre double de celui des aiguilles de morphine quand
on veut injecter des huiles. Elles doivent toujours être d'une
propreté absolue et bien affilées.
Cet appareil met au service du médecin une grande quan-
litéde liquide. Chargé d'air comprimé, il fonctionne seul ; à
IVide du robinet on peut régler l'injection et éviter la douleur.
Enlin^grâccà l'échelle du flacon, il est facile d'apprécier
les quantités deliquide injectées.
Symptômes locaux de Vinjection en général. — Nous
avons constitué notre système par l'étude de 1 action locale
des substances suivantes : iodoforme, iodol, eucalyptol,
antipvrine, chloroforme, élher, bisulfate de quinine, chlor-
hydi-ate neutre de quinine, acide phénique, créosote vraie.
Voici le dénombrement des injections faites jusqu'en
janvier 1889, avec ces ditférents agents, sur les animaux
d'abord, sur l'homme malade ensuite.
Nous signalerons les premières pour mémoire pour nous
appesantir surtout sur les injections thérapeutiques que
voici :
Injections dModofornx' 50
— d'iodol 25
d'eucalyptol 40
d'antipyrine 50
— de bisulfate de quinine 20
-— de chlorhydrate de quinine i03
— d'acide phénique 97
— de créosote vraie 150
Total 1787
Ce nombre paraîtra considérable tout d'abord, mais je
n*hésite pas à dire que pour constituer une médication
discutée pour chaque substance, il en faudrait le triple.
1 rois substances peuvent être considérées par nous comme
pouvant réaliser une médication, ce sont : la créosote, les
sels de quinine, l'acide phénique.
En groupant ensemble ces injections, on reconnaît sans
peine qu'elles présentent toutes au point de vue local des
phénomènes communs, exceptionnellementdes phénomènes
spéciaux ou accidentels.
Les phénomènes communs dépendent directement du
procédé, ce sont :
1" La douleur causée par la piqûre ;
2" La douleur causée par l'injection ;
3** La douleur causée par les liquides;
4" La douleur causée par les réactions nerveuses ;
5° Le soulèvement et la rétraction de la peau;
6* L'absorption.
Les phénomènes accidentels seront appréciés plus loin, il
importe de préciser les conditions banales de l'injection et
de les atténuer ou les faire tourner à l'avantage de notre
système.
Douleur causée par la piqûre, — Dans le traitement
des maladies chroniques il serait difficile d'appliquer cou-
ramment la méthode hypodermique si la piqûre devait être
douloureuse. On doit donc chercher à la rendre, sinon com-
plètement ou toujours nulle, tout au moins aussi peu
pénible que possible, et on y arrive très bien. L'injection
devant être considérée comme une petite opération, on fait
allonger le malade sur un lit de telle manière que la peau
soit très relâchée. Le lieu choisi, on prend celle-ci entre le
r^ouce et l'index de la main gauche et on la soulève. C'est à
a base de ce pli ainsi formé et bien tendu par l'auriculaire
droit que l'on enfonce vivement et profondément l'aiguille
aseptisée et bien affilée qui se logera ainsi dans un espace
vide. Quand on opère ainsi et que l'on est adroit, la piqûre
passe le plus souvent inaperçue. On peut toujours avec un
petit stypage insensibiliser le lieu d'élection.
Il .existe sur le corps des régions sur lesquelles la peau
se prête particulièrement à cette opération. Nous signalerons
le dos, ses parties latérales surtout, la région pectorale sus-
mammaire ou sus-mammelonaire, les flancs, l épigastre, les
hypochondres, les régions péri-ombilicale et fessière externe,
la face latérale et postérieure du bras, la face externe de la
cuisse. L'aine, le cou, la mamelle, doivent être respectés,
moins à cause de la douleur, qu'à cause de leur trop grande
vascularité et de la mobilité extrême de la peau. On a dit
S|ue h gouttière adipeuse, située entre le trochanter et la
esse, était insensible. Cela n'a que peu d'importance quand
il s'agit de faire un grand nombre d'injections.
(.4 suivre,)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des aelenccM.
InFUENCB des ANESTHÉSlQrES SUR LA. FORCE DBS MOUVEMENTS
RESPIRATOIRES, par MM. P. Langlois et Ch. Hichet. — c Des
recherches déjà anciennes (Hutchinson, Krahmer) ont montré
que l'homme et les animaux ne peuvent vaincre, par l'inspi-
ration ou Texpiration, la pression d'une colonne liquide offrant
une certaine résistance. Nous avons vérifié ce fait et constaté que,
d'une manière générale, on ne peut expirer ni inspirer à tra-
vers une colonne de mercure de 100 millimètres (1).
c 1. Nous avons institué Texpérience en faisant respirer un
chien trachéotomisé à travers une soupape de Muller, dont la
construction a été légèrement modifiée pour nous; dans chaque
branche de la soupape, il y a une colonne de mercure de hau-
teur variable. Dans ces conditions, un chien peut respirer quel-
ques instants quand la colonne est de 60 millimètres; mais c'est
là un chiffre extrême et Tanimal s'asphyxie rapidement. Pour
que la respiration continue et pour qu'elle s opère avec un
rythme régulier, sans asphyxie menaçante, il faut que la colonne
mercurielle n'ait pas une hauteur supérieure à !25 ou 35 milli-
mètres. Alors la respiration peut s'établir pendant plusieurs
heures. Elle est, il est vrai, très laborieuse; mais il n y a pas
danger d'asphyxie.
c II. Les choses ne se passent pas de même quand l'animal est
(l) Tous nos chiiTros sont exprimés en milliiiiôtr.'^s do mercure. H y a pour
l'homme des différences individuelles, notaliK'^, oscillant entre hO millimèlros
et 140 millimètres.
242
N« 15
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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soumis à l'aclion du chloroforme ou du chloral. Alors une pres-
sion très faible empêche la respiration : une pression faibîe (de
10 millimètres) asphyxie un chien qui est profondément chlo-
ralisé, alors que sur un chien normal elle gêne à peine les mou-
vements respiratoires.
€ Quelques expériences ont été faites avec le chloroforme et
la plupart avec le chloral. Mais les deux poisons, quand ils sont
donnés à forte dose, produisent exactement les mêmes effets. Si
nous avons de préférence employé le chloral, c'est qu'il se dose
et se manie, on moins chez le chien, avec une facilité plus
grande que le chloroforme. Donc, ce que nous disons du chloral
s'applique aussi au chloroforme, ainsi que nous Tavons direc-
tement constaté.
c L'expérience suivante, que nous avons répétée nombre de
fois, indique bien l'influence des anesthésiques sur la force
des mouvements respiratoires. Un chien, profondément chlora-
lisé, respire ^ Tair libre régulièrement et rythmiquement sans
la moindre menace d'asphyxie; si alors on le fait respirer à tra-
vers une colonne de iO millimètres, il ne franchit pas cet obstacle
et s'asphyxie. Quand les efforts spontanés de respiration ont
cessé, le cœur continuant à battre, ou enlève la pression et on
fait la respiration artificielle. Au bout d'une ou deux minutes,
la respiration spontanée revient. Alors on rétablit la pression de
10 millimètres et, de nouveau, le chien s'asphyxie. On peut ainsi
recommencer, avec le même résultat, deux ou trois fois de suite
la même expérience; mais, finalement, les effets du chloral se
dissipant, le chien peut, à un moment donné, franchir la colonne
de 10 millimètres, et il n'y a plus d'asphyxie possible avec celle
faible pression que si on lui redonne une nouvelle dose de
chloral.
c III. Ce n'est pas Teffort inspiratoire qui est paralysé par
l'action toxique, c'est l'effort expiratoire. En effet, môme profon-
dément anesthésiés, les animaux inspirent quand la pression à
l'inspiration est de 15 millimètres, ae'iO millimètres et parfois
de "Ih millimètres; tandis que, si la pression A l'expiration est
seulement de 10 millimètres, cela suffit pour amener l'asphyxie.
< L'explication est simple et conforme à ce que nous savons de
l'action des anesthésic^ues et du mécanisme respiratoire. Les
mouvements d'inspiration sont toujours actifs , tandis que l'ex*
piration à l'étal normal est purement passive, duo à l'élasticité
pulmonaire; elle a lieu mécaniquement quand l'effort inspira-
toire a pris fin, sans aucune action musculaire. L'expiration
n'est active que dans le cas d'une expiration volontaire ou d'une
expiration réflexe. Or les mouvements volontaires et les mou-
vements réflexes sont paralysés par les anesthésiques. Donc,
sur l'animal anesthésié, il ne peut y avoir d'expiration active;
il ne reste plus qu'une expiration passive due à l'élasticité pul-
monaire, laquelle n'est pas assez forte pour vaincre une colonne
mercurielle de 10 millimètres. Si l'inspiration persiste, c'est que,
tout en étant toujours un phénomène actif, elle n'est ni volon-
taire ni réflexe, mais automatique, due à l'incitation du bulbe,
qui est affaiblie, mais non abolie par le chloral.
((. Au point de vue chirurgical, cela entraîne une conséquence
immédiate; c'est qu'il faut, dans l'anesthésie chloroformique,
maintenir les voies respiratoires absolument libres; car le
plus léger obstacle k l'expiration, presque imperceptible pour
un indidu normal, deviendra infranchissable pour un individu
anesthésié. II nous a paru que les chirurgiens portaient surtout
leur attention sur l'inspiration, tandis qu'ils devraient, suivant
nous, porter surtout leur attention sur les obstacles à l'expi-
ralion, obstacles dont le principal est, comme on sait, fa base
de la langue au-dessus de l'oritice glottique(l). >
AMdémte die
SÉANCK DU 9 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le docteur Semmola (de Naples) so porto candidat au titre do correspondaot
étraiiffcr dans la division de médecine.
M. Brutut, vélërinairc, cnvoio un mémoire manuscrit xur la mixture aitriri'
génie et escttarrotique de YiUatte au point de vue de la médecine humaine.
(Commission : MM. Uarly, Traibot et PolaiUon,)
M. lo docti-ur Ba*in, médecin aide-major de 1'* classe à Sfax et M. le docteur
Carrière, mcMccin-ins|iecloitr dos enfants du premier âge à Saint-Andrë-de-Val-
(i) Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Paris.
borgne (Gard), adressent dos mémoires manuscrits sur les Vaccinations et U
revaccinatione qu'ilt ont pratiquéet en 18S8-1889.
M. le docteur Delmas, médecin-major de 1'* classe, cl M. le docttnir Fithi
(à Nevers) envoient d«*s mémoire* sur des ipidémiet de fièvre typhoUf.
M. Doularel, slngiairo aux eaux minérales, airoiso un incnioiro sur Daje et té
eaux thermalet,
M. lo docteur Van der Stok (do Rijswljk, Pays-Bas) envole un ouvm;;*-, <
liollaniais. sur lee mariagn contanguint.
M Dujardin-Beaumeti présente: i* une brorliure de M. le docteur JL^rdt/
(de Uambenilliors) sur le service de la vaccination dane le» Votges, ce qu'il ei
ce qu'il devrait être; î^ un mémoire imprimé de M. ledocteur DobifSTtevtki «ti
Vinfluence det eaux de Marienbad tur la nutrition et la circulation.
}A. Larrey dépose: i** au nom do M. le docteur Ifovand. un vohimr <iir I
magnétiime animal (liypnotismc et suggestion); i* de la part de M. le A^tciru
E. Berger, une brochure sur Icm troubles oculaires dms le labes dorsal.
M. Marty présente un mémoire do M. Balland, pharmac ion-major de ïa'iair
sur le développement du grain de blé.
M. Ouéniot ofTrc, au nom de M. Léon Lallfitiand, une brochure sur Vorganit,^
lion du travail dans les prisons cellulaires belges.
M. Vemeuil dépose une observation de prolapsus rectal et utérin, T^vuf-Ml
par M. le docteur Jeannel (de Toulouse).
M. Magiiat pn-sonte une Noto de M. Suffit sur les poêles à réserfùr i
combustile.
Décès de M. Chevreul. — M. le Président annonce Ir
décès de M. Chevreul oui appartenait à l'Académie depuis
1828 à titre d'associé libre ; il exprime les regrels que
cause la perte de cet illustre et vénéré savant.
NÉPHRORRAPiriE. — M. Comil Ht un rapport sur une
observation de M. le docteur Terrillon concernant un ca$
de néphrorraphie pratiquée avec succès dans la région lom-
baire gauche pour un rein flottant hypertrophié et tr6s dou-
loureux. Il signale comme particularités principales : Ma
réussite de l'opéralion, qui a montré que la fixation du rein
solidement attaché aux aponévroses profondes do la région
lombairt^ suffisait pour faire disparaître les douleurs vio-
lentes dont cet organe était le siège; 2" le fait intéres>anl,
et indiquant bien la nature de la lésion qui succède au
déplacement du rein, est la disparition progressive du vo-
lume excessif de Torgane. Il y a là une constatation bien
probante qui indique combien l'augmentation do volume
est sous la dépendance du changement dans la position
normale. Ces phénomènes de congestion sont probablement
dus au ralentissement ou à la difficulté de la circulation
veineuse du rein causés par les tiraillements, torsions et
coudures de la veine rénale dans les déplacemonis de
l'organe.
Antipyrine contre la glycosurie. — De deux observa-
tions de diabète lié à la cataracte, chez un homme de
trente-huit ans et une dame de soixante-treize ans, obser-
vations dans lesquelles l'anlipyrine fut administrée a\ec
une grande attention, M. Panas conclut que ce médica-
ment jouit d'une action antiglycogène, efficace et promple;
il réussit là où ni le régime ni les autres raédicanienU
préconisés jusqu'ici n'ont pu abaisser le taux du glycoso au-
dessous d'une quantité donnée ; mis pour être efiicace au
début la dose journalière de 3 grammes semble néces-
saire; celte action se fait sentir alors même qu'on con-
tinue à accorder aux malades une proportion modérée de
féculents.
A cette occasion, M. Germain Sée expose les résultais de
ses recherches physiologiques, thérapeutiques et chimiques
sur l'emploi de l'antipyrine dans le traitement du diabète.
S'appuyanl sur les dix-huit observations qu'il a recueillies,
il déclare que l'on obtient par ce médicament la f^uévisoti
souvent complète et définitive des diabétiques à glycosurie
de 80 à 100 grammes par litre; ainsi disparaissent non seule-
ment les quatre phénomènes cardinaux, c'esl-à-dire lascif,
la polyune, la glycosurie et l'azoturie, mais encore tous
autres accidents tels que les diabétides cutanées, lesdiabé-
lides furonculeuses, les névrites diabétiques. Les résultais
s'obtiennent même pendant une alimentation confortable,
composée de beaucoup de viandes, de graisse et d'une cer-
taine quantité de féculents. Par contre, les effets de celle
12 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM5 - 243
médicalion sont nuls chez des diabétiques primitivement
amaigris et fortement glycosuriques (au delà de 150 gram-
mes par litre); ils sont inutiles ou insignifiants sur les dia-
béloplithisqués.
M. Oujardin-Beaumetz^ rappelle qu'il y a un an il a
signalé à la Société de thérapeutique qu'à la dose de 2 à 3
grammes par jour d'antipyrine on obtient chez les diabé-
liques une diminution notable dans la quantité des urines
el dans celle du sucre rendu en vingt-quatre heures. Les
cas graves du diabète résistent, il est vrai à cette indication
rommo à tout autre ; il faut lui associer le traitement
hygii^nique et alimentaire dans le cas de diabète d'origine
nerveuse; mais c'est surtout dans les diabètes polyuriques
qa*elle réussit parfaitement, ainsi d'ailleurs que tous les
aiilres médicaments du groupe des antithermiques.
Depuis octobre 1887, M. Albert Robin traite par l'anli-
pvrine les diabétiques de son service à la maison de re-
traite des Ménages. Après avoir fait connaître quelaues-
ooes de ses observations, il exprime l'avis que ce iiiéaica-
menlagit énergiquement sur la glycosurie, mais ne guérit
pas le diabète, tout en exerçant une action suspensive des
plQS marquées sur les symptômes principaux de cette affec-
tion. La dose de 3 grammes constitue une dose moyenne
dans la plupart des cas et il y a lieu de la diminuer pour
peu que de l'albumine se montre dans les urines. Elle doit
être administrée à une certaine distance des repas par doses
d'un gramme à quatre heures d^intervalle, en 1 associant au
bicarbonate de soude dans la proportion de deux parties
d'anlipyrine pour une partie de ce sel. Il faut se garder
d'en faire un médicament d'habitude et d'en prolonger
l'emploi plus de huit à douze jours en moyenne. Enfin, on doit
Tadministrer au début du traitement d'un diabétique,
alors qu'il s'agit de modérer sûrement et dans un bref
délai une glycosurie ou une polyurie considérable ; elle
permet de suspendre le régime chez les diabétiques qui en
sont fatigués, et cela sans que le malade perde le bénéfice de
la contrainte qu'il a imposée à son estomac. Elle est indi-
quée quand le régime longtemps continué et bien toléré a
donné ses maximums d'effet utile, en ce sens que la glyco-
>urie et la polyurie sont arrivées à un point fixe au-dessous
duquel elles ne s'abaissent plus. Une habile combinaison
du régime et de Tantipyrine, associés dans une sorte de
médication alternante, parait être actuellement l'un des
meilleurs traitements du diabète. Ce traitement est con-
ire-indiqué lorsque, après son emploi, le sucre ne s'abaisse
pas rapidement on que la densité de l'urine tarde à s'élever,
)ien que la quantité diminue ; l'albuminurie ne constitue pas
une contre-indication absolue, mais explique seulement une
question de dose et de durée; enfin, quand bien même la
glycosurie serait favorablement influencée, il faut se garder
d'en continuer l'usage, si l'appétit diminue et qu'il se montre
en même temps de l'amaigrissement, des sensations de fai-
blesse, de la pâleur du visage, de l'oppression, etc.
M. Worms a signalé il y a dix ans, et il obtient depuis, les
mêmes effets par l'emploi du sulfate de quinine; l'anti-
pyrine et ses congénères ne lui ont pas donné de résultats
plus favorables.
. Poêles mobiles. — M. Laborde achève sa communica-
lion sur l'intoxication oxycarbonée par les poêles mobiles.
u après ses recherches au point de vue étiologique et patho-
logique, l'intoxication oxycarbonée peut résulter, et résulte
fréquemment, de poêles dits mobiles, avec ou sans tuyaux;
C6S appareils réalisent, tant par les matières qui les con-
stituent que par leur fonctionnement sujet à de nombreuses
défectuosités, notamment et surtout par leur propriété de
l^obilisaiion et de déplacement facultatifs, les conditions
tes plus favorables à cette intoxication et ses dangers. Il
I sûttH, dans l'atmosphère respîrée, de la présence et de
1)1
l'accumulation de l'oxyde de carbone dans des proportions
de 1/450* ou i centimètre cube par 450 centimètres cubes
en moyenne pour que cette atmosphère devienne dange-
reuse pour les personnes. La modification du taux de la
capacité respiratoire du sang ou de l'hémoglobine, sous
l'influence de l'oxyde de carbone, constitue le sijîne fonda-
mental de l'intoxication; mais les accidents mortels peuvent
se produire avant même que l'hémoglobine ait été saturée
d'oxyde de carbone, ainsi qu'en témoignent les recherches
expérimentales entreprises sur ce sujet.
Au point de vue thérapeutique et du traitement immé-
diat de Tintoxication, M. Laborde, en dehors des moyens
médicaux vulgaires, aération, flagellation, excitants de toute
sorte, déplacement du malade et son transfert rapide hors de
l'atmosphère toxique, recommande la transfusion du sang
comme le moyen vraiment rationnel, suggéré parla connais-
sance du mécanisme physiologique de 1 intoxication. Pour
être efficace, la transfusion doit être opérée alors que les
contractions du cœur, quelque ralenties et affaiblies qu'elles
soient, ne sont pas complètement suspendues et que les
respirations ne sont pas arrivées à être complètement néga-
tives et agoniques; soit lorsqu'on peut encore enregistrer
et compter quatre à cinq inspirations à la minute et au moins
autant de contractions cardia(^ues dans le même temps. La
déplétion sanguine et la respiration artificielle, employées
respectivement seules, ne peuvent réussir qu'à la condi-
tion d'intervenir à une période beaucoup moins avancée de
l'intoxication. La saignée, employée simultanément et com-
binée avec la transfusion, semble hâter sensiblement l'ac-
tion de celle-ci, mais elle ne paraît pas nécessaire pour
eu assurer les effets. La transfusion et la respiration arti-
ficielle associées constituent la méthode la plus puissante
et la plus efficace du traitement immédiat de l'intoxication
X ycarbonée. M. Laborde, enfin, ne croit pas qu'il soit
possible de proscrire purement et simplement les poêles
mobiles; mais il trouve qu'il y aurait lieu de faire étudier
par une commission de l'Académie, à laquelle seraient
adjoints des hommes de compétence notoire, les véri-
tables causes des défectuosités et des dangers inhérents aux
divers et nombreux systèmes de chauffage actuellement
usités.
Avec M. Féréol, il alleu de reconnaître les inconvénients
que peuvent présenter les poêles mobiles, si on n'en sur-
veille pas soigneusement tes usages j mais ils ont de grands
avantages économiques et il n'est ni sage ni raisonnable de
chercher à réglementer outre mesure en matière d'hygiène.
C'est aux particuliers qu'il appartient de prendre d'eux-
mêmes les précautions nécessaires. Aussi approuve-t-il les
propositions formulées parle Conseil d'hygiène de la Seine
et rapportées il y a huit jours par M. Léon Colin. Il voudrait
que l'Académie les fit suivre des conseils suivants, qu'il
demande à substituer aux conclusions proposées par
H. Lancereaux :
l"" Ne jamais placer de poêle mobile dans une pièce de
petite dimension, surtout si les fenêtres sont closes hermé-
tiquement et |;arnies d'épais rideaux ;
2° Ne jamais coucher dans une chambre immédiatement
contiguê à celle où se trouve un poêle niobile ; il faut mé-
nager toujours une chambre ou un corridor intermédiaire
dans lequel la ventilation soit bien assurée;
3*" Au moment d'installer un poêle mobile dans son ap-
partement, on devra en donner avis au propriétaire de l'im-
meuble ;
4" Quant au choix du poêle, on devra exclure tout appa-
reil qui n'offre pas une double enveloppe, celui qui porte
des ouvertures latérales qualifiées de bouches de chaleur,
celui dont le foyer est ouvert librement ou fermé par un
simple grillage ;
5" On vérifiera, toujours avec le plus grand soin, si le
244 — N* 15 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
12 AvniL 1880
couvercle est bien ajusté, si la fermeture est exacte, et no-
tamment sî la rainure où s'enfonce le couvercle ne contient
aucun morceau de coke ou de charbon ;
6* Pour combustible on se servira de houille maigre ou
d'anthracite, dont Todeur plus forte que celle du coke avertit
qu'il y a un mauvais fonctionnement de Tappareil ;
7" On devra s'assurer que le tuyau de dégagement est bien
entré dans la cheminée et on baissera le tablier jusqu'au
contact du tuyau de sortie; quand on introduit ce luyau
dans une cheminée où il n'y a pas eu de feu tout récem-
ment, il est indispensable de faire flamber dans celte che-
minée un feu de bois sec ou quelques vieux papiers, pour
établir le courant d'air ascendant ;
8" La plaque spéciale de fermeture de l'àtre est utile
pour accélérer le tirage ;
9" Conformément aux expériences de MM. Dujardin-
Reaumetz et A. Martin, le poêle doit être mis en grande
marche pendant la nuit, en petite marche pendant le jour,
à la condition que pendant le jour on agite le cendrier ;
10" La clef du poêle ne devra jamais diminuer le calibre
du tuyau de sortie de plus de la moitié ;
il** Il faut éviler le plus possible les déplacements du
poêle, et, quand on opère ce déplacement, il iiiut se con-
former rigoureusement aux préceptes ci-dessus, notamment
en ce qui concerne l'introduction du tuyau dans la che-
minée, et en ce qui concerne la flambée nécessaire pour
établir le courant d'air ascendant.
M. Lancereauxue croit pas qu'on puisse mettre trop faci-
lement en jeu la responsabilité du propriétaire, ainsi qu'en
témoigne Texemple d'un procès récent, dans lequel on avait
voulu rendre celui-ci responsable des fissures de la che-
minée par lesquelles les gaz avaient pénétré dans la pièce
où deux ouvriers étaient morts; le propriétaire a objecté
que lorsqu'il avait acheté la maison, elle était en parfait
état, et il ne pouvait en être rendu responsable.
Il est cependant tenu d'entretenir son immeuble en bon
état, objecte M. Féréol.
M. Lagneau estime, lui aussi, que si ces appareils sont
très économiques, ils sont parfois dangereux, même pour
les personnes habituées à s'en servir ; une femme qui avait
été chargée de les vendre, fut trouvée asphyxiée dans le
petit logement où le soir elle rentrait se coucher. De 1880
à 1887, durant huit années, à Paris on a enregistré 1695
décédés par asphyxie, 1040 hommes et 655 femmes; mais
plus des cinq sixièmes de ces décès ont été regardés comme
des suicides volontaires ; cette proportion d'hommes as-
phyxiés volontairement semble bien considérable.
— L'ordre du jour de la séance du 16 avril est fwé ainsi
qu'il suit: 1" Communication de M. Budin sur la patho-
génie de certains abcès du sein ; 2*" Suite de la discussion
sur les poêles mobiles (Inscrits : MM. Armand Gautier,
Verneuil et Lancereaux) ; 3° Lectures : par M. le docteur
Gombault sur le traitement des afl'ections dartreuses, et
par M. le docteur Fort, sur le traitement des rétrécisse-
ments de l'urèthre par 1 électrolyse linéaire.
Société de chirurgie.
SÉANCE DU 3 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE DE
H. LE DENTU.
Déviations utérines : MM. Championniôre, Terrier, TerriUon. Trëlat.
— Kystes hydatlques du foie et de la rate : M. Leprèvost (M. Se-
gond, rapporteur. Discussion : MM. TerriUon. Terrier, Champion-
nière). — Suture de l'urèthre : M. Kirmisson.
M. Chawpionnière pense qu'il ne faut rien faire aux
rétrodéviations indolentes. Lorsque la douleur intervient,
elle peut être de cause exclusivement mécanique, et le
redressement alors est indiqué; mais souvent elle a pou
cause des lésions des annexes, et le redressement n'y peu
rien. Les pessaires sont toujours inutiles, sinon dangereux
M. Terrier n'a jamais fait l'opération d'Alexander
Lorsque la rélrodévialion cause de la douleur, il y a sou
vent de la mélrile, et l'on a de bons résultats par ladilala
tion et le curage de la cavité utérine. Et cetle mélrile es
la chose importante, car c'est d'elle que dépendent, p.n
infection ascendanle, les salpingo-ovarites, les adhérencf!
périlonéales. — C'est pour cela, el non à cause du simplt
déplacement, que les rétrodéviations se compliquent plii:
ou moins tôt d'adhérences, de pelvipérilonite tantôt simpli-
ment adhésive, tantôt beaucoup plus sérieuse. Une fois le?
adhérences établies, le raccourcissement des liganu'nts
ronds est absolument inefficace : la seule intervention
rationnelle est, après laparotomie, l'ablation des annexes
cl l'hystéropexie. Pour les rétrodéviations non «adhérentes,
le raccourcissement des ligaments ronds donnerait peut-
être des résultats; mais les malades qui souffrent en de
semblables circonstances sont à l'ordinaire des névropat/ies,
et l'on peut se demander s'il ne faut pas tenir compte de
l'induence morale de l'opération. Ainsi, une malade à la<|uelle
M. Terrier a fait Thystéropexie, après castration, a vu repa-
raître ses douleurs atroces lorsque furent revenues sp<
n*gles, qu'elle s'attendait à ne plus avoir. Le trailemenl
médical ayant échoué, M. Terrier proposa à la malade
l'hyslérectomie vaginale, et, sous le chloroforme, lui pl.in
sur le col utérin trois pinces à pression : depuis la inalad*
est persuadée qu'elle n'a plus d'utérus, el elle no souffiv
plus.
M. TerriUon a pratiqué cinq fois l'opération d'Alqui-
pour des cas simples, sans mélrile ni adhérences. Il a m
trois succès et deux récidives. Donc, il ne faut pas m
médire pour les déviations simples.
M. Trëlat désire constater qu'il a été le premier à recon-
naitre que les résultais sont défectueux quand il s'agit dr
déviations adhérentes. Mais il diffèie d avis avec M. Teniti
sur les déviations mobiles et indolentes : il faut redresser.
car, par le processus indiqué par M. Terrier, les adhérence^
sont a peu près fatales, il faut donc intervenir avant l'étii'
blissement des adhérences; le raccourcissement des lig>
menls ronds est alors une bonne opération, et l'on y joint
le traitement de la métrite. Plus tard, on devrait s'adresser
à l'hystéropexie avec ou sans castration, opération beaucou;)
plus sérieuse. MM. Trélat et Terrier ne diffèrent donc pas
d'îivis sur la valeur des opérations exécutées, mais sur le
moment où il faut intervenir chez une femme atteinte de
déviation.
M. Teirier insiste sur les idées qu'il a émises, et ajoute
que, d'ailleurs, à son sens, les rétrodéviations sont encore
insuflisamment connues. Il pense, sans pouvoir être tout à
fait affirmatif, que les rétroflexions sont plus graves qi»'
les rétroversions.
— M. Second lit un rapport sur deux observations d-^
M. Leprèvost (du Havre), concernant deux kystes InjiUi'
tiques^ Tun du foie, l'autre de la rate. Le kyste hydaiique
de la rate a été observé sur une femme de vingt-six ans; le
diagnostic a été confirmé par une ponction à la seringue do
Pravaz. Douze jours après, une ponction aspiratrice nap"
trouver de liquide, mais elle a causé quelques accidenls
inflammatoires. Ces accidents une fois passés, la tumeur
avait disparu, et, deux mois après, la guérison s'était main-
tenue. M. Leprèvost attribue cette cure à la ponction avec
la seringue de Pravaz, et en rapproche les observalions
analogues citées par Draine pour les kystes hydaliques du
foie. M. Segond tend à invoquer plutôt I inflammation qui a
suivi la première ponction, inflammation qui, disent Casa-
nova et Poulet, est plus fréquente après la ponction des
M Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 15 — 245
kysips de la raie qu'après celle dos kysles du foie (proposi-
lion dont doule M. Terrier). Le vrai trailemenl est l'incision
large, comme pour le foie, et c'est à elle qu'a eu recours
N. Leprévost pour un kysle suppuré du foie. La poche
lùvaut pas contracté d'adhérences, M. Leprévost a essayé
lie la suturer à la paroi avant de l'ouvrir; mais, vu la trans-
mission des mouvements respiratoires, il a échoué et il a
réussi par la pratique usuelle : suture après que la poche
a été rendue flasque par une ponction évacuatrice. La
malade est guérie, mais conserve une petite iistule. La
fréquence des fistules après ces opérations mérite, d ailleurs,
des études nouvelles. Cette observation de M. Leprévost ne
saurait soulever de discussion : l'ouverture large n'est pas
contestée lorsque le kyste est suppuré. Mais, pour les kysles
iiuo suppures, certains auteurs, les médecins surtout,
semblent préconiser des opérations dites bénignes : éva-
cuation totale et lavage antiseptique; injection d'une sub-
siance toxique pour tuer les hvdatides du kyste non vidé.
Or M. Segond déclare que, malgré leur apparente simpli-
cilè, ces opérations médicales lui font peur; que, d'autre
part, ell^s ne s'appliquent pas indifféremment à tous les
as. Ainsi la première méthode ne saurait convenir aux
poches qui, bourrées de vésicules, ne contiennent que peu
de liquide; mais on peut alors essayer la 'seconde. En
somme, on a le droit de tenter les interventions simples,
imiis non point de s'y acharner. Et l'on doit ajouter que,
parfois, les guérisons durent moins qu'on ne le croit; ainsi
lu malade dont M. Segond a communiqué l'observation au
(M'^vés de chirurgie, est portée dans les observations d'un
chirurgien comme un succès de la ponction simple. — Lors-
<|uonse décide à l'ouverture large, on doit, comme l'a fait
M. Leprévost, opérer en un seul temps et non en deux,
inaljjré un plaidoyer récent de M. Heydenreich en faveur
de la méthode de Volkmann. Mais, dans l'observation de
M. Heydenreich, il a fallu trois séances, toutes trois avec
chloroforme, car à la deuxième il a été constaté que les
adhérences n'étaient pas encore établies.
M. Terrillon appuie ces propositions à l'aide de ses
observations personnelles, qu'il divise en trois catégories.
Trois fois, le kyste a guéri après la ponction évacuatrice
simple; deux fois après l'évacuation suivie de lavage à la
liqueur de Van Swieten. Mais ces méthodes échouent quand
il y a beaucoup de vésicules filles et dans un cas de ce
genre M. Terrillon a dû en venir à l'incision large.
M. Terrier est du même avis, mais pense qu'il est bien
difficile de diagnostiquer ces variétés; de savoir, d'autre
I>arl, s'il n'y a pas des kystes multiples. C'est déjà malaisé
à reconnaître après incision large du ventre. Quant aux
opérations dites médicales, elles nécessitent, pour être
innocentes, des précautions antiseptiques d'une minutie
ex(réme,
M. Cliampionuière insiste sur les différences qui existent
fiilre les divers kystes hydatiques du foie, el s'étonne qu'on
^onge parfois à préconiser une méthode toujours la même.
Qn'ya-uil dans le kyste? Qu'y a-t-il autour de lui? Souvent
on n'en sait rien, el c'est pourquoi il est bon d'aller y voir
i>uiant qu'on le peut, sans se dissimuler d'ailleurs que la
'î'parolomie ne permet pas de tout reconnaître. Peut-être
«itJ(lil-on trop de la métnode de Volkmann, qui, d'abord, a
(^'lé un grand progrès il y a huit à dix ans; qui aujourd hui
<?st encore utile pour les kysles inclus dans le foie, car la
^^ulure est alors bien pénible. M. Heydenreich n'a pas
obtenu d'adhérences parce qu'il a tamponné la plaie à
l'iodoforme. Il faut user, en pareil cas, d'une substance
irnlanle^du chlorure de zinc surtout. En somme, M, Cham-
pionnière est partisan de l'incision large el croit que l'on a
Çxagéré les bienfaits de la ponction simple : on a bien dit,
" y a quelques années, que les kystes du para-ovarium
guérissaient ordinairement par la ponction; aujourd'hui, à
peu près tous les chirurgiens sont d'avis de les enlever.
— M. Kirmisson lit un travail sur la suture primitive
et secondaire de Vurèthre et du périnée après les ruptures
de l'urèthre, les uréthrotomies externes. Cette pratique,
déjà employée par MM. Terrier, Championnière, Le Dentu,
donne de bons résultats. Il a eu à se louer de la suture pri-
mitive, en étages, après une uréthrolomie externe pour
extraction de calculs derrière un rétrécissement qui fut en
même temps soumis à l'uréthrotomie interne. Il a eu un
succès par la suture secondaire, douze jours après une uré-
throtomie externe, dans un périnée fistuleux et induré;
dans un autre cas du même genre, il a échoué sur un ma-
lade atteint de pyélonéphrite double.
A. Broc A.
S«»eléié de blolo|;le.
SÉANCE DU 30 MARS 1889. — PRÉSIDENCE DE M. DCCLAUX,
VICE-PRÉSIDENT.
Sur l'inoculation du charbon symptoma tique au lapin : M. Roger.
- Structure de Vos normal : M. Zaohariades. — Lôsions hépa-
tiques dans rèolampsie : M. Pilliet. — Influence des inhalations
d'oxygène sur le rythme respiratoire chez les diphthèritiques :
M. Langlois. — Toxicité du cyanure d'èthyle : M. Lapicque. - -
Des relations entre la fonction glycogënique et la fonction biliaire :
MM. Art hua et Dastre. — Sur la pression exercée par les graines
qui se gonnent: M. Regnard. — De la surcharge graisseuse du
cœur chez les animaux engraissés : M. Regnard.
M. Roger a poursuivi ses recherches relativement aux
conditions dans lesquelles le charbon symptomatique peut
être inoculé au lapin ; il a constaté que Tinjection simul-
tanée d'une culture de charbon avec quelques gouttes d'une
culture de staphytococcus aureus ou de proteus vulgaris
détermine rapidement la mort de Tanimal; révolution de
la maladie et les lésions sont celles mêmes du charbon.
D'autre part, on arrive aussi à tuer un lapin en injectant
dans le muscle un mélange de culture de charbon et de tri-
méthylamine. Ainsi un microbe peut se développer chez un
animal qui y est naturellement réfractaire, quand on fait
subir aux tissus dans lesquels on Tintroduit une altération
chimique.
— M. Zachariadcs, en étudiant comparativement des
coupes d'os frais et d'os sec, a été amené à constater que
la grande majorité des canalicules osseux contiennent, à
i'élat frais, des prolongements que Ton isole aisément par
la potasse et qui se colorent par le bleu de quinoléine.
— M. Laborde présente une note de M. Pilliet sur les
lésions hépatiques dans Téclampsie, qu'il y ait ou non ictère.
Les lésions débutent par les espaces portes et sont constituées
d'abord par une extravasation sanguine autour des espaces,
puis par une destruction du parenchyme de l'organe,
— M. Laborde dépose une note de M. Langlois sur les
variations du rylhme respiratoire chez les diphthèritiques
sous l'influence des inhalations d'oxygène. Le fait essentiel
constaté par M. Langlois consiste en une légère accéléra-
tion du rythme respiratoire dès le début et tout le temps
des inhalations.
— M. Lapicque a constaté, contrairement à une opinion
qui a été soutenue, que le cyanure d'èthyle pur est toxique.
La dose mortelle, pour le lapin, est de 5 centigrammes par
kilogramme d'animal; mais les accidents ne se produisent
qu'avec une grande lenteur. Les caractères de l'empoison-
nement sont ceux de l'empoisonnement par les cyanures en
général.
— M. Dastre a vu, avec M. Àrthus, au moyen d'une
méthode nouvelle qui consiste à déterminer un ictère par-
246 - N» 18 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
12 Avril 1889
l
tiel, et qui permet par suite de comparer une portion du
foie ictérique à une portion saine chez le même animal,
''u'il y a constamment dans le foie ictérique un abaissement
u pouvoir glycogénique.
— H. Rêgnard^ à propos des expériences récemment
présentées à la Société par M. Gréhant, rapporte une expé-
rience qu'il a faite et qui montre que des graines, se gon-
flant d'eau dans une enceinte fermée, amènent une diminu-
tion de volume du mélange total; il n'y a donc pas, en
réalité, de pression exercée par ces graines.
— M. Reynard a trouvé une surcharge graisseuse du
cœur considérable chez les animaux engraissés hâtivement.
SÉANCE DU G AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Sur le pouvoir toxique de l'urine dans la pneumonie : MM. Gaume
et Roger. — Présentation d'ouvrage : M. Dastre. — Du lavage du
sang dans les maladies infeotieuses : MM. Dastre et Loye.^De la
présence de psorospermles dans les tumeurs èpithéliales : M. Al*
barran. — Appareil pour mesurer le gonflement des graines :
M. Bonnier. ^ Sur la cause du sommeil hibernal : M. Dubois. >—
XUfets de l'excitation du pneumogastrique sur le diamètre des
bronches : M. Ghauveau.
M. Roger a constaté avec H. Gaum^ que pendant le cours
de la pneumonie la toxicité des urines est moins grande
que chez des sujets normaux ; cette toxicité diminue au fur
et à mesure que la maladie progresse; mais vingt-quatre ou
quarante-huit heures avant le jour ae la crise, elle aug-
mente brusquement et dépasse presque toujours la toxicité
normale. Cependant ce n'est pas cette soudaine exagération
du pouvoir toxique des urines (|ui peut expliquer la guéri-
son, car elle n'a pas toujours lieu avant la crise.
M. Roger a en outre entrepris, avec M. Gaume, quelques
essais pour déterminer à quelles substances est due cette
toxicité.
— M. Vnstre ^résenie un volume contenant quelques-uns
des travaux faits pendant Tannée 1888 au laboratoire de
physiologie de la Sorbonne.
— M. Dastre a recherché avec M. Loye quelle iniluence
peut exercer, dans les maladies infectieuses, le lavage du
sang, pratiqué conformément aux règles qu'il a posées dans
un travail publié l'année dernière dans les Archives de
physiologie^ ce lavage n'entraînant que les substances nui-
sibles et étrangères, et non les substances constitutives du
sang. Après avoir inoculé à des lapins des cultures de char-
bon, ou de morve, ou de bacille pyocyanique, ou de la
diphthérie, les auteurs ont soumis un certain nombre de
ces animaux, les autres restant comme témoins, au lavage
méthodique. Cette opération a eu constamment pour résul-
tat de déterminer la mort un peu plus rapidement. Il se
f»eut, en eiïet, que le lavage répande dans tout lorganisme
es matières toxiques sécrétées par les microbes qui, chez
les animaux témoins, ne passent que peu à peu et moins
vite dans le torrent circulatoire.
— M. Albarran rapporte plusieurs cas.de tumeurs èpi-
théliales, en narllculier un cas de tumeur du maxillaire
inférieur étudiée avec M. Malassez, dans lesquelles la pré-
sence de psorospermies a été nettement constatée.
— M. Bonnier décrit l'appareil qui lui sert à démontrer
le gonflement des graines dans l'eau, appareil analogue à
celui que M. Regnard a présenté à la dernière séance.
Avec cet nppareil on constate que pour beaucoup de graines,
fèves, orge, maïs, etc., le mélange se contracte d'abord,
puis survient une phase de dilatation.
— - M. Duclau,r présente une note de M. B. Dubois sur
Us causes du ;sbnimeil hibernal. M. DuBiiis s'attache à '
montrer ^ue ce sommeil ne tient pas à une accumulatio
de produits toxiques.
— M. ChauveaUy à propos de la communication récent
de M. François-Franck sur les effets respiratoires de l'ex
citation du nerf vague, rappelle des expériences qu'il
faites il y a déjà plusieurs années et qui montrent bie
l'insuffisance des procédés manométriques pour constate
l'action du pneumogastrique sur les muscles de Reissesseii
Le procédé employé par M. François-Franck et don
H. Chauveau s'était servi dans les expériences qifil rapporte
est bien préférable : on apprécie simplement la durè(
d'ampliation du thorax d'après la courbe fournie par ui
tracé pneumographique. Par exemple, sur un chien dont oi
a coupé la moelle et sur lequel on établit la respiratiot
artificielle, on constate que la section des deux pneumo^
gastriques ne modifie pas le tracé; mais, si on excite h
bout inférieur d'un de ces nerfs, on voit la ligne d'insulra-
tion diminuer beaucoup d'amplitude. Ce qui s'explique
aisément en raison de la diminution du volume total du
poumon résultant de la contraction des fibres de Reis>f>
sen; mais cette modification ne persiste pas longtemps.
BEVUE DES JOURNAUX
C«atrtMill«a à Pelade du Mlf^nal, par M. ScHëNëY. — lu
malade atteint d'angine de poitrine prit 2 grammes de sulfonal.
Non seulement il n obtint pas de sommeil, mais il y eut uur
notable aggravation de son éiat. I/auleur recommaiule de
s abstenir de ce médicament dans Fangine de poitrine, et dans
Tartério-sclérose en général. (Therap, Monatshefte, n* 7, WK'
Ha IralCemeal de» kélol4c0 |Mir Im r«0orcfliie, pur
M. ANDEEn. — Il s'agit d'une femme qui portait sur le doMln
pied une vaste cicatrice, irrêguliiTe, en demi-relief, et tr(>
douloureuse au point qu elle ne pouvait se cliausser, ni se livrer
à ses occupations habituelles. Après avoir épuisé un grand
nombre de traitements, elle lit usage d'uue pommade à la rê^ur-
cine, contenant 1 pour 100 de médicament. Les douleurs dis|'.
rurent au bout de quelques jours et le pied recouvra s'^
fonctions. Le professeur Nussbaum (de Munich) rccomniaudc
également remploi de la résorcine dans le traitement de<
kéloïdes. (Cenimlblati fiir die medicinischen Wisscnschaflen,
20 octobre 1888.)
BIBLIOGRAPHIE
Trallé éem maladtes de» paya ahaada, résion prëiro*
tropicale, par MM. Kblsgh et KiENER. 1 vol. de 900pai!e^
avec 6 planches en cbromolithographie et 30 figures ()aii>
le texte. Paris, 1889, J.-B. Baillière et fils.
Les auteurs de ce très intéressant ouvrage, dont la corn
pétence en pareille matière est depuis longtemps établie
par les études anatomiques et cliniques auxquelles ils ont
pu se livrer pendant leur séjour prolongé en Algérie^ oh(|
cru devoir se limiter à la description des trois maladies
communes à tous les pays chauds : la dysenterie, riiépj
tite et la malaria. Ils considèrent, d'ailleurs, que lesiu-
fiuences climalériques et hygiéniques sont impuissni)les,i
par elles-mêmes, à produire ces affections qu'il convient
d'envisager comme des « maladies ubiquilaires qui acquiè-
rent seulement dans les pays chauds une fréquence et une,
intensité particulières ». Elles sont toujours idenliqu<?sà
elles-mêmes, quelle que soit la diversité de leur allure et|
6 résentent constamment un caractère manifeste de spéc'-
cité. i
On peut regretter, d'ailleurs, que Tétude bactériolugMl"<J
relative aux miirru-crganisnies pathogènes n'ait pas Irou'Oi
14 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 15
247
place dans l'œuvre de MM. Kelsch el Kiener ; il eûl élé in-
téressant, à plus d'uD titre, de connaître les résultats de
recherches faites dans les conditions particulièrement favo-
rables où ils se trouvaient placés; et, même négatifs, ces
résultais auraient apporté une importante contribution à
des questions encore litigieuses. Les considérations d'hy-
j;iène et de prophylaxie y eussent à coup sûr gagné en
précision.
iNous ne saurions avoir la prétention d'analyser ici ce
volumineux ouvrage si rempli de faits, si riche en docu-
ments anatomiques et cliniques, dont quelques-uns, du
reste, ont été déjà Tobjet de publications antérieures de la
part des auteurs ; nous ne ferons que signaler les points qui
nous ont semblé particulièrement intéressants.
D'une façon générale, la dysenterie et la malaria sont
envisagéescomme« maladies populaires ]», entités morbides,
uiodKiées dans leurs allures suivant la latitude, et recon-
naissant deux ordres de facteurs étiolo^iques constants :
Qu|rerme pathogène dont l'existence est indéniable si elle
nest pas objectivement démontrée, el un ensemble de
causes secondes dont le mode d'action et l'importance
Diéritent d'attirer l'attention des observateurs. Ainsi, le
développement et la propagation de la maladie relèvent de
la contagion ou de l'infection ; la permanence et la gravité
des endémies, la prolongation et la léthalité des épidémies
dépendent, les unes des influences thermiques, les autres
de la famine.
A Tétude de la dysenterie se rattache celle dns abcès du
fuie : et cela d'autant plus directement que, pour les au-
teurs, il ne s'agit pas d'abcès métastiques ou d'embolies
sepliques dans le réseau porte, mais qu'ils considèrent la
dysenterie comme la cause spécifique de l'abcès du foie :
c'est en un mot une véritable dysenterie hépatique, pou-
vant dans quelques cas, rares il est vrai, précéder la dysen-
terie intestinale. Cette manière de voir est appuyée sur
l'anatomie pathologique qui montre la plus grande simili-
tude entre le processus au niveau du foie et au niveau de la
muqueuse intestinale: les différences de détail trouvent
une explication suffisante dans la différence de structure
des tissus. Dans le foie, comme dans l'intestin, <c un proces-
iius de nécrose s'allie à l'élément inflammatoire, et la gan-
grène secondaire trouve dans l'abcès ouvert et dans l'ulcère
intestinal un terrain également bien préparé >. Cet abcès,
du reste, offre comme caractère différentiel, ainsi aue le
montre l'analyse histologique, de n'avoir cour point de dé-
part ni les vaisseaux, ni les conduits biliaires, mais d'inlé-
l'esser à la fois, dès le début, les acini et les espaces con-
jonctifs.
Dans un intéressant chapitre, consacré à la pyréto-
iogie des pays chauds, les auteurs passent successivement
en revue les" fièvres infectieuses mal caractérisées que l'on
a \oulu ranger, à tort, sous le nom de fièvres climalériques.
<^e sont «les pâles représentants de Tune ou l'autre des
trois grandes pyrexies » qui régnent en toute région sous
les tropiques; aussi peut-on reconnaître, par une élude
attentive, que le facteur climatérique n'a, dans leur élio-
'ogie, qu'une valeur tout à fait secondaire, et voit-on leur
nature s'accuser nettement si on les étudie dans leurs rap-
ports avec l'endémie régnante € dont elles copient la phy-
sionomie, à laquelle elles se rattachent par des formes de
transition, et dont elles suivent en général l'évolution épi-
déniique b.
Eulin, à côté de ces fièvres, vient se ranger la typhoma-
larienne, l'un des types des fièvres proportionnées de Torti,
^l qui est constituée par l'association, l'enchrvélrement
du processus typholdique et du processus palustre. Nous
sommes peu habitué*!, en France, à l'étude de ces intéres-
sants hybrides dont MM. Kelsch et Kiener mettent très
nettement en relief les allures spéciales : association des
\vraptômes particuliers à chacun aeii éléments compôsaiil^,
et effacement ou aggravation réciproque de leurs manifes-
tations propres, anatomiques et cl iniques. Ce sont des pages
à lire et à méditer ; une brève analyse ne saurait rendre
compte des nombreux aperçus de pathologie générale
qu'elles renferment.
L'ouvrage de MM. Kelsch et Kiener se termine par une
importante monographie de la malaria; c'est un sujet qui
leur est familier et auquel ils ont déjà consacré plusieurs
publications de détail, qui sont trop connues pour que nous
ayons à les rappeler. Ils adoptent la classification de l'in-
toxication palustre en : 1° intoxication aiguë, comprenant
les formes solitaires et comitées; les premières représen-
tées par les fièvres simples, les fièvres bilieuse et gastrique,
et les fièvres solitaires graves, typhoïde etadynamique; les
secondes représentées par les comitées cérébrales, les co-
mitées algides, et la fièvre bilieuse bémoglobinurique;
i'* intoxication chronique, qui comprend les hypérémics
phlegmasiques, la cachexie hydroémique et gangrène, et la
cachexie paludéenne chronique.
Cette dernière forme du paludisme chronique mérite sur-
tout de nous arrêter, par suite des considérations impor-
tantes dont elle a élé l'occasion pour les auteurs relative-
ment à la formation et à l'évolution du pigment au cours
de l'intoxication palustre. On constate, en effet, deux variétés
de pigment, l'un spécifique et encore inconnu dans sa com-
Kosition chimique, le pigment noir ou mélanémique; l'autre
anal, résultant de toute destruction globulaire quelle
(|u'en soit la cause, et renfermant du fer plus ou moins
intimement combiné, le pigment ocre. Ce dernier prédo-
mine et s'accumule dans les éléments cellulaires à mesure
que l'intoxication, plus ancienne, marche vers la cachexie,
à laquelle les auteurs donnent le nom de siderosis pour
rappeler la surcharge ferrugineuse des organes. Le pigment
mélanémique est, au contraire, propre à la malaria dans
ses formes aiguës; c'est un dérivé de l'hémoglobine, carac-
téristique de la destruction globulaire due à l'intoxication
[»alustre. Il ne siège pas, d'ailleurs, dans les éléments cel*
ulaires, mais seulement dans les vaisseaux sanguins et
lymphatiques, charrié par de grandes cellules mélanifères
ou, en moindre proportion, par des leucocytes formant
tbrombus dans les réseaux capillaires. Peut-être ce pigment
sprcifique est-il le résultat de l'action particulière sur les
globules sanguins d'un parasite propre à la malaria : des
recherches ultérieures pourront seules élucider ce point
délicat.
Si l'on ajoute à cette œuvre, déjà considérable, les cha-
pitres qui traitent des lésions inflammatoires viscérales,
pneumonie, hépatites et néphrites palustres, ainsi qu'une
judicieuse étude d'étiologie et de thérapeutique* générale,
on comprendra quelle abondance de documents, quelle
somme de travail, de recherches et d'études persévérantes
représente ce livre, dont nous regrettons de n'avoir pu
donner qu'une idée bien faible et bien incomplète.
André Petit.
VARIÉTÉS
Nécrologie : M. Chevreul.
L'Académie des Sciences, le Muséum d'histoire natu-
relle, les représentants de la Société d'agriculture, de la
manufacture des Gobelins, etc., etc. ; les chimistes les plus
éminents qui ont si souvent affirmé que les travaux de
M. Chevreul leur servaient de modèle; les industriels qui
comptent par centaines de millions les bénéfices dus à ses
découvertes, tous les hommes de science et d'étude qui ont
entouré de leur vénération le doyen des étudiants français,
sauront rendre a sa mémoire un légitime hommage d'ad-
248 — N» 15
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDEGINEET DE CHIRURGIE
12 Avril 1859
miralion et de respect. L'Académie de médecine voudra
aussi prendre sa part du deuil de la science française.
H. Chevreul lui appartenait depuis 1823. Il avait été élu
membre libre, au scrutin de liste, en même temps que
Thénard, Arago, Brongniart, de Blanville, etc.; et s'il n'as-
sistait plus à ses séances depuis de longues années, il n Sa-
vait pu se désintéresser complètement des études afférentes
H la médecine.
Sans doute les recherches chimiques sur les corps gras
d origine animale, sur les teintures, sur la loi du con-
traste simultané des couleurs, etc., etc., n'ont guère d'im-
fiortance qu'au point de vue scientifique et industriel. Mais
es études philosophiques de l'illustre savant, ses Lettres à
M. Villemain sur la méthode en général; ses articles du
Dictionnaire des sciences naturelles ; son Histoire des
connaissances chimiques nous touchent d'assez près. Le
Journal des Savants a publié d'ailleurs des travaux qui
intéressent plus particulièrement le médecin. 11 nous suf-
fira de citer les Considérations sur Vhistoire de la partie
de la médecine qui concerne la prescription des remèdes,
pour rappeler que M. Chevreul ne dédaignait pas de traiter
quelques-unes des questions qui nous préoccupent le plus.
Il méritait donc bien VHommage à Chevreul, qu'à l'occa-
sion de son centenaire lui adressaient quelques-uns des
nôtres, et c'est ajuste titre que l'Académie de médecine
s'honorait de le compter parmi ses membres les plus
illustres.
— Nous apprenons aussi la mort de M. le docteur Bricon, di-
recteur du musée de Bicétre, qui fut, pendant plusieurs années,
le secrétaire de la rédaction du Progrès médical el l'un des
collaboruleurs les plus actifs et les plus zélés de M. le docteur
Boiirneville; de MM. les docteurs G. André (de Marseille); Ité-
bufal (de Toulon); Chaffard (d'Auriol); Gaillard (de Hessèges),
et de M. Nalivelle, le pharmacien distingué qui découvrilla digi-
taline cristallisée.
Association gênéuai.e de r'nÉvoYANCE et de secours mutuels
DKS MÉDECINS DE FRANCE. — La vingt-neuvièmc assemblée géné-
rale aura lieu les 12 et 13 mai prochain dans le grand amphi-
théâtre de l'Assistance publique (avenue Victoria).
Ordre du jour de la séance du là mai 1889; la séance est
ouverte à deux heures:
1" Alloculion du président; i** exposé de la situation financière
de l'Association générale, par M. Brun, trésorier; 3* rapport sur
cet exposé et sur la gestion financière du trésorier, par
M. Boulin, membre du Conseil général; 4^ compte rendu général
sur la situation et les actes de l'Association générale, pendant
Patinée 1888, par Bl. A. Riant, secrétaire général; 5<^ première
[Kirlie du rapport de M. Passant sur les pensions viagères à
iu-coider en 1889.
A sept heures précises, le banquet (hôtel Continental).
Ordre du jour de la séance du lundi 13 mai 1889; la séance
sera ouverte à deux heures :
Première partie, — 1° Vole du procès- verbal de la dernière
assemblée générale : 2° approbation aes comptes du trésorier par
l'assemblée générale ; 3" deuxième partie du rapport de
iM. l'assaut sur les pensions viagères à accorder en 1889. Discus-
sion el vole des propositions ; 4" élection de la Commission
chargée d'examiner et déclasser les demandes de pensions via-
jjiTes en 1890; ,V élection d'un membre du Conseil de l'Associa-
lion, en remolacement de M. Leroy de Méricourt, démissionnaire;
()' renouvellement partiel du (Jonseil général. Membres du
Conseil à renouveler : MM. Lannclonguc, Passant, Hérard, de
Itanse, Bancel, Dufay, arrivés au terme de leur exercice (les
membres du Conseilsoiit rééligiblcs).
Deuxième partie, — 1 ' Kapporl de M. Durand-Fardel sur le
vœu de la Société de lOrne (r/'glemeulation dej vœux);
:2° rapport de M. Bucquoy sur le vœu des Sociélés du Rhône el
de la Marne (mise au concours de toutes les places de médecin
d'hôpital, etc.); 3" rapport de M. Motet sur le vœu de la Société
de Laon, Vervins, Chàleîiu-Tierry (assistance dans les campa-
Kues) et le vœu de la Société de Chàtillon-sur-Seine (direction
générale de la santé publique) ; V propositions et vœux soumis,
1)ar les Sociétés locales, à la prise en considération de Tasseiii-
)Ice générale, pour être Pobjet de rapports en 1H90.
RuREAU CENTRAL. — La première épreuve du coucuurj» esl
terminée. Les trente-deux candidats, dont les noms suivent, ^uiii
déclarés admissibles à la seconde épreuve (épreuve clinique) :
MM. Dreyfous, Charria, Thibierge, Larmoyez, Hirlz, Peiii,
Robert, Variot, Mathieu, Galliard, Siredey, Ricnardière, Marfau,
Roger, Delpeuch, Gauchas, Rabinski, Leroux, Duplaix, Capitan,
Giraudeau, Lebreton, Launois, Bourcy, Havage, Octtinger.
Gallois, Dufloch, Achard, Durand-Fàrdel, Le Gendre et Weber.
CoNCOUiis d'agrégation (chirurgie et accouchements).— ^m\
déclarés admissibles, par ordre alphabétique :
Chirurgie, — Paris: MM. Baretle, Broca, Nélalon, Pic»jii'.
Ricard el Tuftler. — Bordeaux: MM. Courlin, Genevez-Montaz el
Villar. — Lille : MM. Coppens, Février et Phocas. - bon:
MM. Gangolphe, Pollosson et Rochet. — Montpellier: M. E>lor.
Accouchements, — Paris: MM. Auvard, Rar, Bonnuirê.
Bordeaux : MM. Chambrelent, Rivière. — Lille : MM. Bureau,
Rurgard.
Ce concours sera suspendu du li au 28 avril à l'occasion i!«^
vacances de Pâques.
École de médecine de Rouen. — M. le docteur Leutlet e>i
nommé suppléant des chaires de pathologie et de cliuiqiK
médicales.
École de médecine de Nantes. — M. Audrain, suppîi'am,H
chargé d'un cours de pharmacie.
ÉCOLE de médecine DE BESANÇON. — Par arrêté minisUri^l
en date du 3 avril 1889, un concours s'ouvrira le 5 novembre \^^
à la Faculté de médecine de Mancy pour l'emploi de suppléant
des chaires de physique et de chimie à celle Ecole.
Corps db santé MiLrrAinË. — Prix de médecine et tic ^ la-
rurgie d'armée pour 1888. — M. le ministre de la guerre a
décidé, à la date du 5 avril 1889, sur la proposition du Comiif
technic|ue de santé: 1*" que le prix annuel de médecine lYAvmf
sera décerné, à la suite du concours de 188^, à M. Cou^iUii.
médecin-major de 1*^* classe au 122* régiment d'infanlerie, poar
son mémoire intitulé: De la fatigue dans ses rapports luif
rétiologie des maladies des armées en paix et en camoiuii^i
2" que le prix annuel de chirurgie sera décerné à M. forgue,
médecin aide-major de l»"* classe au 2» régiment du génie, puar,
son mémoire ayant pour litre : Essai critique et clinique 'M
lésions traumatiques du crâne.
Ces deux prix de médecine et de chirurgie 'consistent rharuil
en une médaille d'or de la valeur de 500 francs.
Corps de santé de la marine. — Sont nommés :
Au grade de médecin auxiliaire de deuxième cln^s-'-
MM. les docteurs Lefebvre elGibrat.
Infirmerie de Saint-Lazare. — Le concours pour la nomln-H
lion aux places de chirurgiens de Sainl-Lazare vient de se l«r-
miner par la nomination de MM. Juliien et Ve rc hère coin nij
chirurgiens titulaires, el Ozenne comme chirurgien >upplc<ir.H
Mortalité a Paris (13° semaine, du 2i au 30 matf
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 11.
— Variole, 4. — Rougeole, 4U. — Scarlatine, 1. — Co«iue-
luche, 6. — Diphthérie, croup, 52. — Choléra, 0. — Philn^iï
pulmonaire, 181. — Autres tuberculoses, 23. — Tumeur>:
cancéreuses, 35; autres, 8. — Méningite, 42. — Con^'e^
tion et hémorrhagies cérébrales, 41, -r- Paralysie, '», -
Ramollissement cérébral, 11. — Maladies organiques du cœur, '«i
— Bronchite aiguë, 34. — Bronchite chronique, 43. — Drouclio-
Eneumonie, 24. — Pneumonie, 74. — Gaslro-entérile: seio,l'»;j
iberon, 40. — Autres diarrhées, 5. — Fièvre et péritonite put'^i
pérales, 3. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité, con-
génitale, 26. — Sénilité, 33. — Suicides, 18. — Autres niortf'
violentes, 11. — Autres causes de morl, 180. — Cau$<5|
inconnues, 15. — Total : 1054.
G. Masson, Propriétaire-Gérant. \
1883â. — MoTTiROZ. ^ Imprimeries réunies, ▲, rue Mignon, i, Fir».
a Avril <880
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N" 15 — 2»
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
THERAPKUTIQUE
Perles du doetear Clertan.
Approbation de l'Académie de médecine de Paris.
PrinifUivement appliquée à l'éther, la découverte du
doctei^r Clertan a permis d'emprisonner ce corps- si volatil
et d^ le porter dans Testomac à dose flxe et sans aucune
|!er^.e. Le même procédé a été appliqué à la plupart des
$Qbslances, liquides ou solides, dont la volatilité, la saveur
ou l'odeur rendaient Tadministralion difficile.
MM. les Médecins pourront ainsi prescrire, sans aucun
désagrément pour le malade, Ylodoforme, la Créosote^ la
Yalériane, le Castoreum, VAssa-fœtidaf tous les Sels de
Owint'ne, Sulfate, Bisulfate, Chlorhydrate, Bromhydrate,
Yiilérianate, Salicylate, Lactate, etc., ÏEssence de Téré-
bmthine, Isi Mixture deDurande, les Gouttes ou Liqueur
t Hoffmann, Vkssence de Santal, et les substances nou-
Tellement introduites dans la.Thérapeutiuue, telles que le
Terpinol, le Gaiacol, etc., etc., auxquelles ce mode de
préparation pourra s'appliquer avec avantage.
Ces substances et les perles de nom correspondant peu-
Tent être partagées en séries suivant leurs propriétés et
leurs applications :
1" SÉRIE. — MALADIES DE L'APPAREIL RESPIRATOIUE.
a. Perles de Créosote de Clertan. — 5 centigrammes par
perle. Dose moyenne, i par jour.
b. Perles de Gaiacol de Clertan. — 5 centigrammes par
perle. Dose moyenne, i par jour.
f. Perles d'Iodoforme de Clertan. — 5 centigrammes par
perle. Dose moyenne, k par jour.
rf. Perks de Terpinol de Clertan. — 30 centigrammes par
perle. Dose moyenne, 4 par jour.
2" SÉRIE. — LITHIASE BILIAIRE.
fl. Verks de Durande de Clertan (Éther, 2 p.; Ess. de ter.,
3 p.; ensemble, 20 centigrammes). Dose, 6 à 10 par jour.
b. Perles de Chloroforme de Clertan. — 45 centigrammes
par perle. Dose, à par jour. (Vomissements, hoquets, mai de
mer.)
3* SÉRIE. — MÉDICATION ANTISPASMODIQUE.
a. Perles d'Éther de Clertan. — 20 centigrammes par perle.
Dose, 4 à 10 par jour. (Migraines, céphalées rebelles, accès
d'asthme, crampes d^estomac, tendances à la syncope.)
6. Perles dHoffmann de Clertan (Éther, 1 p.; alcool, 2 p.;
ensemble 20 centigrammes). Dose, li à 10 par jour. (Mêmes
indications que pour les perles d'Etber, et plus parliculière-
"lent nausées, digestions douloureuses, indigestions, vomisse-
ments.)
c. Perles de Valériane de Clertan.— ^0 cenlifframmesde tein-
ture élhérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Vertiges, etourdissements,
Palpitations nerveuses.)
d' Perles d" Assa-fœtida de Clertan. — 20 centigrammes de
temlure élhérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Spasmes, suffocation,
l>oule hystérique, œsophagisme, chlorose.)
«. P^rlei de Castoreum de Clertan.— t{ictu\\%;T2immts detein-
jttre élhérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Dysménorrhée, coliques de
la menslruation, gonflements du ventre.)
f. Perles d'Apiol do Clertan. —5 centigrammes. (Mém^
indications.)
g. Perles d'Essence de Térébenthine de Clertan. — 20 centi-
grammes. Dose, i à 10 par jour. (Migraines, névralgies faciales,'
sciatiquc, lumbago.) . , . '
4* SÉRIE. — MÉDICATION QUINIQUE OU FÉBRIFÛGK. ' J
a. Perles de Bromhijdrate de quinine de Clertan, à 10 cen-
tigrammes de sel chimiquement p»r. . - . . ^
b. Perles de Chlorhydrate de quinine de Clertan, k f 6 côn4
tigrammes de sel chimiquement pur.
c. Perles de Sulfate de quinine de Clertgnt à 10 cenli-
grarames de sel chimiquement pur. ^
d' Perles de Bisulfate de quinine de Clertan* à 10 eenti:
grammes de sel chimiquement pur.
e. Perles de Valérianate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
f. Perles de Salicylate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de set chimiquement pur.
g. Perles de Lactate de quinine de Clertan^ à 10 Centi-
grammes de sel chimiquement pur.
5" SÉRIE. — MÉDICATION HYPNOTIQUE.
a. Perles d'hypnone de Clertan, à 10 centigrammes. Dose»
2 à 4 par jour.
&" SÉUIË. — MÉDICATION BALSAMiaUE.
a. Perles de Santal de Clertan, à 30 centigrammes. Dose,
2 à 12 par jour.
D'une manière générale, les Perles du docteur Clerîaa
contiennent cinq gouttes de médicament liquide bu 10 cen-
tigrammes de médicament solide.
Les Perles du docteur Clertan sont très promplemenV
dissoutes dans Testomac : peu d'instants après ringestion^
d'une perle d'éther, par exemple, Pascension de vapeurs*
témoigne de la rupture de renveloppe. ^
Par leur volume, leur aspect brillant, les préparatioosi
du docteur Clertan représentent bien exactemeat des sqrt^^.
de perles : la transparence et la minceur de la coucbo
gélatineuse permet ae voir le médicament en nature et de
s'assurer ainsi de son état de conservation.
En prescrivant, sous le nom du docteur Cïerlan et avec
la garantie de son cachet, les divers médicaments éniiiti*é-
rés ci-dessus, MM. les Médecins sont assurés d'avoir def^
préparations pures et rigoureusement dosées^ . •
Tou$ les produits inclus sont OU fabrigués de toutou»
pièces ou analysés à notre laboratoire.. ■ , . >
La Maison L. Frehe, i9, rue Jacob, ParU, prop^-ijé-
taire de la marque et des procédés du docteur Clertan, .^^
mérité les plus hautes récompenses. Médailles d'or ûrii-^
çw^s, décernées aux produits pharmaceutiques aux Êxpd;^
sitions universelles de Paris (1878) et de 1* étranger, Ams-
terdam (1883), Sydney (1888). ;
Les préparations du docteur Clertan sont recbmirtarirfées
en plusieurs endroits du Traité de thérapeutique xlëTvon^'^
seau et Pidoux, notamment p. 289 et p. 614, t. II, 7* ëdit.*'
15.
250
«• 15 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
12 Avril 1889
THÉRAPEUTIQUE
Cas très grave d'^ptlepale. Gnëriaon par la médication
bromnrée.
Pftr M. le docteur G. Jamot.
Il y a une vingtaine d'années, je donnais mes soins à un
jeune épileptique, donl l'observalion me parut intéressante.
Une heureuse fortune vient de me remettre en présence de
ce client, qui est aujourd'hui âgé de trente-cinq ans, marié
et père de deux garçons.
Nous avons pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de com-
pléter notre première observation ; elle donne la mesure de
ce qu'on peut attendre de la médication bromurée, lorsqu'on
s'adresse à une bonne préparation et qu'on la donne avec
persistance.
Obs. André y... n*avait jamais eu de convulsions dans son
enfance, et jouissait d'une sant^ habituelle excellente, lorsque,
vers Tâge de onze ans, il reçut un violent coup de bâton sur la
iéte. Une plaie linéaire de 4 centimètres de longueur avait donné
lieu à une perte de sang peu abondante, et la cicatrisation était
complète dans les quarante-huit heures. L'enfant ne s'était
cependant, pas rétabli. 11 était pâle, triste, distrait, étonné,
ahuri. Dix-sept jours après le traumatisme crânien, à huit heures
du soir, au moment où il montait sur son lit, il poussa un cri,
tomba et se débattit dans une crise d'épilepsie. On le recoucha,
et, sans qu'il ait repris tout à fait connaissance, il eut deux
autres attaques dans la nuit et laissa aller sous lui.
Deux mois s'écoulèrent, et l'on ne songeait déjà plus aux acci-
dents convulsifs qui avaient été attribués aune fausse digestion,
quand survint une nouvelle crise, avec morsure de la langue,
incontinence d'urine, stupeur consécutive et perte temporaire
de la mémoire. Le traitement de Trousseau par la belladone
fut institué, mais on le cessa six semaines après, car ving-trois
attaques d'épilepsie apparurent dans cet intervalle! A partir de
ce moment, et dans l'espace d'un an, on recourut tour à tour au
valérianate d'ammoniaque, aux préparations de zinc, aux bains
de rivière, au galium album, à la teinture de digitale et à des
globules homœopathiques de nux vomica; mais l'état de la
névrose s'aggrava constamment, à ce point que la mère de l'en-
fant avait pu compter, dans le cours d'un mois, 85 éblouis-
sements vertigineux, il petits accès et 17 grandes attaques! La
raison résistait encore à toutes ces secousses; mais la mémoire,
la gaieté et l'activité se perdaient chaque jour davantage.
Le bromure de potassium ferrugineux fut administré en vain,
et le bromure de potassium, prescrit seul, à la dose de 1, 2 et
3 grammes, donné en solution, provoqua des crampes d'estomac,
de l'inappétence, de la diarrhée et de l'amaigrissement. On en
cessa l'usage au bout de trois mois.
Le 27 octobre 1870, André V..., qui n'avait pas quitté son Ht
depuis sept mois, afin d'éviter toute chute capable de déter-
miner une blessure à la tète ou ailleurs, et qui ne suivait plus
de traitement, eut un si grand nombre de crises convulsives dans
un espace de huit à neuf heures, que je pratiquai une saignée
du bras, et que j'annonçai à la famille des phénomènes asphyxi-
ques susceptibles d'amener la mort d'un instant à l'autre. Il
n'en fut rien heureusement. Les attaques se suspendirent et
cédèrent la place à un état de résolution complète et de sommeil
profond. A son réveil, le malade était hébété, égaré etstupide; s
bouche était sanglante et sa langue était littéralement dentdt'^
aux deux bords latéraux et à la pointe.
Prié d'intervenir de nouveau, je prescrivis le surlendemai
une cuillerée à soupe de sirop de Henry Mure au bromure d
potassium chimiquement pur et aux écorces d'oranges amt'rej
et, bien que ce médicament m'eût déjà réussi contre rhystéri
et la chorée, j'avoue que je n'espérais pas beaucoup cette foi
dans sen eflicacité. Que pouvais-je bien conseiller?
A ma très grande satisfaction, André V... se ranima pronip
tement, reprit de lappétit, de la force et de lembonpoiinj
donnai, au bout de vingt-deux jours, deux cuillerées par jou
de la préparation broraurée, et je vis cesser les grammes attaques
mais persister les éblouissements et le petit mal épilef)tiqae.
En mai 1871, le malade n'avait plus d'éblouisseraen^3 depui
deux moiSj c'est-à-dire depuis le jour où le sirop de broranr
avait été porté à la dose de trois cuillerées à bouche daus 1^
vingt-quatre heures — ce qui représentait 6 grammes de pcU^
slum — et j'insistai cependant pour que le traitement fût (^
tinué quand même.
Le 5 octobre, sans que Ton me demandât avis, le médicamen
fut supprimé.
Le 3 novembre, en revenant avec son pore d^une partie dj
chasse, André V... eut une attaque d'épilepsie de moyenne inleiï
silé. Jefus rappelé. J'administrai de nouveau la préparation bri^
murée qui avait si bien réussi, et, depuis treize mois, il n'e^
plus rien survenu. La santé physique est parfaite; Tétat deli
raison ne laisse rien à désirer, et la mémoire est moins intidHi
que par le passé.
André V... a maintenant un peu plus de dix-neuf ans.
Là se terminait notre première observation. Depuis celK
époque, André V... n'a pas eu à nouveau de grandes attaques;
il a eu simplement de légers troubles, éblouissemenls, daiij
les premiers mois de son mariage. Mais, se souvenant dj
mes recommandations, il a, de lui-même, repris le sirop a^
bromure à la dose de deux cuillerées à bouche, par jour,
pendant trois mois. Les éblouissements ont disparu.
Je disais en terminant ma première communication!
c Maintenant, le malade est-il guéri? Tout le monde lecroil
et le dit. Je fais cependant des réserves ; j'attends, mais mî
sécurité est grande. > Aujourd'hui, je ne pense pas raan^
quer de prudence en considérant cette observation comnK
un cas très remarquable de l'action bromurée.
{Union médicale.)
G. Masson, l'yoprietatre-GerunL
18832. — MOTTEHOZ. — ImpriuH'ïie» r lunitos. A. run Mignoo, i. ï"*"""*
Trente-sixième ^année
NM6
19 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION ^
M. LB D' L. LEREBOULLBT, Rédacteur en chef
MM. F. BUCHEZ. E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRARCOIS-FRARCK, A. HËROCQUE. A.^. HARTIR, A. PETIT, P. RECLUS
AdreMer tout ce qui concerne la rédaction à M. Lkrkboullbt, 44, rue de Lille (ayant le mardi de préférence)
SOMHAIRB. — Bulletin. ~ Cliniqur cbiruroicalb. Le trépan dans les frac-
(aces du crâne. — FonMULAiRS thkuapeutiqub. Traitement anlisepUque de
.n .iîplithérie par la quinoline. — Des lopiqiies antiseptiques au naphlol. —
Kkvue d»$ cours et des cliniques. Hospice de la Salpétrière : M. le pro-
fesseur Charcul. — Travaux originaux. Clinique médicale : Sur un système
N{>cci4l d'injection liypodurmiquc de ecrtains médicaments irritants ou eau-
«liq.ics. — Un nouveau syndrome cardiaque : L'embryocardie on rythme fœt»l
(ici bruits du cœur. — SociBTés savantes. Académie des sciences. — Aca-
diniie de médecine. ~ Société médicale des hôpitaux.— Société de chirurgie.
- Ke\te DBS JOURNAUX. Médecine. — Bibliographie. Leçons sur la syphilis
urcioalo.— VARIÉTÉS.
BULLETIN
Paris, 17 avril 1889.
I Académie de médecine : Le» poéic» mobile». — ¥aeeiii«-
tlon aBilmale et vaccliiatloii JennérleoBie.
La cûndamnation si formelle que rÂcadémie vient de
prononcer contre les poêles mobiles à faible tirage était
prévue à la suite de la remarquable et intéressante discus-
sion qui a occupé quatre séances. L'annonce seule de cette
discussion avait permis de connaître un certain nombre de
cas d'asphyxie dus à l'usage de ces appareils; l'énuméra-
tion faite par M. Lancereaux montre que ces cas se multi-
plient et il y a lieu de croire qu'une enquête prolongée
montrerait combien les accidents produits par un tel mode
de chauffage sont relativement fréquents. Et comment ne
pas le croire, lorsqu'on prend connaissance des analyses
faites avec grand soin par M. de Saint-Martin et commen-
tées par H. Dujardin-Beaumetz? c Le danger des poêles
mobiles dépend moins de la quantité d'oxyde de carbone
produite que des conditions où se fait cette production.
Comme le faisait très judicieusement remarquer M. Brouar-
del, dans bien des foyers de cheminée on produit une
quantité presque égale d^oxyde de carbone, car bien
souvent ces foyers fonctionnent à petite marche, mais
grâce à la disposition de la cheminée, cet oxyde de car-
bone est comburé et entraîné rapidement au dehors. Il
n'en est pas de même avec les poêles mobiles ; la ferme-
ture supérieure n'est jamais hermétique et des fissures
dans la tôle se produisent bien vite. De plus, cet appareil
- et c'est là un des points les plus intéressants des expé-
riences deM. de Saint-Martin — produit toujours de l'acide
carbonique, même lorsqu'il marche dans les conditions
les plus normales. L'insuffisance d'échauffement de la che-
minée où on le place détermine enfin des retours de gaz
dans la pièce habitée; en tout état de cause, et ainsi que
Ta rappelé M. Brouardel avec une insistance bien justifiée,
1& diffusibilité continue de l'oxyde de carbone fait que ce
î* Stui, T. XXVL
sont le plus souvent les voisins qui ont à en supporter les
conséquences, sans pouvoir en être prévenus assez à temps.
Les excellents conseils que l'AÎcadémie a cru devoir
adresser au public pour obvier le plus possible aux dangers
des poêles mobiles, conseils que l'on trouve plus loin
(p. 251), sont tels qu'ils équivalent dans la pratique à la
suppression de l'usage de ces appareils dans la majeure
partie des cas; ils exigent, en effet, une telle surveillance
et une telle attention qu'ils sont déjà difficiles à em-
ployer dans les logements luxueux où l'air et les domes-
tiques ne manquent pas ; à plus forte raison, ils sont inap-
plicables dans les petits ménages et les- habitations des
classes peu aisées où les conditions de construction en com-
pliquent encore la mise en pratique. Et cependant on n'a
pu jusqu'ici vanter, dans ce mode de chauffage, que son
économie ; c'est le véritable chauffage du pauvre, a-t-on
dit ; comme si l'hygiène pouvait admettre qu'il faille laisser
empoisonner les malheureux au nom de l'économie ! D'ail-
leurs il est bien d'autres procédés de chauff'age, qui n'ont
pas ces inconvénients et qui ne sont guère plus coûteux, qui
restent à la portée des petites bourses.
Que vont faire les pouvoirs publics en présence du vœu
que l'Académie a décidé de leur transmettre? Ils soot in-
vités à agir, à faire étudier les règles qui devront être for-
mulées pour remédier aux dangers signalés. Nous avons
montré il y a huit jours qu'eux aussi ils ne peuvent que
donner des conseils, à moins d'obtenir du parlement une
législation spéciale; car nos lois actuelles de police sani-
taire n'accordent aucune sanction vraiment efficace à une
réglementation quelconque, si tant est que celle-ci puisse
avoir d'autre effet que d'augmenter d'une unité le nombre
déjà considérable des ordonnances de police. Â défaut de
ces mesures, les particuliers comprendront-ils que la loi
doit être surtout utile pour vaincre les résistances aveugles
et dangereuses pour autrui et que le meilleur moyen de
sauvegarder sa santé consiste à se soumettre aux conseils
désintéressés des hommes de science et à suivre les avis
autorisés des corps compétents?
— Les questions relatives à la pratique des vaccinations et '
des revaccinations sont plus que jamais discutées. Les
médecins militaires ont reçu des instructions spéciales leur
prescrivant de faire usage du vaccin animal, de préférence
au vaccin d'enfant ou d'adulte, leur indiquant toutes les
précautions à prendre pour obtenir, grâce à la' vaccination,
les résultats les plus favorables, leur enjoignant de revac-
ciner, le jour de leur départ, les hommes appelés à servir
16
250
N» 16 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
19 Avril 1889
momentanément comme réservistes ou territoriaux. Dans
plusieurs chefs-lieux de corps d'armée des Instituts vacci-
naux ont été créés sur le modèle de celui qui fonctionne au
Val-de-Grâce.A l'École d'application de médecine militaire
un enseignement pratique initiera bientôt non seulement
les stagiaires, mais même tous les médecins de l'armée à la
pratique des vaccinations, de la récolte et de la conservation
du vaccin. On ne saurait trop louer les efforts tentés dans
dans ce but et les résultats obtenus, grâce à l'initiative
des chefs médicaux de l'armée et au dévouement éclairé de
M. le professeur agrégé Vaillard. Déjà il y a deux ans
pleine et entière justice leur a été rendue {Gaz. hebd.,
1887, p. 369).
A l'Académie de médecine la vaccination animale a pris
aussi droit de cité. Sous l'habile et intelligente direction de
M. le docteur Hervieux, et grâce à l'initiative et à l'activité
du secrétaire perpétuel de l'Académie, un service de vacci-
nation par la génisse a été institué. Sans doute, le récent
rapport de M. Hervieux le dit expressément (1), ce
service n'est point encore organisé dans des conditions
assez indépendantes pour se suffire à lui-même. Tel qu'il
fonctionne cependant, il constitue déjà, comme on Ta
prouvé récemment (6rflZ0«^ hebdomadaire^ 1888, p. 418),
un sérieux et réel progrès. Dans la pratique de la ville
et dans la plupart des hôpitaux parisiens on se sert
presque exclusivement aujourd'hui de vaccin animal,
abondamment fourni par un spécialiste aussi expéri-
menté que consciencieux. Il en est de même dans
trois grandes villes de province (Lyon, Bordeaux, Mont-
pellier) où des Instituts de vaccine ont été installés avec
autant de compétence que de soins. La France n'aurait donc
presque rien à envier à l'Allemagne, où l'étude de la vacci-
nation est devenue obligatoire pour les étudiants en méde-
cine si, parmi les médecins praticiens, il n'en était encore
un trop grand nombre qui ne croient point aux avantages
que présente le vaccin de génisse lorsque la vaccination est
bien faite et qui ignorent les inconvénients, voire même les
dangers, d'une vaccination mal faite, quel que soit d'ailleurs
le vaccin employé. Aussi n'hésitons-nous pas à nous associer
au vœu exprimé récemment par M. le docteur Richard (2)
qui, dans un excellent article, vient de demander qu'un
enseignement officiel, analogue à celui qui se donne au
Val-de-Grâce, permette à tous les étudiants et à tous les
praticiens de se familiariser avec la technique de la vacci-
nation.
En attendant ce nouveau progrès, nous voudrions signaler
ici deux publications qui. aboutissant cependant à des
conclusions un peu différentes, méritent d'être lues. Nous
voulons parler du livre dans lequel M. le professeur
Fournier résume ses leçons sur la syphilis vaccinale et dont
nous apprécions plus loin (p. 264) la partie clinique, et du
rapport officiel de M. le docteur Hervieux déjà communiqué
à l'Académie {Gaz. Iiebd.y 1888, p. 682). Voyons d'abord
quelles sont les conclusions communes à ces deux ouvrages.
M. Hervieux rappelle que c'est l'Académie de médecine
qui, par l'organe du regretté Depaul, a proclamé l'excel-
lence de la vaccination animale et de ses elTels locaux, en
même temps que la sécurité qu'elle donne au point de vue
(1) Rapport général présenté à M. le niinislrc du commerce cl tlo l'induslrie
pnr l'Académio de niédecino sur les vaccinations cl revaccinali'ins pniliquccs en
Franco et dans les colonici françaises pendant l'anoée 1887. Paris, Impnmcrio
nationale, 1888.
^2) L'enseignement de la lechnitjue de la vaccination (Hevtie d'hygiène,
188l^ p. 240).
de la syphilis. Il insiste sur la nécessité d'accroître et de
rendre plus utile chaque jour l'Institut de vaccination
animale qu'il a créé. Il montre la facilité de se procurer
ainsi de grandes quantités de vaccin, d'obtenir à peu de
frais, en peu de temps et sans grandes peines, le plus grand
nombre possible de résultats utiles. Il insiste sur l'activité
de la pulpe vaccinale qui réussit fréquemment là où échouent
les vaccinations faites de bras à bras. De son côté,
M. Fournier démontre que le vaccin animal compte moins
d'échecs que le vaccin jennérien et que l'immunité conférée
est à peu près aussi certaine dans les deux cas. Mais il
insiste de plus et surtout sur la nécessité de rendre ia
vaccine exemple de tous dangers et prouve que les garanties
déduites de l'examen préalable des vaccinifëres sont à peu
près illusoires. Un enfant en état de syphilis latente peut
transmettre la maladie dont il est atteint et celle-ci reste le
plus souvent ignorée du médecin vaccinateur. Seule doncla
vaccination animale permet d'éviter d'une manière tout à fait j
certaine la propagation de la syphilis. On lira avec grandi
intérêt dans le livre de M. Fournier et nous indiquons plus
loin (p. 264) sur quelles considérations cliniques s'appuient
ces conclusions.
D'un autre côté, sans nier le danger de la transmission
de la syphilis, M. Hervieux montre qu'elle est relativeraenl
assez rare, puisque depuis la découverte de ia vaccine on
n'en a signalé qu'un assez petit nombre de cas. Ceux-ci snfli-
raient cependant pour motiver la conclusion de M. Four-
nier, et autoriser la substitution définitive du vaccin ani-
mal au vaccin jennérien, si M. Hervieux ne rappelait que le
vaccin de génisse peut lui aussi causer des accidents et que
d'ailleurs il se conserve infiniment moins bien que le vaccin
humain. « Le vaccin humain n'eût-il d'autre supériorité sur
le vaccin animal que celle de se conserver beaucoup phis
longtemps et de ne jamais exposer comme ce dernier,
quand il s'altère, au danger de la septicémie, qu'il nous
faudrait maintenir à la vaccination jennérienne une place
honorable dans le service de la vaccine à l'Académie », telle
esi la conclusion du savant directeur de la vaccine. Et celle
conclusion s'appuie sur un petit nombre d'observations de
nature à démontrer que le vaccin animal peut être mélangé
d'éléments septiques qui, sous l'influence de la putréfac-
tion, pourraient donner lieu à des accidents redoutables.
Quelle doit être, en présence de ces affirmations contradic-
toires en apparence, la conduite du praticien? Que faul-il lui
conseiller? Au point de vue du choix du vaccin, il nous
semble que, partout où il existe un Institut vaccinal, dans
toutes les villes par conséquent où l'on peut se procurer du
vaccin de génisse recueilli avec les précautions nécessaires
et fraîchement mis en tubes, le doute n'est pas possible. H
faudra toujours préférer le vaccin animal au vaccin jen-
nérien et pratiquer la vaccination soit de génisse à bras,
soit H Taide de pulpe vaccinale fraîche. Alors même que
l'on n'aura pas sous la main du vaccin de génisse, il faudra
préférer la vaccination animale à la vaccination jennérienne
toutes les fois qu'il sera possible de se faire adresser rapi-
dement et par des spécialistes consciencieux et expérimentés
des tubes renfermant de la pulpe vaccinale récemment
préparée. Le vaccin d'enfant ne pourra être substitué au
vaccin de génisse que dans les cas où le médecin vaccinateur
connaît bien et depuis longtemps la famille du sujet sur
lequel il recueillera le vaccin. Encore devra-l-il avoir soin
de prendre toutes les précautions antiseptiques nécessaires
pour éviter, s'il pratique plusieurs vaccinations successives,
19 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« 16
251
que sa lancette ne puisse être souillée. Mais, lorsqu'il s'agit
d'envoyer du vaccin à de grandes dislances, lorsque Ton ne
peut obtenir du vaccin animal, frais et bien préparé^ il
convient de préférer le vaccin d'enfant bien recueilli ou
envoyé sous le contrôle de l'Académie, à du vaccin de génisse
adultéré par des éléments septiques. Cela revient à dire
qu'il faut se méfier de la pulpe vaccinale trop longtemps
conservée dans les tubes, où elle s'altère alors même qu'ils
sont scellés à la lampe, et qu'en matière de vaccination
comme toutes les fois qu'il s'agit de pratiquer une opéra-
lion, fût-elle des plus minimes, les précautions les plus
minutieuses doivent être prises au point de vue de l'anti-
sepsie. Le vaccin jennérien a fait ses preuves lorsqu'il est
recueilli sur un enfant sain et inoculé avec prudence. Le
vaccin animal, qui jamais ne transmet la syphilis, lui est
préférable. Encore faut-il que Ton ne se serve que de
palpe vaccinale fraîche et bien préparée. La chose est facile
à Paris, pratiquable en France, aléatoire et peut-être de
oalure à décourager les vaccinateurs lorsqu'il s'agit de nos
colonies lointaines.
Aussi cherche-t-on à perfectionner les procédés de prépa-
lioodu vaccin animal de manière à rendre sa conservation
pins facile et à permettre de le substituer presque partout
%u vaccin jennérien. On y arrivera sans doute. Il importait
rependant de prémunir les médecins contre le danger que
Ton peut courir en se servant de vaccin animal ou mal
recueilli ou trop ancien ou putréfié par la chaleur.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Le trépan dans les fraciurcs du crAne.
La question du trépan, si vieille et toujours si contro-
versée, reprend, à cette heure, un regain d'actualité : les
comraanicationsde Championnière à la Société de chirurgie,
les travaux de Horsiey et les recherches de Bergmann,
sans jeter sur le sujet un jour bien nouveau, ont du moins
précisé quelques points, et maintenant nous savons mieux
que jadis quand et pourquoi nous Rêvons intervenir dans les
traumalismes du crâne. Nous désirons résumer aussi briè-
I vement que possible les notions courantes à propos de deux
I observations personnelles et en nous appuyant sur un mé-
; moire encore inédit de notre ami et collaborateur, le docteur
Forgues, de Montpellier.
I
De l'aveu de tous, l'abstention est de rigueur lorsque la
fracture du crâne est simple^ sans plaie extérieure, sans
déplacement excessif des fragments osseux, sans hémor-
rhagies profondes et sans troubles fonctionnels du cerveau.
La vieille doctrine du trépan préventif est ruinée sans retour
et l'on tient pour juste la boutade classique de Stromeyer :
«Pour proposer alors la trépanation, il faut avoir soi-même
le crâne fêlé. > Dans ces cas simples, et quoi qu'on en ait
dit au commencement du siècle, la guérison survient sans
encombre. Brun, le premier, réunit sept faits de fracture de
la base où la cicatrisation des os fut démontrée par l'au-
topsie ultérieure et Bergmann a pu en ajouter vingt analogues.
Les observations purement cliniques foisonnent: en 1872,
Schwarlz en réunissait quarante-neuf, mais il n'est pas un
de nous qui ne grossisse ce relevé; Forgues, à une même
iiéaoce du conseil de réforme, présentait deux blessés qui
de leurs fractures de la base ne conservaient qu'une para-
lysie faciale, et en 1887, à THôtel-Dieu, nos élèves ont vu
trois individus qui, après une chute sur la tète et l'écoulé*
ment d'une grande abondance de liquide céphalo-rachidien,
ont, au bout de quelques semaines, quitté l'hôpital en par-
faite santé.
Le traitement est alors des plus simples : le blessé, cou-
ché la tète élevée, est maintenu dans les conditions du
repos cérébral le plus complet : ni heurt, ni mouvements,
ni bruit, ni visites ; Bergmann insiste sur ce point avec
juste raison, et l'on sait que lors des interminables trans-
ports des évacués de Plewna et de Kara-Zom, on ne put
retirer des wagons un seul blessé de tète qui ne fût en proie
à la méningite survenue du quatrième au sixième jour du
fatigant voyage. Quelques boissons chaudes, quelques
gorgées de thé au rhum jusqu'à disparition des phénomènes
syncopaux, des lotions vinaigrées sur les tempes, même
quelques injections d'éther, puis, lorsque la face se colore,
que le pouls se relève et que la réaction menace de devenir
trop intense, de la glace sur la tête, des sangsues derrière
les oreilles, des sinapismes sur les jambes et des purgatifs
constituent toute la thérapeutique indiquée en pareil cas.
Lorsqu'il se fait parle conduit auditif un écoulement séreux
ou sanguin, les lotions au sublimé, les insufflations d'iodo-
forme et d'acide borique s'opposent à la stagnation des
liquides, à leur infection parles germes qui pourrait gagner
la cavité crânienne et provoquer la méningite.
Lorsque la fracture s'accompagne d'un enfoncement
osseux même assez net pour être reconnu sous les téguments
non déchirés, l'abstention est encore recommandée par les
chirurgiens les plus sages. Mettre à l'air un foyer trauma-
tique, faire d'une fracture fermée une fracture ouverte,
n'est pas chose indifférente même sous le régime de l'anti-
sepsie, et Kœnig déclare : « Que les procédés du chirurgien
le plus habile sont loin d'offrir la même garantie que la
peau intacte ; une faute commise par l'opérateur suffît pour
entraîner une infection de la plaie qui peut être fatale au
blessé. > D'ailleurs ces enfoncements sont très souvent
inoffensifs : Textor, dans son mémoire sur l'inutilité du tré-
pan dans les dépressions de la voûte, rapporte douze cas
dont sept furent suivis d'autopsie; les brisures de la table
externe et de la table interne y déprimaient la dure-mère sans
provoquer le moindre trouble des fonctions cérébrales.
Bergmann apporte à cette opinion le poids de son autorité ;
Volkmann, Oré, Corley, Abernetny, Langenbuck, pour ne
parler que des auteurs les plus récents, ont cité des cas où
des enfoncements considérables ont été silencieusement
supportés par l'encéphale.
Lorsque la fracture, avec ou sans enfoncement, est fermée,
l'abstention nous parait indiquée encore, même si des acci-
dents cérébraux éclatent; mais il faut alors qu'il s'agisse
de symptômes diffus, le coma, Tinsensibilité générale, la
stupeur, ou bien le délire, l'agitation, les douleurs vagues;
ne nous prouvent-ils pas que « l'injure traumatique » a frappé
l'encéphale tout entier ? Que vaudrait un trou au crâne contre
ce choc cérébral qui s'explique par une paralysie réflexe,
des apoplexies capillaires, la compression d'une nappe
sanguine sous-arachnoïdienne ? Que pourrait le trépan
contre une contusion étendue ? D'autant que dans ces cas,
l'autopsie montre souvent la mort causée par des lésions
autres que celles de l'encéphale, des hémorrhagies du rachis,
la rupture du cœur ou de la rate ? Que pourrait-il encore
contre une inflammation généralisée, une méningo-encé-
2b2
N* 16 —
GAZETTE HEBDOMABAIRË DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
49 Avril 1889
pbalite diffuse ? L'irrigation faite par le Irou que laisserait
i'exlraclion d'une ou de plusieurs rondelles osseuses,
serait vraiment illusoire : il faut donc s'abstenir et attendre.
Enfin, il est un dernier cas où Ton s'abstient encore, bien
qu'ici la fracture soit ouverte et qu'on n'ait plus, pour ne
pas intervenir, la crainte d'infecter le foyer traumatique :
c'est lorsque le fracas osseux est dii à un projectile, balle
de revolver ou de fusil de guerrCj éclat d'obus dont les frag-
lyients ont labouré la substance cérébrale. Il serait vraiment
insensé d'agrandir l'orifice à l'aide du trépan ou de prati-
quer des contre-ouvertures pour chercher à l'aveugle, dans
la masse pulpeuse de l'encéphale, les corps étrangers dont
on ignore le trajet el la situation ! On peul, on doit régula-
riser la plaie, enlever les fragments osseux, les esquilles
chevauchantes, les débris à fleur de crâne el surtout désin-
fecter le foyer par des lavages antiseptiques. Mais vouloir
tenter plus ne serait-ce pas risquer de créer des fausses
routes, d'ouvrir des vaisseaux et de provoquer quelque inflam-
mation redoutable? Les lésions sont trop profondes et leur
siège trop ignoré pour que le trépan permette de les
atteindre.
II
Donc, en dehors de ces traumatismes par projectiles,
nous avons vu que, jusqu'ici, l'abstention était commandée
par la crainte de transformer une fracture fermée en une
fracture ouverte; malgré la sécurité que nous donne l'an-
tisepsie et les barrières qu'elle oppose à l'infection, on est
plus tranquille, la protection est plus efficace lorsque le
foyer est recouvert par les téguments intacts. Et voilà pour-
quoi on néglige les irrégularités de la voûte, les esquilles,
les enfoncements, lorsqu'ils ne se traduisent par aucun
trouble fonctionnel. Le coma ou le délire, l'excitation ou
la stupeur, l'inflammation n'ordonne pas non plus l'inter-
vention par le trépan, car ces symptômes diffus dérivent
d'une lésion diffuse ou du moins trop étendue pour que
l'ablation de quelques rondelles d'os permette d'y remé-
dier.
Lorsque la fracture est ouverte, le chirurgien est tenu à
moins de discrétion et son intervention est souvent néces-
saire : sous les téguments déchirés, sous les esquilles pri-
vées de leur périoste, au milieu des cail lots sanguins, peuvent
pénétrer les germes extérieurs; le cuir chevelu est une des
régions les moins propres de l'économie, et les plaies qui
l'atteignent ont la plus grande chance d'être contaminées;
aussi taut-il les nettoyer, régulariser leur surface, déterger
les anfractuosités, enlever les caillots, les esquilles dépé-
rioslées, désinfecter les moindres recoins et mettre le
foyer traumatique dans les meilleures conditions d'asepsie,
pour s'opposer aux inflammations propagées, à laméningo-
encéphalile, la plus grave des complications qui puissent
survenir. Une fois qu'elle s'est déclarée, on n'arrête plus sa
marche ^t la mort en est la conséquence presque inévitable.
Aussi, dans ces cas de fractures ouvertes, ne fera-t-on pas
les choses à demi, et ces enfoncements qu'on eût négligés
s'ils eussent été recouverts d'un tégument intact seront
redressés avec la pince, la spatule, l'élévatoire ou repoussés
et réduits suivant la circonstance; on ne craindra même pas
de recourir au trépan pour les fragments qui refoulent la
dure-mère et la substance cérébrale. Ne peuvent-ils pas
cacher des caillots sanguins, des < espaces morts:» où s'accu-
mulent les sérosités et qui deviennent des milieux de culture
pour les germes infectieux? Qu'on ne s'y méprenne pas en
effet, on veut moins combattre la compression qu'assurer
une désinfection minutieuse. En somme, il n'est pas ques-
tion du trépan classique et correct, mais bien d'une opéra-
tion qui nettoie une plaie anfractueuse; un foyer de frac-
ture est sous l'œil et sous la main, on en profite pour le
régulariser et rien de plus.
Il faudrait aller plus loin peut-être, et ne pas admettre,
sans nouveau contrôle, l'assertion si catégorique de Berg-
mann sur l'innocuité des compressions du cerveau par les
défoncements crâniens. Certains faits semblent démontrer
l'heureux résultat du relèvement d'esquilles chezdes blessés
privés de connaissance : le malade de Cooper jusqu'alors
comateux regarde, se redresse et parle dès qu'on a retiré an
fragment osseux qui déprimait la dure-mère ; il en est de
même chez les blessés deLangenbeck, Schweickhardt, Zaggi
et Bluhm. Un enfant de quatre ans traité par Socin est
atteint de fracture du frontal avec dépression très marquée;
on extrait les esquilles, on évacue le sang et bientôt l'opéré
inanimé, soporeux, à pouls intermittent,à respiration super-
ficielle, à pupille dilatée, voit disparaître tous ces sym-
ptômes, et guérit. Notre malade à nous reste huit jours
sans connaissance, nous enlevons vingt-quatre centimètres
carrés de voûte crânienne brisée dans une chute et l'intelli-
gence renaît. Ces observations sont donc encourageantes et, |
dans les fractures ouvertes, les symptômes diffus n'empê-
cheront pas d'intervenir; en assurant l'asepsie de la plaie
on pourra voir, par surcroit, certains symptômes inquiétants
s'atténuer et disparaitce.
Ces régularisations précoces qui assurent l'asepsie du foyer
traumatique ont eu des résultats non douteux. On sait,
d'après les statistiques de Bluhm, qu'avant l'ère nouvelle,
la mortalité générale, dans les fractures compliquées do
crâne, était de 46 à 52 pour 100 ; un sur deux des blessés
était emporté par la méningo-encéphalite ou par l'infec-
tion purulente. Il n'en est plus de même à cette heure, et
si on nous dit que, à la clinique de Heidelberg, ou a eu, de
1877 à 1884, quatorze guérisons seulement et neuf morts
sur vingt-trois fractures, nous voyons que, en réunissant les
relevés de Loser, de Wagner, de Busch, de Czerny, d'Es-
tlander, de Drevv, de Gortz et de Schneider, nous arrivons
à un total de cent soixante-trois interventions primitives
avec relèvement, extraction d'esquilles ou trépanation dans |
les fractures compliquées de la voûte ; or nous ne consta- 1
tiens que huit décès, soit une proportion de moins de 5 |
pour 100. Aussi la cause nous semble entendue et nul n'hé-
sitera maintenant à régulariser le foyer de la fracture pour |
en assurer l'asepsie.
Parfois sous les lambeaux du cuir chevelu déchiré un jel
artériel s'échappe du foyer de la fracture; la méningée
moyenne est rompue et rhémorrhagie,si elle n'est tariepar
le chirurgien, menace les jours du malade. Il faut écarter
les tissus, enlever les caillots, chercher d'où vient le sang.
au besoin agrandir la plaie avec la gouge et le trépan, et lier
l'artère, ce qui est souvent fort difficile : le fil dérape, les |
parois se rompent ; aussi les pinces à demeure, les cautéri-
sations au ferrouge, les tampons antiseptiques au fond delà
plaie sont-ils parfois nécessaires; ces m oyens mêmes ne
suffisent pas toujours et l'on cite des cas où l'on a dû re-
courir, pour étancher le sang, à la ligature de la carotide
externe ou de la carotide primitive.
Le même accident, la rupture de la méningée moyenne,
peut se faire sous les téguments intacts; le sang s'accu-
mule sous le crâne et provoque des phénomènes redouta-
19 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE _ N- 16 — 253
blés de compression. Le diagnostic de cette complication
des fractures de la yoûte est possible et. lorsque chez un
blessé frappé à la réprion temporale, survient après une ou
plusieurs heures ou même un jour entier une paralysie
localisée h un bras ou à une jambe, une hémiplég e, puis
(les signes de compression avec coma, stertor, dilatation
pupillaire du côté opposé à la paralysie, ces symptômes
apparus un certain temps après le traumatisme révèlent,
à un observateur attentif, Texistence de la déchirure de
la méningée. Mais que de causes d'erreur peuvent dérouter
le diagnostic ! Le caillot énorme et très étalé ne peut-il
occasionner des troubles fonctionnels diffus?
Il y aurait intérêt cependant à reconnaître cette rup-
ture, car on peut intervenir avec succès quoi que semblent
en penser Tillaux et notre ami Gérard-Marchand, dont les
conclusions pessimistes ne sont pas ratifiées par les faits.
Certainement le caillot est souvent trop étalé sous la
Toûle crânienne pour être enlevé par les trous du trépan ;
on ne sait pas toujours où le sang se collecte, en
avant, en arrière, à la base ; puis la ligature de Tar-
ière, à supposer qu'on ait ouvert le foyer au bon endroit,
nest pas une facile entreprise. II faut la tenter cepen-
dant, et, i\ l'exemple de Kronlein, on placera la pre-
mière couronne sur une ligne horizontale partant du
rebord supérieur de Torbile, à 3 ou 4 centimètres
en arrière de Tapophyse orbitaire du frontal ; si l'on
ne trouve rien, on met une seconde couronne au point de
rencontre de la même ligne horizontale avec une ligne
verticale élevée immédiatement en arrière de Tapophyse
mastoide. On ne saurait hésiter si Ton en croit les chiffres
relevés par Wiesmann : sur 257 ruptures de la méningée,
ai ont été traitées par Texpectation avec 10 guérisons et
131 morts, soit une léthalité de 90 pour 100, tandis que
sur les 110 trépanés 74 ont guéri et 36 sont moris, ce qui
abaisse la léthalité à 33 pour 100.
III
L'intervention peut être commandée encore par certains
troubles fonctionnels immédiats ou tardifs et dont l'étude,
qui date des vingt dernières années, avait soulevé des espé-
rances dont la plupart n'ont pas été réalisées. Ou a reconnu,
sur l'écorce cérébrale, l'existence de « centres moteurs >
dont Texcilation provoque les mouvements de groupes
musculaires particuliers, et déjà l'analyse expérimentale a
pu (iélermiaer, autour de la scissure Rolandique, dans les
circonvolutions ascendantes, au niveau du lobule paracen-
tral et dans les circonvolutions frontales, les régions qui
commandent aux membres inférieurs et supérieurs, à la
face, à la langue. On connaît les cartes dressées par Char-
cot, Ferrier, Hitzig, qui, il est vrai, ont le tort de ne pas
être absolument concordantes.
Ne pouvait-on pas tirer parti de ces données, pour gui-
der le trépan à la suite de certains traumatismes du crâne?
S*it survient une hémiplégie, ne savait-on pas déjà que
les fragments de la boite osseuse ou le caillot sanguin
comprime les zones motrices du côté opposé à l'hémiplé-
gie? Mieux encore, si la paralysie est limitée au bras, à la
jambe, à un groupe musculaire du membre supérieur ou
du membre inférieur, sil existe une contracture isolée,
des convulsions localisées à une région, de l'aphasie, ne
peut-on pas en conclure que le territoire psycho-moteur
correspondant est atteint et n'est-il pas possible d'ima-
giner une opération qui ouvre le crâne en ce point pour
libérer le cerveau du caillot sanguin ou du fragment
osseux qui le comprime? La topographie comparée du
crâne et de l'encéphale fut bien vite établie, et Broca,
Ferré et Ghampionnîère nous apprirent en quel lieu il faut
trépaner pour atteindre les centres psycho-moteurs.
Malheureusement le problème est plus complexe et il
faut compter avec de nombreuses causes d'erreur: d'abord
les localisations des centres ne sont pas aussi rigoureuse-
ment déterminées qu'il serait nécessaire, et les auteurs les
plus compétents ne leur donnent pas, sur les circonvolu-
tions, une place identique. Puis les recherches cliniques de
Bourdon, de Mallebay et de Decaisne nous prouvent qu'un
même symptôme, la monoplégie brachiale par exemple,
s'accompagne de lésions cérébrales qui, loin d'avoir tou-
jours un siège identique sur Técorce, sont disséminées sur
une grande étendu^. Ne faut-il pas d'ailleurs tenir compte
de la commotion cérébrale concomitante qui obscurcit le
tableau clinique des premières heures avec ses conditions
si variables d'inhibition, de réflexe, d'épuisement, de sup-
pléance? N'y a-t-il pas parfois l'altération surajoutée des
noyaux ganglionnaires cérébraux, des foyers par contre-
coups, des traumatismes à distance? au lieu donc de
c frapper presque à coup sûr au centre de la zone corticale
atteinte >, on serait parfois forcé de trépaner toute la
portion du crâne correspondante à la région motrice, sur-
face qui d'après les plus modestes ne mesure pas moins
de 24 centimètres carrés.
On a bien souvent trépané d'après les indications four-
nies par les doctrines des localisations cérébrales, mais
les observations sont clairsemées où le succès a couronné
l'entreprise. Aussi, dans les fractures du crâne, ne tient-
on qu'un compte secondaire des renseignements douteux
qu'elles nous donne, et lorsqu'il existe des troubles fonc-
tionnels localisés — paralysie ou contracture, — on s'inquiète
d'abord du foyer traumatique, de ses déformations, et c'est
là qu'on porte le trépan. Tant mieux s'il y a concordance
et si la partie déprimée correspond au centre psycho-
moteur que l'on présume atteint. On peut môme tricher
un peu, et si possible, incliner la couronne vers ce centre,
s'il parait voisin ; mais il n'en est pas moins vrai que l'on
intervient sur l'enfoncement, la plaie, la cicatrice et nous
agissons à peu près comme au temps où nous ignorions
les localisations cérébrales. Si donc, dans une fracture
fermée, — nous avons dit la pratique courante dans les
fractures ouvertes — il existe des symptômes immédiats
localisés, persistant et s'aggravant d'une manière progres-
sive, on est autorisé à prendre le trépan et à l'appliquer
sur le foyer même de la fracture.
Nous pouvons fournir, à 1 appui, une observation bien
curieuse ; le 27 décembre, un cocher de trente et un ans
tombe à travers des châssis vitrés d'un toit sur une enclume;
on nous Tamëne sans connaissance et nous constatons,
derrière l'oreille droite, une plaie insignifiante qui recouvre
une vaste fracture esquilleuse. Le coma dure quatre jours;
au cinquième, commence le délire ; au neuvième, apparais-
sent des contractures généralisées avec prédominance du côté
gauche; la crise ne dure que quelques instants, mais elle se
renouvelle deux fois le lendemain, quatre fois le surlen-
demain et, le jour suivant, les attaques épilepliformes se
succèdent sans interruption. Nous intervenons le douzième
jour de la fracture et, après avoir circonscrit un grand
lambeau en volet qui sectionne les tissus jusqu'à l'os, nous
254
N* 16 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
19 Avril 1889
enlevons quatre esquilles assez étendues pour mesurer,
lorsqu'on les remet dans leurs rapports réciproques, un
fragment long de 9 centimètres, et large de 6, qui recouvre
un énorme caillot que nous détachons; à ce moment jaillit
un énorme flot de sang noir qui inonde le champ opéra-
toire : le sinus latéral est ouvert; nous n'avons que le temps
de Toblitérer avant la syncope mortelle, d'abord avec le doigt,
puis avec un tampon de tarlatane imprégné d'une pommade
antiseptique; nous lavons la plaie, nous suturons la peau,
en laissant un orifice par où passe l'extrémité de notre
tampon hémostatique.
Dès ce moment la situation s'améliore; le malade a bien
une crise la nuit suivante et, pris de contracture, veut se
jeter hors du lit; mais, dès le lendemain, il reprend la con-
naissance qu'il avait perdue depuis la chute, car il ignore ses
attaques épileptiformes et son opération ; au quatrième jour,
il réclame sa pipe et se lève; au huitième, nous enlevons le
tampon et l'hémostase est parfaite; au neuvième, les fils de
suture sont supprimés et la cicatrice, absolument correcte,
est soulevée par les battements encéphaliques. L'irrégularité
du foyer, la compression évidente qu'exerçaient les frag*
ments, la légère prédominance des contractures à gauche,
du côté opposé à la fracture, surtout l'aggravation des sym-
ptômes, la multiplicité toujours croissante des crises, nous
ont poussé à intervenir et le succès a été remarquable.
Enfin il est des cas où les accidents sont tardifs;
des esquilles osseuses provoquent des congestions passa-
gères, des poussées de méningo-encépfaalite ; il se forme
des abcès, rarement entre l'os et la dure-mère ; plus
souvent sous la dure-mère et le pus peut même se collecter
en plein tissu cérébral. Dans ces deux derniers cas, si on a
eu recours au trépan, on reconnaîtra, après l'ablation de la
rondelle osseuse, l'existence de la collection profonde, à la
coloration terne de la dure-mère, à son immobilité, à
l'absence de pulsation cérébrale. Le bistouri doit être plongé
jusqu'au fond du foyer, mais ce sujet a été trop souvent
traité depuis Dupuytren pour y revenir ici. L'épilepsie trau-
matique est un des accidents les plus souvent observés.
Championnière a publié plusieurs cas de guérisons par
l'application du trépan sur l'ancien foyer de fracture et nous
pouvons y ajouter une observation personnelle que Féré
d'ailleurs a déjà publiée.
Il s'agit d'un sculpteur de trente-six ans, blessé à la tète
par un éclat d'obus ; il guérit en quelques semaines d'une
fracture grave, mais au bout de sk mois il eulun premier
accès convulsif; puis les crises deviennent plus fréquentes
et il en a bientôt deux par mois. On ne peut loucher la cica-
trice crânienne, explorer la petite fistule qui conduit
jusqu'aux esquilles, effleurer même les cheveux sans pro-
voquer une crise immédiate. Sur la demande de Féré nous
pratiquons la trépanation ; une incision de 25 centimètres
libère un grand lambeau et met à nu le foyer de la fracture.
Une première couronne de trépan appliquée près de la bosse
frontale gauche, en un pointqui paraissait rugueux, n'enlève
qu'une rondelle saine; mais une rondelle nouvelle, placée à
3 centimètres en arrière, est le siège d'une saillie évidente,
d'une hyperostose que nous poursuivons par deux nouvelles
couronnes de trépan. Dans celte opération nous ouvrons
inopinément le sinus longitudinal supérieur dont nous
tarissons l'hémorrhagie par une compression prolongée;
les lambeaux sont rabattus, suturés, comprimés par un
bandage que nous enlevons le huitième jour. La guérison
était complète et, depuis, l'épilepsie n'a pas reparu.
Cet exposé fort long, quoique fort incomplet, peut s(
résumer en quelques courtes propositions: les fractures di
crâne sont ouvertes ou fermées; lorsqu'elles sont ouvertes
les soins d'une antisepsie rigoureuse, sauvegarde contre Tin
vasion d'une méningo-encéphalite, exigent une régularisatioi
de la plaie et l'on en profite pour relever les fragmcDl*
défoncés, enlever les esquilles dépériostées, extraire les corp<
étrangers accessibles et lier les vaisseaux rompus. Lorsqm
la fracture est fermée, on s'abstient à moins qu'un accident
ne force à intervenir ; on n'agira que si une branche
déchirée de la méningée menace de tuer le malade par
hémorrhagie, ou bien encore lorsque apparaissent (ie<
troubles fonctionnels localisés, immédiats ou tardifs, para<
lysie croissante, convulsions répétées, signes de poussées
hypérémiques, d'abcès du cerveau, épilepsie Iraumatique:
le trépan, appliqué au niveau de l'ancien foyer, a souvent
alors donné de merveilleux résultats. ^
Paul Reclps.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Trallemeal antlsepllqae de la dlphthérle
par la «|alnollne.
En raison de sa puissance antiputride, M. Domat a re-
commandé cet agent contre la diphthérie buccale et pha-
ryngée. On peut en faire usage comme désinfectant locaKeii
gargarisme ou en badigeonnage.
i*" En gargarisme, on emploiera une solution alcoolique
de quinoline — l'alcool facilitant la dissolution de ce corps
— et on formulera :
Quinoline 0,60 centigramnns.
Alcool à 90 degrés 30 grammes.
Eau distillée et bouillie 300 —
Essence de menthe I goutte.
2*' En badigeonnage y on applique avec un pinceau asseï
rude, sur les surfaces pseudo-membraneuses, le topique
suivant :
(Juinoline i gramme.
Alcool à yO degrés ) ^ ^r
Eau distillée ^ 25 grammes.
Béa toplqoea antiseptique» mu aaphtol.
On peut formuler ce corps en lotions, collutoires, injec-
tions et frictions antiseptiques et désinfectantes. On l<j
véhicule, à cet effet, dans l'alcool ou dans le camphre.
l'* En solutions. — La solution faible a pour formule i
Naphtol p 1 gramme. I
Alcool à 60 degrés 1000 grammes.
On l'emploie en lotions sur les régions chargées de poiU
que l'on veut rendre aseptiques.
La solution forte a pour composition :
Naphtol p 10 à 15 grammes.
Alcool à 60 degrés iOOO —
Elle sert à désinfecter les surfaces cutanées dénudées
2' En injections. — La solution doit être prépara* *
chaud et, de plus, soumise à une douce température. Avant
19 Avril 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM6 — 255
de rinjecter dans les cavités séreuses ou dans les abcès, il
est donc prudent de faire chauffer préalablement la seringue.
Voici Tune des formules proposées :
Naphtol P 10 grammes.
Alcool à *jO degrés 80 —
Eau 120 —
3" En collutoire. — Pour la toilette de la bouche, on
mélange quelques gouttes de la solution suivante dans une
verrée d'eau :
Eau de Botot.
Naphtol p....
60 grammes.
0«%60
i* En frictions, — Dans ce but, on fait usage du naphtol
caniphr^ Ce dernier s'obtient en triturant jusqu'à liqué-
faction le mélange suivant :
Camphre pulvérisé 2 parties.
Naphtol p pulvérisé 1 partie.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOSPICE DE LA SALPÉTRIÈRE. — PROFESSEUR : M. CHARCOT.
Abasie trépidante. — M. Charcot montre un type assez
rare d'abasie. Presque toujours Tabasie ou impossibilitéde
marcher va avec Tastasie ou impossibilité de se tenir
debout. Chez le malade qui fait le sujet de la leçon, l'aslasie
fait défaut, la station debout est possible; ce n'est que dans
la marche que les troubles du mouvement caractérisés par
(le la trépidation se produisent.
Assis, cet homme, qui n'est ni paraplégique, ni ataxique,
peut faire avec ses membres inférieurs tous les mouvements
qu'il veut; debout, il n'oscille ni d'un côté ni de l'autre, il
peut marcher à quatre pattes> sauter sur un pied seul ou
les pieds joints, la marche normale seule est impossible.
Dans la dernière leçon on a porté sur ce cas le pronostic le
plus favorable el Tévénement a démontré qu'on avait eu
raison, car aujourd'hui le malade, quand il s'observe, ne
pf*ut plus trépider comme il le faisait autrefois. La trépi-
dation ne réparait que quand on le pousse ou quand il se
hâte trop. Le professeur rappelle que ces troubles singuliers
de la marche peuvent et doivent être rapprochés des
troubles psychiques, c'est le centre cortical de la marche
qui est détraqué^ et la preuve c'est que de même que pour
certaines paralysies psvchiques le malade guérit en obser-
vant et en imitaitl un. homme qui marche devant lui, ravi-
vant ainsi l'image motrice du mouvement nécessaire pour
assurer la progression.
La manière dont cet homme a été atteint de son abasie
est assez curieuse : une affection des membres inférieurs
nécessita l'emprisonnement des deux jambes dans des en-
traves; cette immobilité, péniblement supportée, devint
pour le sujet le point de départ d'une auto-suggestion. Une
fois délivré de ses liens, il croyait toujours sentir ses jambes
emprisonnées dans l'appareil ; dans la rue, pressé d'éviter
quelqu'un qui allait le heurter, il fut pris de sa trépidation
dans le mouvement qu'il fit pour ne pas recevoir le
choc.
Ce malade a été intoxiqué par le sulfure de carbone. Aux
moyens suggestifs ou persuasifs habituels, on a joint les
toniques ainsi que le fer, l'hydrothérapie, etc.
La misère agent provocateur de l'hystérie. — M. Char-
col montre à sa leçon deux malheureux sur lesquels la
jalaliié parait s'être acharnée; tous deux sont hystériques,
hémianesthésiques, l'un est hémiparétique. Le premier de
ces hommes, fils de gens plus ou moins anonymes, a
couché dans les fours à plâtre jusqu'à vingt ans, s'est en-
gagé dans la marine, s'est feit condamner à mort pour avoir
jeté un officier à l'eau dans un moment d'oubli... Gracié,
pui§ envoyé dans les disciplinaires, il s'échoue en Nouvelle-
Calédonie, revient en France, dirige une ménagerie, un
établissement de décapité parlant, enfin, exerçait il y a
peu de temps la profession de sauvage, avalait des lapins
crus, etc.
L'autre malheureux, fils d'un ramasseur de champignons,
affreusement ivrogne, est porteur de deux pieds bols, bégaie
affreusement et roucoule des chansons sentimentales dans
les cours; il ne mange pas tous les jours, mais couche à
peu près régulièrement dehors. Ces deux faits viennent
à l'appui de cette idée qui ne tardera pas à être une vérité
reconnue de tous, c'est que l'hystérie mâle est très
fréquent; c'est que, si un médecin s'attachait à étudier les
dépôts de mendicité, les prisons et les bagnes, il se trou-
verait en présence d'une foule d'hystériques mâles. C'est là
la vraie hystérie, et bientôt on dira que les hommes hysté-
riques sont plus, nombreux que ne le sont le? femmes
atteintes de la même affection.
Paralysie alcoolique des membres inférieurs. — La
paralysie présente les caractères suivants : Pieds tombants.
Paraplégie absolue, rétractions tendineuses, troubles tro-
phiques caractérisés par de la peau lisse et des changements
de coloration du tégument, de l'atrophie musculaire; des
dégénérations électriques des muscles ; l'absence de réflexes
tendineux ; de la dysesthésie, une hypereslhésie vive de la
peau, des masses musculaires et même des tendons, le tout
précédé d'une période où ont dominé les douleurs à type
fulgurant, ainsi qu'un délire spécial dans lequel le malade
voyait des bêtes, des reptiles, etc.
Quand on saura que le malade avait des habitudes alcoo-
liques invétérées, on éliminera tout d'abord la paralysie
infantile et enfin dans le groupe des paralysies toxiques on
écartera le béribéri, l'arsenic et le saturnkme qui atteint
surtout les membres supérieurs et on portera le diagnostic
de paralysie alcoolique.
Les rétractions nbreuses s'étant produites, il faudra,
comme cela se passe pour certaines contractures hysté-
riques, recourir à l'intervention chirurgicale.
Le pronostic de ces paraplégies est relativement favorable,
il faut savoir cependant que parfois la vie est en jeu, et
qu'au lieu de se limiter à la périphérie, la maladie peut
attaquer le bulbe (Broadbent) et tuer en peu de temps par le
cœur et la respiration.
M. Charcot a vu lui-même un cas semblable chez une
jeune Américaine. (Leçon du 12 mars 1889.)
TRAVAUX ORIGINAUX
Cllniqoe médleale.
StJR UN SYSTÈME SPÉCIAL D'iNJECTION HYPODERMIQUE DE
CERTAINS MÉDICAMENTS IRRITANTS OU CAUSTIQUES, par
M. le docteur J.-L. Gimbert (de Cannes).
. (Fin. — Voy. le numéro 15.)
Douleur causée par la pénétration des. liquides. —
L'injection, poussée sans méthode, est douloureuse avec le
liquide le [)lus anodin.
L'eau distillée, l'huile, la vaseline liquide pénétrant
brusquement danç le tissu cellulaire sous-dermique,
tiraillent et déchirent les fibres cellulaires ou nerveuses.
Cet inconvénient peut éjre évité. 11 suffit pour cela d'in-
jecter avec une extrême lenteur et de faire sous la peau une
diffusion plutôt qu'une 'collection. Notre appareil répond à
/
256 -^ NM6 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
19 Avril 1889
cette indication. A différentes reprises nous ayons fait passer
^însi sous la peau d'un lapin 30, 40 et 50 grammes d'eau
sans provoquer de contorsions. Chez l'homme, nous n'avons
pas dépassé la dose de 15 grammes, n'ayant aucun besoin
d'injecter davantage; mais on pourrait injecter au besoin le
triple ou le quadruple si l'on en juge par l'innocuité des
épancbements séreux. En revanche, nous avons injecté
jusqu'à 40 grammes d'huile sans douleur, de sorte que si
pour faire pénétrer un médicament, il faut employer une
quantité notable de vésicule, il est inutile d'être arrêté par
la crainte de la douleur que pourrait provoquer une injec-
tion copieuse.
Douleur causée par les médicaments. — Les médica-
ments irritants injectés purs provoquent de vives douleurs;
mais, s'ils sont en solution faible, la peau les tolère très bien.
Cette douleur, étant donné que l'on supprime celle que
provoque une distension rapide des tissus, est en rapport
direct avec le degré de leur concentration. 2 grammes d*une
solution créosotée à 50 pour 100 provoquent des douleurs
quand même. 15 grammes d'huile créosotée au quinzième,
.contenant la même quantité de créosote, ne réveilleront
aucune plainte. 15 grammes d'eau contenant 1 gramme de
bisulfate de quinine ont pu passer ainsi chez une jeune fille
atteinte d'accès de fièvres rebelles. Or il serait difficile de
faire passer celte dose de sel avec le contenu d'une ou de
deux seringues de Pravaz. Nous avons obtenu le même
résultat avec riodoforme,reucaIyptol, et de notre expérience
^nous pouvons conclure que sur un sujet banal l'injection
d'une solution caustique étendue ne sera pas douloureuse,
si comme précédemment elle est faite avec une extrême
lenteur et si la solution est à un titre s' adaptant à la sensi-
bilité et à la fragilité du tissu endermique.
Voici les titres de quelques solutions particulièrement
utilisées par nous :
Créosote vraie \ gramme.
Huile d'olive aseptisée 14 —
lodol ou iodoforme 1 gramme.
Huile d'olive 29 —
Acide phénique cristallisé. . 1 gramme.
Huile d'olive ou eau faiblement alcoolisée.. . 49 —
Chlorhydrate neutre de quinine 1 gramme.
Eau distillée et bouillie 9
Antipyrine \ gramme.
Eau distillée 10 —
Ces titres sontle résultat de notre expérience; on peut les
affaiblir, mais on ne doit qu'exceptionnellement les forcer.
Réactions nerveuses, — Les réactions nerveuses dépen-
dent avant tout du sujet. A ce titre, il est difficile de faire des
injections lentes chez les enfants et chez les névropathes ;
mais elles dépendent aussi de quelques particularités de la
peau. Si on opère sur la région pectorale externe, on produit
très souvent un engourdissement douloureux du bras cor-
respondant. Les injections dans l'aisselle, sur la limite
externe du dos, produisent des effets semblables, ainsi que
les piqûres du bras faites dans le voisinage des gros nerfs.
Dans l'aine, on réveille souvent des douleurs dans le cordon ;
dans la jambe, il survient des phénomènes de ce genre
quand on opère en avant ou en arrière de la cuisse. Tous ces
phénomènes sont passagers; ils ne sont nullement une
contre-indication à l'emploi de la méthode.
Absorption, — L'absorption doit être le résultat immédiat
de l'injection. Elle dépend de la nature et de la quantité du
liquide, de la région et de la puissance absorbante du tissu,
autrement dit du sujet.
Les liquides que nous avons fait absorber sont simples ou
composés. Les premiers représentent la classe des véhi
cules, les seconds les solutions médicamenteuses.
L'eau distillée et bouillie est absorbée à très haute dos
et très vite. 50 grammes injectés sous la peau d'un lapii
adulte disparaissent en trois heures, en moyenne. Che
l'homme, 15 grammes contenant 1 gramme dechlorbydrat
de quinine ont disparu en vingt-quatre heures, si on ei
juge par l'examen direct delà peau. L'eau pure est ii
meilleur des véhicules, elle ne laisse pas de trace de soi
passage; malheureusement elle ne dissout que quelque
médicaments : le chlorhydrate de quinine, l'antipyrine
l'alcool, etc.
Vhuile de va^seline^ introduite par Meunier dans la thé-
rapeutique hypodermique est rapidement absorbée, maisn(
connaissant pas les limites de son innocuité nous n'avom
Sas osé faire absorber plus de 5 grammes, et cela ne répon
ait pas au but que nous poursuivions. t
L'huile d'olive, dissolvant la créosote, l'acide phénique.
l'eucalyptol, le myrtol, l'iodol, l'iodoforme est après Toau
pure le meilleur des véhicules jusqu'à nouvel ordre. Elit
doit être absolument pure ; nul' n'ignore qu'elle conlienl
des substances animales d'origine parasitaire que Texlrap-
tion industrielle ne cherche pas à aétruire (1). 11 faut donc
la purifier avec soin. Nous employons autant que possible
des huiles vierges et neutres, et pour prévenir toute altéra-
tion nous les faisons laver plusieurs lois avec de Talrool
à 90 degrés. Après celle opération qui dure plusieurs jours,
on fait bouillir l'huile décantée au bain-marie, ralcool
s'évapore et on a un liquide très pur. L'huile ainsi préparée
ne provoque aucune irritation et s'absorbe parfaitement.
même à des doses très élevées : 55 grammes par exemple.
Cette dose fut injectée à une malade, atteinte de tuber-
culose bilatérale, par son mari; elle fut absorbée en si\
jours et fut bienfaisante, à notre grande surprise. Nous ne
conseillerions pas à nos malades de faire de pareilles expé-
riences; nous trouvons en général qu'il suffit de faire absor-
ber 15 à 16 grammes suivant les indications.
Que devient le liquide en présence du tissu sous-
dermique? Il s'émulsionne. Bouchard a montré à son cours
de 1888, un lapin, qui, treize mois auparavant, avait rop
en sept injections sous-cutanées le tiers de son poids d'huile
d'olive, soit 610 grammes. Au moment de la démonstration
on n'en retrouve plus que 110 grammes; 500 gramme»^
avaient été absorbés par l'animal. Le liquide recueilli était
laiteux, chyliforme d'aspect; il était émulsîonné. Nous
ignorons à quoi il faut attribuer ce phénomène, mais il est.
Des cobayes auxquels nous avons fait des injections de
1 gramme d'huile simple ou d'huile créosotée au trentième,
ont parfaitement absorbé ce liquide ; mais contrairement an
lapin précédent, ils ont succombé à des embolies graisseuses
du poumon et du péritoine. Ces animaux absorbent donr
l'huile avec des tolérances variables. Dans deux abcès que
nous avons ouverts au huitième jour, nous avons retrouvé
des traces d'huile émulsionnée chez l'homme (4).
L'absorption étant un fait acquis, bien des causes peuvenl
la retarder ou l'activer. On peut presque préciser le momeni
de l'absorption par le développement du goût et de l'odeur
de certains balsamiques dans la gorge et dans le nez après |
l'injection. La créosote, l'eucalyptol servent, à cet égard,
de pierre de touche pour des doses déterminées. i
En général, rinfiltralion est plus vite absorbée que h '
collection. Dans le premier cas, le liquide est, à un mo- :
ment donné, en contact avec un plus grand nombre de |
capillaires. Lorsque le tissu cellulaire est très lâche, comme
dans l'aine, l'aisselle, le ventre de la femme mère, Tal)-
sorplion est ralentie; dans ce cas, 15 grammes d'huile
créosotée au 1/15* passent inaperçus pour la gorge ou la
(1) Les olives conlienacnt un grand nombre do vers qui dévorent la l'uliw ^'
ddlrui»ent souvent les récoUes en entier.
(2) Nous reviendrons plus tard sur ces faits curieux.
19 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 16 — 257
piluitaire ; tandis qu'une égale quantité, pénétrant par le
dos ou la poitrine, donne le goût de la créosote dans la gorge
une à trois minutes après le début de l'injection.
Chez les animaux, 2 à 3 grammes d'huile disparaissent en
Quatre jours au maximum (1). Chez l'homme, 15 grammes
disparaissent, en moyenne, en vingt ou quarante heures,
suivant le lieu d'élection; 50 grammes sont absorbés après
six ou huit jours.
Une lenteur exagérée de l'absorption est un inconvénient,
une lenteur raisonnable a une grande utilité. L'injection
est un réservoir dans lequel les vaisseaux vont pomper les
médicaments ; si l'absorption était trop rapide, les effets
seraient trop violents ou trop fugaces. Dans fétat ordinaire,
une injection de 15 grammes d'huile créosotée déversera
de la créosote sur les bronches pendant deux ou trois jours
environ, et cette dose ainsi graduellement distribuée se
joindra à celle qui passant dans les artères reviendra par
les capillaires au poumon pour y exercer une nouvelle
adion topique. Si l'on en croit le témoignage des malades,
l'artion durerait trois jours. Ces considérations nous amènent
I à faire un usage discret des injections, soit qu'on redoute
i rnccumulation des doses, soit que leur fréquence soit inu-
tile. Mais il peut arriver que l'absorption soit trop rapide,
! c'est qu'alors on a injecté une petite veine. Ce fait, quelque
rare qu'il soit, peut se rencontrer avec toutes l^s injections.
Nous l'avons vu se produire il y a quinze ans pour la mor-
phine. Dans ce cas, il y eut des vertiges et des nausées
avant l'introduction de trois gouttes de solution.
Nous croyons l'avoir constaté pour la créosote. Dès les
premières gouttes d'injection dans la fesse, un malade fut
pris de dessèchement instantané de la gorge, du goût de la
créosote et de quintes de toux sèche durant quelques se-
condes seulement; nous arrêtâmes rof)éralion. Avec notre
système, de pareils troubles sont insignifiants; mais, si l'in-
jection était rapide, ils pourraient être plus sérieux ; il suffit
d'élre prévenu pour les éviter.
Enfin l'absorption peut être trop lente. La grande quantité
de véhicule, le choix d'une région peu vivante, la vieillesse,
rendent l'absorption lente. Les viédicaments en dissolution
peuvent modifier l'absorption de Thuile ou de tout autre
véhicule. A un titre faible, ces solutions activent la circu-
lation cellulaire, Tosmo.^fe suit le mouvement; à un titre
très fort, elles produicent une action caustique sur les
tissus périphériques, qui coagule le sang des capillaires et
rend l'absorption sinon tout à fait impossible, dans tous
les cas très lente.
5 grammes d'une solution huileuse de créosote au cin-
quième produisent une induration des tissus qui est un
obstacle à l'endosmose. Une solution au même titre de
bisulfate de quinine, injectée même à dose moindre, pro-
(luit le même phénomène; "2 grammes d'une solution hui-
leuse, à parties égales, de créosote, déterminent une eschare
sous-cutanée qui emprisonne pour longtemps l'injection.
Nous avons produit le phénomène à volonté chez le lapin.
Ce fait a une très grande importance. Pour faire un do-
page thérapeutique sérieux, il faut une absorption de moyenne
durée et complète. Avec une solution non caustique on aura
un eiïet de toute la dose; avec une solution irritante et
caustique on n'aura qu'une absorption très minime et indé-
finie, alors même qu'on injecterait de très grandes doses
I de médicament.
!
Phénomènes accidentels. — Les liquides peuvent pro-
{iuire une irritation, une inflammation suppurative, une
induration, une eschare, une ecchymose, une lymphangite.
L'iiTilation dépend de l'asepsie insuffisante des liquides,
de leur nature et du degré de concentration des solutions
médicamenteuses. Elle dure peu et ne provoque aucune
réaction générale. L'inflammation est rare; elle a son
(i) Bouchard. Coun de pathologie générale, i888.
origine dans ïintroduction de microbes ou de corps étran-
gers sons la peau. Elle peut se produire avec tous les mé-
ilicaments : la morphine, la quinine, l'éther, le chlcroforme,
la créosote.
Au début de nos études, nous avons eu sous nos yeux deux
abcès. Le premier se produisit après la vingtième injection
de 5 grammes d'huile créosotée au cinquième. Nous injec-
tions ce jour-là une huile nouvelle. Après enquête, nous
reconnûmes que cette huile était fermentée. Le deuxième
abcès survint à la suite d'une injection de granulations
d'oxyde de cuivre. A cette date, nos tubes injecleurs étaient
en cuivre nickelé, l'huile, parfois acide, les oxydait ; nous
avions cependant la précaution d'amorcer largement notre
robinet sur une assiette blanche. Néanmoins, du cuivre
pénétra cette fois sous la peau, et nous le retrouvâmes
après l'ouverture de l'abcès. Dés ce jour, nous avons
employé des tubes en argent fin et nous n'avons plus eu à
déplorer de pareils accrocs.
La lymphangite se manifeste quelquefois chez des sujets
très affaiblis. Mais ceux-ci n'ont plus besoin d'injections, et
du reste des cataplasmes de fécule de pomme de terre les
calment. Elle peut se produire lorsqu'on se sert d'un
appareil laissé au repos depuis longtemps et que l'on utilise
à nouveau sans l'avoir préalablement lavé. 11 est possible
que Quelques poussières de caoutchouc les provoquent. Il
faut donc changer souvent ces tubes et les tenir très pro-
prement.
Uinduration présente deux types : le type simple et le
type escharotique. On peut les déterminer à volonté sur les
animaux avec des solutions diverses de créosote, de qui-
nine, d'essence de cannelle à la moitié, au cinquième.
S5 centigrammes de bisulfate de quinine, injectés dans
3 grammes d'eau, dans la cuisse d'un enfant qui asphyxiait,
t réduisirent une induration douloureuse qui dura six mois,
'enfant heureusement fut sauvé d'une mort certaine. Les
solutions au cinquième de créosote, d'eucalyptol, forment
également des indurations, mais elles cessent rapidement
d'être douloureuses, bien que la résorption en soit lente.
L'induration escharotique dépend de la concentration des
solutions; elle est résorbable, mais bien lentement. Dans
tous les cas sa formation est très douloureuse; les animaux
se débattent et se plaignent.
Vecchymose sous-cutanée est un phénomène sans valeur.
Il suffit de se rappeler l'innocuité des hémorrhagies sous-
cutanées aseptiques pour être rassuré d'avance sur l'impor-
tance très minime de cet accident.
Vurticaire a son origine dans la piqûre. Les malades
éprouvent des démangeaisons, et il se fait un érythème
fugace autour du relief de l'injection. C'est un phénomène
sans valeur.
Conclusions. — Grâce à un outillage spécial, à une
application nouvelle des propriétés endosmotiques du tissu
sous-dermique et à une méthode opératoire déterminée,
nous avons créé un nouveau système d'injection hypoder-
mique des substances irritantes ou caustiques signalées
plus haut.
Ces injections n'ont guère d'analogie avec celles que l'on
a pratiquées jusqu'à ce jour. Dans celles-ci la proportion
de véhicule injectée est insignifiante ; l'action irritante,
caustique ou destructive sur le tissu cellulaire a est la règle
si l'on emploie une dose thérapeutique; l'absorption est
difficile, lente, incomplète; la douleur très vive.
Avec notre système, la douleur est insignifiante ou nulle,
la quantité de véhicule injectée relativement considérable,
la dose thérapeutique du médicament à la discrétion du
médecin, l'absorption intégrale et rapide, l'absence de
lésion des tissus la règle. Par conséquent, nous avons créé
un progrès sur le passé, élargi le domaine déjà intéressant
de la thérapeutique sous-cutanée.
Pour ce qui concerne les substances étudiées, nous espé-
258
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
19 Avril 1889
rons donc avoir résolu le problème que nous nous étions
proposé, à savoir : Faire tolérer et absorber par la peau
les médicaments iiritants ou caustiques.
Après avoir établi cette base de la méthode, il faudrait
étudier les effets physiologiques des médicaments absorbés,
en déduire les conséquences thérapeutiques pour la tuber-
culose, la septicémie, la fièvre intermittente, les troubles
nutritifs et circulatoires; il faudrait préciser les indications
et les contre-indications du système ou de la médication
par ce système, etc.; mais ce serait dépasser les limites
aune simple note. Nous donnerons bientôt de plus amples
développements sur ces différentes questions.
Un nouveau syndrome cardiaque : L'embryocardie ou
RYTHME FŒTAL DES BRUITS DU CŒUR. Communication
faite à la Société médicale des hôpitaux dans la séance
du 13 avril 1889, par M. Henri Huchard, médecin de
l'hôpital Bichat.
11 va plusieurs mois, mourait dans mon service de l'hô-
pital Bichat une malade atteinte d'une fièvre typhoïde très
grave. Quatre jours auparavant, elle avait présenté ce
syndrome important caractérisé par le rythme fœtal des
bruits du cœur, auquel j'ai donné le nom d'embryocardie.
Le pouls était fréquent, à 140, la température abaissée
à 38'',5; il y avait des congestions viscérales multiples, des
Ehénomènes de collapsus, et j'avais pu annoncer la mort à
rêve échéance en m'appuyant surtout sur. la constatation
de ce rythme particulier des bruits du cœur. Mais en raison
des accidents graves de collapsus qui l'accompagnaient, la
sévérité du pronostic s'imposait pour ainsi dire d'elle-
même. Il n'en est pas de même d autres observations, où
le syndrome de l'embryocardie existant pour ainsi dire à
l'état isolé, a pu me servir d'élément sérieux de pronostic,
comme je l'ai démontré il y a un an dans mes leçons sur
« la tension artérielle dans les maladies » {Semaine médi-
calcy 9 mai et 27 juin 1888).
Je citerai à ce sujet l'observation d'une jeune fille de
quatorze ans, atteinte d'une fièvre typhoïde au huitième
Jour. La maladie ne paraissait pas grave tout d'abord, la
diarrhée était modérée et non rétide, la langue humide,
Tétat cérébral satisfaisant, mais la température atteignait
déjà le chiffre de 40%5. Nonobstant cette élévation ther-
mique, le pronostic paraissait rassurant, quand j'appelai
Tattention de deux de mes confrères sur l'accélération du
pouls battant 120 à 140 fois par minute, — ce qui, dans la
dothiénentérie, est plus souvent un signe de gravité que
l'intensité même de la fièvre, — et je partis très préoccupé
parce que j'avais déjà constaté une tendance des bruits du
cœur à prendre le caractère fœtal. Quatre jours après, il y
eut une syncope, et le lendemain, quand je vins revoir la
petite malade, les accidents lipothymiques ne s'étaient pas
reproduits, le calme était revenu, et l'on était loin de
s'attendre à un dénouement fatal. Mais le pouls était
plus fréquent (à 144); les bruits du cœur faibles et égaux
en intensité, identiques par leur timbre, étaient séparés
l'un de l'autre par des silences d'une égale durée ; bref, ils
avaient pris nettement le caractère fœtal. M'appuyant alors
sur la valeur pronostique de ce dernier signe, j'annonçai la
mort presque certaine et prochaine de l'enfant. Deux jours
après, elle succombait au milieu de symptômes asphyxiques
les plus prononcés, comme cela survient le plus souvent
dans ces cas.
Le rythme fœtal des bruits du cœur a été indiqué par
Stokes dans quatre observations de son étude si remar-
quable sur c l'état du cœur dans le tvphus ». Voici le seul
passage où le célèbre clinicien irlandais lui fait allusion :
c L'extinction de l'un ou de l'autre bruit cardiaque n'a pas
lieu ; seulement ils sont tousdeux moins forts et deviennent
presaue complètement identiques. Nous avons donné à cet
état le nom de caractère fœtal, tiré de la ressemblance
étroite qu'il y a entre ce phénomène et les bruits du cœur
du fœtus pendant la gestation. Cette similitude est presque
absolue, lorsque le pouls a une rapidité de 125 à 140 pul-
sations par minute. » Gomme on le voit, Stokes ne se doutait
pas de la valeur diagnostique et pronostique de ce syndrome.
il ignorait sa pathogénie, il n'avait pas vu ses rapports
si étroits avec l'abaissement extrême de la tension arté-
rielle, et il traitait ses malades par l'administration du vin à
haute dose, sans connaître ni préciser les indications théra-
peutiques de cet état morbide.
On n'en parlait plus, et ce fut seulement en 1871, que dans
nos recherches sur la myocardite varioleuse, M. Desnos et
moi avons parfois constaté ce rythme fœtal sur nos malades.
Dans ses leçons cliniques sur c les manifestations car-
diaaues de la fièvre typhoïde » (Progrès médical, 1875),
M. Hayem, qui a confirmé la plupart de nos recherches sur
les symptômes de la myocardite aiguë, cite deux observa-
tions où ce rythme fœtal est simplement mentionné. Enfin,
en 1885, M. Démange rapporte un fait sur leouel je revien-
drai plus tard, où le phénomène de l'erooryocardie est
signalé sans' aucun commentaire. Postérieurement à mes
leçons de 1888 sur la tension artérielle, d'autres faits ont
été cités par les docteurs Chevallier, Guillot, Latil, et réunis
dans la thèse dL'un de mes internes, M. Gillet (1).
Tel est rhistoriciue de la question. Il démontre que,
jusqu'à mes rechercnes sur ce sujet, aucun auteur n'a song»'
à tirer parti de ce syndrome pour la séméiotique et la théra-
peutique cardiaques.
D'abord, que doit-on entendre par le mot embrp-
cardiei^yf
Trois éléments importants le constituent :
1* L'accélération des battements du cœur, ou tachy-
cardie ;
2^ L'égalisation, ou la tendance à l'égalisation en durée
des deux silences ;
3° La similitude de timbre et d'intensité des deux bruits.
A ce dernier point de vue, je dois rappeler qu'à TéUt
normal, le premier bruit est sourd et un peu prolongé,
tandis que le second bruit est sec et légèrement retentis-
sant. Lorsque ce retentissement est exagéré, il devient le
retentissement diastolique de l'aorte, signe d'une hyper-
tension artérielle. Au contraire, l'affaiblissement du second
bruit veut dire : abaissement de la tension artérielle.
L'affaiblissement du premier bruit, que Stokes a bien
décrit dans le typhus, signifie : faiblesse de la conlractilité
cardiaque.
Je ne m'étendrai pas sur le diagnostic de l'embryocardie.
tout en insistant sur la différence capitale qui la sépare de
la tachycardie simple. En effet, dans celle-ci, en suppo-
sant même que l'accélération cardiaque soit extrême et
qu'elle atteigne le chiffre de 200 battements, comme Kom-
melaere (de Liège) en a cité quelques exemples, on peut
toujours distinguer le grand silence du petit silence, et le>
deux bruits ne sont pas identiques. En un mot, la tachycardie
extrême (160 à 200 pulsations) peut exister sans enibryo-
cardie, et celle-ci peut se montrer avec une tachycardie
modérée (120 à 140 pulsations). Donc, les deux phénomènes
ne sont pas dépendants l'un de l'autre, on commettrait une
grave erreur de diagnostic en les confondant, et le svn-
drome de l'embryocardie ne peut exister sans la réunion
des trois éléments symptomatiques que j'ai énumérés.
(1) De l'embryocardie ou rythme fœtal det bruiu du cœur, j*»r M> ^''l'^'
(Thèse ioauffurale. Pari», 1888).
(2) Le mol « embryocardie » me paraît préférable à celui de cyétnatocariu
(de itûv|(ui, fœtus, et ««p^ia, cœur) que j'avais d'abord adopté.
19 Avril 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N» 16 — 259
Ce syndrome répond à deux états anatomiques :
1« À un état de dégénérescence plus ou moins avancée du
myocarde ;
i' A un affaiblissement extrême de la tension arlé-
rielle.
Or, ces deux conditions se trouvent réalisées, surtout
dans la dothiénentérie où Ton observe une dégénérescence
du myocarde consécutive à Tarlérite lyphoïdique où j'ai
constaté, avec d'autres auteurs, un abaissement considé-
rable de la pression artérielle. C'est là ce qui explique la
fréquence relative de Tembryocardie dans le cours Je fièvres
typhoïdes graves.
Mais on peut encore Tobserver dans d'autres maladies,
dans les scarlatines , les pneumonies infectieuses, la
diphlhérie, dans toutes les cachexies, et à la période ultime
de Tasystolie dans les maladies du cœur. M. Schwarlz,
chirurgien des hôpitaux, m'a signalé un cas d'embryocardie
qu'il a observé chez une malade atteinte de kyste de Tovaire
et tombée dans la cachexie la plus prononcée. Il obtint la
guérison de cet état très grave par l'emploi d'une médica-
tion que j'ai préconisée dans ces cas, et que j'exposerai plus
loin.
Le mode de production de l'embryocardie, c'est-à-dire sa
I pathogénie, doit recevoir, d'après moi, l'explication sui-
vante:
Si l'on admet pour le cœur un nerf frénaleur (frein ner-
veux), on doit aussi admettre qu'il existe pour cet organe, à
la périphérie du système circulatoire, un autre frein (frein
lasculaire) représenté par lu contractilité artérielle. Celle-
ci vient-elle à diminuer, ou même à presque disparaître par
le fait delà maladie? Le cœur alors, suivant une loi de
Marey bien connue, bat d'autant plus vite que les résis-
tances périphériques sont moindres; livré à lui*raème, il
bat à la dérive, ses contractions s'affaiblissent, se rappro-
chent et se précipitent, et les symptômes d'asphyxie ou de
cyanose se produisent avec d'autant plus de facilité que le
moteur central a une fibre plus molle et plus altérée.
La valeur pronostique de ce syndrome est grave ; souvent
l'embryocardie précède de quelques jours ou de quelques
heures les accidents de collapsus sur la nature desquels on
a tant discuté et que j'attribue en grande partie à Taffaiblis-
sement extrême de la tension artérielle; souvent aussi les
malades succombent au milieu d'accidents asphyxiques;
enfin presque toujours Tembryocardie est le phénomène
avant-coureur de la mort et parfois de la niorl subite.
Je me rappelle à ce sujet avoir observé il y a sept ans, à
l'hôpital Tenon, une malade qui, dans la convalescence
d'une fièvre typhoïde de moyenne intensité, conservait tou-
jours un pouls rapide (120 à 440) et dont les bruits du
cœur présentaient le caractère fœtal. J'étais inquiet sans
doute, mais je me plaisais à espérer la guérison, car la ma-
lade était en pleine convalescence et elle n'avait plus de
fièvre depuis une douzaine de jours. Par la suite, elle eut
cependant une syncope qui devint uour moi un avertisse-
ment d'unecertaine gravité, et elle finit par succomber len-
tement à des phénomènes asphyxiques au vingtième jour de
sa convalescence.
Puisque l'embryocardie est liée à la dégénérescence du
muscle cardiaque et à l'affaiblissement de la tension arté-
rielle, les indications thérapeutiques s'imposent.
i" Il faut relever la force contractile du cœur;
2** Il faut relever la force contractile des vaisseaux, c'est-
à-dire augmenter la tension artérielle.
Pour relever la force contractile du cœur, on pense natu-
rellement à la digitale. Or, dans ces conditions, elle est non
seulement inutile, mais elle peut être nuisible et produire
parfois les plus déplorables effets. Comme dans tous les cas
où elle s'adresse à un myocarde profondément altéré, on
doit donner la préférence aux injections sous-cutanées de
caféine, à la dose de 4 à 10 par jour, chaque injection repré-
sentait âO à 25 centigrammes de caféine. Je répète depuis
six ans, que celle-ci agit à un triple titre : comme tonique
du cœur, comme tonique général de l'organisme et comme
diurétique. — On peut encore joindre à ces injections,
celles d'éther.
Pour relever la force contractile des vaisseaux, il faut s'a-
dresser aux médicaments vaso-constricteurs. Or, c'est l'ergot
de seigle, déjà indiqué par Duboué (de Pau) d'une façon
peut-être trop systématique, qui remplit le mieux cette
seconde indication. Hais contrairement à sa pratique, je
préfère la voie sous-cutanée, parce que l'absorption du médi-
cament est plus rapide et plus sûre. On doit pratiquer
ainsi quatre à cinq injections d'ergotine ou d'ergotinine par
jour.
M. Démange (de Nancy) a rapporté l'observation d'une
malade atteinte d'une fièvre typhoïde extrêmement grave
avec accidents de collapsus, embryocardie, etc., et qui dut
une guérison presque inespérée à 1 emploi de plusieurs in-
jections d'ergotine (Revue de médecine, 1885).
Mais, le plus souvent, l'ergot de seigle ne suffit pas, parce
que ce médicament ne remplit qu'une indication thérapeu-
tique, celte de combattre les symptômes de parésie vascu-
laire, et parce qu'il laisse subsister le danger de la parésie
cardiaque. Pour le combattre et l'écarter, il faut jomdre à
l'ergotine l'usage de la caféine dont j'ai recommandé depuis
six ans l'emploi en injections hypodermiques dans tous les
états adynamiques; et depuis six ans, les résultats remar-
quables, parfois extraordinaires que j'ai obtenus à l'aide de
cette médication, — et dont quelques-uns sont consignés
dans la thèse de M. Gillet, — n'ont fait que me confirmer
tous les jours dans mon opinion première.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Acadénale des seleaeea.
Influence qu'exerce sur la maladie charbonneuse l'ino-
culation DU bacille PYocvANiQUE, par M. Ch. Bouchard» —
On a déjà fait quelques essais de traitement de la maladie char-
bonneuse par l'inoculation d'autres maladies infectieuses.
M. Emmerich a traité avec succès le charbon en inoculant après
la bactéridie charbonneuse le streptocoque de Térysipele;
M. Pawlowsky a également réussi en inoculant le pneumoco-
que.
J'ai recherché quelle influence pouvait avoir l'inoculation du
bacille pyocyanique sur le développement et révolution du
charbon et si on la pratiquait quelques heures après l'inocula-
tion de la bactéridie charbonneuse. Ces expériences ont été faites
chez le lapin et chez le cobaye.
J'ai fait, chez le lapin, 26'inoculations de la bactéridie char-
bonneuse, puis du bacille pyocyanique.
Dans 17 inoculations la bactéridie a été puisée dans une cul-
ture; 5 animaux sont morts charbonneux, 2 sont morts sans
charbon, 10 ont guéri. Dans les diverses expériences de cette
série, 11 lapine témoins inoculés avec les mêmes cultures ont
donné 11 morts par charbon.
Dans 9 inoculations la bactéridie a été puisée dans le sang
d'un animal mort du charbon; 1 animal est mort charbonneux,
6 sont morts non charbonneux, 2 ont guéri. Dans les diverses
expériences de cette série, 9 lapins témoins inoculés avec les
mêmes sangs ont donné 9 morts par charbon.
Kn somme, sur 26 inoculations pratiquées sur le lapin, soit
avec les cultures, soit avec le sang charbonneux, ii y a eu
5 morts par charbon, 8 morts sans-^charbon et 12 guérisons,
tandis que 20 témoins ont donné 20 morts par charbon.
J'ai fait, chez le cobaye, 6 inoculations de la bactéridie char-
bonneuse, puis du bacille pyocyanique.
Dans 3 inoculations, la bactéridie a été puisée dans une cul-
260
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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lures i animal est mort charbonneux, 2 sont morts sans char-
bon, il n'y a pas eu de guérison, 1 cobaye témoin inoculé avec
la même culture est mort charbonneux.
Dans 3 inoculations, la bactéridie a été puisée dans le sang
d'un animal mort du charbon; 2 aniraux sont morts charbon-
neux, 1 est mort sans charbon, il n'y a pas eu de guérison,
1 cobaye témoin inoculé avec le même sang est morl charbon-
neux.
En somme, sur 0 inoculations pratiquéi^s sur le cobaye, il y
a eu 3 morts par charbon et 3 morts sans charbon, tandis que
2 témoins ont donnée morts par charbon.
Pour tous les animaux, lapins et cobayes, déclarés morts sans
charbon, il a été constaté que la rate n*était pas volumineuse,
que le microscope ne faisait pas découvrir de bactéridies dans
le sang, que ce sang ensemencé ne donnait pas la culture carac-
téristique ei que, inoculé à des animaux sains, il ne produisait
pas le charbon.
Je dois dire que les animaux guéris n'avaient pas conquis Tim-
munité et que, inoculés plus tard avec le sang charbonneux
sans adjonction de bacille pyocyanique, ils sont tous morts char-
bonneux.
MM. Guignard et Charrin ont cherché à déterminer les condi-
tions qui font que rinoculation du bacille pyocyanique s'oppose
partiellement au moins au développement de'^la maladie que
provoque la bactéridie charbonneuse.
Action du bacille pyocyanique sub la bactébidie char-
bonneuse, par MM. Charrin et L. Guignard. — Les expé-
riences de M. Bouchard relatées ci-d ssus ont montré que l'ino-
culation du bacille pvocyanique pouvait influencer le développe-
ment de la maladie charbonneuse.
Les auteurs de celte note ont cherché à pénétrer le méca-
nisme de celte influence, en étudiant d'abord in vitro l'action
du microbe du pus bleu sur celui du charbon. Dans ce but, ce
microbe a élé semé dans des cultures charbonneuses en pleine
activité virulente. Les réactions caractéristiques delà pyocyanine
n'ont pas tardé à apparaître, et, en observant ces cultures mixtes,
les auteurs ont suivi les modifications que peut y subir la bacté-
ridie charbonneuse. Ces cultures ont été inoculées au cobaye.
Pour tuer cet animal, il faut des doses considérables de virus
pyocvaniaue (l''<^ et davantage), tandis que tes doses minimes de
charbon (1 à 3 gouttes de culture) sont suffisantes pour amener
la mort. Des lors, en injectant sous la peau tout au plus 0<^S5,
on ne peut agir que par la bactéridie charbonneuse.
Pendant les six premiers jours de ces cultures mixies, la vi-
rulence du germe charbonneux ne paraît pas modifiée d'une
façon constante. A partir du huitième jour, cette virulence di-
minue. Les animaux inoculés succombent au charbon, mais la
survie augmente. Alors qu'une culture charbonneuse de même
Age et indemne de tout microbe du pus bleu tue en trois ou
quatre jours, la culture mixte ne cause la mort qu'au bout de
sept à huit jours. A l'autopsie, on rencontre habituellement
dans la rate de lonffs filaments, minces, granuleux, que Ton a
considérés comme Tes signes d'un charbon atténué. Au ving-
tième jour et au delà, le cobaye se montre réfractaire, quoique
les résultats ne soient pas absolument constan s. 11 est aisé de
constater qu'à cette date, si on sème la bactéridie ainsi atténuée
dans du bouillon pur, cette bactéridie reprend sa virulence.
Parallèlement à ces changements de virulence, MM. Charrin
et Guignard ont suivi les modifications morphologiques et ils
ont constaté les chanc^ements d'aspect de la bucléridie charbon-
neuse survenus sous T'influence de l'inoculation du bacille pyo-
cyanique.
Dans une seconde série d'expériences, ils ont semé du charbon
à l'état de filaments dans des produits solubies stérilisés et fil-
trés du bacille pyocyanique. On observe dans ces nouvelles
conditions des modifications de morphologie et de virulence ab-
solument comparables aux précédentes. Si l'on reprend, au sein
de ces milieux artificiels, les germes charbonneux qui y vivent
si péniblement, pour les porter sur des milieux favorables, on
assiste encore à leur régénération rapide.
Dans une troisième série d'expériences, MM. Charrin et L.
Guignard ont du, grâce à l'obligeance de M. Loye, s'assurer que
les produits solubies du bacille pyocyanique n'agissaient pas sur
l'hémoglobine du lapin. De plus, les globules du sang ne présen-
tent pas d altération apparente, au moins après six jours, quand
on les conserve dans ces mêmes produits solubies, à l'abri de
l'air.
Pour tous ces motifs, ils ont été amenés à conclure que, dans
le mécanisme de l'atténuation du microbe du charbon par le
microbe du pus bleu, les produits fabriqués par ce dernier pou-
vaient jouer un rôle. Il est permis de supposer que ces sub-
stances chimiques, dans le cas particulier, sont plus nocives
pour la cellule végétale que pour certaines cellules animahs.
L'inverse se produit quand, par exemple, on régénère le charbon
symptomatique pari acide lactique.
Toutefois, ce serait exagérer que de croire l'action des pro-
duits solubies suffisante à elle seule pour tout expliquer. Os
riroduits atténuent, ils ne tuent pas, ou du moins difficilement.
1 est possible que le pha^ocytismc profite de cette atténuation
pour remporter une victoire devenue plus facile. II est probable
aussi que d'autres conditions de ce mécanisme nous écliappent.
Peut-on pénétrer plus intimement le procédé qu'emploie le
bacille pyocyanique pour altérer la bactéridie charbonneuse?
Répondre d une iaçon complète serait chose difficile. Ce que
l'on peut dire, c'est que le microbe du pus bleu, pour a^ir,
parait surtout user de deux ordres de moyens principaux. Il
atténue la bactéridie charbonneuse en sécrétant des substances
nuisibles pour elle, mais il l'atténue également en épuisanl les
milieux nutritifs. La démonstration de cet épuisement résulte (!»•
ce fait qu'il suffit d'ajouter du bouillon pur pour rendn» au
germe charbonneux un certain degré de vitalité.
De l*identité de l'ébysipèle et de la lymphangite Air.jK,
par MM. Verneuil et Clado, — c L'érysipèle et la l^jmphangitr,
disent les auteurs, sont deux aiïections voisines qu'on observe
le mieux et le plus souvent à la surface du corp<(, mais sur la
nature et les relations desquelles on a beaucoup discuté snn>
être parvenu aujourd'hui même à se mettre complètement d'ac-
cord.
Les uns, en effet, n'en font qu'une seule et même maladie ou
tout au plus deux formes de la même maladie; les autres, :ui
contraire, les séparent nettement, accordant toutefois qu elles
peuvent coexister et se confondre.
Les unicisteSj parmi lesquels nous voulons être rangés, invo-
quent :
1° La communauté de siège analomique : la lymphangite
occupant les troncs lyrapatiques, et l'érysipèle, les réseaux du
même système; l'une et l'autre envahissant également les gan-
glions ;
2"» La similitude du processus pathologique : les deux affec-
tions présentant là où elles sont visibles les phénomènes cardi-
naux de l'inflammation franche : rougeur, chaleur, douleur,
tuméfaction, avec tendance à la suppuration;
3° Le même point de départ dans une solution de continuid-
des surfaces tégumentaires ;
4" Le même début symptomatique : frissons, vomissements,
élévation brusque de la température, etc., avec les troubIt'N
généraux traduisant une intoxication soudaine;
5" L'impossibilité pour le clinicien de dire dans un bon nom-
bre de cas s'il s'agita une lymphangite, d'un érysipèle, ou d'une
association des deux; le mal ayant commencé tantôt par l'une,
tantôt par l'autre.
A ces arguments si nombreux et si probants nous voulons
îijouter une preuve nouvelle, tout à fait décisive, tirée de l'élud»'
expérimentale et microbienne, et qui nous dispensera d'exposer
et de détruire les arguments des (/ua//5t^s. >
Tout le monde sait aujourd'hui que l'érysipèle est une malalie
infectieuse, contagieuse, inoculable, ayant pour agent uuiqne
un microbe spécial, découvert d'abord en France par Nepveu,
puis en Allemagne par Hueter, très facile à reconnaître, à isoler,
a cultiver, à transmettre aux animaux. Les cliniciens unicislCN
considèrent également la lymphangite comme contagieuse,
infectieuse, transmissible, et par conséquent microbienne; inai»;
ils n'en ont pas fourni la preuve péremploire, n'ayant pas isole
son microbe et ne l'ayant pas inocule aux animaux; il"? ont
encore moins prouvé son identité avec le microbe érysipélaleux.
C'est à ces diverses démonstrations qu'est destinée la note pr«'-
sentée à l'Académie. Après avoir rappelé la technique qui Pf '*'"*'
d'isoler et de cultiver, puis d'inoculer le microbe de réry>ip<|!p»
les auteurs ont recherché si la lymphangite pure, c'esl-à-uire
exempte d'érysipèle, ne pourrait fournir des microbes sembla-
bles. La question eût été difficile à résoudre si l'on sélait
adressé à la lymphangite réticulaire. 11 existe heureusemenl.
aux membres supérieurs et inférieurs, une variété de lympHao-
gite tout à fait distincte et n'ayant avec lérysipèle aucune
ressemblance clinique. Siégeant exclusivement dans les ^ros
vaisseaux rectilignes, elle se présente sous forme de cordons
19 AVRIL 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N' 16 — 261
cylindriques, rampant sous la peau et se rendant de la plaie
dermique aux ganglions inguinaux ou axillaires. Appréciables
nu toucher par Teur consistance ferme et la douleur à la pres-
.sion, ils sont souvent aussi reconnaissables à la vue, en raison
tle la rougeur linéaire, étroite, bien limitée, que la peau offre
sur leur Irajel.
Comme f érysipèle, cette lymphangite se termine de deux
maoïères : tantôt par résolution, tantôt par suppuration.
Cesl en étudiant le liquide des collections purulentes formées
par ces lymphangites que MM. Verneuil et Clado sont arrivés à
isoler et à cultiver un microbe identique à celui de Térysipèle.
Dans le mémoire communiqué à FAcadémie des sciences ils
publient les observations des malades qui leur ont fourni le pus
nécessaire aux inoculations et ils en déduisent les conclusions
suivantes :
l'' 1/érysipèle et la lymphangite aiguë iie sont uue deux-
formes irûne seule et même maladie contagieuse, inlectieuse,
parasitaire.
t Leur agent est un microbe spécial, facile à reconnaître, à
i>oler, à cultiver et à inoculer aux animaux.
3" Ce microbe, découvert et décrit dans Férysipcle seulement,
ic retrouve dans la lymphangite aiguë avec ses caractères et ses
propriétés au complet.
i" Il établit donc définitivement Tidentité absolue de cause et
tlp nature de deux affections considérées comme distinctes par
un grand nombre d*auteurs.
Nominations. — Dans cette môme séance du 8 avril, TAca-
ilêniie a nommé les commissions de prix, chargées déjuger les
, concours de Tannée 1889. Ont été élus :
I PrixMège. — MM. Bouchard, Gharcot, Brown-Séquard, Marey
; «"l Verneuil.
I Prix Montyon (physiologie expérimentale). — MM. Brown-
Sêijuard, Marey, Chauveau, Bouchard et Charcot.
Prix L. La Caze (physiologie) — MM. Chauveau, Banvier
r-lSappey seront adjoints aux membres de la section de médecine
el chirurgie pour constituer la Commission.
Prix Mnrtin'Dnmouretie. — MM. Bouchard, Brown-Séquard,
liharcot, Verneuil et Chauveau.
Prix Pourat (recherches expérimentales sur la contraction
musculaire). — MM. Marey, Brown-Sé(juard, Bouchard, Banvier
«*l Charcot.
A««déBde de médeelne.
SÉANCK DU 16 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
ii- Haller (de Nancy) se porto candidat au titre de correspondant national dans
U 'iMatrlèiMo division ]phy»ique et chimie médicales, pharmacie).
MM les docteurs Rivet, médecin-major de 1" classe, et Strœbel, médecin-major
de > cUs««, envoient un Rapport manuscrit sur les vaceinationt et les revacci-
tM(t4m.t qu'ils ont opérées en 18'i8-1889 au 1.37' régiment d'infsinteric à Fontenay-
le-OoBile (Vendée).
M. le docteur Saussol «dresse tin mémoire sur la varioU à Montpellier en 1887-
mi
M. F''riol offre, au nom de M. Charcot, les sept volumes de ses Œuvres et
irr<cntc. de la part de M. le docteur Laranagne (do Lyon), ses divers travaux à
l'ppai de sa candidature «a titre de correspondant national dans la division de
wttlecinc
M. Laboulbine dépose la Ihèse inaugurale de M. le doclcur Picard sur
^ydenham, ta vie et tet œuvret,
M. Armand Gautier présente la dernière partie do lu Chimie organique do
MM. Wilm el Hanriot.
M. Joannè* ChaliH dépose une note de M. le doclour Barthélémy (de Nantes)
M<r l.« triitfment de» monuret de vipère» par le hoang-nan.
^■Uon rjo/tn présente un ouvrage de M. le docteur Frior (de Nancy) sur le»
tiianqe» et le» eaux ménagère» au point de vue de Va»»aini»»ement des habita-
/■'ifliM ritée».
Abcès du sein. — M. Budiîi rapporte onze observations
d'abcès du sein, qui lui permettent d'affirmer que la galac-
tophoriie-maslite, admise hypolhéliquement par beaucoup
de chirurgiens et rendue extrêmement probable par les
découvertes récentes de la microbioloîîie, est bien une
réalité clinique. Pour la trouver, il faut penser à son
existence et savoir comment on doit procéder pour faire
sortir les pus par les canaux galactophores. Les faits qu'il a
observés lui permettent, au point de vue pratique, de faire
les recommandations suivantes: l'enfant ne doit pas téter
le sein atteint de galactophorite. Pendant Tallaitement, il
faut éviter de mettre les mamelons de la mère en contact
avec du pus venant de Tenfant, lorsqu'il y a ophthalmie
purulente, suppuration du côté de la bouche, etc. L'éva-
cuation complète du pus par des pressions répétées peut
suffire pour amener la guérison de la galactophorite et de la
mastite, puisque sur neuf cas M. Budin a ooservé huit fois
celle guérison sans récidive ni complication.
Poêles mobiles. — La discussion sur les poêles mobiles
donne lieu tout d'abord à un échange d'ohservalions entre '
MM. Dujardin-Beaumetz el BrouardeL Ils sont d'accord
l'un et Tautre pour reconnaître que ce mode de chauffage
ne renouvelle pas Fair de la pièce et, n'échauffant pas le
coffre de la cheminée, détermine, plus que tout autre, le
retour du gaz de la combustion dans la chambre sans la
moindre modification dans le tirage. M. Dujardin-Beaumetz
communique de nouvelles analyses pratiquées par M. le
docteur de Saint-Martin et desquelles il résulte que par lui-
même le poêle mobile, même bien dirigé, est une cause de
dégagement d'acide carbonique; en outre, sa disposition est
telle que la fermeture supérieure n'est jamais hermétique
et que surtout la moindre fissure dans la tôle permet le
passage de l'oxyde de carbone dans la pièce. M. Brouardel
montre de nouveau combien cet appareil, si délicat, pré-
sente de danger non seulement pour les personnes demeu-
rant dans la pièce où il se trouve placé, mais encore et
surtout pour les voisins.
Aprè^ avoir communiaué de nouvelles observations
d'asphyxie par un j)oêle mobile, constatées par M. Verneuil j
et avoir énuméré plusieui s autres cas semblables. M* Lan-
cereaux résume la discussion et propose à l'adoption de
l'Académie des résolutions qui sont, après une courte dis-
cussion sur des points de détail, adoptées dans la forme
suivante, sans opposition :
l"* Il y a lieu de proscrire formellement l'emploi des
appareils et poêles économiques à faible tirage, dans les
chambres à coucher et dans les pièces adjacentes; il faut
éviter de faire usage des poêles mobiles.
2" Le tirage d'un poêle à combustion lente doit être con-
venablement garanti par des tuyaux ou cheminées d'une
section et d'une hauteur suffisantes, complètement étanches,
ne présentant aucune fissure ou communication avec les
appartements contigus et débouchant au-dessus des fenêtres
voisines. Ces cheminées ou tuyaux seront munis d'appareils
visibles, indiquant que le tirage s'effectue dans le sens
normal.
3^* Il est nécessaire de se tenir en garde, principalement
dans le cas où le poêle en question est en petite marche,
contre les perturnalions atmosphériques qui pourraient
venir paralyser le tirage et même déterminer un refoule-
ment des gaz à l'intérieur de la pièce.
4"* Tout poêle à combustion lente qui présente des bouches
de chaleur devra être rejeté, car celles-ci suppriment l'uti-
lité de la chambre de sûreté, constituée par le cylindre
creux intérieur, compris entre les deux enveloppes de tôle
ou de fonte, permettant au gaz oxyde de carbone de s'é-
chapper dans l'appartement.
5** Les orifices de chargement d'un poêle à combustion
lente doivent être clos d'une façon hermétique et il est
nécessaire de ventiler largement le local, chaque fois qu'il
vient d'être procédé à un chargement de combustible.
6° L'emploi de cet appareil de chauffage est dangereux
dans les pièces où des personnes se tiennent d'une façon
permanente el dont la ventilation n'est pas largement
assurée par des orifices constamment et directement ouverts
à l'air libre ; il doit être proscrit dans les crèches, les
écoles, les lycées, etc., dans tous les établissements publics.
362
N' 16 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
19 Avril 1889
En dernier lieu, l'Académie croit de son devoir de
signaler à Tattention des pouvoirs publics les dangers d6s
poêles à combustion lente et des poêles mobiles en particu-
lier, tant pour ceux qui en font usage que pour leurs voisins.
Elle émet le vœu que l'administration supérieure veuille
bien faire étudier les règles à prescrire pour y remédier,
AïNHUM. — M. le docteur Legroux présente un enfant de
dix ans, atteint de lésions congénitales d'aïnhum siégeant à
la cuisse droite, et au quatrième orteil gauche (sillons
d'étranglement); à la main droite, amputation de Tindex et
du médium, dont il ne reste plus que la première phalange
en syndactylie.Âu pied gauche, amputation des phalangines
du premier et du deuxième orteil, ce dernier croisant le
gros orteil et le recouvrant en partie. La syndactylie est
incomplète à la base où existe un canal capable de recevoir
un mince stylet.
Électrolyse. — Lecture est faite par M. le docteur Fort
d'un mémoire sur le traitement des rétrécissements de
l'urèthre par Télectrolyse linéaire, à l'aide d'un nouvel
appareil. — (Renvoi à l'examen de MM. A. Guérin et
Cusco.)
Constipation. — M. le docteur Boisseau du Rocher
communique les résultats du traitement de la constipation
d'après la méthode suivante : administration de citrate
effervescent, galvanisation de l'intestin pendant la digestion
intestinale et électrisation statique.
— L'ordre du jour de la séance du 23 avril esl fixé ainsi
qu'il suit: l"* discussion sur le tétanos (inscrits: UHi. Leblanc
eiNocard)] 2" lectures : par M. le docteur Chauvel, sur
Suatre abcès de foie traités par incision directe; par M. le
octeur Suarez^ sur la suture de la cornée dans l'opération
de la cataracte ; par M. le docteur Darier^ sur la psorosper-
mose cutanée.
Société médleale d«s h^^pltaux.
SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE DE
H. CADET DE GASSIGOURT.
Du tremblement hystérique : M. Rendu. — De la Byrlngo-myèlle :
M. Déjerlne. — A propoe de la tétanie dans la dUatation gastri-
que : M. Dresrius-Brisao. — Douleurs dentaires d'origine centrale
guéries par les miroirs rotatifs : M. Luys. — De l'embryooardie :
M. H. Huohard. — Deux cas d*onomatomanie : M. Séglas.
M. Rendu serait tenté de faii'e quelques réserves au sujet
du malade présenté dans la dernière séance par M. Luys
comme atteint de paralysie agitante, presque entièrement
guérie par l'action des miroirs rotatifs. Il existe, en effet,
un certain nombre de cas dans lesquels un tremblement
rangé tantôt dans la sclérose en plaques, tantôt dans la para-
lysie agitante, parait devoir être rapporté à Thystérie.
Westphall a rapporté des faits analogues, il y a sept ou huit
ans : tremblement pendant plusieurs années, s'exagérant
pendant les mouvements, parole lente, scandée, troubles
oculaires variés, et, en fin de compte, résultats nécrosco-
piques absolument négatifs. Westphall a admis l'existence,
en pareil cas, d'une névrose, d'une sorte de pseudo-sclérose,
copiant les allures de la sclérose en plaques. Un cas ana-
logue, chez un syphilitique, a été publié dans The Brain
il y a quelques années; enfin, M. Rendu en a observé deux
autres exemples. Le premier a trait à un homme atteint
d'un tremblement bizarre, puis d'une hémiplégie, à la suite
d*un ictus, avec exagération des réflexes tendineux et
troubles de la vue. L'hystérie mâle était alors peu connue
et ne fut |)as diagnostiquée, mais la guérison parle bromure
de potassium et les douches prouve bien qu'elle était en
cause. Actuellement^ M. Rendu a dans son service un autre
malade présentant un tremblement analogue à celui de la
sclérose en plaques, il s'agit d'un hystérique manifeste,
avant été atteint, alors qu'il était aux compagnies de disci-
pline, d'attaques apoplectiforme, de vertiges, d'hémianes-
thésie de la face et de tremblement. Dans d'autres cas, le
tremblement des hystériques peut simuler non plus la
sclérose en plaques, mais la paralysie agitante, comme chez
un malade que Lasègue crut affecté d'une tumeur cérébrale
et qui est un hystérique, ainsi que M. Rendu a pu s'en
assurer depuis, ayant eu occasion de l'examiner à diverses
reprises. Les douches ont amené la guérison. Il faut donc
tenir compte des faits de cet ordre, de ce trembletnenl
hystérique non encore décrit, surtout lorsqu'il s'agit de la
guérison si surprenante de la paralysie agitante.
M. Luys est d'avis qu'on abuse un peu du diagnostic
d'hystérie mâle. Quant à son malade, la réunion de tous les
signes de la paralysie agitante accompagnant le tremblement
ne pouvait laisser de doute sur l'exactitude du diagnostic.
— M. Déjerine répond aux objections qui lui ont <^lé
adi^essées dans la dernière séance par M. Joffroy àpropt^
de la syringo-myélie. Il fiiit remarquer que les cas rapportés
5ar M. Joffroy n'offrant pas la dissociation spéciale des
ivers modes de sensibilité, ne correspondent pas a la
syringo-myélie telle qu'elle a été établie dans ces aernières
années. Il s'agit de myélites cavitaires, d'atrophies muscu-
laires plus ou moins anomales dans leurs allures, mais où
la sensibilité n'était pas altérée^ Ces fiits ne sauraient
rentrer dans le cadre de la syringo-myélie ; et celle-ci,
caractérisée surtout par les perturbations sensitives. relève
non d'une myélite chronique, mais bien d'un gliome central
de la moelle.
M. Joffroy ne conteste pas l'importance des troubles spé-
ciaux de la sensibilité, mais ils ne sont pas pathognomo-
niques; on peut, en effet, trouver les lésions anatomiques
de la syringomyélie chez des sujets qui ont présenté une
abolition complète de la sensibilité ou même qui n'ont eu
aucun trouble sensitif.
— M. DreyfuS'BrisaCy dans une lettre adressée au Pré-
sident, rappelle qu'il a publié, en 1885, dans la Gazettf
hebdomadaire y une observation analogue à celle de M. de
Beurmann relative à la tétanie au cours de la dilatation
gastrique. Les fourmillements, crampes, secousses muscu-
laires, ébauche de la crise de tétanie, sont très fréquent^
en pareil cas; mais leur pronostic est moins grave que ne
le pense M. de Beurmann. Ils doivent attirer Tattention
sur une ectasie gastrique restée méconnue. •
— M. Luys rapporte l'observation d'un homme â?é do
trente-cinq ans, qui présenta, à la suite d'une fièvre typhoïde
grave, des douleurs violentes de névralgie dentaire, d'ori-
gine centrale, rebelles à tous les traitements, et accompa-
gnées de troubles de la parole, d'inégalité pupillaire, de
tremblement et d'affaiblissement musculaire faisant songer
à un début de paralysie générale. Tous ces accidents ont
disparu assez rapidenfîent par l'emploi des miroirs rotatifs.
Il n'a été tenté aucune suggestion. Ce malade parait aujour-
d'hui complètement guéri.
— M. Huchard donne lecture d'un mémoire sur IVw-
bryocardie. (Voy. p. 258.)
M. B. Labbé fait remarquer que le néologisme embryo-
cardie peut paraître impropre pour désigner un rythme
cardiaque analogue à celui du cœur fœtal; en effet, lors-
qu'on perçoit les bruits du cœur dans la grossesse, il ne
s'agit plus d'un embryon, mais d'un fœtus. Quant à la
caféine, aux doses élevées préconisées par M. Huchard, nf
pourrait-elle avoir des inconvénients chez les typhoïdiqiu'î'j
par exemple, en admettant qu'elle soit absorbée* en totalité?
D'autre part la lenteur d'action du médicament peut laisser
en pareil cas quelques doutes sur son efficacité.
19 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÉDEGINE ET DE CHIRURGIE
N* 16 — 263
M. Hallopeau se demande si l'indication de l'ergot de
seigle, médicament cardiaque, est bien manifeste, la dimi-
nution de pression artérielle paraissant corrélative de Taf-
faiblissement du cœur. Enfin les injections de caféine à
haute dose ne menacent-elles pas les téguments d'accidents
locaux plus ou moins sérieux?
M. H. Huchari répond que la caféine, pour agir, doit être
employée aux doses élevées qu'il a indiquées et qui sont
sans danger. Quant aux accidents locaux dféterminés par les
injections, ils sont ordinairement minimes et ne sauraient
être mis en balance avec les heureux effets du médicament
dans les cas graves. Enfin, Tergotest un agent de la médi-
cation vasculaire, qui n'agit que secondairement sur le
cœur; or, dans bien des cas de fièvre typhoïde, la parésie
vascalaire est primitive et antérieure à l'affaiblissement
cardiaque. Ce sont, d'ailleurs, deux phénomènes relative-
ment indépendants.
— ^.Séglas lit un mémoire sur deux cas (Tonoma-
iomanie. (Sera publié,)
— La séance est levée à cinq heures et quart.
André Petit.
CkKsIété de chirurgie.
SÉANCE DU 10 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LE DENTU.
RètrodfeviaUons uttelnea : MM. BouiUy, Terrier. — Kystes hyda-
tiqaes du foie : MM. Qaènu, Richelot. TUiaax, Monod, Delens,
BoaiUy. Reolua, Segond. — Descente artlflctelle des testicules :
M. Tulfier (Kapporteur : M. Champlonnière).^ Sature de la vessie :
K.Pozzi.
M. Bouilly pense, comme M, Trélat, que toute déviation
utérine^ même mobile et indolente, est une menace; qu'il
faut donc pratiquer le redressement aussi précoce que pos-
sible. Pour les déviations simples, l'opération d*Alexander
est quelquefois indiquée ; mais surtout on a trop médit des
pessaires, bons lorsqu'ils sont bien choisis et appliqués avec
soin. M. Pozzi est au même avis et a vu les douleurs gas-
triques cesser par le port d'un pessaire. M. Terrier, cepen-
dant, n'a vu que peu de cas où le pessaire fût indiqué. Four
riuiluence du rearessement sur les douleurs, il reste dans
le doute, car la pathogénie de ces douleurs est encore
inconnue.
— M. Quénu relate un succès de l'incision large, après
résection partielle de la huitième et de la neuvième côte,
pour un kyste suppuré de la rate ouvert dans les bronches.
xV. Richelot communique trois résultats heureux de l'in-
cision large pour les kystes du foie et considère que c'est
la méthode de choix, quoique l'injection de liqueur de
van Swielen donne des succès pour les kystes non suppures
et uniloculaires. Mais le diagnostic exact de la variété et de
la simplicité est bien aléatoire. Aussi M. Richelot pense-
t-il, comme en 1885, que l'incision franche reste la
méthode de choix. Dans un des cas de M. Richelot, la poche
ne contenait que des vésicules filles : aussi M. Tillaux
regrette- 1- il qu*on n'y ait pas recherché le frémissement
hydatique. Dans un autre de ces faits, il y avait de la
sonorilé au-devant de la tumeur. Pawlik a donc tort,
fait remarquer M. Pojze, de considérer ce symptôme comme
pathognomonique des tumeurs rénales.
M. Delena pense qu'on doit être réservé avant de porter
un succès à l'actif de la ponction simple. Il relate un cas
où la récidive eut lieu au bout de six ans. M. Bouilly a
opéré ce malade quelque temps après et, par Tincision, l'a
débarrassé d'une poche énorme, contenant un grand nombre
de vésicules.
M. Monod cite trois opérations. Après l'une d'elles, une
seconde poche s'est accrue et a fait périr le malade; une
autre s'est terminée par une fistule au fond de laquelle, au
bout de cin^ mois, H. Monod vient d'extraire une petite
masse calcaire. Le troisième opéré a guéri sans encombre.
M. Marchand a observé l'an dernier un homme chez qui,
il y a quarante ans, Roux et Blandin avaient diagnostiqué
un kyste du foie. En 1888, une poche a pointé vers l'épi-
gastre et a été incisée. Issue de 2 litres de liquide collome;
guérison en huit mois.
M. Reclus a opéré deux kystes suppures. Dans l'un, préa-
lablement traité comme pleurésie purulente, il a trouvé un
tube de caoutchouc égaré. L'autre était intra-hépatique et
la suture de la poche à la paroi a été très difficile. En pareil
cas, la méthode de Volkmann semble être le procédé de
choix.
M. Segond insiste sur la rareté du frémissement hyda-
tique; sur la valeur diagnostique habituelle de la sonorité
pré-rénale. Après l'incision large, il a observé deux fistules
sur neuf cas. C'est cependant le meilleur traitement, et
pour les kystes suppures l'ouverture en un temps s'impose.
— M. Lucas Championnière qui, en i887, a commu-
niqué à la Société un fait de descente artificielle des testi-
culesy suturés au fond des bourses, sur un enfant de sept
ans, fait un rapport sur un travail de M. Tuffier relatif à
cette opération. M. Tuffier fait descendre le testicule par
des tractions et une sorte de massage du cordon, et il le
fwe par quelques fils de catgut traversant l'albuginée. Il
est vrai que ces manœuvres simples ne réussissent à provo-
quer la aescente que si le testicule n'est retenu par aucune
adhérence notable. Or, dans ces circonstances, la descente
spontanée tardive n'est pas rare : il ne faut donc pas opérer
les très jeunes enfants. On interviendra s'il existe une
hernie, dont on fera suivre la cure radicale de cette des-
cente artificielle.
— M. Pozzi fait connaître un cas de taille hypogastrique
pour calcul, avec suture complète de la vessie. Le sujet
était un vieillard de quatre-vingts ans et il a guéri. M. Pozzi
a simplement établi un drainage pré-vésical et a fait faire
le cathétérisme répété toutes les trois heures.
— M. Th. Anger présente un malade atteint d'adéno-
lymphocèle de faisselle,
A. Broca.
REVUE DES JOURNAUX
MÊDBCINE.
Ba iraltemeat «en liéiiioMyBleB, par M. Seiz. — L auteur
remet en relief le traitement d'Hippocrate par la ligature des
membres. Les veines superficielles étant comprimées pendant
que les artères, plus profondes, conservent leur calibre, il en
résulte dans les membres liés un afflui de sang considérable. De
là une diminution de la quantité du sang dans la circulation
générale, qui a pour résultat d'abaisser la pression dans le ven-
tricule gauche, et de favoriser la formation de caillots dans les
vaisseaux déchirés. A Tauscultation, on constate une diminution
de rintensité du deuxième ton pulmonaire, correspondant à un
abaissement de la pression dans la petite circulation. Au bout
d'une demi-heure on peut lever la ligature, sans risquer que les
caillots formés soient entrainés. L'auteur donne à l'appui de
son élude des tracés sphygmographiques et conseille de se servir
de sangles en tissu de soie, à mailles lâches. {Deittsches Archiv,
fur klin. Med., t. LXIl, p. 6.)
264 — NM6 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
11» Avril 1889
BIBLIOGRAPHIE
Lcçoua mur la Myphlll» iraecloale, par M. le profeSSeur
Alfred Fourmër, recueillies par le docteur P. Portauei\.
— Paris, E. Lecrosnier et Babé, 1889.
Nous avons signalé déjà (p. 250) la conclusion princi-
pale de ce livre. La substitution du vaccin animal au vaccin
jennérien est, suivant M. Fournier, le seul procédé infail-
lible de rendre inoffensives la vaccination et la revaccination.
Au point de vue de la syphilis vaccinale cette conclusion est
inattaquable et nous n avons plus à citer les arguments
développés en faveur de la vaccination animale. Ce que
nous voudrions surtout faire ressortir, ce sont les consiaé-
rations cliniques développées par le savant professeur pour
faire voir comment on peut reconnaître la syphilis vaccinale
et la distinguer des autres lésions qui viennent parfois
compliquer la vaccination. M. Fournier indique, en effet,
avec la précision et la clarté qui caractérisent son ensei-
gnement, révolution et les symptômes initiaux de la
syphilis vaccinale. Il montre que si parfois Tinoculation du
vaccin pris sur un sujet syphilitique reste inolfensive. le
plus souvent cependant elle transmet la syphilis. Il insiste
sur les cas dans lesquels la vaccine et la syphilis évoluent
simultanément et prouve, par des exemples cliniques, que
la syphilis vaccinale se comporte comme la syphilis vulgaire,
c'est-à-dire qu'elle débute par un chancre, reconnaissable
malgré révolution antérieure ou concomitante des lésions
vaccinales, s'accompagnant d'induration, sèche, élastique,
parcheminée; quelquefois d'ulcération suppurative, d'une
durée souvent assez longue ; d'adénopathie caractéristique
(bubon, satellite fidèle du chancre syphilitique); d'acci-
dents secondaires évoluant dans les périodes classiques de
l'infection syphilitique.
11 faut lire le chapitre consacré à l'étude du diagnostic
pour voir avec quelle sûreté clinique le professeur Fournier
apprend à distinguer la syphilis vaccinale de la vaccine
ulcéreuse, des éruptions secondaires de la vaccine et aussi
de la syphilis oui se serait gagnée à la suite de l'inoculation
vaccinale. Il n est point néccî^saire d'insister pour démon-
trer l'importance à tous les points de vue de ce diagnostic.
Ce que dit l'auteur des contagions syphilitiques pouvant
provenir de la pratiaue même de la vaccination, c'est-à-dire
de la transmission ae la syphilis quand l'instrument non
suffisamment nettoyé est porté d'un individu syphilitique à
un sujet sain, prouve une fois de plus la nécessité d'un
enseignement technique de la vaccination.
Des notes et pièces justificatives nombreuses donnent à
ce livre une importance toute spéciale. On ne manquera
pas surtout de retenir la première des observations
citées, celle que l'on doit à M. M illard et qui prouve
d'une manière si tristement convaincante les dangers que
présente parfois la vaccination jennérienne. Un enseigne-
ment comme celui que nous donnent les leçons de M. le pro-
fesseur Fournier est des plus profitables, et le livre qui les
contient devra être consulté par tous ceux qui voudront,
dans un cas de diagnostic difficile, retrouver une série de
préceptes autorisés et indiscutables ou, dans les discussions
3u'ils pourront avoir avec les fonctionnaires administratifs,
émontrer l'utilité de l'institution de services de vaccine
animale.
L. L.
VABIÉTÉS
Association des médecins de la Seine. — L'Association des
médecins de la Seine, fondée par Orlila en 1833 pour venir eu
aide aux membres malheureux de la profession médicale, a tenu
dimanche dernier sa cinquanle-sixièrae assemblée annuelle, sous
la présidence de M. Brouardel. Dans un excellent rapport, souvent
applaudi, M. Henri Barth, secrétaire général adjoint, a donn
lecture du compte rendu du dernier exercice. Les recette» d
Tannée ont atteint le chiffre de 59432 francs, dont 18 i07 fourni
par les cotisations, 8435 par les dons et legs, et le rc.*»te par I
revenu des fonds placés. Avec ces ressources, TAssocialiou
secouru cinq sociétaires, cinquante-six veuves ou familles d
sociétaires; enfin, vinet autres personnes appartenant au cor]»
médical de Paris et du département. Les secours distribuas s
sont élevés à près de 4300U francs, dépassant de 25 pour 100 I
moyenne des cina dernières années. Une somme de 1:2 lîK) franc
a été portée au tonds de réserve. 1/avoir total de TAssociaiioi
dépasse actuellement un million; les sociétaires sont au nombr
de plus de huit cents. A la fin de la séance ont eu lieu les éler
tiens du bureau; ont été élus: président, M. Brouardel ; vicr
présidents, MM. Blanche et Guyon; secrétaire général, M. Barlli
secrétaire général honoraire, M. Orfila.
Ajoutons que M. Orfila, que l'état de sa santé oblige tro)
souvent à quitter Paris, a résisté aux instances de ses collèguej
et décliné définitivement les fonctions qu'il avait remplies >
longtemps et avec un dévouement dont TAssociation desmédeciii»
de la Seine gardera toujours un reconnaissant souvenir. Kn
donnant sa démission, M. Orfila avait rendu un juste homin»)!^
aux services déjà rendus par M. Barth,qui le suppléait avrc tant
de distinction et de zèle. L'assemblée aes membres de l'Asso-
ciation ne pouvait placer en meilleures mains l'administration
d'une Société si bienfaisante et si utile.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi tO avril
1889). — Ordre du jour: M. Huchard: Sur un cas d^emphysémo
sous-cutané dans le cours d'une pneumonie chez un enfant.
M. A. Gombault: Un cas de maladie de Morvan: Examen analo-
mique. — M. Ballet: Sur quelques troubles réflexes d'origine
gastro-intestinale.
Mortalité a Paris (I4« semaine, du 31 mars au (y avril
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, T.
— Variole, 3. — Bougeole, 52. — Scarlatine, 2. — Coque-
luche, 14. — Diphthérie, croup, 38. — Choléra, 0. — Phlhisic
pulmonaire, 203. — Autres tuberculoses, 21. — Tumeurs:
cancéreuses, 48 ; autres, 7. — Méningite, 36. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 46. — Paralvsie, il. -
Hamollissement cérébral, 9. — Maladies organiques du cœur, 53.
— Bronchite aiguë, 39. — Bronchite chronique, 40. — Broncho-
pneumonie, 17. — Pneumonie, 65. — Gastro-entérite: sein, j<ï;
biberon, 39. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 6. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité con-
génitale, 15. — Sénilité, 25. — Suicides, 9. — Autres morts
violentes, 4. — Autres causes de mort, 182. - Causes
inconnues, 15. — Total: 1021.
OUVRAGES DËPOSeS AU BUREAU DU JOURNAL
Traita complet d'ophthalmologie, par MM. les docteurti L. de Weckor et B.
Landolt. An«U>iiiie microscopique, par MM. \e» professeurs A. IwaiioiT,
G. Schwalbc et W. Waldcyer. Cet ouvrage remplace la 3* édition du Traité
de Wecker (prix Chiteuuvill.ird), t. IV, 3" fascicule (complétant l'ouvrap') :
Maladif* de Vorlite et des voies lacrymales, par M. L. do Wecker. 1 vol iii-^
avec 41 figures intercalées dans le texte (gratis pour les souscripteurs)- Pris
du tome IV. 1 vol. iii-8« avec 240 figures dans le texte. 20 fr.
Prix de l'ouvrage complet, 4 forts volumes in-8*» raisin avec 886 figures inicrca-
Iccs dans le texte et i planrlics. Paris. E. Lecrosnier et Babé. ^''''- ;
Maladies des poumons et du système vasculaire, t. V des œuvies conipl>'te«. p^r
M. J -Charcot. 1 beau vol. in-8* do 610 pjgcs et S planches en chromo-litiio-
graphie. Paris, bureaux du Progrès médical. O fr.
Nouveau traitement de Vipilepsie, sa guérisùn possible, par M. le docto'rr !
Emile Goubert. 1 vol. iu-S'*. Paris, E. Lecrosnier et Babé. 0 fr. 73
Recherches cliniques et thérapeutiques sur Vépilepsie. l'hystérie et l'idiotU.
compte rendu du service dos épileptiques et des enfants idiols et arriérés do j
Hicdlre pendant l'année 1887, par M. Bournoville, médecin de Birviro;p*f I
MM. Sollicr, Piiliet, Raoult, internes du service, et Bricon, conservateur d»
Musée, i b«fau vol. in-8« de LX-â64 pages avec 27 figure* dans ]o texlo. P""*
bureaux du Progrès médical. ^ ^'- ,
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
i8891. — MOTTBROZ. — Imprimeries réunies, A, me Mignon, 2, P»"*.
Trente-sixième année
N» 17
26 Avril i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAI$$ANT TOU$ LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D*" L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A..J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à H. Lerbboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. ^ Bulletin. — TiféR\PBUTiQUB. Les médicaiions de la coque-
luelie au coniincnceiDcnt do l'aoïiôo 1S88. — FoRMULAins THÉhAPBUTiQUB. Du
tnitemcDt du croup par Tessence de térébenthine. — Quelques formules contre
la dyspepsie des enfants. — Rbvub dbs cours BT des cliniques. Clinique de
rhôpital Necker : M. le professeur Guyon. Endoscopie pour tumeur vésicale.
— Travaux oniOlRAUX. Clinique médicale : Deux cas d'onomatomanie. —
SociBTés 9AVARTBS. Académie des sciences. — Académie de médecine. —
- Société de chirurgie. — Société de biologie. — Société de thérapeutique. —
Société anatomique.— Revue des journaux. Thérapeutique. — Bibliooraphib.
I Traite d'histologie. — Compte rendu du service chirurgical de l'hôpital des
I EnfanU k Bucarest (de 1874 à 1888). — Variétés.
BULLETIN
, Paris, U avril 1889.
Académie de médecine : Le téianos.
Pendant que la discussion sur le tétanos se continue
devant l'Académie de médecine, à l'étranger, et particuliè-
rement en Italie, de nouvelles expériences viennent con-
firmer les conclusions qui peuvent aujourd'hui être déduites
des considérations développées par MM. Yerneuil, Leblanc
et Nocard. C'est ainsi que M. Tizzoni (de Bologne) a
retrouvé, isolé et cultivé les microbes du tétanos, aussi
bien celui de Nicolaier et Rosenbach que d'autres analo-
gues. Mais, et c'est là le point essentiel de ses observations,
le on les microbes ainsi isolés ne se rencontrent jamais
; ni dans le sang, ni dans le système nerveux, ni dans la rate.
On ne les recueille que dans le liquide qui provient
directement de la blessure du tétaniqiîe; c'est là qu'il
parait se localiser, se multiplier et sécréter les ptomaînes
qui infectent l'organisme. Toutefois l'inoculation de ces
microbes est toujours féconde ; toujours elle donne nais-
sance au tétanos. Ces faits rapprochés de ceux qu'ont cités
MM. Verneuil et Nocard prouvent donc l'existence de
microbes tétanigènes et par conséquent la nature infec^
tieuse du tétanos. H. Sampiari va même jusqu'à soutenir
que le tétanos spontané et le tétanos chirurgical ont chacun
leur microbe pathogène.
M. Leblanc qui, dans le discours si autorisé qu'il vient de
prononcer devant l'Académie, s'est placé au point de vue
pratique, reconnaît lui aussi la nature infectieuse limitée
du tétanos et même son origine tellurique, puisqu'il admet
l'influence de l'inoculation de tissus altérés ou de la terre
appartenant à des régions infectées. Mais M. Leblanc
affirme énergiquement Finiluence des prédispositions indi-
viduelles et des conditions climatériques ou hygiéniques
dans lesquelles se sont trouvés les animaux atteints. La
I ^ StWE, T. XXVI.
prédisposition, dit M. Leblanc, joue le rôle principal dans
la genèse du tétanos. Et, dans sa réponse à M. Verneuil,
Je savant académicien discute les observations apportées à
l'appui de la doctrine de la contagion et explique les faits
par la seule influence des conditions hygiéniques ou cli-
matériques. Là où M. Verneuil incrimine un contact direct
ou indirect avec le cheval, M. Leblanc ne relève que des
écuries ou étables sales et mal closes, un temps froid et
humide, la pluie, le vent ou la neige fondue pouvant avoir
une influence néfaste sur des animaux blessés, opérés ou
simplement fatigués. En un mot le froid et l'humidité, les
émotions violentes et même la fatigue seraient, d'après
M. Leblanc, les seules causes habituelles du tétanos.
De son côté, M. Nocard hésile aussi à se rallier à la doc-
trine de l'origine équine du tétanos. Il fait remarquer que
l'inoculation d'un produit quelconque, prélevé sur un cheval
sain, n'a jamais donné le tétanos et que, par conséquent,
il n'est nullement prouvé que le contact avec les chevaux
non tétaniques puisse transmettre la maladie. L'action téta-
nigène de la terre cultivée, tel est le seul fait solidement
établi. Pourquoi ne point s'y tenir? Pourquoi surtout vou-
loir que cette action soit due au fumier du cheval plutôt
qu'à celui du bœuf ou du mouton?
De ces deux argumentations, qui s'appuient tout à la fois
sur une longue expérience clinique en médecine vétérinaire
et sur une connaissance approfondie de toutes les re-*
cherches microbiennes et de toutes les expériences faites ou
à faire en vue ^e rechercher l'origine du tétanos, il convient
donc de retenir que si l'origine équine n'est paâ démontrée,
l'origine infectieuse est admise. Bien plus, il reste acquis
à la science que le microbe qui produit le tétanos se ren-
contre dans la terre cultivée et, inoculé à une plaie, se
localise et se reproduit dans le voisinage de celle-ci, n'in-
fectant l'organisme que par l'intermédiaire des ptomaînes
qu'il sécrète. L'influence indéniable des prédispositions
individuelles et des conditions hygiéniques et climatériques,
si bien mise en relief par U. Leblanc, semble démontrer
que le microbe tétanigène n'a pas, comme tant d'autres, la
facilité de pénétration et de germination qui transmet si.
rapidement et si fatalement certaines maladies contagieuses.
C'est un microbe somnolent et sédentaire qui a besoin,
pour se développer et sécréter son virus, de conditions
toutes spéciales et qui, heureusement pour nous,parais$ent
se rencontrer de plus en plus rarement chez l'homme.
N'est-ce point aux progrès de l'antisepsie qu'on le doit?
17
â66 — N» 17 — GAZEtTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE Eï DE CHIRURGIE
â6 Avril 1889
THÉRAI'EUTIQIJE
Les ■ledteations de Im eoqaeloche aa eomineneeiiicat
de l'année i889.
On éprouve toujours, ilfautTavouer, une légitime hésita-
tion pour formuler un traitement de la coqueluche. La
maladie est vulgaire; son histoire, comme M. Cadet de
Gassicourt Ta si bien dit, «a suscité de nombreux travaux»;
sa thérapeutique possède en principe, sinon en fait, de
multiples ressources; et cependant, ici comme ailleurs, le
proverbe paraît bien vrai : l'excès de richesse est un em-
barras.
En effet, les médicaments nouveaux ne manquent pas;
des spécifiques ont été récemment préconisés.
On les recommande un jour; on les abandonne le lende-
main; leurs insuccès compensent leurs succès, de sorte
qu'après avoir épuisé leur liste toujours inachevée, le pra-
ticien prudent hésite, cela se comprend; tous nous hésitons
plus ou moins. Dans notre incertitude du succès, ne nous
demandons-nous pas ce que Ton doit faire et ce que l'on
doit ne pas faire pour combattre la coqueluche.
Interviendra-t-on activement? Faut-il plutôt s'abstenir?
En un mot, quelle valeur attriber aux ressources thérapeu-
tiques les plus récentes et les moins infidèles contre une
affection dont les manifestations sont si connues et la
ténacité si désolante?
I
On a dit, et quelques-uns disent encore : « Attendez,
abstenez-vous, abandonnez la coqueluche à elle-même ; c*est
une maladie qu'on ne peut guérir ». Puis, en manière
d'excuse, on invoque, ou plutôt on interprète le témoignage
de Joseph Franck, condamnant les médications intempes-
tives, mais non pas, cependant comme on l'a dità tort, toute
intervention thérapeutique.
Inutile de s'arrêter à cette conduite. L'inaction systéma-
tique est la méthode du désespoir. Le thérapeutisle qui se
condamne à l'observer, ne remplit pas tout son devoir en
présence d'une affection qui — les statistiques si précises
de M. BertilloD le prouvent — tue hebdomadairement dix à
douze enfants à Paris, dont la mortalité annuelle, d'après
les évaluations récentes de M. Uffelmann, dépasse
10000 décès en Angleterre et 12 000 en Allemagne et dont
la morbidité s'élèverait, durant le même espace de temps,
à 240000 cas dans ce dernier pays.
Intervenir: tel est donc l'avis de la majorité des observa-
teurs contemporains. N'est-ce pas aussi l'avis des malades
ou plutôt de leur entourage? D'ailleurs, nous ne sommes
pas absolument désarmés contre cette maladie. J'en appelle
donc à nouveau à Tautorité de M. Cadet de Gassicourt pour
remarquer qu'en l'absence d'un traitement propre à sus-
pendre le cours de l'affection, il existe cependant une série
de moyens permettant de soulager le malade, de prévenir
les complications et de mettre obstacle à la propagation de
la coqueluche. C'est déjà beaucoup, ce semble.
Dans ces deux dernières années, l'abstention n'a pas
trouvé d'avocats. On semble donc s'entendre sur ce point:
il faut intervenir. Comment, à l'heure actuelle, essaye-t-on
de le faire ?
Les formules d*une médication rationnelle de la coque-
luche ne font pas défaut. L'espace manque pour les rappe-
ler toutes. Je m'arrête aux suivantes :
Les classiques nous apprennent — c'est bien entendu
depuis Trousseau — que la coqueluche est un catarrhi
spécilique avec névrose. L'éminent clinicien disait
catarrhe pulmonaire; d'autres ont dit: catarrhe laryngien
d'autres, plus récemment, ont mis en cause la pituitaire.
Localisation de la maladie dans les bronches, le laryoi
ou les fosses nasales? Soit. Théorie bronchique, lann-
gée ou nasale? Qu'importe : le traitement rationnel de
la coqueluche doit répondre à deux indications: d'une part,
être anticatarrhale et antispasmodigue ; c'est FindicatioD
symptomatique; d'autre part, être antiparasitaire et anti-
septique; c'est l'indication pathogénique, puisque — chacun
l'admet plus ou moins — les accidents ont pour origine ua
agent microbique.
Les derniers essais des thérapeutistes ont eu pour objectif
de remplir l'une ou bien l'autre de ces indications. Ce sont
de louables efforts ; mais ce sont, à coup sûr, des ellbrts
incomplets, puisque — il y aurait naïveté de s'attarder à le
démontrer ~ la meilleure luédicaiiou de la coqueluck
serait celle qui satisferait à toutes deux. Entrons plus avaot
dans l'examen critique de ces médications.
II
Dans un mémoire très intéressant, publié, le H mars 1888,
par la Revue générale de clinique et de thérapeutique,
H. d'Heilly a insisté une fois de plus sur l'obligatiou du
praticien de ne pas omettre au proût des médications systé*
matiques l'indication classique de lutter contre l'élément
catarrhal.
Ce catarrhe trachéo-bronchique initiai avec son expeclch
ration précoce, sa toux éclatante et violente, et malgré
Tabsence des reprises qui, plus tard, la caractériseront, n'a
pas encore cessé de motiver l'emploi des vomitifs. Ceux-ci,
ajoute M. d'IIeilly, sont de notion vulgaire. Leur réputation,
ajouterons-nous aussi, n'est plus à faire; l'administration
de l'ipécacuanha conserve donc tous ses avantages. Dref, il
faut l'administrer dès le début, et plus tard encore, dans
le cours de la maladie, selon le précepte formulé par
M. Cadet de Gassicourt, y revenir à des intervalles irrégu-
liers, « chaque fois que l'apparition des symptômes de
catarrhe en fera reconnaître l'utilité ».
Assurément cette pratique n'est pas nouvelle, et aujour-
d'hui encore, comme au temps où Pierre Franck écrivait,
on n'a pas cessé de compter avec les médecins d'autrefois,
Huxham, Armstrong, Fothergill, Girtanner, Lettsoin, Under-
vood, sur le vomissement pour provoquer une secousse qni
débarrasse le poumon.
Cette action mécanique du vomitif est temporaire etînier-
miltente. Pour obtenir un effet plus durable, on doit, comme
toujours, s'adresser aux modifications de la sécrétion bron-
chique et aux expectorants.
A cet effet, M. Netter (de Nancy) avait, dans ces derniers
temps, conseillé Toxyinel scillitique. Quotidiennement il
administrait, dans l'espace d'une heure, quatre ou cinq
cuillerées à café de cette préparation aux coquelucheux à^^és
d'un h deux ans; six à sept cuillerées à ceux de trois ans,
et huit à dix cuillerées aux adultes. Le lendemain, répéti-
tion des mêmes doses à la même heure. Il obtenait ainsi,
annonçait-il, la diminution du nombre des quintes et
l'abréviation de la durée de la maladie.
Ces résultats étaient encourageants et, pour les contrôler,
M. d'Heilly a scrupuleusement observé la méthode dans
tous ses détails. « Chez un malade, écrit-il, coquelucheux
^ Avril 1880
GA^ÈtTÈ iJÈBbÔMAÙAIRÈ DE MÉDECINE ET DE CHlktlRGIÈ — N« 17 — 267
ancien d^ailleurs, les quintes devinrent plus rares, mais ce
fut un succès sans lendemain. >
Que de fois, d'ailleurs, n'en a-t-on pas obtenu de sem-
blables, au déclin de la maladie et avec les agents médica-
menteui les plus divers?
L'emploi de la grindelia robusta a-t-il été plus heureux?
La résine de ce végétal de la famille des composées possède
la réputation de calmer les accès d'asthme et d'agir sur la
muqueuse dans les bronchites. Celait molif pour l'essayer
dans la coqueluche. M. Bilhaut l'a donc prescrit dans dix cas
de coqueluche, et dix fois, parait-il, il eut à s'en louer.
Heureuse fortune thérapeutique, un peu caduque cependant,
si Ton en juge par les débats de la Société de thérapeutique
du mois de mars 1887, le témoignage de H. Moutard-Martin
et les essais de M. Cadet de Gassicourt, qui, en toute fran-
chise, considère ce médicament comme doué d'une faible
action.
Cette appréciation est judicieuse. On le voit, il n'y a pas
dans la thérapeutique anticatarrhale de la coqueluche de
récentes conquêtes à enregistrer, et les vomitifs classiques
administrés conservent toujours le rang qu'ils ont acquis
defHiis longtemps.
III
C'est d*uQ attire côté que la majorité des observateurs
orientent leurs travaux. Ils recherchent, en effet, des
médicaments antispaaaiodiques dans la famille desnervins
etdesanesthésiques. Ici, du moins, leurs eflorts ne semblent
fli aussi téméraires, ni aussi infructueux.
Néanmoins la belladone H^a pas perdu la réputation et les
vertus que Hufeland, Raisin» Miquel, de Neuerhauss. Per-
rolon, et, après eux, Trousseau e( Steiner lui attribuaient
volontiers. Certes on discute moins qu'autrefois sur son
mode d'administration et sa posologie. La méthode des
doses massives a perdu du terrain. Au lieu de prescrire
Textrait de belladone le matin à jeun et en une seule fois
par prise quotidienne de 5 m illigraioines aux enfants ùgés
(le moins de quatre ans ou de 1 ceq(igrauime à ceux de
quatre ans et au-dessus, ou bien le sulfate neutre d'atropine
à raison d'un quart de milligramme par jour, on redoute
plus l'intolérance, c'est-à-dire l'empoisonnement.
On préfère, avec MM. Cadet de Gassicourt, d'Heilly,
Descroizilles et la plupart des médecins d'enfants, les
doses croissantes et fractionnées, consistant à faire ingérer,
matin et soir^ une demi-cuillerée à café de sirop de bella-
done aux enfants de quatre ans; une cuillerée à café à ceux
de six à sept ans, ou bien, mais plus exceptionnellement, le
sulfate neutre d'atropine en solution et à raison de 1/4 à
1 milligramme par jour, en divisant cette dose — cela est
bien entendu — en deux ou trois prises espacées.
Nonobstant ses effets et ces recommandations, la bella-
done n'est pas un sédatif suffisamment puissant au gré de
tous les observateurs. Ils ont donc pensé au haschich,
associé les propriétés hypnotiques de celui-ci aux vertus
sédatives de celle-là, et préparé une solution contenant
i grammes d'extrait de cannabis indica, 1 gramme d'extrait
de belladone, véhiculés dans 10 grammes d'alcool et
iO grammes de glycérine.
LeNorwégien Wetlesen, qui a donné une formule de cette
préparation, la fait ingérer à raison de 5 gouttes par jour
aux coquelucheux d'un an; de 6 gouttes à ceux de deux
ans; de 8 à 10 gouttes à ceux de deux à cinq ans; de
40 à 1*2 gouttes à ceux de cinq h huit ans, et de li à
15 gouttes entre huit et douze ans. De plus, il en justifié
l'efficacité en produisant une statistique de 80 guérisons sur
100 cas soumis à cette médication. Au Congrès des natura-
listes allemands, M. Yogel conseillait de mettre ce remède
à l'essai. En effet, un essai sérieux et sévère ne serait pas
inutile pour déterminer la part de succès revenant à la
belladone dans une médication où l'on ne s'explique guère
l'action thérapeutique du haschich, après en avoir étudié les
propriétés physiologiques (I) et surtout hypnotiques.
Un autre hypnotique, dont l'emploi contre la coque-
luche date de plus loin, le chloral, conserve ses par-
tisans, témoin M. Solles, qui, à la page 86 du Journal de
médecine de Bordeaux de l'année 1887, en signalait, lui
aussi, les heureux effets chez un enfant de vingt-trois mois,
à la dose de 25 centigrammes en sirop, et chez un autre de
trois ans, à la dose de iO centigrammes en lavement. Il est
vrai que le chloral était associé à l'acide phénique, de sorte
que cette médication était, en principe du moins, à la fois
sédative du réflexe trachéo^foronchique et antiseptique.
Le chloral, le chloroforme, les bromures, la morphine,
la narcéine, les opiacés, conservent leur réputation clas-
sique, et, en 1889, continuent toujours à vivre sur elle.
Voici la cocaïne et l'anlipyrine. On les a recommandées,
la première surtout en Angleterre et la seconde en Alle->
magne: ce sont des médicaments à l'ordre du jour.
Quelle est la valeur du chlorhydrate de cocaïne contre la
coqueluche? Il diminue les quintes de toux et les vomisse-
ments. MM. d'Heilly, Labric et Barbillon, en France, Forster
et d'autres, en Angleterre, ont été satisfaits de son emploi,
tout en recommandant d'en faire usage par des méthodes
différentps.
Ici, en effet, on préfère les applications directes d'un
topique cocaïne sur la paroi pharyngée, ou mieux, selon la
recommandation judicieuse de M. Gouguenheim, sur l'orifice
du larynx avec un pinceau rude, par une sorte de brossage.
Là-bas, de l'autre côté de la Manche, on adopte plus
volontiers les inhalations de spray cocaïne, exclusivement
employées ou alternées avec celles du spray antiseptique,
phénique, salicylé, résorciné.
Ce dernier a M. Forster pour défenseur {The med. Chro-
nicle, septembre 1887). Toutes les deux ou trois heures il
en alterne l'usage avec celui du spray cocaïne. Celui-ci,
solution aqueuse de cocaïne à 2 ou 3 pour 100, est un spray
anesthésique ; le second, solution résorcinée, titrée à un
deux-millième, est un spray parasilicide. M. Forster a
enregistré vingt succès sur vingt cas: quel triomphe théra-
peutique? Auquel de ces deux médicaments faut-il attri-
buer ces glorieux succès? M. Forster a omis de le dire:
c'est regrettable. Il est vrai qu'il omet aussi de noter les
dangers du spray cocaïne. M. Vogel et les thérapeutistes
allemands les redoutent: c'est une crainte salutaire.
La cocainisation des coquelucheux par la voie stomacale
offrirait-elle quelques avanta'^es? M. Wintraub le croit,
prescrit des potions à la cocaïne et enregistre— cela va sans
dire — des succès. Notons-les pour mémoire et renonçons
à les expliquer.
L'anlipyrine est, en ce moment, en grande faveur à titre
de sédatif. Les témoignages de nombreux observateurs lui
sont favorables, à preuve ceux de M. Genser (à la Société des
médecins de Vienne, le 7 avril 1888), d'un distingué confrère
d'Orléans, M. Geffrier (à la page 49â de la Revue générale
(1) Ch. f
médiealei).
y, art. H.\âr.Hir.u {Dictionnairr cieiiciopédique dei tcUnctê
268 —JUm— GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 26 Avril 1889
de clinique et de thérapeutique de 1888), de M. GuaiU
(Riforma medica, 1887), deM. Sonnenberg(rAerap. Jl/ona^,
1888, n" 8), de M. Griffits {Therapeutic Gazette, 1888), et
d'autres encore, parmi lesquels la communicatioa qu'un
clinicien justement . estimé, M. Rifaat, adressait, en
avril 1888, à la Société de médecine de Salonique, et une
note de M. Dubousquet-Laborderie dans le Bulletin de thé-
rapeutique du 15 mars de la même année.
Dressons la statistique de ces observations. M. Genser a
fait ingérer Tantipyrine à 120 coquelucheux ; M. Sonnenberg
à 80; M. Guaita à 10, et M. Geffrier à 5: c'est un total
de 215 cas, dans lesquels un bénéfice thérapeutique a été
réalisé. Ce sont des chiffres bruts. En les discutant, on voit
que la médication est d'autant plus efficace qu'on l'instaure
plus tôt.
Est-elle instituée dès l'apparition des premières quintes?
L'amélioration se produit au bout de trois à cinq jours
et la guérison entre le vingt ou vingt-cinquième jour.
Un enfant, traité par M. le docteur Geffrier, ingère le
médicament le 17 mai; il était atteint de dix-neuf quintes
par jour; le 21, le nombre de ces dernières descend à neuf;
le 27, c'est-à-dire dix jours après le début du traitement,
l'amélioration était définitive.
L'instauration du traitement est-elle plus tardive?
Prescrit-on Tantipyrine après l'établissement de la période
des quintes? Sans doute le nombre des attaques diminue
encore ; l'expectoration même, d'après M. Sonnenberg,
devient plus facile, et l'efficacité du remède l'emporte encore
sur celle de la cocaïne, de la quinine et de l'acide phénique.
Cependant l'action du médicament est moins nette et l'abré-
viation de la maladie moins rapide.
C'est donc dès les symptômes prémonitoires qu'il
convient d'instituer la médication. Les observations cli-
niques ne laissent point de doute à cet égard; par contre ce
serait un abus d'interprétation de proclamer, comme on l'a
fait trop gratuitement, la souveraineté thérapeutique de ce
médicament à cette période de la maladie,, et la possibilité
par son emploi (c de juguler la coqueluche ou de la trans-
former en un catarrhe simple ».
Quelles sont les règles pour administrer ce remède aux
coquelucheux? Éviter les doses trop élevées, les troubles
digestifs, toute atteinte à la nutrition générale, et, nonobstant
la tolérance bien connue des enfants pour l'antipyrine,
surveiller et prévenir toute menace d'intoxication. C'est
pourquoi la posologie consiste à prescrire chaque jour, en
la divisant en trois prises, une dose d'antipyrine d'autant de
décigrammes que l'enfant a d'années (Genser) et d'autant
de centigrammes qu'il a de mois (Sonnenberg), de faire
ingérer chaque prise après l'un des repas et de continuer la
médication sans modifier les doses, malgré l'atténuation des
quintes, et même d'y persister pendant deux semaines après
leur disparition.
Parmi les médicaments nervins, l'antipyrine est la der-
nière en date dans le traitement de la coqueluche: elle fait
donc, en ce moment, merveille; mais, tout en tenant compte
de ses victoires, on ne peut oublier que d'autres remèdes
ont eu, eux aussi, une renommée aussi retentissante et non
moins éphémère. En thérapeutique, comme ailleurs, il n'y
a pas de triomphe sans lendemain.
IV
Lutter contre le spasme et diminuer le catarrhe est bien.
Ne serait-il pas plus légitime encore de combattre l'agent
virulent d'où vient la maladie? La réponse serait assuré-
ment fort aisée si les travaux sur Torigine microbienne de
la coqueluche avaient pour conclusion pratique la décou-
verte d'un agent franchement parasiticide et nettement
spécifique contre le € subtil i^ bacillus tU4)sis convul-
sivœ.
Voici, pour parler seulement des plus récentes recherches,
celles dont M. Afanassieff a fait connaître les détails dans les
n'»» 33 à 38 du Vratch de 1888. Elles établissent exactement
la morphologie de ce bacille, les procédés pour le récoller,
le cultiver et l'ensemencer, son inoculabilité aux animaux
et même la production expérimentale de broncho-pneumo-
nies; tous faits importants pour la pathogénie de la coque-
luche et de ses complications. Malheureusement, elles ne
donnent pas de notions sur la résistance de ce microbeaux
agents nécrophytîques et sur les moyens d'entraver sa pullu-
lation. Malgré cette lacune dans l'histoire de la coque-
luche, les cliniciens avisés s'efforcent de plus en plus de
réaliser, les uns Vantisepsie locale sur les muqueuses
laryngée ou nasale, les autres moins nombreux, Vantisepsie
générale.
Il y a quelques mois, à cette même place (1), j'ai donné
l'énumération critique des procédés employés pour réaliser
cet objectif. Inutile d'y insister, sinon pour constater que les
inhalations d'acide sulfureux, les pulvérisations lérében-
thinées, les vapeurs de thymol, le spray phénique, résorciné,
ou salicylé, les attouchements laryngés avec la résorciné au
centième, préconisés par M. Moncorvo ou avec Ja teinture
d'iode, que M. Labbé recommandait à nouveau devant la
Société de thérapeutique en 1887, conservent toujours
leurs partisans.
Cependant, comme on l'a vu, le 4 mars 1888, à la Société
de médecine de Bordeaux, le débat n'est pas encore clos.
Tandis que M. Davezac signalait la guérison des coquelu-
cheux en quinze jours par des pulvérisations d'eau pliéni-
quée au cinq centième et que MM. Mauriac et Verdalle
concluaient à l'efficacité de ce traitement; d'autres clini-
ciens, d'égal mérite, comme M. de Saint-Philippe, objectaieiil
que l'on a vu la coqueluche guérir par les simples inhala-
tions de la vapeur d'eau.
Faut-il s'attarder aux insufflations nasales de poudres
médicamenteuses, antiseptiques et peut-être parasiticides
contre le bacille de la coqueluche? Leurs formules varient;
le principe est le même. II consiste à frapper l'agent patho-
gène dans son foyer nasal avec Michael (de Hambourg) par
un mélange à parties égales de quinine et de benjoin ; avec
Bacheni, par le chlorhydrate de quinine, additionné d'un
tiers de poudre de gomme arabique ; avec M. Guerder, par
l'association des poudres de café et d'acide borique, et sur-
tout par les mélanges plus antiseptiques encore, recomman-
dés par M. Moizard et M. Cartaz, c'est-à-dire, ici par un
mélange d'une partie de sulfate de quinine avec 5 parties
de benjoin et 5 parties de salicylale de bismuth, qu^
M. Berriat {Thèse de Bordeaux, 1888) remplace volontiers
par le salicylate de soude, et là, par une poudre composée
d'un tiers de benjoin et de deux tiers de sous-nitrate de
bismuth.
Il importe au succès de cette médication de répéter les
insufflations plusieurs fois dans les vingt-quatre heures. Sur
ce point de technique, tous les observateurs sont d'accoru,
mais où ils s'accordent moins, c'est dans Tappréciation des
(1) Ch. Éloy, De Vantùeptie dans la coqueluche {Gazette hebdomadaire, i^-
26 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — NM7 — 269
résultats. Hichael annonçait 75 cas de guèrison sur 100
(le son côté, M. Moizard a obtenu des résultats décisifs.
Il n'en est pas toujours ainsi. J'ai essayé les insufflations
luisalcs dans le cours de plusieurs cas de coqueluche, de
gravité moyenne, et j'ai constaté, comme M. d'Ueilly»
comme M. Berriat, et comme d'autres, qu'à côté d'amélio-
rations rapides, il fallait enregistrer des insuccès relatifs et
des cas où les quintes diminuaient d'intensité sans que la
durée de la maladie fût abrégée.
En résumé, malgré les insuccès, il y a lieu d'essayer
fes méthodes d'antisepsie, et, suivant les circonstances,
d'adopter Tune ou l'autre : badigeon nages, inhalations et
insuflOalions parasiticides.
Mais, dit-on, c'est là de l'éclectisme thérapeutique? Oui,
sansdoute, et cet éclectisme a pour cause l'incertitude même
de nos connaissances sur l'habitat préféré du bacille de la
coqueluche.
L'antisepsie du milieu antérieur pourrait, elle aussi,
provoquer les mêmes objections. II est vrai que son emploi
est moins général, bien qu'en principe fort nettement
indiqué. Au reste, même diversité d'opinions dans le choix
des médicaments.
M. Schliep administre quotidiennement aux coquelucheux
! 4grammes d'essence de térébenthine; d'autres s'en tiennent
I au sirop phéniqué; d'autres adoptent la benzine. M. Yogel
I préfère le calomel, qu'il donne pendant tout le cours de la
I maladie à raison de 5 à 10 centigrammes par jour. C'est,
I dit-il, « le désinfectant par excellence > et son emploi,
. aiasi continué, réalise, pourrait-il ajouter, une sorte de
I mercurialisation méthodique de Torganisme des coque-
; lucheux.
Enfin, en 1889, comme auparavant, la médication qui*-
nique reste pour M. Bin2, ses élèves et ses émules, le
premier et le dernier moyen de la thérapeutique. Inutile
de rappeler les avantages du tannate de quinine; adminis^
tration facile et dose quotidienne d'autant de décigrammes
que l'enfant a d'années. Inutile encore de rappeler qu'avant
(le revenir d Allemagne, cette médication était adoptée par
les médecins français, qui, il y a trente ans, conseillaient
déjà le sulfate de quinine par doses également réfractées de
! 3, 4 ou 5 centigrammes toutes les quatre heures et suivant
I Tàge des petits malades. Inutile enfin de dire que le tanin à
! Initérieur avait été prescrit par Durr en 1845 et que ses
vertus contre la coqueluche n'avaient pas échappé à Geigel
(deWurzbourg) dès 4850?
Il faut plutôt noter qu'à l'heure actuelle les avocats
de cette médication déjà ancienne n'ont pu encore s'en-
tendre. En 1887, un débat de la Société de médecine de
Saionique a donné la mesure de ce désaccord: les uns attri^
buant, avec M. Miraschi, l'action de la quinine à ses vertus
antiseptiques ; les autres invoquant plutôt ses propriétés
nervines.
Même désaccord, d'ailleurs, relativement à l'antipyrine.
Sans naïveté, je pense, on conviendra donc que le meilleur
traitement antiseptique de la coqueluche est encore à
trouver.
Restent les moyens hygiéniques: hygiène préventive par
l'isolement et la désinfection ; hygiène curative par le
régime et l'aération. A leur sujet, on s'entend mieux, il y
aura lieu d'y revenir quelque jour.
En fait, il est temps de conclure et de résumer la conduite
à tenir, à l'heure actuelle, pour combattre un cas de
coqueluche?
Pour répondre à Yindicalion pathogéniqtieyXel\e que la
bactériologie autorise à la formuler, le traitement de la
coqueluche devrait être franchement antisepliqtie.el4éci'
dément roicrobide.- En principe, tout ..le monde l'admet;
en pratique, il en est autrement.
Par contre, l'arsenal thérapeutique renferme des res-
sources plus nombreuses pour satisfaire à Vindicatioîi
fymptomatique. C'est elle que classiquement on continue
d'observer. Il faut donc, suivant les phases et l'intensité de
la maladie, en appeler toujours aux vomitifs,- aux anti-
catarrhaux et aux sédatifs anciens ou modernes. C'est
pourquoi, en plaçant la médication symptomatique qui est
de nécessité, avant la médication pathcigénique qui est' de
choix, je n'ai pas entendu mettre la charrue devant les bœufs^
mais prouver, une fois de plus, qu'en ce moment, ,1e meil-
leur des traitements de la coqueluche ne peut être et n^est
qu'un traitement de transition.
. . . Ch. Éi-OY.
FORMULitIRE THÉRAPEUTIQUE
Da traltemcni dn eronp par l'esaenee de <évél»enthiii^.
On emploie depuis plusieurs années les propriétés anti-
parasitaires et antiseptiques des inhalations de cette sub-
stance contre le croup. En Allemagne, en ce moment, on
prescrit volontiers la térébenthine à l'intérieur. M. Lewen-
taner a récemment obtenu des succès par la méthode sui-
vante. ' i
Elle consiste à donner l'essence de térébenthine à l'inT
térieur comme antiseptique général, et à l'extérieur comme
antiseptique local :
V A VintéiieuVy faire ingérer à l'enfant une cuillerée à
bouche d'essence de térébenthine chaque jour:
Dès qu'une amélioration, par l'expectoration de fausses
membranes, est obtenue, continuer le traitement par l'ad-
ministration, toutes les deux heures, d'une, cuillerée 4 café
de l'émulsion suivante, dont la formule a été publiée dans
le n"" 8 du Centralblatt f. klin. Mediein de cette année :
Essence de térébenthine 8 grammes.
Huile d'amandes douces 10 * —
Mucilage de gomme arabique. 100 —
Sirop simple 50 —
Jaune d'œuf. N*» i.
Eau de cannelle 80 grammes.
f? A Vextérieur, on applique autour du cou des com-
presses d'eau glacée et dans la chambre on vaporise, en
permanence, sur un fourneau, le mélange suivant, qui
offre plus d'une analogie avec celui que M. Huchard et
M. Renou recommandaient récemment :
Essence de térébenthine. . . J
Teinture d'Eucalyptus ( âa 5 grammes.
Acide phénique > )
Alcool : 300 grammes,
F. s. a. pour mélanger à i litre d'eau. . ^
QaeI<|Be« forninles contre la dyspepsie des enlanto.
La dyspepsie des enfants est parfois la manifestation
précoce d'un état névropathiquc. M. Jules Simon la consi-
270
N* 17 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Avril 1889
dëre comme fréquente chez les petites filles de six à huit
ans. Son traitement doit être à la fois tonique^ sédatif et
eupeptique.
1* Comme tonique, insister sur le traitement général :
hydrothérapie, régime diététique.
2"" Comme Èédatify administrer, avant chaque repas, et
dans un quart de verre d'eau, 3 à 5 gouttes d'une mixture
ainsi préparée :
Teinture de b^aflôtte ) ~ in «««.,»«^c
Eliifir parégorique | aa 10 grammes.
Après le repas, M. J. Simon prescrit encore un paquet
composé de :
Codéine ; . > 0^^002 à (>ï',005 milligr.
Magnésie . . . . J ^ ^^ ^^^^.
Pondre d yeux d écrevisses j ' ^
Rhubarbe O'%05
Noix romique. Oj%01
3** Comme eupepiique^ on recommande l'administration
avant le repas, dans quelques gr.'vndes cuillerées d'eau, aux
enfants de sept ans, d'une cuillerée à café de la teinture
composée suivante :
Teinture de èascârille 5 grammes.
Teinture de rtiiibarbe . . -. 10 —
Teinture d'écorce d^oranges araères. "10 —
Teinture de gentiane 20 —
Teinture de noix Tomique 5 —
Cette médication a pour effet de combattre Tatonie des
voies digestives et de stimuler l'appétit.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
CLINIQUE DE ï/HÔP1TAL NECKER ! M. LE PROFESSEUR GUYON.
Endoscopie poar tvmenr Yésicole.
M. le professeur Guyon montre la vessie et les reins d'un
homme mort d'hématurie dans son service. Les rans sont
sains, autant du moins que peuvent l'être les reins d'un
vieillard; peut-être Texamen microscopique y dévoilerait-
il un peu de sclérose. La vessie est littéralement remplie de
sang coagulé, sa muqueuse injectée, et, pour toutes lésions,
on voit implantés sur sa paroi postérieure, un peu en arrière
de Torifice urétérin droit, deux petits papillomes gros
comme une fève, Tun sessile, l'autre rattaché à la paroi
vésicale par un pédicule extrêmement grêle.
M. Guyon rappelle en quelques mots l'histoire de ce
malade: il fut pris pour la première fois au mois dejuin 1888,
c'est-à-dire il y a neuf mois, d'une hématurie abondante
qui dura vingt-quatre heures. Cette hématurie ne fut pré-
cédée ni suivie d'aucun autre phénomène rénal ou vésical.
Elle se renouvela peu après, un peu plus longue, mais
comme la première fois sans aucune autre manifestation
morbide. Puis survint une accalmie de quelque durée, avec
de légères hémorrhagies, surtout marquées à la fin de la
miction. Ce dernier caractère devait faire penser immédia-
tement à une hématurie d'origine vésicale. En décembre, la
maladie s'aggrave ; l'hémorrhagie devient plus abondante et
presque continue et le malade entre à Necker le mois
suivant.
L'examen clinique confirma les renseignements fournis
par le malade : la vessie, évncuée avec une sonde, saigm
surtout lorsque Tévacuation approche de sa fin ; Thématurii
est donc bien vésicale. Après cet examen du contenu de h
vessie, ce n'est pas à l'exploration instrumentale qu'on doi
recourir, en pareil cas, mais à l'exploration manuelle
c'est-à-dire au palper abdominal combiné avec le touchei
reclal. Ici ce mode d'examen n'a rien révélé, si ce n'es
peut-être un peu d'épaississement de la paroi postérieure :
droite, mais les caractères seuls de l'hématurie étaient suf-
fisants pour faire soupçonner un néoplasme de la vessie
néoplasme peu étendu et de nature probablement bénigne,
en raison de la discrétion des symptômes.
L'examen endoscopique était naturellement indiqué ici;
il a permis de reconnaître très nettement deux petites
tumeurs implantées sur la paroi vésicale; mais, si les résul-
tats de cet examen ont été excellents pour démontrer
l'existence et le volume des tumeurs, il a induit en erreur
au sujet de leur siège, car il les a fait voir près du col et en
réalité elles en sont loin.
Cette illusion a conduit M. Guyon à proposer au malatle
une intervention plus bénigne qu'une cystotomie sus-
Subieiine: le grattage à l'aide d'un instrument spécial intro-
uit par la voie urétbrale. Une première séance de raclage
fut faite, à la suite de laquelle les hématuries diminuèrent
sensiblement. Une seconde séance devait être pratiquée
auelque temps après, mais le malade ne jugea pas à propos
ae le subir et quitta l'hôpital.
Il revint le 15 mars avec des hématuries véritablement
énormes et succomba quelques jours après son arrivée dans
un état d'anémie extrême.
On sera sans doute étonné que des tumeurs aussi
Betites aient pu causer des hématuries mortelles. Mais
[. Guyon a déjà observé un certain nombre de faits ana-
logues, où l'hématurie avait amené une anémie telle
qu*un malade succomba pendant la chloroformisation, un
autre quelques jours après l'intervention. Quant à la cause
de ces hémorrhagies si redoutables, il ne faut point la cher-
cher dan& l'ulcération de la tumeur; ces deux papillome>
ne présentent à leur surface aucune trace d'ulcération:
ce n'est noint la tumeur qui saigne, c'est toute la vessie,
sous l'inmience de ces phénomènes congeslifs sur lesquels
M. Guyon a déjà tant de fois attiré 1 attention de ceux
qui s'occupent de pathologie urinaire. Ici l'aspect de la
muqueuse vésicale au moment de l'autopsie aémontrail
clairement l'existence de cette congestion. Mais ce sur
quoi il faut surtout insister, c'est que l'hématurie vésicale
peut à elle seule, dégagée de tout autre symptôme, éire
une indication impérieuse de la cystotomie. Peu importe
aue l'on ne sache pas exactement quelle est la nature de
I affection. L'hématurie est vésicale, elle est dangereuse par
son abondance, il faut intervenir. Ici Ton. voit combiea
l'excision de ces deux papillomes eût été facile. Si l'abla-
tion du néoplasme n'a pas été faite par la voie hypogasti ique.
c'est que l'endoscope, tout en donnant les renseignements
les plus précieux sur l'existence et le nombre des néo-
plasmes, a induit en erreur sur leur siège. Aussi M. Guyon
avait-il cru mieux faire en remplaçant dans ce cas paili-
culier l'intervention sus-pubienne par une intervention
urétbrale, ce qui prouve que le mieux est quelquefois
l'ennemi du bien. (Séance du 27 mars.)
A. Broca.
36 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM7 — 271
TRAVAUX ORIGINAUX
Cliaiqae na^dleale»
Deux cas d'onom atomanie : coexistence chez un malade
DE l'hystérie et D'uNE VARIÉTÉ SPÉCIALE D^ONOMATOMA-
NIE (ÉCHOLALiE MENTALE). Communication faite à la So-
ciété médicale des hôpitaux, dans la séance du 12 avril
1889, par M. J. Séglas, médecin-adjoint de la Salpé-
trière
J'ai eu l'occasion de recueillir à ma consultation externe
de la Salpètrière les observations de deux malades qui me
paraissent intéressantes à plusieurs points de vue et dont,
à ce titre, je viens vous faire part aujourd'hui. La première,
qui fait le fond même de cette communication, est celle d'un
malade atteint d'hystérie et présentant en outre une variété
spéciale (et dont je ne connais pas d'exemple) de ces états
morbides groupés par Morel (1) sous le nom de délire
émotify par Lasègue (:2) sous le nom de vertige mentaly
par.Westphal (3), Buccola (4) sous le nom d'idées fixes
(obsessions et impulsions) et pliis récemment par M. Ma-
gnan (5) sous le nom de syndromes épisodiques des héré^
ditaires.
Obs. — M. A. J..., âgé de trente et un ans, se présente k la
ronsuitatioD extrne de la Salpètrière le là décembre 1887.
Antécédents héréditaires. — Père : mort à cinquante-quatre
ans d'une hypertrophie du cœur; était variqueux et un peu
obèse. Mère : soixante-trois ans, rhumatisante, impressionnaole,
irascible ; a eu depuis Tâge de quinze ans jusqu'à quarante ans
des douleurs dans le ventre qui lui remontaient dans la ))oitrine,
puis à la gorge ; elle restait environ quatre heures, agitant les
oras, mais sans perte de connaissance. Ces attaques revi naient
tous les quinze jours, tous les mois. Oncle materne] : nerveux,
impressionnable. Tante maternelle : également nerveuse, morte
paralysée à quatre-vingt-deux ans. Grand-père maternel : mort
a soixante-douze ans aune maladie de foie. Grand'mère mater-
nelle : quatre-vingt-six ans, vive, impressionnable, colère,
atteinte de rhumatisme déformant. Une arrière-cousine, suicide.
Examen du malade. — S*est élevé rapidement : croup à
deux ans avec convulsions ; fièvre typhoïde a vingt-cinq ans avec
délire; fièvres intermittentes pendant trois ans, disparues de-
puis cinq ans. Il a toujours été très impressionnable.
Depuis deux ans, il a des attaques qui se présentent aussi bien
le jour que la nuit. Il en est prévenu par quelque chose qui le
serre au ventre, à iVstomac, puis à la gorge ; il éprouve ensuite
des battements dans les tempes et puis il perd connaissance.
Sa femme lui aurait dit qu'alors il se raidissait comme s'il se
détirait. Il n^aurait pas de mouvements cloniques; cependant
une fois, il est tombe de son lit : pas de morsure de la langue,
pas d'écume, de stertor, de miction involontaire. I^a durée de
lattaque est très variable, de quelques minutes à plusieurs
henres.Puisil re^ientà lui complètement tout de suite, ne dort pas,
n>st pas hébété, et se remet tout de suite à travailler comme de-
^"anl; il est seulement un peu courbaturé. Pas d*amnésie. Depuis
deux ans il n'a eu que cinq ou six de ces attaques. La sensibi-
lité est inégale des deux côtés, plus accentuée à droite quVi
Çnuche : pas de trouble du sens musculaire. La région iliaque
droite est très sensible à la pression, de même les deux testi-
cules et la pression de ces organes lui répond dans le ventre.
Héflexe pharyngien à peine marque. Pas de rétrécissement du
champ visuel ; à gauche les couleurs sont moins bien perçues
et une fois il donna le violet comme bleu et le rouge comme
orangé.
.\ côté de ces phénomènes pathologiques, L. . . en présente
encore d'autres depuis un an, et qu'il différencie lui-même de
ses attaques et même de leur aura prémonitoire. C'est comme
un malaise général avec serrement à la poitrine, sentiment de
It) Morel, Délire émotif {Arch. gén. deméd., 1867).
(i) Lafèfrue, Vertige mental (Gomm. à l'Aeitd. de mëd., jnnvier i876).
(3) Westphal, Ueber Zwangwntellungen {Beriiner klin. Wochentch., 1877,
p.Cfi9).
(4) Buccola. U idée fUte {Riv. Sp. di fren., 1880).
(5) lltpun, De la foUe hérédUaire {Joum. dei eotm. m^., 1885).
défaillance, puis de peur, survenant subitement à Toccasion
d'un mol quelconque prononcé devant lui. Voici la description
d un de ces vertiges, comme il dît, qui s'est passé devant nous.
Tout d'un coup L. . . que nous interrogions sur ses attaques, ne
répond plus : les yeux deviennent hagards, fixes, largement
ouverts, exprimant l'angoisse et la peur, ils s'injectent un peu,
le visage rougit légèrement. Le malade ne respire plus, se
tient la poitrine comme s'il étouffait. Il chancelle ; il semble
prêt à tomber. Nous lui parlons, pensant qu'il va peut-être avoir
une attaque. Il ne répond pas; mais il entend sûrement, car U
fait signe que ce n'est pas une attaque qu'il va avoir. On lui
offre de s'asseoir, le voyant chanceler, mais il refuse et reste
debout. Au bout d'une à deux minutes environ, tout disparaît.
Il nous explique alors qne tout cela est survenu à propos au mot
€ mot > que nous avions prononcé devant lui. Il a éprouvé tout de
suite une sensation d'étouffemeut, d'angoisse précordiale, très
pénible, comme si son cœur s'arrêtait; puis de la faiblesse des
jambes, et un sentiment de défaillance imminente. A ce mo-
ment il a comme un brouillard devant les yeux, surtout le
fauche. En même temps il a une inquiétude morale, une sorte
de peur vague, mais extrêmement pénible, comme la crainte
d'un malheur. Il étouffe, il sent sa tête se resserrer, comme
entourée d'un cercle, une pression très forte sur les tempes;
des bouffées de chaleur au visage et puis des sueurs froides ;
pas de sensation de tournoiement. Pendant tout ce temps, le
mot qui a provoqué la crise continue à résonner dans sa tête
comme un écho lointain, mais sans qu'il le perçoive par l'oreille,
et en même temps il a nettement dans la langue la sensation
des mouvements nécessaires pour prononcer ce même mot, mais
il ne l'articule jamais. Cela lui est impossible, dit-il. Cette sorte
de crise le prend toujours subitement, à l'occasion de n'importe
quel mot, sans qu'il attache à ce mot aucune signification spé-
ciale, et sans mi'il y pense en quoi que ce soit auparavant.
Plusieurs fois (a crise est survenue provoquée par les mots
c Mathieu, porte, mot, Paris, Versailles... > La crise arrive
toujours subitement, il est tout de suite complètement dominé,
incapable de faire un effort pour lutter ou sortir de cet état,
f II faut, dit-il, laisser passer la crise, i Cela est quelque-
fois très rapide; ce que nous avons vu a été long, dit-il. Ces
crises le prennent environ tous les huit jours et plusieurs fois
par jour. Jamais elles ne surviennent sous d'autres causes. Il a
Sarfaitement conscience de son état, garde un souvenir très net
es phénomènes pénibles qu'il ressent et en redoute le retour.
Notons aussi qu'il est très sujet au vertige d'altitude. Bien que
peureux et très impressionnable, il ne présente dans la sphère
émotive aucun autre symptôme en dehors de ce que nous venons
de signaler.
Il boit de temps en temps. Étant soldat il buvait parfois de
l'absinthe, maintenant il ne boit que du vin et rarement, dit-il.
Il dort mal en général, rêve parfois de son métier, tremble un
peu des mains. Il a parfois aes idées noires, et est en général
préoccupé des phénomènes qu'il ressent depuis deux ans.
Notons enfin que le crâne est un peu asymétrique; la voûte
palatine asymétrique, très profonde et très étroite. Pas de tics.
Nous pouvons constater, en somme, chez ce malade, deux
états pathologiques bien distincts, quoique ayant une
origine commune dans la constitution neuropathique hérédi-
taire du sujet. D'abord ce sont des accidents hystériques
très simples ; nous les laisserons de côte pour ne nous
occuper que des états pseudo-vertigineux qu'il présente, et
dont le diagnostic avec les troubles hystériques coexistants
ne peut être fait que par un examen attentif de l'état mental
du sujet. On verra alors que ces états pseudo-vertigineux ne
sont pas de Thystérie, mais des phénomènes d'angoisse très
accentués survenant à l'occasion d'un mot quelconque pro-
noncé devant le malade. Cet état pathologique rentre dès
lors dans le cadre de l'onomatomanie signalée en 1885
{Archives de neurologie) par MM. Charcot et Magnan et
plus spécialement dans cette variété qui consiste en une
impulsion irrésistible à répéter un mot obsédant survenu
spontanément à la pensée du malade ou prononcé devant
lui. Dans ce dernier cas, il se produit ainsi une sorte d'é-
cholalie. Mais alors, même en l'absence de renseignements,
on peut faire le diagnostic tout de suite par un simple examen
objectif quand on entend le malade faire Técho et qu'on
272 — N* i7 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Avril 1889
voit survenir les symptôme* d'angoisse. Chez notre hysté-
rique, la chose est plus difficile parce qu'on peut être tenté
au premier abord de rapporter à l'hystérie les troubles
émotifs de réaction qui sont seuls apparents, tandis que le
fait qui les provoque reste absolument subjectif, puisqu'il ne
consiste qu'en des phénomènes d'audition et d'articulation
mentales
Quant au mécanisme de ces phénomènes, il nous semble
qu'on peut l'expliquer de la façon suivante :
Le mot prononcé devant le malade réveille chez lui
l'image auditive du même mot, et celle-ci à son tour, eu
égard aux connexions qui existent entre les différents centres
du langage, réveille à son tour l'image motrice d'articula-
tion; mais aucune de ces deux images n'est îissez intense
. pour s'extérioriser, soit sous forme de perception auditive,
soit sous forme de parole articulée. Quoi qu'il en soit, elles
s'imposent au sujet d'une façon irrésistible et provoquent
les phénomènes d'angoisse. Dans Técholalie ordinaire des
onomatomanes, nous aurions affaire au même mécanisme,
sauf qu'alors l'image motrice d'articulation est assez forte
pour provoquer l'articulation du mot à haute voix. Cette
explication me semble plus rationnelle que Tinterprélation
donnée récemment par M. P. Garnier, à qui c il semble
qu'on ait là (dans l'écholalie) un arc réflexe spinal ou
bulbaire » (?) (Arch, gén. de méd., février 1889, p. U3).
Si le cri réflexe peut être sous la dépendance des régions
bulbo-protubérantielles, l'écholalie ou articulation d'un
mot, ne pouvant se produire sans la perception auditive
préalable de ce mot (qu'il éveille ou non une idée), suppose
par ce seul fait l'intervention des centres de la fonction du
langage et comme telle est un phénomène absolument
cortical.
En résumé, nous trouvons chez notre malade les mêmes
phénomènes que dans l'écholalie ordinaire des onomato-
manes : seulement chez lui tout se passe dans le domaine
du langage intérieur. C'est (qu'on nous passe le mot) un
écholalique mental.
Ce qu il y a encore d'un peu particulier chez lui, c'est le
début subit, instantané de la crise qui paralyse d'emblée la
volonté et rend impossible, même un instant, tout effort de
lutte, puis la durée 1res brève de celte crise, et enfin l'in-
tensité des phénomènes émotifs, surtout lorsi^u'on considère
la cause si faible qui les produit et dont l action ne peut
s'expliquer que par la prédisposition neuropathiçjue très
évidente du sujet. Sauf ces quelques points spéciaux, ses
crises présentent tous les caractères assignés par Morel,
Lasègue, Westphal et par M. Magnan... à celles des malades
à idées fixes, des délirants émotifs: idées fixes, obsessions
ou impulsions irrésistibles, anxiété concomitante provoquée
par la violence ou le contenu de l'idée ou par le non-
accomplissement de l'acte qu'elle commande (Westphal),
conservation de la conscience, calme relatif consécutif à la
crise. Les symptômes de l'angoisse eux-mêmes, pris isolé-
ment, présentent le même tableau clinique que ceux que
l'on observe par exemple chez les agoraphobes, et cela en
l'absence de toute tare hystérique.
La distinction que nous venons défaire chez ce malade
entre les phénomènes d'hystérie et ceux de Tonomatomanie
sera rendue plus nette encore par l'exposé du cas suivant,
Îui nous montre comment la simple articulation mentale
'un mot, lorsqu'elle se présente suus la forme d'impulsion
irrésistible, peut amener des phénomènes d'angoisse.
Obs. — M"* J..., âgée de dix-huit ans et demi, se présente à
la consultation externe de la Salpètrière le 18 décembre 1888.
Antécédents, — Les deux grands-parents maternels sont
morls paralysés. Le père est alcoolique,
La malade n'a eu aucune maladie antérieure; rien à noter
dans Tenfance, elle n'a parlé qu'à deux ans; réglée à douze ans
et demi. Aucun stigmate d'hystérie. Toujours peureuse et
impressionnable.
La maladie actuelle a débuté il y a quatre mois; les syraplômev
qui la caractérisent, quoique étant de même nature, se présen-
tent sous différents aspects. C'est ainsi que Ton peut d'aborti
constater de la folie du doute et du délire du toucher. M"* J...
éprouve toujours le besoin irrésistible de vérifier ce «qu'elle a
fait. Elle ne veut pas toucher à de$ bougies ou à des épingles,
et si cela lui arrive, il faut qu'elle véritie si elle a mis le feu
dans les endroits où elle est allée avec de la lumière et qu'elle
compte ses épingles pour être sûre de n'en avoir pas laissé
tomber dans un endroit ou sur des objets où elles pourraient
faire mal à quelqu'un. Si elle ne cède pas à l'impulsion ou si
elle veut dominer sa peur, l'angoisse se produit.
D'un autre côté, depuis quelque temps, il lui venait à Tidée
des mots grossiers ou malveillants qui s'imposent à son esprit, H
en même temps elle sent des mouvements dans sa langue, c tout
comme si elle les prononçait-, mais elle ne les prononce jamais
même à voix basse >. Cependant elle a toujours la crainte de les
prononcer et d'être entendue, aussi fait-elle tout son possible
pour arrêter les mouvements de la langue. Mais tous ses efforts
sont vains à ce point de vue et n'aboutissent qu'à des phéno-
mènes d'angoisse : constriction précordiale, bouffées de chaleur
à la figure, sentiment de peur très intense. Quand elle laisse les
mouvements de la langue se produire, l'angoisse est à peine
marquée. Mais ensuite elle a toujours la crainte d'avoir parlé,
bien qu'elle dise elte-méme être sûre de ne jamais prononcer
aucun mot, même à voix basse. Aucun phénomène auditif, pas
même d'audition mentale.
Cette observation peut nous servir, comme je l'ai dit tout
à l'heure, à éclaircir la précédente. En ce qui concerne
l'onomatomanie, elle n'en diffère qu'en ce que la malade
n'est pas écholalique. Au lieu d'être entendu, le mot vient
de lui-même à l'esprit du sujet. Sauf cela, tout est commun
entre les deux. Wons retrouvons les mêmes phénomènes
d'articulation mentale entraînant également. des symptômes
d'angoisse^ moins accentués, il est vrai; mais il faut remar-
quer qu'ici l'obsession ne.se produit pas sous forme d'ictus
et que la volonté de la malade n'est pas annihilée d'un seul
coup. D'un autre côté, comme elle n'a aucun signe d'hystérie,
il ne peut y avoir le moindre doute sur la cause et la nature
des symptômes d'angoisse qu'elle présente. Aussi en coni-
parant ces deux cas l'un à l'autre, pensons-nous avoir
justifié notre opinion de la coexistence chez notre premier
malade de deux ordres de phénoniènes morbides, l'hystérie
d'un côté, de l'autre, des symptômes d angoisse se rattachant
à cette variété particulière d'onomatomanie que nous avons
désignée chez lui du nom d'écholalie mentale.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémle des «elenees.
Recherches bactériologiques sur la désinfection des
LOCAUX PAR les SUBSTANCES GAZEUSES, ET EN PARTICULIER PAR
l'acide sulfureux, par MM. H. Dubief et /. BruhL — « M. le
docteur Dujardin-Beaumetz nous a chargés d'exécuter ces expé-
riences, qui ont été faites au laboratoire de bactériologie de
l'hôpital Cochin.
f Mous avons supposé un local débarrassé de ses objets mo-
biliers, la désinfection des lits, linges, rideaux devant toujours
se faire parla vapeur surchautTée, qui est le meilleur des désin-
fectants.
€ Pour débarrasser l'atmosphère et les parois d'une chambro
des germes qu'elles contiennent, on peut employer les sub-
stances gazeuses et les liquides finement pulvérisés.
c Si la méthode des pulvérisations permet de re ourir à des
substances d'elfel antiseptique non douteux, telles que le sublimé
corrosif, l'acide phénique en solution concentrée, elle a l'incon-
vénient grave de nécessiter la présence de l'opérateur. Pour
cette raison, nous avons étudié spécialement les substances
gazeuses et, d'abord, l'acide sulfureux.
c Nous nous sommes posé trois questions :
< 1*» L'acide sulfureux à l'état de gaz a-t-il une action cer-
taine sur les germes en général? 2' L'acide sulfureux a-t-il une
26 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM7
273
?:erraes pathogènes? 3" Fixer des règles pratiques,
ions aujourd hui nos résultats sur la première
action sur les
c Mous publ
question.
€ De nombreuses expériences ont déjà été* entreprises avant
les nôtres, mais la plupart du temps sur des cultures in vitro.
Ce procédé est défectueux ; toutefois, nous avons tenu à repro-
duire d^abord les essais de ceux qui nous ont précédés.
♦ i'* Action de facide sut fureiix sur les cultures de bactéries.
— Un certain nombre de tubes de culture sont placés à 18 degrés
sous une cloche où circule un lent courant d'air; cet air a tra-
versé un récipient dans lequel est allumée une bougie de soufre,
graduée, qui permet de connaître la quantité d'acide sulfureux
produit. Dans ces conditions, toujours les cultures ont été dé-
truites en employant une quantité suffisante de gaz sulfureux.
c (À'tte métnoae est mauvaise : en effet, les cultures employées
t'ontienuent forcément une forte proportion d'eau ; Tacide sulfu-
reux s*y dissout, rend le milieu aciae et impropre à la culture.
« i" Action de Vacide sulfureux sur le nombre des germes
contenus dans l'air, — La première méthode étant çassible de
graves objections, nous avons eu recours à la numération des
bactéries par la méthode de Miquel.
c Dans une chambre hermétiquement close, on recueillait»
au moyen d'un ballon diluteur de Miquel, les germes d'un litre
d'air; ces germes étaient répartis dans cinquante ballons de
culture contenant du bouillon de bœuf stérilisé et alcalinisé,
puis des quantités variables de soufre étaient brûlées dans la
chambre. Après viujgft-qualre heures, une nouvelle prise d'air
analogue à ta première était opérée, les germes étant répartis
dans un même nombre de ballons stériles.
c Le nombre des germes contenus dans l'atmosphère de la
chambre était toujours plus faible après la sulfuration qu'avant;
et la différence était d'autant plus sensible que l'humidité de
l'air était plus grande.
« 3* Action de Vacide sulfureux sur la nature des çermes
de ratinosphne. — Â Tétat normal, dans le milieu ou nous
opérions, les bactéries, les microcoques particulièrement, étaient
nombreux, les mucédinées ne venaient qu'après. Après la sul-
furation, la proportion a toujours été renversée.
( V Vacide sulfureux gazeux a-t-il une action sur les
germes à Vètatsecj — Les expériences précédentes ne donnent
de conclusions que pour les spermes en suspension dans l'atmo-
sphère : pour savoir ce que deviennent ceux qui sont fixés aux
parois, nous avons recueilli sur une petite bourre de coton con-
tenue dans un tube de verre stérilisé à 200 degrés les poussières
d*uue quantité donnée d'air. Deux prises égales étaient faites
simultanément. L'une des bourres était immédiatement répartie
dans une petite quantité de gélatine nutritive placée dans un
petit cristallisoir plat et large stérilisé. La seconde bourre était
soumise au préalable pendant quarante-huit heures à un cou-
rant de gaz sulfureux pur et sec. La quantité des germes qui ont
poussé était plus faible après sulfuration qu'avant.
c De nos expériences, on peut tirer les conclusions sui-
vantes :
« 1" L'acide sulfureux gazeux a une action microbicide évi-
dente sur les germes contenus dans l'air. 2^ Cette action se
manifeste surtout ]ors<]ue le milieu est saturé de vapeur d'eau.
3*" L'acide sulfureux agit surtout sur les germes de bactéries,
i"* L'acide sulfureux emplové à l'état pur peut détruire, lorsque
son action est prolongée, aes germes, même à l'état sec. >
Aeadénile de médeelne.
SÉANCK DU 23 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. Ir dortcur BHgnUr (à Sar^tires, CliarenU-Inférieuro) prie rAcadémie
d'accepter le dépôt d'un PU cacheté.
M. K. Joly» iDcdocin à Neufchritel (Scinc-Taférioure), envoie un mémoire
manuscrit sur un nouveau procédé de contervation du vaccin.
M. le docteur Charbelie% (a Romans, Drômc) adresse une Note uaBUserite sur
le traUement de la variole.
If. le docteur MaUevUU {à ManeiUe) envoie une Noie mannseriie sur Vhydro-
phobie.
U.le Président présente: 1* au nom do M. le docteur Chauvel, professeur â
récole du Val-de-Grice, la Notice tur Giraud'Teulon lue à la dernière séance
de la Société de chirurgie et rerticle HypermAtropii, extrait du Dietton-
naire ene^lopédiquc deo *eiencu médietUet; 2* de la part de M. le docteur
C/MVdMe, professeur agrégé au Val-de-Gràce, la deuxième édition de ses Nouveaux
iliment» de peUU chirurgie
M. Moutard-Martin dépose, au nom de M. le docteur de Pietra-Santa et do
M. JoUrain, un ouvrage intitulé : Caravane hydrologique d^août 1688, ttations
mnéralet et tanitaircM de la Suiêie et des Vosges.
M.L/on CoHn présente, de la part de 11. le docteur AVi^î^r, uiédcciu-chef do
l'hôpital militaire de Versailles, une Note manuscrite sur la ventilation des
poêles mobiles à combustion lente par un tirage complémentaire de sûreté.
Chloroforme et chlorure de méthylène. ~ M. /.
Regnaudy au nom de M. le docteur Villejean et au sien,
appelle Tattention sur le mélange de cbloroK>rme et d*alcooi
Dfiéthylique employé par certains chirurgiens anglais et par
M. Le Fort sous le nom de chlorure de méthylène pour pra*
tiquer Tanesthésie. Ce produit mériterait d*étre expérimenté
afin de savoir si, oui ou non, on peut éviter, grâce à iui, les
accidents légers qui accompagnent souvent l'emploi du
chloroforme, d'autant au'il est inaltérable et d'un prix
moindre. Quant au véritable chlorure de méthylène, CH^CIS
les expériences faites jusqu'ici montrent qu'il convient
d'être encore très réservé sur son action; en tout cas, il est
absolument inaltérable sous l'influence combinée de l'air et
de la lumière. MM. Regnaud et Villejean en tiennent une
certaine quantité à la disposition des chirurgiens.
Cataracte. — H. le docteur Suarez de Mendoza
(d'Angers) appelle l'attention sur les avantages que procure
la suture de la cornée dans l'opération de la cataracte. Son
procédé permettrait de garantir l'opérateur contre les encla-
vements iriens en amenant, par une coaptation complète et
stable des bords de la section cornéenne, le prompt et
définitif rétablissement de la chambre antérieure. Il résulte
des huit opérations ainsi pratiquées et des expériences
auxquelles l'auteur s'est livré, que la tolérance de la cornée
pour les (ils est extrême et qu'on peut laisser ceux-ci en
place de cinq à dix jours. — (Renvoi à une Commission
composée de MM. Maurice Perrin^ Panas et Duplay.)
Tétanos. — Après avoir discuté dans un travail considé-
rable et très étudié les divers arguments énumérés par
M. Yerneuil à l'appui de sa théorie sur l'origine équine et
sur l'origine tellurique du tétanos ^voy. la séance du
26 mars 1889), M. Leblanc se voit obligé de déclarer que
l'origine éauine et bovine du tétanos n'est pas prouvée;
si dans quelques cas son origine tellurique est probable,
dans le plus grand nombre elle est fort contestable. La
contagion par l'eau, par l'air et par les poussières n'est pas
admissible et on n est pas très certain de la nature des
germes (microbes ou ptomalnes) considérés comme cause
unique de cette maladie. L'influence de la prédisposition est
indéniable et elle joue le rôle principal dans la genèse du
tétanos. Expérimentalement on a démontré la nature infec-
tieuse limitée de cette affection en inoculant des tissus
altérés ou de la terre appartenant à des régions infectées ;
pratiquement la contagion, qu'il s'agisse de l'homme ou des
animaux, n'est pas prouvée. Aussi n'y a-t-il aucune utilité k
placer le tétanos au nombre des maladies contagieuses
inscrites dans la loi du 21 juillet 1882.
M. Nocard n'a pas été convaincu par les arguments
accumulés par M. Yerneuil à l'appui de sa thèse, parce
!|u'on peut les interpréter autrement que lui et d'une
àçon qui satisfait mieux l'esprit, car elle est plus con-
forme aux données expérimentales. Sans doute, pour
la plupart des observations se rapportant à des blessés
qui ont été en contact plus ou moins direct avec des
chevaux tétaniques, ce que Ton sait de l'inoculabilité des
produits de la plaie d'où a procédé le tétanos autorise à
admettre la possibilité de la contagion du cheval à
l'homme. Pour tous les autres faits non seulement le
cheval incriminé n'avait pas le tétanos, mais encore il
n'avait eu aucun rapport avec un animal tétanique et il est
inadmissible que le cheval sain puisse, en tant que cheval,
donner cette affection ; aucune expérience ne le démontre.
Par contre, l'action tétanigène de la terre cultivée est le
274 -^ N» 17 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
96 Avril 1889
seul fait solidement établi dans cette théorie. Hais pour-
Îuoi prétendre que cette action soit plutôt due au fumier
u cheval qu*à celui du bœuf ou du mouton, alors que le
tétanos est beaucoup plus fréquent à la campagne que
dans les grandes villes où les chevaux sont bien plus nom-
breux? Que Ton compare ce qui s'est passé au fur et à
mesure (]u'on a mieux étudié la septicémie : si celle-ci
est relativement fréquente chez le cheval, elle est à peu
près complètement inconnue chez le bœuf, et cependant le
sang de cet animal devient aussi rapidement septique que
celui du cheval ! C'est que les germes du vibrion septique
sont extrêmement répandus partout autour de nous ; ils
existent non seulement dans les terres cultivées, mais
encore à la surface des niantes, dans les boues et dans les
poussières des villes, aans les eaux communes; tous les
animaux en ingèrent avec les aliments et les boissons; ils
résistent à l'action des sucs digestifs et sont expulsés avec
les excréments sans avoir rien perdu de leur vitalité, tout
prêts à se développer lorsaue les conditions du milieu
seront devenues favorables. M. Nocard est tout disposé à
croire qu'il en est de même pour le microbe du tétanos;
des expériences ont été déjà faites dans ce sens par Nico-
laier et Rietsch ; elles sont à compléter et il se déclare
[»rét à le tenter. Jusque-là on ne saurait s'appuyer sur
es hypothèses actuelles pour demander l'inscription du
tétanos dans la loi sur la police sanitaire des animaux'
domestiques.
Il n'est cependant douteux pour personne, objecte M. Ver-
neuil^ que le tétanos est une maladie infectieuse ; à ce
titre il doit être rangé parmi celles auxc^uelles la loi doit
être appliquée. — Cette affection ne serait pas la seule qui
tourrait être placée dans cette catégorie, fait observer
[. Leblanc; mais les difficultés d'exécution des mesures
prescrites sont déjà tellement grandes pour les maladies
inscrites dans la loi et les règlements qu'on ne peut tenter
d'agir de mèniie à l'égard du tétanos. — Si on ne l'ose pas
maintenant, espérons qu'on l'osera plus tard, ajoute M. Ver-
neuil. — (La aiscussion continuera mardi prochain.)
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, afin
d'entendre la lecture d'un rapport de M. Bucquoy sur les
candidats au titre de correspondant étranger dans la pre-
mière division (Médecine). La liste de présentation est
dressée ainsi quil suit : l'* M. Warlomont(de Bruxelles);
S"" M. Semmola(de Naples); 'S"" ex œquo MM. Rommelaere
(de Bruxelles) et Sydney-Ringer (de Londres).
— L'ordre du jour de la séance du 30 avril est fixé ainsi
qu'il suit :
1" Rapport de M. Oujardin-Beaumetz sur la dénomina-
tion des nouveaux médicaments; 2** suite de la discussion
sur le tétanos (inscrits : MM. Trasbot, Labordé, Lagneàn
et Verneuil) ; 3" communication de M. Worms sur la forme
lente du diabète et son traitement.
Soeiélé de clilr«rirft«*
SÉANCE DU 17 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. HORTELOUP.
Desoenta artilloioUe du testlonle eotoplè: MM. Monod, Berger.
ReoluB, Qaënu, Soh'wrarts, Jalagaier, Routier, TerrUlon, Segood,
Trëlat, Ghamplonnlère. — Sature de la veesie : MM. SohvirartK,
Ghampionnière. — Apophyse sua-ôpltroclilëenne de rhumèrue
M. Testut (M. Possl, rapporteur).
M. Monod a l'an dernier suturé le testicule au scrotum
chez un jeune homme de dix-neuf ans, dont le testicule
sortait parfois, mais fuyait avec une facilité extrême. La
difficulté fut de trouver où loger la glande dans le scrotum
atrophié; il fallut lui creuser une place et en fin de compte
elle est restée à la racine et non au fond des bourse^.
M. Championnière est le premier en France à avoir pratiqué
celte opération, mais, sans remonter à un insuccès déjà
ancien de Chelius, il y a d'assez nombreuses observatioib
étrangères dues à Wood,Max Schûller (1881), Nicoladoni
(1884), Belfied (1887), Hardy, de Manchester (1888). Mai
Schiiller, comme M. Championnière, insiste sûr l'impor-
tance de bien libérer le cordon si Ton veut mener à bien
celte descente, souvent difficile. Dans cette question théra-
peutique, il y a plusieurs points à envisager. Le siège
d'abord est important; M. Monod laisse de côté les falu
relatifs à l'ectopie périnéale. Pour l'ectopie inguinale ou
abdomino-iliaque, l'opération est possible, mais enc4)re!
faut-il que le testicule mette au moins le nez à la fenêtre;!
le terme de crypiorchidie employé par Max Schiiller, par
M. Championnière est donc vicieux. Il faut tenir grand
compte de l'âge, savoir que les migrations tardives sponta-
nées ne sont pas rares, qu'elles se font soit pendant la pre-
mière enfance, soit vers la puberté, de douze à seize ans.j
Puis, chez l'adulte, il est inutile, sauf indications spéciales,
de suturer au fond des bourses une glande séminale atteinte!
d'une atrophie définitive. C'est donc de quinze à dix-neuf
ans qu'il faut opérer. Lorsqu'il y a hernie concomitante, lei
bandage donne de bons résultats si on neut Tappliquerl
entre la hernie qu'il maintient en haut et le testicule qu*il!
refoule en bas. Mais ces cas favorables ne sont pas fréquents
et souvent on ne peut appliquer un bandage. On a alors
conseillé de laisser la hernie descendre avec le testicule, de
façon à la réduire plus tard, le testicule une fois suffisam-
ment éloigné de l'anneau. Ou bien on a dit de refouler dans
l'abdomen avec l'intestin le testicule dont on fait de parti
pris le sacrifice. En réalité, dans ces circonstances, il faut
faire la cure radicale de la hernie et la descente artificielle
du testicule.
M. B(?rgf«r mentionne un travail publié l'an dernier par
Wood sur la cure radicale de la hernie des enfants. Wood
relate quelques cas de descente artificielle du testicule et
insiste sur les difficultés qui résultent parfois de la brièveté
du cordon ; il a alors séparé du testicule la queue de l'épi-
didymo et le canal déférent et a eu, en les déroulant, un
cordon d'une longueur suffisante. M. Berger admet, en
principe, ce que M. Monod a dit des migrations tardives;
mais il ajoute qu'il a observé quelques enfants chez les-
quels, après avoir espéré cette migration, il a vu, au con-
traire, l'organe mâle remonter peu à peu, et définitive-
ment, dans le trajet inguinal. M. Berger, enfin, croit l'effi-
cacité du bandage en fourche bien plus fréquente que ne
le dit M. Monod.
M. Reclus a opéré un homme adulte porteur d'une eclopie
bilatérale douloureuse. Il a suturé, sans incision à la peaa,
le testicule non libéré au préalable et les douleurs ont cessé,
mais la descente est insuffisante et les testicules suturés
tirent fortement de chaque côté sur le scrotum invaginé.
Une autre fois, faisant une cure radicale, M. Reclus a mobi-
lisé et Ç\xé au fond des bourses un testicule atrophié, retenu
à l'anneau.
M. Quénu cite une suture du testicule, faite au cours
d'une cure radicale. Il a pris dans le point de suture la
vaginale au niveau de la aueue de l'épididyme, car en ce
point la séreuse adhère solidement et peut fournir un point
d'appui à la suture. Malgré M. Tuffier, il est donc inutile de
transpercer l'albuginée.
M. Jalaguier a employé le même procédé dans deux cas,
où il y avait hernie concomitante. Il insiste sur l'échec subi
dans ces cas par le massage pour faire descendre le testi-
cule, et il croit, avec M. Championnière, q^ue M. Tuffier en
a exagéré l'efficacité. Il a constaté une fois que l'appare'/
suspenseur des bourses, anormalement situé, faisait obstacle
26 Avril 4889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- N- 17
276
à la descente et il n'a pu loger le testicule dans le scrotum
qu'après avoir perforé ce plan qui barrait le chemin.
M. Schwartz relaie deux opérations heureuses pour des
testicules retenus à Tanneau externe et accompagnés l'un
d'un léger varicocèle , l'autre d'une hydrocèle commu-
nicante.
M. Routier a suturé le testicule (par la vaginale) dans
uQ cas de cure radicale de hernie chez un homme de
vingt-sept ans atteint de hernie bilatérale, avec ectopie à
gauche. Le massage avait été absolument inefCcace. Le
résultat thérapeutique est défectueux : le testicule est resté
atrophié et doulourciix.
M. Terrillon insiste sur la fréquence des descentes tar-
dives chez Tenfant, suHout si on les favorise par le ban-
dage en fourche et par les massages. D'autre part, chez
l'adulte, M. Segond préconise la castration si le testicule
ectopié devient douloureux : il est inutile de conserver
cet Gitane voué à une stérilité définitive et spécialement
prédisposé aux dégénérescences malignes. M. Segond a tenu
deux fois cette conduite.
M. Trélat a fait la cure radiale h un homme de vingt-
deux ans pour une hernie scrotale accompagnée d'un
diverticule préabdominal. C'est ce diverticule qu'habitait
le testicule, muni d'un long cordon; aussi M. Trélat crut-il
qu'en le logeant dans une séreuse scrotale confectionnée
aux dépens du sac il resterait en bonne position sans qu'il
fut besoin de le suturer. Or il n'a pas tardé à remonter
près de l'anneau. Le cas échéant, M. Trélat suturerait donc.
M. Lucas'Championnière ne s'occupe que des cas où la
hernie n'exisie pas ou n'est qu'un épiphénomène. S'il y a
hernie, il conseille sans doute la cure r.'idicale, mais Ma
sature du testicule reste cependant au premier plan. Pour
les jeunes enfants, il est de l'avis de M. Monod et laisse à
M. Tutfler la responsabilité des opérations sur les garçons
de deux ans et demi ; il constate avec plaisir que MM. Ja-
laguier et Routier ont échoué par le massage et n'ont pu
qu'avec peine faire la libération sanglante du testicule ;
malgré M. Tuffier il est probable^ comme le prouvent les
faits de M. Terrillon, que lorsque le massage rend la
glande accessible il suffira le plus souvent, à lui seul, à la
cure de Tectopie. On ne saurait contester que la suture de
la vaginale près de la queue de l'épididyme ne puisse
suffire, mais souvent elle est impossible et dès lors un des
points intéressants du mémoire de M. Tuffier est précisé-
ment d'avoir montré qu'on peut sans crainte transpercer
i'albuginée. M. Championnière ne croit pas que parmi les
observations citées par M. Monod il y en ail une aussi com-
plète que la sienne, pour laquelle il maintient le terme
de cryptorchidie. il ajoute que Tenfant a été opéré à dix
ans, ayant l'aspect d'un sujet de sept ans : en deux ans
Ce garçon a pris le développement physique de son âge et
l'un des testicules a atteint un volume normal.
— M« Schwartz f à propos de l'observation de M. Pozzi,
communique un fait de suture de la vessie après taille
hypogastrique pour un calcul formé autour d'un corps
étranger et nou compliqué de cystite. Sonde à demeure;
guérison, malgré quelques jours de fistule hypogastrique.
H. Championnière avait deux fois suturé avec succès la
vessie blessée au cours d'opération de cure radicale de
hernie lorsqu'il fit la taille hypogastrique, en mai 1888,
pour chercher un corps étranger que la sonde ne sentait
pas, mais dont le malade affirmait la présence. La vessie
lut trouvée vide et saine : les conditions étaient donc
excellentes pour appliquer la suture vésicale, qui fut pra-
tiquée avec plein succès. Aucune sonde ne fut laissée à
demeure et le malade fut sondé une fois, la nuit qui suivit
I opération. Dès le lendemain il urinait seul.
— M. Pozzi lit un rapport sur un travail de M. Testui
(de Lvon) : Vapophyse sus-épitrochléenne au point de
vue chiiMrgicaL M. Poulet a lu en 1883 à la Société un
travail sur cette apophyse, qu'il considère comme patho-
logique. M. Testut montre qu^elle constitue une anomalie
réversive, et qu'elle a une importance réelle pour les
ligatures artérielles des membres supérieurs à cause des
anomalies vasculaires et musculaires dont elle s'accom-
pagne souvent.
A. Broga.
Soelél^ de blolog^ie.
SÉANCE DU 13 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE DE M. DUGLAUX,
VICE-PRÉSIDENT.
Sur la bourse de Loshka : H. Oellô. — Exploration des monvements
de la langue : M. F6r6. — Des urines dans les maladies aiguës :
M. Bobin. — Rapports entre le glyoogène et la glycémie :
M. Quinquaud. — Méthode pour apprécier la oontraoUon bron*
ohique : M. François-Franck. -- Des glandes mosohipares du
desman des Pyrénées: If . Trutat. -> tA ▼entilation pulmonaire
otaes les animaux hibernants : M. Dubois. — De 1^ .respiration
chez les sujets entraînés A rezeroioe musculaire : M. Demeay. —
Psorospermose folliculaire Tégétante : M. Darier. -^ NouveUe
forme de psorospermose cutanée : M. Darier. — Lampe A signaux :
M. Regnard.
ilL.Gellé présente une préparation du pharynx surlaquelle
apparaît très nettement la oourse de Lushka, sur la partie
médiane de la paroi supéro-postérieure du pharynx.
— M. Férèy en modifiant le sphygmomëtre de Bloch, a pu
mesurer la résistance à la pression des muscles de la langue.
Cette exploration directe lui a permis de constater que, si
l'on n'a pas vu jusqu'ici de troubles moteurs coïncidant avec
les troubles du langage articulé, c'est seulement parce qu'on
n'était pas en mesure de la chercher. Ainsi il ^a constaté une
diminution notable de la résistance de ces muscles chez
plusieurs aphasiques n'ayant aucun trouble apparent de la
mobilité de la langue, chez plusieurs épileptiaues qui pré-
sentaient de l'embarras de la parole à la suite des
accès, etc.
— M. A. Dobin, à propos de la récente communication
de MM. Gaume et Roger sur les décharges de poisons par
les urines un peu avant la crise dans la pneumonie,
rappelle que depuis 1877 il s'est occupé de cette question;
il a particulièrement montré, à propos de la fièvre typhoïde,
que la défervescence et même la convalescence sont subor-
données à de véritables décharges de produits toxiques.
— ^.Quinquau4y en soumettant des chiens à l'inanition
jusqu'à disparition complète du glycogène dans le foie, a
néanmoins trouvé chez ces animaux une certaine quantité
de glucose dans le sang. Il admet par suite que l'organisme
peut produire du sucre sans l'intermédiaire de la substance
glycogène.
— M. François-Franck f à propos de la communication
de M. Chauveau, relative à un procédé d'appréciation de la
contraction des bronches, revient sur les faits dont il a
récemment entretenu la Société; il s'attache à montrer que
les troubles respiratoires qu'il a constatés par l'excitation
du bout périphérique d'un nerf vague, résultent de phéno-
mènes réflexes, et ne tiennent nullement à la contraction
des fibres de Reissessen ; ce dernier phénomène doit être
mis absolument hors de cause.
— M. Pouchet présente une note de M. l'rutat (de Tou-
louse) sur Tanatomie et sur la structure des glandes qui
produisent le musc chez le desman des Pyrénées.
— M. Duclaux présente une note de U.R.Dubois relative
à la ventilation pulmonaire chez les animaux hibernants (la
marmotte).
276 — NM7 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Avril 1889
— M: Demeny a étudié, au moyen de divers appareils
qu'il présente, compas Ihoracîque enregistreur, Inoraco-
mèlre, appareil inscripleur des profils et spiromètre enre-
gistreur, — les rapports qui existent entre la forme du
thorax et le mécanisme de la respiration chez les sujets
entraînés à Texercice musculaire. Ses nombreuses observa-
tions Tout conduit à établir celte loi, à savoir que le rapport
entre la capacité vitale de ces sujets entraînés et leur poids
est beaucoup plus élevé que chez les sujets sédentaires.
— M. Davier propose de donner le nom, conforme à son
origine et à son développement, de psorospermose follicu-
laire végétante à la maladie cutanée qu il a récemment
étudiée.
— M. Darier montre que l'affection chronique du
mamelon et de Taréole, à peu près spéciale au sexe féminin,
et qui est suivie de la formation d'un cancer du sein, affec-
tion connue sous le nom de maladie de Paget, est causée,
comme la psorospermose folliculaire végétante, par des
psorospermies ou coccidies, mais d'une autre espèce.
— M. Regnard présente une lampe à signaux, qui donne
une lumière très intense, utilisant l'éclair produit par la
combustion subite de la poudre de magnésium.
— M. Duclaux prononce une allocution en l'honneur de
la mémoire de M. Chevreul, qui était membre honoraire de
la Société.
SÉANCE DU 20 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Sur la quantité d'air minima oompatible avec la vie : MM. Langlois
et Gh. Riohet.— Otite chez les Jeunes entants : M. Netter. ^ A.otion
physiologique delà ooronilline : MM. Qley et Schlagdenhautfen.
— Sur l'œuf de la lapine : M. Toumeux —Des éléments cellulalrea
des glandes gastriques : M. Montanet. -^ Sur la pneumonie conta-
gieuse du oheval : M. Gadèao. — Action de Toxyde de carbone :
M. Linossler.
M. Ch. Richet a cherché à déterminer avec M. Langlois
jusqu'à quel taux minimum on peut réduire la quantité
d'air nécessaire à un animal, un chien par exemple, pour
entretenir sa fonction respiratoire et pour qu'il ne succombe
pas.
— M- Netter, dans un certain nombre d'autopsies d'en-
fants de moins de deux ans, a trouvé chaque fois du liquide
dans la caisse du tympan, et ce liquide était purulent; ense-
mencé, il a d'ailleurs fourni des streptococci.
— M. Gley a étudié, avec M. Schlagdenhauffen (de
Nancy), l'action physiologi(jue d'un nouveau glucoside, la
coronilline, extrait des graines de coronille, une légumi-
neuse de nos contrées, par MM. Schlagdenhauffen etKeeb.
La coronilline agit d'une façon tout à fait élective sur le
cœur, en Taccéiérant d'abord, puis le ralentissant; c'est
cette phase de ralentissement qui est importante. On l'em-
pêche de se produire par la section préalable des deux
pneumogastriques ou au bulbe ou par l'atropinisation, et
Ton n'observe plus alors que l'effet vaso-constricteur de la
substance, vaso-constriction qui est d'ailleurs toujours suivie
d'une diminution notable de la pression intra-artérielle.
Avec 2 milligrammes sur un chien de 10 kilogrammes, le
cœur s'arrête.
— M. Pouchet dépose une note de M. Toumeux sur les
modifications de Tœuf de la lapine dans son passage à tra-
vers la trompe.
— M. Chauveau présente une note de M. Montanet (de
Toulouse), qui poursuit ses recherches sur la différenciation
des éléments cellulaires des glandes gastriques; Tauteur a
constaté que les deux sortes de cellules glandulaires existent
déjà chez le fœtus.
— M. Chauveau présente une notedeM. Cadéac, rehlivo
à la pneumonie contagieuse du cheval. L'agent de la ma-
ladie est un microcoque, très différent d'ailleurs du pneu-
mocoque de l'homme, qui s'inocule aisément à un grand
nombre d'animaux, particulièrement aux lapins; il se mul-
tiplie dans le sang, mais ne détermine que des phénomènes
généraux, et non la pneumonie.
— M. Chauveau dépose une note de M. Linossier (de
Lyon) sur les effets de l'oxyde de carbone sur les escargots,
pour lesquels il n'est pas complètement inoffensif. M. Li-
nossier a également cherché si l oxyde de carbone est toxique
pour les graines; il l'est extrêmement peu, c'est-à-dire
qu'elles s'y développent moins bien que dans un gaz inerte,
comme l'hydrogène par exemple.
— La Société ne se réunira pas le samedi â7 avril.
Socléié de Ihérapentlqac.
SÉANCE DU 10 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Du traitement antiseptique local de la diphthérla : M. C Paul
(Discussion : MM. Cadet de Oasaioourt, Gr6quy, Moutard-Martiii,
£. Lahbè). — Traitement de la gale par le savon au pétrole:
M. C. Paul.
M. C. Paul, ayant été chargé d'un rapport à rAcadémie
sur les divers modes de traitement de la dipbthérie, a
reconnu que presque tous les auteurs français et étrangers
admettent aujourd'hui la nature microbienne de la maladie,
et la considèrent comme une aiïection locale au début, se
généralisant plus ou moins rapidement. Aussi, s*eiïorce-t-on
de combattre énergiquement les premières manifestalions
locales au moyen de parasiticides variés. La liste en est
longue: le tanin proposé par M. Couzot; les vapeurs phéni-
quées en permanence, mises en œuvre par M. Renou;Ie
chloral, le biiodure de mercure, Tacide borique, elc;
enfin, Thuile phéno-camphrée, récemment préconisée par
M. Gaucher. L'application locale de ces topiques est presque
toujours précédée de Tablalion aussi complète que possible
des fausses membranes. Les statistiques des divers auteurs
donneraient des résultats variables mais fort encourageants,
uisque la nioyenne générale des succès serait de
4,5 pour 100,
H. Cadet de Gassicourt a dû progressivement modifier
son opinion au sujet de la diphthérie; il admet aujourd'hui
Sue cette affection est d'abord locale et se généralise rapi-
ement. Par suite, il faut détruire activement les fausses
membranes dès le début, tout en évitant les moyens violents
qui créent des plaies étendues. Il emploie dans ce but les
badigconnages phéniqués et les irrigations à l'acide phé-
nique, mais sans avoir acquis une confiance absolue dans
l'efficacité de ce moyen, car il n'en a pas obtenu une pro-
portion de succès aussi grande que celle dont on vient de
parler. Dans bien des cas, dits hypertoxiques, la diffusion
du poison soluble est si rapide que tous les moyens locaux
échouent fatalement.
M. Créquy rappelle que Loiseau, le premier, puis
Trousseau, conseillaient le traitement local. Loiseau a
recommandé le tanin, et c'est à ce topique que M. Créquy a
ordinairement recours. Il ne saurait fournir de statistique
précise, car il faut tenir compte de la difficulté du diagnostic
dans bien des cas d'angine avec blanc.
M. Moutard-Martin insiste sur la fréquence des erreurs
de diagnostic en pareil cas, et sur la consé(juence de ce fait
relativement à la valeur absolue des statistiques. II a pQ
constater récemment, chez plusieurs enfants, l'existence
d'une simple amygdalite caséeuse qui a été prise par le
médecin traitant pour de la diphthérie termmée par la
guérison.
26 AVRIL 1889
GAZETTE HEBDOMADAlIlE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
^ Ji9 17.— 277
M. Cadet de Gassicourt a maintes fois observé des faits
analogaes, et rappelle (^ae, d'autre part, bien des cas de
diphlhérie bénigne guérissent, pour ainsi dire, tout seuls.
Aussi faut-il se défier d*un enthousiasme trop hàtif pour tel
ou tel mode de traitement. II a vu dernièrement un enfant
succomber à des accidents toxiques trois Jours après la
disparition des fausses membranes, et le médecin qui
soignait cet enfant est resté convaincu que la mort n*a pas
été le résultat de la diphthérie; que penser des statistiques
où entrent des éléments de ce genre?
M. £. Labbé redoute les topiques caustiques» et la produc-
tion de surfaces dénudées étendues qui entent de nouvelles
portes d'entrée. IJi se sert de solutions phéniquées plus
faibles aue celles qui ont été indiquées par H. Gaucher, ou
encore de la glycérine baratée, et fait de fréquentes irriga-
tions avec Teau de chaux. Les pulvérisations phéniquées,
instituées trop souvent en permanence, amènent parfois des
accidents toxiques.
— M. C. Paul s'est servi avec avantage pour combattre
la gale d'un savon au pétrole. Il suffit de faire sur tout le
corps quatre savonnages par jour pendant un ou deux jours^
avecle savon ainsi formulé: savon ae Marseille, 100 grammes;
cire, 40 gramnoes; pétrole, 50 grammes^alcool, 50 grammes.
Ce savon, qui contient le quart de son poids de pétrole,
n'est pas irritant, s'émulsionne bien dans Teau chaude, et
permet d*obtenir la guérison d'une façon moins brutale que
par le procédé dit de la frotte. Il rend de grands services,
surtout chez les sujets à peau fine ou les individus irri-
tables.
La séance est levée à cinq heures et demie.
André Petit.
Société ABalomiqve.
SÉANCE DU 15 MARS 1889.
M. Dudefoy décrit une pièce de salpingite tubercu-
leuse.
— M. Kirmisson communique un examen des artères
dans un cas de gangrène sèche.
— M. .4. Pilliet présente une thrombose de la veine mésa-
raique ayant donné lieu à des symptômes i' occlusion intes-*
linale.
— M. J. Ménard expose des recherches expérimentales
sur les fractures du ruchis.
— M. Caryophyllis (^ii voir un fibrolipome du cœur^
SÉANCES DES 22 ET 29 MARS 1389.
M. Klippel communique un fait de ramollissement de
la couche optique avec perte du sens musculaire dans les
membres paralysés.-
— MM. CA. Féré et Lamy étudient la physiologie du
pavillon de Voreille.
— M. P. lissier relate un cas de chlorose mortelle.
—Vl.Delagénière présente une hypertrophie prostatique
constituée par des tumeurs énucléables des lobes latéraux.
—M. Létienne fait voir un ulcère perforant de Testomac
dont Torigine embolique est possible, vu la coïncidence
d'une endocardite végétante.
— M. D, Aigre montre un cancer de la tête du pancréas.
— M. Thiéry fait une communication sur le choix du
procédé opératoire dans la création d'un anus iliaque arti-
ficiel pour cancer du rectum.
SÉANCES DES 5 ET 12 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CORNIL.
M. A.-F. Guy on communique un fait d'endocardite infec-
tieuse du cœur droit.
—' H. Pilliet décrit une dilatation bronchique du som-
met ayant causé la mort par hémoptysie.
— M. Minor (de Moscou) adresse une note sur la co/o-
ration de la graisse dans les lésions du système nerveux^
à Taide de l'orcanette et de la chlorophylle.
— M. Mantel fait voir un îcyste fœtal tubaire extrait au
quatorzième mois par la laparotomie et ayant évolué jus-
qu'à terme.
— a, de Lostalot présente un kyste de l'ovaire avec
élongation du pédicule.
— M. G. Caussade montre une tumeur du cervelet.
~ M. H. Legrand fait une communication sur un cas de
porencéphalie.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
Un MouviMiii médleaneal liypn^tl^oe i rnrallani, par M. G.
PoppÉ (de Bologne). — Cette substance, dont Fauteur a donné
la monographie à la Société médico-chirurgicale de Bologne, est
un composé de chloral et d'uréthane. Il Ta fait ingérer aux ani-
maux et il Ta prescrit à Thomme avec un égal succès pour pro-
voquer le sommeil. Cette substance ne modifierait pas les
fonctions cardio-vasculaires et n'altérerait pas qualitativement
les globules sanguins.
Il serait recommandable contre Tinsomnie des individus
atteints de cardiopathies, d'hystérie et de névropathies. Malgré
ces succès, on peut estimer utile de voir ce médicament subir
répreuve du contrôle expérimental et clinique. {Gazetta degli
Ospitali, i février 1889.)
De la YAlenr relative «e Peiriaai, «e la atemilMe et «e la
eedéiae eoatre le «laMte mieré, par M. T.-R. Fraser. — Les
remarques suivantes ont été faites sur un diabétique successive-
ment soumis à laction de Tun ou de i*autre de ces remèdes, en
même temps qu*au régime diététique.
Sous rinfluence d une dose quotidienne de codéine, la den-
sité des urines s'abaissait. A raison d'un vingtième ou d'un
dixième de grain, elle ne produisait pas des effets plus com-
plets qu'à la dose de six grains. Enfin quand après une se-
maine on en suspendait remploi, en continuant le régime, les
modiiications de iurîne persistaient.
On administrait ensuite un demi-grain d'opium trois fois par jour
et on obtenait une diminution considérable de l'urine, du sucre
et de Turée. Des doses deux fois plus fortes augmentaient faible-
ment cette réduction. Mais l'addition d'un vingtième de grain
djatropine paraissait augmenter refflcacité du traitement.
Une dose d'un tiers de grain de morphine, répétée trois fois
par jour, diminuait la quantité d'urine, d'urée et de. sucre, mais
plus faiblement que trois grains d'opium et surtout que quinze
grains de codéine. L'appétit et l'état général du malade paraissait
plus satisfaisant.
Aux doses de six grains par jour, la codéine produisait de
la stupeur, de rapatliic, du vertige, phénomènes que l'addition
d'atropine augmentait. Dans trois autres cas, M. Fraser a
constaté encore la supériorité de la morphine sur la codéine,
dans le traitement du diabète sucré, de sorte qu'il n'hésite pas
à considérer le dernier alcaloïde comme inférieur à l'opium et à
la morphine, confirmant ainsi l'opinion défendue récemment par
M. Bruce. {The Brit. med. Journal, 19 janvier 1889.)
278 — N» 17 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 AvBiL 1889
Ue raetloB «e« métfieaiiieiit* sur le «y»tèiii« ntéro-^varlen
pendant la menstrualien, par M. LOMBB ATTHILL. — Pour
vérifier l'opinion vulgaire d'après laquelle certains médicaments
modifieraient le flux menstraèl, Tauteur a fait ingérer pendant
la période cataméniale des doses médicinales d'ergot, de
strychnine et de quinine. Aucune modification ne fut observée
et la menstruation demeura normale.
Les purgatifs, comme Faloès, ne sont pas non plus des emmé-
nagogues. 11 en est de même du permanganate de potasse, qui a
été parfois recommandé dans ce but.
M. Lombe Atthill admet Tulilité des bromures pour diminuer
la congestion utéro-ovarienne indê pendante de lésions anato-
roiques de ces organes. Il prescrit leur ingestion pendant les
cinq ou six jours qui précèdent la nenstrealÎMi eià la éMe de
1 gramme par jour enviroD, Associés à Tergot, ils ne sont pus
d'une efficacité plus grande, sauf toutefois dans les cas de
fibitHMi BOTi pédicules de l'utérus. {Dublin Journal ofjnedical
Science y décembre 1888.)
De la ▼alcnr iliérapeatiqne en lavage stomacal diea lea
nonrHMaas, par M. H. LÉO. — Ce mémoire reproduit les con-
clusions de la note dont l'auteur donnait lecture à la Société de
médecine interne en novembre dernier. Il a employé le lavage
de l'estomac sur 104 nourrissons au moyen d'une solution de
thymol à 20 pour 100, dans la dyspepsie avec diarrhée ou con-
stipation, le catarrhe chronique de l'estomac, la diarrhée simple
et le choléra infantile.
Les meilleurs résultats ont été obtenus contre la première et
la seconde de ces affections. Après un seul lavage on obtenait
souvent la guérison. Ils ont été moins complets quand il s'a-
gissait de la diarrhée et du choléra infantile. Il fallait alors
combiner l'emploi des lavages avec Tadministration des médi-
cations classiques par l'opium et parlecalomel. Au demeurant,
M. Léo explique les avantages du lavage stomacal dans ces
maladies parce qu'il prévient les auto-intoxicalions par sta-
gnation des aliments dans l'estomac. {Therap. MonaU^ 1889,
n« 5.)
De la créollne 4lan« lc« affeetiora sastro-lntestlnale*,
par M. HiLLËR. — Celle substance, de composition mal déter-
minée, pourrait rendre, d'après l'auteur, de réels services
comme antiseptique des voies digestives. Il en a fait usage
contre le météorisme, contre le catarrhe intestinal aigu et
chronique, dans la gastrite et la dilatation stomacale consécu-
tive au rétrécissement pylorique. A cet effet, il prescrit les
capsules de créoline par doses quotidiennes de 30 à 50 centi-
grammes, en trois prises : chaque prise étant ingérée une heure
après le repas. De plus, il en aurait constaté les vertus antihelmtn-
thiques dans deux cas de taenia et contre les oxyures vermicu-
laircs. {Cent. f. klin, Med., janvier 1^89.)
Dn Milleyiate «e merenre eonCro la blennerriiavle, par
M. ScHWiMMER. — Ce traitement antiseptique, essayé par l'au-
teur, a pour objet de remplacer les solutions de liqueur de Wan
Swieten, dont on connaît les propriétés irritantes par le sali-
cylate de mercure qui serait en effet tout aussi antiseptique
sans posséder ces inconvénients. M. Schwimmer en a fait usage
contre la blennorrhagie aiguë en injections répétées trois foi5
par jour et contenant chacune 1 centigramme de salicylate mer*
curiel pour 100 grammes d'eau distillée. Dans la blennorrhagie
chronique, le titre de cette solution est plus élevé et M. Schwim-
mer prescrit une dose de 5 centigrammes de salicylate de
mercure pour 100 grammes d'eau.
Après deux ou trois jours dans la forme aigué et sept ou huit
dans la forme chronique, l'écoulement s'arrête. S'il reparait
ensuite, il est muqueux et rebelle comme après les autres mé-
dications. {Wien. med. Wochenschr., 1889, n«8.)
é, consulter.
Du TRAITEMENT DES FIÈVRES PALUSTRES PAR l'ANTIPYRINE, par
M. O.-S. Pampoukis. — Les indications de cette médication par
l'antipyrine n'ont pas pour but de remplacer la quinine dans le
traitement des fièvres intermittentes, mais seulement de la sup-
pléer là où elle est en défaut. Cette réputation de l'antipyrine
la fait employer actuellement par de nombreux médecins greis,
et dans ce mémoire M. Pampoukis rapporte des observations fort
intéressautes empruntées à MM. Tochis (de Thèbes), Tselios et
Alexandre Georgantopoulos. Sous l'influence de ce médicament,|
les accès de fièvre palustre sont coupés, alor^ même qu'il est ad-
niotstrédimiiit l'accès. Il les préviendrait, quand on le faitingé*
rer avant ces derniers; eaûit, autre avantage, ses vertus antihy-
perthermîqnes permettraieat da diminiier rapidement, au
moyen d'injections hypodermiques, les hanles tempéralares
des fièvres pernicieuses. L'antifébrine parait aussi provoquer lesl
mêmes effets apyrétiques, mais M. Pampoukis fait renarqutr
avec raison que son emploi n'est pas exempt d'inconvénients
cheK les malades atteints de fièvres palustres. {Gazette médicaie
de V Algérie; 30 juin 1888.)
De ta valeur de l'antifébrine daxs lk traitement de lkh-
LKPSIE, par M, B. Borosnyow. — Pour vérifier les affirmations
de ceux qui recommandent cette substance contre le mal co-
mitial, M. Borosnyow a traité comparativement neuf épileptiques,
six hommes et trois femmes par les bromures alcalins et par
l'antifébrine. Les résultats obtenus ne laissent aucun doute sur
l'impuissance de l'antifébrine contre l'épilepsie. De plus, danger
redoutable, daiis tous les cas, l'auteur a noté la cyanose. Il con-
clut donc à la nécessité de renoncer immédiatement et définitive- 1
ment à l'emploi de l'antifébrine contre l'épilepsie. Dans ces j
essais cliniques, la dose de bromure variait de 6 à 9 grammes
par jour, etcelledefébrine entre 25 centigrammes et S grammes.
{Centralh. f. Gesam. Thérapie^ mars 1888.)
De QUELQUES indications do sulfite de chaux, par M. Morti-
MER-WiLLSON. — C'est au même titre que l'hydrogène sulfuré
que ce médicament est prescrit par Fauteur, en vertu de sa |
I décomposition par les sécrétions gastro-intestinales en chaux
et en acide sulfhydrique immédiatement absorbé par le sang.
Les récentes applications thérapeutiques de cet acide engagent
à recommander le sulfite de calcium dans les affections des mu-
queuses ou des glandes. Il posséderait, croit-il, une sorte d'ac-
tion élective pour les muqueuses respiratoires etgénito-urinaires. j
A cet effet, M. Willson le conseille à Tintérieur contre les affec
tions bronchiques et à l'extérieur contre la leucorrhée, Toîène, j
le coryza, la vaginite, et en particulier la vaginite blennorrha-
gique. Au demeurant, c'est un antiseptique dont il conviendrai!
d'étudier à nouveau les vertus, le mode d'élimination et la puis-
sance. {The Therapeutic Gaz., iojuin 1888, p. 366.) i
BIBLIOGRAPHIE
Traité d^hiatoiofie, par H. J. Renaut. 1" fascicule: I^
milieu intérieur et le tissu conjonctif lâche et modelé.
i vol. iii-8* de 310 pages avec 101 figures. Paris, 1889.-
Lecrosnier et Babé.
Voici un livre qu'allendaienl avec curiosité ceux qui con-
naissent les recherches que Tauteur a poursuivies depuis vingl
ans. M. Renaut peut, en effet, être considéré comme le lypeje
plus moderne et le plus accompli du professeur d'histolopfi^'
Continuant la méthodedesonéminentmaitreRanvier,iIs'est
attaché à établir Thistologie sur la technique la plus pré-
cise, et à prendre pour base de Tanatomie gcnêi-ale h
morphologiedesélémentsdémontréepardes réactions carac-
téristiques. C'est l'analomie générale, ramenée à rawaly"^^
Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 17 — 279
rigoureuse, remplaçant les doctrines à priori, qui ont si
longtemps retardé la constitution de l'histologie en science
bien définie.
H. Renaut est un observateur patient au plus haut degré,
attaché à la technique avec passion, n'acceptant que la
démonstration absolument précise par la préparation spé-
ciale conservée et probatoire à chat|ue moment. Il pousse
ces qualités jusqu'à l'extrême dans l'exposé de ses recher-
ches, s'aide aussi de dessins, de schéma, qu'il trace avec
habileté, et Ton s'étonnerait au premier abord à l'entendre
exposer avec des détails d'une minutie extrême ses observa-
lions pei*sonneIles, si l'on n'étaitentrainé bientôt par la clarté,
la netteté de ses descriptions, et cette conviction qu'il a
paisée dans sa méthode avec l'assurance que lui donnent ses
irocédés. Il est utile en effet d'affirmer que Thistologie s'est
égagée des conceptions théoriques; la théorie plasmatique
de Virchow, la théorie du blastème et de la génération
spontanée des éléments ont disparu, et il ne reste plus
maintenant que la théorie cellulaire ou plutôt mono^cellu-
hire, qui repose sur ce fait désormais bien démontré que
tout organisme naît d'une cellule unique, ({ui est le germe
ou ovule fécondé. Il y a un élément anatomique primordial,
la cellule, où le problème de la vie « doit en dernière analyse
être réellement posé )». La cellule a des propriétés ; elle
évolue, fonctionne, réagit ; elle possède non seulement une
forme qui la définit analytiquement, mais aussi des pro-
priétés que M. Renaut désigne sous le nom de potentialités.
Le néologisme est heureux et s'expliaue facilement; il repré-
sente la totalité de l'énergie dévetoppable par l'élément
cellulaire. Celle-ci se retrouve aussi bien dans l'amibe
mono-cellulaire que dans les organismes les plus déve-
loppés, elle peut être i amenée à quatre « potentialités », la
oQtrililé, la sensibilité, la motililé, et enfin'la reproductilité
comprenant Vévolutilité et la plasticité.
Lélude de l'amibe, celle de l'ovule doit commencer
lanatomie générale, et c'est ainsi qu'a procédé notre
auteur. Il utilise les progrès considérables accomplis
depuis quelques années dans la connaissance de la cellule
primordiale, de l'ovule, de son noyau, de son « filament
nucléaire », qui, existant dans le pronucléus mâle comme
dans le pronucléus femelle, produit par sa combinaison le
véritable noyau du germe, dont le filament nucléaire repré-
sente l'union réelle des deux organismes paternels.
M. Renaut, dès sa préface, nous montre comment ces données
certaines font comprendre l'hérédité. La substance typique
du noyau du germe, son filament pelotonné ou spirème,
contient réunies dans une même formation une série de
parcelles maternelles venues les unes de l'organisme
paternel, les autres de l'organisme maternel; c'est cette
substance ancestrale qui est distribuée à tous les noyaux
des cellules dé I*ôrganisme nouveau et qui est le véritable
substratum anatomique et saisissable de l'hérédité, la
matière héréditaire. Mais ce n'est encore que la préface,
un exposé général, montrant combien sont étendues les
applications actuelles de Thislologie même réduite aux
notions les plus simples etlesplusstrictesde la morphologie.
Nous ne nous y attarderons pas, car nous trouvons dans
l'introduction, sous une forme plus concrète, un exposé
remarauable des principes fondamentaux de l'anatomie
générale.
Nous ne parlons pas des définitions des éléments
des tissus et des systèmes, question scolastique qui n'a pas
fait de grands progrès depuis Bichat, mais des descriptions
générales des ( léments anatomiques cellulaires. Tout ce
que nous savons du protoplasme, du noyau, du nucléole, de
]m rôle spécial dans la nutrition, l'évolution, la division
•udirecle, est décrit à grands traits, mais avec la plus grande
^litrlé, ei la distinction entre les substances intercellulaires
cl les éléments cellulaires apparaît comme conséquence
naturelle du développement embryonnaire.
Ces généralités ne sont que des préliminaires, et ce
fascicule comprend trois chapitres d'histologie d'une grande
importance, la lymphe, le sang, le tissu conjonctif, lâche ou
diffus; de tels sujets ne s'analysent pas, et il uous suffit de
dire que l'on trouve sur les globules blancs, les hémo-
lymphes, les globules rouges et la vie du sang, toutes les
notions acquises dans les dernières années, et enfin que
nous ne connaissons pas d'exposé du tissu conjonctif lâche
plus complet, mieux coordonné où plus démonstratif, grâce
à ses remarquables planches, que celui qui constitue le
troisième chapitre.
L'anatomie générale des membranes pleines et fenétrées,
l'histologie du mésentère, de l'épiploon, des séreuses, des
tendons, de la cornée, et les questions connexes si impor-
tantes des fonctions des endothéliums et de leur rôle dans
l'œdème, l'inflammation, l'absorption des graisses, tels sont
les sujets d'étude qui terminent ce fascicule; ils nous ga-
rantissent Tinlérét que présenteront les fascicules suivants
et nous en font bien vivement désirer la publication pro-
chaine.
A. Hénogque.
Compie rendn da nervice ehlrornical de l'hôpital SeÊ
EbImiIa, * Bncarest (de 1874 à 1888), par M. led#<feur
Gr. RoMNiciANO, doyen de la Faculté de médeeroe. Buca-
rest, Gobi. 1889.
On ne saurait tro|) louer les ouvrages semblables à celui-
ci. Le savant chirurgien qui depuis treia» ans dirige à Buca-
rest le service chirurgical des maladies de l'enfance a
relevé personnellement 8144 observations dont il nous
donne le résumé. Elles se rapportent toutes à des enfants
ou à des jeunes gens jus^'â l'âge de seize ans. C'est, on le
voit, sur un grand nombre de cas bien étudiés que l'auteur
a pu baser quelques conclusions précises. Nous nous con-
tenterons de signaler ce qu'il nous dit des pansements anti-
septiques, de l'utilité des pansements humides et des
inconvénients qu'ils présentent parfois, de l'importance
d'une réunion parfaite, etc., etc. On lira aussi avec fruit
ce qui a trait aux lésions articulaires, à l'influence de l'im-
mobilisation et à sa durée dans les cas de coxalgie, aux
résultats obtenus par le docteur Romniciano dans des cas
relativement graves.
Un compte rendu semblable ne peut être analysé dans ses
détails, d'autant plus que l'auteur s'est montré très réservé
dans les considérations cliniques sur lesquelles il s'appuie.
On doit se borner à signaler ce qu'il y a de méritoire à faire
connaître le résumé d'une longue pratique, ce qu'il y a
d'utile à recueillir ainsi toutes ses observations et à mon-
trer au public extra-médical, aussi bien du'à ses confrères,
le soin et l'attention avec lesquels, dans les hôpitaux d'en-
fants, on se préoccupe du traitement et du bien-être des
malades.
Hygiène de la premièhe EiNFAnce, par M. le docteur Jules
HouviER, professeur de clinique obstétricale à Beyrouth. —
Paris, 1889.0. Doin.
Si M. Bouvier a encouru quelque reproche, ce n'est certes pas
celui d'avoir négligé la recherche aes origines des maladies
chez Tenfant. Sous ce rapport Tenfant est pris ab ovo, et même
ante ovum, puisqu'une partie du volume, presque un cin-
quième, est consacrée à des études tout à fait étrangères au
sujet, telles que Tinfluence des alliances, de Page des parents,
de leurs sautés respectives, de leurs habitudes morbides et
même de la consanguinité. Plus tard, nous voyons apparaître
un traité de Thygiène de la e^rossesse, de la physiologie des
couches, leurs conséquences, 1 antisepsie obstétricale. Ce n'est
que dans la deuxième partie que l'on commence à étudier Ten-
fant lui-même, et c'est évidemment par là qu'on aurait dû
débuter.
280
N» rt
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Avril 1889
Cette réserve faite, il n'est que juste de rendre hommage à la
façon consciencieuse dont Tauteur a étudié toutes les questions
aui concernent Tanatomie et la physiologie de Tenfant. Il entre
ans les plus minutieux détails sur tout ce qui regarde les
soins à donner à Tenfant aussitôt après la naissance et dans les
premiers mois de la vie.
La troisième partie est exclusivement consacrée à Tétude du lait
chez la femme, et chez les animaux et aux modifications qu'il
peut subir sous des influences physiologiques ou pathologiques.
.' L'allaitement constitue la partie principale de 1 ouvrage. C^est
la question qui domine toute Thygiène de Penfance et notre
auteur Ta étudiée avec le plus grand soin. L'allaitement par la
mère, quand il est possible, constitue pour lui, comme pour tous
les médecins expérimentés, la méthode par excellence. A défaut
de la mère ou d'une bonne nourrice sur lieu, il donne à l'allai-
tement artificiel la préférence sur la nourrice à distance, ^oua
partageons cet avis et nous croyons d'après maintes observations
que Fallaitemenl artificiel bien conduit, bien surveillé, peut
fournir d'excellents résultats. Pour apprécier la valeur compa-
rative de l'allaitement artificiel bien pratiqué, on se reportera
aux statistiques établies par l'auteur, tilles sont sin&^ulièrement
encourageantes, surtout depuis l'application de la loi Roussel.
On comprend, dès lors, les vœux que rorment beaucoup de méde-
cins, dont nous sommes, pour rétablissement de ce que M. le
professeur Tarnier désigne sous le nom de fermes d'allaitement.
Ces fondations devraient se faire à la campagne, réunir un petit
nombre d'enfants, être organisées de manière à pouvoir y pra-
tiquer l'isolement des enfants malades, et munies du nombre de
vaches ou d'ânesses nécessaires à la fourniture d'un lait de
bonne qualité. Si l'allaitement artificiel bien conduit réussit
même dans les villes, quand il est dirigé par une personne
intelligente et soigneuse, on comprend quels services il pourra
rendre à ces enfants placés dans des conditions hygiéniques bien
autrement favorables.
Le chapitre de la syphilis infantile n'appartient pas à pro-
prement parler à l'hygiène, mais bien a la pathologie de
l'enfance.
Il n'en est pas de même du sevrage et des précautions que
cette phase critique de la vie infantile impose à la mère en
même temps qu'à l'enfant.
Un dernier chapitre, consacré à la mortalité infantile et aux
moyens de la diminuer, résume toute cette étude et en est,
en quelque sorte, la légitime conclusion. L'ouvrage gagnerait
certainement à quelques retouches et à certains remaniements
que nous avons indiqués. Mais, tel qu'il est, on ne peut trop le
recommander à tous ceux qu'intéresse l'amélioratioii du sort des
jeunes enfants ainsi que les progrès réalisés en ces derniers
temps dans cette branche importante de la médecine.
VARIETES
Banquet annuel db l'internat. >> Le banquet des internes
eu médecine des hôpitaux de Paris aura lieu le samedi 11 mai,
à sept heures et demie, dans les salons du Grand-Hôtel, sous la
présidence de M. le professeur Hardy.
Le prix de la cotisation (20 francs pour les anciens internes,
16 pour les internes en exercice) peut être remis dans les hôpi-
taux à l'interne en médecine, économe de la salle de garde, ou
bien à l'un des commissaires du banquet, MM. Pîogey, Bottentuit
et Tillot (Emile).
Concours du Bureau central d'accouchements. — Le jury
est provisoirement constitué de la façon suivante: MM. Guyon,
Bouilly, Terrillon, Porak, Bar, Maygrier, Danlos.
Hôpital des Enfants-Malades. — M. le docteur de Saint*
Germain, chirurgien de l'hôpital, reprendra ses conférences sur
la chirurgie des enfants et l'orthopédie, le jeudi 2 mai, à neuf
heures.
Hôpital de la Charité. — M. le docieur Luys reprendra son
cours le jeudi 9 mai à dix heures, dans l'amphithéâtre du
premier étage. Ce cours aura pour objet les maladies du
système nerveux et les applications thérapeutiques de l hypno-
tisme. Les personnes qui désirent y assister ne seront admises
que sur la présentatiou d'une carte d'entrée. On est prié de
s inscrire chez le concierge.
Faculté de médecine de Nancy. — M. Démange, agrégé, esi
nommé professeur de médecine légale.
Congrès internationaux d'ordre médical. ~ Soixante-neul
Congrès internationaux seront tenus au Champ de Mars, au coun
de 1 Exposition prochaine. On vient de fixer définitivement li
date et la durée de cinquante-quatre d'entre eux. Voici ceux qui
intéressent les médecins.
Congrès : pour l'étude des questions relatives à ralcoolisnif,
du 29 au 31 juillet; d'assistance publique, du 28 juillet a^
i août; de chimie, du 29 juillet au 3 août; de thérapeutique, dï
1*'' au 5 août; d'hygiène et de démographie, du 4 au 11 aoùt;d«
dermatologie et de syphiligraphie, du 5 au 10 août; de médecin^
mentale, du 5 an 10 août; d'anthropologie criminelle, du 10 aq
17 août; dentaire, du 1«^ au 7 septembre ; d'otologie. et de
laryn^ologie, du 16 au 21 septembre; d'hydrologie et de cl i mai
tologie, du 3 au 10 octobre.
Corps de santé de la marine. — Ont été promus dans l«
corps de santé de la marine :
Au grade de médecin m chef: M. le médecin principal Beann
manoir. j
Au grade de médecin principal: 2« tour (choix), M. BriodH
jonc de Tréglodé ; l*»- tour (ancien), M. Barrallier,
Au grade de médecin de première classe: 3« tour (cboW)
MM. d'Estienne, Geay de Convalette; 2* tour (ancien), MM. Las-
sabatie, Daliot; 1" tour (ancien), MM. Gorron, Robert.
Au grade de médecin de deuxième classe: M. Michoud,
médecin auxiliaire.
Société médico-psychologique. — La Société médico-psychoi
logique se réunira, en séance solennelle, le lundi 29 avril, i
quatre heures, rue de l'Abbaye, 3, '
Orrfre dtt/our; ^ Rapport sur le prix Esquirol: M. Pichonj
2» Eloge de Dechambre : M. Rilti.
Souscription Duchenne (de Boulogne). ,
Huitième liste. i
M. le docteur Rendu , 20 fr. i .
M. le docteur Sixorsxy (de Kiew) 26 >
MM. les élèves de l'Ecole des Beaux-Arts (cours
de M. le professeur Mathias Ouval) 32 >
ToUl 78 fr. ) '
Montant des listes précédentes. 3407 3i
Total général. . 3485 fr. 3i
Mortalité a Paris (15* semaine, du 7 au 13 avril
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, lîJ
— Variole, 4. — Rougeole, 31. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 12. — Diphthérie, croup, 43. — Choléra, 0. — Phlhisifl
pulmonaire, 197. ^ Autres tuberculoses, 20. — Tumeursi
cancéreuses^ 34 ; autres, 7. — Méningite, 34. — Congés^
tion et hémorrhagies cérébrales, 44. — Paralysie, 8. jy
Ramollissement cérébral, 10. — Maladies organiques du cœor, ^'i
— Bronchite aiguë, 32. — Bronchite chronique, 49. — Bronchoi
pneumonie. 24. — Pneumonie, 61. — Gastro-entérite: sein, fi;
biberon, 36. — Autres diarrhées, 7. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 3. — Autres affections puerpérales, 1. — Débililé con-
génitale, 31. — Sénilité, 29. — Suicides, 2t. — Autres morls
violentes, 3. — Autres causes de mort, 175. - Cau?es
inconnues, 15. — Total; 1010.
OUVRAGES DEPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Det manifetUUiont ophthalmotcopique* de la méningite tuber^eute, par M. I<|
docteur A. Ducamp. 1 vol. in-4». Paris, B. Lecrosnicr et Babé. 2 fr. "
Recherches cliniquet tur tes anomalies de Vinstinct sexuel, par M. le docteur
Paul Sérieux, i vol. iii-8«. Paris, E. Leerosnier et Babë. - "'
De la virilité et l'Age critique che% l'homme et la femme, paf M.le docteur I/OUi.<
de Séré. 1 vol. in-S*. Paris, E. Lecrofoier et Babé. ' ^^'
G. Masson, PropHétaire-Gérant.
4896a. — MoTTiRoa, — Imprimeries réuniet, A, me Uiffooa, î, P*"*-
«6 Avril 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE _ N» 17 — 281
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
THÉRAPEUTIQUE
L'anémie, la chlorose, la chloro-anérnie et toutes les
Daladies qui ont pour cause l'appauvrissement du sang,
Baissent du triste privilège de nous faire parcourir constam-
Dent la gamme des médications de toute espèce. Ce n*est
05 que nous ignorions quels sont les agents qui peuvent
niluer sur ces diathèsessi persistantes, mais c'est que nous
lésitons sur la manière de les employer pour produire un
Mlat efficace. Le fer est l'agent par excellence de la
^Dovation du sang; mais il faut d'abord qu'il soit toléré,
fuis qu'il soit assimilé, enfin qu'il apporte dans l'économie
les propriétés fortifiantes sans faire naître cette déplorable
lafirmilé qu'on appelle la constipation. Tous les chimistes
|e sont mis à l'œuvre pour résoudre le problème, et
|flelques-uns sont arrivés à des résultats très utiles. Nous
louions rechercher quelle est, dans l'état actuel de la
Icience pharmaceutique, la préparation qui a le mieux
réussi.
Les pilules de Vallel ont joui d'une faveur méritée ;
îllesonl remplacé avec avantage ces affreuses boissons de
itiuille qui étaient répugnantes, à peu près inefficaces, et
îependanl indigestes. Elles n'ont pas su satisfaire à toutes
les exigences du programme que les chercheurs sérieux
r'étaient imposées : leur usage prolongé amenait presque
toujours la constipation.
Les pilules de Blaud, recommandables à certains égards,
l'ont pas davantage échappé au môme écueil. Et nul ne
taurait nier la gravité d'un semblable danger. La constipa-
ion est une des plus cruelles souffrances infligées à l'espèce
mmaine et personne n'ignore que ce sont précisément
es sujets anémiques et chloro-anémiques qui sont les plus
prédisposés à cette terrible affection.
Beaucoup d'autres préparations ont été produites, qui ont
m la prétention d'avoir résolu le problème ; elles ne méri-
^nlpas même d'être citées; elles avaient les inconvénients
les produits sérieux sans en avoir l'efficacité.
En 1839, MM. Gélis et Conté ont présenté à l'Académie
le médecine une préparation nouvelle, soigneusement
étudiée, et paraissant répondre à tous les desiderata. L'Aca-
démie a nommé une Commission qu'elle a chargée
l'examiner le nouveau produit.
Celte Commission était composée de M. Fouquier, profes-
seur à la Faculté de Paris; de M- Bally, président de l'Aca-
démie, et de M. Bouillaud, également professeur à l'École
de médecine. Il était difficile de constituer un jury plus
compétent et plus honorable.
MM. Fouquier et Bouillaud se sont livrés à des expé-
riences nombreuses, et leur verdict ne s'est pas fait attendre.
Sans nier le mérite relatif des préparations déjà connues
que nous avons citées plus haut, ils ont déclaré que les
dragées de Gélis et Conté au lactate de fer étaient supé-
rieures à ces préparations et devaient leur être préférées.
A l'appui de leur opinion, ils ont apporté la relation d'obser-
vations nombreuses dans lesquelles ils constataient les
résultats très satisfaisants qu'ils avaient obtenus de l'emploi
fait par eux-mêmes de la médication nouvelle. Le docteur
Hardy, chef de clinique du professeur Fouquier, est venu
appuyer l'opinion de son chef de ses observations person-
nelles, et les services des professeurs Andral, Bouillaud, de
MM. Bally, Beau, Nonat, fournirent bientôt leur contingent
d'observations aussi concluantes.
Sur le rapport de sa Commission, l'Académie de médecine
a voté des remerciements à MM. Gélis et Conté et l'impres-
sion dans le Bulletin de l'Académie du mémoire qui avait
accompagné la présentation de leur produit.
La supériorité du lactate de fer sur les autres prépara-
tions martiales a été de ce moment reconnue. Plus tard, elle
fut confirmée par les nombreuses expériences, tant physio-
logiques que pathologiques, de MM. Claude Bernard,
Bareswil et Lemaire, et plus tard encore, en 1858, par le
rapport d'une nouvelle Commission de l'Académie de méde-
cine, composée de MM. les professeurs Yelpeau, Trousseau,
Depaul, Bouchardat et Boudet. Les expériences qui furent
faites alors, en présence de MM. Robiquet, Boudault et
Corvisart, constatèrent d'une manière irréfutable les avan-
tages du lactate de fer au point de vue de la digestion et de
l'assimilation.
Il est donc définitivement acquis que les dragées de Gélis
et Conté sont le ferrugineux le plus efficace, et qu'aucun ne
saurait combattre l'anémie, la chlorose, la chloro-anémie,
avec une plus grande certitude de succès.
{Union médicale.)
17.
282 - N« 17 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
i6 Avril m
TnÉRAPEUTIQUE
Écad« phjulologrlque sur la dlgetilloii ei «ur la
naédlcatlon chlorhydro-pepsique.
La transformation des matières albuminoïdes en peptone
par la pepsine ne peut se produire qu'autant que l'action
du ferment digestif a lieu en présence d'un acide. La nature
de cet acide adonné lieu à de nombreuses discussions, mais
les expériences physiologiques de Prout, Schmidl, Mulder,
Drinton, Rouget, etc., ne laissent aucun doute à ce sujet,
c'est à l'acide chlorhydrique associé à la pepsine que le suc
gastrique doit son action digeslive.
Les travaux de Caillot (thèse de 1886), Bence-Jones sem-
blent prouver que cet acide provient en partie du chlorure
de sodium, mais qu'une assez grande quantité existe à l'état
libre dans le suc gastrique. Rabuteau {Comptes rendus de
r Académie des sciences) a nettement démontré que le suc
gastrique doit son acidité à l'acide chlorhydrique et c'est à
MM. Laborde, Ch. Ricliet et Schiffque nous devons la con-
naissance de la combinaison formée par cet acide avec la
pepsine {acide chlorhydro-pepsiqtie).
C'est à partir de ce moment que la médication chlorhy-
dro-pepsique a pris une place importante dans la thérapeu-
tique des dyspepsies. Basée sur ces données physiologiques,
cette médication, qui par ses éléments actifs rappelle le
suc gastrique, a été de la part de M. Grez l'objet d'expé-
riences nombreuses et de perfectionnements raisonnes.
L'acte digestif se réduit à deux facteurs essentiels, des
sécrétions et des mouvements, leurs altérations occasion-
nent des troubles digestifs qui nécessitent remploi simul-
tané des ferments et des amers, ces derniers stimulant la
vitalité de l'appareil digestif favorisent la Peptogénie. Cette
théorie de la Peptogénie si féconde en résultats pratiques
a été confirmée par les recherches de Vulpian et Herzen,
qui ont mis en lumière l'efficacité de l'acide chlorhydrique
sur la production des éléments peptogènes.
L'expérience clinique est venue démontrer que la médi-
cation chlorhydro-pepsique répond parfaitement aux indi-
cations thérapeutiques des dyspepsies, et les nombreux
succès signalés par MM. Ch. Fremy, le professeur Gubler,
Iluchard, Lucas Championnicre, etc., ne laissent aucun
doute sur l'efficacité de VElixir Grez chlorhydro-pepsique
dans les dyspepsies. La pepsine chlorhydrique agissant
plus sûrement et plus rapidement en solution que sous toute
autre forme, les praticiens ont donné la préférence à
VElixir Qrez qui se donne à la dose d'un verre à liqueur
à chaque repas et d'une à deux cuillerées à dessert aux
enfants; chez les dyspeptiques qui ne supportent pas les
préparations alcooliques on peut remplacer l'élixir par deux
ti trois pilules Grez chlorhydro-pepsiques.
M. le docteur Chéron, le savant médecin de Saintl
zare, a signalé les heureux «iïets de cette médication [k^
combattre les vomissements de la grossesse.
MM. Archambault etBouchnt, médecins de Thôpilald
Enfants, ont expérimenté VElixir Grez chez des enfan
atteints de troubles gastro -intestinaux. Quelques jours i
traitement ont suffi pour guérir tous ces petits malades.
Dans l'anorexie si fréquente à la seconde période del
phthisie, MM. Courtois et Angelo ont obtenu d'excelli
résultats de l'usage des préparations chlorhydro-pe
qui stimulent rapidement l'appétit des malades et permel
de les alimenter. C'est ce qui explique l'efficacité de l'Eli.
Grez chez lus convalescents et chez tous les malades dii
l'organisme est affaibli par défaut d'assimilation.
D»" L. Robert.
Albumlnate de fer aolnble.
De toutes les préparations ferrugineuses préconisées d;
le traitement de la chloro-anémie, i'albuminate de ferso
ble accueilli avec raison par les médecins des hèpilaiii
aujourd'hui le plus universellement employé.
La liqueur de Laprade à I'albuminate de fer répond
effet physiologiquementà la constitution du globules!
guin et, dans les cas d'altération de cet élément, son eiD|
donne des résultats sûrs et rapides. — Emploi facile, siii
d'action, guérison assurée, tels sont les avantages que
les observateurs ont unanimement signalés et qui justili
le succès de cette préparation, qui, suivant l'expressioû
professeur Gubler, constitue le plus assimilable desfet
gineux.
(Extrait iiMBulletin de thérapeutique''
G. Masson, Propriétaire-GéranU
48832. — IIOTTIROZ. — Imprini riei réonie», ▲» rue MigsM, % P»^
TnENTK-SIXIÂMB ANNÉE
NM8
3 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACHEZ. E. BRISSAUD. G. DIEULAFOY. DREYFUS-BRISAC. FRANÇOIS-FRANCK. A. HËNOCQUE, A.-J. MARTIN. A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, ^, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
lOIIMAlRB. — BOLLSTIN.— GUHIQUB CHiRUROiCALB. RésectioD du Uirso par le
profédc deWIadioiiroff-Mikulicz. — FoRMULAiRB thkhapbutiqub. De l'adminis-
iratioD de quelques pn^parations de belladone dans la coqueluche. — Contri-
ROTioNS i>BARMACBUTiQUB9. Formule rationnelle do pommade mocilavineBoet ~
- Revub DBS COURS BT DBS CLINIQUBS. Faculté de médecine. Cours de patho-
logie interne; M. le professeur Diculafoy : Syphilis du poumon et de la plèvre.
- Travaux originaux. Clinique médicale : Sur deux cas de surmenage. —
SoGiBTBS savants». Académie des sciences. -^ Académie de médecine. —
Société médicale des hôpitaux. — Société do chirurgie. — Société de thérapeu-
tique. — Société anatomique.— Rbvub dbs journaux. Thérapeutique.— Biblio-
GRAPBiB. Cours de soologie médicale destiné aux étudiants en médecine et en
[iharmacie. — Causeries scientifiques. — VARlérés. Le Dictionnaire encyclopé-
dique des sciences médicales.
BULLETIN
I
Paris, 1*^ mai 1889.
latoxlcatloa nriaalre
Lea ntédtcantenta
— Aca-
Académie des sciences
demie de médecine :
Étlologie dn tétanos.
' M. le professeur Guyon vient de communiquera l'Acadé-
Iniie des sciences le résumé des recherches qu'il poursuit
^11 vue de préciser les conditions et les causes de Tinfection
jorinaire. On lira avec le plus vif intérêt la note que nous
reproduisons textuellement plus loin. Les nouvelles re-
cherches de M. Guyon montrent l'influence de la réten-
tion d urine sur l'infection de l'appareil urinaire; elles
prouvent de plus que cette infection est toujours due à une
inlerrention septique, c'est-à-dire à l'inoculation directe
(le la vessie par les instruments; mais, en même temps,
elles démontrent jusqu'à l'évidence que l'introduction des
germes reste inofTensive dans une vessie parfaitement saine
^t que la réceptivité morbide dépend surtout de la rétention
(l'urine, si fréquente et si grave chez les prostatiques. C'est
dire que l'antisepsie la plus rigoureuse est d'une nécessité
absolue dans le traitement de ces malades.
— Une Commission académique avait été chargée d'étudier
'es moyens à mettre en usage pour permettre aux indus-
triels et aux pharmaciens français de préparer et de vendre
les produits chimiques auxquels les industriels allemands
j>«l donné un nom spécial. Il est à remarquer, en effet, que
1^ législation française est ainsi faite que le nom imaginé
P" un pharmacien pour désigner un produit quelconque
peut lui servir de marque de fabrique, alors que cependant
îiucun médicament ne peut être breveté. Les industriels
^llemands ont dès lors émis la prétention d'installer en
I *''^"ce des fabriques de produits chimiques et d'y mono-
! 2' Stmi, T. XXVI.
poliser la fabrication des médicaments protégés par une
marque de fabrique spéciale.
Ptsuf' remédier à cet abus,* f» fionnirission, pnr l'or-
gane de son rapporteur M. Dujardin-Beaumetz, appelle
Tattenlion des pouvoirs publics sur une réforme de la
législation pharmaceutique; mais, en attendant que ce
vœu soit exaucé, elle déclare que, le médecin, ayant inscrit
sur son ordonnance le nom vulgaire d'un médicament (anti-
pyrine, anlifibrine, sulfonal, etc.), le pharmacien est en
droit de délivrer celui-ci après l'avoir préparé lui-même,
mais à la condition de le désigner sur ses registres sous sa
dénomination scientifique.
Cet avis n'a point été donné sans l'approbation de juristes
expérimentés. Nous n'avons donc pas à en affirmer ici
l'opportunité et Tintérét; mais nous pouvons exprimer le
vœu qu'un fabricant de produits chimiques français se
mette à préparer en grand de la diméthyloxyquinizine et à
la vendre sous ce nom à tous nos pharmaciens. Si le pro-
duit est pur et toujours semblable à lui-même, s'il se pré-
sente avec la garantie d'un chimiste autorisé, les médecins
et les pharmaciens n'hésiteront pas à le préférer aux pré-
parations si souvent falsifiées qui nous viennent d'Alle-
magne et nous doutons qu'après l'avis de l'Académie de
médecine, les magistrats français prétendent, en cas d'une
action judiciaire, que la loi ait été tournée.
— La discussion sur le tétanos s'est continuée par trois
communications : l'une de M. Trasbot qui reconnaît la
nature infectieuse etrinoculnbilité du tétanos, mais nie son
orine équine et n'admet pas que la maladie puisse être
classée parmi celles qui sont justiciables des prescriptions
de la loi sanitaire ; la seconde de M. Laborde, qui, con-
trairement à ses collègues, croit encore à l'influence
exclusive dans certains cas du traumatisme nerveux ; enfin,
la troisième, due à M. Lagneau, qui étudie, au point de
vue st'itistique, la distribution géographique des cas de
tétanos mortel observés à Paris. Il serait intéressant d'éten-
dre ces recherches et de voir si l'origine tellurique du
tétanos est toujours démontrée et si, dans tous les pays où
la culture est étendue et où les animaux domestiques sont
employés journellement, le tétanos est plus fréquent que
dans les régions où la terre ne reçoit et ne contient que peu
de germes. Il est probable queH. Verneuil répondra encore
à ses contradicteurs et que la discussion sera prochaine-
ment close sur cet intéressant sujet.
18
282 — N» 18 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
La
CLINIQUE CHIRURGICALE
réscclloB du tarse par le proeëdé
de Wladtmlroff-Mlkallec.
11 y a quelques semaines M. Berger el M. Chaput ont pré-
senté à la Société de chirurgie des malades qui avaient subi
avec succès une résection spéciale du pied et de la jambe,
el en avaient retiré un bénéfice fonctionnel considérable.
Cette résection, peu connue en France, porte le nom d'opé-
ration de Wladimiroff-Mikulicz. Elle a en effet été indiquée
par Wladimiroffen 1871, mais à cette époque elle était restée
tout à fait inaperçue, et elle ne s'est vulgarisée que depuis
1881, époque à laquelle Mikulicz l'a inventée, à nouveau,
sans connaître les travaux de son devancier. Malgré les nom-
breux inconvénients qu'il y a à attribuer le nom d'un homme
à une maladie ou à une opération, nous ne croyons pas, dans
l'espèce, pouvoir faire autrement. L'acte chirurgical dont
nous allons parler est en effet trop complexe pour que Ton
puisse le définir d'un mot.
Le principe général de l'opération est le suivant. Du côté
du pied on enlève non seulement le tarse postérieur, calca-
néum et astragale, mais en outre plus ou moins du tarse
antérieur, cuboïde, scaphoide, cunéiformes. Du côté du tibia
et du péroné, ou résèque une plus ou moins grande hauteur
des os. Puis les métalarsiens et ce qui reste du larse anté-
rieur sont mis dans le prolongement de l'axe des os de la
jambe et appliqués par leur extrémité postérieure, ainsi
devenue supérieure, contre la section de ces os. Il en résulte
donc un pied équin artificiel, et, pour permettre la marche,
on redresse les orteils à angle droit sur le dos du pied, en
hyperextension. De la sorte Topéré appuie dans la marche
sur les régions où la peau est habituée à supporter des pres-
sions sur les articulations métatarso-phalangiennes, et l'on
comprend, de plus, que le raccourcissement puisse être léger
ou même nul.
Cette opération n'a pas été souvent pratiquée à Paris. Elle
est plus courante en Allemagne, d'après ce que M. Schwarlz
a vu dans un récent voyage. Peut-être est-elle appelée à
rendre des services réels. Aussi croyons-nous devoir analyser
ici avec quelques détails un important travail communiqué
par M. Berger â la dernière séance de la Société de chirurgie,
travail qui a soulevé une discussion assez étendue.
I
Jusqu'à présent, la plupart des opérateurs ont sacrifié
hardiment toutes les parties molles postérieures; Tavant-
pied n'était plus relié à la jambe que par les parties molles
antérieures, formant pont entre les deux segments osseux.
A travers une semblable brèche, il va sans dire que le ma-
nuel opératoire ne saurait être bien compliqué.
De chaque côté, une incision longitudinale est faite à la
jambe, derrière chacune des malléoles dont elle dépasse un
peu la base par en haut. Ces incisions se recourbent sous la
pointe de la malléole correspondante pour devenir horizon-
tales sur les bords du pied et s'arrêter en avant à une dis-
tance variable, en moyenne au niveau de la ligne transver-
sale passant par le tubercule du scaphoide. Puis entre les
exirémités de ces incisions, on coupe transversalement h
fond, perpendiculairement au squelette, toutes les chairs de
la plante du piedenbas,de la face postérieure de la jambe en
haut. Cela fait, il est aisé de décoller des os les tendons.
muscles, vaisseaux et nerfs de la face dorsale. Puis on
toute facilité pour réséquer les parties malades du tai-s*
pour scier les os de la jambe à une hauteur variable, e
dépassant largement les limites du mal.
Une fois les parties osseuses mises bout à bout, on sutui
la section jambière des parties molles à la section plantain
Le pont antérieur forme une sorte de gros pli, qui, peu
peu, se rétracte et diminue, de façon à ne plus cansi
aucune gêne.
L'opération que nous venons de décrire en quelques mo
séduit sans doute par sa facilité. Mais le simple raisonuf
ment lui fait découvrir de graves défauts.
Ce procédé, en effet, a des allures barbares. Il va à l'en
contre des principes élémentaires qui guident en génêr;
dans le manuel opératoire des résections. Il détruit tout c
que l'on a coutume, de garder avec le plus de soin. L
tendon principal de la région est le tendon d'Achille
on le sectionne. Les vaisseaux et nerfs les plus importaol
sont ceux de la plante du pied ; eux aussi sont coupés et I
soin d'assurer la vitalité des parties est désormais dévolu
la seule pédieuse et aux nerfs, insignifiants, de la face doi
sale. On penserait donc que la gangène de l'avant-bras dût ètr
fréquente; en effet elle a été observée par Sordina. Il Tau
reconnaître toutefois qu'elle est rare, d'une rareté qui mém
est étonnante.
Mais il est fréquent de constater^ après cicatrisation de
plaies, que le pied est atteint de troubles trophiques asse.
notables, gène sérieuse pour les fonctions du membre. Celi
n'est que naturel, puisque le nerf tibial postérieur a éti
sacrifié. K. Roser, frappé par cet inconvénient, a cru qu'il
l'éviterait, dans une certaine mesure au moins, en assuran
par une suture exacte la juxtaposition des extrémités ner-
veuses. L'événement a, par malheur, démenti ses esp»-
rances, et son opéré est précisément un de ceux où le mern^
bre n'a point recouvré la plénitude de la vitalité.
Il est des circonstances où ces sacrifices sont indispen-
sables. Ainsi nous verrons qu'une des indications àTupéra'
tion de AVIadimiroff est fournie parles lésions traumatiquei
du talon avec fracas osseux et destruction des parties molles
postérieures. En pareil cas, il va de soi qu'on aura recours
au procédé que nous venons de résumer. Mais en sera-l-il
de même lorsque l'on se trouvera en présence d'une fésioti
qui n'a pas altéré la région postéro-plantaire?
Pourquoi ne conserverait-on pas alors les parties molip:
postérieures? On craint sans doute, vu leur épaisseur
qu'après juxtaposition des os, elles ne forment un boiirrelel
énorme frottant contre le soulier et gênant à un haut dejirt'
les fonctions du membre. Le résultat immédiat sembk
justifier cette hypothèse, et l'on pouvait redouter que U
rétraction cicatricielle fût insuffisante à faire disparaître ce
pli volumineux. M. Berger, cependant, a pensé que là devait
être l'avenir, et les chairs postérieures avaient été res-
pectées avec soin sur la malade qu'il a présentée à la Sociét»'
de chirurgie. 11 n'en était résulté aucun inconvénient, bien
au contraire les avantages avaient été sérieux au double
point de vue de l'innervation et de la vascularisalion.
Reste une autre objection : l'opération doit être p\u^ àifti-
cile. La chose est certaine, mais M. Berger a prouvé qu'on peul.
sans trop de peine, décortiquer le tarse et la région nialléo-
laire en incisant la région en dehors, sur une ligne verticale
rétro-malloolaire, et sur une ligne horizontale qui, passant
sous la pointe de la malléole, va du tendon d'Achille a la
tubérosité du cinquième métatarsien. Cette incision, avec m'
3 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ NM8 — 283
légères varian tes, est classique depu is longtemps pour aborder
le squelette de celle région ; c*est, comme Ta fait remarquer
M. Polaillon, celle que Hilton préconisait pour Tablation
du calcanéum. M. Schwartz a vu, il y a peu de temps, une
jeune fille que Kreitzky avait opérée par un procédé tout à
fait analogue à celui de M. Berger. En somme, M. Berger
semble avoir démontré que Tincision externe peut suffire
pour l'opération de Wladimiroff; que la conservation des
parties molles postérieures est ainsi assurée.
M. Chauvel a fait observer, toutefois, que la malade pré-
sentée par M. Berger était une femme, à pied petit ; que sur
un pied d'adulte mâle et vigoureux le jour serait sans doute
insuffisant pour bien mettre à nu le squelette en dedans.
Rien n'empêcherait alors de pratiquer sur la malléole
interne une incision longitudinale, qui permettrait de par-
faire avec aisance la libération osseuse. C'est ce que parais-
sent avoir fait MM. Jaboulay et Laguaitedans une opération
récente sur laquelle M. Poncet (de Lyon) a donné quelques
renseignements (1).
Les ablations osseuses une fois terminées, la plupart des
auteurs mettent simplement les os restants au contact et ne
suturent que les parties molles. Le membre est immédia-
tement immobilisé dans un appareil plâtré, qui, selon eux,
assure une contention suffisante. M. Berger n'est pas de cet
avis. Il accorde qu'une fois l'appareil pl5\lré appliqué, la
position ne saurait plus changer. Mais pendant les ma-
nœuvres du pansement l'avant-pied redressé se déplace
facilement, des parties molles tendent à s'interposer entre les
surfaces osseuses. Aussi M. Berger conseille-t-il de suturer
les os, non point au fil d'argent, mais seulement au gros
catgut, pour obtenir une juxtaposition temporaire mais
précise et avoir toute sécurité pendant la confection d'un
bon appareil contentif. Les cavités formées par les plis
musculo-cutanés sont bourrées d'iodoforme. Le pansement,
compressif, sera laissé en place aussi longtemps que pos-
sible; la plupart du temps, lorsqu'on l'enlève, la consolida-
lion osseuse est à peu près complètement effectuée.
Le résultat obtenu n'est sans doute pas des plus beaux au
point de vue esthétique, et, si le sujet :i quelque coquet-
terie, il devra porter un soulier spécial extérieurement
semblable à celui du côté opposé. Aussi va-t-il sans dire
que, toutes les fois qu'elle sera possible, la résection tibio-
larsienne sera préférable à l'opération de Mikulicz. De
même pour l'amputation ostéopîastique intra-calcanéenne
(le Le Fort : l'aspect du pied n'est pas beaucoup plus gra-
cieux, mais il est indiscutable que, malgré un léger raccour-
cissement, la marche s'effectue avec plus de solidité.
C'est là en effet qu'est la pierre d'achoppement de l'opé-
ration nouvelle.
Certes les résultats sont fort encourageants. Dans
une thèse soutenue en janvier dernier devant la Faculté
île Paris, M. Simon a réuni 3i observations. Vingt fois,
la marche est bonne, cl chez quatorze malades elle est
même excellente : le sujet peut monter à l'échelle,
faire de longues courses sans autre appareil qu'une gaine
de cuir serrant le cou-de-pied et qu'un bàlon, et encore en
<^sl-il qui s'en passent. Malgré les protestations de M . Després,
te n'est pas là un « pied de gens riches », et ces résultats
fonctionnels sont supérieurs à ceux de l'amputation de
jambe.
>h •^" moiiu'fit de inollro *ini> ji|i'?m' \ut\\s rrcvouî» l'arlirlo ori^iii.il do
"M. Jabouliy ot Laguailo. Nous imliquoroiis procIiaiiieiiuMit d^ns une annUsc 1rs
«€tailè upératûircfe dn procédé iha cou juleur?.
Mais à côté de ces succès, il faut faire la place des revers,
dont la cause principale est le défaut de consolidation
osseuse. Un léger degré de mobilité n'a pas de grands in-
convénients: l'opéré de M. Chaput eu est la preuve. Mais
trop souvent l'insuffisance de solidité a rendu inutile la
colonne de sustentation qu'on avait voulu conserver; elle a
contraint Rose, Rohmer (de Nancy) à recourir à Fampula-
tion. Il faut ajouter que dans le cas de Rohmer il y avait,
en outre, une récidive locale. Là, en effet, est un autre
écueil, mais nous ne pourrons le signaler qu'après avoir
résumé en quelques mots les indications de l'opération de
Mikulicz.
II
Il est un point sur lequel tout le monde est d'accord ; la
tarsectomie de Wladimiroff est absolument indiquée dans
les lésions traumatiques qui détruisent le calcanéum, la
plante du pied, la région postérieure du talon : on en con-
çoit la possibilité par un éclat d'obus, par exemple. Dans
ces cas, la conservation n'est possible qu'au prix do cica-
trices qui constituent une infirmité persistante. Indication
rare d'ailleurs, car parmi les 34 observations connues de
M. Berger, une seule répond à celte catégorie.
On y a eu recours pour un néoplasme: la récidive a été
rapide et il ne semble pas que cet exemple doive être suivi.
En somme, la plupart des malades étaient atteints de tu-
meur blanche du pied, et ici une question préalable se pose :
quelle est pour ces tumeurs blanches, comme pour celles
du poignet, la valeur des opérations conservatrices comparée
à celle de l'amputation?
Une distinction absolue est à établir suivant l'âge du sujet.
M. Poncet y a insisté avec soin. Chez les enfants, la conser-
vation doit être la règle. On se contentera presque toujours
des grattages, des évidemenls, des résections atypiques; ces
opérations partielles successives, aidées d'un traitement
médical approprié, conduiront la plupart du temps à la
guérison.
Il n'en va plus de même chez l'adulte, quoique M. Després
prétende guérir 9 fois sur 10 parla simple compression
( ce qu'on appelle des ostéo-arthrites tuberculeuses y^. En
réalité, dans ces parties où le squelette est formé d'os petits,
spongieux,àarticulations multiples, les lésions évoluentavec
une facilité désespérante, et de là l'échec ordinaire des trai-
tements qui donnent pour les grandes jointures de nombreux
succès. Aussi il y a quelques années, à propos d'un mémoire
de M. Robert, l'avis de la Société de chirurgie avait-il été à
peu près unanime : lorsque la révulsion et la compression
échouent, c'est à l'amputation qu'il faut s'adresser, sans
s'attardera des opérations conservatrices après lesquelles
la récidive esta peu près constante. Cette opinion est restée
celle de M. Chauvel ; celle de M. Segond surtout, qui a du
amputer, en fin de compte, tousses malades et, à l'hôpital
de la Charité plusieurs de ceux du professeur Trélat.
Mais M. Berger, d'abord partisan de cette doctrine, tend
aujourd'hui à la trouver trop radicale, surtout pour les
sujets qui, jeunes encore, ne sont cependant plus des en-
fants, ont dix-huit, vingt, vingt-cinq ans. Une des causes
de récidive est, sans contredit, la suppuration du foyer
opératoire : la tuberculose s'installe sans peine dans ces
tissus enflammés. A mesure que l'antisepsie s'est perfection-
née, on a donc pu étendre davantage le champ des opéra-
tions partielles pour les tumeurs blanches du poignet, du
-de-pied. La réunion immédiate évite bien des repui lu-
cou
284 — N* ^i
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
lations du mal. La preuve en est dans la statistique sur
laquelle s'appuie H. Berger; on y relève huit récidives sur
une trentaine d'opérations de Mikulicz pratiquées pour ostéo-
arthrites tuberculeuses. Le chiffre est sérieux mais non
point excessif, d'autant plus que deux de ces malades gué-
rirent après une petite résection complémentaire.
Il semble donc qu'on doive adopter l'opinion de M. Ber-
ger. Pour les tumeurs blanches du pied, chez l'adulte, on
est en droit d*avoir quelque espoir dans les opérations con-
servatrices, de les tenter avant d'en venir à Tamputation.
Mais la disposition anatomique des parties est telle qu'il
est bien souvent impossible de diagnostiquer à l'avance
quellea sont les limites du mal. Dès lors la conduite du chi-
rurgien devra être la suivante.
Avant d'entreprendre l'opération, on aura obtenu que le
malade se soit résigné à l'amputation si la résection est
reconnue impossible. L'incision externe que nous avons
décrite sera alors tracée et on examinera avec soin quel est
l'état du squelette mis à nu. S'il est possible, on se bornera
à la résection tibio-tarsienne ou à l'amputation ostéo-plas-
tique de Le Fort. Si le calcanéum est atteint, on aura
recours à l'opération de Mikulicz. Mais on n'en restera là
que si on est sûr d'avoir bien dépassé les limites du mal, et
trop souvent les os de la jambe réserveront au chirurgien
des surprises désagréables. Trop souvent on sera forcé de
faire comme M. Prengueber : de tenter l'opération de Mi-
kulicz et de terminer, séance tenante, par une amputation
de jambe. Mais ce n'est pas un motif pour renoncer, de parti
pris, aux avantages possibles de la chirurgie conservatrice.
Lorsque la résection aura été menée à bien, il ne faudra
pas, d'autre part, chanter trop tôt victoire; la récidive n'est
pas rare et parfois l'amputation n'aura été que différée.
C'est encore une perspective qu'il faut mettre à l'avance
devant les yeux du patient, en lui présentant la résection
comme une chance à courir pour éviter l'amputation.
La question étant ainsi posée, M. Berger a raison de croire
que la plupart des malades accepteront volontiers une
tentative de conservation.
A. Broc A.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Ile l'admlalsCratKlii de quelques prépArafloiia
de belladone dans la caqaelnche.
On peut administrer la belladone pendant la période ca-
tarrhale, pendant la phase spasmodique ou au déclin de la
coqueluche.
l"" Dans Ia période catarrhaley il est utile de l'associer à
d'autres calmants. M. J. Simon recommande la formule
suivante :
Teinture de belladone ) -. v
Teinture de racine d'aconit, j ^ ^ ^^""*^'-
Eau de laurier-cerise 10 grammes.
Eau de lilleul 90 —
Sirop de lactucarium 30 —
A faire ingérer par cuillerée toutes les trois heures.
i" Dans h période spasmodique et à l'instar de Hufeland
et de Trousseau les médecins de Vienne prescrivent volon-
tiers la poudre de belladone.
Pour les petits enfants, Bamberger conseillait le matii
et le soir l'un des paquets suivants :
Poudre de racine de belladone. Ofl'^,10
Sucre blanc • 5 grammes.
A diviser en dix paquets.
Aux enfants plus âgés, M. Monti fait ingérer deux à troi
fois par jour l'un des paquets suivants :
Racine de belladone O^SlO
Bicarbonate de soude j âa Igr eu)
Sucre blanc pulvérisé ) '
Divisez en dix paquets semblables.
On peut encore, avec M. Monti, associer la belladone à la
quinine dans une poudre composée, dont on administrera
deux à trois paquets par jour :
Racine de belladone pulvérisée. O0^1O
Sulfate de quinine O^^SO
Sucre blanc pulvérisé 2 grammes.
A diviser en dix paquets semblables.
La teinture de belladone s'administre soit en nature,
à l'exemple de Bamberger et à raison de II à XV gouttes
par jour, en trois ou quatre prises, suivant l'âge des
enfants et en surveillant l'état de la pupille et les phé-
nomènes d'intoxication, soit dans une potion ainsi com-
Teinture de belladone 11 à VI gouttes.
Julep gommeux 70 grammes.
Prendre une cuillerée à café toutes les deux heures.
Dans les formes intenses, M. Ellis conseille Vextraitde
belladone^ et en particulier la mixture suivante :
Extrait de belladone 09%0f
Bromure de potassium 09%05
Sirop de pavot XV gouttes.
Eau 10 grammes.
Pour une prise.
Il répète au besoin cette prise jusqu'à la dose élevée de
5 centigrammes d'extrait par jour, s'il existe de la lolé-
rance et en surveillant très attentivement l'action du médi- 1
cament. '
3' Dans la période de déclin, il y a lieu encore de pres-
crire ce médicament, d'après M. J. Simon, mais en l'asso-
ciant aux toniques : huile de foie de morue, iodure de fer,
quinquina, etc.
Ch. Élov.
4 I
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Formule ratioimelle de pommade mocllaglBeaae- '
Aux considérations développées récemment dans ce
journal (n» du ,12 avril) au sujet des pommades mucilagi-
neuses, nous croyons devoir ajouter quelques réflexions.
Avec notre première formule, où entrait de la glycérine, on
obtenait un agent qui était peu favorable à l'absorption des
médicaments par la peau. D'autre part la proportion de
gomme adragante y était trop considérable. Nous nous
sommes efforcés d améliorer ce produit et nous avons
3 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — NM8 — 285
reconnu qu'en ajoutant à la préparation un centième de
poudre de savon, on obtient un mélange parfait.
Nous recommandons dès lors de préférence la formule
suivante :
Vaseline 30 grammes.
Oxyde de zinc i —
Gomme adragantc pulvérisée. . . 2 —
Eau distillée 10 —
Teinture de benjoin de Sîaro. . . XXX gouttes.
Poudre de savon 08%40
Faites le mélange d'oxyde de zinc et de vaseline dans un
mortier, et ajoutez*le petit à petit au mucilage préparé
dans un autre ; introduisez la poudre de savon et enfin la
teinture; mêlez soigneusement et conservez dans un vase
fermé.
Pierre Vicier.
♦
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Faculté de médecine. — Cours de pathologie interne :
M. LE professeur Dieulafov.
Sypiilliii do ponnioa et de la plèwre.
(Lpçon<; recueillies par le docteur Fernand Widal, interne
des hôpitaux.)
Les syphilides du larynx, de la trachée ou des bronches
que nous avons précédemment étudiées, ne sont pas, il
s'en faut, les seules manifestations de la vérole sur les voies
respiratoires. Le poumon peut être atteint et la plèvre n*est
pas toujours épargnée. C'est cette syphilis du poumon et de
la plèvre que je vais actuellement étudier.
En France, nombre de travaux ont été publiés sur la
matière. Je vous citerai surtout la thèse de Landrieux (1872),
les leçons de H. le professeur Fournier(6a2. hebdom,, 1875,
n" 48, 49, 51), à l'hôpital de Lourcine, une observation
présentée par lui à TAcadémie de médecine (19 novem-
bre 1878), les thèses de Carlier (1882) et de Jacquin
(1884), les leçons publiées Tan passé par M. Mauriac (Gaz.
des hôp., 1888), une clinique récente de M. Potain (Gaz.
de» hôp., 1888, n" 137 et 142). J'ai moi-même recueilli
plusieurs observations de syphilis du poumon et de la
plèvre; tous ces documents vont être utilisés dans le cours
de mon exposition.
Je dois vous mettre tout d'abord en garde contre une
erreur de langage. On a trop souvent le tort de confondre
les termes pneumopathie syphilitique et phthisie syphili-
tique. Nombre de malades atteints de syphilis pulmonaire
meurent ou guérissent sans devenir des phtjiisiques. La
phlhisie doit être considérée comme une complication qui
peut manquer au cours de la pneumopathie syphilitique;
elle s'installe d'après un processus sur lequel j'aurai à
m'élendre plus tard.
Anatomiouement, la syphilis pulmonaire se manifeste
sous Tune des trois formes suivantes :
!• Sous forme de gommes. — Généralement peu nom-
breuses et peu volumineuses, leurs dimensions ne dépassent
Îu'exceptionnellement celles d'une noisette, d'une noix ou
un œuf de pigeon. Elles sont entourées d'une coque
fibreuse très résistante; leur centre est jaunâtre, friable.
dégénère en matière caséeuse et laisse des cavités après
ramollissement ;
2" Sott« forme de sclérone disséminée (Fibroïd lunas des
auteurs anglais). — Je vous ferai plus loin de cette lésion
une description détaillée ;
3** Sous forme de sclérose associée à des gommes.
Les formes cliniques si variées de la syphilis pulmonaire
résultent toutes de ces lésions isolées ou combinées et des
lésions analogues des bronches leur sont souvent associées^.
Pour la clarté et la rigueur de la description je vous
propose la classification clinique suivante :
1*" Type simulant la broncho-pneumonie tuberculeuse
aigué ;
2*" Type simulant la phthisie tuberculeuse vulgaire;
3*" Sclérose syphilitique broncho-pulmonaire et pleu-
résie syphilitique;
4' Pneumopathie syphilitique combinée à une tubercu-
lose du poumon qui lui est antérieure ou postérieure ;
5* Syphilis pulmonaire héréditaire précoce ou tardive.
l"" Type simulant la broncho-pneumonie tuberculeuse
aiguë. — Dans certains cas, la syphilis du poumon offre le
tableau presque fidèle de la phthisie tuberculeuse aiguë, et,
si elle présente parfois un caractère à elle particulier, ce
n'e^i (|ue lej'our où la cause de la maladie étant reconnue
et traitée, on assiste à une amélioration et à une guérison
parfois surprenantes.
En voici quelques exemples :
Une observation recueillie par M. Giraudeau dans le
service de M. Hayem et consignée dans la thèse de Jacquin
retrace l'histoire d'une femme de trente-cinq ans, qui à son
entrée à l'hôpital, toussait, grelottait la fièvre depuis huit
jours et présentait à la partie moyenne du poumon gauche,
en arrière, une matité étendue avec exagération des vibra-
tions thoraciques, respiration soufflante et râles sous-
crépitants. Les jours suivants, l'aggravation fut telle, que
le souffle devenait bientôt caverneux et mélangé de gar-
gouillements, les crachatsapparaissaientnummulaires, striés
de sang, et au bout de quatre semaines la malade amaigrie,
couverte la nuit de sueurs profuses, toujours fébricitante,
avait pris tout l'aspect d'une phthisique. Alors seulement,
en raison de l'hypertrophie des ganglions occipitaux et
inguinaux, en raison de la chute des cheveux, en raison
encore d'une ulcération siégeant dans le cul-de-sac vaginal
droit et ressemblant à une gomme ulcérée, on songea à
l'origine syphilitique possible de la pneumopathie et on
administra le traitement spécifique. Après six semaines de
cette thérapeutique, la malade remise sur pieds pouvait
quitter l'hôpital : l'appétit était revenu, les crachats num-
mulaires, les sueurs, la fièvre avaient disparu; kla place
du souffle caverneux et du gargouillement, on ne percev^t
plus qu'une respiration rude et un point de matité. Quelq«iç^'
temps plus tard, cette femme revint se faire soigner, nôà
pour son poumon, mais pour une nécrose du frontal qui
céda au même traitement aatisyphilitic^ue.
Il y a sept ans que cette femme, qui courait à une mort
certaine, a été guérie de ces accidents pulmonaires et depuis
cette époaue le bon état de sa santé ne s'est pas démenti ;
M. Girauaeau Ta rencontrée ces jours derniers très bien
portante.
Aujourd'hui même, mon collègue M. le docteur Raymond
me communiquait l'observation suivante :
Le 30 janvier dernier, entrait dans son service à l'hôpital
Saint-Antoine, un homme de trente ans, pris brusquement
depuis cinq jours de frissons, de toux, de fièvre et de
dyspnée et qui la veille, à la suite d'une quinte de toux, avait
été pris d'une hémoptysie assez abondante pour qu'un
demi-verre de sang eut été expectoré. Au sommet du pou-
mon gauche, en arrière, on percevait de la matité, des cra-
quements, une respiration rude et soufflante.
Cet homme, atteint depuis cinq jours seulement d'une
affection aigué des voies respiratoires, souffrait déjà depuis
quinze jours d'une céphalalgie violente à exaspération ves-
pérale. Il avouait de plus, avoir contracté la syphilis en 1873,
et avoir présenté des accidents d'épilepsie jacksonienne,
286 - N» 18 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
en 1879. En raison de ces antécédents, en raison de l'ab-
sence de bacilles de la luberculosc dans les crachats,
M. Raymond pense à une pneumopathie syphilitique et
ordonne la liqueur de Van Swieten qu'il remplace au bout
d'une semaine par le sirop de Giberl. Or, aix-huit jours
après Tenlrée à Thôpital, les craquements avaient disparu,
il ne restait plus à gauche qu'une légère submatité, et le
malade ayant retrouvé toutes ses forces sortait sur sa
demande.
En 1881, je fus appelé auprès d'un malade qui toussait
depuis quelques jours, et se plaignailde douleurs thoraciques
localisées surtout au sommet du côté gauche. En ce point,
je constatai du souille et des raies de congestion pulmo-
naire. Cet homme, jusque-là de constitution robuste, croyait
à une grippe et demandait un vésicatoire que j'administrai
en même temps qu'une potion de kermès, sans oser encore
préciser mon diagnostic.
Les jours suivants, la dyspnée devint excessive, les cra-
chats prirent l'aspect muco-purulenl et nummulaire, l'ap-
pétit disparut, l'amaigrissement fil des progrès rapides, les
râles du début se transformèrent en gargouillements, et en
frésence de celte aggravation des symptômes je pensai, je
avoue, à une tuberculose pulmonaire aiguë. Inciaemment,
le malade me confia que depuis quelc(ues jours il souffrait
du testicule gauche. J'examinai ce testicule, je pensai immé-
diatement à la syphilis, le malade me répondit avoir con-
tracté un chancre induré dix ans auparavant. Celle révéla-
tion fut pour moi un trait de lumière; la syphilis ne
pouvait-elle pas être à la fois cause de la lésion du poumon
et de la lésion du testicule? Je prescrivis l'iodure do potas-
sium à haute dose et je priai M. le professeur Fournier de
venir voir le malade. M. Fournier, en apprenant l'histoire
complète du malade, n'hésita pas à porter le diagnostic
orchite et pneumopathie syphiliti(]ues; il ajouta des frictions
mercurielles à l'iodure de potassium déjà prescrit. La scène
changea si brusquement (]ue déjà les nuits suivantes la
dyspnée avait disparu. Quinze jours après le début de ce
traitement, l'état général était devenu excellent, et comme
signe local, il restait seulement au sommet du côté gauche
une légère submatité qui finit elle-même par disparaître.
J'ai toujours suivi ce malade, que j*ai traité depuis cette
époque pour un panaris syphilitique, mais il ne s'est plus
jamais plaint d'accident pulmonaire.
Voici maintenant un cas de pneumopathie syphilitique à
marche aiguë, suivi de mort. Le malade avait été observé
par M. Cuffer, et l'autopsie fut pratiquée avec le plus grand
soin par M. Rémy (thèse Jacqum, ods. II). Cette observa-
tion est donc intéressante en raison des renseignements
anatomo-pathologiques qu'elle peut nous fournir.
Un homme, en proie depuis quelques jours à une dyspnée
violente, entre, en 188i, à Thôpital de la Charité dans le
service de M. Cuffer, qui constate à la partie moyenne du
poumon droit des râles sous-crépitants et de la matité. En
scrutant les antécédents de ce malade, on y découvre des
accidents syphilitiques manifestes, et comme on hésitait sur
le diagnostic, il présenta des symptômes généraux graves et
mourut très rapidement.
A l'autopsie, on ne trouva pas le moindre tubercule,
mais seulement une lésion pulmonaire présentant à l'œil
)iu la forme d'une nodosité jaunâtre du volume d'une petite
noix.
A l'examen microscopique M. Rémy fil les constatations
suivantes :
« La tumeur est constituée par un certain nombre de
noyaux de broncho-pneumonie à divers états (catarrhal,
fibrineux ctcaséeux). Il n'existe pas d'eneapsulement bien
net par une zone de tissu fibreux comme dans les gommes
§ur toute l'étendue de la lésion. Cependant, en quelques
points, cet enc^psulemenl existe; mais il n'est pas formé
par du tissu de nouvelle formation, il est constitué par la
cloison du lobule. On ne trouve pas une artère comme
centre de lésions; celles-ci sont plutôt groupées autour des
bronches comme dans la broncho-pneumonie. L'ensemble
total est formé par plusieurs petits amas d'apparence ca-
séeuse entourés de zones plus vivantes. L'amas caséeux est
constitué par des alvéoles pulmonaires remplies de cellules
dont la forme est impossible à délimiter et qui semblentétre
en dégénérescence graisseuse. L'enveloppe de chaque amas
caséeux est constituée, tantôt par une cloison fibreuse inter-
lobulaire épaissie, tantôt par des alvéoles remplies de
leucocytes et présentant des parois épaissies. On constate,
en outre, que, dans le voisinage et dans l'épaisseur des
bronches, des vaisseaux ou des cloisons interlobulaires, il
existe des amas de jeune cellules qui révèlent leur état
phlegmasique. Jt
Ces recherches histologiques que je vous ai rapportées en
détail, semblent démontrer que dans les pneumopathie>
syphilitiques aiguës, le processus commence par une bron-
cho-pneumonie à forme bâtarde avec diffusion parenchy-
mateuse engainant la bronche, l'alvéole, pour aboutir en
quel(]ues jours à une caséification des tissus envahis. La
.syphilis tertiaire détermine alors un véritable phagédénisme
rapide du poumon, comme on peut la voir déterminer
ailleurs un phagédénisme rapide du voile du palais ou du
larynx.
Messieurs, il en est de celte forme de la syphilis pulmo-
naire, comme de toutes les autres, vous n arriverez à la
diagnostiquer que si vous y avez pensé.
On a dit, je le sais, que la pneumopathie syphilitique
s'installait, sans fièvre, .sans anorexie, sans perte de force,
sans aucun phénomène d'hecticité. Cela peut être vrai pour
un certain nombre de cas à marche lente, mais non pour les
formes aiguës ; c'est là ce qui fait l'extrême difficulté du
diagnostic. Rappelez-vous la plupart des observations que je
viens de vous citer et dites-moi si des malades se présentant
avec des signes de caverne pulmonaire, expectorant des cra-
chats nummulaires, tourmentés par des sueurs nocturnes
et courant à une consomption rapide, le tout, évoluant eu
quelques semaines, n'avaient pas grande chance d'être pris
pour des gens atteints de phthisie aiguë?
La dyspnée est souvent intense, hors de proportion avec
la lésion, mais ce symptôme ne suffit pas à mettre sur la
voie du diagnostic.
Les signes physiques sont ceux de la tuberculose pulmo-
naire, avec cette différence, qu'ils empruntent en général
à leur localisation un caractère particulier. La lésion
est très souvent localisée, vers la partie moyenne du pou-
mon,surtout du côté droit, au niveau des troisième et qua-
trième espaces intercostaux. Cette topographie toute spéciale
est importante à connaître ; elle seule peut faire penser à la
syphilis, mais elle n'est pas constante : dans l'observation
de M. Raym^id et dans celle qui m'est personnelle, la
lésion siégeait au sommet du côté gauche.
Un stigmate spécifique apparaissant au niveau du tibia,
de la clavicule, du testicule ou d'un autre organe, l'absence
fdusieurs fois constatée de bacilles de la tuberculose dans
es crachats, sont autant de signes confirmatifs du diagnos-
tié : pneumopathie syphilitique aiguë.
En un mol, s'il n'existe pas de symptôme palhogno-
monique de la broncho-pneumoniç syphilitique aigué, 1 t^n-
semble du complexus symplomatique peut être assez carac-
téristique pour permettre un diagnostic de probabilité. Alors
n'hésitez pas, administrez avec conviction l'iodure d<'
potassium et le mercure, il y va du salut de voire malade.
Cette forme de pneumopathie syphilitique mérite toute
votre attention, car si elle est de beaucoup la plus rare,
n'oubliez pas qu'elle peut être de beaucoup la plus grave.
{A suivre,)
3 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM8 — 287
TRAVAUX ORIGINAUX
Gllalqne médteale»
SoR DEUX CAS DE SURMENAGE, par M. le docteuF G. Colle-
ville, médecin de rHôlel-Dieu de Reims.
I. L'élîologie des néphrites est encore relativement obscure
et leurs rapports avec les aulo-inloxicalions, dues au surme-
nage, semblent se préciser toutes les fois que Ton étudie
avec attention les faits dans lesquels il est impossible d'in-
voquer une cause pathogénique nettement définie. C'est
pourquoi il nous a semblé intéressant de faire connaître,
dans tous ses détails, l'observation suivante. L'interpré-
tation qu'on pourra donner aux accidents constatés chez
notre malade, différera peut-être en quelques points de
la nôtre. Celle-ci nous a paru cependant assez satisfaisante
et conforme aux idées que l'on se fait aujourd'hui de la
pathogénie des néphrites :
Obs. 1. Néphrite par auto-intoxication,— -h..., âgé de vingt-
deux ans. Fils unique. Tempérament lymphatique.
Antécédents héréditaires. — Grands-parents ont vécu vieux.
Père très bien portant. Mère sujette à des douleurs vagues, de
nature peut-être rhumatismale, ne s'est jamais alitée pour ce
motif.
Antécédents personnels, — Aucune affection habituelle à
Fenfance. H a séjourné pendant treize ans dans une habitation
humide. Il a eu de temps en temps des douleurs dans la conli-
nuilé des membres avec localisation aux genoux et aux coudes;
il a toujours pu néanmoins continuer ses occupations sans inter-
ruption. A signaler également des névralgies dentaires et des
céphalalgies. Tous ces malaises ont été ressentis seulement
depuis sept ans; il y en a huit que ses parents et lui ont quitté
le domicile auquel il est fait allusion plus haut. Pas de maladies
vénériennes; pas d'alcoolisme.
Commémoratifs. — Sa profe sion de € clerc d'huissier » To-
bligeait à fournir de longues courses à pied dans les environs de
la ville. Presque tous les jours, il faisait une moyenne de 12 à
l i kilomètres, avec une vitesse de 6 à 8 kilomètres par heure. 11
revenait de ces expéditions tout couvert de sueurs et se remet-
tait au travail dans son bureau sans prendre la précaution de
s'essuyer ou de sécher. Suivaul les circonstances, il lui arrivait
de rentrer avec les vêtements mouillés par la pluie; notamment
une certaine fête du U juillet, où, étant de planton pendant
des exercices de tir, il reçut une pluie orageuse sur le dos; à
son retour, il ne se changea pas. Dans ces circonstances, il était
pris de frissons plus ou moins prolongés et finissait par se
remettre sans éprouver d'autres symptômes.
Dans les premiers temps de ces marches forcées, il n'accusait
rien de particulier. Mais, plus tard, il commença à ressentir un
peu de fatigue et de la dirainutiou.de rappélit: ces troubles
n'étaient d'ailleurs que passagers. A la fin de l'année 1885. ils
s'accentuèrent. J.'anorexie notamment persistait pendant
plusieurs jours avec une intensité variable, sans vomissements,
ni douleurs stomacales ; entre temps, de la constipation. Pas de
douleurs rénales, ni d'essoufflement.
Année 1886.— Les troubles digestifs deviennent plus graves.
La céphalalgie est moins fréquente qu'au début. Langueur
générale très marquée et endolorissement dans les menjbres.
Langue couverte souvent d'un enduit blanchâtre assez épais ;
haleine fétide ; anorexie absolue. Sensibilité au niveau des
masses musculaires; urines troubles, non sanglantes.
Tous les vingt jours, il était pris de vomissements incessants,
faits sans effort, d'abord alimentaires, ensuite bilieux; puis
enfin, muqueux. Ceux-ci coïncidaient avec ses crises.
Crises. — Elles éclataient tous les quinze jours pendant le
premier trimestre de cette année, coïncidant avec les longues
marches dont il est parlé plus haut. Un ou deux jours aupara-
vant, il ressentait quelques douleurs rénales : les urines deve-
naient rouges; ensuite, survenaient une céphalalgie persistante
i;t une lassitude générale. Apparition alors des vomissements
sus-mentionnés pendant une période de huit à dix jours, avec
impossibilité absolue de prendre quoi que ce soit comme ali-
mentation; à la fin, il éprouvait une sensation de brûlure au
creux épigastrique avec des p^rosis. Constipation persistante.
Un peu de bouffissure aux paupières et à la région péri-malléo-
laire. Ptyalisme assez marque. La vue, qui est un peu faible
d'habitude, se brouillait à ce moment, il perdait un peu la vision
distincte du contour des objets. Battements cardiaques pénibles
et fréquents, avec sensation de constriction précordiale et d'es-
soufflement facile. Vers la fin de sa crise, les urines reprenaient
leur couleur normale; elles devenaient très abondantes et très
claires.
Dans l'intervalle de ces crises, le jeune D... ne ressentait
qu'un peu de lassitude, qui disparaissait rapidement. L'estomac
redevenait bon; il digérait très bien; le retour à la santé parais-
sait être complet.
Ayant eu l'occasion d'examiner le malade à diverses reprises,
à la fin de l'année 1886, voici ce que nous avons constaté de
particulier.
Au moment des crises, lorsqu'il est en pleine période de
vomissements, nous avons noté tous les signes indiscutables de
dilatation du cœur droit. Dans le creux épigastrique, bruit de
galop droit très net, coïncidant avec un renforcement très
marqué du second bruit de l'artère pulmonaire au niveau du
deuxième espace intercostal gauche ; pouls fréquent, mou et
dépressible, indiquant bien la faiblesse de la tension dans le
système artériel. La mensuration, pratiquée plusieurs fois, a
donné comme maxima les limites suivantes: la pointe battait à
6 centimètres du rebord gauche du sternum ; les dimensions
du cœur étaient, pour le boni droit, de U centimètres et pour
la projection, au niveau du bord gauche stermal, de 12 centi-
mètres. Les pupilles ne paraissaient pas être sensiblement
dilatées ; pas de pouls veineux ; dyspnée très marquée. Les
urines, rares et riches en sédiments uratiques, contenaient un
fïrécipité albumineux assez abondant pour apparaître rapidement
orsqu'on en pratiquait la recherche à l'aide de la chaleur ou de
l'acide. Examinées au microscope, on ne trouvait pas de cylindres
épithéliaux ni hyalins, mais bien des cristaux d'oxalale de chaux
et d'acide urique. L'œdème des paupières était presque contes-
table. Lorsque avec le repos et le régime lacté était revenu le
retour à l'état normal, précédé d'une crise urinaire, les urines
ne contenaient plus d'albumine (même avec le réactif de Tanret);
les signes de dilatation du cœur droit disparaissaient complè-
tement ainsi que les troubles digestifs; il pouvait manger de
tout sans sentir qu'il avait un estomac.
Dans l'intervalle de ses crises, nous avons examiné ses urines.
Lorsque vaquant à ses occupations, il était resté à son bureau
tonte la journée, on ne trouvait d'albumine à aucun moment.
Lorsqu'il allait en dehors de la ville, tout en fournissant des
courses moins longues qu'autrefois et en prenant les précautions
hygiéniques nécessaires, il avait des crises analogues à celles qui
viennent d'être décrites, mais bien atténuées dans leur intensité
et dans leur durée (deux à trois jours, au lieu de dix) : il payait
d'ailleurs par un redoublement en intensité de crise, tout oubli
de précautions.
Mais, lorsqu'il avait fait quelques courses assez éloignées
dans la ville, l'examen des urines devenait intéressant : un peu
de lassitude survenait à ce moment.
L'urine du lendemain matin ne contenait pas d'albumine : on
en voyait un très léger nuage dans celle qui était émise après
le déjeuner; le soir, il n'y en avait pas. C'était après sa course,
naturellement, qu'on pouvait en constater une certaine quantité
appréciable.
Le procédé ordinaire pour la recherche d'albumine pouvant
induire en erreur, nous avons eu recours aux manipulations
suivantes recommandées par les auteurs. Mélanger l'unne avec
un sixième de son volume d'une solution saturée de sulfate de
soude et aciduler avec de Tacide acétique.
La légère couche albumineuse, obtenue après le repas, ne
peut pas être de la peptone, puisque l'on sait que celte variété
d'albumine, précipitable par le tanin, le reactif de Tanret,
l'acide picrique, etc., ne l'est ni par la chaleur, ni par l'acide
nitrique ou acétique.
Le traitement institué a consisté surtout dans le repos, les
Précautions pour éviter le froid, le régime lacté au moment de
imminence des crises ; du fer et des ioniques dans l'intervalle.
Nous n'avons revu notre malade qu'à la fin de l'année 1888.
Il nous a dit avoir suivi nos recommandations aussi exactement
que possible. Détail intéressant : il a noté sur des almanachs
ses jours de crises pendant les années 1887 et 1888. Ces crises
ne sont plus provoquées par des courses ou par des écarts
288 — N« 18
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
d'hyj:iène, puisqu'il reste à son bureau toute la journée ; elles
surviennent spontanément.
Tableau des crises.
Année 1887. — Janvier, r. . . . (du 15 au 19).
— Février (du 8 au 17).
— Mars (du 6 au 17).
— Avril (du 9 au 16))
— Mai (du 8 au 20).
— Juin ( » ).
— Juillet (du 20 au 28).
— Août (du 24 au 31).
— Septembre ... (du f*^ au 16 et du 28 au 30).
— Octobre ( > ).
— Novembre. ... (du 1" au 7).
— Décembre. ... (du 16 au 22).
Année 1888. — Janvier ( i ).
— Février (du !•' au 3).
— Mars ( » ).
~ Avril (du 21 au 25).
— Mai (du 8 au 11).
— Juin (du 11 au 14).
— Juillet (31).
— Août (du l"' au 3).
— Septembre . . . (du 2 au 8).
— Octobre ( » )
— Novembre.... (du 5 au 9 et du 19 au 25).
— Décembre — ( > ).
Année 1889. — Janvier (du 4 au 6 et du U au 20).
11 est facile, à Tinspection de ce tableau, de noter :
1*» A re.tception des deux mois de juin et d'octobre (année 1887),
où il n'y a pas eu de crises, celles-ci sont survenues mensuel-
lement et ont duré pendant une période de onze à douze jours.
A remarquer également qu'en mai et en septembre, les crises
survenaient à la fin du mois, ce qui explique leur absence dans
le cours de juin et d'octobre ;
2° Qu'il y a eu une amélioration en 1888 ; puisque nous avons
eu ç[uatre mois sans crises et que la durée a varié de deux à
six jours.
3*' On peut dire que D... avait en moyenne, tous les mois, une
crise pendant laquelle s'opérait une décharge d'uréides amassés,
mal oxydés, sans aucune autre cause spéciale que leur accumu-
lation même dans l'économie.
Noos revoyons notre jetme homme, à la (in de l'année 1888,
dans l'intervalle d'une de ces crises, dans le courant de
décembre.
Depuis trois ou quatre mois, il est obligé de se réveiller dans
le courant de la nuit pour uriner : il se plaint de crispations
dans les doigts, de fourmillements dans les jambes ; il sent que
sa crise va lui revenir. L'urine examinée pendant cette période
intercalaire est maintenant claire, mousseuse et fortement albn-
mineuse. L'aspect général est meilleur. 11 raconte que, depuis
de longs mois, ses crises ne marquent plus que par les signes
suivants : quelques vomissements ; des urines rouges et rares ;
de la céphalée ; plus d'angoisse ni de troubles du côté du cœur
droit. Par contre, son cœur gauche est hypertrophié: la pointe
est descendue verticalement et non transversalement dans le
sixième espace intercostal ; on perçoit très nettement le bruit
de galop avec accentuation du second bruit aortique et le pouls
de Traube. Aucune douleur rénale.
Obligé de satisfaire à la loi de recrutement, il avait été malade
cinq jours avant son départ. Arrivé à son régiment, il ne ressentit
rien pendant huit jours. Les mouvements militaires et les exer-
cices provoouèrent une seconde crise du 19 au 25 novembre.
Il revient à Reims, envoyé en congé pendant six mois, pour être
examiné et réformé au besoin. Il entre à l'hôpital militaire,
dans le service *de M. Weil et de M. Cliquet. Ces messieurs
assistent à une seconde crise analogue à celle qu'il éprouvait
et ne trouvent rien de spécial à ajouter, si ce n est qu'il pré-
sente de l'albuminurie permanente, parfaitement rétractile et
des cylindres hyalins et épithéliaux.
Prolitant d'un intervalle entre les crises et au milieu de la
période intercalaire, nous prions Dr. de se soumettre au régime
exclusif du bouillon et de la viande pendant Quelques jours.
Voici le résultat de cette petite expérience du oO janvier 1889
au 2 février.
1" jour. — Rien. '
2* jour. — Le soir : malaise, inappétence. |
3* jour. — Le soir : nausées ; le bouillon n'a pas été digéré ;
malaise ; urine de couleur foncée.
4* jour. — Le matin : nausées, vomissements pituiteux el
bilieux ; urines claires : albumine en grande quantité.
Légère diarrhée à partir du second jour.
Dr. étant admis pour la réforme, est retourné chez ses parents :
il doit revenir de temps en temps nous montrer son urine et
nous exposer son état de santé. Nous n'avons pas encore eu
l'occasion de le revoir depuis ce moment.
Remarques. — Il nous semble intéressant de faire res-
sortir plusieurs points de cette observation.
l*" Elle nous otTre à étudier successivement plusieurs des
formes cliniques du surmenage. La simple courbature
ouvre la scène. Ensuite survient le type rhumatoïde (sensi-
bilité des masses musculaires, endolorissement des mem-
bres, état saburral et trouble des voies digostives). Tel est
le pseudo-rhumatisme du surmenage qualifié à tort d'infec-
tieux au point de vue microbiologique, comme le fait
remarquer avec juste raison notre maître Dreyfus-Brisac
dans son article de la Gazette hebdomadaire de Tannée 1888
(n» 28).
Enfin, éclatent de véritables crises d'albuminurie inter-
mittente dont Tétiologie clinique est peu connue, alors que
la physiologie du surmenage est déjà riche en faits acquis.
Ecartons d'abord toute idée d'albutninurie cyclique, telle
que l'entendent Pavy et Dubreuilh. En effet, cette variété
d'albuminurie se produit, sauf quelques rares exceptions,
à peu près quotidiennement avec des caractères identiques.
Chez notre malade, rien de semblable, puisque la fatigue
de la marche seulement semble créer l'alouminurie de
toutes pièces.
Nous ne dirons pas avec d'autres auteurs que cette albu-
minurie est l'exagération d'un phénomène normal; puisque,
après le repos prolongé, on ne peut déceler la moindre
trace d'albumine même avec des réactifs les plus sensibles.
Johnson voit dans toute albuminurie intermittente un élat
pathologique, une né[)hrite latente. L'auteur anglais pose
en principe qu'en fouillant bien dans les antécédents, on
trouve une néphrite aiguë : aussi apporte-t-il une grande
réserve dans le pronostic. En pratique, la question est diffi-
cile à résoudre; car, au point de vue symptomatologique.
on sait combien sont nombreuses les ressemblances cli-
niques entre la congestion rénale active et la néphrite aiguë.
La présence des cylindres urinaires est la seule preuve que
Pélément noble du parenchyme est touché. Or, avant 1887,
nous n'avons jamais pu constater l'existence de ces éléments
morphologiques. La fatigue crée d'ailleurs une hypérémie
fonctionnelle des reins, laquelle hypérémie, par sa répéti-
tion, peut créer d'abord une phlegmasie limitée, capable de
s'étendre progressivement surtout si l'on suppose un locus
minoris resistantiœ dans l'épithélium rénal, doué d'une
perméabilité spéciale, comme dans les expériences de Capi-
tan, Germent et de Chateaubourg. La physiologie du sur-
menage va nous fournir les éléments de notre réponse.
Qu'il nous soit permis de rappeler le plus brièvement pos-
sible ce qui a cours dans la science sur ce point.
Béclard définit sous le nom de c fatigue musculaire » la
limite au delà de laquelle un muscle ne peut accomplir son
action dans toute sa plénitude. Le muscle qui se fatigue,
consomme en quelque sorte sa propre substance. Non seu-
lement les déchets de son activité s'accumulent dans son
tissu, mais encore il y a diminution par consommation
exagérée de l'oxygène nécessaire aux actions chimioues
inséparables de l'activité musculaire. La preuve en est dans
le rétablissement de l'excitabilité musculaire par une
injection de sang oxygéné. Donc, insuffisance d'oxydation,
augmentation des sulfates et des phosphates, et accumu-
lation des déchets, tel est le bilan chimique de la fatigue
musculaire.
3 Mai 1889
GÂZEnE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 18 — 289
Peu nous importent, pour le moment, les théories mises
en avant pour expliquer la fatigue. Qu'avec Ranke on en
accuse Tacide lactique et la créatine; qu'avec Herniann
ce soit Vinogène qui se transforme comme le glycogène en
acide carbonique et en acide lactique; qu'avec Challon
ce soit au contraire la créatine et la créatinine; qu'enfin,
avec les physiologistes, ce soit l'acide, lactique de quelque
origine qu'il vienne. Cette dernière hypothèse a inspiré à
Prayer(d'Iéna) l'idée de faire des injections de laclate de
soude pour produire des symptômes de surmenage ; puis ces
expériences ont été reprises par Keim, dans le but pratique de
montrer les avantages de la térébenthine chaque fois qu'on
doit s'exposer à une certaine fatigue : la térébenthine,
d'après le professeur Lacassagne, augmentant, par l'ozone
qu'elle contient, les oxydations des matières extractives
qui encombrent la circulation et qui s'éliminent, par les
reins, les muqueuses et la peau.
Étudions de plus près la nature des déchets musculaires.
D'après le professeur Gautier, les leucomaînes musculaires
sont en minime proportion dans les urines; elles sont
brûlées dans le torrent circulatoire. Que cette oxydation
se ralentisse et ces alcaloïdes accompliront leur travail des-
tructeur dans l'économie. A côté de celles-ci, ajoute
M. Gautier, des substances azotées non alcaloldiques sont
douées d'une activité bien plus grande; ces substances azo-
tées et oxydables, dites extractives, bien autrement impor-
tantes en quantité, sont des poisons beaucoup plus actifs
sur réconomie. L'organisme doit se débarrasser de ces
matériaux toxiques au plus tôt pour conserver la santé nui
K n'est que l'équilibre instable entre le bien et le mal >
(Peler).
Ordinairement, l'organisme s'en débarrasse facilement par
les émonctoires naturels dans les reins et dans le foie.
Qu'à un moment donné ces organes soient altérés ou que
leur aptitude éliminatoire soit moindre, il y aura accumu-
lation de ces produits toxiques qui ne tarderont pas à infec-
ter le Seing. Nous aurons ainsi ce que uns nomment l'urémie;
d'autres, la cholémie; Jaccoud, la créatinémie et Révilliod,
l'eslractihérnie. Or, nous le disions plus haut, dans la
fatigue musculaire, il y a insuffisance d'oxydation et pro-
duction exagérée des matières extractives.
Invoquons maintenant les expériences physiologic[ues.
Deux mots sur les faits si connus de la toxicité des urines.
Pour le professeur Douchard, les urines à l'état de veille sont
au moins deux fois plus toxiques que pendant le sommeil.
11 en est ainsi parce que, à l'état de veille, nos organes
produisent incessamment des déchets de désassimilation
du sang passant dans les urines sans avoir eu le temps de
s'oxyder jusqu'au dernier terme; tandis que, pendant le
sommeil, la vie organique étant moins active, les déchets
sont en moins grande quantité et plus facilement combinés
en s'ajoutant à ceux produits pendant l'état de veille. En
cas de surmenage, que devient la toxicité urinaire? L'urine
des courbaturés (Bouchard) est éminemment toxique, puis-
qu'elle tue à la dose de 12 centimètres cubes par kilo-
gramme d'animal, alors qu'il faut 45 centimètres cubes
pour obtenir le même résultat avec les urines normales. La
question a fait un pas de plus, depuis la thèse de Rendon
(1888). Il ne s'agit plus seulement de l'accumulation des
déchets et du défaut d'oxydation, de la possibilité hypothé-
tique (Keim) d'une toxicité spéciale plus grande de ces
mêmes excréta; il faut encore voir comment les reins se
comportent vis-à-vis de ces déchets.
La réponse se trouve en partie dans les expériences si
curieuses de Gaucher, consignées dans la Revue de méde-
cine (10 novembre 1888).
L'urée, terme ultime de l'oxydation des matières azotées,
est dialysable et toxique à des doses si élevées qu'on ne les
rencontre pas dans l'économie humaine (360 grammes à la
fois, Bouchard). Les autres substances albuminoldes d'oxy-
dation inférieure qui subissent incessamment des dédou-
blements et des transformations diverses, sont très toxiques
jusciu'à ce qu'elles soient suffisamment oxydées pour devenir
de 1 urée. Que ces transformations soient arrêtées par in-
suffisance de combustion ou par combustion trop rapide, la
néphrite épithéliale en résulte. En injectant sous la peau des
cobayes de la tyrosine, de la leucine, de la créatine, créa-
tinine, xanthine, hypoxantine, Gaucher montre que les
poisons animaux agissent sur les reins comme les poisons
végétaux et minéraux. Cuffer avait déjà produit de la dyspnée
urémique avec des injections de créatine.
Conclusion. — Si donc, au début de notre observation,
au moment de la période rhumatolde, on pouvait penser à
une simple fluxion rénale; rapidement, par la nature irri-
tante des excréta sur l'épithélium rénal, la néphrite paren-
chjfmateuse est intervenue. Elle a d'abord été assez res-
treinte en étendue pour que la desquamation des cylindres
ait pu échapper à nos recherches microscopiques. Nous
en avons trouvé en 1888, et nous en aurions vu assurément
en 1887, s'il nous avait été donné d'observer notre malade.
Nous n'en voulons pour preuve que la marche même de
l'affection, aboutissant nettement au mal de Bright et don-
nant complètement raison, pour ce cas, à la théorie de
Johson.
^ Autres particularités intéressantes à relever.
Voilà un jeune homme qui, tous les mois, comme on peut
s'en rendre compte à l'inspection du tableau, a une véri-
table crise extractihémique, pour me servir de l'expression
de Révilliod. L'estomac se charge d'exonérer l'économie de
ces produits qui ne peuvent s'éliminer complètement par
les urines au jour le jour; il semble que ce qui reste,
s'ajoute quotidiennement, pour se décharger sous forme de
crise gastrique, La polyurie vient terminer la scène ; lorsaue
le malade en est sorti, il redevient bien portant jusqu au
mois suivant : nous regrettons de n'avoir pu doser l'urée.
Il n'est pas jusqu'à l'expérience du bouillon qui ne nous
paraisse concluante. N'est-on pas autorisé à penser que ces
règles urémiques et que ce bouillon (déclaré ajuste raison,
Ear M. Bouchard, comme une solution toxique) montrent
ien la manière dont le surmenage a créé de toutes pièces
cette néphrite, répétant mensuellement pour ainsi dire le
mécanisme étiologique de cette affection.
Arrivé à la fin de ces considérations trop longues, nous
chercherons à justifier l'intérêt que nous croyons devoir
rattacher à notre observation par l'absence de documents
cliniaues humains sur ce point du surmenage, au moins
dans les ouvrages qu'il nous a été possible de consulter.
C'est en 1878 que parait la thèse d'agrégation de Garrieu,
de Montpellier. C'est la première monographie qui étudie
l'influence de la fatigue sur l'économie, comme cause
exclusive de maladie.
Révilliod, en 1880, lit à la Société médicale de Genève
un mémoire sur la c fatigue », mémoire resté célèbre à juste
titre, étudiant deux formes cliniques du surmenage, « la
forme typhoïde » et « la forme cardiaque ». Le professeur
Boucharu, dans son livre sur les auto-intoxications, dit peu
de chose sur le surmenage. Le professeur Peter dans ses
cliniques et dans diverses communications à l'Académie,
insiste sans cesse sur ce qu'il appelle c l'autotyphisation ».
Keim (thèse de Lyon, 1886, sur le surmenage et la fatigue,
au point de vue de l'hygiène et de la médecine légale)
n'aborde la question qu'au point de vue théorique : aucune
observation clinique dans cet intéressant opuscule. Rendon
(thèse de Paris, 1888, sur les fièvres de surmenage) étudie
comme son maître Peter, Tétat typhoïde du surmenage.
Pour terminer cette rapide bibliographie, mentionnons les
communications si intéressantes de MH. Gautier et Peter
à l'Académie de médecine en 1888.
(J suivre.)
290 — NM8 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des scleiiecs.
Note sur les conditions de réceptivité de l'appareil uiii-
NAiRE A l'invasion MICROBIENNE, par le professeur Guyon. —
L'intervention des micro-organismes dans les modificalions
Sathologiques des urines, depuis longtemps démontrée par
[. Pasteur, parait avoir un rôle non moins décisif dans la pro-
duction des accidents auxquels succombent les malades atteints
d'affection des voies urinaires.
11 est intéressant de rechercher dans quelles conditions s'exerce
cette influence. La cliniaue et Texpérimentation fournissent des
résultats qui sont en ^ariaite concordance. L*observation montre
chaque jour des différences considérables dans l'aptitude pour
l'affection ; l'expérimentation les confirme. Celte aptitude dépend
de conditions multiples. Les différentes parties de l'appareil
urinaire ne subissent l'infection qu'à la suite d'une approbation
préalable qui les met en état de réceptivité.
La rétention d'urine, les lésions trauma tiques ou sponianées
de Turèthre, de la vessie, des uretères et des reins, en d'autres
termes tout ce qui modifie la nutrition et le fonctionnement
normal de ces organes, fournissent les conditions voulues pour
cette appropriation.
A ces conditions intrinsèques d'ordre pathologique qui créent
la prédisposition morbide, s'ajoute nécessairement l'action diffé-
rente des diverses variétés de micro-organismes. Chacune de
ces conditions réclame des recherches que je continue à pour-
suivre.
Je me borne aujourd'hui à indiquer les résultats que m'a
donnés l'étude du rôle pathogénique de la rétention d'urine.
Les notions positives qu'elle fournit permettent de poser dans
leur généralité les termes principaux de la question.
On sait que nombre de malaaes se sondent ou sont sondés
dans les conditions les mieux faites pour permettre l'inocula-
tion. Souvent il n'en résulte aucun accident apparent; chez
beaucoup, de longues années se passent sans autres inconvé-
nients que ceux d'une inoculation localisée à la vessie. Chez
d'autres, l'infection rapide de l'appareil urinaire tout entier
est la conséquence prochaine, presque immédiate dans bien des
cas, d'un cathétérisme pratique sans précautions antiseptiques.
La forme de rétention que j'ai <!écrite autrefois sous la déno-
mination de rétention d'urme incomplète avec distension, fournit
au plus haut degré les conditions de réceptivité que je viens
d'indiquer.
Dans ces cas, que l'étude clinique n'avait pas séparés du
groupe nombreux des rétentions, j'ai fait voir quelle pouvait
être l'influence de la tension de la vessie sur l'état analomique
et fonctionnel des reins et à quel degré les troubles qui en
résultent retentissent sur Fappareil digestif. Ces malades qui
ont la vessie distendue à l'extrême rendent cependant une quan-
tité exagérée d'urine, leur nutrition se trounle profondément,
ils prennent à un degré plus ou moins grand l'aspect que déter-
minent les lésions organiques, ils offrent tes caractères de cet
état complexe que j'appelle cachexie urinaire ou, du moins, de
l'une de ces formes, de la forme non septique.
Dans ces cas, en effet, l'évolution morbide s'accomplit à l'état
aseptique. Malgré la gravité, malgré la complexité des lésions,
maigre Ja longue durée, les urines sont d'une limpidité par-
faite; elles ne contiennent aucun micro-organisme, elles ne
cultivent pas; le malade estapj^rétique.
Qu'une intervention soit jugée nécessaire, que le cathétérisme
soit fait sans les précautions rigoureuses qui empêchent l'intro-
duction des germes, la suppuration s'établit du jour au lende-
main, s'étend rapidement a tout l'arbre urinaire, la vie est
gravement nienacée: il y a souvent élévation de la température.
Les conditions présentées par ces malades peuvent se résumer
ainsi : stase de I urine, troubles de la nutrition locale et de la
nutrition générale.
Stase de Turine dans la vessie oui se débarrasse seulement de
son trop-plein, stase dans les uretères dont l'irrigation continue
de l'état normal est arrêtée par l'énorme distension de la vessie,
stase dans les réservoirs et jusque dans les canalicules excré-
teurs du rein, eux aussi envahis par la dilatation pathologique
de tout l'appareil.
Troubles de la nutrition locale dus aux lésions interstitielles,
jk l'artério-sclérose et mi raleQiisseiiient ^e U circulation qui
entretient un état congestif permanent. Troubles généraux dus
à la perturbation des actes digestifs.
I/état pathologique, indépendamment des lésions qu'il pro-
voque, a donc créé un milieu stable aui, par cela même, favorise
la culture, culture que pourra rendre particulièrement acliv»*
l'exhalation sanguine provoquée par l'abaissement trop subit de
la tension, lorsque l'évacuation artificielle n'est pas conduilr
suivant des règles précises.
Tout est donc prêt alors pour que la multiplication de l'agenl
infectieux s'accomplisse, tout assure la propagation aux uretèn >
et aux reins.
Dans la rétention aiguë complète, l'urgente nécessité de l'in-
tervention modifie grandement les conditions de réceptiviié.
Elle varie néanmoins suivant ses variétés. La rétention tlos
rélrécis ne saurait être comparée à celle des prostatiques. Les
premiers sont des sujets jeunes à vessie fortement musclée; les
seconds sont plus ou moins âgés, toujours athéromateux, leurs
tissus sous le coup de troubles de la nutrition. Chez les uns e(
les autres cependant, à moins de lésions surajoutées, de trauma*
tismes par exemple, l'infection, lorsqu'elle se produit, se localiM-
d'abord à la vessie. Il est fort rare qu'elle soil durable chez Ipv
rétrécis. La stase de l'urine a bientôt complètement cessé. Au>>i
voit-on par exemple l'état ammoniacal le plus prononcé, tl»s
accidents fébriles graves disparaître d'eux-mêmes, par le seul
fait du rétablissement intégral de la miction. Chez les prosta-
tiques, l'inoculation de la vessie persiste habituellement, mai^
elle ne s'étend que plus ou moins tardivement aux uretères cl
aux reins. Elle en prend d'autant moins possession que révacii.i-
tion artificielle sera mieux assurée.
Le râle de la rétention qu'affirme la clinique est égaleiiieiit
démontré par l'expérimentation.
J'ai introduit dans la vessie du lapin et du cobaye des culturrs
pures de microbes pathogènes pour les animaux et pourriiomin»',
staphylococcus aureus, slreptococcus pyogenes, bactérie scep-
tique de Clado, étudiée par Albarran et Halle sous le nom ilf
bacterium pyogenes. Vingt-quatre ou trente-six heures apn'>
l'inoculation, on ne retrouvait plus dans les urines les micro)i<'>
injectés, et chez les animaux sacrifiés la vessie, et tout l'appa-
reil urinaire étaient indemnes de lésions.
Pour arriver à ce que la vessie reste habitée pendant quelques
jours, et pour obtenir un léger degré de cystite, il faut employer
des doses massives d'organismes très virulents (1 cenlmièlre
cube et demi de culture sur bouillon chaque fois). 11 faut \cs
répéter à plusieurs reprises et même alors les organismes ne
dépassent pas la vessie, les voies urinaires supérieures resleni
inaemnes.
Dans une autre série d'expériences, i'ai déterminé chez le
lapin et le cobaye des rétentions simples par ligature de )i
verge. Les animaux sont morts spontanément par rupture de la
vessie ou ont été sacrifiés de vingt-quatre à trente-six heures
après la ligature. On observe la tension de la vessie, de iKs
riches arborisations vésicales, quelques ecchymoses, la dilatation
des uretères et leur tension, la congestion rénale surtout nuir-j
quée au niveau de la voûte suspyramidale. A Texamen baclê-
riologique, on ne trouve, par les procédés de culture, aucuoi
micro-organisme. '
En injectant des cultures de microbes pyogenes, en mèiii<|
temps qu'on pratique la ligature de la verge, on observe le goa«l
flement œdémateux et le dépoli de la muqueuse, pour peu qu0j
le lien reste en place six à douze heures. Lorsque cette ré(ea«|
tion est trop temporaire, l'expérience est négative. Si la li^^-
ture de la verge est prolongée pendant vingt-quatre heures, elj
mieux encore si elle reste en place jusqu'à la mort de l'aniniii!,
la cystite est constante. Dans deux expériences, les mirroMi
injectés se trouvaient non seulement dans la vessie mais jusque!
dans l'urine des bassinets. ^ 1
L'ensemble de ces faits démontre que la rétention d'urine I
favorise l'infection de l'appareil urinaire en rendant efi^ecti>e
l'inoculation microbienne. La réceptivité de cet appareil est e»
raison même du degré et de la durée de la rétention. Les
lésions qu'elle détermine, aussi bien dans la forme aiguë quf
dans la forme lente, favorisent l'action des agents palhogèii«'!»i
elles rendent plus durables et plus graves les effets de 1 infec-
tion.
L'étude clinique et expérimentale de la rétention fournil
encore une démonstration non moins importante. Elle pronve
que l'infection reconnaît le plus ordinairement pour cause 1 1"0;
culation directe de la vessie par les instruments.
3 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE -. NM8 — 291
î/évolution asepticfue des rétentions lentes abandonnées à
fllfs-mêmes, rinfection fatale à la suite d^une intervention sep-
tique, la facilité avec laquelle Tétat aseptique peut être maintenu
«Ml recourant uniquement à Tantisepsie chirurgicale, sont parti-
rulièrement démonstratives.
Chez ces malades à réaction si sensible, de même que dans
l'état normal, Turèthre ne livre pas passade aux germes; ils ne
pénètrent dans la vessie que s'ils y sont directement introduits.
Pour le démontrer expérimentalement, j'ai déterminé la réten-
tion d'urine en sectionnant la moelle chez deux lapins. L'un des
animaux reçut dans la vessie une injection d'un demi-centimètre
ful)t»de culture sur bouillon du bactérium pyogones; l'autre ne
fut point injecté. Ces deux animaux sont morts après quarante
»'t quarante-huit heures. Tous deux avaient la vessie énormé-
ment distendue; celui qui avait reçu l'injection microbienne
aATiit de la cystite œdémateuse, les urines de l'autre étaient asep-
tiques.
(IVst donc à Tantisepsie locale qu'il appartiendra presque
toujours de mettre sûrement l'appareil urinaire à l'abri de l'in-
fcf'tion. Mais c'est des lésions préexistant à l'introduction des
germes et en particulier de la rétention d'urine que dépend la
n''(vpti?ité.
(Séance du 29 avril 1889.)
Aesdémle de médeelne*
SÉANCE DU 30 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le docteur MarêeiUo onvoio un mémoiio sur les eondUiont elimatologiques
tt les maladiei régnantes à Zamihar. (Commission : MM. Rochard, Lion Colin
et Le Roy de Mirieouri.)
M. Salomon prie l'Académie d'accepter le dépôt d'un Pli cacheté. •>
lAccepté.)
U. le docteur Delohel envoie un rapport manuscrit sur une épidémie de roU"
geoîf. et de scarlatine à Noyon {Oise).
y. le docteur Lafforgue, aide-major au 107* d'infanterie, adresse un mémoire
maiioscril sur une épidémie de fièvre typhoïde dans la région d'Àngouléme et ses
eaïuei.
U. le docteur Bayard, médecin major de f* classe, envoie un rapport manus-
crit »w les vaccinations et les rewaccinations opérées au S* régiment étranger a
Sdida (Algérie) en 1888-1880.
a. Bergeron fait lioiimiage, au nom de M. le docteur Lereboullet, du dernier
faKieule du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales.
M. Féréol présente une brochure de M. le docteur Lalesqus sur Arcaehon,
M. Panas dépose on mémoire sur la méthode antiseptique che% les anciens,
pu M. le docteur Anagnoslakis (d'Athènes).
M. Trilal présente, de la part de M. le docteur Homniciano, le Compte rendu
de ton iervice chirurgical à VhôpUal des enfants de Bueharest, de 1874 à 1884.
Elections. — MM. les docteurs Warlomont (de
Bruxelles) et S^mmota (deNaples)sont élus correspondants
étrangers dans la division de médecine.
Dénomination des nouveaux médicaments. — En pré-
sence de la difficulté qu*éprouvenl les praticiens à transcrire
sur leurs ordonnances les noms scientifiques des nouveaux
médicaments tirés, presque tous, de la série aromatique, ils
se bornent à les distinguer sous rappellation qui leur a été
donnée par les fabricants. Or, ceux-ci, qui sont pour la
plupart des étrangers, prétendent imposer leurs produits
lorsqu'ils sont formulés avec une dénomination qui consti-
tuerait leur marque ^e fabrique et qu'ils ont fait breveter,
si bien qu il devient impossible aux industriels français de
vendre et fabriquer des médicaments tels que Tantipyrine,
Tanalgésine, Tantifébrine, la phénacétine, le sulfonal, etc.
Une commission de l'Académie, dont M. Dujardin-Beiumetz
est le rapporteur, s'est occupée de cet état de choses. Après
examen de l'état actuel de noire législation, elle a émis
l'avis qu'en atttendantune réforme urgente de la législation
de la pharmacie, il y avait lieu de recommander aux prati-
ciens la ligne de conduite suivante:
K Conformément à la doctrine qui sépare la question
scientifique de la question commerciale, le médecin peut,
dans ses ordonnances, prescrire le médicament sous son
nom vulgaire et Iç pharmacien peut le foi|rriir et le désigner
snr ses registres sous la synonymie scientifique. » — Cette
conclusion est adoptée par l'Académie, à l'unanimité moins
une voix.
Mastite aiguë. — M. le docteur /. Bœckel (de Strasbourg)
communique une observation de guérison radicale en huit
jours sans drainage, sous le pansement permanent, dans un
cas de mastite parenchymateuse aiguë, grâce à l'évidemenl
méthodique du sein. — (Commission: MM. Léon Labbé et
Budin.)
Tétanos. — Reprenant la discjussion sur le tétanos,
W. Trasbot rend compte des résultats de plusieurs séries
d'expériences, résultats aux termes desquels, chez les ani-
maux morts du tétanos, le tissu d^une plaie contient quel-
quefois, mais non toujours, le germe de la maladie. Si,
après avoir constaté que l'activité de l'agent tétanigène
s éteint par son passage dans certains organismes, il se con-
servait au contraire dans celui du cheval, et s'il se propa-
geait chez lui comme celui de la morve, par exemple, indé-
finiment, on serait en droit de penser qu'il représente plus
particulièrement son terrain de pullulation. Maia jusqu'à
présent rien de semblable n'a été constaté. Ceux qui ont
inoculé le tétanos au cheval n'ont pu le reproduire que
jusqu'à la troisième génération.
D'autre part, ce germe peut être inoculé à des lapins dans
un bon nombre de cas; il s'épuise par un seul, deux ou
trois passages. Il semble en résulter que son inoculation est
plus difficile à réaliser sur le cheval que sur le lapin, ce
qui, on le comprend, est loin de montrer une prédisposition
spéciale chez le premier. Aussi M. Trasbot ne voit-ii, ni
dans les faits d'observation clinique, ni dans ceux qui ont
été acquis par l'expérimentation, une raison valable de con-
sidérer le tétanos comme étant d'origine équine. Il n'en voit
pas non plus qui empêchent d'admettre que l'homme puisse
trouver le germe de la maladie dans le milieu où il vit,
aussi bien que le cheval, le bœuf, le mouton, le chien et
certains oiseaux, et être infecté par ce germe lorsqu'il est
refïoidi, souffrant, blessé, etc., en un mot, quand il subit
l'influence de toutes ces causes auxquelles ceux qui sont
venus avant nous attribuaient le cléveloppement de la
maladie. Rien ne prouve non plus que l'action secondaire
de ces diverses conditions n'est pas nécessaire ou au moins
favorable à l'apparition du mal. Peut-être serait-il sage de
ne pas répudier immédiatement ces opinions anciennes,
mais de rechercher auparavant si elles ne peuvent être
éclaircies par les découvertes nouvelles.
Quant à la contagiosité du tétanos, lorsqu'on constate
qu'il n'y en a eu que six cas à l'Ecole d'Alfort,dans le service
chirurgical de M. Trasbot à Alfort pendant dix-sept ans, où
plus de 30000 chevaux ont été opérés pendant ce temps, il
est difficile d'admettre qu'elle se fasse bien facilement; de
plus, aucun élève de la même Ecole n'a été atteint de cette
affection ; il n'y a donc pas lieu d'inscrire le tétanos au
nombre des maladies pour lesquelles la législation sanitaire
puisse être d'ores et déjà applicable.
M. Laborde montre que la détermination du tétanos peut
être subordonnée à deux ordres de conditions étiologiques
et pathogéniques : l"" conditions mécaniques ou physiques,
auxquelles ressortissent très probablement les cas de trau-
matisme accidentel, tels qu'un clou implanté dans le pied
d'un cheval et provoquant le tétanos par voie réflexe;
2^ conditions d'ordre chimique ou toxique, dans lesquelles
rentreraient les cas de tétanos par intoxication microbienne,
soit que le poison agisse localement à la porte d'entrée
et conséquemment par le mécanisme réflexe, soit qu'il se
répande par voie d'absorption dans l'organisme et qu'il
exerce directement son action sur les centres excito-mo-
teurs. Cette distinction aurait dû précéder toute discussion
sur la pathogénie du tétanos, car l'origine microbienne ne
saurait être ici seule et exclusivement invoquée, à suppo^
292 -. NM8 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
ser même que son intervention et son vàh soient, en ce cas,
incontestablement et définitivement démontrés.
Bien que dans un Quart environ des cas de tétanos les
malades guérissent, M. L. Lagneau a constaté aue, durant
les neuf dernières années, dans le département ae la Seine,
le tétanos a fait périr une moyenne annuelle d'environ
trente-quatre personnes. Dans ce nombre, les femmes
entrent pour près d'un quart. II semble difficile d'admettre
l'étiologie équine de la maladie pour la plupart de ces
femmes.
Le tétanos est exceptionnel dans la plupart des arrondis-
sements de Paris. Cependant, deux ou trois décès téta-
niques ont lieu presque chaque année dans les arrondisse-
ments des Gobelins, de Montmartre et de Ménilmontanl.
Les tétaniques sont plus nombreux dans la banlieue, en
dehors de Paris, particulièrement dans la partie est de
l'arrondissement ae Sceaux, et dans l'arrondissement de
Saint-Denis, où M. Leblanc a signalé de nombreux cas de
tétanos équins.
Dans certaines localités on a constaté plusieurs décès téta-
niques. Quelles .relations avaient existé entre ces téta-
niques?
Orthopédie. — M. le docteur Jean-Baptiste Reynier
appelle l'attention sur le traitement de la scoliose commune
par des plans bi-inclinés et U décubitus.
Eaux minérales. — M. le docteur P. Rodet lit un travail
relatif à l'action des eaux de Viltel sur la nutrition et à
leurs indications dans les maladies par ralentissement de la
nutrition.
— L'ordre du jour de la séance du 7 mai est fixé ainsi
Îu^il suit : i^ Suite de la discussion sur le tétanos (inscrits :
[M. Goubatix, Verneuil)\ 2*" Communication de M. Worms
sur la forme lente du diabète et sou traitement; 3° Lec-
tures : par M. le docteur Chauvel, sur quatre abcès du foie
traités par incision directe, et par M. le docteur Darier^ sur
la psorospermie cutanée.
Société médleole de« h6pltAWK.
SÉANCE DU 26 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE DE M. CAPET
DE GASSIGOURT.
A propos de l'embryooardle : M. H. Huchard. ~ Emphysème sous-
oatanè dans le cours d'une pneumonie franche : M. H. Huchard.
— Lésions du système nerveux dans la maladie de Morvan :
M. Gombault (Discussion : M. Debove). — Elections.
A l'occasion du procès-verbal, M. H. Hucknrdy répondant
à Tobjection de M. B. Labbé, maintient l'exactitude du
terme embryocardie en s'appuyant sur ce fait que le punc-
tum saliens, rudiment du cœur, offre une apparition pré-
coce et se montre chez l'embryon longtemps avant que
celui-ci mérite le nom de fœtus.
— M. H. Huchard rapporte un cas d'emphvsème sous-
cutané chez un enfant de cinq ans^ au cours d'une pneu-
monie franche. Cet enfant n'avait jamais eu d'emphysème
pulmonaire et n'avait jamais présenté, pendant l'évolution
de sa pneumonie, de violentes ouintes de toux pouvant
amener la rupture de quelque alvéole dn poumon, il fut
néanmoins atteint d'un emphysème sous-cutané envahissant
progressivement le cou, la face, la partie supéro-antérieure
du thorax, puis la région dorsale, Tépigastre et les hypo-
chondres. L'évolution de l'affection pulmonaire présenta
quelques particularités dignes d'attirer l'attention : alter-
nances des signes stéthoscopiques à droite et à gauche,
irrégularités dans l'ensemble de la courbe thermique et
dans les allures de la fièvre pour une même journée, enfin
apparition, pendant la période de défervescence, d'une
pneumonie congestive du côté droit. On peut trouver l'expli-
cation de ces anomalies dans l'existence d'une intoxication
palustre antérieure, opinion qui fut confirmée par M. Cadet
de Gassicourt et M. Bergeron, appelés en consultation.
Aussi les préparations de quinine, employées dès le début,
furent-elles administrées à des doses élevées. On eut re-
cours, à partir du dixième jour, aux injections hypoder-
mimies df'après la formule indiquée par MM. Villejean et
de Beurmann : acide chlorhydrique pur, de densité = i043,
et chlorhydrate neutre de quinine, âa 5 grammes. Ces in-
jections furent très bien supportées et l'amélioration pro-
gressive des accidents pneumoniques, ainsi que la résorption
de l'emphysème sous-cutané, aboutirent à la guérison défi-
nitive. - L'emphysème sous-cutané est assez fréquent dans
les lésions laryngées profondes, dans les affections accom-
[lagnées de toux quinteuse, violente, comme la coqueluche,
'adénopalhie trachéo-bronchique, la tuberculose, le croup,
l'emphysème pulmonaire, etc. Chez le petit malade, rien
de semolable; et, si l'on rapproche cette observation des
quatre autres analogues, seules connues jusqu'ici, d'ennpliv-
sème sous-cutané survenant, chez des enfants, au cours
d'une pneumonie franche, on peut songer que la délica-
tesse des parois vésiculaires dans le jeune âge joue un rôle
d'importance majeure dans la pathogénie de cet accident.
— M. Gombault donne lecture des recherches nécro-
scopiques qu il a pratiquées chez une femme atteinte de
maladie de Morvan et qui a succombé à des accidents d'in-
fection purulente. {Sera publié.)
M. Debove fait remarquer que les intéressantes re-
cherches histologiques de M. Gombault établissent la non-
identité de la maladie de Morvan et de la syringo-myélie,
et montrent que la maladie de Moi*van parait relever d'une
myélite. Il a été frappé de ce fait que les lésions scléreuses
médullaires offrent, par leur localisation, une évidente
analogie avec celles du labes dorsal, alors que rien dans les
allures cliniques de la maladie de Morvan iie rappelle la
symptomatologie de l'ataxie locomotrice.
M. Gombault fait remarquer qu'il n'y a là qu'une ana-
logie apparente, les lésions différant essentiellement dans
leur degré d'évolution. Il s'agit de simple épaississemeni
des traclus vasculaires, d'une légère sclérose diffusée entre
les éléments nerveux, mais non d'une sclérose massive,
comme dans le tabès dorsal. Il faut d'ailleurs tenir grand
compte de la disproportion manifeste entre ces altérations
médullaires peu intenses, malgré l'ancienneté del'afferiion,
et les lésions si considérables des nerfs périphériques.
Élections. — A l'unanimité des suffrages exprimés, sont
nommés : membre honoraire, M. H. Queneau de Munsy:
membres titulaires, MM. Antony ei Burlureatix.
— A cinq henres la Société se forme en comité secret.
André Petit.
Société de chlrorf^le.
SÉANCE DU 24 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. HORTELOUP.
Effets produits sur rorelUa par la détonation des armes à feo •
BC Nimier (M. GhauTel, rapporteur). — Opération de IVladlmlroff-
BElkuUos : M. Berger (Dlsoussion : MM. Begond. Chauvel, Ponc«t
(de Lyon), Bohivarts, Prengrueber, Després, PolalUon).
M. Chauvel lit un rapport sur un travail où M. Nimier
étudie les effets produits sur l'oreille par la délonation
des annes à feu. M. Mimier fait observer que le bruit de
la détonation est très complexe ; qu'il est composé d'élé-
ments multiples: l** les vibrations du canon de l'arme;
3 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DÉ CHIRURGIE
— N* 18
293
±* la transmission aux parties voisines, telles que raffut par
exemple; 3"" les vibrations du projectile lui-même; 4*" les
ondes aériennes dues à la déflagration de la poudre et au
passage du projectile. De là des vibrations très intenses,
qui causent assez souvent des désordres sérieux de l'oreille :
perte de la perception de certains sons, faussement de cer-
tains autres, rupture du tympan même. Les coups. répétés
sont moins bien supportés. Les lésions préalables de l'oreille
sont une prédisposition fâcheuse. Les accidents sont moins
à craindre lorsque les servants, au moment de la détona-
tion, regardent vers l'avant de la pièce et s'ils ouvrent la
bouche.
— M. Berger^ à propos d'une présentation de M. Chaput,
fait une communication sur Vopération de Wladimiroff-
Mikulicz. Cette communication et les principaux points de
la discussion qui Ta suivie sont résumés plus haut (voy.
p. 282).
A. Broca.
Soelélé die tliér«peotlqiie.
SÉANCE DU 24 AVRIL 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Du vertige gastrique : M. Bovet. — Du traitement de la diphthérie :
M. Guelpa (Diaonasion : MM. Cr6quy. E. Labbè. Moutard-Martin.
Daboua<iuet-Laborderie).
M. Bovel donne lecture d'une note sur le veriige gas-
trique considéré comme étant d'origine toxique. (Renvoyé
à une commission composée de MM. Moutard-Martin, Rou-
gon et Yvon, rapporteur.)
— M. Guelpa lit un travail intitulé : Pourquoi la même
médication, dlaas la diphthérie, donne-t-elle des résultats
différents entre les mains des divers médecins qui l'em-
ploient? Il montre que l'on ne peut expliquer ce fait par le
caractère bénin ou malin des diverses épidémies, ou des
différentes périodes d'une même épidémie, puisque des
résultats dissemblables ont été obtenus par des observateurs
ayant recours aux mêmes médicaments, à la même époque,
dans des conditions en apparence identiques. Passant
ensuite en revue les divers médicaments antiseptiques pré-
conisés en badigeonnages, pulvérisations, gargarismes, irri-
gations dans la gorge, il établit que tous ont donné des
succès lorsqu'ils sont bien employés, avec conviction et sans
relâche, c'est-à-dire qu'il faut faire les irrigations, pulvé-
risations; badigeonnages, etc., à de courts intervalles, jour
et nuit. C'est là le secret des succès obtenus par les uns
et des insuccès obtenus par d'autres, qui adoptent une
mélhode moins rigoureuse. II regarde comme funeste le
précepte posé par H. Cadet de Gassicourt, de respecter le
sommeil des malades ; pendant ce temps, les micro-orga-
nismes pullulent, les poisons solubles s'accumulent et
sont absorbés, et le diphthéritique subit l'intoxication. Il con-
sidère, d'ailleurs, comme un mauvais procédé les badigeon-
nages violents, les traumatismes de la gorge, à Taide de
substances caustiques, les arrachements de fausses mem-
branes créant des plaies de la muqueuse et des portes
d'entrée aux principes toxiques. Si le traitement préconisé
par M. Gaucher donne des succès, ce n'est pas aux badi-
geonnages caustiques ^u'il en est redevable, mais bien aux
fréquentes et larges irrigations antiseptiques pratiquées
dans les intervalles. Que l'on emploie d'ailleurs la résor-
cine, le bicarbonate de soude, le borax, l'acide phéuique,
le sublimé, le jus de citron, l'eau perchlorurée, etc., c'est
la répétition de l'action antiseptique, la lutte incessante,
; jour et nuit, qui donnera la victoire. Il faudra faire des
irrigations, des pulvérisations, dès le début, dans la gorge,
j dans les fosses nasales et, si besoin est, dans le larynx et la
! trachée, après la trachéotomie. Celle-ci devra être prati-
quée le plus tôt possible ; elle n'aggrave en rien, par elle-
même, la maladie, et prévient, au contraire, les accidents
asphyxi^ues, tout en permettant de combattre localement
l'extehsion des fausses membranes dans le larynx et la
trachée. En résumé, le traitement de la diphthérie devra
être ainsi formulé : placer le malade dans une atmosphère
humide de âO à ii degrés; entretenir dans la chambre, sur
des réchauds, une évaporation constante d'une solution
phéniquée; donner, au début, un vomitif, puis des purga-
tifs légers, pour activer l'élimination des principes toxiques
par la voie intestinale; prescrire le sulfate de quinine, s'il
y a de la fièvre ; faire dans le nez et la gorge de larges
irrigations, toutes les demi-heures ou même tous les Quarts
d'heure, jour et nuit^ avec une solution phéniquée ou
mieux avec une solution de perchlorure de fer, à 2 ou
5 pour 1000. Enfin, si les fosses nasales sont rendues imper-
méables par les membranes, les désobstruer au mo^en d'un
ramonage, ou même, en cas de nécessité, pratiquer la
trépanation de l'antre d'Hyginore pour permettre les irri-
gations. Quant à l'alimentation, M. Guelpa, contrairement
aux préceptes généralement adoptés, la regarde comme
dangereuse si elle est trop substantielle, et conseille de
n'employer que les substances liquides.
M. Créquy a vu employer par Baron et Barthez le bicar-
bonate de soude, et croit qu'il a été abandonné ajuste titre,
car il n'a pas donné de résultats bien satisfaisants. Il
signale l'inconvénient que peuvent présenter les réchauds
à évaporation dont parle M. Guelpa, ceux-ci répandant une
proportion notable d'oxyde de carnone dans la chambre.
M. E. Labbé a déjà préconisé à diverses reprises un trai-
tement tout analogue à celui que formule M. Guelpa, et il
en retire constamment d'heureux effets. Il pense égale-
ment que les cautérisations énergiques, les raclages de la
gorge ne sont pas sans danger, car ils dénudent le chorion
muqueux et favorisent l'absorption des produits toxiques.
Quant au perchlorure de fer, il masque les productions
diphthéritiques plutôt qu'il ne les détruit ; en effet, il a l'in-
convénient de colorer toute la gorire en noir et de rendre
l'appréciation des lésions plus difficile. D'autre part, le
sublimé, dont parle M. Guelpa, lui parait un moyen dan-
gereux, bien capable de produire des accidents toxiques
graves s'il est employé aussi largement iour et nuit; on ne
peut prévoir quelle quantité sera absorbée par le malade,
et, par suite, c'est une substance à rejeter. Il s'associe du
reste pleinement au précepte de continuer sans relâche le
traitement pendant la nuit, sans chercher à respecter le
sommeil des malades : agir autrement serait s'exposer à
l'insuccès. Mais il ne saurait admettre l'évaporation et la
pulvérisation continues d'une solution phéniquée dans la
chambre du malade; certes il est utile de stériliser autant
que possible l'atmosphère, mais il faut aussi redouter les
accidents graves d'empoisonnement par l'acide phénique
dont il a observé plusieurs exemples en pareil cas. Enfin il
croit nécessaire d alimenter le malade, et pour cela de lui
donner du lait, qui agit en même temps comme diurétique,
et de l'alcool pour soutenir ses forces.
M. Guelpa n'a parlé du sublimé que d'après les auteurs
qui l'ont préconisé, mais il ne l'a point essayé lui-même
et n'a formulé aucune dose à cet égard. Il pense que pour
éviter l'intoxication phéniquée il suffit de surveiller les
urines du malade; on cessera le médicament dès que la
réaction caractéristique apparaîtra dans Turine. Il croit
que la fièvre est une contre-indication à l'alimentation.
M. Moutard-Martin demande à M. Guelpa de suppri-
mer dans son mémoire ce qui a trait au sublimé : il y a là
uu danger grave. On ne saurait engager les praticiens à
essayer cet antiseptique sans avoir auparavant formulé les
doses et vérifié son innocuité qui semble plus que dou-
teuse.
294 — N- 18 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
M. E. Labbé fait remarquer que la fièvre nesaurail em-
Récher d'alimenter le malade, si on a recours au lait.
Tagit-on pas ainsi chez les typholdiques? D'autre part, si
l'on se borne à surveiller les urines des malades plongés
dans une atmosphère phéniquée, on s^expose à ne recon-
naître l'intoxication que lorsqu'il sera trop tard pour en
conjurer les redoutables effets. Pour lui, il préfère les irri-
gations au borax, à l'acide borique ou au bicarbonate de
soude.
M. Dubousquet Laborderie fait observer que, dans le
traitement de M. Gaucher, dont il a obtenu d'excellents
résultats, la cautérisation antiseptique de la muqueuse dé-
nudée empêche l'absorption et prévient la reproduction
de la fausse membrane. D^ les premières cautérisations la
fièvre tombe rapidement. D'ailleurs, dans certains cas où
existent des fausses membranes épaisses, infiltrées, les
irrigations ne peuvent suffire à les faire disparaître ; il faut
alors les enlever mécaniquement et faire une cautérisation
antiseptique.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
André Petit.
Société anatooiiqae.
SÉANCES DES 19 ET 26 AVRIL 1889.-
DE M. GORNIL.
PRÉSIDENCE
M. TMercelin communique un cas de tuberculose géni-
tale primitive ^ consécutive à un avortement.
— M. P. Thiéry relate une observation de kystes hyda-
tiques du foie et de l'abdomen.
— M. H. Legrand étudie les lésions histologiques des
viscères dans Vintoxication hydrargyrique aiguë consé-
cutive à des injections au sublimé après un accouchement.
— a. Bouisson fait une communication sur un cas de
charbon interne, intestinal, avec examen bactériologique.
— M. P. Poirier montre des fibro-chondromes bran-
chiaux du cou.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
De la valeur du nltrlie d^élhyle comme eapnéiqnc, par
M. Leech. — Ce nitrite ne possède pas une action aussi rapide
que le nitrite d'amyle; par contre, ses propriétés se rapprochent
de celles de la nitro-glycérine. Gomme les autres médicaments
de ce groupe, c*est un diurétique et un diaphorétique incon-
stant. Néanmoins il peut rendre de réels services contre les
affections cardio-vasculaires avec hypertension et en particu-
lier contre les attaques d*angine de poitrine, qu'il prévient ou
arrête à la manière de la nilro-glycérine. Même efficacité con-
tre la dyspnée des cardiaques, où il existe du spasme bronchi-
que et où il relève le pouls.
Fraser a montré les bénéfices que Ton peut en retirer contre
la dyspnée de Tasthme et des affections bronchiques, k la dose
quotidienne de cinquante à quatre-vingt-dix gouttes d'une
solution alcoolique aux trois centièmes et la rapidité du soulage-
ment qui se produit dans l'espace d'une demi-heure à une
heure.
Cette solution est moins désagréable et plus stable que la
solution alcoolique d'élher nitreux. Sa conservation est dura-
ble. Enfin, M. Leech attribuait même une partie des vertus de
réther nitrique aux traces d'élher nitreux qu'il contient. {Tke
med, Chronicle, octobre 1888, p. 177.)
TrallemeBl «e l'eeséma ei «n p«orf«sl« par l*aatlirart
Mne, par M. Bronson. — Les essais cliniques de Tauteuravaien
pour but de vérifier Tefficacité du traitement de Bechreiid
sur des malades de l'hôpital de la Charité de New-York. 1
appliquait sur les plaques de psoriasis la vaseline additionnel
de 10 pour 100 d'anthrarobine, et sur les autres plaques un*
pommade à la chrysarobine. Dès la première semaine, les pU
ques traitées par l'anthrarobine s'étaient améliorées, de sort
que l'on peut considérer Faction thérapeutique de la premii r
de ces substances comme plus rapide que celle de la seconde
Même action favorable dans Teczéma. Cependant on doil
d'après l'auteur, employer dans ce cas le traitement avec pré
caution, pour éviter une irritation trop \ive. {Journal of eu
and Genito-uri. Diseuses, novembre i888.)
Ba Mtrophaaémi eoatre le goitre exopbtlialnilqac, {i.i
M. le docteur R. Brow£R. — En raison de l'indigence de la thé
rapeutique contre celte alTectioa, notre confrère américain ;
prescrit le strophantus dans trois cas de maladie de Graves. Dani
l'un, il s'agissait d'un individu, âgé de vingt et un ans, donib
guérison fut obtenue après quatre semaines de mc(iic<ilioi
strophantinienne : la maladie durait depuis trois mois et li
dose du médicament fut croissante en commençant par deui
gouttes cluique jour et en augmentant jusqu'à dix goutt* s d<
teinture. On observa le ralentissement et la régularisation di
pouls, enfin la disparition de la tumeur thyroïdienne.
Les deux autres malades furent améliorés. Il est vrai qu<
simultanément ils furent bien soumis à un régime hygiéniqo<
sévère, et que de plus on fît usage de la galvanisation de
branches cervicales du sympathique. {Journal of amer, med
AssoCy 1888, n" 18.)
De i^emylel de TaeMe eamybarl^ae eanlre leii laflaMMi-
Uons eatarrhaieii, par M. le docteur Max Niessel. — On sait
que Reichert et Furbringer recommandent cette substance cod
tre les inflammations des muqueuses. M. Max Niessel eu a lail
usage sous forme de badigeonnages, de gargarismes, de pul
vérisations et d'inhalations. C'est ainsi qu'il admet refficacilc
des fumigations de deux grammes d'acide camphorique daraat
la nuit, pour diminuer les sueurs des phthisiques.
Les préparations liquides s'obtiennent en additionnant !'<(*
cide camphorique, de bicarbonate de soude, à 5 pour liX>,
jusqu'à dissolution de cet acide et cessation du dégagement
d'acide carbonique. Elles rendent des services sous forme d(
badigeonnages hebdomadaires contre la laryngite ou la rbiniit
catarrhales.
M. Niessel attribue aux inhalations une certaine utilité con
tre la phthisie. Elles diminueraient l'irritation et faciliteraienl
l'expectoration. L'action thérapeutique de l'acide camphoriqo<
en gargarisme est plus douteuse. {Ueut, med. Woch., 4 oclo
brc 1888.)
De radeaMlne daas le traliemeal «les affeetlaa* «In «•«^
par M. Thomas Oliver. — Ce glucoside, qui est un médicameoi
diurétique et un tonique du cœur, rend, d'après cet observateur
des services dans les cas d'iti suffisance mi traie ou aortique
Sous son influence, il a vu la dyspnée, les palpitations et lei
douleurs précordiales s'atténuer.
Il en a fait usage dans dix cas de cardiopathies chez des rha^
matisants, et a constaté ses propriétés eupnéiques et cardi»
ques, mais sans observer une augmentation de la diurèse
11 considère donc Padonidine comme un diurétique peu puis*
sant, plus utile pour tonifier le cœur, restaurer la lensnj
artérielle et amener une sudation comparable à celle (|"« |J
belladone produit sur l'organe central de la circulation. ^^*
donc le médicîiment de l'insuffîsance aortique. {The Loncn\
p. 10 12, U novembre 1888.)
Da myrtol eemme dcMlareclane' deN vêles rc»plr»t»''**1
par M. EiCHHORBT. — Déjà recommandée comme aiiticalarrhll
3 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» Ift
295
dans les bronchites, cette huile essentielle peut être administrée
en capsules. Vue heure après l'ingestion de Tune de ces der-
nières, on constate que Tair expiré exhale Todeur du myrtol,
et que celte odeur persiste pendant vingt-quatre à qua-
rante-huit heures. Dans les cas de bronchites fétides ou de
jrangrène pulmonaire, il y aurait donc indication à prescrire
deux de ces capsules toutes les deux heures, chaque capsule
contenant 15 centigrammes de substance active.
M. Ëichhorst en aurait, de plus, obtenu les meilleurs résul-
tats pour modérer rexpectoration des phthisiques, tout en consta-
tant que le myrtol ne possède aucune action nécropby tique
contre le bacille de la tuberculose. {Wiener, tned. pressy
1888, i\o i±)
BIBLIOGRAPHIE
Couris de BOolo§^le médicale destiné aux étadlants en
médecine et en pharmacie, rédigé d'après les leçOllS
de M. L. Roule, par M. A. Suis. Edition revue par le pro-
fesseur et précédée d'une préface de M. G. Moquin-
Tandon, avec 420 figures dans le texte. — Toulouse,
Ed. Privot; Paris, 0. Berlhier, petit in-8% 1889.
Voici un livre vraiment original; de plus, c'est un livre
savant, qui fait le plus grand honneur à son aateur. La
morphologie générale des animaux, quoique traitée briève-
ment, est exposée avec netteté. La morphologie spéciale et
la classification occupent la plus grande partie de l'ouvrage;
des figures schématiques ou demi-schématiques, intéres-
santes et très compréhensibles, quoique mal gravées, faci-
litent singulièrement la lecture du texte. Dans ses tendances
générales, M. Roule est évolutionniste ; sa classification
repose sur l'embryogénie et sur d'autres caractères peut-être
discutables; mais, telle qu'elle est, elle constitue un effort
digne d'intérêt et donne une idée suffisamment nette de
l'état actuel de la science en taxonomie animale. Des
tableaux d'une disposition spéciale très heureuse
permettent de saisir d'un coup d'œil les relations des
divers groupes entre eux. c II est permis, dit l'auteur, de les
considérer comme des tableaux phylogénétiques, c'est-
à-dire montrant l'évolution suivie dans ie temps par les
animaux; mais il ne faut pas oublier que nous ne pouvons
encore préciser avec certitude les rapports de certains
groupes avec les autres types du monde animal. Ces tableaux
phylogénétiques ne sont donc exacts qu'en partie, et il ne
faut pas leur accorder une importance qui leur manque. :»
Nous louons la sage réserve de l'auteur, car pour ne parler
que d'un de ces tableaux, celui qui résume la classification
générale, il ne nous montre nullement les relations qui
paraissent exister entre certains annélides et certains
arthropodes par leurs larves, ni celles qui permettent de
rapprocher à certains égards les échinodermes des vers ;
mais ce n'est pas là une critique, car nous faisons allusion
à des questions litigeuses et controversées, qui ne peuvent
dés lors fournir des arguments indiscutables.
M. Roule ne donne que les caraclères des grands groupes;
il ne mentionne que rarement les familles et les genres et
plus rarement encore les espèces. Cependant, en consultant
la table, en feuilletant attentivement le livre et en consul-
tant certains tableaux synoptiques, on peut arriver à savoir
à quel groupe appartient tel animal, dont la connaissance
importe au médecin ou au pharmacien. Mais on ne trouvera
guère plus ; en effet, l'ouvrage est surtout théorique et ne peut
avoir la prétention de rendre les services spéciaux de celui de
M. Blanchard, par exemple. Nous le croyons insuffisant
pour la préparation aux examens des Ecoles de médecine et
de pharmacie; ainsi, pour ne donner qu'un exemple, la
description des bothriocéphaleset des ténias n'occupe guère
que quatre pages. Est-ce à dire que cet ouvrage n'est pas
appelé à rendre des services? Certes, il en rendra même à
l'étudiant en médecine ou en pharmacie, mais aprèsque celui-
ci aura passé son examen de doctoral ou son examen proba-
toire, et dans le cas où il aura l'intention de pousser plus
loin ses études d'histoire naturelle. En d'autres termes,
c'est surtout aux candidats à la licence que l'étude du livre
de M. Roule sera utile; ce sera pour eux uu manuel pré-
cieux.
Notre critique ne porte donc nullement sur le fond du
livre, que nous déclarons excellent et dont nous faisons sin-
cèrement compliment à l'auteur.
L. Hahn.
Causeries scientifiques. — Découvertes et inventions; urogrùs
de la science, etc. — Tome XXVII, année 1887-1888, pai»
Henri de Parville. — Paris, J. Rothschild, éditeur.
Nous avons déjà, à diverses reprises, signalé tout rintérôt que
présentent ces causeries qui passent en revue tous les événe-
ments scientifiques un peu importants, mettent en relief tou3 les
progrès accomplis dans toutes les branches des connaissances
humaines, et indiquent aux chercheurs la voie à suivre pour
6 régresser encore. Initiateur et vulgarisateur, critique et érudît,
[. de Parville est encore et surtout l'un des écrivains scienti-
fiques qui manient le mieux la langue française et qui à la clarté
du style savent toujours joindre 1 élégance de Texpression.
Nous ne ferons que citer, dans ce nouveau volume, les prin-
cipaux articles relatifs aux sciences médicales. Nous y trouvons
toute une série d'études sur Thypnotisme, la suggestion, l'ac-
tion des médicaments à distance, la clinique électro-thérapique
de la Salpétriore, sur les principaux médicaments dont Tusage
s'est récemment répandu, tels que le salol et Tiodoi, Tacide car-
bonique, la narcéine, les injections gazeuses sur les maladies
microbiennes, les inoculations antirabiques, sur la statistique
médicale, etc., etc. On voit que si les astronomes, les physi-
ciens, les chimistes, les ingénieurs, les naturaliste?, etc., tien-
nent tous à garder ce répertoire des inventions et des décou-
vertes modernes, les médecins eux-mêmes y trouveront toujours
un résumé aussi exact que précis des communications faites aux
sociétés savantes, et de découvertes, sinon définitivement con-
lirmécs, du moins dignes de provoquer la controverse.
Le Sinus uho-génital. — Son développement. — Ses anoma-
lies, par le D' R.-A. Issaurat, membre de la Société d'an-
thropologie. Paris, 0. Doin, 1888.
Cette thèse inaugurale a été faite sous Tinspiration de M. le
professeur Mathias-Duval. Elle n'est point fondée sur des re-
cherches originales modifinut les notions classiques, mais elle
réunit et groupe d'assez nombreux faits d*anatomie comparée et
de tératologie, aussi bien chez l'homme que chez la femme.
C'est donc un travail qui sera assez souvent utile à consulter.
VARIÉTÉS
Le « Dictionnaire encyclopédique des sciences
médicales ». — Les lecteurs de la Gazette hebdomadaire
seront heureux d'apprendre que le Dictionnaire encyclo-
pédique des sciences médicales^ commencé en 1864 par
le regretté directeur de ce journal, est aujourd'hui com-
plètement terminé. Les trois derniers volumes de cette
importante publication seront mis en vente cette semaine.
En présentant à l'Académie de médecine le centième volume
du Dictionnaire encyclopédique, M. le Secrétaire perpétuel
a bien voulu, en termes dont nous lui sommes profondément
reconnaissants, rendre un nouvel hommage à la mémoire
de Dechambre, et remercier les nombreux collaborateurs
qui ont aidé le rédacteur en chef de la Gazette hebdoma-
daire à tenir les engagements de son vénéré maître en
terminant, dans les délais voulus, Tœuvre à laquelle il avait
consacré les vingt dernières années de sa vie.
296 — NM8 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3 Mai 1889
LiSTK DES PRIX DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS POUR
l'année 1887-1888. — 1» Prix Barbier. — Douze appareils ou
instruments ont été présentés. La Faculté a décidé : 1** qu'une
somme de 5(M) francs serait attribuée, à titre d'encouragement,
à M. le docteur Auvard, pour ses divers instruments ; 2*| que la
somme de i500 francs, reliquat du prix, serait accordée à la
bibliothèque de la Faculté.
2"» Prix Châteauvillard. — Quatre ouvrages ont été présen-
tés. Le prix est partagé ainsi qu'il suit : 1" 1000 francs à M. le
docteur Gilles de laTourette, pour son ouvrage intitulé : L Hyp-
notisme; 2" 500 francs à M. le docteur Petit, pour son ouvrage
intitulé : Œuvres complètes de Jean Méry; 3** 500 francs à
M. le docteur Blondel, pour son ouvrage intitulé : les Strophan-
tus du commerce.
3** Prix Corvisart. — Le prix, qui consiste en une médaille
dor et 400 francs, a été décerné à M. Morau, externe des hôpi-
taux. La Faculté a décidé que le sujet du concours, pour l'année
1889, serait : Complications du rhumatisme articulaire aigu,
4° Prix Montyon. — Le prix n'a pas été décerné cette année
faute de concurrents.
5*» Prix Jeunesse (Hygiène). — Cinq ouvrages ont été pré-
sentés. Le prix a été partagé également entre les deux concur-
rents, savoir : 750 francs à M. le docteur Â.-J. Martin, pour son
Etude sur la création du Musée d'hygiène y et son mémoire
sur la Désinfection des chiffons ; — 750 francs à M. le docteur
Thoinot, pour ses manuscrits : Etude sur la fièvre typhoïde;
Etude sur la généralisation de la progression de la diphthé-
rie; Etude critique sur quelques points de la suette miliaire.
6* Prix Lacaze (Phthisie). — La Faculté a décidé que le prix,
d'une valeur de 1 i 500 francs, serait décerné à M. le docteur Ma-
lassez, pour ses travaux sur la tuberculose.
7'» Thèses récompensées :
Médailles d'argent. — MM. Berlioz, Blocq, Bourdillon, Demou-
lin, Fugairon, Guérard, Guillet, Marty, Potocki, Vassaux.
Médailles de bronze. — MM. Bt*cavin, Bossclut, Colin, Fou-
bert, Hervé, Joubin, Labruhe,Leiars, Lejpage (Gabriel), Marage,
Marguet, Martin de Gimard, Monprout, Pavlidés, Polguère,
Patein, Pozzi, Raymond, Riocreux, Riomme, Secheyrou, Yarnier,
Yersin.
Mentions honorables. — MM. Belin, Boisvert, Budor, Deme-
lin, Dubar, Dumont, Durel, Ëngelbach, Evrain, Girode, Guèmes,
Jeanselme, Jeanton, Jouliard^ Lancial, Leflaive, Le Page
(Charles), Luquet, Ninovici, Mirassou-Nouqué, Nivière, Odrio-
zola, Perez, Rendon, Roulland, Stint-Hilaire, Semelaigne,
M"" Sollier, Vanneufville, Villemin, Wissard, Ywanovitch.
Faculté de médecine de Paris. — Par décision de la Com-
mission scolaire, en date du 12 avril 1889, MM. les candidals
ajournés avant le 9 juin 1889 sont informés que : i^ les épreuves
pratiques seront renouvelées dans la dernière quinzaine de juin
|à partir du 17 juin) ; 2° les épreuves orales seront renouvelées:
ajiartir du 17 juin pour les candidats ayant échoué avant le
lo mai ; à partir du 1" juillet pour ceux qui ont échoué après le
15 mai et avant le 9 juin.
— La seconde série des travaux pratiques d'histologie du
semestre d'été, commencera le mardi dOavril. MM. les étudiants
de deuxième année sont convoqués individuellement par une
lettre spécia'e.
Faculté de médecine de Bordeaux. — M. Hondot. affrété,
est chargé d*un cours complémentaire de clinique médicale des
maladies des enfants.
HÔPITAL CociiiN. — M. le docteur Dujardin-Beaumelz commen-
cera ses conférences de clinique thérapeutique, le l*^** mai, à dix
heures, à rhôpital Cochin, et les continuera les mercredis
suivants, à la même heure. Il traitera cette année des nouveaux
médicaments et des nouvelles médications.
Le lundi, M. le docteur Bardet traitera de la photographie
appliquée à la médecine ; M. le docteur Dubief, des microbes
pathogènes, et M. Ëgasso, des connaissances pharmaceutiques
indispensables au médecin.
Le vendredi, M. Alcindor s'occupera du parasitisme au point
de vue thérapeutique, et M. Courtois-Suffit, de la séméiologie
de quelques affections du système nerveux.
Congrès d'hygiène et de démographie. — Le Congrès inter-
national d'hygiène se tiendra, du 4 au il août 1889, à la Facult<>
de médecine.
Questions proposées par le Comité d'organisation. —
P Mesures d'ordre législatif, administratif et médical prise>
dans les divers pays pour la protection de la santé et de la vie do
la première enfance. Rapporteurs: MM. Landouzy et H. Napias.
2<* De l'enlèvement et de l'utilisation des détritus solides
(fumiers, boues, gadoues, débris de cuisine, etc.) dans les villes
et dans les campagnes. Rapporteurs: MM. du Mesnil et Journel.
3° Régime et distribution de la température dans l'habitation.
Rapporteurs: MM. Emile Trélat etSomasco.
4** Action du sol sur les germes pathogènes. Rapporteurs:
MM. Grancher et Richard.
5<* Protection des cours d'eau et des nappes soulerraine>
contre la pollution par les résidus industriels. Rapporteurs:
MM. J. Arnould et A.-J. Martin.
6° De l'assainissement des ports. Rapporteur: M. A. Proust.
7** Accidents causés par les substances alimentaires d'origino
animale contenant des alcaloïdes toxiques. Rapporteurs: MM.]'.
Brouardel, Pouchet et Loye.
8** De la statistique des causes de décès dans les villes. Rap-
porteur: M. J. Berlillon.
Congrès international de médecine mentale. — Question.^
posées par le Comité d'organisation : i*^ Pathologie mentait'.
Obsessions avec conscience (intellectuelles, émotives et instinc-
tives). Rapporteur: M. J. Falret.
2<> Législation. Législation comparée sur le placement des
aliénés dans les établissements spéciaux, publics et privés.
Rapporteur: M. B. Bail.
ô'* Médecine légale. De la responsabilité des alcoolisés. Rap-
porteur: M. Motet.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi 10 niaii.
— Ordre du jour: M. Comby : Rapport i.ur les mesures à
prendre pour combattre la transmission des maladies conta-
gieuses dans les hôpitaux d'enfants. — M. Ballet: Sur quelques
troubles réflexes d'origine gastro-intestinale. — M. A. Renault;
Note pour servir à l'histoire de la pneumonie infectieuse.
Avis. — Le poste de médecin sanitaire de France à Suez est
vacant. Le traitement est de iOOOO francs. Pour tous renseigne-
ments s'adresser à MM. les professeurs Brouardel ou Proust, à
Paris.
Mortalité a Paris (1G* semaine, du 14 au 20 avril
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde,?.
— Variole, 7. — Rougeole, 29. — Scarlatine, 2. — Coque-
luche, iO. — Diphthérie, croup, 31. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 20S. — Autres tuberculoses, 25. — Tumeurs:
cancéreuses, 38 ; autres, 7. — Méningite, 46. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 45. — Paralysie, 5. —
Ramollissement cérébral, 6. — Maladies organiques du cœur, 31i.
— Bronchite aiguë, 25. — Bronchite chronique, 39. — Broncho-
pneumonie, 25. — Pneumonie, 63. — Gastro-entérite: sein, 0;
biberon» 36. — Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 3. —Autres affections puerpérales, 3. — Débilite con-
génitale, 28. — Sénilité, 31. — Suicides, 11. —Autres morts
violentes, 4. — Autres causes de mort, 186. — Causes
inconnues, 6. — Total: 972.
OUVRAfiES DÉPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Gkimie inorganique et organique, botanique et zoologie, notes servant à U pré-
paration de l'oxamen du premier doctorat, recueillies et publiées par M. le
docteur L.-N. Worthlnglon. 4 vol. in-8«. Pari», 0. Bcrthier. t^' ^'*
Thérapeutique, ligaturée de» artères, trachéotomie et largngotomie, notes serrant
à la préparation de l'examen du quatrième doctorat, recueillies et publiées par
M. le docteur L.-N. Worlhinglon. 4 vol. in-»". Paris, 0. Berthier. *<^''"
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
41)005. — MOTTBROZ. — Imprimeries niunies, A. me Mignon, 2. P«">-
r- y^Ty.
3 Mm 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — NM8 — 297
SUPPLÉMENT THÉRAPEUT1QU.E
DB LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE llT DE CHIRURGIE
THÉRAPEUTIQUE
De Itt Cré<«#tc,
La créosote découverte en 1830, par Reichembach, fut
tout d'abord l'objet d'un certain engouement bientôt
suivi d'un abandon à peu près complet.
La difGculté que les médecins éprouvèrent à obtenir de
la créosote vraie fut probablement la cause de cet oubli.
En eOiet, le plus généralement, au lieu de l'extraire du
goudron de hêtre, ou simplement du goudron de bois, on
l'obtient par distillation des huiles lourdes de houille, et
on livre au commerce un mélange impur d'acide phénique
qui souvent ne renferme pas trace de créosote.
La créosote n'a pris la place importante qu'elle occupe
actuellement dans la thérapeutique qu'à partir des tra-
vaux des docteurs Bouchard et Gimbert {Gazette hebdo-
madaire, 1877).
Le professeur Bouchard avait soumis 93 phthisiques à la
médication créosotée. La dose initiale était de 40 centi-
grammes par jour; elle fut continuée, pour la plupart des
malades, sans variation, pendant toute la durée de la cure ;
dans quelques cas, elle fut élevée à 60 ou 80 centigrammes
et même 1 gramme. Sur ces 93 malades, 54 ont bénéficié
de ce traitement et 35 parurent définitivement guéris.
Un grand nombre de praticiens adoptèrent cette médica-
tion et confirmèrent ces résultats, non seulement en France,
mais aussi à Tétranger. Pick à Coblentz, J. Sommerbrodt
et Prœnliel, à Berlin, l'appliquèrent sur une large échelle.
Ces deux derniers ont publié, en 1887, les résultats de
leur eipérienoe personnelle.
J. Sommerbrodt a soumis à la créosote tous les tuber**-
culeux qui se sont présentés à lui depuis neuf ans, et,
spécialiste très recherché, il n'en évalue pas le chitTre à
moins de 5000. Il emploie de préférence des capsules de
gélatine contenant chacune 5 centigrammes de créosote,
parce que ce mode d'administration est plus pratique, plus
agréable et plus économique.
Il en fait prendre progressivement une le premier jour,
deux le second, trois par jour jusqu'à la fin de la pre-
mière semaine, à raison d'une aussitôt après le repas, dans
une cuillerée d'eau ; la deuxième semaine, il en prescrit 4,
la troisième semaine, 5, et 6 la quatrième.
Le malade continue à prendre 6 capsules par jour pen-
dant une durée de plwieurs mois. Un grand nombre de
malades ont pris ainsi sans interruption de 600 à 1200 cap-
sules, et l'un d'eux est aUé jusqu'à 2000.
Ce sont à peu près les mêmes prescriptions que celles
des médecins français. Les effets constatés ont également
été les mêmes que ceux annoncés par le professeur
Bouchard.
Les effets du traitement sont surtout apparents et rapides
dans les tuberculoses au début, dans le catarrhe du sommet
avec induration.
Au bout de huit à quinze jours, quelquefois plus tôt, on
obtient une diminution de l'expectoration, puis secondai-
rement de la toux. Après quelques jours, la fièvre diminue
ou cesse, l'appétit, les farces et l'embonpoint ne tardent
pas à revenir. Il n'est pas rare de voir les sueurs se sup-
primer après trois semaines de traitement.
Ces effets remarquables de la créosote dans les affec-
tions de poitrine pouvaient être pressentis d'après son
origine, étant données les propriétés reconnues du goudron
médicinal, qui renferme 25 pour 100 de créosote.
La créosote, qui a donné de si beaux succès dans laphthi-
sie, donne des guérisous plus rapides et plus parfaites dans
des affections moins graves, telles que le catarrhe pul*
monaire et la bronchite chronique.
D'après Bouchard (de Paris), la créosote aurait une action
élective sur la lésion pulmonaire. De son côté, Sommer-
brodt (de Berlin) est convaincu que la créosote possède
une action spécifique véritable.
Ces expérimentateurs ont employé la créosote à l'exclu-
sion de tout autre médicament dans le but de mieux juger
de ses propriétés.
Ce qui a été dit ci-dessus démontre l'importance qu'il y
a à s'assurer de la pureté de la préparation dont on se
sert. A Paris, dans les hôpitaux, une des préparations de
créosote souvent employée, est celle qui est connue sous le
nom de « Perles de créosote de Clertan ».
Les perles du docteur Clertan contiennent, chacune,
5 centigrammes de créosote, sous une enveloppe mince
et transparente, d'une solubilité parfaite.
Les perles du docteur Clertan sont hautement appréciées
par les médecins de tous les pays, pour la perfection de
leur fabrication et la pureté des produits qu'elles renfer-
ment.
(Extrait du Bulletin médical.)
18..
— N« 18 —
GAZETTB HEBDOMADAIRE DB MÉDECINE ET DE CHIRORGIE
'3 Mai 1889
THÉRAPEUTIQUE
Perle* da docteur ClerUrn.
Approbation de F Académie de médecine de Paris.
Primitivement appliquée à Téther, la découverte du
docteur Clertan a permis d'emprisonner ce corps si volatil
et de le porter dans l'estomac à dose fixe et sans aucune
perte. Le même procédé a été appliqué à la plupart des
substances, liquides ou solides, dont la volatilité, la saveur
ou l'odeur rendaient l'administration difficile.
HH. les Médecins pourront ainsi proscrire, sans aucun
désagrément pour le malade, VIodoforme, la Créosote^ la
VaUrianey le Castoretim, VAssa-fœtida^ tous les Sels de
Quinine^ Sulfate, Bisulfate, Chlorhydrate^ Bromhydrate,
Valérianate, Salicylate, Lactate, etc., VEssence de Téré-
benthine, la Mixture de Durande, les Gouttes ou Liqueur
d'Hoffmann, VEssence de Santal, et les substances nou-
vellement, introduites dans la Thérapeutique, telles que le
Terpinolj le Gatacol, etc., etc., auxquelles ce mode de
préparation pourra s'appliquer avec avantage.
Ces substances et les perles de nom correspondant peu-
vent être partagées eu séries suivant leurs propriétés et
leurs applicaUons:
!'• SÉRIE. — MAUDIES D£ L'APPAREIL RESPIRATOIRE.
a. Perles de Créosote de Clertan. — 5 centigraniines par
perle. Dose moyenne, à par jour.
b. Perles de Gaiacol de Clertan. — 5 centigrammes par
perle. Dose moyenne, 4 par jour.
c. Perles d'iodoforme de Clertan. — 5 centigrammes par
perle. Dose moyenne, 4 par jour.
d. Perles de Terpinol de Clertan. — 30 centigrammes par
perle. Dose moyenne, 4 par jour.
2" SÉRIE. — LITHIASE BILIAIRE.
a. Perles du Durande de Clertan (Éther, S p.; Ess. de 1er.,
3 p.; ensemble, 20 centigrammes). Dose, 6 à 10 par jour.
b. Perles de Chloroforme de Clertan, — 45 centigrammes
par perle. Dose, 4 par jour. (Vomissements^ hoquets, mal de
mer.)
Z^ SÉRl^ — MÉDICATION ANTISPASMODIQUE.
a. Perles d^Éther de Clertan. — 20 centigrammes par perle.
Dose, 4 à 10 par jour. (Migraines, .céphalées rebelles, accès
d'asthxae, crampes d'estomac, tendances à la syncope.)
b. Perles d'Hoffmann de Clertan (Éther, 1 p.; alcool, 2 p.;
ensemble 20 centigrammes). Dose, 4 à 10 par jour. (Mêmes
indications que pOur les perles d'Éther, et plus particulière-
ment nausées, digestions douloureuses, indigestions, vomisse-
ments.)
c. Perles de Valériane de Clertan. — 20 centigrammes de tein-
ture éthérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Vertiges, élourdissemenls,
palpitations nerveuses.)
d. Perles d'Assa-fœtida de Clertan. — 20 centigrammes de
teinture éthèrée. Dose, 4 à 10 par jour. (Spasmes, sufi'ocation,
boule hystérique, œsophagisme, chlorose.)
e. Perles de Castoreum de Clertan, — 20 centigrammes de
teinture éthérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Dysménorrhée, coliques
de la menstruation, gonflements du ventre.)
/. Perles d'Apiol de Clertan. — 5 centigrammes» (Mêmes
indications.)
g. Perles d'Essence de Térébenthine de Clertan.— 20 centi-
grammes. Dose, 4 à 10 par jour. (Migraines, névralgies faciales
sciatique, lumbago.)
4« SÉRIE. — MÉDICATION aUINIQUE OU KÉBRIFUGB.
a. Perles de Bromhydrate de quinine de Clertan, à 10 cen-
tigrammes de sel chimiquement pur.
b. Perles de Bromhydrate de quinine de Clertan, à 10 cen-
tigrammes de sel chimiquement pur,
c. Perles de Sulfate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
d. Perles de Bisulfate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur..
e. Perles de Valérianate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de 5^/ chimiquement pur.
f. Perles de Salicylate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
g. Perles de Laotate de quinine de> Clertan^ à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
5* SÉRIE. — MÉDICATION HYPNOTIQUE.
a. Perles d'hypnone de Clertan, à 10 centigrammes. Dose,
2 à 4 par jour.
6« SÉRIE. — MÉDICATION BALSAMÏUUE.
a. Perles de Santal de Clertan, à 30 centigrammes. Dose,
2 à 12 par jour.
D'une manière générale, les Perles du docteur Clertan
contiennent cinq gouttes de médicament liquide ou 10 cen-
tigrammes de médicament solide.
Les Perles du docteur Clertan sont 1res promptement
dissoutes dans Testomac : peu d'instants après riagestion
d'une perle d'éther, par exemple, l'ascension de vapeurs
témoigne de la rupture de Tenveloppe.
Par leur volume, leur aspect brillant, les préparations du
docteur Clertan représentent bien exactement des sortes
de perles : la transparence et la minceur de la couche géla-
tineuse permet de voir le médicament en nature et de s'as-
surer ainsi de son état de conservation.
En prescrivant, sous le nom du docteur Clertan et avec
la garantie de son cachet, les divers médicaments énuraérés
ci-dessus, MM. les Médecins sont assurés d'avoir des prépa-
rations pures et rigoureusement dosées.
Tous les produits inclus sout ou fabriqués de toutes
•pièces ou analysés à notre laboratoire^
La Maison L. Fkeee, 19, rue Jacob, Paris, propriétaire
de la marque et des procédés du docteur Clertan, a mérité
les plus hautes récompenses. Médailles d'or uniques, décer-
nées aux produits pharmaceutiques aux Expositions unt-
i'^rse/fes de Paris(1878) et de l'étranger, Amsterdam (1883),
Sydney (1888).
Les préparations du docteur Clertan sont recommandées
en plusieurs endroits du Traité dethérapeutiqmde Trous-
seau et Pidoux, notamment p. 289 et p. &U, t. II, 7' édit.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
1883i. — MOTTBaos. — liDprkHri«« fëmilec, A, tue Mlffoo», 2. Pftais»
Trehte-sixi&iib àknée
«• 19
10 Mai 1889
GAZETTE nEBDOMADAlRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, G. DIEUUFOY. DREYFUS-BRISAC. FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, H, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRB. — BuLLirrN. — Gliniqub «éDiCALB. Nouveaux ël<^ont8 de
din^noslic différentiel entre le cancer et l'ulcèro do l'esloniAC. Hy{>oazoluric
uncér<*u8c. —FORMULAIRE THéRAPBUTiQUB. De l'admiDitlration de la créosote
à riniûrieuK >- Rlvi*B DF.s COURS ET DES CLINIQUES. FacuUé de inédeclne.
Cuurs d« (Nithologie interne; M. le professeur DieuiaCoy ; Sypbili;» du |kh^kmi
el de U plèvre. — Travaux originaux. Clinique médicale : Sur deux cas
de sunnroafe. — Un cas de iniiladto de Morvan, suivi d'uutoptie. — Sociétés
SAVANTES. Acadétnie do médcLino. — Société do chirurgie. — Société de bio-
logie.— Bibliographie. Surgirai bac le: îolog>-. —Traité d'osléologic comparée.
— Variétés. — Fkl'illeton. Élofe do A. Dcchambre.
BULLETIN
Paris, 8 mai 1889.
Académie de médecine : Le tétémom.
La discussion soulevée devant FAcadémie, par le rapport
de M. Verneuil sur les observations de HM. P. Berger et
lUchelot, n'aura élé ni sans intérêt ni sans utilité. On a pu
en suivre, ici même, les diverses phases, et à plusieurs
reprises nous en avons fait ressortir les seules conclusions
qu ou en puisse aujourd'hui déduire. Les nouvelles obser-
vations présentées par M. Verneuil et les remarques de
M. Goubaux ne nous semblent pas de nature k les modifier.
Ainsi que lavait dit M. A. (luérin, aussitôt après la lec-
ture du rapport de M. Verneuil, il reste démontré que le
tétanos est inoculable et que, par conséquent, sa contagion
ne peut être contestée en principe; mais, d'autre part, les
faits positifs invoqués pour prouver la contagiosité du té-
tanos sont très rares; le plus souvent même ils peuvent
être interprétés d'une autre manière. Enfin ce que Ton
savait jusqu'à présent du mode de genèse et de propagation
de la maladie n'explique pas comment ont pu se dévelgjgper
fret g'rànUës épidémies jâMis observées sur l« armées en
campagne. Ces épidémies ne peuvent être comprises que
si Ton admet la contagion. De leur côté, presque tous les
orateurs qui ont pris part à la discussion' académique, en
particulier MM. Nocard, Trasbot, Leblanc, admettent aussi
que le tétanos est une maladie infectieuse, inoculable. Si
quelques-uns d'entre eux contestent encore la valeur des
recherches entreprises pour isoler et cultiver le microbe
pathogène, ou du moins s'ils hésitent à voir dans ce microbe
un agent infectieux dont le rôle reste prépondérant;
d'autres, et à leur tète M. Nocard, démontrent, avec l'auto-
rité que donnent leurs recherches personnelles et une
connaissance approfondie de tout ce qui a trait aux études
microbiologiques, non seulement que le microbe du tétanos
existe, mais encore qu'il agit surtout, sinon exclusivement,
par les ptomaïnes qu'il sécrète dans le foyer même de lu
plaie d'inoculation.
Reste il est vrai, au point de vue clinique, l'influence
indéniable des conditions extérieures dans lesquelles se
sont trouvés les sujets atteints de tétanos et celle non moins
évidente des prédispositions individuelles, en ce qui con-
cerne l'espèce humaine. Toutefois, comme l'a si bien dit
M. Ve;*neuil, jamais on ne provoquera, jamais on ne déter-
minera le tétanos en réunissant, voire même en rendant
plus intenses dans leurs effets, ces causes prédisposantes
ou ces conditions climatériques, atmosphériques, etc., qui
FEUILLETON
Ëloi^e de A. Deebambre
par M. le docteur A. RiTii (1)
Messieurs, notre siècle a vu des médecins qui, sans titre
ufiiciel ni attache a aucun corps constitué, surent acquérir,
Krâce à leur savoir et à leur talent, une autorité légitime : leurs
appréciations étaient impatiemment attendues, leurs critiques
redoutées et leurs conseils fréquerameut suivis. Ces médecins
«'étaient des journalistes; ils se nommaient Jules Guérin, Amédée
Latour, Peisse, Dechumhre, Brochin: tous esprits supérieurs et
écrivains d'un rare mérite, également passionnés pour la propa-
gation de la vérité scientilique et la défense des droits profes-
sionnels.
(t; Nous sommes heureux de pouvoir mettre sous les yeux des lecteurs de la
ilaieite luldomadaire l'éloquent hommage que M. le docteur llilti vi»'at do
rendre à la mcrooiro de Dbchambro, duns la derniërc «éaiiec de la Société
Dtédico-piycbolugique. la R.
2- SéUS, t. UVI.
Le premier — le maître — fonda la Gazette médicale de
Paris, dans laquelle les autres tirent -leurs premières armes.
Savant de premier ordre, mais tempérament agressif, il aimait
la lutte et la recherchait; il se jetait volontiers en pleine mêlée,
frappant d'estoc et de taille, ne concédant jamais rien, sûr, en
agissant ainsi, de faire taire ses adversaires et de rester maître
fin champ de bataille.
Intelligence de moindre envergure, mais nature plus souple,
Amédée Latour était admirablement doué pour faire valoir les
idées des autres Pendant près d'un demi-siècie, il a mis sa
plume si vive et si alerte au service des causes les plus diverses,
dont la plupart excellentes ; mais ce qu'il a dépensé d'esprit,
de verve et de sensibilité, pour fonder et développer TAsso-
ciation générale des médecins de France, ceux-là seuls le savent
qui ont pris la peine de feuilleter la collection de VUnion
médicale,
Brochin, Dechambre et Peisse étaient, à des degrés et à des
titres divers, des philosophes, c|ue Je soujci consistant des idées
général s'éloignait de l'empirisme pur. Pour eux, l'étude de la
^médecine était moins un but qu*un moyen, celui d'augmenter la
19
298 — N« 19
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE !ET DE CHIRURGIE
(10 Mai 1880^
contribuent cependant à rendre si efficace et si nocive Tin-
troduction du virus dans l'organisme.
M. Goubaux a cité à ce point de vue des faits bien instruc-
tifs. A la ferme de Vîncennes, il y a vingt-cinq ans, on fit
châtrer 33 béliers par un vétérinaire; ces 33 béliers suc-
combèrent au tétanos. Il en restait 28. Après avoir attendu
quelque temps, M. Goubaux opéra ces 23 béliers, et pas un
d'eux ne fut atteint de tétanos. Au lieu d'expliquer la mort
des premiers par Tinfluence d'un vent un peu frais et d'un
air plus ou moins chargé d'électricité, n'est-il pas infini-
ment plus rationnel d'admettre que le premier vétérinaire
a contaminé tous les animaux qu'il a opérés, et cela sans
doute à l'aide de ses instruments?
Il ne nous parait point nécessaire d'insister davantage. Le
tétanos étant une maladie infectieuse, sa transmissibilité
ne peut être niée. Elle existe au même titre que celle de la
tuberculose et de la fièvre typhoïde. Ces maladies, dont on
reconnaît aujourd'hui la nature microbienne, ne sont,
elles aussi, que très peu contagieuses. C'est en vain que nous
avons recherché, pour répondre à l'enquête entreprise il y a
quelques années par la Société médicale des hôpitaux, des
observations positives démontrant la contagiosité de la
phthisie. Il en à été de même quand nous avons dépouillé
nos observations de fièvre typhoïde. Et, cependant, d'autres
médecins ont été plus heureux. Il en sera de même sans
aucun doute pour le tétanos. Déjà M. Verneuil et M. Nocard
ont cité à cet égard des faits positifs en assez grand nombre
pour entraîner la conviction de tous les esprits non prévenus.
Résumons donc cette longue enquête en répétant ce que
nous avions dit il y a deux mois : Le tétanos parait être une
maladie infectieuse, inoculable, transmissible des animaux à
l'homme, et, réciproquement, par les objets et les instru-
ments qui ont touché un tétanique. Le virus qui détermine
la maladie est sécrété par un microbe spécial qui a été
inoculé et cultivé. Quant à l'origine première de ce microbe,
elle reste encore obscure. D'assez nombreuses observations
tendent à démontrer qu'il se trouve le plus souvent mélangé
à des produits ayant été en contact avec divers animaux ou
ayant reçu leurs déjections. La terre, la paille, etc., seraient
le plus fréquemment ces agents de transmission. Il en serait
donc du tétanos comme d'un grand nombre d'autres mala-
dies infectieuses. Le germe morbide se régénérerait et
prendrait plus d'intensité en passant par le sol.
Quel que puisse être l'avenir de cette doctrine, il faut
reconnaître que les considérations prophylactiques qui en
découlent sont à la portée de tous, et que leur utilité ne
trouve aucun contradicteur. Si, en les appliquant avec la
rigueur qui caractérise aujourd'huilesméthodes d'antisepsie,
on arrive à restreindre, ou même à faire disparaître le téta-
nos chirurgical, comme on a vu disparaître le tétanos dii
rhumatismal, on ne niera plus l'immense service qu'aura
rendu H. Verneuil en appelant sur ce sujet l'attention et la
sollicitude des vétérinaires et des chirurgiens.
CLINIQUE MÉDICALE
Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu-Saint-Éloi, i»k
Montpellier. (Service de M. le professeur Grasset).
IVouveaax éléments dé dtai^nostle différentiel entre
le eaneer et Tnleère de l*estoniae. Dypoiisoturlr
eaneéreuse.
Le diagnostic différentiel entre le cancer et Tulcèrc dt'
l'estomac est quelquefois entouré des plus grandes difficultés.
On ne trouve, en effet, dans les traités classiques, aucun
signe franchement pathognomonique qui affirme neltemenl,
dans un cas donné, l'existence de l'une ou l'autre affection;
les auteurs se bornent à énumérer un ensemble de carac-
tères, dont la réunion plus ou moins complète chez un sujet
fera plus du moins pencher la balance d'un côté ou de
l'autre. En faveur du cancer, on fera valoir l'âge avancé du
malade, la localisation de la douleur au creux épigastriquc,
la manifestation tardive des vogiissements après l'ingestion
des aliments, la coloration noirâtre des hématémèses, la
dilatation stomacale, la présence d'une tumeur ou d'une
induration dans la région de l'épigastre, la cachexie jaune-
paille, la production de l'œdème blanc douloureux, la
marche rapide et régulièrement progressive de la maladie.
L'ulcère bénéficiera du syndrome suivant : jeunesse du
sujet, irradiation de la douleur épigastrique à la colonne
vertébrale, vomissements précoces, teinte rutilante de>
hématémèses, absence de dilatation, d'induration épigas-
trique, de cachexie spéciale, marche variable de l'affection
et rémissions fréquentes au cours de son évolution.
Malheureusement il est nombre de cas dans lesquels une
partie des signes spéciaux qui viennent d'être énumérés font
défaut, ou encore dans lesquels on observe le décevant
mélange des symptômes propres à chacune des deux affec-
tions. Un sujet atteint d'ulcère stomacal, qui se trouvait
somme des connaissances scientifiques, seul terrain solide sur
lequel puissent s'édifier les plus hautes spéculations. De tels
esprits accueillirent avec faveur la création de la Société médico-
psychologique, qui devait se consacrer à Tétude de la nature
numaine sous ses multiples aspects. Tous trois s y firent inscrire
comme membres fondateurs et prirent une part active à ses
travaux.
Nommé, dès le premier jour, secrétaire général, Dechambre
eut la délicate mission de guider les premiers pas, nécessaire-
ment un peu timides, de notre Compagnie, qui depuis a pris une
extension que ses débuts ne permettaient guère de prévoir. Gela
seul suffit pour que nous honorions sa mémoire ; mais les
services signalés qu'il a rendus à la médecine ne sauraient nous
laisser indifférents. C'est pour moi une tâche bien douce de
vous les rappeler et de rendre ainsi un dernier et solennel
hommage à ce savant distingué, d'un esprit si juste et si péné-
trant, à ce moraliste fin et délicat, qui a bien voulu m'honorer
de son amitié. • , ,
M. Ritti raconte ensuite les premièreh années dr i.i \ie de
Dechambre. Comme il veut bien le dire, cet exposé historique
est emprunté en grande partie à la notice qui a paru ici
même (1).
Nous ne citerons donc que quelques extraits de cette première
partie:
L'histoire, dit-on, ne se répète jamais. On serait plutôt porte
à dire qu'elle est une imitation, lorsqu'on suit les diverses étapes
scientifiques de l'hospice de la Salpètrière. A cela, rien de sur-
prenant. Les sujets de recherche y sont toujours les mêmes; lf>
observateurs seuls changent, qui contribuent tous, chacun seJoo
(1) L. Lcri'bouUcl, A. Dechambre. ta vie et tet œuvres. Paris, 18»î7.CV?i
assurément la biographie la plu* complète et la plus exacte qui ait tHé publiée sur
Docharabre; nous croyons même qu'il est difficile de faire mieux. Notrr «vanl
ami, Al. Lercboullet, a épuisé le sujet; nous devons ajouter qu'il l'a irjiic. n<">
seulement en érudit, mais en homme de cœur. Le portrait qu'il a trace du niaiir«
restera. Venant après lui, notre t;\chc devenait plus facile: nous n'avions M"'
puiâcr dans les rensciçnomcnts si nombreux qu'il nous fournissait- iN"?"* '"
ùxottir largement profilé, et, si cet Éloge a quelque \dlenr, il le devra turtt'ui a
cette collaboration. A. Ritti.
10 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE^CHIRURGIE
N» 19 — 299
réceminenl dans nos salles, a présenté, à quelques mois
(i*inlerva]le, un vomissement de sang noir et une hématé-
mèse rutilante. On a vu, d'un autre côté, la sclérose hyper-
trophique, si fréquente aux abords de Tulcère, être con-
fondue avec une induration spécifique. Enfin Faspect
anémique du malade épuisé par des hémorrbagies tenant à
la présence d'un ulcus peut être fort difficile à distinguer de
ta (T cachexie par intoxication j» du cancéreux. Inutile d'in-
sislersur les caractèresde la douleur, Tépoque des vomisse-
ments, la présence des oedèmes, la dnrée de la maladie, qui
ne fournissent bien souvent que des données équivoques.
D'ailleurs, sans pénétrer plus avant dans la critique des
signes différentiels fournis par la plupart des classiques
(sous toutes réserves, il faut l'avouer), il suffit, pour se con-
vaincre de leur insuffisance, de jeter les yeux sur les per-
fectionnements incessants que la clinique moderne cherche
à leur apporter, et de passer en revue les procédés nouveaux
tendant à faciliter la solution du problème.
£n 1880, M. Troisier observe V envahissement des
tjanglions sus-claviculaires dans trois cas de cancer
de Testomao, en fait part à la Société médicale des hôpi-
taux (1), et insiste sur l'importance diagnostique de ce
symptôme. En 1888 (2), il revient sur le même sujet; tout
récomment enfin (3), il vient de publier une intéressante
étude sur Tadénopathie sus-claviculaire dans les cancers de
labdomen. L'infection ganglionnaire à distance, si on
Tobservait à tout coup, aurait une importance considérable
au point de vue de la diagnose ; malheureusement l'in-
constance du phénomène lui enlève beaucoup de sa
valeur.
M. Hayem (4), en 1887, et, après lui, H. Georges Alexandre,
dans sa thèse (5), révèlent un nouveau caractère des tumeurs
inalignes en général, dont l'application peut être faite au
cancer de Testomac: il s'agit d'une leucocytose qui accom-
pagnerait d'habitude les néoplasmes malins et porterait,
dans certains cas, au chiffre de 21000 par millimètre cube
U' nombre des globules blancs du sang, dont la moyenne
physiologique ne dépasse jamais 9009. Pareille constatation,
émanant d'un maître dont les affirmations reposent toujours
sur des faits nombreux et précis, a une valeur incontestable.
ri) Troisier, Bull, de la Soc. méd. des hôp,, »cance du 8 octobre 1886.
{?' Troisier, ibid., séance dn 14 décembre 1888.
(31 Troisier, Àrch. gén. de méd., février-mars 1889.
(\) Uayum, BuU. de la Soc. de biologie, séances du 30 avril et du 7 mai 1887.
:>} .\lexaiidre, De la leueocytote dans les cancers et de la nature du cancer,
riie^.' de Taris, 1887.
Mais la méthode ne s'applique pas à tous les cas, M. Hayem
le déclare lui-même; pour que l'examen du sang ait une
signification diagnostique, il faut que la tumeur ne soit pas
ulcérée. De plus, ces recherches nécessitent un outillage et
des manipulations qui ne sont pas à la portée de tout prati-
cien. Aussi le procédé, tout en méritant une considération
particulière dans les services hospitaliers auxquels est
annexé un laboratoire, paraît devoir difficilement entrer
dans la pratique courante.
Une autre méthode d'investigation, signalée il y a trois
ans et aujourd'hui à peu près universellement répandue,
consiste dans l'examen chimique du suc gastrique et la
recherche de Vacide rhlorhydriqtie libre.
On sait que, normalement, le contenu de l'estomac en
état de vacuité est acidifié par l'acide lactique; demi-heure
environ après l'ingestion des aliments, une certaine quantité
d'acide chlorhydrîque commence à se mélanger à l'acide
lactique; au bout d'une heure, on ne trouve plus que de
l'acide chlorhydrique. Ce dernier peut être facilement décelé
dans les vomissements, grâce à une série de réactifs: violet
de méthyle, violet de gentiane, rouge du Congo, orangé
Poirier, vert brillant (Lépine), fluoroglycîne vanilline
(G. Sée), papiers réactifs, etc.
Or, dans le cancer de l'estomac, il se produirait dans le
fonctionnement de l'organe une perturbation telle que
l'acide chlorhydrique ne serait plus sécrété. L'absence des
réactions que nous venons d'indiquer permettrait de
constater, à un moment donné de la digestion stomacale,
qu'il a complètement disparu du suc gastrique. Un pareil
trouble de nutrition ferait entièrement défaut dans l'ulcère
où la composition du suc gastrique est normale.
Pour beaucoup d'auteurs [Van den Velden, Debove(l),
Jaccoud (2), Dieulafoy (3), G. Sée (4), C. Paul (5),
Lannois (6)], le critérium fourni par l'étude chimique des
sécrétions stomacales est d'une certitude presque absolue,
moyennant certaines précautions prises avant de pratiquer
l'examen (repas d'épreuve, etc.). Et cependant, à mesure
que les recherches se multiplient, des résultats contradic-
toires sont obtenus et publiés. M. Lépine (7) refuse à ce
(I) Dcbovo, Soc. méd. des hôp., décembre 1886.
(i) Jaccoud, Leçons cliniques, 1887*1888, p. SiC.
(3) Dieulafoy, Semaine médicale, 1888, p. 3.
(i) G. Sée, Académie de médecine, fcancc du 17 janvier 1888.
(5) C. Paul, ibid, 21 février 1888.
(6) Lannois, Revue d/e médecine, mai 1887.
(7) Lépine, Soc. méd. des hôp., février 1887.
son inclination et son pouvoir, à l'augmentation du capital scien-
lilique déjà Hccumulé. Parmi ces sujets de recherche, toujouw
renaissants, il est curieux de trouver, à plus d'un demi-siècle de
distance, ce qu'on appelle aujourd'hui Thypnotisme et qui portait
autrefois le nom de magnétisme animal. A Têpoque où Kostan,
Ksquirol et son élève Georget s'en occupèrent, on peut dire que
la question n'était pas mûre ; elle n'était surtout pas dégagée de
cette compromission charlatanesque qui lui a nui si longtemps
auprès des corps savants. Ils firent cependant de leur mieux
pour extraire la vérité scientifique des multiples singularités de
cr phénomène aux allures si mystérieuses; ils poussèrent même
plus loin leurs expériences: ils essayèrent les effets du magné-
lism«» sur le traitement de la folie.
Déjà en 1813, puis en 1816, Esquirol avait fait avec le brahmane
Faria quelques tent-itives de ce genre sur onze femmes aliénées, "
inaniaques et monomaniaques; mais elles n'eureni aucun résultat.
l lie seule de ces malades, éminemment hystérique, céda à l'in-
Ihiencr magnétique; mais son délire n'éprouva pas de change-
ment. Le magnétisme ne produisit aucun efl'et sur les dix autres
aliénées. Le grand ajiéniste ajoute qu'il répéta plusieurs fois,
avec divers magnétiseurs, ces inémes essais, sans obtenir plus
de succès (1).
Interne d'Esquirol, Georget assista aux expériences de 1816.
Doué d^une merveilleuse activité d'esprit et plus excité que rebuté
par les diificultés, il reprit les expériences de magnétisme
animal, t sans enthousiasme, dès le premier abord >, comme il
Favoue lui-même. Après avoir longuement c vu, observé, expé-
rimenté 1, il passa « de l'incrédulité, ou plutôt de Tignorance, à
la croyance, a la connaissance des faits », selon ses propres
paroles. Mais de la croyance à la crédulité, il n'y a, en pareille
matière, qu'un très petit pas à franchir, et Georget, on peut le
dire, l'a sauté. Il lui a suffi de rencontrer un jour une certaine
hysléro-épileptique,.atteinte de somnambulisme magnétique qui
lui donnât des indications — un peu fantaisistes, il faut l'avouer —
sur le jour et l'heure de ses attaques, sur le traitement à lui
faire suivre et mémo sur saguérison radicale prochaine. Georget,
émerveillé, en conclut que € celte personne lui a otfert des phé-
nomènes fort étonnants de prévision et de clairvoyance^ telle-
(1) E&quiiult Des maladies mentales. Kdii. bcib'e, I. î, p. 78.
300 — N* 19
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
10 Mm 1889
signe toute créance. Rosenheim trouve l'acide chlorhydrique
en excès dans un cas de cancer où la muqueuse n'était pas
atteinte; par contre, cet acide fait défaut dans un cas
d'atrophie non cancéreuse de l'organe. Ewald et Litten
constatent son absence dans certaines névroses de l'estomac,
Schœffer dans la dilatation stomacale d'origine non spéci-
fique.
Si la méthode précédente eût donné une absolue certi-
tude, si l'on avait pu affirmer, d'après les résultats de
l'examen, l'existence d'un ulcère ou d'un cancer, point
n'eût été besoin de rechercher de nouveaux procédés : la
seule analyse du suc gastrique eût suffi dans tous les cas, et
personne n'aurait songé à reprocher à la méthode ses légers
inconvénients. Mais du moment que des doutes s'élèvent sur
l'exactitude des données fournies par l'étude du contenu
stomacal, il est permis de faire ressortir ces inconvénients,
et eu particulier de présenter une objection pratique, un
peu sentimentale peut-être, mais qui paraît justifiée par les
faits.
Un cancéreux ne vomit pas toujours et présente quelque-
fois, relativement à ce symptôme, des périodes d'accalmie.
Yomirait-il habituellement, les vomissements peuvent se
produire à une autre heure que celle à laquelle l'examen
des évacuations serait le plus favorable. Enfin, la qualité des
ingesta peut être de nature à altérer la réaction cherchée.
Telles sont les idées qui ont conduit les expérimentateurs à
imaginer le déjeuner ou dîner d'essai, qui consiste dans
l'administration d'une certaine catégorie d'aliments destinés
à être retirés artificiellement au bout d'un temps déterminé.
Or, cette évacuation artificielle, à laquelle certains malades
se soumettent sans peine, n'est acceptée par d*autres
qu'avec hésitation et provoque chez quelques-uns une
impression des plus pénibles (témoin le sujet de l'observa-
tion que nous allons rapporter, qui a refusé absolument
de tenter l'expérience). Garder des doutes après un examen
pratiqué dans ces conditions, c'est asseoir une désolante
incertitude sur une expérimentation un peu cruelle.
Une dernière méthode dont l'application est facile et
dont la réalisation n'est pas de nature à troubler la quié-
tude du patient, a été proposée, il y a quelques années,
par M. le professeurKommelaere(i) (de Bruxelles); elle a
été contrôlée et diversement appréciée par plusieurs sa-
li) Rommclaere, Recherchée iur l'origine de Vurée. Bruxellei, 1880 ; Du
diagnoatie du cancer {Ann. de l'Univ, libre de Druxellet, t. lU, 1883) ; Du
rapport de Va»oturie et de ValimenUtion à Vétat narblde, Bruxelles, 1886.
vants, entre autres MM. Dujardin-Beaumelz (1), Robin vit^
Grégoire (3), Deschamps (4), Kirmisson (5), Thiriar (Hj^
Henrijean et Prost(7) (de Bruxelles). Celte méthode, su(
laquelle nous comptons publier prochainement un travail
d'ensemble et à laquelle un grand nombre de faits d'ordre
chirurgical et médical nous permettent d'accorder cerlaioti
créance, repose sur la constatation suivante, formulée en cej
termes par M. Rommelaere : c L'observation nous a permis
de conlater que, dans les tumeurs de mauvaise nature, quel
que soit leur siège, quelle que soit leur aspect morpbol(h
gique, le chiffre de l'urée uriiiaire descend graduellemebl
et finit par rester inférieur à 13 grammes par vingt-qualni
heures.» U suffit donc, lorsqu'on souçonne l'existence duoe
tumeur maligne, de rechercher, à l'aide du classique proi
cédé d'Ësbach, le chiffre de l'urée quotidiennement excrétée;
l'examen doit porter sur h quantité totale des urines H
être répété, pour éviter toute cause d'erreur, pendant pki
sieurs jours consécutifs.
Mous n'avons pas l'intention, dans cette courte étudej
d'apprécier la théorie de M. Rommelaere sur la malignité
morbide en général ; pour lui, toute tumeur est indifférent
à l'origine; elle ne devient bénigne ou maligne que si Télal
général de l'organisme la fait telle, f La malignité morbidti
désignée sous la dénomination clinique cancer est le résul-
tat de la viciation de la nutrition organique, la réalité de
cette viciation étant établie par l'hypoazoturie. » Une telle
conception nous parait discutable et contraire dans bien de<
cas aux données de la clinique; il est difficile déconsidé-
rer un carcinome stomacal comme une tumeur indifférente
à son origine, ayant évolué dans le sens de la malignité
grâce aux aptitudes morbides spéciales du sujet. Avec notre
maître, M. le professeur Kiener, nous croyons à la spéciii*
cité des néoplasmes et considérons la viciation de la nutri-
tion organique, coexistant avec le cancer et se traduisant
par rhypoazoturie, comme Veffèt et non la cause de la nature
maligne de la tumeur.
(1) Dujardin-Beaumetz. Soc. méd. de» hôp., 1881-1885.
(2) Robin, Oa», tnéd. de Paria, iHU, p. 385.
(3) Gréi^oire, Variationt de l'urée dant le catteer. Tlic^o de Parii», i((^-
nM5.
(4) Deschainps. Diagnottic et traitement du cancer de Vatomac. Tlic^e i^
Pari*, 1884, n» 78.
(5) KirmisMo, Compte rtndu du Congre» de chirurgie de 1885, p. 1G6.
(G) Thiriar, Compte rendu du Congrès de clUrurgie de 1H86, p. 50 ; Comidéra-
tion» pratiquée» »ur le» affection» chirurgicale» du rein et la néphrecl9m\'
(Hev. de chir., 1888).
(7) Henrijean el Prost, Étude de» urine» pathologique» (DulL de l'Ac. ny. àt
méd. de Belgique, 18H6, p. 1K>U).
nient que, dans aucun ouvrage de magnétisme, il n'a rencontré
rien de plus extraordinaire (1). »
Les erreurs des grands esprits sont des leçons de modestie et
d*indulgence. A la distance où nous sommes, la méprise de
Georgel se perd au milieu des vérités dont il s'est fait le défen-
seur; elle ne saurait en rien diminuer notre admiration pour ses
talents el son mérite, il avait trente-trois ans à peine, lorsqu'il
mourut, et déjà il s'était élevé au premier rang par ses travaux
sur la folie et la physiologie du système nerveux, el aussi par
sa vigoureuse campagne en faveur de rirresponsabilité pénale
des aliénés.
Lorsque Dechambre arriva à la Salpétrière, on n'y avait pas
perdu le souvenir des expériences de Georget; on s'y montrait
même les sujets qui lui avaient servi pour ses rectierches. Deux
étaient même célèbres: Pétronille et Manoury, veuve Brouillard,
dite Braguette ; —leurs poms ont passé à la postérité. Notre jeune
interne trouva l'occasion excellente de contrôler les ptiénomènes
extraordinaires dont on .s'entretenait autour de lui. Avec le
(1) De la physiologie du sy»tème nerveu:v et »j}écialement du cerveau.
Paris, 1821, t. 1, p.â6d (noie) et C. II, p. 404.
concours de ses amis H. Roger, Diday, Peisse et quelques autre»,
il entreprit une série d'expériences, s'entourant soigneusement
de toutes les précautions voulues pour déjouer les supercherie.^
des prétendues somnambules. Aussi, à la grande surprise de»
jeunes expérimentateurs, aucune des merveilles annoncées ne
se reproduisit; le charme semblait rompu: une léger*; brise do
scepticisme avait sufû pour tout l'aire évaporer, et la double vue.
et même la découverte des maladies par rimposition des mai05
sur les organes.
Decliambre rendit compte de ces résultats dans une lettre
oubliée dans la Gazette médicale de Paris du 1 1 septembre 1^3.').
te feuilleton d'un jeune homme de vingt-trois ans, écrit dan?
une langue excellente, est plein d'une fine et piquante ironie;
dans une série de scènes dialoguées, formant autant de petii's
tableaux de genre, on assislc aux expériences : on voit w
malheureuse somnambule s'ingénier afin de conserver son bon
renom de lucidité; malgré tous ses efforts, elle fail le contraire
de ce qui lui est suggéré; aussi, fatiguée de la lutte, iionieiised»'
son insuccès, elle s avoue vaincue et disparait, jurant sans douus
c mais un peu tard, qu'on ne V\ prendrait plus. *
10 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— H* 19 — 301
Sans remonter jusqu'à Torigine de la malignité morbide,
il est indispensable de dire ici, pour répondre à un certain
nombre d'objections qui ont été faites à H. Romraelaere sur
le bien-fondé de sa méthode, qu'il semble exister un rap-
port direct entre la mauvaise nature d'un néoplasme et la
diminution de l'urée. Des hommes éminents ont attribué
rhypoazoturie cancéreuse à la cachexie du sujet et à la
diminution des ingesta qui l'accompagne. Cette pathogénie
exclusive nous parait infirmée par des faits nombreux, et
les observations qui vont être rapportées viennent à Tappui
de cette manière de voir. Pour M. Rommelaere et pour
nous, l'explication est la suivante : à l'état normal, le
degré de l'azoturie est adéquat au régime alimentaire ;
un sujet qui ingère beaucoup de matières albuminoldes
émet beaucoup d'urée; un petit mangeur en rend peu.
Mais, dans certains états morbides, en particulier dans le
cancer, il existe un trouble de la nutrition (cause ou effet,
peu importe pour le moment), tel que l'assimilation des
matières azotées, quelle que soit l'abondance des ingesta,
se fait mal, en sorte que la quantité d'azote excrété n'est
nullement parallèle à la quantité d'azote introduit dans le
lube digestif.
De là à dire que chez le cancéreux l'azoturie n'est nulle-
ment influencée par l'alimentation, il y a loin : un cancéreux
qui mange beaucoup rend plus d'urée qu'un cancéreux qui
ne se nourrit pas, mais il en rend moins qu'un homme sain
suumis au même régime; il en rend d'autant moins que la
maladie est plus avancée.
Hâtons-nous d'ajouter maintenant, pour ne point paraître
attribuer exclusivement au cancer une action spéciale sur
la nutrition et ses déchets, que les tumeurs malignes ne
sont point seules à provoquer l'hypoazoturie, même portée
à des limites extrêmes : l'inanition, une tuberculose avan-
cée, les lésions du parenchyme rénal, certains troubles
hépatiques, divers accidents nerveux, l'ascite, etc., peuvent
s'accompagner d'une diminution notable de l'urée.
Les données précédentes sont applicables au sujet qui
nous occupe. Lorsqu'on hésite à porter le diagnostic d'ul-
eêre ou de cancer de l'estomac, le dosage de l'urée peut
rournir d'utiles enseignements : le cancer provoquera une
hTpoazoturie d'autant plus marquée qu'à l'influence parti-
culière de la tumeur maligne sur la nutrition viendra
s'ajuuler l'altération spéciale des voies digestives, avec les
troubles mécaniques et chimiques qui l'accompagnent; —
l'ulcère, au contraire, ofl'rira un taux normal de l'urée.
Cette opposition entre les deux types morbides, relative-
ment à la quantité des déchets azotés quotidiens, fournit à
H. Rommelaere, à l'appui de sa théorie , une espèce sur
laquelle il s'étend avec détail dans ses travaux.
Si l'on se place au point de vue de la clinique, l'hypoazo-
turie par elle-même n'est pas l'indice positif de l'existence
d'une tumeur maligne; en effet, elle peut être sous la
dépendance, non seulement d'un cancer, mais encore des
divers états morbides qui ont été énumérés plus haut
(tuberculose, néphrite, inanition, etc.). Mais, par contre, la
conservation du taux normal de l'urée, incompatible avec
l'existence d'un cancer, surtout à une période avancée de la
maladie, témoigne d'une façon presque certaine qu'il s'agit
d'un ulcère stomacal.
La connaissance de ces faits a permis, dans le cas sui-
vant, de porter un diagnostic exact qui a été confirmé par
l'autopsie. Voici l'histoire du malade, résumée d'après les
notes qui nous ont été remises par M. Franceschi, élève du
service :
Il s'agit d'un homme de trente-sept ans, indemne d'héré-
dité cancéreuse, sobre dans ses habitudes, qui fut pris
brusquement, en octobre 1888, au cours d'une santé par-
faite, d'une douleur fixe au niveau des dernières fausses
côtes droites ; cette douleur s*irradia peu à peu en avant
et en arrière, en sorte qu'au bout de quelques jours le
sujet se trouva comme enserré dans un demi-cercle doulou-
reux qui embrassait toute la partie inférieure droite du
thorax. L'acuité de la douleur était telle que la moindre
exploration, les pressions les plus modérées, le plus léger
effleurement déterminaient un malaise considérable et pro-
voquaient de pénibles vomissements. Ces derniers se pro-
duisaient aussi spontanément : filants et muqueux à l'origine,
ils ne survenaient guère au début qu'une fois par jour, à
des intervalles très variables après les repas. Plus tard ils
augmentèrent de fréquence et s'accompagnèrent d'héma-
témèses à sang noir, une fois même de méisena. Avec cela,
l'appétit se maintenait satisfaisant; les aliments, même en
quantité assez abondante, n'exagéraient pas la douleur,
mais les forces déclinaient peu à peu.
Traité quelque temps à l'hôpital de Cette, Iç malade pré-
sente, dans le courant de novembre, une période d'accalmie ;
puis des douleurs reviennent plus vives et le malade entre,
le 10 décembre, à l'hôpital Saint-Eloi de Montpellier, où
il occupe le n"" 1 de la salle Saint-Lazare.
I Au début de janvier, quand le roulement de l'internat
Les mêmes qualités de composition et de style se retrouvent
dans une seconde lettre publiée dans le numéro du fi avril 1837
du même journal. Il s*agit cette fois de somnambules eitra-
iucidps, de celles qui diagnostiquent les maladies avec plus de
!iùreté que le meilleur des cliniciens, et dont la thérapeutioue est
plus riche par son extraordinaire fantaisie que par la variété des
iiidinuions. Dechambre nous fait assister à deux de ces consul-
Ulions extra-médicales. C'est certes la plus amusante comédie
de mœurs que de voir opérer gravement Céline — ainsi s'appelle
lune des somnambules — magnétisée non moins gravement par
nn médecin (1), c bien jeune alors, mais qui, heureusement puur
la philosophie médicale, s'est voué depuis à des travaux plus
'^éneux > ; puis d'entendre les dissertations cliniaues de Colette,
Tautre somnambule, endormie par sa tante à l'aide de passes
"magnétiques des plus énergiques. Il y a là des scènes dialo-
guées, prises sur le vif, à uire croire que l'auteur assistait, le
carnet à la main, derrière un rideau.
Ces deux feuilletons eurent le plus vif succès; ils le méri-
'i) le docteur FoisMC.
taient. En les relisant aujourd'hui, on ne peut s'empêcher de
f>enser aux Lettrei provinciales. Pascal devait être un des
ivres de chevet du jeune journaliste; l'imitation du grand ècn-
vain lui avait porté bonheur. Mais ce n'était là que les moments
de récréation de cet esprit si actif; le meilleur de son temps était
consacré à perfectionner ses études cliniques, à aiguiser sou
sens d'observation, à réunir enfîn de nombreux documents pour
de sérieuses publications
Dechambre ne resta pas longtemps un journaliste en dispo-
nibilité, c Un homme entre tous clairvoyant, sagace, libéral,
homme d'ailleurs avec qui l'on a justement pu dire, dans les
deux acceptions du mot, que le commerce était sûr », l'éditeur
Victor Masson vint lui proposer la rédaction en chef d'un nou-
veau journal de médecine. 11 accepta avec empressement;
le plus beau de ses rêves se réalisait : avoir un journal à soi,
où Ton à ses coudées franches, où l'on peut dépenser sans
compter celle ardeur généreuse pour le vrai et le bien que
rien n'a pu éteindre, où Ton apporte à la défense des intérêts
scientifiques et professionnels cette expérience chèrement
302
N* 19 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
10 Mai 1889
nous appelle dans le service de notre cher maître, M. le
professeur Grasset, nous trouvons le malade dans Tétat sui-
vant : il est pâle, faible, amaigri, le faciès soudranl, et
n'olTre pas de teinte subictérique spéciale ; il présente depuis
quelque jours des vomissements noir3 et des selles noirâtres
très abondantes. La douleur en demi-ceinture droite persiste
dans toute son intensité et n'a pu être modifiée ni par Teau
chloroformée, ni par l'absorption quotidienne de 10 centi-
grammes de chlorhydrate de cocaïne. L'hypéresthésie est
telle dans la région épigastrique, la moindre pression pro-
voque des crises douloureuses si effrayantes qu'il a été impos-
sible de pratiquer un examen local suffisant pour porter un
diagnostic. Tout au plus a-t-on pu constater que le foie pré-
sente, au voisinage de son bord libre et à la partie externe
de lobe droit, en dehors de la vésicule biliaire, une petite
tumeur mamelonnée; il n'existe pas de ballonnement de
Tépigastre. L'examen minutieux de la région sus-clavi-
culaire ne révèle aucune adénopathie.
Malgré l'emploi de toniques et d'astringents de tous
ordres, l'administration du régime lacté absolu, les hémor-
rhagies continuent par en haut et par en bas; le 8 janvier,
il survient de la paralysie vésicale, des selles involon-
taires; le pouls acquiert une fréquence exessive, devient
filiforme, et le malade meurt à peu près exsangue le
10 janvier.
Quelles présomptions pouvait-on légitimement déduire
des phénomènes observés, en l'absence d'investigations
locales suffisantes? on se trouvait en présence d'une affection
^;tomacale se traduisant par des douleurs excessives et con-
tinues à Tépigastre, des vomissements fréquents, des héma-
témèses noires et abondanies, une évolution ayant abouti
on trois mois à la mort dans la cachexie. Evidemment de
pareils symptômes affirmaient l'existence d'un ulcère ou
d'un cancer; mais il était impossible, par les seules consta-
tations symptomatiques, de différencier nettement l'une et
l'autre affection. L'absence de teint jaune-paille, de gan-
glions sus-claviculaires, d'hérédilé cancéreuse, l'âge relati-
vement peu avancé du sujet, etc., étaient un bien minime
appoint en faveur de l'ulcère ; au contraire, la coloration
noire des hématémèses, la rapidité de l'évolution morbide,
et surtout l'existence d'une tumeur du foie concomitante
(à laquelle on pouvait rapporter les douleurs en demi-cein-
ture éprouvées par le malade) accumulaient les probabi-
lités du côté du cancer.
Et pourtantce fut le diagnostic d'ulcërequil'emporta. C'est
que l'examen de Turine, pratiqué à diverses reprises, aval
toujours révélé un chiffre d'urée normal ; ravanl-veille «li
sa mort, le malade rendait 1600 grammes d'urinesclairese
ambrées renfermant 27fl',2 d'urée. Ce cachectique , ai
moment de mourir de sa lésion stomacale , assimilai
encore le lait qu*il ingérait en abondance, il pouvait e
transformer les albuminoldes et les amener à leur tennt
ultime d'oxydation. Si la loi de Rommelaere était exarte
le cancer devait être mis hors de cause; on se trouvait ei
présence d'un ulcère.
De fait, l'autopsie confirmait le diagnostic : à l'ouvertun
de l'abdomen, pas trace de péritonite ni d'engorgem^a
ganglionnaire. Une incision pratiquée le long de la graixl
courbure de^Festomac permettait de constater, au voisin.!;
du pylore et sur la paroi postéro-supérieure de reslora<i:
une vaste ulcération, parfaitement elliptique, offrant G cenli
mètres dediamètre transversal et 4 centimètres de dianulr
vertical, à bords taillés à pic et profonds de 3 ou 4milli
mètres, à fond grisâtre et uni; tout autour, la paroi stoma
cale était épaissie et mesurait un demi-centimètre (répii:
seur. Au niveau de l'ulcération, l'estomac était adhérei
au foie sur une surface de 1 centimère carré environ, i
au pancréas dans une étendue beaucoup plus coiisidénbk
Le foie était volumineux, pesait 18i0 grammes, elpi
sentait, à la partie antéro-externe de son lobe droit, m
tumeur grosse comme une orange qui faisait saillie à la lii
supérieure et à la face inférieure de l'organe. La surf,ii
en était blanchâtre et cicatricielle; c'était bien l'aspe^
d'une grosse nodosité cancéreuse et la consistance è i
tumeur justifiait cette présomption. Mais, à la coupe.)!
se trouvait en présence... d'un kyste hydatique maliil*
culaire dont certaines loges, grosses comme des noisili>^
étaient occupées par une collection liquide entourée del
membrane germinalive ; d'autres, du volume d'une ii>ii
renfermaient un certain nombre de petites vésicules seaM
daires.
Voici donc un cas dans lequel, l'examen local étant resl
impossible par l'hypéresthésie du sujet, l'ulcère ol lecaiM
se partageaient les incertitudes. La balance pouvait :» H
droit pencher du côté de la tumeur maligne par suite de|
cachexie rapide et de la coexistence d'une tumeur fié?
tique; mais le diagnostic d'ulcère, affirmé par la constat
tion du chiffre normal de l'urée, est vérifié par Vaniop*
A côté de ce fait où l'absence d'hypoazoturie a s^a
permis d'asseoir le diagnostic, nous signalerons le ra> i
acquise dans les luttes les plus diverses. N'était-ce pas un pro-
gramme bien noble et bien ambitieux? Et cependant il fat
rempli, grâce à lassociation de deux esprits d'élite, faits pour
s'entendre, c En fondant ensemble la Gazette hebdomaire,
dit avec raison M. le docteur Diday(l),Dechamhre etMasson s'é-
taient mutuellement devinés, pressentis jusqu'au bout, et — de
la part de l'éditeur, de père en fils — ces deux pures et vives
forces alliées convergeant toujours en ligne droite vers le but
le plus élevé, ont imprimé au journalisme médical un triple
caractère d'utilité, de dignité, de moralité dont la science, l'en-
seignement, la profession n'ont pas cessé et ne cesseront pas
sitôt de bénéficier, i
Le premier numéro de la Gazette hebdomaire parut le
7 octobre 1853. Depuis ce jour jusqu'à la veille de sa mort, pen-
dant plus de trente ans, Dechambre appliqua les idées qui lui
(1) r.yon médirnl. 18«fl. p. m.
faits tels qu'ils sont ne suffisent pas à constituer scicntif^-*
ment la plupart des parties qui composent le domaiiu' li'
médecine; il faut ouvrir de nouvelles voies à robservatiou;
importe peu que les observations particulières soient 1"'
longues ou plus courtes, mais il importe surtout de les recu"
à la lumière d'idées générales ; un contrôle rigoureux doitfB
exercé sur les prétendus faits qui se produisent jourin'llt''"'*
dans le domaine public : le journalisme médical critôin'^
donc un besoin de l'époque (l).i I
La collection de ]i Gazette n'est que le long' commentaire i|
ce vœu de jeune homme. Dechambre était adrairablenif ut r
paré pour le mettre en action ; ses connaissances étendue.;
vaste érudition, ses qualités de style, donnent à tous ses arii *i
la solidité en même temps que le charme. Personne miou\ i'
lui n'avait approfondi l'histoire de la médecine; il avait «m.; j
en philosophe les nombreuses doctrines qui se sont siuf
depuis Hippocrale et, à propos de discussions méraora!)it*>. 'm
prouvé que s'il savait les apprécier historiquement, il "'* ^
{{) Examina t fur médical, 1841, p. 2.
iO Mai i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 19 — 303
deux malades, actuellement traités dans le service de la
clinique pour des ulcères de l'estomac dont ils présentent
le syndrome au grand complet, et qui rendent quotidienne-
ment âS^'jO et 23»%4 d'urée (moyenne de vingt et douze ana-
lyses consécutives).
Nous pouvons conclure, en résumé : dans les cas où les
symptômes classiques sont insufûsanls à établir le diagnostic
différentiel du cancer et de l'ulcère de l'estomac, il faut,
sans négliger les autres procédés d'investigation récemment
indiqués (adénopathie sus-claviculaire , leucocytose , re-
cherche de l'acide chlorhydrique libre), accorder au chiffre
de l'azoturie quotidienne une importance diagnostique toute
spéciale.
G. Rauzier,
Interne des hdpitaiix.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
De l'admlnlvtratlOB de la créosote h l'intértenr.
On connaît la répugnance des malades pour cette sub-
stance et la difficulté de la leur faire ingérer en capsules.
Voici quelques préparations, sur l'utilité desquelles M. Ke-
ferslew a récemment insisté, bien qu'elles ne soient pas
absolument nouvelles.
1"* Capsules créosotées. ^ Leur formule usuelle est la
suivante :
Créosote 0i%03
Baume de Tolu 08^02
Pour une capsule. Trois par jour.
2" Émulsion créosotée. — Destinée à remplacer l'huile
de foie de morue créosotée, cette préparation est ainsi
formulée :
Huile d'amandes douces 150 grammes.
Créosote de hêtre 8 —
Faire une solution,, à laquelle on ajoutera:
Gomme arabique 120 grammes.
Eau distillée de menthe 500 —
Administrer à raison de deux à cinq cuillerées à soupe
quotidiennement.
3* GouHes créosotées. — La mixture recommandée sous
ce nom se prescrit à raison de L à XL gouttes par jour dans
un vin d'Espagne :
Créosote * 4 grammes. *
Teinture de cannelle iO —
4* Pilules créosotées. — Utiles surtout dans les cas où
il existe de la toux et de la diarrhée, ces pilules sont com-
posées de :
Créosote 2 grammes.
Acétate de plomb O0%!f5
Extrait d'opium 0«S20
Sirop de sucre i ~
Gomme arabique S ^
Pour 100 pilules.
On les administre à raison de quatre à cinq, trois fois par
jour.
5" Potion créosotée. — Cette potion s'administre à raison
de deux grandes cuillerées par jour et contient :
Créosote de hêtre 1 gramme.
Alcool 20 —
Sirop de cannelle 130 —
On peut toutes les semaines en augmenter la dose jusqu'à
cinq cuillerées.
Ch. ÉLOY.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Faculté de médecine. — Cours de pathologie interne :
M. LE professeur Dieulafoy.
SyphtIIft en ponmon et de 1» plèvre.
(Leçons recueillies par le docteur Fernand Widal, interne
des hôpitaux.)
(Suite. — Voy. le n» 18.)
2" Type simtdant la phthisie tuberculeuse vulgaire.—
C'est la forme la plus fréquente et je ne saurais mieux
vous la faire connaître qu'en vous citant encore quelques
observations.
En novembre 1878, M. Fournier (1) rapportait devant
l'Académie de médecine l'histoire d'une femme jeune
{1) a. Fournier, Phagédiniin^e tertiaire du pied; Phthisie syphilitique simu-
lant la phthisie commune, trailemeni spécifique; guérison {Académie de
médecine, 10 novoinbrn 1878).
laissait pas dominer par elles. S'il admirait les anciens, s*il
admettait la tradition, ce n'était point par soumission aveugle, il
aiiriait trop le libre examen; mais il était convaincu que Famour
passionné du progrès n'exclut pas le respect des ancêtres et
que les plus granos génies se sont honorés en reconnaissant ce
qu'ils devaient à leurs prédécesseurs.
Si on voulait représenter une allégorie du journalisme médical,
on pourrait emprunter aux Homains la figure d'un de leurs
dieux, lé dieu de la paix, aux deux faces adossées Tune à
l'autre : celle qui est en arrière contemple le passé; celle qui
regarde en avant cherche à scruter l'avenir. Ce n'est qu'en se
plaçant entre ces deux points de vue opposés qjue l'écrivain et le
penseur peuvent juger sainement les questions, générales ou
spéciales, qui s'agitent autour d'eux.
< L'histoire, a dit un philosophe (Diderot), est le flambeau de
la vie et Pocil de l*avenir. > Dechambre s'est servi de ce flambeau
pour éclairer les jeunes générations médicales. Dans son ardent
amour du progrès, il s'efforça de faire entrer la médecine dans
les voies nouvelles, en aidant aux transformations si profondes
qui se sont produites et dans les méthodes et dans l'enseigne-
ment. Les discussions des Académies et des Sociétés savantes,
les livres nouveaux, tout ce qui se disait et se publiait lui don-
nait l'occasion de développer les idées qui lui paraissaient justes
et progressives. On goûtait ses articles, non seulement pour le
style d'une clarté et d'une précision si caractéristiques, mais
aussi pour leur extrême bon sens, cette c puissance de bien
juger et distinguer le vrai d'avec le faux ». Il était rare qu'on
ne fût pas de son avis et qu'on ne se rendit à ses ap.préciations.
Dès le premier jour, il s'entoura d'une phalange de jeunes
savants, les choisissant dans toutes les branches de la méde-
cine, parmi ceux qui avaient déjà marqué dans les concours ou
qui avaient su se mettre en vue par quelque travail original.
C'était là une source intarissable ou le rédacteur en chef venait
puiser au fur et à mesure des besoins du journal. Il serait trop
long de citer ici les noms; j'en pourrais passer, et des meilleurs,
parmi ceux qui, depuis un quart de siècle, ont acquis dans la
science une juste renommée.
Dechambre donna toujours, dans sa Gazette hebdomadaire,
une place importante à la médecine mentale ; il aimait l'étude
si attachante des problèmes qu'elle soulève, et s'il ne. lui consa-
304 — NM9 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRDRGIE
10 Mai 1889
encore, qui était venue lui demander ses soins à Thôpilal
de Lourcine pour un énorme ulcère phagédénique, occupant
toute l'extrémité du pied, de la face plantaire à la portion
antérieure du métatarse et ayant déterminé à ce niveau des
mutilations considérables. La nature syphilitiqae de cette
altération étant attestée par des antécédents non douteux
(plaques muqueuses, éruptions cutanées, ganglions cervi-
caux,céphalalgie nocturne, chute abondante des cheveux),
M. Fournier ordonne les frictions mercurielles et Tiodure
de potassium.
Cette malade avait en outre un aspect cachectique ; sa
physionomie était celle d'une phthisique, si bien que Ton
soupçonnait chez elle tout d'abord une tuberculose pul-
monaire.
« Cette présomption, déduite de Thabitus extérieur,
disait M. Fournier, trouvait immédiatement un appoint
formel dans certains troubles accusés par la malade qui
disait tousser, et tousser avec quintes intenses depuis plu-
sieurs mois, qui expectorait en abondance des crachats verts
et purulents, qui souffrait d'oppression, d'anhélation, avec
noints de côté fréquents, qui, de plus, se plaignait d'accès
rébriles et de sueurs nocturnes profuses, qui ne mangeait
plus, qui ne digérait plus, etc., etc.
« L'examen physique du thorax achevait de diriger le
diagnostic dans le même sens. La percussion et l'ausculta-
tion, en effet, nous révélaient ceci : au sommet gauche (là
seulement, il est vrai, le reste des poumons paraissant in-
demne), raatité assez étendue, soit en avant, soit en arrière,
et matité bien nette, bien accentuée, avec perte absolue
d'élasticité sous le doigt; — au même niveau, souffle rude,
intense, et véritablement caverneux ; en plus, râles caver-
neux, gargouillement à grosses bulles après la toux.
«( En résumé, troubles généraux, troubles fonctionnels
locaux, signes physiques, tout concordait à accuser la
phthisie pulmonaire. »
Bien que l'idée d'une affection pulmonaire d'origine
syphilitique soit venue à l'esprit de M. Foîirnier, bien qu'il
ait discuté avec ses élèves la possibilité d'une caverne
gommeuse, ce maître éminent crut devoir s'en tenir au
diagnostic le plus simple et le plus probable, à celui de
phthisie tuberculeuse. — L'évolution ultérieure ne devait
pas lui donner raison.
Cette malade c dont on eût escompté les jours à brève
échance » se prit soudainement à mieux aller, l'appétit lui
revint, ses forces se relevèrent, si bien que lorsqu'elle
quitta rhôpital après un séjour de quatre mois, cette femme
était grosse et grasse, absolument bien portante, ayant repris
toutes ses forces, toute sa santé première.
Ce n'est pas tout. Les lésions locales et les troubles fonc-
tionnels s'étaient amendés en même temps que l'état
général. L'oppression, les points de côté s'étaient dissipés
et les bruits d'auscultation s'étaient réduits à quelques
craquements ou quelques râles sous-crépitants disséinin^'s.
Lorsque M. Fournier revit la malade après plusieurs
mois, « il fallait véritablement une auscultation mmulieusc
pour retrouver des indices minimes de la lésion, à savoir:
tout au plus, un léger degré de rudesse relative de la reh-
piration avec quelques très rares craquements secs, per-
ceptibles seulement après la toux. »
A quelle intervention providentielle la malade devait-
elle cette résurrection miraculeuse, si ce n'est à la médi-
cation iodurée et mercurielle instituée en raison de l'ulcère
phagédénique du pied qui par fou apparition avait sauvé la
vie du malade? On avait fait ainsi la thérapeutique du
poumon sans le savoir. La guérison simulUmée de l'ulcéra-
tion du pied et de la caverne pulmonaire à la suite do
traitement spécifique témoignaient delà nature syphilitiqu<>
de l'une et l'autre lésion.
M. Landrieux, dans sa thèse, a rapporté une observation
non moins instructive recueillie dans le service de Gfibler :
Un homme de trente-cinq à quarante ans, toussant cl
crachant depuis un an déjà, entre à l'hôpital Beaujon, (laii>
un état de cachexie profonde avec*^atité, gargouilleineiils
et souffle aux deux sommets. On s'était déjà arrêté au
diagnostic de phthisie pulmonaire arrivée à la troisième
période, lorsque Gûbler, découvrant le malade, aperçut sur
la crête d'un tibia une exostose dont le développement avaii
été contemporain des premiers accidents pulmonaires. Le
malade, interrogé, répondit avoir contracté un chancre
induré quelques années auparavant.
En présence de ces constatations et de cet aveu, Gùbier
rirescrivit immédiatement la liqueur de Van Swieten el
'iodure de potassium. Le résultat de cette thérapeutique
anlisyphilitique fut le suivant :
« Tous les accidents cessèrent avec une rapidité surpre-
nante : la toux, l'expectoration diminuèrent peu à peu.
puis disparurent complètement, les signes physiques
s'amendèrent parallèlement; le malade reprit ses force>
avec de l'embonpoint, et trois mois environ après son entrée,
il quittait l'hôpital. L'amélioration ne fut pas momentanée,
car, six mois après, Gûbler revit le malade el put constater
que sa santé ne laissait aucunement à désirer. >
Voici maintenant une observation qui m'est personnelle:
Il y a quatre ans, on venait me demander de voir un jeune
homme condamné comme phthisique et décider s'il pouvait
encore passer dans le Midi les quelques semaines qui lui
restaient à vivre. Je me rendis auprès du malade, mais, dè>
que j'eus pénétré dans sa chambre il me regarda d'un œil
significatif. Il venait de me reconnaître, comme je le
crait pas tout le temps qu^il aurait désiré, c'est que d*autres
soins Tcn détournaient. Mais il se souvenait qu'il était membre
de In Société médico-psychologique ; parmi ses collègues, il trou-
vait des écrivains compétents pour exposer dans son journal les
questions si délicates de psychologie morbide. Il choisit ainsi
successivement notre vénéré maître, M. Delasiauve, puis Morel,
Lin as, d'autres encore.
S'il laissait liberté entière à ses collaborateurs, qui, sous
son habile direciion, se mettaient vite au ton bienséant de la
maison, il se réservait de traiter certains points particulière-
ment délicats, ceux qui ont trait à la déontologie médicale. En
ce qui concerne la médecine mentale, on n'a pas oublié le
remarquable article qu'il écrivit à propos de la discussion sur
le divorce ella folie, qui eut lieu en 1881 à l'Académie de mé-
decine.
La question avait été portée à la tribune de cette Compagnie
par M. lilanche. Notre éminent collègue, se plaçant au point Je
vue clinique et aussi à celui de Tmlérèt des malades, se posa en
adversaire décidé de la dissolution du raariaçe dans les cas
d'aliénation mentale d'un des deux conjoints, la folie fiU-elle
même reconnue comme absolument incurable par une com-
mission de médecins. Notre savant confrère, M. Luys, se con-
stitua, on s'en souvient, le champion de la thèse opuosée, en
s'appuyant sur des preuves anatorao-cliniques et sur des argu-
ments de sentiment qui avaient trait non à l'aliéné lui-nu^mc,
mais à son conjoint sain d'esprit.
Dechainbre {Gazette hebdomadaire, n'^ du 2 juin 1882), aban-
donnant le côté médical de la question, la transporta du domaine
de la biologie pure dans les légions plus élevées de la morale
sociale. Laissant c ces disputes d'asile el d'amphithéâtre ^ il
posa hardiment les principes suivants : c Eu soi, dans son
essence même, celte invasion de la pathologie dans le contrat
de mariage est anormale et subversive. Jusqu'ici la loi ne s*e>t
enquise de la maladie de ses justiciables qu'à leur profil, pour
les décharger de devoirs onéreux, ou pour les soustraire a
l'aclion pénale. Rien de plus juste ni de plus moral : devant
la puissance publique, l'infirmité est un malheur, un objet tie
conimiscralion et de respect. Et voilà qu'on lui demande de l^
traiter en réprouvée. Et cela pour le plus grand bien du conjoint
ou de la conjointe qui, peut-être, aura par sa dissipation, par
10 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N- i9
305
reconnaissais moi-même, pour èlre venu me consuller
quelque lemps auparavant au sujet d*unesyphilide ulcéreuse
qu*it poiiait alors au bras, au coude et à Tavant-bras. Je
me rappelais, en outre, qu'il uravait confié être syphilitique
depuis dix ans. Aussi, en présence de cet homme dys-
pnéique, qui avait des hémoptysies et des crachats nummu-
la ires, qui portail au niveau de l'angle inférieur de Tonao-
plate du côté droit une caverne grosse comme le poing
accusée par du souffle amphorique et du gargouillement,
je ne me laissais pas surprendre par les apparences, je
soupçonnai la syphilis, et je prescrivis le traitement anti-
syphilitique consistant en frictions mercurielles et en iodure
de potassium dont j'élevais la dose jusqu'à 10 grammes p«ir
jour. Je dis au père que j*espérais le voir partir bientôt avec
son fils bien portant.
La métamorphose fut complète en quelques semaines. En
même temps que le malade revenait à la vie, les signes
physiques disparaissaient. Je me contenterai de vous dire
que quinze jours après ma première visite le malade venait
me voir dans mon cabinet, et qu'au bout de trois semaines,
il partait pour le Midi, presque guéri.
(iette phthisie syphilitique à marche lente est le plus
souvent le résultat de gommes du poumon qui ont fini par
s'ulcérer. La structure générale de ces gommes est celle de
toutes les tumeurs de ce genre, mais je dois vous signaler
on outre les altérations des alvéoles pulmonaires. Ils
sent remplis d'un exsudât inflammatoire dont le contenu,
d'après Porter (l), peut varier comme il suit. On trouve :
i** Des globules sanguins, des leucocytes, des cellules
cndothéliales desquamées, des fibrilles de fibrine sem-
blables à celles que l'on trouve dans la deuxième période
de la pneumonie lobaire;
2** Des cellules rondes décolorées comme dans l'hépati-
sation grise;
3^ Des cellules cndothéliales Yolumineuses arrondies;
4» Une substance granuleuse qui ne peut se colorer et
qui résulte évidemment d'un processus dégénératif.
Chacun de ces quatre aspects peut se voir dans des
alvéoles voisins les uns des autres, aussi' semble-t-il que
dans chaaue alvéole pulmonaire le processus évolue d'une
manière uistincte.
\ous avez pu voir que les symptômes de cette forme de
la syphilis pulmonaire présentent une grande analogie avec
ceux de la première variété que je vous ai décrite.
Le début comme dans la phthisie tuberculeuse vulgaire
est souvent marqué par des signes de bronchite, des dou-
M) W.-H. Porter, ObtervatUmt tur let rap/torlt de la phthitie et de la pneu-
monie iSew-Yorkmed. Jour»., V aoiU 1885, p. 192).
leurs disséminées dans le thorax, de la dyspnée parfois
excessive, augmentant surtout le soir, pour atteindre son
maximum vers le milieu de la nuit. Si le syphilitique pul-
monaire devient moins rapidement un phthisique que le
tuberculeux, si tout en expectorant des fibres élastiques,
voire même des fraglhents de gomme, il peut conserver
fiendant un certain temps une bonne santé apparente, il ne
aut cependant pas exagérer cette idée de Jiazin, que le
syphilitique est toujours un « caverneux bien portant ».
Les hémoptysies sonlfréquentes mais rarementabondantes;
le malade ne rend le plus souvent q^ue des crachats héino-
pto1(|ues. Dans une observation de m. Lancereaux, Thémo-
ptysie avait été cependant assez copieuse, pour qu'un litre
de sang fût expectoré. Dans une observation recueillie dans
mon service à Thôpital Saint-Antoine par le docteur
Dernheim et consignée dans la thèse de Jacquin, la quantité
de sang rendu avait atteint la valeur de deux verres.
Les signes physiques sont localisés le plus souvent à
droite, à la partie moyenne du poumon et en dehors du bile,
comme dans les pneumopathies à marche aiguë. Le foyer
des bruits d'auscultation est donc localisé au niveau de
l'épine de l'omoplate en arrière et au niveau des troisième
et quatrième espaces intercostaux en avanL A cette règle
il y a des exceptions, vous en trouvez la preuve dans l'ob-
servation de M. Fournier et dans celle de Gûbler.
Quel que soit le mode de début de cette pneumopathie
syphilitique, alors même (]ue le malade est resté pendant
un certain temps un phthisique à peu près bien portant, tôt
ou tard les troubles fonctionnels apparaissent, les crachats
deviennent nummulaires, la fièvre s'allume le soir, les sueurs
sont profuses la nuit, l'amaigrissement fait des progrès
rapides, et, si le traitement n'intervient pas à temps, le
malade meurt en pleine consomption, comme meurt un
phthisique tuberculeux.
De cette phthisie syphilitique, il nous reste à chercher la
cause.
Messieurs, nous comprenons facilement comment des
gommes, s'étant développées dans le poumon d'un syphili-
tique arrivé à la période tertiaire de sa maladie, finissent
après ramollissement par laisser des cavernes; nous com-
prenons encore que le malade puisse devenir cachectique
par le fait du développement simultané de lésions spéci-
fiques ou de dégénérescences amyloides dans les autres
pavencbymes, mais nous comprenons plus difficilement
comment la syphilis peut faire du malade un phthisique. Il
n'est pas dans les allures de la syphilis tertiaire de déter-
miner la fièvre hectique aveciOdegrés de température et la
consomption rapide avec sueurs nocturnes et ongles hippo-
cratiques. Les clécouverles microbiologiques récentes sem-
blent simplifier le problème, et pour moi la fièvre hectique
son ÎDConduite, par Tadultère, provoqué la folie du pauvre
divorcé sans le savoir! »
Il sait bien qu'en parlant ainsi, il se fera classer parmi ceux
qu'on appelle \es sentimentaux ; mais qu'importe! Comment
d'ailleurs s'y prendre c pour ne l'être point dans une question
aui met en jeu le sentiment le plus universel et le plus respecté
ans les lemps anciens comme dans les modernes : celui de la
famille. >
(Jn des arguments invoqués en faveur du divorce dans les
cas de folie incurable, c'est que cette terrible alfeclion ne sau-
rait èlre comparée à d'autres maladies non moins incurables;
hechambre v répond en terminant son article : t Un fou, dit-on,
est bien diflfèrent d'un phthisique ou d'un cancéreux; il n'a plus
sa personnalité psychique. C'est incontestable, et quand nous
prenons les intérêts de l'aliéné, nous n'oublions pas qu'il a
perdu la raison. La conséquence brutale, c'est que, en lui, le
conjoint ne perd pas grand'chose. Peu à peu, raliéiié devient
insensible à lu sollicitude des.sieus; il finit même par ne plus
les reconnaître. Mettons, si vous voulez, qu'il ne les reconnaît
phis dès le premier jour : la thèse reste la même. C'est un
spectacle cruel, révoltant pour un sentimental^ que celui d'un
malheureux, — victime peut-être, nous l'avons déjà dit, de
l'union conjugale, — dont la vie physique et la vie inlellecluelle
achèvent de se dissoudre dans un coin d'asile, pendant que
l'épouse étale, dans une existence nouvelle, la fortune qui lui a
été gagnée; pendant que, possédée par l'autre époux à qui il
faut plaire, riche de nouveaux enfants qu'il faut élever et
îimuser, elle est amenée par la fone des choses à délaisser
entièrement, à oublier celui qui n'a jamais eu d'autre pensée
que celle de l'aimer et de l'enrichir. Qu'on en pense ce qu'on
voudra, oui, encore une fois, nous sommes sensible à ce genre
d'infortune. >
C'est ainsi que ce juste et ce sage comprenait ces questions
Î{ui agitent et troublent notre époque. £n démontrant par un
ait particulier, que toute législation, si elle doit s'appuyer sur
la science, ne doit pas oublier le point de vue moral, Uecliambre
a rendu un grand service et qui fut très apprécié. Cet article,
si judicieux et si honnête, fit le tour de la presse el il ne fut
pas sans exercer une heureuse influence sur les décisions de
nos légistateurs.
306
N* 19 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
iO Mai 1889
n'esl pas plus le fait de la syphilis qu'elle n'est le fait de la
tuberculose chez le phlhisique vulgaire; elle est le résultat
d'infections secondaires dont la genèse est facile à saisir.
La syphilis crée dans le poumon une ulcération, une caverne
dans laquelle s'engouffre à chaque inspiration un grand
nontbre de micro-organismes répandus dans l'atmosphère.
Quelques-uns de ces microbes, trouvant dans l'excavation
rulmonaire un terrain favorable à leur développement et à
exaltation de leur virulence, s'y multiplient, en détermi-
nant ainsi la suppuration de la caverne ou des fermenta-
tions nue l'on peut considérer comme le résultat d'infections
secondaires. Ce sont ces infections secondaires, je le répète,
qui par le même mécanisme déterminent la phthisie du
tuberculeux. La microbiologie nous fournit à cet égard des
résultats positifs. En même temps qu'il découvrait sur les
parois des cavernes tuberculeuses le bacille qui porte son
nom, Koch, vous le savez, y a trouvé des parasites étran-
gers développés secondairement.
Parfois l'infection secondaire développée sur la caverne du
syphilitique est d'ordre moins banal. Ce sont les microbes
de la gangrène ou les bacilles de la tuberculose qui sont
venus germer sur la lésion syphilitique et aident le malade
à mourir par gangrène ou par tuberculose pulmonaire.
(A suivre).
TRAVAUX ORIGINAUX
Clialqae médicale*
Sun DEUX CAS DE SURMENAGE, par H. le docteur G. Colle-
ville, médecin de l'Hôtel-Dieu de Reims.
(Suite. — Voyez le numéro 18.)
II. L'observation qui suit n'est plus relative à un cas de
néphrite. Il s'agit ici de l'athérome précoce que peut en-
gendrer de toutes pièces le surmenage physiaue et des
désordres qui en résultent dans une partie quelconque de
l'arbre circulatoire artériel.
Obs. — Surmenage, athérome, affection bulbaire {noyaux
des pneumogastriques). — Jac..., ouvrier de filature à Sains
(Nord), quarante ans. Constitution vigoureuse.
Antécédents héréditaires, — Mère morte du choléra en 1855.
Père mort de vieillesse à quatre-vingt-cinq ans. Fils unique.
Aucune tare héréditaire parmi les collatéraux.
Antécédents personnels. — Il a eu la variole en 1870, il eu
porte encore des cicatrices sur le visage. A la suite d'un trau-
matisme, il eut une kérato-conjonctivite qui se termina par une
taie sur la cornée gauche, empiétant un peu en bas sur le
champ papillaire, mais ne gênant pas beaucoup Taccès des
rayons visuels. Pas de syphilis ni de rhumatisme. Aucune trace
d^alcoolisme. Il s'est toujours très bien porté. On remployait
comme manouvrier aux plus rudes labeurs pendant huit à dix
heures par jour. Lorsqu'il ne trouvait pas d'ouvrage, il allait en
chercher à une quinzaine ou vingtaine de lieues qu'il par-
courait en Tespace d'une journée. Ces courses forcées se soni
répétées très souvent dans ces derniers temps ; il n'a jamais
accusé la moindre lassitude ni le moindre trouble rénal ou
digestif. (Nous ferons remarquer qu'il s'agit dans ce second ras
d'un homme fait et non d'un jeune homme encore en voie de
croissance comme Dr. .)
Symptômes actuels. — Il est venu de la vallée de la Meuse à
Reims à pied (voyage : deux jours). Le dimanche i mars, peu
de temps après son arrivée, il s'est senti faible. 11 est entré
dans une buvette pour se reposer et prendre du sirop. A peine
assis, il est tombé sans connaissance : on la conduit de là à
l'Hôtel-Dieu, salle Saint-Nicolas, n^ 15.
5 mars. — Le lendemain matin, lorsque nous voyons le ma-
lade, nous constatons chez lui un état d'abattement très marqué.
La perte de connaissance avait duré de quatre heures du soir
jusque vers deux ou trois heures du matin. D'après les rensei-
gnements recueillis, il n'avait eu ni agitation, ni stertor, ni
morsure de la langue. Jac... lient tout le temps les paupières
baissées. Il répond lentement mais nettement aux questions qui
lui sont posées, comme le ferait un homme à moitié éveillé.
Les pupilles sont contractiles; les yeux suivent parfaitement les
objets dans toutes leurs excursions. Le grattage sur la paroi
abdominale provoque une dilatation pupiflaire très notable. U
langue n'est nullement déviée ; pas dTe paralysie faciale. Pas de
troubles de sensibilité en général ni de motilité au niveau des
membres ou de la poitrine. Abattement profond. Pas de trou-
bles des réservoirs, «'ayant pas uriné depuis la veille, on le
sonde et Ton obtient une urine un peu foncée en couleur, raaii
ni albumineuse ni sucrée. Constipation.
Appareil respiratoire. — Respiration très fréquente et très
superficielle comme chez les malades atteints de péritonite
aiguë avec battement des ailes du nez et mise en activité des
muscles inspirateurs auxiliaires. A la percussion, submatité
légère dans les fosses sus et sous-épineuses droites. On entend
à peine le murmure vésiculaire par suite de la ipeXiie quantité
d'air qui pénètre dans les poumons ; pas de bruits anormaux.
Resp., 68.
Appareil circulatoire. — Le cœur contraste par la lenteur
de ses battements avec la fréquence dans le nombre des respi-
rations. Pouls, 60. Pas de dilatation ni d'hypertrophie ventricu-
laire; aucun bruit anormal. Le pouls radial est dur et tendu,
athéromateux ; pas de bruit clangoreux au niveau de l'aorte;
la sous-clavière n'est pas accessible aux doigts plongeant dans
le creux sus-claviculaire. Léper gérontoxon ; le front et les doigts
ont un peu l'aspect lisse de la peau des vieillards. Température,
38 degrés le matin et 37%7 le soir.
6 mars. — Temp., 37%3 le matin et 37%7 le soir. Pouls, 60.
Resp., 84.
L abattement est plus marqué. Mouvements spasmodique>
incessants de la lèvre inférieure ; le malade accuse de l'oppres-
sion et de la douleur derrière le sternum. L'auscultation fait
Avec un tel souci de la morale, on ne s'étonnera pas que
Dechambre eut le soin le plus jaloux de la dignité de sa pro-
fession. Il redoutait par-dessus tout le reprocne de mercanti-
lisme auquel n'échappe pas même le journalisme médical. Ce
n'est que dans ces dernières années qu'il voulut condescendre
à la publication d'annonces sur la couverture de la Gazette;
mais jamais il n'accepta d'insérer, sous quelque forme que ce
soit, une réclame quelconque dans le corps du journal.
Un jour, un fabricant de spécialités pharmaceutiques vint
dans son cabinet pour lui apporter un de ses articles pompeu-
sement intitulés : Thérapeutique, qui, sous une apparence
scientifiaue, prônent un médicament nouveau et se terminent
invariablement par le nom et l'adresse d'un pharmacien.
Dechanibre parcourait le manuscrit, lorsqu'il vit son interlocu-
teur glisser timidement quelaues billets de banque sur le coin
de son bureau. 11 se demanda s'il fallait rire ou se fâcher de
l'aventure. Il prit le parti d'en rire : il éconduisit poliment ce
solliciteur au portefeuille si bien garni, en lui faisant com-
prendre qu'il s était trompé d'adresse et qu'en frappant à la
porte de tel autre journal de médecine, son or et sa prose
seraient reçus avec empressement. Le marchand d'orviétan,
d'abord surpris de ce. refus, dut ensuite sourire d'un pareil
désintéressement. En etîet, pourquoi ne pas faire comme tout le
monde? C'est justement ce qui distinguait Dechambre; il sem-
blait avoir pris pour maxime de sa vie ce conseil de la marquise
de Lambert à sa fille: c 11 faut être, dit-on, comme les autres;
ce comme s'étend bien loin. Ayez une émulation plus noble :
ne souffrez pas que personne ait plus d'honneur, dfe probité et
de droiture que vous. >
(A suivre.)
Hospice des Enfants assistés. — M. le docteur Sevestre
commencera le vendredi 17 mai, à neuf heures et demie» ses
conférences de clinique infantiles et les continuera les ven-
dredis suivants à la même heure.
10 Mai 1889
GAZETTE HEBDOHÂBAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
-- NM9 — 307
entendre comme un bruit de scie aux deux temps de la respi-
ration; bruit anormal di\ au frottement des deux plèvres. Trai-
lement : ventouses scarifiées sur le côté droit de la poitrine.
7 mars. — Temp. malin, 37%5 ; 36*,8 le soir. Resp., 36.
Pouls, GO.
Ossalion des spasmes de la lèvre inférieure. Disparition de
Tangoisse rétro-stemale, de la submatité à droite ; mouvements
respiratoires bien moins fréquents. Le murmure vésiculaire est
encore obscur. Jac... revenu complètement de son abattement
demande à manger.
8 mars. — Temp. le matin, 38 degrés ; le soir SS'^jS. Resp., 28.
Pouls, 76.
Accentuation de Tamélioration. Le malade est sorti complète-
ment de sa prostration. Lavement purgatif.
9 mars.— Temp. le malin, 38%4; le soir, 37%5. Resp., 28.
Pouls, 52.
Le rauJade se plaint de lassitude et de faiblesse générales.
L>xplor:Uion des pneumogastriques est absolument négalive
soit au niveau du plexus (^'^ espace intercostal gauche), soit
sur le irajet cervical de ce nerl', soit enfin par la pression des
apophyses épineuses au niveau de la colonne cervicale. Il n*a
Jamais fait de chute et ne se souvient d*aucun traumatisme
portant sur le rachis. Il a toujours pu faire les courses ou les
travaux les plus fatigants sans éprouver en aucun moment de
réimpression.
10 mars. ^ Respiration, 24; pouls, 48. Température, matin,
3?',2 ; soir, 37«>,3.
1 1 mars. — Respiration, 20 ; pouls, 56. Température, matin,
.37-,2;soir, 37M.
12 ma s. — Kespiration,2i; pouls, 55. Température, matin,
37 degrés; soir, 37 degrés. — Trois capsules ae térébenthine.
13 mars. — Respiration, 20 ; pouls, 5b. Température, matin,
37",8 ; soir, 37*»,8. — Trois capsules de térébenthine. 2 litres
7< M) grammes d*urine claire; rien d'anormal.
14 mars. — Respiration, 24; pouls, 6%. Température, matin,
37^,5 ; soir, 37«,3. — Trois capsules de térébenthine. 2 litres
500 grammes d'urine claire.
ir> mars. — Respiration, 20; pouls, 60. Température, matin,
:17",4; soir, 36%7. — Trois capsules de térébenthine. 2 litres
l(H) grammes d'urine claire.
I(> mars. — Respiration, 20; pouls, 72. Température, matin,
;{7",l ; soir, 37*',7. — Suppression de la térébenthine.
17 mars. — Respiration, 20; pouls, 60. Température, matin,
'i8",2; soir, 37^,5. — 2 litres 650 grammes d*unne claire.
18 mars. — Respiration, 20 ; pouls, 60. Température, matin,
ii7*,5; soir, 36',8. — 2 litres 500 grammes d'urine claire.
19 mars. — Respiration, 20; pouls, 72. Température, matin,
37'\5; soir, 37 degrés. — i litre 400 grammes d'urine claire;
légère diarrhée.
20 mars. — Respiration, 20; pouls, 68. Température, matin,
37 degrés; soir^ 37 degrés. -— 2 litres iOO grammes d'urine
claire. Suppression de la diarrhée.
21 mars. — Respiration, i8; pouls, 70. Température, matin,
37 degrés; soir, 37 degrés. — i litre 500 grammes d'urine claire.
Le malade est sorti du service le 25 mars avec une moyenne
de 1 litre 500 d'urine depuis le 21, resp. 18 et pouls 72. 11 com-
mençait à recouvrer des forces; mais il était encore incapable
d^iUer sans s'appuyer sur une canne jusqu'au bout de la salle.
Réflexions. — Cette seconde observation nous paraît
présenter les points intéressants suivants :
P Jac... est pur de toute intoxication autre que celle que
produisent chez les ouvriers la fatigue du travail, les
longues courses et la misère physiologique. Ici, pas d'aï-
roolisme ni de ces tares habituelles à ceux qui viennent
journellement solder leur alhérome dans les lits d*hô-
pilai.
2^* Il a eu un ictus à la suite duquel sont survenus les
symptômes classiques d'excitation des nerfs vagues au
point de vue de la respiration et de la circulation. Celte
excitation, se traduisant pendant quelque temps parle pouls
lent permanent et la fréquence dans les mouvements respi-
ratoires, se localise au niveau des noyaux bulbaires des
pneumogastriques. C'est un de ces cas de dissociation dans
les lésions nerveuses, tels que la clinique, plus ^ue la
physiologie expérimentale, nous en offre quelquefois des
exemples. Ici, ni traumatisme de la région cervicale, ni
dégénérescence graisseuse du cœur ou tumeur sur le trajet
des pneunriogastriques. Les commémoralifs de l'observation
en font foi. Jamais Jac... n'a ressenti la moindre douleur
ni la moindre oppression au plus fort de ses fatigues,
avant Ticlas qui l'a amené à l'hôpital. Nous ajouterons
enfin que le nerf, interrogé avec le doigt, n'a manifesté
aucun signe d'irritation en un point quelconque de son
trajet. L'oppression des premiers jours tenait si bien à la
fréquence dans les mouvements respiratoires, qu'elles ont
disparu ensemble. Nous n'avons pas trouvé dans Kothna-
gel de cas semblable au nôtre. Il a dii se produire vrai-
semblablement un arrêt momentané de la circulation céré-
brale suivi d'une excitation circulatoire au niveau des
branches vasculaires irriguant les noyaux des nerfs vagues
jusqu'au retour complet et progressif de l'équilibre de
cette circulation.
3* C'est bien là le produit de la fatigue; car, le malade
qui avait fait pendant deux jours bien des lieues sans rien
ressentir, éprouvait même en quittant notre service,
après un certain repos forcé, une lassitude encore très
marquée.
4" La question devient plus délicate, si nous cherchons
à pénétrer plus avant dans l'étiologie et le mécanisme de
ce qui s'est passé chez notre malade. Je cite, à titre de
simple hypotnèse possible, la production dans le sang
d'un poison particulier agissant sur le bulbe, sous l'in»
iluence du surmenage. Il y a eu ischémie cérébrale, ceci
est un fait incontestable. Parmi les substances retenues
dans le sang de ce fatigué, il y aurait-il comme pour les
paralysies pneumoniques (d'après Rosenstein) un poison
agissant sur les nerfs vaso-moteurs cérébraux? Cette expli-
cation est bien problématique au moins avec le peu de
connaissances que nous avons sur les données de la question,
la réaction cérénrale étant circonscrite. Il nous semble (^ue
M. Huchard, dans son article sur les causes de l'artério-
sclérose, nous fournit Quelques cléments de la réponse.
Laissons de côté l'influence du végétarisme, ayant oublié
de demander, à Jac... s'il était végétariste.
A côté des cœuj:s forcés et de l'action du surmenage
sur le myocarde, il faut compter avec le système artériel.
Keim étudie l'athcrome chez les manouvriers qui ont le
sang noir, comme l'on disait à Venise. Notre malade avait
de l'athérome incontestable ; son arc séniie de la cornée,
l'état lisse de sa peau en certaines régions et surtout la
dureté des artères radiales, en l'absence de toute hvper-
trophie ventriculaire, en sont le témoignage. Quoi d^élon-
nant alors que les déchets de désassimilation insuffisam-
ment éliminés, portant souvent leur action nocive sur les
muscles vasculaires, n'aient un beau jour, avec ou sans
caillot obstructeur, déterminé une contracture capable de
suspendre momentanément la circulation vasculaire en un
point quelconque de l'arbre artériel ? L'équilibre rompu
pour quelques heures reviendrait progressivement à Tétat
normal, même au prix d'une excitation dans la circulation
collatérale, jusqu'à l'élimination complète de tout ce qui
est nocif.
Quelle gue soit l'explication qu'on adopte, le fait nous a
paru aussi inléressant à signaler que le premier cas. La
question de surmenage, pour être élucidée, a besoin de faits
cliniques venant confirmer et corroborer les résultats çhy-
siologico-chimîques. C'est dans ce but que nous publions
ces deux observations sortant du cadre habituel aes auto-
typhisations et du surmenage cardiaque bien connu des
auteurs.
308
W 19 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
10 Mai 1889
Cllniqne médicale
Un cas de maladie de Horvan (panaris analgésique)
SUIVI D* autopsie, par M. le docteur Puouff (de Morlaix).
Examen anatomique par MM. Gombault, médecin de
rhospice d*lvry et Reboul, interne des hôpitaux. — Com-
munication faite à la Société médicale des hôpitaux dans
la séance du 26 avril 1889.
Dçns la séance du 2*2 février, au cours d*une communi-
cation relative à un cas de syringomyélic, H. le docteur
Debove (Société médicale des hôpitaux, 22 février 1889) a
fait allusion à une autopsie pratiquée récemment chez un
sujet atteint de maladie de Morvan (paréso-anulgésie des
extrémités supérieures); nous venons soumettre à lu Société
le résultat de cette autopsie. Nous avons pensé que sa rela-
tion pouvait présenter quelque intérêt, parce que, pour la
première fois, il est donné, dans un cas de ce genre, de
mettre l'examen nécroscopique en regard de l'histoire cli-
nique.
En effet, si la forme morbide décrite par M. le docleur
Morvan a dbnné lieu à des travaux cliniques importants
(Roger de Spéville, thèse de Paris, juillet 1888), on a dû
jusqu'ici se contenter d'hypothèses quant au siège précis et
à l'étendue des lésions qui lui correspondent. La seule
constatation anatomique qui ait été pratiquée (Honod et
Reboul, Arch. de méd.y mai 1888) a porté sur un doigt
atteint de panaris et amputé pour cette raison. Elle a montré
une lésion profonde des nerfs de ce doigt, mais n'a pu ren-
seigner en aucune façon sur l'état du reste du système ner-
veux, en particulier sur l'étendue en hauteur de la névrite,
et sur l'existence ou sur l'absence de lésions concomitantes
de la moelle épinière.
L'existence d'une névrite périphérique a donc seule été
démontrée jusqu'ici, et cela dans un seul cas. Toutefois, en
se fondant sur des considérations diverses, concernant sur-
tout l'évolution de la maladie, la symétrie des lésions, la
coexistence de troubles trophiques autres que le panaris, la
déviation fréquente de la* colonne vertébrale, la nature des
désordres sensitifs (thermo-anesthésie ptécoce et prédomi-
nante^, certains auteurs ont admis à titre d'hypothèse là
prob.'iuililé d'une lésion médullaire.
Parmi ces auteurs, les uns, et M. le docteur Morvan est,
croyons-nous, du nombre, se sont contentés de dire que la
moelle devait être atteinte, les autres ont cru pouvoir aller
plus loin et spécilier la localisation et la forme anatomique
de la lésion probable. Ils ont cru, ainsi que M. Dehove l'in-
dique dans sa note, pouvoir rattacher les cas de maladie de
Morvan à la syringomyélie.
L'exposé des lésions que nous avons constatées pourra,
non trancher la question, mais fournir aux débats certaines
données positives.
La première partie de cette observation a été publiée
dans la Gazette hebdomadaire (1887, p. 249) par M. le doc-
teur Prouff.
Obs. — Catherine Poupon (de Plougasnou), cinquante-six ans,
célibataire, nous consulte, en juillet 1886, pour un panaris de la
deuxièraft phalange de l'annulaire droit. A première vue, l'atlen-
lion est sollicitée par laspect de ses deux mains mutilées, et
ridée d'une paréso-analgésie de Morvan se présente immédiate-
ment à Tesprit. En eflel, ù la main droite, le pouce a perdu sa
deuxième phalange ; l'index et le médius, leurs deux dernières
phalanges; l'annulaire est intact, mais la deuxième phalange est
pliée à angle droit sur la première; le petit doigt est intact
aussi, mais toutes les phalanges sont repliées les unes snr les
autres.
A la main gauche, le pouce a perdu Tongle, remplacé par une
petite corne en forme de virgule ; Tindex, sa troisième phalange ;
le médius et l'annulaire ont perdu l'ongle; le petit doigt est
intact, mais, comme les autres doigts de cette main, il est replié
en dedans. A Tune comme à l'autre main, l'extension volontaire
ou forcée est impossible. On se sent arrêté par la rigidité de la
peau autant que par les tendons.
Peau. — A la paume, la peau est calleuse, presque cornée et
présente, }\ plusieurs plis articulaires, des lrace« de crevasses
profondes.
A la face dorsale, la peau est assez souple, mais très tendup
sur des moignons épais. La position déclive ou le froid y (Itvo-
loppent rapidement une teinte cyanotique.
Sensibilité, — La sensibilité à la piqûre est abolie aux deux
avant-bras, jusqu'à 5 ou 6 centimètres au coude. Abolie aussi la
sensibilité thermique. Catherine Poupon joue impunément aver
le feu et Teau bouillante. F^e froid cyanose les mains, mais n'rst
pas senti.
Mobilité, — En revanche, il y a eu à plusieurs reprises des
douleurs spontanées sur lesquelles nous reviendrons. Lemcmlm'
droit est très musclé dans toutes ses parties et de force peu
commune.
Catherine Poupon est droitière. Le gauche est encore bien
musclé, bien qu'inférieur de 2 ou 3 centimètres au bras droit.
La vigueur est pour le moins ordinaire; mais les éminencos
thénar et hypothenar et les interosseux sont fortement atrophit>.
Aux membres inférieurs, la motililé et la sensibilité seul
intactes.
Ainsi donc, voilà une femme qui est analgésique aux deux
membres supérieurs et qui a eu les deux mains rongées par des
panaris successifs. Elle n*a pas eu de paralysie musculaire, il
est vrai, ni d'atrophie d'ailleurs, que dans la main gauche; mais.
malgré celte particularité intéressante, le diagnostic s'impose,
et M. Morvan, à qui nous avons eu la lionne fortune de la mon-
trer. Ta, sans hésiter, reconnue pour l'un de ses cas de paréso-
analgésie. Comment se sont développés chez Catherine Poupon,
ces troubles sensitifs et trophiques?
Dans les ascendants, on ne trouve ni fous, ni paralytiques.
Elle a eu deux frères et deux sœurs bien portants, dont ruovii
encore. Elle-même a été d'une bonne santé habituelle et encore
d'une vigueur plus qu'ordinaire.
Vers 1 âge de douze ans, une scoliose gauche s'est établie peu
à peu sans douleur, sans aucun accident. C'est à cette même
époque que, la première fois, l'annulaire droit a été pris de
panaris de la pulpe.
A vingt ans, ce fut le tour de l'index et du médius droit
ensemble, («elte fois le mal dura dix mois; Tamputalion du
poignet fut proposée et refusée. Chaoundes deux perdit sesdeuv
dernières phalanges et la guérisonse fit.
A vingt-trois ans, le (:ouce droit perdit sa dernière phalange
à la suite d'un nouveau panaris, et, depuis lors, est reslr
rétracté,
A quarante ans, la main gauche se prend, les trois doigts du
milieu successivement. L'index y a laissé sa dernière phalange:
les deux autres ont eu des panaris de la pulpe. Tous les trois,
après fusées dégaines, sont rétractés dans la paume delà main.
A cinquante-cinq ans, panaris du pouce gaucfie, traînée plile<;-
moneuse jusqu'à l'avant-bras. Pouce et petit doigt restent
rétractés.
A cinquante-six ans, panaris osseux de l'auriculaire, et c'est À
ce moment que, pour la première fois, nous voyons Catherine
Poupon. Remarquons que jamais elle n'a subi aucun trauma-
tisme. Nous avons dit que les deux membres supérieurs étaient
analgésic|ues jusqu'au coude; et, en effet, nous avons pu inciser
le panaris, exploiter l'os dénudé, sans que la malade acru<^e
aucune douleur. Cuérison normale avec élimination des deu\
extrémités de la deuxième phalange.
L'évolution de chacun de ces panaris, au contraire, a été très
douloureuse et franchement fébrile. Dans l'intervalle même des
panaris, Catherine Poupon a souffert de l'épaule et du bras droits,
tort peu du côté gauche. Nous allons en voir la raison.
En examinant notre malade avec nous, en octobre 188(1,
M. Morvan remarqua qu'elle avait l'articulation scapulo-humérale
droite atteinte dartlirite sèche, caractérisée par un gonllenient
notable de la région, l'existence d'hydarthrose et de rranue-
ments articulaires et le peu d'étendue des mouvements volon-
taires ou imprimés. Fait remarquable, le deltoïde et les autres
muscles péri-articulaires ne sont nullement atrophiés. Les don-
leurs du bras peuvent être attribuées à cette arthrite.
M. Morvan fit encore sur cette malade une remar(]ue. Le sens
musculaire était aboli au bras droit et très diminué au bras
gauche, car Catherine Poupon, les yeux fermés, ne peut aver sa
10 Mai i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 19 — ao9
main retrouver sou autre main ai une partie quelconçiue qu'on
lui indiquait. La nuit, elle est incapable de shabiller sans
lumière.
— Au mois de mai 1888, la femme Poupon se présente a la
consultation de M. le docteur Prouli', à Morlaix, pour un panaris
de riudex droit avec fusée purulente dans la paume de la main.
M. If docteur Prou iï fait admettre cette malade à Thôpital de
Morlaix, où on ne tarde pas à constater des phénomènes d'infec-
tion purulente, à laquelle la femme Poupon succombe le iO juin.
<îrâce à l'obligeante intervention de Al. le docteur Morvan et
de M. le docteur Prouiï, l*autopsie a pu être faite. Les pièces
recueillies à Morlaix ont été examinées par M. le docteur Gom-
hault et M. Reboul, dans le laboratoire de M. le professeur
Corn il.
(A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
MmméémUm die BiédeelBe.
SÉANCE DU 7 MAI 1889. — - PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. Lalioulbène dépose, au aom do M. le docteur Chavemac, une UUtoire de
l'IniversUé d'.Mx-en-l*rovence.
M. Duj >rdin-Beattmet* offre son ouvrage nur V hygiène prophylacAque.
M. Javal pnUeote une Étude médicale cl pratique surfit lunetteê et letpinee'
iu%, p.ir M. le docteur George J. BuU.
M. Budiu &il liumni:«go de tes Leçons de clinique obstétricale,
U.Léon Colin dépose un rapport manuscrit de M. le docteur Cattédtbat, médecin-
iiujor de 2* classe, sur les vaccinatùmt et les revaecinatiom à TarriTée de la
classe 1888 dans le 15" corps d'arait)e.
H. Rochard prcsenlo, au nom de M. lo docteur Auherl, médecin-major de
l'* classe, un mémoire manuscrit sur une épidémie de fièvre typhoïde à Bourg
en l»»-i889.
M. Ttllaux oflVe la seconde partie du tome 11 de son Traité de chirurgie
clinique.
M. Leblanc dépose nno note manuscrito de M. Cagny sur la vaccination
animale.
Abcès du foie. — M. le docteur Chauvely professeur à
rEcole du Val-de-Grâce, lit une note sur quatre abcès du foie
ouverts au bistouri avec des remarques sur Topporlunité de
rintervention et sur ses conditions. De ces quatre faits deux
se sont terminés par la guérison, deux par la mort, due à la
présence d'autres collections purulentes dans le foie, et
surtout à l'étiil cachectique avancé dans lequel se trouvaient
les malades au moment de Tintervenlion. Tous avaient con-
tracté dans les colonies la dysenterie et la fièvre. L'affection
remontait à plusieurs mois quand on soupçonna Thépatile
suppurée et qu'une ponction exploratrice en vint confirmer
Texistence. Dans deux cas l'abcès siégeait à droite, dans les
deux autres cas il occupait le lobe gauche ; ces derniers
furent suivis de mort. L'incision faite au bistouri ne pré-
senta pas de difficultés sérieuses; elle correspondait au siège
du gonHement, au point de ponction du trocart. M. ChauVel
conclut:
l*" L'ouverture immédiate, directe, au bistouri des abcès
du foie, ne présente pas de dangers au poitit de vue de la
péritonite, si elle est pratiauée antiseptiquement.
± L'ouverlure doit être large, conauire directement dans
le foyer. En raison du relèvement du foie après l'évacuation
du liquide, il est bon de la faire aussi haut que possible;
si elle se rétrécit par le rapprochement des côtes, la résec-
tion de relles-oi peut être indiquée.
^'^ Il est inutile et peut-être dangereux de suturer le foie
à la plaie pariétale.
4*^ L'ouverture large doit être faite hàlivement, et des
ponctions exploratrices sont nettement indiquées sitôt
qu*on soupçonne du pus.
ô"* Il est presque toujours impossible de reconnaître
l'existence d'autres abcès assez sûrement pour rejeter toute
intervention. Dans ces conditions fâcheuses, l'incision largo
du foyer principal fait disparaître une des sources de la
fièvre^ elle favorise louverlure des foyers secondaires dans
la cavité devenue vide. Si elle n'arrête pas la marche de
Taffection, elle n*exerce sur son cours aucune influence
nuisible.
6'' Les abcès du lobe gauche paraissent plus graves, tant en
raison de la péricardile par propagation, que de la proba-
bilité d'autres collections dans le volumineux lobe droit.- -
(Cette note est renvoyée à l'examen d'une Commission com-
posée de MM. filiaux ei Rochard.)
Tétanos. — M. Verneuil répond aux objections qui
lui ont été faites dans les séances précédentes à sa théorie
sur l'origine équino-tellurique du tétanos. Il s'ofTorce
surtout de réfuter l'argumentation de M. Leblanc, dont le
séparent à la fois ses doctrines médicales et la manière d'in-
terpréter les faits eux-mêmes. Par contre, avec M. Nocard,
il admet comme démontrées la nature spécifique, infectieuse
et virulente de la maladie et sa transmissibilité de l'homme
aux animaux et des animaux entre eux par inoculation ; le
tétanos n'a qu'une cause réelle, le virus tétanique, indépen-
dant, distinct, que rien ne peut créer, sans lequel I affection
ne saurait apparaître et dont à son tour la maladie atteste
absolument la présence alors même que la provenance reste-
rail tout à fait inconnue. Sans rejeter l'influence, exception-
nelle d'ailleurs, des causes banales: froid, chaud, sécheresse,
humidité, émotions, excès, fatigue, malpropreté, etc.,
dont nos pères reproduisaient invariablement la liste mono-
tone à propos de chaque maladie infectieuse, M. Verneuil
estime que toutes ces causes, isolées ou réunies, sont
impuissantes à produire un seul cas de tétanos si le virus
tétanique est absent. L'homme ne pouvant créer ce virus, il
doit nécessairement le recevoir des objets animés ou non
qui l'entourent; parmi ces objets se trouvent la terre cul-
tivée, puis les animaux, l'homme en tête, les animaux
domestiques, le cheval entre autres. D'autre pari, il faut con-
sidérer le cheval tétanifere comme un animal malsain, qui
néanmoins et pour cela n'est pas malade, toUt comme le
médecin qui transmet une maladie infectieuse à son client.
M. Verneuil accumule les preuves à l'appui de sa manière
de voir : sa conception de la triple provenance du tétanos,
fût-elle erronée, lui parait n'avoir aucun inconvénient en
pratique; en faisant tout dériver du cheval, on n'en prend
pas moins des précautions contre l'homme, la terre et en
général tous les objets qu'on soupçonne contaminables et
contaminés. Si l'on n'a peur que de la terre et qu'on méprise
les autres sources de danger, on risque par cet opiinisme de
négliger la plupart des mesures prophylactiques que
H. Verneuil énumérait dans un précédent discours et qui
diminueraient certainement le péril jusqu'au jour où Ton
aura trouvé le moyen de détruire le microbe tétanique lui-
même.
M. Leblanc, rappelle H. Verneuil, fait jouer à la pré-
disposition un rôle primordial dans l'étiologie du tétanos;
pour lui, cette prédisposition est presque tout, le virus
tétanique presque rien ; pour un peu on pourrait s'en passer.
Or, la proposition doit être absolument renversée, car on
voit tous les jours le virus infecter des sujets chez lesquels
on ne peut découvrir aucune prédisposition, tandis qu'on ne
constate jamais la réunion complète de toutes les causes
prédispo.<$antes produire le tétanos, si le virus tétanique fait
défaut. En un mot, ce virus est nécessaire, ta prédispo-
sition n'étant (|ue contingente. Du reste M. Lebl.inc ne dit
pas à quels signes il reconnaît la prédisposition. Passant^
ensuite rapidement en revue les observations présentées par
MM.Trasbot,Lagneauet Laborde, M. Verneuil maintient les
conclusions qu'il a précédemment lues.
M. Goubaux n'est pas d'accord avec M. Verneuil sur
Forigine du tétanos, car il pense qu'en dehors des causes
invoquées par celui-ci, il en est beaucoup d'autres dont il
n*a pas piirlé. En effet, M. Goubaux a fait lui-même un
grand nombre d'autopsies d'animaux tétaniques; il s'est
3iô
N« 49
ÔAZEtTE itE^BDOMADAIRE DE HÉDEGINE ET DE CHIRURGIE
10 Mai 1889
blessé très souvent avec les instruments ou avec des
esquilles osseuses et jamais il n'a contracté le tétanos.
Depuis 1763 jusqu'à nos jours, un seul élève est mort de
tétanos à l'Ecole d'Alforl. D'autre part,M.Trasbot a recueilli
soixante observations de tétanos; tous les animaux atteints
ont été autopsiés par les élèves et pas un de ceux-ci n'a con-
tracté le tétanos ; enfin, il n'a iamais vu un seul cas de
contagion du tétanos à l'hôpital, et cependant, dès qu'un
cheval était mort de cette affection dans une stalle, on le
remplaçait par un autre cheval atteint d'une maladie quel*
conque. Si un grand nombre de chevaux tétaniques avaient
des plaies, surtout au pied, il en a vu d'autres chez lesquels
le tétanos s'était développé, bien qu'ils n'eussent aucune
Klaie ; on invoquait alors le froid, l'insolation, etc.
'ailleurs, dans l'opération du foucttage qui se fuit au moyen
d'un bout de fouet noué plusieurs fois sur le cordon, il
arrive fréquemment que les moulons se relèvent de leur lit
de paille avec le trismus; on ne peut pas dire qu'il y a là
contagion. A la ferme de Vincennes, il y a vingt-cinq ans
environ, on fit châtrer 33 béliers par un vétérinaire; ces
33 béliers moururent du tétanos. Il en restait 28 qu'on pria
-M. (ioubâux d'opérer; il s'y refusa tout d'abord, parce qu'il
avait remarqué un certain vent frais et un état atmosphé-
rique particulier qui ne lui paraissaient pas favorables. Il fit
la castration quelques jours après, et pas un des béliers ne
mourut. On ne peut ici invoquer Torigine équine,
ruisque, dans cette ferme, il n'y avait pas de chevaux.
I a vu d'autres personnes, il est vrai, qui sont mortes de
tétanos après avoir été en rapport avec des chevaux ou des
voitures; par exemple, un élève de l'Ecole polytechnique
qui, en descendant de l'impériale d'une diligence, s'était
enfoncé un clou dans le pied et mourut du tétanos quelques
jours après. Ce n'est pas l'origine équine qu'il faut faire
intervenir ici, mais bien plutôt l'existence d'une plaie dans
une partie excessivement sensible comme la plante du pied.
En somme, il est absolument de l'avis de M. Leblanc et il
ne peut admettre que le tétanos chez les animaux domes-
tiques soit exclusivement le résultat de l'action tellurique et
de la contagion équine.
M. Verneuil croit n'avoir pas besoin de répondre à
M. Goubaux, puisque celui-ci déclare être absolument de
l'avis de H. Leblanc, avec qui il vient de déclarer être
tout à fait en désaccord. Il fait seulement remarauer que
M. Goubaux a cité des observations qui sont complètement
en faveur de sa doctrine.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret afin
d'entendre la lecture d'un rapport de M. Cartel sur les can-
didats au titre de correspondant national dans la quatrième
division {Physique et chimie médicales, pharmacie), La
liste de présentation est établie comme il suit: 1* M.Balland;
± M. Ha lier ; 3» M. Soubeiran; 4» ex œquo, MM. Fleury,
Lacour-Eymard et Merget.
— L'ordre du jour de la séance du 14 mai est fixé ainsi
u'il suit: Communication de M. Worms sur la forme lente
u diabète et son traitement.
3
Soeiëié de chirurgie.
SÉANCE DU 1" MAI 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LE DENTU.
tlèsection du pied : M. Ollier. — Bappression da drainage : M. Jules
Bœokel (de Strasbourg). Discussion : MM. Segond,.01Uer, QuAnu,
Reclus. Berger, M. 8ée.
M. pilier ne pense pas que les indication de Vopération
fh MikuUcz soient fréquentes dans les tumeurs blanches.
Il lelale une observation d'extirpation sous-périoslée du
calcanéum et de Tastragale suivie de régénération partielle
du calcanéum.
— M. /. Bœckel (de Strasbourg) est partisan de la suft-
pression du drainage des plaies, il qualifie même le drai-
nage d'erreur chirurgicale lorsque les tissus réunis sont
sains. Il cite trente-trois opérations faites depuis un an saiK
drainage, sans aucun acciclent (cures radicales de hernii>.
ablation de ganglions, amputation du sein, amputations, etc. ).
Au début, il a mis dans un des angles de la plaie un crayon
fusible à Tiodoforme, depuis il y a renoncé. Parmi ces opè-
rations nous relevons dix résections du genou. Dans toiitoela.
pas une goutte de pus. Et cependant, ajoute M. Bœckel, rien
de pins défectueux, de plus antique que la salle d'opéni-
tiens de Thôpital civil de Strasbourg. Cette installation, tout
à fait rudimentaire, démontre qu'un chirurgien soigneux
peut assurer ranlisepsie dans n'importe quel local, a\er
n'importe quelles substances et n'importe quels fils à li^'a-
ture. M. Bœckel fait d'ailleurs aussi peu de ligatures que
possible et il proscrit les éponges. Il insiste sur ce qu'oui
de ridicule ù ses yeux les excès minutieux de ranlisepsio
pré-opératoire.
M. Segond admire les résultats de M. Bœckel, et rappeili-
que naguère encore M. Trélat montrait à la Société qu'avec
une plaie aseptique et bien affrontée le drainage est inutile.
Mais M. Segond continue à considérer le drainage comme
une conquête importante de la chirurgie et non comme
une erreur. Il ne faut dire ni toujours, ni jamais : comme
ftour les laparotomies, le drainage a des indications dai^
a chirurgie courante. M. Segond est le premier à sVn
passer dans bon nombre de cas et il cite à cet égard quel-
ques observations fort nettes, mais il persiste à croire que
souvent on s'exposerait à des déboires si l'on refusai!
d'user d'un drainage de sûreté, très peu durable : c'e>t
même ce que M. Championnière érige en principe, et il ii';»
pas à s'en plaindre. Une des conditions les plus importante^
de la réunion sans drainage des tissus sains et asepliqueN
est d'exercer sur la région une compression exacte et pro-
longée, ce qui n'est pas toujours possible.
M. Ollier est partisan en principe de la suppression du
drainage après la résection du genou. Mais en pratique il
croit nue c est souvent impossible à réaliser. Son désaccord
avec M. Bœckel vient probablement en partie de ce qu'il
opère lorsque les lésions sont plus avancées, lorsque la tu-
meur blanche a suppuré : dans ces cas, le drainage e^l in-
dispensable. M. Ollier est partisan des drains rêsorbabieN
en os décalcifié; quelquefois il écarte un angle de la plaie
avec un faisceau de fils de catgut. Il assure de la sorte un
drainage temporaire. Pour les plaies aseptiques, on penl
faire la réunion totale : ainsi pour les résections orlh(»p<'-
diques, tout comme pour les fractures compliquées bion
antiseptisées.
M* Quénu s'associe aux réserves de MM. Segond el
Ollier. Il ajoute qu'à ses yeux l'antisepsie pré-opératoire par
les pansements de la région à opérer et la stérilisation des
instruments ont une grande importance. Il pense que les
éponges sont bonnes si elles sont bien préparées; que le
lavage fréquent de la plaie pendant l'opération est une
mauvaise pratique.
M. Reclus depuis i888 a presque toujours évité le drai-
nage, pour les opérations les plus variées, il a vu quelqu»-
fois des rétentions de sang, de sérosité, voire de pus, m'^^
il n'a jamais eu à déplorer les accidents d'inflammation
diffuse contre lesquels on préconise le drainage de sùrel;*.
M. Reclus remplit d'ailleurs la plaie d'une pommade nnli-
septique à la vaseline additionnée d'acide bori([ur, d iodo-
forme, d'antipyrine. L'antipyrine est fort utile comme
analgésique, car elle rend indolente la compi'ession de la
plaie, et la compression est indispensable : un léger ama>
10 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE Et DE ClIfhUhGIÈ
— NM9 — 311
de sérosité, et les roicrocoques oubliés s'y cultivent. C*est
préciséuient pour cela qu'au sein, par exemple, une com-
pression énergique sur le thorax étant pénible à supporter,
le drainage est peut-être avantageux. Aussi M. Reclus, tout
en agissant à peu près comme M. Bœckeï, ne saurait-il
désapprouver M. Segond. La différence n'est pas bien graaide
entre les résultats des deux pratiques et il convient d'ajou-
lerque la meilleure antisepsie est celle à laquelle on est
le plus habitué.
M. Berger admet en principe la suppression du drainage,
et avoue qu'il draine encore beaucoup, par un reste de pré-
jugés sans doute. Pour les cures radicales, pour beaucoup
d'extirpations de tumeurs, il ne draine plus. Mais pour les
résections du genou il partage les idées de M. Ollier. Pour
les ablations (Tu sein avec évidementde l'aisselle, le drai-
nage est bon : c'est un inconvénient léger, qui met à l'abri
de gros inconvénients possibles.
JI. ^farc SéesL depuis six à sept ans la même tendance
que M. Bœckel. Il croit fort utile d'assurer un affrontement
exact en roulant une bande élastique autour du pansement :
c'est le seul moyen pour oblenir une compression égale et
permanente. M. Sée proscrit les grands lavages des plaies
pendant les opérations. Avant d'affronter les surfaces, il y
msnffle de la poudre de bismuth.
M. Bceckel reconnaît avoir un peu exagéré sa pensée
quand il a traité le drainage d'erreur chirurgicale. Il pense
seulement que le drainage est le plus souvent inutile, et
constale dès lors qu'il n'est pas en contradiction avec les
orateurs précédents. Il a essayé les drains résorbables de
Neuber et en a été mécontent. Il répond à M. Quénu qu'il
mainlient son dire pour les appareils compliqués destinés à
stériliser les instruments, mais que ses critiques de l'anti-
sepsie pré-opératoire ne visent pas la désinfection préalable
et prolongée de la région à opérer. Elles s'adressent seule-
ment à quelques chirurgiens qui, par exemple, ne sauraient
opérer s'ils n'avaient pris, juste auparavant, un bain anti-
septique.
A. BnocA.
Soetél^ de felolog^le.
SÉANCE DU 4 MAI 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. BnoWN-SÉQUARD.
Action ihèrapeatique de la pyrodine : M. G. Lemoine. — Transmis-
sion de la toberculose : M. Sanchez Toledo. — Sur la toxicité des
urines de la pneamonie : MM. Gaume et Roger. -* Nouvelle mé-
thode pour la reoherohe des matières oolorantes : M. d'Arsonval.
— Nouveau spectrophotomètre : M. d'Arsonval. — Influence du
milieu sur le développement d'une espèce de m Palœmon.» :
M. Giard. — Présentation d'appareils : M. Malassez. — Sur une
cause d'immunité contre la maladie pyocyanique : M. Charrln.
M. Gley jirésente une note de H. G. Lemoine (de Lille)
sur l'emploi thérapeutique de la pyrodine. Il résulte des
recherches, de M. Lemoine» faites surtout sur des malades
tuberculeux, ({ue cette substance constitue un antither-
mique très puissant et un analgésique non moins puissant,
à faible dose. A forte dose, elle peut déterminer des acci-
dents assez graves.
— M. Sanchez Toledo a cherché à voir dans de nom-
breuses expériences sur des cobayes si la tuberculose se
transmet de la mère au fœtus. On sait que Baumgarten a cru
pouvoir ramener à ce fnit, donl il aurait constaté la réalité,
rinfluence de l'hérédité dans la tuberculose. Les expé-
riences de H. Sanchez Toledo montrent que ce passage du
, bacille à travers le placenta n'a effectivement pas lieu.
' — M. Roger, à propos du procès- verbal, s'attache à prou-
I ver que les expériences qu'il a faites avec M. Gaume sur la
toxicité des urines dans la pneumonie sont en réalité très
différentes de celles de M. A. Robin et de celles de M. Lé-
pine.
— M. d'Arsonval expose une nouvelle méthode qu'il a
imaginée pour la recherche et le dosage des matières colo-
rantes, comme l'hémoglobine, par exemple, au moyen de
procédés opiiques. Le procédé consiste essentiellement à
obtenir la photographie du spectre des matières colorantes:
M. d'Arsonval a remarqué que la plaque photographique
révèle des colorations nui sont invisibles pour l'œil, comme,
par exemple, des bandes d'absorption dans la région ultra-
violette.
— M. d'Arsonval présente le modèle définitif du spectro-
photomètre qu'il a décrit l'année dernière.
— M. Giard a constaté que les œufs d'une espèce de cre-
vette très analogue au palœmon vnrians sont à Wimereux
beaucoup plus petits, mais beaucoup plus nombreux que sur
les côtes de la Méditerranée ou dans d'autres lieux, et il
trouve la raison de ce fait dans la moindre salure de l'eau.
-;- M. Malassez présente un système d'objectif donnant
des images droites et dont le foyer peut être à volonté al longé,
et présente eu second lieu un nouveau pied porte-loupe.
— HL. Charrin montre que l'inoculation de la maladie
pyocyanique au cobaye ne détermine qu'une lésion cutanée
assez insignifiante. Mais celte lésion n'est purement locale
qu'en apparence. Car si, après qu'on a produit deux ou trois
ulcérations successives de ce genre, on veut déterminer une
nouvelle inoculation, on ne réussit pas. L'étal général de
l'animal a donc été modifié et il s'est produit une véritable
immunité.
BIBLIOGRAPHIE
Sarffleal bactertology, par M. NiCHOLAS SeNN, professeur
de pathologie chirurgicale à « Rush médical collège i>,
Chicago. — Lea Brothers and C^ Philadelphia, 1889.
« Depuis ({uelques années, la bactériologie a révolutionné
la pathologie chirurgicale Toutes les complications des
plaies et presque toutes les lésions inflammatoires aiguës et
chroniques que le chirurgien doit traiter sont causées par des
micro-organismes. » Aussi M. Senn a-t-il cru utile d'expo-
ser en un traité didactique les faits principaux, grossiers
pour ainsi dire, que le chirurgien a besoin de connaître s'il
veut s'élever un tant soit peu au-dessus des vulgarités de
la pratique pure et simple. Nous sommes heureux de con-
stater l'apparition de ce livre, écrit au point de vue spécial
qui intéresse les chirurgiens.
Les premiers chapitres sont consacrés à l'étude des pro-
blèmes généraux que soulèvent aujourd'hui les recherches
bactériologiques. L'auteur aborde d'abord la question de la
transmission héréditaire des maladies microbiennes, et,
laissant de cùlé la transmission d'un état général tel que les
microbes trouvent un terrain favorable à leur culture, s'at-
tache surtout à l'exposé des faits qui prouvent que les
micro-organismes peuvent passer de la mère au fœtus à
travers le placenta. Puis vient l'histoire des sources de
l'infection, puis celle des causes qui localisent cette infec-
tion, et dans ce dernier chapitre les types considérés sont
avant tout l'ostéomyélite aiguë et la tuberculose osléo-
articulaire, cette dernière donnant lieu à des considérations
sur les auto-inoculations traumaliques ; mais aussi l'orga-
nisme se défend, détruit et élimine les microbes qui l'en-
vahissent : de là Tétude de la phagocytose, de l'élimination
par les reins. Enfin ces généralités se terminent par un
aperçu sur l'antagonisme qui existe entre certaines variétés
de uiino-organisme.
312 — N* 19 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
40 Mai im
Nous entrons après cela dans la description des cas par-
ticuliers : inflammation, suppuration, gangrène, septicémie,
pyohémie, érvsipèle, tétanos, tuberculose, charbon, acti-
nomycose, blennorrhagie, syphilis. A propos de tous ces
processus ou maladies, sont indiquées les propriétés biolo-
giques et pathogènes principales du ou des microbes qui
entrent en jeu. L'ouvrage se termine par un chapitre sur
Torigine microbienne des tumeurs.
En somme, traité élémentaire et clair, contenant le
résumé de faits nombreux et appuyé sur une bibliographie
dont les indications ont une précision qui inspire la con-
fiance. Nous dirons encore que M. Senn a eu soin de dresser
une table analytique des matières et des auteurs, d*où une
grande facilité de recherches.
Traité d'osiécto^ie comparée, par MM. G. POUCHËT,
professeur d'anatomie comparée au Muséum et H. Beau-
regard, aide naturaliste de la chaire, avec 331 flgures
dans le texte. Paris, G. Masson, 1889.
Il existait déjà des traités d*ostéoIogie comparée, mais
aucun d'eux ne s'étendait sur toute la série des vertébrés.
Ils s'attachaient tous à la* description plus ou moins précise
d'un certain nombre de types. Mais l'étudiant se trouvait
ainsi mal guidé lorsque, désireux de connaître Tanatomie
comparée, il se dirigeait vers les galeries d'ostéologie du
Muséum. Aujourd'hui, il sera pourvu d'un rade mecum. Ce
livre est en eflet un résumé des caractères ostéologiqnes
principaux de tous les. groupes de vertébrés : c'est dire que
pour chacun de ces groupes la description est forcément
très brève. Mais elle est amplement suffisante pour que
l'élève puisse s'y reconnaître en examinant les os mis à sa
disposition ; et cela d'aulant plus qu'à l'ouvrage sont an-
nexées de nombreuses figures, intercalées dans le texte.
C'est donc là un traité qui est appelé à rendre de grands
services.
Il est certain que l'analvse d'un tel livre est absolument
impossible à faire ; et que dès lors nous devons nous bornera
dire dans quel sens il a té conçu. Nous ajouterons seu le-
ment que les auteurs ont cru devoir procéder du connu à
l'inconnu; partir d'une description assez détaillée du sque-
lette humain pour descendre peu à peu dans la série des
vertébrés. Et pour terminer nous dirons combien ceux qui
s'intéressent aux choses de l'anatomie comparée seront
reconnaissants à MM. Pouchet et Beauregard de n'avoir
point reculé devant un aussi grand labeur.
A. Broca.
VARIETES
Concours d'agrêcîation d'anatomik et physiologie. — Ce
concours commencera le mercredi 15 mai 1889 à quatre heures
du soir Le jury se compose de : 1" Juges titulaires: MM. Ma-
Ihias-Duval, président; Parabeuf, Charles Richel, Français-
Franck, Pnulel (de Monlpcllier), Tourneus (de Lille), Moral
(de Lyon);
2° juges suppléante: MM. Slraus, Poirier, Remy el Reynier.
Les candidats de la section d'anatomic sont au nombre de
trois, tous trois pour la Faculté de Paris. Ce sont MM. Guinard,
Uelierer et Variot.
Les candidats de la section de physiologie sont au nombre de
neuf Ce sont: \° pour la Faculté de Paris :Uyi. Crosnier de
Varignv, filey, Langlois, Pages; 2» pour la Faculté deMoupH-
/«>r: MM. Abelous et Lapeyrc; 3" pour la Faculté deBordcdur:
M. Hédon; 4" pour la Faculté de Lille: M. Meyer; 5" pour la
Faculté de Lyon: M. Viallélôni
Concours d'agrégation de physique, chimie et pharmacie. -
Ce concours s'ouvrira le mercredi 15 mai 1889 à midi.
Le jury se compose des professeurs et agrégés dont les iiuiu^
suivent:
!• Juges titulaires: MM. Gavarret, président; Gariel,.\rmai)ii
Gautier, Re^nauld, Ën^el (de Montpellier), Charpentier (i<
Nancy), Figuier (de Bordeaux);
2<> Juges suppléants: MM. Proust, Hanriot, Gabriel Pouchei.
Villejean.
Concours pour le Bureau central {Médecine). — Oui èi»
déclarés admissibles aux épreuves définitives les div candidat^
dont les noms suivent: MM. Dreyfous, André Petit, Richardurr.
Marfan, Robert, Variot, Galliard, Duplaix , Giraudeau h
Lermoyez.
LÉGION d'honneur. — Par décret en date du i mai suut
promus OU nommés au grade de commandeur : M.M. les do -
téurs Gaujot, médecin inspecteur, directeur de FÉcole d'appli-
cation de médecine militaire; Frilley, médecin principal lie
1" classe; Duplouy, directeur du service de sftnlé de la marin.-
à Rochefort.
Au grade d'officier: MM. les docteurs Delahousse, Boisseau,
Debousseaux, médecins principaux de 1^» classe ; Lortal, Jarol»,
médecin principal de 1" classe en retraite; Bouchard, mêlecin-
n)ajor de Tarmée territoriale; Weber, Willigens, médecins-ma-
jors de 1"» classe; Friocourt, Dupont, Gués, médecins en cheî
de la marine.
Au grade de chevalier : MM. les docteurs Moizard, médecin
des hôpitaux de Paris, chef du service médical de rExposiiimi:
Tibal, Baillif, Ocana, Michaudj Roberl, Sauveroche. Lœwtl,
Audet, Strauss, Doubre, Danlin, Bouire, (iourlol, Villedan.
médecins-majors; L'héritier de Chazelle, médecin aide-major;
Isaac, ancien médecin militaire; Viffuier, Paulus, méderins de
la gendarmerie; Bertrand, Grios, Hercouet, Grisolle, n«'iia/r.
Galibert, Canolle, Bohéas, Baril, Quédec, Bafaelli, médecins d»
la marine; Clos et Treille, médecins de Farmée territoriale.
Souscription Chevueml. — - Le Conseil municipal de la vill.
d'Angers vient de décider qu'une souscription nationale sérail
ouverte en vue d'élever sur une des places publiques d'Angers
une statue à la mémoire de M. Chevreul.
SouscniPTiON Auzoux. — La Société des sciences, agriculture,
arts et belles-lettres du département de l'Eure a pris Finiliatiw
d'une souscription pour élever un buste à la mémoire d'Auious,
l'inventeur de Vanatomie clastique. Les souscriptions peuvent
élre adressées à MM. Maxime Buisson, rue de la Petité-(>ité. à
Evreux; docteur Taurin, 3, rue Perronnet, à Paris ; docteur
Baudré, au Neubourg.
Asile Sainte-Anne. — M. le professeur Bail reprendra \c
cours de cliuiaue des maladies mentales à lasile Sainte-Anne
le dimanche 12 mai à dix heures du matin, et le continuera li>
dimanches et jeudis suivants à la même heure.
— M. le docteur Rouillard, chef de clinique, médecin adjonl
de l'asile Sainte-Anne, fera des conférences cliniques les mer-
credis à quatre heures de l'après-midi.
Mortalité a Paiiis (17* semaine, du i\ au '21 avril
1889. — Population: 22(>09i5 habitants). — Fièvre typhoïde, 10.
— Variole, 5. — Rougeole, li. —- Scarlatine, 2. -— Coque-
luche, 14. — Diphthérie, croup, 37. — Choléra, 0.'-- Phlhisie
pulmonaire, 218. — Autres tuberculoses, 2i. — Tumeurs,
cancéreuses, i\ ; autres, 1. -- Méningite, 37. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 46. — Paralysie, i> -
Hamollissemeut cérébral, 13.— Maladies organiques du cœur,.')^.
— Bronchite aiguë, 25. — Bronchite chronii|ue, 18. — Broncho-
pneumonie, 32. — Pneumonie, 71. — Gastro-entérite: sein, 1-;
biberon, il. — Autres diarrhées, 5. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 4. — Autres affections puerpérales, 1. -— Débilité con-
génitale, 27. — Sénilité, 24. — Suicides, 26. — Autres nior/s
violentes, 13. — Autres causes de mort, 193. — <''«»'*^''
inconnues, 15. — Total: 1055.
G. Masson, PropriHnirC'Gérant-
i90(U. ~ MOTTBROi. ^ ImpWmèrici rcuaiet, ▲, rue M^non, â. l'>'^»
TnENTB-SIXlâMB ANNÉE
N*20
17 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ. E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS.FRANCK. A. HËNOCQUE, A..J. MARTIN. A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, ii, nie de Lille (avant le mardi île préférence)
SOMlf AIRE. — BULLITIN. — FORNULAini THBHAPBUTIQUB. Du traîteiDOiit de
ri n continence nocturne urinnire par le rhua aromaticus. >- Rbvub des cours
BT OBS cLtMiQUBS. Pacultë de médecine. Cours de pathologie interne; M. le
professeur Dieolafoj : SyphiHs du poumon et de la plèvre. — Travaux ori>
CINAUX. Clinique nu^dicale : Un cas de maladie de Morvan, suivi d'autopsie.
— SociBTés SAVAKTBS. Académie des sciences. ~- Académie de médecine. —
Société médicale des hôpitaux. — Société de chirurgie. — Rbvub obl jour-
naux. Travaux à cousulter. — Bibliograph». Lunettes et pince-nez. — Va-
riétés. Concours d'admission à l'école de sanlé militaire en 1889.— FEUILLETON.
Éloge de A. Dechambre.
^ BULLETIN
Paris, 15 mai 1889.
Académie de médecine : Du diabète h évotatUn lente et
de aon traitement. — De la réaiection de la hanche
«lane lea eae. de coxalgie enppurée. — Société médicale
des hôpitaux : ^rophylmuîe dee maladies eontaglenees
dans lee h^pitanx d*enfant«. — Association générale
des fnédecins de France : Séanee annuelle.
La discussion qui s'est élevée récemment devant TAca-
demie (voy. Gazette hebdomadaire^ p. 233) au sujet du
Irailemenl du diabèle sucré par l'antipyrine, a sug-
géré à M. Jules Worms l'idée de faire connaître ses obser-
vations personnelles et d'insister sur la nécessité de ne
pas confondre, les uns avec les autres, sous une même
dénomination exclusivement symptomatique, des états mor-
bides essentiellement différents. Dès le début de ses consi-
dérations sur le diabète sucré à marche lente, M. J. Worms
fait remarquer, en effet, que l'étude expérimentale des
conditions physiologiques dans lesquelles le sucre peut
apparaître accidentellement dans l'urine n'éclaire que peu
le pronostic de la maladie connue sous'le nom de diabète
sucré et qu'il convient dès lors de faire appel à l'observa-
tion et à l'expérimentation cliniques pour juger et classer
les médications vraiment utiles.
Se plaçant à ce point de vue et analysant dans leurs détails
essentiels les 41 observations de malades qu'il a pu suivre,
depuis vingt-cinq ans, dans tout le cours de leur affection,
M. J. Worms étudie avec la plus minutieuse attention les
antécédents héréditaires, le mode de début, l'évolution
clinique, les accidents qu'il a observés. Il arrive ainsi
à pouvoir affirmer que les symptômes considérés d'or-
dinaire comme pathognomoniques de l'état diabétique,
c'est-à-dire l'exagération de la soif et de la faim ainsi
que l'augmentation notable de la quantité d'urine émise
dans les vingt-quatre heures, ne s'observent pas toujours,
surtout au début, en même temps que le sucre appa-
raît dans les urines; il .fait remarquer avec non moins de
raison que la proportion du glycose constaté à l'analyse
importe moins encore que sa persistance. Lorsque, malgré
la rigueur du régime et l'administration successive des
médicaments les plus divers, on n'arrive pas à faire dis-
paraître le sucre et surtout lorsqu'on ne parvient pas a
diminuer, au moins accidentellement, sa proportion, il faut
en conclure que la maladie est grave et que les complica-
tions du diabète sont toujours à redouter.
Dans l'une de ses observations, prise avec beaucoup de
soin et d'attention, M. J. Worms démontre aussi une fois
FEUILLETON
Élof^e de A. Deehambre.
Par N. le docteur A. Ritti.
(Fin. — Voyez le numéro 19.)
En 186i, deux éditeurs aux grandes initiatives, Asselin et
Victor Masson, décidèrent la publication d'un Dictionnaire
encyclopëdiaue des sciences médicales; ils en contièrent la
direction à Uechambre et à Raige-Delorme. Au bout de deux
volumes, ce dernier se retira; Dechambre resta seul à la léte
de cette œuvre monumentale, c qui fut comme le couronne-
ment de sa vie et qui restera rhonneur de sa mémoire >.
Il en conçut le plan sur Téchelle là plus vaste; car il s'agis-
sait de parcourir tout le cycle des connaissances médicales,
dans leur plus large acception : ce qui explique la place impor-
tante donnée aux sciences dites accessoires, telles que la phy-
sique, la chimie, la botanique et la zoologie, et à celles que
«• Staii, T. XXVI.
j'appellerai volontiers dérivées, comme l'anthropologie , la géo-
graphie médicale, Phygiène et la démographie, sans oublier
rhistoire, la biographie et la bibliographie. L'immensité et la
variété de ce programme n'étaient pas faites pour effrayer
Dechambre; mais il ne s'illusionnait pas sur les difficultés
d'exécution. Il possédait heureusement toutes les qualités néces-
saires pour mener à bien une part*ille entreprise : l'opiniâtre
ténacité, la patience persévérante, le savoir multiple, et sur-
tout une grande facilité de travail.
On se fait difficilement une idée de la lâche à remplir, rien
que pour l'établissement de la table des matières d'une encyclo-
pédie. Et cependant c'est par elle qu'il faut commencer. Aucun
terme, ancien ou nouveau, ne doit être oublié, si l'on veut être
complet. Et être complet, n'est-ce pas la qualité maltresse d'un
tel ouvrage?
Littré raconte quelque part comment il fit son Dictionnaire
de la langue française (l). Dans ce récit d'une exquise bon-
(1) Btudei et glanuret, pour faire suite à VHietoire de la langue françaiee,
Pari^ iSSO.
20
3d4 — N« 20 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
17 Mai 1889
de plus — car des fails analogues ont été cités à diverses
reprises, en particulier par M. le docteur Farge (d'Angers),
par M. le docteur Duhorame, etc. — qu'il convient, pour
juger l'état d'un diabétique, de pratiquer des analyses
excessivement fréquentes de ses urines. D'un jour à l'autre,
voire même dans une seule journée, on peut constater les
variations l^ plus extrêmes dans la proportion du gljcose
éliminé par les urines. Et ce n'est pas seulement sur les
malades atteints de diabète aigu, rapide, à oscillations
extrêmes, que s'observent ces changements si considérables,
qui font tomber, dans une même journée, la proportion du
sucre urinaire de 50 et 60 grammes à 2 grammes. Les
diabétiques vrais, ceux dont la maladie est lente et relati-
vement bénigne, présentent eux aussi ces variations consi-
dérables dans la proportion du sucre éliminé.
Il en est de même du rapport qui semblerait devoir exis-
ter entre la quantité du sucre et celle de l'urée que rendent
les malades. Comme la plupart de ceux qui ont étudié
cette question, M. .UWorms a reconnu qu'il n'existe aucun
parallélisme entre la glycosurie et Tazoturie du diabétique.
Mais nous n'avons pas à insister ici sur les considéra-
tions théoriques abordées à diverses reprises au cours de ce
savant travail. Celui-ci, essentiellement pratique, a eu surtout
pour but de montrer que les médications les plus diverses
[jeuvent convenir aux diabétiques. H ne faut pas s'efforcer
de trop combattre la glycosurie, qui, suivant une pittoresque
expression de M. Bouchard, « est la sauvegarde du diabé-
tique ». Il convient de rechercher avant tout et surtout à
relever le taux de la nutrition, à prévenir les déperditions
qui seraient la conséquence inévitable de l'exagération
avec laquelle se produisent chez le diabétique le sucre et
surtout l'urée. M. J. Worms pense qu'à ce point de vue
l'adjonction du sulfate de quinine au régime alimentaire
formulé par Bouchardat répond aux indications principales
du traitement. Celui-ci doit varier suivant les formes de la
maladie et même suivant les malades. Pour le diabète
sucré, comme pour toutes les maladies par ralentissement
de la nutrition, il ne saurait exister de spécifique, de médi-
cation exclusive.
— Au début de la séance, M. le professeur Ollier (de
Lyon) avait fait une importante communication relative aux
résultats que donnent les résections de la hanche dans les
cas de coxalgie suppurée. Les résultats définitifs de cette
opération ne peuvent être jugés qu'après trois années. Si, à
ce moment, on interroge longuement les opérés; si Ton
tient compte des efforts qu'ils ont à exécuter pour la marché
pour la station debout, etc., on arrive, dit M. Ollier, à celle
conclusion que l'ankylose osseuse est souvent préférable à
une néarthrose mobile.
— La Société médicale des hôpitaux a entendu dans sa
dernière séance la lecture d'un rapport rédigé par M. le
docteur Comby au nom de la Commission chargée d'étudier
les mesures à prendre pour combattre la transmission
des maladies contagieuses dans les hôpitaux d'enfants. Le
titre seul de ce rapport indique nettement que la Commis-
sion a voulu limiter son mandai à l'étude pratique des
procédés à mettre en usage pour améliorer l'hygiène des
hôpitaux consacrés aux maladies de l'enfance. Toutes les
considérations relatives aux modes divers aussi bien qu'à
la durée de la contagion de ces maladies ont été systé-
matiquement écartées. Les conclusions que nous repro-
duisons plus loin (p. 34S) ne répondent donc point aoi
questions posées par M. Gouraud et par divers autres
de ses collègues qui auraient désiré voir la Société des
hôpitaux s'efforcer de résoudre quelques-uns des problème>
qui se posent journellement aux médecins appelés à traiter
les maladies de l'enfance. Mais, ces réserves faites, il con-
vient de louer la lucidité avec laquelle M. le docteur
Comby a résumé les débats dont nous avons rendu compte
et le talent avec lequel il a exposé les idées défendues par
ses collègues de la Commission. ^
La Société médicale des hôpitaux^ se préoccupant sur-
tout de diminuer la mortalité que causent dans les hôpi-'
taux d'enfants les cas intérieurs, adopte dans leur en-
semble les propositions qui lui ont été soumises par M. Se-
vestre d'abord, dont l'intéressante communication a été le
point de départ de la discussion, par M. Grancher ensuite,
dont on connaît la lettre-programme si remarquable à
tant d'égards. Après avoir affirmé que la mortalité dans
les hôpitaux d'enfants parait due aux contagions diverse<
et multiples que détermine et qu'entretient l'absence de
mesures de désinfection suffisamment énergiques (en
particulier la désinfection par l'éluve de MM. Genesle
et Herscher), elle reconnaît, avec M. Cadet de Gassicourt,
que la morbidité dépend surtout de l'importation des
maladies venues du dehors par suite de l'admissiou,
dans les salles communes ou dans les salles de consulta-
tion, d'enfants dont la maladie a été méconnue.
homie et d'une modestie touchante, Tillustre penseur nous fait
assister aux préparatifs et aux progrès de son œuvre. Il avait
adopté un système de fiches, consacrées chacune à un mot, et
sur laquelle étaient inscrits successivement tous les renseigne-
ments relatifs à ce mot, qu'il trouvait ou qu'on voulait bien lui
faire parvenir. Je vois encore, sur une table proche de celle sur
laquelle il travaillait, celte énorme caisse contenant par ordre
alphabétique des milliers et des milliers de cartons blancs^
recouverts de son écriture un peu archaïque. Lorsqu'on lui
apportait un terme nouvellement usité — il aimait beaucoup,
cet excellent maître, cette collaboration volontaire, venant sur-
tout de jeunes gens — il prenait une liche, Ty inscrivait, éta-
blissait son étymologie, en donnait la définition; puis elle allait
trouver sa place dans la caisse à côté de ses aînées.
On trouvait dans le cabinet de Dechambre une caisse sem-
blable : c'était la table des matières de son Encyclopédie,
Chacun des petits cartons contenait, écrits de sa main, outre le
mol, sujet de Tarticle, le nombre de paffes qui devaient lui
être consacrées, le nom de son auteur et la aate à laquelle celui-
ci devrait s'exécuter. Sur ces petits cartons, se lisaient 4es
noms les plus illustres de la médecine, à côté de ceux de per-
sonnalités plus modestes. Tous tenaient à honneur de collaborer,
sous la direction d'un chef estimé et aimé, à une œuvre aussi
éminemment utile.
Ce s^^stème de fiches, outre cette incontestable ulililé admi-
nistrative, en présente une non moindre pour ce qui concerne
les renvois. Ces renvois sont, on le sait, la grande préoccupa-
tion, recueil aussi de tous les auteurs de dictionnaires. ('^1
écueil, d^AIembert et Diderot le connaissaient déjà et ils se-
taient appliqués à Téviter, sachant très bien que de renvoi en
renvoi on finit souvent par l'omission. Et, selon la sage parohj
de Diderot (1), c il vaut encore mieux qu'un article soit nul
•fait (lue de n'être point fait. lUen ne chagrine tant un lecteur
que ae ne pas trouver le mot qu'il cherche, j» Comme de cou-
tume, mettant l'ovemple à côté du précepte, il raconte lauct-
dote suivante : « \]\\ honnête homme acheté un ouvage auquel
j'ai collaboré (il s'agit du Dictionnaire de médecine de .Iaiu<*>) -
(() An. Kmcvclopêdie, iii (Euvres compléter, pulil*ëâ« par i. Awi»Jl e» * •
Touni.ux, Varli, 1S76. l. XIV, p. «ili el suiv.
17 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE -^ N* 20 — 315
A ce double point de vue, la Commission a recherché
d'une pari les moyens propres à assurer, dans les meilleures
conditions possibles, Thygiène hospitalière et la propreté
du personnel qui doit être en contact journalier avec les
malades hospitalisés, d'autre part les conseils à donner à
l'Administration pour obtenir d*elle que l'isolement des
enfants atteints de maladies contagieuses soit fait dans
tes conditions les plus pratiques et les moins onéreuses.
Sur la demande de M. Ollivier, elle a reconnu la
nécessité de réformer le service des consultations externes
en demandant à un interne spécialement chargé de ce
service, de faire la sélection des enfants et de diriger sur
les pavillons d'isolement, ou sur de petites salles dis-
tinctes des salles d'altente, tous ceux qui seraient sus-
pects. Elle a reconnu comme tout aussi urgent d'annexer
aux pavillons d'isolement de la diphthérie des chambres à
lit unique destinées aux cas de diphthérie compliqués de
rougeole, de scarlatine, de coqueluche, etc. Enfîn elle a
adopté toute une série de mesures ayant pour but d'assurer
la propreté du personnel (élèves, surveillantes, infir-
mières, etc.), et du matériel (lits, linges, rideaux, etc.),
dans les salles d'isolement. L'obligation imposée aux méde-
cins et aux élèves de se soumettre à une antisepsie rigou-
reuse après avoir quitté l'amphithéâtre d'autopsie ou au
sortir d'un pavillon d'isolement consacré à la diphthérie
(on en sera dispensé, nous l'espérons, quand on quittera le
pavillon de la rougeole) est une excellente mesure. Il en
est de même de toutes celles qui ont pour objet la
suppression des rideaux et la création de pavillons d'iso-
lement et de rechange. C'est pourquoi nous reproduisons
inextemo au compte rendu de la Société (p. 320) les con-
clusions de l'excellent rapport de M. Comby qui pourront
être adoptées par les administrations hospitalières en pro-
vince aussi bien qu'à Paris.
— La trentième réunion de V Association générale de
prévoyance et de secours mutuels des médecins de France
s'est tenue, sous la présidence de M. le docteur H. Roger,
les 12 et 13 mai derniers. Nous aurions voulu pouvoir
analyser, avec les détails qu'ils comportent, tous les rapports
présentés à cette assemblée et publier m extenso le discours,
•^i plein d'esprit, d'éloquence et de charme, prononcé par le
président général de l'Association. Malheureusement pour
nous, l'encombrement des colonnes de la Gazette nous
interdit un compte rendu détaillé; heureusement pour nos
lecteurs, ils appartiennent presque tous — nous aimons à
l'espérer -— à notre grande fédération médicale ; beaucoup
d'entre eux assistaient à la séance et tous les autres tien-
dront à lire, dans l'Annuaire, ce qui a pu être réalisé
jusqu'à ce jour par l'Association des médecins de France.
Il est cependant dans le discours de H. H. Roger tout un
passage que nous ne pouvons ne pas citer ici. C'est celui
où, après avoir rendu un hommage de gratitude à la mé-
moire de ceux qui ont enrichi l'Association par leurs géné-
reuses offrandes, le Président général rend compte de la
situation financière de l'œuvre.
c Notre incomparable trésorier, dit à ce sujet M. Roger, qui
depuis trente ans veut bien rester inamovible, est satisfait et
justement fier de la prospérité financière de l'Association : tout
à l'heure il montrera la plénitude de ses caisses, la progression
incessante des recettes, et le budget de notre république médi-
cale toujours en excédent, comme à Salente, de fabuleuse mé-
moire, d'où Tcspoir fondé que notre avoir total atteindra bientôt
deux millions et demi. M. le docteur Passant vous donnera aus^
la bonne nouvelle que la Commission des pensions a pu, cette
année encore, n'écarter aucune demande, et elle proposera
demain, au vote de l'Assemblée, toutes les pensions réclamées
par les Sociétés locales : le nombre en sera demain de quatre-
vingt-cinq» qui représentent un capital d'environ douze cent
mille francs. Merveilleuse puissance de Téconomie et de la
bienfaisance confraternelle; payer des cotisations annuelles de
douze francs et s'en faire cinquante mille livres de rente !
c 11 convient cependant de ne pas se faire trop illusion sur une
opulence plus apparente peut-être que réelle : notre organisa-
tion même ne permet guère Taccumulation de richesses per-
manentes; notre Société en participation fonctionne très ditîé-
remmenl des autres ; les actionnaires les plus humbles sont
seuls à toucher des dividendes; les bénéfices leur sont par-
tagés au prorata de leurs souffrances ; les administrateurs fai-
sant emploi des ressources disponibles ne mettent presque
rien à la réserve, et, tout le long des jours sombres, le trésor
s'écoule, s'épuise en bienfaits.
c Certes, TAssociation a beaucoup, mais il lui manque da-
vantage. Pour qu'elle soit constamment en mesure de tenir
envers ses sociétaires des engagements imprescriptibles, il lui
faut travailler incessamment à grossir la fortune de la com-
munauté ; il lui faut posséder des ressources toujours supé-
rieures aux besoins, de manière à fournir aux Sociétés locales
défaillantes un appui plus efficace, et surtout à élever le nombre
et la valeur des pensions viagères, pensions qui sont à la fois,
pour les dignes titulaires, une retraite et un diplôme
d'honneur. >
Il nous semble difficile de mieux caractériser le rôle de
il était tourmenté par des crampes, et il n'eut rien de plus
pressé que de lire l'article Crampe: il trouve ce mot, mais
avec un renvoi à Convulsion ; il recourt à Convulsion, d'où il
est renvoyé à Muscle, d'où il est renvoyé à Spasme, où il ne
trouve rien sur la Crampe. Voilà, je l'avoue, ajoule-t-il, une
faute bien ridicule ; et je ne doute point que nous ne l'ayons
commise vingt fois dans V Encyclopédie, »
L'œuvre de Dechambre tombe-t-elle aussi souvent dans le
péché d'omission, et risque-t-on, en la feuilletant, de courir la
mésaventure de F c honnête homme > dont parle Diderot? J'en
doute fort, surtout pour toutes les grandes questions, qui sont
magistralement traitées et constituent des monographies ^
dont la science et l'érudition sont au-dessus de toute critique,
•le ne dis pas que si quelque esprit chagrin se metUiit à éplu-
cher les cent volumes du Dictionnaire, il ne trouverait pas de-
ci, delà, quelque oubli, quelque erreur à signaler ; mais je suis
convaincu gu'il ne relèverait que des fautes vénielles, ne dimi-
nuant en rien la magistrale grandeur de l'ensemble.
Une critic(ue plus juste, et qu'on n'a pas manqué de faire à
y Encyclopédie des sciences medicnles, cest que, dans l'espace
de vingt-cinq ans qu'a nécessité sa publication, la science a
progressé, des découvertes importantes ont été faites, des idées
nouvelles ont été jetées dans la circulation ; par suite, les
articles des premiers volumes semblent être oe la science
ancienne lorsqu'on les compare à ceux des volumes plus récents.
A cet inconvénient, Dechambre a su heureusement parer, grâce
à la riche synonymie médicale. Je n'en citerai qu'un exeniple :
Axenfeld a doimé, en 1868, une excellente monographie de
l'ataxie locomotrice qui résume admirablement la science du
moment. En vingt ans, une question de cette importance, qu'une
nuée d'observateurs s'acharne à élucider, subit une transfor-
mation presque complète. Le lecteur du D/cttonnaiVé' n'en perd
rien, un heureux hasard voulant que cette douloureuse maladie'
de la moelle porte aussi le nom de tabès dorsalis»
De nombreux faits analogues pourraient être cités : ils dé-
montrent avec quel soin vigilant Dechambre se tenait au
courant de la science, il n'avait pas d'ambitiou plus élevée
que de faire de son œuvre une représentation exacte des con-
naissances médicales de la fin de ce siècle, et pour y arriver,
il travaillait sans cesse, il travaillait toujours, sans se lasser ni
316 ^ N« 2Ô — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
n Mai 1889
rassemblée générale, de répondre plus dignement à ceux
qui cherchent à établir une distinction entre les secours
accordés par l'Association et les pensions de droit que don-
neraient d'autres Sociétés. Nous aurons à revenir prochai-
nement sur cette question. Bornons-nous à répéter avec
M. H. Roger que les pensions de retraite accordées aux
déshérités de notre profession sont aussi honorables pour
ceux qui les reçoivent que pour la Société de secours qui les
accorde. C'est la main d'un confrère qui les reçoit; ce sont
des confrères qui les offrent.
Mais, pour pouvoir secourir toutes les infortunes immé-
ritées et donner à ceux qui ont besoin des pensions suffi-
santes, il faut être riche.
c Pour les Associations telles que la nôtre, dit encore
M. H. Roger, le superflu est chose nécessaire ; on Ta dit avec
raison, les Sociétés de bienfaisance ne sont jamais vraiment
riches, en regard de l'accroissemcnl plus rapide des misères à
soulager, c Les afl*aires de la charité ne vont jamais bien; elle
est réleruelle pauvresse : à peine a-l-elle réussi à se garnir les
mains que le malheur les vide. >
c Donnons donc, chers associés, donnons sans cesse ni relâche
à la communauté, dans notre lédéralion confraternelle tous les
membres sont solidaires, et le bien que nous faisons à autrui
nous le faisons à nous-mêmes. Il ne suffit pas d^avoir constitué
la famille médicale, il faut pourvoir à son existence.
c 11 faut que TAssociation soit grande et puissante par le
nombre, par la richesse, par la concorde et Tunion intime entre
ses membres égaux, en même temps qu'elle forcera, par les
services rendus, l'estime et la reconnaissance publiques.
€ Le moyen de gagner ces avantages est très simple, la recelte
infaillible je la retrouve dans l'Evangile, vieux formulaire de
thérapeutique morale: c Soyons-nous de bons et vrais frères;
aimons-nous, c'est la douce loi; sachons aimer, c'est la meilleure
science. >
Est-il besoin d'ajouter que ce discours a été souvent in-
terrompu par d'unanimes applaudissements. Ceux-ci ont
redoublé lorsque, après le rapport de M. Passant, M. H. Roger
a tenu à rappeler Téminent service rendu à l'association
par l'un de ses conseillers les plus dévoués et les plus
actifs. Ami du docteur Roth, M. Passant l'avait déter-
miné à faire de sa fortune le plus généreux usage, à léguer
à l'Association générale des médecins de France, une
somme de 150000 francs. M. le président H. Roger a su,
en termes aussi éloquents que délicatement exprimés,
rendre hommage au donateur et à celui qui avait inspiré
cette charitable pensée. Si M. le Président de l'Association
générale sait rajeunir et rendre plus parfaites chaque année
les allocutions qu'il adresse à ses confrères, ceux-ci éprou-
ventquelque embarras à trouver une formule nouvelle pour
rendre hommage à ce maître de la parole. Ils ne peuvent
que répéter à leur vénéré président les sentiments de gra-
titude et de respect qu^inspirent à tous ses confrères son
dévouement à l'œuvre qu'il dirige avec une si paternelle
autorité, avec une dignité si parfaite.
A M. H. Roger succédait M. le docteur Brun, le trésorier
modèle, dont le compte rendu signale l'accroissement des
sociétaires (plus de trois cents nouveaux membres en 1888)
et la prospérité financière de l'Association, qui possède au-
jourd'hui 1 364603 francs non compris les rentes consti-
tuées et les nues propriétés, non plus que l'avoir des socié-
tés locales des déparlements qu'on peut élever à environ
un million de francs. C'est avec ces ressources que la caisse
des pensions fournit en ce moment soixante-dix pensions de
600 francs et qu'elle va, pour l'exercice 4889, en assurer
quinze nouvelles.
Ainsi quatre-vingt-cinq sociétaires malades, infirmes ou
nécessiteux auront été dans le courant de l'année prochaine
secourus par l'Association générale.
Le très remarquable rapport de M. le docteur Riant nous
montre que si l'Association est une œuvre de charité, elle
est aussi une œuvre de solidarité et de moralité pi'ofession-
nelles. Nous lui devons plus qu'une simple mention et,
dans notre prochain numéro, nous en analyserons les prin-
cipaux passages. Disons seulement ici que les applaudisse-
ments souvent répétés de l'assemblée ont remercié le
secrétaire général de l'Association du zèle et du talent dont
il a su faire preuve.
M. le docteur Passant, rapporteur de la commission des
pensions viagères, venait de rendre, comme nous l'avons
dit, un éminent service à l'Association dont il est un des
membres les plus justement estimés. Son rapport, après
avoir énuméré les infortunes que l'Association est appelée
à secourir, se termine par un appel que nous devons repro-
duire.
€ En résumé, a dit M. Passant, l'année 1888, entre toutes, a
été excellente pour TAssocialion, puisque, ayant beaucoup reçu,
elle a beaucoup donné. Quand elle aura recueilli le legs impor-
tant du docteur Belle, je pourrai dire, avec M. Horteloup, que
notre dévoué et incomparable trésorier, M. Brun, pourra regarder
avec fierté la grande œuvre dont il aura, par sa merveilleuse
gestion, assuré la fortune. C'est à nous qui savons la part ini-
désespérer. Le chemin dans lequel il s'était volontairement
engagé était rude ; il le suivait allègrement el avec confiance,
car il en connaissait le but, celui d'être utile à ses contempo-
rains et aux générations futures.
c Le momeul le plus glorieux pour un ouvrage de cette nature,
écrit Diderot en parlant de sou Encyclopédie, ce serait celui
qui succéderait immédiatement à quelque grande révolution
qui aurait suspendu les progrés des sciences, interrompu les
travaux des arts, et renlongé dans les ténèbres une partie de
notre hémisphère. Quelle reconnaissance la génération qui vien-
drait après ces temps de trouble ne porterait-elle pas aux
hommes qui les auraient redoutés de loin, et qui en auraient
prévenu le ravage, en mettant à l'abri les connaissances des
siècles passés 1 >
Peu s en fallut que ces mélancoliques paroles du philosophe
nedevinssent.il y a dix-huitans, une triste réalité. Lue fureur
incendiaire s était emparée d'une insurrection en déroule; elle
n'épargnait rien, ni musées, ni bibliothèques, ni habitations
privées. Decbambre eut Tinexprimable douleur de voir consu-
mer par les flammes tout ce qu'il possédait. De la quantité de
matériaux qu'il avait accumulés depuis dix ans, des nombreux
manuscrits de ses collaborateurs, il ne restait plus qu'un amas
de cendres. Tout était à recommencer.
Ou a beau être stoïcien et. s'être même répété à satiété, avec
Lucrèce, qu'il est doux de contempler des calmes hauteurs de
la philosophie les luttes et les erreurs de la pauvre humanilé;
lorsque pareil malheur vous arrive, il faut du temps pour s'en
consoler. Dcchambre, qui avait l'âme forte et le caractère élevé,
eut bientôt fait de surmonter cette période d'affaissement, suite
naturel de tout choc moral ; il se remit k l'œuvre avec une
ardeur nouvelle et, au bout de peu de temps, il put reprendre
la publication de son Dictionnaire au point où de douloureux
événements l'avaient interrompue. Diriger une telle œuvre jusoue
dans SCS moindres détails, revoir les manuscrits, corriger les
épreuves, surveiller la mise en pages, exciter le Eèle de ses
collaborateurs en entretenant avec chacun d'eux une corres-
pondance assidue, tel fut, jusqu'aux derniers jours de sa vie,
le labeur de Dechambre. On se demande comment il faisait pour
y suffire et pour rédiger encore une quantité innombrable d'ar-
ticles dont plusieurs ont une importance capitale.
17 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 20 — 317
monse qu'il a prise à Tidée de la création de celte caisse des
pensions viagères, Ténergie avec laquelle il la défendue au
milieu des difficultés de tout genre, de lui exprimer ici toute
notre reconnaissance, et nous le faisons de grand cœur. Son
rêve, que nous caressons aussi, est que, dans un avenir pro-
chain, le taux des pensions soit élevé de 600 à lâOO francs. Cet
âge d'or n*est peut-être pas très éloigné de nous ! Pour achever
TœuTre si bien commencée de notre ministre des finances
modèle, unissons-nous tous, grands et petits, dans un même élan
de mutualité et de solidarité ! Sociétaires modestes qui ne
pouvez nous aider de votre bourse, aidez-nous de votre parole,
faites de la propagande et amenez^nous de nouveaux adhérents;
praticiens dont le succès a récompensé le travail, donnez large-
ment à notre caisse et surtout ne négligez pas de perpétuer
votre cotisation ; et vous, médecins riches, imitez les docteurs
Roth et Belle, pensez à vos confrères déshérités et dites-vous
qu'en leur léguant une partie de cette fortune qu'il faut néces-
sairement laisser ici-bas, vous n'assurerez pas seulement votre
nom contre Toubli, mais vous emporterez avec vous la saine
jouissance qu'apporte toujours avec lui un devoir généreuse-
ment accompli. >
Dans notre prochain numéro nous résumerons le rapport
général de H. le docteur Riant et nous exposerons les
diverses questions qui ont été l'objet de rapports spéciaux
el les votes qui en ont été la conséquence.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Da traitement de rineonllnence noetarne arinaire
des enfanta pi|r le rhna aromatleua.
Employée, mais exceptionnellement par Trousseau,
Fécorce de ce végétal a été recommandée récemment par
MM. Max, Guinon, Burwensch, Descroizilles et d'autres
médecins d'enfants en. France et à l'étranger, parfois avec
des résultats appréciables.
1*» Teinture d'écorce de rhus aromaticus (Max). — Elle
est obtenue par la macération de 200 grammes d'écorce
dans 800 grammes d'alcool.
Dose : XX à L gouttes par jour : en dilution dans l'eau.
2® Teinture de feuilles de rhus aromaticus (Descroi-
zilles). — Préparée par déplacement avec 20<) grammes de
feuilles pour 800 grammes d'alcool à 80 degrés.
Dose : XV à LX gouttes par jour ingérées en une ou
plusieurs fois et véhiculées dans l'eau.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Facitltê de médecine. — Cours de pathologie interne :
m. le professeur dieulafov.
Syphilifl du ponmon et de la plèvre.
(Leçons recueillies par le docteur Fernand Widal, interne
des hôpitaux.)
(Suite. — Voyez les n»« 18 et 19.)
3* Type simulant la scléivse pleuro-broncho-pulmo-
naire, — Dans cette forme, la lésion est constituée par
une hypertrophie du tissu conjonctif qui forme le slroma
du poumon, lin véritable lissu de sclérose est ainsi répandu
et disséminé dans tout le parenchyme. Cette cirrhose put-
monaire syphilitique^ qui cliniquement revêt le plus
souvent l'aspect de la broncho-pneumonie chronique vul-
gaire, présente, en général, les altérations anatomiques
suivantes :
Dans un lobe du poumon apparaît un bloc gris rougeàtre,
dur, criant sous le scapel, parsemé de bronchectasies
ampullaires ou sacciformes, recouvert d'une plèvre très
épaissie et avoisinée par des lésions de périostite intercos-
tale.
Parfois le poumon est raviné à sa surface par des sillons
qui irradient à la façon des cicatrices que Ton observe sur
le foie des syphilitiques; il est encore segmenté dans sa
Erofondeur par de larges bandes de sclérose ayant l'aspect
lanc nacré des tendons.
La lésion peut offrir un mode d*agencement très variable :
Elle peut être purement scléreusey sans nodules caséeux
ou gommeux apparents.
Elle peut être scléro-gommeuse. On découvre alors sur
les bronches ou autour d'elles, ou dans le tissu sclérosé
péri-lobulaire., des gommes parfois si petites qu'on ne sau-
rait dire alors si ce sont des granulations tuberculeuses ou
des gomùies microscopiques.
Elle peut revêtir une forme analogue à une pneumo-
pathie des nouveau-nés syphilitiques, que nous aurons h
étudier plus tard sous le nom de pneumonie blanche.
Le processus de cette sclérose pulmonaire et son histo-
genèse présentent quelques particularités intéressantes.
La lésion débute le plus souvent autour des bronches de
moyen calibre, au niveau même du hile, d'où elle semble
irradier dans le parenchyme pulmonaire. Le tissu de nou-
velle formation forme ainsi un manchon fibreux, parfois
chondroide autour des bronches et des artérioles qui les
accompagnent. Il entoure enfin l'alvéole, puis le lobule
Eulmonaire lui-même, et constitue, par sa répartition, une
roncho-pnoumonie véritable.
Au directeur incombait la tâche délicate de présenter la nou-
velle œuvre au public. 11 le fit dans une Introduction, écrite
en un style simple et mesuré, où, après avoir fait Thistoire dos
lexiques et des dictionnaires publiés depuis Tinvcnlion de
rimprimerie, el avant de faire connaître le plan de VEncyclo^
pedie, il jette un coup d'œil, c non pas précisément sur Tctat
présent de la médecine, mais plutôt, pour employer une
expression d'outre-lihin, sur son devenir; en un mot il examine
bniwemcnt d'où elle vient et où elle va. >
Quelles directions suivent les sciences médicales ? Elles
sont, dit excellemment llechambrc, engagées dans dfs voies
neuves ; voies d'expérimentation et de pénétrante analyse, où
elh^"; semblent se précipiter chaque jour avec plus d'arilenr, el
d'où elles ont rapporté déjà un bagage considérable de notions
f^récieuses. t^es notions, sorties do l'analyse, ont permis, par
eur précision et leur caractère d'évidence, de constituer nombre
de synthèses partielles qui ont éclairé d'un jour magnifique
certaines parties, naguère profondément obscures, de la phy-
siologie et de la pathologie (pour ne rappeler que ce (|ui nous
touche le plus). Avec raccroissemeut des faits, Taccroissement
des termes ; avec la révolution des choses, la révolution des
mots. La langue médicale a subi un remaniement tel que, sur
beaucoup de points, elle nVst plus intelligible à ceux qui ont
dormi une quinzaine d'années. Nous voyons, on second lieu,
toutes les branches de la science médicale en corrélation
étroite, ou, pour emprunter à la philosophie un mot heureux,
dans un état forcé a interdépendance, en même temps que
chacune d'elles se développe dans une direction particulière ;
semblable à ces fleurs appelées dictines, qui vivent séparées,
mais qui, à de certains moments, se rapprochei t pour se
féconder. »
Des nombreuses monographies quMi a données dans son Dic-
tionnaire, \\ faut spécialement citer les articles suivants:
Anatnmic des beaux-arts, Asthénie, Déterminisme, Eléments
morbides. Songes, et enfin Déontologie, Ce dernier fut très
vivement goûté dès son apparition. Tous les amis de l'auteur,
tous ses collaborateurs, tous ceux enfin, qu'avaient impres-
sionnés ces pages d'un sens droit, d'une fine observation et
d'une saine morale, l'engagèrent vivement à leur donner le
développement du livre. 11 résista d'abord à ces amicales
3<8
N» 20 -^ GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
17 Mai 1889
La prolifération conjonctive exerce une action déformante
sur les bronchioles, qui peuvent être dilatées ou diminuées
de volume. Quant aux alvéoles, elles sont lassées les unes
contre les autres, et leur épithélium desc|uamé est gonflé,
trouble et souvent en dégénérescence graisseuse.
D'après Porler, le tissu conjonctif nouvellement formé
présente, dans sa texture, les variations suivantes :
1° C'est du lissu fibreux, blanchâtre, ne renfermant que
fort peu d'éléments embryonnaires;
2" C'est un tissu moins dense que le précédent, farci de
nombreux petits éléments arrondis et présentant, en d'autres
points, des éléments fusiformes;
3"" Le tissu renferme des éléments nucléaires ressemblant
tout à fait à des éléments de sarcome globo-cellulaire;
4'' Il offre, au microscope, un aspect granuleux, comme
s'il subissait un processus dégénératif.
On n'observe presque jainats de pigmentation du tissu,
ce qui prouve bien qu'il ne s'agit pas de pnenmokoniose.
Malgré cela, sans une périostite saillante à la surface d'un
os, sans une lésion gommeuse farcissant un parenchyme,
vous n'arriverez jamais à reconnaître anatomiquement la
nature de cette cirrhose pulmonaire, qui n'a en elle rien de
spécifique.
Si la lésion est difficile à reconnaître pour ranatomo-
palhologiste, elle est plus malaisée encore à dépister pour
le clinicien.
On diagnostique bien une broncho-pneumonie chronique
aux signes que le malade porte depuis des mois, quelque-
fois même depuis des années; plus tard, si des crachats
abondants et fétides apparaissent, en même temps que s'in-
stallent des gargouillements et du souffle caverneux, on
reconnaît aisément une dilatation des bronches. Ce diagnostic
estfacilitéd'ailleurspar la connaissance des antécédents pul-
monaires et par l'absence de bacilles de Koch dans les cra-
chats. Un médecin soucieux des signes d'auscultation arrive
donc à poser un diagnostic anatomique précis, et dit : broncho-
pneumonie chronique, état fibroïde du poumon, dilatation
des bronches. Mais ce qui lui échappe, c'est l'origine de
cette pneumopathie; il ne trouve, pour l'expliquer, ni
rougeole, ni coqueluche, ni diphthérie, ni fièvre typhoïde
antérieure, et sans l'apparition d'une lésion spécifique du
larynx, de la peau, d un os, d'un parenchyme, la nature
syphilitique de la lésion passerait inaperçue.
Celte broncho-pneumonie, dont la marche est en général
lente, peut, par exception, procéder par poussées aiguës.
Elle est susceptible d'être améliorée rapidement par le
traitement anti-syphilitique.
(A suivre.)
TRAVAUX ORIGINAUX
GUoIqne médlcttle.
Un cas de maladie de Morvan (panaris analgésique)
SUIVI d'autopsie, par m. le docteur Piiouff (de Morlaix).
Examen anatomique par MM. Gombault, médecin de
l'hospice d'Ivry et Reboul, interne des hôpitaux.— Com-
munication faite à la Société médicale des hôpitaux dans
la séance du 26 avril 1889.
(Fin. — Voyez le numéro 10.)
Autopsie le 12 juin. — Cœur gras, très gros.
Poumons fortement congeslionnés, surtout aux bases. Quelques
adhérences pleurales aux sommets.
[{aie volumineuse diffluente.
Foie augmenté de volume, gros.
Heins congestionnés, gros. Abcès périnéphrétique, volumineux
à droite.
Utérus, renferme plusieurs fibrorayomes et un polype pédicule
implanté sur la partie moyenne du canal cervical.
Cerveau congestionné. Pas de traces d^hémorrhagies ou de
ramollissement.
Dure-mère épaisse, très adhérente à la voûte crânienne.
Sur los plexus choroïdes des deux ventricules latéraux, petile
tumeur ovoïde, dure.
Déviations considérables de la colonne vertébrale: scoliose à
convexité gauche très prononcée. Courbures de compensation
latérales et antéro-postùrieures, très accentuées; ces déforma-
tions rendent fort difficile Textraction de la moelle. En plusieurs
Ï joints, on est obligé d'abandonner le marteau pour se servir de
a scie et de cisailles. Infiltration sangftinolente entre les
méninges et le canal rachidien, particulièrement dans la région
dorsale.
La moelle est recueillie ainsi que les ganglions rachidiens delà
région cervico-dorsale. La moelle est plongée dans la liaueur de
Muller; quant aux ganglions, les uns sont mis dans le même
liquide, les autres sont placés dans une solution diacide osinique
au 100».
Examen kistologique, — A. Nerfs périphériques. — i. Nerf
médian. — Le nerf médian a été examine au niveau des doigL<
(collatéraux), au poignet, à la partie supérieure de lavant-bras
et au niveau du plexus brachial. D'une façon générale, les
lésions sont d'autant plus prononcées que Ton se rapproche de
la périphérie.
nésullat des dissociations. Nerfs collatéraux des doigts. H
n'y a plus de tubes nerveux normaux. Les quelques tubes qui se
colorent par Pacide osmique présentent simplement des boules
noires de distance en distance. Le reste du nerf est représenté
par des faisceaux conjonctifs complètement dépourvus de rayéiioe
et présentant d'assez nombreux noyaux longitudinaux.
Au poignet, la lésion est encore très accentuée: les libres
colorées en noir sont rares et dans toutes celles-ci la myéline
est fragmentée.
instances ; mais convaincu à la fin (ju'il y avait un service à
rendre à ses confrères, il céda et écrivit ce volume, petit par
le format, mais riche par son contenu — multa paucis — qu'il
intitula simplement Le Médecin , en lui donnant pour épigraphe
celte noble et fière devise : Obliquam fuge, ama reciam.
A l'enseignement de ses devoirs, Thomme préfère générale-
ment l'affirmation de ses droits. Dechambre se garde bien de
flatter cette faiblesse de notre nature. Le médecin — il le
prouve surabondamment — a beaucoup moins de droits à
revendiquer qu'il n'a de devoirs à remplir. Il ne s'agit pas
seulement de ces obligations légales qu'il ne saurait enfreindre
impunément, mais aussi et surtout de cet ensemble de qualités
morales qui ennoblissent notre profession, l'élèvent au-dessus
de toutes les autres et lui amènent l'estime. Mais, selon les
paroles du maître, c la première condition pour que la dignité
médicale soit respectée, c'est que le médecin lui-même en soit
pénétré plus que personne. Quand il se sera dit que son im-
Ï sortance dans la société, découlant du bien qu'il est appelé à
aire, ne doit être employée qu'à faire le bien en réalite, et ne
doit pas dégénérer en une force abusive dont les malades aient
à souffrir, il aura posé la grande règle de toute sa conduite,
f Là où est l'amour des hommes est aussi l'amour de l'art),
est-il écrit excellemment dans les Préceptes d*Hippocrate. >
Le médecin se trouve constamment en face de situations dif-
ficiles, délicates, où sa réputation, son honneur même peuvent
être mis en jeu. Dans ces moments d'hésitations et d incerti-
tudes, plus frénuents qu'on ne l'avoue, n'est-on pas heureux de
trouver un guide sûr et éclairé, qui écarte des voies obIique>
et mène dans le droit chemin? Pour remplir ce rôle élevé,
personne plus que Dechambre ne possédait l'autorité morale
nécessaire, c cette grande autorité que seule peut conférer une
existence digne de l'estime et du respect de tons. Il fallait
toujours avoir été honnête. > Il fallait aussi une connaissance
approfondie de la nature humaine, une observation aussi pers-
picace que bienveillante, mais ne se laissant jamais tromper
par ce qu'on a appelé avec raison les sophismes du cœur. Gtucc
a ces qualités, Dechambre était un c directeur» incoropanible;
il c était devenu l'arbitre suprême et respecté de toutes ws
dissensions déontologiques >. Son livre, dont on peut dire q»''
est rhomme lui-même, est une sorte de casuistique médicale
17 Mai i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 20 — 319
A la partie supérieure de Tavant-bras, les fibres nerveuses
colorées en noir sont plus abondantes ; un certain nombre
d>ntre elles présentent les caractères de Tétat normal.
Au niveau du plexus, les lésions, si elles existent, sont très
légères.
Le nerf médian est considérablement hypertrophié à la main
et au poignet. Cette augmentation de volume va en diminuant
en s'éloignant de Textrémité.
Etude des coupes transversales. Sur des coupes transver-
sales f>ratiquées aux différentes régions indiquées, on constate
les lésions suivantes : au doigt, le tissu conjonctif interfascicu-
laire est beaucoup plus dense et dépourvu de graisse. Les
vaisseaux qu'il contient sont épaissis. La gaine lamelleuse a
triplé de volume au moins; les faisceaux qu'elle limite sont
petits et contiennent à peine un ou devDi points noirs indiquant
la présence de tubes pourvus de myéline.
Au poignet, Taugmentation considérable de volume des nerfs
tient surtout à la grande quantité de tissu conjonctif inter-
fasciculaire qu'il renferme. Ce tissu est dense, presque fibreux
et contient de rares pelotons adipeux; les vaisseaux au'il ren-
ferme sont épaissis, leur cavité rétrécie. La gaine lamelleuse est
très épaissie, les faisceaux nerveux, petits, ne renferment que
Irt's peu de fibres à myéline. Sur certains points, le mode de
groupement des fibres nerveuses ou des faisceaux conjonctifs qui
les remplacent est complètement modifié : les tubes nerveux
forment de très petits faisceaux arrondis, séparés par des tractus
conjonctifs denses. I^es gaines lamelleuses ne sont plus visibles.
I/aspect du nerf rappelle celui que présentent sur les coupes les
névroraes d'amputation. Dans toute cette partie du nerf, les
arti^res sont profondément altérées, la paroi est épaisse, la cavité
rétrécie. [^a lésion est beaucoup plus prononcée sur les vaisseaux
intrafascîculaires; sur nombre d'entre eux, la paroi épaissie a
subi une dégénérescence hyaline et souvent la cavité est com-
plètement oblitérée. A la partie supérieure de l'avant-bras, on
constate les mêmes modifications, mais moins prononcées : les
faisceaux nerveux sont toujours petits, les gaines lamelleuses
épaissies, le tissu conjonctif interfasciculaire dense.
Au niveau du plexus, le mode d arrangement du nerf rappelle
celui d'un nerf normal. On constate cependant que les cylindres-
axes, colorés par le carmin, sont beaucoup moins nombreux
qu'à l'état normal.
2. Nerf cubital. — Le nerf cubital, examiné de la môme
façon, montre des lésions analogues, mais beaucoup moins pro-
noncées.
3. Nerf êciatique poplité interne, —Examiné sur des coupes
transversales, ne présente pas de lésions.
IL Racines rachidiennes. — 1. Gangliom rachidiens.— Les
cellules nerveuses sont normales et nombreuses. Le tissu con-
jonctif n'a pas augmenté en quantité.
2. Racines rachidiennes, — A l'aide des dissociations, on n'a
trouvé de modification que dans les racines antérieures cervi-
cales qui renferment un certain nombre de fibres privées de
myéline. Sur des coupes transversales, on constate qu'a la région
lombaire les racines antérieures sont normales, tandis que les
racines postérieures, un grand nombre de fibres, ne présentent
pas de cylindres-axes colorés.
C. Moelle épinière. — En raison de nombreuses courbures de
la colonne vertébrale, l'extraction de la moelle épinière a pré-
senté de grandes difficultés. Aussi, sur bien des points, l'organe
a-t-il été atteint par le marteau et plus ou moins écrasé. Cepen-
dant il a été extrait complètement, durci en masse et a pu, après
inclusion dans le collodion, être coupé et examiné dans toutes
ses parties. Si donc l'examen a été malaisé, il a été complet, et,
si certains détails n'ont pu être absolument élucides, nous
pouvons être affirmatifs quant à la présence ou à l'absence des
lésions importantes.
Du reste, un premier examen par dissociation a été pratiqué
presque à l'état frais (après deux jours de macération dans le
bichromate de potasse). Cet examen a porté sur les différentes
régions et plus spécialement sur les parties effondrées. Il a été
négatif en ce sens qu'il n'a révélé l'existence ni de corps granu-
leux, ni de cellules araignées ; il a montré, de plus, que le
détritus des parties contuses était formé principalement par la
substance des tubes nerveux, à savoir par des boyaux de myéline
et des fragments de cylindres-axes.
Il existe cependant des lésions de la moelle, ainsi ique le
montre l'étude des coupes transversales.
1. Région cervicale supérieure. — Un tractus scléreux peu
compact, mais très net, occupe le cordon de GolL Toutes les
autres régions sont saines. Seuls les tractus périvasculaires y
sont élargis. La pie-mère est épaissie.
2. Renflement cervicaL — Epaississement de la pie-mère et
des tractus périvasculaires. Les sillons médians antérieur et
postérieur, surtout ce dernier, sont occupés par une large bande
fibreuse renfermant des vaisseaux à cavité rétrécie, presque
oblitérée. Toute la zone corticale de la moelle est légèrement
sclérosée, les cordons latéraux sont sains, à part l'élargissement
des tractus périvasculaires. Les cornes antérieures ont leur
volume normal, les cellules nerveuses y sont nombreuses et très
volumineuses ; quelques-unes d'entre elles sont arrondies, privées
de prolongements et de noyaux, leur protoplasma est homogène,
réfringent, non granuleux. Les cornes postérieures sont petites.
Uniformément rouges, leur tissu est dense, scléreux. Les filets
radiculaires qui les traversent d'habitude ne sont pas visibles.
Le cordon de Goll est manifestement sclérosé Les zones radicu-
laires postérieures renferment beaucoup de tissu interstitiel; ce
tissu est surtout abondant autour des vaisseaux dont les parois
sont très épaisses, la cavité rétrécie, parfois oblitérée, mais il est
aussi plus abondant que de coutume dans l'intervalle des tubes.
Toutefois, il ne s'agit piis d'une sclérose avec rétraction. Le canal
central est très volumineux, complètement rempli de petites
cellules. La substance grise centrale épaisse renferme beaucoup
plus de fibrilles conjonctives, beaucoup moins de tubes nerveux
qu'à l'état normal. Sur beaucoup de coupes, on -constate un
effondrement de la région centrale qui est réduite en détritus;
souvent cette région centrale est occupée par une cavité émettant
en arrière, de chaque côté, un prolongement qui suit la direction
de la corne postérieure. Un certain nombre de fissures partent
en rayonnant dans tous les sens des différents points de cette
cavité et de ses prolongements; mais on peut s assurer que la
cavité n'est pas préformée dans la moelle, qu'elle résulte des
I manipulations, qu'elle est le résultat du départ des détritus qui
qu'on ne consulte jamais en vain. Tous les cas de conscience
professionnels, depuis les plus simples jusqu'aux plus complexes,
y trouvent une solution, toujours dictée par le bon sens,
i'bonneur et la justice, qu'il s'agisse du devoir du médecin
vis-à-vis de lui-même ou de ses relations avec ses clients et
ses confrères. Tout jeune docteur, en quittant les bancs de
l'Ecole, devrait se munir, comme d'un talisman, de ce code des
devoirs et des droits de notre profession. N'est-ce pas le plus
bel éloge à faire de l'œuvre de notre regretté collègue ?
De si importants travaux faits concurremment ne se mènent
point, on peut le penser, sans une existence d'une invariable
régularité. Littré, ce bénédictin laïque, travaillait habituelle-
ment de nuit; il se mettait à l'ouvrage vers sept heures du
soir, après un frugal repas, et, pendant plus de vingt ans, il
ne s'est jamais couché avant trois heures du matin. Dechambre,
lui, se levait lorsque Littré se couchait. Dés l'aube, en été, et
bien avant l'aube, en hiver, il était à sa table de travail. C'est
durant ces premières heures du jour, dont le calme est si
propre à la méditation, qu'il écrivait ses articles du journal et
du Dictionnaire, La journée était occupée par la clientèle, les
devoirs académiques, les recherches; quelques-unes de ses
soirées étaient données au monde, à des amis, à des élèves,
heureux de le posséder, mais il se retirait toujours à une
heure déterminée, qu'on ne pouvait lui faire passer. Une de
ses soirées était consacrée à son excellent ami Brochm ; c'était
celle du mercredi. Après avoir donné le bon à tirer du numéro
de la Gazette, il se rencontrait avec lui dans un restaurant du
quartier du Luxembourg. C'étaient deux esprits faits pour s'en-
tendre, deux natures qui, en se rencontrant, devaient se lier
d'une amitié que le temps et les circonstances ne parvinrent
ni à interrompre, ni à refroidir. N'ont-elles pas rjuelque chose
de touchant ces agapes fraternelles, réunissant périodiquement
ces deux amis nue les exigences d'une vie occupée tenaient
séparés l'un de l autre ?
Tous ceux qui ont connu Dechambre, et qui l'ont approché,
n'oublieront jamais son abord réservé, presque froid, sa figure
impassible à la bouche railleuse, aux yeux vifs, brillants der-
rière les lunettes. Mais, lorsqu'on avait le bonheur d'entrer
dans son intimité, on n'était pas peu surpris de trouver, sous
cette froideur et cette réserve, le cœur le plus chaud, l'intelli-
3i0 — PC 20 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
17 Mai 1889
Tencombraient ; on peut facilement, du reste, constater directe-
ment ce départ. Les bords des différentes pertes de substance
sont irréguliers, déchiquetés; ils sont formes par la substance
nerveuse; nulle part on ne constate de membrane limitante. Le
détritus, quand on peut le conserver sur la préparation, est
formé par un mçlangede tubes nerveux et de tractus conjonctifs,
surtout des tractus périvasculaires.
3. Région dorsale. — Le cordon postérieur est légèrement
sclérosé ainsi que la zone corticale. Pie-mère épaissie. Les
tractus vasculaires qui sillonnent la coupe sont iibreux et épais.
Le maximum de la lésion se rencontre dans les cordons posté-
rieurs.
4. Renfletnent lombaire. — Sclérose très légère des cordons
postérieurs. La substance de la corne ooslêrieure est dense. Les
fibres nerveuses y sont rares. Les cellules des cornes antérieures
sont nombreuses et normales.
Le bulbe rachidicn est absolument sain.
Ainsi qu'on a pu le voir, notre observation rentre bien
dans la catégorie des faits qui ont été groupés par H. le
docteur Morvansous la dénomination de panaris analgésique
ou paréso-analgésie des niembres supérieurs. Nous pouvons
du reste, à cet égard, invoquer l'autorité de M. Morvan qui,
à plusieurs reprises, a examiné la malade.
Jl s'agit d'une femme chez laquelle, à l'âge de douze ans,
en même temps que s'établissait une scoliose, se montrait
un premier panaris. Puis, à des intervalles variables, les
panaris se sont succédé, produisant sur les doigts des deux
mains des mutilations profondes. Il faut joindre à ces
premiers symptômes l'existence de troubles trophiques
portant sur la peau des mains et sur les muscles des émi*
nences thénar ; des troubles de la sensibilité (analgésie,
thermo-anesthésie), occupant les mains et les avant-bras; la
Berte de la notion de position dans les membres supérieurs,
m doit noter enfin fa marche progressive des accidents,
leur localisation exclusive aux membres supérieurs, l'évo-
lution très lente de la maladie qui n'a, somme toute, amené
la mort qu'accidentellement, par le fait d'un complication,
l'infection purulente survenue à la suite de l'un des
panaris.
Au point de vue anatomique, le fait le plus important est
assurément: l"" la coexistence de lésions portant à la fois sur
les nerfs périphériques et sur la moelle épinière; 2"" d'autre
part, la prédominance très marquée, sinon la présence
exclusive de ces lésions dans le renflement cervical de la
moelle et dans les nerfs des membres supérieurs, c'est-à-
dire dans les parties du système nerveux correspondant aux
régions où les symptômes ont été plus précoces et plus
marqués.
La lésion des nerfs consiste dans une production exubé-
rante de tissu conjonctif s' accompagnant de la dégénéres-
cence, et en fin de compte de la disparition d'un grand
nombre de tubes nerveux. Elle se distribue de telle façon
que, présentant son maximum de développement à la péri-
phérie, elle s'atténue progressivement au fur et à mesure
qu'on se rapproche de la racine du membre offrant ainsi le
mode de disposition assigné à la névrite ascendante.
Le résultai des constatations faites à propos du premier
cas, à savoir l'existence d'une névrite périphérique, se
trouve donc confirmé. Nous sommes, de plus, rensei^né>
sur le mode de distribution de cette névrite. Elle esi
beaucoup plus prononcée dans le nerf correspondant aux
parties les plus malades, mais, de plus, elle est loin d'at-
teindre les troncs nerveux. Sur toute leur étendue, môme
au niveau du nerf le plus altéré, elle reste cantonnée à hi
périphérie.
Dans la moelle épinière, il s'agit d'un développement
anormal de tissu interstitiel occupant le cordon postérieur,
les cornes postérieures et probablement aussi la sabsiance
grise centrale. Cette sclérose s'accompagne d'un épaississe-
ment des parois vasculaires, pouvant aller sur certaiib
roints jusqu'à l'oblitération presque complète des vaisseaux.
1 est certain que la production de tissu conjonctif n'affecle
nulle part le mode de disposition d'une tumeur isolée uu
isolable. Il y a partout mélange intime des deux subsUinco>
nerveuse et conjonctive. La question de savoir s'il n'existait
pas au sein de la substance grise centrale des cavités acci-
dentelles, analogues à celles qui caractérisent la syringo-
myélie, est plus difficile à juger d'une façon définitive, parce
que la moelle a été, sur bien des points, contusionnée
pendant les manœuvres nécessitées par l'extraction. On
peut cependant se prononcer contre l'existence d'une syriii-
êomyélie, en tenant compte des considérations suivantes.
Les déformations constatées sont identiques, comme moile
de disposition, à celles qui résultent du coup de marteau.
Les cavités ne sont nulle part limitées par une membrane,
ni même par une condensation manifeste du tissu conjonctil.
Enfin, le contenu des cavités est formé par des débris de
tubes nerveux nettement reconnaissables.
Du reste, la lésion dans la moelle est prédominante au
niveau du renflement cervical, mais elle n'est pas limitée au
renflement. L'épaississement des parois vasculaires et du
tissu interstitiel se retrouve jusque dans la région lombaire,
moins prononcé, il est vrai, mais toujours plus marqué nu
niveau des parties postérieures de la moelle. L'épaissis-
sement de la pie-mère est, d'autre part, uniforme et géné-
ralisé à toute la longueur de l'organe.
Nous ne nous croyons pas autorisés à trancher la question
de savoir si la lésion médullaire a déterminé celle des nerfs
périphériques, ou si, au contraire, elle n'est pas la consé-
quence de celte dernière. Le fait de la double localisation
nous parait, pour le moment, devoir être seul retenu. Il y a
gence la plus enthousiaste ; on se donnait alors tout entier. Il
excitait des affections respectueuses, des amitiés fidèles, dont
à défaut de famille— Dechambre ne s'était jamais marié — il
sentait tout le prix. Pour nous, les jeunes, il y avait comme
de la vénération dans les sentiments qu'il nous inspirait. £t
c'était justice ; n'était-il pas pour nous Fimage vivante de
rhonnèteté et de la probité médicales, dans leur acception la
plus élevée?
Ce qui donnait encore plus d'agrément et de charme à son
commerce, c'était la variété de sa culture intellectuelle. D'une
érudition très étendue, il avait un goût particulier pour l'art
et la littérature de la Grèce et de Rome. 11 excellait particu-
lièrement à traiter ces questions médicales qui sont sur les
confins de l'archéolofi^ie et de l'histoire. Les juges les plus
compétents ont favoraulement accueilli sa savante Elude sur le
caractère de la figure d'Alexandre le Grand et de celle de
Zenon, et ont aporécié les recherches qu'il a publiées, en
collaboration avec M. Gharcot, sur Quelaues marbres antiques
concernant des études anatomiques. On n'a pas oublié non
plus ses mémoires sur la Maladie de François /*% sur le Ser-
vice de santé militaire chez les Romains, sur le Pansement
chez les anciens, sur d'autres points historiques encore, qui
tous, portent la marque d'un sons critique très juste, mis nu
service d'une érudition de bon aloi.
Comme tous les esprits élevés, Dechambre avait une prédi-
lection pour la poésie ; avec Voltaire, il pensait que < si elle
occupe un si haut rang parmi les beaux-arts >, c'est qu'elle est
c la musique de l'àme, et surtout des âmes grandes et sen-
sibles >. Poète à ses heures, rompu aux mille difficultés de h
versification, il a écrit un ^rand nombre de petits poèmes, de>
fables, des nouvelles. Les pièces qu'il a publiées, VOde à Bichdi,
un Episode de la vie médicale^ les Commandements du méde-
cin, d'autres encore, prouvent une fois de plus, après Haller,
après Littré, que c le positivisme des sciences naturelles n'ex-
clut pas l'inspiration poétique i.
Dechambre avait gardé de sa jeunesse un goût très vif pou^
le théâtre. Il en parlait volontiers et les jugements, pleins
d'aperçus ingénieux, qu'il portait sur l'art dramatique contem-
porain, montraient qu'il était bien au courant de cette partie
si riche et si variée de notre littérature. Rien de ce qui con-
17 Mai i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 20 — 321
lieu de faire remarquer toutefois qu'il y a disproportion
entre l'inlensilé des deux lésions, celle des nerfs étant
extrêmement prononcée, grossière en quelque sorte, celle
de la moelle étant, non pas douteuse, mais beaucouD moins
marquée. Nous pensons qu'il ne s'agit pas là d un fait
exceptionnel, que des affections très diverses présentent
avec la maladie de Morvan celte ressemblance, qu'elles sont
caractérisées, au point de vue clinique, par des troubles de la
sensibilité et de la nutrition auxquels correspond une double
localisation anatomique, très marquée dans les nerfs péri-
phériques, moins accentuée, mais indiscutable au niveau
des régions postérieures de la moelle.
Sjphtltoil^raphle.
Folie et paralysie générale syphilitiques, par M. Charles
Mauriac, médecin de l'hôpital du Midi.
Il n'exisie pas une seule détermination de la syphilis sur
le cerveau qui ne porte une atteinte plus ou moins sérieuse
et durable aux facultés psychiques.
Les cas où elles sont très peu touchées, à peine, ou
même pas du tout, en apparence du moins, sont exception-
nels. Tôt ou tard l'intelligence est englobée dans le pro-
cessus comme tout le reste.
Par contre, elle n'est que fort rarement attaquée seule,
d'emblée et sans qu'aucun autre phénomène nerveux, para-
lytique ou convulsif, entre en scène, et vienne attester la
matérialité de la lésion. — Elle ne s'envole pas pour long-
temps, en toute liberté et à tire-d'aile, dans les espaces
illimités de la folie. Ses perversions, même les plus déga-
gées du complexus habituel des cérébrosyphiloses, ont en
elles quelque chose qui contrarie leur essor,* rend leur
allure équivoque et lourde, comprime ou étouffe leur libre
expansion et empêche leur fantaisie délirante de s'égarer
un peu partout, ou bien de se systématiser constamment
dans telle ou telle direction. Ce qu'elles pourraient avoir
par hasard d'imaginatif, de fantasque, je dirais presque
d*exquis, de subtil ou d'effréné en leur divagation, comme
les grandes vésanies, retombe bientôt dans le terre à terre
et la platitude de cette déchéance psychique, ou Tidéation
de plus en plus raréfiée et appesantie s'embourbe aux bas-
fonds de l'ineptie, de l'incohérence, de l'abrutissement qui
précèdent son extinction définitive.
Lorsque le virus syphilitique attaque l'intelligence, il
laisse toujours sur un point quelconque de l'encéphale des
traces matérielles de son action. Il n'agit pas d'une façon
mystérieuse et virtuelle. 11 ne donne pas lieu directement
et sans aucun intermédiaire à des folie$ essentielles.
Aussi les aliénistes français ont-ils eu grandement raison
de rejeter hors du domaine de la folie proprement dite ces
rseudo-folies syphilitiques qu'on a tenté souvent, surtout à
'étranger, d'y faire entrer par force. En admettant que
toutes lés formes si variées du désordre mental puissent
être l'expression presque unique et quelquefois primitive
de certaines cérébrosyphiloses extraordinaires, il se pro-
duira infailliblement tôt ou tard deux circonstances de na-
ture à révéler leur origine : la première, c'est l'association
pathognomonique d'autres troubles encéphaliques dont la
provenancene laisse aucun doute; la seconde, c'est l'alté-
ration du type qui ne conserve jamais pendant toute l'évolu-
tion la netteté qu'il présente dans la folie pure.
Presque toujours l'affection mentale n est qu'un acces-
soire de l'encêphalopathie syphilitique, une décadence qui
tantôt marche parallèlement à celle des autres fonctions
nerveuses avec calme et continuité, tantôt se détache vio-
lemment sur ce fond sombre par des éclairs de délire, de
manie, de mélancolie, de lypémanie, mais qui loin de do-
miner l'ensemble lui est ou lui devient tôt ou tard subor-
donnée.
N'a-t-on pas singulièrement exagéré depuis quelques
années la fréquence des psychosyphiloses? Voit-on beau-
coup de cérébropathes syphilitiques chez lesquels les con-
ceptions délirantes soient constamment orientées en une
direction fixe et invariable? Sans doute quelques-uns de
ces malades tombent dans la mélancolie, l'hypochondrie,
et vont même jusqu'à l'exaltation extrême des idées et à la
fureur des actes. Hais bientôt l'hébétude, l'abrutissement,
l'absurdité, la bizarrerie, l'incohérence submergent l'exci-
tation, et tous ces phénomènes de folie finissent par se
noyer dans l'état mental du ramollissement.
Et puis, les manies vraies qui surviennent chez un syphi-
litique sont-elles forcément une émanation de sa maladie?
La syphilis ne pourrait-elle pas, là comme dans beaucoup
d'autres états morbides, ne jouer que le rôle de cause inci-
tatrice?
Eh bien, c'est ce qu'elle fait probablement dans une
grande maladie, la paralysie générale, dont on a eu le tort
de la rendre trop souvent responsable. Que chez les sujets
prédisposés elle en provoque le développement au même
titre que les causes communes débilitantes ou perturba-
trices, on est en droit de l'admettre dans une certaine
limite. Mais que son action pathogénique sur le cerveau
aille jusqu'à créer de toutes pièces la vraie paralysie géné-
rale, celle qui possède cette physionomie si typique qu'ont
découverte et décrite fiayle et Calmeil, voilà ce que l'im-
mense majorité des syphiliographes et des aliénistes se
refuse à admettre.
cerne Thumanité, aimait-il à répéter après Bacon, ne doit être
étranger au médecin. Mais les meilleures productions de ce
temps lui paraissaient inférieures à celles du dix-septième
siècle, il avait conservé son amour de jeunesse pour nos grands
tragiques qu'il avait entendu interpréter par Hachel; il en
savait par cœur les plus beaux passages et c'était un charme de
IVntendre dire queUiue tirade de Bérénice avec les inflexions
de voix de la grande tragédienne : on saisissait mieux les
nuances délicates des sentiments exprimés dans les vers exquis
de Racine.
c Si le bonheur qu'on cherche est le prix du vrai sage >, selon
la parole de Voltaire, Dechambre a dû être un homme heureux.
Vrai sage, en effet, il Tétait. Modéré dans ses désirs et ses am-
bitions, il mettait bien au-dessus des distinctions et des
honneurs qui étaient venus à lui, ces satisfactions intimes que
procure le devoir accompli, ces jouissances profondes que donne
liî travail intellectuel. Heureux, il l'était ; car il voyait prospérer
les œuvres auxiiuelles il avait consacré le meilleur de son
temps, le meilleur de lui-même; il se voirait entouré d'amis
anciens ou nouveaux, vieux ou jeunes, qui avaient tous pour
lui une affectueuse déférence : se sentir estimé et aimé de
ceux que soi-même on aime et on estime, n'est-ce pas là un
élément du bonheur?
Le 5 avril 1885, les collaborateurs de Dechambre se réuni-
rent et décidèrent de faire exécuter son buste, comme un hom-
mage affectueux de leur admiration et de leur respect. Une
souscription fut ouverte : ses listes se couvrirent rapidement;
on y trouve les noms les plus illustres du corps médical, en
même temps que ceux de tous les amis de notre collègue.
Dechambre se montra très sensible à cette touchante mani-
festation : il en ressentit aussi un juste sentiment de fierté.
Nous attendions avec impatience la date fixée par lui de la fêle
Sui devait rassembler tous ceux qui l'avaient connu et aimé,
uelques jours à peine nous en séparaient, lorsque le 20 dé-
cembre 1885, il fut frappé d'apoplexie. Les soins les plus intel-
ligents et les plus assidus ne purent enrayer le mal, il était
sans remède.
€ Sentant sa mort prochaine >, Dechambre voulut remplir
un dernier devoir. De ses deux œuvres, la première, la Gazette
kebdomadairej était en pleine prospérité, la seconde, le Diction-
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GAZETTB HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
17 Mai i889
La syphilis donne Heu, ainsi (|ue je Tai dit depuis long-
temps, à des paralysies généralisées entremêlées de cer-
tains états psychiques variables et flottants, plutôt qu'à
cette cérébropathie si arrêtée dans ses lignes, si persistante
dans ses tendances, si concrète et si constamment identique
à elle-même dans toutes ses lésions, qu'on désigne sous le
nom de paralysie générale. — Cette entité morbide peut être
simulée par quelques cérébropathies spécifiques; mais elle
conserve toujours son autonomie, et le virus syphilitique,
de quelque façon qu'il s'y prenne pour attaquer le cerveau,
ne peut pas la lui enlever. Il est possible que dans l'innom-
branle variété de ses combinaisons il se rapproche d'elle
fortuitement. Arrîve-t-il jamais à la création parfaite
et intégrale du type dans toute sa pureté?
Xorsque l'envahissement progressif des centres nerveux
par la syphilis a diminué, anéanti ou bouleversé toutes les
activités nerveuses dans leur synergie fonctionnelle, n'im-
Eorte quels désordres névropathiques peuvent se rencontrer,
'est un chaos surprenant de symptômes paralytiques, psy-
chiques, sensoriaux, auquel rien ne manque, sauf la coor-
dination phénoménale, la systématisation de tels ou tels
accidents dont la prédominance marque certaines maladies
d'une empreinte inefiaçable. La folie, la paralysie générale,
l'ataxie locomotrice progressive ne sont pas, dans leur type
pur et immuable, des enfants légitimes de la syphilis. Ce
qu'elle produit dans ce genre-là, ce sont des états morbides
bâtards. Ils se rapprochent sans doute quelquefois beau-
coup de ces affections; ils leur ressemblent par moments
d'une façon surprenante; mais regardez-^ de près : tôt ou
tard vous verrez apparaître les signes différentiels qui les
distinguent et dissipent une confusion momentanée.
Première partie. — Folie syphilitique.
Les troubles psychiques produits par la syphilis sont si
variés, si nombreux et entremêlés dans un complexus si
inextricable, qu'il est difficile de les classer. Les uns se
développent lentement et d'une façon continue, sous la
forme d'une diminution des facultés intellectuelles,
d'une dépression mentale progressive, qui aboutit à l'hébé-
tude et à l'abrutissement. D'autres plus soudains dans leur
début, plus vifs, plus intenses, plus vibrants, jettent tout
de suite le cerveau dans Texaltation et le conduisent par
étapes rapides aux délires aigus de la folie.
A. Les premiers sont de beaucoup les plus communs
et les plus authentiques. Ce sont ces phénomènes de dé-
pression intellectuelle et morale qu'on rencontre dans
presque toutes les cérébropathies. L'affaissement des
facultés psychiques, même lorsqu'il devient prédominant
et occupe la première place au milieu des autres symptômes
Tterveux, ne s'accompagne point de perversion mentale,
d'incohérence et de aélire. Les idées sont rares, lentes,
paresseuses, alourdies et semblent se dégager péniblement
d'un cerveau devenu incapable d'une conception suivie. La,
mémoire (1), qui de toutes les facultés est dans les cérébro-j
pathies spécifiques, quelle qu'en soit la forme, la première
et la plus profondément atteinte, ne peut plus réunir ces
ébauches d'idées. Il en résulte pour les paroles et pour )e$
actes, des oublis, des maladresses,- des lacunes, de Final-
tention, etc., qui constituent une véritable déchéance in-
tellectuelle dont le patient a conscience quand elle est
faible, mais à laquelle il s'accoutume et qui finit, à mesure
c[u'elle s'accentue, par lui enlever peu à peu, même la notion
intime de son moi et des changements profonds qui s*}
produisent.. Parallèlement à ces troubles psychiques se dé-
veloppent des troubles moraux, dans une gamme qui, poor
être tranquille, n'en est pas moins très frappante. Concen-
tration, taciturnité, indifférence pour soi-même et pour les
siens, misanthropie, alternatives de paresse ou d'aj^itation
sans motifs, avec d]es. impatiences ou des colères hors de
propos : c'est là ce qli^on observe habituellement.
Accentuez le degré de cette première série de phénomènes
psychiques; exagérez, par exemple, l'agitation, les bizar-
reries, les balourdises, les contresens, les bévues dans les
paroles et dans les actes, et vous aurez une sorte d'état
vésanique vague, généralisé, sans tendance monomaniaque,
avec un fond d'incohénBnt^^çalme et permanent, sur lequel
apparaissent parfois çà et là, tremblottent et s'éloignent
comme d'éphémères phosphorescences, quelques échappées
(1) L'affaibliMement de la mëmoire est un phénomène capital dont j'ai pluMeo^
fois, dans roos études sur los encéphalopathies syphilitiques, fait rossortir luttU>
l'importanoe. Il est souvent très précoce et, à lui seul, on l'ab^enro do tuiil autr-
symptôme, il doit faire craindre ches m\ syphilitique, l'invasion probable et pro-
chaine d'une cf3rébropathie. Aussi mërite>l-il d'i^lre recherché et étudie' avec k
plus grand soin.
D'ordinaire, la mémoire s'alTaiblit peu à peu. Parfois elle revient brusqiiciiieoi;
c'est comme une lumière qui se ranime, vive, éphémère, inattendue; puis elle
rentre dans son demi«jour ou dans ses ténèbres. Il y a là des alternative!! de niim
et plus mal, vraiment singulières et inexplicables comme dans l'spbssie. (Iiaqic
attaque de cérébropathie est un coup pour In mémoire et précipite los propre» it
Vatnnitie. L'abolition instantanée, absolue, conpe court dans certains gi> a li
diminution progressive ou hésitante.
La mémoire peut faire défaut pour certains faits, les plus récents, par exeinpk,
et les plus personnels, tandis qu'elle reste intacte pour des événements anci^*!!» «i
indifféritnts. Toutes ces particularités no sont point exclusivement propres à U
syphilose cérébrale; elles s'observent dans les cérébropathies de n'import<* i|ucllo
provenance. Dans toutes, quels qu'on soit le siège et la natare, il est mre que h
mémoire ne soit pas atteinte. Comment s'en étonner? N'est-ce pas la faCMllé li
plus générale, la faculté maitresse? Sans elle que deviendraient les aulrc«?Eilt>
paraît avoir ses racines dans chacune des parties de la masse encrphaliquc. U
cerveau do tous les animaux en est doué, même celui des plus obtu« et de4 )ilu!>
bas placés dans i'éclieilo des êtres, sur les confms du monde végétal. Ne semble'
t -elle pas projeter quelque vague lueur d'iuielligcnce sur irs instincts ob«ror9 et
primordiaux de la matière organique animée du moindre souffle de vie?
naire encyclopédique^ n'étnit pas encore terminé. Pour conti-
nuer l'une et compléter Tautre, il lui fallait un digue succes-
seur. Il voulut Tindiquer lui-môme. Son choix tomba sur M. ie
docteur Lereboullet, qui, depuis plus de douze ans, vivait dans
rintimité du maître. Ces relations de tous les instants lui
avaient permis d'apprécier les mérites de ce médecin distingué,
ses connaissances étendues, son aptitude au travail et ses qua-
lités d'écrivain. En lui transmettant son héritage intellectuel,
il savait le léguer à des mains pieuses qui ne le laisseraient
Eas dépérir. Peu d'heures après avoiracconipH cet acte suprême,
lechambre s'éteignit. C'était le 4 janvier 1886; huit jours à
peine le séparaient de sa soixante-quatorzième année.^
Je n'oublierai jamais cette sombre et froide joiirnée de
janvier, où nous conduisîmes à sa dernière demeure le maître
regretté. Je vois encore devant sa tombe plusieurs générations
d'amis, qui, tous, étaient envahis d'une tristesse douloureuse à
la pensée qu'ils ne le reverraient plus. C'est la poitrine oppressée
et les yeux pleins de larmes qu'ils s'éloignèrent, les discours
prononcés, du lieu de son éternel repos.
Mais Dechambre n'est pas mort tout entier; la meilleure
partie de lui-même n'est pas descendue dans son tombeau. La
mémoire de ses belles et nobles qualités de cœur et d'esprit
sera conservée par tous ceux qui l'ont connu ; et, lorsque à leur
tour ils auront disparu, la médecine, à laquelle il a rendu Jt"
si éminents services, se souviendra encore de lui.
Corps db santé militaire. — Sont nommés:
Au grade de médecin-major de première classe: M. Dupo»-
chel, professeur ag^régé à l'Ecole d application de médeciiif d
de pharmacie militaires à Paris.
Au grade de médecin-major de deuxième classe: MM. Kayna'.
Carlier, Lepagnez, Basin, Salebert, Boucher, Debrie, Tayat'
médecins aides-majors.
Septième session de la Société française d'ophthalmolocie
EN 1889. — La septième session de la Société française d opli-
thalmologie se tiendra à Paris du 8 au 12 août prochain.
17 Mai 1889
GAZETTE HrEBDOHADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 20 — 323
(l'une aberration plus vive, mais que n'interrompent point,
hnisqueraent ou peu à peu, ni un délire véhément^ ni une
folie systématisée dans tel ou tel sens.
Ycilà les troubles pschiques que présentent la plupart
de ces cérébrosyphiloses. Ils sont continus et progres-
sifs dans leur ensemble, et ils aboutissent fatalement, si
on n'intervient pas et même trop souvent malgré la médi-
cation spéciOque, à une décadence intellectuelle et morale'
complète, irrémédiable, définitive. Cependant il y a des
moments d'accalmie spontanée chez quelques-uns de ces
psychopathes, une sorte d'intermittence ou plutôt de rémit-
lence, comme on Tobserve, mais peut-être pas autant, dans
les autres troubles nerveux concomitants. La raison et la
déraison s'entre-choquent; le cerveau, dans un accès de
lucidité, se ressaisit en tout ou en partie. La divagation
cesse, la mémoire revient, le jugement se corrige, etc.
Espoir décevant I L'hébétude et Tincohérence ne tardent pas
à reprendre le dessus; et qu'il y ait des saccades ou de la
permanence dans le trouble mental, l'intelligence n'en
marche pas moins fatalement à la démence qui est le
dernier terme de tous les processus psychopathiques de la
syphilis.
* Avant d'y arriver, ce trouble mental qui déprime et
désaccorde tout à la fois les facultés intellectuelles et mo-
rales, sans bruit, à la sourdine, en rompant sur tous les
points l'harmonie, l'enchaînement des idées, des paroles,
des actes, des sentiments dans les plus petites comme dans
les plus grandes choses, quitte pariois son allure calme, et
s'engage timidement dans une monomanie systématique ou
bien s'y élance d'un bond. L'hypochondrie, la lypémanie, la
mélancolie, certaines idées fixes sans fondement, quelques
tendances au suicide, telles sont les formes de délire plus
ou moins aigu qui, de temps en temps, mais dans des cas
très exceptionnels, viennent rompre 1 uniformité et la mo-
notonie du processus habituel.
Cette forme de psychosyphilose est ordinairement pré-
cédée, accompagnée et surtout suivie, même quand elle est
prédominante, d'un ou de plusieurs symptômes paralytiques
ou convulsifs qui forment un syndrome, variable dans ses
éléments mais toujours caractéristique, dont elle est le
point culminant. Elle se dégage quelquefois des associations
qui avaient signalé son début et reste la seule expression
phénoménale de la cérébropathie. C'est ce qui était arrivé
dans le cas suivant : on me conduisit, en 1888, un jeune
homme dont l'aspect florissant et calme n'annonçait rien
de cérébral. Il me déclara qu'il n'avait jamais été malade
et répondit très posément et sans le moindre embarras à
toutes mes questions, dans un sens négatif. Ces assertions
toujours répétées sur le même ton et d'une façon un peu
niaise me nrent bientôt voir que j'avais affaire à un psycho-
pathe et il ne me fut pas difficile de çlécouvrir la prove-
nance de son affection cérébrale, car sa peau était encore
tachetée par les macules d'une syphilide papulo-tubercu-
leuse contluente. La personne qui l'accompagnait me dit nue
cet homme était tombé dans un état mental qui le rendait
incapable de gérer ses affaires et qu'il avait eu six mois au-
paravant une attaque d'aphasie et d'hémiplégie droite. II
neii restait aucune trace.
(A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie dea «elence*.
M. le professeur Verneuil a bien voulu offrir à l'Académie
des sciences le dernier fascicule du Dictionnaire encyclo-
pédiqtteeits^iYe cette présentation dans les termes suivants :
< J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie un
volume dont l'apparition fei*a époque dans les annales biblio-
I graphiques de ce siècle. Je veux parler du dernier fascicule
du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales.
Cet ouvrage ne comprend pas moins de deux cents fasci-
cules du format et des dimensions de celui-ci.
( La publication a commencéle24 juin 1864, elle vient de
finir le 20 avril dernier, elle représente un travail gigan-
tesque et jamais monument scientifiaue pareil n'avait été
élevé en l'honneur des connaissances oiologiques.
f Le premier directeur de l'œuvre, leregrettéDechambre,
n'a pas eu le bonheur de la voir achevée, mais grâce à
M. le docteur Lereboullet, continuateur de son œuvre, et à
MM. Georges Masson, Asselin et Houzeau, éditeurs, dont le
dévouement à la science est si connu, Tédifice est terminé,
attestant la puissante productivité des ouvriers français. >
Nouvelles expériences sur l*accroissement des os longs
APRÈS l'ablation D*UN DES CARTILAGES DE CONJUGAISON ET SUR
l'hypehplasie compensatrice par le cartilage CONSERVÉ, par
M. Ollier. — D'anciennes expériences faites par M. Ollier et
relatives à rablalioii des cartilages de conjugaison des os longs
ont démontré ^ue Tarrét de Taccroissement longitudinal était
absolu et définitif après Tablalion des deux cartilages, et pro-
poriioimel à Timportance physiologique du cartilage conservé
dans le cas où un seul de ces organes avait été détruit ou
enlevé.
Ces deux propositions expérimentales ont été confirmées par
rétude des ostéites spontanées et les résultats des résections
sur rhorame. Mais à diverses reprises des faits contradictoires
en apparence avaient fait supposer qu'il n'en était pas toujours
ainsi.
Ayant observé, après une résection totale du coude, un hu-
mérus un peu plus long que Thumérus du côté sain et ne pou-
vant attribuer cet excès d accroissement à une reproduction
exubérante de la partie enlevée (la masse des parties néofor-
mées étant moins haute que la masse réséquée), Tauteur en a
conclu, après expérimentation, qu'un fait nouveau permettait
de donner une explication des exceptions à la rè^le posée.
Ce fait nouveau, c'est Thyperplasie compensatrice qui se pro-
duit dans le cartilage de conjugaison restant après la résection
uUra*épiphysaire d une extrémité de Tos. < Pour le démontrer,
nous avons eu recours, dit M. Ollier, au procédé du clou médian,
c'est-à-dire implanté au milieu de la longueur de 1 os, sur de
jeunes animaux, auxquels nous pratiquons ensuite une résection
ultra-épiphysaire. Dans ce but, nous implantons, le même jour,
au milieu de l'humérus (nous prendrons aujourd'hui cet os seul,
par exemple) et sur chaque membre, un clou de plomb solide-
ment fixé, et nous pratiquons ensuite, d'un côté seulement, la
résection de l'extrémité cubitale. Nous laissons vivre l'animal
un temps suffisant pour que le squelette ait notablement grandi
(deux, trois, quatre mois selon 1 espèce), et, à l'autopsie, nous
constatons que le clou se trouve sensiblement plus éloigné de
l'extrémité supérieure que du bout inférieur de l'os. Gomme il
ne peut y avoir ici d'accroissement interstitiel et que le carti-
lage de conjugaison est le seul organe de l'accroissement longi-
tudinal, il n'y avait qu'une conclusion à tirer de cette expé-
rience : c'est que le cartilage de conjugaison conservé avait
éprouvé une suractivité végétative et que cette hyperplasie pou-
vait être un élément précieux pour diminuer les déficits résul-
tant directement de la résection.
c Cette hyperplasie compensatrice peut être portée assez loin
pour diminuer d'une manière très sensible, en dehors de toute
reproduction osseuse, le déficit résultant d'une résection ultra-
épiphysaire. Pour rhumcrus, par exemple, elle peut représenter
le quart et même le tiers de l'accroissement physiologique
pendant la durée de l'expérience et augmenter de â centimètres
et 3 centimètres un os qui normalement n'aurait dû s'allonger
que de 8 ou 9 centimètres par l'extrémité conservée.
€ Mais cette hyperplasie compensatrice n'est pas constante.
Outre qu'il s'agit là d'un phénomène de réaction qui pourra
varier beaucoup chez Thomme, d'un sujet à un autre, elle est
subordonnée à d'autres conditions plus facilement calculables
qu'il importe de déterminer pour les explications chirurgicales
et pour rinterprétation rationnelle des difTormités consécutives
aux lésions spontanées survenues dans l'enfance. Elle ne se
produit d'une manière sensible que lorsque le membre reprend
ses usages après la résection. Le stimulus du fonctionnement
physiologique lui est indispensable ; sans cela, il s'atrophie
dans son ensemble. L'activité végétative du cartilage s'arrête
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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bientôt, malgré nne excitation momentanée, et finalement le
membre envahi par les troubles trophiques dans tous ses tissus
se tient en arrière du membre sain et reste d'autant plus court
que l'inactivité fonctionnelle persiste plus longtemps.
€ Nous avons déjà fait connaître 1 allongement anormal des
segments du membre situés au-dessus et au-dessous d'une par-
tie réséquée. Après la résection du poignet, l'humérus du côté
opéré s'allonge plus que celui du côté sain ; après la résection
de l'épaule, les os de Tavant-bras du même côté sont plus longs
Sue ceux du côté sain. Frappé par l'aspect de ces os, allongés,
est vrai, mais plus minces, plus droits, plus légers et plus
fragiles que les os sains du côte opposé, nous avions donné le
nom d'atrophique à cet allongement anormal. Nous retrouvons
la même structure dans les os qui ont subi l'hyperplasie com-
pensatrice après une résection; mais, lorsque le membre re-
prend ses fonctions, ils acquièrent une solidité assez grande
pour les usages auxquels ils sont destinés.
c Nous avons véritié l'hyperplasie compensatrice après les di-
verses résections, mais elle varie d'un os à l'autre, et, pour un
même os, elle se produit très inégalement sur chacune de ses
extrémités. Elle se produit surtout sur le cartilage qui prend
normalement la plus grande part à l'accroissement longitudinal
de Tos; et, comme 1 inégalité peut être très grande entre les
deux cartilages d'un même os, on doit s'attendre à de grandes
différences après les diverses résections ; à l'état normal le car-
tilage fertile fournit pour certains os les deux tiers, les trois
quarts et même les cinq sixièmes de l'accroissement total (pro-
portion très variable, du reste, suivant les divers animaux),
t'est ce même cartilage qui présentera principalement l'hyper*
plasie compensatrice après une résection; le cartilage accessoire
ou à fécondité limitée restant relativement stérile. Ce sont les
parties les plus actives pbysiologiquement oui subissent le plus
efficacement les effets «les irritations accidentelles ou trauma-
tiques. A une suractivité physiologique répond une excitabilité
plus grande.
c Par exemple, si le cartilage supérieur de l'humérus reprend
une nouvelle énergie après la résection de l'extrémité inférieure
de cet os, il n'en est pas de même pour le cartilage inférieur
après la résection de 1 extrémité opposée. On obtient, après la
resection du coude, une hyperplasie compensatrice relative-
ment considérable; la résection de l'épaule laissera presque
indifférent le cartilage inférieur de l'os et rien ne viendra com-
penser d'une manière appréciable le déficit dû à l'ablation du
cartilage fécond.
c Nous nous bornons aujourd'hui à énoncer le fait; dans une
prochaine communication, nousl'étudierons dans les différentes
résections. Ce qu'il nous paraît important de démontrer, c'est le
fait général de la suractivité végétative ou de l'hyperplasie du
cartilage conservé, ce fait n'ayant jamais été établi et ne parais-
sant pas même avoir été soupçonné. L'examen simple des os
ayant autrefois subi une résection ne pouvait y conduire, car il
est impossible de se rendre compte de la part aue les diverses
parties d'un os ont prise à son accroissement. La présence de
f joints de repère fixes et invariables, placés simultanément sur
es os analogues dans les deux membres, était absolument
indispensable pour constater l'hyperplasie compensatrice et en
déterminer le aegré.
c Indépendamment de son intérêt physiologique, ce fait nous
permet de mieux nous rendre compte chez 1 homme de l'arrêt
de développement et du raccourcissement définitif qui suivent
les résections et les diverses mutilations du squelette; il nous
montre surtout que les conséquences de l'ablation d'un carti-
lage de conjugaison peuvent, dans certaines conditions, être
sensiblement atténuées. Jusqu'ici nous n'avions vu que la per-
sistance dans l'os d'une irritation chronique (foyer d'ostéite,
corps étranger, séquestre incarcéré), comme moyen d'activer
l'accroissement longitudinal dans un os réséqué. Nos nouvelles
expériences prouvent que cette hyperplasie pourra s'opérer sans
foyers d'inflammation appréciable, par le fait seul de l'irritation
indirecte produite par le traumatisme opératoire quand le
membre pourra recouvrer son activité fonctionnelle.
c L'arrêt d'accroissement consécutif à l'ablation d'un cartilage
de conjugaison ne représentera donc pas exactement la hauteur
de la colonne osseuse qui aurait fourni normalement ces carti-
lages; il sera diminué par l'hyperplasie du cartilage restant. La
Sravité du pronostic porté sur certaines résections pratiquées
ans l'enfance doit être, par cela môme, un peu atténuée, toutes
les fois que l'on pourra ootenir un membre capable de fonction-
ner activement. >
De Lk I.OCO.MOTION DANS i/ataxie LOCOMOTRICE, par MM. Ik-
meny et Quénu. — Le travail des auteurs se rapporte à scpi
malades dont six appartenaient au service de M. Dujardin-
Beaumetz, ils ont donné les résultats suivants :
i** Étude par les procédés photochronograpkiques. Trajec-
toire de la nanche. — Dans la marche normale, la trajecioin'
de la hanche pendant l'appui est franchement convexe; daû.<
l'ataxie, elle se rapproche de l'horizontale ; les images sucrer-
sives sont condensées, rapprochées, ce qui indique uu raleotis-
sèment sensible de la vitesse.
Au début du lever, la trajectoire de la hanche présente uoe
élévation brusque, puis une dépression oui ne se rencontre
jamais dans les tracés normaux; enfin elle est surbaissée au
moment de l'appui.
La trajectoire du genoUy pendant l'appui, se rapproche plus
de l'horizontale que dans l'état normal; mais le vrai caractère
chez fataxique, c est que, un peu avant le poser du pied, la
trajectoire du eenou s*élève fortement et tardivement pour
s'abaisser tout a'un coup. Il y a là une sorte de chute brusque
des plus remarquables, que nous retrouvons du reste dans la
trajectoire des différentes articulations du membre inférieur.
La trajectoire de l'articulation tibio-tarsienne ne préseuie
rien de bien spécial au moment du lever; il n'en est pas lït
même dans le moment qui précède l'appui : d'abord plus élevée
que dans la marche normale, elle s'abaisse presque verticale-
ment en présentant une boucle dont le dernier élément a uo
sens rétrograde et sort quelquefois du plan normal d'oscillation
de la jambe.
Trajectoires de la tête et de Vépaule, — Les pas étant petits,
on ne constate que de petites oscillations verticales du tronc H
une déformation peu apparente de la trajectoire de la tète. Le
balancement du tronc en avant et en arrière est assez sensible:
les déformations de la trajectoire de l'épaule tiennent à unr
légère torsion du tronc autour de son axe.
Mouvements des segments. — Pendant la période d'appui du
viedy les mouvements du membre inférieur diffèrent peu d^
rétat normal, si ce n'est par leur étendue. Le déroulemenl lie
ce membre dans la marche est de 50 à 60 degrés : 27 degrê>
environ pour l'angle du poser, et 30 degrés pour l'angle du lever
dans la marche, au rythme 60.
Chez l'ataxtque, ces chiffres sont moindres : l'angle du poser esl
environ de 17 degrés, l'angle du lever de 20 à 25 degrés, ce qui
fait un déroulement total de 37 à 42 degrés environ; la lon-
gueur du pas est donc diminuée.
Le mouvement des segments du membre inférieur est à peu
près le mouvement normal : dans celui-ci, en effet, la cuisse,
au moment de l'appui, se fléchit en même temps que la jambe
et s'étend avant celle-ci; puis les deux segments s étendent, et
avant le lever la flexion de la jambe précède l'extension de h
cuisse.
Chez l'ataxique, la jambe se fléchit au moment du poser, pen-
dant que la cuisse continue le mouvement d'extension violent
que nous décrirons plus loin; la jambe s'étend ensuite peodani
un temps court, reste étendue, puis se fléchit légèrement, alors
que la cuisse continue à s'étenare jusqu'à la fin de l'appui.
La durée de l'appui du pied est plus lons^ue que celle du
lever d'une quantité qui mesure le temps du double "'""'
Cette durée est plus êrande uu'à l'état normal. Aussi le nia>
lade précipite-t-il l'oscillation ae son membre inférieur pen-
dant le lever, circonstance qui ajoute encore à la brusquerie de
sa démarche.
La pkase de lever du pied est celle qui se différencie le plus
de la marche normale. C est dans cette phase que se manifestent
les troubles causés par l'action désordonnée des muscles du
membre inférieur. Ainsi, au début du lever il y a, comme à
l'état normal, flexion de la cuisse sur le tronc et de la jambe sur
la cuisse; mais, dans l'ataxie, la flexion de la iambc se pro-
longe et surtout se fait plus vivement que dans l'état normal, la
flexion de la jambe est suivie immédiatement d'une extension
brusque qui retentit sur la cuisse et diminue un peu la vitesse
de flexion de celle-ci. Cette extension île la jambe, qui avait gra-
duellement diminué d'intensité, subit encore un léger accroisî't'-
ment avant le poser du pied. Voici enfin ce qui a trait ù la
phase qui précède le poser.
Dans la marche normale, la cuisse s'étend un peu avant [p
poser du pied, mais elle se fléchit ensuite, pendant que la
jambe continue son extension, puis, au moment du poser du
pied, elle accentue sa flexion en même temps que la cuisse se
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 20 — 325
nérhit. Le pied se pose Jonc sans forec, et en n'ayant qu'une
très faible utesse horizontale.
Chez Tataxique, la caisse, qui avait cessé de se fléchir, s'étend
brusquement, et, par le mouvement simultané d extension de
la jambe et de la cuisse, le pied se pose à terre en frappant le
sol presque verticalement, quelquefois même en rétrogradant.
Ce dernier mouvement d'extension de )a cuisse peut être accom-
pagné d'une légère abduction.
z* Étude par les tracés dynamographiques. — Le dynamo-
graphe donne des tracés tout a fait caractéristiques. A l'état nor-
mal, le tracé présente deux maxima séparés par un minimum ; on
a donc successivement : une ascension, une légère descente, une
autre ascension et enfin une descente plus brusque que la
montée.
Chez lataxique, la montée est plus lente; elle se fait en deux
ou plusieurs temps. En outre, la ligne de plateau, au lieu de
présenter un léger minimum (ce qui donne sur le tracé une
courbe à concavité supérieure), se maintient près de la ligne du
poids et présenté une série d'oscillations. Ces oscillations très
caractéristiques se manifestent encore quand le sujet se tient
debout sur la planche du dynamomètre.
Dans une autre forme, la montée est brusque, verticale, puis
)a courbe descend immédiatement. Cela se présente dans les cas
où le choc du pied sur le sol est très violent. Cette descente est
suivie de deux ou trois maxima, puis l'instrument revient à zéro
comme dans la marche normale.
Dans linterurélation de ces anomalies, il faut se rappeler que
les inflexions de la courbe du dynamographe n'ont aucune rela-
tion avec les inflexions de la trajectoire de la tête, ni même avec
la hauteur d'élévation du corps au-dessus du sol ; la pression
normale du pied dépend uniquement de la variation de vitesse
du mouvement vertical du centre de gravité.
Aeadéatle d« Biédeelne.
SÉANCK DU 14 MAI 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le docteur Gayet so porto candidat au titre de correapondanl nnlional dans
la division de chirargic.
H. le docteur Fickot envoie un Rapport manuscrit êur leg épidémiet dan» la
Sifvrc en I88îJ.
M. le docteur Jfuf in, médecin principal de 2" classe, médecin cliîfde l'Iiôpital
thortiial militaire de Bourbonnc-lcs-Bains, adresse lo rapport d'ensemble sur ce
service en 1887.
M. Brouardel dépose: 1" au nom de M. le docteur Zoérot Pacha, une Notice
sur Us travaux de Vlntlitut antirabique de CoMtantxnople en 1885-1889; 2» de
Il part de M. Bordas, un mémoire i^ur les oreillo'is et Us causes de leur con-
tagion.
M. Rochard présente un cornet A chloroforme, conslniit sur les jndicationf de
M. le docteur Carof, ancien cliirui^ion de la marine, médecin de l'hospice civil
de Brest.
M. Larrey dépose un ouvrage de M. le docteur Berger (Emile), sur Vanatomie
normaU et pathologique de l'œil.
M. Dujardin-Beaumet* présente, au nom do M. GautreUt, un ouvrage sur Uê
urines.
H. Cueneau de Mussy dépose un ouvragu de M. le docteur Riant sur U surme-
nage inteUectuel et Us exercices physiques,
il. Peur présente deux brochures do M. lo docteur Tartivel sur l'hydrothérapie
et sur la douche.
M. Le Hoy de Méricourt dépose un uiéuiuirc de M. le docteur Maurel sur la
sléthographie normaU.
U. Verneuil présente, au nom do M. le docteur Le Dentu, un ouvrage sur les
affections ehirurgicaUs des reins, des uretères et des capsules surrénales.
SkRVICE DE LA VACCINE ANIMALE A L' ACADÉMIE. — M. Ic
Secrétaire perpétuel informe l'Académie que, grAce à Tin-
lervention de M. Henri Monod, directeur de l'Assistance et
de rhygiène publiques, M. le ministre de Tintérieur lui a
alloué une première somme de 10000 francs pour la con-
struction d'une étable et l'organisation matérielle du service
de la vaccine animale, plus une autre somme de 10000 francs
pour assurer ce service pendant toute l'année.
Élections. —MM. Balland et Soubeiran sont élus cor-
respondanls nationaux dans la division de physique et
chimie médicales et pharmacie. A la première élection,
M. Balland est élu par 29 voix contre z6 à M. Soubeiran,
sur 55 votants. A la seconde, M. Soubeiran est élu par
52 voix contre 2 à M. Haller, sur 54 votants.
Eaux minérales. — M. Constantin Paul lit, sur des
demandes en autorisation pour les sources Saint-Jean à
Brignancourt et du Rey à Rémoncourt, des rapports dont les
conclusions favorables sont adoptées par l'Académie.
Résection de la hanche en cas de coxalgie suppurée.
— Il y a près de trente ans, en 1860, une mémorable dis-
cussion eut lieu devant TAcadémie à l'occasion du rapport
de Gosselin sur le mémoire de M. Léon Le Fort, relatif aux
résultats obtenus à l'étranger pour la résection de la
hanche. De la discussion ne purent malheureusement surgir
que des opinions basées sur des vues théoriques; personne
encore en France n'avait tenté cette opération ou du moins
n'avait obtenu de succès. Bien qu'elle eût été proposée près
d'un siècle auparavant par un chirurgien de Bourg-en-
Bresse, Vermandois, et eût été l'occasion de recherches
expérimentales importantes, parmi lesquelles il faut citer
celles deChaussier, on ne pouvait citer que l'opération de
Roux, pratiquée en 1^847 et suivie d*insuccès. Aujourd'hui,
la question est changée, et, bien que la résection de la
hanche n'ait pas donné lieu à des séries d'opérations
comparables par le nombre à celles qui nous viennent de
l'étranger, il n'est guère de chirurgien qui n'ait au moins
une petite expérience personnelle sur la question.
Pour sa part, M. Ollier a pratiqué peu de résections de la
hanche, relativement au nombre de coxalgies suppurées
qu'il a eu à traiter depuis 1860, car il a fait sa cinquantième
résection le mois dernier; mais ces faits forment cependant
un ensemble considérable quand on les compare aux obser-
vations isolées ou aux autres séries qui ont été publiées dans
notre pays, ils se rapportent surtout pour une bonne partie
à des cas déjà anciens et par cela même ayant toute leur
valeur démonstrative au point de vue des résultats définitifs
de cette opération. C'est pour ce dernier motif qu'il expose
devant l'Académie les résultats qu'ils ont produits. Dans
cette résection, plus que pour les opérations analogues pra-
tiquées sur les autres articulations, le temps rst indispen-
sable pour apprécier les résultats. Aussi M. Ollier ne parle-
t-il que des résections ayant au moins trois ans de date, ce
laps de temps lui paraissant nécessaire pour juger, ou du
moins faire prévoir le résultat définitif; il^fait cette restric-
tion parce que, chez les enfants surtout, il peut s'opérer
tardivement et durant toute la période de croissance, des
changements qui aggraveront plus souvent qu'ils n'amélio-
reront le résultat orthopédique de l'opération. Il peut se
faire en effet des inflexions du membre, que l'emploi pro-
longé des appareils préviendra sans doute, mais qui s'accen-
tueront de plus en plus si l'on abandonne le malade à lui-
même.
En résumé, les conclusions auxr|uelles M. Ollier était
arrivé, en 1881, relativement à l'utilité de l'ankylose, après
la résection de la hanche pour coxalgie, ont été confirmées
par une nouvelle expérience de huit années. Tout en admet-
tant que l'on pourra, dans certaines résections traumatiques
ou pathologiques précoces, arriver à la reconstitution d'une
néarlhrose sur le type de l'arliculation primitive par la
technique opératoire, basée sur l'expérimentation, il consi-
dère que l'ankylose après la résection de la hanche pour
coxalgie suppurée est la terminaison qui donnera au
membre le summum d'utilité pour une vie entière.
Quand le fémur est ankylosé dans une position favorable,
avec abduction et flexion légères pour la majorités des cas,
la position devant changer avec le degré de raccourcisse-
ment du membre, les opérés peuvent se livrer aux travaux
les plus fatigants, devenir des marcheurs infatigables et
boiter à peine et même pas du tout quand ils marchent
lentement sur un sol uni. Une fois l'ankylose effectuée, les
déplacements secondaires ne sont plus possibles et l'on n'a
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pas à craindre ces récidives des foyers tuberculeux ou
inflammatoires qui surviennent si souvent dans les cas de
néarlhroses mobiles. Ils ne peuvent pas s'asseoir aussi
commodément sans doute aue les sujets dont le fémur est
resté mobile sur le bassin. Mais, pour la plupart des condi-
tions sociales, la facilité de s'asseoir est une faible compen-
sation de la difficulté de marcher. Qu'on .recherche une
articulation mobile chez les femmes destinées à mener une
vie sédentaire et qui n'auront pas besoin de gagner leur vie
par leur travail, on le comprendra parfaitement, mais on
ne doit pasxshercher cette terminaison chez les sujets qui
sont obligés de se livrer à une vie active.
En se plaçant au point de vue de l'intérêt réel du malade,
il faut donc délibérément chercher l'ankylose dans la
majorité des cas qui, à l'heure actuelle, sont considérés
comme indiquant la nécessité de la résection de la hanche.
11 en serait autrement si l'on adoptait la résection précoce
de la hanche dans tous les cas de coxalgie, si l'on retran-
chait systématiquement la tête du fémur dès qu'on soupçonne
ou qu'on constate un abcès autour de l'articulation ; mais
uous repoussons cette manière d'agir et nous considérons
que la majorité des coxalgies suppurées de l'enfance peuvent
encore guérir par des opérations plus simples que la résec-
tion (ouverture antiseptique des foyers, injection îodo-
formée, drainage, etc.). Certaines formes nécessitent cepen-
dant une résection hâtive, et c'est alors qu'on devra
combiner le manuel opératoire pour obtenir une néarthrose
mobile. Daiis ce but, on devra-soigneusement conserver tous
les muscles, en respectant les nerfs qui les animent et
modifier les anciennes incisions de résection dans le sens
indiqué.
Diabète. — M. Worms fait une communication sur la
forme lente du diabète et son traitement (vov. au Premier-
Paris, p. 313).
Galvanocaustique,— Il y a plusieursannées, MM.FawcA^r
et Morin ont imaginé l'appareil galvanocaustique le plus
généralement employé; M. le docteur Faucher présente un
nouvel appareil, modifié de telle sorte que l'intensité du
courant puisse se régler avec une extrême facilité.
— L'ordre du jour de la séance du H mai est fixé ainsi
qu'il suit: 1" rapport de M. Trasbot sur la rage tanacétique ;
2" discussion sur le traitement du diabète (inscrit: M. Du-
jardin-Beaumetz) ;3''eoii\municsiiion de M, G.Séesurun
nouveau diurétique ; 4° lectures par des personnes étran-
gères à l'Académie: par MM. Legroux, sur un cas de com-
munication inlervenlriculaire; Terrilloriy sur les résultats
opératoires et éloignés de cinquante laparotomies; Darier,
sur la psorospermose cutanée.
Société médleale des hôplianx.
SÉANCE DU 10 MAI 1889. — PRÉSIDENCE DE M. CADEt
DE GASSICOURT.
8tatistl(iue avec notes sur la fièvre typhoïde : H. Sorel. — Mrophie
musculaire à marche rapide au cours d'une grossesse : H. Desnos.
— Gangrène du pouoe par immersion phèniquèe : M. Monod. —
Rapport sur les mesures à prendre pour prévenir la contagion
dans les hôpitauat d'enfants : Rapport par M. Comby. — Hystérie
et onomatomanie. Quelques troubles réflexes d'origine gastro-
intesUnale : M. G. Ballet.
M. Sorel adresse h la Société, par l'intermédiaire de
H. Lereboullet, un travail intitulé : Statistique avec notes
cliniques sur la fièvre typhoïde, (Sera publié.)
— M. Desnos offre, en son nom et au nom de MM. Pinard et
Joffroy, la note qu'il a lue devant TAcadémie de médecine
dans la séance du 30 novembre 1888, sur un cas d'atrophie
musculaire des quatre membres à marche rapide, surve-
nue pendant laarossêsse et consécutivement à des vomisse^
ments incoercibles. On peut hésiter, dans ce cas, comme
diagnostic anatomi^ue, entre une myélite des cornes anté-
rieures et une névrite parenchymateuse généralisée. (Vov.
Gazette hebdom., n° AS, p. 765.)
— M. Ch. Monod présente une jeune fille atteinte df
gangrène sèche du pouce droit, résultant de bains phéni-
qués prolongés, auxquels elle eut recours à la suite d'une
profonde coupure de l'extrémité du doigt. L'immersion du
doigt dans une solution phéniquée de titre inconnu n'a éléj
nullement douloureuse; elle fut répétée pendant quinze
jours, et durant un auart d'heure chaque jour. Cette ma-
lade a été présentée déjà devant la Société de chirurgie, cl
plusieurs des membres de cette Société ont dit avoir ooservt'
des cas semblables.
M. Legroux a vu dernièrement une escharification ana-|
logue chez un jeune enfant pansé avec une compresse phé-
niquée à la suite d'une morsure, non pénétrante, faite par un
chien inconnu.
M. Monod a vu encore une eschare semblable, à la fesa*,
chez une femme qui s'était assise sur un vase de nuit lavé
avec une solution phéniquée. Il ajoute que, chez sa malade,
on constate une tendance aux phénomènes d'asphyxie locale
sjrmétriflue des mains, et que cette jeune fille a tous les
hivers des engelures persistantes. Il semble donc exister
chez elle une circulation périphérique quelque peu défec-
tueuse.
— M. Comby f au nom d'une Commission composée de
MM. Cadet de Gassicourt, Grancher, Sevestre, Labric, Jules
Simon, Descroizilles, Ollivier, d'Heilly, Legroux, HutineL
et Comby, rapporteur, donne lecture du rapport dont on
trouvera au Bulletin (voy. p. 313) l'analyse. En voici les
conclusions : l"* pour prévenir les dangers de contamination
par les consultations hospitalières, un interne spécial sera
chargé de faire la sélection des enfants avant leur entrée
dans la salle d'attente commune; il aura pour mission de
recevoir d'urgence, dans les pavillons d'isolement, les
enfants atteints de maladies contagieuses et de diriger dans
des salles distinctes de la salle d'attente commune les con-
tagieux qui ne viennent que pour la consultation ; 2' des
chambres d'isolement, en nombre suffisant pour recevoir les
cas douteux, seront construites dans chaque hôpital
d'enfants ; 3° les pavillons d'isolement de la diphthérie
devront être pourvus de chambres à lit unique, en nombre
suffisant, pour les cas de diphthérie associée à d'autres
maladies contagieuses. Ces chambres, quoique annexées au
pavillon, devront être suffisamment isolées ; 4"* chaque
hôpital d'enfants doit être pourvu au moins de trois pavillons
d'isolement pour la diphthérie, rougeole, scarlatine et d'un
quatrième pavillon dit de rechange; b"* 1 administration est
invitée à remplacer les grandes salles par des salles de six à
huit lits, dans la construction des pavillons futurs; 6Me
personnel de chaque pavillon devra être isolé des autres
personnels dans la mesure du possible; 7^ le personnel
nospitalier (infirmiers et infirmières) et le personnel
médical (élèves) seront augmentés suivant les nécessités du
service et conformément à l'avis des médecins; 8" Thôpilal
Trousseau sera pourvu dans le plus bref délai d'une étuve
à vapeur sous pression semblable à celle qui a été installée
et qui fonctionne dans les deux autres hôpitaux d'enfants;
9° tous les vêtements, toute la literie, tous lesobjets(y compris
les jouets) qui auront pu être souillés par des enfanti'
atteints ou soupçonnés de maladies contagieuses seront
désinfectés par 1 étuve; seront également passés à l'étuveles
vêtements et couvertures qui sei-vent au transoorl des
enfiints suspects à l'hôpital; il en sera de même ues vête-
ments de tous les enfants, quels qu'ils soient^ qui entrent à
l'hôpital, même pour une affection chirurgicale; 10" aux
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 20 — 327
(lavi lions d'isolement seront annexés des vestiaires, indé-
pendants des salles, avec blouses pour les élèves^ lavabos,
et substances antiseptiques; il*' les mêmes mesures seront
applicables aux salles communes ; ii" tous les rideaux, non
seulement des lits, mais aussi des fenêtres, seront supprimés
dans les pavillons d'isolement et remplacés par des stores
extérieurs; i'S" Tamphithéâtre d'autopsie de chaque hôpital
d'enfants sera considéré comme un pavillon d'isolement; il
sera pourvu de blouses, de manches imperméables, d'eau
chaude et froide, et de tout ce qui est nécessaire pour le
nettoyage aseptique des mains; iV la Société médicale des
hôpitaux émet le vœu que la somme de 200000 francs,
destinée parle Conseil de sui*veillance à l'amélioration du
mobilier des services hospitaliers, soit intégralement attri-
buée aux hôpitaux d'enfants. — (Ces conclusions seront dis-
cutées et soumises au vote dans la prochaine séance.)
— M. G. Ballet, à propos de la communication de
M. Séglas sur Fonomatomanie associée à l'hystérie, signale
ce fait que, chez certains individus, la crise nystérique peut
succéder immédiatement à Taccès d'onomatomanie et être
provocfuée par l'anxiété qui accompagne cet accès. On
conçoit les difficultés du diagnostic en pareil cas.
— Contrairement aux assertions de M. de Beurmann,
dans sa note lue à l'avant-dernière séance, sur la tétanie au
cours de la dilatation gastrique, M. Ballet ne pense pas que
les accidents spasmodiques relevant des troubles gastro-
intestinaux comportent un pronostic presque constamment
grave. Il rapporte trois observations dans lesquelles des
phénomènes de fourmillements, de contracture, d'héini-
chorée ne sauraient, à coup sûr, reconnaître d'autre origine
que les troubles et les lésions gastriques offerts nar ces
^malades: la terminaison a toujours été favorable. Quant à
la pathogénie de ces accidents, au lieu d'admettre exclusi-
vement comme M. de Beurmann, l'auto-intoxication,
M. Ballet démontre qu'il faut faire la part presque exclusive
à l'action réflexe. Il a vu, en effet, apparaître les accidents
spasmodiques chez ses malades après un examen de la région
{gastrique un peu prolongé, ou à la suile d'une pression
soutenue de la région gauche de l'abdomen. L'autoxication
peut, d'ailleurs, jouer le rôle de cause prédisposante, de
même que l'alcoolisme ou toute tare nerveuse héréditaire,
en rendant le système nerveux plus susceptible de réagir
sous l'influence des irritations périphériques.
— La séance est levée à cinq heures.
André Petit.
Aoelété de chlrarf^le.
SÉANCE DU 8 MAI 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Discussion sur le drainage : MM. Nicaise, Luoas-Ghampionnière,
Desprès. Kirmtsson, Terrier, Maro Bée. — Résection ostèoplas-
tique du pied : M. Oilier. — Oangréne du pouoe : M. Monod. - -
Calculs du rein : M. Monod.
M. Nicaise pense que la question du drainage est
connexe de celle du lavage des plaies. Pour le lavage, il
y a en somme deux systèmes : Lister lave fort peu et Volk-
mann lave beaucoup. Pendant longtemps M. Nicaise a agi
comme Volkmann. Mais il a remarqué qu'alors l'exsuda-
tion est considérable et que la cicatrisation est plus lente.
Aussi depuis 1886 fait-il le moins de lavages possible.
L'exsudation est ainsi légère et dès lors le drainage devient
' moins utile. M. Nicaise cependant ne le supprime pas volon-
tiers, il se borne à ne le faire durer que très peu de
I lemps. C'est une grande sécurilc, car le drain empêche
I toute stagnation d'une sérosité qui suppure facilement.
1 On objecte que par celte méthode on est obligé de renou-
veler le pansement pour enlever le drain. L'inconvénient
est minime. Et même H. Nicaise doute, pour les amputa-
tions surtout, qu'il soit bon de ne pas surveiller du tout
la cicatrisation de la plaie.
M. LucaS'Championnière est absolument partisan du
drainage, qui donne une grande sécurité et qui ne retarde
certainement pas la guénson. De plus il semble éviter des
douleurs post-opératoires dues à la tension que détermine
la sérosité accumulée. On dit que le drain oblige à faire un
pansement précoce : mais ne doit-on pas défaire le panse-
ment pour enlever les fils de suture? M. Championnière
se déclare en outre l'adversaire des grands lavages des
plaies opératoires. Quant aux laparotomies, les lavages du
péritoine (dont on abuse) ont certainement des indications
et alors le drainage est utile.
M. liespréSy tout en reconnaissant que sa chirurgie diffère
de celle de ses contemporains, considère le drainage
comme indispensable dans les opérations graves, dans
celles surtout où l'on a à craindre les fusées purulentes.
M. Kùmisson a cherché il y a quelque temps à se
rasser du drainage et il n'a pas toujours eu k s'en léliciter.
1 cite trois cas ou un épanchement abondant de sérosité
s'est formé sous la cicatrice. La compression en a eu
raison, mais la guérison a été retardée. Il faut reconnaître
toutefois que la réunion sans drainage est bonne pour les
tissus sains, pour les plaies dont l'affrontement peut être
parfait, dont l'étendue n'est pas trop grande.
M. Terrier ne croit pas qu'on puisse se déclarer en prin-
cipe partisan ou adversaire du drainage. 11 faut agir sui-
vant les indications et le point principal est de bien savoir
si la plaie est ou non septique. Il est de toute nécessité
de drainer une plaie infectée, mais c'est inutile pour une
plaie aseptique, même très étendue : un épanchement de
sérosité pourra se former, mais il ne suppurera certaine-
ment pas s'il n'est pas infecté.
U.MarcSée insiste sur les épanchements séreux, dont
la cause est avant tout un défaut de compression. On les
évite par un application soignée de la bande de caoutchouc
autour du pansement.
— M. Oilier revient sur les opérations ostéoplastiques
du pied. Pour des lésions tuberculeuses ou pour des
ostéites aiguës il a fait huit fois l'ablation du calcanéum
et de l'astragale, avec plus ou moins du tarse antérieur.
Trois malades ont dû être amputés, mais les cinq autres
marchent fort bien. D'autre part, lorsque les lésions
osseuses sont limitées et lorsque les parties molles sont
peu envahies, on a de bons résultats par des opérations
partielles, surtout si les sujets sont jeunes. L'âge en effet
est un facteur des plus importants.
— M. Monod relate un cas de gangrène du pouce par
immersion dans une solution concentrée d'acide phénique.
— M. Monod présente des calculs rénaux extraits par
la néphrotomie.
HEVUE DES JOURNAUX
iL cou
■lier.
De l'ichtyol dans la nbprite chronique, par M. Blittews-
DORF. — Le cas qui fait l'objet de cette note est celui ô'um*.
jeune fille atteinte de néphrite chronique depuis huit mois. Elle
avait de Tascite, de l'œdème facial, de l'albuminurie et de Taraé-
norrhée. M. Blittersdorf employa inutilement diverses médica-
tions avant d'essayer des pilules d'ichtyol à la dose quotidienne
de i gramme et sous la forme de solfo-ichlyolate de soude. Ce
médicament provoqua une diurèse abondante, la réduction de
l'albuminurie et une amélioration telle que la malade put re-
3^28 — N» 20 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i7 Mai 1889
prendre l'exercice de sa profession. L'auteur avait été conduit à
cet essai, par analogie avec les succès de Tichtyol contre
d'autres affections avec hypérémie. {Terap. Monaf .Juillet 1888.)
BIBLIOGRAPHIE
Lnnettcs et plnce-ucs, Élude médicale et pratique, par
M, G.-J. Bull, avec une introduction de M. £• Javal,
membre de TAcadémie de médecine. — Paris, G. Masson,
1889.
Collaborateur de M. Javal au laboratoire d'oplithalmolo-
gie de la Sorbonne, M. Bull a l'honneur en même temps
aue l'avantage de voir son livre présenté au public par
1 éminent académicien. On sait la part considérable qu'a
prise M. Javal aux progrès de l'optométrie, à l'étude de
l'astigmatisme. Grâce à ses travaux, nous pouvons aujour-
d'hui, en quelques secondes, mesurer objectivement aussi
bien que subjectivement ce vice de réfraction si commun ;
nous pouvons déterminer les verres cylindriques appelés à
le corriger.
Déterminer, prescrire les verres correcleurs, en surveil-
ler l'exécution et en vérifier la justesse, est œuvre de Toph-
thalmologiste ; mais il est impossible pour le praticien de
.suivre toujours ses malades et de s'assurer qu'ils font de
leurs lunettes un emploi judicieux. Le livre de M. Bull est
destiné à leur servir de guide, et sous ce rapport il peut
rendre les plus grands services. Combien de personnes qui,
munies de verres excellents, cessent de les porter dès les
premiers jours, parce qu'elles rapportant à l'insuffisance
de leurs lunettes des troubles visuels résultant de la ma-
nière défectueuse dont elles en font usage.
L'ouvrage de M. Bull comprend, en outre d'un exposé
sommaire de l'œil et de la réfutction normale et patholo-
gique, six chapitres consacrés : à la forme des surfaces des
verres, à la matière des verres, à leur numérotage, à leur
situation par rapport aux yeux, aux montures, et cnfln à
l'accoutumance et aux conditions spéciales que nécessitent
les différents âges. Signalons quelques remarques très
judicieuses : la préférence donnée aux verres à vitres sur le
cristal de roche habituellement mal vérifié; Tinfluence de
l'imagination sur le bon effet des verres colorés, la fatigue
qui résulte des verres mal placés, la nécessité d'avoir deux
verres du même poids.
Malgré la mode, plus forte que le bon sens, notre con-
frère n'hésite pas à donner aux lunettes la supériorité
qu'elles méritent. Quel que soit le pince-nez choisi, il est
bien rare qu'il maintienne les verres avec fixité dans la
situation convenable. M. Bull a essayé de consti*uire, avec
l'assisUince de la Société des lunetiers, un lorgnon exempt
des défauts habituels. Souhaitons que ce modèle réalise
les avantages espérés. Longtemps encore, sans doute, mal-
gré les conseils des médecins compétents, les gens iront
.chez le lunetier avant d'aller chez l'oculiste, et tentés par
le bon marché, ils feront empiète de ces verres de rebut,
à monture détestable, dont le moindre défaut est de ne
rendre aucun service. Mais il n'aura pas dépendu de notre
confrère que pareille coutume soit abandonnée; aussi sou-
haitons-nous que son livre si simple, si clair, auquel l'édi-
teur a su donner un aspect attrayant et une impression de
lecture facile, soit bientôt dans toutes les mains.
J. Chauvkl.
VABIÉTÉS
M*.
Concours d'admission a l'Ecole de santé militaire en io^. .
- Le ministre de la guerre a fixé ainsi qu'il suit, le nombre des
candidats à admettre cette année à l'emploi d'élève du servir**
de santé militaire :
Candidats à 16 inscriptions, 3.
Cano'idats à l!2 inscriptions, 5.
Candidats à 8 inscriptions, 30.
Candidats â i inscriptions, 45.
Les élèves à 16 inscriptions n'entreront nas à l'École d»-
Lyon, lis recevront une indemnité de 100 francs par mois, à
partir de leur admission, et devront être reçus docteurs avaiil
le 1«^ février 1890, époque à laquelle ils seront admis, comme
stagiaires, à l'Ecole d application du Val-de-Grâce. Les élcve>
des trois autres catégories entreront à l'Ecoie de Lyon à une
date qui leur sera notifiée en même temps que leur nomination.
On se rappelle que, pour lu dernière fois cette année, le>
candidats à 16 et ù Vl inscriptions sont admis au concours, et
C|ue, pour la dernière fois, en 1S90, le concours sera ouvert au\
élèves à 8 inscriptions, l'Ecole ne devant plus, dès 1891, rece-
voir que des étudiants pourvus de 4 . inscriptions et ayant subi
avec succès le premier examen de doctoral.
Conférences climqces des hôpitaux du Midi kt de LoruciNE.
— Imitant l'exemple donné par les médecins de Saint-Loui^.
MM. Mauriac, Du Castel, Balzer, de Beurmann, Humberl H
Pozzi, médecins et chirurgiens des hôpitaux du Midi et de
Lou reine, se réuniront tous les mercredis pour faire des confé-
rences publiques sur les malades les plus intéressants do leurs
services.
La première conférence aura lieu à Phôpifal du Midi, If
mercredi 15 mai, à neuf heures et demie; la deuxième, le mer-
credi ft mai, à Thôpital de Lourcine; la troisième, le mer-
credi 29, à rhdpital du Midi, et tous les mercredis suivaut^,
alternativement, à l'hôpital de Lourcine et à l'hôpital du Midi.
CONFÉRENCKS CLINIQUES SUR LES MALADIES DES ENFANT>
{hôpital Trousseau) — Le docteur Legroux, professeur agrcg/'
de la Faculté, médecin de Thôpilal Trousseau, a repris ses con
férencesle mercredi 15 mai 1889, à trois heures et demie du
soir, et les continuera tous les mercredis suivants à la même
heure.
Les élèves seront exercés à resamcn des malades et discul»-
rout les questions de diagnostic, de pronostic et de tratteineiK.
COUKS LIBRES. — M. Lafou, chimiste, commencera le 23 mai
un cours pratique de chimie, bactériologie et microscopie médi-
cales. — S'inscrire, à Tavance, de trois à quatre heures, au
laboratoire, rue des Saints-Pères, 7.
Société obstétricale et gtnécologioue dk Paris. — I-»
Société, dans sa séance du 9 mars 1889, a déclaré la vacance
dans une place de membre titulaire. Aux termes des statuts, lt'>
candidats sont tenus de faire acte de candidature, par une com-
munication écrite ou orale faite en séance publique.
La prochaine séance aura lieu le jeudi 13 juin à trois heures |
et demie, au siège de ta Société, 48, me Serpente.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi 2i mai).|
— Ordre du jour : Discussion sur le rapport de M. Comby
(mesures à prendre pour combattre la transmission des mala-
dies contagieuses dans les hôpitaux d'enfants). — M. Renault:
Note pour servir à l'histoire de la pneumonie infectieuse.
Mortalité a Paris (18« semaine, du 28 avril au l mai'
1889. — Population: 22609i5 habitants). — Fièvre typhoïde, 7.
— Variole, 3. — Rougeole, 31. — Scarlatine, 1. — Coque- 1
luche, 7. — Diphlhérie, croup, 43. — Choléra, 0. — Phthisic
pulmonaire, 211. — Autres tuberculoses, 25. — Tumeurs:!
cancéreuses, 33; autres, 5. — Méningite, 41. — Congés- 1
tion et hémorrhagies cérébrales, 35. — Paralysie, 10. —
Ramollissement cérébral, 14.— Maladies organiques du cœur, ii'. i
— Bronchite aiguë, 2G. — Bronchite chronique, 39. — Broncho-
pneumonie, 22. — Pneumonie, 75. — Gastro-entérite: sein, i'^i ,
biberon, 38. — Autres diarrhées, 5. — Fièvre et péritonite puer* |
pérales, 0. —Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 31. — Sénilité, 23. — Suicides, 17. —Autres morli
violentes, 11. — Autres causes de mort, 162. — Causes I
inconnues, 0. — Total: 984. \
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
49110. — UOTTSROZ. — Imprimeries réunies, A. ruê Mignon, î, P«ri«.
-■ — «m' -^j '
17 Mai 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 20 — 339
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
THÉKAPEUTIOUE
Perleii du docCcnr Clerian.
Approbation de V Académie de médecine de Paris.
Primitivement appliquée à Téllier, la découverle du
docteur Clertan a permis d'emprisonner ce corps si volatil
et de le porter dans Testomac à dose fixe et sans aucune
perle. Le même procédé a été appliqué à la plupart des
substances, liquides ou solides, dont la volatilité, la saveur
ou l'odeur rendaient l'administration difficile.
MM. les Médecins pourront ainsi prescrire, sans aucun
désagrément pour le malade, Ylodoforme, la Créosote, la
Valériane^ le Castoreum, VAssa-fœtida, tous les Sels de
Quinine, Sulfate, Bisulfate, Chlorhydrate, Bt'omhydrale,
Valérianate, Salicylate, Lactate, etc., YEssence de Téré-
benthine, la Mixture de Durande, les Gouttes ou Liqueur
d'Hoffmann, VEssence de Santal, et les substances nou-
vellement introduites dans la Thérapeutique, telles que le
Terpinolj le Gaiacol, etc., etc., auxquelles ce mode de pré-
paration pourra s'appliquer avec avantage.
Ces substances et les perles de nom correspondant peu-
vent être partagées en séries suivant leurs propriétés et
leurs applications :
!"• SÉRIE. — MALADIES DE l'APPAREIL RESPIRATOIRE.
5 centigrammes par
— 5 centigrammes par
— 5 centigrammes par
a. Perles de Créoxote de Clertan.
perle. Dose moyenne, A par jour.
b. Perles de Gaïacol de Clertan.
perle. Dose moyenne, 4 par jour.
c. Perles dlodoforme de Clertan
perle. Dose moyenne, i par jour.
d. Perles de Terpinol de Clertan. — 30 centigrammes par
perle. Dose moyenne, i par jour.
2« SÉRIE. — LITHIASE BILIAIRE.
o. Perles de Durande de Clertan (Éther, 2 p.; Ess. de ter.,
:i p.: ensemble, 20 centigrammes). Dose, 6 à 10 par jour.
6. Perles de Chloroforme de Clertan. — ih centigrammes
par perle. Dose, 4 par jour. (Vomissements, hoquets, mal de
mer.)
3« SÉRIE. — MÉDICATION ANTISPASMODIQUE.
a. Perles d'Éther de Clertan.— "2,0 centigrammes par perle.
Dose, 4 à 10 par jour. (Migraines, céphalées rebelles, accès
d*asthme, crampes d'estomac, tendances à la syncope.)
6. Perles d'Hoffmann de Clertan (Ether, i p.; alcool, 2 p. ;
I ensemble 20 . enligrammes). Dose, 4 à lÔ par jour. (Mêmes
I indications que pour les perles d'Ether, et plus particulière-
ment nausées, oigestions douloureuses, indigestions, vomisse-
ments.)
c. Perles de Valériane de Clertan. — 20 centigrammes de
teinture éthérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Vertiges, étourdisse-
menls, palpitations nerveuses.)
d. Perles d'Assa-fœtida de Clertan — 20 centigrammes de
teinture éthérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Spasmes, suffocation,
boule hystérique, œsophagisme, chlorose.)
e. Perles de Castoréum de Clertan. — 20 centigrammes de
teinture éthérée. Dose, 4 à 10 par jour. (Dysménorrhée, coliques
•le la menstruation, gonflements du ventre.)
f. Perles d'Apiol de Clertan. — 5 centigrammes. (Même
indications.)
g. Perles d'Essence de térébenthine de Clertan. — 20 centi-
grammes. Dose, 4 à 10 par jour. (Migraines, névralgies faciales,
scialique, lumbago.)
i" SÉRIE. — MÉDICATION QUINIQUE OU FÉBRIFUGE.
a. Perles de Bromhydrate de quinine de Clerian, à 10 cen-
tigrammes de sel chimiquement pur.
b. Perles de Chlorhydrate de quinine de Clertan, à 10 cen-
tigrammes de sel chimiquement pur.
c. Perles de Sulfate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
d. Perles de Bisulfate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
e. Perdes de Valerianate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
f. Perle* de Salicylate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
g. Perles de Lactate de quinine de Clertan, à 10 centi-
grammes de sel chimiquement pur.
5« SÉRIE. — MÉDICATION HYPNOTIQUE.
a. Perles d'hypnone de Clertan, à 10 centigrammes. Dose,
2 à 4 par jour.
6" SÉRIE. — MÉDICATION BALSAMIQUE.
rt. Perles de Santal de Clertan, à 30 centigrammes. Dose,
2 à 12 par jour.
D'une manière générale, les Perles du docteur Clertan
contiennent cinq gouttes de médicament liquide ou 10 cen-
tigrammes de médicament solide.
Les Perles du docteur Clertan sont très promptemenl
dissoutes dans l'estomac : peu d'instants après l'ingestion
d'une perle d'éther, par exemple, l'ascension de vapeurs
témoigne de la rupture de l'enveloppe.
Par leur volume, leur aspect brillant, les préparations du
docteur Clertan représentent bien exactement des sortes
de perles : la transparence et la minceur de la couche géla-
tineuse permet de voir le médicament en nature et de
s'assurer ainsi de son étal de conservation»
En prescrivant, sous le nom du docteur Clertan et avec
la garantie de son cachet, les divers médicaments énumé-
rés ci-dessus, MM. les Médecins sont assurés d'avoir des
préparations pures et rigoureusement dosées.
Tous les produits inclus sont ou fabriqués de toutes
pièces ou analysés à notre laboratoire.
La Maison L. Frère» 19, rue Jacob, Paris, proprié-
taire de la maraue et des procédés du docteur Clertan, a
mérité les plus hautes récompenses, Médailles d'or unt-
ques, décernées aux produits pharmaceutiques aux Expo-
sitions universelles ae Paris (1878) et de 1 étranger, Am-
sterdam (1883), Sydney (1888).
Les préparations du docteur Clertan sont recommandées
en pl\ irs endroits du Traité de ilUrapeutique de Trous-
se?jyh doux, notamment p. 280 et p. 6U, t. II, V édit.
20..
330 — N^ 20 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
11 Mai 1880
Nouveau traliemcnt de la consllpatton et de Fanémle.
Une des affections contre lesquelles l'expérience des praticiens
vient échouer le plus fréquemment est sans contredit la constipa-
tion. Le régime joue un rôle important dans le traitement de cette
maladie, mais il arrive souvent qu'il ne suffit pas. Les malades
se laissent alors facilement aller à abuser des purgatifs et en
particulier des drastiques, aloès, coloquintes, etc.... ; mais les
moyens qu'ils employent finissent par irriter les organes de la
digestion; leur action s'épuise, et la constipation qui semblait
guérie reparaît plus intense et plus grave que jamais.
Les efforts du médecin doivent tendre à mettre les malades
en garde contre Tabus de tels remèdes et à faire adopter ceux
qui procurent les résultats les plus satisfaisants, tout en n'expo-
sant pas aux mêmes dangers.
Parmi ces derniers, le plus efficace est certainement la
Cascara Sagrada, ou écorce du Rhamnus Purshiana, qui, expé-
rimentée d'abord en Amérique, son pays d'origine, puis dans les
hôpitaux de Paris, est considérée aujourd'hui comme le véritable
spécifique de la constipation chronique.
M. Demaxière, pharmacien à Paris, après avoir étudie la
Gascara Sagrada au point de vue chimique cl micrographique,
arriva à conclure que pour obtenir de ce précieux remède toul
l'effet qu'on peut eu attendre, il fallait l'administrer à Tétat
naturel, sans avoir recours aux préparations telles que l'extmit
ou la teinture, mais la poudre était d'un goût très désagréable,
il prépara donc des dragées avec cette poudre, et obtint ainsi un
médicament d'une efficacité certaine et facile à prendre, même
pour les malades les plus exigeants. Les Dragées Demaziere a la
Cascara Sagrada contiennent 12 centigrammes et demi de
poudre par dragée. La dose ordinaire est de deux dragées le
matin au réveil, et deux le soir au moment du dernier repas ou
avant de se coucher. Si la constipation résiste à cette dose, on
peut augmenter celle-ci sans inconvénient, pour la diminuer
ensuite progressivement, jusqu'à ce que les selles paraissent se
produire d'une façon spontanée et sans le concours d aucun
médicameul. .,,,/, c j«
Les remarquables effets obtenus à l'aide de la Cascara Sagrada
dans les cas de constipation, conduisirent naturellement
M. Demaziere à utiliser ce précieux remède non seulement dans
les cas où la constipation est une affection naturelle du malade,
mais encore dans ceux également nombreux où elle est la con-
séquence de l'absorption d'un médicament quelconque, du fer en
particulier. 11 prépara donc des dragées daus lesquelles 1 lodure
de fer est associé à la Cascara. Ce nouveau produit a 1 avantage
de réunir tout à la fois les propriétés du fer et de I iode, et de ne
jamais occasionner de constipation. De plus, la Uscara Sagrada
avant une action stimulante manifeste, non seulement sur
l'intestin, mais encore sur l'estomac ; ces dragées sont digérées et
absorbées avec la plus grande facilité. m.^^.^n
Les Dragées Demazim à Viodure de fer et a la Cascaia
constituent donc le remède le plus énergique contre 1 anémie et
la chlorose. La dose moyenne est de deux dragées par jour pour
les enfants, et de quatre pour les adultes, prises en deux fois
au moment des deux principaux repas, mais celte dose peu
varier suivant les tempérament et d'après les circonstances dont
*%t£favriiTus grand soin, les dragées Demaziere à la
CasZ:s:graïa et celfes à Tiodure ^e ^er «t à la Cascara cm
toujours donné les meilleurs résultats. Expérimentées dans les
hôTtaux dePari^ adoptées par un grand "O'"»^^^/-^ "Î^Jf/:"^
deFranc"e et de Fétfanger, elles ont pleinement confarmé les
observations qui avaient été recueillies en Amérique.
Du reste, afin que chaque médecin puisse se convaincre de Ja
valeur de ces deux produits, M. Demaziere, P>^armacien^^^^
ï" classe, ancien interne des hôpitaux de Pans, aureat de 1 Ecole
le pharmacl (médaille d'or), membre de la Société de medecnre
w^^Jiaueenvoe franco des échantillons de ses Dragées aqui-
Sriurr^^^^^^^ la demande, 71 , avenue de Villiers, à Pans.
THÉRAPEUTIQUE
I
HomérlABa, thé peetoral russe.
Parmi les maladies dont rhumanité est affligée, ce sont
assurément les maladies des voies respiratoires : la bron-
chite, la tuberculose, la phthisie pulmonaire caséeuse, qui
apportent le plus grand tribut à la mortalité. Et, en effet,
nous voyons dans les relevés de statistiques que ces affections
comptent pour un cinquième dans le nombre des décès.
L'expérience acquise jusqu'à présent, les recherches
microscopiques et les nouvelles théories microbiennes n'ont
guère avancé le traitement desdites maladies et les progrès
dans leur guérison sont bien peu sensibles.
Nous voulons parler ici d'une plante cultivée dans !es
provinces méridionales de la Russie et dont l'efficacité, dans
le traitement de ces maladies, consacrée par une longue
expérience populaire, est incontestable.
Cette plante, dont les propriétés curatives étaient tenues
secrètes par plusieurs familles russes, n'est pas encore
bien connue en Europe et elle appartient à la famille des
Polygonées (Polygonum Hovieri). C'est un savant ru?se,
d'Odessa, M. Tchinaîeff, qui lui a donné le nom de < Homé-
riana ».
S'il est à présumer que les générations futures trouvent
un remède infaillible contre ces nlaux, il est incontestable,
et l'expérience l'a déjà prouvé, que pour le moment nous
n'avons sous la main aucun remède aussi efficace que la
plante Homériana pour combattre les affections catarrhales
du larynx, de la trachée, des bronches, le début de la
tuberculose.
A la suite d'analyses faites à Rio-de-Janeiro par la JunU
Central de la Hygiène publica, et à Padoue par M. le pro-
fesseur François Ciolto, de l'Institut de chimie, il résuile
que cette plante contient une huile verdâtre, insaponifiable:
principe actif du remède.
Il y a ici à faire remarquer que si les Polygonées sont
très répandues dans toute l'Europe, il n'y a, par conire,
qu'une seule espèce, celle qui croît dans le midi de la
Russie, laquelle possède une vertu médicatrice, due uni-
quement à la qualité du sol.
L'Homériana agit directement sur le bacille, soit en
détruisant sa vitalité, soit en rendant le tissu pulmonaire
impropre à son développement.
Le docteur Lascoff,de Kieff (Russie), a expérimenté celle
plante en particulier dans la bronchite et dans la tuber-
culose. . .
Aussi, croyons-nous que l'Horaériana est digne d attirer
Tattention des membres du corps médical.
G. Masfon, Propriétaire-Gérant.
48832,
— MOTTBROZ. — Imprimorics réunies. A. rue Mignon 2, Par»*-
TRENTE-SIXiâlIR ANNÉE
W 21
24 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBDULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCNEZ, E. BRISSAUO, G. DIEULAFOV. OREVFUS^BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lerebodllet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRB. — BULLBTIN. — Pathologib'gbnkrale. Des microbes accidentel-
lement pathogènes. ~ Formulairb thérapbutiqub. De l'emploi de la caféine
dans la plear^ie sëro-flbrineuao aiguë. ~ Rbvvb des cours et des cliniques.
Faculté de médecine. Cours de pathologie interne ; M. le professeur Dieulafoy :
Syphilis du poumon et de la plèvre. — Travaux originaux. Syphlliographie :
FoUe et pamlyaie générale sypUHUquet* ~ Correspondance. Trait«nent de
riiypobémlo intertropicale. -> SoGlBrés savantes. Académie des sciences. —
Académie de médecine. — Société de biologie. — Revue des journaux.
— B1BLIO6RAPBIB. Du délire ches les dégénérés.— VARiériÊa. Concours d'agré-
gation. — Concours du Bureau central.
BULLETIN
Paris, ï^ mai 1889.
Académie de médecine : Le diabète. — Communiea-
ttoos dlveraen, — Amioelatloii générale éem aiéde^-
clas de Franee.
Lorsqu'on aborde devant TAcadémie un sujet de pra-
tique médicale aussi important que Tétude du diabète
sucré, il est naturel que les médecins qui ont recueilli de
nombreuses observations fassent profiter de leur expé-
rience et leurs collègues et le public. On devait donc
s'attendre à ce que la communication de M. Jules
Worms fût le point de départ d'une discussion sérieuse.
MM. Dujardin-Beaumetz et G. Sée, qui l'ont commencée,
ont apporté dans le débat quelques notions pratiques
utiles à rappeler. C'est tout d'abord la classification des cas
observés en forme grave, forme moyenne, forme bénigne.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître que la propor-
tion de sucre n'indique pas nécessairement la gravité de
la maladie. Si Ton obtient la disparition ou tout au moins
l'atténuation rapide de la quantité de sucre rendu dans
les vingt-quatre heures, on peut affirmer que l'on a affaire
à un diabète léger ou moyen. Si l'influence du régime et
du traitement sont nuls ou à peu près et si la quantité de
sucre reste invariable, la maladie devra être considérée
comme sérieuse alors. nuÈnxe que la proportion de sucre
éliminé reste peu considérable. Il importe donc de ne pas
s'effrayer outre mesure des chiffres fournis par une pre-
mière analyse. Il importe surtout au contraire de suivre
attentivement le malade et, comme l'a recommandé
M. Worms, de faire de très nombreuses analyses pour
arriver à juger exactement la marche de la maladie. Au
point de vue du traitement, H. Diijardin-Beaumetz a juste-
ment insisté sur l'importance du régime et tracé à cet égard
des règles hygiéniques très précises. La suppression des
aliments sucrés, la prescription rationnelle des corps gras,
de charcuterie, de thé, de café, etc., etc., sont très utiles.
2« SÉRIE, T. XXVI.
Les exercices physiques rendent de signalés services. Quant
aux médicaments, M. Dujardin-Beaumetz recommande
tous ceux qui ont une action élective sur les parties supé-
rieures de la moelle et du bulbe et M. G, Sée insiste
encore sur les effets avantageux de l'antipyrine. Nous
devons renvoyer au Bulletin ceux qu'intéressera l'élude
de ces considérations thérapeutiques.
Nous ferons remarquer cependant qu'en condamnant
absolument le lait, les savants qui jusqu'àcejouront pris la
parole devant l'Académie n'ont pas tenu compte de ces cas,
trop fréquents encore, où la glycosurie chez le diabétique
s'accompagne d'albuminurie et chez lesquels on voit peu à
peu la proportion d'albumine s'élever progressivement.
Dans ces circonstances le lait, voire même le régime lacté
exclusif, peut, momentanément au moins, rendre les plus
grands services. Nous aurons à revenir sur ce sujet lorsque
l'étude de la pathogénie du diabète, commencée par M. G. Sée
aura été discutée devant l'Académie.
Nous recevons, sur ce même sujet, de M. le docteur
Farge, ancien directeur et professeur de l'École de méde-
cine d'Angers, une lettre dont nous extrayons les passages
suivants :
Vous m'avez fait l'honneur de citer mon nom à propos de
rintércssante communication de M. le docteur J. Worms à l'Aca-
démie; je vous envoie donc le mémoire que j'ai publié en 1883
sur le même sujet. Ne croyez pas, je vous prie, qu'en le met-
tant sous vos yeux, je songe à une réclamation de priorité; je
veux simplement apporter mon appoint aux quelques observa-
tions du savant académicien, sur les variations quotidiennes
et diurnes du sucre chez un même diabétique.
Voici dès lors le résumé de mes observations :
l** Dans quarante-deux analyses s'appliquant à dix malades,
je trouve par comparaison des urines du matin et du soir ou,
comme on Ta dit, du sang et de la digestion :
Matin. Soir.
Moyenne 20,00 Moyenne 32,68
Maximum ii,4 Maximum 66,66
Minimum 4,00 Minimum 12,00
Mais ce qui m'a paru intéressant et inattendu, c'est que, le
p^us souvent, le minimum diurne se rencontre dans la première
urine qui suit le repas. La distance du repas ne vient qu'en
seconde ligne ; car, selon la remarque de Faick que j'ai vérifiée
neuf fois sur dix, tandis que l'homme sain urine dans la demi-
heure qui suit le. repas et souvent plusieurs fois dans la pre-
mière heure, chez le diabétique la première miction se fait
I attendre, en moyenne, une heure et demie et plus.
«1
830
N'21 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINEPT DE CHIRURGIE
î* Mai 1889
Le résultat des quarante-quatre analyses de dix malades m'a
donné le tableau comparatif suivant :
■HM«
ORN-SITÉ
GLYCOSB
DB.HSITÉ
GLYGOSE
Noms.
post
pran-
dium.
post
praD-
dium.
diges-
live.
dige»-
tive.
OBSERVATIONS.
Tt. .
1025
1017
1018
1015
1022
12,00
6,50
4,50
5,?0
25,50
1025
1025
1023
1024
1027
20,00
20,56
14,50
1^,11
28,50
Bl...
1024
1020
11,60
11,76
1027
1023
19,00
12,50
lr«aii.,4h.l/2;2%2h.1/2,
= 7 h.
LL..
1015
0,0
1018
5,5
De. .
1018
1025
12,50
20,00
1019
1037
50,00
35,00
Six heures d'écart.
Huit à neuf heures.
1\A. .
1020
0,0
1020
6,5
CM, .
1024
26,6
1023
26,6
Mb..
1032
1026
1033
1033
1026
1030
11,50
11,76
15,30
15,75
15,50
16,16
1033
1035
1036
1036
1032
10..
16,16
22,00
20,00
20,00
22,00
18,18
1 heure et 2 heures 1/2.
Re. .
1020
1018
1025
1020
6,6
0,0
2i,5
1022
1020
1017
1020
12,5
6,50
11,50
8,5
Exercice.
On y voit que le glycose des urines po$t prnndium va de 0 à 26
et celui des urines de la digestion de 5,5 à 50 ; et Técart de
deux analyses, à quelques heures de distance, chez le même
malade, dans ces conditions, ne descend pas au-dessous de 5
et s'élève jusqu'à 37,50.
Aux dix malades recensés en 1883, je pourrais ajouter un dia-
bétique gras, sans boulimie ni polydipsie, que j'observe en ce
moment.
Urines du matin.
5 mai 33,33
11 mai 40,00
18 mai 3,50
Urines du 19 mai,
1® Une heure et demie après le repas, 6,50
2* Quatre heures après le repas 13,33
Le malade prend des alcalins et suit le régime Bouchardat.
D"- Fahge.
Nous devons nous borner à citer aujourd'hui ces extraits
de la lettre que veut bien nous écrire notre distingué con-
frère. Si, comme nous l'espérons, la discussion soulevée
par M. le docteur J. Worms se continue devant TAcadémie,
nous aurons l'occasion de citer encore cet intéressant
travail.
— Nous devons signaler aussi une nouvelle et impor-
tante lecture de M. 01 lier sur la résection du genou et une
très intéressante observation de communication congénitale
des deux cœurs, due à MM. Legroux et Dupré. Utilisant les
caractères si précis du souffle systolique palhognomonique
de rinocclusion du septum lueidum ei décrit par M r H.
Roger, MM. Legroux et Dupré ont pu, en Tabsence de
cyanose et de modification du pouls, aflinner le diagnostir
et démontrer une fois de plus la valeur séméiologique du
soufffe de H. Roger,
Aasoelailon géoërale des médceln» de France.
(Suite.)
Le rapport de M. le docteur Riant est l'un des meilleurs
qu'il nous ait été donné d'entendre depuis que nous suivons
les séances de l'Association générale. Non seulement il
exprime en termes élevés les sentiments de regrels qu'ins-
pire la mort de quelques-uns des membres les plus émineuts
de l'Association, mais encore et surtout il fait ressortir avec
une lucidité parfaite le rôle tout à la fois bienfaisant et
moralisateur qu'elle peut remplir.
M. Riant rappelle les bienfaits que la Société qu'il admi-
nistre a dispensés autour d'elle (un capital de H i 7 180 franrs
a été aiïecté à ce service des pensions viagères). 11 loue en
excellents termes l'activité des Sociétés locales et envoie un
juste tribut de gratitude à la Société du Haut-Rhin français
qui, grc^ce à l'initiative et au dévouement de H. le docteur
Marquez, a pu se reconstituer à Belfort. Il montre ensuite
quelle a pu être l'utilité de l'Association soit lorsqu'elle
a eu à combattre l'exercice illégal de la médecine malgré
la mauvaise volonté évidente et notoire de certains magis-
trats, soit alors qu'elle luttait pour relever le taux de la
rémunération allouée aux médecins des Sociétés de secoure
mutuels ou encore, dans les cas trop nombreux où il
convenait de défendre les droits de médecins auxquels on
contestait, en matière de succession, de légitimes honoraires;
en résumé toutes les fois qu'il s'agît d'intervenir pour
défendre les intérêts professionnels.
Il est, à ce point de vue, tout un passage de ce rapport
qu'il convient de citer textuellement.
L'innovation dont je vais parlei^maintenant, dit M. le docteor
Riant, montre bien que, suivant Texpression du président de la
même Société, nos confrères c n'ont pas seulement mis la main,
mais le cœur, dans les affaires qu'ils ont entreprises, et dans
toutes celles qui leur ont été signalées, toutes les fois que Fin-
térêt particulier des médecins s'est trouvé lié à Tintérét général
de la corporation.
c C'est pour resserrer les liens qui unissent les membres de
l'Association que la Société de la Haute-Garonne a vivement
souhaité de voir s'acclimater dans son ressort VCEuvre d'as^ii-
tance médicale mutuelle ^ fondée par M. le docteur Lagoguey,et
qu'elle a donné toute sa collaboration à la constitution d'une
nouvelle Société. » Les statuts approuvés viennent de nous être
transmis.
Vous allez voir la même pensée et les mêmes tentatives de
réalisation se produire ailleurs.
Et, après avoir cité plusieurs propositions analogues,
M. Riant ajoute:
Ce n'est donc plus de la théorie, Messieurs, nous sommes
déjà en présence d'études et de faits ; quelques Sociétés locales
expérimentent ou se préparent à expérimenter l'assistance en
cas de maladie.
Il y a là un trait d'union entre l'Association et une (Euvre
d'assistance d'un caractère éminemment utile. Pour cette forme
de collaboration, il n'est pas besoin de surfaire les ressources
dont l'AsBociation a réellement la possession ou la libre dispo-
Bition»
U Mm 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 21 — 331
Kn outre, ce n'est certainement pas une mauvaise manière
d'apprécier les conditions, les difficultés, les résultats d'une
(l'uvre de ce genre que d'en faire ainsi des essais partiels. Une
Société locale est mieux placée pour reconnaître la légitimité
lies indemnités réclamées et en déterminer le taux, variable
suivant les localités ou les situations ; pour surveiller le fonc-
tioimement de Fassistance donnée; elle connaît ses malades,
elle les a sous la main ; le lien confraternel est fortifié par des
relations plus fréquentes. Les résultats sont-ils encourageants,
1 exemple sera bientôt imité par d'autres Sociétés, empressées
de voir fonctionner chez elles un nouveau service, qui aura déjà
fait ses preuves dans une autre partie de l'Association.
Ainsi, j'ai le droit de le dire, l'assistance matérielle est partout
«•Il voie de progrès, dans notre Œuvre. Il en est de même, on va
l«» voir, de l'assistanco morale.
On ne saurait trop louer H. Riant d'avoir laissé aux
Sociétés locales et surtout au temps et à l'expérience le
soin de juger la valeur et le mode de fonctionnement des
Associations de secours en cas de maladie. La question est
très grave et surtout complexe. L'Association générale
risquerait de sombrer si elle modifiait ses statuts en vue
d*alteindre des résultats illusoires. Uassistance, en cas de
maladie, est l'une des mesures les plus utiles dont on
puisse poursuivre la réalisation; Vassurance contre la ma-
ladie est au contraire presque irréalisable. L'Association
générale veut et doit rester une Société de secours. Les
pensions de droit et les assurances obligatoires ne sau-
raient donc être étudiées que par les Sociétés locales, seules
en mesure de surveiller directement l'emploi des fonds
dont elles disposeraient h cet égard.
Concluons donc, avec M. Riant, que:
Le salut n'est point dans de chimériques illusions. Il est dans
l'union qui assure la dignité, rindépendance du corps médical;
il est dans la concorde et la fraternelle bienveillance, s*em-
[iressant de venir en aide aux confrères malheureux, prenant la
défiMise des droits et des intérêts de tous; il est dans l'empres-
sement à étudier sans parti pris, sans défiance, les améliorations
signalées par l'impatience du mieux. Le salut! il est dans cette
solidarité, qui ne divise pas ses efforts, et marche sans bruit,
mais sans hésitation, vers Taffranchissement matériel et moral
de la profession; il est dans l'Association, dans ce qu'elle a fait
jusqu'ici, et dans ce qu'elle saura faire encore,
— Dans la séance du lundi 6 mai, après les élections qui
ont appelé à faire partie du Conseil général MM. Lanne-
longue, Passant, Hérard, de Ranse, Bancel, Dufay et Lere-
bouUet, et de la Commission des pensions MM. Passant,
Richelol, Thomas, Worms, Motet et Bucquoy, l'Assem-
blée a discuté les rapports présentés par divers membres
du Conseil général. Après avoir adopté, avec une légère
modification, les conclusions d'un rapport de M. Durand-
Fardei sur la réglementation des vœux^ elle a entendu
le rapport de M. Bucquoy, relatif à la nomination des places
de médecin d'hèpibil. Avec une grande force de dialectique
et des arguments irréfutables, le savant médecin de THôteU
Dieu a démontré la néces.sité du concours pour les hôpitaux
des villes d'une certaine importance. Et l'Assemblée a volé
les deux propositions suivantes qui résument cette opinion :
l** La mise au concours de toutes les places de médecins et
de chirurgiens dans les hôpitaux est le mode de recrutement le
plus juste et le plus favorable à l'intérêt des malades; il y a
donc lieu d'en demander Tapplication toutes les fois qu'elle sera
possible ;
2" Les droits conférés par la loi auJt Commissions hospitalières
s'opposent à Tadoption du vœu de la Société de la Marne (1).
Toutefois l'Association générale croit que les Sociétés locales
peuvent et doivent user de leur influence auprès de ces Commis-
sions pour qu'il soit tenu compte, quel que soit le mode de
nomination, des droits acquis par les médecins adjoints.
Enfin, M. Motel a fait adopter par l'Association un projet
de vœu qui résume les conclusions du remarquable rapport
lu devant le Conseil supérieur de l'Assistance publique par
noire collaborateur M. Dreyfus-Brisac. Les conclusions
d'un travail relatif à l'assistance médicale dans les campa-
gnes ne pouvaient différer de celles qui ont été si fortement
motivées dans cet important rapport.
Voici les vœux dont la prise en considération a été votée:
1" Vœu de la Société de VAvcyron tendant à obtenir le plus
tôt possible une réforme de la loi de 1811, concernant les
honoraires à attribuer aux médecins pour les opérations médico-
légales ;
^'^ Vœu de la Société locale de la Gironde, qui, convaincue
des avantages que procurerait au corps médical la création d'une
caisse d'assurance mutuelle contre la maladie, émet le vœu que
le Conseil général de Paris veuille bien mettre la question à
l'étude le plus tôt possible;
3® Vœu de la Société de l'Oise demandant qu'il soit fait une
étude approndie des voies et moyens qui permettraient de déli-
vrer aux membres de l'Association, une indemnité en cas de
maladie;
4» Vœu de la Société de la Haute-Vienne demandant que
renseignement de la déontologie soit donné dans les Écoles de
médecine.
PATHOLOGIE GÉNÉRALE
Dca mlerobes aeeldentelleiiieni pathon^èiieii.
I
Nombre de travaux récents semblent démontrer qu'on
peut, dans une certaine mesure, modifier la plupart des
fonctions des microbes. Parmi ces fonctions, il en est une
qui, par son importance, domine toute l'histoire de la bac-
tériologie, c'est la virulence. Aussi divise-t-on souvent les
microbes en deux groupes, suivant qu'ils végètent sur des
matières mortes ou se développent dans des organismes
vivants, suivant qu'ils déterminent des fermentations ou des
maladies, en un mot, suivant qu'ils sont saprophytes ou
pathogènes.
Celle distinction est passible de bien des critiques.
Comme l'a fait remarquer M. Bouchard, la virulence est
une propriété contingente, dont un microbe peut se revélir
ou .se dépouiller, suivant un certain nombre de circon-
stances, dont quelques-unes sont aujourd'hui assez bien
connues.
Il est des cas oïl un microbe pathogène perd sa viru»
lence; il s'atténue au point de ne plus posséder aucune
action nocive vis-à-vis des animaux qu'auparavant il faisait
silremenl périr. Le charbon nous offre un exemple bien
connu de ces atténuations. Tout récemment M. Chauveau
a montré qu'on peut rendre la bactéridie charbonneuse
absolument inoffensive; mais elle conserve encore des pro-
priétés vaccinantes, qui représentent en quelque sorte le
dernier terme de la virulence, et doivent empêcher de
(t) Par rort^.infî do M. Langlof, cette Société demandait que, quel que soit le
mode de trnilcnient ado|»t<^, il AU tenu compte des droits acquis par les médecins
Adjoints.
332 — N« 21 —
GAZETTE HEBDOKADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
24 Mai 1889
regarder cet agent, même atténué, comme absolument
indifférent pour l'organisme. Si la démonstration n'est pas
complète pour le charbon, elle est indiscutable pour d'autres
microbes, particulièrement pour celui de la morve. Suivant
la remarque de M. Bouchard, le bacille morveux peut
perdre toutes ses fonctions virulentes et végéter à l'état de
simple agent chromogène, formant sur la pomme de terre
une couche de coloration brunâtre.
Réciproquement, on voit, dans certaines conditions, s'ac-
croître la puissance morbifique d'un microbe; c'est ce qu'on
obtient, par exemple, par des passages successifs à travers
l'organisme des animaux. On peut donc, jusqu'à un certain
point, faire l'éducation des microbes, exalter ou diminuer
leur virulence; on peut même voir un microbe indifférent
devenir accidentellement pathogène, déterminer des phé-
nomènes souvent fort graves, et même amener la mort chez
des animaux sur lesquels il reste habituellement sans
action. Quelques travaux ont permis de déterminer cer-
taines conditions qui donnent aux bactéries une virulence
accidentelle.
II
Dans une note récente, M. Arloiug a décrit un microbe
dont l'histoire présente, pour notre sujet, le plus vif intérêt.
C'est un bacille, trouvé accidentellement au centre d'un
ganglion caséeux; il se cultive facilement, mais son inocu-
lation reste négative quand on l'introduit dans des tissus
sains; il se développe au contraire si on le place dans un
organe privé de circulation, et partiellement nécrobiosé,
dans le testicule bistourné par exemple. C'est pour rappeler
l'importance de l'ai tération préalable du tissu que H. Arloing
a donné à son microbe le nom de Bacillm heminecrobiO'-
philus.
Il est à peine utile d'insister sur l'intérêt que présente
cette expérience. Voilà un exemple saisissant qui montre
qu'un agent de la putréfaction peut devenir pathogène
quand il tombe dans un organe malade.
Dans le même ordre d'idées, nous pouvons citer quelques
expériences dues à M. Bouchard. En injectant à des lapins,
dans le tissu cellulaire sous-cutané, des liquides fermen-
tescibles, par exemple du lait, un mélange de sucre et de
peptone, on peut voir les animaux succomber rapidement.
Quelquefois la mort s'explique facilement par la présence
dans le liquide introduit d'un microbe pathogène, et parti-
culièrement d'un agent septicémique. Ailleurs le foyer est
putréfié; il exhale une odeur fétide, mais il ne renferme
que des saprophytes; si on les inocule directement ou après
culture, à d'autres lapins, il ne survient aucun accident.
Le premier lapin n'a donc succombé que parce que les
microbes ont déterminé, dans les liquides injectés, des
fermentations putrides dont les produits ont pénétré dans
l'organisme et ont amené une véritable intoxication. Il est
bon de remarquer que ces expériences ne s'éloignent pas
autant qu'on pourrait le croire des conditions cliniques; on
sait, en effet, que les épanchements qui, dans certaines
maladies, envahissent le tissu cellulaire ou les séreuses,
sont constitués par des liquides également propres au déve-
loppement de micro-organismes, qui pourraient ainsi
devenir accidentellement pathogènes.
Quelquefois, par son passage à travers l'organisme ani-
mal, un microbe inoffensif peut acquérir momentanément
des propriétés virulentes; nous en avons récemment observé
un exemple fort démonstratif : une certaine quantité de
macération de viandes pourries fut divisée en deux parties
égales; une des portions fut stérilisée, et chaque liquide fut
injecté sous la peau d'un cobaye; les deux animaux mou-
rurent. Dans l'œdème du cobaye qui avait reçu le liquide
non stérilisé, se trouvait un microcoque, qui se développa
facilement sur la gélatine en liquéfiant ce milieu; une pre-
mière culture servit à inoculer un cobaye, qui succomba
à la maladie; mais le liquide recueilli sur ce deuxième
animal donna des cultures dont le microbe avait perdu toute
action nocive. Ainsi, ce microbe n'avait acquis que d^uue
façon passagère des propriétés pathogènes; la virulence
n'avait été que transitoire.
Il est des cas où, à la suite de passages successifs, un
microbe finit par devenir virulent d'un façon permaneute.
Buchner a essayé de donner à cette idée, déjà soutenue par
Nsegeli, une preuve expérimentale. 11 a prétendu que Ion
pouvait transformer le Bacillus subtilis, organisme inof
fensif qui se développe dans les infusions de foin, en un
agent virulent bien connu, la bactéridie charbonneuse.
Malheureusement les expériences ultérieures devaient rui-
ner cette conception, et démontrer l'erreur dans laquelle
était tombé ce savant. Wissokowitsch a pu introduire des
quantités considérables de B. subtilis dans le sang du lapin,
du cobaye ou du chien ; les bacilles se localisent dans les
oi^anes et ne tardent pas à disparaître. Au bout de vin^l-
quatre heures, on ne les retrouve plus, sauf si l'on a intro-
duit des spores. Dans ce dernier cas, après deux mois, on
peut démontrer l'existence du parasite qui a végété sans
produire de troubles appréciables.
Il semble donc que tous les microbes ne sont pas égale-
ment aptes à devenir accidentellement pathogènes; il en
est qui périssent rapidement dans le corps des animaux,
mais il en est d'autres qui, déjà virulents pour certaines
espèces, peuvent par l'éducation acquérir des propriétés
nocives pour des êtres qui semblaient complètement rê-
fractaires à leur action. Nous arrivons ainsi à un nouvel
ordre de faits dont nous allons aborder l'histoire.
III
Un microbe qui n'est pas pathogène pour une espèce peut
le devenir quand on change certaines des conditions vitales
de l'organisme envahi. La poule ne prend pas le charbon;
qu'on la refroidisse, comme l'a fait M. Pasteur, et elle con-
tracte lamaladie. Réciproquement, en réchauffant la gre-
nouille, on triomphe de sa résistance contre la bactéridie
charbonneuse et le bacille du charbon symptomatiquo. Ici
l'immunité des animaux était due à ce que la température
de leur corps n'était pas favorable au développement de
l'agent pathogène ; l'explication du phénomène est donc
assez simple.
L'histoire du charbon symptomatique va nous fournir
d'autres exemples non moins curieux. L'agent de celle
maladie peut être atténué par la chaleur au point de ne
plus agir sur le cobaye; mais, si on inocule ce virus atténue
avec un peu d'acide lactique, comme l'ont fait MM. Arloing
et Goroevin, on voit se développer la maladie. Le rnéme
procédé permet de triompher de Timmunité des espèces;
ainsi le lapin, qui est réfractaire au charbon symptoma-
tique, peut succomber à cette infection si, en même ternpï»
que le virus, on dépose dans les muscles une certaine qua»*
tité d'acide lactique. MM. Nocard et Roux, à qui nous de-
24 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 21 — 833
vons cette dernière expérience, ont montré que Tacide
lactique ne modifie en rien le virus lui-même; il agit en
altérant les muscles et en diminuant leur résistance contre
Tagent envahisseur. Le niùmc eiïet sera obtenu en injec-
tant diverses substances chimiques irritantes ou en altérant
les muscles par le traumatisme; dans tous les cas, l'expé-
rience est comparable à celle de H. Cbauveau, qui, inocu-
lant le bacille de la septicémie gangreneuse dans les veines,
le voit se développer dans le testicule altéré par le bistour-
nage.
Ce que font les agents chimiques, les microbes peuvent
le faire également, grâce aux substances nocives qu*ils
sécrètent. Nous avons montré que le charbon symptoma-
tique se développe chez le lapin, quand on injecte en
même temps un microbe pyogène, comme le staphylococcus
ou le proteus vulgaris. Il y a plus, on peut associer le ba-
cille du charbon symptomatique à un autre microbe, le
prodigioëuSy qui, pris isolément, semble inoffensif pour le
lapin ; mais, si on inocule le virus charbonneux dans une
cuisse, et qu'on introduise les produits de sécrétion dix pro-
digiosus soit au même point, soit en un endroit éloigné,
cx)mme Taisselle, soit même dans les Teines, on verra l'ani-
mal succomber avec d'énormes tumeurs charbonneuses;
dans ce dernier cas, le microbe auxiliaire a agi en amenant
dans l'état général du lapin des troubles morbides, que
Tobservation la plus attentive ne peut déceler et qui sont
suffisants néanmoins pour permettre le développement d'un
microbe chez un animal naturellement réfractaire.
La résistance du lapin au charbon symptomatique, dont
on peut triompher si facilement par les associations micro-
biennes, cette résistance, disons-nous, peut être artificielle-
ment renforcée ; il suffit pour cela de pratiquer au préalable
une injection intraveineuse de sérosité charbonneuse; dès
lors l'immunité du lapin est pour ainsi dire absolue et le
mélange des deux microbes ne produira aucun trouble ou
amènera tout au plus une lésion locale non mortelle. On
voit par ces exemples à quel point on peut expérimentale-
ment faire varier la résistance d'un animal à un agent pa-
thogène déterminé.
Mais reprenons l'exemple de tout à l'heure; supposons
un lapin ayant succombé au charbon symptomatique, mé-
langé à de l'acide lactique ; si, comme l'ont fait MM. Nocard
et Roux, on inocule la sérosité de ce lapin à un deuxième
animal, celui-ci contractera la maladie; un troisième lapin
pourra succomber encore ; mais le quatrième terme de la
série résistera; dans ce cas, l'exaltation de la virulence
n'est que passagère; et le microbe qui était devenu acciden-
tellement pathogène pour le lapin, n'a pas tardé à perdre
de nouveau ses propriétés nocives.
De nombreuses expériences, dues à M. Pasteur, démon-
trent que par des passages successifs à travers les orga-
nismes animaux, certains microbes voient augmenter ou
diminuer leur action pathogène, d'une façon permanente.
Ainsi le bacille du rouget du porc s'exalte notablement
quand on l'inocule au pigeon; inoculé au lapin, ce même
microbe devient de plus en plus nocif pour cet animal, mais
en même temps il s'atténue pour le porc, chez lequel il ne
détermine plus qu'une lésion locale, curable et conférant
limmunilé. Ainsi un même procédé expérimental permet
d'augmenter la virulence pour une espèce et de la dimi-
nuer pour une autre. Les expériences sur la rage pour-
raient nous fournir des exemples analogues; mais il est
inutile d'insister sur ces faits qui sont bien connus et dé-
montrent qu'on peut presque à volonté graduer la virulence
de certains microbes.
IV
Nous avons déjà cité plusieurs exemples qui démontrent
qu'un microbe peut sembler inoffensif jusqu'au jour où l'on
trouve une espèce sensible à son action. MM. Arloing,
Cornevin et Thomas nous rapportent qu'au début de leurs
recherches sur le charbon symptomatique, ils avaient
essayé inutilement de transmettre la maladie ; ils opéraient
sur le lapin. Il leur a suffi de changer d'espèce et de
s'adresser au cobaye pour obtenir des résultats positifs.
Le Bacillus prodigiosus a toujours été regardé comme
un agent chromogène, absolument dénué de virulence; or
nous avons reconnu que ce microbe est pathogène pour la
souris blanche; il suffit d'injecter une goutte de culture
dans la cavité abdominale, pour amener la mort en moins
de vingt-quatre heures; la maladie évolue comme une
septicémie et le microbe se retrouve dans le sang, les
viscères et les tissus. Cet exemple vient encore prouver
combien sont artificielles les classifications des microbes
basées sur une seule de leurs propriétés, puisque ce pré-
tendu saprophyte est en réalité très virulent» au moins pour
une espèce animale; il peut même dans quelques cir-
constances devenir pathogène pour d'autres animaux ; ainsi
tout le monde sait qu'on peut, sans inconvénient pour l'ani-
mal, injecter une grande quantité de culture sous la peau
ou dans les muscles d'un lapin ; mais qu'on introduise en
même temps un peu d'essence de térébenthine, comme
l'ont fait MM. Grawitz et de Bary, on verra se produire un
abcès. Voilà donc un microbe, qui est devenu accidentelle-
ment pyogène, grâce à l'action synergique d'une substance,
incapable aussi d'amener à elle seule la suppuration.
Il est beaucoup de microbes qui paraissent dénués de
propriétés nocives et qu'on serait tenté de rejeter du groupe
des agents morbifiques, jusqu'au jour où une expérimen-
tation plus complète fait reconnaître que ces micro-orga-
nismes sont pathogènes ou indifférents, suivant la voie par
laquelle on les introduit. L'exemple le plus saisissant nous
est fourni par l'histoire de la gangrène gazeuse et du charbon
symptomatique ; les agents de ces deux maladies peuvent
être impunément injectés dans tes veines ou dans la
trachée ; déposés sous la peau ou dans les muscles, ils
amènent rapidement la mort. M. Gamaléia a donné une
démonstration comparable pour l'agent de la gastro-entérite
cholérique des oiseaux, le vibrio Metschnikovù Ce microbe
reste sans action quand on l'introduit sous la peau, dans l'es
muscles ou dans le tube digestif; mais, si on l'injecte dans le
poumon, soit à travers les parois thoraciques, soit directe-
ment dans la trachée, on voit l'animal succomber rapide-
ment et on trouve à l'autopsie les lésions manifestes de la
gastro-entérite cholérique.
Nous pourrions facilement multiplier les exemples qui
démontrent l'importance de la porte d'entrée dans le déve-
loppement de l'infection ; mais ce serait nous éloigner de
notre sujet et l'étude de ces faits est trop importante pour
être écourtée ; nous y reviendrons du reste dans un autre
article.
Dans certains cas, les microbes ne sont pathogènes que
lorsqu'ils sont introduits à haute dose. Cette assertion
aurait pu paraître étrange, il y a quelques années ; on
opposait alors l'intoxication à l'infection ; on montrait que
dans le premier cas les symptômes sont en rapport direct
334
N* 21 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
U Mai 1889
avec la dose introduite, tandis que dans la deuxième, le
développement se fait alors même qu'on dépose dans l'éco-
nomie une quantité de virus pour ainsi dire impondérable;
Il ne faudrait pourtant pas exagérer le fait et supposer que
toutes les maladies infectieuses peuvent, comme le charbon,
se développer quand on a injecté à un animal un seul
microbe. Dans la plupart des cas, la quantité de virus qu'on
introduit n'est pas un facteur négligeable ; dans notre
article sur le mécanisme de la suppuration, nous avons cité
quelques chiffres qui montrent l'importance du nombre des
microbes dans la genèse des accidents morbides. Nous
pourrions facilement rapporter d'autres exemples.
M. Chauveau a reconnu que les moutons algériens, natu-
rellement réfractaires au charbon, contractent cette maladie
quand on leur injecte sous la peau de grandes quantités de
culture. W. Cheyne a montré de même que les bacilles de
la septicémie des souris, le tétragénus, les microbes de la
septicémie salivaire, du choléra des poules, inoculés au
cobaye peuvent, suivant les doses, ne produire aucun
trouble, causer une lésion locale ou amener la mort sans
lésion locale. M. Bouchard a obtenu des résultats analogues
avec le bacille pyocyanique et il a montré de plus que les
symptômes et particulièrement la fièvre sont également en
rapport avec le nombre des microbes introduits.
Les faits que nous avons étudiés nous ont montré qu'un
microbe peut être ou non pathogène suivant l'animal sur
lequel on opère, la voie par laquelle on l'introduit, la quan-
tité de virus qu'on injecte, etc. Nous avons vu de plus que,
par des passages successifs à travers l'organisme des animaux,
une bactérie peut acquérir des propriétés nocives pour des
êtres qui semblaient réfractaires à son action ; dans d'autres
cas un microbe inoffensif peut amener des troubles fort
graves et même mortels en tombant dans un organisme déjà
malade ou dans un tissu préalablement altéré. S'il en est
ainsi, on conçoit facilement qu'un saprophyte qui, acciden-
tellement, se sera développé chez un animal, puisse s'élever
au rang d'agent pathogène : ainsi peuvent se créer les
maladies nouvelles.
Celte remarque nous ramène aux idées que nous expo-
sions en commençant cet article. Si la virulence n'est
qu'une fonction contingente et surajoutée, on serait tenté
de supposer, avec H. Bouchard, que tous les microbes
n'étaient à l'origine que des saprophytes, c Dès lors nos
tentatives d'atténuation de ces êtres auraient pour effet de
les ramener à l'espèce originelle. Le type saprophytique
ayant été accidentellement élevé à la dignité de virus, l'atté-
nuation de la virulence serait le retour pur et simple au
suprophytisme. > Cette conception si séduisante ne trouve-
t-elle pas de nombreux points d'appui dans les exemples que
nous avons cités? La plupart des agents pathogènes sont
facultativement saprophytes, puisqu'ils peuvent se déve-
lopper sur des substances privées de vie. On peut même
dire que c'est là leur vrai milieu d'existence : la bactéridie
charbonneuse, par exemple, cet agent virulent par excel-
lence, n'arrive à son complet développement et ne donne
des spores qu'en dehors de l'organisme. Il est vrai qu'il est
certains microbes que nous n'arrivons pas à cultiver et que
jusqu'ici nous n'avons jamais retrouvés en dehors de
l'animal. On pourrait même, envisageant la question à un
point de vue plus général, faire remarquer que certains
parasites animaux doivent, pour accomplir leur évolution
complète, rencontrer un autre animal dans lequel ils se
développent; tel est, par exemple, le cas du t^nia. Mais de
ce que nous n'avons pas observé en dehors de l'organisme
toute l'évolution d'un parasite, faut-il conclure que cette
évolution ne pourrait avoir lieu? Peut-être qu'un jour, en
modifiant certaines conditions de culture, pourrons-nous
obtenir artificiellement toutes les formes que jusqu'ici nou^
n'avons pu reproduire. Comme le fait justement renian|uer
de Bary, ce serait une expérience intéressante et instructive
que celle qui ferait développer un taenia à partir de Toeuf,
à l'aide d'une solution nutritive. Pour reveniraux microbes,
nous voyons, par l'expérience de tous les jours, que
tel agent, qui était considéré comme exclusivement patho-
gène, peut devenir saprophyte, quand on lui offre un terrain
mieux approprié à ses besoins; tel est le cas du bacille de U
tuberculose, que l'on cultive facilement, à la condition
d'ajouter aux milieux usités couramment en bactériologie,
une certaine quantité de glycérine. On peut donc espérer
qu'à mesure que se perfectionnera la technique, on verra
diminuer et disparaître le nombre des êtres exclusivement
parasites.
Il existe enfin un dernier argument qui tend à faire con-
fondre les microbes saprophytes et pathogènes. Les notion^
plus exactes que nous avons acquises dans ces dernières
années sur la virulence, nous montrent que, parmi les wm-
dilioiis multiples qui rendent un microbe dangereux pour
l'animal, il faut placer en première ligne la sécrétion de
substances nocives, alcaloïdes ou ferments ; c'est donc
toujours par le même mécanisme qu'agissent les microbes,
que leur action se porte sur la matière vivante ou la matière
morte. Dès lors la division des microbes d'après leur aclion
sur les animaux parait absolument artificielle, comme
toutes les divisions basées sur un seul caractère. Un microbt*
inoffensif peut devenir pathogène, d'abord d'une façon
accidentelle, plus tard d'une façon permanente, jusqu'an
jour où par divers procédés naturels ou expérimentaux, il
s'atténue de nouveau et retombe dans le groupe des sapro-
phytes dont il était momentanément sorti.
G. -II. Roger.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
De remploi de la eaftéine daae la plearéele
■éro-0brineaee al|piC.
La médication hydragogue conserve toujours ses druil^
contre les épanchements séreux de la pleurésie. A côté du
régime lacté, dont les indications sont formelles au déclio
de la période fébrile, la caféine trouve aussi ses indi-
cations.
Ce traitement consiste donc à provoquer la diurèse :
1* Par le régime lacté;
2" Par l'administration quotidienne d'une potion que l'or»
peut ainsi formuler :
Caféine 1 à 2 grammes.
Renzoate de soude 1 à !2 —
Sirop de stigmates ;de maïs. } ^ ^^
Eau distillée de laitue j a*^ '5 —
Cette potion est ingérée par grandes cuillerées de deux
en deux heures. On pourrait encore faire usage de la ^ok
\
U Mai 18S9
GAZETTE HEBDQMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 21 — 335
tion suivante de caféiae, indiquée par M. Hucbard qui Ta
administrée souvent dans ia tisane de café noir :
Caféine Ifl^SO
Benzoate de soude l8^D0
Eau distillée 100 grammes.
A prendre dans les vingt-quatre heures.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Faculté de médecine. — Cours de pathologie interne
M. LE professeur Dieulafoy.
Syphilis du poHiiioii ei de la plèvre.
(Leçons recueillies par le docteur Fernand Widal, interne
des hôpitaux.)
(Suite. — Voyez les n" 18, 19 et 20.)
Syphilis pleurale. — A l'histoire du syphilome fibroïde
du poumon se rattache celle encore peu connue du syphi-
lome pleural.
Je n'ai pu retrouver qu'un petit nombre d'observations
de pleurésie syphilitique, et cependant je n'ose pas dire que
les cas en sont rares; ils sont, je crois, souvent méconnus,
iaute d'être recherchés et, en cela, je suis d'accord avec
.M. Mauriac, qui écrivait récemment : « On voit souvent la
pleurésie et cette pleurésie s'accompagne d'épancliement. »
Les lésions sypnilitiques de la plèvre peuvent être ran-
irées dans l'une des deux catégories suivantes : ou bien la
lésion pleurale est un épiphénomène, une complication
analomique de la lésion pulmonaire.
Ou bien la pleurésie s'accompagne d'épanchement abon-
dant; elle est lésion dominante et mérite bien, dans ce cas,
le nom de pleurésie syphilitique.
 titre d épiphomène, vous trouverez la pleurésie décrite
accidentellement dans les observations de syphilis tertiaire
(lu poumon et des bronches rapportées par les auteurs. C'est
ainsi que vous la trouverez décrite dans deux observations
de la thèse de Cartier. Dans Tune (la septième), il est dit,
par hasard, que la plèvre, d'un côté, contenait 5()0 grammes
d'un liquide jaune clair, que son feuillet viscéral présentait
des fausses membranes récentes, très faciles à déchirer,
que son feuillet pariétal et diaphragmatique était également
enflammé.
Voici maintenant une observation de pleurésie syphili-
tique, avec grand épanchement; elle est due à M..6alzer,
et se trouve consignée dans la thèse de Jacquin.
Un homme de trente-deux ans se présente à l'hôpital
avec un ensemble de troubles fonctionnels et de signes
physiques qui font diagnostiquer une pneumonie caséeuse
du côté droit. Après un mois de séjour, éclate une pleurésie
droite avec épanchement abondant. On diagnostique alors
une pleurésie tuberculeuse compliquant la tuberculose du
poumon; mais, au bout de quatre jours, le malade meurt,
el, à l'autopsie, on trouve un foie syphilitique parsemé de
gommes et segmenté de cicatrices, un poumon droit égale-
ment farci de gommes, dont la plus volumineuse venait
enieurer la plèvre. Toutes ces productions gommeuses,
examinées au point de vue microbiologique, ne contenaient
pas le moindre bacille de la tuberculose.
, Les lésions de la plèvre droite étaient assez caractéris-
tiques pour que je vous les rapporte dans tous leurs détails.
« Dans la plèvre droite existe un épanchement beau-
coup plus considérable que l'exploration physique ne l'au-
rait fait supposer. Il y a environ 2 litres de sérosité
louche et sanguinolente. Les plèvres pariétale et viscé-
rale sont considérablement épaissies dans toute retendue
de l'épanchement. Elles montrent un revêtement fibreux
continu^ partout d'une épaisseur de 1 ou 2 millimètres,
acquérant même, à la base du poumon, une épaisseur de
près d'un centimètre. En plusieurs endroits, celte coque
libreuse est coiffée de fausses membranes fibrineuses. Dans
les points où l'épaississement fibreux est le plus considé-
rable, on trouve, sur la coupe de la plèvre, des niasses
dures, jaunâtres, caséeuses, de la grosseur d'un pois ou
d'un grain de mil. »
N'est-elle pas suffisamment démonstrative, cette obser-
vation de pleurésie syphilitique, dont l'épanchement était
assez abondant pour atteindre la valeur de z litres de liquide
sanguinolent?
J'ai observé moi-méine un cas de pleurésie syphilitique,
que j'ai guéri par le traitement spécifique.
En 1883, je fus appelé, quai de la Râpée, pour donner
mes soins à un homme en proie à une dyspnée terrible,
qui, depuis un an, se renouvelait chez lui par poussées
plus ou moins aiguës ; on avait diagnostiqué une broncho-
pneumonie tuberculeuse. Au premier examen nue je fis
de cet homme dyspnéique, je reconnus imméaiatement
les signes d'un épancnement que j'évaluais à 800 ou
1000 grammes environ. Cette quantité de liquide était bien
loin de m'expliquer la dyspnée dont souffrait ce malade, et
je remis la thoracentèse au lendemain. Je ne pus retirer,
par cette opération, que 650 grammes d'un liquide légère-
ment rosé ; le malade n'éprouva d'ailleurs aucun soulage-
ment, et ne fut pas plus amélioré que ne l'est, par la
thoracentèse, un homme porteur d'un cancer pleural. Je
cherchais toujours à saisir la cause de tout ce processus
pulmonaire, lorsque le malade, pressé de questions, finit
par me confier qu'il avait eu jadis la syphilis. Cet aveu
devait lui rendre la vie. Je me hâtai, en effet, d'adminis-
trer le mercure et l'iodure de potassium à forte dose, et la
dyspnée s'amenda si rapidement qu'au bout de quelques
semaines, la respiration était devenue normale. Lors de
mes dernières visites, il ne restait plus trace de pleu-
résie. — Dans ce cas encore, la nature syphilitique des
accidents pleuro-pulmonaires avait été démontrée par l'ac-
tion bienfaisante de la thérapeutique spécifique.
Messieurs, il existe, vous le voyez, une pleurésie syphi-
litique tertiaire. Je ne dis pas qu'elle existe à l'état isolé.
ulcérée du poumon, vous percevez des frottements à l'aus-
cultation, ce nouveau symptôme ne devra pas changer
votre première manière de voir; n'oubliez pas que la pleu-
résie se développe au voisinage d'une caverne syphilitique,
aussi bien qu'autour d'une caverne tuberculeuse.
(A suivre.)
TRAVAUX ORIGINAUX
Syphllloffraphle.
Folie et paralysie générale syphilitiques, parM. Charles
Mauriac, médecin de l'hôpital du Midi.
(Suite. — Voyez le n» 20.)
B. Les perturbations psychiques qui méritent à quelque
titre le nom de folie syphilitique sont beaucoup moins
nombreuses que les précédentes. Plus brusques et plus
rapides dans leur invasion, elles se caractérisent par de
336 — N*21— GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
U Mai 1889
ï
Texcitation cérébrale et du délire. Peuvent-elles reproduire,
comme on Ta dit, toutes les formes de Taliénalion mentale
commune? Sans doute, dans une certaine mesure, mais à
Tétat d'ébauche et avec quelques nuances délicates qu'il est
possible de saisir, avec des coïncidences symptomatiques
u'on finit par découvrir et qui sont une vraie révélation,
ià, comme dans d'autres cas, l'important est de se tenir
sur ses gardes et d'être bien pénétré de cette idée qu'un
trouble mental qui fait dire d'une personne jusque-là sensée,
qu'elle devient folle, peut parfaitement dépendre de la
syphilis et rien. que d'elle. D'un autre côté, on ne doit pas
oublier que la folie pure peut, s'emparer d'un syphilitique
sans participer en rien de la maladie constitutionnelle. Le
fait suivant en est une preuve évidente : un de nos aliénistes
les plus. autorisés fut consulté pour une malade atteinte
de syphilis secondaire, et en même temps. d'une ipanie
qu'on croyait syphilitique. 11 n'en jugea pas ainsi et con-
seilla de différer le traitement de là syphilis jusqu'à la gué-
rison de l'accès de folie dont il estima la durée probable à
six semaines. Trois semaines après, la folie était spon-
tanément guérie et le traitement spécifique fut alors
institué.
Ce qui domine dans les troubles vésaniques tributaires de
la syphilis, c'est ordinairement un délire simple, comme on
en voit dans la fièvre, la méningite, les encéphalites
aiguës, etc. : excitation permanente ou alternant avec de la
somnolence, loquacité, divagation, impatiences, insomnie,
extravagance sous tous ses modes dans les propos et dans
les actes, accès de fureur. C'est là un état aigu, violent,
subît, ayant le caractère d'un accident. — D'autres fois le
trouble mental sous ses apparences modérées a quelque
chose de plus profond, de plus constitutionnel et semble
pénétrer plus avant dans le domaine de la véritable aliéna-
tion mentale : instabilité, incoordination dans les idées,
dans les projets, flot tumultueux de paroles irréfléchies,
actes empreints d'insouciance ou d'une déraison qui s'ac-
croche à tout et ne se fixe obstinément sur aucun sujet,
exaltation, irritabilité hors de propos et pour des causes
insignifiantes, ébullition intellectuelle à contresens et sté-
rile ou idiote, avec tous les mauvais effets d'un caractère
qui a subi la même perturbation que l'entendement.
Enfin le trouble mental, dans d'autres cas, n'a plus seule-
ment un pied dans la folie; il y est en plein, si l'on en juge
ar les modes que prend alors la perversion intellectuelle.
le n'est plus seulement du délire aigu et de l'extravagance
mitigée, mais un ensemble de perturbations intellectuelles
et morales comme dans la manie, avec égarement, incohé-
rence, hallucinations, emportements, vociférations, accès de
fureur dangereux, etc., et cette insomnie persistante, opi-
niâtre, invincible, qu'on rencontre si fréquemment dans
toutes les cérébropathies syphilitiques et surtout dans les
psychosyphiloses. Eh bien, même à ce degré et en ne tenant
compte que des phénomènes vésaniques, un aliéniste ne
s'y trompera pas. il trouvera dans cet état-là moins de vio-
lence, de continuité, d'essor délirant, et surtout de systé-
matisation que dans la folie vraie. II est extrêmement rare
que la folie syphilitique s'endigue dans une modalité pré-
cise et toujours prédominante. Sans doute dans quelques
cas, les hallucinations, par exemple, la lypémanie, la mono-
manie, avec délire de persécution occupent le premier
plan; mais elles ne font qu'apparaître sur la scène. Leur
monologue ne tarde pas à baisser de ton, et à se confondre
avec cette divagation générale qui n'a rien de fixe et qui se
traîne plutôt qu'elle ne s'envole d'un sujet à un autre, avant
de s'anéantir dans la démence des phases ultimes.
Si les divers types ou degrés de perturbations psychicjues
dont je viens de aonner les traits les plus saillants, n'étaient
ni précédés, ni accompagnés, ni suivis d'autres manifesta-
tions cérébrales d'un ordre plus matériel ; s'ils survenaient
E;
d'emblée, isolément et se perpétuaient sans fin dans leur
solitude, il serait sans doute fort malaisé de les rattachera
leur cause diathésique. Mais en est-il ainsi? Non. Combien
de fois au contraire ne trouve-t-on pas soit dans le passé,
soit dans l'état aclueldu patient, des associations phéno-
ménales qui sont comme un trait d'union entre sa psychose
et sa syphilis. Et s'il n'y a rien ni dans les comniémoralifs,
ni dans le présent qui puisse nous guider et nous éclairer,
soyez sûrs que bientôt la cérébropathie perdra son caractère
exclusivement psychique pour devenir polymorphe, comme
toutes les déterminations de la syphilis sur l'encôphale.
Les phénomènes nerveux qui précèdent le plus habituelle-
ment ces troubles psychiques, à une époque plus pu moins
éloignée de leur invasion, consistent en céphalées violenles^
en diplopie avec ou sans strabisme et ptosis, en crises plus
ou moins répétées d'épilepsie ou d^aphasie, en vertiges,
ictus apoplectiforines, paralysies partielles ou hémiplé-
gies, etc. — D'autres fois aucun intervalle ne les sépare, et il
y a concomitance, enchevêtrement, contemporanéité, c'est-
à-dire association plus ou moins étroite de tous les éléments
symptomatiques pour former un ensemble, un complexusné-
vropathique dont il serait difficile de méconnaître la signi-
fication et la provenance. .
Il faut tenir pour des faits d'une rareté extrême ceux dans
lesquels la psychose syphilitique, sous sa forme la plus
accentuée et la plus maniaque, s'empare instantanément
d'un cerveau raisonnable et exempt jusque-là de toute alté-
ration apparente. Je n'en ai vu qu'un cas, chez un jeune
officier qui, à son retour d'Afrique, fut pris subitement et
sans cause d'un délire incoordonné, violent, opiniâtre,
continu, sans aucun autre trouble d'ordre cérébral. Il eût
été incapable de me donner un renseignement quelconque
sur son état antérieur. Mais son frère qui me l'avait con-
duit, m'apprit qu'une syphilis assez forte, contractée quatre
ou cinq ans auparavant, ne devait pas être étrangère à cet
événement inattendu, et qu'il n'y avait en dehors d'elle
aucune circonstance qui pût l'expliquer. Je fus de cet avis,
et je le traitai par l'iodure et l'hydrargyre pendant quelques
jours, mais pas assez longtemps pour voir l'effet de la
médication spécifique. On fut ooligé de l'interner dans un
asile d'aliénés (i).
Voilà les cas qu'il est réellement difficile de diagnosti-
quer, surtout lorsque la syphilis remonte dans un passé très
lointain, qu'elle est silencieuse depuis longtemps, qu'il
n'existe aucune coïncidence spécifique en dehors du système
nerveux, et ^ue tous les phénomènes qui constituent la
psychose, délire, mélancolie, manie, toutes ces incohérences
d'idées et d'actes ressemblent à peu près exactement à ceux
qu'on rencontre dans la folie commune. L'embarras sera
encore plus grand si le sujet présente une prédisposition
héréditaire aux vésanies. Sfais dans ce dernier cas, s'il est
bien avéré qu'il est syphilitique, les présomptions étiolo-
giques pencheront vers la maladie constitutionnelle, car
elle frappe de préférence les cerveaux des sujets issus de
cérébrop^thes.
Au point de vue pratique, et sans nous égarer dans
des subtilités inutiles, posons comme une règle générale
que ce fait aujourd'hui bien établi d'un rapport de causa-
lité entre la syphilis et certaines formes de vésanies,
impose au médecin le devoir de recourir à la médication
spécifique, dans les cas où il ne peut rester aucun doute
sur l'existence d'une infection spécifique antérieure. Peu
(I) Un des cas les plus saisissants de ce genre, est celui que If. Fovrfiîcr
rapporte d'après 11. Rayer. 11 s'agissait d'un lioromc politique bien connu qui fot
pris tout ù coup, en sortant de la Cliambre où il venait de soutenir avec 'on
talent iiabilucl une importante disc.ission, d'une violente crise d'hallocinatio».
puis d'une vdritabio attaque de folie. M. Rayer, suspectant la syphilis. "•*'^
un traitement spécifique, et les phénomènes s'atténuèrent presque insts
Guérison rapide ol complète qui ne .se démentit point pendant plus'
— Cependant plus tard» nouvelle criic d'accidents cérébraux spcciû
fois emportèrent le patient.
U Mai 188d
GAZETTE HEBDOM ADAtRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- âl — 337
importe que la phénoménalité psychique emprunte le
masque de la folie vraie; du moment que vous ne pouvez
lui découvrir ni lui assigner d*autre cause probable que
la syphilis, hàtez-vous d'administrer Tiodure et l'hydrar-
gyre. Le succès dans maintes circonstances équivoques a
justifié et justifiera encore cette sage pratique.
Quelles sont les lésions syphilomateuses, qui donnent
lieu aux cérébropathies avec prédominance psychique?
Présentent-elles dans leur forme, dans leur nature, dans
leur distribution, quel(]ues particularités caractéristiques?
Méningites plus ou moins circonscrites, avec ou sans foyer
^ommeux, f)ériencéphalites, sclérose cérébrale, artério-
sclérose, lésions d*ordre commun plutôt que spécifiques,
c'est-à-dire prédominance de la dégénérescence scléreuse
sur rinfiltration purement gommeuse; distribution irrégu-
licre de ces lésions sur les deux côtés, mais avec une accen-
lunlion beaucoup plus accusée sur les lobes frontaux :
(ois sont les désordres matériels qu'on a rencontrés. Il faut
les prendre en bloc et renoncer à établir entre chacun
d'eux et chacun des troubles psychiques qu'ils suscitent
une corrélation pathogénique satisfaisante. Nos connais-
sances sur les localisations cérébrales n'ont pas encore été
poussées jusqu'à ce point.
Le processus des cérébrosyphiloses psychiques, s'il n'est
pas enrayé par le traitement, ce qui est loin d'être rare,
aboutit fatalement à la déchéance et à l'extinction plus ou
moins complète des facultés intellectuelles et morales. Il
traverse de nombreuses péripéties avant d'en arriver là, et
quelquefois une mort plus ou moins rapide par le cerveau
Tempéche d'aboutir au terme extrême de son évolution.
D'ordinaire cette évolution est assez lente. Il lui faut plu-
sieurs mois, un ou deux ans pour se compléter.
Que la psychosjpbilose, je ne saurais trop le répéter, ait
débuté par l'excilation ou la déoression, c'e:>t toujours
cette dernière qui finit par prendre le dessus, de même
que la paralysie absorbe les convulsions. Les délires
aigus, les hallucinations, les manies et roonomanies, ne
sont que transitoires. A la longue et quelquefois très rapi-
dement, l'idéalité vésanique devient lourde, languissante
et obscure; elle est remplacée par l'apathie, l'hébétude,
l'imbécillité, l'abrutissement et la démence. Cette méta-
morphose inéluctable quand on ne guérit pas, celle
marche forcée vers une même terminaison commune et la
même i)our toutes leurs variétés, voilà un des grands traits
de physionomie dans les psychosyphiloses. Aussi le processus
est-il, dans les cas douteux, un élément capital du dia-
gnostic. — Hais, dans cette marche, il y a des intermit-
tences, des rémittences, des arrêts, des retours offensifs,
des recrudescences, en un mot les péripéties si multiples
et si variées que présente toute affection spécifique de
l'encéphale.
Y a-t-il des psychosyphiloses susceptibles de se terminer
spontanément par la guérison? C'est fort douteux. Tout au
plus seraient-ce celles (jui sont et qui restent à l'état d'é-
nauche et qu'on pourrait appeler frustes^ à cause de l'in-
décision, au vague et de la bénignité des phénomènes.
Certains états névropathiques de la période secondaire sont
de ce nombre. Quelques pathologistes qui semblent se com-
plaire à exagérer l'action de la syphilis sur le cerveau,
croient à l'existence fréquente de vésanies spécifiques pen-
dant cette phase de la maladie constitutionnelle. C'est
une erreur de diagnostic et de pathogénie. Il est possible
qu'alors l'ébranlement produit par Finvasion du virus dans
loul l'organisme imprime au système nerveux et en particu-
1 lier au cerveau, des troubles qui simulent la folie. Il est
possible aussi qu'il suscite, comme cause occasionnelle, de
érilables accès de folie chez ceux qui y sont prédisposés
ir leurs antécédents héréditaires ou par d'autres circon-
stances étioloçiques, etc.; mais il y a loin de là à une
classe particulière de vésanies propres à celte étape du
processus.
La médication ioduro-mercurielle, employée de bonne
heure et avec énergie, peut guérir certaines cérébropathies.
Celles qui se montrent le plus réfractaires à son influence
curalive sont précisément les psychosyphiloses. Les délires
passagers, toutes les formes légères de l'excitation dans ses
modalités aiguës et accidentelles, tous ces troubles qui
semblent produits par des fusées transitoires d'hypérémie
autour des principaux foyers morbides, cèdent assez aisé-
ment aux deux spécifiques. Il en est autrement des psycho-
syphiloses dans lesquelles prédominent constamment les
symptômes de dépression, a'hébétude, d'incohérence inlel-
lectuelle et morale. Celles-là procèdent immédiatement de
syphilomes installés à demeure dans les méninges et dans
le cerveau. Trop souvent elles résistent à tous les moyens
thérapeutiques aue nous dirigeons contre elles.
Aussi sont-elles d'une gravité très grande, car elles
aboutissent la plupart du temps à des infirmités psychiques
absolument incurables. Au plus faible degré, l'intelligence
perd ce qu'il y a de plus délicat en elle, de plus ^\ïïi ce qui
constitue pour ainsi dire sa floraison de luxe. Sans se
perdre, elle n'est plus semblable à elle-même ; elle tombe
de la distinction dans la vulgarité. A un degré plus avancé,
une profonde débilité s'en empare, l'étiolé, la flélril,
diminue ou éteint presque ses qualités fondamentales : la
mémoire, le jugement, Taltention ; détend ou détraque le
ressort moral, émousse et pervertit les sentiments, etc. Ce
n'est pas tout à fait la décadence complète. Ces simples
d'esprit ont encore quelques lueurs dans Tenlendeinent.
Mais voici venir une perturbation plus grande, unie à un
affaiblissement plus radical : l'inertie, l'absence de toute
spontanéité, la stupeur, la rareté des pensées et des
paroles, l 'hébétude, Vidiotie avec ou sans incohérence, etc.,
tels sont les principaux éléments de cette déplorable dé-
gradation intellectuelle et morale.
Tout ce qui précède démontre clairement combien sont
dangereuses les psychopathies syphilitiques, c Je suis per-
suadé, dit H. le docteur Buzzard, qu'il existe un grand
nombre de sujets, qui, à la période moyenne de la vie,
deviennent des invalides chroniques de rmtelligencey par
lé fait de la syphilis du cerveau, t
Dans la plupart des cas, la vie n'est pas menacée d'une
façon immédiate et prochaine. Pourtant il y en a qui, tout
à coup, deviennent tragiques, car au bout de quelques
semaines et même de quelques jours, une attaque de
coma mortel emporte les malades.
11 est donc impérieusement indiqué d'agir vite et avec
vigueur, de diriger contre toutes les psychopathies spéci-
fiques, dès leur apparition et plus tard, tous les moYciis
curatifs que nous fournit la médication spécifique. Dans
la période initiale, ils peuvent sauver la situation ; dans la
période d'état, ils la sauvent rarement d'une façon com-
plète; une amélioration relative est tout ce qu'on obtient.
Plus tard, quand les symptômes ne sont pas l'expression
d*un syphilome qui évolue, mais celle d'une lésion qui a
définitivement détruit quelques-uns des foyers du cerveau,
quand ils sont devenus des infirmités, il est inutile de
s acharner contre eux. Ce serait peine perdue. Le mercure
et riodure n'ont plus sur de pareils états aucune act'on
curative.
{A suivre.)
338. — N- ?1 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
24 Mai i889
CORRESPONDANCE
AU COMITÉ DE RÉDACTION D£ LA € GAZETTE HEBDOMADAIRE >
Trallcmeiii de rhypohéiiile Intertropicale
(Opilaçad).
Le traitement de rhypoliérn'e iiilertropicale est encore à
IV'tude parmi les médecins brésiliens. Quelle que soit la théorie
adoptée sur la cause de celte maladie interlropicale, le traite-
ment en a varié à Tinfini. (Cependant, jusqu'à présent, la mé<li-
calion qui a surtout été préconisée, consiste dans Tadministra-
tion du latex de la Gamelleira {Ficus (ioliaria Mart.) et du
Jaracalia {Carica dodecaphylla Velleto). Le latex de ces plantes,
employé comme vermicide ou vermifuge, passe pour avoir la
propriété de tuer ou d'expulser Tankylostome duoilénal, c'est-à-
dire le parasite intestinal de VOptlaçad. On recommande en
même temps les préparations ferrugineuses comme devant ser-
vir à régénérer le sang. Le plus grand nombre des médecins qui
exercent dans les pays chauds, où règne celle maladie, s'ap-
pliquent à remplir ces indications.
Pour les réaliser, M. P. Peckolt, de Rio-de-Janciro, a décou-
vert la doléarine, qu'il considère comme le principe actif du
Ficus doliaria, et il déclare que cette préparation est beaucoup
plus avantageuse que le latex pur.
La réunion de la doléarine et du fer, d'après la formule de
M. P. Peckolt, connue au Brésil sous le nom de D oie urina e
ferro Peckolt, est le remède le plus connu et le plus souvent
préconisé dans ce pays contre l'hypohémie interlropicale.
En ce qui me concerne, appelé a exercer depuis environ cinq
ans dans une région très éprouvée par celte terrible maladie,
j'ai prêté une grande attention aux altérations morbides, déter-
minées par le progrès de l'hypohémie, en cherchant toujours le
meilleur moyen d'en combattre les eifets.
Le foie m'a paru être l'organe qui vient à souffrir le plus tôt.
L'en&^orgement du foie et la pâleur de lu peau sont les symptômes
aui, Tes premiers, frappent 1 attention du médecin. Il me semble
onc que l'indication première ne saurait être autre que de
combattre cette altération morbide du foie En commençant par
celle indication que je considère comme capitale, j'ai établi dans
les termes suivants la méthode de traitement de lOpilaçad.
Première indication: dégorger le foie.
Prescription n® i.
Calomel 0,05 centigrammes.
Podophyllin i ,01 à 0,02 —
Belladone (extrait) 0,01 à Ofii —
Savon amygdalin 0,10 —
Faites une pilule n" i.
A prendre une pilule le matin, et l'autre le soir au coucher.
Seconde indication. En reconnaissant l'insuffisance du remède
de M. Peckolt seul, je l'associe à d'autres vermifuges.
Prescription n" 2.
Dolearina e ferro Peckolt. . . ^. . . . '10 grammes.
Mousse de Corse
Kousso y .«; ,
Rhubarbe .^ * ~
Ecorce de racine de grenadier... ;
Mêlez. A prendre quatre à cinq cuillerées à café pendant la
journée.
Cette formule pourra être modifiée par l'addition d'autres
vermifuges connus en thérapeutique.
Je fais en même temps prendre au malade la pariétaire
{Purietaria officinalis)^ la périparoba (Piper umbellatum),
l'herva toslaô {boerhacia hirsuta) sous forme d'infusion.
De temps à autre je fais interrompre l'usage de la médication
vermifuge pour prescrire de nouveau les pilules de calomel,
belladone, etc.
Si je crois reconnallre en même temps une complication
paludéenne, je conseille aussi les sels de quinine.
En suivant strictement cette méthode de traitement, j'ai
obtenu de très merveilleuses et durables guérisons dans l'espace
de trois à qualremois (six mois au maximum), ce qu'on n'obtient
•que rarement par le remède exclusif de M. P. Peckolt.
D^ J.-P. CURSINO DE MOURA.
raubalc (province do Saiiit-Paulo, Brésil), lo 6 avril i88U*
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des seieM«es.
De la chirurgie conservatrice du pied et de l'abla-
tion PRÉALABLE DE l'aSTRAGALE DANS LES RÉSECTIO^^
tibio-tarsiennes pour ostéo-arthrite suppurée, par
M. Ollier, — La fréquence des récidives après les opéra-
tions conservatrices tentées sur le coa-de-pied, la difficulté
d'amener à une guérison complète et définitive la plaie
occasionnée par la résection de Tarticulation tibio-tarsieniie,
alteinte de carie ou de tuberculose osseuse, ont semblé
donner raison jusqu'ici aui opérateurs (}ui considéraienl
l'amputation du pied, dans cette articulation ou au-dessus
des malléoles, comme le parti le plus sage et le plus
rationnel.
Tel n'est pas l'avis de M. Ollier qui, étudiant les con-
ditions dans lesquelles on pratique d'ordinaire les résec-
tions, leur préfère la méthode qu'il résume dans les termes
suivants :
Nous commençons par où nos devanciers finissaient, et uoib
agissons ainsi dans un triple but:
Nous enlevons d'abord 1 astragale, qui est souvent le point (]<•
départ de l'affection et çiui, dans les anciennes ostéo-arlhriles,
est toujours assez altéré pour Caire craindre une récidive pro-
chaine, si on le laisse dans la plaie.
En second lieu, nous conservons le plus possible de la mor-
taise tibiale, afin d'avoir de meilleures conditions de solidllé
pour la néarfhrose que nous voulons établir. Une simple abra-
sion ou un évidement de la face interne des malléoles cl du
plateau tibial permet de conserver la charpente extérieure da
giD^lyme futur.
Et enfin, nous tenons avant tout à nous procurer, dès le com-
mencement de l'opération, tout le jour nécessaire pour recher-
cher les altérations osseuses, et le plus d'espace possible pour
fouiller avec sécurité les recoins les plus caches. GrAce à l'espace
libre que laisse l'ablation de l'aslragale, nous voyons immédia-
tement dans quel sens nous devons diriger nos recherches H
dans quelles limites nous pouvons agir.
Cette méthode, dont le but essentiel est de sacrifier nu
os dont le pied peut parfaitement se passer plutôt que Ici
extrémités tibio-péroaières, qu'il est plus difficile de faire
reconstituer dans de bonnes conditions, malgré la régnit-
ralion des malléoles, s'applique à toutes les résections du
pied.
àSuivent une série de considérations relatives à la régé-
nération osseuse et aux résultats obtenus à l'aide de celle
opération pratiquée depuis dix ans par M. Ollier et loiijour?
suivie de succès.
« Il faut donc ne pas se hâter, dit-il eu terminan(,de pra-
tiquer l'amputation du pied dans les ostéo-arthrites suppu-
rées du cou-de-pied et des autres arliculalions larsieniies.
Quoique entourées de plus d'obstacles qu'au membre supé-
rieur, les opérations conservatrices réussiront tout aussi
bien dans les ostéopathies du pied, toutes les fois qu*ou le»
appliquera dans les conditions locales et générales prourcs
à favoriser leur succès. Ce sont des opérations applicables
surtout aux jeunes sujets, jusqu'à Tùge de vingt-cinq i
trente ans, lorsqu'il s'agit de ces ostéo-arthrites spontame^
que nous rapportons aujourd'hui à la tuberculose. 11 n'y a
pas de règle absolue à cet égard; mais plus tard l'ampu-
talion est, d'une manière générale, préférable chez les
luberculeux, et il ne faut pas hésiter à y recourir s'ils sont
menacés d'infection générale ou déjà atteints d'un commeii-
cement d'altération viscérale.
« En résumé, l'ablation de l'astragale, suivie de l'abrasion
ou de la résection des articulations limitantes, permet de
couserver le pied avec sa forme à peu près normale et son
aptitude fonctionnelle pour l'exercice d'une vie active. Us
résultats nous paraissent dus au changement dans 1 idée
24 Mai 188d
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 21 — 339
directrice et la technique de la résection tibio-tarsienne.
L'ablation de Tastragale permet de conserver plus complè-
tement les extrémités libiale et péronière, qui sont les
parties les plus essentielles pour la solidité du pied, et
.surtout elle crée une voie large pour explorer le champ
opératoire et découvrir les germes morbides qui nous
échappaient autrefois. D*autre part, le perfectionnement de
la techuique opératoire permet de faire les ablations
osseuses les plus complexes et les plus étendues sans sacri-
fier aucun des organes (tendon, muscle, nerf, ligament),
qui seront utiles pour la reconstitution du pied sur son type
primitif. >
Sur une auto-intoxication d'origine rénale, avec
élévation de la température et dyspnée, par m. r.
On sait qu'un chien bien portant, à (|ui on a lié aseptiquement
les deux uretères, succunîbe, en trois jours environ, avec un
abaissement de la température centrale et quelques troubles
gastro-inteslinaux. Si, au lieu de se borner à interrompre la
perméabilité des uretères, on introduit dans leur intérieur une
canule communiquant avec un réservoir renfermant de Teau
stérilisée, à laquelle on a ajouté du chlorure de sodium dans la
proportion de 0,7 pour lUO, et suffisamment élevé pour q^iie
iVroalement de Turine ne puisse avoir lieu, et qu'au contraire
une petite quantité de la solution saline pénètre dans les reins
(ce dont on est informé par rabaissement du liquide dans le
réservoir); dans ces conditions, dis-je, différentes, comme ou
voit, de celles nui sont créées par la ligature des uretères, on
assiste à un tableau symptomalique bien différent :
Le chien ne vomit pas et n'a pas de diarrhée, mais il écume;
puis sa température centrale et périphérique s'élève progressi-
vement et, a peu près en même temps, la respiration revêt un
type expirateur, spéc'i9L\\ elle se ralentit d*abord, puis s'accélère
beaucoup et devient très bruyante; parfois il y a de petits sou-
bresauts des pattes. Cependant la température centrale continue
à s'élever et lanimaK en peu d'heures, succombe avec une tem-
pérature qui varie de iO à 42 degrés centigrades. Alors qu'elle
a commencé à monter à un chiffre élevé, on ne peut guère empé-
chi r la terminaison fatale, même en se hâtant de laisser couler
l'urine.
On ne peut admettre que les accidents soient dus à la simple
pénétration de Teau, car on peut infuser dans les veines d'un
Hiien une quantité d'eau salée stérilisée beaucoup plus consi-
dérable sans provoquer de fièvre ni de trouble bien sensible.
Mais on comprend que, pénétrant par les voies urinaires et
lavant, en quelque sorte, le rein, avant d'entrer dans la circu-
lation, elle se charge des sucs interstitiels de l'organe et
ac(juiére ajnsi une action thermogène^ dyspnéogène, etc. Cette
iichon topique des sucs interstitiels du rein est prouvée par
IVxpérience suivante.
J'ai sacrifié un chien sain par héraorrhagie; j'ai aussitôt broyé
ses reins dans de l'eau stérilisée et, après filtration, injecté le
liquide tiède dans les veines d'un chien un peu plus petit. Au
i>oul de ijuatre heures, la température centrale s'élait élevée à
10«,1 et il était survenu de l'oppression, de Técunuî et de l'agi-
lalioii, c'est-à-dire des symptômes semblables à ceux des chiens
soumis à une contre-pression urinaire.
Ainsi le rein sain renferme des principes ihermogène,
dyspnéogène (l), etc.
Académie de médeelne.
SÉANCE DU 21* MAI 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le diroctear (le rAisistaocé publique do Paris infornio que 1c Conseil général
('•} la Scioo vient de dôcidor d'allouer h l'Acadcmio uiio 8ubTPiiiion aonuello de
-'^'K) francs pour fournir du vaccin animal en pulpe au service des enfants assiilcs
de ce dcpariement.
MM. les docteurs Coif/Ur (du l»»y), Commenge et Morer, niédecin-niajor de
(I) J'adaiets volontiers rexistence de ^ plusieurs principes toxiques, l'un thor-
"logéne, l'autre dyspaéogone, etc., parce que. dans les nombreuses expcionccs
lue j'ai faiies, j'ai vu tantôt rhyperllicrmio et tantôt l'oppression entrer In prc-
««icrcçn scène, ou |>t'êdeniincr pcndunt tout le Cours dos accidents.
3* classe au i52* d'Infanterie, envoient des rapports sur lei vaccinationt et
revaccina liom qu'ils ont pratiqué a en 1888.
M. Oujardin-Beaumetz dépose une brochure sur la goutte par M. le docteur
Maximin Legrand, et un mémoire imprime de M. le docteur Jfofitn sur la tante
par l'exercice.
M. Lai oulbène dépose deux mémoires manuscrits de M. le docteur Moura sur
la phytiùlogie de» regiêtrei de la voix.
M. Laneereaux présente une étude d'hygihie domettique tur let eabineU
d'aisance*. |>ar M. le docteur Zavitiiano (de Conslantiuopic).
M. Comtantin Paul dépose une brochure de M. le docteur Danjoy sur la cure
du diabète à La Bourboule et un Guide pratique des pesages pendant Us deux
premières antiées, avec un Atlas, par M. le docteur SutHs, de La CbapvlMa-
Ri'ine 'Seine-et-Marne).
M. Duplay présente une brochure de M. le docteur Golay (de Genève), inli-
lulée : Conseils aux jeunes mères.
Communication intercardiaque congénitale. — îl. le
docteur A. Letjroux lit, au nom de M. Ernest Dupré el au
sien, une observation de communication congénitale des
deux cœurs, par inocclusiou du septum interventriculairc.
Cette malformation cardiaque a été reconnue pendant la vie
et vérifiée après la mort, chez un jeune garçon de
quatre ans et demi. La lésion était simple, sans rétrécis-
sement de Tarière pulmonaire, sans cyanose, et elle a été
diagnostiquée par l'auscultation seule, qui a permis de
constater le souffle interveniriculaire syslolique, classique,
dont les caractères pathognomoniques ont été formulés par
M. H. Roger il y a dix ans. La nécropsie a pleinement con-
firmé le diagnostic de MM. Legroux et E. Dupré, qui pro-
posent de dénommer « souffle de Roger > le signe révélateur
de cette anomalie cardiaque.
Résection du genou. — M. (Hlier fait tout d'abord
observer avec quelle lenteur les chirurgiens français ont
accepté la résection du genou ; elle esl même encore
repoussée par la grande majorité d'entre aux, par crainte
d'une mortalité considérable, de résultats imparfaits au
point de vue orthopédique et de défaut d'union osseuse.
Mais, si la mortalité étaitsi énorme en eflelque M. Ollier en
avait une autrefois de 75 pour 100 chez ses opérés, elle n'a
plus été que de 9 pour luOdès qu'il a pratiqué l'antisepsie.
Depuis 1880 il a fait 32 fois la résection du genou; trois
opérés sont morts, l'un de choc et deux de granulie. Il faut
d ailleurs établira cet égard deux catégories de faits, suivant
que les articulations sont suppuréeset infectées ou qu'elles
ne sont pas suppurées ou du moins non ouvertes.
Depuis que la mortalité a diminué par le fait de l'anti-
sepsie, d'autres causes ont cependant empêché la difl'usion
de la résection du genou, à savoir la longueur de l'opération,
les accidents immédiats, la difficulté de diriger le traitement
consécutif, les pansements fréquents, leurs inconvénients,
le déplacement des fragments, la fréquence de la pseudar-
throse. C*est pour cela que depuis de longues années
M. Ollier s'est attaché à trouver un pansement qui n'ait pas
besoin d'être renouvelé souvent; il ne l'a trouvé qu'avec
riodoforme. (Iràce à ce pansement, le traitement postopéra-
toire, si long, si pénible autrefois, est devenu aussi facile
que celui d'une simple fracture de cuisse.
Passant ensuite à l'examen critique des modes de panse-
ment proposés, M. Ollier est d'avis que la suppression du
drainage est un idéal qu'il faut poursuivre et qui est réali-
sable pour certaines résections orthopédiques ou trauma-
tiques (sur des régions non infectées), mais contre lequel il
faut mettre en garde les esprits trop confiants. Il a toujours
drainé dans les osléo-arlhrites chroniques tuberculeuses
du genou el il croit qu'il drainera toujours, ne serait-ce que
par prudence. Avec des drains on a tonte sécurité cl ils
n'ont pas d'inconvénients sérieux puisqu'on peut les laisser
soixante-dix jours en place. Que signifient deux gouttes
de pus qu'on trouve sur leur trajet, si la plaie a suivi une
marche aseplique? Et cependant il faut tout combiner dans
les résections du genou pour ne pas avoir une seule goutte
de pus, l'infection de la plaie interosseuse pouvant, sinon
340 — N« 21 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
24 Mai 1889
faire échouer l'opération, du moias retarder son succès de
plusieurs mois.
Quant à la suture, M. Ollier s'en déclare toujours partisan,
bien que le pansement unique semble indiquer qu'elle
n'est plus nécessaire; mais il admet toujours l'hypothèse de
la nécessité de renouveler le pansement, et alors il vaut
mieux avoir les os suturés, d autant plus que la présence
d'un corps étranger aseptique entrelient une irritation pro-
ductive, féconde au point de vue de l'ossiOcation. La conso-
lidation exige un temps toujours long et il est nécessaire de
faire porter des bandages jusqu'à la synarthrose complète.
Passant ensuite à l'examen des résultats orthopédiques et
fonctionnels, il estime qu'il convient de toujours chercher
Tankylose et de ne pas se laisser détourner par quelques
exemples, qu'on cite de loin en loin, de néarthroses mobiles
fonctionnant bien. Ce n'est qu'un pis-aller dont on pourra
se contenter, mais dont il n'y a pas lieu de se féliciter. Et
cependant l'ankylose est-elle le dernier mot du progrès chi-
rurgical? Sans doute, chez les animaux, on parvient à
reproduire les condyles du tibia et du fémur et à constituer
une articulation intermédiaire; ce n'est que par les avive-
ments des condyles à l'aide de résectioins superficielles,
qu'on pourra chez les jeunes sujets chercher à obtenir une
articulation mobile à la condition de conserver tout l'appa-
reil ligamenteux et musculaire.
On ne pratique pas assez la résection du genou; depuis
l'antisepsie, M. Ollier ne s'est jamais repenti d'avoir réséqué
et il a eu plus d'une fois le regret de ne l'avoir pas fait.
La résection est indiquée non seulement dans les ostéo-
arthrites suppurées, qui bientôt exigeraient l'amputation du
membre, mais elle est indiquée aussi dans ces ostéo-
arthrites qui ne finissent pas et ne peuvent aboutir. Elle est
rationnelle au double point de vue de l'indication vitale et
de l'indication orthopédique dans les ostéo-arthrites avec
déformation, avec flexion du genou, qu'on ne peut redresser^
Ce n'est p^s seulement avec l'amputation de la cuisse que
la résection du genou doit être mise en parallèle, c'est
surtout avec l'expectation. On ne saurait trop s'élever contre
la résection dans les cas qui peuvent guérir par l'immobi-
lisation, le temps et la patience, et ce qui pourrait faire rat-
tacher à l'expectation, c'est que le résultat orthopédique de
la résection ne sera jamais meilleur que celui d'une articu-
lation naturellement ankylosée en position rectiligne. Mais
faut-il persister indéfiniment dans l'expectation? Est-il sage,
est-il rationnel d'exposer pendant plusieurs années à toutes
les chances d'aggravation locale et d'infection tuberculeuse
générales un malade qui peut guérir en trois mois par la
résection? Avec l'antisepsie la question est complètement
changée; la réserve d'hier serait une faute aujourd'hui; s'y
maintenir, ce serait faire preuve d'aveuglement systématique
et nier le progrès.
Diabète. — Discutant la communication faite à la der-
nière séance par M. Worins sur la forme lente du diabète
et son traitement, M. Dujardin-Beaumetz fait remarquer
qu'il y a toujours un certain inconvénient à conclure pour
une maladie aussi complexe que le diabète, en se basant
exclusivement sur un nombre restreint d'observations,
quelque rigoureuses et prolongées qu'elles aient été. Ainsi,
parmi les 41 malades dont a parlé M. Worms, il n'en est
que 4 chez lesquels il a observé une soif exagérée, 9 ayant
présenté de la polyurie et 2 seulement qui avaient un appétit
exagéré; ce sont là cependant des symptômes généralement
considérés comme caractéristiques chez le plus grand
nombre des diabétiques. D'autre part, M. Worms attribue
une longévité assez grande à la iorme lente du diabète; il
n'en faut pas moins remarquer que dès qu'un homme est
devenu diabétique, sa nutrition est entravée et il se trouve
dans des conditions d'infériorité vitale incontestables.
M. Dujardin-Beaumetz persiste à croire que le diabète est
une maladie lotius substantiœ qui peut revêtir les formes
les plus complexes, mais qui n'en constitue pas moins une
maladie propre; elle revêt trois formes: la forme bénigne
et légère, la forme lente et moyenne d'intensité, et la forme
grave. Si par l'examen clinique il n'est pas toujours com-
mode d'établir une séparation bien nette, sauf peut-èlre
pour les formes graves, on peut néanmoins l'établir très
facilement par le résultat que fournit le régime alimentaire
spécial rigoureusement suivi. La quantité de sucre émise ne
peut assurément servir de critérium; c'est bien plutôt la
rapide disparition du sucre sous l'influence du régime ali-
mentaire qu'il faut envisager; aussi les diabétiques léger»
sont-ils ceux chez lesquels celui-ci amène, lorsqu'il est
rigoureusement suivi, la disparition du sucre en très peu de
jours, tandis que chez les diabétiques de moyenne intensité
on ne parvient jamais, quel que soit le traitement, à faire
disparaître totalement le sucre; enfin, les diabétiques graves
sont ceux dont on fait à peine varier la quantité très élevée
du sucre, malgré la rigueur du traitement.
C'est donc, dans la plupart des cas, celte rigueur da
régime alimentaire qu'il importe d'obtenir. Que doit être ce
régime ? Il faut en proscrire le lait, ne permettre les
pommes de terre cuites à l'eau qu'à la dose maximade
100 grammes par jour, alimenter à l'aide de pain de gluten
ou mieux de pain de soja et user surtout d'aliments gra.s
conserves de poisson à l'huile, caviar, charcuterie. Il est utile
d'user modérément de la saccharine (10 centigrammes par
jour) pour sucrer le café, le thé ; éviter l'alcool et les
boissons alcooliaues. Quant à l'emploi de médicaments, Tas-
sociation des sels de lithine aux préparations arsenicales
rend de réels services dans bien des cas; le sulfate de qui-
nine, recommandé par M. Worms, agit utilement sans doule
sur l'axe cérébro-spinal ; de même, le bromure et certains
médicaments antitbermiques,lels que le méthyl acétanilide
ou exalgine. L'exercice musculaire est enfin l'une des
parties les plus importantes du traitement du diabète.
M. Germain Sée rend compte de ses recherches sur la
glycogénie normale; il les résume de la manière suivante:
l** Les urines contiennent normalement du glycose, mais
en quantité si minime qu'elle ne peut pas être décelée par
les réactifs ordinaires tels que la fermentation, le polaii-
mètre, et même la liqueur de Fehling, qui n'agit que quand
il y a 0,05 de sucre pour 100.
2° Un nouveau réactif, la phénylhydrazine, y démontre le
sucre quand il n'y aurait que 0,033 milligramme pour 100;
or cette réation se retrouve 14 fois sur Ai cas ou 16 à
17 pour 100 chez les individus réputés sains.
3* Mais ce réactif n'a de valeur que si en même temps
l'individu examiné peut perdre impunément 10') grammes
de substance amylacée (pain blanc); s'il ne rend pas plus
de sucre, ce n'est pas un diabétique et inversement.
4» Dans l'état normal, le sucre ne reparaît dans les urines
nue quand il dépasse 250 grammes pour le sucre de canne,
200 grammes pour le sucre de lait; chez le diabétique, la
moindre quantité de ces sucres se retrouve dans les urines
et augmente le chiffre pathologique préexistant. Dans tous
les cas, les sucres à forte dose agissent en même temps
comme diurétiques.
5° Outre le sucre qui n'existe pas toujours normalement,
nous avons trouvé par divers réactifs le chlorure de
benzoyle, l'a naphtol, le furfurol, des quantités constantes
d'hydrates de carbone, semblables au groupe des dextrines
et voisins du groupe glycose. Leur transformation en ce
dernier groupe est possible.
Dès lors s'explique la facilité de l'établissement de h
glycosurie, ce quon n'avait pas soupçonné avant nos
recherches.
6' La formation du glycose est aussi un phénomène
normal qui résulte de la transformation de lu matière glyco-
U Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — «• 21 -- 341
^ène du foie en sucre de raisin. Or, cette matière glycogène
se développe, non seulement aux dépens des substances
amylo -sucrées introduites avec les aliments, mais aussi aui
dépens des albuminates,provenantdu dehors ou du dedans;
c'est la découverte de Cl. Bernard, confirmée par Séegen,
et tous les physiologistes modernes.
l'' S*il en est ainsi, si le sucre dans les urines est
normal, si la matière glycogène dans le foie et j'ajoute dans
les muscles est normale, la glycosurie ne sera qu'une
exagération de la genèse normale^
8** D'une autre part, de la glycosurie normale à cause per-
manente au diabète, il n'y a qu'un pas; les deux états déri-
vent de la physiologie et s*enchalnent.
9* Aussi le diabète n'a-t-il pas d'espèces distinctes; il
est un, toujours le même, et ne varie que par et dans ses
conditions de développement chez les riches et les pauvres,
chez les adultes et les enfants ; l^s pauvres et les enfants
ont un diabète de misère, les autres de luxe.
lO" L'origine du diabète est dans la circulation activée
du foie de par le système vaso-moteur de cet organe, lec^uel
système est sous Tinfluence directe ou réflexe d'une irrita-
tion de la moelle allongée (Cl. Bernard) et de presque tons
les centres nerveux. La suractivité du foie entraine une
néoformation de nature glycogène ou une transformation
rapide, exagérée de cette substance en sucre.
Il"* Il n'y a donc qu'une seule espèce de diabète, c'est
Thyperglucogénie (avec ou sans azoturie), et la plupart du
temps d'origine nerveuse. La quantité de sucre ainsi for-
mé fait fonction de diurétique et entraîne au dehors le sucre
préexistant.
M* Le diabète peut aussi avoir pour cause l'hypergenèse
de la matière glycogène dans les muscles.
13" Les médicaments qui enrayent l'hypergenèse ner-
veuse du sucre sont les seuls qui soient antidiabétiques;
Vantipyrine agit dans ce sens de la manière la plus évi-
dente.
M. Albert Robin j tout en se réservant de prendre la parole
sur ce sujet dans la prochaine séance, fait dès maintenant
observer que plusieurs faits confirment les preuves d'ordre
chimique rapportées par M. Germain Sée sur la présence
des matières ternaires dans l'urine normale : c'est ainsi
que M. Boutreçky a récemment montré que la réduction de
ta liqueur de Fehling pouvait être obtenue même dans
celle-ci, que H. Quinquaud a établi, il y a quelques jours,
que l'urine renferme normalement du sucre et qu'enfin on
on a constaté chez tous les diabétiques les matières ter-
naires de l'urine.
-^ L'ordre du jour de la séance du 38 mai est fixé ainsi
qu'il suit: 1"* rapport de M. Trasbotsurh rage lanacétique;
^^ suite de la discussion sur le traitement du diabète (in-
scrits : MM. -4. Robiriy W^orms)\ 3* communication de M. 6.
Sée sur un nouveau diurétique.
Société de biologie.
SÉANCE DU 11 MAI 1889. -- PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Action du pneumogastrique sur le oœur antenlë de la grenouille :
H. Dourdoufl. — Disparition de Tanesibésie de cause organique :
H. Brown-Sèquard. — Rôle glandulaire des procès oiUaires :
M. Micatl. ~ Sur l'absorption de Teau par les graines: M. Ghrèbant.
-* De rëpilepsie provoquée par l'exoltation de la dure-mére:
M. Dupny. — De l'bypobèmatose : M. Maurel.
En anémiant des grenouilles par la section de l'aorte ou
de la veine inférieure, M. Dourdoufi a vu l'excitation
<)u pneumogastrique, dans ces conditions, exagérer la fré-
quence des battements du cœur, loin de la diminuer. Ce
résultat est donc absolument contraire à celui qu'a obtenu
M. Laulanié à la suite de la section de la pointe du cœur;
dans ce cas, en effet, la puissance d*arrêt du nerf vague est
augmentée. M. Dourdoufi pense, étant donnée la pré-
sence de filets modérateurs et accélérateurs dans le tronc
du pneumogastrique chez la grenouille, que, dans l'expé-
rience qu'il a réalisée, Texcitabilité des accélérateurs est
beaucoup augmentée.
— M. Brown-Séquard rapporte un certain nombre de
faits qui montrent que Tanesthésie, due à une lésion orga-
nique (tumeur du pédoncule cérébral, par exemple), peut
disparaître subitement sous l'influence d'une ou deux
séances d'électrisation. D'autre part, dans plusieurs cas où
l'autopsie fut faite par la suite, on constata que la lésion
existait toujours. M. BrownSéquard se croit donc en droit
de conclure de ces faits que la perte de fonction dont il
s'agissait dans tous ces cas ne dépendait pas d'une destruc-
tion de conducteurs nerveux, mais d'une simple irritation
dynamique.
— M. Malassez présente une note de M. Nicati sur la
fonction glandulaire des procès ciliaires. L'auteur, au
moyen dlnjections de matières colorantes dans le péritoine,
a pu déterminer au bout de combien de temps ces matières
apparaissent dans les yeux. Il a également cherché à
évaluer la surface de sécrétion représentée par les procès
ciliaires qui sont recouverts d'un épithélium sécrétoire.
— H. Duffuy a répété sur le chien une expérience qu'il
avait déjà faite sur le lapin; il avait vu sur cet animal que,
si on sectionne la dure-mère, il survient une paralysie du
même côté; et, en sectionnant la dure-mère du côté opposé,
la paralysie disparait. On obtient chez le chien les mêmes
effets. De plus, il a vu que, chez des chiens profondément
chloroformés, l'excitation de la même membrane peut
déterminer un accès d'épilepsie, alors que l'excitation
directe dugyrus sigmolde n'a plus aucun effet. Il se demande
si, dans ce cas, on n'excite pas d'autres filets nerveux que
les nerfs sensibles de la dure-mère qui doivent être anes-
thésiés.
— M. Laborde présente une note de M. Maurel^ relative
aux troubles divers produits par l'insuffisance des échanges
entre le sang et les tissus; l'auteur propose d'appeler cet
ensemble de symptômes hypohématose.
SÉANCE DU 18 MAI 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. BROW'N-SÉQUARD.
Bar le pancréas des poissons : M. X^guesse. *- I<e nerf exoito-sft-
orètenr de la parotide : M. Moussu. — De la capacité Titale obes
les épileptiques : MM. Férè et Perrucbet. — La glycosarle phy-
siologique : M. Quinquaud. -> Sur un parasite des limaces : M. M6-
gnin. — Sur le spectre d'absorption donné par le sang : M. d'Ar-
sonTsl. — Sur le dosage de la potasse dans les Uquides organiques :
M. A. Robin.
M. Laguesse a étudié le développement du pancréas chez
la truite. Il résulte de ses recherches que cet organe se
développe chez les poissons comme chez les mammifères,
mais qu à un moment donné il subit un arrêt. Au point de
vue de la structure, il est bien développé, mais il ne con-
stitue pas une glande bien délimitée, mais des portions
glandulaires disséminées le long du tube digestif.
— M. Moussu décrit le nerf excito-sécréteur de la paro-
tide qu'il a pu isoler et disséquer, de façon à en détermi-
ner exactement le trajet, chez le bœuf, le cheval, le mou-
ton, le porc. Les dispositions varient plus ou moins chez
ces divers animaux.
— M. Féré a mesuré avec M. Perruchet la circonférence
thoracique et la capacité vitale ciicz les épileptiques. 11
signale la fréquence de la phthisie chez ces malades.
334 - N* 24 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2i Mai 1889
avec la dose introdaile, tandis que dans la deuxième, le
développement se fait alors même qu'on dépose dans l'éco-
nomie une quantité de virus pour ainsi dire impondérable:
Il ne faudrait pourtant pas exagérer le fait et supposer que
toutes les maladies infectieuses peuvent, comme le charbon,
se développer quand on a injecté à un animal un seul
microbe. Dans la plupart des cas. la quantité de virus qu'on
introduit n'est pas un fadeur négligeable ; dans notre
article sur le mécanisme de la suppuration, nous avons cité
quelques chiffres qui montrent l'importance du nombre des
microbes dans la genèse des accidents morbides. Nous
pourrions facilement rapporter d'autres exemples.
M. Chauveau a reconnu que les moutons algériens, natu-
rellement réfractaires au charbon, contractent cette maladie
quand on leur injecte sous la peau de grandes quantités de
culture. W. Cheyne a montré de même que les bacilles de
la septicémie des souris, le tétragénus, les microbes de la
septicémie salivaire, du choléra des poules, inoculés au
cobaye peuvent, suivant les doses, ne produire aucun
trouble, causer une lésion locale ou amener la mort sans
lésion locale. M. Bouchard a obtenu des résultats analogues
avec le bacille pyocyanique et il a montré de plus que les
symptômes et particulièrement la fièvre sont également en
rapport avec le nombre des microbes introduits.
Les laits que nous avons étudiés nous ont montré qu'un
microbe peut être ou non pathogène suivant l'animal sur
lequel on opère, la voie par laquelle on l'introduit, la quan-
tité de virus qu'on injecte, etc. Nous avons vu de plus que,
par des passages successifs à travers l'organisme des animaux,
une bactérie peut acquérir des propriétés nocives pour des
êtres qui semblaient réfractaires à son action ; dans d'autres
cas un microbe inoffensif peut amener des troubles fort
graves et même mortels en tombant dans un organisme déjà
malade ou dans un tissu préalablement altéré. S'il en est
ainsi, on conçoit facilement qu'un saprophyte qui, acciden-
tellement, se sera développé chez un animal, puisse s'élever
au rang d'agent pathogène : ainsi peuvent se créer les
maladies nouvelles.
Celte remarque nous ramène aux idées que nous expo-
sions en commençant cet article. Si la virulence n'est
qu'une fonction contingente et surajoutée, on serait tenté
de supposer, avec H. Bouchard, que tous les microbes
n'étaient à l'origine que des saprophytes. € Dès lors nos
tentatives d'atténuation de ces êtres auraient pour effet de
les ramener à l'espèce originelle. Le type saprophytique
ayant été accidentellement élevé à la dignité de virus, l'atté-
nuation de la virulence serait le retour pur et simple au
saprophytisme. > Cette conception si séduisante ne trouve-
t-elle pas de nombreux points d'appui dans les exemples que
nous avons cités? La plupart des agents pathogènes sont
facultativement saprophytes, puisqu'ils peuvent se déve-
lopper sur des substances privées de vie. On peut même
dire que c'est là leur vrai milieu d'existence : la bactéridie
charbonneuse, par exemple, cet agent virulent par excel-
lence, n'arrive à son complet développement et ne donne
des spores qu'en dehors de l'organisme. Il est vrai qu'il est
certains microbes que nous n'arrivons pas à cultiver et que
jusqu'ici nous n'avons jamais retrouvés en dehors de
l'animal. On pourrait même, envisageant la question à un
point de vue plus général, faire remarquer que certains
parasites animaux doivent, pour accomplir leur évolution
complète, rencontrer un autre animal dans lequel ils se
développent; tel est, par exemple, le cas du L'enta. Mais de
ce que nous n'avons pas observé en dehors de l'organisme
toute l'évolution d'un parasite, faut-il conclure que celle
évolution ne pourrait avoir lieu? Peut-être qu'un jour, en
modifiant certaines conditions de culture, pourrons-nou^:
obtenir artificiellement toutes les formes que jusqu'ici nous
n'avons pu reproduire. Comme le fait justement remarquer
de Hary, ce serait une expérience intéressante et instructive
que celle qui ferait développer un Isenia à partir de l'œuf,
à l'aide d'une solution nutritive. Pour revenir aux microbes,
nous voyons, par l'expérience de tous les jours, que
tel agent, qui était considéré comme exclusivement patho-
gène, peut devenir saprophyte, quand on lui offre un terrain
mieux approprié à ses besoins; tel est le cas du bacille de la
tuberculose, que l'on cultive facilement, à la condition
d'ajouter aux milieux usités couramment en bactériologie,
une certaine quantité de glycérine. On peut donc espérer
qu'à mesure que se perfectionnera la technique, on verra
diminuer et disparaître le nombre des êtres exclusivement
parasites.
Il existe enfin un dernier argument qui tend à faire con-
fondre les microbes saprophytes et pathogènes. Les nolion*
plus exactes que nous avons acquises dans ces dernière?
années sur la virulence, nous montrent que, parmi les con-
ditions multiples qui rendent un microbe dangereux pour
l'animal, il faut placer en première ligne la sécrétion de
substances nocives, alcaloïdes ou ferments ; c'est doiir
toujours par le même mécanisme qu'agissent les microbes,
que leur action se porte sur la matière vivante ou la matière
morte. Dès lors la division des microbes d'après leur action
sur les animaux parait absolument artificielle, comme
toutes les divisions basées sur un seul caractère. Un microbf
inoffensif peut devenir pathogène, d'abord d'une façon
accidentelle, plus tard d'une façon permanente, jusqu'au
jour où par divers procédés naturels ou expérimentaux, il
s'atténue de nouveau et retombe dans le groupe des sapro-
phytes dont il était momentanément sorti.
G. -II. Roger.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
De Teiaploi de la caféine dans la plenrésle
•éro-flbrlnenae algaS.
La médication hydragogue conserve toujours ses druil;^
contre les épanchements séreux de la pleurésie. A côté du
régime lacté, dont les indications sont formelles au déclin
de la période fébrile, la caféine trouve aussi ses indi-
cations.
Ce traitement consiste donc à provoquer la diurèse :
!• Par le régime lacté;
2" Par l'administration quotidienne d'une potion que Von
peut ainsi formuler :
Caféine
Bcnzoate de soude
Sirop de stigmates ;de maïs.
Eau distillée de laitue*
i à 2 grammes.
1 a 4 —
aa io —
Cette potion est ingérée par grandes cuillerées de deux
en dm\ heures. On pourrait encore faire usage de la solu-
U Haï 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 21
335
lion suivante de caféine, indiquée par M. Huchard qui Va
administrée souvent dans la tisane de café noir :
(laféine l9%50
Henzoate de soude i9%50
Eau distillée 100 grammes.
A prendre dans les vingt-quatre heures.
Ch. Éloy.
BEVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Faculté de médecine. — Cours de pathologie interne
m. le professeur dieulafoy.
Syphilis du pomnoM et de la plèvre.
(Leçons recueillies par le docteur Fernand Widal, interne
des hôpitaux.)
(Suile. — Voyez les n" 18, 19 et 20.)
Syphilis pleurale, — A l'histoire du syphilome fibroïde
du poumon se rattache celle encore peu connue du syphi-
lome pleural.
Je n'ai pu retrouver qu'un petit nombre d'observations
de pleurésie syphilitique, et cependant je n'ose pas dire que
les cas en sont rares; ils sont, je crois, souvent méconnus,
faute d'être recherchés et, en cela, je suis d'accord avec
M. Mauriac, qui écrivait récemment : < On voit souvent la
pleurésie et celte pleurésie s'accompagne d'épanchement. »
Les lésions syphilitiques de la plèvre peuvent être ran-
gées dans l'une des deux catégories suivantes : ou bien la
lésion pleurale est un épiphénomène, une complication
analomique de la lésion pulmonaire.
Ou bien la pleurésie s'accompagne d'épanchement abon-
dant; elle est lésion dominante et mérite bien, dans ce cas,
le nom de pleurésie syphilitique.
A titre d épiphomène, vous trouverez la pleurésie décrite
accidentellement dans les observations de syphilis tertiaire
du poumon et des bronches rapportées par les auteurs. C'est
ainsi que vous la trouverez décrite dans deux observations
de la thèse de Carlier. Dans Tune (la septième), il est dit,
par hasard, que la plèvre, d'un côté, contenait 5()0 grammes
d'un liquide jaune clair, que son feuillet viscéral présenlait
des fausses membranes récentes, très faciles à déchirer,
(jue son feuillet pariétal et diaphragmatique était également
enDammé.
Voici maintenant une observation de pleurésie syphili-
tique, avec grand épanchement; elle est due à M..Balzer,
et se trouve consignée dans la thèse de Jacquin.
Un homme de trente-deux ans se présente à l'hôpital
avec un ensemble de troubles fonctionnels et de signes
physiques qui font diagnostiquer une pneumonie caséeuse
du côté droit. Après un mois de séjour, éclate une pleurésie
droite avec épanchement abondant. On diagnostique alors
une pleurésie tuberculeuse compliquant la tuberculose du
poumon ; mais, au bout de quatre jours, le malade meurt,
et, à l'autopsie, on trouve un foie syphilitique parsemé de
gommes et segmenté de cicatrices, un poumon droit égale-
ment farci de gommes, dont la plus volumineuse venait
effleurer la plèvre. Toutes ces productions gommeuses,
examinées au point de vue microbiologique, ne contenaient
pas le moindre bacille de la tuberculose.
Les lésions de la plèvre droite étaient assez caractéris-
tiques pour que je vous les rapporte dans tous leurs détails.
« Dans la plèvre droite existe un épanchement beau-
\ coup plus considérable que l'exploration physique ne l'au-
' ^lait lait supposer. Il y a environ 2 htres de sérosité
louche et sanguinolente. Les plèvres pariétale et viscé-
rale^ sont considérablement épaissies dans toute retendue
de l'épanchement. Elles montrent un revêtement fibreux
continu, partout d'une épaisseur de 1 ou 2 millimètres,
acquérant même, à la base du poumon, une épaisseur de
prés d'un centimètre. En plusieurs endroits, celte coque
fibreuse est coiffée de fausses membranes fibrineuses. Dans
les points où l'épaississement fibreux est le plus considé-
rable, on trouve, sur la coupe de la plèvre, des masses
dures, jaunâtres, caséeuses, de la grosseur d'un pois ou
d'un grain de mil. »
N'est-elle pas suffisamment démonstrative, cette obser-
vation de pleurésie syphilitique, dont Ténanchement était
assez abondant pour atteindre la valeur de ^ litres de liquide
sanguinolent?
J'ai observé moi-même un cas de pleurésie syphilitique,
que j'ai guéri par le traitement spécifique.
En 1883, je fus appelé, quai de la Râpée, pour donner
mes soins à un homme en proie à une dyspnée terrible,
qui, depuis un an, se renouvelait chez lui par poussées
plus ou moins aiguës ; on avait diagnostiqué une broncho-
pneumonie tuberculeuse. Au premier examen nue je fis
de cet homme dyspnéique, je reconnus immédiatement
les signes d'un épanchement que j'évaluais à 800 ou
1000 grammes environ. Cette quantité de liquide était bien
loin de m'expliquer la dyspnée dont souffrait ce malade, et
je remis la Inoracentèse au lendemain. Je ne pus retirer,
par cette opération, que 650 grammes d'un liquide légère-
ment rosé ; le malade n'éprouva d'ailleurs aucun soulage-
ment, et ne fut pas plus amélioré que ne l'est, par la
thoracentèse, un nomme porteur d'un cancer pleural. Je
cherchais toujours à saisir la cause de tout ce processus
pulmonaire, lorsque le malade, pressé de questions, finit
par me confier qu'il avait eu jadis la syphilis. Cet aveu
devait lui rendre la vie. Je me hâtai, en effet, d'adminis-
trer le mercure et l'iodure de potassium à forte dose, et la
dyspnée s'amenda si rapidement qu'au bout de quelques
semaines, la respiration était devenue normale. Lors de
mes dernières visites, il ne restait plus trace de pleu-
résie. — Dans ce cas encore, la nature syphilitique des
accidents pleuro-pulroonaires avait été démontrée par l'ac-
tion bienfaisante de la thérapeutique spécifique.
Messieurs, il existe, vous le voyez, une pleurésie syphi-
litic|ue tertiaire. Je ne dis pas qu'elle existe à l'état isolé,
mais je soutiens qu'elle accompagne^ plus fréquemment
qu'on ne le pense, les lésions pulmonaires syphilitiques.
Si, après avoir diagnostiqué chez un malade une gomme
ulcérée du poumon, vous percevez des frottements à l'aus-
cultation, ce nouveau svmptôme ne devra pas changer
votre première manière de voir; n'oubliez pas que la pleu-
résie se développe au voisinage d'une caverne syphilitique,
aussi bien qu'autour d'une caverne tuberculeuse.
(A suivre.)
TRAVAUX ORIGINAUX
STphlllographte.
Folie et paralysie générale syphilitiques, parM. Charles
Mauriac, médecin de l'hôpital du Midi.
(Suile. — Voyez le n« 20.)
B. Les perturbations psychiques qui méritent à quelque
titre le nom de folie syphilitique sont beaucoup moins
nombreuses que les précédentes. Plus brusques et plus
rapides dans leur invasion, elles se caractérisent par de
336 — N* 21 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
ii Mai 1889
Texcitation cérébrale et du délire. Peuvent-elles reproduire,
comme on Ta dit, toutes les formes de Taliénation mentale
commune? Sans doute, dans une certaine mesure, mais à
l'état d'ébauche et avec quelques nuances délicates qu'il est
possible de saisir, avec des coïncidences symptomaticjues
Iu'on finit par découvrir et qui sont une vraie révélation,
rà, comme dans d'autres cas, l'important est de se tenir
sur ses gardes et d'être bien pénétré de celte idée qu'un
trouble mental qui fait dire d'une personne jusque-là sensée,
qu'elle devient folle, peut parfaitement dépendre de la
syphilis et rien. que d'elle. D'un autre côté, on ne doit pas
oublier que la folie pure peut, s'emparer d'un syphilitique
sans participer en rien de la maladie constitutionnelle. Le
fait suivant en est une preuve évidente : un de nos aliénistes
les plus. autorisés fut consulté pour une malade atteinte
de syphilis secondaire, et en même temps. d'une manie
qu'on croyait syphilitique. Il n'en jugea pas ainsi et con-
seilla de différer le traitement de la syphilis jusqu'à la gué-
rison de l'accès de folie dont il estima la durée probable à
six semaines. Trois semaines après, la folie était spon-
tanément guérie et le traitement spécifique fut alors
institué.
Ce qui domine dans les troubles vésaniques tributaires de
la syphilis, c'est ordinairement Un délire simple, comme on
en voit dans la fièvre, la méningite, les encéphalites
aiguës, etc. : excitation permanente ou alternant avec de la
somnolence, loquacité, divagation, impatiences, insomnie,
extravagance sous tous ses modes dans les propos et dans
les actes, accès de fureur. C'est là un état aigu, violent,
subit, ayant le caractère d'un accident. — D'autres fois le
trouble mental sous ses apparences modérées a quelque
chose de plus profond, de plus constitutionnel et semble
pénétrer plus avant dans le domaine de la véritable aliéna-
tion mentale : instabilité, incoordination dans les idées,
dans les projets, flot tumultueux de paroles irréfléchies,
actes empreints d'insouciance ou d'une déraison qui s'ac-
croche à tout et ne se fixe obstinément sur aucun sujet,
exaltation, irritabilité hors de propos et pour des causes
insignifiantes, ébullition intellectuelle à contresens et sté-
rile ou idiote, avec tous les mauvais effets d'un caractère
qui a subi la même perturbation que l'entendement.
Enfin le trouble mental, dans d'autres cas, n'a plus seule-
ment un pied dans la folie; il y est en plein, si l'on en juge
Ear les modes que prend alors la perversion intellectuelle,
e n'est plus seulement du délire aigu et de l'extravagance
mitigée, mais un ensemble de perturbations intellectuelles
et morales comme dans la manie, avec égarement, incohé-
rence, hallucinations, emportements, vociférations, accès de
fureur dangereux, etc., et cette insomnie persistante, opi-
niâtre, invincible, qu'on rencontre si fréquemment dans
toutes les cérébropathies sy|ihilitiques et surtout dans les
psychosyphiloses. Eh bien, même à ce degré et en ne tenant
compte que des phénomènes vésaniques, un aliéniste ne
s'y trompera pas. Il trouvera dans cet état-là moins de vio-
lence, de continuité, d'essor délirant, et surtout de systé-
matisation que dans la folie vraie. Il est extrêmement rare
que la folie syphilitique s'endigue dans une modalité pré-
cise et toujours prédominante. Sans doute dans quelques
cas, les hallucinations, par exemple, la lypémanie, la mono-
manie, avec délire de persécution occupent le premier
plan; mais elles ne font qu'apparaître sur la scène. Leur
monologue ne tarde pas à baisser de ton, et à se confondre
avec cette divagation générale qui n'a rien de fixe et qui se
traîne plutôt qu'elle ne s'envole d'un sujet à un autre, avant
de s'anéantir dans la démence des phases ultimes.
Si les divers types ou degrés de perturbations psychiques
dont je viens de aonner les traits les plus saillants, n'étaient
ni précédés, ni accompagnés, ni suivis d'autres manifesta-
tions cérébrales d'un ordre plus matériel ; s'ils survenaient
d'emblée, isolément et se perpétuaient sans fin dans leur
solitude, il serait sans doute fort malaisé de les rattacher à
leur cause diathésique. Mais en est-il ainsi? Non. Combien
de fois au contraire ne trouve-t-on pas soit dans le passé,
soit dans l'état actuel du patient, des associations phéno-
ménales qui sont comme un trait d'union entre sa psychose
et sa syphilis. Et s'il n'y a rien ni dans les comraémoralifs,
ni dans le présent qui puisse nous guider et nous éclairer,
soyez sûrs que bientôt la cérébropathie perdra son caractère
exclusivement psychique pour devenir polymorphe, comme
toutes les déterminations de la syphilis sur l'encôpbalè.
Les phénomènes nerveux qui précèdent le plus habituelle-
ment ces troubles psychiques, à une époque plus pu moins
éloignée de leur invasion, consistent en céj)halées violentes,
en diplopie avec ou sans strabisme et ptosis, en crises plus
ou moins répétées d'épilepsie ou d'aphasie, en vertiges,
ictus apoplectiformes, paralysies partielles ou hémiplé-
gies, etc. — D'autres fois aucun intervalle ne les sépare, el il
y a concomitance, enchevêtrement, contemporanéilé, c'est-
à-dire association plus ou moins étroite de tous les éléments
symptomatiques pour former un ensemble, un coroplexusné-
vro(^thique dont il serait difficile de méconnaître la signi-
fication et la provenance. .
Il faut tenir pour des faits d'une rareté extrême ceux dans
lesquels la psychose syphilitique, sous sa forme la plus
accentuée et la plus maniaque, s'empare instantanément
d'un cerveau raisonnable et exempt jusque-là de toute alté-
ration apparente. Je n'en ai vu qu'un cas, chez un jeune
officier qui, à son retour d'Afrique, fut pris subitement et
sans cause d'un délire incoordonné, violent, opiniâtre,
continu, sans aucun autre trouble d'ordre cérébral. Il eùl
été incapable de me donner un renseignement quelconque
sur son état antérieur. Mais son frère qui me I avait con-
duit, m'apprit qu'une syphilis assez forte, contractée quatre
ou cinq ans auparavant, ne devait pas être étrangère à cet
événement inattendu, et qu'il n'y avait en dehors d'elle
aucune circonstance qui pût l'expliquer. Je fus de cet avis,
et je le traitai par l'iodure et l'hydrargyre pendant quelques
jours, mais pas assez longtemps pour voir l'effet de la
médication spécifique. On fut obligé de l'interner dans un
asile d'aliénés (1).
Voilà les cas qu'il est réellement difficile de diagnosti-
quer, surtout lorsque la syphilis remonte dans un passé très
lointain, qu'elle est silencieuse depuis longtemps, qu'il
n'existe aucune coïncidence spécifique en dehors du système
nerveux, et ^ue tous les phénomènes qui constituent la
Ssychose, délire, mélancolie, manie, toutes ces incohérences
'idées et d'actes ressemblent à peu près exactement à ceux
qu'on rencontre dans la folie commune. L'embarras sera
encore plus grand si le sujet présente une prédisposition
héréditaire aux vésanies.' Mais dans ce dernier cas, s'il est
bien avéré qu'il est syphilitique, les présomptions étiolo-
giques pencheront vers la maladie constitutionnelle, car
elle frappe de préférence les cerveaux des sujets issus de
cérébropathes.
Au point de vue pratique, et sans nous égarer dans
des subtilités inutiles, posons comme une règle générale
que ce fait aujourd'hui bien établi d'un rapport de causa-
lité entre la syphilis et certaines formes de vésanies,
impose au médecin le devoir de recourir à la médication
spécifique, dans les cas où il ne peut rester aucun doute
sur l'existence d'une infection spécifique antérieure. Peu
(1) Un des cas les plus saisissants de ce çenre, est celui que M. Fournier
rapporte d'après li. Rayer. Il s'agissait d'un liororoc politique bien connu qui fat
pris tout à coup, en sortant de la Ciiambre où il venait de souienir avec «on
talent habituel une iniportanlo discussion, d'une violente crise d'hallucination,
puis d'une véritable attaque de folie. M. Rayer, suspectant la syphilis, proscrivit
un traitement spécifique, et les phénomènes s'atténuèrent presque instantanément.
Guérison rapide et complète qoi oc se démenUt point pendant plusieurs anaées.
— Cependant plus tard, nouvelle cri»e d'accidents cérébraux spécifiques qui ci>ite
fois emportèrent le patient.
U Mai 188d
GAZETTE HEBDOM ADAtRE DE HÉDECIME ET DE CHIRURGIE
— N- âl — 337
importe que la phénoraénalilé psychique emprunte le
masque de la folie ?raie ; du moment que vous ne pouvez
lui découvrir ni lui assigner d*autre cause probable que
la syphilis, hâtez-vous d'administrer Tiodure et l'hydrar-
gyre. Le succès dans maintes circonstances équivoques a
jQstifié et justifiera encore cette sage pratique.
Quelles sont les lésions syphilomateuses, qui donnent
lieu aux cérébropathies avec prédominance psychique?
Présentent-elles dans leur forme, dans leur nature, dans
leur distribution, quel(|ues particularités caractéristiques?
Méningites plus ou moins circonscrites, avec ou sans foyer
gommeux, périencéphalites, sclérose cérébrale, artério-
sclérose, lésions d*ordre commun plutôt que spécifiques,
r'est-à-dire prédominance de la dégénérescence scléreuse
sui l'infiltration purement gommeuse; distribution irrégu-
lîcre de ces lésions sur les deux côtés, mais avec uneaccen-
Ination beaucoup plus accusée sur les lobes frontaux :
(cls sont les désordres matériels qu'on a rencontrés. Il faut
les prendre en bloc et renoncer à établir entre chacun
(Feux et chacun des troubles psychiques qu'ils suscitent
une corrélation pathogénique satisfaisante. Nos connais-
sances sur les localisations cérébrales n*ont pas encore été
poussées jusqu'à ce point.
Le processus des cérébrosyphiloses psychiques, s'il n'est
pas enrayé par le traitement, ce qui est loin d'être rare,
aboutit fatalement à la déchéance et à l'extinction plus ou
moins complète des facultés intellectuelles et morales. Il
traverse de nombreuses péripéties avant d'en arriver là, et
quelquefois une mort plus ou moins rapide par le cerveau
Tempèche d'aboutir au terme extrême de son évolution,
û ordinaire cette évolution est assez lente. Il lui faut plu-
sieurs mois, un ou deux ans pour se compléter.
Que la psychosjpbilose, je ne saurais trop le répéter, ait
débuté par Texcilation ou la dénression, c'e:>t toujours
cette dernière qui finit par prendre le dessus, de même
que la paralysie absorbe les convulsions. Les délires
aigus, les hallucinations, les manies et roonomanies, ne
sont que transitoires. A la longue et quelquefois très rapi-
dement, l'idéalité vésanique devient lourde, languissante
et obscure; elle est remplacée par l'apathie, l'hébétude,
l'imbécillité, l'abrutissement et la démence. Cette méta-
morphose inéluctable quand on ne guérit pas, celte
marche forcée vers une même terminaison commune et la
même foxxv toutes leurs variétés, voilà un des grands traits
de physionomie dans les psychosyphiloses. Aussi le processus
est-il, dans les cas douteux, un élément capital du dia-
gnostic. — Hais, dans cette marche, il y a des intermit-
tences, des rémittences, des arrêts, des retours offensifs,
des recrudescences, en un mot les péripéties si multiples
et si variées que présente toute affection spécifique de
Ya-t-il des psychosyphiloses susceptibles de se terminer
spontanément par la guérison? C'est fort douteux. Tout au
plus seraient-ce celles (}ui sont et qui restent à l'état d'é-
bauche et (lu'on pourrait appeler frustes^ à cause de l'in-
décision, au vague et de la bénignité des phénomènes.
Certains états névropathiques de la période secondaire sont
de ce nombre. Quelques pathologistes qui semblent se com-
plaire à exagérer l'action de la syphilis sur le cerveau,
croient à l'existence fréquente de vésanies spécifiques pen-
dant cette phase de la maladie constitutionnelle. C'est
une erreur de diagnostic et de pathogénie. Il est possible
qu'alors l'ébranlement produit par l'invasion du virus dans
tout l'organisme imprime au système nerveux et en particu-
I lier au cerveau, des troubles qui simulent la folie. Il est
possible aussi qu'il suscite, comme cause occasionnelle, de
. véritables accès de folie chez ceux qui y sont prédisposés
par leurs antécédents héréditaires ou par d'autres circon-
stances étiologiques, etc.; mais il y a loin de là à une
classe particulière de vésanies propres à cette étape du
processus.
La médication ioduro-mercurielle, employée de bonne
heure et avec énergie, peut guérir certaines cérébropathies.
Celles qui se montrent le plus réfractaires à son influence
curative sont précisément les psychosyphiloses. Les délires
passagers, toutes les formes légères de l'excitation dans ses
modalités aiguës et accidentelles, tous ces troubles qui
semblent produits par des fusées transitoires d'hypérémie
autour des principaux foyers morbides, cèdent assez aisé-
ment aux deux spécifiques. Il en est autrement des psycho-
syphiloses dans lesquelles prédominent constamment les
symptômes de dépression, ahébétude, d'incohérence intel-
lectuelle et morale. Celles-là procèdent immédiatement de
syphilomes installés à demeure dans les méninges et dans
le cerveau. Trop souvent elles résistent à tous les moyens
thérapeutiques aue nous dirigeons contre elles.
Aussi sont-elles d'une gravité très grande, car elles
aboutissent la plupart du temps à des infirmités psychiques
absolument incurables. Au plus faible degré, l'intelligence
perd ce qu'il y a de plus délicat en elle, de plus fin, ce qui
constitue pour ainsi dire sa floraison de luxe. Sans se
perdre, elle n'est plus semblable à elle-même ; elle tombe
de la distinction dans la vulgarité. A un degré plus avancé,
une profonde débilité s'en empare, l'étiolé, la flétrit,
diminue ou éteint presque ses qualités fondamentales : la
mémoire, le jugement, l'attention ; détend ou détraque le
ressort moral, émousse et pervertit les sentiments, etc. Ce
n'est pas tout à fait la décadence complète. Ces simples
d'esprit ont encore quelques lueurs dans Tentenderoent.
Mais voici venir une perturbation plus grande, unie à un
affaiblissement plus radical : l'inertie, l'absence de toute
spontanéité, la stupeur, la rareté des pensées et des
paroles, l'hébétude, l'idiotie avec ou sans incohérence, etc.,
tels sont les principaux éléments de cette déplorable dé-
gradation intellectuelle et morale.
Tout ce qui précède démontre clairement combien sont
dangereuses les psychopathies syphilitic|ues. « Je suis per-
suadé, dit H. le docteur Buzzard, qu'il existe un grand
nombre de sujets, qui, à la période moyenne de la vie,
deviennent des incalides chroniques de l* intelligence, par
lé fait de la syphilis du cerveau, t
Dans la plupart des cas, la vie n'est pas menacée d'une
façon immédiate et prochaine. Pourtant il y en a qui, tout
à coup, deviennent tragiques, car au bout de quelques
semaines et même de quelques jours, une attaque de
coma mortel emporte les malades.
11 est donc impérieusement indiqué d'agir vite et avec
vigueur, de diriger contre toutes les psychopathies spéci-
fiques, dès leur apparition et plus tard, tous les moyens
curatifs que nous fournit la médication spécifique. Dans
la période initiale, ils peuvent sauver la situation ; dans la
période d'état, ils la sauvent rarement d'une façon com-
plète; une amélioration relative est tout ce qu'on obtient.
Plus tard, quand les symptômes ne sont pas l'expression
d'un syphilome qui évolue, mais celle d'une lésion qui a
définitivement détruit quelques-uns des foyers du cerveau,
quand ils sont devenus des infirmités, il est inutile de
s acharner contre eux. Ce serait peine perdue. Le mercure
et l'iodure n'ont plus sur de pareils états aucune act'on
curative.
{A suivre,)
346 — N* 22 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
31 Mai 1889
lignes toutes les observations d'aînhum. Elles paraissent
calquées les unes sur les autres; elles se ressemblent à tel
point qu'il nous suffira de donner comme type, pour ne plus
y revenir, le cas que nous communique José Pereira Gui-
maraès. Le nègre brésilien — dont le moule offert à la
Société de chirurgie a été donné par elle au musée de Saint-
Louis — était âgé de vingt-cinq ans ; sa maladie avait débuté
cinq ans auparavant, frappant du même coup le cinquième
orteil des deux pieds; mais la marche du sillon constricteur
ne fut pas la même, et très lente à gauche, elle est au con-
traire rapide à droite où le petit doigt, augmenté de volume,
globuleux, écarté du quatrième orteil, est un peu tordu sur
lui-même de dedans en dehors. La rainure ulcéreuse, qui
entame les tissus du bord interne vers le bord externe, est
très profonde et donne lieu à une sécrétion purulente. L'or-
teil est très mobile et sa contusion provoque des douleurs
vives irradiées vers le nerf saphàoe externe. Et ce sont là
toutes les lésions ; on ne trouve, en aucun autre point du
corps, aucune altération physique ou fonctionnelle.
Notre nègre raconte que son père a perdu le cinquième
orteil des deux pieds et le mal aurait eu, dans ce cas encore,
une évolution analogue à celle à laquelle on assiste main-
tenant : sillon d'abord peu profond à la partie interne et
inférieure du pli digito-plantaire; des ulcérations recou-
vertes de croûtes y apparaissent et se cicatrisent, mais la
rainure se creuse de plus en plus jusqu'à ce que le pédicule
aminci permette à l'orteil de s'engager sous le pied pen-
dant la progression ; les douleurs sont alors très vives ; le pa-
tient ne peut plus marcher et réclame une amputation que
pratique le docteur Guimaraès ; la section ne donne pas de
sang, les collatérales étant atrophiées. Les suites de Topé-
ration furent des plus simples; la cicatrisation complète
en quelques jours permettait au malade de quitter Thôpital.
AvecDa Silva Lima et Guimaraès, l'ainhum restait un cas
e cantonné dans le petit orteil d'une race » — pour me ser-
vir d*une expression de Fontan, — lorsque le docteur Collas
put observer à Pondichéry la même affection sur des sujets
de race hindoue. La localisation du petit orteil était la
même, le sillon constricteur présentait le même aspect;
le doigt, la même forme globuleuse ; la seule différence
entre les faits de Collas et ceux de Da Silva Lima, c'est que
le premier n'a jamais constaté la résorption spontanée de
l'os dans le pédicule, au-dessous de la dépression annulaire;
la tige osseuse était très amincie et tout au plus du dia-
mètre d'un stylet explorateur, mais d'une dureté si grande
que sous les ciseaux de trousse € il éclatait au lieu d'être
coupé >. Cette particularité suffit d'autant moins pour écar-
ter les observations de Collas que plus tard Eugène Rochard
et Quêtant ont publié trois casd'alnhum chez des Hindous,
absolument identiques à ceux de Da Silva Lima : la pha-
lange était aussi résorbée.
L'assertion primitive de Da Silva Lima était donc trop
absolue, et dans un second mémoire publié en 1881, cet
auteur tient pour légitimes les observations recueillies par
Collas à Pondichéry. Mais il fait remarquer que, dans
ce cas comme dans celui de Corre recueilli à Nossi-bé,
le mal s'est développé sur des individus de couleur. Et
cette remarque est importante, car tout à coup la question
de Tainhum a changé de face et après une note de Lanne-
longue à l'Académie de médecine, deux petits mémoires de
Guyot, un travail d'ensemble de Fontan publié dans les
Archives de médecinenavaley ei^aîonlersii même, après une
série d'articles écrits par nous dans la Gazette hebdoma^
daire, on se demande si l'ainhum ne frappe que les noirs
et si l'affection, fréquente au Brésil et sur la côte occiden-
taie de l'Afrique, n'existe pas en Europe avec les mêmes
caractères, mais décrite sous un autre nom. Guyot, Fontan,
nous-même, avons répondu par l'affirmative. M. Proust,
cette année même, s'est rallié à cette opinion, ainsi que
Vidal et Leloir dans un livre encore inédit.
L'ainhum européen ne serait autre que les malformations
connues sous le nom d'amputation congénitale ou sponta-
née. On constate parfois chez les nouveau-nés l'existence
d'un moignon résultant de la section d'un orteil, d'un doi|;t,
d'une jambe, d'une cuisse même, et parfois on a trouTé
dans le délivre la partie d'organe séparée pendant la vie
intra-utérine. Mais l'amputation n'est pas toujours consom-
mée et, dans certains cas, à côté du membre incomplet, il
existe un sillon de profondeur variable qui étrangle un
doigt, un orteil, une partie quelconque d^un bras ou d'une
jambe. Ajoutons que ces rainures circulaires sont rarement
les seules malformations qui affligent le petit sujet et^ le
plus souvent, elles coïncident avec un spina bifida, un pied
bot, et surtout unesyndactylie. Les nombreuses observations
que nous avons colligées sont bien remarquables à cet égard
et nous n'en avons pas rencontré une seule où la stricture
fût l'unique lésion.
II
Pourassimilerdeuxlésions,aupremlerabord si dissembla-
bles, on a commencé par invoquer l'anatomie pathologique et
la pathogénie. L'anatomie pathologique, cependant, ne plaide
guère en faveur de l'identité ; les examens de Wucherer et
Da Silva Lima, ceux de Cornil, de Corre, d'Eugène Rochard
et Bonnafy, qui se rapportent à des cas indiscutables
d'aînhum, nous montrent, dans le petit orteil, une dispa-
rition de la phalange, une résorption presque complète de
la phalangine et une diminution de volume de la phalan-
gette. Le tissu osseux, les tendons, les ligaments, sont rem-
placés par d'abondantes masses graisseuses, ce qui a fait
comparer à des lipomes les orteils atteints d'aînhum.
Nous n'insistons pas, car dans tous les examens les lésions
sont identiques. Dans le cas de Despetis étudié par Ester,
le sillon à stricture est succinctement et obscurément décrit,
mais on démêle dans ce texte peu clair que la couche
cornée de l'épiderme est fort épaissie ; le corps de Malpighi
est atrophié et le derme, sans papilles, recouvre les trous-
seaux fibreux qui constituent le pédicule; ces trousseaux
ont une direction antéro-postérieure.
L'examen de Rochard et Bonnafy, qui date de 1883, est
plus précis; il concorde d'ailleurs avec celui de Despetis;
on note la même résorption de la phalange et de la pha-
langine, la même néoformation de tissu graisseux; h'
pédicule présente la même constitution, et, si nous en
croyons la figure annexée au texte, nous voyons un épidémie
très épaissi, un derme à peu près normal, mais avec des
papilles effacées; à la place de l'os, on trouve un faisceau
fibreux résistant, à direction antéro-postérieure. Kous
allons voir que les altérations des amputations congénitales
sont fort différentes. Les recherches d'ailleurs n'ont encore
porté que sur le sillon constricteur ; les parties sous-
jacentes, celles qui dans l'ainhum se caractérisent par des
atrophies osseuses et des substitutions graisseuses, n'ont
pas été étudiées dans les amputations congénitales. Força
nous est donc de ne parler que la dépresion annulaire*
En 1883, Suchard a examiné une bride congénitale qu6
31 Mai i889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- N« 22 — 347
nous lui avons remise. Elle étreignait la jambe d'une fillette
de sept mois ; nous l'avions enlevée par une opéralion, la pre-
mière de ce genre, croyons-nous. Au-dessus et au-dessous du
sillon constricteur, Suchard n*a constaté aucune lésion de la
peau souple et bien nourrie; les glandes y sont intactes et
les papilles normales. Au niveau du sillon, Tépiderme est
sain, mais le derme a subi d'importantes' modifications; il
n'y a plus, dans son épaisseur, d'alvéoles pleins de graisse;
à leur place, on trouve la trame serrée d'un tissu fibreux
néoformé, dont les faisceaux, perpendiculaires à l'axe du
membre, constituent en ce point un tractus d'une épaisseur
considérable. Ces lésions sont identiques à celles que
Suchard avait déjà constatées d'après les pièces fournies
par Guyot. Je sais bien que ces pièces sont étiquetées
f alnhum », mais à tort, selon nous, et nous démontrerons
sans peine qu'il s'agit là d'amputations congénitales
observées chez des individus de race colorée.
Les différences sautent aux yeux: dans l'ainhum, nous
trouvons, sans parler de la dégénérescence graisseuse de
l'orteil et de la résorption des os sous-jacents à la
slricture, un épaississement remarquable de la couche
cornée de l'épiderme qui, en certain point, forme un véri-
table durillon, puis une atrophie de la couche muqueuse de
Malpighi, un affaissement des papilles, un amincissement
du derme ; enfin, au-dessous de la peau, un trousseau
fibreux, à direction anléro-poslérieure,et qui s'est substitué
à l'os résorbé. Dans les amputations congénitales, l'épiderme
estnorinal, il n'a subi aucun épaississement de la lame cornée,
aucune atrophie de la couche muqueuse; le derme, au lieu
d'être aminci, est au contraire considérablement hyper-
trophié, envahi qu'il est par des faisceaux fibreux, disposés
en demi-cercle et tendus transversalement, par conséquent
perpendiculaires à l'axe du doigt; ce tissu fibreux diffère
donc de celui de l'ainhum par son siège dans le derme
et non plus dans les couches sous-cutanées, par sa direction
transversale et non plus antéro-postérieure, par ses eflets,
puisque Tun laisse l'os intact et l'autre se substitue au sque-
lette de l'orteil.
Les arguments tirés de la pathogénie nous paraissent
moins sérieux encore; on ne sait rien sur les causes qui
président au développement de l'ainhum. Pereira Guimaraès
veut y voir une gangrène particulière due au spasme, non
démontré d'ailleurs, des vaisseaux qui se rendent à l'orteil;
Collas croit à une manifestation de la lèpre amputante, mais
la masse des observations lui donne tort. Dupouy invoque
une altération trophique et il appuie celte hypothèse c sur
des douleurs assez vives ressenties dans la région lombaire
par deux malades atteints d'aînhum t^. On voit le vague de
ces hypothèses; aussi l'imagination peut se donner libre
carrière et certains auteurs n'y ont pas manqué; ils ont
déclaré tout d'abord que l'ainhum était une affection d'ori-
gine nerveuse, puis ils ont décrété qu'il en était de même
des amputations congénitales, dont on a fait une sclé-
rodermie annulaire. Nous n'oserions y contredire, mais
celte théorie nerveuse des amputations congénitales est
tout entière à prouver, tandis que la théorie mécanique
compte déjà en sa faveur nombre d'observations péremptoires,
et depuis le célèbre travail de Montgomery, on a multiplié
les exemples où l'on a pu démontrer, pièces en main,
l'existence des adhérences vicieuses, d'une bride fibreuse
partant de l'œuf et cause indiscutable des sillons creusés
sur les doigts, les orteils ou les membres. Lannelongue,
en 1883, en a fait publier quelques cas nouveaux et remar-
quables. Aussi dirons-nous qu'assimiler l'ainhum aux am-
putations spontanées en s'appuyant sur l'anatomie patho-
logique et sur la pathogénie, c'est bâtir une hypothèse sur
une erreur et sur une autre hypothèse.
III
Si l'anatomie pathologique et la pathogénie font défaut
aux unicistes, sont-ils plus heureux avec la clinique?
Guyot et Fontan ont publié de nombreuses observations qui
nous avaient séduit tout d'abord. Nous avions cru y voir, avec
leur auteur, des étapes successives qui semblaient conduire
de l'aïnhum aux amputations congénitales. Mais ces obser-
vations, nous les avons toute relues, et nous partageons
maintenant l'avis d'Eugène Rochard qui, lors de leur publi-
cation, protesta contre l'étiquette qu'on leur donnait et les
conclusions que l'on en tirait. Pour lui alors, comme pour
nous à cette heure, les cas de Guyot et de Fontan sont des
observations banales d'amputation spontanée et il n'en est
pas une, si on l'examine avec soin, qui s'écarte du type
ordinaire des exérèses congénitales.
Prenons en effet les caractères cardinaux de l'ainhum et
des amputations congénitales. En premier lieu l'aïnhum
n'atteint que les adultes et les amputations spontanées sont
congénitales par définition même. Dans les soixante ou
quatre-vingts observations que nous avons colligées dans
les mémoires de Da Silva Lima, de Pereira Guimaraès,
dans la thèse de Despetis, de Brédian, dans les Archives
de médecine navale^ nous ne trouvons pas un seul cas o\ï
le malade atteint d'aînhum ait moins de douze ans. Depuis
1869 les faits s'accumulent et cette loi ne compte pas
encore une seule exception. Au contraire le syndrome
décrit sous le nom d'amputation spontanée est toujours
çongénitiiL 11 ne se trouve ni dans Guyot, ni dans Fontan,
un seul fait qui contredise notre assertion; il y a bien la
fameuse obseiTation de TArabe Saïeb, où des lésions mul-
tiples, des amputations et des striclures auraient apparu
après la naissance, mais les commémoralifs y sont vraiment
trop obscurs et trop contradictoires. Le malade n'attribue-
l-il pas les mutilations du pied et de la main à des blessures
de guerre reçues lorsqu'il avait quinze ans? Aussi pouvons-
nous conclure qu'on n'a jamais vu l'amputation isolée du
cinquième et du quatrième orteil seuls survenir avant la
puberté; jamais on n'a vu les malformations multiples
des amputations spontanées apparaître après la naissance.
L'aïnhum est exceptionnel chez la femme. Ce deuxième
caractère ressort de tous les faits publiés par les médecins
brésiliens et par les chirurgiens de marine, tandis que rien
de semblable n'a été noté pour les amputations spontanées
qui atteignent indistinctement les deux sexes, et les trois
cas que nous avons vus frappaient desfillettes. Le troisième
caractère, l'aïnhum ne se montre que dans les races colo-
rées, caractère qui constitue le fond même du débat, a
triomphé de tous les assauts. Qui, en France ou en Europe,
a publié depuis 1867 un seul cas où l'amputation congé-
nitale, notre aïnhum occidental, s'il fallait en croire Fontan,
ail apparu après la puberté et se soit borné à frapper le
cinquième et le quatrième orteil comme chez le nègre?
Personne à notre connaissance; les brides annulaires
étreignent les doigts de la main, la jambe, la cuisse et
même les pieds, mais jamais isolément les deux orteils
de l'aïnhum. Ces mêmes observations sont valables pour
démontrer l'exactitude du quatrième caractère différentiel :
348
N» 22
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
31 Mai 1880
le siège exclusif de raïnhum aux deux derniers orteils et
les lésions disséminées des amputations congénitales.
Enfin, il n'est pas jusqu'à la marche de l'exérèse
spontanée qui n'ait dans les deux cas une allure diffé-
rente : dès qu'un orteil est frappé d'aïnhum, le mal marche
d'un pas inégal peut-être et très souvent fort lent vers une
amputation fatale, et, si l'ulcéralion met parfois dix ans à
détacher l'orteil, le résultat du moins en est toujours assuré.
Dans les malformations congénitales au contraire le sillon
constricteur a la plus grande tendance à rester stalionnaire
et je ne sache pas qu'il existe un cas publié où le chi-
rurgien ail assisté lui-même à l'amputation spontanée.
Dans l'une des observations de Lannelongue,les parents
disent que les trois premiers orteils, étranglés h la nais-
sance, tombent successivement dans la première quinzaine
de la vie extérieure; dans un fait de M. ïréiat le malade
affirme que vers sept ou huit ans il perdit deux orteils du
pied droit. Dans un cas de Menzel l'amputation du médius
eut lieu à quarante-quatre ans, mais à la suite d'une frac-
ture de l'os, et ce fut le chirurgien qui pratiqua l'exérèse^
Enfin, dans un fait de Guyot, une femme de Panaupa,
atteinte des multiples lésions des malformations congéni-
tales, prétendit que son médius était tombé spontanément,
il y avait environ quatre années de cel^.
Et voilà tous les cas que nous avons recueillis d'ampu-
tations survenues après la naissance chez des individus
atteints de sillons constricteurs d'origine congénitale. Ou
voit leur extrême rareté opposée à la grande fréquence des
exérèses spontanées dans l'aînhum. Il n'y a donc pas une
seule des affirmations de Guyot et Fontan qui résiste à
l'analyse; leurs prétendues observations d'aïnhum sont
des faits ordinaires d'amputation congénitale; aussi leur
plaidoyer, habile et subtil, rappelle-t-il un peu le procédé
employé il y a quelque cinquante ans pour assimiler à
une poire la tête de Louis-Philippe. Les deux extrêmes,
la poire et la tête du roi, étaient parfaitement ressemblants,
mais la longue série des intermédiaires imaginés par le
carricaturisle pour arriver d'un type à l'autre n'existait pas
plus dans la nature que les prétendus faits d'aïnhum
européens.
N'oublions pas d'ailleurs que nos savants confrères du
Hrésil ont lu nos travaux et connaissent toutes nos hypo-
thèses : depuis 48G7 ils ont continué leurs recherches j ils
ont pu contrôler nos assertions; or les nombreuses publica-
tions de Pereira Guimaraès, l'observation qu'il vient de
nous envoyer, les divers mémoires de Da Silva Lima
concluent tous à l'entité morbide de l'aînhum, affection
du cinquième et du quatrième orteil des nègres adultes.
Aussi la conclusion s'impose et à cette heure nous croyons,
avec nos confrères du Brésil, avec le professeur Trélat qui
combattit l'identité dès le premier moment, avec Eugène
Rochard, qui, il y a six ans, mena résolument la bataille,
qu'on ne saurait ranger dans un même cadre deux affections
qui diffèrent à tant de points de vue; l'aînhum et les ampu-
tations congénitales sont deux lésions absolument dissem-
blables. Paul Reclus.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Ile In créoaote dans In dyspcpale llatalcnlc*
A titre d'antiseptique, cette substance a été recommandée
pour diminuer les fermentations. A cet effet, il est utile de
l'associer à un sel alcalin. M. Pepper a donné la formule
de l'émulsion suivante :
Créosote pure de hêtre X gouttes.
Bicarbonate de soude 8 grammes.
Gomme pulvérisée q. s.
Eau 150 grammes.
Administrer une cuillerée à café une heure après le npa^.
Existe-t-il de l'atonie stomacale et de l'insuffisance de
sécrétion du suc gastrique? On peut prescrire ringes!ion,
une heure après le repas, d'une des prises suivantes :
Pepsine i grammes.
Créosote X gouttes.
Sous-carbonale de bismuth...» 4 grammes.
M. s. a. cl divisez en trente paquets, que Ton enveloppira
au besoin dans un cachet ou dans une capsule gélatineuse.
Ch. Éloy.
♦
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Faculté de médecine. — Cours de pathologie interne
M. LE professeur Dieulâfoy.
filyphillM da ponmon et de la plèvre.
(ficçons recueillies par le docteur Fernand Widal, iiileni»'
des hôpitaux.)
(Suite. — Voyez les n" 18, 19, 20 et -21.)
4» Pneumopathie syphilitique combinée à une tuber-
culose du poumon qui lui est antérieure ou postérienre.-
II est des cas encore assez nombreux où la syphilis du pou-
mon est combinée à la tuberculose du même organe. Celle
association tuberculo-syphilitique, suivant rexpressiori de
M. Potain, peut se faire de deux façons différentes :
a. La syphilis survient chez un tuberculeux avéré, -
La vérole aggrave toujours la tuberculose en conlribuaiilà
Fanémie et à la débilitation déjà existante de Torganisme
et en nécessitant un traitement dont l'application mal diri-
gée peut avoir les effets les plus funestes sur Téconomie.
Dans une clinique de M. Polain que j ai déjà eu rocra-
sion de vous citer, vous trouverez un bel exemple de
tuberculose pulmonaire aggravée par Tinlervention de la
syphilis.
b. La tuberculose apparaît chez un syphilitique. -
C'est seulement à la période tertiaire de la syphilis que la
tuberculose fait en général son apparition. Je vous ai mon-
tré dans mes précédentes leçons comment une syphilide
laryngée ulcérée pouvait déterminer la fixation du oacille
de Koch, dans la profondeur de la muqueuse ; c'est par
un procédé analogue que chez un individu sain et vigou-
reux, exempt de tout antécédent tuberculeux, une syphilide
tertiaire du poumon peut devenir prétexte à réclosion de
tubercules dans cet organe. Voilà qui vous explique pour-
quoi, après avoir longtemps cherché en vain le bacille de
Koch dans les crachats de malades porteurs de gommes
pulmonaires, vous pourrez finir par le rencontrer un jour.
Si, dans un même poumon, le tubercule s'unit ainsi au
syphilome, ne croyez pas qu'il existe un état anatomique
hybride, combinaison de ces deux lésions, sous forme de
scrofulate de vérole, comme disait Ricord. La lésion syphi-
litique et la lésion tuberculeuse naissent, se développe»^
évoluent côte à côte, mais séparément et chacune pour
leur compte. Vous en trouverez la preuve dans le rapport
que M. Potain a fait d'une autopsie où il rencontra des
tubercules disséminés autour d'un bloc de pneumonie
blanche syphilitique.
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 22 — 319
Ce que je viens de vous dire des rapports de la tubercu-
lose et de la syphilis pulmonaire nous permet de para-
phraser le viel adage de Niemeyer et de dire < que le plus
grand danger pour un phthisique syphilitique est de devenir
tuberculeux >.
ïf Syphilis pulmonaire héréditaire précoce ou tardive.
— J'arrive à la grande question de Thérédo-Syphilis.
La syphilis héréditaire du poumon est précoce ou tardive.
Précoce, elle n'est plus à démontrer aujourd'hui. C'est
celle que Ton rencontre chez les mort-nés et chez les en-
fants qui ont vécu quelques mois : elle n'a guère qu'un
intérêt anatomo-pathologique.
Depaul avait déjà observé chez le fœtus syphilitique por-
teur d'altérations cutanées ou viscérales cette lésion du
poumon que Virchow devait étudier plus tard sous le nom
de pneumonia alba.
Cette pneumonie blanche, bien décrite encore par Parrot
en 1877 et plus lard en 4879 par M. Cornil chez les enfants
morts au cinquième, sixième ou septième mois, caractérise
lu cachexie syphilitique du nouveau-né, au même titre que
le foie silex de Gûbler. Elle est bien nommée pneumonie
blanche, car son tissu est blanc ou grisâtre.
La lésion est tantôt disséminée, sous forme lobulaire,
tantôt confluente sous forme pseudo-lobaire. Les nodules
hépalisés sont lisses, durs, denses» crient sous le scalpel et
tombent au fond de l'eau.
Les désordres histologiques peuvent se résumer en trois
mots : épaississement des |)arois des bronchioles et des
alvéoles, lésions de pneumonie épithéliale et desquamative
dans l'intérieur même des alvéoles dont les cellules sont
tombées en dégénérescence granulo-graisseuse.
Tardive^ la syphilis héréditaire du poumon est moins
'bien connue, mais aussi beaucoup plus intéressante. Elle
existe comme celle du larynx dont M. Fournier a pu réunir
une dizaine de cas. La localisation pulmonaire est peut-être
moins fréquente, puisque en 1886, sur un total de deux
cent douze cas relatifs à divers accidents de syphilis héré-
ditaire tardive, M. Fournier, dans son livre sur la syphilis
yréditaire tardive, n'avait pu réunir que cinq observations
de phlhisie hérédo-syphilitique. On peut déjà la voir sur-
venir quelques mois après la naissance, mais elle apparaît
le plus souvent vers la sixième ou septième année, quel-
quelois dans la vingtième et peut-être même dans la qua-
rantième année (un cas de Lancereaux). C'est donc le plus
souvent un accident de la seconde enfance, de la jeunesse
et quelquefois même de l'âge mûr.
Messieurs, je ne vous dirai rien des lésions scléro-gom-
meuses de la syphilis pulmonaire héréditaire tardive. Elles
sont calquées sur celles de la syphilis acquise; j'éviterai
donc les répétitions en ne vous les décrivant pas.
Je me bornerai à vous ciler un certain nombre d'observa-
tions, vous prouvant que des gommes pulmonaires peuvent
se développer chez des sujets de la seconde enfance, uni-
quement parce qu'ils sont issus de parents syphilitiques.
M. Fournier, dans son livre déjà cité, a rapporté l'his-
toire d'un enfant de sept ans qui, atteint de lésions hérédo-
syphilitiques, mourut par hasard d'une maladie aiguë
intercurrente. A l'autopsie il trouva trois petites gommes
pulmonaires qui, pendant la vie, n'avaient donné lieu à
aucun trouble morbide.
M. Lannelongue et M. Lancereaux ont observé chacun un
cas analogue. La constatation de gommes pulmonaires
faite par eux chez les hérédo-syphililiques fut une surprise
d'autopsie.
Dans le livre de M. Fournier vous trouverez encore une
observation du docteur Latly ayant trait à une fillette de
huit ans manifestement hérédo-syphilitique et sœur de
plusieurs enfants également infectés de syphilis hérédi-
taire. Cette petite malade fut prise d'une pneumopathie
ayant tous les symptômes de la gangrène pulmonaire; elle
éliminait ses produits gommeux par des crachats couleur
lie de vin et d'une horrible fétidité. L'enfant guérit et
l'évacuation de ses gommes fut suivie d'un retrait énorme
de l'une des moitiés du thorax,
{A suivre,)
HÔTEL-DIEH. — SERVICE DE M. LE DOCTEUR KIRMISSON
Rll«
iielpfl.
Le traitement du pied bot congénital a de tout temps
attiré l'attention des chirurgiens, qui, par toutes les mé-
thodes de traitement, se sont efforcés de remédier à cette
terrible difformité. Aussi les procédés se sont-ils multipliés
en suivant en quelque sorte l'évolution pathogénique de
celte affection. Comme l'a fait remarquer, dans deux ré-
centes leçons, H. Kirmisson, chargé (lu cours de clinique
chirurgicale de l'Hôtel-Dieu, les orthopédistes anciens met-
taient tout sur le compte des tendons et la ténotomie était
alors la seule opération en faveur. Plus récemment, ce sont
les os qui ont été incriminés et les tarsectomies, les tarso-
tomies antérieures ou postérieures se sont répandues dans
la pratique chirurgicale, peut-être au détriment des procé-
dés orthopédiques, et sans donner toujours le résuljtat qu'on
en attendait. 11 est bien certain qu'il existe des déforma-
tions osseuses, et notamment une inclinaison du col de
l'astragale avec saillie de la tête de cet os qui nécessitent
une résection osseuse; mais dans bien des cas, et particu-
lièrement chez les enfants, cette déformation n'est pas assez
caractérisée pour empêcher le redressement, et ce sont les
parties molles de la partie interne du pied qui opposent le
plus grand obstacle à la réduction. Si on examine la face
plantaire d'un tout jeune sujet atteint de pied bot varus
équin, on voit au niveau de l'articulation de I astragale avec
le scapholde un sillon angulaire et profond qui dénote des
adhérences entre les parties profondes et les parties super-
ficielles; si on fait alors des manœuvres pour mettre le pied
dans la rectitude, on voit tous les tissus du bord plantaire
se tendre et pâlir sous les tractions comme s'ils étaient
prêts à se rompre. Peau, tissu cellulaire, aponévrose plan-
taire, ligaments sont soudés, adhérents entre eux et formant
un faisceau de parties rétractées qui maintient le pied dans
son attitude vicieuse.
M. Kirmisson s'est attaché à faire ressortir ce point par-
ticulier et l'a démontré sur trois petits malades traités dans
son sei*vice. Il a même insisté sur l'efficacité du massage
et des manipulations qui permettent de ne pas avoir recours
à une opération sanglante quand il s'agit d'un enfant qui
vous est amené immédiatement après sa naissance. Les
manœuvres de redressement commencées dès la fin du
premier mois, combinées avec le port de petites gouttières en
gutta-percha, suffisent pour amener en dix ou douze se-
maines une amélioration considérable ainsi que cela est
arrivé pour le premier enfant, qui, atteint d'un varus
équin double très prononcé, avait au bout de deux mois de
traitement le pied presque dans l'axe de la jambe. Mais
chez un enfant plus âgé, qui a fait des tentatives de marche,
chez lequel le poids du corps de l'enfant a augmenté la
difformité, et dont les tissus sont beaucoup moins souples,
les manipulations ne peuvent suffire. Force est alors de
recourir à une opération sanglante, qui devra être propor-
tionnée à rétendue de la déformation. Il faudra, dans cer-
tains cas, pratiquer une ou plusieurs ténotomies; dans
d'autres, faire suivre ces sections tendineuses d'une résec-
tion osseuse, ou mieux d'une opération ayant pour but, tout
en coupant les parties molles, d'ouvrir parla même incision
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une articulation qui permettra par l'écarlement des sur-
faces articulaires de remettre le pied dans une bonne
altitude. C'est ce qu'a réalisé un élève de Sayre, le docteur
Phelps, dans une opération que nous décrirons tout à
riieure et qui a déjà été pratiquée quatre fois par M. Kir-
misson avec les meilleurs résultats.
II s'agissait dans ces différentes observations de pieds
bots congénitaux (difformité dont nous voulons seule-
ment nous occuper pour le moment) oui avaient subi,
à Texception d'un seul, l'extirpation de Tastragale. Cette
ablation osseuse avait, il faut le dire, donné chez ces jeunes
enfants des résultats très médiocres, ce qui tient à deux
causes principales qui ont été mises en relief par M. Kirmis-
son dans plusieurs leçons, et qui sont les suivantes : la non-
efficacité d'une opération quelconque dans la cure d'une
difformité, si l'intervention n'est pas suivie d'un traitement
méthodique par les appareils et la non-utilité de l'extirpa-
tion complète de l'astragale dans les pieds bols varus
équins congénitaux.
L'opération de Phelps est surtout connue depuis le con-
grès de Copenhague (1884) dans lequel son auteur en a
présenté dix-huit observations. Elle a fait fortune en Amé-
rique, en Allemagne, et à Copenhague où Lévy a obtenu
neuf succès; mais elle n'avait pas encore été pratiquée en
France ou du moins il n'y en a pas encore eu avant celle
du docteur Kirmisson une seule observation de publiée. Elle
a pour but de sectionner à ciel ouvert les parties molles et
d'ouvrir l'articulation astragalo-scaphoïdienne. Pour arri-
ver à ce résultat, on pratique au niveau de l'interligne arti-
culaire cité plus haut et correspondant à la coudure angu-
laire du pieu et à un sillon très prononcé chez les jeunes
sujets, une incision verticale de 3 à 4 centimètres qui a
l'étendue de toute l'épaisseur au bord interne du pied. Le
bistouri coupe successivement la peau, l'aponévrose plan-
taire, les tendons des jambiers et les ligaments de l'articu-
lation astragalo-scaphoïdienne. Cette section se pratique
facilement, sans déterminer d'hémorrhagie, si ce n'est un
écoulement sanguin insignifiant par une très petite collaté-
rale de la plantaire interne. Cela fait, on redresse le pied
qui se laisse aisément replacer dans une bonne attitude.
Phelps n'est du reste pas exclusif et dans les cas extrêmes
où celte incision ne pourrait suffire, il recommande, comme
l'a fait une fois M. Kirmisson, de pratiquer une tarsectomie
externe, d'enlever un coin du massif osseux du côté opposé ;
ce qui permet alors aux surfaces articulaires de l'astragale
et du scaphoïde de se séparer par leurs bords internes en
bâillant et au pied de se remettre dans son axe antéro-
fiostérieur. Cette pratique est tout à fait exceptionnelle et
e simple écartement en forme de coin (jue permettent l'in-
cision verticale et l'ouverture de l'articulation astragalo-
scaphoïdienne doit suffire dans presque tous les cas.
On tamponne alors la plaie avec de la gaze iodoformée et
on applique un appareil plâtré bien fait, maintenant le pied
dans la rectitude pour redresser définitivement l'attitude
vicieuse. Il est bien entendu que l'équinisme, s'il existe,
devra être corrigé par la section sous-cutanée du tendon
d'Achille.
Les suites de cette opération sont absolument simples,
tellement simples même que l'enfant peut quitter l'hôpital
dans les bras de sa mère pour retourner chez lui et même
partir pour la province* comme il nous a été possible de le
constater.
Au bout de vingt jours ou un mois, on enlève la gouttière
plâtrée avec le premier pansement, et l'on trouve la plaie
complètement ou à peu près cicatrisée, le pied étant dans
une attitude parfaite. L'espace libre laissé par l'écarte-
ment des surfaces articulaires s'est comblé et il sera inté-
ressant de voir la transformation que subiront plus tard ces
tissus de nouvelle formation, et de constater s'il y a de ce
côté une production soit cartilagineuse, soit osseuse.
Dans les quatre opérations pratiquées par M. Kirmisson
les suites ont toujours été extrêmement simples. L'enfan
n'a pas souffert un seul moment. Ajoutons que nous avon
suivi les petits malades, dont l'un est encore dans le servie
en observation, et qui a été opéré le 19 février 1889, il y
par consé(juent plus de trois mois. Nous avons revu il v
quelques jours un autre petit garçon opéré le 7 mars. Ce
ueux enfants ont aujourd'hui le pied dans une atlitud
parfaite.
Eugène Rochard,
Chef de clinique ckirurficale.
TRAVAUX ORIGINAUX
Syphlliographle.
Folie et paralysie générale syphilitiques, parM.Charlei
Mauriac, médecin de l'hôpital du Midi.
(Fin. — Voyez les n«» 20 et 21.)
Deuxième partie. — Paralysie générale syphilitique.
Au milieu de la multiplicité innombrable des phéoo-
mènes que la syphilis fait naître quand elle s'empare do
cerveau, peut-il se produire quelquefois des combinaison^
plus ou moins fortuites, présentant la physionomie, les
allures, la marche, la terminaison de cette grande maladie
nerveuse qu'on désigne sous le nom de paralysie généraUl
Ou bien la syphilis est-elle capable de créer par elle-même,
directement, sans le secours d aucune autre influence élio-
logique, à l'aide des seules lésions oui lui sont propres,
une entité morbide absolument semblable à la paralysie
générale?
Entre la paralysie générale d'origine syphilitique,
si tant est qu'il existe réellement un syndrome qui mérite
ce nom, et la paralysie générale vraie, exempte de loute
teinte spécifique, y a-t-il une telle identité de manifestations
phénoménales et de lésions anatomiques, que les deux
aflections n'en doivent faire qu'une, Qu'elles ne pré-
sentent entre elles d'autre différence que leur étiologie? ,
Telles sont, dans le domaine des cérébropalbies, les^
questions qu'on agite, qu'on discute, qu'on tente de ré-
soudre (1). '
En 1878, dans mon Mémoire sur les affections syfh\l\-\
tiques précoces du système nerveux^ j'avais abordé cal
problème, et je m'étais formellement prononcé contre l'aki
sorption par la syphilis du type classique de la paralysie]
générale. Ma conviction dans ce sens n a fait que s'accen^
tuer. Je maintiens, aujourd'hui comme alors, que in
syndromes plus ou moins analogues à cette maladie, m
l'action syphilitique a fait naître par des désordres méning(H
encéphaliques n'émanant que d'elle, sont trompeurs; qu'il!
ne nous en donnent qu'une fausse image, etquel'aulonomià
de la vraie paralysie générale, si accentuée dans sesgrandc8|
lignes, si précise dans ses détails, si saisissante dans soBi
ensemble, n'a été ni détruite ni même entamée par la raH
ladie constitutionnelle. Qu'on ne s'étonne pas toutefois quiH
y ail eu méprise sur ce point capital de pathologie nerveuse.i
Plusieurs causes ont contribué à la produire. La prenîière,|
c'est qu'il n'est pas impossible (jue la paralysie général«|
vraie se développe chez des syphilitiques, sans que l'infectioo
ancienne ou récente y soit pour rien; il en est alors d'ella
comme de ces vésanies pures, dégagées de toute spécificité,
qui surviennent parfois dans les mêmes conditions. U
seconde, c'est que le syndrome pseudo-paralytique, q^^^ est
exclusivement l'œuvre de la syphilis, arrive dans quelques
(1) Cette question a été mise au concours par l'Acadôniio de médecine. »•
docteur E. jjfesnct, rapporteur de la Commission, a fait sur les mémoire" r
scotés un remarquable travaU intitulé : happort» de la paralt/iie générale e(
la syphiliM cérébrale, lu à rAcadémie de médecine le 13 octobre i^*
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N' 22 — 351
qu'il est permis de s'y tromper, surtout lorsqu'on n'en voit
que certaines phases, et qu on ne l'embrasse pas dans la
totalité de son évolution. La troisième, c'est que l'impulsion
si puissante donnée par les recherches modernes à l'étude
des cérébropatbies syphilitiques, a peut-être dépassé son
but; elle a créé des palhologistes trop fervents, que leur
zèle emporte au delà de la clinique positive et de l'interpré-
tation raisonnable. Ils ont rêvé et poursuivi à outrance la
conquête du cerveau par la syphilis.
D'autres palhologistes, qui étaient nombreux autrefois,
mais le deviennent de moins en moins, tombèrent dans un
excès contraire ; ils passaient sous silence la syphilis dans
Téliologie de la paralysie générale, ou bien ils ne faisaient
quela mentionner et, visiblement, la regardaient comme une
quantité insignifiante et négligeable. I^ous ferons tous nos
efforts pour rester sur ce terrain scabreux dans la juste
mesure qui répond à la réalité des faits.
Fréquence.— Il est évident tout d'abord que si la syphilis
jouait dans l'étiologie de la paralysie générale le rôle pré-
pondérant qu'on lui attribue, on devrait la trouver chez la
plupart de ceux qui sont atteints de cette dernière alTection.
Celle fréquence serait une preuve qui, sans être absolu-
ment convaincante, attesterait cependant l'existence de
relations plus ou moins étroites entre ces deux maladies.
Enesl-il ainsi? D'après M. le professeur Fournier, qui a
écrit des pages excellentes sur la pseudo-paralysie générale
Sjfphiiitique, s'il est avéré que la syphilis aboutit parfois à
ta paralysie générale, elle ne le fait [)as d'une façon qui
soit assez habituelle pour devenir significative, pour attes-
ter par évidence numérique un rapport de causalité.
Les statistiques allemandes nous fournissent les résultats
les plus différents au sujet de la proportion des paralytiques
généraux atteints de syphilis. Cette proportion varie entre
12 et 78 pour 100. Il en est de même dans les documents
recueillis en Angleterre, en Amérique et en Danemark.
En France on a trouvé que cette proportion était peu élevée,
qu'elle oscillait entre 4 minimum ei9 maximum. Que con-
clure de ces chiffres? nous nous bornerons à dire comme
M. Mesnet et avec un des auteurs dont il analyse le mémoire
dans son rapport, que la syphilis est assez fréquente chez
les paralytiques généraux.
Êtiologie. — Ce résultat un peu vague étant admis, qu'en
conclurons-nous? Quel rôle en faut-il déduire pour la
syphilis, dans l'étiologie de la paralysie générale? La met-
trons-nous sur la même ligne que l'hérédité nerveuse, le
surmenage, l'alcool, les excès cérébraux ou autres, Tépui-
sement nerveux quelle qu'en soit la cause, et tant d'in-
fluences nocives d'ordre commun, qui sont les causes
acceptées de cette affection? Lui attribuerons-nous, au
contraire, un rôle capital et tout à fait en dehors de
son action dépressive ou anémiante, etc., un rôle toutspéci'
fi(jue? Les facteurs généralement reconnus ne seraient-ils
alors que de second ordre, et incapables d'arriver à pro-
duire la paralysie générale, sans la puissante intervention du
virus syphilitique? Ce virus, à lui seul, ou secondé par
d'autres influences vulgaires, serait-il la cause suprême de
la maladie? Eh bien, non; celte manière de voir est insou-
tenable. S'il se produisait semblable paralysie générale, par
cette intervention 5in^ qud non. mystérieuse et inexplicable
du virus, où en seraient l'unité, l'autonomie de cette affec-
tion dans ce qu'elle a de légitime et devrai? Elle flotterait
à la merci de la première syphilis venue. Mais ce n'est pas
ainsi que les choses se passent. La syphilis réalise sans systé-
matisation préméditée, et comme par un ieu tout à fait
exceptionnel du hasard, un ensemble de trouoles psychiques
et moteurs qui se combinent à certains moments' de ma-
nière à faire illusion, mais qui ne reproduisent que sous
forme d'ébauche imparfaite et à gros traits la physionomie
si complexe et si caractéristique de la vraie paralysie gêné*
raie.
Le rang numérique qu'occupe la pseudo-paralysie géné-
rale syphilitique parmi les autres formes des cérébrosyphi*
loses, est fort peu élevé. Elle est beaucoup moins fréquente
que les formes hémiplégiques, aphasiques et coiivulsives. En
m'en rapportant à mon expérience personnelle, je trouve
qu'on la rencontre nettement formulée, quarante fois moins
souvent, à peu près, que le syndrome aphasie avec hémi-
plégie droite. Peut-être cette proportion est-elle encore trop
forte.
Sur la quantité innombrable desyphilis oui se contractent,
il n'y en a qu'un nombre relativement rort restreint qui
aboutissent au tertiarisme et aux déterminations viscérales.
Mettons le cinquième, et c'est certainement là le maximum.
Sur ce cinquième, combien se produira-t-il de cérébrosy-
philoses, et parmi ces cérébrosyphiloses, combien de
pseudo-paralysies générales spécifiques? Sans fixer de
chiffres, il n'est pas difficile de les pressentir extraordi-
nairement faibles, surtout si on les met en regard du
nombre immense des paralysies générales vraies qui en-
combrent les asiles d'aliénés.
Comment dès lors ne pas être, à priori, choqué par l'as-
sertion des palhologistes qui accordent à la syphilis une
prédominance marquée dans l'étiologie de cette maladie?
Comment ne pas repousser avec énergie Tétranffe affirma-
tion de ceux qui, comme M. Kjelberg, prétendent que la
paralysie générale progressive ne se développe jamais dans
un organisme complètement indemne de syphilis, soit
héréditaire, soit acquise?
Anatomie pathologique. — Pour bien montrer les ana-
logies et les aifférences qui existent entre la paralysie géné-
rale vraie et la pseudo-paralysie générale des syphiliticfues,
il faut mettre en regard et comparer les lésions encéphaliques
qui leur sont propres. Ce qui caractérise les lésions qui
produisent la paralysie générale vraie, c'est la diffusion
uniforme; aussi l'a-t-on nommée périencéphalite diffuse.
Dans les cérébrosyphiloses, il se forme des foyers plutôt que
des désordres régulièrement étalés et continus. La dissémi-
nation est un de leurs principaux caractères. Elle se fait çà
et là, au centre, à la périphérie, dans les noyaux, sur
l'écorce, sur les méninges, aux racines ou sur le trajet des
paires crâniennes, d'un côté ou de l'autre, etc., sans se
soumettre à aucune systématisation, si ce n'est à une pré-
dominance marquée pour les lobes antérieurs.
Nous voilà loin de la diffusion uniforme si particulière-
ment remarquable dans la paralysie générale. Eh bien,
quand les cérébrosyphiloses s'incarnent plus ou moins exac-
tement en ce type, quelles sont les lésions qui suscitent et
qui expliquent cette modalité symptomalique exception-
nelle? Elles se rapprochent à un certain degré, de celles
qui appartiennent à la périencéphalite. Toutefois les mé-
ninges y sont plus épaissies, plus hyperplasiées, plus
durcies par la sclérose. Au-dessous, le cerveau leur adhère
et présente à divers degrés les infiltrations embryonnaires,
les dégénérescences fibreuses qui l'atrophient et étouffent
ses éléments actifs. Les foyers sont en général peu accusés.
L'élément scléreux, si répandu dans toutes sortes de lésions,
et qui par lui-même n'a rien de spécifique, l'emporte sur
l'élément gommeux qui s'y rencontre rarement. Enfin, dans
les deux maladies, ce sont les deux lobes frontaux qui
sont les plus atteints. La syphilis surtout, par sa symphyse
méningo-cérébrale, les étreint et les étouffe.
Telles sont les analogies. Quant aux différences, elles
consistent précisément dans l'absence d'une diffusion aussi
uniforme,* aussi concertée que dans la périencéphalite
diffuse. De plus, la sclérose prédomine beaucoup plus dans
les méninges que dans le cerveau chez les syphilitiques,
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tandis que c'est le contraire chez les paralytiques généraux.
Nous ne connaissons pas encore assez par le menu et dans
tous ses détails Tanatomie pathologique de la fausse para-
lysie générale syphilitique pour pousser plus loin le paral-
lèle. Un pareille pénurie ne prouve-t-elle pas la rareté de
celle forme des cérébrosyphiloses?
Essayons cependant de rapprocher et de comparer plus
étroitement les lésions propres à chacune de ces affec-
tions. Dans la paralysie générale typique, les lésions
occupent toute retendue des centres nerveux et non pas seu-
lement les méninges et Tencéphale, comme on Tavait cru
tout d'abord. Voici quelles sont ces lésions : épaississement
et adhérence des méninges au crâne et au cerveau, surtout
au niveau des lobes frontaux. Atrophie des circonvolutions.
Augmentation de la cavité des ventricules qui sont hérissés
de granulations sclérosiques. Diminution de volume du cer-
veau. La sclérose interstitielle diffuse qui l'envahit dans
toute son épaisseur part d'un côté d'une des méninges et
d'un autre côté de la surface épendymaire des ventricules.
La phlegmasie débute probablement par la paroi des petits
vaisseaux et par la névroglie. — La périencéphalite, l'encé-
phalite interstitielle, l'épendymile sont représentées dans
la moelle par des lésions analogues : myélite diffuse périé-
pendymaire et périphérique, et méningite chronique. Bien
que plus prononcé au cerveau, le processus sclérosique très
systématisé et toujours identique à lui-même frappe donc
tout le centre nerveux et devient cérébro-médullaire.
Dans les cas de cérébrosyphiloses simulant plus ou moins
bien la paralysie générale, on a noté une grande variété de
lésions: altérations osseuses, et surtout diverses formes de la
pachyméningite. Toutefois Mendel a trouvé que sur cin-
quante-sept cas, dix fois la dure-mère n'était pas touchée. Les
altérations de l'arachnoide et de la pie-mère ont élé les plus
fréquemment observées, avec prédominance dans les régions
frontales et pariétales. — On a noté aussi l'hydropisie de
l'arachnoide et de celle des ventricules avec leur dilatation.
Atrophie du cerveau et en particulier des lobes frontaux,
avec prolifération nucléaire extraordinaire. Sclérose de
toute la masse cérébrale avec diminution et disparition des
éléments nobles du cerveau. — Altérations vasculaires :
MM. Esmarck et Jelsen en trouvèrent chez un vieux syphi-
litique devenu paralytique général; Tarière cérébrale pos-
térieure et la oasilaire étaient athéroniateuses, les nerfs
moteurs oculaires communs des deux côtés, noueux, triplés
de volume et transformés en une masse lardacée. — Le tri-
jumeau droit et l'oculaire externe étaient le siège d'une
altération analogue. MM. Binswanger, Arnd, Schûle, con-
statèrent la sclérose des petits vaisseaux artériels.
M. Schullz trouva chez un paralytique général arrivé à la
quinzième année de sa syphilis, uneartériosyphilose typique
de presque toutes les artères de la base de l'encéphale. On a
également signalé des anévrysmes fusiformes multiples.
€ En somme, dit M. Rumpf, à qui j'emprunte ces détails,
les altérations vasculaires semblent être les plus fréquentes
lésions de la paralysie générale syphilitique, bien que leur
développement soit extrêmement variable dans quelques
cas. j> — A l'appui de cette proposition, l'auteur rapporte
trois observations personnelles. En voici deux : à la qua-
torzième année de la syphilis, chez un homme de quarante-
trois ans, troubles de la vue, diplopie, mauxde tête; puis le
malade devint léger, prodigue, se mita boire, eut du délire
furieux, du délire des grandeurs et mourut. On trouva une
méningite de la convexité, un thrombus de la basilaire avec
obturation de la cérébrale postérieure gauche ; atrophie des
deux nerfs optiques, ventricules un peu dilatés, petite
tumeur du volume d'un pois à la partie moyenne du corps
strié, contenant des bacilles de la syphilis (?). — Au bout de
cinq ans de syphilis, chez un officier exempt d'antécédents
nerveux, troubles psvchiques graves, puis délire furieux,
hallucinations, tremblement fibrillairéde la langue, (roubles
caractéristiques de la parole, accèsconvulsifs, mort.— Apart
une légère altération de l'artère basilaire et une adhérence
entre la pie mère de la convexité et la substance corticale,
l'examen macroscopi()ue donna peu de renseignemenls.
A l'examen microscopique, on trouva des lésions de Técorce
cérébrale dans les lobes frontaux : induration, crevasses,
fissures qui lui donnaient un aspect poreux ; épaississement
avec rétrécissement des petits vaisseaux de la pie-mère qui
se tamisent dans l'écore; infiltration de noyaux répandue en
partie dans le tissu conjonctif et dans les gaines advealices
élargies qui entourent les artérioles.
Ainsi, il est incontestable qu'il existe une certaine ana-
logie entre les lésions de la paralysie générale vraie et
celles de la paralysie générale syphilitique. Toutes les deux
sont fondamentalement constituées par de la sclérose encé-
phalique et méningitique. Mais sa diffusion est répartie
d'une façon incomparablement plus régulière dans la pre-
mière que dans la seconde affection. — Dans la syphilose
pseudo-paralytique, les artères sont peut-être plus pro-
fondément lésées et elles le sont sans aucune systématisation.
Les lobes frontaux sont les plus touchés dans les deux ma-
ladies.
N'est-il pas étonnant qu'on trouve si peu de tissu gommeax
dans la paralysie générale syphilitique? Les lésions pa-
raissent être* tout à fait d'ordre commun et sans spéciûcilé.
Description clinique. — Nous sommes beaucoup mieux
renseignés sur ses symptômes. Parmi eux domine l'excita-
tion cérébrale. Sans doute elle est grande, extraordinaire
quelquefois, poussée jusqu'à l'extravagance la plus com-
plète ; mais elle ne s'envole jamais aussi loin que la folie
des paralytiques généraux. On dirait qu'elle est retenue au
sol, non point par la raison assurément, mais plutôt par
un lest d'idiotie, d'abrutissement, de démence prématurée.
En outre, cette excitation reste vague, sans continuité, sms
but déterminé. Elle n'entre pas en plein dans la roodalit>^
si caractéristique et si étonnante de la vraie paralysie géné-
rale. Elle ne devient que rarement ou que par éclairs de
la mégalomanie. Le délire ambitieux, le délire des «gran-
deurs, du moins dans ce qu'il a de grandiose et d'ébloui^-
sant, n'est pas son fait. Elle est plus étriquée, plus arare,
moins royalement prodigue dans ses conceptions délirantes.
Le délire de la satisfaction n'a pas non plus chez elle
la même amplitude. Le mot y est moins absorbant, plus
réservé, plus timide. Il ne plane pas aussi haut; il nesV-
lance pas d'une fougue aussi folle ni avec une aussi absolue
certitude du succès et du triomphe dans les gigantesques
aventures imaginaires ou se complaît l'idéation démesuré-
ment emphatique de la vraie paralysie générale, etc., etc.
Les désordres de la locomotion sont loin d'être aussi pro-
noncés et aussi spéciaux dans la cérébrosyphilose pseudo-
paralytique que dans cette dernière. Ils n'arrivent jamais
au même degré et au même ensemble d'ataxie motrice,
réglée, systématisée. Prenons, par exemple, parmi eux le
tremblement qui occupe une place si importante, dans la
phénoménalité des fous paralytiques. Il consiste en une
trémulance, un mouvement fibrillaire et vermiculairedes
lèvres, de la supérieure surtout et de la langue. Il fs'
presque pathognomonique. On ne le trouve ni sous celte
forme, ni au même degré chez les svphilitiques; il f»»^
même parfois complètement défaut. Celui des inains e>l
plus fréquent, sans atteindre la même intensité, ni surtout
la même régularité que dans la paralysie générale.
Pendant ses premières périodes et même plus lard, ia
périencéphalite diffuse ne détermine d'autres troubles de la
motilité que des désordres dans la coordination motnce.
H n'y a pas paralysie proprement dite. La puissance mus-
culaire, loin d'être abolie, conserve toute sa force, mais elle
ne sait pas aller droit au but. Elle manque de précision,
elle est incoordonnée. Ce n'est qu'ultérieurement, qua"^
31 Mai 4889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 22 — 353
les lésions encéphaliques ont progressé et se sont compli-
quées d'altéi-ations spinales, que la moiililé diminue
d'énergie, s'affaisse et transforme son ataxie initiale en une
parésie et une paralysie progressive et terminale.
Les choses se passent tout autrement dans la pseudo-
paralysie générale syphilitique. Les troubles moteurs y sont
surtout d*ordre paralytique. Et ce qu'il y a de bien plus
remarquable et de plus distinctif, c'est que des parésies et
des paralysies bien réelles, et habituellement parlielles et
non généralisées, se montrent, non pas seulement dans le
décours de Taffection ou pendant ses phases ultimes, mais
dans la période initiale, même avant elle et alors que la
cérébrosyphilose n'a pas encore pris la physionomie et les
allures de la paralysie générale. Ce fait qu'une paralysie
oculaire, une monoplégie, une hémiplégie faciale, une
hémiplégie de Tun ou de l'autre côté, sont communes ou
imminentes pendant toute la durée de la pseudo-paralysie,
et à n'importe quel moment, me parait avoir une haute
siguifi cation.
Parmi les paralysies partielles qui précèdent ou accom-
pagnent en pareil cas les troubles psychiques, les paralysies
de la troisième paire et l'hémiplégie droite ou gauche sont
de beaucoup les plus fréquentes. Mais ce n'est pas avec
elles seulement que s'associe la psychose spécifique. Les
attaques brusques de congestion, les crises épileptiformes
se joignent au cortège de ces phénomènes cérébropathiques
qui altèrent à chaque instant le type et montrent ce qu'il a
d'artificiel et de fortuitement combiné, plutôt que de con-
certé avec suite et régularité.
Dans les deux affections le processus diffère encore plus
que les symptômes isolés ou réunis. Du côté de la psychose
syphilitique, l'imprévu s'oppose à toute évolution régulière;
il est impossible de prévoir la succession des phénomènes
et de leur assigner un terme. On est toujours sur Je qui-vive.
Certains désordres se produisent à l'improviste et à contre-
temps ; d'autres au contraire disparaissent, mais momenta-
nément et pour revenir plus tard on ne sait quand. Rien
de fixe ni de calculable. Des sauts, des écarts, des surprises,
une grande ataxie dans la marche générale encore plus que
dans' chacun des symptômes, un complexus beaucoup plus
grand dans la phénoménalité, voilà ce qu'on observe. Com-
parez ce processus désordonné à l'évolution continue et
mesurable en sa progression régulière de la vraie paralysie
générale. Ici du moins vous savez toujours où en sont les
choses. Vous pouvez déterminer le début, circonscrire les
périodes, supputer leur durée, assigner un terme plus ou
moins probable à tel ou tel phénomène, prévoir sa dispari-
tion et son remplacement par un autre, juger de la marche
dans ses détails et dans son ensemble; en un mot vous
rendre d'avance un compte à peu près exact de l'affection
à tous ses moments.
L'état général n'est pas aussi compromis que pourraient
le faire supposer le nombre et la gravité des troubles
nerveux. Qu il s'agisse d'une paralysie générale vraie ou
sypliilitique, les malades conservent pendant des mois et
des années une santé matérielle presque parfaite. Ce con-
traste entre le physique et le moral est peut-être plus frap-
pant dans la première que dans la seconde.
Si dans cette dernière on trouve parfois, à la longue, la
détérioration particulière qui constitue la cachexie spéci-
Hque propre aux profondes viscéropathies syphilitiques, en
revanche nous avons contre tons ces désordres la ressource
du traitement spécifique. Il est consolant de savoir que,
contrairement à la vraie paralysie générale qui est absolu*
ment incurable, la pseudo-paralysie syphilitique peut être
guérie. Je ne dis pas que cela ait lieu dans tous les cas ;
malheureusement il s'en faut de beaucoup. Mais ce qu'on
est en droit d'espérer, et ce qu'on obtient presque toujours,
c'est une grande amélioration. Il y a des cas où le mercure
et l'iodure ont réellement ressuscité des malades. Gr&ce à
eux, la cachexie, les désordres psychiques ou moteurs^ les
convulsions, les ictus apopiectiformes ont été réprimés
dans ce qu'ils avaient de plus dangereux. Sans doute il
est rare que les malades sortent parfaitement indemnes
d'une aussi grave détermination. Il leur en reste, dans la
grande majorité des cas, des infirmités incurables; ils sont
menacés par des retours offensifs. Hais enfin ils vivent ;
leur existence peut même se prolonger très longtemps et
leurs jours ne sont pas comptés comme ceux des paraly-
tiques généraux. Le pronostic est donc très différent dans
les deux cas.
Pour terminer ce parallèle et montrer que la paralysie
générale des syphilitiques ne doit pas être confondue avec
la paralysie générale vraie, mais que cependant elle la
simule quelquefois au point de rendre le diagnostic très
difficile, je vais résumer un cas que j'ai observé.
M. X..., âgé de trente ans, étudiant en médecine, con-
tracta la syphilis en 1877 et n'eut comme accidents consé-
cutifs que de la roséole et des plaques muqueuses. Traite-
ment énergique à cette époque et depuis, presque ininter-
rompu pendant sept années. Rien cependant d'extraordi-
naire jusqu'en 1883. Il se produisit alors une mydriase du
côté gauche; elle guérit rapidement. On crut qu'une affec-
tion spécifique de la moelle allait se déclarer ; il n'en
fut rien, et c'est le cerveau qui commença à se prendre
insensiblement. Impossible d incriminer une cause autre
3ue la syphilis, car le sujet n'était ni alcoolioue, ni
ébauché, ni rhumatisant. — Diminution graduelle des
facultés intellectuelles, impossibilité de travailler et do
passer ses examens. Ses idées devinrent confuses, fixes ou
très mobiles et presque toujours enfantines et ridicules. Ce
processus psyrhopathi«|uesefit très lentement. Il s'accentua
surtout en août et en septembre 1887 (dixième année de la
syphilis). Il se produisit alors un peu d'embarras de la
parole, qui était insensible le matin et ne devenait sérieux
que dans la journée ou sous l'influence d'une émotion un
peu vive.
En février 1888, attaque de congestion cérébrale avec
affai.ssement musculaire et sans perte de connaissance,
mais suivie de délire, d'agitation, de paralysie de l'avant-
bras du côté gauche, d'incertitude dans la marche et même
d'impossibilité de marcher. La crise dura trois jours. Elle
était survenue en pleine santé, si bien qu'on croyait tout
fini.
Quand on me conduisit le malade, deux semaines après,
la paralysie avit complètement disparu, mais les mains
étaient fort maladroites. 11 marchait très bien et faisait des
courses de 8 à 10 kilomètres. Jamais de convulsions. Ce
qui était atteint chez lui c'était l'intelligence. L'encéphalo-
pathie avait une forme essentiellement psychique : enfan-
tillages, idées fixes, extravagantes, conceptions délirantes,
suivies d'actes déraisonnables, affaiblissement considérable
de la mémoire et accès de colère, humeur sombre. M. X...
bredouillait, parlait à tort à travers, radotait, revenait sans
cesse sur les mêmes idées, et avait la physionomie d'un
idiot, d'un hébété, d'un individu à moitié ivre. Force mus-
culaire et sensibilité intiictes et égales des deux côtés.
Écriture assez bonne, meilleure que n'aurait pu le faire
supposer l'état cérébral.
J instituai un traitement spécifique énergique. Ce traite-
ment fut mal suivi à cause d'une diarrhée très forte.
Néanmoins, trois semaines après, amélioration très grande
surtout du côté de la mémoire. Difficulté de la parole un
peu moindre. Idées toujours puériles. — Plus d'accès extra-
vagants. Pleurs sans cause, mais humeur moins noire et
gaie. Rien du côté du mouvement ni de la sensibilité.
Santé générale très bonne. Même traitement.
Je perdis M. X... de vue pendant six mois. Quand il
revint à ma consultation, je le trouvai dans une disposition
354 ^ N« 22 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
31 Mai 1889
d'esprit optimiste qui se réfléchissait sur sa figure toujours
souriante. Il avait l'air enchanté de lui-même et se décla-
rait complètement guéri. Et, en effet, il causait, lisait,
écrivait, se souvenait presque aussi bien que si son cerveau
n'eût jamais été malade. Mais sa parole restait un peu
hésitante et il y avait (|uelque chose de traînant et de
puéril dans sa prononciation, — Force musculaire très
considérable lui permettant des exercices gymnastiques
compliqués et des courses énormes. — Écriture excellente,
rédaction parfaite de certains cours qu'il suivait, etc. Tout
cela aurait pu faire croire à une guérison complète ; mais
un sourire un peu niais restait stéréotypé sur les lèvres.
De temps en temps un propos enfantin se faisait jour et les
idées d une nature un peu trop ambitieuse pointaient çà et
là, etc. Aucune crise congestive depuis celle de février.
Eh bien, que pensez-vous de ce fait? Est-ce la fausse
paralysie générale syphilitique ou la paralysie générale
vraie? — Y aurait-il entre nous quelque divergence d'opi-
nion sur le diagnostic, ou bien sommes-nous d'accord?...
Oui^ sans aucun doute, du moins sur le traitement.
SOCIÉTÉS SAVANTES
AMidémIe de médeeliie.
SÉANGIi: OU 28 MAI 1889. — PRÉSIDENCE
DE H. MAURICE PERRIN.
M. le docteur Séjouvnet (do Revin, ArdeoQos) envoie uqo note manusorile sur
une infraetian fréquente A la loi liouitel.
M. le docteur Commenge adresto uno brochure sur Ut atiomaliei vaeeinëlet.
M. Bergeron présonle un ouvraifo iniUuIé : L'auvre de Davaine.
M. Léon Le Fort dépose la douzième partie de la 0' ddiiion du Manuel de méde-
cine opératoire de Malgaigne.
M. Riche préaento» de la part de M. Lajoux, un volume intitulé : Heeherche* et
doeumenu du laboratoire municipal de Reimt.
M. Peter dépose un travail de M. le docteur La Terre (de Rome) sur le traite-
ment de4 fibromet utérint par l'électrolyte.
OvARO-SALPiNGiTES. — M, le docteur Terrillon commu-
nique la statistique et les observations de cinquante ovaro-
salpingites qu'il a traitées par la laparotomie.
D'après lui, les salpingites simples, catarrhales, avec
adhérenceset épaississementdes parois de la trompe, le plus
souvent d'origine blennorrhagique ou ayant succédé à des
fausses couches, donnent des résultats presque constamment
excellents. Souvent même l'ablation d'un seul côté, qui est
le plus malade, surtout dans les cas anciens, produit des
guérisons rapides et durables. Les salpingites hémorrha-
giques laissent assez souvent après elles des troubles variés,
soit à cause de leur volume qui entraine des désordres opé-
ratoires étendus, soit à cause de leur durée, car elles datent
ordinairement de plusieurs années.
Quant aux salpingites muco-purulentes et surtout puru-
lentes, ce sont elles qui sont les plus dangereuses. Cepen-
dant, quand elles sont volumineuses et qu'on ne peut les
enlever, le drainage par la laparotomie donne de bons résul-
tats, puisque cinquante malades ainsi traitées ont guéri. Les
autres, plus petites, qu'on est obligé d'enlever, sont graves,
car leur rupture dans le péritoine n'est pas rare au moment
de l'ablation ; c'est ainsi que M. Terrillon a perdu deux
malades. Cependant il croit qu'avec des lavages abondants
et le drainage profond du péritoine, on pourra éviter ces
accidents. Deux cas récents, opérés dans ces conditions à la
Salpétrière, lui ont montré que ces opérations sont moins
dangereuses qu'on ne pouvait le penser tout d'abord. Par
contre, les salpingites tuberculeuses sont celles qui donnent
les résultats les moins encourageants, surtout à cause des
difficultés opératoires qu'on rencontre toujours pour les
enlever en totalité. Tantôt il a pu enlever les deux annexes,
tantôt un seul côté a pu être opéré. Une de ses opérées est
morte, mais il a obtenu des améliorations très manifestes de
ses autres malades et il croit que dans l'avenir il ne faudn
pas hésiter à faire bénéficier ces malades de l'intervention
chirurgicale, quand elle est anatomiquement bien nettement
indiauée, car on peut espérer souvent obtenir de bons
résultats, même dans les cas compliqués d'autres tubercu-
loses localisées. — (Le mém*oire de M. le docteur Terrillon
est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Verneuil, Duplay et Comil.)
Croup. — M. le docteur L. Cohen lit un mémoire sur le
croup diphthérique, considéré comme une manifestation
herpétique du larynx et son traitement.
Rage tanagétique. — Les expériences de M. le docteur
Peyraud (de Libourne) sur la rage tanacélique donnent
lieu à un rapport de M. Trasbot, dont les conclusions sont
les suivantes :
L'essence de tanaisie injectée dans les veines à certaines
doses, produit chez les lapins une intoxication dont les
symptômes se rapprochent ae ceux de la rage. La solution
de ctiloral à 10 pour 100, mélangée avant les inoculations
au virus rabique, parait en diminuer et même en détruire
les propriétés virulentes.
L essence de tanaisie injectée autour du point où une
inoculation rabique a été pratiquée, semble avoir empêché
le développement de la rage sur un certain nombre u ani-
maux U sur 6), tandis que chez les animaux témoins, ino-
culés aans les mêmes conditions, 1 sur 6 seulement a sur-
vécu. Quoique ces chiffres soient insuffisants pour affinuer
une immunité ac(|uise par les injections d'essence de
tanaisie contre les inoculations rabiaues, ils n'en constituent
pas moins un témoignage favoraole dans une certaine
mesure aux opinions soutenues par M. Peyraud. Aussi
serait-il à désirer que des expériences reprises sur un ijIhs
grand nombre d'animaux vinssent confirmer ces premiers
résultats.
Pour les injections de chloral faites après inoculation sur
six animaui, il n'y a eu que deux survivants, tandis que sur
les six animaux témoins, un seul a survécu. Quant à la
valeur préventive des injections d'essence de tanaisie pour
s'opposer au développement de la rage inoculée après les
injections, elles ont fourni des résultats encore moins
importants. Après ces injections, les animaux inoculés dans
la chambre antérieure de l'œil avec du virus rabique ont
donné les résultats suivants: sur neuf animaux, deux seu-
lement ont été préservés; quatre sont morts de la rage et
trois de mort accidentelle. Toutefois, tous les témoins
iuoculésde la même façon ont succombé.
Ce sont là des chiffres qui montrent combien il est né-
cessaire d'étudier à nouveau cette influence de l'essence
de tanaisie dans le traitement de la rage chez les animaux.
Diabète. — M. Albert Robin présente, dans un mémoire
considérable, des considérations de chimie biologique appli-
quée à la thérapeutique du diabète. Il conclut ainsi qu'il
suit :
!• Les modifications que les lois de l'échange subissent
dans les maladies éclairent la pathogénie de celles-ci et
deviennent la source d'indications thérapeutiques certaines.
La connaissance des effets produits sur les échanges nor-
maux par un médicament permet de pressentir, avant tout
emploi, ses réelles applications thérapeutiques. Il y a lieu
de reviser, à ce double point de vue, la physiologie des
maladies et celle des médicaments. Cette élude faite, la
thérapeutique entrera dans une voie nouvelle ; elle pourra
revendiquer le titre de rationnelle et répudier définitive- j
ment les tâtonnements du passé.
2* La chimie biologique démontre qu'il y a chez le
diabétique, non seulement une exagération de tous les actes
de la nutrition générale, mais encore une suractivité spé-
3i Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 22 — 355
ciale de certains organes au premier rang desquels figu-
reiil le foie et le système nerveux. Le fait indéniable de
la suractivité de la nutrition générale et de la cellule
hépatique commandée par une excitation nerveuse directe
ou réflexe, doit donc être le pivot de la thérapeutique du
diabète. On peut affirmer d'avance que tout médicament
qui ralentit, par un procédé quelconque, les excitations
générales et celles du système nerveux diminuera à coup
sûr la glycosurie. Mais un médicament n'aura chance de
réussir dans le diabète que s'il retarde les excitations
générales par l'intermédiaire de son action primitive sur
le système nerveux et s'il n'exerce pas sur les fonctions de
re système une action suspensive trop énergique. Les
moyens thérapeutiques oui accélèrent la dénutrition doivent
être écartés à priori. Il est démontré soit cliniquement,
soit expérimentalement qu'ils n'ont donné aucun résultat
favorable.
3' Par conséquent, les indications thérapeutiques du
diabète peuvent être formulées ainsi : a. Soustraire à l'or-
ganisme, par un régime approprié, les matériaux de pro-
duction du sucre et priver la cellule hépatique de ses
excitants fonctionnels; b. Ralentir la désassimilation géné-
rale et la formation de glycogène à l'aide de moyens thé-
rapeutiques qui diminuent les actes chimiques de la vie
organique par l'intermédiaire de leur action primitive
sur le système nerveux.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, afin
d'entendre la lecture d'un rapport de M. Hérard sur les
candidats au titre d'associé national. La liste de présenta-
tion est la suivante : 1** (médecine vétérinaire) M. Lafosse
(de Toulouse), 2* (chirurgie) M. Sirus-Pirondi (de Marseille),
;l' (médecine) MM. Raimbert (de Chàteaudun) et Willemin
(de Vichy), 4* (chirurgie) M. Hergott (de Nancy) et Azam
(de Bordeaux).
— L'ordre du jour de la séance du 4 juin est fixé ainsi
qu'il suit : 1° Suite de la discussion sur le diabète (Inscrits :
MM. Oujardin-Beaumetz, Worms) ; 2" Communication de
M. Germain Sée sur un nouveau diurétique ; S** Lectures
par MM. les docteurs Berger et Bouloumté.
SMt^lé médieale dos hôplianx.
SÉANCE DU 24 MAI 1889. — PRÉSIDENCE DE M. CADET
DE GASSICOURT.
La Société procède à la discussion des conclusions du
rapport de la Commission chargée d'étudier les mesures à
prendre pour combattre la transmission des maladies conta-
gieuses dans les hôpitaux d'enfants. (Yoy. le numéro du
17 mai 1889, p. 326.)
La conclusion I, d'abord adoptée, est ensuite mise de
nouveau en discussion et renvoyée à la Commission pour en
modifier Ja rédaction.
Les conclusions II et III sont adoptées.
La conclusion IV est renvoyée à la Commission pour
adjonction de la coqueluche au nombre des maladies émi-
nemment contagieuses nécessitant l'isolement dans un pa-
villon spéciaL
La conclusion Y est adoptée sous la forme suivante, pro-
posée par M. Richard : a Dans la construction des pavillons
futurs, l'Administration est invitée k remplacer les grandes
salles par des petites ; en aucun cas la contenance de ces
salles ne pourra excéder six k huit lits. »
-- La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine
séance.
— La séance est levée à cinq heures.
Boelét^ de chirurgie.
SÉANCE DU 15 MAI 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
.Oangrtaes et brûlures par raoide phènlque : M. Luoas-Champlon-
nlère. — Renversement du nez en bas pour enlever les tumeurs
des fosses nasales : M. OUler (Oisoussion : M. Trëlat). — Section
extemporanèe de l'éperon dans l'anus contre nature : H. RI-
chelot. — Ablation des myomes utérins {|ar la voie vaginale :
M. TerriUon (Discussion : M. BouUly).
M. LucaS'Championnière a observé un cas de gangrène
digitale et un cas de brûlure consécutivement à lapplica"
tion de solutions phéniquées trop cencentrées. Ces acci-
dents tiennent parfois, en partie, à une susceptibilité spé-
ciale de la peau. Peut-être sont-ils plus fréauents lorsque
les applications caustiques ont lieu sur des plaies par écra-
sement, particulièrement prédisposées à la gangrène.
— M. Ollier présente un malade auquel il a fait Yostéo--
tomie bilatéral et verticale du nez avec renversement de
cet organe en bas pour Fablation d'une tuîneur des fosses
nasales, tumeur qui est probablement un kyste congénital
apnt envahi à un moment donné l'orbite, d'où une inci-
sion pratiquée par M. Le Fort, puis une autre par M. Re-
clus. À l'aide de cette opération préliminaire — que M. Ollier
préconise depuis 1875 pour 1 ablation des polypes naso-
pharyngiens — on a une voie fort large pour aoorder les
fosses nasales. De plus, le nez une fois suturé, la difformité
est très légère.
M. Trélaty pour les tumeurs qui n'occupent qu'une des
fosses nasales, préfère l'incision unilatérale de Desprez (de
Saint-Quentin). Les parties molles une fois divisées, on
abat ce qu'on veut de la paroi osseuse externe des fosses
nasales et Ton a autant de jour qu'on en a besoin. Au point
de vue plastique, le résultat définitif est meilleur que par
l'abaissement du nez en totalité.
— M. Richelot fait une communication sur la section
extemporanèe de t éperon dans la cure de Vanus contre
nature. Cette opération a été pratiquée autrefois, avec de
très mauvais résultats. L'entérotomie de Dupuytren a été
un progrès considérable. Mais son application est doulou-
reuse ; quel(^uefois dangereuse, par pincement d'une anse
au delà de Teperon, ou par épanchement de matières ster-
corales dans le péritoine, des adhérences ne s'étant pas
établies. Aussi certains auteurs, en Allemagne surtout, se
déclarent-ils partisans de la laparotomie suivie d'enlérecto-
mie et d'entérorraphie circulaire. Mais, quoi qu'on en dise,
c'est une méthode assez périlleuse. M. Richelot a eu à soi-
gner un homme un peu aliéné, qui à chaque instant arra-
chait son pansement : il eût sans nul doute arraché l'en-
térotome; la laparotomie eût été bien aléatoire. Aussi
l'éperon a-t-il été sectionné à l'instrument tranchant, entre
deux pinces hémostatiques préalablement placées, et en
dedans desquelles les lèvres de l'incision ont été suturées
deux à deux, à la soie. Trois semaines après, l'oriflce cutané
a été fermé. Il a persisté une petite fistule, due sans doute
à l'indocilité du malade, et on n'a pas pu s'en occuper da-
vantage, car il a fallu évacuer le patient sur un asile
d'aliénés.
— M. Gouguenheim présente un malade au(^uel il a
i pratiqué la dilatation d'un rétrécissement syphilitigue du
atT/nx à l'aide des sondes graduéesde Schrœtter (de Vienne).
Le cathétérisme se fait par la bouche, et la sonde est laissée
en place au plus pendant une heure. Le malade avait été
tracbéotomisé il j [a cinq ans [par M. Richelot, et depuis
cette époque il avait été impossible de jamais fermer 1 ori-
fice de la canule. La dilatation avec la pince de Fauvel, les
débridements au galvanocautère avaient échoué. Aujour-
356 — N« 22 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
31 Mai 1889
d'hui la canule est peu près constamment fermée depuis
trois mois.
M. Lucas-Chatnpionnière suit depuis quatre ans un ma-
lade auquel il a d'abord refait, par une série d'opérations
plastiques, un conduit laryngien, le larynx ayant été écrasé
par une courroie de transmission. Puis cette voie cicatri-
cielle a été dilatée à l'aide de calhéters de Beniqué en
étain, fort commodes à cause de leur malléabilité. A un
calibre déterminé, M. Championière a fait fabriquer quel-
3ues cathéters du volume voulu. Les premiers essais de
ilatation ont été assez pénibles; ils causaient de la suffo-
cation. Aujourd'hui le malade, bien habitué, se sonde lui-
même. Il porte une canule spéciale, à cheminée, et se
trouve en bon état.
H. Dcxprés lui aussi a eu par la dilatation de bas en haut,
avec les beniqués, deux succès temporaires pour des rétré-
cissements «dits » syphilitiques, ayant d'abord nécessité la
trachéotomie. Mais la récidive est constante et on ne peut
pas enlever avec sécurité la canule.
M. Chauvel a eu deux échecs par la pince de Fauvel.
M. Gouguenheim répond à M. Després qu'il a vu à Vienne
des malades que M. Schrœtter, à leur grand contentement,
a débarrassés de leur canule.
— M. Terrillon fait une communication sur Vnblation
par la voie vaginale des fibromes utérins à implantation
large. L'opération se fait, en une séance, après dilatation
oudiscisiun du col. Puis la tumeur est enlevée par mor-
cellement. Cette méthode est celle de Baker-Brown, de
Péan. M. Terrillon y a eu recours cinq fois, avec d'excel-
lents résultats ; il morcelle la tumeur par écrasement, à
l'aide d'une forte pince. L'opération est indiquée pour les
fibromes qui font saillie vers la cavité utérine et ()ui déter-
minent des accidents hémorrhagiques et douloureux, ou
septiques. Deux des malades de M. Terrillon perdaient en
grande quantité une sérosité un peu sanguinolente dont la
rétention causait de temps à autre des crises fort sérieuses.
Lorsque des accidents existent, il est indiqué de dilater le
col utérin et de bien se rendre compte si la tumeur est
accessible par la cavité utérine; et même deux fois, l'abla-
tion ayant été impossible, la dilatation du col a fait cesser
les accidents.
M. Bouilly appuie l'opinion de M. Terrillon : c'est nne
onération efficace et bénigne. Sur cinq malades, toutefois,
M. Bouilly en a perdu une. Mais il s'agissait d'une tumeur
énorme, déjà enlevée en partie en une première séance que
rhémorrhagie avait contraint d'interrompre; la deuxième
séance a fait succomber en vingt-quatre heui*es, dans le
choc, celte femme épuisée. La guérison des quatre autres
a été prompte. Sur l'une d'elles, le fibrome était putréfié et
M. Bouilly a eu soin de désinfecter d'abord la région par
des lavages antiseptiques. Une autre avait subi la castra-
tion, mais les hémorrhagies avaient reparu au bout d'un
an. M. Bouilly fait le morcellement par sections cunéi-
formes aux ciseaux et non par écrasement. L'hémorrhagie
est en général fort légère.
SÉANCE DU 22 MAI 1889. — PRÉSIDENCE DE
H. LE DENTU.
Traitement des fibromes utérins : MK. Ouèniot, Begond, Poszi,
Desprës. — Amputations congénitales et ainhum : 11 . Pereira y
Ooimaraes (Rapporteur : M. Reoias ; discussion : MK Trélat, Lan-
nelongue). — Qastrotomie pour corps étranger : M. Terrier (Dis-
cussion : MM. Ollier. Lannelongue).
M. Guôniot parle du traitement des polypes de l'utérus.
Il s'attache surtout à démontrer que souvent la vascularité
de ces tumeurs est beaucoup plus grande qu'on ne le dit ;
que le morcellement est dès lors aisément dangereux. Il
faut sectionner le pédicule au serre-nœud. M. Despré\
maintient que le vrai polype fibreux n'est que peu vasm-
lairc. Bevenant sur le point spécial dont s'est occupa
M. Terrillon, il montre que cette opération a été faite autre-
fois par Huguier pour les fibromes du col, par Amassai et
Maisonneuve pour ceux du corps, mais que la fréquence de
la perforation de l'utérus par ces manœuvres y a laii
renoncer.
M. Segond a fiiit, en s'appuyant sur des faits plus mo-
dernes, quelques restrictions dans le même sens. Les surrê>
de MM. Terrillon et Bouilly démontrent que l'opéralinn
discutée est souvent bonne, et M. Segond a aussi eu parfois
à s'en louer. Mais il ne faut pas se dissimuler les danirers
immédiats d'une intervention certainement faite un peu à
l'aveugle : il existe un assez grand nombre de cas de moit<.
Il serait donc bon qu'on précisât les indications ; qu'on in-
diquât la manière de reconnaître si la masse à énucléer eM
séparée de la surface péritonéale par une coque utérine
sutïlsamment épaisse. Or c'est précisément ce qui est lai^^c
dans l'oinbre, en particulier dans la thèse de M. Sccbevroii.
M. P«2;:t appuie l'opinion de M. Segond et conseille de
ne pas trop se laisser tenter par la voie vaginale pourlouipx
les grosses tumeurs faisant saillie du côté de la cavité nié-
rinc.
— M. Reclus lit un rapport sur une observation (Va'inhmn
adressée par M. José Pereira y Guimaraes II conclut à la
non-identité de l'ainhum et des amputations congénitaks
(voy. p. 345).
M. Trélat a déjà fait valoir, il y a huit ans, les argummil^
plaidant contre cette identification d'une maladie congéni-
tale, à manifestations multiples et variées et d'une maladie
non congénitale, à siégea peu près constant, frappant à peu
près exclusivement le nègre. M. Reclus vient de faire h
démonstration.
M. Lannelongue, an 1881, a soutenu l'identité : il recon-
naît son erreur, comme il l'a déjà fait d'ailleurs, dans la
thèse de son élève Druillet sur 1 ectrodactylie. Mais peut-
être ne faui-il pas, pour les amputations congénitales, exa-
gérer la constance des strictions par un lien extérieur; car
sans cela il faudrait admettre que le processus par lequid
font défaut des métatarsiens ou des métacarpiens est lou*
jours différent de celui qui cause l'ectrodactylie. Cet argu-
ment, développé autrefois par Broca, a une grande valeur.
— M. Terrier présente un malade auquel il a extrait, par
la gastrotomie^ une fourchette logée dans l'estoraac et
sentie par la palpation à i'épigastre. Ce fait banal n'a d'in-
térêt qu'au point de vue du manuel opératoire. Jusqu'à
Rrés^nt, on a toujours fait une incision latérale gauche.
I. Terrier a eu recours h une incision médiane sus-ombi-
licale, non pas seulement parce que le corps étranger faisait
saillie à I'épigastre, mais parce que, le corps étranger
n'étant souvent pas senti, la laparotomie doit souvent être
avant tout exploratrice. Or l'incision médiane permet seule
de s'y bien reconnaître et de s'assurer que le corps dutlélil
est bien dans l'estomac.
M. Ollier a vu deux malades qui ont refusé ropéralion
et chez lesquels le corps étranger était senti à gauche. C'ft
donc à gauche qu'il se proposait d'inciser, après avoir,
d'autre part, expérimenté sur le cadavre la voie médiane.
M. Po/ai7/o» a observé un malade sur lequel on ne sentait
rien au palper; mais la fourchette était en fer et l'aiguille
aimantée a permis d'affirmer son existence dans l'estomac
et de penser qu'elle y était transversale. Dans ces conditions, ,
il fallait logiquement inciser â gauche, et la fourchittene I
fut sentie qu'une fois le doigt introduit dans Tesloniac
ouvert.
M. Terrier trouve précisément là un argument contre
;il Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE -. N» 22 — 357
rincision latérale dans les cas où le diagnostic n*est pas
assure par le palper et où la fourchette n'étant pas en ter,
raiguille aimantée n'est d'aucun secours. Par Tincision
médiane, on saisit ù volonté l'estomac entre deux doigts et
il est impossible de ne pas déterminer s'il contient ou non
une fourchette,
A. Broga.
Société de biologie.
SÉANCE DU 25 MAI 1889. •— PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Accidents produits par la lumière èleotrique : M Fèré. — Modifi-
cations de la pression artèrieUe chez les èpileptiques : M. Fèré.—
Sur la dualité des hémisphères oèrèbrauz ; M. Dupuy. — Êpilepsie
par irritation de la dure-mère M- Dupuy. — filet Inhibitoire
des injections sous-cutanées de chloroforme : M. Dupuy.
M. Féré a eu l'occasion d observer chez une jeune femme,
névropathe d*ailleurs, une série d accidents produits par la
lumière électrique : nausées, céphalée, et surtout troubles
notables du côté de l'appareil visuel, tels qu'insensibilité
de la cornée, de la conjoiiclive, des paupières, et amblyo-
|)ic qui persista pendant quelque temps, ainsi d'ailleurs que
les autres phénomènes.
-- M. Féré a étudié, à l'aide du sphygmomètre de Uloch,
les modifications de la pression artérielle chez les épilep-
li(|ues : pendant l'aura, la pression s'élève beaucoup; lors-
que les convulsions ont pris fin, il y a au contraire abais-
sement de la pression. On observe les mêmes phénomènes
dans les simples accès d'excitation psychique. Si, au mo-
ment d'un de ces derniers, on -produit au moyen de la ven-
louse de Juiiod ou d*un bain sinapisé, une vaso-dilatation
fousidérable, l'excitation psychique s'atténue plus ou moins
rapidement et disparaît pour un temps plus ou moins long.
— M. Dupuy a observé une jeune fille qui peut faire
mouvoir simultanément ses deux yeux dans deux plans dif-
féreiils; cependant la perception n'a lieu qu'avec un seul
u'il. 11 y a plusieurs années, il avait observé toute une fa-
mille dont les enfants étaient ambidextres; chez ces enfants,
quand une main exécutait un mouvement, l'autre main
pvéculait le même mouvement. De ces faits et d'autres faits
analogues, M. Dupuy conclut qu'il y a deux cerveaux qui
)ieuvent fonctionner simultanément ou se remplacer com-
ulêlement. Chez un individu donné, ainsi que le soutient
il.Brown-Séquard, à un moment donné, il n'y a en exercice
qu'un seul centre de perception.
— M. Dupuy a répété sur des chiens les expériences
qu'il avait réalisées sur des lapins et qui consistent à déter-
miner des accès d'épilepsie par simple irritation de la dure-
mère; quand l\inimal a été préalablement chloroformé, on
obtient néanmoins le même résultat. De plus, M. Dupuy a
éludié comparativement le temps perdu de la réaction après
Texciialion de la dure-mère ou après celle de l'écorce céré-
luale; ce temps perdu est plus long dans le premier cas.
— M. Dupuy a constaté depuis assez longtemps* l'effet
inhibitoire qui résulte de l'iniection sous-cutanée (dans la
profondeur des muscles) de quelques gouttes de chloro-
forme : par ce moyen les douleurs dues à des névrites dis-
paraissent immédiatement.
Société de tliérapen tique.
SÉANCE DU 8 MAI 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Du traitement delà diphthèrte : MU. QoldBOhmidt (de Strasbourg).
Cadet de OaaBicourt, G. Paul, Hallopeau, VIgier. E. Labbé.
La vSociété a reçu une lettre de M. Goldschmidt (de
Mrasbourg) dans laquelle l'auteur déclare avoir obtenu
d'excellents résultats du perchlorure de fer contre la
diphthérie. Il l'administre à l'intérieur : une cuillerée à
café d'une solution à 5 pour 100 de perchlorure à 30 de-
grés, toutes les deux heures, jour et nuit. Cinq minutes
après, il donne un peu de bouillon et de lait. Lors de
dtphthérie nasale, il lait des irrigations dans le nez.
H. Cadet de Gassicourl^ répondant aux attaques directes
formulées par M. Guelpa dans la précédente séance, dé-
clare qu'il admet toute la valeur des découvertes et des
expériences récentes au sujet de la nature parasitaire de
la diphthérie, mais qu'il n*en croit pas moins indispen-
sable de s'occuper du terrain sur lequel évolue le microbe,
c'est-à-dire de soutenir et de relever l'état général des
malades. Certes il admet depuis longtemps que la diph-
thérie est, au début, une affection locale, et qu'il est utile
de la combattre localement, mais il ne faut pas pour cela
déprimer les forces du sujet; il faut éviter (le troubler les
fonctions digestives et de supprimer le sommeil. D'ailleurs
les enfants, en pareil cas, ne dorment pas si profondément
(|u'on ne puisse faire trois ou quatre badigeonnnges ou
irrigations pendant la nuit sans être obligé de les réveiller.
Enfin, si le traitement local est excellent, du moins ne
possédons-nous pas encore, en dépit des assertions enthou-
siastes de M. Guelpa, un agent topique infaillible : on ne
peut que chercher à faire de son mieux, en attendant qu'il
soit découvert. D'autre part, on a le droit d'être surpris du
grand nombre de diphthériques que rencontrent certains
médecinsà médication exclusive et merveilleuse, guérissant
dans tous les cas. N'y a-l-il pas de leur part quelque illu-
sion, bien involontaire sans doute, et quelque tendance à
voir partout de la diphthérie. M. Combv, qui voit environ
fiar au 7000 malades au dispensaire d'Enfants dont il est
e médecin, ne rencontre sur ce nombre que 8 ou 10 cas
de diphthérie. Comment expliquer les chiffres donnés par
certains praticiens? — Quant à la trépnnation de l'antre
d'Highmore proposée par M. Guelpa pour arriver dans
quelques cas* à faire des irrigations nasales, elle est inac-
ceptable; et quant à la trachéotomie, elle reste, quoi qu'il
en dise, une opération sérieuse que l'on doit réserver
comme suprême ressource.
M. C. Paul est entièrement d'avis que le traitement
topique local, employé énergiquement dès le début,
constitue la meilleure chance de succès. Pour enle-
ver les fausses membranes avant de procéder à l'applica-
tion du topique antiseptique, il a d ordinaire recours à
l'emploi du doigt enveloppé d'un linge un peu rude : c'est
encore le meilleur instrument en pareil cas.
M. Cadet de Gassicourt s'est servi, pour combattre loca-
lement la diphthérie, du naphtol camphré, mais les mem-
branes se reproduisent assez nipidement. Avec l'acide sali-
cyiique dans la glycérine (1 gramme pour 9 grammes) la
reproduction est moins hâtive et la nouvelle fausse mem-
brane est très mince. Jusqu'ici, c'est encore la mixture
nhéniquée préconisée par M. Gaucher qui lui a paru donner
les meilleurs résultats. Il pratique d'ailleurs toutes les
heures de grandes irrigations. Enfin il évite autant que pos-
sible de produire des éraillurcs de la muqueuse en badi-
geonnant la gorge.
M. Hallopeau a employé, il y a une dizaine d'années,
dans un service d'enfants dont il était alors charge, une
solution d'acide salicylique dans l'eau, laglycérine et l'alcool;
il en a obtenu de bons effets.
M. Ft^t^rfait remarquer qu'en ajoutant de l'eau à l'alcool
on précipite facilement une portion de l'acide salicylique
dissous; la glycérine semble un meilleur véhicule.
M. Boymond rappelle qu'on augmente le degré de solu-
bilité en ajoutant du benzoate de soude.
M. E. Labbé objecte qu'il se fait alors une décomposition
358 - N* 22 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
31 Mai 1889
da sel de soude donnant lieu à du salicylale de soude
dont les effets ne sont sans doute pas identiques à ceux de
l'acide salicylique. La nécessité de faire disparaître les
fausses membranes diphlhéritiques et de combattre locale-
ment le germe morbide ne doit pas cependant conduire le
médecin à pratiquer des écorcliures, de véritables plaies
de la muqueuse. Enfin l'alimentation bien dirigée est
essentiellepour soutenir les forces du malade, et le sommeil
doit être respecté dans la mesure compatible avec la mise
en œuvre d'un traitement actif et efficace.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
André Petit.
REVUE DES JOURNAUX
Sttr nii cft« de trftB«|ilftiitft<loii de peau eftrelnomAteufle,
par M. Hahn. — Chez une femme atteinte d'un cancer du sein
ea cuirasse, on excisa un fragment de peau malade, qui fut
transplante par le procédé de Reverdin en une région saine ;
inversement on ferma avec un lambeau sain la plaie ainsi pro-
duite. La cicatrisation fut obtenue sous un pansement iodoformé.
Deux mois plus tard, quand la malade mourut, on constata,
d'une part, Teuvahissement du cancer dans les greffes saines, et
d autre part, la propagation aux tissus voisins des greffes cancé-
reuses. De là le conseil d'éviter, dans l'ablation de ces tumeurs,
de toucher les parties saines avec des tissus malades, et de ne
pas se servir pour la réunion de la plaie des instruments qui ont
servi à Texlirpalion proprement dite. {Berliner klinischc
Wockcnschrift, n»21, 1888.)
De Is preMyldxie de* flèvreii rAla^CvcA P*r 1* «alalae, par
M. Graeser. — Après Schweinfurlh, en Afrique, Hertz à Ams-
terdam, et d'autres encore, l'auteur a eu l'occasion, dans ses
voyages dans l'Extrême-Orient, d'expérimenter le pouvoir pro-
phylactique de la quinine, et d'en constater l'efficacité. Tandjouk-
Priok, port de Batavia, a une telle réputation d'insalubrité que
pendant longtemps les bâtiments ont refusé d'y entrer, bien que
ce port fût le seul de Java où on pût aborder à quai. C'est là
que l'auteur a fait prendre à l'équipage dont il était le médecin,
pendant quinze jours environ, des doses journalières de quinine
de 50 centigrammes ou de 1 gramme dans du genièvre. Les cas
de fièvre palustre diminuèrent d'un tiers, et présentèrent moins
de gravité que précédemment, ainsi qu'on a pu le constater en
consultant les registres du bord. Celte influence prophylactique
fut constatée dans cinq voyages.
Plus récemment, le docteur Buwalda, médecin du vaisseau
hollandais le Conrarly a fait distribuer à l'équipage de la qui-
nine pendant son séjour à Tandjouk-Priok, dans le moment le
plus malsain de l'année. Chez tous ceux qui ont pris le médi-
cament, il n'y eut ni accès de fièvre ni intumescence de la rate;
deux officiers seulement, qui n'avaient pas voulu prendre de qui-
nine, furent atteints d'accès violents.
Les pâtres de la Sardaigne, quand ils descendent dans la
plaine, prennent de la quinine pour se préserver de la fièvre.
Il n'y a pas bien longtemps que Eichhorst.a écrit : c L'usage pro-
phylactique de la quinine est sans utilité; on a vu des ouvriers
des fabriques de quinine être atteints des fièvres palustres. >
De nombreuses observations tendent à prouver que cette opi-
nion n'est pas justifiée; on ne peut prétendre que les ouvriers
qui respirent des poussières de quinine en prennent à dose
thérapeutique. 11 serait utile que de nouvelles recherches soient
entreprises sur ce point pour déterminer à quelle dose et pen-
dant combien de temps il faut prendre de la quinine pour être
préservé des fièvres palustres. (Berliner klinische Wochens-
chrift, n«" 42 et 53, 1888.)
Du trsitemeiit de rérysli^le par l'sleeel, par M. BehrenO.
— Parmi les substances qui tuent le coccus de l'érysipèle, il
faut ranger l'alcool absolu à 90 degrés. L'auteur a fait à ce sujc
des expériences cliniques sur des malades d'une prison d<
femmes où les érysipèles sont très fréquents. Il a constaté Tutl^
lité de l'alcool même dans des cas très graves qui ont été ainsi
rapidement guéris. Dans l'érysipèle de la face dès que la rou
geur, l'induration et la douleur se sont montrées, et avant l'appa
rition de symptômes généraux il a fait faire trois fois par joui
des lotions énergiques avec de l'alcool absolu à 90 degrés; l(>>
lotions dépassaient même un peu les limites de la rougeur. Lt^
phénomènes locaux se sont immédiatement arrêtés, et en moins
de trois à cinq jours ont disparu, sans réaction générale.
Chez une dame sujette à de fréquentes rechutes d'un érysipMf
du membre inférieur, il employa avec le même succès ce trai-
tement, qui fut continué après guérison, au point de vue pro-
phylactique. L'iintenr recommande ce traitement qu'il considère
comme absolument certain. (Berliner klinische Wochenschrift,
28 janvier 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
OBavres complètea de J. M. Chareot. Tome V : M
dies des poumons et du système vasculaire. — Paris,
aux Bureaux du Progrès médical et chez Lecrosnier et
Babé, 1888.
^Depuis (lue M. Charcot est devenu le chef respecté de
l'École de la Salpétrière, depuis que ses immortels travaux
ont fondé sur des assises nouvelles Tétude des maladies du
système nerveux et révélé au monde savant un si grand
nombre de faits et d'observations inoubliables, on pourrait
ne plus se souvenir que le maître de la neuro-patholo;;ie
contemporaine a été, pendant plusieurs années, l'un de>
plus éminents parmi nos professeurs de médecine générait'
et nos anatomo-pathologistes.
Aussi doit-on savoir gré à l'un de ses élèves les plus
fidèles, notre confrère M. Bourneville, d'avoir songé à
réunir, après ses Leçons sur les maladies du système ncr-
veuXy qui font le sujet des quatre premiers volumes de
cette importante collection, tous les travaux de M. Charcot
relatifs aux maladies du foie et des voies biliaires, des reins,
des poumons et du svstème vasculaire, aux maladies de<
vieillards, etc., etc. Plusieurs de ces leçons ont déjà été
publiées et les noms des premiers élèves qui les ont rédi-
gées sont ceux de maîtres auiourd'hui célèbres. C'est une
raison de plus pour aue tous les savants français et étran-
gers, tous ceux qui s intéressent au mouvement scientifique
contemporain et cherchent à s'instruire en recourant aui
sources originales, tiennent à consulter et à relire souvcnl
ces volumes si riches de faits, si suggestifs. Comme le dit
bien H. Bourneville. dans la préface de ce cinquième
volume, l'histoire, elle aussi, est riche en enseignements.
Une semblable publication prouve jusqu'à l'évidence
combien les éludes de médecine générale sont utiles, je
dirais volontiers nécessaires au développement de resprilj
scientifique. Certes, il arrive un jour où la spéciali-
sation s impose en quelque sorte et où, pour devenir,
chef d'Ecole, il est nécessaire de demeurer dans le ménicl
hôpital ou dans le même laboratoire et d'y perfectionner
journellement ses installations scientifiques et ses moyens
d'étude. Et cependant qui songerait encore, après avoir
consulté ces leçons sur les maladies des poumons, à re-
gretter que M. Charcot ait donné plusieurs années de sa vie,
à l'élude et à l'enseignement de l'anatomie pathologique. H
suffirait de relire sa première leçon sur les rapports dc!
l'iinatomie pathologique avec la clinique (elle date de 187")'
pour se rendre compte des services rendus à plusieurs^
générations médicales par cette manière large et compr^^'l
hensiye de relier l'anatomie pathologique à la clinique.
Félicitons-nous donc de pouvoir recommander à nos lec-i
31 Mai 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 22 — 359
leurs Télude d'un ouvrage dans lequel se retrouvent tant
de notions demeurées classiques sur les pneumonies chro--
niques, lespneumokonioses ou la phthisie pulmonaire. Sans
doute, la science a marché depuis douze ans; les théories
anciennes se sont modifiées depuis que les découvertes
microbiologiques ont éclairé non seulement l'étiologie,
mais encore la pathogénie d'un grand nombre de lésions.
Mais les faits bien observés demeurent inattaquables et nous
n'aurions point de peine à faire voir que, malgré les ho-
rizons que nous ont ouverts les nouvelles doctrines, le plus
grand nombre des démonstrations que contiennent ces
leçons d'anatomie pathologique restent des plus probantes
au point de vue clinique.
Après les maladies de l'appareil pulmonaire viennent les
leçons sur les altérations du sang (leucocylhémie et mêla-
némie) et sur les maladies du système vasculaire (embolies,
thromboses, endocardites, etc.). C'est dans cette partie de
l'ouvrage que se trouvent les études de M. Cbarcot sur la
claudication intermittente et sur les endocardites infec-
tieuses. Elles sont trop connues; elles ont été trop souvent
louées pour que nous ayons besoin d'insister.
Le sixième volume renferme les leçons sur les maladies
du foie, des voies biliaires et des reins; le septième, les
leçons sur les maladies des vieillards et les maladies chro-
niques. Et ce monument scientifique, qui résume les pre-
mières études de M. Charcol, se complétera bientôt de ses
nouvelles recherches sur les maladies du système nerveux,
de cet ensemble de découvertes qui, déjà en nombre
plus que suffisant pour marquer sa place à la tète des sa-
vants contemporams, accroissent encore chaque jour le
domaine de nos connaissances et affirment, par Tinfluence
u'elles exercent sur le mouvement scientifique, l'autorité
u maître qui les inspire.
L. L*
Manuel pratique de la gardb-'Malade et de l'infibmière,
publié par M. le docteur BourNeville. Paris, aux bureaux
du Progrès médical, ii, rue des Carmes, 1889. — 5 vol.
Prix : 7 fr. 50.
Sous ce titre général, M. Bourneville vient de réunir en une
mèrae collection les différente volumes qui, parvenus pour la
plupart à trois ou quatre éditions successives, servent h l'ensei-
gnement professionnel des écoles d'infirmiers et d'infirmières.
De ces voluines, le premier, consacré à Fanatomie et à la phy-
siologie, a été rédigé par MM. Duret et Regnard. Dans sa qua-
trième édition il se trouve illustré de cinq nouvelles figures
dues à M. le docteur P. Uicher. Le tome II, qui traite de Tadmi-
nislration et de la comptabilité hospitalières, a été écrit par
M. Pinon. Il se termine par un appendice contenant le nom
des médecins, des savants, des bienfaiteurs de l'Assistance
publique, etc., qui ont été substitués dans ces derniers temps aux
noms anciens inscrits à la porte des salles de malades.
Le troisième volume : Pansements, parvenu lui aussi ù sa
quatrième édition, a été complété par M. le docteur Pctit-Vendol.
H renferme des notions relatives non seulement aux pansements
proprement dits, mais encore à la petite chirurgie, au transport
des blessés, à Phydro thérapie, à la mesure de la température
dans les maladies, à Pexamen des malades, à Pensevelissement
des morts, etc.
Le quatrième volume est relatif aux soins h donner aux
femmes en couches, aux aliénés. U est accompagné d'un petit
dictionnaire qui ne saurait être loué sans quelques réserves, mais
<]ui, dans son ensemble, peut rendre des services réels aux
infirmiers auxquels il est destiné.
Enfin le cinquième volume rédigé, par M. Solfier, a trait à
riiygiène hospitalière et se trouve rédigé sous forme de leçons
didactiques.
Dire que les principaux collaborateurs de M. Bourneville
s'appellent Blondeau, de Boyer, Brissaud. Budin, Duret, Kéraval,
Maunoury, Blonod, Poirier, Petil-Vendol, Pinon, Regnard, Se-
vestre. Sol lier et Yvon, n'est-ce point affirmer avec quel soin
d*exactitude ont été rédigés ces cinq volumes d'une œuvre
vraiment utile?
Documents pour servir a l'histoire anatomique et chimique
DU segment inférieur de l'utérus pendant la grossesse,
l'accouchement et les suites de couches, par le M. doc-
teur L.-A. Dbmeun, ancien interne des hôpitaux. — Thèse de
Paris, 1888. Alex. Goccoz.
Il résulte de cette étude que le segment inférieur de l'utérus,
pendant la grossesse, le travail et les suites de couches, con-
stitue une région spéciale qui a son anatomie, sa physiologie et
sa pathologie propres. Ainsi, pendant la grossesse, les adhé-
rences de la vessie à l'utérus se relâchent tellement qu'elles
n'existent pour ainsi dire plus; durant la gestation et après la
délivrance, le cul-de-sac vesico -utérin descend très bas sur la
face antérieure de l'utérus, quelquefois même jusque sur le
vagin. On voit, d'autre part, vers la limite du tiers inférieur de
la face antérieure de Futérus, un repli séreux transversal, s'ef-
lilant vers les ligaments ronds, et qui prend naissance quinze
jours à trois semaines après Paccouchement, par suite de Pin-
voltttion plus lente pour la séreuse oue pour le tissu muscu-
laire. — Pendant la parturition, ({uanu il existe un obstacle à
l'expulsion du fœtus, le segment inférieur de Pu térus augmente
de hauteur en même temps que ses parois s'amincissent : le
segment Inférieur, dans son ensemble ou seulement une de ses
f)arois, peut fournir à cette distension. Dans le premier cas
'utérus prend la forme en sablier, avec étranglement au niveau
de Panneau de Bandl, situé plus ou moins haut au-dessus du
pubis, suivant le de&[ré de distension. Dans le second cas,
rutérus est' incliné et Panneau obliquement dirigé par rapport
au plan du détroit supérieur* Cette distension prépare la rup-
ture de Putérus, aussi commande-t-elle à Paccoucheur les plus
grandes précautions; enfin, comme elle a pour résultat de con-
stituer au corps de Putérus, après Paccoucnement, un pédicule
creux et flasque, sans tonicité, elle peut être Porigine d'acci-
dents tels que Phémorrhagie, Penchatonnement du placenta, la
déviation ou l'inversion utérine.
VARIÉTÉS
Société de protection des victimes du devoir médical. —
Cette Association vient de se constituer définitivement et a voté
tout aussitôt une subvention de 500 francs, destinée à venir en
aide à M"* Mérandon, veuve d'un médecin qui, après avoir suc-
combé à une diphthérie contractée en soignant un enfant pauvre,
Pa laissée elle-même dans une grande détresse. Le trésorier de la
Société de protection des victimes du devoir médical a été auto-
risé à acquitter les dettes de M'"* veuve Mérandon, à lui acheter
un mobilier et à pourvoir à ses besoins les plus pressants. La
Société s'efforcera de lui faire obtenir un emploi en rapport avec
son âge, ses aptitudes et sa santé.
Association de la presse médicale (Statuts),
Article premier. — Il est établi à Paris, sous le bénéfice de la
loi de 1884, un syndicat professionnel sous la dénomination de
Association de la presse médicale.
Art. 2. — Cette Association a pour but et pour objet Pétudc
et la sauvegarde des intérêts de la presse médicale.
Art. 3, — Elle comprend des membres fondateurs et des
membres titulaires, jouissant exactement les uns et les autres
des mêmes droits.
Art. 4. — Sont membres fondateurs les signataires des présents
statuts.
Art. 5. — Pour faire partie de l'Association comme membre
titulaire, il faut: 1® être docteur en médecine; 2" être proprié-
taire, directeur, rédacteur en chef d'un journal de médecine ou
délégué en vertu d'un pouvoir régulier; 3® être présenté par
deux membres de PAssociation ; 4° être élu en assemblée, a la
majorité des membres de l'Association, sur les conclusions d*un
rapport qui est confié à un membre autre que les deux parrains;
les membres absents peuvent voter par correspondance ou par
procuration.
Art. 6. — Chaque journal ne peut avoir qu'un seul représeu-
tant au sein de l'Association.
Art* 7. —• L'Association est administrée et représentée en
toute occasion par trois syndics élus par elle et renouvelables
par tiers tous les ans. Le sort désignera les deux sortants pour
360 — N* 22 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
3i Mai 1889
la première période triennale. Les syndics sortants sont rééli-
gibles-
Art. 8. — L'Association a pour siège social la résidence de 1 un
des syndics.
Art. 9. — Les membres de FAssocialion payent une cotisation
annuelle de 30 francs, réduite à 15 francs pour les membres de
province. . ,, ,
Art. iO. — L'Association se réunit trimestriellement le
deuxième vendredi de février, mai, août el novembre, et celte
réunion est suivie d un banquet confraternel dont les cotisations
servent à couvrir les frais.
En dehors de ces réunions statutaires, TAssocialion peut se
réunir extraordinairement sur la convocation des syndics.
Paris, le 21 fcvrier 1880.
Ont signé, el sont pur conséquent membres fondateurs de
TAssociation :
MM. Auvard {Archives de tocologie) ; Bardet {Les nouveaux
remèdes); Hottentuit {France médicale); Boucliut {Paris médi-
cal) ; Bourneville {Proijrès médical) ; Cadet de Gassicourt
{Revue mensuelle des maladies de f enfance); Cézilly {Concours
médical); Ch^rcoi (Archives de neurologir^); CornW {Journal
des connaissances médicales pratiques et de pharmacologie);
Doiér'ïs {Archives nouvelles d obstétrique et de gynécologie);
Dujardiu-Beaumetz {Bulletin getieral de thérapeutique) ; Duplay
{Archives générales de médecine) ; Galezowski {Recueil
d'ophihalmologie) ; Gouguenheim {Annales des maladies de
Voreille et du /ar^na:) ; Huchard (Revue générale de clinique
et de thérapeutique) ; Joffroy {Archives de médecine expéri-
mentale et d^anatomie pathologique); Laborde {Tribune médi-
cale); Landouzy {Revue mensuelle de médecine); l.ereboullet
{Gazette, hebdomadaire de médecine et de chirurgie); Le Sourd
{Gazetfe des hôpitaux) ; Lucas-Charapionniêre (Journal de
médecine et de chirurgie pratiques) ; A.-J. Martin {Reiue
dliygiene et de police sanitaire) ; Mary-Durand {Courrier
médical) ; De Maurans {Semaine médicale) ; Nicaise {Revue men-
suelle de chirurgie); V&ntus {Archives d'ophthalmologie); Pren-
grut'ber {Bulletin médical); De Hanse {Gazette médicale de
Pans); Uichelol {Union médicale) ; Ch. Richet {Revue scien-
tifique).
Les trois syndics élus sont MM. Cézilly, Cornil et De Ransc.
La confbaternité médicale et la politique intransigeante.
— - La Bcrtiner klinische Wochenschrift, à laquelle nous
empruntons si souvent des Revues dé journaux et des Coinptes
rendus de CongrèSy dont les lecteurs français savent apprécier
l'inlérôl, vient de prouver une fois de plus que son rédacteur en
chef, le professeur Ewald, sait et prétend toujours défendre les
intérêts scic.ntiques et professionnels. Dans son numéro du
:20 mai dernier, ce journal proleste en effet contre une décision
prise en vue de conseiller aux médecins allemands c de s'abstenir
de prendre part aux Congrès scientifiques qui se réuniront celle
année à Paris à Toccasion de TExposition universelle ». Cette
décision avait été votée, à une faible majorité, sur la proposition
du médecin en chef, docteur Wasserfubr, par le Cercle où se
réunissent les médecins de réserve de Tarniée allemande. Le
professeur Ewald proteste, au nom de la liberlé individuelle, en
faisant remarquer qu'il est toujours mauvais de mêler la poli-
tique aux questions de science pure. Nous n'avons pas à insister
sur rimporlance et ropportunité de cette déclaration qui émane
d'un des plus éminents médecins de TAIlemagne.
Concours du Bureau central (Chirurgie). — Ce concours
vient de se terminer par la nomination de MM. Ricard et Poirrier.
Corps de santé de la mar;në. — A été nommé :
Au grade de médecin de deuxième classe: M. Masurel,
médecin auxiliaire de deuxième classe, docteur en médecine.
Faculté de médecine de Lille. — M.Combemale, agrégé, est
appelé à l'exercice à partir du 16 mai 188li. M. Combemale est
nommé, en outre, pour une période de trois ans, à partir du
1() mai 1889, chef au laboratoire des cliniques de ladite Faculté.
^ Faculté de médecine de Lyon. — M. Adenot (Claude-Jacques-
Élienne), délégué dans les fonctions d'aide d'anatomie, est
nommé, pour une période de trois ans, à partir du 4 mai 1889,
aide d'auatomie a ladite Faculté.
École de médecine de Dijon. — M. Cottin, docteur en méde
ciue, est institué chef des travaux analomiques et physiologiques
ÉCOLE DE médecine DE TOULOUSE. — Un congé est acconié
sur sa demande, à M. Labat, professeur de clinique obstéiricah
el gynécologie.
M. Secheyron, suppléant, est chargé du cours de clini(ju<
obstétricale et gynécologie.
Hospices de Grenoble. — Le concours pour une place M
médecin vient de se terminer par la nomination de M. le docteui
Deschamps.
Hôpital Saint-Louis. — M. le professeur Alfred Fournitr
reprendra son cours de clinique des maladies cutanées et syphi-
litiques, à l'hôpital Saint-Louis, le vendredi 31 mai, à neu(
heures et demie, et le continueira les mardis et vendredi?!
suivants, à la même heure.
Hôpital du Midi. — M. le docteur Charles Mauriac reprendra
ses leçons cliniques le samedi i«"^ juin, à neuf heures et demi?
du matin, el les continuera les samedis suivants, à la morne
heure. Elles seront consacrées au traitement des yiahidia
vénériennes»
NÉCROLOGIE. — Nous avons le regret d'annoncer la mort do
M. le docteur Duprat, qui fut tout à la fois littérateur, musirioii.
explorateur, hygiéniste et noédecin distingué; il vient de sur-
comber à Tâge de soixante-cinq ans; de MM. les docteurs Filleul
et Trinité (de Rouen). — De Vienne, on annonce la mort du pro-
fesseur Breisky, l'un des g;ynécologues les plus célèbres de
f Autriche, ancien professeur à Salzbourg, Berne et Prague.
Mortalité a Paris (-20- semaine, du 12 au 18 mai
1889. — Population: 2jjp09i5 habitants). — Fièvre typhoïde, Il
— Variole, 2. — Rougeole, 17. — Scarlatine, 6. — Coque-
luche, 6. — Diphthérie, croup, i2. — Choléra, 0. ~ Phlhisio
pulmonaire, 210. — Autres tuberculoses, 27. — Tunieur>:
cancéreuses, 47; autres, 3. ~ Méningite, 37. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 43. — Paralysie, 2. —
Ramollissement cérébral, 12. — Maladies organiques du cœur, 5i
— Bronchite aiguë, 21. — Bronchite chronique, 31. — Broncho-
pneumonie, 23. — Pneumonie, 43. — Gastro-entérite: sein, 1^.
biberon, 36. — Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 4. —Autres affections puerpérales, 4. — Débilité con-
génitale, 19. — Sénilité, 21. — Suicides, 16. —Autres raorls
violentes, 10. — Autres causes de mort, 146. — Causes
inconnues, 11. — Total: 921.
OUVRAGES DÉPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Le iurmenage inteUectuel et les exercicet phytiqutt [Bibliothèque ieUnlifiiuf
contemporaine), p^r M. le doclour A. Rianl. l voL in-lC de 312 pages. Vh'h.
j ^u u»:ii:A.^ ^t fil. <j r. *j\
J.-B. BaiUièrc et fiU.
3 fr. yi
Traité des maladies des pays chauds, région prûtropicjle, par MM. Ic:« doitour*
A. Kolscli cl P.-L. Kiencr, mcdecins principaux de rannco. 1 fort vol. panJ
iii-8* avec 30 figures et 6 planche» ciironiolillioirraiiliice». Pari*, J.-B bai.liir«
cl fils. H fr.
Traité de physiologie humaine, par MM. Ic« professeurs Viauli et Jo'yci ^^^
Bordeaux), avec la cotlaboration de M. J. Bcrgonic. agrégé à la méuiu VacuUe-
i fori vol. grand in-8» do 920 pages avec 400 figures dans le icxtc T'"'*'
0. Ooin. Hifr-
Traité de dentisterie opératoire, par M. le doclcur E. Andricw. 1 roi in-H' âc
630 pages avec 400 figures dans le toxle. Paris, 0. Doin, ** ^''
Annuaire de thérapeutique, 1" année, J88S, précédé dune inlroduclion surk»
progrès de la llicrapeulique en 1888, par M. le docteur Dujardin-BcauiiicK.
1 vol. in-18 cartonné do 400 page». Paris, 0. Doin. - ^^'
Hygiène de la première enfance, par M. le docteur Jules Bouvier. 1 vol. m-S'tk
6i0 p^iges. Paris, 0. Doin. ^ if
Traitement de Véclampsie puerpérale {Bibliothèque obstétricale), par M. le do'"J''J'''
A. Auvard. 1 vol. in-li do iOO pages. Paris, 0. Doin.
3fr.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
lUâ23. — MOTTIROZ. — Imprimeries réunies, ▲, rue Mignon, 2, Vsn*.
Trente-sixième annSe
N» 23
7 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D'' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACHEZ. E. BRISSAUD, G. DIEUUFOY. DREYFUS.BRtSAC. FRANÇOIS.FRANCK, A. HENOCQUE, A.g. MARTIN, A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, H, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOHIIAIRB. — BOLLKTIN. — THÉRAPBOTIQUE. Dc8 indications et du mode
d'administration de l'antipyrine cliet les diabétiques. — Contributions phah-
NAGKUTiauKs. Polion au baume de Tolu.— Rkvub des cours et des cliniques.
Farutté de médecine. Cours de pathologie interne; M. le professeur Dieulafoy:
Syphilis du poumon et de la plèvre. —Travaux originaux. Clinique médicale :
Kecherches sur l'action thérapeutique de la coronille dans les affections car-
diaques. — Correspondance. Ainhum — Sociétés savantes. Académie des
sciences. — Académie de médecine. — Société de chirurifie. — Société do
bioloj^e. — Société de thérapeutique. — Revue des journaux. Chirurgie. —
Bibliographie. Leçons de clinique obstétricale. — Variétés.
BULLETIN
Paris, 6 juin 1889.
Académie de médecine : Patlioséale et tMrApeatIqae
an diabète ■aerë. — Société de biologie : Inflaence
des i^landes sar le ajsième nerveiuc.
Dans ses remarquables leçons sur les Maladies par ralen-
tissement de la nutrition, M. Bouchard, parlant des méthodes
thérapeutiques et de leur application au traitement du
diabète, écrivait en 1882 : « La médecine ne peut plus
marchera l'aventure et, quelque dédain qu'on ait pour les
systèmes, on cherche de plus en plus à sortir de Tempi-
risme. Il faut qu'on possède une conception doctrinale
d'une maladie si l'on veut aborder son traitement... Tant
vaut la pathologie générale d'un médecin ou d'une époque,
t^mt vaut la pratique de ce médecin ou de cette époque.
C'est avec Tempirisme que Ton fait la pathologie; la thé-
rapeutique se fait avec les systèmes, l'observation restant
toujours comme contrôle et comme juge. » Et, après avoir
établi par des considérations étiologiques et cliniques que
le diabète était dû à un défaut d'utilisation du sucre par
les tissus, M. Bouchard affirmait qu'il faut c activer les
mutations nutritives pour prévenir la maladie, pour em-
pêcher les rechutes, pour modérer l'intensité du mal, pour
le faire disparaître >.
Tous nos lecteurs connaissent d'ailleurs la doctrine de
l'êminent maître. Elle peut se résumer dans les termes
suivants :
Le sucre qui existe dans le sang a pour origine la trans-
formation normale du glycogène hépatique. Celui-ci est un
produit d'assimilation de la cellule hépatique ; c'est dans
celte cellule que s'opère la transformation de la matière
glycogène en sucre et cette transformation ne 'se fait
pas, comme l'avait pensé Cl. Bernard, par fermentation,
mais bien par désassimilalion. Introduit dans le sang, le
sucre se détruit en partie par oxydation; mais, en plus
forte proportion, il est utilisé par les tissus qui se l'assi-
'wilent. Cette grande quantité du sucre qui disparaît sans
2* Série, T. XXVi.
être éliminée est donc utilisée dans nos tissus. Mais
lorsque, sous une influence quelconque, ces tissus de-
viennent inaptes à assimiler le sucre, l'hyperglycémie et à
sa suite la glycosurie deviennent la conséquence de ce ralen-
tissement de la nutrition interstitielle.
Nous n'avons pas à rappeler les considérations d'ordre
clinique qui établissent les relations existant entre la
goutte, le rhumatisme, la lithiase biliaire, la gravelle,
l'obésité, maladies caractérisées par le défaut de combus-
tion des matières azotées, delacholeslérine ou de la graisse,
et le diabète causé par la non-assimilation du sucre.
Voyons quelles sont les considérations thérapeutiques
où conduit cette doctrine. Pour accélérer les mutations
nutritives, c'est-à-dire pour rendre plus difficile l'invasion
des maladies que nous venons de citer, M. Bouchard
conseille dès l'enfance toutes les méthodes de thérapeu-
tique hygiénique ayant pour but d'activer le fonctionne-
ment cutané et de stimuler le système nerveux. Il prescrit
donc la vie au grand air, les frictions sèches ou alcoolisées, les
bains salés, alcalins, sulfureux, le massage, l'hydrothé-
rapie, le séjour au bord de la mer ou à certaines altitudes;
il recommande d'activer les fonctions du foie par l'usage
répété des sels neutres, de l'iode et des iodures^ etc., etc.
Hàtons-nous de faire remarquer que le§ exercices physiques
ne sont conseillés que lorsqu'il n'y a point d'azoturie, qu'ils
doivent être progressifs et progressivement adaptés à la
résistance organique du sujet. Viennent ensuite les pres-
criptions relatives au régime et enfin certains médicaments
parmi lesquels il convient de citer les alcalins et l'opium,
la valériane et l'arsenic paraissant devoir être réservés aux
cas où l'azoturie vient compliquer le diabète.
Aujourd'hui, se plaçant aussi sur le terrain de la patho-
génie du diabète, M. A. Robin affirme, à son tour, que
€ l'avenir de la thérapeutique est tout entier dans l'atten-
tive comparaison entre la physiologie du malade et celle du
médicament ». Comme M. Bouchard, il prétend déduire de
l'étude du trouble nutritif, qui caractérise la maladie, l'en-
semble des moyens thérapeutiques capables de l'enrayer ou
de la guérir. Et cependant sa doctrine est toute différente.
Elle paraît absolument opposée à celle de M. Bouchard.
M. A. Robin s'efforce, en effet, de démontrer que le
diabète est dû à une accélération de la nutrition, par
suite de laquelle tous les actes chimiques sont accrus.
S'appuyant sur une série de recherches et d'analyses chi-
miques très détaillées il affirme que la désassimilation
des diabétiques est augmentée et que leurs oxydations
sont exagérées. Il pense que le diabétique consomme plus
23
362 ^ N* 23
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
7 Juin 1889
de matières azotées que riiomme bien portant, qu'il brûle
mieux, qu'il utilise mieux ces matériaux de désassimilation
qu*un organisme normal ; il déclare qu'il en est de même
pour les matériaux ternaires, pour le soufre, pour le phos-
phore ; en un mot il arrive à cette conclusion qu'il y a
suractivité de tous les actes chimiques de la nutrition et en
particulier suractivité chimique dans la nutrition du foie
et du système nerveux.
On voit, par ce court résumé, que se plaçant, au point de
vue de Texpérimentation physiologique, c'est-à-dire de
l'analyse chimique des produits excrétés par le diabétique,
M. A. Robin considère le diabète comme une maladie par
accélération de la nutrition. Nous devons nous borner à
signaler à l'attention des savants, qui peuvent appeler à
leur aide toutes les ressources d'un laboratoire chimique,
ces conclusions nouvelles. On ne saurait attendre de nous
une discussion d'analyses et de chiffres qui ne pourraient
être contestés que par des analyses contradictoires ou des
chiffres dilférents.
Nous devons faire remarquer cependant qu'au point de
vue pratique, ces conclusions ne sauraient troubler les
clinicieâs et leur faire considérer les préceptes hygiéniques
et les méthodes thérapeutiques conseillées jusqu'à ce jour
comme dangereuses ou nuisibles. Si, en effet, M. A. Robin
a bien insisté pour démontrer qu'il ne confondait point
les phénomènes d'oxydation avec ceux de la désassimilation
des tissus ; s'il s'est efforcé de prouver que l'exagération
des oxydations coïncidait chez les diabétiques avec l'aug-
mentation de la désassimilation, rien dans ses préceptes
thérapeutiques n'infirme ce que nous sommes habitués à
considérer comme vraiment utile. Bien plus, en affirmant
que la suractivité de la nutrition du foie est caractérisée
par l'augmentation de la genèse de l'urée, M. Robin ajoute :
« Le diabète est l'une des maladies dans laquelle on éli-
mine la plus grande quantité d'urée. » Or nous persistonsà
penser, ainsi que nous le disions récemment, que l'azoturie
n'est nullement la conséquence nécessaire du diabète,
qu'elle n'a aucune corrélation directe avec la glycosurie.
L'augmentation dans l'excrétion de l'urée ne peut donc être
considérée comme un argument en faveur de la doctrine de
l'accélération de la nutrition chez les diabétiques. Mais,
nous le répétons, il n'est point possible, sans expériences
personnelles, d'infirmer celles de M. A. Robin. Les argu-
ments qui lui ont été opposés dans la dernière séance ne
sauraient, ainsi qu'il a eu raison de le dire, prévaloir contre
des faits et, lorsque, en médecine, une doctrine est juste et
vraie, les conséquences thérapeutiques qui en découlent
sont définitivement acceptables. Or l'utilité des alcalins, de
l'arsenic, des opiacés, de la belladone associée à l'opium
(méthode de Villemin), du sulfate de quinine (J. Worms);
enfin et surtout du régime et des méthodes de thérapeu-
tique hygiéniques, comme l'exercice modéré et les excitants
du système nerveux périphérique, sont prouvés tout à la fois
par les deux théories et par la pratique. Bornons-nous donc,
pour le moment, à retenir ces dernières conclusions théra-
peutiques. La question soulevée par M. Robin est trop
grave ; elle touche de trop près à la conception des maladies
diathésiques les plus fréquentes (la goutte, par exemple),
pour qu'elle ne provoque pas un jour ou l'autre de nouvelles
discussions, soit devant l'Académie, soit dans la presse mé-
dicale.
— M- Brown-Séquard a fait samedi dernier à la Société
de biologie, uniquement pour prendre date, une commu-
nication sur des effets extrêmement remarquables qu'il a
observés chez lui-même, à la suite d'injections sous-cuta-
nées d'un liquide provenant du broiement de testicules frais
de cobaye ou de chien, avec l'addition d'un peu d'eau. Ce<
effets sont tels que M. Brown-Séquard n'hésite pas à décla-
rer que pour lui ils équivalent à un rajeunissement de
nombre d'années. Il importe de dire que le savant Prési-
dent de la Société de biologie est âgé de soixante-douze
ans : il est né le 8 avril 1817. Depuis plus de dix ans sa
vigueur générale avait notablement diminue. Il lui fallait
s'asseoir après une demi-heure de travail debout, au labo-
ratoire, d'où il ne sortait jamais qu'épuisé après deux, trois
ou quatre heures de travail assis. Au grand étonnement de
tous ses assistants il a pu travailler plusieurs heures et
même plus de trois heures et quart, sans ressentir le besoin
de s'asseoir à partir du lendemain de la seconde injection
qu'il s'e?l f;iite.
D'autres preuves d'augmentation de vigueur sont données
par M. Brown-Séquard : la vessie et le gros intestin ont
gagné notablement en force. Le jet de l'urine, mesure avec
soin après le déjeuner, pendant une dizaine de jours avant
la première injection, était inférieur, quant à la distance da
point d'arrivée dans la cuvette d'un water-closet, d'au
moins un quart de ce qu'il est devenu après les deux pre-
mières injections. Nous n'avons pas besoin de dire que ces
expériences ont été faites dans des conditions qui en assu-
rent la valeur : similarité des aliments et de la boisson,
quanta leur quantité et leur espèce. Mais l'intestin a fourni
au savant expérimentateur une preuve plus grande encore.
Depuis de nombreuses années il était obligé, comme nombre
de vieillards, de venir en aide mécaniquement à l'action do
rectum. Il n'a plus besoin maintenant de cette assistance,
l'expulsion, même de matières plus grosses que dans les
dernières années, se faisant sans difficulté.
Au dynamomètre il a constaté aussi une augmentation
incontestable de la puissance des membres. A l'avant-bras.
en particulier, la moyenne des essais postérieurs aui
deux premières injections est supérieure de 6 à 7 kilo-
grammes à la moyenne antérieure.
Bien qu'il soit soumis maintenant à de plus grandet;
causes de fatigues qu'autrefois, au laboratoire, M. Brown-
Séquard n'est plus oblige, comme il l'était constamment
depuis dix ans, de se coucher, après le repas qu'il prenait
hâtivement, en revenant de son travail d'expérimentateur.
De plus il affirmequele travail intellectuel lui est devenu
plus facile et qu'il a regagné à cet égard tout ce qu'il
avait perdu depuis de nombreuses années. A d'autres
égards encore, des forces non perdues, mais diminuées, se
sont notablement améliorées.
Ces effets si remarquables ont été obtenus, comme nous
l'avons dit, par l'emploi d'un procédé que nous décrirons
après avoir dit ce qui y a conduit le professeur du Coliègi'
de Franco.
Tout le monde sait que les eunuques, ou au moins ceux
qui dans l'enfance ont été privés de leurs testicules p:ir
ablation de cet organe, et non par écrasement, sont faible.^
physiquement, moralement et intellectuellement. On sait
aussi quelle faiblesse existe chez les hommes, même jeunes
et naturellement vigoureux, qui abusent de la puissance
sexuelle. Ces faits et d'autres encore ont conduit depuis
longtemps M. Brown-Séquard à croire et à enseigner — t'c
qu'il a lait dans son cours à l'École de médecine, en 1861) —
7 JiriN 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ «• 23 - 363
que 8*il était possible d'injecter sans danger du sperme
dans les veines des vieillards du sexe masculin, on pour-
rait obtenir chez eux des manifestations de rajeunissement.
Guidé par celte idée, il a fait chez une douzaine de vieux
chiens, en 1875, des expériences, dans lesquelles il a essayé
vainement, excepté une fois, de réunir des cobayes entiers
ou des parties de rxibaye à ces chiens. Le succès obtenu
dans un cas a donné une confirmation aux vues de Tauteur;
mais le procédé expérimental était tel qu'il ne pouvait en
être question pour un essai chez l'homme.
Depuis quelques années un autre mode de recherche est
venu à l'esprit de M. Brown-Séquard et c'est celui qu'il a
employé sur sa propre personne dans ces derniers temps.
Voici en quoi il consiste : on place une ligature sur le hile
vasculo-nerveux d'un testicule de cobaye ou de chien, et
après avoir coupé ce hile au-dessus de la ligature, on extirpe
le testicule tout entier. On broie ensuite toule la masse re-
tirée : glande, vaisseaux sanguins et membranes; on y
ajoute de 3 à 5 centimètres cubes d'eau distillée, puis on
jeUe le tout sur un filtre. Le liquide ainsi obtenu est en
partie employé immédiatement en injection sous-cutanée
et le reste conservé dans un vase entouré de glace, pour des
injections subséquentes. Jusqu'à présent huit injections ont
été faites, six aux membres inférieurs, deux à l'avant-bras
gauche. Ces injections ont été faites le 15, le 16, le 17,
le !24, Je 29 et le 20 mai dernier. La quantité moyenne de
liquide pour une injection a été d'environ un centimètre
I cube. Les trois premières injections ont été faites avec du
liquide obtenu d'un chien, les autres avec du liquide pro-
venant de plusieurs cobayes très jeunes ou adultes. Il
semble certain que le liquide obtenu du testicule d'un chien
a été plus efficace que celui des cobayes. Cependant c'est
le lendemain de l'emploi du liquide obtenu d'un très
jeune cobaye que M. Brown-Séquard a constaté le maximum
d'effets favorables.
Nous n'avons guère besoin de dire qu'avant de faire des
expériences de ce genre sur sa propre personne, le savant
professeur avait fait de nombreux essais sur des animaux,
surtout pour s'assurer s'il y avait du danger à injecter sous
la peau le liquide spécial qu'il voulait étudier. L'innocuité
étant, en apparence, démontrée, l'expérimentateur a cru pou-
voir impunément se faire les injections sous-cutanées dont
nousavons parlé. Il se trompait à certains égards. Cinq injec-
tions sur huit ont donné lieu à des douleurs prolongées (de
cinq à douze ou quinze heures) d'une excessive intensité et
'A un gonflement inflammatoire érylhémateux. Deux des
parties ayant reçu des injections sont encore un peu doulou-
reuses aujourd'hui dix jours pour Tune, cinq jours pour
Tautre après l'injection.
H. Brown-Séquard termine sa communication en faisant
remarquer qu'on expliquera peut-être par un effet d'ima-
gination ce qu'il croit avoir observé sur lui-même. D autres
physiologistes, d'un âge avancé, répéteront, il l'espère, ses
expériences et l'on saura bientôt si c'est à une idiosyncrasie
spéciale ou à une sorte de suggestion sans hypnotisation
qu'il faut attribuer l'augmentation de vigueur des centres
nerveux et surtout de la moelle épinière, qu'il a constatée,
ou si elle est due, comme il le croit, à une influence exer-
cée par le liquide injecté.
Nombre de particularités sont à étudier pour résoudre
les grandes questions liées à ces intéressantes recherches.
M. Brown-Séquard en fera l'objet de communications ulté-
rieures à la Société de biologie.
THÉKAPEUTIQUE
Indications et dn mode d*adinlnlstmtlon
de l'antlpyrlne ehes les dlnbétlcines.
La médication antipyrique du diabète date d'hier. Elle
a déjà ses chaleureux avocats; elle compte des succès; elle
motive aussi des controverses. Quelle est sa valeur? Quand
et comment doit-on la prescrire?
Autant de questions sur lesquelles le praticien demande
de la lumière et qui méritent l'attention du thérapeutiste.
I
L'histoire clinique de cette médication est fort courte :
elle remonte à deux ans.
En 1887, un médecin suisse, M. Gonner, annonçait, dans
la Correspondenz-Blatt fur Schweizer Aerzte, qu'il avait
prescrit Tantipyrine, à la dose quotidienne de 3 grammes,
à un diabétique de soixante ans dont la glycosurie était
rebelle aux médications classiques. Ce sont là des condi-
tions fort vulgaires dans la pratique. En trois jours, le sucre
disparut de l'urine et, dix jours après, la guérison se con-
firmait. L'antipyrine avait donc été efficace là où les autres
traitements échouaient. Elle avait agi à la manière d'un
médicament antiglycosurigue. Du moins M. Gonner le
disait. Fallait-il conclure en hâte et déclarer qu'elle est
un médicament antidiabétique? C'est ce que tout à l'heure
il conviendra de discuter.
Dans Tordre chronologique, le second fait appartient à
l'un de nos compatriotes, M. H. Huchard. Le 13 février
1888, ce dernier donnait connaissance à la Société médico-
pratique d'une observation, la première en France, de
polyurie améliorée en quelques jours par l'antipyrine à
hautes doses. La malade, une femme devenue paraplégique
dans le cours du mal de Pott, polydipsique et polyurique,
expulsait 28 à 30 litres d'urine par jour. Une dose quoti-
dienne d'antipyrine de 3 à 8 grammes réduisit cette quan-
tité à 6 ou 7 litres. Ici la glycosurie manquait, la polyurie
existait seule, et H. Huchard élait amené à conclure que
l'antipyrine peut rendre des services contre la polyurie
nerveuse. La conclusion était judicieuse ; d'ailleurs à cette
même époque, le 16 février 1889, dans la Revue générale
de clinique et de thérapeutique^ je développais de mon côté
les arguments cliniques et physiologiques qui motivent cette
opinion. Est-ce à dire cependant que l'antipyrine serait le
médicament des polyuriesfLsL question mérite examen.
Entre temps, le même observateur, continuant ses essais,
administrait l'antipyrine à un diabétique, obtenait un succès
et prenait date, en l'annonçant à la Société de thérapeu-
tique, en mars 1888. Puis, — l'exemple thérapeutique
est, paralt-il, contagieux, — M. Dujardin-Beaumetz confir-
mait à son tour les remarques de son collègue de l'hôpital
Bichat en annonçant, dans la séance du 28 mars 1888 de
la môme Société, des succès équivalents. C'était une sanc-
tion très opportune des essais de M. Gonner en Suisse et
des résultats obtenus par M. H. Huchard en France. Dès
lors, l'attention fut attirée sur l'action de l'antipyrine contrô-
les deux symptômes cardinaux du diabète : la glycosurie et
la polyurie.
Tels sont, si je ne me trompe, les premiers faits signalés
dans la littérature médictle. Ils étaient donc encore peu
nombreux en avril 1888: le traitement antipyrinique du
364 — W 23 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
7 Juin 1889
diabète resta, dès lors, quelque peu dans roubli.Tout récem-
ment néanmoins, pendant un court instant, il a obtenu les
honneurs de la tribune académique, car c'est seulement
le 9 avril dernier que MM. A. Robin, Panas et G. Sée
prirent jour devant cette savante Compagnie pour déposer
leur témoignage en faveur de la médication et du médi-
cament.
M. A. Robin a mentionné ses heureux essais sur quatre
diabétiques de THospice des ménages; MM. Panas et Féréol
ont signalé la guérison de la glycosurie de deux diabétiques
en instance d'opération de cataracte. Enfin, surpassant ses
collègues par le nombre de ses observations, M. G. Sée a
déclaré quatorze succès dans une série de dix-huit cas
empruntés à sa pratique urbaine ou hospitalière.
Les initiateurs dé celle médication avouaient modeste-
ment des succès; M. G. Sée annonçait des triomphes. Ces
succès et triomphes suffisent-ils pour établir définitivement
la légitimité de ce nouveau traitement? Il n'est pas indis-
cret de le chercher.
Au total, voici vingt-sept observations dans la plupart
desquelles on a invoqué l'efficacité du médicament. Par
leurs détails, ces observations sont d'une monotone confor-
mité. Dans toutes, il s'est agi de diabétiques anciens, poly-
dipsiques, polyphagiques, parfois azoluriques ou albumi-
nuriques. Les uns avaient une glycosurie de gravité
moyenne; les autres étaient hyperglycosuriques; d'autres
enfin, moins nombreux, étaient des diabétiques tubercu-
leux. On leur administrait une dose quotidienne de 3 à
4 grammes d'antipyrine et, après quelques jours, le sucre
urinaire se réduisait de moitié, des deux tiers ou des trois
quarts. Continuait-on l'anlipyrinisation pendant un, deux
ou trois septénaires? La réduction était le plus souvent
totale.
Cesvariationsdecomposilionchimiquedesurinesn'étaient
pas les seules. Un des faits si minutieusement rapportés par
M. H. Huchard démontre, avec chiffres à l'appui, l'abaisse-
ment de la quantité de l'urée. Ces chiffres sont démonstra-
tifs. Le iO mars 1888, avant tout traitement, un diabétique
élimine, dans les vingt-quatre heures, 10 litres et demi
d'urine et 753 grammes de sucre, — il est, inutile de le
dire, hyperglycosurique — et 96«%32 d'urée. Le 30 mars,
après une antipyrinisation de sept jours, il n'expulse plus
que 6 litres d'urine, 53 grammes de sucre et 34 grammes
et demi d'urée. Voilà certes des chiffres bien démonstra-
tifs : ils établissent la diminution de la polyuric, la réduc-
tion de la quantité de sucre urinaire, l'abaissement du
chiffre de l'urée.
L'anlipyrinisation de certains diabétiques modifie donc la
composition chimique de leurs urines. Et cette modification
est comparable à celles que MM. Wilzkowski, Lépine, Uns-
bach, Engel, A. Robin, cl tout dernièrement M. Cazeneuve
{Société de médecine de Lyon, 29 avril 1889) ont notées
pendant l'antipyrinisation de l'homme sain et dans diverses
circonstances pathologiques ou expérimentales. Ces auteui*s
en ont conclu à un ralentissement de l'activité des échanges
nutritifs, comme M. Arduin l'indiquait déjà en 1884, en
manière de conclusion, après les expériences de MM. A. Hé-
nocque ot H. Huchard.
Cette action suspensive de l'anlipyrine sur les échanges
nutritifs s'exerce-t-elle également sur la polyphagie et la
poIydipsie?M. Robin le déclare, confirmant ainsi les con-
clusions de ses prédécesseurs. Le malade dont M. Huchard
a publié l'histoire clinique ingérait 9 litres de boisson par
vingt-quatre heures, avant toute médication. L'inslilulion
de celle-ci diminua en effet la soif; l'ingestion des boissons
était réduite à 6, à 4 et même à 3 litres par jour.
Au demeurant, l'anlipyrine atténue la polyurie, c'est
un fait; elle diminue la glycosurie, c'est un autre fait; elle
modère la polyphagie et la polydipsie; en d'autres termes,
elle combat les quatre symptômes dominateurs du diabéle
sucré. Ce sont des faits; on les constate. L'action du
médicament et de la médication peut, dès l'abord, selon
l'expression de M. A. Robin, paraître prodigieuse. « D'en-
thousiasme, ajoule-t-il, op serait tenté d'en faire comme le
médicament spécial du diabète. »
Il n'en est rien cependant, et dussé-je me répéter, je
reproduis ce que j'écrivais dans la Revue générale de cli-
nique et de thérapeutique : c N'y a-t-il pas — on le sait
assez — diabète et diabète, ou plutôt diabétique et diabé-
tique? On est glycosurique par le foie ; on l'est aussi par ie
pancréas; on le devient par les nerfsetàdes manifeslations
morbides si diverses par leur origine, une médication
unique ne saurait répondre. > — D'ailleurs n'existe-t-il pas
des diabétiques avec glycosurie modérée et des diabétiques
hyperglycosuriques ; des diabétiques sains et, comme on h
dit, des diabétiques € décadents » avec albuminurie, mt
amaigrissement extrême, ou bien encore en puissance de
tuberculose pulmonaire? Il y aurait donc naïveté d'in-
sister sur la variabilité du pronostic thérapeutique en pré-
sence de ces formes morbides si diverses.
H
Trêve donc aux enthousiasmes. Ici, comme ailleurs,
remploi de l'anlipyrine comporte des indications et de>
contre-indications. Quelles sont-elles?
£n premier lieu, plaçons-nous en présence d'un diabé-
tique dont la glycosurie modérée se traduit quotidiennement
par un coefficient de 28 à 50 grammes de sucre. Ce diabé-
tique est en outre polyurique et expulse journellement à
6 litres d'urine. De plus, cela va sans dire, il est polypha-
gique, polydipsique, parfois azoturique. Son état de santé
semble relativement satisfaisant : c'est un petit diabétiijue.
Qu'on lui administre l'anlipyrine, ce médicament diminuera
sa soif, sa polyphagie et finalement sa polyurie, mais à la
condition d'observer simultanément un traitement hygié
nique.
Dans ces formes, l'anlipyrine obtient des résultats écla-
tants, nombreux, mais non constants, et peut vaincre le^
complications du diabète : anthrax, diabétides cutanées,
altérations oculaires, névralgies et névrites.
En second lieu, voici un malade hyperglycosurique. H
expulse chaque jour 80 ou 100 grammes de sucre urinaire;
c'est un grand diabétique, Conserve-t-il un embonpoint re-
latif? Alors l'anlipyrine pourra lui rendre des services et
donner au régime hygiénique le temps de restaurer la nu-
trition retardante. L'anlipyrinisation seule serait ici une
erreur thérapeutique : associée au régime, elle peut, sinon
assurer la victoire, du moins empêcher une défaite.
Par contre, l'amaigrissement existe-t-il? Dans l'affirma-
tive, le succès sera plus indécis, surloul si le diabétique,
un amaigri d'emblée, selon l'expression de M. (i. Sée, a été
dès le début en profonde dénutrition. Y a-t-il lieu de pra-
tiquer son antipyrinisation? Peut-être ; mais à titre d'essai.
C'est une médication dont on tentera les hasards, mais eo
la considérant seulement comme l'auxiliaire du régime dié«
télique.
7 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — «• » — 365
A quelques nuances près, Topinion des thérapeuHstes
varie donc peu sur les services de Tantipyrinisalion des dia-
bétiques, petits, moyens ou grands, quand ces malades sont
exempts de toute complications. Celles-ci existent-elles?
Se- trouve-t-on en présence d'un diabète compliqué d'albu-
minurie ou de tuberculose? Que faire? Il y a désaccord
entre les observateurs.
Le diabétique est albuminurique : lui conseil lera-t-on
ringestion de Tantipyrine? Quand même, répondent les
uns, dans leur enthousiasme. Non, d*aprës les autres; et
ceux-ci sont des prudents.
La thérapeutique comme l'histoire est un perpétuel
recommencement : Hippocrate dit : oui; Galien dit : non.
Ici on affirme que Tantipyrine provoque l'albuminurie. Là on
déclare que ces albuminuries secondaires ne sont pas d'ori-
gine médicamenteuse, et le fussent-elles, ajoute-t-on, elles
seraient passagères et conséquemment de médiocre gravité.
Que conclure de déclarations aussi formelles et aussi con-
tradictoires? Dans cet extrême embarras, on propose au
praticien avisé de restreindre la dose d'antipyrine et la
durée de son administration. C'est une ressource que la
sagesse de Salomon n'aurait peut-être pas désavouée. On
espère ainsi ménager le rein et prévenir l'albuminurie,
tout en combattant la glycosurie.
Soit, il reste néanmoins à savoir si, par cette manœuvre
thérapeutique à double action, on conjure tout péril et on
peut espérer le succès. Ce doute n'est pas illégitime. Par-
tageons-le et souvenons-nous du témoignage de M. A. Robin
lui-même, reconnaissant que Tantipyrine est une arme à
deux tranchants, dont il serait imprudent de se servir dans
tous les cas.
Cet aveu est sage ; qu'on ne l'oublie pas, avant d'admi-
nistrer Fantipyrine aux diabétiques en instance ou en
puissance d'albuminurie.
La même indication cxiste-t-elle quand il s'agit du
diabète compliqué de tuberculose? V emploi de l'anlipyrine
possède son utilité contre quelques accidents de la tubercu-
lose pulmonaire: on le sait bien. On vient d'apprécier sa
puissance contre le diabète simple; c'est vrai. Cependant
les bénéfices de son emploi sont plus douteux, quand la
tuberculose se développe sur le terrain diabétique.
Ici je n'insiste pas; les faits sont nets, et les observations
de M. G. Sée confirment nettement une opinion univer-
sellement admise. L'antipyrine raréfie bien le sucre uri-
naire. atténue la fièvre, modère la soif. C st un avantage,
mais la tuberculose continue sa marche, évolue, et,
malgré le médicament et le thérapeutiste, conduit le diabé-
tique à l'échéance fatale. L'antipyrinisation des diabétiques
tuberculeux est une médication de temporisation; rien de
plus, rien de moins. Est-elle exempte de tout inconvénient?
On le pense, on l'espère : il resterait à faire la preuve de
cette innocuité.
Au reste, il faut l'avouer, les indications de l'antipyrine
dan« le diabète ne possèdent pas une précision suffisante
pour affirmer d'emblée leur urgence absolue ou leur impuis-
sance, et un essai infructueux ne doit pas faire abandonner
toute tentative ultérieure.
Où donc trouver des renseignements sur l'opportunité de
cette médication? On les cherche, et on a cru les trouver
dans Texamen quotidien des urines et les rapports du
chiffre du sucre avec la densité de l'urine, en un mot, dans
les travaux de MM. Lépine, Cazeneuve (de Lyon) et
A. Robin.
Y a-t-il diminution simultanée du sucre et de la densité
des urines? L'administration de l'antipyrine est opportune;
il faut la continuer. Existe-1-il une diminution de la glyco-
surie sans changement de la densité du liquide urinaire?
On peut encore espérer dans Teffieacité de l'antipyrine,
mais la surveillance du clinicien doit redoubler : c'est
l'heure de la prudence thérapeutique. *
Troisième circonstance : celle-là est défavorable : l'anti-
pyrine atténue la glycosurie, mais simultanément augmente
la densité de l'urine. Le liquide semble se concentrer et le
rein en quelque sorte se fermer. Inutile d'insister : il y a
danger de continuer la médication. Sans retard on la sup-
primera ; à tout prix il ne faut pas c fermer le rein >.
Enfin, autre contre-indication, motivée par les lésions
anatomiques du rein : il existe de la néphrite interstitielle.
Prescrira-t-on l'antipyrine? Quelques observateurs n'hési-
tent pas à le faire. Leur dévouement à l'antipyrine est, on
le sait, sans limite; ils passent outre à l'altération du filtre
rénal, et se consolent facilement de l'augmentation de la
néphrite, en déclarant qu'elle est passagère. C'est fort aisé,
mais insuffisant pour infirmer des faits cliniques, témoin le
suivant, emprunté encore à M. H. Huchard. Une femme
artério-scléreuse et rénale — elle avait une néphrite inter-
stitielle légère — ingère la faible dose de 4 grammes d'anti-»
pyrine par jour, accuse bientôt une diminution de sa
polyurie, mais bientôt aussi éprouve des accès de dyspnée
cardiaque.
Toute autre démonstration serait supertlue : de tels faits
cliniques sont suffisamment démonstratifs pour inspirer
une sage réserve et restreindre l'emploi de l'antipyrine
chez les rénaux, fussent-ils polyuriques ou glycosuriques à
l'excès.
111
Ces considérations ne sont pas purement spéculatives en
raison de l'élévation des doses d'antipyrine que l'on admi-
nistre à ces malades. Il y a lieu en effet de tenir compte de la
possibilité de phénomènes toxiques : coloration pâle des tégu-
ments, bouffissure de la face et des paupières, sensation de
faiblesse, vertiges, perturbations gastriques, menace de
collapsus, troubles dyspnéiques et autres, et de les prévenir
par une surveillance attentive. C'est donc un traitement
dont la légitimité est en rapport direct avec la vigilance du
thérapeutiste. Cela dit, on comprend que la posologie
et les méthodes d'administration du médicament ne sont
pas indifférentes.
De ces méthodes la première en date, en France du
moins, consiste dans 1 ingestion quotidienne de 4 à
6 grammes d'antipyrine pendant un septénaire et dans
l'association de ce remède à une dosé égale de bicarbonate
de soude. En deux mots, c'est une médication mixte^ fai-
sant appel aux propriétés nervines de l'antipyrine et aux
vertus eutrophiques des alcalins. Elle consiste tout à la fois
dans l'antipyrinisation et l'alcalinisatioa du diabétique. On
la prescrit durant sept jours; puis, pendant le septénaire
suivant, on suspend tout médicament et on s'en tient au
régime, pour revenir, après une semaine de repos, aux deux
agents médicamenteux.
Une autre méthode, c'est la médication antipgrinique inté-
grale^ ses avocats administrent l'antipyrine seule; ils per-
mettent au malade antipyrinisé l'usage de pommes de terre
cuites à l'eau, de la mie de pain, et d'autres aliments habi-
uellement défendus. Ils atténuent ainsi les rigueurs du
366 — R* 28 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
7 JoiN 1889
régime carno-graisseux, demandânl à Tantipyrine de rendre
rorganisiDe tolérant pour un diététique traditionnellement
et systématiquement imposé aux diabétiques.
De ces deux méthodes, il faut adopter la première, con-
seiller l'association de l'aiilipyrine au bicarbonate de
soude. Chaque prise contiendra 1 gramme d'antipyrine pour
2 grammes du sel alcalin et sera administrée quatre fois par
jour, une heure avant ou après les repas et durant huit à
douze jours; puis on suspendra le traitement; ce sera une
période de repos nécessaire pour éviter Talbuminurie et
les accidents toxiques. Cette période de repos doit se prolon-
ger jusqu'au jour où, le sucre urinaire augmentant de nou-
veau, il y a urgence de le réduire par une nouvelle antipy-
rinisation du malade.
Ce n'est pas tout. Il y a des malades rebelles à l'antipyrine.
On la leur prescrit pendant une semaine: le sucre ne
diminue pas; que faire? Continuer le traitement? Non.
Mieux vaut alors suspendre Taniipyrine, comme le conseille
M. Robin, revenir aux traitements classiques et, plus tard,
répéter les tentatives d'antipyrinisation.
On le voit, par sa posologie et son administration, la
médication antipyrinique ne doit être et ne peut être, à
moins de courir au-devant des échecs ou desaccidents, qu'une
médication de tâtonnement. Elle ne saurait d'ailleurs, j'en
appelleautémoignageacadémique de M.Dujardin-Beaumetz,
dispenser du régime diététique: autre preuve de l'action de
l'antipyrine, non pas sur le diabète, mais bien sur la glyco-
surie et la polyurie, éléments pathologiques, qui très pro-
bablement sont d'origine nerveuse dans les cas où la
médication les modifie.
Au reste, tenons-nous-en aux faits seulemenl. On a dit:
l'antipyrine atténue le diabète parce que, médicament
d'épargne, elle diminue l'activité des échanges et le ralentis-
sement de la nutrition chez les diabétiques. Cette explica-
tion doctrinale recule la difficulté, mais ne la résout pas.
On a dit aussi: l'antipyrine modifie l'activité des centres
nerveux : c'est un nervin. On ne saurait méconnaître, en
effet, que, insérée à doses nervines, c'est-à-dire à doses
élevées, l'antipyrine agit sur les nerfs. La thèse de
M. Arduin l'a établi depuis six ans; H. Girard l'a montré
dans la Revue médicale de la Suisse Romande du
15 novembre 1887; et moi-même j'ai rappelé naguère ses
vertus modificatrices de l'excitabilité médullaire.
Est-ce à d'autres titres qu'elle réprime la polyurie ou
diminue la glycosurie? Cette opinion parait vraisemblable.
Ce mode d'action est-il le seul? On ne saurait l'affirmer.
L'antipyrine agit encore sur les éléments du sang et sur le
foie, dont les cellules étaient altérées dans les expériences
de Vera Ivanoff (thèse de Bâle, 1887). Ce ne sont pas là, je
pense, des faits négligeables au point de vue de la thérapeu-
tique et de la clinique et la théorie du diabète d'origine
hépatique s'accommoderait donc aussi de ses succès?
Mais qu'il soit médicament nervin, pancréatique, hépa-
tique ou autre; peu importe, laissons la discussion de
ces questions théoriques aux doctrinaires des diverses
écoles; restons sur les faits et constatons les succès réels
et aujourd'hui encourageants de cette médication; qui
d'origine étrangère par droit de naissance est devenue fran-
çaise et bien française par adoption.
J'aurais pu m'arrêter aux théories, discuter les opinions,
chercher si l'antipyrine soulage les diabétiques en sa qua-
lité d'agent npodificateur de la nutrition, en appeler à
Benecke, en Allemagne, à Bence Jones, à Cantani, à
M. Bouchard ; chercher si l'on est diabétique, parce que
l'organisme ne brûle pas assez de glycose ou parce qu'il en
produit trop. A quoi bon? Enregistrer les faits cliniques; au
point de vue pratique cela suffit.
Depuis Rollot, au commencement du siècle, jusqu'au
mémoire de M. Esbach, en 188G, on a compté vingl-si\
théories pathogéniques du diabète sucré. En 1889, on
pourrait sans doute en énumérer vingt-huit ou vingt-neuf.
Est-il donc nécessaire d'en édifier encore une autre qui
serait la trentième? La polyurie et la glycosurie, d'origine
nerveuse, ne sont plus à démontrer; l'antipyrine, selon
l'expression d'un de ses premiers avocats, est un médica-
ment bulbaire, témoin d'une part les succès de celle-ci
contre la maladie de Graves, Huchard, Arduin, du
Cazal, Gauthier (de Charolles); témoin ses vertus dolori-
fuges (1) ; témoin, d'autre part, comme M. Brouardel l'a écril
judicieusement, < le rôle capital de la lésion nerveuse qui
est si bien le point de départ que le diabète sucré se
transforme parfois en diabète insipide. »
Essayés d'abord contre la polyurie, préconisés aujourd liui
contre la glycosurie, les services que l'antipyrine rend dans
le traitement du diabète sont donc bieu ceux que d'autre.^
médicaments moins nouveaux, mais tout aussi nervins, oui
pu rendre et rendent encore. M. Worms le rappelait der-
nièrement à ses collègues de l'Académie. Ne trouvez-vous
pas que la remarque était opportune? Il ne faudrait pas, en
effet, que l'antipyrine fit oublier la quinine dans le traite-
ment du diabète de forme nerveuse. Il est désirable de le
rappeler, de temps en temps, à une époque où le triomphe
éphémère de certains remèdes nouveaux fait oublier les
médicaments depuis longtemps éprouvés.
J'ai lieu de croire qu'au prochain Congrès interna-
tional de thérapeutique où l'antipyrine et ses rivales tien-
dront, parait-il, une grande place dans l'ordre du jour, il
se trouvera des orateurs pour développer ce vœu et des
congressistes pour l'adopter. Ce sera fort utile pour le
bien des malades et dans l'intérêt de la vérité.
Ch. ÉLOT.
CONTRIBOTIONS PHARMACEUTIQUES
Potion an baume de Toln.
Le sirop de Tolu du Codex, préparé par une digestion du
baume dans l'eau distillée, ne contient que les parties de
ce baume solubles dans l'eau, c'est-à-dire les acides cinoa-
mique et benzolque et de l'huile essentielle aromatique. La
partie résineuse du baume reste intacte et n'est pas em-
ployée en pharmacie. Le sirop de Tolu doit donc être consi-
déré comme un sirop saturé d'acides dont la valeur anti-
septique est connue, et aromatisé au Tolu.
L'acide cinnamique forme la presque totalité des acides
contenus dans le baume de Tolu, il est moins solubledan>
l'eau que l'acide benzolque ; mais, comme ce dernier, il
jouit de la propriété de transformer l'acide urique dans les
urines en acide hippurique beaucoup plus soluble. Chaque
cuillerée à soupe de sirop de Tolu contient 0,045 environ
d'acide cinnamo-benzoîque, quantité à laquelle, à tort, on
n'a jamais prêté la moindre attention. Des auteurs s»nl
(1) Cli. Éloy. Dêi antiihermUiuft comme inédicameiUa fiervitu {Gai. hfbi.
2 septembre 1887).
7 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 23.— 367
allés jusqu'à proposer des proportions de baume dix fois
moindres que celles exigées par le Codex,
Il faut bien avouer que l'action médicamenteuse du
baume en nature, soit sur les bronches, soit sur les reins,
est bien supérieure à celle du sirop; et Ton ne s*explique
pas pourquoi il est si peu usité. Bien que la forme pilulaire
soit ici la plus avantageuse, la potion émulsionnée peut,
dans certains cas, trouver son emploi. Et c'est justement
pour mettre, dans ces sortes de préparations, l'uniformité
qui leur manque, que nous donnons la formule suivante
avec son mode opératoire :
Baume de Tolu 4 grammes.
Gomme pulvérisée 10 —
£au de fleurs d'oranger 10 —
Sirop de laurier-cerise 30 —
Eau 100 —
Mettez la gomme dans un mortier avec un peu d'eau ,
développez le mucilage, ajoutez le sirop, puis, petit à petit,
25 grammes de teinti\re de Tolu du Codex, et enGn l'eau.
On obtient ainsi une émulsion dont chaque cuillerée à soupe
contient 50 centigrammes de baume de Tolu. On peut
diminuer de moitié la quantité d'alcool en dissolvant à
chaud les 5 grammes de Tolu dans 10 grammes d'alcool à
80 degrés. Dans ce dernier cas, l'émulsion terminée doit
être passée à travers un blanchet.
Pierre Vicier,
♦
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Faculté de médecine. — Cours de pathologie interne
M. le professeur Dieulafoy.
Syphilis du poumon et de la plèvre.
(Leçons recueillies par le docteur Fernand Widal, interne
des hôpitaux.)
(Fin. — Voyez les n" 18, 19, 20, 21 et 22.)
MM. Dubousquet-Laborderie et Ernest Gaucher ont
rapporté dans la Revue de médecine pour 1884, Thistoire
intéressante d'une fillette de huit ans et demi qui s'était
présentée à eux avec tous les signes d'une caverne pulmo-
naire localisée au sommet du côté droit et tout l'aspect
d'une phlhisique arrivée à la dernière période. Ces deux
médecins soupçonnèrent pourtant la nature syphilitique de
la pneumopatnie en raison des altérations caractéristiques
de syphilis héréditaire inscrites sur les dents de cet enfant,
en raison encore d'une tumeur développée au niveau du
sternum, tumeur qui prise d'abord pour un abcès fut considé-
rée ensuite comme une gomme à cause de la nature de son
contenu. Le soupçon se changea en certitude lorsque le
père vint un jour consulter par hasard pour une onyxis
syphilitique d'un des doigts de la main gauche et avoua,
après interrogatoire, avoir contracté un chancre induré
douze ans auparavant. On prescrivit immédiatement les
frictions mercarielles et l'ioaure de potassium. Le traite-
ment devait promplement donner raison au diagnostic.
L'amélioration fut si rapide ({u'au bout d'un mois on ne
trouvait plus au sommet droit qu'une respiration un peu
soufflante. Au bout de deux mois Tenfant était complète-
ment rétablie et dix mois après la première constatation des
accidents, la guérison ne s'était pas démentie.
J'ai observé moi-même un cas de syphilis pulmonaire
héréditaire tardive dans les circonstances que voici : je fus
appelé, en 1884, dans une famille russe, pour donner mes
soins à un jeune enfant de quatorze ou quinze mois, dont
j'avais autrefois soigné le père pour la syphilis. Mon petit
malade, après avoir souffert successivement de troubles
oculaires, de suppuration de l'oreille et de périostite
double des deux poignets, fut reconduit en Russie par ses
parents. Deux ans plus tard, le père revenait à Paris pour
m'amener son fils qu'il croyait cette fois voué à une mort
certaine. L'enfant portait tous les signes d'une caverne
à la f.ar!i mjyenne de l'un des poumons et présentait tout
l'aspect d'un phthisique. Connaissant la syphilis du père, je
n'hésitai pas et je diagnostiquai une pneumopathie syphili-
tique héréditaire; j'instituai le traitement spécifique et
je donnai l'espoir d'une guérison prochaine. Mes pré-
visions se réalisèrent, car déjà après quelques jours les
transpirations s'étaient arrêtées, 1 appétit était revenu, les
signes stéthoscopiques s'étaient amendés et au bout de quel-
Ïues semaines il ne restait plus signe de la pneumopathie.
ul doute que si cet enfant eut été vu par un médecin
ignorant la syphilis du père, il eût été traité comme tuber-
culeux et cette erreur lui aurait coûté la vie.
Je pourrais vous citer encore une observation de syphilis
pulmonaire prise dans mon service, en 1886, par M. Le-
grand, alors mon interne, mais dans ce cas je ne saurais
vous dire si la pneumopathie relevait de la syphilis acquise
ou de la syphilis héréditaire; jugez plutôt:
Un homme était entré à l'hôpital Saint-Antoine avec de
la toux, des hémoptysies et tous les signes rationnels de la
phthisie pulmonaire tuberculeuse. Nous fûmes cependant
arrêtés dans notre diagnostic par la localisation bizarre de
la lésion à la partie moyenne du poumon, par l'absence de
bacilles dans les crachats et enfin par la constatation de
dents tvpiques d'Hutchinson.
Fouillant alors le passé de notre malade, nous trouvâmes
chez lui des stigmates de syphilis dont la filiation chrono-
logique était bien faite pour nous surprendre. Cet homme,
quelques années auparavant, avait souffert de gommes du
tibia, constatées par H. le docteur Barbe; mais, chose éton-
nante, il avait contracté ensuite un chancre induré de la
verge dont il portait la cicatrice depuis seize mois seule-
ment. Notre malade avait donc eu successivement deux
syphilis : une première héréditaire (les déformations den-
tal resetlesgommes des membres inférieurs le témoignaient);
une seconde, acquise (le chancre induré de date relative-
ment récente en était une preuve suffisante).
C'était plus qu'il n'en fallait pour administrer l'iodure de
potassium et le mercure, qui amenèrent la guérison à brève
échéance. Mais je ne saurai jamais si cette thérapeutique
bienfaisante a guéri une pneumopathie syphilitique acquise
ou une pneumopathie héréditaire.
Je vous ai prouvé, par un nombre de faits suffisants,
l'existence de la syphilis pulmonaire héréditaire tardive et
je vous ai montré qu'on la diagnostiquait souvent en la
guérissant. Aussi chez l'enfant ne craignez jamais de lasoup-
çonner, cette syphilis héréditaire tardive; elle est plus fré-
quente que vous ne croyez et souvent on passe à côté d'elle
parce quon n'y pense pas suffisamment. Pour moi,
nombre de bébés que l'on dit lymphatiques ou scrofuleuz,
parce qu'ils ont des conjonctivites qui ne guérissent pas,
des coryzas qui ne tarissent plus ou des rhumes qui ne
s'éteignent pas, sont des syphilitiques héréditaires. Si,
chez ces petits malades, le sirop de raifort, le sirop iodo-
tannique, le sirop d'iodure de fer font parfois merveille,
c'est surtout,jecrois,gràceàriodequoique en faible quantité,
que contiennent ces préparations. Unissez la médication
mercurielle à la médication iodurée et vous verrez souvent
disparaître avec une rapidité plus surprenante encore et la
conjonctivite et le coryza et la bronchite. Si, ces enfants
dits lymphatiques à cinq ans, deviennent tuberculeux' à
368 - N« 23 — GAZETTE HEBDOMADAiftE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
7 Juin ig89
quinze ans, ne dites pas que la scrofule a parcouru ses
étapes pour aboutir à la tuberculose. Je pense que la filia-
tion pathogénique est tout autre et que les lésions syphi-
litiques du jeune âge ont alors ouvert la porte au bacille de
Kbch.
Je résume cette longue histoire de la syphilis pulmo-
naire, en tirant quelques conclusions pratiques, les sui-
vantes :
L'époque d'apparition est celle des accidents tertiaires
viscéraux. Mais, si la pneumopalhie survient souvent dans
le cours de la quinzième, dix-huitième ou vingtième année
de l'infection, il faut savoir qu'elle peut exceptionnellement
survenir au cours de la première année (observation de
M. Polain, de M. Mauriac).
Variable dans son allure, la syphilis du poumon revêt
l'aspect, soit de la broncho-pneumonie aiguë, soit de la tu-
berculose chronique commune, soit de la broncho-pneumo-
nie chronique : il n'est pas de maladie du poumon qu'elle
ne puisse simuler.
Variable dans sa durée, son évolution peut être rapide et
se faire en quelques jours ou quelques semaines; elle peut
être lente et se faire en deux, Irois, quatre et cinq ans.
Il y a pour le syphilitique pulmonaire, deux façons de
mourir : la cachexie ou la phlhisie. Cachectique, il meurt
sans fièvre avec de l'albuminurie et des œdèmes généra-
lisés. Il tombe alors frappé par la syphilis et rien que par la
svphilis qui a louché tous ses organes, en y déterminant soit
des lésions spécifiques, soit la dégénérescence amyloïde.
Phthisique, il s'éteint dans la consomption avec sueurs
nocturnes, ongles hippocratiques et fièvre hectique. Il
meurt alors du fait de ses lésions pulmonaires et rien que
par elles. Sur la localisation syphilitique sont venues so
greffer des infections secondaires, quelquefois même la
tuberculose.
Le diagnostic de la svphilis pulmonaire est entouré, en
général, des plus grandes difficultés en raison de la plura-
lité de ses formes, en raison aussi de ce fait que pas un seul
signe, par sa présence ou son absence, ne permet d affirmer
la pneumopalhie syphilitique. Chez un phthisique tubercu-
leux à la période des cavernes, on doit toujours trou-
ver, le bacille de Koch dans les crachats, aussi je ne
puis trop vous conseiller d'en pratiquer toujours Texa-
men bactériologique, mais n'oubliez pas que tubercules et
syphilomes peuvent se développer simultanément dans le
même ppumon et alors tout conspire pour égarer votre dia-
gnostic, les troubles fonctionnels, comme les signes phy-
siques, comme l'examen bactériologique. Sans un hasard
heureux, amenant le développement d'une gomme appa-
rente sur le testicule, la peau, le frontal ou le sternum, la
nature de la pneumopathie passerait le plus souvent ina-
perçue. Or, c'est un devoir pour vou€ d'aller au-devant de ce
hasard. Malgré l'immense supériorité de fréquence de la
phlhisie tuberculeuse par rapport à la phthisie syphilitique,
scrutez les antécédents personnels de vos malades, scrutez
même leurs antécédents héréditaires, si ce sont des en-
fants ou des adolescents, voire même des adultes n'ayant
pas atteint la trentaine et si vous dépistez quelques stig-
mates de syphilis, n'hésitez pas à instituer le traitement
spécifique.
Ordonnez le sirop de Gibert, le protoiodure de mercure,
la liqueur de Van Swieten, ou mieux encore prescrivez
la médication mixte et en même temps que les frictions
d'onguent napolitain à la dose de 3, 5 et 6 grammes admi-
nistrez 5, G, 8 jusqu'à 12 grammes d'iodure de potassium
par joui, doses que j'ai l'habitude de prescrire dans mon
service.
TRAVAUX ORIGINAUX
Clinique médicale.
Recherches sun l'action thérapeutique de la coromlle
DANS LES affections CARDIAQUES, par M. le docteur
Spillmann, professeur de clinique médicale, et M. le
docteur Haushalter, chef de clinique à la Faculté de
Nancy.
Étudiant dans ces dernières années sur les animaux,
l'action physiologique des extraits de la coronille (Coronilia
scorpioides)y M. le professeur SchlagdenhaufTen, directeur
de l'Ecole de pharmacie de Nancy, et M. Reeb, de
Strasbourg, furent frappés de leur influence sur la con-
tractilité du cœur et sur la tension sanguine. Persuadé que
les substances retirées de la plante étaient capables de
produire dans les aiïections cardiaques un effet bienfaisant,
en stimulant la tonicité du myocarde, M. Schlagdenhauiïen
nous demanda d'entreprendre dans notre service l'étude de
la coronille. Nous devons ajouter cependant qu'en 1886,
M. Cardot (i), exposant dans sa Vhèse les résultats de
recherches entreprises déjà sur l'instigation de M. Schla<;-
denhauflen, avait commencé l'étude thérapeutique de la
coronille en indiquant les effets constatés par lui, chez quatre
malades atteints d'affection cardiaque, auxquels il avait
administré de Texlrait alcoolique de coronille.
Dans ces quatre cas, qui concernent des malades en état
d'asystolie plus ou moins prononcé, M. Cardot donna l'extrait
de coronille à des doses variant entre 40 centigrammes
et l3',10; chaque fois il nota une augmentation de ladiurèse,
une diminution de l'œdème et de l'oppression, mais chaque
fois aussi de la diarrhée et des vomissements; dans deui
cas même, il se produisit après fingestion du médicament
des phénomènes nerveux assez effrayants, tels que vertiges,
dilatation des pupilles, fourmillements dans les membres;
aussi M. Cardot conseillait-il de ne pas dépasser chei
l'homme la dose de i gramme d'extrait.
D'autre part, MM. Schlagdenhauffen et Cardot avaient
déduit de leurs expériences sur les animaux, que l'extrait
de coronille en injection intraveineuse est toxique à la dose
de 0«',(X)5parkilogrammed'animal,ce qui équivaudrait à une
dose toxique de O'^.SO pour un homme de 60 kilogrammes;
pour toutes ces raisons, nous crûmes prudent de commencer
nos expériences en usant de doses faibles, pour n'avoir à
redouter aucun effet toxique: nous administrâmes au début
l'extrait alcoolique de coronille à la dose de O^^OI par vingt-
quatre heures.
Récemment MM. Schlagdenhauffen et Reeb ont isolé de
la coronille un glucoside, qui semble être le principe
réellement actif, la coronilline, et qui jouit à peu près des
mêmes propriétés physiologiques que l'extrait ; il résulte
des expériences faites par eux que la dose toxique de coro-
nilline en injection intravasculaire est de moins de i milli-
gramme par kilogramme d'animal ; d'après ce chiffre, la
dose toxique pour riiomme de 60 kilogrammes serait environ
de 0«',0r); nous fondant sur ce fîiit, nous commençâmes par
limiter à O^^OOS la dose de coronilline administrée en vingt-
quatre heures aux malades en expérience.
Mais nous nous aperçûmes bientôt qu'à la dose de 0«V)1
l'extrait de coronille, et à la dose de O^^OOS la coronilline,
ne produisaient sur l'homme aucune action appréciable;
augmentant progressivement, dans une série de cas, la
quantité de médicament, nous finîmes par constater que
l'extrait de coronille ne commençait à être efficace qu'à la
dose de 0«%40-0«%50 environ, et la coronilline à la dose
de 09%20 à 09'",30; dépassant graduellement celte dose, nous
(!) Cardot, Recherchet expérimentaltt tur l'extrait de coronilia tcorpioidi9.
Thèse do Nancy, 1880.
Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ~ N* 23 — 369
arrivâmésà obtenir le maximum d action avec 1«%50 d'extrait
de coronille et 0«'^,60 de coronilline, sans avoir du reste à
constater les accidents nerveux observés par M. Cardol.
De ces premiers faits, nous pouvons légitimement conclure:
1*" que l'extrait df, coronille, expérimenté par M. Cardot,
n*était probablement pas absolument identique à celui sur
lequel ont porté nos expériences et qu'il contenait des
produits quelconques, capables de provoquer les svmptômes
nerveux constatés; 2"" que le pouvoir toxique de 1 extrait de
coronille et de la coronilline introduits dans Torganisme
animal, par injection veineuse, est bien supérieur au
pouvoir toxique des mêmes produits introduits par voie
stomacale chez l'homme; cette différence de toxicité dépend
sans doute de modifications subies dans le tube digestif par
le principe actif.
Quoi qu'il en soit de ces faits, dont l'explication est à
donner, il nous reste à exposer les résultats obtenus par
l'administration de l'extrait de coronille et de coronilline à
la dose reconnue active ; nous nous dispenserons de relater
les cas assez nombreux dans lesquels, au début, nous avons
expérimenté par tâtonnement des doses plus faibles.
L'extrait de coronille fut administré, soit sous la forme
pilulaire, soit en cachet, soit, le plus souvent, en potion;
toutes ces préparations nous ont été fournies par M. le pro-
fesseur Scnlagdenhauffen ; l'extrait de coronille et la coro-
nilline ont une amertume des plus désagréables, que ne
parviennent pas à masquer complètement les sirops auxquels
on les incorpore.
La coronille, d'après les expériences premières de
MM. Schlagdenhauflfen, Reeb et Cardot, et d'après des expé-
riences renouvelées tout récemment par MM. Schlagden-
haulTen et Gley {Société de biologie, séance du 20 avril 1889),
agissant tout particulièrement sur le myocarde, pour
accroître l'énergie de sa contractilité, nous la prescrivîmes
constamment aux malades atteints pour une cause ou une
autre d'asystolie h ses divers degrés; dans neuf cas nous
avons donné l'extrait de coronille à la dose supposée active,
la coronilline dans huit cas.
Sur ces dix-sept cas, huit fois, c'est-à-dire dans la nioitié
des cas à peu près, l'extrait de coronille ou la coronilline
ont eu une action efficace, et ont amendé, en partie au
moins, les symptômes de l'asystolie ; deux fois, ils ont
produit une amélioration minime; sept fois leur effet théra-
peutique a été nul.
Nous commencerons par résumer succinctement les
observations, dans lesquelles l'extrait de coronille et la
coronilline ont produit un effet utile (1).
Obs. I. Myocardite granulo^groiàseuse d* origine alcoolique.
— Homme, cinquanle-deux ans, commissionnaire, alcoolisé |
myocardite granulo-graisseuse : bruits du cœur sourds, choc
diffus, pouls petit, mou, régulier, œdème des membres inté-
rieurs, urines rares.
Le G février. — Urines, 200 centimètres cubes. Coronilline,
\o centigrammes.
Le 7. — Urines, 800 c. c. Coronilline, 30 centigrammes.
Le 8. — Urines, tOOOc. c. Coronilline, 30 centigrammes.
Le 9. — Urines, 2000 c. c. Coronilline, 30 centigrammes.
Dos lors rœdème disparaît, le pouls est renforcé, les urines se
maintiennent entre 1500 et 2000 c. c, et le malade sort consi-
dérablement amélioré.
Obs. il Insuffisance mitrale avec rétrécissement. —Homme,
trente-quatre ans, voiturier, a subi il y a trois ans une atteinte
de rhumatisme articulaire aigu ; entré à l'hôpital le il novem-
bre 1887 avec les symptômes d'une insuffisance mitrale avec
réirécissement imparfaitement compensés; à plusieurs reprises
il est soumis au traitement par la digitale.
Kn avril 1889, étant en asystolie avec cyanose, œdème des
membres inférieurs, congestion pulmonaire, pouls petit, mais
(1) Nous teoon» à remercier M. le docteur Fistië de l'obligeance qu'il a mise à
recHeillir pendant les vacancoa d'automne de 1888 les obsenralions des malades
auxquels nous administrions la coronille.
régulier, urines rares (500-600 c. c.) ; on lui administre de
l'extrait de coronille en potion, à la dose de 30, 50 et 80 centi-
grammes; la respiration devient plus facile, les urines augmen-
tent (2000 c. c).
Le 22 février 1889. — Orthopnée, cyanose, dilatation des veines
du cou, œdème pulmonaire, congestion hépatique, pouls filiforme
et régulier; urines rares, 800 c. c. Coronilline, 15 centigrammes.
Le 23. — Urines, 1500 c. c. Le pouls, toujours petit,
est plus fort que la veille; la cyanose est moindre. Coronilline,
30 centigrammes.
Le 24. — Urines, 2000 c. c. Le malade se trouve mieux,
dort bien la nuit, a eu un peu de diarrhée à la suite de sa
potion. Coronilline, 45 centigrammes.
Le 25. — Urines, 15(X) c. c. Le chiffre des urines se
maintient pendant deux jours aux environs de 1500 c. c, puis
il tombe a 800-1000 c. c. ; les symptômes de stase veineuse,
légèrement amendés par la coronilline, reparaissent.
Le 9 mars. — Orthopnée, cyanose, pouls filiforme, œdème ;
urines, 800 c. c. Coronilline, dO centigrammes.
Le 10. — Urines, 15(K) c. c. ; Tœdème a un peu diminué;
le malade a eu dix selles diarrhéiques. Coronilline, 30 centi-
grammes.
Le 11. — Urines, 1500 c, c. Mêmes symptômes.
Le 20. — Une nouvelle potion, avec 50 centigrammes de
coronilline, est administrée ; elle reste sans effet, comme du
reste la digitale, qui est prescrite quelques jours après.
Obs. IIL Myocardite. Hypertrophie du cœur. Artériosclérose
généralisée. — Homme, soixante ans, artério-scléreux, arthri-
tique, alcoolisé, atteint d* hypertrophie du cœur, entre le
28 février avec les symptômes de dégénérescence graisseuse du
myocarde; pouls lent, régulier, œdème, cyanose, dilatation des
veines du cou, bruits du cœur sourds, état de suodélire, urines
foncées et sédimenleuses, 10(X) c. c.
Le 1" mars. — Urines, 1000 c. c. Coronilline, 30 centi-
grammes.
Le 2. — Urines, 3000 c. c. Le malade respire mieux. Coro-
nilline, 30 centigrammes.
Le 3. — Urines, 2000 c. c. Coronilline, 30 centigrammes.
Le 4. — Urines, 1200 c. c.
Le 5. — Urines, 1500 c. c. Coronilline, 30 centigrammes.
Durant Tadministration de la coronilline, la dyspnée a un peu
diminué, mais Tœdème et la cyanose ne se sont guère
modifiés.
CoronjHina
^OB orso o»jO
Coromlline
0^30 orso o^to^
Trace i. — Action de la coronilline sur la diurèse (obs. III
Jusqu'au 9 mars, les urines se maintiennent aux environs de
1200 c. c.
Le 9. — Urines, 1200 c. c. Coronilline, 30 centigrammes.
Le 10. — Urines, 1800 c. c. Coronilline, 50 centi-
grammes.
Le 11. — Urines, 2600 c. c. Coronilline, 60 centi-
grammes.
Le 12. — Urines, 2600 c. c.
La coronilline est supprimée.
L'œdème restant toujours le même, et le malade se plaignant
de dyspnée et d'insomnie, on prescrit les 13, 14 et 15, une potion
avec 50 centigrammes d*herbe de digitale; en trois jours, les
urines tombent à 800 c. c, pour remonter le 16 et le 17, à
2400 c. c, en même temps que Tœdème diminue un peu.
Les 18,19. — Les urines retombent au chiffre de lOOO c. c,
Tœdème augmente ; la cyanose, la stase nul mon aire augmentent.
Le 20. — Urines, 1000 c. c. Coronilline, 50 centi-
grammes.
Le 21. — Le malade, après avoir pris sa potion, a eu des
vomissements et de la diarrhée.
Urines, 2000 c. c.
Le 22. — Urines, 2600 c. c. Coronilline, 50 centi-
grammes.
370
N* 23 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
7 Jdin 1889
Le 23. — Urines, 3200 c. c. Le pouls est régulier, assez
ample, mais l'œdème persiste avec la dyspnée, rinsomnie et le
snbdélire.
Le 24. — Urines, 2400 c. c. Le malade est actuellement
encore en observation.
Obs. IV, Myocardite granulo-graisseusc alcoolique. --
llonimo, cinquante-neuf ans, voiturier alcoolisé, entre à Thôpital
le 18 novembre 1887 en état d'asystolie; jusqu'en avril 1888, son
état est amélioré plusieurs fois par la digitale et le strophantus
Le 12 avril, le malade étant en état complet d'asystolie, on
administre une potion avec 2 centigrammes d'extrait de coronille ;
du 12 au 29 avril, la coronille est administrée à des doses variant
de 2 à 10 centigrammes, sans qu'il y ait d'amélioration notable;
tout au plus, le malade prétend-il, après avoir pris le médica-
ment, respirer un peu mieux.
Le 29. — Extrait de coronille, 50 centigrammes.
Le 30. — Le malade a dormi un peu mieux, la respiration est
plus facile, mais Tœdème persiste; le pouls est irrégulier, les
urines toujours rares, 500 centimètres cubes. Extrait de coronille,
80 centigrammes.
Le 1'"'" mai. — Pas de dyspnée ; pouls plus régulier, égal,
œdème un peu moindre. Urines, 1000 c. c.
Les 3, 4, 5. — Le malade prend 1 gramme d'extrait de coro-
nille; la respiration est plus facile, les urines assez abondantes,
1000-1200 c. c, le pouls plus régulier, mais l'œdème et la
cyanose persistent en jg^rande partie.
Le malade succombe bientôt dans un accès d'asystolie sur
lequel les médicaments cardiaques n'ont plus aucun effet.
Obs. V. Insuffisance mitrale avec rétrécissement. — Homme,
trente-sept ans, sujet à des bronchites et à de l'oppression
depuis plusieurs années, entré en février 1888, avec symptômes
d'asystolie, liés à une insuffisance mitrale avec rétrécissement;
à plusieurs reprises son état est amélioré par la digitale ou le
strophantus.
Le 16 avril. — Le malade étant cyanose, œdématié, en orlho-
pnée, avec pouls filiforme, presque incomptable, on prescrit une
potion avec 2 centigrammes d'extrait de coronille, qui est vomie
presque immédiatement.
Le 17. — Extrait de coronille, 10 centigrammes.
Le 18. — Pas d'amélioration, urines rares, 200 c. c.
Le 29. — La dose de coronille est portée à 50 centigrammes.
Le 30. — Respiration plus facile, moins de palpitations, pouls
plus régulier. Extrait de coronille, 50 centigrammes.
Le l'"* mai. — Pouls régulier (72) ; urines, 500 c. c. Pas de
coronille.
Le 2. — Pouls irrégulier, petit, dyspnée. Extrait de coronille,
80 centigrammes.
Le 3. — Pouls plus régulier, respiration plus facile; urines,
600 c. c. Extrait de coronille, 80 centigrammes.
Le 4. — Mêmes symptômes d'amélioration. Coronille, 80 centi-
grammes.
Le 5. — Extrait de coronille, 90 centigrammes.
Le 6. — Urines, 900 c. c; respiration moins difficile, pouls
assez régulier (92), œdème toujours persistant.
Le malade succombe à quelques jours de là dans une recru-
descence d'asystolie.
Obs. VI. Hypertrophie du cœur. Myocardite. — Femme, cin-
quante-deux ans, entrée le 21 juin 1888. Dyspnée d'efibrt depuis
quelques années; depuis six mois, œdème des membres infé-
rieurs. A son entrée : orthopnée, cyanose, dilatation des veines
du cou, œdème des membres inférieurs, pouls petit, irrégulier,
inégal; bruits du cœur sourds, hypertrophie du cœur gauche,
dédoublement du premier bruit, insomnie.
Le 22 juin. — Urines, 500 c. c. Extrait de coronille,
1 gramme.
Le 23. — L'œdème a diminué, la dyspnée s'est amendée ;
pouls régulier (100). Urines, 1500 c. c.
Le 24. — Extrait de coronille, 1 gramme.
Le 25. — Urines, 1500 c. c. La coronille est suspendue.
Le 28. — L'œdème a reparu; pouls filiforme, dyspnée, œdème
pulmonaire, urines rares.
On {prescrit les I's2, 3 août, une infusion avec 50 centigrammes
de digitale.
Amélioration passagère avec augmentation de la diurèse,
1250 c. c.
Le 6. — Les symptômes d'asystolie reparaissent.
Le 7 et le 8. — l9',50 d'extrait de coronille. Aucune amélio-
ration.
Le malade succombe le 12.
Obs. VJL Insuffisance mitrale. — Homme, cinquante-sept
ans, entre le 2 juillet 1888 avec les symptômes suivants, remon-
tant à un mois : cyanose, congestion du foie, dilatation dt^
veines du cou, œdème, pouls ir régulier, iné|pl ; urines rares,
500 c. c. Souffle systolique mitral. Extrait de coronille,
1 gramme.
Le 3 juillet. — Cyanose un peu moindre. Urines, 1000 c. c.
Extrait de coronille, 1 gramme.
Le 4. — Respiration moins pénible, moins de cyanose, pouls
régulier, assez ample. Urines, 1500 c. c. Extrait de coronille,
1 gramme.
Le 5. — Urines, 1250 c. c.
Le 6. — Dypsnée interne, cyanose, œdème. Urines, 750 c. c.
Coronille, 19^50.
Le 8. — Dyspnée moindre, pouls régulier. Urines, 1250 r. r.
Extrait de coronille, l^^oO.
Le 9. — La dyspnée persiste, Tasystolie fait des progn^
jusqu'au 15; on administre le 15, le 16 et le 17 une infusion av<*f
40 centigrammes d'herbe de digitale ; la digitale n a aucune
action efficace sur l'asystolie et le malade succombe le 20.
Obs. VI II. Myocardite. Artériosclérose généralisée. -
Homme, soixante-dix-neuf ans, asvstolie depuis uuatre mois.
Entré à l'hôpital en avril 188i: œdème, dilatation des veines du
cou, pouls petit, irrégulier, choc du cœur diffus, bruits sourds,
dyspnée, urines rares.
Le 24 avril. — 25 centigrammes de eoranille.
Le 25. — Même état de l'asystolie; 25 centigrammes de coro-
nille.
L'asystolie s'aggravant toujours, on prescrit 30 centigrammes
de digitale; le pouls se régularise, l'œdème disparaît, la diurèse
atteint 4 litres.
^000
Entrait de
coronille IfSO
tKtrftii de coronille If 90
3000
T
\
^
7000
y
f
^
vj
y
\
A
r
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1
inoo
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S-
^
Tracé II. — AcUon de l'extraH de coronille aur la diurèse (oba. VIII).
Sorti de Thôpital, le malade y rentre en asystolie le 11 juillf^t,
avec un pouls filiforme, de la cyanose, de la congestion du foie,
des urines très rares, 300 centimètres cubes.
Le 12 juillet. — Coronille, 1 gramme.
Le 13. — Urines, 2500 c. c. Pouls plus ample, plus régulier,
moins de dyspnée. Coronille, 1f'^50.
Le 14. — Urines, 2500 c. c. Coronille, l''%50.
Le 15. -- Urines, 2000 c. c. Coronille, l'i',50.
Le 16. — Urines, 4000 c. c. Coronille, 1"^50.
Le 17. — L'œdème a presque complètement disparu. Le poiih
est plus régulier et ample; le malade dort la nuit et respira»
mieux. Un peu de diarrhée.
Les 17, 18, 19,20, 21, 22. - On supprime la coronille, les
urines tombant à 1000-1500 c. c; l'œdème, la dyspnée, repa-
raissent, avec l'irrégularité accentuée du pouls.
Le 23. — Extrait de coronille, 1 gramme.
Le 24. — Urines, 3000 c. c. L'œdème diminue, le pouls se
ralentit, la dyspnée diminue. Coronille, 1('%70.
Le 25. — Urines, 2200 c. c. Coronille, 1»%50.
Les jours suivants, la coronille est supprimée, la diurèse
diminue, les signes de Tasystolie reparaissent.
Le 30. — Coronille, 1fl%70.
Le 31. — Urines, 3000 c. c. L'œdème diminue, le pouls se
ralentit (de 110 à 80). Coronille, 1fl'-,70.
Le 1" août. — Urines, 2250 c. c. Coronille, 19%70.
Le 2. — Urines, 2500 c. c.
Le malade quitte l'hôpital et est perdu de vue.
(A suivre.)
7 JiTiN 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 23 — 371
CORRESPONDANCE
A M. LE DOCTEUR IlECLUS, RÉDACTEUR DE LA C GAZETTE
HEBDOMADAIRE ».
Je viens de lire avec un très grand plaisir larticlc que vous
avez donné à la Gazette hebdomadaire sur un cas d^aïnhum.
Permettez-moi de vous en remercier. Je goûte beaucoup, en
tout temps, rélégante clarté de vos revues de clinique chirur-
gicale; mais, cette fois, par une faiblesse que vous voudrez bien
comprendre et excuser, j*ai été doublement heureux, puisque
vous êtes venu soutenir, à peu de chose près, la doctrine que je
m^étais permis d'avancer, avec moins de preuves et beaucoup
moins de talent, dans un article publié par fa Gazette hebdoma-
daire, le "È décembre 1885. Vous aviez alors pris parti contre
nous; votre article d*aujourd'hui est, par conséquent, un acte de
sincérité scientifique qui vous tionore grandement. Vous avez
définitivement établi, je crois, que les faits d'amputations spon-
tanées et de strictures annulaires plus ou moins complètes qu'on
rolève de temps à autre, ne sont pas des cas d'aînhum et que
cette bizarre affection n'a été véritablement observée jusqu ici
que sur des sujets de race colorée.
A l'époque où j'écrivais, elle n'avait même jamais été vue
que sur les nègres, car j'avais tort de ne pas repousser net-
tement tous les faits de Guyot et ie persiste à croire qu'on ne
doit pas tenir compte des prétenoues observations de Collas. Je
viens de relire sa note {Archives de médecine navale, t. VlU,
p. 357-368), écrite deux mois après la publication (même recueil,
même volume) du mémoire original de Da Silva. Faites de
même quand vous aurez une minute à perdre, en vous souvenant
que Collas avait quitté l'Inde trois ou quatre ans au moins avant
la pr<*mière description de Tainhum. Qu'importe d'ailleurs
aujourd'hui? La pièce pathologique recueillie à Pondichéry par
Quétand et remise à Eugène Uocbard, a tranché la question en
ce qui concerne les Hindous.
Après votre article, il ne reste plus aux contradicteurs de votre
thèse qu'à nous présenter un cas d'ainhum vrai avec les carac-
tères SI nets que vous avez retracés et provenant d'un sujet de
race blanche. Alors seulement on pourra de nouveau reprendre
la question qui, pour nous, semble désormais jugée.
Veuillez agréer, etc.
E. ROCHEFORT,
Miiiiecin principal do la marine en retraite.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Acadéoile diea aelenees.
Détermination exacte de la quantité d'eau contenue
DANS LE SANG, par MM. Gréhantei Quinguaud, — Résumé
d'expériences ayant pour objet de préciser les conditions
dans lesquelles l'eau peut augmenter dans le sang et la
proportion d'eau contenue dans le sang artériel et dans le
sang veineux.
Les auteurs ont trouvé moins d'eau dans le sang veineux
que dans le sang artériel, ce qui peut s'expliquer en admet-
tant qu'une portion de l'eau du sang artériel pénètre dans
les vaisseaux lymphatiques.
Dosage de l'urée dams le sang et dans les muscles,
par MM. Gréliant et Quinquaud. — La question du lieu
de formation de l'urée est loin d'être résolue.
On a signalé dans les muscles des traces d'urée : les
muscles humains, dit Gorup-Besanez, ceux des mammi-
fères et même ceux des principaux animaux, à l'exception
de ceux des Plagiostomes, ne contiennent généralement
pas d'urée. Pour étudier ce lieu de formation, les auteurs
ont comparé lar quantité d'urée contenue dans un certain
poids de muscle à celle que l'on trouve dans un poids égal
de sang artériel traité par l'alcool par le procédé Gréhant.
De leurs expériences ils concluent que rurée parait se
former dans les miLscles.
D'après leurs analyses, 51 grammes de muscles de raie
renferment 1 gramme d'urée, c'est-à-dire cinquante fois
plus que ceux des mammifères, tandis c[ue le sang pris dans
le cœur a paru en renfermer une quantité plus faible.
Aead^mle de médeelne.
SÉANCE DU 4 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le minifllrc do l'inh^riour transmet un rapport do M. Saueliire sur le urviee
de la vaccine au Havre en 1888.
M. hs doclour Marly envoie la relation d'une épidémie de varioU à SaUeM-
d^Aude en 4888.
M. le docteur J. Monard adresse une brochure sur le traitement aux eaux
d^AiX'lei-Baint.
M. ÀUio(, mcJpcîn à Ncung-sur-Beuvron (Loir-et-Clier) et M. le docteur iVarJeh
(de Sniyrne) envoient des Plis cachetée dont le dépôt est accepté.
M. le docteur Gibier adresse une note sur la fièvre jaune en Floride.
M. Féréolhll liomniaf^e, de la part de M}i.Charcot et PatU Richer, d'un ouvrage
sur lei difformet et let maladet dam l'art.
M. Brouardcl dépose le compte rendu des opérations du service munici|ial do
vaccine de Lyon depuis sa fondation jusqucs et y compris l'année 1888.
M. Liboulbène présente une tlièso de M. le doclour Larrieu sur Gui Patin, sa
vie, soii œuvre et sa tlicrapeullque.
M. Proutt dépose un mémoire de M. lo docteur Malibran sur l'atonie intetli^
nale et tee eomplieationt.
M. l^on Colin présente : 1* do la part de M. le docteur Rouire, médecin-major
de 2* classe, chef du service du 19« escadron du train des équipages, un rapport
manuscrit sur let vaceinatiom et let revaceinationt qu'il a pratiquées en 1888-
1889; 2* au nom de M. le docteur L. CoUin, médecin-mi^or de 3* classe, un
rapport manuscrit sur Ut vaccinations et revaccinationt des troupes du gouver-
nement militaire de Paris.
M. Constantin Paul dépose une brochure de M. le docteur Lavielle sur lo
traitement thennal du rhumatisme chronique.
Élections. — M. Lafosse (de Toulouse) est élu associé
national par 30 voix sur 35 volants, contre 3 à M. Hergott,
1 à M. Sirus-Pirondi et 1 à M. Willemin.
M. Stru«-PiroH(fi (de Marseille) est également élu associé
national, par 32 voix sur 46 votants, contre 8 à H. Hergott,
3 à M. Willemin, 1 à M. Azam, 1 à M. Raimbert et 1 bulletin
nul.
Eaux minérales. — M. Constantin Paul lit plusieurs
rapports sur des demandes en autorisation pour des sources
d'eaux minérales.
Démographie. — M. le docteur Henri Benrot, maire de
la ville de Reims, présente un album, dressé en vue de
l'Exposition, et qui renferme près de deux cents tracés gra-
phiques concernant les divers services d'assistance et
d'hygiène de cette ville. Il insiste sur les avantages qu'une
pareille œuvre, si elle était entreprise dans toutes les com-
munes de France, pourrait procurer au point de vue de la
salubrité générale et des progrès de rii;^giène publique. Il
montre, par plusieurs exemples, les sacrifices et les efforts
faits depuis quelques années à Reims pour en assurer la salu-
brité, en ce qui concerne l'amenée d'eau potable, la propreté
de la voie publique, l'évacuation des immondices et des
matières usées, ainsi que sur leur épuration par le sol. Il
prouve enfin quel rôle et quelle importance ont les statis-
tiques démographiques sur le développement et le perfec-
tionnement de 1 hygiène sociale. — (Le mémoire de
M.IIenrotest renvoyé à l'examen d'une Commission com-
posée de MM. Brouardel et Proust.)
Diabète. — M. Worms, répondant aux objections nui lui
ont été faites dans la dernière séance, se félicite tout d abord
d'avoir provoqué cette discussion, car le diabète se présente
aujourd hui avec une fréquence alarmante, par suite sans
doute de l'intensité croissante de l'activité intellectuelle.
M. Dujardin-Beaumetz s'est étonné de la rareté relative, chez
les malades de M. Worms, des trois phénomènes classiques :
polydipsie, polyurie, polyphagie; or ces personnes, lorsque
celui-ci les a vues pour la première fois, n'avaient jamais
fait analyser leur urine; comme elles se plaignaient de
372 — N* 23
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
7 Juin «89
froubles divers dans leur santé, il a été amené à pratiquer
cette analyse. Il a donc pu surprendre le diabète à l'état nais-
sant. De là cette notion précieuse de Texistence d'une période
initiale du diabète où la glycosurie est latente, où elle passe
le plus souvent inaperçue parce que la soif et la polyurie
3ui raccompagneront plus tard font encore totalement
éf'aut. Le fait est d'une importance capitale, puisque la
découverte du Jdiabète à la période initiale a permis
d'instituer utilement le traitement et de maintenir les
malades dans un état relativement favorable, à l'abri d'acci-
dents redoutables. Mais il y a des diabétiques qui, même à
un stade plus avancé, n'ont ni polyurie, ni polydipsie, ni
polyphagie. Tous les auteurs ont noté ce fait. Une première
conséquence importante est que la recherche du sucre doit
être faite à l'occasion de n'importe quel trouble de santé.
Les statistiques de M. Worms démontrent, malgré les
réserves de M. Dujardin-Beaumetz, que les diabétiques,
traités îivec prudence, peuvent atteindre un âge très avancé.
M. G. Sée considère comme unique dans la science la gué-
rison d'un cas de coma diabétique observé par M. Worms ;
cependant Frerichs en cite trois; Stradelmann ('1887) en a
SUDiié un ; Stockvis considère la mortalité générale du coma
iabétique comme étant de 56 pour 100. La cause du coma
doit-elle être attribuée à l'acétone ou à l'acide oxybulyrique B ?
C'est une question en suspens. Il importe de mettre entre les
mains des médecins, pour l'analyse de l'urine, un réactif
[pratique, simple et sufiisamment précis. M. Worms a donné
a préférence à la liqueur de Fenling. Le chlorhydrate de
phénylhydrazine, le naphtol, etc., le thymol, le papier de
xylidine, sont des réactifs encore incertains; ils ne peuvent
être d'ailleurs utilisés que dans les laboratoires.
Sur le terrain de la théorie du diabète, M. Worms
se trouve en complet désaccord avec ses collègues,
MM. G. Sée et Robin; il pense que toutes les théories pro-
posées sont encore problématiques. Au contraire, il a
constaté par la seule observation clinique qu'il existait dans
le diabète une période latente, pendant laquelle le traite-
ment avait une véritable'efficacité; que plus tard la maladie
confirmée se révélait parfois par des névralgies symétriques ;
qu'il pouvait y avoir d'une heure à l'autre des oscillations
énormes daAs les quantités de sucre éliminés; que le sulfate
de quinine était un médicament utile aux diabétiques, et
que si son action physiologique est inconnue, on aurait
cependant tort d'en repousser l'emploi. La doctrine de
rhyperplycogénèse serait, d'après M. Robin, la seule vraie ;
à côté d'elle, la seule théorie qui lui dispute la faveur des
savants est celle du ralentissement de la nutrition. Or
Frerichs, M. Charcot, n'acceptent aucune de ces deux
théories, ni aucune autre? N'y a-t-il pas des médecins qui
ont choisi des théories intermédiaires ou absolument difié-
rentes? M. Bouchard en a énuméré et discuté vingt-sept.
Faut-il donc placer le médecin dans la nécessité de choisir
une théorie et de conformer à ce choix toute sa thérapeu-
tique? Une telle thérapeutique est peut être rationnelle,
mais elle n'est pas applicable. M. Robin condamne, par
exemple, l'oxygène. Cependant M. Worms et beaucoup de
médecins en ont fait usage sans avoir eu à le regretter.
D'ailleurs, M. Robin s'accorde avec tous les médecins
modernes sur la nécessité de prohiber les aliments hydro-
carbures; cette règle, universellement acceptée, est pourtant
née de l'empirisme. Rollo, après son admirable découverte,
avait cru nécessaire de la justifier par une théorie qui paraî-
trait enfantine aujourd'hui ; la théorie a disparu et la
méthode est restée.
Quant à lui, M. Worms, pour un grand nombre de motifs
basés sur des observations cliniques, déclare ne pas pouvoir
partager l'avis de ses confrères, qui considèrent la théorie
de l'hyperglycogénèse comme irréfutable et même comme
assez suffisamment établie pour que la médecine puisse en
retirer des avantages certains. En attendant cette certitude
théorique, le médecin doit s'en tenir à la certitude clinique
qui est absolue.
Au point de vue du traitement, M. Worms avait dévetoppt^
précédemment les résultats de son expérience au sujet des
bons effets du sulfate de quinine administré à petite dose^uinis
d'une façon presque continue. Les fonctions digestives'ne sont
i^as troublées sous l'influence de ce médicament et c'est le fait
e plus important, comme Dupuytren l'avait déjà fait remar-
quer. Aussi faut-il écarter les substances qui peuvent dimi-
nuer l'appétit et se méfier de celles qui abaissent rapidement
la quantité de sucre. Claude Bernard l'indiquait déjà à
Eropos du traitement par la teinture d'iode préconisé par
ugol; cette médication avait eu pour résultat d'abaisser
considérablement, dans plusieurs cas, le chiffre du sucre,
par suite, dit Claude Bernard, d'une perturbation organique,
violente et subite, qu'il ne faut pas confondre avec une gué-
rison ni un commencement de guérison, mais qu'il faut
éviter tout au contraire. L'antipyrine a été proposée et son
action physiologique est encore peu connue. D'un côté,
M. Robin la considérant comme enrayant la dénutrition
azotée, paraissait d'abord enclin à en user largement dans
le traitement du diabète; il semble du reste en être moins
partisan. D'un autre côté, M. Cazeneuve soutient qu'elle
augmente au contraire la dénutrition azotée. Ce qui esi
incontestable, c'est qu'en dehors de l'albuminurie qu'elle
(provoque souvent, l'antipyrine n'exerce pas une influence
avoraole sur l'appétit ni sur les fonctions digestivos.
Mais il faut conclure: en présence du pour et du contre
qui caractérisent les théories sur la pathogénie du diabèle
et qui se disputent la possession de la vérité, M. Worms
renouvelle l'opinion que le médecin peut, sans le moindre
inconvénient, rester en dehors du débat qui se poursuivra
pendant longtemps encore entre les physiologistes et les chi-
mistes. Il serait regrettable de voir disparaître la méthode
d'observation devant une méthode nouvelle, qui n'a de la
rigueur scientifique que l'apparence et qui, appliquée à la
médecine, n'est que la méthode des illusions.
M. Germain Sée ne saurait admettre les objections for-
mulées par M. Worms ; il insiste sur la contradiction com-
mise par celui-ci, qui rejette toute théorie à l'égard de la
pathogénie du diabète, croit qu'il convient de s'en passer
et néanmoins en propose une nouvelle. Il revendique hau-
tement les droits de la clinique physiologique et ne croit
pas que la médecine doive désormais s*appuyer unique-
ment sur l'observation, mais bien plutôt qu'elle a tout inléiêt
à y joindre Texpérimentation. D'ailleurs il ne saurait
admettre la théorie de M. Worms, que détruisent, suivant
lui, tous les faits observés et il déclare que la théorie pro-
posée par Claude Bernard et qu'il a reprise reste la seule
vraie. — M. Laftord^ s'étonne que l'on puisse être médecin,
soigner l'homme malade, sans connaître les fonctions nor-
males de l'organisme; il n'est pas de meilleur guide que
la physiologie expérimentale pour éclairer les mystères de
la pathologie. — Quant à M. Albert Robin, comme il n*a
cherché à ébaucher aucune théorie, mais uniquement à rap-
porter des faits que chacun peut reproduire ou contrôler,
il ne saurait entrer dans la discussion de la théorie pro-
posée par M. Worms. D'autre part, il ne croit pas que les
suggestions de la chimie de cabinet puissent aétruire les
démonstrations et les preuves accumulées par la chimie
de laboratoire. 11 maintient en conséquence toute l'exac-
titude des recherches de chimie physiologique qu'il a com-
muniquées il y a huit jours.
M. Dujardin-Beaumetz s'étonne, puisque M. Albert
Robin a prétendu que le diabète est déterminé par une
suractivité des phénomènes de la nutrition, que cette ma-
ladie soit surtout commune chez les vieillards et que
l'exercice soit un des meilleurs adjuvants de son traite-
ment. — M. Albert Robin répond qu'il ignore pourquoi le
7 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N*» 23 — 373
diabète atteint plus particulièrement les vieillards ; quant
à lexercice, on sait que le mouvement modéré n'augmente
pas lés oxydations et les désassimilations.
Incidemment M. Germain Sée estime que les meilleurs
médicaments contre cette affection sont ceux dits d'épargne,
tels que Tantypirine, le sulfate de quinine, etc., qui empê-
chent la dénutrition. Cette opinion est également celle de
M. Albert Robin.
— L'ordredujourdelaséancedull juin est fixé ainsi qu'il
suit: l"" Communication de M. Germain Sée sur un nouveau
diurétique ; 2* Lectures par des personnes étrangères à l'A-
cadémie : présentation de malade, par M. le docteur P.
Berger; sur l'arlbrilisme, par M. le docteur Bouloumié ;
sur le traitement local de l'endométrite chronique, par
M. le docteur Dumontpallier.
Hoeïéié de chirurgie.
SÉANCE DU 29 MAI 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Traitement dee myomes utârins : MM. TerrUlon, Ghempionniëre
Terrier, Possi. — Nèphreotomie : M. Poisson (de Nantes) (Rap-
porteur: M. Terrier). — Arthrodèse pour pied bot acquis : M. De-
fontaine (Discussion : MM. Routier. Sch'wartz, Terrier). — Ova-
riototomie : M. TerriUon (Discussion : M. Terrier).
M. Terrillon tient avant tout à mettre hors de cause les
polypes fibreux utérins, dont on a parlé à tort dans la dis-
cussion. Pour les myomes interstitiels, il en est certaine-
ment qui sont justiciables de la laparotomie, mais alors
rintervention est plus grave et on aurait tort de trop res-
treindre les indications de la voie vaginale.
M. LucaS'Championnière pense en effet que les deux
méthodes ont leurs indications. Il ajoute d'autre part que
le morcellement par la voie vaginale est une opération an-
cienne, que tous les chirurgiens ont pratiquée et pratiquent.
Il insiste sur le peu de sang fourni par le fibrome lui-même.
Dans les ablations de polypes, c'est par les contacts avec la
muqueuse que Ton provoque des hémorrhagies, au moment
où 1 on manœuvre pour placer Técraseur ou le serre-nœud.
Il faut aller vile, avec les ciseaux. Après toutes ces opéra-
tions, M. Championnière se borne aujourd'hui à un simple
tamponnement antiseptique du vagin.
M. Terrier préfère, en principe, voir ce ou'il fait. Il s'est
plusieurs fois bien trouvé de Ténucléation au myome après
laparotomie et incision de l'utérus sur la tumeur. Puis la
cavité ainsi créée est affrontée par des sutures, si la chose
est possible. Si la cavité est trop vaste, ou si elle a été in-
fectée par un myome suppuré, elle est suturée à la plaie
pariétale et drainée.
M. Pozzi, qui ne se déclare pas advei*$aire résolu de la
voie vaginale, parle dans le même sens, et ajoute de plus
que rhystérectomie supra-vaginale s'est beaucoup améliorée.
— M. Terrier fait un rapport sur une observation de
M. Poisson (de Nantes) : Néphrectomie lombaire pour
rein suppuré. Le malade a guéri sans encombre. La patho-
génie de ce cas est discutable : le malade en effet avait un
rôtrérissement de l'urèlhre consécutif à une blennorrhagie
lors de laquelle il avait été circoncis, et il est bien possible
que l'infection ascendante date de l'époque de la blennor-
rhagie.
— M. Defontaine fait une communication sur deux cas
(V arthrodèse pour pied bot paralytique. Dans ces cas où
le pied est ballant, où les lésions osseuses sont minimes et
où, le redressement étant facile, la contention seule est dif-
lit'ile, il a pensé que l'on pourrait, après arthrotomie, abra-
ser les cartilages de la tibio-tarsienne et obtenir ainsi une
ankylose à angle droit du pied dévié. Il a réussi dans deux
cas de varus équin consécutif à la paralysie infantile.
H. Routier conteste l'opportunité de cette intervention.
Il pense que dans ces cas on arrive à des résultats suffi-
sants si par le massage et l'éleclrisation on s'occupe avec
persistance de la régénération musculaire.
M. Schwartz pense qu'il en est ainsi lorsque la paralysie
n'est pas trop ancienne, mais qu'à un moment elle devient
incurable et qu'alors l'arthrodèse est indiquée.
M. Terrier insiste sur ces conditions et ajoute qu'il y a
peu de temps il a conclu, dans un cas de ce genre, contre
une arthrodèse que proposait M. Reverdin(de Genève). Il a
surtout été déterminé par l'état de fortune de la malade,
fort riche, ayant équipage et pouvant en outre dans ces
conditions porter un appareil soigné. Mais aujourd'hui,
même dans ces circonstances, il croit qu'il adopterait l'opé-
ration.
M. Defontaine répond à M. Routier gu'au bout de quel-
ques années il a peu foi à la régénération musculaire.
— M. Terrillon communique Sdi troisième série de trente-
cinq ovariotomies, avec une seule mort, par épuisement.
Dans vingt-sept de ces kystes il y avait des adhérences sé-
rieuses et quatre fois il fallut faire l'ovariotomie incom-
plète. M. Terrillon signale en particulier un cas où la
guérison a eu lieu malgré une paralysie intestinale qui a
duré plus de huit jours. Dans ce cas, il s'agissait d'un kyste
très volumineux, rompu dans l'abdomen, et l'incision allait
presque de l'appendice xiphoide au pubis. Pendant l'opé-
ration les anses, enduites de liquide visqueux, se précipi-
tèrent au dehors à l'improviste et M. Terrillon, pris au
dépourvu, les rentra avec une serviette sèche, propre mais
non aseptique. Il rappelle que dans deux cas analogues OIs-
hausen a également noté pendant l'opération la procidence
de l'intestin, et qu'il attribue la paralysie ultérieure à ce
contact avec l'air.
M. Terrier n'admet pas cette théorie. Il pense que les
accidents paralytiques sont dus à une péritonite légère,
facile à concevoir dans le cas de M. Terrillon. MM. Terrier
et Terrillon ont coutume aujourd'hui de donner aux ma-
lades avant l'opération du naphlol à l'intérieur et s'en
trouvent fort bien.
Soelété Û€> blolo^e.
SÉANCE DU 1*' JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. BROWN-SÊQUARD.
Présentation d'ouvrages : M. Brown-Bèquard. — Sur la glande des
prooès oiUaires : M. Nicati. — Affeotiona uloèreuses ches le ohat :
MM Cadiot. OUbert et Roger. — Sur les corps réducteurs des
urines : M. Qaube. — Influence du sang veineux des testicules
sur la puissance musculaire : M. Brown-Sèquard. — Anesthtoie
ches la grenouiUe : M. Reboul.
M. Brown-Séquard fait hommage à la Société de l'article
Inhibition qu'il vient de publier dans le Dictionnaire en-
cyclopédique des sciences médicales.
— M. Dumontpallier dépose une nouvelle note de M. Ni-
cati (de Marseille) sur la glande des procès ciliaires.
— M. Roger a étudié avec MM. Cadiot et Gilbert les
affections ulcéreuses que l'on trouve sur la lèvre du chat.
Il s'agit là d'une lésion considérée généralement comme
étant de la nature des épithéliomes; les auteurs ont reconnu
qu'on avait réuni sous ce chef plusieurs maladies diffé-
rentes dont quelques-unes peuvent être inoculées.
— M. A. Robin présente une note de M. Gaube (du Gers)
sur la présence de différents corps réducteurs dans les
374
N*» 23 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHinURGIE
7 Juin 1889
urines. H. Gaube a particulièrement étudié ces corps dans
les urines des enfants. Il a reconnu et caractérisé une
aldéhyde, une combinaison de Tacide lactique avec Tacitie
phosphorique, combinaison qui se rencontre dans les cas
d'acétonémie, d'autres fois un mélange d'acide urique avec
Facide phosphorique, enfin dans d'autres cas de la lactose.
^ M. Brown-Séquard fait une communication que Ton
trouvera au Premier-Paris (p. 302)
— M. Morat présente, de la part de M. Reboul (de
Lyon), une note relatant des expériences des^juelles il ré-
sulte que les grenouilles placées dans un gaz inerte s'anes-
thésient assez rapidement (par privation d'oxygène) : la
marche de cette anesthésie est analogue à celle de l'anes-
thésie ordinaire ; elle peut durer assez longtemps suivant la
température du milieu extérieur.
Soetéié do thérapeuilqoe.
SÉANCE DU S2 MAI 1880. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Du traitement de la dJphthèxie : MM. Quelpa, Ci^uy, Cadet de
Oaaalooort. — Injections de cafMne dans les états adynamiqaea :
M. H. Hucbard.
M. Guelpay répondant à Targumentation qui lui a été
opposée par M. Cadet de Gassicourt, affirme de nouveau
les heureux effets de sa méthode de traitement, et répète
que l'intervention tardive, l'emploi des caustiques, et Tin-
terruplion du traitement pendant la nuit sont trois prin-
cipes thérapeutiques funestes et qu'il faut absolument con-
damner. Il persiste à regarder la trachéotomie comme une
opération sans danger, qu'il faut pratiquer dès qu'on a reconnu
Tenvahissement du larynx; il trouve d'ailleurs justifiée la
trépanation de l'antre d'Highmore, pourpratiquer les lavages
des cavités nasales dans les cas dont il a parlé. Enfin il
fait remarquer qu'il ne proscrit que l'alimentation solide;
il donne des aliments liquides ou semi-liquides en quantité
inversement proportionnelle à l'élévation de la courbe ther-
mique.
D'autre part, tout en admettant que parfois on a pu dia-
gnostiquer indûment la diphthérie, il ne saurait regarder
comme vraie la proportion de huit à dix cas sur sept mille
malades, donnée par M. Comby. Les statistiques générales
de mortalité sont là pour combattre des chiffres sem-
blables.
M. Créquy ne saurait regarder la trachéotomie comme
une opération absolument bénigne : on a trop souvent des
accidents graves, tantôt au moment de l'opération, tantôt
comme complications consécutives.
M. Cadet de Gassicourt ne peut que maintenir les opi-
nions qu'il a émises, aussi bien que H. Guelpa maintient
les siennes. L'observation des malades sera le meilleur
juge.
— M. Huchard lit une note sur les injections de caféine
dans les états adynamiques. Il rapporte plusieurs obser-
vations de pneumonie, de fièvre typhoïde, dans lesquelles
Tadministrationdela caféine à haute dose (:2 à3 grammes),
en injections sous-cutanées, a été tout au moins absolument
innocente et a, d'après lui, amené la guérison des malades.
Ses expériences lui ont démontré que l'aclion de la caféine
porte surtout et primitivement sur le système nerveux,
tandis que la digitale agit d'abord sur le cœur. Peut-être,
comme le veut Semniola, la caféine est-elle surtout un mé-
dicament bulbaire.
La formule des injections employées par M. Huchard
est la suivante : eau distillée, 6 grammes; caféine,
^ grammes; benzoate de soude, 3 grammes (chaque
seringue renferme "10 centigrammes de caféine). Injecter
6 à 10 seringues par jour. On peut aussi recourir h la
formule suivante qui renferme environ 40 centigrammes
de caféine pour chaque seringue : eau distillée. 5 grammes;
caféine, 4 grammes ; salicylale de soude, 3»%10.
Enfin, M. Huchard proteste contre la manière dont les
auteurs allemands comprennent l'honnêteté scientifique, et
négligent absolument de citer les travaux français anlc-
rieurs aux leurs sur le sujet.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
KEVUE DES JOURNAUX
CmRURGIE
Tralieflieiil oi^éralolre de l^hyportrai^hto ^oalatl^ne, par
M. Fr.-S. Watson (de Boston). — I^s procédés sont nombreux
pour laprostatotoraie uréthrale ou périnéale; pour la prostalec-
tomie périnéale ou sus-pubienne. L*anatomie palhologiqu(>
enseigne, malgré Guyon, que les dispositions anatomiques sont
telles qu'une opération chirurgicale peut arriver à un résultat
sérieux. Elle prouve eu outre que dans les deux tiers des rasia
voie périnéale est la bonne. Les statistiques démontrent que
ces interventions radicales sont moins graves que les opérations
palliatives (drainage sus-pubien ou périnéal). Aussi, lorsque le
traitement simple est insuffisant et lorsque survient la rétention,
Watson est pour la proslatectomie. Il rapporte, il est vrai, deu\
observations peu encourageantes. {The operative treatmentof
the hypertrophied prostata, in Ann, of Surg.>^ 1889, t. IX,
p.i)
Scl«tlqa« et «e^liMie, par M. HuGO ScHUEDEL. — L'histoire des
déviations rachidiennes liées à la sciatique est récente. £He
remonte aux observations publiées en 1886 par Albert (de
Vienne), puis par Nicoladoni. Plus récemment, à Tinstigatiou de
Charcot, Babinski en a fait une étude approfondie. Schûdel nous
fait connaître des observations recueillies dans le service de
Kocher et il émet la théorie suivante, très différente de celles
qui ont été précédemment soutenues. Dansia plupart des cas (mais
non dans tous) il y a névralgie concomitante du plexus lombaire
et du plexus sacré. Les filets sensitifs des nerfs musculaires
participent à la névralgie et dés lors la contraction des muscles
du bassin devient douloureuse (la cause de cette douleur e^t
peut-être aussi dans les nerfs cutanés qui traversent ces
muscles). Mais, si la eontraction est douloureuse, la distension
passive ne l'est pas, au contraire. Aussi le malade prend-il,
instinctivement, la position qui réalise cette distension; de là,
des attitudes vicieuses du membre inférieur, du bassin, du
rachis. La douleur à la contraction existe dans les inflamma-
tions, dans le rhumatisme, mais la distension, elle aussi, est
douloureuse. Aussi n'y a-t-il pas alors de déviations analogues.
Kocher a eu de bons résultats thérapeutiques par Télongation
sanghtnte du sciatique. {Ueber Ischias scoliotica, in .Irr/i. f-
klin. Chir,y 1888, t. XXXVIII, p. i.)
* commlter.
Des effets et des indications tuéhapeutiques de l'antu'Y-
RINE DANS LES AFFECTIONS DE l'ŒIL, par M. CrANDCLÊJIEXT. -
Les douleurs oculaires et plus spécialement les douleurs péri-
oculaires cèdent rapidement à ce médicament. De plus, (Ct>
injections semblent exercer une influence favorable sur I»?
inflammations oculaires accompagnées de douleurs ciliaires.
M. Grandclément en a observé de bous effets contre les kéra-
tites, riritis^ rirido-chloroïdite glaucomateuse cl rhéméralo-
pie. Par contre, cette action a été moins décisive dans les c^i>
de scléro-choroïdite et les opacités do Thumeur vitrée. Entin»
dans ces nombreux essais, il faisait usage d'une solution m\sW
7 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 23 — 375
(rautipyrine et de cocaïne saas avoir à enregistrer un seul acci-
dent, ou bien tout au plus des indurations locales qui disparais*
sent spontanément après huit ou dix jours, sans jamais a))ou tir à
la suppuration. 11 pratiquait ces injections dans la région tempo-
rale. (Lyon médical^ 20 mai 1888.)
1)0 TRAITEMENT DES DOULEUItS DENTAIRES PAR LE RHAMNUS
KRANGULA, par M. V.-P. Gretchinski. — L'écorce de la racine
de ce végétal possède en Russie une réputation populaire sous
forme de gargarisme pour le traitement des odontalgies.
M. Gretchinski a constaté par des essais cliniques répé'és que
le rliamnus frangula diminue la sensibilité douloureuse dans
les cas d'inflammation de la pulpe et d'abcès dentaires. Des
infusions de cette écorce possèdent même à un moindre degré
des propriétés analogues» celles des décoctions dont la formule
serait la suivante : écorce de rhamnus frangula, 100 grammes;
eau, %00 grammes*; eau-de-vie, 10 grammes. On doit prolonger
la décoction pendant une demi-heure.
Ces vertus sont sans nul doute dépendantes de la richesse
(le cette substance en acide tannique. En efl*et, comme Texpé-
rience Ta prouvé, les gargarismes astringents au tanin ont la
propriété de diminuer les douleurs buccales d'origine inflam-
matoire. (Tke London med. Record, juin 1888, p. !291.)
BIBLIOGRAPHIE
Ledits de ellBiqne obatétrlcalo, par M. P. BuDIN, 1 VOK
in-8" de xx-475 pages, avec 116 fiffures dans le texte
dont 81 tirées en couleur, — Paris, 0. Doin, 1889.
Chargé, comme agrégé, de diriger la clinique d'accou-
chements de la Faculté pendant l'année scolaire 1887-
1888, M. Budin publie aujourd'hui un certain nombre des
leçons qu'il a faites à cette occasion. Persuadé que rien ne
peut remplacer un enseignement essentiellement pratique
et encouragé par l'es excellents résultats qu'il avait déjà
oblenus dans son service de la Charité, notre savant con-
frère a organisé de la même manière, en y ajoutant des
moniteurs, son enseignement à la Faculté: la première
leçon expose en détail la façon dont il a procédé ; tous les
accouchements ont pu être utilisés pendant l'année entière;
la consultation des femmes enceintes, faite avec soin par le
chefde clinique et les étudiants, a été une source considéi*able
d'enseignement. M. Budin, s'appuyant sur des chiffres,
ajoute à cette leçon l'exposé des résultats qu'il a obtenus ;
!205 élèves en médecine ont pu ainsi pratiquer des accou-
chements dont ils ont rédigé les observations.
Les hasards de la clinique ont fourni les sujets qui ont
été traités. Nous devons citer les hémorrhoides pendant la
grossesse et les suites de couches, les hémorrhagies internes
de l'utérus gravide, l'administration du chloroforme en
obstétrique, l'application du forceps sur la tête arrêtée au
niveau du plancher périnéal, la délivrance artificielle, la
conduite à tenir dans les présentations de l'épaule, Tem-
bryotomie, le passage de la tête dernière à travers le détroit
supérieur rétréci, etc.
I^armi les procédés d'exploration qui ont le plus d'im-
portance, mais dont on s'est le moins occupé peut-être,
pendant les vingt dernières années, il faut citer le toucher
.vaginal. L'auscultation d'abord, le palper abdoroinaL plus
tard ont fait l'objet de nombreux mémoires; au moment de
rarcouchement le toucher reprend toute sa valeur. M. Bu-
din a placé l'une à côté de l'autre quatre leçons, qu'il avait
eu l'occasion de faire sur ce sujet : il décrit les modifica-
tions du col et de l'orifice utérin pejidanl le travail, les
caractères fournis par chacune des présentations, les dévia-
tions, les procidences, les tumeurs qui peuvent être des
causes d'erreurs de diagnostic; il étudie aussi l'exploration
de l'excavation pelvienne et montre comment on peut
arriver à faire le diagnostic des différentes viciations du
bassin.
Les soins à donner aux enfants nés en état de faiblesse
congénitale sont exposés en détail; il en est de même de
l'importance des pesées pour apprécier les modifications
qui surviennent dans l'état de santé des enlants. A propos
des difficultés de l'allaitement, la Gazette hebdomadaire
du.l7 février 1888 a publié un travail de M. Auvard sur une
téterelle ingénieuse : M. Budin a employé cet appareil et l'a
étudié avec soin; il montre les avantages qu il offre, les
quelques inconvénients qu'il présente et combien il est facile
d'y porter remède en modifiant la forme de l'instrument,
tout en conservant son principe essentiel : l'aspiration du lait
fait par la mère elle-même.
Parmi les sujets personnels, originaux, étudiés par
M. Budin, nous citerons : l'emploi du naphtol comme adju-
vant aux cautérisations de nitrate d'argent, dans le traite-
ment de l'ophlhalmie purulente, le rétrécissement du dia-
mètre bisciatique dans certains bassins cyphotiques, la
galactophoro-mastile et la grossesse gémellaire. En 1882,
M. Budin avait montré que dans la grossesse gémellaire, les
deux fœtus se placent, l'un par rapport à l'autre, dans des
situations qui le plus habituellement peuvent être déter-
minées : on peut distinguer trois variétés : dans la première
les fœtus se placent l'un à côté de l'autre, l'un occupe la
moitié droite, l'autre la moitié gauche de l'utérus; dans la
deuxième, les fœtus sont placés l'un au-dessus de l'autre,
ils sont superposés; l'un occupe le fond de l'utérus, l'autre
le segment inférieur; dans la troisième, ils sont placés l'un
au-devant de l'autre, l'un occupe la moitié antérieure,
l'autre la moitié postérieure de la cavité utérine. Plusieurs
faits observés à la clinique ont permis de donner aux élèves
la preuve que ces diverses dispositions existent réellement
et sont indiscutables. Aujourd'hui, du reste, les faits de ce
genre qui appartiennent aux deux dernières variétés et qui
ont été publiés en France ou à l'étranger, sont au nombre
de vingt-deux.
Nous terminerons en appelant l'attention sur la façon
dont le livre a été conçu et édité : rien n'éclaire un ouvrage
d'obstétrique et rien n'en facilite la lecture comme les
figures. Pour rendre ses démonstrations plus saisissantes,
M. Budin avait l'habitude de faire au tableau des dessins
schématiques avec des crayons de couleur : ces dessins ont
été reproduits au milieu même du, texte; ils permettent
dès lors de comprendre plus aisément des descriptions qui
nécessiteraient sans cela une plus grande attention de la
part du lecteur.
Ces quelques détails suffisent à donner une idée précise
d'un livre didactique qui se recommande par lui-même
à l'attention de tous les médecins et qui fait le plus grand
honneur à celui ^ui l'a écrit, résumant avec tant de talent,
pour rendre service à tous les accoucheurs, les leçons qui
ont été si utiles à ses élèves de la Faculté de Paris.
L. L.
VARIÉTÉS
Faculté de médecinb de Paris. — Un concours, pour les
emplois vacants de deux chefs de clinique médicale et a'un chef
de clinique des maladies du système nerveux, s'ouvrira le mer-
credi 26 juin, a neuf heures du matin. -
CoNCOUHS DU PR0SECT0BAT.--Le jury de ce concours est défi-
nitivement constitué comme suit : MM. Verneuil, président ;
Trélat, Le Fort, Poirier et Reynier.
Les candidats sont: MM. Calot, Dagron, Regnauld, Rioffcl,
Legueu, Thiéry, Lyot, Jonnesco, Pfender.
376 — N- 23
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
7 Juin 1880
AiDKS d'anatomie db la Faculté. — Le concours de Tadjuvat
est terminé par la nomination de MM. Faure, Mauclaire, Chi-
pault, Noguezy Delagenière, Roques.
Cliniooeophthalmologique DBS Quinze-Vingts. — Un concours
pour Tadmissibililé à remploi de médecin-adjoint de lacHnic|ue
ophthalmologique des Quinze-Vingts aura lieu dans la première
quinzaine du mois d'août prochain.
Le jury de ce concours est composé de MM. Maurice Perrin,
président; Panas, Gariel, Chauvel et Trousseau.
Hôpitaux de Paris. — M. Tarnier, nommé professeur de cli-
nique obstétricale, vient de donner, en raison de ses nouvelles
fonctions, sa démission de chirurgien de la Maternité.
En raison de Timportance des fonctions confiées au chirurgien
de la Maternité, M. le directeur de TAssistance publique a décidé
de déroger par exception au nouveau règlement qui interdit
toute mutation pendant Tannée, dans le personnel des médecins
et chirurgiens des hôpitaux, et aès lors M. Tarnier sera remplacé
le plus tôt possible à la Maternité.
Faculté de médecine de Lyon. — M. Perret, agrégé, est main-
tenu, jusqu'à la tin de Tannée scolaire 1888-1889, dans les
fonctions ae chargé du cours de cliniiiue annexe des maladies
des enfants.
ÉCOLE DE médecine DE NANTES. — M. Bellouard (Victor-Joseph-
Marie) est institué chef de cliniaue chirurgicale, en remplace-
ment de M. Josso, dont le temps d'exercice est expiré.
Hôpitaux de Bordeaux. — Le concours pour deux places de
chirurgien-adjoint vient de se terminer par la nomination de
MM. Denucé et Lagrange, agrégés.
Concours pour les hôpitaux de Grenoble. — Le concours
pour une place de médecin des hôpitaux de Grenoble qui s'est
ouvert le 20 mai vient de se terminer par la nomination de
M. le docteur Deschamp.
Concours a l'École de médecine navale de Toulon. — Un
concours pour Temploi de professeur d'accouchements, maladies
des femmes et des enfants, à TEcoIe de médecine navale de
Toulon, sera ouvert, dans ce port, le 12 aoât prochain.
Congres international d'anthropologie criminelle de 1889.
— Ce Congrès, qui doit se réunir à Paris du 10 au 17 août de
cette année, fait suite à une première session qui s'est tenue à
Rome en 1885 et où ont été posés, pour la première fois, les pro-
blèmes que soulèvent les études des conditions anatomic^ues,
physiques, psychologiques ou sociales que déterminent le crime,
les questions de la responsabilité morale et toutes les applica-
tions judiciaires et médico-légales de la biologie et de la socio-
logie criminelles.
Le Comité d'organisation vient d'arrêter que les principales
questions seront les suivantes :
Dernières découvertes de V anthropologie criminelle^ par le
professeur Cesare Lombroso (de Turin).
Caractères anatomiques des criminels^ par le docteur
Manouvrier (de Paris).
L'atavisme chez les criminels, par le docteur Bordier (de
Paris).
L'enfance des criminels et la prédisposition au crime, par
les docteurs Taverni (de Rome) et Magnan (de Paris).
Les conditions qui déterminent le crime, par le professeur
Ferri, député au parlement italien.
Classification des criminels par f anthropologie juridique,
par le baron Garofalo, procureur du roi, à Naples.
La libération conditionnelle, par le docteur Semai, de Mons
(Belgique).
La criminalité dans ses rapports avec V ethnographie, par
le docteur Taladriz (de Madrid).
La responsabilité morale, par M. Tarde, juge d'instruction à
Sarlat (Dordogne).
Le système cellulaire, par le professeur Van Hamel (d'Ams-
terdam).
Le crime politique, par Favocat Laschi (de Rome).
L'anthropométrie juridique, par M. Alphonse Bertillon (de
Paris), etc.
Les personnes qui désireraient prendre part à ce 0)ngrès sont
priées de s'adresser au secrétariat général chez M. le docteur
Magitot, membre de TAcadémie de médecine, rue des Saints-
Pères, 8, à Paris, où elles trouveront tous les renseignements,
programmes, statuts et conditions d*admission.
Congrès international d'hydrologie et de climatologie. —
Un Congrès international d'hydrologie et de climatologie se tien-
dra à Paris, du 3 au 10 octobre prochain. .
Inspectorat médical des eaux minérales. — Le ministre de
l'intérieur vient de supprimer l'inspectorat dans les vingt-neuf
stations suivantes :
Vichy (Allier); Gréoux (Basses-Alpes); Cransac (Aveyroni;
Chaudes-Aigaes (Cantal); Montbrun (Drôme); Euzet (Gard);
Bagnères-de-Luchon et Éncausse (Haute-Garonne) ; Barbotan pi
Casléra-Verduzeau (Gers); Avène (Hérault); AUevard (Isère);
Dax, Gamarde et Préchacq (Landes); Sail-les-Bains, Sail-sous-
Couzan, Saint-Alban et Saint-Galmier (Loire); Miers (Lot);
Bourbonne (Haute-Marne) ; Pougues (Nièvre) ; La Bourboule et
Le Mont-Dore (Puy-de-Dôme); Eaux-Bonnes, Les Eaux-Chaudes
et Saint-Christan (Basses-Pyrénées); Bourbon -Lancv (Saône-el-
f^oire); Forges-les-Eaux (Seine-Inférieure); La noche-Posa}
(Vienne).
Dans ces vingt-neuf stations, ou bien il n'y avait pas d*inspec-
leur actuellement en fonctions, ou bien le service des indigent>
est assuré par Tengagement collectif de tous les médecins.
Exposition universelle.— -Sont nommés membre du jurj' Aes
récompenses de TExposition universelle :
Pour la classe 14 (médecine et chirurgie) : MM. les docteun)
Badin (de Toulouse), Berger, Magitot, Trélat, Verneuil et
M. CoHin.
Pour la classe 64 (hygiène et assistance) : MM. les docteurs
Brouardel, Lemardeley, A.-J. Martin, Napias, Proust, Th.
Roussel et MM. Bechmann, Jéramec, H. Monod et Nicolas.
Le derniiî:r médecin de Balzac. — On nous demande, et nous
serions très heureux que Tun de nos lecteurs pût nous fournir ce
renseignement, si Nacquart. qui mourut en 1853, quelques
semaines après avoir été élu président de TAcadémie, a lai>sé
quelques descendants et si ceux-ci ont gardé les souvenirs et les
manuscrits que Balzac a dû laisser à son savant et dévoup
médecin.
Poste médical. — On demande un médecin, docteur de h
Faculté de médecine de Paris, pour occuper à Madagascar an
poste médical auquel sont attachés des appointements lises
sérieux. S'adresser pour les renseignements à M. le docteur
Bernheim, tS, boulevard Saint-Martin, et 3, rue Meslay, à
Paris.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi li juin
1889). — Ordre du jour : M. Renault: Note pour servir à l'his-
toire de la pneumonie infectieuse. — M. Kelsch: Présentation
de pièce anatoraique. — M. Juhel-Rénoy : Traitement des kystes
hyctatiçiues du foie. — M. d'Heilly : Présentation de malade:
Syphilis héréditaire tardive.
Mortalité a Paris (21* semaine, du 19 au ib mai
1889. — Population: 22609tô habitants). — Fièvre typhoïde, tO.
— Variole, 3. — Rougeole, 23. — Scarlatine, 6. — Coque-
luche, 5. — Diphlhérie, croup, 43. — Choléra, 0. — Phlhisic
pulmonaire, 228. — Autres tuberculoses, 33. — Tumeurs:
cancéreuses. 48; autres, 5. — Méningite, 40. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 44. — Parai vsie, 6. —
Ramollissement cérébral, 11 .—Maladies organiques du cœur, i^-
— Bronchite aiguë, 33, — Bronchite chronique, 33. —Broncho-
pneumonie, 16. — Pneumonie, 58. — Gastro-entérite: sein, 9;
biberon, 49. — Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 1. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité con-
génitale, 33. — Sénilité, 21. — Suicides, 24. — Autres morU
violentes, 5. — Autres causes de mort, 165. — Causes
inconnues, 9. — Total: 1015.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
19288. — MOTTBROZ. — Imprimeries réunies, A, me Mignon, S, P«"i.
Trente-sixième année
N» 24
14 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS.
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY, DREYFUSBRISAC. FRANCOIS.FRANCK. A. HËNOCQUE, A.J. MARTIN, A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Leheboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. — FonMULAiRB thébapeutique. De l'administra tion
de la créosote aux plithisiques. — Revue des cours ET DES cliniques. Réunions
cliniques hebdomadaires des médecins do l'hôpitil Saint-Louis. *- Travaux
ORIGINAUX. Clinique médicale : Recherches sur l'action ihérapeutique de la
coronillo dans les aflVctions cardiaques. — Clinique chirur;ficale : Note sur
quelques cas de listules à l'anus et d'.-ibcès de la région ano-reciale. — Ncuro-
patiiolopio : La maladie de Parkinson hémiplégique. — Sociétés savantes.
Acadcinio des sciences. — Académie de médecine. — Société de chirurgie. —
Société de biologie. — Rrvue des Journaux. Thcrapcutiquc.— Biblioghapuib.
Cliniques médicales de l'hôpital Sainl-Éloi : Leçons sur un cas d'hystérie mâle
avec astasie-abasir. — Maladies de la langue. — VARl^Tés.
BULLETIN
Paris, 12 juin 1889.
Académie de médecine : La paihog^énle dn diabète. —
lies rapport* de la médecine cilnlqae et de la phy-
siolog^ie.
Une fois de plus il faut bien reconnaître qu'il con-
vient, avant de parler d'une séance académique» d'en lire
au Bulletin le compte rendu in extenso. Si l'on s'en tenait
aux résumés publiés la semaine dernière, on pourrait
considérer le débat qui s'est élevé entre M. J. Worms
d'une part et MM. G. Sée, A. Robin et Laborde d'autre
part comme une controverse passionnée entre les défen-
seurs de la tradition clinique et les partisans de la
médecine dite physiologique. Mais quelques paroles un peu
trop vives ont été modifiées dans le compte rendu officiel
et M. J. Worms, qui s'en était justement ému, ne peut
plus trouver dans le Bulletin que l'affirmation d'une théorie
pathogénique certainement discutable, mais appuyée sur
une série d'analyses et de chiffres qui, nous le répé-
tons, ne peuvent être combattus que par des analyses ou
des chiffres nouveaux, et, de plus, en opposition avec les
arguments historiques et critiques qu'il opposait à ses
adversaires, l'exposé d'une doctrine au sujet de laquelle il
importe de s'expliquer nettement.
Nous ne pensons pas, en effet, qu'il se trouve à l'Aca-
démie — ou même en dehors d'elle parmi les cliniciens
vraiment studieux et au courant des progrès scientifiques —
un seul médecin qui prétende nier les services rendus à la
pratique médicale par l'expérimentation physiologique et
les recherches de laboratoire. Or en relevant aussi vivement
qu'ils l'ont fait les dernières paroles de leur collègue,
MM. G. Sée, A. Robin et Laborde avaient paru croire que
M. J. Worms déniait à la clinique expérimentale, en par-
ticulier à l'analyse chimique des produits excrétés et à
l'interprétation scientifique des résultats obtenus par cette
analyse, le droit d'intervenir pour guider les essais théra-
â* Série T. XXVI.
peutiques du praticien. La Gazette hebdomadaire, dont
M. J. Worms a été l'un des plus fidèles collaborateurs,
serait ingrate à son égard si elle n'accueillait à ce point de
vue la protestation qu'il oppose à cette allégation ; si elle
ne rappelait à son tour les communications qu'il lui a don-
nées sur divers sujets de médecine pratique, en particulier
sur ïovariotomie. Il y a donc eu, à cet égard, un malen-
tendu qu'il importe de réduire à ses justes proportions. Nul
ne conteste la nécessité de rechercher par l'élude minutieuse
de tous les éléments morbides les conditions pathogéniques
de la maladie. Ce que Ton pourrait considérer comme criti-
quable, ce serait la prétention de faire table rase des obser-
vations cliniques et de soutenir qu'une série d'expériences de
laboratoires doit seule guider le clinicien dans l'application
des remèdes. Nous nous sommes déjà à diverses reprises
assez longuement expliqué à cet égard pour pouvoir être
très bref aujourd'hui. Au point de vue thérapeutique, avons-
nous dit, l'action physiologique du médicament, c'est-à-
dire l'appréciation de ses effets sur l'homme sain ou sur les
animaux n'explique que rarement son action spécifique
dans les maladies où on le prescrit. Quand nous adminis-
trons à un homme sain de l'opium, du mercure ou du
sulfate de quinine, nous déterminons chez lui de la som-
nolence avec rêvasseries et embarras gastrique, ou bien de
la stomatite avec salivation, ou enfin des bourdonnements
d'oreille et de la céphalée congestive. Ces effets dits phy-
siologiques pourraient-ils donner au médecin l'idée d'ad-
ministrer l'opium contre la douleur, le mercure contre la
syphilis, le sulfate de quinine contre la fièvre intermittente?
Voici d'autre part un malade atteint de névralgies très
douloureuses. En vain nous l'aurons traité par tous les
médicaments dits anlinévralgiques. Mais, si l'observation
clinique nous apprend qu'il est syphilitique, paludéen ou
arthritique, c'est à l'aide du mercure ou de l'iodure de
potassium, du sulfate de quinine, ou enfin du salicylate de
soude que nous arriverons à le guérir. Dans tous ces cas,
c'est-à-dire lorsqu'il s'agit de maladies spécifiques, c'est la
notion clinique seule qui dicte la médication, c'est la spéci-
ficité empiriquement reconnue du remède qui permet un
traitement efficace.
Alors, au contraire, qu'il s'agit de maladies diathésiques,
alors qu'il convient de combattre un vice de la nutrition
par une série de médicaments dont les effets sur l'assimila-
tion ou ladésassimilalion des tissus ont été longuement et
sérieusement analysés; dans ces cas si complexes et d'une
interprétation si difficile, le progrès n'est possible que si
l'on possède une conception doctrinale de la maladie, si
24
3Î8 — N» 24 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
14 Juin 1881»
Ton connaît bien révolution des accidents morbides et
l'action physiologique des médicaments employés.
Le moment est-il venu, en ce qui concerne le diabète,
de considérer les nouveaux chitTres fournis par M. A. Robin
Comme de nature à modifier les conceptions doctrinales
que rimmense majorité des médecins considèrent comme
justes et démontrées par les belles recherches de M. Bou-
chard? Nous avons dit pourquoi il n'appartenait qu'aux
savants en mesure de diriger et de contrôler eux-mêmes les
expériences nécessaires de répondre à cette question.
Et c'est pourqoi il nous est impossible d^apprécier soit la
consciencieuse étude que M. J. Worms a cru devoir faire
des travaux dus aux chimistes contemporains, soit la
réponse que lui a adressée M. G. Sée. Nous ne voulons
retenir de cette discussion que cette seule conclusion :
quelle que soit la conception doctrinale qu'on puisse se
faire du diabète et de ses manifestations cliniques, la
médication à opposer, dans chaque cas particulier, aux
accidents observés, doit varier suivant la forme et la nature
de ceux-ci et suivant la constitution du malade. Il n'existe
pas de médication spécifique du diabète. Tel sujet guérira
rapidement et restera guéri durant de longues années en
suivant exclusivement les préceptes d'hygiène physique et
alimentaire si bien indiqués par Bouchardat; tel autre se
trouvera bien de la médication opiacée associée à la bella-
done et à la valériane; l'arsenic et les sels de lithine con-
viendront mieux à un troisième diabétique; les prépara-
tions de quinquina, les alcalins et le bromure de potassium
réussiront dans d'autres cas. Le rôle du clinicien doit être
de rechercher quelle est la médication vraiment utile dans
un cas déterminé. Un jour viendra, il convient de l'espérer,
où la physiologie expérimentale lui indiquera pourquoi
cette médication est préférable à celles qui, en d'autres
circonstances, réussissent contre les accidents diabétiques.
Mais la multiplicité même des médicaments vraiment
utiles — et toujours inolTensifs quand ils sont prescrits avec
sagacité — montre que pour le diabète comme pour la plu-
part des maladies la clinique thérapeutique a précédé la
thérapeutique rationnelle ou physiologique. Et longtemps
encore il en sera de même!
^ M. G. Sée a fait connaître à l'Académie un nouveau
diurétique, la lactose, qui, s'il tient toutes les promesses
faites en son nom, devra remplacer, dans les hydropisies
dues à des maladies du cœur, tous les diurétiques connus
jusqu'à ce jour. Comme la lactose est inoffensive et comme
les cas où son emploi peut devenir utile sont des plus fré-
quents, il n'est point douteux que tous les médecins tien-
dront à l'expérimenter.
Si l'on peut, grâce à elle, éviter les inconvénients
du régime lacté exclusif, si souvent mal toléré, si souvent
difficile à continuer, les cliniciens auront certainement une
ressource précieuse pour combattre les hydropisies d'ori-
gine cardiaque. Quant à la glycosurie et à Tazoturic que
produirait toujours l'administration exclusive du lait, elles
nous paraissent moins fréquentes que ne semble le faire
croire l'une des conclusions du mémoire de M. G. Sée.
Quoi qu'il en soit d'ailleurs, on ne peut qu'applaudir à l'in-
troduction en thérapeutique d'un médicament qui serait un
diurétique aussi précieux que fidèle.
— Un concours de gymnastes se tient en ce moment à
Vincennes. Un campement a été établi pour les recevoir, et
le Conseil d'hygiène publique et de salubrité du dépar-
tement de la Seine a été chargé d'étudier les conditions
hygiéniques de ce campement. C'est H. le médecin inspec-
teur général L. Colin qui a bien voulu indiquer, dans un
savant rapport, toutes les mesures à prendre pour rendre ce
campement tout à la fois salubre et inoffensif. Tout n'était
point, en effet, à louer dans l'installatioa projetée. « Au
point de vue des surfaces et du nombre des occupants, dit
M. L. Colin, ce campement est loin de répondre aux règles
de la castramétration. Il offrirait même, en cas d'occupation
plus prolongée, les inconvénients de l'encombrement:
inconvénients auxquels la brièveté du séjour des gymnasle>
ne donnera pas sans doute le temps de se développer, et qui
vraisemblablement seront conjurés par un nombre plus ou
moins considérable d'absences individuelles pendant la
nuit. 1^
Le service des eaux n'a pas paru irréprochable; mais une
entente intervenue avec une compagnie pour le transport
de toutes les matières excrémentitielles (urines, matières
fécales) et des eaux résiduaires des cuisines, assure au
moins la salubrité du sol. Toutefois, l'installation insufli-
santé des urinoirs et des latrines est signalée sans réticences.
L'éminent rapporteur proteste contre l'insuffisance déplaces
ou de tinettes représentées par l'ensemble des latrines; il
affirme la nécessité de disposer de nouveaux cabinets eu
divers endroits du camp destiné aux gymnastes et l'oppor-
tunité de multiplier les entrées à chaque latrine.
Dans cet intéressant rapport, M. L. Colin rappelle que
l'ensemble des mesures à prendre dans les cas de ce genre
doit avoir pour base non seulement la protection des agglo-
mérations destinées à occuper un camp, mais encore et
surtout la prophylaxie des maladies qui pourraient atteindre
les populations avoisinantes.
€ Nous avons constaté parfois dans l'armée, dit le savant
rapporteur, l'immunité de certains contingents qui viennent
brusquement, pendant une période momentanée de dépla-
cements, de manœuvres, doubler, tripler l'effectif de la
population d'une caserne ; mais il peut arriver en pareilles
circonstances, et j'en ai cité des exemples, que l'inconvé-
nient de ces agglomérations exceptionnelles, nul pour ceux
qui les ont produites, se traduit ultérieurement par raction
sur la population habituelle de la caserne, alors même
qu'elle est rentrée dans ses conditions numériquement
normales, des germes pathogènes laissés par ces ac:glonié-
ralions. ^
Le rapport se termine par l'énumération des mesure>
jugées nécessaires pour assainir dans la mesure du pos-
sible, et rendre moins nocive pour la population ambiante,
et en particulier pour l'agglomération militaire du fort,
l'installation des gymnastes qui sont venus camper au poly-
gone de Vincennes. Espérons que l'on tiendra compte, non
seulement pour le présent, mais pour l'avenir, de ces utilo*^
conseils.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
De l'administration de la créosote aux phthiiitqaes*
On peut prescrire ce médicament antiseptique et parasi-
ticide, soit à V intérieur par la voie buccale; soit à l'esté'
rieur^ en topiques appliqués sur la peau, en injections par
la méthode hypodermique et en pulvérisations par la voie
pulmonaire.
ii Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 24 — 370
1' A Vintérieur. Par la voie buccale on radminislre
seule, en pilules et en potion, ou associée à Thuile de foie
de morue, aux arsenicaux et au quinquina.
Les pilules créosoîées de H. Bouchard se prescrivent à
la dose de huit à dix par jour, à raison d'une toutes les
heures. Elles se formulent ainsi :
Créosote 10 grammes.
Savon amygdalin pulvérisé et
séché à rétuve 45 —
Pour 100 pilules.
La potion alcoolique créosotée^ de Valentin Gilbert (de
Genève), contient :
Créosote
Rhum
Sirop de Tolu.
Eau
3 grammes.
75 -
45 -
100 '-
Une cuillerée à bouche par jour dans une verrée d'eau.
V huile de foie de morue créosotée^ formulée par M. Bou-
chard, renferme :
Créosote 50 grammes.
Huile de foie de morue q. s. pour 1 litre.
Prendre chaque jour une à deux cuillerées à bouche.
Chaque cuillerée à bouche contient 75 centigrammes de
créosote. On peut remplacer l'huile de foie de morue par
r huile de faines.
Le vin de quinquina créosote et arsénié est souvent
employé par les médecins suisses. Voici une de ses for-
mules :
Créosote 4à5 grammes.
Arséniate de soude 09^,04 à 0»'fih
Vin de quinquina au malaga. . 1000 grammes.
A prendre à raison de deux à trois petits verres par jour
au moment des repas.
2" A Vextérieur. M. Valentin Gilbert recommande les
frictions sous les aisselles, en avant et en arrière du tho-
rax, avec la pommade suivante :
Créosote
f^anoline
Axonge
Huile d'olives
5 grammes.
i25 —
En frictions tous les soirs, avant de se mettre au lit. —
Les vapeurs créosotées, en se dégageant à la chaleur du
corps, c baigneraient le malade dans son lit. »
En injections hypodermiques. M. Gimbert (de Cannes)
prescrit des solutions huileuses de créosote au quinzième,
qu'il injecte sous la peau à raison de 10 à 30 centimètres
cubes au moyen d'un appareil à pression d'air.
Bien pratiquées, ces injections ne provoqueraient pas de
douleur et seraient indiquées dans les cas d'intolérance
stomacale.
En pulvérisations continues. Pour réaliser le séjour
dans une atmosphère créosolée, on impose l'usage, soit
d'inhalations, soit de pulvérisations permanentes avec la
solution suivante (Du prêt) :
Créosote 15 à 20 grammes.
Eau alcoolisée 1000 —
Ch. ÉLOY.
REVUE lÎES COURS ET DES CLINIQUES
RÉUNIONS CLINIQUES HEBDOMADAIRES DES MÉDECINS
DE l'hôpital SAINT-LOUIS.
Xanthome glycosurique intermittent; xanthome des
DIABÉTIQUES. — On sait qu'à côté du xanthome ordinaire
ont été décrits quelques cas de xanthome observés chez des
sujets diabétiques : ces cas présentent des caractères suffi-
samment tranchés pour que l'on soit autorisé à en faire une
variété de xanthome. Les observations sont encore en petit
nombre; les plus intéressantes ont été rapportées par des
auteurs anglais et surtout par Malcolm Morris. M. Besnier a
déjà pu observer quatre cas de cette curieuse forme de xan-
thome j c*est le quatrième dont il s'agit ici. Quelques par-
ticulantés distinguent le xanthome des diabétiques du
xanthome ordinaire, à savoir : 1° la fréquence plus grande
de localisations buccales; S'' l'absence ordinaire (mais non
constante, comme on l'a dit) des plaques de xanthome aux
paupières; 3<* la présence de phénomènes subjectifs, prurit,
douleurs spontanées ou provoquées, plus marqués que dans
le xanthome commun; 4* enfin, l'évolution. A l'inverse du
xanthome commun, qui reste habituellement indéfiniment
stationnaire, le xanthome glycosurique évolue par poussées,
disparaissant pour reparaître ensuite, mais sans laisser de
traces de son passage. C'est pourquoi on Ta appelé xanthome
temporaire des diabétiques (Chambard), dénomination à
laquelle M. Besnier préfère celle de xanthome glycosu-
rique intermittent. Il est vraisemblable d'admettre que,
dans ce cas, le xanthom&et la glvcosurie ne dépendent pas
l'un de l'autre, mais relèvent d^in même trouble dyscra-
sique; le trouble de la fonction hépatique est dans ce cas,
comme dans les autres xanthomes, la cause occasionnelle
probable de la production du xanthome. (Séance du jeudi
7 mars 1889.)
Alopécie par grattage. Trichomanie. — Bien des
gens, des enfants surtout, ont la manie de manger leurs
ongles ou bien d'arracher leurs cheveux d'une façon vérita-
blement inconsciente. Il est rare cependant de voir cette
manie se produire à un degré aussi grand que sur un
malade présenté par M. HallopeaUy lequel oiïrait des
plaques a'alopécie dans les cheveux et les sourcils, telles
qu'à première vue, on eût pu croire que cet homme était
atteint de pelade. — M. Besnier a vu un enfant oui, jour et
nuit, s'arrachait les cheveux, pour les manger; il avait l'air
d'avoir été épilé. (Séance du 7 mars 1889.)
Erythème vacciniforme syphiloide ou syphiloide vag-
ciNiFORME infantile. — Il s'agit ici d'une de ces éruptions
génitales et périgénitales des jeunes enfants, qui ont été
jusqu'alors à peu près toujours confondues avec la syphilis.
Plusieurs cas, observés dans ces deux dernières années à
l'hôpital Saint-Louis (Besnier, Hallopeau, Foulard), ont
attiré l'attention sur ce sujet et permis de les séparer de la
syphilis. — L'éruption se présente, le plus souvent, chez
les petites filles, et sous forme d'éléments qui rappellent
exactement les plaques svphilitiques discoïdes; elle siège sur
la région vulvaire, la face interne des cuisses, parfois
les aines, les plis interfessiers. On en trouvera quelques
exemples au musée de l'hôpital Saint-Louis (collect. de
M. Fournier, n» 385, et collect. générale, n" 1261, 1332).
M. Besnier présente un nouvel exemple de cette aiîection.
Ce qu'il y a surtout de caractéristique, c'est la marche qui
tend à la guérison spontanée, et assez rapidement, sitôt nue
des soins rigoureux de propreté ont été pris, et que les
liquides, urines et garde robes, ne viennent plus souiller et
irriter la peau de l'enfant. (Séance du 7 mars 1889.)
Pityriasis pilaire. — M. Vidal présente un jeune malade
atteint de cette curieuse dermatose, dont l'honneur de la
380 — N« 24 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
14 Juin 1889
description revient à Devergie, et que MM. Besnier et
Richaud ont appelé pityriasis rubra pilaire, M. Vidai
n'admet pas Tépithète rubra^ craignant qu'elle ne serve à
mettre dans Tesprit une confusion par rapport au pityriasis
rubra de Hebra. Chez cet enfant, TaiTection remonte à huit
mois; elle a débuté dans la région du dos et des lombes et
s*est peu h peu généralisée. Elle se caractérise par la kéra-
tinisation des follicules pileux, au niveau desquels se trouve
souvent une petite squame blanchâtre; ces follicules for-
ment ainsi une série d'aspérités qui donnent au doigt la
sensation d-une râpe. Chez cet enfant, la face dorsale des
mains et des doigts, si ordinairement prise, est encore in-
demne ; le cuir chevelu présente déjà une production exagé-
rée d'épiderme, mais il n'y a pas encore cette abondante des-
quamation qui se trouve à une période plus avancée. Celte
affection a été considérée à tort, par les auteurs américains,
comme devant être rapprochée de l'ichtyose, c'est une
erreur : elle se rapprocherait plutôt du psoriasis. Le trai-
tement qui a réussi le mieux à M. Vidal est justement un
traitement analogue à celui qu'il emploie dans le psoriasis,
les onctions avec le glvcérolé d'amidoii à l'huile de cade.
(Séance du 14 mars 1889.)
Gomme scléreuse chronique du muscle jambier anté-
rieur ou de son aponévrose. — Les gommes musculaires
et aponévrotiaues ne sont pas chose fréquente. Ce sont sur-
tout les muscles de la jambe qui se trouvent atteints, et plus
particulièrement ceux de la région postérieure. On sait que,
sans compter la langue, un autre muscle, le sterno-mastoidien,
est assez souvent atteint de gomme. Sur une malade entrée à
l'hôpital pour une syphilide tuberculo-ulcéreusedela n'»gion
sternale, M. Fournïer a observé une petite tumeur ovoïde,
située à la partie antérieure de la jambe gauche, paraissant
faire corps avec le muscle jambier antérieur ou au moins
avec son aponévrose. Elle est dure, reste immobile et date
de trois années déjà. Cette longue évolution, sans ramollis-
sement, n'est pas une chose rare pour les gommes muscu-
laires, qui peuventainsi présenter une durée presque indé-
finie; au bout d'un certain temps, elles s'organisent, se
durcifîent, et le traitement n'a aucune action sur elles.
(Séance du 21 mars.)
Lupus érythémateux des mains. — Le lupus érythéma-
teux, assez frénuent, comme on sait, au visage, se rencontre
rarement sur les extrémités. M. Vidal présente une jeune
fille de quatorze ans, qui est atteinte de lupus érythémateux
sur la face et sur les mains. Le lupus érythémateux des
mains présente de grandes analogies d'aspect avec les enge-
lures; ce sont ces lésions qu'Hutchinson a décrites sous le
nom de chilblain lupus, lupus engelure. Chez cette enfant,
les lésions occupent le bord externe et le bord interne des
mains, la face dorsale de toutes les phalanges de tous les
doigts, la face palmaire des troisièmes phalanges; elles
forment des plaques arrondies ou allongées, un peu dépri-
mées au centre, blanc grisâtre, entourées dune zone
saillante rouge violacé. Les engelures dont cette enfant a
été atteinte auparavant ont certainement joué le rôle d'une
cause d'appel pour le lupus; elles sont aussi la cause de la
symétrie des lésions. Si l'on avait quelque doute, le dia-
gnostic se ferait avec l'état de la face, qui présente, sur les
ioues et sur l'extrémité du nez, des lésions indiscutables de
lupus érvthémateux.
M. Vidal se propose de traiter cette enfant par des appli-
cations de savon de potasse dissous dans l'alcool, et, si cela
ne sufflt pas^ par des applications de compresses enduites
de savon noir, en prolongeant suffisamment ces applica-
tions pour provoquer un certain degré d'inflammation. —
M. Besnier rapporte cette affection à la tuberculose cuta-
née. Souvent il a fait l'enquête étiologique et retrouvé la
tuberculose. C'est une forme qui se voit souvent chez des
sujets de la campagne, exposés au grand air et aussi à la
contagion tuberculeuse par le contact répété de leurs
mains avec des objets divers souillés par des animaux et
surtout des vaches tuberculeuses. La symétrie des lésions,
dans ce cas, ne doit pas faire rejeter leur origine externe.
Elle tient à la présence antérieure des engelures qui ont
servi symétriquement de porte d'entrée à l'infection.
M. Vidal fait observer que, parmi les nombreux malades
atteints de lupus qu'il a soignés en ville par les scarifica-
tions, deux seulement sont tuberculeux, et il rappelle
que, dans tes expériences d'inoculation de lupus aux ani-
maux, faites par M. Leloir, une des premières avec résultat
positif de tuberculose, avait été faite avec du lupus érythé-
mateux. (21 mars 1889.)
Pseudo-paralvsie syphilitique de Parrot. — On sait
en quoi consiste cette manifestation assez rare de la syphi-
lis infantile. Parrot, qui l'a décrite, en avait fait une affec-
tion très grave, comportant un pronostic fatal. Cela tient à
ce que Parrot observait dans aes conditions de mauvais
terrain, à l'hôpital des Enfants-Assistés. Depuis, d'autres
observations ont été fournies, terminées, au contraire, par
la guérison ; si bien que l'on peut dire que cette manifesta-
tion n'a pas de pronostic propre défavorable, mais que sa
gravité dépend de l'état général du petit sujet.
M. Foumier montre une petite fille de trois mois, syphi-
litique héréditaire, atteinte de syphilide faciale confluênte,
et qui, sous ses veux, dans son service, a présenté une
pseudo-paralysie du bras droit, actuellement guérie. Le
curieux est que cette manifestation est survenue alors
que l'enfant était déjà en traitement depuis dix jours, et
que les syphilides cutanées étaient en voie de disparition.
(28 avril 1889.) H. F.
TBWAUX ORIGINAUX
Clinique médicale
Recherches sur l'action thérapeutique de la coroxille
DANS LES AFFECTIONS CARDIAQUES, par M. le docteur
Spillmann, professeur de clinique médicale, et M. le
docteur Haushalter, chef de clinique à la Faculté de
Nancy.
(Fin. — Voyez le numéro 23.)
Voici maintenant deux observations dans lesquelles la
coronille n'a eu qu'un effet utile insignifiant:
Obs. IX. Emphysème, dilatation du cœur droit — Homme,
quarante-huit ans, emphysémateux, et atteint de bronchite chro-
nique, présente les signes d'une dilatation du cœur droit,
cyanose, œdème léger des membres imférieurs, dyspnée, urim^s
rares, 500 c. c; pouls régulier, petit.
Le 2 mars. — CoroniJline, 30 centigrammes.
Le 3. — Urines, 750 c. c. Le malade respire un peu plus faci-
lement. Coronilline, 30 centigrammes.
Le 4. — Urines, 1000 c. c. Coronilline, 30 centigrammes.
Le 5. — Urines, 600 c. c.
La dyspnée, la cyanose, l'œdème persistent, mais à un état
peut-être un peu moindre qu'avant l'administration de la
coronilline.
Obs. X. Myocardite, asystolie. — Femme, soixante-quatre
ans, entrée le 23 juillet 1888. Depuis une atteinte de rhumatisme
articulaire, remontant à dix ans, est sujette à des palpitations.
Depuis un mois, asyslolie, cyanose, orthopnée, pouls petit,
dépressible; bruits du cou sourds, irréguliers.
Le 25 juillet. — Potion avec extrait de coronille, 1 gramme.
Le 26. — La malade respire mieux, rœdème a diminné, le
pouls est plus ample, mais toujours irrégulier; plusieurs selle<
diarrhéiqucs; on n a pu pour cette raison conserver les urines.
Extrait de coronille, 1 gramme.
Le 27. — Même état. Extrait de coronille, 1 eramme.
Le 28. — Les urines sont rares, 700 c. c, séoimenteuses.
U Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmE ET DE CHIRURGIE — N* 24 — 381
Le !29. — F.e pouls est petit, irréguHer. Cyanose, dyspnée.
Le 6 août. — Extrait de coronille, 1«'^,5(I.
Le 7. — Pas d'amélioration.
Les 9, 10, 11. — Digitale, 40 centigrammes.
Le 1^. — Œdème moindre, pouls plus régulier, moins de
dyspnée.
Le 17. — Réapparition des symptômes d'asystolie, Coronilline,
1 centigramme.
Le 18. — Pas d'effet. Coronilline, 2 centigrammes.
Le 19. — Pas d'effet.
Voici enfin, résumées, les observations des malades
auxquels la coronille n'a apporté aucun soulagement:
ÛBS. XL Myocardite. A systolie. — Femme, soixante-dix ans,
entrée le 9 mai 1888, éprouve de la dyspnée depuis deux ans.
A son entrée, la malade présente l'aspect de la cachexie car-
diaque; œdème des membres inférieurs, dilatation des veines
du cou, cyanose, pouls petit, irrégulier, dépressible; pas d'hy-
pertrophie du cœur; bruits sourds, précipités; urines rares,
sédimenteuses.
Les 13, 15 et 16 mai, la malade prend une potion avec
1 gramme d'extrait de coronille.. Pas d'amélioration, la malade
succombe.
Obs. XII. Insuffisance mitrale. — Femme, vingt-sept ans,
sujette à des palpitations depuis cinq à six ans. Etant enceinte
de huit mois, il y a quatre mois, a commencé à avoir de
]^œdème des membres inférieurs ; en asystolie depuis deux mois.
Entre à l'hôpital le 11 août 1888. Orthopnce, pouls petit, fili-
forme, irréguher, œdème généralisé; congestion du foie, souffle
systolique milral. Urines rares et foncées, 500 c. c.
"^ Le 2 août. — Extrait de coronille, 1 gramme ; il est vomi
une demi-heure après l'ingestion.
Le 3. — Mémo état de l'asystolie. Extrait de coronille,
i gramme.
Le 4. — Aucune amélioration. Extrait de coronille, 1 gramme.
Le 5. — Même état. Extrait de coronille, 1 gramme.
Le 7. — Même état. Extrait de coronille, 1 gramme.
Le 8. — L'asystolie s'aggravant toujours, on prescrit une
infusion avec herbe de digitale de 40 centigrammes.
Le là. — Après trois potions de digitale, l'asystolie ne s'est
pas modiliée.
Le 15. — 2 centigrammes de coronilline.
Le 16. — 2 centigrammes de coronilline.
Le 17. — 2 centigrammes de coronilline. Aucune amélio-
ration.
La malade tombe bientôt en étal de cachexie cardiaque com-
plète etsuccombe.
Obs. XIIL Insuffisance mitrale, Asystolie, — Homme, cin-
veines du cou, cyanose ; souffle systolique raitral à la pointe,
hiedu cœur gauche, alhérome artériel, pouls irregulier
hypertropl
et inégal,
et inégal, est soumis au traitement par la digital
En novembre, accès nouveau d'asystolie.
Le 28 novembre. — On prescrit w centigrammes de teinture
de coronille.
Le 29. — 20 centigrammes de teinture de coronille. Un peu
de diarrhéel
Le 30. — 30 centigrammes de coronille. Le pouls reste irré-
gulier et inégal; mêmes signes d'asthénie cardiaque.
Le l*' décembre. — 21 centigrammes de coronille. L'état de
la circulation ne se modiOant pas, la coronille est suspendue.
Obs. XIV. Insuffisance mitrale, asystolie prononcée. —
Homme, cinquante-deux ans, maçon, présentant les symptômes
d'une insuffisance mitrale non compensés ; pouls petit, irré-
gulier, œdème pulmonaire, œdème des membres inférieurs,
cyanose, etc. ; urines rares, 800 c. c. Prend les 6, 7, 8, 9 fé-
vrier 1889, de 15 à 30 centigrammes de coronilline chaque
fois; les symptômes restent les mêmes, la diurèse n'augmente
pas. Ultérieurement les svmptômes de l'asystolie sont notable-
mont amendés parle stropnanius et la digitale.
Obs. XV. Pneumonie chronique, dilatation du cœur droit.
— Femme, cinquante ans, symptômes consécutifs à une dilata-
tion passive du cœur, résultant d'une pneumonie chronique.
Le 8 février, un an après l'apparition des premiers symptômes
de dilatation du cœur, œdème généralisé, urines rares,
150 c. c; dilatation des veines du cou; pouls irrégulier,
filiforme, état comateux.
Deux potions, avec 30 et 50 centigrammes de coronilline, n'ont
aucune action sur la circulation, non plus que la digitale, le
strophantus et la caféine; et la malade succombe en asystolie.
Obs. \y\. Insuffisance mit raie, asystolie y cachexie cardiaque.
— Homme, cinquante et un ans, ayant subi, il y a cinq ans, une
atteinte de rhumatisme articulaire aigu, entre le 22 mars 1889
avec les symptômes d'une insuffisance mitrale non compensés,
cyanose, dilatation des veines du cou, œdème, urines rares,
250 c. c, congestion du foie, orthopnée, pouls petit, régu-
lier, dépressible, insomnie.
Le 23 mars. — Urines, 250 c. c. Coronilline, 30 centi-
grammes.
Le 24. — Urines, 250 c. c. Même état de l'asystolie. Coro-
nilline, 30 centigrammes.
Le 25. — Urines, 500 c. c. Coronilline, 60 centigrammes.
Le 20. — Les symptômes de l'asystolie s'aggravent. La digitale
et le strophantus, prescrits tour à tour, n'ont aucune action.
Obs. XVI. Obésité, surcharge graisseuse du cœur. — Femme,
cinquante ans, très obèse, entre en octobre 1888 avec les
symptômes de dégénérence graisseuse du myocarde, cyanose
légère des lèvres, œdème léger au niveau des malléoles, dyspnée,
bruits du c^Bur sourds, pouls régulier, égal, mou.
Les 27, 28, 29, 30, 31 octobre, elle prend i centigrammes de
coronilline; il ne se produit aucune amélioration.
Le 19 mars, en face des mêmes symptômes qu'à l'entrée de la
malade, on administre 60 centigrammes de coronilline, qui pro-
voquent des vomissements et de la diarrhée pendant toute la
nuit, avec abaissement et accélération du pouls.
Une analyse rapide des cas dans lesauels fut administrée
la coronille fera ressortir, mieux que le résumé des obser-
vations, quelle fut Tinfluence du médicament.
Analyse des cas dans lesquels la coronille eut une
action utile. — Sur les huit cas où la coronille eut une
action utile, cinq fois elle fut donnée sous forme d'extrait,
trois fois sous forme de coronilline; le nombre des cas sur
lesquels nous avons expérimenté, est loin d'être assez élevé
pour que nous ayons le droit de conclure que la coronil-
line est moins eflicice que l'extrait alcoolique.
Dans tous ces cas, les malades étaient à un degré assez
avancé d'asystolie : cinq fois cette asystolie était le fait
d'une dégénérescence du cœur combinée à une altération
des vaisseaux, trois fois elle résultait d'une insuffisance
mitrale dont la compensation était rompue.
Le médicament était administré en général trois ou
quatre jours de suite ; dans la plupart des cas, il fut répété
chez le même malade une série de fois à des intervalles
plus ou moins éloignés.
Le maximum de l'effet utile se produisit en général de
vingt-quatre à trente-six heures après l'administration de
la première dose ; les doses ultérieures ne servaient qu'à
maintenir cet effet, sans du reste l'augmenter beaucoup ;
en général vingt-quatre heures après la dernière dose le
malade retombait dans l'état où il se trouvait avant l'admi-
nistration du médicament ; une seule fois (obs. 1), dans un
cas où il s'agissait d'une première atteinte légère d'asystolie
chez un alcoolisé athéromateux, l'amélioration fut persis-
tante et définitive après quatre doses de coronilline. De ces
faits il ressort que le principe actif ne s'accumule pas dans
l'organisme.
Quant à l'effet utile, pour l'apprécier à sa juste valeur,
nous passerons rapidement en revue l'action de la coronille
sur le pouls, la diurèse, les hydropisies, la dyspnée.
Pouls. — Les courbes du chiffre des pulsations et les
tracés sphygmographiques du pouls, pris avant et après
l'administration de la coronille, nous ont montré que la
coronille n'a eu, dans les cas où nous l'avons donnée,
qu'une influence peu accentuée sur le chiffre des pulsations
3Si
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
U Juin 1889
ou le rythme du pouls. Dans aucun des cas observés un
pouls très irrégulier n'a été complètement régularisé par
lacoronille; plusieurs fois il fut simplement moins irré-
gulier après son administration; quant au chiffre des pul-
sations par minute, dans certains cas, il ne sembla nulle-
ment modifié pendant l'administration de la coronille,
d'autres fois il fut supérieur et d'autres fois inférieur à ce
qu'il était avant. — Quant à Tamplitude du pouls, elle fut
accrue dans des proportions variables durant tout le temps
de l'ailministration du médicament.
Diurèse. — L'effet le plus net produit par la coronille fut
certainement l'augmentation de la quantité des urines; de
yingt-quatre à trente-six heures après Tadministration de
la première dose, le chiffre des urines atteignait son
maximum; en général, durant tout le temps de Tadminis-
tration du médicament, ce chiffre se maintenait au taux de
2 litres à 2 litres et demi, pour diniinuer aussitôt que le
médicament était suspendu; dans deux cas, les urines
arrivèrent au chiffre de 3 à 4 litres. (Voy. les tracés I et II.)
Hydropisies, — Les hydropisies, la cyanose, les dilata-
tions veineuses, sauf dans l'observation I, n'ont jamais
disparu complètement sous Tinfluence de la coronille : en
général, ces symptômes étaient simplement amendés pen
dant l'action du médicament.
Dyspnée. — La dyspnée et l'insomnie dans quelques cas
subissaient pendant l'administration du médicament un
moment de répit.
En somme, Veffet utile de la coronille, dans les huit cas
où il fut obtenu, se résume dans une diminution des
œdèmes, une augmentation de la diurèse, une sensation
subjective de bien-être relatif, résultant surtout d'une
dyspnée moindre; tous effets provenant de l'accroissement
passager de la tension sanguine, conséquence de l'action du
principe actif de la coronille sur le muscle cardiaque.
Mais, pour juger de la valeur réelle de la coronille, en
tant que médicament cardiaque, il serait utile de pou-
voir comparer ses effets, dans les mêmes cas, à ceux
d'un autre médicament cardiaque bien connu, tel que la
digitale. Comme nous l'ont montré nos observations, dans
les cas où la coronille avait une action utile, la digitale
était capable de produire à la même période une améliora-
tion sensible : il ne nous a pas semblé que dans ces cas
l'effet de la digitale fût notablement supérieur à celui de la
coronille. Dans la plupart des cas, il arriva un moment où
la coronille perdait son effet utile sur les symptômes de
l'asystolie : à la même période, la digitale restait tout aussi
inefficace. Nous devons ajouter que nous n'attachons pas
grande valeur à la comparaison entre le degré d'action de
la digitale et celui de la coronille, telle que nos observa-
tions nous ont permis de la faire : car les malades sur
lesquels nous avons expérimenté étaient tous plus ou
moins en état de cachexie cardiaque, et leur myocarde
dégénéré n'était plus guère en état de répondre bien éner-
giquement à aucun des excitants de sa contractililé.
Analyse des cas où raction dti la coronille fut minime,
— Chez les malades, auxquels ont trait les observations IX
et X, la coronilline dans un cas, l'extrait de coronille dans
l'autre, n'ont amené qu'une amélioration insignifiante; dans
l'observation X, en particulier, après l'administration de
1 gramme d'extrait de coronille, l'œdème diminua un peu,
le pouls devint plus ample, la dyspnée s'amenda, mais cette
amélioration fut toute passagère et ne se reproduisit pas
avec la seconde dose du médicament; la digitale, donnée
trois jours de suite, ne provoqua également qu'une amélio-
ration insignifiante et de courte durée.
Analyse des cas dans lesquels la coronille n'eut aucun
effet utile. — Dans sept cas la coronille ne produisit aucune
amélioration de l'asystolie; dans Quatre de ces cas, la
digitale était tout aussi impuissante ; dans un cas, la digitale
et le strophantus amendèrent des accès d'asystolie sur
lesquels la coronille n'avait eu aucun effet; dans les deux
autres cas, les malades étant arrivés à la dernière période
de la cachexie, la digitale ne fut pas essayée.
Nous terminerons l'analyse des effets de la coronille,
en signalant les inconvénients, que, dans certains cas, elle
nous a paru présenter : nous avons signalé déjà la saveur
amère des potions de coronille ; l'administration de la
coronille par la voie stomacale détermine la plupart du
temps un état nauséeux, et provoque quelquefois des vomis-
sements, qui ont souvent pour effet le rejet du médicament
après son ingestion; plus souvent encore la coronille déter-
mine une diarrhée séreuse, qui dans quelques cas a été
très abondante; ces accidents nous ont obligé chez certains
malades à suspendre le médicament.
Nous avons vu plus haut que le principe actif semble être
modifié dans le tube digestif, puisque des doses qui seraient
mortelles quand on les introduit dans le sang, sont sans
effet, quand on les administre par la voie stomacale; pour
remédier à ces inconvénients, et surtout pour changer la voie
d'absorption du médicament, nous avons, dans deux cas,
injecté sous la peau 1 centimètre cube de solution conte-
nant un demi-milligramme de coronille; il ne se produisit
aucun effet thérapeutique, et dans la région où avait été
pratiquée l'injection, il se développa un œdème douloureux
assez étendu.
Cette étude, basée sur un nombre limité d'observations,
mérite de nouvelles recherches que nous comptons bien
poursuivre. Nous tirerons des quelques faits étudiés les
conclusions suivantes :
1^ La coronille peut être considérée comme un médica-
ment cardiaque, capable de modifier dans un sens favo-
rable un certain nombre de symptômes résultant d'un
défaut d'énergie du myocarde.
2'' Les effets utiles, quand ils se produisent, suivent rapi-
dement l'administration du médicament, mais cessent en
grande partie dès qu'on vient à le supprimer.
d"* Les effets consistent dans un accroissement d'ampli-
tude du pouls, une augmentation de la diurèse, une dimi-
nution des œdèmes, un amendement de la dyspnée.
4"* La coronille perd son action dans les cas où là digitale
est devenue inefficace, c'est-à-dire dans les cas où le muscle
cardiaque est profondément dégénéré.
5"^ Dans tous les cas où la coronille est efficace, la digi-
tale l'est également.
ô*' L'administration de la coronille est suivie, dans
quelques cas, de vomissements et de diarrhée.
Cllalque ehlrurglcale.
Note sur quelques cas de fistules a l'anus et d'abcès
DE LA RÉGION AN0-RECTALE, par M. Cestan, interne à
l'hôpital Broussais.
Les fistules à l'anus et les abcès de la région ano-rectale
offrent des points nombreux de rapprochement : étiologie
d'une part, traitement de l'autre; et, comme le dit excel-
lemment notre maître, M. Reclus, dans ses Cliniques de
rHôtel'Dieu, « pratiquement^ on peut assimiler ces deux
affections »; on sait d'ailleurs que souvent la fistule à
l'anus est le dernier terme de l'évolution des collections
péri-rectales. Deux méthodes se disputaient autrefois la gué-
risondeces dernières : l'une, avec Poubert, se contentait de
l'incision simple ; l'autre, défendue par Faget, voulait une
intervention plus active. Celle-ci, malgré quelques dissi-
dences, a définitivement prévalu; et comme le montrait
M. de Barraudans une thèse récente, il est de règle aujour-
d'hui, dans l'abcès comme dans la fistule, de sectionner
sur la sonde cannelée toutes les parties qui séparent le
clapier de la cavité rectale. Tantôt h miijuiîuso souk» est
U Juin 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 24 — 383
ainsi sacrifiée; d'aulres fois le sphincter doit être compris
dans la section; aussi a-t-on pu avec raison établir une
classification de ces lésions avec le sphincter comme point
de repère.
Pour les fistules à l'anus, cette division est de vieille date;
Allingham le oremier, Gosselin, plus tard, ont étudié le
trajet des fistules et en ont montré l'importance clinique :
« Quelquefois le trajet glisse sous la peau et vient rencontrer
la muqueuse rectale très près de l'anus, en laissant au-
dessus et en dehors de lui la plus grande partie, peut-être
même la totalité de la portion externe ou sus-cutanée du
sphincter anal; on appelle fistulettes cette variété de fistule
que j'aime mieux nommer fistule sous-tégumentaire;
d'autres fois et plus souvent, le trajet, avant d'arriver au
rectum, traverse plus ou moins loin de la ligne médiane
le sphincter externe et plus haut le sphincter interne ; il
n'est donc pas possible ae faire l'incision sans couper tout
ou partie de ces muscles; c'est la fistule intra-sphincté-
rienne; dans d'autres cas, enfin, l'orifice externe étant
situé très en dehors, le trajet passe d'abord en dehors, puis
au-dessus du sphincter; la section de toute la largeur de
ces derniers est inévitable, si on fait le traitement par l'in-
cision; la fistule est alors sus-sphinctérienne. >
Les abcès de la région ano-rectale, au contraire, étaient
repartis par la plupart des auteurs en deux groupes princi-
paux : abcès tubéreux, superficiels, siégeant à la marge de
l^anus, et abcès de la fosse ischio-rectale, ceux-ci plus éten-
dus et d'un pronostic beaucoup plus réservé. A M. Reclus
revient le mérite d'avoir le premier, en 1887, donné une
classification rationnelle des collections purulentes péri-
rectales. Il faut les distinguer, avec lui, en trois groupes :
abcès sous-sphinctériens ou de la marge de l'anus, encore
nommés abcès tubéreux et souvent d'origine tuberculeuse,
dus au ramollissement de nodules spécifiques; abcès extra-
sphinctériens ou de la fosse ischio-rectale proprement dite,
compris entre des parois osléo-fibreuses, dont la rigidité
rend Taccolement si difficile après une simple ponction ;
enfin, abcès intra-sphinctériens on sous-cutanéo-muqueux.
Dans ce dernier cas, la collection purulente se trouve com-
prise entre le sphincter en dehors, et la muqueuse en
dedans, qui seule sépare le clapier de la cavité rectale,
et qui seule aussi doit être sectionnée dans le débridement.
Fistules et abcès péri-rectaux peuvent donc se ramener à
deux groupes principaux : lésions extra-sphinctériennes,
où le muscle constricteur de l'anus est intéressé; lésions
intra-sphinctériennes, ou sous-cutanéo-muqueuses, indé-
pendantes de l'appareil musculaire péri-anal. Mais quelle
est la fréquence relative de ces deux classes? Pour Gosselin,
« plus souvent^ le trajet traverse les sphincters externe et
et interne; et ces musclesdoiventêtresacrifiés». Allingham
émet des doutes à ce sujet : « La fistule commence le plus
ordinairement par la formation d'un abcès; on dit générale-
ment qu'il siège dans la fosse ischio-rectale, mais je suis
certain que c'est le cas le plus rare; ulcération de la mu-
queuse, abcès dans le tissu sous-muqueux, tels sont les
termes habituels dans l'évolution des fistules. ^ Cette opi-
nion a été confirmée; M. Reclus a montré à diverses
reprises, et en particulier dans la thèse de son élève Méloche
(thèse de Paris, 1888), que dans l'immense majorité des
cas, le sphincter était en dehors du clapier, et que la mu-
queuse seule séparait le stylet intra-phlegmoneux ou intra-
fistuleux du doigt introduit dans le rectum. Sur quarante-
quatre cas de fistules à l'anus ou d'abcès ano-rectaux, onze,
c'est-à-dire :25 pour 100, se rapportaient à la variété sous-
sphinctérienne ; quatre cas seulement, soit 9,05 pour 100,
au groupe extra -sphinctérien; 29 fois au contraire, ou
05,9 pour 100, on avait affaire à la variété intra-sphincté-
rienne ou sous-cutanéo-muqueuse.
Notre statistique plus faible ne porte que sur six cas,
qu'il nous a été donné de recueillir à l'hôpital Broussais,
depuis le commencement de février. L'histoire clinique de
ces malades ne s'éloigne pas d'ailleurs des données habU
tuelles; un seul présentait une intéressante particularité;
la fistule reconnaissait pour cause une côte de lapin, que l'on
a retrouvée dans le trajet, prise d'abord pour une esquille
sacro-coccygienne, et retirée enfin avec des pinces. Ces six
cas appartenaient tous à la variété sous-cutanéo-muqueuse ;
la cure en a été facile et la guérison rapide.
Le dernier de nos malades, pâle, cachectique, nettement
tuberculeux, était porteur d'un abcès saillant à la marge de
l'anus ; ici encore on put par le toucher rectal et l'intro-
duction d'un stylet dans le clapier, se convaincre que le
sphincter était en dehors de la collection.
La disposition des tuniques du rectum pourrait d'ailleurs
rendre compte delà fréquence des lésions intra-sphincté-
riennes. La muqueuse ano-rectale présente à 2 centi-
mètres de l'anus une couronne de véritables nids de pigeon,
les valvules de Morgagni, disposées pour recevoir les corps
étrangers, graines, petits os, matières fécales durcies, causes
ordinaires des fistules; cette muqueuse se trouve séparée par
une couche graisseuse assez lâche du plan musculaire sous-
jacent. Ce dernier est, à ce niveau, épais et résistant ; le
sphincter interne d'une part, le sphincter externe qui l'em-
boîte, de l'autre, peuvent être assimilés à une virole, à une
véritable gaine musculaire isolant la muqueuse de la fosse
ischio-rectale. Ainsi se trouve constitué entre la paroi mus-
culaire engainante et la paroi muqueuse un trajet cellulo-
graisseux que parcourent les corps étrangers arrêtés au
niveau des valvules de Morgagni; la fistule, qui en est la
conséquence, est par suite intra-sphinctérienne ; d'autre
part, dans les cas d'abcès tuberculeux, c'est toujours dans
cette couche que se développeront les collections consécu-*
tives à l'érosion de la muqueuse.
En résumé, fistules et abcès sont le plus souvent situés
sous la muqueuse rectale; cette disposition en améliore de
beaucoup le pronostic, puisqu'elle écarte la possibilité de
l'incontinence fécale, que l'on redoutait à la suite de la sec-
tion du sphincter.
Neuropat^olog^le.
La maladie de Parkinson hémiplégique, par M. le docteur
Paul Bçrbez, chef de clinique adjoint de la Faculté.
M. le professeur Charcot, dans une de ses leçons cliniques
du mardi, désignait à l'étude un aspect rare et resté sans
description de la maladie de Parkinson, méritant à nlus
d'un titre une mention et une dénomination spéciales, tl'est
cette forme que nous nous proposons d'étudier sous le nom
de maladie de Parkinson némiplégique, passant en revue
son mode de début, les symptômes qui lui sont propres, et
surtout les éléments du diagnostic et les maladies avec
lesquelles la confusion est possible et fréquente.
Nous rejetterons d'abord le nom de paralysie agitante,
dénomination doublement fausse, puisque jamais la raideur
ne conduit à une paralysie, au sens propre du mot, et
puisque, en second lieu, on trouve dans la clinique des cas
où le tremblement fait défaut.
Les auteurs (1) qui ont étudié la maladie de Parkinson ne
nous ont fourni aucun document, car, s'il est connu de tous
que le tremblement uni à la raideur, Is^ sensation de chaleur
exagérée, peuvent se rencontrer dans une moitié du corps,
l'autre moitié étant à peine atteinte, ou tout à fait indemne,
aucun n'a mis en lumière la possibilité d'une hémi-raideur
sans tremblement, simulant l'hémiplégie par ramollisse-
ment ou hémorrhagie cérébrale.
(i) Nous devons ne pas onblier M°* Edwards <|ui, dans sa thèse, a abordé le
sujet que nous étudions aujourd'hui. M. Blocq. dans sa thèse, s'est aussi occupé ,
des pseudo-contractures parklnsouiennes.
384
N- 24 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
14 Juix 1889
Celle forme de maladie do Parkinson,consislanl dans une
immobilisation d'une moitié du corps, sous Tinfluence
d'une hémi-raideur musculaire, avec indemnité ou parlici-
palion de la face, semble d'autant plus rare, qu'elle est
presque toujours méconnue. Nos observations tendent à
démontrer qu'elle est relativement fréquente. Sur un total
de vingt-huit malades observés dans le courant de
Tannée 1886, dans le service de M. Charcot, trois malades
(G..., obs. I) (M"* P..., obs. IV) (M..., obs. II), rentrent
exactement dans notre cadre.
Sept autres malades présentaient déjà un certain degré de
Iremolement limité à une moitié du corps, mais ce trem-
blement remontait à quelques semaines, et peu s'en fallait
que nous pussions les donner comme atteints d'hémi-
raideur, constatée de visu^ celle-ci ayant été, d'après leurs
allégations, le symptôme initial et unique pendant une
fiériode de plusieurs mois. C'est donc un total de dix ma-
ades sur vingt-huit, atteints de la forme hémiplégique sans
tremblement. Chez ces dix malades, l'âge moyen était de
cinquante-cinq ans. Le sexe semble indifférent. Notre statis-
tique compte cinq femmes et cinq hommes.
Les émotions morales vives précédant souvent l'appari-
tion brusque du tremblement n'ont ici qu'une importance
secondaire. Dans deux cas, un traumatisme est mis en avant
par les malades, mais nous ne lui attribuons que la valeur
d'une cause déterminante.
Les antécédents personnels ou héréditaires au point de
vue des maladies appartenant à la série arthritique: rhuma-
tisme aigu ou chronique, affections cutanées, migraines,
asthme, gravelle, se retrouvent ici comme pour la maladie
de Parkinson régulière. Nous n'avons noté chez nos malades
aucun rapport avec la série des affections nerveuses sine
materia, telles que névroses, épilepsie, hystérie, vésa-
nies, etc.
Description. — Le début est difficile à préciser, car la
raideur s'installe lentement et progresse peu à peu. L'atten-
tion du malade est attirée alors par une inhabileté dans les
ouvrages et les travaux ordinaires. La main semble souvent
la première atteinte, en raison de ce que sa maladresse est
appréciable, mieux que celle de l'avaiil-bras et du bras, qui
nous rendent des services moins répétés. Quoi qu'il en soit,
les malades accusent habituellement une gaucherie de la
main, suivie ensuite de réduction des mouvements du bras
et de l'épaule. Le pied, au même litre qjue la main, si nous
considérons le membre inférieur, sera le premier incriminé
par les malades.
Souvent, au réveil, avant même que la lenteur des mou-
vements"* ail été nettement constatée, le membre atteint est
presque immobile; sa rigidité est alors nettement consta-
table, et s'accompagne de crampes plutôt agaçantes que
vraiment douloureuses. Mais bientôt, sous l'influence des
mouvements volontaires, le membre c s'échauffe » et
recouvre sa souplesse habituelle. Il arrive cependant un
moment où, par les progrès de la maladie, celte lutte de la
volonté n'est plus possible. La maladie est dès lors consti-
tuée, et pour en venir à ce point, on constate souvent un
intervalle de six mois à un an à dater du début des acci-
dents. Le malade debout offre l'attitude spéciale à la maladie
de Parkinson. Les muscles de la face sont rigides d'une
façon générale, mais la rigidité prédomine dans la moitié
correspondant aux membres atteints. Les rides du front, plus
accusées, augmentent d'un côté l'aspect sombre du visage.
La commissure labiale est entraînée et élevée de ce même
côté, au même titre que dans certaines hémiplégies faciales
avec contracture. Aucune secousse dans les muscles ainsi
raidis, ce qui élimine l'hypothèse du spasme glosso-labié
des hystériques. La langue peut même être déviée du côté
, affecté (M** L..., obs. V). Dans tous les cas, celle langue est
pâteuse et inhabile, sans qu'on puisse dire exactement ce '
qui revient dans cette maladresse à l'une ou à l'autre moitié
de l'organe, // nous a semblé même^ dans un cas, que les
mouvements latéraux de la mâcfio ire étaient réduits (/'hm
côté, indice d'une raideur prédominante des muscler
diducteurs. Le voile du palais reste vertical. L'occlusion
des lèvres se fait mal, et les muscles élévateurs de la com-
missure acquérant du côté malade une influence prépondé-
rante, il en résulte l'écoulement par l'angle commissural
sain d'un long filet de salive visqueuse. L'œil semble souvent
plus petit du côté atteint. L'immobilité du cou lient à la
raideur de la masse des muscles de la nuque. Nous n'avons
Cas observé d'inclinaison bien nette du cou d'un côté.
'attitude du membre supérieur est la suivante : épaule
abaissée, bras rapproché de la poitrine, avant-bras demi-
flécbi sur le bras, face palmaire de la main tournée vers
l'axe du corps et appuyée contre l'abdomen. Quant aux
doigts, ils sont en masse, suivant la règle, déviés vers le
bord cubital de la main. Le pouce, fortement appliqué
contre l'index, finit par présenter un aplatissement de son
bord externe, point spécial sur lequel M. Damaschino a
attiré l'attention dans ses leçons professées à l'Ecole de
médecine.
Au membre inférieur, nous signalerons un peu de
renversement du pied sur son bord externe, un relèvement
du bord interne dont l'excavation est exagérée; enfin, un
transport en dedans de la pointe. La jambe est légèrement
fléchie sur la cuisse. Assis, le malade reste toujours penché
en avant dans l attitude d'une personne prête à se lever.
Signalons enfin après un long repos dans la position assise,
l'immobilité persistante du membre rigide, comparée aux
mouvements du membre opposés, effectués dans le but de
se délasser.
C'est dans la marche surtout que nous verrons s'accentuer
l'analogie avec l'hémiplégie organique, compliquée de con-
tracture. L'immobilité du bras dans sa position, tandis nue
celui du côté opposé est animé du balancement physiolo-
gique, la direction du pied, dont le grand axe est parallôle
à la ligne de marche, c'est-à dire incliné en dedans, les
frottements sur le sol à chaque pas, rendent facile la con«
fusion. Tout le membre, dont les mouvements sont réduits,
est comme remorqué par le tronc. Souvent aussi, il e^t
projeté en avant et en dehors, le malade fauche en un mol.
L'exagération de celte raideur conduit quelques malades
(M"" G..., obs. 1) à soulever le pied avec une courroie, dont
une anse sert d'étrier au pied et dont l'autre est passée dans
l'avanl-bras correspondant; c'est ainsi que le bras un peu
moins atteint soulève le membre inférieur, artifice souvent
employé par les malades atteints d'hémiplégie vulgaire.
Une' autre malade, dont le pied était immobilisé dans la
rectitude, ne pouvait changer de direction sans tourner la
pointe de son pied avec le bout de son b<\ton.
Si nous examinons dès lors les modifications survenues
dans les propriétés musculaires, nous noierons tout d'abord
une intégrité des réflexes du coude, du poignet, du genou;
ceux-ci toutefois sont un peu masqués par la rigidité; une
atrophie légère des masses musculaires; une excitabilité
électrique un peu plus lente, mais normale, suivant les ré-
sultats que M. Vigouroux a eu la bonté de nous communiquer.
La rigidité du reste se combine à une immobilisation
prolongée pour amener ces modifications trophiqucs et
fonctionnelles; elcelles-cideviennenl d'autant plusfacilement
appréciables que le malade a pris le lit, condition des plus
défavorables pour une personne atteinte de maladie de
Parkinson. Cette rigidité dans certains cas très rares, il est
vrai, peut parfois céder ou diminuer notablement.
Les caractères de la rigidité sont parfois ceux de l'iiémi-
plégie avec contracture en ce sens qu'il est aussi difficile
d'étendre un poignet fléchi que de le fléchir davantage.
Les mouvements sont très diminués et leur lenteur indique
une parésie plutôt qu'une paralysie vraie. Quant à la force
U Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 24 - 385
(lynamométrique, elle a été étudiée par M. Charroi, ffui a
Irouvé une force supérieure dans le membre le plus atteint.
M. Bourneville, qui a repris ces expériences, est arrivé aux
mêmes résultats.
Les malades que nous avons examinés s*éloignenlde cette
règle, car nous avons trouvé constamment une diminution
dans la force de pression de la main la plus rigide, et dans
plusieurs cas celte différence a pu s'exprimer par les chiffres
de 30 et 40 degrés.
La plupart des malades accusent une rapide augmen-
tation de ta force après un travail soutenu quand ils en sont
encore capables spontanément ou après un massage éner-
gioue.
Dans la forme hémiplégique, comme dans sa forme
régulière, la maladie de Parkinson est presque exclusive-
ment motrice. Les troubles de la sensibilité ne jouent donc
qu'un rôle secondaire. Nous avons cependant à mettre en
avant comme un symptôme assez fréquent des douleurs, des
crampes, des engourdissements dans les membres atteints
de rigidité. Ajoutons que jamais ces douleurs ne sont très
aiguës; toutefois elles peuvent nécessiter Tusage du chloral,
ainsi que nous le voyons chez une de nos malades (M'"'' G...,
obs. I), qui souffre chaaue nuit dans ses membres rigides,
au point de crier et de pleurer pendant plusieurs heures, et
chez une autre malade, dont 1 observation figurera dans la
thèse de notre collègue M. Dubief. Nous serions tenté
(le rapporter ces douleurs au rhumatisme, d'autant que
les malades atteints de maladie de Parkinson ont des
antécédents arthritiques personnels et héréditaires, et en
second lieu, presque tous ceux que nous avons observés
avaient habité dans des lieux humides. La sensibilité cutanée
reste normale.
Une fois seulement chez M""" P... (obs. IV), la sensation
(le chaleur exagée atteignait un côté seulement; le thermo-
raètre à températures locales n'accusait aucune difl'érence
appréciable.
Diagnostic. — La miladie de Parkinson hémiplégiçiue
est confondue le plus souvent avec rhémiplégie vulgaire,
compliquée de dégénération consécutive, ou avec TafTaiblis-
seinent dû au ramollissement cérébral. Si nous considérons,
en outre, une erreur de diagnostic dont nous avons été
témoin, nous établirons les caractères qui serviront à dis-
tinguer de la forme que nous décrirons, les contusions du
plexus brachial , quand les malades invoquent au début de
leur maladie de Parkinson une contusion violente du bras
ou de l'épaule. Et d'abord, séparons nettement cette forme
hémiplégique de ces hémiplégies passagères observées dans
la sclérose en plaques et dans la paralysie générale, hémi-
plt'gics toujours précédées d'un ictus, accident qui ne rentre
pas dans le cadre de la maladie de Parkinson.
L'hémiplégie vulgaire avec dégénération consécutive offre
à coup sûr de grandes analogies avec la forme que nous
éludions. Même déviation de la face, même attitude des
membres; le malade fauche dans les deux maladies; cepen-
dant, nous trouverons et dans la façon dont s'est produite
rh(''miplégie, et dans les caractères mêmes de cette hémi-
plégie, des éléments suffisants de diagnostic différentiel.
L'existence d'une attaque apoplectique dans l'hémiplégie
or}<anique est déjà un caractère d'une grande valeur, car,
s'il peut exister une hémiplégie vraie dans le cours de la
maladie de Parkinson, fait à coup sûr assez rare, Thémi-
raideur que nous avons en vue s'établit d'une manière pro-
gressive dans tous les cas. De plus, la contracture consé-
cutive à l'hémiplégie organique, quoiqu'elle puisse être
précoce, ne s'observe pas dans la majorité des cas, à une
cpoijue aussi rapprochée du début des accidents que dans
l'hémiplégie de la maladie de Parkinson.
Quant aux signes objectifs de l'hémiplégie que nous étu-
dions, supposons par exemple un cas où la confusion soit
presque fatale; une hémi-raideur droite, avec déviation de
la langue, et de l'embarras de la parole tenant à la raideur
des muscles de l'organe. Mais dans la maladie de Parkinson
hémiplégique, nous notons presque toujours une diminution
apparente du volume de l'œil; celui-ci parait plus petit, les
larmes, faute de clignement, s'écoulent mal et leur rétention
cause de la conjonctivite chronique. Les muscles moteurs
de l'œil, pour ainsi dire figés, n'impriment au globe aucun
de ces mouvements si fréquents chez les personnes en
bonne santé et qui contribuent à la vivacité d'expression des
traits ; dans l'hémiplégie organique, au contraire, nous
savons que le muscle orbiculaire n'est jamais touché. Une
hémiplégie faciale a frigore survenue chez un hémiplé-
gique vulgaire, avec participation de rorbiculaire,se distin-
guerait encore par ce fait que l'occlusion complète de l'œil
danscedernier cas est devenue impossible, tandis que dans
la maladie de Parkinson, cette occlusion se fera lentement,
mais sûrement, sous l'influence de la volonté. La commis-
sure en outre seraijt relevée du côté sain. Au reste la com-
binaison que nous avons invoquée est, il faut bien le dire,
une rareté pathologique.
Joignons à cet ensemble, comme élément distinctif,
l'accentuation des plis frontaux du côté rigide, fait qui ne
rentre pas dans les symptômes de l'hémiplégie vulgaire avec
participation de la face, et contracture consécutive des
muscles de la face, le seul cas qui nous offrirait une éléva-
tion de la commissure du côté malade simulant l'hémi-
raideur faciale de la maladie de Parkinson.
Pour les membres, nous trouverons des caractères dis-
tinctifs qui seront comme pour la face des caractères de
détail, mais bien suffisants pour éviter l'erreur. S'il est vrai
que deux membres, l'un contracture, l'autre atteint de
maladie de Parkinson hémiplégique, sont l'un et l'autre
dans une demi-flexion, rapprochés du corps et immobiles
dans la marche pour le membre supérieur, raclant le sol et
fauchant pour le membre inférieur. Nous pouvons cependant
remarquer cette attitude toute spéciale des doigts accolés
comme pour écrire, attitude invariable même dans les cas
frustes. De plus, et ce caractère est de premier ordre, si
nous tentons d'étendre les doigts ou tel segment de membre
donné, nous verrons le mouvement s'effectuer quoique
lentement et la raideur disparaître ; c'en est assez pour dire
qu'il n'y a pas contracture, puisque le mouvement provoqué
et presque toujours aussi le mouvement volontaire restent
possibles.
Parfois Ja raideur musculaire simule une contracture
vraie, l'extension pas plus que la flexion ne sont possibles.
S'agirait-il là d*une de ces raideurs pseudo-spasmodiques
dues à des productions fibreuses, conséquences elles-mêmes
d'attitudes longtemps prolongées, et de nature arthritique?
Nous ne pouvons que laisser à l'étude cette question spé-
ciale de pathogénie qui nous semble bien difficile à trancher.
Les réflexes sont normaux et même un peu diminués dans
la maladie de Parkinson ; il y a donc là une différence
notoire avec l'exaltation réflexe et la tn'*pidation spinale,
qui ne disparaissent dans l'hémiplégie avec contracture que
quand le membre est absolument contracture et immobilisé.
Dans la contracture des hémiplégiques, il n'est pas rare en
outre de trouver souvent au réveil, une sorte de rémission,
une souplesse inaccoutumée des muscles qui, quand elle
est accentuée, fait croire pour quelques instants à une gué-
rison. Dans la maladie de Parkinson, au contraire, nous
avons vu que l'immobilisation prolongée exagère la rigidité
et il en est ainsi pour celle qui accompagne le sommeil, si
entrecoupé et si pénible qu'il soit chez ces malades; tous,
en effet, se plaignent d'une raideur plus prononcée au réveil,
et les mouvements seulement arrivent à rendre leur sou-
plesse aux muscles.
En dernier lieu, n'aurions-nous pas ces caractères que
l'attitude empalée des malades, l'inclinaison du corps en
386 — N* 24 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
14 Juin 18S0
avant, la fixité du regard, la sensation de chaleur que les
malades mentionnent toujours eux-mêmes, ainsi que les
troubles du sommeil et la propulsion en avant, serviraient à
nous mettre sur la voie du diagnostic.
L'affaiblissement moteur consécutif au ramollissement
cérébral pourrait être soupçonné en raison de cet aspect
hébété du visage, de l'écoulement de salive permanent, de
la difficulté de la parole habituel aux personnes atteintes de
maladie de Parkinson hémiplégique; mais outre tous les
caractères de cette dernière maladie que nous retrouverons,
il suffira de poser quelques questions aux malades pour se
convaincre qu'ils sont moins hébétés qu'ils n'en ont l'air, et
que, pour la pli
pleine et entière.
ils ont conservé leur intelligence
Nous ne consacrerons que quelques lignes au diagnostic
difTérentiel avec les contusions du plexus brachial. L'erreur
grossière qui consiste à prendre une hémiplégie de
Parkinson comme celle que nous avons observée pour une
contusion nerveuse, résulte d*un examen superficiel. La par-
ticipation du membre inférieur, l'absence des troubles
sensitifs qui sont constants dans le cas de contusion, suffi-
ront pour établir le diagnostic.
Au point de vue de la marche de cette affection, nous
dirons que la maladie de Parkinson hémiplégique ne reste
pas longtemps telle que nous l'avons décrite. Avec les
progrès de la maladie, nous voyons bientôt survenir le
tremblement, l'envahissement du côté opposé. En un mot,
cette forme n'est qu'un stade de la maladie de Parkinson,
et ce début anomal de la maladie par le symptôme raideur
au lieu d'une raideur accompagnée de tremblement ou
même parfois d'un tremblement, suivi de raideur, nous a
semblé mériter quelques détails.
Le pronostic découle de cette considération que la forme
Îue nous étudions est un stade évolutif de la maladie de
arkinson. La raideur s'accentue de plus en plus, et la
mort survient dans tous les cas par cachexie nerveuse et
troubles profonds de la nutrition.
Nous concluons de cette étude en disant :
1° Que la maladie de Parkinson peut, à une période de
son évolution, simuler Thémiplégie d origine cérébrale;
2"* Que cette forme hémiplégique peut être reconnue si on
l'étudié en elle-même et si Von s aide des commémoratifs;
3** Que cette forme spéciale ne correspond nullement à
une lésion déterminée connue, pas plus que la maladie de
Parkinson elle-même.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des science*.
Un procédé de blépharoplastie applicable aux cas
ou LES PROCÉDÉS CONNUS NE PEUVENT SUFFIRE, par
M. Dianoux. — L'auteur décrit ce procédé dans les termes
suivants :
L'opération comprend deux phases séparées par un intervalle
de plusieurs mois, si Ton n'a pas fait de greffe ou si celle-ci a
échoué.
Première phase, — Avec un bistouri ou fait une incision
curviHgne dans toute l'épaisseur du tissu cicatriciel ; cette inci-
sion commence à 5 millimètres environ delà commissure interne
des paupières dans le nlan vertical, passant par son sommet
pour se terminer à semblable distance de la commissure externe;
elle circonscrit entre elle et le bord ciliaire une hauteur de
tissu suffisante pour la nouvelle paupière.
Une seconde incision, inscrite dans la précédente, divise la
conjonctive dans la ligne qu^occupe ou doit occuper le fond du
cul-de-sac.
Si Ton fait la blépharoraphie, on procède alors à Tavivement
du bord ciliaire, puis le lambeau cutané ou plutôt cicatriciel
est disséqué en lui donnant l'épaisseur nécessaire, et remonté
ou abaissé jusqu'à occuper une situation convenable, c'est-ù
dire une ligne horizontale passant (lar les commissures, (h
fait ensuite la suture des nords ciliaires l'un à l'autre poai
joindre les deux paupières en une seule.
On procède en dernier lieu au point spécial de l'opération
celui-ci consiste à ourler très soigneusement et très exactemeni
le bord libre de la paupière avec le bord conjonctival rendt
libre par la seconde incision et disséqué dans l'étendue sufli
santé.
C'est de la bonne exécution de cette suture que dèpeiul l<
succès; car ce n'est qu'au prix d'une réunion très exacte il«'l;
conjonctive et de la peau que l'indépendance du bord \m\-
phérique peut être conservée.
On panse en plaçant une lame de protective entre le liorc
périphérique palpébral et le tissu de la face d'où il a été déu
ché; puis on applique une autre lame plus grande de protecliw
sur l'ensemble des paupières, etc.
Deuxième phase. — Quand la cicatrisation de la face est déli
nitive et qu'il n'y a plus de rétraction à redouter, soit ijualn
ou cinq mois au moins après la première intervention, on fait
l'avivemenl du bord périphérique palpébral et on l'insère ilan<
une rainure ouverte au oistouri, dans la face au point eonvt».
nable, pour restituer à la paupière une situation favorahl<' d
un fonctionnement normal. Quelques points de suture le (ixeul
et sont enlevés aussitôt que possible.
Pour la paupière supérieure, il y a lieu de tenir compte du
releveur; son tendon doit être recherché avec le crochet à>lra-
bisme, détaché, puis suturé près du bord orbitaire et, lors d--
la seconde phase, on le détacne à nouveau et on l'insère dan^
la paupière dédoublée à cet effet.
Sur LA TOXICITÉ des eaux MÉTÉORIQUES, par M. Do-
mingosFreire. — Vsiiiienr, ayant observé à Rio-de-Janeiro
une maladie épidémique avechyperthermie et accidenU
digestifs, en a recherché la cause dans la toxicité de la
vapeur d'eau suspendue dans l'atmosphère. Cette vapeur,
condensée et injectée sous la peau de divers oiseaux, a rapi-
dement déterminé la mort.
L'auteur en a conclu que l'air atmosphérique coiileaiit
un principe toxique résultant probablement d'une fermen-
tation spéciale des immondices animales et végétales.
Académie de médeelDe.
SÉANCE DU H JUIN 1889. — PRÉSIDENCE '
DE M. MAURICE PERRIN. i
M. le docteur Fotuart, médecin nujor de 1'* claiso au 87' rcgimcat do Ii;'Ki
envoie une Étude tur la fièvre tearlatine.
M. le docteur .4. Fouquel adresse le compte rendu des épidémiea et de» iravuU
de» cotueil* d'hygiène du Morbihan en 18S8.
M. le docteur Zannelli»cttyoio une note sur le traitement de la diphthérii ft^^
de» applications locale» de poudre d'iodoforme. I
M. le docteur Seguin (de New-York} ic |>orto candidut au titre de corre*| '«i
daiit étranger dans la division de médecine. J
M. le Secrétaire perpétuel présente une brochure do M. le doclcur Drouinem
sur le classement des établissements hospitalier». J
M. Laboulbène dépose un mémoire luaiiuscrit de M. le docteur Moura sur If
pharynx porte-voix.
M. Ollivier présente plusieurs ouvrages et mémoires de M. le docteur
(de New-York) sur diver» point» de pathologie du tyslime nerveux.
Lactose dans les maladies cardiaques. — D'aprà
M. Gennain Sée, la lactose constitue le plus puissant M
rétique et en même temps le plus inoffensif; c est elle s^'\^i
qui donne au lait des propriétés de ce genre. Mais, a
le lait, pris à la dose de plus de deux litres, produit 11
diurèse, il détermine, lorsqu'on en ingère quatre lilr^^
une glycosurie évidente, un diabète passager qui entraîin
le sucre normal au dehors et provoque en même temps u/i<
perte considérable d'urée. Par contre, le sucre de lait élu*
ces inconvénients et ces dangers ; à la dose de 100 };rammc>
par jour, il détermine une diurèse considérable, qu'on n«
serait pas sur d'obtenir avec quatre ou cinq litres de hut
Avec la lactose, il n'y a ni glycosurie, car le sucre reste a.ioi
le sang, ni azoturie, car les albuminales ne quillenl paî
3 »Uf H
rSfÀ
U Juin 1889
GAZEtTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N*» 24 — 387
organisme. Si deux litres de tisane lactée équivalent à
[lâtre litres de lait, c'est que dans le lait la lactose n'est
is isolée; elle est combinée et entravée dans son action par
i caséine et la graisse. Quant à la polyurie résultant de
usage interne de iOO grammes de lactose dissoute, elle
^passe toutes les polyuries médicamenteuses et atteint rapi-
îment le chiffre de 2 litres 1/2 d'urine par jour, s'élevant
*es(jue constamment à 3 litres 1/2 et même 4 litres 1/2
Ts le troisième jour; à partir de ce moment, elle reste
alionnaire ou s'abaisse à 2 litres 1/2 pendant quelques
urs. Pendant ce temps les bydropisies disparaissent presque
coup sûr ; le sang se trouve déshydraté ; mais après quel-
les jours de répit, on peut par le même moyen obtenir
nouveau la déshydratation au sang et la résorption des
juides de l'hydropisie.
Examinant ensuite les indications et les contre-indica-
)ns de ce nouveau diurétique d'après les observations
l'il a recueillies, M. Germain Sée déclare que la lactose
nstitue le vrai remède diurétique des affections du cœur
rivées à la période troublée ou asvstolique, ainsi que le
moyen curatif des bydropisies cardiaques toujours graves,
uvent irrémédiables, même de celles qui ont résisté aux
très moyens polyuriques. De plus, comme, l'asystolie est
nslamment accompagnée de dyspnée, la lactose qui est,
mme la plupart des autres diurétiques, impuissante contre
trouble profond de la respiration, devra être secondée
r riodure de potassium. Ce dernier est par excellence,
isi que l'a montré, il y a dix ans, M. Germain Sée, le
3dicament du cœur et de la circulation ; il ne lui manque
le le pouvoir diurétique; aussi convient-il d'associer dans
s cas l'iodure et la lactose.
Métrite chronique. — M. le docteur Dumontpallier
mme plus de cent vingt observations d'endométrites chro-
|ues, inuco-purulenles, pyo-hémorrhagique, hémorrhagi-
e, qu'il a traitées exclusivemenlparlescrayonsde chlorure
zinc laissés à demeure dans la cavité utérine, et cela avec
îin succès. Il procède de la manière suivante : après un
âge de la cavité vaginale ii l'aide d'une solution phéni-
ée au centième ou avec la liqueur de Vau Swielen, il
îsure la cavité utérine avec une bougie en gomme élastique
iuite de glycérine et d'iodoforme; puis il introduit un
lyon de chlorure de zinc approprié aux mesures de chaque
I particulier, et de manière que son extrémité supérieure
lant toucher le fond de la cavité utérine, son extrémité
éi'ieure ne dépasse pas l'orifice externe du col. Après
»ir lavé de nouveau la cavité vaginale, pour enlever toute
'celle de caustique, on place un tampon d'ouate hydro-
lie dans le cul-de-sac postérieur et on soutient le crayon
îc un tampon entouré de gaze iodoforméc. Dès que le
istique commence à agir, la contraction utérine te fixe
me manière définitive.
Dans l'endométrite hémorrhagique, quelles que fussent
ï ancienneté et sa gravité, Thémorrhagie a été arrêtée
>sitôl après l'introduction du caustique. Dans les formes
ico-|)urulente et pyo-hémorrhagique l'écoulement a été
médiatcment suspendu. La douleur est variable; tantôt
e se produit aussitôt après l'application du caustique,
ulres fois seulement deux heures après. Son intensité
ie ainsi que sa durée; elle affecte en général la forme
coliques utérines avec irradiations lombaires. Toujours
e a disparu au bout de vingt-quatre heures. Dans quel-
îs cas, et avec des eschares aussi profondes, la douleur
nque complètement. La présence du bâton de chlorure
zinc dans l'utérus ne provoque aucun accident général ;
r a cependant souvent de l'insomnie la première nuit. On
erve, dans bon nombre de cas, de la rétention d'urine, soit
rigine réflexe, soit due à la compression exercée par le
ipon vaginal; mais, dans tous ces cas, le calhélcrismo
renlévement du tampon ont fait cesser ce léger inciiient.
Aussitôt l'eschare fermée, c'est-à-dire vingt-quatre à tren te-
six heures après la cautérisation, la malade, sans aucun
phénomène général, commence à perdre de la sérosité, puis du
muco-pus. Très rarement ce liquide a une coloration rosée;
jamais d'hémorrhagie. Les quelques coliques utérines qu'on
observe sont toujours fort légères. L'escnare est rejetée au
bout d'un temps qui varie de quatre à treize jours, mais
jamais, passé ce dernier délai, on n'en voit la moindre por-
tion rester dans l'utérus. Cette eschare est rejetée, tantôt
d'une seule masse, tantôt par portions. L'eschare, quand
elle est rejetée à une époque rapprochée de la cautérisa-
tion, reproduit très exactement la forme et les dimensions
de la cavité utérine; elle est souvent plus épaisse au niveau
de l'orifice interne du col, plus mince vers le fond de la
cavité utérine. On trouve dans l'eschare toutes les parties
constituant la paroi de la cavité utérine; on pourrait dire
que toutes les parties malades ont été enlevées, que des
éléments nouveaux vont reconstituer la paroi. La guérison
est presque forcée en semblable circonstance.
Sur cent cas, M. Dumontpallier dit avoir observé quatre-
vingt-seize guérisons sans accidents et quatre cas d'inflam-
mation péri-utérine, du reste de nature bénigne, et terminés
heureusement. Dans trois cas, ils étaient dus à ce que les
malades avaient quitté leur lit le jour même de la cautéri-
sation ; dans le quatrième, à ce que l'introduction du crayon
avait été mal faite. Il a employé cette méthode dans plu-
sieurs cas où, en même temps que l'endométrite, existait
une phlegmasie péri-utérine. Non seulement la cautérisa-
tion n'a pas été funeste, mais encore elle paraît avoir
influencé avantageusement la marche de la complication
péri-utérine. La guérison peut être considérée comme défi-
nitive du neuvième au quinzième jour, c'est-àydire deux
jours après la chute de 1 eschare. Les règles sont revenues
dans plusieurs cas avant que les malades quittassent l'hôpi-
tal; souvent M. Dumontpallier a vérifié, parle cathétérisme,
l'intégrité de la cavité cervico-utérine. Il n'a pas vu se pro-
duire d'atrésie du col, mais dans la crainte qu'elle ne sur-
vienne, il a toujours soin de pratiquer le cathétérisme
préventif vingt à vingt-cinq jours après la cautérisation. La
menstruation post-opératoire n'a pas été douloureuse et a eu
une durée normale. Jamais il n'y a eu de signes de sal-
pingo-ovarite. Quatre des malades ont présenté, depuis
leur cautérisation, les symptômes du début de la grossesse.
En résumé, le traitement de l'endométrite chronique, au
moyen du crayon de chlorure de zinc laissé à demeure dans
la cavité utérine, offre donc de réels avantages et cela par
sa simplicité, son innocuité et la rapidité de la guérison.
(Renvoi à l'examen de MM. Siredey et Polaillon,)
Élëctrotiiêrapie. — M. le docteur Danion lit un
mémoire sur les électro-moteurs consécutifs à Taction vol-
laïque sur l'organisme. — (Ce mémoire est renvoyé à l'exa-
men de MM. Gariel et Constantin Paul.)
Hérédité de la myopie. — Ayant recherché l'hérédité
de la myopie dans les familles de trois cent trente jeunes
gens myopes qu'il a pu observer, M. le docteur Motais
(d'Angers) estime que cette influence ne saurait être niée.
11 l'a rencontré dans deux cent seize familles, soit G5
pour 100; la myopie est, en général, transmise par le père
à la fille (86 pour iOO), et par la mère au fils (9 pourlOO) ;
elle est donc généralement croisée au point de vue sexuel.
Elle se distingue de la myopie acquise par son apparition
pins précoce, son développement plus rapide, la moyenne
plus élevée de son degré, des complications plus fré-
quentes et plus étendues. Les principales conditions
qui en favorisent la transmission héréditaire sont, avant
tout : l'application de la vue dans un milieu hygiéniaue
défavorable, soit à l'école, soit à la maison paternelle;
l'astigmatisme, au-dessus de 0'75, la microsémie. De là
la nécessité d'imposer à tous ceux qui dirigent l'éducation
388
N-24-
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
14 Juin 1889
des enfants une hygiène scolaire plus rigoureuse tant à
l'école qu'à la maison paternelle. — (Renvoi à l'examen de
MM. Panas et JaiaL)
— L'ordre du jour de la séance du H juin est ^wé ainsi
qu'il suit : l"" discussion de la communication de M. 6. Sée
sur un nouveau diurétique dans les maladies cardiaques;
2° lectures par des personnes étrangères à l'Académie: sur
le traitement de l'eczéma, par M. le docteur Gombaud; sur
la recherche du sucre dans l'urine, par MM. Yvon et le doc-
teur Berlioz; sur la mortalité des nourrissons, par M. le
docteur Ledé.
Soelété de chlrarg^le.
SÉANCE DU 5 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Môgalodactylie : M. Taohard; rapporteur : M. Chauvel. — Plaies
pénétrantes de l'abdomen : M. Quert ; rapporteur : M. Chauvel.
— Anévrysme du bras : M. Sellier (de Laval). — Traitement des
myomes utérins par rèlectricité : M. Championnlère. — Névralgie
du testicule : M. Perler.
M. Chauvel rend compte d'une observation de mégalo-
dactylie congénitale communiquée par M. Tachard. L'hy-
pertrophie ne portait que sur les parties molles.
— M. Chauvel résume deux faits de plaie pénétrante
de Vabdomen relatés par M. Guert. Le premier concerne
une plaie du foie par balle de revolver ; l'expectation a
été suivie de guérison ; l'auteur pense que l'abstention
doit être la règle, si un abcès n'est pas causé, plus tard,
par le corps étranger. L'autre observation est une suture
de l'intestin hernie par la plaie de la paroi ; l'opéré mourut.
-T- M. Trélat fait connaître une observation heureuse
d'extirpation d'un anévrysme de Vartère humérale par
M. Sellier (de Laval). La tumeur était grosse comme une
tête de fœtus.
— M. Championnière fait une communication sur le
traitement des myomes utérins par Vélectricité. Il a entre-
pris sur ce point des recherches avec le concours de M. le
docteur Danion, spécialement exercé au maniement des
appareils électriques. Leur technique diffère un peu de
celle que suivent d'autres auteurs. Souvent en effet
on préconise les hautes intensités, 135, 150 milli-ampères.
Mais alors les femmes souffrent presque toujours. L'indo-
lence au contraire est absolue si au début on s'en tient à
60 milli-ampères, et si on arrive à 80, 90, sans jamais
dépasser 110 ou 115. L'électrode intra-utérine est une
tige de platine; l'électrode externe peut être une large
armature en cuir et métal qu'on applique sur l'abdo-
men, mais, pour évitera coup sûr les eschares, rien ne vaut
encore le large gàleau de terre glaise. L'électrode utérine
doit, pour bien faire, être introduite dans la cavité du corps.
Mais cette manœuvre n'est pas toujours aisée, et force est
parfois de s'en tenir à l'introduction dans le col. Enfin, et
surtout dans ce dernier cas, lorsque le traitement semble
inefficace, on obtient jparfois des résultats réels par le ren-
versement des pôles. On commence toujours par appliquer
dans l'utérus le pôle positif, puis au bout de quelques
minutes on intervertit les pôles, mais en ayant soin cette
fois que le courant n'ait que le tiers, la moitié au plus de
l'intensité du courant employé pendant la première partie
de la séance. Ce traitement est bien supporté et ne néces-
site pas l'hospitalisation des malades. 11 est vrai qu'il exige
des séances multiples, qu'il est long, fastidieux; mais il
donne des résultats réels, et la question est de savoir
quand il faut s'y adi'esser. On aurait tort de prétendre que
c'est la panacée des myomes, que toute intervention san-
glante doit être rejetée en principe. En réalité, lorsque les
accidents sont sérieux il faut agir vite et l'instrumenl
tranchant seul permet de le faire, mais il ne faut pas penser
que tous les myomes, inversement, ressortissenl à la chi-
rurgie : bon nombre sont rendus très supportables par
l'usage de la sabine à l'intérieur, par l'emploi des eaux
chlorurées, etc. De plus, après la ménopause il est indiscu-
table que les accidents se calment. C'est surtout pour les
cas médiocrement graves, non pressants, sur une femmo
qui a passé la première jeunesse, c'est surtout alors qu'on
se trouve bien de l'électricité, pour permettre à la femme
d'atteindre plus facilement l'époque heureuse delà méno-
pause. Il faudra en outre essayer d'associer ce traitement
au traitement médical, aux saisons balnéaires, et il est
probable que les résultats seront meilleurs encore.
— M. Périer présente un malade qui a subi, dans un
autre service, une castration pour névralgie du testicuh.
Le moignon est devenu douloureux, et de plus le second
testicule est aujourd'hui souffrant.
Â. Broca.
SoeléCé de blolog^le.
SÉANCE DU 8 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Sur la Btruoture de la membrane hyalolde : M. BLaohe. — lanerra-
tlon des glandes molaires : M. Moussu. — Origine des nerfs aècrè-
toires de la parotide : M. Moussu. — Un nouveau dynamomètre
M. F6ré.
M. Hache, en étudiant, au moyen de procédés particu-
liers de dissociation, la disposition de la membrane hyalolde
par rapport aux procès ciliaires, a reconnu que les des-
criptions classiques ne sont pas exactes. En effet, l'hyaloldo
ne se dédouble pas pour former le canal de J.-L. Petit;
mais, à ce niveau, on trouve un feutrage de petits tendons
lamelleux qui se continuent directement avec les lames
ou kystes qui constituent le corps vitré, et ce qu'on appelle
le canal de J.-L. Petit est simplement formé par cet espace
rempli d'une sorte de tissu conjonctif condensé; ces tendons
lamelleux s'insèrent directement dans la crislallolde.
— M. Moussu a étudié, chez le bœuf et chez plusieurs,
autres grands carnassiers, les nerfs excito-sécrétoires des
glandes molaires; ces nerfs proviennent, comme ceux de Uj
riarotide, du buccal, branche du trijumeau. Il a pu, par
'excitation de ces filets, obtenir jusqu'à 400 grammes de|
salive chez le bœuf, salive visqueuse et non pas fluide,,
comme on le dit à tort. |
— M. Moussu, poursuivant ses recherches sur rinner-|
vation de la glande parotide, a cherché à déterminer la
provenance réelle des filets excito-sécrétoires. Ses expt'
riences, faites sur des chevaux anesthésiés et ayant en outre
reçu de la pilocarpine, et consistant en des sections succès*
sives du trijumeau ou du facial dans le crâne, l'amènent à
admettre que ces nerfs émanent de la cinquième paire.
— M. Féré a fait construire un nouveau dynamomètre,
qui permet d'étudier les différents mouvements de la main
extension, flexion, abduction, adduction. L'instrument peut
aussi servir pour les mouvements du pied. M. Féré a con*
staté déià un certain nombre de faits intéressants, comme
la grande différence de force, suivant que les doigts agissent
dans un mouvement d'ensemble ou isolément, la diffère nce
du temps de réaction qui varie avec la force musculaire
des différents doigts, le défaut d'aptitu !e des individus peu
développés à produire des mouvements isolés des doigts, eW.
14 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 24 — 389
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
Du Irallemenl de la phlliliile par le ealomel, par M. J.
Martell et par M. A. Dochmann. — Depuis trois ans, le pre-
mier de ces observateurs prescrit le ealomel aux tuberculeux et
le considère comme le meilleur des antiseptiques dans la
phthisie. Â Textérieur, contre les tuberculoses externes, il
l'emploie en topique; à l'intérieur, contre la phthisie confir-
mée, il l'administre par la voie buccale au moyen d'inhala-
tions, {Prag, med. Woch., 1888, p. 21-25.)
M. Dochmann n'est pas moins satisfait de ce médicament.
Contre l'anémie en général, il remplacerait le fer, écrit-il; et
contre celle des phthisiques en particulier, il possède sur ce
dernier l'avantage d'augmenter l'appétit, de diminuer la consti-
pation et régulariser les menstrues. Au reste, le fer est contre-
iudiqué dans les troubles de nutrition qui annoncent le début
des phlhisies à marche lente. Or, le ealomel continué pendant
deux ou trois mois, améliore la nutrition, diminue l'état fébrile,
les sueurs nocturnes et la fréquence de la toux. Néanmoins,
M. Dochmann admet que le ealomel ne modifie pas les lésions
tuberculeuses et ne les fait pas disparaître; par contre, il agit
dans l'intestin comme un antiputride sans altérer la puissance
des ferments digestifs. Probablement aussi, il agit, d'après
cet observateur, sur les matières toxiques produites par le
bacille de la tuberculose.
Le traitement consiste à ingérer le ealomel par doses crois-
santes, au moyen de pilules contenant douze milligrammes de
substance active. Le premier jour, le malade ingère six doses
de deux pilules, le second jour, cinq doses, le troisième, qua-
tre doses et, à dater du quatrième jour, six doses qu'il continue
pendant toute la durée de la médication; tous les cinq ou six
jour, on suspend l'usage du ealomel pendant deux ou trois jours.
S'il survient de l'état fébrile, on élève le nombre des pilules
jusqu'à douze ou quatorze dans les vingt-quatre heures.
Comme moyens auxiliaires, M. Dochmann insiste sur les
conditions d'hygiène, sur l'alimentation, et au besoin sur l'admi-
nistration du lait pur ou fermenté. (Therap, Monat,^ septembre
1888, p. 115.)
Hemariiaetf «or remploi de la pyrodlne, par M. DrëSCHFELD.
— La pyrodine est une poudre blanche, cristalline, soluble
dans l'eau froide et facilement administrabic sous la forme
pulvérulente. Elle est dérivée de l'acétyl-phénylhydrazin
(r/II&N^H^C'IFO), et se prescrit à la dose de 8 à 12 grammes
par jour, comme antipyrétique.
M. Dreschfeld l'a fait ingérer dans la pneumonie, la fièvre
scarlatine et la fièvre typhoïde, abaissant ainsi la température
sans provoquer ni nausées, ni vomissements, ni coUapsus,
mais seulement des transpirations. Sous son influence, on
obtiendrait, écrit-il, une diminution telle de l'état fébrile, qne
le malade entrerait rapidement en convalescence et que celte
dernière serait abrégée. Toutefois la pyrodine serait moins
nettement indiquée dans les cas de fièvre typhoïde avec sym-
ptômes d'intoxication profonde.
Elle posséderait des propriétés nervines qui la recomman-
dent contre la migraine, les névralgies, sans toutefois que les
observations soient jusqu'à présent décisives.
Le mode d'action de la pyrodine serait celui d'un agent pro-
ducteur de l'hœmoglobinémie. Du reste, d'après les expériences
de R. Wild, elle ne modifie pas la motilité volontaire, mais agit
à la manière d'un agent vaso-dilatateur. Cependant elle semble
modifier les activités de la moelle épiniére directement, mais
non pas par un changement dans les conditions de sa circula-
tion.
M. Dreschfeld la considère comme un antipj rétique plus
fidèle que Tanlipyrine, la phénacétine et l'antifébrine, mais
plus toxique que ces dernières. Ce désavantage serait compensé.
à son avis, par la possibilité de l'administrer à une dose faible
et par l'abaissement thermique plus durable qu'elle procure-
rait. Enfin, la pyrodine diminue la fréquence du pouls tout
autant que l'hyperthermie, et avantage notable, augmente la
diurèse. {The med. Chronicle, p. 96, novembre 1888.)
Des dansers de IHydrale d'amylène, par M. DiETZ. — Cc
nouveau médicament peut donner lieu à des accidents. En
voici la preuve : une potion à l'hydrate d'amylène avait été pré-
parée à la clinique de Leipsig, dans le but d'en administrer au
besoin la dose nécessaire aux malades. En raison de sa faible
densité, ce corps est peu miscible à un véhicule liquide et on doit
agiter de telles potions avant de les administrer. On omit de le
faire et après l'administration de la potion, quatre malades
éprouvèrent les symptômes d'une intoxication alcoolique algue :
sommeil prolongé, paralysie des extrémités, abolition de la
sensibilité tactile et des réflexes, irrégularité des mouvements
respiratoires, enfin faiblesse du pouls. Le seul traitement
adopté consiste dans les injections hypodermiques de camphre.
Au reste ces accidents disparurent après quelques heures.
(DeuL med. Zeitiing, 1888, n» 18.)
Du Iraltenient de la phthisie par les Injecllons de phénate
de eaniphre, par M. SitlNGLËTON-S.MlTH. — L'auteur men-
tionne deux cas, dans lesquels il fit usage d'injections hypoder-
miques et d'injections intra-pulmonaires de cette substance.
Le phénate de camphre était préparé en faisant dissoudre
jusqu'à saturation du camphre dans l'acide phénique et en
l'administrant par doses d'un demi à deux centimètres cubes.
Chez l'un des malades, on pratiqua en dix semaines quinze
injections intra-pulmonaires, dans les régions infiltrées et sans
provoquer aucune irritation locale. Au début, on avait fait
usage d'injections hypodermiques. Chez le second, on employa
en vingt-cinq jours la quantité de seize centimètres cubes,
dont quatre furent introduits dans les tissus pulmonaires. L'ab-
sence de tout accident et les améliorations obtenues sont,
d'après l'auteur, un encouragement à répéter ces essais d'an-
tisepsie locale. {Bristol med. chir. Journal^ septembre 1888.)
Un cas d*eiiipolsoDDenienl par le soufre, par M. A. E.
Vaughan. — Ces accidents toxiques ont été notés par l'inges-
tion quotidienne, durant trois jours, de la dose d'une once de
soufre sublimé. Le troisième jour, le malade était dans la tor-
peur ; par moment, il accusait une céphalalgie frontale intense
et des douleurs abdominales. Son haleine était fétide, exhalait
l'odeur de l'hydrogène sulfuré, les pupilles étaient contractées ;
il existait une transpiration abondante et de la fièvre.
Il éprouva des vomissements et dans les matières alvines, on
constata la présence du soufre ; enfin il rejeta des urines san-
glantes. Le traitement de ces accidents consista dans l'adminis-
tration de l'huile de ricin et des calmants. La guérison demanda
un septénaire. En un mot, cet ensemble symptomatique est celui
d'un empoisonnement par une substance irritante. {Brit. med.
journal, 3 novembre 1888, p. 991.)
Des propriétés physloloslques de la niéthylacétanlllde,
par M. le docteur Binet. — Au moment où ce produit et son
dérivé fait, sous le nom d'exalgine, l'objet de présentations
aux Sociétés savantes, l'auteur, qui depuis longtemps l'étudié,
constate la violence de son action physiologique.
Elle diminue la motilité de tous les animaux, paralyse les
muscles dans l'épaisseur desquels on l'injecte, arrête le cœur,
diminue l'oxyhémoglobine et trouble l'hématose. Son action
antithermique est manifeste comme celle de l'acétanilide.
A doses toxiques, la méthylacétanilide produit des crises
épileptoîdes et difi'ère à ce point de vue d'un autre corps de la
môme série, la méthylformanilide. Au reste sa toxicité est con-
sidérable et l'emporte sur celle de la méthylformanilide et de la
formanilide. En terminant, M. Binet remarque l'affinité physio-
logique de cette substance avec l'acétanilide. Comme elle, elle
diminue la température ; comme elle sans doute, ajoute-t-il, elle
390 — N" 24 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE^ET DE CHIRURGIE
U Juin 1889-
peut amener l'analgésie; toutefois, c'est une substance qu'on
ne doit manier qu'avec la plus grande circonspection. Ces
remarques ne sont pas inutiles, au moment où on recommande
Texalgine, qui sous ce nom cache sa parenté intime avec la
raéthylacétanilide. (Revue méd, de la Suisse Romande, 20 avril
1889, p. 187.)
Hecherchctf ehlmliiaes el cliniques sur le Milleyiate de
mereore, par M. le docteur Caldwell. — A la suite de nom-
breux essais sur les malades et dans son laboratoire Fauteur
conclut : 1° que le salicylale de mercure qui est faiblement
absorbé par la muqueuse stomacale, produit moins de per-
turbations gastriques que le bichlorure de ce métal, que son
élimination ne provoque pas autant le plyalisme, mais que son
action sur Talbumine et sur les microbes est inférieure à celle
des sels de mercure très solubles.
2° Il admet que ce salicylate traverse l'estomac sans y subir
de modifications, et s'arrête dans le duodénum, de sorte qu'on
doit le considérer comme un antiseptique intestinal et non
comme un antiseptique stomacal. Yulpian, pour ce motif, le
prescrivait contre la fièvre typhoïde.
3** On doit éviter de l'administrer en mélange avec les sels
minéraux, les iodures, les acides, et môme les sels comme le
chlorhydrate de cocaïne pour éviter son dédoublement ou la
formation d'un autre sel mcrcuriel plus soluble. {The therapeut.
Gazette, 15 avril 1889, p. 232.)
De raelioB purgative du maBBanlIlo, par MM. A. BeTANCOURT
et d'ARGY-AoAMS. — Ce médicament est le suc d'une euphorbe
américaine employée par les indigènes comme poison. Appliqué
sur la peau, il produit la rubéfaction et la vésication et admi-
nistré à rintérieur, une sensation de brûlure dans la bouche
et l'œsophage, de la diarrhée, des vomissements cholériformes,
des crampes et un collapsus mortel .
M. Betancourt l'a essayé comme purgatif à la dose de deux à
à trois gouttes véhiculées dans du lait. H obtint des selles
abondantes et non douloureuses. A la dose plus élevée, de sept
à huit gouttes, le malade accusait de violentes coliques. Ce
serait à son avis un purgatif à employer dans les cardiopathies
et les affections rénales. (Société clinique de la Havane, 9 no-
vembre 1888.)
M. d'Arcy-Adams partage cet avis, il conseille de mettre le
manzanillo à l'essai et considère ce médicament comme devant
prendre place dans la catégorie des catbartiques et des hydra-
gogues. (The London med. Recorder, février 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
CIlBlqucs médicales de l'hôpital Salnt-Elol s Leçons
sur uB cas d'hjacérle mAle avee astaale-abaale, par
M. le professeur Grasset. — Montpellier.
M. Grasset consacre plusieurs leçons à Pétude d'un ma-
lade hystérique ayant présenté ce syndrome curieux sur
lequel M. Charcot a un des premiers attiré Tattention et
auquel son élève Blocq a récemment donné le nom d'astasie-
abasie.
Le professeur de Montpellier commence ses leçons
par quelques généralités sur Thystérie mâle, et il affirme
que celle dernière afTection a aujourd'hui des caractères
tranchés, des symptômes propres, des stigmates en un mot
capables de laVaire reconnaître. M. Grasset cependant en
conteste la fréquence. Cette assertion nous étonne de la part
d'un observateur aussi expérimenté. L'hystérie mâle mainte-
nant qu'on la reconnaît se présente à chaque iïistant : qui
oserait dire aujourd'hui que l'ataxie locomotrice est
chose rare, et cependant il y eut un moment où cette ma-
ladie passait pour une rareté pathologique. Dans l'état
actuel de la science, nous pouvons déjà affirmer la fréquence
de l'hystérie mâle, dire même que pour être faite autre-
ment elle se présente aussi souvent que l'hystérie féminine.
M. Grasset dit encore : l'hystérie mâle ne rentre pas tou-
jours dans cet hystéro-traumatisme que nous avons étudia-
ensemble Tannée dernière. Je ne crois pas qu'on ait besoin
d'affirmer ce fait : personne que je sache n'a avancé que
tous les hystériques hommes étaient forcément des hysténn
traumaliques. Souvent, il est vrai, un traumatisme fait
éclater la mine si j'ose m'exprimer ainsi et met l'hyslérif
en pleine valeur; mais il y a aussi des hystéries spon'tanée^
chez les hommes.
Le malade de M. Grasset se comporte absolument comme
les malades dont les observations sont consignées dans le
mémoire de Blocq. Nous relevons dans la description le»
faits suivants : une trépidation à caractères absolument
rythmiques prédominant dans le membre inférieur droit:
une propagation de cette trépidation à la tête et aux
memores supérieurs; une fixation remarquable au sol de
la pointe du pied droit. Pas de signe de Romberg. Aucun
trouble des mouvements autre que ceux nécessités par la
marche normale.
En présence de ces symj)tômes bizarres, M. Grasset dis-
cute le diagnostic, il élimine naturellement le tabès, nn*t
paralysie quelconque, la sclérose en plaques, la paralysie
agitante, la chorée rythmée (manifestation si fréquente de
rhystérie des jeunes sujets).
M. Grasset arrive à dire : en somme notre malade pré-
sente « une chorée rythmée, mais ces mouvements rythmt s
n'apparaissent que quand il est debout et lorsqu'il marche
comme tout le monde ».
Dans l'intervalle de deux leçons l'astasie-abasie a disparu
et le professeur continue sa leçon qui prend alors en partie
le caractère théorique, nous disons à dessein en partie,
car le malade présente des stigmates hystériques qui ne
varient pas avec autant de facilité que le syndrome faisant
l'objet de ces leçons.
M. Grasset passe encore en revue la maladie de^ tics
convulsifs si oien mise en lumière par notre ami Guinon.
d'après les leçons du professeur Charcot; — le paramyo-
clonus multiplex, la maladie de Thomsen dont P. Marie a
donné une description si détaillée dans le Dictionnaire
encyclopédique des sciences médicales au mot Thoiisen ;
— enfin la claudication intermittente. Il est évident quo
l'auteur n'énumère ces maladies à troubles moteurs que
pour prouver qu'elles n'ont rien à voir avec l'affection dont
son malade était atteint. Suit ensuite une analyse du mé-
moire de Blocq et une discussion fort intéressante des
observations que ce mémoire renferme. Nous ne suivrons
pas M. Grasset dans l'exposé des symptômes et de la patho-
génie du syndrome astasie-abasie, ayant déjà dans un»'
Revue sur ce sujet, publiée dans la Gazette, exposé d'aprê>
M. Charcot la symptomatologie et la physiologie patholo-
gique de ce trouble bizarre. Le professeur de Montpellier
termine ses leçons en prouvant que son malade est un hys-
térique; en effet, cet nomme présente des stigmates sen-
sitifs très nets, l'abolition du réflexe pharyngé des zones
hystérogènes, etc.; il établit encore que son astasie-abasie
est chez lui comme chez le plus grand nombre des malades
de Blocq un symptôme de l'hystérie.
Depuis que ces leçons ont été faites et publiées, M. le
professeur Charcot a présenté à son cours d'autres malades
atteints d'aslasie-abasie. Ces malades ne font en aucune
façon exception à la règle et c'est à peine s'ils s'écartent du
type qui tend à devenir classique. Un de ces malades ancien
militaire est atteint d'abasie trépidante sans astasie; veut-il
marcher, on voit sa jambe eauche comme la jambe droite
du mcilade de Grasset trépider, le pied touchant le sol par
sa pointe et le talon frappant le parquet à intervalles do
moins en moins espacés.
Pour marcher, le malade a recours au pas accéléré mili-
U Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 24
391
taire, les jambes alors se fléchissent et s'étendent mécani-
quement et la marche est assurée. Ce brave homme excite
la gaité des gamins de son quartier par sa démarche
bizarre.
M. Charcot se demande si chez des malades de cet âge
on n'a pas affaire à des abasies-astasies symptomatiques de
lésions localisées. Chacun a vu de ces vieillards auxquels
on donne facilement Tépithète de ramollis ne pou-
voir pas marcher comme tout le monde, mais progresser
sans trop de peine en trottinant d'une façon régulière ou
en choisissant une manière de marcher tout à fait différente
de celle qu'on emploie habituellement.
M. Charcot reconnaît trois sortes d'astasie-abasie :
1" Vabasie trépidante ; 2** Vabasie chorêiqt^e qui se rap-
proche étrangement de la chorée rythmée nystérique ;
3" Vabasie paralytique enfin, dont il montre un bel
exemple.
Il est bon de savoir aussi qu'il y a des astasies-abasies
limitées à une ou deux jointures seulement : un de nos ma-
lades de la Salpètrière était abasi(^ue des articulations du
irenou et du pied, mais non de l'articulation coxo-fémorale.
Cette localisation étrange nou« nermet de rapprocher ce
trouble du mouvement des monoplégies ou des contractures
limitées de l'hystéro-traumatisme. N'est-ce pas du reste
chez des hystériques que ces derniers troubles se montrent
le plus souvent?
P. Berbez.
Maladiefli de la laBi^ne, par le docteur Henry T. BUTLIN,
chirurgien assistant et professeur de chirurgie pratique
et de laryngologie à Saint-Bartholomew's llospital. Tra-
duit de l'anglais par le docteur Douglas Aigre, ancien
interne des hôpitaux, médecin adjoint et chef de la cli-
nique laryngologique de l'hôpital §aint-Louis (Bouiogne-
sur-Mer). — Progrès médical et Lecrosnier et Babé,
1889.
La littérature française n'est pas riche en traités spéciaux
consacrés à l'étude des maladies de la langue. Nous ne con-
sidérons pas, en général, qu'il faille individualiser à ce
point la cnirurgie de cet organe et nous nous contentons
des descriptions, plus courtes il est vrai, qu'on lui consacre
dans les divers traités généraux de pathologie externe. Cette
opinion n'est pas partagée de l'autre côté de la Manche et
le traité que nous signalons aujourd'hui n'est même pas le
premier en son genre. Tout médecin sait qu'il y a une
quinzaine d'années a déjà paru un ouvrage important de
Fairlie Clarke sur la matière. En 1885, malgré ce pré-
cédent, Henry Butlin a pensé qu'il y avait place pour une
seconde tentative semblable. Nous devons déclarer, dès
Tabord, qu'il avait bien jugé.
Lorsque parut, en 1873, le livre de Clarke, partout on
étudia les maladies de la langue dans cette monographie où
l'on trouvait des renseignei^/ents sur des sujets jusqu'alors
peu connus. Mais il faut bien convenir que le succès semble
avoir dépassé un peu la valeur de l'œuvre. Bien des des-
criptions importantes sont un peu écourtées; les faits rela-
tifs à une seule et même maladie, la syphilis par exemple,
sont disséminés en plusieurs chapitres; les renseignements
bibliographiques manquent trop souvent de précision. Or la
plupart de ces défauts sont corrigés dans l'ouvrage de Butlin.
Nous disons la plupart, car aux yeux de la majorité des
lecteurs français certains agencements de plan, analogues
à ceux de Clarke, sembleront défectueux. Nous n'aimons
pas, en général, à chercher l'histoire des diverses maladies
au milieu de chapitres consacrés à des descriptions de lé-
sions élémentaires. Or Butlin étudie l'une après l'autre les
lissures, les ulcérations, les nodosités, les taches et pla-
ques, et là se trouvent mélangées la syphilis et la tubercu-
lose, les lésions dentaires et les fissures cancéreuses, la
leucoplasie et la diphthérie. C'est peut-être commode si l'on
se place au point de vue du seul diagnostic différentiel des
lésions ; c'est défectueux si l'on veut se faire, ce qui tou-
jours doit être notre but, une idée générale des maladies.
Mais, cette légère critique une fois faite, nous reconnaî-
trons que ces descriptions sont en général nettes et soi-
gnées.
Il est un chapitre que nous désirons signaler d'une façon
toute particulière. C'est celui — ou plutôt ceux — où il est
question du cancer de la langue. C'est, et de beaucoup, la
partie que l'auteur a le plus développée. En cela un chi-
rurgien ne peut que l'approuver, et l'approuver d'autant
plus que c'est, à notre connaissance, l'enaroil où Tétude de
celte maladie si fréquente est le mieux faite, surtout si l'on
se place au point de vue thérapeutique. Les divers procé-
dés opératoires et leurs indications sont décrits avec grand
soin: les accidents et le traitement post-opératoires sont
traités en détail ; la thérapeutique palliative est l'objet d'un
paragraphe important.
En somme, le meilleur éloge que nous puissions faire
de ce livre est le suivant : nous avons eu, il y a quelques
mois, à étudier d'une manière spéciale les maladies de la
langue et nous avons eu largement à puiser dans le traité
de Butlin. Nous pensons donc que M. Douglas Aigre aura
rendu service en mettant ce livre important à la portée de
ceux qui ignorent l'anglais. Sa traduction est claire et le
style en est net. Mais nous sera-t-il permis d'adresser à
l'édition française une légère critique? Pourquoi avoir sup-
primé les quelques pages qui terminent l'édition anglaise
et dans lesquelles Butlin donne les principales indications
bibliographiques? Ces indications sont sobres; elles ne
portent que sur les travaux principaux; elles sont pour la
plupart précises et (nous le disons pour en avoir vérifié la
majeure partie) d'une exactitude rigoureuse. Or, n'est-il
pas précieux d'avoir un guide de ce genre lorsque l'on veut
approfondir une étude?
A. Broca.
Contribution a l'étude des syphilis graves précoces, par
M. le doteur G. Baudouin, ancien interne des hôpitaux.
In-8« de 212 pages. — Sheinheil, 1889.
On considère généralement la syphilis comme une maladie
dont révolution se divise en trois périodes : celle des accidents
primitifs, celles des accidents secondaires et des accidents ter-
tiaires. C'est ce que ilicord appelait une maladie hiérarchique.
Ces périodes sont ordinairement séparées par des intervalles
inégaux.
l?inlervalle qui existe entre la période. .primitive et la
période secondaire étant approximativement de quarante-cinq
jours, la deuxième période peut se prolonger de deux à cinq
ans, tandis que la période tertiaire, débutant de la troisième à
la cinquième année, persiste en quelque sorte indéfiniment,
mettant toujours en péril la vie du malade.
Dans l'intervalle de ces étapes, le syphilitic^ue peut présenter
les apparences de la santé, la maladie procédant chez lui par
poussées ou décharges successives.
Les accidents secondaires, pour la plupart cutanés, n'inté-
ressent les tissus que superficiellement, à rencontre des tertiaires
qui les attaquent plus profondément et peuvent intéresser
tous les organes profonds. C'est là ce qu'on peut appeler la
marche ordinaire de la syphilis, qui peut être bénigne ou en
quelque sorte avortée, ou intense quand les déterminations en
sont plus accusées.
Dans les formes graves, la vie est menacée, soit par Tin-
fluence dépressive que l'intensité des accidents exerce sur l'état
général (typhose syphilitique), soit par la localisation des lésions
(gommes artérielles, par exemple).
On doit réserver le nom de syphilis graves nrécoces à celles
qui se manifestent à une période de la malaaie où on ne les
observe pas habituellement et qui sont de nature à compromettre
la vie du malade.
392 — N« 24 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
14 Juin 1889
Dans la syphilis raaliffne précoce, en particulier, les périodes
de la maladie se confondent. Les accidents secondaires ne sont
pas terminés que déjà les accidents tertiaires apparaissent et
donnent à la maladie une gravité toute spéciale.
Bazin et sou élève Dubuc (1864) ont principalement signalé les
formes cutanées de la syphilis maligne et, après eux, de nom-
breuses observations en ont été publiées.
M. Baudouin décrit sous trois types principaux ces formes
graves et précoces de la syphilis :
1" La syphilis secondaire grave que caractérise Texagé ration
des symptômes généraux de la période secondaire, principale-
ment la cachexie et Tanémie ;
2° Les syphilis malignes précoces, caractérisées par une infec-
tion intense, «liguë, avec manifestationi graves du côté des
téguments et des viscères ;
3** Les syphilis viscérales précoces dans lesquelles la diathèse
Sroduit d'emblée, et souvent sans phénomènes graves antérieurs,
es déterminations viscérales oui, dans les formes normales de
la maladie, ne surviennent qu'a une époque tardive.
Les syphilis graves précoces atteignent surtout les individus
affaiblis, les alcooliques, les scrofulo-tuherculeux, les orga-
nismes déprimés par quelque cause que ce soit.
Les observations sur lesquelles M. Baudouin appuie les con-
clusions de son travail sont au nombre de 105.
On conçoit qu'avec une pareille masse de faits dans lesquels
figurent toutes les manifestations de la syphilis, où toutes les
observations sont analysées avec le plus grand soin, Tauteur ait
pu donnera son œuvre une importance exceptionnelle qui justifie
fa faveur avec laquelle elle a été accueillie par la Faculté.
Nous trouvons à la fin de ce travail un intéressant tableau
indiquant la statistique de Tépoque d'apparition du tertiarisme à
partir du début de la syphilis chez Thomme.
On voit dans ce tableau que c'est dans la troisième année de
la maladie que les accidents tertiaires apjjaraissent le plus fré-
quemment. La deuxième année vient ensuite, puis la quatrième
et la cinquième. Les cas vont ensuite en décroissant, mais en
Présentant une fréquence exceptionnelle pour la dixième année,
m voit enfin des cas très rares où le tertiarisme attend pour'
apparaître la cinquante-deuxième et même la cinquante-qua-
trième année.
Quant au pronostic, il est toujours sérieux dans la syphilis.
Les formes les plus bénignes, au début, réservent quelquefois
au malade les surprises les plus désagréables.
Quand la syphilis a amené une dénutrition considérable,
surtout chez les vieillards, elle doit être considérée comme par-
ticulièrement grave en raison des imminences morbides qu elle
crée, des lésions viscérales qu'elle peut déterminer. Aussi la
thérapeutique doit-elle être active, spécifique et reconstituante,
c dans le triple but de guérir les manifestations diverses de la
diathèse, d'en prévenir le retour dans la mesure du possible, et
de donner à l'organisme les moyens de résister à de nouvelles
poussées infectieuses i.
Essai sur les polyuries albuminchioues d'ohigine nerveuse,
par M. Fessez.
Travail inaugural où l'auteur étudie la pathogénie des né-
phrites dites primitives. L'albuminurie des animaux vernissés,
les néphrites consécutives aux vastes brûlures ou à un refroi-
dissement pendant la desquamation des fièvres éruptives sont
dues à des troubles vaso-moleurs des reins, amenés d'une ma-
nière réflexe par l'excitation cutanée. Les recherches de ces
derniers temps ont établi que les vaso-moteurs du rein pro-
viennent du bulbe et suivent deux voies distinctes : les uns,
vaso-dilatateurs, suivent le trajet des nerfs splanchniques, dont
l'excitation périphérique amène la congestion des reins ; les
autres, vaso-constricteurs, passent dans le tronc du pneumo-
gastric{ue dont l'excitation périphéric|ue amène un arrêt de la
sécrétion urinaire. Des expériences récentes ont montré aue la
névrite des nerfs vagues peut entraîner les lésions de la né-
phrite interstitielle, et que les animaux en expérience ont pré-
senté comme symptômes principaux de la polyurie, de Talbu-
minurie et des palpitations.
L'auteur publie un certain nombre d'observations de malades
Ï ►résentant clés états morbides identiques à ceux observés chez
es animaux porteurs de ces lésions nerveuses. On peut donc
admettre que des troubles vaso-moteurs permanents du rein, sous
la déoendance du pneumogastrique, peuvent entraîner dis
désorures dans la sécrétion rénale et aboutir à la néphrite chro-
nique du mal de Bright.
VARIÉTÉS
Concours d'agrégation (Anatowt^, Physiologie). — Sont
nommés :
Faculté de Paris, — (Ànatomie) M. Retlerer ; (Physiologie)
M. Gley.
Faculté de Montpellier. — (Physiologie) M. Hédon.
Faculté de Lyon. — (Physiologie) M. Vialleton.
Faculté de Lille. — (Physiologie) M. Meyer.
Inspectorat des eaux minérales. — Un décret spécial sup-
prime rinspcctorat médical d'Aix-les-Bains (Savoie).
Prophylaxie des maladies contagieuses a Lyon. — Le maire
de Lyon a pris les mesures suivantes pour prévenir l'extension
des maladies contap^ieuses dans cette ville, notamment (h'
la variole, de la diphthérie, de la scarlatine, de la lirvre
typhoïde, etc.
En s'appuyant sur l'article 99 de la loi municipale du 5 avril
1884 il a prescrit la déclaration de ces affections» soit par h s
parents ou autres personnes ayant la garde des malades, soit,
a leur défaut, par les habitants de la maison ou les voisins.
Les familles, en cas de maladie, doivent prendre les mesures
de désinfection prescrites; d'ailleurs, l'administration munici-
pale met à leur disposition les moyens de désinfection (éluvps,
liquides désinfectants, etc.), et se charge de les appliquer gra-
tuitement toutes les fois que les intéressés n'en peuvent faire
les frais.
Les familles ont le droit de procéder à la désinfection par un
personnel choisi par elles ; mais dans ce cas elles doivent en
prévenir l'administration et présenter un certificat du médecin
traitant, constatant qu'il se charge de surveiller et de diriger
l'exécution de ces opérations hygiéniaues. Il est, d'autre prt,
expressément interdit de vendre des onjets de literie, de livrer
aux blanchisseurs le linge et les vêtements des malades sans
que ces objets aient été préalablement désinfectés.
L'arrêté du maire de Lyon prévient les personnes qui n'au-
ront pas fait les déclarations prescrites qu'elles sont civilemeut
responsables de leur négligence, sans préjudice des procès-
verbaux de contravention qui pourraient être dressés contre
elles.
Distinctions honorifiques. — Notre collaborateur et ami
M. le docteur Lubelski (de Varsovie) vient d'être nommé com-
mandeur de l'ordre du Lion et du Soleil de Perse.
Mortalité a Paris (!22« semaine, du 26 mai au i*' juin
1889. — l'opulation: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 17.
— Variole, 3. — Rougeole, 13. — Scarlatine, 9. — Coque-
luche, 7. — Diphthérie, croup, 33. — Choléra, 0. — Phthisic
pulmonaire, 166. — Autres tuberculoses, 18. — Tumeurs:
cancéreuses, 39; autres, 6 . — Méningite, 31. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, iO. — Paralysie, 7. —
Hamollisseraent cérébral, 8. — Maladies organiques du cœur, i."^.
— Bronchite aiguë, 22. — Broncliite chronique, 34. — Broncho-
Eneumonie, 23. — Pneumonie, 35. — Gastro-entérite: sein, 15;
iberon, 35. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, i. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 25. — Sénilité, 30. — Suicides, 25. — Autres morts
violentes, 13. — Autres causes de mort, 163. — Causes
inconnues, 13. — Total: 884.
OUVRAGES DÉPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Dictionnaire abrégé des sciencet phytiqtut et natureUet, par H. Ed. Thcvoma.
revu par M. H. de Varigny, docteur es sciences. 1 fort vol. in-lî de 630 p»!?'-**'
imprimé sur deux colonnes, cartonné à l'anglaise. Paris. F. Alcan. *^ "'
G. Masson, Proprietaire-Gerant.
19355. — MoTTgRoz. >- Imprimeries réunies. A, rue Mignon, S. P"^'
TREim-sixiftiiB invÈs
N*2S
21 JciN 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ. E. BRISSAUD. 6. DIEULAFDY, DREYFUS-BRISAC, FRARCOIS-FRARCK, A. HÉROCQUE, A-J. MARTIR. A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction & M. Lkreboullet, 4>i, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRB. — Bulletin. Hyf^ènede Varméo. —Clinique CHiRuncrcALB. Lc«
riidflurs articulaires. — FoitMiTLAiRE thérapeutique. Du traitement dos don-
l«^ura prurigineutos pnr lo mcntbol. — RgvuB dks cours et des cliniques.
Faculté de médeciDe de Lyon. Clinique de rAiilii|uaiUe : M. le profeaMur Gail-
leton. —Travaux ORiaiNAUX. Clinique médicale : Sur la pathogcnie du tétanra
dans les régions tropicales. — Revue des Congrès. Réunion des Socicli^
savantes à Paris. — SociÉris savantes. Académie de médecine. — Société
médicale des hôpitaux. — Société de chirurgie. — Société de biologie. — Su-
ciclé de tbérapeuiique. —Revue des journaux. Thérapeutique. — Biblioara-
PHIB. De la prothèse immédiate appliquée à la réseclion des maxillaires.— Petit
allas photographique du système nerveux. — Variétés.
BULLETIN
Paris, 10 juin 1889.
■7irl^*« de l'armée.
Le rapport que M. le ministre de la guerre vient d'a-
dresser à H. le Président de la République, et dont nous
reproduisons ci-dessous les principales parties, présente un
double intérêt. 11 affirme les progrès accomplis par nos
confrères de Tarmée et en particulier par les maîtres émi-
nents qui, depuis plusieurs années déjà, se sont consacrés à
l'enseignement et au perfectionnement de Thygiène ; il
montre la sollicitude du commandement pour le bien-être
du soldat.
Appelés à étudier sous toutes leurs faces les questions
diverses qui doivent préoccuper le médecin d'armée, ctous
les membres du corps de santé, dit le ministre, ont rivalisé
lie zèle et plusieurs ont produit des rapports qui sont de
vériiables monuments scientifiques >. Les analyses bacté-
riologiques exécutées au Val-de-Grâce ont démontré que les
problèmes les plus complexes et les plus scientifiques
peuvent être résolus par les professeurs et les agrégés de
notre première école militaire. Les études faites sur Tétio-
logie de la fièvre typboide, et en particulier sur l'influence
exercée par les centres urbains sur le milieu militaire^
sont Téclatante confirmation des doctrines épidémiologiques
que M. le professeur L. Colin, aujourd'hui médecin inspec-
teur général de l'armée, avait exposées en 1876 devant
l'Académie de médecine {Gaz. hebd.j 1876, p. 629 et 641).
Ex c*est aux travaux d'hygiène générale et spéciale, dévelop-
pés avec tant de compétence et de talent dans la Rerue
(fhygiène de M. Vallin que l'on a emprunté la plupart des
conclusions de ce remarquable rapport.
Il n'était que juste de faire ressortir ce qu'ont réalisé pour
l'amélioration de l'état sanitaire de l'armée les maîtres du
VaUdeGrâce; mais il convient ensuite et surtout de louer
sans réserves les membres du Comité technique de santé et
les médecins laborieux qui, sous la direction de M. le
i* Sêrir t. XXYI.
médecin-inspecteur Dujardin-Beaumetz, ont provoqué les
rapports de leurs collègues et indiqué au ministre les
mesures à prendre pour arriver à faire prévaloir, dans tous
les établissements militaires, les règles d'hygiène et de
salubrité qui abaisseront de plus en plus la mortalité de nos
armées et assureront le bien-être des soldats.
Dès les premières lignes du rapport annuel sur l'hygiène
de l'armée, M. le ministre de la guerre constate que la
niorlalité militaire en temps de paix, qui était, en 1870, de
12 pour 1000, s'est abaissée au-dessous de 8 pour 1000.
D'après les travaux statistiques établis par les soins du
service de santé, la maladie qui fait les plus grands ravages
parmi la troupe est toujours la fièvre typhoïde. En treize
ans, de 1875 à 1887, elle a atteint 141 648 hommes et en-
traîné 21 116 décès. Pendant cette même période, elle n'en-
levait à la population civile qu'une proportion environ sept
fois moindre, malgré les conditions défavorables dans les-
quelles vit une partie de cette population. L'excès de la
mortalité chez la troupe tient évidemment au rassemble-
ment, qui rend la contagion plus facile, et aussi, il faut
bien le dire, à des conditions défectueuses d'installation.
Les circonstances qui amènent l'éclosion et favorisent le
développement de la fièvre typhoïde sont principalement :
la mauvaise qualité des eaux d'alimentation, la contamina-
tion du sol par les égouts, les fosses d'aisances et autres
dépôts de matières putrescibles, et enfin la mauvaise instal-
lation des cabinets d'aisances.
A la suite d'une enquête prescrite dans tous les corps
d'armée par le ministre de la guerre, et dirigée par le
médecin-inspecteur Dujardin-Beaumetz, des échantillons
d'eaux empruntés à nos divers établissements militaires,
depuis les vastes casernes de Paris jusqu'aux forts perdus
dans les montagnes, ont été centralisés au Val-de-Gràce et
dans quelques grandes villes, et analysés d'après les mé-
thodes les plus récentes. Ces analyses ont permis de classer
nos établissements en trois catégories :
i'* Ceux qui reçoivent des eaux reconnues bonnes, quelle que
soit leur provenance, pour les usages domestiques;
2» Ceux qui emploient des eaux naturellement défectueuses,
mais dont la qualité paraît avoir été suffisamment améliorée par
le filtrage ;
3" Ceux qui consomment des eaux mauvaises a des degnVs
divers.
C'est pour ces derniers particulièrement que les analyses du
Val-de-Grâce ont fourni des résultats intéressants, et en bien
des cas, affligeants. Les méthodes bactériologiques ont permis
30i - N« 25 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
i\ Jiîiif 1889
(le constater que ces eaux renferment toujours des quantités
considérables de microbes nuisibles^, et fréquemment le bacille
de la lièvre typlioîde en proportion menaçante. On a pu presque
suivre Thistoire de la fièvre typhoïde dans nos établissements,
d'après la classification des eaux alimentaires.
Pour porter renfiède au mal, on s'est efforcé, gfâce aux
fonds spéciaux alloués au budget extraordinaire de 1889,
d'entreprendre dans trente-neuf villes des travaux d'adduc-
tion d'eaux de source, et de satisfaire ainsi aux vœux si
souvent exprimés par MM. L. Colin et Vallrn. A Paris, depuis
le mois de mars, tous les établissements militaires reçoivent
Teau de la Dhuys çt de la Vanne. On espère voir ainsi pro-
chainement se généraliser ce qui a élé observé à la caserne
des sapeurs-pompiers, qui, mise antérieurement en posses-
sion d'eau de source, a vu tout d'un coup les ravages de la
fièvre typhoïde diminuer dans la proportion des cinq hui-
tièmes.
Dans d'autres localités ne jouissant pas d'une distribution
d'eau pure, on a recouru provisoirement au filtrage. A Paris,
à Lille, à Lyon, à Montpellier et à Bordeaux, des commis-
sions médicales ont élé instituées pour l'examen des diffé-
rents systèmes qu'il conviendrait d'adopter. Vingt-quatre
établissements militaires sont déjà dotés d'appareils dont
les résultats ont paru très satisfaisants.
Partout d'ailleurs où l'analyse bactériologique a fait
reconnaître que l'eau était préjudiciable à la santé des
hommes, en attendant que des filtres aient pu être installés,
son emploi a été interdit, et les puits et les pompes ont été
mis hors d'état de servir. Là où il n'a pas été possible
d'aller au dehorg chercher l'eau à une bonne source
reconnue pure, on a eu recours à l'ébullition pour détruire
les germes morbides. Ce moyen n'est, bien entendu, que
passager, et les plus grands efforts seront faits pour aboutir
à des solutions définitives.
En même temps qu'elle procédait à cette enquête géné-
rale sur les eaux, la direction du ser\'ice de santé réunissait
des renseignements non moins utiles sur l'état des fosses
d'aisances et sur les procédés de vidange en usage dans
nos garnisons. Presque partout il a été constaté que l'emploi
(les fosses fixes laisse beaucoup à désirer. Elles restent
rarement étancheset les liquides gagnent peu à peu le sol
environnant. Quant aux latrines établies sur ces fosses, elles
sont généralement un foyer d» dégagements infects. On a
donc prescrit de substituer aux fosses fixes le système des
tinettes mobiles partout où l'on ne peut établir le c tout à
Tégoul ».
Déjà le système des tinettes mobiles fonctionne d'une
manière avantageuse dans plusieurs corps d'armée.
Mais ces améliorations, il faut le reconnaître, ne résou-
dront pas complètement la question de la fièvre typhoïde.
L'hygiène des établissements militaires est intimement liée
M celle des villes elles-mêmes. Tant que celles-ci ne seront
pas mises, par un système de travaux raisonnes, à l'abri du
ti'rrible fléau, nos troupes resteront exposées à la contagion.
Aussi M. l'inspecteur général Colin conclut-il rationnelle-
mont, avec M. le professeur Brouardel, que l'assainissement
d('s centres urbains, au point de vue notamment de Tex-
tinction de la fièvre typhoïde, est devenu « une œuvre
nationale ».
L'exemple du bien que peut réaliser dans l'armée la
généralisation d'une mesure prophylactique s'affirme de
plus en plus chaque année en ce qui concerne la variole. On
voit maintenant, non seulement en France, mais en Algérie,
en Tunisie et au Tonkin, l'armée protégée par la stricte
application de la re vaccination obligatoire et rester indemne
au milieu des populations ravagées par cette affreuse mala-
die. En 1877, le chiffre des varioleux militaires était encore
de 1042; il est tombé à une moyenne de 242 pendant ces
quatre dernières années; le nombre des décès s'est abaissé
(le 92 à 16; et encore est-il prouTé que ce sont les réser-
vistes qui ont importé la maladie.
Le ministre fait ensuite connaître les p^escription^
récentes que nous avons déjà signalées (1887, p. 369 et 1881).
p. 249), relativement à la vaccination et à la revaccination.
Le danger dont les épidémies civiles menacent con-
stamment l'armée, ajoute-t-il, est bien plus grave qu'on ne
croit généralement et ne se réduit pas à la fièvre typhoïde
et à la variole. Plus nous allons, plus certaines manifesta-
tions épidémiques sont fréquentes dans les casernements,
et ce n'est pas dans l'armée qu'elles prennent naissance.
L'appel, toujours renouvelé, des réservistes, des territo-
riaux, des dispensés, des hommes c à la disposition i,
apporte incessamment dans les casernes les germes mor-
bides qui existent en permanence dans la population civile
de tons les âges. Les épidémies de rougeole, de scarlatine,
d'oreillons, de diphthérie, rares autrefois dans la troupe,
sont d'une fréquence dont le commandement se préopcu|ie
et s'alarme à juste titre. On ne saurait d'ailleurs mécon-
naître que les soldats, quittant les foyers épidémiques mili-
taires pour se rendre dans leurs familles, ne fassent courir
à celles-ci les chances de la contagion. Aussi cherche-l-ou
à rendre la protection réciproque de& deux population>
civile et militaire aussi efficace que possible. Dès mainte-
nant, les renseignements les plus précis s'échangeront sur
place entre les autorités, de manière que les mesures com-
mandées par les circonstances puissent être prises en temps
utile.
Les procédés de désinfection sont mis en œuvre par l'ad-
ministration de la guerre sur la plus large échelle. Parloul
où se produit un cas isolé de maladie Iranemissible, la lite-
rie du malade, ses vêtements, sa chambre sont immédiate-
ment soumis à l'action des vapeurs sulfureuses ; si les cas
de maladie se multiplient, la désinfection est étendue à
tout le casernement et aux vêtements de toute nature qui
constituent les magasins de compagnie. Le comité de santé
étudie en ce moment un procédé au moyen du bichlorure
de mercure, qui est, on le sait, le désinfectant le pliiî^ sur
et le plus actif. L'an dernier, l'hôpital du Val-de-GrIïce el
les l»*^, 6% 11* et 15* corps ont été dotés de six étuv*»à
vapegr sous pression, qui développent une chaleur «ie
120 degrés. Plusieurs autres corps d'armée recevront celte
année soit ces étuves, soit les appareils qui, figurant à TEx-
posilion universelle, seront jugés être à la fois les plus
simples et les plus économiques comme les plus efficaces.
Enfin les comités du génie et de santé étudient les plans
d'ensemble à adopter pour les casernements des différpnle>
armes, pour l'installation des divers services, afin que tous
les bâtiments que l'on élèvera désormais répondent aux
données les plus certaines de l'hygiène. Déjà, presque par-
tout, fonctionne un service de douches froides ou tièil^s
selon la saison, si nécessaires à l'entretien de la propreté
corporelle; presque partout aussi les hommes ont cessé Je
manger dans les chambrées, el prennent leurs repas dans
des réfectoires, au grand avantage de l'hygiène et de U
bonne tenue des locaux. Des tentes et des baraques démon-
tables permettent au service de santé de pourvoira l'isoh'-
m Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIKE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N^ 25 — 395
ment des malades, dans des conditions réellement hospita-
lières, si une épidémie oblige la troupe à camper loin d'un
hôpital mixte ou militaire. Les procédés antiseptiques aux-
quels la chirurgie actuelle doit une partie de ses succès
sont partout en usage maintenant, soit dans les infirmeries
régimentaires, soit dans nos hôpitaux; le nouveau matériel
qu'ils exigent est assuré, en garnison comme pour le ser-
vire de guerre, par les crédits récemment votés par les
Chambres. La nouvelle nomenclature du matériel du ser-
vice de santé procure aux malades les moyens de traitement
les plus perfectionnés, les médicaments nouveaux les plus
efficaces. Une instruction médicale à l'usage des petits
postes dépourvus de médecin, comme il arrive nécessaire-
ment dans les forts en France et dans les détachements en
Algérie, instruction analogue à celle qui a été et est encore
si utile au corps d'occupation du Tonkin, est actuellement
en préparation et sera bientôt distribuée.
- Dans la dernière séance de rAcadéinie des sciences,
M. le professeur A. (lautier, dont tous nos lecteurs connais-
sent les beaux travaux de chimie biologique, a été élu
membre titulaire en remplacement de M. Chevreul.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Le« raideurs art leul aires.
Les raideurs articulaires sont parmi les lésions que le chi-
rurgien observe le plus souvent et contre lesquelles il est
le mieux armé. Mais, si le traitement n'est pas dirigé avec
précision et sagacité, l'infirmité, d'abord légère et curable,
s'aggravera peu à peu et deviendra définitive. Il est donc du
plus haut intérêt d'étudier avec soin tout ce qui est afférent
à cette question.
Ces études sont déjà anciennes, populaires même ; n'est-
ce point sur les raideurs que les empiriques et les rebou-
teurs ont eu leurs plus beaux succès? Mais les données à la
fois scientifiques et pratiques sur ce point ne remontent
qu'à Malgaigne. Depuis les leçons d'orthopédie que
MM. Guyon et Panas ont publiées d'après l'enseignement
de ce maître éminent, le sujet a fixé l'attention de tous les
chirurgiens. On n'a d'ailleurs pas ajouté grand'chose à la
description initiale, mais on s'est peu à peu familiarisé avec
les principes thérapeutiques formulés par Malgaigne.
La vulgarisation n'est peut-être pas encore suffisante, et,
dans le chapitre consacré à l'ankylose, nos livres classiques
principaux se bornent à une courte mention sur les
raideurs. D'autre part, les leçons de Malgaigne ne présen-
tent pas un tableau d'ensemble; c'est à propos de chaque
articulation en particulier que les faits relatifs aux raideurs
de cette articulation sont passés en revue. Il ne sera donc
peut-être pas inutile de tracer une description générale.
C'est ce que nous allons tâcher de faire, d'après une leçon
récente du professeur Guyon.
I
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il faut en préciser les
termes, c'est-à-dire définir l'ankylose, et établir en quel rang
on doit y placer les raideurs.
L'ankylose est une terminaison à laquelle peuvent aboutir
à peu près toutes les maladies articulaires. Elle en est
même, souvent, un mode de guérison et l'on peut la com-
parer à une cicatrice; mais il y a des ankyloses vicieuses,
tout comme il y a des cicatrices vicieuses ; et c'est une des
conditions dans lesquelles le chirurgien est appelé à inter-
venir. Il est encore un point sur lequel il convient d'in-
sister: l'ankylose est une terminaison, elle n'est établie que
du jour où l'arthrite est guérie.
On définira donc l'ankylose: un état pathologique perma-
nent des articulations mobiles, qui est consécutif à une
maladie articulaire guérie et qui diminue mécaniquement
l'étendue des mouvements naturels, ou les empêche com-
plètement.
On le voit, les degrés sont nombreux, de la simple
restriction à l'abolition complète des mouvements. Il est
indispensable d'en tenir compte dans une classification pra-
tique.
Depuis longtemps déjà on a voulu diviser les ankyloses en
fausses et vraies, suivant que les mouvements sont, ou non,
en partie conservés. Ces termes sont défectueux, car il n'y
a pas de fausses ankyloses: il y a des limitations plus ou
moins importantes des mouvements, et une limitation
légère, mal traitée, peut aboutir à ce que l'on appelait
ankylose vraie. Mais, si les termes doivent être abandonnés,
il faut reconnaître qu'ils cherchaient à exprimer une idée
parfaitement juste: les ankyloses ne peuvent être classifiées
que par la clinique. Sans doute, on a cherché à se fonder
sur l'état anatomique des parties, suivant que l'ankylose est
osseuse ou fibreuse : on n'a pas tardé à se convaincre qu'au
triple point de vue symptomatologi^que, pronostique et thé-
rapeutique, on s'expose à des déboires si l'on se fie à cette
distinction.
En réalité, et le professeur Richet y a insisté dans une
thèse ancienne déjà, la seule division valable est la division
clinique grossière des ankyloses en complètes et incom-
plètes. Aux complètes peuvent correspondre des états ana-
tomiques variables. La soudure pourra être fibreuse aussi
bien qu'osseuse. Aux incomplètes, cela va sans dire, n'ap-
partiennent que des néoformations fibreuses. Parmi elles
cependant, la clinique exige qu'on dislingue deux cas,
suivant que l'ankylose est lâche ou serrée.
Ces divisions seraient cependant insuffisantes si elles ne
tenaient compte que de la clinique, au mépris des consta-
tations anatomo-pathologiques. Non point qu'il faille insister
sur le diagnostic des soudures fibreuses ou osseuses, mais
il est indispensable de se demander en quel état se trouve
la cavité séreuse de la jointure atteinte. Il y a en effet deux
grandes variétés d'ankyloses: les unes sont causées par des
lésions péri-articulaires; les autres, au contraire, ont leur
origine dans des soudures intra-articulaires. Aux yeux du
praticien, celte notion doit tout primer, car on conçoit que
le pronostic et le traitement seront tout à fait différents,
suivant que la cavité articulaire sera à peu près libre on au
contraire oblitérée.
Or la classification clinique en ankyloses complètes et
incomplètes, ces dernières étant serrées ou lâches, répon(l
en même temps aux notions anatomo-pathologiques qui
précèdent. Faisons abstraction de quelques exceptions, des
soudures osseuses périphériques de l'arthrite sèche, des
ankyloses incomplètes très anciennes et abandonnées à
elles-mêmes : les ankyloses complètes sont dues à des
lésions intra-articulaires. Les incomplètes lâches sont au
contraire d'origine péri-articulaire. Les incomplètes serrées
peuvent appartenir à l'une ou l'autre classe, mais nous
396 -N-25 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
31 JtJiN 1889
verrons qu'au point de vue thérapeutique également elles
sont intermédiaires aux deux.
Nous arrivons ainsi à distinguer les ankyloses en péri-
artîculairesetinlra-arliculaires.Les premières, lorsqu'elles
sont incomplètes, ce qui est à peu près constant, constituent
les raideurs articulaires.
Il
Les raideurs articulaires, nous l'avons déjà dit, ont été
étudiées avec grand soin par Malgaigne, dont le seul tort a
été de les qualifier de fausses ankyloses.
Leurs causes sont au nombre de deux. L'une est l'arthrite,
lorsque son intensité n'est pas trop grande. L'autre est
l'immobilisation prolongée. L'une et l'autre, d'ailleurs,
s'associent souvent. Mais l'immobilisation à elle seule suffit,
à condition toutefois d'être faite en mauvaise position.
Celte distinction n'a pas toujours été" nette. En 1841,
Teissier père (de Lyon) a publié une étude remarquable
sur les lésions engendrées dans les jointures par l'excès de
repos. Épanchemenls de sang et de sérosité, injeclion de la
synoviale et formation de fausses membranes, lésions des
cartilages, ankylose même, voilà tout ce que peut produire
l'immobilisation prolongée. De là est venue l'ankylophobie
de certains chirurgiens, pour emprunter une expression à
M. Verneuil.
Mais en 1841 on en était à peine aux premières re-
cherches de Bonnet sur l'influence de la position dans
les maladies articulaires, sur l'attitude physiologique de
repos. Nos connaissances se sont peu à peu perfectionnées
et nous savons aujourd'hui que les articles supportent bien
le repos prolongé, pourvu qu'on les immobilise en bonne
position.
A tout instant le praticien trouve l'appltcntion de
ces préceptes théoriques. N'a-t-il pas tous les jours à
immobiliser une jointure saine? Un appareil ne flxe-t-il
pas souvent la main entière alors que le mal, un panaris
par exemple, n'atteint qu'un seul doigt ? Le repos du
membre entier n'est-il pas de règle pour la plupart des
fractures? Et les fractures péri-articulaires sont encore plus
dangereuses au point de vue qui nous occupe: elles se com-
pliquent en effet volontiers d'un léger degré d'arthrite. Il
en est de même pour les luxations réduites.
La nature de Tarticulation immobilisée est également à
prendre en considération; on n'oubliera pas que les join-
tures les plus serrées sont celles qui sont le plus sujettes
aux raideurs, que les ginglymes surtout y sont prédisposés.
Cette simple mention des deux causes ordinaires des
raideurs suffit pour faire comprendre que les lésions péri-
articulaires vont être les plus importantes. On constate, en
effet, que les altérations portent avant tout sur les ligaments,
les tendons, les bourses séreuses, la peau même. La syno-
viale, sans doute, est souvent atteinte, toujours même, mais
elle l'est peu, surtout dans les formes qui relèvent de la
seule immobilisation en position vicieuse, et qui sont, en
somme, des petites raideurs.
Tous ces tissus subissent une évolution morbide analogue:
dans tous il y a raccourcissement, rigidité plus ou moins
grande, dus à une transformation fibreuse, cicatricielle, à
une sorte de sclérose.
Les ligaments surtout sont épaissis, feutrés, principale-
ment près de leurs insertions; les plus tendus sont ceux qui
sont le plus altérés, et parmi les plus tendus, il faut citer
les ligaments latéraux des ginglymes. Aussi ne s'étonnora-
t-on pas que les ginglymes soient le type des articulations à
raideurs. Ces ligaments sont raccourcis, et les études histo-
logiques d'Hénocque y ont révélé une infiltration plastique,
qui peu à peu évolue, de façon que, abandonnée à elle-
même, elle tend à remplacer le tissu fibreux du ligament
normal par du tissu fibreux inodulaire : aussi bien la clinique
enseigne-t-elle qu'il y a des raideurs que rien ne guérit, et
dans ces conditions on n'arrive plus, le scapel à la main, ;i
délimiter les ligaments, fusionnés qu'ils sont dans urie
gangue scléreuse, qui englobe en même temps les tendons,
les muscles.
Il y a, en effet, état cicatriciel de tout le tissu conjonctif
péri-articulaire,et de là des indurations, des brides, que par-
fois il faudra sectionner pour obtenir le redressement. Tout
comme il est quelquefois indiqué de sectionner les tendons,
dont les corps musculaires ont subi, du côté où l'articulalion
est fléchie, un raccourcissement qui s'est souvent transformé
en rétraction fibreuse. De même, il y a rétraction des plans
aponévrotiques, et même de la peau. On se rend comple,
en clinique, de ce raccourcissement de la peau dans le>
raideurs articulaires des doigts: on voit alors un segineni
lisse, tendu, où les plis anormaux ont disparu.
Au milieu de toutes ces altérations, Tappareil de plisse-
ment est le i)lus souvent modifié. C'est à cet appareil qu'a[H
partiennent, d'abord, les bourses séreuses péri-articulaires ;
or ces bourses sont fréquemment oblitérées. Ces lésions s'ob-
servent surtout à l'épaule, où Ton sait qu*entre le deltoïde
et la capsule articulaire il y a un système de bourses séreuses
fort important, dont l'utilité physiologique a été bien mise en
relief par les études de M. Duplay sur la péri-arthrile
scapulo-humérale. Par transformation fibreuse de ce
système séreux, on peut arriver à une ankylose très serrée,
mais bien plus justiciable de la chirurgie que l'ankylose
intra-articulaire.
Dans ces cas, il est vrai, il y a des lésions intra-articu-
laires, mais M. Duplay a bien fait voir qu'elles doivent être
mises en second rang. Elles sont la règle, d'ailleurs, daih
toutes les raideurs, où la synoviale est épaissie, scléreuse
comme les tissus voisins ; où les surfaces articulaires
n'échappent pas tout à fait au processus morbide et cela
en raison non seulementde l'immobilisation, mais aussi en
raison des modifîcations de la synoviale qui, on le sait, tient
sous sa dépendance les phénomènes de la vie intra-
articulaire.
Les lignes précédentes démontrent donc qu'il ne faut pas
prendre au pied de la lettre l'expression d'ankylose péri-
articulaire, et en conclure que l'intérieur de la jointure est
normal. Celte intégrité heureuse de la synoviale n'est jamais
absolue. Mais elle est sufflsante, dans bien des cas, pour
qu'on soit en droit d'espérer le retour à l'état normal,
physiologiquement au moins. Ailleurs, au contraire, ra/f'-
culation est plus compromise, et l'on est sur le chemin de
l'ankylose complète. La première catégorie de faits con-
stitue les petites raideurs de Malgaigne ; les grandes
raideurs répondent à la deuxième.
C'est donc du degré des lésions propres de la jointure que
dépend le degré de la raideur. Or le traitement ne sera
efficace que si l'on fait un diagnostic précis entre les grandes
et les petites raideurs. Comment donc arriver à en
diagnostic?
III
Si l'on se bornait à l'examen actuel du malade, on arri-
verait difficilement à poser ce diagnostic; les symptômes
^l Juin i889
GAZETTE HEBDOMADAIRï; DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- N« 25 — 397
sont en effet identiques dans les deux variétés. Il ne faut
même pas croire que la limitation des mouvemenls soit
toujours plus étroite dans les grandes raideurs que dans les
petites. Dîx'ns les deux, les mouvements spontanés sont à
peu près impossibles et Tarticulalion malade est suppléée
par ses voisines ; pour Tépaule, par exemple, les mouve-
ments du liras provoquent le basculement immédiat de
Fomoplale. Les mouvements communiqués sont possibles
dans une certaine étendue, et la mobilisation, indolente
jusque-là, s'accompagne, à partir de ce point, d'une douleur
extrêmement vive, arrachant des cris au malade, pouvant
provoquer la syncope. Hais cette douleur si intense s'éva-
nouit rapidement; au bout de quelques instants, il n'en est
plus question. Cette douleur, elle aussi, est identique pour
les grandes et les petites raideurs.
Le diagnostic entre les deux variétés est cependant utile
pour mener à bien le traitement. Comment donc l'établir,
puisque le degré des mouvements et Tintensité de la souf-
france y sont impuissants? C'est affaire à une enquête
exacte sur les commémoratifs, sur la cause surtout. Et
d'ailleurs les raideurs articulaires sont en cela semblables
aux ankyloses intra-articulaires pour lesquelles, tous les
auteurs y insistent, la notion étiologique est d'une impor-
tance capitale. On se rappellera que le degré de la raideur
est en raison directe de l'intensité de l'arthrite initiale;
qu'à la simple immobilisation en mauvaise position répond
la petite raideur. Mais il faut tenir compte, aussi, de la
durée du mal; avec le temps, une lésion légère, une petite
raideur, peut aboutir à un état incurable. Ces conséquences
graves sont d'autant plus rapides que l'articulation est plus
serrée normalement; aux doigts, par exemple, on doit s'en
méfier, et dès lors s'occuper avec attention de leur mobili-
sation précoce lorsque pour une cause quelconque on est
conduit à les fixer dans un appareil. Si l'on oublie ces pré-
ceptes, on verra aisément les cinq doigts rester raides,
infirmes, à la suite d'un panaris, qui n'a porté que sur un
d'eux ; d'une fracture de l'avant-bras, qui n'en avait lésé
aucun.
Le diagnostic ne sera complet que si le chirurgien déter-
mine avec précision où en est l'arthrite. Est-elle bu non
élcinle?Sans une réponse à celte question, il est impos-
sible d'entreprendre un traitement rationnel et efficace.
Pour obtenircetteréponse,il suffit de soumettre la synoviale
à un interrogatoire direct par des pressions localisées, et le
résultat de l'enquête sera probant si les pressions sont
faites aux lieux d'élection sur lesquels Malgaigne a insisté,
dans les points où la séreuse est séparée du doigt par
l'épaisseur minima des parties molles. Ainsi à l'épaule on
appuiera dans l'interstice pectoro-deltoïdien ; au coude, soit
en arrière sur les côtés de l'olécràne, soit, encore mieux,
sur l'interligne huméro-radial; à la hanche, c'est contre la
face antérieure du col fémoral, juste en dehors de l'artère,
qu'on arrive le mieux à comprimer la synoviale. Si la
pression ainsi faite avec précision est indolente, on peut
affirmer que l'arthrite est éteinte, et l'un peut agir en con-
séquence.
C'est dans ces conditions qu'un traitement bien dirigé
donnera souvent des succès remarquables. Si en effet une
raideur abandonnée à elle-même est d'un pronostic sérieux,
une raideur traitée avec attention et à temps est d'un pro-
nostic bénin : on est en droit d'affirmer que le pronostic
dépend absolument du chirurgien. Mais il faut reconnaître
que le oraticien a trop souvent tendance à négliger cette
gêne fonctionnelle, d'abord médiocre dans bien des cas*
Au sortir d'un appareil pour une fracture du radius, par
exemple, il est vulgaire que la main entière soit quelque
peu rouillée; mais, quand le malade s'en plaint à son mé-
decin, la réponse est trop souvent : Cela ne sera rien. Et
avec le temps, qui devait, disait-on, arranger les choses,
l'ankylose s'aggrave trop souvent, au lieu de rétrocéder; la
gêne se transforme en infirmité sérieuse.
IV
En tête du chapitre sur le traitement des raideurs arti-
culaires, on doit écrire un aphorisme : le mouvement ne se
rétablit que par le mouvement. A condition, toutefois,
qu'on sache comment administrer le mouvement, et à
quelle dose. On peut en effet agir avec les mains ou avec
des machines; et quant à la dose, on peut pousser d'un
coup les mouvements à l'extrême ou, au contraire, les res-
tituer graduellement; procéder, par conséquent, à dose
entière ou à dose fractionnée.
C'est toujours, ou à peu près, à la dose entière, brutale,
qu'ont recours les rebouteurs. Ils obtiennent parfois
ainsi des guérisons miraculeuses, et leur triomphe est
d'autant plus grand que souvent il avait été précédé d'un
échec du médecin. N'avait-on pas épuisé, sans succès, les
liniments, les frictions, les bains? Mais cette mobilisation
immédiate et totale devient aisément dangereuse et le tort
des rebouteurs est de ne pas savoir quand elle est nuisible,
de ne pas être capables de l'apprendre.
Le mouvement à dose entière est bon pour les petites
raideurs, lorsque le mal n'est pas trop ancien, lorsqu'il n'y
a pas eu d'arthrite initiale. Ainsi, il donnera des succès
remarquables sur les jointures qu'une simple immobilisa-
tion, relativement récente, a rendues impotentes. Mais en
dehors de ces conditions, une trop grande précipitation est
susceptible de réveiller l'arthrite. Là est, en effet, l'écueil
dans le traitement des raideurs. Dans les cas un peu
accentués, c'est donc au mouvement à dose fractionnée que
l'on s'adressera.
A chaque essai de mobilisation, la douleur sera vive. On
serait donc tenté d'opérer sous le sommeil chloroformique.
Cette pratique doit être absolument repoussée, car la dou-
leur est notre seul critérium. Elle sera violente, sans doute,
mais elle ne doit pas persister. Si pendant une séance on
provoque une soufirance qui se prolonge, on peut être
sur que l'arthrite va venir entraver le traitement. Or le ma-
lade éveillé est seul juge et de l'intensité et de la durée.
La séance durera environ dix minutes, un quart d'heure.
Presque tout entière elle sera consacrée à des assouplisse-
ments par les mouvements restés indolents. Puis, à la fin,
on dépassera ce degré et, en provoquant la douleur, on
gagnera un peu de terrain. On aura soin, si la souffrance
s'évanouit en quelques minutes, de fixer pendant quelque
temps l'articulation dans cette nouvelle position : pour avoir
gagné la victoire, il faut coucher sur le terrain conquis. Et
Ton conçoit, vu la fugacité de la douleur, que l'on puisse
faire des séances fréquentes, au moins une par jour, et
quelquefois deux.
Dans l'intervalle des manipulations chirurgicales, on
permettra au malade des mouvements spontanés, mais seu-
lement dans les limites de la zone indolente. On y ajoutera
même quelques exercices spéciaux. Prenons l'épaule,
pour type. Le patient posera sur le vertex la main du côté
398
N* 25 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
il Juin 1889
malade, puis de la main saine il en saisira les doigts et la
tirera vers Toreille. Il agira de même après avoir placé la
main derrière Toccipul et, pour aller plus loin, il fera un
mouvement d'extension de la tète. Puis la main sera placée
derrière le dos, dans Tattitude dite « napoléonienne », et
là encore sera tirée avec l'autre main, tandis que, contre un
meuble, le patient communiquera au coude une pression
modérée de dehors en dedans.
Pour tous ces mouvements, communiqués par le malade
ou par le chirurgien, l'action des mains suffit s'il s'agit
d'une petite raideur. Au début, et dans les cas intenses, on
s'aidera de la balnéation. Il est reconnu, en effet, que dans
le bain les tissus s'assouplissent, et la mobilité devient plus
grande. C'est sans doute ce qui a fait croire à la grande
efficacité des cures hydrothérapiques et balnéaires, effica-
cité dont Malgaigne a eu raison de contester la réalité
absolue. Les bains ont une influence favorable, mais essen-
tiellement passagère, et on ne peut les employer qu'à titre
de moyens adjuvants.
Dans les grandes raideurs il faut, en principe, appliquer
le même traitement, mais les manœuvres manuelles seront
la plupart du temps impuissantes et l'on aura besoin d'uti-
liser les machines. Les premières scientifiquement con-
struites sont celles de Bonnet. Celle qui sert pour le coude
est le type le plus simple. Deux manchons, articulés à
charnière au niveau du coude, entourent l'un le bras et
Tautre l'avant-bras. Ce dernier se prolonge en une poignée
à l'aide de laquelle on fait varier l'angle de la charnière.
Une vis à pression située au niveau de cette chiirnière
permet de fixer l'appareil dans la position voulue, à la fin
de chaque séance.
Malgaigne a reproché à ces appareils, de nos jours trop
délaissés, d'agir avec une force mal déterminée, et il a
proposé de les remplacer par des machines à crémaillère.
Il est incontestable que Ton a de la sorte une graduation
plus précise du mouvement, mais aux dépens d'une compli-
cation dont on peut fort bien se passer dans la pratique
courante.
Voilà donc déjà une différence au désavantage des grandes
raideurs : le secours des machines y est fréquemment in-
dispensable. Ce n'est malheureusement pas la seule, et le
résultat, si brillant pour les petites raideurs, devient ici un
peu plus aléatoire. Sans doute, on réussira dans la majorité
des cas à restituer sinon la totalité, au moins la majeure
partie des mouvements. Mais les échecs ne sont pas rares
lorsque l'arthrite initiale a été intense, et surtout si elle
était l'indice d'une tare diathésiquc. Alors il faudra se
rabattre sur le traitement de lankylose incomplète serrée et
intra-articulaire. On se contentera du redressement brusque,
sous le chloroforme, de façon à mettre la jointure ankylosée
dans une position favorable au fonctionnement ultérieur
du membre. Après le redressement, auquel on fera dépas-
ser quelque peu le degré définitivement désiré, on immo-
bilisera avec soin l'articulation dans laquelle l'arthrite
sévira à peu près à coup sûr.
Ainsi, dans le degré le plus grave, les grandes raideurs
deviennent identiques aux ankyloses intra-articulaires in-
complètes et, comme elles, entraînent la suppression pliy-
siologique définitive de l'article malade. Mais sauf ces cas,
d'une rareté relative, de l'étude qui précède il résulte que
dans les raideurs articulaires les lésions sont péri-articu-
laires et ne s'opposent pas au rétablissement d'une articu-
lation mobile. Pour les ankyloses intra-articulaires, au i
contraire, la chirurgie a fait fausse route tant qu'elle a
cherché à rétablir Tarticulalion primitive autrement que
par la résection.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Dn iraliement des douleurs prorlglneust^s
par le menthol.
Les propriétés analgésiques de celte substance ont été
utilisées pour diminuer le prurit des dermatoses, et en
particulier le prurit sénile, le prurit de l'eczéma, celui de
la gale et même la douleur cutanée de l'urticaire.
A cet effet, on peut le prescrire sous forme de teinture,
de liniment ou de pommade.
l** Teinture ou esprit de menthol. — Il contient :
Menthol ... Ià3 grammes.
Alcool à 40 degrés 50 à 60 —
Eu applications externes sur la région malade.
2° Uniment au menthol. - - Son action paraît plus du-
rable :
Menthol ♦'{ grammes.
Huile d'olives 30 —
Lanoline 30 —
3" Pommade au menthol. — Cette pommade, fornmlér
par Saalfield, a pour composition :
Menthol 4y',50
baume du Pérou 5 grammes.
Lanoliue 100 —
En onctions.
Il convient d'ailleurs d'augmenter la dose de menthol de
ces diverses préparations et de l'élever jusqu'à 10 ou IT)
pour 100 de l'excipient quand on veut combaltre le prurit
rebelle ou les démangeaisons des eczémas chroniques.
Ch. ÉLOV.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Faculté de médecine de Lyon. — Clinique dk l'.Vnti-
QUAiLLE : M. le professeur Gailleton.
(Lcgon recueillie par M. Désir db Foktunet, chef do clini<|iH'.)
ÏRiCHOPHYTiE DES CILS. — M. Gaillctou présente un
malade entré dans son service le 8 mai dernier.
Obs. — Cet homme, àffé de trente-sept ans, caitivateur, habi-
tant le département deTlsère, est porteur d'une éruption qui
a débuté il y a quatre mois par 1 angle de la mâchoire inté-
rieure gauche. Ce ne fut tout d'abord qu'une petite plaqu*'
rouge, arrondie, de la grandeur d'une pièce de oO ceutinies ;
puis elle se couvrit rapidement d'une légère desquamation épi-
dermique en donnant lieu à une démangeaison assez vive. Kn
qucl(]ues semaines la lésion s'étendit sur toute la joue gauche,
empiétant également sur la région sous-maxillaire. Au hoQl
d'un mois et demi le menton, la joue droite, la racine du ncx.
les paupières, les sourcils, étaient le siège d une éruption sem-
blable. Actuellement toutes les parties pileuses de la face e( «i'i
cou sont envahies, sauf toutefois la Icvre supérieure qui e^l
restée indemne. Une vaste nappe inflammatoire, avec abi'''>
folliculaires, tubercules sous-cutanés, masses indurées plus on
moins étendues, ulcérations recouvertes de croûtes englolianl
les poils, existe sur toute l'étendue de la barbe. Les |)oiI>
s'arrachent facilenicnl; lieaucoup sonl cassés et ont* yrh »'••'
21 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N- 25 — 399
teinte blanc grisâtre. La paupière supérieure droite est presque
complètement envahie par Téruption ; elle est rouge et recou-
verte de lamelles épidermiques qui desquament au plus lé^er
grattage. Des petites croûtes entourent le point d'implantation
des cils. Le bord libre des paupières dans sa portion externe à
gauche est presque entièrement dépourvu de eils; beaucoup
d'entre eux sont cassés et manifestement malades. Mêmes lésions
au niveau des sourcils. En arrière, sur la partie supérieure de
la nuque, se trouve une plaque semblable, de la dimension
d'une pièce de 2 francs, siégeant exactement sur les limites du
cuir chevelu.
Interrogé sur les causes de sa maladie, cet homme
répond qu'au mois de décembre dernier il s*est aperçu
que ses vathes présentaient sur la tête et sur d'autres
régions du corps une éruption constituée par des croûtelles
blanches et de petits boutons rouges. Depuis deux mois
:<(eulement un de ses enfants porte une lésion circulaire sur
le front; il n*a été vu par aucun médecin. Depuis très
longtemps cet homme ne s est pas fait raser chez un coiffeur.
En présence de pareils symptômes et en se basant sur la
marche même de Taflection^ M. le professeur Gaillelon ne
croit pas que le diagnostic puisse rester douteux. Il s'agit
certainement d'une Irichophytie de la barbe avec extension
aux cilSy aux sourcils et à la région de la nuque. Du reste
des préparations microscopiques ont été faites et les poils
de ces différentes régions ont été trouvés complètement
infiltrés par le trichophyton. De longues traînées de spores
sphériques dissocient les fibres longitudinales du poil et
ses gaines sont également gorgées de spores et de tubes de
mycélium.
M. Gailleton insiste particulièrement sur les trois points
suivants :
Tout d'abord la trichopbytie des cils est excessivement
rare. D'une manière générale toutes les régions pileuses
peuvent être atteintes par le trichophyton ; mais en fait les
cils sont à peu près toujours épargnés, même chez les
malades dont les lésions sont extrêmement étendues.
Une seule fois M. Gailleton a pu constater une sem*
blable localisation; il n'en connaît pas d'autres observa-
tions. Par de patientes recherches on arriverait peut-être à
en réunir quelques cas ; mais certainement ils ne sont pas
nombreux dans la littérature médicale.
Le trichophyton aime les régions sèches, il se développe
plus facilement au niveau des poils dépourvus d'humidité;
aussi est-il possible que la présence des larmes, baignant
constamment le bord des paupières, soit pour les cils une
cause d'immunité.
Quant au cuir chevelu, il est resté complètement indemne.
La plaque qui siège à la région postérieure s'est arrêtée
exactement sur la limite des cheveux. Les poils incomplè-
tement développés de la nuque ont été atteints, mais les
cheveux véritables n'ont pas été envahis par le parasite.
L'herpès lonsurant est en efTet exceptionnel après l'âge de
la puberté et mémo, à celle époque de la vie, les enfants
teigneux voient leur affection se guérir d'elle-même. En
cela ce malade n'a pas échappé à la règle générale.
Enfin les poils de barbe implantés sur la lèvre supérieure
sont encore parfaitement sains. Cette absence de lésion
peut servir souvent à poser un diagnostic avant tout examen
microscopique. Autant le début de la foUiculitede la barbe,
du sycosis non parasitaire, par la partie médiane de la
lèvre supérieure est fréquent, autant la trichophylie y est
exceptionnelle dans les premières périodes de l'affection.
Presque toujours elle n'envahit la moustache que par
extension.
Traitement de l'acné de la face par l'iodochlorure
DE mercure. — M. Gaillelon présente un autre malade qui
était atteint d'acné de la face'. C'est un jeune homme de
dix-huit ans, blond, rhumatisant, qui avait une acné pus-
tuleuse remontant à plusieurs années. Tous les traitements
ordinaires ont été successivement employés sans amener
aucune amélioration. Les nouveaux médicaments tels que
la résorcine et le naphtol n'ont pas eu de meilleurs résul-
tats. On lui prescrivit alors des frictions vigoureuses et
prolongées avec une pommade à l'iodochlorure de mer-
cure (30 centigrammes sur 30 grammes). Le malade eut
une dermite très intense, le visage était rouge, tuméfié ; on
Îouvait penser à première vue à un érysipèle de la face.
ous ces symptômes inflammatoires disparurent au bout de
trois à quatre jours; actuellement son acné peut être
considérée comme guérie, au moins momentanément. On
ne trouve plus aucune glande sébacée gorgée de pus et
toute trace d'éruption a disparu.
TRAVAUX ORIGINAUX
Cllnlqiie mëdlcale.
Sur la pathogênie du tétanos dans les régions tro-
picales, par M. le docteur J. Fontan, professeur a
l'École de médecine navale de Toulon.
[ La discussion sur la nature et les origines du tétanos
en général et sur la provenance du tétanos humain en
particulier vient d'être close à l'Académie, mais elle reste
ouverte dans le public médical.
On sent que les questions sont nettement posées, mais
non définitivement résolues, et qu'il faut encore beaucoup
de faits soigneusement observés et d'expériences bien con-
duites pour arriver à la connaissance complète de ce mal
redoutable.
Sur ce point M. Verneuil et ses contradicteurs sont
entièrement d'accord.
La Gazette hebdomadaire dLÎnsqn'icï ouvert ses colonnes
à des travaux sérieux et instructifs ; ainsi fera-t-elle encore
dans la suite. Elle publie aujourd'hui un fort intéressant
mémoire, plusieurs fois cité dans la dernière discussion
académique, et qui est riche de faits et de renseignements
sur le tétanos des pays chauds. Le point spécial du tétanos
à bord des vaisseaux y est examiné avec soin. ]
Ce mémoire contient les résultats d'une sorte d'enquête
à laquelle je me suis livré sur l'étiologie et la pathogênie
du tétanos dans les pays chauds, où l'on sait qu'il est si
fréquent.
Dans l'étude qui se poursuit depuis quelques années
sur cette question, il manquait peut-être la variété des
faits, des races, des milieux. Elargir le terrain d'étude,
changer de latitude, recueillir et publier des faits analo-
gues, mais développés dans des régions lointaines et bien
différentes, n'est-ce pas apporter d'excellents éléments
d'appréciation, surtout dans des recherches de causalité?
C'est ce qui m'a déterminé à mettre en ordre tant de
documents négligés jusqu'ici.
L'idée, je dois le dire, m'a été fournie par M. le pro-
fesseur Verneuil, et les matériaux qui forment le fond de
ce travail, me viennent d'un grand nombre d'amis et de
camarades de la médecine navale. Aussi, s'il offre quelque
intérêt, j'y ai peu de mérite. Entre celui qui a inspiré ces
recherches et ceux qui en ont fourni les éléments, ma part
est à peine appréciable.
J'aurais pu en attendant davantage réunir Un plus
grand nombre d'observations; mais j'aurais ainsi laissé
passer le moment où la question a besoin d'être éclairée
par de nombreuses recherches. D'ailleurs tout fait nouveau
et important sera publié ultérieurement, dès qu'il me par-
viendra.
Je ne puis citer à chaque instant, chacune des sources
auxquelles j'aurai puisé. Ce serait fastidieux. Mais je déclare
d'avance que je n ai rien emprunté à d^s livres ou à d( a
400 — N« 25 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
121 Juin 1889
articles plus ou moins nouveaux, quoiqu'il en existe d'ex-
rollenls (1).
Tous mes documents proviennent soit de correspon-
dances, soit de communications verbales de mes camarades
dt» la marine, de leurs rapports de fin de campagne, des
.statistiques coloniales et de mes propres notes.
Je relaterai d'abord les conditions étiologi(|ues générales
du tétanos exotique : localités, climat, saison, trauma-
tisme et spontanéité, etc.
Dans un deuxième paragraphe je mettrai en relief ce
qui peut éclairer la question de la contagion, de Tinfec-
tiosité et des épidémies.
Un troisième paragraphe contiendra tout ce qui intéresse
la question de Forigine équine.
§ I. — Étiologie générale.
Je serai très bref sur les causes et les conditions géné-
rales du tétanos dans les pays chauds Beaucoup de ces
conditions sont en effet banales, ont été indiquées depuis
longtemps, et n'occupent plus aujourd'hui que le rang de
circonstances adjuvantes. Je ne puis les passer cependant
sous silence, ne fût-ce que pour traduire tout entière
Topinion de confrères qui ont longtemps exercé dans des
régions dont ils connaissent à fond la météorologie et la
morbidité. •
A, Fréquence du Manos. — Géograpliie médicale, - -
On sait de longue date que cette maladie est fréquente
dans les pays chauds. Mais cette fréquence n'est pas du
tout égale pour des contrées voisines, ou placées sous le
même parallèle. Ainsi en Asie on l'observe surtout dans
rinde anglaise, tandis qu'en Annam et en Cochiiichine il
est beaucoup plus rare.
Dans les établissements français de l'Inde il donne un
chiffre de mortalité considérable. A Pondichéry seulement,
ce chiffre s'est élevé en 1880 à 139 pour les nouveau-nés,
et à 14 pour les adultes, tous à la suite de blessures
(Léonard). Ces décès se sont répartis ainsi : 4 en mai,
2 en juillet, 4 en août, ± en septembre, 1 en octobre, 1 en
novembre; c'est-à-dire qu'ils paraissent s'accumuler dans
les mois les plus secs et les plus chauds, les mois frais
(de décembre à mars^ en étant exempts.
En Cochinchine, d après une statistique très bien faite
de M. Lalluyau d'Ormay, on n'en a vu en sept ans (de 1803
à 1870) que 3 cas sur des Européens. Depuis il s'en est
produit tous les deux ans à Saigon 1 cas environ (Jan). Un
très haut fonctionnaire de la Cochinchine a récemment
succombé du tétanos à la suite d'une piqûre de morphine.
Mais il s'en montre plus souvent chez les indigènes, et dans
notre armée au Tonkin la période de guerre en a multiplié
les exemples.
C'est surtout dans les hôpitaux indigènes qu'on le ren-
contre fréquemment, mais il n'en reste aucune trace écrite.
Toujours est-il que l'Indo-Chine est beaucoup plus épargnée
que riudoustan.
Dans l'Amérique du Sud et surtout au Brésil, le tétanos
est commun. Dans le golfe du Mexique, à la Guyane, aux
Antilles, il n'est pas rare non plus, quoiqu'il paraisse y
avoir diminué de fréquence depuis quelques années.
Il y est plus souvent traumatique que spontané, mais
peut cependant survenir chez des gens sains, sans autre
cause apparente qu'un refroidissement.
On constate que les localités et les saisons humides
semblent favoriser l'apparition de cette redoutable affec-
tion.
Aux Antilles comme dans plusieurs régions, on a soin de
distinguer du tétanos des adultes, celui des nouveau-nés,
qui porte le nom de mal-mdchoire et de mémoire d'homme
(1) Vuy. »urloat : Corre, Traité clinique dêt maladies det pays chauds. P^ris, (I) Vny. le r<<cit de ces événements ini<^reisiints dans le Stûtistical report 0
18 >7. — Mlllot, De la nature du tétanos, Thè«o de Montpellier, 1887. I the health ofthenavy for the year 1875, analyse in Arch, méd., noveoibre 1^7*
n'a jamais guéri. Cette variété se montre souvent épiilc-
mique, et dans la saison humide (D*^ Lhoyseau, de la
Guadeloupe).
A la Guyane, ce tétanos des enfants se voit aussi très
souvent, mais M. le docteur Kangé remarque qu'il appa-
raît toujours vers le quatrième jour, au moment de la
chute du cordon. Cette observation, faite déjà par d*(iutre>
médecins, rapproche les cas infantiles dits spontanés do
cas traumatique*.
Du reste ce médecin a traité en deux ans 4 cas iiifaii-
tiles mortels, et 0 cas traumatiques chez des adultes.
En Afrique, sur la côte occidentale, l'affection qui
m'occupe est très commune, et vient compliquer les
plus petits traumatismes, tels qu'injections hypodermiques
de quinine.
Elle survient aussi spontanément chez les nègres par
refroidissement.
Tel médecin qui n'a passé que quelques mois sur celte
côte n pu y voir 15 à 20 cas de tétanos.
A Madagascar aussi, grande fréquence, avec prédilection
marquée pour les nouveau-nés, à quelque race quils
appartiennent.
Enfin en Océanie, aux Marquises, aux Nouvelles-Hébrides,
il est encore commun.
On sait aujourd'hui que les accidents mortels imputés à
des flèches empoisonnées, et qui ont enlevé les deux tiers
des blessés dans les incidents du RosariOy de la PeavL
de VEffie lUecklé, et au moment du massacre de Té-
vèque Patteson, n'étaient que du tétanos (1).
A Taïti (Prat) et en Nouvelle-Calédonie, on le rencontre
moins communément que dans les pays précédemment
cités, mais plus cependant qu'en Europe.* J'ai pu en con-
stater moi-même trois cas traumatiques mortels sur (le>
adultes, et un cas sur un nouveau-né pendant une période
de deux ans dans notre grande colonie pénitentiaire.
B. Races. — Dans cette énumération rapide des loea-
lilés, je n'ai pas parlé des races. C'est une aftirmalioii
déjà ancienne, renouvelée par tous les auteurs, que les
races indigènes des pays tropicaux ou subtropicaux son!
plus exposées au tétanos que les Européens habitant les
mêmes régions. J'avoue que je ne suis pas absolument
convaincu que la race joue dans cette étiologie le rôle
d'un facteur indépendant. Peut-être n'y a-t-il là qu'une
question de. proportionnalité. Il est bien évident en effet
que dans la plupart des pays de nègres, il y a plus de
nègres que de blancs, saui quelques points cependant tels
que Nouméa. Aux Antilles, à Madagascar, dans l'Inde, sur
la côte d'Afrique, la population indigène, relativement
abondante, doit fournir plus de blessés et partant plus de
tétaniques, que le groupe souvent rare des colons et de>
fonctionnaires.
De plus les indigènes de ces contrées négligent tous les
préceptes d'hvgiène, se blessent aux pieds à chaque instant
par suite du défaut de chaussures et ne prennent pas soin
de leurs blessures. Ils couchent souvent sur le sol, et
s'exposent à des refroidissements ou à des contamina-
tions que les blancs savent éviter. Il laut tenir compU'
de tout cela, et réduire de beaucoup Timportance spé-
ciale attribuée à la race.
C. L'influence du climat et des saisons est aussi invo-
quée par la plupart des observateurs. Il est mallieureut
que tantôt ils accusent le froid et tantôt la chaleur, on
que les uns voient dans les vents secs une inlluence nocive,
que les autres n'hésitent pas à attribuer à la saison des
pluies.
Ces observations contradictoires étant faites dans (lf>
régions très diverses, il y a là un certain nombre decir-
^21 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRORGIE — N* 55 - 401
constances locales qu'il faudrait analyser; mais il y a
aussi beaucoup d'idées toutes faites, qu'il est impossible
de concilier.
Sans doute dans les pays chauds, les brusques variations
lie température, la descente imprévue du thermomètre,
la réfrigération par évaporation rapide de la sueur, et'loute
antre cause de refroidissement, jouent en pathologie un
rôle plus actif encore que dans les zones tempérées. Mais
quant au tétanos, je suis convaincu que ces influences sont
purement adjuvantes ou indirectes, et nullement patho-
gènes.
' {A suivre.)
REVUE DES CONGRÈS
Rénnlon des Société* «avaates A Pari».
La section des sciences médicales s'est réunie les là et
13 juin dernier, sous la présidence de M. le docteur Le Roy
de Méricourt. Nous relevons, parmi les communications
faites à celte assemblée, celles qui nous ont paru présenter
le plus grand intérêt.
H. le docteur L. F/orain (d'Orléans) expose ses Recherches sur
l'action de la salive sur les plantes et sur les propriétés phy-
stol giques du suif ocyanate de potassium,
D'après ses expériences, le pouvoir toxique de la salive
humaine sur les végétaux, signalé par M. H. Otiouppe, serait dû
au sulfocyanate de potassium qu'elle renferme normalement.
Certaines graines germent dans la salive pure, d'autres s'y dé-
veloppent avec beaucoup plus de Unteur; mais, quel que soit
l'accroissement de la plante, elle s'étiole et meurt rapidement
lorsque la quantité de salive est suffisante pour fournir à Tab-
sorption du végétal quelques centigrammes de sulfocyanate. Les
mêmes résultats ont été obtenus sur des plantes en germina-
tion et sur des végétaux complètement développés : pieds de
violettes, primevères, etc. Les tiges, feuilles et fleurs des végé-
tiiux intoxiqués ont toujours fourni la réaction caractéristique
des sulfocyanates.
Ce sel, éminemment toxique pour les plantes, peut être
donné à doses assez élevées chez les animaux sans déterminer
d'accidents. M. Florain a pu en faire absorber, par injections
hypodermiques, jusqu'à 50 centigrammes à un lapin, sans que
l'animal en soit incommodé; à 60 centigrammes il se produit
de la diarrhée, et il en faut 1 gramme pour entraîner la mort.
Lui-même en a pris iO centigrammes une première fois, et
^0 centigrammes le lendemain, sans éprouver d'autre malaise
qu'un peu de pesanteur dans la région rénale. Toxique pour
les végétaux, toléré à doses assez élevées par les animaux, il
n'est pas complètement iooffensif, comme Ta indiqué Wœbler.
Normalement contenu dans la salive de l'homme, il semble des-
tiné à enrayer Pintroduction des microbes dans l'organisme, et
il serait intéressant d'étudier, au profit de la thérapeutique,
ses propriétés physiologiques.
— M. le docteur Moreau (de Tours) fait une communication
intitulée : De la contagion du crime et de sa prophtflaxie, et
conclut à la nécessité de faire le silence le plus complet autour
de tous les crimes qui se commettent, ou, s'il faut absolument
en parler, le faire en termes brefs, concis, avec une extrême
réserve. Excellent conseil, s'il en fut! malheureusement l'au-
teur n'indique pas les moyens pratiques à mettre en usage pour
arriver à un résultat.
— M. le docievLT Motnis (d'Angers) lit un travail intitulé : De
l'hérédité de la myopie.
Les opinions les plus contradictoires ont été émises jusqu'ici
sur l'influence héréditaire dans la myopie. Tandis que Querenghi,
Widmarck, Deeren. Knies, la nient absolument, Stranroann
l'admet dans la proportion de 56 pour 100, et Galezowski dans
8J pour 100.
l'ne tell î différence d'appréciation tient à ce qu'on s'est borné
n prendre des renseignements près des jeunes gens directement
examinés. Cette méthode imparfaite ne peut donner de résultats
ju'écis.
En examinant à l'ophthalmoscope les jeuues gens malades et
les membres de leur famille, l'auteur est arrivé aux conclu-
sions suivantes :
1" L'influence héréditaire sur la myopie est manifeste ;
2<> Dans sa statistique, elle existe pour ^16 fiimilles sur 330,
65 pour 100;
3° La myopie héréditaire se distingue de la myopie acquise :
a. par son apparition plus précoce; b. par son "développement
lus rapide; c. par la moyenne plus élevée de son degré ; d. par
es complications plus fréquentes et plus étendues ;
i"* \a myopie est en général transmise par le père à sa fille
(79 pour iOO) et plus sûrement encore par la mère à son
fils (86 pour 100). La myopie héréditaire est donc croisée, au
point de vue sexuel. Nous attirons l'attention sur ce fait remar-
quable, qui n'avait pas été mis en lumière jusqu'ici.
5^ Les principales conditions qui avorisent la transmission
héréditaire sont : a. avant tout, l'application de la vue dans un
milieu hygiénique défavorable, soit à l'école, soit à la maison
paternelle; 6. 1 astigmatisme d'un certain degré (au-<lessus de
0,75), 28 pour 100; c. la microsémie (abaissement de la voûte
orbi taire), 16 pour 100;
&" La conclusion de la démonstration très nette de la myopie
héréditaire dans une proportion élevée (65 jpour 100) doit être
d'imposer à tous ceux qui dirigent l'éducation des enfants une
hygiène oculaire plus rigoureuse tant à l'école qu'à la maison
paternelle.
Si l'on n'y prend ^arde, en effet, la myopie acquise ne restant
pas individuelle, mais eu se transmettant aux descendants, le
danger myopique ne tardera pas à se multiplier et à s'étendre
dans des proportions inquiétantes.
— M. Moulé j délégué de la Société centrale de médecine vé-
térinaire, lit, au nom de M. Nocaid et en son nom, une note
sur un nouveau bacille trouvé sur des viandes qui exhalent une
odeur analogue à celle du beurre rance.
Ce bacille, très mobile, qui exige un grossissement de HOO a
lUCX) diamètres, aflecte des formes diverses; mais il est carac-
térisé par une particularité beaucoup plus mtte après colora-
tion avec le bleu de méthylène. Il semble alors sporulé ou tout
au moins formé d'une série linéaire de points, colorés d'une
façon intense, séparés par des espaces clairs légèrement teintés
de bleu.
Ce bacille, qui se trouve dans le sang, dans la sérosité du
tissu conjonctif et surtout dans le suc du tissu musculaire, n'a
jamais été observé que sur les viandes à odeur de beurre rance,
et cette altération paiait peu fréquente, puisque MM. Nocard et
Moulé ne l'ont observée que i.i fois (15 fois sur le bœuf, vache
ou taureau, 9 fois sur le veau) sur 1790 examens de viandes
saisies.
U n'est pas pathogène, mais il est associé avec d'»utres mi-
crobes extrêmement dangereux, l^es inoculations du sang et du
suc des viandes à odeur de beurre rance déterminent, en eff'et,
en moins de quarante-huit heures, la mort des sujets d'expé-
rience. A l'autopsie, on trouve tantôt les lésions du charbon
symptomatique, tantôt celles de la septicémie; mais toujours
on constate sur le cadavre cette odeur manifeste de beurre
rance.
Il semble que ce bacille ne se développe volontiers qu'au voi-
sinage de ses associés et à la faveur des modifications qu'ils
provoquent dans les tissus.
^ M. le docteur de Montessus appelle l'attention sur la lué^
trite très fréquente chez les jeunes filles. Cette affection, qui a
souvent des formes particulières, est en général produite par la
chlorose. Elle réclame de bonne heure un traitement énergique.
11 sifi^nale deux variétés de métrites auxquelles il donne les
noms de métrites atrophique et métrite spongiforme.
Enfin, après quelques mots sur les métrites hypertrophique
et indurée, il termine par des considérations sur le traitement,
qui ne réclamerait jamais de moyens violents.
— M. Fabre (de Commentrv) fait une communication sur la
pathologie des mineurs. En laissant de côté les traumatismes
et les aU'ections résultant d'accidents (coup d'eau, grisou, etc.),
les maladies auxquelles sont le plus sujets les ouvriers mineurs
se rattachent à quatre groupes :
1® Maladies des voies respiratoires, sous forme d'emuhysème
vésiculaire, bronchites chroniques, dilatation des bronches ;
2" Maladies des voies circulatoires : anémie, hypertrophie
cardiaque, anoxhémie ;
3" Maladies des voies digeslives : dyspepsie, vertige stomacal,
dysenterie, helminthiase ;
m - N» 2^ - GAZETTE HEBDOMADAIHE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
31 Juin 1880
i'' Troubles morbides du côté des organes des sens : surdité
par bouchons cérumineux ; éruptions cutanées (sudoralcs, mi-
liaires^ furoncles, érythèmes, conjonctivites, nystagmus, qui se
rencontre surtout chez les ouvriers travaillant dans des houil-
lôres à couche mince, où Tabatage exige une attitude défec-
tueuse).
— M. le docteur Beauttis, professeur de physiologie a la
Faculté de médecine do Nancy, directeur du laboratoire de
psychologie physiologique à la Sorbonne, lit un travail sur la
mémoire des sensations.
Ces recherches sont la continuation de recherches déjà com-
muniquées à ta Société de psychologie et publiées dans la Revue
philosophique. Elles n'ont fait que confirmer les conclusions
déjà formulées par Tauteur et peuvent se résumer ainsi :
1° La sensation ne disparaît pas graduellement de la con-
science ; le souvenir d'une sensation musculaire, tactile, visuelle,
auditive, ne s'atfaiblit pas graduellement, peu à peu, par dégra-
dations successives ; il s'évanouit brusauement, tout à coup.
Ce phénomène peut être rapproché de celui de la réapparition
du souvenir. Le mot, le nom cherchés vainement, nous sautent
à Tesurit subitement, tout d*un coup.
^ Quand le souvenir de la sensation a ainsi disparu de la
ronscieuce, ce souvenir parait encore à l'état inconscient.
On peut donc établir trois phases dans la disparition du sou-
venir d'une sensation :
«. phase de souvenir conscient; b, phase de souvenir incon-
scient; c. phase d'oubli total.
Ces expériences autorisent à distinguer une mémoire incon-
sciente ou organique et une mémoire consciente ou psychique,
qui se superpose à la première.
3° LVxamen des chilTres et des courbes dressées d'après ces
dûlfres semble indiquer qu'il y a dans la disparition d'un sou-
venir sensitif des alternatives de haut et de bas. La courbe de
disparition du souvenir sensitif (courbe des écarts) présente des
oscillations, des alternatives de réapparition et d'extinction rela-
tives jusqu'à Textinctlon finale du souvenir.
Oans le cours de ces recherches, on a pu vérifier un fait qui
avait déjà été observé par Vierort dans ses expériences sur le
sens de la durée. C'est que nous avons une tendance à aug-
menter les petites quantités (longueurs, durées) et à diminuer
les grandes. On a retrouvé cette même tendance pour les sensa-
tions auditives. Dans ses expériences sur la hauteur des sons,
M. Beaunis avait une tendance à hausser les sons graves et à
baisser les sons aigus.
Les détails sur les procédés expérimentaux employés dans ces
recherches ont été donnés dans la communication orale.
— M. Rieisch, de l'École de médecine et de pharmacie de Mar-
seille, fait en son nom et au nom de M. Uu Bourguet, aide-major
au 1'' régiment de hussards, une communication sur les ulcères
de l'Yémen.
Dans les tubes ensemencés avec un ulcère récent, M. du
Bourguet a trouvé un bacille de longueur assez variable et dont
la largeur n'est pas non plus tout à fait constante; il mesure en
moyenne 1 fx. 5 et est aiors à peu près deux fois plus long que
large. Parfois, il est tellement court qu'on le prendrait prescjne
pour un coccus, ses extrémités étant arrondies.
En gélatine, il forme des colonnes sous forme de taches jau-
nâtres granuleuses, qui prennent bientôt un aspect mamelonné
et liquéfient rapidement le milieu.
Ce bacille se développe encore très bien dans le bouillon, qu'il
trouble uniformément avec un léger dépôt blanc et sans pelli-
cule; dans la gélose, sur laquelle il forme une couche blanche,
cireuse, irisée; mieux encore sur l'agar glycérine et sur le
sérum qui est liquéfié. Sur la pomme de terre, on voit appa-
raître des stries larges, proéminentes, jaunâtres, d'aspect
humide, et au bout de quelques jours, la pomme de terre prend
une teinte brune.
H est décoloré par la méthode de Gram ; jusqu'à présent, on
ne l'a vu ni se mouvoir, ni former des spores.
En inoculation hypodermique, son action est à peu près nulle
sur les pigeons, poules et souris blanches ; chez aeux cobayes,
il a donné une tumeur qui s'est résorbée au bout de quelques
jours. Le lapin est plus sensible : il se forme une poche puru-
lenle dont le pus augmente et qui arrive à s'abcéder.
Les auteurs s'engagent à poursuivre ces recherches, qu'ils
considèrent encore comme incomplètes.
M. Lp Roy de Mrricourt fait remarquer que la désignation
des uffections en utilisant les noms géographiques est nuisible.
Il est fort probable que l'ulcère de l'Yémen, comme Tulcère de
Mozambique, ne constitue qu'une forme de phagédénÎMne. il
pense que M. Rietsch continuera ses recherches si intércssaotps
en recherchant les bacilles de l'ulcère de Mozambique et (ir>
autres ulcères phadégéniciues des pays chauds.
— A la séance de clôture de la réunion des Sociétés savantes,
M. le docteur ds Montessns a été nommé chevalier de la Légion
d'honneur.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Acméénle de médeelne.
SÉANCE DU 18 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. le duclour Céh. Fichot envoie un mémoire manuscrit sur la fièvre typhow.
-endémique .à IHouliM-en^GUberl {li/iivre).
MM. les docteurs Tartière, mcdccin-major de â« classe au 8* rcgimeni H.
hussards, et Sudour, médecin-major de 2* classe au 15* régiment do liffoc, kdns-
scnt des rappo-ts sur let vacctnaliont et lu revaceinalUmt qu'Us ont pratiqua!
en 1888 ISSU.
M. le doclour Durand {BrtUMt) envoie plusieurs mémoires sur les éjfidâmti
NarteiUan {HérauU) et leur prophylaxie.
M. Féréol présent^ do la part de M. le docteur Ca%ali* (d'Aix-les-Batll^), b (d-
duction do l'ouvrage de M. le docteur Garrod (de Londres) sur Vacide urique, >>
phytiologie et tes rapports avic Ut calculs rénaux et la gravelle,
M. Hervieux dépose, au nom de M. le docteur A. Layet (de Bordoituij, " <
Traité pratiqtu de la vaccination animale.
M. IHche présente une Note de VLM. Lajoux et Grandval (de Reims) »\ir In
salycilntes de mercure.
H. Larrey dépose une Histoire des fontaines de Cauterets et des variatioiudf
leur emploi au traitemeni des maladie* chroniques, p.ir M. lo docteir
Lahillontie.
U.Léon Colin présente : l'article Pourriture d'hôpital, par M. le Jou
Chanvel ; Vnrilcle Iris, par MM. les doclciirs Chauvel et A'imtfr, et I jrt '•
Jambe, par M. le docteur !fimier. Ces Irois ^«rlicles sont extraits du Diction)i'i-r>
encyclopédique des sciences médicales.
M. hannelonyue dépose une Nuto de M. le docteur Queirel (de Marseill* -«r
un eat d'absence d^anus et de malformation des organes génitaux.
M. Du jardin- Beaumet% fait hommage d'un ouvrage qu'il vient de publier, at^r
M. Égasse, sur les plantes médicinales itidigénes et exotiques.
Déclaration de vacance. — L'Académie déclare U
vacance d'une place de membre titulaire dans la section de
médecine opératoire, en remplacement de M. Legouesi.
décédé.
Lavage du péritoine. — Il résulte d'expériences faili'>
par M. le docteur Delbet, prosecteur à la Faculté de méde-
cine de Paris, qu'on ueut laver le péritoine avec une
substance toxique sans aanger d'intoxication, pourvu que le
lavage toxique soit précédé d'un lavage avec une solution de
chlorure de sodium à 7 pour 1000 et qu'on débarrasse
ensuite la cavité péritonéale de l'excès de substance toxique.
Ce procédé pourra permettre aux chirurgiens de laver san>
danger le péritoine avec des solutions antiseptiques.
(Renvoi à 1 examen de M. Trélat.)
Diurétiques. — M. Oujardin-Beaumetz a obtenu, par
l'emploi du giycose pur, à la dose de 100 grammes par jour.
des effets diurétiques aussi marqués que ceux qu'a signalés
M. Germain Sée, à la dernière séance, à la suite de l'admi-
nistration de la lactose. Il reste à savoir si, chez les diabé-
tiques, ce médicament, tout en remédiant à la polyuric, ne
pourrait pas déterminer à lui seul une glycosurie pas-
sagère.
Liqueur de Feiïling. — Cette liqueur est encore aujour-
d'hui, d'après les recherches de MM. Yvon et Berlio:, le
réactif le plus rapide et le plus exact pour constater la pré-
sence du sucre dans l'urine, mais son emploi doit être
entouré de quelques précautions. Pour affirmer la présence
du sucre, il ne suffit pas d'obtenir une décoloration jaune
ou rouge de la liqueur cuprique ; il faut obtenir une mluc-
tion caractérisée par la perte de transparence du mélan?*'
et l'apparition d'un précipité d'oxyde qui peut être jaun^»
noir ou rouîre. Un bon moyen pour vérilier qu'il ) •'
n Jum 1889
GAZETTE HEBDOMADAtRE DE MÉDECINE ET DE CfitHUtlGIE
- N» 2S — 403
réellement réduction, consiste à écraser avec le tube la
flamme d'un bec de gaz éclairant; on voit que le liquide est
devenu opaque s'il ne se laisse pas traverser par la lumière
et contient bien un précipité en suspension. — (Renvoi à
Texamen d*uhe Commission composée de MM. A, Robin et
Constantin PauL)
Hygiène de l'enfance, — M. le docteur Ledé commu-
nique les premiers résultats de l'enquête à laauelle il s'est
livré sur la mortalité des enfants originaires de Paris, placés
en nourrice en province. Cette enquête a porté sur
l'année 1885 au cours de lac^uelle 20000 petits Parisiens
environ ont été placés ea province; elle fournit des rensei-
Enements sur 5819 enfants nourris dans l'Aisne, PEure-et-
oir, le Loiret, la Seine-et-Oise et l'Yonne. Sur les enfanls
légitimes d'un à quinze jours, élevés au sein, la mortalité
a été de 25,19 pour 10<') ; elle est montée à 44,52 pour 100
pour les enfanls légitimes élevés au biberon ; à 35,14
pour 100 pour les illégitimes placés au sein et à 39,81
pour 100 pour ceux qui ont été élevés au biberon. D'autre
part, parmi les enfants nourris au sein, 70,56 pour 100
atteignent leur première année, tandis que cette proportion
n'est que de 52,15 pour 100 pour les enfants élevés au bibe-
ron. On voit ainsi combien Papplication de la loi Roussel
a réussi à diminuer la mortalité de tous ces enfants
exportés. D'où la nécessité d'empêcher le plus possible
Pailaitement au biberon et de n'employer tout au moins que
des biberons sans tube. — (Commission de l'hygiène de
renfance.)
Histoire médicale. — M. le docteur Costomiris lit un
mémoire sur les écrits encore inédits des anciens médecins
grecs et sur ceux dont le texte original est perdu, mais existe
en latin ou en arabe. — (Renvoi à l'examen d'une Commis-
sion composée de MM. Panas et Laboulbène,)
— L'ordre du jour de la séance du 25 juin est fixé ainsi
qu'il suit: i° communication de M. Polaillon sur les anes-
Ihésiques; 2" lecture de M. le docteur Goubaud sur le trai-
tement de l'eczéma.
flocl^té médlcalo des bôpKavx.
SÉANCE DU 14 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CADET DE GASSICOURT.
Présentations d'ouvrages : M. Bevestre; M. ▲. Robin. — Lésions
multiples de syphilis tertisdre ohez un enfant : M. D'Heilly. — A
propos de l'empyéme pulsatile : M. Féréol. — Balte de la disous-
sion sur Visolement des maladies contagieuses dans les hôpitaux
d'enlants : MM. Comby, Legroux, Féréol, Richard, Gaucher, E.
Labbé, Sevestre, Cadet de Oassioourt.
M. Sevestre dépose sur le bureau ses Études de clinique
infantile^ dans lesquelles il a traité de la syphilis hérédi-
taire précoce, de la laryngite syphilitique, de la broncho-
pneumonie par infection intestinale, et de la prophylaxie
de la rougeole et de la diphthérie à l'hospice des Enfants
assistés.
M. A. Robin fait hommage à la Société de son rapport à
l'Académie de médecine sur les Eaux minérales pour l'an-
née 1888. Il signale les travaux scientifiques entrepris à
son instigation par plusieurs médecins des stations ther-
males, et en particulier les recherches du docteur Bardet
sur l'action des eaux d'Evian sur la^ nutrition : ces eaux,
fiiciles à digérer, sont très diurétiques quand le rein est
sain ; elles sont assez peu minéralisées pour ne pas modifier
la réaction de l'urine j enfin elles augmentent la quantité
d'urée excrétée, en activant les mutations organiques chez
un sujet mis au régime d'entretien.
'- M. D'Heilly présente une petite fille de quatorze ans,
qui offre des lésions multiples de syphilis tertiaire : nez en
encoche, destruction de la luette, dents permanentes mal
plantées, mais sans aspect caractéristique, gros foie, exos-
toses diverses, et en particulier déformation classic[ue des
tibias dite en foureau de sabre. Elle n'a eu ni surdité pro-
fonde, ni kératite interstitielle. Toutes ces lésions, accom-
pagnées de douleurs atroces, ont évolué entre neuf et treize
ans. Elle présente un aspect manifeste d'infantilisme. Les
renseignements fournis par la mère ne présentent aucune
valeur, si bien ijue M. D'Heilly ne peut affirmer s'il s'agit
de syphilis acquise ou de syphilis héréditaire.
— M. Féréol présente un malade ayant subi, il y a cinq
ans, l'opération d'Estlander pour un empyème pulsatile, et
qui, après avoir obtenu une guérison complète durant cinq
années a vu, au mois d'octobre dernier, réapparaître une
fistule intercostale. Cette fistule, assez étroite, semble se
diriger perpendiculairement à la surface thoracique; l'in-
jection ne réussit à faire pénétrer que 20 à 30 grammes de
liquide. Le malade n'est pas tuberculeux, mais il est actuel-
lement assez fortement albuminurique, ce qui fait hésiter à
tenter une nouvelle opération. A ce propos, M. Féréol
revient sur les diverses théories invoquées pour expliquer
le phénomène de l'empyèmô pulsatile et pense, ainsi qu'il
l'a dit déjà antérieurement que, dans bien des cas, c'est à
un pneumothorax fermé, latent, qu'est dû le renforcement
des pulsations transmises au liquid"e par le cœur. Dans les
autres cas, où il n'existe pas de pneumothorax, l'explication
est plus difficile; sans doute, le poumon refoulé, mais non
atéleotasié, et isolé par des adhérences, renferme assez d'air
pourjouer dans la cage thoracique le même rôle que l'épan-
chement gazeux du pneumothorax.
— M. Comby donne lecture d'une note qui lui est per-
sonelle, puis d'une autre note adressée par M. Legroux et
qui, toutes deux,étayées sur des arguments d'ordre scienti-
fique, aboutissent à cette conclusion que la scarlatine est
plus grave, plus dangereuse que la coqueluche et mérite
plus encore des mesures d'isolement que cette dernière.
Une discussion, à laquelle prennent part MM. Féréol,
Sevestre, Richard, Gaucher, É. Labbé, s'engage à ce pro-
pos, pour établir si la scarlatine est plus ou moins redou-
table et meurtrière que la coqueluche. M. Cadet de Gassi-
court hii observer que cette question théorique peut être
fort intéressante, mais sort du débat soumis à la Société;
il s'agit, en effet, de déterminer les mesures pratiques
d'isolement dans les hôpitaux d'enfants.
Après un court échange d'opinions, il est décidé que la
Commission demandera un pavillon d'isolement pour la
coqueluche dans chaque hôpital d'enfants, et émettra le vœu
de la création ultérieure d un hôpital spécial alTecté à 1 iso-
lement des coqueluchenx.
Société de chirurgie.
SÉANCE DU 12 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Extirpation des anèTrysmes : M. Sellier (de Laval); M. Trèlat, rap-
porteur (Dlsousslon : MM. Champlonnière, Desprës. Terrier). —
Traitement des my ornes utérins par l'électrloltè : MM. BoulUy,
SobwarU, Kirmlssson» Segond. Le Dentu.
M. Trélat fait un rapport sur une observation A^extirpa-
tion d'anévrysme de l humérale par M. Sellier (de Laval).
L'opéralion a été faite sur une femme qui en \SM eut une
plaie de l'humérale traitée par la compression et vit se
développer ensuite un anévrysme qui dans les derniers
temps augmenta avec rapidité, causa des névralgies intenses
et menaça de s'ouvrir. M. Sellier fit alors l'extirpation,
après ligature de l'humérale entre le sac et l'aisselle. Une
partie du sac adhérait au nerf médian et fut laissée en
404 - N« 25 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET lE CHIRURGIE
2i Juin 1889
place. Les ligatures ont été faites au fil de chanvre et sont
tombées le huitième et le trentième jour. Il y a eu une
suppuration modérée, et la malade a guéri, avec de Ta-
trophie du bras et de Tavant-bras il est vrai, car la cica-
trisation est un peu vicieuse. M. Trclat connaît quatre
observations analogues. La première date de 1G99, elle est
due à Purmann, pour un anévrysme du pli du coude. Les
autres sont de Roux (1817), Chapel de Saint-Malo (1854)
et Scriba (1885). M. Trélat se déclare, en principe, partisan
de ces interventions. Il ne croit pas utile de faire une liga-
ture préalable au-dessus, et surtout il pense que dans les
opérations de ce genre il faut être d'une antisepsie rigou-
reuse pour assurer la réunion immédiate. Les cicatrices
ainsi obtenues sont en eiïet, et de beaucoup, les mieux
tolérées. Mais Tobservation de M. Sellier, malgré ces légères
critiques, démontre qu*on peut rendre ainsi aux malades
un service signalé.
M. Lucas-Championnière ne se refuse pas îi admettre
Textirpalion des anévrysmes, mais tient à affirmer que ce
n'est pas de la chirurgie de tout le monde. Une antisepsie
absolue y est indispensable,etM. Sellier, n'étant sans doule
pas à même de la réaliser, eût probablement mieux fait de
s en tenir à une opération plus simple.
M. Després rappelle qu'il y a quinze ans déjà la Société
a discuté celte question et conclu à l'extirpation des petits
anévrysmes de la tête, de la main; et à cette époque on ne
parlait pas d'antisepsie.
M. Terrier est partisan, en principe, de l'extirpation. Il
pense que, pour juger la méthode, il faut avant tout faire
table rase des observations anciennes et attendre d'avoir
en nombre suffisant des opérations antiseptiques.
M. Trélat insiste sur ce dernier point. On ne peut avoir
pour le moment que des tendances : la méthode n'a pas
encore fait ses premières dents. M. Trélat remercie
M. Championnière d'avoir une fois de plus combattu devant
ses collègues le combat de l'antisepsie. Ses critiques sem-
blent cependant pxa<;érées. La vie était menacée chez la
femme opérée par M. Sellier, et l'extirpation, faite pour ainsi
dire d'urgence, a sauvegardé la vie. Donc M. Sellier a bien
agi. De là à prétendre que sa conduite a été idéale, qu'il
a bien fait de ne point se servir de catgut, que la suppu-
ration de la plaie est désirable, il y a loin. M. Trélat,
d'ailleurs, avant M. Championnière, avait fait ces quelques
réserves.
— M. Bouilly, reprenant la discussion sur le traitement
des myomes utérins par rélectricitéj s'associe aux réserves
prudentes de M. Championnière. Les résultats en somme
sont purement symplomatiques et non pas réellement
curatifs. Aussi, avant de se prononcer, faut-il tenir compte
de l'évolution naturelle des fibromes. Une femme qui en
est atteinte a, spontanément, des périodes d'exacerbation
et d'autres au contraire d'accalmie sans qu'on sache pour-
quoi. Ces variations peuvent fort bien induire en erreur sur
la valeur d'un traitement quelconque. Comme l'a dit
M. Championnière, ces phénomènes s'observent surtout
vers la ménopause, et lorsque alors le traitement chirurgical
n'est pas indiqué, il faut savoir qu'on a des améliorations
évidentes par les injections chaudes et prolongées, le
repos, les narcotiques, les médications internes "diverses.
Et d'ailleurs il ne faudrait pas exagérer les bénéfices du
traitement électrique. M. Bouilly a soigné quatre femmes
qui avaient été soumises auparavant à ce traitement : elles
avaient été améliorées, mais la récidive ne s'était pas fait
attendre. Il est vrai que ces cas de rebut ne peuvent pas
autoriser une condamnation : aucune méthode n'est infail-
lible. Ils ordonnent seulement de ne pas se prononcer à la
hâte. Au reste, M. Bouilly, avec le concours de M. Danion,
a soumis à rélcctrisalion une femme atteinte de douleurs
et de compression rectale à la suite d'un Gbrome compliqut'
de paramétrite. L'électrode positive a été mise sur uih>
tumeur saillante dans le cul-de-sac postérieur, et il faut
convenir que le résultat a été fort satisfaisant.
M. Schirartz communique une observation. Un fibrome
gros comme une tète d'enfant, saillant sur la paroi aiilê-
rieure du vagin, causait avec intensité des douleurs, de^
inétrorrhagies, de la compression vésicale. On avait épuise
toutes les méthodes bénignes et l'on proposait l'hyslérer-
tomie lorsque M. Scinvartz fit appeler M. Apostoli. Oix-lmii
séances furent faites, tous les deux ou trois jours. Elles du-
raient cinq minutes et l'intensité, débutant par 60 inilliam-
pères, arriva à iOO, 130. Quelques-unes ont été doulou-
reuses. Mais au bout de deux mois les accidents avaient
cessé et la tumeur avait certainement diminué. Depoisjr
résultat s'est maintenu.
M. Kirmissony lui aussi, se borne à relater un (itit.
observé sur une femme de quarante-huit ans, chez laquelle
un fibrome remontant jusqu'à l'épigastre causait des duu-
leurs, des troubles digestifs, de la dyspnée. Le volume élaii
I tel qu'une opération eût été dangereuse. L'éleclrisalion
fut donc entreprise par M. Apostoli : en quatre mois, dis-
huit séances où furents atteints 150, 180, 200 milliampère>.
Uuoi qu'en dise l'auteur de la méthode, il y a eu parfois dl^
souffrances, mais il est certain que ramélioralion symplo-
matique est notable. La tumeur a diminué, mais peu.
M. Segond pense, comme M. Bouilly, que l'éleclrisalion
est bonne faute de mieux. Il y a des fibromes mortels de>
qu'on y touche; on sera heureux de pouvoir leur opposer
quelque chose de plus efficace que les compresses saleté
sur le ventre. Des femmes infirmes récupèrent ainsi une
validité suffisante. Aussi dans un cas de ce genre M. Se{;onil
a-l-il convié M. Apostoli pour une femme de quarante-sept
ans qu'un fibrome monstrueux rendait infirme, par de5
pertes, des poussées de péritonite et d'obstruction inle>-
tinale, si bien qu'elle voulait se le faire extirper; maiscVùt
sans doute été la mort. Vingt-deux séances, où TinteuMle
a fini par atteindre 230 milliampères, ont été suppotlees
sans trop de douleurs et aujourd'hui l'amélioration fuiio-
tionnelle est merveilleuse. Le fibrome est toujours gros.
mais il a diminué. On continue d'ailleurs le traitement,
car, comme le dit M. Championnière, la persistance e5t|
indispensable.
M. Le Dentu vient avec deux observations, où il a appliqué
la méthode sans le secours d'un spécialiste. La première
date de mars 1885 et cette ancienneté a quelque valeur
dans les conditions de la discussion actuelle. Le filiroinej
enclavé dans le bassin, comprimait le rcQtum. L'éleclroie,
abdominale fut une armature en métal et en peau. De imrs\
à décembre 1885, quatre-vingt et une séances furent filles
et l'intensité arriva à 180 milliampères. L'amélioration fut
considérable, mais les fibromes, très durs, diminuèrent pel
de volume. Dix-sept séances furent pratiquées en IHHIi.
Depuis, le résultat s est maintenu. Il n en est pas do même
pour la seconde malade, soignéeen juin 1887. Les fibromes
de la variété molle,- ont d'abord diminué de volume p'H'
dant les dix-huit premières séances, échelonnées en de"*
mois. On n'a jamais pu dépasser 50 milliampères, et encoi*
à la fin il a fallu descendre à 35, à 30. Mais pendant una
absence de M. Le Denlu le traitement a été confié à ua
autre médecin et la itfalade n'a bientôt plus pu le tolémv
El M. Le Dentn, à son retour, a essayé de nouveau, mais
sans succès. C'est donc là un échec, mais il est probable
qu'une technique plus parfaite l'eût évité. M. Le Denlu. «''i
avril 188U, a adressé à \l. Apostoli une malade qui s'eiu^l
très bien trouvée.
A. BnocA.
21 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ N<» 25 — 405
Soelété de biologie.
SÉANCE DU 15 JUIN 1889. -- PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD.
Troubles du système nerveux dépendant d'excitations auditives :
M. Oellé. — Présentation d'ouvrages : M. Ch. Richec — Sur le
passage de la bactéridie oharboaneuse de la mère an foetus :
M. Straus.— Variations de la température centrale par suggestion :
MM. Helliob et Mares. — Influence des testicules sur les fonctions
vitales en général : M. Bro-wrn-Séquard. — Sur une soi-disant
sauterelle : M. Giard. — De la conservation des viandes par le
froid : M. Poucbet.
M. Gellé a observé plusieurs personnes qui, se servant
beaucoup du téléphone, ont au bout d'nn temps plus ou
moins long présenté des troubles divers du système ner-
veux : bourdonnements d'oreilles, état vertigineux, fatigue
inlellectuellc, épuisement général. Ainsi des excitations
auditives continues peuvent donner lieu à des désordres
variés du système nerveux.
— - M. Ch. Richet offre à la Société, de la part de
M. A. Bottard^ sa thèse de doctorat en médecine, intitulée :
Lrs poissons venimevx, qui constitue sur la question une
monographie étendue et tiès soignée.
M. Bichet présente en outre le livre qu'il vient de publier
sur la Chaleur animale.
— M. Straus montre par des documents et textes précis
qu'une réclamation de priorité, relative à la question de la
transmission de la bactéridie charbonneuse de ta mère au
fœtus, réclamation faite par M. Perroncito (de Turin), nVst
absolument pas fondée ; la découverte de ce fait est réelle-
ment due à MM. Chamberland et Straus.
— M. Blanchard présente une note de MM. Hellich et
Murés (de Prague) qui ont déterminé, par suggestion, chez
(les hystériques hypnotisés, des variations de la tempéra-
ture centrale, élévation et abaissement de celle tempé-
rature.
— M. Brown-Séquard poursuit ses expériences sur les
résultats des injections d'extrait du testicule; il continue à
observer les effets qu'il a récemment signalés, augmentation
de la force musculaire générale, accroissement de la vigueur
intellectuelle, etc.
— M. Giard décrit un insecte dont on a signalé derniè-
rement le passage en grandes bandes dans le département
du Nord et qu'on a pris pour une sauterelle ou un criquet ;
c'est en réalité une libellule.
-^ M. Pouchet a constaté (jue la viande conservée par le
froid a gardé toutes ses propriétés alimentaires et n'a acquis
aucune mauvaise odeur ni goût désagréable. Au point de vue
histologique, le tissu musculaire otfre certaines particula-
rités : c'est ainsi que les stries des fibrilles ne se voient
plus, si on plonge le tissu dans l'alcool alors qu'il est
enr.oregelé; mais si on a fait préalablement dégeler la
viande, les stries se voient très bien.
Société de ihérApcuiliiae.
SÉANCE DU <2 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNi:!.
Fin de la discussion sur le traitement de la diphthèrle (lettre de
M. Comby). — Dyspnée toxique dans les cardiopathies artérielles,
son traitement: M. Huchard (Discussion: MM. Gatillon, Moutard-
Martin. Vigier. Bolmont, Cadet de Oasslcouit). — Valeur et indi>
cations thérapeutiques du veratrum viride : M. Liégeois (de Bain>
▼ille-aux-8aules).
M. le Président donne lecture d'une lettre adressée par
H. Comby, relative à la discussion sur le traitement de la
iiiphtbérie et dans laquelle Tauteur déclare que sur
7530 consultations données au dispensaire de la Villette, il
n'a pas été observé plus de 10 cas de diphthérie, alors que
les angines s*y comptent par centaines. Sur ce nombi^, la
moyenne des diphtbéritiques qui guérissent est seulement
d'un sur trois. En conséquence, M. Comby se rallie aux con-
clusions de M. Cadet de Gassicourl.
— M. Huchard lit un travail intitulé : De la dyspnée
toxique dans les cardiopathies artérielles et de son trai-
tement. Il cite l'observation d'un homme de cinquante ans,
descendant de goutteux et artério-scléreux lui- même, qui
présentait depuis trois ans un souffle intense à la pointe
four lequel on avait fait un diagnostic d'insuffisance mitrale.
our M. Huchard, au contraire, il s'agissait seulement de
rugosités mitrales chez un arlério-scléreux. Dans le cours
de la deuxième année de la maladie, attaques de dyspnée
intense, dyspnée d'effort; la digitale, prescrite alors par les
médecins traitants, ne fit qu'aggï'aver les accidents.
M. Huchard, trouvant chez le malade un cœur gros, un foie
normal, pas de râles dans les poumons, ni d'albuminurie,
des artères dures, un retentissement caractéristique au
niveau de l'aorte et une hypertension artérielle manifeste,
conclut de nouveau à une cardiopathie artérielle, en un
mot à une artériosclérose, propagée aux artères coro-
naires et ayant amené une sclérose du cœur. Pour lui,
dès lors, les accidents dyspnéiques résultaient d'une
inloxicaiion par insuffisance rénale (imperméabilité du
rein) entravant l'élimination des substances toxiques intro-
duites ou fabriquées dans l'organisme. Pour les cas sem-
blables, M. Huchard propose le traitement suivant: l"* au
moment des crises de dyspnée, régime lacté exclusif (qui,
chez son malade, fit cesser en quarante-huit heures les
accidents de dyspnée) ; 2** lorsque les malades peuvent
recevoir une alimentation plus ordinaire, régime lacté
mitigé, potages au lait, avec œufs bien cuits (les œufs crus
pouvant donner de l'albuminurie) ; 3* plus tard, régime
végétarien et permettre les viandes seulement en petite
quantité et bien cuites. En un mot, éviter d'introduire dans
I organisme les aliments contenant des ptomalnes, tels que
bouillons, potages gras, viandes incomplètement cuites,
poisson. Le régime végétarien entrave le développement
de l'arlério-sclérose ; la rareté de cette maladie chez les
paysans qui mangent peu de viande, en est un témoignage.
Dans la discussion qui suit celte communication, M. Ca-
tillon objecte que l'albumine introduite par des voies
digeslives ne produit pas l'albuminurie. Dans les expé-
riences de Cl. Bernard, invoquées par M. Huchard, l'albu-
mine était injectée dans les tissus. — M. Moutard-Martin dit
avoir vu un malade atteint d'affection de l'estomëc qui , depu is
cinq ans, se nourrissait exclusivement avec dix-huit œufs
crus parjour, sans être albuminurique. — M. Vigier déchro
(lu'on doit avoir tout avantage à donner les œufs crus,
I albumine cuite mettant beaucoup plus longtemps à se
peptoniser que celle qui ne l'est pas. — M. Cadet de Gassi-
courl fait remarquer que les enfants chez lesquels le
régime lacté absolu ne peut être maintenu, digèrent parfai-
tement les œufs à la coque très peu cuits, en lait.
— M. Huchard lit au nom de M. Liégeois (de Bainville-
aux- Saules) un mémoire intitulé: Valeur et indications
thérapeutiques du veratrum viride. Avec le rhizome de
cette niante, on fait une teinture au quart, dont on donne
X à XaX gouttes en vingt-quatre heures. C'est un cardio-
hypokinésique. Il agit comme artério-dépresseur, antither-
inique, nervin, sédativo-réflexe (comme Tanlipyrine et la
phénacétine), diurétique; enfin, il augmente la sécrétion
salivaire. Ses propriétés ont permis de l'employer avanta-
geusement dans les affections cardio-vasculaires, surtout
contre les palpitations, les arythmies, soit d'origine
fonctionnelle avec hypertension artérielle, soit d'origine
valvulaire (dans la période d'hypersystolie), soit d'ori-
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
21 Juin 1889
gine scléreuse (à la première période). — Dans la maladie
de Basedow, il a amendé les phénomènes cardio-vascu-
laires, il diminue les palpitations de la puberlé (sans
hypertrophie cardiaque), de la neurasthénie, de la mé-
nopause, etc. Celle substance ne présente, chez les car-
diaques, aucun des inconvénients de la véralrine. Comme
antithermique, Nelson Ta donné à la dose de I à II gouttes
dans la fièvre typhoïde. Comme nervin, on le donnait aux
choréiques avant de connaître Tantipyrine. Aujourd'hui,
Fauteur l'associe à celte dernière dans le traitement des
chorées avec cœur hyperkinésique. Ce médicament agit
aussi favorablement sur le tremblement de la maladie do
Basedow, suspend les convulsions et diminue les pulsations
cardiaques dans l'éclampsie puerpérale. Dans un cas, il a
fait cesser une névralgie intercostale.
M. Vigier fait remarquer que la teinture de veratrum
viride doit être faite non pas au quart, mais au cinquième
(formule du Codex).
M. Uuchard a employé aussi avec succès le veratrum
viride et croit à ses oons effets dans la maladie de Basedow
et dans les cas d'hypertension artérielle.
M. Du Bousquet fait observer que ce médicament a été
déjà employé par Ferris (de Brest) dans les Iremblements.
— M. yi'gfiVr fait une communication: 1' sur la façon dont
doit êlre formulée la pommade mucilagineuse avec gomme
adragantc (voy. Gazette hebdomadaire, n'' 18, 1889); 2^ sur
une formule au baume de Tolu (voy. Gazelle hebdomadaire^
n^ 23, 1880).
— M. Uuchard^ pour éviter le trouble qui se forme dans
les potions et les vins à l'extrait de quinquina, propose d'y
ajouter de la glycérine, qui remédie à cet inconvénjenl.
Georges Baudouin.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIÛUE.
ne raetlon *n(«sonli»te de la pleroloxine el de la nior-
phine, par M. BoKAt. — D'après cet observateur, la picrotoxine
sprail Tantidote de la morphine, (ielle-ci, dit-il, paralyse les
centres nerveux respiratoires. Celle-là augmente leur excitabi-
lité. De plus, dans Fintoxication morphinique, la pression san-
guine est abaissée, tandis que par raclinn de lapicrotoxine elle
est augmentée. Ce sont là des effets antagonistes. Il en est de
même encore de Taction sur Tinnervation centrale.
Enfin, autre application pratique, M. Bokai propose de sub-
stituer la picrotoxine aux préparations de noix vomique pour
combattre l'asphyxie par le chloroforme. (Jnlernat. klinische
Rfinrf., 29 janvier 1889.)
Quclqueii oliiicrvatloiiii sur le tr«tlteinent de la phllilnie
par roBone, par M. le docteur A. RANSOiME. — La méthode de
l'auteur consiste à inhaler le gaz conlenu dans des cylindres
renfermant chacun 7 litres d'oxygène ozone à 9 pour 100 el
soumis à uno pression de G à 8 kilogrammes. Simultanément
il prescrit riodoforme en pilules et l'huile de foie de morue.
Trente cas furent traités par cette méthode C'étaient ceux de
phlhisiqucs de divers degrés. Tous ces malades augmenteront
de poids el accusèrent une diminution de la fièvre el des sueurs
nocturnes. Cependant aucun changement de Tctat local ne fut
noté el les signes physiques n'étaient pas modifiés, malgré
l'amélioration de l'élat général. Quotidiennement, chaque ma-
lade inhalait trois fois le contenu gazeux d'un à quatre cylindres.
{Thcmed. Chronicle, avril 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
Ito la profhèae imaiédiate appliquée A la réaeetloB dea
maxlllalrea, rhlnoplaatle avec appareil proihéilqvie
permaneni, reatauratlon de la/ace, etc., par M. Ci«tudf
Martin, médecin dentiste de THcoledu service de santf
militaire; avec une préface de M. le professeur Ollikh.
membre correspondant de rinstitut. ^30 figures dans 1»-
texte. — Paris, G. Masson, 1889.
Depuis une quinzaine d'années déjà, M. Claude Martin
s'occupe avec persistance et avec succès de tout ce qui cou-
cerne la prothèse faciale, de tout ce qui, dans la chirurgie
des maxillaires, est du ressort de la mécanique. C'est ainsi
Ju'ily a quelques mois nous lisions un intéressant mémoiri»
e lui sur des appareils destinés à fixer en bonne position
les fragments du maxillaire inférieur fracturé.
Aujourd'hui encore, dans le livre que nous analysons, il
s'agit de faits qui concernent au plus haut degré le chirur-
gien et qui, pour la plupart des Parisiens, au moins, ont le
mérite de la nouveauté. Car, à Lyon, la méthode que
M. Martin expose maintenant dans ses détails est connue et
appréciée de tous les maîtres de la chirurgie : Letiévant,
Ollier, Poucet, Gayet y ont eu recours et n'ont eu qu'à s'en
louer. Passons donc sous silence, malgré leur importance,
les descriptions de certains appareils spéciaux pour re-
dresser les nez effondrés ou aplatis; de nez en céramique
s'appliquant sans lunettes; d'obturateurs perfectionnés pour
suppléer au voile du palais absent. C'est de la résection
des maxillaires et de la rhinoplastie que nous désirons dire
quelques mots.
Après les pertes de substance accidentelles ou chirurgi-
cales du maxillaire inférieur, les accidents immédiats sont
sérieux. La langue tend à se renverser dans le pharynx, la
salive s'écoule sans cesse, la mastication est impossi&le. Et
plus tard, la mastication, la phonation restent défec-
tueuses, en même temps que la rétraction cicatricielle laisse
des déviations qui, non seulement offensent l'esthétique,
mais encore sont la cause de lésions pathologiques, de par
les dents qui viennent blesser les parties molles de la mâ-
choire supérieure ou de la joue. Lorsque l'on a enlevé le
maxillaire supérieur, la beauté du sujet souffre plus que
les fonctions ; mais elle souffre dans des proportions sé-
rieuses. Aussi a-t*on depuis longtemps demandé à la pro-
thèse des restaurations que l'auloplastie était impuissante
à fournir. Sans doute, on n'a malheureusement que peu
d'occasions de s'en servir dans la pratique civile; les résec-
tions étendues n'ont que trop souvent pour cause des néo-
plasmes dont la récidive survient à brève échéance. Mais il
y a des néoplasmes bénins, des nécroses. Et surtout eu
chirurgie d'armée les pertes de substance sont fréquente-
et graves. N'est-ce pas à Larrey père et fils, Bégin, Le-
gouest, Chavasse, Dardignac, elc, que nous devons d'im-
portants travaux sur ce point?
Il est incontestable aue la prothèse classique peut rendre
de grands services. Elle a toutefois un grave inconvénient.
La pièce artificielle est appliquée une fois la cicatrisation
achevée, lorsque déjà la rétraction inodulaire a agi. Les
parties correspondantes de la face restent donc toujours
plus ou moins affaissées, et le résultat plastique laisse à
désirer. Ce défaut disparaît avec la méthode de M. Martin.
Avant l'opération, un moule des parties est pris etune pièce
est construite, qui a sensiblement les dimensions de la
portion osseuse à retrancher; un peu plus, toutefois, car
souvent le chirurgien doit aller plus loin qu'il ne le pensait
à l'avance, et une fois la brèche faite il est aisé de dimi-
nuer la pièce pour l'adapter à la cavité. Elle est destinée,
en efl'et, à être mise immédiatement dans la perte de sub-
stance. La pose est un temps de l'opération, temps inter-
médiaire à la résection osseuse et à la suture des parties
21 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— K» 25 — 407
molles : on voit à quel point cela devient un acte chirurgi-
cal. Une fois en place, la pièce de prothèse immédiate est
fixée par des vis, des crochets, des pointes métalliques aux
dents et aux parties restantes de la mâchoire. Elle est en
r plusieurs morceaux, ajustés ensemble, en sorte qu'on peut
a retirer facilement lorsque, la cicatrisation étant termi-
née, on applique la pièce de prothèse définitive.
Nous n'insisterons pas davantage sur celle-ci; mais il nous
fautrevenirâurlapièce de prothèse immédiate. Ne peut-on pas
craindre a priori que le corps étranger ne soit pas supporté
Fardes tissus cruentés, destinés à la réunion immédiate?
1 n'en est rien si on emploie une substance imputrescible
et non irritante, et si Ton creuse la pièce d'une canalisation
destinée à permettre d'éviter, par des irrigations, toute
stagnation seplique. C'est ce que M. Martin a réalisé par
des" appareils en caoutchouc durci, et l'événement a prouvé
que son idée était juste.
Ces pièces sont fort bien tolérées; elles s'opposent à la
rétraction cicatricielle, et le résullatdéfinilif est aussi satis-
faisant que possible.
On peut aller plus loin encore et laisser sous des lam-
beaux une charpente artificielle qui restera pour toujours
en place. C'est à la rhînoplastie que M. Martin s'est adressé
de la sorte, et dès 1878 Letiévant faisait connaître celte
méthode, en montrant avec netteté qu'elle seule peut
parer à la rétraction qui, dans tous les procédés classiques,
ne tarde pas à transformer en moignons informes les nez
dont la reconstitution avait semblé, dès l'abord, parfaite.
Depuis, M. Poncet a publié un fait semblable. Nous en
trouvons d'autres dans le livre de M. Martin. Il est, en
sonnme, prouvé que cette carcasse métallique légère peut,
sans inconvénient, rester fichée dans les os voisins pendant
plusieurs années.
C'est pendant plusieurs années, en effet, que M. Martin
a suivi les malades dont l'observation sert de base à son
livre. La publication de oes faits a été, de parti pris, tar-
dive, pour que les résultats pussent être considérés comme
définitifs. On ne saurait faire l'objection qu'il s'agit de
résultats simplement opératoires dont l'avenir démentira
les promesses. D'autre part, c'est entre les mains des repré-
sentants les plus autorisés de l'Ecole de Lyon que cette
méthode a fait ses preuves. Elle mérite donc une attention
des plus sérieuses; d'autant plus que le livre de M. Martin
expose avec précision tous les détails relatifs à la technique
de la construction des pièces, et que de nombreuses figures
font comprendre sans peine le mode de constitution des
principaux modèles. Chaque chirurgien pourra donc, avec
1 aide d'un spécialiste pour la fabrication des pièces, essayer
de ces procédés, qui semblent constituer un véritable pro-
grès.
A. Broca.
Pelle atlas photo^raphlciue du syiitèiiie nerveux, par Itt
docteur J. Luys, membre de l'Académie de médecine,
médecin de rhflrpital de la Charité. Première partie : Le
cerveau, avec 24 héliogravures. 1 vol. in-16, cartonné à
l'anglaise. — Paris, 1888, J.-B. Baillière et fils.
Les premiers travaux de M. J. Luys sur le système ner-
veux remontent à plus d'un quart de siècle. C'est en 181)5
que ce savant maître publiait ses Recherches sur le système
nerveux cérébro-spinal, sa structure, ses fonctions et ses
maladies. Cet ouvrage fit époque dans la science. Sans
doute, tous les problèmes qui y sont abordés n'y sont pas
dénnitivement résolus; une place très large y est faite à
l'hypothèse et à des explications prématurées; mais ces
explications et ces hypothèses spiit indispensables lorsqu'on
veut présenter un corps de doctrine sur un sujet contro-
versé et qu'on s'attache moins à l'étude des détails qu'à un
travail d'ensemble.
Les critiques les plus vives faites aux idées de M. Luys
s'adressaient à ses conceptions sur l'anatomie du système
nerveux; on les accusait de subjectivisme. Il y répondit, en
1873, par son Iconographie photographique du système
nerveux, œuvre d'une originalité incontestable, fruit de
recherches longues et patientes, qui, au regret d'un grand
nombre de travailleurs, ne pouvait guère être consultée
que dans les bibliothèqups. En en publiant la réduction
que nous annonçons à nos lecteurs, il rend un réel service,
puisqu'il fournit « aux étudiants, aussi bien Qu'aux médecins
anatomo-pathologistes, un procédé d'études pratique et
indiscutable, un véritable vade-mecum qui leur permît,
soit à l'amphithéâtre de dissection, soit à la salle d'autopsie
de l'hôpital, de reconnaître immédiatement, en présence
d'une région spéciale du cerveau, l'endroit précis où ils se
trouvent, leur fournissant ainsi une bonne carte de la topo-
graphie centrale destinée à préciser leurs recherches »
(p. 1).
On connaît le procédé de recherches de M. Luys : il con-
siste en coupes méthodiques du cerveau, soit dans le sens
horizontal, soit dans le sens vertical ; si l'on étudie ces dif-
férentes tranches successives, soit sur nature, soit sur leur
reproduction photographique, on peut voir « se dérouler
devant les yeux, en images fidèles, les différents aspects
sous lesquels se présente la masse encéphalique à mesure
qu'on l'attaque, soit de bas en haut, soit d'avant en arrière.
On peut ainsi suivre la marche des fibres blanches dans
leur direction, dans leurs rapports les uns avec les autres
et jusque dans les noyaux gris centraux n.
Dans son nouvel atlas, composé de vingt-quatre planches,
il est facile de se rendre, un compte exact de la morphologie
de l'écorce cérébrale, puis de la construction et des rap-
ports des noyaux opto-striés. Quant à la substance blanche
des lobes cérébraux, on sait que M. Luys la considère comme
constituée par deux systèmes de fibres, les unes conver-
gentes et les autres commissurantes : les premières,
«r nées de l'intimité de différents départements de l'écorce,
se dirigent vers les régions centrales du névraxe pour se
distribuer, les unes dans la masse de la couche optique, les
autres dans celle du corps strié, les autres dans les noyaux
gris sous-thalamiques »; les secondes sont destinées à
associer entre elles des régions éloignées de l'écorce céré-
brale. Grâce à des coupes heureuses du cerveau, repro-
duites avec succès par la photographie, il est possible d étu-
dier la marche et la direction de ces deux systèmes de
fibres, et de contrôler l'exactitude de la description donnée
par l'auteur.
Ses recherches ont amené M. Luys à donner du cerveau
la formule synthétique suivante : c Le cerveau est l'en-
semble des plis de l'écorce de chaque lobe reliés d'un côté
à l'autre ^fibres commissurantes) et reliés aux noyaux cen-
traux thalamo-striés et aux noyaux sous-thalamiques (fibres
blanches, cortico-thalamiques, cortico-striées, cortico-sous-
thalamiques). i^
C'est à ces noyaux centraux, à la substance grise des ré-
gions centrales, qu'est consacrée la plus grande partie de
la description faite par M. Luys. N'est-ce pas là, en effet, la
clef de voûte de son système? Les couches optiques avec
leurs divers noyaux, les corps striés et les noyaux sous-
thalamiques servent d'intermédiaires entre les nerfs des
différentes parties du corps et les couches corticales du
cerveau : les nerfs sensitifs venant aboutir aux divers noyaux
de la couche optique et aux noyaux sous-thalamiques; les
nerfs moteurs partant du corps strié pour se diriger de là à
travers la moelle dans les différents organes du mouvement.
L'œuvre que nous signalons au public médical est exclu-
sivement anatomique, et par suite très sobre de déductions
physiologiques. A peine si l'auteur indique deci, delà.
408 — N" 25 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
21 Juin 1880
parfois seulement en note, le fonctionnement des régions
qu'il décrit avec tant de minutie. Il est vrai que ce n'était
Sas le lieu et que la physiologie centrale, telle que la conçoit
I. Luys, est aujourd'hui très connue, grâce à de nombreuses
et importantes publications antérieures.
Ce qui importe ici, c'est d'insister tout spécialement sur
l'utilité de ce petit atlas. Toutes les planches en sont excel-
lentes et démonstratives; on les consultera avec fruit, non
seulement dans le cabinet, mais surtout dans l'amphi-
théâtre, pour l'étude de l'analomie normale du cerveau et
pour l'indication topographique exacte des lésions trouvées
dans les autopsies. A ces titres divers, on ne saurait assez
recommander aux médecins comme aux étudiants celte
dernière production, due à la plume si féconde de M. Luys.
Ant. Rirrr.
VARIÉTÉS
Souscription Duchenne (de Boulogne).
Neuvième liste.
MM. Mariolin 100 fr. >
BaillarRer 50 »
Galezowski 50 »
Hulinel 20 >
liCS internes en médecine de laSalpélrière(188i)). . ^0 >
Total.... 260 fr. »
Montant des listes précédenies. 3185 3i
Total général. . 3745 fr. 34
Concours d'agrégatîov : chimie, physique et pharmacie. —
Les candidats nommés sont:
l^our la Faculté de médecine de Paris : en chimie, M. Faucon-
nier ; — en physique, M. Weiss.
Faculté de médecine de Bordeaux: en chimie, M. Denigez; — en
pharmacie, M. Barthe.
Faculté de médecine de Montpellier: en physique, M. Lecercle.
Faculté de médecine de Montpellier. Concours pour l'éloge
DU professeur BoUiSSON. — M™*" v« Bouisson s'élanl départie de
la jouissance d'un legs de 100000 francs fait par le professeur
Bouisson à la Facuhé de médecine de Montpellier, mais à la con-
dition que les deux premières annuités de la rente de ladite
somme serviraient à couronner les deu\ meilleurs travaux sur la
vie et les œuvres de M. Bouisson, la Faculté a pris la délihé-
ration suivante:
Article premier. — Un concours est ouvert devant la Faculté
de médecme de Montpellier, ayant pour objet une étude sur la
vie et les œuvres do M. Bouission.
Art. 2. — Sont admis à concourir tous les docteurs on
médecine.
Art. 3. — Deux prix sont institués pour la récompense des
lauréats: le premier, de 6000 francs; le second, de 4000 francs.
Art 4. — Le concours sera clos le 1" avril 1890, et les manus-
crits destinés au concours seront adressés avant cette date, terme
de rigueur, à M. le doyen de la Faculté de médecine de Mont-
pellier.
Art. 5. — Les manuscrits seront rédigés en langue française,
ne porteront ni signature, ni aucun autre indice persunneLet
seront simplement accompagnés d'une épigraphe, qui sera repro-
duite sur un pli cacheté rrnfermant les noms et adresse de
Fauteur.
. Art. 6. — Dès la clôture du concours, M. le doyen de la Faculté
de médecine de Montpellier convoquera le («onseil à TeHet de
nommer une Commission qui sera chargée d'examiner les
manuscrits et de rédiger un rapport sur leur mérite respectif.
Ce rapport sera lu dans une nouvelle séance, et le Conseil décer-
nera alors les prix au scrutin secret.
Art. 7. — Les manuscrits non couronnés ne seront pas rendus,
et les plis cachetés qui les accompagneront ne seront ouverts
que sur la demande des auteurs.
HospicKS DE Montpellier. — La Commission administrative
des hospices de Montpellier vient d'adresser aux médecins de
cette ville une circulaire les informant qu*au lieu et place d»*
Téluve à désinfection par Tair chaud et la vapeur sans pression,
la nouvelle étuve à vapeur sous pression de Gencstë et Herscher.
dont la supériorité et refficacité sont aujourd'hui généralement
reconnues, a été installée à Thôpital général.
c Nous avons en même temps, disent les administrateurs
organisé notre service public de désinfection de manière :i
donner aux personnes que vous jugerez utile de nous adrcssi'r,
toute facilite et à vous-même toute confiance en ce qui concerne
Tassainissementdes objets infectés par les malades.
c Vous aurez seulement à indiquer à vos clients les objets qu'il
conviendra d'envoyer à Tétuve, et ils n'auront à leur tour quVi
prévenir verbalement ou par écrit M. le secrétaire de la Commi<'
sion des hospices à l'hâpital général de Montpellier. Les objeu
en question seront aussitôt enlevés, désinfectés et rapportés à
leur propriétaire par le personnel de rétablissement.
t Sur la présentation d'un certificat d'indigence délivré par h
mairie, l'opération sera elTectnée gratuitement. Pour les autrcN,
une taxe très légère a été établie par un arrêté municipal. »
Inauguration de i/hôpital d'Ormesson. — On inaugurera, ie
23 juin, à Ormesson (Seine-et-Oise), un hôpital consacré exclu-
sivement au traitement gratuit des enfmts pauvres atteints do
tuberculose. Cet hôpital est dû à l'initiative de quelques méJc-
cins de Paris et à la générosité privée.
Les membres du Comité médical de cet hospice sont:
MM. les docteurs Hérard, président; Grancher, Villemin, vice-
résidents; Léon t*elit, secrétaire général ; Gueneau de Mu^n).
)ujardin-Beaumetz, Léon Labhé, C. Paul, Cadet de Gassicourt,
liuchard, Blache, Gouel, Filleau, Ladreitde la Charrière, Dubo}^
de la Vigerie, Cadier, Chauveau, Jaoul, Bonlemps.
Corps de santé de la marine. — Ont été promus :
Au grade de médecin de première classe y les médecins île
deuxième classe: MM. de Bonadona, Espieux, de Biran.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi 28 juin).
— Ordre du jour: Suite de la discussion sur la prophylaxie do
la contagion des maladies infectieuses. — M. Benault: Noleponr
servir à Thistoire de la pneumonie infectieuse. ^ M. JuhH-
Bénoy: Traitement des kystes hydatiques du foie.
NÉCROLOGIE. — Nous avons le regret d'annoncer la mort du
doct.-ur Astié, médecin principal de 1" classe d'armée en retraite,
ancien médecin en chef de Thôpital militaire de Bordeaui,
officier de la Légion d'honneur, de M. le docteur Favre (df
Lyon), dont les travaux sur le daltonisme sont bien connus de no^
lecteurs, et de M. le docteur Bonnefoy, inventeur d'appareiN
orthopédiques, mort subitement à l'Exposition universelle.
r;
Mortalité a Parts (23« semaine, du 2 au 8 juin
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïiU, I"
— Variole, 0. — Bougeole, 29. — Scarlatine, 7, — Coque-
luche, 8. — Diphlhérie, croup, 26. — Choléra, 0. — Phllnsu'
pulmonaire, i89. — Autres tuberculoses, 28. — Tumeur?
cancéreuses, 58; autres, .5. — Méningite, 51. — Conges-
tion et héraorrhagies cérébrales, 39. — Paralysie, 5. -
Ramollissement cérébral, 15.— Maladies organiques du cœur,.'>J.
— Bronchite aiguë, 35. — Bronchite chronique, 32. — Broncho-
pneumonie, 25. — Pneumonie, .52. — Gastro-entérite: sein, li^
biberon, 58. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 6. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité con-
génitale, 19. — Sénilité, 22. — Suicides, 16. — Autres morb
violentes, 8. — Autres causes de mort, 183. — (^ause^
inconnues, 9. — Tolal: 10î5.
OUVRAGES DÉPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
CMigrèi pour Vitude de la lubereulote chti l'homme et che% U* <»«''"""■''*
!'• 86s«ion. iSSH; 2* fnrricuio tormiiinnl l'oiivniffe. I vol. i»-'*"' ^f^*'
G. Maâson
Tfr.
Oplo-lifpet timplet, pur M. lo docteur K. LandoU. Domi c«rton« rrunis <'n«ciDbl<'
suus cnvoloppe. P.iritf, 0. Iloiii.
I fr. :^' I
G. Masson, Proprietaire-Gérant^
10437. — MOTTBROE. — liuprimems i^unics. A, ru« Mij^non. î. I^*"^'
TRKHTB-SIXliHK AMNAb
N*26
28 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, G. DIEUUFOY. DREYFUS-BRISAC. FRANCOIS-FRANCX, A. HENOCQUE, A.-J. MARTIN. A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à H. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRB. — Bulletin. — : Formulairb TBéaAPBuriQUB. Quelques furmnlos
d'injections antiseptiqueii contre la blennorrhagie. — Rbvub des cours et des
CLINIQUES. Hospice de la Salpèlribre. — M . le professeur Oliarcol. — Travaux
oaiGiRAUX. Clinique médicale : Sur la patboi^éaie du tëlanos dans les niions
tropicales. — Patbolofie interne ; Statistique avec notes cliniques sur la fièvre
typhoïde, portant sur 871 cas observés pendant une période de dix années, de
4879 à 18^. —Revue des Congrès. Troisième Congrès des médecins russes.
— SociÎTis savantes. Académie des sciences. — Académie de médecine.
-~ Société de chintivie. — Société de biologie. — Rkvub des journaux. Tra-
v.-«ux k consulter. — Biblioorapeie. Traité complet d'opbtbalmologie. ~~ Va-
riâtes. Faculté de médecine de Paris.
- I II I I I I I 11 I
BULLETIN
Paris, iâG juin 1889.
Académie de médecine : De remploi da ehiorerome
pear l'MieMlliésIe ehlrar§rle«le. — Lis lièvre typhoïde
A Berlla.
Mainles fois soulevée devant les Sociétés savantes, la
question de l'anesthésie ehloroformique n'est pas encore
résolue, et chaque fois qu'avant une opération quelconque
le chirurgien administre du chloroforme, il doit se préoc-
cuper non seulement de ses inconvénients, mais encore des
dangers qu'il va faire courir à son malade. Ces dangers sont-
ils toujours imputables à l'impureté du chloroforme
employé? Nous ne le croyons pas. Presque toujours ils sont
dus soit à une prédisposition maladive du sujet endormi,
plus souvent à un défaut d'attention dans le procédé d'ânes-
Ihésie mis en usage. Aussi ne saurait-on insister trop vive-
ment sur la nécessité de surveiller toujours attentivement
l'administration du chloroforme, et, sans suivre à la lettre
les préceptes de Gosselin, de ne pas abandonnera un aide
inexpérimenté le soin de maintenir l'état anesthésique.
SI l'on se préoccupe de toujours bien observer l'état de
la respiration et de la circulation, de ne pas surprendre
d'emblée l'opéré en lui faisant inhaler dès le début des
vapeurs concentrées de chloroforme pur, enfin si l'on se sert
de chloroforme bien préparé, on évitera presque toujours
les accidents mortels.
Malheureusement on n'empêchera que bien plus rare-
ment les phénomènes d'intolérance, et eu particulier les
vomissements. Ceux-ci spnt-ils toujours dus à la qualité
du chloroforme? S'il en était ainsi, comme le pense M. L. Le
Fort, on aurait grand avantage à se servir du bichlorure de
méthylène, qui, entre les mains de Spencer Wells, a donné
des résultats si encourageants. Toutefois le chloroforme
préparé par MM. Regnauld et Villejean, qui cependant est
préparé de la même manière, n'a pas produit les mêmes
effets. S'il est plus maniable et moins facilement toxique
«• sébib t. xxvi.
que le chloroforme privé d'alcool méthylique, il a l'inconvé-
nient d'agir très lentement, et quelquefois même, comme
l'a observé M. Polaillon, d'échouer complètement. Or l'es-
sentiel n'esl-il pas, pour l'anesthésie ehloroformique, d'avoir
un agent dont on puisse être parfaitement sûr?
La discussion sur ce sujet sera continuée dans la pro-
chaine séance de l'Académie. Pour le moment, il convient
de s'associer au vœu exprimé par M. Polaillon, et de remer-
cier MM, Regnauld et Villejean des efforts qu'ils pour-
suivent en vue de nous fournir un chloroforme sûr et inof-
fensif.
— La méthode de Brand, si prônée récemment encore,
serait-elle abandonnée même en Allemagne? On le croi-
rait en lisant le compte rendu de la deraière séance de la
Société de médecine interne de Berlin. Les médecins les
plus éminents -et les plus expérimentés de cette ville
viennent de se trouver en face d'une recrudescence épidé-
mique de la fièvre typhoïde. Or Fuerbringer déclare expres-
sément qu'il a rejeté les cures aborlives et s'est borné au
traitement hygiénique et aux bains lorsqu'ils étaient indi-
qués. Goltdammer, Bartels, Guttmann, Ewald, ont fait des
remarques analogues. Bien plus, les statistiques de morta-
lité sont identiques à Berlin et à Paris. Dans l'épidémie
actuelle, à l'hôpital de Friedrischshain, la mortalité s'élève
à 10,3 pour 100, la mortalité moyenne étant de 17,3 pour 100.
On dira peut-être encore que si la méthode balnéaire avait
été appliquée dans toute sa rigueur, comme dans les villes
d'Allemagne autres que Berlin, cette mortalité serait
tombée à zéro. Nous ne le pensons pas. Nous persistons à
croire que les épidémies de fièvre typhoïde sont varia'fales
quant à leur intensité, et que la maladie nécessite, suivant
ses formes, des modes de traitement non moins variables.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Quelques forinulee d*lB|eeAIOiie auMseptlqiiee
eoBire la Meniiorrhufcte.
Le moment de l'administration de ces injections n'est
pas la période initiale, pendant laquelle le traitement
abortif peut procurer des succès; mais bien plutôt après les
échecs de ce dernier et quand l'écoulement s'établit nette-
ment avec abondance.
Ces injections doivent être répétées souvent, toutes les
deux ou trois heures, et administrées à une température
aussi élevée que la tolérance du malade le permet.
26
410 -- N» 26
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
28 Juin \m
l' Injections mercurielles. — Le sublimé est la plus
usuelle :
Subrimé...:...:...;.. :...:.. (y^^o^
Eau dislillée 10(1 grammos.
On la remplace par celle au salicylale de mercure préco-
nisé dans ces derniers temps :
Salicylate de mercure 0"',05
Eau distillée 150 grammes.
Bicarbonate de soude q. s.
^ Injections au bismuth et à la vaseline. — Elles con-
sistent à faire véhiculer le sous-nitrate de bismuth ou le
salicylale de ce métal par la vaseline liquide :
Sous-nitrate ou salicylate de
bismuth 5 gramme.s
Vaseline liquide 100 —
Ces injections sont rép«Mées deux à trois fois par jour seu-
lement.
3® Injections à la résorcine, à la créoline et à la pyri-
dîne. — La résorcine est la moins énergique de ces sub-
stances empruntées à la série aromatique; la pyridine est
la plus active : on peut les prescrire en solution aqueuse
suivant la formule générale suivante :
Résorcine, 2 grammes, ou créoline,
1 gramme, ou pyridine, On^SO.
Eau distillée 100 grammes.
Ce traitement ne dispense pas au déclin de la maladie
de prescrire les balsamiques et dans les cas rebelles, les
injections fortement astringentes ou caustiques.
Ch. Kloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
hospice de la salpêtrière. — m. le professeur charcot.
IIysteria major. — Mal comitial et morphinomakie
CHEZ le même sujet. — On sait avec quelles peines, et au
prix de quelles luttes, M. le professeur Charcot est arrivé à
établir Tindividualité nosologique de l'hystérie en géné-
ral et de Thystérie mâle en particulier. Les auteurs étran*
gers ont été longs à se faire à cette idée que Thystérie
n'ét&it plus un ensemble de symptômes sans liens entre eux,
un fouillis d'actions contradictoires n'ayant pas grand'éhose
à voir avec une description sage et méthodique.
Fort heureusement la vérité se fait jour quand même et
c'est d'Allemagne même, du sein de l'armée allemande, que
nous viennent aujourd'hui les observations d'hystérie mâle.
M. Charcot montre à son cours un jeune homme qui est
à la fois hystérique (hystérie à stigmates), épileptique et
morphinomane.
Le professeur, après avoir fait l'historique de son sujet,
fait remarquer combien une analyse minutieuse des sym-
ptômes observés est nécessaire pour ne pas faire de confu-*
sion entre ces deux maladies, l'hystérie major et l'épilepsie,
qui vivent côte à côte et sans s'influencer Tune l'autre.
Ce sont ces malades-là qui donnent beau jeu aux méde-
cins allemands tels qu'Openheim. Ces auteurs nient que le
sujet soit hystérique et tous ces stigmates (hémianesthésie
ou anesthésie totale, zones hystérogènes, rétrécissement du
champ visuel, achromatopsie) qui les gênent, sont irrévo-
cablement mis sur le compte de l'épilepsie. L'hystérie.
girâce !i celle soustraction dL& symjH^mes, se trouve pour
ainsi dire escamotée.
Heureusement il est nossible de faire lé départ de Thys-
lérie et de l'épilepsie. Outre les stigmates que nous savons
propres à celte première névrose et à celte névrose seule,
nous avons encore une nouvelle différence fournie cette
fois par la chimie. Lépine (de Lyon) et Hairet (de Mont-
pellier), Cille et Cathelineau, à Paris, ont fait l'examen
des urines après les accès d'épilepsie et après les attaques
d'hystérie : 1^ chez des sujets atteints d'une seule de ces aner-
lions ; 2" chez des malades offrant réunies les deux né-
vroses, comme le malade présenté au cours. Les résaltats
ont été identiques : on a constaté une élévation considé-
rable du taux de l'urée après l'attaque, ainsi qu'une diffé-
rence appréciable dans l'élimination des phosphates ter-
reux. On comprend l'importance diagnostique de ce nouveau
signe.
Le jeune malade que nous avons sous les yeux a ce qu'il
appelle ses crises de jouvy où il ne perd pas complèlemeni
connaissance (hystérie) ; ses crises de nuilf complètemeoi
différentes, où il perd connaissance, se mord la langue (signe
parfois incertain) et urine sous lui.
M. Charcot critique le mot hysléro-épilepsie qu'il a ce-
tiendant employé lui-même si souvent et il affirme que dans
a grande hystérie il n'y a rien d'épi leptfque dans le fond
(chimiquement prouvé), mais que le début de l'allaque eM
épileptique d'apparence.
Un médecin militaire allemand, le docteur André (de
Carlsruhe), vient de publier dans un des derniers numéros
du Berliner Wochenschrifl un cas d'hystérie major chez uo
jeune soldat. La descriplion est identiquement la même
que celle de Ml Charcot; des pholographies prises pendaol
l'attaque reproduisent absolument les dessins de Paul
Richer.
Le jeune malade atteint séparément d'hystérie major el
de mal comitial est en même temps morphinomane. II a
une affection réglée comme un drame^ séparée en actes el
en entr'actes.
Il se lève le matin entre sept et huit heures, fatigué, acca-
blé ; piqûres de 6 centigrammes ; il va jusqu'à midi; à midi,
grâce à sa piqûre,, il mange un peu; à trois heures, àsii
heures, à huit heures, nouvelles piqûres de 6 centigrammes
chacune; à minuit il n'a plus les inûrmiers sous la main
pour lui faire des piqûres, il prend vingt gouttes de lau-
danum.
Ce jeune homme est un morphinomane à 30 ou 32 cen-
tigrammes; c'est le type le plus répandu. Ce n'est pas la
quantité qui fait le morphinomane, c'est Vengrenage dans
lequel entre le malade, c'est le retour périodique du besoin
des piqûres.
On a appelé euphorie les laps de temps où la santé, grâct^
à la morphine, est excellente. Quand noire malade est privé
de son excitant habiluel à l'heure ordinaire, il est pris d'un
tremblement qui ressemble beaucoup au tremblement
alcoolique; puis il a des sueurs froides, des lypolhymies;
des diarrhées, des démangeaisons; enfin, il y a parfois un
côté psychique intéressant; des crises de violence dans les-
quelles le malade brise tout. Ces détails sont bons à con-
naître quand on veut démorphiniser les malades, qu'on s)
prenne lentement ou bien qu on prive brusquement les pa-
tients de leurs piqûres quotidiennes.
(Leçon du 21 mai 1889.)
AmBLYOPIE et AMAITROSE HYSTÉRO-TRAimATIQUE. - 1^
n'est pas extrêmement rare de voir des malades ayani
reçu un coup plus ou moins violent dans la région de
l'œil, sans présenter toutefois de déchirures de cet œil on
de ses membranes, être atteints d'amblyopie et même de
cécité absolue pendant un temps variable. Certains auteur?
28 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 28 - 411
considèrent ce phénomène assez bizarre comme Teffet d'une
commotion de la rétine.
M. le professeur Charcot montre à son cours du mardi
un homme vigoureux, ouvrier rangé et sérieux, désirant
guérir rapidement de raffection qui le retient à Fhôpital ;
un homme en un mot à Fabri de toute accusation de simu-
lation.
A la fin de janvier 1889 cet homme a reçu dans Toeil
gauche le jet de pétrole de sa lampe de soudeur. La brû-
lure a été peu profonde, cependant le malade est resté un
mois avec des compresses sur l'œil. Quand il essaye de
regarder, il remarque avec effroi qu'il voit bien moins de
l'œil gauche, puisqu'il ne voit plus rien du tout. En même
temps Tœil droit devient faible à son tour, la vision y de-
vient imparfaite.
L'examen des yeux pratiqué par M. Parinaud ne révèle
absolument rien comme lésion de l'œil ou de ses mem-
branes, la rétine est intacte malgré la cécité absolue, il
s'agit donc d'une amaurose fonclionnelle. A signaler égale-
ment un peu d'hyperesthésie. L'œil droit présente un rétré-
cissement concentrique du champ visuel, le malade a
perdu la vue des couleurs dans 1 ordre suivant : violet,
vert, jaune, bleu; aujourd'hui il voit encore le rouge.
Comment classer cette bizarre anesthésie rétinienne? On
doit savoir d'abord qu'on a publié un certain nombre de
cas semblables : Leber {Arch. (fophth.y 1880) publie le
cas d'un enfant de onze ans qui, à la suite d'un coup de
poing sur l'œil gauche, eut une amaurose complète avec
photophobie. Blépharo-spasme et contracture douloureuse
des muscles de la face. Leber qualifie l'affection d'am-
blyopie réflexe d^ origine traumatique,
A Berlin, Morell cite un cas analogue avec concomitance
de crises d*épilepsie qui guérissent en même temps que
ramaurose.
Parinaud rapporte l'observation d'un garçon qui à la
suite d'un coup de fouet sur l'œil eut de l'amaurose, du
rétrécissement du champ visuel, de la polyopie monocu-
laire. A l'Académie royale de médecine de Bruxelles, Pari-
naud présente encore un cas analogue, cette fois il s'agit
d'un coup de fouet sur le nez.
Quand on examine les choses de près, on voit bientôt
que cette singulière amaurose n'est pas d'ordre chirur-
gical ; qu'il ne s'agit pas d'une paralysie réflexe, à suppo-
ser même que l'existence des paralysies réflexes soit bien
démontrée, mais bien d'une amolyopie ou d'une amaurose
hystéro-traumalique. On se convainc sans peine de la vrai-
semblance de cette hypothèse quand on voit les malades
avoir en même temps que leur amaurose déjà si bizare
par elle-même, du olépharo-spasme, de la contracture
douloureuse des muscles de la face, de l'hyperesthésie plu6
ou moins limitée autour de l'œil (^Leber), des crises pré-
tendues épileptiques (Morell) qui guérissent tout d'un
coup en même temps que l'amaurose.
C est toujours à l'hvstérie et à l'hystéro-traumatisme
auquel nous avons affaire. Cet homme, !\gé déjà, solide
ouvrier, est un hystérique, et le fait, étant donnée sa répé-
tition journalière, n'a plus rien qui puisse étonner.
M. Brouardel, dans son service général à la Pitié, a eu
quinze hystériques mâles dans Tannée. A Necker il y en a
quatre en ce moment. L'hystérie mâle, quand on aura fait
une statistique sérieuse, paraîtra aussi fréquente que l'hys-
térie féminine. Sous Tinfluence du traitement tonique et
des douches cet homme va mieux et nous pensons pouvoir
avant peu le présenter au cours complètement guéri.
(Leçon du 14 mai 1889.)
P. Berbez.
TRAVAUX ORIGINAUX
CUalque médlcAle*
SOR LA PATHOGÉNIE DU TÉTANOS DANS LES RÉGIONS TRO-
PICALES, par M. le docteur J. Fontan, professeur à
l'École de médecine navale de Toulon.
(Fin, — Voyez le numéro 25.)
D. Traumatisme et spontanéité* — Dans les zones tro-
picales, les traumatismes les plus légers se compliquent
de tétanos. Des écorchures aux pieds, des piqûres aux mains
par des végétaux épineux, des arêtes de poisson ou des pointes
de coraux, l'extraction d'une dent, et bien moins^ encore
ropération du tatouage, ou Tinjeclion hypodermique de
quinine, suffisent à le faire éclore.
C'est ainsi qu'à Gorée on a vu en vingt jours mourir une
douzaine d'individus chez qui le tétanos venait compliquer
des injections de cette espèce.
On comprend dès lors que bon nombre de cas rangés
dans le tétanos spontané puissent être imputés à un trau-
matisme minime et bien souvent inaperçu. De plus le téta-
nos traumatique n'éclate parfois qu'après la cicatrisation
complète de la blessure. Tel est le cas suivant qui a été
regardé à tort suivant moi comme un tétanos spontané.
Obs. 1 (docteur Gazeau). — P..., soldat d'infanterie de ma-
rine, entré à Thôpital de Tamatave en 1886, pour accès per-
nicieux comateux, était en convalescence depuis une huitaine
de jours. Il se levait et commençait à s'alimenter d'une façon
normale quand le 29 août, après une nuit très froide, il fut
pris rie douleur cervico-dorsale et de trismus. Ces premiers
accidents s'effacèrent promptement, puis revinrent après
quelaues heures. Isolement du malade, chloral à haute dose,
morpnine. Des bains de vapeur parurent faire grand bien.
Néanmoins les crises de contracture se rapprochèrent et se
Î généralisèrent, s'accompagnant de douleurs atroces dans les
ombes et le bassin. Asphyxie, cyanose. Décès au bout de trente-
six heures. Ce malade avait reçu douze jours auparavant deux
injections hypodermiques de quinine qui ne furent suivies ni
d'esehares ni d'abcès. 11 avait subi aussi une application de
sangsues aux apophyses mastoîdes.
Eh bien, ce cas me parait être d'origine traumatique.
Quant au tétanos des nouveau-nés, il est considéré comme
une maladie distincte par quelaues médecins, qui en font
une aifection convulsive spéciale à l'enfance. En réalité
on ne peut le confondre avec l'éclampsie, rare dans les
tays cnauds, et qui frappe les enfants plus âgés. Il s'agit
ien ici du tétanos, il est presque toujours lié à la chute
du cordon, c'est-à-dire à l'existence d'une plaie.
Tous les observateurs, quoiqu'ils maintiennent en général
le nom de spontané à cette variété, constatent qu'il se
développe du deuxième au sixième jour, soit ordinairement
avant la cicatrisation du cordon. Je relève pourtant dans
les notes de M. Gazeau l'exemple d'un enfant métis de
Malabar, chez gui la plaie du cordon était déjà cicatrisée
avant l'apparition du trismus. Cet enfant avait été exposé à
un froid assez vif. C'est encore là un exemple du tétanos
traumatique tardif.
11 existe pourtant une variété qui parait bien indépen*
dante de tout traumatisme : c'est le tétanos à répétition.
Nous avons peu de détails sur cette forme, signalée surtout
dans l'Inde anglaise et aux Antilles.
Obs. il — M. Lhoyseau en a vu à la Guadeloupe un exemple
singulier. Un malade fut atteint de tétanos spontané d'une
façon intermittente, d'année en année, pendant quatre ans. Il
guérit les trois premières années, mais succomba à la quatriûme
attaque. La maladie revenait à la même époque sans aucune
cause traumatique.
En définitive, quoiqu'on ne puisse nier l'apparition du
4ii ^ N* 26 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
38 Juin 1889
tétanos sans traumatisme dans les pays chauds, je reste
convaincu qu'une analyse rigoureuse des faits démontrera
que le plus souvent cette spontanéité n'est qu'apparente.
§ IL — Épidémies. Contagion.
Les cas de tétanos apparaissent par séries. Cela s'observe
aussi bien sous les latitudes chaudes que dans nos hôpi-
taux de France. Sans doute on pourrait expliquer ces
bouffées épidémiques par des conditions de saisons, de
pluies, de vents qui en favorisent Téclosion. C'est le sen-
timent de plusieurs médecins de la marine et des colonies.
D'autres, au contraire, guidés par des idées plus nouvelles
sur l'infectiosilé de cette maladie, expliquent ces répéti-
tions par la propagation épidémiquc, ou même la contagion
directe. Mais, sans m'arrêter aux appréciations, je cite
quelques faits.
A Cholen (Cochinchine), il existe une crèche qui reçoit
les enfants indigènes depuis TAge de quelques jours
jusqu'à celui de huit h dix mois. La maladie y apparaît
par épidémies, et c'est particulièrement dans la saison des
pluies que les cas sont nombreux (docteur Jan).
A Madagascar où la maladie est endémique sur les
jeunes enfants, elle sévit surtout pendant les pluies, et il
est des moments où d'après certains voyageurs la mortalité
de la première enfance atteindrait de ce chef 50 pour 100
de la natalité.
Toujours dans ce pays un médecin accoucha dans une
semaine trois femmes. Les trois enfants, dont deux blancs,
périrent du tétanos presque en même temps. Ce rapproche-
ment est-il une simple coïncidence? Ne doit-il pas faire
admettre l'épidémicité ou même la contagion? On ajoute
il est vrai qu'au même moment, des blessés présentant
des délabrements considérables guérissaient sans compli-
cation.
A la Guyane les décès par tétanos infantile s'accumulent
aussi par séries, que Ton regarde comme commandées par
le vent du nord (Alix).
Au Sénégal ces bouffées épidémiques sont aussi un fait
d'observation vulgaire. Le docteur Giraud retrace Téclosion
et la marche d'une de ces séries, à la suite d'une grande
opération que je ne puis que résumer.
Obs. III (Dakar, avril 1880). — Un Arabe était atteint d*an
énorme éléphantiasis du scrotum et du prépuce, l/opération
dont je regrette de ne pouvoir insérer en entier la relation,
tant elle présente d'intérêt, fut colossale. Qu'il me suffise de
dire que la tumeur pesait 24 kilogrammes, qu'on dut placer
plus de 100 ligatures, et que les divers actes opératoires durè-
rent quatre heures. On voit quel dut être le traumatisme.
Les suites furent bonnes pendant une semaine. Mais le
septième jour, le tétanos éclata malgré lantisepsie phéniquée.
f Geriamement, dit le docteur Giraud, il y avait du ietanoê
dans l'air; car à partir dece cas, et dans Fespare de vingt jours
à peu près, il mourut à Gorée une douzaine de personnes, téta-
nisées par des piqûres de quinine, et un nègre de Rufisque
après refroidissement, car je ne pus retrouver de plaie. >
Ainsi les séries ou bouffées épidémiques sont hors de
doute. Remarquons même que dans plusieurs d'entre elles,
il semble que la contagion ait joué un certain rôle. Car un
grand nombre de cas, réunis en quelques jours dans une
même localité, souvent dans un même établissement, entre
les mains d'un même médecin, ont une foule de points de
contact. Il n'en faut pas plus pour favoriser la contagion
de la variole ou de la fièvre puerpérale. La canule de la
seringue de Pravaz n'aurait-elle pas dans certains cas servi
d'aiguille à inoculation? Ailleurs, dans une crèche, l'en-
tassement, les soins communs^ les débarbouillages (?)
distribués en masse aux enfants sains et malades, ne sont-
ils pas des moyens de contamination très naturels? Je n'ai
pas de preuves, mats quelles présomptions !
Hais voici des faits plus précis.
€ A l'Hôtel-Dieu der la Poinle-à-Pilre, dit le docteur
Lherminier, se trouve une salle Sainte-Marthe, qui depuis
Quelques années a présenté sur tous les blessés ou opérés
(les cas de tétanos, au point que je n'ose plus qu*avec la
plus grande répugnance V pratiquer les opérations naéme
absolument urgentes. Les deux derniers opérés, placés
dans deux lits voisins, sont morts de tétanos à deux jours
d'intervalle. »
Cette citation offre d'autant plus d'intérêt qu'il résulte
de l'ensemble des notes fournies par cet honorable confrère,
qu'il ne croit guère à des liens épidémiques ou contagieux,
entre les cas de tétanos qu'il voit s'accumuler dans sa
salle. Il accuserait volontiers la saison, et en fout cas ne
manifeste aucun parti pris en faveur de l'infectiosité.
En 1879 j'eus à Tlle ma (Nouvelle-Calédonie) deux cas
de tétanos dans le même mois et dans la même salle.
Obs. IV. » Un condamné nègre fut apporté à Thêpital, blessé
d'un coup de burin de tailleur de pierres, aui lui était tomht^
sur le sommet de la tête. Âpres une petit» némorrhagie et une
commotion cérébrale d'aspect bénin, il semblait être en voie de
guérison. Mais il fut pris du tétanos le troisième jour et suc-
comba en quarante-huit heures malgré des doses élevées et
chloral.
Obs. y. — l-n condamné européen, âgé de trente ans, et
d'une constitution athlétique, était à ce moment dans la salle
pour une fracture de jambe compliquée de plaie, d'issue des
os, etc., et je Teusse amputé sans ravis de deux de mes confrères
qui me poussèrent fortement à tenter la conservation.
Le blessé était dans la salle depuis une dizaine de jours
déjà, quand le nègre atteint de plaie de tête y fut amené. La
blessure était en pleine suppuration, le foyer de la fractura
ouvert, les esquilles nombreuses, et quoiqu'il n'y eût ni lièTrr
vive, ni septicémie caractérisée, j'étais peu satisfait de Téut
général de la blessure. Le fracturé fut pris de tétanos seiie
jours après le nègre et mourut le cinquième jour.
Il y avait dans la salle de nombreux blessés dont aucun
ne fut atteint. Néanmoins comme je n'observai pas d'autie
cas dans cet hôpital pendant le courant de cette même
année, et comme le tétanos y est rare, le lien de ces deu\
faits me parait de la plus haute importance.
Les deux faits du même ordre dont la relation suit me
sont communiqués par M. le docteur G. Reynaud.
Obs. VI. — X..., nègre, charretier au service de M. Jouveaii-
Dubreuil (Matouba, 600 mètres de hauteur), reçoit dans unt* rix**
un coup de couteau au-dessus du sein gaucho. Il continue sou
service de charrois entre le Matouba et la Basse-Terre ; est sou-
vent mouillé pendant le trajet, vient se faire panser à rhôpilal
du camp Jacob quatre jours après l'accident. Cinq ou six jours
après ce pansement il est atteint d'un tétanos général d'aspect
très grave. Le docteur Reynaud, appelé à l'habitation Dub: eu il
pour lut donner des soins, réussit pourtant à le tirer d'uflfairf
Kar des injections de morphine (7 centigrammes en vingt-quatre
eurcs).
Obs. vil — Y..., nègre, ouvrier charpentier chez M. Jouveau-
Dubreuil (Matouba), contracte plusieurs chancres mous du gland,
du sillon préputial et de la face interne du prépuce, ne se fait
Ï^as soigner. Onelques jours après, cinq semaines environ apW's
a mort du premier tétanique, il est atteint d'un paraphimosis
qui se complique aussi de tétanos généralisé. 11 succomln*
malgré les soins du docteur Reynaud (morphine). L'auteur
ajoute qu'il s'est écoulé plus d'un mois entre les deux cas ; que
les deux malades habitaient des baraques différentes éloignées
l'une de l'autre par une grande cour et d'autres baraques ; qu'ils
n'appartenaient pas à la même famille ni à la même profession;
qu'où ignore si le second avait visité le premier pendant sa
maladie, mais qu'en somme le fait est possible, et qu'il est
certain qu'ils devaient avoir des relations de camarades comme
employés de la même usine.
 Pondichéry, M. le docteur Léonard a observé des faits
fort intéressants. Sur 10 tétaniques qu'il eut à traiter à
l'hôpital en 1886, 8 ont été fournis par l'extérieur et â se
28 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 26 — 413
sont déclarés à l*hôpital même dans les circonstances sui-
vantes.
Obs. Vllï. — Un Indien d'une trentaine d'années est apporté
ù rhôpital pour une lésion grave du pied dorit. Il s'agissait a*une
luxation en dehors, avec déchirure des téguments de la région
interne, et issue des deux os de la jambe, coiffés de Fastragale;
les vaisseaux et nerfs tibiaux étaient déchirés. Le docteur Léo-
nard prati(]ua la résection de Fastra^le pour pouvoir réduire
la dislocation. Il y parvint après avoir réséqué le nerf frappé
d'altrition, lié Fartere et nettoyé la plaie. Pansement antisep-
tique. Immobilisation. Position, etc..
Tout alla bien pendant les premiers jours; les accidents in-
flammatoires n'étaient plus à craindre; la plaie prenait bon
aspect. L'état général était excellent, quand le tétanos éclata,
et enleva le malade en trente-six heures.
Or peu de temps auparavant un homme atteint de tétanos
êlait mort dans la même salle et dans le même lit. On ne prit
g^arde a ce rapprochement qu'à propos du fait suivant.
Ors. IX. — Une petite Indienne de huit à dix ans, atteinte
de fracture comrainutive du bras, se fit soigner par un rebou-
teur indien. Celui-ci appliqua un appareil tellement serré qu'il
produisit la gangrène de tout le membre blessé. C'est alors qu'on
amena Tentant à Fhôpital. La main et Favant-bras, complète-
ment sphacélés, ne formaient plus qu'un putrilage infect, qui
tomba à terre à mesure qu'on défit cet horrible pansement.
Après avoir désinfecté la plaie, le docteur Léonard régularisa
le moignon en réséquant ce qu'il fallait de l'humérus. Cinq ou
six jours après le tétanos se déclarait et enlevait Fenfant.
Celte fois encore on constata que le lit oix Fenfant avait été
placée à son entrée à Fhôpiial, élait occupé quinze jours aupa-
ravant par une femme atteinte de fracture de Favant-bras com-
pliquée de plaie et qui mourut de tétanos.
Le rapprochement de ces deux faits a converti Fauteur à
la doctrine de la contagiosité, et lui a fait prendre par la
suite les mesures de désinfection les plus rigoureuses,
chaque fois qu'un nouveau cas était introduit dans ses
salles.
Tels sont les faits qui militent évidemment, comme ceux
publiés en France dans ces derniers temps, en faveur de la
contagiosité du tétanos.
§ m. — Origine équine.
J'arrive à la question deForigine équine. L'hypothèse est
plus difficile encore à vérifier que la précédente, parce que,
en recherchant les faits qui peuvent Véclairer, on en trouve
beaucoup plus de négatifs que de positifs. Or les premiers,
ceux où l'observateur ignore la présence du cheval, ne prou-
vent rien; les seconds par leur rareté même peuvent être
mis sur le compte d'une simple coïncidence. Les observa*
tions les plus intéressantes, après celles qui établiraient
un point de contact bien net entre un cheval tétanique et
un homme tétanisé, seraient celles qui excluraient formel-
lement le cheval. Par exemple le tétanos humain faisant
apparition, sans importation possible, dans une localité où
il n'y aurait jamais eu ni cheval ni autre animal capable de
tétanos. Ce serait là un fait non plus négatif d'une façon
banale, mais bien un fait positif dans sa négation, ou, si l'on
veutjuu fait véritablement exclusif de l'origine équine. Mais
des exemples aussi nets, aussi positifs, pour ou contre, sont
presque introuvables dans une enquête rétrospective, et
nous restons en possession d'observations plus ou moins
complètes, dont toutes les circonstances n'ont évidemment
pas été enregistrées.
Il ne faut pas se hâter d'en tirer des conclusions. Ayant
à prendre un parti entre deux courants d'idées qui soulèvent
à chaque instant des discussions, les observateurs superfi-
ciels se laissent trop souvent guider par des raisons de sen-
timent ou de dialectique. Ils n ont pas la patience d'attendre
le complet dépouillement des faits acquis, ou l'apparition
de nouveaux cas, mieux observés, si comme il est probable
les premiers sont insuffisants.
L'observateur prudent et positif agit tout différemment.
Il se garde d'interpréter les faits tant qu'ils sont peu nom-
breux; il ne prétend pas leur faire dire quoi que ce soit, il
se contente de les enregistrer, de les passer au crible, et il
attend que les séries soient assez nombreuses, pour qu'on
puisse, en les mettant en présence, en formuler les lois et
en tirer les conclusions, (jt dans cette question du tétanos
équin, nous n'en sommes pas aux conclusions. L'heure
actuelle n'est encore que celle de l'inventaire des faits que
peuvent fournir la clinique et le laboratoire.
J'ai adressé à mes correspondants, au sujet de l'origine
équine, les trois questions suivantes :
l"" Y a-t-il dans la région de.... beaucoup de chevaux, et
les hommes atteints de tétanos étaient-ils en rapport avec
les chevaux?
^ \ a-t-il du tétanos équin, bovin, etc.?
S"* A-t-on pu remarquer quelcjue relation entre les cas
de tétanos équin et les cas humains?
Ces questions ont été adressées à des médecins et à des
vétérinaires, et je résume leurs réponses.
Dans l'Inde beaucoup de chevaux, beaucoup de tétanos
équin, beaucoup de tétanos humain. Mon distingué col-
lègue, le docteur Léonard, rapporte que dans l'Inde, outre
les espèces chevaline, bovine, etc., qui sont sujettes au
tétanos proprement dit, les oiseaux de toute espèce suc-
combent fréquemment à une affection tétanisante qu'on
appelle les crampes des pattes, et il fait remarquer judi-
cieusement que la voie est peut-être indiquée dans ce sens,
pour faire des expériences d'atténuation du virus, et recher-
cher ainsi la vaccination contre le tétanos. C'est à nos
jeunes camarades à utiliser ce conseil.
En Cochinchine, au Tonkin, beaucoup de chevaux ; téta-
nos équin assez fréquent ; tétanos humain assez fréquent
aussi. Voici un fait bon à enregistrer à cause de la nature
de la blessure qui s'était compliquée de tétanos (janv.
1887).
Obs. X. — M. P..., lieutenant d'artillerie, s'apprêtait à mon-
ter à cheval, quand il reçut une ruade qui l'atteignit à la main.
Il en résulta une plaie contuse du médius, traitée par les réso-
lutifs et le repos. Au bout d'un certain temps le tétanos se
déclarait. M. P... dut subir l'amputation des deux dernières
phalanges en pleins accidents tétaniques et a guéri. Plusieurs
mois après il conservait encore de la raideur des mâchoires.
Pendant l'expédition du Tonkin, en novembre 1886, la
garnison de Lao-Kal présenta une petite épidémie de tétanos
fort instructive. Cette garnison, commandée par le comman-
dant Pellerin, et ayant pour médecin-major le docteur
Schutlaër, comptait cent cinquante Européens, et bon
nombre d'Annamites.
Les conditions hygiéniques étaient mauvaises; la ville
était entourée d'une véritable nécropole chinoise. Les
cadavres, à peine enterrés, étaient souvent cachés dans les
hautes herbes.
Le tétanos apparut tout à coup et cinq hommes furent
emportés: trois le premier jour et aeux le second. Us étaient
atteints de plaies légères ou de piqûres de quinine qui
dégénéraient facilement en phlegmon.
Plusieurs hommes, très vigoureux, furent pris de huit à
dix heures du matin, et succombèrent la nuit suivante en
moins de vingt-quatre heures.
Les morts Européens furent:
l"* Un maréchal des logis de pontonniers;
2° Un sergent de tirailleurs ;
S"* Un artilleur (qui soignait des mulets) ;
i'* Un artilleur, ordonnance d'officier, et qui soignait le
cheval de cet officier;
b"" Un artilleur, boucher de la garnison.
414 — N*
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECWE ET DE CHIRURGIE
28 Juin 1889
En outre, plusieurs cas sur des indigèues ne furent pas
enregistrés.
On prit aussitôt des mesures. Le terrain environnant fut
assaini et les herbes brûlées; tous les hommes atteints de
plaies, visités et pansés avec soin, et les piqûres de quinine
supprimées.
La garnison possédait une douzaine de chevaux et des
mulets pour transporter le matériel. Les artilleurs, oui
furent surtout atteints par le tétanos, soignaient tous les
chevaux et bêtes de somme.
A la vérité, il ne parait pas qu'aucun de ces animaux soit
mort de la même maladie; quelques-uns moururent
constipés et météorisés.
En somme, cette épidémie de Lao-Kaî est intéressante à
un double point de vue : i"" c'est une bouffée épidémique
brusçiue, intense, agissant dans un groupe très réduit, et
s'éloignant presque aussitôt. Il est difficile de ne pas y voir
une propagation par contagion ; ^''en second lieu, presque tous
les hommes atteints soignaient des chevaux ou des mulets.
Aux Antilles, il existe beaucoup de chevaux surtout dans
les campagnes. Le tétanos s*observe sur le cheval, le mulet,
l'âne, le bœuf, la chèvre et le mouton. M. Boyer, savant
vétérinaire de la Guadeloupe, traite fréquemment la mala-
die sur le cheval et le mulet, moins souvent sur l'âne, très
rarement sur le bœuf. C'est en' général la castration qui est
l'occasion du tétanos. Il est bien entendu qu'il s'agit de la
castration à testicule couvert ou découvert, ie bislournage
ne provoquant jamais le tétanos.
La transmission du tétanos entre animaux de même
espèce ou d'espèces différentes n'a pas été positivement
observée. Toutefois M. Boyer a été appelé à donner des soins
à trois mulets, ayant eu le tétanos dans la même écurie à
quelques jours d'intervalle. Tous trois avaient été piqués
par des clous de rue; ces animaux étaient affectés au trans-
port des immondices de la ville, et les bêtes de ce service
ramassent très souvent des clous dans les ordures où ils
sont obligés de passer.
Le docteur Lhoyseau a perdu lui*même deux chevaux
dans son écurie, l'un par tétanos a frigore^ l'autre après la
castration.
Le tétanos humain, nous l'avons vu, est assez fréqueut aux
Antilles, et il atteint surtout les nègres qui servent dans les
usines ou les plantations où ils sont en relation avec les
chevaux (docteur Delrieux).
Parmi les autres cas qui me sont signalés de ce pays, je
ferai remarquer que le nègre de l'observation Vl était
charretier, rour d'autres, la profession n'implique pas des
rapports directs avec les animaux, mais le docteur Reynaud
fait remarquer qu'à la Guadeloupe, et particulièrement au
camp Jacob, d'où me sont parvenues plusieurs observations,
on monte beaucoup à cheval. On peut dire que presque
toutes les familles ont au moins un cheval, et ce sont ordi-
nairement les domestiques qui sont frappés de tétanos.
A la Guyane on rencontre aussi des chevaux mais en
fietit nombre. Nous y signalons du reste une localité qui
ournit des faits négatifs en apparence fort importants, et
sur lesauels j'insisterai. Aux tles du Salut, il n'existe pas
un seul cheval et plusieurs médecins y ont observé le
tétanos.
Obs. XI (docteur Alix, 1885, îles du Salut).— Un condaraiié
arabe atteint de tumeur blanche du poignet, avec abcès et fis-
tules multiples, se trouvait depuis longtemps à Thôpital. Il subit
l'amputation de Tavant-bras, et fut le quatrième ou cinquième
jour pris de tétanos. Il succomba très rajjiideraent. Le médecin
attribua cette complication, qui est restée isolée dans le cou-
rant de Tannée, à I influence du vent du nord, _
Sur la côte d'Afrique, les chevaux sont assez répandus et
ont souvent le tétanos. Quant aux hommes qui en sont si
souvent atteints, il est vraisemblable qu'ils étaient parfois
en rapport avec des chevaux. Hais je ne possède point de
faits précis. Je ferai remarquer seulement que les nègres
du Sénégal, par exemple, couchent sur le sol nu, ou recou-
vert de nattes, et souvent dans des endroits malpropres et
ayant servi d'écurie. De plus le tétanos succède ordinaire-
ment à des blessures aux pieds, et dans la marche sans
chaussures, les indigènes sont exposés à souiller leurs écor-
chures à toutes les immondices au sol.
A Madagascar où il n'existe presque point de chevaux, il
y a cependant beaucoup de tétanos numain, au moins chez
les enfants. Les chevaux y sont assez rares pour que la
plupart des indigènes n'en aient jamais vu avant l'expédi-
tion française. Il y a, il est vrai, beaucoup de bêtes à coroes,
et la conduite des troupeaux, leur recensement, leurs chan-
gements de pâturage occupent une grande partie des popu-
lations où sévit le tétanos.
Pendant l'expédition il y aurait eu un cas de tétanoi: sur
un mulet de 1 artillerie. Les artilleurs et gendarmes, seuls
hommes montés, n'en ont jamais présenté.
Enfin il me reste à relater quelques faits ^ui paraissent
absolument défavorables à la théorie de l'origine équine.Ce
sont des cas de tétanos survenus à bord. Ils sont fort rares,
car m'adressant à de très nombreux camarades, je n'ai pn
en recueillir que trois. Je les cite d'abord ; je les discutenî
ensuite.
Ohs. XII. — Le docteur Pfilli m'a adressé l'observation d'un
cas de tétanos qui s'est produit dans la mer des Indes à boni
d'un navire d'immigration, sept jours après avoir quitté Cal-
cutta, par une température de tl degrés et une légère brise (le
N.-O. — Voici le récit textuel du docteur Pfilh :
25 février 1884. Nemdluiri, coolie indien, âgé de trente-deas
ans, d'une constitution vigoureuse, boulanger à bord du bateau
d'émigrants la Jumna^ sort de la chambre du four, le corps
en sueur, pour prendre l'air sur le pont. Il est pris immédiate-
ment d'un frisson et tombe à terre sous mes yeux en opisthoto-
nos : les mâchoires sont serrées, tes globes oculaires convalsé>
en haut ; la respiration est suspirieuse, le pouls fréquent, la
peau très chaude. Je pratique tout de suite une injection de
i centigramme de chlorhydrate de morphine, et le malade uoe
fois installé à l'hôpital prend une potion contenant 6 grammes
de chloral.
Dans la journée le calme se rétablit, et la raideur tétanique
disparait complètement; le malade prend encore î grammes de
chloral dans fa nuit.
26 février. Nemdbari n'est plus que fatigué, et, sans reprendre
son service, il se mêle à la masse des coolies. Nouvelle potion
avec 4 grammes de choral.
27 février. Le surlendemain il ne vient plus à la visite, el
l'ayant appelé près de moi, je constate qu'il est en parfait étal,
et qu'il n'a plus besoin que de repos. Le même jour à raidi, ses
amis viennent me chercher en toute hâte : il est descendu mal-
gré des ordres sévères dans rentre|)ont, se sentant probablement
fatigué. A mon arrivée, Nemdhari est dans la même posiUon
que le premier jour. Température à 41^,2 ; mais le pouls n'est
plus perceptible, non plus que les bruits du cœur.
Je pratique immédiatement la respiration artificielle. Kn
même temps on administre un lavement avec séné et sulfalc >'•
soude. Saignée de la jugulaire tentée sans résultat. Eniin l'
corps se refroidit, et il est évident qu'il faut renoncer à ranimer
le malade.
J'ai tenu à citer cette observation littéralement, paico
qu'elle est singulière par la spontanéité, l'intermittence et
la brusquerie foudroyante des attaques. Je reviendrai plus
tard sur sa valeur.
Obs. XIll. — Le docteur Boutin a été témoin d'un cas de téta-
nos sur le transport la Creuse se rendant en Cocbinchine en
1876. Ce cas est du reste consigné dans le rapport de fin de cam-
pagne du docteur Carassan, médecin-major. La Creuse a>û'^
quitté Toulon le 20 novembre ; elle avait à bord dix chevau{'
X., matelot de l'équipage, fut blessé le 27 novembre au mouil-
lage de Port-Saïd, en hissant une embarcation. L'annulaire de
la main est le siège d'une plaie par écrasement.
i» Juin 1889
GAZETTE HE&DOHADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIfiURGlE
— N* 28 — 415
Le navire quitte Port-Saïd le 29 et touche à Suez le 30, puis
il arrive à Ailen le 8 décembre, pour en repartir le 10,
Or le blessé paraissait à peu près guéri, quand il passa, en-
dormi sur le pont, la nuit du 7 au 8 déceml3re. Celle nuit fut
signalée par u» veni deboui Irè» fraifu L*bygF»i»ètre marquait
77, et le thermomètre 26. Dans la journée du 8, trismus. Cepen-
dant les accidents étaient faibles et rémittents, on ne s'en
alarma que le troisième jour. Traitement rationnel, mor-
phine, etc.. Bref, Thomme succombe le 19 décembre.
Obs. XIV (docteur Léonard). — A l'arrivée d'un navire d'érai-
^rants à Pondicbéry, un nègre, de constitution athlétique, qui y
était embarqué, fut descendu à terre, et porté à rhôpital, en
proie à une violente attaque de tétanos. 11 succomba du reste en
deux ou trois heures. Le tétanos était venu compliquer une plaie
par écrasement d'un doigt de la main gauche. Il n'y avait pas
de cheval à bord et sans doute depuis longtemps, pense
M. Léonard, il n'y avait pas eu de rapport possible avec un
animal de cette espèce.
Voilà donc trois faits de tétanos observés à bord, et, si j'y
ajoute ceux constatés aux îles du Salut, voilà tout le bilan
des cas que j'ai pu relever comme tendant à exclure Torigine
équine. Mais il faut envisager avec soin toutes les circon-
stances de ces faits.
Pour ceux des îles du Salut, et en particulier celui que je
tiens du docteur AliXt la démûjoslratixm négative semble
péremptoire, alors qu'il s'agit d*un Arabe, interné depuis
longtemps dans l'établissement, et même à l'hôpital, et
qu'on n'a relevé autour de ce cas aucuue série de faits de
tétanos pouvant avoir fait la chaîne.
Ce cas ne semble pas avoir été importé. Né sur place,
dans une ile privée de chevaux, il n'aurait, pense-t-on,
aucun rapport possible avec l'espèce chevaline. Et pourtant,
en cherchant bien , j'ai fait quelques constatations
curieuses.
D'abord, aux lies du Salut, il existe des bœufs, et nous
savons qu'à Cayenne, comme aux Antilles, les bœufs sont
parfois pris du tétanos. Cependant j'ignore si les bœufs de
cette localité particulière en ont présenté des exemples.
De plus, le cheval n'y est pas absolument une bêle
inconnue ; il en passe parfois. De temps en temps, des
chevaux d'officiers ou des mulets de la troupe, allennant un
transport pour le Maroni, sont mis pendant quelques jours
en subsistance à rétablissement des îles du Salut.
Enfin, à défaut du cheval, bien et dûment domicilié dans
l'île, j'y ai trouvé l'âne. Deux ânes vieux et impotents
habitent l'établissement; et veut-on savoir où est leur asile?
A l'hôpilal même, au rez-de-chaussée, directement au-
dessous de la salle des blessés. L'hôpital est construit sur
pilotis, les blessés sont au premier et les ânes en dessous.
Certes je n'accuse pas ces innocenles bctes d'avoir donné
le tétanos à notre Arabe, mais en vérité peut-on exclure
absolument l'influence animale, quand les bœufs abondent
dans le pays, que les chevaux y passent parfois, et que les
<\nes y voisinent avec les amputés?
Examinons maintenant les cas nautiques:
Pour le premier, celui de làJumna (obs. XI), il ne me
semble pas qu'il doive embarrasser beaucoup il, Verneuil.
Sans doute il n'y avait pas de chevaux à bord. Mais le
tétanos de Nemdhari, si on le considère malgré son allure
surprenante comme un tétanos légitime, a éclaté sept jours
seulement après le départ de Calcutta. Il n'est pas besoin,
f»our un si court délai, d'invoquer les germes enfouis dans
es vêtements, etc. La simple hypothèse d'une incubation
de quelques jours, bien moindre que celle de la ras:e, peut
laisser admettre que cet Indien aura contracté la redoutable
aiïection à laquelle il a succombé à Calcutta même, avant le
départ. Calcutta est un des points du globe où le tétanos est
le plus fréquent, sur les hommes comme sur les chevaux.
Ainsi ce cas, qui rentre absolument dans les règles de la
contagiosité, ne prouve rien contre l'équinisme.
Le deuxième fait, celui de la Creuse, ne mérite pas
une longue critique. La Creuse n'est pas au point de
vue de l'isolement un vrai navire. C'est une caserne
flottante, portant plus de mille personnes et contenant dix
chevaux. De plus, la blessure a lieu au mouilla^^e, sept
jours après avoir quitté Toulon. Elle se compliaue de
tétanos, précisément le jour où l'on est sur rade d Aden,
pays où le tétanos est fréquent. On voit que les occasions de
transmission animale ou humaine ne lui ont pas manqué.
Le troisième cas serait peut-être le plus important, car il
semble se rapporter à un navire qui venait de faire une
longue traversée. Cependant je n'en sais rien, et je ne puis
que m'en référera mon excellent ami le docteur Léonard,
3ui raconte de mémoire et emploie la forme quelque peu
ubitative :
« Il n'y avait pas de cheval à bord, dit-il, et sans doute
depuis longtemps, il n'y avait pas eu de rapport possible
avec un animal de cette espèce. »
II me reste à examiner une dernière question :
A't-on pu remarquer quelque relation entre les cas de
tétanos équin et les cas humains? A cette interrogation, la
plupart de mes correspondants répondent: « Non, on n'a
jamaisrienobservédesemblable.^Maisil faut remarquer tout
de suite que cette déclaration négative est plutôt une appré-
ciation qu'une constatation directe. Ce n'est pas en tout cas
le résultat d'une expérience prolongée, car les faits observés
antérieurement à la discussion ouverte depuis deux ans, ne
peuvent pas être envisagés sous un jour que l'on ne
soupçonnait pas alors. Il est bien évident qu'un garçon de
ferme, mourant du tétanos, ne sera pas soupçonné d'avoir
pris son mal à un cheval, si jamais le médecin n'a songé
que cela puisse être.
Des faits très positifs peuvent donc avoir été négligés par
ceux-là mêmes qui me font une réponse négative catégo*
rique. D'autres répondent avec plus de réserve et trahissent
quelque étonnement en constatant qu'ils possèdent des
exemples en faveur d'une hypothèse à laquelle ils n'avaient
pas songé, et qui leur paraît encore étrange à l'heure
actuelle.
« Oui, m'écrit-on de la Guadeloupe (Lherminier), depuis
quelque temps j'observe un rapport entre les cas de tétanos
chez l'homme et chez les animaux. 11 règne en même temps
chez les uns et chez les autres. C'est pourquoi je m'abstiens
de toute opération quand je sais qu'il y a du tétanos chez les
animaux. »
Celte appréciation est malheureusement assez vague et je
préfère des faits.
M. Boyer (Poinlc-à-Pitre) cite le cas suivant, qui est
d'un grand intérêt.
Obs. XV. Une fillette de dix ans, de race iudienne, avait
contracté le tétanos daus les écuries de M. R... où elle habitait
avec ses parents. Pendant la maladie de cet enfant, il n'y avait
pas de cheval ayant le tétanos dans ces écuries. Mais on avait
précédemment donné des soins à des animaux tctauiques dau^
cet endroit.
Malheureusement, on ne précise pas le laps de temps écoulé
entre la maladie des chevaux et celle de la petite Indienne.
Obs. XVI (Wahl, vétérinaire). — A Saigon, au commencement
de 1880, le vétérinaire de Tartillerie pratiqua une castration sur
un cheval de son escadron. I.e tétanos traumatique survint et
ranimai mourut. Un Annamite qui Tavait soigné, contracta la
maladie huit mois après, et mourut également. Cet homme était
atteint d'une plaie au pied.
Ces deux faits offrent de l'intérêt et sont évidemment
avantageux à l'hypothèse du tétanos équin. Habitation dans
l'écurie d'un animal malade, soins donnés à un cheval
tétanique, ne sont-ce |)as là des circonstances on ne peut plus
favorables à la contagmn?
On ne peut objecter à cette manière de voir que l'espace
de temps, indéterminé dans le premier cas, prolongé dans
le deuxième, qui a séparé la maladie animale de la maladie
416 — K* 26 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
28 Juin 1889
humaine. Hais, comme il ne s^agit pas ici.d'une incubation,
dont la durée ne saurait vraisemblablement atteindre six à
huit mois, mais bien de la transmission par des germes
emmagasinés dans Thabitat, les obiets de couchage, etc.,
l'objection perd beaucoup de sa valeur. De pareils faits, de
semblables ajournements, se présentent souvent, et n'éton-
nent personne pour la variole, le croup, etc..
Ennn les deux observations suivantes sont bien plus
importantes encore à cause de la simultanéité et des rap-
ports intimes du cas de tétanos équin avec le cas humain.
Ob3. XVIL — En 1886, un indien employé au service de M. S.
de K., entrepreneur des vidanges à Saint-Denis (Kéunion), soi-
gnait un cheval atteint de tétanos depuis vingt-quatre heures.
II se fit une blessure à In gencive avec un morceau de bois. I.e
tétanos se déclara sur lui immédiatement et il mourut le troi-
sième jour. {Coimnunication orale de M. S. de K. au docteur
G. Raynaud.)
. Ods. XVIII. — Dans le même établissement, à quelque temps
de là, un indien engagé soignait une mule atteinte de tétanos
depuis quinze jours. En lui donnant ses soins, il reçoit de rani-
mai un coup de pied qui lut fait une blessure assez sérieuse.
Le tétanos se déclare aussitôt, et Thomme meurt au bout de
quelques jours.
10* Aucun fait positivement constaté, même sur de>
navires en campagne, ne contredit d'une manière formellf
Vorigine équine du tétanos.
Pathologie latcrae.
Statistique avec notes cliniques sur là fièvre
typhoïde, portant sur 871 cas observés penda5t
UNE PÉRIODE DE DIX ANNÉES, DE 1879 A 1888, par
F. SoREL, médecin-major de !'• classe, membre corres-
pondant de la Société médicale des hôpitaux (1).
La présente statistique résulte du dépouillement de
871 courbes fébriles, accompagnées de notes sooimairessur
les faits notables. Recueillis en Algérie et en France pendant
une période de dix années, de 1879 à 1888, nos tracés con-
cernent 826 malades militaires et 45 malades civils, ceuxd
exclusivement algériens.
. Le tableau ci-dessous donne la répartition par année des
malades militaires avec le nombre des guérisons et des
décès. Les malades civils, trop peu nombreux, sont réaaii^
dans une même colonne :
CATÉGORIES.
Nombre des malades. . .
— des guéris ....
— des décédés. .
ALOKRII.
Malades militairct).
1880. 1881. 1882.
20 80 7.5
17 72 70
3 8 5
1883.
19
188».
89
83
6
FRANCE.
Moladci mUiUires.
1885. 1886. 1887.
97 125 155
82 117 139
15 8 16
1888.
138
126
12
TOTAL.
871
789
82
Malades
civils
i879
ftl883.
^5
39
6
1870.
28
25
3
Faudra-t-il encore mettre ces deux cas sur le compte des
simples coïncidences ?
Je tiens donc ces quatre exemples comme très importants
et tout à fait en faveur de Thypothëse de M. Yerneuil.
De tous ces faits que je me suis efforcé de présenter avec
le plus de clarté possible, on peut déduire les conclusions
suivantes :
i" Le tétanos est très fréquent dans les latitudes chaudes,
particulièrement dans Tlncfe, l'Afrique occidentale, Mada-
gascar et la Guyane.
2'' Il est plus souvent traumatique que spontané. 11
atteint de préférence les enfants^ et peut-être les races
colorées.
3"* Ses liens avec certaines conditions météorologiques ^
variations brusques, humidité, etc., sont au moins très
douteux.
4*" 11 apparaît par séries, ou bouffées épidémique».
Quoiqu'on ne puisse pas affirmer Yépidémicitéj il est certain
que les cas sporadiques sont rares.
5'' La contagion dans une même maison, un même asile,
une même salle d'hôpital, me parait démontrée par des
faits bien observés.
6° Dans la plupart des contrées où le tétanos est fréquent,
les chevaux abondent. Dans les pays privés de chevaux, il
existe du moins des animaux capables d'être tétanisés.
7"" Dans les pays chauds, la fréquence du tétanos humain
est absolument liée à la fréquence du tétanos équin. Ce
lien existe constamment pour chaque pays, et suit les
variations saisonnières.
8** Les hommes atteints de tétanos avaient eu souvent des
rapports avec les chevaux^ ou tout au moins leur profession
ou les circonstances étaient de nature à faciliter ces
rapports.
^d" Les exemples de transmission de cheval à homme
n'ont pas été positivement constatés. Mais plusieurs cas où
la transmission a été probable, fournissent une présomption
sérieuse en faveur de l'équinisme.
Mais une statistique n'a de valeur qu'autant que les ba>ev
qui ont servi à rétablir sont connues, et il serait à désirer
que des règles uniformes présidassent à la confection des
statistiques relatives à une même maladie ; c'est à cette
condition seule c|u'on en pourrait faire un examen compa-
ratif utile et arriver à des conclusions sérieuses.
Les règles que nous avons suivies sont celles adoptées
par le professeur Bouchard et qu'il a récemment encore
formulées dans son livre sur la Thérapeutique des maladies
infectieuses^ à la page 295; à savoir:
De réunir les malades par années, en les inscrivant
d'après la date de leur entrée, du l'"* janvier au 31 dé-
cembre; .
De comprendre tous les malades sans exception, traités
ou non, n'eussent-ils même vécu que quelques neures ;
De maintenir à l'actif de la lièvre typhoïde les malades
atteints de complications au cours de la maladie, ou qui.
avant leur sortie définitive, ont contracté une maladie inter-
currente, même si la maladie nouvelle ou la complication
ont été la cause directe de la mort.
Nous ajouterons une quatrième règle, complément de^
précédentes,, qui est :
De n'accepter les cas légers d'une durée moindre de treize
à quatorze jours qu'autant qu'ils auront présenté des taches
rosées manifestes. Il serait toujours loisible de mentionner
h part les cas litigieux qu'on croirait devoir rattachera J^
fièvre typhoïde.
Nous bornerons le commentaire suivant à l'examen des
points les plus importants, ou qui ne sont pas encore suffi-
samment entrés dans le domaine classique.
Durée. — La durée de la fièvre typhoïde, calculée d'apès
la durée même du cycle fébrile, a varié dans des \mif
considérables. On observera dans le tableau suivant que près
(i) ËxIraiU rôttuinés d'un mémoiro publié dans les BuUctiM de là SocUti
médicale des hôpitaux de Paris, n« 9, 34 mai 1889, p. S3».
28 Juin 1«89
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 28 — 417
<le la moitié des cas (850) étaient terminés au vingtième
jour, et plus des trois quarts (590) au vingt*sixième jour.
La défervescence était complète dans nos 789 tracés de
cas guéris:
iMi 8« aa 11* jour dans â6 cas. Du 24«auâ6<' jour dans 109 cas.
12«auU« - 68 — -i7«au30« — 76 —
- 15«aa17« — 102 — — 31«aui0* — 72-
- 18«au20« — 154 — — il«au50« — 26 —
— 2fau23* — 111 — Au delà — 5 —
Cas avec rechute — 40 —
Nous dirons quelques mois de la forme très écourtée de
la fièvre typhoïde, et de deux variétés de la forme prolongée,
la réversion et la rechute.
La forme très écourtée et atténuée se distingue à la Tois
par une rapide évolution, l'atténuation fébrile, et Tabsence
de symptômes sérieux. C'est le typhus abortitms levis
des Allemands, la typhoïdette de Lorain.
Kous y admettons vingt-six cas, dont la défervescence était
achevée du huitième au onzième jour, soit :
Au 8" jour, 1 cas. Au 10* jour, 13 cas.
- 9- - 4 - _ ile''__ 8 -
La fièvre est. modérée, néanmoins l'acmé peut atteindre
et dépasser 40 degrés : mais dans la typhoïdette, il n'y a pas
de période d'état^ la défervescence suit aussitôt.
L'éruption des taches rosées n'est pas plus précoce que
dans les autres formes et a lieu du septième au neuvième
jour, de sorte qu'on les trouve parfois en abondance chez un
malade arrivé à l'apyrexie. De là aussi ce fait, qui nous avait
frappé à plusieurs reprises, de malades hospitalisés vers le
liuitième jour de la maladie qui, avec des symptômes géné-
raux peu accusés et un état fébrile bientôt disparu, sont
néanmoins porteurs de taches rosées qu'on hésite à recon-
naître pour telles.
Ces fièvres typhoïdes, écourtées et atténuées à la fois,
varient de fréquence, suivant les années, et se montrent plus
nombreuses au moment de certaines recrudescences épidé-
miques. Seules, elles peuvent être légitimement qualifiées
d'aborlives, car les fièvres écourtées, avec terminaison du
douzième au dix-septième jour, ne sont pas toujours néces-
sairement atténuées et peuvent être accompagnées de phéno-
mènes graves.
Réversion, — Nous appliquerons le nom de réversion aux
cas DÛ la maladie évolue en deux poussées successives, mais
sans que celles-ci soient séparées par un intervalle apyré-
tique notable. A une fausse défervescence graduelle ou
brusque succède, le jour même ou au plus tard le lendemain,
une nouvelle ascension, prélude de la nouvelle poussée.
Nous comptons vingt fièvres typhoïdes avec réversion,
dont un cas suivi plus tard de rechute et qui figure dans
les chiffres des deux caté^'ories. La réversion eut lieu :
Dans 8 cas, du 17* au 19" jour. Dans 5 cas, du 25" au 29* jour.
— 5 — 20" au 21« — — 1 — au 35* jour.
Dans un dernier cas, où le malade succomba au vingt-
cinquième jour, la réversion avait eu lieu au treizième
jour.
Par rapport à la première poussée, la seconde eut une
durée:
Inférieure, dans 13 cas.
Sensiblement égale, dans 5 —
Légèrement supérieure, dans 1 -
Rechute. — Dans la rechute, les deux poussées ne sont
plus immédiatement successives, elles sont séparées par
une période d'apyrexie d'une durée de plusieurs jours ; la
récidfive comporte un intervalle de plusieurs mois. Nous
avons rencontré quarante cas avec rechute, tous guéris.
La période d'apyrexie eut une durée de :
Dans 5 cas, de 4 à 5 jours.
— 10 — 7à 9 -
— 8 — 10àl2 —
— 4 — 13 à 15 —
Dans 7 cas, de 16 à 18 jours.
— 4 — 20à22 —
— 1 — 24 jours.
_ 1 -- 42 —
La durée de la deuxième poussée fut par rapport à la
première :
Inférieure, dans 27 cas.
Sensiblement égale, dans 11 —
Supérieure, dans 2 — dont Tun compliqué.
Dans la rechute, l'ascension fébrile a été en général rapide
et l'acmé atteinte le premier ou le second jour. Nous n'avons
pas observé de cas avec rechutes multiples.
On a invoqué les écarts de régime et l'abus prématuré des
forces comme causes déterminantes des rechutes, mais ces
causes sont absentes de la généralité des cas, et ne se
conçoivent plus quand la rechute est très tardive. Il parait
vraisemblable que la rechute et la réversion sont de simples
variétés de la forme prolongée de la fièvre typhoïde, dont
nous ignorons encore les conditions particulières.
Cycle thermique. ^ Nous limiterons l'examen des
courbés des températures à deux points : l'intermittence
fébrile et la défervescence brusque.
Intermittence fébrile, — L'intermittence fôbrile se
montre dans un grand nombre de cas tout à fait à la fin de
la maladie, c'est rmterifitffencf terminale; elle est d'autres
fois plus ou moins précoce et rend le tracé partiellement
intermittent, c'est Y intermittence partielle ; enfin, « l'in-
termittence fébrile peut exister durant tout le cours de la
fièvre typhoïde, et cela dans la forme vulgaire de notre
pays >. C'est Y intermittence initiale (Jaccoud, Leçons de
clinique médicale faites à la Pitié en 1885-1886, p. 199).
Intermittence terminale. — C'est là une variété de la
défervescence graduelle qui consiste dans l'existence de
deux à cinq oscillations intermittentes d'amplitude variable
qui accompagnent ou suivent la défervescence par lysis;
c est le lysis avec intermittence finale ou lysis intermittent.
La fréquence en est assez considérable. En faisant
abstraction des cas avec rechute et de ceux influencés par
des complications, nous comptons cinq cent cinquante-trois
cas de défervescence graduelle, dont cent quatre-vingt-dix
avec intermittence terminale.
Intermittence partielle. — Dans un second groupe de
tracés, les oscillations intermittentes ont existé pendant une
durée notable de la maladie et la fièvre typhoïde est devenue
partiellement intermittente; il en a été ainsi dans cent
vingt-sept cas.
Dans quarante-deux cas elle est apparue du septième au
dixième (jour. Dans les fièvres typhoïdes prolongées, on la
rencontre à une époque avancée de la maladie, et sa durée,
néanmoins, peut être considérable. Nous constatons les
oscillations intermittentes du dix-huitième au vingtième
jour dans un cas, du dix-neuvième au trente-cinquième
jour dans un autre ; et plus tardivement encore, elles
prennent naissance : six fois du vingt et unième au vingt-
neuvième jour; quatre fois du trentième au trente-cinquième
jour, pour persister jusqu'aux quarantième et cinquante-
sixième jours. Enfin, dans un dernier cas, elles existent du
quarante et unième au soixantième jour.
Elles paraissent alors dépendre d'une septicémie atténuée
résultant d'une suppuration limitée. Parmi les causes appré-
ciables, on trouve l'otite suppurée et la formation d'un
thrombus veineux.
L'amplitude des oscillations est variable ; tantôt elle est
très grande, surtout quand les minima tombent au-dessous
de la normale; tantôt elle reste faible, les roaxima ti'atlei-
418 — K* 26 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CailRURGIE 28 Juin 1889
Au 3* jour, dans 4 cas.
_ 6^ — 8 —
gneiit pas 40 degrés et les iniiiima ne s'abaissent pas au-
dessous de 37 degrés.
Intermittence initiale. — Les oscillations intermittentes
Seuvent être si précoces, qu'on les rencontre dès Feutrée
u malade à l'hôpital, et elles persistent pendant toute la
durée de la maladie.
La période d'augment étant restée en dehors de Tob-
servation, il est difficile d'affirmer que l'intermittence a
existé dès le premier jour, elle peut n être apparue qu'une
fois l'acmé atteinte. Dans quinze cas, l'intermittence a été
constatée :
Au 3" jour, dans 1 cas.
et la défervescence était achevée :
Du 14*' au iCf jour, dans 6 cas. Du âo*" au W jour, dans 3 cas.
-~ iO-auS^-^ - i— — làS-'auS?" — t —
Dans les cas prolongés, les oscillations étaient de faible
amplitude, les maxima ne dépassaient pas 39 degrés et le
pronostic paraissait favorable.
L'étude de l'intermittence fébrile n'est pas un simple
objet de curiosité, mais elle importe au diagnostic, aussi
bien qu'au pronostic et au traitement, car, si l'on ignorait
que les oscilKilions intermittentes peuvent appartenir en
propre à la fièvre typhoïde, on risquerait de la méconnaître
ou de s'égarer à la recherche d'influences palustres absentes.
Elles sont, en général, d'un pronostic favorable.
Défervescekck brusque. — Le professeur Jaccoud, dans
sou Traité de pathologie interne et dans ses Leçons clini-
ques^ a le premier forcé l'attention sur ce mode spécial de
défervescence, et montré qu'il appartenait aussi bien aux
formes communes ou prolongées de la fièvre typhoïde qu'aux
formes écourtées dites abortives. Nous comptons trente-neuf
cas avec défervescence brusque; elle était achevée:
9 fois, du 10* au itV jour.
10 — i6«' au 40» —
11 — 21« au 25" —
6 fois, du !26« au 30* jour.
3 — 3i«au37« —
L'amplitude de la chute, qui mesure Técart des tempéra-
tures, résulte non seulement du maximum atteint, mais
aussi de l'abaissement variable de la température au-dessous
de la normale. Cet écart, qui fut en moyenne de 2 degrés à
i degrés et demi, atteignit 5 degrés dans un cas où la tem-
pérature, qui était le soir de 40 degrés, était abaissée à
35 degrés le lendemain matin.
La chute de la température a été définitive dans vingt-
quatre cas ; elle a été suivie d'une à trois petites oscillations
intermittentes dans quinze cas.
Elle s'est effectuée en quelques heures du malin au soir
dans huit cas; dans environ douze heures, du soir au len-
demain matin, dans seize cas.
Elle a demandé vingt-quatre heures dans quatre cas et
trente-six heures, d'un soir au surlendemain matin, dans
onze cas. Deux ibis elle avait été précédée d'une élévation
procritiquc.
{A suivre,)
BEVUE DES CONGRES
Troislénie Ccayrés des médeda» ■
A diverses reprises déjà nous avons protesté contre l'habi-
tude, qui tend à s'introduire dans la presse médicale pari-
sienne, de donner aussi rapidement que possible le compte
rendu des Congrès scientifiques. Quelques journaux reçoivent
d*un correspondant spécial un résumé qui est ensuite plus ou
moins exactement reproduit par les autres journaux. A|)rès
quelques jours, parfois même quelques heures, on met ainsi
sous les yeux du lecteur l'analyse de travaux souvent im-
portants. La Gazette liebdonmdaire croit devoir continuel
à réagir contre cette tendance. Elle persiste à croire que
les comptes rendus de ce genre perdent en exactitude et en
maturité ce qu'ils gagnent en rapidité, et que le médecin
n'a que peu d'intérêt à connaître quelques semaines piu>
tM un compte rendu scientifique. Nous attendons uonc
d'avoir entre les mains des analyses faites à tète reposée
par un auteur spécialement compétent en la matière. Pour
te Congrès des chirurgieus allemands, le Centralblatt (in
Chirurgie publie tous les ans, en un numéro supplémen-
taire, un compte rendu analytique formé de résumés en
voyés presque tous par les auteurs eux-mêmes. Dès que le
numéro aura paru, nous en extrairons les parties essen-
tielles. Aujourd'hui, nous analysons le 3* Congrès i(%
médecins russes (section de chirurgie). Ce Congrès a élé
tenu à Saint-Péterebourg en janvier dernier, et cependant
le Centralblatt n'en a commencé l'analyse que le 15 jttin
dernier (n"" 24). Cette analyse est due à la plume autorisée
de M. Th. von- Heydenreich, et elle est faite d'après le
compte rendu officiel publié en russe. Nous devons ajouier
combien nous nous félicitons de notre patience. Les jour-
naux qui ont publié à la hâte les comptes rendus de ce
Congrès ne font pas mention de quelques communications
importantes : nous signalerons le traitement du spina bifida.
la trépanation pour plaies de tète, le traitement chirurgical
du laryngo-typhus etc. Et d'autre part, pour certains tra-
vaux (le traitement opératoire de la pleurésie purulente par
exemple) le seul intérêt est dans la statistique intéirralc
de l'auteur : or n'est-ce pas la seule chose qu'un auditeur
ne puisse saisir au vol au cours d'une séance de Congrès?
Nous tenions à donner ces quelques explications. On nous
taxe parfois, en effet, de retardataires. Nous désirons affir-
mer que nous le sommes de parti pris, et, si quelques-uns
de nos lecteurs se donnent la peine de faire certaines com-
f^araisons, ils nous approuveront, sans doute, d'avoir obéi à
'adage : Festina lente.
Tuberculose articulaire. Analomie pathologique, par
M. A.-D. Pawlowskfj (de Saînt-Pètcrsbourg). — A|)rès injecliou
de cultures de bacille tuberculeux dans des articulations (if
cobayes, on constate au quatrième jour une hypérémie de 1»
synoviale et du cartilage. La congestion et le dé[K>li de la
synoviale augmentent jusqu'au sixième jour, quelquefois il ^
fait en même temps un exsudât intra-arliculaire et un engorge-
ment ganglionnaire. Au deuxième jour, le ffonflement est intense
(épanchement; œdème péri-articulaire). Vers la troisième se-
maine la jointure suppure et la synoviale bourgeonne. On
constate au microscope que les bacilles envahissent les es|iar<'>
lymphatiques et les cellules fixes du tissu conjonctif et luileiii
contre les phajgfocytes. t'ne partie des phagocytes succombent,
et la suppuration s^établil. D'autres, envahis par les bacilK
vivent et servent à leur transport. C'est par les voies lympha-
tiques que s'étend la tuberculose, et toute la série des gan-
glions protègent l'organisme contre la généralisation do
rinfection.
•--Traitement opératoire, i^blv U.A,-G, Podres (de Cha^ko^M.
Dans ces trois dernières années, Podres a traité opératoire-
nieut 22 coxalgies et *ii tumeurs blanches du genou, sur (!«''
sujets âg:és de trois à cinquante-cinq ans. Tous ont guéri d»'
l'opération. Trois sont morts plus tard d'autres aflections (deli-
rium tremens, broncho-pneumonie, tuberculose miliaire aigu<'').
L'opération n'a élé précoce que dans 25 pour 100 des cas : K;>
antres sujets étaient malades depuis plus d'un au. Treize roi*;
seulement il n'^ avait pas suppuration. Sur 40 sujets (jui
ont survécu, les résultats ont été : néarthrose mobile, 50 pour M^'-
mouvements limités, iO pour 400; ankylose, 1; arapulaiion>
secondaires, 3. Au geneu il s'agit deux fois de résection des
deux épiphyses; deux fois de résection totale de rcpipl>y><'
fémorale. Les autres opérations sont des résections parliellf>'
Les procédés employés sont ceux de Volkmann, Kœnig, Olli^r;
L'auteur se déclare opposé au traitement oon opératoire, >]ut
donne une mortalité réelle, et, d'autre part, fournil au sujet uu
membre inapte au travail : les malades ont la plupart du lemp^
28 Juin 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— W 26 — 419
besoin d'opérations orthopédiques complémentaires. De plus, le
dauger de la généralisation tuucrculeuse est plus grand que si
ou opère. Il faut donc opérer de bonne heure, en enlevant tout
ce qui est malade, mais en respectant toutes les parlies saines
utiles à la réparation et au fonctionnement ultérieur du
membre.
— La tuberculose articulaire ayant abouti à VankylosCy
M. U'.-F. Lindenbaum (de Jaroslaw) a eu recours aux opéra-
tions suivantes : deux fois, sur des enfants de huit et onze ans,
il a pratiqué Tostéotomie sous-tfochantérienne (procédé de
Volkmann). Sur une jeune Glle de treize ans atteinte d*ankylose
double de la hanche, il a fait d'un côté Tostéotomie, et de
l'autre la résection. Enfin, la quatrième observation concerne
un garçon de dix-huit ans ayant une double ankylose, totale, des
genoux et des hanches : résection des genoux, en deux séances ;
Euîs une troisième séance comme chez la jeune fille précédente,
a réunion immédiate a été obtenue dans tous les cas.
Chirurgib cérébrale, par M. Ivan K. Spijarnyi (de Moscou).
— L'auteur a fttit cinquante-six expériences sur les chiens et les
lapins pour déterminer: 1<> le danger vital et fonctionnel des
blessures du cerveau; 2° le mode de guérison de ces plaies. Il a
réuni en outre soixante observations humaines où Ton a mis en
œuvre le pansement antiseptique. 11 conclut que Fexcision de
morceaux gros comme un pois à une noisette n'est pas dange-
reuse pour la vie, et ne cause pas de troubles fonctionnels
accentués par soi-même, il y a des hémorrha^ies consécutives
assez fréquentes^ mais que Ton évite par une hémostase soignée
pendant ropération. Toutefois les accès épileptiques ne sont pas
rares. Ils sont usuels lorsqu'il y a introduction de corps étrangers
dans le cerveau, corps étrangers qui eux aussi ne sont j^as aussi
dangereux pour la vie qu'on Ta dit. Les ponctions et incisions
de 1 écorce et de la substance blanche sont sans inconvénient
pour la vie et pour les fonctions. L'antisepsie permet d'éviter lu
méningite. La cicatrice se fait par du tissu conjonctif sans régé-
nération de substance nerveuse. Cette cicatrice se forme par
des cellules migratrices venues des vaisseaux et par la proli-
fération des éléments conjonctifs de la pie-mère. On observe
autour de la plaie des phénomènes karyokinéliques, localisés
chez le chien aux seuls éléments conjonctifs, mais s'êtendant
également, chez le lapin, aux éléments nerveux et aux cellules
de la névroglie (1).
Trépanation pour fràcturb du crâne, par M. Zeidler. —
Compte rendu de 38 plaies de tète traitées à rhdpital Obucbow,
à Saml-Pétersbourg. On y compte 23 fractures de la voûte:
5 fissures, 2 fractures sous-cutanees, 16 fractures ouvertes. Sur
ce nombre, 7 trépanations primitives avec 4 décès ; 3 trépana-
tions secondaires avec \ décès ; 13 sans trépanation avec
i morts. Soit donc 9 morts sur 23 cas, dont 7 rapides (en un
temps variant de quelques heures à deux jours), dues exclusi-
vement à l'état du cerveau. Les deux autres sont dues : l'une, à
une méningite déjà déclarée lors de l'entrée à l'hôpital et que
la trépanation ne put enrayer ; l'autre, à une rupture de la
méni iigée moyenne, rupture non diagnostiquée, caries symptômes
caractéristiques firent défaut. (Juinze fractures de la base ont
fourni dix morts.
I/auteur conclut que la trépanation secondaire est indiquée
dès le début de la méningite; elle parvient parfois à l'arrêter.
11 faut trépaner quand il y a enfoncement d esquilles détermi-
nant des phénomènes d'irritation cérébrale et des accès épi-
loptiformes. Sauf ce cas, la trépanation n'est pas indiquée par
\ i iilonceujeul simple. On ne doit l'entreprendre, [jour les
fractures sous-cutanées, que si Ton diagnostique un épauche-
ment par rupture de la méningée moyenne. La trépanation,
perforation du crâne non ouvert par le Irauma, doit être distin-
guée du simple débridement, de l'extraction des esquilles dans
es fractures ouvertes. Pour les lésions des sinus, le tamponne-
ment antiseptique est le meilleur moyen hémostatique (2).
Traitement du spina bifida par une orÉRATiON ostéo-
pl-ASTiQUE, par M. W.N. Senenko (de Saint-Pétersbourg). —
L'auteur a fait deux opérations, et il insiste sur Tune d'elles.
(1) M. Sahiati (de Ntple») a couiinuniqud au Cougrès des chirurgiens italiens
(Bologne, avril 18«i9) dos expériences où il aurait mené à bien unegrcflc ccrébmlo
chez le chien.
(j) Au Congrès des cliirurgious italiens, Lampialia cotuinuiiiquë de bons rùsul-
tjts de la trépanation pour enfoncement du crdne. A ce propos, nous signalerons
ritcuro un succès de Bendandi sur un épiteptiqno; aucune lésion cérébrale sérieuse
u'cxisiait.
le
Après extirpation de la tumeur, une incision allant jusqu'à l'os
a été faite le long de chacun des bords du sacrum, à deux doigts
en dedans de la symphyse sacro-iliaque. Par là on mobilisa au
ciseau, de chaque côté, un pont osseux formé aux dépens du
reste de l'arc postérieur. Ce pont, large de 2 centimètres
environ, fut amené sur la ligne médiane au contact de celui du
côté opposé. Réunion par première intention. Donc, on peut
combler l'orifice rachidien ou spina bifidà sacré à l'aide d une
opération ostéo-plastique. Le sac enlevé contenait une partie de
la queue de cheval, et il a fallu sectionner quelques branches
des nerfs sacrés. Malgré cela le résultat a été bon. Au bout de
quatre mois, la miction, la défécation, la mobilité des membres
inférieurs, sont norrnales. 11 y avait auparavant une atrophie
musculaire, qui a disparu.
Embolies graisseuses, par M. W.-F. Grube (de Charkow). —
Une observation prouvant que cet accident peut survenir quinze
jours après la blessure, et par lésion des parties molles. L élimi-
nation de la graisse par les reins est intermittente et dès lors ne
peut pas toujours éclairer le diagnostic. On se fondera surtout
sur les troubles respiratoires et sur rabaissement de tempéra-
ture. Les embolies une fois déclarées, la digitale sera ordonnée.
Dilatation de l'anus pour hêmorriioîdes, par M. S. Ssvbotin
(de Charkow). — I/auteur use de ce procédé depuis 188:2;
depuis quatre ans et demi il y a eu recours soixante et une fois.
La guérison, dans les cas simples, a lieu en qnatre à cina jours.
11 n a eu qu'un seul échec. Pas de récidives. Il conseille la dila-
tation au spéculum.
Cure radicale des hernies, par M. S.-O, Grusenberg (de
Saint-Pétersbourg). — Onze observations, dont sept pour hernies
étranglées. Le procédé opératoire a été celui de Barker. Six
réunions immédiates et cmq réunions secondaires. En dix mois
après l'opération, une seule récidive a été notée ; les autres
malades ont cependant repris leur travail.
Traitement chirurgical du laryngo-typhu?, par M. O.-A'.
Riikowitsch (de Saini-Pétersbourg). — La statistique de Liihring
(de Zurich) indique des résuhats déplorables. De 199 malades,
125 sont morts; 147 d'entre eux ont été trachéotomisés, et de
ceux-là 77 ont succombé, tandis que des 70 guéris, tous atteints
de périehondrite avec nécrose, &l ont dû conserver une canule
pendant le restant de leurs jours. Rukowitsch propose donc, une
fois la trachéotomie faite, d'aller, à travers une thyrotomie,
ffratter à la curette les parties malades. Dans un cas opéré de
la sorte par Reyher, le malade était en cinq semaines guéri de
sa plaie trachéale.
Traitement chirurgical de la pleurésie purulente, par M. F.
Lindenbaum (de Jaroslaw). — Dans les sept dernières années.
Fauteur a fait viugt-cinq empyèmes qui se décomposent de la
manière suivante : 1" six pleurésies purulentes aiguës; six fué-
rîsons complètes en quatre à cinq semaines ; â"* trois pleurésies
purulentes consécutives à une pneumonie fibrineuse ; trois gué-
risons rapides ; 3"* dans un cas où le malade expectorait jusqu'à
dix verres de pus, Tincision dans le cinquième espace a été faite
le vingtième jour de la maladie; guérison en quatre jours;
4* trois pleurésies de nature pyémique; trois guérisons; 5° un
cas d'abcès du poumon qui s'était ouvert entre l'omoplate et la
colonne vertébrale. Ouverture de l'abcès et résection de 5 cen-
tiutètres d'une côte. Guérison rapide du sujet, un garçon de
iHx-huit ans ; G'' la guérison des fistules consécutives aux opéra-
tions précédentes fut obtenue par des résections costales (jusqu'à
*î centimètres de long) pratiquées au bout de deux à trois mois;
7<* un succès dans un empyème de nécessité; 8** cinq opérations
chez des tuberculeux : aucune ne fut heureuse, et Lindenbaum s'en
déclare aujourd'hui l'adversaire; 9** trois fois la mort fut le résul-
tat de quatre pleurésies où la purulence a été consécutive à un
épanchement séreux. Dans le dernier cas, il y a eu une guérison
incomplète après résection de six côtes. Comme manuel opéra-
toire, Lindenoaum est partisan du procédé de Kœnig : presque
toujours il ajoute à l'incision la résection de 4 à 5 centimètres
d'une côte, dans la ligne axillaire. Il conseille cette résection
costale même chez les enfants.
Ostéomyélite infectieuse aicue, par M. A.-A. Bobrow (de
Moscou). — L'ostéomyélite est, dans les os lon^s, plus rare dans
i'épiphysc vers laquelle se dirige l'artère nourricière (épiphvse la
moins fertile). Sa cause est le siaphylococcus pyogenes aureuSj
dont la porte d'entrée n'est pas toujours facile à trouver. Deux
fois Dobrow a constaté dans les antécédents l'existence d'un
430 — N* 26 —
GAZETTE nEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
28 Juin 1889
panaris, d*uD furoncle. Mais il est bien probable que Pinfec-
tion peut se faire par Farbre aérien ; plus rarement par le tube
digestif. Des conditions spéciales, et en particulier des lésions
traumatiques, expliquent les localisations. Le traitement doit
consister en une trépanation rapide : six observations avec une
mort. Trois fois on s'est borné a Touverture de Tabcès, et doux
des sujets sont morts. Un cas abandonne sans traitement, mort.
A. B.
{A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aea4éMile des ■elcacm.
De la méthode theumochimique brièvement résumée
dans ses principes et ses résultats. avantages de cette
méthode, son importance, son absolue nécessité, par
M. Sappey. — Dans cette communication, M. Sappey com-
mence par rappeler les services rendus à l'histologie par la
méthode des coupes; celle-ci toutefois n'est point parfaite.
€ Elle présente un défaut, et ce défaut j'ose le signaler,
dit Fauteur, au risque de déplaire à ses admirateurs. Elle
E résente un défaut qui dérive de ses qualités elles-mêmes.
\n divisant les tissus par tranches de la plus excessive
minceur, elle étale aux yeux de l'observateur le monde des
infiniment petits; elle lui montre avec une grande netteté
et sous tous leurs aspects les éléments primordiaux de l'or-
ganisation; mais elle ne lui apprend rien ou presque rien
sur les organes premiers résultant de l'association de ces
éléments.
€ La méthode thermochimique se distingue de la précé-
dente par des caractères opposés : ce que la méthode des
coupes nous donne, elle nous le refuse, et ce que la pre-
mière nous refuse, la seconde nous le donne. Les deux
méthodes se complètent donc l'une par l'autre; elles se
complètent si heureusement que désormais dans toutes les
études histologiques il conviendra de les associer. »
Cet méthode a été imaginée en 1860 par M. Sappey. Elle
repose sur une donnée fondamentale, l'association de l'ac-
tion calorifique à l'action chimique. Les organes dont nous
cherchons à connaître la structure sont caractérisés, les uns
par leur mollesse, les autres par leur dureté. Dans le pre-
mier cas il faut les durcir, et Von débute alors par l'action
calorifique; dans le second, il faut les ramollir, et c'est par
l'action chimique qu'il convient au contraire de commencer
l'opération.
rour les tendons, par exemple, et pour bien montrer
leur vascularisation et les nerfs qui les traversent, voici le
procédé à employer, c Le soir, en quittant mon iaboratoirci,
dit M. Sappey, je les immergeais dans une solution d'acide
chlorhydrique au sixième. Le lendemain, après vingt ou
vingt-miatre heures d'immersion, ie les soumettais à l'ébul-
lilion aans une solution d'acide chlorhydrique au quaran-
tième; après quatre ou cinq minutes d'ébullition, mes
tendons, mes ligaments, mes fibro-cartilages se ramollis-
saient, se fluidifiaient, et devenaient alors si transparents
que les éléments contenus dans la trame fibreuse apparais^*
saient avec une netteté parfaite; les vaisseaux, lorsqu'ils
contiennent du sang, offrent une coloration rutilante et se
détachent merveilleusement sur le fond de la préparation ;
les nerfs, les cellules, les fibres élastiques ne sont pas
moins évidents. En un mot, tout ce qui voilait les parties
essentielles avait disparu; ces parties essentielles restaient
seules sur le champ du microscope, et toutes se montraient
non seulement dans leur continuité, dans leur ensemble et
leurs rapports, mais aussi dans un état de complète inté-
grité. Dans les vaisseaux qui contenaient du sang, on pouvait
voir les globules sanguins; sur les parois des artères et des
veines s'enroulaient, bien évidentes aussi, les fibres muscu-
laires lisses; sur les nerfs les tubes çui les composent
apparaissaient très distinctement, et j'ai pu constater que
quelques-uns de ces tubes se terminent dans des corpus-
cules de Pacini. >
Les mêmes résultats sont obtenus quand on étudie la peau
des vertébrés. Par la méthode thermochimiaue on obtient
même des résultats si nets, si complets, si orillants qu'ils
deviennent pour elle un véritable triomphe; ils suffiraient
pour attester son utilité et pour la recommander à l'atten-
tion de tous les observateurs.
La méthode thermochimique n'est pas moins précieuse
en ce qui concerne l'étude des glandes; elle éclaire aussi
d'une vive lumière l'histoire de ces organes; seule elle
réussit à les découvrir partout oti ils se montrent; et seule
également elle permet de les suivre dans leurs divers
degrés de complication et dans leurs dégradations suc-
cessives.
M. Sappey cite comme exemples les glandes gastriques
et l'ovaire. Dans une prochaine communication seront mis
en parallèle les services rendus par la méthode des coupes
et la méthode thermochimique.
Sur la méthode de prophylaxie de la rage après
MORSURE (i), par M. L. Pasteur.
Du 1*' mai 1888 au !«' mai 1889, Flnstitut Pasteur a traité
1673 personnes mordues par des chiens enragés ou très sospecu
de rage : 1487 Français, 186 étrangers.
Sur ce nombre de 1673, il y avait 118 personnes mordues à la
télé ou au visage.
6 personnes, dont 4 mordues à la tôte et 2 aux membres, onl
été prises dérape pendant le traitement. 4 autres ont été prises
de rage moins de quinze jours après la fin du traitement.
3 personnes mordues à la tête sont mortes après Kacbôrf-
ment comjplet du traitement. Ce sont donc seulement 3 insucré>
de la méthode sur 1673 personnes traitées ; soit 1 cas de mort
sur 55 1 traités.
En mettant même, ce qui est illogique, au passif de la mé-
thode, outre ces 3 cas, les 10 cas de mort dont je viens de parler
on aurait 13 cas de mort sur 1673; soit 1 cas de mort sur
MH personnes traitées.
AMdIémIc ém
SÉANCE DU 25 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
MM. Le Dentu et Chauvel prient l'Acadciiiie de les comprendre paniii lc« nn*
did:iU à la place racanlo dans la sectloo de D)Mecine opératoire et rnvoirnl
rcxposé de leurs titres sciontifiquo».
M. Félix Rejfj clief interne des liospicoM d'Arles, envoie doux rapports msniiv
crils, l'uu sur une épidémie it variole auant êévi à Arles en I8i8-18$9; Pauirr
sur Ut vaecinatiorii et revaeeinationt pratiquée* pendant cette épidémie.
M. Pedrono (de Lorient) adresse un rapport sur une épidémie de varioU quit
tévi en 1888 datu VarrondiesemetU de Lorient.
MM. Cadéac oi Albin Ueunier (de Lyon) adressent unuiômoiro intitule: Coiilrt-
bution à t'élude phffeiologique de Vettence d'hyeope.
Note sur quatre cas d'abcès du foie ouverts ai'
BISTOURI. — M. Rochard lit un rapport sur le travail lu par
H. Chauvel. M. Chauvel est partisan de l'ouverture prornple
et directe des abcès du .foie, avec drainage et injections
antiseptiques. Son travail est une nouvelle confirmation de
cette méthode que M. Rochard a eu la bonne fortune de
faire connaître à l'Académie.
— M. Lagneau rend compte d'une Etude statistique et
ctièiique de M. le docteur Durand, sur Marseillaf^
{Hérault).
Dans la population de cette petite ville, un quart des
familles n'auraient pas d'enfants vivants, près d'un ii^^
n'en auraient qu'un.
(1) Celte note a été remise à LL. A. R. le prince et la princesse de Gall<*''
le lî juin courant, jour oti Cllca ont honoré do lour vbitc l'Institut Psstevr-
28 JniN 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 26 — 42i
Sur les anesthésiques. — M. Polaillon^ à propos de la
récente communication de M. Regnauld sur le chloroforme
méthylique, vient rendre compte des résultats qu'il a
observés. En mars dernier il y eut dans le service un cas de
mort que M. Polaillon croit devoir publier dans l'intérêt de
la vérité et de la science. Il s'agissait d'un camionneur, qui
venait se faire opérer d'une synovite fongueuse des exten-
seurs de la main gauche, opération longue et délicate,
nécessitant l'emploi du chloroforme. Or il succomba
pendant la chloroformisation, malgré tous les moyens
employés pendant trois quarts d'heure. Or il n'avait
pris ^ue 10 grammes de chloroforme. Ce liquide fut
examiné sans qu'on y trouvât rien de particulier. D'autre
part la famille s'opposa à l'autopsie.
M. Polaillon croit que dans ce cas le chloroforme doit être
incriminé. Jusqu'à présent on n'a pas trouvé de chloroforme
parfait et sans danger dans les cas d'une administration
f prudente. M. Polaillon a expérimenté dix-sept fois chez des
émmes le chloroforme méthylique proposé par M. Re-
gnauld. De ses observations il résulte que le chloroforme
méthylique chez les femmes peut remplacer le chloro-
forme ordinaire.
Chez les hommes, le chloroforme méthylique a donné
également des résultats. Cependant ce chloroforme a une
action lente et d'autre part il n'est pas exempt de danger,
puisque dans un cas il y a eu menace d'asphyxie. Les vomis-
sements pendant la chloroformisation ontété assez fréquents;
enfin, dans deux cas sur les dix hommes chez lesquels
M. Polaillon l'a essayé, l'anesthésie n'a pu être obtenue par
ce moyen.
Il n'y a donc pas lieu de substituer le chloroforme
nnéthylique au chloroforme ordinaire.
M. Le Fort. Dans cette grave question du chloroforme,
il y a deux points à considérer et d abord, les accidents mor-
tels. Mais le meilleur de tous les anesthésiques peut donner
la mort sans que le chirurgien y soit pour rien. Le se-
cond point, ce sont les incidents, les accidents légei's du chlo-
roforme, les vomissements par exemple, qui sont parfois si
ennuyeux, surtout dans les opérations sur l'abdomen.
Il y a déjà un certain nombre d'années, quelques chirur-
giens, dont M. Le Fort, ont signalé les différences qu'il y
avait entre le chloroforme actuel et le chloroforme qu'on
avait il y a une vingtaine d'années.
M. Spencer Wellsa annoncé que dans mille ovariotomies,
ce qui est un chiffre, il n'avait eu aucun accident. M. Le
Fort fait venir de Londres le liquide dont se sert M. Spencer
Wells, et il s'en trouve bien.
M. Le Fort a employé sur cinq malades le liquide de
M. Regnault, mais il ne l'a employé qu avec une certaine
répugnance. Les malades sont très lents à s'endormir, et
quelauefois même, comme le faisait remarquer M. Polaillon,
on n arrive pas à les endormir. Entin, ce qu'on observe
chez les malades, c'est moins de l'anesthésie qu'une sorte
d'ébriété.
M. Labordey pour les animaux, emploie, au lieu de chlo-
roforme, le bicnlorure de méthylène; il n'a pas observé en
expérimentation les accidents causés par le chloroforme.
Rapport sur le prix Meynot. — M. Panas lit ce rapport,
dont les conclusions seront données en comité secret.
M. le Président annonce qu'à la fin de la prochaine
séance, l'Académie se l'ormera en comité secret pour en-
tendre le rapport de M. Noeart sur les candidats dans la
section de médecine vétérinaire et le rapport de M. Féréol
sur les candidats à la place de correspondant national (pre-
mière division).
— A quatre heures et demie, l'Académie se forme en
comité secret pour entendre les conclusions du rapport de
M. Panas.
Soeiélé 4e ehlrargle.
SÉANCE DU 19 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DëNTU.
inoislon d*on anèrrirsme artériel du pU du oouda: X. Playette (de
Maraeine) ; rapporteur: X. Terrier; dlaouBuion: X. Quènu. — Dis-
ouaaion aur le traitement des myomee utérins : XM. Trélat, Berger,
TiUauz.
M. Terrier lit un rapport sur une observation de
H. Pluyette {de Marseille), relative à un anévrysme spon-
tané du pli du coude chez un homme de vingt-huit ans,
cardiaque et albuminurique. La tumeur augmentant avec
rapidité, M. Pluyette essaya d'abord de la compression
directe, une escbare eu fut le seul résultat. Puis, après
échec de la compression digitale, il se décida à faire Tinci-
sion du sac après ligature du bout supérieur. L'opération
fut faite sans cnloroforme,à cause de l'étal du cœur. Il y eut
un peu de suppuration et la guérison fut assez lente. Elle
était cependant obtenue depuis dix jours lorsque le malade
succomba à des accidents cardiaques rapides. Il n'est pas
probable, d'ailleurs, que l'acte opératoire soit en cause pour
expliquer cette recrudescence de la maladie préexistante.
Outre cette question, et la discussion sur Tadministration
du chloroforme, cette observation touche encore à un point
de la pathogénie des anévrysmes. On tend, en effet, à expli-
quer les anévrysmes par Tartério-sclérose, et la coexistence
d'une insuffisance aortique tendait, dans l'espèce, à donner
du poids à cette opinion. Or à l'autopsie on n a trouvé nulle
part ailleurs de traces d'alhérome artériel. Il est bien
possible que, dans ce cas comme dans d'autres, il faille faire
jouer un rôle important à une embolie partie du cœur et
que la doctrine aujourd'hui classiaue sur la pathogénie des
anévrysmes ne soit pas destinée à le rester.
M. Quénu insiste sur les conséquences chirurgicales de
la lésion cardiaque et, comme M. Terrier, d'ailleurs, affirme
que presque toujours une affection de ce genre n est pas une
contre-indication à une chloroformisation conduite avec
prudence. En outre, les ligatures d^artères chez les car-
diaques sont importantes à étudier, car le rétablissement
de la circulation peut présenter quelques difficultés, vu la
faiblesse de la tension artérielle moyenne, il a lieu, cepen-
dant. Ainsi, M. Quénu a lié la fémorale sur un homme
atteint d'une insuffisance aortique extrêmement prononcée,
et il a fallu huila neufjours pour que la vitalité (lu membre
fût indiscutablement assurée. Le malade a guéri et de la
ligature et de son anévrysme.
— M. TrélatdL mis à l'étude dans son service le traitement
électrique des myomes utérins, après avoir eu avec
H. Apostoli, auquel il a confié ses malades, plusieurs
entretiens sur la tolérance pour les hautes intensités, sur
les résultats symptomatiques que l'on est en droit d'espérer.
Sept observations personnelles Tout conduit à desopéralions
fort analogues à celles de M. Championnière. Et d'abord, la
méthode est certainement bénigne. Une seule malade a pré-
senté, au début, quelques accidents fébriles; on en a eu
vite raison par la dilatation graduelle et le lavage anti-
septique d'une cavité utérine anfractueuse où quelque
rétention septique se faisait sans doute. Reste donc à juger
la question d'efficacité. Pour cela, deux des malades ne
peuvent pas fournir d'arguments. Une d'entre elles, femme
de trente-neuf ans, a voulu quitter l'hôpital au bout de six
séances, dès que les métrorrhagies ont été arrêtées. Depuis,
on ne l'a pas revue. Une autre a été grandement soulagée en
trois séances, puis a disparu pour trois mois; elle est
revenue alors, bien portante, sans avoir suivi depuis aucun
traitement. C'est trop beau pour être considéré sans réserves
comme imputable à la méthode. C'est pour les cas de ce
genre qu'on fait bien, avec M. Bouilly, de se défier des
ta — N« 26 —
GAZETTE HEBDOMADÂIRB DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
«8 Juin 1889
coïncidences. Tout chirurgien sait, en effet, combien est
variable révolution des fibromes, surtout aux environs de
la ménopause : combien les traitements médicaux divers,
les saisons balnéaires peuvent, dans certaines conditions,
donner des résultats remarquables. La question est donc
de savoir si, pour les faits observés avec rigueur pendant
un temps suffisant, les coïncidences ont une fréquence telle
qu'un effet thérapeutique réel soit nécessaire pour l'expli-
quer. Et l'on ne saurait contester une amélioration notable
chez cinq malades. C'est d'abord celle qui a eu un peu de
fièvre. Puis vient une femme de quarante-huit ans, nulli-
{lare, atteinte depuis dix ans de mélrorrhagies, et chez
aquelle, ilyacinqans^ M. Rendu a reconnu un fibrome,
remontant, au début du traitement, à 10 centimètres au-
dessus du pubis. La cavité utérine avait 9 centimètres de
profondeur; en dix-huit séances on a obtenu le retour des
règles à l'état normal, la tumeur a diminué de moitié et la
malade a repris son travail. Une autre patiente, âgée de
trente-sept ans, avait depuis sept ans des métrorrhagies et
de la dysménorrhée; les pertes ont cessé et le fibrome qui
allait à 2 centimètres de l'ombilic en est maintenant à 5 cen-
timètres. Les deux dernières observations sont relatives à
des fibromes compliqués de pelvi-péritonile. Une fois, cette
complication remontait à un accouchement; les symptômes
se sont beaucoup amendés, mais la tumeur a peu diminué.
Chez l'autre malade, au contraire, la masse morbide a nota-
blement diminué.
M. Trélat conclut donc que les résultats sont bons et que
l'on doit continuer ces essais, sans en exagérer toutefois
la valeur et sans prétendre que cette méthode doit prendre
le pas sur la chirurgie opératoire. Il est certains cas, à
symptômes graves et pressants, où le bistouri gardera ses
droits. Il faut constater de plus, comme l'ont déjà dit les
orateurs précédents, que l'amélioration est avant tout sym*
ptomatique; le néoplasme est souvent peu modifié.
M. Berger t au contraire, donne plusieurs observations où
le volume de la tumeur a beaucoup diminué. Lui aussi a
voulu expérimenter une méthode dont se louent des
hommes comme Spencer Wells, Playrair, Kees, et il a
convié M. Apostoli à l'appliquer dans son service. De là cinq
observations. Une d'elles est un peu snéciale; un fibrome
sous-muqueux saillant, presque un polype, fut soumis à
l'électropuncture, les métrorrhagies cessèrent, elles qui
avaient causé une telle anémie, que M. Berger n'osa pas
enlever la tumeur. Hais le fibrome diminua peu. Chez une
autre femme, au contraire, la tumeur qui allait à quatre
doigts de l'ombilic, ne dépasse plus le pubis que de deux à
trois doigts, au bout de seize séances. Voici encore un cas
plus net: un myome proéminait dans le cul-de-sac antérieur
et d'un autre côté était accessible au palper à quatre doigts
au-dessus de l'ombilic. Aujourd'hui la masse néoplasique
ne peut plus être décelée que par la palpation bimanuelle.
Rnnn, M. Berger a vu fondre peu à peu une saillie qui
bombait dans le cul-de-sac de Douglas, en même temps que
s'abaissait un peu une autre masse qui, au début, atteignait
presque l'ombilic. Toutes les malades précédentes ont en
même temps bénéficié d'une amélioration symptomalique
considérable et elles ont supporté Télectrisation sans autre
accident qu'un peu de fièvre de temps à autre. Or, si la
détente des symptômes s'observe dans l'évolution spon-
tanée des myomes, il faut reconnaître que, en dehors de la
ménopause et de la grossesse, la résorption des tumeurs
est au moins douteuse. Si d'autre part on songe combien
sont graves, souvent, les opérations sanglantes dirigées
contre les hjstéromes, on conclura que ces essais doivent
être poursuivis. Quant à savoir si les résultats obtenus
seront durables, le temps seul répondra à cette question, et
à ce point de vue la discussion actuelle est un peu préma-
turée. Est-ce à dire, d'ailleurs, que cette métnode soit à
l'abri des échecs? Certes non, et M. Berger en a enregistré
un, dans un bien mauvais cas, il est vrai, sur une femme que
des fibromes multiples et volumineux avaient conduite à
la cachexie par les pertes sanguines, la leucorrhée, le>
douleurs, les poussées de péritonite.
M. TillauXy lui aussi, a observé une femme qai ne
supporta pas Télectrisation. Mais il a suivi avec attention,
en ville, deux malades soignées par M. Apostoli et a
constaté une amélioration certaine. Il est donc favorable à
ces essais, et il ajoute que depuis longtemps, bien avant
cette régularisation de l'électrisation, il s'était déclaré par-
tisan, dans certains cas, de Télectrolyse.
A. Bhoca.
fSoelétë de blol^gri**
SÉANCE DU 23 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. BROWN-SÉQUARD.
Des altdrations du fond de TcbU dans l'atâxie locomotrloo : M. Dèjè-
rine. — X«6 oorpe vitré an point de vme physiologiqae : M. Hacha
— Doaaae du fér dans dlffèrenta orgaiiea ohes 1m animaux
nouToau-nte : M. Lapioqua. — X^ffoU oardiaques oonsëonUfa â
rexoltation du pneumogastrique : U. Laulaniô.
M. D&jéHne rappelle qu'en 1881 Benedickt a remarqué
que, lorsqu'un labéti^ue est atteint d'altération du fond de
I œil, d'atrophie papillaire, le tabès est enrayé; il y aurait
même souvent rétrogradation de la maladie, il a lui-même,
depuis deux ans, cherché à vérifier cette proposition, et il
a trouvé avec M. /. Martin (de Genève) un certain nombre
d'ataxiques chez lesquels l'évolution de la sclérose s'est
arrêtée depuis le moment où ils sont devenus aveugles. Le
fait essentiel, c*est peut être celui-ci, à savoir Tarrél de la
maladie à son premier stade; ou, en d'autres termes, un
tabétique, devenant aveugle, ne devient pas ataxique ; il est
extrêmement rare de voir un ataxique incoordonné aveugle.
II y a donc une sorte d*oppo$ition entre 1 état du fond de
rœil et le tabès. Quant à la seconde proposition de Bene-
dickt, nue l'atâxie s'améliore, lorsque la cécité se déve-
loppe cnez un malade déjà incoordonné, M. Déjérine ne la
pas trouvée exacte.
Il resterait maintenant à déterminer les conditions de
cette opposition entre les altérations du fond de Toeil et le
développement du tabès. H. Déjérine poursuit l'étude de
cette question.
— M. Hache indique, d'après les résultats de ses re-
cherches sur la structure du corps Titré, le r6le physiolo-
gique de cette partie de rœil. Le corps vitré servirait
surtout à maintenir un degré de tension nécessaire à Téta-
lement de la rétine et à débarrasser celle-ci de ses produits
de désassimilalion. Ces fonctions dépeuplent particulière-
ment de l'hygrométricitédustroma ou substance -ton nective
du corps vilré. On conçoit quel rapport il doit y avoir entre
le maintien plus moins parfait de eette propriété et le
degré de tension oculaire et, par saite, le glaucome.
— M. Lapicquey au moyen du procédé de dosage du fer
Îu'il a récemment présenté à la Société, a pu doser le fer
ans différents organes chez des chiens nouveau*Hés : rate,
foie, thymus, os longs des membres. C'est le foie, et non pas
la rate, qui contient le plus de fer, contrairement à ce que
les recherches de Malassez et Picard nous ont montré chei ,
les animaux adultes. j
— M. Chauveau présente une note de M. Laulanié (de
Toulouse) sur les effets cardiaques consécutif aux excita-
tions centripètes du nerf vague ; l'action dépressive déter-
minée par ces excitations ne cesserait pas en effet avec les
excitations mêmes; on peut encore la constater au boot I
d'un certain temps.
28 Juin 1889
6AZETTB HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 28 — 423
REVUE DES JOURNAUX
Travaux A «onralter.
De L'HYDROXYLiMlNB EN DERMATOLOGIR, par M. EiCKHOFF. —
C'est à titre de parasilicide que cet observateur conseilJe l'hy-
clroxylamiue ponr combattre le lupus vulgaire, la triehophytose
de la tête et de la barbe. Il recommande de redouter tes pro-
priétés irritantes de cette substance et de ne pas rutiliserà une
dose plus élevée qu'au centième sous la forme de solution.
La formule qu'il adopte est un glycérolé contenant 5 centi-
grammes d'bydrochlorate d'bydroxyJamine pour 30 grammes de
glycérine et 30 grammes d'alcool. (Monat. f. prak, dermat.y
n*» 1, 1889.)
De L'ADMiMSTfLVTiON DU SULFONAL, par M. le docteur Werh-
ooYEN. — L'auteur préfère l'administration du sulfonal par la
voie rectale à l'ingestion du médicament par la bouche, en
raison de sa faible solubilité et de la nécessité de le véhiculer
dans l'eau tiède. 11 le prescrit aux cardiopathes et aux dyspep-
tiques aussi volontiers qu'aux rénaux; il ne redoute pas
Tintolérance et obtient, étt-il, le sommeil dans l'espace de
vingt minutes.
Chaque lavement au sulfonal contient (30 centigrammes â
1 gramme de substance active. Parfois il y a lieu après quelques
heures d'en renouveler l'administration. (La Clinique^ il avril
1889.)
De l'aseptol dans la diphthérie, par M. le docteur Grognot.
— L'auteur a essayé les divers toniques recommandés pour badi-
geonner le pharynx des diphthéritiques. Ses préférences sont
pour l'aseptol, mélange de 100 parties de phénol et de 90 par-
ties d'acide sulfurique. Ce corps est étendu au cinquième dans
l'eau, Talcool ou la glycérine et employé eu badigeonnages
répétés toutes les deux heures.
jM. Grognot en a obtenu, écrit-il, des succès. Il faut ajouter
qu^il combinait avec l'action de l'aseptol, celle des gargarismes
ou des irrigations pharyngées avec l'eau chloroformée aseptolisée,
l'alimentatton et les toniques en usage contre cette affection.
L'intervention de ces médicaments est de nature à atténuer,
ce semble, Tefficacité attribuée à Faseplol seul. (Bull, gén, de
Ihérap., 10 avril 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
Traité eamplet 4*ophtlialBMlo^e , par H H. L. DG
Wecker et E. Landolt, t^^me IV, B** fascicule : Maladie»
de i orbite et des voies lacrymales, par L. de Weckek.
Taris, 1889.
Ce fascicule termine Timportant ouvrage de nos labo-
rieux et méritants confrères. Après les maladies de l'œil
viennent celles de ses annexes et de la cavité orbitaire; la
distribution est plus logique que de commencer par les
r parties secondaires pour aborder ensuite les affectious de
'organe principal. Rares en eiïet sont les maladies de Tor-
bite. Elles ne comptent que pour 0,0003 dans le total des
cas observés dans les cliniaues ophthalmologtques: soit
1 pour 5000 ; mais la diffienlté du diagnostic et la gravité
souvent considérable de ces lésions, obligent à donner à
leur description une place considérable. M. de Wecker leur
consacre 300 pages.
Une étude générale de Vexophthalmie précède la descrip-
tion de Vorbitite, mieux nommée périostite orbitaire, carie,
nécrose ; de la cellulite^ phlegmon et abcès de la cavité.
Notre collègue s'y montre très partisan des doctrines mi-
crobienneS) et n'admet pas qu'en dehors de l'infection, il
puisse se produire des inflammations véritables. C'est à
cette cause, par contiguïté, par métastase, que sont égale-
ment dues les thromboses de la veine ophthalmique et des
sinus, et la capsulite ou ténonite^ dontrexistence, en tant
que maladie isolée, semble encore contestable aujourd'hui.
Les blessures de l'orbite forment un chapitre important
que précède l'anatomie de la région, d'après Merkel et
Lange. Nous ne ferons pas un reproche à M. de Wecker de
f^uiser largement aux sources allemandes, sa langue natale
ui étant forcément plus familière que la nôtre; maïs, puis-
qu'il nous donne une traduction, pourquoi ne pas la faire
complète et conserver dans le texte et sur les figures des
désignations latines, le plus souvent abrégées^ qui n'ant pas
cours parmi nous. Les coupes de Lange sont très intéres-*
santés et méritent d'être bien saisies. Pour les fractures des
F)arois orbitaires, l'exploration immédiate avec le stylet ou
a sonde est avec raison repoussée, pendant qu'aux acci-
dents secondaires notre confrère propose d'opposer une
intervention hardie, l'ablation du globe, l'exentération de
la moitié supérieure de l'orbite, si l'indication se présente
d'enlever des esquilles, de donner issue au pus d'une mé-
ningite ou d'un abcès du cerveau.
Nous avons peu à dire des tumeurs de l'orbite. Elles sont
consciencieusement étudiées, et dans les cas rares ou dou-
teux, l'observation permet au lecteur d'apprécier. Dans le
traitement des ostéomes, de Wecker, sans être réservé
comme Berlin, ne se montre pas aussi partisan de l'interven-
tion que nous l'avons été à la Société de chirurgie. Pour les
tumeurs pulsatiles, l'exophthalmie pulsatile, à côté des
anévrysmesartério-veineux, il place la dilatation variqueuse
de la veine ophthalmique et ae ses branches, sans lésion
de l'artère carotide dans le sinus caverneux. Cette opinion
est soutenable ; mais ces faits, il nous semble, doivent être
catégorisés, et non réunis sous une dénomination com-
mune. Le goitre exo|)hthalmi€|ne, les opérations sur l'orbite
et la prothèse oculaire, terminent cette partie. Les avan-
tages de Vexentération du globe sur Vénucléationf dans
lapanophthalmie et la buphthalmie, ne paraissent pas à tous
aussi bien démontrés qu'à notre distingué confrère.
Une bibliographie étendue précède et suit ta dernière
partie : les maladies des voies laorymales. Ici ce n'est
certes pas la gravité, mais c'est la fréquence, ce sont les
ennuis de tout instant que provoquent ces affections, oui ex-
pliquent les longs détails dans lesquels entre l'auteur. Volon-
tiers M. de Wecker écrirait que c est une honte pour lemé-
^ decin, et aussi pour la médecine, d'avouer son impuissance
à guérir de si petits maux. Nous ne le suivrons pas dans sa
description des lésions de la glande lacrymale, des points
et conduits lacrymaux, du sac lacrymal et du canal nasal.
Noos signalerons seulement ses préférences pour l'ablation
de la glande palpébrale au lieu de la glande orbitaire, pour
l'incision limitée des conduits lacrymaux^ pour le cathété-
risme doux et prudent combiné avec les injections antisep-
tiques, pour le décidément du ligament palpébral interne.
Avec lui nous pensons que cette manière de faire est plus
sûre que la dilatation forcée, la stricturotomie, les larges
incisions externes, l'oblitération et la destruction du sac
lacrymal.
En terminant cette analyse, nous ne pouvons que félici-
ter les auteurs d'avoir mené à bien la publication d'un
aussi important ouvrage. Si quelques parties eussent ga-
gné-à être un peu abrégées, si le traité tout entier se fût
bien trouvé d'être réduit à un moindre volume, nous
sommes heureux de reconnaître que suivant exactement le
plan tracé, nos très distingués confrères ont rendu à la
science et à rophthalmologie un véritable service. Leur
Traité complet comble une lacune dans notre littérature
médicale.
J. Chauvrl.
424 - N* 26 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
28 Juin 1889
VARIÉTÉS
Faculté de médecine de Paris. — M. Pinard, agrégé des
Facultés de médecine, est nommé professeur de clinique d'ac-
couchements à la Faculté de médecine de Paris.
Accoucheurs des hôpitaux. — Le concours pour une place
d*accoucbeur du Bureau centrai vient de se terminer par la
nomination de M. le docteur Bonnaire.
Pro&ectorat. — Le concours du prosectorat vient de se ter-
miner par les nominations suivantes :
l"" Prosecteurs titulaires : MM. Thiéry et Riffel ; t" prosecteur
provisoire: M. Legueux.
Hôpitaux de Paris. — De petits drapeaux indiquent actuelle-
ment les accouchements qui se font à la clinique. Bleu = accou-
chement simple; jaune = dystocie; vert = opération.
Faculté de médecine de Montpellier. — Par décret en date
du 22juin 1889, M. Grynfellt, professeur d'opérations el appareils
à la Faculté de médecine de Montpellier, est nommé, sur sa
demande, professeur de clinique obstétricale et gynécologie à
ladite Faculté.
— M. Chalot, professeur de pathologie externe, est nommé,
sur sa demande, professeur d'opérations et appareils.
Faculté de hédegine de Nancy. — M. Macé, agrégé des
Facultés de médecine, est nommé professeur d'histoire naturelle
médicale à la Faculté de médecine de Nancy.
Internat db pharmacie. — MM. les élèves internes en phar-
macie de Paris, actuellement en fonctions, et ceux qui ont été
nommés à la suite du dernier concours, sont prévenus qu'il sera
procédé^ dans les formes ordinaires, à leur classement et à leur
répartition dans les établissements de Tadministration pour
répartition
Tannée 1889-1890.
Les cartes de placement seront délivrées à MM. les internes
de deuxième, troisième et quatrième années, le mardi 25 juin à
trois heures, dans ramphilnéàtre de radministration ; à MM. les
internes de première année, le jeudi 27 juin à deux heures.
Œuvre nationale des hôpitaux marins pour les pauvres
enfants débiles, lymphatiques et scrofuleux. — Parmi les
œuvres d'assistance morale et matérielle qui se multiplient
chaque jour en France, il en est peu qui méritent autant de
sympathie que la Société qui vient de se fonder sous la prési-
dence de M. le docteur Bergeron, secrétaire perpétuel deVAca-
démie de médecine, avec lassistance d'un comité de propagande
composé de MM. le médecin inspecteur général RocnarJ, le
docteur Leroux et MM. G. Lafar^e, Baliman et Paul Hippeau.
Cette Société a pour but de veiller au développement physique
de nos enfants, à Tamélioration de notre race. Elle pense que si
c'est un devoir de venir en aide à ceux qui, accablés par Vtige
ou par la maladie, ne peuvent rendre à la société aucun service,
c'en est un plus grana encore de nous préoccuper de ceux qui,
suivant qu'ils auront été bien ou mal traités dès le jeune âge,
seront des hommes ou des femmes valides, utiles à la patrie, ou
des êtres malingres et souffreteux, consommant sans produire,
condamnés à traîner toute leur vie une existence misérable, à
charfi^e à eux-mêmes, à leurs familles et à la société.
Elle veut assurer ou seconder la création ou le perfectionne-
ment sur les côtes de France d'établissements destinés au trai-
tement des enfants et des adolescents dont la consiitution est
susceptible d'être transformée par l'influence du traitement
marin. Ce traitement, réservé jusqu'à ce jour aux privilégiés de
la fortune, pourra être offert aux familles nécessiteuses que la
scrofule décime chaque année. Déjà VŒuvre nationale subven-
tionne certains hôpitaux ou sanatoriums maritimes. Elle a pris à
sa charge le sanatorium de Banyuls sur la Méditerranée, mais
ses ressources sont insuffisantes. C'est pourquoi elle fait appel à
tous les médecins, à tous les pères de famille qui voudront
s'associer à l'œuvre généreuse qu'elle a entreprise.
Il y a plusieurs moyens pour le public de s y associer:
Le premier, c'est a y adnérer en s'engageant à payer comme
sociétaire, une cotisation annuelle de 20 francs au moins ou en
versant une somme de âOO francs une fois donnée.
Le second, c'est de souscrire une somme quelconque à titre de
don. Les sommes les plus minimes sont accueillies avec recon-
naissance.
En outre: sont membres fondateurs bienfaiteurs les personnes
qui fondent soit un ou plusieurs pavillons, soit un ou plusieurs
lits portant leur nom dans l'un des établissements relevant d<*
l'œuvre nationale des hôpitaux marins; sont membres fonda-
teurs les personnes qui s'engagent à verser une somme annnellr
de 100 francs au moins ou qui versent une somme d'au moins
1000 francs une fois donnée.
Les adhésions et souscriptions doivent être adressées 4
M. Brelet, secrétaire général, au siè^e de la Société, 62, rue de
Miromesnil, ou à M. Baliman, trésorier, 21, rue de TArbre-Sec.
Elles sont également reçues et publiées par les journaux.
La première souscription ouverte en vue du sanatorium d«
Banyuls-sur-Mer a produit 103246 francs. Voici les souscriptions
faites sans affectation spéciale :
M. le docteur Bergeron 1000 fr. »
MM. Aubron, Boudault, Hecht, M"" Pereire
(Isaac), chacun 500 »
MM. André (Alfred), le baron de Bouchepom,
Brach, Callebaut, M"« Carnot, MM. Chatoney,
Devès, Duchàteau. M»" Unrand-Claye, MM. Ge-
neste, Glandar, Je docteur Grancher, Haas
i Louis), Haranger, M"* Léon, MM. le docteur
lassot (de Perpignan), le docteur Ch. Monod,
Œsinger, Pereire (Henry), Philippi, Picard
(Alexis), le docteur Proust, Reitlinger (Sigis-
mond), Roy (Ferdinand), Yalpinçon, Vilar,
chacun iOi} »
M. Payelle !50
M. Baliman, M""^ Chable, la baronne do Feu-
chère, MM. Grosclaude, Herscher, M™* Hottîn-
Î^uer, MM. le docteur A.-J. Martin, Mesureur
Jules), M"Ma baronne de Neuflize, MM. Pee-
ters. Picard (Maurice), Picard (Paul), Heitlinger
(Frédéric), Sieber, Tollu, Trélat (Emile),
chacun iOO >
Chimène (pseudonyme) 743 35
Ensemble ] 10.693 fr. 35
Les souscriptions inférieures à 100 francs
ont atteint le chiffre de 5.693 G3
Soit un total de \ 16 387 »
Total général '. 119.633 fr. t~
Mortalité a Paris (2i« semaine, du 9 au 15 juin
1889. — Population : 2360945 habitants). — Fièvre typhoïde, IIK
— Variole, 1. — Rougeole, 14. — Scarlatine, 7. — Coque-
luche, 10. — Dinfathérie, croup^ 41. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 186. — Autres tuberculoses, SI. — Tumeurs :
cancéreuses, 36; autres, 5. — Méningite, 44. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 38. — Paralysie, 7. —
Ramollissement cérébral, 5. — Maladies organiques du cœur, .">:{.
— Bronchite aiguë, 23. — Bronchite chronique, 24. — Broncho-
Eneumonie, 18. — Pneumonie, 32. —Gastro-entérite; sein, i l;
iberon, 51. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 4. — Autres affections puerpérales. 2. -— Débilité con-
génitale, 27. — Sénilité, 23. — Suicides, 15. — Autres morts
violentes, 17. -— Autres causes de mort, 140. — Ganses
inconnues, 11. — Total : 883.
0UVRA6ES DÉPOSÉS AU BUREâU OU JOURNAL
ÉUminati&n de l'acide talicyUque iuivant U* divers étatt dei reins, ses transfon»
matioas dans l'ôconomie, son action sur les priocipiox élêioenls de rurine, par
M"* George Ghopto, decteur en médecine de la Faculté de Paris. Uue brorharc
in-S" de 70 pages. Paris, 0. Doin. s (r.
L'étude des maladies du rysUme nerveux en Russie, rapport adressé k U. \c
ministre de l'Instruelion publique, par M. F. Raymond. Une brochure in-^* de
80 pages arec figuns dans le texte. Paris, 0. Doin. 3 fr.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
i95S3. — MOTTiRoz. ~ Imprimeries rëuoiet. A,, me Mignon, S. Paris.
Trente-sixième année
N*27
5 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ. E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. NÉNOCQUE, A.-J. MARTIN. A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, U, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. — Neuropathologir. La syringomyélie. ^ Formu-
LAIRB TBBRAPEUTIQUB. Des préparations d'EschscboUzia californica. — Tra-
vaux ORIGINAUX. Pathologie interno : Statistique avec notes cliniques sur la
iîèvrc lypholde, portant sur 871 cas observés pendant une période de dix années,
do 1879 àl88S. — ConRESPO.'(DANCB. — RBVUB DBS Congrès. Trotsième Congrès
des nnëdecins russes. — Sociérés savantes. Académie des sciences. — Aca-
«Icmie do médecine. — Société médicale des hôpitaux. — Société de chirurgie.
— Rrvub des JOURNAUX. Thérapeutique. — BlBLiOGRAPBlB. L'hygiène du vélo-
ci|>édiâte. — Anatomio normale et pathologique de rwil. — Variât^. —
Feuilleton. Les difformes et les malades dans l'art.
BULLETIN
Paris, 3 juillet 1889.
Académie de médecine : L'exerelec de la médecine par le»
safces- femmes. — Empolaonncmeiil par l'araenle.
Une discussion des plus importantes a été soulevée à Toe-
easiond*un rapport de M. Budtn. Elle sera continuée lorsque
la Commission académique, à laquelle ont été adjoints
MM. Tarnier, Brouardel et Nocard, aura modifié ses con-
clusions premières; mais il importe dès aujourd'hui de
faire ressortir toutes les difficultés de la question qu'elle est
appelée à résoudre. Peut-on autoriser les sages-femmes à
prescrire des antiseptiques? En principe, une réponse
affirmative ne parait point douteuse. En cas d'épidémie, ou
même alors que la sage-femme se trouve en face d'une
malade qui pourrait être infectée, son premier devoir
n'est-il pas de se servir de tous les médicaments néces-
saires? Et les injections de sublimé ou d'acide phénique ne
paraissent-elles pas indispensables dans ce cas? Mais d'autre
part, autoriser par un article de loi les sages-femmes à détenir
chez elles d'iine manière permanente des quantités relati-
vement considérables de matières vénéneuses serait s'ex^
poser à bien des abus et partant à bien des dangers. C'est
le motif qui a retenu M. Guéniot et la majorité de ses col-
lègues. Ils ont pensé que l'on était déjà bien tolérant en
autorisant les dentistes non munis de diplôme et les offi-
ciers de santé à se servir des anesthésiques et à employer
l'arsenic, l'opium, etc. Ils n'ont pas voulu qu'on étendît
aux sages-femmes une tolérance qui n'est pas sans încon-^
vénients.
On pourrait répondre que le droit de prescrire des anti-
septiques n'entraîne pas celui de les avoir chez soi et de
les vendre soi-même, comme le demande M. Le Fort. Il
siiffirait peut-être, pour répondre aux objections de M. Gué-
niot, de spécifier dans la loi que les sages-femmes ne pour-
ront prescrire les antiseptiques que dans les cas d'urgence,
pour un malade déterminé, et que, après avoir été exécutée
par le pharmacien, leur ordonnance devra être reproduite
sur un registre spécial, et contresignée ultérieurement par
un docteur en médecine. On éviterait ainsi les abus que Ton
redoute. N'est-il pas évident, en effet, qu'en cas d'épidémie,
en cas de complications obstétricales graves, on a presque
toujours le temps de prendre ses mesures et d'imposer aux
sages-femmes la consultation autorisée d'un médecin? »
— Le savant travail lu par M. Brouardel, en son nom et
au nom de M. Pouchet, confirme une série de recherches
toxicologiques déjà faites par MM. A. Gautier et Skolo**
bousoff. Il montre l'importance qu'il peut y avoir à recher*
FEUILLETON
Le» dlITormea et 1e« malades dnos l'art, par MM. ChaRCOT
(de l'Institut) et Paul Riciïer (1).
Ce n'est pas d'aujourd'hui que M. le professeur Charcot
applique à Tuil la puissante méthode d'investigation à la-
quelle il doit tant et de si brillantes découvertes dans le
domaine des maladies du système nerveux. Depuis long-
temps déjà, son érudition spéciale dans les questions d'es-
thétique, son goût très sûr et très délicat étaient connus de
ses confrères et appréciés dans le milieu des amateurs
instruits. On savait que, grâce aux voyages ((ue lui impose
son immense réputation, aux amitiés nue lui ont créées son
caractère et les nombreux services qu il a rendus, il avait
(1) Grand in-i*, avec fli^urcs intercalées dans le Icxtc. — Pari», Lecrosnier et
BaKv 1880.
?• SliRlE T. XXVI.
pu amasser de riches et importantes collections où figurent
quelques œuvres des maîtres les plus illustres de toutes les
époques.
Peu de personnes cependant connaissaient l'illustre
maître de la Salpêtrière sous ce jour un peu nouveau,
quand il fit paraître l'année dernière, en collaboration avec
un de ses élèves -les plus distingués, qui est lui-même un
artiste, M. Paul Richer, cet étrange livre des Démoniaques,
qui éveilla si vivement l'intérêt. On se rappelle l'impression
nu'il produisit. C'était un monde nouveau ou plutôt un monde
dont nous ne nous doutions pas, que M. Charcot évoquait
devant nous. Interrogeant successivement les œuvres des
artistes qui ont interprété des scènes de possédés, il en
dégagait la pensée maltresse, et montrait combien certains
d'entre eux se sont préoccupés de rester fidèles aux lois de
l'observation de la nature, en retraçant ces drames patho'*
logiques avec une exactitude souvent scrupuleuse. Il si-
gnalait dans leurs œuvres les attitudes caractéristiques des
27
— K* 27 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 5 Juillet 1889
cherdans les os la substance lexique qu'on ne peut retrouver
daus la moelle ou dans le foie. Il décrit une série de sym-
ptômes qui peuvent mettre le médecin sur la voie du dia-
gnostic. Mais, à un point de vue plus pratique encore, il
insiste sur la nécessité de rechercher Tarsenic dans les
urines. Comme Ta très nettement expliqué M. Brouardel,
les symptômes subjectifs peuvent être trompeurs, et, dans
l'immense majorité des cas, s'il n'a pas été éclairé par des
rapports fondés sur des circonstances extérieures aux sym-
ptômes d'ordre médical, le médecin hésite avant de for-
muler son avis. Or il importerait, dans un grand nombre
de circonstances, de pouvoir poser un diagnostic précis et
d'imposer son opinion sans même tenir compte des enquêtes
ou des présomptions extra-médicales. C'est pourquoi il im-
porte de retenir et de signaler les conseils donnés par
M. Brouardel. Le médecin qui soupçonne un empoisonne-
ment par l'arsenic, ou qui se trouve en face d'une série de
symptômes douteux, en particulier de symptômes d'appa-
rence cholériforme, ne doit pas hésitera recueillir lui-même
les urines et à y rechercher l'arsenic. S'il n'est pas outillé
pour faire dans son cabinet celte expertise, si simple cepen-
dant, il pourra l'exécuter dans Tofficine d'un pharmacien.
Si l'analyse des urines lui montre qu'elles renferment de
l'arsenic, il devra rechercher ensuite celui-ci dans les che-
veux. Et lorsqu'il sera ainsi arrivé à un résultat positif, il
pourra, sans rien craindre pour sa réputation, remplir tous
les devoirs que lui imposera sa conviction.
NEUROPATHOLOGIE
La syrlngoinjélle.
Il n'est question en ce moment que d'une maladie des
plus importantes qui vient de faire récemment son entrée
dans les cadres nosologiques ; nous voulons parler de la
syringomj/élie.
Si Ton cherche dans les traités classiques, on ne trouve
aucune description clinique se rapportant à la lésion appelée
depuis longtemps déjà syringomyélie. Cela ne veut pas dire
que les auteurs allemands, qui viennent d'obtenir droit de
cité pour la nouvelle aiïeclion, n'ont pas eu de précurseurs,
mais c'est à eux que revient le très grand honneur d'avoir
mis en présence d'un côté des symptômes cliniques fixes,
d'une constance éprouvée, et de l'autre des lésions également
fixes et dont la localisation explique surabondamment les
symptômes observés.
Il ne faudrait pas croire qu'il s'agisse d'une affection très
rare constituant une curiosité pathologique.
M. Charcot pense que la syringomyélie est au moins aussi
fréquente que la sclérose latérale amyotrophique et l'on sait
que ce n'est pas peu dire.
Olivier d'Angers, dans son beau Traité des maladies dr
la moelle épinière, donne en 1837 le nom de syringomyélie
à des cavités centrales qu'il observe au milieu de la
substance grise. Ces cavités s'offrent à l'œil sous forme de
longues fentes entourant le canal central épendymaire et
présentant une longueur très appréciable. Ces fentes offrent
les formes les plus diverses. Malheureusement on ne s'est
guère occupé des symptômes produits par ces étranges
lésions, qui demeurent à l'état de curiosités purement ana-
tomo-pathologiques.
Andral, Portai, Senac, Morgagni, Nonat, Leuhossek,
Hutin, ont décrit ces trouvailles d'autopsie sans que la
nosologie, partant la physiologie spinale, en ait beaucoup
profité.
C'est là ce que M. Déjerine, dans une leçon faite à
Bicêtre (Semaine médicaley p. 194), appelle la première
période historique de la syringomyélie.
Dans une seconde période, dit H. Déjerine, on voit la
clinique s'ajouter à la relation d'autopsie.
H. Lancereaux, en 1862, signale sous le nom d'hyper-
trophie de l'épendyme spinal une dilatation du canal
central de la moelle, transformée en un cordon fibreux,
coupé çà et là de dilatations kystiques. Cliniquement le
malade avait présenté des troubles de la motilité et de la
sensibilité; il présentait en outre une déviation rachidienne.
A partir de cette époque, de nouveaux faits anatomîques
sont acquis à la science; ce sont les faits de Gull, Schûppei
Grenim, Westphal, Simon Leyden, Roth-Schulhze,
Strimpel, Kahler et Pick Wipham.
Duchenne. (de Boulogne) dit, dans son Électrisaiion
localisée, à propos de la paralysie générale spinale diffuse
subaiguê, qu'il est impossible de créer un type clinique un
avec aucune des lésions de cet ordre.
II est impossible de passer sous silence les observations
de H. Hallopeau, publiées il y a plus de vingt ans. M. Hal-
lopeau, sous le nom de sclérose centrale sous-épendyroaire.
de sclérose diffuse péri-épendymaire, a décrit une affection
médullaire, qui parait se rapporter au type décrit en Alle-
affections nerveuses convulsives, qu'il a lui-même étudiées
et définies, et établissait par un nouveau et irrécusable
témoignage l'identité de la « possession » et de la grande
névrose.
Parmi ces vivants témoins d'un passé disparu, figurent
presque tous les maîtres de l'art, depuis les primitifs du
moyen âge, qui n'ont fait qu'ébaucher l'interprétation du
fait pathologique, jusqu'aux grands artistes de la Renais-
sance, qui lui ont imprimé les caractères d'une saisissante
réalité.
Mais, dans ce travail cependant si important par le nombre
des matériaux qu'ils ont groupés et la magistrale élude
qu'ils leur ont fait subir, MM. Charcot et Richer n'avaient
examiné que les œuvres qui touchent à une branche de la
pathologie. Ce n'était point assez pour satisfaire des esprits
aussi élevés. Agrandissant leur horizon, c'est dans le domaine
entier des infirmités humaines qu'ils nous transportent
maintenant, et ce sont toutes les productions artistiques du
Î^enre humain ayant revêtu une forme pathologique, qu'ils
ont passer devant nos yeux, dans un ouvrage intéressant,
imprimé avec un soin particulier, enrichi de nombreuses
gravures et qu'ils publient sous ce titre : Les difformes et
les malades dans l art.
Ce livre est, à proprement parler, une étude considérable,
une œuvre de bénédictin laïque, et qui pai*alt inouïe quand on
considère qu'elle est l'œuvre extra-professionnelle, je n'ose
dire le passe-temps, d'un des hommes les plus occupés de
notre époque. Elle embrasse, en effet, la pathologie artis-
tique tout entière, depuis les œuvres des artistes égyptiens
inconnus, qui ont été exhumées du vieux sol des Pyramides,
jusqu'à celle des peintres du commencement du dix-neu-
vième siècle, représentées par le célèbre tableau de Gros :
Les pestiférés de Jaffa.
Dans ce vaste espace de temps, qui comprend presque
toute l'histoire positive de l'humanité, figurent toutes ses
souffrances : le grotesque, le rachitisme, l'idiotisme, la
5 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
_ N* 21 — 42?
magne et étudié par MM. Déjerine et Debove sous ie nom de
syringomyélie. L'auteura constaté clinîquement des troubles
de la sensibilité et des atrophies musculaires. Pour lui, il
s'agit d'un processus dlnflammation chronique naissant
autour du canal central, accompagné de tractus irradiant
dans la substance grise et dans les cordons blancs. La cavité
centrale n'est pas con^ituée par une lacune, mais par le
canal épendymaire lui-même, revêtu presque partout de son
épithélium. L'idée d'une néoplasie gliomateuse n'est donc
pas venue à M. Hallopeau, qui n'a vu là qu'un processus
scléreux atteignant la névroglie.
A partir de 1882, la syringomyélie entre dans le cadre des
maladies classées de la moelle épinière.
M"'' Baumler (thèse de Zurich, 1887) réunit cent obser-
vations de syringomyélie, dont deux personnelles. Ces obser-
vations se décomposent en soixante-six observations avec
autopsie de malades ayant présenté des symptômes médul-
laires; en vingt-cinq observations purement anatomiques et
dix parement cliniques.
Viennent ensuite les travaux de Roth (Gliomatose médul-
laire) {Archives de neurologie, 1887, vol. XIV et
suivants) ;
De Morvan (de Lannilis) (Gazette hebdomadaire, 1886,
n» 32 et suivants, 1887, n« 41) ;
De Schull^e (de Dorpal) {Zcitschrift fur klin. Med.,
Bd XIII, Helft 6) ;
De Bernhardt (C^ntralft/a/^ fur Nervenheilkunde, 1887,
n« 1, et 1889, n» 2);
De Kahler (de Prague) (Ueber die diagnose der syrin-
gomyélie) {Prager. med. Wochenschrifty § 63, 1888) ;
De Remack, de Freud, etc. ;
De Broca (Gazette hebdomadaire, 1888, n*» 39);
De Monod et Reboul (Arch. gên. de méd., 1888), et
enfin nous avons nous-même (Paul Berbez, France
médicale, 1885) dans une communication à la Société cli-
nique, sous la rubrique : Essai de diagnostic d'une affection
de la moelle indépendante du tabès avec arthropathie du
coude, présenté l'histoire d'un malade, dont l'autopsie faite
par mon successeur comme interne à la clinique de la Sal-
pêtriére, démontra l'existence d'une syringomyélie. La
pièce fraîche fut présentée à la Société anatomique en 1886.
Les choses en étaient là quand M. Debove prit dans son
service un malade qui venait sans diagnostic bien positif
des salles de la clinique de la Salpêtrière et reconnut chez
lui tous les signes de la syringomyélie telle que l'avaient
décrite les auteurs allemands. Il présenta son malade à la
Société médicale des hôpitaux dans la séance du 22 fé-r
vrierl889, en même temps que M. Déjerine présentait un
autre sujet atteint également de syringomyélie.
Les lecteurs de la Gazette hebdomadaire peuvent trouver
dans le n" 9, p. 138, l'observation de M. Debove; dans le
n°10, p. 155, la pré3entation de M. Déjerine. Nous nou$
contenterons donc de dire que chez ces deux malades les
symptômes observés étaient à peu près les mêmes (troubles
moteurs, anesthésie à la douleur et à la température, con-r
servation du tact, amyotrophie, scoliose, etc.).
Le 22 mars 1889 la Société médicale des hôpitaux reve-
nait sur la syringomyélie. M. Joffroy pensait que l'entité
clinique de la syringomyélie n'était pas aussi assise, ni le
diagnostic aussi facile que l'affirmait M. Déjerine. Bien
souvent, disait le médecin de la Salpêtrière, il faut attendre
l'autopsie pour se prononcer. Du reste l'origine inflamma-
toire de la lésion doit être admise dans beaucoup de cas; la
gliomatose n'est pas seule à incriminer, car M. Joffroy lui-
même a observé les lésions caractéristiques de la syringo-
myélie dans deux cas de pachyméningite hypertrophique.
L'auteur reprenait, comme on le voit, l'idée défendue
autrefois par MM. Lancereaux et Hallopeau.
 la même Société des hôpitaux, MM. Gombault et Reboul
présentaient, dans la séance du 26 avril 1889, le résultat de
l'autopsie d'une malade qui succomba vers cinquante-cinq
ans après avoir été pendant la vie examinée par Morvan lui-
même. Morvan reconnut là les symptômes de paréso-anes-
thésie dont il fit la maladie à laquelle il attacha son nom.
M. Gombault examina les nerfs des membres supérieurs
atrophiés, envahis par une névrite ascendante. Les lésions
nerveuses diminuaient à mesure qu'on se rapprochait de la
moelle qu'on trouva sclérosée dans les cordons et les cornes
postérieurs et peut-être aussi dans la substance grise
centrale.
M. Gombault lui-même et M. Debove furent d'avis que,
bien que la malade eût présenté les symptômes analogues k
ceux de la syringomyélie, on ne pouvait pas conclure à la
parfaite identité des deux affections. M. Gombault dit que
les lésions observées présentent une assez grande analogie
de distribution avec le tabès, mais qu'il n'a pas rencontré
comme dans cette maladie la rétraction des faisceaux
postérieurs. L'exposé de ces lésions, sans trancher ia
question, fournira certainement aux débats quelques
données positives. M. Déjerine, ces jours derniers^ a fait
cécité, les affections cutanées, la peste, la maladie et la
mort. On comprend combien il est difficile d'analyser com-
plètement un sujet dont les éléments sont si considérables
et si variés qu'ils demanderaient chacun une étude spéciale.
Je dois me borner, à mon grand regret^ à un simple aperçu,
qui ne pourra être souvent qu'une rapide nomenclature.
On sait combien les artistes du moyen âge aimaient à
orner les murs des cathédrales de figures grimaçantes et
bizarres. Dans une de ces figures, celle d'un mascaron
grotesque de l'église Santa-Maria, à Venise, M. Charcot a
retrouvé tous les caractères d'une déformation morbide
parfaite. Cette déformation, qui donne au grotesque une
expression d'horrible laideur, consiste dans un spasme
d'une moitié de la face, avec projection de la langue hors
de la bouche et déviation de sa pointe.
Rien de plus intéressant que cette observation. Il s'agit,
en effet, d'un spasme de la face d'une nature spéciale, l'hé-
mispasme glosso-labié, coexistant souvent chez les hysté-
riques avec rhémiparalysie des menibres. Il est manifeste
que l'artiste ne put créer de toutes pièces, dans son imagi-
nation, un type aussi nrécis ; qu'il a rencontré sur son chemin
l'homme qui le réalisait, et qu'il l'a étudié avant de le
reproduire avec une aussi remarquable fidélité.
C'est cette découverte fortuite, faite au cours d'un voyage
à Venise, qui donna à M. Charcot l'idée d'entreprendre des
recherches sur la reproduction artistique des maladies et
des infirmités.
Les grotesques, en dehors de l'exemple intéressant que
je viens de rapporter, ne pouvaient lui donner des maté-
riaux très importants, car étant des œuvres de caricatures
destinées à mettre en relief un trait spécial, leur exécution
reste ordinairement fantaisiste et s'éloigne volontiers de
l'observation; mais les autres catégories d'infirmités lui
ont fourni des documents souvent remarauables, et parmi
lesquels il en est de signés des plus grancls artistes.
On sait le rôle qtf'ont joué les nains et les fous dans les
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Juillet 1889
une leçon sur la syringomyéite. li a apporté encore un cas
nouveau. Enfin, M. le professeur Charcol a consacré sa der-
nière leçon du mardi (13 juin 1889) à l'étude de l'afTeclion
nouvelle. Le maître a présenté à son cours son premier
malade, retour de chez H. Debove, et une malade que nous
avons toujours vue à la Salpétrière avec le diagnostic de
pachyméningite cervicale.
Dans cette leçon, M. Charcct apporte comme toujours sa
note personnelle ; dans le cas présent, c'est sur le diagnostic
de ces anesthésies si bizarrement découpées ou délimitées
qu'il insiste.
Avant de décrire les lésions anatomiques, nous devons
reconnaître que les auteurs allemands ont suivi la méthode
chère à notre maître, la méthode anatomo-cl inique. Après
avoir bien étudié la symptoroatologie, on a fait l'au-
topsie et scrupuleusement noté les lésions. M. Schule a
fait deux autopsies. M. Kahler en a fait une. De toutes les
nécropsies pratiquées autrefois et depuis la découverte du
type, il ressort que les symptômes syringomyéliques prennent
et doivent vraisemblablement être produits par des lésions
diverses qui sont :
l*" L'hydromyélie ancienne ou dilatation du canal central
de la moelle (cas deLancereaux, certains cas de Hallopeau);
â"* La myélite cavitaire, décrite par MH. Charcot et
Joffroy en 1869. Le tissu nerveux gris s'eiïondre par places
et on trouve alors de véritables lacunes dans la colonne
grise centrale;
S"" La sclérose péri-épendy maire de Hallopeau. M. Charcot
a vu toutes ces formes, les deux dernières surtout ; aujour-
d'hui certains simplistes, qui veulent tout ramener à des
tracés semblables, disent que dans ces cas-là on aurait
affaire à lagliomatose... Cela est faux, les formes décrites
par Hallopeau existent et rien ne s'oppose à ce que ces
lésions forment le type syringomyélie.
Enfin il y a la gliomatose vraie, caractérisée . par ses
cellules araignées qui trahissent d'une façon péremptoire
l'envahissement du tissu nerveux par le parasite, le
néoplasme, né aux dépens de la névroglie. A cet égard, la
thèse de Miss Anna Baumler est très instructive; on peut
voir dans cet ouvrage un grand nombre de dessins repré-
sentant le gliome. Nous savons que cette néoplasie peut
se former en tumeur ou bien causer très vite la raréfaction
du tissu nerveux. Celte dégénérescence glibmateuse siège
souvent autour du canal central de l'épendyme sans avoir
rien à faire avec lui. Au bout d'un temps plus ou moins
long, le tissu gliomateux entre en régression et voilà bientôt
la colonne grise centrale voisine du canal épendymaire qui
se creuse de cavités syringomyéliques.
Sans qu'on puisse dire pourquoi, la gliomatose se localise
derrière le canal de l'épendyme dans la commissure posté-
rieure ; elle se développe alors en partie aux dépens de la
substance grise centrale, en partie* aux dépens des cornes
postérieures; il se passe pour ces cornes postérieures un peu
ce qui se passe pour les cornes antérieures dans l'atrophie
type Aran Duchenne par exemple.
Dans le cas le plus habituel la lésion envahit, puis détruit
la substance grise située derrière le canal central de la
moelle, puis elle gagne la corne postérieure, qu'elle détruit
à son tour et cela d'une façon symétrique; la lésion prend
donc une forme assez régulièrement schématique. On
pourrait dire que c'est là la lésion type de la syringomyélie:
substance grise, cérébrale postérieure, cornes postérieures.
Si on réfléchit un instant, on se rend bien vile compte de
la physiologie pathologique de la nouvelle maladie. Quand
la lésion est ce que nous venons de donner en schéma, le
malade qui a cependant ses cordons postérieurs encore
intacts, a perdu la sensibilité à la douleur, la sensibilité à
la températurey en même temps qu'il conserve la sensation
de contact: conclusion naturelle, déjà connue du reste en
partie, tout au moins des physiologistes : les tractùs con-
ducteurs de la sensibilité à la douleur et à la température
ne passent pas par les cordons postérieurs, mais par la
substance grise centrale, commissure postérieure et cornes
postérieures. Les impressions fournieâ par le tact, les
impressions du sens musculaire passent ailleurs sans qu'on
puisse dire exactement ou.
Telle est la distribution la plus simple des lésions, mais
ces lésions peuvent gagner par compression, par inftUra-
tion gliomateusey par lésions cavitaires, soit les cornes
antérieures (alors amyotrophie), soit le faisceau latéral
(alors parésie avec exaltation des réflexes, phénomènes du
pied, etc.), soit enfin les cordons postérieurs (phénomènes
tabétiques). Nous voilà donc en pleine physiologie patholo-
gique. La maladie, plus finement ot plus sûrement que le
scapel du vivisecteur, dissèque les parties systématisées de
la moelle et nous en fait pour ainsi dire toucher du doigt le
fonctionnement. Comme siège, la syringomyélie présente
les localisations les plus diverses. Dans un grand nombre
des observations de miss Anna Baumler, on voit la moelle
prise de haut en nas. Cependant elle afl*ecte une prédilection
cours du moyen âge et de la Renaissance, et ce n'est pas
seulement du moyen âge que date l'engouement qu'ont eu
les rois et les peuples pour ces êtres disgraciés de la na-
ture; dès les antiques monarchies égyptiennes, ils durent
occuper une place importante dans les résidences royales,
et l'école memphyte nous a laissé parvenir, parmi plusieurs
chefs-d'œuvre, une statue très remarquable, celle du nain
Chnounmotpon, qui est aujourd'hui au musée de Boulacq,
et dont les auteurs nous ont donné la reproduction. Les
Egyptiens ont même poussé jusqu'à la divinisation leur
culte pour les nains et leur ciel en comptait au moins deux :
le dieu Bès, qui présidait aux armes, et le dieu Pshah.
L'amour exclusif que les Grecs professaient pour le beau
et la perfection des formes, les éloignait de la figuration
des infirmités. Cependant il faut faire une exception en
faveur du marbre connu sous le nom de buste d'Esope, et
qui se trouve à la Villa Albani. On présume que cette
œuvre d'art est une des répliques du fameux portrait I
d'Esope par Lysippe, dont Pline vante la perfection. En
dehors ae ce spécimen, que l'on peut rattacher au grand
art sculptural de la Grèce, c'est dans les produits d'un art
secondaire, dans les figurines en terre cuite, qu'il faut
chercher pour retrouver quelques traces de difi'ormités.
Mais c'est surtout parmi les œuvres du moyen âge et de
la Renaissance que les auteurs ont recueilli le plus de
documents concernant cette variété de difformités. Les
nains et les fous tenaient une telle place dans les cours que
les artistes. les faisaient figurer dans leurs compositions à
cùté des princes et des grands personnages qu ils mettaient
en scène. C'est ainsi que dans la célèbre tapisserie de
Bayeux dite de la reine Mathilde (onzième siècle), on voit
le nain TVROLD, tenant en bride les deux chevaux des
envoyés de Guillaume le Conquérant à Guy de Ponthieu;
que dans Iç tableau de Mantigna, représentant le Triompl^
de Jules César, un nain montre une face où se lisent clai-
rement les traits combinés de la scrofule et du rachitisme;
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marquée pour la région cervico-brachiale. Ajoutons à cela
les lésions secondaires, dégénérescence du faisceau pyra-
midal, nous aurons une idée complète de raffeclion en lant
que distribution anatomique.
On peut multiplier à plaisir les combinaisons; on en
revient toujours à ces termes simples : gliomatose, tissu
araignée qui se développe aux dépens de la névroglie de
la substance grise, dans le voisinage du canal de Tépen-
dyme, plutôt en arrière du canal qu'en avant (Kabler,
A. Baumler), gagne les cornes postérieures, puis peut
envahir, par les trois moyens que nous avons indiqués, les
cordons postérieurs, les cordons latéraux, les cornes anté-
rieures.
Maintenant il ne parait pas que la gliomatose réalise
seule cet ensemble de signes cliniques auquel on a donné
le nom de syringomyélie; il est fort possible, et de nou-
velles autopsies le démontreront sans doute, les dilatations
du canal central, les scléroses périépendymaires, à la
façon de Lancereaux et Hallopeau, pourront produire les
mêmes signes que la gliomatose, qui, jusqu'ici, paraît
anatomiquement la cause de syringomyélie la plus fréquente
et la plus puissante.
ScbifT, à la suite d'expériences habilement conduites, a
établi que les impressions tactiles passaient par les cordons
postérieurs; mais il n a pu dire qu'une chose à propos des
impressions de douleur et de température, c'est que ces der-
nières impressions ne paraissaient pas passer par les mêmes
voies que le sens du tact.
Quoique négative, cette afûrmation a son importance; car
une maladie qui a son siège de prédilection dans la colonne
grise postérieure a amené l'abolition des sensibilités parti-
culières à la douleur et à la température.
Donc nous ne devons pas trouver de troubles sensitifs du
tact et du sens musculaire dans la syringomyélie. Or... on
n'en trouve pas.
On peut établir le tableau syniptomatique suivant, déduit
de la physiologie normale.
A. — - Symptômes dus a l'envahissement des cornes
ANTÉRIEURES.
Atrophie musculaire progressive ne rentrant ni dans le type
Aran Uuchenne, ni dans le type des myopathies essentielles.
Impotence fonctionnelle en raison directe de Tatropliie.
Altération de la contractiliié électrique. Réaction de dégé-
nérescence. Abolition des réflexes.
B. — Symptômes dus a l'envahissement du cordon latéral.
Paréste avec exagération des réflexes. Secousses fibrillaires.
C. — Symptômes dus a l'envahissement de la région moyenne
de la sudstance grise.
Troubles trophiques '
Peau : fiuUes, chéloîdes cicatricielles. Sensation de froid aux
mains.
Tissu souS'Cutané : Œdème inllàmmatoire ou lymphatique.
Phlegmons : Chute des ongles. Panaris. Tournioles.
Système osseux : Fractures spontanées. Arthropathies. Exostoses.
Scolioses.
Organes viscéraux : Ulcérations vésîcales et intestinales.
D. — Symptômes dus a l'envahissement de ia corne
POSTÉRIEURE.
Analgésie (à la piqûre, au pincement, à la torsion, etc.).
Anesthésie au chaud et au froid,
E. — Symptômes dos a l'envahissement des coi\dqns
POSTÉRIEURS. •
Phénomènes tabétiques : Douleurs fulgurantes. Sensations sub-
jectives. Anesthésie douloureuse. Sens musculaire aboli.
Incoordination, etc., etc.
La marche de cette singulière affection est des plus
curieuses. C'est une maladie de. longueur. Elle paraît
débuter sans raison connue et sans qu'on puisse jusqu'à
maintenant du moins invoquer l'hérédité, dans le jeune
âge, vers quinze ans, quelquefois plus tôt; cW à tel point
qu'on peut se demander s'il ne s'agit pas là d'une maladie
de la période de développement. A cet âge encore on voit se
produire une déviation du rachis; la colonne vertébrale
s'incurve sans qu'on puisse savoir exactement si cette incur-
vation est une cause ou un effet dans la maladie qui com-
mence.
. Pendant longtemps, le malade (cas de Déjerine, de
Debove) ne présente que les troubles bizarres de la sensi-
bité dont nous avons parlé; il se brûle sans s'en douter,
mais il fait peu d'attention à ces troubles.
Ce n'est guère qu'à l'occasion des symptômes plus
accusés qui surviennent fatalement que le malade prend
peur et va voir un médecin.
C'est pour des panaris à répétition, des œdèmes plus ou
moins étendus, de l'amyotrophie qu'il vient consulter.
L'atrophie débute par les éminences thénar ou hypothé-
nar; ensuite elle envahit les avant-bras, les bras, les
que dans le portrait de Barbe de Brandebourg, marquise de
Mantoue, Manligna a également représenté un nain, à la
face élargie, à la tête volumineuse, aux membres dispro-
portionnés.
Jules Romain, dans une fresque du Vatican, Annibal
Carrache, Jean de Bologne, Paul Véronèse, dans les deux
tableaux tes Noces de Cana et VÊvanouissemetit d'Esthm\
ont égalemen représenté des nains.
Dans l'école espagnole, le genre est interprété par
Ribéra, Velasquez, le peintre de Philippe II, qui n'a pas
consacré moins de sept tableaux à la peinture d'infirmes
nains ou idiots; dans les écoles allemande, hollandaise et
flamande, par les premiers portraitistes du temps, Jean
Gossaert, Holbein, qui peignit deux fois Will Summer, le
célèbre bouffon d'Henri Vill, Antoine de Moze qui repré-
senta Brusquet, le spirituel bouffon de Charles-Quint,
Rubens et Yan Dyck qui nous a laissé le portrait de Gibson
et de Jeffrey, nains de Charles I".
Les infirmes ont été fréquemment mis en scène par l'art
chrétien, dans les œuvres consacrées aux miracles. Aussi
les auteurs ont-ils rencontré de nombreux documents les
concernant. Les plus importants sont fournis par Taddéo
Gaddi, ou Andréa de Florence, dans une fresque remar-
quable qui appartient évidemment, quel qu'en soit l'auteur,
au Giotto, le grand réformateur de la peinture en Italie ; puis
par Giovanni de Fiesole, le Beato Angelico qui nous montre
saint Laurent distribuant les aumônes aux infirmes; enfin
par le grand chef de l'école romaine Raphaël Sanzio, dans un
carton commandé à Raphaël parle pape Léon X, et qui devait
être exécuté en tapisserie. Le dessin qui devait représenter
les actes des apôtres, figure saint Pierre et saint Paul,
rendant la santé aux infirmes à la porte du temple.
Parmi les œuvres d'art consacrées aux aveugles, citons
le Buste d'Homère, du musée de Naples, le carton de
Raphaël reproduisant Elymas, le Tobie aveugle, de
Rembrandt, la Parabole des aveugles, de Pierre Brughel.
muscles scapulaires, les muscles grand et petit pectoral ;
mais cet envahissement se fait avec une lenteur prodigieuse.
Le premier malade de Déjerine s'est atrophié pendant qua-
rante ans, le second pendant trente ans.
L*atrophie ressemble à s'y méprendre à Tatrophie du
type Aran Duchenne; les réflexes tendineux, dans la
moitié supérieure du corps, sont affaiblis ou abolis; il y a
réaction, de dégénérescence, altération des contractilités
faradiques et galvaniques, secousses musculaires, etc. Si
Ton joint à cela les troubles de la sensibilité spéciaux, si
l'on montre que ces troubles se traitent exactement comme
les faujssôs anesthésies hystériques, si Ton y ajoute les
troubles trophiques, les troubles vésicaux, on se trouve en
présence d'une atrophie bien bizarre, capable de déjouer le
neuropathologue qui n'a pas présente à l'esprit l'idée de
la syringomyélie.
M. Charcot, à propos d'une malade longtemps prise pour
une femme atteinte de méningite pseudo-hypertrophique,
faisait remarquer qu£ l'analgésie spéciale pouvait se modi-
fier, apparaître et disparaître.
Cette particularité demande h être bien connue. Nous
devons enfin considérer ce qu'il advient du malade; il
demeure presque indéfiniment dans un état d'infirmité
absolue; mais les choses se précipitent si l'envahissement
des cordons latéraux amène une sclérose latérale amyotro-
phique (cns de Schuitze, Kabler et Pick), une hémiplégie
spinale (Schuitze), enfin des paralysies bulbaires; il n'est
pas rare, en effet (Déjerine), de voir la syringomyélie affecter
une marche ascendante et intéresser la racine ascendante
de la cinquième paire, les noyaux des nerfs vague et hyjW"
glosse.
Il est donc, en somme, possible et même facile aujour-
d'hui de faire le diagnostic de la syringomyélie. La maladie
avec laquelle elle a été le plus souvent confondue, c'est
Vatrophie du type Aran-Duchenne^ de la sclérose laté-
rale àmyotrophique et des atrophies myopathiques par la
présence des troubles sensitifs. Les deux premières affec-
tions, en effet, sont uniquement et essentiellement mo-
trices,
La troisième n'a rien à voir avec les maladies spinales,
puisque le muscle, jusqu'aujourd'hui, parait seul en cause.
La méningite pseudo-hypertrophique se distingue par
les douleurs dans la ceinture scapulaire, les contractions,
les réflexes, l'attitude qu'elle oblige les malades à prendre,
l'abâence de troubles dissociés de la sensibilité.
Le tabès peut prêter à la confusion, puisque, d'une part,
la syringomyélie peut, par l'envahissement des cordons
postérieurs, donner naissance à des symptômes pseudo-tabé*
tiques, et, d'autre part, que le tabès peut,, par envahisse-
ment des cornes antérieures, amener de l'atrophie qui
débute souvent par les éminences thénar, mais il est tou-
jours possible, avec les troubles oculaires, l'abolition des
réflexes tendineux, les crises gastriques, vésicales, etc.,
les troubles viséraux et les douleurs fulgurantes, d'éviter U
confusion.
La lèpre anesthésique (héloir) se différencie, malgré bien
des points communs, par la marche de l'affection (Lao-
ghans et Rosenbach).
Enfin, Vhystérie (Charcot) peut, si l'on n'est prévenu,
causer une erreur.
En effet, toutes les dissociations de la sensibilité dont
nous venons de faire l'histoire existent dans l'hystérie.
Sur dix-sept hystériques mâles et femelles présentant de
l'anesthésie, onze ont le type normal (hémianesthésie), six
ont naturellement ou artificiellement des dissociations de
la sensibilité.
Les hystériques peuvent présenter de Vamyotrophie
(Babinski), des paralysies limitées au membre supérieur,
des œdèmes (Weir Mitchell), en tout semblables aux
troubles trophiques de la syringomyélie. Or M. Charcot
a montré mardi, à sa dernière leçon, un homme paralysé
de la main, avec œdème et changement de coloration, sup-
portant sans douleur la piqûre, la brûlure, le très grand
froid. Supposons un instant cet homme porteur d'une sco-
liose, et on se croira en présence d'un malade atteint de
syringomyélie. On verra que c'est un hystérique en consta-
tant le rétrécissement du champ visuel, les troubles des
sens; quand on saura que cette paralysie de la main
est venue subitement, qu'elle s'en ira probablement de
même, etc. La syringomyélie présente des rémissions, mais
jamais de guérison subite.
En somme, la syringomyélie, nouvelle conquête de la
méthode anatomo-clinique, nous apprend la physiologie da
segment postérieur de la moelle comme les découvertes de
Duchenne, Charcot, Roger et Damaschino, Vulpian, etc.,
pour ne citer que des noms français, nous avaient appris
la physiologie du segment antérieur.
Paul Berbez.
Les maladies cutanées, les lépreux, les pestiférés ont
pour représentants Murillo, Mathias Guenewalo, Holbein
le Vieux, Albert Durer, Francesco Caroto, Raphaël, Nicolas
Poussin, Mignard, François Gérard, Gros, en un mot les plus
grands noms de l'histoire de l'art.
Enfin viennent les simples malades. Ici la note change.
Elle est donnée par les joyeux peintres hollandais et parti-
culièrement parle plus gai de tous, Slein. On connaît la
prédilection de Stein pour la peinture des kermesses, des
orgies dans les tavernes. Il avait une prédilection presque
égale pour les visites de médecins à déjeunes femmes ma-
lades. M. Charcot cite cinq œuvres de lui, consacrées à ces
scènes d'intérieur. J'en connais deux autres, l'une à
Londres, l'autre à Pétersbourg au musée de l'Hermitage,
dont je possède une bonne copie et qui est bien un des
meilleurs tableaux du genre. Toutes ces jolies malades, la
tête penchée sur l'oreiller, l'œil très vif à travers des pau-
pières demi-closes^, ne paraissent pas affectées d'un mal hien
sérieux et ressemblent plutôt à des amoureuses déçues ou
contrariées qu'à des fébricitantes.
Le dernier chapitre de l'ouvrage est consacré à la mort.
Après avoir examiné comment les artistes ont reproduit dans
leurs œuvres le corps humain en proie aux maladies et aux
infirmités, les auteurs ont montré de quelle façon ils l'onl
figuré quand la vie l'a abandonné. Ils ont trouvé dans celte
étude un vaste champ d'observations pleines d'intérêt.
L'art antique, avec sa représentation de la mort, toujours
discrète et académiquement correcte, mais souvent noble
et expressive; l'art chrétien avec les scènes du crucifiement
tant de fois traitées par les plus illustres maîtres; la Renais-
sance appliquant à la funèbre réalité son récent génie d'ob-
servation leur ont fourni d'admirables sujets d'étude qui
intéressent au moins autant les artistes aue les médecins.
Les uns et les autres leur sauront gré d avoir mis à leur
portée ces précieux documents sur lesquels leur compétence
et leur érudition jettent un jour si nouveau.
5 Jdiuet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
~ M» 27 — 431
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
I |préparatloB« 4*E«cluieholtsta callfonile».
Ce médicament, employé depuis longtemps en Amérique,
a été prescrit dans ces derniers temps, soit comme hypno-
tique, soit comme analgésique. C'est surtout la première
de ces proprités qui parait utilisable. Voici, d'après M. Ter-
Zakariantz, les formes pharmaceutiques sous lesquelles on
peut prescrire l'extrait aqueux ou alcoolique de ce végétal.
1« Extrait alcoolique d'Eschscholtzia.-- On le formule
en pilules ou en potion.
En piluleSy à la dose quotidienne de 5 à 15 pilules contre
les névralgies :
Extrait alcoolique d'Eschscholtzia
californica 20 grammes.
Réglisse pulvérisé q. s.
Pour 40 pilules.
En ponton, à prendre en trois ou quatre fois pour provo-
quer le sommeil.
Extrait alcoolique d*Eschschol-
tzia californica 3 à 10 grammes.
Rum 1-30 —
Sirop de gomme ] ^
^ Extrait aqueux (FEschscholzia.-^On en prépare un
sirop ou bien une potion.
Extrait aqueux d'Eschscholtzia
californica 3 à 12 grammes.
Infusion pectorale 100 —
Sirop de gomme 40 —
Pour une potion à prendre dans les vingt-quatre heures.
Extrait aqueux d'Eschscholtzia
californica 125 grammes.
Sirop simple 875 —
Pour un sirop, dont on prescrit chaque jour une a quatre
grandes cuillerées.
Cette dernière préparation peut être administrée aux
enfants. Les médecins américains la recommandent en
raison de sa faible teneur en morphine.
Ch. Éloy.
TRAVAUX ORIGINAUX
Pathologie Interne.
Statistique avec notes cliniques sur la fièvre
typhoïde, portant sur 871 cas observés pendant
UNE PÉRIODE DE DIX ANNÉES, DE 1879 A 1888, par
F. SoREL, médecin-major de 1" classe, membre corres*
pondant de la Société médicale des hôpitaux.
(Fin. — Voyez le numéro 26.)
Eruptions cutanées. — Les taches bleues ont toujours
décelé la présence du phthirius inguinalis. Vherpès
labialis a été rencontré huit fois, dont cinq au début de la
maladie. Vurticaire a été notée deux fois seulement. La
miliaire a existé dans tous les cas, cinq fois à l'état de
miliaire rouge.
Taches rosées. — Nous avons relevé les taches rosées
dans 75 pour 100 environ des cas, mais des variations nota-
bles dans la forme, le volume, la coloration, le siège et la
durée ont pu nous les faire méconnaître là cependant où
elles existaient.
La morphologie des taches rosées est en effet assez
complexe. Elles se présentent sous deux aspects principaux:
à Tétat de tache congestive et à Vétat papuleux.
Simples taches congestives, elles sont de coloration rosée,
de forme lenticulaire, sans relief appréciable et disparaissent
complètement à la j^ression. Elles peuvent subir quelaues
variations dans les dimensions et être punctiformes, dans
la coloration et prendre la teinte fleur de pêcher; enfin»
former un léger relief.
Vétat papuleux succède au précédent ou se produit assez
rapidement pour paraître né d'emblée; la congestion simple
a rail place à la congestion œdémateuse.
La coloration est plus prononcée, souvent purpurine. Le
relief est plus marqué et ne s'efface plus aussi complètement
à la pression, qui met parfois en évidence une très petite
macule pigmentaire brunâtre.
Assez souvent les taches perdent leur forme arrondie, les
bords deviennent irréguliers ou mal limités ; et dans quelques
cas elles s'allongent suivant une direction linéaire, de sorte
qu'on les trouve à la fois déformées, volumineuses, saillantes
et colorées. On risque fort de les méconnaître si on n'est
pas prévenu de ces variations.
On voit quelquefois la tache se couronner d'une minuscule
vésicule. Enfin, on peut observer une légère desquamation
furfuracée.
La durée d'une tache rosée varie de quelques heures Hi
Cette rapide analyse comporte un enseignement dont le
développement pourrait être considérable, mais qui doit ici
se renfermer dans les limites concises d'une simple obser-
vation. Léonard de Vinci, ({ui de tous lâs peintres fut
l'esprit le plus scientifique, disait que la science est insé-
parable de l'art, et qu'on doit l'étudier, ou avant de s'y
livrer, ou pendant qu'on le pratique, afin d'apprendre
dans quelles limites on est contraint de le renfermer.
L'art, en effet, ne réside pas uniquement dans l'esthé-
tique, c'est-à-dire dans la conception de l'idéal et du beau;
il est aussi l'expression positive de la forme matérielle et
implique nécessairement l'observation de la nature et la
connaissance de ses lois. Cette double conception de l'art
est subordonnée à des règles qui sont d'une part celles de
l'esprit lui-même, d*autre part celles qui gouvernent le
monde matériel. C'est cet accord même, fait d'esthétique et
de science, qui constitue la science de l'art et qqi donne à
l'œuvre 4o l'artiste sa perfection suprême.
Il est donc manifeste que si, dans le monde de l'idéal,
l'artiste ne relève que de son inspiration, il est soumis dans
le domaine de la forme sensible, aux lois de la science et
aux règles de l'observation. C'est pour avoir méconnu cette
dualité, que certains artistes se sont abstraits dans l'esthé^
tique, c'est-à-dire dans Tabsolu qui, en art, est le rêve^
tandis que d'autres, tombant dans une erreur opposée,
n'ont voulu voir que la forme matérielle, et se sont renfer-
més dans le naturalisme que certains de nos peintres con-
temporains ont porté jusqu'à ses dernières limites.
Il ne peut cependant exister d'art, dans la noble et véri-
table expression du mot, dans cet isolement de l'esthétiquo
et de la science.
Les vrais artistes, ceux qui ont honoré par leur génie
l'histoire de l'humanité, ont bien saisi cette vérité,
et compris ce qui appartient dan$ l'art à l'obçervation,
c'est-rà-dire à la réalité scientifique, et ce qui se rattache à
la conception abstraite dt) beau, c'est-à-dire à Tidéal.
432 — N» 27 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Juillet i88d
Slusieurs jours et sa coloration peut subir des variations
ans i*éclat et se ranimer après une éclipse incomplète.
Le siège d'élection est la base du thorax, au niveau des
bypochondres, puis la paroi abdominale. Elles apparaissent
en général du septième au neuvième jour; souvent plus
tardive, l'éruption n'a jamais été, dans nos observations,
plus précoce.
Lear nombre est des plus variables. Il est des cas où par
leur abondance elles forment une véritable roséole, ainsi
que nous l'avons constaté dans quarante et un cas où neuf
fois elles existaient aux membres, gagnant la face dans trois
cas.
Leur valeur au point de vue du pronostic nous reste
ignorée.
Erythèmes étendus. — Nous avons constaté vingt-quatre
cas d*érythèmes étendus :
10 fois réruption avait Taspect nummulaire de la rougeole.
5 — était diffuse de coloration uniforme,
g — avait l'apparence scarlatiniforme.
Dans cinq cas examinés spécialement à ce point de vue?
nous avons noté la tran.sformation progressive de Térythème
nummulaire en érythème scarlatiniforme.
La durée de l'éruption fut de deux jours au minimum, le
S lus souvent de quatre à cinq jours. Dans trois cas, elle
evirit légèrement héoiorrbagique.
L'époque d'apparition a été :
Dans 2 cas, les 6* et 7* jours. Dans 7 cas, du 16* au 21* jour
— 43 — du ll«au15* -^ — 2 — les 26*el 28« —
. Dans les deux cas précoces, l'érythème précéda les taches
rosées qui ont été abondantes dans tous. Nous comptons
quatre cas mortels.
En dehors de ces erythèmes, on peut constater la
coexistence de fièvres éruptives avec la fièvre typhoïde. Nous
avons rencontré un cas de rougeole et un cas ae scarlatine.
Complications. — Nous ne ferons que signaler les plus
importantes ou les plus rares, renvoyant pour plus de détails
aux Bulletins de la Société médicale des hôpitaux où notre
mémoire est reproduit in extenso.
Paralysies. — Nous trouvons trois cas d'hémiplégie droite
avec aphasie. Un des malades ayant succombé plus tard à
une pleurésie purulente, l'autopsie fit reconnaître un
ranioflissement du segment externe du noyau lenticulaire
gauche, de la capsule externe et de la portion profonde des
fibres blanches de l'insula.
Pleurésie. — Sept cas, suivis de guérison. Elle apparut
?[uatre fois pendant la maladie qu'elle n'aggrava pas et trois
ois dans la convalescence.
Pneumonie. — Treize cas, dix décès, dont quatre pneu-
monies doubles. Les pneumonies mortelles accompagnèrent
des fièvres déjà graves. Les pneumonies guéries ont été
contractées une fois pendant la maladie, celle-ci avec faible
épanchement hémorrhagique, deux fois dans la conva-
lescence.
Empyème. — Cinq cas, trois décès. L'épanchement puru-
lent ftit toujours contemporain ou consécutif à une pneu-
monie. Des deux guérisons, Tune fut obtenue par les
ponctions répétées, l'autre après opération de l'empyème.
Thrombose veineuse. — Notée onze fois, elfe occupait les
membres inférieurs et siégeait neuf fois à gauche.
L'obstruction veineuse apparut trois fois pendant la
maladie, six fois dans la convalescence, deux fois au moroenl
même où s'achevait la défeiwescence. Sauf un cas avec
infarctus pulmonaire et terminé par la mort, il s'agissait de
fièvres typhoïdes, de gravité moyenne ou sans gravité.
Le siège le plus habituel du caillot obturateur est la veine
crurale; mais on peut la trouver indemne, et le Ihrombus
occupe alors un point plus élevé, inti^a-abdominal. Dans
l'autopsie que nous avons faite, le thrombus naissant aa
niveau de l'arcade crurale occupait la veine iliaque exlerue
gauche et se prolongeait dans la veine iliaque primitive
jusqu'au point où elle est croisée par l'artère iliaque pri-
mitive droite.
La suite fréquente est l'œdème du membre à la moindre
fatigue. Nous avons constaté une myosite scléreuse des
jumeaux avec réti*action du tendon d'Achille.
Hémorrhagie intestinale. — Notée dans vingt cas, dont
neuf mortels. Elle a eu lieu :
Du 18^ au 21^ jours, dans 0 ca>.
— 22« au 25« — 3 -
Les 8* et ^ jours, dans 3 cas.
Le ii« — i —
Du i4«au 16« ~ i —'
Trois fois seulement il y eut répétition de l'hémorrhagie.
L'abaissement de la température fébrile a été :
Nul, dans 12 cas, dont 6 mortels.
Faible, dans 4 — 1 —
. Considérable, dans. , A — 2 —
L'hémorrhagie n'exerça une action directe sur la termi-
naison fatale que dans trois cas où la mort suivit de prés.
Dans les autres cas la mort survint au milieu de phéno-
mènes ataxo-adynamiques :
2 fois les 5* et 8* jours après rhémorrhagie.
2 — les lO" et U** jours.
2 — par perforation intestinale ultérieure.
Les hémorrhagies intestinales comportent un pronostic
favorable quand elles sont l'expression d'un trouble local
Dans le tableau de Murillo, décrit et reproduit par
M. Charcot, et qui est consacré à un des plus vulgaires
épisodes de la pathologie, les détails du pansement sont
interprétés avec la plus scrupuleuse fidélité. Mais combien
le côté répugnant de la scène disparait devant l'expression
de touchante compassion et le rayonnetnent d'idéalisme
infini que l'artiste a su donner au visage de la Reine de
Hongrie 1 Cet exemple d'un sentiment très élevé du beau,
coïncidant avec la figuration très exacte cl très scientifique
d'un ensemble de faits matériels, est fréquemment offert par
les anciens maîtres, et montre combien l'observation très
scientifique de la nature est loin d'enchainer l'imagination
et la pensée.
Ces brèves considérations, qui ne sont peut-être pas nou-
velles, mais qu'il était nécessaire de rappeler ici, font com-
S rendre l'utilité et l'importance du nouveau travail de
[M. Charcot et Richer.
Leur œuvre ne consiste pas uniquement dans la produc-
tion de nouveaux documents destinés à servir à l'histoire
de l'art et à celle de la médecine* Elle a une portée plus
grande encore : elle inaugure le contrôle technique dans
celte partie da l'art qui relève de la science et la soumet
pour la première fois à la pierre de touche scientifique. Ce
contrôle ne s*accomplit pas aux dépens de l'esthétique, et
on aurait tort de s'alarmer dans le monde des arts, du
nouvel élément qui prend place dans la critique. Le inaitrc
de l'Ecole de la Salpêtrière, le sévère et rigoureux obser-
vateur des phénomènes morbides est aussi un esprit alTiné
qui sait goûter les jouissances supérieures de l'esprit et
s'élever aux conceptions idéales de l'artiste. Nul mieux que
lui ne pouvait démontrer dans une œuvre pratique les rap*
ports des deux grandes manifestations du génie humain,
établis par Léonard de Vinci, et fixer le rôle et les limites
dans Tart de la critique scientifique, tout en tenant compte
des aspirations élevées qui sont la consolation et la gloire
de l'humanité. . D' Paul Triaire.
Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
~ N* 27 — 43J
sans importance. Deux de nos malades ont une hémorrha-
gie, l*un au onzième jour, Tautre au dix-huitième jour cl
entrent en convalescence les vingtième et vingt-deuxième
jours.
Mais le plus souvent l'hémorrhagie dénonce une altération
du sang ou des vaisseaux et implique un état sérieux, comme
rindiquenl la température élevée et Jes complications
multiples, et le pronostic devient sévère.
L'hémoirhagie n'a point pour origine forcée Tulcération
des plaques de Peyer. Nos autopsies nous montrent deux cas
où le gros intestin contenait seul du sang et où le bord libre
de la valvule iléo-cœcale, très congestionnée, présentait
quelques petits points ecchymotiques qui avaient été le lieu de
départ de Thémorrbagie. Il n'existait, chez un des malades,
aucune ulcération des plaques de Tinlestin.
Perforation intestinale. — Constatée dans six cas, dont
deux avaient eu antérieurement une hémorrhagie intesti-
nale, l'un quatre jours avant, l'autre vingt-trois jours.
La perforation s'est faite aux (juatorzième, seizième,
vingt et unième, vingt-deuxième, vingt-sixième et Irenle-
qualrièmc jours de maladie. La mort par périlonite consé-
cutive arriva le lendemain ou le surlendemain, sauf dans
un cas où elle eut lieu six jours après.
L'autopsie a été pratiquée dans cinq cas. Quatre fois
on trouvait une plaoue noire ulcérée, gangreneuse, au
niveau de laquelle l'intestin très aminci présentait une
très petite ouverture à bords déchiquetés.
Dans le cinquième cas la perforation était survenue tar-
divement au trente-quatrième jour de la maladie. Il existait
une large ouverture de la dimension d'une pièce de
50 centimes, taillée comme à Temporte-pièce et qui résul-
tait de la chute d'une eschare épaisse comme on pouvait
s'en rendre compte par l'existence d'eschares semblables,
prêtes à se détacher, au niveau des plaques de Payer voi-
sines.
Un double processus conduit donc à la perforation intes-
tinale, l'un analogue à la gangrène humide de désintégra-
tion moléculaire, l'autre comparable à la gangrène sèche
iVescharification.
Orchite. — Trois cas survenus dans la convalescence
de fièvres sans gravité. Deux fois l'épididyme fut seul
atteint et les malades restèrent apyréliques. Le troisième
malade eut une orchite à droite, qui fut fébrile et dura
huit jours.
Périostite. — Un cas de périoslite des tibias dans la con-
valescence d'une fièvre grave avec hémorrhagie intesti-
nale.
Erysipèle^ — Nous comptons neuf cas d'érysipèle de la
tète dont trois décès ; l'un par sphacèle, l'autre par pro-
pagation au pharynx, le troisième par adynamie.
Abcès et phlegmons. — Nous signalerons deux abcès
consécutifs à une myosite du muscle grand droit de l'ab-
domen dans un cas, et à une myosite du deltoïde dans
l'autre; deux phlegmons périparotidiens dont l'un suivi
de guérison; un abcès némorrhagique de la joue; un
abcès du foie mortel et paraissant avoir eu pour origine
des ulcérations des follicules clos du gros intestin; trois
cas de phlegmon diffus limités exactement à la région
cubitale des avant-bras, gauche dans un cas, droite dans
deux autres. Ils paraissent avoir été un épiphénomènc
sans action directe sur la terminaison fatale.
Thérapeutique. — Nous avons communément employé
le sulfate de quinine associé au salicylate de soude sui-
vant la méthode que nous avons exposée dans une commu-
nication antérieure (Bulletins et mémoires de la Société
médicale des hôpitaux, année 1883) ; nous n'y reviendrons
pas.
Les bains tièdes nous ont donné de bons résultats dans
le cas de délire actif. Ils ont échoué dans la forme ataxique
primitive dont Jaccoud a proclamé la gravité irrémissible.
Notre principal objectif a été de soutenir les forces du
malade par une alimentation appropriée ; le vin de Cham-
pagne frappé nous a rendu des services dans les cas graves.
C'est aussi dans le but de lutter contre la dépression des
forces que nous avons usé des injections sous-cutanées
d'éther.
L'alimentation réglée des malades, aidée d'une bonne
aération et de soins vigilants de propreté, nous paraît être
le plus grand des progrès réalisés dans le traitement de la
fièvre typhoïde ; on lui doit, croyons-nous, la rareté des
escharres de décubitus commiunes autrefois, la disparition
de la febris carnis au début de la convalescence, et un
abaissement réel dans le chiffre de la mortalité.
L'action de falimentation est telle que dans les cas pro-
longés il suffit, lorsque les fonctions de l'intestin sont
redevenues normales, de la rendre plus substantielle pour
voir tomber aussitôt la fièvre.
Mortalité. — Le chiffre des décès est de 82 pour 871
malades; soit dans la proportion de 9,5 pour 100. Elle est:
De 8,5 pour 100 pour les malades militaires, en Algérie.
9,4 pour 100 — en France.
9,2 pour 100 — en totalité.
13,3 pour 100 —- civils.
La mortalité comme on peut le voir par notre premier
tableau a varié suivant les années. En 1883 nous ne per-
dons aucun de nos dix-neuf malades, et, pour les autres
années, la proportion des décès a été au minimum de
6 pour 100 et au maximum da 15 pour 100.
Dans une même année on constate aussi des différences
notables dans la iéthalité. A un moment donné, avec les
mêmes apparences de gravité, la guérison est la règle; à
une autre époque surviennent des morts inattendues. Les
complications elles aussi se présentent par séries; en 1888
nous perdons cinq malades par pneumonie, du 21 août au
16 octobre.
D'autre part le professeur de Lille, Arnould, médecin
inspecteur de l'armée, a fait ressortir la gravité fréquente
des cas isolés ou espacés.
C'est pourquoi une statistique doit être intégrale et com-
5 rendre l'année entière, et faut-il user d'une grande réserve
ans 1 appréciation des résultats thérapeutiques, surtout
quand Tobservation faite pendant un temps limité porte sur
un petit nombre de cas.
Tanlôt la mort a paru résulter de l'intensité même de
la maladie et l'époque du décès, fréquente du douzième au
vingtième jour, a varié dans les limites du septième au
trente-deuxième jour. Parmi les morts précoces nous
comptons quatre cas de fièvre ataxique primitive.
Nous notons deux morts subites l'une au dixième jour,
l'autre au quinzième jour. Ce dernier avait une symphyse
pleurale droite ancienne et les plaques de Peyer n'étaient
pas ulcérées.
Tantôt la mort parait influencée ou déterminée par l'un
des facteurs de gravité suivants : propathies, infections
surajoutées et complications. Quant à l'élévation de la
température, elle est aussi bien indice que cause de la gra-
vité de la maladie.
Parmi les infections surajoutées et les complications,
les premiers rangs appartiennent à la pneumonie (dix cas),
aux hémorrhagies intestinales (neuf cas) et aux perforations
intestinales (six cas).
La proportion des cas compliqués est considérable, elle
est de trente-huit pour quarante-quatre cas simples, et
pour la France seule elle est de vingt-neuf cas pour
cinquante-sept décès, ce qui tient à la fréquence de la
pneumonie, l'Algérie n'en comptant qu'un cas.
Les propathies dont le rôle important comme facteur de
gravité a été mis en relief par Verneuil et L. 11. Petit,
434 _ N* 27 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Juillet 1889
nous paraissent avoir une action considérable sur la
HM>rtal]té en engendrant rataxo-adynamie, le collapsus,
les héiQorrhagieSy les localisations pulmonaires graves.
Sur ciniiaante-deux autopsies nous constatons dix-huit
fois d'anciennes altérations d'organe, soit : huit fois des
adhérences pleurales étendues; une fois une symphyse
cardiaque ; une fois des lésions du foie et huit fois du
rein, oue leur étendue montrait préexistantes à la maladie
actuelle.
Dans seize autopsies nous notons Tabsence des ulcéra-
tions des follicules isolés ou agminés de l'intestin. Les
plaques de Peyer étaient en état d^infiltration molle ou
réticulée; et dans les cas où la mort tardive était le résul-
tat d'une complication, la régression de l'infiltrat étant
achevée, un dépôt noir de pigment colorait les plaques
qui avaient été malades.
L'ulcération des follicules n'est donc pas constante, et
c'est parce que la lésion se borne, dans un grand nombre
de cas, à un simple infiltrât que la maladie peut être
écourtée et la guérison rapide. On ne saurait comprendre
autrement l'existence des cas tout à fait écourtés et atté-
nués qui ne présentent du reste aucun météorisme abdo-
minal.
De même, la prolongation de certains cas de fièvre
t^pho!de non compliqués peut s'expliquer par la répara-
tion plus ou moins lente des ulcères intestinaux.
Nous n'avons rien de spécial à dire sur la fièvre typhoïde
en Algérie; tout au plus pourrions-nous signaler quelques
accès intermittents dans la convalescence chez cranciens
paludéens.
Les suites éloignées de la fièvre typhoïde et l'influence
des propathies qu'elle a créées dans l'organisme sur les
maladies subséquentes formeraient deux chapitres impor-
tants, mais nos documents sont trop peu nombreux pour
nous permettre de les aborder. Nous avons constaté peu
après la fièvre typhoïde une scarlatine hémorrhagique, des
tuberculoses locales et pulmonaires, une atrophie muscu-
laire, et nous savons qu'un de nos malades eut un abcès
du foie au cours de sa convalescence.
CORRESPONDANCE
A MONSIEUR LE RÉUACTEUR EN CHEF DE LA C GAZETTE
HEBDOMADAIRE >.
M. le docteur Labonne, dans une note concernant le
tétanos des nouveau-nés en Islande (voy. Gazette heboma-
daire^ n"" i2, 11 janvier 1889), dit oue cette maladie détruit
littéralement la population des Westmann, tlots situés à
deux milles au sud ae l'Islande. Permettez-moi, Monsieur
le rédacteur en chef, de présenter à ce sujet quelques ré-
flexions.
Le tétanos était auparavant très commun à Westmann;
mais il a peu à peu diminué et est actuellement rare. Depuis
l'année 1875-1877, 179 individus sont nés à Westmann et
durant cette période 12 enfants sont morts de trismus, La
population de Westmann se composait de 591 habitants.
En Islande, on ne trouve le trismus qu'en deux lies, Tune
située au sud, l'autreau nord de l'Islanae, ce sont Westmann
et Grimsey, Ile située dans la mer Glaciale, six milles au
nord de l'Islande. Selon M. Pinsen, médecin islandais, la
population de Grimsey se composait en 1860 de 60 habi-
tants, et ordinairement 3 enfants naissaient chaque année,
sur lesquels i mouraient la première semaine après la
naissance; on voit ainsi que la mortalité est énorme à
Grimsey. Le docteur Finsen fait remarquer que la condition
sociale est la même dans les deux lies et il pense, comme
Schleisner, que l'usage d'oiseaux comme comoustiblea une
grande influence sur le développement de U n^aladie, que
l'air impur des cabanes, imprégné de fumée, irrite la plaie
du cordon ombilical après la naissance. Mais M. Fiosen
insiste aussi qu'il doit y avoir quel(^ue chose de spécial qui
entraine une orédisposition au trismus dans les Iles de
Westmann eturimsey. LedocteurJônassen, de Westmann,
me dit que le sysselmand (le maire) de Westmann, un
Danois qui habite une maison très propre, a Tannée passée
[lerdu un enfant de trismus; ainsi on ne peut pas attribuer
a maladie seulement à la malpropreté des habitants.
La véritable cause de la maladie parmi la population de
Westmann et Grimsey est sans doute un agent spécifique,
probablement de nature bactérienne, qui se dépose sur la
[ilaie du cordon ombilical des nouveau-nés. Mais quelle est
'origine de cette bactérie?
J. JÔNASSEN, D. M.,
Médecin en chef de l'hôpilal de He)Kiavik.
Reykjavik d'Islande, 25 juin 1889.
REVUE DES CONGRÈS
Trotoléne Confrès des médeelns russes.
(Suite. — Voyez le numéro 26.)
Trépanation de l*apophyse mastoïde, par M. L.-J. Mitzkuner
(de Saint-Pétersbourg). — L'auteur a fait de nombreuses coupes
à la scie du temporal pour chercher en quel point il faut tré-
fmner de façon à parvenir dans la caisse du tympan sans léser
e sinus transverse. 11 conseille de trépaner dans la petite fos-
sette située entre la base de Tapophyse mastoïde et la ligne
temporale. C'est un point toujours facile ù déterminer et:
1° cest le chemin le plus court pour atteindre le foyer purulent;
2° on ne risque pas de blesser le sinus ; 3° une fois le foyer
ouvert, on peut aller à une grande profondeur sans craindre'de
violenter le canal de Fallope, le canal semi-circulaire horizontal
et les vaisseaux voisins. Mitzkuner a appliqué cette méthode
deux fois sur le vivant.
Calculs vésicaux. — M. J.-F. Sematzki (de Saint-Péters-
bourg) a étudié la taille hypogastrique. Il insiste sur la néces-
sité des pratiques suivantes : introduire un ballon rectal;
distendre la vessie; faire une incision rigoureusement verticale;
fixer la vessie à Taide d*anses de fil (Kolomnin) et non à Taide
de crochets. La suture de la vessie, à deux étages, suivant le
procédé de Tiling, doit être tentée; on draine Tangle inférieur
de la plaie fiariétale et l'on met dans la vessie une sonde â
demeure gui n'y restera pas moins de douze jours chez les
adultes. S*il y a catarrhe vésical ou suppuration péri-vésicale, on
ne fera pas la réunion, mais on introduira deux tubes pour
drainer la vessie. Les indications de la taille sont: 1* du côte de
la fièvre : volume, dureté, enchatonnement et enkyslement,
multiplicité ; 2** du calé des oraanes urinaires: imperméahililé
du canal, suppuration dans le tissu cellulaire^ hypertrophie
prostatique, soupçon de néoplasme.
M. N.'W, Solomka a fait sur le môme sujet un travail fondé
sur Tanalyse de 491 opérations russes, qu'il divise en deux
groupes: h avant Vantisepsie, 62 cas, 38 guérisous, 23 morts,
1 inconnu. Ces faits concernent 30 sujets d'un à cinq ans;
8 de cinq à dix; 9 de dix à quinze ; 2 de quinze à vingt; â de
trente-deux ans; 1 de quarante ans; 1 de soixante-dix ans. On y
compte huit filles. Le poids de la pierre varie de i à 328 grammes.
Les causes de la mort, inconnues dans 4 cas, sont pour les
autres: 6 péritonites, 1 hémorrhagie, 2 pyélonéphrites, ») péri-
cystites et péritonites, 1 péricystite et pyélonephrite, i péri-
cystite,! cystite et entérite, i pneumonie,! erysipèle,! marasme.
Si on élimine les causes non spéciales (erysipèle, puenmonie,
marasme, entérite), on a 30 pour 100 de mortalité, ce qui ("'^^ ^
peu près la proportion donnée par les autres auteurs (Dulles,
Tuffier); 2'» depuis Vantisep&iey i2i opérations, dont une femme
et onze filles. Les cas sont divisés en six catégories : fl. vfssi>
à peu prc»s normale, 226 cas avec 22 morts ; b. légère lésion
vésicale, 67 cas, !0 morts ; c. cystite nette, polyune, albumi-
nurie, amaigrissement, fièvre, 66 cas, !7 morts; (î. récidives de
pierres, 8 cas, 8 morts ; e, calculs vésieo-prostatiques, encha-
5 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
W 27 — 436
toDDéSy complimiés de tumeurs, 25 cas, i morts ; f. oas de ren-
seignements, 3z cas, 6 morls. Si l'on tient compte de VàgCy on
trouve 120 enfants d'un à cinq^ ans (17 morts); 117 de cinq à
dix ans (10 morts) ; 43 de dix à quinze ans (6 morts) ; 23 de quinze
à vingt (3 morls), 30 de vingt à vingt-cinq ans (5 morts); 18 de
vingt-cinq à trente ans (1 mort); 6 de trente à trente*cinq ans
(2 morts); 5 de trente-cinq à quarante ans (1 mort); i de qua-
rante à quarante-cinq ans (3 morts) ; 12 de quarante-cinq à
soixante ans (3 morts) ; 1 1 de soixante ans et au-dessus (3 morts) ;
35 inconnus (5 morts). Le poids a varié de 2 à 545 grammes ;
390 fois il n'y avait qu'une seule pierre. La plupart des opéra-
tions ont été faites sans ballon rectal. Les complications sont
6 lésions de péritoine (2 morts) ; 29 hémorrhagies sérieuses
(2 morts); 33 difficultés d'extraction (15 morts) ; 14 lithotrities
(4 morls). Après la suture, il y a 7 morts, dont 4 en relation
directe avec l'opération. 69 sutures totales, 48 sutures partielles
de la vessie. Les sutures totales sont au nombre de 38 dans la
première catégorie de faits (20 succès). Au total, la suture a
réussi dans 34,8 pour 100 des cas. La suture doit être faite au
catgut; les fils de soie ont causé parfois des fistules persistantes
et d'autre part une fois tombés dans la vessie ils peuvent s'y
incruster. Après suture, il faut mettre une sonde à demeure.
Si maintenant on étudie la mortalité générale, on la trouve
(élimination faite de 12 cas) de 11,1 pour 100, dont 8,1 pour les
faits de la première catégorie, et 18,1 pour lOO pour ceux des
cinq autres. La mortalité est donc considérablement améliorée.
Quant aux c perfectionnements > opératoires de Rydygier, de
Laugenbuch, ils ne peuvent que discréditer Topération.
M. N.-W. Solomka (de Tiflis) conseille la suture après la
taille périnéale médiane lorsque l'urine n'est pas pathologique,
lorsque la pierre a été enlevée entièrement et sans contusion
des tissus. (lette suture se fait en trois étages : un pian, au
catcut, sur la paroi uréthrale; puis pour les autres parties
raoTles, un plan profond et un plan superficiel.
M. 5. Ssubotin (de Charkow) fait un plaidoyer en faveur de la
lithotritie contre la taille.
(A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie 4ce •elenee».
Recherches montrant que la mort par inhalation du
POISON QUE CONTIENT I/AIR EXPIRÉ n'EST PAS ACTIVÉE PAR
LES ÉMANATIONS DE VAPEURS PROVENANT DE l'uRINE ET
DES MATIÈRES FÉCALES DES ANIMAUX SOUMIS A CETTE INHA-
LATION, par MM. Brown-Séanard et d'Anonval. — On
n'a pas oublié les remarquables expériences à Taide des-
aueiles MM. Brown-Séquard et d*Arsonval ont prouvé Tin-
uence toxique de l'air expiré.
Dans la nouvelle note que ces savants présentent aujour-
d'hui à l'Académie des sciences, ils se sont efforcés de
prouver que l'acide carbonique de l'air, à la dose de G à
8 pour 100, reste inolTensif et que la présence de ce gaz ne
peut être incriminée. Us ont essayé, de plus, de faire voir
(^ue les émanations qui proviennent de l'urine et des ma-
tières fécales rendues par les animaux ne sont {)our rien
dans les accidents observés. A l'aide d'un dispositif Sj.écial
ils ont pu faire respirer à un gros lapin tout l'air qui a
passé sur le liquide contenant les déjections de six autres
lapins placés dans les étuves où cinq d'entre eux respirent
de l'air expiré.
Or ce lapin est resté sans trouble apparent, pendant près
de trois mois, dans la cage où arrivait de l'air fortement
chargé des émanations que l'on supposait être toxiques. 11
est clair, conséc|uemment, qu'elles ne l'étaient pas et qu'il
n'est plus possible de considérer une quantité considéra-
blement plus minime de ces émanations comme contribuant,
à un degré quelconque, à causer la mort si rapide des ani-
maux soumis à la respiration d'air expiré.
Académie 4e nsédeelBe.
SÉANCE DU 2 JUILLET 1889. ^ PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. lo minisire de rinslruclion publique tnin»inel les testament et codicille
psr lesquels M. Nativelle, en son vivant pharmacien à Boury-la-Reioe, a lë^uë à
l'Académie une somme de 10000 francs pour, avec les intérêts de celte tomme,
fonder un prix annuel qui sera décerné an meilleur mémoire ayant pour but l'ex-
traction du principe actif, défini, cristalliié, non encore isolé d'une substance
médicamenteuse.
MM. les docteurs Horteloup, Nicaise, Périer et Riehelol se portent candidats à
la place déclarée vacante dans la section de médecine opératoire.
M. Albot, étudiant en médecine à Toulon, ei^voie un PUeseketé dont le dépôt
est accepté.
MM. les docteurs Geêchwind, médecin-m^or an 2« tirailleurs, Sieard, médecin
des hôpitaux de Béziers, Fietsinger (à Oyonnax, Ain), Chabenat (à La ChAtre),
Jenot (à Dercy), Tartiire, médecin-major au 8* hussards, adressent des mémoires
sur diverge» épidémiei qu'ils ont observées.
M. le docteur Couëtan, médecin-major de 1'* classe au 12S* de ligne, envoie
une Note complémentaire sur Ui divene» formes de la tuberculote dant
l'armée.
MM. les docteurs de WeUing (à Rouen). Laureni, médecln-migor de i'* classe
au 29* d'artillerie, Delobel (k Noyon) et Deeehampt, adressent des rapporta sur
lu vûccinatiùm et lee revaecinationt qu'ils ont pratiquées en 1888.
M. le docteur Goldschmidt (à Strasbourg) envoie un mémoire manuscrit sur la
vaeeine obligatoire et la vaccine animale.
MM. les docteurs Ledé, Bertrand (à CbâIon-sur-Saône) et Lavergns {à Nevers)
•dressent divers travaux concernant Yhugièiu de Venfance.
M. le docteur Blanc envoie un mémoire sur l'histoire et les propriétés médi-
cales de VétablUsement thermal d'Aixles-Bains de 1789 à 1889.
M. le docteur Nicolas adresse plusieurs brochures sur le traUementie la tuber^
eulosê au Mont-Dore.
M. Brouardel présente la 4« édition du Manuel pratique des maladies de l'en-
fance, par MM. les docteurs d'£spine etPtcof (de Genève).
M. Féréol dépose: 1« de la part de M. le docteur SpiUmann (de Nancy) et de
son collaborateur, M. le docteur Hanshalter, un travail inUtulé: Reeherehes sur
Vactioti thérapeutique de la coronUle dans les affections cardiaques: S* plusieurs
brochures de M. Lallemand sur l'assistance; 3*» au nom de M. le docteur Gros
(d'Alger), des observations i^ahcès et de kyste hydalique trilobulaire du foie,
ainsi qu'un tableau stfnoplique par le diagnostic des maladies de la poitrine.
M. Laboulbine présente un ouvrage, en langue grecque, do M. lo docteur
CMiomtrtJ (d'Athènes) sur Vophtkalmologie et l'otologie des ancteiM Grecs dès
les temps les plus reculés jusqu'à Hippocrate.
M. Lagneau dépose un ouvrage de M. le docteur CotUneau sur Vhygiéne à
l'école.
M. Charpentier fait hommage du premier volume de la seconde édition do son
Traité d'accouchements.
Prescription des antiseptiques paq les sages-femmes.
— A la suite d*une demande officiellement adressée à TÂca*
demie sur le point de savoir s'il convient de permettre
aux sages-femmes de prescrire les antiseptiques, M. Budin
propose, au nom d'une Commission, de n'autoriser les
pharmaciens qu'à délivrer des solutions aqueuses conte-
nant de 1 à 4 pour 100 d'acide boric^ue et de 1 à 5 pour 100
d'acide phénique, sur la prescription d'une sage-femme^
prescription datée et signée.
Celte proposition est renvoyée à la Commission, à laquelle
MM. Brouardel, Tarnier et Nocard seront adjoints, après
un court débat dans lequel MM. Brouardel^ Tarnier et
Charpentier soutiennent que Timportance de l'antisepsie
obstétricale est telle qu'il y a lieu de permettre aux sages- •
femmes d'employer tous les antiseptiques sans exception,
de les prescrire en cas de besoin et même d'en posséder à
leur domicile s'il n'y a pas de pharmacien dans la localité
où elles exercent. Ils estiment, d'autre part, que les anti-
septiques dont la prescription, aux termes de la proposition
de la Commission, serait seule permise, sont insuffisants
dans la pratique des accouchements et qu'il convient de ne
pas entraver l'usage d'antiseptiques plus efficaces, actuelle-
ment usités ou à connaître. — M. Gtiéntot craint qu'il ne soit
pas sans danger de laisser entre les mains des sages-femmes
des produits antiseptiques, ni surtout de s'exposer à ce que
ces produits soient abandonnés chez des gens ignorants. —
Il faut aussi mieux instruire les sages-femmes, fait observer
M. Léon Le Fort.
Intoxication arsenicale. — M. Brouardel lit, au nom
de M, Gabriel Pouchet et au ?ien, un ipéinoire sur
436
W 27 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Juillet 1889
quelques-uns des symplômes de Tintoxicalion arsenicale
aifçuë et chronique, ainsi qtie sur les modes et la durée de
rélifninalion hors du corps humain de Tarsenic et de ses
composés. Les recherches cliniques iet chimiques, dont ce
mémoire rend compte, ont été faites à Toccasion de récentes
affaires médico-légales. On peut diviser les symptômes
observés suivant auatre périodes, caractérisées la première
par de$ troubles digestifs ; la seconde par des éruptions
cutanées et du catarrhe laryngo-bronchique ; la troisième
par des troubles de la sensibilité et la quatrième par des
paralysies. La guérison est fréquente, mais très lente
lorsque la paralysie est constituée; la mort survient le plus
souvent par le cœur, mais elle peut aussi se produire p ir
un autre mécanisme. La quantité de poison ingérée peut
n*élre pas suffisante pour déterminer la mort dans les
quelques jours qui suivent son absorption. Le poison peut
même avoir le temps de s'éliminer, mais les modifications
anatomiques survenues dans les cellules hépatiques, rénales
et dans les fibres musculaires, survivent à sa présence et la
mort en est la conséquence par un processus qui peut se
comparer à celui de Tintoxication alcoolique. H importe, on
le conçoit, de bien connaître les moyens de diagnostiquer
l'intoxication arsenicale pendant la vie. Tout d abord le
médecin doit faire analyser les urines. Il faut qu'il les
recueille lui-même pour éviter une substitution. La
.recherdie de l'arsenic dans les urines ne présente aucune
difficulté et elle constitue un précieux moyen de contrôle,
car Tarsenic existe dans Purine non seulement quelques
ininutes après l'ingestion, mais encore lorsque celle inges-
tion a cessé depuis un temps relativement long (quarante
jours dans une observation du docteur Gaillard). On peut en
outre faire couper les cheveux et la barbe pour y faire la
même recherche.
. Ces résultats, applicables en clinique, sont d'ailleurs
expliqués par ceux que M. Pouchet a obtenus par des ana-
lyses chimiques : quel que soit le mode d'introduction de la
substance toxique, ingestion gastro-intestinale, jnjeclion
hypodermique ou intraveineuse, l'arsenic s'accumule très
sensiblement dans le tissu spongieux des os et s'y fixe de
telle façon que sa présence peut être décelée dans les os du
crâne et les vertèbres notamment, quelque temps après que
toute trace du poison a disparu des viscères dans lesquels
il se localise en plus grande quantité, tels que le foie. Celte
localisation dans le tissu spongieux est particulièrement
nette et intense lorsque l'arsenic est absorbé par petites
doses longtemps prolongées. C'est^ au contraire, plutôt dans
les os riches en tissu compact que l'arsenic se retrouve
lorsque le poison a été absorbé à doses capables de déter-
miner en quelques heures des accidents sérieux. L'arsenic
ainsi localisé est éliminé avec une grande lenteur et, sur un
certain nombre d'animaux, on retrouve des traces niettement
appréciables d'arsenic jusqu'à huit et dix semaines après la
cessation de toute absorption arsenicale.
La recherche de Tarsenic dans les différents viscères des
animaux sacrifiés a conduit, au contraire, à des résultats
absolument négatifs, en général à partir de la troisième
semaine* L'expérimentation sur les animaux a permis éga-
lement de constater une élimination assez intense de
l'arsenic par la peau et les poils sur les chiens et les lapins.
Ces conclusions, jusqu'ici purement expérimentales, ont été
confirmées par les recherches toxicologiques faites au sujet
des empoisonnements du Havre. La présence de l'arsenic
constatée dans les os du crâne, les vertèbres, la peau, les
cheveux, les ongles des personnes ayant succombé à l'in-
toxication, doit faire ranger, parmi les faits définitivement
acquis à la toxicologie humaine, la localisation de l'arsenic
dans le tissu spongieux des os, ainsi que son élimination
par les cellules épidermiques. Il n'est pas sans intérêt, tant
au point de vue toxicologique qu'au point de vue de la
parenté chimique, de rapprocher celte localisation, dans le
tissu spongieux des os, de l'arsenic ingéré à de petites
doses, de celle que l'on observe dans le même tissu et dans
les mêmes conditions avec le phosphore.
M. ilrmand6au(t>r faitremarquerqueM.ledocteurSkolo-
bousoff , médecin de l'hôpital des ouvriers à Moscou, a depuis
longtemps insisté sur les symptômes cliniques qui viennent
d'être rappelés. En Russie, à Moscou en particulier, les
paysans, pour se préserver de la vermine, ont l'habitude de
répandre sur le sol et les meubles de leurs cabanes, et
même sur leur propre corps, une poudre arsenicale que leur
procurent des marchands ambulants. L'usage de celle
poudre n'est pas inoffensif ; elle donne souvent lieu à des
accidents toxiques : ce sont ces accidents qui ont aussi
donné à M. Skolobousoff l'idée de rechercher les différentes
localisations de l'arsenic dans l'économie. Il résulte des
recherches auxquelles M. Armand Gaulier s'est autrefois
livré avec M. Skolobousoff, (]ue l'arsenic se localise d'abord
dans la moelle, puis ensuite dans le foie, les muscles et
finalement dans les os. Quant à ce qui concerne la substi-
tution de l'arsenic au phosphore dans les os, c'est un fait
qui a été mis en lumière pour la première fois par M. Pa-
pillon, et ensuite par M. Rabuteau. M. Dragendorff, cité par
M. Brouardel, n'a fait que continuer les recherches de ces
auteurs. C'est donc là une découverte d'origine française.
M. Brouardel ne croit pas aue M. Skolobousoff ait
signalé la présence de l'arsenic aans les os au bout d'un
temps aussi long que celui dont il a parlé. Chez une femme
morte (|uarante jours après avoir cessé toute absorption
d'arsenic, M. Pouchet ne trmiva plus de poison ni dans le
foie, ni dans la rate, mais il en existait encore dans les os.
La lenteur avec laquelle l'arsenic disparaît des os est un
fait très important en médecine légale.
M. Armand Gautier ne croit pas non plus que H- Skolo-
bousoff ait constaté la présence de l'arsenic dans les os au
bout de quarante jours. Si ses souvenirs sont exacts, il
croyait qu'il disparaissait beaucoup plus tôt. Aussi n'a-t-il
pas voulu faire une revendication de priorité, mais seule-
ment rappeler l'existence de ses travaux et de ceux de
M. Skolobousoff.
M. 0//trt>r a observé fréquemment, dans les cas d'intoxi-
cation arsenicale des vomissements sanguinolents.
ExsrnoPHiE de l\ vessie. — M. le docteur Paw/ Berger
présente une petite fille de neuf ans qu'il a opérée avec
succès pour une exsirophie complète de la vessie à l'aide
du procédé suivant:
Il a commencé par reconstituer un urèthre allant de Tori-
fice des uretères jusau'au voisinage de l'anus, par la super-
position de deux iamoeaux pris aux grandes lèvres, suivant
un mode d'opération analogue à celui que ïhiersch a pré-
conisé pour la cure de l'épispadias. Quelque temps après,
M. Berger a recouvert la totalité de la surface vésicalc
au moven de deux lambeaux adossés par leur surface
cruentée. Enfin, comme il restait en plusieurs points des
fistules faisant communiquer la nouvelle cavité vésicaie
avec la région hypogastrique, une s 'rie d'opérations suc-
cessives a été instituée dans le but d'en obtenir l'oblité-
ration.
Le résultat est aujourd'hui complet, et la totalité des
urines déversée au voisinage de l'anus par le canal de nou-
velle formation, peut être recueillie dans un urinai. Malgré
ce résultat opératoire satisfaisant M. Berger signale les
crises vésicales douloureuses dont sa malade est encore
atteinte. Il s'agit d'un état de cystite chronique, antérieur
aux opérations, et que la soustraction de la surface vésicaie
au contact de l'air a amélioré sans le faire disparaître com-
plètement. Pendant les premiers temps la cavité nouvel e
qui tient lieu de vessie était le siège d'incrustations cal-
caires qui furent à plusieurs reprises extraites par l'urèthre-
5 JUILLKT 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÉDEGINE ET DE CHIRURGIE — N« ^7 - 43l
Cette tendance a disparu depuis que les dernières fistules
sont closes; mais,, malgré le traitement dirigé contre elles,
les crises douloureuses persistent, bien que plus rares. U
s'agit évidemment des conditions anormales dans lesquelles
se fait encore actuellement rémission des urines et que la
restauration des voies excrétrices de Turine est insuffisante
à faire disparaître.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, afin d'en-
tendre la lecture d*un rapport de M. Nocard sur les can-
didats au titre de correspondant national dans la troisième
division {Médecine vétérinaire)^ — La liste de classement
est la suivante : 1* Ai. Peuch (de Toulouse); 2* M. Signol
(de Villiers) (Indre-et-Loire) ; 'S^'ex œquo et par ordre alpha-
bétique: MM. Baillet (de Bordeaux); Cornevin (de Lyon);
Gai lier (de Lyon); Laulanié (de Toulouse).
— L'ordre du jour de la séance du 9 juillet est fixé ainsi
qu'il suit : 1° rapport de M. Hérard sur un travail du doc-
leur Laval concernant le traitement de l'occlusion intesti-
nale par rélectricité; 2" discussion sur le chloroforme et
Fanesthésie. Inscrits : MM. Léon Le Fort, Laborde; 3* lec-
ture par M. le docteur Galezowski sur le décollement de la
rétine et son traitement par les sutures.
Société médicale des bôpllaux.
SÉANCE DU 28 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE
DE U. CADET DE GASSICODRT.
Note sur on oaa d'empyème polsatlle: M. MiUard. — Traitement de
l'ëpUepsie par l'appUoation répétée de pointes de feu sur le cuir
chevelu (Présentation de malades) : M. Féré. — Coxalgie hystérique
' avec atrophie musculaire : M. O. Ballet. — Anévrysme disséquant
de l'aorte : M. Ferrand. — Note pour servir A l'histoire de la pneu-
monie infeotieuse: M. Renault i,Disoaesion : M. Netter). — Fin de la
discussion sur la prophylaxie des maladies contagieuses dans les
maladies ci*enfants: MM. Comby, Netter, Legroux, Juhel-Rénoy,
Cadet de Gtassicourt, Buoquoy, E. Labbé. Bevestre, D'HeiUy,
Chauffard. Richard, Lailler, Hervienx, Millard. ~Note pour servir
A l'histoire de la pneumonie infectieuse: M. Renault. — Élection.
M. Millard lit une note sur un cas d'empyème pulsatile.
(Sera publié.)
— M. Féré présente à la Société deux malades épilepti-
ques, traités par Tapplicatiou de pointes de feu sur le cuir
chevelu. L'un, mis en traitement depuis le 10 février 1887,
avait eu 21 accès en 1886, et 7 en 1887; il n'en eut qu'un
en 1888, et n'en a pas présenté depuis. Le second, mis
en traitement en avril 1887, a eu 63 accès en 1886,
45 en 1887, 5 en 1888. Ces deux faits semblent prouver
l'utilité du traitement, ainsi que les améliorations momen-
tanées et les modifications des paroxysmes obtenues chez
d'autres malades.
— N. Gilbert Ballet montre un malade présentant les
déviations caractéristiques d'une coxalgie vraie, flexion de
la cuisse avec abduction légère, déviations vertébrales com-
pensatrices, atrophie musculaire de la cuisse très marquée.
Cependant^ malgré l'a^opAte, considérée par Brodie comme
caractéristique de la coxalgie vraie, il s'agit d'une fausse
coxalgie. Ce malade est un hystérique, un dégénéré, qui après
une riboté a été pris d'hémiplégie droite avec hémianes-
thésie;de ces troubles, la contraclure des muscles pelvi-
trochantériens a seule persisté. Cette observation montre
combien le signe de Brodie a perdu de sa valeur au point de
vue du diagnostic des coxalgies.
— M. Ferrand présente l'aorte d'un malade mort d'un
cancer des ganglions du hile du foie. Au niveau du bile du
poumon, le vaisseau se dédouble eu deux canaux accolés
comme deux canons de fusil, jusqu'à Torigine de l'hypogas-
trique. S'agit-il d'une aorte double ou d'un anévrysme
disséquant? M. Ferrand incline vers cette dernière opinion.
— H. Comby termine la lecture de son rapport sur la pro-
phylaxie des maladies contagieuses dans les hôpitaux
d'enfants. Les conclusions VI, Vil, VIII, IX, X, XI sont
adoptées. Dans la conclusion XII, il demande que l'amphi*
théâtre d'autopsie soit considéré et traité comme un pavillon
d'isolement, pourvu de blouses, de manches imperméables,
d'eau chaude et froide, de tout ce qui est nécessaire pour le
nettoyage aseptique des mains.
U. Netter demande qu'on isole les enfants morts de
maladies contagieuses, afin d'éviter la contagion des parants
qui viennent reconnaître les cadavres.
Cette proposition soulève une discussion à laquelle
prennent part MM. Comby, NHter, Sevestre, Legroux^
Juhel-Rénoy, Cadet d^ Gassicourt^ D'HeiUy, Uucquoy,,
£. Labbé, Chantanesse, Richard, Chauffard, Lailler,
Hervieux.
M. Sevestre croit qu'il vaudrait mieux désinfecter les
cadavreso
M. Legroux demande comment on pourrait désinfecter un
cadavre de diphthéritique.
H. Richard. En l'enveloppant dans un suaire, imbibé
d'eau phéniquée à 5 pour 100, on empêche les germes de
se propager.
Après quelques observations de MM. Cadet de Gassicourt,
Sevestre, Lailler, Legroux, Hervieux, M, Comby ajoute à
la conclusion XII la proposition suivante : Les cadavres des
enfants morts de maladies contagieuses seront soumis à
des mesures de désinfection. — Adopté par la Société.
M. Millard demande la suppression de la conclu-
sion XIII du rapport de H. Comby, demandant que la somme
de 200000 francs, destinée par le Conseil de surveillance à
l'amélioration du mobilier des hôpitaux, soit intégralement
attribuée aux hôpitaux d'enfants. En effet, depuis le vole
de cette somme, le Conseil de surveillance, en juin 1880, a
décidé pour l'emploi d'une somme complémentaire de
402000 francs, provenantdu prélèvement sur le pari mutuel,
un certain nombre de mesures parmi lesquelles sont les
suivantes: Création d'un service de douteux dans chacun
des deux hôpitaux d'enfants, 100000 francs; création à
rhôpital Tenon d'tm service d'isolement pour les enfants
du service de chirurgie atteints d'affections contagieuses,
50000 francs.
— M. Renault lit une note pour servir à l'histoire de la
pneumonie infectieuse. Tandis que certains auteurs avec
Jiirgensen admettent que la pneun)onie est d'emblée une
maladie générale, d'autres, avec M. G. Sée, la considèrent
comme primitivement locale et secondairement générale,
infectante. Il rapporte Tobservation d'un jeune homnie.qui
est entré à l'hôpital Necker le 12 octobre, se plaignant de
maux de tète, courbature générale, point de côté, avec une
température de 40%7. Les deux jours suivants, douleur vive
à l'épaule droite, avec empâtement considérable dans le
creux de Tais elle (température oscillant entre 38 et
39 degrés). Le 17, fluctuation à ce niveau. Le 18, incision
du phlegmon. Le 19, on entend, pour la première fois à
gauche, en bas et en arrière, un souffle pneumonique très
net, avec râles crépitants. Le 24, déferyescence complète.
Le 26, élévation de la température, due à l'apparition d'un
abcès du médius droit (pas de pneumocoques, mais seule-
ment des streptocoques dans le pus). Le 12 novembre, le
malade sort guéri.
L'inflammation pulmonaire ayant commencé seulement
cinq jours après l'entrée du malade à l'hôpital, ce fait
semble être en fiiveur de la théorie de Jûrgensen. N^y a-t-il
pas eu dans ce cas un état infectieux avec localisation pul-
monaire ? Dans les cas de pseudo-pneumonies, la locali*
sation pulmonaire a des caractères cliniques différents. Les,
signes sont habituellement mobiles, les symptômes.
438 —Ji-TI- GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Juillet 1889
généraux prédominent et masquent les phénomènes pulmo-
naires ; la flèvre présente de grandes oscillations, sans
défenrescence brusque. Le cas précédent ne répond pas à ce
type morbide.
M. Netter a observé un cas analogue et en a relevé
plusieurs dans la Ultéralure médicale. L*examen bacté-
riologique en fournirait probablement la clef. On sait déjà,
et H. Jaccoud a montré, que les suppurations qui apparais-
sent à la fin de la pneumonie, sont dues à des migrations de
microbes pyogèn^s survenues secondairement dans le foyer
pneumonique. Ce qui explique l'abcès du doigt dont le pus
ne contenait que de& streptococcus pyogènes. S il y a eu, dans
le cas de H. Renault, infection générale pneumonique avant
l'apparition de la pneumonie, le fait ne nous est prouvé ni
par des recherches bactériologiques, ni par la vérification
anatomique. M. Renault ne croit pas ici à une pseudo-
pneumonie, à une broncho-pneumonie, due à un autre
microbe aue le pneumocoque. Mais la suppuration observée
après la défervescence implique la participation du strepto-
coque pyogène, qui peut, lui, déterminer la broncho-pneu-
monie; or il est identique à celui de Térysipèle, et dans
l'érysipële on observe la défervescence brusque et la déli-
tescence. Enfin, on pourrait admettre ici une pneumonie
survenue à titre d'épiphénomène au cours d'un phlegmon
thoracique.
M. Renault a voulu prouver que la pneumonie était plutôt
une maladie infectieuse qu'une maladie infectante.
— Pendant la séance, MM. Dreyfous, André Petit et
Variot sont nommés, à l'unanimité, membres de la Société.
— La séance est levée à cinq heures vingt.
Société 4e chlraryie.
SÉANCE DU 26 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE M. NICAISE.
Disoiuaioii Bor le traitament des myornes atérins : MM. Nicalse,
TttrriUon, Polalllon, Ghamplonnlère.
M. Nicaise désire d'abord attirer l'attention sur quelques
données historiques. Après que Ciniselli (de Crémone^ eut
fait de la galvanocaustie chimique une méthode définie,
cette méthode a été appliquée par divers auteurs au trai-
tement des néoplasmes, et on peut citer, à ce point de vue,
Neflel (de New-York), Semmola (de Naples). Pour les
myomes utérins, en particulier, elle leur a été appliquée
en 1875 (ainsi qu'aux kystes ovariques), par Semelaerqui a
publié à ce sujet un mémoire intitulé: Plus (Tovariotomies.
En 1878, Cutter faisait connaître le résultat de cinquante
myomes ainsi traités. Puis, en 1882, vint la communication
de M. Apostoli à TAcadémiede médecine. Quelques auteurs
out cru que l'électricité pourrait faire fondre les néoplasmes :
on n'a pas tardé à se convaincre que cette opinion est erronée.
D'autre part, oh a reconnu qu'il est dangereux d'user de la
galvanopuncture de façon à provoquer la destruction par
gangrène. D'ailleurs, il semble bien que l'électrisation donne
des résultats. Comment peut-on les expliquer? Avant tout,
pour s'en rendre compte, il ne faut pas oublier que la
marche des myomes est, bien souvent, spontanément irré-
gulière ; que la cause des accidents est, en outre, fréquem-
ment dans des lésions de voisinage. Elle est souvent dans de
l'endométrite fongueuse ou glandulaire; en 1887, Wider a
insisté. sur cette dernière forme: voilà pourquoi le curet-
tagede l'utérus est parfois un excellent palliatif des métror-
rhagies, comme l'ont montré Coe, Max Runge. Ailleurs, il
faut faire entrer en ligne de compte une sténose du col, et la
dilatation fait cesser les accidents, comme dans des obser-
vations de Chadwick, Kallenbach, Trélat, Terrillon. C'est
dans cette catégorie d'opérations chirurgicales palliatives
au'il faut ranger l'électrisation, et le temps seul permeUra
e se prononcer entre ces divers moyens. Mais c est entre
eux qu'il faut les mettre en parallèle, et non avec les opé-
rations réellement curatives. Ces opérations certes sont
graves, et surtout elles l'étaient. Il ne faut pas oublier que
H. Fritsch (de Breslau) n'a eu aue 5 décès sur ses 33 der-
nières myomectomies, alors qu autrefois il en avait penio
11 sur 27.
M. Terrillon n'a soumis au traitement électrique (|ue
7 des 113 femmes qu'il a soignées pour myomes utérins.
Trois fois il a confié le traitement à H. Apostoli, et il y a eu
1 résultat nul, i mort, 1 amélioration. Il ne serait pas juste
d'attribuer la mort à la méthode | le cas, en effet, était mau-
vais : le fibrome, enclavé, n'avait pu être extrait par une
laparotomie exploratrice. Dès la première séance d'éleclri-
sation,des accidents septico-pyohémiques se sont déclarés et
l'autopsie a révélé l'existence d'un Chrome kystique suppuré
à l'avance. Mais, par contre, rien ne prouve qu'il faille
mettre le succès à l'actif de l'électrisation : la femme, âgée
de soixante ans, avait une métrorrhagie très intense, maiselle
portait précisément un fibrome qui, presque toujours bieo
toléré, avait déjà causé, à de grands intervalles, des roétror-
rhagies inquiétantes qui avaient cessé par des traitements peu
actifs. Les quatre femmes ({ne M. Terrillon a électrisées lui-
même n'ont guère bénéflcié davantage : une fois l'hémor-
rhagie s'est arrêtée, mais pour reparaître an bout de six
semaines et il a fallu recommencer; deux fois elle a con-
tinué comme si de rien n'était. Une fois cependant les dou-
leurs ont été nettement amendées et — d'après deux autres
faits où l'électrisation a été faite sur l'intestin dont l'occlusion
compliquait un fibrome utérin douloureux — M. Terrillon
admet que c'est là le résultat le plus réel de rélectricilê.
En somme, on a donc là un traitement palliatif, qu'il ne
faut pas repousser, mais au'on doit laisser au rang d'adjuvanl
du traitement médical. M. Terrillon, en effet, reste scep-
tique vis-à-vis des diminutions de volume dont parlent
quelques auteurs. N'a-t-on pas attribué àl'ergotine,auxeaui
de Salies de Béarn une efficacité analogue, aujourd'hui con-
testée? Rien ne varie comme le volume d'uu fibrome, ou
plutôt l'apparence de ce volume, sous l'influence des dépla-
cements de la masse, du deffré de distension de l'intestin.
Et quant aux disparitions, M. Terrillon pense qu'il s'agit
de salpingites méconnues; c'est une erreur de diagnostic
qu'on faisait presque toujours, il y a quelques années, pour
les salpingites accompagnées de métrorrhagies ; cette erreur
aujourd'hui est moins fréquente, mais elle est loin d'être
rare.
M. Polaillon rappelle au'en 1882 M. Segond a soutenu
sa thèse sur les résultats obtenus, dans le service de Gallard^
par réiectrisation galvanique des myomes : ces résultats
étaient nuls. M. Polaillon continue à penser que ce trai-
tement ne fait rien du tout, que quelquefois il est mortel;
que par conséquent il faut être partisan, en principe, des
opérations curatives. La gravité de ces opérations aimiuue
peu à peu. Sur 20 myomectomies abdominales M. Polaillon
n'en a perdu que 5, dont 2 doivent être défalquées, car une
des malades avait une dégénérescence kystique des reins et
l'autre a été opérée dans un état d'anémie intense.
M. LucaS'Championnière^ origine du débat, le clôt eu
constatant que presque tous les auteurs sont d'accord sur
l'efficacité de l'électrisation comme traitement palliatif.
M. Boreilly semble se méfier à cause de la trop grande rapi-
dité d'action; cette rapidité est précisément un des carac-
tères spéciaux de la méthode, et le point faible est la diffi-
culté de maintenir, autrement que par un traitement dW
prolongation fastidieuse, cette amélioration obtenue en
quelques jours. M. Championnière constate encore que
nombre des malades dont les orateurs précédents ont parlé
et qui ont subi les hautes intensités ont ressenti des souf-
5 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 27
439
frances notables; d'autre part, il y a quelques décès impu-
tables à la méthode. Il maintient donc son opinion sur la
préférence à donner aux basses intensités. Maintenant est-ce
à dire que Télectrisalion doive supplanter Tintervention
sang:lante? Absolument pas, malgré certains chirurgiens,
américains surtout, qui vont plus loin c[ue M. Apostoli lui-
mème, et prétendent que, si 1 on emploie une intensité suf-
fisante, les myomes fondent comme par enchantement. A ce
point Je vue, M. Championnière est tout à fait de l'avis de
M . Terrillon sur les causes de Terreur. Dès lors la chirurgie
opératoire garde tous ses droits et le traitement électrique
n'est indiqué que lorsque l'opération radicale est contre-
indiquée, soit que la tumeur soit inopérable, soit que
le malade approche de la ménopause et que le fibrome ne
cause pas des accidents trop pressants.
A. Broca.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
ee la ▼alenr de raMlIpyrine, d« l^anarèlirliie et de la phé-
iMieétiBe eonlre la eoqueiuche, par M. Leubuscher. — L'au-
teur a étudié comparativement ces trois médicaments durant
la dernière épidémie d*léna.
La phénacétine, même à lu dose de 50 centigrammes par jour,
étuit absolument inefficace. Ces résultats démentent les succès
annoncés par Katz.
l/aiitifébrine a été plus efficace, mais son emploi n'est pas
sans danger, puisqu'elle peut provoquer la cyanose.
L'antipyrtne était administrée selon la méthode de Sonnen-
herger, c'est-à-dire à raison de trois ou quatre doses, dont la
totalité représente autant de centigrammes que Tenfant est âgé
d'années. Prescrite dès le début de la maladie, Tantipyrine pa-
rait diminuer la durée et l'intensité des quintes. A une période
avancée de la maladie, les effets thérapeutiques ne sont pas
supérieurs à ceux des autres médicaments. Enfîn, dans aucun
cas, malgré les affirmations de ses avocats, cette médication n'a
pu couper la maladie. (Centrabl. f, klin, MediCj 4889, n» 7.)
Du traltcmenl de la eoaatipalion haiiilaelie par le maai-
Hase, par M. ËCCLES. — Dans un premier groupe, l'auteur place
les individus des deux sexes en puissance de neurasthénie et
chez lesquels la constipation est de cause trophonévrotique. Le
traitement demande alors six à dix semaines et consiste dans :
!<" le repos au lit pendant trois semaines ; â"* l'emploi du massage
général deux fois chaque jour et des massages abdominaux à
raison de trois à quatre séances quotidiennes ; 3° l'augmenta-
tion de la quantité des boissons ; 4** la substitution au massage,
mais graduellement, d'exercices gymnastiques plus violents.
S'agit-il de la constipation des individus menant une vie sé-
dentaire ou de ceux qui abusent des purgatifs? On doit combi-
ner le massage avec les exercices physiques pour combattre
leur paralysie intestinale.
Dans les cas où il existe de la dyspnée, des palpitations et de
l'œdème des extrémités, accompagnant les troubles digestifs, la
perte d'appétit, l'état saburral de la langue, la flatulence, l'acidité
l'haleine et des troubles de la digestion stomacale, on doitencore
de exiger le repos au lit pendant quelques jours et pratiquer de
vigoureuses manipulations abdominales. Ces dernières seront
répétées une ou deux fois dans les vingt-quatre heures, dure-
ront dix à trente minutes et, après dix jours, devront être alter-
nées avec les exercices physiques. On obtient ainsi la guérison
de la constipation dans l'espace de quelques semaines {The
Praclitionnery avril 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
L*h7irièiie da ▼éiocipédiste, par M. le docteur Philippe
TissiÉ. In-16 de 321 pages. — 0. Doin, Paris, 1888.
Ce livre est conçu à un point de vue très pratique; il
renferme des données d'hygiène générale, et plus particu-
culièrement celles qui conviennent aux vélocipédisles.
L'auteur insiste avec raison sur l'influence produite par
l'exercice, la marche, la course, l'ensemble du travail pro-
duit par le vélocipédiste sur la respiration. Cette partie de
l'ouvrage est intéressante pour les phvsiologistes.
Des tracés de l'amplitude variable de la respiration,
suivant la rapidité de la course ou l'état d'entraînement,
montrent que l'importance de l'élude des modifications de
la respiration n'est pas moindre dans l'exercice du véloci-
pède que dans les efforts similaires des diverses manœuvres
de gymnastique. Des recherches analogues, que nous avons
faites sur Tactivité de la réduction et sur la quantité d'oxy-
hémoglobine à la suite de courses vélocipédiqnes, sont
quant à présent en accord avec les conclusions de l'auteur;
nous aurons occasion de revenir sur ce sujet fort important
quand nous les publierons.
M. Tissié est convaincu de l'avenir du vélocipède comme
moyen de locomotion. Un vélocipédiste peut remplacer trois
cavaliers, et en temps de guerre peut rendre des services
d'une grande importance ; mais l'emploi du vélocipède
présente des inconvénient de diverses sortes si l'on ne se
soumet pas à l'entraînement. C'est pourquoi il est nécessaire
de suivre, dans ce genre d'exercice, des règles d'hygiène
précises, et M. Tissié aura rendu, par son exposition simple
et très précise des préceptes les plus indispensables, un
réel service aux véfocipédistes, en même temps que son
livre présente le plus grand intérêt pour les éducateurs et
pour les médecins, dont l'attention doit se porter constam-
ment sur l'étude de la régénération ou de l'amélioration
physique de la jeunesse.
A. H.
Anatomle normale et |patholoi;ii|ae de l*cell, par M. le
docteur Emile Berger. In-S"* de â05 pages, avec 12 pi.
0. Doin, Paris, 1889.
Les progrès des procédés de l'élude hislologique de l'œil
et de ses lésions ont donné des résultats fort précis et très
importants, et bien que les manuels et traités d'ophthal-
mologie, tels que celui de Wecker et Landolt, aient réuni
les principaux résultats obtenus, il reste un grand nombre
de sujets peu connus dans cet ordre de recherches. Il
n'existe pas en France de traité complet de l'anatomie nor-
male et pathologique de l'œil: c'est pourouoi la roonogra-
Fhie de M. Berger sera accueillie avec le plus grand intérêt.
1 n'a pas fait un travail d'ensemble complet, mais il a traité
à fond et par des recherches personnelles un grand nombre
de sujets qui étaient insuffisamment explorés.
Ce livre résume les recherches que l'auteur a faites
durant plusieurs années, en anatomie normale, sur la
chambre postérieure de l'œil, sur le ligament suspenseur
du cristallin, sur le ligament pectine de l'iris, sur le déve-
loppement de la membrane de Descemet, sur la structure
du corps vitré et sur l'ora serrata.
Les recherches d'anatomie pathologique ont trait aux
altérations séniles, à riridocyclite, à l'atrophie du globe
oculaire et au glaucome, etc., et, chemin faisant, l'auteur,
en comparant ces dernières altérations à toutes celles qui
peuvent atteindre les yeux, a jeté un coup d'œil général
sur l'anatomie pathologique de l'œil.
440 — N» 27 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ^T DE CHIRURGIE
5 Juillet 1889
Des planclies bîstologiques accompagnent et éclairent les
descriptions. Ce livre se présente sous une forme très soi-
gnée, et avec une recommandation précieuse, celle de l'Aca-
démie dés sciences, qui sera certainement confirmée par
les pathologistes et par les spécialistes.
A» 11 •
VARIÉTÉS
CRÉATION D*UN FONDS d'ENCOUIUGEMENT POUR LES ÉTUDES
SUR LA GUÉRISON DE LA TUBERCULOSE.
Vingt-sixième liste,
M. le doclcur Tcssier 300 fr.
AI. le docleur Chassinat i 00
M. le docteur Ricochon 40
M. le docleur Lortet 129 10
M. le docleur Leviviers 20
M. le docteur de Toraa 20
M. le docteur Mariano Salajar, «. 20
M. Roux 20
M. Delobray 20
Ville de Nice 199 65
— deMeaux 100
— d'Auxerre 99 85
— deMézières 99 30
— de Tarbes 50
— deToul ; 49 35
Commune d'Ammi-Moussa 100
— d'Ozoir-la-Ferrière 50
— de Sainl-Quentin-des-Près 35
— de Boujan 25
— d'Henncbonl 25
— de Mouy 25
— de Lizy 23 61
— de Poissy 20
— deMareuil 20
— de La Madeleine 20
— de Dampierre 20
— de La Chapelle 20
— ■ d'Ënghien 20
— d'Hanawilliers 10
— deNolay 10
— d*Oiserey 9 75
— de Précy , 3
Total 1 .603 fr. (H
Montant des lisles précédentes. . . 77.328 74
Total GÉNÉRAL.. 78.932 fr. 35
Autonomie ou corps db santé de l'armée. — Voici les
articles du décret en date du 1" juillet 1889, qui assure Tauto-
iiomie du corps de santé de Tarmée, et modifiant la loi du
16 mars 1882.
Art. 16. — Lès directeurs du service de santé dans les corps
d'arrnée, ainsi que les chefs du service de santé dans les hôpi-
taux, ambulances et établissements pharmaceutiques, sont pris
parmi les membres du corps de saute militaire.
Les rapports de ces fonctionnaires entre eux et avec le com-
mandement et les autres services sont réglés par les arliclcs qui
précèdent.
Ils ont, en ce qui concerne Texécution du service de santé,
autorité sur tout le personnel militaire et civil, attaché d une
manière permanente ou temporaire à leur service. Ils donnent
des ordres, en consécjuence, aux pharmaciens, aux officiers d*ad-
minislration et aux infirmiers des hôpitaux et ambulances, ainsi
qu'aux troupes des équipages militaires et aux hommes de
troupe momentanément détachés auprès d'eux pour assurer le
service de santé. Les infirmiers et les hommes de troupe ainsi
détachés relèvent de leurs chefs de corps respectifs en ce qui
concerne Tadministration, la police et la discipline intérieures
du corps.
lies prescriptions du directeur ou des chefs du service de
santé sont exécutoires par le personnel chargé de la gestion
dans la limite des règlements et des tarifs.
Us peuvent, dans les cas urgents, prescrire sous leur respon-
sabilité, même pécuniaire, des dépenses non prévues par le>
règlements; mais, en ce cas, ils donnent leurs ordres par iVcrit
et en préviennent immédiatement le commandement.
Art. 17. — Les pharmaciens et officiers d'administration
chargés d'exécuter les ordres du directeur ou des chefs du st^r-
vice de santé peuvent être rendus pécuniairement responsable^
du montant des dépenses non prévues par les règlements, pour
lesquelles l'ordre écrit susmentionné ne leur aurait pas «'-té
délivré.
Art. 18. — Les direcleurs du service de sauté, dans les corps
d'armée, ordonnancent toutes les dépenses de ce service. Ces
direcleurs, ainsi que les médecins chefs de service, vérifient la
gestion en deniers et en matières des pharmaciens et oflici^rs
d'administration placés sous leurs ordres. Ils leur donnent
direclement des instructions pour la bonne tenue des écritures
el Tobservalion des lois et règlements sur la comptabilité.
Le service de santé est également chargé, sous l'autorité du
commandement, d'assurer la fourniture du matériel et des
approvisionnements nécessaires aux hôpitaux et aux ambu-
lances.
ÉCOLE du service DE SANTÉ MILITAIRE DE LVON. ~ Par déci-
sion du 30 juin 1889, le ministre de ia guerre a fixé au lundi
7 octobre 1889 l'ouverture, à l'école du Val-de-Grâce, d'un con-
cours pour deux emplois de répétiteur à l'école du service dt>
santé militaire de Lyon.
Ces emplois se rapportent aux parties de renseignement ci-
après indiquées :
1" Médecme opératoire et accouchements;
2° Matière médicale, thérapeutique, hygiène et médecin<'
légale.
Le concours aura lieu dans les conditions et conformément au\
dispositions de la décision ministérielle du 28 décembre 18H8.
insérée au Bulletin officiel du ministère de la guerre, partie
réglementaire, 2^ semestre, page 1363.
Les médecins-majors de 2« classe qui désireraient concourir
pour ces emplois en feront la demande par la voie hiérarchique
au ministère de la guerre (7* division).
Ces deniandes devront parvenir au ministère avant le 15 sep-
tembre 1889, au plus tard; elles seront accompagnées de l'avis
motivé de tous les chefs hiérarchiques des candidats, y compriN
celui du directeur du service de santé du corps d'armée auquel
ils appartiennent.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi
12 juillet. — Ordre du jour: M. Richard ; Statistique comparée
de la rougeole, de la scarlatine el de la coqueluche. — M.Fcrnel:
Des injections intra-pleurales antiseptiques dans les pleurésies
infectieuses. — M. Juhel-Bénoy: Traitement des kystes hydati-
ques du foie.
Mortalité a Paris (25« semaine, du 16 au ti juin
1889. — Population: 2260945 habitants). -- Fièvre typhoïde. 11.
— Variole, 2. — Rougeole, 19. — Scarlatine, 2. — Coque-
luche, 15. — Diphthérie, croup, 28. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 16Ô, — Autres tuberculoses, 16. — Tumeurs:
cancéreuses, 46; autres, 7. — Méningite, 46. — Conges-
tion el hémorrhagies cérébrales, 39. — Paralysie, 6. —
Ramollissement cérébral, 9. — Maladies organiques du cœur, 38.
— Bronchite aiguë, 19. — Bronchite chronique, 32. — Broncho-
Eneumonie, 22. — Pneumonie, 22. — Castro -entérite: sein,15;
iberon, 68. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 4. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 20. — Sénilité, 27. — Suicides, 20. — Autres morts
violentes, 12. — Autres causes de mort, 165. — Causes
inconnues, 15. — Total : 894.
G. Masson, Propriétaire-'Gérant,
10G3U. — IIOTTBROI. — ImprimcrioB rcunioi, A, ruo Mignon, % Paris.
Tremte-sixjèmk année
N« 28
42 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef.
MM. P. BLACHEZ, E. BRISSAUD. 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC. FRANQOIS.FRANCK. A. HËNOCQUE, A.nl. MARTIN. A. PETIT. P. RECLUl
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. — Clinique médicale. De la maladie de Weil. —
FonaULAiRB THiliAPEUTiQUB. La posologie et le mode d'administralion de la
cornutine. — RivuB dbe cours et des cliniques. Sur le diagnostic clinique
de l'occlaFion intestinale par étranglement ou par volvulua. — Travaux
ORIGINAUX. Clinique médicale : Noie sur un cas d'empyème pulsatile. — Revue
DES Congrès. Troisième Congrès des médecins russes. — Sociétés savantes.
Académie des sciences. — Académie de médecine. — Société de chirurgie. —
Société de biologie. — Société de thérapeutique. — Revue des journaux. —
Travaux à consulter. — Bibliographie. Los agents provocateurs de l'hystérie.
— Variétés. Faculté de médecine de Paris. — Cours de microbiologie du Val-
dc Gr&ce. — Feuilleton. Le médecin à l'Exposition universelle de 1889.
BULLETIN
Paris, 10 juillet 1889.
Académie des sciences : La technliiae aDatomliiae.
En rappelant à rAcadémie des sciences, dans une série de
communications que nous avons résumées (p. 420 et 449), les
brillants résultats que lui a donnés la méthode de recherches
thermo-chimiques, M. le professeur Sappey avait le droit
de protester contre la prééminence que l'on accorde de nos
jours à la technique purement histologique. Il est évident
que, pour bien étudier la structure des organes et des
tissus, ainsi que l'agencement des divers éléments qui les
constituent, ce n'est point à la méthode des coupes qu'il
convient de recourir. H. Sappey, à qui l'on doit de si belles
recherches sur l'anatomie des tendons, des glandes, des
vaisseaux lymphatiques, etc., a été le premier à indiquer
les procédés qui permettent la dissociation des éléments
qui les forment, et d'arriver ainsi à donner une vue d*en-
semble de leur composition. Par la méthode des coupes, on
arrive ensuite à indiquer avec précision la structure intime
de ces éléments primordiaux. Les procédés de durcissement
qui se trouvent indiqués dans les traités d'histologie ne
peuvent donc suffire à Tanatomisle. Il convient d'y associer
l'emploi des agents chimiques — et pour certains tissus des
agents thermiques — qui ont pour effet de détruire cer-
taines fibres et de rendre plus transparents les vaisseaux,
les nerfs et les appareils glandulaires. Un grand nombre
d'histologistes ont déjà adopté la méthode recommandée
par M. Sappey. C'est à elle que, pour l'étude des localisa-
tions cérébrales, le regretté Baudelot s'était adressé; c'est
par une méthode à peu près semblable que M. Luys est
parvenu à démontrer dans le cerveau les connexions intimes
et l'organisation des fibres et des commissures du cerveau.
En appelant de nouveau l'attention sur la méthode qui lui
a donné tant de résultats utiles, M. Sappey a rendu service
à tous les anatomistes contemporains.
CLINIQUE MÉDICALE
De la maladie d« ^ell.
On sait quel retentissement eut en Allemagne le mémoire
que Weil publia en 1886 dans la Deutsch. Archiv. fur
klin: Medicin, sur une maladie infectieuse spéciale avec
tuméfaction de la rate y ictère et néphrite^ dont il rappor-
FEUILLETON
Le médecin di l'Exposition mnivr ruelle de 18811.
(Premier article.)
Le médecin n'a pas moins à apprendre qu'un autre
visiteur, parmi les multiples attractions de l'Exposition uni-
verselle. Depuis le sommet de la tour Eiffel dont la phy-
siologie doit tenter de tirer parti pour ses investigations, jus-
qu'aux éclatants souterrains des fontaines lumineuses d'où
la salubrité est bannie pour faire place à des préoccupations
bien différentes, tout y est matière à observations médi-
cales. Ici c'est une exhibition d'appareils de chirurgie, là
de longues rangées d'objets mobiliers pour les malades,
ailleurs des spécimens d'installations sanitaires, des plans
d'hôpitaux, d'hospices et d'asiles, des procédés et des mé-
thodes d'iuvestigationscliniques, les multiples produits de la
f Sêrib t. XXVI.
matière médicale, etc., etc. Jamais peut-être les sujets
d'étude n'ont été plus nombreux ni plus variés; jamais aussi
les disti'actions instructives n'ont été plus brillamment
aménagées pour le plaisir des yeux et quelquefois aussi pour
le délassement et la culture de l'esprit. C'est, il est vrai,
qu'aucun cadre plus élégant, plus grandiose ni plus attrayant
n'a jamais été offert à une multitude plus affamée de con-
naissance et de plaisirs!
Dans ce troublant assemblage des merveilles du travail
humain en notre siècle, dans cet admirable ensemble, le
médecin soucieux de s'instruire a d'abord quelque peine à
se reconnaître; ce n'est pas qu'il ne puisse à la longue
retrouver les classes dont les onjets lui sont plus particu-
lièi*ement familiers, mais il risque de laisser de côté maintes
pai*ties tout aussi dignes de son intérêt. C'est pourquoi nous
voudrions lui épargner cette peine et ce chagrin, en attirant
ici son attention sur les parties de l'Exposition qui appellent
ses visites et commandent son examen.
28
Uî -. N« 28 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ' 12 Juillet 1889
tait quaire exemples, parmi lesquels deux emprunlés à
Friedreich. Bientôt affluèrent les observations de même
ordre, les unes récentes, les autres sorties des cartons où
elles sommeillaient depjiis longtemps, en même temps que
surgirent les interprétations les plus dissemblables sur la
nature de la maladie de Weil^ de « l'ictère fébrile de
Weil >.
En France, Tattention fut appelée sur cette question par
plusieurs revues critiques, celles notamment de Longuet,
de Ricklin et de Chéron, et des observations similaires
furent publiées par divers auteurs, tels que Rendu (Journal
de médecine pratique^ 1889, p. 149); Benech {Archives de
médecine et de pharmacie militaires, juin 1889); Perret
{Lyon médical, juin 1889). Notre contribution serait bien
plus considérable si, comme on l'a fait à juste titre, on
rapprochait des observations allemandes une partie de
celles qui ont été mises au jour en France sous les déno-
minations d'ictère pseudo-grave, d'ictère grave curable, de
typhus hépatique bénin (Brouardel, Mossé, Rondol,
Mathieu, etc.).
Pas plus qu'en Allemagne, Tenteute ne semble encore
s'établir en France au sujet de la signification nosologique
de la maladie de Weil et, sur les deux rives du Rhin, trois
interprétations sont en présence. Pour quelques-uns, le
syndrome de Weil constitue une entité morbide nouvelle ou
non encore décrite; pour d'autres, elle n'est qu'une moda-
lité d'une maladie connue, fièvre récurrente ou fièvre
typhoïde ; d'autres, enfin, n'y voient qu'une expression
symptomatique, relevant d'états morbides divers.
Ces divergences ne sauraient surprendre, si Ton songe
qu'il faut faire aujourd'hui l'histoire de la maladie de Weil
avec des documents cliniques souvent disparates, dont un
grand nombre, peu probants, doivent être mis de côté, si
l'on songe aussi que les données anatomo-pathologiques font
presque absolument défaut. La seule autopsie, en eiïet,
qu'on puisse invoquer, celle qu'ont rapportée Brodowsky et
Dunin, ne jette aucune lumière sur la question, car les
lésions que ces auteurs ont trouvées sont des altérations en
quelque sorte banales qui se rencontrent dans beaucoup de
processus infectieux. Leur procès-verbal peut se résumer
en quelques mots : à l'œil nu, hypérémie pulmonaire,
hypertrophie et ramollissement de la rate, hypertrophie du
foie et des ganglions lymphatiqueset enfin, congestion rénale ;
à Texamen histologique, infiltration d'éléments jeunes dans
le tissu interstitiel des poumons, des reins et du foie.
Quant aux recherches bactériologiques, elles sont restées
à peu près négatives, puisqu'on n'a pu cultiver d'autres
micro-organismes que le staphylococcus albus.
C'est donc à l'étiologie et à la séméiologie seules qu'il
faut demander la solution du problème.
II
Voyons d'abord si les données étiologiqnes sont assez
précises pour être démonstratives.
La maladie parait frapper surtout des individus vigoureui,
dans la force de l'âge (de quinze à trente-quatre ans),
n'ayant pour la plupart aucun antécédent pathologique;
dans certains cas on a relevé l'influence du surmèneroeol,
d'excès alcooliques, d'une nourriture défectueuse, d'une eau
contaminée.
Les malades exerçaient les professions les plus diverses,
cependant Fiedier a observé neuf cas chez des garçons
bouchers qui travaillaient à l'abattoir central de Dresde;
d'autre part, un certain nombre de faits ont été recueilli>
chez des militaires (Huebcr, Kirchner, Benech, etc.).
La maladie semble revêtir parfois un caractère quasi
épidémique (Fiedier, Hueber, Haas), les cas se produisant
par séries qui coïncidèrent ou non avec des épidémies soit de
typhus abortif, soif de fièvre récurrente. Le plus souvent,
au contraire, ils se sont montrés isolés; d'ailleurs, la con-
tagion n'a jamais pu être invoquée ; c'est ainsi que les buil
hommes frappés dans l'épidémie de Breslau (Kirchnen
appartenaient à des corps différents de la garnison.
Comme on le voit, aucune donnée formelle ne se dégage
des documents étiologiques. i
III
Si pour tracer l'histoire clinique de la maladie de Weil,
on prenait en considération toutes les observations publiées
sous cette rubrique, la confusion serait extrême, et il faut en
élaguer un certain nombre passibles d'interprétations
diverses, pour rester en présence de faits qui aient entre eui
un air de parenté indéniable.
Le premier, caractère constant, ou à peu près, est la
brusquerie du début. C'est, sans prodromes, habituellement
par un ou plusieurs frissons que commence la maladie;
aussitôt survient une céphalalgie intense, et une grande
dépression des forces, qui peut aller jusqu'à la stupeur,
sans délire toutefois. Ordinairement aussi, les malades
accusent des crampes et des douleurs musculaires très vives,
Pour la première fois dans les grandes Expositions inter-
nationales les affaires médicales ont été subdivisées en deux
classes : l'une, consacrée à la médecine humaine et vétéri-
naire; l'autre, à l'hygiène et à l'assistance publiçiue. L'im-
portance accordée en France à ces dernières depuis quelques
années a permis, en efl'et, de leur donner une sorte d'auto-
nomie dans les expositions, comme elles tendent à en avoir
une de plus en plus marquée dans les préoccupations
administratives.
C'est surtout à la suite des expositions d'hygiène de
Bruxelles en 187G,de Londres en 1881, de Genève en 1882,
de Berlin en 1883, de Londres en 1884 et de la caserne
Lobau, à Paris, en 1886, que l'hygiène s'est plus nette-
ment séparée de la médecine dans ces exhibitions. L'essor
considérable donné, dans ces dernières années, en France
aux études et aux applications sanitaires, a conduit à
donner à l'hygiène une classe à part, à laquelle l'assis-
tance, autre branche de la médecine publique, devait /
être forcément associée. De là cette classe 64 qui occupe
des pavillons spéciaux sur l'esplanade des Invalides. L'en-
semole des constructions qui les abritent est imposant
d'aspect extérieur; les façades sont polychromes, suivant
la mode actuelle renouvelée des anciens, les marbres y
échangent des reflets nacrés avec les peintures à fresques, ks
devises; les noms des hygiénistes les plus réputés depuis
l'antiquité jusqu'à nos jours y sont reproduits à profusion;
bref, on a voulu forcer presque brutalement l'attention du
public et lui donner une idée de la puissance qu'on se voit
de plus en plus obligé de donner à l'hygiène et à l'assis-
tance dans notre société. Plus modeste est restée la méde-
cine. Reléguée dans une partie mal éclairée des galeries du
Champ de Mars, elle occupe un espace par trop restreint,
et la classe 14 n'a, pour briller, que l'éclat des éléganls
instruments qui ornent ses vitrines.
En dehors de ces deux grands emplacements, la méde-
cine et l'hygiène se retrouvent de divers côtés ; elles sont
i'2 Juillet 1880 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 28 — 443
particalièrement dans les membres, plus rarement dans le
dos et la nuque. Le pouls s'accélère, atteint de 100 à
140 pulsations, pendant que la température s'élève à
40 degrés et davantage dès le deuxième jour. En même
temps se produisent des troubles digestifs plus ou moins
accusés : langue blanche, offrant les caractères plutôt
de rembarras gastrique que de la fièvre typhoïde, anorexie
absolue, nausées, vomissements, gargouillement dans les
fosses iliaques, avec constipation ou au contraire avec
diarrhée. Bientôt, au bout de deux à quatre jours en général,
les téguments prennent une teinte iciérique plus ou moins
accusée; les selles alors sont habituellement décolorées, et
les urines, hautes en couleur, renfermentdu pigment biliaire
et le plus souvent une proportion notable d*albumine.
En même temps que Tictère, on note parfois des
éruptions, herpès labial, érythème, voire roséole rappelant
rcxanlhème de la fièvre typhoïde. Comme signes physiques,
on trouve de Thypertrophie du foie, avec endolorissement
de rhypochondre droit et une augmentation de volume très
sensible de la rate.
En présence de cet ensemble morbide, où domine
Tadynaraîe, mais où, fait négatif qui a son importance, les
phénomènes thoraciques font presque toujours défaut, on
est en droit de craindre une évolution rapidement fatale;
mais voici qu'à la fin du premier septénaire se produit une
détente marquée dans les symptômes généraux et surtout
dans le mouvement fébrile, détente qui aboutit quelquefois
sans secousses à la convalescence, mais qui plus souvent
n'est que de courte durée. Dans ce dernier cas, la fièvre
reprend pour remonter à peu près à son niveau primitif;
f état typhoïde semble s'accentuer ; parfois même il se
produit des hémorrhagies, notamment sous la peau et au
niveau de la pituitaire, qui paraissent assombrir singuliè-
rement le pronostic. Mais cette rechute est plus courte
encore que la première période de la maladie; brusquement
la température tombe et le pouls revient à la norme, pendant
que les phénomènes généraux adynamiques disparaissent.
C'est une véritable crise, ainsi qu'en témoigne l'examen des
urines, devenues très abondantes. L'ictère s'efface assez
rapidement; le foie et la rate reprennent leurs dimensions
physiologiques, et la convalescence commence ; elle est
lente, pénible et il se passe quelquefois trois à quatre
semaines avant que la guérison soit complètement achevée.
En somme, début brusque par une fièvre intense, des
accidents adynamiques, des troubles digestifs divers, qui
s'accompagnent bientôt d'ictère et d'albuminurie, avec
hypertrophie du foie et de la rate; habituellement, au boni
de quelques jours, rémission surtout dans les phénomènes
fébriles, suivie d'une rechute où de nouveaux symptômes
graves, tels que des hémorrhagies, se produisent ; enfin,
défervescence rapide avec crise urinaire, telle est la marche
de l'affection dans la majorité des cas.
IV
Qu'on attribue s\ une intoxication ou à une infection un
syndrome dont les traits essentiels sont, en dehors de la
rechute, la fièvre, l'ictère, l'albuminurie et enfin l'adyna-
mie, rien de plus légitime. Mais de là à conclure à l'exis'^
tence d'une entité morbide nouvelle, il y a loin, alors que
les documents cliniques, d'ailleurs peu nombreux, sont fort
disparates et que l'enquête éliologique n'a.4oJHié que des
résultats contradictoires.
D'autre part, comme, à tout prendre, ces phénomènes
sont de ceux qu'on rencontre dans maints processus infec^
tieux très répandus, on conçoit que divers auteurs n'aient
vu dans la maladie de Weil qu'une modalité, ex<:eptionnelle
il est vrai, de l'un ou l'autre de ces processus; leurs con-
clusions ont nécessairement varié suivant qu'ils ont attaché
une importance prépondérante à tel ou tel des symptômes
morbides.
C'est ainsi que des pathologistes comme Haas à Prague,
et Longuet en France, ont invoqué la note adynamique qui
domine la scène dans la maladie de Weil pour rapprocher
celle-ci de l'affection asthénique par excellence, de la fièvre
typhoïde, dans sa forme abortive en particulier. Mais la
brusquerie du début, Tenvahissement en quelque sorte fou-
droyant de l'économie, l'ascension rapide de la tempéra^
ture, qui atteint son fastigium dès le deuxième ou le troi-
sième jour, l'apparition si précoce de Tictère, l'intégrité
de l'appareil respiratoire, voilà autant de caractères de la
maladie de Weil qui n'appartiennent point à la fièvre
typhoïde. D'ailleurs les données d'épidémiologie ne plaident
pas en faveur de cette interprétation ; la coexistence obser-
vée à Prague, par Haas, d'une épidémie de typhus abortif
et d'une série d'ictères de Weil, n'a été, je crois, signalée
d'une manière positive par aucun autre auteur, et, lors*
qu'il s'agit d'une maladie aussi répandue que la dothié-
nentérie, plus que jamais on peut invoquer le vieil adage :
Testis unuSy testis nulliis.
disséminées aussi bien sur les pentes des jardins du Tro-
cadéro que dans les galeries du quai et dans certaines par-
ties des divers palais. On aura une idée de cette dissémina-
tion — à coup sûr excessive — lorsqu'on sonçera que le
jury de la classe 64 seule doit occuper plus de vingt séances
très remplies à faire un examen sommaire des objets qui y
sont exposés. Aussi nous permettra-t-on de ne signaler dans
les lignes qui vont suivre que les particularités les plus
intéressantes par leur nouveauté et leur valeur, en les
groupant suivant un ordre aussi rationnel que possible.
Nous passerons ainsi successivement en revue l'hygiène, la
médecine proprement dite, la chirurgie, la thérapeutique,
enfin l'assistance publique et privée.
L Hygiène. — La prévention des maladies et leur pro-
phylaxie nécessitent une variété d'autant plus considérable
de procédés et d'appareils qu'elles dépendent de causes
multiples. Il ne s'agit pas seulement de faire application de
doctrines étiologiques pour supprimer tel ou tel foyer pesti-
lentiel, pour empêcher la transmission de tel ou tel microbe
pathogène à l'aide d'éléments et d'objets divers; il faut
aussi prévoir le retour des fléaux épidémiqnes par une
application stricte et rigoureuse des règles de la salubrité^
par des travaux d'assainissement en rapport avec les condi-
tions climatériques et les habitudes locales. Un axiome bien
connu de toute antiquité consiste à dire que les maUdies
naissent et se propagent surtout dans les milieux insalubres;
mais il n'y a pas longtemps que ses conséquences se sont
généralisées, qu'elles sont tombées, en quelque sorte, dans
le domaine public, et que l'assainissement, comme l'exécu-
tion des mesures sanitaires, ont cessé d'être l'objet de préoc
cupations passagères pour s'imposer, d'une manière con-
stante et rationnelle, tant aux pouvoirs publics quaux
simples particuliers. Lors des effroyables hécatombes que
f produisaient autrefois si fréquemment les maladies pcsti-
entielles, d'excellentes précautions étaient édictées et exé*'
m — «• 28 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i2 Juillet 1889
Mais il est une affection qui offre des analogies bien plus
manifestes avec la maladie de Weil : c'est la typhoïde
bilieuse de Griesinger, où Ton retrouve fièvre adynamique
à type rémittent, ictère et albuminurie. Aussi Weil avait-il
quelques droits à rapprocher ces deux syndromes ; malheu-
reusement pour cette thèse les dissemblances sont éga-
lement accusées, dans les cas même où la rechute existe, ne
serait-ce qu'au point de vue de l'évolution thermique et du
pronostic qui, dans la typhoïde bilieuse, est souvent fatal.
N*oublions pas, du reste, que Ton a cherché en vain les spi-
rogènes d'Obermeyer dans la maladie de Weil, et aussi que
celle-ci a été observée dans des régions où n'existe point le
relapsing fêter.
D'ailleurs, de ce que fièvre rémittente et maladie de
Weil sévissent simultanément dans un pays, est-on en droit
de conclure à leur identité pathogénique! En aucune façon,
pas plus qu'il ne serait légitime d'attribuer à l'iufluenza ou
à la fièvre intermittente des affections qui, nées en pleine
épidémie grippale ou paludéenne, rappellent à certains
égards l'un ou l'autre de ces états morbides.
Aussi, sans repousser absolument la doctrine de Weil,
pour quelques cas du moins, croyons-nous qu'elle n'est pas
applicable à la généralité des faits.
Reste la conception qui a rencontré le plus de faveur en
France, celle qui rapproche la maladie de Weil des ictères
graves; elle nous séduirait davantage, précisément parce
qu'elle ne tranche pas la question de pathogénie. Cette
dénomination doit, en effet, s'appliquer non à une entité
morbide, mais à un syndrome d'intensité très variable,. qui
est l'expression clinique de l'insuffisance hépatique, quelle
qu'en soit l'origine : infection, hétéro ou auto-intoxication.
Entre l'ictère le plus manifestement infectieux et l'ictère
catarrhal le plus bénin, il existe, les travaux français l'ont
démontré, une série d'états pathologiques intermédiaires,
où la gravité des phénomènes tient tantôt à la nature de
l'agent pathogène (microbes, substances toxiques provenant
d'une alimentation vicieuse ou d'une dépuration organique
insuffisante), tantôt à la débilitation antérieure de l'éco-
nomie par la misère ou les excès alcooliques. D'où les déno-
minations d'ictère pseudo-grave, de typhus hépatique bénin,
qui s'appliquent à merveille à la maladie de Weil, et' sous
lesquelles on a décrit antérieurement au professeur de Hei-
delberg des faits absolument du même ordre; car on y
retrouve non seulement l'ictère et l'albuminurie, mais
encore la rechute et la polyurie de la fin.
cutées momentanément; il en fut de même en Europe
jusqu'à l'apparition de la peste en 1821, du choléra en 1832;
l'Angleterre, dès cette époque, commença cet admirable
mouvement de réforme sanitaire, administrative et privée,
dont elle recueille aujourd'hui les fruits. Il a fallu
chez nous le choléra de 1884 pour nous sortir de notre tor-
peur ; depuis cette époque, Thygiène fait chaque année des
pas de géant en France, et l'on n'a jamais pu encore autant
s'en convaincre qu'en parcourant à l'Exposition actuelle les
galeries et les pavillons qui lui sont consacrés.
S'agit-il d'assurer la prophylaxie, nos constructeurs se
sont ingéniés à constituer un arsenal naguère encore tota-
lement inconnu; doit-on assurer la salubrité de l'habitation,
l'assainissement de la ville, voie publique et sous-sol, les
appareils abondent, qui ont pour but d'assurer l'éloigne-
ment immédiat et complet des matières usées, la destruc-
tion absolue des immondices de toutes sortes, de déter-
miner un chauffage qui n'enlève pas à l'atmosphère ses
Mais, dira-t-on, comment expliquer les faits à caractère
épidémique? Ne peut-on pas invoquer tantôt une constitu-
tion saisonnière déterminant des ictères pseudo-grave.s.
comme il en est qui amènent une série de congestions pul-
monaires et d'embarras gastriques, tantôt l'action d'aiie
même cause morbide, telle qu'une alimentation défectueuse
ou le surmènement, s'exerçant sur un certain nombre d'in-
dividus qui vivent dans des conditions identiques : soldats.
garçons bouchers de Dresde, etc.?
L. Dreyfus-Brisac.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
La posologie et le mode d'admliiloirotloB de la
cornoUne.
Recommandée par H. Thomson et d'autres, comme un
succédané de l'ergot de seigle et de Tei^otine ; cette sub-
stance peut être prescrite en pilules ou en solution pour
l'usage hypodermique.
l*" Pilules de cornuiine. — Utilisables surtout pour
activer le travail de l'accouchement ou combattre les mé-
trorrhagies consécutives aux métrites et aux inflammatioD^
des annexes de l'utérus; elles ont pour formule :
Gornutine 10 centigrammes.
Argile 4 grammes.
Glycérine q. s.
Diviser en vingt-cinq pilules semblables^ que l'on admi-
nistre à raison de deux à trois par dose en répétant au
besoin la dose deux ou trois fois par jour.
2° Injections sous^-cutanées de cornutine. — On les
emploie surtout contre les métrorrhagies puerpérales, après
l'accouchement ou l'avortement, pour combattre l'inertie
utérine ou arrêter le flux sanguin. Elles ont pour formule :
Gornutine iO centigrammes.
Eau distillée 20 grammes.
Acide chlorhydrique... . X gouttes.
De trois à quatre injections quotidiennes.
Ch. ËLOT.
qiialités vivifiantes, d'établir une ventilation lente et par-
faite, d'obtenir l'aération continue des locaux habités sans
gêne pour ceux qui les occupent.
Le plus remarquable exemple que nous présente l'Expo-
sition de l'ensemble de ces réalisations industrielles nous
est donné dans le pavillon spécialement édifié sur l'espla-
nade des Invalides par MM. Geneste et Herscher. Aucune
maison dans le monde entier ne représente ainsi les diverses
applications du génie sanitaire pour le chauffage, l'aéra-
tion, la ventilation, la désinfection et l'assainissement. Elle
est l'exemple de ce que peut une volonté commune appli-
quée à un but déterminé, combien le domaine de l'indus-
trie sanitaire est vaste, mais combien aussi il comprend des
solutions aisées, éléi^anles et efficaces lorsqu'une même
idée guide l'invention dans les différentes branches qu'il
comporte. A ce point de vue, la partie de la vaste exposition
de celte maison qui se rapporte à la désinfection est tout
spécialement intéressante pour la médecine. Le matériel
fâ Juillet 1889
GAZETTE HEBDOIKADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— »• 28 — 445
BEVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
M. LE PROFESSEUR ED. VON WAHL (dE DORPAT).
9ar le atogaostle eltnlqae de rocelosloii latesilBale
par éirang^lentciit ou par volvoln*.
Dans son étude sur les obslructions et les rétrécissemenls
lie rintestin, dans le compendium de Ziemssen, Leichten-
stern affirme que le diagnostic sur le vivant doit être anato-
mique. Il ne suffît pas de reconnaître qu'il y a obstacle,
mais il faut, à l'aide des symptômes objectifs,*^à l'aide des
anamnèstiques, déterminer le siège, la cause et la nature
de cet obstacle.
Mais quand on étudie les travaux récents sur la matière,
et en particulier ceux qui s'efforcent de préciser les indica-
tions chirurgicales, on est étonné de voir combien peu on
obéit à ces préceptes si clairement formulés en théorie ;
combien peu nous sommes avancés dans la connaissance des
faits cliniques qui répondent à des modifications anatomi-
ques déterminées; et combien, dès lors, nos tentatives
opératoires et leurs résultats portent la marque de nos
incertitudes.
Certes on ne saurait nier que, grâce à l'antisepsie, grâce
H l'innocuité des actes opératoires, on n'ait depuis dix à
quinze ans fait des progrès réels. Nous avons appris, â
l'aide de règles précises, à nous orienter dans le ventre, à
surmonter les difficultés que présenie la réduction de l'in-
testin météorisé, mais les indications opératoires sont
restées aussi vagues qu'autrefois. On se borne â constater
que le cours des matières est suspendu, mais on ne cherche
pas à faire un diagnostic anatomique précis ; une fois le
ventre ouvert, on verra bien ce qu'est l'obstacle l El on
opère au hasard ; on marche sans savoir ce que l'on a devant
soi.
De cette insuffisance des notions cliniques résulte la
stérilité des nombreuses discussions qui se sont déroulées
(levant diverses Sociétés savantes. Les jeunes, dans leur
audace, préconisent la laparotomie, sans tempérament:
les cas sont bien rares, disent-ils, ou l'on ne puisse pas
lever l'obstacle; et l'incision exploratrice rend superflu un
diagnostic anatomique préalable. Mais les plus rassis,
Îtarmi les membres de notre profession, hochent volontiers
a tête à cette assertion, et parlent plutôt de l'entérotomie,
opération purement palliative, s'adressant au symptôme
principal. Mais cette opération, elle aussi, n'est-elle pas
entreprise au hasard?
L'impression personnelle que chacun tire de sa propre
expérience conduit donc à des contradictions. La méthode
statistique ne fournit pas de résultats plus convaincants. Le
fait brutal d'un tant pour cent de mortalité parmi les opérés
n'a pas une signification bien importante ; et Schram m
parait exagérer l'optimisme quand il donne comme preuve
d'un progrès réel que la mortalité, de 64 pour 100 avant
l'antisepsie, s'est abaissée de nos jours à 58 pour 100.
En réalité, aux yeux de quiconque est habitué à faire
autant que possible une étude d'ensemble des modifications
pathologiques de l'organisme, l'acte chirurgical apparaît
oien moins tout-puissant. Celui-là pense, eu effet, qu'en
levant l'obstacle matériel on ne supprime pas, sans plus
tarder, toutes les conditions morbides coexistantes ; qu en-
treprendre une opération sans une connaissance précise des
altérations anatomiques engendrées par la maladie est
toujours un de ces jeux de hasard qu'en toute circonstance
notre art et notre science doivent réprouver.
Nous ne ferons donc des progrès ^ue si nous renonçons à
la vivisection sur nos semblables et si nous nous astreignons
de nouveau à ce précepte qu'avant de prendre le couteau,
nous devons avoir établi le diagnostic anatomique de
l'occlusion, de son siège, de sa nature. Mais comment y
parvenir?
Voyons donc si les études cliniques ont conduit à la con-
naissance de quelques symptômes permettant d'arriver à
ces notions.
L'examen des travaux récents, et en particulier de ceux
de Leichtenstern. Peyrot, Trêves, ne nous fournit aucune
réponse satisfaisante. Les variétés anatomiques de l'occlu-
sion sont décrites avec soin, mais l'étude symptomatique
est toujours faite d'ensemble. Les symptômes classiques,
communs à toutes les formes, sont seuls indiqués: arrêt
des matières, vomissement, anurie, collapsus; de l'état
physique du ventre, il n'est guère fait mention que du
météorisme, abstraction faite de quelques cas spéciaux : le
boudin de l'invagination, la masse fécale appréciable à la
palpation, ou la tumeur, sentie de la même manière, qui com-
[irime l'intestin. Quant au météorisme, les variétés qu'on
ui décrit sont plus théoriques que pratiques ; tels sont le
ballonnement colique circulaire pour les obstacles coliques
inférieurs; le ballonnement péri-ombilical pour les obsta-
cles de la partie inférieure ae l'intestin grêle. On signale
bien l'asymétrie du météorisme, mais sans y insister assez.
Et si Frantzel prétend distinguer, à la percussion, les anses
situées eu amont et celles qui sont en aval de l'obstacle;
d'autres auteurs, Leichtenstern en particulier, n'accordent
que peu de valeur à ce symptôme.
Mais on s'étonne qu'au milieu de ces propositions contra-
dictoires on ne cherche pas à élucider certaines questions à
l'aide de ce qu'on voit se passer dans les hernies extérieures
étranglées. Si l'obstacle mécanique au cours des matières
et des gaz était la seule cause du météorisme au-dessus de
cet obstacle, on devrait, dans ces hernies, établir par l'examen
qui y est réuni comprend en effet : l*" des études, fixes et
mobiles, à vapeur directe sous pression, avec surfaces chauf-
fantes intérieures complémentaires; â"" des étuves pour la
stérilisation des caisses à biscuits; d'odes appareils pour la
désinfection des murs des habitations, des parois des salles
d'hôpitaux, casernes, navires, écuries, wagons à bestiaux,
voitures de blessés, etc., par la projection de liquides anti-
septiques; 4** des appareils spéciaux pour la désinfection et
le nettoyage des crachoirs des phlhisi(|ues ; 5° des appareils
pour nettoyer et désinfecter le matériel des marchés d'ani-
maux et des abattoirs; G'^des appareils pour la stérilisation
des instruments de chirurgie ; 7" des appareils pour l'inci-
nération des rebuts provenant du nettoyage des salles de
malades et des objets de pansements.
Quelle que soit la théorie adoptée pour expliquer la pro-
pagation des diverses affections transmissibles, il est un fait
absolument certain, admis par tous les auteurs, c'est que
les objets salis par le malade renferment de nombreuses
causes de transmission. Or, si la chimie fournit des matières
capables de détruire les germes et virus aujourd'hui connus,
il importe aussi, pour les administrations publiaues, d'être
en possession de procédés de désinfection capables, s'il est
possible, d'obtenir cette destruction sans détérioration ap-
préciable des objets soumis à la désinfection. Lorsque des
administrations procèdent à la désinfection des objets de
literie, de linges et des vêtements d'un malade, des car-
gaisons de navires, etc., elles sont en quelque sorte respon-
sables des dommages que cette opération sanitaire, quelque
nécessaire qu'elle soit, peut causer, et elles s'exposeraient
souvent à des demandes reconventionnelles très onéreuses,
si elles se servaient de procédés exerçant une action des-
tructive. Or, il ne faut pas songer, lorsqu'il s'agit de tels
objets, à l'emploi de composés chimiques, dont l'effet n'est
réellement efficace qu'à des doses entraînant leur altération
constante; on ne peut songer non plus à l'emploi du feu,
surtout si l'on parvient à un résultat aussi efficace à l'aide de
436
N- 27 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Juillet 1889
quelques-uns des symptômes de rintoxication arsenicale
aignô et chronique, ainsi que sur les modes et la durée de
rélimination hors du corps humain de Tarsenic et de ses
composés. Les recherches cliniques et chimiques/dont ce
mémoire rend compte, ont été faites à l'occasion de récentes
affaires médico-légales. On peut diviser les symptômes
observés suivant auatre périodes, caractérisées la première
par des troubles digestifs ; la seconde par des éruptions
cutanées et du catarrhe laryngo-bronchique ; la troisième
par des troubles de la sensibilité et la quatrième par des
paralysies. La guêrison est fréquente, mais très lente
lorsque la paralysie est constituée; la mort survient le plus
souvent par le cœur, mais elle peut aussi se produire p ir
un autre mécanisme. La quantité de poison ingérée peut
n*être pas suffisante pour déterminer la mort dans les
quelques jours qui suivent son absorption. Le poison peut
même avoir le temps de s'éliminer, mais les modifications
anatomiques survenues dans les cellules hépatiques, rénales
et dans les fibres musculaires, survivent à sa présence et la
mort en est la conséquence par un processus qui peut se
comparer k celui de l'intoxication alcoolique. 11 imptirte, on
le conçoit, de bien connaître les moyens de diagnostiquer
rintoxication arsenicale pendant la vie. Tout d'abord le
médecin doit faire analyser les urines. Il faut qu'il les
recueille lui-même pour éviter une substitution. La
recherche de l'arsenic dans les urines ne présente aucune
difficulté et elle constitue un précieux moyen de contrôle,
car l'arsenic existe dans l'urine non seufement quelques
minutes après l'ingestion, mais encore lorsque celle inges-
tion a cessé depuis un temps relativement long (quarante
jours dans une observation du docteur Gaillard). On peut en
outre faire couper les cheveux et la barbe pour y faire la
même recherche.
. Ces résultats, applicables en clinique, sont d'ailleurs
expliqués par ceux que M. Pouchet a obtenus par des ana-
lyses chimiques : quel que soit le mode d'introduction de la
substance toxique, ingestion gastro-intestinale, injection
hypodermique ou intraveineuse, l'arsenic s'accumule très
sensiblement dans le tissu spongieux des os et s'y fixe de
telle façon que sa présence peut être décelée dans les os du
crâne et les vertèbres notamment, quelque temps après que
toute trace du poison a disparu des viscères dans lesquels
il se localise en plus grande quantité, tels que le foie. Cette
localisation dans le tissu spongieux est particulièrement
nette et intense lorsque l'arsenic est absorbé par petites
doses longtemps prolongées. C'est, au contraire, plutôt dans
les os riches en tissu compact que l'arsenic se retrouve
lorsque le poison a été absorbé à doses capables de déter-
miner en quelques heures des accidents sérieux. L'arsenic
ainsi localisé est éliminé avec une grande lenteur et, sur un
certain nombre d'animaux, on retrouve des traces nettement
appréciables d'arsenic jusqu'à huit et dix semaines après la
cessation de toute absorption arsenicale.
La recherche de Tarsenic dans les différents viscères des
animaux sacrifiés a conduit, au contraire, à des résultats
absolument négatifs, en général à partir de la troisième
semaine. L'expérimentation sur les animaux a permis éga-
lement de constater une élimination assez intense de
l'arsenic par la peau et les poils sur les chiens et les lapins.
Ces conclusions, jusqu'ici purement expérimentales, ont été
confirmées par les recherches toxicologiques faites au sujet
des empoisonnements du Havre. La présence de l'arsenic
constatée dans les os du crÀne, les vertèbres, la peau, les
cheveux, les ongles des personnes ayant succombé à l'in-
toxication, doit faire ranger, parmi les faits défuiilivement
acquis à la toxicologie humaine, la localisation de l'arsenic
dans le tissu spongieux des os, ainsi que son élimination
par les cellules épidermiques. 11 n'est pas sans intérêt, tant
au point de vue toxicologique qu'au point de vue de la
parenté chimique, de rapprocher cette localisation, dans le
t'ssu spongieux des os, de Tarsenic ingéré h de petites
doses, de celle que l'on observe dans le même tissu et dans
les mêmes conditions avec le phosphore.
H. ilrmandfîaua^r fait remarquer que M. ledocteurSkolo-
bousofl, médecin de l'hôpital des ouvriers à Moscou, a depuis
longtemps insisté sur les symptômes cliniques qui viennent
d'être rappelés. En Russie, à Moscou en particulier, les
paysans, pour se préserver de la vermine, ont l'habitude de
répandre sur le sol et les meubles de leurs cabanes, et
même sur leur propre corps, une poudre arsenicale que leur
procurent des marchands ambulants. L'usage de celle
poudre n'est pas inolTensif ; elle donne souvent lieu à des
accidents toxiques : ce sont ces accidents qui ont aussi
donné à M. Skolobousoff l'idée de rechercher les différentes
localisations de l'arsenic dans l'économie. Il résulte des
recherches auxquelles M. Armand Gautier s'est autrefois
livré avec M. Skolobousoff, que l'arsenic se localise d'abord
dans la moelle, puis ensuite dans le foie, les muscles et
(inaleroent dans les os. Quant à ce qui concerne la substi-
tution de l'arsenic au phosphore dans lesos^ c'est un fait
qui a été mis en lumière pour la première fois par M. Pa-
pillon, et ensuite par M. llabuteau. M. Dragendorff, cité par
M. Brouardel, n'a fait que continuer les recherches de ces
auteurs. C'est donc là une découverte d'origine française.
M. Brouai*del ne croit pas aue M. Skolobousoff ail
signalé la présence de l'arsenic dans les os au bout d'un
temps aussi long que celui dont il a parlé. Chez une femme
morte quarante jours après avoir cessé toute absorption
d'arsenic, M. Pouchet ne trouva plus de poison ni dans le
foie, ni dans la rate, mais il en existait encore dans les os.
La lenteur avec laquelle l'arsenic disparait des os est un
fait très important en médecine légale.
M. Armand Gautier ne croit pas non plus que H. Skolo-
bousoff ait constaté la présence de l'arsenic dans les os au
bout de quarante jours. Si ses souvenirs sont exacts, il
croyait qu il disparaissait beaucoup plus tôt. Aussi n'a-t-il
pas voulu faire une revendication de priorité, mais seule-
ment rappeler l'exislence de ses travaux et de ceux de
M. Skolobousoff.
M. OUivier a observé fréquemment, dans les cas d'intoxi-
cation arsenicale des vomissements sanguinolents.
ExsTROPHiE DE LA VESSIE. — M. le docteurPûtt/ Berger
présente une petite fille de neuf ans qu'il a opérée avec
succès pour une exslrophie complète de la vessie à l'aide
du procédé suivant:
Il a commencé par reconstituer un urèthre allant de Tori-
fice des uretères jusnu'au voisinage de l'anus, par la super-
position de deux iambeaux pris aux grandes lèvres, suivant
un mode d'opération analogue à celui que Thiersch a pré-
conisé pour la cure de Tépispadias. Quelque temps après,
M. Berger a recouvert la totalité de la surface vésicalc
au moyen de deux lambeaux adossés par leur surface
cruentée. Enfin, comme il restait en plusieurs points des
fistules faisant communiquer la nouvelle cavité vésicale
avec la région hypogastnque, une s îrie d'opérations suc-
cessives a été instituée dans le but d'en obtenir l'oblité-
ration.
Le résultat est aujourd'hui complet, et la totalité des
urines déversée au voisinage de l'anus par le canal de nou-
velle formation, peut être recueillie dans un urinai. Malgré
ce résultat opératoire satisfaisant M. Berger signale les
crises vésicales douloureuses dont sa malade est encore
atteinte. 11 s'agit d'un état de cystite chronique, antérieur
aux opérations, et que la soustraction de la surface vésicale
au contact de l'air a amélioré sans le faire disparaître com-
plètement. Pendant les premiers temps la cavité nouvelle
qui tient lieu de vessie était le siège d'incrustations cal-
caires qui furent à plusieurs reprises extraites par l'urèllne.
5 JuiLtKT 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE -. N- iî - 43l
Cette tendance a disparu depuis que les dernières fistules
sont closes; mais, malgré le traitement dirigé contre elles,
les crises douloureuses persistent, bien que plus rares. 11
s*agit évidemment des conditions anormales dans lesquelles
se fait ejicore actuellement rémission des urines et que la
restauration des voies excrétrices de l'urine est insuffisante
à faire disparaître.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, afin d'en-
tendre la lecture d'un rapport de M. Nocard sur les çan-
didats au titre de corresponfJlarit national dans la troisième
division (Médecine vétérinaire). — La liste de classement
est la suivante : 1" M. Peucli (de Toulouse); 2" M. Signol
(de Villieis) (Indre-et-Loire) ; 3Vjî œquo et par ordre alpha-
bétique: MM. Baillet (de Bordeaux); Cornevin (de Lyon);
Gaitier (de Lyon); Laulanié (de Toulouse).
— L'ordre du jour de la séance du 9 juillet est i\%é ainsi
qu'il suit : 1" rapport de M. Hérard sur un travail du doc-
teur Laval concernant le traitement de l'occlusion intesti-
nale par l'électricité; 2** discussion sur le chloroforme et
l'anesthésie. InscHlsrMM. Léùn Le Fort, Laborde; 3" lec-
ture par M. le docteur Galezowski sur le décollement de la
rétine et son traitement par les sutures
Sk»ciélé médicale de« bôpllaos.
SÉANCE DU 28 JUI.H 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CADET DE GASSICOUnT.
Note aor un cas d'empyème pulsatUe: M. Mlllard. — Traitement de
l'èpUepeie par l'application répétée de pointes de feu sur le cuir
chevelu (Présentation de malades) : M. Féré. — Coxalgie hystérique
' avec atrophie musculaire : M. G. Ballet. — Anévrysme disséquant
de l'aorte: M. Ferrand. ^ Note pour servir ft l'histoire de la pneu-
monie infectieuse: BL Renault ^Discussion : M. Netter). — Fin dé la
discussion sur la prophylaxie des maladies contagieuses dans les
maladies d'enfants: Mltf. Comby. Nètter, Lcgroux, Juhel-Rénoy.
Cadet de Oassicourt. Bucquoy, E. Labhô, Bevestre, D'Heilly.
Chauffard, Richard. Lailler, Hervieux, MiUard. ->Note pour servir
à l'histoire de la pneumonie infectieuse: M. Renault. — Élection.
M. Millard lit une note sur un cas d'empyème pulsatile.
(Sera publié.)
— M. Féré présente à la Société deux malades épilcpti-
ques, traités par Tapplication de pointes de feu sur le cuir
chevelu. L'un, mis en traitement depuis le 10 février 1887,
avait eu 21 accès en 1886, et 7 en 1887; il n'en eut qu'un
en 1888, et n'en a pas présenté depuis. Le second, mis
en traitement en avril 1887, a eu 63 accès en 1886,
45 en 1887, 5 en 1888. Ces deux faits semblent prouver
l'utilité du traitement, ainsi que les améliorations momen-
tanées et les modifications des paroxysmes obtenues chez
d'autres malades.
— M. Gilbert Ballet montre un malade présentant les
déviations caractéristiques d'une coxalgie vraie, flexion de
la cuisse avec abduction légère, déviations vertébrales com-
pensatrices, a^ro;)Ate musculaire de la cuisse très marquée.
Cependant^ malgré ra^ropWe,considéréeparBrodie comme
caractéristique de la coxalgie vraie, il s'agit d'une fausse
coxalgie. Çc malade est un hystérique, un dégénéré, qui après
une riboté a été pris d'hémiplégie droite avec hémianes-
thésie;de ces troubles, la contracture des muscles pelvi-
trochantériens a seule persisté. Cette observation montre
combien le signe de Brodie a perdu de sa valeur au point de
vue du diagnostic des coxalgies.
— M» Ferrand présente l'aorte d'un malade mort d'un
cancer des ganglions du hile du foie. Au niveau du hile du
poumon, le vaisseau se dédouble en deux canaux accolés
comme deux canons de fusil, jusqu'à l'origine de Thypogas-
trique. S'agit-il d'une aorte double ou d'un anévrysme
disséquant? M, Ferrand incline vers celte dernière opinion.
— M. Comby termine la lecture de son rapport sur la pro-
phylaxie des maladies contagieuses dans les hôpitaux
d'enfants. Les conclusions VI, Vil, VIII, ÏX, X, XI sont
adoptées. Dans la conclusion XII, il demande que l'amphi-
théâtre d'autopsie soit considéré et traité comme un pavillon
d'isolement, pourvu de blouses, de manches imperméables,
d'eau chaude et froide, de tout ce qui est nécessaire pour le
nettoyage aseptique des mains.
M. Netter demande qu'on isole les enfants morts de
maladies contagieuses, afin d'éviter la contagion des parçnts
qui viennent reconnaître les cadavres.
Celte proposition soulève une discussion à laquelle
prennent part MM. Comby, N'tter, Sevestre^^ LegrouXy
Juhel-Rénoy, Cadet d'i Gassicourty D'Heilly^ Bucquoy^,
E. Labbé, Chantemesse, Richard, Chauffard, Laitier,
Hervieux.
M. Sevestre croit qu1l vaudrait mieux désinfecter les
cadavres.
M. Legroux demande comment on pourrait désinfecter un
cadavre de diphthéritique.
M. Richard. En Tenveloppant dans un suaire, imbibé
d'eau phéniquée à 5 pour 100, on empêche les germes de
se propager.
Après quelques observations de MM'. Cadet de Gassicourt,
Sevestre, Laitier, Legroux, Hervieux, M. Comby ajoute à
la conclusion XII la proposition suivante: Les cadavres des
enfants morts de maladies contagieuses seront soumis à
des mesures de désinfection. — Adopté par la Société.
M. Millard demande la suppression de la conclu-
sion XIII du rapport de M. Comby, demandant que la somme
de 200000 francs, destinée par le Conseil de surveillance à
l'amélioration du mobilier des hôpitaux, soit intégralement
attribuée aux hôpitaux d'enfants. En efi'et, depuis le vote
de cette somme, le Conseil de surveillance, en juin 1880, a
décidé pour l'emploi d'une somme complémentaire de
402000 francs, provenant du prélèvement sur le pari mutuel,
un certain nombre de mesures parmi lesquelles sont les
suivantes: Création d'un service de douteux dans chacun
des deux hôpitaux d'enfants, 100000 francs; création à
rhôpital Tenon d'un service d'isolement pour les enfants
du service de chirurgie atteints d'affections contagieuses,
50000 francs.
— : M. Renault lit une note pour servir à l'histoire de la
pneumonie infectieuse. Tandis que certains auteurs avec
Jûrgensen admettent que la pneumonie est d'emblée une
maladie générale, d'autres, avec M. G. Sée, la considèrent
comme primitivement locale et secondairement générale,
infectante. Il rapporte Tobservation d'un jeune homnie.qui
est entré à l'hôpital Necker le 12 octobre, se plaignant de.
maux de tète, courbature générale, point de côté, avec une
température de iO",?. Les deux jours suivants, douleur vive
à l'épaule droite, avec empalement considérable dans le
creux de Tais elle (température oscillant entre 38 et
39 degrés). Le 17, Huclualion à ce niveau. Le 18, incision
du phlegmon. Le 19, on entend, pour la première fois à
gauche, en bas et en arrière, un souffle pncumonique très
net, avec râles crépitants. Le 24, déferyescence complète.
Le 26, élévation de la température, due à l'apparition d'un
aJbcës du médius droit (pas de pneumocoques, mais seule-
ment des streptocoques dans le pus). Le 12 novembre, le
malade sort guéri.
L'inflammation pulmonaire ayant commencé seulement
cinq jours après l'entrée du malade à l'hôpital, ce fait
semole être en faveur de la théorie de Jûrgensen. N'y a-t-il
pas eu dans ce cas un état infectieux avec localisation pul-
monaire ? Dans les cas de pseudo-pneumonies, la locali-
sation pulmonaire a des caractères cliniques diflérenls. Les-
signes sont habituellement mobiles, les symptômes.
438 — N« 27
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
5 Juillet 1889
généraux prédominent et masquent les phénomènes pulmo-
naires ; la flèvre présente de grandes oscillations, sans
défervescence brusque. Le cas précédent ne répond pas à ce
type morbide.
M. Netter a observé un cas analogue et en a relevé
plusieurs dans la littérature médicale. L'examen bacté-
riologique en fournirait probablement la clef. On sait déjà,
et M. Jaccoud a montré, que les suppurations qui apparais-
sent à la fin de la pneumonie, sont dues à des migrations de
microbes pyogèn^é survenues secondairement dans le foyer
pneumonique. Ce qui explique l'abcès du doiet dont le pus
ne contenait que ie^ streptococcus pyogènes. S il y a eu, dans
le cas de M. Renault, infection générale pneumonique avant
l'apparition de la pneun^onie, le fait ne nous est prouvé ni
par des recherches bactériologiques, ni par la vérification
anatomique. M. Renault ne croit pas ici à une pseudo-
pneumonie, à une broncho-pneumonie, due à un autre
microbe que le pneumocoque. Mais la suppuration observée
après la défervescence implique la participation du strepto-
coque pyogène, qui peut, lui, déterminer la broncho-pneu-
monie ; or il est identique à celui de Térysipèle, et dans
l'érysipèle on observe la défervescence brusque et la déli-
tescence. Enfin, on pourrait admettre ici une pneumonie
survenue à titre d'épiphénomène au cours d'un phlegmon
thoracique.
H. Renault a voulu prouver que la pneumonie était plutôt
une maladie infectieuse qu'une maladie infectante.
— Pendant la séance, MM. Dreyfous, André Petit et
Variot sont nommés, à l'unanimité, membres de la Société.
— La séance est levée à cinq heurq^ vingt.
Socléié die chtrarifle.
SÉANCE DU 26 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE M. NIGAISE.
Disousslon sur le traitement des myomes utérins : MK. Nicaise,
TtorriUon. PolalUon, Champlonniëre.
M. Nicaise désire d'abord attirer l'attention sur quelques
données historiques. Après que Ciniselli (de Crémone^ eut
fait de la galvanocaustie chimique une méthode déunie,
cette méthode a été appliquée par divers auteurs au trai-
tement des néoplasmes, et on peut citer, à ce point de vue,
Neftel (de New-York), Semmola (de Naples). Pour les
myomes utérins, en particulier, elle leur a été appliquée
en 1875 (ainsi qu'aux kystes ovariques), par Semelaerqui a
publié à ce sujet un mémoire intitulé: Plus (Tovariotomies.
En 1878, Cutter faisait connaître le résultat de cinq[uante
myomes ainsi traités. Puis, en 1882, vint la communication
de M. Apostoli à TAcadémie de médecine. Quelques auteurs
ont cru que Télectricité pourrait faire fondre les néoplasmes :
on n'apastardé à se convaincre que cette opinion est erronée.
D'autre part, oh a reconnu qu'il est dangereux d'user de la
galvanopuncture de façon à provoquer la destruction par
gangrène. D'ailleurs, il semble bien que l'électrisation donne
des résultats. Comment peut-on les expliquer? Avant tout,
pour s'en rendre compte, il ne faut pas oublier que la
marche des myomes est, bien souvent, spontanément irré-
gulière; que la cause des accidents est, en outre, fréquem-
ment dans des lésions de voisinage. Elle est souvent dans de
l'endométrite fongueuse ou glandulaire; en 1887, Wider a
insisté. sur cette aernîère forme: voilà pourquoi le curet-
tagede l'utérus est parfois un excellent palliatif des métror-
rhagies, comme l'ont montré Coe, Max Runge. Ailleurs, il
faut faire entrer en ligne de compte une sténose du col, et la
dilatation fait cesser les accidents, comme dans des obser-
vations de Chadwick, Kaltenbach, Trélat, Terrillon. C'est
dans cette catégorie d'opérations chirurgicales palliatives
au'il faut ranger l'électrisation, et le temps seul permettra
e se prononcer entre ces divers moyens. Mais c'est entre
eux qu'il faut les mettre en parallèle, et non avec les opé-
rations réellement curatives. Ces opérations certes sont
graves, et surtout elles l'étaient. Il ne faut pas oublier que
H. Fritsch (de Breslau) n'a eu aue 5 décès sur ses 33 der-
nières myomectomies, alors qu autrefois il en avait perdu
11 sur 27.
M. Terrillon n'a soumis au traitement électrique que
7 des 113 femmes qu'il a soignées pour myomes utérins.
Trois fois il a confié le traitement à H. Apostoli, et il y a eu
1 résultat nul, 1 mort, 1 amélioration. Il ne serait pas juste
d'attribuer la mort à la méthode j le cas, en effet, était mau-
vais : le fibrome, enclavé, n'avait pu être extrait par une
laparotomie exploratrice. Dès la première séance d'électri-
sation,des accidents septico-pyohémiques se sont déclarés et
l'autopsie a révélé l'existence d'un fibrome kystique suppuré
à l'avance. Mais, par contre, rien ne prouve qu'il faille
mettre le succès à l'actif de l'électrisation : la femme, âgée
de soixante ans, avait une métrorrhagie très intense, maiselle
portait précisément un fibrome qui, presque toujours bieu
toléré, avait déjà causé, à de grands intervalles, des métror-
rhagies inquiétantes qui avaient cessé par des traitements peu
actifs. Les quatre femmes que M. Terrillon a électrisées lui-
même n'ont guère bénéficié davantage : une fois l'hémor-
rhagie s'est arrêtée, mais pour reparaître au bout de six
semaines et il a fallu recommencer; deux fois elle a con-
tinué comme si de rien n'était. Une fois cependant les dou-
leurs ont été nettement amendées et — d'après deux autres
faits où l'électrisation a été faite sur l'intestin dont l'occlusion
compliquait un fibrome utérin douloureux — M. Terrillon
admet que c'est là le résultat le plus réel de l'électricité.
En somme, on a donc là un traitement palliatif, qu'il ne
faut pas repousser, mais au'on doit laisser au rang d'adjuvant
du traitement médical. M. Terrillon, en effet, reste scep-
tique vis-à-vis des diminutions de volume dont parlent
Quelques auteurs. N'a-t-on pas attribué àl'ergotine, aux eaux
de Salies de Béarn une efficacité analogue, aujourd'hui con-
testée? Rien ne varie comme le volume d'un fibrome, ou
plutôt l'apparence de ce volume, sous l'infiuence des dépla-
cements de la masse, du deeré de distension de l'intestin.
Et quant aux disparitions, M. Terrillon pense qu'il s'agit
de salpingites méconnues; c'est une erreur de diagnostic
qu'on faisait presque toujours, il y a quelques années, pour
les salpingites accompagnées de métrorrhagies ; cette erreur
aujourd'hui est moins fréquente, mais elle est loin d'être
rare.
M. Polaillon rappelle au'en 1882 M. Segond a soutenu
sa thèse sur les résultats obtenus, dans le service deGallard,
par l'éîectrisalion galvanique des myomes : ces résultats
étaient nuls. M. Polaillon continue à penser que ce trai-
tement ne fait rien du tout, que quelquefois il est mortel;
que par conséquent il faut être partisan, en principe, des
opérations curatives. La gravité de ces opérations diminue
peu à peu. Sur 20 myomectomies abdominales M. Polaillon
n'eu a perdu que 5, dont 2 doivent être défalquées, car une
des malades avait une dégénérescence kystique des reins et
l'autre a été opérée dans un état d'anémie intense.
M. LucaS'Championnièrey origine du débat, le clôt en
constatant que presque tous les auteurs sont d'accord sur
l'efficacité de l'électrisation comme traitement palliatif'
M. Boreilly semble se méfier à cause de la trop grande rapi-
dité d'action; cette rapidité est précisément un des carac-
tères spéciaux de la méthode, et le point faible est la diffi-
culté de maintenir, autrement que par un Iraîlemeut d'une
prolongation fastidieuse, cette amélioration obtenue en
quelques jours. M. Championnière constate encore que
nombre des malades dont les orateurs précédents ont parlé
et qui ont subi les hautes intensités ont ressenti des souf-
5 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE _ N* 27 — 439
frances notables; d'autre part, il y a quelques décès impu-
tables à la méthode. Il maintient donc son opinion sur la
préférence à donner aux basses intensités. Maintenant est-ce
à dire que Télectrisalion doive supplanter l'intervention
sanglante? Absolument pas, malgré certains chirurgiens,
américains surtout, qui vont plus loin que M. Aposloli lui-
même, et prétendent que, si 1 on emploie une intensité suf-
fisante, les myomes fondent comme par enchantement. A ce
point de vue, M. Championnière est tout à fait de l'avis de
M. Terrillon sur les causes de l'erreur. Dès lors la chirurgie
opératoire garde tous ses droits et le traitement électrique
n'est indiqué que lorsque l'opération radicale est contre-
indiquée, soit que la tumeur soit inopérable, soit que
le malade approche de la ménopause et que le fibrome ne
cause pas des accidents trop pressants.
A. BROCiL
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
1^ l« ▼•leur de raallpyrlne, de l«aalirél>rine el de la phé-
naeéttae centre la coqueluche, par M. Leubuscher. — L'au-
teur a étudié comparativement ces trois médicaments durant
la dernière épidémie d'iéna.
La phénacétine, même à la dose de 50 centigrammes par jour,
était absolument inefticace. Ces résultats démentent les succès
annoncés par Katz.
L'antifébrine a été plus efficace, mais son emploi n'est pas
sans danger, puisqu'elle peut provoquer la cyanose.
L'antipyrine était administrée selon la méthode de Sonnen-
berger, c'est-à-dire à raison de trois ou quatre doses, dont la
totalité représente autant de centigrammes que l'enfant est âgé
d'années. Prescrite dès le début de la maladie, l'antipyrine pa-
rait diminuer la durée et Fintensité des quintes. A une période
avancée de la maladie, les effets thérapeutiques ne sont pas
supérieurs à ceux des autres médicaments. Enfin, dans aucun
cas, malgré les affirmations de ses avocats, cette médication n'a
pu couper la maladie. {Centrabl. f. klin, Medic, 1889, n" 7.)
Du traitemeiil de la coBPtIpailon baliliaelle par le maii-
Mi«e, par M. Eccles. — Dans un premier groupe, Tauteur place
les individus des deux sexes en puissance de neurasthénie et
chez lesquels la constipation est de cause trophonévrotique. Le
traitement demande alors six à dix semaines et consiste dans :
l^' le repos au lit pendant trois semaines ; 2° l'emploi du massage
général deux fois chaque jour et des massages abdominaux à
raison de trois à quatre séances quotidiennes ; S"* l'augmenta-
tion de la quantité des boissons ; i*" la substitution au massage,
mais graduellement, d'exercices gymnastiques plus violents.
S'agit-ii de la constipation des individus menant une vie sé-
dentaire ou de ceux qui abusent des purgatifs? On doit combi-
ner le massage avec les exercices physiques pour combattre
leur paralysie intestinale.
Dans les cas où il existe de la dyspnée, des palpitations et de
rœdèrae des extrémités, accompagnant les troubles digestifs, la
perte d'appétit, l'état saljurral de la langue, la flatulence, l'acidité
riialcine et des troubles de la digestion slomacale, on doitencore
de exiger le repos au lit pendant quelques jours et pratiquer de
vigoureuses manipulations abdominales. Ces dernières seront
répétées une ou deux fois dans les vingt-quatre heures, dure-
ront dix à trente minutes et, après dix jours, devront être alter-
nées avec les exercices physiques. On obtient ainsi la guérison
de la constipation dans l'espace de quelques semaines (The
Practitionnerj avril 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
L*b7ir<^»« dn Yéioeipédiate, par M. le docteur Philippe
TissiÉ. In-ie de 321 pages. — 0. Doin, Paris, 1888.
Ce livre est conçu à un point de vue très pratique; il
renferme des données d'hygiène générale, et plus particu-
culièrement celles qui conviennent aux vélocipédistes.
L'auteur insiste avec raison sur Tinfluence produite par
l'exercice, la marche, la course, l'ensemble du travail pro-
duit par le vélocipédiste sur la respiration. Cette partie de
l'ouvrage est intéressante pour les phvsiologistes.
Des tracés de l'amplitude variable de la respiration,
suivant la rapidité de la course ou l'état d'entraînement,
montrent que l'importance de Tétude des modifications de
la respiration n'est pas moindre dans l'exercice du véloci-
pède que dans les efforts similaires des diverses manœuvres
de gymnastique. Des recherches analogues, que nous avons
faites sur l'activité de la réduction et sur la quantité d'oxy-
hémoglobine à la suite de courses vélocipédiques, sont
quant à présent en accord avec les conclusions de l'auteur;
nous aurons occasion de revenir sur ce sujet fort important
quand nous les publierons.
M. Tissié est convaincu de l'avenir du vélocipède comme
moyen de locomotion. Un vélocipédiste peut remplacer trois
cavaliers, et en temps de guerre peut rendre des services
d'une grande importance; mais l'emploi du vélocipède
présente des inconvénients de diverses sortes si l'on ne se
soumet pas à l'entraînement. C'est pourquoi il est nécessaire
de suivre, dans ce genre d'exercice, des règles d'hygiène
précises, et M. Tissié aura rendu, par son exposition simple
et très précise des préceptes les plus indispensables, un
réel service aux vélocipédistes, en même temps que son
livre présente le plus grand intérêt pour les éducateurs et
pour les médecins, dont l'attention doit se porter constam-
ment sur l'étude de la régénération ou de l'amélioration
physique de la jeunesse.
A. H.
Anatomle normale et poCholostqne de roell, par M. le
docteur Emile Berger. In-S*" de 205 pages, avec 12 pi.
0. Doin, Paris, 1889.
Les progrès des procédés de l'élude histologique de l'œil
et de ses lésions ont donné des résultats fort précis et très
importants, et bien que les manuels et traités d*ophthal-
mologie, tels que celui de Wecker et Landolt, aient réuni
les principaux résultats obtenus, il reste un grand nombre
de sujets peu connus dans cet ordre de recherches. Il
n'existe pas en France de traité complet de l'anatomie nor-
male et pathologique de l'œil; c'est pourouoi la monogra-
rhie de M. Berger sera accueillie avec le plus grand intérêt.
1 n'a pas fait un travail d'ensemble complet, mais il a traité
à fond et par des recherches personnelles un grand nombre
de sujets qui étaient insuffisamment explorés.
Ce livre résume les recherches que l'auteur a faites
durant plusieurs années, en anatomie normale, sur la
chambre postérieure de l'œil, sur le ligament suspenseur
du cristallin, sur le ligament pectine de l'iris, sur le déve-
loppement de la membrane de Descemet, sur la structure
du corps vitré et sur l'ora serrata.
Les recherches d'analomie pathologique ont trait aux
altérations séniles, à l'indocyclite, à l'atrophie du globe
oculaire et au glaucome, etc., et, chemin faisant, l'auteur,
en comparant ces dernières altérations à toutes celles qui
peuvent atteindre les yeux, a jeté un coup d'œil général
sur l'anatomie pathologique de l'œil.
450 — N* 28 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
12 Juillet 1889
subolT et Armand Gautier, n*orit, contrairement à ce qui avait
été annoncé à la dernière séance, signalé la urésence de
l'arsenic dans les os, ni la succession par périodes bien dé-
terminées des accidents dus à Tintoxication arsenicale. Le
mémoire qu'il a lu au nom de M. le docteur G. Pouchet et
au sien, lui donne donc ainsi qu'à son collaborateur la
priorité de ces découvertes.
Décollement de la rétine.— -M. le docteur Galezowski
firéconîse l'emploi des sutures pour le traitement du décol-
ement de la rétine.— (Commission: MM. Maurice Perrin
et Panas.)
Hygiène infantile. — Lecture est faite par M. le docteur
Cohen d'un mémoire sur les causes et le traitement hygié-
nique de la gastro-entérite des enfants.
Règlement. — La séance a été coupée en deux (parties
par un Comité secret, afin de discuter une proposition de
modification au règlement concernant les nominations au
titre de correispondant. Après un exposé de la question par
U.Moutard'Martin et après discussion, l'Académie a adopté
les conclusions ci-après :
l** Les médecins, chirurgiens, etc., résidant à Paris né
peuvent prétendre au titre de correspondant de l'Académie ;
2° Les médecins exerçant temporairement en province et
qui résident à Paris ne peuvent être correspondants.
— L'ordre du jour de la séance du 16 juillet est ainsi
fixé: l"" rapport de M. Hérard sur un travail de M. Larat
concernant le traitement électriaue de l'occlusion intes-
tinale; 2° communication de M. Mesnet sur l'hypnotisme;
S** discussion sur le chloroforme et Tanesthésie. — (Inscrits :
MM. Léon Le Fort et Laborde.)
Soelélé de ehlrargte.
SÉANCE DU 3 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE DE M. LE DENTU.
Péritonite par éleotrlsation d'nn myome : M. Terrier. — Résection
du maxillaire supérieur : M. Leprévost (du Havre). ~- Adénopa-
thies pelviennes : M. Terrier (Disouasion : BIM. Poszi, Champion-
niére). — Localisations oérébrales et trépanation : M. Terrmon
(Discussion : M. Th. Anger, Ghampionniére).— Extraction des pro-
jectUes encastrés dans le rocher : M. Kirmisson (Discussion :
MM. Ghauvel. Reynier).
M. Terrier pense que la méthode d'Àpostoli peut être
bonne s'il s'agit d'un myome et si l'opérateur est antisep-
tique. Mais il a vu une aame chez qui une salpingite a été
prise pour un myome et chez qui Télectrisation a amené
une poussée très grave de péritonite.
— M. Horteloup fait connaître, d'après M. Leprévost
(du Havre), un procédé pour reconstituer la voûte palatine
après résection du maxillaire supérieur, La muqueuse
vestibulaire, bien conservée, est suturée sur la ligne mé-
diane à la muqueuse palatine du côté non réséqué. M. Pozzi
a agi de la sorte il y a déjà douze ans.
— M. Terrier fait une communication sur une adénopa-
thie pelvienne ayant simulé une salpingite, La malade est
une femme de vingt et un ans qui, mariée depuis un an
mais n'ayant pas eu la moindre velléité de grossesse, a vu
se produire depuis cette époque des irrégularités men-
struelles, des douleurs iliaques, et même une poussée de
péritonite. L'anémie devint rapidement notable. À la pal-
pation, M. Terrier sentit dans la fosse iliaque droite une
tuméfaction profonde; d'autre part, le toucher vaginal
faisait constater dans le cul-de-sac gauche, près de l'utérus
immobilisé, une masse saillante, bosselée. Un état ana-
logue, mais bien moins prononcé, existait à droite. En
présence de ces signes, H. Terrier diagnostiqua une sal-
pingite et pratiqua la laparotomie. Mais, après avoir libéré
et récliné le tablier épiploique adhérent, il vit apparaître,
sains, l'utérus et les annexes. Tout provenait d'une masse '
ganglionnaire rétro-péritonéale, grosse comme le poing. Le
péritoine fut incisé, et la masse ganglionnaire fut extirpée.
Un point y était suppuré et avait ulcéré le rectum. Le péri-
toine fut drainé, et la malade guérit, après avoir souffert
pendant quelque temps d'une fistule stercorale. Cette obser-
vation démontre que la laparotomie est la vraie voie chirur-
gicale pour attaquer ces adénopathies pelviennes, même :^i
le diagnostic permettait de les différencier des salpîngite>.
ce à quoi on n'est pas encore arrivé.
M. Pozzi a observé une malade fort analogue. Il a été à
la recherche du foyer morbide en décollant le péritoine, ci
cette observation est insérée dans son mémoire sur la lapa-
rotomie sous-péritonéale,
M. Lucas-'Championnière s'est trouvé deux fois en pré-
sence de faits de ce genre. Une fois, il ^ a trois ans et demi.
malgré l'analogie avec une salpingite, il a diagnostiqué nu^
masse ganglionnaire siégeant au détroit supérieur et, p:K
une incision extra-péritonéale, il a évacué de la bouilli'
Einglionnaire. Le résultat thérapeutique a laisse à désirer
'autre malade fut laparotomisée en prévision d'une sal-
Eingile datant d'un accouchement. Or, derrière de noor
reuses adhérences intestinales et épiploiques, il exisU^:
seulement une volumineuse adénopathie rétro-péritonéak
que M. Championnière ne jugea pas à propos d'extirper. Ii
lit bien, car elle a peu à peu diminué, et les accidents dos-
loureux, liés sans doute aux adhérences de voisinage, or.'.
complètement cessé.
M. Terrier ne croit pas son observation semblable à cellr
de M. Pozzi. M. Terrier, en effet, a abordé, à travers le péri
toine, une masse qui ne faisait pas saillie vers la parni
abdominale. Or c'est pour les abcès pelviens pointant «K
ce côté que M. Pozzi recommande la laparotomie sous-péri
tonéale. Même alors, d'ailleurs, M. Terrier la rejette; ch
dans ces conditions les annexes sont le plus souvent maladt^
et doivent être enlevés si Ton veut obtenir une guéris^i
définitive. La première observation de M. Championnièr'
ressemble à celle de M. Pozzi, et la seconde prouve que h
laparotomie seule pouvait être efficace.
H.Pozzi conteste que dans son cas il y eût une sailhr
vers la paroi abdominale. Il y avait une tumeur réellcmeni
profonde. Au reste, il ne se déclare nullement radversaiff
de la laparotomie.
M. Championnière fait une déclaration analogue.
— M. Terrillon communique une observation de trépa-
nation guidée par les localisations cérébraUsj sur ur
enfant atteint d'un abcès du cerveau consécutif à une ost^<^
myélite aiguë du temporal. Fait intéressant au point de vue
pathogénique, car la dure-mère séparait l'os malade de
foyer encéphalique. Les accidents avaient simulé, au début,
une fièvre typhoïde; puis un phlegmon temporal apparut
qui fut débridé sans que le lendemain les phénomènt^
cérébraux qui lecompliquaient eussent disparu. Ces phên^^
mènes consistaient en une monoplégie brachiale, a\e
aphasie et paralysie faciale. M. Terrillon trépana donc scr
la moitié inférieure de la frontale ascendante, coinpiaui
trouver un foyer entre la dure-mère et l'os. Rien de sew-
blable n'existait. Mais, confiant dans la physiologie, M. Te:
rillon fit des ponctions exploratrices et à la troisième ^ii
sourdre du pus; le bistouri, conduit par Taignille, incisa
largement cet abcès cérébral, et^ dès que le malade fut ré-
veillé, on constata que les accidents paralytic^ues avaicM.;
presque complètement cessé. Au bout de trois jour>.
est vrai, des accidents inflammatoires aigus eroportèn-'
l'opéré; mais il n'en reste pas moins prouvé par ce fait q-i
la doctrine des localisations est d'une importance chirur;:.*
cale indiscutable.
M. Th. Anger rapporte une observation non moins pn**
\i Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE -~ R» 28 — 451
bante sur un homme de trente-huit ans, atteint d'une fistule
mastoïdienne assez ancienne, puisd'une paralysiedu membre
supérieur gauche. M. Tuffier lui a évacué sans hésitation
une collection purulente du cerveau. Il est mort en qua-
ranle-huit heures.
M. Championnière ne croit pas devoir défendre une fois
de plus cette doctrine. Il ajoute seulement qu'il y a peu de
temps il a ouvert un foyer d*hémorrhagie cérébral à un
monoplégique (membre supérieur) soutirant d*accès épi-
leptiformes. On n'a pas pu régénérer la zone détruite, aussi
la monoplégie a-t-elle persisté. Hais les crises convulsives
ont cessé.
— M. Kirmisson se déclare partisan de Vextraction des
balles logées dans le rocher^ et il ajoute une observation à
celles qu'ont publiées MM. Berger, Périer, Terrier. Son
malade est un homme qui s'était tiré quatre balles dans la
tétc : deux au sourcil, une à la tempe, une dans l'oreille,
La plaie temporale était grave. Le blessé a guéri pourtant,
mais en conservant de 1 otorrhée, si bien que, pour l'en
débarrasser, M. Kirmisson a enlevé la balle, en deux mor-
ceaux, après décollement du pavillon de l'oreille et trépa-
nation mastoïdienne, comme le conseille M. Berger; une
tentative d'extraction par le méat avait échoué. L*opéré a
guéri. Aussi M. Kirmisson s'élève-t-il contre l'abstention,
que préconise M. Tachard. De plus, M. Tachard conteste
l'utilité de l'explorateur électrique de Trouvé. M. Kirmis-
son, au contraire, s'en loue ; il n'a, d'autre part, obtenu
aucun renseignement par le stylet de Nélaton.
M. Chauvel rappelle que, dans son rapport sur le travail
de H. Tachard, il a combattu les conclusions de cet auteur
et a affirmé que la méningo-encéphalite, loin d'être une
contre-indication, est au contraire une indication à l'extrac-
tion. Mais il ne faut intervenir que s'il y a des accidents.
L'explorateur de Trouvé est un bon instrument, quand il
donne un renseignement positif; mais il ne faut pas croire
sans réserves à ses négations. En temps de guerre, il ren-
drait probablement peu de services.
M. Rcyniera fait deux opérations calquées sur celles de
M. Kirmisson, et s'est bien trouvé de l'explorateur élec-
trique. Il pense que, pour les trajets de quelque profondeur,
le stylet de Nélaton est un instrument très infidèle.
A. Broca.
Soetété de biologie.
SÉANCE DU 27 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. BROWN-SÉQUARD.
Présentations d'onTragss : MM. E. Berger et Roger. >- Sur la pèrl-
nëphrlte : M. Albarran. ~ Prodaotlon de courants àieotriques dans
la peau sous l'Influence des excitations sensorielles ou psy-
chiques : M. de Tarohanoff.—AppareU pour la pèche sous-marine :
M. le prince ▲. de Monaco.-- Effets des injections de liquide testi-
oolaire : M. Yariot. — Aotion des injootions d'extraits de dirers
organes glandulaires : M. Brown-Sèquard. — Expériences sphy-
gmométriques : M. Bloch. — Passage de roxyhémcglobine dans la
bile de la Tésioule après la mort : MM. Meyer et Wertheimer. —
Photographies du sang : M. d'ArsonTal.— Importance delà tem-
pèrature pour la détermination des espèces microbiennes : M. Bo-
det. — Oèveloppement du bacUle typbique dans le moût de cidre :
M. L. OUvier.
M. Dumontpallier présente, de la part de M. E. Berger y
un ouvrage intitulé : Anatomie normale et pathologique de
licil; et, de la part de M. G. H* Roger^ un mémoire extrait
du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales,
l'article Intestin (physiologie).
— M. Albarran a étudié les lésions et le développement
de la périnéphrite suppurée. C'est une affection que l'on
confond souvent avec la pyélo -néphrite, mais qui peut, en
réalité, en être distinguée très nettement, ce qui est fort
important au point de vue du traitement.
— M. de Tarchanoff (de Saint-Pétersbourg) a observé
que, sous l'influence des excitations sensorielles ou de l'ac-
tivité psychique, sous quelque forme que ce soit, chez
l'homme à Tétat normal, il se développe dans la peau des
courants électriques assez intenses que le galvanomètre
décèle aisément. Ces courants vont toujours du point où il
y a le moins de glandes sudoripares au point où il y en a le
plus, et paraissent par conséquent liés au fonctionnement
de ces glandes ; ils persistent quelques secondes après que
l'excitation a cessé. Quand le sujet en expérience se trouve
fatigué par un travail musculaire préalable, on ne constate
plus ces courants. M. de Tarchanon propose d'expliquer ces
laits par le rôle régulateur qu'exercerait l'appareil sudori-
pare vis-à-vis des fonctions cérébrales. Les actions psychiques
tendent en effet à augmenter la température et les processus
de désassimilation ; les glandes sudoripares interviennent
pour diminuer la transpiration, et, d autre part, comme
organe d'élimination.
— H. le prince de Monaco présente et décrit un filet
![u'il a fait construire pour la pèche sous-marine à des pro-
bndeurs différentes.
— M. Variot a fait, sur trois sujets différents, des injec-
tions sous-cutanées d'extrait de testicules, d'après le pro-
cédé récemment indiqué par M. Brown-Séquard, et il a
observé d'une façon générale les effets signalés par ce der-
nier : retour des forces, fonctions digestives régulari-
sées, etc.
H. Brown^Séquard fait observer combien sont va-
riables les effets ootenus à la suite d'injections pratiquées
avec des extraits de différentes glandes : ainsi le liquide
pulmonaire est très toxique, comme l'ont montré les expé-
riences qu'il a faites avec M. d'Arsonval; le liquide testicu-
laire a au contraire des effets favorables à l'organisme; les
extraits du foie ou du rein n'ont aucune action.
- M. Bloch présente les résultats de nombreuses obser-
vations qu'il a faites sur lui-même à l'aide du sphygmo-
mètre qu'il a imaginé et décrit, il y a un an déjà; ces obser-
vations ont trait surtout aux variations de la pression
artérielle avant, pendant et après le repas.
— M. Gley dépose une note de MM. Meyer et Wertheimer
(de Lille) sur le passage de l'oxyhémoglobine dans la bile
de la vésicule quelques heures après la mort. C'est un phé-
nomène cadavérique dont les auteurs expliquent le méca-
nisme.
— M. d'Arsonval montre des photographies du sang qui
révèlent toutes une bande dans la région ultra-violette du
spectre, bande que l'on retrouve dans le sang veineux
comme dans le sang artériel. Pour constater ce fait, il faut,
bien entendu, se servir d'un spectroscope qui n'absorbe pas
les radiations ultra-violettes.
— M. Chauveau présente une note de M. Rodet (de Lyon)
qui montre l'importance de la température dans la déter-
mination des espèces microbiennes, et particulièrement du
bacille typbique.
— M. L. Olivier a constaté que la fermentation qui se
produit dans la fabrication du cidre ne nuit pas à la vitalité
du bacille typbique.
450 — N* 28 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
12 Juillet 1889
suboiT et Armand Gautier, n'ont, contrairement à ce qui avait
été annoncé à la dernière séance, signalé la urésenee de
Tarsenic dans les os, ni la succession par périodes bien dé-
terminées des accidents dus à l'intoxication arsenicale. Le
mémoire qu'il a lu au nom de M. le docteur G. Pouchet et
au sien, lui donne donc ainsi qu'à son collaborateur la
priorité de ces découvertes.
Décollement de la rétine. — M. le docteur Galezowski
(iréconise l'emploi des sutures pour le traitement du décol-
emenl de la rétine. — (Commission: MM. Maurice Perrin
et Panas.)
Hygiène infantile. — Lecture est faite par M. le docteur
Cohen d'un mémoire sur les causes et le traitement hygié-
nique de la gastro-entérite des enfants.
Règlement. — La séance a été coupée en deux (parties
par un Comité secret, afin de discuter une proposition de
modification au règlement concernant les nominations au
titre de correspondant. Après un exposé de la question par
U. Moutard- Martin et après discussion, l'Académie a adopté
les conclusions ci-après :
l"" Les médecins, chirurgiens, etc., résidant à Paris ne
peuvent prétendre au titre de correspondant de l'Académie ;
^° Les médecins exerçant temporairement en province et
qui résident à Paris ne peuvent être correspondants.
— L'ordre du jour de la séance du 16 juillet est ainsi
fixé: !• rapport de M. Hérard sur un travail de M. Larat
concernant le traitement électriaue de l'occlusion intes-
tinale; 2" communication de M. Mesnet sur l'hypnotisme;
3" discussion sur le chloroforme et l'anesthésie.— (Inscrits :
MM. Léon Le Fort et Laborde.)
Soetéié de ehlrarffle.
SÉANCE DU 3 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE DE M. LE DENTU.
Péritonite par Meotrlsation d'nn myome : M. Terrier. — Résection
du maxillaire supérieor : M. Leprévost (du Havre). — Adénopa-
thies pelvlennea : K. Terrier (Disouaslon : BIM. Pond, Champion-
niére). ~ Localisations cérébrales et trépanation : M. Terrmon
(Discussion : M. Th. Anger, Ghampionniére).— Extraction des pro-
jectiles encastrés dans le rocher : M. Kirmisson (Discussion :
KM. Ghauvel. Reimier).
M. Terrier pense que la méthode d'ApostoIi peut être
bonne s'il s'agit d'un myome et si l'opérateur est antisep-
tique. Mais il a vu une dame chez qui une salpingite a été
prise pour un myome et chez qui Télectrisation a amené
une poussée très grave de péritonite.
— M. Horteloup fait connaître, d'après M. Leprévost
(du Havre), un procédé pour reconstituer la voûte palatine
après résection du maxillaire supérieur. La muqueuse
vestibulaire, bien conservée, est suturée sur la ligne mé-
diane à la muqueuse palatine du côté non réséqué. M. Pozzi
a agi de la sorte il y a déjà douze ans.
— M. Terrier fait une communication sur une adénopa-
thie pelvienne ayant simulé une salpingite. La malade est
une femme de vingt et un ans qui, mariée depuis un an
mais n'ayant pas eu la moindre velléité de grossesse, a vu
se produire depuis cette époque des irrégularités men-
struelles, des douleurs iliaques, et même une poussée de
péritonite. L'anémie devint rapidement notable. À la pal-
pation, M. Terrier sentit dans la fosse iliaque droite une
tuméfaction profonde; d'autre part, le toucher vaginal
faisait constater dans le cul-de-sac gauche, près de l'utérus
immobilisé, une masse saillante, bosselée. Un état ana-
logue, mais bien moins prononcé, existait à droite. En
présence de ces signes, H. Terrier diagnostiqua une sal-
pingite et pratiqua la laparotomie. Mais, après avoir libéré
et récliné le tablier épiploique adhérent, il vit apparaître,
sains, l'utérus et les annexes. Tout provenait d'une masse
ganglionnaire rétro-péritonéale, grosse comme le poing. Le
Eéritoine fut incisé, et l:i masse ganglionnaire fut extirpée.
in point y était suppuré et avait ulcéré le rectum. Le péri-
toine fut drainé, et la malade guérit, après avoir souffert
pendant quelque temps d'une fistule stercorale. Cette obser-
vation démontre que la laparotomie est la vraie voie chirur-
gicale pour attaquer ces adénopathies pelviennes, même si
le diagnostic permettait de les différencier des salpingites,
ce à quoi on n'est pas encore arrivé.
M. Pozzi a observé une malade fort analogue. Il a été â
la recherche du foyer morbide en décollant le péritoine, et
cette observation est insérée dans son mémoire sur la lapa-
rotomie sous-péritonéale.
M. Lucas-Championnière s'est trouvé deux fois en pré-
sence de faits de ce genre. Une fois, il ^ a trois ans et demi,
malgré l'analogie avec une salpingite, il a diagnostiqué une
masse ganglionnaire siégeant au détroit supérieur et, p.ir
une incision extra-péritonéale, il a évacué de la bouillie
ganglionnaire. Le résultat thérapeutique a laissé à désirer.
L'autre malade fut laparotomisée en prévision d*une sal-
Eingite datant d'un accouchement. Or, derrière de nom-
reuses adhérences intestinales et épiploïques, il existait
seulement une volumineuse adénopathie rétro-péritonéale,
que M. Ghampionniére ne jugea pas à propos d'extirper. Il
fit bien, car elle a peu à peu dimmué, et les accidents dou-
loureux, liés sans doute aux adhérences de voisinage, ont
complètement cessé.
M. Terrier ne croit pas son observation semblable à celle
de M. Pozzi. M. Terrier, en effet, a abordé, à travers le péri-
toine, une masse qui ne faisait pas saillie vers la paroi
abdominale. Or c'est pour les abcès pelviens pointant do
ce côté que M. Pozzi recommande la laparotomie sous-péri-
tonéale. Même alors, d'ailleurs, M. Terrier la rejette ; cai
dans ces conditions les annexes sont le plus souvent malades
et doivent être enlevés si l'on veut obtenir une guérison
définitive. La première observation de M. Ghampionniére
ressemble à celle de M. Pozzi, et la seconde prouve que la
laparotomie seule pouvait être efficace.
M.Pozst conteste que dans son cas il y eût une saillie
vers la paroi abdominale. Il y avait une tumeur réellement
profonde. Au reste, il ne se déclare nullement l'adversaire
de la laparotomie.
M. Ghampionniére fait une déclaration analogue.
— M. Terrillon communique une observation de trépa-
nation guidée par les localisations cérébrales^ sur un
enfant atteint d'un abcès du cerveau consécutif à une ostéo-
myélite aigué du temporal. Fait intéressant au point de vue
pathogénique, car la dure-mère séparait l'os malade du
foyer encéphalique. Les accidents avaient simulé, au début,
une fièvre typhoïde; puis un phlegmon temporal apparut,
qui fut débridé sans que le lendemain les phénomènes
cérébraux qui le compliquaient eussent disparu. Ges phéno-
mènes consistaient en une monoplégie brachiale, aven
aphasie et paralysie faciale. M. Terrillon trépana donc sur
la moitié inférieure de la frontale ascendante, comptant
trouver un foyer entre la dure-mère et l'os. Rien de sem-
blable n'existait. Mais, confiant dans la physiologie, M. Ter-
rillon fit des ponctions exploratrices et à la troisième vit
sourdre du pus; le bistouri, conduit par l'aiguille, incisa
largement cet abcès cérébral, et, dès que le malade fut ré-
veillé, on constata que les accidents paralytiques avaient
presque complètement cessé. Au bout de trois jours, il
est vrai, des accidents inflammatoires aigus emportèrent
l'opéré; mais il n'en reste pas moins prouvé par ce fait que
la doctrine des localisations est d'une importance chirurgi-
cale indiscutable.
M. Th. Anger rapporte une observation non moins pro-
là Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ N* 28 — 451
bante sur un homme de trente-huit ans^ atteint d'une fistule
mastoïdienne assez ancienne, puisd'une paralysie du membre
supérieur gauche. M. Tuffier lui a évacué sans hésitation
une collection purulente du cerveau. Il est mort en qua-
rante-huit heures.
M. Championnière ne croit pas devoir défendre une fois
de plus cette doctrine. Il ajoute seulement qu'il y a peu de
temps il a ouvert un foyer d'héroorrhagie cérébral à un
monoplégique (membre supérieur) souffrant daccès épi-
leptiformes. On n'a pas pu régénérer la zone détruite, aussi
la raonoplégie a-t-elle persisté. Mais les crises convulsives
ont cesse.
— M. Kirmisson se déclare partisan de Vextraction des
balles logées dans le rocher^ et il ajoute une observation à
celles qu'ont publiées MM. Berger, Périer, Terrier. Son
malade est un homme qui s*était tiré quatre balles dans la
télé : deux au sourcil, une à la tempe, une dans l'oreille,
La plaie temporale était grave. Le blessé a guéri pourtant,
mais en conservant de i otorrhée, si bien que, pour l'en
débarrasser, M. Kirmisson a enlevé la balle, en deux mor-
ceaux, après décollement du pavillon de l'oreille et trépa-
nation mastoïdienne, comme le conseille M. Berger; une
tentative d'extraction par le méat avait échoué. L'opéré a
guéri. Aussi M. Kirmisson s'élève-t-il contre l'abstention,
que préconise M. Tachard. De plus, M. Tachard conteste
1 utilité de l'explorateur électrique de Trouvé. M. Kirmis-
son, au contraire, s'en loue ; il n'a, d'autre part, obtenu
aucun renseignement par le sfylel de Nélaton.
M. Chauvel rappelle que, dans son rapport sur le travail
de M. Tachard, il a combattu les conclusions de cet auteur
et a affirmé que la méningo-encéphalite, loin d'être une
contre-indication, est au contraire une indication à l'extrac-
tion. Mais il ne faut intervenir que s'il y a des accidents.
L'explorateur de Trouvé est un bon instrument, quand il
donne un renseignement positif; mais il ne faut pas croire
sans réserves à ses négations. En temps de guerre, il ren-
drait probablement peu de services.
M. Reyniera fait doux opérations calquées sur celles de
M. Kirmisson, et s'est bien trouvé de l'explorateur élec-
trique. 11 pense que, pour les trajets de quelque profondeur,
le stylet de Nélaton est un instrument très infidèle.
A. Broca.
Soelété de biologie.
SÉANCE DU 27 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. BROWN-SÉQUARD.
Prèsentailoiis d'ooTragas : MM. E. Berger et Roger. — Sur la péri-
néphrite : M. AU»arran. — Prodaotion de oourante Aleotriquee dans
la peau sous l'Influence des excitations sensorielles ou psy-
chiques : M. de Tarohanoff.— Appareil pour la pèche sous-marine :
M. le prince A. de Monaco. ~ Effets des injections de liquide testi-
cnlaire : K. Yariot. -•• Action des injections d'extraits de dirers
organes glandulaires : M. Brown-Sèquard. — Expériences sphy-
gmomètriques : M. Bloch. — Passage de l'oxyhèmoglobine dans la
bile de la Tésioule après la mort : MM. Meyer et Wertheimer. —
Photographies du sang : M. d'AraonTal.— Importance delà tem-
pérature pour la détermination des espèces microbiennee : M. Bo-
det. -> Oé^eloppement du bacille typbique dans le moût de cidre :
M. L. OUvier.
M. Dumontpallier présente, de la part de M. E. Berger ,
un ouvrage intitulé : Anatomie normale et pathologique de
iwil; et, de la part de M. G. H. Roger ^ un mémoire extrait
du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales^
l'article Intestin (physiologie).
— M. Albarran a étudié les lésions et le développement
de la périnépbrite suppurée. C'est une affection que Ton
confond souvent avec la pyélo -néphrite, mais qui peut, en
réalité, en être distinguée très nettement, ce qui est fort
important au point de vue du traitement.
— M. de Tarchanoff (de Saint-Pétersbourg) a observé
que, sous Tinfluence des excitations sensorielles ou de Tac-
tivité psychiaue, sous quelque forme que ce soit, chez
l'homme à l'état normal, il se développe dans la peau des
courants électriques assez intenses que le galvanomètre
décèle aisément. Ces courants vont toujours du point on il
y a le moins de glandes sudoripares au point où il y en a le
plus, et paraissent par conséquent liés au fonctionnement
de ces glandes ; ils persistent quelques secondes après que
l'excitation a cessé. Quand le sujet en expérience se trouve
fatigué par un travail musculaire préalable, on ne constate
plus ces courants. M. de Tarchanoff propose d'expliquer ces
faits par le rôle régulateur qu'exercerait l'appareil sudori-
pare vis-à-vis des fonctions cérébrales. Les actions psychiques
tendent en effet à augmenter la température et les processus
de désassimilation ; les glandes sudoripares interviennent
pour diminuer la transpiration, et, d autre part, comme
organe d'élimination.
— M. le prince de Monaco présente et décrit un filet
!|u'il a fait construire pour la pèche sous-marine à des pro-
ondeurs différentes.
— M. Variot a fait, sur trois sujets différents, des injec-
tions sous-cutanées d'extrait de testicules, d'après le pro-
cédé récemment indiqué par M. Brown-Séquard, et il a
observé d'une façon générale les effets signalés par ce der-
nier : retour des forces, fonctions digestives régulari-
sées, etc.
H. Brown-Séquard fait observer combien sont va-
riables les effets ootenus à la suite d'injections pratiquées
avec des extraits de différentes glandes : ainsi le liquide
pulmonaire est très toxique, comme l'ont montré les expé-
riences qu'il a faites avec H. d'Arsonval; le liquide testicu-
laire a au contraire des effets favorables à l'organisme; les
extraits du foie ou du rein n'ont aucune action.
'- M. Bloch présente les résultats de nombreuses obser-
vations qu'il a faites sur lui-même à l'aide du sphygmo-
mètre qu'il a imaginé et décrit, il y a un an déjà; ces obser-
vations ont trait surtout aux variations de la pression
artérielle avant, pendant et après le repas.
— M. Gley dépose une note de MM. Meyer et Wertheimer
(de Lille) sur le passage de l'oxyhèmoglobine dans la bile
de la vésicule quelques heures après la mort. C'est un phé-
nomène cadavérique dont les auteurs expliquent le méca-
nisme.
— M. d^Arsonval montre des photographies du sang qui
révèlent toutes une bande dans fa région ultra-violette du
spectre, bande que l'on retrouve dans le sang veineux
comme dans le sang artériel. Pour constater ce fait, il faut,
bien entendu, se servir d'un spectroscope qui n'absorbe pas
les radiations ultra-violettes.
— M. Chauveau présente une note de M. Rodet (de Lyon)
qui montre l'importance de la température dans la déter-
mination des espèces microbiennes, et particulièrement du
bacille typhique.
— M. L. Olivier a constaté que la fermentation qui se
produit dans la fabrication du cidre ne nuit pas à la vitalité
du bacille typhique.
45i
N* 28 —
GAZETTE HEBDOMADAmE DE tIÉDECINE ET DE CHIRURGIE
a Juillet 1889
SÉANCE DU 6 JUILLET. — PRÉSIDENCE
DE M. DUMONTPALLÏER.
Recherches but la phase de la contraction musculaire i>endant
laquelle a .lieu le dégagement de chaleur : M. Mendelsohn. —
Divers effets du froid sur Miomme : M. Fér6. — De la circulation
rétrograde du courant sanguin dans les veines : M. Thomayer. —
Sur le 4 modifications de l' immunité naturelle par les associations
microbiennes : M. Roger. — ^Applications thèrapeutiqpies du chlor>
hydrate d'hyoscine : MM. Magnan efWolf. — Traitement du téta-
nos par la greffe palustre : M. Bossano. — Culture du bacille
typhiqae dans l'eau d'égout : M. Louis Olivier.
M, Mendelsohn a cherché à savoir h quel moment de la
contraction du muscle a lieu le dégagement de chaleur qui
accompagne cette contraction. De ses expériences il résulte
qu'entre l'excitation et le début du dégagement de chaleur,
il existe une période latente de 5 à 6 millièmes de seconde,
plus courte que la période latente de la contraction. Le
dégagement de chaleur commence donc dans la période
latente, se continue dans la phase de raccourcissement, et
cesse quand apparaît la phase de relâchement.
— M. Féré présente quelques faits qu*il h eu occasion
d'observer chez les malades de son service sous Taction du
froid. L'action de l'air sur la |)eau, à une température peu
élevée, produit une vaso-constriction générale, mais accom-
pagnée d'une production de sueur dans les aisselles. L'in-
gestion brusque d'un verre d'eau froide augmente la pres-
sion, l'ingestion lente l'augmente beaucoup moins. Sous
l'influence du refroidissement d'un membre, chez des
hystériques, le temps de réaction de ce membre s'accroît;
il diminue sous l'influence de la chaleur. 11 ne se passe rien
dans le membre symétrique. D'ailleurs, M. Féré, en répé-
tant les expériences de Brown-Séquard et Tholozan, est
toujours arrivé à des résultats négatifs. .
— M. Dastre présente une note de M. Thomayer, Celui-ci
a constaté, par 1 auscultation et la palpation, sur des veines
vai'iqueuses du membre inférieur, l'apparition d'un courant
rétrograde sous diverses influences, pendant un effort de
ténesme, par exemple. Il a pu constater le même fait sur
une saphène normale.
— M. Roger a recherché si l'action du micrococcus pro-
digiosuSy qui supprime l'immunité naturelle du lapin pour
le charbon symptomatique, peut être rapportée à une alté-
ration de tissus, comme celle que produit l'acide lactique.
Il n'en est rien, car ses expériences lui ont montré que celte
action du micrococcus prodigiosus s'exeixe tout aussi bien
si on l'inocule en un point éloigné de celui où on inocule
le charbon, ou bien si on injecte un peu de culture dans les
veines. Dans ce dernier cas, il suffit même d'une dose ti'ès
minime.
— MM. Magnan et Wolf ont employé le chlorhydrate
d'hyoscine contre l'agitation des maniaques. Ils ont obtenu
des efl'ets de sédation très remarquables par l'injection sous-
cutanée d'un milligramme par jour. Ils ont produit régu-
lièrement un repos de cinq à dix heures.
— M. Lahorde présente une note de M. Bossano (de
Marseille). Celui-ci a essayé de rendre le tétanos intermit-
tent pour le rendi'e cui*able. Il a inoculé à des cobayes du
virus palustre en même temps que le virus tétanique. Tous
ces animaux sont morts du tétanos, mais moins vite que les
témoins.
— M. Louis Olivier a pu cultiver le bacille typhique
dans de l'eau des égouts du Havre, filtrée à la bougie* Cham-
berland.
— M. Charrin fait hommage à la Société d*un exemplaire
de son livre sur le bacille pyocyanique.
Soctélé fie IhérapeaUqne.
SÉANCE DU 26 JUIN 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Dosage du saore dans les urines des diabétiques : M. Duhomme
(Discussion: MM. Edouard Ijabbd, Booqulllon, Gonstantio Paul.
Buoquoy).
M. Duhomme lit une communication sur la sacchari-
métrie clinique, en réponse à un article paru dans VCnion
pharmaceutique de juillet 1888. Les dosages du sacre
contenu dans les urines de diabétiques pratiqués avec la
liqueur cupro-potassique donnent des résultats très irrégu-
liers, parfois même contradictoires. Le polarimëtre lui-même
trompe quelquefois, car il peut ne pas donner de déviation
alors qu'il y a du sucre dans les urines examinées, ce qui
tiendrait à une déviation de compensation produite par unt'
autre substance. Par suite, les analyses d'un même liquide
firatifluées avec le réactif cupro-polassique d'une part, avec
e polari mètre d'autre part, lournissent souvent des données
absolument différentes. Pour les besoins de la clinique, il
serait plus utile de renouveler souvent les analyses d*urines
. diabétiques que de chercher à obtenir des dosages rigoo*
reusement exacts.
M. Constantin Paul fait remarquer que depuis
quelques années on fait analyser les urines diabétiques
beaucoup plus fréquemment qu'autrefois ; or il est étonné
de voir la multiplicité de détails que comprennent les ana-
lyses faites par les pharmaciens en un temps véritablement
très court, quel<^ues heures seulement. Les malades peu
confiants dans 1 exactitude de ces dosages font. souvent
analyser les mêmes urines dans deux pharmacies différentes,
et presque toujours les résultats fournis par les deui
maisons diffèrent et souvent dans des proportions considé-
rables. Comment savoir alors de quel côté est l'erreur?
M. Duhomme. Cela n'est pas possible absolument. Des
analyses polarimétriques faites avec un ami, dans des con-
ditions identiques, nous ont donné des différences. Du reste
on pose au polarimètre une question à la(|uelle il ne peut
répondre, il ne peut qu'indiquer la quantité des substances
lévogyres et dextrogyres. D'autre part ce n'est pas
l'exactitude du dosage qui importe le plus au médecin, car
la quantité du sucre n est pas toujours en rapport avec la
gravité de la maladie. Ce (;[u'il est bien plus important de
savoir, c'est si cette quantité augmente ou diminue, si elle
est influencée par le traitement et le régime.
M. Edouard Lahbé a employé fréquemment les procédés
de recherches de M. Duhomme et les a trouvés excellents.
D'autre part, il croit aue le polarimètre peut rendre de bons
services, en révélant les variations subies par la quantité de
sucre dans les urines, suivant le régime, il observe ainsi
plusieurs malades, à la maison de santé, chez lesquels le
sucre diminue beaucoup et même disparait sous l'influence
du traitement, pour se montrer à nouveau si le régime est
abandonné. Pour démontrer l'importance de ces observa-
tions, il rapporte le fait d'un homme âgé, diabétic^^ue, à
prostate grosse, qui, à chaque écart de régime, voyait son
sucre augmenter et était pris d'une prostatite dont l'une
l'emporta. Dans d'autres cas le diabète peut subir presque
exclusivement les variations d'une affection concomitante
du foie. C'est ce qui se passe chez un malade qui a eu jadis
des coliçiues hépatiques violentes, et maintenant a une vési-
cule biliaire distendue, remplie de calculs, qu'on sent faci-
lement par la palpation. Chaque fois que l'accumulation des
calculs est trop grande, l'ictère apparaît avec une abondante
glycosurie. Aussitôt les calculs expulsés, celle-ci disparail,
quel que soit le régime.
M. Bocquillon considère la méthode de M. Duhomme
comme très simple, rapide et pratique, même pour le phar-
macien.
12 JiTJLLET 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 28 — 453
M. Duhomme croit que ces malades n'ont rien de
commun avec les diabétiques vrais, de même pour les indi-
vidus qui sans éprouver aucun phénomène pathologique,
aucune altération de la santé, rendent du sucre dans leurs
urines. C'est là un diabète purement chimique. Quant aux
malades soumis au régime restreint, ils doivent avoir leurs
urines analysées prescjue chaque jour afin que le médecin
juge quelles modifications il peut apporter à celui-ci. La
question de savoir si on peut leur permettre du lait ou du
pain, ce dont ils sont le plus privés, ne peut être tranchée
qu'après le résultat de l'examen des urines. Le lait par
exemple doit être défendu à certains et peut être permis à
d'autres, suivant qu'il fait reparaître ou non le sucre dans
les urines.
Pour toutes ces raisons il est dangereux de s'en rapporter
à une analyse unique faite dans une pharmacie.
M. Constantin Paul. Certaines nourrices atteintes de
glycosurie ne peuvent être, sans inconvénients, soumises à
un régime sévère. Une femme, excellente nourrice, vit aussi
disparaître son sucre sous l'influence du traitement de Bou-
chardatv m^is elle devint bientôt complètement malade. On
lui rendit le régime ordinaire, la santé revint et avec elle
toutes ses qualités de bonne nourrice.
M. Bucquoy. Ce qui se passe pour le lait chez les diabé-
tiques, s'observe pour remploi des œufs dans l'alimentation
des albuminuriques. Parmi ceux-ci, il en est qui digèrent
bien les œufs, tandis que d'autres ne peuvent en prendre
sans voir leur albuminurie augmenter. L'analyse seule faite
avec le tube d'Esbach, suffit à nous guider dans cette
question.
M. Duhomme conclut à la nécessité pour le médecin de
faire lui-même ses analyses et à l'impossibilité d'être absolu
pour le traitement, particulièrement en ce qui concerne
Tusage du lait.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
Georges Baudouin.
REVUE DES JOURNAUX
on traHonent de la dlrbChérie par IminniaMoa de «acre ea
poaire, par M. LoREY. — Suivant le conseil d'Œrtel, il faut
avant tout chercher à obtenir Téliminalion des fausses mem-
branes. La réaction inflammatoire provoquée par la diphthérie
ne doit pas être combattue ; il est bon au coulraire qu'elle abou-
tisse à la formation du pus. On obtient ce résultat par les insuf-
flations de poudre de sucre; elles doivent être fréquentes, et le
tube en verre qui sert à les faire doit être désinfecté après
chaque opération. Dans le cas où la maladie se propage au
larynx, les insufflations devront être faites à l'entrée de celui-ci.
Ce traitement a été appliqué dans quatre-vingts cas, chez des
malades de tout âge; la durée de la maladie a été abrégée; les
fausses membranes devenues moins épaisses, comme crémeuses,
se sont éliminées facilement, et la muqueuse a sécrété un liquide
abondant. Le sucre non seulement est un antiseptique, mais
encore il calme la douleur. Il est bon en outre de faire de fré-
quents lavages avec une solution faible de sel de cuisine. £n cas
de propagation au larynx, lauteur ajoute à ce traitement une
potion de 120 grammes contenant 5 à 10 centigrammes d'apo-
morphine. (Wiener mediciniscke Wochenschrift, 13 jan-
vier 1889.)
Emploi du «el de ealulno contre la dlphtbérie, par M. SbI-
BERT. — L'auteur recommande d'appliquer du sel en poudre sur
les amygdales, avec le manche d'une cuillère à café, et d'exer-
cer ainsi une certaine compression qui fera pénétrer le sel dans
les fausses membranes. Les enfants supportent bien celle appli-
cation et ne se mettent à tousser, à cracher el à expulser les
fausses membranes que quand le sel commencs à fondre. Sur les
surfaces dénudées on fait une seconde application. Au bout de
six heures déjà ramélioration s'annonce par la diminution de la
fièvre et de la douleur. Il suffit de faire deux applications par
jour. Quand la maladie est très avancée, ce traitement n'est pas
plus efficace que les autres. (Wiener mediciniscke Wochens-
chrift, 17 février 1889.)
Du iraltemeni de la manie par roplam, par M. JOLLY. — Au
Congrès des aliénistcs de Garlsnihe Tauteur a recommandé de
traiter la manie, surtout celle qui est caractérisée par une allure
uniforme, par l'opium. Il emploie la teinture d'opium a la dose
croissante de dix à cinquante gouttes, trois fois par jour. 11 croit
que Topium agit direclement sur la substance cérébrale. Les
femmes supportent mieux l'opium, qui chez elles donne aussi de
meilleurs résultats. Le professeur Fûrstner le recommande aussi
dans la manie chronique. (Wiener mediciniscke Presse^ 27 jan-
vier 1889.)
Da IraUemeai de rarémle par la morphine, par M. StepueN
Mackbnzie. — Chez une femme atteinte depuis cinq mois
d'œdème des extrémités inférieures et d'ascite, el dont l'urine
était riche en albumine et en cylindres granuleux, se montra de
l'urémie avec dyspnée, palpitations et cyanose prononcée. Ou
employa inutilement l'éther, l'ammoniaque et le nitrite d'amyle.
Une injection hypodermique de morphine de 1 centigramme
amena une grande amélioration en dix minutes. Le docteur Carter
a aussi employé avec succès la morphine dans six cas d'urémie.
(Wiener mediciniscke Presse, 9 juin 1889.)
Da gonflement de la rate dans les Inflammatlonji de« pou-
mon«, par M. GfiRHARDT. — Selon l'auteur on constate de l'hyper-
trophie de la rate dans la moitié des cas de pneumonie; elle sur-
vient principalement au moment de la résolution de la maladie et
se distingue ainsi de l'hypertrophie de la rate qui accompagne les
autres maladies infectieuses. On peut la considérer comme étant
c spodogène », c'est-à-dire provoquée par l'accumulation dans la
rate des débris de globules rouges et blancs, qui y ont été entraînés.
La peptonurie que l'on trouve plusieurs jours encore après la
résolution de la pneumonie a sans doute une cause analogue, et
est produite par de nombreux globules blancs qui sont morts,
et qui proviennent de l'exsudat pneumonique. Il en est de même
de rictère léger avec apparition de bilirubine dans l'urine, qui
se montre chez les malades atteints de pneumonie, et qui est
produit par le passage dans le plasma sanguin de la matière
colorante des globules rouges détruits qui proviennent de l'exsu-
dat pneumonique. (Ckarité Annalen, XIII, p. 325, 1888, et Cen-
tralblati fur med. Wissensck., 2 mars 1889.)
De la loeaitaatton dn tatoen, par M. Jendrassik. — A la sym-
ptomatologie très variée du tabès on attribue une altération
organique unique : la dégénérescence des cordons postérieurs
de la moelle. L'auteur rappelle que Déjerine, Pitres et Vaillard,
Oppenheim et d'autres ont constaté dans certains cas des alté-
rations des nerfs périphériques. Il a eu l'occasion d'étudier deux
cas de tabès caractéristiques, où à côté des lésions de la moelle
il a trouvé des lésions du cerveau; celles-ci siégeaient dans
l'écorce, et surtout dans les circonvolutions inférieures cl poslé-
rieures; les antérieures étaient saines contrairement à ce qui a
lieu dans la démence paralytique. Dans certaines circonvolutions
il a constaté la disparition des fibres radiées, non seulement
dans l'écorce, mais aussi de celles qui pénètrent dans la sub-
stance blanche; ailleurs les cellules nerveuses paraissaient être
altérées. L'auteur, considérant que le centre de la coordination
des mouvements ne se trouve que dans l'écorce du cerveau,
émet l'opinion que le tabès est surtout une affection du cerveau
et non de la moelle, et que la sclérose des cordons postérieurs
est une altération consécutive. Les altérations de la sensibilité
sont dues, non aune transmission incomplète, mais à un trouble
dans la perception des impressions sensitives. (Arckiv ftir kli-
niscke Med,, 20 décembre 1888, et Centralblatt der med, Wis-
senck.j 1" juin 1889.)
454 — »• 2» -- GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 12 Juillet 1J^80
lier.
La laparotomie dans l'occlusion inteswkale, parM. Obalinski
(de Cracovie). —Ce travail a été communiqué «a 4888 au Congrès
des médecins polonais, à Lemberg. L'auteur s'y déclare partisan
de la laparotomie, mais ne s'appuie pour cela sur aucune consi-
dération nouvelle. Le seul point intéressant est sa statistique.
Elle comprend 38 observations, dont 20 ont déjà été publiéeseu
iS^o {Wiener med. Presse); 18 seulement sont donc rapportées
ici in extenso. Ces 38 faits concernent 36 malades; ils donnent
^3 morts et 15 guérisons. soit 60, 5 pour 100 de mortalité, chiffre
concordant avec la mortalité de 58 pour 100 trouvé par Schramm
depuis l'antisepsie. Le perfectionnement de l'opérateur joue
un rôle important; sur les 19 premiers cas Obalinski a eu
67 pour 100 de décès, et 52, 6 pour 100 pour les 19 derniers.
Si, d'autre part, on élimine 7 malades opérés in extremis, on a
31 opérations avec 16 morts, soit 51 pour 100. {Ueberden Bauch-
schnitt bel innerem DarmverschlusSy in Arch, f. klin. Chir,,
t. XXXVIll, p. 249.) A. B.
Des PnOPRIKTÉS médicinales de L'HYSTEKIONtCA fUGLAHEN,par
M. le docteur G. Baillé. — Cette plante s'emploierait en infu-
sion ou bien en teinture et arrêterait la diarrhée à la dose
physiologique.
C'est vraisemblablement un astringent dont on peut prescrire
la teinture alcoolique sans produire, paraît-il, la constipation.
C'est cependant l'infusion que l'auteur emploie volontiers pour
combattre la diarrhée des tuberculeux, des cancéreux et des
cachectiques ou comme moyen préventif, pendant l'administra-
tion du mercure et des médicaments qui provoquent des per-
turbations intestinales. {Bulletin général de thérapeutique ,
28 février 1889.)
De l'apomorphinb dans les empoisonnements, par M. le doc-
teur Oliver Tait. — L'auteur a eu sept fois l'occasion de faire
usage de ce médicament à la dose d'un sixième ou d'un
douzième de grain pour provoquer les vomissements dans des
empoisonnements. Les deux premières observations sont celles
d'individus ayant ingéré du laudanum : Finjection hypoder-
mique d'un sixième de grain provoqua en trois minutes l'éva-
cuation des matières contenues dans l'estomac. Même succès
après l'ingestion de l'arsenic, du chloroforme et de la prépara-
tion connue sous le nom de mort aux rats. Tous ces malades
guérirent d'ailleurs dans l'espace de deux ou trois jours. {The
therapeutic Gazette, 15 avril 1889, p. 242.)
Du traitement de la diphthérie, par M. le docteur Evtu-
KHOWSKY. — L'auteur se fonde sur de nombreux succès pour
recommander la médication suivante : 1° badigeonnages éner-
giques sur la muqueuse des parties malades cinq à six fois par
jour avec une mixture composée de benzoale de soude, d'essence
d*eucalyptus et de glycérine; 2"^ inhalations phéntquées, que
Ton répète toutes les heures; 3® administration du sulfate de
quinine à l'intérieur; alimentation du malade, avec le lait, des
potages et du vin. Heroarquons quo ces moyens thérapeutiques
ne sont pas inédits, mais que M. Evtukhowsky attribue surtout
ses succès à leur association. {Novosti Terap.f 1889, n" 7,
p. 98.)
De l'action physiologique de l'antipyrine, par MM. les doc-
. leurs Crolas et Hugonnenq. — Les expériences des deux obser-
vateurs lyonnais avaient pour objet de rechercher l'influence
de Tantipyrine sur la sécrétion urinaire et les globules sanguins.
Ils déclarent, opinion contraire aux conclusions d'autres
observateurs, que l'anlipyrine ne diminue pas Texcrétion uri-
nairo, mais augmente le chiffre de l'urée éliminée par l'u-
rine, sans modifier celui de l'acide phosphorique. Elle ne
favoriserait donc pas la dénutrition.
Son action sur les hématies serait nulle. Le nombre de (x*s
dernières ne serait guère diminué. Par contre, fait coulrairH
aux observations si remarquables de M. A. Hénocque, l'action
do lantipyrine ne se traduirait pas par une augmentaUoii de la
niéthémoglobioe. Ces conclusions, on le voit, diflerentde cc-IW^s
des autres observateurs. {Lyon médical^ 3 mai 1889.)
De la valeur thérapeutioue de la spartélne, par M. Glu-
ziNSKi. — L'auteur a repris Fétude clinique et physiologique du
sulfate de spartéine. C'est, dit-il, un médicament utile coulrtf
les cardiopathies mal compensées. On constate en effet la régu-
larisation du cœur dans les premiers instants qui suivent soa
administration, car ce qui en caractérise les effets, c'est précisé-
ment la rapidité avec laquelle ils se produisent.
La spartéia* ne modifie pas l'arythmie cardiaque et à tous le>
points de vue, telle est la conclusion générale de M. Gluzinski,
ne peut être comparée à la digitale. {Deut. Arch, f. klin. Med.,
U mars 1889.)
De la strychnine dans la paralysie DIPIITUTÉRlTIQUe, par
M. B. Naunyn. — C'est sous forme d'injection au niveau df^
muscles paralysés que l'auteur rccomi»aiide cette médication.
11 débute par une dose quotidienne de 3 à 5 milligrammes do
médicament; il l'augmente progressivement et Télé ve à i centi-
gramme vers le huitième jour.
Dans le milieu du second septénaire, il suspend la médic-a-
tiou et fait durer la période de repos durant sept ou huit
jours. Les seuls inconvénients de ce remède sont l'excitatioa
musculaire, la provocation des vomissements et parfois la dimi-
nution du sommeil. C'est un traitement, — inutile d'insister
sur ses inconvénients, — que l'on doit employer avec la plu»
grande prudence. {Med, chir. Rundschau. ^ 1889, n* 4.)
BIBLIOGRAPHIE
Les a^eatii provoeateor» de l'hystérie, par M. Georges
GuiNON. Thèse de doctorat. — Paris, 1889. Aux bureaux
du Progrès médical.
Il est assez curieux de jeter un regard en arrière et de
constater pour ainsi dire année par année l'avancement de
nos connaissances en neuropathologie générale. C*est sur-
tout pour rhystérie que cette marche en avant est sensible.
M. le professeur Gharcot, après avoir nettement établi le
domaine symptomatique de cette affection, a montré que,
quelle que fût son origine, la maladie restait toujours unt
et n'empruntait à la cause qai paraissait la déterminer que
des caractères de second ordre, incapables de dissocier son
unité symplomati^ue comme avait pu être dissocié le vieai
syndrome épilepsie : après l'étude des localisations céré-
brales. Qu'elle soit causée par l'alcool, le plomb, le sulfure
de carbone, le mercure, le traumatisme ou la foudre,
l'hystérie reste toujours la même, affirmée par sa constante
clinique : l'ensemble de ses stigmates.
Georges Guinon, dans sa thèse inaugurale, étudie les
agents provocateurs de Vhystérie; ceux tout au moins
3ui ont fait entrer cette dernière depuis quelques années
ans une phase toute nouvelle.
Dans ses premiers chapitres l'auteur prouve que dans les
cas d'intoxications, d'infection par maladie; au milieu des
émotions violentes causées par la frayeur seule, le trauma-
tisme, les tremblements de terre; à la suite du surme-
nage physique ou intellectuel on peut voir survenir une
maladie nerveuse qui est l'hystérie, et rien autre chose que
rhystérie.
A l'appui de son dire Guinon rapporte les observations
3ui ont fixé la science sur ce point. Nous voyons ainsi
éfiler devant nous un lycéen devenu hystérique après des
tentatives d'hypnotisation ; une femme de trente-huit ans
chez qui surviennent des attaques de nerfs, des contrar-
1^ Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 28 — 455
tares, des points hystérogènes, de Thémianesthésie à la
suite de séances de magnétisme faites dans une boatique de
la foire; une famille de (|uatre enfants rendus hystériques
par des pratiques de spiritisme, etc.
La question du shock nerveux est traitée d'une façon
remarquable : Tauteur rapporte certaines observations re-
montant assez haut et prouvant que de tout temps on a pu
constater des faits imputables au shock nerveux et ressor-
tissant à rhystérie. Il étudie les effets des accidents de
chemin de fer, des tremblements de terre, de la foudre et
montre l'importance des spéculations de l'esprit sur la pro-
duction des phénomènes de paralysie, de contractures ou
d'arlhralgies rju'on observe en pareils cas.
Les maladies infectieuses ne causent l'hystérie qu'en
créant un état d'anémie propre à i'éclosion des phéno-
mènes hystériques, elles peuvent, au dire de Guinon, pro-
duire l'état de choc nerveux évidemment favorable à I'éclo-
sion de la névrose. La fièvre typhoïde a provoqué d'emblée
l'hystérie qui ne s'était pas encore manifestée jusque-là. Il
en est de même de la pneumonie, des observations de
M. Charcot, de Desterne en font foi; de la scarlatine, du
rhumatisme articulaire aigu (Huchard, Furet), du diabète
sucré, de Timpaludisme, de la syphilis.
Guinon nous montre ensuite l'hystérie survenant dans
tous les états pathologiques où il y a un affaiblissement
considérable du malade, les hémorrhagies, le surmenage,
les excès vénériens et l'onanisme.
L'anémie et la chlorose constituent des agents provoca-
teurs très importants de l'hystérie. La question des intoxi-
cations est très bien présentée et discutée. Plomb, alcool,
mercure, ne sont plus que des agents provocateurs d'une
hystérie qui existait en puissance la plupart du temps en
vertu des lois de l'hérédité. Le sulfure de carbone agit
comme les poisons cités plus haut, et M. Charcot a présenté
à ses levons du mardi un malade sulfo-carboné fort remar-
quable à cet égard.
L'hystérie est, il est vrai, intimement liée aux organes
génitaux, mais dans un sens tout différent de celui qu'ad-
mettaient les anciens. L'accouchement^ pour ne citer qu'un
exemple, constitue un véritable et très grand trauma-
matisme. Les tumeurs de l'utérus ou de ses annexes
peuvent déterminer chez une prédisposée l'avènement
de rhystérie, mais non créer celle-ci de toutes pièces.
(îuinon consacre un chapitre aux maladies nerveuses
qui se combinent le plus souvent à l'hystérie.
Par ordre de fréquence il cite la sclérose en plaques, le
tabès, la maladie de Friedreich, affections longues et affaiblis-
santes, qui jouent vis-à-vis de Thyslérie le rôle de puissants
agents provocateurs. On peut en dire autant de la myopa-
thie progressive primitive, du mal de Pott Quoi qu'il en
soit, l'hystérie combinée avec ces différentes affections ne
présente aucun phénomène hybride, elle reste une et indi-
visible et constitue en somme une entité nosologique aussi
solide et même plus solide qu'aucune autre maladie de la
catégorie organique.
L'hystérie n'est pas la seule affection qui puisse suivre
le traumatisme et les différentes perturbations dont on
vient de faire l'énumération, la neurasthémie s'unit assez
volontiers à Phystérie ou bien se produit isolément, pour
son propre compte, et c'est à elle qu'on doit imputer cet
élat d'affaiblissement, de dépression, ces douleurs de la
léle et de la nuque qui, mêlées à d'autres symptômes et
simulant les phénomènes d'ordre organique, ont donné le
change aux auteurs qui ont décrit une névrose trauma-
tique.
Après avoir très éloquemnient démontré que tous les
agents provocateurs dont il vient de faire Thistorique n'a-
gissent que comme cause occasionnelle, Guinon défend
chaudement les idées de M. Charcot et montre les relations
étroites de l'arbre arlhritique et de l'arbre nerveux, il
montre l'hérédité comme la vraie cause de l'hystérie dans
toutes ses manifestations.
Peut-on dire que l'agent provocateur n'a aucune influence?
Non assurément : un hystérique saturnin présentera par
exemple une mononoplégie dans laquelle il y a paralysie
des extenseurs, un mercuriel sera surtout un trembleur
hystérique; l'alcoolique hystérique sera surtout violent
dans ses manifestations; il aura des hallucinations, des
rêves horribles comme en ont les alcooliques ; le syphili-
tique aura une céphalée hystérique, etc.
Un des chapitres les plus intéressants de la thèse de
Guinon est celui où l'auteur montre la manière dont se
produisent sous l'impulsion des agents provocateurs les phé-
nomènes hystériques : tantôt l'apparition est brusque,
tantôt le phénomène se fait lentement, avec réflexion pour
ainsi dire. Une longue période d'incubation sépare la cause
occasionnelle, chute, intoxication, émotion morale vive,
de son effet : l'hystérie confirmée.
Le travail de Guinon avec ses belles observations, ses
schémas et ses indications bibliographiques sans nombre
constitue un véritable monument dans l'histoire de l'hys-
térie. C'est là un de ces livres. précieux qui dispensent
le neuropathologue des recherches longues et fastidieuses.
L'élévation du sujet, la clarté des discussions et des des-
criptions, l'élégance du style, assureront certainement le
succès de ce livre qui fait honneur à son auteur et à
l'école française tout entière.
P. B.
VARIÉTÉS
Faculté de médecine de Paris. — M. Hallopeau est nommé
§ réparateur adioint du laboratoire de chimie, en remplacement
e M. Âlard, démissionnaire.
Clinicat médical. — Le concours pour le clinicat médical
vient de se terminer par les nominations suivantes :
M. Pignol, pour rHôtel-Dieu ; M. Marfan, pour Necker, et
M. Guinon, pour la Salpétrière.
LÉGION d'honneur. — Ont été promus ou nommés :
Officiers: MM. Lévy, Milon, Renard, médecins principaux de
V classe; Bresson, Servent, Barthélémy, Weill, Lenoir, Lemar-
deley, médecins princijpaux de !2'' classe; liOndrin, Utz, médecins-
majors de 1*^ classe; Bouloumié, secrétaire général de TUnion
des femmes de France; Jobard, médecin en chef de la marine;
Merlaux del Ponti, médecin principal de la marine.
Chevaliers: MM. Douât, Lelorrain, €atteau, Billet, Ëmme^
rique, Fournie, Castaing, (iharvot, médecins-majors de i "^ classe ;
Georges, Vuillemin, Kleinpelter, Philippe, Hussenet, Larroque,
Gros, Lafille, Roblot, Girardin, médecms>maiors de 2" classe,
Gautier, médecin au fort de TEcluse (Ain); Reynaud, Auvray,
Galiay, IMihl, Cauvet, Le Landais, Kuencmauu, médecins de
1'^'' classe de la marine.
Cours de microbiologie nu Val-de-Grace. — Un
cours de microbiologie spécialement destiné aux médecins
militaires a élé institué au Val-de-Gràce et professé deux
fois déjà. Une note publiée en tête du dernier numéro des
Archives de médecine et de pharmacie militaire en an-
nonce la réouverture et invite les médecins de l'armée à se
perfectionner au préalable dans l'étude des travaux de
laboratoire afin de mieux suivre cet enseignement dont voici
le programme :
Caractères généraux des micro-organismes. — Formes
Srincipales. Moyens de multiplication et de reproduction. Con-
ilions qui président à leur nutrition. Traits essentiels de leur
biologie. Saprophytes. Bactéries pathogènes ; ptomaïnes.
De la technique applicable à V étude des microbes, —Méthodes
de recherche :
456 — N* 28 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 12 Juillet 1889
Observation microscopique. F*rocédés de coloration.
Cultures.
Inoculation des animaux.
Préparation des milieux de culture, — Milieux liquides :
bouillons.
Milieux solides : gélatine, gélose, pomme de terre.
Stérilisation des milieux nutritifs.
Procédés de culture. Aérobies.
Les 7nicrobes considérés dans Vair, le sol, Veau. — Com-
ment se comportent les agents pathogènes dans ces divers
milieux. Etude pratique de Teaa. Numération des bactéries.
Recherche des agents pathogènes. Procédés à employer pour
leur isolement. Des cultures sur plaques de gélatine.
Microbes de la bouche et du tube digestif. — Saprophytes
auxiliaires de la digestion. Bactéries pathogènes. Diagnose de
quelques organismes communs dans les matières fécales, au
point de vue de leur recherche dans les eaux potables.
Charbon bactéridien, — Importance de son élude au point
de vue doctrinal.
Morphologie, bioloj^ie, culture de la bactéridie. Sa spore.
lie charbon des animaux ; son étioloffie.
Le charbon de Thomme : pustule maiigue, charbon intestinal,
pulmonaire.
Anatomie pathologique du charbon.
Atténuation du virus. Vaccination.
Charbon symptomatiaue. — Symptômes. Lésions. Morpho-
logie, biologie, culture ae l'agent pathogène. IVocédés de cul-
ture applicaoles aux anérobies. Atténuation du virus. Vaccination
par virus atténué, par les produits solubles.
Septicémie aiguë de Pasteur. — Morphologie. Biologie, cul-
ture du vibrion septique. Lésions qu'il détermine. Gangrène
gazeuse. Vaccination par les produits solubles. De quelques
septicémies expérimentales.
Ue rimmunité dans les maladies infectieuses.
De la suppuration. — Microbes pyogènes, furoncle; ostéo-
myélite; phlegmon; infection puerpérale ; pyohémie et septi-
cémie; clou de Biskra, de Gafsa; blennorrhagie et ses compli-
cations ; pus bleu ; érysipèle ; de l'antisepsie en général.
Pneumonie. — Microbe de Frieldlander. Microbe de Pasteur,
Talamon, Frsenkel.
Morphologie, biologie, culture, inoculation aux animaux.
Anatomie pathologique de la pneumonie et de ses complications.
Localisations diverses de l'agent pathogène : méningite,
endocardite, etc.
Fièvre typhoïde. — Bacille d'Eberth-Gaffky.
Morphologie, biologie, culture.
Comment il se comporte dans l'air, dans le sol, dans l'eau.
L'eau potable au point de vue de l'éliologie de la maladie.
Recherche du bacille typhique dans l'eau. Anatomie patholo-
gique de la fièvre typhoïde. Septicémies secondaires.
Tuberculose. — Etude du bacille tuberculeux. Morphologie,
biologie, culture (préparation du sérum), inoculation aux ani-
maux. Tuberculose zoogléioue.
Anatomie pathologique. Kecherche de l'agent pathogène dans
les tissus, les crachats, le pus, l'urine.
De la prophylaxie de la tuberculose.
Choléra asiatique. — Bacille de Koch. Morphologie, biologie,
culture, microbes en virgule.
Anatomie pathologique du choléra.
Etiologie et prophylaxie du choléra.
Diphthérie. — Morphologie, biologie, culture de Tagent
pathogène. Inoculation aux animaux. Produits solubles.
Tétanos. — Etat de nos connaissances actuelles sur cette
maladie.
— Visite à l'inslitut Pasteur.
— Conférence sur la rage et son traitement.
Congrès international d'hydrologie et de climatologie. —
La deuxième session du Congrès international d'hydrolog^ie et de
climatologie s'ouvrira à Paris le jeudi 3 octobre prochain.
Les séances générales se tiendront au Palais du Trocadéro,
les séances de sections à la Faculté de médecine.
A dater du mardi matin 1""^ octobre, le secrétariat du Congrès,
installé dans la salle des thèses de la Faculté de médecine,
restera ouvert de neuf heures à midi et de deux à cinq heures.
Les membres du Congrès sont priés de s'y présenter, dès leur
arrivée, pour faire timbrer ou retirer leur carte, donner leur
adresse, fournir ou recevoir les renseignements qui, de part et
d'autre, pourront être nécessaires.
Outre tes séances et excursions (à Pierrefonds, Eoghien, etc.),
?ui auront lieu du 3 au 10 octobre, le Congrès a organisé du
1 au 20 octobre les excursions suivantes :
Vendredi 11 octobre. — Départ de Paris à 9 h. 25 du raaliu.
Arrivée à Nancy à i heures. Dîner. Coucher.
Samedi 12. — Visite de la Faculté, des hôpitaux, de la ville
de Nancy. Déjeuner. Départ 'à 4 h. 45 pour Gerardmer. Arrivée
à 10 heures. Coucher.
Dimanche 13. — Visite de l'établissement hydrothérapique de
Gerardmer. Promenade sur le lac. Ascension de la Schlucht.
Examen du col de la Schlucht au point de vue de l'installation
d'une station hibernale en ce point (altitude de 1150 mètres).
Retour et coucher à Gerardmer.
Lundi 14. — Départ de Gerardmer, à 8 heures du malin.
Déjeuner à Bussang. Visite des sources minérales et de Téta-
jjlissement hydrothérapique. Promenade au col de Bussang.
Diner et coucher à Bussang.
Mardi 15. — Départ de Bussang à 8 heures, de Saint-MauriGi>
à 8 heures et demie, pour Plombières. Arrêt et déjeuner à Remi-
remont. Départ de cette ville à 1 heure en voitures. Arrivée à
Plombières vers 4 heures et demie. Diner et coucher.
Mercredi 16. — Visite des établissements thermaux de Plom-
bières. Banquet réunissant les congressistes et les membres de
l'Association des médecins des Vosges ayant reculé d'un mois,
à cet effet, leur assemblée générale annuelle. Coucher à
Plombières.
Jeudi 17. — Départ de Plombières à 8 heures et demie du
matin. Arrivée à Luxeuil à 9 heures et demie. Visite des thermes
et de la ville. Déjeuner. Départ pour Vittel à 3 heures. Arrivée
à Vittel à 6 heures et demie. Diner, réception au casino,
coucher.
Vendredi 18. — Visite de l'établissement de Vittel. Déjeuner.
Départ pour Contrexéville, à -midi et demi; visite de rétablisse-
ment. Retour à Vittel à 5 heures et demie. Dîner, soirée au
casino, coucher.
Samedi 19. — Départ à midi quarante de Vittel pour Martigoy.
Visite de l'établissement. Départ à 3 heures de Martigny pour
Bourbonne. Dîner, coucher.
Dimanche 20. — Visite de l'établissement de Bourbonne.
Déjeuner. Départ de Bourbonne à 1 h. 27. Arrivée à Paris i
9 h. 25 du soir. Les congressistes qui voudront visiter Provins y
arriveront à 8 h. 5 du soir, y coucheront et rentreront à Paris le
lendemain.
N. B. — Les communications ou demandes de renseignements
doivent être adressées au secrétaire général, M. le docteur F. de
Ranse, à Paris, avenue Montaigne, 53, du 1*'' octobre au l"^juin;
à Néris (Allier), du 1" juin au 1"'' octobre.
Les adhésions, accompagnées d'un mandat sur la poste de
20 francs, doivent être adressées au trésorier du CongrôSi
M. 0. Doin, libraire-éditeur, à Paris, place de l'Odéon, 8.
Mortalité a Paris (26* semaine, du 23 au 30 juju
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, iO.
— Variole, 0. — Rougeole, 26. — Scarlatine, 6. — Coque-
luche, 15. — Diphthérie, croup, 27. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 164. — Autres tuberculoses, 16. — Tumeurs:
cancéreuses, 44; autres, 8. — Méningite, 28. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 41. — Paralysie, 3. -■
Ramollissement cérébral, 12. — Maladies organiques du cœur,5*.
— Bronchite aigué, 19. — Bronchite chronique, 22. — Broncho-
Eneumonie, 21. — Pneumonie, 39. —Gastro-entérite: sein, 1();
iberon, 74. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 22. — Sénilité, 21. — Suicides, 14. — Autres morts
violentes, 10. — Autres causes de mort, 142. — Causes
inconnues, 15. — Total : 878.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
19774. — MoTTiROZ. ^ Imprimeries rëuniei , A, rue Mifnon, S, f*^*'
Trbnte-sixièmb année
N« 29
19 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adrelser tout ce qui concerne la rédaction à M. LKRKBoniXBT, H, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. — Clinique chirurgicale. Des ncvrals^ies vésicales.
— Formulaire thérapeutique. Quelques formules contre la constipation des
enfants. — Revue des cours et des cliniques. FacuUd do Lyon : U. le
professeur Arloing : Des moyens d'éviter ou d'attënuer les accidents de
l'anesthésie. Usage de i'anesthésie mixte et des mélanges titrés. — Travaux
originaux. Clinique médicale : Dilatation de l'aorte, oblitération de l'artère
fous-clavière gauche, atrophie du membre supérieur correspondant. -- Corres-
pondance. — Revue des CoNonits. Troisième Congrès de la Société alle-
mande de gynécologie. — SOGiÉTis savantes. — Académie de médecine. ~
Société médicale des b6pitaux. -^ Société de chirurgie. — Bidliographie. La
chaleur animale. — VARléTés.
BULLETIN
Paris^ 17 juillet 1889.
Académie de médecine : Traitement de l'olMEtraetlon
Inteetlnale. — L'aaeethéale par le cUoroforiBe.
Le traitement de rocclusion intestinale est^ depuis
quelques mois, à Tordre du jour de toutes les Sociétés sa-
vantes. Il en a été question dans la plupart des Congrès
allemands qui se sont tenus cette année, et le dernier nu-
méro de la Gazette (p. 445) contient sur ce sujet le résumé
d*une leçon clinique du professeur von Wahl (de Dorpat).
Si Ton étudie tous ces documents, on voit que les sym-
ptômes énumérés dans les observations d'occlusion intesti-
nale ne permettent que bien rarement de poser un diagnostic
précis. La constipation avec météorisme considérable, vo-
missements alimentaires puis fécaloïdes, l'anurie, le col-
lapsus sont communs à toutes les formes d'obstruction,
depuis celle qui dépend de l'accumulation dans le gros
intestin de matières fécales ou d'aliments mal digérés jus-
qu'à celle qui est due à l'invagination d'une anse de l'in-
testin grêle. Bien plus, il est arrivé à diverses reprises que
des hernies méconnues ont donné lieu à des symptômes
presque identiques à ceux que l'on considère comme carac-
téristiques de l'iléus ou du volvulus.
Nous n'avons pas à insister ici sur les quelques symptômes
vraiment importants signalés, soit dans la leçon clinique
de von Wahl, soit dans la discussion qui s'est élevée récem-
ment devant la Société de chirurgie ; mais, à l'occasion du
rapport que vient de lire M. Hérard, nous devons faire
remarquer combien souvent encore le praticien se trouve
embarrassé lorsqu'il est appelé près d'un malade dont l'état
.s*aggrave d'heure en heure et auquel cependant il n'est point
possible d'imposer d'emblée une opération chirurgicale.
Ainsi que l'ont fait observer MM. Le Fort et C. Paul, la
méthode préconisée par MM. Laratet Boudet (de Paris) est
souvent utile, mais n'est pas toujours sans inconvénients;
^ Série T. XXVI.
de plus, elle est souvent inefficace lorsqu'il s'agit d'un étran-
glement interne par bride cicatricielle ou par volvulus. Or,
il ne faut point l'oublier, en pareille occurrence les instants
sont précieux et le médecin ne doit pas s'attarder à des
médications inutiles ou dangereuses. Lorsqu'il ne s'agit
que d'accidents liés à une constipation opiniâtre, sans lésion
intestinale, le diagnostic qui se déduit des commémoratifs
et de l'exploration méthodique du ventre permet d'essayer
pendant quelques heures soit les purgatifs (et en particulier
le calomel associé à l'huile de ricin), soit les grands lave-
ments huileux portés très haut à l'aide d'une sonde œso-
phagienne. A ces moyens peuvent sans inconvénients, et
même avec quelque avantage, être associées les malaxations
de la paroi ou l'application de courants induits assez éner-
giques. Alors, au contraire, qu'il s'agit d'une invagination
intestinale, et surtout lorsque la rapidité et la forme du
météorisme, l'existence dès le début d'un météorisme asy-
métrique limité à une anse intestinale qui reste distendue,
immobile, résistante, ainsi que les symptômes généraux per-
mettent d'affirmer le diagnostic, le seul traitement au début
pourra consister dans l'injection, à l'aide d'une sonde
œsophagienne, d'eau gazeuse froide, introduite à diverses
reprises et en proportions considérables en même temps
que l'on administrera l'opium à très hautes doses. Mais si,
.après quelques heures, ces moyens n'ont pas réussi, le mé-
decin, sans essayer les nombreux traitements conseillés
parce qu'ils ont réussi dans d'autres circonstances où l'en-
semble des symptômes a permis une erreur de diagnostic,
devra se hâter de faire appeler un chirurgien. La laparo-
tomie, dans ces circonstances, ne peut réussir que si elle
est pratiquée de bonne heure. Une exploration très attentive
de l'abdomen, une discussion très approfondie des symp-
tômes observés et des lésions qui ont pu leur donner
naissance, donneront quelque précision au diagnostic ana-
tomique. De cette consultation résultera, dans quelques cas,
la nécessité d'une intervention immédiate, dans d'autres
circonstances l'opportunité d'une expectation plus pro-
longée. Dans ce dernier cas les lavements électriques et la
faradisation de la paroi pourront être essayés sans incon-
vénients.
— La discussion sur l'anesthésie chloroformique se con-
tinue devant l'Académie. M. L. Le Fort a rappelé les résul-
tats que lui a donnés le chlorure de méthyleei montré qu'il
fallait incriminer le médicament et non pas son mode d'ad-
ministration lorsque l'on observait, chez un malade anes-
thésié, des vomissements ou de l'agitation. M. H. Perrin a
29
458
W 29 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 19 Juillet 1889
rappelé les bons résultats que donne parfois l'association du
chloroforme et du chloral. Enfin M. Trélat nous paraît avoir
exprimé avec une grande netteté Topinion de la plupart des
chirurgiens expérimentés en affirmant que la manière
d'administrer le chloroforme exerçait une influence indé-
niable sur la marche de Tanesthésie. Il n'est pas donné, en
eiïet, à tout le monde de savoir bien se servir des agents
anesthésiques. C'est, dit M. Trélat, affaire d'attention,
d'intelligence et de flair qui ne s'acquiert que par l'usage.
Seuls, dans les hôpitaux, des internes expérimentés; seuls,
dans la pratique de la ville, des aides habitués à manier le
chloroforme devraient être chargés, sous la surveillance du
chirurgien, de pratiquer l'aneslhésie. A ce point de vue nous
appelons l'attention sur l'intéressante Iççon de M. le pro-
fesseur Arloing (p. 452). Remarquons toutefois que les
dangers de l'anesthésie sont relativement peu prononcés.
On a raison de signaler avec tant d'insistance les accidents
qu'a pu provoquer le chloroforme; mais il soiït très rares et
l'on pourrait n'en pas dire autant d'opérations que l'on
pratique bien fréquemment aussi ou de préparations phar-
maceutiques que l'on administre souvent sans bien connaître
les inconvénients,'voire les accidents qu'elles provoquent.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Des névrali^lea Téalealea.
En 4887, nous avons rendu compte ici des recherches
du professeur Guyon et de M. Hartmann, son élève si dis-
tingué, sur les cystites douloureuses et leur traitement. De
cette étude clinique et pathogénique découlaient les con-
clusions pratiques suivantes : les douleurs sont dues à la
contracture spasmodique de la vessie enflammée, et, dès
lors, la thérapeutique aura pour dernière ressource, dans
les cas rebelles, la suppression, par la taille et le drai-
nage, de la vessie en tant que réservoir contractile.
Ces indications chirurgicales justifiaient l'individualisa-
tion des cystites douloureuses, jusqu'alors le plus souvent
englobées dans l'ensemble confus des cystalgies. Restaient
à étudier les cas où la vessie n'est pas ainsi enflammée,
c'est-à-dire le groupe des névralgies. Ce sujet était mis au
concours par l'Académie de médecine en 1887, et nous
avons vu paraître, il y a quelques mois, les mémoires des
deux lauréats : M. Hartmann et M. Chaleix-Vivie. C'est sur
eux que nous allons nous appuyer, sur le premier surtout,
car l'auteur en a éliminé avec soin tout ce qui appartient
aux cystites douloureuses. Il en résulte une clarté plus
grande, surtout au point de vae des indications thérapeu-
tiques.
C'est de ce siècle seulement qu'est née l'étude des névral-
gies vésicales, et l'on ne saurait s'en étonner, puisque
Bichat fut le premier à affirmer avec netteté l'existence des
c véritables névralgies du système nerveux de la vie orga-
nique}». Depuis cette époque, les névralgies vésicales ont
acquis droit de cité dans la science, et même elles n'ont
pas tardé à envahir.
Pour la vessie en particulier, une forme a d'abord été
étudiée, sous le nom de névralgie ano-vésicale, par Campai-
gnac, Ullmann, Roux, Velpeau. Celte forme, en effet, qui
répond souvent à une étiologie spéciale, est une des plus
nettes. Puis, peu à peu, toutes les soufl'ranxses de la vessie
ont attiré l'attention des médecins et des chirurgiens, en
sorte que Civiale ne consacra pas moins de deux cents
pages à l'étude de ces c aff'ections nerveuses du col vésical i.
Mais, dans cette description, toutes les variétés sont réu-
nies, et Civiale en arrive à admettre que la névralgie du col
peut être suivie de catarrhe de la vessie, de lésions rénales.
Malgré une protestation de Brodie, cette manière de voir
devint bientôt classique, et rien n'était moins bien défini, il
y a quelques années, que les cystalgies. Ce n'était pour-
tant pas faute de travaux sur la question. Les thèses et les
mémoires s'étaient succédé, dus à Bourguignon, Ferra,
Gergaud, Caudmont, Delefosse, Tillaux, Sokeel, Spiegel-
berg, etc., sans parvenir à débrouiller ce chaos, en Tem-
brouillant même trop souvent.
Le chapitre de M. Le Dentu, dans son livre classique,
marque un grand progrès, quoique M. Hartmann relève
encore, par exemple, plusieurs observations où la tubercu-
lose vésicale, au début, est au moins très probable. La net-
teté s'accentue dans le traité de M. Duplay. Là il n'est
question que des phénomènes douloureux non spasmo
diques, occupant le corps ou le col de la vessie, et saos
lésion matérielle appréciable de ce réservoir. L'affection
ainsi comprise est très rare, dit M. Duplay, et il est à pea
près impossible d'en donner une description satisfaisante.
Cette rareté vient, en grande partie, de ce que M. Duplay
consacre des paragraphes spéciaux à l'irritabilité vésicale, à
la contraction du col. Mais, se plaçant à un point de vue
différent, M. Hartmann fait la synthèse de tous ces états
nerveux mal définis, où l'élément névralgique, sine matériau
est le fait clinique dominant.
II
L'étiologie doit être scrutée avec soin, car c'est d'elle
que l'on déduira la pathogénie et le traitement des sym-
ptômes. Mais nous n'adopterons pas dans son intégrité la
classification de H. Hartmann.
Notre collègue divise les névralgies vésicales en sympto-
matiques et idiopathiques. Les premières tirent leur ori-
gine, dit-il, de lésions du système nerveux, de l'appareil
urinaire, des organes voisins. Les secondes sont celles où la
lésion initiale est nulle, ou absolument insignifiante, et
pour celles-là la disposition générale du sujet, la névro-
pathie, joue le rôle prépondérant.
Il faut, nous semble-t-il, mettre tout à fait à part les
crises vésicales du tabès. Ces névralgies des ataxiques,
aujourd'hui bien connues grâce aux travaux de Charcot, de
Guyon, de Fournier et de leurs élèves Geffrier, Ch. Féré,
ces névralgies ont une physionomie clinique assez spéciale,
malgré une assez grande variété de formes. Souvent, c'est
une fréquence insolite des mictions, avec des besoins impé-
rieux « à vide >, très douloureux. Ailleurs, on notera, à la
fin de la miction, des souffrances très vives, rappelant celles
de la cystite blennorrhagiqué. Ces douleurs, survenant par
crises d'une intensité parfois extrême, s'accompagnent de
douleur profonde, obscure, avec irradiations vers l'urèlhre,
les lombes, le rectum. Dans ce dernier cas, le ténesmeanal
peut acquérir une importance réelle, et Ton est en présence
de ces névralgies ano-vésicales bien vues depuis longtemps
déjà. Il n'est pas rare, enfin, que les douleurs soient moins
marquées, mais qu'il existe des troubles notables de la
miction : l'émission de l'urine est retardée, un peu plus
fréquente que la normale, douloureuse; le jet est filiforme,
et l'on croirait à un rétrécissement, si un arrêt brusque de
19 JniLLET 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 29 — 459
l'écoulement ne venait, de temps à autre, démontrer Texis-
tence d'un état spasmodique insolite.
Il est donc indiscutable qu*on observe chez les tabé-
tiques^ et plus rarement chez des malades atteints d'autres
lésions cérébro-spinales, des phénomènes douloureux,
névralgiques. Mais, de ce que le clinicien doit en être
averti, pour dépister un tabès au début, s'ensuit-il qu'il
faille, dans l'étiologie, rapprocher ces névralgies de celles
qu'engendre une lésion du rein ou de l'utérus? Abso-
lument pas. Chez l'ataxique, une lésion matérielle des
cordons postérieurs de la moelle et des racines correspon-
dantes est la cause de ces crises douloureuses, et la névro-
pathie du sujet est un facteur de second ordre. Chez la
femme atteinte de métrite, la pathogénie change du tout au
tout. Une lésion périphérique entraine une irritation ner-
veuse qui devrait être médiocre, et cependant est cause
d'une douleur vive, d'une névralgie. Il y a un désaccord
évident entre la lésion causale et l'effet produit, et c'est la
névropathie du sujet qui entre en jeu pour expliquer cette
disproportion. Cette conclusion est, d'ailleurs, celle que
M. Hartmann est le premier à tirer du fait qu'il nous reste
à exposer.
Il n'est pas rare, en effet, qu'une lésion existe dans l'ap-
pareil urinaire ou dans son voisinage. Mais cette lésion
n'amène de névralgie vésicale que chez la minorité des
malades. Cette névralgie n'est que contingente.
Un cas des plus importants est celui où une cystite légère
s'accompagne d'irradiations névralgiques. C'est un point
sur lequel nous aurons à revenir à propos du diagnostic. Il
est plus fréquent que la douleur, réflexe cette fois, ait sa
source dans le rein. Des autopsies déjà anciennes en font
foi : une fois, Morgagni a trouvé des calculs rénaux et la
vessie intacte ; plus près de nous, Brodie a constaté de
même que la cause des douleurs vésicales était une lithiase
rénale; c'est d'une pyonéphrose que souffrait un malade de
Pratt. A maintes reprises, M. Yerneuil a insisté sur ces
névralgies vésicales d'origine rénale, et la clinique fournit
des observations aussi probantes que des autopsies, quand
elle nous montre des sujets que Schwartz, Morris, Bouilly
ont soulagés de douleurs de la vessie par des opérations sur
les reins. Et la malade de M. Bouilly souffrait si bien de la
vessie qu'elle avait subi un nombre invraisemblable de
calbétérismës par des chirurgiens multiples à la recherche
d'une pierre.
A l'autre bout de l'appareil urinaire, nombre de chirur-
giens ont vu cesser les douleurs après la circoncision d'un
prépuce phimosique. Les irritations, les rétrécissements du
méat ont, chez l'homme, un rôle qu'Otis a bien mis en
lumière; tout comme, chez la femme, les polypes uréthraux,
dans des observations de Richet, Tillaux, Pollock, Duncan.
Puis s'engageant — etcette fois chez l'homme seulement —
dans la profondeur, on incrimine souvent les inflammations
chroniques de la prostate, parce que cet organe est riche en
nerfs, pense Ultzmann. Cette opinion est anatomiquement
et physiologiquement fausse. La prostate est un organe peu
sensible. Il est certain toutefois que la prostatite chronique
peut se compliquer d'accidents névralgiques, mais il faut
affirmer que c'est l'exception.
Quittons maintenant l'appareil urinaire et examinons les
parties qui l'entourent. Civiale, Lallemand, A. Stein, Guyon,
ont vu des malades dont la névralgie relevait d'affections
ano-rectales : accumulation de fèces, ascarides, hémor-
rhoides, fissures. Mais le rôle prépondérant revient aux
organes génitaux de la femme, et les auteurs anglo-améri*
cains, Robert Barnes, Bâche Emmet, John Upshier, ont fait
ressortir celte influence. Ils ne l'ont pas découverte, toute-
fois. Civiale y insistait, et dès 1842, Le Roy d'Étiolles publiait
l'histoire d'une femme chez laquelle le port d'un pessaire
avait fait cesser les souffrances du réservoir urinaire. Tout
comme, depuis, on a vu la douleur de voisinage disparaître
après curage d'une endométrite, après dilatation d'un col
atrésié.
Mais toutes ces maladies ne causent, à l'ordinaire, rien
de semblable. Marion Sims, Winckei, s'appuient bien sur
les cas où du vaginisme accompagne la névralgie vésicale
pour soutenir que, par Turèthre, un spasme se propage du
vagin à la vessie. Cette théorie ne s'appliquerait, en tout
cas, qu'à la minorité des faits et presque toujours, au con-
traire, on relève, dans Tétude générale des malades, les
signes indéniables d'une irritabilité nerveuse exagérée. Cette
irritabilité est plus grande encore, excessive parfois, dans
la plupart des cas de névralgie vésicale dite idiopathique^
Cette variété, quoi qu'en ail dit Civiale, s'observe surtout
chez l'homme, contrairement aux autres névralgies. Elle
existe à tous les âges, mais l'adulte surtout y est exposé. Les
sujets malades ne présentent que rarement les stigmates de
l'hystérie franche; mais chez presque tous, si on lesexamine
avec soin, on note les symptômes d'un état névropathique
indéniable. Il n'est pas rare que ces sujets aient eu dans
leur enfance de l'incontinence nocturne de l'urine, que plus
tard ils aient subi des pertes séminales involontaires :
adultes, ils souffrent de la vessie. A cet égard, l'observation
de Jean-Jacques Rousseau, telle qu'il nous la conte lui-
même dans ses Confessions^ est une des plus intéressantes.
L'hypochondrie est fréquente, et l'on sait, au reste,
combien, chez les prédisposés, les affections génito-
urinaires l'engendrent avec facilité. A un degré moindre, on
note des migraines, des névralgies erratiques multiples, de
la dyspepsie. Tel patient a eu un goitre exophthalmique
autrefois. Tel autre est d'une émolivité exagérée.
L'influence du rhumatisme articulaire aigu a été invo-
quée, mais est douteuse. Il n'en est pas de même du rhu-
matisme chronique, de l'arthritisme; de la goutte notée par
Scudamore, Barthez, Todd, Charcot. N'est-ce point proba-
blement de l'arthritisme que dépend cette urticaire chro-
nique dont Merkien a vu la disparition, suivie d'une réper-
cussion vésicale. Dans nombre d'observations, des accidents
arthritiques divers sont notés, au moins dans les antécé-
dents héréditaires. Et l'on ne s'en étonnera pas, si l'on se
souvient quelles relations étroites il y a, d'après Lance-
reaux, d'après Féré, entre l'arthritique et le névropathe.
On arrive ainsi à conclure que c'est dans la c famille
névropathique » que sévit la névralgie vésicale. Reste à se
demander si cette localisation spéciale n'a pas sa raison
d'être dans quelque cause déterminante. Il est des faits
où l'on trouve quelques indices de ce genre. L'abus du
coït, de la masturbation peuvent intervenir, et l'on raconte
l'histoire, assez grasse, de ce vieillard qui, durant un voyage
en diligence, fit plusieurs fois appel à la main de sa voisine
pour rompre la monotonie de ses sensations : Caudmont le
soigna pour une névralgie vésicale, effet de ces prouesses.
Il y a probablement un reste uréthral chez le? sujets qui,
d'une blennorrhagie en apparence tout à fait guérie, conser-
vent une cystalgie comme reliquat. Un appel du même ordre
est parfois fait par un coup, une chute sur le périnée, et à
côté de ces causes, dont Civiale montre l'influence, on est
460 — N» 29 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 19 Juillet 1889
amené à mentionner celte névralgie vésicale observée par
While chez certains mécaniciens de tramways, assis sur des
sièges étroits et durs, qui transmettent à la vessie la trépi-
dation de la machine. L'alcool ingéré avec excès agit sur le
système nerveux, mais aussi il irrite les muqueuses uri-
naires;Brodie, Gant, A.-W. Stein admettent cette influence.
Mais souvent rien d'analogue n'est trouvé, et aucune
cause physique n'explique la localisation vésicale de cette
névralgie proprement idiopathique. Le savons-nous, toute-
fois, avec certitude? On peut en douter et il est fort possible
que, sur un individu prédisposé, il suffise d'un de ces infi-
niment petits qui échappent à l'analyse médicale et sont
cependant réels. Au reste, nul n'ignore avec quelle sollici-
tude l'homme s'enquiert de tout ce qui touche à sa vessie,
à son urèthre. Un rien suffit à causer une inquiétude, une
sensation légèrement pénible. Que le sujet soit névropathe,
et la sensation ne peut-elle pas faire boule de neige, dégé-
nérer en douleur? Ainsi se constitueraient bon nombre de
névralgies vésicales, et c'est peut-être pour cela que cette
détermination douloureuse idiopathique est d'une rareté
relative chez la femme, que les choses de la miction
laissent plus indifférente.
Nous voici donc en présence de cas où la cause matérielle
est à peu près nulle, nulle même. Mais ce n'est pas un
motif pour séparer tout à fait les névralgies idiopathiques
et symptomatiques. Celte barrière serait artificielle, car
c'est par gradations insensibles, pour ainsi dire, qu'on arrive
des faits où la lésion initiale est grave à ceux où elle est
impossible à reconnaître.
III
Vu la variété des causes, on ne saurait être surpris
que les symptômes et surtout l'évolution des névralgies
vésicales présentent, d'un sujet à l'autre, de notable difl'é-
rences.
Le début n'a rien de fixe. Il est quelquefois marqué avec
netteté par une cause physique, une forte envie d'uriner
non satisfaite, par exemple ; par une cause morale, une
« affection de l'âme 3», une émotion vive. Mais, le plus
souvent, rien de semblable, et le début est obscur, c C'est
après avoir souffert de douleurs rhumatoldes, de névralgies
variées, qu'un jour le malade commence à ressentir une
douleur hypogastrique profonde, ou des chatouillements,
tantôt localisés au gland, tantôt s'irradiant en même temps
vers l'anus. »
La névralgie, au sens strict du mot, se caractérise par les
seuls phénomènes douloureux, dont M. Duplay a donné une
excellente description.
Une douleur siège à l'hypogastre, derrière le pubis, tantôt
fixe^ continue, tantôt sous forme de véritables accès, séparés
par des intervalles où l'indolence est à peu près complète.
Au moment des accès, la souffrance est très vive. Partie de
la vessie, elle se propage jusqu'au méat, dans les aines,
vers la région ano-coccygienne, et même parfois dans les
membres inférieurs.
Ces accès ont souvent des causes déterminantes, variables
d'ailleurs. Ils sont provoqués par l'impression du froid, les
excès de la table ou de coït, les fatigues physiques. Le repos
au contraire les calme. Tel malade souffre surtout par les
temps d'orage; tel autre se plaint surtout après les repas;
tel autre, enfin, mais le fait est plus rare, a des douleurs
dont le maximum est nocturne. 11 est usuel, surtout, que la
miction exerce une influence manifeste, que les douleurs
apparaissent à son occasion, soit au début, soit à la fin de
l'acte; alors la pesanteur hypogastrique dégénère en vifs
élancements vers la verge et le gland.
Malgré ces souffrances, la miction peut s'effectuer de
manière à peu près normale. Mais cette névralgie, absolu*
ment pure, est fort rare et presque toujours rexcrétion de
l'urine est troublée; l'appareil moteur de la vessie participe
aux désordres de l'innervation. Quelquefois même ces
accidents indolents, une gène mécanique, une modification
du jet précèdent pendant plus ou moins longtemps l'explo-
sion névralgique.
Ces désordres de la motililé portent tantôt sur le corps
de la vessie surtout, tantôt au contraire avant tout sur le
col. Aussi quelques auteurs ont-ils cru devoir étudier à part
les névralgies du col et celles du corps. Le siège de la
douleur différerait dans les deux variétés, ainsi que les phé-
nomènes dysuriques. Pour le siège de la douleur, celte opi-
nion semble controuvée. Mais pour les accidents muscu-
laires, elle est jusqu'à un certain point exacte, et l'on peut
dissocier, dans une description didactique, la contracture
du corps de celle du col. A condition, toutefois, de bien
savoir que les deux formes alternent souvent sur le même
sujet et que la clinique ne justifie pas, dans un cas déter-
miné, les oppositions absolues.
La contracture du corps constitue l'irritabilité vésicale.
Les besoins d'uriner sont fréquents, impérieux, soit
toujours, soit par moments. Dans cette seconde alternative,
les crises ont quelquefois des conditions déterminantes,
identiques à celles des accès douloureux. Ces crises sont
rarement très intenses, mais elles peuvent le devenir, et
l'on voit le malade, torturé d'envies incessantes, expulser
l'urine goutte à goutte, avec effort. Le complexùs symplo-
matique acquiert alors la même intensité que dans les
cystites douloureuses. Mais ces grandes névralgies sont
exceptionnelles.
Souvent cet état est attribué à une contracture du col. il
est aisé de se rendre compte que cette opinion est erronée;
un explorateur à boule franchit avec facilité ce col qu'on
prétendait contracture.
La contracture existe cependant, quelquefois, dans le col
ou plutôt dans tout l'appareil sphinctérien de la vessie.
L'envie de pisser est pressante, mais difficile à satisfaire et
lorsque, après quelques instants d'attente, le jet d'urine se
décide à venir, il est petit, tortillé, divisé, etc. Parfois
même le cathétérisme évacuateur est indispensable. On
comprend que de pareils symptômes fassent croire sans
peine à un rétrécissement, d'autant plus que le spasme
des muscles péri-uréthraux cause volontiers un léger
obstacle au cathéter explorateur, qui éveille en outre un
peu de sensibilité. L'erreur est presque toujours évitée si la
douleur concomitante est vive et attire l'attention. Mais il
ne faudrait pas croire que la névralgie soit une conséquence
forcée de cette dysurie spasmodique; c'est dans les variétés
indolentes que l'erreur de diagnostic avec le rétrécissement
est banal. Pour l'éviter, le cathétérisme fournit des rensei-
gnements d'une haute valeur. Il est rare, en effet, qu'un
rétrécissement blennorrhagique de la portion périnéale ne
soit pas précédé d'une ou de plusieurs coarctalions de la
portion pénienne. Le rétrécissement unique est en général
d'origine traumatique, cas auquel le commémoratif est
presque toujours bien connu du malade. Mais à ces règles
il est des exceptions, contre lesquelles on aura principa-
lement pour guide l'étude générale du sujet.
19 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 29 — 461
IV
Le diagnostic est à l'ordinaire posé au bout de quelques
instants d'interrogatoire. N'esl-il pas névropathe, ce malade,
dont la narration est surchargée d'un luxe de détails, qui se
plaint de toute une série de phénomènes plus ou moins
bizarres, douloureux surtout, chez qui on constate une dis-
proportion évidente entre les causes invoquées et les effets
produits?
Si Ton n'oublie pas ces préceptes, on ne soumettra pas le
patient à des explorations multiples — à la taille même —
en prévision d'un calcul imaginaire. Aussi bien les pierres
s'accompagnent-elles d'hématurie et leurs symptômes sont-
ils aggravés d'une manière évidente par la marche, les
secousses. Enfin, les calculs ne sont guère douloureux que
lorsque la cystite les complique.
Là est en effet le point capital du diagnostic: est-ce une
névralgie vésicale ou une cystite douloureuse? Au premier
abord, la réponse semble toute simple, la purulence des
urines sera un symptôme infaillible. Ce serait fort bien, si
chez les névropathes une cystite légère n'était pas l'occasion
possible d'une névralgie vésicale. En pareille occurrence,
on étudiera avec soin l'état général du sujet, et surtout
Texploration physique surmontera la difficulté. Dans la
cystite douloureuse, la pression sur la vessie à travers
l'hypogastre, le vagin, le rectum, ou directement par une
sonde, éveille la douleur du muscle contracture. Le contact,
la pression, sont au contraire tolérés sans impatience par
les vessies dont la cystite n'est que le prétexte à une loca-
lisation névralgique. Il en est de même chez les malades
dont la pyurie est la conséquence d'une lésion rénale, cause
en même temps d'une névralgie vésicale réflexe.
La cystite douloureuse une fois éliminée de la sorte, il
reste à se demander si la cystalgie est idiopathique ou
symptomatique. Si en théorie cette distinction est arbi-
traire^ en clinique elle est indispensable, pour bien séparer
les cas où la douleur provient d'une lésion contre laquelle
la thérapeutique peut avoir localement prise. Le praticien
ne s'y trompera pas s'il est instruit des lésions diverses
dont la névralgie vésicale peut être l'extérioration doulou-
reuse; s'il songe qu'il faut explorer la région ano-rectale, la
vulve et le vagin, l'utérus, l'urèthre, les reins surtout. C'est
par exclusion de ces causes multiples qu'on arrivera à
admettre un état douloureux indépendant d'une lésion
du voisinage.
Mais alors est-ce une vraie névralgie chez un névropa-
thique ou une crise vésicale relevant d'une affection du
système nerveux central? La question serait oiseuse si
toutes les cystalgies survenaient à une période où le tabès
est confirmé; si même l'ataxie se manifestait toujours, en
même temps, par les autres phénomènes prodromiques, dont
l'ensemble est aujourd'hui bien connu. Mais il n'en est pas
toujours ainsi, et, lorsque les crises vésicales sont tout à fait
précoces, on ne dépistera la lésion médullaire que par une
recherche minutieuse de symptômes légers dont le groupe-
ment deviendra caractéristique. Au reste, c'est surtout
affaire de pronostic, car le traitement n'a rien de bien
spécial. Le traitement, au contraire, est absolument diffé-
rent dans les cystalgies symptomatiques et dans les cystalgies
idiopathiques. Il est inutile d'insister sur la thérapeutique
des cystalgies symptomatiques : elle doit viser la lésioa
causale, et nous aurions honte de développer l'adage su-
blata catLsa toUitur effectus.
Restent donc les cystalgies idiopathiques, qu'il faut
opposer aux cystites douloureuses.
Pour les cystites douloureuses, les narcotiques généraux
ont sans contreditune influence heureuse, mais le professeur
Guyon et son élève Hartmann se sont attachés à démontrer
qu'il faut surtout combattre la cystite et la contracture
qu'elle provoque. De là les indications aux injections médi-
camenteuses, à la dilatation du col, à la taille.
Ces moyens ont été trop souvent appliqués à toutes les
douleurs vésicales, et dans les cas de névralgie leur échec
est la règle. Les cas ne sont pas rares où, chez les névro-
pathiques, la cystotomie elle-même n'amende pas les souf-
frances, elle qui est souveraine pour les cystites doulou-
reuses. C'est précisément pour ces motifs que les distinctions
pathogéniques sont d'une importance majeure et qu'on
regrette de ne pas les voir établies avec rigueur dans la
thèse, intéressante cependant à plus d'un litre, de M. Chaleix-
Vivie.
La thérapeutique des névralgies vésicales idiopathiques
est exclusivement médicale. C'est aux antispasmodiques,
aux narcotiques, aux antinévralgiques, à l'hydrothérapie,
qu'elle a recours. Et de plus, le médecin n'a guère d'in-
fluence que s'il prend un ascendant moral énergique sur son
malade, que les influences psychiques gouvernent souvent
avec une grande facilité. Il n'y a donc là rien de chirur-
gical. Les chirurgiens doivent cependant avoir de ces faits
une connaissance exacte, pour ne pas soumettre à des mani-
pulations opératoires une vessie qui n'a pas besoin d'eux ;
et inversement pour ne pas laisser persister une névralgie
symptomatique dont une intervention sanglante ferait
prompte justice.
Les résultats obtenus dans cette dernière variété sont
excellents. Ils sont moins brillants dans les névralgies
idiopathiques. Les névralgies vésicales ne sont pas plus
avancées, à ce point de vue, que toutes les manifestations
du nervosisme. Il ne faut pas se laisser leurrer par certaines
améliorations étonnantes: les crises névralgiques ne s'éva-
nouissent-elles pas souvent comme par enchantement, sans
que l'homme de l'art y soit pour rien. Puis après cette dis-
parition, au bout d'un temps variable, la douleur renaît, et
cette fois la médication si efficace à la précédente attaque
reste sans action. C'est de la sorte que, d'accès en accès, ces
névralgies vésicales s'éternisent, tenaces, rebelles au trai-
tement.
La durée est donc indéterminée, mais le pronostic n'a pas
une gravité réelle, la vie n'est en aucune façon menacée
directement par une lésion. Cette notion était jadis une
hérésie et l'on admettait que la névralgie idiopathique
créait, avec le temps, des désordres matériels. Lorsqu'on
annonça que l'arbre urinaire de Jean-Jacques Rousseau
avait été trouvé intact à l'autopsie, Desruelles proclama
que les investigations anatomiques avaient été mal dirigées.
Aujourd'hui, au contraire, on tient ce protocole pour exact.
Aussi le chirurgien doit-il savoir résister aux sollicitations
d'un malade, souvent en quête d'un opérateur plus que d'un
médecin. Il s'armera de patience, et surtout cherchera à
communiquer cette patience à son client en lui disant,
comme frère Come au philosophe de Genève : « Vous souf-
frirez beaucoup, et vous vivrez longtemps. » Frère Come
était plus instruit que Desruelles, mais tous les praticiens
n'ont pas la chance d'adresser de semblables conseils à un
philosophe, peu stolque il est vrai.
A. Broca.
462 — N* 29 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 49 Juillet 1889
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Quelques lommles contre la eonsilpailon
dee enfanUi.
1* Constipation des nouveau-nés, — Les médecins vien-
nois Monli, Widerhofer préfèrent la mannite à la manne
et adoptent la formule suivante :
Mannite cristallisée 5 à 10 grammes.
Eau 50 à 100 —
Cette solution est administrée par cuillerée à café, toutes
les deux heures.
Voici une autre préparation en faveur en Autriche, et
dont M. Wiethe a donné la composition dans le formulaire
de la Faculté de médecine de Vienne :
Racine de rhubarbe pulvérisée. 3 à 5 grammes.
Carbonate de magnésie 3à5 —
Oléo-saccharure de fenouil ou
d'anis 5 —
Cette poudre composée s'administre à raison d'une pincée
répétée trois fois quotidiennement.
^ Constipation des enfants âgés de deux à quatre ans,
— On peut prescrire les eaux minérales purgatives ou bien
adopter une formule comparable à la suivante qui a été
recommandée par Widerhofer :
Eau laxative de Vienne 30 à 50 grammes.
Eau 30 à 50 —
Sirop de cerises ou de fram-
boises 25 —
A prendre en deux ou trois fois.
Une formule que je prescris avec avantage et que les
petits malades acceptent volontiers consiste à leur faire
ingérer en mélange avec de Teau de seltz, ce sirop pur-
gatif suivant :
Citrate de magnésie 30 grammes.
Sirop de cerises, de limons ou
d'autres fruits 40 —
Eau distillée 60 —
Ch. ÉLOY.
4
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
FACULTÉ DE LYON. — M. LE PROFESSEUR ARLOING.
Des mojene d'éviter on d*atténacr les aceidenUi de
ranesthésle. — ^mmge de ranesthéeie mixte et dee
mélang^ee titrés.
(Leçons recueillies par M. le docteur Calrin^ répétiteur à l'École
du Service de santé militaire.)
Les accidents de l'anesthésie peuvent se diviser en deux
grands groupes :
l** Les accidents de nature réflexe;
2° Les intoxications.
Les accidents de nature réflexe ont lieu soit au début de
l'anesthésie, c'est-à-dire dès les premières inhalations, soit
un peu plus tard, lorsque Tanesthésique envahit les centres
bulbaires; et, dans les deux cas, ils entraînent, par des mé-
canismes difTérents, des syncopes ou des apnées.
Les intoxications se produisent plus tard, lorsque l'anes-
thésie se prolonge, c'est-à-KJire lorsque les centres nerveux
sont saturés de l'anesthésique ; ce sont alors des apnées
adynamiques, suivies de Tarrét du cœur dans un délai plas
ou moins bref.
Possédons-nous des moyens de prévenir ces accidents?
L'élude antérieurement faite du mécanisme de ces acci-
dents démontre que nous pouvons nous mettre en garde
contre eux.
En effet, tout moyen capable d'émousser préalablement
la sensibilité du sujet diminuera son activité réflexe et aura
pour conséquence : 1* de diminuer les chances des acci-
dents de nature réflexe; 2* d'éviter les phénomènes d'exci-
tation, indirectement cette fois, puisqu'il nous permettra
d'abaisser la dose de l'anesthésique. Cette idée n'est pas
née de la théorie; elle a été suscitée par des faits acciden-
tels : Cl. Bernard, voyant l'anesthésique cesser ses effets
sur un chien chloroformisé, songea, pour flnir son expé-
rience, à injecter de la morphine à l'animal. Il vit d'abord
apparaître les phénomènes de la narcotisation, puis, peu
après, les phénomènes de l'anesthésie, c'est-à-dire l'insen-
sibilité, la résolution musculaire, etc.
Dans la même semaine de 1864, Nussbaûm, extirpant
une tumeur du cou, eut l'idée de prolonger les effets de
l'anesthésie par une injection de morphine, et obtint les
mêmes résultats que Cl. Bernard.
De ces deux incidents opératoires naquit Vanesthéiii
mixte de Cl. Bernard, appelée en Allemagne narcose de
Nusbaûm. Le premier en France, Guibert (de Sainl-BrieuPi
publia un certain nombre d'observations d'aneslhésie mixte;
il reconnaissait h ce procédé Tavantage de permettre la
graduation de l'anesthésie, et de l'arrêter au besoin à l'anal-
gésie (petites opérations, accouchements, etc.).
Les docteurs Labbé et Goujon, à Paris, expérimentant
cette méthode, aux remarques de Guibert ajoutèrent encore
que la période d'excitation était parfois abolie, presque
toujours diminuée.
Rigaud à Metz, Sarrazin à Strasbourg, posèrent alors les
indications et contre-indications de la méthode, et indi-
(^uèrent le moment où il convient d'administrer les narco-
tiques (thèse Grosjean, à Strasbourg). Aubert, à Lyon, Trélat
à Paris, vantèrent également la narcose, qui jouit alors
d'une période de succès assez courte, d'ailleurs, et aujour-
d'hui, malgré tous ses avantages, l'anesthésie mixte est
presque abandonnée (sauf à Lyon). C'est à tort, suiwnt
nous, car cette méthode met à l'abri d'un certain nombre
d'accidents qui, pour si rares qu'ils soient, doivent néan-
moins compter dans le chiffre de la mortalité par les anes-
Ihésiques.
Pour bien comprendre la théorie de l'anesthésie mixte, il
faut parler des effets physiologiques de la morphine, qo'?
de tous les alcaloïdes de l'opium, est le plus soporifique, le
plus facile à obtenir et à conserver.
Son action, nulle sur la grenouille, insignifiante sur l'oi-
seau, atteint son maximum chez l'homme.
Elle consiste en une action vaso-dilatatrice très marquée,
et, de plus, d'après François-Franck, la morphine sup-
prime le réflexe excito-cardiaque modérateur, c'est-à-dire
qu'après administration d'une forte dose de morphine, on
[>eut impunément exciter le pneumogastrique sans arrêter
e cœur.
L'influence de la morphine sur le système nerveux est
moins bien connue; néanmoins tout semble indiquer ^^^
ses effets portent, non sur les terminaisons nerveuses, mais
sur le cerveau, et en particulier sur les éléments élevés de
cet organe, d'où il résulte un affaiblissement de l'activile
des nerfs.
La morphine diminue aussi le pouvoir réflexe de la moelle,
et ses propriétés analgésiantes sont connues de tous les
médecins. Or les arrêts réflexes du cœur ont deux méca-
nismes distincts. .
Le centre cardiaaue bulbaire agît sur le cœur par *^
pneumogastrique. Mais ce centre peut être mis en jeu pai'
19 JUIU.ET 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 29 — 4G3
des nerfs centripètes dont l'impression sera consciente ou
inconsciente, autrement dit par des excitations sensitives
qui porteront directement au passage sur le centre bulbaire
ou qui se réfléchiront sur la surface sensible du cerveau.
La morphine émoussant'à la fois le sptème modérateur
cardiaaue et l'excitabilité du cerveau diminuera donc par
ce douole effet les chances de syncope.
L'action vaso-dilatatrice de la morphine vient encore
prêter son secours en facilitant la diffusion rapide de Tanes-
thésique dans la masse encéphalique.
Enfin Tanalgésie produite par la morphine nous permet-
tra de diminuer la dose de Tanesthésique. Par ces deux
dernières propriétés, la morphine nous met en garde indi-
rectement contre les accidents dus à l'intoxication, tandis
que par son action sur le centre cardiaque et sur le cer-
veau elle diminue les chances de syncope et d'apnée
réflexe.
Applications de la méthode. — Cl. Bernard a bien con-
staté, dans ses expériences, la nécessité d'administrer la
morphine avant l'anesthésique. En employant le mode
inverse, on est exposé à obtenir une anestnésie insuffisante
masquée par un effet soporifique prononcé, ou bien à outre-
passer la dose d'anesthésique pratiquement utile.
Le mode d'administration de la morphine le plus pra-
tique est l'injection hypodermique. On donne le médica-
ment à la dose de 1 à 2 centigrammes, vingt-cinq à qua-
* rante minutes avant l'anesthésie.
Ultérieurement, avec une faible dose d'anesthésique, on
obtient ainsi une analgésie, qui permet de supprimer la
douleur dans les accouchements, et les opérations sur la
face en laissant subsister une partie des racultés intellec-
tuelles. Avec une dose plus forte, la résolution musculaire
est plus complète, ce qui permet de réduire facilement les
luxations par exemple sans pousser trop loin l'administra-
tion du chloroforme ou de l'éther.
Enfin, chez les sujets pusillanimes, qui, on le sait, sont
plus fréquemment exposés aux accidents d'ordre réflexe, on
Kourra pratiquer l'anesthésie sans qu'ils s'en aperçoivent.
le même chez les alcooliques et les gens nerveux.
La méthode fut perfectionnée depuis et de plusieurs
manières. Le docteur Forné (de Brest) substitua le chloral
(G grammes en potion) à la morphine, c'est-à-dire un hyp-
notique à un narcotique. M. le docteur Trélat joignit l'ac-
tion soporifique de la morphine à l'action hypnotique du
chloral.
Il administrait en deux fois, à une demi-heure d'inter-
valle, avant l'anesthésique (thèse de Choquet), la potion sui-
vante : 3 à 6 grammes de chloral, 20 à 40 grammes de
sirop de morphine, 100 grammes d'eau.
MM. Slefani et Vachette (1880), Perrier ont proposé des
modifications de l'anesthésie mixte, mais le plus important
perfectionnement apporté à cette méthode est dû à 1 initia-
tive de MM. Dastre et Morat, qui ont associé à la morphine
un sel d'atropine, en se basant sur les propriétés de cet
alcaloïde.
Dès 1868, Meuriot avait observé c^ue l'atropine à faible
dose accélère le cœur et élève la tension artérielle ; à forte
dose, le cœur précipite régulièrement ses battements et se
montre indifférent aux influences modératrices.
L'action de l'atropine porte non sur les centres bulbaires,
mais sur les ganglions frénateurs intra-carJiaqueSj qu[elle
paralyse. On l'a démontré directement par l'excitation inef-
ficace du pneumogastrique après l'administration d'atro-
pine. Plus récemment encore, Kaufmann l'a prouvé indi-
rectement, en faisant remarquer que la digitaline restait
sans action si elle était donnée à un sujet atropinisé anté-
rieurement.
A dose convenable, 1 milligramme, injecté en solution
sous la peau, le sulfate d'atropine paralyse les ganglions
frénateurs cardiaques et nous met ainsi, pour une part oui
lui est propre et qui s'ajoute à celle de la morphine, à l'aori
de l'accident le plus redoutable des premières périodes de
l'anesthésie, c'est-à-dire à la syncope de nature réflexe.
Enfin, si l'anesthésie doit être de longue durée, MM. Dastre
et Morat ajoutent à leur solution (2 centigrammes de mor-
phine, 1 milligramme d'atropine) 1 milligramme de véra-
trine. Cet agent, étant un tonique du cœur, viendra relever
l'action du muscle, qu'une longue anesthésie pourrait affai-
blir.
M. le professeur Arloing proposerait de remplacer la
vératrine par la digitaline, qui régularise et renforce les
systoles, de façon si intense (]ue, dans les cas d'insuffisance
tricuspidienne, l'administration de la digitale peut causer
la congestion pulmonaire par reflux.
(A suivre.)
TRAVAUX ORIGINAUX
Clinique médicale*
Dilatation de l'aorte, oblitération de l'artère souâ-
GLAVIÈRE GAUCHE, ATROPHIE DU MEMBRE SUPÉRIEUR COR-
RESPONDANT. Présentation de malade faite à la Société
médicale des hôpitaux dans la séance du 12 juillet 1889,
par M. GiNGEOT, médecin de l'hôpital Saint-Antoine.
J'ai l'honneur de présenter à la Société un malade âgé de
vingt-quatre ans, garçon marchand de vin, dont la situation,
obscure à plus d'un égard, se prête néanmoins et par cela
même à des considérations qui, je l'espère, seront jugées
intéressantes.
Cet homme est venu demander nos soins à l'hôpital Saint-
Antoine, à l'occasion d'une oi)pression et d'une anxiété
f»récordiale qu'il a déjà ressenties plusieurs fois, mais dont
'intensité a augmenté depuis quelque temps.
Lorsqu'on percute la poitrine du malade, on trouve une
ampliation transversale de la matité correspondant à la
crosse aortique; les pulsations de celle-ci, constatées par le
palper, dépassent un peu le niveau de la fourchette ster-
nale ; un léger souffle systolique, perceptible à la base du
cœur, s'accroît vers l'origine du tronc brachio-céphalique,
et peut être suivi de droite à gauche tout le long de la
crosse ; le bruit diastoiique est forlement frappé, sans ac-
compagnement de souffle aucun, et s'entend dans une assez
grande étendue. D'ailleurs, le cœur ne parait pas notable-
ment hypertrophié, le choc de la pointe est à peine appré-
ciable; on n'entend aucun souffle en ce dernier point, et
l'on ne constate pas de frémissement cataire.
En somme, un certain degré d'aortite et de dilatation de
la crosse, peut-être un peu de rétrécissement de Torifice
aortique, telles sont les lésions que l'on découvre d'abord,
et qui pourraient suffire à expliquer les sensations pénibles
dont se plaint le malade.
Si tout se bornait là, nous n'aurions affaire qu'à un tableau
pathologique assez commun, trop commun sans doute pour
mériter l'attention particulière de mes collègues.
Mais voici ce que nous ont montré des investigations
complètes.
Au lieu Qu'à droite on trouve un pouls radial bondissant,
le pouls raaial gauche est presque insaisissable, et l'artère,
nettement perceptible au toucher, roule sous le doigt comme
un cordon inerte. Le malade prétend que, dans un autre
service, on aurait cru sa radiale oblitérée ; ce qui est incon-
testable, en tous cas, c'est que l'oblitération n'est pas
totale, car, à défaut d'un choc sufGsant pour qu'on s en
rapporte aux résultats du palper, le sphygmograpne permet
d'enregistrer une ligne faiblement sinueuse, témoignant
464 — N* 29 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
49 Juillet 1889
d'une diastole et d'une systale artérielles rudimentaires;
grâce au même instrument, on peut, en outre, observer que
la systole de la radiale droite coïncide avec Tébauche de
diastole radiale gauche, et inversement que la systole radiale
gauche correspond à la diastole radiale du côté droit.
PouU rad/kll gauche. — Ondulations à peine marquées au sphygmograpbe,
imperceptibles au doigt.
Pas plus de pulsations dans les autres artcres]du membre
supérieur gauche que dans celle dont nous venons de
parler.
Môme immobilité dans la sous-clavière gauche, laquelle
semble entièrement imperméable à l'ondée sanguine, alors
qu'à droite les battements de la sous-clavière sont appré-
ciables rien qu'à la vue. Pour tout dire, un drapeau fixé
au-dessous de la clavicule gauche parait s'agiter faiblement,
mais il se peut que cette légère agitation rythmée tienne
simplement à la transmission des pulsations aortiques ou
cardiaques par la paroi thoracique.
La sous-clavière gauche de cet homme est donc, en tota-
lité ou peu s'en faut, manifestement oblitérée. Quelle est
la cause de cette occlusion d'un des gros troncs collatéraux
de l'aorte? C'est ce qu'il nous faut maintenant tâcher de
découvrir.
Existerait-il sur la sous-clavière un anévrysme plus ou
moins sacciforme dont le développement aurait amené la
compression du vaisseau, voire même consécutivement la
solidification de la tumeur? On peut invoquer en faveur de
cette explication ce fait que la moitié interne de la clavicule
gauche parait plus saillante que la région homologue de
l'autre côté; cependant cette saillie est bien peu considé-
rable, et d'ailleurs ni le palper ni l'auscultation ne révèlent
rien au niveau de la sous-clavière sur quoi puisse reposer
l'affirmation d'une tumeur quelconque, anévrysmale ou
autre.
Examine-t-on ensuite la carotide primitive gauche, il est
aisé d'y constater des phénomènes positifs : en premier
lieu, des battements perceptibles, tant par la vue que par
le palper, moins énergiques toutefois que dans la carotide
primitive droite ; on n'y sent point de thrill, mais avec le
stéthoscope on y entend un double bruit de souffle, soit un
premier souffle prolongé, doux mais intense, auquel succède
un second souffle moins fort et plus court. Ce double bruit
règne dans toute la portion sus-claviculaire du tronc caro-
tidien, mais s'afl'aiblit de bas en haut, et, d'autre part, cesse
brusquement au voisinage de la clavicule ; c'est en vain
qu'on le cherche au niveau et au-dessous de cet os.
L'anévrysme que nous n'avons pu trouver sur la sous-
clavière siéfferait-il sur la carotide primitive, et la com-
f)ression de la première serait-elle produite par une tumeur
brmée aux dépens de la seconde? La chose est possible, et
c'est même la première hypothèse qui se soit offerte à mon
esprit. Malheureusement on a beau chercher un sac animé
de pulsations et d'expansion, ou même simplement durci
par des caillots, on ne trouve rien de semblable, pas plus
qu'aucune tumeur d'un autre genre. Peut-être l'anévrysnrie
existe-t-il néanmoins, occupant l'origine de la carotide pri-
mitive, dissimulé dans le thorax par la position qu'il oc-
cupe, situé par exemple à la partie postéro-externe du
vaisseau, et ne laissant entendre qu'à dislance, là où l'ar-
tère devient moins profonde, les souffles qu'il engendre.
M. François-Franck, dont la compétence est si grande en
ces matières et qui a bien voulu, en présence de mon
interne M. Paul Bezançon, soumettre le malade à un exa-
men spécial, accepterait volontiers l'idée d'une dilatation
occupant l'origine de la carotide primitive ou de la sous-
clavière, celle-ci étant remplie de Caillots. Mais il pense
plutôt, ainsi qu'il a eu l'obligeance de me l'écrire, « à une
obstruction par artérite ancienne 5>, et considère c le
souffle localisé à la base du cou, sur le trajet de la carotide
gauche », comme venant « à l'appui de cette opinion )».
Nul doute que l'artérite, en rendant la surface interne
des vaisseaux plus ou moins rugueuse, ne puisse déterminer
un souffle, et même deux souffles successifs : la ri^'idilé
pathologique du vaisseau intéressé doit effectivement per-
mettre un certain recul de l'ondée sanguine, et celle-ci,
venant frotter en retour contre les parois artérielles dépo-
lies, produirait le deuxième temps du double soufile en
question. Malgré l'absence des signes d'une insuffisance
aorlique, ce recul est d'autant plus vraisemblable, dansb
circonstance, qu'aux altérations de la carotide se joignent
la dilatation et l'inertie de la crosse. Et quant à l'oblitéra-
tion complète, ou à peu près, de la sous-clavière gauche
par l'influence d'une phlegmasie des parois artérielles, on
ne saurait nier qu'elle soit possible, en sorte que Tinter-
prétalion préférée par M. François-Franck a bien des chances
d'être vraie.
Au surplus, la peine qu'on rencontre à porter un dia-
gnostic précis des lésions artérielles dont notre malade est
affligé, n'est pas le seul côté curieux de son état. Comparons
ses membres supérieurs l'un à l'autre, et nous les trouTe-
rons dans des conditions singulièrement différentes.
A gauche, le deltoïde, les muscles du bras et de Tavant-
bras, sont le siège d'une atrophie relative très nette : le
bras gduche, à 10 centimètres au-dessus du pli du coude,
mesurant en circonférence 2 centimètres de moins que le
bras droit, l'avanl-bras gauche, à 3 centimètres au-dessous
du même pli, étant inférieur de 2 centimètres et demi à son
congénère, et le deltoïde gauche, peu résistant à la pression
du doigt, présentant un amincissement évident.
La température, égale dans les différentes régions du
membre supérieur gauche, y reste de i",3 C. moins élevée
qu'au membre du côté droit.
Le dynamomètre, qui serré par la main droite marque
50, ne donne dans la main gauche que 35.
Enfin les veines du membre thoracique sont bien moins
saillantes à gauche qu'à droite, phénomène qui, joint à
l'extrême faiblesse et au retard du pouls radial gauche com-
paré à son homologue, dénote une irrigation sanguine lente
et difficile dans le membre atrophié.
Cette déchéance nutritive et fonctionnelle du membre
susdit n'a-t-elle pas tout simplement pour cause l'oblité-
ration de la sous-clavière correspondante? Pour ma part, je
le crois positivement, mais j'ajoute gue la question est plus
discutable qu'elle n'en a l'air de prime abord.
Deux difficultés sont à résoudre avant de tirer une
conclusion.
En premier lieu, la ligature de la sous-clavière ne paraît
pas avoir ordinairement pour conséquence des troubles
nutritifs locaux aussi prononcés que ceux dont la descrip-
tion vient d'être faite; et pourtant la lumière du vaisseau
est bien plus sûrement oblitérée en totalité dans le cas
chirurgical que dans celui qui nous occupe. Si les résultats
ne sont point les mêmes, il faut, je crois, l'attribuer à ce
que, chez les opérés, les collatérales de la sous-clavière
ou, au moins, plusieurs d'entre elles demeurent perméables
et concourent à rétablir la circulation ; tandis que, chez
notre homme, toutes les collatérales de ce vaisseau, les-
quelles sont, comme on sait, massées à l'origine dans l'in-
tervalle des scalènes ou dans leur voisinage, pounviient bien
être, où elles naissent, obturées par des caillots comme ^^
tronc principal qui les fournit. Le retour du sang nécessaire
à l'alimentation du membre supérieur gauche n'aarait
19 Juillet 1M9 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
K* 29
465
donc d'autres voies que les collatérales de Taxillaîre, aux-
quelles se joindrait tout au plus une trace infime deper-
inéabilité sUbsistaut encore dans la sous-clavière atteinte.
Au cas où cette hypothèse diagnostique serait juste, Texi-
guité exceptionnelle des voies de retour expliquerait l'in-
suffisance du courant sanguin nourricier, l'extrême faiblesse
des pulsations radiales gauches, leur défaut de synchro-
nisme avec celles du côté droit, la considérable diminution
du volume des veines correspondantes, enfin le degré pro-
noncé des troubles trophiques et fonctionnels signalés plus
haut.
La deuxième difficulté est tirée des antécédents du ma-
lade, antécédents tels qu'on peut se demander si la cause
des troubles dont il s'agit n'aurait pas pour siège le sys-
tème nerveux plutôt que le système circulatoire.
En effet, vers la fin de l'année 1886, le malade, qui
s*étail couché bien portant un certain soir, s'aperçut, le
lendemain matin en s'éveillant, qu'il avait perdu le mou-
vement et la sensibilité dans le côté gauche, et qu'en outre
il lui était absolument impossible.de prononcer un mot. On
le transporta, le i" décembre, à l'hôpital Tenon, dans le
service de M. Danlos : rhémi|[)légie était, parait-il, complète,
la bouche déviée du côté droit, et l'action de siffler impos-
sible; l'anesthésie s'étendait bien à toute la moitié gauche
du corps, la face exceptée, l'ouïe ne présentait d'altération
ni à gauche ni à droite. Le diagnostic, s'il faut en croire le
malade, aurait été embolie générale. Plusieurs circon-
stances, notamment les lésions aortiques, le brusque début
de la paralysie, l'hémiplégie faciale, tendaient à justifier
cette appréciation, bien que les hémiplégies par embolie
siègent d'ordinaire plutôt à droite qu'à gauche; on n'avait
même pas à s'étonner de l'abolition de la parole, le malade
étant alors gaucher et devant à la paralysie passagère de
son bras gauche d'être devenu droitier dans la suite. L'éta-
blissement de l'hypothermie daterait du premier jour de
l'hémiplégie, et, quelque temps après le début de cette der-
nière, l'atrophie aurait débuté pour s'accroître ultérieure-
ment peu à peu.
Nous n'avons connu cette histoire que par le récit du
patient, récit dont l'exactitude rigoureuse est loin d'être
démontrée. Aujourd'hui, la jambe gauche qui n'est ni atro-
phiée, ni refroidie, aurait conservé un peu de faiblesse, et
le patient éprouverait une sensation de froid au niveau du
pied correspondant ; le réflexe rotulien gauche est exagéré,
celui de droite est diminué.
Ici encore les obscurités abondent. Outre que la coïnci-
dence de l'hémianesthésie avec rhémiplégie et la suppres-
sion du langage n'est pas habituelle aans l'embolie céré-
brale, on peut être surpris, dans l'hypothèse d'un ramollis-
sement, de la marche rapide et favorable à la fois, des
symptômes paralytiques. Traité par l'hydrothérapie, le
malade parle au sortir de chaque douche et ne dit jamais
un mot pour un autre, puis il retombe dans son mutisme
jusqu'à la douche suivante, et recouvre définitivement la
parole un mois seulement après le début des accidents.
Telle n'est pas, généralement, la manière d'évoluer dés
troubles du langage liés à une lésion matérielle grossière
comme celle qu'une embolie détermine. D'autre part la
sensibilité se rétablit après l'usage de la parole, et, deux
mois plus tard, le mouvement est intégralement recouvré,
sauf la très légère faiblesse du membre inférieur gauche
que nous avons signalée plus haut, faiblesse dont la déam-
bulation ne se ressent pas d'une façon apparente. Pour un
homme atteint d'un ramollissement du cerveau, c'est aller
vile et radicalement en besogne.
Je sais bien qu'il y a eu de l'hémiplégie faciale, qu'au-
jourd'hui même en observant les choses de près, on voit,
lorsque le malade rit, les plis cutanés du visage mieux des-
sinés à droite qu'à gauche, et néanmoins l'idée de phéno-
mènes purement névropathiques me hante l'esprit.
En cherchant les stigmates hystériques chez notre malade,
on trouve que plusieurs font défaut : ainsi la perception des
couleurs s opère également bien par les deux yeux; le
champ visuel est peu rétréci, et, du reste, les pupilles ayant
été, depuis longtemps, déformées par des iritis, il n'y a pas
lieu d'insister sur ce signe; la puissance nuditivc est à peu
près égale des deux côtés; le patient n'éprouve jamais la
sensation de la boule, et les attaques hystériques lui sont
inconnues. Qu'un de ses frères soit mort alcoolioue à Ville-
Evrard, ce fait ne nous apporte qu'une lumière nien insuf-
fisante. Mais, en revanche, on constate une anesthésie pha-
ryngienne totale qui remonterait à deux ans, époque où le
malade ne prenait, que je sache, aucun médicament propre
à déterminer ce symptôme; les saveurs amères ou sucrées
ne sont perçues ni du côté gauche ni du côté droit; si
l'odeur du chloroforme et celle de l'éther sont senties, il
n'en est pas de même du parfum des fleurs; la sensibilité
au froid et à la douleur est notablement diminuée dans tout
le côté droit, côté opposé à l'hémiplégie ancienne; enfin le
malade, s'il faut s'en rapportera la déclaration, serait d'un
caractère irascible et versatile.
Je ne veux ni conclure, ni m'appesantir sur une discus-
sion diagnostique trop pauvre en éléments pour être fertile
en résultats. Tout ce que je veux ajouter, c'est que ni l'in-
fluence d'une paralysie hystérique peu prolongée, ni celle
d'un infarctus encéphalique non suivi de dégénération mé-
dullaire, ne sauraient expliquer une atrophie musculaire
qui frappe, sauf la main, tout le membre supérieur, c'est-
à-dire la seule région mal irriguée par le sang, et respecte
le membre inférieur où la paralysie n'a pas été moins pro-
noncée qu'au bras.
Et maintenant que dire de Tétiologie des artérites? L'âge
ne pouvant être incriminé chez un homme de vingt-quatre
ans, l'alcoolisme, en dépit de la profession du malade, ne
paraissant pas absolument démontré, c'est aux atteintes
rhumatismales subies par le patient que nous attribuerons
la principale action pathogène. A onze ans et demi, pre-
mières manifestations articulaires : douleur et gonflement
des genoux et des pieds durajit environ six semaines; à dix-
huit ans, nouveaux accidents du mémo genre; ces jours
derniers, enfin, le malade a eu, sous nos yeux, quelques
douleurs dans le pied droit.
Jusqu'au bout cependant, et à propos de l'étiologie comme
du reste, on trouve matière à discussion. Rien ne permet
d'affirmer, chez le patient, l'existence d'une syphilis acquise,
mais on peut se demander s'il n'aurait pas hérité de cette
maladie, ou s'il n'existerait pas, à son passif, un de ces
mélanges pathologiques bizarres que Ricord appelait, en
riant, des scrofulates de vérole. À l'âge de onze ans, notre
homme a été atteint d'une kératite double intense, qui l'a
privé de la vue pendant huit mois, et dont quelques vestiges
persistent sous forme d'opacités cornéennes légères; ses
iris ne sont pas restés indemnes, et la forme allongée ver-
ticalement ae ses pupilles rappelle un peu celle de l'œil du
chat. Une des rares incisives subsistantes présente un
aspect rappelant un peu celui de la dent d'Hutchinson. De
plus, quelque temps après la première atteinte rhumatis-
male, un gonflement indolent du testicule droit est survenu
et ne s'est jamais dissipé ; le patient v a gagné d'être réformé
du service militaire sous prétexte d'hydrocèle. Mais, si la
tumeur présente une véritable transparence, elle est peu
volumineuse et ne l'a jamais été davantage ; on y perçoit,
contrastant avec la transparence en question, des zones
étroites obscures, correspondant à des duretés appréciables
au palper : toutes choses qui ne se rencontrent guère dans
une hydrocèle véritable. Mon collègue, M. Monod, ayant
bien voulu examiner ce testicule altéré, a cru y reconnaître
un kyste, et ne rejette pas absolument l'idée que Thérédité
syphilitique ait pu proauire cette lésion. Il est donc permis
de se demander si, à l'influence rhumatismale, d autres
406 — »•» —
GAZETTE flEBDOHÂDAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 19 iuiiusr 1889
influences n'auraient pas ajouté leur action pour donner
naissance aux altérations vasculaires ci-dessus décrites.
En tout état de cause, il m'a paru indiqué de donner
riodure de sodium. Cette médication est bien supportée
iusqu'ici, et peut-être devons-nous lui attribuer en partie
la disparition de l'anxiété précordiale qui avait amené le
patient dans notre service.
CORRESPONDANCE
A MONSIEUR LE RÉDACTEUR EN CHEF DE LA GAZETTE HEBDOMADAIRE
DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
Mon cher confrère,
Je m'empresse de vous adresser la cordiale expression de mes
remerciements pour Tarticle si bienveillant que. vous avez con-
sacré dans votre dernier numéro à la méthocfe thermochiraique,
et je vous transmets quelques réflexions que m'a suggérées cet
article ; j'ose espérer que vous serez assez bon pour leur faire
le même accueil.
Vous dites dans cet article : c M. Sappey avait le droit de
f protester contre la prééminence c[ue l'on accorde de nos jours à
a technique purement histologiçiue. > Peut-être, en eÛ'et, des
deux communications que j'ai faites à l'Académie des sciences,
Êourrait-on conclure t[ue je proteste contre cette prééminence.
,n réalité cependant je ne proteste pas; une protestation sem-
blerait accuser, de ma part, la secrète pensée de rabaisser la
haute valeur de la methoae des couoes. Or, loin de moi une
telle pensée. Je considère la méthode des coupes comme la plus
importante acquisition histologique du dix-neuvième siècle.
Elle a été le point de départ de toutes les grandes découvertes
dont la science s'est enrichie depuis quarante ans ; elle a ouvert
une voie nouvelle et féconde à l'nistologie animale et à Fhisto-
logie végétale ; c'est à elle que nous sommes redevables de la
connaissance des éléments anatomiques. Protester contre une
méthode qui nous a rendu de tels services, ce serait nous mon-
trer ingrats envers les hommes éminents qui l'ont imaginée,
propagée et universalisée, qui l'ont peu à peu perfectionnée, et
qui l'ont élevée ainsi à un tel degré de splendeur que toutes les
méthodes et tous les procédés jusqu'alors usités sont tombés
dans un légitime et complet discrédit.
Je ne suis donc pas l'adversaire de la méthode des coupes.
J'en suis au contraire un très dévoué partisan et un sincère
admirateur. Si elle était attaquée, je me rangerais aussitôt du
c6té de ses défenseurs.
J'ai dit cependant qu'elle avait un défaut qui dérive de son
principe et ae ses avantages : elle divise trop et sacrifie ainsi
des organes dont la forme, le volume, les rapports, etc., seraient
très utiles à connaître. J'ajoute qu'à mes yeux elle en a un
second : elle est venue avant l'heure marquée pour son complet
succès. Je m'explique. Bichat dans son étude analytique des
tissus avait suivi une marche processive. Pour ne laisser der-
rière lui aucune inconnue, il procédait avec une sévère méthode
des parties les plus volumineuses aux plus minimes, des plus
compliquées aux plus simples, les décomposant ainsi en parti-
cules de plus en plus réduites pour arriver enfin aux organes
premiers et aux éléments qui les composent. Admirablement
servi par son génie, mais n ayant à sa disposition aucune des
ressources qui constituent l'arsenal de la science moderne, il ne
put atteindre le but qu'il poursuivait, et mourut à trente-deux
ans, laissant son œuvre incomplète, n'emportant dans la tombe
que la gloire d'avoir radieusement ouvert la voie à ses conti-
nuateurs.
Ceux-ci, pleins d'admiration pour l'œuvre éloquente et entraî-
nante du maître, marchèrent sur ses traces avec une noble ému-
lation. Après de longs efforts, sans résultats bien notables, ils
eurent la bonne fortune de découvrir la méthode des coupes, dont
l'usage se répandit rapidement et ne tarda pas à se généraliser.
A dater de ce moment les éléments des corps organisés tom-
baient en leur pouvoir; on les vit sortir un à un de leur profonde
retraite, entourés chacun des attributs qui les caractérisent*
Ce fut pour la science une époque mémorable, qui lui ouvrait
de nouveaux horizons et qui donnait les plus brillantes espé-
rances. Remarquons cependant qu'en faisant ce pas de géant
elle sortait de la voie si rationnellement tracée par le grand
initiateur de la fin du dix-huitième siècle. L'analyse devait pro-
céder des organes de second ordre aux organes premiers et d*-
ceux-ci aux éléments ; elle devait être progressive. Or elle ne 1';»
pas été ; elle a brusquement sauté des organes de second ordr**
aux cellules, franchissant d'un seul bond tout un échelon impor-
tant sur lequel se trouvaient groupés les orgues premiers. Si je
ne craignais de proférer un blaspnème, je dirais que le succès a
été trop rapide. Le progrès dans sa course précipitée a laissé
sur la route toute une série de faits qu'il a méconnus et dont
l'intéiét cependant n'est pas contestable. Aujourd'hui, pour
éclairer ces points restés obscurs, nous sommes condamnés à
remonter le courant ; pour avoir marché trop vite, il est devenu
nécessaire de faire un pas en arrière. C'est à cette condition
seulement que nous achèverons de soulever le voile qui courrt-
les mystères de l'organisation, et que nous réaliserons le révc
de Bichat et de ses continuateurs. Tel est le but de la méthode
thermochimique ; elle ne saurait donc porter aucun ombrage à
la méthode des coupes. Les deux méthodes sont appelées^ par
les services qu'elles nous rendront, à s'éclairer, àsentr'aiaer,
à se compléter et à marcher côte à côte, comme deux sœurs qui
ont tout avantage à vivre en bonne harmonie.
Veuillez agréer, etc.
C. Sappey.
REVDE DES CONGRÈS
Irolslème Congrès de la Société allemande de syaée«lasie
tenu à Friboars en Brtosan du f t au 14 Jaln.
Le dernier numéro du Centralblatt fur Gynàkoiogie
(6 juillet) nous apporte le compte rendu analytique des travaux
de ce Congrès, travaux dont les analyses hâtives publiées jusqu'à
présent ne nous donnaient ni la lettre, ni même l'esprit.
La séance d'ouverture a été en grande partie consacrée à une
discussion sur la pathogénie des accidents puerpératix. De
l'exposé de cette discussion il ressort qu'à l'heure actuelle, et
comme nous-mêmes, les accoucheurs allemands se posent la
question suivante :
A côté de VhétérO'infeciiony produite parles micro-organismes
?[ue portent dans le canal génital les accoucheurs ou les sages-
emmes non aseptiques, existe-t-il une auto-infection^ due à
l'existence antérieure à l'accouchement de ces mêmes micro-
organismes ou d'autres espèces dans les sécrétions vaginales de
femmes en apparence saines? En d'autres termes, et pour porter
la question sur le terrain pratique, en dehors de la aésinfectioa
de ses mains et de ses instruments, Taecoucheur a-t-il à se
préoccuper de la présence possible de germes dans le conduit
vagino-utérin?Sioui, les injections vaginales dites préliminaires,
au début du travail, doivent être recommandées, voire même
prescrites, surtout aux sages-femmes ; sinon, si le seul danser
réside dans l'importation des microbes par les mains et les
instruments, on ooit réduire autant que possible le toucher et
défendre aux sages-femmes toute injection qui peut devenir la
source d'une inoculation.
La discussion est ouverte par Kaltenbach (de Halle) avec le
mémoire suivant sur Vauto-infection.
Les affections puerpérales sont dues à des micro-organismes,
qui tantôt agissent par leur seule présence (infection), tantOt
par leurs produits de sécrétion (intoxication). Ces doux processus
sont rarement et difûcilement dissociables, et ce qu'on appelle
en obstétrique infection est quelque chose d'extraordinairement
complexe.
La forme la plus importante de l'infection puerpérale est celle
qui tire son origine du dehors (infection par contact) ; ses
sources habituelles sont les cadavres, les sécrétions des plaies
et les lochies des accouchées malades. Viennent ensuite les cas
d'infection dérivés de l'organisme même et considérés déjà par
Semmeiweiss comme des auto-infections.
La démonstration de l'existence de nombreux micro-orga-
uismes dans les sécrétions génitales des femmes saines, a posé la
question de l'auto-infection sur un terrain solide.
Depuis longtemps, en s'appuyant sur l'observation clioiqae,
Kaltenbach a montré que la cavité utérine devait être exempte
de germes, ce qu'ont conûrmé les recherches bactériologiques
de Winter et ae Dôderlein. Par conséquent on doit considérer
l'auto-infection comme l'entrée en action de micro-organismes
existant avant l'accouchement dans les sécrétions vaginales.
19 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N" 29
467
Nombre d'accoacheui's tiennent pour illogique la division pré-
cédente en hétéro et auto-infection, et combattent lés mesures
prises contre cette dernière. La doctrine de l'auto-infection
repose tout entière sur la démonstration d'organismes patho-
gènes dans les organes sexuels des femmes saines.
Kaltenbach croit que la sécrétion séro-muqueuse qui accom -
pagne le travail de Taccouchement, entraine et emporté au
dehors les germes fixés sur les parois da canal; il nen reste
habituellement que quelques-uns qui, par suite de la marche
rapide du travail et du libre écoulement lochial, demeurent sans
action. Ils cessent par contré d'étré négligeables et sans danger
dès que le nettoyage des parties est insuffisant, comme cela
arrive dans les cas de rupture prématurée des membranes, d'ac-
couchements lents, d'œuf macéré; ultérieurement il faut encore
tenir compte de leur pénétration dans la cavité de Tutérus et de
Fœuf, de la rétention de débris ovulaires, des contusions subies
Sar les parties molles, de la stagnation des sécrétions et enfin
e la production, au cours des suites de couches, de plaies
nouvelles aptes à Tinfection.
Les micro-organismes eu question doivent-ils être distingués
en pathogènes et non pathogènes? Doit-on accorder au seul
streptocoque une action spéciale et une attention prépondérante?
Ce sont la des questions incomplètement résolues.
A la vérité, les formes les plus graves de la fièvre puerpérale,
dans lesquelles les streptocoques ont été trouvés, reconnaissaient
pour origine une hétéro-infection, tandis que les maladies pro-
duites par Tau to- infection sont le plus souvent plus bénignes et
s'expliquent par la préexistence dans le va&fin d'agents de la
suppuration ou de la putréfaction. L'action aes microbes de la
putréfaction est plus aisée à comprendre ici que celle des
microbes de la suppuration. Kaltenbach rappelle les inoculations
faites par Winter avec cies cultures pures (provenant de sécré-
tions vaginales) de staphylocoques et leur résultat négatif.
On ne sait rien de précis sur le rôle que d'autres micro-orga-
nismes pathogènes peuvent jouer dans l'auto-infection; il est
seulement vraisemblable que le gonocogue peut être dangereux
pour la mère aussi bien que pour l'entant (paramélrite chez la
raère, ophthahnie blennorrhagique chez l'enfant).
1/orateur considère comme vraisemblable que les streptocoques
de l'érysipèle et de la septicémie peuvent exister dans le vagin
longtemps avant l'accoucnement, et devenir après celui-ci l'ori-
gine d'accidents puerpéraux.
Un grand nombre d'auto-infections proviennent de Tintro-
duction, dans la cavité utérine antérieurement vide de germes,
par le doigt, par la main de l'accoucheur de sécrétions vaginales
renfermant des microbes. On doit redouter surtout les manipu-
lations qui portent sur l'aire placentaire, et les obstacles insur-
montables a l'accouchement qui pourraient amener la pénétra-
tion par aspiration de micro-organismes dans la cavité de l'œuf.
Les traumatismes, les violences brutales lors de l'exploration ou
de la délivrance artificielle, jouent également un rôle important.
Il en est de même de la rupture prématurée des membranes qui
entrave le balayage du canal génital et, par suite de la prolon-
gation du travail, donne aux germes le temps de se multiplier;
u tamponnement du vagin même s'il est fait de matières asepti-
ques; de la rétention des membranes, du placenta, de caillots.
Ces formes d'auto-infeclion sont les plus graves parce qu'elles
intéressent la cavité utérine et la zone placentaire. Même après
Textraction des débris de l'œuf et le lavage de la cavité utérine,
la fièvre persiste et l'autopsie montre que l'on n'avait pas affaire
à une intoxication putride, mais à une véritable infection que
décèle l'invasion des ihrombus par des bactéries.
Kaltenbach pense que la péritonite qui suit l'auto-infection
résulte d'une propagation tubaire ; elle aurait, quanta la marche
et à la terminaison, une physionomie différente de la lympho-
péritonite, s'enkysterait dans le cul-de-sac de Douglas et guéri-
rait le plus souvent après ouverture spontanée ou artificielle.
Comme dernière forme d'auto-infection l'orateur mentionne la
pénétration des sécrétions lochiales dans des plaies rouvertes
ou nouvellement faites (périnéorrhaphie secondaire, cystite par
cathétérisme).
Quelles sont les conséquences pratiques de cette conception
de l'auto-infection? 11 est très difficile, ainsi que l'ont prouvé
les recherches de Steffeck et de Dôderlein, de rendre le canal
génital aseptique, ce qui serait le remède radical à l'auto-infec-
tion. Le nettoyage à la brosse ou par frottement n'est pas pra-
tique et comporte des dangers. D'ailleurs il n'est pas néces-
saire. Une simple injection vaginale prophylactique suffit.
Depuis l'été de 1883, chaque parturiente qui entre dans le
service de Kaltenbach reçoit une injection de sublimé à 1/1000
ou 1/3000; cette injection a pour but d'empêcher aue dès le
début du travail, par des examens réitérés et inhaniles, des
microbes vaginaux ne soient portés dans la cavité utérine ou dans
celle de l'œuf. L'orateur ne considère pas comme indispensable
l'entière destruction des germes ; il ti'ent seulement, autant que
possible, à entraîner ceux qui sontà la surface et a rendre les autres
incapables de nuire durant un certain temps. Si le travail dure
longtemps, les injections sont réitérées avec des désinfectants
plus faibles.
Ahlfeld a usé à Marbourg, un jpeu après Kaltenbach, de cette
injection vaginale préliminaire et a noté un abaissement marqué
de la morbidité. Des observations semblables ont été faites à
Leipzicf, à Dresde, à Hanovre.
Pendant les six ans passés par lui à la tête des cliniuues de
Giessen et de Halle, Kaltenbach n'a jamais noté ni paramétrite ni
endométrite.
Sur quinze cents accouchements, il n'a observé que trois cas
d'affections puerpérales graves avec deux morts; dans ces cas il
s'aû^issait de graves hétéro-infections dont la source est connue.
Les ascensions de température au-dessus de 38 degrés, en
dehors de toute maladie intercurrente, sont tombées dans les deux
dernières années à 10 et 13 pour 100 ; il les rapporte à une mi-
nime hétéro-infection ou à l'infection par les locnies.
Il croit que dans les maternités qui servent à l'instruction,
l'injection vaginale prophylactique est la condition sine qua non
d'un bon état sanitaire. 11 la recommande aux médecins, mais
ne précise pas dans quelles circonstances elle doit être faite par
les sages-femmes.
Dans certains cas particuliers, l'injection vaginale prophylac-
tique constitue une indispensable mesure de précaution. On doit,
avant toute intervention manuelle, commencer par désinfecter le
vagin. Le médecin doit bien savoir qu'avec des instruments et
une main propre il peut indirectement amener des affections
graves des plaies.
De même, en gynécologie, les suites favorables des opérations
ne tiennent pas exclusivement à l'asepsie des mains et du maté-
riel, mais avant tout à la désinfection complète de tout le champ
opératoire et de ses environs.
H. V.
{A suivre,)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie d« mMeelne.
SÉANCE DU 16 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. de Quatrefaget fait hommage de l'Introduction anthropologique qu'il a
écrite pour V Encyclopédie d'hygiène et de médecine publique, publiée par
M. J. Roehard.
M. Empit dépose un Traité élémentaire de mycologie, par M. Moyen.
M. Larrey présente la Statistique médicale du ditpentaire Furtado^Heine
en 18S8.
M. Germain Sée dépose un mémoire imprimé de M. le docteur Moncorvo (de
Rio-de-Janeiro) sur lei troublet dyspeptiques dans Venfance et sur leur
diagnostic par la recherche chimique du sue gastrique.
M. Uayem présente la thèse de M. le docteur Brunet sur le traitement de la
tu!erculose pulmonaire par les inhalations d'acide /luorhydrique.
Démographie. — L'ouvrage de M. Levasseurj dont
M. G. Lagneau entretient TAcadémie, est le premier volume
de son travail sur la Population française.
Outre une introduction sur la statistique, base de toute
étude démographique, ce premier volume comprend une
histoire de la population avant 1789 et une démographie
française comparée.
Dans l'histoire de la population, de nombreux documents
permettent d'évaluer plus ou moins approximativement les
accroissements et les diminutions présentés par notre popu-
lation, suivant les périodes de paix et de prospérité, selon
les époques de guerres, d'épidémies, de famines, de persé-
cutions religieuses. Pour les 528400 kilomètres carrés,
constituant le territoire actuel de la France, M. Levasseur
croit pouvoir évaluer notre population à 6 700000 habitants
468
N* 29
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
19 Juillet 1889
à l'époque de César, à 5500000 à Tépoque carlovingienne, à
20 ou 22000000 au quatorzième siècle, â 20000000 au
seizième siècle, h 21 136000 en 1700, d'après les mémoires
des iiilendan'.s, à 21500000 vers 1770. d'après Messange,
Expilly, Moheau, Ncckcr,età2COO0O0Oeal789, d'aorèsde
Pommelles, Bon vallel- Desbrosses, Lavoisier, Arthur Young,
Condorcel, Montesquieu.
Aux huitième et neuvième siècles, le polyptic|ue
d'imnion, abbé de Sainl-Germain-des-Prés, les cartulaires
des abbayes de Reims et de Marseille, montrent que sur les
domaines de ces congrégations, on ne comptait qu'un, deux
ou trois enfants vivants par ménage. Contrairement, vers la
fin du dix-huitième siècle, avant la Révolution, on comptait
en France plus de quatre enfants par mariage (4.2 ou 4,5)
d'après Molieau, de Pommelles, mais à Paris, il n'y en avait
guère que trois par mariage (3,3) d'après BulFon.
Dans la démographie française comparée, de recensement
en recensement, on voit notre population s'élever de
27347800 habitants en 1801 à 38192064 en 1866, puis
s'abaisser durant nos désastres, pour reprendre ensuite sa
lente marche ascensionnelle, de 36102921 en 1872 à
3821890J en 1886.
Après l'étude de notre population aux divers points de
vue des sexes, des âges, des états civils, de la taille, des
infirmités, des langues, d'intéressantes recherches sont
faites, sur la densité de la population, c'est-à-dire sur le
nombre d'habitants par kilomètre carré, dans l'ensemble de
la France, dans les divers départements, arrondissements,
cantons et communes. Le plus souvent les habitants délais-
sent les montagnes, les plateaux arides, les landes stériles,
les marécages, pour se fixer près des cours d'eau, dans les
plaines, les vallées fertiles, dans les bassins houillers, où
les mines et les usines exigent beaucoup de bras, sur les
cétesde la mer, où la péché et la navigation fournissent de
nombreux moyens d'existence. Si après le déparlement de
la Seine, qui compte 6185 habitants par kilomètre carré, le
département du Nord, avec ses 294 habitants, présente la
Eopulation la plus dense ; par contre, les départements des
asses et Hautes-Alpes, de la Lozère, avec leurs 19, 22 et
27 habitants par kilomètre carré sont les moins peuplés.
Une carte, dressée par M. Turquan, montre cette répartition
do notre population.
Comparant la densité moyenne de la population des diffé-
rents États de l'Europe, M. Levasseur met à même de
constater que la France, avec sa population de 72 habitants
Èar kilomètre carré (72,3), n'arrive qu'au huitième rang, la
elgique en ayant 201, l'Angleterre 180, les Pays-Bas 132,
l'Italie 105, l'Empire allemand 85, la Prusse 82, l'Autri-
che 78. Outre 49 planches, deux cartes coloriées montrent
qu'en Europe, les pays septentrionaux, Norwëge, Suède,
Russie, sont très peu peuplés, et que dans le monde, les
populations les plus denses occupent l'Europe centrale et
occidentale, les Indes et la Chine.
Traitement électrique de l'occlusion intestinale. —
M. Hérard donne lecture d'un rapport sur un mémoire de
M. le docteur Larat, concernant le traitement de l'occlusion
intestinale par l'électricité. Après avoir décrit la technique
du lavement électrique, telle que l'a imaginée M. le docteur
Boudet de Paris, le rapporteur examine les résultats théra-
Reutiques constatés dans les 24 observations recueillies par
[. le docteur Larat; ces cas ont été suivis de 10 guérisons
complètes, 6 insuccès et 6 demi-succès, en ce sens que le
cours des matières a été rétabli, mais la mort est survenue
au bout d'un temps variable, soit par épuisement du
malade, l'électricité n'ayant été appliquée que tardivement,
soit par péritonite, soit le plus souvent par les progrès d'une
ésion organique concomitante.
Si l'on rapproche ces faits des résultats obtenus par M. le
docteur Boudet de Paris, qui, dans une statistique plus
étendue, .compte 70 pour 100 de succès opératoires, on
comprend, ajoute M. Hérard, la valeur thérapeutique de
l'électricité dans l'occlusion intestinale. Des observalion>
relatées par ces auteurs, il ressortirait que, même dans \e>
cas où il existait une tumeur de mauvaise nature, le pIo>
ordinairement cancéreuse, l'électricité a pu quelquefois
rétablir le cours des matières et, en donnant une survie au
malade, permettre une intervention chirurgicale, qui eû{
été difficile ou dangereuse avant l'évacuation de riotestiD.
L'inflammation péritonéale elle-même ne serait pas unt-
cause d'abstention, si l'on tient compte des deux observations
démonstratives rapportées par M. Larat. Les lavements
électriques, convenablement administrés, sont exempL«
d'inconvénients et de dangers.
Sans doute, si l'on doit opérer, il vaut mieux le faire de
bonne heure; mais dans des affections où le diagnostic de
la cause est si souvent incertain, comment prévoir sûrement
les cas où échouera l'action médicale? Qu'on n'oublie {las
non plus que la mortalité de la laparotomie pour cause
d'occlusion est encore énorme malgré l'antisepsie. D'un
autre côté, l'anus contre nature que quelques chirurgiens
préfèrent à la laparotomie, constitue une infirmité dégoû-
tante, quelquefois passagère, le plus souvent durable.
Avant d'en arriver à cette extrémité, n'est-ce pas un devoir
de recourir d'abord au traitement médical qui a fait ses
preuves, en l'appropriant à chaque cas particulier : purga-
tifs au début sans y insister toutefois, car s'ils n'amènent
aucun résultat ils aggravent le mal ; belladone, opium à
haute dose à l'intérieur ou sous forme d'injections de mor-
f)hine, lavements purgatifs, douches et irrigations rectales,
avements de siphons d'eau de Seltz et surtout électricité, si
souvent couronnée de succès.
A quels procédés, d'électrisation faut-il accorder la pré-
férence : faradisation, galvanisation, lavements électriques?
D'une manière générale tous ont produit de bons résultais;
toutefois il semble à H. Hérard que la faradisation convient
plutôt aux étranglements aigus, survenant brusquement
alors qu'il s'agit d'imprimer aux parois abdominales des
contractions rapides qui déterminent une sorte de massage
du paquet intestinal. Elle semble moins appropriée aux
formes d'occlusion à marche lente avec parésie intestinale,
dans lesquelles l'indication dominante est de rétablir la
tonicité des muscles lisses affaiblie. C'est en pareil cas <)ue
la galvanisation aura beaucoup de chances de réussite.
Enfin, le lavement électrique, tel que MM. les docteurs
Boudet (de Paris) et Larat le pratiquent, moins douloureui
que la faradisation, plus sûr et plus exempt d'inconvé-
nients que la galvanisation ordinaire, offre de réels avan-
tages.
Il n'est pas prouvé, d'après M. Léon Le Fort^ que dans
les vingt-quatre' observations recueillies par H. le docteur
Larat, il se soit constamment agi d'obstructions intestinales
vraies, mais souvent de ces constipations opiniâtres que le
lavement électrique a pu plus aisément vaincre. Il n*en
saurait être de même en cas d'occlusion par brides ou par
volvulus : la méthode sera toujours impuissante en pa-
reil cas. D'ailleurs, le nombre restreint de dix guérisons
sur vingt-quatre cas ne plaide guère en sa faveur; il y a
lieu de l'essayer, mais de ne cas trop attendre, en cas d'in-
succès, pour intervenirchirurgicalement. — Il faut distinguer,
d'après M. Constantin Pauly si l'obstruction siège au ni-
veau du gros intestin ou de l'intestin grêle; dans ce dernier
cas il ne faut pas trop compter sur le lavement électrique,
quand bien même on augmenterait l'action de la galvanisa-
tion en renversant le courant à plusieurs reprises.
Ce procédé est tellement énergiaue, ajoute M. Ilayn
m'il convient de n'en confier l'emploi qu à des mains exe
qu'il convient ae n'en conner l'emploi qu'à des mains exer-
cées et d'observer avec soin le galvanomètre afin d'éviter des
accidents, tant est grande l'intensité du courant avec les vingt
19 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— W 29 — 469
éléments deGaiffe. soit 30 milli-ampères, généralement
employés.
OvARO-SALPiNGiTES. — M. Comil Ht un rapport des plus
favorables, et dont les conclusions sont adoptées, sur un
mémoire de M. le docteur Terrillon, concernant les résul-
tats immédiats et consécutifs des ovaro-salpingites qu'il a
traitées par la laparotomie. (Voy. le compte rendu de la
séance du 28 mai 1889.)
ÀNESTiiÉsiQUEs. — M. LéoH Le Fort complète les ren-
seignements qu'il a donnés à Tavant-dernière séance sur
les résultats qu'il obtient depuis six ans à l'aide du méthy-
lène comme agent anesthésique. Ce produit, de fabrication
anglaise, qui lui a été indiqué par sir Spencer Wells, et
dont il se sert presque eiclusivement depuis six ans, est
obtenu par la distillation du chloroforme et de l'alcool sur
du zinc; il l'administre à l'aide de l'appareil de Junker.
M. Le Fort s'est livré à de nombreux essais comparatifs
entre le chloroforme et ce méthylène; il considère celui-ci
comme ayant une action moins rapide que le premier, mais
cette action paraît être plus sûre, elle détermine beaucoup
moins d'agitation, et surtout elle m^t à l'abri des vomisse-
ments. Quant au produit préparé par M. Regnauld et ayant
même composition chimique, parait-ii, il présente des effets
bien moins favorables.
Tels n'ont pas été les résultats obtenus par M. Polaillon
dans les sept essais qu'il vient de faire du chloroforme
mélhylique ; le sommeil a été incomplet, la période d'ébriélé
s'est prolongée pendant toute l'aneslhésie, et les vomisse-
ments ont été assez fréquents. — M. Léon Le Fort estime
aue ces essais n'ont pas été assez nombreux pour donner
es résultats appréciables; il a observé des effets tout diffé-
rents dans les nombreuses anesthésies qu'il a pratiquées
depuis sept ans, et sir Spencer Wells a employé le méthy-
lène dans les douze cents ovariotomies qu'il a faites jus-
qu'ici.— Ilyabien quelque différence, fait observer M. Tre-
laty dans l'action des divers anesthésiques, mais il faut
surtout tenir compte, en pareil cas, des qualités de flair, de
tact, d'attention qu'apporte celui qui administre l'anesthé-
sique à remplir la délicate mission qui lui est confiée; la
pratique de tous les jours démontre la justesse de celle
remarque. — Au cours de cette discussion, M. Maurice
Perrin rappelle qu'à l'instigation de M. le docteur Fouré,
en 1874, il administre préalablement une dose de chloral
suffisante pour amener le sommeil au moment de la chlo-
roformisation ; ce procédé, au'il n'a pas cessé d'employer,
lui a constamment donné d excellents résultats.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, afin
d*entendre la lecture d'un rapport de M. Polaillon sur les
candidats au titre de correspondant national dans la deuxième
division (chirurgie). Le liste de présentation est fixée ainsi
qu*il suit : 1« M. Bouchacourl (à Lyon); ^»M. Lanelongue
présentation : M. Gayet (à Lyon)
— L'ordre du jour de la séance du 26 juillet 1889 est ûxé
ainsi qu'il suit : !*• Rapport de M. Laboulbène sur un
mémoire de M. le docteur Costomiris, concernant la litté-
rature médicale grecque dans l'antiquité; — 2" Suite de la
discussion sur le chloroforme et 1 aneslhésie (Inscrits :
MM. Laborde, Budiny Chauveau)\ — 3" Communication
de M. Mesnet sur l'hypnotisme.
Société médicale des bApItaaz.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CADET DE GAS3IC0URT.
Statistique oomparèe de la mortalité par rougeole, coqueluche et
scarlatine: M. Richard (Discussion: KM. Sevestre, Chauffard,
Cadet de Gassicourt, Netter). — A propos de l'empyème pulsatile:
M. F6réol. ^ Dilatation de l'aorte, oblitération de la sous-clavière
gauche, atrophie du bras correspondant (Présentation de malade) :
M. Oingeot (Discussion : M. Barrlé). — Injections antiseptiques
intrapleurales dans les pleurésies infectieuses : M. Femet.
M. Richard^ à Toccasion du procès-verbal de la précé-
dente séance, apporte une statistique, portant sur 100 villes
de France d'une population supérieure à 20000 habitants,
et comprenant les trois dernières années. On voit sur les
tableaux et les graphiques qu'il p'ace sous les yeux de la
Société que la mortalité par rougeole est plus élevée que
celle par coqueluche, qui Test elle-même davantage que
celle par scarlatine. Il établit d'ailleurs que les décès par
rougeole et par coqueluche sont presque tous imputables h
la broncho-pneumonie, maladie surajoutée, inrectieuse et
contagieuse, qui présente sa fréquence maxima dans les
milieux hospitaliers. Aussi, afin de pouvoir mieux connaîlre
les conditions de son développement et les mesures de pro-
phylaxie à lui opposer, M. Richard demande à la Société de
meltre à son ordre du jour l'étude des causes et de la pro-
phylaxie des broncho-pneumonies.
M. Sevestre fait remarquer que la statistique dressée par
M. Richard ne porle que sur les trois dernières années; or
l'on sait que depuis quelque temps la scarlatine revêt, en
France, un caractère de oénignité marquée. Mais il y a eu
autrefois des épidémies fort sévères, qui se montreront
peut-être de nouveau quelque jour. 11 est probable que les
chiffres apportés par M. Richard ne seraient plus dans un
rapport iaentique si la statistique comparative remontait à
une vingtaine d'années par exemple. Quant à la question
de la broncho-pneumonie, elle ne lui semble pas pouvoir être
mise utilement à Tordre du jour de la Société, car on ne
possède encore aucun élément de discussion scientifique sur
ce sujet. On pourrait se borner à inviter les médecins des
hôpitaux à réunir des documents relatifs à cette importante
question et à les communiquer à la Société.
M. Chauffard regrette que M. Richard n'ait pas donné
les chiffres de morbidité pour les trois mêmes maladies,
car on aurait vu sans doute des relations toutes différentes
entre les résultatsdu pourcentage. En un mot, il pense qu'on
observe plus de décès sur cent scarlatineux que sur cent
coquelucheux.
M. Richard croit qu'il n'existe pas de statistique d'état
fournissant les chiffres de morbidité, aussi a-t-il dû se con-
tenter d'un simple document démographique. Il déclare se
rallier à la motion formulée par M. Sevestre.
(Cette proposition est mise aux voix et adoptée.)
M. Netter a réuni quejques documents au cours de ses
recherches sur la question. 11 est évident -que la broncho-
pneumonie est une maladie surajoutée à la rougeole et à la
coqueluche, rarement à la scarlatine; de plus, ces broncho-
pneumonies diffèrent suivant leur étiologie. On connaît
aujourd'hui cinq espèces de microbes que l'on rencontre
dans ces broncho-pneumonies, tantôt isolés, tantôt associés :
pneumocoques, streptocoques» bacilles encaspulés, enfin sta-
phylocoques pyogènes, et un bacille mobile très semblable
au bacille lyphique. Sans doute, on déterminera des carac-
tères différents pour la broncho-çneumonie due à chacun
de ces microbes. Tous ces organismes sont ceux que Ton
rencontre avec une fréquence plus ou moins grande dans
la bouche de sujets sains ; aussi doit-on penser que la
cause de la broncho-pneumonie réside dans la pénétration
470 — N* 29 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 19 Juillet 4889
de ces microbes delà bouche dans les voies respiratoires sur
un individu débilité, préparé, pour ainsi dire, par la maladie
première, rougeole ou coqueluche. La virulence de ces orga-
nismes paraitd'ailieurs très variable chez l'individu sain, sui-
vant les saisons, ce qui expliquerait peut-être une certaine
influence climatérique sur l'éliologie de la broncho-pneu-
monie. Les recherches de divers bactériologistes étrangers
ont donné des résultats parfaitement concordants avec les
expériences de M. Netter. Quant aux épidémies de famille
ou de maison, on ne saurait encore affirmer s'il s'agit de
contagion ou d'une même influence épidémique. Quoi qu'il
en soit, l'antisepsie de la bouche, et 1 antisepsie des salles
d'hôpital, où la oroncho-pneuraonie est à coup sûr plus fré-
quente qu'en ville, semblent s'imposer comme mesures pro-
phylactiques pour préserver les malades atteints de rougeole
et de coqueluche.
— M. Féréol constate que, dans l'observation d'empyème
fiulsatile, communi(]uée dans la dernière séance par M. Mil-
ard, on trouve, ainsi que M. M illard l'a lui-même fait
remarquer, un puissant argument en faveur de l'interpré-
tation qu'il a proposée des phénomènes de la pleurésie pul-
satile. En effet, chez ce malade, à quelques mois de dis-
tance, et dans des conditions sensiblement les mêmes, on a
pu observer uue première fois un pneumothorax avec pul-
sations, et, une seconde fois, le pneumo-thorax sans pulsa-
tions. Cette particularité vient contredire la théorie de la
symphyse pleuro-péricardique soutenue par M. Comby, car
celte symphyse n'avait évidemment pas disparu au bout de
quelques mois. Il semble, au contraire, qu'on puisse
aditiettre, d'après les détails mêmes de l'observation, qu'il
existait un pneumothorax fermé lorsqu'on a constaté les
pulsations de l'empyème, et un pneumothorax ouvert
quand celles-ci avaient disparu. C'est là précisément la con-
firmation de la théorie proposée par M. Féréol. L'expéri-
mentation sur les animaux, si Ion parvenait à la réaliser,
pourrait sans doute fixer le débat en dernier ressort.
— M. Gingeot donne lecture d'une observation intitulée :
Dilalation aorlique, oblitération de la sous-clnvière gau-
chSy et atrophie du membre supérieur du même côté. Il
soumet le malade à l'examen de la Société. (Voy. p. 463)
M, Barrié a soigné ce malade dans son service pendant
plusieurs mois; il croit qu'on doit admettre la syphilis
héréditaire, en faveur de laquelle plaident la lésion du tes-
ticule et les altérations très manifestes des dents. L'altéra-
tion aortique relèverait de la syphilis. Il s'agit d'ailleurs
d'un hystérique, qui a même une certaine propension à la
simulation.
— M. Femet lit un mémoire sur les injections anti-
septiques intrapleurales dans les pleurésies infectieuses.
(Sera publié.)
— La séance est levée à cinq heures et quart.
Société de ehtrari^e.
SÉANCE DU 10 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE DE M. LE DENTU.
LooaUsatioxui oërèbrales et trépanation : MM. TUlaux, Champion-
niôre. Berger, Pozzi. Kirmisson, Terrillon. — De la gastro-entôro-
tomie : M. Roux (de Lausanne) : M. Monod, rapporteur. — Descente
artifioieUe du testloule : MM. Kirmisson, Ghampionnière.
M. filiaux accorde une grande importance aux locali-
sations cérébrales, mais ne croit pas qu'elles aient dit leur
dernier mot sur l'homme, et même des physiologistes
comme M. Brown-Séquard en ont toujours doulé. M. Tillaux
a eu dans son service un homme qui, à la suite d'une vio-
lence sur la tête, fut atteint d'aphasie avec monoplégie
brachiale incomplète. Si donc il eût été indiqué de trépa-
ner, il eût semblé évident qu'il fallait mettre au jour le pied
de la troisième frontale et l'extrémité inférieure de la
frontale ascendante. Or, le malade étant mort de pleure-
pneumonie, l'autopsie a montré ces régions parfaitement
indemnes, tandis qu'il y avait trois autres foyers de con-
tusion corticale : un sur l'extrémité antérieure de chacune
des première et deuxième frontales; un sur la première
temporale en avant, sur ce que l'on a appelé le centre de
l'audition. De plus, le malade n'était nullement sourd.
M. Ghampionnière. Les lésions ne sont pas assez limi-
tées pour que le fait soit probant. Les faits expérimentaux
sur les divers animaux sont fort bien établis, quoi qu*en
dise M. Brown-Séquard. Il ne faut pas trop se mettre à
l'abri derrière ce physiologiste, dont les expériences sur le
cerveau, et non pas seulement celles de ces jours derniers,
ont toujours été volontiers combattues par les hommes les
plus compétents. De plus, les faits humains positifs sont en
nombre absolument respectable.
M. Berger ne pense pas cependant qu'il faille trop affir-
mer qu'une couronne de trépan mettra à découvert une
lésion déterminée. Il a publié dans lai Revm de chiruraie^
en collaboration avec M"** Klumpke, l'observation d'un
homme qui, à la suite d'un coup sur la tête, était atteint
d'aphasie motrice type. Or il n'y avait rien à l'écorce. Il est
vrai qu'outre d'autres lésions il y avait des altérations sous-
corticales de l'insula.
H. Pozzi a été un des premiers à insister sur ces faits
négatifs, et même il avoue avoir exagéré, en 1877, le scejv-
ticisme contre la doctrine du trépan guidé par les localisa*
tiens. Depuis, la science a marché et il est prêt à faire amende
honorable. D'ailleurs, le fait de M. Tillaux est positif et non
négatif. Broca a décrit l'aphasie en 1861^ mais depuis on a
reconnu que ce symptôme n'est pas simple. A côté de
l'aphasie motrice (le type de Broca) on a décrit la cécité et
la surdité verbale, et précisément la surdité verbale est
liée à des lésions de la première temporale. Ces lésions ne
rendent-elles pas positif le fait présenté par M. Tillaux
comme négatif? M. Tillaux, en effet, n'a pas déterminé la
modalité de cette aphasie. Le chirurgien doit savoir que
l'aphasie n'est pas liée exclusivement à des lésions de la
troisième frontale, mais relève de toute l'enceinte péri-
sylvienne.
M. Kirmisson n'est pas opposé à la doctrine des localisa-
tions, loin de là, mais il doute que dans les cas traumati-
ques, à cause des ébranlemen ts, des irradiations on puisse faire
grand fond sur elle. Déjà il a exprimé sa pensée devant la
Société à propos d'une observation : il est vrai que M. Gham-
pionnière a trouvé ses arguments « misérables i.Depuis^ il
a trépané dans un cas où il y avait hémiplégie et est arrivé sur
une écorce motrice intacte: il y avait des lésions diffuses des
autres régions et cependant des symptômes de localisation.
M. Terrillon 2ippu\e cette opinion. Il a observé un enfant
chez qui une hémiplégie bracniale accompagnait un enfon*
guéri, ne conservant qu'un peu de paralysie faciale.
VL. Ghampionnière insiste, après M. Pozzi, sur ce que
l'aphasie n'est pas pour le chirurgien un guide précis, tou-
jours le même : elle conduit à trépaner très largement. Les
ébranlements traumatiques, les irradiations inflammatoires
ont certainement beaucoup d'importance. Dans le fait de
M. Berger il y avait des lésions sous-corticales : or M. Tillaux
n'avait pas examiné sa pièce à ce point de vue, dès l'origine,
et ces jours derniers, au bout d'un an, il a fait quelques
petites entailles pour voir s'il n'y aurait rien de ce genre.
Cela ne prouve donc rien.
M. Tillaux n'est nullement ébranlé dans ses croyances
49 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 29 — 471
sur la doctrine des localisations en général, et il n'a nullement
voulu ébranler celles de ses collègues; mais il pense,
comme MM. Kirmisson, Terrillon, que dans les traumas
récents il faut s'attendre à bien des déceptions.
— M. Monod litun rapport sur deux observations de gfasfro-
entérotomie par M. Roux (de Lausanne). Cette opération
consiste à pallier les accidents d'un cancer inopérable du
pylore en anastomosant Testomac, au-dessus du cancer, à
une anse aussi élevée que possible du jéjunum. Elle fut
inventée par Wœifler, qui débuta par un succès. Mais son
maître Billroth, Lauenstein, Courvoisier, virent succomber
leurs malades. PuisRydygier eut trois succès sur quatre cas.
Puis avec les nouvelles interventions de Billroth, Socin, Wœl-
fler, Hnhn, on arriva à une mortalité de 64 pour 100. Mais,
il y a peu de temps, Rockwicz a publié les résultats obtenus
par Lûcke à Strasbourg : de 8 opérés, 7 ont survécu de trois
à quatorze mois, et chez deux, atteints d'un rétrécissement
cicatriciel, la guérison est définitive. Depuis, les autres
chirurgiens n'ont pas été aussi heureux : au dernier Con-
grès des chirurgiens allemands , Angerer (de Munich)
accusait 5 décès sur 6 cas, et Lauenstein n'était pas mieux
pax'tagé. En Angleterre, Jessetcompte^une mort; un opéré
d'H. Page est mort au soixante-douzième jour, l'estomac
ayant été suturé au bout inférieur de l'iléon. En France,
le seul cas connu est un échec de M. Pozzi. Enfin M. Roux
relate deux opérations, avec un décès. C'est donc une opé-
ration grave, et cela se conçoit, car elle est longue, exige
des recherches prolongées dans le ventre, sur un sujet
f»resque toujours très affaibli. Aussi Rockwicz attribue- t-il
es succès de Lûcke à ce que ce chirurgien va vite, se décide
tout de suite à l'opération palliative dès que la tumeur est
reconnue un peu adhérente. Puis, il proscrit les recherches
prolongées uour saisir toujours le haut du jéjunum. A cet
égard, Wœlfler recommande d'aller avec la main à la
recherche de l'angle du duodénum et à partir de là de
suivre l'intestin. Mais malgré tout, Angerer, Lauenstein,
Page, Roux, etc., ont ouvert l'intestin près de la valvule
de Bauhin. Aussi Rockwicz conseille-t-il de prendre la
firemière anse venue; tout au plus peut-on essayer de
'expérience de Nothnagel : si on aépose sur une anse d'in-
testin grêle un morceau de sel, on détermine ainsi des
contractions antipéristaltiques dans le sensdesquelles il faut
remonter pour s'approcher le plus possible du duodénum.
Mais l'examen a prouvé que cette expérience est très infi-
dèle et, en somme, la seule méthode régulière est celle de
Wœlfler. M. Roux décrit un mode spécial de suture à trois
étages pour éviter tout épanchement dans le péritoine. Au
total, les opérés qui ne succombent pas à 1 opération en
tirent un bénéfice palliatif réel. Quelques-uns, sans doute,
meurent vite parce que trop d'intestin est supprimé, parce
que l'intestin se coude. Mais la plupart se relèvent vite,
engraissent, ne souffrent plus ; puis la cachexie les reprend
et ils meurent, mais sans vomir, sans souffrir. Donc, à la
gravité près, c'est un acte comparable à la trachéotomie, à
l'anus contre nature, palliatifs pour cancers. C'est une res-
source qu'on ne dédaignera pas de parti pris, mais à con-
dition que le malade, encore assez solide, le demande
expressément, après avoir été dûment averti.
— M. Kirmisson présente un adolescent auquel il a fait
la cure radicale d'une hydrocèle congénitale avec descente
artificielle du testicule, suturé au fond des bourses.
M. Kirmisson désire surtout protester contre l'expression de
célorrhaphie adoptée sans conteste dans la discussion qu'a
soulevée M. Championnière. De ce que des tumeurs des
bourses s'appellent sarcocèle, hydrocèle, hémalocèle, il ne
s'ensuit pas que w^Xtj signifie" testicule. xi^Xt] veut dire
tumeur et dès lors célorrhaphie ne veut rien dire du tout.
Si l'on lient essentiellement à prouver qu'on sait le grec,
il faut dire orchidorrhaphie.
H. Championnière s'est borné à emprunter ce mot à
M. Tuffier, sans se demander ce qu'il voulait dire. Il suffit,
en effet, qu'on s'entende sur le sens qu'on lui attribue.
A. Broca.
BIBLIOGRAPHIE
La Chaiear animale, par M. Charles RicuET, professeur de
physiologie à la Faculté de médecine. Un volume de la
Bibliothèque scientifique internationale, — Paris,
F. Alcan, 1889.
c L'histoire de la chaleur animale, dit M. Richet, touche
à toutes les parties de la physiologie. Elle n'a, pour ainsi
dire, pas de limites et, en la pénétrant, on pourrait être
amené à exposer la physiologie générale tout entière. >
On peut en dire presque autant en ce qui concerne la mé-
decine. L'étude de la chaleur animale est de celles qui
donnent les indications les plus précieuses « au point de
vue de la santé, de la convalescence et de la maladie ».
Mais, pour qu'il en soit ainsi, il convient que le médecin
sache apprécier la marche de la température centrale;
qu'il se préoccupe non de rechercher une fois par hasard et
comme en passant ce Qu'indique le thermomètre, mais bien
quelle est la courbe tnermique obtenue dans telle ou telle
maladie déterminée.
On ne trouvera point dans le livre de M. Ch. Richet cette
étude si intéressante de la marche de la température fébrile
dans les diverses pyrexies. Le cha|)itre qui traite de la
température du corps dans les maladies ne s'occupe que de
classer les hyperthermies et les hypothermies, de donner
un tableau très complet des températures extrêmes observées
dans les maladies les plus graves, mais non de rechercher
ni surtout d'expliquer le mode de production de la chaleur
fébrile ou la manière dont se fait la défervescence. Quelques
détails à ce sujet n'auraient pas été sans intérêt, non plus
que l'étude de la distribution de la chaleur et des tempéra-
tures morbides locales ainsi que leur interprétation patho-
génique.
Mais il convient de faire remarquer qu'il ne s'agit ici que
de physiologie et que les matières à traiter étaient déjà à ce
seul point de vue suffisamment vastes et complexes. Après
avoir étudié la température des animaux, puis la tempéra-
ture normale et pathologique de l'homme, l'auteur a re-
cherché dans une série de chapitres les rapports qui
[meuvent exister entre les muscles, les poisons, les nerfs et
a production de la chaleur. Il s'est efforcé de préciser l'ac-
tion exercée par la respiration sur la température et il est
arrivé à celte conclusion, que l'agent essentiel de la chaleur
animale est le système nerveux, « qui dirige les actions
chimiques, qui permet à l'animal de se conformer à la tem-
pérature amoiante et de faire plus ou moins de chaleur,
plus ou moins de rayonnement, plus ou moins d'évapora-
tion selon les conditions extérieures ».
Comment le système nerveux agit-il pour diriger les
actions chimiques? Comment les nerfs actionnent-ils les
cellules qu'ils innervent, pour déterminer des changements
chimiques intracellulaires capables de produire plus ou
moins de chaleur suivant nu'ilssont plus ou moins intenses?
Comment les lésions cérébrales déterminent-elles tantôt de
l'hvperthermie, tantôt un abaissement de température?
Ôuelle est, dans tous les cas, la part respective des vaso-
moteurs plus ou moins rétrécis, des muscles plus ou moins
contractures, des glandes fonctionnant avec plus ou moins
d'énergie? Dans l'état actuel de la science, il est impossible
de répondre à toutes ces questions. M. Charles Richet le
déclare très nettement. Ses expériences personnelles et les
travaux qu'il a cités ne lui ont permis que de poser le pro-
472 — N« 29 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 19 Juillet «88»
blèrae à résoudre tout en lui donnant le droit d'affirmer,
après Lavoisier, que la vie est une fonction chimique et que
celte fonction reste sous la dépendance du système nerveux.
L. L.
VARIÉTÉS
Application de la nouvelle loi militaire au corps médical.
— La nouvelle loi militaire contient les dispositions suivantes
qui s'appliquent aux divers membres du corps médical :
Des dispenses, —Art. 23. — En temps de paix, après un an
de présence sous les drapeaux, sont envoyés en congé dans leurs
foyers, sur leur demande, jusqu'à ia date de leur passage dans
la réserve, les jeunes gens qui ont ol)tenu ou qui poursuivent
leurs éludes en vue d'obtenir soit le diplôme de docteur en
médecine, de pharmacien de première classe, de vétérinaire, ou
le litre d'interne des hôpitaux nonrimé au concours dans une ville
où il existe une Faculté de médecine.
En cas de mobilisation, les étudiants en médecine et en phar-
macie sont versés dans le service de santé.
Tous les jeunes gens énumérés ci-dessus seront rappelés pen-
dant quatre semaines dans le cours de l'année qui précédera
leur passage dans la réserve de l'armée active. Ils suivront
ensuite le sort de la classe h laquelle ils appartiennent.
Art. 2i. — Les jeunes gens qui n'auraient pas obtenu avant
Tàge de vingt-six ans les diplômes spécifiés ci-dessus; ceux qui
n'auraient pas satisfait, dans le cours de leur année de service,
aux conditions de conduite et d'instruction militaire déterminées
par le ministre de la guerre; ceux qui ne poursuivraient pas
régulièrement les éludes en vue desquelles la dispense a été
accordée, seront tenus d'accomplir les deux années de service
dont ils avaient été dispensés.
Art. 25. — Quand les causes de dispense prévues à l'article 23
viennent à cesser, les jeunes gens qui avaient obtenu ces dis-
penses sont soumis à toutes les obligations de la classe à
laquelle ils appartiennent.
Art. 26. — La liste des jeunes gens de chaque département,
dispensés en vertu de l'article 23, sera publiée au Bulletin
administratif, et les noms des dispensés de chaque commune
seront affichés dans leur commune à la porte de la mairie.
En cas de guerre, ils sont appelés et marchent avec les
hommes de leur classe.
Les dispositions de l'article 55 leur sont applicables.
(Cet article 55 vise les obligations auxquelles est astreint tout
homme inscrit sur le registre matricule, s'il change de rési-
dence.)
Élèves du service de santé militaire ou de la marine. —
Art. 29. — Les élèves du service de santé militaire et les élèves
militaires des écoles vétérinaires contractent, en entrant à
l'école, l'engagement de servir dans l'armée active pendant six
ans au moins, à dater de leur nomination au grade ae médecin
aide-major de 2« classe ou d'aide-vétérinaire.
Ceux qui n'obtiendraient pas le grade d'aide-major ou d'aide-
vétcrinaire, ou qui ne réaliseraient pas l'engagement sexennal,
sont incorporés dans un corps de troupe pour trois ans, sans
déduction aucune du temps écoulé depuis leur entrée à l'Ecole.
, Ces dispositions sont également applicables aux élèves des
Écoles de médecine navale.
Dispositions pénales. — Art. 70. — La peine prononcée
contre tout homme coupable de s'être rendu impropre au service
militaire, soit temporairement, soit d'une manière définitive,
dans le but de se soustraire aux obligations imposées par la
présente loi, est aussi prononcée contre les complices.
Si les complices sont des médecins, des officiers de santé ou
des pharmaciens, la durée de l'emprisonnement est pour eux de
deux mois à deux ans, indépendamment d'une amende de
200 francs à 1000 francs qui peut être aussi prononcée, et sans
préjudice de peines plus graves dans les cas prévus par le Code
pénal.
Art. 71. — Les médecins militaires ou civils qui, appelés au
conseil de revision à l'effet de donner leur avis conformément
aux articles 18, 19, 20 et 27 de la présente loi, ont reçu des dons
ou agréé des promesses pour être favorables aux jeunes gens
3u'ils doivent examiner, sont punis d'un emprisonnement de
eux mois à deux ans.
Cette peine leur est appliquée, soit qu'au moment des don-i
ou promesses ils aient déjà été désignés pour assister au con>t il
de revision, soit que les dons ou promesses aient été agréés eu
prévision des fonctions qu'ils auraient à y remplir.
Il leur est défendu, sous la môme peine, de rien recevoir,
mémo pour une exemption ou dispense justement prononcée.
Ceux qui leur ont fait des dons ou promesses sont punis de la
môme peine.
Art. 77. — Les peines prononcées par l'article 71 de )a pré-
sente loi sont applicables aux tentatives des délits prévus p:ir
cet article.
Deuxième congrès pour l'étude de la tuberculose. — Lis
questions mises à l'ordre du jour de ce Congrès, qui aura lieu
à la fin du mois de juillet 1890, sous la présidence de M. le
professeur Villemin, sont les suivantes :
1« Del'idenlité de la tuberculose de l'homme et de la tuber-
culose des bovidés, des gallinacés et autres animaux.
S** Des associations bactériennes et morbides de la tuberculose.
3<^ De l'hospitalisation des tuberculeux.
4° Des agents capables de détruire le bacille de Koch, non
nuisibles pour l'organisme, au point de vue de la propbyiaii'-
et de la thérapeutique de la tuberculose humaine et animale.
iV. B — Adresser les adhésions et un mandat postal (if
20 francs à M. G. Masse n, trésorier, 120, boulevard Saint-Or-
main, et ce qui concerne les communications à M. le docteur
L.-H. Petit, secrétaire général, 11, rueMonge.
LÉGION d'honneur. — Daus la liste publiée page 455, plusieurs
noms ont été oubliés par erreur: M. le docteur Barthélcmv.
directeur du service de santé à Brest, a été promu au grade de
commandeur ; iM. le docteur Ghambé, médecin principal de
l'armée, a été promu au grade d'officier ; MM. les docteur>
Combes, médecin de la marine, et Bellières, médecin de la
Légion d'honneur, ont été nommés chevaliers.
Falsifications du vin. — Le Parlement vient d'adopter un
projet de loi ayant pour objet d'indiquer au consommateur la
nature du produit livré à la consommation sous le nom de via
et de prévenir les fraudes dans la vente de ce produit \u\
termes de cette loi, la dénomination de vin ne convient qa^au
produit de la fermentation des raisins frais; les fûts ourécipient>
contenant des vins de sucre ou des vins de raisins secs derront
porter en gros caractères : Vin de sucre, vin de raisins secs, ei
ces mots devront être indiqués sur les livres, factures, lettres
de voiture, etc.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendrt.li
26 juillet. — Ordre du jour : M. Juhel-Rénoy : Traitement des
kystes hydatiques du foie. — M. Hayem : Sur un cas d'empoi-
sounement par le chlorate de soude. — M. Sevestre: Sur une
pleurésie mélapneumonique, traitée par les ponctions et
i'empyème.
Nécrologie. — Nous avons le regret d'annoncer la mort de
MM. les docteurs Barthès jfde Marseifie), Le Bas (de Landrecies),
P. Galellan (de Langon^, G. Denarié (de Chambéry), Gaillardon
(de Ghef-fioutonne), Galangau (d'Arles-sur-Tech), A. Restrepo (de
Paris), L. Veysset (de Ghampagnac).
Mortalité a Paris (27* semaine, du 30 juin au 6 juillet
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 1 1.
— Variole, 3. — Rougeole, 16. — Scarlatine, 1. — Coque-
luche, 11. — Diphlhérie, croup, 39. — Choléra, 0. — Phthisic
pulmonaire, 161. — Autres tuberculoses, 18. — Tumeurs:
cancéreuses, 49 ; autres, 3. — Méningite, 40. — Conges-
tion et hémorrhapies cérébrales, 50. — Paralysie, 4. —
Ramollissement cérébral, 9. — Maladies organiques au cœur, 5^.
— Bronchite aigué, 16. — Bronchite chronique, 30. — Broncho-
Êneumonie, 10. — Pneumonie, 31. — Gastro-entérite: sein, 10;
iberon> 97. — Autres diarrhées, 2. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 31. — Sénilité, 20. — Suicides, 20. — Autres morts
violentes, 14. — Autres causes de mort, 143. — Causes
inconnues, 8. — Total: 907.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
10819.
• MOTTIROZ. — Imprimeries rëunici, ▲, rae Mignon, i, Paris.
TrKNTB-SIXIÈIIB ÂNlfftB
N*30
â6 Juillet 1889
GAZETTE UËBDOMÂDÂIRË DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANCOI$.FRANCK, A. NËNOCOUE, A.-J. MARTIN, A. PHIT, P. RECLUS
Adresêer tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRB. — BnLLBTlN. — FoRVULAmB TBÂRAPBUTIQUB. Un traitement nou-
veau de U teiffne tondante. — Rrvub des cours et des cliniques. Faculid
de Lyon : M. le professeur Arloin; : Des moyens d'éviter ou d'atténuer les
accidents de l'anesthésie. Usaf^e do l'anfisthésie mixte et des mélanges titrés.
— Travaux orioiraux. Clinique médicale : Des injections inirapleuralcs
antiseptiques dans les pleurésies infectieuses. — Pathologie interne : Deux
observations de bronchites syphilitiques chez des adultes — SociÉrés savantes.
Académie des sciences. — Académie de médecine. — Société de chirurgie. —
Société de biologie. — Société de tliérapeullque. -> Rkvob des jour.naux.
Thérapeutique. — Bibliographie. Leçons du mardi à la Salpétrière. — Va-
riétés. — Fkuillbto.1. Le médecin à l'Exposition universelle de i889.
BULLETIN
Paris, U juillet 1889.
Académie de médecine : Ti^itenieiit de rendoméirtie
chronique.
Le traitement de la mélrite chronique par les cautérisa-
tions intra-utérines est très ancien. Bien des caustiques ont
été tour à tour vantés, puis reconnus inefficaces. Quelques
gynécologisles emploient les caustiques liquides, dont le
mode d'application est facile, et qui peuvent être rendus de
plus en plus énergiques, suivant que Ton prétend atteindre
et modifier rapidement une plus grande épaisseur de la
muqueuse utérine. D'autres — et c'est, croyons-nous, le plus
grand nombre — préfèrent encore à une intervention active
les moyens hygiéniques et médicaux qui, joints aux grandes
irrigations très chaudes et aux pansements glycérines et
ludiques, donnent souvent de très bons résultats, qu'une
saison hydro-minérale bien dirigée vient améliorer encore.
On ne saurait nier cependant l'importance des résultats
signalés dans le rapport de M. Polaillon. La grande probité
scientifique et l'expérience consommée de l'honorable chi-
rurgien doivent appeler sur la méthode qu'il recommande
avec M. Dumontpallier, l'attention de tousceux qui tiennent
à bien connaître les médications nouvelles ou rajeunies.
Diaprés MM. Polaillon et Dumontpallier, non seulement les
cautérisations intra-utérines pratiquées à l'aide de flèches
de chlorure de zinc seraient efficaces dans la presque totalité
des cas, mais encore elles seraient toujours inoffensives.
Pour mettre les praticiens à même de suivre les conseils
donnés à cet égard, nous reproduisons ci-dessous un résumé
très détaillé du travail lu à l'Académie. Il nous sera permis
cependant d'y relever une phrase : « Il faut condamner, dit
M. Polaillon, l'abus qu'on pourrait faire de ce procédé, en
raison même de la facilité de son application. » Nous ajou-
terons qu'entre des mains inexpérimentées le procédé lui-
même pourrait devenir dangereux. Raison de plus pour
n*en point abuser.
'— A propos du traitement de l'occlusion intestinale
par l'électricité, M. le docteur Millard a bien voulu nous
adresser la lettre et l'observation suivantes :
M. LE DOCTEUR LEREBOULLET, RÉDACTEUR EN CHEF
DE LA « GAZETTE HEBDOMADAIRE ».
Mon cher collègue,
A l'occasion de l'intéressant rapport lu mardi dernier à
l'Académie de médecine par notre savant maître le docteur
FEUILLETON
Le médceln à rBxpoelUon universelle de 1889.
(Deuxième article.)
Souvent aussi il importe de détruire, sur les murs des
habitations, sur les parois des salles d'hôpitaux, des
casernes, navires, wagons à bestiaux, voitures de
blessés, etc., les micro-organismes pathogènes ou les
impuretés qui peuvent s'y être déposés et rendre dangereux
fiendant longtemps le séjour ou la fréquentation de ces
ocaux. De plus, il est certaines parties du matériel qui ne
peuvent être soumises à la désinfection par la vapeur sous
pression, telles que les cuirs, les peaux, les fourrures, les
meubles en bois, etc. ; dans ces cas, l'on a dû proposer
de se servir de lavages à l'aide de solutions antiseptiques,
r sébib t. XXVI.
ou bien d'appareils producteurs de vapeur surchaufiée. Ces
derniers ne sont pas encore entrés définitivement dans la
pratique, en raison de la difficulté qu'on éprouve à obtenir
à quelaue distance du jet de vapeur une température suffi-
sante. Aussi les constructeurs ont-ils résolu différemment
le problème et l'on peut voir fonctionner depuis plusieurs
mois au marché aux bestiaux de la Villette un appareil
basé sur l'emploi d'un jet d'eau chaude à haute pression
avec entraînement d'un li(|uide antiseptique.
Le désinfectant employé dans ce cas est soit le chlorure
de zinc, soit le crésyl ; toutes les matières organiques
amoncelées sur les claies se détrempent et sont enlevées
très rapidement, dit un rapport officiel ; en outre de ce
nettoyage, la destruction de tous les germes est assurée par
la haute température et surtout par la projection d'acide
crésylique et de chlorure de zinc. L'aspect des claies
nettoyées est tout à fait satisfaisant et aucune souillure ne
I résiste à cette opération.
3U
474 — N- 30 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Juillet 1889
Hérard, permettez-moi de vous communiquer un nouveau
fait'd'occlusion intestinale traitée par réiectricité et qui a
été recueilli récemment dans mon service. Il me parait
instructif à plusieurs égards et confirmer notamment les
sages réserves formulées non seulement par le rapporteur
lui-même et par plusieurs membres de TAcadémie, mais
aussi par les quelques lignes que vous avez écrites dans le
dernier Bulletin de la Gazette hebdomadaire.
Obs. Occlusion intestinale datant de cinq jours. Rétablis-
sement des selles par une application des courants électriques,
mais persistance du collapsus. Mort le septième jour. A V au-
topsie^ traces inanif estes de pincement d'une anse intestinale
dans un orifice herniaire (observation recueillie par M. Coffm,
interne du service).
Le nommé T. G..., âgé de trente-six ans, conducteur d'om-
nibus, bôpital Beai^on, entré le 20 mai 1889, salle fiartb, lit
n" !2, service du docteur Miilard.
Pas d'antécédents hérédilaires.
Antécédents personnels. — Le malade est porteur dune
bernie inguinale double, réductible, qu'il contient habituelle-
ment par un bandage. 11 y a quatre ans, il a déjà été pris brus-
quement de phénomènes d'obstruction intestinale, qui ont cédé
après un bain et un purgatif.
Le vendredi 17 mai, deux heures environ après son repas, le
malade a été pris d'une douleur très violente dans le bas ventre,
douleur qui l'obligea à suspendre son travail. Le malade affirme
qu*à ce moment ses hernies n'étaient pas sorties et qu'il n'existait
pas de tumeur au niveau des anneaux inguinaux. Rentré chez
lui, il a été pris de vomissements incoercibles, d'abord alimen-
taires, puis jaunes et enlin verdâtres.
Le lundi 20 mai au soir on l'apporte à l'hôpital; les vomisse-
ments persistent toujours, et le malade n'a pas eu de selle et
n'a pas rendu de gaz par l'anus depuis le vendredi ; le faciès
n'est pas grippé, la langue est encore humide, mais très chargée.
Le ventre n'est pas douloureux à la pression et est plutôt
rétracté; les anneaux inguinaux et cruraux, examinés avec soin,
paraissent libres. Temp., 37%5, le pouls est à 80 et régulier.
On fait prendre tout de suite au malade un verre d^eau de
Sedlitz, qu'il ne vomit pas, et cette purgation n'ayant pas produit
d'effet, on lui administre un lavement sans grand résultat.
Le mardi 21 mai (quatrièmejour) au matin l'état est le même
que la veille; on lui fait prendre de nouveau une purgation
(limonade magnésienne à 60 grammes par verres à bordeaux) ;
un lavement et un bain sont administrés sans résultat. Le soir, le
faciès est un peu grippé, la langue se sèche, le pouls est petit
et la température descend à 36%4.
Le 22 mai (cinquième jour), les phénomènes de collapsus
s'accentuent et en outre les vomissements ont une odcui
fécal oïde.
Le soir, & quatre heures, M. le docteur Laral lui admintçir»
un lavement électrique; le pôle négatif représenté par deoi
larges plaques est placé sur l'abdomen, le pôle positif dans 1<
rectum par l'intermédiaire d'une longue. sonde dans laquHh
passe un courant d'eau salée. On emploie vingt-deux ôlêmenN
et la durée du Livement est de quinze minutes.
Immédiatement après le malade a une selle peu abondaiii'
qui est suivie dans la nuit de dix autres selles en diarrhée.
Le 23. Le malade va un peu mieux, mais cependant la temp>>^
rature reste au-dessous de 37 degrés, le pouls est petit «t \*
faciès grippé; encore quelques vomissements. Le malade m
plusieurs fois à la selle dans la journée (toniques. Potion av(v
cognac. Piqûres d'éther).
Le 24. Les phénomènes du collapsus ont augmenté et l«
malade meurt dans la nuit du 24 au 25.
Autopsie le 26. — Il n y a pas de pus dans le péritoine, qui j
seulement un léger aspect poisseux.
L'oriûce interne du canal inguinal gauche est très enflamn'.
et ne contient pas d'anse intestinale engagée ; mais diD^ /'■
bassin, dans la direction de cet orifice, on trouve une anse d'ic-
testin grêle dépendant de la dernière portion de cet inte<»tin,i]u
présente sur sa face antérieure une dépression comme s'il )
avait eu a ce niveau un pincement latéral. En effet, c>i:
anse intestinale étant ouverte, on remarque que la muqueu^
présente à ce niveau un aspect feuille morte; en outre, elle ^
désagrège facilement, et laisse voir la séreuse à travers la
tunique musculeuse, amincie et comme atrophiée.
Rien de pathologique dans les autres viscères.
Il est évident tout d'abord, d'après les résultats de Tau-
topsie, que nous n*avons pas eu affaire à un étranglement
interne, mais bien à un étranglement herniaire, dii à ren-
gagement d'une très petite portion d'une anse intestinal-
dans l'orifice supérieur de l'anneau inguinal gauche, l^
traces manifestes de pblegmasie au niveau de cet orifice e;
les lésions profondes constatées sur un point du tube iD(e>-
tinal en sont les preuves irrécusables. Sous ce rappoii.
notre fait s'éloigne de ceux pour lesquels le trailemeni
électrique a été plus particulièrement préconisé; mais, vu ii
rapidité avec laquelle il a rétabli ici le cours des selles, o
est en droit de se demander s*il ne pourrait pas Ironrer
place à côté et à la suite du taxis, même dans la thérapeu-
tique de certains étranglements herniaires.
Quoi qu'il en soit, Terreur de diagnostic que nous avoii>
commise pouvait être difficilement évitée. Mal^rré um
exploration attentive, les deux anneaux nous avaient pan.
L'appareil comprend une chaudière fixée sur un train de
voiture qui supporte également un réservoir pour l'eau
d'alimentation et un récipient contenant la solution anti-
septique. L'eau de la chaudière est lancée par un tuyau
dans un injecteur qui aspire la solution désinfectante; le
mélange d'eau chaude et de liquide antiseptique est projeté
avec violence contre les objets à désinfecter au moyen d'un
long tuyau flexible. Le liquide lancé agit donc à la fois par
sa température élevée, son action chimique et sa force de
projection. La chaudière est à vaporisation rapide, elle est
munie de tous ses accessoires, ainsi que de deux appareils
d'alimentation; l'injecteur est composé d'un tube recourbé
et d'un tube conique recliligne qui pénètre dans l'intérieur
du premier; ce tube conique se raccorde avec un tuyau qui
plonge dans le récipient contenant le liquide antiseptique;
l'eau de la chaudière arrive dans le tube recourbé et
entraine par aspiration le liquide désinfectant; on règle cet
entraînement au moyen d'un robinet.
Cet appareil est léger et facilement transportable, il esi
disposé pour être traîné par trois hommes. Le développe-
ment du tuyau flexible donne toute commodité pour atteiiuln^
facilement toutes les parties à désinfecter sans déplacer h
voilure; la force du jet à l'extrémité de la lance permet au
liquide de pénétrer dans toutes les fissures; enfin, Tappareti
est disposé de façop à permettre de chauffer le liquide anfi-
septique avant le mélange.
Dans tous les cas, et ils sont nombreux, où la désinfection
du mobilier et des parois dans les habitations ne peut d
ne doit être faite qu'à l'aide de solutions antiseptiques, ii y
a lieu de se servir d'appareils permettant, non pas sciilc-
ment un lavage aussi rapide et aussi efficace que possible,
mais surtout un très léger dépôt superficiel par puUirr
sation. MM. Geneste et Herscher présentent trois moc!«Me?
de ces appareils : le premier comprend un récipient conU-
nant la solution antiseptique et une petite pompe qui ^¥'^'
le liquide contenu dans le récipient et le refoule dans un
S6 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— R- 30 - 475
libres et également indolores; le malade n'accusait pas plus
de sensibilité d*un côté que de Tautre et affirmait n'avoir
rien ressenti ni remarqué d'arformal du côté de ses deux
hernies qu'il connaissait bien et qu'il avait l'habitude de
contenir par un bandage.
Je ne puis m'empécher pourtant de croire que notre
examen local n'a pas été encore assex complet ni assez per-
sévérant et je formulerais volontiers comme règle que, chez
un malade porteur d'une hernie avérée, quand des signes
d'occlusion intestinale apparaissent, c'est du côté des orifices
herniaires, malgré leur liberté apparente et l'absence de
tout signe local d'étranglement, qu'on doit concentrer ses
recherches et rapporter la cause présumée de l'obstacle.
Ma première idée, qui était la bonne, avait été de
réclamer le secours d'un chirurgien. Peut-être aurait-il
découvert ce qui nous échappait, pratiqué le taxis ou débridé
l'anneau, ou même pratiqué immédiatement la laparatomie,
ce qui aurait permis de se rendre compte de Tétat de l'in-
testin et d'en faire la suture. Je me reproche de m'étre
laissé influencer par mon entourage et de m'être fié aux appa-
rences de l'état général qui n'étaient pas encore trop mau-
vaises (ce n'était que le quatrième jour). Nous avons cru
bien faire d'essayer encore les lavements, les purgatifs et
les bains, qui avaient déjà guéri une fois le malade dans
une crise semblable, et enfin de recourir aux bons offices
du docteur Larat, qui est aussitôt accouru et a appliqué
lui-même l'électricité le cinquième jour.
Le résultat de cette application fut immédiat et saisissant.
Une seule séance, n'ayant pas duré plus de quinze minutes,
amena vers quatre heures du soir une évacuation, qui fut
suivie de dix autres selles liquides dans la nuit. Il semblait
que ce devait être le signal de la guérison, mais il n'en fut
rien; le collapsus persista, et malgré tous nos efforts pour
réveiller les forces vitales, la mort arriva au bout de qua-
rante-huit heures.
Malgré cette terminaison, le fait n'en doit pas moins être
considéré comme un succès relatif, un demi-succès, pour la
méthode, car elle a agi aussi rapidement que possible pour
dégager l'obstacle et, il est juste de le reconnaître, on ne
peut que regretter qu'elle n'ait pas pu être employée à un
moment plus rapproché du début. Elle eût certainement
sauvé le malade, mais nous étions déjà à la fin du cinquième
jour; c'était beaucoup trop tard, étant donné qu'il s'agissait
d'un étranglement herniaire, même peu étendu. Les lésions
de l'intestin étaient trop avancées et ne pouvaient plus se
réparer; il aurait fallu en pratiquer l'excision. C'est ce
qu'aurait encore permis une laparatomie in extremis, pra-
tiquée même après le rétablissement des selles, et en plein
collapsus, mais c'était bien chanceux et lé malade risquait
de succomber plus rapidement encore.
De ce fait nous pouvons, ce me semble, tirer les conclu-
sions suivantes :
1** Le traitement par l'électricité de l'occlusion intestinale
réussit quelquefois très rapidement quand l'obstacle est
léger; il a d'autant plus de chances de réussir qu'il est
appliqué le plus près possible du début des accidents et
quelle que soit la cause de ces accidents (étranglement
interne ou même externe);
i" Dans l'étranglement herniaire méconnu, s'il est appliqué
trop tard, il risque d'amener la réduction d'un intestin
portant déjà des lésions irrémédiables, et empêche de prati-
quer en temps utile la laparatomie;
3* Quand, après un succès apparent et malgré le rétablis-
sement des selles, le collapsus persiste, il y a lieu
d'examiner si la laparatomie ne doit pas encore être tentée,
comme ressource ultime, pour permettre d'examiner et de
réséquer, s*il y a lieu, le tube intestinal.
Veuillez agréer, etc.
A. MiLLARD.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Un traltCBMttt 1
de la teigiie tondante.
Cette médication, essayée par M. Vidal, a pour objet de
détruire le trichophyte par des microbicides et d'entraver sa
pullulation en le privant d'oxygène. C'est, on le sait, un
organisme aérobie. M. Vidal répond à ces deux indications :
1® par l'emploi d'un parasiticide : l'essence de térébenthine ;
2' par l'enveloppement avec le caoutchouc.
Voici la technique de ce traitement :
1** Lotions sur le cuir chevelu sans épilation préalable,
avec l'essence de térébenthine.
ir Faire suivre d'une friction avec la teinture d'iode.
Cette friction ne doit s'étendre, dans une séance, que sur
une région limitée de la surface de la tête. On la répète
pulvérisateur, relié à la pompe par un long tube en caout-
chouc; cette pompe est mise en mouvement par l'intermé-
diaire d'un pBtit volant; le liquide sort du pulvérisateur
sous forme de brouillard épais. Le récipient est supporté
par une brouette de construction légère, qui permet de le
transporter d'un point à un autre; l'intérieur du récipient
est recouvert d'un enduit à base de caoutchouc ; toutes les
parties de la pompe, susceptibles d'être en contact avec le
liquide antiseptique, sont en ébonite.
Pour s'en servir, on remplit le récipient de la solution
désinfectante par la bonde supérieure, puis on ouvre le
robinet qui se trouve à la base du pulvérisateur, que l'on
tient d'une main; on actionne de l'autre main la manivelle
de la petite pompe, et on dirige le pulvérisateur sur le
point à désinfecter. On peut, avec cet appareil, désinfecter
rapidement les parois des locaux contaminés. Il a déjà été
utilisé de divers côtés et a donné notamment d'excellents
résultats pour la désinfection des écuries de Técole supé-
rieure de guerre au cours d'une épidémie sur les chevaux
de cette école en 1887.
Un autre appareil, du même genre, se compose de deux
récipients superposés et communiquant entre eux par un
tube de petit diamètre; le récipient inférieur contient la
solution désinfectante. Une petite pompe sert à comprimer
de l'air dans le récipient supérieur; deux robinets, dont
l'un communique avec le réservoir d'air et l'autre avec le
réservoir contenant le liquide, sont placés sur le haut de
l'appareil. Sur ces robinets s'adaptent des tuyaux en
caoutchouc, qui communiquent avec l'appareil pulvérisa-
teur. Tout le système est monté sur un léger chariot en fer.
Lorsqu'on veut l'utiliser, il suffit d'introduire le liquide
antiseptique par l'entonnoir, puis de fermer le robinet de
remplissage. On ferme également les deux petits robinets
communiquant avec le pulvérisateur et on actionne le levier
de la pompe. Après avoir donné une douzaine de coups de
piston, on ouvre les deux robinets et le liquide s'échappe
476 — N* 30
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmE ET DE CHIRURGIE 26 Juillet 1889
deax ou troi» fois sur la même région el Ton traite ainsi
successivement la totalité du cuir chevelu.
^'^ Pratiquer bi-quotidiennement sur la tète une onction
avec la vaseline.
4"^ Recouvrir avec une calotte de caoutchouc s'adaptant
aussi exactement que possible sur la surface de la tête.
Ce traitement mérite d'être mis à l'essai, car il éviterait
Tépilation et serait de courte durée.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
FACULTÉ DE LYON. — M. LE PROFESSEUR ARLOING.
Des moyens d*éwltcr on d*a(iënner les acci dénis de
ranesihésie. — Usaf^e de l*anesthésle mixte et des
mélanges titrés.
(Leçons recueillies par M. le docteur Gatrin, répétiteur à TËcoIe
du Service de santé militaire.)
(Fin. — Voyez le n» 29.)
Contre-indications à Vane$thésie mixte. — On à repro-
ché à l'anesthésie mixte :
1<* D'augmenter l'ébranlement nerveux dans les grands
traumalismes;
â"" D'accroître la tendance à Talgidité provoquée déjà par
tous les anesthésiques qui diminuent les combustions orga-
niques, et, en outre, enlèvent de la chaleur à Torganisme
par la vaporisation de l'aneslhésique à la surface pulmo-
naire.
Cet accroissement des tendances à Talgidité par l'emploi
de l'anesthésie mixte a été signalé par Poncet et Sarrazin
et étudié par Demarquay.
Cet inconvénient est réel; il est dû : 1° à la diminution
ou à l'abolition de la période d'excitation, qui supprime
une source puissante aéchauffement; 2^ à l'effet vaso-
dilatateur de la morphine, qui augmente la perte de la cha-
leur par rayonnement.
Enfin, le procédé de Trélat, qui combine le chloral et la
morphine, a été accusé, non seulement de causer le refroi-
dissement, mais encore de prolonger l'état comateux, d'ex-
poser aux congestions cérébrales et d'exagérer l'inflamma-
tion du tube digestif dans le$ cas où elle existait déjà.
H. Trélat aftirme qu'avec des précautions on peut éviter
l'augmentation du refroidissement; quant aux tendances
aux congestions, etc., c'est au chirurgien qu'il appartient
d'étudier antérieurement les antécédents du malade et <if
décider s'il y a lieu de modifier la potion.
Nous possédons, messieurs, nous croyons vous l'avoir
démontré, des moyens de nous tenir en garde contre les
dangers des anesthésiques dans les premières périodes de
l'anesthésie, et nous pouvons, par ces mêmes moyens, agir
indirectement contre les accidents qui pourront se produire
dans l'anesthésie confirmée ou ullérieurément, puisque,
par l'emploi de ces moyens, nous diminuons la dose de
l'anesthésique ; nous évitons ainsi les intoxications.
Mais nous allons étudier avec vous les procédés qui nou>
mettent directement cette fois à l'abri des intoxications par
les anesthésiques.
Ces accidents sont toujours dus à l'administration d'one
dose trop considérable d'anesthésique, et vous comprenez
qu'on les évitera facilement en ne donnant que la dose
strictement nécessaire pour l'anesthésie, ou bien en s'oppo-
sant à l'accumulation des doses dans le sang pendant les
anesthéâies prolongées.
C'est donc à l'étude du dosage des anesthésiques el de>
mélanges titrés que nous allons consacrer la prochaine
leçon.
Le dosage d'un médicament volatil est une opération ton-
jours difficile. Le mode d'administration par inhalation
vient encore augmenter la difficulté. M. P. Bert s'est attarhr
à l'élude de cette question et lui a fait faire, avec la colla-
boration de M. Dubois, de très sérieux progrès.
Les travaux de M. Bert signalent deux phases bien tran-
chées. Il s'est attaché d'abord à déterminer la dose aneslhé-
siqne et la dose toxique du chloroforme et de l'éther.
Pour arriver approximativement à cette connaissance, il
faut faire respirer le sujet dans un espace clos, ne faisant
qu'un en quelque sorte avec l'intérieur du poumon.
Deux manières d'arriver à ce résultat sont h la disposition
de l'expérinientateur :
l"" Vaporiser l'anesthésique dans un volume d'air qui
passe à travers un compteur avant de se rendre dans un
sac imperméable. Ce sac est mis en communication avec
l'appareil respiratoire du sujet, par l'intermédiaire d'uu
tube à soupapes séparatrices du courant d'inspiration el du
courant d'expiration;
2* Soulever un gazomètre de précision, de manière à
emprisonner un volume d'air égal à 100, 200, 300 litres.
Vaporiser et diriger dans ce volume d'air, à l'aide d*unf
tubulure latérale, une quantité d'anesthésique donnée.
Enfin, mettre l'intérieur du gazomètre en rapport avec l'ap-
pareil respiratoire.
Paul Bert a pu ainsi déterminer les doses toxique et
anesthésique d'éther et de chloroforme pour un chien de
taille moyenne.
alors par le pulvérisateur, sous forme de jet nébuleux; on
dirige ce jet sur les parois à désinfecter, de façon à les
humidifier légèrement. La manœuvre est très simple et
l'opération se fait rapidement. Cet appareil est plus
léger que le précédent, la pulvérisation est aussi beaucoup
plus fine ; il est surtout employé pour la désinfection des
murs des hôpitaux, des casernes, les voitures servant au
transport des blessés et des malades, les écoles, lycées,
asiles, les dépôts de mendicité, les prisons, etc., etc. Quant
au troisième, il ne diO'ère du précédent que par le rempla-
cement du petit chariot par des pieds fixés sur une plan-
chette. Son poids total n'est que de 8 kilogrammes; des
fioignées fixées au récipient permettent de le monter faci-
ement aux étages les plus élevés des habitations; il peut
être fixé sur les étuves locomobiles, derrière le siège du
conducteur.
D'autre part, HM. Geneste et Herscher,à la demande d'un
grand nombre d'administrations hospitalières qui se préoc-
cupaient avec juste raison des dangers pouvant résulter de
la dissémination des poussières et détritus provenant des
salles de malades, ont cherché \ réaliser pratiquement la
combustion de tous les rebuts provenant des hôpitaux.
Les conditions à remplir étaient les suivantes: pelil
volume. permettant dans t(»us les cas l'installation, allumage
rapide, conduite facile, disposition intérieure empécliant
l'entraînement des fragments d'ouate ou de chifl'ons enflam-
més, clôture hermétique du foyer, prix assez bas pour per-
mettre aux plus petits établissements d'en faire l'acquisition.
L'appareil qui vient d'être construit à cet effet, se com-
pose d'un foyer en terre réfractaire, disposé pour brûler
toute espèce de combustible ; immédiatement au-dessus
du foyer, une cuvette en terre réfractaire reçoit les dêlrilu5
à briller; les produits de la combustion contournent celle
cuvette, qui se trouve ainsi baignée complètement dans la
flamme. La voûte est formée d'une arcade en terre réfrac-
taire, percée de petits trous, communiquant directemenl
26 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmE ET DE CHIRURGIE
— N* 30 — 477
Dose anesthésique» Dose toxique.
Chloroforme. 15 grammes. 30 grammes.
Elher H7 — 74 —
Amylène 30 -- 60 —
De ces résultats, on peut donc conclure que la dose anes-
thésique doit.étre doublée pour devenir toxique.
. L'opérateur a donc une certaine marge à partir du moment
où il a obtenu Tanesthésie. Cette latitude a été appelée par
P. Bert la zone nêauiable;e\\e est égale à 2.
La seconde phase est beaucoup plus importante. Les
études antérieures de P. Bert sur la respiration et le pro-
toxyde d'azote Pavaient préparé à envisager la question des
anesthésiques à deux autres points de vue.
Il voulut examiner Tinfluence de la tension des vapeurs
anesthésiques dans l'air respiré sur leur pénétration dans
le sang et sur leurs elTels dans l'organisme ; conséquemment
il fut amené à étudier les relations qui existent entre les
proportions d'un mélange d'air et d'anesthésiqne, à un titre
rigoureusement déterminé, et les effets physiologiques pro-
duits par ce mélange.
L'usage du gazomètre de précision permit à H. Paul Bert
de titrer exactement un mélange d'air et d'anesthésique et
de constater que la toxicité d^un mélange est liée à l'état
(le tension de la vapeur anesthésique dans le mélange.
Ainsi un chien qui respire un mélange de 4 grammes de
chloroforme pour 100 litres d'air, meurt après huit ou dix
heures; de 10 grammes, après deux heures; de 25 grammes,
après dix à quinze minutes.
Le môme fait se vérifie pour l'éther. On peut donc en con-
clure que la tension de l'anesthésique dans un mélange a plus
d'influence que la dose, puisque la quantité d'anesthésique
qui a traversé le uoumon avec 4 grammes de chloroforme
ou 20 grammes d éther est plus considérable en raison du
temps pendant lequel Taniraal les a respires qu'avec 25 et
50 grammes.
Les expériences de P. Bert ont encore démontré que
lorsque 1 anesthésie est obtenue avec un mélange donné,
l'animal ne détitre plus le mélange c[u'il respire.
Si, à partir du moment où un chien est endormi, on fait
respirer par un autre chien l'air expiré par le premier, ce
derniers endort exactement dans le même temps. On endort
de même un troisième et un quatrième chien, jusqu'à ce
que l'air expiré devienne asphyxique.
On peut donc par tâtonnement trouver un mélange titré,
qui produira l'anesthésie dans des conditions convenables
et qui pourra être respiré pendant longtemps sans amener
la mort.
Mous disons longtemps, mais non impunément, parce que
le mélange qui peut produire l'anesthésie n'est pas indéfi-
niment compatible avec la conservation de la vie des élé-
ments.
Ce* n'est qu'après de longues expériences sur les animaux
que M. P. Bert pensa que Ton pouvait faire bénéficier la
clinique des renseignements fournis par la physiologie.
En 1884-1885 {Gaz. hebd., 1884, p. 15 et 26, docteur
Catrin), deux cents anesthésies, avec des mélanges titrés,
furent faites à l'hôpital Saint-Louis, sous la direction de
M. Péan et la surveillance de M. Aubeau, pour des opéra-
tions variées et dans des limites d'âge comprises entre six
mois et soixante-Sf^ize ans.
M. Aubeau déclare que la méthode des mélanges titrés
ne dispense pas d'une certaine surveillance, mais qu'elle
offre sur les autres procédés d'immenses avantages, parmi
lesquels. il faut citer :
Diminution ou suppression de la période d'excitation
chez tous les patients et particulièrement les alcooliques;
Sommeil anesthésique plus rapidement obtenu;
Suppression de la dépression nerveuse dans la narcose
avancée;
Prolongation de l'anesthésie sans courir les risqaesd'em*
poisonnement inattendu.
D'ailleurs, pour éviter ces risques d'empoisonnement,
P. Bert avait proposé d'utiliser des mélanges diversement
titrés selon les périodes de l'anesthésie :
l"* Mélange à 10 pour 100 au début de l'anesthésie;
^'^ Mélange à 8 pour 100 pendant un moment quand
l'anesthésie est confirmée ;
3"^ Mélange à 6 pour 100 jusqu'à la fin de Topération.
Hais le modus faciendi employé laissait passablement
à désirer. On se servait, en effet, de gazomètres couplés
plus ou moins simples et où l'on préparait les mélanges à
l'avance.
On s'exposait ainsi à des surprises causées par Tépuise-
ment d'un gazomètre; l'opération était toujours un peu
longue lorsqu'on voulait préparer les mélanges, ou passer
d'un titre à l'autre.
C'est pour obvier à tous ces inconvénients que M. Dubois
construisit une machine qui lance, vers l'appareil respira-
toire du sujet, un mélange titré qui se prépare automatique-*
ment et dont le titrage peut être changé immédiatement au
moyen d'un simple tour de roue.
La machine de H. Dubois peut se décomposer pour la des*
cription en trois séries d'organes :
1" Organe pour lancer Vair vers V appareil respiratoire
du sujet. — L'air est lancé au moyen d'un piston et d'un
corps de pompe à large section. Le piston est d'un diamètre
moindre que celui du corps de pompe, mais il ett relié aux
parois de ce corps de pompe par une membrane en caout-
chouc qui empêche toute communication entre les parties
avec la cheminée par où s'échappent les gaz et la fumée; ce
crible a pour but d'éviter l'entraînement par la flamme des
fragments légers d'ouate ou de chiffons enflammés. La
façade de l'appareil est en fonte, elle est munie de trois
fiortes superposées; la porte supérieure est celle qui permet
'introduction des détritus dans la cuvette; une garniture
en toile d'amiante et un levier, chargé d'un contrepoids,
la rendent hermétique; les autres portes sont celles du foyer
et du cendrier. Tout l'appareil est enveloppé par une garni-
ture métallique qui en assure la solidité.
Cet arsenal de désinfection comprend encore deux sortes
d'appareils, les uns pour la stérilisation des instruments de
chirurgie; les autres, pour la désinfection et le nettoyage des
crachoirs des phthisi(]ues. La méthode adoptée générale-
ment, dans les salles d'opérations chirurgicales, pour la
stérilisation préalable des objets de pansement et la désin-
fection des instruments de chirurgie, celle qui est à la fois
la plus rapide et qui offre la plus grande sécurité, consiste
à soumettre lesdits objets, pendant quinze minutes, à
l'action de la vapeur à la pression de i kilogramme (environ
120 degrés centigrades). Il est pourtant nécessaire, parfois,
de se servir d'appareils à air chaud, soit, par exemple, pour
la conservation des objets stérilisés; soit encore pour la
stérilisation de certaines matières qui ne peuvent être
exposées à l'action humide de la vapeur d'eau. C'est
pourquoi MM. Geneste et Herscher ont étudié deux types
d'appareils à vapeur sous pression et à air chaud. Les
premiers (autoclaves) se composent d'un cylindre en
cuivre vertical, fermé à sa partie supérieure par une porte
en métal solidement fixée, soit par aes boulons à bascule,
soit par une arcade en fer. Ce cylindre est entouré d'une
chemise en tôle (|ui oblige les gaz chauds à lécher la paroi
extérieure du cylindre. A la partie inférieure de l'appareil
est fixé l'appareil de chauffage, qui peut être, à volonté, une
rampe à gaz, une lampe à alcool ou même une lampe à
pétrole. De plus, on y trouve un robinet de niveau d'eau, et
478 — N* 30 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Juillet 1889
situées au-dessus et au-dessous du piston^ .quand celui-ci se
meut.
2* Organes préparateurs des mélanges, — Un piston
plongeur fait à chaque coup de piston moteur He i^air tom-
ber une goutte plus ou moins volumineuse de ranesthésique
dans le courant d'air appelé dans le corps de pompe. Un
mécanisme très ingénieux permet, comme nous l'avons dit,
de faire varier le volume a? la goutte et d'obtenir ainsi un
mélange à 6, 8 ou 10 pour 100.
3"* Organes de distribution du mélange titré. — Une
valve tournant dans un tambour établit la communication
dans le sens voulu d'une partie du corps de pompe avec
l'air extérieur, et de l'autre partie qui renferme le mélange
tout préparé avec l'appareil respiratoire du malade.
Tout l'appareil est mis en mouvement au moyen d'une
manivelle fixée à une roue dentée. Cette dernière partie de
l'appareil a été récemment perfectionnée, car il fallait
autrefois tourner tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre,
pour déterminer convenablement le mouvement de l'air;
de là certaines erreurs dans la manœuvre; aujourd'hui le
mouvement de la manivelle se fait toujours dans le même
sens. Une sorte d'excentrique transforme ce mouvement de
même sens en mouvements ascendants et descendants pour
le piston.
Enfin, comme organes accessoires, nous devons signaler :
1^ Une lam] e à alcool qu'on allumera si i'anesthésique
se vaporise ou trop vite ou trop lentement dans le flacon de
vaporisation. La vaporisation trop rapide peut, en effet,
provoquer la congélation du chloroforme;
2"* lin masque destiné à s'adapter au visage pour faire
pénétrer le mélange dans les voies respiratoires. Ce masque
est percé de deux simples évents qui ne permettent pas.
plus l'accumulation de l'air anestnésique que de 1 air
expiré.
Ainsi, messieurs, vous voyez que par l'anesthésie mixte
nous sommes à l'abri des syncopes et apnées de nature
réflexe, et que, grâce à la méthode de P. Bert, grâce à l'in-
génieux appareil de M. Dubois, nous pouvons nous mettre
à l'abri des apnées adynamiques dues à l'intoxication ou à
l'accumulation de chloroforme dans l'organisme.
TRAVAUX ORIGINAUX
Gltalqm médleato.
Des injections intrapleurales antiseptiques dans us
PLEURÉSIES INFECTIEUSES. Communication faite à U
Société médicale des hôpitaux dans la séance do
a juillet 1889, par M. Ch. Fernet, médecin de l'hôpiul
Beaujon.
Il existe aujourd'hui une tendance très manifeste à appli-
quer aux maladies infectieuses un traitement local et cette
tendance est légitime: n'est-il pas rationnel, en effet, de
chercher à attaquer et à détruire sur place, quand cela est
possible, les foyers infectieux pour éviter qu'ils envahissent
d'autres parties de l'économie ou qu'ils jettent dans la cir-
culation des principes toxiques?
Cette manière d'agir a été appliquée aux maladies infec-
tieuses des cavités séreuses, et pour certaines pleurésies en
particulier, on a récemment fait quelques tenUUives de
traitement antiseptique qui me paraissent constituer uo
réel progrès: sans recourir à la thoracotomie, qui reste
cependant la grande ressource dans les cas extrêmes, on a
essayé de rendre aseptiques et par suite inoffensifs et spon-
tanément curables des épanchements infectieux et on a
réussi à transformer en maladie bénigne une maladie
grave.
Je voudrais vous rappeler d'abord ces tentatives, puis vous
communiquer quelques essais que j'ai faits de mon côté ei
qui me paraissent encourageants.
Le professeur Potain, dans son importante communicatioD
sur les injections intrapleurales d'air stérilisé dans le trai-
tement d épanchements pleuraux consécutifs au pneumo-
thorax (1), avait insisté sur la nécessité de maintenir l'état
aseptique de la plèvre. Cette communication, bien qu'elle
ne visât pas l'antisepsie pleurale dans les cas de pleurésie
infectieuse, parait avoir inspiré les travaux de M. Renaulei
de M. Moizard où les injections intrapleurales antiseptiques
sont expressément proposées dans le but d'empéctier ou
de combattre l'état infectieux de certains épanchements
pleuraux.
Le professeur Renaut (de Lyon) a publié (2) une intéres-
sante observation, dans laauelle, fvkce à des injections
intrapleurales de liqueur de Van Swieten, pratiquées à trois
jours d'intervalle environ et à la dose de 3 à 8 gramnae»
chaque fois au moyen de la seringue de Pravaz, il a c main-
(1) Potain, Séance de l'Académie de médecine du 24 a^ril 1888.
(8) Renaut, Observation pour servir à Thistoire de l'antisepsie pleurale dan<
rbydropnoumoihorax (Gabelle médicale, 9 juin i888j.
un robinet purgeur d'air placé dans la partie basse du
cylindre, un peu au-dessus du niveau de 1 eau, qui permet
de chasser entièrement, et dès le début de l'opération, l'air
contenu dans le cylindre. Enfin un robinet d'échappement,
un manomètre, une soupape de sûreté et un panier métal-
lique forment le complément des accessoires qui constituent
la partie délicate de ce genre d'appareils et qui sont fixés
sur le cvlindre lui-même, et non sur le couvercle mobile,
afin de les mettre plus à l'abri des chocs et des détériora-
tions. La série de ces autoclaves se compose de sept spéci-
mens, dont le diamètre intérieur varie de 18 à 60 centi-
mètres et l'entrée de 0",180 à QrfiOO.
L'appareil à air chaud se compose de deux chambres
accolées, de dimensions inégales, communiquant entre elles
par deux orifices d'entrée et de sortie. Les objets à stériliser
se placent dans la grande chambre; le deuxième comparti-
ment, plus petit, renferme l'appareil de chauffage et le ré-
gulateur de température. Il peut être chaufl'é à volonté par
une lampe à alcool, une lampe à pétrole ou une rampe à
gaz. La température est maintenue entre 150 et 180 degrés
à l'aide du régulateur qui agit directement sur le foyer, et
Jui, d'autre part, ouvre une valve permettant à l'air chaud
e s'échapper sans passer au contact des objets soumis à la
stérilisation. Le réglage de la température se fait très sim-
plement au moyen d'une vis placée dans le compartiment
réservé à la lampe. Ces appareils se construisent de toutes
dimensions; ils peuvent être fixes ou transportables.
Il est inutile ae rappeler quelle importance il convient
d'attacher, depuis les découvertes bactériologiques récentes,
à la destruction des crachats de tuberculeux, considérés
comme la principale, sinon l'unique, cause de transmission
de celte terrible maladie. Il faudrait donc détruire ces cra-
chats avant qu'ils aient pu se dessécher et répandre dans
l'atmosphère l'organisme contagieux qu'ils renferment.
De très nombreux procédés ont été proposés pour obtenir
ce résultat, soit dans les domiciles privés, soit dans les salles
26 Juillet 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE - N* 30 — 479
tenu à l*état de sérosité citrine, pendant vingt jours, un
épanchement consécutif à un pneumothorax déterminé par
la rupture, dans la plèvre, d*une série de cavernules sous-
pleurales, à contenu franchement purulent. La résorption
de cet épanchement commençait à s'opérer, comme le
montre l'abaissement de la ligne de niveau du liquide intra-
pleural, quand la mort est survenue par suite d'un deuxième
pneumothorax, produit dans la cavité pleurale opposée, de
laçon à annuler entièrement le seul des deux poumons qui
respirât. » < Je suis amené, dit-il plus loin, à proposer la
méthode des injections inlrapleurales de liqueur de Van
Swieten comme moyen à opposer à la purulence des épan-
chements consécutifs au pneumothorax. > M. Renaut émet
formellement l'opinion qu'il suffit de petites et même de
très petites quantités de bichlorure de mercure pour stéri-
liser un épanchement pleurétique, et parmi plusieurs faits
qu'il dit avoir observés et qui confirment cette opinion, il
cite celui d'un malade, atteint de pleurésie probablement
tuberculeuse, chez leauel des injections réitérées de liqueur
de Van Swieten à la aose de 1 gramme chaque fois, main-
tinrent Tépanchement à l'étatcitrin, jusqu'à ce que finale-
ment il fut résorbé, bien qu'il exisiât du même côté une
pleurésie interlobaire suppurée, dont le malade rendit le
contenu par une vomique.
Peu de temps après, notre collègue M. Moizard (1) nous
faisait ici même une intéressante communication, relative
à l'antisepsie pleurale dans des cas de pneumothorax où
l'infection de la plèvre est déjà effectuée; il rapportait deux
exemples dans lesquels son intervention avait été avan-
tageuse ; chez chacun de ses malades, il avait injecté une
seule fois une trentaine de grammes d'une solution iodurée
d'iode.
A l'occasion du travail de M. Moizard, notre collègue
M. Juhel-Réno; (2) déclara que, antérieurement aux travaux
de M. Potain et de M. Renaut, il avait fait des injections
întrapleurales d'une solution de chlorure de zinc dans des
cas de pleurésie dont on n'arrivait pas à obtenir l'assèche-
ment malgré des ponctions répétées; les résultats furent
avantageux, mais M. Juhel-Rénoy ne dit pas qu'il ait
employé cette méthode dans un but antiseptique, ni qu'il
s'agît dans ses observations de pleurésies infectieuses.
Vers la même époque, le professeur Bouchard, dans les
leçons magistrales ^u'il a consacrées en 1888 à l'antisepsie,
a insisté sur le parti qu on pouvait tirer des injections anti-
septiques dans les cavités séreuses: < Quant à moi, dit-il,
j'ai essayé de faire dans la plèvre enflammée et contenant
un épanchement, quelle qu'en soit la nature, des injections
(1) Moizard, Pneumothorax et antitepiie pleurale (Bull, de la Soe. mii. iei
hôp.^ 1888, p. 348).
(t) Juhel-Rénoy. ihid., p. 355.
antiseptiques à petites doses, sans évacuer le contenu. J'ai
obtenu des résultats qui, jusqu'ici, ne sont pas de nature à
me décourager. > Il ajoute même que, dans deux cas de
pleurésie purulente, il a pratiqué des injections d'une solu-
tion de naphtol et que les résultats ont été assez avantageux
pour le dispenser de pratiquer l'empyème: < Dans un des
cas, écrit-il, où j'ai fait ces injections (deux fois par jour,
une injection de !2 à 4 centimètres cubes d'une solution de
naphtol dans Talcool et l'eau, représentant 10 à 20 centi-
grammes de naphtol), la ponction avait donné issue à un
liquide opalescent ; dans le second, il y avait un pyo-
pneumothorax et on a retiré d'abord 4 litres de pus. Dans
les deux cas, le liquide s'est reformé, mais chez le premier
malade, depuis plus de six semaines que les injections de
naphtol sont faites, la température n'atteint jamais.'
38 degrés; et chez le second, qui était mourant lors des
premières injections, la fièvre est tombée et le liquide^
reformé se résorbe graduellement. > Ces détails étaient
donnés dans la leçon du 23 juin 1888 ; dans les leçons
publiées quelques mois plus tard, on lit en note: € Les
det;^ malades sont actuellement guéris (1). > Ces deux
derniers faits sont des plus remarquables et suffiraient à
établir l'efficacilé de la méthode.
J'ai eu moi-même occasion d'observer dans ces derniers
mois plusieurs pleurésies que j'ai considérées comme
infectieuses et que j'ai traitées par la méthode des injections
Intrapleurales antiseptiques. C'est à Texoesé de ces faits et
aux conséquences thérapeutiques qui en aécoulent que cette
communication est consacrée.
Je rapporterai d'abord avec quelques détails trois cas de
fileurésie dont les caractères singuliers m'ont vivement
rappé et m'ont conduit à les considérer comme de nature
infectieuse et par suite à recourir à un traitement anti-
septique. En effet, bien que la maladie locale ne semblât
présenter rien de particulier, l'intensité de la fièvre et des
autres phénomènes généraux, la prostration des malades,
l'existence de quelaues troubles abdominaux, dans un cas
même l'existence ae taches rosées lenticulaires, etc.,
m'ont fait penser que ces pleurésies étaient de nature
infectieuse, que peut-être même elles étaient comparables
à ces formes de la fièvre typhoïde qu'on connaît maintenant
sous le nom de pneumotyphus, et que, s'il en était ainsi, le
nom de pleurotyphus leur serait applicable. L'observation
attentive et suivie de ces malades m'avait paru et me paraît
encore justifier l'interprétation que je viens d'indiiiuer; et
cependant j'ai hâte d'ajouter que l'examen bactériologique
du liquide de l'épanchement par le procédé des cultures,
pratiqué dans les trois cas par M. Girode, que je tiens à
(1) Bouchard, TtUrap, det maladiet infeclieuiet; antiiepHe. Paris. 18B9.
p. 299 et suW.
des hôpitaux. C'est en 1886, à l'Exposition d'hygiène de la
caserne Lobau, que les premiers ont été présentés; ils ont
été notablement modifiés depuis. La difficulté est ici d'ob-
tenir une température imméaiate suffisante, et dans un bain
de lessive assez efGcace, pouf que la destruction des bacilles
et le nettoyage des crachoirs soient très rapides et complets.
Une installation se fait en ce moment dans un hôpital de
Paris, qui utilise la vapeur de la chaudière pour la faire
parvenir dans les crachoirs déposés dans une série de réci-
pients en forme de baignoires; cette installation offre de
multiples inconvénients; l'opération est longue, et l'on est
obligé de promener les crachoirs à travers l'hôpital. Il serait
préférable à tous égards d'avoir un appareil spécial pouvant
désinfecter très rapidement tous les crachoirs d'une salle,
et placé dans la cuisine de celle-ci; c'est ce que l'on peut
voir réalisé à l'Exposition, mais non malheureusement dans
la partie réservée à l'administration de l'Assistance publique
de la ville de Paris.
Cette administration, d'ailleurs, dont l'exposition eût pu
être si importante et si belle sans grands frais, présente un
désordre inimaginable ; tout y est pêle-mêle, et c est à grand
peine qu'on y reconnaît les quelques dispositions intéres-
santes que des médecins et chirurgiens se sont ingéniés à
réaliser et qu'ils ont eu tant de mal à obtenir dans leur
service. C'est ainsi qu'on voit trois ou quatre appareils de
plomberie accolés à Tune des cloisons et une ou deux tables ;
on ne se douterait guère qu'ils témoifçnent des efforts faits
dans les hôpitaux de Paris pour obtenir l'antisepsie chirur-
gicale de l'opéré, du matériel et de la salle d'opérations ;
plus loin, on nous présente comme antiseptique un mobilier
en bois non verni ni même métallisé! Et cependant lorsque
nous aurons à parler des expositions particulières de la
classe 14, nous aurons plaisir à faire remarquer l'intérêt
des efforts individuels de nos constructeurs, guidés partant
de praticiens ingénieux et amoureux du progrès.
{A suivre.)
480 — N* 30 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 26 Juillet 1889
remercier de son utile concours, n'a donné que des résultats
négatifs; or il n*est pas douteux que la constatation du
moindre microbe pathogène eût apporté de la nature infec-
tieuse de ces pleurésies une preuve plus convaincante que
les arguments cliniques les plus décisifs en apparence.
Quoi qu'il en soit, guidé par cette interprétation, j'ai
traité ces pleurésies par des injections antiseptiques intra-
pleurales, et ce mode de traitement, que j'ai employé avec
quelque succès dans plusieurs autres cas de |)Ieurésie$ ou
même de péritonites secondaires, m'a paru ici donner des
résultats que je considère comme satisfaisants: les trois
malades ont guéri, et assurément on n'aurait pu affirmer un
pronostic favorable chez aucun d'eux ; l'issue de la pleurésie
en tant que maladie locale a de même été heureuse et
cependant il semble qu'on dût avoir aussi beaucoup de
craintes sous ce rapport.
Obs, L — L... (François), âpé de quarante-trois ans, cocher,
entre dans mon service de Tbôpital Beaujon (salie Monneret,
n» 7) le. 30 janvier 1889(1).
C'est un homme un peu grêle d*apparence, qui a cependant,
parait-il, une bonne santé habituelle et n*a jamais eu de maladie
sérieuse. H se sentait souffrant depuis une quinzaine de jours et
éprouvait surtout du mal dans la bouche et dans la gorge avec
gène de la mastication et de la déglutition; il avait remarqué
que ses g»»ncives étaient saignantes; en outre depuis quelaues
jours il sentait un peu de fièvre le soir, et enfin il y a deux
jours, il eut un point de côté violent à la base de la poitrine du
côté gauche ; ce point de côté persista les jours suivants et
décida le malade a entrer à rhôpiial.
Nous constatons l'existence d une stomatite et surtout d'une
gingivite caractérisée par un état fongueux des gencives qui
sont exulcérées à leur bord, avec enduit grisâtre sur les dents.
Nous trouvons d'autre part du côté gauche de la poitrine tous
les signes d'une pleurésie, accompagnée dun épanchement
moyen qui s'élève en arrière jusque vers l'angle inférieur de
l'omoplate. La respiration est peu gênée. La fièvre est assez vive
(temp., dB^'yô la veille au soir, 38%8 ce matin). Je prescris un
gargarisme au borax et des applications de poudre de borax sur
Je bord des gencives, des badigeonnâmes de teinture d'iode sur
le côté gauche du thorax; régime lacté et viande crue.
Dès les premiers jours nous sommes frappés de l'intensité de
la fièvre, qui se maintient dans Taisselle entre '^9 degrés le
matin et 40 degrés le soir, atteint même le soir du cinauième
jour 40*,8. Cependant la douleur de côté est modérée, répan-
chf>ment est slationnaire, l'état de la bouche s'est amélioré, les
nuits sont assez bonnes. La persistance de cette fièvre vive nous
fait craindre que la pleurésie ne soit de nature infectieuse et
nous nous demandons si elle ne serait pas subordonnée à la
stomatite qui existe depuis plus de quinze jours et si celle-ci
n'aurait pas donné lieu à quelque foyer infectieux du poumon
qui tiendrait la pleurésie sous sa dépendance. Cette lésion du
poumon serait (Tailleurs masquée par la pleurésie el en effet il
n'y a qu'une expectoration peu abondante de crachats muqueux
sans caractères spéciaux.
Le 8 février, onzième jour depuis le début des signes de la
pleurésie, nous relirons, avec la seringue de Pravaz, une petite
quantité du liquide épanché dans la plèvre, liquide clair et
transparent, sans trace de purulence, et M. Girode veut bien se
charger d'en pratiquer l'examen bactériologique au moyen des
cultures. Disons tout de suite que ces cultures et d'autres qui ont
été faites au cours de la maladie n'ont donné aucun résultat, le
liquide a paru stérile, il en fut de même pour l'examen des
crachats.
La situation reste la même pendant les deux jours suivants et
la fièvre se maintient aussi intense. Dés lors, redoutant l'évolu-
tion ultérieure de cette pleurésie et guidé par la crainte de sa
nature infectieuse, je me décidai à faire pratiquer dans la
plèvre des injections d'une solution de sublimé, qui auraient
pour effet de rendre l'épanchement aseptique et donneraient
des chances qu'il ne se reproduisit pas si l'on était amené à en
pratiquer l'évacuation complèle.
Du 10 au !22 février, on fit avec la seringue de Pravaz tous les
deux jours une injection de liqueur de Yan Swieten ; les cinq
(1) Cette observal)on el la suivante ont été rédiges d'après les notes prises par
M. David, externe dn service.
premières injections furent de 5 grammes chacune ; le résultât
en ayant semblé favorable, les deux suivantes furent faites avec
7a%ô() du même liquide. En même temps que ces injections,
j'administrai tous les jours au malade six doses de naphtol dt^
z5 centifframmes; dans les trois derniers jours, le n^phlol fut
remplace par le salicylate de bismuth à cause d'un peu de
diarrhée qui était survenue.
Pendant cette période de traitement la situation s'améliore ; la
fièvre, qui jusque-là se tenait entre 39 et 40 degrés, s'abais>a
graduellement et à la fin {%i et ^ février), elle était desceodae
à 370,6 le matin, 38%8 le soir. En même temps les signes physi-
ques indiquaient une diminution sensible dans la quantité de
1 épanchement: on entendait des frottements dans 1 aisselle et
au niveau de Tangle inférieur de Tomoplate, la respiration
demeurant très obscure au-dessous de ce point. Le 24 février, 00
ne put faire l'injection intrapleurale parce que la ponction avec
la seringue de Pravaz ne permit pas de ramener la plus peliie
quantité de liquide. L*état ^néral s'améliorait concurremment
et à partir du td j'ajoutais un degré d'aliments au régime
antérieur.
Cependant quatre jours après la cessation des injections de
sublimé, la fièvre commençait à remonter et arrivait après
quatre autres jours à osciller autour de 39 degrés; en même
temps Tépanehement s'était un peu reproduit. Aussi le 5 mars,
nous reprenons les injections de sublimé, et quatre jours de
suite, on introduit 5 grammes de liqueur de Van Swieten dan»
la plèvre; nous administrons de nouveau le naphtol à Tin térieor.
Le deuxième et le troisième jour, la fièvre tombe à ST^'ySlf
malin, 38<>j7 le soir; le quatrième, elle s*éléve à 38%6 le malin,
39^,8 le soir, sans que je puisse saisir la raison de cette exacer-
bation, car 1 état général est satisfaisant, et Tépanchement paraît
de nouveau résorbé, on entend des frottements au-dessous de
Tangle de l'omoplate et devant ce signe nous interrompons de
nouveau le 9 mars les injections de sublimé.
A partir de ce moment, Fétat de la poitrine ne s^esl plus
modifié, mais la fièvre, qui n'a jamais cessé complètement, a
présenté plusieurs retours pendant un mois entier que nous
avons encore gardé le malade à Thôpital; le sulfate de quinine
donné deux ou trois jours de suite abaissait bien un peu les
températures, mais pas d'une façon durable. Et cependant i
aucun moment je n'ai trouvé aucun signe pouvant se rapporter
à la tuberculose. Du reste, en dépit de celte fièvre, le malade
se sentait mieux, Falimentation pouvait être augmentée: et
enfin, le 9 avril, quoique dans les jours précédents le malade
eût encore eu des températures de 38 degrés le matin et
39 degrés le soir, je le faisais partir en convalescence pour Vin-
cennes.
Un mois plus tard (1!2 mai), le malade est revenu nous voir;
son état général est excellent, il a bonne mine et ses forces sont
satisfaisantes. La respiration est encore un peu courte. L'examen
physique de la poitrine montre seulement un peu de diminution
de la sonorité dans la moitié inférieure gauche de la poitrine,
et au même niveau un léger afifaiblissement du bruit respira-
toire. La guérison peut être considérée comme acquise.
(A 9uivr^.)
Pathologie Inteme.
Deux observations de bronchites syphilitiques
CHEZ des adultes, par M. le docteur Taberlet.
Les savantes cliniques de M. le professeur Dieulafoy,
publiées dans la Gazette hebdomadaire sur la syphilose
des voies respiratoires, nous engagent à faire connaître deux
observations déjà vieilles de bronchites syphilitiques chez
des adultes. La plupart des observations de syphilis des
poumons publiées par Téminent professeur, ainsi que celles
relatées par d'autres observateurs, ont trait à des cas déj»
avancés de syphilis pulmonaire. La guérison obtenue cinq à
six semaines après que le diagnostic a été posé, n'a pas eu
lieii, en général, sans laisser quelque trace. Il est assez
difficile, pour peu que le virus ait produit des désordres
plus ou moins nrofonds, de voir revenir ad tn(«ytiim'^^
tissus affectés. Nous pensons qu'il y a lieu de ne négligea
26 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 30 - 481
aucun document qui pourrait faciliter le diagnostic précoce
de ces affections.
Les deux observations qui suivent nous ont paru pouvoir
contribuer à l'avancement de cette étude.
Obs. I. — A..., trente-Quatre ans, pas de maladies sérieuses,
un peu d eczéma de la i'ace dorsale des mains au retour du
printemps, dans sa jeunesse, lymphatisme, muqueuses actives,
sécrétantes. A eu un chancre induré il y a trois ou quatre ans,
avec ses conséquences classiques, de moyenne intensité, s*csl
traité pendant trois à quatre mois. Au mois d'octobre 18(39) à la
suite aun coup de froid, il est pris de bronchite peu intense.
Malgré les soins les plus attentifs, la bronchiie reste station-
naire, s*eiaspérant par la fatigue des organes malades et Texpo-
sition à lair froid. Cette affection se traîne ainsi pendant neuf
mois. A la fin de juillet 1870, je fus appelé en consullation.
C'est à cette époque que j'examinai le malade pour la première
fois. A... est de mes amis d enfance. Ses ascendants me sont
connus, comme les miens propres. Cette remarque est impor-
tante à faire comme on va voir. Embonpoint assez bien conservé,
pouls à 90, appétit très médiocre, langue couverte d'un enduit
noirâtre, épais et humide. Léger embarras gastrique. Sur
le front, à la naissance des cheveux, nous constatons un boulon
d'acné avec teinte rouge-jambon. Deux ou trois très petits
ganglions cervicaux à peine sensibles. Toux fréquente, surtout
après avoir parlé quelques instants. Crachats aboudants,
muqueux, ûlanls et difficiles à expectorer. Etat slationnaire,
malgré vésicaloires répétés et potions de toute sorte, etc.
A lauscultation en arrière on entend environ dans le tiers
supérieur des deux poumons, des râles sous-crêpitanls,
nombreux, fins, et dans le reste des poumons les râles sont
d'autant plus muqueu\, gros et disséminés, qu*on se rapproche
des bases. Aucun craquement, expiration a peine prolongée
tout à fait aux sommets. Même auscultation en avant. Tel est
très sommairement l*éiat du malade à cette date.
La certitude que ni les antécédents du malade, ni ses ascen-
dants, ne pouvaient faire songer à la tuberculose, Timpuissance
de tout traitement classique, appliqué avec les soins les plus
attentifs, Tappacition d*un regain vérolique visible peu douteux,
après un traitement insuffisant ; enfin, la conviction que la syphilis
en ses manifestations capricieuses ne devait pas plus épargner
les bronches que les autres organes, nous engagèrent à pro-
poser le traitement antisyphilitique. Cet avis, regardé comme
étrange, ne fut pas accepté. Ce ne fut que neuf mois plus tard,
premiers jours de septembre, que nous fûmes appelé par notre
confrère à deux heures du matin. Nous proposâmes un troisième
confrère qui fut aussitôt accepté. Nous trouvâmes le malade dans
Tétat sui\ant: oppression extrême, cyanose du visaee, des
lèvres et du cou, expectoration nulle, voix éteinte, intelligence
voilée, les bronches étaient absolument remplies, en un mot,
asphyxie lente et progressive. Impossible d'ausculter. Le
danger nous parut imminent â tous trois. La majorité se décida
pour un vomitif (tartre slibié, O^^Oi). Le bulbe étant déjà sans
réaction suffisante, le vomissement ne se produisit pas^ il fut
remplacé par une augmentation de congestion et d'asphyxie. Les
yeux sortaient presque de leur orbite, visage extrêmement
cyanose, extrémités froides, sueurs glacées. Connaissance
presque perdue. Le malade est placé â la hâte sur un matelas
ot transporté auprès d'un granu feu. Frictions chaudes, stimu-
lantes. Nous lui raisons une première application du marteau de
Mayor sur Fépigastre, qui n'est point ressentie. Une seconde
application fait légèrement contracter le diaphragme. Une troi-
sième détermine l'écoulement par la commissure labiale d'un
peu de mucosité filante. A force de cordiaux, de frictions, le
malade se ranime peu à peu, la respiration se rétablit lente-
ment. Nous quittons le malade à huit heures du malin dans un
état moins desespéré. A dix heures, nouvelle consultation avec
quatre confrères. L'avis de la majorité est que nous avons eu
affaire â un accès pernicieux. 11 nous fallut déployer les plus
grands efforts pour faire prédominer la pensée que la longueur
de la maladie et la plénitude de l'arbre bronchique avaient dû
déterminer une paralysie des muscles de cet organe et que
Tasphyxie en avait été la conséquence toute naturelle. Nous
fûmes assez heureux pour faire accepter, sous bénéfice d'inven-
taire, le traitement que nous avions préconisé neuf mois aupa-
ravant. Une pilule d'abord et deux ensuite d'iodure de mercure
de 2 centigrammes furent administrées. A partir de ce jour, le
malade marcha à grands pas vers sa guérison. Six semaines
après il était guéri de sa bronchite. Il resta emphysémateux et
un peu asthmatique à la montée et dans les grands efforts
musculaires.
C'était à prévoir après dix-huit mois de toux et de bron-
chite, qui avaient dû laisser quelque dilatation et peut-être
quelque altération de tissus à la suite de ce long travail
dégénératif.
La deuxième observation est celle de G..., Irente-six ans, santé
habituellement très bonne. Aucune maladie sérieuse auparavant.
Père fort et bien portant, mère morte jeune. Le malade est
replet, avec grande tendance à la polysarcie, lymphatique,
muqueuses sécrétantes. Angines assez fréquentes par le froid
humide. Il a eu un chancre induré trois ou quatre ans aupa-
ravant, soit en 1869; mal de gorge, roséole, suites peu sévères
en somme. Traitement pendant deux à trois mois. En 1872, â la
suite d'un refroidissement probable, le malade est pris d'une
bronchite catarrhale, qu^il soigne d'une manière très intermit-
tente et qui s'exaspère toujours par le froid humide et les fati-
gues de& voies respiratoires. Le malade mange assez bien,
dort, sauf matin et soir une toux persistante amenant des
ci:aciiats abondants de mucosités filantes. Pas de douleurs de
tète. II est dans cet état depuis quatorze mois, Tété beaucoup
mieux que l'hiver.
C'est â la suite d'une très grande fatigue de3 voies respira-
toires, que nous nous trouvons avec un confrère, un peu par hasard,
en présence du malade, toussant et crachant, dans l'hiver
de 1873. 11 ne présente aucune trace récente visible de syphilis.
Sa façon de tousser, de cracher, son aspect extérieur, nous
rappelle singulièrement notre premier malade. L'auscultation
en arrière nous fait constater aux tiers supérieurs des sommets,
des râles sous-crépi tan ts fins, moins nombreux et moins bruyants
que chez notre premier malade. Ils deviennent plus muqueux et
plus disséminés à inesure qu'on descend vers les bases. Pas de
craquement, pas d'expiration prolongée, pas de fièvre, un peu
d'anhélation, léger enduit sur la langue. Le malade se plaint
amèrement de ne pouvoir se débarrasser de sa bronchite, qu'il
nous dit durer depuis près de quinze mois.
Après avoir nettement établi les antécédents syphilitiques et
rinsuffisance du traitement, étant constatée l'impuissance de
tout traitement classique antérieur, mal suivie du reste, nous
proposons le mercure et Tiodure. Notre avis n'est pas goûté de
notre confrère, qui insiste pour envover le malade tout de suite à
Amélie-les-Bains. Nous n'étions ni fun ni l'autre les médecins
traitants.Lesdeuxmédecinsordinairesfurentmandés. Un seul put
venir; il accepta facilement notre diagnostic, et par conséquent
notre traitement, qu'il fut chargé de suivre. Dès ce jour, la gué-
rison ne se fit pas attendre, elle fut complète en six semaines,
avec le seul traitement spécifique comme dans notre premier
cas. G... resta un peu emphysémateux, mais â un bien moindre
degré que notre premier malade.
Nous ferons remarquer l'égale distribution des râles
dans les deux poumons, leur intensité dans les tiers supé-
rieurs et leur diminution graduelle, leur transformation en
gros râles muqueux à mesure qu'on descend vers les bases.
En général, c'est Tinverse qui se passe dans les bronchites
ordinaires. N*est-il pas possible que le microbe probable
de la véi^ole ait une prédilection pour les sommets chez
l'homme, précisément parce que ces portions d'organes
respirent moins activement que les deux autres tiers?
Peut-être est-il là plus â Taise pour pulluler. Peut-être
aussi en serait-il autrement chez la femme, qui respire par
le fait du corset plus activement par les sommets.
En raison de ce double et décisif succès par le traitement
spécifique, nous n'avons pas hésité à maintenir le diagnostic
de: bronchites syphiliques chez des adultes.
Évlan4efl>Bain8. le 90 Juin 1889.
482 — N* 30 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Juillet 1889
SOCIÉTÉS SAVANTES
Affections stnalgiqdes de l'œil (kératites et iritis).
Leur traitement par le massage des points synalgiqi es,
par M. Chibret, — « Il existe des affections douloureuses
de l'œil, que Ton peut appeler synalgiques. Ces affections,
dont j'ai observé et suivi huit cas en une année, se dis-
tinguent des affections similaires et notamment des autres
kératites et iritis, de la façon suivante :
« 1® En explorant par la pression digitale les émergences
du sus-orbitaire et des brancties du nasal externe, on trouve
que les affections synalgiques de l'œil coïncident constam-
ment avec la sensibilité plus ou moins vive de ces émer-
gences à la pression. Cette pression détermine quelquefois
une douleur intolérable.
« 2" Le massage des émergences nerveuses, douloureuses
à la pression, constitue un traitement sûr, rapide et souvent
unique des affections synalgiques de l'œil.
« D'un autre côté, ces afiections el les troubles trophiques
qu'elles occasionnent dans la cornée ont souvent pour con-
séquence d'augmenter la réceptivité microbienne du tissu
cornéen. Elles sont le point de départ de la gravité d'un
certain nombre de kératites infectieuses, qui progressent
nialgré l'antisepsie et s'arrêtent quand oii y ajoute le mas-
sage. ^
Académie de médeelnc.
SÉANCE DU 23 juillet 1889. — présidence
de m. MAURICE PERRIN.
M. le docleur Jutt Lucat^hampUmnière se porte candidat à la place déclarco
vacante dans la secUon de médecine opératoire.
M. le docleur Vidal [LouU) (à Nissau, Hérault) enTote un Pli cacheté, dont le
dfip^t est accepté.
M. le docteur Deiauliére (à La Machine, Nièvre) adresse un mémoire manuscrit
sur let leueorrhéet normalet et pathologiques.
M. le docleur Manguat, médecin-major de S* classe, envoie une Étude tur les
eaux thermales de Hamman-Rirha (Algérie).
M. le docteur Bernard-Luguet, médecin-major de i'* classe en retraite, adresse
la relation manuscrite d'une épidémie de variole qui a sévi en i8vS-18S9 aux
aciéries de Uont-^aint-Martin (Meurthe^t-Mûselle).
U,. le docteur SpeM (à Bruxelles) envoie un Précis d'exploration clinique el de
diagnostic médical.
M. Laboulbine dépose un mémoire de M. le docteur Moura sur la physiologie
du registre plein et du registre aigu de la voix humaine, dits de plain-ehant.
M. Uarty présente une Note de M. le docteur Bossano (à UarseiUe) sur les pro-
priétés tétanigires du sol tous diverses latitudes.
M. Laneereaux offre la seconde partie du tome III de son TraUé d'anatomie
pathologique.
M. Vidal fait hommage, au nom de M. Leloir el au iien, de la première livraison
do leur Traité descriptif des maladies de la peau, symptomatùlogie et anatomie
pathologique.
If. Hayem offre un ouvrage qu'il vient do publier sur le sang et ses altérations
anatomiques.
Elections. — L'Académie procède aux élections de deux
correspondants nationaux dans la division de chirurgie.
H. le docienr Boiichacourt (à Lyon) est élu, en premier
lieu, par 37 voix sur 58 votants, contre 9 à M. Gayet(à
Lyon), 6 à M. Pamard (à Avignon), 3 à M. Dezanneau (à
Angers), 2 à M. Duplouy (à Rochefort-sur-Mer) et 1 à
M. Lanelongue (à Bordeaux).
La seconde élection nécessite deux tours de scrutin : au
premier tour, M. Gayet obtient 33 voix sur 67 votants,
contre 20 à M. Lanelongue, 6 à M. Pamard, 4 à H. Dezao-
neau et 2 à M. Duplouy, plus 1 bulletin blanc et 1 bulletin
nul. — Au second tour, M. Gayet est élu par 36 voix sur
o9 votants, contre 20 à M. Lanelongue, 1 à M. Dezanneau,
1 à M. Pamard, plus i bulletin blanc.
Intoxication arsenicale. — A propos de la communi-
cation faite dans la séance du 2 juillet par MM. Brouardel
et G. Pouchet sur la localisation de Tarsenic dans les os et
Timportance de ce fait en cas d'empoisonnement présumé,
M. Ballandy correspondant national, écrit que H. noussin a
signalé cette localisation dans un mémoire daté de 18t)3,
ainsi que la substitution de cette substance au phosphore
dans les os et son élimination.
M. Brouardel fait observer qu'un fait, actuellement admis
par tout le monde depuis sa communication, mais qui n'a-
vait été indiqué dans aucun ouvra{>e dé médecine légale,
ressort des recherches qu'il a enireprises avec M. Pouchel,
à savoir que Tarsenic se retrouve cinq à six semaines
encore après la mort dans les os, et surtout dans les os
spongieux. On devine aisément toute Timportance que la
médecine légale y attache ; aucun auteur jusqu'ici ne l'avait
signalé, pas plus M. Roussin, qui a collaboré à Touvrage
de Tardieu, que d'autres observateurs.
M. Armand Gautier ne conteste pas ces faits; il appelle
seulement l'attention sur la nécessité, avant de conciare
que l'arsenic qui se trouve dans les os y joue le rôle du phos-
phore à l'état d'arséniate remplaçant les phosphates, de
faire cette preuve et de retirer des osTarséniate Iribasique
de chaux. Cette preuve n'a encore été fournie par personne.
Bibliographie médicale. — L'Académie, sur le rapport
de M. Laboulbène, vote des félicitations et des remercie-
ments à M. le docteur Costomiris pour ses recherches
bibliographiques sur les écrits encore inédits des anciens
médecins grecs et sur ceux dont le texte original est perdu,
mais qui existent en latin ou en arabe. M. Laboulbène fail,
dans son rapport, l'énumération de ces divers ouvrages,
retrouvés dans diverses bibliothèques, et principalement à
la Bibliothèque nationale, nar M. Costomiris. Il est à désirer
que ces textes encore inéaits des anciens médecins grecs
soient bientôt publiés.
Fœtus de trente-trois ans dans le ve\trk maternel.
— M. Tarnier présente une femme qui, depuis trente-trois
ans, porte dans l'abdomen, sans en avoir jamais éprouvé la
moindre souffrance et avec un parfait état de santé, un fœtus
mort à terme d'une grossesse extra-utérine. La palpalioii
Eermet parfaitement de reconnaître les positions des mera-
res et de la tête de ce fœtus, couché en travers du ventre,
au-dessus et au-dessous de l'ombilic.
Endométrite chronique. — A propos du mémoire lu celle
année à l'Académie par M. le docteur Dumontpallier sur le
traitement local de l'endométrite chronique par un crayon
ou une flèche de pâte au chlorure de zinc laissée à demeure
dans la cavité utérine, M. Polaillon^ chargé de faire un
rapport sur ce mémoire, fait tout d'abord observer que dés
1883 il avait employé ce procédé dans le même but.
Le procédé opératoire est des plus simples. Le point dif-
ficile est la dimension à donner à la tige de chlorure dezinc.
Si l'utérus est tuméfié et comme œdémateux, si les orifices
du col sont larges, si les sécrétions muco-purulentes sont
abondantes, s'il y a des métrorrhagies, M. Polaillon emploie
les flèches les plus grosses, mais dont le diamètre n'excède
Jamais 4 ou 5 millimètres de diamètre au maximum. Si, au
contraire, l'utérus est petit, si les orifices du col sont élroits,
si la sécrétion catarrhale est modérée, il se sert des ti^es
les plus minces, de 2 à 2 1/2 millimètres de diamètre. Entre
ces limites, toutes les grosseurs sont indiquées, selon les
signes cliniqjues de la métrite. Qua^t à la longueur de la
tige, elle doit être celle de la cavité cervico-utérine mesurée
avec l'hystéromètre.
Une fois introduite, la flèche agit immédiatement sur la
muqueuse par le chlorure de zinc qu'elle renferme. En sir
ou douze heures une eschare est formée. Au boni d'une
semaine environ, cette eschare s'élimine, soit en morceaux
•désagrégés, soit en bloc.
\ Les suites de l'opération sont toujours d'une grande béni-
26 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
-N* 30 - 48a
gnité. La douleur de la cautérisation est nulle ou très mo-
dérée, selon les sujets. Il n'y a aucune réaction fébrile. La
patiente doit garder le lit pendant trois jours. Elle doit
encore garder le repos jusqu'à ce que l'eschare soit éliminée.
Le traitement consécutif consiste seulement à faire exacte-
ment des injections vaginales antiseptiques. Au bout de
trois semaines^ laguérison est obtenue. Il ne reste plus ^u'à
consolider la guj^rison en recommandant des précautions
hygiéniques et en instituant un traitement général fortifiant.
La proportion des malades guéries par ce procédé est très
encourageante, puisqu'elle a été de trente-huit ou quarante
d'après M. Polaillon; sans doute il peut y avoir des récidives,
si repérée continue à s'exposer encore aux causes qui ont
amené une première fois sa métrite. Mais il n'y a aucun
traitement connu qui mette sûrement à l'abri des récidives.
Sur ces trente-huit guérisons, M. Polaillon a'a constaté que
trois récidives, ce .qui est très peu pour une maladie qui se
reproduit si facilement.
On s'est demandé quel était l'état de Tutérus après la
cautérisation par les Oèches au chlorure de zinc. Le réta-
blissement normal de la menstruation, la perméabilité du
col et de la cavité à Thystéromètre, prouvent que l'utérus a
recouvré son intégrité fonctionnelle. Et en elTet, M. Du-
montpallier a observé un commencement de grossesse chez
des femmes qu'il avait opérées. Mais l'atrésie du col et
l'oblitération plus ou moins complète de la cavité du corps
peut être la conséquence d'une cautérisation trop forte. Quel
est d'ailleurs le traitement local de la métrite qui n'expose
pas à cet accident?
Les récentes recherches du professeur Cornil montrent
que les altérations de la muqueuse dans la métrite chro-
nique sont tellement proTondes qu'il faut enlever cette mu-
queuse pour se mettre dans les conditions d'obtenir une
guérison. Les deux procédés les pins efficaces, je veux par-
ler de l'écouvillonnage et du curetage, laissent beaucoup à
désirer. Or ce aue ces procédés ne peuvent faire dans un
grand nombre de cas, tout au moins la flèche de chlorure
de zinc laissée à demeure le réalise avec une sûreté, une
facilité et une innocuité incomparables. Sans faire perdre
une goutte de sang, sans antisepsie préalable, sans ctiloro-
formisation, sans effrayer par l'appareil d'une opération
importante, elle attaque uniformément les couches ramol-
lies de la muqueuse, les vaisseaux dilatés et les glandes
dégénérées, en faisant pénétrer le chlorure de zinc dans
leurs ramifications les plus profondes. Elle épuise son
action sur les tissus malades, et respecte pour ainsi dire
automatiquement les tissus sains, parce qu'ils sont plus
durs. Quand on compare l'épaisseur d'un demi-centimètre
à un centimètre de la muqueuse atteinte d'inflammation
chronique avec la minceur prescrite des flèches, on n'a
plus l'appréhension que cette muqueuse soit frappée de
mort jusque dans ses couches saines, jusqu'au tissu mus-
culaire sain.
En général, toutes les endométrites chroniques avec
lésions anciennes et sécrétions purulentes ou muco-puru-
lentes, toutes les endométrites infectieuses, toutes les en-
dométrites hémorrhagiques, même toutes les hémorrhagies
utérines, sauf celles de l'accouchement et des gros myômes,
sont justiciables de ce procédé.
Par lui, les métrites parenchymateuses, qui se combinent
presque toujours avec une endométrite, sont aussi avanta-
geusement modifiées et guéries. Il serait probablement de
même de l'affection que M. Polaillon a décrite sous le nom
de gigantisme utérin, lorsque cette affection est encore à
son début. Mais, dans ce cas, le traitement est plus long et
plusieurs applications de flèches sont souvent nécessaires.
Les maladies précédentes ont quelquefois conduit à pra-
tiquer l'hystérectomie vaginale ou la castration. M. Polail-
lon pose la question de savoir s'il ne vaudrait pas mieux,
dans ces circonstances, porter la cautérisation avec la flèche .
à demeure jusqu'à détruire toute la muqueuse, jusqu'à
attaquer la couche musculaire, de manière à obtenir un
retrait de l'utérus et une oblitération cicatricielle de sa
cavité. Cette cautérisation oblitérante ne pourrait-elle pas
remplacer beaucoup d'hvstérectomies, beaucoup de castra-
lions? Dans deux faits d oblitération utérine, M. Polaillon
n'a vu survenir aucun accident du côté des trompes et des
ovaires. -
Chez les femmes qui ont passé l'âge .de la ménopause, le
procédé de la flèche à demeure peut être appliqué très lar-
gement. Au contraire, M. Polaillon recommande la plus
grande prudence dans son application chez les femmes qui
sont dans la période de la vie où elles peuvent concevoir.
Ce précepte étant bien établi, il ne faut pas accuser incon-
sidérément la cautérisation par la flèche à demeure de cau-
ser la stérilité. Toutes les jeunes femmes affectées d'endo-
métrite chronique sont stériles. Elles resteront stériles si
on ne la traite pas, et de plus elles continueront à souffrir.
Le traitement qui les guérit de leur métrite ne leur rend
pas toujours l'aptitude à devenir mères. Il les met seulement
dans de bonnes conditions pour qu'une grossesse puisse se
produire. C'est évidemment tout ce qu'il peut promettre à
cet égard.
La métrite aiguë simple est une conire-iadicatiou de la
flèche à demeure. Il n'est pas nécessaire d'y recourir pour
une maladie qui guérira par le repos, quelques narcotiques,
quelques émollients, quelques injections modificatrices
intra-utérines. M. Polaillon condamne l'abus que l'on pour-
rail faire de ce procédé, en raison même de la facilité de
son application. Mais, si la métrite aiguë est de nature
blennorrhagiaue ou infectieuse, il importe d'arrêter radica-
lement le mal afin de prévenir son extension aux trompes.
Or rien ne saurait mieux atteindre le but que la cautérisa-
tion avec la flèche de chlorure de zine, qui est l'agent anti-
septique par excellence.
Une autre considération, ou plutôt une cause d'échec,
est l'existence d'une ovarile ou d'une ovaro-salpingite com-
pliquant la métrite. Celte dernière n'est pas aggravée par la
cautérisation de la flèche à demeure, elle est même amé-
liorée momentanément, puis la maladie reprend son cours.
L'inflammation utérine est alors sous la dépendance ie l'af-
fection des annexes. Elle se perpétuera tant que ceux-ci
seront altérés, et c'est contre eux qu'il faut porter l'effort du
traitement.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, afin
d'entendre la lecture d'un rapport de M. Bucquoy sur les
candidats au titre de correspondant étranger dans la pre-
mière section (médecine). La liste de présentation est
dressée comme il suit : l'M. Rommelaere (à Bruxelles);
2" M. Sydney Ringer (à Londres); 3*» M. Van den Corput
(à Bruxelles) ; 4" M. Moncorvo (à Rio-de-Janeiro).
— L'ordre du jour de la séance du 30 juillet est fixé ainsi
qu'il suit : Communications de H. Mcsnei sur l'hypno-
tisme, et de M. Constantin Paul; 2" Discussion sur le chlo-
roforme et l'anesthésie (inscrits : MM. Laborde et Chau-
veau)\ 3"* Lecture par M. le docteur Michon sur les anesthé-
siques.
Soelélé de ehlrari^e.
SÉANCE DU 17 JUILLET 1889.— PRÉSIDENCE DE M. LE DENTU.
Oastro-antèrotomie : mc. Poisl, Mbnod. — Saroomo do l'orbite :
M. Monod. — NApbreotoxDie pour relo karstique : M. Monod. —
Traitement de Vongle lnoam6 : M. Th. Anger. -^ Glrrhoee oalou-
leuee de la glande ■ous-mazlllalre : M. Berger.
M. Pozzi a pratiqué il y a deux ans une gastro-entéroto^
mie sur la demande expresse du malade, qui d'ailleurs est
mort en quelques heures. Il a opéré comme Wœlfler-Bill-
48* — N* 30 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Juillet 1889
roth, et en particulier a fixé à la partie postérieure de Tes-
tomac l'anse intestinale, passée à travers une nerforation
faite au mésocôlun transverse. Lorsque en efTet 1 anse passe
en avant du côlon, il est à craindre qu'elle ne se bride et
ne gène ainsi le cours des matières. Le procédé de sutures
donné par M. Roux a été décrit en 1886 par Barker. Enfin
M. Pozzi signale une observation de curetlage d'un cancer
du pylore par Bernays (de Saint-Louis)^ publié dans les
Annah ofSurgery de 1887.
M. Monod a volontairement laissé dans l'ombre certains
détails de technique La perforation du mésocôlon trans-
verse est de Courvoisier (ueBâle)et non de Biilrolh. Mais
Lûcke n'a pas eu recours à cetle manœuvre et n'en a eu
aucun inconvénient. Parmi les petites manœuvres acces-
soires, on a inventé plusieurs procédés pour confectionner
h l'orifice un clapet empêchant le refiux des matières intes-
tinales dans l'estomac; mais, jusqu'à nouvel ordre, on y
rénonce en général, car il faut avant tout opérer avec ra-
pidité.
— M. Monod a présenté, dans la dernière séance, une
malade atteinte de goitre unilatéral avec exophthalmie de
ce côté. Plusieurs des membres ne croyaient pas à l'existence
d'une tumeur oculaire, vers laquelle penchait M. Monod.
M. Trélaty lui aussi, en admettait l'existence, car la vision
était anéantie. Or il n'y avait aucun phénomène intra-crâ-
nien, donc il s'agissait d'une tumeur dure de l'orbite.
U. Monod a opéré et a trouvé, en efTet, un sarcome rétro-
oculaire.
Sur l'initiative de M. Després, une courte discussion s'en-
Sige sur le cancer primitif du corps thyroïde, auquel
. Després ne croit pas. Dans l'espèce, personne n'avait
d'ailleurs songé au cancer pour ce goitre, qui date de vingt
ans et depuis quinze ans est absolument slationnaire.
— M. Monod présente un rein polykystique qu'il a ex-
tirpé en le morcelant, après avoir reconnu Timpossibilité
de la néphrectomie qu'il désirait pratiquer. La malade jus-
qu'à présent va bien» mais il faut attendre encore avant de
la considérer comme un succès opératoire, qui serait le pre-
mier pour rein polykystique.
— M. TA. Anaer décrit son procédé opératoire pour
Vongle incarné. Avec un couteau long et étroit, il fait par
transfixion un lambeau longitudinal prenant le bord de Tor-
teil parallèlement au bourrelet. La base est au niveau de
l'articulaiion phalango-phalangetienne : elle doit être aussi
large que possible. L'extrémité libre est en avant. Ce lam-
beau une fois rabattu en arrière, un fort coup de scalpel est
donné contre la £ice latérale de la phalange allant jusqu'à
l'os qu'il entame même. Ainsi sont enlevés et le bourrelet
fongueux et une languette longitudinale de l'ongle, avec la
partie correspondante de la lunule, si, chose indispensable,
cette décortication prend toute la longueur de la phalange.
Le lambeau est alors appliqué sur la surface osseuse dénu-
dée et fixé par une circulaire de diachylon. Sur cent dix-
sept opérations ainsi conduites, M. An^er n'a pas eu un seul
échec. Il a observé une lymphangite. Sept fois la pointe du
lambeau s'est sphacelée. L'opération se fait après une anes-
thésie par réfrigération, mais le mélange de glace et de sel
n'est laissé autour de l'orteil qu'une minute, une minute un
quart, et non cinq minutes, comme le disait Velpeau.
— M. Berger fait une communication sur les altérations
die la glande sous » maxillaire consécutivement à la
lithiase salivaire. Deux observations sont publiées, par
Terrier en 1874 et par Darcy Power en 1888, où la glande
indurée a été enlevée comme cancéreuse, alors qu'il s'agis-
sait d'une sclérose d'origine calculeuse. M. Berger relate
un fait analogue sur un homme d'une cinquantaine d-an-
nées, atteint depuis cinq à six ans d'une grosseur sus-hyoï-
dienne, devenue depuis quelque temps plus dure et surtout
douloureuse. Les élancements douloureux survenaient sur-
tout aux heures du repas. Il y avait, en effet, une lithiase
évidente du canal de Warlhon : le malade avait craché de
petits calculs, et le stylet sentait une concrétion dans le
canal. On sentait en outre à la région sus-hyoldienne (ei
l'on se la renvoyait au plancher de la bouche) une tumeur
arrondie, grosse comme une noisette, d'une dureté pier-
reuse : un calcul, sans doute. Or Tincision montra qu'il
s'agissait non pas d'un calcul, mais d'une glande indun-e
(calculeuse d'ailleurs) qui fut extirpée. L'examen hislolo-
gique pratiqué par M. Pilliet a révélé trois faits : 1* les con-
duits excréteurs sont universellement et uniformémeiil
dilatés; 2* la substance sécrétante, épithéliale, et la struc-
ture lobulaire, glandulaire ont disparu; 3' il y a une sclé-
rose interstitielle, par formation conjonctive adulte daus
les points les plus anciens, par infiltration de cellules em-
bryonnaires dans les plus récents. Cette infiltration se fait
surtout le long des vaisseaux et nerfs, à la façon de lésions
microbiennes, et quoiaue les coupes n'aient pas laissé voir
de micro-organismes, M. Pilliet croit volontiers à leur inter-
vention. Or cela va bien avec nos connaissances sur la
pathologie générale des glandes. En 1876. par ligature do
cholédoque, de l'uretère, Charcot et Gombault ont obtenu
et la dilatation de canaux excréteui*s et la cirrhose. Mais
depuis, en 1883, Straus et Germent ont constaté que la
dilatation est le seul résultat de la ligature aseptique; a
l'adjonction d'un processus microbien ressortissent les
lésions de cirrhose. Dans ses études récentes sur le rein
des urinaires, Albarran est arrivé au même résultat. Au
point de vue ])ratique, ce fait a de Tintérèt pour le diagnos-
tic entre ces indurations et le cailler; mais, en tout cas.
l'ablation totale est indiquée.
M. Després rappelle que, dans la thèse de Thomas de
Closmadeuc, il y a deux ou trois observations où Tindura-
tion n'a pas cédé à l'extraction du calcul.
A. Broca.
Soelélé de biologie.
SÉANCE DU 13 JUILLET 1889. — PRÉSIDEiNGE
DE M. DUMOiNTPALLIEIt.
Question de priorité mir la déooaTerta du passage da virus ohar-
|)onneuc de la mère au fostus : MM. Perronoito et Straus. — Sur
les résidus d'orge germé oomme miUeu de culture pour lea ml-
orobes : M. O. Roux. — Sur une modification de l'albumine des
œufs : M. Tarcbanoff. — Sur les centres psycho-moteurs des
nouveau-nés : M. P. Langlois. ~ Sur une anomalie des oeufs de
poule : M. Sernard. — Représentation graphique du régime de la
sardine sur les oôtes de France : M. Pouohet.
M. Perroncito a envoyé au Président un numéro de la
Gazetta piemontese^ dans lequel il a indiqué le passage du
virus charbonneux de la mère au fœtus, avant la communi-
cation de H. Straus sur ce sujet.
M. Straus répond, comme il l'a déjà fait, qu*il n^ s'a^^'il
là que d'une simple phrase, d'une afOrmation sans preuves
sans fait précis, qui ne peut nullement constituer une dé-
couverte scientifique.
— M. G, Roux a observé que les résidus d'orge germé
provenant des brasseries donnent d'excellents bouillons de
culture pour les microbes. Gélatinisés, ils perniellent un
riche développement des streplococcus qui se cultivent très
mal dans les autres milieux gélalinisés.
— M. Tarchanoffy en observant l'albumine des (f\xhàe
différents oiseaux, a pu en distinguer deux espèces. Chez les
oiseaux dont les petits naissent imparfaitement développés
l'albumine des œufs, en se coagulant par la chaleur, reste
transparente; chez ceux dont les petits sont aptes à «^(^
36 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
.— N*30— 485
nourrir dès Téclosion, comme la poule, Talbumine cuite,
on le sait, est complètement opaque. Cette albumine trans-
parente est ^t^uie digestion beaucoup plus facile que Talbu-
mine ordinaire, en laquelle elle se transforme peu à peu
pendant Tincubation. A aucun moment la sécrétion de Tovi-
.ducte de la poule n'affecte la forme d'albumine transpa-
rente, mais on peut transformer le blanc d'un œuf de poule
en albumine transparente, si on place Tœuf entier pendant
deux jours dans une solution à 10 pour 100 de soude ou de
potasse. Le produit ainsi obtenu se rapproche beaucoup
des albuminates alcalins de Lieberkûhn.,
Cette forme d'albumine, à cause de sa très facile digestion,
peut rendre de grands services dans Talimentation des
malades.
— M. P. Langlois a repris les expériences de M. Tar-
chanofif, qui avait démontré l'existence de la faculté psycho-
motrice dans les cerveaux des cobayes nouveau-nés. Non
seulement il a pu reconnaître aussi l'existence de cette
faculté, mais il a même pu localiser quelques centres, dont
le plus net est celui de la mastication. Ces localisations
peuvent être reconnues déjà douze à quinze heures après
la naissance, mais elles s'accentuent de plus en plus avec
l'âge.
— M. Poucfiet présente une note de M. Bernard sur les
œufs sans vitellus. M. Bernard a observé une poule qui n'a
jamais pondu que des œufs sans vitellus, et pourtant, à l'au-
topsie, il a pu constater que l'ovaire était normal et en pleine
activité.
M. Pouchet rappelle qu'avec M. Raphaël Blanchanl, en
observant un œuf sans jaune, il avait retrouvé, au milieu de
l'albumine, la membrane vitelline crevée et vidée.
— M. Pouchet présente en son nom un tableau gra-
phique du régime de la sardine sur les côtes de France. Ce
tableau, construit sur les statistiques commerciales, met
bien en relief un certain nombre de particularités que
M. Pouchet a déjà eu l'occasion de signaler.
SÉANCE DU 20 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE
. DE M. DUMONTPALLIER.
M. Lapieque : Recherches sar la proportion de fer dans la rate et le
foie des jeunes animaux. — M. Gourmont : Note sur le nouveau
bacille de la tuberculose ohez le bœuf. — M. Laulanld : Sur le
mécanisme de l'arrÀt de la respiration par l'excitation du bout
périphérique du vague. — M. Dastre : Remarques sur les aooidents
de l'anesthésie ohloroformique.
M. Lapieque avait signalé dans une précédente commu-
nication que la rate des chiens nouveau-nés est pauvre en
fer. Des aosages qu'il a faits sur des rates de chiens de diffé-
rents âges, il résulte que la quantité de fer reste faibledans
cet organe pendant des mois après la naissance ; le fer ne
s'y accumule que peu à peu pendant la vie.
Des injections intraveineuses d'eau distillée, pratiquées
sur de jeunes lapins, dans le but de voir si la destruction
des globules sanguins augmente cette quantité, n'ont jus-
qu'ici donné que des résultats incertains.
Il a retrouvé nettement dans le foie des jeunes animaux
la réserve de fer signalée par Zaleski. Cette réserve dispa-
raît assez vite durant les premiers temps de la vie extra-
utérine.
— M. Chauveau présente une note de M. Courmont rnii a
continué ses recherches sur le nouveau bacille delà tuber-
culose découvert par lui chez le bœuf. Ce microbe inoculé
à des lapins provoque des lésions caractéristiques de tuber-
culose et peut être retrouvé dans le sang de l'animal.
Chez le cobaye ce même microbe pullule dans le sang et
amène la mort sans provoquer la formation de tubercules.
Mais si on inocule de vieilles cultures à des cobayes, on
obtient l'inversion des effets précédents ; les cobayes devien-
nent tuberculeux, et les lapins inoculés avec les microbes'
provenant de ces cobayes, meurent sans présenter de tuber-
cules.
— M. Chauveau présente également une nouvelle note de
M. Laulanié sur les effets de l'excitation du bout périphé-
rique du vague. M. Laulanié, qui explique les moditications
respiratoires observées dans ce cas par une anémie bulbaire
cherche à démontrer son hypothèse en provoquant l'anémie
bulbaire par un procédé mécanique.
— U. Dastre, passant en revue les accidents que peut pro-
voquer le chloroforme, les classe de la façon suivante. Il y
a (Tun côté la mort par intoxication chloroformique propre-
ment dite, qui résulte de l'emploi d'une dose exagérée.
Dans ce cas, la respiration s'arrête avant le cœur. Aucune
précaution dans le mode opératoire ne peut empêcher la
mort, du moment qu'on atteint la dose toxique.
De l'autre côté, il y a les syncopes se produisant acciden-
tellement pendant le cours de la chloroformisation, avant
3u'on ait atteint la dose toxique. Ces accidents, ceux du
ébut, résultant de l'irritation du trijumeau, conime ceux
de la seconde période, résultant d'une augmentation de
l'excitabilité du pneumo-gastrique ou d'une autre cause in-
connue, peuvent et par conséquent doivent être évités.
M. Dastre rappelle qu'il a indiqué, avec M. Morat, les
iniections préalables d'iitropo-morphine comme le plus sûr
moyen d'éviter ces accidents. Il applique cette méthode
depuis plusieurs années dans un laboratoire, et il n'a jamais
eu de mécompte. On sait pourtant que le chien est bien
tlus exposé que l'homme aux accidents chloroformiques.
es chirurgiens de Lyon s'en sont aussi servis avec succès
dans leur pratique journalière.
En résumé, M. Dcistre pense que l'avenir de l'anesthésie
n'est pas dans la découverte d'un nouvel agent, mais
bien dans l'emploi combiné de plusieui*s médicaments.
Société de thérapeattqae.
SÉANCE DU 10 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Des injections intra-pulxiiOD aires de naphtol camphré dans la tuber-
culose pulmonaire : M. Femet (Disoussion : MM. Dujardin^
Beaumets, Constantin Paul, Olmbert, Crèqny).
M. Femet lit un travail sur les injections de naphtol
camphré dans le Irailemeut de la tuberculose pulmonaire.
11 rappelle d'abord les résultats heureux communiqués par
lui à la Société et obtenus au moyeu du naphtol camphré,
dans le traitement des tuberculoses locales, particulièrement
des ulcérations tuberculeuses de la langue. Encouragé par
ces premiers succès, il a cherché de nouvelles applications
de cette méthode. C'est ainsi qu'il a modifié rapidement et
favoi*ablement, par les injections intra-parenchymateuses
de naphtol camphré, des ganglions scrofulo-tuberculeux, en
intervenant avant qu'ils fussent ramollis. L'observation de
ces faits lui suggéra l'idée d'applinuer ce traitement local à
la tuberculose pulmonaire, tn effet, les disséminations
tuberculeuses dans le poumon, restant, dans la plupart des
cas, localisées pendant un temps plus ou moins long en un
point limité de l'organe, il lui semblait logique de tenter
une action sur le premier foyer de la maladie, sans toute-
fois négliger les indications concernant l'état général des
malades, ni dédaigner les bons résultats de l'emploi des
antiseptiques comme médication générale ou comme médi-
cation locale introduits par le« viies respiratoires. Bon
nombre d*auteurs, du reste, avaient eu auparavant les
mêmes préoccupations, comme en émoignent les tentatives
faites par Kocher, Mosler (drainage des cavernes tubercu-
leuses), Pepper, Robinson, Truc, Lépine, Gouguenheim,
486 — N« 30 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
26 Juillet 1880
Schmidt (injections intra-parencbymaleases de solutions
iodo-iodurées, ou de créosote, ou de sublimé). Mais ces
expériences avaient surtout {)Our but d'agir sur la suppura-
tion qui survient dans Fintérieur des cavernes pulmonaires.
M. Fernet a pensé quelenapbtol agirait favorablement sur
la lésion tuberculeuse elle-même, en vertu de ses propriétés
antiseptiques et aussi en provoquant au sein des tissus des
phénomènes d'irritation, suivis de sclérose.
Dans cet ordre d'idées, il a fait quarante et une injections
inlra-parenchymateuses de naphtol camphré, chez quatre
malades, tuberculeux au deuiième degré, et qui présen-
taient des lésions de ramollissement aux deux sommets,
accompagnées d'une petite excavation dans un cas. Les
injections ont été faites une ou deux fois par semaine avec
la seringue de Pravaz, munie d'une aiguille plus longue
que l'aiguille ordinaire. Chaque fois on a injecté 15 centi-
grammes de naphtol camphré, soit 5 centigrammes de
naphtol ^ pur. L'aiguille était introduite dans le premier ou
le deuxième espace intercostal, à égale distance environ du
bord du sternum et de la ligne axillaire; après s'être assuré
qu'aucun vaisseau du poumon n'était lésé, on poussait
Tinjection de naphtol avec toutes les précautions voulues.
Sur les quarante et une injections, vingt-deux n'ont été
suivies d'aucun accident; après les autres, sont survenus
Juelques phénomènes dignes d'attention: tantôt ce fut une
ouleur légère sur le trajet du cubital, tantôt une toux
quinteuse, probablement due à la pénétration de vapeur de
camphre dans les bronches, tantôt une légère hémoptysie,
caractérisée par ^uel^ues filets de sang dans les crachats,
sauf une seule fois ou le sang rendu a été assez abondant
pour remplir le fond d'un crachoir. Une seule fois l'auscul-
tation révéla des signes qui firent penser à un pneumo-
thorax ankysté du sommet, mais ils disparurent rapidement ;
aussi ne croit-on pas réellement, dans ce cas, à la produc-
tion de cet accident.
Au point de vue des résultats définitifs, chez ces quatre
malades, trois ont été notablement améliorés; le quatrième
a quitté l'hôpital dans un état médiocre, mais chez lui les
lésions étaient déjà assez avancées au moment où fut com-
mencé le traitement. Chez tous, l'expectoration avait nota-
blement diminué et de muco-purulente elle était devenue
muaueuse; les signes physiques s'étaient considérablement
moclifiés. En résumé, résultats assez satisfaisants; cependant
quelques inconvénients, dus sans doute aux propriétés irri-
tantes du camphre, doivent être évités. Les injections intra-
pulmonaires méritent d'être poursuivies, mais il reste
encore à déterminer le liquide qu'on pourrait injecter.
M. Dujardin-Beaumetz considère comme mauvaise au
point de vue du traitement de la tuberculose la méthode
de M. Fernet, qui a modifié seulement l'expectoration.
Il se demande pourquoi on cherche à introduire dans le
poumon des substances irritantes au lieu de se servir de la
peau pour y faire pénétrer des médicaments? Les injections
sous-cutanées de créosote, d'eucalyptol, produisent les
mêmes résultats, sans entraîner les mêmes inconvénients.
D'ailleurs, la plus grande partie des microbes est placée,
au début, sous l'épilnélium pulmonaire ; il Hiut donc, pour
pénétrer jusqu'à eux, que les antiseptiques introduits,
suivant le procédé de M. Fernet, traversent d'abord cet
épithélium, ce qui constitue déjà une condition désavan-
tageuse.
M. Constantin Paul étudie depuis longtemps la question
de l'antisepsie par les voies aériennes ; pour lui, les
substances introduites par les injections s'éliminent pro-
bablement par les parties saines du poumon et non par les
parties malades. Dans la méthode de M. Fernet, le médi-
cament est porté directement dans les parties malades ; il
faut chercher alors si le terrain de culture est modifié; il y
aurait lieu, à ce sujet, d'étudier séparément chacun des
antiseptiques, l'action de ces substances variant suivant
les microoes auxquelles elles s'adressent.
M. Gimberl a employé le naphtol a en injections hui-
leuses sous-cutanées ; quant à lui, il ne croit pas aux résul-
tats de l'injection intra-pulmonaire. Les injections sous-
cutanées lui ont, au contraire, donné d'excellents résultats;
c'est ainsi qu'entre autres il cite un malade qui a été posi-
tivement guéri au bout d'un mois de traitement pendant
lesquels il lui a fait onze injections. Dans sa méthode, ce
méaicament pénètre dans le poumon de dedans en dehors,
Sourquoi la remplacer par une autre qui n'est pas exemple
e dangers?
M. Fernet. D'après M. Beaumetz, l'organisme, chez les
tuberculeux, étant infecté dans sa totalité, il vaudrait mieux,
chez eux, agir par des antiseptiques généraux que par des
antiseptiques locaux. Cependant, dans les cas d'infection
purulente, où plusieurs jointures, par exemple, sont
atteintes, les chirurgiens, au lieu d'employer l'antisepsie
générale, agissent localement. Dans la tuberculose localisée
à un organe ou à une partie d'organe, pourquoi ne pas agir
sur la partie malade plutôt que sur tout l'organisme en
général? L'objectif de M. Beaumetz est d'employer un anti-
septique général qui agisse localement; le mien est d'agir
directement sur le microbe; n'est-il pas légitimé par la
résolution rapide des ganglions caséo-tuberculeux qu'on
obtient en y injectant du naphtol ou de l'huile créosotée?
Jusqu'ici, pour la tuberculose pulmonaire comme pour les
maladies du ventre, on ne recherchait que des remèdes
généraux, parce qu'on n*osait toucher au poumon, pas plus
qu'aux organes abdominaux.
M. Beaufnetz. Nous guérissons les tuberculoses locales,
il est vrai, mais seulement quand nous intervenons à temps,
de même que dans le charbon. Mais les conditions sont
toutes différentes quand nous avons affaire au poumon, qui
n'est qu'un organe vasculaire que traverse tout le sang de
l'économie. Par suite de cette disposition, l'organisme,
dans la tuberculose pulmonaire, est envahi tout entier!
Aussi, je ne crois guère aux médications antiparasitaires
dans cette maladie; je crois seulement à la possibilité
de modifier le terrain, et, même si on voulait agir sur le
bacille, mieux vaudrait introduire le médicament par la voie
sanguine que directement dans le poumon.
M. Créquy. Si l'infection de l'organisme est aussi géné-
rale que le dit H. Beaumetz dans la tuberculose pulmo-
naire, pourquoi celle-ci se localise-t-elle si fréquemment
au poumon?
M. Constantin Paul. L'évolution de la phthisie diffère
suivant que le bacille rencontre ou non un terrain favorable
à son développement. Or, pouvons-nous rendre le terrain
réfractaire à la culture ? En tout cas, en introduisant le
médicament par les voies aériennes, on agit plus sûrement
que par les voies internes, ce dernier procédé ne permettant
1 élimination que par les parties saines.
M. Fernet. Contrairement à l'opinion de M. Beaumetz, je
crois que beaucoup de tuberculoses pulmonaires sont des
lésions localisées sans infection générale et qu'en consé-
quence il y a intérêt à agir directement contre la lésion
avant qu'elle soit généralisée. Si on perfectionnait la
technique des injections intra-parenchymateuses, si on
emplopit un médicament moins irritant, la méthode serait
à la fois inoffensive et efficace.
La séance est levée à six heures.
Georges Baudouin.
26 Juillet 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N' 30 — 487
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
IMi'sInial* daB0 le traitement de l'épllepsle, par M. AlleN
Starr. — Il y a un an, M. H. While (de Londres) annonçait qu il
avait obtenu de bons effets de ce médicament contre les attaques
d*épilepsie. H en avait fait usage sous la forme de teinture, pré-
parée avec la graine du fruit de Capparis coriacea.
M. Allen Starr â essayé, lui aussi, ce même médicament dans
différentes formes d*épil«psie H a constaté son impuissance contre
les attaques d'hystéro-épilepsie et dans l'état hystérique. Il n'atté-
nue ni la fréquence, ni l'intensité du petit mal, ou de Tépilepsic
procursive. S'il paraît diminuer la violence du grand mal, il n'est
cependant pas supérieur aux bromures et ne peut les remplacer.
Cependant on peut admettre l'utilité de sa présence dans les
cas où pour une raison quelconque on est obligé d'interrompre
ou de cesser la médication bromurée. (The N. Y. med. Record,
i\ mai 1889.)
De la tkérapeatlqne «énérale des naladles mentalrs, par
M. Clouston. — La première indication n'est pas tant d avoir
recours au traitement médicamenteux que prescrire Talimen-
talion suffisante pour restaurer l'énergie du système nerveux et
régulariser la nutrition. Il faut exercer les muscles et augmenter
par une sorte d'entraînement Tintérêl que le malade prend à se
diriger lui-même et à tout ce qui l'entoure dans le monde exté-
rieur.
Avant de prescrire les médicaments hypnotiques et sédatifs,
il convient de se demander s'il peut les tolérer sans troubles
fonctionnels, et si ces médicaments ne feront pas par leur action
obstacle à une amélioration ou à uneguérison spontanées. 11 faut
aussi tenir compte des phénomènes produits au moment du réveil
et enfin se demander quelle est Taccoutumance du malade pour
ces remèdes.
Dans raliénalion mentale, la thérapeutique doit être expéri-
mentale. De temps en temps, il convient de suspendre l'emploi
des médicaments pour mieux juger de leur effet; enfin, d'après
M. Clouston, il faut toujours éviter la nartotisatîon des aliénés.
{American Journal of the med, sciences, avril 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
Lrçone da mardi h la Salpétrière t ProfesSCUr M. ChARCOT
(Policlinique 1887-1888). Notes de cours de MM. Blin,
Jean Charcot, Henri Colin, élèves du service. — Parih,
1888, aux bureaux du Progrès médical et chez E. Lc-
crosnier et Babé.
Depuis cinq ou six ans environ, il existe à la Salpêlrière
un service de consultations externes où les malades viennent
en grand nombre. Le professeur Charcot a profilé de l'oc-
; casion pour fonder un cours de policlinique', où les élèves
sont peut-être encore plus assidus que les malades. Chaque
semaine, le mardi, une leçon est consacrée à Texamen et ù
l'interrogatoire public des sujets venus du dehors. Inutile de
dire si celle leçon hebdomadaire est inslruclive à tous
égards. Jusqu'à ces dernières années, la clinique neuro-
palhologique de la Salpèlrière n*avait utilisé nue les res-
sources de la maison. C'était déjà beaucoup, d'autant que
rien n'était perdu ; mais ces ressources consistaient à ûcu
près exclusivement en maladies chroniques ou séniles. Les
observations, rédigées par plusieurs générations d'élèves,
embrassaient des périodes de huit, dix, quinze ans, quel-
quefois davantage; elles se terminaient toutes par une
autopsie. C'était le beau temps de Tanatomie pathologique.
Grâce au nouveau service de consultation, l'enseigne-
ment clinique de la Salpèlrière s'est enrichi de tous les cas
— et ce sont les plus nombreux — pour lesquels les malades
ne sont pas condamnés à terminer leurs jours dans un asile.
Il y a des ataxiaues, des épileptiques, des chroniques, voire
même des paralytiques qui vivent d'une vie à peu près nor-
male, qui vont et viennent, qui vaquent à leurs affaires.
Ces malades, au point de vue clinique comme à tous les
autres points de vue, diffèrent considérablement des ataxi-
ques, des épileptiques, des choréiques, des hémiplégiques
hospitalisés. Cette nouvelle clientèle a donc formé un nou-
veau matériel d'étude; et de ce fait renseignement lui-
même a subi des modifications notables.
Mais si renseignement s'est modifié, la méthode est restée
la même, et cette méthode, chacun la connaît. Le profes-
seur Charcôt ne cesse de répéter qu'il veut que ses leçons
soient avant tout des leçons de choses. L'expression a, en
général, une acception plus modeste. La leçon de choses,
cliniquement pariant, équivaut à une démonstration, c'est-
à-dire à une leçon où le professeur montre des choses que
les élèves regardent. M. Charcot (gui est sans doute un
« visuel ») estime qu'il ne suffit pas cl'en tendre et qu'il faul
voir. Assurément il y a des leçons cliniques, où le malade
est absent, où les auditeurs sont nombreux, et qu'on a
grand plaisir à écouter. Mais c'est un peu comme une mu-
sique agréable au'on écoulerait de la loge des aveugles.
N'est-il pas évident que pour qu'une leçon clinique soit
profilable, il faut (jue le malade y figure? Une clinique
suppose uD lit, un ht occupé par un malade. Quand la leçon
clinique a lieu dans un amphithéâtre, si le malade n'y est
f^as, la leçon n'est qu*un discours. Dans la plupart des
acuités étrangères, le malade est amené dans l'amphi-
théâtre. L'amphithéâtre lui-même suppose non seulement
des spectateurs, mais une scène et des acteurs. Ce n'est pas
le professeur qui est l'acteur principal, c'est le malade. Le
professeur a un rôle effacé ; c est un confident. Il pourrait
prononcer sa leçon, sans être vu, à la cantonade.
Pour ceux qui ne peuvent jouir du spectacle, la lecture
du dialogue est préférable encore à l'exposé le plus complet
et le mieux présenté du malade absent. L'interrogatoire du
malade |)ar le professeur sera toujours la meilleure des
leçons cliniques. C'est en assistant à cet interrogatoire que
rélève apprend comment on fait un diagnostic, lin profes-
seur de mathématiques, pour enseigner à ses élèves le
moyen de résoudre un problème, ne se contente pas de leur
énoncer la formule du problème résolu. Il en est de même
pour les problèmes de la clinique. Il y a ime manière d'in-
terroger qu'on n'apprend au'à la condition d'entendre les
questions et les réponses. Mémo dans le cas où l'interro-
gateur ferait fausse route, la leçon serait encore bonne, car
les paroles du malade contiennent toujours un enseigne-
ment. Elles se gravent dans la mémoire d'autant plus pro^
fondement qu'elles sont plus spontanées, plus sincères,
plus pittoresques.
Ce sont ces dialogues sténographiés, avec les commen-
taires qui les accompagnent, qiixe les externes du service,
MM. Jean Charcot, Colin et Blin ont eu la bonne inspira-
tion de publier. Yoilà des externes rares et à qui l'on ne
saurait ménager les éloges. L'idée était trop bonne pour
que le professeur les empêchât de la mettre à exécution.
La première année des Leçons du mardi forme un
volume de 600 pages. Presque tous les cas de la clientèle
nerveuse y sont passés en revue, l'étude ayant porté sur un
chiffre de cent quinze malades. Quelques sujets ont été,
grâce aux circonstances, traités avec plus de développe-
ments. Nous citerons dans le nombre l'ataxie fruste, la
maladie de Friedreich, la sciatique, les vertiges, les trem-
blements, l'hystérie traumalique, enfin et surtout la neu-
raslbéniOp dont on ne trouverait nulle part une histoire
plus détaillée et plus précise.
Un second volume est en cours de publication. Les noms
des mêmes externes figut*ent sur la première page. C'est
une garantie de succès.
488 — N* 30 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 26 Juillet 1889
VARIÉTÉS
L'enseignement supérieur en province. Annales de
l'enseignement supérieur de Grenoble. — Les Facullés
et l'Ecole de médecine de Grenoble viennent de fonder un
nouveau recueil qui paraîtra trois fois par an et qui a pour
but de réunir les travaux personnels des membres de ren-
seignement supérieur grenoblois afin de montrer Tactivité
scientifique et la solidarité universitaire du corps profes-
soral. De larges subventions promises par TElat, le Conseil
général et la municipalité, permettront sans doute aux fon-
dateurs de ces annales de les faire prospérer. Le premier
fascicule que nous recevons aujourd'hui est imprimé avec
beaucoup de soin et les mémoires qu'il contient prouvent
l'empressement avec lequel les professeurs de Grenoble ont
répondu à l'appel du comité de rédaction. Nous y signalerons
un très intéressant travail de M. le docteur Montaz, profes-
seur à l'Ecole de médecine, sur un nouveau procédé de
restauration du nez à la suite de difformités dues à la
syphilis et un mémoire de M. le docteur Gallois sur
Yemploi thérapeutique du fluorure de bore.
Conseil d'hygiène et dk salubiuté de la Seine. — Dans sa
dernière séance le Conseil a adopté les conclusions d*UD rapport
de M. le docteur Dujardin-Beaumelx, relativement à laction
désinfectanle de lacide sulfureux.
l.es expériences ont été faites au laboratoire de bactériologie
de Ibôpltal Cochin, par MM.Dubief et Bruhl, internes des hôpi-
taux, sous la direction de M. le docteur Dujardin-Beaumetz.
Elles ont permis d*établir les propositions suivantes, qui sont la
conclusion du rapport :
l^* Le gaz sulfureux a une action microbicide des plus évi-
dentes sur les germes contenus dans Tatmosphère ;
i° Cette action s'exerce le plus activement en présence de la
vapeur d'eau ;
3^ L*action du f&z sulfureux s'exerce d une façon manifeste sur
les germes parfaitement desséchés;
Âf" L'action du gaz sulfureux dans Fair se fait surtout sentir
sur les germes des bactéries ; il semble respecter, dans une
certaine mesure, les spores cryptogamiques, moins sensibles aux
acides dilués.
Il y a donc lieu de maintenir jusqu'à nouvel ordre Tacide
sulfureux comme désinfectant.
La seconde partie du travail de MM. Dubief et Bruhl sera con-
sacrée à rétude de Faction de Facide sulfureux sur les germes
lui vivent sur les murs; elle contiendra également Findication
Tun moyen pratique <2e sulfuration et d'humidification simul-
tanées de Fatmosphère, ainsi que les quantités d'acide sulfureux
nécessaires pour arriver à une désinfection efRcace.
La troisième partie comparera les résultats donnés par Facide
sulfureux à ceux des autres désinfectants.
Dans cette même séance, le Conseil d^hygiène a entendu un
autre rapport de M. le docteur Dujardin-Beaumetz. relatif à un
cas de rage, suivi de mort. 11 s'agit d'un garçon boucher qui,
léché à la main par un chien enragé, a succombé le 17 mai
dernier, alors qu un enfant mordu la veille par le même chien,
mais traité immédiatement à Finstitut Pasteur, est resté en
excellent état de santé. La sécurité trompeuse dans laquelle
se trouvait le garçon boucher, en raison de Fabsence de toute
morsure profonde, Fa empêché d'avoir recours au traitement
pastorien qui, appliaué à Fenfant mordu par le même chien, a
préservé ce dernier ae la rage.
ï
Hôpitaux de Paris. Concours pour Vinternal, — L'ouverture
au concours pour les prix de Fexternat et la nomination des
internes aura lieu le lundi 21 octobre, à midi précis.
MM. les élèves externes en médecine et en chirurgie de
deuxième et troisième année sont prévenus qu'en exécution du
règlement, ils sont tous tenus de prendre part au concours des
prix, sous peine d'être rayés des cadres des élèves des hôpitaux
et hospices.
Les élèves seront admis à se faire inscrire au secrétariat
général de Fadministralion, tous les jours, les dimanches et fêtes
exceptés, de onze heures à trois heures, depuis le lundi 9 sep-
tembre jusqu'au samedi 5 octobre inclusivement.
— Concours pour la nomination aux places (Célète%
externes en médecine et en chirurgie vacantes en 1890. ~
L'ouverture du concours pour Fexternat aura lieu le mercredi
^ octobre, à quatre heures précises^ dans Famphitbéâtre de
l'administration centrale, avenue Victoria, n** 3.
Les étudiants (jui désireront prendre part à ce concours seront
admis à se faire inscrire au secrétariat général de Fadministra-
tion, tous les jours, les dimanches et fôtes exceptés, de oni^
heures à trois heures, depuis le lundi 9 septembre jusqu'au
samedi 5 octobre, inclusivement.
Faculté de mbdecinb oe Paris. — M. le docteur Blocq est
nommé préparateur de la chaire de clinioue des maladies du
système nerveux, en remplacement de M. Marie, appelé à
d autres fonctions.
HÔPITAUX DE Bordeaux. — Le concours pour deux places d'in-
terne, ouvert à Fhôpital Saint-Jean, s'est terminé par la nomi-
nation de MM. Sternberg et Vigneron.
Faculté de médecine de Lille. — M. Tavernier est maintenu
dans les fonctions d'aide de clinique des maladies culaoépsd
syphilitiques.
École de médecine de Marseille. — M. le docteur Laplaoe
est institué, pour une période de neuf ans, suppléant des cbaires
de pathologie et de clinique médicale.
Bureaux de bienfaisance. — Un concours public est caveri
par la Ville de Paris sur ce sujet : De Vor^anisation an
bureaux de bienfaisance et du service médical et pharmaceu-
tique pour le traitement des indigents.
Les manuscrits devront être adressés avant le l"" novembre 188!<
à l'administration générale de FAssistance publique, 3, avenue
Victoria, Paris. L'auteur du manuscrit classé premier recevra
une récompense de 1000 francs. Son manuscrit sera imprimé par
les soins du Conseil municipal, l/auteur du manuscrit classé
deuxième, recevra une somme de 5U0 francs.
Le jury se composera de six membres désignés par le Conseil
municipal, de trois membres élus par les concurrents, du direc>
teur de FAssistance publique et d'un médecin des hôpitaux
désigné par le Conseil de surveillance de FAssistance publique.
NÉCROLOGIE. — Nous avous le \if regret d'annoncer la mort
inattendue et prémuturée de M. le docteur Raoul Mesnet, fils de
notre savant et sympathique confrère M. le docteur Mespet,
médecin de FHôlel-Dteu et membre de FAcadémie de médecine.
M. le docteur Mesnet a succombé à Fâge de trente-cinq ans aui
suites d'une fièvre typhoïde; de M. le docteur Carrière, ancien
interne des hôpitaux, chevalier de la Légion d'honneur, trésorier
de la Société clinique de Paris ; de M. le docteur P. Cattelan, de
Langon (Gironde); de M. Bocttuet, externe des hôpitaux, morti
la suite d'une piqûre anatomique; de M. Vilimiésie, étudiant à
Marseille.
Mortalité a Paris i!2o' semalue, du 7 au 13 juillet
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 23.
— Variole, 2. — Rougeole, 25. — Scarlatine, 1. — Coque-
luche, 6. — Diphthérie, croup, 2i. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 142. — Autres tuberculoses, 30. — Tumeurs:
cancéreuses, 36; autres, 11. — Méningite, 45. — Conges-
tion et hémorrbagies cérébrales, 46. — Paralysie, 10. —
Ramollissement cérébral, 6. — Maladies orj^aniques du cœur, i>-
— Bronchite aigué, 14. — Bronchite chronique, 21 . — Broncho-
Kneumonie, 15. — Pneumonie, 36. — Gastro-entérite: sein,3-;
iberon, 148.— Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 4. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité con-
génitale, 23. — Sénilité, 26. — Suicides, 30. — Autres morts
violentes, 10. — Autres causes de mort, 135. — Causer
inconnues, 14. — Total : 968.
G. Masson, Propriétaire'Gérant
198G0. — UOTTiaos. — Imprimeries nSoniei, A, nie Mignon, S. P*"**
TRENtE-SIXIÂME ANNÉE
N*31
2 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE nÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOÏÏLLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ. E. BRISSAUD. G. DIEULAFOY, DREYFUSBRISAG. FRANCOIS-FRANCK, A. HeNOCQUE, A.nl. MARTIN. A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lbbebodllet, i4, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMIIAIRB. — BoLLBTilf. — PoRMOLAini TB^RAPIUTIQUE. De la créolioâ dans
les affections de l'oreille et du net. ~ Travaux originaux. Neuropatliologie :
La nutrition dans l'hystérie. — Clinique médicale : Des injections iniraplen-
ralos antiseptiques dans les pleurésies infectieuser. — Corrispondamci.
ConUgion clinique du tétanos. — SociiT^s savantis. Académie des sciences.
— Académie de médecine. — Société médicale des hôpitaux. — Société de
chirurgie. -~ RivuB dbs journaux. Tn?aux k consulter. — BiBLloaRAPHll.
Affections chirurgicales des reins, des uretères et des capsules surrénales. —
L'œuvre de Davaine. — VARléris. — FnilLLBTO.^. Le médecin à l'Exposition
universelle de 4889.
BULLETIN
Paris, 31 juillet 1889.
Académie de médecine : Prs^fphylaxte ae l» taberevloae.
— Anesthéftle par l'hypaotlmie. — L« •«echartoe.
Continuant l'œuvre bienfaisante qu'il a entreprise et qu'il
poursuit avec tanl de constance et de dévouement, le Con-
grès pour l'étude de la tuberculose vient, par l'organe de
son éminent rapporteur M. Villemin, de faire connaître les
mesures prophylactiques qui paraissent les plus propres à
arrêter la propagation de la phthisie. Nous reproduisons ci-
dessous (p. 499) cette instruction que nous n'avons point à
analyser. On y remarquera l'insistance avec laquelle le sa-
vant rapporteur parle des dangers de la contagion par le
lait et de la nécessité d'interdire aux mères suspectes de
tuberculose l'allaitement de leurs enfants. On applaudira
aussi aux mesures recommandées aux propriétaires des vil-
las et des hôtels où séjournent des malades tuberculeux.
Il appartiendrait aux médecins de nos stations thermales,
ainsi qu'aux médecins du littoral méditerranéen, de pres-
crire eux-mêmes des mesures analogues-et d'en assurer la
rigoureuse exécution.
— L'intéressante observation communiquée par M. Mesnet
prouve une fois de plus combien certains sujets éminem-
ment nerveux et suggestionnables deviennent facilement
anesthésiques sous l'influence de la suggestion hypnotique.
L'opération faite par M. Tillaux était très douloureuse; elle
a duré plus d'un quart d'heure. Et cependant la malade n'a
éprouvé aucune sensation pénible, elle n'a gardé au réveil
aucun souvenir de l'opération qui avait été pratiquée. Le
sommeil hypnotique a remplacé dans tous ses effets favo-
rables l'anesthésie chloroformique.
La relation des faits de ce genre est des plus importantes
au point de vue de l'histoire de l'hypnotisme. Mais, comme
l'a bien fait remarquer M. Mesnet^ ces faits sont et resteront
toujours exceptionnels. Tous les sujets hypnotisables n'arri-
vent pas à un degré d'insensibilité qui permette de les opé-
rer à leur insu et, par conséquent, jamais l'influence anal-
gésique de l'hypnotisme ne pourra être généralisée de façon
à devenir un procédé utilisable dans la pratique de la chi-
rurgie ou des accouchements.
Elle sera le privilège exclusif de quelques malades chez
lesquels l'action perturbatrice exercée par le système ner-
veux sur la sensibilité superficielle et profonde est plus
accusée que de coutume et surtout, plus persistante. C'est là
un fait bien reconnu depuis l'opération justement célèbre
que J. Cloquet pratiqua le 12 avril 1829 et que M. Mesnet
FEUILLETON
Le medeclsi * l'Exposition milircrflelle de t889.
(Troisicme article.)
L'assainissement des habitations et des villes, qui con-
stitue forcément l'une des parties les plus importantes de
rhygiène publique, est assez brillamment représentée à
l'Exposition, ^râce surtout à la participation des divers ser-
vices de la ville de Paris. II suffit de parcourir les divers
quartiers de notre belle capitale pour admirer l'état de
propreté et d'élégance des voies publiques; on en est sur-
tout frappé lorsqu'on revient de I étranger, car il est bien
peu de vules au monde qui puissent rivaliser à cet égard
avec Paris. Cet aspect extérieur, qui cache quelquefois, il
est vrai^ bien des preuves d'insalubrité, n'est pas obtenu
sans peine ni sans efTorts: une armée de balayeui*s enlève
«• SÉRIK T. XXYI.
chaque matin les immondices de la voie publique; de
lourds tombereaux emportent tous les jours les résidus de
la vie domestique ; des appareils spéciaux portent au loin
les vidanges ou les expulsent imméaiatement de la ville par
les égouls du sous-soi. Combien il a fallu de temps et d'in-
géniosité pour obtenir tous ces résultats dans une telle agglo-
mération! On peut s'en convaincre en examinant les excel-
lents relevés et plans comparatifs dressés par l'administration
des travaux depuis 1789 jus(][u'à nos jours. Cette exposition
rétrospective offre un grand intérêt.
Une remarquable leçon de choses est offerte aux visiteurs
fiar l'examen de la maison salubre et de la maison insa-
uble que le service de l'assainissement de Paris a réussi à
édifier dans l'un des pavillons municipaux du Champ de
Mars. Déjà, en 1884. à Londres, une installation analogue
avait été faite à l'Exposition internationale d'hygiène et
d'éducation; elle y avait eu un succès considérable. On
aime à voir les choses par elles-mêmes; les descriptions
31
490 ^ N* 31 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2 Août 1889
a rappelée jusqu*aux essais beaucoup trop nombreux pour
ne pas susciter quelques doules, que fit le chirurgien Esdaile
en 1852. On sait qu*Esdaile prétendait avoir opéré sans dou-
leur plus de trois cents malades et qu'il avait fondé à Cal-
cutta un Mesmerie Hospital où aflluèrent les malades.
Nous croyons donc, comme Ta si énergiquement affirmé
M. Mesnet, que Thypnotisme, qui d'ailleurs ne doit jamais
être employé que dans un but curatif, et par un médecin
expérimenté, ne sera jamais utile qu'à des sujets très faci-
lement suggestionnables et devra rester une médication
exceptionnelle.
Signalons encore dans cette séance la communication
faite par M. Constantin Paul dont le préparateur, M. Mar-
fan, a étudié avec un grand soin les propriétés antiseptiques
de la saccharine et son mode d'administration.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
De la eréollne dwinm les «ffeetlons de rorelllo et da nés.
La créoline est employée en ce moment par quelques
médecins allemands comme antiseptique et désinfectant,
dans les affections de l'oreille et des fosses nasales, sous la
forme d'injections et de pommades.
1° En pommade, — Eslelberg recommande la vaseline à
la créoline contre l'eczéma de l'oreille externe et des na-
rines. Il la formule ainsi :
Créoline i partie.
Vaseline 50 parties.
Pratiquer chaque jour une ou deux onctions avec cette
pommade.
2° En injections. — Le même observateur traite l'otor-
rhée par des injections obtenues en additionnant i litre
d'eau de XX gouttes de créoline.
Lichtwitz emploie une solution moins riche en créoline,
pour pratiquer des irrigations nasales contre Tozène. Voici
sa prescription :
Créoline III à V gouttes.
Eau distillée 1/2 litre.
Pour douches nasales.
Ch. Éloy.
TBAVAUX ORIGINAUX
lVem*op«llioloi^to«
La NUTRmoN dans l'hystérie, par HM. Gilles de la Tor-
RETTE, chef de clinique, et H. Cathelineau, interne en
Sharmacie (Laboratoire de la Cliniaue des maladies
u système nerveux; H. J. Charcot), Commanication
faite a la Société de biologie, dans la séance du 27 juillet
1889.
On tend généralement à admettre que les hystériques ne
s'alimentent que très insuffisamment et que, par contre, leur
nutrition générale semble ne pas en souffrir. Pour prendre
les termes extrêmes de la question, ils mangeraient peu ou
pas et continueraient cependant à vivre sans maigrir. Leur
température centrale n'étant pas abaissée, ils formeraient
donc dans la série animale une classe à part, inférieure
encore à celle des animaux hibernants.
L'analyse des travaux sur cette question montre aue les
auteurs qui ont adopté celte opinion, sans la contrôler, se
sont ralliés dans la circonstance aux conclusions de M. Em pe-
reur qui, dans son Essai sur la nutrition dans Vhystérie
(1876), s'est posé le premier la question de savoir si < les
hystériques assimilaient et désassimilaient comme le type
normal », et qui a conclu que chez elles l'assimilation* ne
se faisait pas parce que la désassimilation n'avait pas lieu...
€ Elles ne maigrissent pas, dit-il, parce qu'elles ne déper-
dent rien et, ne déperaant rien, il leur est inutile, sinon
nuisible, de manger. »
C'est ce problème de la nutrition dans l'hystérie que nous
avons également essayé de résoudre dans le service de
M. le professeur Charcot, à la Salpètrière, pendant les
années 1888-1889, en nous basant sur l'analyse Aqs excréta
urinaires. Les résultats que nous allons exposer concernent
indifféremment les deux sexes.
Il nous a semblé d'abord qu'il était indispensable d'ou-
vrir deux catégories dans les hystériques : les hystériques
normaux, les hystériques pathologiques.
Les premiers sont ceux qui ne présentent au moment de
l'observation que les stigmates physiques, nécessaires pour
établir à l'état permanent le diagnostic de la névrose ; les
seconds sont ceux nui, en plus des stigmates permanents,
présentent la série aes accidents variés et attaques, étals de
mal, vomissements, etc., constituant la pathologie de l'hys-
térie.
L — Nos recherches ont porté pour le premiergroape sur
dix hystériques normaux^ sept femmes et trois hommes.
Elles nous ont démontré d'abord que si, par suite des trou-
bles du goût presque toujours présents, les hystériques fai-
sur plan ne suffisent plus. Les médecins ont trop besoin
de s'instruire des applications sanitaires pour ne pas se
trouver satisfaits de trouver ainsi réunis, dans un petit
espace, de si précieux éléments d'informations et d'étude.
Les deux maisons sont édifiées à l'entrée du pavillon de
la ville de Paris, à droite en venant du dôme central. Elles
sont à rez-de-chaussée et deux étages, plus un sous-sol
pour la maison salubre, ainsi qu'il doit être. Au second
étage, une passerelle réunit les deux maisons. La visite
commence par le rez-de-chaussée de la maison insalubre;
des barrières guident le visiteur et l'obligent à monter les
deux étages, puis à passer dans la maison salubre pour la
parcourir de haut en b<'is jusqu'à la sortie de la cave. De
tous côtés un grand nombre de notices et d'inscriptions
facilitent l'examen des ol^els exposés et en font ressortir la
valeur ou les défauts.
Dès l'abord mônic de Ia rn^ispn insalu^rg^ les tuyauj^ de
canalis{ition places sur la façade ont des joints qui per-
mettent l'écoulement superficiel des eaux usées par une
gargouille située sous le trottoir. En entrant dans le rez-de-
chaussée, on foule un parquet posé sur lambourdes encas-
trées dans la terre, sans scellement ni petits murs, d'oà
une humidité permanente, la pourriture, et par suite des
affections plus ou moins graves. Continuons la visite, en
nous servant, pour nous guider, de l'excellente description
Subliée dans la Revue d'hygiène^ il y a deux mois,
escriplion à laquelle nous emprunterons de nombreux
passages.
Toujours au rez-de-chaussée, on remarque un lavabo,
dont les tuyaux de vidange et de trop-plein, non siphonnés,
permettent le reflux des gaz de la fosse d'aisances dans l'in-
térieur de l'appartement; les tuyaux se raccordent à angle
droit, les soudures sont mauvaises; dans un autre coin
exista une fontaine à évier avec seau au-dessous pour la
vidange, Pan» la cuisine adjacente, l'évier, mal constniit,
déverse son contenu dans la rue p^r unQ gargouille qui
2 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CIIIRURCIE
— H* 31 _ 49i
saient le plus souvent usage d une alimentation un peu
particulière, il n'en était pas moins vrai qu'ils s'alimentaient
d'une façon substantielle capable d'entretenir la vie nor-
male chez un individu sain.
Nous avons alors pratiqué soixanle-dix-neuf analyses de
Turine des vingt-quatre heures; les moyennes obtenues des
éléments constitutifs : volume, résidu fixe, urée, acide phos-
phorique, ont été mises en regard des moyennes théoriques
puisées dans les auteurs les plus recommandables et rap-
portées au kilogramme d'individu.
De ces recherches comparatives il est résulté que les
excréta urinaires ne diffèrent pas Quantitativement et quali-
tativement chez les hystériques ae ceux qui sont fournis
par les individus sains.'
En résumé : chez l hystérique^ en dehors des manifesta-
tions patkoloaiques de la névrose^ autres que les stigmates
permanents^ la nutrition s'effectue normalement.
II. — Les phénomènes pathologiques (jue nous avons plus
particulièrement étudiés sont, en ce qui regarde l'attaque :
i* l'attaque convulsiveaux quatre périodes; 2* l'attaque bor-
née à Tune de ses périodes ou avec prédominance de cette
période : forme épileptoide, léthargique, etc.; 3" l'attaque
à forme d'épilepsie partielle; 4° les attaques de chorée
rythmée, toux, bâillements, etc.
Dans tous ces cas, les résultats des analyses comprenant
la période des vingt-quatre heures à dater du début de l'at-
taque, nous ont permis de conclure :
Que dans l'attaque d*hystérie convulsive et dans toutes
les variétés d'attaques que nous venons d'énumérer, il y
avait : i"* diminution du résidu fixe, de l'urée et des phos-
phates ; 2"* que le rapport entre les phosphates et ceux des
alcalins étant normalement comme i est à 3 dans l'attaque
d'hystérie, ce rapport devient toujours comme 1 est à 2, et
souvent comme 1 est à 1. C'est ce que nous avons nommé
l'inversion de la formule des phosphates.
En ce qui regarde le volume de l'urine des vingt-quatre
heures, celui-ci est le plus souvent diminué; toutefois, la
première miction qui suit rattacjue est généralement plus
considérable qu'une miction ordinaire; c'est elle qui crée
la polyurie lorsqu'elle existe.
L'étude des états de mal hystérique à forme épileptoide,
à forme d'épilepsie partielle, cataleptique (attitudes pas-
sionnelles), délirante, léthargique, nous a démontré qu'au
point de vue chimique l'état de mal hystérique n'était autre
chose qu'une attaque d'hystérie prolongée, avec accentua-
lion des phénomènes que nous avons énumérés.
De plus, l'étude de la courbe des excréta urinaires pen-
dant la durée de l'état de mal montre qu'au début il y a
chute des éléments urinaires, puis plateau et relèvement
quelques jours avant la sortie de l'état de mal. Ce relève-
ment des éléments constitutifs, lequel est susceptible d'at-
teindre et même de dépasser le taux normal la veille et le
jour du réveil, est indépendant de l'alimentation, celle-ci
ayant été négative dans la plupart des états de mal que nous
avons étudiés. Ce sont donc bien là des phénomènes dus à
l'hystérie et non à l'inanition.
L'étude de la courbe permet de préciser la durée de Tétat
de mal et de prédire le retour à 1 état normal, notion dont
l'importance clinique n'échappera à personne.
Quel que soit l'état de mal observé, le poids des sujets
diminue journellement d'une quantité variable suivant la
durée de l'état de mal, mais qui nous a paru comprise en-
tre 200 et 500 grammes par jour. Le retour à Temnonpoint
est très rapide après le réveil.
Nous avons noté ces phénomènes d'amaigrissement très
marqués dans deux cas de vomissements hystériques suivis
pendant plusieurs mois. A rapprocher de cette dénutrition
le fait que M. Charcot a observé quatre cas de mort par ina-
nition dans Vanorexie hystérique.
L'opinion déjà citée de M. Empereur est donc aussi radi-
calement fausse dans l'hystérie pathologique que dans Thys-
térie normale.
Chimiquement, l'attaque d'hystérie est l'inverse de l'accès
d'épilepsie, si l'on s'en rapporte aux travaux de MM. Lépine
et Mairet, que nous avons également repris et complétés au
seul point de vue toutefois de Tépilepsie partielle vraie,
symplomatique.
Les accès d'épilepsie vraie et d'épilepsie partielle sym-
ptomatique, de même que les états de mal correspondants,
se jugent par une élévation considérable de? '«ncipes
constitutifs de l'urine.
L'attaque d'hystérie et les états de mal, quelque forme
3u'ils revêtent, se jugent par une diminution considérable
e ces mêmes principes.
Ces notions nous permettent désormais, en clinique, de
r^oser un diagnostic précis dans les formes douteuses de
'attaque d'hystérie et de l'accès d'épilepsie, qu'on pourrait
confondre les unes avec les autres.
On comprend l'importance de cette Question pour l'ins-
titution du traitement, surtout lorsque dans l'épilepsie par-
tielle vraie celle-ci peut être la trépanation.
Entre autres faits, nous avons pu chez deux sujets établir
chimiquement l'existence à l'état isolé de l'attaque d'hys-
térie et de l'accès d'épilepsie, confirmant ainsi l'opinion de
M. Charcot, l'indépendance absolue des deux névroses,
quelques formes similaires qu'elles puissent parfois revêtir.
Dans deux cas d'hystérie avec stigmates, sans attaques,
nous avons pu reconnaître la coexistence d'accès épilepti-
ques vrais.
Nous bornerons là l'exposé des faits dans lesquels nos
répand à profusion les mauvaises odeurs dans la rue et dans
la maison; sur le mur sont appliqués des spécimens de
tuyaux de plomb à joints défectueux ; sur le sol, non incliné,
une bonde siphoïde dirige les eaux de lavage vers l'égout,
et maintient entre celui-ci et la cuisine une communication
à peu près directe et constante. La pièce à côté abrite un
urinoir dont les plaques d'ardoise sont mal jointes et lavées
par un unique filet d'eau ; le sol est en mortier de ciment et
Doit l'urine; celle-ci coule à l'air libre vers la cour; il n'y a
pas d'éclairage artificiel, et l'éclairage naturel est très
insuffisant.
Une courette étroite, sombre, mal pavée, donne passage
à des caniveaux non étanches dont les joints s'imprègnent
d'ordures répandant de mauvaises odeurs, d'autant plus que
le siphon de cour est défectueux. La sixième partie de la
surface de cette cour est occupée par l'orifice mal clos d'une
fosse d'aisances, non étanche, placée mi-partie sous la mai-
son, mi-partie sous la isoup, et dégageant ses émanations
sous les croisées. Cette fosse est ventilée par un tuyau
d'évent eii fonte ioignant mal et débouchant plus bas que
le toit. Une des dalles de la fosse est levée, et une pompe
d'aspiration et de refoulement simule une vidange qui ne
peut se faire qu'en passant par la maison ; à côté, un seau
plein de sulfate de ter représente le seul et maigre correctif
à apporter à cette mauvaise situation. Deux tuyaux de des-
cente des eaux ménagères, dont l'un en fonte, l'autre en
zinc, tous deux à joints mauvais, sont desservis par des
flombs disposés sous les fenêtres ou dans la cage de l'esca-
ier. Des taches sur les murs représentent les traces des
fuites et des débordements tant des plombs que des tuyaux
qui leur font suite.
Au rez-de-chaussée, les cabinets d'aisances prennent jour
et air sur l'escalier; ils sont à défécation accroupie,
manquent d'eau; les clapets oxydés n'obturent pas l'orifice
de chute; le sol, recouvert d'une plaque de plomb détériorée
par l'usure, laisse filtrer l'urine qui imprègne la terre. Le
4ft2 — «• 31 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2 Août 1889
recherches ont contribué à établir sur des bases certaines un
diagnostic jusqu'alors douteux.
Nous ajouterons en terminant que les manifestations
suivantes : contractures, paralysies, tremblements hystéri-
ques, ces derniers ne survenant pas sous forme d accès,
n'entraînent pas de modifications de la nutrilion générale.
Cltnlqae médlcAle.
Des injections intrapleurales antiseptiques dans les
PLEURÉSIES INFECTIEUSES. Communication faite à la
Société médicale des hôpitaux dans la séance du
1^ juillet 1889, par M. Ch. Fernet, médecin de Thôpital
Beaujon.
(Fin. — Voyez le numéro 30.)
Dans notre seconde observation, l'existence d'une fièvre
typhoïde à manifestations primitivement thoraciques semble
démontrée : à moins d'admettre la coïncidence fortuite
d'une pneumonie et d'une pleurésie avec la fièvre typhoïde,
il est légitime d'admettre 1 existence de cette dernière ma-
ladie qui est affirmée par les phénomènes généraux, par les
troubles abdominaux et notamment par les taches rosées
lenticulaires, et de lui subordonner la pneumonie et la pleu-
résie observées d'abord.
Obs. h. — Le nommé K. (Frédéric), âgé de vingt-cinq ans,
journalier, entre dans mon service le !20 février 1889 (salle Mon-
nerel, n« 5). C'est un homme de bonne couslilution, dont la
santé habituelle a été excellente ; on ne trouve dans ses antécé-
dents que des douleurs lombaires qu'il a éprouvées il y a deux
ans et qui ont duré assez longtemps.
Au commencement de février, le malade fut repris de ces
mêmes douleurs, moins fortes qu'il y a deux ans, et il les attri-
liue à des refroidissements répétés ; en même temps il perdait
lappétit, avait quelques frissons; cependant il continuait son
travail, mais péniblement. Le 7 février, à la suite d'un refroi-
dissement, il ressent le soir même un fort mal de tête, du ma-
laise général, pas d'appétit ; la nuit est agitée. Le lendemain
matin, frisson violent, céphalalgie plus intense encore, bouche
mauvaise. Il fait appeler un médecin qui lui ordonne des sina-
pismes et une potion. Pendant quelques jours il a un peu de
soulagement, les nuits sont plus calmes.
Le 12 février, son état s'est un peu aggravé la veille où il a
voulu se lever : il a un point de côté à droite ; il fait redeman-
der son médecin qui lui dit qu'il a une pleurésie et qui lui fait
mettre un vésicatoire sur la poitrine, mais il n'en éprouve au-
cun soulagement. Vers le même temps, il commence à avoir la
diarrhée avec plusieurs selles par jour; il a des sueurs abon-
dantes le jour et la nuit, ses nuits sont agitées. C'est alors qu'il
se décide à se présenter à l'hôpital; et d'après les -renseigne-
ments que nous fournit le malade et les premiers signes que
nous observons, nous le recevons sous la rubrique de fièvri»
typhoïde.
Le lendemain matin ce diagnostic semble confirmé par rabat-
tement et Tapparence de stupeur, par la sécheresse de la langui-
et la fétidité de l'haleine; mais la diarrhée a cessé et on lU'
trouve pas de taches rosées. D'autre part la poitrine présenle
des désordres importants : le point de coté a disparu depuis deux
jours, mais la respiration est pénible; le malade a expectoré
quelques crachats rouilles, visqueux, adhérents au vase. L^ exa-
men physique révèle de la submatité et quelç^ues râles crépi*
tants au sommet de la poitrine du côté droit en avant et en
arrière; d'autre part de la matité, de l'abolition du murmure
vésiculaire et de l'égophonie dans le tiers inférieur du même
côté de la poitrine en arrière. D'après ces signes, nous portons
le diagnoslicde pneumonie du somraet.droitavec pleurésie secon-
dai re. Température, 38 degrés le malin, 39^,6 le soir; pouls, i\±;
rien dans les urines. Traitement : tisane pectorale; sulfate de
quinine, 1 gramme; potion de Todd; gargarisme au borax; po-
tages et lait.
Le 22 février, même état. Encore 1 gramme de sulfate de
quinine.
Le 23. La nuit a été plus calme, et la température est moins
élevée : 37%8 le matin, 38*,i le soir, sans doute sous Tinfluence
du sulfate de quinine pris deux jours de suite. Les râles crépi-
tants ont presque disparu ; l'épanchement pleurétique reste
statiounaire. L'apparence typhoïde du malade persiste sans mo-
dification sensible.
A partir de ce jour, on fait dans la poitrine trois injections Je
5 grammes de liqueur de Van Swieten de deux en deux jours
(les 23, 25 et 27 février), et on administre laf,50 de naphlol par
jour, en six doses. Pendant ce temps, tous les signes physique>
de la pneumonie du sommet ont disparu, mais la pleurésie reste
stalionnaire, la fièvre persiste avec des températures oscillant
autour de 39 degrés.
Le 28 février, le malade se plaint de souffrir dans la paroi de
la poitrine du côté droit et on constate à la partie moyenne du
thorax un empâtement œdémateux; nous nous demandons si
cette petite complication n'est pas due aux piqûres des injec-
tions (mais elle siège plus haut et en|dehors de l'espace intercosUd
où celles-ci étaient pratiquées). Quoi qu'il en soit, on cesse les
injections et pendant quelques jours on fait des onctions avec
Fonguent napolitain et cet empâtement disparait.
(iCpendant la situation ne chan&^e pas : l'état général reste le
même, la fièvre n'a une très peu diminué : 38*,2 le matin, 39*,:2
le soir; la pleurésie uonne toujours les mêmes signes. En outre,
f phénomène nouveau, le malade commence le 2 mars à avoir de
a diarrhée et il rend des matières jaunâtres, grumeleuses. Le
4 mars, le soupçon de fièvre typhoïde, déjà mis en avant au
début du séjour à l'hôpital et plusieurs fois depuis, se trouve
confirmé par l'apparition de deux taches rosées lenticulaires sur
le ventre; cinq jours plus tard (9 mars), nous constatons deux
nouvelles taches rosées; le diagnostic ne nous parait plus dou-
teux, nous sommes en présence d'une fièvre typhoïde, et nous
inclinons à croire que la première période de la maladie a été
une pneumolyphoïae accompagnée de pleurésie secondaire et
que les phénomènes abdominaux actuels ne constituent qu'une
revêtement des murs est en ciment. Si, pour échapper à ce
rez-de-chaussée où l'on étouffe, qui respire la malpropreté
et appelle la maladie, suivant l'expression du narrateur,
on gravit l'escalier, on y trouve les fenêtres qui donnent sur
l'extérieur condamnées par la rampe; une seule s'ouvre,
mais sur la courette qui vient d'être décrite.
Au premier étage, les mêmes fiiutes avec quelques
variantes se répètent dans les cabinets et la cuisine. Dans
une chambre une baignoire se remplit au moyen d'un seau ;
un terrasson en plomb protège insuffisamment le parquet;
sur le tuyau de vidange est disposé un coupe-air en plomb
où les eaux grasses ou savoinieuses s'accumulent et se
décomposent et donnent des odeurs nauséabondes qui se
répandent dans la pièce dès que la baignoire est vide. La
couleur du papier de tenture est à base d'arsenic. Dans un
angle, un lavabo en métal se remplissant au broc; l'eau
s'y échauffe et s'y altère. Le tuyau de vidange plonge dans
un siphon cii D; sa plongée s'est corrodée et il en est
résulté une communication directe entre la chambre et le
tuyau de chute des cabinets.
Au deuxième étage, on constate des velléités d'assainis-
sement, mais elles sont maladroites. Ainsi, dans les cabi-
nets, on a cherché à obtenir l'obturation du tujrau de chute,
mais au moyen d'un siège à bascule; sur la pierre d'évier
de la cuisine, l'orifice de chute est fermé par un bouchon
de cuivre; sous la cage de ce même évier, une cuvette tour-
nante, sorte de plomb perfectionné ou plutôt aggravé. Dans
le coin d'une chambre à coucher, on trouve un seau dit
hygiénique, qui sert à toutes espèces d'usages, qu'on oublie
trop souvent de vider et encore plus souvent de nettoyer.
A côté, une toilette, assez propre d'ailleurs, est desservie
par un seau analogue. Ici on est éclairé au gaz, mais les
produits de la combustion se déversent dans l'air qu'ils
vicient; la cheminée est sans prise d'air à l'extérieur; il ne
manque qu'un poêle mobile.
Tous ces défauts de construction qu'on vient de constater.
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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reprise de la maladie sous la forme abdominale ordinaire. Le
naphtol est porté à 29^50 en dix doses.
A partir du 11 mars, une amélioration sensible se produit; la
fièvre commence à diminuer, la température est presque nor-
male le matin et n'atteint que 38 degrés le soir. Cependant les
signes d*épanchement pleurétique semblant persister, nous
faisons une ponction avec la seringue de Pravaz, mais nous ne
pouvons obtenir de liquide; il est donc probable que l'exsudat
pleural n'est plus formé que défausses membranes plus ou moins
infiltrées de sérosité.
A partir du 13 mars, la maladie semble terminée, on peut
commencer à donner quelques aliments solides qui sont gra-
duellement augmentés de quantité. Mais la faiblesse est très
grande, le rétablissement est très lent à se faire. Dès le 20 mars,
les signes physiques de pleurésie sont très atténués et on ne
trouve plus que de la submatité et de Tobscurité du bruit respi-
ratoire et quelques crénitations fixes à la fin des grandes inspi-
rations. (Applications diode.)
Le 29 mars, le malade part pour Vincenncs. Il revient nous
voir trois semaines après sa sortie de Thôpilal : son état général
est excellent, mais le bruit respiratoire est encore obscur à la
base droite. Je lui conseille de faire encore pendant quelques
semaines des applications de teinture d'iode.
La troisième observation présente une grande analogie
avec la précédente : l'état typhoïde y fut plus accusé encore,
mais ici Texistence des taches rosées lenticulaires, si im-
portante pour le diagnostic de la nature de la maladie, a
fait défaut.
Obs. ni. — La nommée B. (Jeanne), âgée de trente-huit ans,
domestique, entre dans mon service (salle Axenfeld, n' 10), le
20 février 1889. (Observation rédigée sur les notes de M. Barri-
sien, externe du service.)
Cette malade est originaire du Mexique, mais elle habite la
France depuis sa jeunesse; elle a le teint fortement pigmenté et
les cheveux d'un noir foncé , elle est de petite taille, mais de
constitution assez vigoureuse. Sa santé a été excellente jusqu'ici
et on ne trouve rien à relever dans ses antécédents.
Elle est tombée malade assez brusquement il y a huit jours :
après une journée passée comme d'habitude, elle eut sans rai-
son apparente une nuit mauvaise, agitée; le lendemain matin
rllc éprouvait une lassitude générale et se leva péniblement
pour faire son travail ordinaire. Dans la journée, elle ressentit
un violent point dç côté à gauche de la poitrine et pendant toute
une semaine elle se traîna péniblement, ayant toujours la dou-
leur de côté, un mal de tête persistant, de la fièvre tous les
soirs et passant de très mauvaises nuits. Elle se décida alors à
venir à 1 hôpital.
Dans nos premiers examens, à voir son apparence de lassi-
tude extrême et de prostration, sa langue tremblotante, couverte
à sa partie supérieure, rouge sur les bords et à la Jointe, Tin-
tcnsité de la fièvre avec une température de 39 degrés le matin,
iO le soir, nous pouvions penser à une fièvre typhoïde, mais
pourtant il n'y avait ni diarrhée, ni sensibilité exagérée dans la
fosse iliaque droite, ni taches rosées lenticulaires, et d'autre
part Fexamen physique de la poitrine révélait tous les
signes d'une pleurésie gauche avec épanchemcnt déjà assez
considérable ; matité depuis Tépine de l'omoplate jusqu'en bas
et occupant aussi toute raisselle; souffle expiraloire dans la
fosse sous-épineuse, silence complet au-dessous, égophonie,
transmission de la voix chuchotée, suppression des vibrations
thoraciques. Le cœur était un peu déplacé et sa pointe venait
battre près du bord droit du sternum. Les deux poumons pa-
raissaient sains ; du moins on n'y constalait aucun trouble mor-
bide, et la respiration était peu gênée. L'urine contenait une
petite quantité d'albumine.
Le 2i février, les phénomènes généraux sont toujours aussi
graves, la fièvre persiste aussi intense; l'épanchement a encore
augmenté : la matité s'étend à la partie antérieure de la poitrine
dans tout le creux sous-claviculaire. Nous pratiquons d'urgence
la tlioracentèse et nous relirons 1 iOO grammes de liquide. Ce
liquide est séreux avec une teinte vcrdàlre; il ne fournil après
vingt-quatre heures qu'un très petit caillot fibrineux, et l'ana-
lyse chimique qui en est faite indique à peine 30 centigrammes
de fibrine par litre (0p^45 de fibrine, quantité totale).
Ces caractères du liquide (peu fibrineux malgré l'intensité de
la maladie), joints aux caractères de gravité apparente des
troubles généraux, à la violence de la fièvre, me font porter un
pronostic défavorable : il me paraît à peu près certain que
répanchement se reproduira, et d'autre part j incline h croire
^ que cette pleurésie est secondaire, subordonnée peut-être à
quelque maladie du poumon qui nous échappe et de nature in-
fectieuse : je rappelle ici Fétat typhoïde, rélévation de la tem-
pérature et la présence de l'albumine dans les urines. Cependant
des cultures du liquide, pratiquées par M. Girode, n'ont donné
que des résultats négatifs.
Trois jours après la ponction, la situation ne s'est pas amé-
liorée : l'épanchement devient de nouveau apparent et remonte
vers l'angle inférieur de l'omoplate. La lièvre demeure aussi
vive et n'a subi aucune détente depuis la ponction : le 27 fé-
vrier, la température est de ^0^,4 le matin, iO%6 le soir, l'état
typhoïde est toujours le même, mais les phénomènes abdomi-
naux sont toujours absents. Ce jour-là, nous administrons à la
malade 1 gramme de sulfate de quinine, et à partir du lende-
main, nous commençons les injections de liqueur de Van Swieten
dans la plèvre et nous en pratiquons successivement cinq dans
l'espace de sept jours : chaque fois nous retirons 5 grammes de
liquide et nous njectons 5 grammes de liqueur de Van Svvieten.
Le liquide extrait par ces ponctions a été soumis à des cultures
par M. Girode, mais ce procédé n'y a pas révélé la présence de
micro-organismes.
En pratiquant ces injections, je me proposais de rendre le
liquide pleural aseptique et d'avoir chance qu'il ne s'y reprodui-
sit pas quand je ferais une seconde ponction évacualrice; peut-
être même celle-ci pourrait-elle être évitée et le liquide serait-il
résorbé grâce à la modification apportée dans sa composition.
Pendant celle période des injections qui s'étend du 27 février
au 0 mars, l'état de la malade changea peu ; cependant la fièvre
fut un peu moindre (température 39'*, i environ le matin, 39'',8
le soir), il y eut pendant deux ou trois jours un peu de diarrhée
sans autres phénomènes abdominaux; l'apparence typhoïde per-
sistait; les nuits étaient mauvaises. Le sulfate de quinine dont
ces installations défectueuses et par cela même dangereuses,
sont cependant celles de la plupart de nos demeures, même
des plus luxueuses. Aussi n'en éprouverait-on aucun éton-
nement si la maison salubre ne nous permettait (as de
faire des comparaisons; si, comme on Ta dit. on a d*abord
parcouru dans ce voyage Tenfer, représenté par le rez-de-
chaussée et le premier étage, le purgatoire, représenté par
le deuxième, il n'y a qu'à traverser la passerelle pour arriver
dans le paradis de l'hygiène, dans la maison salubre. Là
tout respire la propreté et la santé; la cour intérieure est
plus spacieuse, mieux éclairée, sans causes de mauvaises
odeurs, et garnie de fenêlres, dont les rideaux de guipure
blanche témoignent des sentiments de propreté des habitants.
A l'entrée de la maison salubre, un écrileau apprend que
les travaux de plomberie ont été exécutés par les élèves des
cours professionnels de la chambre syndicale des ouvriers
plombiers, couvreurs etzingueurs, qui mérite bien les félicita-
tions de tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'hygiène.
Les progrès réalisés dans cette branche de notre travail
national depuis cinq années sont considérables. Les beaux
spéciments de tuyaux, de joints, de siphons exposés sont
loin des gaucheries primitives qui nous ont fait peine à voir
dans la maison insalubre. II est non de faire remarquer que
les tuyaux sont peints de diverses couleurs pour pouvoir les
distinguer: ceux destinés à la ventilation sont en vert; ceux
pour l'eau en bleu; ceux du gaz en rouge et ci:*, de
décharge en ocre.
Au deuxième étage, une lampe Wenham évacue les
produits de la combustion par un fumivore, muni d'un
tuyau débouchant à l'extérieur; une belle toilelte a naturel-
lement son luyau de vidange siphonné ; la couronne du
siphon se ventile par un tuyau en plomb qui passe dans un
angle de la pièce et ventile également les siphons de la
baignoire du premier et de l'évier du rez-de-chaussée.
Dans la pièce à côté, on trouve un parquet à l'anglaise,
formé (le frises d'un mètre de long, ajustées à leurs exti^é-
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2 Août 1889
on donnait 1 gramme de temps en temps, restait sans influence
marquée ou du moins persistante sur la ûèvre. Quant à Tépan-
chement, il restait stationnaire, du moins il n'augmentait cer-
tainement pas.
C'est dans ces conditions que le 8 mars nous pratiquons une
nouvelle injection, difiërente des précédentes, dans la plèvre :
nous retirons 100 grammes de liquide séro-fibrincux tout à fait
analogue à celui de la première ponction, et nous injectons à hi
place 100 grammes d'une solution de cliloral au centième, bien
aseptique, soit 1 gramme de chloral dans 100 grammes d'eau
filtrée, distillée et bouillie. Cette injection ne donne lieu sur le
moment à aucun phénomène appréciable dans Tappareil respi-
ratoire.
Dans les cinq jours suivants, il ne se produit aucun change-
ment dans Tétat de la malade : la fièvre reste aussi intense
(pouls, 100-120; température, 39 à 40 degrés), les signes d'épan-
cnement persistent.
Mais le sixième jour après Finjection (14 mars) Tépauchement
parait positivement avoir diminué, et cette diminution se con-
firme par la suite ; le 27 mars, il n'y en a plus trucc et la res-
piration est la même au niveau des deux bases. En même temps,
fa malade se sent mieux; et cependant son apparence a peu chan-
gé : elle a toujours Taspect d'une typhique et sa (lèvre n'a guère
varié, à peine quelques dixièmes de température en inoins.
Tous les trois ou quatre jours on lui administre 1 gramme de
sulfate de quinine qui abaisse momentanément la température
en provoquant une transpiration très abondante, mais cet abais-
sement ne persiste pas et le bénéfice parait nul.
Cette fièvre, dont la cause est resiée indécise, a duré encore
pendant près d'un mois sous ce type continu ou avec des rémis-
sions insignifiantes. Pourtant la malade accusait un peu de
mieux : à partir du 1*''' avril, craignant de voir la malade se
cachectiser, je commençai à l'alimenter et cette tentative réussit
bien. Quelques jours plus tard, la malade se plaignant de ne
pouvoir dormir dans la salle commune, je la fis transférer dans
une chambre séparée où elle retrouva le sommeil et il y eut
alors une atténuation de la fièvre: le pouls restant à 100-l!20, 1
température s'abaissa entre 38 et 39 degrés.
Enfin le 15 avril commença une période qui dura un mois,
pendant laquelle la fièvre prit le type rémittent, 37 degrés le
matin, 40 degrés le soir, i^lalgré une grande faiblesse, la malade
s'améliorait petit à petit : elle mangeait un peu, dormait passa-
blement, commençait h se lever presque tous les jours, et ne
s'apercevait pas de la fièvre indiquée tous les soirs par le ther-
momètre. L'état de la poitrine restait satisfaisant : nous ne
relevions qu'un peu d'afiaissement du thorax du côté gauche
(côté de la nleuresie), et aussi un peu de faiblesse du bruit res-
piratoire (lans le sommet du même côté, sans aucun bruit
morbide.
Le 21 mai, la malade est en état de partir pour le Vésinet,
conservant encore un mouvement de fièvre tous les soirs avec
une température de 39 degrés, mais dans un état général vrai-
ment satisfaisant.
Au milieu de juin, la malade est rentrée dans mon service,
bien que son état de santé fût bon; mais elle était encore très
faible et aurait été incapable de reprendre son service de domes-
tique. Sa température s'élevait encore à 38 degrés dans la soi-
rée; elle était normale le matin. Mais les progrès de sa conva-
lescence ont été rapides; son appétit est bien revenu, elle a
engraissé,* et aujourd'hui (12 juillet) elle va sortir incessam-
ment de l'hôpital.
Cfuelle qu ail été la nature de la pleurésie dans les obser-
vations qui précèdent, que Ton admette, comme je fai
pensé, qu il s'agissait d'une maladie typhoïde dans les deui
dernières observations, d'une maladie infectieuse niai
déterminée dans le premier cas, ou qu'on laisse la question
indécise, il me parait incontestable que, chez les trois
malades, le pronostic devait être considéré comme grave;
rinlensité et la persistance de la fièvre, le développement
des phénomènes généraux, caractérisant un état typhoïde,
suffisaient pour rendre le pronostic sévère, et au point de
vue de la pleurésie en tant que maladie locale, on pouvait
craindre la purulence de l'épanchement, ou tout au moins
la reproduction du liquide qui est habituelle lorsqu'on eo
pratiaue Tévacuation pendant la période d'activité de la
maladie.
Le traitement par les injections antiseptiques s'est pro-
posé de rendre le liquide aseptique et d'eu favoriser ainsi ta
résorption ou tout au moins d'en éviter la reproductioo
après une ponction évacuatrice. Dans les trois observations,
nous avons à plusieurs reprises injecté dans la plèvre de la
liqueur de Van Swieten; nous avons fait choix de cette
liqueur parce qu'elle est considérée comme un des meilleurs
antiseptiques. La dose a varié dans les injections de 5 grannmes
à 7o%50. Cette dose, en supposant qu'elle soit absorbée
en totalité, est certainement inoffensive pour le malade, et
d'autre part, mêlée au liquide de répanchement, elle parait
capable d'empêcher ou au moins de gêner le développement
des bactéries dans ce liquide; elle serait peut-être un peu
faible, si l'on s'en rapporte aux tableaux dressés par les
bactériologistes sur la valeur antiseptique de diverses
substances introduites dans les bouillons de culture (1):
mais M. Rcnaut n'hésite pas, d'après ses recherches expéri-
mentales et ses observations cliniques, à la considérer
comme efficace et suffisante.
Dans les trois observations qui précèdent, la maladie s'e^l
terminée d'une façon favorable; or, étant donné le pronostic
c|ue ces trois cas semblaient comporter, je crois que les
injections intra-pleurales ont été utiles et ont contribué au
bon résultat final.
J'ai encore suivi la même méthode de traitement dans un
(1) Si l'on admet que lo plus faible litro des dilutiom de sublime, capable* àf
détruire les bactéries en plein développement dans les bonillon» ou les infusion*.
soll le titre de i/20000, on toit que 5 ininiçrammos de sublimé on 5 praHunni àr
liqucnr de Van Swielcn ne peuvent stériliser que 100 grammes de liquide, l'oor
stériliser un litre do liquiiie, il faudrait 50 (^nminies de liqueur de Van Swicloo,
et même 80 grammes d'après les tableaux de Duclaux.
mités sur des languettes et permettant des démontages très
faciles pour la visite et le nettoyage de l'entrevous. La che-
minée a une prise d'air à l'extérieur. Les réservoirs de
chasse sont desservis par le tout à l'égout, le réservoir de
chasse est à tirage; la cuvette est à occlusion hydraulique
placée dans une cage, dont les deux parois supérieure et
antérieure s'ouvrent pour permettre l'inspection ; elle repose
sur un terrasson en plomb, muni d'un indique-fuite débou-
chant à l'extérieur. Le réduit est largement éclairé par une
baie C[ui donne sur la cour et dont la moitié supérieure est
constituée par du verre perforé.
Lorsqu'on descend l'escalier, on s'aperçoit qu'il est lar-
gement aéré par les fenêtres non condamnées et permettant
une aération libérale; à la partie supérieure de ces fenêtres,
des ventilateurs à valve de mica permettent la sortie de
l'air mais empêchent l'entrée de la pluie. Le premier
étage possède 1 éclairage électrique et un parquet démon-
table en chêne à point de Hongrie. Le papier de tenture est
peint avec des couleurs non toxiques. Une baignoire avec
colonne pour douches est disposée sur un terrasson de
Elomb, muni d'un indique-fuite; le tuyau de trop-plein est
ranché sur le tuyau de vidange, dont le siphon est ventilé;
la vitre perforée peut être masquée par un châssis plein;
le cabinet d'aisances et à siège isolé est accessible de tous
côtés.
Au rez-de-chaussée, est placé un cabinet d'aisances à Jffé- j
cation accroupie; la coquille du siège et la cuvette sont en
grès émaillé ; les urines tombent dans une rigole antérieure:!
retenue d'eau et sont balayées par des chasses aulomaliqiu'S.
Le restant des murs est fait en carreaux de faïence;»" i
lavabo et un timbre d'office ont leurs tuyaux de décharge
siphonnés et ventilés. La cuisine est desservie par «"
robinet d'eau de source. L'évier est muni d'un siphoinle •
plomb avec regard de visite pour le nettoyage; la partie tiu I
mur, qui est exposée à être éclaboussée par l'eau de l'évier,
est revêtue de carreaux de faïence. Le carrelage est en gr^s
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 31. — 495
cas récent de ma pratique particulière^ où il parait évident
que la pleurésie devait être de nature infectieuse.
Obs. IV. — 11 s'affit d'un malade âgé de cinquante-cinq ans,
diabétique depuis* plusieurs années, qui, à la suite d'une lym-
phite (Tun des membres inférieurs, résultant d*un cor au pied
enflammé et mal soigné, présenta tous les symptômes d'une infec-
tion purulente : outre plusieurs arthrites infectieuses, il survint
une manifestation thoracique caractérisée d'abord par une vio-
lente douleur au milieu du dos et vers Fomoplate droite, qui
Sersista une huitaine, puis par un épanchement dans la plèvre
roite, qui atteignit bientôt 1 angle intérieur de Fomoplate, enfin,
par une certaine fétidité de Tnaleine. Les symptômes que je
viens d'indiquer me donnèrent à penser qu il s'était fait un
infarctus pulmonaire, etquil se développait sans doute un foyer
f gangreneux du poumon dont les signes physiques étaient d'ail-
curs nuls ou masqués ; quant à la pleurésie, je la considérais
comme subordonnée à la lésion que je supposais dans le pou-
mon. Que telle fût son origine ou i^u'elle se rattachât directement
à l'infection purulente, je craignais^ en tout cas, qu'elle ne fût
ou ne devint purulente, et il me paraissait au moins certain
3u^elle était de nature septique. Une ponction avec la seringue
e Pravaz me permit de constater que lo liquide récemment
épanché était formé de sérosité transparente ; l'examen bacté-
riologique, pratiqué par M. Girode, n'y fit pas découvrir de
micro-organismes. Néanmoins, je pratiquai, a c^uatre reprises
différentes et à deux jours d'intervalle, des injections intra-
plcurales de liqueur de Van Swieten (une fois 1 gramme,
trois fois 4 à 5 grammes), et pendant ce temps (du neuvième au
quinzième jour de la maladie), je pus constater, à chacune des
ponctions, que le liquide n'augmentait pas de quantité et qu'il
restait absolument séreux ; c'est ce dernier résultat que je pour-
suivais, et qui a été entièrement atteint. Malgré tout, le malade
succomba aux progrès de la maladie infectieuse, le traitement
antiseptique général au moyen du sulfate de quinine, du salicy-
iate de soude, du naphtol à l'intérieur, n'ayant paru exercer
aucune influence sur révolution de l'infection purulente.
Dans une de mes observations, i'ai fait en outre une fois,
dans la plèvre, une injection de 100 grammes d'une solution
de chloral au centième. Ce(te injection avait pour objet, en
présence d'un épanchement rendu aseptique par des iniec-
tiens de sublimé antérieures, de substituer un liquide faci-
lement absorbable à un liquide qui ne semblait pas l'être,
puisqu'il ne montrait aucune tendance à la résorption, et
encore de mêler un liquide antiseptique à ce qui pouvait
rester de liquide septique. Cette intervention a encore paru
heureuse dans ce cas, puisque, au bout de quelques jours,
liquide plenrétique épanché et liquide injecté étaient tota-
lement résorbés, et que la maladie locale pouvait être con-
sidérée comme çuérie.
Il me parait inutile d'insister sur la nécessité des plus
grandes précautions opératoires : il va de soi que ce traite-
ment, comme tous les traitements chirurgicaux, ne peut
être inofTensif que si l'on s'astreint, dans tous les détails de
l'intervention, aux plus minutieuses précautions antisep-
tiques. .
J'ai eu récemment dans mon service un cas malheureux,
pour lequel je me suis demandé si le traitement auquel j'ai
eu recours n'avait pas, à mon insu et bien que j'aie cru
in'entourer de toutes les précautions nécessaires, été res-
ponsable des complications funestes qui sont survenues.
Obs. V. — Un homme de trente-neuf ans était atteint de pleu-
résie hémorrhagique du côté gauche de la poitrine, et, en outre,
d'arlério -sclérose d'origine alcoolique. Deux fois déjà, à un mois
d'intervalle, nous avions dû faire une ponction pour remédier à
la dyspnée intense dont le malade était affecté, et nous avions
retiré chaque fois près d'un lilre et demi d'un liquide fortement
sanguinolent et de couleur un peu brunâtre. Quelques jours
après la seconde ponction, j'en fis une troisième, dans laquelle
je retirai près d un litre de liquide, et j'injectai à la place
300 grammes de solution de chloral au centième. Mon but était
d'éviter la diminution de pression inlra-pieurale qui pouvait
favoriser l'issue du sang, et de substituer au liquide de l'épan-
chemcnt un liquide susceptible d'être graduellement résorbé ;
c'est ce que j'avais fait avec avantage dans l'observation III.
Dès le lendemain, nous constations des signes de pneumo-
thorax, qui devenaient évidents les jours suivants, et, huit jours
après, une quatrième ponction donnait issue à 2 litres de liquide
brun grisâtre ayant une odeur fétide de macération anatomiquc
et à des gaz. L'état général était détestable, l'haleine était
fétide et il y avait de la diarrhée. A partir du lendemain de
cette ponction, on commença des injections de liqueur de Van
Swieten à la dose de 5 grammes qu'on répéta tous les jours.
Nous reculions devant rerapycroe, que le malade, alcolique et
lésé dans tousses organes par rartério-sclérose, ne nous parais-
sait pas pouvoir supporter : une nouvelle ponction, au bout de
huit jours, nous donnait encore 1 litre de liquide trouble et des
gaz. mais moins fétides que l'autre fois, et, trois jours plus
tard, la situation restant la même, nous nous résignions â prati-
quer rempvème, qui amenait le rejet de ''1 litres environ de
liquide fétide mêlé à des gaz, nous pratiquions un lavage avec
la solution de sublimé au dix-millieme et nous placions deux
drains; pansement â l'iodoforme et à la ouate au salol.
Le soir de l'opération, la fièvre tombait à 37",?; mais, le len-
demain, elle remontait pour osciller entre 38 et 39 degrés; bien
que la plèvre ne fournit presque pas de liquide, que les lavages
pratiqués tous les jours ne donnassent presque rien, le malade
était en proie à une agitation continuelle, poussant des plaintes
inarticulées, il avait de la diarrhée avec incontinence. Dès lors,
il s'afiiiiblit rapidement et succomba six jours après l'opé-
ration.
A l'autopsie, nous ne trouvâmes que les lésions d'une pleu-
résie néomembraneuse, avec néomembranes épaisses, atrophie
du poumon ; quelques noyaux tuberculeux au sommet des aeux
poumons, mais pas de perforation du poumon gauche ni de lésion
pulmonaire, gangreneuse ou autre, à laquelle on put imputer
l'altération putride du liquide pleural. L'aorte était atbéroma-
teuse et les viscères, cœur, foie, reins, présentaient des lésions
ï
cérame; l'eauusée s'écoule par une pente douce vers un
siphon en grès vernissé, afin de pouvoir pratiquer des lavages
journaliers à grande eau.
Le sol de la cour est cimenté et un siphon assure l'écou-
lement des eaux. Un tuyau des eaux pluviales, en fonte avec
joints à la céruse^ est ouvert à ses deux bouts pour la libre
circufation de l'air; il déverse son contenu dans un siphon,
ui reçoit aussi la décharge de la cuisine. Le tuyau de chute
es cabinets est en plomb, métal peu oxydable, facile à
appliquer, s'allongeant sans rupture des joints, se prêtant
bien aux soudures solides et se travaillant en bouts très
longs, ce qui diminue le nombre des joints. Une trappe de
regard avec joints étanches et grille de sûreté donne accès
dans le regard de visite de la canalisation.
Dans le sous-sol, éclairé par une minuscule lampe à
incandescence, on voit la canalisation en grès vernissé posée
sur corbeaux ou sur un massif en maçonnerie; la pente est
de 0" ,04; des tampons mobiles permettent le nettoyage.
Dans le branchement particulier qui va de la maison à
Tégout, il existe un sipnon sur le trajet de la canalisation;
dans ce même branchement se trouvent deux compteurs,
l'un pour l'eau de source, l'autre pour l'eau de rivière. Kn
dehors de la maison, la voie publique est représentée à ciel
ouvert sur une étendue assez considérable pour apercevoir
nettement les installations sanitaires du sous-sol des rues
de Paris. Là on peut se rendre aisément compte des avan-
tages du tout à l'égout, des excellentes dispositions prises
pour assurer par le siphon automatique de chasse d'eau le
nettoyage des conduites et empêcher tout reflux de gaz ou de
matières dans les habitations. Jamais encore en France on
n'avaitainsimissousiesyeux du public,avec autant de clarté,
les éléments de ce grave problème de l'assainissement des
habitations et des villes, que personne ne doit ignorer.
{A suivre.)
496 — N* 31 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2 Août 1889
de sclérose et des altérations graisseuses en rapport avec la
lésion du système artériel.
Les dangers auxquels peut exposer la négligence des pré-
cautions antiseptiques ne doivent pas cependant détourner
de remploi des injections intrapleurales, si leur efficacité
vient à être démontrée : ils imposent seulement Tobservance
rigoureuse de ces précautions, et, grâce à elles, ces injec-
tions semblent au moins inoffensives. Les faits que j'ai rap-
portés et ceux que j'ai cités d'après divers auteurs paraissent
démontrer que, dans certaines circonstances déterminées,
elles ont été efficaces.
Je voudrais citer encore quelques exemples de ma pra-
tique où une intervention du même genre a donné de bons
résultats.
Obs. VI. — Chez une malade de mon service, atteinte de
tumeurs multiples (dont la nature est probablement celle du
Ivmphadénome ou au lymphosarcome), qui, développées sans
doute dans Tutérus ou dans ses annexes d'abord, ont envahi suc-
cessivement le mésentère et les ganglions mésentériques, puis
les ganglions du médiastin et les parois thoraciques du côté
droit, et enfin les ganglions du côté droit du cou, il était sur-
venu un épanchement abondant dans la plèvre droite, vraisem-
blablement subordonné à la maladie principale, par extension
de la dégénérescence à la plèvre. Déia deux fois il avait fallu
évacuer cet épanchement, à cause de la dyspnée qu'il occa-
sionnait, et on retirait cnaque fois 1 litre et demi de liquide
séro-fibrineux.
Pendant mes dernières vacances, notre collègue, M. Barié,
qui me remplaçait, essaya de combattre la reproduction inces-
sante de liquide par des injections d'une solution de chlorure de
zinc, suivant les indications données ici même par notre col-
lègue M. Juhel-Rcnoy; à trois reprises différentes, les ponctions
furent suivies d'injection de chlorure de zinc, mais ces injec-
tions, d'ailleurs inoffensives, ne donnèrent pas le résultat qu'on
désirait; le liquide paraissait devenir de plus en plus fibrineux,
mais il se reproduisait.
Quand je repris mon service, je voulus continuer ces tenta-
tives, qui me paraissaient justifiées, mais devant l'insuccès du
chlorure de zinc, je résolus d'emplover l'iode, et je me servis
de la solution recommandée par M. Moizard pour le traitement
des pleurésies infectieuses dépendantes du pneumothorax. Après
évacuation de la plèvre, j'injectai dans sa cavité 30 grammes
d'une solution iodurée d'iode (teinture d'iode, solution d'iodure
de potassium au dixième, alcool à 60 degrés, parties égales de
chacun). La malade accusa une vive douleur et ressentit comme
un coup dans la tête à perdre connaissance; mais ces désordres
se calmèrent bientôt et, au bout d'une demi-heure, toute dou-
leur avait cessé. Dans les jours suivants, on constata qu'il se
reproduisait un peu de liquide, mais, peu de temps après, cet
épanchement était résorbé, et, depuis lors, on n'en a plus con-
staté aucune trace.
Obs. Vil. — Chez une autre malade atteinte de tuberculose
péritonéo-pleurale avec épanchement liquide assez abondant
dans le péritoine, j'ai fait à deux reprises différentes une injec-
tion d'eau iodée dans la cavité péritonéale ; j'espérais par cette
intervention agir sur les deux éléments de la maladie, le tuber-
cule d'une part, la péritonite d'autre part. La solution dont je
me suis servi est analogue à celle dont j'ai déjà narlé, moins
l'alcool, qui parait inutile et qui peut-être est cause de la douleur
vive qui accompagne l'injection; voici donc la formule que j'ai
employée :
Iode i gramme.
lodure de sodium 4 —
Eau filtrée, distillée et bouillie 35 —
La première fois, j'injectai 5 grammes de cette solution, après
avoir retiré une égale quantité du liquide épanché qui était
composé de sérosité jaunâtre bien transparente, et m'être assuré
que Veau iodée diffusait parfaitement dans ce liquide. Je recom-
mandai à la malade de se déplacer en divers sens après l'injec*
tien, dans le but de mélanger l'eau iodée avec le liquide péri-
tonéal. La douleur après l'injection fut absolument nulle. Les
urines, recueillies depuis la ponction, donnèrent, par l'amidon
et Facide nitrique, la réaction caractéristique de 1 iode: les pre-
mières urines, recueillies huit heures après la ponction, en con-
tenaient déjà d'une façon manifeste, mais les urines des
mictions suivantes en contenaient davantage encore et on en
trouva ainsi pendant six jours, l'élimination paraissant être
au maximum le second jour, puis dinainuant graduellemenU II
n'y eut d'ailleurs aucun phénomène d'iodtsme.
Kuit jours plus tard, les phénomènes abdominaux ne présen-
tant pas de modification sensible, ie fis une seconde injection
avec 8 erammes de la même solution. Gomme U première
fois, il n y eut aucune douleur et aucun symptôme immédiat
imputable à l'injection. Gomme la première fois, l'élimination
d'iode par les urines persista pendant six à sept jours.
Quant au résultat de ces injections, quatre ou cinq jours après
la seconde, il devint manifeste que le ventre était moins tendu
et plus souple; petit à petit, le liquide épanché fut résorbé
Sresque totalement et le ventre redevint sonore dans les parties
éclives. 11 parut donc que la péritonite et répanchement qui
lui est suboraonné avaient cédé, le résultat était satisfaisant sous
ce rapport; pour les lésions tuberculeuses, elles étaient sans
doute bien avancées déjà et difficilement accessibles à un traite-
ment quelconque; dès après la première injection, nous com-
mencions à sentir un plastron dur, occupant tout l'épigastre el
la ré&^ion ombilicale, et formé sans doute par l'épiploon infiltré
de tubercules; les lésions de la plèvre gauche .semblent demeurer
stationnaires ; l'état général est médiocre, la malade s'alimente
peu et a souvent des troubles digestifs, elle maigrit, et la
cachexie finale est à craindre dans un délai peu éloigné.
Ce dernier cas, bien nue l'état actuel de la malade soit
très peu satisfaisant, est ravorable à la pratique des injec-
tions intrapéritonéales. Il ne me parait pas douteux, et j'ai
cherché à rétablir dans une communication antérieure, que
la tuberculose péritonéo-pleurale, dans sa forme subaiguê
du moins, est curable; or, si Ton pouvait, par des injections
appropriées, combattre et empêcher la pullulation dn
microoe tuberculeux, et d'autre part éteindre la péritonite
et répanchement qui en est la conséquence, on attefndrait
le double but qu on doit poursuivre dans la situation
actuelle, guérir la maladie présente et sauvegarder autant
que possible l'avenir en détruisant les germes qui pourraient
se développer plus tard.
En résumé, j'ai fait, après d'autres, des essais de traite*
ment local dans des cas de pleurésie où la nature seule ne
paraissait pas devoir faire les frais de la guérison; et d'après
ce que j'ai vu, il me semble que la pratique des injections
intra-pleurales, on peut même dire des injections intra-
séreuses en général, constitue une médication d'avenir.
Il faut avouer que le traitement dit médical de la pleu-
résie est en général aussi peu efficace qu'il est banal: les
antiphlogistiques paraissent utiles au début pour combattre
Télément inflammatoire ; mais, plus tard, dans la longue
période de l'épanchement, les révulsifs et les dérivatifs n'ont
qu'une action bien incertaine et bien douteuse, ils ne consti-
tuent souvent qu'une expectation offensive, faisant illusion
au malade jusqu'à la solution naturelle de la maladie: la
thoracentëse reste alors comme ressource excellente pour
enlever le liquide, mais naturellement elle ne peut rien
pour empêcher sa reproduction ; elle n'est donc qu'un
moven palliatif, s'adressant à l'épanchement, non à la
maladie pleurésie.
S'il en est ainsi, même dans la pleurésie dite simple,
combien plus encore est-on impuissant par ce traitement
contre les pleurésies infectieuses.
Que font cependant les chirurgiens dans les arthrites
infectieuses, qui sont des maladies analogues? si elles ne
sont pas justiciables des révulsifs, de l'immobilisation et
autres moyens de douceur, on les ouvre, on les lave et on
en obtient la guérison. Pour les pleurésies et les péritonites
infectieuses, faut-il donc en venir à l'empyèrae et à la lapa-
ralomie, suivis de lavages antiseptiques? Avant de recourir
à ces moyens, qui donnent aux chirurgiens de si beaux
résultats depuis l'antisepsie, mais qui pourtant ne sont pas
encore des opérations légères, ne peut-on pas espérer qu on
arriverait, dans certains cas de pleurésies ou de péritonites
2 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 31 - 497
infeclieases, alors même qu'elles seraient suppurées comme
dans les deux cas rapportés par Bouchard, qu on arriverait,
dis-je, à la guérison par des injections antiseptiques ou des
injections modificatrices? Les exemples que j*ai cités et ceux
que j*ai empruntés à différents auteurs, montrent que ces
espérances sont fondées, que les injections antiseptiques et
modificatrices constituent un mode de traitement sérieux de
la pleurésie et des maladies des grandes séreuses en
général ; ce traitement paraît inoffensif, si Ton prend les
précautions nécessaires ; il paraît avantageux et même
efficace.
Quant aux agents de cette médication auxquels il faut
donner la préférence, sublimé, naphtol, iodoforme, chlorure
de zinc, iode, etc., on aura à déterminer quels sont les plus
actifs ou plutôt ceux auxquels il vaudra mieux s'adresser
suivant chaaue variété de maladie ou chaaue espèce d'agent
pathogène, te au'il faut établir d'abord, c est la valeur de la
méthode ; je n ai eu d'autre objet que de lui apporter ma
modeste contribution.
CORRESPONDANCE
A M. LE nÊDACTËUR EN CHEF DE LA C (;AZETTE HEBDOMADAIRE. >
CoBtAglon ellnlqoe dn tétaooa.
Voici, après bien d'autres, un exemple de contagion clinique
du télanos, qui, outre son intérêt propre, tire une cerlaioc im-
portance des illustrations chirurgicales mises en cause. Je le
tiens de M. Walter Franklin Allée, chirurgien distingué de Phi-
ladelphie. M. F. Atlee appartient à une dynastie chirurgicale,
qui, jusqu^à ces dernières années, s*est souvent donné le luxe
familial, de faire insérer daus un même numéro du The ame^
rican Journal of the médical Sciences^ des articles du grand-
père, du père et du lils.
Voici le fait, tel que nous Ta raconté M. Alice qui représente
la seconde personne de cette remarquable trinité:
c 11 y a plusieurs années Sir Spencer Wells, le célèbre ova-
riotomiste anglais, dans son voyage aux Ëtnts-lînis, se rendit
auprès de mon père, à Lancaster, où je raccompagnai. Il dina
chez mon père, et, au dessert, au cours de maintes dissertations
chirurgicales, il me demanda si je croyais à la contagiosité du
tétanos. — Non, lui répondis-je, et vous, y croyez-vous? —
Je ne sais si j'y crois, répliqua-t-il, mais voici ce qui m'est
arrivé.
c Jo n'avais jamais eu de cas de tétanos chez mes opérées
jusqu'à un certain jour où, au cours d'une opération, je constatai
«uc je n'avais pas ma sonde cannelée {director). Henry Smith
(Vassistant régulier de sir James Fergusson) qui était à côté de
moi, m'offrit la sienne. Mon opéré mourut du tétanos, elle et les
deux opérées qui suivirent, et je dus suspendre toute opération
pour quelque temps.
c Or, cette sonde cannelée, que m*avait offerte Henry Smith^
était celle de sir James Fergussonj qui avait en ce moment
des cas de tétanos dans son service, »
Voilà le fait sans commentaires.
D*autre part, au point de vue de Foriginc équine du tétanos
humain, sur laquelle je me suis déjà permis de faire quelques
réserves, j'ai pu recueillir le témoignage d'étudiants russes,
habitant la Podolie, où les chevaux et les cas de tétanos ne sont
pas rares. Il est accrédité dans leur pays que les plaies contrac-
tées au voisinage des chevaux prédisposent au télanos.
Ces faits, il est vrai, n'apprennent rien de bien nouveau. Au
point où les derniers débats académiques ont amené la question
d'origine du tétanos, cette question, en effet, ne peut plus guère
avancer sur le terrain clinigue. Il n'y a que l'expérimentation
méthodique qui puisse lui taire faire aujourd'hui un nouveau
pas. M. le professeur Nocard a promis de s'engager dans cette
voie. D'autre part, nous croyons savoir que MM. Cnantemesse et
Widal y sont engagés depuiii longtemps. Il ne nous reste plus
3u*â attendre les diverses communications qu'on leur devra sans
uulc.
D"^ UicocHON (de Champdeuiers).
SOCIÉTÉS SAVANTES
Ae««léiiile des ■cleHees.
Perfectionnements apportés a la préparation de
l'hémoglobine cristallisée par le procédé d'Huppe-
Seyler ; nouveau procédé de préparation de ce corps,
par M. Mayet. — Mémoire de chimie biologique, dont on
trouvera un exposé détaillé aux Comptes rendus^ p. 156, et
qui a pour objet d'obtenir de beaux cristaux d'hémoglobine
cristallisée.
Du mode d'action de l'électrolyse linéaire par les
COURANTS faibles, ET DE SA TEMPÉRATURE DANS LA DES-
TRUCTION DES TISSUS ORGANIQUES, par M. J, A. Fort. —
Après quelques considérations théoriques relatives à la dé-
composition des tissus organiques par l'électrolyse, l'auteur
recherche quelle est la température des tissus au niveau du
pôle négalif. Il démontre, par des expériences faites sur la
chair de cadavre et sur l'animal vivant, que l'opération de
l'électrolyse linéaire consiste dans la formation, par action
chimique, d'un sillon dans la substance du rétrécissement,
sillon analogue à une incision non sanglante, sans élévation
de température.
Sur UNE NOUVELLE TUBERCULOSE BACILLAIRE, D'ORIGINE
BOVINE, par M. /. Courfnont. — L'auteur a trouvé, il y a
quelque temps, un nouveau bacille tuberculeux dans une
lésion pleurale de bœuf atteint de pommelière. C'est un
bacille court et large, composé d'une zone médiane claire
légèrement étranglée et de deux noyaux terminaux. Il est
très mobile, pousse rapidement sur tous les milieux cou-
ramment employés et ne liquéfie pas la gélatine. On en
obtient des cultures à -f- «^^ degrés et dans le vide. Il se
colore facilement et se décolore de même. Les tubercules
du bœuf, où il n'était pas associé au bacille de Koch, don-
nèrent directement des cultures pures.
Les lapins inoculés avec le suc des tubercules devinrent
tuberculeux en quinze à quatre-vingts jours, et chacun d'eux
fut l'origine d'une génération de lapins tuberculeux, tandis
(]ue les cobayes moururent tous dans les dix premiers
jours, présentant simplement un œdème local et le gonfle-
ment ue la rate. Les tubercules des lapins fournirent des
cultures pures du bacille susdécrit : jamais de bacille de
Koch ; mais, chose remarquable, le sang, tant des lapins
que des cobayes, fourmillait du même micro-organisme. Le
bacille tuberculeux n'était donc pas à peu près exclusive-
ment cantonné dans la lésion, comme uans la tuberculose
classique, mais répandu dans tout l'organisme. L'inocula-
tion du sang et de la sérosité de l'œdème local occasionnait
la mort rapide avec envahissement du sang par le bacille.
Les tubercules obtenus chez les lapins lurent transmis-
sibles aux lapins, mais ne se reproduisirent pas chez les
cobayes; ces derniers succombèrent néanmoins à l'inocu-
lation, par suite du passage et de la multiplication du
bacille dans les vaisseaux.
Il résulte de tous ces faits que, si le bacille décrit tue
toujours le lapin et le cobaye en se retrouvant dans leur
sang, il n'acquiert l'aptitude à provoquer des lésions tuber-
culeuses que dans certaines conditions. Lorsqu'il est aupoint
pour tuberculiser les animaux d'une ou plusieurs espèces,
il ne l'est pas pour certaines autres. Dans la même espèce,
il reproduit toujours de la tuberculose, si on l'emprunte à
une lésion tuberculeuse; s'il est emprunté à une culture, il
ne produit des tubercules qu'à un moment donné de son
évolution (le vieillissement parait être un des facteurs de
cette propriété). L'aptitude à faire du tubercule ne doit pas
être regardée comme une simple atténuation de la virulence,
puisque le bacille atténué peut ne tuernu'en cinauante jours
sans produire de lésions, tandis que celles-ci s'édifient quel-
m — N* âi
GAZEf TE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmB ET DE CHIRURGIE
i AoDT 1889
quefois en cinq jours : c'est une propriété surajoutée. Cette
notion explique comment un bacille se cultivant et se colo-
rant aussi facilement a pu longtemps passer inaperçu au
(loint de vue de la genèse de la tuberculose. Désormais, si
'on ne pouvait pas inoculer un microbe provenant d'un
tubercule à Tespece qui portait la lésion, il faudrait, avant
de se prononcer sur les qualités de ce microbe, l'inoculera
plusieurs espèces animales et aux phases différentes de son
évolution.
Un point capital dans l'histoire du nouveau bacille
tuberculeux que nous décrivons est relatif à l'action des
Produits qu'il fabrique dans l'organisme. Loin de vacciner
animal à qui on les inocule, ils préparent au contraire le
terrain pour la puUulation du microbe. M. Arloingavait déjà
émis l'idée au dernier Congrès pour l'étude de la tubercu-
lose qu'il devait en être ainsi du bacille de Koch, et il fait
exécuter des recherches en ce sens. Il suffit d'introduire
sous la peau d'un lapin ou d'un cobaye 1" de bouillon de
culture filtrée par kilogramme de poids vif pour que l'inocu-
lation d'un tubercule pratiquée chez ces animaux vingt jours
plus tard tue le cobaye en quinze heures et le lapin en vingt-
iroiSy tandis que le cobaye témoin meurt tuberculeux au
bout de dix jours en moyenne. On peut donc dire que chez
le cobaye, par exemple, la virulence du bacille ^par rapport
à l'organisme récepteur est augmentée dans la proportion de
1 à 16. Une çarcelie de l'animal tué de cette façon, inoculée
soit à un lapin, soit à un cobaye neutres, amène leur mort
dans un temps sensiblement égal. Au bout de cinq trans-
missions, on n'a pas constaté d^atténuation appréciable.
L'influence des produits fabriqués par ce bacille tubercu-
leux donnera peut-être une explication satisfaisante de la
généralisation lente des tuberculoses locales, des poussées,
de l'hérédité, etc.
Académie de médeelne.
SÉANCE DD 30 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAURICE PERRIN.
M. lo docteur Senutt médecin-major de 1'* classe au 19" d'artillerie, eiiToic un
tiiémoiro manuscrit sur la fièvre typh&lde datis la gamiion de Nîmet en 1884>
i888.
M. Û. Martin envoie an ouvrage sur le$ prothètet immédiatet et le9 reitau-
râlions de ta face.
M. le docteur Gostomirit se 'porte candidat au litre de correspondant étranger
dans la division de niëdecine.
M. Larrey présente: l^andom de M. le ûociear Sirut-Piroudi (de Marseille),
des noies sur la naupathie et ion traitement; ^ de la p.irl do M. lo docteur
Damer, une thèse but le mécanisme des articulations radio-cubitales ; 3" la
statistique médicale du dispensaire Furtado-Heine pour 1888.
M. G. Lagneau dépose, de la part de M. le docteur Coustou, médecin-inajor de
l'« clause, l'article PRéHATURATioN, extrait du Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales, et il fait hommage de son Rapport sur les maladies épidé-
miques observées en 1887 dans la Seine.
M. Vidal présente une leçon de M. H. Uloir sur les- dermato-neuroses indica-
trices et offre un mémoire sur le molluscum contagiosum de Bateman.
U. Tamier dépose une thèse de M. le docteur Schuhl sur les grossesses
extra-utérines anciennes dans leurs rapports avec les grossesses utérines
êubsiquentes.
Élections. — Par 35 voix sur 40 votants, M. Romme-
laere (de Bruxelles) est élu correspondant étranger dans la
division de médecine. M. Sydney-Ringer est également élu
correspondant étranger dans la même division, par 24 voix
sur 39 votants.
Saccharine. — Comme suite aux recherches qu'il a
communiquées l'année dernière, M. Constantin Paul
signale les résultats qu'il a obtenus en joignante la Saccha-
rine une égale proportion de bicarbonate de soude; avec ce
mélange on n'a plus à craindre le moindre retard dans la
digestion, ni les maux d*estomac, dont se sont plaints
certains diabétiques; le saccharinate de soude peut être
donné jusqu'à 5 grammes. D'autre part, lorsqu'on veut
obtenir l'action antiseptique la plus énergique, il faut
employer la saccharine pure en poudre. Toutefois, lorsqa il
s'agit du microbe de la butréfaction et de celui de la suppu-
ration, la proportion de aeux parties de bicarbonate de soude
pour trois de saccharine renci celle-ci très soluble et permet
d'arrêter le développement non seulement de ces deui
microbes, mais de tous les microbes si nombreux qui vivent
dans la bouche et jouissent de la propriété de fluidifier la
gélatine. La saccharine rendue soluble dans ces propor-
tions constitue un dentifrice précieux.
Hypnotisme. — M. Mesnet rapporte une opération de
kolporrhaphie pratiquée pour une cystocèie vaginale
simple, pratiquée pendant le sommeil hypnotioue chez une
jeune femme de vingt-cinq ans. L'opération aura environ
vingt minutes pendant laquelle la malade ne ressentit
aucune douleur. Malgré sa volonté (par crainte de souffrir,
elle voulait être chloroformée), elle fut endormie par la
fixation du regard, dans la salle, près de son lit. Elle vint
ensuite elle-même de la salle à Tamphithéàtre, snmni
M. Mesnet, pas à pas, réglant sa marche sur la sienne, lente
ou précipitée. Sur l'invitation oui lui en fut faite, elle se
déshabilla, se plaça sur le lit d'opération, dans la position
dorsale, les jambes relevées. M. Tillaux pratiqiia l'opération;
il enleva avec le bistouri, moyennant une dissection lente
et délicate, une large surface rectangulaire de muqueuse
vaginale, d'une étendue de 7 centimètres sur 4 environ de
largeur, et rapprocha par des points de suture les bords de
la surface avivée; des tampons de gaze iodoformée fnrent
placés dans le vagin comme pansement.
Pendant ce temps la malade ne fit pas le moindre moa-
vement; agacée au début, elle devint de plus en plus calme,
parlant de choses indifférentes, et s'inquiétant surtout du
moment de l'opération qu'elle attendait, en rappelant qu'elle
voulait être chloroformée. L'opération terminée, elle avait
sa chemise tachée de quelques gouttes de sang; sur Tafldr-
mation de M. Mesnet, qu'elle était seule avec lui dans la
(âèce, au'il fallait qu'elle se déshabillât pour changer de
inge, elle se laissa faire et s'habilla de nouveau devant
cent personnes ayant les yeux sur elle. Elle fut ensuite placée
sur un brancard et rapportée dans son lit; là on lui suggéra
qu'elle passerait une excellente journée et oa'elle ne senti-
rait rien; à son réveil, elle demanda à M. Tillaux quand il
devait l'opérer et son étonnement fut indescriptible lorsqu'on
lui annonça que l'opération était faite; elle n'avait rien
senti, elle ne sentait rien, son souvenir s'était arrêté an
moment ou elle a été endormie. Pendant l'opération, elle
avait perdu très peu de sang, mais dans la iournée, une
heure et demie après, elle fut prise. d'une hémorrhagie
abondante qui nécessita un tamponnement; c'est seulement
en voyant le san^ qu'elle crut véritablement à l'opération
faite. Aujourd'hui, la malade est guérie et rentrée dans sa
famille sans avoir souffert un instant de Topération impor-
tante qu'elle a subie.
Au récit de cette opération, M. Mesnet ajoute quelques
considérations sur l'état psycho-sensoriel de cette malade.
Il fait observer tout d'abord que la facilité avec laquelle elle
s'endort est extrême ; la transition de l'état de veille an
sommeil hypnotique est presque instantanée et n'a d'autre
signe apparent qu'un léger mouvement de secousse de tonl
le corps, une respiration profonde, anhéleuse, qui se pro-
duit au moment où ses paupières se ferment sur ses yens
convulsés en dehors, où ses sensibilité^ s'éteignent sur toute
la surface du corps et des muqueuses. La sensibilité du tact
persiste seule.
Ce remarquable exemple de dissociation des sensibilitéSi
avec abolition de telle d'entre elles et conservation de telle
autre, n'est d'ailleurs pas un fait isolé; M. Mesnet rappelle
au'il l'a observé depuis longtemps un grand nombre
e fois. Aussi, analysant le rôle réciproque de l'expérimen-
tateur et de l'opérateur vis-à-vis de l'opéré et relevant les
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GAZETTE BEBDOMADAIRE DE IféDECINE ET DE CHIRtlKClË
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critiques de détail adressées en pareil cas, il conclut que
rhypnotisroe exerce véritablement sur certains sujets une
action perturbatrice du système nerveux qui suspend
momentanémBut leurs sensibilités superficielles et pro-
fondes, au point au*une longue et grave opération sanglante
peut être pratiquée sur eux, sans éveiller de douleur, sans
qu'ils en aient connaissance:
Tuberculose. — Lecture est faite par M. Villewin des
instructions ci-après rédigées par la Commission permanente
de TŒuvre de la tuberculose. Il est décidé, à la demande
de M. Dujardin-BeaumetZy que la discussion en sera fixée
à mardi prochain. M. Vemeuil prie l'Académie d'en hâter
l'approbation, tant il importe que le public puisse bientôt
en prendre connaissance.
I. La tuberculose est de toutes les maladies celle qui
fait le plus de victimes dans les villes, et même dans cer-
taines campagnes.
En 1884, année prise au hasard comme exemple, sur
56970 Parisiens décédés, environ 15000 — soit plus du
jquart — sont morts de tuberculose.
Si les tuberculeux sont si nombreux, c'est quelaphthisie
inilmonaire n'est pas la seule manifestation de la tubercu-
lose, comme on le croit à tort dans le public.
Les médecins considèrent à bon droit, comme tubercu-
leuses, bien d'autres maladies que la phthisie pulmonaire.
En effet, nombre de bronchites, de rhumes, de pleurésies,
de gourmes, de scrofules, de méningites, de périto-
nites, de tumeurs blanches, osseuses et articulaires, aabcès
froids, sont des maladies tuberculeuses, aussi redoutables
que la phthisie pulmonaire.
H. La tuberculose est une maladie parasitaire, virulente,
contagieuse, transmissible, causée par un microbe — le
bacille de Koch. Ce microbe pénètre dans l'organisme par
le canal digestif avec les aliments, par les voies aériennes
avec l'air inspiré, par la peau et les muqueuses, à la suite
d[écorchures, de piqûres, de blessures et d'ulcérations
diverses. Certaines maladies : rougeole, variole, bronchite
chronique, pneumonie ; certains états constitutionnels pro-
venant du diabète, de l'alcoolisme, de la syphilis, etc.,
prédisposent considérablement à contracter la tuberculose.
La cause de la tuberculose étant connue, les précautions
prises pour se défendre contre ses germes sont capables
d'empêcher sa propagation. Nous avons un exemple encou-
rageant dans les résultats obtenus pour la fièvre typhoïde,
dont les épidémies diminuent dans toutes les villes où l'on
sait prendre les mesures nécessaires pour empêcher le
germe typholdique de se mêler aux eaux potables.
lU. Le parasite de la tuberculose peut se rencontrer dans
le lait, les muscles, le sang des animaux qui servent à
l'alimentation de l'homme (bœuf, vache surtout, lapin,
volailles). La viande crue, la viande peu cuite, le sang
pouvant contenir le germe vivant de la tuberculose, doivent
être prohibés. Le lait^ pour les mêmes raisons, ne doit être
consommé que bouilli.
IV. Par suite des dangers provenant du lait, la protec-
tion des jeunes enfants, frappés si facilement par la tuber-
culose sous toutes ses formes (puisqu'il meurt annuellement
à Paris plus de 2000 tuberculeux âgés de moins de deux
ans), doit attirer spécialement l'attention des mères et des
nourrices. L'allaitement par la femme saine est l'idéal. La
mère tuberculeuse ne doit pas nourrir son enfant; elle doit
le confier à une nourrice saine, vivant à la campagne, où,
avec les meilleures conditions hygiéniques, les risques de
contagion tuberculeuse sont beaucoup moindres que dans
les villes. L'enfant ainsi élevé aura de grandes chances
d'échapper à la tuberculose. Si l'allaitement au sein est
impossible, et qu'on le remplace par l'allaitement artificiel,
le tait de vache^ donné au biberon, au petit pot ou à la
cuiller, doit toujours être bouilli. Le ^lait d'ànesse et de
chèvre offre infiniment moins de danger à être donné
non bouilli.
V. Par suite des dangers provenant de la viande des ani-
maux de boucherie, qui peuvent conserver toutes les appa-
rences de la santé alors qu'ils sont tuberculeux, le public a
tout intérêt à s'assurer aue l'inspection des viandes, exigée
par la loi. est convenablement et partout exercée. Le seul
moyen absolument sûr d'éviter les dangers de la viande
qui provient d'animaux tuberculeux est de la soumettre à
une cuisson suffisante pour atteindre sa profondeur aussi
bien que sa surface : les viandes complètement rôties, ou
bouillies et braisées sont seules sans danger.
VL D'autre part, le germe de la tuberculose pouvant se
transmettre de l'homme tuberculeux à l'homme sain, par
les crachats, le pus, les mucosités desséchés et tous les
objets chargés de poussières tuberculeuses, il faut, pour se
garantir contre la transmission de la tuberculose : 1** savoir
que, les crachats des phthisiques étant les agents les plus
redoutables de transmission de la tuberculose, il y a danger
pour le public à les répandre sur le sol, les tapis, les ten-
tures, les rideaux, les serviettes, les mouchoirs, les draps
et les couvertures; ^^ être bien convaincu, en conséquence,
que l'usage des crachoirs doit s'imposer partout et pour
tous. Les crachoirs doivent toujours être vidés dans le feu et
nettoyés à l'eau bouillante ; jamais ils ne doivent être vidés
ni sur les fumiers, ni dans les jardins, où ils peuvent tuber-
enliser les volailles, ni dans les latrines; 3® ne pas coucher
dans le lit d'un tuberculeux ; habiter le moins possible sa
chambre, mais surtout ne pas y coucher les jeunes enfants ;
4*' éloigner des locaux habités par les phthisiques les indi-
vidus prédisposés à contracter la tuberculose : sujets nés
de parents tuberculeux, ou ayant eu la rougeole, la variole,
la pneumonie, des bronchites répétées, ou atteints de dia-*
bête, etc. ; 5* ne se servir des objets qu'a pu contaminer le
phthisique (linge, literie, vêtements, objets de toilette, ten-
tures, meubles, jouets) qu'après désinfection préalable
(étuve sous pression, ébullition, vapeurs soufrées, peinture
à la chaux); 6"* obtenir que les chambres d'hôtels, maisons
garnies, chalets ou villas occupées par les phthisiques dans
les villes d'eaux ou les stations hivernales, soient meublées
et tapissées de telle manière que la désinfection y soit faci-
lement et complètement réalisée après le départ de chaque
malade ; le mieux serait que ces chambres n'eussent ni
rideaux, ni tapis, ni tentures ; qu'elles fussent peintes à la
chaux et que le parquet fût recouvert de linoléum. Le
[mbiic est le premier intéressé à préférer les hôtels dans
esquels pareilles précautions hygiéniques et pareilles
mesures ae désinfection si indispensables sont observées.
Grossesse quadri-géhellaire. — M. Tarnier présente
quatre petites filles jumelles, nées à terme le 11 mai der-
nier. La mère, bien portante, a eu un ^rand-père jumeau
et sa mère était également jumelle. Llle a déjà mis au
monde une fois deux jumeaux et une autre fois un seul
enfant.
Chloroformisation. — M. Michon communiaue des
expériences déjà vieilles de vingt-cinq ans, qu'il a laites au
laboratoire de Claude Bernard et qu'il vient de répéter.
Elles consistent à projeter brusauement un jet d'eau froide
sur la région cervicale en cas d asphyxie pendant la chlo-
roformisation. Ce moyen a réussi nombre de fois sur des
chiens et des lapins ; peut-être serait-il applicable à l'homme
dans les accidents dus au chloroforme. (Renvoi à une Com-
mission composée de MM. Léon Labbé et Budin.)
Chirurgie abdominale. — M. le docteur Chaput lit d'a-
bord une observation intitulée : Entéro-^colostomie iliaque
par le procédé de la pince, pour un rétrécissement étendu
du côlon descendant. Guérison.
Il s'agit d'un homme de cinquante-trois ans, opéré d'abord
500 — N« 31 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2 AoOT 1889
h THôtel-Dieu le 27 septembre 1888, par M. Chaput, qui
lui fit renlérotooiie sur le caecum, pour des phénomènes
graves d'occlusion (nlestinale. Les jours suivants, le n)alade
rendit une quantité énorme de noyaux de cerises mangées
deux mois auparavant. Celte constatation permit de penser
à la cure de Fanus contre nature. Le 27 octobre de la même
année, M. Chaput se proposait de fermer l'orifice intestinal,
quand on lui apprit que ni purgatifs ni lavements n'avaient
puamenerd'évacuations.Unesonde œsophagienne introduite
séance tenante fut arrêtée à la partie supérieure du rectum.
L'opération projetée étant contre-indiquée, le chirurgien fit
séance tenante la laparotomie dans le liane gauche, pour
aller à la recherche ue l'obstacle. Il trouva un S iliaque de
volume normal; mais, au-dessus, le côlon descendant était
très rétréci; il avait le volume du petit doigt, et le rétrécis-
sement remontait jusqu'à 20 ou 25 centimètres. Devant
l'étendue des lésions, l'opération resta exploratrice, et la
guérison se fit en quelques jours.
Cinq mois après, le 21 mars 1889, M. Chaput exécuta de
la façon suivante l'entéro-colostomie iliaque gauche, pour
dériver le cours des matières :
Une incision médiane de 10 à 12 centimètres fut faite
au-dessus des pubis ; après ouverture du péritoine, on alla
chercher TS iliaque, qui fut fixé avec un fil et amené dans
la plaie. L'opérateur alla ensuite à la recherche du cœcum,
y trouva lafin de l'intestin, et, remontant légèrement, amena
dans la plaie la dernière anse de l'iléon, environ à 30 ou
40 centimètres de sa terminaison. Une suture continue
accola les deux intestins l'un à l'autre sur une hauteur de
10 centimètres. L'intestin grêle fut ensuite fixé à la lèvre
droile de la plaie et l'S iliaque à la lèvre gauche. Deux inci-
sions ouvrirent l'un et l'autre intestin. Le 27 mars, M. Chaput
introduisait par les deux orifices les deux mors d'une longue
pince à pédicule, qui fut fortement serrée.
Au bout de quelques jours, la pince étant tombée, la
communication se trouvait établie entre les deux viscères,
mais les matières sortaient toutes par la plaie médiane.
Deux tentatives de réparation, faites l'une le 0 avril, l'autre
le 19 mai, amenèrent des selles régulières par l'anus nor-
mal. Actuellement, le malade peut être considéré comme
guéri, bien qu'il persiste une petite fistule du volume d'une
tète d'épingle sur la ligne médiane. Cet orifice se fermera
de lui-même ou très facilement par une petite opération
complémentaire.
Pour ce qiiiesideVentérorrhaphielongitudhialeyil s'agit
d'expériences sur les chiens, au sujet desquelles l'auteur
veut seulement établir sa priorité. Voici en quelques mots
son procédé opératoire : Si l'on suppose exécutée une résec-
tion de l'intestin, les deux bouts à réunir sont sectionnés
longitudinalement sur une longueur de 12 à 15 centimètres.
On réunit alors par une section continue les lèvres corres-
f mondantes des deux incisions, de façon à faire communiquer
argement les deux anses entre elles. Reste l'oblitération
des orifices des deux canons de fusil. L'auteur l'ob-
tient très simplement en abrasant la muqueuse avec une
curette tranchante sur une étendue de 1 à 2 centimètres,
et en suturant ensuite les surfaces ravivées. On termine
l'opération en fixant par quelques sutures l'épiploon à la
surface de l'anse opérée. Les avantages de cette méthode
sont tels que Tauteur pense qu'elle se substituera h tous les
autres procédés d'entérorrhaphie. Il fait remarquer qu'il
s'agit en somme d'une combinaison de Tentéro-anastomose
avec l'entérorrhaphie circulaire.il préfère toutefois, comme
plus simple, l'expression d'entérorrhaphie longitudinale.—
(Renvoi à Vexamen d'une Commission composée de
MhL Yerneailvt Tillaux.)
— L'ordre du jour de la séance du G août est fixé ainsi
qu'il suit : 1"* Discussion sur la prophylaxie de la tubercu-
lose (inscrit : M. Dujardin-Beaumetz) ; 2' discussion sur
l'anesthésie et le chloroforme (inscrits : MM. Lahorde,
Chauveau)] 3"* communications de MM. G. Sée, Marc Sée
et Semmola.
ftodéié médicale des liApItaWK.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE DE M. CADET
DE GASSICOURT.
InJeoUons Intra-pleurales antiseptiques : M. Johel-Renoy. — Traite-
ment des kystes hydatiques du foie : M. Juhel-Renoy (Diaoosslon -
MM. Chauffard, DeboTe, Sevestre). — Pleurésie mètaimeanioni-
que ; ponctions et empyème : M. SèTestre (Discussion : MM. Du Gazai.
Debove, Cadet de Gassioourt). — Du diabète conjugal : M. DeboTS
(Discussion : MM. Rendu, E. Labbè, Gaucher, Dxejrfous. I^etoUe.
Gouraûd).
A l'occasion du procès-verbal, M. Juhel-Renoy répond à
M. Fernet que les pleurésies dans lesquelles il a pratiqué
des injections de chlorure de zinc étaient tuberculeuses,
partant infectieuses. En employant le chlorure de zinc, il
désirait réaliser Tasepsie pleurale. Aujourd'hui, après avoir
retiré l'épanchemenl presque complètement^ il préfère pra-
tiquer un lavage de la plèvre avec une solution de chlorure
de zinc à i pour 100. Il a obtenu de très bons résultats,
même dans un cas de pleurésie purulente ; dans deux autres
cas d'épanchement purulent il a complètement échoué.
— M. Juhel'Renoy donne lecture d'une note sur le traite-
ment des kystes hydatiques du foie. (Sera publié.)
M. Chauffard a employé un traitement tout semblable,
chez une jeune fille de dix-huit ans, pour un kyste hyda-
ti(|ue du foie gros comme une orange. Afin d'éviter tout
accident d'intoxication, il s'est servi de l'eau naphtolée à
1 pour 2000. La guérison, depuis trois mois, paraît élre
complète.
M. Debove croit cette méthode appelée à un grand avenir :
qui ne préférerait, pour un kvste hydatique, supporter le
lavage antiseptique plutôt que la laparotomie? D'ailleurs les
chirurgiens ont eu tort, dans une récente discussion, d'affir-
firmer que les kifstes hydatiques opérés c médicalement •
récidivent; le fait est inexact : il s'agit du développement
d'un second kyste, voisin du premier. Le même fait s'observe
aussi bien après la laparotomie.
M. Juhel-Renoy est enlièrementde cet avis. Il reconnaît
que la liqueur de Yan Swielen peut occasionner quelques
accidents; il connaît un fait dans lequel la malade a. eu de
la stomatite et une diarrhée intense à la suite de l'opératiou.
M. Sevestre pense qu'en faisant suivre le lavage au
sublimé d'un autre lavage avec de l'eau stérilisée ou une
solution anodine, on éviterait tout accident toxique.
— M. Sevestre lit un travail ayant pour titre : Pleurésie
pnruleîUe métapneumoniquey ponctions, empyème, gué-
rison, {Sera publié.)
M. Du Cazal demande |}ourquoi ou revient aux lavages
pleuraux; M. Debove n'avait-il pas obtenu des succès par le
simple pansement antiseptique à demeure?
M. Sevestre a cru devoir recourir aux lavages à cause de
l'élévation de la température. Celle-ci a disparu après les
lavages pleuraux.
M. Debove préfère un seul lavage aussitôt après la pieu-
rotomie; mais l'élévation de la température indique h
nécessité des lavages ultérieurs.
M. Cadet de Gassicourt rapporte une observation absolu-
ment inverse de colle de M. Sevestre. Il s'agit d'une pleu-
résie séro-purulenle ponctionnée, dont l'épanchenuMit no
renlennait que des streptocoques, constatés par M. Neller,
et qui cependant, contre toute attente, guérit sans néces-
siter l'opération de l'empyème.
2 Août 4889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 31 ^ 501
— M. Debove signale la fréquence relative de ce qu'il
n ppelle le c diabète conjugal » : le mari et la femme atteints
tous deux de glycosurie, ou même atteints, Tun de diabète
sucré, l'autre de diabète insipide. Faut-il incriminer une
hygiène commune, les mêmes perturbations morales, ou le
diabète serait-il contagieux?
MM. RendUy E. Labbé, Gaucher , Dreyfous, Letulle et
Gouraud ont observé un certain nombre de faits analogues;
tantôt ils ont incriminé le régime alimentaire, tantôt les
soucis communs, mais sans arriver à une notion étiolo-
gique précise du € diabète conjugal >.
— La séance est levée à cinq heures.
Société de ehlrari^e.
SÉANCE DU H JUILLET 1889.— PRÉSIDENCE DE M. LE DENTU*
Ajnputation Intra-oaloanèenne hoiixontale : M. Chapat (M. Chaavol,
rapporteur). — Kyata hydatlqne de la rate: M. Taohard (M. Chan-
vel, rapportear). — Kystes et fistules de la région sacro>ooooy-
gienne : M. Després (Discussion : MM. TerriUon, Klrmisson,
Desprôs. Sobv^artz). - Chlorof ormlsation : M. Reynler (Discussion :
Champlonnière, PolaUlon. Terrier).
M. Chauvel lit deux rapports : i° M. Chaput : De l'am--
putalion intra-calcanéenne horizontale, H. Chaput a eu à
amputer le pied pour un mal perforant récidivé. Le procédé
spécial (ju*il décrit a pour but de remplacer la désarticu-
lation dite de Chopart. Dans cette amputation, en effet, le
triceps sural, conservé dans son intégrité, élève Tarrière-
pied, en sorte que la cicatrice, théoriquement dorsale,
s'abaisse, devient plantaire et s'ulcère. Dans le procédé de
M. Chaput (un peu différent d'une opération analogue pré-
conisée par H. Tripier), un des temps consiste précisément
à sectionner le tendon d'Achille. H. Chauvel, il est vrai,
fait quelques réserves, car il se demande d'abord si on
n'exagère pas les méfaits du Chopart; et en second lieu, si
l'opération de M. Chaput n'est pas un peu complexe. D'autre
part, avant d'aflirmer l'excellence du résultat définitif, il
faut attendre encore un peu.
2" M. Tachard : Observation de kyste hydatique de la
rate, recueillie à Médéah en 1883. Le diagnostic fut fait
sur celle tumeur lisse, fluctuante, indolente, frémissante,
touchant directement la paroi abdominale, suivant les mou-
vements du diaphragme, ne s'accompagnant d'aucun trouble
urinaire. Une ponction fut faite et, le sixième jour, le
malade, homme de quarante ans, était mort de pneumonie.
Mais l'autopsie prouva qu'il n'y avait pas trace d'inflamma-
tion, tant dans le kyste que dans le péritoine. M. Tachard
(et avec lui M. Chauvel) croit donc à une malheureuse
coïncidence. Il pense que, dans ces kystes, la ponction doit
être tentée une fois. Si elle échoue, la spléneclomie étant
une opération grave, le mieux est de faire l'incision large,
avec suture de la poche à la paroi.
— H. Després fait une communication sur les kystes et
fistules dermoïdes de la région sacro-coccygienne. Il rappelle
d'abord les observations publiées à la Société analomique
lar Ballet, Terrillon; h la Société de chirurgie par Lannc-
ongue, par Terrillon, par lui-même. Souvent il existe en
cette région une petite dépression, reste sans doute de la
gouttière dorsale. Celte dépression est parfois profonde :
un degré de plus et c'est d'un kyste dermoîde qu'il s'agit.
Puis ce kyste peut suppurer et se transformer secondaire-
ment en fistule. M. Després en relate deux cas, sur des filles
de dix-huit et de dix-neuf ans. Tous deux ont guéri par la
dilatation du trajet et la cautérisation énergique de la poche.
Ces abcès à répétition, ces fistules rebelles sont souvent
confondues avec des suppurations d'origine osseuse. Le
r.
diagnostic se fait par l'exploration au stylet et par le siège
rigoureusement médian de l'orifice.
M. Terrillon a entretenu la Société, en 188â, des fistules
congénitales. Il ajoute qu'elles peuvent suppurer sans avoir
jamaisété à l'état de kyste, tout comme un amas de smegma
au fond de l'ombilic*^ devient parfois la cause de fistules
ombilicales. Ces vices de développement sont très fréquents,
surtout chez la femme.
M. Kirmisson a fait cette année un rapport sur une
observation analogue de M. Masse (de Bordeaux).
M. Routier rappelle qu'il a communiqué à la Société un
fait semblable sur une fille de quinze ans chez qui la fistule,
consécutive à un coup, avait été attribuée à une carie du
sacrum. Le trajet, excisé, était de nature dermoîde.
Tous les orateurs précédents insistent sur la plus grande
fréquence chez la femme. M. Schwartz, toutefois, a re-
cueilli trois observations, toutes trois sur des hommes.
— M. Reynier fait une communication sur les dangers
de la chloroformisation. Il se rallie presque à la formule
de Sédillol : le chloroforme pur, bien administré, ne tue
jamais. Mais la pureté est rarement parfaite et l'on n'a
presquejamaisdn chloroforme chimiquement pur: quelques
neures d'exposition à l'air et à la lumière suffisent pour
1 altérer. Il faut donc employer du chloroforme (]u'on aura
recommandé de rectifier la veille. On évite ainsi les acci-
dents du début, dus aux réflexes qu'engendrent les impu-
retés en irritant les voies respiratoires. La susceptibilité
classique des chiens vient peut-être simplement de ce que,
dans les laboratoires de physiologie, le chloroforme est
toujours conservé sans précaution. Il faut encore attendre
avant de se prononcer sur la valeur anesthésique du mé-
lange, plus stable, de chloroforme et d'alcool.
M. Championnière insiste sur la nécessité d'employer un
chloroforme pur. Dans son service, il n'emploie depuis
quelque temps que du chloroforme rectifié la veille par le
pharmacien, et il a observé un changement à vue dans les
allures des chloroformisations. De longs entretiens avec
M. Begnauld il a conclu que le seul procédé pour avoir du
chloroforme pur était de le faire nettoyer au fur et à mesure
des besoins. Avec celte précaution, on a en France du chlo-
roforme aussi bon que les chloroformes étrangers. Il est
certain que la pureté est aussi un grand facteur d'efficacité.
C'est probablement pour cela que Tanesthésie obstétricale
a été si souvent combattue. Le chloroforme vulgaire ne
donne pas cette anesthésie superficielle, et Campbell ne
réussissait que parce au'il refusait d'agir avec tout autre
chloroforme que celui ae Duncan (d'Edimbourg).
M. Terrier emploie volontiers, en ville, le chloroforme
de Duncan. A l'hôpital, la seule solution pratique est la
rectification au jour le jour : puisqu'il y a des pharmaciens
en chef, ils pourront peut-être servir à cela.
M. Polaillon rappelle sa récente communication à l'Aca-
démie. Il recommande le mélange de Regnauld, le chloro-
forme additionné d'alcool méthylique.
M. Championnière fait observer que le débat n'est pas
engagé sur ce point. Celte addition n'a pas seulement pour
but d'assurer la pureté du produit et la question devient
dès lors très complexe.
A. BnocA.
509 — N* 31 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2 AoOT 1889
REVUE DES JOURNAUX
Travaux é, consalter*
Du CALOMEL COMME DIURÉTIQUE, par M. STERLING CarRIGER.
— Cette note est une revendication en faveur de B. Wood
qui en 1849 publiait dans The Practice des observations d*hy-
dropisie guéries par le caloroel. Il constatait que les mercuriaux
sont de puissants hydragogues, soit administrés isolément, soit
associés à la scille, et qu'ils ont le pouvoir d'augmenter la
diurèse, la diaphorèse et les sécrétions intestinales. En 1883,
M. Smith, dans ses leçons à Thôpital Bellevue, recommandait
aussi le calomel à la dose d*un sixième de grain, répétée trois
ou quatre fois par jour, dans les hydropisies de la maladie de
Bright et quand les autres diurétiques étaient en défaut. — (Ces
revendications en faveur de la médecine américaine démon-
trent que la découverte attribuée à M. Jendrasik n'en est pas
une, mais ne rendent pas justice aux tentatives plus anciennes
de Stokes). — (TAe N.-Y. med. Journal, 2 février 1889.)
Des indications des lavements et des suppositoires a la
GLYCÉRINE, par M. A. POLUBINSKY. — Ce mémoire a été écrit
d'après les essais entrepris k la clinique de M. Manassein (de
Saint-Pétersbourg) sur cinquante malades, quarante-cinq
hommes et cinq femmes; et au moyen de suppositoires contenant
2 grammes de glycérine ou de lavements contenant 2, 3 ou
4 grammes de cette substance. M. Polûbinsky a de plus con-
sulté la littérature et termine par ces conclusions :
1» Les meilleurs résultats ont été obtenus dans les cas d'ac-
cumulations fécales dans le rectum ; toutefois, la glycérine aencore
été utile quand la stagnation siégeait plus haut, dans les
typhliles ou le catarrhe intestinal; 2» les lavements et les sup-
positoires glycérines sont indiqués dans l'atonie rectale, la
constipation habituelle, contre lesquelles ils remplacent le
massage et l'électricité ; 3» on peut parfois en retirer des
avantages dans les cas de compression de l'intestin par une
tumeur, dans la grossesse, au cours des affections utérines ou
bien quand l'obstacle vient de la consistance trop grande des
fèces. C'est alors que les suppositoires doivent être préférés aux
lavements, tandis que dans les autres formes de constipation,
ceux-ci possèdent une efficacité supérieure à ceux-là. (Vratck,
1889, n- 1,2 et 3.)
Du TRAITEMENT DE LA DIPUTHÉRIE PAR LE JUS DE CITRON, par
M. Hennig. — Cet observateur conseille le jus de citron comme
un spécifique de la diphthérie et dans son engouement compare
son efficacité à celle de l'acide salicylique contre le rhuma-
tisme et de la quinine contre la malaria. C'est, écrit-il, un
antiputride, un coagulant et un dissolvant de l'albumine. Il
l'emploie donc en gargarismes répétés toues les deux heures
et combine son usage avec celui de la glace à l'intérieur. Puis,
il va plus loin et le conseille encore comme moyen prophylac-
tique quand il existe des cas de diphthérie dans une famille ou
une habitation. {BerL klin. Woch.y 1889, n'> 8.)
Du TRAITEMENT DE l'herpès tonsurant, par M. J. Harrisson.
— Cette médication consiste à amollir les follicules pileux et la
gaine des cheveux dans lesquels le trichophyton a son habitat
et à faciliter aussi l'accès de l'agent parasitaire jusqu'à lui.
Dans ce but on emploie des liqueurs alcalines. M. Harrisson
préfère préparer une pommade contenant 3 grammes d'acide
phénique pour un mélange à parties égales de 50 grammes de
lanoline et de noix de coco et il additionne cette pommade avec
1 gramme de potasse caustique. Chaque jour, le matin et le soir,
il pratique un pansement avec la grosseur d'un pois de cette
pommade, il exige de plus que les cheveux soient tenus courts
et obtient, écrit-il, la guérison dans l'espace maximum de deux
à trois mois. {Brit. med. Journal, 2 mars 1889.)
Du phénol DANS LA FIÈVRE TYPHOÏDE, par MM. GrAMSHAW
et F. Pope. — Le 22 juin 1888, M. Gramshaw faisait l'éloge du
traitement de la fièvre typhoïde parla méthode de Rothe (Dcvt.
med. Woch.y 1888). Il prescrivait avec succès, écrivait-il, toal#*-
les quatre heures l'ingestion d'une dose de 1 gramme de phéno'
et 1 gramme et demi de teinture d'iode à l'intérieur dans le bot
de diminuer l'hyperthermie et de favoriser la cicatrisation des
ulcérations intestinales. Il aurait obtenu, par cette médication,
les résultats les plus constants et les plus durables. {The
Lancety juin 1888.)
M. FrenkPopeavoulu vérifier ces assertions. Dans vingi-deai
cas, il a aussi prescrit le mélange de phénol et de teinture d^iode.
L'urine n'a été ni diminuée ni altérée; la température s'abais-
sait. Le séjour à l'hôpital dura quaranle-huit jours. Enfin, Ir>
selles n'étaient pas désinfectées. M. Pope conclut donc que l'as-
sociation de ces deux médicaments ne modifie ni la marche de
la maladie, ni son pronostic. {The Lancet, 13 avril 1889.)
De la cocaïne contre le mal de mer, par M. Joh>
J. Sellwood. — C'est sur une série de vingt cas que lao-
teur motive ses remarques. Il conseille de faire ingérer un
quart de grain d'hydrochlorate de cocaïne toutes les heures,
de commencer le traitement dès l'apparition du collapsus el d«'
le continuer pendant douze heures, mais en ayant soin dt-
diminuer la dose de moitié. Enfin, la cocaïne peut devenir,
parait-il, un moyen de prévenir le mal de mer. A cet effet,
M. Sellwood la prescrit à la dose d'un huitième de grain
répétée trois fois par jour pendant une semaine avant l'emlKir-
quement. Préventif ou palliatif, ce traitement, ajoule-t-iL
procure toujours, sinon la guérison des accidents, du moins un
notable soulagement. {The therap, Gaz., janvier 1889, p. 15.)
Des injections de phénate de camphre dans la phtuisie,
par M. Shingleton Smith. — Ce traitement a été mis à l'essai
sur deux malades. Il consistait d'abord dans l'injection sous-
cutanée de dix, quinze à vingt gouttes d'une solution saturée de
camphre dans l'acide phénique. En outre on pratiqua des injec-
tions intra-parenchymateuses,avecla même solution aux sommets
du poumon et sans provoquer aucune irritation.
Plus de cinquante injections furent pratiquées dans l'espace
de dix semaines sur l'un des malades. Chez l'autre, on employa
en trente-cinq jours, 245 gouttes du médicament, dont GO furent
injectées dans le tissu pulmonaire. Après chaque injection on
observait une augmentation légère de la température, mais sans
apparence d'irritation locale. {Birmingham med. Review, février
1889, p. 1103, n« 126.)
BIBLIOGRAPHIE
Affections ehlrarirtealeft des retns, des aret^ea ei
des eapsales sarréiiales, par H. A. Le DenTU, profes-
seur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, chirurgien
des hôpitaux, membre de la Société de chirurgie. —
Paris, G. Masson, 1889.
On raconte qu'il n'y a pas bien longtemps encore un mé-
decin anglais commençait un cours sur les maladies des
reins en félicitant l'espèce humaine de ce que cet oi^ane
était, Dieu merci, à l'abri de toutes les tentatires des chi-
rurgiens. Sans doute, on avait déjà fait des essais opéi^-
toires; mais leurs résultats déplorables les avaient vite fait
condamner. Il n'en va plus de même aujourd'hui et, pour
une bonne part, les affections rénales ressortissent légiti-
mement au chirurgien.
Les faits qui ont été l'origine de cette révolution sont de
date récente, et M. Le Denlu est un de ceux qui, en France,
se sont le plus occupés d'eux, depuis plusieurs années. Le
livre qui est offert aujourd'hui au public médical est donc
une œuvre mûrie, fondée sur des observations personnelles
importantes. Mais M. Le Dentu n'a pas cru defoir se bor*
ner à une étude rapide, à propos de ces observations. Il a
i Août 4889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— H^ 31 — 503
pensé que le moment était venu de faire succéder la syn-
thèse à l'analyse ; d'exposer en un traité didactique tout' ce
qui concerne la chirurgie des reins, des uretères et des
capsules surrénales. Car un petit appendice concerne ces
glandes vasculaires sanguines, dont les fonctions sont
encore si obscures. Mais nous n'insisterons pas sur < ce
tribut payé à la vieille tradition qui fait de ces organes des
annexes anatomiques des reins ». Le chirurgien doit seu-
lement retenir que dans ces glandes peuvent se former des
tumeurs solides ou liquides capables d'induire le diagnos-
tic en erreur.
Les ouvrages consacrés jusqu'à présent à la chirurgie du
rein — il en existe déjà quelques-uns, en Angleterre sur-
tout — sont avant tout des traités de médecine opératoire
appliouée, de thérapeutique chirurgicale. La partie purement
pathologique y est écourtée, parce que l'auteur pense que
cette étude théorique regarde surtout la pathologie interne.
Le chirurgien doit, dès lors, étudier d'abord dans les traités
dus aux médecins; puis il acquerra dans les ouvrages dus
aux chirurgiens les notions pratiques de diagnostic et d'in-
tervention opératoire.
Tout autre est le plan de H. Le Dentu. Ici, l'auteur
n'hésite pas à empiéter sur le domaine souvent attribué en
propre à la médecine, et il est incontestable que le lecteur
en tirera tout profit. Les considérations que M. Le Dentu
fait valoir pour expliquer sa conduite, sont difficilement
réfutables. « Outre que certains sujets, tels que les trau-
matismes des reins, sont du domaine de la chirurgie pure,
il n'est pas possible au'un chirurgien voie les choses du
même point de vue quun médecin. Il n'est pas possible que
l'homme qui connaît l'efficacité de Tintervenlion dans cer-
taines circonstances, et dont le principal souci doit être
d'en préciser nettement les indications, ne mette pas dans
ces descriptions quelque chose de cette préoccupation spé-
ciale. »
Cette argumentation est excellente, et chacun reconnaî-
tra, par exemple, que les chapitres consacrés par M. Le
Dentu à l'hydronéphrose, à la pyélite. à la lithiase rénale,
ne ressemblent pas à ceux qui sont dus à la plume de
Rayer, de Lécorché, de Lancereaux. Ainsi, dans ces affec-
tions inflammatoires du bassinet et des reins, les adhé-
rences dues à la périnéphrile chronic^ue ne sauraient être
regardées du même œil par le médecin et par le chirur-
gien. Pour le premier, elles sont un épiphénomène sans
importance, et quelques lipes suffisent à leur description.
Pour le second, au contraire, elles ont un grand intérêt :
ce phlegmon chronique, ces indurations ne sont-ils pas
une des causes C[ui rendent souvent dans ces conditions la
néphrectomie difficile, qui dès lors doivent peser dans la
balance quand on hésite entre la néphrectomie et la néphro-
tomie?
Les considérations de ce genre surgissent à chaque pas :
on conçoit qu'il nous soit impossible de les faire valoir
toutes. C'est précisément à cela qu'est consacré le volume
de M. Le Dentu : nous nous bornerons, pour terminer cette
analyse, à ieter un rapide coup d'œil sur les différents cha-
pitres qui le constituent.
Les lésions traumatiques font l'objet du chapitre P%
Elles sont réparties en trois sections : les plaies par instru-
ments piquants, tranchants et contondants; les plaies par
armes à feu ; les ruptures sous-cutanées. Ce sujet est d'ail-
leurs de ceux nue le chirurgien a toujours étudiés : il est
vrai que les inaications exactes à la néphrotomie et à la né-
phrectomie ne sont pas connues depuis bien longtemps.
Dans le phlegmon périnéphrique, les règles de l'inter-
vention n'ont pas été rénovées dans ces dernières années. Il
n'en est plus ae même pour la lithiase, \espyélites, Vhydro-
néphrose. Là, M. Le Dentu prend nettement parti, en prin-
cipe, pour la néphrotomie contre la néphrectomie. Le rein
malade, en effet, n'est souvent pas tout à ftiit annihilé; il
sécrète plus d'urine ou'on ne serait parfois tenté de lé
croire. Et l'on n'a pas le droit de supprimer cet émonctoire
imparfait, mais réel, à un patient dont l'autre rein peut fort
bien être altéré, être même absent. C'est là, en effet, que
continue à être le point noir de la chirurgie rénale : on con-
tinue à rester trop souvent dans le doute sur l'état exact du
rein non soumis à l'intervention.
Mais, si la coque rénale est apte à sécréter et si d'autre
part l'uretère est oblitéré ou à peu près — ce qui est usuel
—- il en résulte aue la néphrotomie sera bien souvent sui-
vie de fistule. L expérience a malheureusement confirmé
ces craintes. Mais elle a prouvé, aussi, que si cette fistule
en vient à nécessiter la néphrectomie, cette néphrectomie
secondaire est moins grave que l'ablation immédiate du
rein.
Pour le rein mobile^ la chirurgie a aujourd'hui des pro-
cédés d'une efficacité certaine. Ici encore, la conservation
doit être la règle, et les résultats fournis par la néphrorrha-
pbie sont tels que la néphrectomie doit être réservée à des
cas exceptionnels. N'est-il pas arrivé, en effet, d'enlever un
rein douloureux mais fonctionnant à peu près normale-
ment à un sujet dont l'autre rein était anatomiquement ou
physiologiquement absent? Point n'est besoin d'ajouter que
ia mort ne s'est point fait attendre.
Jusqu'à présent, nous avons donc vu aue la néphrectomie
est, en principe, reléguée au second plan. De même pour
les tumeurs liquides. Mais elle seule convient aux tumeurs
solides : il est juste d'ajouter qu'elle leur convient trop
rarement; que la plupart des sujets sont inopérables, ou à
tieu près, quand ils viennent consulter le chirurgien ; que
es résultats immédiats et éloignés sont pour le moment
bien défectueux.
L'étude des maladies chirurgicales du rein se termine
f»ar deux chapitres d'ordre purement pratique. L'un est re-
atîf aux procédés d'exploration médiate et immédiate des
reins; l'autre expose les procédés de médecine opératoire
et leurs indications générales.
Le livre que nous venons d'analyser mérite de trouver
place dans toutes les bibliothèques chirurgicales. Nous
pourrions aussi en recommander la lecture à ceux des mé-
decins — par bonheur de plus en plus rares — qui ne peu-
vent se résoudre à voir porter le bistouri sur des viscères
qui pendant si longtemps n'ont été justiciables que de la
seule thérapeutique interne. Le livre de M. Le Dentu est
certes des plus démonstratifs, des plus aptes à combattre
cette erreur. Nous ajouterons, pour termmer, que le lec-
teur arrivera sans fatigue au bout de ces pages écrites avec
méthode et avec clarté.
A. Broga.
L'OEavre de Davafne (charbon, septicémie, parasitisme,
microbisme, anatomie, physiologie, anomalies, tératolo-
gie). 1 vol. de 860 pages avec 7 planches. — Paris, J.-B.
Baillière.
Le docteur A. Davaine a eu la pieuse pensée de réunir en
un volume les principaux mémoires publiés pser l'illustré
auteur des Recherches sur la maladie du sang de raie et
du Traité des entozoaires. c Le nom de C.-J. Davaine, dit
M. le professeur Laboulbène, dans la notice biographique
oui se trouve reproduite en tête de ce livre, restera dans
ravenir attaché aux questions du parasitisme. » Ces Ques-
tions primordiales, au point de vue de l'étiologie et ae la
prophylaxie des maladies infectieuses, il les a, en effet,
étudiées sous toutes leurs faces. Longue est la série des
mémoires qu'il a publiés pour affirmer, malgré les objec-
tions ou'on adressait alors à sa doctrine, le rôle capital des
bactéridies dans la transmission des maladies charbon-
neuses, soit de l'animal à l'homme, soit entre les animaux.
soi — N* 31 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
2 Aooi 1889
Il faut les lire dans tous leurs détails, pour en bien saisir
l'intérêt, pour bien comprendre, aujourd'hui que les Ira-
vaux de notre immortel Pasteur ont fait la lumière sur
toutes ces questions si complexes et si difficiles à résoudre,
que Davaine a été un initiateur, qu'il avait bien vu, bien
étudié tous les faits qu'il annonçait au monde savant.
On aura donc plaisir et profit à trouver réunis dans ce
volume tous les mémoires sur le charbon et la septicémie,
tous ceux qui ont trait au parasitisme animal et végétal, en
particulier le savant article du Dictionnaire encyclopé-
dique^ écrit avec le professeur Laboulbène» qui fut le plus
fidèle et le plus dévoué des collaborateurs de Davaine.
L. L.
VARIÉTÉS
Faculté de médecine de Paris. — A la suite du dernier
concours, M» Clado a été nommé chef de clinique chirurgicale,
et MM. Boissard et lissier, chefs de clinique obstétricale.
Écoles de médecine. — Par décret, en date du 2i juillet 1889)
les professeurs titulaires des écoles de plein exercice et prépa-
ratoires de médecine et de pharmacie sont nommés par le
ministre de Tinstruction publique, après avis de la section per-
manente du Conseil supérieur de rinstruction publique.
Concours de clinicat. — l.e concours du clinicat chirurgical
s'est terminé par la nomination de M. Clado. Le concours du
clinicat obstétrical s'est terminé par la nomination de MM. lioissard
et Tissier.
Faculté de médecine de Nancy. — Sont maintenus pour
Tannée scolaire 1 889-1 8D0, dans les fonctions ci-après désignées,
à' la Faculté de médecine de Nancy:
MM. Yallois, chef des travaux du laboratoire d^hygiène;
Pierrot, chef des travaux du l«aboratoire de thérapeutique ;
Bafi^ncris, chef des travaux du laboratoire de phvsique ; Lambert,
préparateur du laboratoire de physique, Cnambelland, aide
d*anatomie pathologique ; Mouginet, aide d'histoire naturelle ;
Parisot (Paul), aide d'histologie (en remplacement de M. Frianl).
MM. Senique (Alfred) et Adam (François-Joseph-Alexis) sont
nommés, pour trois ans, cliefs de clinique chirurgicale, en rem-
placement de MM. Etienne et Vautrin, dont le temps d'exercice
est expiré*
École de médecine de Toulouse. — M. Bébard, suppléant des
chaires d'anatomie et de physiologie, est institué, en outre, pour
une période de neuf ans, chef des travaux anatomiques et phy-
siologiques à ladite école.
Corps de santé de la marine. — k été nommé: Au grade de
médecin de deuxière clcuse^ M. Corolleur, docteur en médecine,
médecin auxiliaire de S** classe.
Congrès internationaux. — Jeudi 1*' août, à dix heures. —
Séance d'ouverture du Congrès de thérapeutiaue. Séances du
l'^'' au i août, à Thôtel des Sociétés savantes, 28, rue Serpente.
A trois heures, séance plénière: a. Des analgésiques antither-
iniques; b. Des toniques du cœur.
Vendredi % à neuf heures. — Réunion des sections: commu-
nications diverses. A trois heures, séance ^\^mhvt: Antiseptique
propre à chaque espèce de microbe pathogène.
Samedi ?, à neuf heures. — Réunion des sections: communi-
cations diverses. A trois heures: a. Des drogues nouvelles d'o-
rigine végétale ; b. Unification des mesures et des poids
employés dans les formules; c. De rutilité d'une pharmacopée
internationale; d. Vote sur les vœux formulés.
Dimanche A, à trois heures. — Séance d'ouverture du Congrès
d'hygiène et de démographie. Séances du i au i 1 août, à TEcole
de médecine.
Lundi 5, à neuf heures du matin. — Séance d'ouverture du
Congrès de dermatologie et de syphiligraphie. Séance du 5 au
10 août, au musée de rhdpital Saint-Louis, rue Bichat.
Lundi 5, à trois heures. — Séance d'ouverture du Conarès de
médecine mentale. Séances du 5 au 10 août, au Collège de
France.
Mardi 6, à deux heures. — Séance d'ouverture du Congrès de
psychologie physiologique. Séances du 6 au 10 août, à la Faculté
de médecine (amphithéûtrc du laboratoire de physiologie).
Congrès français de chirurgie (i* session, Paris, 1889>. —
La nuatrième session du Congrès français de chirurgie se tiendra
du 14 au !20 octobre 1889, à Paris, dans le grand amphithéâtre
de TEcole de médecine, sous la présidence de M. le baron
Larrey. Séance d'ouverture lundi U octobre, à deux heures.
Questions à V ordre du jour (vov. l'article III du règlement):
les questions suivantes sont mises a Tordre du jour du Congrus:
l"* Résultats immédiats et éloignés des opérations pratiquée^;
pour les tuberculoses locales;
â<> Traitement chirurcficat de la péritonite;
3*^ Traitement des anévrysmes des membres.
Congrès de Berlin. — Nous recevons la communication sui-
vante:
c Les soussignés ont riionneur de porter à votre connaissance
que conformément à la délibération prise, lors de la dernière
session à Washington, dans la séance du 9 septembre 1887, le
dixième Congrès médical international aura lien à Berlin.
c Le Congrès sera ouvert le 4 et sera clos le 9 août 1890.
c Des communications détail lées« par rapport au programme,
suivront sans délai ce premier avis, aussitôt que rassemblée
des déléfi[ués des Facultés de médecine et des Sociétés médicales
allemandes, convoquée au 17 septembre à Heidelberg, aura pris
une décision définitive à ce sujet.
c En attendant, nous venons recourir à voire obligeance, en
priant de bien vouloir faire connaître dans vos cercles scienti-
hques le contenu de ce qui précède, et rie leur transmettre en
même temps une invitation courtoise de notre part.
c Von Bergmann, Virchow, Waldeyer. >
Société française de dermatologie et de syphiligraphie. -
Il vient de se fonder une Société française de dermatologie tH
de syphiligraphie qui se réunira deux fois par an.
Elle a nommé présidents d*honneur, MM. Ricord etDiday;
président, M. Hardy ; vice-présidents, MM. Ernest Besnier et
Alfred Fournier ; secrétaire général, M. E. Vidal; sécrétai re>
annuels, MM. Barthélémy, Foulard, Thibierge et Verchère; tré-
sorier, M. Du Castel.
Dans une réunion qui aura lieu le jeudi 8 août, à huit heures
et demie du soir, il sera procédé à Télection d'un troisiômc
vice-président et de deux secrétaires choisis parmi les membres
de la Société résidant dans les départements et on fixera la date
des sessions semestrielles, qui dureront chacune trois jours.
Société médicale des hôpitaux ^éance du vendredi
9 août). — Ordre du jour : M. Gaucher : Nouvelles observations
sur le traitement de la diphlhérie. — M. Debove: Note sur Tali-
mentation.
A partir du 9 août, la Société entrera en vacances, pour re-
prendre le cours de ses séances le vendredi 11 octobre.
Mortalité a Paris (âi)« semaine, du U au 20 juillet
1889. — Population : 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde, tii.
— Variole, 3. — Rougeole, U. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 17. — Diphthérie, croup, 25. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 188. — Autres tuberculoses, 19. — Tumeurs:
cancéreuses, il; autres, 7. — Méningite, 41. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 44. — Paralysie, 4. —
Ramollissement cérébral, 7. — Maladies orj^niques du cœur, 48.
— Bronchite aiguë, 22. — Bronchite chronique, 13. — Broncho-
pneumonie, 16. ^ Pneumonie, 21. — Gastro-entérite: sein,3i;
biberon, 146. — ^Autres diarrhées, 9. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 30. — Sénilité, 27. — Suicides, 12. — Autres morts
violentes, 8. — Autres causes
inconnues, 10. — Total : 989.
de mort, 146. — Causes
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
19937. — MoTTiaos. — luprimeries réuniei, A, rue Mlgnoa S, Paris.
Trentb^sixième année
N*32
9 AoOT 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTIOI^
M. LE D"* L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD. G. DIEUUFOY, DREYFUSBRISAC. FRARCOIS-FRARCK, A. HCROCQUE, A.g. MARTIR, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Leseboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOIIIIAIRB.- Bulletin.— GoMTHiBUTioMS pharmaceutiques. Sur le phosphaio
.iride de chaux ou phoiphale moaocalcique. — Revue des cours et des cli-
niques. Pieulté do médecine. Cour* de H. le professeur Guyon : Du traitement
«consécutif des artliropatbies. -^ Travaux orioinaux. Neuropathologie : Cysto-
.'èlo.Tajpinale; opération faite dans le sommeil hypnotique. — Clinique mëdi-
••alo : Kyste hydatiquc du foie traité par l'injection de liqueur de Van Swielcn ;
;Oiérî.4on. — Revue des GONsnàs. 8* Coogrèi de médecine interne (Wiesbadnn,
i«89). — SociiTés SAVANTES. — Académie de médedue. — Société de chi-
rurgie. — Société de biologie. — Bibliographie. La maladie pyocyanique. —
Variétés. Faculté de médecine de Paris.
BULLETIN
Paris, 7 août 1889.
Académie des sciences : aiyphuis Taceinaie. — rrophy-
mie die la tnfcerMioM. — Congrès d'hygiène,
La question du choix à faire entre le vaccin jennérien et
la vaccine animale vient d'èlre de nouveau posée avec la
plus grande netteté devant l'Académie par M. Fournier.
Elle Test aussi devant Topinion publique par le retentis-
sement que ne manquera pas d'avoir le récit des cinq cas de
syphilis vaccinale survenus chez des enfants inoculés avec
le vaccin de TAcadémie et que M. Hervieux a tenu à com-
muniquer immédiatement à ses collègues.
Déjà Topinion publique, si facilement impressionnable,
s'égarait; on ne parlait rien moins que de cinquante, quel-
ques-uns allaient jusqu'à soixante, victimes, et il était
urgent d'établir la vérité sur ces faits douloreux. Il élait,
d'autre part, impossible de trancher séance tenante la dif-
ficile et délicate question soulevée par M. Fournier. Le sa-
vant médecin de Saint-Louis affirme, avec toute l'autorité
de sa parole, que c la sécurité absolue n'existe pas, ne sau-
rait exister avec le vaccin humain »; d'autre part, l'habile,
prudent et dévoué directeur du service de la vaccine,
M. Hervieux, estime que l'abandon du vaccin jennérien
« serait une injustice et une ingratitude ». Entre ces diver-
jrences, l'Académie devra se prononcer, d'après les éléments
d'appréciation que la Commission de vaccine est chargée
de lui fournir. Ces éléments abondent d'ailleurs, car In
pratique des nombreux instituts de vaccine, français et
étrangers, les résultats obtenus par la vaccination ani-
male dans notre armée, etc., montrent bien avec quelle
facilité la vaccination animale s'est aujourd'hui généra-
lisée. Elle aussi sans doute, elle a eu quelques accidents
1res rares, mais ils ont toujours été causés par des altéra-
lions dont les perfectionnements de la pratique permettent
assurément d'éviter le retour ; l'on peut affirmer, ainsi
que le déclare M. le professeur Layet dans le remarquable
traité de vaccination animale qu'il vient de publier, que
2» Séaib t. XXVI.
« la pratique des inoculations à l'homme du cow-pox de
culture ou cow-pox artificiel transmis par piqûres ou pe-
tites incisions, offre de très grands avantages de générali-
sation de la vaccine, dans une organisations administrative
bien entendue des services publics de la vaccination >.
Le Comité consultatif d'hygiène publique de France a
récemment aussi étudié cette question, sur un rapport con-
sidérable de M. le professeur Proust. Étant donné que la
vaccination animale confère une immunité semblable à
celle que donne la vaccination jennérienne, et comme,
lorsqu'il s'agit d'imposer la vaccination, la vaccination ani-
male présente certains avantages, tels que l'impossibilité
de transmettre la syphilis, par exemple, c'est à la vaccina-
tion animale que le Comité a donné la préférence. < En
prenant de jeunes veaux de trois mois environ, fait obser-
ver M. Proust, on n'a guère à redouter la transmission de
la tuberculose. En effet d'une part la tuberculose est très
rare sur les veaux de lait. D*autre part, le bacille tubercu-
leux parait avoir fort peu d'aptitude à passer dans la lymphe
vaccinale. En effet, Lothar Meyer, avec l'assistance de
F. Guttmann, n'a pas trouvé le bacille de Koch dans la
lymphe vaccinale recueillie sur des sujets tuberculeux.
De plus, les expériences de M. Josserand exécutées
dans le laboratoire de M. Chauveau, expériences confirmées
par celles de H. Straus, ont démontré que cette lymphe
vaccinale des tuberculeux, injectée, sur le cobaye, dans le
tissu conjonctif sous-cutané ou dans le péritoine, ne pro-
voque pas l'infection tuberculeuse dans l'immense majorité,
sinon dans la totalité des cas. Enfin, chose importante, il a
été établi par M. Chauveau d'abord, puis par Dollinger, que
le virus tuberculeux le plus actif, inoculé à la peau, par
piqûres sous^pidermiques on par scarifications artificielles,
ne communique pas la tuberculose aux sujets d'expé-
riences. Il résulte de ces faits que le danger de transmettre
la tuberculose par la vaccination animale est donc illusoire,
malgré quelques expériences dont la publication a pro-
duit une émotion non justifiée. Cependant, pour se mettre
à l'abri de toute contagion possible, on pourra préférer à la
vaccination de génisse à bras la pulpe vaccinale en prenant
la précaution suivante : dès que cette pulpe est recueillie,
on sacrifie l'animal, on en fait l'autopsie, pour s'assurer
qu'il n'est pas tuberculeux. La pulpe est d'ailleurs très ac-
tive, elle offre cette supériorité sur la vaccination de génisse
à bras qu'elle ne présente aucune difficulté pour le trans-
port. Enfin aucun produit de vaccination n'est perdu. D'un
autre côté, la syphilis n'est pas à redouter puisqu'elle ne
peut être transmise aux animaux. Enfin la vaccination ani-
3«
506 — N* 32 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
9 Août 1889
maie donne une* source abondante de vaccin qu'il serait
presque impossible d'obtenir avec la vaccination jenné-
rienne. Aussi à cause des gages de sécurité qu'elle pré-
sente, et en raison des facilités qu'elle donne pour les vac-
cinations et les revaccinactions en masse, la vaccination
animale me semble devoir être choisie. Il est bien entendu
toutefois que le vaccin jennérien devra continuer à être
cultivé là où il Test aujourd'hui, à l'Académie de médecine
par exemple, et qu'il pourra continuer à être utilisé dans
certaines circonstances données. »
Il ne nous parait pas douteux que l'Académie ne souscrive
à ces propositions. Quelque intérêt qu'il y ait à s'entourer
en pareille matière de tous les moyens d'information qui
peuvent être recueillis et d'agir avec une extrême prudence,
il est désirable que son opinion soit bientôt connue. L'émo-
tion jetée dans le public par les communications d'au-
jourd'hui doit être très promptement calmée. Peut-être
eût-il mieux valu ne la provoquer qu'après une entente
préalable de la Commission de vaccine sur les mesures à
prendre pour éviter le retour de pareils faits ; telle est du
moins une opinion qu'on nous a prié d'exprimer. En tout
cas, il faut le dire bien haut— et une déclaration formelle,
immédiatement votée par FAcadémie, n'eût pas été inutile, —
de tels accidents ne sauraient infirmer les bienfaits dus à la
vaccine. Ce que personne ne saurait aujourd'hui contredire
de bonne foi, c'est que la variole a presque complètement
disparu des pays où la vaccination et la revaccination sont
obligatoires et régulièrement pratiquées.
La prophylaxie de la tuberculose soulève tant de diffi-
cultés pratiques que l'examen des instructions proposées à
l'adoption de l'Académie occupera sans doute plusieurs
séances. Cet examen a donné lieu de la part de MM. Dujar-
din-Beaumetz, Daremberg et Germain Sée à des observa-
tions qui ne tendraient à rien moins qu'à supprimer la plus
grande partie des recommandations soumises à l'Académie.
On peut ainsi voir une fois de plus combien il est difficile
de pratiquer la prophylaxie des maladies transmissibles,
lorsqu'elle doit profondément modifier les habitudes
sociales. S'agit-il de malades hospitalisés, ici tout devient
plus aisé ; mais, lorsque les mesures préventives doivent
être pratiquées au domicile particulier des personnes
atteintes, l'embarras devient grand. Et cependant il faut ici
pouvoir s'occuper des moindres détails; chacun d'eux a son
importance; aussi la prophylaxie doit-elle tout d'abord
n'exiger que les précautions les plus indispensables, celles
dont l'efficacité est le mieux démontrée. Elle gagnerait
beaucoup dans l'opinion publique à se limiter à un petit
nombre de points.
La découverte du bacille de la tuberculose a éclairé le
problème ; les progrès de la technique sanitaire en facilitent
les divei*ses solutions, pour peu que l'on se garde de multi-
plier comme à plaisir les difficultés et de vouloir tout d'un
coup modifier toutes les habitudes, quelque regrettables ou
quelque dangereuses qu'elles soient.
Il est hors de doute que la recommandation de n'ad-
mettre dans l'alimentation que des viandes profondément
cuites, ne parait pas suffisamment justifiée; car, à suppo-
ser que le tissu musculaire et le sang renferment des
bacilles tuberculeux, la cuisson ne les atteindrait dans la
profondeur des morceaux de viande qu'à une température
où la viande serait devenue immangeable. Les expériences
déjà anciennes de MM. Léon Colin, Yallin, Hudelo, mon-
trent que les parties centrales des viandes r6tîes d*aprè>
nos pratiques culinaires atteignent une température qui dp
donne même pas une garantie complète contre des parasite^
tels que les trichines que la chair des animaux pourrai:
contenir; quant aux viandes bouillies, il faut, même pour
la viande fraîche de bœuf, qui est lâche et peu serrée,
quatre heures d'ébullition pour qu'une pièce de 3 kilo-
grammes atteigne 90 ou 100 degrés.
Le danger généralement attribué aujourd'hui à Tus;!^.'
du lait cru tend également à modifier d'une façon si consi-
dérable nos habitudes, que l'on ne saurait s'étonner de voir
un grand nombre de personnes hésiter à suivre les précepte>
que la science a si positivement établis à cet égard. Il en
est de même de la destruction des crachats des phtbisique-
et des procédés de nettoiement et de désinfection appli-
cables à la tuberculose. La discussion actuellement pen-
dante nous permettra de revenir sur ces divers points. I)
ne nous parait pas douteux qu'en dépit de certaines diver-
gences, plus apparentes que réelles, l'accord ne tardera pas
à se faire sur les précautions vraiment indispensables qui
permettront de diminuer les ravages de la plus meuiirièrt»
de nos aiTections contemporaines.
Quatre Congrès internationaux tiennent en ce moment
leurs séances, qui intéressent également les médecins:
quatre autres vont s'ouvrir d'ici à la fin de la semaine.
Fidèle à la décision qu'elle a prise depuis quelques années,
la Gazette résumera, en les groupant sous des rubrique^
spéciales, les principaux travaux de ces réunions qui
embrassent toutes les branches de la médecine. Il noufi
sera toutefois permis aujourd'hui d'apprécier tout particu-
lièrement l'important et remarquable discours présidentiel
prononcé par M. le doyen Brouardel, dimanche 4 août, à
l'ouverture du Congrès international d'hygiène et de démo-
graphie, dans le grand amphithéâtre de la Faculté ôe
médecine. Cette page éloquente trace nettement le point de
vue auquel se place aujourd'hui la science sanitaire, et il
caractérise, avec une grande précision, la portée de ses
efforts et la valeur de ses résultats. Au moment où l'Aca-
démie engage devant elle deux discussions de la plus haute
gravité sur le vaccin et sur la prophylaxie de la tubercu-
lose, les déclarations si autorisées de M. Brouardel sont
plus que jamais dignes d'attention:
€ L'hygiène, a-t-il tenu à dire, n'est plus un champ livrt^
aux recherches d'une petite confrérie. Elle a détruit ses
vieux remparts. Elle a appelé à son aide tons les citoyens
de bonne volonté, quelle que soit leur profession, quelle
que soit leur nationalité. Elle a compris que son rôle ne se
limitait pas à des conseils individuels; que les découverte>
de ses maîtres lui imposaient de nouveaux devoirs, elle les
a acceptés. Elle a proclamé la solidarité des habitants les
uns vis-à-vis des autres, de toutes les agglomérations hu-
maines entre elles. Elle a reconnu que les frontières géo-
graphiques n'arrêtaient ni les épidémies, ni les produits
falsifiés. La réunion des conférences internationales, celle
des congrès, est la démonstration éclatante de cette vérité.
Aujourd'hui, il n'est plus personne qui ne rende hommap*
à l'hygiène, hommage trop souvent platonique. Mais si le
mot du moraliste est vrai, si l'hypocrisie n'est qu'un hom-
mage rendu à la vertu, n'est-ce pas déjà quelque chose que
d'avoir obtenu pour l'idole un respect réel ou apparent?
« Des projets de loi sur l'organisation des différents ser-
vices de l'hygiène, sur la prophylaxie des épidémies, sur les
9 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 32 — 507
falsifications des denrées alimentaires, sont à Tordre du jour
des parlements de tous les pays. Les discussions réservées
jusqu'à ce jour aux Académies de médecine et aux Sociétés
savantes ont fait invasion dans les Chambres législatives.
« Sommes-nous donc près du port ? Devons-nous rendre
grâces aux dieux et déclarer notre tâche terminée ? Hélas,
non. Chacun, dans la société, a conscience que nous sommes
mieux armés pour la défense de la vie et de la santé de
nos concitoyens, on attend avec espoir, on nous reproche
même nos lenteurs. Mais chaque fois que nous voulons
présenter dans le monde le nouveau Messie, il s'élève un
concert de cris de douleur. C'est que nous nous heurtons
à un obstacle terrible. La solution d'une question d'hygiène
publique, qu'il s'agisse de l'assainissement des ports, des
villes, des campagnes, de la poursuite des falsifications,
nécessite une dépense ou compromet des intérêts.
< Pour assainir une maison, une ville, il faut faire des
travaux ; pour se défendre contre l'importation des maladies
exotiques, il faut relarder le déchargement d'un navire;
pour interdire la vente d'une denrée nuisible à la santé, il
faut troubler des intérêts plus ou moins respectables, mais
qu'importe ? ceux qui sont atteints par la dépense ou lésés
dans leurs transactions protestent, ils initient le public à
leurs doléances. Ceux qui, protégés, n'ont pas été victimes
de la peste, de la fièvre jaune, du choléra, de la fièvre
typhoïde, ceux qui ne sont plus empoisonnés parles den-
rées falsifiées, élèvent-ils la voix pour contredire aux
plaintes que Ton entend de toutes parts? Nullement. Com-
ment me croirais-je obligé d'adresser un témoignage de
reconnaissance à quelqu'un, voire même au gouverne-
ment, peu habitué d'ailleurs à entendre ces sortes de mani-
festation, pour une maladie que je n'ai pas eue, que j'aurais
pu avoir peut-être ? j'ignore même le plus souvent que le
danger m'a menacé. L'homme satisfait est muet par nature,
la victime ou la personne qui se croit victime est seule
disposée à communiquer ses impressions à ses concitoyens
Aussi l'intervention de l'hygiène n'a pas la réputation df
faire naître de vives satisfactions. Cela se dit et parfois
même se met en chansons...
€ Quand, dans un pays quelconque, ceux qui ont l'hon-
neur d'être appelés dans les conseils du gouvernement pro-
posent de prendre telle ou telle mesure d'hygiène, quand
ils demandent aux pouvoirs publics de transformer en des
actes leurs conceptions hygiéniques, ils sont obligés d'avouer
que le premier résultat sera une dépense. Chacun défend
son intérêt pécuniaire, plus tangible pour lui que l'intérêt
de sa vie ou celle de sa famille. La dépense est certaine, le
danger personnel douteux ou inconnu.
« Le gouvernement hésite. La valeur scientifique ou pra-
tique de la résolution est elle-même contestée. Il y a tou-
jours quelque savant ou quelque médecin qui ne partage
pas l'avis émis par ses confrères. II va parfois même, quand
il n'a plus d'autre argument, jusqu'à les accuser défaire
une chose horrible, de a la science officielle >. Je ne sais ce
que représente cette locution, à moins qu'elle ne veuille
dire que l'hygiéniste est condamné à remuer sans cesse les
mêmes idées dans des discussions purement académiques,
à ne jamais en parler aux pouvoirs publics, à ne jamais
leur demander de transformer en actes les décisions capa-
bles d'améliorer le sort des populations.
<( En présence de ces débats et de ces plaintes, le gou-
vernement est troublé. Mais si, après un de ces congrès,
nous venons le trouver, si nous lui disons : c La question
« qui vous préoccupe a été débattue publiquement, dans
« des congrès auxquels pouvaient prendre part tous les
a médecins, ingénieurs, chimistes, architectes, tons les'
« citoyens qui dans le monde entier s'intéressent aux
« choses de l'hygiène; cette question était portée à l'ordre
« du jour, on savait qu'elle serait étudiée; les savants de
< tous les pays sont venus, des résolutions ont été propo-
« sées et acceptées, celles que je vous avais soumises ont
ft été adoptées. i> comment voulez-vous que les pouvoirs
publics hésitent encore?
c Telle est, suivant moi, une des raisons d'être de nos
congrès : discerner les questions que l'on peut actuelle-
ment résoudre, les étudier, formuler des conclusions en se
limitant tout d'abord à préciser les poinis principaux;
exposer comment, dans les' divers pays, les mêmes pro-
blèmes ont été résolus. Dans les sciences. d'application, en
effet, les solutions peuvent être diverses suivant les lieux et
les circonstances. Il appartient ensuite à chacun de nous de
choisir celles qui sont le mieux appropriées à son pays, à
ses mœurs, à la législation en vigueur. »
C'est ainsi que l'accord a pu se faire, à la suite des con-
grès antérieurs, sur les moyens de préserver l'Europe contre
l'envahissement des maladies exotiques, c'est ainsi qu'on
sait aujourd'hui comment empêcher la propagation de
quelques-unes des maladies transmissibles nées à l'intérieur
du territoire, qu'il n'y a plus de discussion sur le meilleur
mode d'assainissement des villes et que la nocuité de cer-
taines falsifications a été bien établie. Ainsi l'hygiène a
cessé d'être conjecturale et elle a pu obtenir des résultats
appréciables pour la santé publique.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Sur le phosphate aelde de chaux on phosphate
mooocolelqae.
Parmi les produits chimiques qui sont exposés au Champ
de Mars, il en est un, le phosphate monocalcique, qui
mérite l'attention des pharmaciens.
Jusqu'à ce jour, on ne connaissait ce produit que sous la
forme de cristaux blancs enchevêtrés, nacrés, déliquescents
et ayant presque la consistance du miel. On n'avait jamais
pu le priver de son excès d'acide phosphorique. De là, la
nécessité des solutions neutres de lacto et chlorhydro-
phosphate de chaux, qui sont depuis longtemps d'un usage
courant en médecine.
J'ai examiné les blocs cristallisés de phosphate acide de
chaux de l'Exposition, et j'ai trouvé qu'ils ne contenaient
que i pour 100 d'acide phosphorique en excès. Cette quan-
tité peut, à bon droit, être considérée comme négligeable.
Désormais, les médecins qui voudront prescrire un phos-
phate de chaux soluble. pourront ordonner celui-là sous
forme de solution ou de sirop. Il ne peut être administré ni
en pilules, ni en paquets ou cachets; mais, à la rigueur, on
pourrait le mettre en capsules de â5 centigrammes.
La solution se formulerait ainsi :
Phosphate monocalcique 5 grammes.
Eau distillée 300 —
Chaque cuillerée à soupe contiendra !25 centigrammes du
sel, sera prise au moment des repas, pure ou avec un peu
de vin.
508 _ N* 32 —
GAZETTE HEBDOMADAIEUB DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
9 AooT 1889
La formule du sirop serait la suivante :
Phosphate monocalcique 5 grammes.
Sirop simple 400 —
Essence de citrons IV gouttes.
La cuillerée à soupe contiendra ainsi 25 centigrammes de
phosphate de chaux absolument pur.
Voici quel est le procédé de fabrication de ce produit :
Les os calcinés, blancs, triés avec soin, pulvérisés, délayés
dans de l'eau bouillante, sont traités par Tacide sulfurique
concentré.
Le magma, obtenu après vingt-quatre heures de contact,
est étendu d'eau bouillante et passé au filtre-presse, pour
séparer le sulfate de chaux ; le liquide acide obtenu est
évaporé jusqu'à apparition du sulfate de chaux resté en dis-
solution dans le liquide; on laisse refroidir, on filtre; et.
si l'on suivait le Codex, on laisserait cristalliser après con-
centration ; mais, pour obtenir les gros cristaux de phosphate
pur, il faut chauffer fortement la liqueur dans une bassine
de platine pour en chasser l'acide fluorhydrique ; étendre
d'eau à nouveau, ajouter avec précaution du phosphate
acide de baryte pour précipiter l'acide sulfurique en excès;
filtrer pour séparer le sulfate de baryte; faire passer dans
les liqueurs un courant d'hydrogène sulfuré pour séparer
l'arsenic (si l'on s'est servi de Tacide sulfurique commer-
cial, et c'est l'habitude dans l'industrie); faire évaporer
jusqu'à consistance sirupeuse, et laisser cristalliser. A la
longue, il se dépose des cristaux que l'on fait égoutter et
que l'on sèche autant que possible.
Ce phosphate doit être conservé dans des flacons soigneu-
sement bouchés.
Pierre Vigieu.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Fneiilté de médecine. — Couru de n. le proffeAflcur
Clayon.
DU TRAITEMENT CONSÉCUTIF DES ARTHROPATHIES
Dans un article publié par la Gazette du 21 juin dernier
nous avons étudié les raideurs articulaires, d'après une
leçon du professeur Guyon, en nous plaçant au point de vue
exclusif de l'administration des mouvements communiqués.
Mais, si le mouvement est l'agent thérapeutique le plus im-
portant, il n'est certes pas le seul, et le chirurgien dispose
de moyens adjuvants qu il y a intérêt majeur à bien con-
naître. Nous allons reproduire une leçon que M. Guyon a
consacrée à la vulgarisation de ces préceptes et dont il a
bien voulu nous communiquer la rédaction. A. B.
La plupart des arthropathies se traitent pendant leur
période d'état par l'immobilisation dans la position pbysio-
logi(jue de repos, puis, pour terminer la cure, il faut rendre
h la jointure le plus possible de ses fonctions. L'idéal du
traitement des lésions articulaires est en effet un traite-
liir.l fonctionnel; et ce traitement fonctionnel peut être
défini : l'art de conserver en méthode curative le repos phy-
siologique des articulations et leur jeu normal. Cette défi-
nition démontre que le but doit être d'allier la physiologie
à la thérapeutique : ce fut là une des pensées directrices de
Bonnet, dont les idées ne sont peut-être pas, à ce point, de
vue spécial, aussi répandues qu'elles le méritent.
De rimmobilisation en bonne position il ne sera pas
question ici; le seul traitement consécutif sera envisagé.
D'autre part, la définition précédente n'est pas assez corn-
! préhensive. Elle ne vise, en effet, que rarliculation. Or. i
toutes les périodes du traitement, il faut s'occuper av^'
sollicitude du membre entier qui porte la lésion. Mîeu
encore : tout l'organisme doit être l'objet de nos soins ; dou>
devons combattre avec vigilance les états diathésiques qu
sont si souvent l'origine des arthropathies. Mais cette part-
purement médicale ne sera pas développée : c'est du sein
traitement local que nous nous occuperons, énuméraf..
d'abord les moyens nue nous avons à notre disposition, pui>
en décrivant les moues d'application, pour terminer par 1
résumé de leurs principales indications.
L Les moyens destinés à rendre à la jointure son action
s'adressent directement à elle, à ses parties périphérique^,
au membre entier. Ainsi, au niveau même de la jointure
malade, les moyens sont intra-articulaires ou péri-artîcu-
laires. En ce qui concerne le membre entier, ils eherchem
surtout à combattre les désordres musculaires, mais ils m
doivent pas oublier la peau, le tissu cellulaire superficiel «i
profond.
Ces moyens sont les mouvements, le massage, les fric-
tiens, la température, l'électricité et la balnéation.
Parmi tous, le mouvement est le plus essentiel : c'e>i
l'aliment nécessaire de la vie intra-articulaire normale.
L'administrer, c'est rompre le jeiîne de l'articulation m.i-
lade lorsque la diète, cesl-à-dire le repos, a terminé sou
rôle. Il ne faudrait pas croire, d'ailleurs, que le mouvement
n'a d'effet que sur les parties intra-articulaires. Les partie-
Siéri-articulaires, le membre tout entier en bénéficient,
lais les mouvements à distance, le glissement des partie*^
molles les unes sur les autres sont bien plus efficacement
obtenus par le massage , et de plus l'électricité faradiqur
permet de mettre directement les muscles en jeu.
Dans tout cela, c'est la mobilisation qu'on vise. Pour par-
venir au but, il faut ne point oublier un principe général : on
ferait erreur si l'on cherchait à restituer, dès l'abord, de>
mouvements d'ensemble. On doit procéder par degrés, par
dissociations élémentaires, pour atteindre peu à peu le but.
C'est ce que Bonnet a admirablement compris; c est ce qu*il
a cherché à réaliser pour chaque jointure, pour chaqur
section des membres, pour chaque membre.
Le massage vient d'être rangé parmi les agents de U
mobilisation. Mais il a surtout à jouer le r6le de modifica*
leur. Son principal effet est de favoriser les résorptions.
d'être un agent éliminateur. Ne fait-il pas résorber un épan-
chement séro-sanguin (et là son rôle est en partie un rôle
mécanique de dissémination), tout comme il lait fondre les
engorgements chroniques qui épaississent les tissus?
Les frictions, la température, les douches, l'électrisation
galvanique agissent dans le même sens, mais ont sur U
nutrition cellulaire une influence plus particulière.
La balnéation, qui emprunte pour une bonne part se^^
effets à l'action de la température, a de plus une influence
très spéciale. Elle assouplit et détend les tissus, en sorte
qu'elle favorise très nettement la mobilisation. Grâce à elle,
les mouvements d'ensemble deviennent possibles à une
époque du traitement où, sans elle, les mouvements partiels
seraient seuls obtenus. De même, c'est d'abord au sortir du
bain que les mouvements volontaires sont souvent effectu<^<
pour la première fois.
Telle est l'énumération rapide des divers agents du trai-
tement fonctionnel. Avant d'aller plus loin, il faut tâcher
d'analyser l'action de chacun d'eux.
A propos des raideurs articulaires, nous plaçant au point
de vue de la clinique pure, nous avons monti^é la douleur
vive, mais passagère, qu'éveillent les mouvements commu-
niqués. Ce n'est pas tout. Après la douleur se produisent
bientôt de la chaleur et du gonflement. Cette triaae symplo-
matique est donc celle de l'inflammation, c'est-à-dire que
les premiers effets du mouvement sont en quelque sorte
0 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 32 - 509
F»athoIogîqaes, et Ton comprend, dès lors, que Tétat |)alho-
ogi(}ue puisse devenir franc et entraver la cure, si Ton
administre le mouvement avec quelque brutalité ou à une
époque mal choisie. Répétons-le, c'est à la durée des
symptômes, de la douleur surtout, qu'il faut demander des
renseignements à ce sujet.
Aucun autre moyen ne peut remplacer le mouvement. Il
est incontestable toutefois que les autres agents précédem-
ment énumérés sont des auxiliaires précieux. Ils rendront
aux muscles la puissance perdue et ils assoupliront les par-
ties molles dans leur ensemble.
Le massage a, dans cet ordre d'idées, une grande im-
portance, mais il ne faut pas mettre à son compte, comme
on le fait journellement, tout ce qui est gagné par les mou-
vements. Sans doute, Hippocrale écrit « qu'il relâchera une
articulation trop serrée et resserrera une articulation trop
lâche », et, sans contredit, ces effets si disparates sont
obtenus dans une certaine limite. Il ne faudrait pas, cepen-
dant, dire que le massage possède toutes lès vertus.
De même que le mouvement, il détermine d'abord de la
douleur, fort vive, mais dont la fugacité doit servir de cri-
térium. Et même cette douleur s'apaise séance tenante,
malgré la répétition des manœuvres; déjà Celse conseille
le massage pour faire disparaître les dépôts dans les tissus,
et surtout pour soulager la douleur.
La résorption des épanchements péri-articulaires sous
rinduence du massage est incontestable. L'entorse en four-
nit chaque jour la preuve clinique, et le hasard de quelques
autopsies en a pu lournir la démonstration anatomique : on
trouve deux faits de ce genre dans la thèse de Lapervenche.
Ce qui est contestable cliniquement, c'est la disparition des
épanchements articulaires et, d'une façon générale, de
tout épanchement collecté. M. Guyon a bien souvent com-
paré, dans ces cas, l'action des révulsifs ou de la compres-
sion ouatée à celle du massage : rien de plus certain que les
effets des vésicatoires et de l'enveloppement compressif,
tandis que ceux du massage sont douteux ; une expérience
de von Mosengeil paraît cependant probante. Après avoir
injecté de l'encre de Chine dans les genoux d'un lapin, cet
auteur a soumis l'un des côtés au massage. Lorsqu'il a
sacrifié l'animal, au bout de vingt-quatre heures, il a constaté
que du côté non massé la jointure était pleine de liquide et
les ganglions lymphatiques étaient normaux; tandis que
l'articulation malaxée était asséchée et que des particules
d'encre de Chine coloraient les ganglions lymphatiques
correspondants. Les différences étaient assez prononcées
pour être reconnaissables à l'œil nu.
Le massage revendique aussi une action sur la contrac-
tilité musculaire. Les expériences de Zabludowski, de
von Mosengeil, de Reibmayr paraissent le démontrer. La
clinique prouve, d'ailleurs, qu'il remédie à l'atrophie,
moins vile il est vrai, et moins complètement que l'élec-
tricité. On ne saurait s'en étonner. La nutrition des muscles
n'est normale que si le mouvement entre en jeu, et le
pétrissage est, en somme, une série de mouvements com-
muniquée aux muscles, à leurs enveloppes, au tissu cellu-
laire qui les entoure. Il n'est donc pas étonnant c^ue le
massage puisse être préservatif ou curatif de l'atrophie.
Les frictions, de même que les mouvements, sont le plus
souvent mises, sous le nom d'effleurage, à l'actif du mas-
sage. Elles en diffèrent cependant, et dans leur mode d'ac-
tion, et dans leurs indications. Elles peuvent produire des
effets calmants aussi bien que des effets excitants, et con-
viennent particulièrement aux formes rhumatismales. Elles
favorisent nettement la circulation cutanée : après un pàlis-
sement momentané, la coloration s'établit, et suivant la
durée et l'intensité de la manœuvre on peut parcourir toute
la gamme des tons, du rose tendre au rouge vif. En même
temps se développe une sensation de chaleur, elle aussi
variable dans son intensité; la sécrétion cutanée est mise
enjeu et la peau s'assouplit, peut devenir moite. Il est à
noter que ces phénomènes s'observent surtout à la suite de
la friction sèche.
Ces effets circulatoires et sécrétoires sont la preuve gros-
sière qu'on est en droit d'attendre de la friction des modi-
fications nutritives; modifications locales ou générales,
suivant que l'application sera restreinte à une région, à un
membre ou sera, au contraire, étendue à tout le corps.
Entrerdansl'étudede ces modifications généralesseraitsortir
du cadre de la pathologie externe; mais le chirurgien n'ou-
bliera pas tout ce que la dermatologie nous enseigne sur
le rôle capital joué par le tégument entier chez les diathé-
siques, chez les dialhésiques uriques en particulier.
C'est encore sur la peau et par son intermédiaire qu'a-
gissent la température et les différents modes de la bal-
néation.
La température peut être utilisée à l'état sec ou humide,
c'est-à-dire sous forme de vapeurs ou d'air chaud ; de corps
qui ont emmagasiné du calorique ou qui sont imprégnés de
liquides à des températures variées. On peut «aussi arriver
au chaud en passant par le froid et faire alterner rapide-
ment des températures que séparent de brusques écarts
dans leur degré. Et la balnéation — dont nous avons déjà
indiqué le rôle d'assouplissement — emprunte une partie
de ses effets à l'action de la température.
Ainsi, frictions, température, nains, ont prise sur la cir-
culation, l'innervation, les sécrétions périphériques. Ces
moyens sont donc efficaces pour agir sur la vie cellulaire.
Action dynamique, par conséquent, à différencier dès lors de
l'action mécanique des mouvements, du massage.
L'électricité s'adresse à la fois au mouvement et à la
nutrition. Elle a sur les muscles une efficacité indiscutée.
Or l'état des muscles a, dans les arthropathies, une impor-
tance majeure. Non seulement les organes contractiles sont
la force appliquée aux leviers qu'ils meuvent et qu'ils
dirigent, mais encore ils sont pour bien des jointures des
ligaments actifs. Et d'ailleurs, tenir compte des muscles
est une indication de premier ordre, à toutes les périodes,
dans le traitement des lésions articulaires. Pendant la pé-
riode d'état, c'est des muscles que relèvent les attitudes
vicieuses : ne pas avoir les muscles contre soi est une des
conditions primordiales du traitement fonctionnel de repos.
Pendant la période de convalescence, l'impotence des
muscles est un des principaux ennemis : avoir les muscles
pour soi est une des conditions primordiales du traitement
fonctionnel d'activité. Pour atteindre ce but, l'électricité
est l'agent le plus précieux, sans dénier cependant toute
valeur aux frictions, aux douches, au massage.
A. Broc A.
(A mivre,)
TRAVAUX ORIGINAUX
. Nearopatliolog^e.
Cystocèle vaginale, opération faite dans le sommeil
HYPNOTIQUE. Communication faite à l'Académie de méde-
cine dans la séance du 30 Juillet 1889, par M. Mesnet.
Ce n'est pas sans une certaine émotion que j'aborde de
nouveau cette tribune, pour appeler votre attention sur la
question de l'hypnotisme.
J'aurais assurément gardé le silence si la communication
que j'ai à vous faire n'avait pour objet un fait matériel, tan-
gible, un fait chirurgical à joindre à l'ensemble des preuves
sur lesquelles se base la réalité de l'hypnotisme, et si mes
collègues de THôtel-Dieu, Tillaux, Bucquoy, Dumonlpal-
lier, ne m'avaient demandé d'être près de vous leur inter-
510 — N» 32
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
9 Août 188^
prèle dans l'exposé d'une opération à laquelle ils avaient
pris un grand intérêt.
Quand une question nouvelle apparaît — et pour celle-ci
plus que pour toute autre — elle se trouve, à ses débuts,
en face de deux écueils :
L'enthousiasme, avec toutes ses exagérations;
L'incrédulité, qui conduit à grands pas vers la négation
de parti pris!
Entre ces deux extrêmes, il est une part de vérité parfois
bien difficile à dégager, mais qui, bien établie et scientifi-
quement démontrée, devient la base solide, inébranlable,
sur laquelle se construit l'édifice.
Loin de moi la pensée de vous promener sur les fron-
tières de l'hypnotisme, moins encore de m'aventurer dans
ces sentiers" épineux d'où l'on peut sortir découragé et
meurtri ! Mon seul désir est de vous présenter une observa-
tion dont la véracité est incontestable, et dont la répétition
sera toujours possible dans des conditions identiques.
Le terrain sur lequel nous nous trouvons placé n'a pas de
sanction anatomique.
Quand, en effet, un trouble quelconque survient dans un
organisme, et que nous constatons des signes physiques,
matériels de lésions d'organes correspondants aux sym-
ptômes de la maladie, le rapport de cause à effet se dé-
montre de lui-même!
II n'en est point ainsi dans l'ordre des névroses, dont les
manifestations violentes, souvent instantanées, quelquefois
éphémères, appartiennent aux troubles dynamiques, simples
perturbations fonctionnelles qui ne laissent après elles
nulle trace de lésions appréciables. Mais, lors même que
i'analomie pathologique ne nous apporte, quant à présent
du moins, aucune démonstration organique, nous avons,
dans l'étude attentive des faits, dans l'observation suivie et
répétée des malades, un ensemble de preuves qui nous
permet de dire aujourd'hui avec assurance : que l'hypno-
tisme n'est point une illusion du médecin, non plus qu'une
jonglerie du sujet!
Poursuivie sous le double contrôle de la clinique et de
l'expérimentation, l'étude des névroses a depuis longtemps
fait justice des superstitions des temps passés, ainsi que
des influences occultes et merveilleuses du baquet ma-
aiquel La lumière s'est faite par la démonstration — chez
la plupart des malades accessibles à l'action hypnotique —
de phénomènes de perturbations nerveuses toujours sem-
blables à eux-mêmes, se succédant dans un ordre déter-
miné, si bien indiqué par notre collègue, le professeur
Charcot.
Sans doute, Vexistence de tels ou tels de ces phéno-
mènesy pris isolément, peut être contestée dans sa réa-
lité! On peut toujours nous dire :
€ Quelle I reuve avez-vous que ce malade, que vous piguez
avec une épingle, ne sent pas? Que celui-ci, qui vous dit ne
pas voir de l'œil droit ou de l'œil gauche, ne voit pas? Que
chez cet autre, le bras est réellement paralysé du mouve-
ment?
€ La seule preuve que vous ayez à nous donner est l'affir-
mation du malade et son insensibilité apparente!
« Vous pouvez donc être dupe!... »
Assurément, cette objection n'est pas sans valeur, et
l'illusion est possible quant au fait pris isolément chez un
malade d'aventure; mais si, poursuivant votre examen,
vous observez chez ce même malade la coexistence d'autres
perturbations nerveuses indépendantes de sa volonté^ indé-
pendantes de toute superclierie, la contestation est réduite
à néant et la négation devient impossible.
Je passe outre, et j'arrive à la démonstration directe, par
des faits scientifiquement établis, puisqu'ils ont à leur actif
les noms les plus autorisés!
De grandes opérations ont été faites pendant le sommeil
hypnotique; toutes ont été conduites à bonne fin, sans que
le malade ait souffert, sans qu'il ait eu connaissance it
l'intervention chirurgicale : il y a là une unité qui mériu
bien de fixer notre attention.
Mais, avant de vous entretenir de l'opération de M. Ti -
laux — dont je vais me faire l'interprète, tout en vou.»
exprimant le regret qu'il ne soit pas venu vous en pari''
lui-même avec l'autorité de parole que vous lui connai<>N<
et la parfaite sincérité d'un nouveau converti, — permettez
moi (fe vous rappeler d'autres opérations accomplies daih
les mêmes conditions. Parmi elles, il en est quelques-un>^
que nous connaissons tous :
Une amputation du sein pendant le sommeil hypnoli<(ue
faite par JulesCloquet en 18:29, tn Procès-verbal de l'Acadr
mie de médecine,- section de chirurgie, séance du 16 avril:
En 1845 et 1846, plusieurs opérations pratiquées à Cher-
bourg, par le docteur Loysel ; entre autres : une amputation
de la jambe; la section du tendon d'Achille; l'extirpalioi
de glandes sous-maxillaires;
A la même époque (1845), une amputatix)n du bras, p.t.
le docteur Jolly ;
En 1859, l'ouverture d'un abcès volumineux, très doe-
loureux, de la marge de l'anus, par BrocaetFoIlin,in»«i>>>
dans les Bulletins de la Société de chirurgie et les Bullt-
tins de l'Académie des sciences;
En 1859, une amputation de la cuisse, par le docteur
Guérineau, professeur à l'Ecole de médecine de Poitierv
dans la Gazette !iebdomadaire du 30décerobre 1859, pubiitt
et commentée par Verneuil ;
Dans la même année, une opération de fistule à ranu>.
par notre collègue Verneuil, qui m'a entretenu de ce fait
Plusieurs accouchements pratiqués dans l'état d'hypnose
ont eu les mêmes résultats, entre autres : une observation
du docteur Pritzl, assistant de Karl Bràun, à Vienne, sur
une femme accouchée par lui le 7 novembre 1885; uneautn
de Dumontpallier communiquée à la Société de biologie,
le 26 février 1887; une autre encore des docteurs Auvardei
Varnier, publiée dans les Annales de gynécologie, mai 1887;
une quatrième du 1"" avril 1887, que j'ai eu l'honneur d»
lire à cette tribune, et qui appartient à mon service de
l'Hôtel-Dieu.
Je ne vous citerai que ces quelques exemples nécessaijv>
aux besoins de ma cause; mais nos recueils, et ceu\ d<'
l'étranger, en Europe comme en Amérique, contenaui
un très grand nohibre de faits chirurgicaux afférents à
l'hypnotisme, notre bibliothécaire, M. Bureaux, se propoie
de les collectionner et de les réunir tous dans un mémoire
qui sera très prochainement publié.
J'arrive à Topération du 24 juin dernier, pratiquée pi»r
mon excellent collègue Tillaux, dans son service à rHùlel-
Dieu. L'observation est rédigée et écrite par M. Témoin, un
de ses internes. La voici :
Ous. — C. . . (Marie-Louise), âgée de vingt-cinq ans, journa-
lière.
l^as de renseignements importants sur les antécédents hérédi-
taires. Son père est mort des suites d'une affection de vessie; sii
mère vit encore et a toujours été bien portante; elle n'a ni frcre
ni sœur.
Antécédents personnels. — Toujours bien portante, réglée
pour la première fois à l'às^e de douze ans^ elle l'a toujoui>
été régulièrement depuis. Mariée il y a huit ans (à l'âge df
dix-sept ans), elle a eu un enfant il y a vingt-six mois seule-
ment.
Son accouchement fut extrêmement pénible, le travail dura
douze heures, on dut appliquer le forceps; elle eut une dkhi-
rure du périnée qui fut suturée immédiatement. Les suites «!''
cet accouchement furent simples, et trois semaines après, 1'^
malade reprenait ses occupations.
Début. — Depuis cette époque, la malade ressent une gèut^
considérable du côté de la vulve, elle ne peut rester debout sans
avoir des envies fréquentes d'uriner ; et bientôt elle constate,
en y portant la main, lu présence d'une tumeur à l'entrée "»
9 Août 1889
GAZETTE HEBDOMAfiAIRE DE MÉDECINE ET DE CHlRUtlGtË
— N» 32 — 511
vagin. Cette tameur, non douloureuse au toucher, augmente par
la station debout, par les efforts, diminue après la miction, et
détermine bientôt, non plus seulement de la gêne, mais des
douleurs incessantes avec picotements, élancements dans le canal
del'urèthre. Un médecin consulté lui ordonne le port d*un pes-
satre. D'abord, elle en est soulagée, mais bientôt il devient into-
lérable.
Depuis trois mois, la malade éprouve de continuelles douleurs,
ue peut accomplir aucun travail, est obligée de garder le repos
au lit presaue complètement, et le 2S mai, elle entre dans le
service de M. Tillaux.
Etat. — La malade porte à la vulve une tumeur occupant la
paroi antérieure du vagin. Cette tumeur est irréffulière, plissée
transversalement, réductible par la pression des doigts, augmen-
tant par les efforts de la toux. Une sonde introduite dans la vessie
est sentie nettement dans la tumeur à travers la paroi vésico-
vagiuale qui est épaissie surtout au-dessous du méat urinaire.
La vulve ne semble pas élargie. Le col de Tutérus est normal,
non prolabé, les culs-de-sac sont libres.
Le périnée est de longueur normale ; ou y voit les traces de la
suture. 11 n> a pas derectocèle.
11 s*agit d une cystocèle vaginale simple.
Hystérie. — Pendant que uous causious avec la malade,
nous remarquons qu'elle nous fixe d'une façon particulière ; que
de légers mouvements convulsifs animent ses membres, et que
subitement elle s'endort.
Réveillée, nous Tinterrogeons sur ce sujet, et elle nous apprend
ce qui suit :
Ses antécédents héréditaires sont nuls à ce sujet. Elle-même
n'a jamais eu d'attaque d'hystérie, mais depuis son jeune âge,
elle a toujours été d'un caractère bizarre, riant ou pleurant
facilement.
Début, — 11 y a six ans, au milieu d'une conversation^ elle
se mit à fixer un objet et elle s'endormit. Elle ne peut dire le
temps que dura son sommeil, ni comment elle se réveilla.
Depuis cette époque, elle s'endort fréquemment ; ses amies
Thypnotisent avec la plus grande facilité. Elle consulta M. Bern-
heim, de Nancy, oui, cinq ou six fois, à des époques diffé-
rentes, la soumit a l'hypnotisation. Elle-même s'endort très
souvent au milieu d'un travail à l'aiguille ; et à son réveil,
elle s'aperçoit quelle a travaillé sans s'en rendre compte, pen-
dant un temps plus ou moins long ; quelquefois, elle tombe dans
la rue dans le sommeil hypnotique.
État actuel. — C'est une femme assez grande, de complexion
moyenne, plutôt maigre, fort intelligente.
A l'état de veille, cette malade ne présente rien de particulier :
sa sensibilité à la douleur et à la température, bien que légère-
ment diminuée, persiste également sur toute la surface du
corps; on ne trouve nulle part de zone d'anesthésie, ni d'hv-
peresthésie. La sensibilité tactile est normale; la sensibilité à la
température également.
Les sens spéciaux sont tous intacts, les réflexes sont normaux.
On ne trouve pas d'byperesthésie ovarienne.
A l'état de somnambulisme, dans lequel elle tombe aussitôt
par la fixation du regard, la sensibilité est abolie sur toute la
surface du corps; la sensibilité tactile est conservée: elle ne
sent pas l'aiguille qu'on lui enfonce dans le bras, mais elle
reconnaît très bien les objets qu'elle touche.
Dans cet état et par la suggestion, on obtient de la malade ce
que Ton veut, et la sensibilité revient dans tel ou tel point du
corps, au ^é de celui qui l'a mise en somnambulisme, etc.
La sensibilité de la muqueuse vaginale, normale a l'état de
veille, étant abolie à l'état de somnambulisme, M. Tillaux veut
pratiquer la kolporrhaphie sur cette malade pendant le sommeil
hypnotique.
A cet effet, la malade est plusieurs fois eudoriuie, et on
s'assure qu'elle ne conserve aucune sensibilité pendant son
sommeil.
L'opération est faite le 2i juin.
Malgré sa volonté (par crainte de souffrir, elle voulait être
chloroformée), la malade est endormie par la fixation du regard,
dans la salle, près de son lit. Elle vient elle-même de la salle a
l'amphithéâtre en nous suivant pas à pas, réglant sa marche sur
la nôtre, lente ou précipitée. Sur notre invitation, elle se
déshabille, se place sur le lit d'opération dans la position
dorsale, les jambes relevées. M. Tillaux pratique l'opération (la
kolporrhaphie antérieure). Il enlève avec le bistouri, moyennant
une dissection lente et délicate, une large surface rectangulaire
de muqueuse vaginale, d'une étendue de 7 centimètres sur
i environ de largeur, et rapproche par les points de suture les
bords de la surface avivée. Des tampons de gaze iodoformée sont
placés dans le vagin comme pansement; l'opération a efur^' t7tn^f
minutes environ.
Pendant ce temps, la malade n'a fait le moindre mouvement.
Agacée au début, elle devient de plus en plus calme, parle de
choses indifférentes, se préoccupe de ce qu'elle aura à déjeuner,
raconte ce que lui dit sa mère quand elle vient la voir, etc..
Mais, constamment, elle s'inquiète du moment de l'opération
qu'elle attend, disant Qu'elle veut être chloroformée! I !
Nous étions près d'elle, lui tenant les mains, lui parlant sans
cesse pour tenir son attention éveillée. Nous lui disions : de
ne pas se tourmenter; uu'on ne l'opérerait pas sans qu'elle
soit prévenue ; que d'ailleurs, l'heure étant avancée, on ne
l'opérerait pas ce jour-là ; que, pendant Topératiou, elle ne
souffrirait pas... et d'autres suggestions dans le même sens,
âu'elle écoutait avec la plus parfaite confiance, pendant que
[. Tillaux disséquait lentement ce vaste lambeau ne muqueuse
vaginale, et coupait d'un seul coup de ciseaux le pédicule de ce'
lambeau, sans qu'elle manifestât la plus légère sensation de
douleur.
L'opération terminée, elle avait sa chemise tachée de quelaues
Abouties de sans. Sur notre affirmation que nous étions seuls aans
la pièce, qu'il fallait qu'elle se déshabillât pour changer de linge,
elle se laissa faire (sans demander ni comment, ni pourquoi), et
s'habilla de nouveau devant cent personnes ayant les yeux sur
elle.
Elle fut ensuite placée sur un brancard et rapportée dans son
lit. Là, nous lui suggérons qu'elle passera une excellente journée
et qu'elle ne sentira rien.
A son réveil, elle demande à M. Tillaux quand il doit l'opérer,
et son étonnement est indescriptible lorsqu'on lui annonce que
l'opération est faite.
Elle n'a rien senti, elle ne sent rien ; son souvenir l'arrête au
moment où elle a été endormie.
Pendant l'opération, elle avait perdu très peu de sang, mais,
dans la journée, une heure et demie après l'opération, elle fut
prise d'une hémorrhagie abondante, qui nécessita un tampon-
nement. C'est en voyant le sang seulement, qu'elle crut vérita-
blement à Topéraiiou faite.
Aujourd'hui, la malade est guérie, et rentre dans sa famille
sans avoir souffert un instant de l'opération importante qu'elle
avait subie.
Messieurs, vous ne connaîtriez que d*une manière fort
imparfaite la malade de H. Tillaux, si je ne complétais cette
communication par quelques considérations relatives à son
état psycho-sensoriel.
La facilité avec lac|uelle elle s'endort est extrême ; il suf-
fit de la fixer un instant, de lui dire de dormir, pour
qu'aussitôt elle dorme; et au simple commandement :
€ Réveillez-vous ! > elle se réveille.
La transition de l'état de veille au sommeil hypnotique
est presque instantanée, et n'a d'autre signe qu un léger
mouvement de secousse de tout le corps, une respiration
profonde, anhéleuse qui se produisent au moment où ses
paupières se ferment sur ses yeux convulsés en dehors, où
ses sensibilités s'éteignent sur toute la surface du corps et
des muqueuses.
La sensibilité du tact seule persiste; piquez la pulpe des
doigts avec une épingle, elle ne sent pas j vous la touchez
en un point quelconque avec un corps froid ou chaud, elle
n'a aucune sensation ; mais placez sous sa main différents
objets, elle vous dira, en vous les présentant (les yeux bien
clos pour éviter toute erreur) : c Ceci est une plume, ceci
est un crayon, ceci une pièce de monnaie, ceci une
aiguille, ceci une épingle, voici la tête, voici la pointe! »
Ce remarquable exemple de dissociation des sensibilités,
avec abolition de telles d'entre elles et conservation de telle
autre, n'est point un fait isolé, je l'ai observé, depuis long-
temps, un grand nombre de fois chez d'autres hypnotisées ;
et l'ignorance dans laquelle on était de la conservation du
tact^ alors ^u'on pouvait traverser le doigt d'une malade
avec une épingle sans qu'elle le sentit, a été rapportée au
512 — N° 32 —
GUETTE HEBDOMADAIREIOE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
9 Août 1889
menmlleux, et a servi de prétexte à Villmion de la trans-
position du sens de la vue.
C'est grâce à cette apparence de raison qu'on a pu nous
«lire :
« Ses yeux sont fermés,
(( Tout son corps est insensible,
« Ses mains peuvent être tenaillées sans douleur,
tf Et cependant, elle reconnaît tout ce qu'elle touche !
« Donc, elle voit par la pulpe des doigts! »
Illusion!!! Illusion disparue... comme bien d'autres
disparaîtront encore avec la connaissance de plus en plus
intime des troubles fonctionnels du système nerveux.
Voyons maintenant le râle réciproque de rexpérimen-
tuteur d^une part^ et de V opérateur d'autre part, vis-à-vis
de V opérée ?
L'influence de I'expérimentateur est souveraine ; il esl
Te maître absolu de la situation ; il dispose, il commande à
sa guise, bien sûr d'être obéi ; trouvâl-il quelaue résistance,
il triomphera toujours de la volonté fruste, ae l'opposition
impuissante de son sujet.
Quant a l'opérateur, il n'a pour le moment qu'un rôle
TRÈS EFFACÉ ; il cst indifférent à la malade au même titre
que tout assisianl ; elle ne le voit, ni l'enlend, ni le connaît,
alors que tout à l'heure il occupait toute sa pensée.
L'isolement de la malade d'avec le monde extérieur
serait donc complet, s'il ne lui restait un point d'attache
dans la personne de l'expérimentateur dont elle entend la
voix, et auquel elle obéit servilement.
L'ouïe et le toucher persistant seuls dans ce naufrage des
impressions sensitivo-sensorielles, c'est par l'exercice de
ces deux sens que la communication reste établie avec
l'expérimentateur, alors (qu'ils sont fermés à tout autre
excitant d'où qu'il vienne: ils arrivent même souvent vis-à-
vis de lui à un degré a'hypercsthésie fonctionnelle qui
dépasse de beaucoup la moyenne de leur exercice normal :
il n'est point nécessaire qu'il parle haut, qu'il grossisse sa
voix pour être entendu; la malade est pour lui tout oreilles,
elle entend et écoute ses moindres commandements; elle
n'a d'activité que pour lui et par lui; cesse-t-il de lui par-
ler, elle reste immobile et muette, incapable de toute spon-
tanéité.
S'il s'éloigne, elle porte ses mains vers lui, en recher-
chant ses mains, ses bras, comme si elle trouvait à leur
contact un point d'appui, une impression agréable; qu'une
autre personne la touche, elle se retire brusquement avec
une expression de malaise très manifeste.
Cette concentration exclusive de la malade sur la per-
sonne de l'expérimentateur doit être entretenue par des
appels incessants faits à son activité mentale : € Comment
vous trouvez-vous? Êles-vous bien? Souffrez-vous?» etc., ou
oar des suggestions telles que celles-ci : € Soyez calme !
N'ayez nulle inquiétude ! Vous vous trouverez bien quand
je vous réveillerai ! »
Les suggestions auxquelles l'École de Nancy, représentée
par MM. les professeurs Bernheim, Bonis, Liégois, a donné,
h juste titre, le rôle prépondérant dans l'évolution des phé-
nomènes hypnotiques, sont toujours le meilleur mode de
communication ; et ce sont elles qui, dans le cas particu-
lier, nous ont servi à maintenir la malade au degré d'hyp-
nose nécessaire à la durée fort longue de l'opération qu'elle
avait à subir; abandonnée à elle-même, elle eût pu se
réveiller brusquement, et perdre, en retrouvant sa sensibi-
lité, le profit de 1 anesthésie hypnotique insuffisamment
prolongée.
Je ne dois pas terminer cette communicalion, sans vous
parler des troubles de la mémoire, et de l'ignorance absolue
de l'opérée au moment où on Ta réveillée.
Son étonnemenl, son expression ne sont pas moins carar-
téristiques du trouble de son innervation cérébrale, qor
l'anesthésie et l'analgésie qu'elle nous présentait tout 2
l'heure; aux phénomènes d'inhibition qui la rendaient
insensible, succède presque instantanément une légère
excitation cérébrale. Elle voit avec surprise les personne^
qui entourent son lit, elle promène ses yeux autour d'elle
pour reprendre possession de son milieu, elle n'éproovt>
ni fatigue, ni malaise, et revenue à elle, demande avec
insistance qu'on l'opère au plus vite.
Dites-lui que l'opération est remise au lendemain..., elle
sera mécontente. Dites-lui qu'elle est faite... elle ne vous
croira pas !
Il faut assurément qu'un bien grand trouble cérébral aii
été produit dans l'ensemble de ses facultés, pour qu'un^^
scission aussi complète s'opère dans l'exercice de la
mémoire !
Je vais au-devant d'une objection qui m'a souvent été
faite :
c Quelle certitude avez- vous que la mémoire esl
anéantie?
« Vous n'avez d'autre preuve que la sincérité de voln
malade ? et vous pouvez être dupe d'une mystification. >
Je ne vois vraiment d'autre réponse à cette objection qu
celle-ci ;
Soyez témoin des faits dont je vous parle, — observez
froidement, sans parti pris, le réveil d un hypnotisé, -
voyez son expression, son regard, son étonnemenl, la trans-
formation qui se fait dans tout son être, dans la coloration
de sa peau, dans le timbre de sa voix... et vous n'échapperez
point à l'émotion qu'ont eue tous les assistants de
M. Tillaux, quand sa malade, rapportée dans son lit, lui
a demandé de fixer au lendemain le jour de son opéra
tion !
Un seul fait, pourriez-vous me dire, n'est pas preuve à
conviction ?
Multipliez les observations, répétez l'expérience m
d'autres malades, vous trouverez invariablement, au réveil,
l'ignorance complète de tous les faits qui se sont produit^
pendant le sommeil ; à cette condition toutefois que le som-
meil hypnotique ait été conduit à un degré d'intensité suf-
fisante.
Tous les sujets hypnotisables, qu'on nous dit bien plus
nombreux à Nancy que nous ne les trouvons à Paris, n'ar-
rivant pas à un même degré d'insensibilité générale et pro-
fonde, qui permette de tenter, à leur insu, une opération
sanglante, il ne doit venir à l'esprit de personne cjue l'iii-
fluence analgésique de l'hypnose puisse être jamais un pro-
cédé utilisable dans la pratique de la chirurgie en généra),
non plus que dans celle de l'accouchement.
L'anesthésie et l'analgésie hypnotiques ne seront donc
jamais que le privilège de quelques malades accessibles à
ce mode d'action ; mais son application aura sur le chlo-
roforme l'avantage de les soustraire aux dangers de lachlo-
roformisation, ainsi qu'aux inconvénients qui en résultent:
Texcitation violente de la première période, les vomisse-
ments, la céphalalgie, l'engourdissement, l'hébétude et le
malaise plus ou moins prolongé !
« Je ne verrais, nous disait Tillaux, au sujet de rhéraor-
rhagie survenue une heure après chez son opérée, je rw^
verrais qu'une seule observation à faire reiativemeut aui
quelques malades qui peuvent profiter de cette méthode :
c'est que le spasme des petits vaisseaux, qui diminue la
perte de sang au moment de l'opération, peut devenir,
quand il cesse au réveil et que la circulation se rétablit lar-
gement, l'occasion d'hémorrhagies qui devront être sur-
veillées.
Messieurs, j'avais l'espoir, en composant cette communi-
cation, sinon de convertir les plus incrédules d'entre
vous, du moins de leur prouver que l'hypnotisme avait unt*
Ô Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 32 — 513
base reposant sur un ordre de faits déterminés et scienti-
fiquement établis.
Y suis-je arrivé ?
Quoi qu*il en soit, je conclus par une nouvelle afllrma-
lion à l'appui de faits déjà connus, que :
IJhypnotisme ejcerce sur certains sujets une action
perturbatrice du système nerveux^ qui suspend momen-
tanément leurs sensibilités superficielles et profondes^ au
point qu'une longue et grave opération sanglante peut
être pratiquée sur eux^ sans éveiller de douleur^ sans
qu'ils en aient connaissance.
K^-STE HYDATIQUE DU FOIE TRAITÉ PAR l'iNJEGTION DE LIQUEUR
DE Van Swiëten ; Guêrison. — Communication faite à la
Société médicale des hôpitaux, dans la séance du 27 juillet
1889, par M. Juhel-Renoy, médecin des hôpitaux.
La discussion soulevée ici môme par M. Debove, dans les
séances des 12 et 21 mars 1888, celle plus récente encore de
la Société de chirurgie, m'engagent à vous communiquer un
fait qui n'a de remarquable que )a simplicité, l'innocuité
avec lesquelles la guêrison a été obtenue. J'ai suivi de point
en point la méthode que se proposait de suivre M. Debove
lorsque de nouveau il aurait à intervenir. C'est donc à l'éva-
cuation complète, aussi totale que possible au moins, de la
f»oche kystiaue que j'ai eu recours, suivie de l'injection de
iqueurde Van Swieten.
Ce traitement,pourledire tout de suite, me parait mériter
aussi bien que la laparotomie le nom de traitement moderne
queM.Richelotsembleréserverà l'intervention chirurgicale,
et je pense qu'au sein de notre Société, malgré les merveilles
opératoires dues à l'antisepsie rigoureuse, nul ne songera
à comparer au point de vue de la gravité la ponction suivie
de lavage à l'ouverture de l'abdomen. Ces dangers, d'ail-
leurs, certains chirurgiens ne les dissimulent pas, et le
professeur Heydenreich de Nancy proposait pour les éviter le
retour à la méthode simplifiée de Récamier; plus récemment
encore, M. Spilmann de Nancy s'est déclaré ouvertement
partisan du traitement par la ponction simple dont il a
publié un cas probant (fiu/te^in médical,, in Semaine méd.y
13 mars 1889).
Contre la méthode que M. Mesnard de Bordeaux et
M. Debove nous ont fait connaître, les objections ont été
assez nombreuses, on a bien voulu concéder que k le lavage
était un perfectionnement, mais qu'il n'augmentait pas assez
la valeur de la ponction pour la faire préférer aux méthodes
chirurgicales > (Richelot).
II ne me parait même pas absolument démontré qu'il n'y
faille pas « songer > un instant dans les kystes suppures;
l'observation de Mesnard de Bordeaux est là pour prouver
que cette opération peut être suivie quelquefois de succès
complet et qu'en conséquence il n'y a pas lieu de con-
damner sans appel ce procédé, même dans le cas toujours
singulièrement grave d'un kyste suppuré.
Si la discussion reste ouverte sur ce dernier point, je
comprends peu, en vérité, le dédain en lequel la plupart
des chirurgiens tiennent maintenant l'intervention ^ médi-
cale », si je puis ainsi parler. Outre que les succès par la
simple et unique méthode aspiratrice ne se comptent plus
tant ils sont nombreux, il me parait évident que leur nom-
bre ira s'accroissant à mesure que la pratique du lavage
s'étendra et aussi à mesure que la prudence reviendra aux
chirurgiens qui semblent s'en départir un peu depuis que
l'antisepsie leur est chose familière.
L'observation qui suit et que je résume en quelques mots
engagera peut-être quelques-uns de nos collègues à tenter
le lavage après ponction des kystes qu'ils auront à traiter.
Obs. — Berlhe B., douze ans, est prise en aoiit 1888 d'un
malaise qui fut qualifié de scarlatine par un médecin, il y avuit
une légère angine et une éruption rouge non prurigineuse. En
quatre ou cinq jours tout fut fini, et aucune desquamation ne
survint; mais durant cette courte maladie, le médecin reconnut
que la malade portait dans le flanc droit une tumeur qui jusque-
là, par sou indolence absolue, était restée méconnue. Depuis
Tapparition de l'éruption, la ^éne respiratoire s'est moutréis
Tentant se plaint d'une sensation de tension dans l'hypocondre
droit lorsqu elle marche ou reste longtemps debout.
Aucune modification de la santé générale d'ailleurs, aucun
de ces signes c révélateurs» signalés dans les kystes hydatiques,
dégoût des graisses, douleur de Tépaule, etc.
Lors de 1 entrée, 6 novembre 1^88, on constate que Fliypo-
coudre droit est le siège d'une déformation considérable, les
côtes sont déjetées en dehors, une véritables tumeur fait saillie.
A la palpation on perçoit une fluctuation profonde, eu même
temps qu une certaine mobilité, la main placée dans la région
lombaire et la soulevant fait éprouver à la main antérieure qui
palpe le foie une sensation de résistance très nette. La tumeur
est mate à la percussion, sans interposition d'anses intestinales,
et suit les mouvements du diaphragme.
Le diagnostic étant fait sur-le-champ, et la poche paraissant
très tendue, je me décide à intervenir. La veille du jour où l'en-
fant doit être opérée, l'intestin est débarrassé par un purgatil'
léger, et la malade est soumise à une diète assez sévère, avant
la ponction, un bandage de corp^ a été disposé afin d'éviter tout
mouvement après l'opération. Celle-ci est très simple : ponction
au point culminant ae la tumeur, issue de 975 grammes d'un
liquide clair limpide, dans lequel nagent de nombreux écbino-
coaues.
Le liquide est très légèrement alcalin, d'une densité de 1008,
non albumineux, renferme ô'J^A de chlorures (chlorure de
sodium), pas de sulfates et donne 9 i^S d'extrait sec à 100 degrés.
Dès que l'aspiration est terminée, j'injecte 150 grammes
de liqueur de Van Svvieten tiédie au bain-marie à 35 degrés, et
laisse durant dix minutes le liquide dans la poche; à ce moment
la malade accuse un peu de douleur dans l'épaule droite, le
liquide retiré est couleur vert clair.
Je pratique un second lavage, 1:25 grammes sont de nouveau
injectés et séjournent cinq minutes, puis sont repris par l'aspi-
ration, le liquide extrait est très faiblement verdàtre. Dès que
le lavage est fini, l'enfant est immobilisée et pren l à trois
reprises 1 centigramme d'opium.
Les suites furent simples, le lendemain survient un peu de
diarrhée et, deux jours après, un peu de rougeur des gencives.
Le 19 novembre, soit dix jours après le lavage, la tumeur avait
disparu, et l'enfant partait guérie. Depuis lors, je l'ai suivie, la
palpant toutes les six semaines. Je l'ai revue, il y a peu de jours,
et la palpation la plus profonde, la plus minutieuse ne permet
de constater aucune trace du kyste, la région hépatique a repris
sa forme. Toute gêne, toute douleur ont disparu.
Donc intervention opératoire simple et peu douloureuse,
car malgré l'âge de l'enfant (douze ans), la douleur de
l'épaule droite ressentie durant les deux injections intra-
kystiques fut assez peu vive pour n'arracher aucun pleur.
Innocuité, ai-je dit, car chez cette malade, aucune fébricule^
aucune plaque ortiée ne se sont montrées. Il y eut une petite
menace de stomatite légère, très légère, malgré les quan-
tités (475 grammes) de liqueur de Van Swieten qui furent
injectées. C'est là cependant un inconvénient à redouter, et
il est vraisemblable qu'on pourra trouver dans l'arsenal
thérapeutique un liquide anliparasitaire aussi énergique
que le sublimé, et n'exposant pas les opérés à des phéno-
mènes d'intoxication, témoin le malade de M. Debove, guéri
par l'injection de sulfate de cuivre; malgré la possibilité de
ce danger, je crois qu'on peut, sans imprudence, imiter ma
conduite chez les individus pourvus d'une bonne dentition,
comme l'était ma petite malade.
Je crois donc, en résumé, que sans avoir la prétention, —
comme la laparotomie, — de guérir tous les kystes hyda-
tiques du foie, la méthode du docteur Mesnard de Bordeaux
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GAZETTE HEBbOMAMltlE bE MÉDECINE ET DE CHItHltlGIË
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doit être suivie, qu'il y a lieu à protester contre le courant
chirurgical qui teud à présenter comme une méthode aveu-
gle entre toutes l'aspiration, c'est un reproche contre leauel
on ne saurait assez vigoureusement s'inscrire en faux, alors
que la thoracentèse qui nous est si familière, et qui n'est
rien autre chose que la ponction d'un kyste pleural, nous
rend de si grands services; c'est une application précieuse
pour le traitement des kystes hydatiques du foie, il suffit
de faire des diagnostics précis et la clinique les permet dans
la généralité des cas. Si à la ponction on adjoint l'injection
de liquides puissamment antiparasitaires sans causticité, et
qu'en même temps on évite toute intoxication, je suis porté
à penser que le traitement médical de ces kystes nous restera
et pourra entrer en comparaison avec le traitement chirur-
gical; ces méthodes thérapeutiques, tontes deux récentes,
modernes pour reprendre l'expression du chirurgien que je
citais au début de ma communication, compteront, j'en suis
sûr, des succès nombreux ; mais j'ajoute que, quoi qu'on en
aie, la généralité des malades et des médecins préférera
à 1 ouverture abdominale la ponction et le lavage antisep-
tique et antiparasitaire, méthode qui ne mérite, je pense, à
aucun titre le nom d'aveugle.
T
REVUE DES CONGRÈS
m* Confrès de inédeclne Interne (Wlesbadten , 1889).
DlBOUsaion sur l'ooduaion intesUnalo.
Leichtenstem (de Cologne) a consacré son rapport à des
considérations sur TocclusioD paralytique, sur le diagnostic
général et sur quelques sympt(Vnies en particulier.
L'arrêt des matières peut relever de deux causes : un obstacle,
une insuffisance de la force motrice. De là la division de Tocclu-
sion en mécanique et dynamique ; les deux causes s'associent dans
Tocclusion mécanico-aynamique. L'occlusion dvnamique relève
de la paralysie intestinale, facteur qui a, dans bien des cas, une
grande importance. Sa cause la plus fréquente est la péritonite
aiguë ou chronique, diffuse ou circonscrite, d'origine quel-
conque, la pérityuhlite surtout. De là provient riléus consé-
cutif aux traumas de l'abdomen, aux laparotomies; de là encore
la persistance des accidents après qu on a fait cesser la cause
mécanique d'un étranglement interne ou externe, ou après
au'on a établi, en cas d'occlusion, un anus contre nature.
A mentionner encore l'accumulation fécale dans le côlon, par
insuffisance musculaire primitive de cet intestin; ou dans les
paraplégies médullaires |)ar paralysie des muscles abdominaux.
A tous ces états, la condition pathogénique commune est la para-
lysie d'une anse dans laquelle les matières accumulées forment
obstacle à l'action des anses sus-jacentes ; de là une distension
de plus en plus grande, et, secondairement, des changements
de position, des coudures qui aggravent le mal.
Des phénomènes paralytiques de même ordre jouent un rôle
considérable pour entraîner l'occlusion complète à la suite des
rétrécissements de l'intestin; pour rendre définitifs les incarcé-
rations, les étranglements. Une sténose reste souvent latente
jusqu'au jour oiî éclatent des accidents aigus dus soit à la para-
lysie, soit à des actions mécaniques (enclavement d'un corps
étranger). L'acuité du début n'exclut donc nullement l'idée d un
rétrécissement.
Bien de spécial sur le diagnostic différentiel, rien non plus
sur le diagnostic du siège, rien que de classique encore sur lo
diagnostic de la cause anatomique.
Les symptômes sont de deux ordres : phénomènes d'occlu-
sion, accidents réflexes.
Les phénomènes d'occlusion sont : l'arrêt des selles, le météo-
risme, le vomissement simple, puis fécaloide, et, secondairement,
la phénolurie et Findicanurie, puis des accidents d'auto-intoxi-
calion. L'occlusion de l'intestin grêle, sauf sur une anse très
élevée, entraine toujours l'indicanurie; ce symptôme manque
dans l'occlusion simple du côlon, mais il survient quelquefois
dans les incarcérations ffraves de cet intestin. Lorsqu'il
fait défaut, c'est un signe d'obstacle colique, surtout si les acci-
dents sont aigus.
Le météorisme a nue importance pronostique réelle, car i)
engendre des troubles dyspnéiques et circulatoires. Chez C(*>
malades, l'insuffisance cardiaque et pulmonaire est un des prin-
cipaux dangers.
Enfin des résorptions toxiques se font au-dessus de l'obstacle.
De là le délire, le coma, les manifestations fébriles, (quelquefois
l'état typhoïde, et, chez quelques malades, des néphrites, paro-
tidites, erpipèles, phlegmons.
Les accidents refiexes sont la douleur, la dépression car-
diaque, le col lapsus, l'hypothermie, l'ischémie cutanée, le facie>
grippé, la petitesse du pouls, la tachycardie, l'anurie et l'albu-
minurie, la dyspnée, les sueurs froides. Pour certains de ct^
symptômes, on a invoqué lurémie.
Les sueurs, les vomissements, l'arrêt de l'absorpliou intes-
tinale, l'accumulation de liquides dans Tintestin distendu,
entraînent la dessiccation de la bouche, l'arrêt des sécrétion»,
et expliquent qu'on puisse comparer certaines occlusions an
choléra.
Curschmann (de Leipzig) s'est occupé du traitement. Il n
d'abord montré comment autrefois l'ignorance des causes et dei
variétés avait conduit à des thérapeutiaues absurdes, peu à peu
abandonnées et remplacées par une thérapeutique rationnelle
à mesure que les notions théoriques se sont complétées. Il s'eM
borné ensuite à parler du traitement des cas aigus, ou tout au
moins des accidents aigus se greffant sur un état chronique.
11 établit, en premier lieu, que toules les variétés anatomique»
sont susceptibles de guérison sans opération. Les relevés âv
Goltdammer, de Breslau, donnent 105 cas avec 35,25 pour 1(Ki
de guérisons. Ce chiffre est loin d'être satisfaisant. Est ce donc
Ear la laparotomie constante et immédiate qu'on Taméliorera?
a question est encore bien douteuse, et est sans doute destinée
à le rester bien longtemps encore. Le diagnostic est obscur, et
bien des malades sont apportés à rhôpiialdans un état de coi-
lapsus tel que l'opération est conlre-indiquée; l'acte opératoire
est difficile; on a de la peine souvent et a trouver l'obstacle el
à réduire les anses méteorisées. Néanmoins, Curschmann admet
que la chirurgie est destinée à prendre une place de plus eu
plus grande dans le traitement de l'occlusion; qu'elle seule est
nonne pour les cas, encore rares il est vrai, où le diagnostic
précis et précoce est possible; mais la thérapeutique interne a
toutefois une grande importance, surtout si elle est employée
dès la première manifestation. Immédiatement le malade sera
mis à la diète, ne recevra comme boisson qu'un peu d'eau et de
cognac. Dans quelques cas on a eu de bons résultats par l'in-
jection sous-cutanée d'une solution de sel marin. Les moyens
médicaux visent les trois buts suivants : 1^ calmer les contrac-
tions du bord supérieur; ^'* diminuer la distension de ce bord;
S"* dans auelaues cas déterminés agir mécaniquement. On peut
encore ctierctier à éveiller des mouvements péristal tiques du
bout inférieur. En tout cas, proscription absolue des purgatifs.
L'opium donne de bons résultats. Le lavage de l'estomac est
un bon moyen. Enfin Curschmann insiste sur les ponction>
multiples et répétées de l'intestin distendu : elles lui ont fourni
trois succès, et n'ont jamais causé d'accidents. 11 est complète-
ment revenu des injections rectales. Mais l'insufflation rectale,
récemment préconisée par Ziemssen, par Rûneberg, est préfé-
rable.
Jurgensen (de Tiibingue) pense que la paralysie cardiaque,
cause fréquente des échecs opératoires, est produite par h*
météorisme. Il appuie son opinion sur des données expérimen-
tales. Il est partisan des ponctions multiples. Il croit que l'in-
sufflation est parfois dangereuse et cite un cas où elle a causé
un emphysème généralisé.
Rosenhach (de Breslau) décrit une réaction de l'urine qui, par
addition d'acide nitrique goutte à goutte, prend une teinte rouge
foncé lorsque les échanges nutritifs sont profondément com-
promis. Il est partisan des ponctions intestinales.
Nothnagel (de Vienne) n'admet pas la réalité des vomisse-
ments de matières réellement fécales (dont Leichtenstem araii
dit quelques mois). 11 pense que bien des occlusions, au début,
ffuérissent facilement. Eu particulier, Tinvagination est trè*>
frrqucnte et ne cause souvent pas d\iccidents.
Ziemssen (de Munich) croit que Jurgensen exagère les mé-
faits de rinsufflation rectale, bon moyen de diagnostic pour le>
obstacles coliques. Les fistules gasiro-coliques peuvent s'ac-
compagner de vomissements de matières fécales; mais les autres
symptômes de l'occlusion font déî'îuit. Li» lavage de l'estomac
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doit toujours être entrepris, même quand on va opérer : il cite
un cas où un sujet qu'on opérait de hernie ombilicale fut pris
de vomissements et mourut par pénétration de matières dans les
voies aériennes.
Von Zœge Manteuffèl (de Dorpat) expose les idées de son
maître Von WahK
Fràntzel (de Berlin) est partisan des ponctions. Il cite cepen-
dant un fait où le trou est resté béant et où Ton a constate du
météorisme péritonéal.
Furbringer insiste sur les guérisons dues aux moyens médi-
caux. Il les évalue à un tiers environ des cas, et en a observé
même chez des malades pour lesauels l'opération avait été
résolue, mais, différée par hasard, n avait pas tardé à devenir
inutile. L'anus contre nature est mauvais pour les obstacles
haut situés. Pûrbringer ne pense pas que les progrès du
diagnostic fassent beaucoup pour l'amélioration des résultats :
il a vu guérir des opérés où le diagnostic était très obscur et
en a vu périr chez lesquels il avait été et précoce et précis.
L'opium est le meilleur des médicaments. Les ponctions sont
efllcares, mais quelquefois dangereuses. L'insufflation rectale
est plus innocente.
Hoffmann (de Leipzig) a vu les oriûces des ponctions livrer
passage au contenu cle l'intestin.
Schede (de Hambourg) est d'avis qu'en cette question si
complexe médecins et chirurgiens doivent associer leurs tra-
vaux. 11 admet que les moyens médicaux donnent à peu près un
tiers de guérison. 11 affirme qu'actuellement il est impossible de
dire avec netteté à quel moment précis l'opération devient indis-
pensable. Le collapsus y est une contre-indication. Il admet,
avec Curschmariu, qu'il faut de plus en plus la laparatomie pour
les cas où le diapostic précoce est possible; mais il ajoute que
Topération rapide est indiquée pour tous les cas aigus, avec
symptômes d'étranglement. 11 donne quelques détails de tech-
nique et préfère la méthode de Mikulicz (petite incision et dévi-
dénient des anses) à celle de Kiimmel (extraction en bloc du
paquet intestinal à travers une vaste incision). Sur les malades
abattus, on aura recours à lanus contre nature, lequel, d'autre
part, peut parfois s'oblitérer, le cours des matières se rétablis-
sant spontanément. Si cet événement heureux n'a pas lieu, on
entreprendra l'opération radicale, après avoir attendu que l'état
général soit devenu bon.
Bdumler (de Fribourg) est partisan de l'opium ; il est absolument
opposé aux purgatifs.
Flothmann (de Dresde) recommande la pratique de Simon :
chercher à lever Tobstacle à l'aide de la main introduite entière
dans le rectum.
Leube (de Wûrzbourg) ne conseille l'opération qu'après échec
de Topium à haute dose, d'un purgatif, du lavage de l'estomac
(dont on exagère peut-être les bienfaits). On doit opérer sans
tarder dès que le pouls fait mine de faiblir.
Mossler (de Greifswald) est partisan du lavage de l'estomac.
K. Raser (de Hanau) a vu trois opérations pour occlusion par
diverticule de Meckel être frappées de stérilité par la péritonite
déjà installée. On avait opéré aux deuxième, troisième, huitième
jours. 11 faut opérer avant le deuxième jour.
Bdumgàrtncr {ôe Bade) est pour l'opération précoce, méiiie en
lubsence de diagnostic précis. 11 relate une opération heureuse.
(Bericht uber die Verhandlungen des F{/i. Kongresses fur
/«nercJffrfîcm, Wiesbaden, 1889, Beilage zum Centralb lait fur
klinische Medicin, 1889, n« 28, p. 1 à 15.) A. B.
{A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
A««déatle 4e méëeelne.
SÉANCE DU 6 AOUT 1889. — PRÉSIDENCE DE M. MOUTAUU-
MARTIN, VICE-PRÉSIDENT.
MM. loi docteurs Doyen et Coultolenc (de Reims) envoient un iHi cacheU
dont le dépôt est accepte.
H. le docteur Rimvier, professeur à I» Fsculté françnisc de médecine de
Beyrouth, se porte candidat au titre de correspondant national dans la division de
inÂiocine.
M. Emett Betnier présente la thèse de M. le docteur Dupât sur U traitement
aborlif de Vherpèê et fait hommage d'un mémoire sur U pityriatii.
Syphilis vaccinale. — M. Hervieux relate cinq cas
avérés de syphilis survenus chez des enfants inoculés le
11 mai dernier avec le vaccin de rAcadémie. De Tenquète
qui a été aussitôt faite, il résulte (]ue la contamination s'est
effectuée par un enfant vaccinifëre en état de svphilis
latente, hérédilaire. A ce propos, M. Hervieux aéclare
qu'au point de vue pratique il craint qu'en dépit de toutes
les précautions prises pour la vaccination jennérienne à
l'Académie, il ne soit pas surfisamment armé pour se
défendre contre le retour d'une pareille aventure. Faisant
ensuite observer que, depuis l'avènement de la vaccine
animale, la vaccine jennérienne est, sinon complètement
délaissée, du moins très négligée, il estime qu'il y a dans
cet abandon de Tinjustice et de l'ingratitude. On reproche à
la vaccine jennérienne le danger auquel elle expose de la
svphilis vaccinale, mais qui est loin d être toujours mortel.
M. Fournier a pu en réunir quelques centaines de cas;
qu'est-ce que ce misérable chiffre comparé aux milliards de
vaccinations opérées sur toute la surface du globe? Sans
nul doute, le vaccin de génisse a, sur le vaccin jennérien,
cette immense supériorité de permettre par l'abondance dé
sa production, la suppression dans un laps de temps très
court,degrandes épidémies varioliques; mais il ne faut pas
oublier que les éléments dont il se compose le rendent
facilement putrescible, et que ses altérations ont déjà plus
d'une fois donné lieu à la septicémie. Or, le vaccin humain,
récolté avec soin, n'expose pas à ce danger terrible. «Je
m'arrête, ajoute M. Hervieux, dans ce parallèle, qui pourrait
donner le change sur le fond de ma pensée et laisser croire
que je fais le procès h la vaccine animale, alors que je
réclame simplement une place auprès d'elle pour là vaccine
humaine.
« Reste la question des atteintes portées à la vieille répu-
tation de la vaccine par les rares accidents dont elle peut
élre la cause. Il faut bien savoir que si la vaccine n'est pas
exempte de quelques dangers, il en est de même des plus
grandes découvertes de l'esprit humain. Le chloroforme ne
fait-il pas, chaque année, un certain nombre de victimes?
Les antiseptiques n'ont-ils pas donné lieu parfois à quelques
accidents 1 Gardons-nous donc de récriminer contre la
vaccine, pour quelques faits regrettables sans doute, mais
qui n'ont du moins, jusqu'à ce jour, entraîné aucune consé-
quence sérieuse, et qui ne sauraient d'ailleurs infirmer en
rien les incomparables bienfaits de la découverte jenné-
rienne. >
Pour M. Fournier^ il est impossible, après avoir entendu
le récit de M. Hervieux, de ne pas déplorer le malheur dont
il vieut d'être question et en même temps de ne pas exoné-
rer de la responsabilité de ce malheur le directeur de la
vaccine, qui a fait tout son possible pour l'éviter. La respon-
sabilité incombe à la méthode vaccinale; elle en est insépa-
rable. Le coupable, c'est la méthode et la niéthode est celle
qu'a, acceptée et que pratique l'Académie. Dans le cas
présent, cinq enfants sont devenus syphilitiques de par une
infection vaccinale. S'agit-il d'une contamination vaccinale
ou d'une contamination opératoire? Cette dernière hypothèse
doit être exclue parce que l'expérience a appris que dans les
cas de contamination opératoire, l'infecté est unique, parce
Sue c'est lui qui reçoit tout le virus syphilitique. D'ailleurs,
l. Hervieux prend toutes les précautions de propreté et
même d'antisepsie et, sous ce rapport, sa pratique ne peut,
être incriminée; ce qui prouve, au surplus, que tel n'a pas
été le mode de contamination, c'est la multiplicité des
vicimes, ce qui plaide absolument contre une contamination
par les instruments. M. Hervieux a eu le malheur de tomber
sur un enfant en état de syphilis latente. Il a très bien
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choisi son vaccinifëre, comme âge. constitution, tempéra-
ment, santé générale, etc. ; mais seulement il n'a pas vu ce
qu'il ne pouvait pas voir, et ce qui constitue le danger par
excellence: la syphilis latente. Or, la contamination vaccino-
syphilitiaue peut être transmise par un vaccinifëre en état
de syphilis latente, c'est-à-dire par un enfant qui paraît sain
et bien portant. La preuve de ce fait, on l'a vu dans
plusieurs observations antérieures de syphilis vaccinale.
Mais c'est là un danger auquel il est et il sera toujours
impossible de parer. Aussi bien, comme conclusion,
M. Fournier demande-t-il aue tout vacciné soit vacciné avec
des instruments à lui, ne aevant jamais toucher que lui; le
vaccin serait recueilli à la lancette sur le vaccinifëre et
déposé sur une lamelle de verre; puis il est puisé là par
une aiguille cannelée et inséré à l'aiguille sur le vacciné.
La vaccination faite, la lamelle de verre et l'aiguille seraient
aussitôt sacrifiées. En agissant de la sorte, la sécurité est
absolue et elle est acquise à très peu de frais.
Mais cette proposition ne suffit pas. La sécurité absolue
ne pouvant exister avec le vaccin humain, il est urgent que
les vaccinations faites par les soins de l'Académie ne soient
plus faites désormais qu'avec le vaccin animal. Sans doute
on peut craindre que la vaccine animale ne soit pas non
plus sans danger; il paraîtrait (jue le vaccin animal con-
servé, un peu vieilli, peut revêtir des qualités septicémiques
très dangereuses, voire mortelles. Mais comme la question
de l'infection syphilitique par la vaccination s'impose aux
méditations de TAcadémie, si celle-ci ne s'en occupait
pns après le récit de M. Hcrvieux, l'opinion publique
pourrait peut-être en réclamer l'examen approfondi. Au
surplus, on ne peut rester dans le statu quo : voilà deux
fois déjà que le vaccin humain devient ici, à l'Académie,
l'origine de semblables désastres (il cas d'infection en 1865
et 5 en 1889). C'est trop! Le vaccin humain a fait ses
preuves; il ne faut pas lui donner le temps de réaliser une
troisième catastrophe. — (Les propositions de M. Fournier
sont renvoyées à la Commission de vaccine).
Prophylaxie de la tuberculose. -— M. Dujardin-
Beaumetz, ouvrant la discussion sur la prophylaxie de la
tuberculose, demande un certain nombre de modifications
au texte des instructions, dont l'adoption a été proposée à
l'Académie par M. Villemin dans la dernière séance. Comme
il ne croit pas que la tuberculose fasse moins de victimes à
la campagne qu'en ville, il estime qu'il n'y a pas lieu de
faire de différence à cet égard. Quant à la transmission de
cette affection par le lait et par les viandes de boucherie, il
ne saurait souscrire à la prohibition du lait cru et de la
viande crue ou peu cuite. Il ne s'oppose pas à ce qu'on
recommande de donner du lait bouilli aux enfants, bien que
ce liquide ait alors perdu de ses qualités digestives; mais il
fait observer que le lait de vache ne contient qu'exception-
nellement des bacilles, car il faut que non seulement la
vache soit tuberculeuse, mais qu'elle ait de plus une
mammite tuberculeuse. Or, le nombre des vaches malades
dans les vacheries de Paris est très restreint, il y en a eu
dix à douze en 1888 et pas une n'avait de mammite tuber-
culeuse. C'est surtout dans les articles 3 et 5 que la Com-
mission lui paraît dépasser toute mesure, lorsqu'elle
demande de suppi'imer de l'alimentation la plupart des
viandes saignantes et même crues qui sont si souvent
employées dans les ménages et même en thérapeutique.
Rien ne démontre chez l'homme la transmission de la
tuberculose par les viandes de boucherie; même expéri-
mentalement, les résultats sont des plus contradictoires
(Nocard, Arloing, Chauveau); on sait en outre, d'ailleurs,
que le suc gastrique est un destructeur actif du bacille
tuberculeux. En fait, la contagion par l'alimentation est loin
d'être démontrée. Il y a lieu de supprimer les paragraphes
qui y font allusion dans les instructions.
La tuberculose étant produite par le développement daib
les organes d'un microbe, dont l'introduction dérive de
l'ingestion de produits tuberculeux provenant d'aniuiaui
malades ou par la respiration de poussières, de crachats
d'êtres humains phthisiques, c'est-à-dire atteints de tuber-
culose pulmonaire, il convient, d'après M. Daremberg, dr
prendre à cet égard les mesures prophylactiques suivante>:
De tous les aliments contenant le microbe de la tubercu-
lose, le plus dangereux est le lait, surtout lorsqu'il csi
donné aux enfants; comme la chaleur de l'ébullition tue li-
microbe, il faudra et il sera facile de se préserver de le
mode de contagion en faisant bouillir le lait. Il faudra
toujours couper en morceaux minces et porter à la tempéra-
ture de rébullilion les organes comestibles susceptible>
d'être envahis par le microbe tuberculeux (foie, poumons,
cervelle, rate, reins et intestin). Quant à la viande, ellr
devra être également portée à la température de rébullilion.
quand elle ne sera pas composée exclusivement de muscle
rouge. La viande crue, devant être consommée crue ou
devant servir à la préparation du jus de viande, devra doue
être séparée soigneusement des tissus non musculaires qui
Tenvironnent.
Il importe de ne jamais se servir des mêmes verre>.
couverts, biberons et mêmes objets de toilette de la bouck
qu'un tuberculeux, à moins qu'ils n'aient été portés à la
température de l'ébullition.
Les crachats des tuberculeux atteints de phthisie pulmo-
naire contiennent souvent une quantité prodigieuse de
microbes tuberculeux, qui peuvent devenir des agents de
contagion, s'ils se mêlent aux poussières de l'air que nous
respirons. Pour les rendre inoffensifs, il faut les empêcher
de se dessécher. Lephthisique ne devradonc jamais cracher
sur le sol des rues, le plancher des lieux publics et privés,
sur les linges, tapis, etc. Chez lui, il devra recevoir ses
crachats dans un vase contenant de l'eau; dehors il devra
les introduire dans un flacon contenant de l'eau. Pour le
nettoyage, crachats et flacons devront être introduits pleins
dans un bain-marie porté à l'ébullition avant d'être vidés.
La cohabitation avec un tuberculeux est dangereuse si l'on
ne prend pas les précautions suivantes : éviter par Tusage
des crachoirs le aanger de l'exhalation des poussières de
crachats desséchés, éviter la contamination par Tusagc
commun des ustensiles d'alimentation et de toilette, éviter
toutes les causes de contagion, dues à l'apport de microbes
tuberculeux d'une bouche à une autre. Dans les stations
d'hiver et d'été, fréquentées par les tuberculeux, il est de
l'intérêt des hôteliers, logeurs en garni, etc., de mettre dans
chaque chambre, vestibule, escalier, un ou plusieurs
crachoirs et d'avoir, dans chaque maison, un ou plusieurs
récipients dans lesquels on fera bouillir chaque jour ces
crachoirs, avec leur contenu, avant de les vider.
M. Germain Sée estime que les instructions en discussion
renferment diverses propositions hasardées et qui sont en
complète opposition avec les faits d'observation et surtout
d'expérimentation « La première est la définition même de
la tuberculose : on affirme la contagiosité de la phthisie
par l'air atmosphérique. Or le bacille ne peut vivre dans
l'air et ne se développe jamais et ne se multiplie jamais que
dans l'organisme vivant de l'homme ou de l'animal; eo
dehors de cet organisme, il meurt rapidement, parce que
pour vivre, il lui faudrait une température de 30 degrés au
moins et un long temps. Dès que le bacille ne peut pas
vivre dans l'atmosphère, où il n'arrive d'ailleurs qu'acci-
dentellement et exceptionnellement, il n'y a pas de conta-
gion atmosphérique à craindre, et ceci est un grand bonheur
pour l'humanité. Ce seul mot de contagion avait déjà sufli
pour désorganiser les familles où se trouvent encore un ou
deux tuberculeux; le malheureux malade est isolé, aban-
donné pendant des mois et des années. Voilà la coiisf-
1) Août 1889
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quence désastreuse d'un mot, qui, du reste, est absolument
faux. On a prouvé en eiïet expérimentalement que Texa-
men de Fair pris à 2 ou 3 mètres du malade ne contient
pas de bacilles; Tair expiré par le malade est inoiîensif,
les crachats ne le sont pas. Encore faut-il que ces crachats
soient desséchés, poudrojés, mêlés sous la forme de pous-
sière ou amalgamés avec les poussières qui voltigent sans
cesse dans les chambres de malades ou d'hôpital. Aussi
ne doit-on pas craindre de pénétrer dans la chambre du
malade et de lui prodiguer des soins, mais il faut avoir la
précaution de recommander le déversement de l'expectora-
tion dans un linge ou dans un crachoir, dont les produits
doivent subir une crémation immédiate.
Les instructions recommandent, d'autre part, des précau-
tions à l'égard des individus sujets aux rhumes, aux brou*
chites^ aux pneumonies, ou qui ont eu la rougeole ou la
variole, ou bien encore qui sont par hérédité exposés à la
tuberculose. Que sont donc ces bronchitiques, ces catar-
rheux, ces asthmatiques? Loin d'être sujets à la tubercu-
lose, ils semblent en être plus exempts que qui que ce soit.
Les individus qui ont un rhume négligé ne deviennent pas
tuberculeux, ils le sont déjà. Quant aux héréditaires, an
lieu de leur imposer des précautions exagérées, qu'on les
sonmette à la gymnastique et à l'hydrothérapie, ce sera le
meilleur procédé pour leur agrandir les poumons, les forli-
lier, ce ^ui constitue le moyen le plus efficace pour résister
aux bacilles.
La troisième conclusion est relative au lait; certes le lait
est souvent bacillifère, mais à une condition, c'est que la
vache soit non seulement tuberculeuse, mais que le pis
de l'animal soit atteint profondément; autrement le lait
n'est pas redoutable et il peut être pris sans danger.
La quatrième conclusion est relative à la viande et au
sang. Or le sang n'est jamais virulent, et la chair, loin de
contenir le bacille, le détruit par le suc musculaire au'elle
contient. Aussi n'est-il pas admissible, pour atteindre un
but aussi hypothétioue, de faire cuire les viandes jusqu'à
les rendre en bouillie, de supprimer les viandes rôties, de
défendre la viande crue; s'il fallait écouter la Commission,
on serait privé de tous les meilleurs produits alimentaires,
des principes myosiques de la chair de bétail, du poulet
lui-même, du porc à plus forte raison, à moins de les sou-
mettre à une cuisson, à un brasier, qui ne manquerait pas
de détruire la surface sans exonérer le centre.
Kn résumé, le premier devoir du médecin, en présence
d'un cas de tuberculose, est de se taire; le second est de
veiller aux soins de propreté, et le troisième et dernier, de
prescrire une cuisine qui soit en rapport avec les données
de la plus saine physiologie.
Trépanation. — M. Lêpine communique l'observation
d'un malade, âgé de vingt-neuf ans, alcoolique, atteint de
pachyméningile, et chez lequel, sous l'influence d'une
chute, s'était produit un hématome de la dure-mère. A la
suite de cette chute, le malade est tombé dans le coma; il
y est resté pendant deux jours; quand il en est sorti, il était
complètement aphasique et hémiplégique du côté droit. Les
jours suivants se manifestèrent plusieurs crises d'épilepsie
larksonienne, débutant invariablement par une secousse de
la commissure labiale droite, et bientôt suivie par des con-
vulsions des membres du côté droit. L'état ne s'améliorant
pas, la trépanation fut faite dix jours après la chute. Au
moment où la dure-mère fut incisée, au niveau de la partie
inférieure du sillon de Rolande, il jaillit !25 grammes d'un
liquide brunâtre. Le lendemain, le malade put, pour la
première fois, écrire son nom. Les jours suivants, l'hémi-
plégie et l'aphasie disparurent progressivement.
Ce cas est assurément favorable aux idées des chirurgiens
qui, comme Lucas-Championnière, sont portés à élargir le
cadre des indications de la trépanation; mais, si l'on s'en-
gage dans cette voie, il faut le faire avec réserve; car, en
dehors des traumatismes crâniens, les indications du trépan
ne peuvent pas être encore bien formulées.
Pathologie et anatomie comparées. — M. le docteur
Galippe communique, au nom de M. le docteur Larcher et
au sien, leurs recherches sur les maladies de la cavité buc-
cale, des dents et des défenses chez l'éléphant. Ils ont par-
ticulièrement étudié les lésions de la dentine, ainsi que
celles (|ue l'on rencontre dans la cavité pulpaire, lésions
déterminées soit par des blessures du cément, soit par des
projectiles ayant lésé la pulpe. Les auteurs ont passé en
revue diverses anomalies de développement, ainsi que les
fissures ou les fractures des défenses produites par des
traumatismes.
— L'ordre du jour de la séance du 13 août est ainsi Cné :
l'* Suite de la discussion sur la prophylaxie de la tuber-
culose; 2*' Suite de la discussion sur l'anesthésie et le chlo-
roforme ; 3" Communications de MM. Germain Sée, Marc Sée
et Semmola.
Soelété 4e ehtrargle.
SÉANCE DU 31 JUILLET 1889.— PRÉSIDENCE DE M. LE DENTIJ.
Traitement électrique des myoznes utérine : MM. Ooimus, Deeprés.
— Traitement ohirurgioal des néoplasmes perforants du crftne :
M. Pousson (M. Kirmisson, rapporteur). Diaoïission : MM. TiUaux.
Marchand. — Statisticiue de M. Luoa«-Championniére.
M. Le Dentu lit une noteoù M. Onimus dit avoir appliqua*
depuis longtemps déjà l'électrisation aux myomes utérins.
M. Le Dentu rail d'ailleurs remarquer que la méthode
actuelle diffère absolument de ces premiers essais.
M. DespréSy absent lors de la dernière discussion, désire
faire connaître un accident de la méthode. Il a vu trois
malades qui y avaient été soumises et qui toutes trois
avaient refusé de continuer, parce que l'électrisation leur
procurait des sensations voluptueuses continuelles.
— M. Kirmisson lit un rapport sur un travail de
M. Pousson (de Bordeaux) : Traitement chirurgical des
néoplasmes perforants de la voûte du crâne. Voici l'obser-
vation : Femme de soixante-quatorze ans oui, depuis un an
et demi, avait vu se développer un cancer au sein et grossir
une loupe qu'elle avait depuis longtemps au cuir chevelu.
Le sein fut enlevé, puis, un mois après, la tumeur épiera-
nienne. Cette tumeur ne battait ni n'était réductible, mais
avait des mouvements d'expansion. En effet, l'opération fit
constater que l'os était perforé. Une fois la tumeur enlevée,
il en résulta un trou par lequel fit hernie le cerveau recou-
vert de la dure-mère saine. La malade guérit, bien que la
plaie ait suppuré. Mais elle ne fut soulagée ni de ses dou-
leurs, ni de quelques phénomènes parétiques et aphasiques.
Et, de plus, au bout de huit mois, une tumeur apparaissait
sur le frontal; deux mois après, poussait une récidive
locale. La région mammaire reste indemne. — A ce propos,
M. Pousson réunit 41 observations, et montre que les
méthodes anciennes (cautérisation, ligature) doivent céder
le pas à l'extiipalion au bistouri, beaucoup moins dan-
gereuse. L'ablation des tumeurs perforantes de la voûte du
crâne est aujourd'hui permise.
Elle est même bien plus vulgaire qu'on (le le croirait en
ne comptant que 41 observations, ajoute M. TillauXy qui
désire taire deux réserves : 1^ une loupe devenue can-
céreuse perfore bien rarement le crâne dans toute son
épaisseur. Il est bien plus probable qu'il s'agit d'un carci-
nome osseux secondaire; ^"^ une hernie du cerveau recou-
vert de la dure-mère saine est impossible à comprendre.
M. Marchand pense comme H. Tillaux.
518 — N* 32 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
9 Août 1889
M. /Ttrinmonaccordeque l'existence préalabled'une loupe
n'est peul-ètre pas un molif suffisant pour le diagnostic de
M. Pousson. Mais, pour ce qui est de la hernie, elle semble
indiscutable. M. Pousson, tout le premier, en a été surpris.
Peut-être y a-t-il une tumeur céréorale (cas auquel Horsley
dit que la dure-mère bombe dans l'orifice de la trépana-
tion), car les phénomènes cérébraux n'ont pas cédé à 1 abla-
tion du néoplasme extérieur.
— M. LucaS'Championnière communique la statistique
de son service de Vhôpital Saint-Louis, de mai 1887
à mai 1889. Le seul fait général sur lequel il désire insister
est qu'il se passe de toute installation spéciale, de tout
outillage compliqué. Il enregistre cependant les résultats
suivants, en ne tenant pas compte d'une grande quantité
d'opérations insignifiantes :
Hommes, 3:20 opérations (parmi lesquelles 8 arthroto-
mies du genou, 8 sutures de la rotule, 13 résections du
genou, 14 trépanations, 103 cures radicales de hernies, 4 ké-
lotomies) : 0 mort.
Femmes, 144 opérations (3 sutures de la rotule, 6 trépa-
nations, 14 amputations du sein, etc.) avec 2 morts :
1 amputation de sein, morte au dix-huitième jour d'un éry-
sipèle de la face; 1 kélotomie chez une vieille femme.
4 laparotomies chez l'homme, avec 'i décès (1 splénec-
tomie, 1 kyste du foie et de la rate).
128 laparotomies chez la femme, qu'on peut diviser en
plusieurs séries : castrations pour corps fibreux, 15,
§ morts; kystes de l'ovaire, 28, 2 morts (clans des cas très
complexes); cancers végétants de Tovaire, 7, 1 mort; gros
corps fibreux abdominaux, 7, 3 morts. De tous ces décès
un seul est dû à une péritonite septique. Restent 71 cas
sans aucun décès, pour: ovario-salpingolomie, 51 ; destruc-
tions d'adhérences, 7 ; étranglement interne, 1 ; néphror-
raphie, 3; kystes hydatiques du foie, 3; ventrofixation, 4;
exploration, 3.
— La Société se déclare en vacances pour les mois d'août
et septembre.
A. Broca.
Soelété 4e blotoiri»-
SÉANCE DU 27 JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. MAREY, VICE-PRÉSIDENT.
Sur la névrite périphérique dans l'atrophie musculaire des hémi>
plégiques : M. Déjerine. — Influence du système nerveux sur l'in-
(eotion : M. Féré. -- De la nutrition dans l'hystérie : MM. Cathe-
Uneau et Gilles de la Tourette. — Arthropathies expérimentales :
MM. Babinski et Gharrin. — Migraine ophthalmique hystérique :
M. Babinski. — Sur la toxicité du bismuth : M. Baiser. — Des
substances produites par les microbes et favorisant leur dévelop-
pement : M. Roger. ~ Sur une tète de jeune cachalot : MM. Beau-
regard et Pouchet. — Sur le protoptère : M. Beauregard. —
Transport par un insecte de parasites Infectieux : M. Oalippe. —
Moyens de fixation d'une molaire d'éléphant au maxiUaire :
M. Oalippe.
M. Déjerine a constaté, dans plusieurs cas d'hémiplégie
avec atrophie musculaire, Tintégrité parfaite de la moelle
en ce qui concerne la substance grise ; les cellules motrices
étaient absolument normales. 11 a, par contre, trouvé des
altérations très marquées des nerfs musculaires correspon-
dant aux muscles atrophiés, presque tous les tubes nerveux
ayant disparu et n'étant plus représentés que par des gaines
vides; les lésions diminuaient progressivement à partir de
la périphérie en s'élevant le long du tronc nerveux; les
muscles atrophiés étaient également altérés, la plupart des
faisceaux primitifs avaient disparu. On peut conclure que
l'origine spinale de Famyotrophie des hémiplégiques,
contrairement à ce que l'on admettait, doit être fort rare,
et aue cette lésion dépend le plus souvent d'une névrite
périphérique.
— }i., Féré, revaccinant les malades de son service et
inoculant symétriquement aux deux bras un certain nombre
d'hémiplégiques, a constaté que du côté paralysé la résis-
tance au virus était bien moindre ; chez quelques malades,
en effet, chez lesquels se sont développés des boutons de
fausse vaccine, ces boutons ont apparu exclusivement da
côté hémiplégique.
— M. Gilles de la Tourette a étudié avec M. Cathelineau
l'état de la nutrition chez des hystériques simples et des
hystériques présentantdesatlaques. D'après ces recherches,
la nutrition dans l'hystérie s'effectue normalement, si on
juge par l'analyse des urines au point de vue du résidu fixe,
de l'urée et de l'acide phosphorique. Au contraire, dans
l'attaque d'hystérie convulsive, il y a une diminution du
résidu fixe, de l'urée et des phosphates ; à ce point de vue,
l'état de mal hystérique, quelle que soit d'ailleurs sa forme,
n'est qu'une attaque d'hystérie prolongée ; dans ces cas, le
poids des sujets diminue journellement, pour, au réveil,
se relever rapidement. Toujours à ce point de vue clinique,
l'attaque d'hystérie est exactement l'inverse de l'accès
d'épilensie, si l'on s'en rapporte sur celui-ci aux recherches
de M. Lépine et à celles de M. Mairet.
— MM. Babinski et Charrin ont obsen'é chez plusieurs
lapins atteints de la maladie pyocyanique des arthropathies
se développant de préférence dans les membres paralysés.
Les caractères cliniques de ces arthropathies sont très
nets; les lésions anatomiques sont également caractéris-
tiques ; dans le liauide qui remplit la cavité articulaire, on
trouve, outre des leucocytes, des flocons de fibrine et des
bacilles. Ce bacille, cultivé, tue le lapin par injection intra-
veineuse, comme le microbe de la pyocyanine ; cependant il
ne présente pas tous les caractères de ce dernier. Il y a là
un point sur lequel les auteurs ont entrepris d'autres
recherches. Quoi qu'il en soit^ on peut affirmer qu'il se
produit, au cours de la maladie pyocyanique, des arthro-
pathies infectieuses.
— M. Baiinski rapporte une série d'observations qui
montrent que la migraine ophthalmique peut constituer
une manifestation de l'hystérie; chez tel malade en effets
l'accès de migraine remplace une attaque convulsive ou une
crise de mutisme; chez tel autre, il est accompagné de
manifestations hystériques diverses, etc.
— M. Balzersi cherché à déterminer la toxicité du bis-
muth au moyen d'injections sous-cutanées d'une solution
de citrate de oismuth et d'ammoniaque faites à des chien.<.
Après l'injection de quelques centigrammes de bismuth
métallique, il se produit très vite une stomatite qui diffère
à certains égards de la stomatite mercurielle; on observe
sur la muqueuse buccale des plaques de sphacèle. Il sur-
vient de la diarrhée, des hémorrhagies stomacales et intes-
tinales, de la dyspnée. Ces phénomènes avaient d'ailleurs
été déjà signalés par MM. Dalché et Yillejean. M Balzer a
observé une fois la production d'une double opacité cor-
néenne analogue à celle que M. Dubois a constatée à la
suite des inhalations d'éthylène. Le bismuth injecté se
retrouve en grande quantité dans le foie et les reins; il
s'élimine activement par les urines, la bile, la salive.
— M. Roger rapporte des faits qui montrent que leîs
matières solûbles élaborées par les microbes pathogènes
sont, dans certaines conditions, susceptibles de favoriser
le développement du microbe oui les a sécrétées. Ainsi les
lapins auxquels on inocule le charbon symptoroatique dans
la chambre antérieure de l'œil meurent très rapidement.
Or, comme il est très difficile d'admettre tiue les microbe?
puissent se développer dans des tissus où leur inoculation
ne détermine aucun accident, il faut bien supposer qu'il se
9 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 32 — 519
produit au niveau du foyer des substances qui vont sans
doute modifier l'état général de Tanimal en expérience.
C'est cette hypothèse que M. Roger a cherché à vérifier, et
ses expériences paraissent en effet justifier la théorie.
— MM. Beauregard et Pouchet ont eu l'occasion de
disséquer une tète de ieune cachalot mâle ; ils ont pu véri-
fier sur ce spécimen les faits qu'ils avaient déjà signalés
dans des observations antérieures et relatifs à la forme de
la tète, à la conformation des narines et à la forme et à la
nature de l'organe qui fournit le spermaceti.
— M. Beauregard décrit les conditions dans lesquelles
vit et respire le protoptère, poisson dipnéen fort rare qu'il
a pu étudier d'après quatre spécimens récemment envoyés
du Sénégal au Muséum.
— H. Galippe rapporte un fait qui constitue un exemple
très net du transport, par un insecte, d'éléments patho-
gènes.
— M. Galippe a pu examiner soigneusement une molaire
d'éléphant et décrit plusieurs particularités intéressantes
concernant la gencive, la fixation de la dent au maxillaire
par un système ligamenteux, etc.
— Les séances de la Société de biologie sont suspendues
jusqu'au mois d'octobre.
BIBLIOGRAPHIE
1a BMladle pyoeyaniq^c, par M. le docteur ChARRIN. —
1 volume, chez Steinheil, Paris, 1889.
M. Charrin vient de réunir en un volume les recherches
qu'il poursuit depuis plusieurs années sur la maladie pyo-
cyanique. On sait qu'il s'agit là d'une maladie expérimen-
tale produite chez tes animaux par l'inoculation d'un bacille
qui a été isolé par H. Gessard et qui ne semble guère dan-
gereux pour l'homme; on le voit végéter quelquefois sur
des plaies, il y détermine une suppuration bleuâtre, dont
la coloration tient à une substance cristal lisable, la pyocya-
nine. Mais, si ce microbe est inoffensif pour l'homme, il
détermine chez les animaux et particulièrement le lapin,
des accidents remarquables par leur variabilité; suivant la
volonté de l'expérimentateur, l'évolution sera aiguë ou
chronique et, dans les deux cas, la maladie s'accompagnera
de manifestations extrêmement variées et qui, sous leur
aspect multiple, reproduiront un bon nombre des accidents
que nous offre la pathologie humaine. Mais ce qui fait de
cet organisme un véritable microbe d'étude, c'est qu'il est
toujours facile de reconnaître sa présence dans les humeurs
ou les tissus; il suffit d'ensemencer des bouillons de cul-
ture, pour voir bientôt apparaître la coloration bleue carac-
téristique. Telles sont les raisons qui ont conduit H. Char-
rin à poursuivre l'étude de la maladie pyocyanique : on va
voir, par l'importance des résultats ootenus, combien ce
choix était justifié.
M. Charrin commence par étudier la morphologie du mi-
crobe et déjà, dans ce premier chapitre, nous relevons un
fait du plus haut intérêt : c'est qu'on peut à volonté modi-
fier la forme de l'organisme, en modifiant les milieux où
on le cultive et particulièrement en y ajoutant des antisep-
tiques. De petit bacille, il deviendra filament: ailleurs il
sera recourbé en croissant ; ailleurs il formera aes spirilles,
pouvant avoir jusau'à huit et dix tours très serrés. Il suffit
de jeter un coupa'œil sur la planche annexée au livre, pour
voir combien est grand ce polymorphisme expérimental. En
même temps que la forme se modifie, on peut observer des
variations dans les fonctions du microbe, particulièrement
dans celle qui semble au premier abord si caractéristique,
la fonction chromogène. Mais dans tous les cas, ces modifi-
cations sont passagères, en quelque sorte pathologiques; il
suffit de remettre le microbe dévié du type normal dans un
milieu approprié, pour lui voir reprendre à la fois sa forme
première et ses fonctions. Il y a un enseignement à tirer
de ces expériences : les antiseptiques, alors même qu'ils ne
tuent pas les microbes, peuvent rendre des services en mo-
difiant leurs formes et leurs fonctions et particulièrement
en empêchant la production des substances nocives qu'ils
peuvent sécréter.
Le bacille pyocyanique peut, avons-nous dit, déterminer
chez le lapin une maladie aiguë ou une maladie chronique.
Dans le premier cas, l'évolution rappelle des septicémies
expérimentales : Tanimal meurt en un jour ou deux avec de
la fièvre, de la diarrhée, de l'albuminurie. Bien plus intéres-
sante est la forme chronique, où se développe souvent une
manifestation toute spéciale : ce sont des paralysies spas-
raodiques, apparaissant au bout de quinze ou vingt jours,
localisées à un membre, ou étendues à plusieurs, ne s'ac-
comçagnant ni d'atrophie ni de modification dans la con-
traclilité électrique, s étendant souvent à la vessie, entraî-
nant généralement la mort, mais susceptible de guérison.
Il y a une grande analogie entre ces paralysies et celles
qu on observe chez l'homme à la suite des maladies infec-
tieuses et particulièrement de la diphlhérie; dans les deux
cas, les accidents peuvent apparaître longtemps après l'in-
fection, alors qu'il n'y a plus de microbes dans l'organisme;
c'est que ces manifestations paralytiques sont produites par
les matières solubles qu'a sécrétées Tagent infectieux : ce
sont des paralysies toxiques, comparables à celles du satur-
nisme, qui peuvent se manifester longtemps après que le ma-
lade a cessé de s'exposer aux causes d'intoxication. Comme
dans beaucoup d'autres cas de paralysies infectieuses ou
toxiques, l'étude anatomique n'a rien révélé : le système
neuro-musculaire était sain.
La maladie pyocyanique n'est pas seulement intéressante
au point de vue clinique, elle l'est au moins autant par la
multiplicité des lésions Qu'elle engendre. C'est ainsi qu'on
peut observer au niveau au tube digestif de petites hémor-
rhagies et même des ulcérations : c'est là une constatation
importante, aujourd'hui qu'on tend à admettre la nature
primitivement parasitaire de l'ulcère simple de l'estomac.
Les lésions rénales sont plus fréquentes et plus variables;
ce sont tantôt des néphrites aiguës, tantôt des infarctus;
quelquefois même il se développe un processus chronique
avec sclérose et atrophie du rein, et hypertrophie du cœur;
c'est un véritable mal de Bright chronique; de telle sorte
qu'ici encore nous trouvons une reproduction exacte de ce
qu'on observe chez l'homme; mais, tandis que la clinique
ne permet guère, au milieu de causes morbifiques si nom-
breuses, de dégager ce qui relève de l'infection dans la pa-
thogénie des altérations scléreuses, chez l'animal la démon-
stration est plus simple; la sclérose peut n'être qu'une
conséquence tardive de l'infection.
Enfin, comme si la maladie pyocyanique devait reproduire
les principales manifestations de la pathologie humaine, on
y trouve signalée la dégénérescence amyloide, c'est-à-dire
cette altération relativement fréquente chez l'homme et que
jusqu'ici on n'avait pu reproduire expérimentalement.
Il ne suffit pas de constater des faits : l'expérimentateur
doit essayer d'en pénétrer le mécanisme; c'est ce qu'a fait
M. Charrin. Il a établi que nombre des symptômes observés
relèvent d'une intoxication ; les bouillons de culture où a
vécu le bacille pyocyanique, débarrassé de tout élément
figuré, donnent aux animaux de la fièvre, de la diarrhée,
de l'albuminurie et, ce qui est encore plus important, ils
peuvent produire les paralysies sur lesquelles nous avons
déjà insisté. Mais les matières toxiques ne peuvent tout ex-
pliquer ; il faut faire une part aux microbes eux-mêmes, ce
qui nous amène à conclure avec M. Bouchard que la viru-
lence est la résultante de conditions multiples.
Si les matières sécrétées par les microoes peuvent être
520 — N« 32
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
î> Août 1889
nuisibles, elles peuvent aussi avoir une action favorable ;
elles vaccinent les animaux contre Tinfection. C'est ce qu'on
obtient en injectant sous la peau une certaine quantité de
cultures stérilisées. Ce résultat, vérifié depuis pour plu-
sieurs autres microbes, offre un double intérêt; il permet
de saisir le mode d'action des vaccins ou tout au moins de
serrer de plus près la solution du problème, il permet
d'espérer qu'on pourra un jour substituer aux vaccins figu-
rés, toujours dangereux, les vaccins solubles.
On pourrait supposer que les matières vaccinantes stéri-
lisent l'organisme à la manière des antiseptiques qu'on
introduit dans les bouillons de culture. Cette conception si
simple ne cadre pas avec les faits ; les expériences de
MM. Bouchard, Charrin et Ruffer ont démontré que les
matières vaccinantes et morbifiques, sécrétées par les mi-
crobes, ne font que traverser l'organisme et se retrouvent
dans l'urine; comme leurs effets peuvent apparaître après
leur élimination, force est d'admettre qu'elles agissent en
troublant la nutrition des cellules et modifiant leur actmt .
Nous avons vu constamment côte à côte les matières no-
cives et favorables; nous les avons trouvées dans les cul-
tures, nous les avons retrouvées dans l'urine. S'agit-il d'une
substance unique à la fois morbifique et vaccinante? S'agit-
il de substances distinctes? Et dans tous les cas quels sont
les caractères chimiques de ces substances? Autant de ques-
tions dont M. Charrin poursuit l'étude. Ces recherches chi-
miques sont, on le conçoit, extrêmement longues, mais
Fauteur a déjà pu reconnaître qu'aucun des effets physio-
logiques des matières solubles n'appartient à la pyocyanine;
c'est un résultat négatif qui méritait d'être signalé.
Le livre se termine par quelques considérations sur les
infections secondaires et sur la propriété que possède le
bacille pyocyanique d'entraver le développement de l'infec-
tion charbonneuse (Bouchard).
Tels sont les principaux faits indiqués par M. Charrm.
On voit qu'il n'existe guère de maladie infectieuse plus com-
plètement étudiée; il n'en est pas qui aient permis d'abor-
der un aussi grand nombre de problèmes relatifs à Thistoire
générale des infections. Nous avons dû laisser de côté bien
des recherches intéressantes, et particulièrement celles oui
ont trait aux variations symptomatiques, en rapport avec les
espèces animales, l'état" général du sujet, les portes d'en-
trée du virus. Il y a là une série d'études qu'il faut bien
lire dans l'original. On y verra de plus que M. Charrin ne
se contente pas de rapporter des faits, mais qu'il les discute
longuement et montre les nouveaux problèmes que soulève
chaque nouvelle expérience ; enfin l'auteur essaye constam-
ment d'établir des rapprochements, parfaitement justifiés,
entre la maladie expérimentale qu'il étudie et la pathologie
humaine. Aussi ce livre sera-t-il également lu avec profit
par l'expérimentateur et par le médecin ; il s'adresse à tous
ceux qui s'intéressent aux progrès de la bactériologie.
Roger.
VARIETES
Faculté de médecine de Paris. — MM. les professeurs
Verneuil et Charcot sont dispensés du service des examens
pendant Tannée scolaire 1889-18iJ0.
Statistique sanitaire. — Afin que la direction de Fassisiance
et de rhygiène publiques au ministère de Tinlérieur fût rensei-
gnée d'une façon régulière et continue sur Tétat sanitaire de
toute la France et fût ainsi à même d'arrêter, le plus rapidement
possible, la propagation des épidémies, M. Constans a demandé
au ministre de 1 instruction publique le concours des instituteurs
et des institutrices pour rétablissement d'un nouveau mode de
statistique sanitaire.
W. Fallières a fait connaitre au ministre de Tintérieur que le
personnel de renseignement primaire serait heureux de parti-
ciper à une mesure qui contribuera à faire disparaître les affec-
tions épidémiques encore si fréquentes dans les écoles. A cet
effet, il a adressé une circulaire aux préfets pour les prier dr
faire connaître, dès à présent, aux instituteurs et iostitutrire^
le nouveau service que le gouvernement leur demande.
Le ministre de 1 intérieur adressera ensuite aux préfets unt-
autre circulaire contenant des instructions détaillées relative-
ment à la statistique sanitaire.
Le rôle des instituteurs sera des plus simples; il se bornera.
en effet :
i° A inscrire les cas de maladies épidémiques qui apparaitroni
dans leurs écoles sur un bulletin (bulletin (TaveHmement des
épidémies commençantes) y lequel devra être immédiatemeiii
transmis au sous-préfet, sous le couvert du maire de la com-
mune;
"t A remplir un bulletin trimestriel où devront être portée»
les affections épidémiques qui auront pu se produire pendant le
trimestre précèdent. (îe dernier bulletin devra être également
transmis au sous-préfet, même lorsque aucune maladie épidé-
mique n'aura apparu dans Técole pendant ledit trimestre.
Ces statistiques seront dépouillées dans les sous-préfecturc>
et envoyées ensuite à la direction de l'assistance et de l'hygiènr
publiques, au ministère de l'intérieur.
[Semaine médicale,)
« •
Mortalité a Paris (30« semaine, du 21 au 27 juillfi
1889. — Population : 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde, i \,
— Variole, 1. — Rougeole, 29. — Scarlatine, 5. — Coque-
luche, i4. — Diphthérie, croup, 24. — Choléra, 0. — Phthisi**
pulmonaire, 160. — Autres tuberculoses, 19. — Tumeurs
cancéreuses, 64; autres, 4. — Méningite, 31. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 39. — Paralysie, 7. —
Ramollissement cérébral, 7. — Maladies orjg^aniques du cœur, 5:'».
— Bronchite aiguë, 23. — Bronchite chronique, 12. — Broncho-
pneumonie, 19. — Pneumonie, 29. —Gastro-entérite: sein,3:V,
biberon, 132.— Autres diarrhées, 7. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 1. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité con-
génitale, 24. — Sénilité, 29. — Suicides, 13. — Autres morts
violentes, 3. — Autres causes de mort, 156. — Causes
inconnues, 4. — Total : 967.
OUVRAGES DEPOSES AU BUREAU DU JOURHAL
Fièvre de» foine, pathogénie et Iraiteraenl, par M. le docteur Marcel Nalifr. lot'
brochure ia-8« de 160 pages Paris, 0. Doin. ^ 3 fr
Traitement ipéeiflque de la phthisie pulmonaire par le cuivre, par 11. le doctenr
E. Gharlier. Une brochure in-8« de 45 pages. Paris, 0. Doin. i fr. in
Contribution à l'étude de* auto-intoxiealion des manifeitation» morbides du
turmehage phytique, par M. le docteur A. Dufonr. Uno brochure in-H* de
140 pages. Paris, 0. Doin. 3 fr
Guide médicûl aux ttatiom hivemalet, cUniatologie. climatoUiérapie, hygiène,
par 11. le docteur J. Orgeas (de Cannes). 1 toI. in-16 cartonné de 150 pa|^'>.
Paris, 0. Doin. * tr.
Pathogénie et traitement de VauUHintoxicalion» éclampsie, par II. le doeteui
Maurice Riviôre, mémoire couronné parla Société do médecine et do chimrpi*
de Bordeaux (prix Jean Oubrcnilh, 1888). Une brochure \a-f^ do 210 page«>.
Paris, 0. Doin. 5 f r
De Vinfluence de Vimpaludieme sur let femmet enceintes (avortement, aecouch.^
ment prématuré), mémoire présenté et lu au Congrès brésilien do médeciofe
et de chirurgie réuni à Rio-de-Janeiro en septembre 1888. par M. le doctrar
. Rodrigues Dos Santos. Une brochure in-8*> do 60 pages. Paris, 0. Doin.
S fr. W
Hérédité et alcoolisme (étude psychologique et clinique sur les dégénérés buveur^
et les familles d'ivrognes), ouvrage couronné par la Société médico-psyeholo-
gique (1888). par M. le docteur M. Legrain, avec une préface de M. le docteur
Magnan. 1 vol. in-S* de 435 pages. Paris, 0. Doin. 7 fr .
Traité de chirurgie eliiUque» par M. P. Tillaux. T. H» 8» fascicule; iïi«mft/r
inférieur, organes génitaux de l'homme et de la femme. 1 vol. grand in-8« di
535 pages avec 52 figures. Pari», Asselin et Houzcau. 6 fi
Ouvrage complet. 2 vol. grand in-8« avec 175 figures dans le texl«. 'ii fi.
Maladies de la langue, par M. le docteur Henry T. Butlin, traduit de l'anglais par
M. le docteur Aigre. 1 vol. tu 8» de 430 pages. ^ fr
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
20004. — IIOTTiROi. — Imprimeries réuniet, A. niê Mignon, S, Paris.
Trente-sixième année
N*33
16 AoDT 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDEC[NE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rboâcteur bn chef
MM. P. BLACNEZ, E. BRISUUD, 6. DIEULAFOY, OREYFUS-BRISAC, FRANfiOlS-FRANCK, A. HENOCQUE, A.^. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lkhebodllbt, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
Le prochain numéro de la GAZETTE HEBDOMA-
DAIRE sera consacré au compte rendu de tous les
(jongrés intéressant la médecine qui ^ennent d'avoir lieu
à Paris.
SOMMAIRB. — Bulletin. — Clinique chirurgicale. Les Ttriélés analomiquet
et cliniques des hernies ingoinales réductibles. — Rkvcb dis cours et des
CLINIQUES. Hospice de Is Silpâtrière. M. le professeur Cliarcot. — Travaux
ORIGINAUX. Clinique médicale : Sur un cas de pleurésie purulente méu-pneu-
monique, tmilée par les ponctions avec injections antiseptiques, puis par l'opé-
ration do l'empyème. — Patliologie interne : Observation d'un soldat atteint do
mutisme hystérique et réformé. ~ Revue des Congrès. 8* Con^^èt de médecine
inienie (Wiesbaden, 1889). >-3* Congrès de la Société allemande de gynéco-
logie tenu à Friboorg en Brisgau du 17 au 24 juin. — SociéT^s savantes. Aca-
démie de médecine. — Société médicale de^i hôpitaux. — Revue des jour-
naux. Thérapeutique. — Bibliographie. Traité pratique des maladies du nés
et de la cavité naso-pharyngicnne. — VARiirés.
BULLETIN
Paris, il aoilt 1889.
Académie de médecine : Prophylaxie de la tabereniose.
Après le clair et substantiel exposé de M. Yillemin, Tac-
cord eût été assurément complet à TAcadémie sur les
mesures prophylactiques à prendre à Tégard de la tuber-
culose et le texte des instructions proposées par la commis-
sion du Congrès eût été adopté avec quelques modifications
de détail seulement, si une question préjudicielle de pro-
cédure n'avait dû être soulevée. Dans quelques semaines,
lorsque la fin des vacances aura ramené leurs collègues
dans l'enceinte de la rue des Saints-Pères, les membres de
. la nouvelle commission nommée hier apporteront le fruit
de leurs délibérations sous la forme d'instructions qui ne
différeront vraisemblablement pas beaucoup de celles qui
tiennent d*étre présentées à l'Académie.
Ces instructions sont en effet très complètes, trop com-
plètes peut-être; elles ne laissent dans l'ombre aucune
partie essentielle de ce difficile problème. Les données
scientifiques sur lesquelles elles s'appuient sont indéniables ;
elles dérivent d'expériences maintes fois répétées. M. Ville-
rnîn a modestement fait observer que ces expériences et
leurs résultats datent de vingt ans déjà et qu'ils n'auraient
sans doute pas été contestés, qu'ils seraient connus et
appréciés de tous, s'ils n'avaient pas été écrits en français.
Qu'on lise en effet son mémoire publié ici même, le 23 avril
1869, sur la propagation de la phlhisie, après avoir été lu
à l'Académie dix jours avant : la prophylaxie de cette affec-
tion y est tracée de main de maître ; les conditions
qu'elle doit remplir n'ont pas changé depuis cette époque.
«• SéaiB T. XXVI.
En établissant sur des bases qui n'ont pu être réfutées la
transmissibilité de la phthisie, ainsi que ses principaux
moyens de transmission, H« Villemin avait déjà indiqué la
voie que doit suivre l'hygiène pour atteindre avec succès
l'élément virulent de la maladie. Malheureusement celle-ci
est tellement associée aujourd'hui à notre condition sociale,
pour ainsi dire, qu'il semble presque impossible au premier
abord de vaincre les multiples obstacles que la prophylaxie
présente : de là l'étonnement qu'on éprouve en présence de la
complexité des mesures prophylactiques proposées, le décou-
ragement, par suite la négligence, qu'on constate chez ceux
qui seraient le plus à même d'en assurer l'exécution. Et
cependant chacune de ces précautions a son utilité ; il est
impossible à un hygiéniste, à un médecin, d'en oublier une
seule. Faire à ce sujet l'éducation des pouvoirs publics et
celle du public lui-même, est-ce chose si malaisée? Nous
ne le pensons pas; en tout cas, il y a lieu d'en tenter l'essai
au plus vite, en graduant les moyens d'instruction suivant
les personnes auxquelles ils s'adressent. Il est indispen-
sable, par exemple, que les administrations sanitaires con-
naissent toute l'étendue et tous les détails des devoirs qu'elles
ont à remplir; mais il suffit, pour les particuliers, d'appe-
ler avec éclat leur attention sur les parties les plus impor-
tantes du problème et surtout sur celles qui sont à leur
portée. De ce nombre est assurément la destruction des cra-
chats desphlhisiques, la propreté et la désinfection de ce qui
touche ceux-ci et les environne dans leurs demeures. Nous
voudrions qu'on sût bien tout le danger que font courir
les produits d'expectoration qui se dessèchent à l'air;
n'y aurait-il que cette connaissance qui se générali-
sât dans tout le public que la prophylaxie ne tarderait pas
à devenir facile et que chacun y mettrait du sien. Comme
l'a si justement dit M. Verneuil, si la chirurgie est aujour-
d'hui si en avance sur la médecine au point de vue des
résultats obtenus par l'application des doctrines microbiennes
au traitement et à l'hygiène des opérés et des blessés, c'est
qu'elle n'a cessé de proclamer bien haut la transmissibilité
des affections telles que Térysipèie, la septicémie, etc. Il
faut que tout le monde sache que la phthisie est transmissible,
que les crachats desséchés sont le principal agent de cette
transmission, puis le lait et les viandes provenant d'ani-
maux tuberculeux ; il faut qu'on répande cette notion par tous
les moyens aujourd'hui si ingénieux et si multipliés de la
publicité. Une simple mention répétée à des milliers, même
à des millions, d'exemplaires, dans des endroits apparents,
sur des objets placés fréquemment sous les yeux, fera
plus que les instructions les plus savantes, qui ne s'adres-
33
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
16 Août 1889
sent qu'à une élite instruite et intelligente. Plus cette
notion sera vulgarisée, plus les procédés préventifs de la
maladie se perfectionneront en se multipliant, chacun s*in-
géniant à éviter un danger universellement reconnu.
— Un important mémoire a été lu à TAcadémie par
M. Zambaco sur la lèpre en Turquie. De Tenquéte à laquelle
s'est livré le savant médecin de Constantinople se dégage
la conclusion 'que la lèpre est moins inconnue qu'on ne le
pensait dans les pays d'Orient; mais, si elle n'est pas conta-
gieuse au sens propre du mot, son extension, qui ne parait
pas s'arrêter, dépend des conditions de milieu dont on
ignore à peu près complètement la valeur relative. Les
documents si nombreux apportés par M. Zambaco sont parmi
ceux qu'il est le plus précieux de retenir pour l'étude de
cette cruelle maladie.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Vem vmrîéiém antttomiqHes et ellnlq^ea des hernies
Ingninstes rédnedblee.
Dans une thèse remarquable, vieille de six ans déjà, où
H étudie la hernie inguinale congénitale étranglée de
l'adulte, Ramonède parle accidentellement de la hernie
acquise, et il déclare: c Rien n'est moins homogène que le
groupe des hernies inguinales dites acquises. A quelque
point de vue qu'on se place: étiologie, anatomie patholo-
gique, symptomatologie, traitement, aucun des faits de leur
histoire ne se présente avec cette unité relative qui se ren-
contre dans les autres hernies abdominales. »
Cette assertion est parfaitement exacte, si l'on admet,
avec nos livres classiques, que la hernie acquise est la
hernie ordinaire. Elle devient fausse, au contraire, si l'on
admet anatomiquement que la plupart des hernies obliques
externes sont à sac préformé et que presque toutes les
hernies acquises sont des hernies directes; si l'on admet,
cliniquementy que l'on doit faire table rase de ces distinc-
tions et opposer aux hernies d'emblée, ou de force, toutes
congénitales, les hernies progressives, ou de faiblesse, sans
se demander si leur début a eu lieu, ou non, dans un reste
du canal péritonéo-vaginal.
La solution du problème exige des constatations anato-
miques minutieuses, qu'il est presque toujours impossible
de faire au cours d'une kélotomie. Je me suis donc attaché,
depuis prés de deux ans, à disséquer sur le cadavre un
grand nombre de hernies inguinales et je suis arrivé à
penser que les descriptions classiques doivent être modifiées.
C'est à cette démonstration que je vais consacrer cet article,
en m'excusant de parler ainsi de mes recherches person-
nelles.
l
Avant d'entrer dans l'étude anatomo-pathologique, un
mot sur la superposition des plans à la région inguinale.
Sous la peau et le fascia superficialis, on voit trois
muscles aplatis ou leurs tendons, également aplatis et
appelés aponévroses d'insertion ; ces muscles sont, de
dehors en dedans, le grand oblique, le petit oblique, le
transverse. Comme tous les muscles plats, ils ont sur
chacune de leurs faces un feuillet conjonclif, une aponévrose
d'enveloppe. Mais sur les quatre faces, deux à deux conti-
guês, qui limitent les deux interstices musculaires de la
paroi abdominale antéro-latérale, ces lames sont mioces,
négligeables. Elles s'épaississent, au contraire, sur les deux
faces extrêmes, c'eslà-dire sur la face cutanée du graDd
oblique et sur la face péritonéale du transverse L'aponévrose
d'enveloppe antérieure, appelée sans autre qualificatif
aponévrose d'enveloppe du grand oblique, forme ainsi une
couche disséquable entre le muscle et le fascia super-
ficialis. De même, entre le transverse et le péritoine, l'apo-
névrose d'enveloppe postérieure du transverse , ce fascia
transversalis, sur lequel on a tant écrit. Mais ce fascia n'esl
pas directement au contact de la séreuse; il en est sépare
par une couche conjonctive sous-séreuse, condensée en arri-
vant vers l'aine, le fascia propria.
La paroi ainsi constituée est parcourue par le cordon
spermatique, oblique en bas et en dedans, entre deui
orifices nommés anneaux inguinaux, l'un intérieur (appelé
interne), percé dans le fascia transversalis, l'autre extérieur
(appelé externe), par lequel le cordon émerge, tout prèsda
pubis, entre deux faisceaux — deux piliers — du tendon
aplati du grand oblique. Le cordon suit ainsi le trajet io-
guinal, rampe entre la face supérieure de l'arcade de Fal-
lope et le bord inférieur des muscles petit oblique et
transverse. Suivons-le maintenant hors de l'anneau du
grand oblique et voyons quelles sont ses enveloppes à la
racine des bourses.
C'est d'abord la peau du scrotum, à la face profonde de
laquelle vient, plus bas, s'annexer le dartos. Sous ce pre-
mier plan est une lame celluleuse lâche, en sorte que le
scalpel sépare sans aucune difficulté la peau de la couche
suivante, lame conjonctive qui se fixe en haut à l'anneao
externe et par sa face profonde adhère aux faisceaux muscu-
laires du crémaster. Sous cette gaine musculaire — qui sort
de l'anneau externe — sont les éléments du cordon, entou-
rés par un feuillet cellulo-fibreux, la gaine profonde du
cordon ou tunique fibreuse commune. Cette gaine fibreus<^
remonte jusqu'à l'anneau interne et là se continue avec le
fascia propria, dont elle n'est que la condensation.
Cette continuité, l'embryologie nous l'explique. Chez le
fœtus, en effet, un prolongement péritonéal descend hors de
l'abdomen, le long du cordon, jusqu'au testicule. Ce canal
péritonéo-vaginal s'oblitère en haut ; il en reste en bas 1%
tunique vaginale. Mais il va sans dire qu'autour de lui,
comme autour de toute séreuse, est une lame conjonctive
sous-séreuse, naturellement continue avec la lame sous-
péritonéale. Or la lame sous-péritonéale s'appelle fascia
propria; la lame péri-funiculaire s'appelle gaine fibreuse
commune.
De cette structure résultent les trois conséquences aua-
tomo-pathologiques que voici : toute hernie qui sortira du
trajet inguinal par l'anneau du grand oblique sera sous la
gaine externe du cordon, c'est-à-dire à l'intérieur du
cylindre créraastérien; toute hernie qui aura pénétré dans
le trajet par l'anneau interne sera en même temps sous la
gaine profonde ou fibreuse commune; les seules hernies qui
puissent être en dehors du crémaster sont celles qui sortent
du trajet à côté de l'anneau externe, par un interstice
anormal du tendon aplati du grand oblique.
Cette mention suffira pour les hernies para-inguinales,
caractérisées par cette émergence anormale, quel que soit
d'ailleurs le point de pénétration dans le trajet inguinal.
Sur ces hernies irrégulières, assez rares, aucune erreur
anatomique n'a cours. Il n'en est pas de même pour les
autres variétés de la hernie acquise.
i6 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« 33
523
II
fielte hernie acquise, que mieux vaut appeler hernie à
canal fermé, est celle qui se produit, par résislance insuffi-
sante de la paroi abdominale, une fois achevée et parachevée
l'oblitération normale du canal péritonéo-vaginal.
Le point par lequel la hernie à canal fermé pénètre dans
le trajet inguinal est variable.
On sait qu'à la face péritonéale de la région inguinale,
on voit les deux saillies des artères épigastrique et ombi-
licale. Entre les deux est une fossette, fossette moyenne, car
il existe une fossette externe en dehors de Tépigastrique,
une fossette interne ou vésico-pubienne en dedans deTombi-
licale. La fossette externe répond à l'anneau du fascia trans-
versalis : par elle sort la hernie oblique externe. La fossette
moyenne, située juste en regard de l'anneau du grand
oblique, livre passage à une hernie qui dès lors sera directe.
Plus en dedans est la fossette interne, par où fait issue la
hernie oblique interne, variété tout à fait rare, que je n'ai
pas rencontrée dans mes dissections et dont il ne sera par
conséquent plus question.
Restent donc les hernies externe et directe. Et même,
dira-t-on si l'on est imbu des doctrines classiques, n'en
voilà-t-il pas assez sur la hernie directe? Que servent de
longs discours sur cette descente, dont Duret s'occupe dans
sa thèse sur les variétés rares de la hernie inguinale? Mar-
jolin, en 18ii, affirme ne l'avoir jamais rencontrée, et,
d'après Malgaigne, elle ne constitue qu'un centième envi-
ron des hernies inguinales. C'est à l'aide de quelques obser-
vations presque célèbres de Hesselbach, A. Cooper, Trélat
et Duguel, Guyon et Reverdin, que Duret, et d'après lui
Picqué, écrivent l'histoire de cette rareté. Sur ce point,
tous les auteurs sont d'accord : sauf un, cependant, d'après
lequel les hernies directes sont aux obliques dans la pro-
portion d'un cinquième à peu près. Et l'on aurait dû y
regarder à deux fois avant de taxer cet auteur d'exagération,
car il s'agit de Cloquet, un des rares chirurgiens, le seul
peut-être, qui ait étudié l'anatomie pathologique des hernies
en disséquant sur le cadavre les hernies non étranglées, au
lieu de s'en fier aux notions vagues acquises pendant les
kélotomies. Or Cloquet est loin d'exagérer. J'ai disséqué
3:2 cadavres de hernieux : il portaient une ou deux hernies
directes; 19 portaient une ou deux hernies externes; sur !2,
les deux variétés s'associaient. Si l'on ne tient compte que
des hernies bilatérales, les directes sont 4 contre 2 externes.
La hernie directe est donc fréquente. Elle est la plus fré-
quente des hernies bilatérales. Reste à prouver qu'elle est
la plus fréquente des hernies à canal fermé.
L'examen anatomique de la région normale conduit, par
le raisonnement, à penser qu'il en doit être ainsi. On insiste
surtout sur la fossette péritonéale externe. Oui, elle est très
nette lorsqu'il y a une anomalie péritonéo-vaginale, assez
fréquente il est vrai. Mais, sauf cette condition, il n'y a à
peu près aucune dépression en dehors de l'artère épigas-
trique : une hernie n'y trouverait que difficilement une
amorce. Au contraire, une large fossette est limitée par
l'épigastrique et par l'ombilicale; et sur les vieillards à
ventre flasque, si l'on exerce une poussée sur la région avec
le poing introduit dans le ventre, c'est là que la paroi se laisse
déprimer. Si l'on joint à cela la correspondance exacte,
directe, de cette fossette, de cette fosse plutôt, et de l'an-
neau du grand oblique, on accordera que la hernie à canal
fermé, hernie de faiblesse, de vieillard, doit sans doute
avoir tendance à profiter de cette région mal défendue.
Mais tout ceci n'est que du raisonnement, est donc sujet
à caution. C'est à l'anatomie pathologique qu'il faut deman-
der les preuves, en recherchant s'il existe un caractère ana-
tomique permettant de distinguer la hernie à canal fermé
et la hernie à canal ouvert, dite hernie congénitale. Pour
y parvenir, il faut d'abord étudier avec soin la constitution
du sac dans la hernie directe, hernie indiscutablement
acquise.
III
Dans tous les ouvrages classiques on trouve sur ce point
spécial, soit le silence, soit les notions suivantes : la hernie
directe refoule parfois devant elle le fascia transversalis,
mais la plupart du temps elle le franchit à la faveur d'une
éraillure. Puis arrivée à l'anneau externe, elle en sort en
dehors du crémaster.
Cette dernière assertion provient sans doute de ce qu'on
ne s'astreint pas toujours assez à bien distinguer la gaine
superficielle et la gaine profonde du cordon. Que la hernie
directe soit hors de la gaine profonde du cordon, nul ne
s'en étonnera, puisqu'elle pénètre dans le trajet à côté de
l'anneau externe. Mais est-elle vraiment en dehors du cré-
master comme l'affirme Sarrazin, par exemple, « dans le
tissu sous-cutané », où Duret la loge sans hésiter? S'il
en est ainsi, après ce que j'ai dit plus haut, c'est que la
hernie directe est toujours une hernie para-inguinale. Or les
faits donnent à cette opinion, ainsi poussée à l'absurde, un
éclatant démenti : j'ai disséqué sur 13 sujets, 17 hernies
directes et toujours le sac sortait par l'anneau externe, était
entouré par le cylindre crémastérien. Il est probable que la
hernie directe para-inguinale existe; mais il est bien évi-
dent qu'elle est rare.
J'en dimi autant de l'éraillure du fascia transversalis :
puisqu'on en parle, c'est sans doute que quelqu'un l'a vue,
une fois au moins. Mais j'affirme que je ne l'ai jamais
rencontrée. Autour de mes dix-sept hernies directes j'ai isolé
un sac en continuité indiscutable avec le fascia transversalis
et séparé du sac péritonéal par une couche, qui, plus ou
moins épaisse et plus ou moins graisseuse, prolongeait le
fascia propria. Le manche du scalpel suffit, dans sa grossiè-
reté, pour faire le décollement; ou bien encore, introduisez
l'index dans le sac et accrochez le péritoine pour ainsi dire,
vous parviendrez à le retourner en doigt de gant vers l'ab-
domen. Disséquez alors le scrotum et vous y trouverez,
presque toujours au moins, un sac sur lequel vous pourrez
tirer sans crainte, car une demi- circonférence de son
collet s'insère à la lèvre postérieure de l'arcade de Fallope.
Ces constations je les ai failes à plusieurs reprises devant
plusieurs de mes camarades de l'Ecole pratique, prosec-
teurs et aides d'anatomie, et ils les ont répétées, sans
aucune difficulté, sur les sujets que le hasard leur a
fournis.
Donc, la hernie directe vulgaire (car elle est vulgaire) est
logée entre la gaine superficielle et la gaine profonde du
cordon, c'est-à-dire entre le crémaster et la fibreuse com-
mune. Son sac péritonéal est entouré d'un sac formé par le
fascia transversalis refoulé, et entre les deux se prolonge le
fascia propria.
Mais la hernie directe n'est pas seule parmi les hernies
à canal fermé'. Abstraction faite de la rarissime hernie
interne, il faut tenir compte de la hernie externe. Or 1p
bU — N* 33 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
16 Août 1889
raisonnement conduit à penser que son sac doit être consti-
tué exactement comme celui de la hernie directe et situé,
comme lui encore, hors de la gaine profonde du cordon.
Ce raisonnement est des plus simples et se fonde sur
la dissection de la région normale. L'anneau inguinal
interne entoure un orifice du fascia transversal is : là, cette
membrane se renforce d'un épaississement à peu près ellip-
tique. Dans cet anneau s'engagent les éléments du cordon
qui, jusque-là épars, se réunissent à partir de là en un fais-
ceau. Autour d'eux est la gaine profonde, théoriquement
continue avec le fascia propria, mais pratiquement fusion-
née à son collet avec l'anneau du fascia transversalis, auquel
adhère de même le fascia propria, autour de l'artère épigas-
trique, du canal déférent, des vaisseaux spermatiques. La
solidité est donc grande en ce point précis et il serait vrai-
ment bizarre qu'une hernie à canal fermé se plût à choisir,
si rien ne Ty engageait, un anneau si bien défendu et au
sortir duquel elle rencontrerait des organes assez soli-
dement unis et surtout solidement entourés. Sans doute,
elle fera ce décollement pénible si elle a été invitée à com-
mencer par une légère dépression du péritoine, par un
reste médiocre du canal péritonéo-vaginal. Hais, sauf cette
condition spéciale, il est bien probable qu'elle prendra le
chemin le plus facile. Elle ne s'obstinera pas à enfiler l'an-
neau interne, mais elle refoulera à côté de lui les tissus
affaiblis, et elle progressera sans peine à la face externe de
la gaine profonde du cordon. Mais elle aura, dès lors,
refoulé le fascia transversalis, car l'anneau inguinal interne
est le seul défaut normal de cette membrane.
Ici encore, la dissection des pièces pathologiques con-
firme ces données du raisonnement étayé sur Tétude de
Tanatomie normale. J'ai disséqué, sur dix-neuf sujets, vingt
et une hernies obliques externes. Sur cinq d'entre elles,
toutes situées hors de la gaine profonde du cordon, j'ai
isolé autour du péritoine un sac formé par le fascia trans-
versalis refoulé. Seize fois au contraire il m'a été impos-
sible de rien trouver de semblable. J'affirme que les cinq
premières (sur quatre sujets) étaient des hernies acquises.
Pour prouver que la hernie directe est la plus fréquente
des hernies à canal fermé (j'en ai disséqué dix-sept sur treize
sujets), il me reste à démontrer que les quinze autres sujets
portaient des hernies péritonéo-vaginales; à chercher, par
conséquent, si dans ces descentes il n'y a pas quelques
caractères anatomiques révélant l'origine congénitale du
canal.
IV
La hernie congénitale est celle qui descend dans un sac
congénitalement préformé, dans le canal péritonéo-vaginal,
non oblitéré à son orifice supérieur; dans le prolongement
péritonéal, qui est en relation avec la migration du testi-
cule. Mais cette hernie n'existe presque jamais à la nais-
sance. Elle n'est donc pas réellement congénitale. C'est une
hernie à canal ouvert, qui se fait à la faveur d'une dispo-
sition congénitale, anormalement persistante. Chez la
femme aussi elle existe, les viscères abdominaux envahis-
sant le canal de Nuck, qui accompagne, sur le fœtus, le
ligament rond et peut rester béant après la naissance. C'est
d'ailleurs du seul sexe masculin qu'il va être dorénavant
question.
Ramonède a étudié avec grand soin le canal péritonéo-
vaginal de l'adulte, en dehors de toute hernie, et l'analomie
normale l'a conduit à des conclusions pathologiques impor-
tantes.
La séreuse périfuniculaire commence un peu avant Tan-
neau du fascia transversalis. Elle débute par un pli, valvule
rétro-inguinale, et forme entre ce pli et le péritoine parié-
tal un vestibule rétro-inguinal dont Taxe est oblique eo
haut et en dehors. Parvenue à l'anneau interne, elle devient
oblique en bas et en dedans et suit le trajet inguinal pour des-
cendre dans les bourses jusqu'au testicule. Mais elle ne reste
pas unie, également calibrée sur toute sa longueur. Souvent
des valvules plus ou moins complètes, en forme de brides
ou de diaphragmes, y forment par places des rétrécisse-
ments, des cloisons perforées. Ces brides ont pour siège de
prédilection l'anneau interne et l'anneau externe ; souvent
aussi, à mi-hauteur du scrotum, le point où la vaginale doit
normalement se clore. De là donc plusieurs dilatations.
Après le vestibule rétro-pariétal vient l'ampoule intra-parié-
tale, entre les deux anneaux du trajet inguinal; l'ampoule
funiculaire entoure la partie extra-funiculaire du cordon et
se continue autour de la glande séminale avec la poche
péri-testiculaire.
Telle est l'anomalie complète, où un canal séreux va de
l'abdomen au testicule, mais les degrés incomplets sont île
beaucoup les plus fréquents, et il est très aisé de faire com-
prendre leurs dispositions. Les valvules que je viens de
signaler sont la trace d*un travail imparfait d'oblitération.
Supposons donc qu'une d'entre elles parvienne à la soudure
complète, et supprimons par la pensée tout ce qui est au-
dessous d'elle. L'anomalie du premier degré nous conduira
dans le seul vestibule rétro-pariétal ; l'ampoule intra-parié-
tale s'y ajoute dans le deuxième degré; la séreuse, enfin,
franchit le grand oblique, mais ne va pas jusqu'au testicule,
et nous voilà au troisième degré.
A chacun de ces degrés correspond une forme de la
hernie inguinale : propéritonéale, interstitielle, funiculaire
et testiculaire.
Autre fait anatomique sur lequel il convient d'insister :
les anomalies péritonéo-vaginales sont fréquentes, sont la
règle peut-être, lorsque le testicule est en ectopie. De là
donc une variété importante de la hernie à canal ouvert :
celle où l'organe mâle a subi dans sa descente soit un arrêt
sur sa route normale (ectopies abdominale, rétro-inguinale,
intra-pariétale, à l'anneau externe), soit une déviation plus
ou moins loin de cette route, pour aller se loger à la cuisse,
au-devant de l'aponévrose du grand oblique, au périnée.
Sauf quelques faits exceptionnels et encore obscurs,
l'anatomie du trajet séreux nous explique que les hernies à
canal ouvert sont obliques externes; mais quelles sont les
hernies externes que l'on peut qualifier à coup sûr de péri-
tonéo-vaginales ?
Celles, d'abord, où l'intestin va toucher le testicule, ou
bien n'en est séparé que par une mince lame séreuse,
percée ou non d'un trou trop étroit pour qu'il puisse s'y
engager. Aucune contestation encore, lorsque du collet
au fond du sac, plusieurs valvules s'échelonnent, maïs
ces faits sont rares. Pas de doute encore — presque tou-
jours au moins — quand le testicule est en ectopie. Mais, si
la hernie est fréquente relativement au nombre des ecto-
pies testiculaires, il n'en reste pas moins vrai que la hernie
avec ectopie est, et de beaucoup, minorité parmi les her-
nies inguinales. Presque toutes les hernies à canal ouvert
sont de la variété dite funiculaire, et le testicule y est, ou à peu
près, en position normale. C'est ici que la discussion s'ouvre.
16 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 33 — 525
Cloquet semble avoir été un des premiers à se demander
si la hernie péritonéo-funiculaire n'aurait pas quelques
caractères spéciaux, et il parle d'un cordon fibreux unis-
sant le fond du sac à la tunique vaginale, reste de la partie
intermédiaire, oblitérée, du trajet séreux. A celte époque,
on insistait encore, à propos de la kélotomie, sur la minceur
du sac dans la hernie testiculaire. Tout cela a été repris en
1871 par Le Roy des Barres, qui, à l'instigation du profes-
seur Trélat, s'est occupé surtout des brides valvulaires.
Quoi qu'en dise Féré, dans un mémoire qui ne date
cependant que de 1879, ces caractères, quand ils existent,
ont une valeur réelle. Mais eux aussi font trop souvent
défaut. Ramonède tient encore compte des connexions avec
le cordon, auquel la séreuse adhérerait intimement, comme
on l'a dit depuis longtemps pour la hernie testiculaire : il
ne faut point abuser de cette adhérence, ainsi que Richelot
Ta bien mis en relief pour la cure radicale des hernies et
hydrocèles congénitales, et comme je l'ai vérifié sur le
cadavre.
Jusqu'à présent donc, nous n'avons pas un critérium
répondant à la majorité des faits. Ce critérium, la dissection
grossière va encore le fournir : le sac de la hernie à canal
ouvert est mince parce que autour de lui le fascia trans-
versalis n'est pas refoulé. Cela se comprend du reste,
puisque la hernie sort par l'anneau interne, c'est-à-dire
par un trou de ce fascia transversalis. Mais par contre ce
sac est situé sous la gaine profonde du cordon. Or les
quinze sujets dont j'analyse ici la dissection m'ont fourni
seize hernies, où ces deux caractères existaient. Sur la
plupart d'entre eux j'ai constaté, en outre, quelques vestiges
de malformation péritonéo-vaginale d'un seul ou des deux
c6tés, à l'orifice interne ou au niveau de la tunique vagi-
nale.
La conclusion anatomique sera donc la suivante : les
hernies externes à canal fermé se font, comme les hernies
directes, en dehors de la gaine profonde du cordon et
refoulent le fascia transversalis; les hernies externes à canal
ouvert sont situées sous la gaine profonde du cordon et ne
refoulent pas le fascia transversalis.
Voilà de bien longues considérations anatomiques, et
encore n'ai-je rien dit, à dessein, des variétés. Hais ces
études sont indispensables à qui veut se faire une idée nette
sur l'étiologié et les variétés cliniques de la hernie inguinale.
En étiologie, je passerai sous silence les statistiques sur
la fréquence, Tàge, le sexe ; les discussions soulevées naguère
encore pour savoir si la hernie à canal ouvert peut exister
sur un fœtus, si elle peut être, par conséquent, réellement
congénitale. Hais il faut établir quelle est parmi les hernies
externes la fréquence relative des hernies à canal ou-
vert.
W. Roser pense que la plupart des hernies externes sont
péritonéo-vaginales. Son opinion est à l'ordinaire combattue,
et pourtant, sans la pousser à l'extrême, c'est elle que je
désire soutenir, car dans mes dissections j'ai trouvé quinze
sujets atteints de hernie externe congénitale pour quatre où
la hernie externe était acquise. D'autre part, il y a des argu-
ments cliniques importants.
Ainsi, Malgaigne note l'hérédité, à peu près exclusive-
ment paternelle, sur un tiers des sujets masculins atteints
de hernie inguinale ; et qu'on ne parle pas de transmission
héréditaire d'un état morbide prédisposant à la hernie de
faiblesse, car la plupart de ces sujets sont jeunes.
Il est certain que les hernies à canal ouvert se font
presque toujours après la naissance. Haigaigne nous enseigne
qu'un premier maximum s'observe, sans grande différence
entre les deux sexejs, d'un à cinq ans. Puis vers treize ans
la fréquence redevient assez grande, pour atteindre, de
vingt-cinq à trente ans, un second maximum. C'est alors
l'âge des efforts professionnels, et l'homme est atteint dix
fois plus que la femme. Dans le sexe féminin intervient
l'accouchement, mais c'est sur la hernie crurale qu'il ferait
sentir son influence. Voilà déjà un argument sérieux pour
faire de la hernie inguinale de la petite fille et de la nul-
lipare une hernie le plus souvent à canal ouvert, sortie par
le canal de Nuck resté perméable.
La grande fréquence des hernies externes avant cinq ans
est indiscutée. On a bien dit, à rencontre de P. Pott, que
les hernies de l'enfance ne sont pas toutes à canal ouvert.
Le Roy de Barres l'affirme encore en 1871, s'appuyant il est
vrai sur les assertions de Hey, Rizzoli, Forster, Jobert, pour
qui la hernie n'est congénitale que si elle est testiculaire,
argument aujourd'hui reconnu insuffisant. Songeons, au
contraire, à la fréquence considérable des perméabilités
incomplètes du canal péritonéo-vaginal dans les premiers
temps de la vie, et nous serons portés à leur faire jouer un
rôle prépondérant dans la hernie de l'enfance. Et cela d'au-
tant plus que dans celles des hernies qui sont unilatérales,
le côté droit est le plus souvent atteint, iout comme les ano-
malies péritonéo-vaginales unilatérales sont plus fréquentes
à droite. Or cette prédominance persiste chez le vieillard.
Étudiant les hernies unilatérales à Bicêtre, aux Invalides,
Haigaigne et Hutin en trouvent environ sept à droite pour
quatre ou cinq à gauche ; et Haigaigne ajoute : c II est remar-
quable que la proportion soit ici la même que pour les
enfants à la naissance. > Admettons donc que ces hernies se
sont faites, elles aussi, à la faveur d'une amorce créée par
une anomalie péritonéo-vaginale. N'aurons-nous pas ainsi
une explication satisfaisant l'esprit mieux que les théories
mécaniques, plus bu moins claires, de Schenkius, de Hartin,
de Cloquet?
Mais immédiatement une objection surgit : ces hernies
des vieillards se sont produites bien souvent peu à peu, tout
comme les hernies indiscutablement acquises. Leur évolu-
tion doit les faire rapprocher des hernies directes, par
exemple, et la clinique proteste contre la doctrine qui les
compare à la hernie congénitale, formée d'emblée, sous
l'influence d'un effort, dans un sac préformé. Cette confusion
apparente vient tout simplement de ce que le langage chi-
rurgical courant est vicieux, et la preuve en est facile à
donner.
Depuis les recherches de Malgaigne, tous les traités clas-
siques parlent de la hernie congénitale funiculaire et en
admettent la réalité théorique à côté des hernies à carac-
tères grossiers decongénitalité: hernies testiculaires, hernies
avec ectopie, etc. Mais vienne la description clinique et l'on
dit : la hernie congénitale, trouvant devant elle un sac pré-
formé, s'y engage tout d'un coup; c'est une hernie d'emblée
et non une hernie progressive comme la hernie acquise, et
même, ce que ne fait jamais la hernie acquise, elle est
capable de s'étrangler d'emblée; la hernie congénitale a
donc une évolution et des complications qui lui donnent
une physionomie clinique spéciale. On arrive de la sorte à
une conception très simple, que sa simplicité même rend
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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favorable à la vulgarisation didactique. Par malheur, elle
est fausse et ne cadre pas avec les constatations de l'anatomie
pathologique.
Sans aucune contestation, les hernies d'emblée, exposées
à rétranglement grave et également d'emblée» ces hernies
sont à canal ouvert, et cela se conçoit du reste. Un cul-de-
sac anormal existe dans lequel un beau jour, sollicité par un
effort; l'intestin s'engage brusquement ; et brusquement il
va âii fond. Où rencontrerai-t-il un obstacle une fois l'orifice
franchi? L'obstacle n'est-il pas bien plutôt à l'orince, que
garnit un pli valvulaire? L'intestin s'arrête donc à l'anneau
int0rnq (hernie pro-péritonéale) ; à l'anneau externe (hernie
interstitielle); le long du cordon (hernie funiculaire); au
testicule (hernie testiculaire): je passe sous silence les
variétés spéciales, les cas individuels. Une fois au fond du
sac, il y a toujours un temps d'arrêt. Mais la poussée per-
siste, et le sac s'accroit, par distension d'abord; puis Teiïort
continuant, chronique, le glissement intervient comme dans
les hernies à canal fermé, et le cul-de-sac descend peu à
peu. Mais ce glissement n'a lieu qu'une fois vaincue l'adhé-
rence du feuillet séreux aux plans qui l'entourent, éléments
du cordon et fibreuse commune. Or, si l'adhérence est ana-
tomiquement médiocre, se laisse facilement détruire par la
dissection, elle est physiologiquement solide. Il n'y a pas là
un plan sous-séreux lâche, favorable aux glissements; et
de -plus le fond du sac n'est pas dans un tissu conjonctif
lâche, mais doit, pour progresser, dissocier des organes
enserrés dans une gaine étroite, la fibreuse commune. Et
voilà pourquoi la hernie d'emblée reste volontiers petite,
pourquoi son Tond est long à descendre plus bas; pourquoi
c'est dans cette variété qu'on observe les degrés dits incom-
plets. Telle est la hernie interstitielle qui reste pendant long
temps confinée à l'aine, mais qui, malgré M. Tillaux, n'y
reste pas toujours irrévocablement confinée, et surtout qui
n'y est pas confinée parce que le testicule étant ectopié n'a
pas créé l'anneau externe. L'ectopie testiculaire, en effet,
est fréquente, mais non pas constante.
Ainsi, il y a une première variété clinique de hernie
inguinale: la hernie d'emblée. C'est une hernie de force;
c'est elle dont l'étranglement, brusque et grave, a été si bien
décrit par Trélat et Le Roy des Barres, par Ramonëde. C'est
certainement une hernie à canal ouvert et les descriptions
classiques laissent volontiers croire que toutes les hernies
de cette espèce en agissent de la sorte. Or cette opinion est
fausse, il existe des hernies de faiblesse qui ont été simple-
ment amorcées par une anomalie péritonéo-vaginale du
premier degré, et qui sont anatomiquement à canal ouvert.
Soit en effet une légère dépression, un reste, simplement,
du vestibule rétro-inguinul. Une anse intestinale y appuie.
Tant que les choses eu resteront là, on a une poche pro-
péritonéale où pourront se produire des accidents d'étran-
glement interne, analogues à celui dont M. Millard entre-
tenait, il y a peu de temps, nos lecteurs. Il n'y a pas, à vrai
dire, une hernie externe. Et tant que la paroi abdominale
sera jeune et solide, les choses en resteront là. Mais que
l'âge vienne, et avec lui l'affaiblissement: peu à peu sous
cette poussée constante les tissus se laisseront forcer et cette
hernie, à canal ouvert cependant, progressera exactemen)
comme une hernie à canal fermé.
Théoriquement, elle est congénitale, au sens où l'on a
coutume d'employer ce terme. L'anatomiste aura beau cher-
cher, il n'y trouvera pas l'enveloppe du fascia transversalis ;
par contre, il affirmera que les viscères sont sous la gaine
profonde du cordon ; il ajoutera même que, dans sa de.scente.
le sac s'est insinué entre les éléments du cordon, les a di>-
sociés, les a éparpillés à la surface. Ëparpillement souvent
donné — par Ramonède par exemple — comme signe dv
hernie acquise et ancienne. Ancienne, oui; acquise, non :
car qui comprendra la possibilité de cetéparpillement si la
hernie n'est pas sous la fibreuse commune, au milieu iiième
du cordon ?
Mais passons de la théorie à la pratique. Cette hernie dtf
faiblesse à évolution progressive et lente, est absoluineiii
comparable, en clinique, aux hernies à canal fermé* Son
étranglement est absolument rare, et si, par hasard, il sur-
vient, ce sera par un collet qu'indurent des stigmates et non
par les valvules tranchantes, si dangereuses, qu'on voit dan>
la hernie d'emblée. ^
VI
La conclusion de tout ce qui précède est que, si Ton veut
rendre simple la description des hernies inguinales, il ne
faut pas superposer exactement les variétés anatomiques t\
les variétés cliniques de ces hernies.
Dans la description anatomique, il faut diviser les des-
centes inguinales en hernies à canal ouvert, hernies à canal
fermé. Les premières, ou péritonéo-vaginales, ont pour
origine une persistance anormale, totale ou partielle, du
conduit péritonéo-vaginal. Si l'on veut , on peut conserver
jusque-là, quoique un peu vicieuses , les dénominations :
hernie congénitale, hernie acquise.
Mais dans la description clinique, il faut abandonner ce<
divisions anatomiques. On ne doit tenir compte que de la
distinction, sur laquelle Malgaigne insistait à si juste litre,
en hernies de force et hernies de faiblesse.
Les hernies de force sont à peu près toutes à canal ouvert ;
ces hernies d'emblée, sujettes à l'étranglement, ne sont pa.s
portées par des hernieux, au sens propre du terme. Pour
elles la cure opératoire peut être radicale et peut, par con-
séquent, être faite sur la simple demande du malade. Pour
les hernies de faiblesse, elle ne sera que palliative, et ne
devra dès lors être entreprise que si une complication force
la main au chirurgien.
Cette notion est vulgaire, sans doute; mais on tend trop
souvent à lui en associer une autre, absolument erronée :
considérer que les hernies de force étant toutes congénitales,
les hernies de faiblesse sont toutes acquises; à discuter
pour savoir si la cure opératoire par dissection du sac est
ou non plus difficile pour la hernie congénitale que dans la
hernie acquise. Non, affirme Richelot, par exemple ; et il a
raison, pour un motif d'une simplicité extrême: les hernies
qu'on opère ne sont presque jamais des hernies directes, et
je pense, d'autre part, que la grande majorité des hernies
externes sont anatomiquement congénitales.
La hernie de faiblesse en effet, je le répète en terminant,
sera le plus souvent directe si le péritoine inguinal est tout
à fait normal ; elle sera externe si une amorce péritonéo-
vaginale la sollicite, et dès lors elle sera anatomiquement
congénitale. La hernie externe à canal fermé est une variété
rare; je ne l'ai trouvée que sur quatre sujets, pendant qn('
je disséquais treize porteurs de hernie directe.
Donc la hernie dite acquise sera généralement directe;
en clinique elle a une évolution que sa lenteur rend typi-
que; l'étranglement y est rare. Devant elle à peu près tous
les hernieux sont égaux. Pour la hernie péritouéo-vaginale,
au contraire, il y a deux catégories de faits : la hernie de
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 33 - 527
force et la hernie de faiblesse. Ces deux variétés, anatomi-
quement semblables, ne se ressemblent absolument pas en
clinique, et je conclurai en modifiant la phrase de Ramo-
nède, par laquelle j'ai commencé cet article : c Rien n'est
moins homogène que le groupe des hernies inguinales dites
congénitales. A quelque point de vue qu'on se place, étio-
logie, s]pmptomatologie, traitement, aucun des faits de leur
histoire ne se présente avec cette unité relative qui se ren-
contre dans les autres hernies abdominales. >
A. Broca.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOSPICE DE LA SALPÊTRIÈRE. — M. LE PROFESSEUR GHARCOT.
Les EFFETS NERVEUX DE LA FOUDRE. — M. Boudio, qui
s*e$t beaucoup occupé de ce sujet, trouve que les effets de
la foudre sur le corps humain sont caractérisés par quelque
chose d'imprévUy de protéiformej de contradictoire, de
mystérieux...
Cette appréciation parait chargée... tout au moins, car
pour qu'un mystère demeure un mystère, il est indispensable
qu'on ne l'examine pas de trop près. M. Charcot donne pour
preuve de ce qu'il avance l'histoire clinique d'un malade
qu'il présente à son cours.
Un homme, sans antécédents nerveux héréditaires,
énergique et violent, mène une vie agitée. A dix-huit ans il
gitle un maître d'études et se fait chasser du lycée. A la
suite de ce coup de tête, il s'engage dans l'infanterie de
m<irine, prend part aux campagnes du Mexique, passe dans
les équipages de la flotte, fait la campagne de 1870 et assiste
aux combats de Patay, Orléans, les Aubrays, Coulom-
miers, etc., avec les fusiliers-marins; il fait partie de la
compagnie qui reprend le Père-Lachaise sur les fédérés.
Cet nomme s'était fait une habitude du danger. Maintes fois
il s'est trouvé au milieu des coups de feu ou des éclats
d'obus sans s'en montrer effrayé.
Ces temps derniers, garçon de recettes d*une grande
maison de commerce, il s'était un peu surmené et était
devenu légèrement neurosthénique.
Le 7 mai il est frappé de la foudre sur la roate de Noisy-
le-Sec. La foudre l'atteint dans un moment où son état
mental n'était pas tout à fait ordinaire. Cet homme si éner-
gique se voyant seul sur une route découverte est effrayé par
l'idée qu'il peut être foudroyé. Il abandonne un pied de
bruyère blanche qu'il avait l'intention de déraciner et de
rapportera Paris et se met à marcher très vite, l'espace de
2 ou 300 mètres. Tout d'un coup il entend un bruit
d*assietles brisées assourdissant, puis il voit à un mètre ou
deux de son pied gauche une boule de feu, dont il évalue la
grosseur au vejuroe d'un fût de bière de 50 à 60 litres. Celte
boule émet des spirales de fumée épaisses. En même temps
il ressent dans la jambe gauche une sensation étrange^ il
lui semble que le membre est pris entre deux planches et
serré; ce membre est atteint de fourmillements comme
ceux que l'on éprouve quand on est resté longtemps assis
et qu'on a contusionné son scialique. Puis notre homme
est pris de faiblesse, il tourne sur lui-même et s'abat tout
de son long. Il reprend connaissance au bout d'un temps
qu'il ne peut évaluer et se trouve alors dans un état mental
spécial fort comparable à celui des traumatisés de chemin
de fer. Il marche devant lui sans trop savoir où il va,
répond grossièrement sans raison à un ami qui lui demande
s'il est malade. Sur le lieu de l'accident même cet homme
s'était mis à pleurer pendant longtemps. L'idée de la
bruyère blanche revient sans rime ni raison au milieu de ce
naufrage de toutes lef; notions acquises. Ramené chez lui, il
a les yeux hagards, il pleure sans cesse, se cache dans son
lit sous les couvertures comme un enfant. Ce n'est que peu
à peu que cet état se dissipe un peu pendant le jour, car
Sondant la nuit il rêve continuellement à son accident.
ir aujourd'hui, trois semaines après l'événement, cet
homme présente dans la jambe atteinte par la foudre une
Î)aralysie complète de la sensibilité et du mouvement.
1 y a anesthésie complète à tous les modes. Sens muscu-
laire, sens articulaire, tout est pris. Pas de signes d'une
atteinte organique de la moelle. Les sphincters ne sont pas
atteints.
Si nous joignons à cela une diminution appréciable
de la sensibilité dans tout le côté aauche du corps, une
diminution de l'ouïe, du aoûty de lodorat, du rétrécisse-
ment du champ visuel, de Vachromatopsie, de Vanesthésie
pharyngée, sur la poitrine des zones, dont la pression
produit l'esquisse d*une crise, on arrive à cette conclusion
([\i' aujourd'hui le malade est devenu un hystérique wA^
gaire. Ce n'est^as à dire que la foudre n'a joué aucun rôle.
Quand on cherche dans les mémoires publiés sur les acci-
dents de la foudre, Mémoire d'Arago, livre de Sestier,
article Dechambre dans le Dictionnaire encyclopédique, on
voit qu'il y a deux sortes de foudre: la foudre vulgaire en
zigzag et la foudre en boule. De la première, on dit non
sans raison qu'elle foudroie sans qu'on ait eu le temps ni
de voir l'éclair ni d'entendre le tonnerre. Pour la seconde,
ce n'est plus la même chose et la description de notre
homme, si troublé qu'il fût à ce moment, n'a rien que de
vraisemblable et de conforme aux descriptions des auteurs
précités. La boule de feu donne le temps de la voir. On l'a
vue entrer dans une pièce par la fenêtre, sortir jpar la porte,
foudroyant au hasard un enfant et un animal (les animaux
sont beaucoup plus facilement foudroyés que les hommes).
L'étal mental n'a rien de particulier aux foudroyés, c'est
celui de tous les gens c^ui ont été soumis à une terreur
intense et qui, traumatisés ou non, ont été victimes d'un
choc nerveux violent.
On a décrit des paralysies par fulguration, on les a con-
statées chez des fulgurés, on a pu artificiellement les repro-
duire chez des animaux. Leurs caractères constants sont d'être
le plus souvent incomplètes, immédiates, passagères, d'in-
téresser à la fois le mouvement et la sensibilité et de se
localiser an membre touché par la foudre. Jamais les sphinc-
ters ne sont touchés, la paralysie garde toujours le caractère
périphérique.
Ces paralysies sont des monoplégies, des hémiplégies,
ou plus justement des monoplégies associées.
Le malade qui fait le sujet de cette leçon n'a pas fait
exception à la règle. Il a été d'abord un paralysé par ful-
guration, il a eu sa jambe seule prise, puis, le terrrain le
voulant ainsi, il a versé dans l'hystérie. Ce qui fait affirmer
que la paralysie n'était pas hystérique dès le début, c'est
qu'elle a été soudaine; au contraire, dans l'hystérie, on
sait que cette paralysie est une chose de réflexion, de
méditation, de m/ifuraa'on pour ainsi dire. Et le professeur
Rrend dans les auteurs qu'il a cités, dans un travail de
othnagel de Vienne (Des effets de la foudre sur le corps
humain, Wirsch. Arch., 4880), il emprunte à Onimus, à
Gibier de Savigny, des observations concluantes de fulgurés
devenus manifestement hystériques.
Il y a donc dans les faits protéiformes et mystérieux ?
de Boudin une constante. Il y a aussi ce Eait qui cause
encore un profond chagrin aux adversaires de l'hystérie
masculine. C'est qu'au bout des effets de la foudre, des
accidents de chemin de fer, des traumatismes arrivés au
milieu d'émotions violentes, il y a l'hystérie toujours une qui
s'affirme comme une constanteNMSologique.
Le malade est soumis au traitement habituel de l'hystérie
et l'on espère de cette façon le débarrasser de sa para-
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16 AOUT 1889
lysie et des troubles qui sont venus se greffer sur les pre-
miers effets de la foudre. (Leçon du i9 mai 1889.)
P. B.
TRAVAUX ORIGINAUX
Clinique médicale.
Sur un cas de pleurésie purulente méta-pneumo-
nique, traitée par les ponctions avec injections
antiseptiques, PUIS PAR l'opération de l'empyème, par
M. le docteur Seyestre, médecin de l'hospice des Enfants-
Assistés. (Communication faite à la Société des hôpitaux
dans la séance du 26 juillet 1889.)
Messieurs, l'intéressante communication que vous a faite
H. Fernet dans la dernière séance, m'a rappelé un cas de
pleurésie purulente que j'ai eu récemment Voccasion d'ob-
server dans mon service, et, bien que ce fait diffère à
quelques égards de ceux qu'a étudiés notre collègue, j'ai
pensé qu'il pouvait y avoir quelque intérêt à le rapprocher
des siens.
Ors. — Il s'agit d'un enfant de sept ans, dont la mère tuber-
culeuse était en traitement à Thôpital Lariboisière. Cet enfant
entra le 5 mars à Tinfirmerie des Enfants-Assistés, au troisième
jour d'une pneumonie caractérisée par de la matité et du souffle
au sommet gauche, une température de 40 degrés, etc. Le 7 man,
le souffle diminuait et faisait place aux râles de retour, en
même temps que la température baissait graduellement.
Quelques jours après la résolution de la pneumonie était com-
plète. Cependant la température était toujours au moins le soir
a 38<>,4 ou 38%5, et même, à partir du 15, elle montait graduel-
lement jusqu'à atteindre le iO mars le chiff're de 39°,8. Comme
le petit malade s'était trouvé exposé à la contagion de la rou-
Feole, je pensai que l'élévation de la température annonçait
invasion de cette maladie; il n'en fut rien, aucune éruption
ne se manifesta et d'ailleurs j'appris qu'il avait déjà eu anté-
rieurement la rougeole. C'est alors qu'en recherchant si l'aus-
cultation ne rendrait pas compte de la persistance de la fîèvre,
j'eus la surprise de constater un épanchement abondant du côté
gauche de la poitrine. La résolution de la pneumonie avait été
complète, Tenfant ne toussait plus, il n'avait pas eu les jours
précédents de gêne appréciable de la respiration, et j'avoue que
pendant quelques jours j'avais négligé de faire l'examen de la
poitrine, oui ne paraissait d'ailleurs indiqué par aucun trouble
fonctionnel spécial.
11 n'en est pas moins vrai qu'il existait un épanchement abon-
dant, et le lendemain cet épanchement avait encore augmenté :
on constatait une matité absolue, en avant comme en arrière, du
haut en bas, et une absence presque complète du bruit respira-
toire, sauf dans la région sous-claviculaire, où l'on trouvait
un souffle voilé ; le cœur était refoulé à droite, et les battements
avaient leur maximum en dehors du bord droit du sternum.
En raison de ce fait, considérant aussi le développement rapide
de Tépanchement, et bien qu'il n'y eût même ce jour-là qu une
d}spnée modérée, je décidai la thoracentèse pour le lendemain
ti mars.
Elle fut faite dans le septième espace intercostal, un neu au-
devant de la ligne axillaire, et donna issue à environ 300 gram-
mes d'un pus épais verdâtre, sortant difficilement, bien ^ue l'on
eût pris la grosse canule de l'appareil Potain. Des injections
furent faites dans la plèvre (avec la solution boriquée tiède)
autant pour faciliter l'évacuation en diminuant la consistance du
pus, que pour assurer l'antisepsie de la plèvre.
L'examen pratiqué à la suite de l'opération permit de consta-
ter le retour de la sonorité et du murmure respiratoire dans le
tiers inférieur de la poitrine, mais en haut la matité persistait.
Le cœur avait repris sa place.
La température baissa graduellement et tomba le 25 mars à
38 degrés; mais elle ne tarda pas à remonter sans dépasser
cependant le chifl're de 38^6 ou ^'',H. En même temps d'ailleurs,
l'état général restait mauvais : l'enfant était triste et mangeait
à peine. A l'examen de la poitrine, on constatait que l'épan-
chôment ne s'était que très peu reproduit à la partie inférieure.
mais dans le tiers supérieur, la matité était absolue, et le silence
respiratoire complet, sauf dans un point assez limité où Ton p«*r-
cevail un souffle lointain.
Il existait donc une autre poche vraisemblablement remplie
de nus comme la première. Une seconde ponction fut pratiquée
le t avril; le trocart plongé directement au-dessous du bord
inférieur du grand pectoral et dirigé en haut, vers le deuxième
espace intercostal, donna issue aune petite quantité (60 grammes
environ) d^un pus tout semblable à celui évacué par la premièiv
ponction. Des lavages faits comme la première fois ramèneDt un
liquide d'abord fortement mélangé de pus, puis de plus en plus
clair. On peut évaluer la quantité de pus contenu dans cette
poche à 10)0 ou lâO grammes.
Les jours suivants, l'état général ne s'améliore pas, la tempé-
rature oscille entre 38 et 39 degrés, sans dépasser ce dernier
chifl're; à l'examen de la poitrine on constate en avant dans toute
l'étendue une sonorité presque normale, et un retour presque
complet du bruit respiratoire; il en est de même en arrière
dans les deux tiers inférieurs, mais en haut, sous l'omoplate,
la matité persiste; il reste donc là une troisième poche, que Tod
ne peut d'ailleurs atteindre par la ponction. Aussi en présence
matité et la faiblesse du bruit respiratoire reparaissent, et de
plus que les trajets des ponctions tendent à devenir fistuleux.
Le 12 avrily je pratique cette opération suivant les règles
ordinaires, en faisant l'incision au niveau du point où avait eu
lieu la première ponction; il s'écoule une assez grande quantité
de pus, et M. Nelter présent à l'opération en prend une portion
pour Fexaroen bactériologique. Pour le dire tout de suite, cet
examen a montré qu'il existait des pneumocoques, mais aucun
des microbes ordinaires de la suppuration.
Des tubes sont placés dans la plèvre qui est largement lavét*
à l'eau boriquée, et après avoir incisé le traiet de la deuxième
ponction sans arriver jusqu'à la plèvre, j'applique un pansement
antiseptique.
La température, qui était le matin de 38^3, tombe le soir
à 37%6, et se maintient les jours suivants au-dessous de 37%8,
chiffre auquel elle n'était jamais descendue avant l'opération de
l'empyème. Cependant, à la suite d'une élévation de tempéra-
turc coïncidant avec l'infiltration du pansement par le pus, je mr
décidai à faire le pansement avec injection. Le premier panse>
ment, avec lavage à l'eau boriquée, est fait le tv avrils et Ton
peut alors constater que la matité a complètement disparu et
que le bruit respiratoire s'entend partout. D'autres pansements
sont faits le 20 avril, le 23 avril, le 28 at?n7, et chaque fois on
lave la plèvre à l'eau boriquée. Cependant Je z mai, remarquant
qu'à chaque pansement il existe encore une suppuration assez
abondante, je me décide à changer ma manière de faire : j'em-
ploie pour faire les injections la solution de sublimé au millième :
seulement, afin d'être sûr de ne pas laisser dans la plèvre une
quantité de cette solution trop considérable, je termine par
plusieurs injections successives avec l'eau boriquée.
Le résultat fut très satisfaisant : le 7 mai, il n'y avait qu'une
quantité insignifiante de pus; aussi le 14, j'enlevai un des drains
et le dernier le 21. Quelques jours après, la plaie était fer-
mée, et la guérison était complète.
J'ajoute qu'après l'opération de l'empyème, et surtout à partir
du moment où les iniections avaient été faites avec la solution
de sublimé, l'état général s'était relevé, l'enfant s'était mis à
manger, avait repris ses forces. Pendant ce temps sa mère était
morte de tuberculose.
Cette observation me parait intéressante à plusieurs points
de vue, et, bien que je les aie déjà signalés en passant, je
vous demande la permission d'y revenir pour en fixer le
sens d'une façon plus précise.
C'est un exemple très net de ces pleurésies méta-pneu->
moniques sur lesquelles M. Troisier et M. Netter ont attiré
votre attention dans la première séance de cette année. La
pneumonie était complètement guérie, et c'est quelques
jours après que, d'une façon insidieuse, c'est-à-dire sans
troubles fonctionnels caractéristiques, la pleurésie se déve-
loppa; très rapidement du reste, elle devint assez abondante
f»our nécessiter une intervention active. L'examen bactêrio-
ogique, que M. Netter a bien voulu pratiquer, montra
16 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 83
529
Texistence du pneumocoque, et seulement du pneumo-
couue.
L'épanchement, ainsi que cela a lieu souvent en pareil
cas, était enkysté ou plutôt se trouvait divisé en plusieurs
loges : c'est un caractère fort important de ces pleurésies
à pneumocoques, et dont il faut tenir compte au point de
vue du diagnostic et pour le traitement. J'ajoute cependant
que ce caractère n*est pas constant.
Un autre caractère, dont la valeur est grande aussi, con-
siste dans le degré relativement modéré de la fièvre, alors
même que l'épancheraent est purulent; chez notre petit
malade, la température a presque constamment oscillé
entre 38 et 39 degrés.
C'est en me fondant sur l'existence de ces deux phéno-
mènes : enkystement rapide du liquide et fièvre modérée,
que j'ai pu dernièrement par analogie diagnostiquer une
péritonite à pneumocoques et formuler un pronostic favo-
rable, pour un cas qui paraissait devoir être très grave. La
ponction, puis l'incision avec lavage de la poche ont été
faites, et la petite malade est aujourd'hui en voie de guéri-
son; lorsque celle-ci sera parfaite, je vous demanderai, la
permission de vous en présenter l'ooservation complète.
Les pleurésies à pneumocoaues, vous a dit H. Netter,
peuvent guérir spontanément à la suite d'un vomique, et la
Proportion de ces cas ne serait pas inférieure à 36 pour 100.
ependant notre collègue donne le conseil de ne pas
attendre cette éventualité et de pratiquer la ponction qui
suffit souvent, ajoute-t-il, pour amener la guérison, sans
qu'on soit obligé de recourir à l'opération de l'empyème.
Dans le cas actuel, la ponction était d'autant mieux indi-
quée, que le cœur avait subi un déplacement assez notable;
elle eut en effet un résultat favorable, mais le résultat fut
incomplet, par suite de l'existence de plusieurs poches
purulentes. Au contraire, après Tempyème, qui permit de
faire un lavage complet de la plèvre, on vit brusquement la
température tomber au chiffre normal, et bientôt l'état
général se modifier favorablement. Pour les raisons indi-
auées plus haut (élévation de la température, infiltration
u pansement), je fis, à (juelques jours d'intervalle, plu-
sieurs injections. Comme je l'ai signalé plus haut, l'action
véritablement efficace de ces injections se manifesta surtout
après l'emploi de la solution de sublimé. Aussi je crois que
SI les lavages avec la solution boriquée (par laquelle on
peut toujours commencer) paraissent insuffisants, il ne faut
pas hésiter à recourir à des solutions plus actives, et si l'on
a soin de faire à la suite plusieurs lavages avec une autre
solution ou simplement avec de l'eau stérilisée pour enle-
ver l'excès de la solution active, je pense que le procédé
est sans inconvénients.
Paihologrt« Interne.
Observation d'un soldat atteint de mutisme uystérique
ET RÉFORMÉ, par M. le docteur Emile Tartière, médecin-
major de 2* classe au 8' régiment de hussards.
J..., cultivateur, habitant une ferme du canton de Pertuis
(Vaucluse), né le 25 juin 1865, fut incorporé le 4 dé-
cembre 1886 au 8^ régiment de hussards : constitution forte,
tempérament sanguin, aucune maladie antérieure digne
d'être notée. Nul indice syphilitique; mais l'hérédité ner-
veuse existe chez lui, unegrand'mère tombait du haut mal,
et deux sœurs, qui vivent encore, présentent souvent des
attaques convulsives, avec perte de connaissance.
Le 10 janvier 1887, ce cavalier, se trouvant à la corvée
du manège, fut pris d'une attaque convulsive qui fut de
courte durée, mais après laquelle il ne put parler à ses
camarades.
Le lendemain, il se présente à la visite et me fait signe
en portant la main à sa gorge, geste ordinaire des muets
hystériques, qu'il lui est impossible d'articuler un mot. Ce
mutisme me parut étrange, aussi je ne cacherai pas que je
crus tout de suite à une simulation ; c'était le premier cas que
je rencontrais dans l'armée et rien n'avait été publié à ce
sujet dans nos Annales.
Cet homme était noté comme un bon sujet à l'escadron,
il n'était pas encore venu à la visite, aussi fut-il porté malade
à la chambre. Durant les trois jours suivants, il revint à la
visite, et rien de nouveau ne se manifesta. Alors pour l'étu-
dier plus à l'aise et le tenir mieux en observation, je le
plaçai à l'infirmerie. Chaque jour il fut l'objet d'un examen
attentif, je le pressais de crier, de parler, de chuchoter, il
nepouvaitrien faire de toutcela, et, quand on insistait, il se
servait toujours du geste caractéristique de porter la main
à sa gorge, comme pour me dire que son mal était là. Pour-
tant, il pouvait mouvoir sa langue et ses lèvres dans tous
les sens. De même il pouvait écrire et traduire ainsi très
convenablement sa pensée, à la vérité dans un style qui se
ressent forcément de son éducation antérieure, fort incom-
filète d'ailleurs. Aussi, craignant d'être pris pour un simu-
aleur et ennuyé de n'être souvent pas compris, il me
donnait par écrit, presque chaque jour, des détails de son
histoire et me formulait de même ses demandes et ses
désirs.
Ce sujet était devenu pour moi plein d'intérêt; aussi j'en
fis part à mes camarades de la garnison, et l'un d'eux eut
l'obligeance de m'indiquer les leçons de la Salpêtrière. il
fut envoyé à l'hôpital.
Dès le premier jour, J... fitconnaître son histoire au moyen
de l'écriture, ainsi qu'il l'avait fait à l'infirmerie. M. le méde-
cin-major Mandoul, chargé, à cette époque, du service de
l'hôpital, rechercha, suivant les indications de M. Charcot,
les stigmates hystériques; il put observer l'anesthésie pha-
ryngée, la perle complète du goût, mais il est bon de dire
3ue le malade attira lui-même son attention de ce côté, en
emandant un purgatif, car il ne trouvait aucun goût aux
aliments. Les substances les plus amères, comme le sulfate
de quinine, ont pu séjourner dans sa bouche sans que
l'amertume en fût perçue.
On ne trouvait rien du côté de l'odorat, de l'ouïe, de la
vue, aucune déviation de la face, ni aucune trace de la
sensibilité ou de la molilité. M. Mandoul essaya vainement
de déterminer chez ce sujet des contractures dans le bras,
par l'application d'une bande de caoutchouc. Il eut recours
aussi, mais vainement encore, à plusieurs tentatives d'hyp-
notisme afin de pouvoir agir sur lui au moyen de la sugges-
tion; J... resta réfractaire à tous les moyens employés pour
l'endormir.
Notre malade sortit de l'hôpital le 25 mars, après un
séjour de quarante-cinq jours. Il ne voulut accepter ni congé
de convalescence, ni une permission de courte durée, que
je lui offris. Au quartier, il fut laissé exempt à la chambre,
tous les jours il venait à la visite ; au bout de quelque temps,
il fut employé au jardinage du jardin que possède l'infir-
merie, puis à la bibliothèque des sous-officiers. Durant le
mois ue mai il me pria de lui faire accorder une permission
de six jours, pas plus longue, pour aller voir sa famille.
A son retour, il me raconta qu'il n'avait vu que ses parents,
et qu'il s'était caché de ses camarades du pays.
Au mois d'août, je fis rentrer J... à l'hôpital dont j'avais
repris le service, dès le mois de juin. C'était à seule fin de
le présenter à l'inspection médicale et de le proposer pour
être évacué, soit sur le Val-de-Gràce, soit sur l'hôpital
Desgenettes, à Lyon.
Je le présentai, le 10 août, à M. le médecin-inspecteur
Védrenes, qui, trouvant comme moi ce cas fort intéressant,
décida son évacuation sur l'hôpital militaire de Lyon où il
est resté en observation durant quarante-cinq jours, du
530 -S- a— GAZETTE HEBDOMADAIRE DE IIÉDECINE ET DE CHIRURfllE 16 Aout <8«9
S
18 août jusqu'au 3 octobre, date de sa réforme par congé
Je n'ai pas voulu perdre de vue celle observation ;
ainsi au mois de février j'ai provoqué une enquête de la
gendarmerie qui m'a appris que J... parlait. Aussitôt j'ai
écrit à lui-même pour connaître les circonstances dans
lesquelles la parole lui était revenue. Il s'empressa de
m'adresser une réponse dont ie vais donner les principaux
►assages, en leur donnant de rorlhographe et aussi un peu
le style sans toutefois leur enlever toute leur originalité
presque inculte :
« Monsieur le major,
« Je m'empresse de répondre à votre lettre; vous me
demandez comment la parole m'est revenue, je vais vous
l'expliquer; quand je suis arrivé chez moi, de voir que je
ne pouvais pas parler, je n'ai pas osé aller voir mes cama-
rades; alors je suis allé chez un de mes oncles, dans une
campagne éloignée, où ie suis demeuré quinze jours, au
bout desquels, un jeudi matin, en me levant ^e me suis
senti mal; aloi-s je tombe par terre; au bout dune heure
après, j'avais un petit peu ma parole, mais pas beaucoup ;
peu à peu elle m est revenue, mais je ne suis pas comme
avant cette maladie, j'ai l'estomac bientôt fatigué... main-
tenant je ne sais pas si c'est cette attaque qui m'a guéri.,. >
Telle est cette lettre dans sa principale substance, elle
indique une atlaaue ayant déterminé le retour de la parole
comme celle qui l'avait fait perdre.
L'enquête de la gendarmerie confirme auelques faits ;
mais elle donnerait lieu à des doutes si les symptômes
observés à Vienne et à Lyon, depuis le iO janvier jusqu'au
3 octobre, c'est-à-dire durant neuf mois, n'avaient paru
certains.
Voici un extrait de cette enquête :
c 1" mars 1888, Pertuis (Vaucluse), gendarmerie.
< D'après les renseignements que nous avons recueillis,
il résulte que J... ne fréquente pas beaucoup le pays, habi-
tant dans la montagne et à une distance de 4 kilomètres;
néanmoins pour le carnaval il a été vu causant avec ses
camarades.
« Après avoir recueilli les renseignements ci-dessus, nous
nous sommes rendus à la campagne où il habite, nous
l'avons trouvé qu'il venait de travailler avec son père et son
frère, et sans lui expliquer les motifs de notre présence
dans son quartier, nous lui avons posé plusieurs questions
auxquelles il a parfaitement répondu; son physique n'in-
diquait pas non plus qu'il fût malade.
« Nous devons indiquer que dans la commune, on ignore
le motif pour lequel J... a été réformé, notamment M. le
maire. »
J... nous a dit dans sa lettre qu'il est allé se cacher chez
un oncle, il ne serait donc pas étonnant que son histoire
soit inconnue dans sa commune.
Il ne faut point s'arrêter aux doutes que peut donner de
prime abord l'enquête de la gendarmerie, car J... est un
cultivateur grossièrement instruit; il faudrait lui supposer
une connaissance approfondie du mutisme hystérique pour
en avoir simulé si bien et si longtemps les principaux
symptômes, et une volonté de fer pour résister durant
dix mois à l'observation de ses camarades de régiment et
d'hôpital, et à celle des nombreux médecins qui l'ont exa-
miné, soit à Vienne, soit à Lvon, car il a été un sujet de
curiosité durant toute sa maladie.
Cette observation intéresse donc non seulement par ses
faits particuliers, mais encore par la décision de la commis-
sion spéciale de réforme de l'hôpital militaire de Lyon. En
effet cet homme guéri ne peut être rappelé au service mili-
taire. Hais il ne faut pas oublier que J... est un névropathe.
et qu'il peut reperdre encore la parole. M. Charcot affirme
que les récidives sont fréquentes. Telle est du moins la
règle; mais à côté de celle-ci s'ouvre le chapitre des
exceptions.
REVUE DES CONGRÈS
8* Coiisr«« de médeelae laterae (WtosImdlMi, flt»99).
DiBcùssion sur l'oooliision Intestinale.
(Fin. — Voyez le numéro 32.)
Au 18» Congrès de la Société allemande de cmauHGiE.une
seule communication est relative à Tiléus. Elle est due à Schlançe
(de Berlin). Dans les cas les plus graves, la laparotomie n'est pas
de mise une fois survenue la paralysie (d*origine septique) du
bout supérieur. Elle reste le seul moyen de lever un obstacle
mécanique. La question est donc de savoir quand existe la para-
lysie. Tant que les auses distendues dessinent sous la paroi
andominale leurs mouvements péristaltiques, Tintestin n'est |ia^
paralysé; et on peut, on doit faire la laparotomie. Dans It» «-^s
mverse — et malheureusement la plupart des malades nous
arrivent à celte période — c'est à Tenterotomie qu'on aura recours,
et sans hésiter, car elle permet d'évacuer le contenu septique
de l'inteslin et de sauver ainsi des malades qui auraient
succombé. (Centralblatt f. Chirurgie, Beilage zum n*" iH^J,
1889, p. 63.)
Des communications précédentes nous rapprocherons un nié-
moire que M. P. Poppert, assistant à la clinique chirurgicale
de Giessen, vient de faire paraître dans les Archives de Langen-
beck (Zur Frage dcr chirurgixche Behandlung de» Uetu, în
Arch. f. klin. Chir., 1883, l. XXXIX, p. 167). L'auteur expose
d*abord les discussions c|ui ont surgi sur ce point, et résume le
débat du congrès des chirurgiens allemands en 1888. En somme,
les obscurités du diagnostic sont encore grandes, et de là bien
des désaccords en thérapeutique. Mais il est très certain que
quelques partisans de la laparotomie ont fait un grand pas en
arrière, revenant, pour la majorité des cas, à Tentérotomie :
Madelung, Mikulicz, Schede, Schônborn en sont là. Peut-être
n'a-t-on pas, d'après Poppert, tenu assez compte, dans la plu-
part des discussions, de la variété clinique observée. Les occlu-
sions aiguës sont de vrais étranglements; l'obstacle mécanique
y est tout, comme dans la hernie étranglée, et rentérotomie
n'empêchera pas la perforation, le sphacèTe de l'anse, d'amener
la mort à brève échéance. Donc la laparotomie seule est capable
de sauver le malade, à condition d'être précoce. On la fera san>
se préoccuper du diagnostic précis, du degré de météorisme.
Si 1 on arrive trop tard, le malade est perdu, quoi qu'on fasse,
tout comme, à un moment donné, la kélotomie devient impuis-
sante. Dans l'occlusion chronique, au contraire, l'obstacle loca-
s'efface devant les effets de la stase des matières : aussi ropérul
lion indiquée en principe est-elle l'entéroiomie, oui pare a cet
accident. On lui oojecte que des rétrécisssements nbreux, justi-
ciables de l'entérectoraie (Maydl, Hofmoke), peuvent causer celte
variété d'occlusion : on aura recours alors secondairement à la
laparotomie. Poppert a dû un succès à une conduite analogue.
Sur un homme de vingt-sept ans, une occlusion subaiguë fut, au
septième jour, traitée par l'entérotomic, quatre jours après sui^
vint une selle par l'anus, et au quatorzième jour l'orince anor-
mal put être avivé et suturé. Mais, au bout de cinq jours, les
accidents récidivèrent : ils cédèrent à une réouverture de la
fistule. Puis ils reparurent, brusques cette fois, à la suite d'un
écart de régime, la fistule fonctionnant encore. Us résistèrent â
l'opium, et, à la treizième heure, la laparotomie fut pratiquée.
Elle conduisit sur un étranglement par nœud divertieulaire, ei
le malade guérit, bien qu'ily eût dé^à un début de péritonite
circonscrite. Dans l'observation précédente, il s'agissait, lors de
la première intervention, d'une occlusion subaiguê. C'est préci-
sément là que l'indication thérapeutique est difficile à poser :
en principe, c'est la laparotomie qui est bonne, mais en pra-
tique on tiendra compte des conditions accessoires, des données
grécises de diagnostic, du àeeré du météorisme et du collapsus.
'est précisément parce que Te diagnostic était obscur et le col-
lapsus grand, c[ue Poppert fit l'anus contre nature. On trouvera,
dans ce mémoire, le résumé des principales méthodes opératoires
de laparotomie. En appendice, l'auteur met une obâervaiion de
i6 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N' 33 — 53i
volviilus de rS iliaque, remarquable oar Tabsence de vomissement
(fait noté par Trêves 3 fois sur 20 volvulus) ; de là des hésitation^
de diagnostic, et le malade est mort en sept jours. A l'autopsie,
on a constaté une distension considérable de Tanse tordue,
comme le dit von Wahl dans le travail que nous avons récem-
ment traduit.
Gibson Hamilton a publié Tan dernier, dans la Lancet
(6 octobre 1888), deux observations à*étrangleinênt par diver-
ticule de Meckelf toutes deux sur des garçons de six ans. L*un
d'eux fut laparotomisé de bonne heure et guérit; l'autre au hui-
tième jour et mourut. Puzey a fait Tentérectomie dans un cas
où, sur un homme de trente-trois ans, il trouva l'intestin étranglé
par un diverlicule encore adhérent à des restes des vaisseaux
omphalo-mésentériques. L'opéré mourut de collapsus.
F. Trêves : Laparotomie au huitième jour pour une hernie
dans l'hiatus de vVinslow. Mort. (Ibid., ii octoore.)
Richardson : Laparotomie sur un homme de cinquante-sept
ans, au septième jour. On trouve une coudure. L'opéré mourut
en trois heures. Il y avait une thrombose veineuse allant de
rintestin malade jusqu'au foie. (Boston med. and surg. Journ,y
1888, t. If, p. 6i9.)
Maydl (de Vienne) fut plus heureux, et, sur une. femme
enceinte, il guérit par la laparotomie etl'entérectomie une occlu-
sion causée par une péritonite pelvienne. (Wiener klin. Woch,,
1889, n*» 3.)
Opérations pour rétrécissements du pylore, par M. Lauen-
stein (Hambourg). — Communication faite au Congrès de
médecine interne en présentant deux malades opérés pour
sténose simple. L'un d'eux, homme de cinquante ans, était
dyspeptique depuis environ dix ans et vomissait depuis trois
mois. Estomac dilaté; tumeur pylorique mobile. Le contenu
stomacal est pourvu d'acide chlorhydrique libre. Le poids est
tombé à 87 livres. Le diagnostic resta douteux, bien qu'un
ulcère fût le plus probable. Laparotomie le 21 décembre 1888;
pas d'adhérences, résection typique du pylore en une heure
trente-trois minutes. Depuis, tous les accidents ont cessé. Le
microscope démontre un rétrécissement simple. Le second malade
est un homme de trente-trois ans, se souvenant d'avoir toujours
souffert de l'estomac, vomissant depuis deux ans, ayant parfois
de 1 hématémèse et du méisena. Dilatation considérable de l'esto-
mac. On sent une tumeur à droite et au-dessus de Tombilic,
tumeur peu mobile, se cachant dans la profondeur quand on
distend 1 estomac. Le contenu stomacal est pourvu d'acide chlorhy-
drique libre. Amaigrissement sauelettique, mais pas de cachexie.
L'ulcère avec sclérose fut consiaéré comme le diagnostic le plus
probable. Laparotomie le 6 octobre 1888. Tumeur grosse comme
un œuf, adhérente au côlon transverse : vu l'impossibilité de l'extir-
pation, la gastro-entéroslomie fut pratiquée. Durée, cinquante
minutes. Depuis, le malade a engraissé de quarante livres.
Lauenstein a opéré vingt sténoses pyloriques; onze cancers;
sept ulcères; une sténose duodénale, un enclavement de calcul
biliaire dans le duodénum. H pense quon ne peut pas dire
avant la laparotomie quelle opération est possible, si même une
opération est possible. Pour reconnaître l'absence d'adhérences,
le déplacement de la tumeur vers la droite est un siffne impor-
tant. Pour bien sentir une tumeur pylorique, il fiiut palper
Testomac vide, c Les tumeurs pyloriques causées par un ulcère
ont coutume de présenter des adhérences bien plus solides que le
carcinome, qui évolue en bien moins de temps. L]adhérence au
niésocôlon ou au côlon transverse est caractéristique d'une
tumeur bénigne. » Pour le diagnostic entre l'ulcère et le cancer
l'examen chimique et histologique du contenu stomacal peut
induire en erreur, mais est important.
Abstraction faite de l'opération de Loreta, qui n'a pas été
encore pratiquée en Allemagne, il y a trois opérations possibles:
1<* la pyloroplastie de Heinecke-Mikulicz, bonne pour les sté-
noses bénignes sans épaississement de la paroi ; z' la gastro-
entérostomie de Wœlfler,à pratiquer lorsque l'extirpation parait
impossible, une fois le ventre ouvert. Pour les sténoses bénignes
du pylore ou du duodénum, elle est presque aussi bonne que la
résection. Pour le carcinome, elle est un bon palliatif. Elle est moins
grave que la résection : Lauenstein a eu sept succès opératoires
sur neuf cas; 3*» la résection du pylore^ opération radicale
aussi bien pour l'ulcère que pour le cancer, mais opération
grave, que les sujets cachectiques ne peuvent supporter. La mor-
talité générale (cent cinquante opérations, de trente chirurgiens)
est de 70 pour 100. Elle s'améliore peu à peu, surtout entre les
mains de certains chirurgiens.
Curschmann (de Leipzig) pense que l'opération est déjà trop
tardive quand le carcinome est accessible à la palpation. Il faut
agir dès les premiers accidents, par une laporotomie exploratrice,
qui n'est pas dangereuse.
Leyden (de Berlin) considère que pour les sténoses cicatri-
cielles l'opération est une ressource ultime, après échecs de
toutes les ressources médicales. Pour le carcinome, il faudrait
d'abord prouver que l'opération prolonge la vie et la rend plus
supportable. Curschman est de son avis pour la sténose cicatri-
cielle, mais il pense que pour le carcinome l'opération précoce
est la seule planche de salut. (Bericht uber die Verhandlungen
des Vlll kongresses fiir innere medicin, Wiesbaden, avril
1889, Beiiage zum Centr. f, klin. Med., 1888, n« 28, p. 33).
Au Congrès des chirurgiens allemands, quelques jours plus
tard, Lauenstein a ajouté quelques renseignements. Ses vingt
opérations se décomposent en neuf résections, neuf fi^astro-entè-
rostomies, une pyloroplastie, une extraction de calcul biliaire
comprimant le pyiore. Le rétrécissement cause une tumeur tout
comme le cancer. Il faut distinguer, pour cette tumeur, la mobi-
lité passive, communiquée par la main, et la mobilité active,
se traduisant par des déplacements lorsque l'estomao est plein
ou vide. En général, les tumeurs bénignes font un soulèvement
lisse de la paroi ; les tumeurs malignes sont mamelonnée. Sur
neuf résections du pylorç, Lauenstein a perdu cinq opérés.
Angerer (de Munich) a fait à ce même Congrès une communi-
cation sur le diagnostic et le traitement de la sténose pylorique.
S'il n'y a pas d'adhérences, le pylore se déplace vers la droite
(|uand on insuffle l'estomac ; quand il y a des adhérences, il reste
immobile, ou se déplace en haut ou à gauche. De ces seize
observations avec laparotomie, Angerer conclut que la résection
n'est possible que dans les cas où le déplacement normal est '
conservé. D*autrepart il faut étudier l'extensibilité à l'insufflation,
car dans le carcinome infiltré, où cette extensibilité est nulle
et où l'essai est douloureux, la paroi étant malade, la gastro-
entérostomie est impossible. Dès Topération, il faut donner au
patient un lavement nutritif. Résultats : six résections avec trois
morts opératoires, deux morts en quelques semaines ; une survie
depuis plus de deux ans; six gastro-entérostomies] avec trois
morts opératoires, deux morts en quelques semaines; une survie
depuis plus de deux mois, le malade ayant repris son travail.
Quatre fois, il a fallu s'en tenir à la laparotomie exploratrice.
(Beiiage zum Cenfralblattf. Chir., 1889, n« 29, p. 56.)
J. 3f. Barton (de Philadelphie) publie deux observations per-
sonnelles de divulsion digitale du pylore (opération de Loreta).
L'un des malades, opéré in extremis, est mort. L'autre, femme
de quarante-huit ans, a guéri. Elle avait depuis 1884 des signes
d'ulcère et depuis 1889 des phénomènes de sténose pylorique. A
ce propos, Barton réunit vingt-cinq opérations, dont seize de
Loreta; opérations faites sur vingt-quatre malades, car sur l'un
d'eux il y a eu récidive. Au total quinze guérisons, dix morts.
Mais la mortalité n'est que de trois pour les douze derniers
opérés. Sur ces vingt-quatre malades, le pylore sténose formait
sept fois tumeur; quatre fois il n'en était pas ainsi; treize cas
sans renseignement. A priori, on objecte la probabilité de la réci-
dive (1 ); l'événement a démenti ces craintes, et la récidive observée
Sar Loreta a cédé à une seconde opération. Perruggi, assistant
e Loreta, a donné à Barton les renseignements complémentaires
suivants. Loreta en est maintenant à sa trentième opération :
tous les cas à diagnostic exact ont guéri (Digital diculston of the
pjjlorusfor cicatricial sténose in Joum. of the amer. Assoc,
1889, t. Xll, p. 799. Commun, à l'Association chirurgicale améri-
caine, Washington, 1889.)
Parmi les travaux récents sur la chirurgie de l'estomac, nous
signalerons encore le suivant, bien qu'il n appartienne pas à un
Congrès.
P. Ortmann (de Kœnigsberg) publie deux observations, une
de résection et une de pyloroplastie. La résection a été faite sur
une femme de quarante ans cnez laquelle on avait diagnostiqué
un cancer (absence d'acide chlorhydrique libre). Il s'agissait d un
ulcère avec induration lardacée. Guérison. La malade va très
bien six mois et demi après. La pyloroplastie a été faite sur une
(1) Deux opérés de Loreta ont été présentés au Congrès de la Société italienne
de cliirurgie, en avril 1889. Bendani et PuUi ont déclaré ne pas comprendre
comment ce relrécisiomenlp seul parmi les rétrécissements cicatriciels, serait
définitivement justiciable de la divulsion.
532 — N* 33 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE :DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
16 AOUT 1889
femme de vingt-trois ans chez laquelle les accidents remontaient
à une ingestion d'acide sulfurique. L^opération consiste à faire
sur le rétrécissement une incision en T, qu'on réunit par une
suture transversale (quelc|ue chose d'analogue à l'opération de
Wharlon Jones pour les cicatrices vicieuses). La malade a guéri
et les accidents ont cessé. Cette opération est la quatrième de
cette espèce, les trois autres étant de Heinecke (1886), Mikulicz
{Congrès des chirurgiens, 1887), Bardeleben [BerL kl, Wock.,
1888, n* 46). De ces quatre opérés, trois ont guéri; celui de
Mikulicz est mort. Le malade de Bardeleben avait ingéré de
l'acide chlorhydrique; il est mort phthisique quatre mois après
et la pièce a été montrée par Kœhler à la réunion libre des
chirurgiens de Berlin {Deutsch. med, Woch., 1889, p. 259), c'est
à peine si l'on voyait une cicatrice de la muqueuse et le pylore
était parfaitement perméable. Les deux autres patients étaient
atteints d'ulcère simple. Dans le cas de Heinecke, il y avait des
adhérences, et l'ulcère commençait à ronger le pancréas. (Casuis-
ficher Beitrag zur operativen Behandlung dernarbigenPylorus-
itenosey in Deutsche med. Woch., 1889, p. 172.)
Troisième C^OBcrès «e la Soelélé alleniaDde «e Kyaéeolosle
temn 4 Frfboars em Brf0s«ii du fit au fi4 Juin.
(Suite. — Voyez le numéro 29.)
Fehling (de Bâle) ne se place pas au même point de
vue que Kaltenbach ; pour lui le mot auto -infection est
très malheureusement cnoisi. Après une courte revue sur les
recherches entreprises à ce su|et, spécialement sur celles de
Mayrhofer, Gônner, Winter, Dôderlein, Bumm et lui-même,
Fehling croit avoir suffisamment établi qu'il peut exister, dans
* les sécrétions cervico-vaginales, des cocci assez semblables aux
staphylocoques et aux streptocoques, mais qui ne sauraient
amener aucune infection. Toutes les maladies considérées comme
produites par auto-infection ne méritent pas d'être considérées
comme telles, et Fehling cite comme preuves plusieurs cas soit
personnels, soit recueillis dans les auteurs.
11 renvoie de plus aux 427 cas, publiés par Léopold, de femmes
non touchées ni désinfectées avant l'accouchement: 1,6 pour 100
seulement ont été malades. Léopold avait cependant antérieure-
ment une morbidité de 21 pour 100.
D*après son expérience, les cas de soi-disant auto-infection ne
sont, pour Fehling que des cas légers. Parmi les cas de mort
observés par lui depuis douze ans, il n'en est pas un qui ne soit
le résultat d'une inrection par contact. On a le droit de ne pas
refuser à l'air toute importance comme agent vecteur de l'infec-
tion (voyez les rechercnes de Bergmann).
En raison de ces idées sur la question en discussion, Fehling
fit cesser, pendant les deux mois qui suivirent son arrivée à la
clinique de Bâle, les injections vaginales qu*on y employait aupa-
ravant, tout en conservant toutes les autres précautions y usitées
et en faisant des explorations fréquentes.
La morbidité qui, antérieurement à cette mesure, était de
33pour iOO, tomba après six mois à 20 pour 100, puis à 16 pour
100. Fehling concède qu'il y a sans aucun doute oes cas d'auto-
infection, mais qu'ils sont très bénins.
Au point de vue thérapeutique il v a à considérer deux points
{irincipaux : 1° détruire les germes lorsqu'ils existent, empêcher
eur pénétration ; 2" modifier leur virulence.
Il faut surtout se préoccuper d'une désinfection énergique des
organes génitaux externes Fehling considère celte désinfection
externe comme très importante, principalement pour les sages-
femmes, et comme donnant les résultats les meilleurs dans les
opérations obstétricales. Quant à la désinfection du canal vagi-
nal, on devrait plutôt l'abandonner. Après l'accouchement Fehling
recommande l'expectation et déconseille les lavages internes a
moins de certaines indications telles aue la fétidité de l'écoule-
ment. 11 faut enlever .les débris de 1 œuf, car le danger de la
rétention dans Tutérus de particules mortes est plus ffrand que
celui de Tinfection. La méthode de Dôderlein pour ratténua-
tion de la virulence des germes mérite considération, mais elle
ne saurait être introduite en clinique.
L'orateur insiste sur la nécessité de faciliter autant que pos-
sible le travail de l'accouchement, une trop longue durée de la
dilatation et de l'expulsion pouvant augmenter la virulence.
De cette façon, on peut abaisser la morbidité bien au-dessous
du chiffre de 15 à 20 pour 100 donné par Winckel. On doit
arriver de 5 à 10 pour 100. Pour conclure, il voudrait qu'on
abandonnait le mot d'auto-infection et qu on parlât plutôt d'in-
fection directe ou indirecte, endoou exogène.
Bumm (de Wûrzbour^) apporte des faits précis relatifs à
Vétiologie de la parametrite^ forme fréquente des accîdenu
{merpéraux. On aamet en général deux variétés de paramélrite :
'une infectieuse , l'autre non infectieuse ou traumatique. La
démonstration de la nature toujours infectieuse de la paramélrite
suppose la découverte de staphylocoques et de streptocoque^
dans les cas d'exsudats s'accompagnant de lièvre iotease et
terminés par résorption. Bumm apporte cette démonstration.
Avec une longue canule il ponctionne l'exsudat par le vagin.
Dans deux cas de ce genre il ne put trouver de micro-orgaDÎsme
infectieux, ce qu'il attribue à ce que ses recherches furent faites
trop tard. Dans trois autres cas oïl la ponction fut faite de
meilleure heure il rencontra chaque fois aes micro-organismes.
Chez toutes ces femmes l'exsudat se résorba.
Bumm a fait, sur des lapins, des expériences qui prouvent
que les contusions et les traumatismes variés ne peuvent à eux
seuls produire aucune inflammation, tandis qu'il est facile dVn
déterminer par infection de Tutérus ou infection directe du para-
metrium. Il croit qu'il n'y a pas de paramétrites non infectieuse^:.
Là où il y a exsudât, il y a infection.
Les sécrétions normales du vagin et du col ne renferment
pas de streptocoques. Toutes les inactions à streptocoques doiveni
venir du dehors. Il n'y a pas non plus de stapnylococcus aureuâ
dans les sécrétions vaginales normales.
Léopold traite des suites de couches chez les accouchées non
touchées et non lavées et de V auto-infection.
Depuis longtemps déjà il s*étonnait que les femmes qui n'avaient
jamais été examinées eussent les meilleures suites de couch»^s.
Sur 200 ou 300 cas de ce genre, il n'a noté que 1 à 2 pour iOO df
morbidité.
En 1885, il introduisit dans son service l'usage de l'injection
vaginale préliminaire, et, sous l'influence de cette mesure, il put
faire 130a 160 accouchements sans infection et sans mort. Depuî<
le mois de mars de l'an dernier, le vagin et le canal cervical out
été désinfectés par des lavages très rigoureux. Mais voici que
depuis lors les résultats sont devenus moins bons. Léopold croit
devoir expliquer ce fait par le refoulement des sécrétions vagi-
nales dans les petites fissures constamment existantes, sous lac- >
tion de la douche vaginale. |
Aussi depuis mars dernier a-t-il supprimé le nettoyage, et de- i
puis la fin d'avril renoncé même au simple lavage du vagin. Depuis
lors il a eu de nouveau les meilleurs résultats ; sur une série de I
510 femmes qui n'ont été ni touchées ni lavées, il n'a observé {
que neuf cas de fièvre ; aucun d'eux ne peut s'expliquer par auto- 1
infection.
Les conditions de la pratique privée et hospitalière sont d'ail- I
leurs très différentes; les médecins font au maximum 6 pour iOil
seulement des accouchements dans la clientèle.
Les conclusions de la très importante communication de Léo-
pold sont les suivantes :
1"* On ne doit parler d'auto-infection que là où l'on peut sàre-
ment éliminer toute autre cause d'élévation de température;
2® Dans les établissements hospitaliers qui servent à l'instruc-
tion, les sources d'infection, pour être souvent cachées, n'en sont
pas moins réelles et extirpables ;
3® Dans les cas où les apparences sont pour l'auto-infectiouy
on peut, d'après les faits rapportés par l'auteur, découvrir d'au-
tres sources d'infection ;
4^ Le mot c auto-infection i est un danger au point de vue de
la pratique dans les Maternités;
o^ Les meilleures suites de couches sont celles des femmes non
touchées ;
6"" Dans les établissements d'instruction, le pivot du diagnostic
doit être l'exploration externe, qui presque toujours fournit des
renseignements suffisants;
7'» Si une exploration interne est nécessaire, il faut faire une
antisepsie et un nettoyage méticuleux des parties génitales ex-
ternes ;
S"" Ce n'est c[ue dans les cas de dystocie (longue durée du tra-
vailj putréfaction fœtale) qu'un nettoyage antiseptique des organes
génitaux internes est indispensable.
Battlehner (de Karlsruhe) se demande de quelle façon et par
quels moyens les sages-femmes doivent pratiquer Cantisepsie \
chez les parturientes. Il traite uniquement le côté pratique de i
16 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 33
533
la question. Sur la totalité des accouchements, 5 pour 100 à
peine sont faits par des médecins; le reste appartient aux sages-
lemmes. D'où la nécessité de rechercher ce que celles-ci doivent
faire.
Depuis des années Battlehncr s'est efforcé de rechercher les
affections puerpérales, et particulièrement les cas mortels. Tandis
que les statistiques antérieures de mortalité atteignaient 5 à 6
pour 1000, celle-ci est tombée en 1887 à 3,5 pour 1000. Mais les
conditions en dehors des cliniques sont tout autres que dans
celles-ci. Les sages-femmes doivent-elles abandonner les lavages
internes? Là est la question. Battlehner répond que tant qu'on
laissera les sages-femmes toucher, on devra leur prescrire ce
lavage.
A Taide d'une statistique récente, il prouve q^ue dans les en-
droits où il y a plusieurs sages-femmes, les affections puerpérales
se rencontrent précisément dans la pratiaue de celles qui négli-
gent les lavages et les nettoyages. 11 conclut de ces faits au'il est
encore trop tôt pour interdire les injections aux sages-femmes
pour lesquelles le toucher est la principale ressource diagnos-
tique.
Mermann (de Manheim) insiste par contre sur nnutilité et les
dangers de la désinfection interne dans les accouchements nor-
maux. Le désaccord porte essentiellement sur la fréauence de
la soi-disant auto-infection. La statistique peut seule décider si
cette auto-infection est si rare que les mesures prises contre elle
présentent plus de dangers qu'elle-même.
Les observations prises dans les cliniques ne sauraient tran-
cher la question, car on ne peut y faire la part de Tinfection
interne et de l'infection mixte.
Sur quatre cents cas où les femmes n'ont été ni touchées ni
lavées, Léopold n'a observé que 2 pour 100 de morbidité. De son
côté,Mermann, à la maternité de Mannheim, sur deux cent soixante-
quinze femmes traitées de la même façon, a eu SI pour 100 de
morbidité dans la première centaine, 5 à 6 pour 100 dans la
seconde.
Mermann considère comme très dangereuse la désinfection in-
terne faite par les sages-femmes, à cause de la possibilité d'une
infection par contact. Les injections vaginales ordinaires sont un
semblant d'antisepsie. En Saxe et dans la Hesse, on vient d'in-
terdire aux sages-femmes les injections vaginales.
H. V.
{A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
ieelne.
SÉANCE DU 13 AOUT 1889. — PRÉSIDENCE DE M. MOUTARD-
MARTIN, VICE-PRÉSIDENT.
M. lo ministre de l'instruction publique et clos beaux-arts adresse l'ampliation
d'un décret, autorisant l'Académie à accepter ie legs que lui a fait M. Saintour
d'une rente de 3 pour 100 sur l'État français, dont les arrérages seront distribués,
tous les deux ans, à l'auteur du meilleur travail, manuscrit ou imprima; sttr
n'importe quelle branclie de la médecine,
M . le docteur Frtuey (à Tunlon-sur-Arroux, Saône-et Loire) envoie une tumeur
pédieulée d^apparenee fibreme, rendue spontanément par un malade k la suite
d'une pnrgalion.
M. BaU offre au nom de M. le docteur Rouillard et au sien, un rapport traiUnt
de la légiilation comparée iur le placement -dee aliénée dant Ui établiaementt
publiée et privée.
M. Conetantin Paul dépose un mémoire de MM. ComU et Babèe, sur une
obeervation de earcome généralieé de la peau, type Kapoti.
M. Blanche présente, delà part de MM. les docteurs Cshriêtiau et Ai/lt, deux
rapports sur le eerviee médical de la maison nationale de Charenton pendant la
période décennale de 1870 à 1888.
M. de Quatrefagee fait hommage de son Introduction à l'étude det racée
hwftainee.
Chirurgie du rein. — H. le docteur E. Doyen (de
Reims) rend compte de dix opérations de néphrectomie,
de néphrolithotomie et de néphrorraphie qu*il vient de pra-
tiquer pour diverses affections rénales. (Renvoi à l'examen
d'une commission composée de MM. Verneuil ei Polaillon.)
Lèpre. — H. Zambaco communique les résultats de ses
recherches sur la lèpre en Turquie et dans les diverses pro-
vinces de l'empire ottoman. Il déclare n'y avoir jamais con-
staté jusqu'ici un seul cas de contagion avéré; dans les
mariages mixtes nombreux qu'il a vus partout, jamais la
maladie ne s'est transmise du conjoint lépreux à l'autre ;
[iresque toujours un seul membre de la famille est resté
épreux, bien que la vie au milieu des siens ait été souvent
très longue et qu'aucune précaution spéciale n'ait été prise
contre la transmission. En général, les localités où la lèpre
sévit, sont habitées par des gens vivant dans la plus grande
misère et dans la saleté la plus sordide, se nourrissant
d'aliments putréfiés, abusant des boissons alcooliques et
épuisés par de durs travaux. La température et l'humidité
jouent aussi un rôle important sur le développement de la
lèpre dans les contrées où elle est endémique ; les variations
de la première agissent sur la circulation capillaire de la
peau, qu'elles refroidissent et brûlent à intervalles rap-
prochés ; la seconde déprime le système nerveux. D'autre
part il semble que la lèpre, contagieuse dans certains pays,
ne le soit pas dans d'autres. En résumé, si tant est que la
lèpre soit contagieuse, elle ne le serait que d'une manière
tout à fait exceptionnelle, tout au moins dans les localités
où les recherches de M. Zambaco ont été poursuivies.
Prophylaxie de la tuberculose. — Pourri. Lancereaux
les instructions que discute l'Académie ne semblent pas
tenir assez compte de la prédisposition de l'organisme à
contracter la tuoerculose; le bacille pénètre par l'air, les
boissons, les aliments et quelquefois aussi par une solution
de continuité des tissus. Les crachats doivent être recueillis
dans des vases contenant de la sciure de bois, jetés au feu
et brûlés; la chambre d'un phthisique doit être désinfectée,
aussi bien que la literie et les vêtements. 11 v a lieu aussi
de proscrire la vente de viandes infiltrés de lésmns tubercu-
leuses, du lait provenant d'un animal dont le pis est affecté
de cette maladie. Enfin les excès alcooliques doivent être
prévenus et réprimés, et l'encombrement évité dans les
habitations.
M. Yillemin maintient le texte des instructions; au risque
d'émettre quelques propositions discutables, il faut tenter
quelque chose pour essayer d'atténuer la propagation de ce
fléau grandissant. Tout le monde n'est-il pas d'accord sur
le danger des matières de l'expectoration des phthisiques,
démontré par M. Villemin dès 1869, sur l'innocuité des
crachats à l'état liquide et de l'air expiré par les phthi-
siques, et sur l'infection de l'air par les poussières tuber-
culeuses en suspension. On ne saurait donc prendre trop de
précautions pour détruire et écarter des lieux fréquentés les
produits de l'expectoration des malades atteints de cette
affection, désinfecter leurs habitations, les wagons des che-
mins de fer où ils ont voyagé, etc. Quant à la transmission
Fiar les substances alimentaires, telles que le lait, la viande,
e sang, si elle est moins fréquente que celle qui dérive
des matières expectorées, elle n'est pas moins indubitable :
M. Chauveau a montré combien 1 infection par les voies
digestives était possible; ici d'ailleurs on se trouve, comme
Rrtout ailleurs, en face du double facteur qui domine
tiologie de toutes les affections microbiennes : quantité
et qualité de la matière virulente d'une part, réceptivité
des organismes de l'autre ; cette réceptivité est variable à
l'infini; pour certains sujets il faut bien peu de virus pour
produire de grands effets, et cependant les règles d'hygiène
ne doivent exclure personne.
Les dangers du lait sont indéniables; les faits expérimen-
taux montrent, en effet, que si le lait est toujours virulent
lorsqu'il est fourni par une vache atteinte de mammite
tuberculeuse, il Test encore trop souvent dans les cas de
tuberculose étendue et sans mammite; il peut même le
devenir accidentellement, et il ne faut pas oublier que le
lait commercial est toujours de provenances multiples. Il
n'est pas douteux non plus que le suc de viande de certains
animaux tuberculeux produit, par son inoculation, des
534 — N' 33 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
16 Août 1889
tuberculoses plus ou moins intenses; aussi, tout en ne pros-
crivant pas l'usage de la viande crue, d'une façon générale,
il faut bien avertir le public quMl y a danger à consommer
la viande de ces animaux; de même pour le sang chaud,
dont ringestion est si indigeste et si inutile; en tous cas, la
virulence du sang des tuberculeux a été depuis longtemps
expérimentalement démontrée.
Four ce qui concerne les conditions qui favorisent ou qui
créent la prédisposition à !a tuberculose, notamment la
pneumonie et les bronchites, M. Villemin n'est pas loin de
croire qu'il y a là une certaine exagération ; mais la com-
mission chargée de rédiger les instructions s'est basée sur
les assertions de Koch, à savoir que les bronchites, les
Imeumonies et autres processus inflammatoires favorisent
a production de la tuberculose pulmonaire.
Après un échange d'observations entre MM. Bouchard^
Germain Sée et Verneuil^ l'Académie décide c[u'une com-
mission composée de MM. Verneuil^ Villemin^ Germain
Séé, Cornil et Dujardin'Beaumetz sera chargée de propo-
ser à l'Académie de nouvelles instructions tenant compte
des diverses opinions produites dans la discussion.
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, afin
d'entendre la lecture d'un rapport de M. François-Franck
sur le concours pour le prix de l'Académie en 1889.
Sociale nédleale des hAplUwix.
SÉANCE DU 9 AOUT 1889. — PRÉSIDENCE
DE
CADET DE GASSICOURT.
Du diabète oonjngal : M. Debove. — Un cas d'acromégalie : M. Oou-
rand. — Du traitement de la diphthérle : M. Gaucher. ~ Mortalité
de la fièvre typhoïde dans les hôpitaux de Parle : M. Merklen
(Disouasion : MM. Juhel-Renoy, Fèrèol). » Du régime alimentaire
dea maladea et de l'emploi de la f èoule soluble : M. Debove.
M. Debove y depuis la dernière séance, a eu l'occasion
d'observer un nouveau cas de diabète chez le mari et la
femme. Il cite une note de M. Barthélémy relatant deux faits
du même genre. Dans un premier ménage, le mari, âgé de
quarante-sept ans, a 43 grammes de sucre; la femme» âgée
de trente-huit ans, en a 37 grammes. Dans le second mé-
nage, la femme a succombé à cinquante-trois ans à la tuber-
culose; elle était depuis longtemps diabétique; le mari est
diabétique, et son urine renferme 18 grammes de sucre.
M. Féréol a observé des faits analogues, mais il fait re-
marquer que les cas de diabète non conjngftl sont beaucoup
plus fréquents. Sans doute le régime commun des conjoints
peut expliquer le c diabète conjugal ».
M. Debove n'a voulu que signaler le fait ; mais, avant de
chercher à en tirer une conclusion quelconque, il désire
arriver à la conviction qu'il ne s'agit pas d'une simple coïn-
cidence.
— M. Gottrflttrf présente un malade diiie'ini d*acromégalie
et donne lecture de l'observation. {Sera publié,)
— M. £. Gaucher insiste à nouveau sur ce fait, confirmé
par les recherches de Roux et Yersin, que la diphthérie est
une maladie primitivement locale, dont la généralisation
plus ou moins rapide n'est que secondaire. Le meilleur anti-
septique est à coup sûr l'acide phéniaue, que M. Gaucher
emploie selon la rormule suivante, légèrement modifiée
depuis sa première communication ; camphre, 30 grammes;
huile de ricin, 15 grammes; alcool à 90 degrés, 10 gram-
mes; acide phénique cristallisé, 5 grammes; acide tariri-
que, 1 gramme. — L'huile de ricin a l'avantage d'être
soluble dans l'alcool. La glycérine, qui a été proposée
par quelques-uns, a le grand inconvénient d'être miscible
à la salive et de fuser assez loin sur la muqueuse de la gorge.
On doit faire les badigeonnages et l'ablation des faasses
membranes toutes les trois ou quatre heures au moins. 11
ne faut pas racler la muqueuse, et l'on doit s'efforcer, en
enlevant toute la fausse membrane, de faire le moins de
lésions possible. Des pinceaux en molleton, proposés par le
docteur Crésantignes, seront précieux pour celte opération.
En outre, on fera régulièrement toutes les -deux heures des
irrigations phéniquées. Les badigeonnages sont bien moins
douloureux qu'on ne l'a dit tout d'abord. Grâce à ce traite-
ment, sur (juarante-deux cas de diphthérie, M. Gaucher n'a
eu que trois décès, et encore s'agit- il de ces cas nue Ton
peut regarder comme forcément funestes. C'est aonc au
maximum une mortalité de 7 pour 100. Les médecins (|iii
ont expérimenté ce traitement, et ont communiqué les ré-
sultats à M. Gaucher, ont également obtenu une mortalité
des plus minimes.
M. Cadet de Gas$ir.ourt a expérimenté ce traitement pen-
dant deux mois dans le service des dipbthériques, à l'hôpital
Ti^usseau; il lui a paru donner des résultats meilleurs que
tous les autres moyens employés jusqu'ici. Il se réserve de
faire une communication sur ce sujet après une nouvel l«*
série d'expériences de deux mois dans le même service.
— M. MerkleUy au nom d'une commission composée do
MM. Féréol, Gérin-Roze, Rendu, Troisier, Moizard, Juhel-
Renoy et Merklen, rapporteur, donne lecture d'un rapport
sur la mortalité de la fièvre typhoïde dans les hôpitaux dt*
Paris.
De 1866 à 1883 (en excepUnt les années 1870 et 1871 ).
la mortalité de la fièvre typhoïde a offert un maximum de
36 pour 100 et un minimum de 18 pour 100, calculés sur
un total de 33 837 cas. A partir de 1883 jusqu'en 1888, la
mortalité moyenne n'a été que de 14,1 pour 100. Les stati-
stiques particulières fournies par dix-huit médecins des
hôpitaux, donnent, en ne tenant pas compte des cas traités
Îar la méthode de Brand, une mortalité sensiblement ana-
ogue de 15,5 pour 100. On peut donc dire que la mortalité
de la fièvre typhoïde dans les hôpilaux civils de Paris
oscille entre 14 et 15 pour 100. Cette mortalité est très voi-
sine de celle des hôpitaux de Berlin (13,3 pour 100 à IT»
pour 100); dans ces hôpitaux, les bains froids ne sont
employés que d'une façon très modérée et on n'a recours à
aucun traitement systématique. Quelques statistiques parti-
culières portant sur un grand nombre de malades et sur
Elusieurs années,pourraient fournir des renseignements sur
i valeur de tel ou tel mode de traitement; ainsi M. Jac-
coud, 1867 à 1882, 636 malades, 11,16 pour 100; M. Bou-
chard, 431 malades, de 1884à 1 788, 1 1,16 pour 100 ; M. SoreU
871 malades (dont 837 militaires), de 18/9 à 1888, 9,5 pour
100; M. Robin, 307 malales, 9,7 pour 100. On peut attri-
buer l'abaissement du chiffre de la mortalité à remploi
régulier de la médication antipyrétique. Un nouveau pro-
grès naîtra certainement de l'enquête provoquée par les
partisans de la méthode de Brand. Les statistiques de Brand
et de ses adeptes démontrent également ce fait que la mor-
talité est moindre en ville que dans les hôpitaux, par suite
de la vigilance apportée à la régularité du traitement et de
sa mise en œuvre plus hâtive. Les chances de guérison sont
d'autant plus grandes que le typhoïdique est traité plus tôt.
Enfin, on devra tenir compte de la mortalité inferieure,
dans les hôpitaux militaires, de 3,3 pour 100 à la mortalité
dans les hôpitaux civils. Les documents qui seront fournis
à la commission pour l'année 1889 seront classés dans cet
ordre d'idées, et feront l'objet d'un nouveau rapport permet-
tant d'aborder avec fruit la discussion sur la valeur compa-
rative des traitements de la fièvre typhoïde.
M. Juhel-Renoy insiste à nouveau sur la supériorité des
statistiques de la méthode de Brand, et sur la moindre mor-
talité des malades traités dès le début de la dothiénentérie.
Grâce à un infirmier supplémentaire que lui a fourni l'ad-
16 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N' 33
535
ininistratîoiiy il peut appliquer facilement la méthode de
Brand rigoureuse dans son service.
M. Féi'éol et M. Merklen ont obtenu également, pour
leurs services, un infirmier supplémentaire chargé de la
balnéation. L'administration seniole très disposée à fournir
aux médecins les moyens de mettre en œuvre le traitement
par les bains froids.
— M. Debove^ désireux de substituer au lait, à la viande
crue, aux poudres de viande ou aux peptones, souvent mal
tolérés ou difficilement acceptés par les malades, un ali-
ment d'une facile digestion, a eu l'idée de recourir h la
fécule soluble, bien supérieure, comme valeur nutritive,
aux empois, qui renferment, à poids égal, une énorme
quantité d'eau, et aux hydrocarbures, tels que le sucre,
par exemple, ^ui sont fort mal tolérés à haute dose. L'em-
ploi des dextrineset de la maltose, indiqué en théorie, n'a
pas d'ailleurs donné dans la pratique de bien bons résul-
tats. Il a préparé la fécule soluble en chauffant la fécule de
pomme de terre dans des tubes à expérience plongés pen-
dant trois heures et demie dans un bain d*huile à 180 de-
grés. Cette fécule, insoluble à froid, soluble à chaud, a été
admirablement tolérée et assimilée par les malades; elle
agit comme aliment d'épargne et diminue le chiffre de
l'urée. Les malades engraissent peu, parce aue les féculents
ne produisent pas de graisse; mais, chez les sujets amai-
gris, on obtient l'emmagasinement de la graisse ingérée
avec les autres aliments ou formée aux dépens des albumi-
noides. M. Debove a employé cette fécule soluble avec suc-
cès dans les affections chroniques du tube digestif, ulcère
de l'estomac, dyspepsies chroniques, diarrhées chroniques,
chez les convalescents, en un mot, chez tous les sujets
ayant besoin d'un régime réparateur. On la mélange, à froid,
dans du lait, et l'on peut ainsi incorporer 200 grammes de
poudre par litre de lait.
— La Société s'ajourne au vendredi 11 octobre.
— La séance est levée à cinq heures.
REVUE DES JOURNAUX
THBRAPEUTIQUE.
»H IralteMeDf local «e la «IphtbéHe par raelde Halley-
ii«ae, par M. Despinë. — Le point de vue pathogéniquc auquel
Tauteur se place est que les manifestations capitales de la ma-
ladie : hyperthermie, albuminurie, hémorrhagie, adynamie, ont
pour cause, non pas la pénétration du bacille de Lôffler dans
la circulation, mais bien l'absorption de produits septiques
«'Jaborés dans les foyers diphthéritiques. Au début la diphthérie
est une affection locale et la fausse membrane le symptôme ini-
tial de cette dernière, mais non pas de l'infection du sang par les
microbes.
Il a cherché l'action de divers médicaments : du benzoate de
soud«î (à 6 et 10 pour 100), du chlorate de potasse (à 5 pour 100),
de Tacide borique (à 4 pour 100), et du sulfite de soudé (à 2 et
6 pour iOO), eu les mettant en contact avec le bacille, lis n*en
arrêtaient pas le développement. Par contre, le sublimé (à 1
pour 8000), lacide phénique (à 1 pour 50), le chloral (à 1 pour
100), le permanganate de potasse (à 1 pour 2000) et l'acide sali-
cylique à laméme dose, possédaient une action anti-microbienne
évidente. En conséquence, M. Despine adopte Tacide salicylique
comme médicament de choix et recommande la médication sui-
vante :
1" Dès le début, instituer un traitement aussi énergique que
possible de la fausse membrane : irrigations buccales avec la
solution d*acide salicylique à 1,5 ou â pour 1000 toutes les
heures ou toutes les deux heures ; ou bien, et suivant les cir-
constances, prescrire au malade de se gargariser avec le même
topique;
^^ Badigeonnages des surfaces pseudo-membraneuses avec le
jus de citron, le glycérolé dj chloral à 1 peur 5; la solution de
sublimé à 1 pour 2000 ou d'acide phénique à 2 pour 100 ; mais
en évitant par un badigeonnage trop violent d'irriter la mu-
queuse et de favoriser l'absorption du poison diphthéritiqoe;
3"* Prévenir toute débilîtation de Torganisme, par Falîmenta-
tion, les stimulants et Tusage du fer.
EnGn, sans revendiquer nulle idée de priorité, mais en s*ap-
puyant sur ses propres succès cliniques. Fauteur recommande
après la trachéotomie, Fintroduction dans la trachée de 5 à
10 gouttes de la même solution salicylique à 1,5 pour 1000,
toutes les quinze minutes, et des lavages antiseptiques avec le
même topique comme moyen prophylactique de Fangine scarlati-
neuse. (Revue médicale de la Suisse Romande, 20 janvier 1889.)
De la %-alear da MUoDai contre i*liMe«iDli*, par M. GroVEU
fiURNBTT. — Après avoir fait usage de cet hypnotique, Fan-
teur le considère comme indiqué dans la manie, le délire en
paroles ; mais comme dangereux s'il existe de Farté rio-sciérosc.
11 constate, comme M. Mairet, ses effets cumulatifs et dans quel-
ques cas la provocation de troubles digestifs après son ingestion :
diminution de la sécrétion salivaire, inappétence et mêmes
effets émétiques.
On avait cru que le sulfonal exerçait une action favorable
contre Fincoordination motrice. C'est une erreur, d'après Fau-
teur, qui, dans un but de contrôle. Fa expérimenté. En tout
cas, il conclut que ce médicament est un des meilleurs hypno-
tiques, mais doit être manié avec une grande prudence. (The
N.'Y. med. Jùurnaly 2 mars 1889.)
»e raeMe pliéayl-prepleiil«iie eealre la phtliMe, par M. Th.
Williams. — Ce dérivé du coaltar s'administre en solutions alcoo-
liques étendues d'eau, à raison de dix à vingt gouttes, trois fois
par jour. M. Williams Fa fait ingérer à vingt malades atteints
de phthisie confirmée depuis deux années au moins. Chez neut
il y avait des signes cavitaires aux deux poumons; chez sept
à un seul poumon, et chez trois, des bacilles dans les crachats.
En moyenne ils ingérèrent Facide phényl-propionique durant
quarante-six jours et n^éprouvèrent pas de phénomènes d'into-
lérance. Treize furent améliorés, quatre n'éprouvèrent aucun
profit du médicament et chez trois la maladie s'aggrava.
Le poids de quatorze d'entre eux augmenta d'une demi-livre
à cinq livres. Quatre continuèrent à maigrir. L'amélioration des
lésions locales fut manifeste dans cinq cas et nulle dans neuf.
Dans six, il y eut une aggravation de l'état local, malgré le trai-
tement. Au reste, sous Finfluence de Facide phényl-propionique,
on constata que l'expectoration et la toux ne diminuaient pas :
mais que, dans les cas les plus heureux, l'amélioration portail
plutôt sur l'état général : augmentation du poids, de Fappétil et
des forces.
N'en est-il pas ainsi d'ailleurs après les autres médications tli-
rigées contre la phthisie? Elles agissent plus, en effet, sur Fétal
général que sur l'état local. (7Ae Practitioner, février 1881).)
BIBLIOGRAPHIE
Traité pratique dea maladlea 4n nés et de la cavité naMo-
pharjnsiennr, par le professeur Morell-Mâckënzie (de
Londres), 1 vol. in-8* de AAb pages. Traduit de l'anglais
et annoté par le^ docteurs Ë.-J. Houns et J. Chazârac (de
Toulouse), avec 82 figures dans le texte. Paris, 1888.
Doin.
On assiste, depuis quelques années, à un mouvement
scientifique très marqué, qui porte un grand nombre d'au-
teurs à décrire avec un som tout particulier les affections
nasales et leurs conséquences prochaines ou éloignées; on
S eut dire que Fétude de la pathologie nasale est à Fordre
u jour, et qu'elle semble offrir un attrait tout spécial, nous
536 — N' 33 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 16 Août 1889
dirions volontiers être l'objet d'un engouement peut-être
excessif, mais qui a eu déjà pour résultat d'incontestables
progrès dans cette branche de la médecine.
A la suite des travaux de Voltolini. de Hartmann, de
Joal, deHack, etc., le champ d'études s'est élargi, et, à la
connaissance des affections primitives ou secondaires, can-
tonnées dans la région nasale, est venue se joindre celle des
divers réflexes d'origine nasale, dont la véritable nature
était demeurée longtemps méconnue. Certains accès
d'asthme, de migraine, de vertige, de palpitations, bon
nombre de troubles vaso-moteurs, ont leur point de départ
dans une lésion plus ou moins importante des fosses nasales,
et disparaissent rapidement par la cautérisation des régions
malades de la pituitaire ou l'ablation des polypes : le fait
est aujourd'hui incontestable, et la thérapeutique a tiré
grand profit de ces données de pathogénie. Le livre de Mac-
kenzie renferme un intéressant chapitre consacré à l'étude
de cette question, et l'esprit de l'auteur se révèle dans cette
réflexion, qu'il n'est pas inutile de citer textuellement :
c Bien que j'admette entièrement qu'un grand nombre de
phénomènes réflexes proviennent des fosses nasales, je dois
cependant prévenir les jeunes spécialistes que les diverses-
affections que l'on considère comme résultant d'une mala-
die du nez, sont dues très fréquemment à d'autres causes
que l'on doit chercher à combattre avant d'incriminer les
fosses nasales. » On ne saurait qu'approuver une si sage
i*és6rv6
II s'agit, d'ailleurs, d'un ouvrage fort complet, auquel on
ne pourrait reprocher peut-être que l'absence, au moins
apparente, de plan général. Il semble, au premier abord,
que les chapitres se succèdent un peu au hasard, sans for-
mer des groupes commandés par les divisions nosologi(^ues;
mais il n en est pas absolument ainsi, et seuls les titres
des différentes parties qui composent l'ensemble fontdéfaut.
Ils eussent, à notre avis, facilité l'étude et rendu plus claire
la répartition des groupes.
On trouve, comme introduction aux descriptions patho-
logiques proprement dites, un utile résumé de l'anatomie
des ifosses nasales, qui eût peut-être gagné à être accom-
Sagné de quelques figures; puis l'auteur entreprend l'étude
es méthodes d'exploration et initie le lecteur, avec l'auto-
rité que lui donne sa grande expérience, au maniement des
miroirs et des instruments multiples dont l'usage est indis-
pensable pour la rhinoscopie et le traitement des maladies
nasales.
Signalons au passage des pages fort intéressantes sur le
catarrhe aigu ou chronique de la pituitaire, la fièvre des
foins, le coryza sec, les tumeure des fosses nasales, la
syphilis du nez, les végétations adénoïdes du pharynx nasal,
la surdité gutturale, etc. Toujours les questions de thé-
rapeutique marchent de pair avec la discussion de patho-
génie ou la description du symptôme, et le praticien trou-
vera constamment des renseignements utiles pour instituer
un traitement efficace dans les divers cas offerts à son obser-
vation. C'est ainsi, par exemple, qu'un grand nombre de
formules sont réunies à la fin de l'ouvrage, sous forme
d'un appendice, que l'on consultera avec le plus grand
profit.
Ajoutons que les traducteurs, MM. Moure et Charazac (de
Toulouse), ont non seulement le mérite d'avoir traduit d'une
façon claire et en excellent stjrle le livre de l'auteur anglais,
mais qu'ils ont ajouté sur divers points des notes complé-
mentaires instructives, et même un chapitre tout entier re-
latif au catarrhe et kyste de la bourse pharyngienne. Nous ne
doutons pas qu'ils ne trouvent ample satisfaction dans l'ac-
cueil fait par le public médical français à l'ouvrage qu'ils lui
auront permis cle connaître et d'apprécier,
André Petit.
Recherches et notes originales, publiées en 1887 et 188U
par M. le docteur V. Galippe. — Paris, A. Lanier, 1889.
Notre confrère M. Galippe a réuni en un volume une série
de notes et d'articles déjà publiés par lui dans le jourual
qui paraît sous la direction de M. le professeur Cornil et dont il
est le rédacteur principal. Comme il le dit fort bien, les articles
de ce genre, disséminés au milieu de travaux divers, sont vite
oubliés et ne sont pas cités comme ils mériteraient de Pétrp.
Réunis en un même volume, ils solliciteront Tattention de tous
les médecins qui s'occupent des auestions de stomatologie. Ces
recueils de Mélanges d'histoire médicale et de critique méritent
d'être encouragés et c'est à ce point de vue surtout que nous
signalons l'initiative de M. le docteur Galippe.
VARIETES
Clinique ophtalmologique des Quinze- Vingts. — Un concours
d'admissibilité aux emplois de médecin-adjoint de la clinique
nationale ophthalmologique annexée à l'hospice national des
Quinze- Vingts, institue par arrêté ministériel au 29 juillet 1885^
auxa lieu à rHdtel4)ieu, dans l'amphitbéâlffe D«puy4ren, les
vendredi 25 octobre prochain et jours suivants.
Mortalité a Paris (30* semaine, du 27 juillet au 3 août
1889. — Population : 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde, 36.
— Variole, 3. — Rougeole, 15. — ^.Scarlatine, 10. — Coque-
luche, 11. — Diphthérie, croup, 26. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 199. — Autres tuberculoses, 23. — Tumeurs:
cancéreuses, 49; autres, 3. — Méningite, 32. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 61. — Paralysie, 12. —
Ramollissement cérébral, 18. — Maladies oi^niques du cœur, 59.
— Bronchite aiguë, 40. — Bronchite chronique, 12. — Broncho-
pneumonie, 24. — Pneumonie, 35. — Gastro-entérite: sein, 22;
biberon, 127. — Autres diarrhées, 7. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 1. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 30. — Sénilité, 27. — Suicides, 18. — Autres morts
violentes, 8. — Autres causes de mort, 140. — Causes
inconnues, 10. — Total : 1 058.
OUVRAGES DÉPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
UriMt. Député. Sédiments. Caleuli. Applicalioa do l'analyse urologique à U
sémélolofie médicale, par M. E. Gautrelet, pharmacien de l'* clasM» avi»; une
préfoce do M. lo docteur Lécorchc. 1 vol. in-18 jcsus do 45i pa^os avr-r
figures. Paris, 1889. J.-B. Baillière ot (ils. r» fr.
Let difformes et le* malades dans Vart, par M. le professeur Charcot ei M. Ir
docteur Richer. 1 vol. in-4* avec figures inlercalëes dans le texte. Pari».
E. Lecrosnier et Babé. iO fr.
Traité de pathologie chirurgicale spéciale» par M. le professeur F. Kœoii^. otnrrsgc
traduit do Tallomand d'après la 4* édition, par M. 1« docteur Comte, oavra^r
précédé d'une Introduction, par M. le docteur Terrillon. T. Il, fascicule 3 avec
108 figures intercalées dans le texte. Paris, E. Lecrosnier et Babé. 7 fr.
Tome U complet avec 159 figures dans le texte. 14 fr.
L'ouvrage complet formera 3 volumes; le tome Ul paraîtra fin septembre.
Médecine clinique, t. VII, par M. le professeur G. Sée et M. le docteur Labedie-
Lagrave. Traité des maladies du cœur, étiologic clinique, par M. le profes^^eur
G. Sée, i. I"'. 1 vol. InS" avec 21 figures intercalées dans le texte. P,iris.
B. Lecrosnier et Babé. ii fr.
Bibliothèque anthropologique, t. IX. Les nègres de l'Afrique toa-équahiriatp
(Sénégambie, Guinée, Soudan, Hnttt*Nil), par M. le profeast'ur Abel Hovelacqne.
1 vol. in-8° avec 33 figures intercalées dans le texte. Paris, E. Lecrosnier et
Babé. ~ 8 fr
Manuel des travaux pratiques d'histologie; histologie des éléments des tissus,
des systèmes, des organes, par M. le docteur G. Rémy. 1 voL petit tn-«* »rc<
399 figures intercalées dans le texte. Paris, E. Lecrosnier et Babé. 7 fr
Les denrées alimentaires, leurs altérations et leurs falsifications, conférence»
faites au grand concours International de Bruxelles en 1888 à l'occasion de
l'exposition d'un laboratoire pour l'analj'so des denrées alimentaires. 1 vol. in-^*.
Paris, E. Lecrosnier et Babé. 6 fr.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
90114. — MOTTBROZ. — Imprimeries réunies. A. me Mignon, 2. Paris.
Trente-sixième année
N*34
23 Août 1889
GAZETTE nEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOÏÏLLET, RéDACTEUR en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY, DREYFUS-BRISAG, FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A.g. MARTIN, A. PETIT, P. REGLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lbseboullbt, 4i, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOUHAIRB. — Revue drs Congres. Leê Coui^rèsintoraatioDaux de méd<>cine à
Paris en 1889 : Ttiômpeutique. — Dfroiatoiogie el syphillsrraphie. — Ophllial-
molosie. — Alcoolisme. — Médecine mentale. — Psycholo^e physiologique.
— Hypnotisme. — H>giène. — Assistance publiqoe. — Médecine léfalo.
REVUE DES CONGRÈS
Le» Comgwém IniematloiiawK ûm médeelae * Pttrla
en Al»89.
Ainsi que nous l'avons annoncé la semaine dernière et,
pour ne pas retarder outre mesure la publication des
comptes rendus des Congrès internationaux de médecine
qui viennent de se tenir à Paris, ce numéro leur est exclu-
sivement consacré. Si la Gazette a ainsi dérogé à son pro-
gramme habituel, c'est dans Tespoir que ses lecteurs y
trouveront quelque intérêt et en retireront profit; c'est
aussi pour douner tout de suite toute la place dont elle peut
disposer en une fois à ces manifestations scientifiques qu'il
n'est pas permis d^ignorer, au moins dans leur ensemble.
Malgré tout il a bien fallu écourler autant que possible ces
comptes rendus, les emprunter souvent à des matériaux de
seconde main el accroître quelquefois la rapidité de l'in-
formation au préjudice de sa parfaite exactitude; l'actualité
a de ces exigences ; ce n'est qu'exceptionnellement qu'on
doit les subir. Encore a-t-on dû choisir parmi tous ces
Congrès, renvoyer à des revues spéciales quelques-unes des
questions soulevées, telles que les discussions du Congrès
d'anthropologie criminelle, les débats peu mouvementés
cette année de la session de l'Association française pour
l'avancement des sciences.
On s'est vivement plaint de la multiplicité des Congrès
cette année; cette dissémination des forces intellectuelles a
paru excessive et elle l'est à bien des égards, puisqu'elle
a encore accusé davantage le particularisme, trop développé
aujourd'hui, des études et des recherches scientifiques.
En 1878, le nombre des Congrès était plus limité; d'où un
éclat plus brillant pour ceux qui avaient été admis au
programme officiel. Il semble que celte année on ait craint
l'encombrement et que, dans cette crainte, on ait voulu
répartir sur plusieurs réunions quelque peu similaires ceux
qui voulaient y prendra» part. L'idée pouvait être heureuse si
tous ces Congrès ne s'étaient pas tenus à la même époque,
de telle sorte que l'éparpillement de leurs membres a
souvent présenté de graves inconvénients. Toutefois les
Congrès ont été généralement très suivis; il en est, comme
^ BArii. t. XXYI.
ceux de l'assistance publique, de l'hygiène et de la démo-
graphie, de la dermatologie et de la syphiligraphie, de la
thérapeutique, qui ont compté à chaque séance un nombre
considérable d auditeurs et dont les discussions feront
époque dans la science.
Quel temps fut, en effet, plus admirable que le nôtre!
A côté de cette magnifique Exposition des travaux des arts
et de l'industrie, voici qu'on accourt de toutes parts pour
exposer les idées qui ont enfanté ces merveilles, pour faire
le bilan des acquisitions présentes de la science dans toutes
ses branches et préparer les découvertes, les progrès de
l'avenir. Jamais peut-être ou n'a constaté plus de précision
dans les débats de ces Congrès, comme si la grandeur des
conceptions déjà réalisées, dont témoignent les produits
exposés, ne laissait plus place qu'à des propositions nettes
et utiles, sans déclamations d'aucune sorte. On n'a jamais
fait plus de besogne avec moins de bruit; on ne s'est jamais
tant efforcé de faire œuvre vraiment scientifique et de ne
rechercher que le minimum des revendications possibles.
L'importance du labeur jusqu'ici accompli est devenue tro|»
évidente pour que chacun ne sente pas la part de responsa-
bilité qui lui incombe dans raccomplissement définitif de la
tâche. Les comptes rendus de ceux des Congrès, dont les dis-
cussions devaient se terminer par des résolutions ou
des vœux, sont tout particulièrement instructifs à cet
égard.
Il nous faut enfin signaler la parfaite courtoisie qui a
régné au cours de toutes ces réunions. Aucun débat irritant
n'y a été signalé; tous, étrangers et Français, ont rivalisé
d'amabilité, regrettant l'absence de ceux que les exigences,
voire même les brutalités, de la politique étrangère ont sys-
tématiquement éloignés cette année des Congrès de notre
Exposition, sachant gré à ceux qui ne craignaient pas d'ac-
courir à ce Centenaire de l'émancipation de l'esprit humain,
à l'une des plus nobles fêtes du Siècle de la science.
THÉRAPEUTIQUE
D'après M. Semmola, Texamen hémoscopique et héiuomô-
trique avant radministration du mercure et pendant son emploi)
permet, dans la syphilis, de fixer le raomentoù il faut faire cesserle
traitement, et même de déterminer s'il y a lieu de le commencer
dans les cas où il y a doute à cet égard. En effet, le nombre des
globules rouges ou la proportion d'hémoglobine étant en rapport
avec l'action biologique du mercure, varient suivant que le
mercure agit dans un organisme syphilitique ou dans un orga-
nisme sain. L'examen cliromoryloniélriqiie doit donc cire prali-
84
538 — 'N» 3.4 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
23 AOUT 1889
que avant le commencement du traitement roercuriel et après
la disparition des accidents spécifiques, et renouvelé tous les
trois ou quatre jours. Si riiémoglobine augmente, Tindication
du Biercure persiste; si elle diminue, c'est que le malade étant
guéri, le mercure agit commetoxique.il en est de même pour les
cas dans lesquels on fait un traitement d'essai. Enfin dans toutes
les affections constitutionnelles où on essaye le mercure sans
base de spécificité, son indication dépendra de la façon dont il
sera tolère : car son action déglobulisante est toujours à redouter.
M. Semmola a employé pour ses recherches le chromocylo-
mètre de Rizzozero, 1 hémochromomètre de Malassez et Tliéma-
tomètre de Van-Heischl. 11 se propose d'étendre ses études à
tous les autres médicaments considéréscomme altérants; actuel-
lement il conclut en disant : c La chromocytomèirie doit être
regardée comme la mesure exacte de l'indication et de futilité
des médicaments qui modifient l'activité des échanges, parce
jue le vrai résultat thérapeutique final de cette action est
mcontestablemeêit l'auamentation des globules du sang, c'est-
à-dire de la quantité d hémoglobine. >
M. Lavaux : De remploi de la cocaïne dans le traitement des
affections des voies urinaires. — Dans les rétrécissements are-
thraux, pour bien faire Tanestliésie, il faut mettre la solution
en contact avec Turcthre postérieur et le col vcsical aussi bien
qu'avec l'urèthre pénien. Dans la lithotritie le chloroforme est
bien préférable, surtout si Ion doit employer Taspirateur.
Dans les cystites, la cocaïne donne aexcellents résultats, à la
condition toutefois : 1" d anesthésier à la fois Turèthre et la
vessie; 2° d'employer une solution à 4 pour 100 ou 2 pour 100,
mais en quantité sutlisante pour bien imprégner toute la muqueuse
vésicale ; 3" d'injecter la solution dans la vessie, sans sonde ;
i° de faire concurremment des injections intravésicales sans
sonde.
Elle est d'un heureux emploi dans les cystalgies et les névral-
gies vésicales, et pour faire cesser le spasme de la région mem-
braneuse qui accompagne certains rétrécissements. Elle laisse
subsister la sensation du besoin d'uriner, alors que Tanesthésie
de la muqueuse vésico-urélhrale est complète. Ce n'est donc pas
la sensibilité de la muqueuse prostatique qui joue le principal
rôle dans cette sensation comme le disent M.\i. Kûss et Du val,
mais bien la distension vésicale comme Fa supposé M. Guyon.
MM. Lefebore et Crocq combattent cette dernière opinion,
considérant que certains malades urinent à vide et ont parfaite-
ment le besoin d'uriner.
M. Guelpay au sujet du traitement de la diphthérie,
insiste sur la nécessité de faire le traitement local et de
ne pas l'interrompre pendant la nuit. Il doit consister surtout en
irrigations et en vaporisations sans chercher à détruire la
fausse membrane et en évitant d'c?ccorier la muqueuse voisine
par des badigeonnages trop vigoureux. Les irrigations et pulvé-
risations doivent atteindre tous les points où il y a des fausses
membranes; de là l'indication de faire la trachéotomie précoce,
de ramonner les fosses nasales si elles sont obstruées, d'ouvrir
l'antre d'ilighmore par la trépanation si les sinus sont envahis.
M. Fét'éoL La trépanation de l'apophyse maloïde n'ayant
pas encore été pratiquée en pareil cas, il n'y a là qu'une vue
théorique.
M. Crocq se demande à quel signe M. Guelpa peut reconnaître
la pénétration de la diplithérie dans les sinus. Pour lui il
s'est bien trouvé des antiseptiques et des préparations soufrées.
M. Lefebvre convient du danger des excoriations par les ten-
tatives d'ablation des fausses membranes, et de la nécessité des
lavages fréquents. Il emploie une solution de tanin.
M. Jorissenne est aussi partisan des lavages répétés ;
cependant il faut laisser dormir les enfants. Grâce «aux trai-
tements antiseptiques modernes, le pronostic de la diphthérie
doit être modifié. Le soufre et le tanin méritent une égale
confiance.
M. Ddihil fait une communication sur le traitement de la
diphthérie par les hydrocarbures.
M. de Cresantignes communique un procédé d'enlèvement des
fausses membranes dlphthériques à l'aide de pinceaux molle-
tonnés.
M. Dujardin-Beaumetz, dans son rnpport sur les analgé-
siq^ues anlitliermiques, insiste d'abord sur l'utilité qu'il y a à
préciser les indications thérapeutiques des corps tirés de la série
aromatique, et à étudier l'action élective do chacun d'eux. Le
phénomène douleur étant un syndrome complexe, les ménif»
médicaments analgésiques n'auront pas la même action suivaDt
qu'ils s'adressent à des manifestations de forme, de locaJisatîoo
ou d'origine différentes. De là tout 1 intérêt qtf il y a à cberchir
de nouvelles ressources dans les précieuses acquisitions faites
chaque jour par la chimie.
Ail point ne vue physiologique, l'étude de ces médicament^
soulève plusieurs questions importantes, et d'abord celle de b
thermogénèse. La plupart de ces analgé^^ioues sont des antither-
miques. Mais ces derniers eux-mêmes forment trois grooiHr^
suivant qu'ils jouent spécialement le rôle d'antiferraentesciblfs,
ou qu^ils abaissent la température en diminuant le pouvoir res|)r-
ratoire du sang, ou en agissant directement sur les centn:^
cérébraux spinaux et en modifiant le:» centres calorigènes de U
moelle. Ce sont presque exclusivement ces .detnMrs. qui jouis-
sent de propriétés analgésiques.
En outre, au point de vue physiologique et toxique, les diffé-
rents antithermiques agissent spécialement les uns sur la moelle,
d'autres sur le bulbe, les autres sur le cerveau; actions élec-
tives importantes à connaître pour les applications thérapeu-
tiques, particulièrement en vue de certaines névroses convui-
sives.
Enfin il y aurait grande utilité à rechercher le rapport qui
existe entre la formule atomioue des corps et leurs eOels théra-
peutiaues. Déjà cette étude a été faite pour certains médicaments
tirés ne la séné aromatique. En introduisant, par exemple, àius
la formule de la caféine soit le groupe atomique éthoxyl, soit le
groupe méthoxyl, soit le groupe hydroxyl, on peut moaiûer sh
propriétés, et la transformer de médicament tétanisant en médi-
cament convulsivant et surtout en médicament analgésianl.
D'après les travaux qu'il a faits avec le docteur Bardet, il semble
Su'on peut proirisoi rement établir la loi suivante qui ^rmeltrait
apprécier les effets antiseptiques, antithermiques et analgé-
siques des nouveaux médicaments tirés de la série aromatique :
Les effets antiseptiques appartiendraient surtout aux dérivés
hydratés (phénols, naphtols, etc.).
Les effets antithermiques seraient dominants dans les dériviVs
amidogénés (acélanilide, kairine, thalline).
Les propriétés analgésiques se rencontreraient surtoutdaD5ce>
derniers corps amidogonés où l'on substitue à un atome d hydro-
gène un atome d'un radical gras et particulièrement de meth\i
(diméthyloxyquinizine, acétpnénitidine, raéthylacétanilide).
M. Lépine. Même chez l'animal sain, l'action des ner-
vi ns anlitliermiques est complexe : ils exercent une actioi!
d'arrêt sur l'activité du protoplasraa et altèrent pour la plupart
les globules rouges (soit en transformant l'hémoglobine en uiétbr-
moglobine, soit en attaquant la charpente globulaire). Mais leur
influence est surtout marquée sur le système nerveux, comni**
l'ont établi les expériences deDemme, Henocque, Bouchard, etc.,
faites avec l'antipyrine. Ces auteurs ont constaté les phéuci-
inènes d'excitation,*^ notamment la raideur, puis les convulsion^
survenant après une forte dose d'aniipyrine. Le premier il a
montré qu'elle supprime la douleur, et ayant constaté peu df
temps après que l'acétanilide exerce la même action analgésique
sur les centres, il a pu dire que tous les antipyrétiques sont
nervins.
En outre, sous leur influence, la consommation du glucost*
dans les capillaires et sa formation aux dépens du glyco-
génc dans le foie et les muscles diminuent. Leur action sur j.i
consommation des albuniinoides étant variable et en tous cas
presque négligeable au point de vue de la production de chaleur,
c'est à la diminution de la consommation des matériaux hydro-
carbonés de l'économie qu'il faut attribuer en grande partie
l'hypothermie «qu'ils produisent facilement chez les petits ani-
maux. M. Lépine a constaté avec M. Barrai au'un cobaye do
400 grammes, soumis à une dose d'antipyrine de 20 à 30 centi-
grammes par kilogramme, excrète dans les heures suivantes un
cinquième en moins de t^O' qu'un cobaye témoin.
En résumé, ces agents sont des poisons du protoplasma, moins
actifs que la quinine. Leur action essentielle s'exerce sur b*
système nerveux. Dynamique et surtout nervine^ elle modifie à
la fois certaines impressions sensitîves et la production de cha-
leur en restreignant la consommation des matières hydro-car-
bonées. En les appelant analgésiques on donne une idée incom-
plète de leur mode d'action.
M. Masius préfère la phénacétine dans la tuberculose, la
fièvre typbolfie et les différentes formes du^ rhumatisme.
Comme antinëvralgique il en faut prescrire ï à 3 gramme*.
!23 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« 34 — 539
Elle est moins dangereuse que Tantipyrine. A dose toxique, elle
tue les animaux par asphyxie; à dose moins forte elle produit
de la paralysie motrice et sensitive.
M. William n'est pas très partisan des antipyrétiques. Donnés
au cours des fièvres, ils sont dangereux au moment de leur
administration et allongent la convalescence.
M. Masius n'a jamais eu d'accidents avec les antipyrétiques.
Mais ils ne sont indiqués que quand la température se maintient
au-dessus de 39 degrés.
M. Stokvis n'a jamais vu l'utilité de cette médication dans les
fièvres continues, Térysipèle, etc. Elle lui semble aussi prolon-
ger la convalescence; du reste il n'est pas prouvé que f hyper-
thermie soit un élément dangereux.
M. DesplaU a presque toujours vu, après l'administration
des antitheritiiques, la température s'abaisser, les sécrétions
s'améliorer, le bien-être revenir. Ces effets sont passagers,
aussi la médication doit-elle être méthodique. Pour lui, la lièvre
n'est que la manifestation d'un empoisonnement.
M. Snyers apprécie le pouvoir relatif des divers antipyré-
tiques d après le rapport qui existe entre le degré d'abaisse-
ment de la température et l'intensité des phénomènes secondaires
(transpiration, frisson, cyanose, etc.). Plus l'abaissement de la
température est brusque et marqué, plus les phénomènes secon-
daires réactionnels sont intenses. D'après ses observations l'anti-
pyrine l'emporte sur les autres antitnermiques analgésiques.
M. A. Henocque insiste sur l'utilité des analyses spectre-
scopiques du sang chez les malades soumis aux médicaments
antilhermiques. Eu effet la plupart diminuent la quantité d'oxy-
hémoglobine du sang. Quelques-uns à des doses non toxiques
habituellement déterminent la production de méthémoglobine.
L'observation clinique et l'expérimentation démontrent pour
Tacétanilide et la phénacétine même que l'altération toxique se
Sroduit après une anémie préalable. L'analyse spectrale est
onc un moyen pratique de suivre l'action médicamenteuse et
de la régler. De plus, ces agents modifient Vactivité des
échanges. Il y a donc grand avantage à employer concurrem-
ment la méthode clinique d'hémaloscouie.
M. Bardet, dans le service de M. Beaumetz, à Gochin,
a obtenu avec Texalgine des résultats qu'on peut résumer
ainsi : l'exalgine ou méthylacétanilide est un puissant analgé-
sique^ paraissant agir énergiquement surtout contre les né-
vralgies a frigore ou congestives. Il est nécessaire que l'exalgine
employée soit bien de la méthylacétaniline et non un de ses
isomères, tel que l'acétotoluidine donnée en Angleterre sous
le nom d'exalgine et dont les propriétés sont différentes.
MM. Féréol et Bucquoy en ont été assez satisfaits, cepen-
dant l'ont tfouvée inférieure à l'antipyrine.
M. Dujardin'Beaumeiz croit lexalgine plus active que
l'autipyrine. Mais elle est moins soluble et à la dose de 50 centi-
grammes provoque de la cyanose et des vertiges.
M. Desnos s en est bien trouvé à la dose de 19%!25 à 10%5O
dans les névralgies sciatiques rebelles. Les vertiges étaient fré-
quents, mais non constants.
M. Constatitin Paul lit un rapport sur la question des
antiseptiques propres à chaque microbe pathogène. H montre
que si la médication parasiticide présente ae nombreuses appli-
cations, cependant il est nécessaire de connaître l'action des
divers antiseptiques sur les différents microbes pathogènes. Les
substances employées n'ont pas toutes en effet la même action
sur le même micro-organisme. Dans une série de tableaux,
M. le rapporteur indique les résultats obtenus avec divers anti-
septiques sur les microbes de la putréfaction, de la fièvre
typhoïde, du choléra, de la tuberculose. Il termine en indiquant
l^influence de la température sur les principaux microbes patho-
gènes.
M. Bucquoy lit un rapport sur les toniques du cœur. La
thérapeutique des maladies du cœur se propose bien moins de
combattre les lésions acquises de l'organe que de relever son
action, lorsqu'elle se trouve en défaut. La digitale a été pendant
longtemps, et avec succès, l'agent principal et uresque exclusif
de cette médication tonique du cœur, mais aepuis quelques
années la liste des médicaments cardiaques s'est enrichie de
produits nouveaux (caféine, convallaria maialis, adonis ver-
nalis, strophantus, etc.), qui agissent pour la plupart en ren-
forçant la systole ventriculaire, en relevant et régularisant le
Soûls, en augmentant la tension artérielle et produisant une
iurèse plus ou moins abondante. Mais nous ignorons en quoi
diffèrent ces médicaments et leur action sur les vaso-moteurs,
car tous ne sont pas, comme la digitale, vaso-constricteurs. 11
y aurait intérêt a classer ces différents toniques d'après leui"
action physiologique et toxique, à savoir combien de temps
chacun d'eux peut être toléré et enfin à rechercher si le gluco-
side ou l'alcaloïde de la plante peut être prescrit comme celleHsi,
si on peut en attendre les mêmes effets, ce qui jusqu'ici paraît
douteux; enfin, quelles sont les indications thérapeutiques de
chacun de ces toniques et auquel donner la préférence, suivant
les cas particuliers.
M. Masius considère la digitale comme le meilleur tonique du
cœur, et la donne en poudre.
^ M. Dujnrdin-Beaumetz préfère la macération de digitale, la
poudre irritant l'estomac.
M. Bucquoy a réuni 200 observations de malades traités par
le strophantus. Sous son influence, le pouls se ralentit et se
régularise. Chez les mitraux^ le pouls devient aortique; chez les
aortiques, le pouls de Corri^an s'exagère. Quant a son action
sur les vaso-moteurs, la physiologie et la clinique sont en con-
tradiction sur ce sujet. Le strophantus a l'avantage de relever le
pouls sans exercer de vaso-constriction périphérique, d'être
inoffensif (pas d'effet d'accumulation^, d'être un diurétique
fidèle^ mais son efficacité est subordonnée à l'intégrité du
muscle cardiaque.
M. Féréol préfère donner la digitale en infusion. Quelquefois
la digitaline en solution, suivant la formule de M. Potain, agit
mieux, une seule dose suffisant parfois pour huit à dix jours
M. Lapine. Ce qui fait le mérite de la méthode de M. Potain,
c'est la dose élevée à laquelle il donne la digitaline. Quant au
caractère aortique du pouls, signalé par M. Bucquoy, chez les
malades traités par le strophantus, il est dû à la dilatation du
ventricule gauche sous l'influence de ce médicament.
M. Semmola emploie la digitaline de préférence à la digitale,
qui a une action nauséeuse.
M. DujardinBeaumetz insiste sur la nécessité d'employer
une digitaline cristallisée toujours identique à elle-même.
M. Petresc donne lecture d'un travail sur Faction antîphlo-
gistique de la digitale dans la pneumonie. Il conclut à son
emploi dans celte maladie aux doses de 4 à 8 grammes d'infu-
sion de feuilles par jour.
M. Constantin Paul, à propos des communications précé-
dentes, se demande s'il y a véritablement des toniques du cœur.
En principe, un ionique est un médicament condensateur, qui
fournit à l'organisme une force qu'il emmagasine, tel est le
sulfate de quinine qui, suivant les cas, abaisse la température
ou au contraire la relève jusqu'au degré normal. Le strophantus
et la digitale ne sont que des toniques secondaires, c'est-à-dire
ne relevant l'énergie cardiaque qu'après la diminution de la
résistance des vaisseaux par le fait de la diurèse. Le conval-
laria maialis, l'alcool, l'éther, les infusions de plantes aromati-
ques stimulantes assissent bien mieux comme des toniques du
cœur, sans oublier la piqûre de morphine chez les aortiques.
M. Crocq fait une communication sur le traitement de la
pneumonie par l'acéiate de plomb. Avec cette médication, il
voit le chiffre des pulsations diminuer, la température s'abaisser,
les crachats se tarir. Quelquefois, pour prévenir la diarrhée, il
associe le laudanum à l'acétate de plomb. La dose minima du
médicament est de iO centigrammes, la dose maxima 1 gramme
par vingt-quatre heures. Le traitement peut se continuer douze
et quinze lours. 11 est indiqué dans les pneumonies des gens
affaiblis, des alcooliques, des diabétiques.
M. Jorissenne fait, sur le traitement de l'érysipèle par les
antiseptiques, une communication concluant à remploi du su-
blimé, comme antiseptique le plus sûr, incorporé à un mélange
de beurre, de cacao et de vaseline. Le même auteur, attribuant
aux microbes le principal rôle dans la persistance des fissures
à l'anus, préconise le traitement antiseptique (sublimé) comme
le seul rationnel et le plus sûrement analgésique.
M. Hallopeau lit un travail sur la nature de la pelade
et son traitement. Bien que le parasite de la pelade ne soit pas
connu, les faits cliniques permettent d'en affirmer l'existence et
d'en déterminer la localisation. Il siège surtout dans les papilles
pilifères et se transmet par le contact. Le traitement doit donc
consister à empêcher la contagion, et d'autre part à tuerie para-
site ou empêcher son développement en modifiant le terrain où
il vit. De là deux indications : laver les parties saines qui avoi-
sînent les parties malades, avec des solutions antiseptiques,
540 — N» 34 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
23 AotJT 1889
modifier le cuir chevelu au niveau des parties alU'inles par le
vésicatoire. Une pelade traitée ainsi doit guérir en trois ou quatre
mois.
Une seconde communication du même auteur a traita remploi
des antiseptiques conire les accidents locaux de la syphilis.
Chaque manifestation locale syphilitique étant un foyer de puUu-
lalion du virus, le traitement local doit être employé systéma-
tiquement, panllèlement au traitement général. Dims ce hul on
peut recourir à lu pluprirt des préparations mercurielles (nitrnte
acide de mercure, sublimé en poudre, emplâtre de Vigo, solutions
de sublimé, etc.) ou aux préparations à base d'iode (iodoforme),
ces dernières convenant surtout aux syphilides ulcéreuses.
M. Riieff^ en son nom et au nom de M. Miqnel, donne lecture
d'un tra%'iiil sur le traitement de la tuberculose pulmonaire par
les pulvérisations biiodo-mercurii|ues. Ils ont, avec cette mé-
thode, obtenu de bons résultats dans quarante cas où il s'agissait
de tuberculose au premier et au second degré.
M. Planchon lit un mpport sur les drogues nouvelles d'ori-
gine végétale introduites depuis six ans en thérapeutique (chi-
mie, pharmacologie, pharmaco-dyn:imie et applications ihéra-
peuliques des plantes ou des principes qui en ont été tirés).
DERMATOLOGIE ET SYPHILIGRAPHIE
La première question mise à Tordre du jour de ce Congres
était celle de la constitution du groupe lichen : doit-on, avec
les anciens dermatologistes, conserver la dénomination de lichen
à un assez grand nombre d'affections que plusieurs modernes
considèrent comme différentes les unes des autres? Dans la néga-
tive : 1° quelles sont les affections qu*il faut séparer du groupe
et dénommer autrement; ^^ un nouveau groupe lichen étant
constitué, quelles sont les espèces, formes ou variétés que l'on
doit y admettre? M. Kaposi admet qu'à côté du lichen plan,
décrit par birasmus Wilson, le groupe lichen doit comprendre
le lichen ruber acuminatus, maladie que Hébra père avait appelée
simplement lichen ruber; le pityriasis rubra pilaris de Devergie
et Besnier serait également du lichen ruber acuminatus; le
groupe comprendrait eniin le lichen scrofulosorum. MM. Hnbra
et Vnna décrivent à côté du lichen planus de Wilson le lichen
ruber de Hébra père, qui n'est pas du tout ce que M. Kaposi
appelle lichen ruber acuminatus; cette dernière affection ne
serait autre que le pityriasis rubra pilaris des auteurs français qui
n'est pas du lichen. MM. Jamieson et Morris Malcolm placent
dans le groupe lichen, le lichen planus, le lichen ruher, et rejet-
tent le pityriasis pilaire. M. Ernest Besnier pense que le groupe
lichen ne renferme qu'une maladie, le lichen planus de \Vilsou,
qû comprend : 1*^ des types à éléments plans et éléments acu-
minés; 2» des cas mixles où les deux formes précédentes se trou-
ve.it réunies; 3® des variétés : lichen nionilitorme, obtus, hyper-
kertosique et hypertrophique, corné et atrophique. Il rejette le
lichen ruber, type Hébra, qui, pour lui, comprend des maladies
différentes; le lichen scrofulosorum dont l'existence ne lui est
pas démontrée ; le pityriasis rubra pilaris enfui, qui n'est cer-
tainement pas du lichen. Pour M. HallopeaUy 1® le groupe lichen
est artificiel ; 2* c'est arbitrairement qu'on y fait rentrer diverses
affections qui n'ont de commun que l'aspect papuleux de leurs
éléments; 3** on devra ultérieurement substituer au mot lichen
des dénominations tirées de l'anatomie et de la physionomie
pathologiques; i*' les maladies actuellement confondues sous ce
nom peuvent être rattachées à d'autres types, à l'exception de
celle qu'a décrite Wilson; c'est cette dernière seule qu'il con-
vient aujourd'hui d^appeler lichen; elle constitue une espèce
morbide; 5<^ la qualification de lichen planus n'est plus appli-
cable qu'à une variété de cette maladie. On doit en admettre
une forme aiguë et une forme chronique, et distinguer dans
cette dernière les variétés décrites sous les noms de lichens
planus, obtusus, acuminatus, tubéreux corné, en collier de corail
et scléreux; G*' la forme aiguë comprend une partie des faits
publiés sous le nom de lichen ruber acuminatus. M. Vidal vou-
drait réserver le nom de lichen aux affections papuleuses;
provisoirement on doit ranger dans ce groupe les diverses va-
riétés du lichen planus de Wilson et aussi celles des 1. acumi-
natus et obtusus, tes 1. cornés (planus et tubéreux), le 1. sclé-
reux, etc.
Du pityriasis rubra, des dermatites exfoliantes généralisées
primitives, telle était la seconde question dont le Congrès avait â
s occuper. M. Brocq rappelle tout d'abord qu'en dehors des liè-
vres éruptives classiques, il est toute une catégorie de derma-
toses encore assez m.il connues, aue caractérisent, au point
de vue objectif, une rougeur généralisée du derme et une df>-
quamation plus ou moins abondante de l'épiderme. Ces faits ont
été surtout publiés sous le nom de pityriasis rubra, depuis It*^
travaux de Devergie et Hébra; ce sont les érythrodermies exfo-
liantes de M. Ë. liesnier. Le groupe n'est pas homogène, il faut
d'abord distinguer les affections suivantes, qui ont leur indivi-
dualité propre : le pityriasis rubra pilaris de Devergie, Hieiiaud,
Besnier, maladie qui se rapproche beaucoup du psoriasis ; h
lymphodermie pernicieuse de Kaposi et probablement certaiuf>
variétés eczématiformes généralisés de mycosis fongoide; le>
éruptions généralisées rouges et desquamatives d'origine artili-
ciello, médicamenteuses pour la plupart; les poussées aij^è>
el généralisées qui se produisent assez souvent dans le euur>
d'un eczéma, d'un psoriasis, beaucoup plus rarement d'un licbt'ii
planus; les herpétides exfoliatives de Mazin. En laissant de côt«^
ces faits, on se trouve en présence d'éruptions géncrdlisé»'^
rouges et desquamatives dites essentielles qui ne rentrent da£>
aucun des cadres morbides pn'xédents; c'est à ces éruptions que
M. Brocq propose de conserver le nom générique de pityriasis
rubra; ce sont : 1" l'érythème scarlatiniforme desquaraàtif ou
dermatite exfoliative aiguë bénigne; t° la dermatite exfoliativc
généralisée proprement dite ou subaigué; S'^ladermatite généra-
lisée chronique; i° le pityriasis rubra chronique, type de Hébra;
et 5° le pityriasis rubra suhaigu ou bénin. Après un échan^'t-
d'observations entre MM. Jamieson, Crucker, UnnUf Vidal,
Schwimmer, Petrini et Kaposi, M. Ernest Besnier constat»*
que tout le monde est d'accord pour n'admettre qu'un pityria>i>
rubra, celui de Hébra ; les eczémas qui se généralisent ne sont
pas du pityriasis, mais des dermatites e.vfoliatrices.
La prophylaxie et le traitement des tricophytost;s donnent lieu à
une série de communications. M. Butte dit avoir obtenu de bon^
résultats par l'emploi d'un pansement à la lanoline et au proto-
chlorure d'iode. M. Quinquaud se loue beaucoup du traitement
suivant : tenir les cheveux très courts, gratter les plaques trico-
phytiqucs avec une raclette spéciale pour entraîner mécanique-
ment le plus possible des éléments atteints, poils et épidémie;
lotions avec une solution alcoolique de biiodure d'hydrargvre
(15 à 20 centigrammes) et de bichlorure d'bydrargyre (i gramme);
on applique en permanence une rondelle d'emplâtre nii\t<*.
faite avec les mêmes médicaments; épilation au bout de quel-
2ues jours, puis second raclage, et ainsi de suite jusqu'à guérisou.
race à cette méthode, cent teiçneux ont quitté An service,
après guérison, depuis le mois de janvier; la plupart de ce>
enfants, revus depuis, ont de très belles chevelures. LVcueil
capital de tous les traitements de la tondante est, d'après M. Bes-
nier j la dermite. Mon traitement, objecte M. Quinquaudy n'anièn»'
?|u'une irritation négligeable; bien que le tricophyton se termine
orcénient par guérison, il la fait trop attendre pour qu'on ne
tente pas des procédés aussi expédilifsque possible. M. £'. Bes-
nier agit comme il suit : 1*^ couper les cheveux ra<« au ciseau (et
non au rasoir); 2» zone d'épilation autour des plaaues; 3* appli-
cation, le soir, de vaseline boriquée; 4*> le matin, lavage à Peau
de son. Il ne peut encore indiquer de façon précise les résultats
de cette méthode; il peut affirmer pourtant, d'ores et déjà,
qu'elle vaut bien celle qu'il connaitjusque-là et qu'elle ne donm*
jamais lieu aux dermites. Des enfants atteints de teigne ton-
dante qui se rendaient à Hambourg en sont revenus, six semaines
après, complètement guéris, et guéris spontanément, déclart*
M. Umia, qui les soigna dans cette ville. Cilui-ci pense toute-
fois au'il n'est pas impossible qu'on trouve un agent parasiticid**
capable de détruire les spores du trichophyton sans déterminer
de trop vives irritations; c'est ainsi que la chrysarobine guérit
certaines maladies de la peau sans dangers de cette espèce.
Pour M. Vidal, il est facile de guérir ta tricophytie des partir>
glabres, tricophytie circinée (herpès circiné des anciens auteurs);
la végétation parasitaire ne dépasse pas l'épaisseur de l'épi-
derme; tout agent irritant qui provoque la desquamation enlève,
avec les lamelles épidermiques. tous les parasites; c'est ainsi
qu'agit la teinture a'iode (trois à quatre badigeonnages délias-
sant d'un centimètre les points atteints). Mais, lorsque le trico-
phyton a envahi les bulbes, le problème est plus difficile n
résoudre. On ne peut pas extraire le poil envahi par le para<;i!e
et il est encore plus impossible de faire pénétrer les agents
parasiticidesdanste poil et dans le follicule pileux, tous échouent.
23 Août 1889 .
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 34 — 54i
11 y avait alors lieu de rechercher si, en empêchant les spores
du Iricophyton de s'étendre au delà des poils malades, en Vem-
p«>chanl de former de nouveaux foyers, la guêrison ne se pro-
duirait pas par Tevpulsion spontanée des poils malades. Des
recherches auxquelles s'est livré iM. Vidal, il résulte que le tri-
chophyton est un parasite aérobie, et voici, en conséquence, les
procédés de traitement qu'il emploie habituellement : après
avoir fait couper les cheveux aussi court que possible, il fait
frictionner la tète avec de l'essence de térébenthine. Les points
atteints par le trichophyton sont ensuite badigeonnés avec la
teinture d'iode. La tête est enduite d'une couche de vaseline
pure ou boriquée ou iodée à i pour 100 et recouverte d'un
bonnet de caoutchouc, ou plus économiquement d'une feuille en
giitta-percha qu'une serrc-téte à coulisse maintient hermétique-
ment appliijuée sur le cuir chevelu. On renouvelle le pansement
matin et soir en savonnant la tête le matin et en l'essuyant avec
soin, ainsi que la feuille de gutta-percha. Si les applications de
teinture d iode ne provoquent pas de dermite, on les renouvelle
tous les jours ; dans le cas contraire, tous les trois ou quatre
jours. Depuis quelques mois il essaye de remplacer la teinture
diode par des morceaux de sparadrap de vigo cum mercurio.
L'emplâtre une fois appliqué, il fait faire sur la tête une onc-
tion avec la vaseline iodée et recouvrir la téta de gutta-percha.
Les résultats obtenus sont encourageants.
M. Hallopeau se loue du traitement de Lailler; les cheveux
des enfants sont tenus ras, et tous les soirs on recouvre le cuir
chevelu d'une couche de vaseline iodée à 1 pour 100. Il a ainsi
obtenu en un an dix guérisons sur vingt malades.
M. Ernest Besnier fait observer que les diverses affections
Rarasitaires du cuir chevelu présentent des différences de dislri-
ution sociale et géographique extraordinaires; ainsi, latricho-
phytie, fréquente à Paris jusque dans les quartiers du centre,
n'existe pour ainsi dire pas dans la zone suburbaine où se
montre surtout le favus, pas plus qu'elle n'existe dans celles de
nos bourgades départementales où l'hygiène est le moins en
honneur et la prophylaxie publique ou privée tout à fait
inconnue. La thérapeutique de cetle affection est très précaire ;
en présence de chaque cas parliculier de trichophytie, au point
de vue du pronostic et de la durée probable du traitement, il
faut faire des catégories parmi les malades suivant que leur
affection dure depuis un temps plus ou moins lonj^ et a donné
lieu à la production d'un nombre plus ou moins grand de
plaques. 11 faut établir des divisions et ne pas confondre tous les
cas dans une même statistique, et, quand on enregistre des gué-
risons, il faut établir que l'on a suivi les malades déclarés guéris
pendant le temps suffisant, en même temps qu'on appuie cette
déclaration sur un examen histologique attentif. Il faut, en
celle matière, que beaucoup de médecins traitent assez sommai-
rement, distinguer la guérison clinique, ou guêrison apparente,
de la guérison histologique, ou vraie, laquelle ne se produit
souvent que plusieurs mois après la guérison apparente. D'autre
part, il faut prendre garde, si l'ou fait entrer les médecins,
comme cela s'est malheureusement déjà fait, dans la voie de
chercher de prétendus parasiticides, au lieu de leur apprendre
à modifier la cellule vivante, à stériliser le terrain envahi ou
menacé par le raicrophyte, qu'on les entraîne à appliquer sans
mesure aes substances irritantes dont l'action peut être funeste
pour la vitalité des tissus, et, dans le cas particulier, pour
l'existence du follicule pileux.
M. Four nier était naturellement chargé du rapport sur la
fréquence relative de la syphilis tertiaire et les conditions favo-
rables à son développement. 11 a résumé à cet effet les résultats
de ses vingt-neuf ans de pratique et les 2600 cas de syphilis
tertiaire qu'il a observés dfans sa clientèle de ville. Pour ce qui
concerne les échéances du tertiarisme, il montre que la fréquence
relative des manifestations du tertiarisme subit une ascension
considérable de la première à la troisième année ; elle atteint
son apogée à la troisième année ; de la quatrième à la onzième
année, elle décroît d'une façon continue, assez rapide et presque
régulière, tout en se tenant encore dans une moyenne assez
élevée ; dans les dix années suivantes, elle continue encore à dé-
croître d'une façon bien plus lente ; au delà, c'est-à-dire de la
vingt et unième année à la trentième, elle conserve un niveau à
peu près uniforme, mais très abaissé ; c'est l'étape où la syphilis
tertiaire peut être déjà tenue pour rare ; enfin, au delà de ce
terme, la syphilis tertiaire devient véritablement exceptionnelle.
En outre, elle peut être précoce, et le maximum numérique de
ces manifestations correspond aux premières années de la dia-
thèse et, d'une façon absolument précise, à la troisième année.
D'autre part, quelles affections composent le tertiarisme et quel
est le degré de fréquence relative de celles-ci ? En premier heu,
il faut compter les lésions tertiaires des organes génitaux, puis
les atrophies musculaires d'origine périphérique et celles dori-
fine centrale, mais surtout les manifestations nerveuses. Sur
429 nianifestations t'^piiaires, M Fournier a observé 1 035 affec-
tions diverses du système nerveux, si bien qu'il en conclut que,
de tous les systèmes organiques, c'est celui-ci qui, sans contra-
diction possible, est le plus souvent éprouvé par la syphilis ter-
tiaire, et cela avec une supériorité de fréquence vraiment inat-
tendue ; d'où il résulte que le plus grand danger du tertiarisme
réside dans Texcessive fréquence des affections spécifiques du
système nerveux, affections dont chacun connaît 1 importance et
le haut de^ré de gravité, et que le principe de la syphilis (quel
qu'il soit d ailleurs, virus, microbe, sécrétion microbiquej n'im-
porte), s'il constitue un poison de tout l'être, constitue principa-
lement un véritable poiNon du système nerveux.
De son côté, M. Ck, Mauriac conclut du relevé des cas qu'il
a observés, que dans la syphilis acquise les accidents tertiaires
n'arrivent que dans la proportion de 10 à 15 pour 100; cette
proportion semble diminuer aujourd'hui. Elle augmente dans les
foyers endo-épidémiques. Les accidents tertiaires apparaissent
en moyenne entre la deuxième et la cinquième année de la sy-
philis. Le tertiarisme externe, qui comprend la peau, le tissu
cellulaire sous-cutané, le périoste, les os, les organes géni-
taux, etc., est encore le plus fréquent; c'est le moins difficile à
Prévoir, puisqu'il se produit souvent à brève échéance lorsque
accident primitif a été alors phagédénique ; les accidents ter-
tiaires osseux sont devenus pius rares qu'autrefois; ceux qui
s'observent le plus souvent sont ceux que produit la syphilose
pharyngo-nasale. Parmi les syphilis internes ou viscérales, celles
du système nerveux viennent de beaucoup en première ligne ;
ce fait est devenu tout à fait prédominant dans la question du
tertiarisme, et, en effet, ce qu'il y a de plus à redouter pour un
malade atteint d'une faible ou d'une moyenne syphilis, c'est
incomparablement la détermination spécifique à brève échéance
sur les centres nerveux, et principalement sur le cerveau. Les
syphiloses du foie, du poumon, du rein, du cœur sont infiniment
moins communes que les déterminations nerveuses ; quelaues-
unes sont précoces, celle du rein par exemple; i'éventualite des
autres n*est pas à craindre dans les premières années de la
syphilis.
Pour M. Hasltingy les causes prédisposantes des accidents ter-
tiaires sont : l'absence complète de traitement des accidents
secondaires^ le traitement mercuriel défectueux ou insuffisant
dans la période secondaire, soit qu'il consiste en un traitement
de courte durée ou au* il soit commencé trop tard, Palcoolisme,
l'impaludisme ou d autres fièvres climatologiques, l'existence
d'une affection grave chronique, la syphilis congénitale ou
l'infection syphilitique très précoce, la misère, l'intolérance du
malade pour le mercure.
M. Leloir estime, avec les préopinants, que les accidents ter-
tiaires sont très fréquents dans les premiers mois, dans la pre-
mière année de la syphilis; mais il se demande alors ce que
serait la division de la syphilis en périodes; la caractéristique
chronologique du tertiarisme n'a donc aucune valeur. Quant à
lui, il estime qu'un accident tertiaire n'est autre chose qu'un
syphilome résolutif non distinctif. D'après M. Neumann, les
facteurs de la syphilis tertiaire sont : un traitement insuffisam-
ment prolongé ou trop peu énergique, des états constitutionnels
antérieurs (tuberculose, diabète, impaludisme), tout ce qui porte
atteinte à la nutrition, l'absence ou l'insuffisance du traitement;
elle est indépendante de la forme, de l'intensité du chancre et
de la syphilis secondaire.
Depuis deux ans, MM. Leloir et Tavernier ont pTSLiiqwê 1573 in-
jections hydrargyrinues sous-cutanées pour combattre les acci-
dents des^^périodes les plus diverses de la syphilis, à l'exception
de la syphilis cérébrale ou spinale. Ce mode de traitement leur
parait devoir être réservé surtout au traitement des éruptions
erythémateuses ou des éruptions de syphilomes résolutifs du
tégument externe; il peut être employé lorsau'il y a intérêt à
faire disparaître très rapidement, brutalement lesdites éruptions.
11 est surtout, pour ne pas dire uniquement, applicable à la
clientèle hospitalière, ou aux sujets qui peuvent garder le lit
quel(jues jours ; il est surtout recommandable pour le traitement
des hlles publiques, n'a q^u'une action minime sur les syphilides
des muqueuses, et contrairement à ce qui été avancé,
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N» 34 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
«3 Août 1889
de mettre à Tabri des récidives parfois très proches. D'ailleurs^
dans bien des cas il échoue, là où le traitement par les frictions
réussit; aussi ne doit-il pas être employé dans les cas de syphi-
lomes non résolutifs, sauf dans des cas exceptionnels de syphi-
lomes non résolutifs du tégument externe, conjointement avec le
traitement local et Tiodure de potassium; nou plus que dans les
cas de syphilis cérébrale ou spinale, et employé en général dans
le traitement de la syphilis des femmes enceintes et dans les cas
de syphilis viscérale, non plus que dans le traitement de la
syphilis infantile. En résumé, son seul avantage, et encore ne
s agit-il que du traitement de certaines syphilides (syphilides
érythémaleuses, syphilomes résolutifs et du tégument externe
seulement), parait être la rapidité, la brutalité même ; aussi faut-
il lui préférer les frictions, en agissant de la manière suivante :
au moyen des frictions faire disparaître l'éruption et cela aussi
vite quiivec les injections (beaucoup plus vite en ce qui concerne
les syphilides des muqueuses). L'éruption disparue, pour main-
tenir les malades en état d'imprégnation hydrargyrique, employer
le traitement interne sous forme de pilules hydrargyriques (pilules
de bichlorure, de protoiodure,etc.,etc.); de temps à autre, après
des intervalles de repos variables suivant les cas, soumettre de
nouveau les malades aux frictions; chaque poussée nouvelle de
syphilis, s'il y en a, est immédiatement combattue par les fric-
tions. (}uant à riodure, il ne faut le donner qu'à partir de la
deuxième année.
M. Diday croit préférable de ne donner le mercure qu'au
moment de l'apparition des accidents. Sa méthode, fondée sur
l'étude des microbes parasites, a pour principe de n'attaquer le
bacille syphiliffène qu'aux époques révélées par les manifesta-
tions de la maladie, où il est à la fois le plus nocif et le plus
accessible à Taclion des parasiticides. En administrant ainsi les
spéciliques de façon à réserver tout leur pouvoir pour les vrais
besoins : 1<^ le médecin réalise souvent des effets curatifs plus
prompts; 2** en présence d'une récidive, il peut la guérir sans
être forcé d'élever les doses jusqu'à un degré préjudiciable ;
3*^ plus intéressé à bien observer les poussées successives que lui
dictent le moment et la mesure de son intervention, il se fait,
par leur étude, une plus juste idée de Tintensité de la maladie
et, par conséquent, de l'utilité et de la manière d'associer aux
spécifiques les prescriptions de l'hygiène et les autres médica-
tions propres à chaque sujet ; 4^ niant le pouvoir préservatif qu'on
attribue aux spécifiques, n'ayant par conséquence pas promis au
client qu'il le préservera, il n'a point la responsabilité des réci-
dives qui surviennent; 5*^ un certain temps passé sans récidives,
quoique sans traitement, donne plus de conriance au client dans
la solidité de sa guérison que s'il pouvait croire l'avoir main-
tenue par la continuation des remèdes spécifiques.
MM. Ander$on^ /. Lanalebrrt, Schwimmer,Neufnan, Kaposi,
Schuster, du Castel, CastelOy Hosalimosj Dubois, Lance-
reaux, Petrini, de Watraszewski, Balzer font successivement
connaître les résultats de leur pratique.
Le Congrès avait aussi mis à son ordre du jour l'étude de la
classification des dermatoses huileuses multiformes confondues
sous la dénomination de pemphigus. M. Brocq fait remarquer
qu'il existe cependant parmi ces dermatites une variété qui
présente des caractères sufûsamraent tranchés pour qu'on la
détache du groupe pemphigus, c'est la dermatite herpétiforme
de Duhring. Elle présente quatre symptômes fondamentaux,
qu'on rencontre dans tous les cas : polymorphisme de l'éruption
(erythème, vésicules, bulles, etc.); phénomènes douloureux
(cuisson, brûlures, prurit) ; longue durée de l'éruption qui se
manifeste par poussées successives (plusieurs mois, des années);
bon état général, malgré l'intensité des phénomènes émotifs.
Mais, à côté de la dermatite herpétiforme, qui est une maladie
bien déterminée, il existe toute une classe ae dermatites poly-
morphes douloureuses qui lui ressemblent par certains points et
qui en diffèrent par d autres. Ces dermatJtes sont difficiles à
classer. Pour essayer de mettre un peu d'ordre dans cette ques-
tion, si embrouillée, M. Brocq divise les affections présentant le
syndrome de dermatite polymorphe douloureuse en : 1» dermatites
douloureuses chroni()ues à poussées successives comprenant les
sous-variétés objectives : érythémato-papuleuse, érythémato-
vésiculeuse, bufleuse, pustuleuse et surtout polymorphe ou
typique d'après l'aspect même de l'éruption, aspect qui peut
d ailleurs varier chez un même sujet suivant les phases de la
maladie; ^'* dermatites polymorphes douloureuses subaigués ou
bénignes, comprenant au point de vue de l'évolution deux groupes
secondaires : 1 un caractérisé par des attaques successives sépa-
rées Tune de l'autre par des intervalles de calme complet (d^r
matites polymorphes douloureuses subaigués récidi vantes); l'aulr
caractérisé par une attaque unique, composée de plusieurs pous-
sées éruptives successives presque toujours subintrantes, dont l>
durée totale est d'un an et demi à cinq mois ; 3* dermatites poU
morphes douloureuses aiguës; et 4* dermatites polymorphes don-
loureuses récidivantes de la grossesse ou herpès gestationis.
M. Kaposi est convaincu que, lorsqu'on connaîtra mieux b
question, on verra qu'on comprend sous le nom commun de drr-
matite herpétiforme des maladies différentes, n'ayant que quel-
ques points de ressemblance; le groupe que comprend la derma-
tite herpétiforme ira en se restreignant i\o plus en plus et fin in
par disparaître. A l'heure actuelle, on dit dermatite herpélifon.,»-
quand on est embarrassé; on dit pemphigus quand on reroii!:...î
1 affection. Le diagnostic de maladie de Duhring est donc un dit-
§nostic d'embarras. Par contre, M. Unna est davis Cfue la mala-
ie décrite par Duhring existe; c'est bien une entité morbidf.
caractérisée par des symptômes dont l'importance pour le di.»-
gnostic varie dans l'ordre suivant: rechutes spontanées, hypt*r-
esthésies, polymorphisme de l'éruption et état général l)on.
Cette malaaie présente quelques variétés que l'on peut cimi-
prendre dans les cinq groupes suivants : hydroa commune, sim-
Sle; hydroa grave; hydroa bénigne ou subaiguë; hydroa irraï»-
arum; hydroa puerorum. Cette dernière variété parait hérédi-
taire; elle se caractérise par son début pendant la premit-rf
année, les rechutes fréquentes, le polymorphisme de 1 éniplioii
peu accentué, les attaques pendant la saison chaude , la prt'ili»-
minance des douleurs, l'acuité des accès, la dépression de r»iii
général, l'affaiblissement lent, spontané des accès, la dispari tÏMi.
de la maladie à l'âge adulte, la restriction de l'affection sur îr
sexe masculin. Autant la dermatite herpétiforme est bien ôls-
blie, autant le pemphigus est obscur.
M. Brocq fait observer que, contrairement à l'opinion de M. Ka-
posi, il n'est pas possible de confondre la dermatite herpéli-
lorme avec le pemphigus; il existe quantité d'éruptions pemphi-
gineuses qu'on ne peut pas ranger dans la méthoae de purhing.
D'autre part, on désigne déjà en France, sous l'appellation d'hy-
droa, l'herpès iris de Bateman; si on accepte le terme hydroa
pour la dermatite herpétiforme, il ne faudra plus Templovcr
pour désigner l'herpès iris, parce que ce sont deux nialarfi»»-
absolument différentes.
Il faut encore signaler des communications : de M. Jacauft.
sur le bromisme cutané polymorph<»; de M. Wickham, sur 1 an:«-
tomie patholofifique et la nature de la maladie de Paget; dr
M. Darir, sur les psorospermoses cutanées; de M. Balzer j sur I«*^
syphilides secondaires au vagin; de M. Dncretfy sur le prinripr
contagieux du chancre et sur les bubons et bubonnules : d*'
M. Quinquaudy sur le cellulome épithélial éruptif; de M. '/
AmiciSf sur un cas de chéloïde \Taie ou idiopathique niultipl«
chez une femme névropalhique; de M. Arnozan, sur les lésion^
vasculaires dans la solérodactylie ; de M. Schijfy sur la giiôri-
son rapide des brûlures par l'iodoforme, etc., etc.
OPHTHALMOLOGIE
La première question traitée au cours de la septième session
tenue à Paris du 8 au 13 aoiU par la Société française d'ophthal-
mologie est celle des injections intra-oculaires, soulevée pnr
M. Nuel. D'après lui, à l'état normal l'épithélium qui double la
membrane de Descemet est continu et les cellules s'envoient
l'une à l'autre des prolongements en forme de bâtonnets qm
réunissent les noyaux les uns aux autres. Cet état normal e<(
rapidement dérangé par les injections. Les injections d'r.iti
simple amènent une désagrégation des cellules en un quart ou
une demi-minute; l'endothélium tout entier se détache, tombe
dans la chambre antérieure et se résorbe ; les injections dr*
solutions hydrargyriques amènent le même résultat en dix
secondes ; les solutions boriquées sont relativement inoffenstve<:
la solution salée physiologique n'agit pas. D'où la conclusion
que les injections intra-oculaires ne doivent avoir qu*un but
mécanique,' et nue le liquide auquel il convient de donner la
préférence, est la solution physiologique de chlorure de sodium.
Il est indifférent, objecte M. Gayet, que l'épithélium se de>-
3uame s'il doit se régénérer rapidement. Ce qui importe, cV^t
e pratiquer l'asepsie ; l'eau bouillie lui a donné à cet égard
23 AOUT 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 34 — 543
d^excellents résultats. De môme à M. Wicherkiewîcz, Tel est
aussi Tavis de M. Chevallereau qui, même pour la toitette con-
jonctivale, préfère Teau bouillie; le sublimé à 1/iOOO donne
encore, avec cette pratique restreinte, des troubles cornéens.
Les solutions de sublimé mettant au moins deux heures à
détruire les microbes conjonctivaux, il ne faut pas compter,
suivant M. Boé, sur la toilette des culs-de-sac avant Topération.
l/œil ne peut être jamais tenu aseptique comme tout autre
région du corps ; tous les efforts doivent tendre à précipi-
ter la cicatrisation de la plaie afin de soustraire celle-ci aux
causes voisines, certaines, d'infection. M. Grn.ndclément dit
avoir obtenu des succès dans des cas où les conjonctives étaient
enflnmmées, en lavant Toeil au sublimé, pendant quelques jours
d'avance, afin de réaliser une antisepsie complète de la cavité
conjonctivale. On ne peut se refuser à 1 évidence, ajoute M. Brun"
schwig; la statistique montre qu*on a i pour lOÔ de suppura-
tion avant les lavages et 1 pour 100 seulement avec les lavages.
M. Pnnas a toujours eu à se louer de l'emploi de la solution
boriquée. M. Vacher recommande remploi d'un appareil à pres-
sion graduée et d'un liquide chaud, le succès des lavages intra-
oculaires dépendant uninuement des précautions multiples
prises pour les exécuter. M. CMbret croit que Finfectipn de la
chambre intérieure, lorsqu'elle existe, provient en majeure
partie de Faction mécanique des voiles palpébraux ; aussi pré-
fère-t-il verser du liquide antiseptique sur le globe et, par des
frictions combinées, faire pénétrer ce liquide dans la chambre
antérieure. M. Abadie fait remarquer uu*un microbe patho-
gène peut, suivant certaines conditions déterminées, avoir une
virulence excessive ou nulle, et entre ces deux extrêmes, pos-
séder toutes les intensités intermédiaires ; d'où la nécessité, si
on ne peut pas débarrasser une plaie de tous les microbes
pa*hogènes qu'elle peut renfermer, de rendre ceux-ci ausi-i
inoffensifs que possible. Or, les solutions antiseptiques, si ellei
n'enlèvent pas la virulence, l'atténuent toujours dans uuf
certaine mesure; c*est pour cela que l'antisepsie sera tou-
jours supérieure à Tasepsie. Quant au lavage de la chambre
antérieure, il n'est pas démontré que l'infection s'y produise,
elle a plutôt lieu par la plaie, et la preuve c'est que, s'il sur-
vient une complication inflammatoire, le meilleur moyen de
l'enrayer c'est de cautériser au galvanocautère les lôvres de la
plaie sans se préoccuper de ce gui se passe dans la chambre
antérieure. D'autre part, si on fait le lavage de la chambre an-
térieure avec un liquide antiseptitiue un peu irritant, on s'ex^
pose à des altérations indélébiles de la membrane de Uescemet.
Késumant celte discussion, M. Motais fait remarquer que les
partisans des lavages intra-oculaires sont loin d'être d'accord.
Les uns recherchent exclusivement Tantisepsie ; d'autres ne
veulent que l'expulsion des masses corticales. M. Panas lui-
même affirme qu il n'y a pas à chercher, dans le lavage intra-
oculaire, l'expulsion des masses corticales, que cette expulsion
doit être obtenue par des manœuvres bien combinées. D'autre
part, les antisepsistes eux-mêmes sont obligés de renoncer à
l'antisepsie proprement dite, à cause des troubles de la cornée,
et à revenir à Fantisepsie pure comme M. Gayet. Il n'y a donc
là rien de bien établi, d'après l'aveu des partisans eux-mêmes
du lavage intra-oculaire. Quant aux séries heureuses, on sait
qu'il ne faut pas trop s'empresser d'en tirer des conclusions.
Pour ceux qui hésitent encore, et le nombre en est grand, ils
sont très heureux, sans doute, que des expériences se cantinuent
dans ce sens; mais ils attendront, avant d'accepter une compli-
cation nouvelle dans l'opération de la cataracte, que ses avan-
tages soient bien définis et bien démontrés.
Le manuel opératoire de la cataracte a donné lieu à plusieurs
communications importantes. Pour les cataractes congénitales,
M. de Wecker estime que la discision doit être abandonnée ;
pour ces cataractes et celles des très jeunes enfants, alors qu'il
est difficile, avant l'opération, de porter un diagnostic précis
sur la qualité de la cataracte et surtout sur l'état de la capsule,
il recommande le procédé suivant : avec un couteau lancéolaire
coudé, pénétrer au milieu du rayon supérieur de la cornée ;
l'action de la pince kystitome renseigne alors tout de suite sur
l'état de la capsule et du cristallin et, si elle est trop dure pour
être dilacérée et enlevée simplement, il faut élargir la plaie cor-
néenne, pratiquer l'iridectomie et l'extraction complète. sl.SuareZ
de Mendoza rend compte des résultats heureux qu'il a obtenus
par la suture de la cornée dans l'opération de la cataracte ;
M. Gayet se loue aussi de ce procédé, surtout dans les cas où il
se produit une tension oculaire après l'extraction du cristallin
ou encore dans ceux où la réduction de Tinsse présente comme
d if ficul tueuse; les Suites en -sont toujours simples. M. GUlet de
Grandmont et M. Vacher s'en sont également servis avec succès.
Rappelant les résultats de 80 opérations de cataracte, M. BoHr-
geois recommande l'observance des règles suivantes : i* Tappli-
cation minutieuse de l'antisepsie, qui permet d'opérer dans les
situations les moins bonnes. Cette antisepsie doit avoir pour but
d'aseptiser complètement le lieu de l'opération, le malade, le
champ opératoire, les instruments, l^s mains de l'opérateur et
l'œil opéré ; 2® l'exécution d'un grand lambeau dans la cornée
même; 3» la pratique, à peu près exclusive, de l'opération
sans iridcctomie ; 4* l'extraction d'un lambeau, ou de la totalité
de la crisfalloîde antérieure. Il présente une pince spéciale à
cet effet. D'autres in<3truments sont également placés sous les
yeux des membres du Congrès : un appareil lav»'urde la chambre
antérieure, par M. Wicherkiewîcz, ainsi qu'un kystitome à
crochets inférieurs, pour lequel M. de Wecker fait une réclama-
tion de priorité. M. Gnlezmvski ne croit pas nue l'arrachement
capsulaire puisse se faire dans tous les c is, l'état de 1 1 capsule
peut ne pas le permettre, sous peine d'exposer à des accidents
redoutables. Pour M. E, Martin, l'idéal de l'opération de la
cataracte consiste dans la réunion de l'iridectomie bien faite et
de l'arrachement capsulaire. M. Boucheron voudrait simplifier
encore rinstrumentation de cette opération. Presque tous, dit-il,
nous avons abandonné l'iridectomie, qui nôce^sitait deux ins-
truments et un aide; MM. Galezowski, Gayet, etc., nous ont pro-
posé la suppression du kystitome, instrument assez délicat à
antisepsier. On peut aussi supprimer la curette expultrice,
les spatules, stylets ou autres objets usités au même us ige et
les remplacer parle dos du couteau de Graefe, qui en remplit
parfaitement les fonctions dans la plupart des cas. t^es sup-
pressions acceptées, l'opération de la cataracte est pratiquée
sans irideclomie, sans kystitome, ni curettes spéciales; mais
seulement avec le couteau de Graefe servant à l'incision, à
la kystolomie, et, par son dos, à l'expulsion du cristallin.
Ainsi faite, l'opération acquiert un degré de plus en élégance,
sécurité et rapidité.
M. Abadie fait une communication sur les formes cliniques
de l'ophthalmie sympathique. Il en distingue deux variétés,
suivant que cette affection est d'origine infectieuse, transmise
f>ar continuité de tissu ou qu'elle a pour agent de transmission
es nerfs ciliaires. Dans l'ophthalmie sympathique infectieuse, le
processus débute dans le second œil par le nerf optique; il y a
d'abord névrite, p'iîs trouble du corps vitré; le tractus uvéal et,
en particulier, l'iris, ne sont pris que tardivement. Dans la forme
réflexe, il en est tout autrement. Le fond de l'œil est encore
absolument normal et les troubles fonctionnels nuls, que déjà une
vive injection péri-kératique se produit surtout au niveau du
point symétriquement lésé; dans le premier œil la douleur est
vive à ce niveau ; contrairement à ce qui a lieu dans la forme
précédente, les phénomènes morbides sont plutôt d'abord extra-
oculaires et la désorganisation s'effectue de dehors en dedans,
d'avant en arrière. Au point de vue pathogénique, la première
variété reconnaît pour cause une plaie infectieuse de la région
riliaire, la seconde a pour point de départ des enclavements
iriens, capsulaires ou des tiraillements de filets nerveux. Dans
la forme infectieuse, il faut attaquer d'abord le foyer pathogène
produit la pullulation microbienne; avant de procéder à
ou se
l'énucleation, on peut essayer d'attaquer la plaie avec un galvano-
cautère fin et de la fouiller dans tous les recoins; il faut, en
outre, pratiquer l'évacuation do l'humeur aqueuse par paracen-
tèse et prescrire toujours les frictions mercurielles locales et
îil blessa
générales. Si l'œil blessé est définitivement perdu et entraine
une difformité choquante, il faut l'énucléer; mais l'énucleation
mercurie'lies. Quand il s'agîi d'une bphthalmie sympathique
d'origine réflexe, il faut agir autrement. La transmission s'effec-
tuant par l'intermédiaire des nerfs ciliaires, il faut les sectionner
entre la plaie et les centres nerveux et pratiquer, dès lors, une
sclérotomie rétro-cicatricielle.
Pour M. Panas, l'énucleation est très efficace pour prévenir
l'ophthalmie sympathiaue, et c'est alors une opération radicale ;
mais on sait que, malheureusement, cette opération devient
inutile quand l'ophthalmie sympathiaue est déclarée. L'énucleation
dans ces circonstances n'arrête pas le mal, et peut même l'aggra-
ver; ce qu'il faut faire en pareil cas, c'est traiter la maladie, et
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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le premier, oirpourrait dire le seul traiti-ment, est l'emploi des
mercuriaux. Quant à la forme réflexe de retle maladiej^si elle
existe, c'est ici surtout que rénucléation doit êlre de misp, car
elle aura pour effet de supprimer la source du réflexe.
M. Dran$art n'a jamais vu Tophtlialmie sympathique déclarée
céder à rénucléation; aussi, quand un œil est irrémédiablement
perdu par le fait du traumatisme, n'hésite-ilpas à Tenlever pré-
ventivement. Quant aux cataractes traumatiques, il ne partage
pas les craintes de M. de Wecker, et il croit qu'il faut les opérer
tôt pour éviler les accidents ^laucomateux qu'elles peuvent
occasionner. M. Reym'md a traité avec succès les ophlnalmies
sympathiques, pir des injections sous-conjonctivales de sublimé
de 1/2000 à 1/1500.
M. Gratiddtfw^nf pense que l'ophthalmio sympathique est due
à un microbe spécial, lequel ne peut pulluler que dans un seul
terrain, le corps ciliaire. Proléger celui-ci du contact de
l'air, telle doit être la première précaution à prendre, dans \cè
plaies du globe, pour se prémunir sûrement contre l'ophtliaimie
sympathique. Comment alors expliquer, objecte M. Drumchwig,
lesophthalmiessvmpjthiquesqui surviennent quand l'énucléalion
a laissé deirière' elle une petite portion de coque oculaire? Un
fait curieux est rappelé par M. Lihbrecht : dans les accidents de
chasse, le plomb, étant antiseptique, ne produit que rarement
l'ophthalmie sympathique ; cette affection est donc uniquement due
à une infection.
M. Motais considère la myopie comme une conséquence de la
loi générale d'adaptation de nos organes aux fonctions qu'ils rem-
plissent habituellement. Par quel mécanisme se produit celte
adaptation? On est loin d'être fixé à ce sujet; deux théories
principales sont en présence : 1" la théorie de l'accommodation,
elle parait vraie dans une certaine mesure; niais le muscle ci-
liaire ne peut intervenir que pir une modification de nutrition du
globe due à des tiraillements excessifs des fibres roulées sur la
choroïde et non à une action mécanique ; 2*» la théorie de la com-
pression par les muscles extrinsèques.
Le muscle en contraction, d'après une première hypothèse, en
redressant sa courbe d'enroulement, comprimerait le globe vers
l'équateur. Cela eslincxîict; une compression de ce genre est
rendue impossible, non seulement à l'extrême limite de la rota-
lion, comme l'ont démontré MM. Tenon et Bonnet, mais dès le
début et pendant toute la du^ée de la contraction. Il a établi, en
effet, que l'aileron exerce immédiatement une traction excen-
trique sur le muscle dès que celui-ci entre en action, traction
dont l'énergie augmente proportionnellement h celle de la con-
traction musculaire. Le muscle antagoniste, au contraire, s'en-
roule réellement sur le globe. On peut apporter, en ejTet, des
preuves directes que la disposition de Vaileron devient ici inverse,
qu'il se relâche au lieu de se tendre et permet au muscle anta-
goniste de s'enrouler sur le globe nu'il comprime. Mais, si le oflohe
est refoulé d'un côté par le muscle antagoniste, il faut qu'il soit
soutenu de l'autre pou<- que la fixité du centre de rotation ne soit
pas compromise. 11 est, en effet, soutenu par l'aponévrose com-
mune qui participe à la traction exercée par le muscle en action
et se tenu comme une toile concave élastique pour soutenii- le
globe. 11 en faut conclure que le tiraillement excessif de la cho-
roïde dans une accommodation trop longtemps soutenue, produit
d'abord une modification de nutrition de la sclérotique dont elle
diminue la résistance. L'action comp essive des muscles extrin-
sèques et de la capsule s'exerce ensuite et produit l'allongement
myopique de l'œil. Il en résulte comme conclusions pratiques
qu'il importe d'empêcher, soit par une bonne hygiène, soit par
des verres appropriés, une convergence exagérée. Dans les cas
de myopie progressive, on diminuera l'enroulement du muscle
droit externe et la compression consécutive du globe par une
ténotomie de ce muscle. Cette opération est aussi bien justifiée
par la théorie que par la pratique.
M. Dransart entretient le Congrès de certaines amblyopies et
atrophies du nerf optique d'origine rhumatismale; M. Teillais^
rie cas d'héméralopie qu*il place sous la dépendance d'altérations
du système vasculaire rétinien ; M. Prouffy de l'étiologie muscu-
laire du strabisme concomitant amétropiquc; M. Trousseau^ de
l'identification du lupus eldelatuberculoseoculaire;M. Calderon,
d'un cas de double névrite optiaue produite par un kvste hvda-
tique intra-céébral, du volume d'une mandarine, développé dans
le venticule latéral gauche; M. Parisotlij du traitement de la
syphilis oculaire par les injections de calomel à la dose de ;iO cen-
tigrammes dans 1 épaisseur des muscles fessiers.
M. ra/MÉfc'présente'une série de'nrismes, fabriqués en Fran» -
par MM. Benoist ei'Berthinet, et étanlis avec la plus grande exac-
titude d'après l'an&fle de déviai ion minimum (vérifiés au gonî<-
mètre); la série s'étend de 0^,50 à 15 degrés, avec des inlérni»^-
diaires d'un demi-degré entre le 0*,50 et le prisme de 5 de<îri' -
M. Landolt montre une plîinche d'objets types peints en n«».
émaillé sur de la porcelaine blanche. Ces objets types se cori-
posent : 1° d'une figure rayonnée (un demi-cercle) pour l'astig-
matisme; 2* de lettrés établies suivant une série réguUèro "i
d'un usage plus commode que celles employées jusqu'ici.
ALCOOLISME
Deux questions ont principalement occupé le Congrès pour h
répression de l'alcoolisme : la première, concernant les rapport-
entre l'accroissement de la consommation de l'alcool et le déTe-
loppement de la criminalité et de la folie; la seconde, les moven^
légaux de prévenir les ravages exercés par Talcoolisme. L^unr
et l'autre ont été traitées dans maintes réunions depuis plusieurs
années; il est à souhaiter qu'elles reçoivent enfin une solutiui.
effective de la part des pouvoirs publics.
Les chiffres qu'a réunis M. Yvernes, rapporteur de la premiAn-
(fuestion , d'après les statistiques officielles de chaque natiou,
démontrent une fois de plus que la criminalité et ralîénatiou
suivent une marche parallèle à la consommation de ]*aicooL
plus le nombre des débits de boissons est grand, plus la consom-
mation de l'alcool par tête d'habitant est élevée. Faut-il don<
diminuer le nombre des débits ? priori, on serait tenté decrolr«-
que personne ne s'y oppose. Cependant, il est un certain nombre
de faits qui plaident contre cette manière de voir : M. CautÊer-
lier déclare qu'en Hollande, la loi a spécifié que le nombre dt*^
cabarets ne devrait jamais dépasser un maximum déterminé ;
cependant, l'alcoolisme, la folie et la criminalité n'ont pas dimi-
nué. Dans le canton de Turgovie, d'après M. Milliei, il y a beau-
coup de débits et peu d'alcooliques, tandis que dans le canton dt-
Berne, avec un nombre très restreint de cabarets, le chiffre de>
alcooliques est considérable. Le même fait est constaté en Mol-
davie, aux dires de M. Iscovesco, D'autre part, M. Petitbon est
d'avis que si l'on supprime la tentation de noire en restreignant
le nomnre des débits, on a grande chance de diminuer la con-
sommation des alcools. Tous ces moyens plus ou moins répres-
sifs semblent insuffisants pour résoudre le problème de Talcoo-
lisme, car il touche en même temps au régime économique el
financier de chaque pays. La diminution du grand nombre «1«^>
cabarets présentant dans la pratique de grandes difficultés, on a
vu préconiser à la fin l'augmentation de la patente, l'imposition
plus élevée, la production des spiritueux par l'Etat, l'action
morale des Sociétés de tempérance, etc., etc. Le Congrès a fiiu-
lement été d'avis que : l"" l'accroissement de la consommation
de l'alcool est une des causes principales du développement de
la criminalité et de la folie; 2^ la diminution du nombre des
débits étant un des moyens de réduire la consommation de l'al-
cool, le Congri^s émet le vœu de voir les gouvernements prendre
des mesures pour restreindre le nombre des cabarets.
Dans quels cas la justice peut-elle avoir à intervenir pour punir
l'alcoolique? M. Motet établit à cet égard trois catégories d'aï-
que les délits ou les crimes commis sous son influence, lors-
qu'elle est simple et qu'il était au pouvoir du délinauant d«>
I éviter: elle est encore punissable lorsque l'excitation alcoolique
a été recherchée pour fournir l'appoint de détermination néces-
.saire pour commettre un crime ou un délit. Elle est enfin punis-
sable, mais avec un degré d'atténuation qu'il appartient aux
magistrats de déterminer, chez des individus faibles d'intelli-
gence, chez lesquels la tolérance pour les boissons alcoolii|ues
est diminuée par la condition d'infériorité de leur organisation
cérébrale; elle ne saurait être excusable lorsque ces individu^;
savent qu'ils ne peuvent pas boire sans danger, et ce cas est
plus fréquent qu'on ne le suppose. Par contre, les délits ou lo<
crimes ne peuvent pas être punis lorsqu'ils ont été commis pen-
dant la période délirante aiguë ou subaiguë d'un accès d'alcoo-
lisme; il en est de même pour l'alcoolisme chronique, à l'heurt»
où des lésions cérébrales définitives ont compromis l'intégrité
de l'organe et déterminé le trouble durable de ses fonctions.
23 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
.— N* 34 — 5i5
M. Duverger croit que la crainte d'ôtre Tobjet d'une pour-
suite civile en inlerdicliou ou on demi-interdiction, pour perte
totale ou partielle du libre arbitre par J'usage abusif de Talcool,
pourrait agir comme moyen préventif de Talcoolisme ; il en serait
iie même, à plus forte raison, de la crainte d*ôlre enfermé comme
fou ou demi-fou, dans un établissement spécial. En effet, l'in-
terdiction ou rinternement des alcoolises, propositions déjà
faites au Congrès de Bruxelles en 1880, où elles avaient été
l'objet d'une vive opposition de la part des délégués français,
constitueraient une peine devant laquelle beaucoup d'individus
seraient tentés de réfléchir avant de s'adonner à l'alcoolisme. La
loi française et celles des pays qui ont suivi le Code Napoléon
contiennent malbenreusement à ce sujet une véritable lacune,
car le ministère public n'a pas d'action pour provoquer l'inter-
ilictiou ou l'internement des alcooliques, à moins que ces der-
niers ne donnent lieu à des manifestations extérieures (accès de
fureur, propulsion homicide, etc.).
Tout en approuvant celte manière de voir, MM. Fournier et
Peiitbon estiment qu'il faudrait alors avoir bien soin de tenir
compte des distinctions faites par M. Motet et de n'appliquer
l'interdiction qu'aux malades de la deuxième catégorie et l'inter-
nement qu'à ceux de la troisième (aliénés alcooliques). D'autres
se bornent à demander la création d'asiles spéciaux pour les
alcooliques; bien que ces asiles doivent être soit des asiles
d'Etat et alors il y aura dépense pour le Trésor public, soit
«tes asiles privés où les pauvres ne pourront être admis. Aussi le
Congrès adopte-t-il les résolutions suivantes : !<* la présence
dans la société d'individus en état d*ivresse simple, d'ivresse
f»atholoffique ou d'alcoolisme chronique, étant un danger pour
'individu, pour sa famille, pour la société, le Congrès émet le
vceu que des mesures judiciaires soient prises pour autoriser
l'internement d'office de ces individus dans des établissements
spéciaux où ils seront soignés; leur sortie sera ajournée tant
qu'ils seront suspects de rechute, et ne pourra être prononcée
«jue d'après l'avis du médecin traitant; te traitement sera un
traitement répressif et le malade sera soumis au travail obliga-
toire ; enfin une statistique judiciaire et administrative sera
publiée indiquant les résultats obtenus par ce mode de traite-
ment; 2" comme il a été décidé par le Congrès de Bruxelles en
1881, l'alcoolique chronique, qui a perdu en tout ou en partie
son libre arbitre, peut être, de par la réquisition du ministère
public, interdit en tout ou en partie et placé dans un établisse-
ment spécial.
L'étude des boissons saines qu'il y a lieu de donner à nos
populations était la conclusion obligée des questions examinées
d'abord par le Congrès. Ici les opinions se sont partagées suivant
les habitudes et les productions agricoles des pays représentés;
néanmoins, sur la proposition de M. Dujardm'Beaumetz, on
s'est mis d'accord pour reconnaître que tous les alcools, en
dehors de l'alcool éthylique, sont des toxiques, que Valcool
éthyliaue lui-même pourrait être un toxique pris à une dose
plus élevée; il y a heu de demander que : les alcools impurs
soient absolument interdits comme boissons par les gouverne-
ments; que les alcools purs soient frappés de droits très élevés
^ui en restreignent l'usage; que les boissons saines, comprenant
Iles boissons lermentées, vins, cidres, poirés, bières naturelles,
soient dégrevés, ainsi que le thé et le café; que des laboratoires
•d'analyses soient créés dans les centres industriels et fassent les
analyses gratuitement, et que les Sociétés de tempérance encou-
ragent les classes ouvrières à boire des liquides sains et non
frelatés, et protègent les cantines qui consentiraient à ne déli-
tvrer que des boissons naturelles et non alcooliques.
Comment reconnaître les falsifications des boissons alcooli-
ques? Les méthodes d'analyses sont nombreuses, délicates, et il
y a lieu de craindre que le prix proposé par le gouvernement
français pour récompenser l'autour d'un procédé à la fois simple,
■facile et sûr, ne soit pas de sitôt décerne. Les progrés de la chi-
mie nécessitent chaque jour des procédés de recherches nou-
veaux; M. i^ardj/ classe ces procédés en trois groupes, suivant
qu'ils donnent naissance à une réaction colorée, qu'ils produi-
sent ces trois fonctions chimiques, ou enfin qu'ils sont basés sur
les propriétés physiques des impuretés. C'est à la méthode de
Rose qu'on peut, jusuu'à nouvel ordre, accorder la préférence.
M. Roux, cherchant a démontrer que les alcools fournis par les
industriels, notamment en Allemagne, sont des produits d'une
.pureté extraordinaire et que la force industrielle d'un pays est
•en rapport avec sa consommation d'alcool, MM. de Vauclerofé et
SUPPLtMENT*
Causdelier font tout d'abord remarquer que si l'industrie fabrique
des alcools très purs, c'est à l'usage de la parfumerie, mais non
pour la consommation. M. Duiardin-DeaumetZf d^aixire part, rap-
pelle qu'en ce qui concerne la prétendue innocuité des produits
allemands, on sait que les bouquets de vin et de liqueur, fournis
par l'industrie allemande pour être incorporés à des alcools infé-
rieurs, sont des produits éminemment toxiques, ainsi nue Tout
prouvé les expériences de MM. Magnan et Laborde; l'analyse
chimique, d'ailleurs, les décèle facilement. La force d'un pays
n*est pas due à l'alcool, mais il est vrai que, partout où un ceiitrt*
industriel se forme, il vient aussitôt s'étal}lir un cabaret; il faut
donc renverser les termes de la proposition précédente.
MÉDECINE MENTALE
M. /. Falret lit un rapport sur les obsessions avec conscience
(intellectuelles, émotives et instinctives). Les diverses variétés de
ces obsessions ont des caractères communs qui peuvent se
résumer ainsi : 1* elles sont toutes accompagnées de la con-
science de l'état de maladie; !2'' elles sont héréditaires; 3** elles
sont essentiellement rémittentes, périodiques ou intermittentes;
4" elles ne restent pas isolées dans Fesprit, àTétat monomaniaque,
mais elles se propagent à une sphère plus étendue de l'intelli-
gence et du moral, et sont toujours accompagnées d'angoisse ou
d'anxiété, de lutte intérieure, d'hésitation dans la pensée et dans
les actes, et de symptômes pliysiques de nature émotive plus ou
moins prononcés; 5** elles ne présentent jamais d*hallucinations ;
6* elles conservent leurs mêmes caractères psychiques pendant
toute la vie des individus qui en sont atteints, malgré des alter-
natives fréquentes et souvent très prolongées de paroxysmes et
de rémissions, et ne se transforment pas en d'autres espèces de
maladies mentales; 7" elles n'aboutissent jamais à la démence ;
8 * dans quelques cas rares, elles peuvent se compliauer de délire
de persécution ou de délire mélancolique anxieux, a une période
avancée de la maladie, tout en conservant leurs caractères pri-
mitifs.
M. Cotard estime que, dans le phénomène du délire, il y a
lieu de tenir compte de l'action autonome automatique des images
motrices et sensorielles; les idées de force, de puissance, etc.,
dérivent toiigours d*une augmentation de l'énergie motrice. En
effet, comme le fait observer M. GUbcrt-Ballety des phénomènes
moteurs accompagnent presque toutes les réactions de notre
cerveau : entre ces deux ordres de faits il existe une association
étroite. Mais subordonner constamment l'état mental aux phé-
nomènes moteurs, c'est peut-être aller un peu loin. 11 faut aussi,
d'après M. Charpentier^ tenir compte dans ce phénomène de
riniluence coordinatrice, influence supérieure du moins sur les
activités sensorielles et motrices ; d'ailleurs l'obsession peut se
rencontrer dans toutes les maladies mentales ; elle ne peut en
caractériser aucune.
aM. g. Lemoine appelle lattention sur la paralysie générale
d'origine arthritique ou rhumatismale. Sur trente paralytiques
généraux, il en a vu au moins dix chez lesquels il eût été impos-
sible de retrouver une autre notion causale que l'arthritisme. Outre
du rhumatisme antérieur, on trouvait chez eux le cortège habi-
tuel des manifestations arthritiques, l'emphysème, les bronchites
à répétition, les migraines, l'eczéma, etc. Chose remarquable,
ces oésordres constitutionnels tendaient à s'atténuer ou à dis-
paraître au moment de l'éclosion des troubles cérébraux, et
chez un de ses malades, il a observé une alternance parfaite
d'une affection cutanée et des perturbations cérébrales. Ces para-
lysies générales rhumatismales ont le caractère ordinaire de la
paralysie générale à forme de folie congestive ; il est à remanjuer
qu* elles surviennent d'assez bonne heure. Quand chez un arthri(|ue
qui a des migraines, on voit se produire frét|uemment des poussées
congestives du côté du visage, il faut se méfier; survienne une
cause occasionnelle, des excès d'alcool ou un surmenage vénérien,
le mal éclatera. 11 est possible, d'après M. Charpentier, que Iî«
paralys e générale affecte chez des arthritiques une physionomie
spéciale; il est inexact d'affirmer la précocité des accidents en
pareil cas, il vaut mieux insister sur la fréquence relative des
othématomes chez les paralytiques généraux arthritiaues. Ne vaut-
il pas mieux, ajoute M. Legrain, invoquer en bloc l'hérédité
névropathiqiue ou névro-arthritique, que la seule hérédité
arthritique^ Il ne faut pas négliger surtout la recherche des
antécédents vésaniques. 11 faudrait aussi, d'après M. Laurent, se
34.
546' — N» 34 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
23 Août 1889
garder éveDtuellement d'une confusion entre les arthropathies
nerveuses, oui peuvent se montrer au cours de la paralysie géné-
rale, et le rhumatisme vrai. D'après M. Doutrehentej la vérité
se trouve toujours dans les propositions suivantes : en opposition
à Thérédité vésanique, les paralytiques généraux ont une hérédité
spéciale que j'ai appelée hérédité des tendances congestives. ils
sont, en effet, fils dVthritiques, et Ton voit souvent les premiers
symptômes de congestion encéphalique succédera la suppression
d'un flux hémorrhoïdaire. Peut-être même la menstruation peut-
elle rendre compte de la rareté relative de la paralysie générale
chez la femme avant la ménopause. Les individus qui font la para-
lysie générale commune sont des congestifs et Ton trouve encore
des congestifs chez leurs ascendants. 11 y a bien des paralytiques
généraux qui ont de Thérédilé vésanique. Mais ceux-là font une
maladie à part, qui dure non plus un an, deux ans, mais dix et
vingt ans, une maladie qui débute souvent par un type circulaire
et est traversée par de longues rémissions.
Pour M. Pierret, Tarthritisme est difficile à définir; on sait
d'abord qu'au point de vue de l'hérédité l'arthritisine occupe à
coup sûr le premier rang ; bien plus, il constitue la somme d une
fouîe de manifestations qui appartiennent toutes à la même
famille. C'est le cycle arthritico-nerveux dans lequel se trouvent
côte à côte la migraine, Tépilepsie, la goutte, l'hystérie, le rhu-
niatisme, le diabète, etc. il comprend aussi l'athéromasie précoce,
les artérites avec angines de poitrine, le tout en raison a'inflam-
mations de nature particulière. Pour ne prendre en considération
que les formes massives du rhumatisme, on voit d'abord la forme
suraigué du rhumatisme cérébral, puis la forme subaigué (manies
rémittentes) alternant avec les manifestations articulaires. Pour
ces diverses formes on peut aisément invoquer des localisations
inflammatoires sur les méninges, les vaisseaux, etc. Mais la ques-
tion présente une autre face, les arthritiques sont fréquemment
des dyspeptiques, ils ont des dilatations de l'estomac, des troubles
des fonctions intestinales ; d'autre part, leur foie surmené
cesse de s'opposer à l'introduction des poisons dans l'organisme.
Par la se réalise une seconde condition patho^énique des accidents
nerveux chez les arthritiques. Cette condition, c'est Tempoison-
ueinent secondaire. Les arthritiaues font, d'une part, de la mau-
vaise chimie élémentaire et, ae plus, ils sont soumis h des
intoxications secondaires. C'est là une grande difficulté dans
l'interprétation des troubles psychiciues observés : délire aigu,
manie, mélancolie, mais c'est aussi 1 espérance, lointaine encore,
il est vrai, de trouver des moyens thérapeutiques en se fondant
sur la connaissanee de ce double facteur pathologique.
M. Ledoux signale à ce sujet, un cas d'erythropsie (vue rouge)
dans la paralysie générale.
La statistique démontre, d'après M. P, Garnie r,i[\ie le nombre
des aliénés à Paris s'est accru pendant ces dernières années dans
de fortes proportions, la frériuence de la folie ayant augmenté,
de 1872 à 1888, de 30 pour 100 environ. L'aliénation mentale est
plus commune chez l'homme que chez ]a femme (hommes,
55,61 pour 100; femmes, 44,38 pour 100, statistique générale de
la prélecture de police). Le rapport d'accroissement de la folie
pour les deux sexes, dans la dernière période triennale 1886-1888,
se traduit ainsi : hommes, 59,35 pour 100 ; femmes, i0,64 pour 100.
La folie, considérée dans l'ensemble de ses modalités et envi-
sagée sous le rapport de son mouvement mensuel, atteint régu-
lièrement chaque année son maximum de fréquence en juin et
semble être favorisée dans ses manifestations extérieures et son
développement, aussi bien chez l'homme que chez la femme, par
une influence saisonnière vernale. L'augmentation des cas
d'aliénation mentale dans ces dernières années est, avant tout,
le fait de ces deux types morbides dont la fréquence est en très
rapide progression fia folie alcoolique et la paralysie générale.
Les psychoses essentielles comme la manie, la mélancolie, le
délire chronique ou psychose systématique progressive, restent
à peu près stationnaires et sont, en général, deux fois plus com-
munes chez la femme que chez l'homme.
La progression de la lolie alcoolique est à ce point rapide, que
sa fréquence est aujourd'hui deux fois plus grande qu'il y a
quinze ans et que les séauestrations dont elle est responsable ont
angmenté de 2b pour 100 dans le cours de cette dernière période
triennale ^1886-1888). Elle forme aujourd'hui à elle seule près
du tiers ues cas d'aliénation mentale observés à Tinfirmerie
spéciale. La femme a sa participation proportionnelle dans cette
augmentation, et cette participation tend à devenir de plus en
plus considérable; représentée, il y a quinze ans, par un sixième,
elle est aujourd'hui a'un cinquième. La folie alcoolique est sou-
mise, dans son degré de fréquence, à de fortes variations nitn.
suelles; ce n'est pas à l'époque des mois les plus chauds qu\'ll*
atteint ses plus hauts chiffres. La recrudescence parait se rap-
porter à une influence saisonnière vernale, le trimestre du prin-
temps étant le plus chargé avec maximum mensuel en juin.
L observation des modalités délirantes de l'alcoolisme i>rouv*
que les réactions qui se développent sous son influence sont d>
jour en jour plus violentes, plus attentatoires à la vie des p^r
sonnes, conséquences qu'il est légitime d'attribuer à la to\iciir
des alcools d'industrie actuellement en usage.
La paralysie générale qui est, avec la folie alcoolique, la form.
morbide dont l'accroissement est le plus accéléré, figure )>our
12,27 pour 100 dans le total des malades enregistrés au Dépôt.
En quinze ans, sa fréquence a plus que doublé. Elle tend à
devenir proportionnellement plus commune chez la femme ; K
rapport, qui était autrefois de : hommes, 79,60 pour t(H), «-i
femmes, 21,39 pour 100, est aujourd'hui : hommes, 71,17 i»our
100, et femmes, 28,82 pour 100. Comme Taliénation meuUJp en
général, comme la forme alcoolic[ue, mais plus encore que loiiii
autre forme morbide, la paralysie générale est plus cominuDJ*
au printemps. La recrudescence se place en mai et est trê>
nettement vernale. La comparaison entre les graphiques, qui
marquent l'accroissement simultané de la folie alcoolique et de
la paralysie générale, établit que leur progression est nette-
ment corrélative. Dans la solidarité de leur marche envahis-
sante, paraît nettement se traduire l'influence étiologi({ue àf
l'alcoolisme sur le développement de l'encéphalite inlersli-
tielle.
M. Bail ne pense pas qu'on soit autorisé à dire, en s*appuyaiit
sur la statistique, que 1 augmentation du nombre des paraly-
tiques généraux est la conséquence des progrès de ralcoolisme.
11 ne lui serait pas difficile d'invoquer des chiffres, qui seraient
en complète contradiction avec ceux de M. Garnier. Ainsi, il va
deux départements en France, le Finistère et le Calvados, où
l'alcoolisme règne en souverain maitre, et cependant la paralysie
générale y est presque inconnue. La même remarque s'applique
a l'Ecosse et à l'Irlande. Au contraire, en Angleterre oùValcoo-
lisme est beaucoup moins répandu, les paralytiques généraux
sont a5sez nombreux ; en Suède, le pays par excefience de l'al-
coolisme, la paralysie générale est inconnue. On ne peut donc
pas soutenir que la paralysie générale dérive de Falcoolisnie et
seulement de 1 alcoolisme. Le rôle de l'alcoolisme sur la genèse
des maladies en pfénéral est assez considérable sans qu'on y
ajoute celles dont il est innocent. Do ce nombre est.la paralysie
générale ; ce qui le prouve encore, c'est la divergence d'opinions
qui existent à cet é^ard. A côté de ceux qui l'attribuent à l'al-
coolisme, il en est d'autres qui invoquent la syphilis, Tarthri-
tisme, le surmenage, etc. Dans toute la Bretagne, fait observer
M. Taguety les ivrognes abondent et cependant les alcoolique?
et les paralytiques généraux y sont inconnus. A Marseille,
depuis quelques années, l'alcoolisme a augmenté dans des pro-
portions considérables : le nombre des paralytiques généraui,
au contraire, est resté stalionnaire. La statistique de M. Gar-
nier a été dressée au dépôt de la préfecture de police, ou,
d'après M. RégiSy les conditions dans lesquelles s'y présentent
les malades, permettent rarement de porter un diagnostic irré-
vocable.
Cependant, c'est, suivant M. Semai, une erreur de croire,
comme Ta dit M. Bail, que l'alcoolisme soit très répandu eu
Suède ; depuis la nouvelle loi fiscale qui a surélevé les droits
sur Talcool, l'ivrognerie a complètement disparu de ce pays;"
n'est donc pas très surprenant qu'on n'y rencontre pas de para-
lytiques généraux.
M. Garnier réplique qu'il n'a pas eu la prétention d'attribuer
seulement aux progrès de Talcoolisme l'accroissement du nom-
bre des paralytiques généraux; il estime, comme M. Bail, q"^
cet accroissement est dû à des causes multiples, mais il ne pf"»
s'empêcher de voir une certaine corrélation entre la progr»;ssioii
de ces deux maladies, progression simultanée qu'il est utile cie
signaler.
M. Régis relate quatre observations de lypémanie hypocon-
driaque présentant, au point de vue du délire, les plus gramie>
analogies avec la paralysie générale au début î\ forme depre>-
sive.
Des communications sont faites : par M. Cami«e(, sur deujj
observations, chez deux dégénérés héréditaires, d'iropuiMO
consciente à des actes violents vis-à-vis d'eux-mêmes; I
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^ï. Tissiéj sur un cas d'obsession intellectuelle et émotive
fi:uérie par la suggestion renforcée et par le parfum du cory-
îopsis, risolement et les douches ; par M. SoUier, au nom de
M. Bourneville et au sien, sur la porencéphalie, (|ui est le résul-
tat d'un arrêt de développement, et sur la pseudo-porencéphalie
consécutive à un processus distinctif survenu soit pendant la vie
intra-utérine, soit plus tard; par M. CamescaBse, sur un
niémoire sur la roicrocéphalie, avec présentation d'un grand
nombre de photographies et de moulages de cerveaux d'hydro-
Ci-phales; par M. Konakoff, sur une forme particulière de
maladie mentale combinée avec la névrite multiple dégénéra-
tive.
M. J. Morel propose, au nom de la Société de médecine men-
tale de Belgique, la classification suivante pour dresser une sta-
tistique internationale des maladies mentales ; l*' manie (délire
aigu) ; 2"" mélancolie ; 3® folie périodique (folie à double forme),
etc.; 4*" folie systématisée progressive ; 5" démence vésauique;
0'' démence organique et sénile; 7° paralysie générale; 8** folies
iiévrosiques (hystérie, épilepsie, hypocondrie, etc.); 9^ folies
toxiques; 10° folie morale et impulsive; 11° idiotie, etc. Cette
statistique est adoptée par le Congrès, après quelques discus-
sions de détail.
PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE
l.es communications intéressant directement la médecine se
sont forcément trouvées peu nombreuses, dans ce Congrès d'un
caractère si spécial, et qui s'est divisé en trois sections consa-
crées Tune à Tétude des hallucinations, l'autre à Tétude de
rhérédité et la dernière à Tétude de Thypnotisme.
Une enquête sur les hallucinations, analogue à celles qui ont
été tentées depuis longtemps en Angleterre et en Amérique,
vient d'être entreprise par M. MariiUer afin de connaître la
fréquence des hallucinations chez les personnes saines. 11 a
envoyé à un grand nombre de personnes appartenant à des
conditions très diverses deux questionnaires. Au premier il faut
répondre par oui ou par non à la question suivante : Avez-vous
éprouvé, après vingt ans, en dehors de la maladie ou de la
lièvre, une impression, par la vue, l'ouïe ou le toucher, d'objets
vivants ou inertes non réels? La seconde question, adressée seu-
lement aux personnes oui ont répondu oui à la première,
demande de préciser les détails les plus circonstanciés sur les
caractères de l'hallucination éprouvée. M. Marillier espère par-
venir à obtenir des renseignements suffisantes sur les halluci-
nations véridiques ou télépathiques, qui ont pour caractère de
correspondre exactement à un fait réel se passant au même
instant à une distance plus ou moins grande du sujet halluciné.
M. Tigerstedt voudrait qu'on publiât aussi le récit de l'halluci-
nation fait par le sujet. M. Pierre Janet propose oue les ques-
tionnaires ne soient envoyés qu'à des médecins ou a des psycho-
logues compétents en la matière ; et que l'on soit moins rigou-
reux au point de vue de f état de santé des sujets, tout en
notant en regard de chacun d'eux l'affection dont ils paraissent
atteints.
M. Binet a fait des expériences pour démontrer que l'intensité
des sensations est un des facteurs principaux qui règlent la
répartition des phénomènes entre les deux personnalités. Les
sensations les plus intenses sont seules perçues par la pre-
mière, les moins intenses sont recueillies par la seconde.
Lorsque l'on présente à l'œil d'une hystérique un petit carré de
papier rouge sur un fond blanc, s'il n'a que 2 millimètres de
côté, elle ne le voit pas; s'il a 4 millimètres de côté, elle le
distingue parfaitement. La sensation la plus intense est donc
seule perçue; la moins intense ne l'est pas ; elle est recueillie
par la personnalité inconsciente. Autre expérience plus nette
encore: on fait lire à une hystérique les lignes du tableau de
Wecker, elle a une acuité visuelle de 1/2; si on consulte l'in-
conscient, aue l'on peut faire répondre par l'écriture automa-
tique, on lui trouve une acuité visuelle de 3/4. Il a donc une
acuité visuelle plus grande, il peut lire des caractères que la
personnalité consciente ne voit pas.
Étudiant le rôle des centres moteurs chez les jeunes ani-
maux, M. Uerzen a vu que, si on enlève sur un chien nou-
veau-né les centres corticaux moteurs du gyrus sigmoïde d'un
côté, il ne se produit aucun symptôme. Plus Tanimal est jeune,
pins les symptômes disparaissent rapidement. Si l'on pratique
plus tard la même opération du côté opposé, plus l'animal était
jeune au moment de la première, moins les symptômes de la
seconde sont marqués. En faisant la première opération sur le
chien nouveau-né et la deuxième au oout de deux mois, il ne
se produit aucun symptôme ; cette expérience prouve que, en
cas d'ablation d'un gyrus sigmoïde, ce n'est pas le gyrus sig-
moïde du côté opposé qui lui supplée, mais bien un centre
secondaire du même côté, qui, en l'absence du centre supérieur,
le remplace.
M. de Varigny cite un cas d'audition colorée. M. Gruber cite
le cas d'un étudiant pour lequel les lettres avaient non seule-
ment une couleur, mais même une saveur spéciale. M. Benedikt
attribue ces cas aux relations nerveuses de différents nerfs
sensifs avec le trijumeau. M. CA. Bicket présente un chien
atteint de cécité psychique expérimentale.
Les expériences entreprises par M. Danilewski sur un grand
nombre d'animaux d'espèces variées lui permettent d'affirmer
que l'hypnotisme des animaux consiste en une sorte de para-
lysie de la volonté, par une sorte de renoncement à la lutte
devant une force supérieure ; il est d'autant plus complet que
le cerveau est plus apte à sentir sa défaite, c'est-à-dire plus
développé. Chez l'homme, c'est la concentration de Tattention
qui joue le rôle de la violence extérieure, douce et continue
chez les animaux.
D'ailleurs tout est-il donc suggestion dans l'hypnotisme, comme
le voudrait M. Rernheim? M. Ochorowicz ne saurait être de cet
avis : chez certains sujets, on guérit par l'hypnose des maladies
qu'on n'avait pas en vue. L'hypnotisme chez les enfants, chez
les animaux, ne peut être expliqué par la suggestion. Pour
M. Berriheim, toutes les actions physiques dont on parle : aimant,
métaux, fluide neurique, semblent fort discutables, l'action psy-
chique, la suggestion semble seule certaine et acquise. L hy-
pnotisme qu'on obtient chez les animaux n'est évidemment pas
produit par suggestion, mais aussi il n'est nullement comparanle
au sommeil provoaué chez l'homme. C'est une véritable stupeur
cérébrale, semblable à celle que l'on rencontre quelquefois dans
la lièvre typhoïde. Chez les enfants, l'hypnotisme n'est possible
que quand ils sont arrivés à l'âge de raison. M. Liébault a obtenu,
il est vrai, l'hypnose chez des enfants en très bas âge, presque*
à la mamelle, mais, là encore, il devait y avoir une sorte do
suggestion vague, comprise par Tenfant, et le fluide n'y était
pour rien. Cependant, objecte M. Gilbert-Ballet^ lorsque l'hyp-
nose est obtenue brusquement par un coup de tam-tam, ou par
un rayon lumineux subit, il est bien difficile d'admettre qu'il y
ait là suggestion ; relTct obtenu est si rapide qu'il n'y a pas
place pour un jugement compliqué entre la cause et le résultat
obtenu. En ce cas, réplique M. Bemheim, les malades
ont déjà été endormis une première fois par ce procédé ; c'est
un rappel immédiat d'un travail suggestif antérieur. M. Pierre
Janet cite deux cas dans lesquels il a observé la catalepsie sur-
venue à la suite d'un éclair et d'un brusaue rayon lumineux,
sans que jamais ce genre de procédé ait été employé pour en-
dormir ces malades. C'est là de la catalepsie et non de l'hypno-
tisme, objecte encore M. Bernheim.
HYPNOTISME
M. Bernheim^ passant en revue les divers procédés destinés à
provoquer 1 hypnose et à augmenter la suggestibilité au point de
vue thérapeutique, c*est-à-dire la fixation d'un objet brillant et
la suggestion verbale, croit devoir constater que toutes ces pra-
tiques se ramènent à la suggestion ; la fatigue que cause la
flxation du regard, les passes diverses, n'agissent qu'en suggé-
rant l'idée de dormir et les zones dites hypnogènes n'existent pas
si on évite les suggestions. C'est donc la suggestion verbale qui
constitue le meilleur procédé; il faut la faire persuasive ou
impéralive, suivent le caractère du patient, et éviter les contre-
suggestions résultant des hésitations de l'opérateur. La sugges-
tion est d'ailleurs possible et très efficace à l'état de veille chez
certains sujets pour lesquels l'idée se transforme immédiatement
en acte, comme si Tiniliative cérébrale n'avait pas le temps
d'intervenir. M. Bernheim déclare ensuite que la psychothérapie
suggestive a pour but de guérir en faisant pénétrer dans le
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
23 Août 18S9
cerveau, hypnotisé ou non, la persuasion de la guérison ou de la
cessation des troubles. La suggestion a toujours été em(>loyéey
quoique inconsciemment, par les médecins; la prescription de
substances inertes, sous des noms scientifiques, n*est pas autre
chose et différentes pratiques de l'hydrothérapie, de Télectro-
thérapie, de Taimantation, de la mélallolhérapie et même de la
suspension dans le tabès, n'agissent pas autrement. Laissons
donc à Fesprit le rôle considérable qu'il a dans les phénomènes
morbides; comme il y a une psychologie, il existe une psycho-
thérapie, et heureusement pour la thérapeulique, la crédivitéest
inhérente à Fesprit humain.
M. Gilles de la Tourelle voit bien qu'il est question de
suggestion, mais où est l'hypnotisme dans cette description?
Quel est le critérium de stigmates physiques qui permette
d'affirmer ^ue le patient a dormi autrement que sur son aflir-
mation, qui ne saurait suffire? Gomment admettre le rôle de la
suggestion dans la suspension et dans l'application des aimants,
alors que ces pratiques n'empêchent pas les troubles vésicaux,
les douleurs, l'incoordination des mouvements? La suggestion
manque aussi, fait observer M. Guermonprez, dans les cas
d*hypnose subite par coup de tonnerre, coup de fusil, trauma-
tisme, etc.. La psychologie a cependant ses lois, objecte
yt, Bernheim, comme la physioloj^ie ; toute cellule cérébrale,
actionnée par une idée, tend a réaliser cette idée; l'idée doit se
faire acte ; cette transformation se fait plus facilement quand
l'automatisme cérébral est paralysé par l'engourdissement des
facultés supérieures (attention, perception, etc.).
— MM. van Reulerghem et van Eeden ont traité \\i malades
par la méthode de suggestion verbale de Nancy, pratiquée sans
violence et après une période d'entraînement par persuasion,
d'autant plus prolongée que le sujet était plus intelligent. Ces
malades étaient atteints d'affections organiques du système
nerveux, de névroses, de maladies mentales, de névralgies et
de maladies des autres appareils que le système nerveux. Dans
71 cas, il n'y a eu aucun résultat; dans 9â, une amélioration
légère; 98 fois, amélioration notable ; iOÛ fois, guérison; 57 cas
n'ont pas été suivis. Les contre-indications principales notées
par les auteurs sont la crainte insurmontable du sujet en trai-
tement et la folie.
M. Fontan dit avoir pu accélérer la guérison de plusieurs
hémiplégiques et apoplectiques et avoir obtenu des résultats
dans les myélites et la sclérose en plaques^à l'aide delà sugges-
tion hypnotique. M. Goscard rapporte deux cas de guérison de
jnétrorrhagie.
M. A. Voisin, traitant des indications de Thypnotisme et de
la suggestion dans le traitement des maladies mentales, rappelle
qu'il réussit en 1880 à jprâtiquer l'hypnotisme dans un cas de
manie aiguë, et depuis il est parvenu à obtenir l'hypnose sur
10 malades pour 100 environ; il a, en outre, applique l'hypno-
tisme à combattre les vices, les penchants inférieurs, Tabus des
médicaments, certaines défectuosités de l'intelligence, les
névralgies, contractures, les troubles qui apparaissent pendant
la menstruation chez les aliénées. Voiciles règles de sa pratique:
il faut beaucoup de temps et de patience, recommencer dix et
vingt fois les tentatives; il faut obtenir la léthargie ou le som-
nambulisme, mais mieux la première; laisser dormir une demi-
heure ou uns^uTfi Jl ia.{u:emiècej&éance^et ne commencer la
suggestion au'à la seconde. U n'agit alors que sur une seule
conception aélirante, et a soin de laisser dormir longtemps,
vingt-quatre heures. Il faut articuler impérieusement la sugges-
tion, dégager le malade de toute influence extérieure, puis com-
battre successivement chaque hallucination; il faut effriter son
délire par fragments. Puis on persuade que la guérison est possible,
et enfin, on l'affirme. L'aliéné manifeste parfois de la mauvaise
humeur quand on combat son hallucination ; il faut alors insister
jusqu'à ce qu'il donne son assentiment. Cette pratique lui a
donné de bons résultats dans les troubles et hallucinations des
sens ou de la sensibilité générale, dans la dyschromatopsie,
dans Tanesthésie et l'hYperesthésie, les paralysies et contractures
névropathiques, dans 1 onanisme; de même, l'hypnotisme est très
efficace pour moraliser des enfants dégénérés et profondément
vicieux. Il a observé des rechutes chez les aliénés dans un
dixième des cas; aussi a-t-il soin de renouveler le traitement à
des intervalles d'un à six mois.
M. Bérillon a été chargé de faire connaître les résultats de la
suggestion pour la pédiatrie et l'éducation mentale des enfants
vicieux et dégénérés. 11 formule les conclusions suivantes : 1 1 1
suggestion employée rationnellement par des médecins expti-n-
mentés et compétents constitue un agent thérapeulique, tr**-
quemment susceptible d'être appliqué avec avantage eu pédu-
trie; S"* les affections dans lesquelles les indications de h
suggestion ont été établies chez les enfants par des faits rigoiH
reusement observés, sont: l'incontinence nocturne d'urine, Tin-
continence nocturne et, diurne des matières fécales, les tic-
nerveux, les terreurs nocturnes, la chorée rhytmique, ronaoî^n*-
irrésistible, le blépharospasme, les attaques couvulsives d'li\-
térie, les troubles purement fonctionnels du système nerveu\ .
3" la suggestion na pas, jusqu'à ce jour, donné de résultat^
appréciables dans le traitement de l'idiotie ou du crélinisnie :
i^ la suggestion, envisagée au point de vue pédagogiqu*'.
constitue un excellent auxiliaire aans l'éducation des enfanta
vicieux ou dégénérés; 5^ l'emploi de la suggestion doit élr»-
réservé pour les cas où les pédagogues avouent leur compl*'!**
impuissance ; elle est surtout indiquée pour réagir contre \f^
instincts vicieux, les habitudes de mensonges, de cruauté, J*-
vol, de paresse invétérée; 6» le médecin sera seul juge de Top-
portunité, de l'application de la suggestion contre ces inanif*'s-
talions mentales, qui sont souvent sous la dépendance d'un
véritable état pathologique, et, en aucun cas, nous ne conseillons
l'usage de la suggestion en pédagogie lorsque l'enfant >en
susceptible d'être amendé par les procédés habituels de ledu-
cation.
Considérant l'influence désastreuse que les criminels exer-
cent dans les prisons sur les prisonniers hystériques, M. Laurent
fait approuver par le Congrès le vœu que les hystériques délia-
auants doivent être isolés dans les prisons* et mis sous la
dépendance des médecins.
En ce qui concerne les séances publiques d'hypnotisme, 1«-
Congrès, sur le rapport de M. Ladame, adopte, après discus-
sion, les propositions suivantes : 1*> les séances publiques d'hvpno-
tisme et de magnétisme doivent être interdites par les aatbritt''<
administratives, au nom de l'hygiène publique et de la polire
sanitaire; ^^'^ la pratique de l'hypnotisme et du magnetism»'
comme moyen ciiratif doit être soumise aux lois et aux règle-
ments qui régissent l'exercice de la médecine; 3"* il est désirabl«-
3 ne l'étude de l'hypnotisme et de ses applications soit intro-
uite dans l'enseignement des sciences meaicales.
HYGIÈNE
Six questions principales étaient soumises aux délibérations du
Congrès international d'hygiène, d'après des rapports prépan-^
à l'avance; en outre, un nombre considérable de communica-
tions ont été faites par les membres du Congrès; aussi dans cr
compte rendu sommaire nous est-il possible de ne nous occuper
que d'un nombre restreint de ces communications, celles tout au
moins qui ont été suivies de veux importants adoptés par !«'
Congrès.
MM. Landouzy et Napias, dans leurs rapports sur les mesures
d'ordre législatif, administratif et médical prises dans les diver>
pays pour la protection de la santé et de la vie de la prenitrrf
enfance, concluent à la nécessité d'une enquête qui permette
d'avoir des documents concordants sur ces questions. Pour cola
il faut : adopter dans tous les pays un mode uniforme de la sta-
tistique de la mortalité des enfants du premier âge, mortalité
notée d'année en année; enregistrer les décès après enquête
rigoureuse établissant : la nature de la maladie, la date de nais-
sance, le mode d'élevage, la nature du biberon, la nature du lait,
les maladies transmissibles dont auraient pu être atteintes les
personnes aui ont donné des soins aux enfants; la salubrité du
logement ; faciliter l'alimentation maternelle ; dans les cas où elle
est impossible, favoriser l'allaitement artificiel oui donnera W
fdus de garanties contre la transmission des maladies ; répandre
es notions d'hygiène infantile; que les jeunes filles dans les der-
nières années de l'école aillent dans les crèches apprendre a
soigner les enfants; diminuer la durée du travail de fa femme à
l'atelier ou à l'usine. Ces propositions reçoivent l'assentiment
du Congrès. Un grand nombre d'orateurs demandent que l'exé-
cution de la loi Roussel soit assurée dans toutes les parties de
la France et suggèrent des modifications propres à assurer cette
exécution; les uns demandent une extension des pouvoirs de l'in-
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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specteup médical, des primes de déclaration pour les nourrices
et les gardes champêtres; d'autres, que reiifanl de la fille-mère
élevé chez des parents bénéficie des avantages de la loi, que dans
les écoles le médecin ait autorité pour les mesures d'hygit^'ne et
les r('giesde Talimentation, que la connaissance dos notions con-
cernant l'hygiène et spécialement Thygiène infantile qui figurent
sur les programmes aes brevets de capacité supérieure et pri-
maire soit réellement exigée des aspirantes et aspirants à ces bre-
vets, et qu'à cet effet des médecins figurent dans les jurys d'exa-
men. Ue plus, le Congrès, ayant constaté la nécessité d'une enquête
permanente sur les conditions qui déterminent la mortalité
excessive des enfants du premier âge, émet le vœu que la Société
de médecine publique et d'hygiène professionelle de Paris, insti-
gatrice du Congrès, s mette en rapport avec les bureaux des
institutions d*hy^iène de France et ae l'étranger pour faire étu-
dier cette question par une commission internationale perma-
nente.
M.Jablonski, appelant l'attention snr le caractère transmissible
de la suette et de la roséole, demande que les élèves des établis-
ments d'instruction atteints de ces maladies soient isolés de leurs
camarades; la durée de l'isolement sera de quarante jours pour
la suette et de vingt-cinq pour la roséole. En outre, les élèves
atteints ou suspects de tuberculose seront renvoyés dans leur
famille; ils ne pourront être admis de nouveau dans aucun éta-
blissement scolaire s'ils n'ont été préalablement soumis à l'in-
spection d'un médecin déléj^é, qui s'assurera par l'auscullalion,
la percussion, la mensuration du thorax et les autres procédés
de diagnostic, qu'ils ne présentent aucun signe ancien ou récent
de la maladie. Le Congrès approuve que la suette entre dans le
cadre d s maladies qui demandent des mesures prophylactiques
et repousse l'adjonction de la roséole à ces maladies. Sur le vœu
de Mm. Landouzy et Layet, il décide que les enfants atteints de
tuberculose pulmonaire confirmée pourront nécessiter des mesures
prophylactiques après avis du médecin autorisé
En ce qui concerne l'inspection médicale des école, sur le vœu
de M. Dehailley le Congrès demantle qu'elle soit partout effec-
tuée; que le médecin in^^pecteur soit nommé par l'État, et
qu'en attendant que la loi décide qu'un médecin fasse partie du
Lonseil départemental, il serait désirable que l'un des deux
membres laissés au choix du préfet fut un médecin.
La nouvelle organisation du service sanitaire dans les Vosges
est exposée par M. Lardier, Il insiste plus particulièrement sur
le bulletin sanitaire qui est envoyé à intervalles réguliers aux
médecins civils et militaires, aux instituteurs et aux institu-
trices; on connaît ainsi les régions où existent, par exemple, la
scarlatine et la diphthérie; on évite de s'y rendre inutilement;
et ceux qui sont forcés de les parcourir peuvent prendre les
J précautions m'cessaires pour ne pas apporter ces maladies dans
eur foyer. Il demande {extension de cette mesure à toute la
France. M. Nocard appuie cette demande, qui est appuyée par
le Congrès.
L'action du sol sur les germes pathog[ènes donne lieu à un rap-
port dans lequel MM. Grancker et Richard exposent que les
germes pathogènes déposés sur le sol sont surtout cantonnés
dans les couches les plus superficielles; à la (aible profondeur de
0",oO à \ mètre, on n'en trouve plus que très peu. Ils se multi-
plient difficilement dans le sol, mais peuvent s y conserver long-
temps à l'état de spores. Les germes pathogènes du sol sont
détruits par la concurrence des saprop^iytes ; ceux de la surfai e
le sont surtout par l'action de la lumière solaire; celle-ci doit
être considérée comme un puissant agent d'a^jsainissement. La
culture intensive qui ramène successivement à la surface les
f fermes de la profondeur, est le meilleur procédé pour détruire
es germes pathogènes du sol. Les bouleversements de terrain
mettent en circulation une grande quantité de germes putho-
gèues. Une couche continue de 2 à 3 mèti;es de terre suffit en
général pour protéger la nappe souterraine contre l'apport de
germes pathogènes.
L'exposé de ce rapport est suivi d'une discussion importante.
M. ValUn fait observer que si les couches superficielles du
sol renferment le bacille au tétanos et le microoe de l'œdème
malin, 80 pour 100 des souris inoculées meurent; comment
alors concilier ces expériences avec les résultats de l'observation
journalière? Ne voit-un pas chaque jour un nombre considérable
de plaies souillées par la terre, et pourtant combien peu nom-
breux sont les cas oe tétanos ! D'autre paît, si la lumière et la '
dessiccation détruisent les micro-organismes, comment se fait-il
que les couches les plus superficielles soient les plus riches en
bactéries? M. Richard objecte qu'il est rare que les conditions
d'inoculations pratiquées cher les animaux se réalisent chez
l'homme. Un simple contact ne suffit pas; il pourrait citer,
en bactérie 'ogie, des exemples analogues : les cobayes inoculés
avec le virus tuberculeux deviennent presque toujours, sinon
toujours, tuberculeux, et ces mêmes animaux ne se tuberculisent
jamais spontanément, <|uoique souvent en contact avec des
bacilles de Koch, dissémines un peu partouL D'autre part,
comme le faii remarquer M. Cornil, quand il y a une blessure
un peu profonde, une fracture comminutive par exemple, et
que les extrémités osseuses pénètrent dans la terre, il est bien
rare qu'il n'y ait pas de septicémie gangreneuse ou de tétanos.
Enfin, il existe aujourd'hui un certain nombre de faits bien étu-
diés et bien établis desquels il résulte que la terre végétale
introduite accidentellement chez l'homme dans les tissus a
déterminé le tétanos.
Pour M. Nocard, le cheval est très apte à contracter la septi-
cémie gangreneuse ; or, si on essaye de la lui communiquer par
inoculation à la lancette, on ne réussit pas, le bacille ne prospère
pas au contact de l'air; il peut en être de même pour celui du
tétanos. M. Chantemess^ a été appelé à étudier deux épidémies
de tétanos chirurgical : épidémies limitées à un petit nombre
de lits d'une même salle. 11 a pris, au niveau de ces lits, de la
f^oussière entre les fentes du parquet ; il Ta trouvée très viru-
ente ; cette virulence, d'ailleurs, disparaissait après une expo-
sition de quelques heures à la lumière solaire ; là encore on
Pourrait incriminer la terre. M. Le Roy des Rarres aurait pu,
ans deux affîtires médico-légales concernant deux individus
morts du tétanos, sans un examen minutieux, conclure à une
origine non tellurique; mais dans les deux cas, il a trouvé aux
pieds des plaies qui avaient dû servir de porte d'entrée à l'agent
tétanique.
M. Cornil fait observer que s'il y a aujourd'hui quelques points
acquis concernant Tétiologie du tétanos, il reste encore bien des
obscurités. Le microbe de Nicolaïer lui-même est-il bien le
microbe du tétanos? Il n'oserait Taffirmer. M. Chanteniesse Ta
cultivé à l'état de pureté et, jusqu'ici, les produits de ces cul-
tures restent absolument inoffensifs. Il ne parait pas douteux
que la terre donne le tétanos, mais nous ne connaissons pas
encore l'agent pathogène. S'agirait-il, par hasard, romme le mit
remarquer M. Crocq, d'un agent chimique, quelque chose d'ana-
logue à la tétanine isolée par Brieger? La chose est encore
possible.
M. van den Corput revient à l'action du sol sur les germes
pathogènes ; il admet le rôle destructeur des couches superfi-
cielles de la terre et reconnaît toute Futilité des systèmes
d'épandage là où on peut les établir ; cependant la chose n'est
pas toujours possible, ce qui est le cas pour Bruxelles, par
exemple. D'autre part, il est des circonstances où ces germes
peuvent se conserver et devenir nocifs ; c'est pourquoi, en Bel-
gique, on recommande de procéder à la destruction par le feu de
toutes les déjections d'individus atteints de maladies transmis-
sibles. M. Thibaut croit que Tépandage est le moyen d'assai-
nissement de l'avenir; ce qui se passe aux environs de Lille et
dans la plupart des villes d Angleterre, où la fièvre typhoïde est
chose rare, a fini par le convaincre complètement. M. Chante-
mêsxe pense aue deux sûretés valant mieux qu'une, rien n'em-
pêcherait de aésinfecter les déjections des malades par un moyen
Pratique et peu coûteux, comme l'eau de chaux par exemple, et
e les envoyer ensuite à l'égout et au champ d'épandage.
M. Drysdale rappi^lle qu'en Angleterre l'ôpandage se pratique
dans un grand nombre de villes. Les résultats qu'on a obtenus
sont véritablement satisfaisants, ainsi que le confirme encore
un rapport de M. Carpenter, de Londres, sur la ferme de
Croydon, où la mortalité moyenne depuis trente ans ne dépasse
pas' 13 pour 1000. MM. WMz et mosny communiquent des
recherches récentes sur la question en discussion. Ils ont essayé,
au moyen d'un appareil composé de deux cylindres réunis à leur
partie inférieure par des tub<s en caoutchouc et formant vases
communiquants, d'étudier à quelle profondeur pouvaient des-
cendre dans le sol les bacilles typhiques, et quelle était l'in-
fluence qu'exerçaient sur eux les variations de la nappe d'eau
souterraine. En ce qui concerne le premier point, les recherches
ont été conlirmaiives de celles de MM. Grancher et Deschamps;
ils n'ont jamais trouvé le bacille typhique au delà de soixante
centimètres de profondeur. D'autre part, ils se sont assurés qu'en
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amenant la nappe d'eau souterraine jusqu'à cinquante centi-
mètres de la surface du sol, celte nappe d*eau n'entraînait pas
de bacille lyphique, ou au moins de bacilles vivants.
Sur une importante communication de M. Pacchiotti, un vœu
est unanimement adopté en faveur du système du tout à Tégout
et de l'utilisation des eaux d'égout par leur épandage sur le sol,
ainsi que sur un mémoire de M. Deligny, un autre vœu pour
Tabonnement obligatoire aux eaux. A celte occasion, le Congrès
demande qu'un monument soit élevé à la mémoire de M. A.DU'
rand'Claye, à Gennevilliers.
Sont également adoptées les propositions suivantes du rapport
de MM. Arnould et A,-J, Martin, sur la protection des cours
d'eau et des nappes souterraines contre la pollution par les
résidus industriel :
1® La projection de résidus industriels, gênants ou dangereux
dans les cours d'eau, doit êlre interdite en principe. Il en est de
même de leur introduction dans les nappes souterraines, soit
par des puils perdus, soit par des dépôts à la surface du sol,
soit par des epandages agricoles mal conçus et exécutés sans
mélbode. 2* Les eaux résiduaires d'industrie peuvent être admises
dans les cours d*eau et nappes, toutes les fois qu'elles auront
subi un traitement entraînant la garantie qu'elles ne mêleront
aux eauxpublîquesaucune matière encombrante, putride, toxique
ou infectieuse, ni quoi que ce soit qui en change les propriétés
naturelles. 3*" L'épuration des eaux d industrie doit être imposée.
Elle sera exécutée selon des modes appropriés à chaque indus-
trie. 4* L'épuration par le sol est le procédé actuellement le
plus parfait que l'on puisse appliquer aux eaux résiduaires des
industries qui travaillent des matières organiques. Elle peut
toujours et doit quelquefois être combinée à des opérations
mécaniques ou chimiques, qui assurent la neutralisation des
eaux et les préparent à l'absorption par le sol. L'irrigation
méthodique avec utilisation apicole est la meilleure manière
d'exploiter les propriétés assainissantes du sol. 5<* Les procédés
prescrits par l'administration en vue d'empêcher la pollution des
cours d'eau et des nappes souterraines par des résidus indus-
triels doivent être, en cas de refus persistant de la part des inté-
ressés, mis à exécution d'office, dans les conditions spéciHées aux
articles 35, 36 et 37 de la loi du 16 septembre 1807 et par le
décret du 15 octobre 1810.
M. Proust a été chargé du rapport sur l'assainissement des
Sorts. 11 conclut qu'il est du devoir strict des gouvernements et
es municipalités d'assainir les ports; cet assainissement des
ports s'impose plus encore que l'assainissement d'une ville quel-
conque; c est seulement lorsque les ports seront assainis crue Ton
verra diminuer dans une proportion considérable la mortalité par
maladies infectieuses; c'est seulement alors que les ports présen-
tant un terrain réfractaire à la pénétration clés germes morbides
exotiques, on pourra supprimer complètement les dernières
entraves quarantenaires.
Ces propositions reçoivent l'assentiment du Congrès; elles
sont l'occasion d'une discussion sur les mesures quarantenaires
aux ports d'embarquement et d'arrivée, ainsi que sur celles de
ces mesures qu'il y a lieu de prendre en cours de traversée, A la
demande de M. Sané^ le vœu est émis que les propositions adop-
tées parla conférence de Rome soient suivies d'une convention
internationale; et qu'en attendant, chaque nation fasse tout ce
qui est possible pour atteindre le but cherché et diminuer les
entraves apportées au commerce en nommant les médecins em-
barqués des Compagnies subventionnées qui relèveraient direc-
tement de l'État et ne jpourraient être révoqués que par lui.
M. Treille fait ensuite adopter le vœu que lors de l'établissement
du cahier des charges pour les Compagnies maritimes subven-
tionnées, une clause y soit introduite permettant à l'État un con-
trôle sérieux et efficace sur le service médical et hygiénique du
bord. On adopte aussi le vœu de M. Vijnard que la plus grande
publicité possible soit donnée aux actes de l'administration sani-
taire.
M. Mahé rappelle qu'une épidémie de peste dans l'Asie, sur le
littoral de la mer Rouge, sévit en ce moment, qu'elle fait beau-
coup de victimes, bien que limitée. Il saisit celte occasion pour
faire une étude sur cette affection. La peste est allée en dimi-
nuant, en Europe, depuis le commencement du dix-huitième
siècle et en est presque entièrement disparue. Dans la plupart
des pays, elle ï^st en grande diminution; cejpendant la pesté
bubonique règne encore en Afrique et en Arabie; c'est daus If
pays des Turcomans et en Indo-Chine qu'on trouve les plu$
grands foyers de peste où elle se manifeste d'une manière à peu
f»rès périodique. La peste des cinquante dernières années est
a même que celle des autres siècles; elle est tantôt foudroyantr.
tantôt sa marche est moins rapide et affecte p«irfois le*^ tvpr
hémorrhagique et la forme bubonique ; cependant les maiiii'e^-
talions modernes sont atténuées, quoique de même nature. Les
principales conditions qui favorisent la peste sont la séch«^ress«'
et la misère; la nature géologique et philosophic|ue du sol parait
être sans grande inÛuence. L'automne et le printemps sont le«
saisons de prédilection; par contre, les hautes température>
semblent en arréler le développement. La peste n'existe pa^
sous les tropiques. La propagation de la pe<te se fait rarement
à grande dislance. Le meilleur moyen prophjlactiaue conseillé
et mis en pratique consiste à fuir le pays infecté; en consé-
quence, il faut employer les mesures extrêmes : faire aban-
donner les villes oii la peste a sévi, faire brûler les maisons et
tous les objets ayant appartenu aux pestiférés. L'étude de cette
maladie étant entièrement à refaire, le Congrès, à la demande
de M. Treille, émet le vœu qu'une mission scientifique soil en-
voyée pour faire des recherches bactériologiques sur cette
affection.
A la suite d'une communication de M. Mossé sur la prophy-
laxie de la tuberculose, le Congres, sur sa proposition, émet le
vœu que dans toutes les villes possédant une étuve à désinfection,
les objets de literie, tapis, tentures ne soient admis à la salle des
ventes publiques que munis d'une attestation constatant que ce^
objets ont été soumis à lu désinfection par l'étuve. M. Pouchet
fait en outre approuver le vœu que, en raison de la présence
possible de germes infectieux dans les tapis et les tentures, les
ateliers de battages de tapis, établissements classés» soient désor-
mais obligés de pratiquer la désinfection des tapis et tentures
avant d'en opérer le battage.
M. Guilletnain expose les résultats obtenus par la vaccination
et la revaccination dans l'armée. Sur sa proposition, le Congrè>
est d'avis que, sans attendre une loi^ on emploie tous les moyens
administratifs possibles pour vulfi^anser la vaccine dans la popu-
lation civile et que le certiGcat de vaccination soit exigé à l'en-
trée dans les administrations publiques, dans les écoles, les
hôpitaux, pour l'inscription au bureau de bienfaisance.
MM. Brouardely G, Pouchet et P. Loye. chargés de faire un
rapport sur les accidents causés par les sunstances alimentaires,
d'origine animale, contenant des alcaloïdes toxiques, concluent
au'il y a lieu de faire à cet égard quelques réserves, les ani-
enls pouvant être attribués dans quelques cas à la pullulalioii
dans le tube digestif de microbes amenés par les matières ali-
mentaires. La chair de certains poissons se montre, en dehors
de toute altération, toxique pour rhomme; mais le plus souvent
ce n'est que lorsque les aliments ont subi une certaine altération,
qu'ils sont toxiques. Ces altérations sont souvent assez pt*a
visibles pour ne pas attirer l'attention; tiintôt ce sont des
viandes fraîches, même des viandes cuites et souvent des con-
serves. Le lait, la crème, le beurre, les fromages, ont dan«i
certains cas provoqué ces accidents. Les troubles gastro-intesti-
naux sont les premiers à apparaître; les accidents nerveux débu-
tent plus tardivement; le malade est sujet à des lipothymies, et
dans les cas graves il succombe au plus tard au dixième jour
après le repas funeste; certains individus sont plus malades qui*
d autres, en particulier les personnes dont les reins sont atteints.
Quelle est la raison de ces accidents, intoxication ou infection 1
On les attribue aux ptomaînes, mais la démonstration directe di*
l'existence de ces alcaloïdes animaux dans les produits soumis à
l'expertise a été Tcxception. Quant à Finfection, il existe des cuh
où ron a trouvé dans les viandes des microbes pathogènes abso-
lument inconnus, et où ces microbes ont été retrouvés également
dans l'intestin des victimes. La question de savoir si on a affairt»
à une infection ou une intoxication a une importance considt'*-
rable, caries moyens prophylactiques et thérapeutiques ne seront
plus les mêmes; ainsi, la cuisson, toute-puissante dans un cas,
ne vaut rien dans l'autre. Le problème n'est donc pas encon*
résolu, et nous appelons de tous nos vœux des recherches plu>
précises et plus complètes. Il faut qjie les hygiénistes puissent,
à bon escient, formuler les prescriptions et règlements destinés
à veiller sur la santé publique. Les discussions sur les fiilsifica-
lions des substances alimentaires se terminent par l'adoption
23 Août 1889
6AZEÏTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 34 — 551
des propositions suivantes : dans les pays où la loi ne fait pas de
distinciion enire les simples falsilicatioos et les fraudes nuisi-
bleSy il est indispensable qu^elle fixe une pénalité plus forte pour
cette dernière catégorie; la surveillance des denrées alimen-
taires doit être organisée d*une manière uniforme sur tout le
territoire, notamment dans les campagnes; la législation doit
exiger que les produits artificiels mis en vente soient munis
d'une étiquette montrant ce caractère.
M. KuborHf examinant Pétat sanitaire des ouvriers mineurs
en Belgique, rappelle qu*à la suite d'une discussion devant
TAcadémie de médecine de Belgique, il y a vingt ans, plusieurs
exploitants du bassin de Liège ont pris spontanément la décision
d'exclure les femmes des travaux souterrains et de ne plus
admettre les hommes qu'à partir de douze ans; cette mesure a
amené des résultais, car aujourd'hui la longévité moyenne des
mineurs est de quarante ans et huit mois, alors qu'elle n'était
autrefois que de trente-sept ans et sit mois (dans le bassin de
Seraing), ce qui démontre que les conditions hygiéniques dans
lesquelles sont placés les mineurs du bassin de Lièffe sont rela-
tivement satisfaisantes. On a surtout constaté Ta rareté de
la tuberculose pulmonaire ; est-elle due à Faction des
émanations de la houille? Il signale, en passaut, la confusion
faite entre le ramollissement tuberculeux et les phénomènes
caverneux résultant de la pneumonie chronique et de la dilata-
tion des bronches. M. Fabre est d'avis que la rareté de la tuber-
culose chez les mineurs peut être attribuée à ce fait que les
mineurs qui n'ont pas la force et la vigueur nécessaires
s'abstiennent de descendre dans les mines. lx>rsqu'ils sont
atteints de bronchite qui les rend réellement malades, ils cessent
leurs tmvaux et renoncent à leur métier. Quant à lanthracose,
c'est une maladie très fréquente; elle atteint presque tous les
mineurs, mais souvent elle est très légère et constitue à peine
une maladie. Pourtant, lorsqu'ils existent, elle augmente nota-
blement l'emphysème pulmonaire et la dilatation bronchique. Si
les poussières charbonneuses sont abondantes, elles entretien-
nent un état d'inflammation.
Après une longue et importante discussion sur la loi du
13 avril 1S50, relative aux logements insalubres, le Congrès, sur
le vœu de M. Hudelo^ demande la revision ae cette loi et
demande également, sur le vœu de M. Du Mesnil, que le
cubage d'air minimum exigé dans les logements, soit porté de
1i mètres cubes à 18 mètres cubes, sans préjudice, bien entendu,
lies conditions d'aération. ^
MM. Emile Trélat et Somasco^ après avoir exposé les condi-
tions sanitaires du chauffage et de l'aération dans les habita-
tions, concluent que l'hygiène commande de nous chauffer dans
nos maisons par radiation murale, d'y respirer toujours l'air le
plus frais, puisé immédiatement dans l'atmosphère extérieure
et introduit par les voies d'accès les plus nombreuses et les plus
diverses et d'aérer les murs dans leur profondeur. Ces proposi-
tions sont approuvées. M. Richard fait observer néanmoins
que ce qui souille l'air, ce sont tous les produits d'excrétion et
ce sont eux qu'il importe surtout d'éloigner et c'est contre eux
que la ventilation devrait être instituée; il y a lieu de recon-
naître deux sortes de ventilation : la ventilation antithermique
et la ventilation antimicrobienne; en tout cas, la ventilation
doit être large et doit être produite par une véritable chasse de
lair vicié. Le plus grand auxiliaire de la ventilation, c'est la
propreté et l'hygiène personnelles.
M. Drouineau demande que dans les hôpitaux, les salles
aient, pour chaque lit, un espace superficiel déterminé,
qui sera de 10 mètres pour les salles de malades et de 8 mètres
pour les dortoirs d'enfants, les salles d'infirmiers et de vieillards;
ce chiffre devra être fourni à chaque lil, quelles que soient l'é-
tendue de la salle et la ventilation extérieure ; chaque salle
portera inscrits, d'une manière apparente, la longueur et la
largeur de la pièce, ainsi que le nombre de lits qui y sont
affectés.
A la demande de M. i4.-J. Martin^ le Congrès adopte, en vue
de la réforme de la législation sanitaire, que : 1' les dépenses
sanitaires soient comprises parmi les dépenses obligatoires
inscrites aux budgets des communes et des départements ; 2^ la
déclaration des cas de maladies transmissibles, nettement spé-
cifiées par la loi, soit régulièrement faite par les personnes oui
en ont en connaissance, notamment par le médecin; 3" la loi
indique, parmi les mesures à prendre en matière de salubrité
des habitations, celles qui sont urgentes et ct^lles qui peuvent
être différées; 4^ dans Ik premier cas, alors que l'ui^ence a été
déclarée par une délibération expresse du conseil ou de la
commission compétente, c'est-à-dire en temps d'épidémie^ d'inon-
dation, d'incendie ou d'autres dangers publics, et lorsque la
salubrité immédiate de l'habitation est intéressée, les mesures
de nécessité ne doivent souffrir aucune lenteur; 5** l'autorité
qui, en pareil cas, encourt toute responsabilité légale, doit être
mise immédiatement en demeure d'agir et les représentants de
l'Etat, c'est-à-dire les préfets et en cas de besoin, le ministre,
doivent être aussitôt mis à même de surveiller, à tous les
degrés de leurs hiérarchies respectives et conformément aux
gre<:criptions légales, l'exécution des mesures prescrites;
^ dans tous les autres cas, il n'y aurait aucun inconvénient à
accorder les délais nécessaires pour procéder à des examens
contradictoires et porter les affaires devant la juridiction admi-
nistrative ou judiciaire suivant les cas, mais non sans que cette
juridiction ait pris l'avis du conseil ou de la commission dont la
délibération est l'objet d'un recours.
La section de crémation, après avoir assisté à plusieurs cré-
mations au Père-Lachaise et avoir étudié 1 état actuel de la cré-
mation en Europe, a conclu (^ue les gouvernements doivent faire
disparaître les obstacles législatifs qui s'opposent encore à la
crémation facultative des cadavres, et qu'ils avisent à organiser
la crémation des cadavres sur les champs de bataille. En parti-
culier, il y a lieu de créer une commission technique chargée de
doni^er son avis sur toutes les questions relatives à la pratique
de la crémation à Paris.
La section de démographie a, à son tour, émis divers vœux
tendant à obtenir la connaissance exacte de causes de décès,
par rétablissement d'une statistiijue sanitaire comprenant toutes
les communes : à cet effet, la déclaration de la cause du décès
devra être, dans chaque cas, donnée en première ligne par le
médecin traitant, et à défaut de celui-ci, par le médecin appelé
à vérifier la cause du décès; dans chaque localité, avant de pro-
céder à l'inhumation, l'autorité administrative exigera de la
famille du décédé un certificat constatant la cause du décès ;
l'autorité administrative sera invitée à transmettre, chaque
année, à tous les médecins de la localité des bulletins imprimés
de déclaration de décès portant au verso la nomenclature numé-
rotée des principales causes de mort, et qui serviront à délivrer
le permis d'inhumation, la cause du décès pouvant être indiquée
par un numéro; à ce certificat sera annexé, pour faciliter le tra-
vail de statistique et permettre l'unification du travail, un talon
à détacher portant indication exacte du diagnostic, et qui devra
être adresse à la préfecture ou au bureau d'ny^iène chargé de la
statistique. En outre, il y a lieu d'exiger la déclaration de tous
les produits de la gestation, en indiquant le mois de gestation;
et la section appelle tout particulièrement l'attention du gouver-
nement sur le rôle joué à Tégard de la morlinatalité par l'igno-
rance, et sur le nomnre excessif des sages-femmes.
Notons encore des communications : de M. Laugier, sur les
maladies aiguës et épidémiques observées à la maison de Nan-
terre; de M. Uau»er, sur la diphthérie à Madrid; de M. Seidky-
Bey. sur l'organisation sanitaire en Egypte ; de M. Thibaut,
sur l'influence des charrées de soude sur les cours d'eau ; de
M. Sevestre, sur la prophylaxie des maladies contagieuses dans
les lycées et écoles; de M. Motais^ sur la myopie scolaire dans
le centre de la France et sur l'hygiène de la vue pour les typo-
graphes et pour les couturières; de MM. Hirlz et Layet, sur la
vaccination; de M. Hnelj sur les décès par diphthérie à Reims
depuis 1881 ; de M. TreUle, sur l'hygiène du colon et du soldat
en Algérie ; de M. Devillars, sur les inconvénients des fêtes
foraines ; de M. Larger, sur les conditions étiologiquesdu tétanos ;
de M. Dubousqueî'Laborderie^ sur les causes des décès par
maladies épidémiques et contagieuses à Saint-Ouen; de M. Clf-
renbachy sur les stations climatériques pour les ouvriers pau-
vres ; de M»« Tkatcheff^ sur l'hygiène des ouvriers en Russie.
Le Congrès a tenu, en terminant, à adresser, sur la demande
de MM. Du Mesnil et Schneider j des remerciements à M. de
Freycinet, ministre de la guerre, pour les mesures qu'il a prises
afin d'assurer l'hygiène dans l'armée.
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N« 34 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
23 Août 1889
ASSISTANCE PUBLIQUE
Le nombre considérable des sujets traités dans le Congres de
l'assistance publique, et la nature spéciale de la plupart de ces
sujets nous obligent à n'insister que sur quelques-uns a entre eux.
A la séance d'ouverture, M. le président Th, Rounxel a tout
d'abord énuméré les principales tentatives faites en France
depuis quelques années pour organiser l'assistance publique
omcielle et préparer l'adoption de lois permettant à l'assistance,
tant publique que privée, d'acijnérir tout son développement :
unification détinilive des services de l'assistance, institution
du conseil supérîi'ur de l'assistance publique, réunion à la
direction de l'assistance de l'hygiène et de la médecine pu-
bliques, etc. Déjà la Convention, il y a un si^cle, avait déclaré
3ue les secours publics sont une dette sacrée ; rappelant celte
éclaration, M. ff. Monod montre la différence entre l'aumône
et l'épargne sociale, entre la bienfaisance et l'obligation sociale;
il considère l'intervention de l'Etat à l'assistance comme
l'application des principes de la justice à lintérél social. On
n'a, dit-il, encore rien f;iitlégislativement, ou ce qu'on a fait est
insuffisant. Tandis que l'enseignement est définitivement orga-
nisé, à telles enseignes qu'en 1S87 on a consacré à l'instruction
Publique 84 millions de francs, ce qui du reste n'exclut pas
initiative privée, on n'a pas fourni à l'assistance les garanties
d'intérêt public qui justement constituent les bases des services
réguliers sans lesquels rien nesubsiste.il compare, par exemole,
les preuves de capacité que Ton exige des instituteurs à celles
nue l'on doit exiger de ceux qui appliquent les principes de
l assistance. Ce n'est pas à dire que la France n'ait pas beaucoup
fait; citons les lois Roussel, citons les services hospitaliers. Mais
que de lacunes! Et d'ailleurs, se louer soi-même est stérile. Ne
faut-il pas dans une société savoir à qui le principe de l'assis-
tance obligatoire est dd à défaut d'autre assistance, à l'indigent
qui se trouve temporairement ou définitivement dans l'impossi-
bilité physique de pourvoir aux nécessités de l'existence? Ne
faut-il pas, tout en proclamant, s'il y a lieu, cette obligation,
éviter d'affaiblir le stimulant au travail qui justement réside
dans la crainte de manquer? Ne faut-il pas par conséquent savoir
classer, définir, préciser les catégories de malheureux, distin-
guer les enfants, les malades, les vieillards ou les séniles? (^es
exemples montrent nettement que l'assistance mérite les mêmes
études et les mêmes sanctions législatives que renseignement.
A ceux qui nous objecteront les dépenses, nous répondrons que
la vie humaine est un capital et que suivant un proverbe ciii-
nois : Qui veut faire le bonheur des autres a déjà fait le sien.
Aussi le comité d'organisation du Congrès avait-il décidé de
mettre en tête des délibérations du Congrès la question de
savoir dans quelle mesure l'assistance publique doit avoir un
caractère obligatoire. M. Regnardy rapporteur, estime qu'étant
donné le grand nombre de gens à secourir, il faut arriver à
l'assistance obligatoire. On a reproché à celle-ci de favoriser
le territorialisme, l'excès de population ; ce sont là des erreurs
ou des allégations improuvées, témoin ce au'est devenu le déve-
loppement de l'Angleterre. Sans doute l assistance sera long-
temps encore insuffisante, incomplète; d'où la nécessité de l'orga-
niser avec discernement et de la dispenser judicieusement; en
tout cas, il convient de proclamer le principe de son obligation.
Cette proposition donne lieu à une discussion très développée à
laquelle prennent part un fi^rand nombre d'orateurs, dont lu plu-
part demandent que des aistinctions soient faites à cet égard
entre les catégories d'assistés; en fin décompte, le Congrès, sur
la proposition de M. Ulii*se Trélat, demande que Tassistance
publique soit rendue omigatoire par des lois pour les indi-
gents temporairement ou définitivement incapables physique-
ment de pourvoir aux nécessités de l'existence, à défaut d'orga-
nisation aéjà existante ont d'autre assistance; quant auxindigents
valides, sans les exclure de l'assistance, on ne peut leur appli-
quer l'obligation légale.
L'assistance médicale dans les campagnes est toujours la pierre
d'aclioppement de l'organisation des services de médecine
publique en France. JM. Th. Rousselj chargé de soumettre
l'examen de cette question au Congrès, rappelle que le 10 juin
1888, le ministre de l'intérieur a renvoyé à l'examen du conseil
supérieur de l'assistance publique un rapport de M. Monod ddns
lequel il est établi : i^qne le service de médecine des indigents
n'est organisé que dans quarante-auatre départements, et que <»
service ne s'y étend pas à toutes les communes; 2® qu'actutfUr-
ment c'est un fait licite, pour les autorités locales, que d'aban-
donner à lui-même, sans médecin, sans médicamenis, un indi-
gent en proie à une maladie qui met ses jours en danger. Pour
remédier à cet état de choses, le conseil supérieur a volé, Mir
le rapport de M. Dreyfus-Brisac^ un certain nombre de conclu-
sions tendant à organiser l'assistance médicale dans les ram-
pagnes et recommandant à cet effet le système vosgien.
Le principe de l'obligation légale à imposer aux communes, pour
qu'elles assurent les secours médicaux et pharmaceutiques am
d'assistance dans le fonctionnement du service, notamment dan*
la confection et la surveillance de la liste des indigents, le.
mesures propres à assurer l'hospitalisation des malades dan*
certains cas exceptionnels, le respect de l'autonomie commaDal*-
partout où la commune ou un syndicat de communes snftity av*»r
ses ressources propres, à la création et au fonctionnement du
service, tels sont les points sur lesquels on est généralement
d'accord. Mais dans la réalisation de ces desiderata il y a d»*
véritables difficultés qui, sur le terrain législatif en part/ra-
lier, sont d'ordre financier : impossibilité d'organiser ra>^i>-
tance médicale, dans presque toutes les communes qni en sont
dépourvues, avec les seules ressources du budget communal, f i
dilTiculté de régler et faire accepter la participation du départf-
inent et de l'Etat aux frais d'établissement du service, à sou
fonctionnement et à son contrôle. Ce sont ces questions, dit le
rapporteur, qui ont fait rejeter le projet de loi qu'il a présenté
le 9 juillet 1872 et on peut prédire que c'est de leur solution
que dépendra le sort de tout projet de loi futur.
Divers orateurs étrangers viennent donner de précieux et inté-
ressants renseignements sur l'organisation de l'assistance médi-
cale dans les campagnes pour chacim de leurs pays respectifs. An
Mexique, d'après M. Govino, on a prodigué les millions pour
améliorer le sort des habitants des petits centres et des travail-
leurs aux champs ou dans les industries diverses. L*assistanri-
y repose surtout sur l'initiative privée : l'EUit n'intervient gtit^ro
que lorsqu'il s'agit de médecine ou de chirurgie. Mais il tend d#*
plus en plus à prendre en mains les diverses formes d'assistanr**.
et l'assistance publique universelle devient à Tordre du jour. En
Portugal, suivant M. Viana, l'assistance se fait par l'Etat, par
les départements, par les soins de l'initiative privée ; mais !*»>-
sistance publique n'est obligatoire que pour les enfants tronvt'H
(complètement) et les indigents (dans une certaine limite). L'éb--
ment religieux tient une grande partie de l'assistance. Mais l'in-
suffisance de l'initiative privée a poussé le Portugal dans la voir
de réformes qui sont imminentes.
}li.BajenoWy expose que l'organisation de l'assistance publique'
en Russie ne date pas de plus de vingt-rinq ans; elle remonte à
Alexandre H. Elle est complètement basée sur la dccenlrali<a-
tion administrative ; elle se fait par les zemtwo^ conseils prêné-
néraux du pays. Il existe de petits hôpitaux communaux de ir> .'i
20 lits et des médecins de districts ayant chacun de 50 à 60 kilo
mètres. 11 existe des hôpitaux de chefs-lieux où l'on f.iit
surtout de la grande chirurgie. Enfin, depuis dix ans, on s'e<i
mis à installer des asiles d'aliénés; jusque-là, on n'avait rien ou
presque rien ; Moscou n'a pas de bel asile et encore ne compte-
t-il que 300 lits. Grâce à des donations spéciales et à raclivité
de certaines provinces, telles que celle du Volga, de ftingenalrs,
les asiles s'élèvent. Ce qu'il faut surtout en Russie, ce sont dr
petits établissements; on devra s'occuper d'agencer le patro-
nage familial et l'assistance des aliénés à domicile. La charité
privée a agi très activement, surtout dans les grands centres,
notamment à Moscou; dans quelques années, on y trouvera d»'
très belles cliniques complètes avec laboratoire.
M. Seoereano rappelle au'en 1852, le gouvcmenient rou-
main a appelé à réorganiser le service de médecins militaires un
docteur français, M. Davillat. Avant lui les fonctions étaient
données à des étrangers ; la Roumanie se compose de départe-
ments (districts), d'arrondissements, de communes autonomes.
Il existe dans les capitales des hôpitaux de district, il en existt*
dans les communes : ces hôpitaux comportent 15 à 30 ou 50 lits;
ils sont en nombre (on en trouve par exemple trois ou quatre»
dans les grandes villes, on en rencontre encore dans les arron-
dissements où ils disposent de 15 à 20 lits. Enfin il convient dt*
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 34 — 553
mentionner les fondations privées qui, par legs, ont organisé et
eiil retiennent, sous la forme indépendante, des hôpilaux de 10 à
15 lits; l'ensemble des bonnes œuvres de ce genre disposent de
(luinze millions de francs qu'elles dépensent en organes divers
«rassistance, y compris les consultations gratuites et la distrî-
huiion de médicaments. Pour remédier à l'éloignement, on a,
dans les. campagnes, établi des espèces d'ambulances ou d'Jiôpi-
taux temporaires à l'aide des ressources matérielles du départe-
ment de la ffuerre, mais aux frais du ministère de l'intérieur,
puis des ambulances exclusivement civiles; enfin, pour les rem-
placer, des hôpitaux ruraux siégeant au centre de certaines
rég'ions les plus peuplées, et armés de cinquante lits. Otte
année même' les districts ont organisé de véritables ambulances
allant dispenser les secours médicaux sous la forme de consulta-
tion et distribuant les médicaments correspondants. Ces nicde-
riiis ambulants touchent iûOO francs par mois; les médecins
ordinaires de district et d'arrondissement sont payés à rai^^ou
de 500 à 600 francs, les sages-femmes d arrondissement n'ont
que 100 francs. L'obligation des rétributions est à la charge des
s<^gments territoriaux. J/inconvénient est que la besogne de ces
fonctionnaires est excessive.
En Serbie, d'après M. VassU, tout est dirigé par TEtat. Au
ministère de l'intérieur siège un conseil-directeur de médecins
qui coniiuande à l'assistance et aux services sanitaires, il existe
une hiérarchie des médecins de département (qui font des
rapports mensuels), des médecins d'arrondissement et des
médecins de commune, chargés de rapoorts journaliers. Une
inspection hiérarchisée s'occupe de rapplicatiou des règlements
de médecine publique et d'hygiène. Le même organisme a été
constitué par les vétérinaires. Les traitements sont rémunéra-
teurs, et l'Ëtat s'en déclare responsable vis-à-vis des fonction-
naires. Les fonds sont entre les mains du Conseil ; chaque con-
tribuable y concourt pour une somme de quatre francs ; on y
verse le produit des amendes et des services de la prostitution.
Des comptes spéciaux y sont ouverts pour les hôpitaux et les
frais de chaque organe coopérateur. Dix millions de francs sont
aujourd'hui attribués à l'hygiène et à la médecine publiques.
Malheureusement les paysans sont trop éloignés des centres
d'assistance ; mais, dès qu'apparaît une épidémie, on installe des
hôpitaux et des services spéciaux; comme il n'y a point, à pro-
prement parler, de prolétaires, l'assistance à domicile n'existe
pas d une façon régulière, on s'y transporte simplement eu cas
de besoin ; les dépenses de la commune en pareils cas sont obli-
gatoires.
La Bohême, d'après M. Balavcki, possède trois catégories
de médecins: les médecins d*Etat, attachés à des services
publics, les médecins d'arrondissement ou de district, les
médecins privés. Chaque commune est obligée d'avoir un
médecin payé par les fonds communaux, et, au besoin, par le
Ï»ays; on a prévu pour ces services 150 000 francs par an (la
oi date de sept ans). 11 existe un service de la vaccination; ejle
est obligatoire dans les écoles; ce service coûte 400 000 francs
iiar an. Les médecins privés comblent volontiers les lacunes.
Les médecins des hôpitaux, qui ne sont soumis à aucun service
en dehors de rétablissement, se prêtent cependant aux exigences
publiques. 11 existe des hôpitaux communaux, des hôpitaux de
londation et des hôpitaux subventionnés par l'Etat pour les
indigents. Le prix de la journée y est d'un à deux francs par
jour, l^rague possède un hôpital autonome gouvernemental entre-
lenu au moyen de l'impôt sur les héritages, qui possède le
capital de 2 millions de francs. L'organisation est à peu près
semblable dans la Basse-Autriche, et notamment à Vienne.
iM. Van ffer Lyck ajoute que l'assistance médicale des pauvres
se fait, en Moravie, par une loi qui est précisément le projet de
loi refusé en France. Chaque commune a un médecin pour ses
indigents, les formalités d'état civil, la statisti(|ue, les vaccina-
tions (celles-ci ne sout d'ailleurs pas obligatoires, mais on les
encourage). Si la commune est trop grande, on prend plusieurs
médecins. Si les communes sont trop petites, on forme, par syn-
dicat de quatre, cinq, six communes, des fiistrtrts sanitaires:
le médecin est payé par 2 pour 100 d'impôts directs, sinon la
Diète de la province (Conseil provincial) fournit une subvention
destinée à compléter les sommes nécessaires à l'acquit des
dépenses. Enfin il existe un fonds fixe dans lequel on pui^e.
Voilà ce qui existe depuis 1884. Néanmoins il manque à peu près
cinquante médecins a la campagne, et il se produit ce fait anor-
mal que, dans les plus pauvres communes, la multiplicité des
occupations rapporte aux médecins des sommes que les com-
munes les plus riches ne leur donnent plus à raison de la con-
currence.
M, Costa expose, à son tour, que l'assistance existe dans la
République Argentine depuis une cinquantaine d'années. Elle y
est cosmopolite comme le pays. Les bureaux de bienfaisance y
sont organisés par des dames; mais l'assistance publique oflicielie
ne date que de 1883 (loi du Congrès et ordonnances munici-
pales). La République Argentine se compose de quatorze pro-
vinces dont chacune est plus grande que la France et beaucoup
sont inexplorées. Les communications y sont très difliciles. Si
nous nous limitons à Buenos-Ayres et à la province de Buenos-
Ayres, nous y voyons qu'on a emprunté à la France la division;
on y trouve 1 autonomie du Conseil, vingt sections et vingt arron-
dissements. 11 existe un médecin par arrondissement, des
hôpitaux municipaux, des hôpitaux étrangers, des hôpitaux du
gouvernement et des hô^>itaux militaires. Ceux qui dépendent
de l'assistance publique sont au nombre de trois ou quatre; ils
sont desservis par des médecins du conseil paroissial (paroc-
chial)^ de nombreux dispensaires gratuits. On se propose sous
peu d'établir des maisons de secours au centre de la ville; on
divisera la ville en dix sections; il y en aura quatre à six lits par
maison, sortes d'ambulances dans lesquelles on trouvera toujours
un médecin de garde. On installe encore une école d'intirmières
afin d'essayer de la laïcisation. On espère que cette école don-
nera la laïcisation. Presque toutes les nations du monde sout
représentées dans la République. La France vient d*y construire
un hôpital qui est un modèle et auquel on est admis moyennant
un abonnement mensuel de 3 fr. 50. Les Sociétés de secours
mutuels s'y comptent par milliers. Trois ou quatre Sociétés de
charité de dames dispensent des secours, tiennent des crèches,
des salles d'asiles, des garderies d'enfants. L'assistance à Vim-
migrant y est faite très largement; il y est reçu dans un asile
spécial où on l'héberge, on le soigne, on lui indique l'endroit où
11 3[ a du travail et quel travail ; le gouvernement le dirige, à ses
frais, au lieu en auestion où il trouve un autre asile dans lequel
son patron vient le prendre : mais il ne peut être entretenu plus
de cinq jours : notons qu'il "^ a 2000 immigrants par jour. Dans
la campajj^ne, il existe des hôpitaux subventionnés mi-partie par
la municipalité, mi-partie par la province et le gouvernement;
mais il y a obligation des communes à l'assistance. Chaque dépar-
tement a donc son médecin municipal presque payé par la muni-
cipalité.
En Hongrie, d'après M. Khamps, chaque commune, chaque
département a son médecin; il existe une hiérarchie organisée
pour le service médical du ministère. La vaccination est obliga-
toire, il existe de grands hôpitaux et des maisons pour les alié-
nés. Les secours à domicile sont obligatoires; ils sont à la charge
de la commune. Tous les indigents des hôpitaux et des aliénés
sont entretenus par les communes et quelquefois par l'Etat. 11
existe des lois spéciales.
Ënlin, M. Hehl fait savoir que dans l'Etat de Massachnssets,
chaque commune ou municipalité de la campagne a son gardien
des pauvres uour les indigents; le gardien est obligé de les
assister en réclamant au lieu du domicile de secours; sinon, c'est
lui qui paye les frais. La vaccination est obligatoire.
Ces renseignements une fois donnés, la discussion reprend sur
le rapport de M. Th. Roussel. M. Margaine ne croit pas que les
communes puissent être placées à la base d'une loi sur l'assis-
tance médicale obligatoire; ce rôle devrait plutôt revenir, eu
France du moins, à aes circonscriptions d'assistance publique,
où se grouperaient les bonnes volontés et toutes les ressources,
l'Etat veillant toujours à ce que l'assistance soit obligatoirement
assurée à chacun. Si l'on ne rend pas, d'après lui, le syndicat des
communes obligatoire, ce seront les communes pauvres seule-
ment qui se syndiqueront, tandis que les communes riches gar-
deront leur autonomie, en restant probablement dans le statu
quo pour ce qui concerne l'assistance médicale.
M. Drey/uS'Brisac défend les conclusions adoptées par le
conseil supérieur de l'assistance publique. L'assistance obliga-
toire est votée; on la fera à domicile ou par hospitalisation, mais
avec une tendance générale à la faire à domicile; on l'impuiera
à la collectivité nationale la plus rapprochée de la famille, à la
commune, à la paroisse, au zemtwo. Mais on l'atténuera, on en
atténuera les fra<s par l'autorisation de syndicats comme en
Allemagne {Landarmenverband) et, par l'aide d'une unité admi-
nistrative plus élevée, d'une provincey d'un département, d'un
cercle, d'un bezirk; enlin, en dernier ressort, par Vintervention
554 — N* 34 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
23 Août 1889
4e lŒtat Ne centralisez pas, car il faut éviter que les com-
munes puisent à volonté dans les caisses de TËlat et détournent
inconsciemment les fonds de leur destination, car l'assistance ne
peut être organisée que suivant les lieux, les circonstances et les
oesoins locaux ; c>st pourquoi on fera choix d'une autorité
intermédiaire qui s'occupera par région (département, cercle,
frovingen) de la direction générale des services, l'Etat surveil-
tant partout Taccomplissement du devoir d'assister ; cette auto-
rité directrice ne supnrime pas V autonomie communale qui
subsiste pour agir seuie bu en s'associant et conserve le soin
d'administrer par le moyen de son bureau d'assistance, véritable
autorité locale. Les cnarges des assistés incombent aux com-
munes dans lesquelles les indigents ont leur domicile de se-
cours; cette question sera réglée par une loi nouvelle qui en
modifiera, en amendera, en précisera les termes.
M. Drouineau partage cette opinion; toutefois il fait observer
que si Ton veut que le service médical fonctionne bien, il est
juste que les soins donnés par le médecin soient convenablement
rétribués. On a déjà essaye d'organiser en France le service de
la médecine gratuité dans les campagnes, mais on a échoué
parce qu'on ira pas assez tenu compte des intérêts des méde-
cins, qui ne pouvaient s'y consacrer sans danger pour le bien-
être de leur propre famille. Malgré tout son désintéressement,
le médecin doit compter avec les exigences de la vie matérielle
et il ne peut se contenter d'une rémunération insuftisante, déri
soire même parfois, pour des services considérables.
M. Lardier désirerait que le système en vigueur dans le
département des Vosges fût adopté exclusivement et devint obli-
gatoire dans toute la France, parce qu'il donne satisfaction à
tous les intérêts, aussi bien à ceux de l'indigent qu à ceux du
médecin. La dépense s'élèverait à peine à 10 centimes par tête
d'habitant. Ce qui, d'après M. Raffalovich, amènerait malheu-
reusement à l'assurance obligatoire contre la maladie.
M. Worms voudrait que dans les conclusions qui seront pro-
posées au vote de l'assemblée, il fût bien spécifié que le principe
d'assistance communale obligatoire n'exclut pas l'assistance
privée, et, en particulier, les établissements charitables d'insti-
tution privée. D'après M. Th. Rous<el, il ne peut y avoir aucun
doute à cet égard : le département, puis TEtat n'interviendront
que dans les communes ou l'assistance, soit publique, soit privée,
sera reconnue manifestement insuftisante.
Après cette déclaration, le Congrès adopte, à la presque una-
nimité des membres présents, les résolutions suivantes pré-
sentées par M. Monod :
1<* L'assistance médicale en faveur des indigents malades com-
prend les soins médicauxet la fourniture des remèdes à domicile
ou à rhêpital; lindigent malade ne doit être hospitalisé que s'il
est établi qu'il ne peut pas être utilement soigné à domicile. —
2<> L'assistance méaicale est due, à défaut de la famille, par l'unité
administrative (la plus petite commune ou paroisse) à ceux des
indigents maladies qui ont chez elle leur domicile de secours;
c'est elle qui doit dresser la liste des indigents admis à l'assis-
tance médicale ; cette liste doit être toujours révisable ; la com-
mune ou paroisse doit être fuiaucièreroent intéressée à sa limi-
tation. Plusieurs communes ou paroisses doivent pouvoir se
syndiquer pour assurer l'assistance médicale. — 3' L'organisation
doit être faite par une unité administrative supérieure à celle de
la commune ou de la paroisse; elle doit être telle que les com-
munes ou paroisses plus riches aident les communes ou paroisses
plus pauvres, que les déparlements ou provinces ou cercles plus
riches aident les départements ou provinces ou cercles plus
pauvres, le tout avec le concours financier et sous le contrôle
effectif de TElat.
M. Bourneville, dans un rapport spécial sur le recrutement
des infirmiers et infirmières, fait observer que la laïcisation des
hôpitaux de Paris, et surtout la création des écoles d'infirmiers
et d'infirmières, permettent de faire un recrutement meilleur du
Personnel des hôpitaux; ce qui est d'autant plus important à
heure actuelle que les progrès de la chirurgie, l'emploi de la
méthode antiseptique, rendent plus nécessaire aue par le passé
un personnel instruit, capable de comprendre le pourquoi des
précautions qu'on exige de lui. Aussi, laissant de côté toute ques-
tion de doctrine philosophique ou religieuse, demande-t-il que
le Congrès émette un vœu en faveur de rétablissement, dans
chaque centre important de population, d'une école d'infirmiers
et a infirmières, pouvant servir au recrutement du personnel
hospitalier dans la région. — Cette proposition est adoptée, après
quelques observations de M. Sabran sur l'organisation du per*
sonnel hospitalier de Lyon. Ce personnel est constitué par des
religieuses qui peuvent, quand il leur plaît, renoncer à leur
vocation et sur lesquelles l'administration a toute autorité pour
les accepter ou les renvoyer; en outre, depuis quelques années,
existent des cours professionnels, pour instruire le personn*»!
qui aujourd'hui rend les plus grands services.
En Angleterre; on a poussé très loin, comme on sait, l'instruc-
tion des infirmiers; chaque hôpital constitue, pour ainsi dire.
une école d'infirmiers ; du reste, pour y être admis, il faut fain*
f)reuve d'une instruction élémentaire suffisante; d'un autre côlr,
e niveau social de l'infirmière y est bien plus élevé qu'ailleurs.
Dans un second rapport sur la protection des enfants idiot>,
épileptiques et arriéres, M. Bourneville rappelle que, dans lu
plupart des pays étrangers, notamment aux Etats-Unis, en Anglt*-
terre, en Allemagne, etc., l'hospitalisation des enfants idiots est
beaucoup plus avancée qu'en France; que, dans notre pays, !«•
département de la Seine est le seul qui ait fait des efforts séVieu\
pour assister et surtout hospitaliser cette catégorie d'enfants. Il
déclare ensuite que, lors même qu'il ne serait pas possible d'éle-
ver un grand nombre de ces enfants à la dignité de l'homme, de
leur apprendre un métier, il faudrait quand même les assister.
Cette assistance doit toujours avoir lieu le plus près possible de
leur domicile et même, chaque fois que cela se peut, à leur
domicile même. Se basant sur ce principe, il demande la créa-
tion par les départements, d'asiles départementaux on inU^r-
départementaux pour le traitement et l'éducation des enfant >
idiots, imbéciles, arriérés, épileptiques, etc., c'est-à-dire du
groupe le plus considérable des enfants anormaux. Cette propo-
sition est adoptée à l'unanimité.
M. Drouineau entretient le Congrès de la question du domi-
cile de secours pour lequel il demande une série de réformes,
faciles à adopter dans la pratique, ainsi que des moyens d'atté-
nuer la mortinatalité et l'infanticide. Il faut secourir l'enfant
même avant sa naissance ; la recherche de la paternité n'étant
fias admise, le tour ayant été supprimé, il faut assurer à la mère
e secret de la faute commise tout en rendant l'accouchemeot
facile. Les Maternités actuelles, peu nombreuses, ne peuvent
être ouvertes qu'aux femmes légitimes n'ayant aucun motif d«>
dissimuler une grossesse, mais elles demeurent fermées à toutes
les femmes ou filles enceintes, voulant laisser ignorer une faat<>
et cacher leur état. La création d'asiles spéciaux de secours peut
seul répondre à ce besoin et aider ainsi à sauver un grand
nombre d'entants. C'est le département qui doit prendre rini-
tiative de cette création et en accepter la charge, car il est res-
ponsable des enfants assistés qui, pour la plupart, ont rillégi li-
mité pour origine.
M. Sevestrese demande si les nouveau-nés abandonnés doivent
être de suite envoyés à la campagne, ou s'il ne convient pa>,
dans certains cas, de les garder quelque temps à l'hospice dépo-
sitaire. Les rapporteurs du service des Enfants-Assistés au
Conseil général ont toujours soutenu, avec Parrot, que le séjour
de ces enfants doit être aussi court que possible en raison des
dangers qu'ils courent à l'hôpital. Aujourd'hui cependant, avec
les améliorations qui ont été apportées dans le service, cette
règle n'est plus aussi absolue. M. Sevestre fait remarquer que
beaucoup d enfants arrivent dans un état de débilité excessive,
si bien que sur 1978 enfants au-dessous d'un an, il y en avait
249 dont le poids était inférieur à 2500 grammes. D'autres sont
malades au moment de leur entrée. Parmi les enfants conservés
à l'hospice et nourris au sein dans le courant d'une année,
4G sont morts de débilité congénitale, 8 d'athrepsie, 7 d'alTer-
tiens pulmonaires, 3 à la suite de convulsions, 1 d'abcès multi-
ples, 1 de variole (contractée avant son entrée). Par contre, un
certain nombre d'entre eux se sont bien trouvés de leur séjour,
et ont présenté dans l'espace de quelques semaines des augmen-
tations de poids de 400, 600, 800 grammes. Envoyés à la cam-
pagne, beaucoup de ces enfants auraient succombé. Certains des
enfants ainsi conservés à l'hôpital ont contracté des maladies
contagieuses: il y eut chez les enfants au-dessous d'un an 7 cas
de rougeole (2 guérisons et 5 morts) et 6 cas de diphlbérie
(1 guérison et 5 morts). De sorte que, en réalité, Tinflueiice
funeste de l'hôpital se chilfre par 10 d«'iccs imputables à des
maladies contagieuses. Il faut ajouter cependant, pour apprécier
exactement le rôle de l'influence nosocomiale, un certain nombre
de cas de broncho-pneumonie ; mais, dans l'ignorance où nou<
sommes encore de la nature et des causes de cette maladie, il
23 Août 188^,
GAZETTp HEBDOMADAJIIE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 34 — 555
ost difficile de préciser la quantité des cas imputables au séjour
à rhospice.
Arrivant ensuite à la nourricerie, pour les enfants syphili-
tiques ou suspects de syphilis, M. Sevestre décrit Tinstallation et
le fonctionnement du service, et étudie les résultats observés
chez les enfants qui s'y trouvent. Ils ont souvent, dans les pre-
mières semaines, de la diarrhée, très fréquemment aussi, même
sans diarrhée,' une perle de poids; puis même, dans les cas favo-
rables ils restent souvent pendant un temps assez long dans un
état stationnaire; finalement Taugmentation de poids' se produit
pour quelques-uns et s'accentue progressivement. D'autres^ au
contraire, dépérissent. En somme, les résultats sont certaine-
ment moins bons que si l'enfant était noutri au sein, mais il ne
faut pas oublier que cet allaitenienl au sein est impossible. Les
résultats étaient déplorables quand les enfants étaient élevés an
biberon.
En résumé, la conclusion' de cette étude est la suivante: toutes
les fois que Penfant, au moment de son admission, présente des
conditions de vitalité suffisantes, il doit tout de suite être envoyé à
la campagne, mais les enfants débiles ont actuellement des
chances] sérieuses de survie s'ils sont conservés à l'hospice ; le
séjour dans cet établissement n'est plus fatalement mortel,
comme cela avait lieu autrefois. L'administrarion étudie d'ailleurs
en ce moment un projet dans lequel les enfants débiles seraient
gardés dans un établissement spécial situé dans la banlieue de
MÉDECINE LÉGALE
Le Congrès de médecine légale ne- sera pas encore achevé au
moment où ces lignes seront publiées; commencé avant-hier 19,
il réunit, sous la présidence de M. Brouardel,un certain nombre
de médecins légistes et de magistrats et présente ainsi un carac-
tère tout particulier; les discussions y sont brillantes, les con-
clusions vivement discutées.
La première question soumise est celle des traumatismes
cérébraux et médullaires dans leurs rapports avec la médecine
légale. M. VibertfVvax des rapporteurs, • appelle plus spéciale-
ment Fattention sur certaines dissociations bizarres des thcultés
intellectuelles que l'on voit parfois à la suite d'une commotion
cérébrale, telles que de ramiiésie,de Taphasie, des modifications
plus ou moins grandes de caractères, etc.; après des accidents pas-
sagers et sur ce fond permanent, se greffeutdes épisodes aigus, des
accès de délire, avec perte subite de connaissance, de la manie,
parfois des idées ambitieuses, qui pourraient faire craindre la
paralysie générale; puis, pendant deux ou trois ans, tout rentre
dans l'ordre; cependant ces individus sont gravement atteints,
ils sont marqués pour la folie ou la démence. Le traumatisme
doit être considéré ici comme la cause à peu près unique des
accidents et il y a lieu d'établir eu conséquence les respon-
sabilités.
En dehors de ces états morbides, M Gilles de la Tourette,
second rapporteur pour la même question, fait observer, après
une étude très complète des divers cas signalés dans la littérature
médicale, que le traumatisme est susceptible de développer
certaines affections nerveuses et particulièrement la neurasthénie
et l'hystérie, le plus souvent associées Tune à Tautre, mais il ne
faudrait pas croire qu'il puisse les créer de toutes pièces; il
semble nécessaire, pour sortir tous ses ellels, qu'il agisse sur
des sujets prédisposés.
M. Vibert est d'avis que la prédisposition ne joue ici qu'un
rôle secondaire et que le facteur le plus important dans la pro-
duction du railtvay train est bien le traumatisme physique; la
part qui revient à 1 émotion n'est pas non plus considérable ;
enlin, si, comme on le dit, l'hystérie de l'homme et celle de la
feiujDic diffèrent, et si le railtvay brain est de l'hystérie, pourquoi
les rares femmes qui en sont atteintes présentent-elles les mêmes
symptômes que les hommes? L'iiysléne varierait donc non seule-
ment selon les sexes, mais encore d'après la cause qui la pro-
voque. G est pourquoi M. Brouardel voudrait que le terme
d'hystérie ne fut pas appliqué à ces.accideulSé Ce qu'à la Salpè-
trière l'école de M. Cnarcot considère comme les stigmates de
rhyslérie, les anesthésies diverses, le rétrécissement du champ
visuel, etc., les médecins légistes l'observent chez les prison-
niers qui, après avoir mené une existence active, sont soumis au
repos presque absolu; de même pour les ouvriers blessés. Il y a
bien plutôt là un trouble de nutrition qui donne naissance à des
produits toxiques, causes de tous les accidents observés; n'a-l-on
pas isolé en < ffet chez un individu qui présentait des crises épi-
teptiformes, un alcaloïde convulsivaut pour la grenouille, ainsi
qu'un alcaloïde anesthésiant chez un mélancolique? Des recher-
ches sont à tenter dans cette direction. Quant au rôle joué par
la prédisposition, il a été exagéré; sans doute, si Ton donne a lu
famille nerveuse l'extension que Bazin donnait autrefois à l'ar-
thritisme, tout le monde sera prédisposé; il y a là un réveil à
éviter, car dans les expertises médico-légales on ne trouve pas
beaucoup de malades qui soient vraiment des prédisposés.
M. Motet estime qu'il y a une distinction à faire entre les cas
légers et les cas graves ; les premiers appartiennent peut-être à
l'hystérie, les autres se rapprochent bien plus des grandes
formes dos maladies cérébrales à marche progressive et, en
Sarticulier, de la paralysie générale. Tel est aussi l'avis de
[. Garaier; les cas graves aboutissent aux asiles d'aliénés ; or,
l'état mental de ces individus n'est pas l'hystérie; c'est bien ce
que Lasègue a décrit sous le nom de cérébraux. Sans doute, il est
bien difficile, ajoute M. Christiany de ne pas faire jouer dans
ces cas un rôle au traumatisme ancien, quelle que soit d'ailleurs
la forme d'affection mentale que présentent ces malades; le trau-
matisme cérébral peut déterminer n'importe quelle affection
nerveuse ; est-il bien nécessaire de créer des termes nouveaux
pour désigner l'ensemble des symptômes qu'il occasionne ? 11
faut aussi se mettre en garde, fait remarquer M. Laca$sagnef
contre les symptômes procéduriers que présentent fréquemment
les malades qui ont subi un tel traumatisme; car ils sont bien-
tôt entourés d'émissaires de compagnies véreuses qui leur font
miroiter des indemnités à obtenir : ils surveillent alors tous leurs
mouvements, et les symptômes en question commencent à se
montrer. Lorsque, après avoir passé par une série de juridictions,
après plusieurs années quelquefois, Findemnité est définitive-
ment fixée, l'état ne tarde pasà s'améliorer. Faut-il ranger cette
catégorie de symptômes dans un sous-chapitre de l'hystérie?
Pour M. Gilles de la Tourelle il n'est pas douteux que le trau-
matisme cérébral puisse, dans certaines circonstances, déter-
miner de la paralysie générale, de la paralysie agitante, etc.,
mais il n'est pas douteux non plus qu'il donne souvent naissance
à l'hystérie. Hésumant la discussion, M. Motet fait approuver
par le Congrès la déclaration suivante :
Dans l'état de la science, il est difficile, parfois même impos-
sible, de déterminer rigoureusement les conséquences des trau-
matismes cérébraux et médullaires. Des malades paraissant
gravement atteints peuvent guérir après plusieurs mois, plu-
sieurs années; d'autres qui, après 1 accident, ont pu sembler
rester indemnes, sont pris de compHcations graves et ne gué-
rissent pas. Une observation attentive et suffisamment prolon-
gée permettra seule de fixer le pronostic, et de sauvegarder
aussi bien les intérêts de Tauteur du traumatisme que ceux de
la victime. Dans ces conditions, les médecins experts ne
devraient être tenus au'à donner leur appréciation sur l'étal
actuel, et pourraient alors, réservant l'avenir, ne formuler des
conclusions définitives qu'après un long temps. Les tribunaux
auraient à déterminer provisoirement dans quelle mesure la
réparation serait 3ue aux victimes, jusqu'au aépôt du rapport
établissant les responsabilités.
Dans un rapport sur l'intervention des experts dans la procé-
dure à fin d'interdiction ou mainlevée d'interdiction, M. }tolet
rappelle tout d'abord qu'aux termes de l'article 489 du Code civile
le majeur qui est aans un état habituel d'imbécillité, de
démence ou de fureur, doit être interdit, même lorsaue cet état
présente des intervalles lucides. Ainsi, pas de difficulté lorsqu'il
s'agit de cas bien nets, bien francs, où l'incapacité est évidente
pour tout le monde; mais il s'en faut beaucoup que dans la pra-
tique les choses soient aussi simples. L'imbécillité comporte une
infinie variété de degrés, et la distance est grande entre l'imbé-
cile qui n'a jamais pu apprendre A lire, à écrire, et le débile
intellectuel qui, malgré son insuffisance, a vécu de la vie des
enfants, des jeunes gens de son âge, mais qui, arrivé à la puberté,
est envahi par des appétits qui le prennent tout entier et aux-
quels il est incapable de résister. Pour arriver à apprécier toutes
ces différences, il faut une grande expérience; or les magistrats
enserrés dans un article précis, formel du Code, ne doivent
se décider que si, par eux-mêmes, ils jugent que les conditions
de l'article 489 du Gode civil sont remplies. Cependant il semble
556 — N* 34
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
23 Août 1889
(lu il sérail de rintérêt de tous que sa religion fût parfois mieux
éclairée, et qu*à défaut de connaissances spéciales il fût guidé
dans ses recherches par un homme plus expérimenté que lui.
Aussi M. Motet pense-t-il que, aussi bien au moment où Tin-
terdiction est demandée, qu'au moment où les tribunaux sont
saisis d'une demande de mainlevée, un examen médical serait
utile. Il déterminerait d'une manière précise l'état mental de
l'aliéné, les chances probables d'une guérison ou les conditions
particulières qui ne permettent plus de l'espérer. 11 établirait
un diagnostic rigoureux, et lorsqu'il ne serait pas possible, cli-
niquement, scientiQauement, d'appliquer à l'état mental étudié
les termes d'imbécillité ou de démence, il ferait voir que l'éten-
due, la chronicité d'un désordre intellectuel, emportent, de
piano, l'incapacité absolue à se diriger, à gérer ses affaires, et
justifient la mesure de l'interdiction. Cette opinion rallie l'unani-
mité du Congrès.
Les abus de la morphine donnent lieu, au point de vue médico-
légal et sur le rapport de MM. Ltélaud et DescoutSy à une longue
discussion, qui se termine par l'adoption des propositions sui-
vants :
i*> L^s droguistes et fabricants de produits chimiques et phar-
maceutiques ne pourront vendre de la morphine et de la cocaïne
qu'aux pliarmaciens ; la livraison du toxique ne pourra avoir lieu
qu'à domicile ; 2» les pharmaciens ne pourront exécuter qu'une
seule fois, à moins de mention contraire inscrite par le médecin,
une ordonnance contenant de la morphine ou de la cocaïne.
A propos de la syphilis des nourrices, M. Morel-Lavallée
examine, dans un rapport très étudié, la conduite que le médecin
doit ou peut tenir, suivant les cas, lorsqu'il se trouve en présence
d'un enfant ou d'un nourrisson syphilitique.
MM. Brouardel et G. PouchH énumèrent, dans un important
rapport, les symptômes de l'intoxication arsenicale chronique et
rendent compte de leurs recherches, qu'ils ont communiquées
il y a deux mois à l'Académie de médecine, sur les modes et la
durée de Téliminatiou hors du corps humain de l'arsenic et de
ses composés.
MM. Guillot et Démange, étudiant les movens les plus propres
à garantir, dans les expertises médico-légales, les intérêts de la
société et des inculpés, proposent l'adoption des considérations
ci-après :
Pour garantir les intérêts de la société et de l'accusé, il y
aura dans toute expertise médico-légale deux experts au moins;
l'un sera désigné par l'inculpé ou lui sera donné d'office, en
cas d'urgence, s'il est absent ou s'il refuse de le désigu:;r lui-
même ; ils auront les mêmes droits, prêteront le même serment,
feront un unique rapport et seront rétribués également par
l'Etat. Ces eiperts seront choisis sur des listes oflicielles
dressées par les pouvoirs publics et les corps scientifiques dé-
signés à cet effet. Les personnes qui, à la suite d'un concours
devant un jury composé de professeurs des Facultés et de ma-
gistrats, auront obtenu un diplôme spécial, pourront seules être
inscrites sur ces listes. Le système de la pluralité des experis
impose la constitution, au siège des Facultés de médecine, d'un
conseil suprême de médecine légale qui sera chargé de dépar-
tager les experts de la région et de statuer en dernier ressort.
Le juge d'instruction doit assister aux autopsies et conslatations,
sauf dans certains cas particuliers, de façon à fournir à l'expert
les renseignements de fait pouvant éclairer ses recaerches.
L'avocat de riucutpé peut y assister également, afin de pouvoir
signaler à r»\\pert les objections de la défense. Un enseigne-
ment comprenant les principes généraux de la médecine légale
doit compléter, dans les Facultés de droit, l'étude de la procédure
criminelle. Il convient, pour faciliter les études de médecine
légale, d'admettre comme exception au principe du secret de
l'instruction que les autopsies pourront avoir lieu devant les
élèves des cours, ainsi que l'usage s'en est établi, sauf le droit
de veto du juge. Ily a lieu de constituer, dans les établissements
consacrés à la médecine légale ou dans les greffes, des archives
et collections de pièes à conviction sous la direction des ma-
gistrats et des experts.
M. Lacassagne désirerait qu'en médecine légale on introduisit
d'une manière régulière la pratique des examens méthodiques
faits d'après des Quilles préparées d'avance et variables suivant
les cas ; le travail d'expertise serait de cette façon beaucoup
facilité pour ceux des médecins, et ils sont nombreux, qui sonl
peu versés dans les i|uestions médico-légales. 11 prend pour
exemple celui des petites filles victimes d'attentat à la pudeur
parce que, aux assises, un tiers des inculpés sont cités pour
des faits de cette nature.
Il faut examiner les petites filles le plus tôt possible apré^
l'attentat, parce que certaines rougeurs sont très fugitives et
auraient disparu au bout de deux ou trois jours.
L'examen doit être fait devant une tierce personne, et il doit
être précédé d'un interrogatoire de l'enfant. 11 faut passer en
revue successivement les cuisses, le périnée, les organes géni-
taux, la région anale, voir si l'hymen est intact et s il existe un
écoulement uréthral ou vaginal ; un point important consiste à
rechercher s'il n'y a pas de traces d'onanisme. Il n*existe aucun
signe spécial qui permette d'affirmer la masturbation habituelle :
il signale pourtant la douleur mammaire comme un symptôme
d'une certaine valeur. Ne pas oublier d'examiner les véteinenb
que la petite fille portait au moment de l'attentat. Avant de con-
clure, il faut toujours demander à faire un second examen, aprè>
un intervalle de six à huit jours par exemple. Il est bieu en-
tendu que les investigations doivent porter non seulement sur
la victime, mais aussi sur le violateur.
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G. Masson, Propriétaire-Gérant,
30151.
— MOTTIROI. — ImpriaeiiM i^unies, ▲, rue Mignon, i, Paris.
23 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N» 34 — 557
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
THÉRAPEUTIQUE
Trailemeiit de la p^oiitte.
Si la thérapeutique fait un usage fréquent des prépa*
rations de colchique dont le nombre laisse quelquefois le
médecin dans l'embarras du choix, et cela à juste raison,
il n'en est pas moins vrai qu'on les prescrit souvent sans
en connaître exactement l'énergie et la force; et cepen-
dant les auteurs anciens et modernes ont été unanimes à
reconnaître l'efficacité de ce médicament contre la goutte.
D'après les travaux de Garrod, que l'on doit toujours
citer à propos de cette diathèse, le colchique exerce une
action favorable sur l'évolution de l'inflammation gout-
teuse ; « son influence, dit-il, n'est pas limitée aux phéno-
mène de la goutte articulaire : elle se montre encore toute-
puissante contre les formes larvées j».
En France, le docteur Fiévée fait le plus grand éloge de
ce médicament comme anti-goutteux ; selon ce praticien,
le colchique est pour la goutte ce que le sulfate de quinine
est pour les fièvres intermittentes.
Lecorché, dans son Traité théoriqiAe et pratique de la
goutte^ conclut que le colchique diminue l'acidité de l'urine
et qu'il est prescrit avec avantage dans toute manifestation
articulaire ou viscérale de la goutte; mais c'est surtout
dans le traitement des attaques aiguës qu'on doit l'em-
ployer.
Si l'on réfléchit maintenant que le principe actif du col-
chique est la colchicine qui en a toutes les propriétés théra-
peutiques, que les préparations pharmacologiques varient
noiabiementdans leur teneur en colchique suivant la partie
de la plante employée, on conçoit le prix que doit attacher
tout praticien à une préparation toujours identique à elle-
même et d'un dosage certain.
Le problème ainsi posé : substituer à un remède infidèle
et variable une préparation constante et d'un dosage mathé-
matique, a été résolu de la fiiçon la plus heureuse par
M. Houdé, qui, préparé à son sujet (i) par une étude appro-
fondie du colchique, a réussi à obtenir la colchicine cris-
tallisée, c'est-à-dire à l'étal de pureté parfaite.
Bien plus, les propriétés physiologiques de la colchicine
ont été établies avec précision par M. le docteur Laborde,
qui les a consignées dans un travail et résumées ainsi: « En
fin de compte, tout, dans notre étude expérimentale, con-
court à démontrer une participation prépondérante et élec-
tive du système nerveux ganglionnaire dans Taction physio-
logique de la colchicine. y^
Les données expérimentales, rapprochées des essais cli-
niques, permettent une systématisation rationnelle concer-
nant l'emploi de la colchicine dans l'afl^ection goutteuse :
son mode d'action s'explique par l'effort gastro-intestinal
qu'elle provoque et par son action vaso-motrice localisée.
M) Laborde et Houdc, le Colchique et la Colchicine. Paris. 1887.
MM. Mairet et Combemale (i), désireux de préciser l'in-
fluence de la colchicine sur l'excrétion de l'acide urique en
dehors de tout accès, ont recueilli et dosé, pendant six
séjours consécutifs, les urines de deux arthritiques; puis
ils ont administré 5 milligrammes de colchicine; ils ont
trouvé que la quantité d'acide urique excrétée après l'ab-
sorption de la colchicine élait double que celle d'avant. En
résumé, disent-ils, la colchicine agit, suivant les doses,
soit comme diurétique, soit comme purgatif; elle augmente
l'excrétion de l'acide urique et diminue celui qui est con-
tenu dans le sang.
L'observation suivante, dont le sujet est un médecin,
montrera avec quelle confiance on peut prescrire les gra-
nules de colchicine Houdé dans la goutte, car dès les pre-
mières évacuations, ils provoquent une détente absolue de
l'accès goutteux et de ses douleurs aiguës :
Ous. — Trente-sept ans, pas d'antécédents héréditaires.
A dix-huit ans, première atteinte de rhumatisme articulaire;
à trente-deux ans, deuxième attaque de rhumatisme avec hydar-
throse double ayant exigé un traitement de trois mois. En
décembre 1886, attaque suraiguë de goutte localisée au gros
orteil gauche. Durée, vingt jours. Traitement : salicyJate de
soude et^alcalins. En janvier 1887, deuxième atteinte de goutte
au gros orteil droit. Durée, quinze jours; traitement : teinture
de colchique, lithine.
Pendant quatre à cinq mois, ardeurs passagères fréquentes
du gros orteil. En août, je me suis procuré des granules de
colchicine Houdé, sur les conseils d'ua de mes confrères qui en
avait obtenu de très bous résultats. Depuis août 1887, j'ai eu à
trois reprises des craintes sérieuses d'une nouvelle attaque;
chaque fois, sous l'influence de la colchicine, les accès ont
avorté; je prenais le premier soir quatre granules, trois le
second et deux le troisième; le lendemain matin, j'étais étonné
de la diminution des douleurs; le surlendemain tout était lini.
Je n*ai observé aucun phénomène insolite pouvant être 'mis
sur le compte de la colchicine; comme traitement préventif des
accès goutteux, je n'ai pas encore échoué une seule fois avec ce
médicament.
Un titrage d'une exactitude mathématique s'imposait
dans le mode d'administration d'un médicament doué d'une
activité aussi réelle; d'autre part, la pureté chimique de la
substance ayant en thérapeutique une importance capitale,
nous avons cru réunir toutes les garanties exigées d'un
médicament chimiquement pur, en préparant avec la plus
grande rigueur les granules de colchicine Houdé; chaque
granule est exactement dosé à 1 milligramme, ce qui per-
met d'en régler l'emploi avec précision.
De toutes les observations recueillies, il résulte qu'au
point de vue thérapeutique, la colchicine cristallisée consti-
tue un médicament curatif et surtout préventif de l'accès
goutteux proprement dit, et mérite, à cet égard, toute l'at-
tention des médecins.
(I) Communication à l'Académie des scienccâ.
3-1..
558 — N» 34 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmE ET DE CHIRURGIE
23 Août 1880
THERAPEUTIQUE
I^a Digitale.
La séance du 22 janvier de rAcadémie de médecine a
été animée par une discussion que M. Germain Sée a sou-
levée au sujet de l'emploi médicinal du strophantus et de
la strophantine. La doctrine que le savant professeur a sou-
tenue, très scientifique et très séduisante, invoque une
opinion d*un de nos plus illustres expérimentateurs ; et il
la résumée dans une phrase très bien frappée : « Ce sera,
dit-il, Fhonneur de la médecine moderne et de la chimie
biologique de substituer, selon la grande idée de Ci. Ber-
nard, partout et toujours, aux plantes sauvages et aux
médicaments empiriques en général, les principes chimi-
ques rigoureusement déterminés. » Si cette phrase est
l'expression d'un vœu, c'est parfait ; mais, si elle a la pré-
tention d'offrir une doctrine actuelle et absolue, elle
renferme deux mots, « partout et toujours >, qui sont de
trop.
Il est très vrai, nous nous empressons de le reconnaître,
que la tendance à laquelle la phrase de M. Germain Séé
applaudit avec tant de raison, existe, et que nous devons
réunir nos efforts pour lui faire la voie de plus en plus
large. Mais la science n'est pas encore allée jusque-là que
toutes les plantes qui jouent un rôle dans la malière médi-
cale aient répondu aux investigations de la chimie ; et il s'en
faut de beaucoup, malgré l'affirmation très respeclable de
M. le professeur Germain Sée, que les alcaloïdes retirés d'une
plante soient toujours supérieurs, comme agents Ihérapeu-
tiques, à la plante elle-même avec la réunion de tous ses
principes. Souvent même, on le sait, les effets produits par
les alcaloïdes offrent, avec les résultats obtenus par l'emploi
de la plante mère, une différence telle, qu'on ne saurait
hésiter à recourir à cette dernière.
Prenons pour exemple la digitale, notre diurétique le
plus sûr, l'agent le plus efficace de la médication anti-
pyrétique, dont les propriétés ont été confirmées par trente
années d'expérimentation. Si l'on pose cette question :
Doit-on préférer, dans la pratique médicale, les alcaloïdes
de la digitale à la plante mère? un de nos thérapeutistes
les plus compétents, M. le docteur Dujardin-Beaumetz, va
nous répondre : « Dans l'état actuel de la science, vu la
complexité chimique de ces composés et leur action physio-
logique variable, il vaut mieux, en attendant, conseiller
l'usage de la plante mère. »
La réponse est catégorique. Pourtant, les alcaloïdes de
la digitale ont été, sinon trouvés, du moins cherchés et
étudiés avec le plus grand soin par de savants chimistes
et médecins. Mais la digitaline solubledans l'eau et l'alcool,
la digitaline amorphe et insoluble, et la digitaline cristal-
lisée, ne sont, d'après Schmiedeberg, que des mélanges de
principes préexistant dans la plante ou des corps de décom-
position ; il ne reconnaît comme principes chimiques purs
que les quatre corps suivants: la digitonine, la digitaline,
la digitaléine et la digitoxine, dont les trois premiers au-
raient, d'après Hoppe, des propriétés qui les rapprocheraient
de la plante mère, et dont le quatrième, de six à dix fois
plus actif, n'est pas d'un emploi sans danger. Il résulte de
là que la plante mère se trouve logiquement et nécessaire -
ment attachée à la pratique médicale dans un rang incon-
testablement supérieur à celui des agents tirés de son seiiu
jusqu'au moment où la science, isolant ceux-ci nettement.
pourra différencier chimiquement les propriétés diverse^
dont la plante jouit et qui, aujourd'hui, peuvent élr^
considérées comme concourant à l'effet principal poiK
lequel elle a été surtout étudiée, à savoir les effets sur 1^
cœur.
Or ces considérations ont une grande importance. Efi
effet, l'agent thérapeutique adopté, c*est-à-dire la plante
mère, est un corps très composé, dont les éléments ont
des propriétés chimiques et physiologiques diverses; et i)
importe de choisir le mode de préparation qui doit donner
de la manière la plus certaine tout l'ensemble de ces élé-
ments réunis et combinés. Labélonye, dont le mode de
préparation a été adopté dans la dernière édition du
Codex, se plaçant précisément à ce point de vue, a repoussé
la méthode de l'infusion aqueuse prolongée, qu'on avait
considérée comme donnant le meilleur produit pour Tusage
médical, et il a démontré que la plante doit être trailét*
par l'alcool hydraté à 22 degrés, qui, dissolvant Tbo/Ve
volatile, la résine et les principes amers, fournit un extrait
hydro-alcoolique, qui, préparé dans le vide, présente asso-
ciées toutes les propriétés de la plante.
Le rapport lu à l'Académie de médecine le 23 janvier
1872, par M. Buignet, a mis hors de contestation que la
solution hydro-alcoolique de digitale doit être la base des
préparations digitaliques; et c'est d'après ce principe que
Labélonye a créé le sirop de digitale, dont les effets
constants démontrent qu'il possède réellement toutes
les propriétés de la digitale, produisant chez les hydro-
piques et les cardiaques des effets franchement diurétiques.
se montrant éminemment utile dans plusieurs affection>
des voies respiratoires, asthme, coqueluche, hydropisie de
poitrine, etc., déterminant le ralentissement du pouls, cal-
mant les palpitations en rendant les battements du coeur
plus fermes et plus réguliers, etc.; en un mot, donnant
tous les résultats propres à la digitale elle-même.
Pour appuyer ce que nous venons de dire sur la préfé-
rence à donner à la plante mère, dans l'application médi-
cale de la digitale, citons ici le passage suivant que nous
lisons dans le Dictionnaire de M. Dujardin-Beaumetz :
c Dans les maladies du cœur s'accompagnant d'une exsu-
dation aqueuse abondante, suite de la stase du sang dans
le système veineux, la digitale fait disparaître cette stase
et aide à la résorption des exsudats séreux en régulari-
sant les fonctions du cœur et la distribution du sang >, ce
qui révèle évidemment une action aussi complète que pro-
fonde.
(Extrait de VUnion médicale.)
G. Masson, Propriétatte-GéranU
20151. — MOTTEROZ. — ImprimeiiM réuniet, ▲, rao Mignon, S, Par».
Trente-sixième année
N*35
30 Août 1889
GAZETTE nEBDOMADAIBE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. OIEULArOY, OBEYrUS-BRISAC, rRANÇOiS-FRANCK, A. HCNOCQUE, A.g. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaetion A M. Lkrebodllet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — BULLBTllf. L'asMiniMeoient des villes françaiieB. — Rivui
DBS coons BT DBS CLINIQOBS. Pscolié de médecine. Court de M. le profcseeur
Gtiyou : Oa ireiiemeni cootécnUr df^ arihropatliieê. — Travaux uhioinaux.
Ncuropalhologie : De l'anettliéiie koiu se« divers modes daii« la paréso-anal-
gfslo. —Cas frui^tes de par^so-analifésle. ~ Cohhbafonoince. Abcès sous-
périoiliqne ft pteumoeo |oes. -* Socibtés savaktbs. Académie des sciences.—
Académie de médecine. — Société de Ib^rapeuiinue. - Rkvub Dks journaux.
Thérapeutique. — Biblioghaphib. De la cap4cité juridiiiuo des aliénés et de
leur liberté iodhfidaelle. — Variétés. Faculté de médecine de Paris.
BULLETIN
L'atMlalfl
Paris, ^8 août 1889.
Re»t dem ville» fraaçaiaes.
Le Journal officiel a publié, il y a quatre jours, un
important rapport adressé par M. le professeur Proust,
inspecteur général des services sanitaires, sur l'assainisse-
ment de la France. Il semble que ce travail considérable,
préalablement discuté et approuvé par le Comité consul-
tatif d'hygiène publique de France, forme comme la con-
clusion naturelle des délibérations du Congrès interna-
tional d'hygiène dont nous rendions compte il y a huit
jours. Il marque en tout cas une nouvelle étape dans la
voie progressive que n'a cessé de suivre Tadministralion
sanitaire française depuis plusieurs années. Le moment
paraît en effet tout particulièrement bien choisi pour en-
tretenir le gouvernement et l'opinion publique de ces ques-
tions générales d'hygiène qui revêtent un intérêt d'autant
plus grand que leur vulgarisation s'étend davantage. Dans
quelques semaines le suffrage universel chargera des affaires
publiques des nouveaux mandataires ; ils auront vraisem-
blablement à assurer d'une manière définitive l'organisation
sanitaire qui permettra de généraliser les pratiques de
rhygiène publique sur les divers points du territoire; ils
devront aussi modifier la législation de telle sorte que
Tégoîsme des intérêts particuliers ne puisse ici prévaloir
contre les légitimes exigences de l'intérêt général.
Par une heureuse comparaison, H. Proust a eu soin de
faire observer tout d'abord que c la méthode antiseptique
et les pansements propres ont diminué dans des propor-
tions considérables la mortalité des femmes en couches et
des opérés; il serait également facile, ajoute-t-il, d'obtenir
par l'assainissement des localités malsaines des résultats
aussi heureux pour la prophylaxie des maladies infectieuses
et contagieuses >. Or les exemples abondent qui démontrent
que certaines villes, tant françaises qu'étrangères, ont vu
leur mortalité générale, et surtout leur mortalité par la
«• Série. T. XXVI.
fièvre typhoïde, diminuer dans des proportions considérables
et continues. « C'est seulement lorsque nos villes seront
assainies que Ton verra diminjier également la mortalité
causée par les maladies infectieuses et surtout par la fièvre
typhoïde dans notre population civile et dans notre armée ;
c'est seulement alors que, nos ports présentant un terrain
réfractaire à la pénétration des germes morbides exotiques,
on pourra supprimer complètement les dernièves entraves
quarantenaires. Il est donc du devoir des municipalités et
du gouvernement d'assainir, dans le plus bref délai po^^sible,
les villes, les ports et le pays tout entier. » Les maladies
évitables sont en effet de deux ordres : c les unes sont exoti-
ques, c'est-à-dire que, nées sur un autre sol, elles ne
pénètrent chez nous que par importation; les autres sont
autochtones ou acclimalées. » Ce n'est ici ni le lieu ni le
moment de discuter le plus ou moins d'exotisme de telle
ou telle apparition épidémique dans un de nos ports ou l'une
de nos villes. Au point de vue de l'hygiène, la règle à suivre
est toujours la même ; il importe de s'en convaincre.
La prophylaxie des épidémies et des maladies Iransrois-
sibles comprend un certain nombre de mesures dont l'exécu-
tion peut être abandonnée ou confiée à l'administration sani-
taire; dans ce dernier cas, ces mesures doivent être conformes
à la législation générale ou spéciale. Parmi ces mesures, les
unes sont d'une exécution immédiate et leur rapidité
d'application doit être en rapport avec l'urgence du but à
atteindre; les autres peuvent avoir une échéance plus éloi-
gnée. C'est qu*en effet l'histoire de toutes les épidémies
montre qu'elles naissent ou se propagent surtout dans les
milieux insalubres ; c'est là qu'elles exercent leurs plus
grands ravages, qu'elles ont la plus longue durée et qu'elles
font le plus de victimes. Accroître la salubrité d'une loca-
lité ou d'un pays, c'est tout au moins prémunir cette localité,
ce pays, contre la violence des manifestations épidémiques.
La science a démontré tout ce que l'on gngne à stériliser
l'air, Tenu, le sol, à les rendre impropres à la culture des
micro-oi^anismes, causes ou effets des maladies transmis-
sibles, caractéristiques en tout cas de leur pouvoir de
propagation. Au point de vue pratique il convient donc de
s'occuper des moyens immédiats et des moyens plus ou
moins éloignés d'assurer la prophylaxie des épidémies et
des maladies transmissibles. Les premiers se subdivisent
comme il suit : l'information officielle des cas de ces ma-
ladies, la vaccination pour les affections dont le vaccin a
été jusqu'ici trouvé, l'isolement, la désinfection sous toutes
ses formes. Les seconds comprennent les mesures d'assai-
nissement des habitations, les mesures locales de salubrité,
do
558 — N* 35
GALETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE Et DE CtttRUtlGÎE
do AOUT IdSd
les grands travaux d'assainissement et l'organisation de la
statistique démographique. La prophylaxie est plus ou
moins rigoureuse, simple ou complexe, suivant telle ou
telle maladie transmissible et d'après l'étendue du terri-
toire où celle-ci se manifeste; mais les préceptes généraux
ne varient pas. En règle générale, les mesures édictées par
les autorités en pareille matière doivent se maintenir stric-
tement dans la limite des pouvoirs que les lois leur confièrent
et ne sauraient dépasser retendue des dispositions que des
lois particulières ont pu édicter en vue de tel ou tel intérêt.
Même sous le prétexte très respectable de sauvegarder la
santé publique, il n'est pas permis aux dépositaires de la
puissance publique d'enfreindre les défenses que les lois
ont voulu opposer à la témérité qu'ils pourraient èlre tentés
d'apporler dans l'accomplissement de leur mission.
On trouvera sans doute qu'il n'était pas inopportun de
rappeler ces préceptes, alors qu'il s'agit d'obtenir l'assen-
timent général en faveur de mesures qui ne peuvent être
réalisées pour la plupart qu'à longue échéance, et qui
entraînent forcément des dépenses et des difficultés de tous
ordres. La Grande-Bretagne, dont on se plaît ordinarement à
rappeler l'exemple, a commencé l'assainissement de ses villes
il y a plus de quarante ans; on estime qu'elle y a dépensé
plus d'un milliard de francs, et cependant le nombre des
cités où des travaux de ce genre ont été entrepris est encore
relativement restreint; néanmoins, sa mortalité s'est abais-
sée dans une proportion énorme, même si Ton tient compte
des imperfections, à tous égards assez légères, de sa statis-
tique mortuaire. D'autres pays et d'autres villes tels que Ber-
lin, Danlzig, Breslau, Francfort-sur-le-Mein, Munich offrent
des exemples non moins convaincants. Au point de vue de
l'assainissement, les conditions principales qui ont été
remplies et qu'il n'y a qu'à imiter aussi largement que pos-
sible, ont été et sont de deux ordres : l'arrivée d'une eau
potable, abondante et à l'abri de toute souillure, et l'éva-
cuation immédiate, hors de l'agglomération habitée, sans
arrêt ni stagnation possible, avant toute fermentation, des
matières impures et des eaux usées de la vie et de l'indus-
trie. Fort heureusement aujourd'hui l'accord s'est fait entre
les hygiénistes sur les procédés qui permettent de réaliser
ces conditions suivant les localités, si bien que les muni-
cipalités et le gouvernement ne peuvent plus arguer des
dissentiments qui se sont trop longtemps élevés à cet égard,
pour se refuser à agir. Les projets peuvent être dressés en
parfaite connaissance de cause, sans doute ni crainte sur les
résultats de la solution à intervenir. Le seul écueil à éviter
est peut-être celui de vouloir faire trop vite et trop grand,
c'est-à-dire de n'adopter que des propositions ayant surtout
pour but, comme tant de travaux édilitaires de grande
voirie, de frapper l'imagination publique. On ne gagne
pas beaucoup à percer de longs boulevards si les maisons
qui les bordent deviennent plus étroites et plus encom-
brées qu'avant; quels avantages immédiats retire la santé
publique de la construction d'un vaste égout si les dépenses
que ses dimensions exagérées ont exigées ne laissent plus
d'argent pour y raccorder les habitations voisines ! 11 faut
ici procéder avec ordre et méthode et ne pas oublier que le
premier devoir des pouvoirs publics est d'assurer, en pareil
cas, la salubrité du domicile. N'est-ce pas en agissant ainsi
que les Anglais ont obtenu les résultats sanitaires, dont
nous parlions plus haut, même dans des cités où la voie
publique est manifestement mal entretenue et dans lesquelles
les moyeus, généraux d'assainissement sont insuffisants à
bien des égards. Les eaux bues à Londres sont d'ane qua-
lité assez médiocre, les égouts sont loin d'offrir des garanties
de salubrité parfaite; mais l'habitation a bénéficié des
nombreuses découvertes du génie sanitaire qui a pris nais-
sance en Angleterre et y a reçu de si nombreux dévelop-
pements ; l'hygiène privée s'est généralisée, au moins dans
les classes élevées et moyennes de la population, et surtout
la prophylaxie immédiate des maladies transmissibles y a
reçu une extension considérable.
Sans doute l'administration sanitaire serait exposée à suc-
comber à la tâche si l'amélioration de la salubrité ne lui
venait pas en aide ; mais il faut bien reconnaître qae la
rapide et complète exécution des mesures prophylacti-
ques constitue l'un des facteurs les plus importants de
l'amélioration de la santé publique; c'est en tout cas celui
qui nécessite le moins de dépenses et dont il est le
plus facile d'obtenir la réalisation. Les preuves en sont
fréquentes : vienne une épidémie dans une caserne, dans
un collège, etc., l'éloignement des malades, la désinfection,
la vaccination, le licenciement même de tout le persoaoel
sont immédiatement exécutés; l'épidémie cesse; des cas de
peste, de fièvre jaune, de choléra se produisent sur an
bâtiment, des mesures rigoureuses de désinfection et d'iso-
lement en arrêtent aussitôt la propagation. D'autre part,
c'est l'administration sanitaire, lorsqu'elle a pu exercer sa
mission pendant quelques années, qui est le plus à même
de dire sur quels points les travaux d'assainissement doivent
plus particulièrement porter ; grâce àelle les pouvpirs publics
ne risquent pas d'être exposés au reproche d'affecter les
ressources publiques à des dépenses dont l'urgence et Tin-
térét ne sont pas suffisamment démontrés.
Ces idées ne cessent de se développer en France. Le
nombre de villes qui s'efforcent de les réaliser commence à
s'élever: c*est Paris, dont l'assainissement suit une marche
graduelle, en rapport avec les ressources budgétaires ; c'est
Reims, qui, après avoir créé un bureau d*hygiène, a, sur
l'initiative persévérante et éclairée de son maire, M. le
docteur Henrot, pris résolument le parti de procéder à un
assainissement général; c'est Nice qui, grâce au dévoué
directeur et fondateur de son bureau d'hygiène, M. le
docteur Balestre a aussi entrepris de semblables travaux ;
c'est Marseille, Lyon, le Havre, Saint-Étieiine, Besançon,
Toulouse, Rouen, Chartres, etc., dont les projets d'assai-
nissement sont également sur le point d'aboutir. Le rapport
de M. l'inspecteur général des services sanitaires encou-
ragera assurément ce mouvement dont les conséquences ne
sont pas douteuses.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
FACULTÉ DE NÉOEGIiNE. — COUHS DE M. LE PROFESSEIH
GUyON.
IHi trattomcnt eoa«écaCtr de« arthr«|yUhtcs.
(Fin. — Voyez le numéro 32.)
II. Mode d'application des moyens.— Le chirurgien pres-
crit l'emploi de la température, des douches, des frictions,
des bains, et même de l'électricité ; mais il n'est pas astreint
à en faire lui-même l'application. Il n'en va pas de même
des mouvements et du massage, qu'il doit administrer lui-
même, ou qu'il doit^ tout au moins, faire appliquer sous sa
surveillance immédiate.
Des mouvements il ne nous reste pas grand'chose à dire^
30 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHtRUtlGtË
_ «• 35 _ 559
après la leçon consacrée aux raideurs articulaires. Insistons
seulement, après Bonnet, sur le principe du fonctionnement
f partiel et élémentaire. Sauf pour certaines petites raideurs,
a restitution fonctionnelle brutale est dangereuse. Et
d'ailleurs, même quand la guérison en une séance est pos-
sible, ce serait faire erreur que de chercher, en une impul-
sion brusque, à pousser un mouvement immédiatement à
Textréme. Que Ton aille vite ou que Ton aille lentement,
les étapes sont les mêmes ; on assouplira les mouvements
élémentaires que peu à peu Ton étendra et l'on associera.
On ne passera du mouvement partiel au mouvement total
que lorsqu'on aura peu à peu acquis la certitude que le
moment d'oser est venu ; on aura ainsi tous les bénéfices
de l'audace, sans s'exposer aux dangers de la témérité.
Ainsi, la différence entre le traitement rapide et le traite-
ment lent n'est pas dans la suppression des étapes, mais
dans la durée de l'arrêt qu'on s'impose à chacune a'elles. Et
Ton ne saurait croire, sans l'avoir observé par soi-même,
combien il faut avoir exécuté de mouvements partiels avant
d'arriver à un mouvement de totalité.
Ce serait nous répéter que de parler de l'emploi des mains
ou des machines, que d indiquer encore la manière d'es-
pacer les séances, que de proscrire le chloroforme pour les
cas où l'on n'est pas absolument sûr de pouvoir rompre en
une séance toutes les adhérences. Passons donc à Tétude du
massage.
Le massage permet de réaliser pour les parties molles les
mouvements élémentaires dont le mouvement permet la
restitution à la jointure elle-même. Grâce à lui, le membre
tout entier bénéficiera de l'exercice fonctionnel partiel qui
le prépare au fonctionnement parfait. Le pétrissage est la
manœuvre à laquelle il convient de recourir pour obtenir ce
résultat; aussi bien le pétrissage est-il le massage propre-
ment dit, l'essence même du massage. On saisit une portion
de muscle — ou de tout autre tissu — entre les mains ou
entre les doigts d'un seule main et on la soumet à une
pression ferme, tout en la faisant rouler entre les doigts,
comme si on voulait exprimer une éponge qui s'imbiberait
sans cesse. On peut y joindre le tapotement, percussion peu
intense et répétée, faite avec les extrémités des doigts,
avec le bord cubital ou radial de la main, avec la paume ou
le dos de la main à demi fermée, suivant qu'on veut agir
sur une surface plus ou moins étendue.
Le massage ainsi pratiqué a une action profonde, bien
différente de celle des frictions, qu'on lui joint souvent sous
le nom d'effieurage, vrai frôlement fait avec la paume de la
main, ou avec les doigts, ou enfin avec le pouce seul, suivant
une direction centripète, autant que possible dans le sens
des fibres musculaires.
Les manœuvres du massage s'exercent surtout sur les
muscles ; mais on aurait tort de ne pas les faire également
au niveau de la jointure elle-même, pour combattre l'infil-
tration des tissus péri-arliculaires, pour faire glisser l'une
sur l'autre les différents couches jjui recouvrent l'articula-
tion. Le massage contribue ainsi à l'assouplissement. De
plus, on ne saurait contester qu'il a de l'action sur les
engorgements intra-articulaires. Sans doute, il ne devra
pénétrer jusque-là que lorsque toute inflammation sera
éteinte, et l'on s'en référera pour en juger, comme pour les
mouvements, au degré et à la durée des sensations doulou-
reuses. Mais pour les épanchements intra-articulaires, il ne
faut pas compter sur son efficacité ; les épanchements tor-
pides de l'hyaarthrose lui résistent certainement.
La durée, le nombre, la répétition des séances ne
sauraient être réglés d'une façon précise. Cependant on ne
peut pas multiplier les séances comme pour la mobili-
sation. Le pétrissage, s'il se continue pendant dix à quinze
minutes, fatigue les tissus, et ne doit pas, sauf exception,
être pratiqué trop souvent; il suffit de faire séance tous les
deux jours.
III. Les indications du traitement précédemment exposé
se rencontrent surtout pendant la période de convalescence.
Il a pour but, en effet, d'entretenir ou d'activer les fonctions
articulaires, et son importance est majeure dans le traite-
ment consécutif des arthropathies, une fois apaisés les phé-
nomènes inflammatoires.
Hais il est des arthropathies, graves entre toutes pourtant,
Jui naissenlet évoluent à l'état torpide; on en trouve le type
ans certaines tumeurs blanches à fongosités épaisses, les
surfaces articulaires ayant conservé un jeu presque normal.
Pareil état s'observe au genou principalement; la pression
réciproque des plateaux articulaires est indolente et la
station peut être tolérée, même assez prolongée, l'in-
terrogation des os reste sans réponse. Le repos articulaire
est-il indiqué dans ces cas où la vie est languissante et dans
la jointure malade et dans l'économie entière? Lugol,
l'un des premiers, a démontré l'utilité des mouvements dans
les arthropathies de ce genre. Gensoul lui aussi l'a proclamé
et Bonnet y a insisté, demandant que l'on s'appliquât à
régler, et non à supprimer les fonctions des articulations
atteintes de la sorte. L'expérience a enseigné à M. Guyon
combien ces vues sont justes, mais à condition d'agir avec
prudence. Si l'on autorise des mouvements trop étendus, la
douleur survient, et le chirurgien, se sentant coupable,
tombe dans l'exagération d'une immobilisation absolue. Le
[principe est d'ailleurs le même que celui du traitement
onctionnel de repos ; il faut éviter la pression réciproque
des surfaces articulaires. Pour cela, les mouvements aoivent
se faire d'une façon déterminée, et pour le genou en parti-
culier, la marche ne sera pas contre-indiquée si un tuteur
permet la transmission directe, de la hanche à une semelle
métallique, d'un poids que des béquilles allégeront encore.
Les principes sont analogues pour le traitement de la
convalescence, mais on peut oser davantage. La répéti-
tion des provocalions fonctionnelles est* ici nécessaire, et
cela implique la variété dans les moyens. Tous ceux q^ui ont
été énumérés plus haut, trouveront leur emploi, soit
ensemble, soit dissociés. Ils ne s'excluent nullement les
uns les autres, mais un seul est indispensable, l'adminis-
tration méthodique des mouvements.
A quel moment convient-il de passer du repos à l'activité?
Question délicate entre toutes. Délicate, parce que le chi-
rurgien sera en général poussé par l'entourage du malade à
faire cesser le plus tôt possible l'immobilisation; délicate
encore parce aue de l'opportunité de cette décision dépend
le sort du malade.
S'il fallait pécher dans un sens, ce serait plutôt par excès
de prudence. On ne doit pas avoir peur de prolonger l'im-
mobilisation, si elle est faite en bonne position. Et d'ailleurs
il est des maladies articulaires oui ne peuvent arriver que
[»ar l'ankylose à la guérison réelle. Craindre Tankylose dans
a coxalgie, dans la tumeur blanche du genou ou du pied,
c'est ne pas vouloir la guérison.
La nature et le siège du mal sont déjà des indications de
premier ordre. A côté de cela, c'est du degré de l'arthrite
3u'il faut tenir compte. On commencera le traitement
'activité lorsque l'arthrite sera éteinte, et pour en juger,
on interrogera la synoviale par les pressions localisées, ainsi
qu'il a déjà été dit pour la mobilisation des raideurs articu-
laires. C'est en effet l'état de la synoviale qui est, pour le chi-
rurgien, le point important. Quelle que soit la succession
des lésions, qu'elles débutent par les os ou par la synoviale,
elles ne sont chirurgicalement articulaires que lorsque la
synoviale est malade. Dans la vie pathologique comme dans
la vie normale des articulations, c est la synoviale qui joue
le rôle le plus actif; c'est elle qui règle la nutrition de la
jointure, et c'est d'elle que partent les expressions sympto-
matiques, la douleur surtout, qui révèlent l'état morbide.
Il reste un point à indiquer. Le traitement fonctionnel
d'activité peut-il être préventif? Oui pour certaines arthro-
560 — »• 35
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE KÉDECINE ET DE CHIRURGIE
30 AoOT 1889
I^athîes ; ouï surlout pour certains phénomènes, parmi
esquels Talmphie musculaire est une des plus importantes.
Les recherches du professeur Le Fort et de son élève Valtat
ont mis en lumière Taciion directe des arlhropalhies sur
Tatrophie musculaire; et de plus, le repos, la compression
favorisent cette atrophie. On a donc raison d^aflirmer que,
{rendant le traitement de la période d*etat, il Hiut prévenir
a dénutrition musculaire. Mais le massage est ici défectueux,
car il exige des mouvements incompatibles avec le traite-
ment fonctionnel de repos. Ce n*esl donc pas à lui qu il
convient de s'adresser, mais aux courants continus dont
l'action puissante sur la vitalité musculaire est bien
connue.
TRAVAUX ORIGINAUX
IVeitropatholoflrte.
ÛE l'aNESTHÉSIK socs SES DIVERS MODES DANS LA PARÉSO-
ANALGÉSIE. CaS FRUSTES DE PARÉSO-ANALGÉSIE, par M. le
docteur Morvan (de Lannilis).
Dans mon premier travail sur la pari^so-analgésie publié
en 1883, je disais : € L'analgésie s'accompagne ordinaire*-
ment d'ane-^thésie; c'est la règle. > Cependant, parmi les
faits observés, je citais une exception. Depuis, parmi ceux
qui faisaient le sujet d'un nouveau travail publié en 1886,
je relevais encore une exception. Ce n'était guère que deux
exceptions sur un total de quinze faits, et j'en concluais
naturellement qu'en thèse générale la sensibilité au tact
était lésée dans la paréso-analgésie.
Mais je dois avouer qu'avant tout mon attention était sol-
licitée par Tétat d'analgésie que je rencontrais dans cette
aiïection, et je né m'arrêtais pas assez aux autres troubles
de la sensibilité.
Chez les premiers malades qui s'étaient offerts à mon
observation l'analgésie était complète, l'abolition de la sen-
sibilité absolue, du moins aux mains, et n'ayant dans le
passé rien pour me guider, réduit à mon expérience per-
sonnelle, je me figurais qu'il en devait être toujours ainsi.
Plus lard seulement j'appris qu'il pouvait y avoir des degrés
dans l'analgésie.
J'ai signalé incidemment dans plusieurs de mes obser-
vations Texistence de la thermaiieslhésie. Mais je ne me
suis servi de la chaleur — le feu, l'eau bouillante — que
pour faire ressortir Tabolilion absolue de la sensibilité à la
douleur. Le feu, l'eau bouillante étaient pour moi, comme
la pii|ùre de l'épingle, des agents propres à réveiller la
douleur.
Ce n'est (|ue depuis le remarquable travail publié par
M. Kolh, privat-docent de l'université de Moscou, dans les
Archives de neurologie en 1H87-1888, que je me suis occupé
de l'anesiht^sie thermique à un point de vue différent.
Il y a^ail donc pour moi une nouvelle étude à faire de la
sensibiliié dissociée dans la paréso-analgésie.
J*ai soumis à un nouvel examen ceux de mes précédents
malades, sans distinction ni triage, qu'il m'a été possible de
réunir. J'ai tenu surtout à revoir deux individus (obs. I et
IX) chez qui j'avais noté la persistance de la sensibilité
tactile, et à savoir ce qu'ils étaient devenus, sous ce rapport,
dans le cours de ces dernières années.
Lorsque, dans mes premiers travaux, je donnais l'anes-
thésie tactile comme la règle et la conservation de la sensi-
bilité au tact comme une exception rare, c'était chez moi
Îlulôt une impression que la constatation régulière d'un fait,
e viens aujourd'hui combler cette lacune et fournir les
preuves à Tappui.
La chose est d'autant plus nécessaire que dans deux
communications sur la syringomyélie (gliomatose médul-
laire) faites sui'cessivement à la Société médicale des bôpi-
Uux (>éance du ±i février 1889) et publiées dan-^ \9iGazHit
hebdomadaire (ii** du I"' et du 8 mai 1889), MM. Debove
et Déjei ine ont établi, en se basant sur les deux faits ren-
contrés par eux et aussi sur ceux publiés à l'étranger, que
cette affection est caractérisée par des troubles de la sensi-
bilité à la douleur et à la température, alors que la sensi-
bilité au tact est respectée.
C'est aussi pour Koth la caractéristique de la gliomalose
médullaire.
Or, Roth et avant lui Bernhardt, professeur à la poly-
clinique de Berlin, et peut-être aussi les auteurs des deux
précédentes communications, ont une tendance à rattacher
la naréso-analgésie à la gliomatose médullaire.
Il s'agit de 1 en dégager, et je crois que la chose est fai-
sable. Déjà, dans une communication à la Société médicale
des hôpitaux, séance du 26 avril 1889, le docteur Gombault,
médecin de l'hospice d'Ivry, a bien commencé la besitgne.
Une première fois (obs. de^^Monod et Reboul), son examen
avait porté sur un doigt atteint de panaris et amputé pour
cette raison, et lui avait montré une lésion profonde des
nerfs de ce doigt. La seconde fois (autopsie avec examen
histologique de Prouff, Gombault et Reboul), il arriva à \a
double constatation suivante : l*" coexistence de lésions por-
tant à la fois sur les nerfs périphériques et sur la moelle
épinière; 3t° d'autre part, prédominance très marquée, sinon
la présence exclusive de ces lésions dans le renflement cer-
vical de la moelle et dans les nerfs des membres supé-
rieurs, c'est-à-dire dans les parties du système nerveux
correspondant aux régions où les symptômes ont été plus
précoces et plus marqués.
L'analyse des symptômes m'avait amené à localiser la
paréso-analgésie dans le rendement cervical, entre la
sixième paire cervicale et la première dorsale, où elle se
cantonne, du moins au début, et d'où elle ne sort aue rare-
ment. La lésion de cette portion de la moelle, sur la nature
de laquelle je ne me prononçais pas, était pour moi le point
de départ du mal.
Les auteurs de cette communication ne se croient pas
autorisés à trancher la question de savoir si la lésion mé-
dullaire a déterminé celle des nerfs périphériques, ou si.
au contraire, elle n'est pas la conséquence de cette der-
nière.
Dans mon incompétence, et devant la réserve d'un ana-
tomo - pathologiste aussi autorisé que M. Gombault, je
devrais sans doute faire comme eux et m'abstenir. Qu*il lue
soit cependant permis de présenter quelques courtes obser-
vations en faveur de mon opinion. Dans certains cas, on fait
remonter la maladie à un traumatisme périphérique, et,
comme assez généralement le mal passe du côlé opposé, il
serait logique d'admettre qu'il avait retenti sur le cbaiuon
intermédiaire, qu'il y avait une lésion médullaire ayant
pour cause une névrite ascendante partie de la blessure, et
pour conséquence la névrite du membre secondairement
atteint.
Mais, dans la grande majorité des cas, on ne constate
aucun traumatisme. 11 n'y en avait pas, ijolamment, chez la
malade du docteur Proiiff, la seule dont l'examen anato-
inique total ait été possible jusqu'à présent. L'hypothèse de
la névrite traumatique n'ayant rien à faire ici, il semble
naturel de se retourner encore vers la moelle et d'y cher-
cher l'explication des lésions qui frapperont alternative-
ment les deux membres correspondants.
Et puis, si la névrite périphérique peut donner la raii^on
des troubles de la sensibilité et de la motricité aux extré-
mités, assurément elle ne saurait expliquer les altérations
situées à l'étage supérieur, par exemple l'arihropalhie de
l'épaule et la scoliose qui existaient chez la fille Poupon.
Pourquoi, dès lors, ne pas admettre pour les lésions des
nerfs la môme explication que pour celles des os, de la
30 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— W 36 - 561
peau, des articalalions, à savoir des troubles de la tro«
phicilé?
A la fin de ce travail, je me crois en situation de montrer
que la paréso-analgésie, réduite à sa plus simple expres-
sioHy ne se manifeste plus que par des désordres tro-
phiques.
Quoi qu'il en soit, les auteurs de la communication
n*hésitent pas à déclarer qu'on peut se prononcer contre
l'existence de la syringomyélie.
Pas de glyôme, mais une sclérose de la zone corticale
de la moelle avec épaississemeni des parois vasculaires,
sans qu'il s'agisse toutefois d'une sclérose avec rétraction,
comme d»Ds I ataxie locomotrice.
ceux-ci soient réellement indemnes, soit qu'ils n'eussent pas
été suffisamment examinés.
Donc la question est résolue anatomiquement. Je crois
qu'il est également possible de la résoudre cliniquement
et d'arriver à conclure que la syringomyélie et la paréso-
analgésie sont deux maladies distinctes.
La différenciation repose sur l'état de la sensibilité tactile
et l'importance des troubles trophiques.
Etude de la sensibilité dissociée. — Comparaison entre
la p iréso-analijésie et la syringomyélie. — Pour l'étude
de la sensibilité à la douleur^ je me suis borné à la piqûre
de l'épingle. Pour celle de la sensibilité thermiauey je
me SUIS servi du thermesthésiomèlre de Roth, dont la pré-
cision et la manœuvre f.icile ne laissent rien à désirer. Jus-
qu'au mémoire de cet auteur, la constatation de la therma-
nesthésie résultait pour moi de l'approche d'un tison en feu,
de l'eau bouillante.
L'instrument de Roth comprend deux éléments séparés,
composés chacun d'un petit récipient métallique ou pénètre
par aspiration de l'eau froide ou de l'eau chaude, dans la
proportion et an degré de température voulus. Un thermo-
mètre qui plonge dans chacun des récipients indique rapi-
dement la température du liquide. On rapproche ou on
éloigne à volonté l'écart entre les deux éléments par l'in-
troduction d'une nouvelle quantité d'eau chaude ou d'eau
froide.
Sensibilité tactile. — Pour cette étude, je fais usage
d'une plume de poulet, empruntée au corps et non aux ailes
ou à la queue. J ai voulu éviter la rigidité de ces dernières
plumes, l'attouchement, en ce cas, se compliquant d une
certaine pression. J'ai toujours commencé l'épreuve par le
frôlement de la barbe de la plume promenée carrément,
et quand j'ai rencontré de l'anesthésie relative, non abso-
lue, j'ai contrôlé en reportant la barbi^ de la plume sur la
partie correspondante du corps, si celle-ci n'était pas lésée
et si elle l'était sur un point dont la sensibilité était notoi-
rement intacte. Quand je rencontrais une aneslhésie abso-
lue, je retournais la plume et m'assurais que la région était
égalentent insensible au frottement du tuyau dont le bec
était promené sur la peau avec le degré de pression que
comportait la gracilité de l'instrument.
J'entre dans ces détails, parce que, chez quelques-uns de
mes malades, où il y avait pourtant une certaine anesthé-
sie tactile qui se révélait par l'épreuve de la plume, l'attou-
chement avec une tige rigide, comme l'extrémité mousse
d'un porte-plume, était perçu et localisé (complément des
obs. n,V, VlIIetX).
Voici le résultat de mes nouvelles investigations portant
sur dix de mes précédentes observations et sur deux obser-
vations inédites.
Obs. I (complément).— Sommaire des symptômes déjà comi-
qnés tians Cftte observation: Analgésie avec paralysie;
l^analgésie occupe le membre thoracique gauche et tout le côté
correspondant depuis le sommet de la tète jusqu'au rebord des
fausses côtes, et la parésie les deux segments inférieurs du
membre.
Thermanesthésie complète de la région analgésiée, mais con-
servation de la sensibilité tactile.
Panaris, gerçures aux plis de la surface palmaire de U main,
phlyctènes aux extrémités des doigts. Scoliose. Hyperidrose.
Je revois K... le 7 mai 1889.
Le mal s*est étendu au membre inférieur gauche où il y a ui
fort commencement d*analgésie. Par ailleurs, Télat est resté sen-
siblement le même, sauf en ce qui coucerne la sensibilité tactile.
Celle-ci existait lors de mon examen en 1881, et je pouvais dire:
c 11 y a analgésie, mais il n*y a pas anesthésie. La sensibilité au
contact est conservée partout et le malade, les yeux bandés,
indique avec précision le point où on le touche. »
Actuellement il n'en est plus ainsi. Le sens du touchera
complètement disparu dans les régions suivantes: i^ le membre
supérieur gauche, depuis le bout des doigts jusque et y compris
l'épaule; ^ le côté gauche du thorax, poitrine et dos, ju qu'au
rebord des fausses côtes ; et à peu près complètement au côté
correspondant de la face, du crâne et du cou.
La sensibilité tactile reparaît dans la paroi du ventre où elle
est à peu près normale jusqu'au pli de Tame. Mais à partir de ce
point, le membre abdominal gauche ne présente plus qu'une
jâensibilité, sinon entièrement abolie, du moins fort obtuse; le
malade peut cependant encore indiquer le point touché de la
cuisse et de la jambe, mais il ne sent plus rien ni au dos, ni à
la plante du pied, orteils compris.
La thermanesthésie comme Panalgésie sont en corrélation
d'étendue et de de^ré avec rinsensibilité tactile. On ne perçoit
ni au membre supérieur, ni au thorax, le contact d'um* cuiller
métallique sortant de Teau bouillante. On le perçoit à peine au
membre abdominal et pas du tout à la plante du pied.
Réflexe rotulien normal aux deux jambes.
La main gauche est couverte en ce moment de gerçures au
niveau des plis fiulmaires de la main et des doigts, les unes à vif,
les autres en voit* de cicatrisation.
Au bord externe de la main, vers Tarticulation métacarpe-
phalan^ienne du pouce, se voit une eschare ayant les dimensions
d'une pièce de deux francs, qui s'est produite spontanément il y a
deux a trois semaines et qui tombe aujourd'hui en lambeaux.
Obs. II (complément). — Sommaire des symptômes précé-
demment consignés : Analgésie avec parésie du membresupé-
rieur gauche. Panaris multiples. Gerçures profondes à la paume
de la main, dont Tune periorante est suivie de synovite de la
gaine du tendon.
Je vois A... le ii mai 1889. Sensibilité tactile. Elle est fort
émoussée dans toute l'étendue du membre supérieur gauche. Le
malade est intelligent et rend bien compte ue ses impressions.
L'anesthésie remonte jusqu'à l'épau'e. Incomplète depuis ce
point jusqu'au poignet; elle tend à disparaitre vers l'extrémité
des doigts. Très effacée à leur face dorsale; elle disparait com-
plètement à leur lace palmaire et à peu près complèt<*m(^nt à la
paume de la main. Du moins on ne sent pas la barbe de la
plume, ni guère le bec du tuyau. Mais le passage de l'extrémité
mousse du porte-plume est partout perçu et localisé.
Sensibilité thermique. — La thermanesthésie est d'un degré
plus avancé que l'anesthésie tactile. Au bras et à Tavant-bras,
on ressent péniblement le contact un peu prolongé de l'instru-
ment à 60 «iegrés, mais ce contact ne cause aucune douleur à la
paume de la main. Le bras et Tavant-bras n'apprécient guère
un écart inférieur à 15 ou i^O degrés, suivant le point interrogé.
A... se brûle facilement d'une manière inconsciente. 11 se
forme alors des ampoules et c'est ainsi qu'il explique les petites
plaies qu'il a sur la main.
La main cette année, comme toujours, est couverte de gerçures
profondes. L'an dernier, l'une de ces crevasses, siégeant au pli
palmaire inttrphalangophalanginien de l'indicateur, a pénétré
jusqu'à la gaine des tenaons, et comme il continuait à trdvailler
aux champs, a déterminé une synovite avec fièvre et gonflement
du poignet. Pouls à 96. Température axillaire à 39%2. Le tout
est suivi d'un sphacèle des deux dernières phalanges, qui a
nécessité l'amputation du doigt dans la continuité de la première
phalange. L'opération a été indolore, la guérison ne s'est pas
trop fait attendre.
Obs. V (complément). — Sommaire des symptômes précé-
demment consignes: Analgésie avec parésie du membre supé-
rieur droit, puis du gauche. Extension du mal aux membres
562 — W 35 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
30 AOUT 1889
inférieurs. Panaris. Gerçures. Exulcérations à Pextrémilé des
doigts. Scoliose. Ârthropathie.
Cette observation a été publiée en deux temps. La première
partie a paru dans mon premier travail sur la paréso-analgésie,
en 1883; à celte époque, le mal n'occupait que les membres
supérieurs. La seconde partie a paru en 1887 (Des arthropathies
dans la paréso-analgésie); à cette date, la maladie avait gagné
du terrain, elle avait envahi les extrémités inférieures, dont la
gauche était plus touchée une la droite.
Je revois H... le 5 mai 1889.
La sensibilité tactile^ très affaiblie aux deux avant-bras, a
complètement disparu aux poigrnets. Le frôlement de la barbe de
la plume, promenée sur les divers points du poignet, ne se fait
sentir nulle part. Cependant, en grattant légèrement le dos de la
main avec le tuyau de la plume, on détermine une sensation
très émoussée sur la face dorsale des doigts médius et annulaire
de chaque main. Rien aux autres doigts.
Il existe aussi de Tanesthésie tactile aux deux extrémités
abdominales, plus prononcée à gauche qu'à droite, mais moins
accusée qu'aux extrémités supérieures. Le malade |)erçoit les
attouchements de la barbe de la plume beaucoup moins nette-
ment sur toutes ces parties que sur la face ou le devant de la
Soitrine. Perçu partout ailleurs, le frôlement de la plume cesse
e Tétre à la plante des pieds jusqu'au-dessus des talons.
L'épaississemenl de Tépiderme en ce point explique sans doute
la chose dans une large mesure.
Le passage du porte-plume se fait sentir sur les quatre
membres.
Tbermanesthésie incomplète aux avant-bras, complète aux
mains; aux bras, on saisit facilement un écart de 4 à 5 degi*és.
Il en est de même aux extrémités inférieures, excepté à la
plante des pieds où Tanesthésie thermique est à peu près
complète.
Obs. VI et suite de Tobs. VI (complément). — Sommaire des
symptômes précédemment observés : Analgésie avec parésie
d abord au membre supérieur droit, puis au gauche. Panaris
multiples, qui ont mutilé les deux mains. Gerçures. Scoliose.
Arthropathie de Tépaule droite. Ostéophyte à Tapophyse cora-
coïde tfroite.
Je revois J.O... le 2 juin 1889.
Malgré Tancienneté et la gravité de la paréso-analgésie qui,
par des panaris successifs, a mutilé les deux mains et les a
rendues presaue impropres à toute préhension, 0... a sur la
figure un air de santé et même de force.
Sensibilité à la douleur, — Abolie complètement dans toute
rétendue de Texlrémité thoracique droite, et à peu près com-
Flètement au poignet (côté gauche) et à la partie inférieure de
avant-bras, mais elle reparaît entière aux deux tiers supérieurs
de Tavant-bras et au bras. Il y a aussi de Panalgésie, mais
incomplète, à la partie supérieure de la moitié droite de la poi-
trine et du dos.
Sensibilité tactile. — Abolie complètement au membre thora-
cique droit, ainsi qu'au poignet gauche et à la partie inférieure
de Tavant-bras correspondant, et incomplètement dans les points
analgésies de la poitrine et du dos.
Sensibilité thermique, — Abolie au membre supérieur droit,
qui ne sent pas de cuisson au contact du thermesthésioroètre à
70 degrés et ne fait aucune différence entre les deux éléments,
dont 1 un est à 17 degrés et l'autre à 70 degrés. Mêmes disposi-
tions en ce qui concerne le poignet gauche et le bas de Tavant-
bras correspondant. Il y a également de la thermanesthésie,
mais relative, aux points déjà signalés du dos et de la poitrine.
En un mot, les diverses espèces ne sensibilité se superposent et
se correspondent comme étendue et comme intensité.
Obs. VIII (complément). — Sommaire des symptôfnes précé-
demment consignés: Analgésie avec parésie du membre supé-
rieur gauche. Panaris, mais jamais de gerçures. Fracture spon-
tanée des deux os de Pavant-bras gauche.
La veuve C... me vient le 8 mai 1889.
Sensibilité tactile. — EWe perçoit le passage de la barbe d'une
plume sur tout le membre supérieur gauche, mais la sensation
est d'autant plus obtuse, à partir de l'épaule, qu'on se rapproche
davantage du poignet. Il n'y a aucune comparaison à établir.
Quant à la netteté de la sensation, entre les points correspon-
aants des deux membres. A la face dorsale de la main et des
doigts, la plume se fait à peine sentir. A la face palmaire, on ne 1
sent plus rien ; on ne saurait indiquer le point touché. Cependant '
les attouchements avec le tuyau de la plume sont perçus sur les
points qui restent insensibles aux frôlements de la barbe.
Sur le côté gauche de la face et du cou, la sensibilité tactile
est également altérée.
Sensibilité à la douleur, — Nulle sur toute Pétendue da
membre thoracique, atténuée sur le côté gauche du cou et de la
face. L'analgésie a bien augmenté depuis 1886.
Sensibilité thermique, — Une température de 60 degrés et de
15 degrés n'est pas perçue au memore anesthésié. On ne sait
indiquer l'élément le plus chaud ou le plus froid du thermes-
thésiomètre, et pourtant lorsque Pinstrument, h 60 degrés, est
maintenu longtemps en contact avec la peau, le point tuuché se
congestionne et rougit fortement.
A la main, la thermanesthésie est telle actuellement que le
contact, même assez prolongé, d'un tison ardent n'est pas
senti.
Comment concilier cela avec la déclaration de la malade cod-
sigfnée dans sou observation en 1886 et qu'elle me renouvelle
aujourd'hui? c Dès le début du mal, en 187/, c'est-à-dire neuf ans
avant mon premier examen, une sensation de froid, qui a per-
sisté, envahissait le côté gauche de la face et du cou, ainsi que
le bras correspondant. Celte sensation de froid est pour elle une
véritable cause de souffrance en hiver. Les mêmes points du corps
souffrent aussi de la chaleur, qu'elle émane du soleil ou da feo,
et la malade a une constante préoccupation, celle de se préserrer
du chaud comme du froid. »
Obs. IX (complément). — Sommaire des symptômes précé-
demment consignés : Analgésie avec parésie du membre supé-
rieur, d'abord à droite, puis à gauche. Thermanesthésie avec
persistance du sens tactile. Panaris, gerçures profondes aux
mains.
Je revois J.-M. T... le 23 mai 1889. Il y avait quatre ans que je
ne Pavais vu. Son état est allé en empirant, à la main gauche
surtout. Celle-ci s'est aplatie comme la main droite. Aux deux
mains, éminences thénar et hypothénar affaissées, pouces placés
sur le même plan que les autres doigts; en un mot, apparence
simienne.
Il s'est opéré, depuis mon premier examen, des changements
dans les divers modes de sensibilité.
Vanalgésie aurait une tendance à diminuer, surtout à droite;
elle ne serait plus complète à la main, on y sent faibleroenl«
mais positivement, la piqûre de l'épingle.'^ En même temps
les gerçures auraient cessé de se produire à la paume des mains.
Le malade attribue ce résultat à 1 usage des gants de laine qu*ii
porte en hiver depuis ces dernières années.
Quant à la sensibilité tactile, dont la conservation était con-
statée en 1885, elle a diminué et même disparu en certains
points. A droite, on perçoit le frôlement d'une barbe de plume
sur le bras et l'avant-bras jusqu'au poignet, et même sur la face
dorsale de la main et de la première phalange ; mais à partir de
ce dernier point, la face dorsale des deux dernières phalanges,
jusqu'à leur extrémité, ainsi que leur face palmaire et toute la
paume de la main restent insensibles aux attouchements de la
barbe et même du bec de la plume. La sensation tactile s'é-
mousse au fur et à mesure qu'on se rapproche du poignet. Dans
toutes les régions où la sensibilité persiste à un degré quelcon-
que, le malade indique avec précision le point touché.
Mêmes dispositions à gauche, avec moins d'anesthésie toute-
fois.
La thermanesthésie, aui était déjà notable en 1885, a
augmenté sensiblement. A droite, l'instrument de Roth, à Li
température de 70 degrés, ne se fait pas sentira la face palmaire
de la main, peu à la face dorsale, mais donne une impression
de chaleur très peu pénible toutefois depuis le poignet jusqu'au
haut du bras. Il en est à peu près de même, mais avec un degré
en moins, à gauche. A l'un comme à l'autre membre, on apprécie
peu ou point une différence de température de 20 et même de
ÎIO degrés.
T... accuse un peu d'affaiblissement aux extrémités inférieures.
Mais, malgré tout, la marche est assurée. Sensibilité au tact et h
la douleur parfaitement conservée, mais il ^ a, d'une manière
évidente, un commencement de thermanesthésie.
Je ferai du reste remarquer que partout, chez T..., la ther-
manesthésie est à peu près en rapport avec Panalgésie, mais
qu'elle est d'un degré plus avancé nue Panesthésie tactile.
Epaules voûtées. Scoliose dorsale droite, assez peu accusée,
s'étendant de la troisième vertèbre à la huitième. Le malade
ignorait ce détail et, naturellement, ne peut me dire si elle est
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— 563
antérieure ou postérieure à la paréso-analgésîe, dont le début
remonte à neuians.
Obs. X (complément). — Sommaire des symptômes précédem-
ment consignés: Analgésie avec parésie sabord au membre
supérieur gauche, puis au droit. Propagation du mal aux
membres inférieurs. Thermanesthésie. Panaris multiples aux
deux mains, mais jamais de gerçures. Scoliose. Mélnena.
Je reçois M.-J. S... le 11 mai 1889.
Sensibilité à la douleur, — Très affaiblie au bras età Tavant-
bras gauche, elle est éteinte au poignet. J*avais déjà signalé lors
de mon examen, en 1886, oue l'approche d'un tison ardent ne
déterminait aucune douleur a la paume de la main. Il y a aussi
de Tanalgésie au membre supérieur droit et même à la poitrine,
moitié gauche, dans une zone qui descend à quelques travers de
doigt au-dessous de la clavicule. Mais en ces dernières régions,
Tanalgésie est beaucoup moins prononcée qu*au bras gaucne.
Sensibilité tactile, — Le sens du toucher est fort émoussé au
membre supérieur gauche. On sent cependant le frôlement de la
barbe de la plume, depuis le haut du bras jusqu'aux dernières
phalanges, à leur face dorsale; mais, au dire de la malade, la
sensation est autrement obscure que sur le yisage, par exemple.
La sensibilité tactile existe à peine à la paume de la main et à la
face palmaire des doigts. On n'y sent pas le passage d'une barbe
de plume, mais on perçoit le grattement du tuyau, que je pro-
mène légèrement sur ces points.
Au bras droit, la sensibilité tactile est beaucoup moins
atteinte: nulle comparaison à établir, sous ce rapport, entre le
bras droit et le bras gauche. Elle est très peu accusée, mais elle
existe à la face palmaire de la main et des doigts.
Sensibilité thermique, — Un thermesthésioraètre de Roth, à
la température de 70 degrés, ne cause aucune douleur, n'est pas
senti au bras gauche, bien qu'une application de quelques
secondes suffise pour amener une congestion,^ une rougeur per-
sistante de la peau. Cependant, au haut du bras, à l'épaule et à
la poitrine, sous la clavicule gauche, la chaleur de l'instrument
est perçue au bout d'un certain temps. Inutile d'ajouter que le
membre, qui ne souffre pas d*une température de 70 degrés, ne
perçoit pas un écart de 20 et de 30 degrés.
Le bras droit, au haut, apprécie un écart de 10 degrés et
Tavant-bras un écart de 15 degrés. La main est moins sensible.
Le contact prolongé de l'instrument à 60 degrés est pénible,
mais supportable à la main et même à quelques travers de doigt
au-dessus du poi(^net.
Nous devons dire qu'en général l'anesthésie tactile est d'un
degré beaucoup moins avancé que la thermanesthésie.
Obs. XI (complément). — Somnïaire des symptômes préré^
demment consignés : kxi^\%és'ïe avec parésie au membre supé-
rieur gauche, analgésie sans parésie au droit. Thermanesthésie.
Panaris. Gerçures profondes aux plis de la face palmaire des
mains, l'une ayant été perforante et ayant été suivie de
synovite.
Je revois B... le 5 juin, cinq ans après mon premier examen.
L'état est resté sensiblement le même, si ce n'est en ce qui con-
cerne l'analgésie. Celle-ci a bien diminué en intensité. Nulle
part elle n'est complète, pas même au poignet gauche où la sen-
sibilité était abolie il y a cinq ans. Mais l'étendue n'a pas changé.
Le malade explique ces variations par la température : nous
avions l'hiver la première fois, aujourd'hui nous avons l'été.
Sensibilité tactile, — Le frôlement de la barbe de la plume
se fait sentir dans toute la longueur de l'avant-bras et sur le
dos de la main (côté gauche) jusqu'aux dernières phalanges, mais
plus on descend, plus la sensation s'émousse. Elle est beaucoup
moins marquée qu'au bras ou à la poitrine, régions non anal-
La face dorsale des deux dernières phalanges et toute la face
palmaire des doigts et de la main sont insensibles au frôlement
d'une barbe de plume. Mais le frottement du tuyau est perçu,
d'une manière assez obscure toutefois, et localisé.
Mêmes dispositions au membre supérieur droit, avec un degré
d'anesthésie en moins.
Sensibilité thermique, — Anesthésie se superposant aux anes-
thésies du tact et de la douleur. Elle est moins prononcée
qu'en 1884. A cette époque, le dos de la main ne sentait pas le
contact d un tison ardent. Aujourd'hui, le thermesthésiomètre à
70 degrés donne une sensation de chaleur, très tolérable
d*ail leurs, à l'avant-bras et au poignet. Il y a aussi de la ther-
oiAfigaUiàva à dcoile.
Les écarts de température sont fort mal appréciés des deux
côlés. Le malade ne fait aucune différence entre les éléments du
thermesthésiomètre, dont l'un est à 20 degrés et l'autre k
50 degrés.
Pas de nouveaux panaris, mais des gerçures profondes aux plis
palmaires des deux mains. Ni scoliose, ni arthropathie.
Obs. XII (complément). — Sommaire des symptômes précé^
demment consignés: Analgésie sans parésie au membre supé*
rieur droit. Panaris multiples. Gerçures à la paume de la main,
dont deux ont perforé la gaine des tendons et ont causé des
synovites.
Je vois S... le 11 mai 1889. Son état n'a pas sensiblement
empiré, Y analgésie en est au même point qu'en 1886.
Sensibilité tactile, — Elle est émoussée au bras droit, elle
l'est davantage encore à l'avant-bras ; à peine appréciable à la
face dorsale de la main et de la première phalange, elle disparait
entièrement à la face dorsale des deux dernières phalanges,
ainsi qu'à la face palmaire de la main et des doigts.
Sensibilité thermique, — On perçoit un écart de température
de 10 degrés au haut du bras, mais un écart de 20 degrés seu-
lement au bas de l'avant-bras.
Dans ce dernier segment du membre, c'est tout au plus si un
élément du thermesthésiomètre à 60 degrés détermine de la
douleur. Elle n'en cause aucune à la paume de la main.
Ici les sensibilités tactile et thermique semblent se suivre
pour l'étendue et pour le degré.
Obs. XV (complément). — Sommaire des symptômes précé-
demment consignés: Analgésie avec parésie du membre supé-
rieur droit. Panaris. Gerçures à la main. Scoliose et arthro-
pathie.
Le sujet de l'observation XV se présente de nouveau à mon cabinet
le l'** mai. L'état du malade que je n'avais revu depuis un
certain temps s'est aggravé sensiblement. En 1886, lors de mon
premier examen, je constatai que la sensibilité tactile était fort
émoussée dans toute l'étendue du membre thoracique droit,
mais n'avait disparu nulle part. Actuellement, elle est nulle à la
main et aux doigts jusqu'à deux travers de doigt au-dessus du
poignet; à peine existante à l'avant-bras, au bras et à l'épaule;
très peu accusée à la poitrine et au dos, dont l'anesthésie a fini
par envahir la partie supérieure, côté droit.
La sensibilité thermique, très émoussée dans toute la région
anesthésiée, n'est éteinte qu'à la main. Ici la thermanesthésie
est à peu près complète. Mais partout ailleurs le malade accuse
vivement une température de 60 degrés, pour peu que dure
l'application du thermesthésiomètre de Roth. A la partie supé-
rieure du thorax et au bras, il saisit un écart de 20 degrés; il ne
le fait plus à 1 avant-bras.
Il accuse un affaiblissement marqué des extrémités infé-
rieures; il portait jadis sur les épaules un fardeau de 100 kilo-
grammes, c'est tout au plus aujourd'hui s'il pourrait porter
iOO livres. Les diverses espèces de sensibilité y paraissent
pourtant normales. On perçoit sans hésitation une différence de
température de 5 degrés.
Observations inédites.
Celles-ci porteront les n" XVIII et XIX, pour faire suite
aux observations qui me sont personnelles et qui ont été
publiées dans mes précédents mémoires.
Obs. XVIIl. — P... (Yves), quarante-quatre ans, de Plouviers,
vient me voir le 18 mai 1889. Il présente une paréso-analgésie
des deux extrémités supérieures. C'est Tindividu dont il est
question dans mon premier travail sur la paréso-analgésie
comme m'ayant consulté pour une synovite grave consécutive à
une gerçure de la paume de la. main, qui avait perforé la gaine
des tendons. Il y aae cela onze ans; depuis, je n avais pas de ses
nouvelles. A l'époque, je n'étais pas encore fixé sur l'interpré-
tation d'un pareil fait que je rencontrais pour la seconde fois
seulement et je négligeai d'en prendre Tooservation. Aussi ne
figurait-il oue comme mémoire dans mon travail. Je viens aujour-
d'hui remplir cette lacune.
P..., dont la santé générale est bonne, parait robuste. Intelli-
gence bornée. Pas d'antécédents de famille, aucun de ses parents
n'a eu rien de semblable. Son père est mort d'hydropisie à cin-
quante-cinq ans et sa mère à soixante-neuf ans, d'une maladie qui
s'accompagnait d'oppre&sion. Trois frèr^ bien (Qrtiftiit3, une
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
r») AOUT i889
sœur morte à cinq ans d*une affection ^ui lui est inconnue. Lui-
même n'avait jamais été malade jusqua Tàge de dix-sept ans. Il
eut alors un panaris au pouce gauche, qu*il ne sait à quoi
attribuer.
hien, depuis, pendant onze ans. 11 faut arriver à Tàge de
vingt-huit ans pour rencontrer de nouveaux panaris. Mais à celte
époque de sa vie, tous les autres doigts de la main gauche furent
successivement atlaqués,d*abord le médius, ensuite rindex,puis
le petit doit et enfin l'annulaire. Ce fut Taffaire de deux à trois
ans, le malade ne précise pas davantage. Quand tous les doigts
y eurent passé, l** mal s'étendit à la main droite. P... avait
trente-deux ans; il affirme que, dans cette nuit, tons les doigts
de celte dernière main, à Texception de Tannulaire, furent
envahis par des panaris.
H ne semble pas avoir trop souffert à ces diverses étapes de
Taffection. Ses souvenirs, du moins, sont assez vagues sous ce
rapport.
État actuel. — Tous les doigts de la main eauche sont
mutilés. Ils n*ont généralement que deux phalanges, la première,
qui est entière, et la seconde, qui est tronquée. C'est la suite du
sphaccle q^ui, à l'apparition de chacun des panaris, a frappé le
bout du doigt et a dépassé Tarticulation phalangino-phalangettine.
Le médius seul, pourtant plus court que les autres doigts,
contient des rudiments des trois phalanges II est \f. seul aussi,
naturellement, à posséder un ongle, ongle rudimentaire à la
vérité et tout déformé.
Main droite. — 1® Le pouce a ses deux phalanges, mais la
dernière est loin d'avoir ses dimensions ordinaires par suite du
panaris qui a laissé, au bout du doigt, des traces de son passade,
l/articulation phalangienne est conservée, mais Tongle, qui a
repoussé, est resté petit, difforme; S"" l'indicateur et le médius
possèdent les d^'ux premières phalanges, mais ayant perdu la
dernière, ils sont dépourvus d'oni^le;:^' Tannulaire a conservé
ses trois phalanges, mais la phalangette et Fongle sont déformés ;
i"* quant à l'auriculaire, il est indemne, c'est le seul des dix
doigts qui n*ait pas eu de panaris.
Aux deux mains, les articulations phalango-phalanginiennes
sont ahkylosés;les articulations métacarpo-phalangiennes elles-
mêmes ont de la raideur et ne comportent que des mouvements
bornés. Par suite, les doigts ne peuvent être portés ni activement,
ni passivement à l'extension ou à la flexion complète; ils sont
toujours en état de demi-flexion. En revanche, les dfux pouces
ont conservé des mouvements d'opposition assez prononcés.
C'est grAce à eux qne les mains parviennent à saisir les objets.
Muscles de Tavant-bras très atrophiés et parésiés, moins
cependant à droite qu'A gauche.
La piqûre de fépingle n'est sentie ni aux doigts, ni à la paume
de la main gauche. Mais l'analgésie est incomplète au dos de la
main et l'avant-bras; elle s'affaiblit en remontant vers la racine
du membre.
A droite, également de l'analgésie, mais incomplète partout,
même à la paume de la main. On sent la piqûre de l'épingle; la
sensation est très émoussée.
La thermanenthnie n'est complète nulle part, mais elle est
bien réelle. Avec l'instrument de Itoth, on la constate aux deux
extrémités thoraciques et même à la partie supérieure de la poi-
trine. Elle va en diminuant au fur et a mesure qu'on s'éloigne de
la main. A la main, on sent peu un écart de température de
20 degrés, tandis qu'au haut du bras et à la poitrine, on
l'apprécie avec certitude. La thermanesthésie cesse vers U rebord
des f;iusses côtes où le malade accuse sans erreur un écart de
^ à 5 degrés. Elle est plus marquée au membre gauche qu'au
membre droit.
SeusibilUë tactile, — Bien qu'elle persiste à un degré notable
et que le malade indique avec précision le point touché, il est
facile de voir qu'il y a de l'hypoesthésie à chacun des membres
supérieurs. Le frôlement d^une barbe de plume s'y fait sentir
beaucoup moins qu'à la figure. La même épreuve dénote encore
un reste de sensibilité au dos des mains, mais rien à la face dor-
sale des doigts à partir de la première phalange, ni à la face
patin lire des mains.
Pour le loucher, comme pour la température, c'est le membre
thoracique gauche qui est le plus éinoussé.
La paume des mains est sujette aux gerçures. Celles-ci, qui
sont prouoncées en hiver, le sont beaucoup moins en été. Il
existe pourtant une gerçure actuellement au pli palmaire méla-
ear|»o-phalangien de l'annulaire gauche, profonde, A bords
calleux, en pleine suppuration, et des traces de gerçures, Tune
n la main gauche et l'autre à la main droite.
Membre abdominal gauche. — 11 v a deux ans, il se prodaisit
la partie interne et supérieure de la jambe une ulcération ooi
dura près de six mois. Il n'en reste plus que la marque, i^
jambe gauche est très notablement moins grosse aue la droite;
les muscles en sont atrophiés. Commencement o'analgésie et
d'anesthésie.
Sensibilité tactilu manifestement plus obtuse que an côt^
opposé. Il est évident que le mal se propage an membre pelvion
gauche.
D'une manière générale, l'ane^^thésie tactile est partout
moins accentuée que les deux autres espèces d'anesthésie.
Scoliose dorsale droite assez peu marquée, mais incontestable.
Pas d'arthropathie.
Obs. XIX. — Marie-Yvonne P..., vieille fille de trente-six ans,
de Saint-Frégant, se présente à ma consultation le 2 septem-
bre 1888. A l'aspect des mains, qui sont largement étalées,
décharnées dans les espaces interosseux, avec doigts recourbé>
en griffe, je soupçonne l'existence d'une paréso-analgésie. Il ne
s'est jamais produit de panaris; il n'existe pas non plus actuelle-
ment de gerçures aux plis palmaires des mains, mai.< on y constate
la présence de nombreuses cicatrices. La malade m'apprend en
effet que les mains sont toujours sillonnées en hiver de crevasses
profondes qui suppurent et saignent au moindre contact. Je
m'arme d'une épingle et, conformément à mes prévision^, \<^.
trouve de Vanalgésie. Celle-ci est complète aux membres supé-
rieurs jusqu'aux épaules, mais incomplète seulement sur le
devant de la poitrine, les épaules et le cou. Elle ne s'étend paN
à la. face. On la rencontre encore au membre abdominal droit,
principalement à la jambe où elle est toutefois moins prononcée
qu'à la partie supérieure du corps. Rien au membre inférieur
gauche.
11 y a deux points d'hyperesthésie, Tun au côté droit dt
la poitrine et l'autre au côté droit du genou. La sensibilité y est
considérable, le malade se plaint de la moindre pression '^à ce
niveau. Elle souffre dans certains mouvements du tronc, surtout
3uand elle se penche à droite; elle accuse alors de vive^
ouleurs,
La sensibilité tactile est altérée aux membres supérieurs. Ed
général la malade, les yeux bandés, indique le siège d'un attou-
chement fait avec le tuyau de la plume sur les points analgésies.
Biais la sensation est beaucoup plus obtuse que sur une parti*
saine, le visage, par exemple. 1^ sensibilité s'émousse d'aalani
plus qu'on descend de la racine du membre pour se rapprocher
de la main. Assez développée au bras, elle l'est moins a l'avant-
bras et disparait presque au poignet. Quand on remplace U
tuyau par la barbe de U plume, la sensation s'obscurcil encon*
davantage et finit par se dérober. Ainsi, le frôlement de la
plume, perceptible encore, mais a peine, A l'avant-bras et an
dos de la main, ne l'est plus ni aux doigts, ni à la paume. Il
existe également de l'anesthésie tactile au membre pelvien
droit, moins toutefois qu'aux membres thoraciques.
La Ihermanrsthisie est très prononcée, sinon complète, aux
membres supérieurs, depuis le haut du bras ju<:qu'au poignet '
inclusivement; on y supporte facilement l'application du ther*
mesthésiomètre à 10 degrés. Cette température, au contraire,
impressionne vivement au cou, à l'épaule et à la poitrine, bien
que ces parties soient le siège d'un commencement d'analgésie.
Le bras, l'avant-bras et la main ne saisissent pas une dilTérenre
de température de 30 degrés, tandis que le cou, l'épaule et la
poitrine, sont sensibles à un écart de 5 degrés.
L'analgésie s'accompagne d'une parésie manifeste de l'avant'
bras, plus marquée à droite qu'à gauche.
Les fléchisseurs sont moins atteints que les extenseurs; par
suite de cette prédominance d'action, les doigts sont toujours en
demi-flexion.
Le mal a débuté par la main droite, il y a seize ans environ.
La malade, qui a peu de mémoire, ne précise pas davantage.
C'est quelques années ensuite qu'il s'est propagé à la maio
fauche. La paralysie jusqu'à présent se borne aux muscles de
avant-bras. Les divers mouvements, tant du coude que de
rép.'iule, sont énergiques II en est bien autrement des doigts, i
dont l'affaiblisssemmt ne permet plus, depuis longtemps, à la
malade de s'atteler h la civière. Mats en été on peut encore
coudre et tricoter ; en hiver, la chose est impossible. Il v a
seulement quelques années que la paréso-analgésie s'est étendue
au membre inférieur droit, mais déjà la parésie est assex
avancée pour empêcher de courir et même de suivre an pas une
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— !!• 35 — 5ft5
autre personne. Cependant les mouvements des orteils sont
encore très faciles; on les étend et on l#»s fléchit à volonté.
Le tronc est fortement déjHé à gauche. Il v a une scoliose
des plus marquées, à convexité gauche, commençant vers le tiers
supérieur des vertèbres dorsales pour se continuer jusqu aux
premières lombaires. Les courbures de compensation, cervicale
et surtout lombaire, sont très peu accusées; de là, Tattitude
penchée du corps.
La malade ne peut me fixer Fépoque où a paru la scoliose,
mais en tout cas elle serait postérieure aux premières manifes-
tations de la naréso-analgésie, au dire de la malade et d'une
sœur plus inteliigenle qui l'accompagne.
Il n y a pas d'art hropalh le. La fille P... a été réglée vers Tàge
de seize & dix-sept ans et a continué à l'être régulièrement lous
les mois pendant deux jours; elle perd moins que la plupart des
femmes. Elle est généralement indisposée aux époques. A cela
près, la sanlé est bonne. Itien aux poumons, ni au cœur, ni aux
reins. I.a malade est plutôt grasse que maigre. Tn peu d'empâ-
tement aux extrémités supérieure et inférieure droite, mais la
pression du doigt ne laisse pas d'empreinte.
La malade, en bas âjje encore, avait reçu sur le dos de la
main droite un coup de cuiller en bois, qui a laissé des traces,
une exostose ayant les dimensions d'une aveline aplatie. C'est la
main qui s'est d abord prise, mais la paréso-analgésie n'y est
apparue que lônyiemps après.
L'an dernier elle est tombée sur une faucille et s'est fait à la
main gauche une entaille profonde et longue de 6 à 7 centimè-
tres. Elle affirme que depuis l'uccident le mal a beaucoup
empiré de ce côté.
Antécédents de famille. — D'après les explications fournies
par la fille P..., sa mère devait être atteinte, longtemps avant $a
mort, de rhumatisme noueux. Elle est morte d'ailleurs à un âge
avancé. Vn de ses frères aurait une parapléi^ie qui remonte à
Slusieurs années. Il a de la peine à marcher, il ne marche qu'en
eux plis. Tels qu'ils sont cependant, ces deux éclopés parvien-
nent a manœuvrer une petite ferme. La fille P... a journellement
trois vaches à traire.
Traitement. — Tous les jours, matin et soir, une pilule
d'extrait de noix vomique de 0,0i5.
Quand, quelques mois ensuite, au commencement de mai, je
la revois, l'ébit s'est amélioré d'une manière manifeste. La
parésie et Tsinaluésie ont diminué: la marche est plus assurée,
et il n'est plus un point des membres supérieurs (|ui soit, comme
]ors de mon premier exameu, absolument insensible à la piqûre
de l'épingle. Les plaques liyperesthésîques existant à la poitrine
Pi BU genou ont presque disparu.
(A suivre.)
CORRESPONDANCE
•ona-perloMl^tie * pii(
A M. LK U** NETTER, MÉDECIN DES HOPITAUX, PROFESSEUR
AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MEDECINE.
Cher Collègue,
L'attention avec laquelle je suis les applications de la bacté-
riologie à la clinique quotidienne m*a fait lire avec le plus vif
intérêt votre récent mémoire sur les microbes de la bouche et
sur leurs propriétés pathogènes.
Bien que vous vous soyez occupé de la question surtout au
point de vue médical, et que vous ayez étudié en particulier le
pneumocoque, qui tout d'abord ne parait pas jouer de rôle en
pathologie externe, j'ai trouvé dans votre travail plusieurs
choses que les chirurgiens doivent connaître. Sans m'arréter à
ce que vous avez dit sur les pleurésies, les péritonites et les
arthrites purulentes, qui pourtant tombent souvent dans notre
juridiction, je causerai, si vous le voulez bien, quelques instants
des otites, où vous avez si fréquemment rencontré le pneumo-
coque.
Pour ma part, je n'ai jamais songé à examiner le pus de ces
otites, ni chez les tout jeunes enfants, ni chez les acfolescents ;
mais en revanche j'ai, au mois de mai dernier, ouvert chez
l'adulte un abcès sous-périostique de la région mastoïdienne
consécutif à une otite moyenne suppnrée, abcès dans. le pus
duquel mon élève et distingué collaborateur de laboratoire, M. le
docteur Clado, m'a montré, à ma grande surprise, le pneumo-
coque susdit, paraissant avoir joué la le rôle de microbe pyogène.
Je ne sais si pareille constatation a été faite déjà, et comme
je n'ai guère le loisir de faire des recherches bibliographiques
sur ce point, je m'adresse à vous à cause de votre compétence
et de votre expérience acquise.
Voici d'abord le fait brièvement raconté :
Obs. — M. M..., trente-deux ans, docteur en médecine, d'ime
belle constitution et n'ayant souffert que de fièvre intermittente
déjà ancienne, eut l'idée de se faire redresser la cloison des
fosses nasales légèrement déviée. L'opération provoqua un coryza
violent, une pharyngite, une otite aigué avec perforation de la
membrane du tympan et écoulement de pus en abondance par
le conduit auditif externe.
Ces symptômes locaux durèrent pendant un mois, compliqués
d'un état général parfois inquiétant : frissons, fièvre, douleurs
vires, insomnie, inappétence, amaigrissement, teinte jaunâtre
de la peau, etc. Rien au côté de la poitrine.
Le sulfate de quinine et les purgatifs avaient amélioré les
accidents, lorsqu'un jour, à la suite d'une malencontreuse injec-
tion d'* tanin faite dans le canal auditif pour tarir la supnuration,
les douleurs et la fièvre reparureni, accompngnées de gonfle-
ment dans la région mastoïdienne et de sensibilité à la pression.
Appelé à ce moment, je prescrivis de nouveau le sulfate de
quinine et les onctions sur la région malade avec Tonguent
napolitain belladone. Les douleurs et la ûèvre diminuèrent, mais
à la tuméfaction s'ajouta l'œdème.
L'existence du pus me paraissant évidente, je fis sur le point
saillant une petite incision d'un centimètre et demi, qui donna
issue à 3 ou 4 grammes de pus épais, bien lié, sans odeur, de
l
reconnaitre néanmoins de perforation conduisant dans le centre
de l'apophyse mastofde.
Au moyeii d'un petit drain laissé en place, je fis sur-le-champ,
juis dans la suite deux ou trois fois par jour, laver le foyer avec
la solution phéniquée à 2 pour 100. Un pansement à l'iodoforme
recouvrit la région.
Les accidents locaux et généraux se dissipèrent rapidement,
et le quatrième jour, la suppuration étant nulle, on supprima le
drain. Le lendemain, la petite plaie était cicatrisée.
M. M... partit à la fin ae la semaine pour la campagne; nous
l'avons revu plusieurs fois depuis; la lésion auriculaire était
restée guérie.
C'est en quelque sorte par hasard, et parce que nous pour-
suivons nos recherches sur toutes les variétés d'abcès, que
celui-ci fut examiné au point de vue bactériologique. Or, le
microscope et les cultures si caractéristiques nous démontrèrent
qu'il s'agissait ici d'un abcès mono-microbique renfermant
exclusivement le pneumocoque, d'ailleurs en assez grande
abondance.
N'ayant pas encore lu votre travail à cette époque, nous ne
songeâmes à rechercher ce pneumocoque ni dans fa bouche, ni
dans la cavité naso-pharyngienne, ni dans le pus sortant du
conduit auditif externe. Cest une lacune qu'il sera facile et
utile de combler à la première occasion.
Habitués aue nous sommes à considérer le staphylocoque
doré comme I agent en quelque sorte spécifique des suppurations
sous-périostiques, nous fûmes quelque peu surpris de rencontrer
en son lieu et place le pneumocoque, et le pneumocoque seul.
C'est pourquoi nous enregistrons ce fait à côté de plusieurs
autres, comme preuve que différents microbes fort distincts sont
capables de provoquer la pyogénie.
Quant à la présence inattendue du pneumocoque dans les
couches profondes du périoste de l'apophyse mastoîde, elle s'ex-
plique fort bien par vos recherches montrant la route que suit
le microbe susdit depuis la bouche ou la cavité nasale jusqu'à
loreille moyenne, car arrivé là il n'a plus qu'à s'en^^ager dans
les cellules mastoïdiennes et à en traverser les parois osseuses
sous-cutanées pour arriver dans l'interstice* ostéo-périostique,
siège de la suppuration.
Se ne puis résister au désir de faire remarquer la bénignité
relative de cet abcès, oui, bien que compliqué de dénudatioii
complète et assez étendue de l'os, a cependant guéri en quatre
jpurs sans formation de. séquestre, à l'aide seulement de
quelques injections phéniquées pratiquées dans le foyer purulent.
566 — N* 35 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
30 Août im
Ce n*est pas la première fois que nous voyons se cicatriser
assez vite ces collections péri- mastoïdiennes incisées de bonne
heure ; mais il y a lieu de se demander si cette heureuse issue
tient aux propriétés pathogènes relativement bénignes et en
tout cas peu durables du pneumocoque transporté hors de ses
milieux naturels.
Je ne veux pas allonger démesurément cette note ; mais, si on
retrouvait des observations semblables à la précédente, il y
aurait lieu de décrire une variété particulière d'abcès sous-
périostique, dite à pneumocoques, de la joindre aux autres sup-
purations où vous avex constaté la présence du méme'microbe,
et enfin de grossir la liste déjà si longue des abcès spécifiques.
Bien tout à vous.
A. Verneuil.
JV. B. — M. Thiéry, mon interne, ayant eu récemment l'occa-
sion d'examiner le pus d'un abcès mastoïdien trépané par
M. Ricard dans mon service de la Pitié, v a constaté l'absence
des pneumocoques : le pus a été soumis à la coloration directe et
h la culture dans des milieux solides et liquides stérilisés.
à m. le docteur verneuil, membre de l institut et de
l'ac\démie de Médecine, professeur de clinique a la
FACULTÉ.
Mon cher Maître,
Un heureux hasard vous a mis en présence d'une affection
chirurgicale provoquée par le pneumocoque. Je vous remercie
de l'empressement avec lequel vous le portez à la connaissance
du monde médical, convaincu que votre éminent patronage ser-
vira utilement la cause de l'intéressant microbe qui, depuis
plusieurs années, n'a cessé d'être l'objet principal de mes
recherches.
Il s'agissait, chez votre malade, d'une collection purulente
sous-périostique de la région mastoïdienne. Vous me demandez
si l'on a déjà signalé la présence des pneumocoques dans ce
siège et si ces abcès n'ont pas une évolution particulière. Vous
exposez très nettement la pathogénie de ces lésions. Vous
pensez enfin qu'il convient de ne plus attribuer exclusivement
au staphylococcus pyogenes aureus la production des suppu-
rations du périoste.
Je suis en mesure- de vous fournir quelques-uns des rensei-
gnements demandés.
I. Je connais trois observations semblables à celle de votre
malade. Les deux premières ont été publiées par Moos et par
Zaufal. J'ai recueilli moi-même la troisième encore inédite. Le
cas de Moos est rapporté dans la Deutsche medicinische Wo-
chenschrift de 4888, celui de Zaufal dans la Prager medi-
cinische Wochenschrift de 1889, n*» 6 à 12. Je ne résumerai
pas ces observations, me bornant à signaler les points les plus
importants.
Dans le cas de Moos l'auteur a rencontré dans le pus des chaî-
nettes et des diplocoques uu'il qualifie de di{)locoques pneu-
moniques. La description ae l'auteur, le dessin qui l'accom-
pagne, ne suffisent pas à établir d'une façon décisive l'existence
des pneumocoques, il eût fallu en tout cas des cultures et des
inoculations.
Le cas de Zaufal est autrement complet. L'examen microsco-
pique monlre des diplocoques souvent en chaînettes de
4 coccus. Ces coccus sont lancéolés, oblongs ou arrondis, ils ne
faraissent pas entourés d'une capsule. La culture du pus sur
agar à 37 degrés donne lieu au développement exclusif de
nombreuses colonies de pneumocoques. L'inoculation de ces
cultures au lapin et à la souris tue ces animaux avec les lésions
habituelles de l'infection pneumococcique.
Dans le cas qui m'est personnel je n'ai pas fait de culture
directe du pus recueilli au moment de l'incision. Mais ce pus a
servi à iuoculer deux animaux oui sont morts d'infection pneu-
mococcique et le sang du cœur ae ces deux animaux, mis en
culture, a fourni des colonies nombreuses de pneumocoques à
1 exclusion de tout autre microbe. Le pus de la région mastoï-
dienne renfermait donc bien certainement des pneumocoques,
mais je ne puis dire s'ils y existaient sans mélange d'autres
microbes.
Vous le voyez, mon cher maître, il existe trois observations
avérées d'abcès mastoïdiens à pneumocoques (Zaufal, Verneuil
et Netter), une quatrième observation contestable (Moos).
Dans deux observations le pus de ces abcès ne renfermait qa»
des pneumocoques (Zaufal, Verneuil). Dans celle de Netter il
est impossible d'établir s'il n'existait pas en même temps d*aatres
microbes. Dans le cas de Moos les pneumocoques étaient mé«
langés aux streptocoques.
II. Je passe maintenant à la clinique.
La collection purulente dans les cas de Zaufal et Netter sié-
geait sous le périoste L'apophyse mastoîde était dénudée. Dans
le cas de Moos l'auteur a constaté la présence de pus dans les
cellules de l'apophyse qui fut trépanée.
Dans les cas de Zaufal et de Verneuil il s'agit dune otite
ai^uë primitive compliquée au bout d'un mois à six semaines
d'infiammation mastoïdienne. Dans ceux de Moos et Netter il j
avait poussée aiguë au cours d'une otite devenue chronique et
remontant à cinq mois et un an. Le malade de Moos était dia-
bétique, le mien tuberculeux.
Le pus dans les quatre cas était épais et bien lié.
L'intervention fut suivie d'un amendement rapide. La piéri-
son complète a été constatée par Verneuil et Moos. Les malades
de Zaufal et Netter n'ont pas été suivis jusqu'à la guérison. Mais
au dernier examen leur état s'était fort amélioré.
Ainsi, dans les quatre cas, la périostite miutoïdienne a été
terminée d'une façon favorable. Vous pensez que cet heureui
résultat qui n'est pas constant dans toute espèce d*9ibch
mastoïdien veut être imputé à la nature spéciale de ces wp-
purations. Nous savons aue cette bénignité relative se retrouve
dans les manifestations les plus diverses de l'infection pneumo-
coccique.
Les agents de cette infection perdent en peu de temps leur
virulence dans le corps humain comme dans les milieux de
culture.
J'ai essayé de montrer l'exactitude de cette proposition en
traitant des pleurésies purulentes métapneumoniques {Société
des hôpitaux, 1889).
III. Je me rallie absolument à votre interprétation fathoaé'
nique identique à celle que j'ai formulée pour expliquer les
méningites suppurées à pneumocoques, suites d'otites.
Les microbes présents dans la caisse du tympan chemioent
dans les cellules mastoïdiennes et arrivent ainsi sous le périoste.
Vous admettez que l'otite de votre malade était une otite à
pneumocoques et signalez l'utilité qu'il y aurait à faire pareille
constatation dans un cas analogue. Cette constatation n'a pu
être faite dans le cas de Zaufal, puisoue ce cas ne s'est pas
accompagné de perforation du tympan. Elle a été négligée dans
le cas de Moos. En revanche efle se retrouve dans mon obser*
vation. Le 30 octobre (plus d'un mois avant l'incision du phleg-
mon mastoïdien, l**' décembre) j'examinai le pus de l*oreilte.
Ce pus fut inoculé à deux souris qui succombèrent et dont le
sang renfermait des pneumocoaues qui furent cultivés.
Vous avez bien voulu rappeler que fai le premier démontré
en mars 1887 l'existence d'une otite suppurée à pneumocoques.
Comme je l'ai exposé duns mon mémoire des Atinales des ma-
ladies de Voreille de 1888, la première communication de
Zaufal, qui ignorait la mienne, ne date que du mois de
juillet. Les recherches ultérieures de Weichselbaum, Moos et
Zaufal ont montré la fréquence et l'importance de l'otite à pneu-
mocoques. Je n'ai pas rencontré ce microbe moins de trente-
quatre fois sur soixante-quinze otites moyennes aiguës qae jt^i
eu l'occasion d'étudier au point de vue bactériologique.
Nous savons enfin comment expliquer la production de ces
otites. Elles tiennent à l'arrivée dans la caisse des pneumo-
coques recelés normalement dans la bouche, le pharynx, U
nez d'un grand nombre de personnes (^steur, Stembcrg,
Fraenkel, Netter).
IV. Votre cas, comme ceux de Zaufal, Netter et Moos, montre
incontestablement Vexistence de périostites suppurées dues a
un microbe différent du staphylococcus pyogenes aureus,
réputé le microbe pathogène exclusif de l'ostéomyélite et des
suppurations périostiqucs.
On pourrait objecter que la périostite dans tous ces cas a ete
imputable à un processus différent de celui qui est habituel/e-
meiU en jeu dans la périostite phlegmoneuse. Les microbes d6
sont pas venus de loin par les vaisseaux sanguins. Ils ont che-
miné de proche en proche. L'infection a été directe, par coflU-
nui té et non pas métastatique après contamination du sang ('n
un point éloigné.
mis nom cmmaiêêùm» ëê$ oèMrvalàMU de pénÊSiim ^
30 AOUT 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 36
567
pneumocoques dans lesquelles il y a eu infection mélastc^
tique. La première est déjà ancienne. Elle remonte à i885. Elle
a été publiée dans les Annales de la Charité par Leyden qui
Ta observée avec Fraenkel. Au cours d'une pneumonie, on vit
apparaître cbez un malade une tuméfaction de la cuisse et du
genou qui persista et augmenta après la défervescence. Une
r^onction avec la seringue de Pravaz permit d'examiner le pus.
1 renfermait des pneumocoq^ues lancéolés. La culture montra
que ces microbes existaient a Tétat pur. Le malade succomba
et on constata un décollement du périoste à la partie inférieure
du fémur avec abcès périarticulaîre. Je n'ai pas observé moi-
même de cas analogues, mais ie connais des faits de ce genre
signalés par Weichselbaum, Monti et Belfaute.
Les pneumocoques apportés par le sang dans les vaisseaux
du périoste peuvent donc donner naissance à des périostites
suppurées.
Y. // n'y a donc pas une seule périostite supputée toujours
due à un seul microbe^ le staphylococcus pyogenes aureus. Il y
en a plusieurs espèces dont Vune a pour agent le pneumo-
coque. N'en est-il pas ainsi des otites suppurées qui peuvent
être le fait du streplocoaue, des staphylocoques, du pneumo*
coque, du bacille de Frieolœnder ; de la pleurésie purulente qui
reconnaît pour origine le streptocoque, le nneumocoaue, les
stapbylocoquesy.lo miorobe de Frieélœnder; Je bacille de Neu-
mann etScnâfer, le bacille de Koch, le micrococcus tetragenes;
de la méningite suppurée dans laquelle nous voyons intervenir
le pneumocoque, le streptocoque, le bacille de Friedlœnder,
celui de Neumaim, le diplococcus intracellularis, etc.?
Les progrès de la bactériologie nous amènent à repousser
ou tout au moins à modifier l* ancienne division nosologique
basée sur le siège des inflammations. Cette modification n'a
pas un simple intérêt théorique. Elle est surtout d'intérêt pra-
tique.
Vne pleurésie^ une périostite, une otite suppurée, une mé-
ningite même comportent une évolution, un pronostic bien
différents sttivant le microbe qui leur donne naissance.
Le clinicien ne saurait donc rester indifférent à ces recher-
ches. Il est de son devoir de les accueillir avec bienveillance,
de les solliciter, de les poursuivre, lui qui est si merveilleuse-
ment placé pour en trouver les' matériaux. Nous savons tous
avec quel zèie et «quelle compétence travaille dans ce sens le
clinicien de la Pitié et ie suis tout particulièrement flatté qu'il
prenne quelque intérêt a mes propres efforts.
Je pense, mon cher maître, vous avoir suffisamment répondu
et vous prie de croire à mes sentiments affectueux et recon-
naissants.
Netter.
SOCIÉTÉS SAVANTES
AeadéHile des «etence*.
SÉANCE DU 12 AOUT 1889.
Appareil tasculaire des animaux et des végétaux.
— Après avoir rappelé ses précédentes communications
dans lesquelles il a démontré que, chez les vertébrés, la
méthode thermo-chimique est non seulement utile, mais
préférable à la méthode des coupes, pour l'étude de certains
organes et particulièrement des parties dures, M. Sappey
déclare que Tétude comparée de l'appareil vasculaire des
animaux et des végétaux par les deux méthodes lui permet
de conclure que la méthode thermo-chimique, appliquée a
l'élude de cet appareil, donne des résultats aussi complets,
aussi précis, aussi satisfaisants qu'on peut le désirer. Elle
est, en effet, incontestablement plus avantageuse que la
méthode des coupes et, soit qu'on se propose de procéder
à l'analyse des artères et des veines, soit qu'on se propose
d'étudier les vaisseaux ligneux ou les vaisseaux criblés,
c'est à cette méthode qu'il convient d'accorder la préfé-
rence.
Poison diputhêritique. — A la suite d'une épidémie de
diphthérie ayant sévi dans le village de Horn (Limbourg
hollandais), M. Sprof^k a entrepris dea recherches sur
le poison diphthéritique, desquelles il résulte que dans
tous les cas examinés, le bacille de Klebs a été trouvé et
isolé en cultures pures, possédant une action toxique
puissante. Ainsi, ces cultures, mises en contact avec des
muqueuses excoriées, produisent des membranes croupales
dans lesquelles le bacille pullule; leur inoculation sous-
cutanée, leur injection dans les veines tuent les animaux.
Lorsque la mort ne survient pas trop rapidement, on peut
observer des paralysies caractéristiques. Le fait a été
constaté chez te pigeon et le lapin. Le bacille reste loca-
lisé dans la fausse membrane ; inoculé sous la peau, il se
propage jusqu'à un certain degré dans le tissu sous-cutané,
mais il ne pullule jamais ni dans le sang ni dans les or-
ganes internes. Enfin, l'albuminurie provoquée par l'in-
jection du poison, offre une nouvelle preuve que le bacille
de Klebs est vraiment la cause de la diphihérie ; en effet, la
fréquence de l'albuminurie dans la diphthérie de l'homme
est bien connue ; d'autre part, l'albuminurie expérimen-
tale donne une démonstration nette de la pathogénie de ce
symptôme.
Recherche et dosage de l'albumine. — M. C. Patein
recommande, après les dosages d'albumine par la cha-
leur et l'acide acétique, de toujours s'assurer que le
liquide filtré ne précipite plus par l'acide azotique et ne
contient pas de nouvelle albumine. Cette dernière étant
précipitée par l'acide azotique, comme la serine et l'albu-
mine, l'emploi de l'acide azotique seul peut, dans certains
cas, induire en erreur sur la nature et la quantité des
albumines ainsi précipitées.
AcadéHiie de médecine.
SÉANCE DU 20 AOUT 1889. — PRÉSIDENCE DE M. MOUTARD-
MARTIN, vice-président.
M. le docteur Demeunjinck, médedn-major de 1'* classe, envoie un mémoire
sur la lièvre typkoîie âan$ la gamii<m de TunU pendant quatre années conU-
ctUivet.
M. Bergeron présente, au nom de M. H, Monod, la etatiêtique de$ dépeneee de
Vatiietanee publique en France pendant Vannée 1885. •
M. Comtantin Paul dépose un allas accompagné d'un mémoire sur la lèpre en
Roumanie, de la part de MM. les docteurs Kalindero et Bake$.
ÂDLATiON DE LA PAROTIDE. — M. Polaxllon présente un
enfant de neuf ans et demi, au({uel il a enlevé, il y a quatre
ans. un adénome de la parotide avec kvstes multiples, et
EroDablement avec quelques noyaux d enchondrome. Au
out d'un an environ, il se forma sous la cicatrice de petits
kystes oui soulevèrent la peau, en l'amincissant de plus en
plus. M. Polaillon fit une seconde opération ; après avoir
enlevé tous les tissus indorés, il nettoya avec la curette
toute la loge parotidienne. Les filets du facial ayant été
détruits, l'hémiplégie fut complète après cette seconde
opération. Depuis trois ans, cet enfant est guéri; l'hémiplégie
faciale a persisté; le canal de Sténon s'est atrophié; la sen-
sibilité de la joue n'est pas altérée. La nutrition des tissus
ne parait pas avoir souffert, cependant l'incisive supérieure
droite n'a pas encore fait irruption, bien que l'enfant ait
actuellement neuf ans et demi; de plus, les canines supé-
rieures manquent des deux côtés.
Prophylaxie de la tuberculose. — Dans une note lue
par M. le secrétaire perpétuel, M. Gabriel Colin déclare
que, pour lui, il n'est nullement prouvé que la chair des
animaux tuberculeux, telle qu'elle est livrée à la consom-
mation, engendre le tubercule. D*abord, on peut dire que si
cette viande était contagifère, il n'est guère d'individus qui
échapperaient à la contamination tuberculeuse, car le tuber-
cule est tellement fréquent chez les bêtes de boucherie, que
pas un seul homme n'arrive à un certain &ge sans avoir
mangé; & son insu, maintes et maintes fois, de la chair de
968 — N« 35 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
AoOT 18M
provenance incriminée. D*autre part, aucune expérience
n'est venue, jusqu'ici, prouver que la chair et le sang des
animaux à tubercul<*s donnent la tuberculose. On peut en
dire autant en ce qui concerne le lait, malgré l'expérience
équivoque de Gerlach D'ailleurs, l'expérieuce et l'obser-
vation ne montrent pas la conUigiosité de la tuberculose
aussi grande que le Congrès voudrait le faire croire aux gens
du monde. En eiïet, l'inoculation du tubercule ne réussit
bien qu'en présence d'une effraction de la matière dans le
tissu cellulaire sous-cutané ou intermiisculain\ Quanta la
contagion interhumaine, elle ne paraît pas être des plus
faciles, puisque, à la campagne, malgré la communauté de
vie et des ustensiles de ménage, la contamination est relati-
vement rare. Le Congrès exagère donc les dangers de la
contagion possible de la tuberculose dans les condilions
ordinaires d«' la vie, et l'Académie n'a pas à le suivre dans
la voie où il s'engage.
HypERTncPHiE DE LA JAMBE DROITE. — M. Duplouy (de
Rochefort) relate l'observation d'un enfant âgé de dix-sept
ans, qui présenie depuis sa naissance une hypertrophie
énorme du membre inférieur, droit et un hypospadias de la
base du gland. — (Renvoi à MM. Larrey et Mure Sée.)
Trépanation. — M. le docteur Just Lucas^Champion-
nière^ candidat à la place déclarée \acanle dans la section
de médecine opératoire, communique une observation de
trépanation du crâne avec ouverture d'un foyer d'héraor-
rhagie cérébrale de la circonvolution frontale ascendante,
suivie de guérison complète. Il s'agit d'un homme de cin-
quante-trois ans qui eut, il y a deux ans, une attaque d'apo-
plexie, qui lui avait laissé de la pnrésiedu membre infé-
rieur droit, un peu de gène de la parole, une contracture
très marquée de la main droite et surtout des attaques
épilepliques. Celles-ci, loin de s'atténuer avec le temps,
allaient en augmentant. On pouvait adirmer, d'après les
symptômes, qu'il existait un foyer d'hémorrhagie vers la
partie moyenne de la circonvolution frontale ascendante,
irritant les centres du bras et confinant aux centres du
membre inférieur.
Le malade endormi, on détermina les points de repère
qui servent â tracer la ligne rolandique. L'ouverture crâ-
nienne fut pratiquée, la dure-mère incisée et on vil alors
en avant de la veine logée dans le sillon de Rolande, une
sorte de membrane opaline résultant de la fusion de
l'arachnoïde et de la pie-mère et recouvrant un foyer ancien
d'hémorrhagie cérébrale qui occupait la substance de la
cirronvolution frontale ascendanie. La paroi de ce foyer fut
incisée avec soin, de fsiçon à l'ouvrir très largement; les
débris couleur de rouille qui l'occupaient furent enlevés et
le foyer fut nettoyé très exactement; lavages avec une solu-
tion d'acide phénique au i/iO" et une solution de sublimé
au 1/1000'. On mit sur la dure-mère un point de suture au
catgut pour en rapprocher les bords sans violence et la plaie
fut refermée par dix-sept points de suture au crin de
Florence; un seul drain. Les suiies opératoires furent des
plus simples; le lendemain, le malade ayant eu une attaque
épileptiforme de courte durée, on retira le drain. Ce même
jour, on constata la disparition de la contracture de la main
droite et une réintégration notable de la force musculaire.
A partir de ce moment, il n'y a plus eu une seule attaque
d'épilepsie. Il y a quatre mois actuellement que celte opéra-
tion a été pratiquée et la guérison s'est maintenue. La
marche est plus facile, la parole plus claire, l'intelligence
meilleure.
M. Lucas-Championnière fait suivre cette observation de
la statistique de 30 opérations de trépanation qu1l a jusqu'ici
prati(|uées 11 fois pour des vertiges et douleurs de tête dont
4 cas d'épilepsies syinptomali(|ues de fractures du crâne,
2 cas de douleurs violentes consécutives â des chocs crâ-
niens, 1 cas de paralysie droite incomplète avec crises
épîleptîformes, i cas d'hydrocéphalie et U cas d'épilepsie
dite idiopathique. Le succès a été presque constant.
SÉANCE DU 27 AOUT 1889. — PRÉSIDENCE DE M. MOUTARD-
MARTIN, VICE PRÉSIDENT.
M. le docteur Danion envoie un PU eacheti, dont le dépôt estaecepté. renfcr>
maot une note sur une nouvelle méthode de traitement électrique det fikrr-
myomet utérine.
M. le docteur Mackiewiet, niédecin-in«jor de i* clatM. «dreua «a m«iDoirr
nuinuscrit «ur lea vaeeinatione et revaeeinatioM qn'il « l'r^Uqnéee d«DS quatr»-
régimenis en 18d7 et 1888, ainsi que fur la néceaeUé du repoe après l'opérât f%
de la poecinf.
M. Larrey dépose une Notice tur Claude Bernard, par M. G. Barrai.
y. Javal préaente un ophlhalinomètre perfeclioaiië, de son invention réreiiim#a*.
constniit en France.
Vente DE l'arsenic— M. le AocXeur Marqtiez (d'Hyères;,
correspondant nat onal, rappelant un certain nombre de
faits d intoxication arseuicale survenu sur plusieurs points
de la France à la suite de l'ingestion de boissons falsitîées,
demande que la vente de l'arsenic soit spécialeiuenl sur-
veillée, notamment dans les drogueries et les pharoiacies,
et qu'on exige tout au moins sa dénaturation pour tous aotre>
besuîns que ceux de la pharmacie. — (One Coromis*^ion.
composée de MM . Brouardel^ Riche et OUivieTj est désignée
pour s'occuper de cette question.)
OvARioTOMiE. — Le kyste de l'ovaire que présente
M. Polaillon et qu'il a enlevé ce matin, pèse 3 kilogrammes;
il est multiloculaire et présente cette particularité qu'il s'est
rompu il y a trois jours sous TinOuence des efforts de la
dt^fecation ; des symptômes de péritonite s'étant montrés,
l'opération fut décidée et pratiquée; il y a lieu d'espérer
qu'elle arrêtera les accidents déjà fort avancés. Ce fait
Erouve une fois de plus combien la temporisation dans les
ystes de l'ovaire expose les femmes à de sérieux dangers.
Traitement piiésertatif de l'érysipèlb. — Depuis cioq
ans M. Marc Sée emploie, dans sa pratique hospitalière et
civile, pour toutes ses opérations, le sous-nitrate de bismnlh,
soit en répandant une couche très mince sur les surfaces
traumaliques ou en insufflant une petite quantité dans le>
sinuosités des plaies anlraclueuses en ayant soin seulement
que les lignes de suture et les bords des surfaces saignantes
soient exactement couverts; il recouvre ensuite la plaie
d'une couche de coton hydrophile. Grâce à ce pansement
antiseptique permanent, il n'a jamais eu de cas d érysipèle,
bien que plusieurs de ses opérés se soient trouvés dans les
conditions les plus favorables à Téclosion de cette redou>
table complication.
OcrLiSTiQUE. — M. Javal informe ses collègues qu'on e^t
enfin parvenu à fabriquer en France des verres à surface
torique, dont l'invention avait été primitivement imaginée
en Italie en 1835, puis réalisée de nouveau il y a deux an^
en Amérique. Ces verres sont périsropiques; ils corrigent à
la fois Tastigmalisme, le degré de myopie ou de presbytie et
permettent dans une de leurs parties la vision des objets
éloignés et dans l'autre celle des objets rapprochés. Ils ne
présentent d'ailleurs aucune différence- d'aspect extérieur
avec les verres ordinaires.
Soetéié de théiwpciitl^ae.
SÉANCE DU a JUILLET 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNCT.
Douig« d« riBè* (à propos d'un travaU oommiiBiqQè à la Boolètè
par M. Poulet) : M. Kûglor, rapportaor. — Diaonnion : MM Mon*
tard-MarUn, GatUlon. Booquoy, Virarts. • Da l'aoUon oomparèa
des digitalines et de la digitale : M. Huohaid (Discussion - i
MM. Bardet, Vigier. IVurts. GatUlon).
M. KUgler a étudié, comme rapporteur de la Commission
nommée à cet effet, le travail adressé antérieurement à la '
Société par M. Poulet (de Plancher-le^Mines) sur le dosage
30 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 36 — 589
de l'inée. L'auteur a obtenu les mêmes résultats avec le
strophantUH glabre et avec le ëtrophantus hispidus^ tandis
que l'usage da strophantus kombé aurait amené des vomis*
semeiiU. Ce dernier serait donc à rejeter. Cependant,
d'après les analy>es chimiques, le strophantus glabre con*
tient 5 pour iO(X) de stropbanline, et le strophantus kombé
1 pour tOOO seulement, résultats qui sont en contradiclion
avec les effets signalés dans les observations de M. Poulet,
et qui donnent à penser que les strophantines employées
par lui n'étaient pas réellement celles qu'il a indiquées ou
que les semences dont il a fait usage étaient en mauvais
état. En résumé, la question demanderait à être reprise
dans un travail sérieux comprenant l'étude des trois stro-
phantines préparées avec la même méthode. Le rapporteur
ne partage pas l'opinion de H. Poulet, qui tendrait à faire
rejeter Tusage de la strophaniine à cause des doses très
faibles auxquelles celte suostance doit être employée.
M. Moutard-Mariin demande qu'en raison de l'impor-
tance du sujet, la discussion du rapport soit remise au
mois d'octobre.
M. Bac^'uoy rappelle que la discussion de l'Académie a
montré les avantages différents du strophantus et de la
sirophantine, qui n'ont ni la même action thérapeutique ni
les mêmes effets physiologiques. Chez un malade auquel le
strophantus donnait une diurèse très marquée, l'action de la
sirophantine était nulle au point de vue diurétique. De
même avec l'opium et la digitale on n'obtient pas les
mêmes effets qu'avec la morphine et la digitaline. Quant
aux injections de strophaniine, elles sont dangereuses;
Fraser lui-même les a abandonnées à cause des inflamma-
tions locales qu'elles déterminent. Elles occasionnent, en
outre, des congestions rénales qui se traduisent par de
Talbuminurie, accidents qu'on n'a pas à redouter avec le
strophantus.
M. CatilloH fait observer que le strophantus hispidus ne
donne pas de strophaniine cristallisée, mais seulement de
la strophaniine amorphe (5 p. 1000), beaucoup moins
active que la première ; le strophantus glabre et le kumbé
ne donnent pas de la strophaniine cristallisée : l'action
toxique de ces deux derniers est à peu près égale, mais elle
est bien supérieure à celle du strophantus hispidus.
H. Hucqtioy rappelle que M. Poulet, d'après une commu-
nication antérieure, se serait servi d'un strophantus du
Gabon, dont Taction est beaucoup plus toxique, et à doses
telles Qu'on se demande comment il n'a pas empoisonné
ses malades.
M. Kugler fait remarauer que M. Poulet a communiqué,
avec son dernier travail, des échantillons de strophantus
glabre.
31. Catillon. L'action toxique de la strophaniine
amorphe est deux fuis et demie moindre que celle de la
strophaniine cristallisée.
M. Wurtz. On ne peut comparer l'action de la plante et
celle de son principe actif.
La discussion du rapport est ajournée à la prochaine
séance, qui aura lieu en octobre.
— M. Uuchard lit une communication sur Vaction com-
parée dex digitalines et de la digitale. Dans ce travail,
Tauteur rappelle d'abord avec quel succès M. Potain em-
ploie la digitaline, et l'opinion de M. Sée, qui la proclame
aussi active que la digitale. Mais dans les affections du
cœur, c'est la macération ou Tinfusiou de digitale qu'on
emploie surtout comme diurétique. Quant à la digitaline,
si elle a donné des effets diurétiques beaucoup moindres,
cela tient à plusieurs raisons, dont la première c'est qu'on
emploie la digitaline amorphe, produit infidèle à action
taatôt énergique, tantôt nulle, surtout aux doses auxquelles
on l'administre. Si Ton veut avec cette substance obtenir
une arlion diurétique, il faut en administrer des doses
quotidiennes de 3 à 4 milligrammes pendant deux jours, et
alors, ainsi qu'en témoi$;nent les nombreuses observations
jointes à ce travail, l'effet est certain. En outre, la digita-
line amorphe ne doit pas être donnée en grandes prépara-
lions souvent mal absorbées, et qui, en s'accumulant dans
le tube digestif, peuvent occasionner des accidents; il est
préférable, par conséquent, de faire prendre la solution
suivante formulée par M. Potain :
Alcool à 90 degrés 3«%50
Digitaline amorphe de Homolle O^^Oâ
dont on donnera dix à trente gouttes par jour.
S*il emploie la digitaline cristallisée, qui est quatre ou
six fois plus active que la précédente, M. Huchard la pres-
crit à la dose de 3/4 de milligramme, 1 milligramme au
plus (doses plus élevées que celles administrées habituelle-
ment) ; pour cela il donne cinquante gouttes d'une teinture
à i pour 1000.
La digitaline est souvent indiquée dans les cardiopathies
artérielles; tout cœurartério^scléreax est, o» effets «oii4t«-
nuellement menacé de dilatation. Sous Tinfluence des plus
légères complications (bronchites, etc.) peuvent survenir des
cardiectasies passagères qui, par leurs répétitions succes-
sives, peuvent devenir permanentes. Dans ces cas, lorsque
le cœur est en état d'hyposystolie habituelle, l'auteur pres-
crit tous les quinze jours, pendant vingt-quatre ou quarante-
huit heures, 1/i à 1 milligramme de digitaline cristallisée,
qui provoque une diurèse aussi abondante que la macéra-
tion ou l'infùsion de digitale. Une malade atteinte d'insuffi-
sance tricuspidienne, avec battements hépatiques, consé-
cutivement à une affection cardiaque, guérit entièrement
après un traitement de seize mois; elle prenait tous les
quinze ou vingt jours, pendanl un ou deux jours, 1 milli-
gramme de digitaline cristallisée.
En résumé, la digitaline peut produire des effets diuré-
tiques à peu près semblables à ceux de la digitale, à la
condition qu'on l'emploie à des doses suffisantes. Avec
1 milligramme de cet alcaloïde cristallisé, en un jour on
obtient des résultats analogues à ceux que donnent 30 à
40 centigrammes de macération de digitale employés pen-
dant'quatre à cinq jours. En outre, d'après le détail des
observations recueillies, la digitaline semble avoir Tavan-
tage de provoquer moins de phénomènes d'intolérance
gastrique que les infusions ou les macérations faites avec
a plante.
M. Bardet se demande si réellement les granules sont
aussi peu solubles et autant capables de s accumuler dans
le tube digestif que le croit M. Huchard. Il trouve, quant à
lui, ce mode de préparation plus maniable que les teintures
de digitaline.
Quant à la différence d'action entre la digitaline amorphe
et la digitaline cristallisée, il la croit plus apparente que
réelle. C'est plutôt une ditrérenre morphologique qui dis-
tingue ces deux produits. La digitaline amorphe chloro-
formique, telle que la prescrit le Cod<*x, ne serait-elle pas,
à dose égale, beaucoup plus active que d'autres prépara-
tions du même alcaloïde, le chloroforme dissolvant peut-
être d'autres substances auxquelles elle est incorporée?
Enfin, dans la digitale il y a encore d'autres produits,
parmi lesquels la digitaline, très facile à isoler, assez
soluble dans l'eau ; ne serait-ce pas elle qui donnerait à la
digitale ses propriétés diurétiques?
M. Vigier. Au point de vue des digitalines, il existe le
plus grand désarroi dans la pharmacopée : beaucoup de
préparations diverses circulent sous le même nom dans le
commerce. Aussi est-il très difficile de se procurer le pro-
duit recommandé par le Codex.
t
570 — N* 35 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
30 Août i889
M. Catillon. Il n'y a pas plusieurs espèces de digila-
line cristallisée; ii n'y en a qu'une seule, bien définie,
indiquée par le Codex. S'il y en a d'autres qui donnent des
effets différents, ce sont des produits impurs.
M. Wurtz partage l'avis de M. Catillon. Il n'y a qu'une
seule digitaline cristallisée. Si on employait toujours les
mêmes procédés de préparation, on obtiendrait les mêmes
produits. Ce que Schmiedberg, en Allemagne, décrit sous
le nom de digitoxine, est la même chose que la digitaline
cristallisée de Nativelle.
— La séance est levée à six heures moins un quart.
Georges Baudouin.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
Du m«de d*«cU«ii de* wédleamento aslrlnsents , par
M. Heinz (de Breslau). — Cet observateur a institué une série
d'expériences dans le but de déterminer Faction physiologique
des principaux astringents.
Il a constaté que, pour amener la contraction des petits vais-
seaux, il faut faire usage de solutions de sublimé à 5 dix-
millièmes; de nitrate d'argent, d'acélate de plomb et de sulfate
de zinc au millième; de sulfate de cuivre, de perchlorure de fer,
de tanin et d*alun au cinq-millième. Par contre, en tenant
compte de l'intensité de la contraction vasculaire obtenue, on
voit que dans Tordre de leur énergie, on doit énumérer ainsi
ces diverses substances : nitrate d'argent, acétate de plomb et
sulfate de zinc; sublimé, sulfate de cuivre et perchlorure de fer;
tanin et alun.
M. Heinz a cherché l'influence de ces agents sur le processus
inflammatoire en les mettant en contact avec le mésentère de la
grenouille. Parfois, écrit-il, le premier effet de ces substances est
de provoquer une inflammation qui s'arrête ensuite quand on
en continue les applications. Ces phénomènes ne sont pas dus
à la vaso-conslriction puisqu'on les observe encore par l'emploi
de solutions concentrées, de tanin à 1/2 pour 100 ou d'alun à
21/2 pour iOO, solutions qui provoquent la dilatation vasculaire.
Ainsi donc, l'application des astringents sur les tissus produit
d'abord leur inflammation et ensuite, phénomène en apparence
paradoxal, la diminue quand on en continue l'emploi.
Comment expliquer ces faits? Par la théorie d'une action
directement exercée sur les leucocytes? Non, d'après M. Heinz.
Par des modifications de la paroi des vaisseaux? Oui, de l'avis
de cet observateur, qui rappelle la combinaison du nitrate d'ar-
gent avec le cément des cellules endothéliales; combinaison
bien connue de tous les histologistes. Bref, les astringents
empêchent la migration des leucocytes en altérant les parois
vasculaires, et leur combinaison avec les matières albuminoides
donne raison de leur action caustique et de leurs propriétés
plus ou moins microbicides. (Wirch. Arch.j heftS, p. 1 16, 1889.)
De l«rai»l*l d« 0litorare de kanwai dmmm les maladie* da
ecenr, par M. .\.-H. Hare. — En s'inspirant des mémoires de
Boehm, Brunton, Robert, Ringer et Bary, cet observateur a été
conduit à prescrire le chlorure de baryum dans cinq cas de car-
diopathies valvulaires et deux cas de troubles fonctionnels du
cœur.
Un enfant de six ans, mitral, dypsnéique, non hydropique,
ingère quotidiennement trois doses de 2 grammes d'une solu-
tion au centième de chlorure de baryum. Le pouls s'abaissa de
cent à quatre-vingts pulsations et se régularisa. La dypsnée dis-
parut et le sommeil revint. Cette amélioration persista pendant
toute la durée du traitement.
Un homme de trente-cinq ans, atteint de dilatation aiguë du
cœur par surmenage, accuse des douleurs angineuses, des irré-
gularités du pouls. On lui administre une cuillère à bouche d«
la même solution et cette dose suffit pour relever le pouls r:
diminuer la fréquence des battements cardiaques.
Un troisième malade, brigthique et aortique, et uo qualrièm*
atteint d'insuffisance aortique, ingèrent i grammes de la solu-
tion et éprouvent la même amélioration.
Encore le même succès dans un cas d'insuffisance milrale '
dans deux autres cas d'asthénie cardiaque. M. Hare conclut doa.
en faveur du chlorure de baryum. C'est un tonique cardiaque
qui, croit-il, agit plus rapidement que la digitale, ne provoqm
pas de troubles gastrique et ne se comporte pas, comme on ravaii
craint, à la manière des poisons irritants. {The med. iWin.
16 janvier 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
De la capacité furidlqae des aliénée et de l<
liberté Individuelle, par René FusiER, docteuf co droit,
avocat à la Cour d'appel de Chambéry. 1 vol. in-8*.
— Paris, 1886. L. Larose et Forcel.
La question des aliénés, tant au point de vue médical
qu'au point de vue judiciaire, préoccupe de plus en plus les
esprits ; il en est même qu'elle passionne au point d'en
devenir injustes à l'égard des médecins qui soignent ce^
malheureux malades. Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître
que si cette question, qui intéresse à tant de titres la
société, a le don d'émouvoir les passions, elle suscite aussi,
même en dehors du milieu médical, des travaux sérieux, mû-
rement réfléchis, qui méritent de notre part une étude atten-
tive. Parmi ces travaux, nous devons signaler tout particu-
lièrement le volume de M. René Fusier. Cette œuvre de
[dus de 400 pages est une thèse de doctorat en droit, d*une
ecture attachante et dont l'intérêt se soutient jusqu'à la
dernière page.
Toute tnèse de doctorat en droit se divise naturellement
en deux parties: la première, consacrée au droit romain; la
seconde au droit moderne. M. René Fusier étudie donc
successivement la capacité juridiaue des aliénés et leur
liberté individuelle d'après la législation romaine ei d'après
la législation française. De ces deux parties, la première
présente un intérêt tout particulier. Et le motif, sans doute,
en est qu'on entre là dans un domaine généralement peu
connu et (^ui réserve de réelles surprises. Après avoir lu les
cent premières pages du livre de M. Fusier, où sont expo-
sées les précautions prises par le législateur romain dans
ces questions si délicates de la capacité civile des aliénés et
les formalités à remplir pour leur curatelle, on comprend
mieux cette phrase de Bossuet : c Si les lois romaines ont
paru si saintes que leur majesté subsiste encore malgré la
ruine de l'empire, c'est que le bon sens, qui est le maître de
la vie humaine, y règne partout, et qu'on ne voit nulle part
une plus belle application des principes de l'équité natu-
relle. >
On trouve dans cette première partie quelques rensei-
gnements curieux qu'il est bon de rappeler. Ainsi H. Fusier
nous apprend que « la folie, une fois qu'elle était constatée,
exonérait des charges publiques en général et, détail
curieux, il parait que c'était là un avantage assez recherché,
(iuisque,à'encroireUlpien, il arrivait souvent qu'on simulât
a folie pour en bénéficier >. Nos modernes médecins
légistes n ont pas encore eu à observer la simulation de la
folie, croyons-nous, pour échapper aux charges publiques ;
cela pourra venir. Jusqu'ici ils n'ont rencontré de simula-
teurs que chez les délinquants et les criminels.
La loi romaine prescrivait oue l'aliéné fiit soigné par les
siens et chez lui ; les présiaents des provinces devaient
« s*assurer que le fou qui se serait livré à un acte dange-
reux pour la société fût surveillé avec un soin tout particu-
30 Août i88d
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 35 — 571
lier et mènre, en cas de besoin, enchaîné, tant comme
mesure de sûreté qu'à titre de peine et de répression. > Et
plus loin, notre auteur ajoute : c Si, en raison de son indi-
gence on de son état d*exaltalion, l'aliéné ne pouvait être
gardé chez lui» le président de la province devait le faire
séquestrer dans des lieux publics de détention, appelés
carceres- > Qu'étaient ces carceres? S'agit-il simplement
des prisons où l'on enfermait les criminels, et où Ton plaçait
par surcroit les aliénés agités ? C'est possible. Quoi qu'il en
soit, cette question de l'assistance et du traitement des
aliénés chez les anciens est une de celles qui ne sont pas
résolues; elle mériterait cependant d'attirer l'attention dun
de nos médecins érudits. La lumière pourrait se faire peut-
être en rapprochant les textes des jurisconsultes et ceux des
médecins qui ont écrit sur la matière.
La partie relative au droit français est la plus considé-
rable. Elle est divisée en deux parties: la capacité juridique
et la liberté individuelle. M. Fusier y traite les questions
brûlantes du moment; mais à l'inverse de certains législa-
teurs, journalistes et même magistrats, il ne veut pas le
renversement de ce qui existe, il n'en demande que les
améliorations, améliorations que la science et la force des
choses imposent en quelque sorte. Il ne veut surtout pas la
mise en interdit du médecin aliéniste, que certains réfor-
mateurs de la loi du 30 juin 1838 veulent mettre en tutelle,
au point au'il ne puisse plus ni recevoir un malade dans un
asile, ni 1 v maintenir et Ty traiter, ni l'en faire sortir sans
une foule ae formalités ou sans le contrôle de nombreuses
Commissions. La dij^nité du médecin et son influence sur
les malades gagneraient-elles à un tel régime ? Il est permis
d'en douter.
H. Fusier, qui ne se paie pas de mots et qui a pu voir
fonctionner de près la loi sur les aliénés — son père était
naguère encore un des médecins les plus distingués de nos
asiles — a recherché les améliorations oui pourraient être
introduites dans cette loi et qui sont aemandées depuis
longtemps par les médecins eux-mêmes. Ainsi il demande
qu'il 3oit mieux pourvu à la gestion des biçns des aliénés
non interdits; que lesprescriptions de la loi du 30 juin 1838,
qui sauvegardent sumsamment la liberté individuelle,
soient plus strictement appliquées ; qu'on réglemente d'une
façon spéciale le traitement des aliénés à domicile et qu'on
apporte enfln une solution c à la grave et délicate question
des aliénés dits criminels et des criminels aliénés >. Il y a
là matière suffisante à léffiférer; mais ce ne se serait point
la refonte générale de la Toi, tant réclamée, surtout par ceux
qui ne l'ont jamais lue. Cela est très vrai; reconnaissons
cependant avec M. Fusier que se contenter de l'améliorer
dans ses imperfections c ce serait au contraire lui donner,
en quelque sorte, une nouvelle sanction législative, qui
aurait le double avantage de rassurer l'opinion publique mal
à propos alarmée et de perfectionner et compléter cette loi,
en s'efforçant d'assurer à chacune de ses dispositions une
exécution conforme au vœu de ses auteurs. La condition
essentielle pour arriver à un heureux résultat, pour amé-
liorer en un mot la loi de 1838, sans en perdre les avan-
tages, est d'en suivre les principes, d'en respecter l'esprit
général et d'en conserver l'ensemble, en s inspirant des
nécessités pratiques et en se tenant surtout à l'abri des pré-
jugés vulgaires qui l'ont fait injustement décrier. >
Ce que nous avons dit de la thèse de M. Fusier^ les
extraits que nous en avons donnés, prouvent qu'on a affaire
à un travail d'une réelle importance, que devront consulter
tous ceux — médecins ou non-médecins — qui s'intéressent
aux sort des aliénés et qui veulent se rendre compte de la
législation qui les concernent.
Ant. KiTTi.
VARIÉTÉS
Faculté de médecine de Paris. — Des conférences pratiques
d*bygiène auront lieu, par séries de quinzaine, à partir du lundi
2 septembre 1889, sous la direction de M. le professeur Proust.
Elles seront faites chaque jour, par MM. les docteurs Netter
et A.-J. Martin.
Matières principalement traitées : !<" Bactériologie appliquée
àVhyfiène (M. le docteur Netter, au Laboratoire d'hvgièae):
classilication des bactéries; procédés de coloration; méthodes de
culture; recherche des microbes dans le sol, Teau et l'air; prin-
cipales maladies transmises par les microbes contenus dans le
sol, dans Feau et dans l'air; désinfection et vaccination;
2^" Hygiène et génie sanitaire (M. le docteur A.-J. Martin, au
Musée <f hygiène et à TExposilion) : chauffage, éclairage et venti-
lation; ahmentation des villes en eau; évacuation des matières
usées ; hygiène des habitations privées et collectives ; prophylaxie
des maladies transmissibles: isolement et désinfection; législa-
tion et administration sanitaires.
Pour prendre part à ces conférences, se faire inscrire au Labo-
ratoire d'hygiène. Ecole pratique, 15, rue de l'Ëcole-de-
Médecine.
Corps de santé militaire. — Le ministre de la guerre a
décidé, à la date du 15 août 1889, que, par dérogation aux pres-
criptions de la circulaire minislèrielle du 12 juillet 1889, les
engagés conditionnels d'un an, reçus docteurs en médecine ou
possédant douze inscriptions valables pour le doctorat, seront
admis à bénéficier, cette année encore, des dispositions de la
circulaire ministérielle du 12 octobre 1886, modifiée par le décret
du 6 avril 1888. Ils pourront, en conséquence, sous la réserve
d'avoir satisfait à Texamen réglementaire, être appelés à remplir,
soit dans leur corps, soit dans un hôpital militaire ou militarisé,
les fonctions de médecin auxiliaire.
La rbvaccination des réservistes. — • Sur la demande de la
direction du service de santé, M. de Freycinet a décidé c[ue
dorénavant les réservistes et territoriaux, dont le livret indivi-
duel portera mention d'une vaccination ou d'une revaccination
opérée avec succès certain depuis moins de huit ans, seront
dispensés de cette opération lors de leur convocation. 11 en sera
de même pour les réservistes et territoriaux qui produiront à
leur arrivée au corps un certificat établi par un docteur en
médecine, et dûment légalisé, constatant qu'ils ont subi une
vaccination, suivie de succès, dont la date ne remontera pas au
delà de huit années.
Corps de santé de la marine. — Sont nommés : au grade de
médecin de deuxième classe: M. le docteur Rimbert, médecin
auxiliaire de 2* classe.
Au grade de médecin auxiliaire de deuxième classe:
MM. Quennec et de Moutard.
Les eaux ménagères des casernes Jusqu'à présent, dans
les casernes, les déchets de cuisines, dits eaux grasses, étaient à
l'issue de chaque repas portés dans un baquet ad hoc, où ils
attendaient à ciel ouvert et pendant plusieurs jours, que l'adju-
dicataire voulût bien les enlever.
Dans une note du 10 juillet, le ministre a décidé que les
tonneaux en usage seront remplacés, au fur et a mesure de leur
mise hors de service, par des récipients métalliques, de forme
cylindrique autant que possible. Ces tinettes en tôle galvanisée
devront toujours être tenues fermée. De plus, le transvasement
des matières étant une grande cause d'infection et de souillure
du sol, il y aura lieu d'avoir un jeu double, de manière (}ue les
tinettes pleines soient enlevées dans cet état et remplacées par
des tinettes vides. On doit savoir gré au ministre d'avoir fait dis-
paraître des casernes une cause d'mteclion, incriminée si souvent
et à juste titre par les médecins militaires.
Congrès des médecins aliénistes. — A la suite du Congrès
de médecine menlale, il a été décidé qu'un Congrès nationsu de
médecins aliénistes se tiendra à Rouen en 1800. MM. Delaporle
et Ciraud, médecins des asiles départementaux de la Seine-
Inférieure, ont été chargés de l'organisation dudit Congrès.
Congrès d'anthropologie crimineclb. — Nous avons annoncé
dernièrement que le Congres d'anthropologie criminelle avait
572 — N* 35 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
30 Août 1889
émis le vœu que les médecins ainsi que les étudiants en méde-
cine légale et les étudiants en droit pénal, accompagnés de
leurs professeurs, fussent autorisés à entrer dans les prisons
pour y examiner les détenus.
D*après les déclarations faites à ce sujet par M. Ilerbette,
nous pouvons dire que ladministration pénitentiaire est disposée
en principe à donner les autorisations nécessaires pour visiter
les établissemenLs pénitentiaires ; il importe, toutefois, aue les
condamnés ne se croient pas Tobjet d'une curiosité trop
grande. L'entrée des prisons pourra être accordée aux étw-
aiants en droit recommandés par leurs professeurs ; mais il
n'en sera probablement pas de même pour les médecins, M. Her-
bette estimant que les condamnés ne peuvent être comparés aux
malades d'hôpitaux. Si l'on en croit M. le directeur de Tadmi-
nistration pénitentiaire au ministère de Tintérieur, il serait à
craindre que le condamné ne devînt par trop un sujet d'étude
pour le médecin et que, par suite, beaucoup de condamnés ne
simulassent des maladies pour se rendre plus ou mpins intéres-
sants aux yeux du public médical.
Toutefois, M. Herbette ne demanderait pas mieux que de
faciliter les études sur les condamnés, et voici comment : Tau-
topsie des individus morts pendant la durée de leur peine est
de droit, si Tautorité publique le juge nécessaire. Le nombre
de ces derniers est encore élevé : une partie d'entre eux sont
réclamés par leur famille; les autres doivent être inhumés par
les soins de l'adminislralion. Pour ces derniers, l'autopsie pour-
rait toujours bien être prati(^uée; elle pourrait Tétre aussi pour
les premiers, au cas où Tinterét de la science l'exigerait.
Voilà quelle parait être la voie que ladministration péni-
tentiaire est disposée à suivre en France, pour ce oui a trait
aux constatations médico-anthropologiques sur les condamnés.
En ce qui concerne le dernier vœu émis par le Congrès,
c'est-à-dire la remise des corps des suppliciés aux médecins,
M. Herbette n'a pas à intervenir, attendu que lorsque l'écrou est
levé, le condamné à mort ne dépend plus de l'administration
Eénitentiaire, mais de l'autorité judiciaire et de la sûreté pu-
lique. Nous croyons savoir à ce propos que, si^ les corps des
suppliciés n'ont plus été livrés aux médecins, c'est à la seule
fin ae ne pas choquer le sentiment public ; à tort ou à raison,
d'aucuns ne voient pas d'un œil favorable entreprendre sur ces
cadavres des expériences de physiologie pouvant ou non amener
une seconde de survie; quelques criminels eux-mêmes se sont
refusés d'avance à voir leur corps devenir l'objet de telles expé-
riences.
£n présence de cet état de choses, le gouvernement serait,
paratt-il, décidé à ne livrer que les corps de condamnés n'ayant
pas manifesté, pendant leur vie, de disposition contraire, et
encore cette remise serait-elle faite à la condition qu'on n'en-
treprendrait sur eux aucune expérience tendant à les rappeler
à la vie. C'est pour cette raison que les corps des deux derniers
décapités ont été mis à la disposition de la Société d'anthropo-
logie pour faire exclusivement l'objet de recherches anatomo-
pathologiques spéciales. (Semaine médicaie.)
Falsifications observées bn Hollande. — Du poivre noir
contenait du sable et laissait 19 pour lUO de cendres. Du maïs
pulvérisé contenait des fécules. De la mouturde avait été addi-
tionnée de curcuma et d'acide salicylique. Dans le chocolat en
fioudre. on a trouvé beaucoup de sagou; dans le café moulu, de
a firinede seigle ou de la poudre d^ racine de chicorée torrétiée.
On a constate que les pommes séchées, originaires d'Amérique,
contennient fréquemment des sels de zinc. Cela provient des
séchoirs en fer i^alvanisé sur lesquels on les prépare. Les marme-
lades de fruits, Tes sirops sont conservés avec l'acide salicylique.
Dans des vius rouges et blancs, on a reconnu l'acide sulfureux et
l'acide salicvlique, dans les premiers de la fuchsine non ars^ni*
cale. Sur 630 échantillons d'eau de Seitz, près d'un quart (148)
contenaient des sels mélalliques et quelques-uns en quantité
nuisible Sur 2ib échantillons de beurre, on n'en a trouvé
q^ue 19 qui fussent tout à fait pum; 60 contenaient de la marga-
rine. {Revue inlemationaie des falsifications,)
Falsifications de viandes en Allemagne. — lin boucher de
Berlin fut dernièrement cité devant le tribunal, pour avoir fourni
à ses clionts de la viande colorée arlidciellement et des saucisses
contenant une quantité considérable de fécule de pommes de
terre. Le prévenu était fort étonné qu'on lui fit un crime de pra-
tiques qui sont ordinaires dans la boucherie et ajoutait pour
sb défense qu'il avait emprunté les pr^édés de teinture à un
livre contenant des c recettes pour la boucherie et la fabrication
des saucisses >. L'expert, M. Bischoff, soutint que la coloration
artificielle (la cochenille avait été employée â cet effet) de^
viandes était une falsification et contesta que l'addition de féculi-
au porc haché pour la préparation des saucisses fût une pratiqut*
courante. Le tribunal octroya au prévenu dix jours de pris«Hi
pour la cochenille et 50 marks d'amende pour la fécule, (union
pharmaceutique.)
Frais d'incinération. — Sur la proposition de M. le préfet dt;
la Seine, le Conseil municipal, en prévision des demandes oui
pourront lui éire adressées, a fixé comme suit le taux des redo-
vances pour les incinérations de la ville de Paris:
Le taux de la redevance à percevoir nour les îneinération>
dans les appareils crématoires de la ville de Paris est uniformé-
ment fixé a la somme de 50 francs, y compris l'occupation,
pendant cinq ans, si elle est demandée, d'une case clans !•*
colombarium à établir par la ville de Paris, l'unie dans laque il«'
seront disposées les cendres des personnes incinérées restant à
la charge des familles.
En outre de la redevance ci-dessus il sera perçu fin droii afTé-
rent à l'occupation du monument crématoire proportionnel à la
décoration audit monument et à l'importance de fa pomp«>
déployée. Ce droit sera réglé comme suit:
1*^, 2' et 3* classes de convois, 2(X) francs; 4* et 5* classes, ïiD>i
que pour les corps amenés de l'extérieur, 150 francs; G* classe,
50 francs; 7* classe, 25 francs; 8* classe, 12 francs; serrict'
gratuit (néant).
Nécrologie. — La semaine dernière un nombreux cortèg»-
de confrères et d'amis a accomjiagné le convoi de l'un de no>
plus distingués médecins aliénistes, le docteur Jules Cotard«
médecin de la maison de santé du docteur J. Falret k Vanves,
décédé le 19 août dans des circonstances particulièrement poi-
gnantes. Il y a deux semaines, un de ses enfants, une fillette dr
huit ans, fut prise du croup; elle est aujourd'hui guérie , mais
le père avait contracté la maladie et y a succombé à l'âge
de quarante-neuf an<. MM. Gréhant, au nom de la Société do
biologie, Ritti, au nom de la Société médico-psychologique.
Falret, au nom de ses amis, ont rappelé sur sa tombe toute
rétendue de cette perte. On iloit à notre très regretté confrèn*
une série de travaux importants sur Tanalomie pathologique du
cerveau et diverses affertions mentales; au récent Congrès d«>
médecine mentale, on a lu de lui un remarquable mémoire sur
les origines psycho-motrices du délire, (>lein d idées neuves et
originales, dans ces dernières années il s'était plus pariiculière-
ment adonné à l'étude de cette question, pour laquelle il avait
amassé un grand nombre de matériaux que ses amis ne voudront
pus laisser inutilisés.
Nous avons aussi le regret d'apprendre le décès de M. Alriu-
dor, interne des hôpitaux de Paris, qui vient d«f se noyer dans
un lac de la Puisse; de M. le docteur Rota, ancien directeur do
la maison de santé de la rue Picpus; de M. le docteur CabroL
ancien médecin principal de l'armée; de M. le docteur Meynet.
médecin honoraire des hôpitaux de Lyon; de M. le docteur (jet-
main (de Douvaine, Haute-Saône).
Mortalité a Paris (33* semaine, du 11 au 17 août i
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 27. '
— Variole, 2. — Rougeole, 13. — Scarlatine, 2. — Coque- 1
luche, 10. — Diphlhérie, croup, 18. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 18i. — Autres tuberculoses, 19. — Tumeurs:!
cancéreuses, 38 ; autres, 3. — Méningite, 23. — Congés- '
tion et hémorrha^ies cérébrales, 47. — Paralysie, 5. — 1
Ramollissement cérébral, 10.— Maladies organiques du cœur, 2^^ '
— Rronchite aiguë, 18. — Bronchite chronique, 25. — Broncho- 1
pneumonie, 20. — Pneumonie, 32. — Gastro-entérite: sein, 29;
biberon, 100 —Autres diarrhées, 10.— Fièvre et péritonite puer-
pérales, 8. — Autres affections puerpérales, 4. — Débilité con-
génitale, 2i. — Sénilité, 27. — Suicides, 18. — Autres morts
violentes, 2. — Autres causes de mort, 170. — Causes '
inconnues, 11. — Total: 928. 1
G. Masson, Propriétatre-Gérant.
^SSSSSSSS I I ' ■■ Il , ,
90108. — Mflimaos. — Imi^rimeriaf rdonlet, ▲, ni« Migneoi, i, P«rU.
30 Août 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE _ N« 85 — 573
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
lie GaTaeol.
En 4887, il a paru dans le n*" 30 du Correspondeuz-Blatt
fur Schweizer Aerzte, un travail du docteur Sahlî sur le
Ga!acol. Ce médecin s'est proposé de substituer ce corps à
la créosote dont il fait partie dans la proportion de ^ à
90 pour iOO. En effet, la créosote n'est pas une espèce chi-
mique définie, mais un mélange de plusieurs composés
appartenant à la classe des phénols.
En 1888, M. Fraentze) {Theropeutiêche Monatshefte,
n"* 4), se basant snrtine communication personnelle du pro-
fesseur Pemcoldl» qui croit que le Gaïacol est la substance
active dans la créosote, a employé le Galacol dans plus de
douze cas de tuberculose, et a obtenu les mêmes résultats
qu'avec la créosote.
Le Galacol se prépare, d'après le pnH:édé de Fischer, par
distillation du bois de hêtre et se sépare vers !200 degrés.
Les produits recueillis à cette température sont traités par
plusieurs réactifs et soumis plusieurs fois à des distillations
iracliojinées.
A Fétat pur, le Gaïacol constitue un liquide incolore,
d'une odeur aromatique agréable, ce qui est un avantage
sur la créosote.
Fischer a indiqué plusieurs procédés pour s'assurer de la
pureté du Galacol. Un de ces moyens consiste à agiter
:2 centimètres cubes de Galacol avec 4 centimètres cubes de
benzine de pétrole à la température de 20 degrés. Si le
Galacol est pur, il se sépare rapidement et en totalité. Si on
a affaire à du Galacol du commerce qui, d'après Fischer, ne
renferme quelquelois que 35 pour iOO de Gaïacol, il se fait
une solution claire ; rien ne se sépare.
Il est de première importance de s'assurer d'un produit
bien préparé, parfaitement pur et bien conservé ; les effets
ihérapeutiques dépendent évidemment de ces conditions.
L'action thérapeutique du Galacol est très voisine de celle
de la créosote. Sahli a expérimenté sur un grand nombre de
phthisiques et a vu la toux, surtout au début de la phibisie,
)romptement calmée. Quand Texpectoralion est pénible et
es sécrétions abondantes, le Galacol fluidifie les mucosités
et les diminue progressivement.
Le Galacol convient à tous les cas de phthisie lente qui
exigent un long traitement.
Quand le Gaîicol est bien supporté, l'appétit ne tarde pas
à se relever ainsi que l'état général.
C'est un médicament, comme la créosote, à continuer
pendant des semaines et des mois.
Tout récemment, un médecin des hôpitaux de Paris a fait
usage de ce médicament sous forme de Perles contenant
chacune 5 centigrammes de Galacol pur en solution dans
l'huile de faine. Ces Perles ont été préparées sur sa demande,
suivant le procédé du docteur Clertan, par la maison
L. Frère. Les résultats obtenus seroni l'objet d'un travail
ultérieur, mais déjà nous savons qu'ils confirment de tous
points les travaux des médecins étrangers.
La dose usitée de Galacol est de 15 à 90 centigrammes
par jour environ, ce qui correspond à trois ou quatre Perles;
mais il peut être administré à des doses beaucoup plus
élevées.
f;
THÉIAPEUTIQUE
■ttlleylato 4e atereare.
Une communication du docteur Silva Araujo à la Société
de polyclinique générale de Rîo-deJaneiro a appelé l'atten-
tion sur cette combinaison hydrargyrique. Cet auteur lui
reconnaissait de sérieux avantages qu'il résumait ainsi :
1*» Le salicylate de mercure est facilement supporté par
l'estomac; il n'occasionne ni les gastralgies, ai les enterai-
gies ou coliques, ni la diarrhée qui sont fréquemment l'effet
des autres préparations mercurielles, sans y excepter le pro-
toiodnre et le tannate de mercnre dont il a été fait récem-
ment un si large emploi ;
2* Le salicylate de mercure n'a jamais produit la stoma-
tite mercurielle;
3° A l'intérieur le salicylate de mercure agit avec plus de
promptitude qu'aucun autre des sels de mercure usités
jusqu'à cojour.
A la suite de cette publication, le docteur Cari Szadek, de
Kiew, a administré le salicylate de mercure dans vingt-cinq
cas de syphilis.
Les observations du méddcin russe confirment entière-
ment les résultats annoncés par le docteur Araujo, de Rio.
Dans aucun cas la meaicaiiun n'a occasionné de désordres
des organes digestifs, ni stomatite, ni salivation, lorsque la
bouche et les dents étaient en bon état.
Plus récemment, le professeur Swimmer, de Budapest, a
demandé à ht maison L. Frère, de Paris, de lui préparer,
suivant son procédé d'enrobage et d'impression, des pilules
imprimées, de salicylate de mercure, à la dose d'un centi-
gramme. Le sel lui-même a été préparé de toutes pièces au
laboratoire de eette importante maison.
Le professeur de Pest donne cinq de ees pilules par jour,
tandis que le docteur Silva Araujo a formulé des pilules de
35 milligrammes dont il donnait trois par jour.
Mous pensons que, d'une manière générale, la dose du
professeur hongrois convient mieux pour une médication
qui doit être fractionnée et progressivement croissante.
D'ailleurs, il esltonjours facile d'augmenter le nombre des
pilules.
G. MASSON, Éditeur-Libraire de T Académie de Médecine
120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 120
VIENT DE PARAITRE
TRAITÉ DESCRIPTIF
DES
MALADIES DE LA PEAU
SYKPTOIATOIOGIE ET AKATOMIE PAMOGK
PAR MM.
HENRI LELOIR
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DZ MÉDECINE DE LILLE
MË.UBRE CORRESPONDANT DE L*ACADÉMIE DE MÉDECINE
EMILE VIBAL
MEMBRE DE l'aCADÉMIE DE MÉDECINE
MÉDECIN DE l'HOPITAL SAINT-LOUIS
Ouvrage accompagné d'un atlas de 54 planches en chromolithographie
LA PREMIÈRE LIVRAISON CONTlEiYT LES ARTICLES SUIVANTS:
Achromie. — Acné. — Acrodinie. — Actinomycose. — Aïnhum. — Alopécie.
Anémie cutanée. — Atrophie cutanée. — Bouton des pays chauds.
6 PLANCHES EN COULEUR — 80 PAGES DE TEXTE
Le Traité descriptif des maladies de la peau, par MM. Lelohi et Vidal, paraîtra en 9 livraisons dont chacu/
comprendra 6 planches avec 5 feuilles de textes et les explications des planches.
L'ouvrage sera complet dans un intervalle maximum d'une année.
Le prix de vente pour les souscripteurs à Touvrage complet est de 90 francs, payable à raison de 10 fm
par livraison.
Quand l'ouvrage sera complet, le prix sera porté à 100 francs.
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DES
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PAR MM.
P. -G. UNNA MALCOLM MORRIS H. LELOIR L.-A. DUHRING
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PREMIÈRE LIVRAISON GONTENiNT TROIS PLANCHES EN COULEDR ET CINQ FEUILLES DE TEXTE
Cet Allas parait dans le formai in-folio. La date de la publication est indéterminée. Toutefois, il parait chaque année de "<*'
à trois livraisons. On souscrit pour une année.
Prix de la Souscription annuelle : 25 francs; plus, pour les déparlements, 1 fr. 25 par livraison, de port et d'emballage'
On reçoit dès à présent les Souscriptions
Trente-sixième année
N*36
6 Septembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD. 6. DIEUUFOY, DREYFUS-BRISAC, FRARCOIS-FRARCK, A. HËROCQUE, A.J. MARTIR, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 4A, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — ROLLSTIN. Maurice Perrin. ~ La dépopulation de la France.
- FoRMOLAlRB TsiRAPSUTlQUl. Un traileiuent antiseptique de la diphthërie
pliaryngée et nasale. — Travaux originaux. Neuropalhologie : De l'ane»-
tlicsic sous se» divers modes dans la parëso-analgésie. Cas frustes do paréso-
^inatgcsie. — Thérapeutique médicale : Prophylaxie de la lubrrculose. — Cli-
nique médicale : Scarlatine rucidivée. — Correspondanck. Un cas de mort
subite par une injectiou d'ëther. — Revus dbs Congrès. Dix-huitième Congres
de la Société aHemande de chirurgie. — SOCiéris savantes. Académie des
'Miencc>. —Académie de médecine. — Rbvub des journaux. — Travaux m
ronsuller. — BIBLIOGRAPHIE. Comment on fait parler les sourds-muets. —
VARiérés. Microbes et microbie à l'ExpositioB universelle de 1889.
BULLETIN
Paris, 4 septembre 1889.
Manrice IPerrta.
La médecine militaire française vient de faire une perte
considérable et imprévue. M. Maurice Perrin a succombé
samedi dernier, après trois jours de maladie, dans son vil-
lage natal de Yezelise (Heurlhe-et-Moselle) où il aimait à
venir chaque année prendre quelques semaines de repos.
Comme professeur de médecine opératoire et directeur
des conférences d'ophthalmoscopie et d'optomélrie au Val-
(ie-Grâce, M. Maurice Perrin avait fondé un enseignement
qui n'a pas peu contribué à généraliser Fophthalmologie dans
Tarmée et à élever le niveau de cette science; ses études
sur le rôle de Talcool et des anesthésiques dans Torganismo
sont devenues classiques; praticien habile autant que pru-
dent et expérimenté, il a compté parmi les plus remar-
quables représentants de la chirurgie de guerre.
Ayant occupé avec une haute distinction les divers grades
de la hiérarchie militaire, il ne manqua jamais de s'efforcer
de rehausser le prestige du corps de santé, aussi bien sur
les champs de bataille, comme médecin en chef du corps
d'armée du maréchal de Mac-Mahon en 1870, que dans les
conseils du gouvernement en qualité de médecin inspecteur
et de directeur du Val-de-GrAce. Il fut de ceux dont la
valeur personnelle permit la réforme, aujourd'hui com-
mencée, de notre service de santé de Farmée.
En rappelant à Thonneur de sa présidence, TAcadémie
de médecine avait témoigné une fois de plus de Testime
qu'elle a toujours professée pour les chefs de notre médecine
militaire. M. Maurice Perrin était fier de ce choix, mais
avec la modestie qu'il savait allier à la droiture du carac-
tère, à l'élégance delà parole et à une courtoise aménité
qui commandaient et retenaient l'affection de tous ceux qui
l'ont approché. Nous garderons respectueusement sa mé-
moire.
f StRiB, T. XXVI.
Ii« dépopnlailon de la Fraisée.
Il y a quelques jours, le Journal officiel a publié un
rapport officiel du service de la statistique sur le mouvement
de la population en France pendant l'année 1888. Les indi-
cations fournies dans ce rapport sont tellement inquiétantes
au point de vue de l'avenir de notre pays qu'il y a intérêt,
surtout pour les médecins et les hygiénistes, à ne pas
les laisser dans l'oubli habituel aux publications de ce
genre.
En effet, d'après le dépouillement des actes de l'état civil,
il a été enregistré, pendant l'année 1888, 276848 mariages,
4708 divorces, 882639 naissances et 837867 décès, soit un
excédent des naissances sur les décès, représenté par
44772 individus seulement, alors que cet accroissement,
déjà faible, avait été de 56536 en 1887. Si l'on compare ces
chiffres à ceux des années précédentes, on constate une
diminution générale très accentuée, portant à la fois sur les
mariages, les naissances et les décès ; le chiffre des divorces,
ainsi que celui des naissances naturelles, présente seul une
augmentation.
Examinons maintenant quelques détails de cette statis-
tique. En 1888, il a été célébré en France 276848 mariages,
soit 212 seulement de moins que l'année précédente, mais
6360 de moins qu'en 1886. Celte diminution du nombre des
mariages est inquiétante par sa continuité, fait observer
l'auteur du rapport, car à chaque diminution dans le chiffre
des mariages correspond une perte trois fois plus grande
dans le nombre des naissances ultérieures.
Le taux des mariages est actuellement de 7,2 pour
1000 habitants, au lieu de 7,5, taux ordinaire des dernières
années. On a compté 1 mariage sur 139 habitants et 1 sur
42 célibataires adultes des deux sexes.
Le nombre des naissances n'a été en 1888 que de 882639,
en diminution de 16794 sur les naissances de 1887. Jamais,
si ce n'est en 1871, le nombre des naissances n'a été aussi
faible et cette diminution ne semble pas près de s'arrêter,
si l'on en juge par les chiffres suivants, qui montrent le
mouvement décroissant des naissances depuis cinq ans :
en 1884, 937 750 naissances; en 1885, 924 558 naissances,
soit 13200 en moins; en 1886, 912 838 naissances, soit
11 720 en moins; en 1887, 899333 naissances, soit 13505 en
moins; en 1888, 882639 naissances, soit 16794 en moins.
Le nombre a ainsi diminué de près de 50000 dans l'en-
semble du pays, par rapport à la moyenne décennale, ce
qui constitue un recul de plus de 5 pour iOO, auquel tous
les départements, sauf huit, ont plus ou moins contribué.
36
574
N* 36 — (ÎAZEtTE ftEBDOMADAlftE t)Ê MÉDECINE Et DE CitiRURGlE 6 SEPTEUbRE <889
Encore, raccroissement observé dans ces huit départements
provient-il uniquement de l'immigration. La proportion des
naissances pour 1000 habitants, qui est de 23,1 pour toute
la France, varie de 14 dans le Gers à 33 dans le Finistère.
D'autre part, pour ce qui concerne spécialement la natalité
légitime, qui constitue les 92 centièmes de la natalité
générale, on compte en moyenne 19 naissances seulement
chaque année sur 100* femmes mariées de moins de qua-
rante-cinq ans. Enfin, le nombre des naissances naturelles
ne fait que s'accroître ; la proportion de ces naissances, qui
était de 7,5 pour 100 en 1881 et de 8 pour 100 en 1885,
atteint aujourd'hui 8,5 pour 100; elle varie suivant les
diverses parties de la France, de 25 pour 100 dans la Seine
à 10 à 13 dans le Nord et à 2 à 3 en Bretagne.
En 1888, le nombre des décès est tombé à 837867, soit
une moyenne de 21,9 pour 1000 habitants. Gomme on doit
s'y attendre, ce sont les départements qui sont doués d'une
forte natalité qui sont également affectés d'une grande mor-
talité.'Comme toujours, les décès du sexe masculin l'ont
emporté de beaucoup sur ceux du sexe féminin: 436223
décès d'hommes contre 401644 décès de femmes.
Dans 44 déparlements, c'est-à-dire dans la moitié de la
France, il y a eu accroissement de la population par suite
de l'excédent des naissances sur les décès ; dans les
43 autres, au contraire, les décès l'ont emporté sur les
naissances. Il faut aussi remarquer que le quart de l'accrois-
sement total est dû à l'excédent des naissances de la popu-
lation étrangère, si bien que sans l'appoint des naissances
naturelles la population française diminuerait.
La proportion des étrangers habitant la France s'élève
aujourd'hui à 3 pour 100 de la population totale ; on a
constaté que parmi eux le mariage est un peu moins fréquent
que chez les Français et que l'on y compte, toutes propor-
tions gardées, plus de naissances et moins de décès.Ce sont,
après les Allemands, les Suisses, qui se marient le plus en
France; la colonie italienne présente a relativement le plus
de naissances; la fécondité des femmes y est plus grande;
dans aucune colonie étrangère, si ce n'estchez les Allemands,
la mortalité n'est aussi forte que dans l'ensemble de la
France. La part des étrangers dans l'accroissement si faible
de la population compte encore pour 11 314 personnes, si
bien que, si la France n'était habitée que par des Français,
l'augmentation de sa population sérail réduite d'un quart.
Ajoutons qu^il y a un mois, M. le docteur Drysdale signalait
au Congrès international d'hygiène et de démographie qu'en
cette même année 1888, l'excédent des naissances sur les
décès était supérieur (53394) dans la ville de Londres seule
à celui de la France entière (44772).
De ces données il résulte une fois de plus, comme on Ta
dit depuis si longtemps, que .l'immigration étrangère
permet presque seule à la France de conserver son taux de
population; son excédent de naissances sur les décès est dû
pour une forte part à cet élément, car la proportion étran-
gère pour une année, prise au hasard, se trouve influencée
par les immigrations antérieures. Noire natalité suit une
diminution continue et si notre mortalité est relativement
basse, cela tient uniquement au nombre peu considérable
des enfants en France. On sait en efi^et que la mortalité pour
la première année de l'existence est considérable et que
celle d'un à cinq ans est encore très élevée. Dans un rapport
que MM. les docteurs Landouzy et Napias ont présenté au
Congrès d'hygiène, ils ont évalué notre mortalité de zéro à un
an à 179,8 pour 1000 habitants et celle d'un à cinq ans à 27,5.
Ces chiffres montrent combien notre mortalité générale serai
encore plus élevée si notre natalité s'accroissait.
Il parait malheureusement difficile d'obtenir une
augmentation suffisante de la natalité française pour
accroître notre excès de naissances sur les décès; oo a dii
qu'en 1888 on pouvait encore se trouver sous le contre-coa|.
des conséquences de la guerre de 1870-1871, qui a fail dt
si grands ravages dans notre jeunesse; on ne saurai:
l'admettre. puisque cette décroissance est générale, dans It-
départements qui n'ont pas été éprouvés par la gperre aussi
bien que dans les autres. Cela tient à des causes plus géoc-
raies, qui persistent et s'accentuent même depuis plusieurs
années: ce sont les modifications survenues dans l'agri-
culture, rémigration des campagnes vers les villes et le>
centres manufacturiers, comme en témoigne le nombre de>
naissances naturelles dans ces derniers et surtout, suivant
nous, la restriction malthusienne, de plus en plus eu hon-
neur à mesure que l'instruction et la richesse augmentent
et que les mœurs publiques faiblissent dans la masse de la
population.
Par contre, on peut exercer une action plus efficace pour
diminuer la mortalité; que la France conserve avec soin son
patrimoine humain si elle n'en peut facilement renouveler
la valeur en nombre ! Les moyens pour y parvenir sont
connus; il suffit de les appliquer avec persévérance et
énergie; les exemples abondent qui montrent quels succès
sont au bout de tels efforts. La mortalité de l'enfance est
diminuée partout où l'alimentation du premier âge a étf
surveillée, partout où les maladies des enfants ont éw
promptement soignées; la mortalité générale a toujours
baissé lorsque les maladies transmissibles ont été l'objet
de mesures prophylactiques sérieusement appliquées par
des personnes compétentes. L'un des plus remarquable^
exemples qu'on en puisse citer en France n'est-il pas celui
de la diminution continue de la mortalité dans notre armée
au fur et à mesure que le corps de santé faisait prévaloir et
adopter les préceptes de l'hygiène des troupes et des caser-
nements? D'après les chiffres communiqués par M. le doc-
teur Longuet au Congrès d'hygiène et de démographie,
alors que la mortalité de l'ancienne armée à l'intérieui
était de 9 pour 1000 et celle de cette même armée tout
entière de 10 pour 1000, la mortalité de l'armée actuelle est
descendue pour l'intérieur à 6 pour 1000 et pour rarniéo
tout entière à 7 pour 1000, soit un gain de 3 pour lOOi),
alors que la mortalité moyenne des jeunes hommes de
vingt à vingt-cinq ans est, vie militaire et civile comprise,
de 12,60 pour 1000 en France. Ce que le service de saute
de l'armée a pu obtenir dans ce milieu limité, mais si aisé-
ment impressionnable, il convient de le réaliser au plus vite
parmi toutes les clases de notre population, si nous voulons
conserver à celle-ci sa vitalité et à notre race ses qualités
propres.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Un traltemeiK antiseptique de la dlphlhérle phmrjm^ér-
et naiiale.
1" Traitement /ocal.— II doit consister en badigeonnages
fréquemment répétés toutes les heures ou toutes les deux
heures avec une solution d\icide salicylique au centième.
M. J. Simon emploie à cet effet le glycérolé suivant :
6 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 36 — 575
Acide salicylique 1 gramme.
Glycérine 40 grammes.
Infusion d'eucalyptus 60 —
Alcool q. s.
Pour faciliter la chute des fausses membranes pharyngées
et buccales, il est utile d'alterner quatre ou cinq fois par
jour les badigeonnages avec des attouchements à la glycé-
rine phéniquée.
Dans la diphthérie nasale, on pratiquera des irrigations
avec une splution salicylée à i/i pour 100, et des insuffla-
tions soit avec Tiodoforme en poudre, soit avec le soufre
pulvérisé finement et lavé, ou bien des onctions avec la
pommade suivante :
Vaseline 25 grammes.
Soufre sublimé et lavé 5 —
Dans la diphthérie pharyngée et laryngée on pratiquera
aussi des pulvérisations avec le thymol, Teucalyplol ou Peau
phéniquée.
M. J. Simon combat les adénites cervicales par l'appli-
cation très classique d*une pommade iodurée et belladonée :
Extrait de belladone 2 grammes.
lodure de potassium i —
Axonge 25 —
L'onguent mercuriel belladone est, à mon avis, plus
fidèle, et les enveloppements avec le coton iodé ou les badi-
geonnages à la teinture d'iode rendent des services ana-
logues.
S*» Traitement général. — Alimcnl ilion, toniques, parmi
eux : le quinquina, l'alcool, le pcrchlorure de fer, ou une
mixture ainsi composée dont nous avons constaté les avan-
tages :
Teinture de malate de fer 15 grammes.
Teinture d'absinthe 3 —
Teinture de gentiane 15 —
que l'on administre par dose de trois à six gouttes répé-
tées trois à quatre fois par jour.
La teinture de kola, à la dose de vingt à quarante gouttes
par jour, nous a rendu également de bons services. On
l'administre en trois fois, et après l'ingestion d'aliments
suit en nature, soit encore sous forme d'élixir ou de vin.
Enfin, on peut utilement prescrire les balsamiques : cu-
bèbe, eucalyptol en capsules et copahu.
3" Traitement hygiénique. — Renouveler l'air de la
chambre en le maintenant à -{- 15 degrés, le saturer de
>apeurs antiseptiques : thymol, décoction de feuilles d'eu-
calyptus, essence de térébenthine, spray phéniqué; mais ne
pas oublier que la moileur de l'atmosphère n'est pas moins
nécessaire que son antisepticilé.
Ch. Éloy.
♦
TRAVAUX ORIGINAUX
Nevropatliolofl^e.
De l'anesthésie sous ses divers modes dans la paréso-
ANALGÉSIE. CaS FRUSTES DE PARÉSO-ANALGÉSIE, par M. le
docteur Morvan (de Lannilis).
(Fin. — Voyez le numéro 35.)
Dans les douze observalioif^ tant anciennes que nouvelles,
la sensibilité au tact est toujours lésée dans une mesure
quelconque. Généralement l'anesthésie n'est que relative,
c'est de l'hypoesthésie. Elle occupe le même territoire que
Fanalgésie, mais elle est d'intensité moindre, et comme
celle-ci, elle s'accentue d'autant plus que Ton se rapproche
de l'extrémité du membre. Elle ne devient complète que
sur la face dorsale des deux dernières phalanges et sur la
face palmaire des doigts et de la main. Cependant, deux
fois, la sensibilité tactile était abolie au poignet tout entier
et à deux ou trois travers de doigt au-dessus. Et même trois
fois (obs. I, VI et XV), l'abolition était complète dans Tun
des membres tboraciques.
Quand il y a de l'analgésie à la poitrine, au dos, au cou,
à la face ou à l'un des membres inférieurs, on y trouve
aussi de l'anesthésie, mais alors, pas plus d'ailleurs que
l'analgésie, l'anesthésie n'est complète.
La thermanesthésie offre la même disposition que les
deux autres espèces d'anesthésie. Elle est d'égale étendue.
En un mot, les anesthésies à la douleur, au tact et à la
température se superposent, mais elles diffèrent très nota-
blement quant à l'intensité. La thermanesthésie semble
suivre de près l'analgésie, mais l'anesthésie tactile reste
fort en arrière d'habitude. Citons un exemple: dans Fobser-
vation X (complément), le sens du toucher est assurément
émoussé au membre supérieur gauche. On sent cependant
le frôlement de la barbe d'une plume depuis le naut du
bras jusqu'aux dernières phalanges (face dorsale). La sen-
sibilité tactile existe à peine, mais elle existe à la paume
de la main et à la face palmaire des doigts. On n'y sent pas
le passage d'une barbe de plume, mais on perçoit le frotte-
ment du tuyau que je promène légèrement sur ces points.
Or un élément du thermesthésiomètre de Roth, à la tempé-
rature de 70 degrés, ne cause aucune douleur, n'est pas
senti au bras gauche, bien qu'une application de quelques
secondes suffise pour amener une congestion, une rougeur
persistante de la peau. Inutile d'ajouter que le membre, qui
ne souffre pas d'une chaleur de 70 degrés, ne perçoit pas un
écart de iO et 20 degrés, l'un des éléments étant à
70 degrés et l'autre à 50 degrés, puis à 40 degrés.
Chez quelques-uns de ses malades, Roth a rencontré de
l'anesthésie thermique sans lésion des autres espèces de
sensibilité. Nous n'avons rien vu de semblable dans nos cas
de paréso-analgésie. Toujours la thermanesthésie était
accompagnée d'anesthésie douloureuse et tactile.
Donc toutes les observations consignées dans le présent
mémoire, nous montrent une lésion de la sensibilité au tact
en même temps qu'à la douleur. C'est un résultat qu'il était
possible de prévoir, étant connu par les expériences de
Schriff que les cordons postérieurs ae la moelle sont le lieu
de passage des sensations tactiles, et par les recherches de
MM. Gombault et Reboul que, dans la paréso-analgésie, la
zone corticale de ces mêmes cordons est atteinte de
sclérose.
Voyons ce qu'il en est, sous ce rapport, dans la syringo-
myélie :
1" Observations de MM. Debove et Déjerine. — Chez les
deux malades qui ont fait l'objet de leur communication à
la Société médicale des hôpitaux, et chez un troisième, dont
M. Déjerine parle dans sa leçon orale sur la syringomyélie
(Semaine médicale, 12 juin 1889), ces auteurs constatent
l'état d'intégrité parfaite de la sensibilité tactile.
â" Observations de M. Roth. — Elles sont au nombre de
dix. Cinq fois la sensibilité au tact est absolument normale.
Elle est touchée dans les cinq autres cas, mais d'une
manière bien légère.
Obs. 1. — Sensibilité tactile sur toute la surface du corps,
moins nette toutefois à gauche, côté analgésie.
Obs. II. — En janvier, le plus léger attouchement est senti
des deux côtés. Quelques mois plus tard, en mars, Fattouchement
avec un pinceau de crin est très bien perçu partout, mais moins
distinctement à droite qu'à gauche sur la paume de la main et
les doigts.
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Septembre 1889
Obs. V, — On perçoit en janvier et on localise partout Tattou-
cUement par un cheveu, qui est pourtant moins bien senti sur
. les bouts des doigts. Plus tard, en octobre, sens du toucher
affaibli dans la moitié radiale de la main droite.
Obs. IX. — Sensibilité tactile partout conservée à Texception
d'une zone large comme la paume de la main sur la poitrine où
le tact est en partie détruit, en partie diminué.
Obs. X. — Sensibilité partout conservée, à Pexception de la
face antérieure de la cuisse gauche et du dos de la main
gauche.
Observations du professeur Bernhardt, au nombre de
trois, publiées en 1887.
L'une d'elles, très écourtée, ne parle pas de la sensibilité
tactile. Dans les deux autres, c'est à peine si elle est touchée.
On y lit cependant que, dans un cas, les attouchements sont
rapidement ressentis, mais d'une façon un peu différente au
côté analgésie ; et dans Tautre, que sur les points où il y a
de Tanalgésie, les autres modes de la sensibilité sont géné-
ralement altérés, mais à un faible degré. Les attouche-
ments, les frôlements sont rapidement perçus; des objets
placés à la face palmaire de la main sont aussitôt reconnus.
Il ressort de l'analyse des quinze faits de syringomyélie à
laquelle je viens de me livrer, que généralement, dans cette
affection, la sensibilité tactile est respectée, et qu'en cas de
lésion, celle-ci ne s'étend pas à toute l'étendue des parties
analgésiées. Ici c'est, sur la poitrine, une zone large comme
la paume de la main qui est atteinte ; là c'est seulement la
face antérieure de la cuisse gauche avec le dos de la main
du même côté.
Nous sommes loin, il me semble, de la situation que nous
présente la paréso-analgésie où la sensibilité tactile est
toujours lésée et parfois à un degré assez notable.
Devant la différence tranchée que nous offrent sous ce
rapport deux maladies si rapprochées cliniquement, je me
suis demandé si elle ne tenait pas au mode d'investigation
employé par les divers observateurs. Le mien, une plume
prise au corps du poulet, est d'une grande délicatesse.
Il m'a permis d'établir d'une manière certaine l'existence
de l'anesthésie tactile dans la paréso-analgésie. Mais je vois
que M. Déjerine. par exemple, se sert du compas de Wéber
pour tracer sur le bras de son malade des lettres qui sont
aussitôt nommées. Le frôlement de la barbe de la plume
aurait-il été aussi sûrement reconnu? Les branches du
compas de Wéber sont rigides, et le passage de la pointe sur
le bras est plus qu'un attouchement, c'est une pression.
Je me suis alors rappelé deux de mes malades (obs. I
et IX) chez nui j'avais constaté jadis l'intégrité du sens
tactile. Mais la constatation avait lieu avec un instrument
rigide, le manche d'un porte-plume. Serais-je arrivé au
même résultat avec un instrument plus délicat, celui que je
manie aujourd'hui? Le doute est permis quand on considère
que, dans certains cas, le frottement du tuyau de la plume
est senti là où le frôlement de la barbe passe inaperçu.
Pourtant Roth, qui n'indique pas toujours ses moyens
d'exploration et se borne alors à mentionner des attouche-
ments légers, se servait au moins parfois d'instruments
délicats comme un pinceau de crin, et même un cheveu qui
se faisait sentir jusque sur les bouts des doigts. Peut-être
serait-il bon d'interroger de nouveau la sensibilité tactile
dans la syringomyélie et de procéder avec une plume légère
à l'investigation.
D'un autre côté, il y a un scrupule qui m'a été suggéré
par mon distingué confrère et excellent ami le docteur
Prouff (de Horlaix) : le passage d'une barbe de plume
n'est-il pas un moyen tropdélicatpour impressionner la main,
les doigts, même d'une personne parfaitement saine? Et
l'anesthésie tactile, constamment signalée par moi sur la
face dorsale des dernières phalanges ainsi que sur la face
palmaire des doigts et de la main, ne tiendrait-elle pas à un
mode insufflant, trompeur d'investigation?
J'ai voulu m'en assurer en me livrant, avec la barbe de
la plume, à l'exploration de la sensibilité tactile chez des
personnes bien portantes, et j'ai dû reconnaître que, si le
passage de la plume était généralement senti et localisé,
assez souvent aussi il arrivait qu'il passât absolunaeiit
inaperçu à la face dorsale des deux dernières phalanges et
à la paume de la main, tout comme dans mes observations.
Il y a donc là une insensibilité physiologique du loucher
qui aurait pu être une cause d'erreur et frapper mes
recherches de stérilité, si je n'avais pas toujours eu soin, en
cas d'anesthésie relative du tact sur les régions autres que
les poignets, d'interroger par comnaraison les parties cor-
respondantes du côté opposé^ ou lors(^ue celles-ci étaient
également aneslhésiées, les points inanilestement indemnes.
Je ne me crois donc pas moins autorisé, malgré cette
cause bien imprévue de confusion, à porter l'anesthésie
tactile au bilan de la paréso-analgésie, et à séparer ainsi
cette affection de la syringomyélie. Je ne suis pas le seul.
d'ailleurs, qui ait fait cette constatation. Déjà HM. Monod
el Reboul avaient signalé de l'anesthésie chez leur roabdf
en 1888, mais sans la dissocier. Heureusement l'opératîno
avait été faite chez ce malade par le docteur Blocq en 18(i6,
et consignée dans une observation qui est restée inédite.
Obs. XllI. — Observation de MM. Monod et Reboul {Arck.
tjén. de médecine y juillet i888). Etat de la sensibilité chez It
malade qui fait le suiet de cette observation. € Anesthésie de l:f
main et de Tavant-bras gauches, limitée au coude. A droite,
anesthésie de la main limitée au poignet, Des deux côtés, ane>-
thésie plus marquée sur la face dorsale que sur la face palmaire.
Diminution de la sensibilité au pied et au tiers inférieur de la
jambe, des ôevLK côtés. »
Ces messieurs se bornent à dire qu'il y a de l'anesthésie
aux quatre membres, sans dissocier la sensibilité en ses
divers modes, sans préciser l'espèce ou les espèces de sen-
sibilité qui font défaut. Il est permis cependant de croire
que pour eux, en ce cas, anesthésie signifie insensibilité
à la douleur. Plus bas, en effet, ils ajoutent : € Amputation
du médius droit, puis de l'index gauche, sans anesthésie
générale ou locale; opérations absolument indolores. »
Mais l'indication qui nous manque dans l'observation de
MM. Monod et Reboul, prise le 8 mai 1887 à Thôpital
Saint-Antoine, nous la trouvons dans celle que M. le doc-
teur Blocq a eu l'extrême obligeance de nous communiquer,
et qui concerne le même malade. Celui-ci, à la date du
\t avril 1886, était entré à l'hôpitnl Tenon, dans le service
de M. Straus, dont il était l'interne. Je copie le passage ^
rehtif à la sensibilité :
€ Main droite : la sensibilité au tact est abolie sur toute
la main et la moitié inférieure de l'avant bras. La sensi-
bilité à la douleur est abolie sur la surface ainsi délimitée :
toute la main, sauf la moitié interne de l'éminence Ihénar.
et la moitié du côté externe de la partie inférieure de
1 avant-bras. La sensibilité à la température est abolie dan>
les mêmes zones. Le sens musculaire est conservé.
c Main gauche : les mêmes dispositions et les méme>
troubles des diverses sensibilités que pour l'autre côté.
c Pied droit : la sensibilité au tact a disparu sur toute la
surtice dorsale du pied et sur les deux tiers de la jambe.
Celle de la plante du pied est respectée. La sensibilité à la
douleur existe aussi à la plante du pied; elle a disparu com-
plètement sur les orteils et sur tout le dos du pied. Cette
plaque analgésique est plus étendue sur le côté externe. La
sensibilité à la température a les mêmes limites.
c Pied gauche : mêmes dispositions des troubles qu'à
droite. »
Mais ce n'est pas seulement la lésion de la sensibilité
tactile nui distingue la paréso-analgésie de la syringo-
myélie. C'est encore la multiplicité et le degré des désordre>
trophiques, qui ne sont plus dans la paréso-analgésie des
0 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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phénomènes accessoires, mais qui semblent en constituer
le fond, l'essence même.
Comparaison, sons le rapport des troubles tropMques,
entre la paréso-analgésie et la syringomyélie. — Dans
mes premiers travaux sur la paréso-analgésie, j'avais sur-
tout rencontré des panaris et des crevasses aux plis naturels
de la paume des mains. Ceux-ci sont constants. Ce n'est que
plus tard que mon attention se fixa sur des altérations moins
communes, mais cependant encore assez fréquentes, les
arthropathies et la scoliose, qui furent pour moi Tobjet de
deux mémoires successifs. Il me tomba même sous les yeux
deux lésions osseuses — très rares celles-ci — urte ostéo-
phvle et une fracture spontanée.
Les arthropathies diverses, les ostéophytes et les frac-
tures spontanées ont été également signalées dans le tabès
dorsal. Mais quant à la scoliose, elle semble être le propre
des deux maladies qui se touchent de si près au point de
vue symptomatologique, la paréso-anaigésie et la syringo-
myélie. M. Broca, qui le premier a signalé la présence de
la scoliose dans la paréso-anaigésie, et M. ProufiT, qui vient
ensuite, avaient une tendance à lui attribuer une part dans
la production de cette aiïeclion. Pour moi, je n'hésitai pas
à la regarder comme une conséquence de la maladie et à la
ranger parmi les désordres trophiques, au même litre que
les panaris et les arthropathies. J'ai vu, dans une note sur
la scoliose trophique, punliéepar H. Broca dans la Gazette
hebdomadaire (1888), que cet auteur est aujourd'hui de
mon avis.
Je crois, en plus, avoir aidé à la conversion des médecins
étrangers qui ont écrit sur la syringomyélie, affection où la
scoliose se trouve fréquemment aussi. Dans un travail re-
montant à 1887 (Contribution nouvelle à Tétude de la
syringomyélie), le professeur Bernhardt allribuail la défor-
mation, qu'il avait rencontrée deux fois, à une habitude
vicieuse du corps : la première fois, il s'agissait d'une
femme qui portait, dans son jeune âge, de lourds fardeaux
sur Tune des épaules, et la seconde fois, d'un jeune homme
qui avait une occupation particulière nécessitant une atti-
tude accroupie et latéralement penchée.
Il vient de fubVier (Syringomyélie et scoliosey BevWn,
1889) un nouveau travail où, celte fois, il rattache la dévia-
tion à la maladie elle-même et non à l'attitude.
Dans le recensement auquel il s'est livré, portant sur
70 cas de syringomyélie, il n'a rencojitré la scoliose que
dans le quart des cas. Dans ma note sur la scoliose dans la
paréso-analgésie, je l'avais constatée 6 fois sur 12. Je puis
''y ajouter aujourd'hui 4 nouveaux cas, le premier apparte-
nant à l'un de mes malades qui avait échappé à mon en-
quête de Tannée 1887 (obs. IX, complément), et les trois
autres appartenant aux observations nouvelles que je publie
dans le présent mémoire (obs. XVllI, XIX et XX).
Hoth, pas plus que Bernhardt, n avait songé à rattacher
la scoliose à la syringomyélie. Il la constate cependant dans
deux de ses dix observations. Mais une fois, il en mentionne
simplement l'existence, et une autre fois, il la qualifie de
pijrétique, voulant sans doute la mettre sur la même ligne
que la parésie scapulo-humérale dont son malade était
frappé.
Dans le mémoire de Roth,si complet par ailleurs, il n'est
plus mention de scoliose ni à l'article Symptomatologie, ni
à rarlicie Anatomie pathologique.
Donc, pour ces messieurs, la déviation rachidienne
était un incident sans signification, non une suite de la
maladie (1).
Depuis la publication de ma note sur la scoliose tro-
phique, la question ne semble plus faire doute pour per-
sonne, et aujourd'hui les auteurs français, Debove,Déjerine,
(1) Je ne cite pee le travail en allemand de M*** Beumler» n'en ayant pas la
traduction*
Charcot et Berbez, placent couramment la scoliose parmi
les symptômes tropniques de la syringomyélie : « La sco-
liose est un des signes fréquents de la maladie. » (Leçon de
Charcot recueillie par Paul Blocq.)
Plus fréquente encore est la scoliose dans la paréso-
analgésie, puisqu'elle existe dans la moitié des cas; mais
auelle qu'elle soit, la fréquence de la scoliose est loin
'égaler celle des panaris et des gerçures aux mains. Ces
dernières lésions marchent ordinairement de front et se
rencontrent ensemble chez presque tous les malades.
En thèse générale, gerçures et panaris sont multiples.
Dans plusieurs de nos observations, les panaris ont atteint
successivement tous ou presque tous les aoigts, saccageant,
mutilant vraiment les mains. Notre observation XIX en est un
nouvel exemple.
Nulle comparaison à établir avec les troubles trophiques
observas dans la syringomyélie. Prenons pour termes de
comparaison les observations contenues dans le mémoire
de Roth sur la gliomatose médullaire. Elles sont au nombre
de dix dont le bilan se solde par :
2 cas de scoliose dorsale, avec panaris dans l'un des cas;
3 cas de panaris, dont deux avec callosités et gerçures à
la paume des mains. Deux fois le panaris est unique, une
fois seulement il s'agit de panaris multiples.
Rien à noter sous ce rapport dans les cinq autres obser-
vations, c'est-à-dire dans la moitié des cas.
Au début de mes éludes sur la paréso-analgésie, je n'avais
rencontré que des cas complets, datant de loin et arrivés à
leur maturité* C'était de la parésie avec analgésie absolue,
du moins aux extrémités des membres supérieurs, se com-
Eliquant toujours d*un ou de plusieurs panaris successifs,
'où une dénomination qui me fut bientôt contestée par
MM. Guelliot et Broca. Ils avaient constaté de l'analgésie
chez leurs malades, mais un affaiblissement musculaire si
peu marqué que pour eux il n'y avait pas de paralysie; je
ne tardai pas moi-même à faire la même constatation. Dans
l'observation XI, il y avait de l'analgésie aux deux membres
supérieurs, complète d'un côté, incomplète de l'autre, mais
il n'y avait de parésie qu'au membre complètement analgé-
sie. C'était une transition pour arriver aux observations XII et
XIII où il n'y a plus de parésie nulle part, où tout se borne
à de l'analgésie, une analgésie incomplète. Mais dans tous
les cas, il y a des désordres trophiques, panaris, gerçures
tout au moins, et même scoliose.
Nous avions annoncé que la paréso-analgésie avait tou-
jours une marche progressive, s avançant par étapes d'un
membre à l'autre et s' accentuant de plus en plus. Eh bien,
nous devons reconnaître que nous nous étions trop hâté de
nous prononcer. Nous venons de rencontrer coup sur coup
plusieurs exemples d'une marche régressive quant à l'inten-
sité. Les sujets des observations IX, X et XIX qui précédem-
ment offraient une analgésie absolue sur certains points, ne
présentent plus, sur ces mêmes points, qu'une analgésie in-
complète. Chez la fille P... (obs. XIX), les forces ont reparu
en partie dans les membres parésiés, et nulle part il n'existe
d'insensibilité absolue à la douleur. La piqûre de l'épingle
se fait partout sentir, il n'y a plus que de Thypalgésie.
Enfin, chez L... (obs. XIX), il ne reste plus trace ni de la
parésie, ni de l'analgésie qui ont existé autrefois. La ma-
ladie ne se traduit aujourd'hui que par les désordres
trophiques.
Voici d'ailleurs le complément de cette observation nous
donnant l'état actuel du malade.
Obs. XIV (complément). — Sommaire des symptômes précé-
demment consignés : Analgésie avec parésie du membre supé-
rieur. Pas de panaris, gerçures multiples à la main droite, dont
l'une perforante, synovite. Scoliose.
Ce jeune homme, que je voyais pour la première fois en 1886,
578 — N* 36 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Septembre 1889
avait des gerçures profondes à la main droite, mais n'y avait
jamais eu de panaris. I) en survint en 1887 à Tannulaire. Le
panaris était gangreneux et le bout du doigt tomba; le malade
ne possède que les deux premières phalanges de ce doigt.
Quant à la main gauche, indemne jusqu'alors, elle a été prise
à son tour et atteinte, en mars de cette année, d'un gonflement
inflammatoire aux deux dernières articulations de l'index. On
s'est borné à des applications de cataplasme. Les arthrites ont
suppuré. En introduisant le stylet dans les trajets fistuleux dé-
terminés par la suppuration, on arrive sur les surfaces articu-
laires. Moins d'un mois ensuite tout était guéri; sans ankylose,
mais avec une raideur articulaire très marquée, empêchant le
doigt de se fermer.
Jamais jusqu'à présent il n'y avait eu de gerçures à la main
gauche. Itfais il en existe en ce moment (juin 1889) à l'un des
plis palmaires du pouce. 11 y a Quinze jours, panaris superficiel,
vite guéri, au petit doigt. Ongles très déformés à l'index, au
jnédius et à l'annulaire.
Précédemment, dans ma note sur la scoliose dans la paréso-
analgésie, j'ai eu occasion de signaler chez notre homme l'exis-
tence d'une scoliose dorsale droite. Celle-ci, assez peu prononcée,
avait passé inaperçue, de sorte qu'il est impossible de savoir si
elle est antérieure ou postérieure à l'apparition du mal.
Si maintenant je passe à un autre examen et recherche l'état
de la sensibilité, je suis assez surpris de ne trouver trace
d'analgésie ni à gauche, ni même à droite, là où j'en trouvais
trois ans plus tôt. Tous les points de la main droite et de
l'avant-bras sont sensibles à la piqûre de l'épingle.
il n'y a pas plus d'anesthésie tactile ou thermique qu'il n'y a
d'anesthésie à la douleur : la sensibilité sous toutes ses formes
est conservée. Avec le thermesthésiomètre de Roth, je constate
que le malade apprécie sûrement un écart de température de
4 à 5 degrés.
Ainsi, tandis que les désordres trophiques allaient en augmen-
tant, l'altération de la sensibilité avait suivi une marche régres-
sive, au point de disparaître complètement. L'aff'aiblissement,
noté il y a trois ans au segment inférieur du bras droit, a lui-
même disparu. Tout se borne aux troubles de la trophicité.
Nous ne pouvons avoir de doute quant à la nature de
raffection dont est frappé L... En 1886, lors de mon pre-
mier examen, j'ai constaté chez lui, à côté des troubles de
la trophicité, les lésions de Tin nervation sensitivo-motrice
3ui constituent la paréso-analgésie. Ceux-ci ont disparu
ans Tintervalie des trois ans qui séparent les deux exa-
mens, mais les troubles trophiques ont continué leur marche
en avant, passant du membre droit où ils étaient d'abord
cantonnés, au membre gauche où il n'y a jamais eu ni anal-
gésie ni parésie, mais où se montrent successivement une
arthrite double avec suppuration à l'indicateur, une ger-
çure au pouce, un panaris superficiel à l'auriculaire et des
déformations marquées à trois des ongles. Le tableau sera
complet quand j'aurai ajouté qu'il existe en outre une sco-
liose dorsale.
Poursuivons notre démonstration. Voici une observation
où il n'y a jamais eu lésion ni de la sensibilité, ni de la
motricité, et où tout s'est borné aux lésions de ia tro-
phicité.
Obs. XV. — Paul J..., trente-cinq ans, de Plounéour-Trez, se
présente à ma consultation le i novembre 1888. Pécheur, ancien
marin, il n'a eu d'autre afl'ection jusqu'à ces dernières années
que des abcès multiples apparaissant à intervalles assez éloi-
gnés. 11 en porte les marques, des cicatrices blanches et larges
comme des pièces d'un franc ou deux, sur plusieurs points du
dos, aux lomoes, et aussi sur la partie postérieures des cuisses.
Ou ne peut les attribuer à la syphilis c]ue J... affirme n'avoir
jamais eue. D'un autre côté, les cicatrices sont bien étendues
pour des stigmates de furoncles.
11 consulte aujourd'hui pour une déviation de la taille et pour
une claudication, des plus prononcées toutes deux.
Etant au service de la marine, et même longtemps après, il
n'avait rien de semblable. La déviation ne lui est venue que
depuis trois ans; du moins, c'est alors seulement qu'il s'en est
aperçu.
Scoliose à deux courbures, l'une cervico-dorsale droite et
l'autre dorsale gauche. La première occupe les dernières ver-
tèbres cervicales et les trois à quatre premières dorsales; la se-
conde les huit à neuf dernières dorsales. Celle-ci est très accusée.
La colonne lombaire, sans courbure apparente, forme une ligne
droite très obliquement dirigée de haut en bas et de gauche
à droite, sans toutefois perdre sa perpendicularité sur le
sacrum.
11 résulte de cette disposition que le tronc est fortement
déjeté à gauche, que le bassin a subi un mouvement de bascule,
et que par suite, à droite, la cage thoracique s'étant abaissée
et la hanche ayant remonté, le rebord des fausses côtes arrive
presque à toucher la crête de l'os iliaque.
11 résulte encore de là c[ue la hanche droite, entraînant dans
son mouvement d'ascension le membre pelvien correspondant,
lui donne les apparences d'un raccourcissement avec claudi-
cation très marquée. Dans la marche, à chaque pas, J... tombe
du côté droit comme si, ensuite d'une fracture, il avait un rac-
courcissement de la cuisse. En réalité, il n'en est rien. Quand
il est couché, les jambes rapprochées, le genou et la cheville
du pied droit se trouvent à i centimètres au-dessus des points
correspondants du membre gauche; mais la mensuration faite
de l'épine iliaque antérieure et supérieure à la malléole interne
donne exactement la même longueur des deux côtés.
En examinant les membres supérieurs, ou trouve à la pulpe
de l'index gauche la cicatrice d'un panaris qui s'est montré il
V a huit ans. Il avait duré sept semaines et avait été fort dou-
loureux. 11 s'était terminé par l'issue de la phalangette nécrosée.
D'où index raccourci, en rondache; ongle rétréci en rapport
avec la conformation actuelle du doigt : un autre panaris, mais
superficiel celui-ci. et n'ayant guère laissé. trace de son passag»^,
s'est produit à lauriculaire gauche, il y a trois ans, vers lépoqut»
où a paru la scoliose.
Le sillon interdigital du pouce et de l'index porte la inan|ur
d'une crevasse profonde à peine cicatrisée. Kien à la main
droite jusqu'à présent.
Le bras et l'avant-bras gauches sont moins gros de 1 cenli-
mctre que les parties correspondantes à droite. Mais J... est
droitier, et c'est sans doute à cette circonstance seule, nulle-
ment à de l'atrophie, qu'il faut rattacher le développement
moindre du membre gauche. L'énergie des contractions mus-
culaires parait, du moins, égale des deux côtés. U n'y a pas trace
d'analgésie ni d'anesthésie tactile ou thermique. Partout la sen-
sibilité est normale.
Bonne santé générale. Mais on se fatigue vite, en raison
même de la claudication.
Pas d'antécédents de famille.
Nous ne rencontrons chez ce malade que des désordres
trophiques, mais ils me paraissent bien caractéristiques.
C'est une scoliose qui n'est point héréditaire et ne se mani-
feste qu'à l'âge de trenle-aeux ans, deux panaris à l'une
des mains et les traces d'une gerçure profonde dans un des
plis interdigilaux de la même main. Certes, une scoliose
sans antécédents héréditaires n'est pas très commune; moins
commune encore est celle qui apparaitaussi tardivement. La
scoliose, comme nous l'avons montré naguère, n'est vraîmenl
fréquente dans ces conditions que chez les malades atteints
de paréso-analgésie ou encore, comme on l'a vu depuis,
de syringomyélie. Mais si à cela on ajoute les dystrophies
qui s'accumulent sur la même main, à savoir deux panaris
et une de ces gerçures comparables pour la main au mal
perforant du pied, n'avons-nous pas là un ensemble de cir-
constances nous autorisant à regarder le fait comme un cas
fruste de paréso-analgésie ?
Déjà, dans ma note sur ia scoliose paréso-analgésique.
je m'étais posé la question de savoir si l'innervation tro-
phique centrale ne pouvait pas être intéressée auand Tin-
nervalion sensitivo-motrice ne l'étart pas. Je cnerchaîs à
m'expliqucr de la sorte le désaccord existant souvent entie
le siège de rafTeclion médullaire et celui de l'inflexion ver-
tébrale. Lorsque la paréso-analgésie sort de ses limites
ordinaires et envahit la paroi de la poitrine» la scoliose
s'explique aisément par la lésion de la portion correspon-
dante de la moelle. Mais lorsque le mal, enjambant le
tronc, passe des membres supérieurs aux membres infé-
rieurs, du renflement cervical au renflement lombaire.
t> Septembre 1«89 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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comment ne pas supposer que rimmuaité de ia portion
intermédiaire de la moelle est plutôt apparente que réelle,
et comment, malgré l'intégrité des nerfs sensitifs et mo-
teurs, interpréter la scoliose autrement que par une per-
turbation de rinnervation trophique centrale?
C'était une hypothèse. La communication de M. Gom-
bault est venue lui donner un certain fondement. Il nous a
appris que, pour le renflement cervical tout au moins, la
substance grise centrale où semblent résider les fonctions
(le la trophicité, est épaissie et renferme plus de fibrilles
conjonctives, beaucoup moins de tubes nerveux qu'à Tétat
normal. La lésion des parties centrales de la substance
grise doit être constante si nous en jugeons par la constance
des troubles trophiques. Il n'est pas une observation où
ils fassent défaut, tandis qu'il en est autrement des troubles
sensitifs et moteurs dont nous avons parfois constaté l'ah-
sence. Cela nous conduit à penser que les altérations de la
zone corticale de la moelle sont moins constantes que celles
de la partie centrale.
Conclusions. — I. La paréso-analgésie séparée anato-
miquement de la syringomyélie peut l'être aussi clinique-
ment, grâee à l'importance des désordres trophiques dans
la première de ces maladies, et surtout grâce à l'état de la
sensibilité au tact qui est lésée dans la paréso-analgésie et
respectée dans la syringomyélie.
II. Réduite à sa plus simple expression, la paréso-anal-
gésie n'est plus que la lésion de la trophicité médullaire.
En s'étendant du centre de la moelle aux cordons anté-
rieurs, elle détermine la parésie et l'atrophie musculaire,
et en s'étendant aux cordons postérieurs, l'analgésie et les
autres espèces d'anesthésies.
Thérapeutique médieale.
Prophylaxie de la tuberculose. — Utilité de la dé-
sinfection PRÉALABLE DES OBJETS DE LITERIE, TEN-
TURES, TAPIS, ADMIS DANS LES SALLES DE VENTE PUBLIQUE,
par M. A. MossÉ, chargé de cours à la Faculté de Mont-
pellier, inspecteur régional adjoint des services de l'hy-
giène publique. (Mémoire lu au Congrès international
d'hygiène et de dénographie.)
La prophylaxie des maladies contagieuses en général, de
la tuberculose en particulier, constitue aujourd'hui une des
Erincipales préoccupations de l'hygiéniste et du médecin,
a récente publication des Instructions contre la tubercu-
lose, la discussion actuellement pendante devant l'Académie
de médecine, le titre de plusieurs mémoires annoncés ou
déjà lus aux diverses sections du Congrès en sont la preuve
évidente. Toutes les mesures proposées sont dictées par le
même sentiment, mais plus d une trouve déjà devant elle
des objections théoriques ou pratiques.
Permettez-moi d'appeler l'attention du Congrès sur une
mesure prophylactique qui me paraît offrir l'avantage d'être
dès maintenant parfaitement réalisable et de ne soulever
aucune objection déontologique. J'aurai plus spécialement
en vue dans cette communication (qui devait d'ailleurs
venir après la lecture annoncée de M. le professeur Corradi)
la prophylaxie de la tuberculose; toutefois vous reconnaîtrez
que l'idée s'applique aussi aux autres maladies dont la
nature microbienne infectieuse est démontrée.
Sans discuter ici l'importance du terrain sur lequel
arrivent les germes contagieux, importance bien résumée
par cette phrase aphoristique des leçons de M. le professeur
Bouchard : « L'homme sain n'est pas hospitalier pour les
microbes >, nous sommes tous disposés à admettre que
plus nous détruirons de germes pathogènes, plus nous res-
treindrons les chances de propagation des maladies infec-
tieuses, en partie évitables, et que nous avons pour mission
de réduire au minimum.
Depuis qpue la tuberculose est répudiée contagieuse,
transmissible, la crainte de la contagion directe ou indi-
recte par les objets inanimés a fait de grands progrès dans
l'entourage des tuberculeux. Après le décès d'un pbthisique,
quelques-uns, plus rares de jour en jour, méprisant les
chances d'une contagion possible, continuent à se servir
sans aucune précaution des objets de literie, mobilier,
vêtements du malade. La gi*ande majorité agît différem-
ment. Les uns, plus riches ou plus charitables, donnent
les objets suspects aux pauvres, aux œuvres d'assistance
publique, sans penser aux sérieux inconvénients que pré-
sente la générosité ainsi pratiquée. Les autres vendent à
des brocanteurs ou envoient à la salle de vente les objets
réputés à bon droit les plus suspects : les tapis, les rideaux,
les tentures qui ne se lavent pas. sur lesquels les produits
desséchés de l'expectoration et de l'exhalation pulmonaire
des tuberculeux laissent une poussière dangereuse.
Ces parties de l'ameublement, les tapis surtout (qui
malgré les précautions prises dans les cas les plus favora-
bles pour recueillir et désinfecter les crachats finissent
toujours par être souillés par les matières expectorées) ont
été désignés comme particulièrement suspects dans les
Instructions au public rédigées par le Comité de la tuber-
culose. Il est donc à prévoir que la tendance à se défaire
de cette partie du mobilier de la chambre d'un pbthi-
sique, déjà assez répandue, ne tardera pas à se généra-
liser.
Les objets de literie et d'ameublement ainsi disséminés
au hasard de la vente peuvent cependant faire naître de
réels dangers. Qu'arrive-t-il bien souvent en effet dans la
pratique? Ces articles, les tapis, principalement quand ils
sont un peu grands, détaillés par pièces plus ou moins
nombreuses, sont achetés par des logeurs ignorant leur
provenance et placés dans des chambres garnies peu somp-
tueuses, celles qu'occupent habituellement les jeunes gens
ayant quitté depuis peu de temps la maison paternelle ou
le lycée, les hommes au début de leur carrière ou de leurs
études, les sujets en un mot qui en raison de leur jeu-
nesse et des conditions sociales dans lesquelles ils se trou-
vent, sont susceptibles d'offrir un terrain éminemment fa-
vorable à Téclosion de la tuberculose.
Il serait facile, dans bien des cas, de parer à cet état de
choses. Je mécontente de signaler l'influence que le méde-
cin peut exercer sur la manière d'agir des personnes
charitables oui distribuent aux pauvres les objets contami-
nés. Le méaecin doit recommander la désinfection préa-
lable. Son avis donné avec tact sera généralement écouté.
Quant au danger créé par les autres, il me semble possible
actuellement de s'en préserver au moins dans beaucoup de
villes.
Grâce aux efforts des municipalités secondées par l'Admi-
ministration centrale de la santé publique, le nombre des
villes dotées d'une étuve à désinfection augmente mainte-
nant de jour en jour. 11 devient probable que toute ville
assez importante pour avoir déjà une salle de vente aura
bientôt une étuve àtlésinfection.
11 serait utile et facile de n'admettre aux ventes publiques
dans ces villes que les objets de literie, tentures, tapis,
(lorsqu'ils ne seraient plus à l'état de neuf), que munis
d'une attestation prouvant qu'ils ont été récemment désin-
fectés à l'étuve.
Si le Congrès est convaincu de l'utilité de cette mesure,
il pourrait adopter cette proposition sous forme de vœu. Une
condition contribuerait à faire passer ce vœu, sans une trop
longue attente, dans le domaine de la réalité : la modicité
du prix de ia désinfection. Le coût du transport des objets
contaminés et de la désinfection doit être minime quand
380 — N* 36
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÉDECmE ET DE CHIRURGIE 6 SRmifBRE 1889
les intéressés peuvent payer (à Monlpellier la Commission
des hôpitaux a Axé ce prix à 6 francs seulement). Il doit
être gratuit et assuré par un crédit de la municipalité quand
les intéressés ne peuvent, pas payer.
J'ai donc l'honneur de soumettre au Congrès le vœu
suivant : « Que dans toutes les villes possédant une étuve
à désinfection^ les objets de literie^ tentures, tapis^ ayant
déjà servi, ne soient admis à la salle de vente publique,
que munis d'un certificat établissant que ces objets ont
été récemment soumis à la désinfection par Vétuve. »
Ce vœu mis aux voix est adopté à l'unanimiré, avec l'ad-
dition suivante proposée par M. Pouchel : « En raison de
la présence possible de germes infectieux dans les tapis et
tentures, que les ateliers de battage de tapis soient dé-
sormais obligés d'en pratiquer la désinfection avant de
procéder au battage. »
Scarlatine récidivée, par M. Henri Favier,
médecin-major au 5* dragons.
Les observations de scarlatine récidivée sont rares; les
seuls faits dont on doit tenir compte sont ceux dans lesquels
la première éruption est exactement décrite et rigoureu-
sement diagnostiquée; autrement, on peut toujours craindre
qu'il ne se soit agi d'une fausse scarlatine. De là, résulte
1 intérêt de l'observation suivante, prise jour par jour et par
écrit au lit du malade :
Obs. — Le nommé B..., du o^ dragons, ayant trois mois de
service, se présente à la visite le 7 février 1888 ; il est malade
depuis cinq jours; Taffeclion a débuté par du mal de tête, des
frissons, de rinappétence, de la soif et du mal de gorge. Cet état
fébfile persiste aujourd'hui (pouls, 94; temp., 38",2), langue
saburrale, rougeur notable de Tisthme du gosier; la face anté-
rieure de la poitrine et de Tabdomen est recouverte d'une
éruption rouge vif, confluente, sur laquelle tranche un pointillé
rouge foncé; B... ignore à quel moment celte éruption a com-
mencé. Même état le lendemain.
Le 9 février, au matin, la langue est sèche et fendillée; les
cuisses sont recouvertes d'une éruption rouge vif qui présente,
le soir, le granité caractéristique de la scarlatine.
L'exanthème thoraco-abdominal disparaît le 10 février et
l'exanthème fémoral disparait le 11. Le malade sort de l'hôpilai
le 15 mars. Il n'y a pas eu de desquamation.
L'affection qui vient d'être décrite est-elle autre chose qu'une
scarlatine bénigne? Ne s'agirait-il pas d'une fausse scarlatine,
d'un érythème scarlatiniforme ? jélimiue tout d'abord les
exanthèmes de la diphlhérie, du choléra, du typhus, de la lièvre
tvphoïde, de la septicémie, de la varicelle, dii rhumatisme et
de la goutte, ceux qui suivent l'usage des bains de mer, des
eaux minérales et les inhalations d'éther et de chloroforme.
L'exanthème de l'embarras gastrique fébrile, décrit par llerbland-
Moriu (thèse de Paris, 1886), s'accompagne souvent d'une
rougeur diffuse du pharynx et de l'isthme du gosier, mais cet
exanthème ne dure qu'un ou deux jours; de plus, il est papu-
leux, rubéolique et toujours très discret. L'érythème quinique se
complique souvent de rougeur bucco-pharyngienne, mais sans
tuméfaction douloureuse des amygdales. L'ingestion des solanées
donne bien lieu à un érythème scarlatiniforme avec sécheresse de
la gorge, mais cet érythème se limite le plus souvent à la face
et s'accompagne de mydriase et de dysurie. Enfin les éry thèmes
de l'opium, de l'iode et des iodures, du mercure, des halsami-
((ues, de l'antipyrine, du chioral, de l'iodoforme et de certains
poissons, ne s'accompagnent jamais d'angine. U ne nous reste
donc plus à admettre qu'une scarlatine d'ailleurs bénigne; or
B... en a présenté tous les symptômes: lièvre médiocre, angine,
exanthème, avec pointillé rouge foncé, qui a duré ce que dure
l'exanthi^mé de la scarlatine. U n'y a pas eu de desquamation,
mais il est de règle que dans les scarlatines très légères, à fièvre
insignifiante, t'exfoliation soit elle-même insignifiante et difficile
à reconnaître. Enfin, la scarlatine règne dans la garnison ; le cir
de B... est le douzième depuis trois mois.
Le 29 novembre 1888, dix mois après sa première attaque^
B... entre à l'hôpital pour une affection dont voici la relatioa
succincte :
Le 26 novembre, appareil fébrile et mal de gorge, ce d^rnitf
devenu plus intense le 28. Le 29, éruption rouge vif, a%'ec poir-
tillé rouge foncé sur la face, le cou et le tronc; les membres sodj
envahis, mais l'éruption y est peu prononcée. Rougeur an
l'isthme du gosier, dysphagie intense.
Le l*"' décembre. — Eruption généralisée, très inlen>ei
presque violacée. Miliaire purulente. Angine pultacée. Syrapt ôm«-i
généraux modérés.
Le 4. — L'éruption commence à pâlir, la langue, qui élail
recouverte d'un enduit blanchâtre, comme crayeux, commence ii
se dépouiller.
Le ô. — L'éruption n'a pas encore abandonné les membres, n
déjà la desquamation commence à la face antérieure du tronr.
Elle se fait sous forme de vésicules sèches, d'abord isolées, qui
s'agglomèrent et finissent par former des plaques épidermi«|ur>
d'une grande étendue.
Le 10. — La desquamation est terminée sur le tronc; elle esr
encore en pleine activité sur les membres.
Le 3 janvier 1889. — La maladie est entièrement terminée.
La seule affection qui pourrait être confondue avec la
deuxième atteinte de B... est la dermatite exfoliatrice; elle
s'accompape quelquefois d'un peu de sécheresse de la
gorge, mais sans productions pultacées; en outre, dans la
dermatite exfoliatrice, même très intense, la température
dépasse rarement 38 degrés, tandis que chez notre malade,
elle a atteint 39%5 et dépassé 39 degrés pendant quatre
jours.
De ce qui précède, on peut, je crois, conclure en toute
assurance qu'en dix mois B... a été atteint deux fois de
scarlatine ; la première atteinte a été très légère, la seconde
a été grave quant à Tintensité de l'éruption.
COKBËSPONDANGE
eau de morl nvthlie pmr nve InJ^cMov d^éther.
Monsieur le Rédacteur en chef et honoré confrère,
A une époque où la méthode hypodermique est très employé**,
où Ton vante ses avantages et où l'on oublie ses inconvénient <
et ses dangers au point de mettre entre les mains des maladt^^N
des seringues de Pravaz avec des poisons énergiques dont il<
peuvent se servir à leur gré, il n'est peut-être pas inutile df
rappeler aux praticiens que les injections sous-cutaoées ne pro-
duisent pas seulement des empoisonnements chroniques, mai>
qu'il y a aussi des accidents aigus, des morts subites qui j»cii>
vent leur être imputés.
Voici un cas irappant de mort subite occasionnée par un**
injection d'éther. Le fait est d'autant plus instructif que ces in-
jections passent pour être inoffensives.
Vers la lin de sa vie, le regretté professeur Fonssagrives,
appelé en consultation auprès d'un malade arrivé à la péri ad*'
ultime d'une affection du cœur, conseilla entre autres médica-
ments des injections sous-cutanées d'éther. Peu de temps aprôs,
le malade se trouvant dans un état de faiblesse plus grande,
le médecin traitant relève une de ses manches et lui fait :\
Favant-bras l'injection prescrite. Puis, lorsque le patient e^t
remis de la petite émotion causée par la piqûre et la brûlure
que produit le contact de l'éther, la manche est abaissée.
A ce moment précis, le malade s'affaisse sur son lit et
meurt.
Le professeur Fonssagrives expliqua de la façon suivanie K*
mécanisme de la morl. La région choisie pour Tinjection rtaîi
trop vasculaire. La pointe de l'aiguille a dû pénétrer dans uiit^
veine, et il est probante qu'une quantité notable de Finjoclion
a été projetée dans ce vaisseau. Tant que la manche du malade,
qui était très serrée, a fait au niveau du bras Teffet d'une liga-
ture, aucun accident ne s'est produit; mais lorsque, la roanch«*
étant abaissée, les veines de Tavant-bras ont été remises en
libre communication avec le reste de la circulation, l'éther
6 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— »• 38 — 581
volatilisé par la chaleur du corps a été projeté vers le centre
circulatoire et le malade est mort par pénétration d*un gaz dans
le cœur, comme on meurt par pénétration de Tair dans ce
même organe.
J^ai eu connaissance d'un cas de mort subite survenue, il y a
longtemps déjà, après une injection de chlorhydrate de mor-
phine, faite au niveau de la tempe chez une malade atteinte
do névralgie du trijumeau. L'aiguille en pénétrant dans un
vaisseau aura projeté vers le cœur, puis vers les centres ner-
veux, une dose trop massive du médicament.
Voilà de quoi faire réfléchir le médecin avant qu'il aban-
<lonne aux mains du malade un mode de traitement qui peut
avoir des conséquences aussi désastreuses lorsqu'il est manié
sans précautions.
Quant au praticien lui-même, il doit avoir pour règle, lors-
qu il fait une injection sous-cutanée, de s'éloigner des vais-
^eaux.
Veuillez agréer, etc.
I)"^ GiQUEL (de Vannes).
REVUE DES GOiNGRÉS
Dlx-hnlilème Congrès de la Société AUemuide
de ehlrargle.
Nèoi^asmas.
Étiologie et diagnostic des tumeurs malignes, par F. von
Esmarch (Kiel). — Les statistiques sont beaucoup moins pro-
bantes qu'on ne le croit souvent. Ainsi depuis quarante ans
Esmarch a recueilli plus de 1000 observations, mais il fait
remarquer que parmi elles un assez grand nombre sont sans
iloute aes erreurs de diagnostic, même pour celles qui ont subi
le contrôle du microscope, car rhistologie moderne a démontré
fausses bien des données sur lesquelles on pensait naguère
pouvoir s'appuyer. Pour les lèvres et la langue, surtout, Terreur
avec I ..... - IL ..._ __ _.._L-i
récidi
culose^ ^ ^ ^ , . .
d^une parcelle est net pour ces deux dernières maladies, pour les
tumeurs épithélialés. Mais, quand le microscope ne révèle qu'un
tissu de granulations, il faut essayer le traitement antisyphili-
tique, en sachant bien que quelquefois il n agit qu'après
plusieurs mois.
Les investigalions étiologiques doivent rechercher avec
soin toutes les irritations locales, tous les néoplasmes bénins
préalables. L'hypothèse de Cohniieim est insoutenable. La nature
microbienne n est pas probable. En somme, il faut admet! re le
rôle prépondérant de la prédisposition individuelle, pour laquelle
Théredité est importante; mais pour rétablir il ne faut pas se
borner aux renseignements sur le père et la mère, il faut étudier
la famille entière, et le chirurgien n'est pas toujours à même de
le faire. Et Esmarch en vient a se demander si l'hérédité syphi-
litique ne joue pas un rôle dans la production des sarcomes. Il
s'appuie sur les analogies de structure des sarcomes et des
syphilomes, tous deux formés de < tissu de granulation >, par
prolifération du tissu conjonctif.
Récidives du cancer. — - M. Krause (de Halle) présente trois
malades qui, depuis plus de quatre ans, survivent, sans récidive,
à l'ablation d'un cancer de la langue. Son chef, Volkmann, a
pniliqué 3i fois cette opération par le procédé de Langenbeck.
Le malade, chloroformisé, est opéré assis, sans ligature préalable
de la linguale. Au total, 94 amputations de la langue, dans les
quatorze dernières années, n'ont causé que 2 décès par pneu-
monie.
Eug. Hahn (de Berlin) pense qu'il faut attendre bien des
années avant de proclamer une cure radicale. H a suivi pendant
neuf ans un homme à qui il a enlevé le larynx pour un cancer
étendu et qui n'a de récidive que depuis quelques mois. Et de
plus, les examens hislologiques anciens sont sujets à caution,
flahn connaît un vieillard qui, depuis bien des années, survit à
une ablation de la langue pour cancer. L'ancien examen hislo-
logique afûrmait le carcinome ; un fragment conservé a été
examiné récemment, et l'histologisle n'oserait pas être aussi
affîrmalif.
M. Kiiêter (de Berlin) a observé un malade chez lequel le
microscope a contesté le carcinome de la langue, mais chez qui
une réciaive ganglionnaire a eu lieu.
M. Schedê (Hambourg) pense que le cancer de la langue est un
des plus malins. Depuis 1880, il en a observé 27 cas, dont 6 inopé-
rables. Des 21 opérés, i2 ont guéri ; mais 4 sont morts de réci-
dive en deux à quinze mois, un cinquième a succombé à une
opération complémentaire. Sept sont restés guéris, dont un
depuis 1880; et dans ce cas, il y avait déjà eu deux opérations
préalables; et, en 1884, il fallut extirper une récidive ganglion-
naire. Les autres malades sont opérés depuis 1883, 1884, 1885,
1887; deux sont récents. Les neuf opérés qui ont succombé à
l'acte chirurgical sont morts de pneumonie (6), d'œdème de la
glotte (1), de collapsus (2). Sur ces vingt-sept malades, il y a
vingt-deux hommes.
Peiersen (Kiel) a vu une récidive au bout de neuf ans.
Von Esmarch (Kieb cite une survie de vingt ans pour cancer
de la langue et de l'épiglotte.
Kiister ^Berlin) a perdu 2 malades sur 26 ablations de la
langue. Des 24 guéris, 4 sont restés indemnes de récidive
pendant plus de trois ans et 1 depuis dix ans. Les opérations
pour récidives peuvent, elles aussi, donner des résultats durables.
Von Bergmann (Berlin) relate deux guérisons datant de deux
et trois ans, dont une relative à un cas où les ganglions cervi-
caux étaient déjà engorgés.
Kôrte (Berlin) présente un homme de cinquante-six ans qui a
subi les opérations suivantes : l** 2 juillet 1884, extirpation du
votle du palais et de Vamygdale gauche j^"* 17 octobre 1884,
récidive ganglionnaire à droite; 3* mai 1885, récidive ganglion-
naire à gauche. Depuis, pas de récidive. Au microscope, épithé-
lioma pavimenteux.
Von Bergmann présente une malade à laquelle il y a trois
ans la moitiiî du larynx a été enlevée, pour cancer, par
M. Schmidt; un homme auquel lui-même a fait, il y a quatre
ans, la même opération. Ces deux malades parlent d'une façon
assez intelligible.
Krause (de Halle) montre trois malades auxquels un cancer
du rectum a été enlevé, il v a six, huit et neuf ans, avec ouver-
ture large du péritoine. 11 a constaté la môme intégrité sur
quatre autres malades opérés de même depuis six ans.
Von Bergmann présente cinq hommes opérés depuis deux à
cinq ans d extirpation du rectum. Quoique le sphincter ait été
détruit, la défécation s'est assez bien régularisée.
Cancer do larynx, par M. K. Roser (de Hanau). -- Présen-
tation d'un homme de quarante-deux ans, auquel le larynx
entier (avec partie du pharynx et du corps thyroïde) a été enlève,
en deux séances, en novembre et décembre 1888. 11 n'y a pas
trace de récidive (avril 1889). La trachée (munie d'une canule)
s'ouvre juste au niveau du sternum; l'œsophage, 1 centimètre au-
dessus. Le malade est nourri d'aliments liquides. 11 se porte fort
bien, mais s'est un peu amaigri, ce que Roser explique par la
non-déglutition de la salive. Une opération plastique va être
entreprise pour rétablir la continuité entre la bouche et l'œso-
phage. (Congrès de médecine interne, Bericht, etc., p. 36.)
Au Congrès des chirurgiens (/oc. cit», p. 52), ffan« Sc^mïrft
(de Steltin) présente un malade auquel il a enlevé complètement
le larynx il y a deux ans et demi. Le diagnostic entre la syphilis
et le cancer est, il est vrai, resté douteux. L'auteur veut surtout
faire constater aue, sans larynx artificiel, la voix du malade
est forte et intelligible.
Cancer du sein. — M. Lothar Heidenhain (de Berlin) croit
qu'on a tort de ne s'occuper, parmi les causes de récidive locale,
que des ganglions axillaires et des troncs lymphatiques corres-
pondants. Le mode d'envahissement des tissus avoisinants, du
muscle grand pectoral en particulier, est encore trop peu étudié.
Or, chez les femmes maigres, la face postérieure de la glande
mammaire adhère tout entière à l'aponévrose d'enveloppe de ce
muscle; chez les femmes grasses, il y a par places des adhé-
rences. Le cancer se propage dans les espaces lymphatiques du
tissu rétro-mammaire, mais il n'envahit le muscle lui-même que
quand il y a cliniquement adhérence de la tumeur au muscle.
La dissection du fascia étant impossible, il faut hardiment enlever
la couche superficielle du muscle quand la tumeur n est pas
adhérente. Quand la tumeur est adhérente, il faut enlever le
muscle entier. Faute de ces précautions, on laisse du tissu mor-
bide qui repullule dans la cicatrice. En examinant avec soin la
pièce enlevée, en explorant les surfaces de section au micro-
scope, on peut reconnaître si oui ou non l'ablation a été com-
5«2 — N» 36 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Srptbmbrk 1889
plèle. Sur dix-huit pièces, Heidenhain en a trouvé douze où
Fopération avait certainement été incomplète. De ces malades,
une est perdue de vue; huit sont mortes ou en récidive, trois
sont sans récidive. Des six autres, deux sont opérées depuis peu.
Les quatre autres vivent sans récidive depuis février à août 1888.
(Mémoire paru in extenso dans les Arch. f. klin. chir,, 1889,
t. XXXIX, p. 97.)
M. Schinzinger a opéré quatre-vingt-seize malades depuis
dix ans. Deux sont mortes d'érysipèle. Il a remarqué, avec
d'autres chirurgiens, qu'après la ménopause, la marche du
cancer est plus lente. Il se demande donc si — le cancer ayant
été extirpé aussitôt que possible — il ne serait pas indique de
provoquer, par la castration ovarienne, une ménopause préma-
turée, de façon à diminuer les chances de récidive.
Traitement drs ostéosarcomes a myêloplaxes par l'évide-
MENT. — M. Krause (de Halle) relate quatre opérations d'épulis
pratiquées de la sorte (en conservant la lame osseuse posté-
rieure), avec un résultat durable. Dans un cas, il est vrai, il y a
eu six récidives successives, mais on esta la tin venu à bout du
mal. Une opération semblable a été faite il y a trois ans, sur
un homme de quarante-huit ans, pour un myèloîdede l'extré-
mité supérieure du tibia. La tumeur était grosse comme une
tète d'-enfant. Le malade marche sans appareil et plie facilement
le ^enou. Bramann (de Berlin) présente deux malades opérés
de la sorte: 1» Fille de quatorze ans, atteinte d'ostéosarcome de
l'extrémité supérieure du tibia; il a fallu réséquer entièrement
cette épiphyse et le genou est ankylosé. L'opération a neuf mois
de date, r» Homme de quarante ans, auquel un sarcome myéloïde
de l'extrémité inférieure du radius a été enlevé il y onze mois.
Les fonctions de la main sont à peu près normales. Esmarck
(de Kiel) a enlevé avec succès à la cuiller tranchante un sarcome
du maxillaire et il a cautérisé la cavité au thermocautère. Lœbkcr
a publié, au Congrès de l'an dernier, une extirpation heureuse de
sarcome périostique du maxillaire inférieur. Le malade, au bout
de trois ans, est maintenant encore en bon état. Rosenberger (àe
Strasbourg) en dit autant pour un opéré dont il a parlé de même
Tan dernier.
Greffe du cancer chez le rat, par M. Hanau. — Deux rats
mâles ont été inoculés dans la tunique vaginale avec un morceau
de ganglion cancéreux consécutif à un cancer de la vulve chez
une rate. Chez le rat, le canal péri tonéo- vaginal reste ouvert.
Un des deux est mort en sept semaines, d'une carcinose péri-
tonéale généralisée. L'autre, tué au bout de deux semaines,
n'avait que deux noyaux dans la tunique vaginale. Le micro-
scope démontre que ces productions sont identiques au cancroïde
greffé. Donc, le cancer peut se transplanter, dans une même
espèce, d'un animal à l'autre ; mais cette greffe n'implique nul-
lement la nature infectieuse du cancer.
M. Wehr (de Remberg) a fait des études analogues sur le
chien à l'aide de carcinomes développés sur le prépuce de chiens,
dans le vestibule vaginal de chiennes, carcinomes en général
confondus par les vétérinaires avec des condylomes. La méthode
est la suivante: une incision de 8 millimètres de longueur divise
la peau et piar là un tunnel sous-cutané est creusé avec un trocart
do 3 millimètres ; dans la canule du trocart un morceau de car-
cinome est poussé avec un stylet jusqu'au fond du cul-de-sac.
Sur 26 chiens, Wehr a obtenu 24 fois des nodules carcinoma-
teux, dont la plupart, il est vrai, se sont résorbés. Mais il a
suivi un animal inoculé le 12 décembre 1887, chez qui quatre
noyaux se sont bien développés, et Gnalement l'animal est mort
cachectique le 16 juin 1888. A l'autopsie, la généralisation a été
donstatée. (Mémoire in extenso dans Arch. /". klin. Chir,, 1889,
t. XXXIX, p. 226.)
Rinne (de Greifwald)a essayé en vain l'inoculation à un chien
l'un carcinome rectal provenant d'autres chiens.
E. Hahn (de Berlin) rappelle les expériences positives qu'il
a faites sur Thomme.
Heidenhain (de Berlin) se souvient qu'un auteur russe a eu
des succès sur le chien. Cet auteur est Lovoinski, ajoute Hanau
(de Zurich), mais sur 42 cas il n'a eu qu'un succès. Comme le
cancer est une maladie de la vieillesse, c'est sur des animaux
âgés qu'il convient d'expérimenter.
Septicémie, par M. Hoffa (de Wûrzbourg). — Dans la septi-
cémie il faut distinguer l'intoxication septique qui relève du
passage dans le sang de ptomaïnes et de ferments, et Tinfection
septique, due à l'entrée et à la pullulation dans le sang des
bactéries elles-mêmes. Dans ce second cas, les bactéries peurent
agir de deux façons. Il peut y avoir une intoxication par fer-
mentation (ce qui est le cas pour la septicémie de la souris ilf
Koch), ou d'une formation de ptomaïnes. Le second processus;
est celui qu'engendre la bactérie de la septicémie da lapin
décrite par Koch etGaffky. Sur des lapins inoculés, Hoffa a îsoli^
cette ptomaïne qu'il appelle méthylguanidine et qui est un
poison violent. Elle tue les animaux en produisant les sym-
ptômes de la septicémie du lapin. L'auteur a entrepris une série
de recherches chimiques démontrant que la méthylguanidinf
dérive de l'oxydation de la créatine. Dans des lapins morts du
charbon, Hoffa a trouvé une autre base toxique, Vanthracine.
Microbe du tétanos, par S. Kitasato (de Tokio). — En i8«i.
Carie et Ratone ont rendu des lapins tétaniques en les inocu-
lant avec le pus d'un animal tétanique. En 1885, Nicolaïer a
montré que aans le sol existe un bacille qui produit le tétanos
chez la souris, le lapin, le cobaye. En 1886, Rosenbach a troavt*
chez l'homme tétanique le bacille de Nicolaïer. Mais, dans ers
derniers temps, on a émis quelaues doutes, car jusqu'à prés«»nl
on n*a pas réussi à isoler hors aes corps des animaux et à cul-
tiver en cultures pures le bacille de Nicolaïer. Aussi Kitasato
a-t-il entrepris des recherches sur ce point dans le laboratoire
de R. Koch, à l'aide d'un soldat tétanique. Au milieu d'autre>
bactéries, celle de Nicolaïer existait dans ce cas ; les inocula-
lions furent positives. Sur des souris inoculées, l'auteur a trouvé
le bacille dans le pus; il a ensemencé des milieux de culture,
et il a vu le bacille de Nicolaïer se multiplier, mais toujours
mélangé à d'autres micro-organismes. Par les méthodes ordi-
naires, il a isolé trois variétés de microbes anaérobie<ï, cinq
facultativement anaérobies et sept aérobies. Toutes ces variétés
ont été obtenues isolées et ont été inoculées sans produire le
tétanos, que les cultures aient été pures ou mélangées, pourra
que le bacille de Nicolaïer n'y fût pas mêlé. 11 était dès lors
prouvé indirectement que ce dernier microbe est bien en cause,
kitasato a réussi à fournir la preuve directe en obtenant des
cultures pures qui, inoculées, causent invariablement le tétanos
chez la souris. Le microbe est absolument anaérobie. On ne le
trouve, sur les animaux morts, ni dans le sang, ni dans les vis-
cères, ni à la place inoculée ; les inoculations faites avec ces
matières restent sans effet, et les ensemencements restent
stériles. Le micro-organisme a donc produit avec une rapidité
extrême la ptomaïne toxique de Brieger. Sans entrer dans le^:
détails techniques, nous ajouterons que la méthode suivie par
l'auteur pour isoler le bacille consiste à prendre les cultures
mixtes qui ont quarante-huit heures d'existence et à leur faire
subir des manipulations fondées sur les deux faits suivants:
1* le bacille du tétanos est rigoureusement anaérobie; 2» Ie>
microbes anaérobies qui lui sont associés sont tués par un séjour
d'une heure à une heure et demie dans une étuve à 80 degrés.
L'analyse indique en outre les principales propriétés bactériolo-
giques du bacille.
Etiologie des adénopathies tuberculeuses, par M. Cornet
(de Berlin-Reichenhall). — Expériences faites sur le chien pour
étudier les modes de pénétration du bacille. Elles ont été entre-
prises surtout sur les régions tributaires des ganglions cervi-
caux, siège de prédilection de ces adénopathies. Des crachats
tuberculeux (ou des cultures) ont été mis dans le cul-de-sar
conjonctival inférieur, sans trauma de la muqueuse : la muqueuse
a simplement rougi, tandis que les ganglions cervicaux se caséi-
fiaient et qu'on y trouvait des bacilles. De même pour les
muqueuses nasale, gingivale. Dans l'oreille, les faits sont plus
contestables, car il est diflicile d'affirmer qu'il n'y a pas eu de
solution de continuité du tégument. Mêmes résultats pour lo
vagin, pour le pénis, dont les muqueuses s'ulcèrent cependant
quelquefois. Sur tous ces chiens, sauf deux (et au bout de long-
temps), les poumons ont été trouvés sains. Inversement les
lésions des poumons et des ganglions bronchiques sont accen-
tuées sur les animaux rendus tuberculeux par inhalation. Fin
somme, ces expériences démontrent que le bacille peut, pour
aller infecter les ganglions, traverser une muqueuse macrosoo-
piquement saine.
ACTINOMYCOSE CUTANÉE, par M. Leser (de Halle). — Relation do
trois observations où le parasite a été trouvé et dans le pus et
dans les tissus morbides enlevés à la curette. Pour le trouver
dans les tissus, il faut des coupes très nombreuses, car il e<(t
rare, comme d ailleurs la plupart des agents infectieux dans les
6 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 36 -- 583
infections chroniques. Dans les trois cas, les renseignements
ctiologiques sont nuls. 1/aspect clinique est variable : là un
ulcère profond, atonique, irregulier, serpigincux; ailleurs une
éruption nodulaire discrète, s*élendant peu à çeu par la péri-
phérie et se transformant en une plaque infiltrée. Dans la pre-
mière forme, Tanalogie est assez grande avec le lupus. Mais le
mode d'extension vers la profondeur est tout différent. Ici, en
effet, il se creuse des trajets remplis d'un tissu de granulations
gris jaun&tre ou gris rougeâtre; aucun tissu n'est respecté : les
aponévroses sont perforées, les muscles sont détruits, le périoste
est dénudé, ronge, et enfin les os deviennent cariés. La maladie
est en général chronique, subaiguê tout au plus. Toutefois
Léser Ta vue aigué, ayant les allures d'un phlegmon. Les gan-
glions correspondants ne sont pas engorgés : la maladie ne se
propage pas par les voies lymphatiques, trop étroites pour livrer
passage au parasite. Mais quelquefois le foyer actinomycotique
est le siège d'une infection suppurative surajoutée, et alors les
«ganglions s'engorgent. Dans la discussion, Rotter (de Munich)
msiste sur la iréqucnce de ces infections mixtes. Il a observé
dans le service de Bergraann la forme nodulaire.
Tampon aseptique résorbable, par M. Thiem (Kottbus). —
Appliquant une idée de Gluck, Thiem a suturé quatre fois dans
Tanneau inguinal, après cure radicale d'une hernie à large
orifice, un tampon de catgut destiné à servir d*obturateur pen-
dant que la cicatrice se consolide. Et sur un enfant opéré des
deux côtés d'une hernie énorme, allant jusqu'aux genoux, l'ob-
turation n'ayant été faite que d'un cété : du côté opposé, au bout
de cinq heures, les cris avaient provoqué la récidive, en sorte
«^u'il fallut opérer à nouveau, au cinquième jour. Cette indica-
tion n'est pas la seule, l.e tampon aseptiaue peut remplacer
le caillot aseptiaue de la méthode de Scnede. (jràco a lui,
Thiem a obtenu la réunion immédiate des cavités laissées par
des extirpations ganglionnaires; par le curage axiilaire pour
cancer du sein. Quoi qu'en disent Yolkmann, Rocher, il n'a
jamais eu d'infections provoqoées par le catgut.
Opérations a sec, par M. Landerer (do Leipsig). — D'après
quatre-vingt-dix observations, où l'auteur s'est parfaitement
trouvé de n'avoir pas employé une goutte de liquide sur les tis-
sus opérés. (Mémoire paru dans les Arch, /. Ami. Chir., i889,
t. XXXIX, p. 216.)
Chirurgie cranio-cérébrale. — M. Horsleu (do Londres)
résume ses recherches sur les centres moteurs de l'écorce et il
indique sa manière d'opérer dans le cerve«iu. Uicn qu'il n'ait
déjà publié.
M. Fischer (de Breslau) relate ime trépanation pour tumeur
cérébrale ; opération faite le 2 juin 18«8 sur un homme de
trente-sept ans, non s^^philitique, malade depuis janvier 1887.
If souffrait d'attaques épileptiiormes, avec monoplégie progres-
sive du bras droit etlinaleinentavec une légère aphasie motrice.
Le 2 juin, donc, trépanation sur la zone motrice, qui apparaît
saine. Après l'opération, la paralysie diminua, mais l'aphasie
augmenta. A la fin de novembre, accès d'épilepsie jackso-
nienne. Fischer ouvre la cicatrice (il n'avait pas replanté la
rondelle) et, celte fois, trouve une tumeur cérébrale qu'il
énuclée avec les doigts. Guérison. Mais deux mois après, réci-
dive, et mort le 20 mars dernier. 11 s'agit d'un sarcome à cel-
lules rondes.
Uôflman (de Kœnîgsberg) a obtenu trois fois de bons résul-
tats par la trépanation traversant l'apophyse masloivïe (et môme
le sinus transverse) sur trois malades qui, sans otorrhée, avaient
cependant des accidents cérébraux liés sans doute à une ancienne
maladie de l'oreille. Il y avait simplement condensation du tissu
osseux et épaississement de la dure-mére.
Gerstein (de Dortmund) a eu à soigner un homme atteint de
fracture compliquée du crâne, avec enfoncement. Il enleva les
deux fragments enfoncés et les mit dans une solution de
sublimé, tandis qu'il désinfectait avec soin le foyer cérébral.
Puis un des fragments fut remis en place, ce pourquoi il a
fallu le tailler aux dimensions voulues. Réunion immédiate. Un
an après, l'homme mourut de pneumonie, et on put constater
la consolidation osseuse de l'esquille replacée.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémte 4«a seleiices.
SÉANCE DU 26 AOUT 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DESCLOIZEADX.
PrOPMÉTÉS PATHOGÈNES DES MICROBES CONTENUS DANS
LES TUMEURS MALIGNES. — D'après M. VemeuUy le tissu des
néoplasmes inalins, cancers, sarcomes, épithéliomes, etc^
peut être envahi, à un moment donné, par des microbes
divers dont on ne peut encore déterminer sûrement ni l'ori-
gine, ni le genre, ni le nombre. Cette invasion, dont les
causes et le mécanisme sont également inconnus, peut
rester plus ou moins longtemps latente, mais aussi, en
certains cas, amener, dans l'évolution et la nutrition des
tumeurs, diverses modifications, telles que Taccroissement
rapide, le ramollissement et fulcération.
Les microbes ne se rencontrent pas dans tous les genres
de néoplasmes, ni dans tous les néoplasmes d'un même
genre, pas même dans tous les points d'un néoplasme
cependant envahi. On ne les trouve, par exemple, ni dans
les lipomes, ni dans les fibromes purs, ni dans les sarcomes
ou les cancers commençants, à marche lente, à Tétat cru et
recouverts de peau saine; au contraire, on les observe à peu
Eres constamment dans les néoplasmes ramollis et ulcérés,
es microbes, outre l'action irritante, phlogogène et pyro-
gène qu'ils exercent localement sur le tissu même de la
tumeur envahie, possèdent d'autres propriétés pathogènes
qui peuvent intéresser l'économie tout entière. Ainsi, suivant
toute vraisemblance, ils sont capables d'allumer une fièvre
plus ou moins intense et irrégulière alors qu'ils sont encore
renfermés dans une tumeur en voie d'accroissement rapide
ou de ramollissement. De plus, lorsque, pendant l'ablation
d'une tumeur qui les renferme, ils peuvent, mélangés aux
fluides contenus dans les points ramollis, se répandre dans
la plaie opératoire, ils la contaminent, l'infectent et Tino-
culent de façon à provoquer le développement d'une fièvre
septicémique capable d entraîner la mort.
La connaissance de ce dernier fait, outre qu'elle plaide
en faveur de l'ablation précoce des néoplasmes malins, si
désirable à tous les points de vue, dicte encore aux chirur-
giens certaines mesures préventives pendant et après Texlir-
(lation des tumeurs infectées par les microbes, notamment
es suivantes:
Etant reconnu ou au moins soupçonné le ramollissement
d'une tumeur, enlever celle-ci d'une seule pièce sans l'en-
tamer, l'énucléer, la morceler, la déchirer, ni l'arracher.
S'il arrive pourtant que les foyers ramollis, ouverts par une
manœuvre quelconque, viennent à verser leur contenu
fluide dans la cavité opératoire, il faut laver soigneusement
et largement la plaie avec une solution antiseptique suffi-
samment forte et y revenir, au besoin, plusieurs fois pendant
l'extirpation et après, bien entendu. Si, malgré tout, on
avait lieu de craindre l'inoculation de la plaie par les
microbes ou leurs produits, on devrait rejeter la réunion
immédiate et choisir un des procédés du pansement anti-
septique ouvert.
Physiologie EXPéniMENTALE. — M. Laulanié a observé
que, lorsque au cours d'une excitation de l'un des nerfs
vagues, le cœur reprend ses battements, le passage immédiat
de l'excitation sur l'autre nerf laisse au rythme la dépres-
sion amenée par l'excitation du premier nerf. Dans ce cas, la
fatigue exprimée par le retour des battements appartient à
l'appareil d'arrêt intra-cardiaque. Lorsqu'on procède à une
série d'excitations alternatives et d'égale durée, le passage
de l'excitation d'un nerf sur l'autre ne modifie pas le
rythme; les excitations ont uile durée inégale, les excitations
de moindre durée augmentent le ralentissement acquis par
les excitations précédentes de longue durée.
TM _ N° 30 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Septembre I8«î*
Les excitations de longue durée produisent dans Texcila-
bililé du nerf et de Tappareil d'arrêt intra-cardiaque des
variations de sens inverse. La fatigue du nerf entraine le
repos relatif des ganglions oui se retrouvent tout prêts à
recevoir utilement Taction de Vautre nerf. L'appareil d'arrêt
est expérimentalement inépuisable pour une excitation uni-
latérale si prolongée qu'elle soit. Enfin, par une série
d'excitations alternatives bien ménagées et continuées Tune
par Tautre, on inflige au rythme cnrdiaque un ralentissement
et à la circulation une dépression de même durée que la
série des excitations.
Académie de méderlne.
SÉANCE DU 3 SEPTEMBRE i889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
La séance est immédiatement levée en signe de deuil,
après rhommage rendu par M. Moutard-Martin^ vice-pré-
sident, à la mémoire de M. Maurice Perrin, président,
décédé samedi dernier à Vezelise (Heurthe-et-Moselle) où il
était en villégiature.
REVUE DES JOURNAUX
Dn irikIteineBi do plAeeBtm pr«vlik par Im. vemlon eonio
bittée, par M. Lomer. — Celte méthode, désignée en Allemagne
sous le nom de méthode de Hofmeier, devrait plutôt être appelée
méthode de Ftraxton Hicks, du nom du médecin qui la intro-
duite dans la pratique dès 1860. Elle donne une mortalité pour
la mère de 4.5 pour iOO, tandis que par les autres méthodes
celle-ci est de 22 à 35 pour 100.
Dans rinsertion vicieuse, le placenta, placé près de rorîfice
ou sur lui, gène la dilatation qui se fait avec une extraordinaire
lenteur et est accompagnée d*hémorrhagie, les vaisseaux du
placenta étant devenus héants. Mais rhéraorrhagie cesse aussitôt
(|ue la partie qui se présente s'engage dans le bassin et exerce
une compression sur le point qui donne du sang. De là, rutililc
de la rupture de la poche quand il y a présentation du sommet
et dilatation presque complète. Mais dans les cas graves et quand
Toriftce est non dilaté, on arrive au même résultat par la version
combinée.
La malade étant chloroformée, et la main entière étant intro-
duite dans le vagin, on pénètre prudemment, avec un, puis deux
doigts dans le col, qui, dans les cas d'insertion vicieuse du plu-
cenla, est toujours mou et dilatable; puis on rompt les mem-
branes (en passant au travers du placenta s'il est central). On
cherche ensuite par des manœuvres externes à pousser au-dovant
des doigts introduits dans Tutérus, les membres inférieurs du
fielus; quand les doigts auront saisi un pied, on ramènera jus-
qu'à la vulve. Aussitôt Thémorrhagie cesse, surtout si on fait de
légères tractions. Mais il faut se garder de faire Textraction de
Tenfant, pour éviter de déchirer le col et de produire plus tard
une hémorrhagie mortelle. 11 faudra attendre que les douleurs
viennent et se contenter alors de faire de légères tractions. (Ber-
liner klinische Wochenschrift, 3 décembre 1888.)
liMlraelloii pour len ««seii-reniiiiefi relative ^ îm. prophylaxie
de lA flêvre paerpéritie. — Le ministère chargé d«'S affaires
médicales en Prusse a fait paraître une instruction détaillée à
laquelle les sages-femmes sont obligées de se conformer. Dans
des considérations préliminaires, il est dit que chaque année
plusieurs milliers de femmes succombent à la lièvre puerpérale,
facile à éviter, difficile à guérir.
Les sages-femmes observeront en tout temps la plus grande
propreté; mais en présence d'une parturiente ou d'une accou-
chée, leurs mains, leurs bras et leurs vêtements seront rigou-
reusement nettoyés. Les manches seront disposées de fncoo
pouvoir être relevées jusqu'au milieu du bras; un grand tabli«r,
en étoffe claire et fraîchement lavé, couvrira la partie antérieurr
de leur vêtement. Les ongles seront coupés courts, à borJ-
lisses, nettoyés avec du savon et une brosse. Aux instrumenî-
qui leur sont déjà prescrits et dont elles doivent être munir-
dans l'exercice de leurs fonctions, elles ajouteront : un lablier
frais, du savon, une brosse à ongles et une serviette fraîche; ui-
flacon contenant 90 grammes d'acide phénique liquide pur, 1 1
portant sur l'étiquette : < attention! à n'employer qu'en solulio..
étendue >; un verre gradué pour mesurer 15 ou 30 gramme*-
d'acide phénique; un thermomètre; un irrigateur avec lube eo
caoutchouc et canule en verre.
Appelée auprès d'une parturiente, la sage-femme préparera
immédiatement deux litres d'eau phéniquée, en employant
30 grammes d acide phénique par litre. Elle veillera, autaui
que possible, à ce que la literie soit propre. Avant de faire ui.
examen intérieur, elle se lavera les mains et les bras avec dn
savon et de l'eau tiède, préalablement bouillie si cela est pos-
sible ; elle les plongera ensuite dans IVau phéniquée. Les orgaorx
génitaux de la parturiente ne seront jamais lavés avec des êpoD-
ges, mais avec du coton ou de la jute, l^a sonde et les ciseaux
seront plongés dans Teau phéniquée. Après l'accouchement le>
organes génitaux seront laves avec de leau bouillie et essuyée
avec de la ouate. Les injections vaginales et intra-utérines iif
seront pratiquées que sur indication du médecin, ou dans de<
cas spécifiés par les instructions ; mais elles ne pourront être
faites qu'avec de Feau phéniquée.
La sage-femme évitera autant que possible d*être en contact
avec des personnes atteintes de suppuration, de péritonite, de
métrite, d'éry>ipèle, de diphlhérie, de scarlatine, de variole,
de syphilis, de blennorrhagie, de fièvre typhoïde, de choléra,
de dysenterie. Si elle a été en contact avec ces malades ou avec
une accouchée dont les lochies ont une mauvaise odeur, elle
lavera ses mains ainsi que les bras dans de Teau phéniquée.
au moins pendant cinq minutes, et désinfectera également ie>
instruments employés. Si elle s'est trouvée dans le logement
d'une personne atteinte d'une de ces maladies, elle ne pourra
visiter aucune autre parturiente ou accouchée qu'après sVtre
désinfectée et avoir changé de vêtements. Mais, si une personne
atteinte d'une de ces affections se trouve dans son logement,
ou si elle soigne dans sa clientèle des malades atteintes de lièvre
puerpérale, péritonite et métrite puerpérales, elle devra deman-
der des instructions au médecin d'arrondissement et eu atten-
dant à un autre médecin. Pendant tout ce temps, il lui est
interdit de visiter une femme enceinte; il lui est défendu aussi
de visiter des parturientes ou des accouchées, sauf le cas de force
majeure. Même alors elle devra préalablement laver tout son
corps, se désinfecter et se revêtir de vêlements frais. {Berlin^r
klinische Wochensckrift, 24 décembre 1888.)
De rAClloB de t» teinture de StrepbAiitiia Koinké mmr Ir
eiiee du eoeur, par M. HAA.S. — L'auteur a expérimenté la tein-
ture au vingtième, sur vingt malades auxquels il a administn-
de quinze à trente-cinq gouttes par jour. 11 s'est servi de l'ap-
pareil enregistreur de Hoth qui est une modilication de celui do
Mathieu-Rurdon-Sanderson. Toutes les courbes ont été pn>e>
chez des sujets à température normale et dans la position hori-
zontale. La pointe du cœur ayant été déterminée par le doigt, il
a appliqué la pelote en ce point et pris le tracé avant toute
ingestion du médicament. La teinture de strophantus ayant été
administrée, il reprenait de nouveau le cardiogramme. i>an<
quelques cas, il a pris aussi le tracé de la digitale, afm de com-
parer les courbes des deux médicaments.
Les résultats ont été constants dans toutes les expérimenta-
tions : au bout de cinq heures déjà le strophantus manifeste
son action par un ralentissement des battements du cœur qui
diminuent de dix à vingt par minute, et par un affaiblissement
de l'énergie du choc du cœur. Le cœur devient manifestement
6 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 36 — 585
plus calme, et les malades éprouvent un sentiment de bien-être,
par suite de la disparition de Toppression. En appliquant ta main
sur la poitrine on constate cet affaiblissement du choc. Le car-
diogramme traduit cette diminution de Ténerufie du cœur par
la petitesse de la courbe dont les dentelures s'efTacent. Cet
effacement indique un affaiblissement de la contractilité des
éléments musculaires des vaisseaux, qui sont, de même que le
muscle cardiaque, paralysés en une certaine mesure par le
strophantus. Son action est donc différente de celle de lu digi-
tal », contrairement à Topinion de Fraser, pour qui le stro-
phantus est sans action sur les vaisseaux, mais excite la con-
tractiliié du muscle cardiaque, au point de le tétaniser à dose
toxique, et d'amener la mort en systole.
Il est donc plus que douteux que le strophantus augmente lu
pression vasculaire. Les faits cliniques observés par Tauteur ne
r«*pondent pas non plus à l'idée d'une augmentation de pression.
Dans un cas de mal de Brightaigu, Talbumine et le sang dispa-
rurent rapidement de Turine sous Tinfluence du strophantus,
ainsi que Thydropisie et le syndrome urémie.
Chez un enfant de deux ans et demi, atteint d'albuminurie,
d'œdème des paupières ci d'oligurie, consécutifs à une scarlatine,
les divers symptômes disparurent au bout de cinq jours sous
rinfluencc d'une dose journalière de dix gouttes de teinture.
Un infarctus hémoptoïque chez un malade atteint d'une lésion
mitrale moyenne, guérit promptemenl avec la teinture de stro-
phantus.
l'ne épistaxis grave chez un malade atteint de lésions mitrale
et aortique, s'arrêta rapidement sous son influence.
Os faits cliniques rendent manifeste Tact ion calmante du
strophantus sur le muscle cardiaque. Si ce médicament en exa-
gérait l'activité et augmentait la pression du sang, il en résul-
terait des hypérémies actives et des hémorrhagies dangereuses.
L*auteur se croit autorisé à conclure de ses recherches que la
tt*inlure de strophantus abaisse l'activité exagérée du cœur et
diminue en même temps la tonicité des vaisseaux. {Deutsches
Archio fur klinische Medicin^ 7 décembre 1888.)
Travaux A coi
ilter.
De la ckéosote dans la phthisie pilmonaire, par M. Ko-
itiNsoN. — L'auteur a employé ce médicament en inhala-
tions et à l'intérieur sur 150 malades et a constaté dans
la grande majorité des cas, la diminution de la touv et des
crachats, l'atténuation de la dyspnée et des sueurs nocturnes,
enfin l'accroissement de l'appétit. Ses inconvénients ont été,
dit-il, exagérés : pas d'hémoptysie, pas de troubles gastro-intes-
lijiaux excepté quand les doses étaient excessives. Bien que la
créosote ne soit pas un agent parasilicide, il procure donc des
améliorations notables et peut être prescrit avec avantage dans
toutes les périodes de la nmladie. Ces conclusions optimistes
conlirment celles de Gimberl et Bouchard en France et de
Soramerbrodi et Fraenkel en Allemagne. (American Juurn.of
ihe med, SciVnc/', janvier 1888.)
IJx CAS d'empoisonnement par la PYRiDiNE, par M. LUIGl
<:antu. — Un homme de dix-neuf ans est soumis aux trai-
tement par la pyridine, pour des convulsions tétaniformes.
O médicament était prescrit à titre de nervin et à la dose quo-
tidienne de 50 centigrammes, quand le troisième jour on con-
stata la coloration rouge foncé de l'urine. Ce liquide contenait
de la méthémoglobine et de Turobiline. A l'examen du s«ang, on
nota la décoloration des hématies et leur disposition en rou-
leaux. Leur nombre s'élevait à 2500000 par millimètre cube.
En présence de ces phénomènes toxiques, M. Cantu prescrivit
la diète lactée, mais les symptômes ne disparurent que dans
l'espace de douze jours et en laissant après eux une anémie
grave. Par contre, l'action nervine de la pyridine avait été nulle.
L* auteur conclut fue cette substance exerce sur les globules
sanguins une action d-'structive comparable à celle du pyro-
gallate et du chlorate de potasse. {Société médico-chirurgicale
de Padoue, 30 mars 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
Comiaeiit on fait parler !«*• sourds-maeto, par L. Go-
GUiLLOT» professeur à l'Institation nationale des sourds-
muets de Paris: précédé d'une préface par le docteur
LADREtT DE LA Charrière, médecin en chef de Tlnsli-
tution nationale des sourds-muets; avec 76 figures. Paris,
G. Masson, 1889.
La méthode orale pour l'enseignement des souids-muels
est la seule oui puisse les rattacher à la société des autres^
hommes ; telle est la grande raison qui a fait adopter défini-
tivement cette méthode, après bien des discussions et des
résistances, dans les institutions françaises. Elle est la plus
rationnelle; elle est aussi la première à laquelle on ait
pensé; on Ta pratiquée même avant Amman, médecin
suisse, établi en Hollande, qui en a magistralement exposé
les principes à la fin du dix^septième siècle. Après Âminan.
il n'y avait plus à inventer, mais seulement à perfectionner
et à développer; c'est ce que firent Heinicke, Pereire et
d'autres. La méthode orale se serait implantée en France
comme dans les autres pays de l'Europe si l'abbé de
l'Ëpée, philanthrope pressé de faii*e le bien, et qui d'ail-
leurs ignorait les travaux de ses prédécesseurs, n'avait
trouvé plus simple de développer chez les sourds-muets le
langage qui leur est naturel , celui des p;estes ou des
signes; le dévouement et le talent pédagogique des insti-
tuteurs français, Sicard, Bébian, Vaiade-Gabel, Vaisse,
permirent à celte méthode de rendre d'immenses ser-
vices qui firent longtemps illusion sur ses imperfec-
tions; grâce à elle on faisait, il est vrai, l'éducation
intellectuelle et morale des sourds- muets; mais ils
formaient ensuite une petite société fermée, une vraie
société secrète, qui avait ses préjugés, ses ridicules, une
sorte d'orgueil de caste assez déplacé. Les instituteurs
italiens, particulièrement Tabbé Tarra, parvinrent enfin à
persuader les instituteurs français, et, à la suite du Con-
grès de Milan (1880), la méthode orale pure fut adoptée
dans les institutions de Paris et de Bordeaux. M. Goguillot
fut alors chargé du cours d'articulation à Paris.
Il nous donne aujourd'hui les résultats de son expérience
et la théorie de sa pratique journalière dans un livre bien
composé, concis, oti rien d'essentiel n'est omis, et oii la
clarté du texte est rehaussée par une série de figures tout à
fait expressives et patlantes; on croit, en les voyant, assisler
à la classe que dirige l'auteur et le voir introduire de force
l'idée et Tacte de la |jarole dans les organes rebelles du
sourd-muet. Une pareille tnéthode est intimement liée aux
questions qui concernent la physiologie encore obscure de
la phonation ; à ce litre elle intéressera plus d'un médecin.
Chemin faisant, l'auteur explique les défauts les plus fré-
quents de la prononciation des enfants et indique les moyens
de les corriger; il explique également les changements
phonéti(jues qui dénaturent les mots avec le temps, et il
donne ainsi le secret de plusieurs lois de dérivation consta-
tées par les philologues; on voit que la science du langage
aura tout profit h connaître les principes sur lesquels se
fonde actuellement la pratique de Tlnstitution nationale
des sourds-rnuets de Paris. Signalons enfin celte thèse inté-
ressante de M. Goguillot : les sourds, qui ne sont pas muets,
ayant peidu Touïe après la première enfance, peuvent à
tout âge apprendre à lire la parole sur les lèvres d'autrui ;
il suffit pour cela de les y exercer selon les méthodes
aujourd'hui cla.ssiques dans l'onseigneinenl des sourds-
muets.
586 — N« 36 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Septembre 1889
Le docteur Ladreit de la Charrière a fait précéder l'ou-
vrage de M. Goguillot d'une préface très instructive, qui
traite principalement le côté médical du problème de la
surdi-mutité. Nul, on le sait, n*est plus compétent en cette
matière que le savant médecin de Tlnstitution de Paris.
C'est une chose remarauable que la variabilité du nombre
proportionnel des sourds-muets selon les régions; la Suisse
et la Savoie sont les pays qui en fournissent le plus grand
nombre; faut-il voir là une influence de l'altitude? Pour-
tant, certains départements absolument plats, comme le
Nord et la Gironde, en présentent un nombre relativement
considérable. Le docteur Ladreit de la Charrière arrive à
des conclusions plus positives quand il traite des causes
pathologiques de cette infirmité : il établit méthodiquement
que, dans la plupart des cas, la surdité provient d'une
maladie du premier âge, au lieu d'être congénitale, comme
on le croit généralement. Signalons encore dans cette pré-
face de remarquables considérations sur le rôle de l'héré-
dité et sur l'influence de la consanguinité; celle-ci n'a par
elle-même, contrairement au préjugé, aucune influence
fâcheuse; mais elle multiplie Tune par l'autre, comme un
coefficient redou'able, les tares organiques des ascendants,
et elle développe ainsi, entre autres germes de maladie,
ceux de la surdité congénitale ou précoce.
V. E.
Mibrobea ei
VARIETES
•leroble A l'Exposition anlvcraclle
do 1889.
Microbe et microbie ont fait leur apparition à l'Exposition
de 1889, leur première apparition à une Exposition univer-
selle. La chose s'est faite sans tapage ; les journaux de
médecine, les journaux spéciaux eux-mêmes n'en ont guère
f»arlé, et je gage que plus d'un lecteur de ces lignes ignore
a présence de la microbie à l'Exposition. La chose a pour-
tant une certaine importance : l'exposition ou plutôt les
expositions de microbie de 1889 sont intéressantes, méritent
d'être vues attentivement, et le fait seul de leur existence
est des plus significatifs.
En 1878 il n'était guère question de microbes dans le
monde médical. Les admirables travaux de M. Pasteur sur
les fermentations, la bière, le vin, lés maladies des vers à
soie, etc., jalons posés sur la route qui devait conduire aux
études sur le charbon, le choléra des poules, le rouget, la
rage et les vaccins, n'avaient pas eu dans le grand public
médical tout le retentissement qu'ils méritaient; l'immense
majorité des médecins ne se souciaient guère de ces infini-
ment petits, dont la découverte devait apporter dans les
sciences et les idées médicales la plus grande révolution qui
s'y soit jamais produite.
Les choses allaient rapidement changer dans la période
de 1878-1889. En 1877, M. Pasteur, en collaboration avec
M. Joubert, publiait sa première note sur le charbon et
apportait à la confirmation des belles découvertes de
Davaine le poids de sa grande autorité. Le charbon fut la
première maladie dont la nature microbienne ait été
affirmée; on sait combien le cercle des maladies micro-
biennes s'est élargi depuis lors dans cette période des douze
dernières années.
Il est à peine besoin de dire quelle place tient aujourd'hui
en 1889 la doctrine microbienne dans nos idées médicales.
Elle s'impose partout, et, dernière venue des sciences bio-
logiques, elle est incontestablement au premier rang. Mais
il y a mieux encore, le grand public, le public profane,
connaît le microbe, s'en préoccupe vivement, il sait quel il
est, quels sont ses méfaits, il croit fermement à son existence.
plus fermement que quelques médecins au scepticîsnitf
arriéré ou ignorant, dont le nombre diminue cha(|ue Jour.
La microoie a fait son apparition à l'Exposition; elle )
avait sa place marquée comme toutes les autres sciences se>
aînées que nous sommes accoutumés depuis longtemps â }
voir figurer. La place qulelle tient est modeste, assoréiiiem
trop modeste à notre avis; espérons qu'à la prochaine Expo-
sition elle sera, non pas mieux, mais plus largement repié-
sentée.
La Gazette hebdomadaire a bien voulu m'ofl'rir l'hospi-
talité dans ses colonnes pour une revue des microbes et de
la microbie à TExposition. Je désire tout d'abord dire en
deux mots ce que sera celte revue. Indiquer les emplace-
ments divers des vitrines, dire le nombre de tubes de
culture, les étiquettes qu'ils portent serait faire œuvre dv
guide exact et consciencieux, à coup sûr, mais fort ennuyeux,
ce qui serait un premier tort. Mais ce serait aussi commettrt>
une faute non moins grave, ce serait ne pas donner une idée
vraie de ce qui est.
Je l'ai dit, je le redirai plus longuement tout à l'heure. i\
n'y a pas une exposition, mais des expositions de microbie;
nous ne trouverons nulle part une exposition d'ensemble
mettant sous nos yeux tous les appareils, toute la série des
microbes connus dans leurs divers milieux de culture ; ce
!|ue nous trouverons surtout (en dehors des expositions de
àbricants d'appareils, et de l'exposition des vaccins char-
bonneux), ce sont des expositions partielles, des expositions
de laboratoire, nous racontant les travaux principaux passés
ou actuels, les tendances, les méthodes du maître qui dirige
le laboratoire, et de ses élèves.
C'est bien là l'impression qui se dégage de la visite aux
diverses vitrines de microbie.
Ce que chaque vitrine nous raconte, nous tâcherons de le
dire à nos lecteurs; nous ne nous contenterons pas d'énu-
mérer les objets exposés, nous dirons ce qu'ils nous ensei-
gnent, et derrière 1 exposition nous tâcherons de dégager la
figure scientifique de 1 exposant, du savant, dont nous dirons
rapidement les travaux principaux, les tendances, \e^
méthodes. Encore que les maîtres de la microbie française
soient bien connus de nos lecteurs, que leurs travaux leur
doivent être présents à l'esprit, l'occasion est trop belle de
parler d'eux, de les voir dans Tensemble de leurs travaui
de prédilection pour que nous ne la saisissions pas. >'olre
seul regret sera que tous ne soient pas présents et que tout
particulièrement les initiateurs de cette belle science, les
maîtres de l'institut Pasteur, manquent à l'appel.
Voici donc l'énoncé des divisions de cette revue:
I. Topographie des diverses expositions de microbie.
n. Les écoles vétérinaires : a. Ecole d'Alfort (exposition
de M. Nocard); 6. Ecole de Lyon (exposition de M. Ârloing):
c. Ecole de Toulouse.
III. L'Institut national agronomique (exposition de
M. Duclaux).
IV. Les vaccins charbonneux.
V. La Faculté de médecine (exposition de M. Cornil).
VI. Collège de France (laboratoire de M. Ranvier).
VII. Exposition de MM. Yvon et Berlioz.
VIII. Les appareils de microbie.
IX. La microbie française en 1889. Ses travaux, ses labo-
ratoires, ses centres d'enseignement, ses journaux.
I. — Topographie des diverses expositions
DE MICROBIE.
Les diverses expositions de microbie sont disséminées au
Champ de Mars, à l'esplanade des Invalides et dans les
galeries du quai d'Orsay.
a. Galeries du quai d'Orsay. Dans ces galeries, en péné-
trant par la porte voisine du Panorama transatlantique, nous
6 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 36 — 587
troavons les trois Ecoles vélérinaires, et les expositions de
inicrobie de MM. Nocard (Alfort)et Arloing (Lyon).
Dans ces mêmes galeries, plus près encore de la porte
d*entrée, est l'exposition de M. Duclaux (Institut agro-
nomique).
b. A l'esplanade des Invalides, dans le palais de l'hygiène
et de Tassistance publique, nous trouvons une exposition de
vaccins charbonneux.
c. Au Champ de Mars, dans le palais des arts libéraux,
1*''' étage, section de renseignement supérieur, sont les
expositions du professeur Cornil et du laboratoire du Collège
de France; au rez-de-chaussée, section de médecine et de
chirurgie, .est Texposiliou de MM. Yvon et Berlioz. Enfin,
dans ce même palais des arts libéraux^ tant au rez-de-
chaussée (section de médecine et de chirurgie) qu'au
1"^ étage (enseignement supérieur), nous trouvons les exposi-
tions des fabricants d'appareils pour la microbie.
II. —- Les Ecoles vÉTÉniNAiKEs.
/'
a. Ecole d'Alfort (exposition de M. Nocard). — b. Ecole de
Lyon (exposition de M. Arloing). — c. Ecole de Toulouse.
Je ne saurais trop, en commençant ce paragraphe, recom-
mander à tous nos confrères la visite de l'exposition des
trois Ecoles vétérinaires; elle est des plus intéressantes et
des plus inslruclives.
Les bibliophiles, les amateurs de beaux livres anciens
y admireront une superbe colleclion exposée par M. Ni-
colet, le bibliothécaire d'Alfort; il y a là dans la vitrine un
Parfait Maréchal et un Traité d" Hippiatrie^ dont les
frontispices sont un plaisir pour les yeux.
A signaler encore dans l'exposition d'Alfort une superbe
collection de parasites des animaux domestiques exposée
par M. Railliet, une collection de clichés photographiques
servant à la démonstration des cours d'ànotomie, de phy-
siologie, de police sanitaire et d'histoire naturelle.
Les expositions de Toulouse et de Lyon sont aussi pleines
d'enseignements.
C'est la première fois que nos Ecoles vétérinaires pa-
raissent dans les Expositions universelles, on ne peut que
se réjouir de les voir y figurer avec tant de succès. Je dési-
rerais vivement pour ma part que la vue de leurs collections,
de leurs méthodes d'enseignement éveillât la curiosité dans
le monde médical et inspirât à nos confrères l'idée de
faire plus ample connaissance avec les maîtres distingués
de ces Ecoles et avec leurs œuvres : il y aurait profit, et
large profil pour nous. J'en parle avec l'assurance d'une
expérience personnelle que je compte prolonger le plus
longtemps possible.
a. M. Nocard a réuni dans une vitrine une bien intéres-
sante exposition de microbie. Je l'ai dit plus haut : chacun
de nos inicrobiologistes a voulu surtout montrer le produit
de ses études, de ses principaux travaux. Rappeler quels
sont les travaux de microbie de M. Nocard sera donc énu-
mérer les points capitaux de son exposition.
Lorsquen. Koch, découvrant le bacille de la tuberculose,
donna la preuve tangible de la nature infectieuse de la
maladie, mise hors de doute par les admirables travaux si
longtemps méconnus ou dédaignés de Villemin, il ne réus-
sit qu'à grand'peine de maigres cultures du bacille qu'il
venait de faire connaître. Ces cultures il les faisait sur
sérum, et, ajoutons-le, sur mauvais sérum. L'illustre micro-
biologiste allemand ne comptait guère d'ailleurs sur ces
imparfaites cultures pour les progrès ultérieurs de nos
connaissances en matière de tuberculose.
Ce que Koch n'avait pu réussir d'une façon satisfaisante,
MM. Nocard et Roux l'ont fait; ils ont obtenu du bacille de
la tuberculose de belles et abondantes cultures.
Pour cette culture il faut encore (on ne doit pas l'ignorer)
certaines conditions spéciales; elle ne réussit pas dans tous
les cas, il s'en faut; la mise en train, la première culture
en d'autres termes, est surtout diflicile ; mais le bacille
acclimaté sur un premier milieu nutritif se prête ensuite
admirablement à la vie sur les milieux artificiels appropriés:
il pousse abondamment, il pousse de plus en plus vite.
Quelle fut la condition de réussite découverte par MM. No-
card et Roux? Chacun lésait, il a suffi à ces savants d'ajouter
aux milieux nutritifs ordinaires (bouillon, gélose, sérum)
une certaine quantité (5 à 8 pour 100) de glycérine pour
rendre le milieu favorable à l'évolution du bacille.
L'addition de glucose ou de dextrine et de peptone à ces
milieux glycérines les améliore encore et les rend propices
entre tous à la culture du bacille de Koch.
Avec ce bacille, cultivé de nouvelles et intéressantes
expériences devenaient possibles, de nouvelles acquisitions
étaient assurées. Je n en citerai qu'une bien frappante.
Inoculez ces cultures pures de tuberculose dans les veines
d'un lapin, d'une poule, l'animal maigrit et meurt rapide-
ment. Vous l'ouvrez : pas un seul tubercule macroscopique^
pas un ; explorez les poumons, le foie, la rate, vos recher-
ches seront vaines. Une seule chose est visible à l'œil nu : la
tuméfaction de la rate. Voilà donc une tuberculose infec-
tieuse, sans un seul tubercule, forme nouvelle, originale
de la maladie. La preuve de la nature tuberculeuse de l'af-
fection est facile à donner : la rate, le foie, sont remplis
de myriades de bacilles de Koch.
La vitrine de M. Nocard est riche en cultures de tuber-
culose ; voici d'abord, dans la partie droite de la vitrine,
une série de malras; ils renferment du bouillon peptonisé,
glycéronisé, glycosé, et chacun d'eux contient une culture
de tuberculose ; ici la culture est jeune; là, dans une série
voisine, elle est ancienne: le bouillon est fortement troublé,
louche, un dépôt s'est amassé dans le fond ; les parois sont
salies par un voile de culture. Dans la partie gauche de la
vitrine vous verrez une série de tubes de gélose glycérinée
glycosée, à la surface de laquelle s'étale ia culture de tuber-
culose avec son aspect tout spécial de traînée blanche, jau-
nissant légèrement avec le temps ; un tube de sérum gly-
cérine glycosé montre la culture du bacille de Koch sur ce
milieu. Plus favorable peut-être que la gélose pour la mise
en train de la culture, le sérum lui est inférieur dans la
culture en série.
Les premières cultures que tenta M. Nocard en 1885, il
les fit non dans un milieu glycérine, mais sur du sérum
peptonisé, salé et sucré; le sérum dont MM. Roux et Nocard
urent usage dans leurs premiers essais, celui qu'ils em-
ploient aujourd'hui, n'est pas récolté suivant la méthode de
koch, mais d'après un procédé infiniment plus sûr et
donnant un produit beaucoup plus beau. Ce procédé, nous
en voyons l'instrument dans la vitrine de M. Nocard sous
l'étiquette vase à sérum. C'est dans ce vase stérile que le
sérum coulera directement de la veine de l'animal (cheval
ou bœuf); le produit, nous le vovons dans deux pipettes
Chamberland contenant l'une du sérum de bœuf,
l'autre du sérum de cheval; tous deux parfaitement lim-
pides, d'un beau jaune ambré. Il suffira cle faire gélaliniser
ce sérum par la chaleur pour avoir un excellent milieu de
culture.
Poursuivons la revue de la vitrine; dans la partie gauche
nous voyons une série de matras de culture contenant du
lait coagulé; c'est sous l'influence du développement de
deux microbes différents bien curieux l'un et l'autre que
s'est faite cette coagulation.
Ces deux microbes sont les microbes des mammites :
mammite des vaches laitières; mammite gangreneuse
des brebis laitières (araignée), aue les travaux de M. No-
card nous ont fait connaître. Mes lecteurs ne sauraient m'en
vouloir de leur dire un mot de ces deux affections qui ne
588 — N* 36
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Septembre i889
leur sont peut-êlre pas très familières et qui pourtant pré-
sentent un très réel intérêt.
La maromile contagieuse des vaches laitières est extrê-
mement répandue et se caractérise surtout, en dehors de
lésions de la mamelle indurée en noyau, par Taltération
du lait qui se coagule rapidement au sortir du pis ; ce lait
est acide, il suffit d'une seule vache atteinte de cette mam-
mile pour faire coaguler toute la traite de la ferme ; il
suffit d'une seule vache malade pour introduire TafTection
dans une étable jusque-là saine, pour contaminer toutes
les autres vaches.
Le microbe agent de la mammile est un streptocoque
formant entre les globules du lait, sur une préparation, les
plus élégants dessins.
Quelques-uns des matras dont nous parlions ci-dessus
renferment une culture de ce streptocoque. Les autres sont
des cultures du microcoque de Taraignée.
Voilà une maladie bien élrange, bien saisissante. Les
bergers du pays de Larzac, voyant les mamelles de leurs
brebis ainsi frappées d'une gangrène foudroyante, s'étaient
imaginé que la piqûre d'une araignée en était la cause, de
là le nom expressif d'araigfwêe sous lequel celle mammite
était connue. En vingt-qualre à quarante-huit heures, la
mamelle est gangrenée et l'animal est tué. Lésions de la
mamelle, infiltralion œdémateuse du tissu cellulaire sous-
cutané de la région inférieure du tronc, lésions congestiyes
de l'intestin : voilà l'anatomie pathologique de la maladie.
Le microbe n'existe que dans le lail, et l'œdème nulle
part ailleurs, et pourtant l'animal est tué en quaranle-huil
heures ; on se figure de quelle toxicité effrayante sont les
produits élaborés par ce terrible microcoque.
L.-II. Thoinot.
(A suivre,)
NECKOLOGIE
La semaine dernière nous apprenions la mort tragique de
M. Louis Âlcindor, interne des hôpitaux, victime d'un accident
sur les bords du lac de Thun, à Gimlt^n, le 22 août, quelques
heures avant son retour à Paris.
Louis Alcindor, né à la Pointe-à-Pitre eu mars 1803, vnil de
bonne heure en France. Il y lit des études sérieuses qu'il ter-
mina au lycée Louis-le-Gralul. Il prit sa première inscription à
rÉcole de médecine en 1880; puis fut nommé en 1882 exlerne
des hôpitaux. Un deuil cruel et la pieuse mission de ramener
en France les restes de son frère mort à Alger robligèrenl à
abandonner le concours de l'internat, au mois d'oclobre i885.
L'année suivante, il obtint la troisième place à ce même concour."'.
D'abord interne à Bicétre, dans le service de M. Charpentier,
puis à la Charité dans celui de M. Desnos, il faisait sa troisième
année d'internat auprès de M. Dujardin-Beaumetz, à Thôpital
Cochin. En même temps il travaillait à sa licence es sciences
naturelles, qu'il comptait acquérir dans quelques semaines.
Tel est le résumé succinct de sa vie ; c'est à peu près This-
toiro des cinquante internes qui tous les ans se repartissent
dans les services hospitaliers. Mais ceux qui connurent Alcindor
savent quelles espérances étaient fondées sur lui et combien peu,
parmi ses collègues, avaient les mêmes chances de fournir
une éclatante carrière.
Vivant au milieu des siens, occupé des soins de sa famille, de
l'éducation de son petit enfant et du fils de son frère que son
affection avait adopté, il travaillait assidûment et sans bruit.
D'une modestie exagérée, il ne recherchait nullement celle
attention dont il était l'objet partout où il était présent. Pour
ses camarades, ce fut le meilleur compagnon. H s'était confiné à
dessein dans la fréquentation d'un nombre trêslimilé d'inlimes :
il s'élait donné à eux tout entier. Pour ceux-là, sa perte est
cruelle.
Les obsèques d'Alcindor ont eu lieu le 26 août, à Paris.
Ses. collègues et ses amis des hôpitaux lui rendirent les
derniers devoirs. L'administration de l'Assistance |)u})lique et
M. le directeur dh Cochin honorèrent dignement ses funérailles.
Les malades de son service lui envoyèrent leur touchaot ténio.-
gnage de reconnaissance. Et M. le docteur Charpentier, méderiii
de liicêtre, lui fit, au nom de tous, un adieu plein de cœur "i
d'émotion. Pendant un an, Alcindor était resté auprès de liii,«t
lui avait laissé cette belle impression exprimée publiquenieut sur
sa tombe.
Les amis d'Alcindor, s'ils ont l'inappréciable regret de n*<ivi>ir
de lui aucun écrit suivi, retrouveront au moins dans ses Iî^t»**
préférés les annotations nombreuses qui leur rappelleront l'éclai
de son esprit, les vastes conceptions de son intelligence et U
sûreté de son jugement.
A. LÉTIENNE.
— Nous avons le regret d'annoncer le décès de MM. If>
docteurs Dupouy, de Bordeaux; Saint-Cyr père, de Never> ;
Wasseige, professeur d'obstétrique à la Faculté de Liège; Moli.
professeur de chirurgie au Belle vue hospital médical collège de
New-York.
Exposition. — M. le docteur A.-J. Martin fera le mercred
18 septembre, à quatre heures, une conférence publique, dan^
la salle des conférences du Trocadéro, sur c Uiygiào^ ei /«•«
hygiénistes autrefois et aujourd'hui ».
Mortalité a Paris (34" semaine, du 18 au :2l aont
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, :u».
— Variole, 2. — Rougeole, 9. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 7. — Diphthérie, croup, 35. — Choléra, 0. — Phlbisit
pulmonaire, 175. — Autres tuberculoses, 16. — Tumeurs :
cancéreuses, 54; autres, 9. — Méningite, 35. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 51. — Paralysie, 8. —
Ramollissement cérébral, 9. — Maladies ethniques du cœur, X\K
— Bronchite aiguë, 14. — Bronchite chronique, 16. — Broacho-
Eneumonie, 18. — Pneumonie, 32. — Gastro-entérite: sein, 23;
iberon, 101. — Autres diarrhées, 2. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 6. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 22. — Sénilité, 30. — Suicides, 10. — Autres morts
violentes, 9. — Autres causes de mort, 140. — Causes
inconnues, 12. — Total : 929,
OUVRAGES DËPOSËS AU BUREAU DU JOURNAL
Manuel pratique de la garde-malade et de l'infirmière, publié par H. le docif«r
Bourncvîlle, avec la collaboration de MM. Blondeau, dn Boyer, Ed. Bri;««a»1.
Budin, P. Kéraval, G. Manoiiry, Monod, Poirier. Ch.-H. Petit Veodol. Pimm.
P. Hegiiard, Sovestrc, Sellier et P. Yvon. 4* édition revue et augmeiUv^.
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ministre de l'Instruction publique, par M. P. Raymond. Uno brochure in-H^ dr
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éUologie de la myoïiie, par M. le docteur G. Martin. 1 vol. îu-8*. Paris. Lecro^iiirr j
et Bab(>. t (r.
G. Masson, Propriétaire-^Gérant,
"iOUîm — HoTTBROt. — Imprimerie! réunioi , ▲, rue Higoon, t, Paris.
Trente-sixième année
N^ 37
13 Septembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D*" L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, G. DIEULAFOY, OBEYFUS-BBISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
soif MAIRE. — Bulletin. -> THénAPBUTiQUB. Les dangers et la toxicité des
antithermiqnes analgésiques de la famille des aniiides. — Travaux orioinaux.
Pathologie interne : De la récidive de la fièvre typliolde; nouvelles preuves à
l'appui. — Hémoptysie d'origine externe. — SociBrée savantes. Académie
des sciences. — Académie de médecine. — RsvuB DBS journaux. Chirurgie.
— BIBLIOORAPBIB. De l'hémiplégie dans quelques affections nerveuses (ataxio
locomotrice progressive; sclérose en plaques, hystérie, paralysie agitante). —
VARiBTés. Microbes et microbie à l'Exposition universelle de 1889. — Corps de
santé militaire.
BULLETIN
Paris, a septembre 1889.
Académie de médecine : Absinthiane. — Congrès inter-
national de médecine vétérinaire : Prophylaxie de la
inbercaloee; poli«se aasitalre de« éplrnooCles.
Les curieuses recherches, communiquées par MM. Cadéac
et Albin Meunier à l'Académie, serrent d'un peu plus près
qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, le problème toujours grave
de Tabsinthisme. Dans ces recherches, il nous parait y
avoir deux éléments à considérer : d'une part, l'élégance de
la méthode expérimentale, simplifiée grâce à l'appareil de
Chauveau et habilement mise en œuvre; d'autre part, leurs
conséquences au point de vue de la consommation et de la
toxicité relative des divers composés examinés. Si Ton rap-
proche ces expériences de celles de MM. Maurice Perrin,
Dujardin*Beaumetz et Âudigé, Lancereaux, Laborde et
Magnan, etc., pour ne citer que nos compalriotes, on est
frappé des caractères toxiques qu'on vrencontre constam-
ment chez tous ces produits imaginés depuis peu d'années
et dont on ne sait si l'on doit le plus redouter l'arôme ou les
soi-disant qualités apéritives. La liqueur d'absinthe est un
poison plus ou moins lent, mais sûr, personne ne l'igno-
rait; mais il est intéressant devoir que c'est à l'anis et à la
badiane .qui y entrent, pour une part relativement impor-
tante, que l'intoxication est due bien plutôt qu'à l'essence
d'absinthe elle-même. Si l'on poursuit celte sorte de disso-
ciation des éléments qui entrent dans la fabrication des
liqueurs, on arrivera peut-être à pouvoir éliminerde leur pré-
paration les produits les plus dangereux et, sans en modi-
fier outre mesure le goût, à en diminuer la toxicité jusqu'à
la rendre presque insignifiante. C'est là assurément l'un
des plus heureux résultats que l'on peut espérer de la
continuation et de la généralisation des recherches de
MM. Cadéac et Albin Meunier, et ces résultats auront sur la
santé publique une importance dont on ne connaît pas assez
toute la valeur. Nous n'en citerons pour preuve que le fait
«• Série, T. XXVI.
suivant : en rentrant hier de l'Académie nous avons eu la
curiosité de compter les consommateurs attablés devant les
cafés que nous trouvions sur notre chemin, au nombre
de 17 : nous y avons aperçu 227 buveurs, dont 183 buvaienf
de la liqueur d'absinthe !
— C'est aussi une question de consommation, intéressant
encore davantage la santé publique, que le Congrès interna-
tional de médecine vétérinaire a traité la semaine der-
nière. Au lendemain des discussions, ébauchées devant
l'Académie, sur la prophylaxie de la tuberculose à propos
des Instructions populaires, rédigées par la Commission
permanente du Congrès de la tuberculose, il n'est pas sans
intérêt de savoir comment celle question est envisagée par
le corps des médecins-vétérinaires. Sur un rapport très
remarquable de M. Arloing, le Congrès a été unanime pour
demander que la tuberculose soit partout classée parmi les
maladies contagieuses, visées par la police sanitaire. Il y a
lieu d'éliminer de la consommation de l'homme et des
animaux les viandes provenant d'animaux tuberculeux,
mammifères et oiseaux, quel que soit le degré de la tuber-
culose et quelles que soient les qualités apparentes de la
viande. On peut toutefois permettre l'utilisation du cuir et
des productions cornées du bœuf tuberculeux après les
avoir désinfectées, ainsi que l'utilisation du suif s'il y a lieu.
D'autre part, il doit être interdit de faire servir le lait des
vaches tuberculeuses à l'alimentation de l'homme; pour
cela, une surveillance convenable est nécessaire sur les
vacheries entretenues dans les grandes villes ou à leur
voisinage pour la production du lait, et il importe de
répandre par tous les moyens possibles l'usage de faire
bouillir le lait, dont on ignore la provenance, avant de le
consommer. Ces déclarations consacrent de nouveau l'opi-
nion soutenue devant l'Académie par MM. Villemin et Ver-
neuil ; il faut espérer que la Commission, nommée pour
clore ces débats, apportera une solution précise, adoptant
cette opinion, ou, si elle croit devoir en proposer le rejet,
ne se déterminant que d'après des faits positifs nettement
établis. Il n'est plus permis en effet d'effleurer seulement
une telle question ; l'hygiène publique exige qu'une solution
ferme intervienne, sinon l'opinion restera désorientée, pour
le plus grand dommage des populations de plus en plus
décimées par ce véritable fléau, plus dévastateur que les
pestes de l'antiquité ou les maladies exotiques de nos
jours. Tarir l'une des sources les plus probables de la
tuberculose humaine, tel est le but à atteindre.
Malheureusement ici, comme pourtant de questions sani-
87
590 — N* 37 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Septembre 1889
taires, la prophylaxie individuelle ne saurait suffire ; aussi
le Congrès a-t-il dû proclamer la nécessilé absolue de gé-
néraliser rinspection des viandes de boucherie et de ia
confier exclusivement aux vétérinaires, seuls compétents
pour apprécier la salubrité ou le danger de ces viandes.
Jusqu'ici, cette inspection n'existe en réalité que dans les
grandes villes; aussi les propriétaires des animaux suspects
les font-ils abattre dans la banlieue ou dans les villages, où
les tueries particulières des bouchers et des charcutiers ne
sont pas effectivement soumises à la surveillance des vété-
rinaires sanitaires; il en résulte que ces viandes insalubres
sont consommées dans les campagnes ou sont expédiées
dans les grandes villes, sous une forme qui ne permet pas
ou ne permet que rarement d'apprécier leur état de salu-
brité. Pour supprimer cet état de choses et avec lui les acci-
dents fréquents et graves que provoque l'usage alimentaire
de ces viandes malsaines (et ceux qui viennent de se pro-
duire au camp d'Avor en sont un saisissant exemple), le
congrès a demandé que les tueries privées soient fermées
et que les bouchers et charcutiers ne puissent abattre leurs
sujets que dans un abattoir communal ou cantonal, toujours
ouvert à la surveillance rigoureuse des agents sanitaires.
D'autre part le Congrès a fixé la nomenclature des épizoo-
ties pour l'extinction desquelles il est nécessaire de recou-
rir à l'abatage des animaux malades et il a voté la création
d'une caisse spéciale des épizooties, destinée à assurer le
payement des indemnités dues aux propriétaires de ces
animaux, en réparation des sacrifices qu'on leur impose au
nom de l'intérêt commun. Enfin, il a formellement demandé
qu'il fût établi une convention internationale concernant les
mesures à prendre contre les épizooties et il a tracé les
grandes lignes du service sanitaire international à instituer.
La haute utilité de ce service n'est plus à démontrer; s*il
eût existé en 1865, la Hollande et l'Angleterre eussent cer-
tainement échappé aux effroyables ravages de Tépizootie
de peste bovine qui décima leur bétail et dont la France ne
fut préservée que par la clairvoyance et Tesprit de décision
de l'illustre H. Bouley, dont la statue a été solennellement
inaugurée il y a huit jours à TÉcole d'Aifort.
THERAPEUTIQUE
dancera «i ïïm toxlelté dea «ntitheriiilqoefl aaalgé-
•Iqaes de la faiiillle de« «ollldea.
Il est grand temps que les physiologistes viennent au
secours des thérapeutistes. Ils apporteront fort h propos,
je pense, quelque lumière et un peu d'ordre dans l'étude
des agents auxquels on décerne le nom générique d'anti-
thermiques analgésiques.
Ils sont nombreux; ils sont variés : chaque jour on en
annonce de nouveaux, et, à entendre leurs inventeurs, ceux
d'aujourd'hui surpassent toujours ceux d'hier. Que seront
donc ceux de demain?
L'autre jour, pendant le débat académique sur le diabète,
un orateur demandait aux initiateurs de remèdes inédits de
multiplier Texpérimentation de ces médicaments sur les
animaux avant de les administrer à Thomme. Ces doléances
sont raisonnables. Plus d'un praticien les formule ; car plus
d'un a, dans ces derniers temps, appris à redouter les sur-
prises que les improvisations thérapeutiques réservent au
médecin et au malade.
Commentse reconnaître dans cette foulede médicaments?
Beaucoup possèdent entre eux une parenté chimiqae. Ne
serait-il pas profitable de comparer les propriétés de chacun
d'eux, de les grouper ensuite et de déterminer ainsi le
signalement physiologique du groupe auquel ils appar-
tiennent? Après la synthèse, l'analyse; en thérapeutique
tout comme en logique, il semble qu'on s'accommoderait
bien de cette méthode.
Je le prouve en entrant dans l'examen comparatif des
propriétés de quelques antithermiques analgésiques de la
famille chimique des anilides. Toutefois, avant de pénétrer
plus avant, je tiens à constater qu'il ne s'agit pas ici d*uu
procès de tendance, mais d'une question d'actualité dont la
discussion impartiale est, somme toute, bien à l'ordre du
jour.
I
L'histoire générale des antithermiques analgésiques e^
courte et surtout banale. Inutile d'insister sur ses dive/s
épisodes.
En 1874, Buss et Reissos administraient l'acide saliry-
liqueaux fiévreux. C'était un retour de quarante-sept années
en arrière et aux tentatives trop peu citées de Leroux (de
Vitry-le-François).
En 1876, Stricker l'applique au traitement du rhuma-
tisme articulaire aigu. Il abaisse ainsi la température, calme
la douleur, et, sans prévoir la nomenclature de l'avenir,
acquiert ainsi à Tacide salicylique le droit de porter le nom
alors inconnu d'antithermique analgésique.
Auparavant, faut-il le rappeler, on avait prescrit l'acide
phénique contre la fièvre et reconnu ses inconvénients.
En 1877, Andeer, en Allemagne, M. Dujardin-Beaumetz
en France, substituent la résorcine à l'acide phénique.
On essaye aussi la pyrocatéchine et l'hydroquinone. Ces
tentatives eurent pour objet l'utilisation des dérivés hy-
droxylés du benzol et pour résultat, je m'empresse de
l'ajouter, des échecs quand on voulut les employer au titre
d'antitherraiques analgésiques.
Alors, deuxième période de l'histoire médicale des anti-
thermiques analgésiques. On s'adresse à la quinoline, ou
plutôt à deux benzols qu'on en obtient : la kairine en 188i
et la thalline en 1883. C'était une erreur; ces corps sont
des poisons du sang : on reconnaît leur action destructrice
sur l'hémoglobine, et on les abandonne.
Le découragement envahit le camp des inventeurs. D'aban-
don en abandon on allait même abandonner les dérivés de i
la quinoline, au moment où — découverte opportune
Knor obtient la dyméthyleoxyquinizine qui, on le sait assez,
a obtenu toutes les faveurs des thérapeutistes sous le nom
d*emprunt d'antipyrine.
Nous sommes en 1886 : c'est Tannée où l'acétanilide
prend place dans l'arsenal des médicaments antithermiques.
C'est l'année où les observateurs orientent différera meni
leurs recherches et demandent à la famille des anilides
des médicaments susceptibles de faire concurrence à rarili-
pyrine.
Un an après, on essaye l'acétophénétidine, dont on
change le nom en celui de phénacétine. Passons, cet amido-
phénate d'éthyle ne possède qu'une parenté collatérale avec
les anilides.
En 1888, Kohn et Hepp signalent la benzanilide; et, tout
récemment, en 1889, H. Dujardin-Beaumetz présente â
l'Académie des sciences et recommande aux médecins Texal-
13 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 37 — 591
gine, qu'il Yenail, avec M. Bardet, de prendre pour une
toluide, mais qui, il l'a loyalement reconnu depuis, n'est
autre que la méthylacétanilide, substance découverte, il y a
quatorze ans, parBeilstein et Kuhiberg, décrite par HofT-
inann, et, enfin, durant l'hiver dernier, étudiée par M. Binet
(de Genève).
Le 9 mars dernier, cet habile observateur exposait, en
effet, aux membres de la Société de chimie de Genève le
résumé de ses travaux, et devaAçait la note que nos savants
compatriotes communiquaient huit jours plus tard à l'Aca-
démie des sciences.
Mais je m'arrête, il en est temps. Actuellement, on le
voit, les thérapeutistes ont pour tendance d'emprunter
des remèdes à la famille des anilides. N'est-il pas urgent,
utile et prudent de mesurer la valeur physiologique et la
toxicité de quelques-uns de ces agents médicamenteux?
M. Binet a essayé, dans ce bul, la formanilide, la méthyl-
formanilide et la méthylacétanilide. On en trouvera l'exposé
dans les numéros d'avril et de mai dernier de la Revue médi-
cale de la Suisse romande^ sous le titre de Recherches
physiologiques sur quelques anilides.
De notre côté, au laboratoire de thérapeutique de l'hô-
pital Bichat, j'ai aussi étudié sur les animaux les effets de
l'exaigine, c'est-à-dire de la méthylacétanilide des chi-
mistes que M. H. Huchard essayait sur les malades de son
service. J'emprunte donc à ces sources les documents phy-
siologiques nécessaires à mon argumentation.
II
Inutile de s'attarder à la composition de ces anilides.
Les chimistes nous ont appris leur analogie avec les
amides. L'aniline ou phénylamtne, cela va sans dire,
est le type du groupe. Que dans sa formule C^H^AzH%
on remplace un équivalent d'hydrogène par le radical for-
royle ou par le radical acétyle, on obtient la formanilide
C«H^Az,H,HCO, etracétanilideC»H5Az,H,CH3,C0. Ce sont
des anilides simples.
Les chimistes nous enseignent encore qu'un second équi-
valent d'hydrogène demeure en disponibilité, et que ces
anilides simples deviennent au besoin des anilides composés
par la substitution du radical alcoolique méthyle à cet
équivalent d'hydrogène. D'où l'origine de la méthylforma-
nilide représentée par C«H'^Az,CH*,HGO, et de la méthyl-
acéunilide avec C*H^Az,CHSCH*GO pour formule.
Ces corps — est-il besoin de le dire? — occupent une
position modeste dans la hiérarchie chimique des anilides.
Ils ont, par contre, une propriété précieuse pour l'expéri-
mentation, et que d'autres, plus élevés dans la série, ne
possèdent point : je veux parler de leur solubilité dans
Télher, l'alcool et l'eau légèrement tiédie. Enfin, ajoutons
que si la méthylformanilide est un liquide faiblement odo-
rant, peu coloré et légèrement volatil, la formanilide et la
méthylacétanilide se présentent sous la forme cristalline, et,
conséquemment, s'obliennent à l'état de pureté absolue.
Assez de chimie : quelle est l'action physiologique et
toxique de ces anilides? Correspond-elle aux puissantes
propriétés chimiques de ces corps? Que l'on en juge.
Voici la formanilide et la méthylformanilide. Malgré la
diversité de leurs qualités physiques et de leur constitution
physique, malgré la présence du radical méthyl dans la
seconde, elles n'en provoquent pas moins des effets physio-
logiques absolument semblables chez les batraciens, les
oiseaux ou les mammifères.
La première est sans doute moins active que la seconde.
Pour tuer un cobaye, il faut 7 décigrammes de formanilide
et seulement 4 à 5 centigrammes de méthylformanilide par
chaque 100 grammes du poids de l'animal. Eh bien, la
méthylformanilide possède une toxicité plus grande, et j'ai
vu 15 milligrammes de cette substance entraîner la mort
rapide, quand, pourun cobaye du même poidsde300 grammes,
il fallait injecter cette formanilide à la dose de 3 à 4 centi-
grammes.
Ces chiffres permettent donc d'ordonner ces quatre ani-
lides en fonctions de leur puissance toxique : au premier
rang, la méthylacétanilide; au second, l'acétaniliiie et la
méthylformanilide; au troisiènoe, enfin, la formanilide.
Ils légitiment encore une autre conclusion, à savoir que
la toxicité des antithermiques de la famille des anilides
augmente en raison directe de leur poids moléculaire.
Voilà, ce semble, des résultats expérimentaux dignes de
méditation pour les observateurs qui s'efforcent de trouver
un antithermique analgésique parmi les corps de cette
famille. Après cela, il serait fort naïf de rappeler les ser-
vices que la physiologie expérimentale ainsi appliquée rend
à la clinique, si nous n'étions pas dans un. temps où on
semble parfois les contester.
III
Comparons le mode d'action de ces anilides sur l'orga-
nisme des animaux. Nous y trouverons peut-être le secret
de leurs vertus médicinales et des dangers de leur admi-
nistration aux malades. La formanilide, la méthylforma-
nilide et la méthylacétanilide modifient la plupart des
grandes fonctions : système nerveux, système musculaire,
circulation, hématose.
Elles altèrent le sang. Après l'administration de l'acéta-
nilide, le sang artériel des animaux change de couleur; de
rutilant, il devient brunâtre ; d'où celte anémie, signalée par
M. Lépine, par l'emploi prolongé de ce médicament, d'où
aussi la cyanose des téguments dans les cas d'empoisonne-
ment thérapeutique aigu. Au moyen de l'ingénieuse méthode
hématoscopique de notre savant confrère M. Hénocque, on
reconnaît la réduction graduelle de l'oxyhémoglobine et
l'apparition de la raie de la méthémoglobine dans le champ
du spectroscope. Les hématies, il est vrai, ne sont pas
détruites, la numération le prouve; elles conservent leur
forme; cependant voici que l'analyse des gaz extraits du
sang par la pompe à mercure démontre une diminution
de l'oxygène ; voici de plus qu'analysé par M. Aubert, le
liquide sanguin contient une moindre proportion de fibrine.
Ces données expérimentales ne sont pas inédites. L'acé-
tanilide, on le sait bien, est un poison du sang et un modé-
rateur de l'activité des échanges. La formanilide et la
méthylformanilide et surtout la méthylacétanilide lui sont-
elles supérieures à ce point de vue? C'est là ce qu'il im-
porterait de démontrer. Les faits répondent négativement.
Je le prouve. Que l'on administre aux animaux une dose
sufTisamment élevée de formanilide ou de méthylforma-
nilide, on observe de la cyanose et le sang artériel devient
brunâtre. Par l'examen speclroscopique, M. Binet a vu la
raie de la méthémoglobine; par contre, l'appareil de Sahli
permet de constater l'absence de variation dans la valeur
colorimétrique et le compte-globules de Malassez, l'absence
59i — N* 37 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Septembre 1889
de toute modification quantitative des cléments figurés du
sang.
Avec la méthylacétanilide, mêmes phénomènes: cyanose,
coloration jus de pruneaux du sang, réduction de Toxylié-
moglobine, abaissement de 10 pour 100 de la valeur colori-
métrique du sang, diminution, assez faible d'ailleurs, du
nombre des globules ; dans le sang d'un cobaye mis en
expérience par M. Binet, leur nombre descendit de 3700000
à 3050000.
Ces composés de la famille des anilides partagent donc
bien avec Tacétanilide le redoutable privilège d'agir comme
des poisons du sang et de produire l'asphyxie des hématies.
Ces dangers ont fait naguère condamner l'emploi de
l'acétanilide. Ne suffisent-ils pas pour mettre en défiance
contre la prétendue innocuité des autres anilides et en par-
ticulier de la méthylacétanilide?
IV
Après le sang, les vaisseaux et le cœur. Ces substances
modifient la circulation, L'acétanilide augmente la tension
artérielle à faibles doses thérapeutiques; elle l'abaisse à
doses toxiques. La formanilide et la méthylformanilide
exercent une action moins nette sur la pression artérielle.
Dans l'une de ses expériences, M. Binet l'a vue s'abaisser;
dans une autre, il a noté son augmentation. Voilà donc des
résultats contradictoires.
Avec la méthylacétanilide, ils le sont moins; par l'injec-
tion intraveineuse de ce médicament, la tension augmente
chez le lapin. M. Binet a pu le remarquer et nous l'avons
aussi constaté. Que conclure? Sinon à la faible influence
des anilides sur la pression artérielle et à la modestie de
leurs propriétés vasculaires.
Agissent-elles plus sur la respiration ? Toutes accélèrent
et troublent les mouvements respiratoires. Par leur
ensemble, ces troubles révèlent une dyspnée toxique. En
fait, ce sont là des phénomènes d'asphyxie.
Inutile de s'arrêter plus longtemps sur ce point. J'arrive
à V action des anilides sur la température.
On espérait obtenir d'elles des effets antithermiques.
Cette espérance était-elle légitime?
Les doses faibles de formanilide et de méthylformanilide,
d'après M. Binet, abaissent constamment et graduellement
la température de 1 à 2 degrés, après quelques instants.
Après les doses moyennes de 4 à 5 degrés, la colonne ther-
mométrique descend pendant trois quarts d'heure. Après
des doses mortelles, sa chute est considérable et elle va
jusqu'à 12 à 15 degrés dans l'espace de deux à trois
heures.
Même proportionnalité entre la toxicité des doses
employées et la diminution de la température, quand on
injecte la méthylacétanilide sous la peau, dans le rectum ou
dans l'estomac des animaux. A doses physiologiques? Un
abaissement de 1 degré. A doses toxiques ? Chute de la
(olonne Ihcrmométrique allant à 8 degrés dans nos expé-
riences et jusqu'à lu dans celles de M. Binet.
Bref, ces anilides abaissent la température, à la manière
de l'acétanilide, en ralentissant les échanges et en diminuant
les oxydations.
Antithermiques ils sont donc, personne n'en doute. Il
resterait à savoir s'ils peuvent prétendre au rôle si impor-
tant d'antihyperthermique, selon l'expression si clinique et
si judicieuse de M. Huchard. L'expérimentation physiolo-
gique ne le dit pas et ne peut pas le dire. D'autre pari ces
essais cliniques offrent des dangers. Admettre que ces agen!^
sotiii^s modificateurs de la température cs\ donc exact:
aller au delà, serait téméraire.
V
Quelle est la voie d'élimination de ces anilides? L'urine
des animaux soumis à l'action de ces substances réduit la
liqueur cupro-potassique et, de l'avis de M. Binet, en raison de
la présence probable d'un dérivé glycuronique.De plus, par
l'iodophénol réaction, notre confrère genevois a décelé dnns
ce liquide la présence du para-amidophénol. Ce sont aussi les
réactions signalées dans les urines par MuUer, Jaffe,
Hubert, Borner et autres, après l'administration de rari'-
tanilide.
Est-il besoin de développer les conséquences cliniques de
ce fait? L'intégrité du rein des malades auxquels on admi-
nistre ces substances sera une nécescita et une ganm/iV
contre l'intoxication. On s'en doutait bien d'ailleurs. D*anlrv
part, d'après la présence du para-amidophénol dans \e<
urines, on conclura que les anilides s'oxydent dans l'or^i^a-
nisme et on soupçonnera à titre d'hypothèse, mais seule-
ment à ce titre, que cette oxydation se produit aux dépens
de Toxyhémoglobine.
On a émis des hypothèses plus téméraires, celle-ci on
vaut bien d'autres. Elle suffit pour excuser les scrupules tlo
ceux qui hésitent à prescrire de tels agents médicamenteux.
Trêve aux hypothèses, les faits suffisent, arrivons à Vin-
fluence de ces agents sur le système musculaire et /f
système nerveux.
L'expérimentation a donné les résultats suivants : ks
doses modérées de formanilide provoquent l'inertie muscu-
laire, la lenteur des mouvements, une sorte de torpeur,
l'abolition ou du moins la diminution des réflexes. Eu
arrêtant ici l'expérience, l'animal peut survivre; il survit
même le plus souvent. Dans l'espace de quelques heures,
s'il s'agit d'un mammifère, et de quelques jours, sll s'agit
d'une grenouille, les troubles musculaires s'atténuent, la
motilité reparaît, mais, phénomène bien constaté par
M. Binet chez les batraciens, il reste du tremblement et
de l'ataxie des mouvements.
A doses plus élevées, l'abolition de la motilité est absolue
et l'excitabilité nerveuse presque éteinte. Plus de réponse
au choc galvanique dés nerfs. Un bruit subit, le claquement
des mains, provoque bien encore une secousse musculaire
dans les membres. Puis, c'est tout. L'animal, inerte, courbé
sur le flanc et les yeux mi-clos, est en collapsus, mais sans
convulsions, sans perte des réflexes et sans abolition de la
sensibilité à la douleur.
Administre-t-on d'emblée une dose hypertoxique de for-
manilide ou de méthylformanilide? La période de torpeur est
abrégée, des convulsions toniques secouent les membres,
mais ces convulsions durent peu, la respiration s'embarrasse,
les muqueuses se cyanosent, la température s'abaisse rapide-
ment et la mort arrive pendant le coma* C'est du collapsus
avec convulsions.
La formanilide et la méthylformanilide sont donc des
agents qui paralysent la motilité. C'est une propriété que la
méthylacétanilide partage avec elles.
Les grenouilles auxquelles M. Binet injectait cette
substance éprouvaient une semblable inertie et une sem-
blable torpeur musculaires. Cependant laissons ces batra-
13 Septbmére 188» GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 37
593
ciens et arrivons aux animaux occupant un rang plus élevé
dans la hiérarchie zoologique.
L'action de la méthylacétaniiide sur les mammifères
inléresse plus directement les Ihérapeulistes. Voici en
abrégé le procès-verbal de Tune des expériences entre-
prises au laboratoire de thérapeutique de l'hôpital Bichat. Un
cobaye de 200 grammes reçoit sous la peau de l'abdomen
2 centigrammes de méthylacétaniiide. Cette substance —
est-il besoin de le répéter — n'était autre que J'exalgine
fournie au laboratoire par la pharmacie de l'hôpital et
proposée pour l'usage des malades.
L'injection est douloureuse; une minute s'écoule. Tanimal
tremble et marche en sautant. Vers la fin de la seconde
minute, et sans autres phénomènes prémonitoires, des con-
vulsions l'agitent brusquement. Ce sont des convulsions
cloniques, tantôt généralisées dans les quatre membres,
tantôt limitées alternativemeot dans le train antérieur ou
le train postérieur. Un léger pincement cutané, un bruit
faible, mais inopiné, l'ébranlement delà table, bref, la plus
petite excitation les exagère.
I/agitalion convulsive cesse-t-elle? Eh bien, durant les
intervalles de repos, les muscles ne reprennent pas toute
leur souplesse. Ils résistent aux mouvements communiqués,
et cette rigidité se reproduit encore, même après avoir été
vaincue une première fois. L'intoxication évolue rapide-
ment, l'animal s'agite; sa gêne respiratoire est extrême, il
a de la cyanose ; les crises se multiplient et le collapsus
augmente ; ce sera bientôt la mort. Celle-ci arrive dans
l'espace de huit minutes après l'administration de la
méthylacétaniiide.
Ou ouvre les cavités viscérales, le sang est de couleur
brunâtre, les poumons d'aspect feuille morte; il y a des
taches ecchymotiques à leur base, la vessie contient à peine
quelques gouttes d'urine; puis, c'est tout; rien au coeur,
rien aux centres nerveux. En résumé, le sang et les organes
(ie cet animal ont l'aspect asphyxique.
M. Binet a constaté lui aussi ces mêmes phénomènes:
convulsions cloniques épileptoides, collapsus, asphyxie. De
plus, par des inhalations d'élher sulfurique, il a pu sus-
pendre les convulsions, et, par la section de la moelle
dorsale, limiter les mouvements convulsifs aux membres
antérieurs.
MM. Dujardin-Beaumetz et Bardet o.nt noté, eux aussi, la
provocation du tremblement et des mouvements impulsifs,
après l'administration de l'exalgine. En outre, ils signalent
la diminution de la sensibilité à la douleur avec la conser-
vation de la sensibilité tactile. Cette bonne fortune expéri-
mentale n'a été ni celle de M. Binet, ni la nôtre.
Il est vrai que nous expérimentions sur des animaux, cl
que, c'est une consolation pour nous, aucun de ces derniers,
cobaye ou lapin, n'a pu, jusqu'à présent, je le pense, ren-
seigner les expérimentateurs sur la différenciation des sen-
sations tactiles avec les sensations douloureuses.
D'autre part, pour en revenir à la famille des anilides,le
procès de l'acétanilide est jugé; inutile de l'ouvrir et de le
mettre à nouveau ert délibéré. Arrêtons-nous plutôt à ce fait
que ces diverses anilides, formanilide, méthylformanilide,
acétanilide et méthylacétaniiide, possèdent la commune
propriété de modifier profondément les activités ner-
veuses.
Toutes provoquent le collapsus, et ce collapsus est,
comme on Ta dit, un des symptômes dominateurs de l'em-
poisonnement. En tous cas, un fait parait bien acquis, c'est
l'analogie entre l'action de ces anilides et celle que l'acéta-
nilide exerce sur le système nerveux et la motilité. Cette
dernière ne provoquet-elle pas l'inertie motrice, la torpeur^
la gène respiratoire et la diminution de l'excitabilité des
nerfs* périphériques? M. Lépine l'a bien montré dans les
n" 44 et 45 du Lyon médical de 1884.
Les troubles nerveux diffèrent sans doute de modalité. Ici
ils consistent dans l'inertie musculaire et la torpeur, car l'in-
toxication par la formanilide et la méthylformanilide semble
pour ainsi dire presque silencieuse. Là, avec la méthyl-
acétaniiide, la violence des convulsions est extrême, c'est
presque un empoisonnement à grand fracas.
Comment interpréter l'action des anilides sur le système
nerveux et la motilité? Sont-ce des poisons musculaires?
Sonl-ce des poisons nervins?
Voici quelques documents expérimentaux qui, à ce point
de vue, offrent un intérêt.
C'est ainsi que les muscles des animaux empoisonnés par
la formanilide répondent encore aux excitations électriques.
C'est ainsi encore que par un contact direct et suffisam-
ment prolongé avec cette même substance le myocarde et
les muscles perdent définitivement leur contractilité.
D'autre part, sur les grenouilles, préparées selon la
méthode de Claude Bernard, par la ligature du corps en
masse, au niveau de la région lombaire, en ménageant les
nerfs sciatiques et en pratiquant l'injection en aval de cette
ligature, M. Binet a vu la paralysie se limiter aux muscles
des régions situées en avant de la ligature, mais respecter
ceux des membres postérieurs, malgré l'intégrité de leur
connexion nerveuse avec Taxe médullaire.
Il y a donc lieu de croire que les diverses anilides agis-
sent à l'instar de la formanilide et produisent des paralysies
périphériques. Cependant cette action s'étend plus loin et
jusque sur les centres cérébro-spinaux : à preuve Tinertie,
l'abolition de la réflectivité et la diminution des activités
volontaires ; à preuve aussi, avec la méthylacétaniiide,
l'inertie du train postérieur et la limitation des convulsions
dans le train antérieur des animaux dont on sectionnait
transversalement la moelle dorsale, avant l'administration
de cette substance sous la peau du cou.-
Tel est en abrégé l'état actuel des connaissances physio-
logiques sur les anilides. Toutes sont toxiques, toutes
allèrent profondément les qualités; toutes aussi provo-
quent des troubles nerveux; en d'autres termes, elles sont
pour les physiologistes des poisons puissants.
Le thérapeutisie doit-il se conformer à cette conclusion ?
Oui, je pense, autrement ce serait renier le témoignage de
la physiologie et la physiologie elle-même.
Trêve d'ailleurs à toute discussion, je retiens les faits
seulement; ceux-ci sont réels; ceux-ci sont décisifs. L'asso-
ciation du radical alcoolique méthyl à la formanilide et à
l'acétanilide n'a pas encore permis d'obtenir des remèdes
moins toxiques bien que tout aussi anlithermiques ou anal-
gésiques que les anilides simples. Des observateurs l'espé-
raient et tout dernièrement annonçaient déjà la réalisation
de leurs espérances. Voilà donc encore une illusion thé-
rapeutique qui disparait.
En outre, ces faits démontrent que, sous le nom
d'exalgine, la méthylacétaniiide n'est pas moins que les
autres anilides un remède dont le maniement exige la plus
extrême prudence. C'est l'avis de M. Binet ; c'est celui
d'autres observateurs; c'est aussi le nôtre.
594 — N* 37 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Septembre 1889
Ed thérapeutique, surtout quand il s'agit de traitements
hâtivement proposés et trop sommairement étudiés, la Roche
Tarpéienne est donc toujours bien près du Capitole.
Ch. Éloy.
TRAVAUX ORIGINAUX
fratliolo^e lotcme.
1)e La récidive de la fièvre typhoïde ; nouvelles
PREUVES A l'appui, par M. le docteur Ch, Deshayes
(de Rouen).
I
On ne saurait trop, n'est-il pas vrai, s'occuper d'une
aiïection désormais classée au nombre des maladies évi-
tables, qui fait encore chaque année, en France, plus de
vingt mille victimes, et à Paris seulement près d'un millier.
A cet égard je demande la permission de revenir, pour
la compléter et l'élucider, sur une question que j'ai déjà
soulevée en 1886, au Congrès de Nancy : je veux parler de
la récidive de la fièvre typhoïde.
A cette époque je n'étais en possession c^ue de quelques
faits, et c'était timidement, je l'avoue, que j'émettais l'idée
de la récidive d'une entité morbide que tous les auteurs
avaient considérée jusque-là comme n'évoluant qu'une
seule fois.
Si en effet on excepte le professeur Jaccoud qui admet
la possibilité de la récidive, mais la considère comme très
rare et tout à fait exceptionnelle, tous ceux, que je sache
du moins, anciens ou modernes, qui ont écrit sur la ma-
tière, et ils sont nombreux, professaient, hier encore, que
la fièvre typhoïde, maladie virulente, agissant à titre de
vaccin, préservait les individus qui en avaient été une pre-
mière fois atteints, contre toute atteinte ultérieure. Je n'en
veux pour preuve que le remarquable article Fièvre ty-
phoïde, de MM. Georges Lemoine et Arnould, dans le Dic-
tionnaire encyclopédique des fciences médicales^ qui ré-
sume la somme de nos connaissances sur ce sujet:
€ La rechute, disent-ils, ne constitue pas une seconde
fièvre typhoïde : elle n'est que la deuxième manifestation
d'une même imprégnation typhique survenant au moment
où l'on pouvait croire l'organisme complètement débarrassé
des germes morbides. Les bacilles pathogènes que l'on
pouvait croire complètement éliminés, ont persisté à l'état
latent, en un point ignoré, et ce foyer, à demi enkysté, est
devenu, sous Tinfluence de circonstances favorables, le point
de départ de nouvelles colonies qui envahissent tissus et
organes.
« Au contraire une récidive est une deuxième fièvre
typhoïde* se produisant après un retour complet à la
santé, très longtemps parfois après la fin de la première
fièvre typhoïde. Il semble quelle soit le résultat d'une
nouvelle infection due à l'insertion sur l'organisme de
germes venus de l'extérieur. Nous croyons cependant,
ajoutent-ils, qu'il est possible qu'elle reconnaisse la même
origine que la rechute : la persistance d'un foyer local à
l'état latent. »
Ils comparent cet état à ce qui se passe pour certains
tuberculeux qui procèdent par poussées d'auto-réinfection.
Ils admettent cependant des cas très rares où la fièvre
typhoïde reparait au cours d'une épidémie nouvelle, chez
un sujet qui a déjà été atteint plusieurs années auparavant.
Y a-l-il infection nouvelle, comme nous le croyons,
ou aulo-réinfection par persistance de l'ancien foyer non
complètement éteint, comme le croit M. Lemoine, peu
importe. En attendant, nous pensons, nous, que la fièvre *
typhoïde récidive bien plus fréquemment qu'on ne rima-
gine.
Et c'est assurément parce que l'attention des médecins
n'était pas appelée sur cette particularité, ou encore, comme
je l'écrivais il y a trois ans, que la maladie a changé d'al-
lures qu'on a pu enseigner depuis un demi-siècle que U
fièvre typhoïde ne récidivait pas. Il y a donc là une erreur à
combattre, ou une nouvelle phase ae la maladie à enre^s-
trer, mais il n'est plus douteux que, non moins d'ailleurs
que la plupart des maladies infectieuses, la fièvre typhoïde
récidive souvent.
Toutefois il est juste de reconnaître que depuis ces der-
nières années, un grand nombre de médecins semblent vou-
loir se rallier à nos idées.
Témoin le docteur Lécuyer de Beaurieux qui dans un
mémoire communiqué à la séance de la Société de méde-
cine publique du 22 février 1888, Nouvelles recherches
cliniques sur Vétiologie de la fièvre typhoide^ dit ceci :
( La question de la récidive est bien jugée pour moi, el
je l'ai observée plusieurs fois. Du reste Brouardel en cite
des cas analogues dans l'épidémie de Pierrefonds ; quoi4|u^
rare, elle existe certainement. »
Et en effet le professeur Brouardel dans un mémoire
également communiqué à la séance de la Société de mé-
decine publique du 26 janvier 1887, disait :
« Tous les membres de la famille F... (huit personnes)
sont tombés malades.
€ Quatre d'entre eux avaient eu la fièvre typhoïde anté-
rieurement : eux seuls ne sont pas morts. Le père, cin-
quante-sept ans, avait eu une fièvre typhoïde grave à dix-huit
ans; la nouvelle atteinte a été assez bénigne.
c La mère, cinquante et un ans, avait eu une fièvre
typhoïde extrêmement grave à dix-huit ans : la nouvelle
atteinte fut bénigne.
« Une des filles, H^'* Marguerite, vingt-six ans, avait eu
une fièvre typhoïde grave trois ans auparavant : elle eut
pendant quelques jours des accès de fièvre survenant le soir,
et accompagnés de torticolis.
c La femme de chambre, vingt-cinq ans, avait eu la lièvre
typhoïde cinq ans auparavant : elle eut une nouvelle atteinte
peu grave.
€ La préservation semble avoir été d'autant plus {grande
que la fièvre typhoïde antérieure était plus récente. >
Enfin dans la discussion qui suivit ma première com-
munication au congrès de Nancy, MM. Bouchard, Rocbard,
Layet, Maurel et Bernheim ont proclamé la récidive de la
fièvre typhoïde, et affirmé :
Que la maladie ou l'individu s'étaient probablement mo-
difiés depuis cinquante ans (Bernheim, Deshayes);
Qu'il n'y a pas de maladie infectieuse qui confère l'im-
munité absolue (Rochard);
Que les récidives existent parce que l'immunité s'éteint
(Layet);
Enfin, c|ue d'une manière générale, les récidives des
maladies infectieuses sont fréquentes, qu'elles sont d'au
moins 20 pour 100 en temps d'épidémie, mais qu'elles
sont plus courtes et moins graves que la première atteinte;
que pour la fièvre typhoïde, elle confère sans doute l'im-
munité, mais que celle-ci est moins grande qu'on ne le
croit communément, moins certainement que pour la scar-
latine, la variole et la syphilis; et à ce point de vue, que
la fièvre typhoïde est comparable à la rougeole qui peut
donner lieu à trois ou quatre attaques successives (Bou-
chard).
Voilà, n'est-il pas vrai, des arguments suffisants.
II
Sur quel terrain convient-il de chercher la preuve de
ces faits? Bien moins à l'hôpital que dans la clientèle
privée.
13 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 37 — 595
On conçoit. aisément en effet qu'il est plus facile au mé-
decin de la famille de retrouver à une époque reculée la
même affection récidivant sur un sujet contaminé dii ou
(quinze ans auparavant, et dont il possède déjà Tobserva*
tion, dans un milieu dont l'entourage intelligent a gardé le
fidèle souvenir du passé, qu'à l'hôpital dont la population
essentiellement flottante se renouvelle et change à tous
moments.
L'ienorance dans laquelle je suis de la langue allemande
ne m a pas permis de rechercher l'opinion des médecins
de Vienne et de Berlin sur ce suiet. Je sais seulement que
le docteur Odo Betz, assistant de la policlinique à l'uni-
versité de Tûbingen, dans sa thèse inaugurale sur le typhus
abdominal, cite l'observation suivante :
« La femme Markle (de Lustnau), trente-six ans, fut
atteinte en 1876 du typhus, ainsi que ses quatre enfants.
Le S5 février 1881, elle en est de nouveau atteinte. L'ex-
plication, ajoute-t-il, en parait très claire. Juste devant les
fenêtres de l'appartement, on vient de creuser le jardin
pour des travaux, et c'est à cette même place que l'on
enfouissait, il y a cinq ans, les excréments de la première
maladie. »
Je ne retiens pour ma thèse que le fait de récidive, cinq
ans après.
Mais à ^uoi bon aller chercher à Tûbingen la confirma-
tion de faits qu'il nous est si facile de contrôler en France?
Il est bien entendu, une fois pour toutes, que les cas
de rechute, de réitération ou de relapsing fever, n'ont rien
de commun avec la récidive proprement dite.
En 1886, deux de mes malades avaient eu manifeste-
ment la dothiénentérie pour la deuxième fois, à trois ans
de distance.
Depuis cette époque la fièvre typhoïde, endémique dans
notre région, a régné épidémiquement à Rouen en 1887-
1888. Or, je n'ai cessé de nrcu({uérir avec soin de tous
les antécédents de mes typhiques, et j'ai pu ainsi recueillir
de nombreuses preuves de récidive. D'autre part, plusieurs
confrères, dont le savoir et la bonne foi sont incontestables,
ont de leur côté observé les mêmes faits :
M. le docteur Herry-Delabost, orofesseur de pathologie
externe à l'École de médecine de Rouen, a bien voulu me
communiquer le cas suivant :
11 s'agit d'une de ses clientes, appartenant à une riche
famille, dont il est le médecin et l'ami depuis vingt ans, et
où l'apparition d'une maladie telle que la fièvre typhoïde
laisse toujours, dans l'esprit de chacun, médecin et parents,
un souvenir ineffaçable.
Obs. 1. — Ma jeune cliente, m'écrit M. Delabost, fui atteinte
pour la première fois de fièvre typhoïde en octobre 1873; elle
avait alors douze ans. L'afTection eut un début très intense.
Vers le quatrième ou cinquième jour, la température s'élevait
à {(y'fi. Mais elle ne tardait pas à redescendre, pour osciller
entre iO degrés, 3î)«,8 et 38%5.
La fièvre n'eut somme toute qu*une intensité moyenne,
mais avec des caractères très nets. Le diagnostic ne pouvait
être douteux.
Ce ne fut qu'à la fin de la troisième semaine que le thermo-
mètre descendit à 37<*,4, puis à 37 degrés. Je n*ai pas retrouvé
les notes recueillies à cette occasion ; j'ai pu seulement mettre
la main sur le tracé thermométrique qui m'a permis de vous
donner les quelques renseignements qui précèdent sur la tem-
pérature.
Quant à la deuxième attaque de fièvre typhoïde, elle com-
mença en décembre 1887, quatre ans après, et fut extrêmement
grave.
MM. Leudet et Potain virent la malade avec moi. Le diagnostic
ne présentait aucun doute, et par conséquent la récidive est
absolument certaine.
Ors. II. — Une autre observation, non moins probante, est
celle de M. le professeur D'Espine (de Genève). M. D'Espine,
que je rencontrai au Congrès internatiouai d'hygiène à Vienne,
il y a deux ans, et avec lequel je m^entretenais de cette question,
me dit qu'il était lui-même un exemple vivant de la récidive.
Atteint une première fois de fièvre typhoïde très évidente,
dans son adolescence, il fut à nouveau contaminé pendant son
internat à Paris. La deuxième attaque de dothiénentérie à plu-
sieurs années d'intervalle fut très grave et très longue.
Obs. III. — M. Ratiéville, cultivateur à Saint-Jacques, mobi-
lisé en 1870, est atteint une première fois à Paris, à ikge de
vingt ans, d'une fièvre typhoïde parfaitement caractérisée, à
forme hémorrhagique; épistaxis répétées, hémorrhagies intes-
tinales. Durée, six semaines; médecin traitant, M. le docteur
Berthet, de Paris.
Dix ans plus tard, M. Ratiéville, rentré dans ses foyers, con-
tracte de nouveau la dothiénentérie ; mêmes symptômes, même
tendance à i'adynamie. M""" Ratiéville, fort intelligente, très
dévouée, et oui, alors jeune fille, avait assisté à la première
atteinte, ne s y trompa pas. Ce fut, m'a-t-etle confirmé, la répé-
tition de la première attaque, mais plus grave encore, puisque
le malade, cette fois, succomba.
M. le docteur Blockberger, médecin chef de l'hospice de Dar-
nétal, qui lui donna ses soins, m'écrit :
€ Quant à la maladie qui Ta emporté, ce fut bien une fièvre
typhoïde. Rien n'y manqua, et ce sont des hémorrhagies intesti-
nales qui ont amené la mort. >
De mon côté j'ai recueilli de nouvelles observations
personnelles.
Obs. IV. — M"' veuve Ybert, cinquante-cinq ans, à Rouen ;
il y a vingt ans, première fièvre typnoïde grave et lon^e : plus
de deux mois ; médecin traitant, leu M. le docteur Dérocque,
médecin des hôpitaux.
En 1888, mars et avril, deuxième attaque. Dothiénentérie
confirmée, durée très longue, forme grave, délire... Guérison.
Obs. V. — M"*" Queval, cinquante ans, épicière, rue Saint-
Sever. Soignée par moi en 1883 pour une fièvre typhoïde d'in-
tensité moyenne.
Son fils, ftgré de vingt-quatre ans, avait été également atteint
à la même épo iuc.
Quatre ans après, en 1887, M""' Queval est contaminée une
deuxième fois. Dothiénentérie confirmée. Meurt le vingtième
jour.
Les conditions hygiéniques de la maison étaient mauvaises.
Il existait notamment dans la cour une bétoire qui recevait
toutes les eaux sales, et ({ui sans communication avec l'égout,
donnait lieu, au moment des grandes chaleurs, à la fermenta-
tion des liquides et au dégagement d'odeurs nauséabondes.
Voici enfin une dernière observation des plus impor-
tantes au point de vue de la récidive et de la contagion.
Obs. VI. — Pip (Edouard), vingt-deux ans, marin de l'Etat.
Soigné par moi cinq ans auparavant en 188^, pour une dothié-
nentérie, d'intensité moyenne; souvenir très fidèle de la famille
à cet égard. Etait resté couché six semaines, avait présenté des
taches rosées lenticulaires. La convalescence avait également
duré six semaines. Aucun doute.
En octobre 1887, revient dans sa famille en congé, convales-
cent de pneumonie. Son frère était alors en pleine fièvre ty-
phoïde grave (épidémie de 1887). Notre marin tombe quinze
jours après par contagion, et présente tous les symptômes d'une
nouvelle dothiénentérie, assez bénigne il est vrai, mais très
évidente. Température de 39 à 40 degrés. Epistaxis. Taches
rosées, cimj semaines de durée.
La question est donc suffisamment élucidée. La fièvre
typhoïde récidive plus fréquemment qu*on ne le croit.
III
Conclusions. — Mes conclusions jusqu'à plus ample
information, sont les suivantes :
Il faut toujours craindre la fièvre typhoïde et l'hygiène
préventive de cette maladie est toujours de rigueur.
Dans la deuxième contamination, on ne saurait admettre
le réveil d'un premier foyer resté latent ou enkysté. Cela
est inadmissible pour des récidives de trente ans et plus. Il
596 — N» 37 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Septembre 1889
s'agit donc bien d'une nouvelle inTeclion par de nouveaux
germes venus du dehors.
C'est toujours au milieu d'une épidémie que les récidives
se montrent. Ce qui n'a rien de bien étonnant à Tégard d'une
affection qui revêt si facilement le caractère épidémique.
En théorie et des faits observés par les auteurs précités,
il semble qu'une première atteinte de fièvre typhoïde soit,
sinon une vaccination préservatrice, du moins une atténua-
tion dans la gravité de la récidive, et que celte atténuation
soit en rapport direct avec la date de la première atteinte.
Mes observations personnelles, trop peu nombreuses
milheureusement, puisque je n'en possède encore que huit,
viennent infirmer cette proposition.
Des huit cas recueillis par moi, sept ont été graves, dont
deux morts.
Il n'y a rien de fixe dans l'éjjoque de la récidive, qui
peut être observée quatre, dix, vingt et même trente-trois
ans après la première atteinte.
I^atboloi^te fnteme.
Hémoptysie d'origine externe, parM"* Caroline Scuultze,
docteur en médecine de la Faculté Je Paris.
On a souvent publié des cas d'hémoptysies parfois
rebelles survenues à la suite de l'inhalation de poussières
irritantes. Les cas d'anthracosis sont à ce point de vue
classiques. L'observation que nous publions ci-dessous
nous a paru intéressante à ce point de vue.
Obs. — Le 3 janvier dernier, j ai été appelée près d'une dame
pour une hémoptysie d'intensité moyenne.
Antécédents. — Recherchant la cause de cet accident, j'ai
appris que c'est la troisième fois qu'elle crachait du sang.
Elle s'est toujours très bien çorlée jusqu'au moment où l'on
a décoré son appartement; depuis, me dit-elle, je suis toujours
souifrante, et surtout quand je gardo la chambre. Le médecin
qui l'a soignée avant moi lui a prescrit de garder la chambre,
afin d'éviter un refroidissement (il l'a soignée pour une bron-
chite). La malade est une personne de trente-cinq ans, ayant
eu deux enfants qui sont bien portants; elle-même a toujours
joui d'une excellente santé sans nulle indisposition inc[uiétante.
État actueL — Rien à la percussion ni A l'auscultation; l'exa-
men de la gorge montre qu elle est rouge ; les amygdales n'ont
pas augmenté de volume.
J'ai alors demandé qu'on me montrât le sang qu'elle venait
d'expectorer; j'ai vu, sur un mouchoir, un peu de sang spu-
meux dans lequel on distinguait nettement de fines vaiUeites
semblables à des aiguilles de crin. L'examen de la malade montre
d'une façon évidente qu'elle n'est ni tuberculeuse, ni cardio-
pathe, ni hystérique. J avoue que cette dame m'intriguait vive-
ment. L'interrogeant avec soin, j'appris que la veille de son
accès sa femme de chambre avait tait Tapparlement à fond^
quelle avait épousseté les murs, et qu'après avoir dormi toule
la nuit la malade s'était réveillée le lendemain avec la gorge
sèche, douloureuse, etque presque sans tousserelleavaitexpecloré
alors une petite quantité de sang à plusieurs reprises. C'est
la chambre qui m'a paru renfermer la cause de son iiémoptysie ;
n'ayant trouvé pourtant ni fleurs, ni autres bibelots qui puissent
attirer mon attention, j'examine les murs : les tentures qui les
t«ipissent sont en relief, très dures au toucher, piquantes comme
des aiguilles, et, après en avoir détaché quelques*unes et les
avoir comparées à celles que j'ai trouvées sur le mouchoir
rempli de sang, je suis arrivée à cette conclusion que c'étaient
les mêmes aiguilles, do la même épaisseur et longueur. Voici
comment j'ai procédé. J'ai mis les aiguilles des tentures et celles
du sang dans de l'eau, et, après les avoir colorées, je les ai
regardées à la loupe; c'était identiquement la même chose.
Je crus avoir déjà trouvé la solution du problème pathogé-
ni(]ue; je donnai à ma malade (juelques calmants, et prescrivis
ce qui suit : la c défense formelle d'entrer et de coucher dans la
chambre aux tenlures suspectes > .
J'ai fait examiner les tentures : c'est du papier en relief, cou-
leur marron grisâtre; les fabricants de papier l'appellent che-
viotte; on le fabrique avec des poils dé chèvre et de la bourr*
de laine. Ma cliente est partie pour Quelques semaines dans unt-
de ses propriétés, et, pendant tout le temps de son séjour à la
campagne, elle n'a pas eu de nouvelles atteintes. Rentrée à l*ari>
tout récemment, M™' R... continue à se bien porter. Depuis
qu'on a retiré le susdit papier. M*** R... y habite sans inconvt^-
nient Je cite celte observation à cause de Vétiologie singuUfrf
de r hémoptysie, qui avait échappé à des observateurs dis-
tingués.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie dea seleiiccs.
séance du 2 septembne 1889. — présidence
de m. desgloizeaux.
Effets cardiaques des excitations centrifuges di*
NERF VAGUE, INDÉFINIMENT PROLONGÉES. — On Saît quC,
au cours d'une excitation centrifuge portée sur le uerf
vague et suflisante pour arrêter le cœur,. ce)ui«ci repreoJ
bientôt ses battements. On conclut de ce fait à un épuise-
ment que les observations de Tarchanoff et Puelma ont
fermis de localiser sur l'appareil d'arrêt intra-cardiaque.
e ne sache point qu'on soit allé au delà de cette constata-
tion pure et simple du retour des battements du cœur et
de ce qu'on a appelé l'épuisement de l'appareil d arrêt.
Or, lorsqu'une excitation est maintenue sur le nerf vague
après le retour des battements du cœur, elle continue à
exercer une action inhibitoire se traduisant par une dimi-
nution du rythme et une augmentation dans l'amplitude
des pulsations. Cette action inhibitoire peut durer autant
que l'excitation elle-même. H. Laulanié a constaté ces
faits à l'aide de l'enregistreur de Chauvoau et d'une pince
sphygmographioue embrassant la carotide.
De plus, si l'excitation est indéfiniment prolongée, la
durée de l'inhibition dépend exclusivement de celle de Tex-
citabilité du nerf vague. Sur la plupart des sujets, par des
excitations bien mesurées et en employant des excitations
ad hoc qui laissent le nerf au fond de la plaie et bien a
l'abri de la dessiccation, la dépression peut se prolonger
de quinze à vingt minutes. L'accélération qui survient
alors est souvent très lente et très uniformément progres-
sive. Pourtant on constate, sur certains sujets, des variatiuns
curieuses dans le rythme, qui subit des accélérations pério-
diques séparées par de longs intervalles de ralentissement.
Cette sorte de lutte entre les innervations antagonistes du
cœur peut durer fort longtemps; il l'a vue se poursuivre
une fois pendant trente-quatre à trente-cinq minutes, et il
y a mis fin par une iniection intra-veineuse de chloral.
sous l'influence de laauellc le pneumogastrique est devenu
si docile à l'effet de l'excitation, que le rythme est tombé
à 20 pulsations par minute et s'est maintenu à ce chiffre
excessivement bas pendant trente-trois minutes. Dès que i
l'exritation a été suspendue, il s'est relevé tout aussitôt
à 120.
Cathétérisme des uretères. — Après avoir rappelé I
que la condition essentielle du succès, dans les opérations
que la chirurgie moderne entreprend et réussit sur les
reins, est que le rein opposé soit réellement sain, H. P. Poi-
rier est d'avis qu'il est de toule nécessité, avant de procé-
der à l'ablation d'un rein malade, de s'assurer de l'état et
du fonctionnemnt du rein opposé. Malheureusement cette
recherche est des plus difficiles : les renseignements fournis
par l'exploration et l'étude des signes physiuues restent
toujours insuffisants; de toute nécessité, il y laut joindre
l'examen de la fonction par l'analyse du liquide sécrété.
Pour arrivera rendre pratique le cathétérisme des uretères, i
il a eu l'idée d'éclairer l'intérieur de la vessie à l'aide d'un '
cystoscope; toujours il a réussi en quelques minutes, aussi ;
i3 Septembre 1889 GAZETTE HBDDOHÂDAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— M- 37 — 597
bien sur l'homme que âur la femme, à introduire facile-
ment des sondes spéciales. Les difficultés que le cystoscope
rencontre dans le cas de tumeur de la vessie n*exislent
plus lorsqu'on l'applique au cathétérisme des uretères.
L'opération est des plus faciles : avec un tant soit peu d'ha-
bitude, l'opérateur trouve vile l'embonchure de l'uretère,
et la petite sonde, conduite par un canal particulier inclus
dans le cystoscope, pénètre facilement le conduit.
Académie de Hiédeelne.
SÉANCE DU 10 SEPTEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
M. le docteur Hahn eavoio une Etude hittologique tur la dernière épidémie
de choléra en France.
H. le docteur Midiaudf niêdecîii*major do 1'* cUmc, adresse la relation do
quatre épidémiet de fièvre typhoïde ayant sévi en un an sur les troupes de
l'arinco de terre à Lorient.
M. Je SeeritMre perpétuel prétsnie, de la part do MM. les docteurs Nivet et
Ledru, un niéiuoiro sur la construction d'une maternité et d'une école départe-
mentale d'accouchements dans les jardins de l'Hdtcl-Dicu de Clcrnion t- Ferra nd.
M . Bourgoin dépose une Étude hiêtorique tur let extraite pharmaceutique»,
ftar M. Adrian.
M. Larrey présente: 1* un mémoire manuscrit de M. C ToUet, sur la quantité
d'eau que peuvent absorber les matériaux de construction et sur le temps
nécessaire à leur séchage naturel; 9" un rapport de M. le docteur Laennec sur
une étude An M. le docteur Vignard coiicoroant VéUit actuel de la prophylaxie
sanitaire internationale.
Endométrite et CURAGE. — M. le docteur L.-G. Richelot
communique un cas d^endomélrite suérie par le curage et
qui avait été jusqu'ici rebelle à tous les traitements que lui
avaient fait subir un grand nombre de chirurgiens étrangers.
A cette occasion il examine les indications et les contre-
indications des divers traitements de cette aiïeclion. D après
lui, les endométrites cervicales récentes s'améliorent et se
guérissent peu à peu avec les pansements antiseptiques,
riodoforme, les caustiques légers, le thermocautère ; les
endométrites du corps, dans les mêmes conditions de béni-
gnité, cèdent à la médication intra-utérine par Tiodoforme,
les badigeon nages iodés, etc. Mais, si la muqueuse utérine
est le siège d'une inflammation chronique, invétérée, avec
fongosités, hémorrhagies» suppuration, alors il faut la
modifier profondément ou la détruire, et le curage fait mer-
veille; c'est le traitement par excellence de l'endométrile
rebelle. S'agit-il du col, la curette ne vaut plus rien, il faut
aviver et suturer les déchirures latérales par le procédé
d'Emmet ou emporter la muqueuse malade et reconstituer
le museau de tanche par le procédé de Schrôder. Et comme
les étals graves de la muaueuse utérine cQïncident très
souvent avec un gros col en éversion, congestionné,
catarrheux, il ne faut pas craindre de faire dans la même
séance, après deux ou trois jours de dilatation, le curage et
la réseclion anaplaslique du col. On peut guérir ainsi, et
guérir sérieusement, dans un délai de quinze jours au
maximum, des métriles que l'ancienne gynécologie laissait
traîner pendant des mois et des années, pour n'arriver trop
souvent qu'à des améliorations passagères.
Massage occlaire. — M. le docteur Cvstomiris commu-
nique un grand nombre de faits en faveur de la pratique du
massage de l'œil, déjà recommandé parHippocrate j il insiste
en particulier sur les avantages du massage de la conjonctive
et (le la cornée. — (Le mémoire de M.Costomiris est renvoyé
à Texamen de MM. Panas et Jacal.)
Adsinthisme. — Un litre de liqueur d'absinthe, ayant un
degré alcoolique de 70 degrés et coloré avec du persil frais
ou des orties fraîches, renferme d'ordinaire les Quantités
suivantes de diverses essences: anis, 6 grammes; badiane,
4 grammes; absinthe, coriandre et fenouil> âa 2 grammes;
menthe, hysope, angélique et mélisse, âa i gramme* On voit
ainsi que 1 essence d'absinthe n'entre que pour un dixième
environ dans les aromatiques qui composent la liqueur.
MM. Cadéac et Albin Meunier ont examiné avec beaucoup
de soin l'action physiologique de ces essences, afîn d'étudier
leurs effets sur les systèmes nerveux et musculaire et de
préciser leur rôle respectif dans les accidents de rabsin-
thisme. Toutes charment au début de leur action par le sen-
timent de bien-être qu'elles procurent, la sensation de
chaleur, de vigueur, de puissance musculaire et cérébrale
qu'elles développent, et par le surcroît d'activité qu'elles
apportent aux fonctions digestives; mais, pour la plupart,
cette excitabilité bienfaisante est de très courte durée; elle
est remplacée bientôt par de la paresse musculaire, la dimi-
nution de l'énergie, Tannihilation de la volonté, les vertiges,
les tremblements, par une ivresse lourde, l'hébétude, la
somnolence, le sommeil et enfin les crises épileptiformes
quand la dose est assez élevée. C'est à l'action combinée des
essences d'anis, de badiane, de fenouil pour la plus grande
part, d'hysope, de mélisse, d'angélique et de menthe pour
une faible part, qu'il faut attribuer tous ces accidents, dont
l'ensemble constitue ce qu'on est convenu d'appeler l'absin-
thisme.
Les essences d'absinthe et de coriandre interviennent
comme correctifs en raison de l'excitation vive, gaie et con-
tinue qu'elles produisent, tandis que l'excitation provoquée
par les autres essences est éphémère* L'essence d'absinthe
surtout doit être relativement innocentée puisqu'un homme
peut prendre à jeun, en une fois, sans accident, pendant
plusieurs jours de suite, la quantité d'essence d'absinthe
contenue dans un litre de liqueur. En outre, tons les troubles
observés par MM. Cadéac et Albin Meunier ont été obtenus
sans faire usage d'alcool et tous les animaux empoisonnés
par ces essences ont présenté à l'autopsie toutes les altéra-
tions anatomiques du cœur, du poumon, du foie, des reins,
du bulbe et du cerveau, propres à l'alcoolisme. D'ailleurs
l'alcool à 70 degrés qui entre dans la liqueur d'absinthe est
toujours dilué au moment où elle est bue et l'on ne prend
plus qu'un liquide à 8 ou 10 pour iOO, titre d'un vin ordi-
naire, ce qui atténue considérablement ses effets. Ce n'est
donc ni l'alcool en particulier, ni l'essence d'absinthe, ni le
mélange de ces deux substances qu'on doit exclusivement
incriminer, mais bien toutes les essences composantes et
surtout les essences d'anis et de badiane. A considérer la
formule type de la liqueur d'absinthe, les neuf essences ont
incontestablement leur part de responsabilité dans les
troubles qu'amène la liqueur et qu'on a résumés sous le
nom d'absinthisme ; n'aurait-il pas été plus vrai de dire
anisisme? C'est en effet l'essence d'anis c^ui est la cause
principale des accidents les plus graves; si bien que, pour
ralentir les progrès toujours croissants de Tabsinlhisine, il
n'y aurait peut-être qu'à modifier la composition de la
liqueur, en augmentant légèrement la proportion des
essences bienfaisantes et en diminuant la quantité d'anis,
de badiane et de fenouil. Cependant il ne faut i)as oublier
que toutes ces essences ont une action immédiate sur le
cerveau qu'elles frappent d'emblée pour l'exciter ou pour le
paralyser. Aussi l'usage continu de la liqueur d'absinthe ne
peut-il produire que des effets désastreux sur le système
nerveux. Ces effets ne sauraient être compensés par les pro-
priétés antiseptiques très actives de certaines essences qui
entrent dans celte liqueur. — (Le travail de MM. Cadéac et
Albin Meunier est renvoyé à l'examen d'une Commission
composée de MM. Ollivier et Laborde.)
Chimie. — M. Prunier rend compte de ses recherches
chimiques concernant l'action des sulfures sur le chloral et
sur le chloroforme. Après avoir étudié les conditions dans
lesquelles on doit pratiquer la réaction classique de Baudri-
mont, il a découvert un procédé, qui fournit en abondance
598 — H- 37 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i3 Septembre 1889
les dérivés sulfurés et oxysulfurés des groupes méthylique
et étbylique avec divers polymères, offrant un réel intérêt au
point de vue théorique et général.
REVUE DES JOURNAUX
CHIRURGIE
Hernie onMIleale de rotérnsiiravldo, par M. Ch.-Ë. HagNER.
— La malade avait eu deux grossesses antérieures; trois mois
après la seconde survint une hernie ombilicale, pour laquelle
elle porta bandage de juin 1886 à février 1889. A celte époque,
elle accoucha pour la troisième fois. Le travail, la rupture des
membranes s'effectuaient régulièrement lorsque fut ressentie
une douleur vive et brusque, et Tutérus s'engagea dans la
hernie, faisant sous la peau une saillie globuleuse véritable-
ment énorme, dont un dessin permet de se rendre compte. La
léte étant engagée, le forceps fut appliqué sans tarder et attira
une fille vivante. Après délivrance, l'utérus réintégra sans peine
la cavité abdominale et finalement la malade guérit, sans con-
server un anneau plus distendu qu'avant cette complication.
{A case of hernia of parturient utérus through the linea alba,
in Joum, of the ximer. med, Assoc, 4889, t. XII, p. 302.)
Plaies de ratedonen, par M. A.-F. WlNOGRADOFP. — Une
femme de trente ans, enceinte, était à trois semaines environ
de son terme, lorsque son mari, rentrant ivre, la força à un
coït au milieu duquel elle eut quelques douleurs et cria. Furieux,
Thomme saisit un instrument en bois long de deux pieds et
quatre pouces, avec lequel il fourragea dans le vagin. L'hémor-
rhagie fut abondante et dix heures après la patiente accoucha
d'un enfant qui bientôt succomba. Les suites de couches furent
normales, à part une douleur persistante dans le ventre. Fina-
lement on constata qu'il existait un corps étranger mobile dans
l'abdomen et une plaie du vagin. La laparotomie permit d'extraire
un morceau de bois long de 185 millimètres, sur 35 de large et
75 dix-millimètres d'épaisseur : le mari avait brisé son arme. La
malade guérit. {Russkaia med,, 1888, n^ 21, d'après Annals of
sargery, 1889, t. IX, p. 2i8.)
J.-H. Packard. Observation d'un garçon de douze ans qui eut
l'abdomen ouvert par une scie circulaire. Issue, avec l'épiploon,
de l'intestin blessé en plusieurs endroits. Suture et réduction
de l'intestin, après débridement de la plaie. Guérison. {Jourti.
ofthe Amer, med, Ass., 1889, t. XII, p. 275.)
■«aparoioniles diverses, par M. H.-C. Dalton. — Relation de
seize opérations qui ne sont pas toutes des laparotomies au sens
propre du mot. Ainsi pour un cas de péritonite iliaque enkystée
guérie par l'incision franche et la résection de l'appendice iléo-
cœcal perforé (obs. I); de même l'observation IX, relative à un
anus artificiel, mortel, par iyphlite gangreneuse. Neuf observa-
tions concernent les plaies de l* abdomen, et la laparotomie n*y
est pas constante. Il y a un fait de réduction simple de l'esto-
mac (obs. 111) et de l'épiploon (obs. IV) hernies. Deux observations
de plaie thoraco-abdominale avec plaie du diaphragme à travers
laquelle sort l'intestin; le diaphragme fut suturé; guérison. Les
cas où il y a eu laparotomie sont au nombre de cinq (obs. II, X,
XI, XII, XIII). Deux fois l'intestin lésé a été suturé, les deux
malades sont morts. Chez trois autres l'intestin a été trouvé
sain, un épanchement sanguin abondant a été évacué; deux
guérisons, une mort. Chez un des malades guéris, l'intégrité de
l'intestin a été constatée à l'aide de l'insufflation par l'hydro-
gène, suivant la méthode de Senn. A côté des plaies de l'intes-
tin, signalons une suture après toilette péritonéale pour un
ulcère perforant de l'estomac, mort (obs. VIII).
L'observation XV a trait à une hernie inguinale étranglée,
par pincement latéral de l'intestin à l'anneau interne. Il y avait
bien une légère tuméfaction de l'aine, et le diagnostic, en pré-
sence d'accidents d'occlusion, admit la probabilité d'une hernie
étranglée. Mais dans l'incertitude, la laparotomie médiantf fnt
pratiquée; guérison.
Deux observations (XIV et XVI) de cholécystotomiey une heu-
reuse chez un homme de trente ans, ivrogne, paludiqae, atleui!
de tumeur biliaire non calculeuse; une mortelle sur ud autn>
ivrogne de quarante-cinq ans, opéré in extremis, dont la tumeu-
biliaire dépendait d'un rétrécissement inflammatoire du cholt>
doque. (Report of sixteen cases o f laparotomy jin Ann. ofêur^-,
1889, t. IX, p. 88.)
ABuneonfreBatare, par M. F.DlLLNËK.— Relevé de Irenle-sep'
anus contre nature. Toutes les variétés y sont représentées : auu>
chirurgical et anus artificiel. Les observations où il y a eu inter-
vention opératoire sont rapportées tn extenso, et Ton Itoum
sept opérations de suture après entéreetoroie circulaire, av<n
trois guérisons et quatre morts (dont une indépendante dt
Taote chirurgical, par perforation de la vésicule biliaire). Un d*--
décès est dû à une péritonite purulente, les sutures ayant éir
'insuïCisBnies, {ZurCasuistik des Anus prœternaturaliSj in Arck,
f. klin. Chir., 1889, t. XXXVIÏI, p. 771.)
Opémtions sur les voles sénlte-arlnalre» de l^konime, pair
M. F. Parone. — 1" Trois observations de réunion imroédiau*
après taille périnéale médiane. Une sonde à demeure a été placée
et il a été de plus rais dans le rectum un ballon spécial (avec
canal central) en sorte que le col était comprimé par la 5onde
et qu'il n'y a pas eu contact de l'urine avec la plaie ; 2* trot>
observations d'érection incomplète par dilatation variqueuse do
la veine dorsale de la verge. La veine malade a été oblitérée par
une injection de chloral. Guérison; 3"* deux autoplasties pour
exstrophie de la vessie; assez bon résultat. (Alcuni operaziom
ogli organi urinarii masch,, in Arch. di ortopedia, 1888,
p. 9.)
Chimrsie da inrynx, par M. MoRiTZ ScttMiOT (de Franckfort-
sur-Ie-Mein). — Simple relation d'observations: 1" une exlirpa-
tion totale pour cancer sur une femme de cinquante-qualn^
ans, enrouée depuis 1879 et opérée en 1883. L'extirpation du
larynx a été faite le 10 juin, après de longues tergiversations: il
existait en novembre 188^ des accidents inflammatoires que Ton
attribuait à une périchondrite, et un abcès fut ouvert. LMncision
se cicatrisa en cinq semaines. Les accidents recommencèrent et
en juin on fit l'opération définitive ; on se proposait d'enlever le
cricoîde cru nécrosé, et le tout se termina par l'extirpation do
larynx. Guérison et application du larynx artificiel de M. Brans.
Au bout de vingt et un mois, début de récidive dans la paroi
latérale du pharynx, et mort en quatre mois; 2* une hémi-
laryngectomie pour cancer sur un homme de quarante-sept an'?,
enroué depuis un an, dyspnéique depuis trois mois. Un traite-
ment antisyphilitique explorateur a donné un coup de fouel au
néoplasme. Opéré le 16 juin 1886; pas de récidive le 11 juillet
1888 (il y a eu examen histologique de cet épithélioraa) ; 3*dru\
ablotions de cancer par la thyrotomie. Opérations ancienm>
(1867 et 1860), suivies de repullulation immédiate du mal.
4<» une hémilaryngectomie pour rétrécissement cicatriciel sur
une femme de vingt-huit ans. Guérison ; 5" trois thyrotomin
pour papillomes multiples chez des enfants (neuf mois, lroi.<
ans et demi, huit ans). Deux fois il y a eu une récidive, com-
battue par une seconde opération. Il faut cautériser à Facide
laclique les surfaces d'implantation. {Beitràge zur laryngo-
chirurgischen Casuistik, in Arch. f. klin. Chir., 1881»,
t. XXXVIII, p. 686.)
Gastrostonie, par M. W.-B. RoGERS. — Histoire d'un homme
de vingt-quatre ans, atteint de rétrécissement œsophagien con-
sécutif à l'ingestion d'un liquide caustique. L'opération a duré
une heure dix minutes. L'opéré a guéri et il a été revu six mois
après. La fistule est petite ; le rétrécissement n'a pas été
amélioré depuis. {On the question of gastrostomy, with a
report of a successfull ca.^n, in Ann, of surg., 1889, t. IX,
p. 81.)
iâ Septeubrb 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRBIDE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 37 — 599
M^0«iteki ■taitompieM de rampatatlon du sein pour eaacer-
pnr M. J.-A. KORTEWEG (de Groningue). — Â laide de relevés
statistiques empruntés à AVI ni war ter, Oldekop, Sprengel, Uilde-
brand et Kuester, Korteweg soutient que les opérations précoces
sont suivies de moins de survie que les autres. Les cancers qui
on t des allures telles qu'on les opère de bonne heure, sont en
etfet de nature maligne, et après Tintervention la récidive est
rapide. Elle est plus tardive, au contraire pour ceux qui,
d^essence plus bénigne, sont mieux tolérés et dès lors sont en
moyenne opérés plus tard. Pour les cancers à marche relative-
ment lente, les chances de cure radicale sont assez sérieuses
pour qu'on ne recule pas devant certaines interventions, dont la
gxavité est telle qu'on hésite à les entreprendre s'il s'agit d*un
cancer à marche rapide. Mais au total ce degré de malignité est
souvent bien difficile à apprécier et en somme il ne ressort de
tout cela aucun principe chirurgical bien neuf; il faut enlever
tous les cancers aussi vite que possible. Vu point plus intéressant
est l'étude sur la fréquence et la valeur pronostique de l'adéno-
pathie axillaire. Ici, les dates acquièrent de l'importance.
De 1867 à 1876, Billroth opère soixante cancers simples et
quatre-yiogi-dix aveq adénopathie; Esmarch, de 1868 à 1875, a
la proportion de 80 pour 120; Yolkmann, de 1874 à 1878, donne
celle de 25 pour 100; Kœnig enfin, de 1875 à 1885, n'arrive plus
qu'au chiffre de 25 pour 125. Cela tientd'abord à la hardiesse opé-
ratoire plus grande. D'autre part, on avait crainte autrefois d*aller
curer l'aisselle, car la mort en résultait souvent; aussi avait-on
tendance à qualifier d'adénite simple dos engorgements légers
aujourd'hui reconnus malins et extirpés sans délai. Si mainte-
nant on étudie la valeur pronostique, on constate que les guéri-
sons dites radicales sont: Billroth, cancers simples, 10 pour 100;
avec adénopathie, 2 pour 100 ; Esmarch, cancers simples,
U pour 100; avec adénopathie, 7 pour 100; Volkmann, cancers
simples, 17 pour 100; avec adénopathie, 8 pour 100; Kœnig,
cancers simples, 36 pour 100; avec adénopathie, 10 pour 100,
{Die statistiêchen ResuUate der Amputation des Brustkrebses,
in Arch. f. klin. Chir., 1889, t. XXXVllI, p. 679.)
BIBLIOGRAPHIE
lie l'hémiplégie dami «oelqnM affections nerveues
(aUixle loeomotrlee progrreeelvey aelérese en pin^inea*
liyetérle, pnraiyele nffltante), par M"« EOWARDS. Thèse
de doctorat, 1889.
H"" Edwards s'est attachée dans cette étude à l'hémiplégie
en tant que complexus syraptomatiqne. Elle a rapproché un
certain nombre d'observations d'hémiplégies survenues au
cours de maladies nerveuses appartenant à ce que M. Charcot
appelle la famille neuropathotogic[ue; elle a comparé ces
hémiplégies entre elles, elle a entin cherché à préciser les
ressemblances et les différences qui existent entre ces
hémiplégies-là et l'hémiplégie pour ainsi dire classique nue
causent le ramollissement cérébral ou l'hémorrhagie. Selon
toute vraisemblance, les cas semblables sont nombreux, et, si
on ne les reconnaît pas toujours dans la pratique, c'est qu'on
ne se donne pas la peine de les chercher.
Dans un avant-propos très court, l'auteur étudie le
syndrome hémiplégie, puis il passe à l'hémiplégie des
ataxiques qu'il montre fugace la plupart du temps, .sans
lésion positive et à début plus ou moins rapide.
Dans la sclérose en plaques, ce que 1 on remarque de
plus caractéristique c'est le jeune âge des sujets, la fugacité
et la mobilité du syndrome; enfin, d'autres paralysies,
surtout des paralysies oculaires, le tout avec des réflexes
forts, voire même de la trépidation spinale.
M"* Edwards consacre un long article à l'hémiplégie
hystérique. Son étude résume très bien tout ce qui s'est dit
depuis trois ou quatre ans sur l'hémiplégie hystérique.
traumatique ou spontanée, sur Vapoplexie ? hystérique ;
enfin, sur les paralysies unilatérales motrices et sensitives
des saturnins et des intoxiqiiés en giMiéral.
Les caractères fondamentaux de Thémiplégie hystérique
sont très bien mis en lumière.
Pour ce qui est de la maladie de Parkinson, H"'' Edwards
nous apprend que cette affection peut avoir un début unila-
téral qui rappelle l'hémiplégie par la raideur et la difficulté
des mouvements d'un côté du corps, par la fixation des
traits et quelquefois une déviation spasmodique d'un côté
de la face.
La constatation des autres signes de la maladie de
Parkinson est nécessaire pour asseoir le diagnostic.
En $omme,un caractère commun à toutes ces hémiplégies
hétérogènes, c'est que l'on n'a encore pas pu déterminer
d'une façon sûre la lésion qui détermine ce syndrome.
P. B.
La verruga peruana, Daniel A. Carrion. — Lima, imprenla
del Estado, in-8«, 1886.
La verruga du Pérou est une pyrexie à forme irré^uliùre,
endémique, non contagieuse, accompagnée d*uae anémie pro-
fonde et caractérisée surtout par des douleurs et des contractures
musculaires, des douleurs plus ou moins intenses dans les arti-
culations et les os, par une éruption polymorphe, par une marche
cyclique, de durée généralement longue, quoique variable, et sur
laquelle le traitement est sans influence, sans compter les nom-
breuses complications qu'elle peut entraîner. Telle est la défini
tion que donne de cette terrible maladie Fopuscule que nous
avons sous les yeux. C'est cette maladie que Daniel A. Carrion,
par dévouement pour la science et l'humanité, s'est fait ino-
culer, comme nous l'avons annoncé en son temps* (Gaz,
kebd.j n"* 52, 1885), et qui a entraîné sa mort. L'opuscule donno
la description complète de la maladie, avec des ooservations et
en particulier celle de Carrion prise par lui-même pendant
Slusieurs jours, aussi longtemps qu'il lui fut possible d'écrire ou
e dicter. Dans un discours lu à la Société € Union Fernandina »
à l'occasion de Tanniversaire de la mort de Carrion, discours
imprimé dans Topuscule, en môme temps que d'autres docu-
ments sur ce martyr de la science, nous trouvons la proposition
de remplacer en son honneur les noms de verruga et de fièvre
d'Aroya par celui de maladie de Carrion.
AnNUAL report OF THE BOARD OF REGENTS OF THE SMITHSONIAN
INSTITUTION, etc. Part. IL ln-8«. — Washington, goverum.
printing office, 1886.
Cette seconde partie du rapport annuel renferme surtout la
description détaillée de la galerie indienne, peinte par George
Catlin et placée au Musée nationale des Etals-Unis d'Amérique ;
histoire, géographie, statistique, anthropologie, ethnographie,
archéologie, etc., toutes ces sciences sont représentées dans le
savant mémoire que Donaldson a consacré à son illustre compa-
triote et à ses intéressants tableaux. Un grand nombre de figures,
portraits, reproductions de tableaux, et plusieurs cartes accom-
pagnent ce mémoire. Mais on ne peut se défendre d'un senti-
ment de tristesse, lorsqu'on parcourt ces nombreuses gravures,
en songeant que les tableaux de Catlin seront dans un avenir
prochain tout ce qui restera des tribus indiennes qui habitaient
le territoire des Etals-Unis et qui périssent et disparaissent avec
une rapidité extrême au contact de la civilisation yankee.
VARIÉTÉS
nicrobea ei mlerobie h l'Exposition anlvcrsclle
de 1889.
(Fin. — Voyez le numéro 36.)
Dans la partie droite de la vitrine, nous voyons un dessin
figurant un bœuf dont la peau est soulevée par de nom-
breuses tumeurs noueuses. Ce dessin représente une afiTec-
tion commune chez les bovidés de la Guadeloupe, affection
600 — N* 37 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET "DE CHIRURGIE 43 Septembre 1889
que M. Nocard a décrite sous le nom de farcin du bœuf.
N'allez pas croire que cette affection ait quoi que ce soit de
commun avec l'affection farcino-morveuse des équidés ; le
bœuf est à l'abri de celte maladie.
Les lésions extérieures seules (lésions ganglionnaires),
que représente le dessin, ont une analogie lointaine avec
les lésions extérieures (farcineuses) de la moi-ve. A côté de
ce dessin, nous voyons une photographie du microbe qui
forme des amas enchevélrés, inextricables, 1res curieux.
Les cultures dece microbe dans le bouillon et sur la pomme
de terre ne sont pas moins dignes d'attention. Dans le bouillon
(quatre malras Pasteur et un matras d'ËrIenmeyer sont les
échantillons de celle culture dans l'exposition de M. Nocard),
la culture du farcin du bœuf forme des amas tombant au
fond, ou bien s'étalant à la surface, à la façon des yeux du
bouillon gras figés par le refroidissement, à la façon encore
des feuilles de nénuphar dans un étang. Sur la pomme de
terre, et cet aspect est saisissant sur Téchanlillon exposé,
c'est une plaque écailleuse, sèche, d'aspect lichénoïde.
Culture de la tuberculose, histoire microbiquç des mam-
mites, du farcin du bœuf, tels sont les travaux capilaux de
M. Nocard, dont on peut voir les résultats et les échantil-
lons dans la vitrine qu'il a disposée ; mais celle vilrinc con-
tient encore bien d'autres choses que nous ne saurions
passer sous silence.
Voici tout d'abord une série de cultures de microbes
chromogènes sur pomme de terre, |>armi lesquels on remar-
quera le rouge de Kiel, le prodigiosus, les diverses sar-
cines, le lait bleu. Il faut retenir, si possible, Paspecl tout
particulier et si frappant de la culture de morve sur pomme
de terre : peindre cet aspect par des mois est impossible;
le mieux est de voir, La forme des tubes de culUire est aussi
digne d'attention ; elle représente le dernier progrès de la
culture sur pomme de terre. Ceux d'entre nous qui ont fré-
quenté, il y a seulement trois ans, les laboratoires de
microbie ont présentes à la mémoire ces incommodes
cloches de Koch où nous cultivions deux ou trois pommes
de terre, toujours, hélas ! recouvertes de champignons, de
moisissures, étouffant la culture ensemencée. M. Roux a
modifié heureusement cette méthode, en imaginant les
tubes dont la vitrine de M. Cornil donne une série d'échan-
tillons. Ce tube a été réduit depuis par son auteur aux pro-
portions d'un tube à essai ordinaire; une petite cl coquette
tranche de pomme de terre repose sur le fond étranglé, et
la manœuvre de tout l'appareil est d'une simplicité sans
égale, que ne laissait guère prévoir la lourde cloche de Koch,
dont, après tout, il ne faut cependant pas trop médire, car
ce fut 1 appareil initiateur.
Dans la partie gauche de la vitrine, on voit un certain
nombre de tubes de culture,' compris sous l'étiquelte géné-
rale de tuberculose zooglœique. Elle est bien curieuse, This^
toire de cette tuberculose zooglœique, et les étiquettes que
portent les tubes exposés par M. Nocard en retracent les
phases principales.
Eli 1883, MM. Malassez et Vignal inoculaient un groupe
de cobayes avec le produit d'un nodule tuberculeux qu'ils
trouvaient sur l'avant-bras d'un enfant mort de méningite
tuberculeuse; les cobayes moururent tous rapidement avec
des lésions tuberculeuses généralisées, et les inoculations
en série reproduisirent celle tuberculose rapide qui ne con-
tenait pas un bacille de Koch, pas un seul, mais des micro-
coques en zooglées. On se rappelle le bruit que fit alors le
travail de MM. Malassez et Vignal; on pensa avec eux h une
morphologie nouvelle dit bacille de Koch. Mais, en 1884,
MM. Malassez et Vignal, revenant sur leur travail de 1883,
émettaient l'opinion qu'il y avait là deux infections difl'é-
rentes.
M. Chantemesse retrouva celte tuberculose zooglœique
par l'inoculation à des cobayes, d'un fragment d'ouate, sur
laquelle avait filtré de Tair d'une salle d'inhalation pour
tuberculeux dans une de nos stations thermales. M. Nor««r.
aussi la retrouva dans des poumons de poules, qu'on avait a
tort crues mortes de tuberculose ordinaire.
En 1889, MM. Grancherel Ledoux-Lcbardreproduisaiem
encore cette tuberculose zooglœique. Elle était déterminêf
cette fois par l'inoculation à un cobaye de l'eau qui aTaiti
filtré sur une terre arrosée précédemment avec une cullnnr I
du bacille de Koch. MM. Grancher et LedoUx-Lebard tra-
cèrent complètement l'histoire de cette tuberculose expé-
rimentale et en montrèrent l'analogie d'une part avec U
tuberculose de Malassez et Vignal, et de l'autre avec les
maladies tuberculiformes expérimenlales, décrites dan>
l'intervalle par M. Dor et par m. Roger.
M. Nocard retrouvait encore une fois, vers la inênni?
époque, ce curieux microcoqoe, le cultivait et le comparait
lui aussi à ceux de MM. Grancher et Ledoux-Lebard, Dor
Roger. Telle e-t l'histoire intéressante à plus d'un point
que retracent les cultures exposées dans la vitrine.
Je voudrais insister aussi sur un groupe de cultures tout
voisin qui porte Tétiquette de Maladies rouges du porc:
mais cet article est déjà long et c'est un sujet sur \equet
nous aurons l'occasion de revenir.
Dans ce groupe des Maladies rouges du porc nous trou-
vons un tube de septicémie des souris. Il n'y a aucune
analogie de nature entre la septicémie des souris et le
rouget ou la pneumo-entérile des porcs; mais regardez de
près et vous comprendrez pourquoi les cultures de septi-
cémie des souris ont été rapprochées de celles du roufret :
l'n&pecl des cultures dans la gélatine par piqûre est, à de
très légères dtiVérences près, identique pour la septicémie
des souris et le rouget.
Dans la partie droite de la vitrine vous remarquerez.
toute «ne série de tubes doubles en U renversé, fermés en
haut, fermés à leurs eflilures latérales : ce sont des iu\w>
pour la culture des annérobies^ qui ne se plaisent qu'à
1 abri de l'oxygène, dans le vide ou en présence de î^az
incries : hydrogène, azote, acide carbonique. Les microb*-'*
cultivés et exposés sont ceux du charbon symplomatique, dt>
la septicéniie de Pasteur (vibrion septique), de la gourme,
le bacille de la viande rancc et le bacille du tétanos.
L'étiquette du tube qui contient cette dernière culture
porte le titre : Culture mixte. L'inoculatien de cette cul-
ture a plusieurs fois repi*oduit le tétanos, mais malgré de
persistants efforts, le microbe de Nicolaier n'a pu être isolé
à l'étal de pureté par M. Nocard. Un savant, qui li*availie
dans le laboratoire de Koch, aurait été plus heureux, parait-
il. Nous aurons d'ailleurs un mot à dire tout à l'heure
encore sur la culture du tétanos.
Je voudrais seulement retenir l'attention un instant sur
les cultures dans le nde à l'aide de ces tubes doutdes en l .
Ils datent de loin ces lubeF, et ont été imaginés par M. !*j>-
tiur, à l'époque de ses éludes sur le vibrion butyrique, si je
ne fais erreur. Ils conslilucni encore aujourd'hui avec leurs
analogues les tubes simples, les instruments les plus
parfaits pour la culture des anaérobies dans les liquide^.
La culture de ces mêmes microbes dans les milieux solrd**^
se fait dans une série d'appareils bien ingénieux, imagiu4''^
par M. Roux. Ces cultures exigent, il est vrai, l'intervention
de la pompe à mercure, mais un laboratoire de microbie
serait d'ordre inférieur s'il ne possédait un de ces instru-
ments; d'ailleurs la simple trompe à eau, qui ne coûte pa>
cher, peut suppléer la machine à mercure. Il faut aussi un
gazomètre pour ces cultures, et à ce propos je ne pni<
passer sous silence le gazomètre à hydrogène imaginé tout
récemment par M. Roux.
Le laboratoire de microbie technique de l'Institut Pas-
leur possède pour ces cultures dans le vide une instal-
lation qui est une merveille de rapidité et de simpli-
cité, et quand vous l'aurez vue, si vous ne la connaissez
déjà, vous comprendrez difficilement que nus proréd**^
13 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 37 — COi
français de culture des auaérobies soient presque inconnus
ou dédaignés dans certains pays de Tétranger, où la microbic
est Tort en honneur, et que nos voisins s'acharnent à ima-
giner chaque jour des appareils plus incommodes les uns
que les autres quand il leur suffirait d'emprunter les
nôtres.
La vitrine de M, Nocard vous montrera aussi des cultures
de roicix)bes anaérobies sur pomme de terre, d'après la
méthode de M. Roux.
Cette exposition réunit encore une collection de cultures,
sur gélatine et gélose, de divers microbes pathogènes, cul-
tures sur lesquelles nous n'insisterons pas plus longtemps;
deux cultures de charbon qui intéresseront par leur ori-
gine : charbon duchieUy charbon du porc; d'intéressantes
aquarelles de M. Nicolet, représentant des lésions tubercu-
leuses de rinlestin du cheval, etc., etc.
Avant de terminer cet article, je désire mettre deux points
en luinière :
i'' Les instruments;
^'^ Les méthodes générales de culture du laboratoire d'Al-
fort.
!*• M. Nocard a exposé quelques instruments intéressants,
tels que levase à sérum (imaginé par M. Roux et lui-même);
un appareil pour injecter purement dans les veines et le
péritoine une grande quantité de liquides; un petit jeu
d\iiguilles extrêmement ingénieux pour injecter dans le
péritoine des petits animaux une dose élevée de liquide;
enfin quelques pipettes stérilisées.. Ce petit instrument,
imaginé par M. Pasteur, est la base de toute la technique
française du laboratoire de la rue Dutot comme de celui
d'AIfort.
^2** L'idée des méthodes générales de culture du labora-
toire ressort de l'ensemble de cette exposition : éclectisme
parfait, adoption des méthodes étrangères dans ce qu'elles
ont de bon, mais maintien sévère de notre belle technique
française due à Pasteur et à ses élèves, de la technique de
l'ancien laboratoire de l'Ecole normale, qui a été la pre-
mière en date et qui a gardé toute sa valeur à côté des pro-
cédés nouveaux d'outre-Rhin qui, pour excellents qu'ils
soient, n'ont pas droit à la supplanter. Auprès des cul-
tures sur milieux solides (gélatine, gélose, pomme de
terre), M. Nocard nous montre des cultures en matras
dans le bouillon, le lait, il nous montre des cultures dans
le vide; il nous montre du lait recueilli purement dans
la pipette Chamberland, prêt à être versé dans les matras
de culture, du suc pancréatique qui, dans certains cas (et
le charbon tout particulièrement), donne des cultures vrai-
ment admirables, etc., etc.
Pour résumer cet article, que j'ai tenu à développer, je
dirai que l'exposition de M. Nocnrd est digne en tout point
(Fintéresser les microbiologisles de profe.^sion qui pourront
y prendre connaissance de visu des travaux du maître, s'ils
ne les connaissent encore que par la lecture ; elle intéresse
aussi les médecins et les vétérinaires, moins au courant de
cette science : Ceux-ci verront nettement ici ce que c'est
qu'une culture; ils prendront connaissance de tous, ces
appareils divers, de toutes ces méthodes dont les journaux
médicaux les ont entretenus avec plus ou moins de détails,
et ayant vu ils retiendront et se formeront une conviction
plus forte.
b. Ecole de Lyon (M. Arloing). — J'ai le regret de dire
que l'Ecole de Lyon, le berceau de renseignement vétéri-
naire^ dont son directeur, M. Arloing, vient de nous conter
l'intéressante histoire, n'a pas fait un effort égal à l'Ecole
(l'Alfort, et que si, à tant d'autres points de vue, son expo-
sition est intéressante, lamicrobie n'y est pas très largement
représentée.
L'auteur de la belle étude sur le charbon symptomatique,
un des livres qui font le plus honneur à la science expéri-
mentale française, M. Arloing, n'a exposé que deux tableaux
représentant, l'un les microbes de la péripneumonie, l'autre
le microbe auquel ce savant a donné le nom singulier, mais
expressif, de B. heminecrobiophilus.
Des microbes de la péripneumonie il y a peu de chose
à dire : l'agent pathogène vrai de cette affection nous
échappe encore entièrement ; l'étude de M. Arloing n'est
qu'une étude d'attente, un jalon sur la route de la décou-
verte attendue.
Le B. heminecrobiophilus est de naissance récente;
c'est un microbe qui ne se pl^^it, on le sait, que dans les
tissus en nécrose, et qui, inoliensif en dehors de cette con-
dition, exerce alors d'énormes ravages; les visiteurs pour-
ront sur la planche de M. Arloing prendre connaissance de
ce microbe original.
c. Ecole de Toulouse. — Toulouse n'a donné qu'une
photographie de son laboratoire de microbie. L'intéressante
Ecole de Toulouse est donc entrée dajisle mouvement; elle
y marchera avec succès, nous en sommes assuré.
III. L'Institut agronomique (exposition de M. Duclaux).
M. Duclaux expose deux, belles vitrines, bien digqes de
nous arrêter, et sur lesquelles nous voudrions dire plus
encore si les connaissances spéciales ne nous manquaient
quelque peu à cet endroit, nous l'avouons sincèrement.
Le tableau qui surmonte cette vitrine porte ces mots qui
nous sont une précieuse indication du but et de la tendance
de l'exposition de M. Duclaux :
Institut national agronomique : Laboratoire de fermenta-
tions. Application à la fabrication de la bière, du vin, du
cidre, à la distillerie et à la laiterie. Directeur : M. Du-
claux.
Le laboratoire que dirige M. Duclaux a donc un but net
et tranché : dégager de l'obscurité qui les enveloppe encore
les phénomènes de fermentation; isoler tous les agents des
fermentations à l'état de pureté, et appliquer alors les dé-
couvertes à la fabrication raisonnée, scientifique, et non
plus empirique (au moins en grande partie) des liquides
fermentes.
L'étude sur les levures a été le commencement de la
microbie; c'est de cette étude, étude géniale, on peut le
dire sans crainte, que M. Pasteur s'est élevé à ses plus
hautes conceptions.
Les levures sont nombreuses, elles sont bien voisines
comme forme, etc., et cependant que de différences dans les
effets produits suivant qu une seule ou plusieurs intervien-
nent ! Cette étude, pleine des promesses les plus attrayantes,
n'est qu'à ses débuts; la création d'un laboratoire spécial
est des plus heureuses; quant au directeur du laboratoire,
chacun de nos lecteurs sait qui il est, pas n'est besoin d'in-
sister : l'œuvre est en bonnes mains.
M. Duclaux expose deux vitrines. Voici le titre de ces
deux expositions :
1" Microbes intervenant dans la coagulation du lait et dans
la fabrication du fromage;
2° Cultures des levures de vin, de bière et de cidres
dans différents milieux.
i" Nos lecteurs savent sans aucun doute que M. Duclaux
a réuni dans un bien intéressant livre toutes les belles
études qu'il avait successivement publiées sur le lait. A
ceux qui ne l'ont pas lu, l'exposition renfermée dans cette
f»remière vitrine inspirera sans doute l'excellente idée de
aire plus ample connaissance avec tous les organismes,
agents des maladies du lait, dont les échantillons nous sont
présentés ici.
Voici d'abord un échantillon de lait stérile, lait normal;
puis à côté, voici toute une série de laits coagulés par le
tyrolhrix tennis, le tyrothrix geniculatus, l'actinobacter, le
tyrolhrix turgidus, le tyrothrix urocephalum, le tyrothrix
scaber, le tyrothrix distortus, le tyrothrix filiformis.
Plus loin voici tout un groupe de matras qui contiennent
des cultures, dans le lait et le Douillon, de ces microbes qui
interviennent dans la coagulation du lait et la fabrication
du fromage (tyrothrix urocephalum, distortus, lurgidus,
tenais, actinobacter).
M. Duclaux nou^ montre d'une part les liquides de cul-
ture favoris des microbes : bouillon, gélatine ; et de l'autre
les milieux qui conviennent plus spécialement aux levures:
eau de malt, jus de pommes stérilisé, eau de navets sucrée.
Enfin, au milieu de la vitrine, dans de longs tubes de
gélatine nous voyons des cultures de levure de cidre, levure
anglaise, levure de Bruxelles, etc., dont les aspects divers
sont très tranchés.
2" Dans cette vitrine nous voyons encore des cultures de
diverses levures de cidre sur gélatine ; puis des matras
nous montrent des cultures dans des liquides variés (eau
de navets sucrée, eau de malt, etc.) de levure de cidre, de
levure de Bruxelles, levure anglaise, etc.
Nous ne voudrions pas quitter la galerie du quai d'Orsay
sans signaler la série de planches de M. Pasleur sur les
micro-organismes des maladies du vin,au'exposeia chambre
syndicale des débitants de vin de la Seine. Ces. planches
sont célèbres : nous engageons nos lecteurs à y jeter un
coup d'œil. Le livre du maître sur les maladies du vin est
devenu rare; ils auront là l'occasion de faire connaissance
avec cette belle œuvre.
IV. Les vaccins charbonneux.
La compagnie de vulgarisation à Vétranger du vaccin
Pasteur contre les maladies charbonneuses des animaux
a fait au palais de l'Hygiène et de l'Assistance publique une
intéressante exposition.
Nous voyons d*abord une sorte de laboratoire où figurent
un autoclave, un four à flamber, une étuve Pasteur, quelques
Pipettes Chamberland, etc. Dans cette étuve Pasteur est
exposition des vaccins renfermés dans des tubes spéciaux
à extrémité recourbée, bouchés au caoutchouc, éticjuelés
sous couleur différente, suivant qu'il s'agit du premier ou
du deuxième vaccin. Ceux qui n'ont jamais eu l'occasion de
voir ces vaccins trouveront ici un utile enseignement. Il
n'est pas permis aujourd'hui d'ignorer l'existence de ces
précieux tubes qui constituent Tune des plus admirables
découvertes du siècle.
Un tableau nous indique la quantité de ces vaccins fournie
à l'étranger par la compagnie ; elle est déjà considérable, et
ne fera qu'augmenter certainement. Les vaccins charbon-
neux ont subi à Vienne un sérieux assaut, livré par une
Ecole qui a bien du mérite, qui a fait de bien beaux tra-
vaux, mais ^ui serait plus estimée encore si elle n'avait le
tort de croire qu'elle seule a la vérité. La découverte de
M. Pasteur est sortie victorieuse de cet assaut. En France
le vaccin charbonneux a cause gagnée, il en est de même
dans plus d un pays étranger; il en sera de même dans le
pays de cette Ecole qui ne fera jamais croire aux agricul-
teurs qu'il vaut mieux continuer à perdre du bétail par le
charbon qu'ouvrir les yeux à la vérité venant de France.
V. La Faculté de médecine (exposition de M. Cornil).
Cette exposition est renfermée dans une vitrine exiguë;
elle ne comporte que quelques tubes de culture, en tout,
croyons-nous, soixante-quatre (trente-neuf tubes de gélose
et vingt-cinq tubes de pomme de terre). Elle n'en est pas
moins fort intéressante et mérite de nous arrêter.
Le laboratoire de bactériologie de la Faculté est depuis
bientôt trois ans un centre important d'enseignement;
c'est là que la grande majorité des médecins initiés
aujourd'hui à la microbie ont été faire leur instruction;
c'est là qu'ils ont été se former sous les leçons et
la direction du docteur Chantemesse. C'est là que pour
la première fois, si nous ne nous trompons, la mirnv
bie (on dit bactériologie à la Faculté ; c'est un mot alle-
mand qu'il faudrait rayer de l'appellation d'une science
française) a été publiquement enseignée. De ce laboratoire
sont sortis des travaux remarq^uables que nous devon>
énumérer pour mieux faire saisir le caractère de l'exposi-
tion que nous décrivons.
C'est d'abord une magistrale étude sur la fièvre typhoïde,
par MM. Chantemesse et Widal, étude qui a fait grand bruit
en France, et qui méritait l'attention dont elle a été l'objet.
Les caractères du bacille d'Eberth ont été nettement fixés
par MM. Chantemesse et Widal; la recherche dans le>
eaux potables a été décrite et les méthodes en ont été pré-
cisées; enfin les auteurs cités encadraient dans leur étude
une remarquable page d'épidémiologie sur le rôle de Teaa
de Seine dans la genèse de la fièvre typhoïde à Paris, rôle
que les circonstances présentes mettent une fois de plus ea
lumière.
C'est encore dans ce laboratoire de la Faculté qoa
été faite l'élude de la pneumo-entérîte infectieuse des
porcs. Un mot sur cette question intéressera sans doute no^
lecteurs moins familiers avec les maladies rouges du porc
qu'avec la fièvre typhoïde humaine.
MM. Pasteur etihuillier ont les premiers décrit et étudié
dans sa cause intime une maladie rouge du porc qui fai^^ait
de grands ravages dans le département de Vaucluse :
cette maladie c'est le rouget^ (|ue caractérisent une marche
rapide et des suffusions sanguines tachant la peau en rouge
sombre, violacé, dans toute son étendue, mais prenant plus
d'intensité encore en certaines régions (oreilles, ventre, face
interne des membres, région vulvo-anale). Le microbe,
cause de cette affection, était un bacille d'une extrême
ténuité. Expérimentalement la maladie tuait le pigeon, le
lapin, mais respectait absolument le cobaye.
Mais cette maladie rouge du porc n*était pas la seule ; en
Allemagne, en Angleterre, en Amérique, dans le Dane-
mark, divers auteurs étudiaient une maladie infectieuse,
épidémique, du porc, caractérisée, elle aussi, par des
suffusions sanguines sous-cutanées, mais différant par l'in-
tensité des lésions intestinales et pulmonaires; aifférant
par l'agent pathogène, bacille ovoïde sans aucune analogie
avec le fin bacille du rouget; différant enfin par les résul-
tats expérimentaux : ici le cobaye inoculé succombait avec
assez de rapidité. Cette maladie distincte du rouget fut
bien étudiée en Allemagne par Schutze qui lui donna le
nom de schweine-seuche , incomplètement en Angle-
terre par Klein {pneumo-enteritis infectious\ en Dane-
mark par Bang, en Amérique enfin par Detmers et surtout
Salmon qui, sous le nom de hog-choléra, en a donné une
description excellente de tous points. MM. Cornil et Chan-
temesse ont de leur côté retrouvé et décrit cette maladie
sur les porcs de Gentilly, et dans une sévère épidémie à
Marseille; ils en ont fiiit une étude très soignée sous tous
les rapports, et ils ont entrepris des essais de vaccination.
Ils ont donné à cette maladie rouge le nom de pneumo-
entérite qui en est devenu le nom officiel adopté dans le
décret de police sanitaire de juillet 1888.
MM. Cornil et Toupet ont étudié encore à la Faculté de
médecine le choléra des canards, affection épidémique voi-
sine du choléra des poules, mais qui s'en distingue pour-
tant nettement par quelques résultats expérimentaux d'im-
Îortance majeure. L'affection sévissait sur les canards du
ardin d'acclimatation.
Citons encore parmi les travaux de ce laboratoire une
étude de M. Chantemesse sur le bouton du Nil (bouton de
Biskra); une étude de MM. Chantemesse et Widal sur la dy-
senlerie, etc., etc.
Tous ces intéressants travaux, nous allons en retrouver
la trace dans l'exposition du professeur Cornil. Outre une
13 Septembre 4889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N*37
603
série de microbes chromogënes sur lesquels nous ne sau-
rions nous attarder, nous voyons des cultures sur gélose du
choléra des canards, de la dysenterie, de la pneumo-enté-
rite des porcs, de la fièvre typhoïde.
Voici maintenant sur pommes de terre des cultures du
bouton du Nil, de fièvre typhoïde, de dysenterie, de choléra
des canards et enfin de pneumo-entérite du porc.
Un mol maintenantsur une culture des plus intéressantes
disposée dans un grand flacon avide : il s'agit d'une culture
pure du bacille du tétanos, du fameux organisme sétiforme
nue depuis Nicolaïer on regarde sans conteste comme Tagent
du tétanos. Ce bacille de Nicolaïer, MM. Chantemesse et
AVidal l'ont obtenu en culture pure, et ils sont incontesta-
blement les premiers qui soient arrivés à ce résultat. Mais,
chose singulière, ce bacille ainsi isolé de tout autre orga-
nisme, est sans aucune action expérimentale: ^ l'inoculation
il ne donne aucun résultat. Rien n'est plus inoculable que
le tétanos : les expériences de Nocard, Carie et Ratone, etc.,
en témoignent suffisamment, et voici que le bacille téta-
nique échoue entièrement. Quelle conclusion tirer de ceci?
Le bacille du tétanos s*affaiblit-il par la culture au point
de perdre toute action, ou bien MM. Chantemesse et Widal
ont-ils obtenu une culture pure, non du bacille de Nicolaïer,
mais d'un de ces organismes séliformes, à extrémité renflée,
que l'œil confond sous le microscope avec le véritable ba-
cille du tétanos? Nous l'avons dit plus haut : des cultures
mixtes ont donné le tétanos entre les mains de M. Nocard;
voici tout récemment qu'un des travailleurs du laboratoire
de Koch dit avoir la culture pure et donner le tétanos avec
celte culture. L'avenir jugera de tout cela. Nous sommes
fort aise que les diverses expositions de microbie de 1889
nous aient fourni l'occasion d'effleurer la question et d'en
indiquer sommairement l'état actuel.
VI. Laboratoire d'histologie du Collège de France.
Nous ne trouverons pas, dans l'exposition du laboratoire
de M. Ranvier, de cultures microbiennes, ou seulement
quelques-unes, mais la quantité d'instruments techniques
qui y figurent doit nous retenir un instant au moins, car
plus d'un est d'un excellent usage en microbie.
Voici tout d'abord une collection de microtomes de divers
modèles, depuis le simple microtome à main jusqu'au mi-
crolome de Roy perfectionné. Voici des plaques chauffantes
si ingénieuses, si commodes pour la dessiccation rapide des
lamelles chargées de la culture ou du produit pathologique
à examiner; des échelles pour plaques de culture; des
plaques de culture constituées par des lames de glace à
i'ace supérieure excavée pour recevoir les gelées nutritives
et éviter leur écoulement ; des tubes pour la culture des
anaérobies qui, je le crois, ne prendront guère place dans
la pratique, etc., etc. La technique hislologique et micro-
bique a été dotée de précieux instruments par MM. Malassez
et Vignal :- l'exposition présente en montre les échan-
tillons.
VIL Exposition de MM. Yvon et Berlioz.
L'intéressante exposition de MM. Yvon et Berlioz qui se
trouve au rez-de-chaussée du palais des Arts libéraux dans
la section de médecine et de chirurgie n'est pas à vrai dire
une exposition de microbie ; elle est pltitôt une exposition
de microphotographie des plus intéressantes. On sait que
M. Yvon s'est un des premiers adonné avec succès à la pho-
tographie des préparations microscopiques. Cependant
MM. Yvon et Berlioz ont exposé quelques matras de culture
et une série de préparations microscopiques colorées fort
intéressantes. Parmi les photographies, qui sont d'ailleurs
toutes fort bien venues et dignes d'attention, nous mention-
nerons, en ce qui nous concerne, une photographie de gono- i
roques dans des cellules épithéliales. i
VfIL Appareils de microbie (exposition des fabricants
d'instruments).
Dans le palais des Arts libéraux, au rez-de-chaussée, sec-
tion de médecine et chirurgie, nous trouvons les exposi-
tions de MM. Rousseau, Wiesnegg.
M. Rousseau expose les instruments qu'il a fournis au
laboratoire de M. Cornil; le visiteur peut donc ici prendre
une idée générale des principaux appareils usités. dans les
laboratoires de microbie. Ces appareils, nous ne saurions
les passer en revue; nous signalerons seulement le filtre
Chamberland à pression qui est l'appareil indispensable
pour l'étude des poisons soiubles nés dans les cultures mi-
crobiennes, poisons dont le type est le poison diphthérique de
MM. Roux et Yersin.
Dans l'exposition de M. Wiesnegg on remarquera au
milieu d'autres instruments (étuve Pasteur, four à flamber
de grande dimension, etc.) un appareil à filtrer des plus
simples et d'une grande commodité : c'est une ingénieuse
utilisation pour la microbie des bougies Chamberland. La
maison Wiesnegg a exposé aussi deux beaux spécimens de
ses autoclaves^ l'i/is^riimepl de stérilisation par excellence,
auquel le premier rang reste sans contestation, en dépit
des reproches, sans aucun fondement d'ailleurs, qui lui
ont été adressés et qui n'ont place que dans les ouvrages
d'outre-Rhin; à remarquer enfin un four qui rend les plus
grands services pour la crémation des animaux de petite
taille.
Au premier étage du palais des Arts libéraux, dans la
section de l'enseignement supérieur, M. d'Arsonval a exposé
ses étuves auto-régulatrices : colle de l'ancien modèle 1876,
et celle du nouveau modèle 1888 à régulateur métallique
indéréglable.
IX. La microbie française en 1889. Ses travaux, ses
laboratoires, ses centres d'enseignement, ses jour-
naux.
Nous voici arrivé au terme de notre visite aux expositions
de microbie; nous avons passé en revue tout ce qu'elles
renferment, et peut-être avons-nous mérité le reproche
d'avoir fait cette revue un peu longuement. Si nous sommes
coupable, nous ne mériterons aucune circonstance atté-
nuante, car nous sommes coupable avec préméditation.
Mous voudrions même aggraver notre faute, et ne pas ter-
miner sans avoir dit un mot d'ensemble de la microbie
française, de ses découvertes, de ses travaux, de ses labora-
toires, de ses centres d'enseignement et de ses organes
spéciaux. Nous voudrions en un mot dresser le bilan de la
microbie française en 1889. Ce nous sera une occasion de
Sarler des absents, de ceux qui ne figurent ni au Champ de
[ars, ni à l'Esplanade, ni dans les galeries du quai d'Orsay,
et oui cependant, à des titres divers, ont contribué à Téclat
delà microbie française.
Résumons d'abord rapidement les travaux principaux de
notre Ecole française :
Le laboratoire de l'Ecole normale, aujourd'hui l'Institut
Pasteur, dont l'histoire serait à peu de chose près l'histoire
complète de la microbie pendant de longues années, nous a
donné le charbon, le choléra des poules, le rouget, la rage,
les vaccins du charbon, du rouget et de la rage, et plus ré-
cemment la vaccination contre le vibrion septique et une
admirable étude sur la diphthérie.
Du laboratoire de l'Ecole d'Alfort nous sont venus les tra-
vaux sur les mammites, le farcin du bœuf de la Guadeloupe,
et aussi (MM. Nocard et Roux) la culture de la tuberculose,
et la vaccination des ruminants contre la rage.
Le laboratoire de bactériologie de la Faculté nous a
donné un beau travail sur la fièvre typhoïde et la pneumo'
entérite infectieuse des porcs.
L'Ecole de Lyon a produit une série de travaux magistraux
604 — N* 37 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i3 Septembre 1889
sur le charbon bâctéridien, le vibrion seplique; nous lui
devons Tétude complète du charbon bactérien.
Au laboratoire de pathologie générale de la Faculté,
M. Charrin a poursuivi ses belles études expérimentales sur
la pyocyanine.
Faut-il rappeler enfin que la pneumonie, maladie mi-
crobienne, est une découverte française, et que le microbe
de la septicémie salivaire de Pasteur, agent pathogène de
la pneumonie fibrineuse a été trouvé dans le poumon
pneumonique par M, Talamon pendant que Frânkel Télu-
diait aussi en Allemagne, et a fourni à M. Nelter Toccasion
d'une intéressante série de travaux?
Nous pourrions poursuivre cette énumération; c'est inu-
tile. Nous n'avons voulu que mettre en relief les ti'avaax
capitaux de notre Ecole française.
Il est une autre façon encore d'en faire ressortir l'impor-
tance considérable, c'est d'énumérer la série des grandes
maladies microbiennes de l'homme et des animaux, et de
montrer quelle part les savants français el étrangers ont eue
dans la découverte de l'agent pathogène et l'étude initiale
de ces maladies.
A. Maladies connues à Thomme et aux animaux. —
Charbon hactéridien: Davaine, Koch, Pasteur; morve:
Loffler et Schulz, Bouchard, Caçitan, Charrin ; tuberculose:
Koch; septicémie (vibrion septique): Pasteur, Chauveauet
Arloing.
B. Maladies spéciales à l'homme. — Fièi^re typhoïde:
Eberth, Gaffky ; lèpre : A. Hansen ; pneumonie: Talamon,
Frankel; diphthérie: Lôffler, Roux et Yersin.
C. Maladies spéciales aux animaux. — Charbon bacté-
rien : Arloing, Cornevin, Thomas ; rouget : Pasteur et
Thuillier; pneumo-entérite infectieuse: Salmon, Cornil et
Chantemesse; mammites: Nocard ; farcin du bœuf de la
Guadeloupe : ^oçAvA\ choléra des poules: Pasteur et ses
élèves.
Les noms de nos célèbres compatriotes reviennent à
chaque ligne dans cette énumération ; faut-il ajouter encore
que toute la question des vaccins, que toute la question des
poisons solubles est française, éminemment française, qu'on
n*y compte que les noms de Pasteur, Chauveau, Roux et
Chamberland ; faut-il dire que toute cette merveilleuse
élude de la rage que chacun connaît est sortie du seul labo-
ratoire de l'Ecole normale ; faut-il enfin écrire, et c'est par
là que j'aurais dû commencer sans doute, que, sans
M. Pasteur, la microbie n'existerait pas? S'il est une science
éminemment française, c*est celle-là, nous pouvons le dire
hautement.
Chaque jour la microbie prend une plus grande exten-
sion chez nous ; elle v possède des centres d'enseigne-
ment de haute valeur. M. Roux fait à l'institut Pasteur une
série de cours qu'il est bien inutile de louer; M. Chante-
messe enseigne à la Faculté dans le laboratoire de bactério-
logie; M. Vaillard a inauguré au Val-de-Grâce un cours où
les médecins militaires viendront tour à tour se familiariser
avec la microbie; on voit que l'enseignement est bien déve-
loppé à Paris. Je ne sais ce qu'il est en province, mais il y a
tout au moins lieu de supposer qu'à Lyon, Bordeaux,
Nancy, etc., il s'est créé aussi des centres d'enseignement.
Nombreux sont à Paris les laboratoires d'étude de
microbie. A leur tête est l'institut Pasteur avec ses divisions:
microbie technique, microbie générale, vaccins, etc. ; avec
ses chefs de service, MM. Duclaux, Roux, Chamberland, etc.
A la Faculté de médecine, nous trouvons le laboratoire du
professeur Cornil, dirigé par M. Chantemesse. Mais ce n'est
pas tout encore; on fait de la microbie au laboratoire de
M. Bouchard, au laboratoire de M. Strans, etc. M. Netter a
commencé ou va commencer au laboratoired'hygiène pendant
ces vacances un cours de microbie appliqué à Thygiène.
A Alfort est le beau laboratoire de M. Nocard, où se
forment aux doctrines nouvelles les élèves de quatriêair
année. Au Val-de-Gràce, nous voyons' le laboratoire dt
M. Vaillard.
On fait de la microbie aussi, une microbie spéciale, um
peu en dehors du cercle de nos études, mais tout aussi inté-
ressante, toute aussi fertile en beaux résultats, chez M. Du-
claux, à l'Institut agronomique.
J'en passe certainement, mais des recherches plus lon^ue>
que celles que comporte la rédaction de cet article écrit dt
mémoire au courant de la plume, pourraient seules me per-
mettre d'être complet. En parcourant nos hôpitaux, on }
trouverait plus d'un laboratoire, plus d'un centre d'études
microbiologiques, tel que celui que H. Dujardin-Beaumel/
a créé à Cochin et que dirige M. le docteur Dubief.
Un mot maintenant, qui sera le dernier, sur les organt >
spéciaux de la microbie.
Pendant de longues années, la microbie française n'a pas
possédé d'organes qui lui fussent propres: les noies auT
Sociétés savantes, les publications dans les revues ou
journaux médicaux étaient ses seuls moyens de publicitr.
Aujourd'hui cet état de choses s'est profondément modifié:
des journaux, des publications spéciales Se sont créés, dont
le nombre n'a fait qu'augmenter. Citons parmi ces organPN
spéciaux les Annales de l^nstitiit Pasteur y créées en 1887,
dirigées par M. Duclaux; les Archives de médecine expéri-
mentale y nées en 1889 de la scission des Archires de
physiologie; le Journal de micrographie, de M. Hiquel: le
Journal hebdomadaire des connaissances médicales, du
professeur Cornil, qui n'est pas exclusivement, mais est
surtout un journal de microbie. Le nombre croissant et
l'importance de ces publications spéciales attestent l.i
marche rapide de cette science si pleine d'intérêt, qui iion<
a tant donné, mais nous promet plus encore,
D' L.-H. Thoinot.
Corps de santé imilitaire. — Ont été promus: Au grade de
médecin principal de première classe : M. Réech.
Au grade de médecin principal de deuxième classa :
M. Demraler.
Au grade de médecin-major de première c/a^s«: MM. Desmons
et de Ferré.
Au grade de médecin-major de deuxième classe: MM. Péli\
et Jette.
NÉCROLOGIE. — Nous avoDs le regret d'apprendre le décès sU
M. le docteur Oré, professeur de physiologie à la Facullê d;
médecine de Bordeaux, chirurgien honoraire de Thêpital Saint-
André, plusieurs fois lauréat de Tlnstitut, connu par un grnnd
nombre de recherches scientifiques, notamment sur la transfusion
du sang et les injections intra-veinenses de ehloral.
Mortalité a Paris (35* semaine, du 25 au 31 aoù(
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, ±f.
— Variole, 6. — Rougeole, 13. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 11. — Diphthérie, croup, 18. — Choléra, 0. — Phlhisic
pulmonaire, 17d. — Autres tuberculoses, 14. — • Tumeurs -
cancéreuses, 48 ; autres, 3. — Méningite, 27. — Conges-
tion el hémorrhagies cérébrales, 35. — Paralysie, 5. —
Ramollissement céréhral, 6. — Maladies org^âniqnes du cœur, 51.
— Bronchite aiguë, 28. — Bronchite chronique, 14. — Broncho-
pneumonie, 19. — Pneumonie, 41. — Gastro-entérite: sein, TJ;
biberon, 98. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 21. — Sénilité, 29. — Suicides, 10. — Autres moris
violentes, 4. — Autres causes de mort, 164. — Causes
inconnues, 11. — Total: 904.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
S0331 — MOTTIROI. — Imprimeries réaniee, A. rue Mi|noa,«, Pans.
Trente-sixième année
N»38
20 Septembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chsp
MM. P. BLACHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HCNOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. LerebOullet, 4i, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMliAIRB. — BULLBTUf. — GONThIBUTiONS PHARMACEUTIQUES. Sur los mé-
langes de teintures alcooliques avec les liqueurs de Fowlcr et de Pearson.—
Formulaire THéiuPBUTiQUB. Du trailcment anHseptique de hi phtliisio par le
calomel. —Travaux originaux. Pathologie inlerue : Cécité subite par ramol-
Usscfuent des deux lohes occipitaux. — Pathologie générale : Note pour iservir
de documeat aux rerherclies surin nature et l'origine du téUinos. — CunRES-
PONDANCB. — Revue des Congrès. Premier Congrès international de physio-
logie. — A9S«»ciatioa médicale britannique, session de Leeds, août 4889. —
SociBTis SAVANTES. Académie des sciences.— Académie de médecine.— Revue
des jour.'Iaux. Thérapeutique. — Bibliographie. Étiologie de la myopie. —
VARiÉTés. — Feuilleton. La médecine à l'Exposition universelle de 1889.
BULLETIN
Paris, i8 septembre 4889.
Académie de médecinn : VomisMuiento inco«reibics de i«
g^rosseflse. — Acetdclits dus Ék la vaccine.
Les vomissements incoercibles constituent l'une des com-
plications les plus graves de la grossesse. Rebelles à la plu-
part des médications internes conseillées dans le but de les
faire cesser, ces vomissemeuls cèdent parfois presque spon-
tanément; mais, dans d'autres circonstances, ils paraissent
assez sérieux pour que I*on doive poser la question de
1 avortement provoqué. Aussi fau!-il savoir gré à M. Gué-
niot, qui depuis si longtemps déjà s'est occupé de ces acci-
dents (Th. d'agr. 1863), d'avoir essayé de bien préciser les
indications du traitement qui peut leur être opposé. Celui-ci
est et doit être très variable, puisque les causes les plus mul-
tiples peuvent provoquer el entretenir les vomissements de
la grossesse. Nous n'en sommes plus, en effet, au temps où
Ton pouvait soutenir qu'ils dépendent exclusivement soit
d'une déviation utérine (Graîly-Hewitt), soit d'une lésion
inflanimatoire du col ou du parenchyme utérin (Bennett,
Horwîtz, etc.).
Sans doute, il conviendra toujours d'ex«miner soigneu-
sement à ce point de vue les femmes qui souffrent de vomis-
sements incoercibles, et parfois, M. Guéniot a insisté sur ce
mode de traitement, le redressement de la matrice, un$
position spéciale (soit la position genu-pectoraleque recom-
mandait Campbell, soit le décubitus avec surélévation du
siège et déclivité du tronc) ou l'application d'un pessaire
de Gariel arrêteront tous les accidents observés. J'ai vu
moi-môme dans deux ou trois circonstances, où une sialor-
rhée des plus pénibles avait précédé et accompagnait des
vomissements assez rebelles pour causer de grandes inquié-
tudes, l'application d'un pessaire spécial, ayant pour unique
objet de redresser la matrice, arrêter presque immédia-
tement la sialorrhée et les vomissements. Dans ces cas, il
est vrai, il importe de s'assurer aussi que le col de la
matrice n'est point ulcéré. Alors, en effet, qu'il existe des
ulcérations étendues avec leucorrhée abondante, un traite-
ment topique local doit toujours précéder l'application du
pessaire.
Mais, il faut le reconnaître, les vomissements incoercibles
dépendent plus fréquemment encore d'une surexcitabilité
du centre réflexe ou d'un état maladif des voies digestives.
Sans doute l'irritation initiale a toujours son point de départ
dans l'utérus. Et cependant on n'arrive à arrêter les
symptômes qu'en agissant sur le centre médullaire ou eA
modifiant les sécrétions de la muqueuse gastrû-intestinale.
FEUILLETON
%sm Biédeelne A l'Expoeltton nnlveraelle de AS80.
(Quatrième article.)
Il est difficile d'attirer comme il convient l'attention des
visiteurs d'une Exposition universelle sur les œuvres d'as-
sislance ; les résultats obtenus ne peuvent être indiqués
que par des graphiques ou des maquettes, qui n'arrêtent la
foule qu'autant que les uns et les autres présentent dans
leor forme ou leurs dispositions un attrait spécial. Seules,
des œuvres riches ou l'administration peuvent disposer
d'emplacements suffisants pour montrer leurs installations
à la fois dans tout leur ensemble et dans les détails impor-
tants. Encore faudrait-il que leur exposition fût clairement
disposée, sans trop d'encombrement, qu'elle pût ainsi
V Série, T. XXYl.
servir d'enseignement sous la forme si utile d'une leçon de
choses.
Il serait difficile d'accorder ces qualités au déballage
bizarre et incohérent que représente au Champ de Mars
l'exposition de l'administration de l'assistance publique
de Paris; ici ce sont les meubles construits par les
enfants moralement abandonnés, qui viennent encombrer
l'espace réservé et empêcher la vue de la plupart des
objets placés dans le même local ; là ce sont des tableaux
et des dessins accrochés à des hauteurs démesurées et
dont on n'aperçoit pas plus les parties essentielles que
les rivets du sommet de la tour Eiffel; ici encore les
travaux entrepris dans les laboratoires des hôpitaux, tels
que ceux de MM. Charcot, Dujardin-Beaumetz, Damaschino,
Quinquaud, Luys, etc., sont cachés derrière des meubles
ou rassemblés dans des vitrines étroites, hermétiquement
closes, etc., etc. Fort heureusement cette administration a
publie un exposé général de ses services en 1889, claire-
38
606 _ N' 38 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE âÔ Septembre 188$
Or c'est à ce point de vue que les médicaments sont
nombreux et, en général, peu actifs. M. Guéniot recommande
de calmer l'éréthisme nerveux par l'usage du chloral bro-
mure, du refroidissement de la région spinale et de tous les
antispasmodiques. Parmi ces derniers, nous recommande-
rions volontiers les teintures éthérées de valériane, le valé-
rianate de cérium, le bromure de camphre, mais surtout
l'association des injections hypodermiques d'atropine faites
au creux épigastrique avec l'usage de lavements antispas-
modiques.
Dans certains cas, les inhalations d'oxygène, très fré-
quemment renouvelées et très largement prescrites,
donnent aussi d'assez bons résultats.
Enfin on ne saurait trop insister sur l'importance du
régime. Celui-ci, essentiellement variable suivant les
malades, doit être incessamment modifié suivant les goûts,
je dirais volontiers les caprices individuels; certes il faut
proscrire les alcools, le vin, les acides, etc., mais il convient
surtout de chercher lentement, patiemment, en commençant
par ceux qui réussissent d'ordinaire, et en particulier par
les laitages et les purées de légumes, les aliments qui
peuvent être tolérés. Il faut aussi bien veiller à l'état des
voies digestives. Que de fois l'emploi méthodique de pilules
drastiques a-t-il suffi à enrayer des vomissement rebelles!
Enfin, il convient de faire analyser les urines de la malade
et de rechercher si une auto-intoxication ne vient pas fré-
quemment entretenir les troubles gastro-intestinaux.
Le traitement des vomissements de la grossesse est donc
affaire de tact médical et de prudence thérapeutique. La
question de l'avorlement provoqué ne doit être posée que
lorsque la vie de la malade est gravement compromise. En
suivant les conseils donnés par M. Guéniot, en évitant tout
aussi bien l'abstention systématique que les médications
trop multipliées et trop fréquemment variées, on arrivera
assez souvent encore à de bons résultats.
— L'Académie et le public médical se sont associés aux
paroles de gratitude adressées à M. Hervieux par M. le
secrétaire perpétuel. On ne saurait trop louer en effet le
dévouement infatigable avec lequel M. le directeur de la
vaccine s'acquitte de tous ses devoirs et la loyauté avec
laquelle il rend compte à ses confrères de tous les accidents
imputables à la vaccine. Le rapport si consciencieux qu'il
vient d'écrire au sujet de l'épidémie de La Motte-aux-Bois,
démontre une fois de plus les difficultés du diagnostic
différentiel entre la vaccine ulcéreuse et la syphilis rzcr-
nale. A ce point de vue surtout, il paraîtra inléressaiiL
Hais, puisqu'il faut attendre quelques semaines avant &
savoir exactement quelle a été la nature des accidents pn^
voqués par le médecin vaccinateur, il paraîtra juste d*inst(-
ter sur ceux de leurs caractères qui font espérer que lo:
n'a pas eu affaire à la syphilis et de rassurer ainsi ) ^
familles des victimes. Espérons que très prochaiuemeji
M. Hervieux pourra annoncer à l'Académie qu'il ne s*agissa .
que d'une vaccine ulcéreuse, peut-être déterminée par Tin»
culation faite à l'aide d'instruments contaminés.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Sur les mélanges de teintures aleoollqnea «vee ic«
llqncnrs de Fowler et de Pearson.
Ainsi que la chimie, la pharmacie a sa nomenclature, eï
il est indispensable de l'appliquer dans la rédaction d'une
ordonnance. C'est le moyen d'éviter les mécomptes.
Les fabricants de spécialités pharmaceutiques se soucient
fort peu de la nomenclature ; mais le Codex vient périodi-
quement remettre les choses en l'état; et il est de l'intérêt
des praticiens de suivre ses enseignements, afin d'éviter d«
formuler des mélanges qui, par l'incompatibilité des sub-
stances qui les composent, trahissent les intentions de leursi
auteurs. Il est, d'autre part, indispensable d'interdire aux
pharmaciens de donner un nom bizarre aux médicaments
nouveaux qu'ils présentent au corps médical.
S'il était possible de faire adopter cette mesure, on ne
verrait plus un fait comme celui qui s'est passé, il y a
quelques années, où l'auteur de la découverte si remar-
quable du principe immédiat de l'ergot de seigle, a été
obligé de lui donner le nom d*ergotininey parce qu'il avait
plu à un ancien confrère (qui voulait créer une espèce de
dragées antihémorrhagiques) de baptiser ergotine un
extrait hydroalcoolique de seigle ergoté. Le nom de qui-
nium qui a été appliqué à un extrait de quinquina à li
chaux, ne serait pas admis davantage; car nous savons tous
à quels corps on attribue les terminaisons ine et uni.
Il est également désirable qu'on n'hésite pas à sacrifier les
vieilles appellations qui ne présentent pas à l'esprit une idée
exacte de la préparation. Ainsi qu'appelons-nous liqueur f
un mélange d'alcool, de sirop et d'eau. Pourquoi alors con-
ment rédigé, qui permet d'étudier l'état actuel de cette
grande administration et de trouver un fil conducteur au
milieu des innombrables objets qu'elle a placés les uns sur
les autres pour les mieux exposer.
La population secourue annuellement par l'adminis-
ti:ation générale de l'assistance publique à Paris est évaluée
à 406213 personnes en 1889, comprenant: 137900 malades
traités dans les hôpitaux (11739 lits), 12441 infirmes ou
vieillards entretenus dans les hospices, maisons de retraite
et fondations (10444 lits), 8000 enfants placés en dépôt
(604 lits), 2i00 aliénés dans les quartiers de Bicétre et de
la Salpétrière (1576 lits), 4500 enfants assistés à l'hospice
dépositaire, 30000 enfants assistés existant à la campagne,
3600 enfants moralement abandonnés, 9000 enfants secou-
rus, 92248 indigents secourus à domicile, 87300 malades
traités à domicile, 11400 accouchées à domicile et
7614 accouchées chez les sages-femmes de la ville.
D'après le recensement officiel de 1886, la population de
la ville de Paris est de 2344500. Il faut observer que ce
chiffre de 406213 personnes est supérieur au chiffre réel
des individus secourus, car une même personne peut être
comptée dans ce nombre à des titres divers. En effet, au
cours de la même année, elle peut obtenir un ou plusieurs
secours du bureau de bienfaisance, avoir été, comme malade,
traitée à domicile et à l'hôpital; enfin, avoir ensuite obtenu
son admission dans un hospice.
Un budget considérable est nécessairement affecté à ces
services; il dépasse de beaucoup celui de bien des petits
Etats. Pour l'exercice courant, en effet, les recettes ordi-
naires sont de 6 353700 francs, provenant de revenus
propres, irwmobiliers et mobiliers, 3680000 francs produits
par les droits attribués en sa faveur, 3488637 fr. 90 dus aux
produits intérieurs et à des remboursements divers, notam-
ment à celui des frais de séjour et de pension dans divers
établissements, 3562600 francs produits de revente d*objets
par les magasins généraux, 1 631 700 francs recettes des ser-
20 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• M — 607
erver ce nom à de simples solutions aqueuses, telles que
elles de Fowler el de Pearson ? Le Codex ne les appelle pas
trjueurs, mais bien solutions. Ce nom impropre de liqueur
lorte les médecins à croire que ces liquides peuvent être
mpunément mêlés à des teintures ; et de là des formules
elles que celle-ci :
Teinture de noix vomique \
Teinture de badiane | ââ 10 grammes.
Liqueur de Pearson )
On y fait entrer aussi les teintures de Baume, de gen-
iane, de quinquina, d'écorces d'oranges amèrcs, de co-
ombo, avec la liqueur de Fowler (qui en fait d'alcool, ne
:ontient que 3 pour 100 d'alcoolat de mélisse). L'eau de
îes prétendues liqueurs précipite, en partie, les principes
|ue l'alcool avait dissous, et fait disparaître l'homogénéité
lu mélange. En effet, on le voit se troubler, et il est néces-
saire de l'agiter, si l'on veut que chaque goutte ait la même
râleur médicamenteuse.
Mieux vaut donc, dans ces mixtures, employer les sels
arsenicaux que leurs solutions officinales ; et ainsi formuler :
Teinture de noix vomique.
} .-.
Teinture de badiane... j «* 10 grammes.
Arséniate de soude 2 centigrammes.
Chaque gramme de cette mixture, — ou cinquante gouttes
du compte-gouttes officinal, — contiendra un milligramme
d'arséniate alcalin.
Le médicament sera ainsi d'une précision absolue et
d'une conservation indéfinie.
Pierre Vigièr.
FORMDLAIRE THÉRAPEUTIQUE
Dn «ndiemeiit anilacptiqne de la phOiisie
par le ealomel.
Ce traitement a été prescrit par divers médecins allemands
et entre autres par H. Dochmann. Ses indications sont la
première ou la seconde période de la tuberculose et son
objet est d'agir comme parasiticide et comme antiphlo^
gistique.
Il consiste à prescrire des pilules de ealomel à doses
décroissantes: le premier jour^ 12 pilules ; le deuxième
jour, 10 pilules ; le troisième jour, 8 pilules, et pendant
un à deux mois, 6 pilules, eu ayant soin de suspendre le
traitement pendant deux ou trois jours à la fin de chaque
semaine.
Parmi les formules adoptées, en voici quelques-unes :
^ Pilules au ealomel et à la pepsine. — On les préfé-
rera si on craint des troubles gastriques.
Calomel A la vapeur 60 centigrammes.
Pepsine 39',50
Teinture d'opium XXX gouttes.
Extrait de phellandrie q. s.
F. s. a. 60 pilules. Deux toutes les deux heures.
2" Pilules au calomel et à Vergotine.— On les adminis*
trera en cas d'hémoptysies.
Calomel à la vapeur 60 centigrammes. '
Pepsine 39%50
Ergotine de Bonjean 10 centigrammes.
Réglisse pulvérisée q. s,
F. s. a. 60 pilules.
3*" Pilules au calomel et à la jusquiame. — Elles ont
pour objet de diminuer la toux et d^exercer unesédalion.
Calomel 60 centigrammes.
Pepsine , S^'^SO
Extrait de jusquiame 30 centigrammes.
Extrait de phellandrie q. s.
F. s. a. 60 pilules.
Cette médication est donc une véritable mercurialisation
des phthisiques.
Ch. Éloy.
TRAVAUX ORIGINAUX
Palkol^i^e Interae.
Cécité subite par ramollissement des deux lobes
OCCIPITAUX, par M. le docteur P. Oulmont, médecin de
l'hôpital Tenon.
Si les localisations motrices de l'écorce cérébrale sont
devenues un fait banal, accepté de tous sans discussion, it
n'en est pas de même des localisations sensitives et senso-
rielles. Les données expérimentales sont rares, car Tobser--
vation physiologique de troubles aussi délicats que ceux des
sens est difficile chez les animaux; les faits cliniques ne le
vices ayant un revenu distinct, 1 8419 262 fr. lOde subventions
municipaleset départementales et4i81 700 francsde recettes
extraordinaires, soit au total un budget de recettes s'élevant
à 41 417 600 francs, dont 37 235300 francs pour les recettes
ordinaires et 4181 ifOO francs pour les recettes ordinaires.
Quant aux dépenses, il faut compter 2032000 francs pour
les dépenses générales d'administration, 582200 francs
charges spéciales des revenus, 19846100 francs pour le
service de santé et les services économiques, 9 493 300 francs
pour le servicedes secours, 1 631 700 francs comme dépenses
des services ayant un revenu distinct, 87 500 francs pour le
fonds commun de réserve, 4181 700 francs pour les dépenses
extraordinaires, et, si Ton y ajoute 3562600 francs, repré-
sentant les dépenses par suite de revente d'objets par les
magasins généraux, on arrive à un total de 41 41 7 600 francs
égal à celui des recettes.
L'assistance publique de Paris a à sa disposition 11 001 lits
d'bôpiUax et 12370 iito d'hospices, soit au total 23371 liU,
chiffre relativement peu élevé pour une population d'environ
deux millions et demi d'habitants, auxquels il faut ajouter
les nombreux provinciaux et étrangers (jui ont tant besoia
de secours. La répartition de ces lits est bien divisée; parmi
les hôpitaux généraux, l'Hôtel-Dieu a 543 lits; la Pitié. 700;
la Charité, 480; Saint-Antoine, 687; Necker, 430; Cochin,
343 ; Beaujon, 415 ; Lariboisière, 676 ; Tenon, 805;
Laennec, 608; Bichat, 181; l'hôpital temporaire d'Auber*^
villiers, 184; Andral, 100 et Broussais, 270. Les hôpitaux
spéciaux comprennent: Saint-Louis, 855 lits; le Midi, 327;
Lourcine, 225; la maison et l'école d'accouchements, 234ç
la clinique d'accouchements, 140; la maison de santé, 344;
Trousseau, 463; les Enfants-Malades, 503; Forges, 222; La
Roche-Guyon, 100, el Berck-sur-Mer, 710.
Les hospices, maisons de retraite et fondations, renfer-*
ment: Bicétre, 2680 lits, dont 1577 pour les vieillards et
les incurables, 534 pour les aliénés, 344 pour les enfants
idiots et épileptiques, 59 pour des reposants et 166 lits d'in**
608 — N* 38 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CBIRURGIfi 20 Septembre i889
sont pas moins. Ainsi, pour ne parler que des localisations
sur 1 organe de la vision, et sans m'arréter aux cas d'hémia-
nopsie corticale, qui ne rentrent pas directement dans mon
sujety je trouve à citer seulement cinq observations précises
de cécité complète par lésion de Técorce cérébrale. On les
lira en détail dans un excellent mémoire de Chauffard, paru
récemment dans la Revue de médecine, p. 131, 1888, et qui
donne une idée complète de l'état actuel de la science sur
cette question. Je me contente ici de les rappeler en les
résumant brièvement:
Obs. de Jf . Chauffard. — Cécité absolue ; hémorrhagie
dans l'intérieur des deux lobes occipitaux; gros foyer récent
à droite, évidant la pointe du lobe occipital, sans atteindre
tout à fait Técorcedu cunéus et des circonvolutions temporo-
occipitales, ayant en dehors fait éclater l'écorce sous forme
d'un sillon ovalaire de 5 centimètres, à cheval sur 1 es deuxième
et troisième circonvolutions occipitales. A gauche, foyer
ocréux de 15 millimètres en dehors de la paroi externe du
prolongement occipital du ventricule latéral. Ces foyers dé-
truisent la partie terminale des fibres optiques centripètes
au point où elles s'irradient jusqu'au centre visuel cortical.
Obs. de M. Bouveret (Lyon médical, 1887, p. 137). —
Cécité absolue et subite. Ramollissement profond occupant
à gauche le cunéus presque tout entier, les deux tiers de
la deuxième circonvolution temporo-occipitale, et la moitié
postérieure de la première circonvolution temporo-occipi-
taie ; à droite, le cunéus presaue tout entier, les deux tiers
postérieurs de la première et ae la deuxième circonvolution
temporo-occipitale.
Obs. de M. 0. Berger {c\ié par Chauffard). — Cécité com-
plète, progressive. Ramollissement superficiel occupant à
droite la partie moyenne de la première circonvolution occi-
pitale. A gauche, ramollissement de tout le lobe occipital
jusqu'à la scissure perpendiculaire externe, du lobe temporal
jusqu'à la fosse sylvienne; enfin, de presque toute la
couche optique.
Obs. de M. 0. Berger {cité par Chauffard). — Cécité incom-
plète et progressive avec retour partiel et momentané de la
▼ision. Ramollissenient étendu à gauche à la plus grande
partie du lobe occipital jus(|u'à la scissure perpendiculaire
externe; à droite^ deux petits foyers dans le lobe occipital,
l'un à la face supérieure, au niveau de la deuxième circon-
yolution occipitale; l'autre, à la face inférieure, sur la pre-
mière circonvolution occipitale, à 1 centimètre environ ae la
pointe du lobe.
Obs. de M. PflUger (cité par Chauffard). — Cécité «ubite
par coup de feu de la région occipitale. Lésions profondes
des deux lobes où des grains de plomb sont restés fixés*
Outre ces cinq observations si démonstratives, Chaaffi*^
note encore un cas de Nothnagel, cité par Ségain, el quaU:
cas de Fùrstner, moins probants, parce qu'ils se sfji
produits chez des paralytiques généraux. Depuis la pub:r|
cation de son mémoire, aucun cas nouveau n'a été pubL?
du moins à ma connaissance, dans les recueils français k
étrangers; aussi, devant ce nombre si réduit de faits clîr -
ques, l'observation que je viens de recueillir dans m j
service, très nette et tout à fait confirmative de Fanopsie ^
lésion des lobes occipitaux, prend-elle une réelle iinpor^
tance.
Obs. — F..., soixante-sept ans, charpenlier, est apporté !i
9 mai 1889 dans mon service, salle Pidoux, à rhôpital Tenos
Le malade, couché sur le dos, est plongé dans un état densi
comateux, tantôt tranquille, tantôt jetant bras et jambes ^w
son lit, prononçant de temps en temps des mois iHCohérents^
entremêlés de grognements sourds. Cependant il parait entendr^
et comprendre jusqu'à un certain point ce qu'on lui dit. Jj
répond parfois exactement par monosyllabes, mais la plupart du!
temps ses paroles sont tout à fait incohérentes.
On remarque alors un fait tout d'abord inaperçu, car h
malade ne s'en plaint pas: c'est une cécité absolue. Les papi(^^
sont dilatées, et presque immobiles. Une lumière intense &•*
semble pas avoir a'action sur elles. Les autres sens: g-oût, oai^.
odorat, sont intacts. La sensibilité générale est obtase, mzK
conservée, Tétat mental du malade permet seulement de
constater rinté&:rité de la sensibilité à la douleur.
Pas* de paralysie morbide, sauf dans le membre supérieur
gauche, qui de plus présente une contracture assez accentuée;
le coude dans la flexion, l'épaule rapprochée du tronc, mais k
poignet mobile. Les tentatives d'extension sont douloureuses et
exigent une assez grande force.
Pas de troubles trophiques. Le malade, nourri avec la sood«|
œsophagienne, digère cequon lui donne. Constipation opiniâtre.!
Incontinence d'unne. L'urine ob(enue par la sonde ne con lient!
ni sucre, ni albumine.
Cœur normal. Artères alhéromateuses. Emphysème pulmo-
naire.
La femme du malade renseigne sur le déhut des accidents.
Quinze jours environ avant son entrée à Thôpital» F... est pris
en travaillant d 'étourdisse m ents, sans chute et sans perte de
connaissance, de maux de tète diffus et persistants. Vers
le i mai, il sent dans les membres des fourmillements. IJ
quitte son travail et prend le lit. A ce moment, et les jour^
suivants, il ne se plamt d'aucun trouble de la vue. Le 9 au
matin, on trouve le malade dans son lit complètement aveugle,
et dans un demi-coma, et c'est dans cet état qu'on l'apporte If
jour même à l'hôpital. Les phénomènes restent sans changemeot
jusqu'à la mort, arrivée dans la nuit du 15 mai.
A utof)Sie pratiquée le 17. Cerveau. — Rien d'anormal dao«
les méninges, sauf quelaues adhérences avec la dure-mère vers
la partie antérieure des némisphères cérébraux.
Plaques athéromateuses prononcées sur les artères de la ba>e
de Tencéphale.
firmerie. Un quartier tout nouveau, commencé en 1883, est
réservé aux enfants atteints de maladies nerveuses, désignés
d'ordinaire sous le nom d*idiots épileptiques et au nombre
desquels sont compris également les arriérés, les imbéciles,
les hémiplégiques et de véritables aliénés. On essaye, suivant
les justes remarques de HM. Bourneville et Pinon, de
mettre un peu de clarté dans leur intelligence obscurcie,
d'assouplir leurs membres et de les faire participer, autant
que possible, aux avantages de la vie humaine. L'enseigne*
ment qu'on leur donne et qui repose sur l'éducation pre-
mière des sens, a pour véritable créateur un Français,
Edouard Seguin, qui, après avoir commencé l'application
de sa méthode avec Itard, puis avec Esquirol, ensuite seul,
soit dans son école de la rue Pigalle, soit à l'hospice des
Incurables (1841), fut nommé, à la suite d'un rapport
d'Orfila au Conseil général des hospices, instituteur des
enfants de Bicétre (9 novembre 1842). Tous les services
affectés au traitement physique et moral de ces enfants ont
été groupés dans une construction spéciale. Les résultat?
obtenus sont tels que bon nombre des élèves qui paraissent
devoir rester une charge constante pour la société, sont
devenus des ouvriers capables de gagner leur vie, .
La Salpétrière a 3864 lits, dont 2555 d'administrés, -ili
à rinfirmerie, 199 occupés par des épileptiques, 118 par d<*5
reposants et 720 par des aliénés; là aussi «on trouve Tune
des installations les plus remarquables des hôpitaux, celle
des écoles d'enfanls arriérés, dirigées p^r H"« Nicolle avec
un dévouement qui, depuis de longues années, ne s'est pas
démenti un instant. Ajoutons Thospice d'Ivry, dont les
2040 lits sont occupés par des incurables des deux sexes :
l'hospice de Brévannes pour 100 administrés des deu\
sexes, augmenté prochainement de nouveaux bâtiment^
recevant de nouveaux pensionnaires en ménage au nombre
de 182; l'hospice des enfants assistés, comprenant 750 lit^
ou berceaux, qui reçoit trois catégories d enfants: l*" Ie^
enfants en dépôt, c'est-à-dire admis provisoirement pour
âO Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINS ET DE CHIRURGIE
^ N* 38 -- 609
Intégrité absolue da cervelet, de la moelle allongée, des tuber-
iles quadri jumeaux, des bandelettes et des nerfs optiques,
insi que du chiasma. Toutes les lésions sont exclusivement
tuées dans les deux hémisphères.
Hémisphère droit. — 1" Foyer de ramollissement blanc,
aperficiel, siégeant sur la circonvolution frontale ascendante,
ommençant un peu au-dessous de Tinsertion de la première
F..., Hëmisphëre droit, ftiee externe.
irconvolution frontale, et s*étendant sur la face interne de
^hémisphère au tiers supérieur du lobule paracentral ; S" ramol-
issement blanc très étendu en surface et en profondeur, occu-
pant presque tout le lobe occipital. A la face externe de Thémi-
P..M Hémisphère droit, têce interne.
sphère, il atteint la deuxième et la troisième circonvolution
occipitale, épargnant la première circonvolution occipitale, la
partie la plus inférieure du pli courbe, les deux tiers postérieurs
des deuxième et troisième circonvolutions temporales. A la face
interne de Thémisphère. il atteint la première et la deuxième
circonvolution temporale dans leur moitié postérieure, et tout
le cunéus, jusqu'à la scissure perpendiculaire externe. Sauf le
cunéus où récorce cérébrale seule est atteinte, le ramollissement
est complet. Avec quelque soin que Ton enlève la pie-mère, on
arrache Ja substance cérébrale; celle-ci forme une bouillie qu'un
filet d'eau dissocie complètement. Dans la profondeur du lobe,
le foyer n'est séparé de la corne occipitale au ventricule latéral
que par une couche de tissu intact extrêmement mince.
Hémisphère gauche, — Ramollissement blanc, également
étendu à toute l'épaisseur de la substance cérébrale, occupant,
sur la face externe de Thémisi^ère, les première, deuxième et
troisième circonvolutions occipitales, et la partie postérieure du
lobule pariétal supérieur; sur la face interne, la moitié jposté-
rieure des première et deuxième circonvolutions temporales, le
cunéus, et la moitié inférieure du lobule quadrilatère. Le ramol-
lissement est aussi complet que dans Thémisphère droit
Poumons. — Emphysémateux*
F..., Héaisplière yanehe, face externe.
Cœur gros ; quelques lésions valvulaires, quelques plaques
d'athérome, molles et isolées à l'origine de l'aorte.
Estomac. — Carcinome du pylore. Plaque dure, de la largeur
d'une pièce de cinq francs, saillante de S à 3 millimètres,
F..., Hémisphère gauche, face interne.
formant un demi-anneau autour de l'orifice pylorique. Pas de
changement de volume de l'estomac.
Rems normaux.
De ces divers faits ressort nettement cette conclusion :
c*est qu'une cécité complète peut être produite en dehors
de toute altération des nerfs optiques par la lésion des deux
lobes occipitaux. ^
Cette conclusion est d*accord avec les notions aujourd'hui
classiques que Wernicke a données sur le trajet du tractus
optique, qui, à partir du chiasma, gagne sous la forme des
banaelettes optiques, les corps géniculés, les tubercules
quadryumeaux et le tiers postéro*externe de la couche
optique, reliée elle-même par un faisceau blanc au lobe
occipital. Elle s'accorde également avec les résultats expé-
étre rendus à leurs parents lorsque la cause du dépôt aura
cessé ; S*" les enfants assistés proprement dits et S"" les en-
fants moralement abandonnés; crèches, lazarel, infirmeries
comprenant des pavillons isolés, les nourriceries pour les
enfants atteints de maladies contagieuses et spécialement
pour les enfants syphilitiques, Fannexe de Thiais pour re-
cevoir les enfants en dépôt âgés de plus de dix-huit mois.
Citons encore la maison de retraite des Ménages (1391 lits),
les hospices La Rochefoucauld (221 lits), Sainte-Périne
(220 pensionnaires des deux sexes), Saint-Michel à Saint-
Mandé (20 administrés), Lenoir-Jousserand, également
à Saiht-Mandé (132 lits), la maison de la Reconnais-
sance, contenant 314 lits, Devillas (65 lits), Chardon-
Lagache (150 lits), Torphelinat Riboutté-Vitallis, à Forges,
pour 40 enfants, la maison Galignani (100 lits), la mai-
son Rossini (50 lits) et Tasile Lambrecht, à Courbe-
voie, comprenant 40 lits d'adultes des deux sexes et 70 de
garçons.
Notons en passant que les lits de médecine sont au
nombre de 6841 contre 3112 lits de chirurgie.
Indépendamment des accouchements faits dans les éta-
blissements spéciaux de l'assistance publique, c'est-à-dire
la Maternité et la Clinique d'accouchements, et de ceux faits
au domicile des personnes indigentes ou nécessiteuses par
les sages-femmes des bureaux de bienfaisance, les services
d'accouchements entretenus par l'administration compren-
nent des services internes dans les hôpitaux et des services
externes chez des sages-femmes de la ville accréditées au-
près des hôpitaux, dits sages-femmes agréées. Le service
des accouchements chez les sages-femmes de la ville a été
organisé il y a quelques années afin d'empêcher l'agelomé-
ration, dans les hôpitaux, d'un trop grand nomore de
femmes accouchées et d'éviter ainsi les dangers d'affections
puerpérales qui, autrefois, s'étaient déclarées dans certains
services. Par suite de l'application de la méthode antisep-
tique, ce danger n'est plus à craindre aujourd'hui. Aussi
610^ -u i^ 3» — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Sephoibre 4880
rîménlaux de Munk, de Pcrrier et Yeo chez le singe, qui
établissent la production d'une cécité permanente par la
destruction bilatérale des plis courbes el des lobes occipi-
taux. Enfin, elle pouvait être prévue après les observations
assez npmbreuses d'hémianopsie correspondant à la des-
truction totale ou partielle d'un des lobes occipitaux; une
lésion bilatérale devait amener une double hémianopsie, et
partant une cécité totale. .
Reste à préciser plus exactement la localisation des
lésions nécessaires à la production de Tautopsie. Là-dessus,
le fait que j'ai observé ne peut rien ajouter aux connais-
sances acquises; le? lobes occipitaux sont le siège d'une
destruction trop gro&çière et t^op étendue. Je dois me
borner à y trouver leur confirmation. Toutes les régions
auxquelles on attribue un rôle prédominant dans les
perceptions visuelles sont atteintes; dans l'hémisphère
droit, la partie inférieure du pli courbe et le cunéus, dans
l'hémisphère gauche, le cunéus et la première circonvolu-
tion. La destruction des régions voisines a-t-elle aussi joué
un rôle? C'est possible^ car ici la cécité complcle est restée
permanente. La profondeur des lésions a probablement suffi
ierapêcherle retour partiel des fondions signalées dans cer-
tains cas où le foyer était limité (Berger, deuxième obser-
vation); mais on peut aussi admettre que la destruction des
régions voisines a rendu impossible toute suppléance
fonctionnelle. Nothnagel {Beriiner klinisch. W'ocA.,
p. 331, mai 1887) n'a-t-il pas en effet montré que Thémi-
anopsie corticale permanente, due ordinairement à la lésion
du cunéus etde la première circonvolution occipitale, pouvait,
dans d'autres cas, se rattacher à Taltération des deuxième
et troisième circonvolutions occipitales? Or, chez mon
malade, ces deux circonvolutions sont détruites.
La cécité corticale n'est presque jamais subite. La plu-
part du temps des troubles visuels variables la précèdent.
Les deux lésions bilatérales de l'écorce ne sont pas simul-
tanées, et c^est là deuxième lésion syniétrique h la première
Îûi vierfl compléter ou même accuser le syndrome clinique,
ihez mon malade, comme ( hez ^eluî de Éouverel, la cécité
s'est établied'unseul coup. Les phénomènes d'ordre céré-
bralqui ont précédé Tictus, et parmi lesquels il n'existait
âucuajr^uble visuel, doivent être le fait de la gène circu-
latoire qui préçè({e.si fréquemment chez les athéromateux
la thrombose définitive et le ramollissement qui en est la
conséquence*
• Je note en' passant la monoplégie avec contracture du
bras gauche ; elle est expliquée par le foyer isolé de ramol-
lissement qui siégeait à la partie supérieure de la frontale
ascendanle droite. Enfin l'étendue aes désordres explique
suffisamment la dépression profonde dans laquelle le malade
est .resté plongé jusqu'à sa na^rt.
Paiholoiele générale.
Note pour servir de document aux recherches sur la
NATURE ET l'ORIGINE DU TÉTANOS, par MH. JeASHEU
professeur, à l'École de médecine, et Laulanié, direc-
teur de l'École vétérinaire de Toulouse.
Il importe à la solution du problème de la nature et d«
l'origine du tétanos que toutes les recherches et tous le?
faits voient le jour de la- publicité. En ce qui concerne If-
tentatives expérimentales, on en a annoncé beaucoup, on
en a réussi quelques-unes, on en a publié bien peu et h
plupart sans détails suffisants. Il est nécessaire cependant
que toutes les expériences entreprises soient intimement
connues; les écuecs comme les succès ont en effet
leur valeur; valeur absolue si l'expérience défie la critique.
valeur relative si l'expérience est réformable : dans le pre-
mier cas, ils fixent la science; dans le second cas, ils indi-
quent aux chercheurs la voie à suivre et les écueils à
éviter.
Les expériences que nous avons entreprises, pour éclaîr-
cir la question de la nature et de Torigine du tétanos, n*onl
pas réussi à nous dévoiler ce qu'est ni même où est le téta-
nos; mais elles nous ont montré ce qu'il n'est pas et où il
n'est pas. Si nous ne nous illusionnons pas, c*est là un
résultat qui ne manque pas d'intérêt.
La première question que nous nous sommes posée est
celle de la nature du tétanos; le tétanos^ est-il une
maladie microbienne, ou bien une intoxication par une
leucomalne où une ptomalne imbibant la moelle épinîère?
Pour répondre à cette question, chacun de nous entreprit
une expérience.
Expériencb I. — Le 18 juin 1886, mourait en vingt-quatre
heures du tétanos, à Thôpital de Toulouse, une femme, dont
l'observation a été publiée dans une lettre de M. le pro-
fesseur Venieuil, dans la Gazette hebdomadaire, La moelle
et le bulbe furent recueillis, piles dans un mortier avec une
faible quantité d'eau distillée et alcoolisée, pour empêcher la
putréfaction. Le mélange fut filtré, le liauide obtenu fut houillt
et réduit par ébullition à la quantité de quelques gramme<,
oui furent injectés sous la peau de deux lapins. Ceux-ci n*en
éprouvèrent aucun inconvénient.
Dans celte expérience, l'ébullition ou l'alcoolisation pou-
vaient avoir, en même temps qu'elles stérilisaient le liquide,
détruit ou chassé les ptomalnes. On ne saurait faire le
même reproche à l'expérience suivante*
Expérience IL — Dans le courant du mois de juillet 1886,
mourait en quarante-huit heures, dans les hôpitaux de TErole
vétérinaire de Toulouse, un cheval atteint de tétanos trauma-
Fadmintstration a4-elle résolu de créer de nouvelles mater-
nités dans les hôpitaux, en même temps qu'elle restrein-
drait "peu à peu le service des accouchements en ville. La
réalisation de cette mesure aurait pour conséquence une
économie notable ; un accouchementqui ne coûte en moyenne
à l'hôpital que 30 francs revient chez une sage-femme
agréée à -69 francs. Les hôpitaux de Paris comprennent
8B0 Ijts pour le service des accouchements et l'on compte
88 sages-^femmes agréées auprès des hôpitaux, qui possè-
dent l68 lits. En 1888, 80^9 accouchements ont été prati-
qués à rhèpitaiet 738:2 chez ces sages-femmes.
Lecorpis médical des hôpitaux et hospices de Paris est
composé de 88 médecins et 40 chirurgiens. Les uns et les
autres sont chefs du service de santé ; ils ne sont pas subor-
éoniiés, ail point de vue du traitement des malades, à l'ad-
ministration hospitalière; mais, d'autre part, ils n'ont pa3
à s'tn&m^iseér. dans l'administration. Celle-ci parait si dési*
rtusè d'«xercer eette prérogative qu'elle a soin de nous ap-
prendre € au'en cette matière, comme le disait, non sans
amertume, M. le professeur Léon Le Fort dans sou intéres-
sante notice sur les hôpitaux de Paris: ils ne peuvent que
conseiller et se plaindre et non ordonner. Les regrets de
l'éminent professeur, ajoute-t-elle, seraient sans tloute atté-
nués aujourd'hui ; l'administration, en eCTet, ne manque
pas d'écouter et de suivre les avis et les conseils des chefs
de service, toutes les fois que ces éminents praticiens sont
d'accord pour réclamer une réforme utile au malade ou à
h science, el, en même temps, compatible avec les res-
sources du budget appelé à subvenir, non seulement aux
besoins des indigents malades, mais aussi à ceux des vieil-
lards, des infirmes et même des indigents valides >. On no
saurait plus largement témoigner de la prépondérance cl
de l'importance que cherchent à se donner les bureaux d«'
l'assistance publique de Paris 1 Dans le corpâ médical d<'>
hôpitaux et nospices de Paris, il faut aussi compter 9 ni-
decins du service des aliénés, chefs des quartiers d'aliéno^
20 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- «• 38
6H
matique contre lequel on avait vainement essayé la névrotomie.
La moelle recueillie, immédiatement après la mort, par M. Lan-
lanié, fut découpée en fragments et hacnée finement. La bouillie,
mise en macération dans une grande quantité d'eau, environ
deux litres, pendant douze heures, donna un liquide qui, dans
Thypothèse de la nature alcaloïdique de Tagent tétanigcne,
devait tenir en dissolution ou en susnension les ptoraaïnes sus-
pectes. Ce liquide, grossièrement filtré après aécantation, fut
injecté à doses massives à deux chiens et a un âne. Les chiens
reçurent par la jugulaire 45 centimètres cubes et Tâne 90 cen-
timètres cubes. Aucun des animaux ne fut atteint de tétanos.
Evidemment, s*il existe un virus tétanique microbien
ou alcaloïdique inoculable par injection intraveineuse ou
hypodermique, il n'était ni dans le liquide bouilli obtenu
après trituration de la moelle et du bulbe de la femme, ni
dans le liquide obtenu par macération de la moelle hachée
du cheval. D^ailleurs. puisque dans la seconde expérience,
il n'a été pris aucune précaution pour stériliser le liquide
expérimenté, ce liquide devait bien contenir soitle microbe,
soit la ptomaine tétanigènes, si l'un ou l'autre avait habité
la moelle, et cela d'autant plus siirement que le liquide,
n'ayant été que grossièrement filtré après décantation,
devait par conséquent être chargé aussi des ptomaïnes non
solubies dans Teau. Il semble donc légitime de conclure
que le virus tétanigène, s'il existe, n'est pas dans la
moelle, qu'il soit ptomaïne ou qu'il soit microbe. Ne serait-
il pas dans les muscles ou dans le sang? pas davantage, du
moins les expériences suivantes ne nous ont pas permis de
l'y découvrir.
Expériences III et IV. — 6 kilogrammes du muscle
furent recueillis, le 9 février 4887, sur le cadavre d'une jument
qui venait de succomber au tétanos. La masse, réduite en pulpe,
fut divisée en deux portions : Tune, traitée par rébullition
dans Peau, servit à la confection d*un bouillon ; l'autre traitée,
par Teau froide, servit à la confection d'une simple macération.
80 centimètres cubes du bouillon furent injectés sous la peau
d'un premier cheval ; 80 centimètres cubes de la macération
furent injectés sous la peau d'un deuxième cheval. Ni l'un ni
l'autre n'eurent le tétanos.
Expérience V, — 1 centimètre cube de sang, recueilli, îmmé-
diatement après la mort, sur le cadavre de la même jument, fut
injecté sous la peau d'un lapin qui n'eut pas le tétanos.
Que le virus tétanique habite les centres nerveux, les
muscles ou n'importe quel autre système, c'est évidemment
une question très intéressante à résoudre; mais il était
non moins curieux de rechercher quelle est cliniquement
Torigine du tétanos, ou, en d'autres termes, quel est l'agent
de propagation de cette maladie.
Les expériences de Nicolaier avaient paru démontrer que
l'agent tétanigène existe dans le sol souillé par les chevaux,
ou, plus exactement, par les déjections des chevaux. On
sait en effet que Nicolaïer aurait réussi à développer des
accidents tétaniques ou tétaniformes chez des lapins, sous
la peau desquels il avait injecté un liquide chargé de terre,
à condition que cette terre ait été foulée et souillée par
des chevaux. La terre de ferme, la terre de route, ou de
rue serait tétanigène, tandis que la terre de forêt ne le
serait point.
Nicolaier, du reste, si nous ne nous trompons pas, in-
jectait ses lapins avec le liquide provenant de la macéra-
lion de la terre expérimentée, sans filtration ; de telle sorte
qu'il introduisait en même temps et le liquide suspect de
virulence et des corps étrangers en soi inertes. C*était
assurément compliquer Texpérience ; sMl existe un virus
tétanique, c'est en effet un microbe ou une ptomaïne ; dans
les deux cas,la filtration grossière du liquide provenant de
la macération de la terre suspecte laissera certainement
passer le principe actif, tout en avant l'avantage de sup-
primer rintervention inopportune àe corps étrangers. Que
s'il était démontré que la présence dé corps étrangers soit
nécessaire à la genèse du tétanos, il serait démontré éga-
lement que le tétanos n'est pas une maladie infectieuse.
Mais il est au contraire certain que la présence d'un corps
étranger dans la plaie n'est pas la condition sine qua non
du développement du tétanos, puisque les cas sont nom-
breux en clinique oii le tétanos a éclaté, violent et mortel,
sans que la plaie renfermât le moindre corps étranger.
Nous avons donc jugé qu'il était meilleur et plus démon-
stratif de débarrasser les liquides que nous expérimentions
des corps étrangers dont ils étaient chargés, par la filtra-
tion sur un papier ou au moins sur un linge.
Nous nous sommes alors proposé de rechercher la capa-
cité tétanigène : 1° de la terre d'une écurie où un cheval
tétanique avait habité six mois auparavant;
2"* De la terre d'une écurie qui n'aurait jamais été habitée,
de mémoire d'homme, par un cheval tétanique ;
3° De l'urine d'un cheval atteint de tétanos ;
4"* De la litière souillée par l'urine, le crottin et la sueur
d'un cheval atteint de tétanos.
Nous avons en conséquence entrepris les expériences
suivantes à l'école vétérinaire de Toulouse :
Expérience VL — Le 11 novembre 1886, nous prenons dans
l'écurie n* H, qui, six mois auparavant^ avait été habitée par le
cheval tétanique, dont la moelle a servi à l'expérience 11, mais
qui, après avoir été soumise à un lavage à Teau chaude, avait
été habitée par d'autres chevaux malades, de la terre entre les
pavés. Cette terre est une poussière de paille et de crottin. Nous
raisons macérer cette terre, environ dix minutes, en la pilant
dans un mortier avec de Teau ordinaire. Quand la masse solide
est bien imbibée, nous filtrons sur un linge. Le liquide obtenu
est brun sale et très trouble; nous en injectons :
de Bicétre et de la Salpêtrière, dont 7 titulaires et 2 adjoints
et 9 accoucheurs, comprenant également 7 titulaires et
2 adjoints. Sous leurs ordres sont 212 internes, dont 20 ont,
de 1860 à 1888, succombé à des maladies contractées au lit
des malades. Ajoutons que 8 dentistes, docteurs en méde-
cine, sont chargés du traitement des maladies des dents
dans les hôpitaux de Paris; ils. doivent, outre leur visite
hebdomadaire dans chacun des établissements de leur
groupe, donner deux consultations, chaque semaine, dans
un hôpital qui leur est désigné. Ajoutons enfin 22 phar-
maciens, secondés par 133 élèves nommés à la suite d'un
concours.
L'assistance publique apporte aux éludes scientifiques
du corps médical des hôpitaux le concours que lui permet-
tent les ressources de son budget. On compte aujourd'hui
35 laboratoires environ mis à la disposition des chefs de
service des hôpitaux, nécessitant une dépense annuelle de
30000 à 40000 francs ; à ces chiffres il faut encore ajouter
les frais occasionnés par les 16 laboratoires réservés aux
pharmaciens des hôpitaux; de plus, Tassistance publique
contribue, à titre purement gracieux, aux dépenses des
13 laboratoires relevant des cliniques médicales et chirur-
gicales créées par la Faculté dans quelques-uns de ses hôpi*
taux et hospices. Les dépenses occasionnés par ces services
pour fournitures de produits doivent être évaluées pour
chacun à 2000 francs par an environ. On a calculé d'après
des documents officiels que de 1871 à 1886, soft pendant
seize ans, ces 13 laboratoires dont 9 existaient seulement
en 1879, ont coûté à l'administration hospitalière la somme
de 221 500 francs. En outre, les écoles d infirmiers et d'in-
firmières de Bicétre, de la Salpêtrière et de la Pitié, créées
par M. Bourneville, ont pu décerner, en 1888, 248 diplômes
gagnés dans les cours professionnels de ces écoles. Ces cours
répondent au programme suivant : administration et comp-
tabilité hospitalière, anatomie, physiologie, pansements et
petite chirurgie, hygiène, petite pharmacie, soins à donner
bii - N* 38 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Septembre 1889
15 grammes dans la jmie d'un âne;
15 grammes dans Fencolure d*un cheval ;
10 grammes sous la peau du dos d'un chien.
Comparativement nous prenons dans l'écurie des étalons de
l'école, c'est-à-dire dans une écurie qui jamais n'a contenu ou
abrité de chevaux tétaniques, ni même malades, de la terre
entre les pavés, que nous traitons de la même façon que la
terre de l écurie n» 11 ; nous injectons 5 grammes du liquide
obtenu après macération et filtration grossière^ dans le flanc
d'un cheval.
Le résultat fut nul au moins en ce qui concerne le tétanos.
Tous les animaux eurent des abcès septiques, voire même gan-
greneux chez l'âne, aucun n'eut d'accident convulsif, aucun ne
succomba.
Expérience VII. — Le 15 janvier 1887, entrait dans les hôpi-
taux de l'Ecole vétérinaire une jument percheronne atteinte de
tétanos à la suite d'une petite plaie contuse du genou du
membre antérieur gauche. M. le professeur Mauri voulut bien
la mettre à notre disposition. Il s'agissait d'un tétanos très
franc, mais â forme chronique, terminé par la mort dans la nuit
du 7 au 8 février.
Le 21 janvier, un cheval blanc, atteint de nombreuses tu-
meurs roélaniques, reçoit sur le côté droit du thorax, au niveau
d'un espace intercostal, au voisinage d'un nerf par conséquent,
une injection sous-cutanée de 50 grammes d'urines prove-
nant de la jument tétanique sus-nomiQée.
11 n'y eut aucun résultat; le. l^' février, le même cheval était
en bonne santé ; il a été sacrifié depuis.
Expérience VIII. — Le 21 janvier 1887, un petit cheval bai
fat blessé largement à la sole et au paturon du membre posté-
rieur fauche, la blessure saigna abondamment, il y avait perte
de substance. Cela fait, l'animal fut installé dans l'écurie
occupée par la jument tétanique, à côté d'elle et sur la même
litière. La litière souillée par la jument tétanique était soi-
gneusement placée sous le cneval blessé au pied.
Le même jour, deux lapins furentinstallés, dans une caisse, sur
une litière laite avec du crottin de la jument tétanique et de la
paille provenant de la litière souillée par cette même jument.
Le 22 janvier, un chien fut installé sur une litière semblable.
Le 24 janvier, l'un des lapins fut blessé à l'aide d'un large
et profond coup de ciseau sur la face plantaire des deux pattes
postérieures; le chien fut aussi blesse au membre postérieur
§auche par une .large excision du coussinet à l'aide d'un ou
eux coups de ciseaux.
Les plaies fraîches du cheval, du chien et du lapin se trou-
vaient donc en contact immédiat avec la litière de la jument
tétanique.
Aucun de ces animaux n'eut le tétanos ; tous sont aujourd'hui
en parfaite santé.
Expérience IX. -— Le 29 janvier 1887, le nerf plantaire interne
du membre antérieur gauche d'un vieux cheval est dénudé. Une
injection interstitielle est pratiquée dans ce nerf à l'aide d'une
seringue chargée d'un liquide obtenu par la macération de
170 grammes de crottin de la jument tétanique dans
790 grammes d'eau. La macération a duré dix-huit heures, le
liquide a été filtré sur un linge; puis sur du papier à filtre
ordinaire, le liquide était trounle couleur purin. La seringue
contenait environ 40 grammes ; l'aiguille a été portée dans la
gaine du nerf entre les filets nerveux, mais une bonne partie
du liquide s'est déversée dans la plaie après avoir rempli la
gaine du nerf. Les filets nerveux ont certainement été atteints
par l'injection.
L'animal n'eut pas le tétanos; il est aujourd^ui en parfait
état. (8 février 1887.)
Expérience X. — Enfin 1 centimètre cube de sueur recueillio
sur la même jument tétanique quelques instants avant sa mort,
survenue le 9 février 1887, fut injectée s#us la peau d*an lapin
qui n'eut pas le tétanos.
Sans vouloir généraliser plus qu'il ne convient, nous
croyons cependant qu'il résulte de nos expériences que :
1"* La terre d'une écurie, souillée par les déjections de
chevaux, n'ayant pas eu le. tétanos, n'est pas tétanigène
pour le cheval.
^ La terre d'une écurie, souillée par les déjections d'un
cheval tétanique et mort tétanique, mais ayant été lavée à
l'eau chaude puis habitée par d'autres animaux, n'est téta-
nigène ni pour le cheval, ni pour l'àne, ni pour le chien.
3** L'injection hypodermique d'urine ou de sueur prove-
nant d'un cheval tétanique, n'est pas tétanigène pour le
cheval (urines) ni pour le lapin (sueur).
4*" L'injection interstitielle, dans la gaine d'un nerf, d'an
liquide ontenu par macération du crottin d'un cheval téta-
nique, n'est pas tétanigène pour le cheval.
5"* Le séjour prolongé sur une litière souillée par un
cheval tétanique, n'est pas tétanigène pour le cheval, ni
pour le chien, ni pour le lapin, même si ces animaux sont
blessés et que leur plaie touche la litière suspecte (1).
On le voit, nos conclusions sont toutes négatives ; nos
recherches n'apportent donc pas une solution à la question
du tétanos, mais n'eussent-elles d'autre avantage que de
déblayer la route qui mènera au but, qu'on ne saurait
leur refuser un brevet d'utilité.
CORRESPONDANCE
A M. LE RÉDACTEUR EN CHEF DE LA f GAZETTE HEBDOMADAIRE >
Vous avez publié dans l'avant-dernier numéro de votre esti-
mable journal, une lettre d'un de nos confrères de Vannes, avec
ce titre : Cas de mort subite par une injection d'étker.
L'anecdote, telle qu'elle est racontée, tend à prouver : 1« que,
(1) Dans uno nouvelle sëric d'expériences, entreprises avec If. Mauri, profes-
seur h l'Ecole vétérinaire, nous avons inoculé de la terre prise au voisinage du
cadavre, oriterré depuis deux mois, d'un àne mort du tétanos : nous n'avons pa>
obtenu de tétanos ; nos inocules sont morts de septicémie ou bien ont survécu.
aux femmes en couches et aux enfants nouveau-nés,
exercices pratiques.
' L'importance de plus en plus grande accordée à l'hygiène
ne pouvait manquer de donner lieu à des applications nom-
breuses dans les hôpitaux de Paris. Une commission d'hy-
giène hospitalière, nommée depuis i^S% a pour mission
d'étudier tous les procédé^ qui sont recommandés pour
maintenir en état de salubrité ou pour assainir les hôpitaux.
Elle a eu à s'occuper notamment de l'aération, du chauf-
fage et de la ventilation des salles, de manière à porter de
40 à 50 mètres cubes la quantité d'air accordée à chaque
malade au lieu de 12 à 16 mètres cubes qu'ils avaient d'ordi-
naire il y a un siècle. A l'heure actuelle tous les établisse-
ments sont pourvue d'une canalisation d'eau de source,
indépendamment d'une, et même pour quelques établisse-
ments, de deux canalisations d'eau d'Ourcq ou d'eau de
rivière, pour les besoins autres que ceux domesti(]ues. Des
plaques sont apposées au-dessus de chaque robinet pour
indiquer si le liquide à en provenir est de l'eaU de rivière
ou de l'eau de source. D'autre part, tous les hôpitaux et
hospices sont pourvus de services de bains avec hydrothé-
rapie; les nouveaux procédés d'évacuation d'immondices
s'y multiplient de plus en plus : des water-closels à
siphon hydraulique avec réservoirs de chasse viennent
remplacer les latrines d'autrefois; le tout à l'égout se
réalise de plus en plus.
La localisation des maladies contagieuses dans un établis-
sement spécial n'existe actuellement qu'à l'hôpital tempo-
raire d'Aubervilliers pour la variole et dans les hôpitaux
du Midi et de Lourcine pour les affections syphilitiques.
Partout ailleurs l'administration a dû isoler les maladies
contagieuses autant que le permettaient l'emplacement et
la disposition des locaux. Dans tous les services d*iso]e-
ment, quelques règles générales sont observées aussi stric-
tement que possible : l"" séparation du service des conta-
gieux et du personnel du surplus de l'hôpital ; les dortoirs.
20 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE _ N* 38 — 6^3
dans le cas particulier, la mort du malade a été incontesta- I
Mement occasionnée par Tinjeclion; 2" à titre d'enseignement^.-^
q^uje celui qui pratique une injection sous-cutanée est tenix ne
s éloigner des vaisseaux; 3* qu'il faut en outre avoir soin de ne
pas exercer de cotistriction au-dessus du point piaué ; i^ par
voie de conséquence, que le praticien, qui a opère dans la cir^
constance, a manqué au précepte, en faisant son injection dans
une région vascufaire et en laissant le membre très serré par
une manche de chemise relevée et formant ligature.
Si l'opérateur incriminé est l'auteur même de la lettre (lettre
qui est rédigée de façon à s'y méprendre), on ne peut que le
féliciter de sa sincérité; en général, les opérateurs malheureux
ne sont pas pressés àé confesser leurs revers et leurs fautes.
Mais, si votre correspondant vise unde ses honorables confrères,
on a le devoir d'y regarder d'un peu près, et l'observation, dans
les termes où elle est rapportée, perd d'autant plus de sa valeur
qu'elle arrive tardivement (après plusieurs années écoulées);
qu'elle est dépourvue de noms propres et de date et que son
authenticité, quant aux détails, n est garantie que par la
déclaration d'un tiers qui ne parait pas avoir été témoin du
fait.
Il est toujours extrêmement délicat de faire parler les morts.
Votre correspondant invoque le témoignage du regretté docteur
Fonssagrives. Moi aussi, dans le temps, j'ai causé de l'accident
avec l'eminent professeur, qui avait conseille Tinjeclion, mais
ne l'avait pas pratiquée.
Dans la supposition d'une relation de cause à effet entre cette
opération et la mort du malade, M. Fonssagrives s'arrêtait à
diverses hypothèses, entre autres celle de l'ouverture d'une veine
et du transport du liquide éthéré jusqu'au cœur. Mais ces hypo-
thèses étaient loin de le satisfaire et il préférait expliquer l'acci-
dent par le fait d'une simple coïncidence, dont il exonérait
riiijection, rangeant le cas parmi les cas si nombreux de mort
subite, dans la période ultime des affections cardiaques. J'étais
de son avis.
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, des hypothèses ne sont pas suf-
lisautes pour autoriser cette phrase*: cas frappant de mort
subite occasionnée par une injection d'éther, ce qui tranche
une question qui ne nous parait pas le moins du monde
tranchée.
N'étant pas l'opérateur mis en cause, je n'en suis que plus
libre pour exprimer ma pensée, qui est celle-ci : La lettre de
notre confrère en dit trop et trop peu. C'est une anecdote, qui
aurait besoin de plus de précision, pour devenir une observation
scientilique. J'espère donc que l'honorable confrère, que cette
lettre touche seul, puisqu'il a pratiqué l'injection, interviendra
à son tour et remettra les choses au point.
Il y a bien encore, dans la lettre de votre correspodant, une
deuxième anecdote, racontée en moins de six lignes, d'une in-
jectionde morphine à la tempe, ayant déterminé une mort subite.
Si le fait s'est passé à Vannes, il serait peut-être bon d'y joindre
des détails. Deux cas de mort subite attribués à la seringue de
Pravaz. c'est trop pour une seule ville !
. Veuilier agéer, etc.
D** G. DE Closmadeuc.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
Premier Congrès laternaiional de pliyalologle*
L*année dernière, un certain nombre de physiologistes
de nationalités diverses se réunissaient à Berne, au mois de
septembre, et décidaient d'organiser, pour Tannée 1889, à
Bàle, le premier Congrès international de physiologie. Ce
Congrès vient d'avoir lieu du 10 au 13 septembre; son
succès est incontestable, puisqu'il comprenait environ
cent vingt-cinq membres, parmi lesquels beaucoup de phy-
siologistes les plus justement renommés de ce temps, et que,
d'autre part, il y a été fait un grand nombre de communica-
tions, parmi lesquelles plusieurs d'un haut intérêt, comme
on en pourra juger tout à l'heure*
Ce n'est pas pourtant que ces travaux semblent ouvrir à
la physiologie des voies nouvelles : on n'a vu se produire
aucun de ces faits dominateurs d'où sort immédiatement
une théorie générale qui devient cause elle-même de
recherches nombreuses et variées; mais on sait, du reste,
que les faits et les idées directrices de ce genre se pré-
sentent rarement dan?, les Congrès internationaux; ce qu'il
convient plutôt de demander à ces grandes réunions
d hommes qui ont consacré leur vie aux mêmes études,
c'est une inaication précise sur l'état actuel de la science,
objet du Congrès. Nulle part, en effet, mieux que dans ces
réunions, on ne peut se rendre compte des questions qui
intéressent les savants de tel ou tel pays; la connaissance
même très complète d'une littérature donnée n'est pas sus-
ceptible de fournir des notions aussi exactes sur ce point,
car il convient de ne pas oublier que les communications,
dans un Congrès international, sont souvent suivies de dis-
cussions, et, de plus, de conversations, qui éclairent singu-
lièrement sur l'importance que .l'on accorde dans tel ou tel
milieu scientifique aux faits présentés; aussi est-il possible,
presque toujours, de tirer de l'ensemble des communica-
tions des conclusions instructives sur le développement
général de la science. A ce point de vue, le Congi^ès de Bàle
a été fort intéressant.
Je citerai seulement quelques faits caractéristiques :
ainsi les communications de Horsiey et Gotch, de Londres
{Sur les modifications électriques dans la moelle épinière
consécutives aux excitations de la zone motrice corticale) ;
de A. Waller, de Londres {Les actions éleciro-motrices du
cœur humain)^ et en général toutes les questions concer-
nant Télectro-physiologie, excitent toujours un vif intérêt
parmi les Allemands et parmi les Anglais; il en est de
même des questions relatives à la physiologie de la con-
traction musculaire, qui ont invariablement été très discu^
les réfectoires, le vestiaire, sont distincts; en un mot, un
service d'isolement doit pourvoir lui-même à tous ses be-
soins, sans avoir à recourir aux services généraux de l'hô-
pital ; 2° port obligatoire, pour toutes les personnes qui
pénètrent dans un service de contagieux, de blouses ou vête-
ments de toile grise, pris dans un vestiaire spécial à l'entrée
et déposés dans un autre vestiaire spécial à la sortie ; ces
vêtements ne sont remis en service qu'après avoir été dé-
sinfectés; 3"* spécialisation des objets et ustensiles des-
tinés aux contagieux; ces objets et ustensiles ne sortent
des services qu'après avoir été désinfectés; 4** installation,
dans les annexes de chacun des services de contagieux, de
lavabos alimentés d'une solution antiseptique dont l'usage
est prescrit à tous ceux qui ont approché les malades. Si-
gnalons à ce propos la création de l'hôpital temporaire des
varioleux à Aubervilliers, l'installation d'étuves à désinfec-
tion par la vapeur sous pression, la construction de pavil-
lons démontables, l'un en construction, l'autre construit
dans lés deux hôpitaux d'enfants; des tentatives de désin-
fection des crachoirs des tuberculeux, la construction de
nombreui pavillons de grandes opérations et de salles d'o-
pérations, etc. Un essai d'installation d'un service d'antisep-
sie médicale est actuellement tenté dans le service de cli-
nique de M. Granchër à l'hôpital des Enfants-Malades* Les
pai*quets des salles sont recouverts de trois couches d'huile
de lin, les fissures ayant été* au préalable calfeutrées à
l'aide d'un mastic spécial ; les rideaux des fenêtres ont été
supprimés; les lits en usage, démontables, la lilerie, les
vêtements sont désinfectés au moyen d'une éluve à vapeur
sous pression ; des entourages pouvant également être passés
à l'étuve servent à isoler les enfants contagieux ; des paniers
en fil de fer étamé, conteilant les aliments destinés à ces
enfants, sont plongés, après avoir servi, avec les divers,
ustensiles, dans des étuves à stérilisation ; dans chaque
salle sont des lavabos munis de brosses à ongles, de cure-
ongles et de bocaux contenant un liquide désinfectant ; les
614 — N* 38 --
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Septembre i889
tées; de môme encore de la mécanîaue circulatoire et de
tous les procédés servant aux recherches hémodynaraomé-
triques; de même aussi des questions qui ont trait à l'exis-
tence ou à la nature des centres psycho-moteurs, etc.
Il est remarquable, d'autre part, qu'il ait été fort peu
parlé, dans ce Èongrès, de chimie physiologique. On con-
naît radmirable développement de cette science en Alle-
magne; or les chimistes-physiologistes se sont presque
tous abstenus de venir au Congrès de Bâie : avaient-ils
craint d'être peu écoutés de la plupart des assistants? Cette
supposition est bien peu admissible. Je crois plutôt, d'après
ce que j'ai entendu aire de divers côtés, que déjà les chi-
mistes-physiologistes considèrent la partie de la science
dont ils s'occupent comme pouvant et devant avoir une
existence indépendante du reste de la physiologie. N'est-ce
f»as pour cette raison qu'ils travaillent dès maintenant à
aire organiser une section de chimie physiologiaue au Con-
grès international de médecine qui doit avoir lieu l'année
prochaine à Berlin?
Outre les communications de physiologie expérimentale
et de chimie biologique, on admettait, au Congrès de BâIe,
les communications relatives à la pharmacobgif^, à la patho-
logie expérimentale et à la physiologie végétale. Il n'a été
(irésenté aucun travail de pharmacologie; on tirera de là
es conclusions que l'on voudra. D'autre part, il est remar-
quable que les Français seuls aient fait des communications
ayant trait à la physiologie comparée ou à la pathologie
expérimentale, qui, d'ailleurs, ont été écoutées avec une
grande attention. Or on contesterait difficilement la haute
portée des études de physiologie comparée et de physiologie
[)athologique, parmi lesquelles rentre une bonne partie de
a bactériologie. Il est donc manifeste que, sous ce rapport,
et à en juger du moins par ce qui s'est passé au Congrès de
Bàle, la science d'origine française continue à marcher en
avant.
La véritable originalité de ce Congrès se trouve peut-
être dans les séances de démonstrations qui ont rempli deux
après-midi. Par une heureuse innovation, plusieurs salles
du Vesalianum ^Institut d'anatomie et de physiologie) ont
été mises à la aisposition des expérimentateurs, ainsi que
les instruments, les appareils et les animaux nécessaires,
de telle sorte ^u'on a pu assister facilement à un grand
nombre d'expériences, les discuter, examiner les appareils,
leur fonctionnement» etc. Je citerai particulièrement les
expériences de Horsiey sur les centres psycho-moteurs du
singe et sur la variation négative dans la moelle à la suite
d'excitation de la substance corticale; celles de Waller sur
les actions électro-motrices produites par la contraction du
cœur chez l'homme; les expériences d'hémodynamique et
les démonstrations d'hémodynamomètres de Hûnthle (de
Breslau), de Gad ei Heymanns (de Berlin); la présentation
[»ar Jacoby (de Strasbourg) d'un intéressant appareil pour
a circulation artificielle, appareil employé dans le labora-
toire de Schmiedeberg, à Strasbourg; les démonstrations
d'appareils de Gad et Heymanns (myographe universel), de
Gregorescu (de Bucharest), qui a présenté un nouvel appa-
reil pour mesurer la vitesse de l'onde musculaire; de llosso
(de Turin), (^ui a présenté son ergographe; les expériences
de L. Frédérica (de Liège) sur l'anémie delà moelle; celles
de Kronecker (de Berne) sur la déglutition; les démonstra-
tions de Hering (de Prague) sur le sens des couleucs; la
démonstration par L. Lapique (de Paris) de son procédé de
dosage rapide du fer dans les organes; les belles démonstra-
tions microscopiques de Danilewsky (de Karkow) sur des
hématozoaires vivant dans le sang d oiseaux, et de Langley
(de Cambridge) sur les changements microscopiques dans
les glandes en sécrétion, etc., etc.
Quelques mots seulement sur la physionomie générale
du Congrès. La séance d'ouverture a eu lieu sous la pré-
sidence du professeur Miescher (de Bàle); allocution du
président ; allocution du docteur Zutt, membre du gouver-
nement; réponse du professeur Michaêl Porter (de Cam-
bridgeV au nom des membres du Congrès, et de Heiden-
hain (de Breslau); puis le professeur Heger (de Bruxelles)
a pris la présidence et les communications ont commencé.
Les secrétaires généraux nommés ont été Dastre (de Paris) ;
Gaskell (de Cambridge); Kronecker (de Berne). Les com-
munications et les discussions ont eu lieu indistinctement en
allemand, en anglais et en français; les Belges, les Russes,
plusieurs Suisses et les Italiens ont employé la langue fran-
çaise. Parmi les Français présents, nous pouvons citer
MM. Bouchard, Charrin, Chauveau, Dastre, E. Gley, P. Lan-
glois, P. Loye, G.-H. Roger, M. Baudoin, secrétaire de la
rédaction du Progrès médical (de Paris): Kaufmann (d'AI-
fort); E. Meyer (de Lille) ; Arloing, R. Dubois, Morat (de
Lyon); Lannegràce, Hidon (de Montpellier), etc.; parmi les
allemands, Fick (de Wùrzbourç); van Frey, His(de Leipzig) ;
Gad, Preyer, Zuntz (de Berlin); Hermann, Langendorff (de
Kônigsberg) ; Grûtzner(deTubingen); Marckweld (de Kreuz-
nach); Ewald, Goitz, Minkovirski, Locle (de Strasbourg);
Heidenhain (de Breslau); Rosenthai (d'Erlangen),etc.; puis
von Vintschgau (d'Insbruck); Hering, Knoll (de Prague);
Cybulski (de Cracovie); Bowditch (de Boston); Horsiey,
A. Gamger, Jeo (de Londres); M. Poster, Gaskell, Langley
(de Cambridge), etc., etc.; Heger (de Bruxelles); L. Fré-
déricq (de Liège) ; Denys (de Louvain) ; Holmgren (d'Upsal);
Tigerstedt (de Stockholm); Bunge, Miescher, Socin (de
Bàle), etc.; kronecker, Kocher (de Berne): Schiff, Prévost,
Girard (de Genève V, Herzen (de Lausanne); A. Mosso (de
Turin); G. Fano (de Gènes); Alberloni (de Bologne), etc.;
vases de nuit et les crachoirs des malades sont également
soumis à la désinfection. Enfin, les médecins, élèves et
agents du personnel secondaire ne pénètrent dans les salles
qu'après avoir revêtu un vêtement de toile, qui est passé à
1 étuve aussitôt après que les personnes qui Tout porté se
sont approchées d'un malade atteint d'une maladie conta-
gieuse ou suspecte. Rappelons enfin que le service des vac-
cinations se fait régulièrement dans les hôpitaux à l'aide
d'une génisse. 13575 vaccinations ont été pratiquées en
1888 et 80180 revaccinations, ainsi que 20246 vaccinations
dans les bureaux de bienfaisance.
Telles sont les indications qui caractérisent le mieux les
efforts que le corps médical est parvenu à obtenir de
l'administration de l'assistance publique de Paris ; les ré-
sultats déjà acquis permettent d'espérer qu'aucun obstacle
ne l'arrêtera désormais dans celte voie.
{A suivre.)
Mortalité a Paris (36* semaine, du l"* au 7 septembre
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 28.
— Variole, 1. — Rougeole, iO. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 12. — Diphthérie, croup, 32. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 171. — Autres tuberculoses, 26. — Tumeurs:
cancéreuses, 42; autres, 5. — Méningite, 23. — Congés-
tion et hémorrhagies cérébrales, 35. — Paralysie, 4, —
Ramollissement cérébral, 9. — Maladies orjg^aniquesdu cœur, 44.
— Bronchite aiguë, 12. — Bronchite chroniques, 2 1 . — Bronche*
pneumonie, 7. — Pneumonie, 37. — Gastro-entérite: sein, 15;
biberon, 84. — Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 6. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité con-
génitale, 16. — Sénilité, 22. — Suicides, 27. — Autres morts
violentes, 4. — Autres causes de mort, 175. — G&oses
inconnues, H . — Total : 890.
20 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DB MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
_ Ro 3J. _ 615
deTarchanoff(de Sainl-Pétersboarg); Danilewski (de Kar-
kow), etc.
Dans la séance de clôture, il a été décidé que le pro-
chain Congrès aurait lieu dans trois ans, en Belgique ou en
Suisse.
Quant aux communications présentées, nous n'analyse-
rons que les principales; mais ce compte rendu, quelque
sommaire qu'il doive être, ne sera sans doute pas inutile
pour donner une idée plus complète du Congrès, d'autant
qu'il a été décidé par ce Congrès, malgré une opposition
assez vive, qu'on ne publierait pas ofliciellement autre chose
que les titres des communications.
SéancesdumardiII SEPTEMBRE.— M. Hecer(de Bruxelles),
PUIS HM. FOSTER (DE CAMBRIDGE), PRÉSIDENTS.
M. His (de Leipzig) parle de rorganisation intime de la sub-
stance grise de la moelle et du cerveau et de nos représentations
physiologiques à cet égard. 1/opinion dominante, depuis Gerlach,
est qu*il existe un réseau nerveux, intermédiaire entre les pro-
cessus ramifiés des cellules nerveuses, les nerfs sensilifs et les
nerfs partant du cerveau. Que vaut cette opinion au point de
vue de 1 histogenèse? La plaque médullaire de Terabryon con-
tient deux espèces de cellules : les épithéliales et les cellules
Î^erminatives; ce sont ces dernières qui se transforment en cel-
ules nerveuses, les autres donnent naissance à un système de
trabccules semblable à celui de la rétine et qui se termine en
dedans par une membrane, en dehors par une coupe spongieuse
ou voile marginal de His. Les cellules gerrainatives prennent
une forme allongée et leur protoplasma se porte d'un côlé pour
se réunir en un seul lilament, qui est le cylindre-axe; ce sont
ces cellules que Ton désigne comme neuroblastes. Ces neuro-
blastes vont de leur lieu d'origine vers la périphérie de la moelle,
où ils sont retenus par le voile marginal; une partie des fibres
neuroblastiques quitte la moelle et rorme les racines motrices.
Les fibres des racines sensitives, au contraire, ne se forment pas
dans rintérieur de la moelle, elles parlent des cellules bipolaires
des ganglions et aboutissent à la surface de la moelle pour con-
stituer les cordons postérieurs et les racines ascendantes des
nerfs sensitifs cérébraux. Ainsi les fibres motrices seules sont
issues de certaines cellules centrales, les sensitives proviennent
de cellules ganglionnaires; par suite, la signification de ce que
nous appelons noyau nerveux ne peut être la même pour un nerf
moteur et pour un nerf sensitif. Le noyau d'un nerf moteur peut
être considéré comme Pensenible des cellules qui donne origine
à ces fibres; un noyau sensitif central ne peut avoir la même
signification, puisque les fibres sensitives proviennent du dehors^
La question de savoir ce. que représentent les organes considérés
jusqu'à présent comme noyaux sensitifs, reste donc à l'étude.
M. His examine alors Tépoque de la formation du processus
des neuroblastes ou cylindre-axe (question déjà étudiée par
Visual), et la question des réseaux nerveux de Gerlach. D'après
lui, ces réseaux n'existent pas; il ny a pas autre chose que des
embranchements de fibres sans anastomoses; d'autre part, This-
logenèse montre que les fibres, qu'il s'agisse de cylindres-axes
ou de processus ramifiés, proviennent de cellules à bouts libres
et se propagent peu à peu par Taccroissement de ces bouts. Il
ne peut admettre dans la substance grise que des territoires
formés par des embranchements entrelacés et entourés d'une
substance conductrice non fibrillaire.
— M. Bouchard (de Paris) expose que les recherches qu'il
poursuit depuis plusieurs années lui ont montré que les poisons
contenus dans les urines sont de source variée et nombreux, les
uns provenant de l'alimentation, les autres de la désassimilation
normale, d'autres encore de la putréfaction bactérienne. Ces
poisons organiques influencent la toxicité urinaire de la façon la
plus mate. Ainsi chez les animaux chez lesquels M. Bouchard
est parvenu à réaliser presque complètement l'asepsie intes-
linale, cette toxicité diminue considérablement. Par contre,
chez l'homme, dans les cas de pulridité intestinale, cetie toxicité
augmente beaucoup.
L'élimination de ces substances toxiques se fait donc surtout,
sinon absolument, par la voie urinaire. Dès lors, il était rationnel
de penser que des bactéries pathogènes développées dans l'or-
ganisme peuvent y fabriquer des poisons dont il est possible de
montrer la présence dans les urines. La première preuve de ce
fait a été fournie à M. Bouchard par ses expériences sur la toxicité
des urines de cholériques, en 1884; l'infection de ces urines
reproduisait sur le lapin un ensemble de troubles morbides
dont la physionomie rappelle celle des principaux symptômes du
choléra chez l'homme, une autre preuve a été donnée par les
expériences faites avec les urines de lapins atteints de la maladie
pyocyanique. M. Charrin a montré que la paralysie spasmodique
caractéristique de cette maladie peut être produite par des
infections des liquides de cultures filtrées. De même, M. Bou-
chard a vu l'infection intra-veineuse des urines déterminer
cette paralysie. Récemment, en employant le même procédé,
MM. Roux et Yersin ont reproduit la paralysie diphthéritique.
D*autres faits montrent 1 importance de cette élimination par
le rein. Par ces infections d'urine, mais à des doses atténuées,
M. Bouchard a pu obtenir l'immunité pour la maladie pyocya-
nique; cependant les animaux ayant reçu ces injections ne pré-
sentent aucun trouble; ils n'en sont pas moins devenus réfrac-
taires à la maladie.
En définitive, le rein élimine les poisons fabriqués par de^
microbes comme il élimine les poisons organiques normalement
produits ou certaines substances minérales.
— M. Heidenhain (de Breslau) traite de la formation de la
lymphe. La lymphe serait le produit de l'activité sécrétoire des
cellules des capillaires. Les infections dans le sang de certaines
substances, telles que l'urée, le sucre, le chlorure de sodium,
activent le cours de la lymphe et, d'autre part, ces substances
apparaissent dans ce liquide en beaucoup plus forte proportion
Sue dans le sang; ce fait indique une activité sécrétoire propre.
e même, les injections de peptones activent la circulation
lymphatique, même quand la pression sanguine est trop faible;
et on montre que la théorie qui explique la formation de la
lymphe par une simple filtration ne peut être fondée.
Une discussion importante suit cette communication, discus-
sion à laquelle prennent particulièrent part Fick (de Wûrzbourg) ;
Fano (de Gênes); Rosenthal (de Erlangen) ; Bunge (de Bàle).
Heidenhriin maintient son idée que la formation de la lymphe
est en définitive un phénomène de l'ordre des sécrétions; quand
la quantité de lymphe augmente^ la sécrétion de l'urine augmente
également; le système lymphatique est un réservoir dans lequel
s accumulent les substances oui doivent être éliminées par les
urines après avoir passé dans le sang.
— M. Mosso (de Turin) présente un appareil qu'il appelle
ergographe, qu'il a fait construire et qui enregistre le travail
musculaire. Cet appareil lui a permis de faire de nombreuses
expériences sur la fatigue chez Thomme à la suite de Texercice
Tofontaire des muscles et d'étudier particulièrement l'influence
du travail cérébral sur la fatigue. Après un travail de cet ordre
assez prolongé, le muscle n'a plus de force. Cependant, si on
f provoque sa contraction par l'irritation du nerf (nerf médian dans
es expériences de Mosso), la volonté redevient capable de
commander des contractions. D autre part, il n'y a pas de diffé-
rences entre les tracés qu'on obtient par le travail volontaire et
ceux que donne l'excitation du nerf ou l'excitation directe du
muscle.
Mosso ne voit que deux hypothèses pour expliquer les
résultats de ses expériences: ou bien le cerveau, en travaillant,
enlève quelque élément au liquide sanguin, ou bien il produit
quelque substance qui empoisonne le muscle. Cette seconde
hypothèse lui parait plus probable. 11 a vu, par exemple, que,
lorsque le muscle fatigué ne peut plus répondre à l'excitation de
la volonté, il suffit d'exciter le nerf pour provoquer une con-
traction et que, tout de suite après, la volonté devient capable
de déterminer une contraction ; on peut penser que ce court
repos de la volonté (phénomène cérébral) qui na duré que
quelques secondes, a sufQ pour augmenter sa lorce.
— M. Goltz (de Strasbourg) présente un chien auquel il a
enlevé il y a vingt mois toute la zone motrice du côté gauche et,
de plus, la grande partie du cerveau postérieur du même côté.
Cependant, un an après l'opération, ce chien se servait de sa
patte droite exactement comme de la gauche. Goltz montre que,
si on empêche cet animal d'employer sa patte gauche, il use
parfaitement de la droite, pour trouver un morceau de viande
caché dans du sable De plus, la sensibilité de cette patte serait
revenue à l'état normal. De ce fait, Goltz conclut que tous les
troubles consécutifs à l'ablation de la zone motrice ne sont que
passagers.
— M. Honley (de Londres) montre, par l'analyse des fonc«
616 — N» 38 —
GAZETTE HEDDOMÂDAIRE DE HÉDECINE ET DE CHIRURGIE % Septembre 1889
lions motrices du cerveau, c^u'il faut s'adresser aux animaux
supérieurs pour étudier ces fonctions. C'est pour cetle raison
que le docteur Beevor et lui-même ont poursuivi leurs expé-
riences sur le singe, s'adressant toujours à la même espèce, le
macacus simicm. Quand, sur cet animal, on excite avec un cou-
rant toujours minimum la zone motrice, on obtient, par l'appli-
cation des électrodes sur un point donné, un seul mouvement
exactement limité : c'est le mouvement primaire. Si Ton pro-
longe l'excitation, on observe d'autres mouvements qui appa-
raissent suivant un ordre bien déterminé : ce sont les mouve-
ments secondaires. Horsley et Beevor expérimentent alors sur
un singe éthérisé et successivement produisent des mouvements
isolés du pouce, des doigts, du poignet, la flexion de l'avant-
bras sur le bras, etc., puis les mouvements associés résultant
d'une excitation prolongée, enfin les mouvements isolés et asso-
ciés des muscles de la face et des yeux.
— M. Morat (de Lyon) et M. Dastre (de Paris), sur la demande
de plusieurs membres du Congrès, montrent l'expérience qu'ils
ont réalisée il y a plusieurs années déjà sur le chien et qui
prouve l'existence dans le cordon cervical du sympathique de
nlets vaso-dilatateurs pour la région buccale.
-r- M. Bowditch (de Boston) montre en projection des séries
de photographies, composées chacune de douze portraits repré-
sentant douze médecios, douze cochers de tramway et douze
conducteurs ; pour chaque groupe il a été fait un portrait com-
posite. Or, le degré d'intelligence que l'on constate pour un
groupe déterminé est différent et assez constant ; cette différence
est bien visible d'après le portrait composite. De là on peut
conclure que les photographies de ce genre peuvent donner
un type du développement mental. Par exemple l'étude des por-
traits composites d'un grand nombre d'étudiants américains
prouve que la comparaison de portraits analogues dans les dif-
férents pays révélerait des différences typiques de race.
— M. Fano (de Gênes) décrit le procédé pholo^raphiaue qui
lui a permis d'inscrire simultanément la contraction de l'extré-
mité auriculaire et de l'extrémité ventriculaire de l'embryon du
poulet, à^é de soixante heures; par cette méthode il a pu me-
surer la vitesse de propagation de l'onde péristaltique à travers
la masse du cœur ; cette vitesse est à peu près de 1 1 milli-
mètres par seconde. D'autre part, un appareil spécial lui a per-
mis de couper le cœur à divers endroits et ainsi il a pu consta-
ter que la portion auriculaire a un pouvoir automatique plus
considérable que la portion ventriculaire, mais qu'elle est
beaucoup moins excitable. Ce fait expliquerait, d'après Fano,
pourauoi l'oreillette est plus résistante que le ventricule, pour-
quoi le mouvement commence toujours par l'oreillette pour se
propager au ventricule qui^ moins automatique et plus excitable,
est en état de subir les influences qu'il reçoit de l'oreillette.
Quant à cette différence entre l'oreillette et le ventricule, il faut
plus grande résistance aux gaz asphyxiants.
-r- M. Knoll (de Praçue) présente une série de courbes de
pression dans l'artère pulmonaire et dans la carotide obtenues sur
le chien, qui montrent que, dans la dyspnée, une 'excitation sen-
sitîve détermine une augmentation de pression dans les artères
de la grande circulation ; lors des oscillations spontanées de la
pression, celle-ci peut rester invariable dans l'artère pulmo-
naire ; par suite les excitations des vaso-constricteurs dans les
conditions précédentes ne retentissent pas sur les artères de la
petite circulation. Les modifications qui dans ces conditions
surviennent dans la petite circulation sont dues à un reflux du
sang du cœur gauche dans le cœur droit et à un changement
dans l'activité des deux parties du cœur. Il n'y a pas d'action
du pneumogastrique limitée au cœur gauche ; mais, dans le cas
d'augmentation de pression dans le ventricule gauche, il peut
se produire une irrégularité des pulsations que l'on confondrait
aisément avec une action unilatérale du va^e. Le fait de l'iden-
tité des courbes dans les deux circulations, étant donnée la
grande diftérence des deux systèmes vasculaires, est contraire à
cette opinion que les élévations que Ton observe dans les pé-
riodes d'ascension des courbes artérielles sont dues à l'électri-
cité et au reflux du sang.
— M. Arloing (de Lyon) rapporte des expériences qui démon-
trent l'existence, dans le sympathique cervical, de fibres excito-
sécrétoires et de fibres fréno-secrétoires pour les glandes du mufle
du bœufj les glandes de Meibomius et les glandes lacrymales; le
même fait peut être aussi constaté choz la chèvre, quoique plus
difficilement que chez le bœuf; chez le chien, rexpérietice ne
réussit pas. Arloing rappelle d'abord que c'est à Luchsinger
3u'on doit la preuve de l'existence de hbres excito-sécrétoires
ans le nerf dont il s'agit. Immédiatement après la section du
cordon cervical sympatnique, on voit survenir une rosée abon-
dante sur le mufle du bœuf, du côté où le nerf a été sectionné;
si l'on excite .e segment cervical du nerf, la sécrétion augmente
beaucoup ; puis le museau devient sec de ce côté et reste sec
pendant plusieurs jours. Mais alors la sécrétion reparaît, non
cependant sur tous les points; il y en a, en effet, sur lesquels
elle ne reparait jamais, ce qui prouve que là n'aboutissent point
de fibres excito-sécrétoires. Or, le point essentiel de ces expé-
riences, c'est que, si l'on vient, sur le même animal, quarante
jours après la section nerveuse, à pratiquer une injection de
pilocarpine, on voit se produire les effets ordinaires de cette
infection non seulement au côté oh le nerf est intact, mais aus<;i,
quoiqu'un peu plus tard, sur les points où la sécrétion s' étais
tarie; et même ces effets ne tardent pas à être plus raarquél
de ce côté. On ne peut évidemment expliauer ce fait que par la
suppression de filets frénateurs. La seule obligation possible,
c'est que la sécrétion soit active dans les glandes par suite de la
section du sympathique; mais on sait que les effets circulatoires
de cette opération ont totalement disparu après un certain
temps*
L'hypothèse, d'ailleurs, est confirmée par ce qui se passe du
côté de la glande lacrymale. Après la section ciu sympathiane
chez le bœuf, il se produit une exagération de la sécrétion aes
glandes de Meibomius et des larmes; on a donc mentionné des
hbres frénatrices. Si l'on fait une injection de pilocarpine, les
yeux se remplissent de larmes des deux côtés; mais, du côté
opéré, il s'en écoule trois fois plus environ que du côté sain, dans
le même laps de temps. Ce résultat montre bien encore que la
section a supprimé des fibres frénatrices.
Mais il n'en existe pas moins, dans ce nerf, des fibres excito-
sécrétoires; une simple expérience le démontre. On coupe le
nerf en cfuestion; un mois après, on coupe celui de l'autre côté;
on administre tout de suite de la pilocarpine; la sécrétion est
plus active de ce côté; c'est qu'en effet, non seulement ici les
nerfs modérateurs sont supprimés comme de l'autre côté, mais les
fibres excito-sécrétoires sont encore excitables (la section venant
seulement d'être faite) par le poison.
(A suivre.) Gley.
AsMielailon médleale brlianalqM, acasioa de Lccds,
aoAt 188» (1).
Chirurgie.
Traitement du cancer du rectum. — La discussion sur ce
point a été ouverte par Jessop qui, après avoir démontré l'ina-
nité actuelle des essais médicaux, a exposé le traitement clii-
rurgical. L'extirpation partielle du rectum est une mauvaise
opération. Comme intervention radicale il ne saurait être question
que de l'extirpation totale telle Qu'elle a été pratiquée depuis
quelques années en Allemagne. Jessop a fait sept opérations:
une mort opératoire; une récidive rapidement mortelle; cinq
survies en bon état au bout de vingt et un, dix-sept et cinq
mois. Les résultats sont meilleurs que ceux de la colotomie la
plus favorable. La colotomie est indiquée pour les cancers
causant de l'obstruction; or ceux-là sont précisément ceux de la
moitié supérieure du rectum, et Jessop n'a encore extirpé que
les cancers situés à la portée du doigt. Dés que le cancer élevé
est diagnostiqué, il faut établir un cancer artificiel, et il est
indiscutable qu'on prolonge ainsi de plusieurs mois la vie
moyenne. Jessop a fait cinquante-quatre colotomies, toutes lom-
baires, mais il se déclare rallié à l'inguinale par les travaux
récents.
F. Marsh présente une malade à laauelle il a fait ropération
de Madelung. Harrisson Cripps se déclare partisan de l'extirpa-
tion précoce. Allingham de même. Pour les cas inopérables il
préconise, ainsi aue Ward CousinSy la colotomie inguinale, que
mieux vaut appeler iliaque, objecte Vincent Jackson, Ce dernïeT
{{) O'aprto le compte rendu de la Laneel, 47 août 1880, et snininU.
80 SEPTEitdRE 1889 GA2EtfE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 38
617
auteur (qui s'en lient aux actes palliatifs) préfère la colotomie
lombaire dans les cas d'occlusion ai^pé; Tiliaque dans les autres.
Bennet May fait plus tôt la colotomie depuis qu*il s'est rallié à
ringuinale, plus facile, surtout quand lu côlon est vide. Le côlon
étant distendu, la lombaire est aisée. LorSqu*on prévoit une
survie notable, Topération de Madelung est bonne. C'est à elle
que s'adresse, en principe, Bowreman Jessety pour oui l'extir-
pation n*a que de rares indications, et qui reproche à l'opération
d'Allingham d'exposer trop au prolapsus intestinal. Rmhlon
Parker ne recule pas devant Tablation; il cite un fait où il a
enlevé 12 pouces du rectum, après résection sacro-coccygienne.
Trendelenburg (de Bonn) est pour l'ablation. Ingiis Parkson
préconise le traitement par les courants voltaïques interrompus,
intenses.
CuoLÉ-CYSTO-ENTÉROTOMiE. — Malade présenté par Mayo
Eobson; opéré pour une fistule totale, ayant quinze mois de
date. La santé est actuellement excellente.
Tumeur cérébrale enlevée par Rushton Parker à un homme
de trente-huit ans au niveau de la zone Rolandiquc (phénomènes
cérébraux assez obscurs, pour hémiplégie). C'est prohablement
une gomme, quoique le traitement spêcilique ait été inefficace.
La plaie a suppuré et les accidents se sont aggravés. Alors le
foyer a été détergé et gratté; Topéré aujourd'hui, au bout de
cin<î mois, va bien. Otto E* Relier a fait une trépanation pour
actinomycose cérébrale.
Abcès du cerveau. — Comme il y a deux ans, Macewen s'est
occupé des abcès consécutifs aux otites moyennes et aux suppu-
rations tuberculeuses de l'apophyse mastoïde. 11 insiste à nouveau :
l"" sur (e diagnostic avec la thrombose des sinus; f* sur la diffi-
culté de bien préciser le siège de l'abcès dans la substance
cérébrale, car il occupe, en somme, une zone latente* Le
diagnostic des abcès du cervelet est plus facile. Rien de neuf
opératoirement.
Chirurgie rénale, par Henry Morris. — L'auteur insiste sur
les calculs rénaux, difficiles souvent à diagnostiquer, car des
foyers tuberculeux ou purulents, donnent des sensations tactiles
analogues, difficiles à opérer en raison de leur siège variable
dans le rein. La néphrectomie est peu avantageuse dans la
tuberculose avancée. En principe, la néphrectomie lombaire est
la meilleure. La néphrorrhaphie rend de grands services en cas
de rein flottant.
Hypertrophie de la prostate. — Mac GUI pense que les
5 restâtes qui causent de la rétention proéminent avant tout
ans la vessie et non dans le rectum. En rorme de valvules, elles
bouchent l'orifice uréthral. hien souvent, le vrai traitement est
le cathétérisme répété. Quand il est inefficace ou impraticable,
il faut opérer et avoir pour but: l** d'enlever la tumeur; S** de
drainer pendant longtemps. Aussi la vraie voie est-elle la taille
hypogaslriaue. Dix opérés ont fourni huit succès fonctionnels
remarquables; deux résultats nuls. Edward Aikinson a fait
cinq prostalectomies sus-pubiennes; une mort; quatre guérisons
avec bon résultat fonctionnel. Reginald Harrison^ partisan des
opérations précoces , relate un fait de prostatectomie périnéale.
Bruce Clarke a eu à soigner onze prostatiques chez qui une
opération était indiquée. Il conseille d inciser d'abord le périnée
pour explorer la proslate, et après cela seulement d'agir, s'il est
nécessaire, par la voie hypogastrique. Ward Cousins est inter-
yenn deux fois et a enlevé des masses infra-vésicales de nature
cancéreuse. 11 a adopté les idées de Mac Gill. Macewen, après
avoir entendu Mae Gill et vu ses malades, se déclare converti à
l'opération sus-pubienne. Bennet May pense que cette voie seule
permet l'extirpation d'une masse morbide, mais la cystolomie
périnéale assure bien mieux le drainage.
Luxation congénitale de la hanche, bilatérale, guérie par
W. Adams à l'aide du décubitus dorsal et de l'extension prolongée
pendant deux ans.
Typhlite et pérityphlite. — F. Trêves résume sur ce point
ses idées, qu'il a déjà fait connaître à diverses reprises. Il est
adversaire de la ponction exploratrice. En règle générale il con-
seille une incision parallèle à l'arcade de Fallope; incision pré-
coce, mais non point dès les premiers accidents. Pour la typhlite
à répétition, il vaut mieux s'adresser à la laparotomie, de façon
à bien atteindre et bien réséquer l'appendice malade. Il est
f parfois assez difficile de distinguer exactement l'appendice et
'uretère distendu.
Électricité en gynécologie. — Une longue discussion a eu
lieu sur ce point dans la section d'obstétrique à la suite d'un
mémoire de Playfair. Playfair est un partisan convaincu de la
méthode d'Apostoli: l"* pourles myomes hémorrhagiques ; ^"^ pour
ceux qui sont enclavés dans le bassin. On ne se rabattra sur
l'hystérectomie qu'après échec de la méthode électrique. Bons
résultats également pour la dysménorrhée membraneuse et pour
le catarrhe utérin chronique. Cutter (de New-York) électrise les
myomes depuis dix-huit ans. Il a la statistique suivante:
cas enrayés, 50 pour iOO ; guérison, 22 pour 100 ; mort,
8 pour ICK). Lawson Tait, depuis 1880, a fait 262 castrations
pour mvomes, avec 1,23 pour 100 de mortalité. D'autre part, il
demande une étude plus scientifiaue de Télectrisation et reste
en défiance, car l'échec est jusqu'à présent constant toutes les
fois que les électriciens s'attaquent à une tumeur externe, où les
résultats sont aisés à contrôler par la vue et le toucher. Cutter a
en somme 8 pour 100 de mortalité et 22 pour 100 de guérisons.
Tait n'enregistre que 1,23 pour 100 de décès, et au contraire
91 pour 100 de guérisons. Graily Hewitt se déclare peu satisfait
de ses essais d'électricité. Brailhwaile reconnaît que Félectri-
sation donne quelques résultats. Mais la castration est plus
efficace et ses risaues sont bien minimes. Imbach, Horrockf
sOnt adversaires de l'électrisation. More Madden en est partisan.
Plaies de tête et méningite consécutive. — Charton a publié
des observations montrant que la méningite tuberculeuse peut
éclater à la suite de traumas crâniens légers, quelquefois, par
exemple, chez des enfants frappés à l'école. Ainsi que Scattergood,
il insiste sur l'intérêt médico-légal de ces faits^
A. B.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadéoile des aclenees.
séance do 9 septembre 1889. — présidence
de m. des cloizeaux.
Étude bactériologique des lésions de la péripneu-
MONiE contagieuse DU BŒUF. — M. Arloing a reconim
dans la sérosité qui s'écoule des parois d'une coupe faite à
travers un poumon malade, la présence de microbes peu
nombreux relativement à l'importance des lésions, et consti-
tués par de très courts bacilles et des microcoques isolés,
inégaux ou associés deux à deux. Si l'on répartit la sérosité
qui s'échappe spontanément d'une coupe, entre un petit
nombre de ballons chargés de bouillon, la plupart restent
stériles. Les cultures sont presque sûrement négatives, si
elles sont ensemencées avec la sérosité claire que'l on aspire
minutieusement de la profondeur des lésions avec une
pipette effilée. Pour obtenir des cultures fécondes, il faut
déposer dans un ballon une grande quantité de ces semences,
ou bien se servir de la sérosité qui sort de la coupe sous
l'influence du raclage. Mais ces cultures renferment plu-
sieurs microbes qu'il importe d'isoler. Au lieu de procéder
à la dilution et à rensemencemcnt fractionné des cultures,
il est plus simple, vu la rareté des microbes, de répartir
directement la sérosité pulmonaire sur la gélatine nutritive,
à 1 aide d'un fil de platine ou d'une fine pipette. Des colo-
nies qui naissent de ces semis, on retire quatre microbes
différents : l"" un bacille qui fluidifie promptement et com-
plètement la gélatine; i° un microcoque non fluidifiant,
dont les colonies blanches ressemblent à des gouttes de
bougie; 3** un microcoque dont les colonies blanchâtres
s'étalent en une couche mince, qui se ride et se plisse en
618 — N* 38 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Septembre 1889
vieillissant; 4« un autre microcoque, dont les colonies
allongées ou circulaires prennent une belle teinte jaune
orangé. M. Arloing propose d'appeler le premier Pneumo-
bacillus liquefacietis boviSy le second Pneumococcus
gutta^cereiy le troisième Pneumococcus lichenoides, le
Îuatrième Pneumococcus flavescens. Il est possible que le
n. gutta-^cerei et le Pn. flavescens répondent au Microc.
cereus albus et au Microc, cereus flavvs de Passet. Un cer-
tain nombre de caractères permettent d'affirmer qu'il s'agit
bien de quatre espèces microbiennes. Ainsi, les deux pre-
mières sont facultativement aérobies et anaérobies; les
deux dernières, exclusivement aérobies; le Pneumobacillus
végète seul à + 3%5; le Pneumococcus lichenoides ne se
développe pas sur la pomme de terre, tandis que les trois
autres croissent vigoureusement. Mais il est bon de savoir
qu'elles offrent des exemples de polymorphisme assez
curieux. Le Pneumobacillus^ très court, parfois subarrondi
dans le bouillon, s'allonge, grossit légèrement et se régula-
rise sur la gélatine. Le Pneumococcus gutta-cerei augmente
de volume et le Pn. lichenoides devient pseudobacillaire
sur les milieux solides. Les microcoques sont presque tou-
jours réunis au pneumobacille, en plus ou moins grand
nombre, dans tous les points des lésions pulmonaires fran-
chement inflammatoires et même dans les séquestres.
Malgré cette coexistence, il est impossible d'attribuer aux
quatre microbes une part égale dans la genèse de la péri-
pneumonie. Il est probable, au contraire, nue l'une des
espèces constitue seulement l'agent essentiel du virus.
Académie de médecine.
SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
M. Marjolin dépose, de la purt de H. le docteur Carattus (do Hilly), et de
M. le docteur Devoiêint, des mémoires manuscrits sur la vaceinatioii che% le*
jeuneê enfanlê.
Vaccine ulcéreuse. — M. Hervieux rend compte d'une
épidémie de vaccine ulcéreuse qu'il vient d'observer à La
Molle-aux-Bois (Nord) à la suite d'informations adressées
à l'Académie par H. le docienr Decouvelaere. Le 31 juillet
dernier un médecin du bureau de bienfaisance de la localité
avait vacciné à l'école communale, à l'aide de vaccin
humain, tous les garçons et filles qui s'y trouvaient réunis;
le 25 août, date du voyage de M. Hervieux, quarante- trois
de ces enfants présentaient des ulcérations d'une nature
toute particulière. Les boutons vaccinaux, au nombre de
trois à un seul bras sur chaque enfant, s*étaient générale-
ment montrés du deuxième au troisième jour; ils avaient
été de très bonne heure le siège d'une violente inflammation,
avaient augmenté rapidementde volume et, à peu d'exceptions
près, ils formaient au bout de huit à dix jours les plaies suppu-
rantes. Celles-ci avaient l'aspect d'ulcérations herpétiques,
de la dimension d'une pièce de 50 centimes, à fond grisâtre,
surélevés, réguliers et entourés d'une auréole inflammatoire
plus ou moins étendue ; œdème de tout le membre dans
certains cas; dans quelques cas la suppuration était extrê-
mement abondante et fétide; sur un certain nombre
d'enfants on remarquait un cercle induré en forme de ron-
delle de cuir autour de l'ulcération; les adénopathies n'ont
pas non plus fait défaut. Dans plusieurs cas il y a eu des
phénomènes généraux, tels que fièvre, diarrhée, délire,
mais généralement la santé des vaccinés n*a pas été atteinte;
il s'agissait d'ailleurs d'enfants déjà arrivés à Tâge de huit
à douze ans, de bonne constitution et vivant dans de bonnes
conditions d'hygiène et de salubrité. Le vaccinifère était
un grand garçon âgé de neuf ans, d'apparence saine et de
constitution robuste, dont les boutons de vaccine étaient,
lors de l'examen de M. Hervieux, déjà cicatrisés et ne pré-
sentaient pas en leur lieu et place d'induration appréciable;
mais il existait chez lui un développement assez marqué des
Sanglions axillaires et sus-maxillaires, ainsi qu'un chapelet
e ganglions à la partie moyenne et postérieure du cou ;
rien dans la cavité bucco-pharyngienne, non plus qu'à
l'anus et aux parties génitales. Le père, ancien militaire
devenu batelier, et la mère ne présentent aucun indice exté-
rieur d'une maladie suspecte; ils se sont énergiquément
refusés à se laisser examiner. Le vaccinifère est-il en élat
de syphilis latente ou les adénopathies qu'il présente sont-
elles le fait d'une diathèse strumeuse? Il est impossible
actuellement de se prononcer en faveur de l'une ou l'autre
de ces hypothèses. Il en est de même sur la nature des
accidents observés chez les enfants vaccinés; ces accidents
pourraient être considérés comme de nature syphilitique,
n'était la période si exceptionnellement courte de Tincu-
batlon. Le doute est d'autant plus permis que la mère d'un
des enfants, s'étant par mégarde frotté les yeux avec une
main souillée du virus provenant du bras de son enfant,a vu
survenir sur la paupière inférieure gauche une ulcération du
diamètre d'une pièce de 20 centimes, accompagnée d'œdème
des tissus environnants ; cette ulcération est aujourd'hui
cicatrisée. M. Fournier, consulté par M. Hervieux, a partagé
les mêmes doutes sur la nature spécifique de ces accidents.
M. Hervieux les Considère donc comme dus à une épidémie
de vaccine ulcéreuse, bien que l'âge des enfants soit déjà
relativement avancé et qu'ils vivent dans un milieu salubre
où ne se développent pas d'ordinaire de telles épidémies. Il
est toutefois obligé de réserver son diagnostic jusqu'au jour
où apparaîtront ou bien auraient dû apparaître, en cas de
syphilis, les accidents secondaires.
Tel est aussi l'avis exprimé par M. Fournier; peut-être
s'agit-il de syphilis vaccinale, mais en présence des ano-
malies singulières observées, de cette impossibilité clinique
révélée par la durée, extraordinairement courte de l'incuba-
tion, il laut réserver le diagnostic jusqu'à la période des
accidents secondaires.
A la demande de M. le Secrétaire perpétuel^ l'Académie
félicite et remercie M. Hervieux du soin, de la conscience
et de la rapidité avec lesquels il a conduit cette enquête.
Maladies cutanées. — îtAe docieur GombauUj médecin
de l'hôpital Beaujon, entretient l'Académie des résultats
d'un procédé de traitement de l'eczéma, du psoriasis, du
pityriasis, désignés par M. Hardy sous le nom d'afl'ections
darlreuses, par l'association des sudorifiques, des dépura-
tifs, des laxatifs et des alcalins. — (Le mémoire est renvoyé
à l'examen de MM. E, Besnier et Vidal.)
Hypeutrophie du membre inférieur droit. — M. Marc
Sée lit un rapport sur l'observation d'hypertrophie congé-
nitale du membre inférieur droit, communiquée à TAca-
démie le 20 août dernier, par M. le docteur Duplouy. Avant
d'en venir, s'il est nécessaire et comme le craint celui-ci,
à la désarticulation de la cuisse en cas d'extension du mal
ou même à la ligature de l'artère du membre, M. Marc Sée
recommande d'essayer de le soumettre non à la compression
simple, mais à la compression élastique.
Vomissements incoercibles de la grossesse. — L'idée
d'opposer aux vomissements opiniâtres de la grossesse un
remède ou une pratique unique, paraît être à M. Guéniot
une conception tout à fait erronée que l'expérience s'est
chargée de réduire à néant. Les nombreuses observations
publiées jusqu'à ce jour démontrent, en effet, que les gué-
risons obtenues avec le secours de la thérapeutique, ont
succédé à Temploi des moyens les plus divers, sans qu'au-
cun de ceux-ci se soit montré d'une efficacité constante on
même habituelle. Il en devait être ainsi : car les vomiî>se-
ments incoercibles reconnaissent des causes très variées et
trois organes ou appareils concourent forcément à leur pr<v-
duction. Ces organes sont, d'une part, l'utérus qui est le
20 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHlRUtlGIE
— N'Sê- 619
foyer même de la grossesse en même temps qu'une source
d'excitation spéciale pour les autres organes; d'une autre
f»art, le système nerveux (spinal et ganglionnaire) qui, à
'aide de son pouvoir réflexe, transmet à distance cette ex*
citation; enfin, l'estomac, siège et agent des principaux
ganglions, qui subit d'une manière excessive l'action du
stimulus utérin.
Pour combattre les vomissements opiniâtres de la gros-
sesse, non plus avec un succès douteux et pour ainsi dire
accidentel, mais avec un bonheur presque constant, il est
donc indispensable de recourir à un traitement complexe
qui s'adresse simultanément à ces trois sources de la mala-
die. De là trois excitations fondamentales à réaliser, savoir:
1° apaiser l'excitation morbide ou anormale de l'utérus en
remédiant aux divers états pathologiques qui le produisent.
A cet effet la belladone, la cocaïne, la morphine, des injec-
tions vaginales ou des topiques appropriés, le pessaire Ga-
riel, la surélévation du siège avec décubitus en déclivité du
tronc, la cautérisation et même la dilatation artificielle du
col, sont autant de ressources qui peuvent être, suivant les
cas, très fructueusement appliquées; S"" diminuer l'activité
ou supprimer l'exagération des transmissions réflexes, ré-
sultat que l'on obtient, soit par l'usage du chloral bromure,
soit par les réfrigérations de la région spinale, soit par les
influences normales, etc. ; 3"" enfin, combattre l'intolérance
de l'estomac, en traitant les diverses afl'ections dont il peut
être le siège et en excluant son éréthisme à l'aide des moyens
suivants : diète presque absolue, rigoureusement observée ;
suppression de toute boisson acide, du vin, du jus d'orange
ou de raisin, etc. ; emploi de l'eau de Vais ou de Vichy et
delà glace en quantité des plus minimes; vésicatoire vo-
lant ou morphine sur le creux épigastrique ; pulvérisation
d'éther sur cette même région ; parfois, quelques laxatifs
ou certaines substances propres à régulariser les fonctions
de l'intestin. Afin de mieux assurer Tefficacité de cette mé-
dication, il importe, en outre, essentiellement d'épargner
à l'estomac tout travail qui ne serait pas d'une absolue né-
cessité. Pour l'administration des médicaments, c'est donc
la voie intestinale que l'on devra utiliser et, accessoirement,
la voie hypodermique ou le pouvoir absorbant de la peau.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
9em effeto thér«peatli|ae« et de radmiatatrstloii de I* py-
iiae,parM. T. Z. Zerner. — Dans cinquante-trois cas, pour la
plupart de maladies aiguës, cet observateur a prescrit la pyro-
dine, soit sous la forme pilulaire,soit en nature à la dose de 30 à
iW centigrammes par jour. Tous les malades, après deux ou
trois jours, présentaient des symptômes d'intoxicalion. Chez tous
on observait rabaissement de la température et des sueurs pro-
fuses. Le maximum de l'abaissement thermique se produisait
dans l'espace dedeux ou trois heures, après lesquelles la colonne
thermométrique s'élevait de nouveau.
L'action antithermique de lapyrodine est plus marquée contre
les états fébriles dont la marche est habituellement rémit-
tente, que contre les fièvres vraiment continues, la fièvre hec-
tique des phlhisiques par exemple. Il y a donc lieu de l'admi-
nistrer de façon à faire coïncider l'efTet antithermique avec le
moment de la journée où la rémission fébrile se produit.
La diaphorèse se manifeste dans l'espace de dix à trente-cinq
minutes après Tadministration du médicament. Elle est pro-
fuse, surtout à la tète et aux mains, et continue pendant toute
la durée de l'effet antithermique. L'agoricine et l'atropine en
modèrent quelque peu l'abondance.
La pyrodine ne modifie pas les fonctions respiratoires. Elle
diminue la fréquence du pouls, augmente la diurèse et colore
l'urine en jaune rougeâtre. Traitée par le chlorure de fer, cette
Urine devient rouge comme celle des malades soumis à l'anti-
pyrine.
Quels ont été les résultats de l'emploi de ce médicament?
Dans la pneumonie, il y a eu, paraît-il, amendement des sym-
ptômes; dans l'érysipèle, la marche de la maladie ne s'est pas
modifiée; dans un cas d'abcès sous-périostique du tibia, on
observa la diminution de la température, mais non celle de la
chaleur. Il en fut de même dans trois cas de rhumatisme.
Les meilleurs résultats ont été obtenus chez les phthisiques,
dont on diminuait l'étal fébrile; mais il ne fallait pas prolonger
Tadministration du médicament au delà de trois jours. Mêmes
eff'ets an ti thermiques dans la fièvre typhoïde. Au demeurant, on
peut conclure que la pyrodine, qui n'est pas un analgésique
comme d'antres médicaments de la même famille, est seulement
un antithermique qui ne possède aucune supériorité sur l'anti-»
pyrine, l'antifébrine et les autres remèdes de ce groupe. (Cen-
tralb. f, gesam. Thérapie, mars 1889.)
Do remploi de la quinine daD« la pneamonie, par M. le
docteur Atkinson. — C'est à doses réfractées que cette substance
doit être employée pour modérer l'élévation de température.
M. Alkinson l'administre toutes les deux heures par prises de
3 grains et la véhicule dans une solution d*acide bromhydrique.
Cette dose convient à l'adulte. Pour un enfant de six semaines,
il faut la réduire à un quart de grain toutes les quatre heures.
Il est avantageux d'en combiner l'administration avec celle de
la teinture de digitale, à raison de trois à quatre gouttes de
celte dernière, que l'on administrera en même temps que l'alca-
loïde du quinquina.
Dans les cas où la peau est sèche et où les urines sont très
chargées d'urates, M. Atkinson en alterne l'emploi avec celui du
citrate de potasse effervescent et de Tesprit de nitre, dont il
cesse l'administration dès que la diaphorèse se manifeste. Enfin
il conseille en même temps l'usage de lalcool.
L'action vaso-motrice de la quinine est celle sur laquelle il
fait fond pour favoriser la diaphorèse. En résumé, cette médi-
cation consiste surtout dans l'association de remèdes classiques
et non pas dans l'adoption d'innovations thérapeutiques. Elle
n'en réussit pas moins bien pour cela. {The Praclitionnerf
p. 434, juin 1889.)
Do raetlon physlolosliiae de Thydrasita eanadenAU, par
M. Heinricus. — Dans ses expériences l'auteur pratiquait des
injections d'extrait fluide d'hydrastis dans la veine jugulaire du
Après chacune d'elles la pression diminuait et sa diminution
persistait jusqu'à la mort de l'animal. Le pouls était fréquent,
petit et irrégulier, et la section du nerf vague ne modifiait pas
ces phénomènes, de sorte que M. Heinricus considère i'hydrastis
canadensis comme un poison du cœur, exerçant sou action para-
lysante sur cet' organe directement et non par l'intermédiaire
des centres vaso-moteurs.
Dé plus, cette substance ralentit la respiration et à doses
élevées peut l'arrêter. Enfin, par la méthode d'enregistrement
de Krouecker, Texpérimentaleur a constaté qu'elle n'exerce
aucune action sur les contractions utérines ou vaginales. (Finsk*
LakaresalL Handligàry 1889, u« 2.)
lie remploi dn elnalire en Injeetlons hypodermliinefi eonire
la «yphiiiM, par M. le docteur Soukoff* — L'auteur propose cette
préparation mercurielle parce que le cinabre contient 25 sur
29 de son poids de métal et seulement 4 sur 29 de son poids de
soufre. Il l'administre donc sous la forme d'une huile contenant
en suspension S'^TÔ de cinabre artificiel pour 30 grammes
d'huile d'amandes douces, et pratique ces injections dans l'épais-
seur des muscles.
L'élimination commence dès le troisième jour et est très
lente. Par contre, ces injections, dont l'auteur aurait pratiqué
plus de 800, sont peu douloureuses et conviennent dans les cas
d'intensité moyenne* Elles ne donnent pas de résultats aussi
satisfaisants dans les formes graves. {Vratchj mai 1889, p. 322*)
- N* 34 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 30 Septembre 1889
De l'admlnlaf rallia do ehlorofonne * rinlérlear eomme
anitoepiiiiac, por M. le docteur Stepp. — En se fondant sur les
propriétés antiputrides et microbiennes de cet agent médica-
menteux, l'auteur emploie, — et n est pas seul à le faire — Teau
chloroformée contre Tulcère d'estomac, pour diminuer les vo-
missements et la gastralgie. 11 propose d*en faire usage dans le
choléra, et enfin il rapporte dix observations de fièvre typhoïde
dans lesquelles il fît ingérer aux malades Teau chloroformée
pendant plusieurs jours et par doses répétées.
La température, écrit-il, s'abaissa rapidement, et on constata
une rapide amélioration des phénomènes typhoïdiques. {WieUé
med, Blatt.j 1889, n« 9.)
De raeUen da •ysyslom Jambolanam «ur lo diabète arfl-
oeiel^parM. C. GRifiSER. — Ces expériences ont été faites sur
des chiens dont les urines étaient rendues sucrées par l'admini-
stration de la phloridzine. On titrait ces urines : elles conte-
naient 5o%89 à ii^^yio de sucre. Après l'administration de
l'extrait de jambul, celte quantité diminuait de 80 à 90 pour 100.
Parfois même la glycosurie disparaissait.
Dans ces expériences, chaque dose de phloridzine était ingé-
rée deux heures ou iine heure avant l'administration de l'extrait
de jambul, et la dose de celui-ci variait entre 6 et 18 grammes.
Une dose très élevée n'était pas plus active qu'une faible dose.
(Cent. f. klin. Med,, 13 juillet 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
Étioiogie de la myopie) par H. le docteur G. Martin
(de Bordeaux). — Publications de YEcho médical, 1889.
Dans un travail publié Tan dernier dans les Archives
d'ophthalmologie^ nous avons combattu la proposition
émise par M. Martin à la Société française d'ophtnalmologie
en 1887 sur l'influence prédominante de l'astigmatisme
dans le développement de la myopie. Corrigez l'astigma-
tisme, avait dit en substance notre distingué confrère, et la
myopie cessera de se développer. Cette thèse, dans son
absolutisme, nous paraît, aujourd'hui comme il y a un an,
ne pouvoir être acceptée. Bien que M. Martin concède dans
son travail une influence incontestable à la prédisposition
héréditaire ou acquisej au mauvais éclairage, au mobilier
défectueux des écoles, à l'écriture trop penchée et aux
impressions trop fines, qui obligent les écoliers à trop se
rapprocher du cahier ou du livre; il continue à attribuer à
Tasligmatisme l'action principale dans la genèse de la
myopie.
Sa doctrine est très simple, mais à condition qu'on en
accepte la base, la proposition fondamentale : il est un
grand nombre d'astigmates chez lesquels la correction, la
contraction partielle correctrice ne peut se faire que grâce à
une contraction générale très forte du muscle ciliaire,
déterminée par un rapprochement excessif de l'objet en vue
et par la convergence qui l'accompagne. Il faut donc
admettre : l"* que l'astigmatisme physiologique, j'allais dire
{lormal, puisque son absence est exceptionnelle, est habi-
tuellement corrigé par une contraction partielle du muscle
ciliaire; 2"" que chez nombre de sujets faibles, lymphatiques,
anémiés, cette contraction partielle devient impossible iso-
lément. Pour qu'elle se produise, il faut, au préalable, que
le muscle ciliaire se soit contracté dans son ensemble, c'est-
à-dire que l'accommodation soit entrée en action. Bien que
nous croyions les contractions correctrices beaucoup plus
Tares que ne l'admet notre distingué confrère, il ne nous
répugne pas d'en accepter la possibilité. Mais que ces con-
tractions si précieuses disparaissent sous Tinfluence du
lymphatisme, de la rougeole ; Qu'elles disparaissent quand
persiste la contraction générale du muscle ciliaire, et
qu'elles renaissent sous l'influence de cette dernière, il
nous est impossible de le comprendre.
Nous en dirons à peu près autant de la crampe du muscle
ciliaire, croissant avec le rapprochement et la durée du
travail, comme cause du développement de la myopie chez
les sujets nerveux. Invoquer d'un côté le lymphatisme et la
faiblesse ; de l'autre, le nervosisme, nous parait une hypo-
thèse absolument gratuite. La myopie se rencontre tout aussi
souvent chez les jeunes gens robustes que chez les débiles
et les soufi'reteux ; nos observations ne nous laissent aucun
doute sur ce point.
Que l'astigmatisme prononcé, par l'amblyopie qu'il
entraîne, puisse nécessiter le rapprochement des objets, la
contraction du muscle ciliaire, et par l'augmentation de la
tension intra-oculaire, favoriser le développement de la
myopie, nous n'y contredirons pas. Qu'on corrige ce vice
de réfraction dans la mesure du possible, nous l'acceptons
volontiers. Mais surtout qu'on persévère dans les mesurer
d'hygiène oculaire adoptées pour les écoles, et l'on ne tardera
pas à en constater les fructueux résultats.
J. Chauvel.
Le sommeil provoqué et les états analogues, par M. le
docteur A. Liébeault. 1 vol. in-12 de 310 paires. Paris,
0. Doin.
M. Liébeault a été uil précurseur, un fondateur en ce ^ui con-
cerne l'hypnotisme médical et surtout la suggestion. Mais, ainsi
qu'il arrive presque toujours aux inventeurs, il a été d'abord
méconnu et incompris. Son livre sur le Sommeil et les états
analogues, publié en 1866, a été condamné alors, avec un parti
pris injuste et une véritable légèreté, par la Société niédico-
psychologique. Aujourd'hui M. Liébeault peut avec couGanc^ en
appeler de ce jugement trop sommaire; car il a uni par ^irr
école; il a fait, pur son initiative et sa persévérance, 1 école dr
Nancy; ses idées reprises, confirmées, corrigées, déveioppcf»
par M. Bernheim, ont conquis la faveur du public; elles sont ou
acceptées ou discutées; elles ne sont plus dédaignées. Le moment
était venu de réimprimer son ouvrage ; c'est ce qu'il vient de
faire, non sans avoir c mis de l'ordre à sa toilette > et sans
l'avoir allégé de toute une troisième partie, qui |)ortait sur U
thérapeutique et qui était la plus sujette à caution. Le titro
même est plus exact; il porte maintenant : le Sommeil pr*h-
voquéj et avec raison, car l'hypnose et le sommeil naturel sont
deux états bien différents, et la première édition les confondait
à grand tort; le nouveau texte ne corrige pas ce défaut avec la
même décision nue le titre (voy. la note, p. 26 et 27), et cVsl
dommage. Mais l'ouvrage de M. Liébeault est un document qui
mar(]ue une date, et on ne demandait pas à l'auteur de le
refaire; tel qu'il est, avec ses hardiesses psycho-physiologique>,
avec ses alternatives d'ombre et de lumière, il a sa saveur pro-
pre, son originalité bien décidée, et il mérite d'être lu ou relu,
car maintenant seulement on peut le comprendre et le discuter
avec profit.
Quelques additions curieuses, que l'auteur a soigneusement
séparées du texte principal, augmentent encore son intérêt:
la plus importante a pour objet la c classification des degrés du
sommeil provoqué » ; on sait que cette question des degrés de
l'hypnose est capitale pour l'école de Nancy.
VABIÉTÉS
NÉCR0L0r.lE. — Nous avons le reçrel d'annoncer la mort d«*
M. le docteur Dubouc (de Pau); de MM. les docteurs Carpentier
Méricourt père, Pigeon (de Fourchambault) ; Delamare (df
Nantes), et I^mazure (d'Aurillac).
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
90396 — MoTTiROS. — Imprimeries rëunief , ▲, rue MiftfoB, 9, Péris.
Trente-sixième annéb
N«39
37 Septembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACNEZ, E. BRISSAUD, G. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC. FRARÇOIS-FRAHCK, A. HËHOCQUE, A.^. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adreseer tout ce qui concerne la rédaction à M. Lkreboullet, U, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. Vaccine ulcéreuàc et syphilU varcinale. — Clinique
cfirnuRGiCALS. Tubcreiilo^n cutando. — Formulaire TuéRAPSUTiQUi. Trailc-
nicnt fie ra»tlimc des foins. — Travaux originaux. Palhologic externe :
Ii'^ l'iipparilion tanivodcs kystes dormoïdcM. — RsvUK DB8 CoNGRKS. Premier
Congrès iulurnntional de pliy$iotogio. — Sociirés SAVANTES. Académie de
nicHectiie — Rkvitb dks JOUKIaux. Tlicrapeutiquo. — BIBLIOGRAPHIE. Traité
dcsrri|tlif deé maladies ne la peau : itym|ilomatoIo);ic et anatomie pathulogique.
— VvRiÉTéd. Statue éleviv à la mémoire de Boulcy. — Fkuillbton. La médecine
à rbx(*osition universelle de 1889.
BULLETIN
Paris, 25 septembre 1889.
¥«ecliie ulcéreuse et syphllia vaecinale.
En signalant mercredi dernier la communication Taite par
M. Ilervieux, nous disions que, pour rassurer une population
justement émue des accidents qu*a pu causer la vaccine,
il convenait d'insister dès aujourd'hui sur les symptômes
qui permettent d'espérer qu'il ne s'agissait point à La
Molte-aux-Bois de syphilis vaccinale, mais bien de vaccine
ulcéreuse. En lisant dans le Bulletin de l'Académie le
rapport du savant directeur de la vaccine et en le comparant
à une série de documents analop:ues,il nous semble possible
d'affirmer aujourd'hui ces conclusions. Dans le récit de
répidémio que M. Hervieux a si bien étudiée, et qu'il publie
lui-même sous le titre de vaccine ulcéreuse, le diagnostic
dilTérentiel entre la syphilis vaccinale et les accidents que
provoque parfois la vaccine ulcéreuse est, en effet, longue-
iiiejit et sérieusement di:)Cuté; mais il semble bien en res-
bonir qu'il ne s'agissait point de syphilis. C'est ce que nous
voudrions essayer de faire voir en comparant quelques faits
anciens à ceux qui viennent d'être observés.
Dans un récent travail sur les anomalies vaccinale^^
M. le docteur Commenge {Union médicale^ 1889) cite un
certain nombre d'observations empruntées aux rapports
annuels de l'Académie de médecine ou aux leçons de M. le
professeur Proust; puis il expose avec détails une épidémie
observée en 1882 dans le IV arrondissement de Paris. Là,
bien plus encore qu'à LaMotle-aux-Bois les accidents observés
auraient pu faire penser à la syphilis. En effet, parmi les
enfants vaccinés, plusieurs n'avaient présenté qu'une seule ou
au plus trois ulcérations suspectes, alors que les inoculations
voisines donnaient naissance à des pustules vaccinales par-
faitement légitimes ; chez deux ou trois malades (en parti-
culier l'enfant qui est le sujet de l'observation X), les lésions
constatées présentaient les plus grandes analogies avec
celles que provoque l'inoculation d'un chancre syphilitique.
Et cependant M. le docteur Commenge, tenant compte de
la courte durée de l'incubation, de la marche rapide de
l'ulcération, enfin de l'intensité des phénomènes inflam-
matoires, a affirmé qu'il ne s'agissait que de vaccine ulcé-
reuse et l'avenir a confirmé ce diagnostic.
Plusieurs mémoires, dus à MM. Le Duc (de Versailles),
Henri Bernard (de Grenoble), Lalagade (d'AIbi), etc.,
pourraient être rapprochés aussi des observations que vient
de faire M. Hervieux et donneraient lieu à des conclusions
identiques. Ainsi, en effet, que l'a si nettement étabH
M. Fournier, ainsi que l'a rappelé M. Hervieux, les lésions
de la vaccine ulcéreuse sont relativement précoces, celles
FEUILLETON
La médecine ib l'Bxpoiililon universelle de A880.
(Cinquième article.)
Si l'administration de l'assistance publique de la ville de
Paris a pris une part importante, quoique bien insuffisante
eu égard à ses ressources, à lExposition, que dire de celles
des autres grandes villes de France et des villes étrangères?
Ici la pénurie est presque complète et il serait vraiment
impossible de se rendre compte de la manière dont l'assis-
tance est aujourd'hui pratiquée, si l'on devait se borner à
étudier dans les galeries et jardins de l'Exposition ce dif-
ficile et intéressant problème. On conçoit que les Cominis-
siotis administratives des hôpitaux et hospices soient avares
de leurs deniers et que les dépenses d'une exposition aient
été pour les effrayer; mais il est des cas où il faut savoir
V SÉRIE, T. XXVÏ. , '
frapper l'attention publique, ne serait-ce que pour tenter
d'augmenter les legs et donations qui constituent une part
importante des revenus de ces établissements. Fort heureu-
sement le gouvernement a montré plus de bon vouloir et la
direction de l'assistance et de l'hygiène publiques au minis-
tère de l'intérieur a pris une part considérable à l'Exposi-
tion, autant du moins que l'organisation actuelle de ses
services le lui a permis.
C'est en effet une chose singulière que la situation des
services d'assistance en France pour ce qui concerne les
établissements hospitaliers en dehors de Paris. Les Conseils
d'administration qui les gèrent y sont, en fait, les maîtres
absolus; quelques-uns, trop peu nombreux, montrent un
grand souci des intérêts qui leur sont confiés, de même
qu'un vif désir d'apporter tous les perfectionnements qu'in-
dique incessamment le progrès; mais combien d^autres se
bornent à veiller avec un soin jaloux aux intérêts pécuniaires
de leurs établissements et ne pensent qu'à en au^niienter
.. . . ^ . , . ^ 39 .
622 — N* 39 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DÉ MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septembre 18M
du chancre syphilitique ne se manifestent jamais avant le
quinzième jour qui suit la vaccination. Quinze à vingt jours
après l'inoculation vaccinale, les lésions ulcéreuses sont en
pleine évolution, tandis que le chancre syphilitique n*a pas
apparu ou bien est encore presque rudimenlaire. La vaccine
ulcéreuse atteint toutes ou presque toutes les pustules inocu-
lées (les faits cités par M. Commenge prouvent cependant que
parfois une ou deux seulement sont anormales) ; le chancre,
au contraire, se développe sans Tapparition de pustules
vaccinales ou bien il n'infecte que quelques-unes seulement
d'entre elles. Les lésions ulcéreuses de la vaccine sont très
étendues; elles sont profondes; elles donnent naissance à
une suppuration très abondante et à une inflammation
intense du tissu cellulaire sous-jacent. La lésion syphili-
tique est croûteuse; la plaie est moins creuse; l'inflamma-
tion moins vive; la suppuration presque nulle. Dans la
vaccine ulcéreuse, la base de l'ulcération est indurée, mais
cette induration est comme empâtée, œdémateuse Dans la
syphilis vaccinale, Tinduraiion donne au doigt une sensation
spéciale de rénitence sèche, élastique, parcheminée. Enfin,
les complications inflammatoires (angioleucite, érysipèle,
phlegmons, etc.) sont très fréquentes dans la vaccine ulcé-
reuse; elles sont très rares lorsqu'il s'agit d'un chancre
inoculé par la vaccine.
Nous avons cru devoir reproduire, en les empruntant aux
leçons de M. le professeur Fournier, ces caractères différen-
tiels qu'a invoqués M. Ilervieux pour contredire l'opinion
des médecins qui pourraient encore, dans l'épidémie de La
Motte-aux-Bois, penser à la syphilis. Il nous a paru, en
effet, néct'ssaire de les rappeler à tous les praticiens que
trouble et que contriste si souvent l'appréhension que doit
faire naître l'apparition d'une vaccine anormale.
Reste, pour l'épidémie de La Motte-aux-Bois, un doute
relatif à l'étal du vaccinifère, c'est-à-dire à la nature des
accidents qu'il a pu présenter au moment de son inocu-
lation vaccinale primitive. M. Hervieux, qui l'a examiné
avec le plus grand soin, n'a constaté chez lui aucune mani-
festation syphiliti(|ue ancienne ou récente, aucune lésion
autour des cicatrices vaccinales, rien autre chose que
quelques ganglions probablement d'origine strumeuse dans
l'aisselle, sous les maxillaires et à la partie moyenne et
postérieure du cou. Mais on ne peut savoir quelle a été,
chez cet enfant, l'évolution de la vaccine. Or un certain
nombre de faits rapportés dans divers recueils scientiliques
semblent démontrer que, le plus souvent, les anomalies
vaccinales, surtout lorsqu'elles s'observent chez des sujel^
appartenant à la seconde enfance, de constitution saine ei
vivant dans un milieu salubre, sont dues à ce que, chez le
vaccinifère, l'évolution vaccinale avait elle-même présenif
quelques désordres.
A ce point de vue, le fait le plus remarquable est celui
qui a été observé en 1885 à Asprières (Aveyron) et qui i
fait l'objet d'un rapport des plus intéressants, dû j
M. Brouardel et inséré dans le Recueil des irav*fux du
Comité consultatif d'hygiène (L XVI, p. 9, 1887). La
vaccination aurait été faite primitivement avec du vaccin d^
génisse parfaitement pur. Une enfant est vaccinée à Taidt'
de ce vaccin : la vaccine a chez elle une évolution normale.
On se sert de son vaccin pour une nouvelle vaccination qui
réussit encore. Les enfants vaccinés servent à leur tour de
vaccinifères. Dans cette troisième génération vaccinale
commencent à apparaître des accidents. Une jeune fille e>t
atteinte d'un phlegmon du bras. Elle guérit. Son vacrio
sert cependant pour revacciner d'autres enfants. Clit^i
ceux-ci l'évolution vaccinale est normale. Les pustules a^n
paraissent très vite, sont très enflammées ; on s'en sert im-
prudemment pour revacciner d'autres enfants, chez lesquels
la pustulation se produit soixante-douze heures après
l'inoculation vaccinale. Au lieu de considérer ce vaccin
précoce — et par conséquent anormal — comme inefficace
et dangereux, on a le tort de s'en servir pour vacciner qua-
rante enfants. Et l'on voit tout aussitôt les accidents septi-
cémiques les plus graves se développer chez ceux-ci. Six
d'entre eux meurent vingt-quatre heures après l'inocuL-itiun
vaccinale; tous les autres sont malades et couverts d'in:-
pétigo.
Il est évident, et dans le rapport qu'il a signé avec
MM. Pasteur et Proust, M. Brouardel l'a mngistraleme^nt
établi, il est évident que les accidents observés ont été dus
à ce que les médecins vaccinateurs se sont servis d'une
sérosité anormale et altérée, qu'ils ont prise pour de la
vaccine légitime ; mais cette erreur, bien des praticiens ont
pu la commettre. Trop souvent encore, dans les vaccinations
de bras à bras, nous pourrions en citer des exemples, on
néglige de s'informer avec toute la précision nécessaire de
l'évolution des pustules dont on retire la lymphe prétendue
vaccinale. Trop souvent aussi l'on néglige de prendre les pré-
cautions indispensables pour éviter les accidents seplicé-
miquesdusà l'état des instrumentsquiserventauvaccinateur.
N a-t-on pas vu Bousquet {Traité de la vaccine, etc., I84>^,
les revenus, au risque de limiter les secours ? Aussi la
plupart des établissements hospitaliers dont nous parlons
sont-ils dans un fâcheux état de salubrité, les méthodes et
les procédés de traitement n'y pnt pas été modifiés depuis
un temps très éloigné ; aussi comprend-on que leurs Com-
missions administratives n'aient ni pu ni voulu révéler
une telle ^itUi«tion. Mais en dehors de ce côté matériel des
objets à exposi*r. il eût été possible d'obtenir des renseigne-
metil< circonstanciés sur lt*s détails de l'administration
hospit lièrp qu'il importe tant aujourd hui de connaître. Le
minislère di* rintérifiir avait p- is soin de dn»sser à cet cffl
un prti^rranimc s|it^rial; il n'a pas tu la bonne fortune de le
voir ri mpli. A défaut des résultats d'une telle enqurle, il
s'est Vfforcé de la remplacer dans la mesure du possible en
établissant la statistique des ilépenses pnbliques d assislanre
en Fran- e pendant une année .^é ermiiiée, l'année 1885.
Cette statistique forme un rapport considérable de 3.0 p tges
et 3i tableaux, qui a été présenté par M. Henri Monod au
ministre il y a quelques mois et que l'on peut consulter à
l'Exposition même, dans le vestibule du pavillon de la
classe 64, sur l'esplanadtt des Invalides.
Les dépenses publiques d'assistance sont celles dunt
l'objet est de secourir les pauvres et qui sont payées au
moyen de deniers publics. Elles comprennent en*i^ons«''-
quence, outre les dépenses proprement dites d'assislanci*
publifjue, celles qui, étant payées au moyen de deniers
publics, sont consacrées à subventionner des œuvres
privées; ell'ssoni nécessairement imputées sur les bud;:ets.
soit de l'Ktal, des d partemenls on des communes, soit d<'-
établi>senients publics, c esL-a di»e les établis^enuMit^
nationaux, les hôpitaux et hospices, tes bureaux de bienf tî-
sance et l'assistance puidique de Paris. Celles des dépen<e<
de la charité individuelle qui ne sont pas payées par nue
caisse pnblique, les dépenses des œuvres privées, noiani-
ment des œuvres qui stmt reconnues d'utilité publique, ne
figureut pas, par suite, dans ce travail.
37 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHUtURGIE)
U^ 39 _ 623
p. 81) déclarer qu'il avait à dessein c vacciné avec des lan-
cettes sales, mal effilées, rouillées>, et affirmer qu'avec du
bon vaccin il avait toujours produit la bonne vaccine. De
pareilles assertions ne sauraient plus élre émises de nos
jours. Mais il n'en est pas moins utile de rappeler aux
médecins vaccinateurs les précautions nécessaires pour
éviter les accidents septicémiques dus aux instruments
dont ils se servent.
Peul-êlre aussi ne sait-on pas toujours reconnaître, quand
on vaccine de bras à bras, la qualité du vaccin employé.
N'est-ce point une raison nouvelle de conseiller la vacci-
nation animale? Celle-ci, les observations de M. Pourquier
l'ont bien fait voir et un grand nombre de faits le démon-
trent, n'est exempte elle-même ni d'insuccès, ni d'accidents.
Le vaccin animal s'altère très rapidement et détermine dès
lors des désordres septicémiques graves. Mais on possède
aujourd'bui des moyens à peu près certains de prévenir son
altération. On peut rapidement et facilement obtenir dans
les Instituts vaccinaux des tubes contenant une pulpe vacci-
nale parfaitement pure. Il n'est que juste de recommander
h tous ceux qui ne connaîtront pas tous les antécédents d'un
vaccinifère de se servir de tubes de vaccin de génisse bien
préparés et bien conservés.
Les faits regrettables de la nature de ceux qu'a cités
M. Hervieux ne sont point d'ailleurs de nature à décourager
les vaccinateurs. Comme Ta si bien dit le savant académi-
cien, la vaccine a toujours su, elle saura toujours se dé-
fendre elle-même par les bienfaits qu'elle a répandus sans
relâche depuis près d'un siècle. Et les revers que l'on peut
!^ignaler de temps à autre ne sauraient faire méconnaître
ces bienfaits.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Tubercvloae caUmée*
Depuis le jour où Villemin a démontré l'inocuiabililé de
la tuberculose, des expériences nombreuses et variées ont
été entreprises et, en 1888, Koch les a couronnées en dé-
couvrant et en isolant l'agent virulent, le bacille de la tu-
berculose. A partir de ce moment on possédait un critérium
pour jujrer en toute sûreté si une lésion était ou non tuber-
culeuse. Aussi a-t-on repris à ce point de vue les recher-
ches sur les tuberculoses de l'homme sur la tuberculose et
inoculée aux animaux.
L'homme, lui aussi, peut, en effet, être l'objet d'inocula-
tions tuberculeuses au niveau des membranes tégumentaires,
cutanée ou muqueuse. Les lésions de ce genre ont un grand
intérêt théorique, car elles nous permettent d'étudier sur
l'homme et la détermination locale et le processus de géné-
ralisation. Elles ont un intérêt pratique au moins égal, car
nombre d'entre elles sont justiciables d'une intervention
opératoire, soit pour extirper le foyer infectieux, soit pour
réparer, après sa cicatrisation, les dégâts qu'il a commis. .
Le chirurgien doit donc étudier avec soin la tuberculose
de la peau et des muqueuses. Pour les muqueuses, pour
celles de la bouche en particulier, il s'y est astreint depuis
longtemps. Mais il n'a guère coutume de s'occuper des lésions
cutanées : il en laisse volontiers la description au derma-
tologiste. Depuis quelques années, pourtant, la question
change un peu de face, et les thèses, relativement récentes,
de Vallas (de Lyon), de Lefèvre, l'envisagent sous un aspect
réellement chirurgical.
I
Les inoculations de la tuberculose à la peau se font dans
deux conditions absolument distinctes : 1° le sujet est tuber-
culeux et, à l'aide de produits que lui-même a formés, il
infecte une solution de continuité quelconque; 2** le sujet
jusqu'alors indemne s'inocule accidentellement un véri-
table « chancre tuberculeux » capable d'être la source d'une
généralisation bacillaire.
1* Auto^inoculations locales des tuberculeux. — Les
premières ulcérations tuberculeuses constatées chez les
phthisiques ont été celles des muqueuses. Celles de Tintes-
tin n'intéressent guère le chirurgien, mais il est bon de
rappeler que déjà Louis invoquait, pour les expliquer, l'ac-
tion nocive des crachats déglutis. Celles de la muqueuse
bucco-linguale sont bien connues et sont décrites depuis
longtemps parmi les lésions chirurgicales de la langue.
Une des premières observations probantes d'ulcération
tuberculeuse de la peau est due à P. Coyne, en 1871 : sur
une phlhisique, une ulcération occupait la région temporo-
mastolilienne et l'examen histologique démontra la nature
tuberculeuse du mal. A partir de ce moment les faits se
sont multipliés. Les ulcères tuberculeux des lèvres, de
l'anus chez les phthisiques, ont à plusieurs reprises attiré
l'attention de la Société médicale des hôpitaux. Puis, en
France comme à l'étranger, on a examiné les ulcérations
des régions les plus diverses. Peu à peu le microscope, puis
la bactériologie ont rendu indiscutable la nature tubercu-
Le total des dépenses publiques d'assistance faites en
France, pendant Tannée 1885, s'est élevé à 184 121 099 fr. 23.
L'Etat, les déparlements et les communes ont participé à
ces dépenses, au moyen de fonds prélevés sur les contri-
buables, pour une somme de .89242096 fr. 19, soit un peu
plus de 48 pour 100 de la dispense totale et, par tète d'habi-
tant, la population ayant été au recensement de Tannée
suivante, en 18K6, de 38218903 habitants, une dépense
moyenne de 2 fr. 33. On voii ainsi qu'il a été fait face à ces
dépenses avec les ressources propres des établissements
publics et le produit des fondations, pour une somme de
91879003 fr. 04, qui représente la différence entre le total
des dépenses et les subventions budgétaires. M. Henri
Monod a très justement ensuite fait le départ, dans ces
chiffres, entre ceux qui regardent l'assistance à Paris et
ceux qui ont rapport au reste de la France. A Paris, les
dépenses se sont élevées, en 1885, à 50774828 fr. 89, dont
19019661 fr. 17 payées avec les ressources propres de
l'assistance publique et 3175-^167 fr. 72 soldées avec les
fonds prélevés sur les contribuables, soit par habitant
13 fr. 54. Enfin, en France, non compris Paris, les dépenses
publiquesd'assistance, quiontété,pendantcettemêmeannée,
de 133348270 fr. 34, se subdivisaient en 75 859341 fr. 87,
payées avec les ressources propres des établissements
publics et le produit des fondations, et 58488928 fr. 47,
payées avec les fonds prélevés sur les contribuables, soit
par habitant 1 fr. 60.
Par une singulière coïncidence, fait observer M. Henri
Monod, le chiffre des dépenses d'assistance publique par
tète d'habitant s'est trouvé être, en 1885, le même, à 6 cen-
times près, à Paris et à Londres: il a été à Paris de 13 fr.54
et de 13 fr. 60 à Londres. Mais, les capitales une fois
exclues du calcul, il y a une énorme diflerence entre les
dépenses publiques d'assistance faites en France et celles
faites en Angleterre; si, en France, la contribution moyenne
est de 1 fr. 60, elle est de 6 fr. 77 en Angleterre; en outre,
m — N' 39 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septembre i889
leuse, naguère constatée, de ces solutions de continuité, et
aujourd'hui, grâce aux travaux de Chiari, de liilzo. de Val-
las, il est possible de donner une description d'ensemble.
Les phthisiques sont ordinairement parvenus à une pé-
riode avancée, lorsque se creusent sur leur peau des pertes
de substance dont les sièges de prédilection sont le pour-
tour des orifices naturels : les lèvres et Tanus; les doigts,
les mains. Ce siège déjà, en des régions si volontiers expo-
sées au contact des crachats, des selles, fait supposer qu'il
s'agit d'une inoculation directe et non pas, malgré Hilzo,
d'une localisation, parle fait d'un trauma,de bacilles habi-
tant le sang.
Parfois, d'ailleurs, la préexistence d'une solution de con-
tinuité est évidente. Aux lèvres comme à la langue l'origine
est assez souvent dans de petites plaies produites par une
morsure, par les dents d'une fourchette, etc. Tout comme,
à la langue, Doutrelepont a vu le bacille s'implanter sur
une syphilide, et Brem, au pharynx, sur une brûlure par
potasse caustique.
Loin des orifices naturels, la même pathogénie est par-
fois certaine. Tel ce phthisique, observé par Raymond, qui
guça une petite écorchure qu'il venait de se faire à la main :
une ulcération spécifique s'y déclara. Une malade de Des-
champs est plus remarquable encore, car à deux reprises
elle fut atteinte de la sorte : une fois, à la fourchette, en
conséquence d'une chute sur le périnée; puis, à un doigt, à
la suite d'une brûlure au second degré.
Une semblable netteté n'est toutefois pas de règle, et sou-
vent aucun comraémoratif de ce genre n'est relevé. Mais
l'inoculation directe n'est-elle pas probable chez le malade
sur qui, à l'occasion d'une ulcération bacillaire de la verge,
on a pu constater une tuberculose épididymaire ?
Cette dernière observation appartient à une catégorie de
faits plus rares que les ulcérations tuberculeuses des phthi-
siques, c'est-à-dire aux ulcérations qui viennent compliquer
les tuberculoses chirurgicales.
On voit, de temps à autre, la peau s'inoculer autour de
fistules, de tumeurs blanches, d'ostéites bacillaires. Pour
n'être pas fréquents, ces faits ne sont pourtant pas contes-
tables.
J'ai observé l'an dernier, à l'hôpital de la Charité, dans
le service de M. Després, un homme chez qui la peau dor-
sale de la main, autour de fistules s'étendan t vers le quatrième
métacarpien, présentait une induration avec état papillo-
mateux très analogue à la tuberculose verruqueuse de la
peau. Ce malade, il est vrai, n'a été examiné que clinique-
ment. Mais Lyol et Gautier ont publié à la Société analo-
mique un examen histologique probant, pratiqué sur U
peau qui entourait des fistules du coude.
Les faits de ce genre sont rares, et l'on en est encore
à compter les observations. C'est, prétend Vallas, parce que
chez ces sujets moins cachectiques que les phthisiques, la
peau résisterait mieux à l'invasion du bacille. Cet argument
est difficile à soutenir si Ton songe que ces malades, sou-
vent affaiblis par des suppuration^ prolongées, sont de plus,
en grand nombre, mines par la tuberculose pulmonaire, il
est plus plausible, se souvenant que dans ces lésions ^ scn;-
fuleuses )» les bacilles sont à 1 ordinaire peu abondants,
d'admettre que ces tuberculoses, d'une virulence médiocn-,
s'inoculent avec quelque difficulté, et cela d'autant plu^
que la peau fournit un terrain de culture peu fertile.
Aussi la lésion observée est-elle toujours en pareille oc-
currence une forme atténuée de la tuberculose cutanée. Ce
ne sera à peu près janiais la vraie ulcération tuberculeo.'^*';
ce ne sera même que rarement la tuberculoss verruqueuse.
L'observation de Lyol et Gautier est un exemple, fort raro.
de cette seconde variété. Les cas les plus fréquents ^el en-
core ne faut-il pas exagérer cette fréquence) sont relalif> au
lupus. Cette étiologie du lupus est signalée par Neumann;
Leloir et Renouard y insistent davantage. Des faits probant»
sont dus à Yolkmann pour les fistules du spina venlosa et
de la carie du calcanéum; à Léser pour la coxalgie; à Lic^
breicht pour une fistule anale; à Neumann pour des abc«-5
scrofuleux divers. 11 y a un an environ, Jeanselniea publié
au Congrès pour l'étude de la tuberculose, six observation>
qu'il a recueillies dans le service de Hallopeau à l'hôpittl
Saint-Louis. On trouvera ces faits rassemblés dans la Ihive
récente de Cronier.
2" Inocîilation d'un sujet sain. — Depuis bien longtemps
on a proclamé qu'à faire des autopsies de phthisiques on
risque de gagner leur mal. Morhn, Valsava, Morgagni re-
doutaient fort les piqûres contractées de la sorte.
Cependant l'expérimenlalion sembla, au début, ItMir
donner tort. Les essais d'Alibert, Hébréard, Guersant, Hi-
cherand furent infructueux. De même, plus près de nou>.
pour ceux de Chauveau (187:2). Enfin en 1883, alors
que la virulence de la tuberculose était définitivement dé-
montrée, Bollinger essayait en vain d'inoculer la tuberculose
à la peau d'un animal sain. II concluait que la manipulation
d'organes tuberculeux, l'abatage de bétes phthisiques. les
le service d'assistance y est organisé sur toute la surface du
territoire, ce qui n'est pas le cas chez nous. C'est ainsi que,
pour la population rurale, s'élevant à 27 557 630 habitants,
répartis entre 35 712 communes, la charge des dépenses
communales d'assistance était en France en moyenne de
38 centimes par habitant et, déduction faite des dépenses
qui sont obligatoires et qui s'appliquent aux services des
aliénés et des enfants a.ssistés, cette charge s'est abaissée à
28 centimes seulement par habitant!
Pour ce qui concerne plus particulièrement les hôpitaux
et hospices, leurs dépenses ont été de C8G27012 fr. 11, se
subdivisant comme il suit: 7603856 fr. 22 pour l'adminis-
tration de leurs biens et revenus, 44780960 fr. 04 de
dépenses ordinaires (8629362 fr. 25 pour le personnel,
7 547313 fr. 09 pour le matériel, 26090780 fr. 54 pour la
nourriture et 2513504 fr. 16 pour la pharmacie),
2876917 fr. 47 comme secours donnés à domicile et
13365278 fr. 38 de dépenses diverses. Les 14454 bureaux
de bienfaisance qui existaient alors en France ont secouru
1632 564 individus, pour une soitiraede 2646021)6 fr. 47.
La dîme de la charité publique est, on le voit, relative-
ment peu considérable en France; celle de la charité prive
lui vient heureusement en aide, mais dans une proportion
qu'il est impos.sible d'apprécier. Le nombre est on elft-t
restreint des grandes institutions qui peuvent, grâce à la
générosité des fondateurs et bienfaiteurs, secourir de nom-
breuses infortunes. Au premier rang de ces institutions, il
convient de placer les dispensaires pour les enfants, dont l.i
plupart sont représentés à l'Exposition par des maquette^
ou des tableaux, depuis le premier en date en France, celui
qui a servi de modèle aux autres, le dispensaire de M. le
docteur Gibert au Havre, jusqu'à ceux de M. le docteur
Dubrisay à Paris, de M"""" Furtado-Heine et Pereire et tk
M. Ruel. L'administration supérieure a fait depuis phisitHii^
années des efforts considérables pour généraliser le uU\<
possible ces utiles institutions; leur nomore est encore bien
-27 Si^PTEMBRE 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE -. N' 39 - 625
uulopsies, ne consliluaient pas un danger au point de vue de
rinoculalion par la peau.
Les observations humaines, toutefois, empêchent de
partager cet optimisme. Sans doute des inoculations expé-
rimentales ont été tentées sans succès par Goodlad et
Lespiau sur eux-mêmes, parKorlune sur un enfant. Mais
de nombreux faits démontrent que ces imprudences eussent
pu réussir et même entraîner une généralisation tubercu-
leuse.
Passons sous silence les cas où la preuve absolue n'est
pas faite: celui de Laennec, mort phthisique vingt ans après
s*èlre piqué en autopsiant un phthisique; celui où Verneuil
nous montre un médecin atteint de mal de Polt après avoir
contracté un tubercule anatomique. Dans ces cas, en effet,
la nature bacillaire du tubercule anatomique n'a pas été
directement démontrée; or il semble prouvé que tous les
tubercules anatomiques ne sont pas de nature tuberculeuse,
et d'autre part l'évolution, à longue échéance, d'une tuber-
culose à distance n'est pas une preuve irréfutable, étant
donné surtout qu'aucun phénomène spécial, caractéristique,
ne s'est manifesté au niveau du tubercule anatomique.
Mais les observations incontestables abondent. Celle de
Tscherning est une des plus complètes. Une fille vigoureuse
se blessa au médius en brisant le crachoir en verre d'un
phthisique; un panaris se forma, et il en resta un petit
nodule, qui fut extirpé; mais quelque temps après la gaine
des fléchisseurs se prit en même temps que gonflaient les
ganglions épitrochléens et axillaires. Studtgaard amputa le
doigt et enleva les glandes engorgées; dans toutes les parties
furent trouvés des bacilles. De même l'infection n'a pas
dépassé les ganglions axillaires sur un infirmier qui soignait
les phlhisiques et dont 1 histoire est rapportée par Axel Ilost.
Chez un garçon d'amphithéâtre, Karg a vu un tubercule
anatomique se compliquer, à l'avant-bras, de petits abcès,
contenant des bacilles. Une malade de Merkien fut plus
mal partagée encore, c.ir la phthisie pulmonaire fut la con-
séquence d un tubercule anatomique, qui s'était accom-
pagné de lymphangite tuberculeuse.
On pourrait multiplier les faits de ce genre, citer ceux de
Raymond, de Wahl, de Demme, etc. 11 suffit d'avoir rappelé
les principaux. Une mention spéciale est due, cependant, à
la tuberculose inoculée par la circoncision rituelle des
Hébreux. Quelquefois, le contage vient d'une source
inconnue, ou bien il est fourni par l'entourage de l'enfant,
mais presque toujours la cause est trouvée d'une manière
précise, l'opérateur religieux étant phthisique et ayant pra-
tiqué néanmoins sur la verge la succion prescrite par la
loi. En pareille occurrence, l'inoculation tuberculeuse
réussit avec une fréquence remarquable; c est qu'elle n'est
pas faite seulement dans la peau, mais bien dans le tissu
cellulaire sous-cutané.
La tuberculose pulmonaire n'est pas seule la source de
ces infections cutanées. Quelquefois, mais plus rarement,
des lésions dites scrofuleuses s'inoculent. Czerny créa des
ulcérations tuberculeuses en pratiquant sur des plaies gra-
nuleuses des greffes cutanées avec la peau d'un membre
amputé pour tumeur blanche. Un lupus semble bien avoir
contaminé une plaie d'amputation sur un opéré de Wahl.
Après tout ce qui vient d'être dit, il n'est pas utile d'in-
sister davantage sur l'importance des prédispositions profes-
sionnelles. Bon nombre des malades sont des médecins, des
infirmiers (ou des sujets en faisant fonctions). Les autres
cohabitent, pour la plupart, avec des phthisiques ou avec des
personnes atteintes de lésions tuberculeiises externes. Il est
certain, cependant, que la plupart des inoculations produites
dans ces circonstances restent stériles. Quel médecin, quel
infirmier ne s'est pas fait mainte piqûre avec des produits
tuberculeux ? Bien peu en subissent des inconvénients.
C'est que la peau semble être pour le bacille un terrain de
culture relativement défectueux. Dans quelques cir-
constances, une cause générale favorise peut-être le déve-
loppement du microbe, et l'on ne saurait, dans cette mesure,
dénier toute action à la débilitation générale, à l'alcoolisme,
au surmenage, notés dans les observations de Lesser, de
Raymond, de Merkien.
II
La tuberculose cutanée par inoculation directe se pré-
sente sous des formes cliniques très variables. Faisons
abstraction des gommes scrofuleuses dermiques et hypoder-
miques, pour lesquelles on n'a pas encore parlé d'inocula-
tion directe. Dans l'étude étiologique qui vient d'être
esquissée, trois autres formes ont été mentionnées: l'ulcé-
ration proprement dite, la tuberculose verruqueuse, le
lupus, pour les énumérer en allant de la plus virulente à
la moins virulente. Du lupus il ne*sera plus question; son
aspect, ses particularités cliniques sont devant tous les yeux,
dans toutes les mémoires. Restent donc l'ulcération tuber-
culeuse et la tuberculose verruqueuse.
Certains auteurs ont soutenu que l'étiologie domine ces
restreint et peu en rapport avec les besoins de la population
indigente de nos grandes villes et des agglomérations indus-
trielles. Il en est de même des crèches qui rendent tant de
services et offrent un asile si précieux à l'enfance ouvrière
pendant les heures de travail des parents. Dans les galeries
de l'Exposition d'économie sociale qui avoisinent les pavil-
lons de la classe 64, on peut se rendre aisément compte des
services rendus par ces diverses institutions et en même
temps du petit nombre que nous en possédons encore. Il y
a lieu d'espérer que TFlxposition actuelle aura eu pour eflet
d'attirer sur elles Tatlenlion, en même temps qu elle aura
montré combien de pratiques fâcheuses et souvent même
funestes sont encore en usage pour l'élevage de la première
enfance. Tous les visiteurs de l'Exposition n'ont pas manqué
d'exminer en effet l'exhibition très pittoresque, faite par le
ministère de l'intérieur, des principaux procédés d'habille-
ment et d'alimentation de nos enfants dans les campagnes
et les villes; ici, l'on peut reconnaître combien l'emmaillo-
tement barbare des nouveau-nés à l'aide de bandes sem-
blables aux anciennes fascim est encore appliqué ; la
coiffure, qui ten^ à disparaître dans les villes, reste
immuable à la campagne sur la tête des enfants, de même
les couchages à souillure facile et permanente sont tou-
jours en usage, ainsi que les biberons soi-disant perfec-
tionnés et dont les inventeurs s'ingénient à supprimer
la main de l'éleveuse au plus grand dommage de Tenfant
ingérant de lui-même un lait refroidi ou contaminé par
le passage à travers de longs tubes, etc., etc. A côté de
ces pratiques, l'administration a fait placer, autant que
le permettait la nature de l'exposition, des indications
plus rationnelles; elle a surtout tenu à montrer combien
elle s'eflorce, depuis la promulgation de la loi Roussel, de
récompenser les bonnes nourrices ou éleveuses et tous ceux
qui participent avec zèle et dévouement à l'œuvre de la
protection de la première enfance. Les médecins ont été
appelés c^ y jouer, comme il convenait, le rôle principal ;
626 — N* 39
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septembre 1889
différences symptomatiqaes. D'après Yallas, d'après Ritzo,
rulcération franche est l'apanage des individus déjà phthi-
siques. L'inoculation des sujets sains amène la forme
bénigne. Cette opinion est à peu près exacte, mais il ne
faut pas la prendre au pied de la lettre. Valias compte bien
trente-trois pbthisiques cachectiques sur les trente-trois
observations d'ulcérations qu'il réunit; mais il ne parle pas
des inoculations par circoncision. Le bacille, sans doute, y
est introduit dans le tissu sous-cutané ; il n'en reste pas
moins exact qu'il en résulte une vraie ulcération tubercu-
leuse. Et d'ailleurs dans l'observation de Hanot, la phthisie
s'est déclarée longtemps après le début d'une ulcération
fort grave occupant la peau de l'avant-bras. Au rebours,
chez certains pbthisiques confirmés, la lésion reste à l'état
de tuberculose verruqueuse ; c'est le cas pour un des
malades de Raymond.
Aussi, malgré la commodité qui en résulterait pour une
description didactique, il ne semble pas qu'il faille établir
de parallélisme entre les divisions de l'éliologie et celles
de la symptomatologie. Jusqu'à nouvel ordre, on peut seule-
ment dire que l'ulcération tuberculeuse est la forme de
prédilection chez les pbthisiques ; la tuberculose verru-
queuse étant plus spécialement réservée aux sujets préala-
blement sains, ou porteurs de lésions dites scrofuleuses.
1" Ulcération tuberculeuse. — Le siège de la lésion a été
déjà indiqué à propos de Tétiologie. La multiplicité des
ulcérations n'est pas très rare. Plusieurs malades souffraient
à la fois de la lèvre et de l'anus. La main et la langue furent
prises sur un patient de A. Poncet; la fourchette et la main
sur une femme vue par Deschamps.
Le début est quelquefois marqué par une blessure à
laquelle aucune importance n'est attachée, mais qui cepen-
dant s'envenime peu à peu et dégénère en ulcération. Ou
bien, le plus souvent, rien n'attire l'attention sur la région
qui va être envahie et la lésion n'est reconnue que lorsqu'elle
en est déjà à une période relativement avancée. Mais en
étudiant le mode d'extension on peut, jusqu'à un certain
point, juger du mode de début, par une petite papule rouge,
dure, dont le sommet devient bientôt, par caséification,
blanchâtre et mou. La base de cette papule est nette, la peau
qui l'entoure est norftale. Puis, spontanément ou par
écorchure, la pellicule épidermique du sommet se rompt
et une petite perte de substance apparaît, qui s'étend pro-
gressivement.
A la période d'état on voit une ulcération de dimensions
variables, plus petite en général aux lèvres, où le derme
est adhérent et dense, qu'aux membres où la laxité est plus-
grande. Raymond a mesuré un ulcère, large de 8 centimè-
tres sur 10.
La forme de la perle de substance n'a rien de fixe : circu-
laire, sinueuse, serpigineuse. Les bords sont souvent poly-
cycliques, en souvenir des ulcérations multiples dont la
coalescence produit la lésion. Ils sont taillés à pic, entourés
d'un étroit liséré un peu rouge, reposant sur une légère
induration.
Le fond de l'ulcère est granuleux, raviné, papillomateux,
atone, gris rougeàtre, avec un pointillé jaune. Il ne saigne
guère, et sécrète un liquide séro-purulent, qui rarement se
condense en croûte.
Autour de la lésion principale il existe souvent un semis
de granulations qui, plus ou moins vite, s'ulcèrent, et se
fusionnent avec l'ulcération principale. De là une tendance
à l'extension en surface, tandis que le fond creuse à une
profondeur notable.
Les ganglions voisins sont parfois engorgés, caséeux
même. D'après Yallas, pourtant, ils sont en général
indemnes; mais, si l'on en juge d'après ce que l'on observa
à la lèvre et surtout à la langue, Yallas exagère un peu la fré-
quence de cette intégrité. L'étude des inoculations tubt^rcu-
leuses à des individus sains conduit à la même conclusion.
Les signes fonctionnels sont diversement appréciés; pour
Duhring, l'indolence est complète; pour Yallas, la souf-
france est sévère. La vérité semble être entre les deux
extrêmes. Non irritée, l'ulcération ne cause que des douleurs
médiocres. Mais au niveau des lèvres, de l'anus, de la vulve,
elle est soumise à des excitations multiples et elle devient
le siège de douleurs intenses qui entravent les fonctions de
la région malade.
Le (fta^nosttc est évident pour une ulcération de mauvais
aspectsurvenant chez un individu manifestement phthisique.
De même lorsque autour de l'ulcération principale existe
le semis des points caséeux peu à peu confluent.
Si ces éléments de diagnostic font défaut, on est exposé à
confondre avec un cancroïde une ulcération tuberculeuse
de la lèvre ou de l'anus. Cependant une analyse minutieuse
conduira souvent au diagnostic, car le cancroïde fait plus
tumeur, a des bords rugueux, irréguliers, évasés, plu<
durs, saigne facilement, bourgeonne davantage. II est
classique de dire que la précocité de l'engorgement gan-
glionnaire est un signe de cancer; mais il ne faut pas se fier
malheureusement ils ne peuvent suffire partout à la tâche,
car nombreux sont les cantons où ils sont en nombre insuf-
fisant et même tout à fait absents dans quelques-uns. Une
carte manuscrite, très intéressante, dressée par M. Turquan,
fournit à cet égard des renseignements bien désolants et
qui concordent avec ceux qui ont été à maintes reprises
reproduits ici même.
L'assistance aux infirmes, sans se généraliser beaucoup,
a pris un certain essor en France dans ce dernier siècle.
Elle est de celles qui éveillent plus généralement l'attention
grâce aux résultats obtenus, qui peuvent être facilement ap-
Sréciés. Au premier rang il faut placer nos institutions
'aveugles et de sourds-muets, qui montrent avec joie et
non sans un légitime orgueil les travaux de leurs élèves et
les succès qu'ils remportent. Les aveugles ont un penchant
marqué pour la musique, où beaucoup deviennent d'excel-
lents instrumentistes; d'autres deviennent d'habiles ou-
vriers et les ateliers d'aveugles produisent souvent des
œuvres remarquables ; il est plusieurs artistes parmi eux,
récompensés aux Salons annuels. De même pour les
sourds-muets, que les progrès de la méthode orale da
langage, substituée à l'ancienne mimique, font de plus en
plus rentrer dans la vie commune. C'est merveille de
voir et d'entendre avec quelle perfection on fait, aujour-
d'hui de quelques-uns d'entre eux des entendants-parlant<
et des parlants même, en quelques années! Pour tousce<
infirmes, le secours de l'art médical est précieux; c'est
à la physiologie que leurs maîtres demandent les conseils
et la raison a être de leur enseignement; c'est le médecin
qui est leur meilleur auxiliaire, celui de tous les instants,
celui qui corrige les défauts individuels, redresse les erreurs
commises et rend compte des progrès accomplis. Aussi U
part du service médical devient-elle de plus en plus mar-
quée dans ces diverses institutions.
(A suivre.)
27 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 39 — 627
à ce symptôme, dont on exagère la rareté dans la tuberculose.
Dans quelques cas, on ne pourra poser le diagnostic qu'après
avoir examiné histologiquement un fragment excisé et y
avoir recherché les bacilles.
Il serait superflu d'insister sur le diagnostic du chancre
mou, du chancre syphilitique, de la syphilis tertiaire, des
ulcérations arsenicales, etc. Non pas que jamais on ne
commette ces erreurs, mais parce que les cas où on y est
exposé sont précisément ceux ou font défaut les signes
habituels, classiques, qui seuls pourraient être résumés ici.
Dans les cas douteux, l'examen histologique seul trancherait
la question.
i** Tuberculose verruqueuse. — Le type le plus simple
nous PSl fourni par la lésion vulgairement appelée tubercule
aniiomique.
Les mains en sont le siège à peu près exclusif, surtout au
niveau delà face dorsale des doigts, parmi lesquels le pouce
et rindex sont les plus exposés.
La plaie initiale à laquelle on remonte souvent se ferme
quelquefois, puiss'exulcëre et végète; mais en général, elle
reste ouverte, d'abord insignifiante, puis peu à peu aggravée,
et au bout de quelques jours, elle acquiert des caractères
spé«'iaux. Ou bien ces caractères ont été précédés d'accidents
inflammatoires, en apparence banals, un panaris, un abcès,
qui laissent un reliquat tuberculeux; ou bien la plaie s'est
ulcérée, devenant croùteuse et grisâtre; ou bien dès le début
un petit bouton rouge s'est formé, dont le sommet devient
blanc et s'ulcère.
A la période d'état, il n'y a pas d'ulcération, mais on voit
une élevure rugueuse, assez sèche, d''<spect papillomateux,
à papilles courtes et dures, dont les sommets forment un
pi()ueLé noirâtre. Entre les bases des papilles sont quelques
fi-sures un peu suintantes, peu croûteuses. Cette lésion est
indolente. Autour d'elle la peau est saine, souple, de colo-
ration normale.
Dans sa forme banale, le tubercule anatomique est une
lésion bénigne. Il ne s'étend qu'avec une extrême lenteur,
ne s'ulcère à vrai dire pas; les ganglions voisins ne s'engor-
gent pas et l'élîit général reste excellent.
Depuis longtemps, Ernest Besnier et Vidal pensent que
celte lésion est de nature tuberculeuse et sur quelques
pièces l'histologie en a fourni la preuve. Les follicules
tuberculeux y ont été vus par Koleiko et ses bacilles par
S:ni^'UJnetti. Les faits analogues se sont multipliés. Mais
faut-il en conclure que parmi les inoculations bactériennes
l'inoculalion tuberculeuse peut seule produire cette lésion?
Quelques auteurs tendent à l'admettre, mais Polosson le
conteste, d'après quatre examens histologiques où il n'a pu
trouver ni bacille, ni fistule. Il semble donc bien que tous
les tubercules anatomiques ne sont pas tuberculeux, mais
l'aspect extérieur ne permet pas, jusqu'à nouvel ordre,
d'établir le diagnostic entre ces variétés. 11 reste établi
toutefois que le tubercule anatomique est la forme la plus
atténuée de la tuberculose verruqueuse par inoculation.
Mais la maladie n'en reste pas toujours à cette étape et
chez quelques sujets elle est l'occasion d'une infection qui,
par les lymphatiques, gagne de proche en proche. Alors se
manifestent les symptômes de la lymphangite tuberculeuse,
avec ses abcès froids superficiels, multiples, en ligne
Aitleurs,avecousanslymphaiigite appréciable, les ganglions
s'engorgent, au-dessus de l'épitrochlée, puis dans rais>elle.
Un pas de plus, et le bacille est arrivé dans le torrent cir-
culatoire: à ce moment surviennent des localisations tuber-
culeuses à distance, dont la phlhisie pulmonaire est la plus
fréquente, parmi lesquelles il faut encore mentionner les
abcès ossifluents, la méningite tuberculeuse. En somme, la
tuberculose se généralise et emporte le malade en un temps
variable.
En résumé, il y a une inoculation cutanée qui est la porte
d'entrée d'une infection cutanée, d'abord tout à fait locale,
puis atteignant les lymphatiques de la région, enfin se géné-
ralisant. Le mal peut s'arrêter à l'un des deux premiers
stades, et surtout on peut l'y enrayer si on agit avec une
rapidité suffisante sur le c chancre tuberculeux », dont
l'éradication coupe court à l'infection ultérieure, même
lorsqu'il y a déjà quelques ganglions dégénérés qu'on enlève
en même temps. Au reste, rien ne varie comme la rapidité
avec laquelle se dissémine l'agent infectieux; comme le
laps de temps, par conséquent, pendant lequel la chirurgie
sera efficace.
Le tubercule anatomique vient de servir de type, parce
que les autres formes que l'on a décrites dans la tubercu*
lose verruqueuse de la peau n'en sont, en somme, que des
dérivés, les modifications étant dues au degré d'acuité des
phénomènes inflammatoires et à l'étendue des surfaces
malades. Ainsi, plusieurs observations parlent d'un véri-
table placard papillumateux, verruqueux, un peu enflammé,
entouré de quelque rougeur, douloureux à la pression, au
frottement. Des squames, des croules s'y forment, sous
lesquelles on trouve du pus, que par pression onfaitsourdre
quelquefois comme d'une écumoire. Ceci nous amène à dire
quelques mots de la forme pour laquelle Riehl et Paltauf
ont créé le nom de tuberculosis verrucosa cutis.
Quant aux symptômes, on ne tarde pas h se convaincre
que l'analogie est très accentuée entre la tuberculose de
Riehl et Paltauf et un tubercule anatomique de grande
dimension et donnant une suppuration notable. Il est utile,
cependant, de les mentionner, car les auteurs en ont fait
une analyse soignée.
Les placards présentent des aspects difl'érents, suivant
qu'on les considère au centre, où la lésion est ancienne, ou
à la périphérie, par laquelle se fait l'extension.
Tout à fait à la périphérie, dans la zone d'envahisse-
ment, existe un liséré érythémateux peu saillant, disparais-
sant sous la pression du doigt. La peau y est lisse, et les
orifices glandulaires élargis. Plus en dedans, le liséré s'é-
paissit, devient brunâtre, et deci, delà, quelques pustu-
leltes s'y soulèvent, ou de petites croùtelles qui en sont les
vestiges. Plus en dedans encore, apparaît la zone centrale,
saillante de quelques millimètres, irréguliere, papiUoma-
teuse. Les végétations papillaires sont dautanl plus longues
qu'on se rapproche plus du centre. Entre elles se font des
rhagades, des érosions, des pustules et, par pression laté-
rale, on voit le pus sourdre comme d'une écumoire. A ce
stade, les orifices glandulaires et les follicules pileux ne
sont plus perceptibles ;.çà et là reste un poil lanugineux qui
se laisse facilement arracher. A cette période, la douleur à
la pression est vive.
Au bout d'un certain temps, la région malade s'afl'aisse,
les pustules se tarissent, les papilles se rétractent et il reste
une cicatrice squameuse, remarquable par un aspect criblé,
dû à un reticulum blanc, qui tranche sur un fond violacé.
Et cette cicatrice peut se former au centre alors que la
périphérie est encore en évolution active.
Telle est la description de Riehl et Paltauf; on voit qu'à
628 — N° 39
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septembre 1889
bien des points de vue eHe est identique à celle de quelques
papillomes dits inflammatoires. Le diagnostic clinique
n'est pas encore établi avec certitude, mais l'histologie et la
bactériologie lèvent tous les doutes. Riehl et Paltauf (et
leurs recherches ont été confirmées par de nombreuxauteurs)
ont trouvé dans les papillomes les follicules et les bacilles
caractéristiques; ils ont constaté que dans certains points,
de petits abcès tuberculeux se forment dans les follicules
pilo-sébacés ; les glandes sudoripares, plus profondes,
restent indemnes.
Ces données anatomiques mettent hors de doute la nature
tuberculeuse de la lésion. Elles étaient indispensables, car
Tétiologie et révolution du mal ne fournissaient guère de
renseignements. Riehl et Paltauf notaient bien que leurs
malades étaient pour la plupart en contact journalier avec
des animaux ou des substances animales. Mais aucun n'avait
notoirement approché un phlhisique. Tous étaient vigou-
reux, exempts de toute tare héréditaire. Un seul d'entre eux
souffrait d'une adénopalhie concomitante; chez tous, même
au bout de longues années, l'état pulmonaire était aussi
satisfaisant que possible.
Il est vrai que depuis le mémoire de Riehl et Paltauf,
qnelques cliniciens ont pris sur le fait l'inoculation spéci-
fique. On a surtout vu qu'il fallait malheureusement en
appeler du jugement d'abord porté sur la bénignité de
l'affection. Une malade de Merklen a eu des abcès multiples
de lymphangite tuberculeuse; d'autres sont devenus fran-
chement phlhisiques.
Il n'y a donc pas là une différence essentielle avec la
tuberculose inoculée ordinaire; c'est en somme une forme
localement grave du tubercule anatomique et, dans un cas
comme dans l'autre, la lésion peut rester localisée ou au
contraire se généraliser. Lorsqu'elle se généralise, il est
évident que Tinfeclion a lieu par les voies lymphatiques. De
là dépend le pronostic.
III
Le pronostic de la tuberculose inoculée à la peau
dépend essentiellement de l'état général du sujet, et aussi
du traitement mis en œuvre.
Pour les ulcérations spécifiques des phthîsiques, il va de
soi que la lésion cutanée s'efface devant la gravité de l'étal
général. La douleur seule est à prendre en considération,
quand elle rend plus intolérable encore une existence déjà
précaire. Là sera la principale indication thérapeutique,
lorsque les souffrances deviendront vives, fait surtout noté
aux lèvres, à l'anus, mais il faudra compter sur un soulage-
ment et non sur une guérison.
On ne doit pas cependant avec Vallas et Ritzo admettre
que ces ulcérations sont toujours incurables, réservées
qu'elles sont aux phthisiques confirmés. Dans quelques cas,
rares à la vérité, Tulcéralion atteint un sujet non phthisique
et le pronostic est alors semblable à celui de la tuberculose
verruqueuse.
C'est donc un « chancre tuberculeux » envisagé indépen-
damment de la forme clinique. Souvent (et la chose est
usuelle pour le tubercule anatomique) les inconvénients
locaux sont à peu près nuls, et les inconvénients généraux
le sont absolument. Mais il y a là une menace et à un mo-
ment quelconque le pronostic est susceptible de s'assombrir
si les ganglions s'engorgent, de devenir tout à fait sérieux
si des lésions tuberculeuses éclatent à distance. Un tuber-
cule anatomique de nature tuberculeuse est donc une lésion
parfois grave et toujours digne d'une surveillance attentive
et d'une thérapeutique active.
Le traitement est facile à exposer : il faut pal'ier It*-
symptômes des ulcérations secondaires ; il faut supprimer
au plus vite les tuberculoses cutanées primitives, même
lorsqu'elles ont déjà amené un début de retentissement
pulmonaire.
Le traitement palliatif consiste essentiellement en panse-
ments attentifs et surtout en applications de poudres narco>
tiques. On se trouvera bien d'associer la morphine à Tiodo-
forme et de pulvériser ce mélange sur l'ulcération d'abord
détergée. Si les douleurs persistent, une destruction pro-
fonde au fer rouge sera quelquefois indiquée.
Le traitement curatif est très analogue à celui du lupuf^.
avec cette différence qu'ici la lésion cutanée est plus cir-
conscrite et que d'autre part on a davantage à s'occuper drs
ganglions.
L'éra<licalion du mal est la méthode de choix. Suivant h
profondeur et l'étendue de la tuberculose, l'opération ^e^a
très simple, ou au contraire nécessitera une amputation,
le sacrifice d'un doigt, par exemple; s'il y a une adéno-
patbie concomitante, l'extirpation des ganglions est
indiquée.
Si l'ablation contraint à des dégâts hors de proportion
avec la gravité du mal, on a de bons résultats par l'igni-
puncture interstitielle ou par le grattage complet, suivi de
pansements à l'iodoforme. Ces méthodes sont fort bonnes
pour les tubercules anatomiques simples des doigts, pour
la tuberculose verruqueuse du dos de la main. La cautéri-
sation au fer rouge semble être la meilleure des deux.
Dans ces derniers temps, Morel Lavallée a attiré l'atten-
tion sur les bons résultats fournis par l'injection répéiée,
dans le foyer et autour de lui, d'une solution d'iodoforme
dans la vaseline liquide.
A. Broca.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Traltenieni de l'aiitbnie d«a foins.
Le traitement de r/m^/et?er a donné lieu, on le sait, aux
efforts thérapeutiques de nombreux cliniciens. On peut,
sans adopter une opinion radicale sur la nature de cette
affection, prescrire le traitement suivant :
I. Traitement interne. — Administrer l'anlipyrine à la
dose de 1 à 2 grammes par jour. Ce médicament doit être
véhiculé dans une eau minérale alcaline ou bien dans un
liquide légèrement alcoolisé et ingéré soit avant, soit au
début de l'accès.
II. Traitement externe. — Il est préventif ou bien
curatif de l'accès :
V Préventif de V accès. Il consiste à modifier la mu-
queuse nasale par des vaporisations antiseptiques phéni-
quées. des inhalalions de vapeur d'eau chargée de teiulurt*
de benjoin, ou bien des irrigations nasales au moyen du
siphon et avec une solution de chlorure de sodium ou daciile
borique à 3 pour 100.
2" Curatif de V accès. L'emploi de la cocaïne permet, en
effet, d'enrayer cet accès. On peut la prescrire en poudre ou
en solution.
En poudre : le malade pratiquera au début, de l'accès
27 Septehbrc 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRUB6IE
— N* 39 — 629
une insufflation avec le mélange suivant finement pulvé-
risé :
Hydrochlorate de cocaïne i centigramme.
Benjoin en poudre line W centigrammes.
Sous-nilrate de bismuth 5 —
On répète rinsufllation quelques minutes plus tard.
En solution : on fait usage de badigeonnages avec un
Klycérolé contenant :
Ifydroclilorate de cocaïne 1 gramme.
Gl\ cériue 5 grammes.
Eau distillée 5 —
Ces badigeonnages sont répétés de dix en dix minutes.
III. Traitement hygiénique. — L'action toYiique de
rhydrolhérapie est la plus efficace comme Je Fai montré
nnguère (Union médicale^ 1886) Les douches froides en
pluie ou en jet, durant une à deux minutes, selon la pra-
lifiue de Pleury, sont indiquées et suffisent, comme je Tai
constaté, pour atténuer les attaques ou en empêcher le
retour.
Ch. ÉLOY.
TRAVAUX ORIGINAUX
Pathologie externe.
De l'apparition tardive des kystes dermoïdes,
par M. le docteur Etienne Rollet (de Lyon).
Les kystes dermoïdes sont des tumeurs en forme de poches,
dont la parui a une structure analogue à celle de la peau et
dont la cavité renferme un contenu variable; parfois ces
tumeurs sont plus complexes et leurs éléments représentent
la plupart des tissus de Téconomie.
Tout récemment M. le professeur Lannelongue, dans un
traité magistral (Traité des kystes congénitaux^ 1885) où
il a réuni un grand nombre d'observations, a bien étudié
ces productions bizarres et cependant assez fréquentes.
Le développement de ces kystes dans l'épaisseur des
tr^iiinents a donné lieu à plusieurs interprétations, mais
on peut dire qu'acinellenient la théorie de l'enclavement,
duc à M. le professeur Verneuil, a rallié tous les suffrages.
C'i^sl en 185-2 que M. Verneuil (Bull. Soc, awa^., 1852;
Arc/é. gén. de méd., 1855) expliqua la production des
kystes dermoïdes de la région orbilaire par renclavemenl
du tégument externe au niveau de la fente fronto-orbi taire;
quplt|ues ann«'»es plus tard il généralisait ce mode de for-
mation. Les kystes dermoïdes dérivent ainsi du tégument
externe de l'embryon, dont une portion, restée en retard à
un inoment quelconque de la période embryonnaire, s'en-
clave au sein des autres tissus et subit des lors un dévelop-
pement kystique. L'étude hislologique de «es kystes permet
souvent de déterminer l'époque de la vie fœtale à laquelle
renclavemenl a pu s'effectuer.
Celte théorie explique laforination des kystes dermoïdes
simples renfermant des produits sébacés et parfois des poils
et biégeanl dans des régions superficielles; ce sont ceux que
nous aurons à euvisaj;er dans cette étude.
Ainsi définis, les kystes dermoïdes sont des tumeurs con-
génitales, mais est-ce à dire pour cela que ces tumeurs se
révelenl immédiatement après la naissance? Ne peuvent-
elles point apparaître tardivement?
On sail que les hernies congénitales se montrent tantôt
au moment même de la naissance, tantôt au contraire à une
période plus ou moins avancée de l'existence; nous allons
voir qu'il en est bien souvent des kystes dermoïdes comme
des hernies et que le mot congénital n'implique pas la
constatation de ces tumeurs au moment même de la nais-
sance. La condition déterminante de leur formation existe
dés la vie intra-utérine, mais le trouble de développement
qui les fait apparaître, peut ne se produire qu'après un
temps plus ou moins long.
M. Lannelongue a rapporté une série de cinquante obser-
vations de kystes dermoïdes qui tous ont été opérés dès l'en-
fance. Toutefois il existe des ras où la tumeur n'est reconnue
que vers l'âge de sept à huit ans et alors, grâce à son petit
volume, au peu dt^ gène qu'elle occasionne et à Tabsence de
toute douleur, le chirurgien a pu attendre et l'on comprend
mie certaines de ces tumeurs n'aient été extirpées que vers
1 âge de quinze ou vingt ans. Si le malade vient alors
réc.amer un traitement, c'est que, comme le dit M. Després,
c'est Tâge de la coquetterie, mais il faut ajouter aussi que
Iç.kyste peu développé, inappréciable chez l'enfant, prend un
certain accroissement au moment de la puberté.
Dans l'enfance, le kyste reste longtemps petit, à peine
gros comme une lentille, puis il augmente de volume (t
après la puberté il a les dimensions d'une petite noix, c'est
à ce moment que le malade s'en préoccupe.
Ainsi donc les kystes dermoïdes congénitaux se voient
d'habitude et sont opérés chez des enfants, mais parfois ces
kystes ne prennent un volume gênant et disgracieux qu'après
la puberté. La puberté parait avoir sur l'augmentation de
ces tumeurs une véritable influence; ces kystes ont alors
une marche plus rapide, puis la croissance terminée, ils
restent à peu piès stationnaires. On sait qu'il en est de
même de plusieurs affections de l'adolescence.
Voici quatre observations recueillies dans le service de
M. le professeur Poncel. Chez ces quatre malades, âgés de
seize, dix-sept, vingt-huit et vingt ans, le kyste superficiel,
apparu dès la première enfance, a subi ensuite un déve-
loppement lent et progressif. Dans les trois premiers cas
les malades sont venus réclamer une intervention à cause
de la difformité produite par le kyste. Dans l'observation IV,
une femme de vingt-neuf ans, entrée à l'hôpital pour une
métrite, refusa toute opération, la tumeur qu'elle portait
étant stationnaire.
Ces. I. Fille de seize ans; kyste dermoide de Vangle interne
de i'œil à déielO"pement lent et progressif depuis V enfance,^
Abr... (Marie), seize ans, entre dans le service de M. le professeur
Poncel, Hôtel-Dieu, salle Saint-Paul, n*» 30, le 5 novembre 1888.
Pendant longtemps la tumeur qu elle présente et qu'elle a
toujours portée, avait le volume d'un pois; elle a acquis graduel-
lement le volume qu elle a en ce moment, celui d'une noix.
Celte tumeur est située vers l'angle interne de l'œil gauche. La
difTormilé qu'elle provoque est la seule raison qui amène la
malade à l'hôpilal. Aucune g[ène dans les mouvements de l'œil.
La tumeur est dure, mobile et donne une sensation de réni-
tence à la palpation.
Ponction «ispiratrice donnant lieu à l'issue d'un liquide épais,
visqueux et jaunâtre, renfermant des globules de graisse et des
cellules épithéliales.
Ëxlirpation de la tumeur au bistouri le U novembre. Examen
hislologique, kyste dermoide.
Obs. II. Fille de dix-sept ans; kyste dermoide de la région
pariétO'OCcipitale, développement rapide depuis huit mois, —
Guill... (Anioinftle), dix-sept ans, tisseuse, entrée dans le
service de M. le professeur Poucet le 7 novembre 1883, hôpital
de la Croix-Kousse, salle Sainte-Catherine, n" 23.
Celte malade présente dans la région pariéto-occipitale gauche
une tumeur, qui par un petit pertuis laisse écou er à la pression
de la matiènî sébacée blanchâtre et grumeleuse. Un médecin, il
y a un mois, avait ponctionné cette t^imeur.
• La malade a toujours remarmié celte tumeur, indolente et
mobile. l*endanl longtemps elle était de la grosseur d'une noi-
sette; depuis huit mois surtout elle s'est accrue.
M. Poncet pratique l'ablation de la poche kystique, elle est
630 — N* 39 - GAZETTE HEBDOMADATRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septeubbe 1889
adhérente à la peau, qui est épaissie. L'enveloppe du kyste est
lilirruse, blanche et épaisse. La surface interne de la poche est
parsemée de poils.
M. le professeur ngrégé Rard a examiné les parois de la poche,
qui présente les caractères d'une inclusion cutanée.
Obs. m. Hommf! de ringt-huit ans; ktfste det^moïde de la
p*ait du HOU t cil à dn'el'pp*'Tnent lent et progressif dt puis
Cettfance, — Ch... (Victor), cultivateur, ^ingt-huit ans, entré
dans le service de AI. le professeur Poncel, le i2 mars 18'Sl,
liôtel-Dieu, salle Saint-Philippe, n** <2i.
Le malade attire uniquement Tattentiou sur une petite tumeur
siégeant au niveau de la queue du sourcil gauche. Il ne peut pas
dire quand elle a débuté, car il se souvient de Tavoir toujours
eue, étant enfant. Ses parents lui ont dit Tavoir remarquée
lorsqu il avait huit mois. Elle n'a jamais été le siège d'aucune
douli ur, a évolué l 'ntement, mais progressivement.
Actuellement elle a le volume d'une noix; elle est située à
rcNtrémilé externe du sourcil gauche, empiétant un peu sur la
paupière supérieure. Elle est fluctuante et mobile sur les parties
profondes.
L'extirpation de celte tumeur démontre le diagnostic de kyste
dermoide auquel on s'était arrêté.
Obs. IV. Femme de vingt-neuf ans; kyste congénital sus-
auiiculaire^ d**celoppement l nt iiepuis Venfance et station-
naire depuis six ans, — Guy... (Catherine), vmgt-neuf ans,
entrée dans le service de M. le professeur Poucet, HôteUDieu.
Entrée à Tliôpilal pour une metrite. Réglée à dix ans, mariée
à dix-neuf ans. A lïige de vingt ans, étant enceinte, elle s'aperçut
dune petite tumeur située au-dessus de l'oreille droite ; sa mère
l'avait remarquée dès làge de huit mois. Deuxième grossesse à
l'âge de vingt-deux ans; troisième à l'âge de vingt-quatre ans.
Pendant ces quatre années la tumeur se développa lentement
avec quelques poussées au moment des grossesses. Nouvelles
couches à vingt-six et vingt-huit aus, mats depuis six ans la
tumeur est stationnaire.
Actuellement, tumeur du volume d'un œuf, située nu-dessus
de 1 oreille droite, en partie 'masquée par le pavillon. La
fluctuation est manifeste et le doigt éprouve en palpant le kyste
une sensation très nette de réniience. Nulle part de ganglions.
M. Ponret songe immédiatement à un kyste congénital situé à
la uartie postérieure de la fente fronto-maxillaire.
La malade se refuse à toute intervention chirurgicale, même à
une simple ponction.
Voilà donc des kystes dermoides siégeant dans des régions
superficielles, apparus dès I enfance et n'ayant pris un
développement réel qu'après la puberté; il existe d'autres
cas de même nature, M. le professeur Tripier (thèse de
Cusset, Paris, 1887) en a rapporté, c'étaient des kystes
apnarlenant à deux jeunes gens de dix-neuf et vingt ans.
M. Marchant (Bull, Soc. unat,^ 1886, p. 653), dans son
étude sur les kystes dermoldes du plancher buccal, avait
ausdi noté que les malades venaient se faire opérer entre*
seize et vingt-quatre ans; il cite à ce propos un opéré de
M. Reclus, dont le kyste congénilal s'était accusé vers Tâge
de vingt ans et avait été enlevé à vingt-cinq ans.
Généralement on note Torigine congénitale de la tumeur,
grâce aux renseignements fournis par le malade ou par sa
famille, mais il peut arriver que la tumeur n ait pas été
conslalée pendant l'enfance ou l'adolescence et qu'elle ne
se i'é\èle qu après la puberté ou à l'âge adulte.
Ces kystes dermoides situés dans des régions superficielles
et dont Tapparition est tardive sont assez rares. H. Lanne-
longue, sur uuinze cas de kystes dermoldes du cou, a constaté
treize fois 1 apparition avant quinze ans et deux fois après
cet âge.
Nous pouvons rapporter plusieurs observations relatives à
des kystes de cette catégorie, recueillies dans le service de
M. Puncet. Les voici :
Ors. V. Homme de vingt et un ans; kyste dermoide pré-auri-
culttire vemarqu** trois ans auparavant. — Mat.. (Georges),
cuisinier, âge de vingt et un ans, entré le 15 mai 18(^0 dans le
service de M. le professeur Poucet, Hôtel-Dieu, salle Saint-Phi-
lippe, n" 21.
Éonne constitution. Il y a trois ans environ ce malade remarqu i
qu'il avait une petite tumeur de la gi*osseur d'une amande, situé'-
au nive:iu du lobule de l'oreille gauche. Celte tumeur éttii
mobile, indolore. Peu à peu elle augmenta de volume. Actuelle-
ment cette tumeur aie volume d'un œuf de dinde, elle est mobil»-,
fluctuante. La pe.iu ne présente pas de chanifement de coluraliiM:
à son niv «au. Pas de douleur, pas d'adéiiopathie.
Le 17 mai. — Ponction à l'aspirateur Dieulafoy; on donne i<sn»'
à 30 grammes d'un liquide filant, visqueux, ressemblant à de l.^
graisse.
Le tO. — La tumeur s'est accrue, la peau est rou^e, il par.nt
y avoir de l'inflammation de la poche. M. Poucet pratique l'extir-
pation de la tumeur à l'aide du bistouri ; vers Pangle dt* l.i
mâchoire la tumeur est adhérente. Pansement antiseptique et !«•
malade sort guéri le 2 juin.
Le liquide qui s'était échappé par Tincision au moment iL*
l'opération, a été recueilli dans un verre et s'est séparé on trois
couch s: une inférieure, constituée par du pus, une moyenne,
c'est du sang, une superflcielle, constituée par de la grais^**
liquide q\\\ se ro?fgu>e. •
L'examen hislologique montre qu'-on est en présence d'un ky-t»*
dermoide.
Obs. VL Homnip de seize ans; kyste dermntde de tatufle
externe de Vœil remarqué un an auparavant, — G... (Joseph ,
seize ans, entré d ius le service de M. le professeur Poucet à
THôtei-Dieu, salle Saint-Louis, n° 85, le 20 juin 188.)
H y a un an ce malade remarnua une petite grosseur un ym
au-dessous de l'angle externe de l'œil droit; à son dire c'était à
ce moment un petit bouton. Il n'y accorda aucune importai ire.
Peu à peu la petite tumeur grossit sans occasionner de douleur^;
elle est stationnaire depuis si< mois. Actuellement, au-dessiniN
de langle externe de l'œil droit, petite tumeur de la grosseur
d'une noisette; elle est mobile, dure, indolore. Uien de partit u-
lier du côté du tégumenL
M. Poucet pratique l'extirpation le 21 juin. Kyste dermoide
très simple et relativement tardif. (Laboratoire d'anatoinie
pathologique.)
Obs. vu. Hfmime de vingt-cinq ans ; kyste dermoide lom-
baire remarque dix ans auparavant. -— R..., âgé de vingt-ciii'i
ans, se nrésenie le 29 mars 1889 à la consultation de .M. le pro-
fesseur Poncet.
Il présente sur la ligne médiane de la région lombaire an-
dessous du sillon inlerfessier une tumeur qui a le volume de 1,»
moitié d'une grosse orange II l'a remarquée vers l'âge de quinze
ans et elle a pris ces dim* usions insensiblemenL Elle est molle,
fluctuante et donne la sensation d'une poche incomplètenieiit
remplie de liquide et d'une substance molle.
M. Poncet pratique Textirpation de cette tumeur. L'énucléatioi»
est facile, nialgré quelques adhérences à la penu et aux partir>
profondes*. is>ue de quelques grammes d'un liquide séro-huilfiu
et d'un contenu sébacé épidermique. La paroi présentait un^-
structure cutanée ; pas de poils.
Obs. VIIL Homme de trente ans; kyste dermohle fe.<sffr
remarque deux ans auparavant, — X..., trente ans, onirt' i
THôtel-Dieu, salle >aint-Joseph, n» 17, le 21 septembre isss,
dans le service de M. le professeur Poncet, suppléé par M. le
professeur agrégé Gangolphe.
Cet homme remarqua il yf a deux ans une tumeur dure du
volume d'une noix dans la région fessière droite en dehors de 1 1 \
rainure interfessière. La tumeur a augmenté de volume progr»>-
sivement sans donner lieu à aucune douleur. Indolente à \i
palpation, elle est fluctuante. En pressant sur la tumeur on 1 1 1 j
sortir fiar un oriflce, dû à une piqûre d'épingle que le inat.ile
s'est faite, un liquide séreux, mélangé de quelques grunieaui
sébacés. |
M. Gangolphe extirpe la tumeur, reliée au squelette \*.\r
quelques tractus flbreux. L'e.xamen histologique démontra qu d j
s'agissait d'un kyste dermoide à structure très élémentaire. |
Dans ces cas la tumeur n*a donc révélé sa présence que
tardivement. Le kyste dermoide de la région fessière e>l
resté latent pendant de longues années. 1 épaisseur de>
tissus de la région peut expliquer cette longue pêriole i
d'indolence.
27 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 39 — 631
Ces kystes derrnoldes ne se manirestenl pas toujours dans
le jeune âj^e et en présence d*une tumeur molle rénitenle,
indolore, etc., principalement dans certaines ré[;ions et chez
un adulte. On peut songer à une lunieur congénitale,
malgré les renseignements fournis par le malade.
C'est ain^i que M. le profi'sseur Trélat (Muron, Bull. Soc.
anat.y 1868, p. 539) a enlevé à Thôpital Saint-Louis un
kyste dermolde de la main chez un homme de quarante
ans; il datait de six ans. M. Després ^Meunier, Bull. Soc.
anat.^ 18^1, p. 113) extirpa un kyste ae la région sublin-
guale à un homme de cinquante-deux ans, qui ignorait
l'existence de cette tumeur et était venu réclamer un trai-
lemenl pour des hémorrholdes.
{A suivre.)
REVUE DES CONGRÈS
Premier Contre* internat tonal de physlolag^le.
(Fin. — Voyez le numéro 38.)
SÉANCES DU MERCREDI 11 SEPTEMBRE. — M. HEIDENffAIN
(de BRESLAU), puis m. CHAUVEAU (de paris), PRÉSIDENTS.
M. Kronerker (de Berne) expose les résultats des recherches
qu'il a faites avec M. Gf'bersnr la déglutition en ce oui con-
cerne le temps uui s'écoule entre le moment où Tanimal (chien
morphinisé) avale, jusmi'au moment où le liquide apparaît dans
restoiuac; or ce laps de temps comprend régulièrement cinq à
six secondes, quelle que sott la quantité de liquide. Lorsque
plusieurs déglutitions ont eu lieu successivement, on remarque
que le cardia s*ouvre un peu plus tôt, ce qui tient sans doute à
une diminution de son tonus. Si l'on fait ces recherches avec des
corps solides, on voit qu'il faut onze secondes pour que le corps
solule arrive au cardia ; mais, si on ajoute un peu do liquide, la
période n'est plus que de neuf secondes. Chaque fois que la
déglutition commence (élévation du larynx), on constate que le
cardia est un peu attiré en haut. L'excitation du laryngé
supérieur, par un courant faible, donne lieu à des mouvements
de déglutition, et dans ce cas, le liquide apparaît plus rapide-
ment, trois ou quatre secondes après, au lieu de six secondes que
dure la déglutition volontaire. On voit donc que les mouvements
de déglutition sont soumis à des lois fixes et que la rapidité avec
laquelle le passade du liquide s'effectue est mdépendaiite de la
quantité de liquide, contrairement à Topinion de Zenker et
Ewald.
— M. Hermann (de Kônigsberg), séparant sur le chien un
morceau d'intestin grêle au moyen d'une suture et en formant
un anneau, puis par une seconde suture rétablissant la conti-
nuité avecrtntestm, a vu, en tuant l'animal après trois semaines,
l'anneau intestinal, rempli d'une matière épaisse et verdâtre,
ressemblant à des fecès, privés de résidus alimentaires. L'examen
microscopique confirme d'i«illeurs cette supposition (bactéries,
débris de cellules, gouttelettes graisseuses). La quantité pour
vingt-qintre heures parait pouvoir être évaluée à iO grammes
r-nviron pour tout l'intestin d un gros chien. On peut conclure de
là que la sécrétion intestinale intervient pour une part dans la
constitution des excréments.
M. Dastre dit qu'il a depuis deux ans dans son laboratoire un
chien, qui a subi l'opération de Thiry, et qui rend constamment
une matière jaunâtre par l'extrémité ouverte de l'intestin; cette
matière ne peut provenir que de la desquamation de la
muqueuse.
— M. Dastre (de Paris) démontre que le réflexe qui disparait
le dernier chez le chien pendant l'anesthesie est ce réflexe q^u'il
a découvert et qui consiste dans une contraction du peaucier-
mentonnier, lorsqu'on titille la partie inférieure de la lèvre
supérieure.
M. Dastre présente ensuite une canule nouvelle pour fistule
biliaire (présentée à la Société de biologie l'année dernière) et
décrit, avec pièces sèches à l'appui, l'opération de fistule cholé-
cysto-intestinale qu'il a imaginée.
— M. Minkowski (de Strasbourg), en collaboration avec von
Mering, a remarqué que les chiens auxquels on extirpe com-
plètement le pancréas, deviennent diabétiques; ce diahète est
permanent ; la quantité de glucose éliminée s'élève à 5 ou
lO pour iOU, à l'état déjeune. Ce diabète dure jusuu à la
mort de l'animal, qui survient après quelques semaines. Dans la
dernière période, l'animal produit de 1 acétone, de Tacide
oxybutyrique. A l'autopsie, le foie est gras. On ne peut attribuer
ce diabète à des lésions nerveuses, résultant de 1 opération;
car, si l'extirpation est incomplète, le diabète ne survient pas,
même s'il ne reste ({u'une petite partie du pancréas. Ce trouble
profond de la nutrition dépend sans doute de modifications tlans
les mutations de matières qui se passent dans les organes, et
non de phénomènes intestinaux (par exemple, Tabsence du suc
pancréatique). D'ailleurs, la lifi^ature des voi* s d'excrétion du
pancréas n'est pas suivie de diabète. Il faut conclure que le
f pancréas possèae une fonction encore inconnue et qui est abso-
ument nécessaire à la destruction du sucre dans Torganisme.
La digestion des graisses et l'utilisation des matières albumi-
noides sont également troublées par l'extirpation totale du
pancréas.
M. Minkowski présente un chien qui a subi il y a un mois
l'ablation de presque tout le pancréas, sans être devenu diabé-
tique; il y a Jeux jourM le reste du pancréas a été enlevé et les
urines ont présenté du sucre dès le lendemain.
— M. von Kiies (de Fribourg) présente un pléthysmograpbe
à air; le vohime d'air communique avec uneflammt» degaz, dont
les variations sont enregistrées à l'aide d'un dispositif photo-
graphique.
— M. Hûrihlc (de Breslau) montre que les ondes secondaires
de la pulsation artérielle ne sont pas réflocliies, mais ont une
direction centrifuge. Enregistrant en même temps que le pouls
les variations de pression dans le cœur du chien avec une sonde
spéciale, il a constaté que le dicrotisme du pouls carolidien coïn-
cide avec la période aescendante du cardiogramme. En exci-
tant les nerfs accélérateurs, le plateau sysiolique du cardio-
gramme diminue, et le nombre des ondes secondaires sysloliqucs
du pouls carotidien diminue également.
— M. Chagrin (de Paris) rappelle que certains microbes
peuvent élever de plusieurs degrés la température de l'orga-
nisme. Or, il a vu qu'il en est de même, si on injecte seulement
les cultures débarrassées de tous microbes, c'est-à-dire les
substances solubles que fabriquent ces derniers. C'est ce qu'il a
démontré avec les cultures du microbe pyocyanique. 11 convient
donc de comprendre parmi les causes de l'hypertlicrmie dans
un certain nombre de maladies fébriles, l'action des produits
sécrétés par les microbes.
M. Arloing dit qu'il a constaté des faits identiques avec les
cultures de plusieurs autres microbes.
SÉANCES DU JEUDI 12 SEPTEMBRE. — M. HERING (dE
PRAGUE), PUIS MM. MOSSO (dE TURIN ), BOWDlTCn (DE
BOSTON), DE TARCHANOFF (OE SAINT-PÉTERSBOURG),
PRÉSIDENTS.
M. Roger (de Paris) a constaté, après Schiff, lleger, Lauten-
bach, que le foie diminue la toxicité d'un certain nombre de
poisons; le fait est établi pour la nicotine, la cicutine, la mor-
phine, l'atropine, la quinine, la strychnine. M. Rog^r considère
qu'il est éiralement établi pour les poisons intestinaux, pour les
peptones. Tes sels de fer et de cuivre, certains sels ammonia-
caux. Au contraire, le foie n'agit pas sur la digitaline, sur les
sels de potasse et de soude, la glycérine, l'acétone. En définitive,
cet organe se comporte comme le rein; il exerce une action
élective, et non inaistincte, sur les poisons. D'après M. lioger,
le foie perd cette action antitoxique quand son parenrhyme ne
contient plus de glycogène; c'est ce que l'on constate quand on
produit chez les animaux des cirrhoses par ligature du canal
cholédoque ou des dégénérescences graisseuses pur des iu.ec-
tions d'huile phospliorée, ou bien encore quand on diminue la
teneur du foie en glycogène par la production de broncho-
pneumonies expérimentales ou en sectionnant les pneumo-gas-
triques ou bien encore en soumettant les animaux O^pins) à un
jeûne plus ou moins prolongé. Si, au contraire, lorsque le
jeune a ainsi diminué la richesse du foie en glycogène, on lait
absorber à l'animal des substances susceptibles de former du
glycogène, on voit que la glande peut de nouveau arrêter et
transformer les poisons.
632 — N* 39 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septembre 1889
Cotte action du foie s^exerce incessamment, piiisi|u*il se forme
sans ce.<se dans l'organisme des substances toxiques; mais elle
acquiert encore plus d^importance dans \vs maladies où l'intoxica-
tion joue un r"Ie, principalement dans les maladies infectieuses.
11 faut, à côté de i insuffisance rénale, au point de vue de l'éli-
mination des poisons, faire en pathologie une place à Tinsuffi-
sance hépatique.
M. Hrgt-r fait observer quç le rapport entre le pouvoir
antitoxique et la fonction glycogénique du foie n'est pas absolu;
on peut constater en effet qu'une partie des alcaloïdes injectés
dans le système porte, passe directemelit dans la lymphe du foie
(en en retrouve dans le canal thoraciaue) et une autre partie
dans la bile, une certaine quantité d'alcaloïde se combinant avec
les acides biliaires.
— M. Lombard (de Worcester, États-Unis) fait une communi-
cation sur les effets de la fatigue sur la contraction volontaire des
muscles. Ces expériences ont été fiiites :: vec l'ergographe de Mosso
et montrent que la volonté agit sur les mu^cles d'une façon pério-
di((iié, les contractions volontaires, d'abord maximales, pussant
ensuite par une phase d'amplitude graduellement décroissante,
pour revenir à une amplitude maxima, et ainsi de suite.
— M. Loye (de Paris) décrit le procédé nouveau, qui lui a
permis d'éludit;r la sécrétion urinaire chez les oiseaux. Cetle
sécrétion est très active: par exemple, une oie de 3 kilogrammes
urine "i litres en vingt-quatre heures; mais, quand l'animal est
privé de toutes boissons, la quantité d'urine n'est plus que de
z à 300 centimètres cubes. Quand les urines sont abondantes,
elles sont très claires et rappellent tout à fait celles de l'homme;
émises en petite quantité, elles forment une sorte de pâte blaa-
chi\tre ; microscopiquement, cette pâte apparaît constituée par
des filaments, composés eux-mêmes de granulations sphériques,
placées bout à bout et qui ressemblent aux sphero-cristaux
d'urate de soude; en réalite, c'est de l'urate basique d'ammo-
niaque. Dans l'urine des oiseaux granivores, il n'y a pas trace
d'urée. En refroidissant des oiseaux, M. Loye n'a pas vu la
quantité d'urine diminuer, mais ces urines sont devenues glyco-
suriques; les oiseaux d'ailleurs deviennent très aisément glyco-
suriques. Un fait remarquable, c'est l'indépendance entre les
doux reins, au point de vue de la quantité et de la qualité de la
sécrétion.
— M . Waller (de Londres) parle de la loi suivant laquelle se pro-
duisent les actions électro-motrices qu'il a constatées dans le
cœur de Thomine (communication faite Tannée dernière, dans
ses traits essentiels, à la Société de biologie).
— M. Denys (de Louvain) a trouvé dans le sanff un ferment pep-
tonisant; mais on ne peut déceler l'existence de ce ferment que
dans certaines conditions; il faut ajouter au sang une certaine
quantité de chloroforme, ou d'éther, ou d'alcool, ou encore d'a-
cide phénique ou de thymol. Bien entendu, ces corps par eux-
mêmes n'ont aucune action peplonisante. D'autre part, ce fer-
ment ne se comporte pas du tout comme la trypsine. Si on isole
le sérum, on y constate encore le pouvoir peptonisanL Le fer-
ment dont il s'agit a été trouvé par M. Denys dans le sang du
chien, du chat, de l'iiomme.
— M. Fano (de Gènes) a répété les expériences de Munk (de
Berlin) relativement aux effets de l'ablation du corps thyroïde;
contrairement à l'opinion soutenue par Munk, ces effets sont
bien altribuables à la suppression de la glande, et non à la liga-
ture des vaisseaux du cou et au tiraillement des nerfs, etc.
M. Herzen (de Lausanne) a fait des expériences analogues
à celles que rapporte M. Fano, et constate également l'erreur
dans laquelle est tombé Munk.
— M. Herzen (de Lausanne) a cherché à savoir quels sont les
effets de 1 extirpation du gyrus sigmoide chez le chien nouveau-
né. On sait que chez ces animaux l'excitation de cetle région
ne détermine pas de contractions musculaires. De même, î'ex-
tii pation pratiquée entre le dixième ou le douzième jour après
la naissance n'amène aucun résultat. Mais peu à peu l'animal
opéré se développe ; or, à aucun moment on ne constate chez
lui de troubles moteurs. 11 y a donc eu suppléance de
la fonction supprimée par suite de Tablation des centres psycho-
moteurs d*uu côté. Cette suppléance est-elle le fait du gyrus de
l'autre côté? Non, car, si au bout d'un certain temps, quatre
mois par exemple, on enlève le gyrus qui reste, celle seconde
extirpation ne détermine pas de troubles et, chose curieuse,
pas plus d'un côté que de I autre. M. Herzen pense qu'à la suite
de la première opération, des centres subalternes, inférieure-
ment situés, se sont développés, et cela des deux côtés.
M. irloing rappelle à ce propos qu'il a constaté il y a dèî.'i
plusieurs années dans le cerveau du chien, à côté dii centre
dont l'excitation provoque l'occlusion de la paupière du oUé
opposé, l'existence d'un autre centre dont 1 excitation amène
Tocrlusion de la paupière du mAme crHé. On peut admettrt* que,
si l'on détruit le premier, ce second centre, qui n'existe guère
qu'à l'état latent, se développe de telle sorte qu'il pourra sup-
pléer à la fonction de l'autre. M. Arloing se demande si He^
centres de mèuie nature n'existeraient pas pour les muscles i\t<
membres? Ainsi s'expliqueraient les faits si intéressants ohsf^r-
vés par M. Herzen.
— M. Gad (de Berlin) a étudié avec M. Heymanns rinflueuee
de la température sur la contraction musculaire chez la ^r**-
nouille. La hauteur et la forme de la secousse varient, tandis
que le muscle passe par les températures comprises entre o(l dej^ré*^
et zéro. A 19 degrés on trouve un minimum du degré de la con-
traction et de la tension musculaires; il y a un maximum absolu
à 30 degrés et un maximum relatif à zéro. C'est là un fait para-
doxal, si Ton considère que la contraction des muscles doit dé-
pendre de réactions chimiques, car il est difficile d'adineitrf
qu'un tel processus augmente d'intensité de 11) degrés à i^ro.
Mais l'hypothèse de Fick rend compte de ce fait : il suffit de ^t;
représenter l'état du muscle comme dépendant, à chaque
instant de sa contraction, de la quantité actuelle d'un produit
intermédiaire de la combu>tion du glycogène en CO- et H-<>:
ce produit est peut-être l'acide lactique. Les deux processus chi-
miques, formation d'acide lactique par scission du glycogène el
combustion complète du glycogène, peuvent diminuer d'inten-
sité de 30 degrés à zéro; si le secoua processus retarde de plus
en plus sur le premier depuis 19 degrés jusqu'à zéro, alors on
peut admettre une accumulation de plus en plus considérable
du produit intermédiaire; or, c'est ce produit qui serait ra<;eiit
réel de la contraction.
1^ hauteur de la contraction et le développement de la ten-
sion diminuent au delà de 30 degrés et disparaissent avant que
la rigidité due à la chaleur se montre. La période latente et la
contraction deviennent de plus en plus courtes de zéro à
40 digrés.
Le maximum de tension et de contraction du muscle tétanisé
se trouve d'abord à 70 degrés; mais bientôt contraction et ten-
sion diminuent à cetle température. A 19 degrés il n'y a point
de maximum; par suite, le plus petit effet de chaque excitation
se trouve ici compensé par la plus grande addition (ou summa-
tion) des excitations; en outre, la fatigue du muscle ne se pré-
sente à cette température que plus tardivement; enfin le tétaiio>
s'établit et disparait plus vite qu'à des températures plus basse>
de telle sorte que l'optimum de la fonction du muscle de la^^n*-
nouille, en vue du but à atteindre par l'organisme, serait à
19 degrés.
— M. fl. Dubois (de Lyon) rapporte ses expériences sur le>
Pholades, oui montrent que des animaux dépourvus d'or-
ganes visuels sont néanmoins très sensibles à la lumière. Cv^
faits ont été communiaués par l'auteur l'année dernière à la So-
ciété de biologie, et, plus récemment, à l'Académie des scienee>:
ils ont vivement intéressé un grand nombre de membres du
Congrès. '
— M. Herter (de Berlin) a fait de nombreuses expêriem e> j
desquelles il résulte que la quantité de viande ou de lait di(r«'-
rés diminue avec la température qu'ont subie cette viande ou < i- j
lait. I
— M. P. Langlois (de Paris^ a vu avec M. Richetqne chez le> I
chiens anesthésiés par le chloral la force respiratoire diminue
considérablement : il suffit d'augmenter très peu la pression :>
l'expiration pour que l'animal cesse de respirer; la puissam*
inspiratoire est au contraire peu atteinte.
— M. Aibertoniide Bologne) a observé que les daltoniens pour
le rouge el pour le vert ne perçoivent pas certaines notes ran>i-
cales qui sont alors confondues avec les notes voisines. Les dal-
toniens pour le rou^e ne reconnaissent pas lut; les daltonieu-
pour le vert ne distinguent pas le ré; de plus ils ne peuvent
non plus donner ces notes avec leurs cordes vocales.
Le Congrès est déclaré clos.
E, Gley.
27 Septembre 1889 GAZtTTB HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 39 — 633
SOCIÉTÉS SAVAMES
Académie de médeelne*
SÉANCE DU 24 SEPTEMBRE 1889. — PRÉSIDENCB DE
M. MOUTARD-MARTIN.
M. le ilocteur Letage prie l'Académie d'accepter lo dépôt de Plis cachclés rcn-
fcniiant: J*> au nom de M. Winl^r et au sien, une note sur les résultats de
5 'v t'fchenhfs concn'uant le poison cholénqae; 2' on son nom pcrso.mel, un
mémoire <ur le microbe du ehoUra infantile et du choléra nostrat»
OsTÉOMALAciE. — ti.Guéniot place sous les yeux de ses
collègues le bassin d*une femme qui a été amenée récem-
ment mourante à la Maternité après deux jours de travail
sans succès. L'ostéomaiacie que présente ce bassin à un
(le&;ré extraordinaire est en pleine voie d*évolulion ; la
malléabilité des os est telle qu'ils peuvent être écartés sans
difficulté. L*enfanla été extraite Taide d*un basiotribe sans
trop de peine; il était mort. La mère était une malheureuse
ouvrière, vivant dans les conditions de misère etd*insalu-
brité où Ton rencontre seulement de telles lésions osseuses;
les progrès de Thygiene les rendent de plus en plus rares.
Rkmèdes secrets. — Sur une série de rapports de
M. AJoissan^ TAcadémie refuse, comme d'ordinaire, son
approbation à des remèdes plus ou moins ridicules soumis
à son examen.
Histoire médicale. — M. le docteur Corlieu rappelle
qu*un savant de Berlin vient de faire grand bruit cle la
découverte de manuscrits, dus à Henri de Mondeville, chi-
rurgien de Philippe le Bel. Or, il est facile de se convaincre,
en se rendant à la Bibliothèque nationale de Paris, que tous
ces manuscrits s'y trouvent depuis longtemps. M. Corlieu
les énumère avec soin.
Périostose. — Une observation de périoslose généralisée
des os de la face et du crâne est communiquée par M. le
docteur Baudon (de Nice). Le sujet de celle observation est
une femme de cinquanle-deux ans; examinée depuis trois
ans par M. Baudon, son état est slalionnaire; elle ne pré-
sente pas de phénomènes spéciaux du côté du système
nerveux. — (Commission: MM. Trélat eiLannelongue.)
TniCHusis. — M. le docteur Costomiris lit un mémoire
intitulé: Commentaires sur un procède hippocratique pour
le trichiasis.
Prix. — M. Féréol donne lecture de son rapport sur le
concours pour le Prix Louis en 1«89, dont le sujet était:
Des médications antithermiques. U rappelle que ce prix,
Iriennal, constitué par une rente annuelle de 1000 francs,
est destiné, d'après les intentions du. doiuiteur, à récom-,
penser des mémoires originaux, appuyés sur des observa-
tions personnelles à Fauteur, recueillies par lui le plus
exactement qu'il se pourra, le plus récemment aussi et
nombreuses autant que possible. Ces conditions sont trop
peu connues sans doute des concurrents et du public médical
lui-même, car le nombre des mémoires envoyés cette année
n'eU que de deux, alors que le concours précédent n*avatt
pas donné de résultat.
HEVUE DES JOURNAUX
thérapeutique.
lac Htallnllqiie éen médleallonii de la eoqnetache, par
M. le docteur 0. Ml'GDAN. — Dans le service de M. Baginski
ou H employé, comparativement, contre la coqueluclie, la résor-
ciiie, l'aiitipyrine, la cocaïne et les insuffiations nasales. Voici les
résultats obtenus par chacune de ces médications.
i^ Administrée à Tintérieur, sous forme d'uue solution à 1 ou
I 1/2 pour iOO, dont Tenfant ingérait une cuillerée à
dessert toutes les deux heures, la résorcine n*a produit aucuii
soulagement. M. Mugdan signale huit cas et compte huit échecs.
2^ Les badigeonnages laryngiens à la cocaïne ont, dans onze
cas, paru diminuer le nombre et Tintensité des quintes. Néan-
moins M. Baginski ne recommande pas ce traitement en raison
des dangers d'intoxication.
3" L'antipyrine ingérée par la méthode de Sonnenberg n'a pro-
curé que des échecs. M. Itaginski administrait trois ou. quatre
fois par jour, autant de centigrammes d'antipyrino que renfant
comptait de mois ou autant de décigrammes qu'il avait d'années.
Chez sept malades ainsi traités, il n'y eut ni atténuation de
l'intensité des quintes, ni diminution de leur nombre.
•i*" Par la méthode des insufllations les résultats furent
meilleurs. Vingt-cinq enfants furent soumis à des insufflations
diacide benzoique finement pulvérisé, suivant le dernier procédé
de Michael. Dix-sept furent améliorés dès les premiers jours et
guérirent dans l'espace d'un à trois septénaires. (Archiv. f.
Kinderk., 1889, heft. VI.)
»e la «éninreetlan «e« Mariaiinonx, par M. Mekvin M a US.
— Voici les prescriptions que Fauteur recommande apW's en
avoir fait usage et qui, parait-il, lui ont procuré de réels béné-
fices au point de vue prophylactique.
1** Matin et soir et tant qu'il existe de Texanthème, on lotionne
à réponge la totalité du corps avec une solution tiède de sublimé
au quatre millième.
2^ Le cuir chevelu est traité de même, ou bien lotionne
avec une solution de borax au deux cent cinquantième.
3"* On doit pratiquer la désinfection des urines, drs selles,
des crachats et du mucus nasal au moyen de la solution de bi-
chlorure de mercure à i pour lUOO.
4* Dès que ratténuation de la maladie permet de lever le
malade, on lui fait prendre un bain chaud et savonneux, suivi
d'une lotion avec la solution de sublimé à i pour 4000 et ensuite
d*une onction avec une pommade à la vaseline, au borate de
soude et à l'oxyde de zinc.
5° Tous les objets à Tusage du malade, la literie et le linge
doivent être immergés dans une solution de sublimé bouillante,
ou bien suivant leur nature, désinfectés par le soufre.
6^ M. Maus exige que les garde-malades et les personnes
qui approchent les scarlatineut désinfectent avec soin leur
visage et leur chevelure, et qu'elles changent de vêtements
quand elles entrent ou qu'elles quittent la chambre des malades.
7^ 11 exige enfin que toutes ces mesures soient observées
chaque jour, jusqu'à la cessation complète de la desquamation.
II ajoute que malgré les succès qu'il procure, le sublimé peut
être remplacé par des germicides moins toxiques. (The N.-W
med. Record, 22 juin 1889.)
lies praiiriMéM therapenti^aes «a tliy«i, par M. le docteur
J. Buzzi. — Analogue par ses qualités physiques et ses pro-
priétés chimiques avec Ticblhyol, cette substance, préparée par
M. Jacobsen et chimiquement essayée par M. Reeps, posséderait
les vertus de l'ichthyol et serait comme lui un carbure d'hydro-
gène sulfuré.
M. Buzzi en a fait usage sous la forme liquide et sous celle de
poudre contre la séborrhée, l'eczéma et l'acné vulgaire. 11 pro-
pose même de le substituer à l'ichthyol pour l'usage interne.
Le thyol liquide est une solution saturée contenant un dixième
de son poids de substances médicamenteuses et se prescrivant
de même que I ichthyol.
Le thyol pulvérulent est obtenu par le broiement des cristaux
lamellaires produits par Tévaporation du thyol liquide. Cette
poudre brune s'emploie en nature, pour saupoudrer les tégu-
ments malades, contre l'eczéma, l'inlertrigo, l'impétigo, le pem-
phygus, l'herpès et les brûlures. On la mélange à cet efl'et avec
l'oxyde de zinc et la poudre de talc. H reste à déterminer les
propriétés antiseptiques de ce corps qui aurait l'avanlao^e de
coûter un prix moins élevé que Fichtliyol. (Mon, f.prak, Derm.,
juillet 1889.)
63i — N^ 39 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septembre 1889
Ile** «rriffcnCi* toniques CHn^-éH par raallpyrln- , par
MM. TucztK et LfKWK. — Le premier de ces observateurs,
ayant administré à l'un de ses enfants, âgé de quatre ans, dix-
huit grains d*anlipyrine contre la coqueluche, constata de la
somnolence et des vomissements. Puis le lendemain, le petit
malade éprouva des attaques épileptiformes, des convulsions, du
trismus, des troubles respiratoires ressemblant à ceux de
Cheyne-Stokes, des irrégularités des battements cardiaques et
de lu dilatation pupillaire; en même temps une éruption scarla-
liniforme se produisit sur la peau. Ces accidents durèrent pendant
trois jour< et disparurent après la cessation du médicament.
{BeriinerkUn. Woch., 1889, n*» 17.)
M. Lœwe a observé de semblables accidents dans le cours
du traitement de la coqueluche par Tantipyrine. Un enfant de
quatorze mois éprouva des vomissements et des attaques convul-
sives. Un autre enfant de six mois fut atteint de cyanose et de
coUapsus. Enfin un troisième enfant, âgé de deux ans, présenta
des convulsions générales, du spasme laryngé et des vomisse-
ments graves après Tadminisiralion du médicament. {Therap.
Monat, avril 18811.)
D«* radian paradasale ûe eerialaa aiilipyréliqae«, par
M. le docteur S.-E. Henschen. — Plusieurs fois, Tauteur a, écrit-
il, noté une élévation thermique après Tadministration de la
chinoline, de l'antipyrine, de Tantifébrine et de la phénacétine.
Cette élévation était faible : quelques dixièmes de degré, excepté
après riugestion de la chinoline où elle s'élevait parfois d'un
degré.
Ce phénouK'Mie ne serait pas accidentel, mais se montrerait
chez certains individus. 11 Tattri bue, d'après les remarques de
Geigel, à la congestion cutanée causée par les antipyrétiques
au d»ibut de leur action ; normalement, ajoute-t-il, l'effet ther-
mique de cette congestion est annulé par Faction antithermique
puissante du médicament. Par contre, chez certains malades,
comme ceux qu il a observés, la congestion cutanée est plus
durable et plus considérable et provoque la manifestation du
phénomène paradoxal. La production de la sueur ne suffit pas
alors pour le faire totalement disparaître. (Upsala Lnhar,
HandUngar, 1889, heft 4, Bd XXIV.)
Tl*iiitemeiii de rineaatlaeaee d^arlaa par rantipyrin», par
MM. PERiiET et t)E\'ic. - Ce traitement a été mis à l'essai sur
des enfants dont le bromure, la belladone et l'hydrothérapie
n'avaient pu modifier Tanurésie nocturne. Pendant sept jours
nos confrères firent ingérer quotidiennement, à six heures et à
huit heures du soir, deux doses d'antipyrine de 75 cen-
tigrammes chacune. Ils obtinrent une diminution de l'incon-
tinence. Pendant huit jours, suspension du traitement; Taroélio-
ration cuntinua. La semaine suivante, administration du médi-
cament au\ mêmes doses : la guérîson sembla définitive.
En résumé, ce médicament doit être prescrit par intervalles
et continué pendant longtemps. {La Province médicale^ 8 et
!29juin 1889.)
ne l*ariii>n pbyiilolaglqae do llaarare de «edlnm, par
MM. Tâppkiner et Schulz. — Le premier de ces observateurs a
essayé ce sel sur les mammifères à* la dose de 5 centigrammes
par kilogramme à Tint^'^rleur et d'un centigramme et demi par
la voi • hypodermique. H a constaté ninsi :
1*» La production d'un état de somnolence et de faiblesse mus-
culaire, conséquent à une paralysie vaso-motrice;
2" Des convulsions épileptiformes tantôt localisées à un seul
membre, tantôt généralisées à la totalité du corps; ces convul-
sions ne sont pas d*i»rigine réflexe et n'ont aucun rapport avec
des troubles respiratoires ou circulatoires ;
3" Une arcélératioii des mouvements respiratoires suivie de
leur paralysie ;
i° Mes vomi^semcnls, de la snlivation;
5* Finalement l'apparition rapide, après la mort, de la rigi-
dité cadavérique. (\ rch, fur Exper. Path, und Pharm., Bd. 45,
1889.)
tÊu traiflement de la iatoerevlaae par ralr elisad, |mr
M. DE Renzi. — Worms en faisant inhaler de l'air froidy krull
en pratiquant des inhalations d'air chaud, espéraient entra%tfr
chez les phthisiques, le développement du bacille dont la vita-
lité, on le sait, ne s'accommode que des températures rooyenno^.
M. de Renzi préfère l'air chaud obtenu au moyen d'uii appareil
inhalateur dont la température est réglée par un thermorortro.
Huit phthisiques avancés ont été soumis à ce traitement rt
trois d'entre eux en retirèrent uu réel bénéfice. Il est nécessaire
pour obtenir ces résultats d'élever la température du courant
d*air à 80 et même 100 degrés et de prolonger ces inhalation^
pendant quinze minutes et même une heure. Un seul malade
éprouva une hémoptysie pendant l'une des séances. Quelques-
uns augmentèrent de poids en même temps que le nombre de
bacilles contenus dans les crachats diminuait.
D'après M. de Renzi, ces inhalations ne provoquent aucune
perturbation cardiaque ou respiratoire; il a observé tout au plu^
une légère augmentation de la température générale. {Clinica
medica de JSaples, février 1889.)
INi IraKemenf de la maladie de «tokaa-Adam, par M. ie
docteur H. Huchard. — Cette maladie a pour caractères : !••
pouls petit, permanent, des attaques épileptiformes et synco-
pales, et s'accompagne des phénomènes d artério-sclérose dt^s
reins.
Le traitement causal consiste dans l'administration des
iodures et de la nitro-glycérine à l'intérieur.
Les indications thérapeutiques contre les attaques reviennent
à administrer la nitro-glycérine par la voie hypodermique. S'il
existe de la faiblesse cardiaque, on prescrit la caféine, (loutre
les phénomènes urémiques, on impose la diète lactée stricte.
Au demeurant ces indications se résument : 1** dans rabai>>e-
ment dt^ la pression sanguine; â"" à combattre par les hvper-
esthésiants l'ischémie cérébrale; 3" à soutenir la contractililê du
cœur par des toniques de cet organe. {Revue générale de r//-
nique et de thérapeutique, 4 avril 1889.)
D« rampial de la liela wlcarlu eanire la eaaatipatiaa
baMMeite el les liémarriioldea, par M. le docteur S. Kazat-
CHKOPF. — Ce végétal est un médicament populaire dans la Ru»i(*
méridionale sous la forme d'une décoction pour combattre ta
constipation par atonie et les hémorrhoîdes. On I administre à
la dose d'une demi-tasse à une tasse, chaque jour, et c<-
remède ne provoque ni coliques, ni troubles digestifs. De plu<«,
après son usage, on n'observe pas le retour de la constipation
consécutif à l'usage des purgatifs.
Après une semaine, M. Kazatchkoiï a constaté raccoutumanco \
à ce remède et la nécessité d'en augmenter la dose. Néaninoiu>,
il lui attribue des vertus supérieures à l'huile de ricin, à la rhu-
barbe, à la magnésie, à la podophylline et aux eaux minérale !
purgatives. {Meditzina, 1889, p. 10, n" 6.)
BIBLIOGRAPHIE
Trallé d^aertpllf des naladlea de la peasi ayaipie-
malo'oirie rt anal*»nite pa(holo« qm*» par MM. Henri
Lei-oir et Emile Vidal (l^*' livraison, ln-4» de 80 p;i^e>,
avec 6 grandes planches hors texte. ~ Paris, 1881».
G. Massoii).
Depuis plusieurs années déjà les dermatologistes allen-
daietit avec impatence roiivrage de MM. les docteurs Leloir
et Vidal. Lft premier fascicule de ce remarqtiable travail
vieiil enfin de paraître à propos du Congrès intornalional df
dermatologie et de syphiligraphie; nous appelons de tous
nos vœux la pubhVatîon rapide des huit autres livraisons
qui sont destinées à le compléter.
Bien qu'il soit prématuré de juger de l'ensemble do iv
livre d'après un premier fragment, le plan général de Tuu-
21 Septembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- N* 39 - 635
vragp nous semble dès inainlenant assez uel pour que nous
puissions eu parler. Il ne faudrait pas le considérer comme
un traité complet d^ dermatologie; les auteurs se sont
strictement cout'urmés à leur programme: symptomatologie
et anatomie pathologique, on n'y trouvera rien de plus. Les
symptômes de chaque affection y sont exposés avec celte
nellelé, cette précision et cette sobriété (]ul caractérisent
les écrits du maître éminent de rtiôpilal Saint-Louis.
L'anjilomie pathologiqueyestétudiéeavecun luxe de détails
qu'apprécieront les hommes spéciaux, et avec une compé-
tence attestée par de nombreux renvois aux communications
diverses faites parles auteurs aux Sociétés savantes sur les
divers sujets traités. C'est ainsi que Thistologie de Tacné,
que celle du molluscum contagiosum, constituent de véri-
tables m'''moires originaux avec de superbes planches à
Tappui. On peut ne pas avoir les mêmes opinions que les
auteurs sur certains points en litige, mais on consultera
toujours avec fruit de semblables documents.
Comme dans tout ouvrage sérieux d'anatomie patholo-
gique, les planches jouent dans ce livre un rôle prépondé
rant. Ce sont de superbes chromolithographies, véritables
œuvres dart, dues au talent de Karmanski. Rlles sont
accompagnées de notices explicatives détaillées, ce qui ne
saurait être trop apprécie de tous ceux qui ne sont pas très
versés en histolugie On trouve de plus dans le texte des
planches coinpléme^itaires.
Les auteurs ont jugé avec raison que dans Tétat actuel de
la science dermatologique ils ne pouvaient adopter aucune
des classifications connues. Aussi se sont-ils décidés à suivre
Texemple des Américains et à prendre pour les maladies
rordre alphabétique, de beaucoup le plus commode pour
ceux qui voudront consulter leur ouvrage.
Ce premier fiiscicule comprend l'étude des dermatoses
suivantes: achroinie,acné,aciodynie,actinomycose,ajnhuin,
alopécie, anémie cutanée, atrophie cutanée, bouton des
pays chauds. iNous n'entrerons pas dans les détails de chacun
de ces articles, cela nous entraînerait beaucoup trop loin ;
cette courte note n'a en effet pour objet que de faire con-
naître à nos lecteurs l'apparition de cet ouvrage.
On attendait beaucoup dt^ la collaboration de Téminent
clinicien de l'hôpital Samt-Loui.^, si connu et si apprécié de
tons ceux qui depuis vingt ans ont fréquenté notre grand
centre dermatologique, et du jeune professeur de la Faculté
de Lille, déjà renommé par ses nombreux travaux d'aua-
tomie pathologique. L'espoir de leurs amis n*a pas été
trompé. Ils ont su avoir recours à un éditeur qui a mis le
luxe de la publication à la hauteur de la valeur scientihque
de Touvrage. Hien en un mot n*a été négligé pour le succès
de cette œuvre. Tune des plus considérables qu'ait jamais
entreprise l'écule française. Il ne nous reste quVi leur'
sduliaiter une réussite aussi complète pour les autres parties
de leur travail et nous serons alors heureux et fiers de pré-
senter à l'étranger un livre de cette importance et de cette
valeur.
L. B.
De la DiMixrTioN de l'urée dvns le CANCEn (valeur sémêio-
LOGiQUE. API'LICATIONS S1ȃC.L\LES AU CANCER DE L ESTOMAC
ET Al X TrMKUBS abdominalks), par M. le doi-teurG. Uauzier.
— Aiuiitpellier, Camille Cuulet; Paris, 1889, G. Masson.
l/aiileur a entrc|>ris une série de rciherclios cliniques pour
la vériiicaliun de la loi formulée, en 188;], pur Uommelaere (de
itnixflles) sur l'.iypoazolur.e dans le cauccr, et il esl arrive à la
cualirmer de la iàçon la plu> nette. Il montre qu'il existe hubi-
tuelleiiient, ilaiis les cas de tumeurs malign-'S, quel qu" soit
leur >icge, une diminution de Turee, qui semlde en rapport avec
une pei'vvrsioii de la nutrition organique tenant à la nature du
nêo, liiî»me et se trouve influencée par ralinieiitation qu.in» à
son taux seulement, il est vrai que la diminution de l'uree peut
exister dans d'autres états morbides t aiusi on Tobscrvc eu
particulier dans la tuberculose avancée, les allérilions de Tépi-
thélium rénal et certaine^ lésions du Toie ; rinaniiion peut
encore la produire. Par contre, un état fébrile passager peut
masquer momentanément une hypoazoturie habituelle. En
tenant compte de ces restrictions, riiypoazotnrie cancéreuse
conserve toute sa valeur séméiologiqne. Elle ne présente p;is,
d'ailleurs, le même dt'gré à toute*; les périodes des tumeurs
malignes, et évolue parallèlement à raltérilion secondaire et
progressive de 1 état général, traduisant ainsi la. marche de la
cachexie spéciale. Dans le cancer accessible aux investigations
sa valeur est minime : ptui marquée aux périodes de débui, elle
devient un renseignement sunerllu lorsquelle se manifeste, Ciir
à ce moment le diagnostic n e^t plus douteux. Mais son in^por-
tance est tout autre dans les cancers internes, parfois difliciles à
reconnaître même à une période avancée : tel est le cas en par-
ticulier pour le cancer gastrique. Enlin l'hypoazoturie mari(uéc
accompagnant une tumeur abdominale, sans iiuberculo<e ni ascitc,
contre-indique Tintervcntion opératoire : on doit en etfct songer
en pareil cas à un cancer, ou a des lésions rénales devant faire
redouter l'urémie post-opératoire.
Étude sur les inhalations d'oxygene dans la diphthérie, par
M. le docteur T. Gonthier. —Paris, 1889. G. Steinheil.
Ce consciencieux travail comprend trois parties principales :
tout d'abord un aperçu historique sur tes applications de l'oxy-
gène depuis sa découverte par Priesttey, et l'étude des eifels
physiologiques de ce gaz inhalo par l'homme à l'état de santé;
puis un chapitre consacré à l'emploi de l'oxygène dans la diph-
thérie; enfin, l'exposé de la technique des inhal tions d'oxygène
appliquées à l'élude des variations du rythme respiratoire altéré
dans la dipiitherie. D'après les expériences de Fauteur, Toxygène
pur, employé eu inhalations dans les diverses formes de la diph-
thérie, parait avoir des elTets généraux très favorables. D'ail-
leurs, lorsque la pureté du gaz est al)soIuc, on en peut faire
l'application par quantités considérables sans qu'aucun incon-
vénient en résulte. Dans le croup, les même- p lénomènes d'aug-
mentation du pouls et de la température observés chez Ttiommc
sain soumis à Tinfluence de Toxygène, se reproduisent avec de
très légères variantes. La respiration esl notablement accélértM*
dans son rythme par les inhalations du gaz; la dyspnée de>r diph-
lliériques parait même tendre, sous celle influence, à se trans-
former le plus fréquemment en polypnée, par suite de l'action
régulatrice marquée que possède en pareil cas l'oxygène, tjctte ac-
célération persiste malgré une suroxygénation pulmonaire intense,
mais sa durée, comme à rèlat de santé, e>t limitée au temps
même des inhalation^. Enfin l'oxygène est encore utile, à titre de
stimulant puis>^ant des fonctions, dans une maladie où le mau-
vais état général rend le plus souvent la résistance organique
inefficace.
La grippe infectieuse a Oyonnax (Ain), de novembre 1888
A AVRIL 1889, par M. le docteur Ch. Kiessinoer (avec un plan
et 72 tracés lithographies). Paris, 1889. 0. Doin.
Il s'agit d'une intéressante étude d'épidémiologie entreprise
par Fauteur à l'occasion d'une épidémie (le gripnc infectieu<e qui
a sévi pendant plusieurs mois, avec des recruuescences succes-
sives, à Oyonnax, petite ville de iOK) habitants, située au pied
des montagnes du Jura. Dans une première partie, M. Kiessinger
suit la filiation des cas de grippe clans leur ordre d'apparition et
discute le mode de propagation dans l'entourage des malades ou à
distance. 11 se refuse à admettre la contagion directe tout en recon-
naissant que bien des inconnues subsistent pour la solution défi-
nitive du problème. Dans la seconde partie de son mémoire, il
étudie la marche de l'affection, les sympômes dans leur eus mble,
les formes primipales : grippe ordinaire, grippe ahortive, grippe
prolongée; enfin les complications, les récidive^, la terminaison,
le traitement, et aussi les rapports de la grippe avec les mala-
dies régnantes. Un volumineux appendice comprend le> ol)ser-
vations détaillées, accompagnées de courbes de température, et
constitue un ùocumenl des plus instructifs à consulter. A. t\
Du tbaitkmënt dks ankvrvsmes extehnes, par M. le docteur
Pierre De .bet, prosecleur à la F.icuhé de médecine, ancien
interne lauréat es hôpilanx, membre de la Société analo-
raique, — Paris, F. Alcan, 1889.
Ce mémoire se compose de deux parties : Tune concerne les
anévrysraes artériels cl T^ulre les anévrysmes artério-voiueui.
636 — N» 39 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Septembre 1889
La première a paru il y a quelques mois dans la Re^me de chi-
riTifiè; la seconde a été la thèse inaugurale de notre distingué
collègue. C'est un plaidoyer en faveur de rextirpalion, considérée
comme méthode de choix dans le traitement des anévrysmes des
membres, f/auteur montre ({ue le défaut d'antisepsie avait dû
faire renoncer aux essais anciens de cure radicale par l'extirpa-
tion. L'antisepsie doit faire reprendre ces tentatives, c Pourquoi
ne pas attaquer le mal dans son siège? Pourquoi no pas inciser
le sac ou mieux l'extirper? Les méthodes anciennes étaient
radicales, mais meurtrières. Elles doivent avoir cessé d'être
dangereuses; elles n'ont pas cessé d'être radicales. > Nous
n'avons pas à analyser en délai l ce mémoire, car nos lecteurs
en connaissent déjà la substance par un article de M. Reclus sur
le traitement des anévrysmes externes (voy. Gaz. hebd,, 18 dé-
cembre 1888); par une clinique du professeur Trélat(voy. Gaz,
hebd.j 1889, p. 54). Dans le chapitre relatif aux ligatures pour
aurvrvsmes artériels, nous signalerons une étude soignée des
troubles trophiques graves consécutifs aux lésions nerveuses
engendrées par les anévrysmes.
Dans les deux parties l'auteur étudie d'abord le traitement des
anévr^îmes en général, puis celui des anévrysmes en particu-
lier, t^ur chiicun des anévrysmes, les faits qui ont servi à la
rédaction du chapitre sont groupés en tableaux. Les recherches
de M. Delbetdans la littérature médicale ont été très étendues
et son travail sera consulté avec le plus grand fruit.
A. B,
VARIÉTÉS
Statue élevée a ia mémoire de Buuley. — Le 5 septembre
dernier la plupart des membres du Congrès international de
médecine vétérinaire et plusieurs membres ,dc l'Institut et de
l'Académie de médecine se réunissaient à l'École d'Alfort pour
assister à l'inauguration du monument él» vé à la mémoire de
IJouley.
Le président du comité, M. Leblanc, dans un discours très
applaudi, a rappelé que l'initiative de cet hommage rt'udu à la
mémoire de l'un des plus célèbres parmi les vétérinaires français
appartenait à la Société des vétérinaires de la Gironde et (jue,
parmi les souscripteurs, on devait citer 1 empereur du Hrésil et
deux vétérinaires allemiinds, c qui ont eu le rare courage de ne
pas oublier que la science vétérinaire leur venait de France >.
M. le professeur Chauveau a rappelé ensuite les travaux scien-
tifiques dus à Houley qui, de 1837 à 1885, n'a cessé de déplover
une activité incroyable, aussi bien comme professeur que comme
écrivain ou membre actif et zélé de la plupart des Sociétés
savantes.
Aussi mérilc-t-il le concours d'éloges qui glorifient aujour-
d'hui les services qu'il a rendus et que M. Chauveau a résumés
dans les termes suivants : c Une statue digne de l'éminent artiste
qui l'a exéculée fait revivre sous nos yeux et transmettra aux
générations futures l'iiiiage expressive et fidèle de notre regretté
maître. Le voilà notre Henri Bouley, dressé sur le piédestal qui
le présentera aux hommages de la postérité ! Le voilà tourné vers
le champ de son travail quotidien où il s'est vu tant entouré,
tant admiré! Le voilà dans son attitude de prédilection, celle
du professeur, l'ne dernière leçon, semble-t-il, va sortir des
lèvres du miiitre. Ecoutez-la, jeunes gens, qui vous êtes groupés
à ses pieds, écoutons-la tous. Travaillez, nous crie sa vie tout
entière; travaillez si vous vou'ez suivre mon exemple; travaillez
pour honorer vos frères, pour servir la patrie! >
Le savant directeur de 1 Ecole d'Alfort, M. Nocard, a remercié
le ministre de 1 agriculture, qui représentait le gouvernement à
cette touchante cérémonie, et il a donné lecture de la lettre sui-
vante que lui adressait M. Pasteur, le maître éminent dont
lîouley s'euoiijueillissait d'étudier et de vulgariser les immortels
travaux.
< .l'ai plus qu'un regret, je ressens un véritable chagrin à la
pensée que je ne pourrai être le 5 septembre auprès de mes
confrères de TAcadémie des science^, au milieu des professeurs
et (les élèves d'Alfort, mêlé aux membres du Congrès des vété-
rina.res et à tous ceux qui ont connu, aimé et admiré Bouley.
t Sa haute taille, son beau front, son regard franc, direct,
spirituel, son sourire où dominait la bonté, cet ensemble de
bonne humeur et de gaieté familière ijui, aux jours de leçons et
de discussions académiques, s'associait à la plus claire, ta pl:]>
vive, la plus chaude éloquence; tout revit dans sa statue.
c Ce c[ue j'ai éprouvé en la voyant dans l'atelier de M. Allouar.i
voijs réprouverez quand elle apparaîtra aux yeux de Xo\x< •:
qu'elle sera saluée par le maître qui fut le ^rand ami de Boule} .
par mon confrère, m, Chauveau. C'est à lui qu'il appartient tl-
raconter cette belle vie et les longs services qu'elle a rendue
« Bouley, en faisant intervenir dans l'art vétérinaire les vnn>
principes scienti tiques, en ne cessant par ses travaux persoiiueU.
par ses écrits, par sa parole de vouloir fonder le progrê> tl»-^
études vétérinaires sur l'expérimentation, a eu la joie de donn* -
à sa profession son plus beau titre à l'estime de tous.
€ Vous nui êtes, mon cher Nocard, le directeur de celte graini-
Ecole d'Alfort, répétez bi^^n à chaque génération de vos élève-
d'avoir pour l'image de Bouley, pour cet excellent homme qui a
tant travaillé et tant aidé le travail des autres, un regard parti-
culier, fier, ému et reconnaissant, le regard des jeunes gen> pour
un patron tutélaire. t
Enfin, le ministre de l'agriculture a remercié les oru^aiiisateur>
de la cérémonie, les souscripteurs au monument et î'archite«te
qui l'a construit.
Monument J.-B. Van Helmont. — Le 8 juillet 1863, le cou>e//
provincial du Brabant émit le vœu quun monument fût é/eie à
la mémoire de Van Helmont. Le gouvernement s'associa à t^\w
pensée, mais exigea que, au préalable, la vie et le^i œuvres de
rillustre médecin et philosophe du dix-septiéme siècle fussent
céléhrées dans un éloge puhlic. L'Académie de médecine ouvrit
dans ce but un concours qui fut clos en 1865 et c'e-t m lK8i) que
la statue de Van Helmont vient d'être érigée. Nous recevon> \
ce sujet le compte rendu de la cérémonie d'inauguration dan-
latiuelle, après un discours de M. André, échevinde l'instruction
publique, M. le docteur Kommelaere, secrétaire de l'Acadénii»
royale de médecine, a lu sur la vie de Van Helmont une élud^
des plus attravantes, appréciant très justement la doctrine d.- o
médecin et de ce philosophe de génie, racontant sa vie et Ir-
persécutions dont il a été victime, gloriliant son œuvre et r-mer-
ciant ceux de ses collègues qui ont enfin su élever à la mémoire
d un des plus illustres savants de la Belgique un monument digue
de lui.
Congrès de chirurgie. — La séance d'ouverture du Con;rn'-
français de chirurgie aura lieu lundi 7 octobre, à deux heiirev,
dans le grand amphithéâtre de la Faculté de médecine, sou^ la
présidence de M. le baron Larrey. Les séances tairont lieu en-
suite du 8 au 13, deux fois par jour, à neuf heures du matin 1 1
à '.rois heures de l'après-midi.
Mortalité a Paris (37« semaine, du 8 au 11 sepiiMnhrf
1889. - Population : tt&i'èàiô habitHUls). — Fièvre typtioide, i"..
— Variole, 5. — Rougeole, 12. — Scarlatine, 3. — Co«|ue-
luche, 13. — Diphthérie, croup, 30. — Choléra, 0. — PhthiMt
pulmonaire, 187. — Autres tuberculoses, :28. — Tumeurs:
cancéreuses, 46; autres, 6. — Alénmgite, 30. — Conge>-
tion et héraorrhagies cérébrales, 29 — Paralysie, S. —
Ramollissement cérébral, 7. — Maladies organiques du cœur, M.
— Bronchite aigué, 10. — Bronchite chronique, \\). — Broiirho.
pneumonie, 15. — Pneumonie, 35. —Gastro-entérite: sein, is,
biberon, 86,— Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 7. — Autres affections puerpérales, 1. —Débilité con-
génitale, 11. — Sénilité, 17. — Suicides, 17. — Autres iiiori^
violentes, i. — Autres causes
Inconnues, 12. — Total : 867.
de mort, 151. — Caus
OUVRAGES DÉPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Ti'aitemenl local de Veniométrite chronique, par M. le docicur Iituiiotii|.a!:i -.
1 vol. iii-8«. Paris, L'cnisntcr et Babc. | fr.
Quelques observations cUmqueg, p;ir M. le docicur HadzUzrwski. l vol. «ii-s» ,\.t
3 planrlios. Pari», I^ecro!<iiier cl Baljô. J f..
G. Masson. Propriétaire-Gérant,
S0iô3. — MoTTiROS. — Imprimeriei réunies, ▲, rue Mignon. S, Paru.
TRENTS-SniiKB ANNÉB
N«40
4 Octobre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HËDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LB D' L. LEREBOULLET, Rédactsur sn chbp
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6« DIEUUFOT, DBEYFUS-BRISAC, FBARCOIS-FBABCK, A. HÉNOCQUE, A.^. NARTIR, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lireboullbt, 4i, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOIIMAIRB. — BuLLBTiN. — TuKRAPBUTiQUt. Dc la valeur el àm iadicotioni
tliérapeutiqam du vératram viride. — Formulaire thiKrapbutiqub. Do la
raédicatioii anlUeptique de la fièvre typboide des enfknU par le napliloL —
Travaux originaux. Pathologie externe. De ' l'apparition taniive des kystes
dcrmoïdes. — Gorresik>ndascr8. Mori subito après une injecUon d'éthcr.
A pr«»pos de la bronchite syphilitique chex lea adultes. — Rbvub dbs Goncrès.
Troisième Congrès de la Société allemande do gynécologie tenu à Fribourg en
Brisgau diiH au 14 juin. ~ Sociirés savartbs. Académie des sciences.— Aca-
démie de médeeine. •* Rbvub dbs JOURXAUX.TIiërapeutiquo. — Bibliooraphib.
Traité des maladies du cœur. Éllologte et cliiiiqoe. — VARiérés. Exposition
universelle. -^ Fbuillbtoic. La médecine à l'Exposition universelle de 1889.
BULLETIN
Paris, 2 octobre 1889.
Académie de médecine : Étude n^hyaioiosiqiie de ki
llqucor d'abalnthe.
Le 10 septembre dernier, alors que Ja plupart des
membres de rAcadémie de médecine et, en particulier,
ceux qui ont étudié avec précision les effets toxiques ou
thérapeutiques de Talcool et des essences d'absinthe, d'anis,
de Tenoui], de coriandre, etc., etc., étaient absents, M. Ca-
déac venait lire, en son nom et au nom de M. Albin Meunier,
un mémoire dont l'inlérét parut indéniable.
S'appuyant sur une série d*observalions que l'on devait
croire très précises et dont la technique expérimentale,
empruntée à M. Chauveau, semblait marquer un progrès
réel, ce travail fut accueilli sans contestation et la pressé
tout entière se fit l'écho de l'impression qu'il avait pro-
duite. MM. Cadéac et Albin Meunier affirmaient avoir bien
dissocié les divers produits qui entrent dans la composition
de la liqueur vulgairement désignée sous le nom d'absinthe.
Ils disaient avoir examiné avec le plus grand soin l'action
pathologique due à chacune d'entre elles et celle que dé-
terminait leur association. Ils concluaient de leurs recher-
ches que la cause principale des accidents désignés sous le
nom d'absinthisme était due à l'essence d'anis et qu'il suf-
firait, pour ralentir les progrès toujours croissants des in-
toxications chroniques dont l'hygiène publique et l'économie
sociale ne sauraient se désintéresser, de modifier la compo-
sition de Vabsinthe en augmentant la proportion des
essences bienfaisantes et en diminuant la quantité d'anis,
de badiane et de fenouil.
Ces assertions contredisaient formellement les idées gé-
néralement admises depuis les belles recherches de M. Ma-
gnan sur l'épilepsie absinthique, depuis surtout que les
travaux de MM. Laborde etMagoaa avaient précisé le r6le
comparatif des diverses essences etnployées pour la confec-
tion des bouquets qui servent à parfumer les vins et les li-
queurs artificiels. Il importait qu'elles fussent le plus vite
possible ou confirmées ou infirmées. Et c'est pourquoi l'on
ne saurait trop louer M. Laborde de l'empressement qu'il a
mis à lire devant l'Académie un rapport mettant en pleine
lumière les causes d'erreurs qui les rendent inaccep-
tables.
Rédigé avec une précision et une netteté vraiment scien-
tifiques, appuyé d'expériences absolument concluantes, le
travail lu, en son nom el au nom de M. A. Ollivier, par
M. Laborde, a été accueilli par de chaleureux applaudisse-
ments, et ses conclusions, que nous reproduisons plus loin,
auront un grand et légitime retentissement.
FEUILLETON
Msm MiédecbM A l'Bx|MsltlaA anlveraell« de 1889.
(Sixième article.)
La méthode antiseptique domine aujourd'hui toute la
médecine opératoire; à plus forte raison, elle inspire tous
les fabricants de matériel chirurgical qui ont participé à
l'Exposition. Déjà commencée lors de la dernière Exposition
universelle, la transformation de ce matériel n'a pas cessé
depuis cette époque et elle est arrivée maintenant à une
période qui, bien que marquée par des perfectionnements
importants, ne peut être considérée cependant que comme
une période de transition. Il est singulier de voir en effet
avec quelle peine les constructeurs parviennent à perfec-
tionner dans ce sens leurs vieux modèles et combien ils
V SfciRiE, T. XXVI.
résistent encore à les simplifier. La coutellerie chirurgicale
est toujours aussi remarquable, les instruments aussi solides
et souvent même élégants; mais leur complication reste
extrême et, notamment en matière d'orthopédie, les appa-
reils visent plutôt au luxe des matières premières employées
et à la multiplicité des pièces, qu'à des solutions simples et
pratiques. Il ne sera pas difficile de le montrer en parcou-
rant, même rapidement, les expositions qui garnissent les
vitrines de la classe XIV au Champ de Mars. Ces expositions,
d'ailleurs bien aménagées intérieurement par leurs pro-
priétaires, ont été disposées dans un local aes plus défec-
tueux; l'administration supérieure de l'Exposition n'a pas
été généreuse pour la médecine et la chirurgie, comme
pour tant d'autres classes il est vrai, et il faut vraiment
savoir gré à nos fabricants d'avoir bien voulu exposer quand
même dans des conditions aussi désastreuses. Ils peuvent
se consoler en pensant que la part prise à l'Exposition par
leurs concurrents étrangers est à peu près nulle et que leur
V)
-N*40 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE VR MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
4 OcroBRE 18^0
Le savant et laborieux physiologiste établît en effet que
l'essence d'absinthe constitue le type du médicament convul*
sivantet épileptisant, tandis que Tessence d'anis ne présente,
même à doses très élevées, aucun de ces caractères.
L'expérience faite sous les yeux de l'Académie est à ce
point de vue tout à fait décisive.
II a paru évident à tous ceux qui ont entendu M. Laborde
que MM. Cadéac et Albin Meunier s'étaient servis pour
faire leurs expériences non de l'essence d'absinthe vraie,
de celle qui entre d'ordinaire dans la compostion des li*
que\m dites absinthe, mais bien d'un produit impur et moins
actif encore que la plupart des autres essences. H. Laborde
était donc autorisé à affirmer que la liqueur d'absinthe et
après elle tous les « apéritifs > constituent des poisons que
condamne et réprouve l'hygiène. Il avait le droit de pro*
tester énergiquement contre les assertions émises devant
l'Académie et cela sans conlrôle préalable, sans expériences
contradictoires, par un physiologiste et un chimiste qui
avaient été trompés eux-mêmes sur la qualité de la sub*
stance dont ils s'étaient servis. Le rapport officiel de
MM. Laborde et OU ivîer rendra donc un signalé service en
détruisant, très peu de jours après qu'elle aura été émise,
une erreur qui tendait déjà à s'accréditer et qui aurait eu,
au point de vue de Thygiène publique, les conséquences les
plus funestes.
THÉRAPEUTIQUE
fti« la iralew et des ladleailans thémi^entt^acs
da véMiiratiM trirlde.
Il en est des médicaments comme des individus ; ils
peuvent porter le même nom, et cependant ne pas se res-
sembler. C'est une vérité à la manière de M. de la Palisse;
il serait inutile de s'y arrêter, si, toutefois, la remarque
n'était pas opportune, quand il s'agit de l'histoire physiolo-
gique et des vertus médicinales d'un vératre.
Ouvrez un livre de matière médicale, vous y trouverez la
nomenclature de quatre végétaux qui portent ce nom : le
vératre blanc, le vératre noir, le vératre cévadille et le
vératre vert. Ils sont homonymes d'après la nomenclature
populaire; autrement ils ne se ressemblent guère.
C'est pourquoi tous les classiques le répètent, et je le
répète avec eux: quand il s'agit d'un vératre, il est toujours
utile de se rappeler les différences que les botanistes ont
décrites, que les chimistes n'ignorent pas, et que les théra-
peutes, sous peine de surprises ennuyeuses ou d'tccideiii^
sérieuxi ne doivent jamais oublier* •
I
Interroge-t-on les botanistes? Voici ce qu'ils nous appren-
nent: les trois premiers de ces vératres sont des Colchicacée>
et des Mélanthacées. Quant au quatrième, son état civil < ^:
bien différent.
C'est un ellébore d'origine américaine, aux fleurs soli-
taires et aux sépales vert pâle. Il possède tâus les cara^tére^
de la famille des Renonculacées : c'est donc une Renon-
culacée.
S'adresse-t-on aux chimistes? Ils s'entendent moius. Les
uns y ont trouvé la viridine et la vératroldine, alcaloïdes
doués de vertus différentes ; la seconde étant drastique et la
première possédant des propriétés vasculaires. Les autre:» i
ont découvert la vératrine et la jervine tout comme dans les
vératres de la famille des Colchicacées; d'autres, enfin,
— ce sont les plus nombreux, — s'accordent mieux avec les
botanistes, et déclarent que les principes actifs du rhizome
de ce végétal sont l'elléboréiae et l'elléborine.
Autant de chimistes, autant d'avis. Il est donc parfois diffi-
cile de s'entendre quand on a les réactifs à la main ! Avec la
meilleure volonté du monde, on ajournera donc l'emploi de
cesalcaloldes jusqu'au jour oiï les pharmacologistes auront
pu se mettre d'accord. En attendant, il faut se contenter,
pour l'expérimentation sur les animaux, ou radmintstration
aux malades, d'employer Textrait ou la teinture du rhizome
de vératrum viride.
Et les physiologistes, que dîsent-ils ? Consultons-les ;
mais, auparavant, n'est-il pas utile de jeter un coup d'œiî
sur l'introduction de ce végétal dans l'arsenal thérapeu-
tique?
Son histoire scientifique date de quarante-cinq ans.
Avant cette époque, c'était un médicament populaire. Par
tradition, aux Etats-Unis, les empiriques lui attribuaient
des propriétés médicinales, à preuve sa désignation dans le
langage vulgaire sous le nom d*Indian Vncat et ilnditin
Poche.
C'était sa racine, Puppet root, dont les aborigènes
faisaient usage. C'est elle aussi dont Norwood et Oogwood
signalèrent les premiers l'action nervine. Depuis, on l'a
essayée dans les laboratoires et sur les malades; et, comme
Gubler l'écrivait en 1880, ce vératrum a tout d'un coup
renom bien justifié a été la raison dominante de cette
abstention.
Dans un excellent j^uide, dA à notre confrère M. le
docteur Marcel Baudoum et édité par le Proarès médicaly
guide auquel nous nous permettrons de faire des emprunts,
on a fait justement remarquer que ce qu'il y avait de plus
remarquable dans l'arsenal chirurgical exposé au Champ
de Mars, c'étaient les tentatives pour obtenir un matériel
aseptique, pouvant aussi être facilement et rapidement
antiseptisé. L'étuve à stérilisation devrait faire partie de
tout service hospitalier de chirurgie ; chaque cnirurgien
devrait même en posséder de mobiles pour la pratique
civile..., s'il en existait qui puissent offrir toutes les garanties
exigées de semblables appareils pour tous les instruments
en usage. Or, comme les constructeurs n'ont pu encore ni
en concevoir ni en établir qui satisfassent complètement à
(^s conditions, il faut bien que ce soit le matériel lui-même
qui se transforme tout d'abord. Et c'est ce qui est arrivé :
les instruments sont devenus entièrement métalliques ; le>
deux parties qui les constituent principalement, lame et
manche, n'ont plus fait ({u'une ou ont été réunies à Paide
de soudures pouvant résister à la chaleur ou à la vapeur des
étuves; on a même supprimé la soudure pour la remplacer
par un ajustage à rivet. Ainsi, M. Favre a fait des bistouris
et des scalpels d'une seule pièce et en acier; M. Lûera
construit des manches métalliques creux, à jours, démon-
tables, constitués par une sorte de baguette métallique
recourbée en forme d'U très allongé et dont les deux jam-
bages verticaux sont réunis par une baguette transversale
de renfort; M. Galante a établi des manches en nickel
massif, d'une seule pièce, ajustés pour les rendre plas
légers et pouvant être plongés dans uMmporte quel litjuide
antiseptique sans se dépolir. On eût voulu pouvoir utiliser
l'aluminium dans tout ou partie des instrun>entSy mais ce
métal ne s'y prête pas, la soudure et Ie§ liquides an-
4 OcTOBAB 1889 GAZETTB HEBDOMADAIRB DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE - N' 40 ^ fiSO
aeqaiauae importance extrême daosla thérapeatique. Était-
ce une importance méritée? On put le croire, pour un
instant, en Ffance, après tes travaux de Hirts, Oulmont,
E. Labl>ée (iSûciéié de thérapeutique, VII, p. 99, !'• série);
dans les pays de langue anglaise, par ceux de Wood (Med,
Record, 1857, p. 169), d^ Cutter (Med. Timee and Gaz.,
1862, 1. 1, p. 665), d'Abbott et de Stohe (Med. Record, 1863,
67 et 68); en Autriche, par ceui de H. Drasche; en Suisse,
par ceux de Koeher, et tout récemment par ceux de Tchi;-
towisch, en Russie, et de Rummo, en Italie.
Cette énumération bibliographique est incomplète, je
j'avoue. Le dernier des travaux dont le vératrum a été
l'objet^ est le savant mémoire d'un de nos confrères les plujs
laborieux d^ la province, je veux parler de Tarticle que
M. le docteur Liégeois (de Bainville-aux-Saules) a publié
celte année même dans les n*" 32 et 23 de la Revue générale
de clinique et de thérapeutique. Il y résume de nombreuses
observations cliniques, continuées durant dix années, y
donne raison à Gubler et montre que' le vératrum viride est
un médicament digne d'être étudié et plus souvent
employé.
Je vais donc essayer avec ces documents et à l'aide des
notions physiologiques déjà acquises sur ce médicament de
déterminer quand^ comment et sous quelle forme on doit
le prescrire*
II
Dès l'abord, en a recommandé le vératrum viride comme
médicament cardio-vaeeulaire. Depuis, sa réputation gran-
dissant, on loi trouva des propriétés plus nombreuses. Il
devint un médicament nervin; aujourd'hui, voilà que J'en
en fait an médicament antithermique.
Ces vertus sont-elles méritées, et légitiment-elles les indi^
cations de son emploi? C'est ce qu'il convient d'examiner.
Oog^rood et Norwood le présentaient comme un agent
sédatif de l'activité cardiaque. Ils basaient cette affirmation
sur des observations cliniques peu nombreuses. Néanmoins
ils n'étaient pas dans l'erreur, témoin les expériences
récentes de Tcfaitowisch (Novoêti thérapie, mars 1887) et de
Rumme (At/orma m€dfea, 1887 et 1888).
L'expérimentateur russe administrait à la grenouille et
au chien une solution au centième d'extrait aqueux de
rhîxome lia vératrum^ viride. L'expérimentateur italien
employait l'elléborine, qui, à son avis, serait le principe actif
4e ce végétal. Malgré la (liversité des conditions expérimen-
tales, les résultats ont été identiques. Les battements car-
diaques diminuaient en fréquence et augmentaient en ampli-
tude, d'où la régularisation du pouls, phénomène sur lequel
Simpson insistait déjà il y a trente ans (Med. Times and
Qaz.y 1859); d'où encore, d'après M. Liégeois et M. Hirtx,
une diminution de la pression artérielle. Ici, toatefois, les
essais physiologiques font défaut, de l'avis de M. Liégeois ;
ici aussi on doit se souvenir que dans ses expériences avec
la vératrine, retirée de la cévadille, Resold élevait la
pression sanguine quand o\\ l'administrait à faibles doses, ei la
ralentissait — action paradoxale de la précédente -- quand
on l'employait à doses élevées chez les mammifères :
chiens ou lapins. D'autre part, dans leurs expériences,
Worthington et Linon (Gax. méd. de Straebourg, 1879)
notaient le ralentissement du pouls et comparaient ce phé^
nomène à celui que l'on observe consécutivement à l'admi-
nistration de la digitalf .
Autre remarque: M. Rummo employait l'elléborine, l'un
des glucosides du vératrum viride ; mais j'en appelle au
témoignage de Noihnagel, de Rossbach et d'autres classi-
ques, ce glucoside rie possède-t-il pas une action sur le
cœur, que l'on peut comparer à celle d*un autre glucoside
de même origine botanique, relléboréine? La différence de
leur action cardiaque consiste donc dans Tintensité et non
dans la nature des effets qu'jls provoquent.
' On le voit, la physiologie de l'action cardio-vascnlaire dd
vératrum viride et de ses alcaloïdes est bien obscure. II y a
une indigence extrême d^expériences sur les animaux et des
contradictions nombreuses entre les observateurs. Une seule
conclusion parait légitime; c'est que le vératrum agit sur le
muscle cardiaque et sur les muscles des parois vasoilaîres.
•Seulement agit«-il sur les fibres musculaires elles-mêmes ou
sur les ganglions liervéux? Ces deux opinions ont été fort-
mulées: choisir entre elles me parait malaisé. En tout cas^
on peut, ce me semble, comparer cette action cardio-^
vascttlaire à celle de la vératrine, de l'upas antiar, de
l'oléandrine. En deux mots, c'est un poison du cœur.
On s'en doute, j'en conviens, depuis longtemps. Mais,
qu'on ne l'oublie pas : bien que différente dans ses effets,
cette vertu cardiaque est, en quelque sorte, de famille pour
4a plupart des espèces du genre ellébore.
Le vératrum viride modifie la température des fébrici^-
tants. E. Labbée évaluait cet abaissement thermique i
1/2 ou à 1 degré ; Oulmont, plus fortuné, à 1 même 6 degrés
(Bull, de thérap., 1868, p. 145). H. Liégeois le note égaler
tisepiiques le plus habituellement usités le détériorent.
On voit quelle importance a prise le mode d'union des
manches des instruments avec les lames, et l'on devine
aussi combien est devenu intéressant l'aseemblage des di-
verses parties des instruments entre elles. Il faut que tout
puisse être nettoyé, lavé, désinfecté, que les recoins, les
angles à saletés disparaissent. Voyons quelles dispositions
ont été prises à cet égard par divers constructeurs.
La maison Collin a imaginé une nouvelle articulation
dite articulation à tenon, pour les instruments à deux bran-
ches croisées et articulées par le milieu; elle l'a utilisée
d'abord pour les ciseaux, puis pour toutes les variétés de
[ûnces hémostatiques, ordmaires ou à pression, comtes^
ongues, grêles, à gros mors ou américaines, à mésentère,
à kystes, à hystérectomie vaginale, pour les cisailles, pinces
de Liston, pinces à séquestres, daviers, costotomes, etc. Cette
articulation, facile à nettoyer, se compose sur une des bran
ches d'un petit jHSton cylindrique s'enfonçant à frottement
dans l'autre branche perforée ; les branches sont maintenues
en contact, sauf dans la position d'écart ement maximum, à
4'aide d'un petit crochet aplati, placé sur la branche qui
embrasse l'autre solidement et à frottement dur.
Chez M. Mathieu, les manches métalliques des instru-
ments sont formés de deux coquilles creuses, estampées, en
forme de gouttière, pourvues d'une ou deux nervures for-
mant antre elles des cannelures ; elles sont en melchior très
chargé de nickel, soudées elles-mêmes au melchior. La lame
est terminée par un talon ou extrémité cylindrique aplatie
latéralement; elle s'engage à frottement dur dans l'orifice
du manche, où elle est maintenue par une soudure en cui<*
vre, fusible à 1700 degrés seulement. L'articulation mobile,
également modifiée, est à deux tenons pour la branche mâle,
l'un analogue au nouveau tenon de M. Collin, l'autre acces-i*
soire plus petit, mais ovale et visible. Pour ce tenon supplé-
mentaire, il a fallu pourvoir d'un orifuse la ioue américaine,
rendue plus large, et y ménager une fente d'entrée pour son
640 — N« 40 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 4 Octobre 1889
ment, et ajoute que cet abaissement d'intensité variable est
brusque, à l'instar des effets antitbermiques produits par la
véralrine.
Ici je constate de nouveau la pauvreté des données
physiologiques sur les propriétés du vératrum et les faits qui,
depuis Oulmont et les observateurs américains, jusqu'à
M. Liégeois, le classent parmi les dépresseurs thermiques,
sont d'ordre clinique. C'est dire que l'on ignore le méca-
nisme de cette action hypothermique, et que, si l'on veut
quand même en formuler la théorie, on en est réduit à
supposer une action directe du médicament sur les centres
nerveux régulateurs de la température.
Est-ce une interprétation bien valable? Oui, si on pouvait
la justifier. Or, cette justification manque. Que l'on consi-
dère donc Vaction antithermique du vératrum comme un
fait d'observation. Je le veux bien ; quant à en formuler une
explication, je m'y refuse. Cette explication est seulement
une hypothèse toute gratuite.
Le vératrum viride possède une action netrine. Voilà, je
pense, une propriété dont la constatation n'a jamais surpris
personne. Elle est, en effet, commune aux autres vératres
de la famille des Rendnculacées. Quelle est-elle?
J'interroge M. Liégeois. Le vératrum viride, écrit-il, est
un sédativo-réflexe. 11 diffère donc de l'ellébore noir, qui
surexcite la motricité et la sensibilité, comme MM. Pécholier
et Ratier l'ont déclaré à cette m'ème place (Gaz. hebd.j 1881,
p. 26H), il y a tantôt huit ans» dans un travail justement
estimé, sur l'action physiologique des ellébores.
Au demeurant, l'action du vératrum viride sur les centres
nerveux est à peu près inconnue.
Enfin, voici un autre effet, non moins obscur, du même
médicament, c'est laugmentation de la diurèse. Tchis-
towisch la noie, M. Liégeois la signale, mais les autres
observateurs n'en parlent guère. Comment interpréter ce
phénomène? Même impuissance à le faire, puisque l'on
n'est pas encore fixé définitivement sur les modifications de
la tension artérielle, provoquée par le vératrum, à moins
~ hypothèse gratuite et contestable — d'admettre une action
élective et spéciale sur l'épithélium rénal.
En résumé, la physiologie de ce médicament est mal
connue et on formule une conclusion prématurée en affir*
mant l'identité de ses propriétés avec celle des autres
vératres.
Fait plus certain, Tobservation clinique montre qu'il
irrite le tube digestif à un degré relativement moindre que
les derniers. Cet avis était déjà celui de Linoa et de Woi-
thington, qui tous deux expérimentaient sur eax-niéme>.
Après l'ingestion de 15 milligrammes d'extrait alcoolique
de vératrum, ils éprouvaient une sensation d'âcreté dans
l'œsophage, de brûlures dans l'estomac et des vomissements.
Ces témoignages ne sont donc pas isolés. M. E. Labbée a
noté aussi le défaut de tolérance gastro-intestinale. Il a vu
des doses modérées du médicament provoquer les inénie3(
phénomènes gastriques et d'abondantes évacuations alvine^.
III
Quelles sont doncj en tenant compte de ces inconvénients,
les indications du vératrum viride? Quand faut-il l'admi-
nistrer? Sous quelle forme et à quelle dose le prescrira-
t-on?
Doit-on le considérer comme un agent antithermique 9
Les initiateurs de son emploi dans la matière médicale, le
proposaient comme un sédatif de la circulation et le recom-
mandaient dans le traitement des maladies fébriles. En /ail,
on l'essaya comme antiphlogistique — un mot ancien,
aujourd'hui démodé — contre les accidents fébriles de la
goutte, de la péritonite, des fièvres éruptives, de la pneu-
monie, et les livres classiques enregistrent les essais de
Oogwood, Rocher, Norwood, Hiriz, Linon, Biemer, Gubler.
Oulmont, E. Labbée.
Aux pneumoniques adultes ou enfants, Oulmont, Uirtz,
Poland {Med. Times, 1858, t. I, p. 22), Butler {Jhe
Lancetj 1862, 1. 1, p. 22), l'ordonnaient, les deux premiers,
sous la forme de teinture; les seconds, souscelled'extrait à la
dose quotidienne de 5 centigrammes, divisée en cinq pilule.^
et administrée à raison d'une pilule d'heure en heure-
Linon, dans sa thèse, et Bernheim, dans ses Leçons de cli-
nique médicale j en ont résumé les effels: d'abord, réduction
numérique des pulsations cardiaques et augmentation tem-
poraire de la tension artérielle; plus tard, après douze à
dix-huit heures, abaissement de la tension, augmentation
de la force du pouls; puis, les jours suivants, dicrotisrae de
ce dernier. Le thermomètre accusait un abaissement de tem-
pérature. Après quatre ou cinq heures, celle-ci atteignait U
normale ; rarement elle descendait plus bas. Néanmoins, dans
un cas, emprunté à la thèse de Nicol en 1868, et observé
par Hirlz (de Strasbourg), elle descendit au-dessous
de 35%5. Il est vrai, ajouterai-je, que le malade tomba dans
le collapsus.
Voilà des effets antithermiques, j'en conviens. Cependant
introduction. Pour articuler les deux branches et introduire
le deuxième tenon dans le trou de la joue, il a fallu trans-
former l'orifice du tenon principal en une vraie fente a]lon->
gée. Ainsi, par exemple, aans sa cisaille à tranchant unique,
M. Mathieu a donné à la branche mâle la forme d'une lame
de couteau convexe; la branche femelle a son extrémité
dédoublée pour doubler le point d'appui, c'est-à-dire qu'elle
est pourvue d'une sorte de gouttière où s'enfonce la lame
de 1 autre branche.
M. Aubry emploie pour ses instruments une soudure à
entablure; la lame, pourvue d'une extrémité massive, carrée,
creuse, s'engage dans une ouverture de même forme pré-
parée dans le manche ; les deux pièces sont ensuite rivées.
Si l'on veut avoir une lame non soudée définitivement au
manche, ou plutôt un manche qui puisse recevoir des lames
de différentes formes, on ne fait pas de rivet et on le rem-
place par un petit mécanisme à déclenchement en forme de
pédale, qui permet de charger la partie utilisable de l'in-
strument, en conservant toujours le même manche. Pour
d'autres pièces, comme les curettes, la tige qui supporte la
Sartie active glisse à frottement dur dans un canal creusé
ans le manche métallique et peut y être fixée, par une vis
de pression, en un point quelconque de son étendue. LV-
ticulation est mobile ; le tenon, au lieu d'être rivé dans un
orifice cylindrique, est à base carrée; il est fortement en-
castré dans l'instrument et ne peut plus y tourner.
M. Mariaud, de son côté, s'en est tenu à une articulation
à tenon et en huit de chiffre. L'ancien tenon est vissé dans
la branche mâle, sans rivet; il est toujours formé d'une
tète circulaire de façon qu'on ne puisse pas le fausser
et au-dessous d'un pas de vis tel qu'il se visse de lui-même
au fur et à mesure de l'usure; il ne peut s'engager dans
l'orifice de la branche femelle que dans la position corres-
pondant à la large cannelure, oblique du dehors en dedans
et de haut en bas de cette branche. L'orifice représente un
huit de chiffre ; le trou inférieur, c'est-à-dire celui qui est
4 Octobre 1889 . GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— No 40 — Oii
ils ne me paraissent guère encourageants et je comprends
que, dans le traitement de la pneumonie, ils ne suffisent
pas pour motiver l'abandon de la digitale au proGt duvératre
vert*
Tout récemment, un médecin de langue anglaise,
M. Nelsonn, a, lui aussi, voulu réhabiliter son usage comme
antipyrétique contre les grandes fièvres.
On l'avait proposé, dès l'abord — et on l'avait oublié
depuis — dans le traitement des fièvres éruptives et de la
fièvre typhoïde. Eh bien, c'était une erreur, paratt-il.
M. Nelsonn l'affirme, dans le numéro d'avril 1883 des
Archives ofmedicin. Plus fortuné que ses prédécesseurs, il
a vu ce remède, dit-il, réduire le pouls et ramener la tem-
pérature à la normale. Il obtint même la résolution de la
maladie dans l'espace de deux septénaires, par l'adminis-
tration, toutes les deux heures, d'une ou deux gouttes de
vératrum. Quel triomphe! En présence de si merveilleux
résultats, on s'étonne et on partage le judicieux scepticisme
de M. Liégois.
On fondait encore des espérances sur l'emploi dû véra-
trum contre le rhumatisme; ces espérances n'ont été ni
moins grandes, ni moins éphémères. Piedaguel, Aran el
Trousseau les partagèrent, on ne l'a pas oublié, et préconi-
sèrent le vératrum contre cette affection au double titre de
sédatif et d'antipyrétique. C'était presque l'antithermique
analgésique des thérapeutes de l'époque. On l'a oublié
depuis au profit d'autres agents plus fidèles. De tout temps,
ce semble, la gloire des àntithermiques analgésiques parait
avoir été bien éphémère.
Au demeurant, l'avis formulé naguère par H. È. Labbée
continue de prévaloir. Oui, sans doute, le vératrum abaisse
le pouls des fébricitants ; oui, sans doute, il agit sur la
tension sanguine; mais s'il modifie leur température c'est en
provoquant une sorte de collapsus; cette remarque a suffi
et suffira longtemps encore, pour modérer l'engouement et
engager les thérapeutes à faire un discret usage d'un anti-
thermique si peu fidèle et parfois si dangereux.
Sa réputation comme médicament nervin est-elle mieux
établie?
Elle date aussi d'assez loin. On a prescrit le vératre vert
contre la chorée. On l'a essayé contre les névralgies, Voire
même contre l'épilepsie. On l'ordonne contre la maladie de
Basedow.
Inutile de s'arrêter à soo usage contre l'épilepsie* Nordough
l'a tenté, sans succès, en 1879.
le plus rapproché du manche, est le plus petit; la tète du
tenon ne peut s'y engager qu'en passant d'abord par la
grande boucle. Les manches métalliques ont leurs lames
rivées directement sur les manches eux-mêmes. En Suisse,
M. Demaurex construit des manches métalliques fenêtres,
démontables et unis à la lame au moyen d'une vis. ^
MM. Galante, eux aussi, réunissent les lames à l'instru-
ment à l'aide d'un rivet très solide, sans aucune soudure.
Il ne suffit pas que les instruments soient ainsi facile-
ment nettoyés et c|u'ils soient aseptiques; les récipients qui
les recouvrent doivent présenter les mêmes conditions. La
maison Lûer a exposé une trousse de poche entièrement
métallique, formée d'une boite en métal renfermant des
bistouris à manches métalliques, des pinces démonta-
bles, etc., placés sur des chevalets mobiles qu'on peut
transporter tout chargés dans un vase rempli d'une solu-
tion antiseptique; la trousse tout entière est stérilisable à
l'étuve.
Contre les névralgies, M. Liégeois en a été plus satisfait :
il a pu par l'ingestion quotidienne de quatre pilules de
1 centigramme d'extrait de vératrum débarrasser un névro-
pathe d'une névralgie intercostale gauche. Cette guérison
n'était pas une coïncidence, ajoute-t-il ; car il a depuis
longtemps constaté l'utilité d'administrer chaque jour dix
à quinze gouttes de la teinture de ce végétal pour soulager
le point de côté classique de la pneumonie.
N'est-ce pas, dirai-je à mon tout, le moment de rappe-
ler que la vératrine possède, elle aussi, des vertus anti-
névralgiques? Il y à des affinités familiales qui sont peut-être
moins intimes que celles-là.
On a fait fond, surtout Hacker {The Lancet^ 1. 1, p. 22,
1882), de son action de sédatif musculaire pour diminuer
les convulsions choréiques. A l'instar de ce médecin anglais;
M. Liégeois a vu que l'agitation cardiaque el les tremble-
ments musculaires s'atténuaient sous l'influence de ce mé-
dicament. Très bien, mais depuis les succès de l'antipyrine
ont fait oublier ces tentatives; cependant notre distingué
confrère n'a pas abandonné le vératrum, et l'associe volon-
tiers à l'antipyrine à titre de. sédatif de l'excitabilité réflexe
de la moelle chez les choréiques.
En 1879, une note, publiée à la page 185 du Médical
Recordy signalait les bénéfices que les basedowiens en
retirent. Vers ce temps, M. G. Sée le recommandait cha-
leureusement, de préférence à la vératrine, dans les leçons
qu'il professait à la clinique de la Charité. En 1886; dans
un mémoire pour lé prix Portai, M. Liégeois témoignait
à son tour en faveur de cette application thérapeutique de
l'ellébore vert. A la dose journalière de vingt gouttes^ sa
teinture a calmé, déclarait-il, le tremblement intense des
membres chez une basedowienne. Il calme aussi les palpi-*
tations cardiaques, et selon Theureuse expression de M. G.
Sée, il se rapproche de la digitale, sans avoir l'inconvé**
nient d'augmenter la pression vasculaire.
Tout récemment enfin, le 22 février dernier, à la Société
médicale des hôpitaux^ M. Guyot déposait à son tour en sa
faveur par une observation dans laquelle la guérison se
maintient depuis plusieurs années.
Un fait semble acquis, c'est qu'à la dose de quatre à six
gouttes, répétée trois fois chaque jour et continuée pendant
des semaines et des mois, le vératrum procure aux basedo-
wiens un soulagement durable. Comment expliquer ces
effets? Par une action du vératrum sur les centres nerveux
bulbo-spinaux, qu'il modifierait à la manière de l'antipyrine ?
Dans les boîtes d'instruments, également aseptiques, de
MM. Galante, toutes les garnitures sont aussi supprimées;
les instruments reposent sur des plalaux mobiles en bois
dur où leur place est entaillée; les plateaux s'emboîtent
dans des bassins métalliques nickelés, indépendants, sans
coin ni saillie, qui peuvent recevoir la solution antiseptique
où doivent plonger les instruments avant l'opération; ils
sont calculés de telle sorte qu'ils peuvent contenir tout le
matériel nécessaire à une intervention donnée et peuvent
être stérilisés à l'étuve.
De là à construire des Ubles aseptiques, il n'y avait que
des difficultés de détail h vaincre. Presque tous les fabri-
cants en ont aujourd'hui, au moins un modèle, soit pour les
opérations gynécologiques, soit pour toutes autres. Celle de
la maison Mathieu est constituée ainsi qu'il suit : les pieds
sont formés par un X en fer nickelé, ^u'on peut élever à
volonté au moyen de rallonges, de manière que le chirur-
gien puisse opérer assis ou debout et quelle que soit sa
642 — W40 —
GAZETTE HEBDOVADAIRE DE ■ÊDECINE ET DE GHIRITRGIE . 4 Octobbb 1889
On Ta dit; mais, comme je lé déclarais plus haut, c'est for-
muler une simple '• hypothèse. En Tabsence d*une étude
physiologique nmiiris incomplète de ce médicament, on la
propose donc et on s'en contente. Soit, acceptons momen**
tanément cette explication faute d'antres et considérons,
avec M. Huchard, le vératrum comme un des «succédanés»
de Tantipyrioe dans le traitement du (goitre exophthal-
mique.
' Peut-on interpréter de même les bénéflces partiels que
Backer et plus récemment Jewet en.auraient retirés contre
les convulsions de Téclampsie puét]^érale? Ce sont de bien
modestes succès : les convulsions perdaient de leur intensité ;
mais l'infection, comme de juste, n'en évoluait pas moins.
Il est vrai que, plus heureux, John Brown (de Williams*
bourg) avait, avant eux, obtenu, dit-on, la guérison de
l'éclampsie dans un cas où le malade ingérait deux cents
gouttes de la teinture médicamenteuse. '^
Le doute n'est pas seulement le commencement de la
sagesse philosophique, c'est aussi parfois, — n'est-ce pas?
— celui de la sagesse thérapeutique.
IV
J'arrive à l'utilisation du vArâtrum viride comme agent
eardio-Mseulaire.
Il y a dix ans. Linon insistait déjà sur les analogies et les
différences entre les propriétés du vératre vert et celles de
la digitale. Tous les deux ralentissent le pouls, et tous les
deux peuvent calmer les palpitations : le premier cependant
agit plus promptement; la seconde plus durablement. L'une
— infériorité notoire — s'accumule dans l'organisme ; c'est
un inconvénient; l'autre est exempte de ce danger: voilà
un avantage en faveur du vératrum. Est-ce à dire que le
vératre vert peut remplacer la digitale? Pour répondre oui,
il faudrait que le mode d'action de ces deux substances
sur la pression artérielle fût identique.
A doses faibles^ te vératre augmente la presMon san-
guine; c'est vrai : cette action vasculairé ressemble à celle
de la digitale mais ne. saurait la remplacer. A doses réelle-^
ment thérapeutiques il en est autrement. Le vératre agita la
manière d'un agent dépresseur; c'est donc le médicament
des cardiopathies avec hypertension artérielle.
Ceux qui prétendraient substituer le vératrum à la digitale,
commettraient donc une erreur. Notons d'ailleurs que cette
prétention téméraire n*a été formulée par aucun des parti-
sans les plus enthousiastes du premier de ces médicaments.
taille. Sur ces pieds est la table elle-même, formée de
quatre plaques métalliques niclielées percées de trous à
5 ou 6 centimètres de distance, consolidées et fixées par un
cadre formé par une grosse tringle cylindrique en métal ;
à la partie antérieure du cadre peuvent s'adapter les jam-
bières pour ovariotomie ou les montants de Doiéris. L'opé-
ration terminée, sur le ventre par exemple, les deux valves
qui soutiennent le bassin peuvent se détacher au milieu et
s abaisser, la tringle formant charnière en dehors; on peut
alors entourer le ventre d'un pansement ouaté sans être
obligé de soulever la malade. L'opération a-t-elle porté sur
le tronc, la poitrine, une amputation du sein par exemple,
on peut abaisser de même les valves supérieures et faire
un pansement ouaté autour du corps. Le pansement ter-
miné, on retire tout ce qui tient au ^cadre, jambières ou
montants; on remet en place les valves, on prend la table
par deux poignées fixées de chaque côté, on l'enlève de l'X
et on transporte ainsi l'opéré dans son lit. Ponr enlever les
Ils se disaient bien dès l'abord : c'est un agent cardiaque.
En sa qualité de médicament musculaire, il doit agir sur
la fibre myocardique. Pour ce motif et pour un moment,
l'emploi du vératre vert séduisit quelques thérapeutes.
Un exemple suffit, je cite celui de Murrel (The med.
Timesy 1. 1, 4865, p. 2770), qui l'un des premiers le pres-
crivit contre les hypertrophies cardiaques. Les hypertro-
phies cardiaques résistèrent : il ne pouvait en être autre-
ment; parfois les palpitations et l'arythmie diminuèrent.
C'était un résultat ; mais il était partiel, car dans d'autres
cas elles ne cédèrent pas. Pourquoi?
C'est que l'opportunité dWministrer le vératrum est
une question de tension artérielle. Celle-ci est-elle abais-
sée, et existe-t-il de l'hyposystolie, on prescrira la digi-
tale : c'est le médicament des cardiopathes avec hypoten-
sion artérielle. Est-elle exagérée; existe-t-il de l'hyper-
systolie? L'heure où le vératrum viride pourra rendre des
serrices est venue : c'est l'un des médicaments à employer
contre les cardiopathies avec hypertension artérielle.
Ainsi donc, on peut l'ordonner contre les palpiCati<»is
symptomatiques des lésions valvulaires compensées à l'excès.
C'est là qu'il faut chercher la raison de ses succès on de
ses revers, souvent inexpliqués, dans le traitement des
hypertrophies cardiaques.
On Ta trop considéré comme un médicament cardiaque;
il aurait fallu le regarder, un peu plus, comme un médica-
ment vasculairé.
Il est donc indiqué, d'après H. Liégeois, contre les
arythmies cardiaques et les palpitations fonctionnelles avec
hypertension artérielle et contre celles de$ i^rdiopathies
artjérielle^ au début, ou bien des cardiopathies ?alvulaires
dans la période d'hypersystolie.
Ce n'est pas tout; H. H. Huchard donne l'appui de son au-
torité clinique ^ cette iqanière (|e voir» Il estimei en effet,
dans ses récentes et remarquables Leçpni iur le» cardio^
paihies artérielleiy qu'pp peut l'utiliser contre les palpi-
tations de la pi^berté, de la preniièri» périp4ê (le rartério-
sclérose et aussi peut-être, ajouterai-je à. mon toiiri contre
celles de la période cataméniale, dii tabagisme, du théisme
et des névropathes,
Voici une objection : pourquoi, dira-t-:on, pré£érer le
vératrum vert à la vératrine? Elle aussi diminue la pression
artérielle. Pour répondre, il me faudrait entrer dans le
débat actuellemei|t pendant sur la valeiir thérapeutique
relative des alcaloïdes et des.vég&taux d'où ils proviennent..
valves sans soulever celui-ci, la table peut sa séparer en
deux parties^ en son milieu ; on retire successitemeal chaque
moitié droite et gauche, et la chose est faite..
M. Mariaud a construit une nouvelle table d'opération eu
acier, qui se compose de deux parties, dont an lit à ovario-
tomie, pouvantse plier de façon à n'avoir i^ue 30 catttiroètre$
de haut et d'une rallonge pour les opératioos sur les mem-
bres. Elle peut, en outre, être transformée en lit à laparo-
tomie par l'adjonction de deux gouttières poifr les jambes,
remplaçant la rallonge. Très légère et pliée, elle peut être
emportée en voyage très facilement ; des crémaillères per-
mettent d'opérer debout ou assis : lea pieds se plient comme
les autres parties, si bien que l'appareil peut tout entier
tenir dans une botte n'ayant que tO centimètres de hau-
teur.
La plupart des instruments chirurgicaux constroiits de-
puis plusieurs années ont été présentés soit à l'Académie
de médecine, soit à la Société de chirurgie; on nous per-
4 OcTOfiRs 1889
OAIBTTE JiEBDOMADAIRË DB MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 40 — 643
Je m'en garde bien et je me coniente après Von der Heide
(Arch. fUrexperim. Path., 1885, Bd XIV), après M. Lié-
geois et je Tavoue, après tout le monde, de rappeler les dan-
gers de radministration continue de la vératrine et son
action irritante sur la muqueuse gastro-intestiiiale. A éga-
lité d'effets thérapeutiques, voilà donc un motif pour lui
préférer le vératrum, que le malade peut ingérer pendant
longtemps sans troubles digestifs et sans effets cumulatifs.
Que ces faits servent d'arguments aux plaideurs dans le
procès dont je parlais tout à l'heure; cela est d'intérêt se-
condaire. Qu'ils justifient en partie Temploi de ce remède,
c'est là ce que je retieps^ et c'est là ce qui nous importe à
nous autres praticiens.
Comment administrer ce médicament? On peut le pres-
crire sous la formQ d'extrait alcoolique et en pilules à la
dose de 1 à 5 centigrammes par jour» Cette préparation
n'est guère, en faveur.
On peut ordonner là solution au centième de son extrait
aqueux à raison de dix à vingt gouttes; cette formule n'est
guère adoptée. On lui préfère généralement la teinture
alcoolique obtenue par macération, et pour ma part je l'ad-
ministre à la dose quotidienne de dix à vingt gouttes.
Pour compléter cet abrégé de l'histoire thérapeutique du
vératrum, il me faudrait citer encore l'emploi qui en a été
fait par Ragland contre la; dysenterie {Bankings Abstract.^
1878, t. II, p. 177), par Backer contre la fièvre puerpérale
{Med. Times and Gaz. y 1858 et 1859), enfin par Jones
contre les laryngftes. A quoi bon? Les fantaisies tbérapeu^
liques ont été de tous les temps. Il y a eu, il y a encore et
il y aura toujours des tbërapeutistes à Firoagination trop
féconde. On s^égare quand on veut les suivre.
Je reste donc sur les chemins fréquentés et je me résume
en disant : les échecs justifiés du vératrum viride en tant
qu'agent antilhermique ne doivent pas mettre en oubli ses
propriétés cardio-vasculaifes et ses vertus nerviues. M. Lié-
geois avait donc quelque courage de rappeler ces vertus,
dans un temps où la renommée bien éphémère de certains
remèdes nouveaux fait trop négliger l'étude plus modeste et
cependant féconde des médicaments anciens.
La chimie n'a pas fait connaître tous les principes aux-
quels le vératrum viride emprunte son activité. La physio-
logie n'eu .a pas déterminé exactement l'action sur les
animaux. L'observation clinique de ses effets est incom-
plète.
Bref, au laboratoire et au lit du malade cette drogue est
encore à étudier.
Ch, ÉLOY.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
^ Itt mMleatlott aatisèpilqne ile l« Mnrrt typhoïde
des esfania par le «aphlol.
A l'instar de la méthode employée par M. Bouchard chez
l'adulte, on peut, comme M. Legroux le fait, prescrire la
médication par le naphtol aux jeunes typhotsants.
Voici les indications de cette médication :
l"" Prescrire, dès que la maladie est confirmée, une dose
purgative de calomel, 30 à 60 centigrammes, 'et la faire
ingérer en deux prises ;
2" Deux jours après, administrer le . naphtol seul ou
associé au salicylate de bismuth ou bien au salicylate de
magnésie.
Existe-t-il une diarrhée de moyenne intensité?
Prescrire toutes les heures un des paquets suivants :
Naphtol P 2 grammes.
F. s. a. et diviser en 10 paquets.
La diarrhée est-elle abondante? Faire ingérer d'heure
en heure un des paquets ainsi formulés :
Naphtol p.
Salicylate de bismuth
Pour 10 paquets.
Prendre 10 paquets dans les vingt-quatre heures.
S"" Il y a de la constipation? Remplacer le salicylate de
bismuth par le salicylate de magnésie, administrer le
médicament de la même manière. On formulera donc :
I âà 2
grammes.
Naphtol 9
Salicylate de magnésie.. . .
Pour 10 paquets.
I âa 2 grammes.
Ch. ÉLOY.
nnettra en conséquence de ne signaler (}ue ceux qui carac-
térisent le mieux les tendances de ki chirurgie actuelle.
Dans l'importante exposition de la maison Collin, nous
avons tout particulièrement remarqué : le davier-trépan de
Farabeuf destiné, une fois une première couronne detrépan
effectuée, à agrandir, par l'ablation successive de petites
portions d'os du crâne en forme de croissant ou de cercle,
le pourtour de rbrifice déjà obtenu. De cette façon, on peut
explorer une portion plus, étendue de la substance céré-
brale quand on n'a pas rencontré la lésion du premier coup.
Cet appareil se compose, comme un. davier, de deux bran-
ches articulées ; l'un des mors (branche d'appui ou branche
morte) est constitué à son extrémité par une petite plaque
de métal circulaire qu'on insinue sous la voûte crânienne
par la couronne de trépan déjà faite. Sa face Supérieure est
pourvue à son centre d une petite pointe aiguë qui s'enfonce
dans l'os et qui sert à maintenir l'instrument en place.
L'autre branche (branche active) est pourvue d'une couronne
de trépan, qui vient s'appliquer fortement sur la face ex-
terne des os du crâne, immédiatement au-dessus de la pla-
quette de l'autre branche, là où l'os doit être attaqué. Cette
couronne est mise en mouvement par un mécanisme spé-
cial, analogue à une clef anglaise : 1 articulation est à tenon,
elle est double. L'instrument est démontable et peut être
stérilisé à Tétuve. Notons aussi un ouvre-bouche ou écar-
teur des mâchoires ; une pince courbe pour l'ablation des
polypes du nez; des aiguilles Reverdin à péds^le ; la seringue
de Straus pour injections aseptiques, à piston en verre de
sureau et à verre non collé ; la seringue à injectons sous-
cutanées ou intra-musculaires de Gimbal ; la seringue à in-
stillations de Guyon ; laseringue à quantités dosées de Roux
pour les vaccinations chez les animaux; la seringue à injec-
tions anatomiques de Farabeuf; une pince à langue pour
t Tanesthésie, imaginée par Lucas-Championnière et modi-
fiée par Berger; une série de lithotriteursàbasdule; un cro-
chet destiné à extraire de la vessie de la femme les épingles
6« — N» 40 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HËDEGINE ET DE CHIRURGIE 4 Octobre 4889
TRAVAUX ORIGINAUX
Pnthalagte extome.
De l'apparition tardive des kystes dermoïdes,
par M. le docteur Etienne Rollet (de Lyon).
(Fin. — Voy. le numéro 39.)
Certains kystes dermoïdes que leur siège superficiel rend
facilement accessibles à l'exploration ne se montrent donc
réellement que vers l'âge adulte. M. Poncet admet que dans
ces cas la tumeur congénitale sommeille et reste à l'état
latent. Peut-être sans une cause occasionnelle ne se serait-elle
jamais révélée. Dans quelques observations, on a, en effet,
noté l'apparition de la tumeur après un traumatisme, qui
parait avoir joué, vis-à-vis d'elle, le rôle de cause occasion-
nelle et irritative. Il a fallu ce coup de fouet traumatique
pour que la tumeur latente révélât sa présence.
L'observation suivante semblerait le prouver :
Obs. IX. Femme de trente-deux ans; kyste dermoide fessier
remarqué sept mois auparavant à la suite d*un traumatisme,
— R... (Claudine), trente-deux ans, entrée dans le service de
M. le professeur Poncet, le 5 avril i887, salle Saint-Paul, Hôtpl-
Dieu.
Adénites sous-maxillaires suppuréos dans son enfance. Il y a
sept mois environ, chute dans un escalier sur la fesse gauche'.
En se relevant, la malade constata que, au point où le trauma-
tisme avait eu lieu, siégeait une tumeur volumineuse. Dans ia
suite, une ecchymose apparut, et celle-ci disparue, il resta une
tumeur que la malade n'avait pas remarquée auparavant. La
malade entre à l'hôpital pour cette tumeur. Elle est molle,
fluctuante, indolore, du volume d'un œuf; elle présente les
raractt^'res d'un hématome.
Le 19 avril. — Incision de la tumeur; il s'écoule un liquide
séro-sangui noient, mélangé de gouttelettes graisseuses. M. Poncet
enlève une poche à paroi épaisse, d'apparence cutanée. L'examen
hi^tologique montre qu'il s'agit d'un kyste dermpîde.
Dans celte observation, le kyste dermoide est resté latent
pendant trente-deux ans, et le traumatisme a été la cause
déterminante de son apparition. Peut-être la tumeur avait-
elle déjà auparavant un certain volume. Son indolence, son
siège dans une région rarement explorée» laissent place au
doute. D'ans tous les cas, son accroissement est devenu
manifeste après une contusion.
Cet accroissement des kystes congénitaux, après un trau-
matisme, nous l'avons noté plusieurs fois, entre antres chez
le malade dont nous rapportons l'histoire quelques lignes
plus loin et qui a vu vers l'âge de trente-six ans, après une
chute violente sur la tète, survenir deux tumeurs cervicales.
Ôbs. X. Homme de cinquante et un ans; kystes dermoidet
de la tête remarqués à Vâge de trente-'Six ans. Traumatisme.
— D... (Jules), âgé de cinquante et un ans, entré dans le servir»-
de M. le professeur Poncet, salle Saint-Louis, .n"" 70, Hôtel-Diea,
février 1889,
Fracture probable du crâne il y a quelques années, pas d'autre %
antécédents pathologiques.
11 y a quinze ans environ il vit après sa chute sur la tète un^
tumeur se développer vers la région mastoïdienne droite, pui»
bientôt une deuxième tumeur apparut au niveau de l'angle de L
mâchoire inférieure. Ces deux tumeurs sont du volume d'uti
marron, elles sont fluctuantes et la peau â leur niveau n*est pt<
recouverte de poils. Teinte rougeàtre de la peau sans phénomciies
inflammatoires appréciables.
M. Poncet pratique l'extirpation de ces deux kystes et par
l'examen histologique on reconnaît que la poche a le caractère
d'un kyste dermoïde. Les deux kystes sont en somme réunis vers
la même fente branchiale.
Mais le traumatisme peut-il n'être ((ue la cause occasion-
nelle d'apparition de kyste, ne peut-il pas en être la cause
originelle?
M. Masse (de Bordeaux) {Congrès de chirurgie, Paris.
1885) a donné il y a quelques années à la théorie de l'encla-
vement une sanction expérimentale. Depuis lors, M. Gross
(de Nancy) (Revtie médicale de FEsty i8M) a décril des
tumeurs perlées des doigts, dues aux éléments épitbéliaux
refoulés vers les parties profondes aii moment d'un traama-
tisme et qui, subissant une véritable implantation, devien-
nent les germes d'une tumeur. Poulet {Bull. Soc. chi-
rurgiCy 4886, p. 461) a rapporté un cas de kyste dermoide
du doigt, d'origine traumatique, et tout dernièrement
M.Kirmisson (Dict,encycL des se. médicales ^Kystes, 18810
se demande s'il n'y a pas lieu de décrire à côté des kystes
dermoïdes congénitaux, des kystes dermoïdes acquis et dûs
â l'enclavement accidentel de lambeaux épidermiques dans
la profondeur des tissus.
Dans les faits que nous avons rapportés précédemment,
on ne peut invoquer pareille pathogénie. Elle nous semble
également devoir être écartée dans l'observation suivante,
où il s'agit d'une jeune fille âgée de vingt-six ans, qui portait
une tumeur dermoide apparue dans l'enfance peu après une
chute sur la tête. Nous n avons, en effet, comme témoignage,
que celui de la mère, et la simple indication d'une chute
vers l'âge de six mois ne saurait nous suffire pour admettre
une inclusion traumatique d'un fragment cutané.
Obs. XI. Fille de vingt-six ans; kyste dermoide frontal,
développement lent et progressif depuis Venfance. Trauma-
tisme antérieur. — B... (Marie), vingt-six ans, entrée dans le
service de M. le professeur Poncet, Hôtel-Dieu, salie Saint-Paul,
le 8 janvier 1887.
La malade ^e rappelle avoir toujours eu une tumeur au front.
A 1 âge de treize ans elle offrait le volume d'un œuf. Peu â peu
à cheveux, qui a été utilisée trois fois avec succès; une pince
fiour extraire de la vessie de l'homme des corps étrangers cy-
indriques, courts et un peu gros, tels que des crayons ; des
explorateurs variés; un soéculum de Cusco articulé, à valves
démontables, avec articulations à tenon ; de nombreux in-
struments de gynécologie, tels qu'un ligateui^ à long man-
che, le dilatateur utérin de Segond; en obstétrique, l'écar-
teur de Tarnier et enfin plusieurs membres artificiels des
[dus ingénieux, ainsi que l'appareil de Lannelongue pour
'extension continue chez les enfants et celui de Trélat pour
le pied bot.
{A suivre.)
Corps de santé militaire. — Ont été promus; Au grade de
médecin principal de deuxième classe: M. le médecin-major de
l'* classe Roux.
Au grade de médecin-major de première classe: M. le
médecin-major de 1^ classe Leiorrain.
Corps de santé de la marine. — Ont été promus: Au grade
de directeur du service de santé: M, le médecin en chef
Martialis.
Au grade de médecin en chef: M. le médecin principal
Gardies.
Au grade de médecin principal: M. le médecin de l'hélasse
Bohan.
Au grade de médecin de première classe: MM. les médecins
de ^^ classe du Bois Saint-Sévrin, Durbec, Gauran^ Castellan,
Salaun et Pons.
4 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- W40
645
la tumeur a aufi^menté dé volume, TapparitioD des règles n*a
S oint accru son développement. Sa mère a constaté cette tumeur
es son plus bas âge et Tattribne à une chute du haut d'un
berceau.
Actuellement cette tumeur siège sur le milieu du front, elle a
le volume d'une mandarine et répond à la suture médio-frontale.
Elle est dure, rénitente et non réductible.
Le 11 janvier. — Ponction aspiratrice; par la pression on fait
sourdre une matière blanchâtre et graisseuse.
Le 13. — Extirpation de la tumeur par M. Poncet.
Le contenu de la tumeur est formé de matières grasses et de
cheveux. La poche présente à sa partie interne quelques cheveux.
I/exaroen histologique montre que la paroi est constituée par une
couche épidermique et un derme épais avec glandes sébacées et
follicules pileux.
M. Trélat (Josîas, Soc. clin.y 1878) en 1878 a opéré un
kyste dermolde de la région trochantérienne chez une
femme âgée de quarante-six ans, survenue trois ans après
un traumatisme. En 1879, M. Gironde (Lyon médical^
p. 541) a rapporté un cas de kvste dermolde de la région
mastoïdienne, développé selon lui à la suite d'un coup de
pierre.
On voit donc que Ton deyra toujours recherch/er dans les
antécédents du malade s'il existe un traumatisme antérieur.
En tout cas, si l'observation XI peut laisser subsister des
doutes au sujet de l'action du traumatisme comme cause
d*un kyste dermolde, il n'en pouvait être de même de l'obser*
vation XII, qui nous parait tout à fait confirmative des expé-
riences de "
Obs. Xll. Homme de trente-cinq ans; kyste dermoide du
milieu du sourcil survenu après un traumatisme remontant
à quatorze ans. — X..., âgé de trente-cinq ans, se présente à la
ronsultation de M. Poncet. Il est porteur d'une tumeur du volume
d*un pois siégeant au milieu du sourcil gauche et donne les ren-
seignements suivants :
Etant an régiment en 1875, chute sur la tète et plaie au
sourcil. Gùérison au bout de auinze jours, mais persistance
d^une tumeur de la grosseur d un petit pois au niveau de la
cicatrice.
En 1883, cette tumeur ayant le volume d'un œuf de pigeon, il
se fait opérer à Paris â l'hôpital Saint-Louis. En 1886, la même
tumeur apparaît de nouveau, seconde opération. Depuis deux
ans environ, nouvelle réapparition de la petite tumeur. Opéra-
tion faite par M. Poncet, extirpation; Fexamen histolo^ique
montre qu'il s'agit d'un kyste aermoîde exclusivement épider-
mique.
Pour nous résumer, parmi les douze observations que
nous avons recueillies dans le service de M. Poncet, il en est
cinq où le kyste dermolde a été constaté dès l'enfance. Son
volume maximum, qui a déterminé une intervention chirur>
gicaie, a été atteint à seize, dix-sept, vingt-quatre, vingt-six
et vingt-huit ans. Dans sept cas, la tumeur est survenue h
quinze, dix-neuf, vingt et un, vingt-huit, trente et un et
trente-six ans, soit à un âge moyen de vingt-trois à vingt-
quatre ans. L'opération a été pratiquée à seize, vingt et un,
vingt-cinq, trente, trente-deux, trente-cinq et cinquante et
un ans, c est-à-dire en moyenne vers l'àge de trente ans. Il
résulte donc de nos observations que, si les kystes der-
rooldes apparaissent souvent chez l'enfant en bas âge et
f prennent plus ou moins rapidement un volume qui rend
'opération nécessaire, parfois aussi leur évolution est diffé-
rente.
Le kyste d'un volume insignifiant pendant l'enfance,
augmente au moment de la puberté; le chirurgien n'inter-
vient alors qu'à un âge plus avancé, qui a varié dans les cas
que nous avons cités de seize à vingt-nuit ans.
Parfois la tumeur, dont on n'avait pas constaté l'existence
pendant l'enfance, ne se montre qu'après la puberté, à l'âge
adulte; dans ces faits, il s'agit d'une apparition tardive, c'est
ainsi que le malade de notre observation X a été opéré à
Tâffe ae cinquante et un ans.
La question d'âge ne saurait donc au point de vue du
diagnostic avoir une valeur aussi grande qu'on le pense
généralement. Dans le développement des kystes dermoldes,
il faut aussi grandement tenir compte de certaines causes
occasionnelles, telles que la puberté, la grossesse, un trau-
matisme antérieur. Cette dernière cause peut agir de deux
façons bien différentes, soit en provoquant la prolifération
d'éléments cutanés congénitalement inclus, soit en les
faisant pénétrer au sein des tissus sous-jacents (obsi. XII).
Au point de vue du traitement, la seule intervention
vraiment curative est l'ablation complète de la tumeur, alors
que l'on a pris soin d'enlever la pocne dans sa totalité.
Cette extirpation nous parait soumise à certaines règles
opératoires, qui la rendent plus facile. C'est ainsi que la
poche, suivant M. Poncet, ne saurait être le plus souvent
disséquée avec son contenu. En raison de ses adtiérences à la
peau, aux parties profondes, alors qu'il est nécessaire de
voir exactement ce que l'on fait, il est préférable de l'inciser
suivant son plus grand diamètre, et de la disséquer après
l'évacuation de son contenu.
La tumeur a-t-elle de grandes dimensions, on donnera la
préférence à l'incision cruciale, (][ui permet une énucléalion
rdus rapide et plus facile. Aujourd'hui, du reste, avec
'absence de suppuration, la forme et l'étendue des inci-
sions sont sans importance, il faut avant tout avoir du jour
pour opérer bien et rapidement.
Il est telles circonstances cependant où l'excision com-
plète de la poche ne saurait être conseillée, c'est ainsi que la
nécessité de ménager le facial, par exemple, ou de gros troncs
vasculaires adhérents à la paroi, imposera une ablation
partielle. M. Poncet a dû plusieurs fois, pour des tumeurs
congénitales volumineuses de la région cervico-faciale,
procéder de la sorte. Si l'on a soin alors, comme il l'indi-
Suail au Congrès de chirurgie de 1887, de vider la poche,
e panser antiseptiquement à plat, on peut compter sur une
gùérison définitive. Dans ces opérations, l'anesthésie doit
être particulièrement surveillée; il résulte, en effet, des
observations publiées par M. Poncin (Thèse de Lyon, 1889,
Des accidents survenant pendant Vanesthésie dans rabla-
tion des tumeurs congénitales de la face et du cou), que
l'anesthésie par l'éther expose davantage à des accidents
d'asphyxie.
4 ,
CORBESPONDANCK
Mort siiblte «pré* ane liijeetl«ii d*élher.
Nous avons publié il y a quelques semaines (n^ 36) une lettro
de M. lé docteur Giquel (de Vannes), rapportant une observa-
tion de mort subite survenue à la suite aune injection d'éther.
En accueillant cette communication, signée du nom d'un méde-
cin qui s*en portait garant, nous ne pouvions discuter les hypo-
thèses émises par son auteur. La lettre de M. le docteur de
Closmadeuc (n"" 38| nous a appris qu'il s'agissait non d*un fait
observé par M. le docteur Giquel, mais bien d'un accident sur-
venu, il y a près de dix années, dans des conditions différentes
de celles qui avaient motivé la lettre que nous avions insérée.
Notre très honorable confrère M. le docteur Mauricet nous écrit
à son tour pour protester contre le récit de son confrère. Il nous
apprend que Thypothèse émise par M. le docteur Giquel ne
repose sur aucun fondement scientifique. Sans doute, au mois
de juin 1880, un malade soigné par M. le docteur Mauricet et vu
en consultation par M. le docteur Fonssagrives a succombé aprçs
une injection sous-cutanée d'éther; mais celle-ci faite à la partie
externe de Tavant-bras droit n*avait lésé aucun vaisseau, puis-
que ni au moment de Tintroduction de Taiguille, ni après sa
sortie aucune gouttelette de sang n'était apparue. D'autre part,
aucune constriclion n'avait pu être faite au-dessus de la région
où la piqûre avait été pratiauée, puisque le malade était désha-^
bille et que sa chemise seule avait été relevée. Enfin, il convient
de faire remarquer que ce malade était un cardiaque arrivé à un
état d'asystolie grave. Comme le fait remarquer M. de Closma-
deuc, il ne s'agit donc dans l'observation rapportée incomplète-
ment par M. Giquel, que d'un accident subit indépendant de la
piqûre hypodermique.
646 _NM« —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE VÊDECINE ET DE CHIRURGIE
4 Octobre 1889
• En terminant la lettre qu'il doqs adresse M. le doeCear Mau-
ricet exprime le reffr^t que son eonfr^e ait fait publier, pendant
son absence, une obserfation dont il aurait pu, si elle lui avait été
communiquée, préciser et rectifier les détails. Dès son retour
à Vannes, il a tenu à protester contre un récit qui ne repose que
sur des allégations vagues. La quesition scientiûaue de Toppor-
iunité des injections hypodermiques ou desinconrenients qu elles
peuvent présenter n*a donc rien à voir avec le fait en question.
. De son côté, M. le docteur Giquel nous écrit pour affirmer
qu'en demandant la publication dune observation qu'il avait
tout lieu de croire exactement rapportée, il n'avait d'autre inten-
tion que de savoir si des accidents semblables avaient été obser-
vés par d'autres médecins. Le débat nous semble donc définiti-
vement clos.
A prc^poa de la l»r«»«htto i^|^tllilf|»e ekea leii »4iilto»«
En lisant les travaux de MM. Dieulafoy ci Taberlel sur la sy-
phylos'e des voies respiratoires et en particulier sur la bron-
chite syphilitique, je irai pu résister au désir d'apporter un mo-
deste contingent sur ce sujet, en rapportant dans l'observation
suivante un cas de bronchite syphilitique chez un malade de ma
clientèle.
F. M,.. y âgé de trente-huit ans, est venu me consulter pour une
bronchite tiont il est atteint depuis deux mois environ. A Taus-
Cultation je note dans les deux poumons des râles rauqueux,
gros et abondants vers la base des poumons principalement.
Toux fréquente, expectoration très abondante, mais difficile ; un
f)eu de fatigue pulmonaire. Pas d'antécédents de tubercufese;
e père du malaoe a succombé â une lésion cardiaque ; sa mère
n'a jamais souffert des poumons.
Considérant la maladie comme une bronchite simple, je
prescris les expectorants connus, les balsamiques et quelques
révulsifs. Après une trentaine de jours de ce traitement je ne
constate aucune amélioration. C'est alors que, très découragé^
F. M... me rappelle gue quelques mois auparavant il avait été
atteint d une bronchite non moins grave que celle-ci et gu'iï
n'avait guéri qu'après avoir subi un traitement antisyphilitique
motivé par d'anciens accidents spécifiques.
Je m'empresse de déférer à cet avis et de
I empresse
cation suivante :
prescrire la médi-'
Sirop de baume de Toki ... « 300 grammes.
Bi'iodure do mercure. ...... 10 centigrammes
lodure de potassium 10 grammes.
Arséniate ae soude........ 5 centigrammes.'
A prendre de deux à trois cuillerées à soupe dans la journée.
L'amélioration fut très rapideét elle se maintint assez longtemps
pour qu'il soit possible d'en inférer qu'il s'agissait d'une bron-
chite syphilitique.
Je me borne à citer ce fait qui me semble de nature à enga-^
ger les médecins à ne point oublier, dans les cas de bronchite
rebelle, de s'enquérir des antécédents de leurs malades.
h' CunsiNO DE MOURA.
Taubaté (Brésil), le 18 août 1889.
REVUE DES CONGRÈS
IVotolènie C«iisrè« de la (Êùtléié allemande dé KyBéeolosIe
tenu à FrMMars en Brlssaa da tt an ta Juin.
(Suite. — Voyez les numéros 29 et 33.)
Osrnèoologie (1).
Sur la tcbercolose GÉNrtALE, par M. Werth (de Kiel). —
L'auteur ne s'occupe que des déterminations justiciables de la
chirurgie, et par conséquent avant tout de la salpingite tuber-
culeuse. Les lésions tubaires de la tuberculose généralisée l'ar-
rêtent peu, avec leurs caséifîcations étendues. Les salpingites
tuberculeuses isolées sont plus importantes; là la paroi tubaire
est épaissie, infiltrée, mais noncaseeuse, les bacilles sont rares.
(1) D'après lo CtntraWatt f. GtfnakdogU, joUUt at août i889. n** 97 et
•uWanls.
Le contenu, formé de pus, tubérouleux, peut acquérir one
grande abondance. Ainsi, en 1885; Werth a enlevé une trompr
qui contenait ^ litres de liquide. J^a ^malade est nmrte un an
après, avec des symptômes d'hémorrhagie interne. Une aiilr«-
ODsérvation concerne uhe phtbisique de vingt-deux ans, qui
souffrait dans le ventre depuis trois mois et portait une iumrur
de chaque côté de l'utérus. Laparotomie. Gnérison. H y arait
des bacilfes dans le liauide tubaire. Lorsqu'il y a péritonit*'
tuberculeuse, même, Hes^ar conseille l'ablation des trompes:
dans un cas de ce j^enre, Werth s*est borné à évacuer le liqoid^
Îiêritonéal par nue incision, et la malade se porte bien. Elisck^r
de Budapest) appuie cette manière de voir. Il est partisan de
l'incision et non de la ponction, mais la façon de se comporter
vis-à-vis des trompes ne peut être fixée à l'avance. Hégar (de
Friboure en Brisgau) rectifié, il est vrai, l'assertion qu'on lui
prête. iT conseille d'enlever les trompes c^uand elles sant la
caiise. du mat et qu'autour d'elles le péritoine n'est pas trop
malade. Dans les autres cifconstances il n'a jamais rien dît d«*
semblable.
VENTRj^-FixATiON, par M. Kûstner \df^ Derpat), — ^. Kûstntr
vient toujours à bout des jrélrofiexionS mobiles par le traitement
orthopédique. I^our les adhérentes, il ne fait la laparotomie que
quand la méthode de Schuitze a échoué. C'est en effet, en pno-
cipe, une of^^ration dé^tueuse chez les femmes encore exposées,
à Qoe. grossesse, car deux fois Kùstner a hoié L'avôrtement cbex
des femmes qui avaient subi l'hystéropexié. Frommel {6T.r-
langen) pense à peu près de même pour cette opération qui, en
somme, substitue une position vicieuse à une autre. Sànger (de
Leipzig) a pratiqué douze fois la ventro-fixation, dont sept foi>
après castration. Des cinq autres malades; upe en est actut^lle*
ment au cinquième mois d'une grossesse assez pénible au début
(douleurs^ quelques pertes scuo^uines). Une fois U y a eu récidive.
Veit (de Berlin) pense que %i l'on fait la castration/ la vènlro-
fixation est inutile; si la rélroflexion se produit, elle n aura plus
guère d'inconvénients. Contrairement a Eûstner, il ne croit
guère à la possibilité de la restitution ad înlegrum par la
mobilisation et le redressement. D'après Skuiscn (d'Iéna), la
méthode de Schuitze ne doit pas être brulàle^ Il faut rompre les
adhérences avec précaution, et au besoin en plusieurs séances.
On doit toujours l'essaver avant d'en venir a la laparotomie.
ZiegenspecK {dé Municn) prend parti contre la ventro-fixatioa
pour le massage de Thure-Brattdt« Hégar a fait une ventro-
uxation; quoique les sutures fussent faites au fil de soie, l'utérus
s'est à nouveau déplacé. Hégar est oppose à la veotro-fîxatiou,
même pour les rétroversions adhérentes. Leopold (de Dresde)
pense que c'e^t une opération à n'eirtre prendre qu'après mûre
réflexion, mais qui donne certainemerii de bons résultats.
I DÉGÉNÉRESCENCE MICRO-CYSTIQUE DES OVAIRES, par M. BuilHt
: (de Fribourg en Brisgau). — On a dit qu'il s'ajrit. là d'un pro-
ces^s physiologique, c'est une terreur, et le processus est hirn
pathologique, irntulif. L'irritafiôn relève des causes le.^ plu;»
diverses, mais surtout des tumeurs ovariennes, des fil»rome««
utérins^ des phlegmasies. péritonéales. Lés lésons des follicules
^ottt constantes, piais non. celJies du stroma. L'altération, follicu-
laire n'est donc pas secondaire. D'autre part^on irouve parfois^ df^
petits kystes uniloculaires, gros comme une noisette ou une châ-
taigne, qui ont une paroi lisse et brunâtre. On en fait parfoii;
des corps jaunes, ae venus kystiques. En réalité, H s'agit en
général de follicules dilatés dans lesquels se sont faites des
hémorrhagtes.
Fistule urétéro-vaginalè, par M. KefirèrÇàe Heîdelberg). —
La fistule a été faite au cours d'une opération chirurgicale pour
myome utérin par la voie vaginale (énucléatîon après amputation
. du col). Vu l'échec ordinaire des opérations plastiques dans les
oas de ce genr«, Kehrer a immédiatement pris la résolaiion de
n'y pas recourir. Il a donc établi une fistule vésico-vaginale, puis
il a fait l'occlusion du vagin quelques mois après. Pour obtenir
une fistule vésico-vaginale perînanente^ il ne lui a pas suffi de
suturer les deux muqueuses après incision complète; il a vu la
cicatrisation se produire. Il a dû réséquer un morceau d»^ la
cloison^ ayant environ 2 centimètres de diamètre. C'est une opé-
ration à tenter avant d'en venir ù la néphrectomie.
Salpii»^gites, par M. Skutsch (d'Iéna^. — Observations pour
, démontrer qu'on peut se passer parfois de l'ablation des annexes.
Sur une jeune femme de vingt-huit ans, stérile, une hydro-sal-
Singite fut diagnostiquée, avec occlusion de l'orifice abdominal
e la trompe. Laparotomie, évacuation de liquide par la ponction.
4 OCTOBHB 4889 GAZBTTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N- 40 — 64T
Puis un orifice fut créé, par résection, à Textrémité libre de la
Irompe et la hinqueuse y fut suturée à la séreuse. Introduite par
là, une sonde pénétra facilement» des deux côtés, dans Tutérus.
r^ette salpingostomie guérit bien. Martin, Wallau, Schrôder, ont
fait des opérations semblables, intéressanies, car elles sont con-
serTatrices et permettent une conception oltérieure. :
DiscvssiON SURIA GROSSESSE fiXTRA^CTÉRiNK.—^ Les deux rap-
porteurs se sont partagé la question de la manière suivante :
Veit (de fierlinV s'occupe des grossesses n*ayant pas dépassé cinq
itiois; les cas plus anciens sont réservés à Werth (de Kiel). Sur
les cas récents, Veit pense que la masse fœtale peut toujours être
enlevée en totalité; la grossesse abdominale pnmitive est encore
doQteuse (i|uotque en iBvG Pick en ait décrit une pièce, aujourd'hui
présentée, il est vrai, par EUstner et attribuée pariui à une gros-
sesse ovarienne), la grossesse ovarienne estattaquable comme une
tumeur de l'ovaire; la grossesse tubaire est facile à opérer tant
qu'elle ne s'est pas romoue ou qu'elle ne s'est pas incluse dans
le ligament large. Une des difficultés est de poser un diagnostic
précoce, car on n'a ponr cela à cette époque que des signes de
probabilité, et dans la discussion Olshausen a insisté sur ce fait
que la persistance de h menstruation induit ici souvent en
erreur. Dès le dia^ostic posé il faut intervenir, et Werth a bien
montré oue la vie de Tenfant ne doit pas entrer en ligne de
compte ; le fœtus doit être considéré comme non viable.
Le traitement de la grossesse au début de ses complications
comporte les moyens suivants: les injections de morpnine dans
la poche fœtale, 1 électrisation, la laparotomie. Winckel préco-
nise les injectiofis de morphine, et il a présenté au Congrès une
femme guérie de la sorte ; il a relaté neuf observations, à des
périodes variées. Souvent il Suffit d*une seule injection. Mais la
plupart des chirurgiens qui ont pris part à la discussion ne sont
pas enthousiastes de la méiïïode: Freund, S chtoarZf Otshausen
sont, comme les rapporteurs, partisans, en principe, de la lapa-
rotomie précoce, d antant que la mort des fœtus ne met pas à
l'abri des nccidenls ultérieurs de rupture et d'hémorrhagie intra*
péritonéale.
En présence d'une grossese rpmpue dans le péritoine, Veit
conseille de distinguer les cas où on sent encore à la palpation
laparotomiser immédiatement.
Passé le cin<(ttième mclis, dit Werihy l'opération devient plus
compliquée, et jusqu'en i88(TLitxùiano n'avait pu trouver qu une
laparotomie beureose. De 188Û ^ 1887, s^pt cas morte^is. Mais
du jplàcenta^est délicat. Avec Freund, on peut le saupoudrer d'-un
mélange ée tanin et d*aeide salicylicpe; pratique qui cependant
ne met pas complètement à l'abri de Vhémorrbagie. Toutes;
les foi^ quee'est possible il faut l'extirper en entier.
jfoi^que. ^, ,. ^ .
Les opérations par le vagin sept de beaucoup inférieures à la
laparotomie. W.ertb conseille cependant, avec Hermann, d'y avoir
quelquefois recours lorsque la poche est suj^purée.
Freund junior (de Strasbourg) a communiqué deux opérations
heureuses pour grossesse extra-utérine rompue et ayant causé
une hémorrhaffie intra-pérîfonéale. Daits les deux cas, il n'est pas.
intervenu dès la première alerte, mais a mis la malade en obser-
vation; puis, quelques jours après, les accidents ayant récidivé, il
a immédiatement ouvert le ventre.
Schwarz (du Halle), quatre laparotomies, dont une après,
rupture. 11 pense que Veit exagère la facilité de l'opération. Une,
fois, il a eu ft vaincre de très grandes difficultés d'hémostase pour
un kyste fœtal întra-ligamentaire.
QhheLU$en (Berlin), cinq opérations récentes, pour des gi'Os-
sesses déjà avancées fdeux a terme). Deux ablations complète;
deux sutures de la pocne à la paroi (dont une avec ablation du
placenta) ; une fois le fœtus était au milieu des anses intesti-
nales. Les opérations par la voie vaginale sont en principe mau-
vaises.
WiedoWj une laparotomie heureuse *,. le fœtus était presque à
terme.
Abcès PELVIENS. — M. Wiedow (de Fribourg en Bris^au) insiste
sur la difficulté de deux points de diagnostic: i^ la collection est-
elle intra ou extra^^péritonéale ; 2<> est-elle ou non purulente. Dès
que l'on a reconnu la présence du pus, il faut opérer. A ce point
de vue, trois catégories sont à étiiblir : 1* abcès pointant sous la
peau ou sous la muaueuse; là, incision simple, avec une contre-
ouverture qui a de l'importance ; ^ abcès dans la profondeur du
bassin. 11 faut les aborder par la laparotomie (incision en deux
temps), ou par la résection du sacrum et du coccyx. Wiedow a
présenté une malade opérée de salpingite par cette der-
nière voie. Pour les abcès extra-péritoneaux, on peut passer par
la fosse ischio-rectale ou par la voie périnéale. récemment pré-
conisée par Zuckerkaudl,pour l'extirpation de l'utérus; 3^" abcès
Qstuleux où, suivant le cas, on agit comme dans l'une ou Tautre
des deux catégories précédentes. Elischer montre bien la néces-
sité d'une opération précoce ; sans cela, la dégénérescence
amyloîde des reins vient rapidement compliquer l'afiection et
causer la mort. Hirschberg (de Francfort-sur*le-Mein) a pra-
tiqué sur une malade deux ponctions par le rectum, puis une
incisiop vaginale. 11 y a eu une fistule recto-vaginale qu'il a
opérée pins tard. Une autre fois il a incisé avec succès par le
vagin. C'est moins grave que la laparotomie. Wiedow s'élève
contre les opérations par voie rectale, car le foyer s'infecte.
Calculs vésigaux chez la femme. —M. Eliichera fait voir
deux pierres qu'il a enlevées par la taille urétbro-vésicale à des
femmes de cinquante-six et soixante et un ans. L'ablation par
Turèthre dilaté avait été essayée sans succès. Suture. Réunion
immédiate.
M. Dohm (de Kœnigsberg) a présenté une pierre ayant pour
centre une épingle à cheveux. Pas de commémoratifs sur le mode
d'introduction du corps étranger. Le calcul avait ulcéré la
cloison vésico-vaginale et faisait saillie dans les deux cavités.
L'urèthre était ulcéré, en partie détruit. Quelque temps après
l'ablation des calculs, la cloison vésico-vaginale et l nrèthre
furent réconstitués avec succès.
Rupture de l'utérus gravide. — Deux laparotomies heu-
reuses, avec amputation supra- vaginale de l'utérus, publiées par
Wiedow et Kehrer,
Hystérectomie. — M. Mnnsehmef^r a publié les résultats
obtenus à la clinique de Dresde depuis 1883. 160 hystérectomiei
vaginales avec 5,40 pour 100 de mortalité. Défalcation faite de
48 cas, déjà publiés par Léopold, il en reste 80 pour cancer
avec 4 morts. Des 76 guéris, 14 morts rapides (dont 10 réci-
dives); 63 encore vivants, dont 4 seulement avec récidive. Soit
donc 59 bons résultats, ce qui n'est dû qu'à la précocité de.
rinteryen^oh (depuis quand?). Les 5â dernières opérées ont
toutes ' guéri de Vacte chirurgical. 32 opérations diverses :
pour myomes (17); prolapsus (5); accidents nerveux (5);
maladie, des annonces (5). Pour les petits myomes on peut mettre
en parallèle rhvstéreotomie. et la cfistration : ,en général, l'hvsté-
reciomie, plusiacile et pas ulus. dangereuse, donne de meilleurs
résultats définitifs. Léopold n'a pas essayé lui-même le trair
tement. électrique, mais il a opéré des femmes qui n'en avaient'
pas retir^é grand bénéHçe.
Freund senior (Strasbourg) a opéré par laparotomie, en
H 878, une femme atteinte d'un cancer du col avec un noyau isolé
dans le corps. La guérison se maintient depuis. Depuis la
même époque, Olshausen (Berlin) suit une femme à laquelle il
a amputé le col seul ; deux récidives rapides ont été enlevées.
Bon résultat depuis. Un succès, datant de trois ans et demi,
d'hystérectomie vaginale pour cancer circonscrit du corps.
•Hégar est partisan de la castration pour les mvomes, même
quand la tumeur va jusqu'à l'ombilic. Il conteste l'assertion de
Werth, pour qui les femmes ainsi opérées deviennent folles : la
statistique de Werth doit être faussée par un concours fortuit
de circonstances. Werth cependant maintient son dire : les
troubles psychic^ues sont fréquents après toutes les opérations sur
les organes génitaux.
A ce propos, Léopold a affirmé que par la voie vaginale il a
toujours eu tout le jour nécessaire pour enlever l'utérus. Hégar
le croit sans peine, mais ajoute que par ce procédé on se rend
difficilement compte de l'état des ligaments larges, et c'est pré-
cisément pour cela, comme il Ta dit à propos d'une communi-
cation de Sàngery qu'il considère comme un progrès réel les
opérations faites par la voie périnéale où, après résection au
besoin du sacrum et du coccyx, on a nettement sous les yeux
tous les organes du bassin.
Sur ces méthodes opératoires nouvelles, Wiedow a présenté
deux malades (un cancer utérin, une salpingite avec résection
du sacrum), et surtout Frommel et Sànger ont fait des com-
munications.
648 — N* 40 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINS ET DE CHIRURGIE
4 OéTOBRi; 1889
Frommel (d'Erlangen) a employé le procédé de Zuckerkandl,
Il a abordé Tutérus en dédoublant la cloison recto- vaginale
après une incision transversale allant d'un ischion à Fautre. On
arrive avec grande facilité dans le cul-de-sac de Douglas et on
enlève, en y voyant, et Tutérus et les parties malades du vagin,
des ligaments larges. Pour le cancer, cet acte est sans doute
bien plus radical que Thystérectoraie vaginale. La guérison est
un peu plus lente, mais pas beaucoup. On peut aussi ouvrir de
la sorte les abcès pelviens.
Sànger (de Leipzig) a attaqué, par la voie pérînéale un
kyste dermoide sous-péritonéal du bassin^ mais il a passé par
la région latérale. Incision longitudinale allant de la grande
lèvre droite à 2 centimètres au delà de Tanus, section du rele-
veur de Tanns et arrivée sous le péritoine. Le kyste fut alors
extirpé. Tamponnement de la cavité ainsi obtenue. Guérison.
Sânger a trouvé dix observations de kystes de ce genre. Une
seule fois, Textirpation a été faite par Mikulicz, par la voie
périnéale. Des incisions analogues ont été faites par Hégar pour
des abcès pelviens. D*expériences cadavériques faites avec
Unger, Sânger conclut que cette c périnéotomie » latérale
donne un large accès sur le cul-de-sac de Douglas. Cette opéra-
lion est difi^rente de c l'incision para sacrée » de Zuckerkandl
et VVôllfer, par laq[uelle on aborde Tespace sous-péritonéal par
derrière. Six hystérectomies, faites sur le cadavre par cette der-
nière méthode (que Frommel, le premier, a appliquée sur le
vivant avec succès), font conclure à Sânger que c*est une opé-
ration difficile, surtout parce que le champ opératoire est
conique, se rétrécit à mesure qu on s'élève. Autant que possi-
ble, malgré les succès de Gersuny, Hochenegg, Hégar, mieux
vaut éviter les résections osseuses.
(A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémle des selenees.
SÉANCE DU 23 SEPTEMBRE 1889.
Hecherches physiologiques sur l'acide cyanhydriqué, par
M. N, Gréant, — c On sait, dit Orfila, que Tacide cyanhydriqué
anhydre est un des poisons les plus actifs; il suffît d'en mettre
une goutte ou deux sur la conjonctive pour déterminer presque
instantanément la mort des chiens les plus robustes; il agit sur
Je système nerveux. >
J'ai commencé l'étude du mode d'action de ce poison : deux
procédés m'ont permis de diminuer à volonté l'activité de l'acide
cyanhydriqué en évitant une action foudroyante et en donnant
le temps h Texpérimentateur de reconnaître la succession des
phénomènes :
i° J'ai réussi chez le chien la belle expérience de Claude Ber-
nard, qui consiste à injecter successivement dans le sang de
Tamygdaline et de Témulsine et à provoquer ainsi la production
d'acide cyanhydriqué et d'essence a'amandes amères, expérience,
que Ton a faite jusqu'ici chez le lapin.
2 ' J'ai dilué beaucoup, par addition d'eau, l'acide cyanhydriqué
au quart que je me suis procuré. J'ai injecté lentement, dans
la veine jugulaire d'un chien i)esant 8 kilogrammes, i grammes
d'amygdaline dissoute dans 80 centimètres cubes d'eau distillée,
{)uis l'ai injecté dans le même vaisseau 80 centimètres cubes de
ait d'amandes provenant de 58 grammes de graines d'amandes
fraiches décortiquées que l'on a fait hacher et que l'on a traitées
par l'eau tiède. Au bout de trois minutes, l'animal s'est agité
et a présenté une forte extension des pattes; au bout de cinq
minutes, le chien était devenu insensible à la cornée, la respi-
ration était complètement arrêtée; les battements du cœur con-
tinuèrent pendant quelques minutes; on ouvrit le thorax et, dix
minutes après le début de Tempoisonnement, on trouva le cœur
arrêté.
En établissant tout d*abord la respiration artificielle chez un
autre animal empoisonné de la même manière, je n'ai pas obtenu
la continuité des battements du cœur.
En ajoutant à 1 centimètre cube d'acide cyanhydriqué au
quart, 99 centimètres cubes d'eau distillée, j'ai obtenu une solu-
tion à 1/400; j'ai injecté dans la veine jugulaire d'un chien
1^^,3 de cette solution, il y eut de Ta^itation et un commence-
ment d'extension des pattes; mais l'animal continuait à respirer;
trois minutes après la première injection, on introduisit dans le
sang 0" ,9 de la solution; il y eut extension des pattes anté-
rieures; au bout d'une minute, on observa un long arrêt de h
respiration; le cœur battait encore; la respiratioh devint ag»»-
nique et la cornée était insensible ; au bout de cinq minutes et
demie, arrêt complet des mouvements respiratoires, les batte-
ments du cœur durèrent encore quatre minutes; ainsi 2^yt d**
solution du poison à 1/^00 injectés dans le sang ont suffi ^ur
tuer l'animal; les mouvements respiratoires se sont arrêtés
avant le cœur.
Des expériences faites chez des grenouilles ont conduit aui
mêmes résultats : j'ai injecté sous la peau de la cuisse d'une
grenouille 3 centimètres cubes de solution d'acide cyanhydriqué
à 1/400, les mouvements respiratoires se ralentirent, présen-
tèrent de longues pauses et puis un arrêt complet. Les batte-
mt'nts du cœur persistaient, mais ils devinrent de moins «'o
le thorax fut ouvert, et l'on vit le cœur coloré en rooge vif qui
battait encore, mais lentement. Les nerfs moteurs avaient con-
servé leur excitabilité.
Académie de médeelne*
SÉANCE DU 1'^ OCTOBBE 1889. — PRËSIDEIfCB DE
M. MOUTARD-HARTIN.
La Correspondance comprend : 1* un travail manuscrit de Mil. Monlané et
Duponchel, médecins-majors au M* de ligne, sur l«« éjridémiet au 51* d'infau^
terie pendant l'hiver et le printempt 1889-1889 et en parOeulUr $ttr l« pn^s-
moni€ infectietue et eontagieute; 2" un travail manuscrit de M. le docteur
Bobrie de Coxes, intitulé: Contribution à l'étude det oreillont; 3* une lettrt' de
M. le docteur Sandras sur un eat de vaccine anormale,
La liqueur d'absinthe et l'essence d'absinthe. —
M. Laborde, au nom d'une Commission dont il fait partie
avec M.OUivier, donne lecture d'un rapport sur le travail
lu récemment à l'Académie par HH. Cadéac et Albio
Meunier. Ce travail se termine par les conclusions suivantes:
1° L'essence d'absinthe vraie est de toutes les essences
(^ui entrent ou peuvent entrer dans la composition de la
liqueur de ce nom la plus toxique et conséqueininent la
plus dangereuse. Elle seule est capable de produire l'attaque
épileptique vraie, systématisëe.
Elle est et reste le type des convulsivants, épileplisants,
parmi les substances de cette nature, d'origine végétale,
ainsi que l'ont établi les travaux de Magnan, confirmés
depuis par tous les expérimentateurs autorisés.
i"* C'est donc une erreur capitale scientiâquement et pra*
ticjuement de nature à égarer l'opinion publique que d'at-
tribuer le titre de Jbienfaisant et de correctif à la substance
fondamentale qui imprime à la liqueur de son nom ses
caractères toxiques les plus dangereux.
3« En principe, la litjueup d'absinthe, de même que
toutes les liqueurs de cette sorte, dites apéritifs^ telles par
exemple que le vermouth et le bitter, de même que l'alcool
pur et à fortiori, les alcools non purifiés ou adultérés,
constituent des poisons que condamne et réprouve Thygiène.
Dans la pratique et à l'usage ces poisons sont d'autant
plus violents et d'autant plus préjudiciables à la santé, que
les substances qui les composent sont elles-mêmes person-
nellement douées de propriétés toxiques plus dangereuses
par leur nature comme parleur intensité: telle est par-
dessus tout l'essence d'absinthe, grâce à son action épi-
leptisante.
^^ Le mot absinthisme est en dernière analyse et demeure
le qualificatif vrai et approprié de cette action qui, comme
l'action toxique de l'alcool, ou Valcoolisme, constituent les
deux grands ennemis, les deux fléaux de la santé publique
et du développement de l'espèce, ennemis auxquels il ne
faut point se lasser de déclarer et de faire la guerre.
Lecture. — M. le docteur Corlieu lit un travail sur l'en-
seignement pratique au collège de chirurgie.
4 Octobre 1889 dAXBTtE HEBDOMADAIRE DE HÉDEGINE ET DE CHIRURGIE
-R. 40— 649
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
Ilo la valeur de la naphtaline dans le trallentenl de la
névre typhofde, par M. SCHAWALD. — G'esl au point de vue de
la puissance microbicide de cette substance que Tauteur se
place.
A la températuure ordinaire de la chambre, la naphtaline,
écrit-il, u exerce qu'une action microbicide partielle sur les mi-
crobes de la putréfaction et le bacille de la fièvre. Cette action
désinfectante et parasiticide augmente quand on opère à la
température du corps humain et que Ton multiplie le contact de
cette substance avec des matières à stériliser. Cette condition
est réalisée par les mouvements péristal tiques de Tinlestin.
M. Schwartz a constaté que la naphtaline administrée à Tin-
térieur diminue le nombre des bacilles dans les matières fé-
cales, dans la proportion d'un tiers à un quart. Quand on cesse
de l'administrer, cette proportion augmente de nouveau. Il
admet de plus que le calomel augmente la puissance de la
naphtaline et, en se^lbndao^.^ur.^es* «i^p/^rwices, conseille le
traitement méthodique de la fièvre typhoïde par le calomel
associé à la naphtaline. (Berliner klin. Woch., 1889, n*" 20 à
^.)
Be remploi de rkydraeétlne eomme antlttiernii^ne, par
M. GcTTMAN. — Sous ce nom on désigne racétylphénylhydrazinè
pure. C'est une pondre blanche cristalline, peu odorante, soiuble
dans cinquante parties d'eau et dans Falcool.
A faibles doses, d*après M. Guttmann, elle produit des effets
anti thermiques manifestes, surtout contre le rhumatisme arti-
culaire. De plus on Ta employée avec quelques succès contre le
psoriasis au moyen d'onctions pratiquées avec une pommade
au dixième.
On doit l'administrer à la dose quotidienne de 5 à 20 centi-
grammes; une dose de 30 centigrammes est exceptionnelle.
Enfin la dose moyenne serait de 10 centigrammes que Ton di-
vise en deux prises de chacune 5 centigrammes. 11 ne faut
pas d'ailleurs oublier que, à des doses plus élevées, l'hydracé-
tine peut provoquer des accidents. (Phartn, Central,, 16 mars
1889.)
9a IralleoienC de la eeqaelnehe par le kronoremie, par
M. Sîgpp. — L'action de ce médicament diffère de celle des
bromures alcalins. C'est un stimulant plutôt qu'un sédatif. On
l'administre à la dose quotidienne de cinq à vingt gouttes et
en solution dans l'eau alcoolisée.
M. Stepp a traité ainsi soixante-cinq cas de coqueluche chez
des enfants âgés de six mois A douze ans. La durée maxima de
lamaladlea, é^é de, c|u^tr^.semaiaes> Le catarrhe bronchique
et la pneumonie n'en contre-indiquent pas l'emploi.
Quel est le mode d'action de ce médicament ? D'après l'obser-
vateur allemand il s'élimine après dédoublement dans l'orga-
nisme.. Le brome est excrété par la voie pulmonaire. (Deutsche
medic. IfbcAé?»»., juillet 1889.)
Des prepriétéa narceli^aea du ehloral-anilde , par
MM. Hagen et Hafter. — Cette substance a été administrée en
solution dans l'eau à vingt-huit individus dont trois étaient en
état de bonne santé. Vingt-six en éprouvèrent des effets nar-
cotiques; deux résistèrent à son action: l'un était atteint de
paralysie avec démence, l'autre de myélite aiguë. La dose était
de 2 grammes et le sommeil se manifestait dans l'espace d'une
demi-heure.
En comparant ce médicament avec lecliloral, ces observateurs
ne lui reprochent que son goût un peu désagréable et lui
accordent une supériorité sur le second par la rapidité de son
action et Tabsence de phénomènes pénibles au moment du
réveil. Par contre ils constatent son impuissance contre le
symptôme douleur.
Son emploi serait indiqué contre l'insomnie des neurasthé-
niques, des individus atteints d'affections de la moelle et dans
le cours des cardiopathies. (Munch. medic. Wochens.. juillet
1889.)
ne* lavemenla à la eréollae eentre la dysenterie, par
M. le docteur Nicolaî P. Ossowsry. —A l'exemple de Kortum,
Neudocrfer et Esmarch, cet observateur a employé ce médica-
ment dans seize cas de dysenterie chez des soldats.
Ce lavement était constitué par une solution à 1/2 pour 100
de créoline et administré deux, trois et même quatre fois
par jour au moyen d'une longue canule en caoutchouc. Dans
neuf cas les selles sanglantes cessèrent dès le troisième jour;
dans quatre, du cinquième au septième. Chez les quatre derniers
malades, la disparition de ce symptôme fut immédiate. D'après
M. Ossowsky, le pouvoir désinfectant de cette médication est
considérable. La créoline est moins toxique que l'acide phé-
nique et le sublimé. Son administration ne fait pas seulement
disparaître le sang des selles, elle diminue aussi les autres
symptômes et le ténesme. Ce n'est pas tout : les lavements à la
créoline préviennent le catarrhe du gros intestin et peuvent
être suivis, s'il y a lieu^ d*irrigations avec une solution à
1/â pour 100' d'acétate àe plomb ou â 1 ou 2 pour 100 d'acide
tanniqué. Ajoutons que M. Kolokoff en a obtenu des résultats
aussi heureux. Ces observateurs attachent une grande impor-
tance à la position du malade pendant l'administration du lave-
ment. Ils doivent être debout, le tronc courbé en avant et les
mains appuyées sur leur lit. {Vratck.f 1889, n® \L)
résultai* de la Mmpenalon dans le traitement da
talées et des maladies nerveuses, par MM. EuLENBURG et
Mennel. — Depuis trois ou quatre mois, trente et un hommes
et neuf femmes ont été traités à la policlinique des maladies
nerveuses de Berlin, par cette médication. Au total ou a pra->
tiqué 975 suspensions dont la durée a été d'une à quatre
minutes, soit en moyenne une demie à trois quarts de minute.
Les maladies ainsi traitées sont : trente-quatre cas de tabès,
un de sclérose en plaques, un de myélite chronique, trois cas
de paralysie agitante et un cas de névrose traumatique.
Parmi les ataxiques, vingt et un furent soumis à une observa-
tion régulière; cinq d'entre eux s'améliorèrent beaucoup, et
onze à douze partiellement seulement ; cinq n'éprouvèrent
aucune modification. Voici quels sont les symptômes dont l'amé-
lioration relative fut notée; celle de l'état général dans ii cas,
du signe de Romberg et des troubles vésicaux dans H cas, des
douleurs fulgurantes dans 10 cas, de la marche dans 9 cas, de
l'anesthésie dans 3 cas et de la paresthésie dans 5 cas. Un
malade fut atteint de crise gastrique durant le traitement, et
un autre d'amblyopie.
MM. Eulenburg et Mennel considèrent donc la suspension
comme un bon traitement du tabès, sans cependant le déclarer
supérieur ni à l'électrothérapie, ni à l'hydrothérapie.
A l'instar de H. Motchukowski, ils pensent qu'elle n'agit pas
seulement en produisant l'allongement de la moelle, mais bien
aussi en modifiant la circulation des centres nerveux. Enfin, ils
déclarent que l'action exercée sur le moral doit entrer pour
une bonne part dans les succès obtenus, {Neurologisches Centr.j
1889, nMl.)
Bcs i^roi^rlétés anllhémorrhaftlciaes do U bryene blanehe,
par M. Petrescu. — A la suite de recherches expérimentales
et d'essais cliniques, l'auteur se croit autorisé à regarder la
racine de bryone comme un hémostatique puissant.
Il la prescrit en décoction à raison de 25 parties de racine
pour 300 parties d'eau. La décoction réduite de moitié par Té-
bullition est filtrée et administrée de demi-heure en demi-heure
à raison de 30 à 45 giaiïimes. Un alcaloïde a été retiré de cette
substance; enfin Texlrait alcoolique de bryone serait efficace
contre la métrorrhagie, les hémoptysies, l'épislaxis et l'héma-
turie à la dose de 50 centigrammes à 1 gramme. {Berliner
klin. Woch., 1889; n^ 8.)
650 — N* 40 -^ GAZETTE SEBDOlfADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 4 Ocrons iS80
l^m propriétés ta «iMilMaHeylate ta 0o«ta, par M, le docteur
H. LiNDBNBORN. — Sous le nom d'acide dithtosaiicylique I et II,
on désigne deux substances isomères dans Lesquelles deux molé-
cules d'acide salicylique sont remplacées par deux molécules de
soufre.
D'après Huppe, une solution à 20 pour 100 de dUlnosalîcy-
late II détruit le bacille de l'anthrax en quarante-cinq minutes.
M. Lîndenborn a fait usage de cet antiseptique à la doçe de
20 centigrammes par jour contre le rhumatisme articulaire aigu
et le rhumatisme blennorrhagique. Dans Tespace de deux à sU
jours, il a obtenu la résolution de l'arthrite et la chute de la
fièvre.
Quels sont les avantages de ce médicament? La rapidité de
son action, même aux plus faibles doses ; la tolérance de l'esto-
mac pour lui ; enfin, l'absence de phénomènes désagréables à la
suite de son ingestion. {Berl. klin, Wochensch,, 1889, n" 26.)
De la valeur thérapeallqve des InhaUtlen* roiysène, par
M. GiLMAN Thompson. — L'auteur a entrepris une série d'expé-
riences, en collaboration avec M.J.Codwell (de New- York), dans
le but de résoudre cette question au point de vue de la physiolo-
gie. Voici les conclusions qu'il formule :
Les inhalations d'oxygène sont utiles contre la dyspnée ner-
veuse pour combattre les phénomènes subjectifs.
' Si la surface nécessaire à Thématose est diminuée, elles sou*-
lagent la cyanose, atténuent la dyspnée et diminuent la gène
respiratoire.
Elles rendent des services dans les cas où, pour une cause
quelconque» Tarn pliatioo pulmonaire est gênée. ^
Parmi leurs indications,. il faut noter : la dyspnée de la maladie
de Bright, de l'urémie» de la pneumonie, de la bronchite caf)il-
laire, de Tasthme, de la congestion et de l'œdème pulmonaire.
On doit les pratiquer avec un gaz chimiquement pur, et dans
.leur emploi, faire l'inhalation par l'une des narines, l'autre
aspirant l'air atmosphérique. Il est dangereux de pratiquer ces
inhalations par les deux narines simultanément ou bien à pleine
bouche. (The nud. Record, 6 juillet 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
par M. le professeur G.
intercalées dans le texte.
1889: Lecrosnier et Babé.
»«r. Ailolagie ei
Sêe. Tome I, avec 21 fig.
— 1 fol d« 640 pages. Paris,
Dans une, série de leçons cliniques professées l'an 4err
nier à THôtel-Dieu, et dont plusieurs ont été reproduites
par la presse médicale» M. Sée a déjà développé, une patiie
de la doctrine qu'il a adoptée relativement à la genèse et
à la nature des afTeciions cardiaques. On la retrouve autour-
d'hui plus complètement exposée dans le premier volume
de son Traité de* maladies du cœur^ qui comprend
l'étiologie et la clinique de ce groupe morbide. On a pu se
convaincre dans ces leçons, et la leeiure du livre de H. Sée
ne fait que conCrmer . cette impression, que Tauteur part
d'un point dé vue spécial, c révolutionnaire >. cmpine ii
l'appelle lui-même, et que, pour lui., les maladies du cœur
ne sont pas distinctes entre elles, mais que c'est pour ainsi
dire toujours la même maladie qui revêt des aspects dif-
férents, des types divers.
Dès lors, les types multiples de cette maladie cardiaque
unique devaient avoir une origine commune, un lien pa-
thogénique permettant de les grouper ainsi en faisceau :
ce processus univoque, c'est Tencocardite^oupour être plus
exact Vendocardie, Ici encore Fauteur, s appuyant sur
certains faits établis par les recherches modernes, pose en
principe l'unité pathogénique des diverses formes ae Ten-
docardie, auxquelles il refuse entièremeat l'origine inflam-
matoire pour admettre la nature itiicrobienne constante :
il ne fait exception que pour les processus chroniques des
valvules aortiques, qui coneordent avec les transformations
graisseuses, athéromateu^e^ ou' scléreuseâ des artères et se
montrent en réalité comme leurs conséquences, c Abstrac-
tion faite de cette éventualité» Tendoçardite microbique
préside à toutes les altérations, à touteg les dégénères*
cencés du cœur. »
Telles sont les idées générales, les principes cardinaui
qui ont présidé à la classification adoptée par M. Sée ; cVsi
là la partie vraiment originale de son livre. L*étude de<
cardiopathies y gagne-t-elle en simplicité et en clarté :
nous ne saurions I afDrmer ; mais, si la nosologie j gagne
en exactitude, nous n*osons nous en plaindre.
Il nous suffira, dès lors, d'indiquer les divers chapitres
qui composent l'ensemble pour avoir donné nne esquisse
bien rapide^ de cet ouvrage^ fauté d*en pouvoir analyser
chaque partie successivement.
la. Sée entreprend la description de neuf types différenU
de la cardiopathie : ce sont d*abord les types endocardiqne.
vaWulaire et artérique. Dans Texposé du deuxième type, ou
type valvulaire, rentre l'étude des signes et des troubles gé-
néraux des altérations valvulaires :* dyspnées^ asthme car-
diaque, modifications du pouls, souffles cardiaques, choc
précordial ; enfin les signes éloignés, au'il nomme extra-
cardiaques, fournis par l'estomac, le loie, les reins : les
œdèmes, la cynnose^ les , thromboses* les ^mhQlies, les
troubles dé la circulation cérébrale* C'est en un mot, à
propos du second type^ une étude de pathologie générale du
cœur. Puis on trouve une description des quatre principales
maladies du cœur qui composent le type valvulaire, des-
cription peut^tre un p^u trop condensée, et basée plutôt
sur la physiolb|^e pathologique que sur la clinique.
Dans le troisième type, ou type artérique, rentre l'étude
de l'artério-sclérose, dont Timportance s'est notablement
accrue depuis un certain nombre d!annéea, et qui donne
la clef de phénomènes morbides multiples intéressant à la
Jois Torgané central de la circulation et les fonctions de(
principaux viscères. On pourrait. y rattacher les types
coronaire, angineux, et les myocardites dégénératives, au
moins dans leur ensemble, qui constituent ^our Tauteur
autant de types distincts. C'est aff'aire de classification.
Les accidents cardiaques d'origine neuro-musculaire,
septième type^e M. G, Sée, sont l'objet d'iiae intéressante
description, qui porte un cachet bien personnel : sans
parier des tiiapitres consacrés à la maladie de Baaedow,
ceux qui traitent des arythmies et du cœur forcé renferment
d'utiles enseignements sur lesquels il conviftat d'attirer
l'atienlion*
Enfin les péricardies et les aaévrysmes de l'aorte et da
cœur représentent les deux derniers types de la série.
Telle est d'une foçon soflamaire l'œuvre importante que
Jl. Sée vient de soumettre au public médical, et que com-
plétera bienlèt le volume consacré à la thérapeutiqfue, par-
fois si délleatOf de ces diverses formes de la cardiopathie.
A. P.
MÉTHODE DE OO0C£Ua DANS lA RÂDUGnON DES LUXATIONS PB LA
UANCHE EN AHRiÈaR, par V. le docteur S. CATOia, membre
correspondant de la Société anatomo-clinique de Lille. —
Thèse de Paris, 1888-1889.
Dans la luxation la plus comnitine de la hanche, la tète fémo-
rale sort par la partie inférieure de la capsule et se dirige suit
en haut (luxation iliaque), soit en arrière (luxation ischiatique)
en laissant intact le ligaaàent en Y. Le mécanisme se résuoie
toujours en un effort pendant la flexion suivi ou non d'impul-
sion du membre en arrière. Aucune tentative de douceur nV>t
praticable si la cuisse n*est préalablement fléchie (premi^'r
temps) sur le bassin. Les manœuvres deviennent beaucoup plus
faciles si la flexiûâ est poussée jusqu'à conduire te genou sur
i OcTotuuB f 88B GiZBTTE HEBDOHADAIRE ftS MÉDEGINB ET DE CHIRURGIB
.— «•46-^ 654
le veatre. La meilleure flexion est celle qui se fait dans Tad-
duclion.
Le second temps est essentiellement composé de la rotation
en dehors; mais des tâtonnements presque inévitables amènent
le chirurgien à pratiquer tour à tour là rotation en dehors et en
dedans.
Le troisième temp^ (coaptatieii) ne doit être pratiaué qn'au
moment où la tête se trouve amenée ei^actemeni aà-aessus du
t!4>tyle : en l'obtient soit par Timpulsion directe i Taide de la
mam, soit par un coup de genou. 11 est nécessaire d'ajouter à ce
moment une très légère déAeiion de la cuisse. La- méthode de
douceur est encore applicable lorsque la luxation de la hanche
est devenue ancienne.
ÉtUDB sur LB ^éCANfSHB I^ES PftXCTURBS INDIRECTBâ DB LA
COLONNE VERTReRALB, RÉGION DORSALE ET DORSOLOMBAIRB, par
M. le docteur G. M^.nari>, membre correspondant des Sociétés
anatomique de Paris et anatomo-elitiique de Lille; avec
44 figures in terrai ées dans le texte. — thèse de Paris, 1888-
1889.
M. G. Ménard, élève de MM. Guermouprez et Duret (de Lille),
a pris pour sujet de sa thèse inaugurale l'élude du mécanisme
des fractures du rachis. Par Tanalyse de nombreuses observa-
tions et eipériences cadavériques, il arrive aux conrlusions
suivantes :
i^ Lés fractures indirectes du raebii sont de beaucoup les
plus communes et se produisent généralement par flexion forcée;
z"* il y a d'abord tassement, enauite arrachement. enAn écrase-r
ment, ce dernier est^ souvent indépendant de rarraohement ;
3^ le tassement isolé existe régulièrement à la région dorso-
lombaire, il n'est pas connu à la région dorsale; 4* récrasement
est plus fréquent à la région dorsale, et ranrachement existe
dans les deux régions ; 5^ les fractures derso-lombaires ont pour
cause ordinaire les chutes sur le siège ou sur les membres infé-
rieurs pour cause plus rare; les pressions exercées par des
corps pesants sur la nuque et le .haut du dos avec flexion du
tronc; 6" les fractures dorsales ont pour cause ordinaire les
4:hutes sur la nuque, ou les flexions exercées par des corp^
Ç osants sur \s^ nuque et le haut ^u dos, le trône restant vertical;
<* les fractures dorsales s'accom.pagnent presoue toujours de
fractures de côtes, elles s'accompagnent quelquefois de fractures
du sternum; 8^ la compression de ta moelle et de ses enve-
loppes est gétiéralomènt produite par le bord' poâ(téro**supé-
rieur du fragment inférieur du corps vertébral ; 9* il est indiqué
de réduire et de maintenir la réduolion pendant un temps» sufli-
sant; 10 la trépanation est très peu indiquée dans Les cas
ordinaires ^fractures indirectes), «t doit être réservée, jusqa'i
nouvel ordre j aux fractures directes et aux enfoncements de
l'arc postérieur.
Des PRACTijRÈa sihplbs desos du carpb,. par M. Ubnri Dëlbecu,
membre de la Société anatomo-clinique de Lille, r^ Tlièse de
Paris, 1887-1888. •
Souvent mécopnuQs, les fractures, des os du carpe ont été
appréciées par le;» auteur:^ de lu façon la plus contradictoire.
Les fractures superficielles ne sont généralement que des élé-
ments accessoires de la lésion, ou des fractures de Vextrcmité
inférieure de rav.ant:bras, .... . .
La fracture par torsion peut être complote sans déplacement
des fragments. La fracture par flex'on forcée, résultat de chute
de lieu élevé, se C0nrp1ic|ue onlinairement de lésions de la syno-
viale tendineuse palmaire. .
Les principaux syraplômes sont : une douleur vive avec sen-
sibilité très localisée a la pression, une impuissance totale du
membre, une tuméfaction énorme et de la crépitation en un :
point très précis de la région carpienne.
Les fractures superficielles et les fractures par torsion gué-
rissent en quelques semaines et sont généralement exemptes de
complications. Les autres nécessitent des soins pendant plusieurs
mois, se compliquent primitivement d'une synovite tendineuse
palmaire et se. terminent trop souvent par rankylose osseuse.
Pour les fractures superficielles il suffit d'un peu de massage
au début et d'une immobilisation déjà requise par les lésions
concomitantes. —
Pour la fracture par torsion, qui est généralement réduite
pendant l'exploration diagnostique, il suftil d'une attelle palmaire
pour assurer la contention pendant une quinzaine de jours.
Pour les fractures les plus graves, une première indication
résulte de l'acuité dés accident» inflammatoires du début, une
autre plus importante encore impose la nécessité d'une immobi-
lisation prolongée par des appareils inamovibles, la dernière se
rapporte à l'atrophie musculaire et a
vite tendineuse.
; aux adhérences de la syno*
RfiSTAeRATiON FONCTIONNELLE DU POUG£> par M. le docteur
Gabriel Uanotte, membre adjoint de la Société anatomo-cli-
- nique de Lille. — Thèse de doctorat, avec 94 figures inter-
calées dans le texte. Lyon, 1888.
Quoique cette thèse ait été passée devant la Faculté de Lyon,
elle a été inspirée par un chirurgien de Lille, M. le docteui*
Guermonprez, qui s'est occupé depuis longtemps, et à plusieurs
reprises, des lésions traumatiques de la main et de la conduite
chirurgicale qu'elles commandent. Voici les conclusions de
l'auteur :
La restauration fonctionnelle du pouce non mutilé se fait
conformément aux procédés actuels de la chirurgie, soit par la
suture nerveuse, soit par la suture tendineuse, soit par l'auto-
plastic, après excision des cicatrices vicieuses. Elle peut se faire
par l'une des opérations indiquées, lors de la luxation irréduc-
tible du pouce. La restauration du pouce partiellement supprimé
se fait par l'opération d'Hoguier, parfois encore par la suppres-
sion des moignons encombrants d'index et même de médius.
Quand le pouce fait complètement défaut, on peut tenter d'uti-
liser un débris d'index ou de médius pour en faire un élément
qui sert de base aux mouvements d'opposition. On peut encore
changer la direction de l'auriculaire pour l'amener à se porter
au-devant des débris du bord radial dTe la main et sauvegarder
ainsi l'opposition, qui est l'élément principal de Tactivité phy^
siologique, la préhension.
VARIÉTÉS
Exposition univeuselle. — Bécompenses* — Dans la liste
des récompenses décernées à ceux qui ont pris part à l'Exposi-
tion universelle, nous ne voulons signaler nue celles oui mté^
ressent plus parliculiènement le corps raédtcaL Parmi celles-ci il
nous est tout particulièrement agrésmie de mentionner les hautes
distinctions qu'a values à notre éditeur et ami M. G. Masson, le
dévouement avec lequel il s'est toujours préoccupé d'aider aux
progrès des sciences médicales en éditant avec autant de luxe
3 ne de flroût un si grand nombre de publications utiles, à la tête
esqueiles on notis permettra bien de rappeler le Dictionnaire
encyclopédique, le Dictionnaire ustiely la Gazette heOdoma-
dairCy la Revue des sciences médicaies, la Revue de Vhy-
giène, . etc. C'est pour bien affirmer le caractère de ces publica^
lions que le jury de la classe 8 (organisation, méthode et maté-
riel de renseignement supérieur) a décerné un grand prix à
M. G.. Masson. Le jury de la classe 9 (imprimerie et librairie)
lui a voté la même récompense.
•^ La classe 14 (médecine et chirurgie) a décerné les récom-
penses suivantes :
Grands prix, — Baretta (France), Mariaud (France), Claude
Martin (France), Raoul Mathieu (France), Tramood (France).
Médailles d'or. *- Aubry (France), veuve Ausoux (France),
Cballandes (France), Chardin (France), Crétès (France), Gaiffe et
fils (France), Ernest Giroux (France), Institut vaccinal suisse
(Suisse), Laskowski (Suisse), Préterre (France), J.-B. Simon
(Belgique), Waller-Lécuyer (France), Wiesnegg (France), Lûer
Wnifing (France).
.Médailles d'argent. — Bergstrom (France), Joseph Burlot
(France), José Clausolles (Espagne), Délogé (France), Demaurex
(Suisse), Desnoix (France), docteur Desprez (France), Eternod
(Suisse), Favre (France), docteur F.-J. Feighine (Russie), docteur
Forstetter (Russie), G.-A. Frees (Euts-Lnis), Froger (France),
Auguste Gamichon (France), Graillot (France), Joseph Gray and
Son (Grande-Bretagne), Hay (Autriche-Hongrie), Heymeo-Billard
(France), Karmanski (France), Lacroix (France). Olfice vaccino-
gène d'Athènes (Grèce), Seabury and Johnson (Etats-Unis), Sur-
gical appliance (société), Talrich (France), Henri Vergne (France),
Winh (France), Yvoo et Berlioz (France), plus un grand nombre
de médailles de bronze et de mentions honorables.
— Dans la classe 64 (hygiène et assistance publique) nous
signalerons parmi les grands prix : les diverses associations de
652 — NMO
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDBGINB ET DE CHIRURGIE 4 Octobre 1889
secours aux blessés ; le Ministère de Tintérieur, la Préfecture de
la Seine et la Préfecture de police, puis MM. Geneste et Herscher,
les ingénieurs constructeurs dont les étuves de désinfection à
la vapeur humide sont si connues, M. le docteur Janssens (de Bel-
gique, etc.), et parmi les médailles d'or et d argent, la plupart
des établissements français d'eaux minérales, des commissions
de surveillance d'asiles d'aliénés, des sociétés de charité, la
Société d'hydrologie médicale, M. le docteur Gibert, M. Jen-
nings, MM. le docteur Saint-Yves-Ménard et Chambon, M. le
docteur Chervin, MM. les docteurs Petrescu et Urbeanu (Rou-
manie), M. G. Trélat, etc.
Bourses de doctorat. — Par arrêté minstériel en date du
% septembre 1889, l'ouverture du concours pour l'obtention des
bourses de doctorat aura Heu, au siège des Facultés mixtes de
médecine et de pharmacie, le lundi 28 octobre 1889. Les candi-
dais s'inscriront au secrétariat de l'Académie dans laquelle ils
résident. Les registres d'inscription seront clos le samedi
19 octobre, à quatre heures. — Conformément aux prescrip-
tions du règlement du 15 novembre 1879 susvisé, sont admis à
concourir :
i"" Les candidats pourvus de quatre inscriptions, qui ont subi
avec la note bien le premier examen probatoire prévu par l'ar-
ticle 3 du dérret du 20 juin 1878. Les épreuves portèrent sur
la phvsiquc, la chimie et Thistoire naturelle médicale ;
^ Les candidats pourvus de huit inscriptions, qui ont subi
avec la note bien le premier examen probatoire et qui justifie-
ront de leur assiduité aux exercices pratiques. Les épreuves
porteront sur Tosléologie, l'arlbrologie et la myologie;
3"^ Les candidats pourvus de douze inscriptions, qui ont subi
ave la note bien la première partie du deuxième examen proba-
toire. Les épreuves porteront sur Tanatomie, la physiologie et
l'histologie ;
A'* Les candidats pourvus de seize inscriptions, qui ont subi
avec la note bienf la seconde partie du deuxième examen proba-
toire. L'épreuve écrite portera sur la pathologie interne et
externe ;
5^ Les candidats pourvus des grades de bachelier es lettres
et de bachelier es science restreint, oui ont subi chacun de ces
examens avec la note bien peuvent ootenir, sans concours, une
bourse de première année.
Congres international d'hydrologie et de climatologie. —
Le Congrès international d'hydrologie et de climatologie se
réunira du 3 au iO octobre prochain. La séance d'ouverture a
eu lieu le jeudi 3 octobre, à oix heures du malin, au palais du
Trocadéro. Les séances de sections se tiendront à la Faculté de
médecine, du vendredi i au jeudi 10 octobre, à neuf heures du
matin et deux heures de l'après-midi.
 dater du mardi !*■' octobre, le secrétariat du Congrès sera
ouvert, à la Faculté de médecine, de neuf heures à midi, et de
deux heures à cinq heures.
Du 11 au 21 octobre, le Congrès visitera les stations hydromî-
néralesde la région de TEst. Les excursionnistes jouiront d'une
réduction de 50 pour 100 sur tout le parcours.
Les personnes qui veulent participer à ces grandes assises de
/hydrologie et de la climatologie sont invitées à envoyer sans
retard leur adhésion et leur cotisation (20 francs), au trésorier
du Congrès, M. 0. Doin, libraire-éditeur, 8, place de l'Odéon,
Paris. Elles recevront immédiatement, avec leur carte, tous les
documents, entre autres les rapports sur les questions proposées
par le comité d'organisation.
École de médeclne de Clbrmont. — M. Ledru, professeur de
clinique externe, est nommé, pour trois ans, à partir du
20 septembre 1889, directeur.
I/eau de source a Paris. — Dans sa dernière séance, le
Conseil d'hygiène et de salubrité de la Seine s'est occupé des
moyens d'augmenter l'approvisionnement de la ville de Paris en
eau de source.
M. le docteur A. Ollivier a donné lecture d'un travail dans lequel
il insiste sur la nécessité d'augmenter, au plus vite, la provision
d'eau de source de la ville de Paris, ainsi que l'a déjà demandé
le Conseil de salubrité en donnant son entière approbation à des
rapports qui lui ont été présentés par MM. Léon Colin et Riche.
M. le docteur Ollivier estime iiu'on pourrait utilement créer
dans chaque immeuble une double canalisation, l'une de faible
dimension pour les eaux de source, l'autre plus large oour les
eaux de rivière. Il constate une fois de plus aue, «lans ud
quartier où l'eau de rivière est substituée à l'eau de source, I^s
cas de fièvre typhoïde sont plus nombreux. Il a terminé en
demandant que la provision d eau de source soit augmentée, et
que cette eau ne serve qu'à l'alimentation.
M. Chautemps, président du Conseil municipal, a répondu qu**
le Conseil tout entier partageait évidemment cet avis: il serait
bien désirable que l'eau de source fût seule donnée â l^alimeD-
tation et, par conséquent, que le projet de captation des sources.
volé par le Conseil municipal et qui a été soumis au Parlement,
reçût son exécution. Quant à la seconde partie de la propositioc
de M. Ollivier, il ne lui parait pas possible d'empêcher com-
fdètement le fi^aspillage des eaux dans 1 intérieur des habitations :
e seul remède a la situation, c'est de doubler ou de tripler le
volume d'eau de source amené journellement à Paris.
La discussion C]ui s'est ouverte ensuite a trait surtout à rinfluence
de l'eau de boisson sur la propagation de la fièvre typhoïde.
MM. Larrey, Rochard, L. Colin, Lagneau, Lancereaux et Proust
sont unanimes à reconnaître la nécessité de l'augmentation du
volume journalier d'eau de source, et, sur la proposition Je
M. Proust, le Conseil a adopté les vœux suivants :
1^ Le Conseil renouvelle, instamment et d'une manière toute
spéciale, le vœu, qu'il a formulé à plusieurs reprises, de
1 adduction, aussi rapide que possible, des nouvelles sources
achetées par la ville;
^ Il estime qu'il y a lieu d'insister auprès de l'administFatioD
pour que les eaux de source actuellement amenées ne soient
utilisées que pour l'alimentation.
Le Conseil a décidé l'impression du rapport de M. Ollivier.
Société médicale des hôpitaux. — La Société médicale des
hôpitaux reprendra ses séances le vendredi il octobre. — Ordre
du jour: Communications diverses.
^ Enseignement libre. --- M. Lafon, chimiste-expert, lauréat de
l'Académie de médecine^ commencera le 18 octobre 188^ un
conrs pratique de chimie, bactériologie et microscopîe médi-
cales. S'inscrire à l'avance de trois à quatre heures au labora-
toire, rue des Saints-Pères, 7.
Mortalité a Paris (38* semaine, du 15 au 21 septembre
1889.— Population: 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde, 20.
— Variole, 3. — Rougeole, 8. — Scarlatine, 2. — Coque-
luche, 22. — Diphthérie, croup, 20. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 183. — Autres tuberculoses, 21. — Tumeur»:
cancéreuses, 55 ; autres, 6. — Méningite, 26. — Conge^-
tion et hémorrha^ies cérébrales. 39. — Paralysie» 6. —
Ramollissemant cérébral, 6. — Maladies organiques du cœur, i6.
— Bronchite aigué. 19. — Bronchite chronique, 26. — Broncho-
pneumonie, 16. — Pneumonie, 32. — Gastro-entérite: sein, 2i:
biberon, 74. — Autres diarrhées, 10.— Fièvre et péritonite puer-
pérales, 1. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 26. — Sénilité, 30. — Suicides, 19. — Autres morts
violentes, 10. — Autres causes de mort, 161. — Cause>
inconnues, 15. — Total: 935.
OUVRAGES DEPOSES AU BUREAU OU JOURRAL
Encyclopédie d'hygiène et de médecine publique. Directeur : It. Jul^s Rockiri.
Collaborateurs: MM. Amoold, Bergeron, Bertilloa, Brouardel, L«on CoIib.
Drouinoau, Léon Faucher, Gariel, Armand Gaotier, Grancher, Layet, Le Roj éc
Uéncoûtlf A.-J. Martin, Henri Monod, Moracbe, Napiaa. Nocard. Pouchri.
Proust, De Quatiefages, Richard, Riche, Eugène Rochard, Slraat, Vallin.
L'Encyclopédie d'hygiène et de médecine publique, se compoiera de dix lirrr». 1
A partir du I*' juillet, il paraîtra cliaque mois un bscicule de dix feuilles. jit«c
figures et planches. Paris, Lecrosnier et Bébé. Prix de chaque fascicole.
3 fr. 50 j
Souscription à forfait a Touvrage complet. 12il fr. |
Aide-mémoire d'hygiène et de médecine légale, par M. Paul Lcfort. I toI. in-ll
Paris, J.-B. Baillicre et fils. Cartonné. 3 fr. ,
G. Masson, Prapriétaire'^Mërant.
90SS8. — MoTTsnos. — Imprimeries rënnlei. ▲, me Mignoa, t. Par».
TRË^TE-SIXIÈMB ANNÉE
N* 41
11 Octobre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUO, 6. OIEUUFOY. OREYFUS-BRISAC, FRANgOIS-FRANCK, A. HENOCQUE, A.^. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. Académie de inédcciii«. — L'ioduro de potassium.—
Quatrièmp Congrès fmnçais de chirur^Mc tenu h Paris du 7 au 12 octobre 1880.
— pATHOLOfill GBNKRALK. — L'hérédité dans les maladies infectieuses. —
Travaux originaux. Clinique chirurgicale : L'osléopcriostite externe prin)itive
do l'apophyse mastoi'ic et l'inflammation purulente primitive des rcllules mas-
toïdiennes.—ConRESPONOANCC— SociétÎs sa VANTis. Académie des sciences.
— Académie de médecine — Rbvub obs jouh.iaux. 'riiérapcutiqiic. — Biblio-
GRAPlili. Leçons de thérapeutique et de clinique médicales de l'hôpital Bichat :
maladies du cœur et des v.iisseaux. —Variétés. L'incendie du grand amphi-
thi'âtrc de la Farultc de médecine de Pari:*.
BULLETIN
Paris, U orlobre iK89.
Académie de médecine : ij;ïodure de potassinm.
La nouvelle communication due à M. G. Sée peut être
envisagée à deux points de vue dilTérents. Elle est tout à
la fois physiologique et clinique, — el c'est à dessein
que nous distinguons ainsi les deux parties dont elle se
compose. La partie physiologique, en effet, ne saurait être
analysée ni surtout appréciée par ceux qui n*ont pu repro-
duire quelques-unes au moins des expériences faites par
MM. G. Sée et Lapicque ; car les résultats de celles-ci diffè-
rent sensiblementde ceux que Tonavait coutume de regarder
comme acquis h la science. Il appartient donc aux physio-
logistes de décider si Tiodure de potassium, introduit
dans l'organisme par injection intraveineuse, augmente
ou diminue la pression inlravasculaire et détermine ensuite
unedilatationvaso-molricegénéralisée. Mais, quelque intérêt
que présentent ces expériences au point de vue physiolo-
gique, elles n'ont, au point de vue pratique, qu'une impor-
tance secondaire. En particulier elles no sauraient, à notre
avis, trancher définitivement la question de savoir si Tiodure
de sodium est ou non préférable à l'iodure de potassium.
Qu'arrive-t-il en effet lorsque Ton administre à un car-
diaque ou à un sujet atteint de sclérose artérielle de
faibles doses d'iodure de potassium? Ce malade ne reçoit
pas le médicament par injection intraveineuse. Il l'avale
et dès lors le met dans son estomac en présence de chlo-
rure de sodium, de suc gasirique acide, etc.Âussitùt l'iodure
de potassium se trouve décomposé; il se forme du chlorure
de potassium, sel éminemment toxique, dit M. G. Sée, et de
l'iodure de sodium, lequel se retrouve (à l'état d'iodure de
sodium) dans les urines. Quant à Tiode mis en liberté dans
des proportions insignifiantes, il forme un composé albumine-
iodé encore assez mal défini el parfois, lorsque les propor-
tions d'iodure sont trop considérables, ou lorsque les voies
«• Série, T. XXVI.
digestives sont en mauvais état, il donne lieu à une irritation
gastro-intestinale assez vive.
D'un autre côté, il serait inexact de prétendre qu'aux
doses thérapeutiques la nature du métalloïde associé à
l'iode joue un rôle quelconque au point de vue toxique.
C'est l'iode surtout qui agit sur le cœur, les vaisseaux et les
tissus. Les sels de potassium ou de sodium, formés par dé-
composition, devront être administrés à doses infiniment
plus considérables pour agir activement. Pourquoi dès
lors préfère-l-on depuis nombre d'années l'iodure de sodium
à l'iodure de potassium? C'est d'abord parce que tous les
cliniciens ont observé chez certains malades une intolé-
rance spéciale pour l'iodure de potassium. Chacun connaît
les observations de Moos (d'Heidelberg), de Sokolowski, de
H. Huchard, de Th. Anger, etc. Il est peu de médecins qui
n'aient vu eux-mêmes des sujets supportant difficilement
des doses même très faibles d'iodure de potassium. Or ces
malades tolèrent infiniment mieux Tiodure de sodium. Il
est donc avantageux de le leur prescrire. En second lieu,
lorsqu'il s'agit d'administrer pendant très longtemps les
indurés, lorsque les reins fonctionnent mal, ce qui est très
fréquentchez les malades atteints d'arlério-sclérose, lorsque
par conséquent au lieu d'être terminée en quelques heures,
rélimination du médicament ne se fait qu'au bout de plu-
sieurs jours et quelquefois de plusieurs semaines, l'accu-
mulation dans l'organisme du chlorure de potassium peut
devenir dangereuse.
Enfin, et c'est là le point essentiel du débat, depuis que
M. Potain et le regretté Gueneau de Mussy ont conseillé de
préférer dans les cardiopathies artérielles et dans les dila-
tations de l'aorte l'iodure de sodium à l'iodure de potassium,
un très grand nombre d'observations incontestables démon-
trent l'efficacité très réelle et très rapide de ce médicament
aussi bien que son innocuité.
Il n'en est point de même dans les affections strumeuses,
dans la syphilis, etc. Dans ces maladies diathésiques l'iodure
de potassium parait préférable. Et, à doses très élevées et
continuées pendant très longtemps, il reste toléré, sinon tou-
jours inoffensif. La diurèse qu'il provoque alors contribue
sans doute à assurer celte tolérance, et, dans les urines,
c'est toujours de l'iodure de sodium que l'on retrouve.
Ces quelques réflexions, que nous inspire le travail dont
nous venons d'entendre la lecture devront être développées à
propos de la discussion qu'il ne manquera pas de soulever
devant l'Académie. Nous ne ferons donc aujourd'hui que
signaler les conclusions que nous reproduisons plus loin, et
I surtout la première de ces conclusions : le vrai médicament
41
654 — N« 41 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 11 Octobre 4889
du cœur, c'est Tiodure de potassium. C'est là une vérité cli-
nique qu'on ne saurait trop proclamer. Il est peu de car-
diaques qui ne se trouvent bien de l'administration des
iodures. Parmi les maladies énumérées par M. G. Sée et
déclarées justiciables de cette médication, il n'en est pas
qui puisse être aussi favorablement modifiée par d'autres
agents thérapeutiques. Toute cette partie clinique de la
communication de M. G. Sée est donc à retenir, et nous
aurons plaisir à la discuter plus longuement quand nous
en aurons sous les yeux le texte définitif.
— Le savant et consciencieux rapport lu par M. Verneuil,
à propos d'une nouvelle opération destinée à guérir le pro-
lapsus rectal, mérite plus qu'une analyse succincte. Le
travail de notre éminent maître fera donc très prochaine-
ment le sujet d*une revue générale, dans laquelle seront
mieux exposées les considérations de thérapeutique chi-
rurgicale magistralement exposées par M. Verneuil sur ce
sujet si intéressant.
— Nous commençons aujourd'hui le compte rendu du Con-
grès de chirurgie qui vient de s'ouvrir sous la présidence de
M. le baron Larrey, et nous reproduisons ci-dessous l'allo-
cution par laquelle le vénéré doyen de nos chirurgiens mili-
taires a souhaité la bienvenue à ses nombreux collègues.
Le savant académicien, ancien professeur au Val-de-Grâce,
était mieux qualifié que tout autre pour faire ressortir ce
que la pratique chirurgicale doit à la chirurgie militaire.
Il n'a voulu qu'indiquer les éminents services rendus à la
science et à la patrie par son illustre père. Les applaudis-
sements de ses auditeurs lui ont montré qu'ils en gardaient
le souvenir.
Qaatrlème Congrès françalu de chi rurale tenu A Parla
.do V an it octobre 1889.
La quatrième session du Congrès français de chirurgie
a été ouverte lundi dernier, au milieu d'une grande affluence
de chirurgiens de la province et de l'étranger. Cette
session promet d'être brillante et, comme l'a fait avec raison
remarquer M. le Président, il serait injuste de ne pas faire
entrer en ligne de compte les attraits de l'Exposition. Aussi
bien est-^ce précisément le motif qui^ l'an dernier, avait fait
fixer comme date les premiers jours d'octobre.
M. le baron Larrey, président, a bien voulu donner à la
Gazette la primeur de la courte allocution qu'il a prononcée
et dont voici le texte :
Messieurs et honorés confrères, mes chers collègues et vous,
/mes camarades de l'armée présents à celte séance, je vous
remercie tous d'avoir accueilli la désignation qui m'appela, Tan
dernier, à Thonneur de présider, cette année-ci, la quatrième
session du Congres français de chirurgie.
C'est en elTet pour moi un insigne honneur que je n'aurais
pas recherché, dans ma position de retraite, car elle me sépare
déjà depuis longtemps de la carrière chirurgicale militaire et
de mes devoirs officiels d'autrefois. Dispensé aujourd'hui des
devoirs libres de la pratique civile, dont je me suis toujours
absteuu, j'ai pris à tâche de consacrer les derniers temps de ma
vie aux réminiscences de quarante-cinq ans d'activité.
Je ne voudrais pas, Messieurs, que mon attachement fidèle à de
tels souvenirs me fit exprimer une pensée de tristesse, dès les
premiers mots de cette alloculion, mais je considère comme un
devoir dp vous rappeler, tout d'abord, deux noms, dont l'un est
inscrit sur la liste des membres fondateurs de ce Congrès. Tous
les deux avaient figuré avec distinction à la Société de chi-
rurgie en premier lieu, et en second lieu, à rAcadéraie de mé-
decine. C'est désigner, selon votre attente, les noms de Legou»-^'
et de Maurice Perrin.
Legouest, par sa remarquable aptitude pour la chirurgie, p>'
ses services militaires et ses titres scientifiques de vraie valeur,
était parvenu au grade le plus élevé d'inspecteur général et à I
double présidence du Comité de santé de l'armée, ainsi que dr
TAcadémie de médecine.
Maurice Perrin, dans des conditions et avec des titres aiu*
logues, avait pu joindre à sa carrière de professeur, puis ».
directeur de l'Ecole du Va!-de-Grâce, le mérite de renseign<*mei :
spécial de Tophthalmologie, en formant des élèves, devenu> w
leur tour des maîtres qui lui font honneur. Perrin, déjà retrai:-
comme inspecteur, occupait le fauteuil présidentiel de TAcailt
mie, pour cette année même, lorsque, pendant de courto
vacances, il a été atteint, presque subitement, de Vatteriim
grave qui entraîna sa mort.
Celte double perte, à peu de mois d'intervalle Tune de Fautre.
atteignait ainsi, coup sur coup, deux des chirurgiens les plu^
considérés de la médecine militaire.
L'éloge à faire de chsLCun d'eux est réservé à leur ancien ci
très distingué disciple, à l'un de leurs prochains successeur>
dans Tinspectlon médicale de l'armée. Vous connaissez de pn <.
Messieurs, le savant professeur de l'Ecole du VaI-de-GrAr«\
secrétaire général de la Société de chirurgie et membre titulain-
delà commission permanente de ce Congres. Sa modestie m\-ra-
péche de le désigner par son nom.
C'est à la Société de chirurgie qu'a été organisé le Congres
français, dont l'idée première ou la proposition apparti«fut à
M. Démons, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux.
Cette motion, examinée par une commission spéciale, a vW
l'objet d'un rapport judicieux et complet de M. Pozzi, démon-
trant l'utilité, en France, d'un Congrès annuel de chirur-
gie, analogue ù ceux d'autres contrées de l'Europe. La propoi^i-
tion de M. Démons en indique une complémentaire : ce serait
d'inscrire le nom de notre honorable collègue de Bordeaux sur
la liste des prochains présidents du Congrès français de chi-
rurgie. Son nom suivrait de près celui si sympathique de M. It»
professeur Félix Guyon, que je suis heureux de voir auprès d»-
moi comme vice-président.
M. le professeur agrégé Pozzi, notre secrétaire général, aun
bien mérité, avec M. Démons, de l'œuvre instituée par Irnr
active coopération et pap le comité spécial d'organisation déli-
nitive. Les travaux accomplis déjà par le Congrès sembleni
garantir les succès de son avenir.
J'aurais voulu, Messieurs, pour ma faible part consacrer ceUr
alloculion à un sujet de chirurgie militaire, mais quel qu'en fui
le choix, il m'eût embarrassé, il devait m'interdire de fairn,
soit une leçon, soit une conférence, ou de soulever une discu>-
sion technique, appartenant davantage à de plus savants collè-
gues, dont l'activité, le savoir et le talent représentent au-
jourd'hui l'élite de la chirurgie française.
Fallait-il rappeler telle ou telle des questions importantes de
l'ancienne chirurgie des armées? Je ne le crois pas non plus,
parce que j'aurais cédé à l'émoliou que m'eût inspirée le premier
de mes maîtres cl le plus cher à mes souvenirs. Voilà pourquoi,
Messieurs, je ne pouvais vous parler de mon père.
Je n'ai point à revenir davantage sur les considérations géné-
rales, exposées avec tout sou talent par le premier des prê>i-
denls du Congrès, M. le professeur Trélat ; ni sur les progrès de
de la grande chirurgie, facilitée par les agents anesthésiques et
par les antiseptiques, comme Fa démontré, d'après sa grande
expérience, le président du deuxième Congrès, M. le professeur
Ollier ; ni même sur les entraînements de la médecine opéra-
toire, jusqu'à ses extrêmes limites, entraînements modérés arec
une sage raison et une haute autorité par mon éminmt confrère
de l'Institut, M. le professeur Verneuil, président du troisième
Congrès.
Cette question complexe aurait pu fixer le choix de celui
qu'une longue expérience des hôpitaux et des ambulances de
l'armée avait conduit à soutenir et à professer les avantages de
a Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 41 — 655
ta chirui-gie conservatrice, appliquée au plus grand nombre des
blessures de guerre.
La première condition réclamant les méthodes de traitement
les plus simples, les plus faciles, telles que les pansements
rares, les appareils amovo-inamovibles, s'applique aux blessures
sans gravité, comme aux suites des simples opérations d*ur-
gence, ou de nécessité.
La seconde condition est substituée aux opérations inutiles in
extremis ou plus redoutables que la lésion elle-même et indi-
quant remploi seul des moyens palliatifs ou de Texpectation.
Cependant, Messieurs, et je me hâte de le reconnaître, en
dehors des blessures de guerre, la chirurgie conservatrice reste
impuissante, s*il s'agit de certaines lésions organiques profondes
jugées incurables, si ce n'est par l'intervention opératoire la
plus complète, la plus radicale.
Cettte intervention réclame, en même temps, outre remploi
méthodique de l'anesthésie et de l'antisepsie, les précautions
d^hygiéne les plus parfaites, les garanties antérieures de la santé
du sujet à opérer, ainsi que les principales qualités inhérentes
à l'opérateur en personne.
Telles sont» sommairement énoncées, les conditions dans les-
({uelles la chirurgie de conservation doit être remplacée par la
chirurgie de suppression d'un organe essentiel, comme d'un
membre tout entier. Ainsi doit s'imposer et s'accomplir ce
sacrifice.
Un dernier mot. Messieurs et chers collègues, je croirais
manquer à mon devoir do président, si je ne terminais cette
simple allocution par un souhait cordial de bienvenue à nos
confrères des départements et à ceux des pays étrangers, amis
de la France, rassemblés dans l'enceinte hospitalière de la
Faculté de médecine de Paris.
Arrivés pour assister au Congrès français de chirurgie,
comme à un Congrès international et prendre part à ses travaux,
nos confrères ont droit à nos sincères remerciements de leur
présence parmi nous.
Félicitons-les, enfin, hautement de pouvoir, à leur passage et
durant leur séjour à Paris, admirer, avec le monde entier, les
merveilles de l'Exposition universelle de 1889.
Après ces quelques paroles du président, M. Pozzi, secré-
taire général, a souhaité la bienvenue à nos hôtes étrangers.
II a dit qu'on avait demandé au comité permanent de donner
à la réunion un caractère international, à l'occasion de l'Ex-
position. Mais le comité n'a pas cru devoir accueillir ces
sollicitations.Au reste, saufquelques abstentions volontaires,
les chirurgiens étrangers ont, à toutes les sessions, profité
volontiers de Thospilalité du Congrès français, « qui a
toujours voulu, qui veut tout particulièrement, en cette année
hospitalière, tenir ses rangs grands ouverts au concours
sympathique du dehors... Du reste, ajoute M. Pozzi, comme
par le passé, et plus encore que dans les précédentes sessions,
nous avons Thonneur de compter parmi nous plusieurs
étrangers éminents. Je citerai au nombre des nouveaux
venus : sir Thomas Longmore, professeur à l'école mili-
taire de Nelley (Angleterre), envoyé par le gouvernement
britannique; le docteur Oscar Bloch, professeur à l'Univer-
sité de Copenhague; le docteur Farkas, chirurgien de l'hô-
pital de la Croix-Rouge à Budapest; le professeur Démos-
thène, de Bucarest, spontanément délégué par le ministère
de la guerre de Roumanie; le docteur Boutaresco, chirur-
gien de l'hôpital de Braïla, du même pays ; le docteur
Maydl, de Vienne, etc. Parmi ceux que vous avez déjà vus
parmi nous et qui reviennent nous donner des preuves de
de leur précieuse sympathie, je nommerai le professeur
Tilanus, d'Amsterdam; le docteur Thiriar, chirurgien de
l'hôpital Saint-Jean, de Bruxelles ; le docteur Roux, chirur-
gien de l'hôpital cantonal de Lausanne; les professeurs
Jacques et Auguste Reverdin, de Genève; le docteur Ziem-
bickî, chirurgien en chef de l'hôpital de Lemberg (Ga-
licie), etc. Je dois m'abstenir, pour ne pas abuser de votre
attention, de désigner ici nominalement beaucoup d'autres
chirurgiens distingués venus de divers pays. Cependant je
ne puis m'empécher de vous signaler le concours toujours
fidèle de nos collègues d'Alsace-Lorraine. Qu'ils me par-
donnent seulement d'être amené à parler d'eux à celte
place, comme s'il s'agissait d'étrangers : ils connaissent nos
sentiments; s'ils sont au delà de nos frontières, ils ne sont
pas pour nous en dehors de la patrie. »
M. Pozzi termine par des renseignements sur l'état maté-
riel et financier du Congrès.
La séance a été terminée par des communications
de MM. Bloch (de Copenhague), Roux (de Lausanne),
Démons (de Bordeaux), Lannelongue (de Paris).
Au début de la séance du mardi matin (7 octobre), M* le
Président communique la liste des Présidents d'honneur:
Étrangers^ MM. Longmore (Angleterre), Tilanus (Amster-
dam), Thiry (Bruxelles), Démosthène (Bucarest), Roux
(Lausanne), J. Reverdin (Genève), Bloch (Copenhague);
Français, MM. Rochard (Paris), Heydenreich (Nancy), Tri-
pier (Lyon), Démons (Bordeaux), Combalal (Marseille), Pa-
mard (Avignon), Tédenal (Montpellier).
Puisque nous parlons de cette séance, ajoutons qu'elle a
été brusquement interrompue par un incendie. Le feu,
parti du calorifère, a pris sous Testrade du Bureau. Les
tentures ont rapidement pris feu et les flammes ont détruit
les remarquables tableaux de Matout qui ornaient la salle.
Il y a dix-huit mois environ le feu avait pris de même et
les gradins inférieurs avaient àA être remplacés. Il est pro-
bable qu'on avait oublié de modifier le système défectueux
du calorifère sous-jacent. La première fois, il n'y avait pas
de tentures et les tableaux, fort élevés, avaient été épar-
gnés.
Cet incident nous force à remettre au prochain numéro
le compte rendu de la discussion, aujourd'hui inachevée,
sur les Tuberculoses locales.
Communications diversea.
Pansement antiseptique simplifié. — M. le professeur Oscar
Bloch (de Copenhague) pense qu'on peut avec avantage simpli-
fier le pansement antiseptique, et d'abord bannir le sublimé,
dont les inconvénients et la toxicité ne sont plus à démontrer.
On a de fort bons résultats en mettant directement sur la plaie
de la gaze phéuiquée, entourée d'ouate hydrophile non anti«
septique, mais stérilisée, aseptique. Ce n'est pas encore assez
simple, car: 1° la fabrication de la gaze phéniquée expose les
ouvriers à des vapeurs qui irritent les yeux et les bronches ;
2° cette gaze ne tarde pas à perdre ses propriétés antiseptiques.
Or, si cet inconvénient est nul dans un hôpital où les approvi-
sionnements sont sans cesse renouvelés, il devient sérieux pour
le praticien ordinaire, à la campagne surtout. M. Bloch a donc
tenté de supprimer la gaze phéniquée. De la gaze simple, en un
rouleau entouré de deux enveloppes en papier à filtrer, est sté-
rilisée à la vapeur d'eau, puis séchée au four. L'enveloppe
externe peut être aussi souillée qu'on voudra : les inoculations
sur milieux nutritifs démontrent que l'intérieur du paquet reste
toujours aseptique. De même pour Touate hydrophile. Le chi-
rurgien appliquera sur la plaie de cette gaze, légèrement
imbibée, extemporanément, de solution phéniquée à 3 pour 100.
Autour, on met de la gaze aseptique, puis de Touate. Les
tampons employés au cours de Topération sont faits en ouate
aseptique, immergée dans la solution phéniquée à 3 pour 100.
656
N*41 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE il Octobre 1889
Occlusions intestinales traitées par les ponctions multi-
ples. — Le professeur Démons (de Bordeaux) pense que cette
opération médico-chirurgicale est injustement délaissée. Il
rappelle qu'elle a depuis quelque temps un regain de faveur en
Angleterre (Les lecteurs de la Gazette se souviennent sans
doute qu'elle a été préconisée par plusieurs auteurs, médecins
surtout, au cours de la discussion du Congrès de médecine
de Wiesbaden, p. 514). Les auteurs anglais font des ponctions
non aspiratrices, avec d'assez grosses aiguilles ; ce calibre plaît
peu à M. Démons, car sur les parois intestinales souvent
altérées, il faut craindre que le trou ne reste béant. M. Démons
emploie donc l'aiguille n® i de Taspirateur Dieulafoy et fait, à
des profondeurs variables, des ponctions multiples et, au besoin,
des séances multiples. 11 n'a pas eu d'accidents à enregistrer et
au contraire relate six observations heureuses, où le soulagement
a été immédiat et oh la guérison a été observée. Un des
malades, il est vrai, est mort un an après d'un cancer du côlon.
Il est à remarquer que tous ces faits concernent des occlusions
chroniques, incomplètes même. Sans doute les accidents étaient
graves, le traitement médical ne les avait pas enrayés, le bal-
lonnement était intense; mais, dans la plupart, quelques selles
persistaient et dans aucun les vomissements n'étaient fécaloîdes.
En tout cas, cette méthode n'est que palliative, mais chez
plusieurs des malades de M. Démons, elle a permis d'attendre,
d'analyser la cause anatomique une fois diminué le météorisme,
et de traiter cette cause, cause qui trois fois était une compres-
sion par un abcès: iliaque, lombaire, rétro-utérin. Cet abcès fut
ouvert ou s'ouvrit et les malades guérirent. Un de ces abcès
était manifestement pérityphlitique; au reste, on sait que les
occlusions incomplètes sont une conséquence fréquente de la
pérityphlite.
Traitement des abcès de la pérityphlite. -— M. Roux (de
Lausanne) montre qu'actuellement presque tous les abcès sont
rapportés à des perforations de l'appendice vermiforrae et sont
précédés de poussées provoquées par le corps étranger, cause
habituelle de la perforation. 11 n'est cependant pas au nombre
des chirurgiens qui conseillent d'aller immédiatement, par la
.laparatomie, dès la première alerte, à la recherche de l'entérite
probable. Mais il ne se range pas non plus parmi ceux qui recu-
lent l'intervention jusqu'à ce que l'abcès pointe, volumineux;
trop souvent, alors, on le laisse se rompre dans le péritoine. Vingt
et un malades, traités médicalement pendant très longtemps,
ont fourni neuf péritonites dont une seule a guéri par la
laparotomie. 11 faut donc inciser dès qu'on reconnaît l'abcès. La
fièvre n'est pas toujours un bon guide, la lluctuation est tardive.
M. Roux insiste sur l'empâtement du csecum au-dessus de l'ap-
pendice malade ; on peut le confondre avec un amas stercoral, ce
dont un purgatif fait la preuve. 11 faut opérer sans tarder, s'il y
a des accès de fièvre ; si les crises de météorisme se répètent.
On fera une incision parallèle ù la fosse iliaque et, par l'explo-
ration digitale, on ira à la recherche du foyer. Si on ne trouve
pas l'abcès, il s'ouvrira bien plus volontiers dans la plaie opéra-
toire, et l'on aura fait une besogne utile On peut craindre que
le doigt explorateur n'aille déchirer des adhérences péritonéales :
l'expérience prouve qu'il n'en est rien et que, dès le troisième
jour, les adhérences ont une solidité suffisante. L'abcès siège
souvent derrière le caecum.
Greffes par la méthode de Thiërsch et cicatrices vicieuses.
— M. le professeur Heidenreich (de Nancy), après avoir rap-
pelé les méthodes autoplasliques employées contre les cicatrices
vicieuses, préconise Temploi de grefl'es épidermiques, d'après la
méthode de Thiërsch. De larges lambeaux épidermiques sont
appliqués sur une surface cruentée, de façon à la recouvrir
entièrement : c'est donc tout différent des greffes de Reverdin,
où l'on dissémine quelques petits îlots épidermiques à la surface
d'une plaie granuleuse. La plaie cruentée peut résulter soit d'une
opération immédiate, soit d'un raclage de bourgeons charnus.
Soit donc une cicatrice vicieuse : on l'extirpera, on redressera la
difformité qu'elle entraîne et Ton tapissera de greffes la suH« ■
qui bâillera; si la plaie est très anfractueuse, on attendra *\u*
les bourgeons l'aient en partie nivelée, et l'on procédera p.'
avivement secondaire. M. Heydenreich diflere de Thiërsch snr ) '•
deux points suivants : 1* il ne proscrit pas l'emploi des antise|.
tiques, et ne voit nul inconvénient à l'acide phénique faible ; t -
ne fait qu'eflleurer avec le rasoir le corps papillaire et se gan*
bien d'entamer profondément le derme (ce en quoi il imite Socin
De la sorte, le rasoir enlève aisément des languettes longu-
de 8 à 10 centimètres et larges de 2 à 3. Le pansement d..
être sec et ne pas adhérer aux greffes : aussi faut-il recouvrir i
plaie cutanée d'une mosaïque épidermique. Au-dessus f^
une couche de gaze iodoformée. Le premier pansement rt^t-
cinq jours en place. Les résultats sont excellents. La rétractio.
est nulle ou à peu près, et c'est à peine si l'on peut voir, dan^
quelques cas, une différence extérieure entre la région greff***-
et les voisines. M. Heydenreich relate trois opérations heurea<;e>.
toutes deux pour cicatrices vicieuses de brûlure : l'une aa
pouce; les deux autres, sur le même sujet, à l'aine et an creui
poplité. Dans ce dernier cas, les plaies avaient. Tune 0 centi-
mètres sur 5, l'autre 6 sur 12.
Des greffes AUTOPLASTiQUES,parM.O//i^r.— Il s'agit de larg»-^
greffes, ayant 6, 8, 10 centimètres carrés, prises sur la peau \\\
sujet lui-même ou sur un membre fraîchement amputé. O^
greffes dermo-épidermiques ont été étudiées en 1871 par M. Pou-
cet, alors interne de M. OUier. C'était le moment où M. Keverdin
venait de faire connaître ses greffes épidermiques, dont le boi
est différent, car M. Ollier ne voulait pas se borner à créer quel-
ques centres d*épidermisation, mais se proposait une véritabl<'
greffe autoplastique. Les fragments transplantés ont toute IV-
paisseur de la peau, et ils vivent définitivement au point où on
les a transportés. On ne réussit bien que si on ne laisse pas de
tissu inodulaire dans la profondeur. Ces travaux de M. Ollitr
ont été oubliés, et M. Ollier a été étonné de voir décrire uni-
c méthode de Thiërsch » a peu près identique. Ces greffes peu-
vent être faites sur des plaies fraîches; elles réussissent encore
mieux sur des plaies granuleuses. M. Ollier s'élève contre les
greffes hétéroplastiques (peau de lapin, de grenouille). Au reste,
il en est de même pour la greffe osseuse, qui ne persiste pas si
elle est faite avec un os d'animal, mais est utile il est vfai par
une sorte d'action de présence.
Des résultats éloignes des greffes osseuses dans lf<
PERTES DE substance ÉTENDUE DU SQUELETTE. — M. Poncet tdi*
Lyon) a publié au Congrès, il y a trois ans, une observation dé-
montrant le bon résultat immédiat de ces greffes. L'opération a
aujourd'hui trois ans et demi de date : on peut donc juger du
résultat définitif. Or il est excellent. Les greffes ont certaine-
ment eu ici une action remarquable, qu'on n'aurait osé espé-
rer. L'enfant, actuellement âgé de dix-sept ans environ, fait,
sans appareil, des marches de 18 à 20 kilomètres. Il y a cop»Mi
dant 8 centimètres de raccourcissement. Le sujet s'en tire fort
bien avec une semelle épaisse de 3 à 4 centimètres, et on ni
voit extérieurement à peu près rien.
Déformations consécutives a l.v tuberculose osseisk ih-
DOIGTS. — Le professeur Lannelongue (de Paris) étudie les suito>
de la tuberculose osseuse, appelée spina ventosa dans les livTe>
anciens. 11 affirme, d*abord, que les complications du côté de<
articulations digitales y sont beaucoup plus fréquentes qu'on ne
le dit classiquement. Avec ou sans séquestre, le processus e>t
avant tout destructeur, et Ton conçoit la possibilité, s'il n'y a pa>
de régénération ultérieure, du doigt ballant où une bride
fibreuse réunit les deux épiphyses séparées ; ou, s'il y a cousoli»
dation, d'un raccourcissement que signalent tous les auteurs.
Le travail de réparation peut être exagéré, et de là un allonge-
ment des phalanges, soit avec hyperostose en tous sens, soit avt^c
incurvation de l'os resté grêle, en sorte qu'il n'y a pas d allon-
gement apparent du doigt. Mais aussi, la deuxième phalange
ayant été malade, avec ou sans une des déformations précédentes,
il Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 41 — 657
il peut y avoir irritation de l'épiphysc de la première phalange,
et de là un allongement qui compense plus ou moins le raccour-
cissement de la deuxième phalange. Des phénomènes analogues
se passent quand les lésions portent sur un métacarpien, dont
Tépiphyse peut être, suivant les cas, irritée ou soudée préma-
turément : de là le doigt repoussé (variété rare, vue par M. Lan-
nelongue au pouce et au gros orteil), où le doigt lui-même est
normal; et le doigt rentrant^ plus fréquent, facilement mé-
connu, car si l'articulation métacarpo-phalangienne est remontée
de â ou 3 centimètres dans la paume de la main, rien n'apparait
à examiner le pli digito-palroaire.
J.es changements d'axes résultent des ulcérations compres-
sées des surfaces articulaires, delà des usures, des subluxations.
La cause en est, comme pour toutes les tumeurs blanches, dans
les attitudes vicieuses d*origine musculaire. La première pha-
lange se déplace en avant, les deuxième et troisième phalanges
se déplacent en arrière. Dans ces tuberculoses osseuses, les
lésions tendineuses sont fréquentes, surtout au niveau des exten-
seurs.
On peut voir des doigts où les déviations s'associent ; des
mains où les divers doigts présentent les divers types.
{A suivre.)
PATHOLOGIE GÉNÉRALE
L'hérédité danii Icn maladies Infcctleaiies.
La transmission héréditaire de certaines maladies infec-
tieuses a été démontrée depuis longtemps par la clinique;
il suffit de citer la variole et la syphilis. Mais il est
d'autres affections où le problème est plus complexe et pins
difficile à résoudre. On sait combien de travaux contradic-
toires a suscités l'histoire de Thérédo-tuberculose : on a
soutenu la possibilité d'une contamination fœtale par le père
ou par la mère ; on a décrit des cas d'hérédité précoce ou
tardive, calquant les divisions sur celles qu'on admet pour
la syphilis. D'autres auteurs ont totalement rejeté l'idée
d'une transmission directe et n'ont compris l'hérédité tu-
berculeuse que comme une prédisposition congénitale à
contracter la maladie : ce qui se transmettrait dans cette
hypothèse, ce ne serait pas le bacille, ce serait le terrain
favorable à son développement.
La pathologie expérimentale s'est emparée du problème
et le nombre des travaux qu'a suscités la question est très
considérable.
En se plaçant à un point de vue général, on peut citer
tout d'abord les magnifiques recherches de M. Pasteur sur
les maladies des vers à soie. On sait qu'il existe chez ces
animaux deux infections principales, la pébrine et laflache-
rie. La pébrine se transmet de génération en génération,
par les œufs qui renferment l'agent pathogène; celui-ci
s'incorpore à l'œuf dans le sein de la chrysalide femelle,
puis devient partie intégrante de l'embryon et du ver qui
en nait ; le mâle ne transmet pas la maladie, mais il peut
exercer sur la progéniture une inOuence nuisible qui se
traduit par la faiblesse du ver et la qualité moindre de son
cocon. Dans la flacherie, au contraire, l'agent de la mala-
die siège dans Tinlestin et n'envahit pas les œufs. Les vers
qui naissent d'animaux contaminés, n'ont pas la maladie,
mais ils sont faibles et débiles et presque fatalement con-
damnés à la contagion; ce qui se transmet c'est la piédispo-
sttioQ morbide, l'aptitude à contracler la flacherie. Ne trou-
vons-nous pas, dans l'histoire de ces affections des vers à soie,
la reproduction de ce qui se passe ou du moins de ce qu'on
admet pour deux maladies des êtres supérieurs, la syphilis
et la tuberculose.
I
Pour les mammifères, c'est avec le charbon, cette mala-
die expérimentale par excellence, qu'on a essayé tout d'a-
bord de résoudre le problème et de déterminer si les germes
infectieux peuvent ou non traverser le placenta et envahir
le fœtus.
Les premiers savants n'obtinrent que des résultats néga-
tifs. Brauell en 1858 rapporta quatre expériences, portant
sur une jument et trois brebis; l'examen microscopique ne
montra dans le fœtus aucune bactéridie, et l'inoculation
aux animaux n'amena aucun accident; il est vrai que ces
inoculations furent faites au moyen de scarifications et de
sétons, c'est-à-dire par des procédés qui ne permettaient
d'introduire que des quantités de sang extrêmement faibles.
Davaine ajouta un autre fait : sur un fœtus de cobaye il
n'observa pas non plus le passage du charbon et, plus ré-
cemment, en 1876, Bollinger en opérant avec une brebis,
une chèvre et une lapine, arriva à la même conclusion
négative. Dès lors la question semblait jugée : la loi de
Brauell-Davaine fut admise sans conteste et le placenta fut
considéré comme un filtre parfait.
Une première opposition partit de MM. Arloing, Cornevin
et Thomas ; ces savants montrèrent que le charbon sympto-
matique se transmet de la mère au fœtus : ils regardèrent
même ce résultat comme établissant un nouveau caractère
différentiel entre la maladie qu'ils étudiaient et le charbon
bactéridien.
En 1882, MM. Slraus et Charaberland publièrent quel-
ques faits qui semblaient encore confirmer la loi de Brauell.
Mais continuant leurs études, ces auteurs reconnurent que,
dans quelques cas, la transmission est possible. Leurs re-
cherches portèrent sur vingt cobayes; l'examen microsco-
pique du sang, du foie, de la rate, ne montra rien d'appré-
ciable : les fœtus ne présentaient aucune altératiou et,
comme l'avait déjà noté Brauell, le sang n'offrait pas l'as-
pect agglutinatif qu'on observe chez les animaux qui suc-
combent au charbon. Mais le résultat fut tout différent
lorsque ces auteurs s'adressèrent à une autre méthode,
c'est-à-dire lorsqu'ils eurent recours aux cultures et aux
inoculations; ils.obtinrent ainsi plusieurs résultats positifs,
surtout par la culture, car les inoculations échouèrent
assez souvent. Rn opérant sur vingt-six fœtus, ils purent
déceler quatorze fois la présence de bactéridies. Leurs re-
cherches leur permirent d'établir que, dans quelques cas
assez rares, le charbon ne se transmet à aucun des fœtus
d'une portée; ailleurs la maladie frappe tous les fœtus; le
plus souvent elle n'en atteint que quelques-uns. Dans tous
les cas, le nombre des bactéridies qui pénètrent dans l'or-
ganisme fœtal est extrêmement minime ; ainsi s'expliquent
les résultats négatifs obienus par les premiers observateurs.
Aussi, pour arriver à une conclusion légitime, faut-il avoir
soin avec chaque fœtus, d'ensemencer plusieurs ballons et
d'introduire dans chacun d'eux une grande quantité de sang
ou de gros fragments d'organes. Encore est-il que, malgré
ces précautions, plusieurs ballons restent stériles.
Les expériences de MM. Straus et Chamberland eurent
un retentissement considérable et suscitèrent un grand
nombre de travaux qui vinrent confirmer les conclusions
des deux savants français. Tels furent ceux de Perroncito,
de Koubassoff, de Birsh-Hirschfeld, de Rosenblath. Il est
658 — N* 41 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE il Octobre 1889
vrai que Wolff n'obtint que des résultais négatifs, sauf dans
deux expériences ; il admit, sans qu'on sache trop pour-
quoi, que ces deux faits positifs devaient s'expliquer par une
contamination accidentelle; nous croyons au contraire que
ces résultats sont tout à fait semblables à ceux des autres
expérimentateurs; si Wolff et Rosenblath ont échoué plus
souvent que d'autres, c'est que les ensemencements ont été
faits avec des fragments d'organes trop petits : en ensemen-
çant la presque totalité du foie de dix-sept fœtus de lapines
charbonneuses, MM. Chamberland et Roux constatèrent
neuf fois la présence de bactéridies.
Enfin il existe encore quelques observations intéressantes,
parce qu'elles ont été recueillies chez l'homme. Une des
premières est due à Marchand : une femme meurt du char-
bon peu d'heures après l'accouchement; l'enfant succombe
à la même infection quatre jours plus tard ; il y avait de
nombreuses bactéridies dans le placenta et on trouva des
ulcérations au niveau des villosités choriales. Paitauf rap-
porte un cas où l'on découvrit des bacilles dans le poumon
d'un fœtus de cinq mois provenant d'une femme atteinte du
charbon. Dans deux faits observés par Eppinger, et dans un
autre dû à Morisani, les résultats furent négatifs.
On peut conclure de toutes les expériences et des obser-
vations publiées jusqu'ici, que le charbon peut traverser le
placenta ; mais le fait est loin d'être constant et le
nombre des bactéridies qui envahissent le fœtus est tou-
jours fort minime. Ainsi s'explique que jamais, sauf quel-
ques cas exceptionnels (Birsh-Hirschfeld, Koubassof), on
n'ait observé de bactéridies à l'examen microscopique.
Il est donc difficile d'établir quelle est la fréquence de la
transmission héréditaire du charbon. Du reste dans ce cas,
comme dans tous les autres cas du même genre, la statis-
tique ne peut donner que des^ résultats illusoires et ne pré-
sente aucun intérêt au poiht de vue scientifique. Si la bac-
téridie charbonneuse ne passe au fœtus que d'une façon
assez variable, c'est que les faits en apparence identiques
sont en réalité dissemblables, c'est que les animaux réa-
gissent différemment suivant une foule de circonstances
qu'il est souvent bien difficile d'expliquer, c'est qu'en un
mot Texpérience est modifiée par diverses conditions qui
favorisent ou entravent ce passage. Aussi TelTort du savant
devra-t-il tendre, non à discuter sur la ft*équence du phé-
nomène, mais à établir pourquoi ou plutôt comment il se
produit, c'est-à-dire à rechercher son déterminisme expé-
rimentaK C'est pourquoi on saura gré à M. Malvoz d'avoir
repris la question et d'avoir tenté de pénétrer le mécanisme
par lequel se fait le passage in trapiacen taire du charbon.
II résulte des recherches de l'auteur que la condition in-
dispensable réside dans l'existence d'altérations placen-
taires. Aussi comprend-on que les microbes non pathogènes,
camme le prodigiosus, soient incapables de franchir la
barrière; il en est de même pour les matières inertes, telles
que le sulfate de baryum ou l'encre de Chine; si d'autres
corps peuvent passer, c'est qu'ils pénètrent par effraction,
par suite des lésions que déterminent les substances solides
ou résistantes. On peut donc conclure que s'il n'y a pas
d'altération du placenta, il n'y a pas de passage des élé-
ments figurés. M. Malvoz fait remarquer encore que les
bactéridies se transmettent au fœtus plus facilement chez le
cobaye que chez le lapin, ce qui s'explique par une plus
grande fréquence des altérations placentaires chez le pre-
mier de ces animaux.
Ces expériences fort intéressantes ne font évidemment ,
que reculer la solution du problème; elles amènent à re-
chercher quelles sont les conditions qui favorisent les alté-
rations du placenta et qui font que, dans des cas en appa-
rence identiques, il puisse y avoir des lésions difTérenle^.
Sans doute le problème est difficile h élucider; nons tt
voyons guère, pour le moment, dans quel sens doivent êtp
enlreprises les recherches. Mais c'est déjà beaucoup de pou
voir poser les termes d'un problème et de montrer com-
ment les découvertes successives ne font souvent qur
déplacer une question en y introduisant une inconnu'-
nouvelle.
On conçoit facilement que la transmission intraplacen-
laire ne puisse se faire que pour les microbes pathogène^
qui, à un moment donné, peuvent infecter le sang; c'est r»»
qui arrive dans le charbon ; c'est ce qui arrive également
dans les septicémies. Dans ce dernier cas, la transmission
héréditaire se fait avec la plus grande facilité ; mais in
encore on n'obtient le plus souvent que des résultats négatifs
par l'examen microscopique; il faut avoir recours à l'ense-
mencement ou à l'inoculation. C'est ce qui résulte des
recherches de Kroner sur la septicémie des lapins, de celles
de Bordoni-Uiïreduzzi sur une maladie produite chez le
lapin et le cobaye par le Proteus hominis capsulatuSy de
celles de Straus et Chamberland et de Barthélémy sur Ir
choléra des poules. Dans cette dernière maladie, M. Halvor
a trouvé, comme 'dans le charbon, de petites hémorrhagie^
au niveau du placenta; la lésion de cet organe serait donr
ici aussi indispensable au passage des microbes.
Nous avons déjà vu que les recherches de MM. Arloing.
Cornevin et Thomas, confirmées par celles de MM. Straus
et Chamberland et de M. Kitt, ont établi que le charbon
symptomatique envahit Aicilement le fœtus; c'est là encore
un fait qui trouve son explication dans la généralisation de^
microbes à la fin de la maladie.
La gangrène gazeuse, dont l'agent se rapproche beaucoup
de celui du charbon symptomatique, se comporte de même.
Mais la transmission se fait plus difficilement et le nombre
de microbes qui traversent le placenta est toujours fort
minime; il faut garder le sang du fœtus à 35 degrés et à
l'abri de l'air pendant plusieurs jours pour y trouver U
bactérie septique (Straus et Chamberland).
II
Nous nous sommes occupés jusqu'ici des maladies frappant
surtout les animaux. Avec la pneumonie, nous trouvons un
microbe qui présente peut-être plus d'intérêt au point de
vue de la pathologie humaine.
L'existence de pneumonies congénitales est admise depuis
longtemps. Grisolle dit que cette affection n'est pas rare
chez le nouveau-né el amène la mort en quelques heures ; à
l'autopsie, on trouverait des foyers disséminés et même des
abcès du poumon, ce qui peut laisser quelques doutes sur la
nature de la maladie transmise.
Netter, qui a fait sur ce sujet d'intéressantes recherches,
signala en 1886 la transmission du pneumocoque chez te
cobaye ; sur quatre fœtus, issus d'une mère contaminée,
deux renfermaient le microbe. Poa et UfTreduzzi sur le
lapin, Ortmann sur le cobaye, ont observé des faits analo-
gues. La transmission du pneumocoque est donc possible
chez les animaux, elle l'est également dans l'espèce
humaine.
Thorner rapporte un cas où la mère accoucha à terme.
ii Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 41 - 659
après la défervescence d'une pneumonie ; Tenfant succomba
en trente-six heures; l'autopsie montra une hépatisation du
lobe inférieur gauche et l'examen microscopique permit de
retrouver le~pneumocoque. Les faits de Marchand et de
Stracham sont moins démonstratifs parce que la recherche
des microbes n'a pas été pratiquée. L'observation la plus
complète est celle de Netter ; l'enfant succomba au bout de
cinq jours; ce laps de temps, un peu long, pourrait faire
supposer à la rigueur, si l'observation était unique, qu'il
s'agissait d'une contamination après la naissance; quoi qu'il
en soit, les lésions étaient fort marquées et consistaient en
une hépatisation rouge du sommet droit, avec fausses
membranes pleurales, péricardiques, exsudats librino-
purulents dans les méninges et les caisses du tympan.
C'était donc un cas de pn3umonie infectante, dont la nature
fut démontrée par l'examen bactériologique; la générali-
sation des lésions s'explique facilement par rentrée directe
des germes morbides dans le sang.
Peut*être le passage intraplacentaire du pneumocpqu^
est-il plus fréquent qu'on ne le croit, seulement le microbe
détermine des phénomènes septicémiques et l'avortemeni
qui en résulte est trop facilement attribué à des causes
banales^ telles que l'hyperthermie.
Des recherches bactériologiques permettront sans doute
de trouver encore le pneumocoque dans les fœtus issus de
mères atteintes d'.une des affections que peut déterminer ce
microbe, méningite cérébro-spinale, endocardite ulcé-
reuse, etc. Netter cite à ce propos une observation de
Hecker, datant de 1876 : une femme succombe à -une
méningite suppurée ; l'enfant, retiré par une opération
césarienne, meurt au bout de trente-quatre heures et l'au-
topsie montre une pneumonie lobaire gauche avec exsudats
pleuraux et péricardiques.
Ënfîn, il n'est pas sans intérêt de faire remarquer que
c'est surtout lorsque le pneumocoque détermine une infec-
tion générale qu'il traverse le plus facilement le placenta.
C'est ce qui explique sans doute que le passage au fœtus
semble plus fréquent chez -les animaux que dans l'espèce
humaine.
Le microbe de Friedlander qui, s'il ne produit pas la
pneumonie franche, parait pourtant capable de déterminer
des lésions pulmonaires, pourrait aussi, d'après Netter, se
transmettre au fœtus. Par contre, Foa et Rattone pensent
qu'il favorise l'avortement, mais ne traverse pas le placenta;
ces auteurs inoculent dans le péritoine des cobayes femelles
pleines; les animaux avortent au bout de trente-six à qua-
rante-huit heures, et Ton ne trouve de microbes ni dans
le fœtus ni dans le placenta.
Puisque nous parlons de maladies humaines, nous sommes
immédiatement amené à dire quelques mots de la fièvre
typhoïde: sa transmission au fœtus semble bien établie par
les observations récentes; mais nous sommes forcés de
rejeter les faits anciens. Ainsi dans le casde Charcellay,
publié en 1840, nous voyons un enfant succomber huit
jours après la naissance; l'autopsie révèle des lésions qui
rappellent peut-être celles de la fièvre typhoïde, mais
pourraient bien mieux s'expliquer par une septicémie, con-
tractée après la naissance, d'autant plus que la mère n'eut
de symptômes typhiques, ni pendant la grossesse, ni après
raccouchement. Les seules observations incontestables sont
évidemment celles où l'on a fait l'examen bactériologique.
Nous trouvons trois cas à citer: Reher, puis Neuhauss, ont
décelé dans les organes de fœtus, provenant de mères
typhiques, des microbes analogues aux bacilles d'Eberth;
mais ils notèrent l'absence d'hypertrophie splénique et
d'altérations des plaques de Peyer. Plus récemment, Êberth
a rapporté l'observation d'un fœtus de cinq mois, qui fut
expulsé avec un chorion intact; l'autopsie ne montra aucune
altération appréciable, mais l'examen des organes et surtout ^
la culture permirent de trouver le microbe cai^actéristique.
Enfin nous rappellerons que Chantemesse et Widal ont
constaté dans un cas la présence de bacilles typhiques dans
le placenta d'une femme atteinte depuis douze jours et qui
avorta au quatrième mois de la grossesse. Les mêmes
auteurs, en inoculant une femelle de cobaye pleine, l'ont
vue avorter au bout de quarante-huit heures et ont trouvé
le bacille dans les fœtus expulsés.
11 semble donc démontré que le bacille typhique peut,
lui aussi, traverser le placenta, et ce fait nous explique la
fréquence de l'avortement au cours de la dothiénentérie ;
l'examen bactériologique est indispensable pour affirmer la
présence du microbe^ d'autant que dans tous les cas publiés
jusqu'ici on n'a constaté aucune altération viscérale. Le
bacille d'Eberth pénétrant directement dans le sang tue le
fœtus en produisant une vraie septicémie: c'est là un nouvel
exemple des variations symptomatiques qu'on peut observer
suivant la porte d'entrée du virus.
III
La transmission intraplacentaire des fièvres éruptives est
établie sur des observations cliniques assez nombreuses.
Vogel, Heine, Rilliet et Barthez ont publié plusieurs cas de
rougeole congénitale, la mère étant elle-même atteinte
avant l'accouchement. Nous connaissons aussi quelques cas
congénitaux de scarlatine, observés par des auteurs plus ou
moins anciens. Bâillon, Ferrario, Portier, etc.
C'est la variole qui a fourni le plus grand nombre d'obser-
vations de transmission congénitale; les faits recueillis ont
d'autant plus de valeur que l'enfant, en venant au monde,
porte des lésions caractéristiques ; il ne peut donc y avoir
de doute sur la nature de la maladie; quelques cas mêmes
ont la certitude des résultats expérimentaux: ils ont servi à
des inoculations qui ont été positives (Gervis, Jenner).
L'hérédo-variole est surtout fréquente à la fin de la
grossesse. De même que pour le charbon, on peut, dans les
cas de grossesse gémellaire, n'observer la contamination que
d'un seul fœtus. Dans une observation de Kaltenbach, une
femme atteinte de variole mit au monde trois enfants:
deux portaient des pustules; le troisième n'en avait pas.
Souvent la variole du fœtus est plus récente que celle de la
mère ; celle-ci peut être en convalescence et accoucher
d'un enfant en pleine éruption. Dans quelques cas le fœtus
a contracté la maladie, la mère étant indemne. Enfin, alors
même qu'il n'y a pas transmission à proprement parler et
que le fœtus ne présente aucune altération, son organisme
a pu être profondément modifié sous l'influence de la
maladie maternelle, et l'enfant nait vacciné, ayant acquis
l'immunité dans l'utérus. Ce sont là des faits fort curieux
sur lesquels nous aurons à revenir dans une autre partie
de cet article, où nous parlerons en même temps de
l'immunité que peuvent acquérir les fœtus contre la vaccine
et la clavelée.
Parmi les autres maladies infectieusesdont la transmis-
sion au fœtus a été démontrée expérimentalement, nous
citerons d'abord la morve; Loeffler a rapporté sur ce sujet
un cas fort curieux: une cobaye fetnelle inoculée fut malade,
660 — N« 41
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE H Octobre i889
mais guérit; elle mit au monde cinq mois après l'inocu-
lation un petit qui, à la naissance, ne présentait aucune
manifestation morbide; il mourut après une semaine et
l'autopsie montra une morve viscérale.
MM. Cadéac et Mallet, opérant sur treize femelles pleines,
observèrent deux fois le passage de la mère au fœtus.
Ferraresi et Guarnieri trouvèrent des bacilles dans le foie
du fœtus; et, ce qui donne un certain intérêt à leur obser-
vation, c'est qu'il existait dans le placenta des foyers
hémorrhagiques contenant également l'agent pathogène.
La transmission de la rage a d'abord été démontrée par
l'observation clinique: Lafosse a vu une vache enragée
mettre bas un veau, qui présenta les premiers symptômes
de la rage le troisième jour après la naissance. Bouley cite
un cas semblable de Canillac. Plus récemment, MM. Per-
roncito et Carita ont étudié la question au point de vue
expérimental: une lapine, inoculée de la rage, mit bas
quatre petits la veille du jour où commencèrent les
symptômes paralytiques ; la moelle de deux fœtus fut
inoculée à deux cobayes, Tun prit la rage, l'autre résista.
Néanmoins la transmission du virus rabique ne semble se
faire que d'une façon tout à fait exceptionnelle ; on sait
d'ailleurs que jamais ou presque jamais on n'a trouvé au
sang de propriétés infectantes et qu'il est bien établi que
seuls les microbes qui peuvent envahir le sang sont capables
de traverser le placenta. Du reste, au laboratoire de M. Pas-
teur, on a fait plusieurs expériences, qui sont restées né-
gatives; on a inoculé le bulbe de huit petits, nés d'animaux
enragés, et aucun de ces bulbes ne s'est montré virulent.
On peut répondre, il est vrai, que chez le fœtus, le
virus ne siège peut-être pas dans les centres nerveux. Les
expériences de Zagari infirment cette objection : l'auteur a
opéré sur quatorze femelles pleines inoculées avec le virus
fixe; trente-deux fœtus servirent aux expériences: on prit
les centres nerveux, le foie, quelquefois même le fœtus
entier; les inoculations faites sur des lapins ou des cobayes
n'eurent aucun résultat.
Pour le choléra, nous pouvons citer le fait de Tizzoni et
Cattani: une femme atteinte de celte infection mit au monde
un fœtus de cinq mois ; ici encore, comme pour la plupart des
autres maladies, l'examen microscopique ne montra aucun
microbe, tandis que les cultures permirent de trouver le
bacille- virgule.
Nous signalerons encore la transmission au fœtus de la
fièvre intermittente, c'est du moins ce que semblent établir
quelques observations anciennes. Stokes a observé une
femme enceinte ayant des accès tierces et dont l'enfant
avait des mouvements convulsifs les jours d'apyrexie de la
mère. Pitre, Aubanais, ont vu des paludéennes mettre au
monde des enfants ayant une hypertrophie de la rate et des
accès fébriles aux mêmes jours et aux mêmes heures que
leur mère. Schurig, Hoffmann, Russel, ont publié des
observations analogues.
On a vu aussi la fièvre récurrente se transmettre au fœtus
et, dans un cas, Spitz a pu trouver chez l'embryon les spi-
rilles d'Obermeier.
Enfin, nous indiquerons pour mémoire une observation
d'Aubert (1840): une femme atteinte de la peste accoucha
pendant sa maladie d'un enfant de sept mois, qui avait un
charbon sur le front.
Il serait intéressant de savoir comment se comporte le
streptocoque de Térysipèle, puisque ce microbe semble être
l'agent le plus fréquent de la septicémie puerpérale. Il est
probable que cette transmission peut se faire, puisque
Lorain a observé des péritonites chez des enfants issus de
femmes puerpérales et que Simone a démontré le passage
intraplacentaire du streptocoque de la suppuration, qui
est, comme on sait, analogue, sinon identique, à celui d^
l'érysipèle. Lebedeff a publié h ce propos une obserration
fort curieuse. Il s'agit d'une femme enceinte ayant un
érysipèlc aux extrémités inférieures. Au sixième mois, e\W
avorta d'un fœtus, qui succomba au bout de dix minutes.
La peau du fœtus était altérée et renfermait de nombreux
microbes, ayant les caractères de ceux de l'érysipèle, et
siégeant dans les lymphatiques de la peau ; on n'en trouvait
ni dans le sang, ni dans le placenta; mais il y en avait dans
les tissus du cordon ombilical. L'auteur admit que le>
microcoques avaient passé à travers les villosités épîthélialev
dans le placenfa et dans les voies lymphatiques du cordon
et de là dans la peau. Il y aurait donc là une voie de
transmission que nous n'avons pas encore observée dans !(*>
autres maladies.
G.-H. ROGRH.
{A suivre,)
^
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HÔPITAL NECKER : M. LE PROFESSEUR DIEULAFOY.
Sclatiqae dooblè symptoiiuielqae do diabète s«eré.
La sciatique double symptomatique du diabète sucre
signalée et étudiée par M. Worms, en 1879, doit être mise
au rang des signes dits révélateurs de cette maladie. L'ap-
parition du signe de Worms, comme celle d'un anthrax,
d'un prurit préputial, d'une rétraction de l'aponévrose
palmaire (Dreyfus-Brisac), doit toujours inviter à rechercher
le sucre dans les urines. Ce syndrome peut aider ainsi à
dépister une forme fruste ou lente de glycérine.
M. le professeur Dieulafoy montrait récemment aux élêvpN
c[VLi suivent son service comment l'apparition d'une scia-
tique double lui avait permis de déceler la présence du
diabète sucré chez un malade couché dans ses salles.
Un homme de trente-trois ans entre à l'hôpital Necker
pour des douleurs irradiant à la partie postérieure des
cuisses et des jambes. Il ne se plaignait d'aucun autiv
trouble morbide et n'accusait d'autres antédenls qu'une
attaque de rhumatisme polyarticulaire aigu. En examinant
avec soin les membres endoloris, M. Dieulafoy retrouve,
du côté droit comme du côté gauche, les signes classiques
de la sciatique : points trochantériens, poplités, péroniers,
malléolaires, crises spontanées qui réveillent le malade au
moins une fois par nuit, exacerbation de la douleur dès que
le patient met pied à terre.
Les douleurs siégeaient symétriquement dans les mèino
branches nerveuses, mais les filets supérieurs du sciatique
semblaient indemnes, car les premiers points douloureux
rencontrés en procédant de haut en bas étaient les points
trochantériens.
En présence de celte sciatique double, survenue chez un
homme ne portant dans le bassin aucune tumeur pouvant
causer une compression sur l'un et l'autre nerf, M. Dieu-
lafoy n'hésita pas et, à première vue, avant tout examen
ultérieur, dianosliqua le diabète sucré.
L'urine fut ensuite analysée; elle contenait 7 grammes
de sucre par litre.
En reprenant avec soin l'interrogatoire du malade, en
recherchant d'autres stigmates diabétiques, on ne put
retrouver qu'un seul symptôme flagrant : la frigidité. Ol
homme, jeune encore, finit par avouer que depuis dix-huit
mois il ne se sentait plus d'appétit sexuel. La perte des
il Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— ««41
661
aptitudes viriles était d'ailleurs acceptée par lui avec rési-
jînalion et indifférence, comme c'est la règle chez le
diabétique.
M. Dieulafoy n'institua d'autre traitement que le repos et
le régime alimentaire. Après quelques jours seulement de
cette thérapeutique, les douleurs s'étaient apaisées en même
temps que la glycosurie diminuait^ Au bout de quinze
jours les névralgies bilatérales avaient complètement dis-
paur et le malade ne rendait plus dans ses urines qu'une
«quantité insignifiante de sucre. Voici donc un cas de scia-
lique double d'origine diabétique, présentant tous les
caractères assignés par M. Worms à cette forme de névral-
gie; les douleurs étaient symétriques en même temps que
partielles; elles s'atténuaient parallèlement à la glycosurie.
Tout se réduit encore à des hypothèses sur la pathogénie
(le ces névralgies doubles, que l'on peut observer même sur
les nerfs dentaires. M. Worms et M. Peter admettent que la
dyscrasie est la cause de la névralgie symétrique. Il y a
quelques années, Romberg disait déjà, dans un langage
imagé, que ces névralgies étaient les plaintes des nerfs
implorant un sang non vicié. Cette manière de voir est
d'accord avec ce que nous savons aujourd'hui des désordres
occasionnés sur les nerfs périphériques par les substances
toxiques. Ces désordres se traduisent par des névralgies ou
des paralysies symétriques; la preuve en est dans les para-
lysies et névralgies symétriques des saturnins. Or les né-
vralgies diabétiques peuvent être comparées aux névralgies
saturnines; ce sont des névralgies par auto-intoxication et
l'on peut admettre l'hypothèse que le sucre charrié p^ar le
sang joue vis-à-vis les nerfs périphériques le même rôle
que le plomb ou l'alcool.
Fernand Widal.
TRAVAUX ORIGINAUX
Cilniqae ehirorgieale.
L'OSTÉOPÉRIOSTITE EXTEBNE PRIMITIVE DE l'aPOPHYSE
3fAST0ÏDE KT L'iNFLAMMATION PURULENTE PRIMITIVE DES
CELLULES MASTOÏDIENNES (Mémoire lu au Congrès inter-
national d'otologie et de laryngologie de Paris, septembre
1889), par M. le docteur Lévi, ancien médecin des hôpi-
taux militaires.
I
Ostéopêriostite externe primitive de rapophyse mastoïde.
Chaque fois qu'un chirurgien se trouve en présence
d'une inflammation non traumatique de la région mas-
toïdienne, il procède, et avec raison, à l'examen du
conduit auditif externe et de la caisse du tympan; c'est là,
en effet, que se trouvent d'ordinaire et la cause, et le point
de départ de la maladie.
On rencontre cependant quelques malades, rares il est
vrai, chez lesquels l'examen le plus minutieux ne permet
de découvrir ni otite externe profonde, ni otite moyenne
purulente : force est alors de reconnaître que la lésion qu'on
a sous les yeux, n'est pas une lésion secondaire, venue de
l'intérieur de Toreille, mais bien une lésion idiopa-
thique et primitivement externe.
Les auteurs les plus anciens d'oiologie, qui avaient par-
faitement reconnu les relations qui existent entre les sup-
purations de l'oreille et celles de l'apophyse mastoïde, ne
font nulle mention des inflammations primitives de cette
dernière région. Wilde, le premier, parle, mais très som-
mairement, de la périostite externe primitive, dans le pas-
sage suivant de son Traité de chirurgie auriculaire (i) :
{{) Wilde, Practicat obterv. on aurai, turgeru» 1855.
f La quatrième espèce de tumeur, dit l'auteur anglais, est
la suite d'une inflammation aiguô, qui a pour point de
départ une périostite de l'apophyse mastoïde et qui s'étend
jusqu'au pariétal, ou une accumulation de pus dans les cel-
lules mastoïdiennes, à la suite d'otite moyenne purulente.
Cette tumeur peut aussi être le résultat d'une otorrhée
chronique qui a d'abord amené la carie. i>
Voltolini, dans la Monatschrift fur Ohrenheilkunde,
n^'lS, 1875, décrit une inflammation primitive de la région
mastoïdienne dont l'existence est encore mise en doute par
quelques auteurs étrangers, notamment par Buck (1) et
noosa (2), et qui est à peine mentionnée par les auteurs
français. Le chirurgien de Breslau a publié trois observa-
tions de tumeurs inflammatoires post et sub-auriculaires,
dont une suivie de mort; mais il considère ces tumeurs
comme le résultat d'une inflammation du tissu cellulaire
sous-cutané.
Sous le titre de périostite primitive des deux apophyses
mastoïdes, Ktiapp a communiqué, au Congrès international
d'otologie de New- York (septembre 1876), l'observation d'une
malade atteinte de tumeurs mastoïdiennes primitives, avec
lésions périosliques évidentes. Cet auteur appelle l'attention
sur un phénomène qui, d'après lui, permet d'afflrmer
l'existence de l'inflammation du périoste, à savoir : la tu-
méfaction de la partie supérieure du muscle sterno-ma-
stoïdien, dont les attaches, par suite de leur rapport
intime avec le périoste, s'enflamment en même temps que
lui, et favorisent ainsi les fusées purulentes qui se produi-
sent quelquefois le long de ses flores (3).
Dans les observations ultérieures de Voltolini, de Jacoby
{A. f. 0., t. XV), deTurnbull, de Swann Burnett (Z. /. 0.,
t. IX), de Hotz (Z. ^ 0., t. IX), de Politzer, de Kirch-
ner, etc., l'inflammation aurait envahi tantôt le tissu cellu-
laire sous-cutané seul, tantôt ce tissu et le périoste sous-
jacent. Mais, dans tous les cas, l'oreille externe et l'oreille
moyenne étaient restées saines; on n'avait constaté ni sur-
dité, ni écoulement, ni bruits subjectifs.
L'étiologie de l'inflammation primitive de la région mas-
toïdienne externe est encore très obscure. Voltolini
attribue à cette affection un caractère spécificiue parce
qu'elle est souvent bilatérale, et qu'au début elle occupe
toujours la même place.
Le plus souvent, elle se développe sans cause connue,
ou à la suite d'un refroidissement, soit général, soit localisé
à la tète seulement. Elle est tantôt unilatérale, tantôt bila-
térale, envahit toujours la région supra et post-auriculaire.
Les deux apophyses peuvent être atteintes simultanément,
ou successivement, à des intervalles plus ou moins éloignés.
Le nombre des cas publiés, jusqu'à ce jour, n'est pas
encore suffisant pour permettre d'établir par la statistique
la part d'influence qui revient à l'âge, au sexe ou à d'autres
facteurs sur la production de cette maladie dont les sym-
ptômes sont extrêmement pénibles. Elle s*annonce par des
douleurs vives, déchirantes, qui, partant de l'apophyse mas-
toïde, s'irradient à la nuque, à 1 occiput, à la région parié-
tale, à l'œil, aux dents; elle évolue sans fièvre, mais le
plus souvent elle s'accompagne d'un mouvement fébrile
intense, d'anorexie, d'insomnie, avec recrudescence de
douleurs au milieu de la nuit.
En très peu de jours, la région mastoïdienne et, avec
elle, la région supra-auriculaire se tuméfient, deviennent
rouges, luisantes, tendues, chaudes et douloureuses au
moindre contact. Du neuvième tiu douzième jour, il se forme
une suppuration qui, en raison de l'épaisseur de la peau,
arrive rarement à se faire jour au dehors, sans interven-
tion chirurgicale; et, si le malade est abandonné à lui-même..
(1) Buck, Diseases of Ihe car, p. 315.
(2) Roo»a, Lehrbuch der prakliscf^en Ohrènheilkunde, traduit de ran^çlais pai
Weisc. i889.
(3) Knapp, Monatschrift fur Ohrènheilkunde, 1877.
662 — !»• 44 —
GAZETTE IEB90HAMIRE SE HËDSCINE ET DE CHIRURGIE H Octobre 1889
fuse vers le conduit auditif externe, en le perforant, le long
du muscle sterno-mastoîdien et vers l'occiput ; produit des
décollements, des fistules, des abcès par congestion inter-
minables, susceptibles d'amener la mort par épuisement
(un cas de Yoltolini), provoque la carie de la corticale et
des' cellules mastoïdiennes, et nécessite une opération sur
l'apophyse mastolde, comme cela eut lieu chez un malade
dont je ferai connaître 1 histoire un peu plus loin.
La périostite primitive de Tapopnyse mastoïde pourrait
être confondue, au début, avec le gonflement douloureux
que provoque souvent, derrière l'oreille, le furoncle de la
fiaroi postéro-supérieure du conduit auditif externe; mais
'inspection du conduit suffira pour éviter cette erreur.
L'ouverture spontanée ou chirurgicale du furoncle suffit,
d'ailleurs, pour faire disparaître rapidement les symptômes
observés dans la région péri-auriculaire. Il n'y a pas là de
fiériostite réelle. Dans une période plus avancée de la ma-
adie, la tuméfaction douloureuse pourrait être attribuée
à un engorgement des ganglions sous-auriculaires (|u'on
observe-fréquemment dans les fièvres éruptives; mais ici on
sentira les ganglions, et l'on trouvera les traces d'une otite
moyenne aigué antérieure. Si les ganglions étaient arrivés
à suppuration, le diagnostic ne serait possible qu'après
incision.
L'absence d'otorrhée, l'apparition brusque et simultanée
des douleurs et du gonflement permettent, avec la conser-
vation de l'ouïe, d'écarter l'idée d*une suppuration secondaire
des cellules mastoïdiennes.
Dans aucune des observations publiées jusqu'à ce jour
on n'a enregistré de guérison spontanée de î'ostéopériostite
mastoïdienne. Les anliphlogistiques, les émollients, les
révulsifs, les dérivatifs, sont restés inefficaces. L'instru-
ment tranchant seul, employé dès les premiers jours, est
susceptible d'enrayer le mal et de prévenir des accidents
graves, mortels quelquefois.
Alors même qu'il n*y a aucun signe de suppuration, il
faut pratiquer sur la région tuméfiée une incision longue et
profonde allant jusqu'à l'os (Wilde). Cette incision sera faite
à 1 centimètre en arrière de l'insertion du pavillon pour
ménager l'artère auriculaire postérieure; elle aura une lon-
gueur de 5 centimètres. L'opération étant extrêmement dou-
loureuse, il sera bon de chloroformer le malade.
Obs. — M. H..., rentier, soixante-douze ans, forte constitu-
tion, sanguin, arthritique, s'adonne volontiers à la boisson (boit
I'usqu*à six litres de vm par jour). Sujet, tous les hivers, à des
bronchites et à des rhumes de cerveau, il a, depuis longtemps,
Touïe un peu diminuée, par suite d'un catarrhe chronique simple
des deux caisses; mais il n'éprouve aucune difllcullé à suivre
une conversation; il entend une forte montre à 18 cenlimètres
à droite, à 15 centimètres à gauche.
Atteint, dans les premiers jours du mois d'octobre 1878, à la
suite d'une violente rhino-bronchile, d'une otite moyenne aiguë,
séro-nurulen te, légère, à ébauche, il en guérit en dix jours. Des
insuftiations d'air, continuées pendant un mois, améliorent sensi-
blement son ouïe.
Le 26 mars 1879, sans cause connue, pense-t-il, à la suite
d'un froid, affirme sa femme, M. H... est pris subitement d'élan-
cements douloureux derrière l'oreille gauche ; ces douleurs, très
vives, s'irradiaient dans tout le côté gauche de la tète, au front,
à l'occiput et jusque dans les dents, l^a région mastoïdienne
était légèrement tuméfiée. Se croyant atteint d'une simple né-
vralgie, le patient ne se soumet d'abord à aucun traitement.
Après cinq nuits seulement d'insomnie et de souffrances, il
consent à se faire soigner.
A mon arrivée je le trouve agité, mais sans fièvre. La région
f)Ost-auriculaire est rouge, tuméfiée, chaude, dure et très dou-
oureuse au toucher. La douleur, très vive au sommet de l'apo-
physe mastoïde, s'étend jusqu'à la partie supérieure du muscle
sterno-mastoïdien. La tète est légèrement inclinée du côté ma-
lade ; le pavillon de l'oreille n'est pas sensiblement écarté du
crâne.
Le conduit auditif externe renferme un peu de cérumen; le
spéculum y passe librement, et sans provoquer la moindre duu-
leur. On ne constate ni rougeur, ni tuméfaction. La nriembr.iiit
du tympan, un peu trouble, présente une légère injection va-
culaire le long du manche du marteau, dont la direction v<\
normale, et quelques taches calcaires, en avant et en arrière d»-
cet osselet. Le triangle lumineux est réduit à une petite lach»*
irrégulière. I-,e cathétérisme est facile. L'air pénètre largemeni
dans la caisse, sans provoquer ni râle, ni gargouillement d'au-
cune sorte.
Quoique l'ouïe fût aussi bonne qu'au mois d'octobre de rann«"-
Srécédente, en l'absence d'otite externe pouvant expliquer l'tu-
ammation de l'apophyse mastoïde, et vu la rareté de l'infl ani-
mation primitive de cette région, je ponctionnai la mcmbram»
du tympan, pour être tout à fait sur que la caisse ne renfermait
aucun liquide. Le résultat de l'opération fut absolument négatif.
J'avais donc affaire à une affection primitive de la région po^t-
auriculaire.
L'inflammation datant de cinq iours, et ayant produit déjà nu
gonflement et une tension considérables, je ne pouvais espérer
la faire rétrograder par une application de sangsues, on tout
autre moyen. Je proposai donc au malade, pour le débarrasser
rapidement de ses intolérables douleurs, de lui faire une incision
derrière l'oreille ; il s'y refusa très énergiquement, sous pré-
texte que ['abcès n'était pas mûr. J'ordonnai alors des onctions
mercurielles, des cataplasmes, un purgatif salin, du chloral
Sour la nuit. Ce traitement ne procura aucun soulagement. L*"^
ouleurs devinrent de plus en plus vives; le gonflement s'éten-
supérieur du conduit auditif externe. Cette fois je fus autori^
à ouvrir l'abcès. Je fis une incision de 2 centimètres et demi
environ, d'où s'écoula une assez grande quantité de pus jaunâtre,
épais, crémeux. Le malade se sentit aussitôt soulagé. La plaie
fut lavée à l'eau phéniquée et recouverte d'un cataplasme.
Malheureusement l'amélioration ne fut pas de longue durée. An
bout de quarnute-huit heures les douleurs revinrent plus xio-
tentes çiue jamais. Le gonflement des régions mastoïdienm-*.
sus-auriculaires et occipitales augmenta de nouveau. En intro-
duisant un stylet dans la olaie, je sentis l'os à nu et ramolli. U
douleur, la suppuration, l'insomnie, affaiblissaient visiblemt*ut
le malade : une opération s'imposait ; mais il fallait le consf^n-
tement du patient que la première incision n'avait pas en-
couragé, et qui redoutait le chloroforme. Mon ami, M. le docteur
Marc Sée, voulut bien se joindre à moi pour faire comprendra à
M. H.., tout le danger de sa situation, et lui faire accepter l'opé-
ration, au'il exécuta le 27 avril au matin. A ce moment la lumi-
faction de la région mastoïdienne est énorme. Les régions pr*-
auriculaire, temporale et occipitale sont œdématiées. £n pres-
sant sur la tumeur, on fait jaillir le pus par l'ouverture anté-
rieurement pratiquée, et, pour la première fois, par le conduit
auditif externe.
Le malade est chloroformé. L'ancienne incision est prolongé»»
dans une étendue de 3 centimètres vers le sommet de l'apo-
physe mastoïde ; une seconde incision horizontale de 3 centi-
mètres et demi environ est pratiquée à la partie moyenne de la
première, tout près de l'insertion du pavillon. Les lambeaux sont
disséqués et relevés. L'auriculaire postérieure n'est pas lésée; il
y a une hémorrhagie en nappe assez abondante. Le doigt intro-
duit dans la plaie sent l'os à nu et ranralli dans une a>Nt>/
grande étendue. Au moyen d'une gouge, on entame facilement
la corticale; mais elle n'est pas seule malade. Les cellules mas-
toïdiennes sont atteintes dans une certaine profondeur. Tout^'N
les parties cariées sont soigneusement enlevées avec une cureltr
tranchante. Une injection faite dans la plaie, immédiatement
après l'opération, passe, mais en très faihie quantité, par h-
conduit auditif externe; le lendemain seulement, le liquiar tra-
verse la trompe d'Eustache pour pénétrer dans le nez i»t le
pharynx.
La plaie est lavée avec une solution de chloral à 2 pour ltH.>;
elle est bourrée de charpie trempée dans la même solution, re-
couverte d'ouate antiseptique, de taffetas gommé et d'un ban-
dage.
Le lendemain de l'opération, le malade se lève que)que>
instants, pendant qu'on fait son lit ; il n'a pas de fièvre. Le sur-
lendemain je le trouve debout, fumant sa pipe. Le 30 avril, au
moment de se lever, il est pris d'une syncope de courte durée.
Le l**" mai, je constate une ruugeur luisante sur toute l'étendue
11 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ N« 41 — 663
ilu pavillon de l'oreille. Dans la journée surviennent des frissons,
suivis de chaleur el de sueurs. 60 centigrammes de sulfate de
auinine. Dans la nuit, douleurs vives dans tout le côté gauche
e la tète.
Le â mai. rougeur et œdème de la région pré-auriculaire ; le
lendemain la rougeur s'est étendue au front el au cuir chevelu,
l^angue sahurrale, anorexie, soif, pouls à 90, température 38°,5.
Emétique en lavage.
Le 4 mai, la rougeur a presque complètement disparu sur le
pavillon de l'oreille gauche et sur le côté gauche du crâne; elle
persiste sur le front, sur le côté droit de la tête, et s'étend jus-
qu'à la nuque. Dans ces régions, la peau se couvre de véritables
plaques d'urticaire.
Le 6 mai, Térysipèle a disparu ; la langue se nettoie^ il n'y a
f>lus de douleurs de tête, le malade mange avec appétit; il est
evé une grande partie de la journée. La plaie na pas cessé
d'avoir bon aspect: elle continue à suppurer; la suppuration est
peu abondante.
A partir du 11 mai, les injections ne passent plus par le con-
duit auditif externe. Le 26 elles ne pénotrent plus dans la
trompe d'Eustache ; le 30, la plaie est entièrement cicatrisée.
Le 10 juin, il se forme, vers le sommet deTapophyse mastoide,
un petit abcès, qui s'ouvre spontanément, etlaisse échapper, avec
un peu de pus, un séquestre long de 9'"" et large de 4'""". Au
bout de quatre jours la plaie est refermée.
L'examen du conduit auditif révèle un peu de rougeur, à la
paroi postéro -supérieure, dont le revêtement cutané paratt un
peu rétracté. La membrane du tympan est intacte. Une insuffla-
tion d'air faite à travers le cathéter produit un souffle sec avec
claquement. L'ouïe est aussi bonne qu'avant l'opération. H... a
continué à se bien porter jusqu'en juin 1887, époque où il a suc-
corabé à un cancer du voile du palais.
Cette observation confirme ropinion des auteurs qui ad-
mettent rexistence d'une inflammation primitive de la
région mastoïdienne; elle démontre que cette inflamma-
tion, dont il est le plus souvent impossible d'indiquer le
point de départ exact (tissu cellulaire sous-cutané ou sous-
r»ériostique), peut envahir le périoste, la corticale, et même
es cellules mastoïdiennes dont elle provoque la carie ou
la nécrose ; elle prouve, une fois de plus, Tinefficacilé des
traitements antipnlogistiques, émollients ou résolutifs, appli-
qués à ce genre d'affection, et la nécessité, pour éviter au
malade des douleurs intolérables, une suppuration pro-
longée et des accidents mortels quelquefois, de faire derrière
l'oreille, dès les premiers jours, une incision longue et
profonde allant jusqu'à l'os.
II
Inflammation purulente primitive des cellules
mastoïdiennes.
L'inflammation purulente primitive des cellules mas-
toïdiennes est beaucoup plus rare que l'ostéopérioslite
externe de l'apophyse mastoïde. En général, lorsque du pus
se forme dans les cellules, c'est consécutivement à une otite
moyenne, plus rarement à une otite externe suppurée, ou à
une ostéopériostitedela région post-auriculaire. L'existence
de cette inflammation a été démontrée anatomiquement,par
le professeur ZaufaI (de Prague). Ce médecin distingué, en
faisant l'autopsie d'un sujet mort à la suite dune phlébite
des sinus, a trouvé une suppuration localisée dans les cellules
mastoïdiennes, sans carie, et sans participation de la caisse
du tympan au processus inflammatoire.
Dans l'observation qui va suivre, l'autopsie n'a pas pu
être pratiquée ; mais les symptômes observés pendant la vie,
et surtout la façon dont s'est produite l'issue fatale, ne
laissent aucun doute sur la nature et le siège primitif de la
maladie.
Obs. — M. F..., manufacturier, soixante-deux ans, tempé-
rament nervoso-bilieux, constitution antérieurement forte, actuel-
lement aflaibli par la soufl'rance, n'a jamais eu de maladie
fébrile grave, jamais de syphilis, ne se rappelle pas avoir eu du
côté des oreilles ni douleurs, ni bourdonnements, ni écoule-
ments. Atteint depuis plusieurs années de rhumatisme fibro-
musculairc, il avait l'habitude de prendre, de temps à autre,
un bain de vapeur. C'est au sortir d une étuve que, le 9 août
1881, il éprouva subitement une sensation de froid, et, bientôt
après, une douleur aiguë dans et derrière l'oreille gauche. La
douleur étant devenue extrêmement vive, dans la nuit, il se
décida, le lendemain matin, à faire appeler un médecin qui or-
donna des instillations d'huile de jusauiame dans l'oreille, el
des frictions avec de l'huile chloroformée derrière le pavillon.
Cette médication n'ayant produit aucun soulagement, on appliqua
quelques sangsues à l'apophyse mastoïde, et Ton fit des injections
de morphine la nuit. La douleur ne céda pas.
Le 19 août, dix jours après l'invasion de son mal, M. F..., me
pria de le voir; je le trouvai dans l'état suivant : Sa physiono-
mie aune expression douloureuse, son teint est jaune, cachec-
tique ; langue sahurrale, peau sèche, un peu chiiude, léger mou-
vement fébrile, pouls régulier, 85 pulsations à la minute. Intelli-
gence nette ; n a pas eu de vomissements, mais a, tous les
jours, vers quatre heures de l'après-midi, des nausées, des
frissons, une chaleur vive à la peau, suivie de sueurs abon-
dantes, un véritable accès de fièvre.
Le ventre est souple, les garde-robes difficiles. L'oreille
gauche, mais plus spécialement l'apophyse mastoïde, est le
siège d'élancements douloureux violents qui s'irradient dans
tout le côté correspondant de la tête, depuis le front jusqu'à
l'occiput, el souvent dans le côté opposé. Ces douleurs à forme
névralgique s'exaspèrent au milieu de la nuit, entre minuit
et deux heures du matin, et rendent tout sommeil impossible.
L'apophyse mastoïde porte les traces des sangsues qui y
avaient été appliquées, mais ne présente ni rougeur, ni tumé-
faction ; elle n'est douloureuse ni au toucher, ni à la pression,
sauf à son sommet, près de l'insertion du muscle sterno-masloï-
dien, où la pression, même légère, est douloureuse ; mais, en ce
point, il n'y a non plus ni rougeur, ni empâtement. La percus-
sion est douloureuse. La région antérieure de l'oreille est nor-,
maie ainsi que la direction du pavillon. Le conduit auditif*
externe ne renferme pas de cérumen; il est large, et l'introduc-
tion du spéculum ne produit aucune douleur ; on n'y découvre
ni rougeur, ni tumefaclion. La partie la plus reculée de la
Saroi postéro-supérieure seule est un peu plus rosée que le reste
u canal, mais ne parait nullement tuméfiée.
La membrane du tympan, un peu terne, par suite des instilla-
tions qui ont été faites, est intacte, gris blanchâtre ; le manche
du marteau a sa direction normale, le triangle lumineux se
présente sous forme d'une tache irrégulière.
L'audition pour la montre est bonne, aussi bonne que du
côté droit ; la perception crânienne pour une forte montre, un
peu affaiblie à la région mastoïdienne gauche, est conservée
sur toutes les autres régions du crâne. La perception du dia-
pason vertex est centrale. Le cathétérisme est facile; l'air
insufflé dans la caisse produit un souffle doux, avec claquement,
sans aucune douleur ; il n'y a ni mucus, ni pus.
Le nez et la gorge ne présentent rien d'anormal ; tous les
autres organes sont sains.
L'exploration organique et fonctionnelle de l'oreille m'ayant
permis de rejeter toute idée d'otite externe ou moyenne, il
Fallait chercher ailleurs la cause de cet appareil fébrile et des
intolérables douleurs qui épuisaient M. F...
L'examen ophthalmoscopique ne fit découvrir aucune trace de
neuro-rétinite susceptible de faire croire à une inflammation des
méninges ou du cerveau. Le retour régulier des accès de fièvre
quotidienne aurait pu faire penser à une affection névralgique
d'origine paludéenne; mais le malade n'avait jamais eu de
fièvre intermittente, il n'avait pas habité de pays à malaria,
et on n'avait pas fait des travaux de terrassement dans
son quartier. Restait donc l'idée d'une inflammation puru-
lente primitive des cellules mastoïdiennes. Mais cette affection
est extrêmement rare, et la peau de la région post-auriculaire
ne présente aucun des symptômes qui accompagnent d'ordinaire
les suppurations profondes de l'apophyse mastoïde. Je réservai
donc mon diagnostic, et, ne trouvant aucune indication d'inter-
vention chirurgicale, j'ordonnai : 1* une purgation ; 2° 80 centi-
grammes de bromhydrate de quinine à prendre à onze heures
au matin; 3» dans la journée, trois granules de nitrate d'aconi-
^ine de Duquesnel au quart de milligramme, un toutes les quatre
heures; 4<* chloral pour la nuit.
Pendant les trois premiers jours de son traitement, le malade
avait éprouvé un peu de soulagement; les accès fébriles du soir
664 ^ N« 41 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 11 Octobre i889
arrivaient plus tard et duraient moins longtemps. La douleur
s'élail un peu calmée; il y avait eu quelque heures de sommeil;
mais le mieux ne se continua pas. La nuit du 22 avril fut par-
ticulièrement mauvaise. Rappelé le 23 au matin, j'examinai de
nouveau, avec le plus grand soin, loreille et la région péri-auri-
culaire. 11 ne s'y était produit aucun symptôme nouveau suscep-
tible d'éclairer le diagnostic. Seule, la paroi postéro-supérieure
du conduit auditif était un peu plus rouge que les jours précé-
dents. Pour être absolument sûr que la caisse ne renfermait pas
de suppuration, quoique Touïe continuât à ôlre bonne, je per-
forai la membrane du tympan.
L'opération fut suivie d'un léger écoulement de sang, mais
la douche d'air ne Ht sortir ni mucus, ni pus. Néanmoins le
malade se dit un peu souLigé. Le surlendemain, la plaie du
tympan était cicatrisée ; la douleur, supportable le jour, rede-
venait d'une violence extrême, au milieu de la nuit, et n'était un
peu calmée que par des instillations d'eau de pavot chaude. Les
jours suivants, il ne se produisit rien qui motivât ou autorisât
une intervention chirurgicale.
Le 31 août, au matin, comme tous les autres jours, le malade
s'était levé pour s'asseoir dans un fauteuil; pendai)t qu'on faisait
son lit; il y était depuis une demi-heure, lorsqu'on s'aperçut qu'il
avait le cdté gauche de la face paralpé ; il ne répondait plus
aux questions qu'on lui adressait, mais ne changea pas de posi-
tion; aucun de ses membres ne semblait paralysé. De son oreille
gauche s'écoulait un pus jaunâtre, épais, strié de sancf. Trans-
porté immédiatement dans son lit, F... expira dans le coma,
au bout d'une heure. La suppuration, accumulée dans les cellules
mastoïdiennes, s'était probablement fait jour, en même temps
que dans le conduit auditif externe, dans la cavité crânienne, à
travers une des parois postérieure ou supérieure de la cavité
mastoïdienne.
La suppuration des cellules mastoïdiennes qui se produit
à la suite d*une suppuration de la caisse du tympan se
•dirige, le plus souvent, vers Textérieur à travers les couches
osseuses, et produit, à la région postauriculaire, un certain
nombre de symptômes qui permettent de la reconnaître; ce
sont : des douleurs vives à Tapophyse mastoîde, et dans tout
le côté correspondant de la tête, de la rougeur, de la cha-
leur, de Tœdème, une fluctuation plus ou moins profonde.
Les mêmes symptômes s'observent, il est vrai, dansTosléo-
périostite externe, avec laquelle on pourrait la confondre;
mais, dans rostéopériostite, le gonflement et la douleur appa-
raissent presque en même temps, tandis que, dans rempyème
intramasloldien,Ies douleurs existent généralement depuis
longtemps, avant qu'il y ait aucune trace d'inflammation à
l'extérieur. Mais les choses ne se passent pas toujours ainsi. Il
existe une forme particulière d*inflammation des cellules
mastoïdiennes, sur laquelle H. le docteur Tillaux a spécia-
lement appelé l'attention (1), où la suppuration, au lieu
d'être diffuse, reste circonscrite dans l'intérieur des cavités
osseuses, et ne se manifeste extérieurement par aucun
phénomène saillant. Cette forme s'observe à la suite d'une
otite moyenne suppurée, abandonnée à elle-même, et qui
a guéri spontanément. L'abcès s'annonce également par des
douleurs vives derrière l'oreille et dans tout le côté cor-
respondant de la tête, les douleurs s'accompagnent de fièvre,
d'anorexie, d'insomnie. La mort peut survenir en très peu
de temps, sans qu'il se soit produit rien de nouveau dans
l'intérieur de l'oreille, ni d'anormal à la région mastoïdienne..
Cette région est simplement signalée par le malade comme
étant le point de départ de ses soufl'rances, et quel-
quefois on y découvre un point fixe spécialement dou-
loureux à la pression. Ici le diagnostic est extrêmement
diflicile, et si le chirurgien n'avait comme anamnestique
l'existence d'une otite moyenne purulente récente, l'idée
d'une suppuration des cellules mastoïdiennes serait assu-
rément la dernière à venir à son esprit. Mais quelle doit
être sa perplexité, lorsque cet élément de diagnostic lui-
même fait défaut, chez un sujet dont les oreilles sont tou-
jours restées saines, lorsque la suppuration, primitive et
(1) p. Tillaux, Chirurgie clinique, t. I. p. 1*28.
circonscrite, ne donne lieu à aucun phénomène morbide
du côté de la peau ; il n'a pour guide alors que les douleurs
spontanées dont se plaint le malade, le mouvement fébrile.
et la sensibilité à la pression d'une partie très lirailée de
l'apophyse mastoîde, sensibilité qui n'est d'ailleurs nulle-
ment paihognomonique. Est-il autorisé, d'après ces seul5
symptômes, à pratiquer la trépanation, opération qui irest
pas sans gravité, pour donner issue à une suppuration dou-
teuse; je n'hésite pas à répondre par l'affirmative : oui il
faut opérer, lorsqu'il existe des douleurs de tète violentes.
dont le point de départ est à l'apophyse mastoîde, si cet us
{présente un point limité, toujours le même, douloureux à
a pression, et si ces phénomènes s'accompagnent de fièvre
rémittente ou intermittente qui, jointe à d*intoIérable>
souffrances, altèt^e profondément et rapidement la santé
générale du malade et fait craindre pour son existenc«>.
L'opération sera faite d'après les règles établies, du douzième
au quinzième jour. L'exemple que je viens de rapporter
montre qu'en dépassant cette limite on risque d'arriver
trop lard.
CORRESPONDANCE
AU COMITÉ DE RÉDACTION DE LA C GAZETTE HEBDOJIIADAIRë )
Dans son intéressant travail sur la tuberculose cutanée,
M. Broca signale, d'une manière toute spéciale, les inoculations
faites par succion après la circoncision des Hébreux. Il recon-
naît, il est vrai, ({ue souvent la cause de la tuberculose, constatée
après la circoncision, doit être cherchée ailleurs. Mais il ajoutf^
que le virus, étant déposé sur le tissu cellulaire, pénètre arer
une fréquence remarquable.
Permettez-moi de démontrer à notre honorable confrère, atn^i
qu'à vos savants lecteurs, que la bonne foi du corps médirai a
été surprise par des faits qui n'ont pas été scienlitiquenieut
contrôlés.
11 suflira de décrire la manière dont se pratique la succion
rituelle pour prouver qu'elle ne peut pas amener d'inoculatiou
tuberculeuse.
Supposons le cas le plus grave :
L'opérateur a des lésions tuberculeuses ou des bacilles dan>k
la bouche. Il remplit sa bouche de vin ou d*eau-de-vie et pra-
tique une première succion. Il crache le contenu de sa bouche,
la remplit de vin ou d'eau-de-vie et pratique une nouvell**
succion.
Après avoir craché, il recommence la même opération unr
troisième fois.
Croyez-vous que, dans ces conditions, il reste encore beaucoup
de bacilles à la surface de la plaie? Et, en supposant qu'il en
reste, comme la plaie ne se referme pas sur eux (condition
indispensable pour riiioculaliou expérimentale), il leur est
impossible d'être absorbés (1).
Que dirons-nous des cas nombreux nui ont été signalés et
dans lesquels l'opérateur n'avait absolument aucune lésion
buccale pouvant déposer le virus tuberculeux sur la plair?
Nous ajouterons que, dans nombre de cas, Y opérateur accusa
d'avoir donné la tuberculose par succion, n'a même pas **tf
ausculté!
Veuillez agréer, etc.
D' Klein.
Les faits de tuberculose dont j'ai parlé ont été contrôlés scieH-
tifiquement par Lehmann^ auteur israélite, je crois. Je n*insi>ti'
pas sur ce point. Mais je me permettrai, quoique profane, quel-
ques courtes observations rituelles.
La circoncision rituelle des Hébreux comporte trois temps :
la section, Milah; la déchirure (pour éviter le paraphimosisi,
Periah; rhémoslase ou Mezizzah, Ce dernier temps seul est
en cause et dans mon article et dans la lettre de M. le docteur
Klein. C'est Tbémostase, en effet, que la succion cherche à oh-
(1) Chez len enftinU, la tuberculose a toujours une tendance ccntrirufre (v>m.
Duplay, in Archive* de médecine, 1887).
11 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ N« 41 — 665
tenir. Or tout chirurgien affirmera que point n'est besoin de
sucer une plaie, même à la verge, pour Tenipécher de saigner.
Mais, me direz-vous, et la Loi? Eh bien, je me permettrai
de faire observer aue la succion n'est pas à vrai dire rituelle.
Le Talmud considère Periak comme indispensable : c Mol
vMei Porah, kschlei mol », ce qui veut dire, parait-il c La
circoncision sans Periah n'est pas une circoncision. » La
succion n'est pas mise sur le môme rang et il semblerait
même que le Consistoire Israélite de Paris et la Société juive
réformée de Berlin conseillent d'abandonner celte pratique.
Quant au lavage à Talcool: l'* c'est une adjonction non rituelle;
â** à mon sens, c'est une adjonction insuffisante. De plus, il ne
faudrait pas incriminer les seules ulcérations de la bouche : les
bacilles au crachat sont fort bien capables de s'emmagasiner
dans un recoin quelconque. On parle même (excusez-moi de
mêler le très profane au sacré) d'une blennorrhaeie qu'une dent
creuse serait seule capable d'expliquer ; il ne s agit pas, bien
entendu, d'une circoncision.
A. Broca.
SOCIÉTÉS -SAVANTES
Académie des selenees.
séance du 30 septembre 1889.
Sur le nombre et le calibre des fibres nerveuses
j>u nerf oculo-moteur commun chez le chat nouveau-
né ET chez le chat ADULTE, par M. H. Schiller. Note
additionnelle de H. Forel. — Sous les auspices et sur le
conseil de M. A. Forel, lauteur a entrepris de compter les
fibres d*un nerf moteur oculaire commun chez un animai
nouveau-né et chez un animal adulte.
Comme le dit H. A. Forel, les résultats obtenus par l'au-
teur, montrant que le nombre des fibres nerveuses n'aug-
mente pas chez l'adulte, tendent à prouver (jue les éléments
cellulaires nerveux des centres cérébro-spinaux ne se re-
produisent pas quand ils sont détruits et, par conséquent,
ne sont pas remplacés dans le cours de l'existence. La ré-
génération des nerfs périphériques repose sur une croissance
du cylindre-axe oui n'est lui-même qu'un prolongement de
la cellule centrale de la cornée antérieure ou du ganglion
spinal qui lui donne naissance. Lorsqu'un nerf coupé se
régénère, il ne s'agit donc pas d'éléments détruits, puis
reproduits, mais seulement du bourgeonnement des tenta-
cules ou prolongements coupés de certains éléments qui
eux-mêmes n'ont pas péri.
Sur la vitalité des trichines, par M. P. Gibier. —
Une série d'expériences a démontré à l'auteur qu'une tem-
pérature de ib degrés centigrades au-dessous de zéro,
maintenue pendant deux heures, est insuffisante pour assai-
nir les viandes Irichinées. A peine réchauffées, les trichines
se meuvent avec vivacité et leurs mouvements ont une acti-
vité tout à fait caractéristique. Au contraire, quand les
viandes ont été salées, il suffit d'une température de
quelaues degrés au-dessous de zéro, prolongée pendant
une neure environ, pour tuer les trichines.
Académie de médecine.
SÉANCE DU 8 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
M. Buequoy présente, de la part de M. lo docteur Clément Daruty de Grandpré
(de nie Maurice), des Noie* 9ur la Ihérapetiiique coloniale de Vile Maurice, nie
de Vempirisme,
M. Laborde dt'pose un ouvrage publié par la Société et l'école d'anthropologie
h rocca«ioii de l'Expo^ilion.
M. Léon Colin piésentc une Sole vianutcrite au sujet de la vaccination des
réservistes et des hommes de l'armée territoriale, par M. le ductcur Lucien
Collin, médecin-msijor do 2* classe à la direction du service de santé du gouver-
nement militaire de Pari».
M. le docteur Aubert, médecin-major, de i'* classe du 23* d'infanterie, envoie
la relation manuscrite d'une épidémie de flèPre typhoïde A Bourg-en^Uresse
{Ain) en décembre et janvier 1888-1889.
M. le docteur Sajout (de Philadelphie) adresse les cinq volumes de VAnuual
of the médical scienceSf publiés sous sa direction pendant 1 année 18S0.
Cylindromes MULTIPLES. — M. le docteur Poucet, profes-
seur à la Faculté de médecine de Lyon, communique 1 obser-
vation d'un malade âgé de cinquante-trois ans, qui présen-
tait un nombre considérable de tumeurs (60) tapissant le
cuir chevelu, de la nu(]ue à la naissance du front et de
dimensions variant depuis le volume d'un pois jusqu'à celui
d'une tomate; toutes étaient mobiles sur la paroi crânienne
et plusieurs comme çédiculées; la peau, rouge violacé,
présentait dès ulcérations plus ou moins étendues. Des
tumeurs semblables existaient aussi sur le tronc et dans le
dos à des degrés divers de développement. Le début de
l'affection remontait à trente-deux ans ; l'état général était
des plus satisfaisants. M. Poncet enleva une première fois
la tumeur du côté gauche du tronc qui était la plus doulou-
reuse du tronc et q^uatre autres parmi les plus volumineuses
sur le thorax ; puis une seconde fois, trois des tumeurs
siégeant derrière l'oreille. La cicatrisation opérée, le malade
quitta le service il y a dix mois ; les tumeurs enlevées n'ont
pas récidivé ; les autres nécessitent, pour la plupart, une
intervention opératoire.
De l'examen histologique et bactériologique pratiqué sur
ces tumeurs, il résulte que l'affection de ce malade est
essentiellement caractérisée par des tumeurs multiples
confluentes du cuir chevelu et disséminées sur divers points
du tronc. Ces tumeurs sont de nature épithéliale; d'après
leur structure, leurs caractères anatomiques, elles appar-
tiennent à la classe des tumeurs cylindromateuses. Au point
de vue clinique, elles ont une demi-malignité; elles s'ac-
croissent en effet insensiblement et restent indolentes
jusqu'au jour où la peau est envahie. A en juger par la date
éloignée de l'apparition des premières tumeurs, elles n'ont
pas de tendance à la généralisation, mais elles peuvent
infecter les ganglions qui reçoivent leurs lymphatiques de
la peau secondairement envahie. Le seul traitement à con-
seiller est l'extirpation avec l'instrument tranchant.
Prix. — M. Bucquoy lit un rapport sur le concours pour
le prix de la fondation Moubinne en 1889.
Prolapsus rectal. — D'après M. Verneuil, la thérapeu-
tique rationnelle du prolapsus rectal consiste simplement à
rendre aux ligaments rectaux leur longueur en cas de dis-
tension et leur continuité en cas de rupture, et aux muscles
striés ou lisses leur contractilité et leur tonicité, puis à
supprimer tous les efforts expulsifs et, en particulier, ceux
de la défécation. Par malheur, dans les cas graves et invé-
térés, ce ne sont plus les causes premières qu'on peut com-
battre, mais leurs effets, par des moyens opératoires bien
souvent infidèles, insuffisants ou d'une efficacité passagère;
heureux lorsqu'on peut, après avoir reporté le rectum dans
le bassin, mettre obstacle à sa descente nouvelle en lui
créantdesadhérences capables de remplacer en haut les liens
suspenseurs et de s'opposer ainsi à sa sortie en reformant
un anus assez étroit pour remplir en bas le rôle d'agent de
contention. Mais on a trop négligé jusqu'ici les mesures
nécessaires contre la constipation, la rétention stercorale,
la rectile, la diarrhée, le ténesme et ces défécations labo-
rieuses et réitérées qui entretiennent et aggravent la chute
du rectum et trop souvent rendent stériles les actes chirur-
gicaux.
Ces considérations viennent à l'appui d'une observation
de M. le docteur Jeannel (de Toulouse) sur laquelle
H. Verneuil lit un rapport très développé et très étudié. Il
s'agissait d'une femme profondément cachectique et atteinte
d'un prolapsus rectal des plus graves, qui rendait la station
debout tout à fait impossible. M. Jeannel se résolut à l'opé-
ration suivante: le ventre ouvert, il amena au dehors l'S
666 — N» 41 —
GAZETTE HEBDOMAbAlRB DB MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 11 Octobre 1889
iliaque, et, à l'aide d'une traction très douce, toute la masse
prolapsée fut facilement, rapidement et complètement
réduite; puis l'intestin fut fixé par le procédé de H. Maydl
et un pansement légèrement compressif appliqué sur le
tout. Quelques jours après, selle abondante par l'anus péri-
néal sans réapparition du prolapsus; le lendemain de cette
selle, création d'un anus artificiel par incision pratiquée
avec le thermocautère sur le sommet de l'anse intestinale
herniée ; deux jours après, selle abondante par cet orifice.
Les matières fécales se partagèrent ensuite entre les deux
ouvertures, de plus en plus abondantes par l'anus normal,
l'anus artificiel commençant à se rétrécir ; la malade
reprit sa santé ; le prolapsus ne reparut pas ; l'inconti-
nence d'urine a presque disparu, sauf lorsqu'il y a de la
diarrhée ; la cystocèle et la chute de l'utérus n'existent plus.
H. Verneuil approuve complètement la conduite tenue
parM.Jeannel dans cette circonstance et il saisit celte
occasion pour étudier avec soin les indications et les contre*
indications des diverses méthodes opératoires proposées
contre le prolapsus rectal. (Cette question sera étudiée dans
un prochain article de la Gazette.)
ACTIOiN DE l'iODURE DE POTASSIUM SUR LE CŒUR. — D'aprèS
les expériences de physiologie expérimentale à laquelle il
s'est livré avec M. Lapicque et d'après ses observations cli-
niques, H. Germain Sée estime que le vrai médicament du
cœur est l'iodure de potassium. Loin d'être un dépresseur
comme on l'a soutenu, il s'appliçiue, au contraire, surtout
aux lésions valvulaires ou myocardiques graves avec pression
faible; il relève tout d'abord l'énergie du cœur et la pression
vasculaire. Puis en dilatant plus tard toutes les artérioles,
il y facilite l'apport du sang, de sorte que le cœur se trouve
délivré de ces résistances et recouvre sa puissance contrac-
tile. L'iodure devient ainsi un fortifiant des cœurs surmenés
ou dilatés. Par la vaso-dilatation c^ui s'étend naturellement
aux artères coronaires ou nourricières du cœur lui-même,
l'iodure, à la dose de 2 à 3 grammes (et non pas aux doses
insignifiantes d'un demi-gramme), rend un nouveau service
en activant le mouvement du sang, ainsi que la nutrition
intime dans l'organe central de la circulation, quel que soit
l'état morbide de cet organe principal de la vie.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE
XaphlAlltte et flèvre lypboYde, par M. Sehrwald. — Recom-
mandée par Rossbach et Bouchard, la naphtaline a été Tobjet de
bien des critiques; on l'a accusée de provoquer de Firritation
des voies urinaires, — ce qui n'a lieu que quand elle est impure;
de produire des phénomènes d'intoxication, tels que vomisse-
ments, dépression psychique, etc., — ce que l'on ne constate
qu'avec des doses très élevées. Expérimentalement on a déter-
miné avec elle, chez le lapin, des altérations du cristallin res-
semblant à la cataracte sénile. L'autnur a étudié l'action anti-
septique exercée par la naphtaline sur le bacille de la fièvre
typhoïde. 11 a fait des cultures dans de la gélatine et sur des
tranches de pomme de terre, et constaté qu'à basse température
la naphtaline eu poudre n'a que des propriétés antiseptiques
très faibles. A la température de 37 degrés et dans un milieu
liquide ces propriétés sont beaucoup plus énergiques. Dans un
milieu très chaud où Todeur de la naphtaline est pénétrante,
son action antiseptique est encore plus forte. C'est quand elle
est à l'état gazeux que son pouvoir antiseptique parait être le
plus développé.
La naphtaline détruit non seulement les microbes de la fièvre
typhoïde, mais encore ceux qui sont contenus dans les matières
fécales, ainsi que ceux de la putréfaction ; elle agit aussi sur des
êtres d'une organisation supérieure, tels que les oxyures.
Elle agit d'autant plus éncrgiquement que les points de
contact sont plus multipliés, et que les liquides qui la cod-
tiennent sont plus agités. Dans Tintestin la température en favo-
rise la volatilisation et les mouvements péristaltiques eu faci-
litent le mélange avec les liquides qui y sont contenus.
La fièvre typhoïde doit être considérée comme le résultai d'ub-
infection multiple; il importe d'employer la naphtaline dès U
début de la maladie, avant que les microbes aksnt pénétré dau^
la rate et dans les ganglions. Il parait indiqué de combiner Fac-
tion de la naphtaline avec celle du calomel, parce quVIl^-
détruit certains microbes épargnés par ce dernier.
Bouchard avait déjà remarqué que l'urine qui est toxique dan?
certaines affections gastro-intestinales perd ce caractère quand
le malade prend de la naphtaline. L'auteur a constaté que \*^^
parties de naphtaline qui sont absorbées ne commun iqurnt
aux humeurs de l'économie aucune propriété antiseptiqut* qui
agisse sur le bacille typhique. (Berliner ktinische Wochensck..
13 mai, 20 mai et 3 juin 1889.)
PseanoBlefl sraves eielanlveoieBt Imitées par de« lalMi-
lallonfl de ehlorofonne, par M. Clemens. — Non seulement le«
symptômes douloureux disparaissent, mais aussi la durée de U
maladie est abrégée par le chloroforme. Dès les premières inha-
lations la respiration devient plus profonde, c'est le premier
pas vers la disparition de Tinflammation. Déjà au bout de douz»'
heures la fièvre est abaissée. L'auteur n'a jamais observé d'in-
convénients dans l'emploi du chloroforme. 11 recommande de
n'employer que du chloroforme pur, non décomposé par la
lumière; seul, le chloroforme anglais d'une densité de i,ilN»
n'est pas décomposé par la lumière. S'il est nécessaire de con-
tinuer les inhalations la nuit, il recommande de se servir d'un
mélange à parties égales de chloroforme et d'esprtt-de-vin.
Cette méthode a fourni à l'auteur de brillants succès, et dan>
une pratique de iâ cas il n'a pas perdu un seul malade de
pneumonie. Plus la maladie est grave, plus il faut augmenter la
proportion d'alcool.
Les inhalations produisent la détibrination du sang d«*s |>ou-
mons et préviennent l'hépatisation ; il y a sans doute là une
action dynamique sur le cerveau et sur le nerf pneumoga>-
trique.
Pour pratiquer les inhalations, il faut prendre une pelote
d'ouate très serrée, l'arroser de 'i à 8 grammes de liquide, et
l'envelopper d'une couche d'ouate épaisse et lâche; cette raassf
ainsi apprêtée est approchée du nez et de la bouche, dont ell** ,
reste éloignée de l'épaisseur de la main. On interrompt les in-
halations de temps en temps. (AHgem, med. CetUral. Zeitung.
n*» 21, et Wiener medicin Presse, 7 avril 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
LcçoBS de thérapeutique et de cliulque medleales die
l*li«pital Bleliati maladies du eoBor et dea val«seaax.
par H. Henri Huchard. 1 vol. avec figures dans le texte
et 4 planches chromolithographiques. — Paris, 188U.
0. Doin.
On ne saurait trop louer le zèle et Tactivité que déploient,
dans leur enseignement, libre de toute attache officielle, le>
médecins de nos hôpitaux parisiens. La juste renommée
des cliniques de l'hôpital Saint-Louis a, depuis longtemps,
démontré leur intérêt et leur utilité. Les leçons que vient
de faire paraître M. H. Huchard viennent prouver à leur
tour (jue, dans tous les services hospitaliers, un médecin
laborieux et dévoué à ses devoirs professionnels peut trouver
un vaste champ d'études et d'intéressants sujets de recher-
ches et de travaux cliniques.
Déjà nous avons reproduit (p. 219) une leçon sur \v^
causes diverses de Tartério-sclérose. La Gazette a aussi
longuement analysé l'intéressant travail de M. Huchard sur
les indications thérapeutiques et le mode d'administration
il Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE Et DE CHItHJRGlE
_ ijo 41 _ 66Î
de la digitale. C'est dire combien nous avons apprécié au
fur et à mesure de leur apparition les recherches cliniques
qui ont servi à rédiger les leçons dont nous avons sous les
yeux le texte définitif. En les réunissant dans un ouvrage de
plus de 900 pages, en y ajoutant un grand nombre des
observations qu'il a recueillies et qui les ont inspirées,
M. Huchard a voulu, comme semble Vindiquer un chapitre
préliminaire, rappeler la part qu'il a prise au mouvement
médical contemporain dans l'étude des cardiopathies d'ori-
gine artérielle et résumer pour ceux qui n'eu auraient point
une connaissance suffisante tous ses travaux et ses titres
scientiGques.
Nous n'avons point à rappeler ceux-ci. Élève de M. le
professeur Potain, notre laborieux confrère a su apprendre
à son incomparable école clinique les méthodes d'obser-
vation et les ingénieuses recherches qui ont permis à ce
maître éminent d'établir sur des bases nouvelles la doctrine
des cardiopathies. On retrouvera dans le livre de M. Huchard
comme un reflet de ces leçons si suggestives dans lesquelles
M. Potain émet un si grand nombre d'idées originales et
d'aperçus nouveaux qu'il abandonne généreusement à ses
élèves.
C'est en s'occupant plus spécialement de la séméiologie
et du traitement des artério-scléroses en général et de
l'angine de poitrine en particulier que M. Huchard est
arrivé à donner à son œuvre un caractère tout personnel et
bien fait pour appeler l'attention des praticiens.
Il nous serait impossible, sans dépasser les limites que
doit toujours garder un compte rendu bibliographique, de
suivre M. Huchard dans tous les développements qu'il a
donnés à ses leçons. Nous devons cependant dans son cha-
pitre préliminaire signaler ce qu'il dit des médications
systématiques et en particulier de ces formules quasi-
mathématiques aue trop souvent encore l'on essaye d'établir,
en particulier lorsquil s'agit du traitement de la fièvre
typhoïde. Sans doute, à ce point de vue spécial, nous aurions
à faire quelques réserves au sujet de l'opportunité de l'an-
tisepsie intestinale dont M. Bouchard a si magistralement
établi les indications et les avantages; mais nous tenons
surtout à insister sur les sages avis que donne l'auteur à
ceux qui ne voient dans la fièvre que l'hyperthermie et dans
la maladie que le microbe.
Le livre commence, à proprement parler, par la quatrième
leçon qui traite de la tension artérielle dans les maladies et
de ses indications thérapeutiques. C'est dans ce chapitre
que M. Huchard signale et décrit le symptôme qu'il a appelé
embryocardie et qui paraît être souvent le signe avant-
coureur d'une mort prochaine.
Puis vient une étude très détaillée, très complète et très
intéressante de l'aortite aiguë, maladie trop peu connue de
la plupart des cliniciens, plus fréquente qu'on ne le croit
d'ordinaire et offrant à un médecin attentif bien des occa-
sions de succès professionnel. N'est-ce pas en attaquant dès
leur début les manifestations de ce mal si redoutable que
l'on arrive à prévenir les dilatations permanentes de Taorte
et l'insuffisance artérielle qui en est la conséquence inévi-
table? C'est encore à M. Potain que l'on doit d'avoir appelé
l'attention sur ces dilatations aortiques curables trop
souvent méconnues. En précisant le diagnostic et le traite-
ment de l'aortite aiguë et de ses conséquences, M. H. Huchard
a certainement rendu un grand service à tous ses confrères.
Les leçons suivantes traitent de l'artério-sclérose, puis de
l'angine de poitrine ou, pour parler plus exactement, de
l'ensemble des maladies qui portent le nom d'angine de
poitrine vraie et fausse (pseudo-angines). C'est dans toute
cette série de chapitres que M. Huchard a inséré les nom-
breuses observations qu'il a recueillies non seulement à
l'hôpital, mais encore dans sa pratique privée. C'est là qu'il
a développé ses idées personnelles sur l'anatomie [patholo-
gique, la pathogénie et le traitement des cardiopathies arté-
rielles. Nous avons eu déjà et nous aurons maintes fois
encore sans doute dans les colonnesde ce journal l'occasion
de discuter quelques-uns de ces sujets que l'auteur a étudiés
avec une prédilection marquée. La doctrine qui tend à con-
sidérer toutes les angines de poitrine vraies comme dues à
une oblitération inflammatoire des artères coronaires, a été
combattue à l'aide d'arguments anatomiques qu'il semble
difficile de réfuter. On peut trouver des obturations com-
plètes des artères coronaires sans qu'il ait existé durant la
vie aucun symptôme angineux; on peut, d'autre part, en
pratiquant l'autopsie de sujets ayant succombé à une angine
de poitrine vraie, chercher en vain la lésion des coronaires.
Ilestdonc permisjusqu'à un certain point de contester encore
la doctrine que M. Huchard défend à l'aide d'argu-
ments si séduisants. Mais, quelque opinion que l'on ait au
sujet de la nature même, de Tétiologie anatomique des
angines de poitrine, on devra reconnaître comme fort pré-
cis et d'une grande exactitude clinique les caractères dif-
férentiels des angines vraies (artérielles) et des angines
fausses (névralgies). Le tableau tracé à ce point de vue
(p. 593) est des plus instructifs.
Que dire du traitement? Il est devenu classique et il n'est
pas un médecin aujourd'hui qui, dans les maladies cardia-
ques d'origine artérielle et surtout dans les affections aorti-
ques avec angine de poitrine, ne connaisse les effets mer-
veilleux que donne la médication indurée. Nous ne pouvons
cependant ici accepter sans quelque restriction tout ce que dit
M. Huchard. Avec M. Potain, nous pensons que les faibles
doses d'iodure de potassium — ou de sodium lorsque la
médication doit être continuée très longtemps — sont pré-
férables aux doses élevées. Sans doute il faut toujours tenir
grand compte des prédispositions individuelles. Certains
malades, qui supportent impunément 2 et 3 grammes d'io-
dure pendant plusieurs jours consécutifs, sont au contraire
atteints d'accidents d'iodisme manifestes lorsqu'on ne leur
en prescrit que 30 à 40 centigrammes. Il est probable que,
dans ces circonstances, la diurèse très manifeste que pro-
voque la médication contribue à assurer la tolérance.
D autres fois, au contraire — et il nous a semblé que chez
les aortiques surtout on observait ces effets d'intoxication —
il est impossible, quelques correctifs que l'on apporte à la
formule primitive, de dépasser la dose de 60 centigrammes
ou i gramme, sans provoquer des accidents. Elève de Kûss,
nous avons vu, chez des syphilitiques, administrer l'iodure
à des doses très élevées, très rapidement portées à 10 et
15 grammes par jour. Le nombre nous a paru bien restreint
de ceux qui supportaient cette pratique. Nous n'oserions
donc répéter après M. Huchard que, dans les cas d'angine
de poitrine grave, il faut frapper un grand coup et faire
6 rendre jusqu'à 20 grammes d'iodure par jour (p. 722).
ous pensons au contraire que bien peu de malades subi-
raient sans grand dommage cette médication.
Mais ce n'est point ici le lieu de discuter à fond les
questions de ce genre. Il nous suffira d'avoir indiqué
quelques-uns des sujets traités par l'auteur pour faire com-
prendre qu'un ouvrage de cette étendue, riche d'observations
personnelles, de discussions approfondies, d'enseignements
utiles, ne saurait laisser indifférents ceux qui tiennent à
se tenir au courant du mouvement scientifique contemporain
et à rendre justice à tous les travailleurs.
L. L.
VARIETES
L'incendie iju grand amphithéâtre de la faculté de méde-
cine. —Ainsi qu'on Ta vu plus haut, le feu a pris dans le grand
amphilhéàtrede la Faculté de médecine mardi matin, presque à
la tin de la séance qu'y tenait le Congres de chirurgie. En quel-
ques minutes, l'estraae où siégeait le bureau du Congrès fut
consumée, ainsi que les tentures qui garnissaient les murs, les
668 — N^ 41
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 11 Octobre 1889
gradins inférieurs, la chaire et les trois tableaux de Matout qui
ornaient la partie supérieure du mur de façade; Tinlensité du
feu a été telle ciu il est peu de parties du vaste hémicycle qui ne
soient détériorées. Les dépls sont estimés à 50 000 francs pour
la réfection de Tamphithéàlre et pour au moins ^200000 francs,
valeur représentant les remarauables peintures que la Faculté
était justement fière de possétier.
La cause de cet incendie provient, très vraisemblablement, de
Ky mauvaise installation du calorifère ; déjà en février 1887, pareil
accident s^était présenté et les gradins inférieurs avaient été
consumés. Cette fois, Testrade et les tentures placées pour le
Congrès de chirurgie ont causé par contre-coup les dégàls plus
considérables que nous venons de rappeler. Mais il faut se hâter
de reconnaître que ce matériel n*a été pour rien dans la cause
de rincendie; ce sont les gradins de la chaire qui ont pris feu
en premier lieu et celui-ci a été directement transmis par le
calorifère et les bouches de chaleur. Or, ce calorifère, placé
sous les gradins, avait ses parois à quelques centimètres seu-
lement des ffradins, et les bouches laissaient fréquemment
passer de la fumée.
Lorsque le premier incendie arriva, de nombreux vices de
construction furent signalés à l'architecte ; on lui prédit qu'il y
avait danger à continuer de tels errements. L'avenir a justifié
ces prévisions, ^ous ne craignons pas d'ajouter que ce n'est pas
seulement le système de chaulFage du grand amphithéâtre qui
est défectueux et dangereux au point de vue de l'incendie, mais
que dans presque tous les bâtiments de la Faculté il en est de
même ; il serait facile de citer les endroits les plus menacés.
D'ailleurs une conmiission d'enquête a été nommée hier soir par
M. le ministre de Tinstruclion publique; elle est composée de
MM. Brouardel, doyen; Gariel, professeur de physique; Michel
Lévy, ingénieur des mines; Charles llerscher, ingénieur-cons-
tructeur, et Ginain, architecte.
La responsabilité de l'architecte de la Faculté parait fortement
engagée dans cette catastrophe, dont les conséquences eussent pu
être extrêmement graves si le feu avait pris la nuit, l'amphithéâtre
étant proche de la bibliothèque et joignant le dépôt des livres;
sa responsabilité est non moins grande en raison ae l'état défec-
tueux de la plupart des installations de la Faculté, mais elle est
purement morale, parait-il. On sait quelles plaintes il ne cesse
d accumuler, avec une parfaite indificrence, depuis le nombre
aujourd'hui incalculable d'années qu'il entasse les pierres de
taille et les moellons dans la reconstruction de l'Ëcole pratique
et de la Faculté. Nommé pour procéder à cette reconstruction,
il a si fortement engagé les dépenses dans les parties exté-
rieures, accessibles à la vue du grand public, qu'il faut toujours
reculer les installations intérieures; d'autre part, il se trouve
officiellement dépendre de deux administrations, la ville et
l'Etat, et celte situation lui permet de rester immuable au milieu
des difticultés qu'il peut faire naître et durer entre les deux
administrations. La Faculté a beau protester ; son dévoué et
infatigable doyen a beau user de toute son énergie, toutes les
réclauiations les plus légitimes viennent se briser contre cette
force d'inertie ; nombre de docteurs étrangers, revenus cette
année d l'Exposition, ont eu le temps de faire leurs éludes à
Paris, de s'installer et de devenir célèbres dans leur pays ; ils
ont trouvé la Faculté inachevée comme au temps où ils en
suivaient les cours. L'architecte n'en reste pas moins toujours à
son poste, posant de temps en temps quelques pierres, dispo-
sant des installations qui ne satisfont personne; il attend
tranquillement sans s'en émouvoir autrement... Impavidum
ferient ruinœ.
C'est vraiment une singulière situation que celle-là ! La
Faculté, à diverses reprises, a demandé que les constructions
soient confiées à d'autres mains; elle a hâte de voir cesser cette
prodigalité de pierres de taille qui empêche les installations,
plus modestes, des laboratoires de s'achever, et rien n'y fait. Il
est temps qu'une solution intervienne et que l'on prenne les
mesures nécessaires pour faire cesser une situation aussi
fâcheuse au point de vue de l'enseignement médical et qui
Unirait par devenir grotesque, comme on l'a dit, si l'on n'y
mettait bon ordre. Mais l'arcnitecte s'en consolera aisément, car
il doit bien souffrir d'être obligé de s'occuper des détails prati-
ques que nécessite la construction de nos amphithésUres, de nos
laboratoires; ne se vantait-il pas, il n'y a pas bien longtemps,
d'avoir la rare bonne fortune pour un "architecte de construire
un monument où l'on ne pourra rien mettre que quelques
tableaux ou sculptures, et dans lequel les façades extérieures
étaient l'unique préoccupation. C'est ainsi qu'il parlait, et nous
garantissons l'authenticité du propos, du nouveau musée df
M"* de Galliera. A la Faculté il n en saurait être de même ; par
surcroit, un calorifère mal placé, contre toutes les règles, y brùlc
même de beaux tableaux.
Concours de l'intbrn\t et de l'externat. — Le jury d.-
l'internat est provisoirement romeosé de la façon suivantr :
MM. Bouchard, Déjerine, Moutard-Martin, Marjolin, Humbert.
Félizet, Bar.
— Le jury de l'externat est provisoirement composé d»
MM. Dreyfous, Merkien, Brault, Faisans, Doléris, Michaux, Jala-
guier.
Chefs de clinique. — Par suite d'un règlement nouveau, U*^
chefs de clinique sont nommés pour un an; toutefois, sur la pn»-
position du professeur et après avis favorable de la Faculté, il>
peuvent être prorogés d'année en année, sans qu'en aucun ras
la durée totale de leurs fonctions puisse excéder trois ans.
Les fonctions de chef de clinique sont incompatibles hv(m-
celles d'agrégé en exercice, de médecin ou de chirurgien de>
hôpitaux, de prosecteur ou d'aide d'anatomie.
Sont seuls admis à prendre part aux concours de chefs dr
clinique les docteurs en médecine français, âgés de moins d*'
trente-quatre ans le jour de l'ouverture du concours.
Exceptionnellement, les candidats qui justifient de la doubU-
condition d'âge et de nationalité ci-dessus peuvent prendn-
part aux concours de chefs de clinique chirurgicale, obstclricalo
et ophthalmologique jusqu'à l'âge de trente-huit ans non révolu^
le jour de l'ouverture du concours.
Les chefs de clinique nouvellement nommés sont attachés aux
professeurs dont le service devient vacant, et le plus ancien dr
ces professeurs a le droit de choisir celui des chefs de clinii|Uf
qu'il préfère.
LÉGION d'honneur.— Par décret du 8 octobre ont été promus :
Officiers: MM. Pineau, médecin-major de i^"" classe, et Boulon-
nier, médecin chef des salles militaires de l'hospice mixt**
d'Angoulêine.
— Ont été nommés: Chevaliers: MM. Larger, méderin-raajur
de i" classe de l'armée territoriale ; Higal, médecin-major de
1"^* classe; Gerboin, médecin-major de 1" classe; Le Houvilloiv.
médecin-majcr de 1" classe; Lavât, médecin-major de V" classr
Mortalité a Paris (39' semaine, du ±1 au 28 septembre
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, IS.
— Variole, i. — Bougeole, 8. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 8. — Diphthérie, croup, 25. — Choléra, 0. — Phlhisie
pulmonaire, 20i. — Autres tuberculoses, 21. — Tumeurs:
cancéreuses, 54 ; autres, 2. — Méningite, 28. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 45. — Paralysie, t». —
Ramollissement cérébral, 4. — Maladies organiques du cœur,(»r>.
— Bronchite aiguë, 24. — Bronchite chronique, 25. — Broncho-
pneumonie, 15. — Pneumonie, 39. — Gastro-entérite: sein. Il ;
biberon, 76. — Autres diarrhées, 8. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 30. — Sénilité, 21. — Suicides, 13. —Autres morts
violentes, 4. — Autres causes de mort, 171, — Causer
inconnues, 13. — Total: 948.
OUVRAGES DËPOSeS AU BUREAU DU JOURNAL
Traité d'anatomie humaine, par ïl. L. Testut, avc€ la collaboration de MM. (Vn-
et ViailetoQ. Tome I: ostcoIu};ie, arlhrologie, ni>ologic Un beau volume gra'fl
in-8*' de 770 pages avec 'iOi ligures, dunl un grand nombre en deux ol trni%
couleurs dans le texte. Paris, U. Duin. 1<> U.
L'ouvrage sera complet en trois volumes^. Les tomes U ol III sont sous prf«.«r
et paraîtront incessamment.
êJanuel d'hydrothérapie, par M. le docteur Marario (4*> êditioo). f vol. ia-ii.
Paris, F. Alcau. i fr. Thi
Du traitement det aliénés dont les familles, par M. le docteur Cli. Kérc. 1 \<>t.
in-18. Paris, F. Alcan. i fr. .>»
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
20;«77. — MOTTBROX. » Imprimeries réunies, ▲, me Mignon, t, Paris.
Trente-sixième année
N-42
18 Octobre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D*" L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACHEZ. E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A.g. lARTIII, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lebeboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — BULLBTlll. — Pathologii ciNéRALK. L'hérédité danv les ma-
ladies infecUcuses. — Travaux originaux. Clinique médicale : Peurésie
lièiiiorrhagique ; cancer de la plcvro consécutif à un épithélioma du nez opéré
avec succès cinq «ns auparavant. — Revue dks Concrks. Quatrième Congrès
français de chirurgie -tenu k Paris du 7 au i2 octobre 1889. Traitement chirurgical
de la péritonite aiguë. — Sociétés savantes. Académie des sciences. — Aca-
démie do médecine. — Société médicale des hôpitaux. — Sorîélc de biologie.
— Société de Ihôra peu tique. — BibliooraphiB. Les chamfignons, traité pra-
tique et élémenUtre de mycologie.— VARléTÂs. Instruction réglant les conditions
d'admission dans le soivicc de santé de la marine et dans les Ecoles de méde-
cine et de pharmacie navales. — Feuilleton. Maurice Perrin.
BULLETIN
l>aris, 16 octobre 1889.
Académie de médecine : La tbaiiinc. •— LJodnre de
potawiiaiii. — EiC choléra en Slésopotaiiiie.
Appliquant à Tétude de la thalline les procédés de re-
cherche qui lui ont permis de préciser le mode d'action de
divers médicaments, et en particulier deTanlipyrine, M. A.
Robin vient de montrer combien les réserves formulées par
les médecins français lorsqu'à été proposé ce nouvel anti-
pyrétique étaient sages et cliniquement justifiées. On sait
que notre savant confrère s'efforce, en analysant les pro-
duits de sécrétion, c'est-à-dire en recherchant l'influence
exercée par divers médicaments sur les écharajes organi-
quea^ de préciser le mode d'action de ceux-ci et de mesu-
rer leur action thérapeutique. Ce sont là les vraies études de
physiologie clinique, en ce sens qu'elles ne modifient en
rien ni le mode d'absorption du médicament ni les condi-
tions dans lesquelles il est administré. Sans doute elles
sont difficiles, laborieuses et sujettes à des causes d'erreur
aussi nombreuses que variées. Celles-ci peuvent cependant
être évitées, et, lorsqu'un très grand nombre d'expériences
conduisant toutes à des résultats presque identiques vien-
nent affirmer qu'un médicament comme la thalline est un
poison des globules rouges du sang, du système nerveux et
de tous les autres tissujs riches en soufre et en phosphore,
qu'elle diminue la désassimilation totale et n'a d'ailleurs
aucune action antiseptique ou antithermique préférable à
celle de divers autres produits, on peut affirmer que ce mé-
dicament doit être rejeté de l'arsenal thérapeutique.
On trouvera plus loin les conclusions du atrvail de
M. A. Robin. Rappelons seulement ici que, sans attendre
les recherches de Mariglia, Livierato et Pedrazzi qui avaient
démontré que la thalline diminue la quantité d'urée ex-
crétée ainsi que celle de l'acide carbonique éliminé par la
respiration, nous avions insisté dès l'année 1885 sur les
dangers d'une substance qui, ainsi que l'ont démontré
MM. Brouardel, Dujardin-Beaumelz, Hénocque, etc., est un
poison du sang et qui, comme l'a fait voir M. Huchard,
donne lieu à des sueurs abondantes et à des phénomènes de
coUap^us. Malgré les assertions contraires de Jacksch,
Gerhardt,Erlich, de Renzi,etc., nous ne pouvons, après les
nouvelles recherches de M. A. Robin, que répéter ce que nous
disions, il y a quatre ans, en appréciant les discussions de la
Société de thérapeutique et la communication faite par
M. Jaccoud à l'Académie de médecine. II importe que, dans
leurs essais thérapeutiques, les médecins qu'ont pu enthou-
FEUILLETON
IHaarlce Perrin.
Homme affable, savant sans morgue ni pédanterie, chef
indulgent et charmant camarade aux heures des causeries
intimes, esprit élevé, inlelligence vive et ouverte, l'émi-
nent président de l'Académie de médecine, dans le corps de
santé militaire comme dans le milieu scientifique, n'a
laissé que des regrets. Né à Vézelise, dans la Meurthe, le
13 avril 1826, c'est dans son pays natal, pendant ses jours
de vacances habituelles, qu'une courte maladie l'a enlevé
à notre respectueuse amitié, à l'affection de tous. Sa ferme
volonté était de reposer près de ses parents, au milieu des
siens; son vœu s'est naturellement accompli. Par un tri^^le
concours de circonstances, pas un mot de regret, nas
une parole d'affection n'ont pu être prononcés sur sa tombe,
«• Série, T. XXVI.
au nom des corps savants oit il représentait si dignement
l'armée, au nom de la médecine militaire et de l'Ecole du
Val-de-Grâce qu'il avait illustrées par ses travaux.
Entré à l'hôpital d'Instruction de Metz, comme chirur-
gien élève de deuxième division, le 22 octobre 1846,
M. Perrin, comme tous ses camarades, fut rendu à la liberté
par le licenciement général de ce centre d'instruction mili-
taire en 1848. 11 n'en profita pas pour se consacrer à la méde-
cine civile et le 26 septembre de la même année il rentrait,
toujours comme élève militaire, à Thôpital de perfection-
nement du Val-de-Gràce. Sa carrière était désormais
décidée. Chirurgien sous-aide-major à Metz en 1849, il
revient en 1851 terminer ses études à Paris et il y passe sa
thèse de doctorat : De Vhuile de foie de morue et de ses
effets dans la phthisie pulmonaire.
Notre i*egretté maître montrait alors des tendances à s'a-
donner à la pbysiaue et à la chimie. Il avait été le prépa-
rateur de M. Langlois à Metz, et nous le verrons plus tard
AU
670 — N' 42
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 48 Octobre i889
siasmer les premières expériences et les premières obser-
vations de Von Jacksch el de ceux qui l'ont écouté, sachent
tenir compte des réserves qu'impose une étude plus appro-
fondie des médicaments dits antipyrétiques. Pour arrivera
être utile, il faut ne pas se contenter de constater le phéno-
mène immédiat qui se produit après l'absorption d'un
médicament, c'est-à-dire l'abaissement de la température
ou la modification apportée à la tension artérielle, mais bien
étudier l'ensemble des actes fonctionnels qui suivent ces
perturbations organiques. Souvent alors on pourra, comme
vient de le faire M. A. Robin, démontrer que l'abaissement
rapide de la température est plus nuisible qu'utile et que
les médicaments nouveaux dits anlithermiques sont souvent
des poisons du sang ou du système nerveux.
— Une très intéressante communication de M. Trasbot
précise ce qui a été dit au sujet de l'action exercée par l'io-
dure de potassium sur la circulation générale et la tension
artérielle. Elle ajoute à nos connaissances au sujet de cette
action un fait, rarement signalé dans les observations faites
sur l'homme, c'est-à-dire l'abaissement permanent de la
température centrale et du nombre des mouvements inspi-
ratoires. La plupart des médecins ont, au contraire, cru
reconnaître que l'iodure de potassium élevait la tempéra-
ture; mais il n'existe, croyons-nous, aucune observation
bien précise à ce sujet et les expériences de M. Trasbot
contribueront certainement à éclairer ce côté de la question.
Quant aux effets thérapeutiques exercés sur l'appareil res-
piratoire, en particulier contre la congestion pulmonaire,
ils étaient non moins dignes d'être signalés. A diverses re-
prises nous avons vu, dans le service de Kùss, des doses
assez élevées d'iodure de potassium déterminer des hémo-
plysies d'origine congestive. Les remarques faites par
M. Trasbot, dont l'expérience et l'autorité sont incontestées,
devront sans doute faire revenir sur cette idée de l'action
excitante et congestionnante de l'iode. L'efficacité de ce mé-
dicament dans le traitement de plusieurs affections des
voies respiratoires est d'ailleurs démontrée.
— Les informations apportées par M. Prou.st à la tribune
de l'Académie nous montrent que l'épidémie de choléra qui,
commencée en Mésopotamie il y a trois mois, a envahi la
Perse et sévit actuellement à la frontière russo-persane, Ta
peut être déjà dépassée. Ces informations sont d'une préci-
sion qui ne laisse doute à aucune illusion sur le danger au-
quel l'Europe peut être d'un moment à l'autre exposée. Rap-
pelant les déclarations de son éminent prédécesseur, l'ins-
pecteur général des services sanitaires n'a pas manqué de
montrer que la frontière russo-persane est la voie constam-
ment suivie jusqu'ici par le choléra pour pénétrer par terre
en Europe ; « c'est donc, disait Fauvel en 1868, sur le littoral
de la mer Caspienne, et principalement au voisinage dadelti
formé par le Kour, que se trouvent les principales disposi-
tions à prendre >. Il n*est pas douteux que le gouvernement
russe n'y donne tous ses soins. Les précautions indiquées par
H. Proust à la suite de sa mission en Perse il y a vingt ans
ont encore aujourd'hui la même utilité ; l'industrie permet
d'augmenter les moyens de défense, et il y a lieu d'établir
au plus vite, sur les points les plus menacés, des stations
sanitaires, munies de moyens de secours et de procédés de
désinfection, étuves et autres, comme on Ta fait en France
et ailleurs au cours des dernières épidémies. En cas d'in-
vasion de laRussie, l'Europe sera-t-elle préservée? Le gou-
vernement russe a déjà, lors de la peste de Wetlianka, su
protéger l'Europe en éteignant cette épidémie sur place;
c'est d'un bon augure pour conjurer le danger relatif qui
menace assurément l'Europe et contre lequel ni la Per>e
ni la Turquie d'Asie ne sauraient agir efficacement par
elles-mêmes.
— Signalons enfin dans cette séance si bien remplie deux
communications chirurgicales du plus haut intérêt, l'une
de H. Paul Berger, sur le traitement de la blépharoplastie
par la méthode italienne modifiée ; l'autre de H. Léon Tri-
pier (de Lyon) sur la restauration des paupières faite à
l'aide d'un lambeau musculo-cutané . On trouvera au
compte rendu de l'Académie l'indication de ces nouveaux
procédés opératoires qui font le plus grand honneur aux
habiles chirurgiens qui les ont imaginés.
PATHOLOGIE GÉNÉRALE
L'hérédité dans les malndies Inlceileavea.
(Suite. — Voyez le numéro 4i.)
IV
Il nous reste à étudier maintenant les infections à marche
chronique : la syphilis et la tuberculose. Nous laisserons
de côté la lèpre, dont l'histoire sur ce point est encore si
obscure.
Il n'est pas de maladie où l'hérédité joue un plus grand
utiliser les connaissances de ces premières années dans
des recherches de physiologie expérimentale. Au reste, il
aima et il fréquenta toujours les hommes de science
Sure : Claude Bernard, Brown-Séquard, Gavarret, Javal,
[ascart, etc., pour ne citer que quelques noms.
Mais en sortant du Val-de-Gràce, nommé d'abord à
l'hôpital de Lyon, il dut bientôt, comme aide-major de
seconde, puis de première classe, entrer dans le service
régimentaire. C'est ainsi que nous le trouvons en 1852 au
2i* de ligne, en 1853 au 5* bataillon de chasseurs à pied,
en 1854 au 20* bataillon de la même arme, puis au 1" régi-
ment de grenadiers de la garde avec lequel il partit pour la
Crimée el passa quelques mois dans les tranchées de Sé-
bastopol en 1855.
Placé à l'hôtel des Invalides à son retour de l'armée
d'Orient, M. Perrin y commence ces travaux oui devaient
successivement lui ouvrir les portes de toutes les Sociétés
savantes et lui faire une réputation méritée. A la Société
médicale d'émulation dont il devint bientôt le secrétaire
annuel et plus tard le président, il lit un Mémoire sur le
mécanisme des fractures extra-capsuldires du col du
fémur (1854), et des Etudes sur le scorbut de Varmée d C^
rient (1857), insistant sur la gravité, dans cette épidémie,
des accidents respiratoires qu'il attribue à un engorge-
ment douloureux du diaphragme. Membre d'une com-
mission chargée d'étudier la cause des accidents provo-
qués par l'anesthésie (1855), il entreprend avec L. Lalle-
mand et Duroy les recherches qu'ils continuèrent bientôt de
concert, sur le rôle de Talcool et des anesthésiques dans
l'organisme.
De 1857 à 1861, devenu médecin-major et agrégé de chi-
rurgie à l'Ecole du Val-de-Gràce, il communique à la Société
anatomique, dont il est nommé membre adjoint en 1859,
un nombre considérable d'observations : Fracture du
crâne par contre-coup (1857) ; Kystes synoviaux commu-
niquant avec r articulation radiO'Carpienne (1858); Fis-
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rôle que la syphilis; tout le inonde connaît les nombreux
travaux qu'a suscités la question, et les résultats si intéres-
sants qui ont été obtenus. C'est qu'ici la contagion ne peut
guère se faire que par contact immédiat, tandis que pour la
tuberculose on peut toujours admettre qu'un enfant a été
infecté après sa naissance, en vivant avec ses parents ma-
lades; la même objection n'est plus de mise pour la syphilis;
certes la contagion est possible, mais la syphilis infantile
acquise est relativement rare et se reconnaît à des caractères
spéciaux; l'existence de l'accident primitif suffit à trancher
la question, puisque le chancre fait défaut dans la syphilis
héréditaire, où les diverses périodes de Tiufection sont con-
fondues.
Nous ne croyons pas avoir à insister sur les faits qui éta-
blissent que la vérole congénitale peut se manifester à des
périodes très diverses de la vie ; souvent le fœtus est expulsé
paravortement, peut-être par suite d'altérations placentaires ;
tantôt il est porteur de lésions en venant au monde, tantôt
et plus souvent les accidents apparaissent vers la sixième
semaine après la naissance; enfin, dans quelques cas, les
manifestations sont tardives; ce n'est qu'après plusieurs
années qu'on voit survenir divers accidents relevant d'une
infection jusque-là latente. Il suffit de consulter le beau
livre de M. Fournier pour voir que les faits de cette nature
abondentdans la science et deviendront sans doute de moins
en moins rares à mesure qu'on saura mieux dépister la
syphilis héréditaire tardive.
Mais l'histoire de la syphilis doit encore nous donner la
solution de plusieurs autres problèmes qui, au point de vue
de la pathologie générale, ont une grande importance. Si, le
plus souvent, c'est la mère qui transmet la maladie à son
produit, il existe des cas indubitables où l'hérédité vient du
père et où le fœtus est contaminé, la mère restant absolu-
ment saine. Pourtant, même dans ce cas, l'organisme ma-
ternel est modifié : la femme qui met au monde un fœti^s
syphilitique peut l'allaiter impunément; elle est à l'abri de
la contagion. Que se passe-l-il dans ce cas? S'agit-il d'une
imprégnation de l'organisme maternel par des produits
sécrétés par le microbe de la syphilis? S'agit-il d'une sy-
philis légère, restant latente, peut-être localisée à l'utérus,
comme l'a soutenu Fraenkel ? Cette dernière hypothèse parait
peu probable, et pourtant elle semble seule capable d'ex-
pliquer les cas comme celui que Lewis a rapporté : une
femme met au monde un enfant syphilitique; elle reste
indemne; plus tard elle est fécondée par un homme sain,
fil pourtant le nouvel enfant est encore syphilitique. Ce fait
peut paraître fort étrange ; nous devons néanmoins l'enre-
gistrer, tout en l'acceptant avec la réserve que commandent
les cas de ce genre, surtout lorsqu'ils sont uniques.
Si, le plus souvent, la mère est infectée au moment de la
fécondation ou peu de temps après, il est quelques cas où
elle ne contracte la maladie qu'à une période assez avancée
de la grossesse. Que deviendra le fœtus? La réponse a
varié : Mandron, Kossowitz ont nié la transmission hérédi-
taire de la syphilis après conception; Cullerier en a admis
l'existence. H semble qu'elle existe réellement, mais qu'elle
ne s'observe que si l'infection a été acquise avant le sixième
(Ricord) ou le septième mois (Albernethy, Pidoux). Passé
cette époque, le fœtus serait à l'abri, ce qui s'explique faci-
lement si l'on veut bien se rappeler qu*au début l'infection
syphilitique reste localisée au point d'inoculation et n'en-
vahit guère que le système lymphatique.
Nous ne parlerons pas des caractères anatomiques et cli*
niques de la syphilis héréditaire; ce serait sortir de notre
sujet et nous exposer à insister sur des faits qui sont aujour*»
d'hui bien connus; nous ferons remarquer seulement que
la syphilis héréditaire diffère de la syphilis acquise par
l'absence d'accident initial, ce qui est en rapport avec une
infection directe du sang; ce mode de pénétration de l'agent
pathogène explique aussi la rapidité souvent très grande de
l'évolution et la confusion des accidents qu'on a encore
coutume de diviser en secondaires et tertiaires.
Ce qui est démontré pour la syphilis est loin d'être prouvé
pour la tuberculose. Un premier fait qui semble établi,
c'est que les enfants issus de parents tuberculeux sont fré-
quemment frappés par la tuberculose; la maladie peut
débuter de bonne heure, et l'on sait aujourd'hui qu'elle
n'est pas rare dans la première enfance.
C'est à M. Landouzy que revient le mérite incontestable
d'avoir montré combien nombreuses étaient les victimes de
la tuberculose dans les deux premières années de la vie. A
la crèche de l'hôpital Tenon, 1 décès sur 3,6 est dû à la
tuberculose, et dans les cas de cette statistique le diagnostic
est appuyé sur l'autopsie. Du reste, la plupart des médecins
qui observent dans des crèches arrivent à des conclusions
analogues; MM. Hayem, Damaschino, Lannelongue ont
confirmé l'opinion de M. Landouzy, et M. Leroux a pu re-
lever vingt-trois observations de tuberculose chez des en-
fants âgés de moins de trois mois.
Tels sont les faits incontestables. Reste à donner Tinter-
sure complète du fémur gauche (1859); Corps étrangers
du péritoine (\SQ{)) \ Hypertrophie généralisée de tout le
système ganglionnaire (1861), etc., etc. A la Société de
chirurgie, il donne aussi des faits intéressants de Fistule
pulmonaire y Luxation traumatique du fémur (1859), etc.,
et gagne rapidement le titre de correspondant national
qui lui permet de prendre part aux discussions scienti-
fiques.
C'est pendant son agrégation au YaUde-Gràce, qu'en col-
laboration avec son collègue et ami Ludger-Lallemand et
avec le chimiste Duroy, notre regretté maître publie ses
recherches expérimentales sur le Rôle de l'alcool et des
anesthésiques dans Vorganisme (1860). Couronné du prix
Monlyon par l'Académie des sciences, ce travail remar-
quable de physiologie expérimentale ne tendait à rien
moins qu'à renverser les théories généralement acceplées
sur le rôle des substances alcooliques dans l'organisme
animal. A la doctrine de Liebig faisant de l'alcool un ali-
ment respiratoire définitivement transformé par la combus-
tion intra-organique en acide carbonique et en eau, les
jeunes expérimentateurs opposent leurs multiples recher-
ches constatant l'élimination de l'alcool en nature, sa
présence dans les urines, dans les transpirations cutanée et
pulmonaire, son accumulation dans le foie, le cerveau, le
sang. Lui refusant tout rôle alimentaire, ils en font un
modificateur spécial du système nerveux, un agent d'é-
pargne, un antidéperditeur.
Pour les anesthésiques proprement dits, l'éther, le chlo-
forme, l'amylène, leurs conclusions sont à peu près les
mêmes : action sur le système nerveux, mort par abolitian
primitive de ses fonctions et non par asphyxie ; pas de
destructions ni de transformations dans l'organisme. Mais
pour ceux-ci, de même que leur porte d'entrée préférable
est le poumon, c'est également par l'exhalation pulmonaire
Îu'ils sont éliminés, au moins pour la plus grande partie»
es voies de sortie dépendent de la solubilité de l'anesthé^
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prélation. Nous nous trouvons en face de deux théories
diamétralement opposées ; pour les uns, c'est le terrain qui
se transmet; pour les autres, c'est le bacille. A ceux qui
s'étonnent que le père puisse transmettre la tuberculose
sans contagionner la mère, que la tuberculose héréditaire
puisse rester latente pendant des années et se manifester à
un âge souvent assez avancé, on répond par l'exemple de la
syphilis; les faits, nous dit-on, sont semblables dans les
deux cas; pourquoi dès lors ne pas admettre pour la tuber-
culose ce qui est vrai pour la vérole?
Voilà le raisonnement. Voyons maintenant le résultat de
la clinique et de l'expérimentation.
Il existe quelques observations où les enfants ont suc-
combé si rapidement qu'on n'est guère tenté d'invoquer une
contagion après la naissance. Mais ces fails peuvent néan-
moins laisser quelques doutes dans l'esprit; on peut admet-
tre que, chez un enfant prédisposé par hérédité, la tuber-
culose acquise marche rapidement et amène la mort en
quelques semaines; ce serait une évolution semblable à
celle qu'on observe chez les animaux inoculés dans les labo-
ratoires.
Il n'en est plus de même pour les cas'bû l'on a pu con-
stater des lésions tuberculeuses sur des fœtus mort-nés.
Ici évidemment le doute n*est plus possible ; il faut de toute
nécessité admettre une transmission directe du bacille de
Koch. Or les faits de ce genre, pour être rares, n'en exis-
tent pas moins.
M. Peter, M. Charrin ont rapporté des cas de tuberculose
chez des nouveau-nés. Dans le cas de M. Charrin, publié
en 1873, il s'agit d'un enfant né à sept mois et demi d une
mère phthisique. A l'autopsie, on trouva des tubercules
dans les ganglions mésentériques, l'épiploon, les poumons,
et surtout dans le foie et la rate. Berti (188:2) a trouvé deux
cavernules dans le poumon droit d'une fille morte neuf
jours après sa naissance. OUendorff cite un cas de Meckel
où un enfant, né de parents phthisiques, présentait en venant
au monde une tumeur palatine, probablement tuberculeuse.
La tuberculose congénitale semble moins exceptionnelle
chez les animaux, particulièrement chez les bovidés.
M. Chauveau a constaté plusieurs fois, à l'ouverture de
vaches phthisiques, des tubercules chez le fœtus. Sur1165vé-
térinaires danois interrogés par M. Bang, 32 ont répondu
avoir observé des tubercules chez des veaux nouveau-nés.
Mais tous les cas que nous avons cités jusqu'ici pourraient
être récusés, puisqu'il n'y est pas fait mention du critérium
indiscutable, du bacille de Koch. Ce reproche ne peut être
adressé à l'observation de Johne, qui est devenue classique :
sur un fœtus provenant d'une vache phthisique, cet obser-
vateur trouva des tubercules dans le foie et le poumon, et
l'examen microscopique permit d'y constater la présence de
bacilles. Ce résultat donne à ce fait une importance capi-
tale ; il suffirait à lui seul pour lever tous les doutes. Hais,
récemment, MM. Malvoz et Brouwier ont publié un cas
absolument semblable : sur un fœtus de vache tuberculeuse,
ils trouvèrent des lésions, surtout marquées dans le foie :
de là les bacilles avaient gagné lé hile de cet organe et le
médiastin ; quant aux poumons, ils étaient indemnes. Ici
encore Tobservatioja est concluante, car la recherche des
bacilles a été faite.
Pour compléter les résultais fournis par l'observation, il
fallait avoir recours à l'expérience. C'est ce qu'ont fait
MM. Landouzy et Martin, qui ont poursuivi sur ce sujet de<
recherches fort importantes. Ils se sont demandé tout
d'abord si les fœtus de femmes tuberculeuses ne peuvent
pas contenir le bacille, alors même qu'ils ne présenlenl
pas de lésions. Dans deux cas ils purent tenter Texpénence,
et dans les deux cas l'inoculation à des animaux de frag-
ments fœtaux fut le point de départ d'une tuberculose, qui
se transmit en série. Mêmes résultats avec des fœtus sains
en apparence, mais provenant de cobayes tuberculeux.
Malheureusement, la plupart des expérimentateurs qui
ont repris la question n'ont obtenu que des résultats néga-
tifs. Sans parler des observations de Koch, Heller, Wei-
chselbaum, qui se sont contentés de l'examen microscopique
et n'ont pas fait d'inoculations, nous citerons les résultats
négatifs de Leyden, Straus et Grancher, Cornet, Galtier.
Tous ces auteurs ont vainement essayé de transmettre la
tuberculose à des cobayes, en leur inoculant des portions
d'organes provenant de fœtus issus de mères tuberculeuses.
Seul Koubassof a publié des cas positifs; mais il suffit de
lire sa note pour voir qu'il s'est agi d'une septicémie et non
de tuberculose.
Tout récemment, Sanchez-Toledo a publié des expé-
riences qui semblent fort bien conduites. L'auteur a inoculé
des cobayes pleines en leur injectant dans les veines des
cultures pures du bacille de Koch. A l'autopsie^ il prit les
fœtus, pratiqua des examens microscopiques et des ense-
mencements, et fit des inoculations avec la presque totalité
du foie, de la rate et du sang du cœur. Tous les résultats
furent négatifs, et pourtant les expériences portèrent sur
sique dans l'eau, les reins ne pouvant servir d'émonctoire
que pour les substances dissoutes.
Toute différente est l'action des gaz carbonés, acide car-
bonique et oxyde de carbone ; celui-ci est un poison du
sang, le premier tue par asphyxie ; avec l'un et l'autre
l'anesthésie n'est jamais nue consécutive ou indirecte.
Nommé médecin en chef du corps expéditionnaire du
Mexique, Ludger-Lallemand ne tarde pas à être emporté
par la fièvre jaune. En associant son nom au Traité d^anes
thésie chirurgicale^ M. Perrin rappelait une collaboration
iniime et rendait à la mémoire de son collègue et ami un
éclatant hommage. L'ouvrage débute par un historique
complet et impartial de la méthode anesthésique, puis vient
l'étude du mode d'administration, des phénomènes, delà
marche de l'anesthésie, enfin des accidents qui la rendent
toujours redoutable, parce ciu'ils peuvent être rapidement
mortels. Ce chapitre est le plus important; les dangers de
l'éther et du chloroforme ont été dès le premier jour et
sont encore à l'heure actuelle l'objet des plus sérieuses
discussions. Rejetant absolument la mort subite par
asphyxie^ notre regretté maître pense qu'il v a presque
toujours syncope, mort par le cœur et non par le poumon.
Pour faire pénétrer dans l'esprit du lecteur la conviction
qui l'anime, il analyse tous les cas de décès publiés, il in-
voque tour à tour la physiologie expérimentale, la clinii|ue,
l'anatomie pathologique; il épuise toutes les ressources
d'une dialectique serrée.
La cause du danger, dit-il, étant accidentelle et inhé-
rente au sujet, reste permanente comme lui ; il n'existe et
il n'existera jamais de méthode qui en mette sûrement à
l'abri. Sur ce point l'avenir lui a donné raison. Les mé*
langes titrés n'ont pas jusqu'ici réalisé les promesses
des physiologistes, et la pratique n'a guère conservé des
multiples appareils proposés pour la chloroformisation
que la simple compresse et le cornet de Raynaud. Eu
résulte-t-il que l'anesthésie puisse être confiée au premier
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soixante-cinq fœtus provenant de trente-cinq femelles.
Reste une dernière question : un père tuberculeux peut-il
procréer un enfant tuberculeux, autrement dit, le sperme
peut-il servir de vecteur au bacille?
Baumgarten, un des partisans les plus résolus de Thé-
redite de la phthisie, n*hésite pas à répondre par raflirma-
tive. Dans un cas, ayant fécondé artificiellement une lapine
avec du sperme provenant d'un lapin tuberculeux, il trouva
un bacille dans un ovule. Cette observation est sans doute
fort curieuse, mais elle ne permet pas de conclusion : on ne
sait en effet ce que serait devenu le bacille ni Tovule; le
bacille aurait pu ne pas proliférer ou l'ovule aurait pu être
tué par le microbe et ne pas se développer. La question
mérite d'être reprise et nous verrons plus loin que quelques
recherches ont été tentées pour éclairer l'histoire de ces
infections ovulaires.
Ce qui semble assez bien établi, c'est que le sperme des
tuberculeux, alors même que les organes génitaux parais-
sent intacts, peut contenir des bacilles. C*est ce qui ressort
des recherches de MM. Landouzy et Martin, confirmées par
celles de Jani, Bozzolo, Niepce. Si Rohloff n a pas réussi en
inoculant du sperme de tuberculeux dans la chambre anté-
rieure d'un lapin, le fait ne doit pas trop nous surprendre : le
résultat doit être forcéement variable ; il l'est même pour la
syphilis ; ne sait-on pas que Mireur n'observa aucun acci-
dent en inoculant à quatre personnes saines du sperme
provenant d'un homme en pleine évolution de syphilis
secondaire?
Nous avons vu que quelques auteurs ont soutenu qu'un
fœtus pouvait renfermer des bacilles sans qu'il existe dans
les organes la moindre lésion tuberculeuse. Baumgarten
admet que les tissus du fœtus et du nouveau-né opposent
une résistance considérable à l'agent infectieux, et, pour
expliquer l'hérédo-tuberculose tardive, il soutient que des
bacilles peuvent séjourner, sans amener d'accident, dans
les ganglions et la moelle des os ; plus tard, sous l'influence
d'une cause accidentelle, une inflammation ou un trauma-
tisn e, les tissus diminueraient de vitalité et se laisseraient
attaquer par les microbes.
Il était donc intéressant de déterminer si vraiment les
tissus embryonnaires résistent plus aux infections que les
tissus adultes. Maffucci a essayé de résoudre le problème en
infectant des œufs de poule avec divers microbes, choléra
des poules, pneumocoque de Friedlander, bactéridie char-
bonneuse, etc. De ses expériences, l'auteur a tiré les con-
clusions suivantes : l'albumine de l'œuf fécondé et couvé
est un terrain favorable pour le développement des microbes
pathogènes et non pathogènes de la poule adulte ; mais les
tissus de l'embryon offrent à l'infection une très grande
résistance, car ils ne se laissent pas envahir par les micro-
bes, tant que Tembryon est vivant; l'embryon pourra suc-
comber à une période plus ou moins avancée de l'incuba-
tion ; s'il résiste et qu il vienne au monde, les accidents
pourront éclater plus ou moins longtemps après l'éclosion.
Dans ce dernier cas, on peut, sans trop forcer les analogies,
trouver dans ces intéressantes expériences, un appui en
faveur de la doctrine de Thérédo-tuberculose tardive.
Lorsqu'un fœtus de mammifère nait avec des lésions
tuberculeuses, celles-ci revêtent quelques caractères par-
ticuliers. La tuberculose congénitale diffère de la tubercu-
lose acquise, non par les caractères anatomiques des tuber-
cules, mais par leurs localisations ; c'est le foie qui est
l'organe le plus fréquemment et le plus profondément
atteint ; c'est qu'en effet les bacilles arrivant par la veine
ombilicale viennent tout d'abord coloniser dans cet organe.
Aussi pourra-t-on penser à une transmission intraplacen-
taire de la tuberculose, lorsqu'on trouvera cette localisation
chez un enfant issu de parents tuberculeux ; à la condition
bien entendu qu'il n'y ait pas d'altération intestinale, pou-
vant rendre compte de la localisation hépatique.
Tels sont brièvement résumés les principaux faits qu'on
peut invoquer pour ou contre la doctrine de l'hérédo-tuber-
culose. Malgré le grand nombre de travaux qu'on a publiés
sur ce sujet, la réponse aux questions que nous avions à
résoudre n'est pas près d'être donnée. Ce que nous savons,
ce qui nous semble parfaitement établi, par les observations
de MM. Landouzy, Queyrat, Hayem, Damaschino, Lanne-
longue, c'est que la tuberculose de la première enfance est
loin d'être rare, c'est que les enfants issus de parents con-
taminés sont frappés par la maladie avec une fréquence
désespérante.
Au point de vue scientifique, la transmission directe du
bacille au fœtus est démontrée par les faits de Johne et de
Malvoz et Brouwier. Deux observations positives, c'est suffi-
sant, nous diront les partisans de l'hérédo-tuberculose;
c'est bien peu, objecteront les adversaires ; quelques-uns
pourraient même supposer qu'il s'agit là de deux faits
exceptionnels. Pour nous, qui n'admettons pas d'exception
dans les sciences, nous regardons comme parfaitement
établi le passage des bacilles de la mère au fœtus. Mais ce
venu, qu'elle doive se pratiquer sans soins, sans règles pré-
cises? telle n'est pas la pensée de M. Perrin, et les pages
où il étudie les règles de la chloroformisation sont certaine-
ment des meilleures de son livre.
Bien moins précise est sa décision sur le choix à faire
parmi les agents anesihésiques. S'il repousse absolument
l'amylène, il hésite entre l'éther et le chloroforme, entre
l'Ecole de Lyon et la Faculté de Paris. La conviction
ardente des chirurgiens lyonnais le rend perplexe, il
avoue que les faits ne lui permettent pas de se prononcer
nettement sur la valeur, sur les dangers relatifs de ces
deux substances. Disons toutefois que ses préférences per-
sonnelles ont toujours été pour le chloroforme, jamais nous
ne l'avons vu au Val-de-Grâce recourir à l'emploi de l'éther.
Pour parer aux accidents qui viennent trop souvent com-
pliquer l'aneslhésie, il faut stimuler le système nerveux,
agir sur les centres circulatoires ; il faut surtout recourir
à la respiration artificielle qui chasse le chloroforme des
alvéoles pulmonaires, arrête son absorption et favorise
son élimination rapide. Sous ce rapport l'insufflation
d'air à l'aide d'un soufflet et d'une canule métallique, con-
duite à travers la glotte jusque près de la bifurcation de
la trachée, lui parait supérieure à toute autre méthode. La
trachéotomie est une ressource ultime, les procédés méca-
niques de respiration artificielle doivent être utilisés avant
d'y recourir.
Cette conception des accidents de l'anesthésie, M. Perrin
Ta défendue jusqu'à son dernier jour. En 1866 à la Société
de chirurgie, en 1878, en 1882 à l'Académie de médecine,
il s'élève avec force contre la théorie de la mort subite par
asphyxie, théorie dont le moindre tort serait de mettre en
jeu la responsabilité médicale.
En quittant le Val-de-Gràce à la fin de sa période d'agré-
gation, en 1862, M. Perrin, au lieu d'être envoyé en Algérie,
fut maintenu à Paris, grâce à l'action puissante de Michel
Lévy, directeur de l'Ecole d'application de la médecine
674 — N* 42 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Octobre 1889
qu'il faudrait rechercher, c'est si ce passage est fréquent,
c'est-à-dire si les conditions qui favorisent ou permettent
cette transmission sont souvent remplies; autrement dit, il
faudrait établir le déterminisme du phénomène. Nous
n'avons en somme qu'à répéter pour la tuberculose ce que
nous avons déjà dit à propos du charbon et ce que nous
aurions pu redire à propos de chacune des maladies infec-
tieuses. La question ne pourra être vidée que lorsque nous
aurons un nombre suffisant d'observations complètes. Il
faudra recueillir avec soin tous les fœtus provenant de mères
tuberculeuses, et même en l'absence de lésions apprécia-
bles, rechercher le bacille en faisant des inoculations à des
cobayes. Il faudra de plus dans tous les cas tâcher d'avoir
des observations complètes, c'est-à-dire tâcher de détermi-
ner exactement les conditions qui ont accompagné et qui
pourront un jour expliquer cette transmission héréditaire.
Enfin on ne négligera pas de porter son attention sur le
placenta, quelques faits démontrant la virulence de cet
organe (Landouzy et Martin, Jani, Charrin et Karlh); peut-
être est-ce là qu'il faut chercher la cause de l'hérédo-
tuberculose, peut-être, comme pour le charbon^ existe-t-il
des altérations placentaires indispensables au passage des
bacilles et qui jusqu'ici ont passé inaperçues? Si cela est,
la question sera modifiée, et ce qu'il faudra déterminer ce
seront, comme pour les autres maladies, les conditions qui
favorisent la localis<ition placentaire. Le problème demande
donc de nouvelles observations complètes, et peut-être, en
étudiant tous les détails de chaque fait, arrivera- t-on à
trouver le sens dans lequel devront être dirigées les expé-
riences. Pour le moment, nous ne pouvons que faire appel
aux médecins et aux vétérinaires et, tout en affirmant la
possibilité du passage des bacilles de la mère au fœtus,
tout en affirmant aussi la fréquence de la tuberculose chez
les enfants issus de tuberculeux, nous comprenons qu'on
conserve encore quelques doutes sur le mécanisme habituel
de cette transmission héréditaire.
C.-H. Roger.
{A suivre.)
TRAVAUX ORIGINAUX
Cllnlqoe médleale.
Pleurésie HÉMORRHAGiQUE ; CANCER de la plèvre consé-
cutif A UN ÉPITHÉLIOMA DU NEZ OPÉRÉ AVEC SrCCK>
CINQ ANS AUPARAVANT. Communication faite à la Sociétr
médicale des hôpitaux dans la séance du 11 octobre ISK*.'
par M. le docteur Féréol, médecin de l'hôpital de l
Charité.
La question des pleurésies hématiques a été à plusieurs
reprises, et l'an dernier encore, l'objet de communications
et de discussions à la Société médicale des hôpitaux. Le
fait suivant m'a paru digne de vous être communiqué, bien
qu'il soit incomplet, l'autopsie n'ayant pu être faite. Mais il
présente un douole intérêt, en lui-même d'abord et en tant
que pleurésie hématique, et ensuite parce qu'il comporte
pour interprétation possible une généralisation à la plèvre
d'un épithélioma de la face après opération, ce qui assuri^-
ment n'est point commun*
Voici le fait, qui a été observé dans la clientèle de la villt-
par mon ancien collègue d'internat le docteur Moynier, par
moi, et par notre collègue le professeur Dieulafoy ; celui-ri
a été appelé par nous, dans ce cas éminemment insidieux,
dont l'issue nous paraissait devoir être mauvaise. Mous te-
nions dans une circonstance aussi délicate à nous assurer
le concours d'un collègue qui a fait de la pleurésie l'objet
de son étude de prédilection, et l'événement nous a prouvé
que nos craintes n'étaient que trop fondées.
M. X..., ancien magistrat, âgé de soixante-ijuinze ans, a toujours
été d'une bonne santé, n'a fait aucune maladie de quelque impor-
tance; il était seulement sujet à des bronchites, et aurait eu à
Blusieurs reprises des signes d'emphysème, pour lesf]ar*l>
[. Dechambre, il y a une vmgtaine d'années, lui aurait prescrit
de la belladone, laquelle lui aurait causé des troubles de la me
assez accentués. Grand travailleur du reste, très versé dan*^ !•*%
affaires judiciaires, M. X... a toujours eu une vie très active; 'î.i
mise à la retraite, un peu prématurée à son avis, l'a forleineni
affecté. 11 y a quatre ans il a consulté M. le professeur liard^
pour une acné du nez qui prenait des tendances ulcéreuses >i
prononcées que M. Hardy n'a pas hésité à lui conseiller une cau-
térisation. Celle-ci fut pratiquée assez énergiquemcnt avec la
pâte de Vienne, et l'opération réussit parfaitement.
L'hiver dernier, en novembre 1888, M. X... fut repris un peu
{)lus fort que d'habitude de sa bronchite hibernale, qui fut corn-
jallue par la liqueur de Fowler, le coton iodé, quehjues prépara-
tions antimoniées, etc.
Mais à la fin de mars dernier l'oppression devint plus forte«
sans Que la toux augmentât; elle était surtout gênante quanil
le malade marchait, montait les étages; en même temps il \
avait une douleur de dos, qualifiée de lombago, et qui s'ajoutait
militaire, homme supérieur qui savait apprécier le mérite
et qui de plus savait le récompenser. Durant son séjour
aux Invalides, le jeune médecin-major de 1"* classe fit
paraître ses études Sur Vinfluences des boissons alcooliques
prises à doses modérées sur la nutrition (1864). Il y
démontre que l'alcool ingéré diminue la quantité d'acide
carbonique exhalé par les poumons, ralentit les oxydations
intra-vasculaires ; qu'il ne nourrit pas, mais que par stimu-
lation du système nerveux il s'oppose à une désassimilation
trop rapide.
Membre titulaire de la Société de chirurgie en 1865, il
prend part à la discussion sur Viridectomiey il complète dans
un second mémoire les recherches cliniaues qu'il avait com-
mencées Tannée précédente (1864) sur la valeur de Vuré^
throtomie interne. Partisan convaincu de cette méthode de
traitement des rétrécissements de Turèthre, M. Perrin tente
de la faire substituer à la dilatation, qu'à tort, sans doute,
il qualifie de routinière. Ses arguments en faveur de l'in-
cision reposaient sur une statistique personnelle trop faible,
sur des chiffres trop peu élevés, pour entraîner la convictiou
de tous ses collègues. Aussi ses idées furent-elles vivement
combattues. En somme, la discussion ne resta pas sans profit.
Tout en montrant que la dilatation graduée, lente, pro-
gressive, doit rester la méthode générale de traitement de^
coarctations uréthrales, tout en faisant voir que l'uréthro-
tomie en elle-même ne met aucunement à l'abri de la
récidive, elle prouva qu'une section bien faite n'était pas
aussi dangereuse qu'on le croyait encore, aue l'incision
dans des cas bien déterminés rendait au malaae comme au
chirurgien d'inappréciables services.
Appelé à faire aux médecins stagiaires du Val-de-Grâre
des conférences d'ophlhalmoscopie et d'optométrie, l'ancien
agrégé, devenu médecin-major des hôpitaux, s'acouilta noble-
ment de la tâche délicate qui lui était confiée. Bien qu'on
ne fût plus au début de l'éclairage du fond de l'œil, cotte
méthode d'exploration n'avait pas encore pénétré dans la
18 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
-- N- 42 — 675
à Toppression pour rendre la marche et toute espèce d'efforts
très pénibles. Ces phénomènes augmentèrent pendant la pre-
mière quinzaine d*avril; la dyspnée se prononçait au moindre
mouvement, et aussi après les repas, simplement même quand
le malade parlait; elle s'aufirmentait quand il restait debout pour
faire sa toilette, quand il allait à la garde-robe, et était d'ailleurs
hors de proportion avec les signes physiques de Tauscultation :
des deux côtés râles sibilants peu nombreux, disséminés ; toute-
fois du côté gauche de la poitrine, on notait une faiblesse plus
grande de la resoiration, avec une résonnance moindre, et même
deux travers de doigt de matité à la base. Pas d'expectoration. Un
vésicatoire appliqué sur le point suspect le 9 avril n'amena pas
grand soulagement. M. X.. restait très oppressé, son pouls était
lent et faible. Le visage, bien coloré d'ordinaire, commençait à pâ-
lir. I^s signes |)bysiques s'accentuaient dans le sens de la pleu-
résie. M.Magnier, qui jusqu'alors soignait seul M. X..., de-
manda une consultation, ce qui provoqua chez le malade assez
pusillanime et dans son entourage une sensation telle qu'on fut
obligé d'ajourner ce projet.
Cependant le 18 avril cette consultation avait lieu, et c'est ce
jour <\ne je vis pour la première fois M. X.... Il était levé, avait
bon visage, continuait à manger d'assez bon appétit, dormait
bien, et ne se fût pas trouvé malade sans cette oppression qui
rétouffaît d'une manière extrême au plus léger effort. Je consta-
tai chez lui tous les signes d'un épanchement moyen avec souffle
et broncho-égophonie,ne dépassant pas la pointe de l'omoplate ;
le eœur était refoulé sous le sternum ; la pointe ne se sentait
pas au doigt. La dyspnée militait en faveur de l'intervention ;
mais la quantité du hquide ne paraissait pas très considérable ;
on pouvait mettre sur le compte de l'emphysème concomitant
l'intensité particulière de cette dyspnée, et aussi peut-être pour
partie sur le déplacement du cœur, et l'état du système
circulatoire ; M. X... en effet était anémique et athéromateux.
11 était d'ailleurs très impressionnable et il fallait le ménager.
L'opération fut donc différée. Nouveau vésicatoire; un litre de
lait par jour avec un peu d'iodure de sodium.
Nous aurions désiré une purgation, qui fut repoussée par le
malade qui craignait de s'affaiblir. Six jours après, la dvspnée
reste la même, bien que les râles sibilants aient notablement
diminué ; la faiblesse augmente. La matité de la base, le souffle
et le déplacement du cœur n'ont pas changé; il devient pro-
bable que la ponction ne pourra être évitée; et nous arrêtons
en principe que, vu les difficultés du cas, nous appellerons le
docteur Dieuiafoy.
En effet, notre attention a été particulièrement attirée par
l'acné du malade qui semble en voie de récidive, non pas sur
la cicatrice de l'opération [pratiquée par M. Hardy il y a quatre
ans; celle-ci est nette et saine; mais tout autour, sur le nez, dans
les plis des narines, au milieu d'une vascularisation rosacique
très prononcée, on constate un semis de petites croûtes gra-
nuleuses très fines, formant sous le doigt une poussière grenue ;
si on enlève ces petites croûtes d'acné concrète, on trouve au-
dessous, par petites places, Tépiderme très superficiellement
entamé, ce qui nous inspire quelques inquiétudes au point de
vue d'une récidive possible, et peut-être d'une généralisation
du côté de la plèvre.
Le 29 avril, M. Dieuiafoy se réunit à nous, juge, comme nous,
la ponction nécessaire, et la pratique le soir même; il retire
800 grammes d'un liquide rose, qui, examiné chimiquement et
au microscope, contient une quantité de fibrine assez considé-
rable, 0,40 pour 945, et des globules sanguins assez abondants.
L'aspect de ce liquide nous inspire des craintes sérieuses sur la
nature de la pleurésie .
L'opération n'est pas suivie d'une diminution notable de la
dyspnée au dire du malade; cependant les jours suivants on per-
çoit dans l'aisselle un bruit oe frottement qui parait de non
augure, mais cette amélioration n'est que passagère.
Le 7 juin, nouvelle évacuation de 950 grammes de liquide
toujours fortement rosé.
Dès lors, je passe sur les détails de l'observation. Je dirai
seulement que du 29 avril au 4 septembre, il a été pratiqué
onze ponctions à des intervalles plus ou moins éloignés ; il n'y
a jamais eu de pus dans le liquide, mais presque toujours du
sang: une fois, le 31 juillet, la ponction a donné un liquide
presque séreux, à peine coloré; mais l'état général commençait
a s'altérer sérieusement ; le malade perdait ses forces et ne
quittait plus le lit; le liquide d'ailleurs ne tarda pas à se repro-
duire, et à reprendre sa teinte rosée, qui même se fonça ^-
duellement, au point que les deux dernières ponctions, qui se
firent à quatre jours d'intervalle seulement, donnèrent un liquide
qui ressemblait à du sang presque pur. L'analyse des liquides
indiquait dans les derniers temps, en même temps que i'aug-
roentation des globules du sang et de la fibrine, une diminution
progressive des sels minéraux et des éléments organiques.
L alimentation était devenue presque impossible. La fièvre,
qui avait été nulle pendant près de quatre mois, s'alluma dans
le dernier septénaire. Des accès de dypsnée à forme syncopale
se manifestèrent à plusieurs reprises, et semblaient chaque fois
devoir amener la mort. L'affaiblissement était extrême. Enfin le
malade, dans la nuit du 4 septembre qui suivit la dernière ponc-
tion, fut pris d'agitation, de délire» sueur froide, avec pouls fili-
forme et face cyanosée et succomba à une heure du matin.
Dans le courant de cette longue maladie, qui avait com-
mencé si insidieusement, d*une façon si peu caractérisée
tout d'abord, nous désirâmes, alors que la pensée d'une pleu-
résie cancéreuse se précisa nettement pour nous, avoir sur
ce point Topinion de H. Hardy, qui avait cautérisé Tépithé-
lioma en 1885. Notre honoré maître avait parfaitement
conservé le souvenir du malade que, du reste, il n'avait
jamais vu qu'à sa consultation; mais le fait l'avait frappé,
aussi bien que la parfaite réussite de sa cautérisation. Le
9 juillet, il examina avec le plus grand soin le malade que
nous lai soumettions; à ce moment l'état général de M. X...
était encore excellent; il mangeait de bon appétit, se levait
dans la journée, dormait bien la nuit. H. Hardy nous dit
qu'il n'avait jamais vu jusqu'à ce jour le cancer du nez se
répercuter sur la plèvre ; que les pleurésies hématiaues
n'étaient pas rares aux âges extrêmes de la vie, dans 1 en-
fance et oans la vieillesse ; que dans le cas actuel, en l'ab-
pratiqij
les con
]ue générale. Pour le médecin militaire expert devant
les conseils de revision et de réforme, la connaissance de ces
Procédés d'examen était cependant absolument nécessaire.
l. Perrin eut le grand mérite de le comprendre, et l'énergie
suffisante pour le faire comprendre autour de lui. Dès 1864,
médecin stagiaire au Val-cle-Grâce, j'assistai à quelques-
unes de ses leçons. Nommé aide-major à l'Hôtel des Inva-
lides en 1865, j'eus le bonheur de pouvoir durant deux
années suivre cet enseignement^ auquel notre maître, alors
dans toute la force de Tâge, apportait l'ardeur qui fait des
disciples, le charme qui les attire, la foi qui les retient. A
partir de cette époque il s'engage au reste résolument dans
cette voie, l'oculistique compte un fidèle et bientôt un maître
de plus.
Ce n'est pas dire que M. Perrin déserte absolument la chi-
rurgie ordinaire. Il nous suffit de noter la part qu'il prend aux
discussions sur les résections sous-périostées, l'emphysème
dans les fractures compliquées (1866) ; sur la trépanation,
le traitement de la syphilis (1867), pour démontrer le
contraire. Cependant les affections oculaires sont pour lui
les sujets de prédilection. C'est ainsi qu'il communique à
la Société de chirurgie ses observations : Sur un œil artifi-
ciel destiné à faciliter les études ophthalmoscopiques
(1866), Sur la cataracte diabétique (1870), Sur un pro-
cédé nouveau de destruction de la capsule du cristallin
dans l'opération de la cataracte (1871) à l'aide d'un ingé-
nieux instrument qu'il nomma la griffe capsulaire.
La place de professeur d'opérations et appareils devient
vacante au Val-de-Grâce à la fin de 1867 par la nomination de
M. Lustreman au grade de médecin inspecteur. Proposé en
première ligne par le corps professoral en même temps que
par le Conseil de santé, M. Perrin, alors médecin principal
de 2* classe aux hôpitaux de la division d'Alger, vient
prendre possession de sa chaire le 8 juin 1868. En même
temps qu'il enseigne la médecine opératoire, il réclame le
service d'ophthalmologie et reprend, d'une façon plus régu-
676 — N* 42 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Octobre i889
sencc de Fièvre, d'amaigrissement, de ganglions axillaires
ou claviculaires, les fonctions digestives étant conservées,
il y avait lieu d'espérer que la pleurésie n'était pas cancé-
reuse; que sans doute il y avait aes chances mauvaises, dont
la pire était l'âge du malade, mais que Ton pouvait con-
server de l'espoir.
Tel n'était point l'avis de M. Dieulafoy qui dès lors afHr-
roait nettement la nature cancéreuse de la pleurésie, se
fondant précisément sur l'âge du malade, et sur la coïnci-
dence du cancroîde nasal qui paraissait en voie de récidive.
Or, dans les derniers jours de cette maladie, il fut pos-
sible de constater un fait qui donnait à cette interprétation
diagnostique une probabilité voisine de la certitude. Il
existait alors au-devant du sternum, au niveau de la troi-
sième côte, une petite tumeur de la grosseur d'un pois,
ayant tous les caractères d'un épithéiioma cutané De quand
datait cette tumeur? Il nous fut impossible de le préciser.
Avait-elle échappé à notre examen? à celui de M. Hardy? ou
bien était-elle de date tout à fait récente et postérieure à cet
examen? Toujours esl-il que la constatation de cette géné-
ralisation cutanée venait fortement à l'appui du diagnostic
Sorte par M. Dieulafoy et auquel il nous était impossible ii
I. Magnier et à moi de pas nous rallier, en voyant la marche
de la maladie. Nous aurions désiré à ce moment rappeler
H. Hardy, mais il avait quitté Paris.
En fm de compte, et malgré l'absence d'autopsie, il nous
parait certain : 1° que le malade a succombé à une pleurésie
cancéreuse ; 2° que le cancer de la plèvre, comme c'est la
règle presque absolue, était secondaire, et qu'il a été consé-
cutif à la généralisation d'un épithéiioma du nez, opéré avec
succès cinq ans auparavant, et n'ayant pas récidivé dans la
cicatrice.
Le fait nous a paru assez rare pour être mentionné dans
nos bulletins, et soumis à votre appréciation.
REVUE DES CONGRES
QDatrléme Congrès françalfl de chlrargle tenu * Parlii
da 9 aa It octobre 1889.
TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA PÉRITONITE AIGUË.
Depuis quelques années les chirurgiens, enhardis à
porter le bistouri sur la séreuse péritonéale, se sont atta-
qués à la péritonite et ont sauvé des malades auxquels ils
ont incisé, désinfecté et drainé le péritoine enflammé. La
auestion, dont l'état en 1886 a été exposé dans la thèse
'agrégation de Truc, a fait depuis cette époque des progrès
sensibles, et les résultats thérapeutiques sont en voie d'amé-
lioration. Il reste toutefois des obscurités, qui tiennent tri-
partie à ce que les distinctions ne sont pas toujours sufti-
santes entre les diverses variétés. Il ya en effet, couiroe i%
dit M. Démons, des péritonites et non une péritonite. C>*î
précisément pour cela que nous avons cru pouvoir nous per-
mettre une transposition et parler de la péritonite tubercu-
leuse h propos du traitement chirurgical des tube^^ulo^e»
locales. Les faits relatifs à la péritonite aiguë ^ sepiiqur
vont donc être seuls envisagé ici.
Le plus important des mémoires communiqués au Ck>u-
grès est indiscutablement celui de M. Bouiliy. II se fonde.
en effet sur douze observations personnelles, où la laparo-
tomie a été mise en œuvre. Ces onservations se décomposent
de la manière suivante : 1 péritonite traumalique ; 4 par
lésions d'organes abdominaux ; 6 puerpérales ; i par ruplurt*
utérine.
l'' La péritonite trauniatique opérée par M. Bouiily e>:
bien connue, célèbre même. C'est cette observation.
publiée en 1883, où M. Bouiily ouvrit le ventre (deux heurr<
après l'accident) à un malade qui avait subi une rupture Irau-
matique de l'intestin grêle sans plaie de la paroi abdoininalf.
La séreuse était enflammée, et cependant il guérit de Tin-
lerventiun chirurgicale. Depuis cette époque lesfaitsse soiil
multipliés, et plusieurs des succès de la laparotomie pour
les plaies et ruptures de l'intestin ou de la vessie pnt eie
obtenus, quoique les liquides septiques épanchés eusfseni
causé déjà une péritonite aiguë, diffuse.
2" Les lésions d'organes abdominaux qui sont capable>
de provoquer la péritonite suppurée. généralisée ou loca-
lisée, sont multiples. Les faits de M. Bouiily, au nombre de
quatre, concernent une grossesse extra-utérine, une perft^
ration de l'appendice iléo-cœcal, une salpingo-ovarite et
une occlusion intestinale.
La malade atteinte de grossesse extra-utérine (le dia-
gnostic de celte cause avait été soupçonné avant la laparo-
tomie) a guéri avec une grande rapidité : au dix-huititune
jour elle quittait l'hôpital. Les accidents inflammatoire>
reconnaissaient pour origine un massage intempestif de la
tumeur abdominale.
Une autre patiente souffrait depuis six semaines d'une
f^érilonile subaiguë lorsque M. Bouiily fut appelé. Apr**^
aparolomie, il délergea un foyer pelvien du à une perfora-
tion de l'appendice iléo-caecal. Plus tard, il réséqua aver
succès l'appendice pour mettre fin à une- fistule stercorale
qui persistait. Des faits analogues ont été rapportés par
M. Campenon, par M. Labbé. Voici le résumé de ces obser-
vations, où on parle de typhlite et de pérityphlite, sanf
faire mention il est vrai de perforation intestinale.
M. Labbé fut appelé auprès d'une jeune fille, atteinte de
péritonite, à laquelle M. Fotain n'avait accordé que quaranle-
lière et plus suivie, avec une inslallallalion qu'il fait chaque
jour plus complète, les conférences théoriques et pratiques
d'oculistique, qu'il avait dirigées déji\ pendant plusieurs
années avec un incontestable succès.
J. Chauvel.
(il suivre.)
ÉCOLE DE SANTÉ MIUTAIRE. — Nous cxtrayons du décret sur
les engagements volontaires el spéciaux, promulgué le 28 sep-
tembre 1889, les articles suivants, qui intéressent les élèves de
TEcole du service de santé militaire:
< Art, 22. — Les jeunes gens nommés élèves de TEcoie du ser-
vice de santé militaire souscrivent un engagement d'une durée
de trois ans, et s'obligent à servir pendant six années dans
Tarmée active, à partir de leur nomination au grade de médecin
aide-major de 2« classe.
« Art..23.-' -/engagement des élèves de TEcole du service de
sanié militaire est souscrit à la mairie de Tun des arrondisse-
ments de Lyon ;
c Le contractant n'est assujetti à aucune condition d'âge autn^
que celles qui sont exigées pour l'admission à PEcole. Il en jus-
tifie par la production d'un certificat d'admission. Il produit en
outre : 1<> Textrait de son casier judiciaire; 2*^ le certificat d'ap-
titude, délivré parle commandant du bureau de recrutement de
la subdivision dans laquelle est contracté l'engagement.
€ Art. 2i. — Les engagements sont souscrits pour l'une dos
armes de Tinfunterie, de la cavalerie, de l'artillerie ou du génie.
c L'autorité militaire désigne, au moment de la mise en route,
le corps sur lequel les engagés sont dirigés : I"" s'ils n'obtienneut
pas le grade de médecin aide-major de 2* classe; 2' si, une fois
en possession de ce grade, il ne servent pas dans Tarmé**
active, pendant six ans au moins.
c Dans l'un et l'autre cas, la durée de rengagement de trois
ans, souscrit à l'entrée de TEcole, ne court que du jour de Tin-
corporation. >
18 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 42 - 677
huit heures à vivre. Elle avait du maquet plein la bouche
et une fièvre ardente. M. Labbé diagnostiqua un vaste foyer
péricaecal (car la malade avait un passé typhliiiquc assez
net), qu*il incisa ef, après issue de 6 à 7 lilres de pus,
il constata que la poche était limitée en haut par un dia-
phragme pseudo-membraneux ; les viscères étaient refoulés
en haut et à gauche. Il se borna à laver la cavité, qu*il se
refusa à gratter. Lavages à l'eau stérilisée, sans adjonction
de substances antiseptiques, car les accidents de résorption
toxique eussent pu être redoutables. Puis il pratiqua un
tamponnement en queue de cerf-volant avec de la charpie
fine effilée de Montpellier. La guérison fut rapide et corn-
plète^ sans fistule stercorale.
M. Campenon a opéré un homme qui présentait des
signes d'occlusion intestinale, mais chez lequel il diagno-
stiqua cependant une péritonite d'origine caecale. Au moment
de l'opération, le malade était mourant. Il existait une
poche analogue à celle aue M*. L^bbé a décrite. Mais le
diaphragme pseudo-memoraneux avait cédé et le pus avait
infecté la séreuse tout entière. Le patient étant mort au
quatrième jour, après quarante-huit heures d'espoir,
M. Campenon a constaté qu'il avait laissé échapper un
foyer situé dans le petit bassin. Peut-être un nettoyage com-
plet eùt-il assuré le succès.
Une occlusion intestinale par torsion était la cause de la
péritonite chez le troisième opéré de M. Bouilly : le malade,
homme de quarante ans, mourut le soir même.
La quatrième observation, enfin, concerne une femme de
trente ans, que M. Bouilly vit à peu près mourante, d'une
fausse couche, disait-elle. 11 l'opéra d'urgence, sans grand
espoir, et pourtant, après quelques jours difficiles, elle se
rétablit. Opérée le 26 janvier, elle sortait de l'hôpital le
i8 mars. La cause était une salpingo-ovarite qui ultérieu-
rement fut ouverte par le vagin. Une observation compa-
rable a été communiquée par M. Routier. Une jeune femme
fut admise dans le service de M. Damaschino pour une
fièvre typhoïde au début. Puis une tumeur fut trouvée dans
le ventre : M. Routier consulté crut à une grossesse. Puis
un abcès devint évident, et il l'incisa : abcès limité par un
diaphragme pseudo -membraneux le séparant des anses
intestinales. L'utérus et les annexes étaient malades, mais
trop adhérents pour être enlevés. L'opération réussit, mais
le malade conserva une fistule. M. Routier chercha à traiter
cette fistule par la dilatation : ce fut en vain. Il ouvrit donc
de nouveau le ventre ; mais cette fois encore les adhérences
des organes pelviens firent échouer sa tentative d'opération
radicale. La malade vit et est en bon état ; mais depuis
deux ans et demi elle porte toujours une fistule.
Parmi les faits comparables uous citerons une péritonite
due à un kyste suppuré de l'ovaire : en 1883, M. Démons
(de Bordeaux) désinfecta avec succès le péritoine, dontl'in-
iîammation purulente était généralisée. M. Labbé a obtenu
également un succès dans un cas à peu près identique, où
le péritoine contenait environ 8 litres de pus.
Avant de quitter ces péritonites diverses, nous résume-
rons une observation de M. Brun. Il s'agit d'une de ces
péritonites aiguës, décrites en particulier par Féréol, par
Gauderon, péritonites assez spéciales aux enfants et aux
adolescents et qui parfois guérissent d'elles-mêmes, par
ouverture spontanée à l'ombilic. M. Brun a vu deux malades
qui portaient des fistules ombilicales de cette nature. Mais
ce résultat favorable n'est malheureusement pas la règle;
et encore laisse-t-il à désirer. Il faut donc intervenir chi-
rurgicalement. Truc est partisan des ponctions répétées:
la vraie méthode est l'incision large, comme pour un abcès
chaud. M. Brun a observé il y a deux ans une jeune fille de
dix-huit ans chez qui une péritonite se déclara à la suite
d'un refroidissement pendant les règles. D'abord diffus, les
phénomènes s'amendèrent au bout de huit à dix jours, puis
se localisèrent vers l'hypogastre : cette région était maie et
une ponction exploratrice donna du pus. Ce fut assez long-
temps après, toutefois, que M. Brun fut mandé et, sur la
malade en collapsus, il fit la laparotomie, seule planche de
salut qui restât ; et il la fit séance tenante, avec un outillage
improvisé. La cavité (analogue à celle dont a parlé M. Labbé)
fut explorée sans que la cause du mal fût trouvée. Les
effets du drainage furent immédiats : dès le soir la tempéra-
ture était normale et.au bout de trois semaines le trajet du
drain restait seul à cicatriser.
3" Une rupture de VuUrus gravide, au seizième accou-
chement, était l'origine de la péritonite chez la sixième
malade de M. Bouilly. Cette rupture se compliquait de
rupture de la vessie. La malade mourut en douze heures.
i" Les péritonites puerpérales sont sans contredit les
plus graves de toutes, et l'on ne saurait s'étonner que la
chirurgie y soit moins souvent efficace. M. Bouilly est le
premier à avoir tenté ces essais, et dès 1886 il communi-
quait deux fuits à Truc. Les malades étaient mortes sans
doute, au deuxième et au seizième jour, et la troisième ne
fut pas mieux partagée, c.ir elle succombait en quatre
jours. Il fallait donc de la hardiesse pour persévérer, mais
l'événement a montré que cette hardiesse n'était pas de la
témérité. En 1887, la laparotomie arracha deux malades à
une mort certaine. L'une d'elles, opérée alors qu'elle était
dans un état des plus graves, était guérie en treize jours;
l'autre, tellement atteinte que le matin du treizième jour
M. Bouilly s'était refusé à intervenir, fut opérée le soir et
se remit complètement. La dernière, enfin, succomba dix
heures après la laparotomie, faite in extremis^ douze jours
après le début de l'infection.
M. Denucé a fait connaître une observation analogue,
heureuse. La péritonite, consécutive à un avortement,
avait eu d'abord des allures subaiguës ; puis, un mois
après, des accidents graves avaient éclaté. Il y avait des
foyers purulents dans le cul-de-sac de Douglas, dans la
trompe et dans le ligament large. Un incident ralentit la
guérison : vers le quinzième jour un frisson annonça l'inva-
sion d'un abcès parotidien qui dut être incisé»
Le manuel opératoire, recommandé par M. Bouilly, est
très simple, une incision petite, longue de 5 à 6 centi-
mètres, est suffisante; plus grande, elle exposerait au pro-
lapsus de l'intestin météorisé. Par là est introduite la canule
d*un laveur et cette canule, accompagnée de l'index, fouille
dans tous les coins et récoins pour dégager les agglutina-
tions, pour chercher les foyers qui se sont collectés. On
fait passer ainsi de 8 à 10 litres d'eau bouillie; si l'on
veut, on peut se servir de sublimé à 1 pour 4000 ou 5000.
Quand il y a une poche circonscrite, on y met un gros
drain. Cette recherche des foyers doit être minutieuse : à
une de ses autopsies, M. Bouilly en a trouvé un qu'il
avait méconnu, et nous avons vu que M. Campenon s'est
accusé de pareille mésaventure.
M. Démons se demande si le simple lavage suffit, et il
conseille plutôt de faire une toilette complète, en nettoyant
à l'éponge le plus possible des exsudats. Il reconnaît que
celte manœvre, plus longue, ne serait peut-être pas suppor-
tée si la malade était en un état très grave. Peut-être même,
pour les cas désespérés, où une opération de quelque im-
portance serait fatalement mortelle, pourrait-on essayer du
simple lavage, par une canule de trocart, une autre canule,
tlantée dans l'autre flanc, donnant issue au liquide injecté,
e trauma est en effet ainsi réduit au minimum.
Les résultats, si l'on envisage lastatislique de M. Bouilly,
sont, en bloc, 50 pour 100 de succès; si l'on envisage la
seule péritonite puerpérale, il n'y a plus que 33 pour 100
de guérisons ; ceci n est pas surprenant, car les malades
sont presque toutes moribondes au moment de l'opération.
Si à cela nous ajoutons les faits communiqués au Congrès,
nous avons les chiffres suivants:
678 — N» 42 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Octobre 1889
Total des opérations, 19 guérisons, 12.
Péritonique Iraumatique, 1 guérison, 1.
Rapture utérine et vésicale, 1 guérison, 0.
Lésions des organes abdominaux, 9. . guérisons, 7.
Péritonites enkystéesde la jeunesse,2. guérisons, 2.
Péritonites puerpérales, 7 guérisons, 3.
Aussi peut-on conclure, avec M. Bouiily, qu'il ne faut pas
rester les bras croisés devant une péritonite, même puer-
pérale. Avoir osé agir a élé un progrès ; avoir eu des succès
a été la justification de cette témérité apparente.
A. Broca.
Comxnuxiioations diverses.
Une nouvelle méthode pour la cure des fistules recto-
URINAIRES, par M. le docteur Ziembicki (de Lemberg). — Ces
fistules sont rares. Il en est d'inopérables, cancéreuses on tuber-
culeuses. Les opérations sont de deux variétés. Il en est, quelle
que soit leur cause, qui suppurent encore. Alors le rôle.du chi-
rurgien est bien restreint : on n'a puère qu'à dilater ou mieux
à sectionner les sphincters pour éviter le passage des gaz dans
les voies urinaires. On arrive ainsi, assez souvent, à la cicatri-
sation partielle et on est en présence des fistules qui ne sup-
purent plus : affections graves, incurables spontanément et trop
souvent rebelles à l'intervention chirurgicale. Cette gravité, ces
difficultés opératoires, sont proclamées nar tous les auteurs.
On commence par la cautérisation, qui donne quelques rares
succès, mais, en général, ne réussit qu'à augmenter la fistule.
Le procédé d'A. Cooper (dissection de la paroi rectale et suture)
a donné un bon résultat. Ëntin, le procédé américain de la
suture vésico-vaginale a permis à Duplay, à Kônig de guérir
chacun un malade; mais verneuil n'a-t-il pas fait voir que,
môme pour la fistule recto-vulvaire, l'échec est à peu près con-
stant. M. Ziembicki a eu à soigner un malade ou une fistule,
d'origine traumatique. avait résisté à cinq opérations succes-
sives. Alors il a fait 1 opération suivante : h mobilisation com-
plète de l'extrémité inférieure du rectum; 2« avivement et suture
séparés de chaque orifice, l'un rectal, l'autre uréthral; 3" rota-
tion légère du rectum autour de son axe pour détruire le paral-
lélisme des deux orifices. Guérison radicale en six semaines.
Goitre kystique double rétro -sternal suffocant, par
M. Boutaresco (de Bucharest). — Deux tumeurs situées, l'une
dans la région sus-claviculaire droite, fautre à la région anté-
rieure du cou, cette dernière s'avançant de 10 centimètres dans
le médiastin. Extirpation en deux séances différentes. Guérison
complète sans accidents tardifs.
Traitement des fractures de la rotule. — M. Philippe (de
Saint-Mandé) recommande une boite gouttière à suspension (qu'il
a décrite en 1870 et dont il est parlé dans le Manuel de petite
chirurgie de Jamain et Terrier). L'auteur a obtenu de la sorte
ciuatre cals osseux complets, et un incomplet. 11 ne faut pas abuser
lie la suture osseuse, dont certains chirurgiens semblent exagérer
l'innnocuité.
Physiologie de la trachée et des bronches; déductions
PATHOGÉNIQUES ET PATHOLOGIQUES , par M. Nicaise, — € Les
conclusions suivantes sont le résultat d'expériences que j'ai
entreprises pour étudier les fonctions de la trachée. Ces expé-
riences ont été faites sur des chiens, dans le laboratoire de Paul
Bert, à la Sorbonne en 1878, et dans le laboratoire de M. Bou-
chard en 1889 :
A Fétat normal, dans la respiration calme, la trachée est en
contraction et sans variation de diamètre appréciable^ et cela
dans les deux temps de la respiration. Les extrémités des
anneaux cartilagineux sont presque au contact et les anneaux
se touchent presque par leurs bords; la portion membraneuse
est revenue sur elle-même, et la muqueuse fait à son niveau une
légère saillie dans Tintérieur du conduit.
Cet état de contraction normale, continue, est dû à l'action
tonique des tissus musculaire et élastique qui entourent le
cylindre trachéal et existent surtout au niveau de la portion
membraneuse et des membranes interannulaires.
Pendant la respiration forte, le cri, le gémissement, le
chant, etc., la trachée se dilate et s'allonge pendant l'expira-
tion, le larynx monte; elle se rétrécit et se raccourcit pendant
l'inspiration, le larynx descend.
La trachée peut présenter alors des mouvements alternatifs
de dilatation et de resserrement, à caractère rythmique, iso-
chrones avec les mouvements de la respiration ; j'ai pu prendre
sur un tambour enregistreur des tracés qui démontrent ce fait.
La dilatation de la trachée est en rapport avec la force de l'ex-
piration ; elle est plus grande généralement à la partie supé-
rieure du conduit. La dilatation est due à la pression mécanioue
de l'air intratrachéal, refoulé par l'expiration forte. L'étude aes
graphiques permet d'étudier les variations de cette pression.
La portion membraneuse de la trachée a pour but de lui per-
mettre de se dilater plus ou moins ; les membranes interannu-
laires font de la tracnée un tube flexible, et, en même temps,
elles lui permettent de s'allonger pendant Texpiration forte,
brusque, et pendant la déglutition.
La trachée dilatée a^it incessamment comme un tube élas-
tique, gui comprime l'air contenu dans son intérieur; cette pro-
priété joue un rôle dans la production de la voix, du chant, etc..
Les recherches faites par d'autres auteurs pour déterminer la
pression de Tair dans les poumons et les conditions de la voix
sont en accord avec les conclusions précédentes. Une connais-
sance plus exacte des fonctions de la trachée permet de mieux
connaître celles des bronches et aussi de se rendre compte du
mode de formation et des symptômes de certains états patholo-
giques de ces ors^anes.
Pour étudier les fonctions des bronches, il est nécessaire de
les diviser en bronches extrapulmonaires, qui sont peu mobiles,
et en bronches intrapulmonaires, qui doivent suivre le poumon
dans ses déplacements. Les bronches extrapulmonaireSy pen-
dant la respiration calme, sont en contraction et sans variation
de diamètre. Dans la respiration forte, etc., elles se dilatent
pendant Texpiration et se rétrécissent pendant Tinspiration ;
elles présentent un certain allongement dans Texpiraiion. {a*s
bronches intrapulmonaires s*allongent dans Tinspiration et
se raccourcissent dans Texpiralion, et cela d autant plus que les
mouvements du poumon ont été plus étendus. Leur diamètre
transversal se rétrécit pendant l'inspiration sous l'influence dea
tissus musculaire et élastique d'un côté, et de rallongement du
conduit de Fautre. Pendant l'expiration forte, le diamètre trans-
versal se dilate sous l'influence de la pression de Tair intra-
pulmonaire, les alvéoles s'aflaissant davantage par une expira-
ration forte. En résumé, les bronches intrapulmonaires se
rétrécissent comme les bronches extrapulmonaires pendant
l'inspiration, et, comme elles, se dilatent pendant l'expiration
forte ; je fais une réserve pour ce oui concerne le mouvement
des bronchioles terminales pendant l'expiration.
Les considérations qui précèdent conduisent à n'attribnor
aucun rôle au frottement de l'air contre les parois des bronches
pour expliquer la production des bruits respiratoires physio-
logiques. Ceux-ci sont dus, le murmure vésiculaire, au passade
de l'air dans l'embouchure rétrécie de la l)ronchiole termimUe
dans le lobule, et le souffle bronchique, au passage de Pair à
travers la glotte (Chauveau, Dehio).
Les étuoes précédentes conduisent aussi à terimats déductions
pathogéniques et pathologiques. Elles rendent compte en partie
de la dilatation du cou pendant Taccoucbement, dans l'efiort et
le cri ; de la dilatation du cou chez les chanteurs, pendant rémis-
sion des sons ; de la formation, de tumeurs aériennes sur la cir-
conférence de la trachée (trachéocèleh de certains cas de dila-
tation des bronches; de la rupture (le la trachée observée pen-
dant l'accouchement et la toux. Elles expliquent certaines par-
ticularités des corps étrangers des voies aériennes et des plaies
de la trachée. Elles montrent la nécessité dans la trachéotomie
d'adapter le volume de la canule au diamètre de la trachée, en
considérant que celle-ci, dans la respiration calme, est en état
de contraction, les anneaux au contact. Ënfln, elles rendent
compte du mécanisme de l expectoration. Il faut, dans celle-ci,
distinguer deux temps, le premier pendant lequel les crachats
cheminent jusqu'au larynx, le second constitué par l'expulsion
des crachats en dehors des voies aériennes. Le crachat arrive
à la partie supérieure de la trachée, non par la contraction des
bronches, mais par l'action des cils vibratiies et celle du courant
d'air de l'expiration; la toux n'est pas nécessaire pour cette pro-
gression. L'expulsion du crachat est amenée par un accès di^
toux ; c'est la toux utile et nécessaire. Quand il se produit une
vomique, elle détermine une expiration brusque et le liquide,
sang, pus ou liquide kystique, est refoulé par l'air comme par
un piston, et sort comme un vomissement. »
FiBRO-LIPOME DE LA CAPSULE CELLULO- ADIPEUSE DU REIN DROIT,
18 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE _ N» 42 — 679
opéré par M. Thiriar (de Bruxelles) sur une femme qu'il croyait
atteinte de kyste multiloculaire de Tovaire droit. Il est tombé
sur un fibro-lipome de la capsule du rein. La tumeur qui pesait
1 1 kilogrammes nécessita la néphrectomie. II en résulta une
énorme cavilé rétro-péritonéale au devant de laquelle le péri-
toine fut suturé. Suture totale de la plaie abdominale. Guérison.
Ces tumeurs, fort rares, sont à peine signalées, même dans le
traité récent de M. Le Dentu.
Pseudo-tumeurs autour de corps étrangers, par M. Castex
(de Paris). — Tumeurs ressemblant à des fibromes ou à des sar-
comes et dans lesquelles, après ablation, on trouve, au centre,
un corps étranger méconnu, dont le malade n'avait pas parlé.
Celte constatation assure immédiatement le diagnostic et le pro-
nostic.
Emploi de la force dans le traitement de certaines formes
DEPIED BOT, parU. Redard (de Paris). — Il y a deux procédésen
présence : le redressement forcé et les opérations sanglantes.
(Chacune d'entre elles a ses indications. Le redressement par la
force est préconisé depuis longtemps ; Delore, de Lyon, le recom-
mande spécialement. Mais les mains sont insuffisantes pour les
cas un peu anciens. En Amérique, Bradford, Morton, ont inventé
des appareils redresseurs. M. Redard en décrit un nouveau, par
lequel il pratique une sorte de massage mécani()ue prolongé et
un redressement à vrai dire progressif. On obtient des disten-
sions, et non pas des actions brusques comme celles des ostéo-
clastes. On fait des séances multiples. Quand le pied bot est
invétéré, il faut en général s'adresser aux méthodes sanglantes,
ce dont on s'assure en constatant l'effet médiocre de la première
soance.
(A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémle des Hcleneea.
séance du 7 octobre 1889.
Sur le transformisme en microbiologie. Des limites,
des conditions et des conséquences de la variabilité
DIT Bacillus anthracis. Recherches sur la variabilité
DESCENDANTE OU RÉTROGRADE, par M. A. Ckauveau, — Sous
ce litre, M. Chauveau reproduit une série d'expériences
nouvelles ayant pour objet de faire agir de nouveau sur le
j^flct //w5awiAram, déjà modifié SOUS l'influence de Toxygène
sous pression, non dans sa végélabilité, mais dans sa viru-
lence, la cause atténuante de la virulence, c'est-à-dire
l'oxygène sous tension de 3 atmosphères à 3«*™,5. Le plus
souvent celte tentative n*a pu réussir. Les germes sont tués
par Tagent atténuant et ne peuvent servir pour des cultures
ultérieures. Mais, et c'est là le fait essentiel, ces spores à
résistance amoindrie, incapables de supporter davantage,
sans mourir, l'action atténuante qui leur a procuré leurs
propriétés nouvelles, continuent néanmoins à végéter par-
faitement dans les bouillons. Et, si l'on examine leurs apti-
tudes physiologiques, on ne manque pas de reconnaître que
le bacille a conservé ses propretés vaccinales, dont la pos-
session constitue le seul caractère qui le maintienne dans la
catégorie des agents pathogènes.
De ses nouvelles expériences M. Chauveau conclut, en
effet, que le Bacillus anthracis^ conduit par une méthode
d'atténuation aux extrêmes confins de la végétabililé, con-
serve, au degré le plus remarquable, la propriété de créer
l'immunité contre la maladie charbonneuse. 11 garde donc
encore les liens étroits qui l'unissaient à la souche d'où il est
issu. On n'a pu réussir à le faire sortir complètement de la
catégorie des agents pathogènes.
Les bacilles ainsi modifiés sous l'influence de l'oxygène
sous pression et ayant perdu toute virulence, conservent
leurs caractères physiologiques et morphologiques qui sont
à peu près identiques à ceux du bacille virulent ordinaire.
On ne saurait imaginer une identité, une fixité plus par-
faites des caractères nouveaux qu'ils ont acquis. En réalité,
ces deux types n'en font au'un, que la culture permettra de
propager sans doute indéfiniment. La végélabilité de ces
types reste, en effet, très grande, quoiqu'elle soit fort sen-
sible à l'influence des causes dirimanles. en général, et plus
particulièrement à celle de l'agent dont Tintervention,
dans les cultures, a créé les caractères spéciaux que possè-
dent ces types ou races de Bacillus anthracis.
En somme, cette fixité de caractère est telle que rien
n'empêcherait de prendre la catégorie de bacilles q[ui la
possèdent pour une espèce à part, si Ton considérait ces
caractères en eux-mêmes, sans rechercher ni d'où viennent
les êtres auquels ils appartiennent, ni surtout où ils peuvent
retourner par la voie de la variation ascendante.
Cette fixité des types sans virulence, entretenus si facile-
ment par culture dans les laboratoires, permet de se demander,
ajoute M. Chauveau, si ces types n'existent pas dans la nature,
comme le bacille virulent qui est la cause de l'infection char-
bonneuse naturelle. Est-ce que ce dernier ne pourrait pas ren-
contrer spontanément, dans les milieux extérieurs, les condi-
tions propres à son atténuation extrême? 11 m'est arrivé, en effet,
de recueillir des bacilles sans virulence aucune, morphologique-
ment identiques au Bacillus anthracis, dans un terrain arrosé
quelques mois auparavant avec du sang charbonneux. A l'époque,
j ai considéré ces bacilles sans virulence comme n'ayant aucun
rapport avec celui du charbon. Aujourd'hui, je serais plus réservé
dans mon jugement. Avant de me prononcer, je chercherais à
savoir si ces bacilles sans virulence ne possèdent pas l'aptitude
vaccinale. Hueppe et G.-C.Wood ont trouvé en effet, dans le sol,
un bacille qui ne donne pas le charbon et qui serait néanmoins
doué de l'aptitude vaccinale contre cette maladie. Ce bacille
naturel ressemble. donc singulièrement à mon bacille artificiel
du type le plus atténué. Le premier ne serait-il pas identique
avec ce dernier? N'aurait-il pas la même origine? Je me gar-
derai de me prononcer, de substituer cette interprétation à ce^le
des auteurs qui croient, eux, à un bacille spécial, voisin du Ba-
cillus anthracis et capable de produire les mêmes matières
vaccinales que celui-ci. En général, je suis très disposé à attri-
buer une certaine communauté d'aptitudes, surtout en fait de
sécrétion de matières vaccinales, à des microbes pathogènes
différents, mais voisins les uns des autres; mais le cas particu-
lier dont il est question s'accommode mieux de fhon hypothèse,
qui est plus simple, plus féconde peut-être, et mérite en consé-
quence d'être sérieusement examiiîée.
En résumé, par la persistance de l'action de l'oxygène comprimé
sur les cultures du Bacillus anthracis en voie de développe-
ment, on arrive à créer des race ou types de moindre résistance
que le bacille primitif et surtout particulièrement sensibles à
I action de l'agent atténuant qui a procuré au bacille ses pro-
priétés nouvefles.
Si l'on prolonge cette influence de l'agent atténuant, les types
nouveaux finissent par perdre l'aptitude à végéter à son contact.
Mais tant que le bacille ne franchit pas les limites de la végé-
labilité, il reste aussi dans le domaine des agents pathogènes.
II perd, il est vrai, toute propriété virulente; mais il conserve
intégralement la propriété vaccinale, et il la garde, à peu près
intacte, pendant toute la durée de son existence.
Ces nouveaux caractères sont fixes et s'entretiennent facile-
ment par la culture dans les générations successives. Aussi, en
considérant ces types en eux-mêmes, sans tenir compte ^de leur
origine, pourrait-on les regarder comme formant une espèce
distincte.
11 ne serait pas impossible que ces types spéciaux de Baci7/t/«
anthracis existassent dans la nature, avec des propriétés abso-
lument identiques à celles des races créées et entretenues dans
le laboratoire.
Sur Lk physiologie de la trachée, par M. Nicaise. —
(Voy. au Congrès de chirurgie^ p. 678.)
Sur la pathologie des terminaisons nerveuses des
muscles des animaux et de l'homme, par MM. Bades et
Marinesco. — En employant une technique histologique
nouvelle, qui permet de colorer en même temps, avec le
réseau, les crosses terminales et la substance fondamentale,
les noyaux d'origine différente, les auteurs sont arrivés à
680
No 42 _ GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Octobre 1889
reconnaître chez Thomme une série de lésions non encore
décrites.
1*» Ainsi, on trouve, par exemple, dans Tatrophie musculaira
simple, ane atrophie de la plaque parfois avec prolifération des
noyaux; dans Thypertrophie simple de certains muscles et dans
la maladie de Thomsen, il y avait hyperplasie avec uniformité
de la substance foncée de la plaque. Dans la dégénérescence
aussi bien que dans la régénérescence des fibres dans la fièvre
typhoïde, on trouve une simplification des plaques terminales et
souvent la substitution de la fibre terminale dans sa partie péri-
phérique par un filament très fin. Dans la pseudo-hypertrophie
de Tadulte, on trouve une disparition de la partie foncée, non
seulement dans la placjue, mais souvent encore dans les derniers
segments interannulaires. En même temps, il existe souvent une
prolifération des noyaux fondamentaux.
2^ Dans d'autres maladies d*origine nerveuse, ainsi que dans
la sclérose amyotrophique de Gharcot, on trouve une sclérose des
fielits nerfs musculaires, avec formation de névromes fusi'^ormes
e long des nerfs. Dans le nerf même, on observe, à côté de
quelques fibres normales, d'autres très hypertrophiées; quel-
3ues fibres montrent une ramification évidente dans l'intérieur
u nerf. Mais la plupart des fibres nerveuses sont tellement
atrophiées qu'on les distinguo difficilement; leur gaine est
devenue plus épaisse et uniforme, et on la confond avec le tissu
conjonclit'; seulement, près de la terminaison, on reconnaît
encore dans la distribution de ces fibres, leur nature nerveus4\
II y a donc une atrophie excessive des fibres nerveuses termi-
nales, qui sont en grande partie foncées, uniformes t^t mal limi-
tées. Dans un cas de polynévrite périphérique de Leyden, nous
avons trouvé en général le même état des nerfs musculaires;
mais on voyait en même temps aussi des signes d'une néoforma-
lion et parfois même une prolifération excessive des noyaux de
la plaque.
Académie de médeelne.
SÉANCE DU 15 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
M. le ininUtre de l'intérieur invite l'Acadéniie îi dresser un formulaire des
médicaments et produits pltaraiacoutiques peu coûteux, dont l'usage, purement
facultalif, se recommanderait aux médecins dos établissements hospitaliers pour
l'intérêt bien entendu des malades. — (Commission: MM. Bourgoin, Mariy et
Corutantin Paul,)
M. le docteur Blanquinque (à Laon) envoie une brochure sur le trailemenl et
la eurabilUé de la méningite.
M. le docteur Japhet adrcs'O un travail sur leg eaux mlnéralet d'Enghien.
M. Jamei Finlayion (do Glasgow) envoie une Notice biographique iur maUre
Peter Lowre.
M. Trasbot fait hommage d'un mémoire sur lei pleuréiieê.
M. Urouardel présente : i"* un iruvail de MM. les docteurs Petretco et Urbeano
sur le» eaux de Bucharest; %" le premier volume de V Encyclopédie d'hygiène et
de médecine publique, dirigée par M. i. Rochard; 3* une note manuscrite de
M. Crié (de Rennes) sur les accidents causés par la décomposition des bois de
construction.
M. Laborde dépose un mémoire de M. le docteur Magnan sur la folie de» anti-
vivisectionnistes.
M. Duplay fait hommage d'un ouvrage sur la technique des principaux moyens
de diagnostic et de traitement des maladies des oreilles et des fosses natales.
loDURE DE POTASSIUM. — M. Trosbot Confirme, à l'aide
de recherches physiologiques et thérapeutiques sur les
animaux, les observations présentées à la dernière séance
par M. Germain Sée, concernant l'action de Tiodure de
potassium sur le cœur.
Prix. — M. Albert Robin donne lecture d'un rapport sur
le concours pour le Prix Alvarenga en 1889.
ÏHALLiNE. — Les recherches auxquelles M. Albert Robin
s'est livré, lui permettent de déclarer que la thalline est un
poison des globules rouges du sang, du système nerveux et,
en général, des tissus riches en soufre et en phosphore; de
plus, son action antiseptique intra-organique est insignifiante
et passagère. D'où les conclusions thérapeutiques suivantes:
V comme les propriétés antipyrétiques de ce médicament
sont liées à ses effets toxiques sur le système nerveux et sur
les globules rouges du sang, ce n'est qu'un faux et daojïe-
reux antinyrétique qui doit être proscrit du traitement des
fièvres ; 2** sa propriété retardatrice de l'éliminalion de
l'acide urique en interdit l'emploi dans l'immense groupes
des affections dites uricémiques, par conséquent dans le plus
grand nombre des arthrites et dans la plupart des néphrites:
^'^ son usage prolongé doit fatalement conduire à 1 anémie
et provoquer, à la longue, une déchéance nerveuse plus ou
moins accentuée ; 4*" aussi l'étude de la thalline sur la
nutrition ne laisse-t-elle guère pressentir que des contre*
indications à son usage en thérapeutique.
Choléra. — M. Proust entretient l'Académie de la dis-
tribution géographique actuelle de l'épidémie de cboléni
3ui sévit depuis trois mois environ en Mésopotamie, du
anger que peut courir l'Europe et des moyens à employeur
pour la préserver. C'est le i4 août que le choléra a envahi
Bagdad après être apparu au sud de cette ville ; la maladie
y a pris un développement très intense; elle s'est étendue
en éventail sur l'Ëuphrate, sur le Tigre, a gagné le golfe
Persique et franchi la frontière turco-persane sur plusieurs
points. Tout le Chat-el-Arab ne tarda pas à être envahi,
puis une grande partie de la Perse. Le danger de cette
extension était peu à redouter du côté de la mer Noire et
surtout de la Méditerranée à cause de la difficulté et de la
lenteur des communications ; mais du côté de la Perst*
et de la mer Caspienne il est beaucoup plus sérieux,
d'autant nue, suivant les prévisions, la marche de l'é-
pidémie s accentue de ce côté; plusieurs grandes cités per-
saunes sont contaminées et l'on a récemment annoiici^
heureusement à tort, qu'il en était de même de Recht. Or,
cette ville a déjà été, à plusieurs reprises, le point de départ
et le lieu de passage d'épidémies cholériques venues de
l'Hindoustan, de l'Afghanistan et de la Perse ; elle est en
relations presque journalières avec Batoum et Astrakan, les
deux principaux ports de la Russie sur la Caspienne. Les
épidémies antérieures de choléra de 1823, 1830 et 1846, sont
précisément parties de Recht pour envahir, les deux der-
nières, la Russie d'abord, l'Europe ensuite.
A la suite de la conférence sanitaire internationale de
Constantinople en 1866, le gouvernement français avait
envoyé une mission sanitaire en Russie et en Perse pour
indiquer les moyens de préserver l'Europe contre l'enva-
hissement du choléra par cette voie, dite route de terre du
choléra; M. Proust, chargé de cette mission, fit alors con-
naître ces moyens; il n'a à y .ajouter que l'établissement
d'étuves à désinfection dans les points signalés. Ces indica-
tions ont été confirmées en 1870 par la Commission convo-
quée à Tiflis par le gouvernement russe et approu-
vées en 1874 à Vienne et en 1885 à Rome par les conférences
sanitaires internationales. Si la ville de Hechl venait à èln^
envahie, ce qui est à redouter, le choléra étant déjà à
Kirmanshah et à Hamadan, la sauvegarde de l'Europe con-
sistera uniquement dans les mesures que prendra la Russie
sur la frontière persane. M. Proust a la ferme espérance que
l'administration sanitaire russe ne faillira pas à cette tiirhe
et protégera l'Europe contre l'importation au choléra, nous
évitant ainsi une épidémie qui pourrait présenter la march-
générale des épidémies cholériques de 1830 et 1846.
M. Larrey regrette l'absence de M. Tholozan, qui pourrait
donner des indications sur les moyens que le gouvernement
t)ersan peut mettre en œuvre pour éteindre cette épidémie ;
es progrès de l'hygiène publique permettent d'espérer
qu'elle ne gagnera pas l'Europe.
Blépharoplastie. — M. le docteur Tripier^ professeur
de clinique chirurgicale à la Faculté de Lyon, lit une obser
vation d'où il conclut que le lambeau musculo-cutané ci
en
forme de pont appliqué à la restauration des paupières,
permet de leur rendre tout à la fois la forme et le mouve
18 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 42
681
ment; à l'aide de ce lambeau pris sur la paupière supérieure,
on peut refaire coinplëtement la paupière inférieure; de
plus, en prenant un lambeau analogue immédiatement au-
dessus du sourcil^ on peut restaurer certaines pertes de
substance intéressant la moitié, voire même les deu\ tiers
de la paupière supérieure. — (Commission : MM. Alphonse
Guérin et Panas.)
— M. le docteur PatU Berger communique ensuite deux
nouvelles opérations de blépharoplastie par la méthode ita-
lienne modifiée. Sa première malade est une jeune fille de
vingt ans qui présentait un ectropion total de la paupière in-
férieure gauche, avec des cicatrices très visibles et chéloï-
diques, résultant de trois tentatives de réparation faites
depuis Tâge de dix-huit mois, époque à laquelle elle était
tombée la face sur un chenet brûlant; ces cicatrices s'éten-
daient jusqu'à la région malaire et constituaient en outre
une bride fortement saillante et tendue au niveau du grand
angle de l'œil ; les bords palpébraux étaient en grande partie
dépourvus de cils et la paupière supérieure quelque peu
déformée était cicatricielle elle-même. Par une tarsorraphie
soignée il releva et fixa à la paupière supérieure la surface
conjonctivale et le bord libre de la paupière et tailla au
bras,surlarégionbicipitalegauche,unlambeaupédiculéqui,
retourné, fut fixé très exactement sur la perte de substance
de la paupière inférieure ; un appareil de construction ana-
logue à celui de Tagliacozzi permit de fixer le bras sur la
téta puis un pansement compressif au salol fut appliqué.
Les deux premiers jours seuls furent'un peu pénibles et
fatigants; vers le quatrième la malade put se lever; douze
jours après, le pansement fut enlevé et le pédicule qui ratta-
chait le lambeau au bras fut sectionné. Les paupières furent
séparées près d'un an après l'opération ; aujourd'hui le
lambeau est sensible et rougit sous l'influence des pressions
exercées sur lui; l'ectropion ne s'est pas reproauit, mais
comme la paupière inférieure est dépourvue d'orbicul.iirc,
l'occlusion patpébrale ne peut se faire d'une manière com-
plète. En résumé, le résultat oblenu a été le résultat
cherché : une notable correction de la difformité et une
disparition pre.<$que complète des troubles fonctionnels, pho-
tophobie et larmoiement.
La seconde malade est une femme chez laauelle la
syphilis, contractée de son nourrisson, a complètement
détruit le nez, la lèvre supérieure, les téguments des deux
joues et du front, les deux paupières du côté droit, la pau-
pière inférieure gauche ; l'œil droit, atteint de kératite
interstitielle, semblait perdu; l'œil gauche, constamment
à découvert, était menacé du même sort. M. Paul Berger
entreprit la restauration de la paupière inférieure de ce
côté ; en raison de la crainte oo la cécité complète, il a
fallu laisser une fenêtre. Aujourd'hui, la malade présente
un voile formé par la suture palpébrale avec fenêtre vers le
grand angle ; aans un an on séparera les deux paupières,
mais auparavant on tentera la même opération sur l'œil
droit, afin de délivrer la malade des douleurs incessantes
causées par l'exposition constante de cet œil à l'air et à la
lumière.
M. Berger fait observer, à propos de ces deux observa-
tions, que ce mode d'autoplaslie, même s'il échoue, n'ag-
grave en rien les lésions et les difformités existantes. Il est
trop délaissé de nos jours et présente d'utiles ressources
lorsque les autres modes ne sont pas applicables. ~ (Le
mémoire de M. Paul Berger est renvoyé à la section de
médecine opératoire, dans Inquelle il est candidat.)
Société médlcAle des bôpIlauM.
SÉANCE DU H OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CADET DE GASSICOORT.
Hémiplégie hystèrlqae avec atrophie musoalaire & la suite de diph-
thérie : M. Debove. — Xanthélasma disséminé et ssrmétrique sans
insoffisanoe hépatique : M. Ghanlfard. — Du bégayement hysté-
rique : M. Gilbert Ballet. — Pleurésie hémorrhagique, oanoer de la
plèvre consécutif à un épithéUoma du nés : M. Féréol.
M. Debove lit un travail sur un cas d'hémiplégie
hystérique avec atrophie musculaire survenu à la suite
d une diphthérie. (Sera publié.)
— M, Chauffard présente un malade atteint de xanthé-
lasma disséminé et symétrique, sans insuffisance hépa-
tique. (Sera publié.)
M. Balzer fait remarquer que les plaques de xanthélasma
du malade de M. Chauffard ressemblent beaucoup, par leur
aspect et leur siège, aux lésions portées par le malade dont
il a rapporté l'histoire dans les Archives de physiologie^
lorsqu il a décrit les altérations des fibres élastiques de la
peau dans les plaques de xanthélasma.
M. Gérin-Roze n*a jamais observé de xanthélasma que
chez des individus déjà en puissance de maladie.
M. Rendu n*est pas convaincu que le malade de M. Chauf-
fard n'aura pas plus tard des troubles hépatiques. 11 a eu
Toccasion d observer une malade tourmentée depuis trois
mois seulement par des coliques hépatiques et qui, depuis
trente ans, portait du xanthélasma. Pour lui, le foie de cette
femme était déjà malade, avant l'éclosion de la première
attaque de colique hépatique.
M. Juhel'-Rénoy soutient que le xanthélasma peut se
présenter chez des gens en parfaite santé.
M. Chauffard ne répond pas de l'avenir hépatique de son
malade, mais affirme pour le moment l'intégrité du foie.
M. Merklen fait remarquer que les lésions cutanées
observées chez ce malade présentent bien certains carac-
tères du xanthôme, mais quelles en différent par leur loca-
lisation, par la présence d'un poil à leur centre et par le
développement de tissu cicatriciel autour des plaques et
nodules.
M. Chauffard reconnaît que par sa topographie et ses
caractères, l'éruption diffère beaucoup du xanthélasma
vulgaire ; c'est pourtant avec celte espèce dermatologique
qu'elle a le plus d'affinité. Jusqu'à nouvel ordre, la déno-
mination de xanthôme est la plus vraisemblable que l'on
puisse donner.
— M. Ballet présente un homme atteint de bégayement
avec tremblement de la langue. Il n'hésite pas à considérer
ce trouble de la parole comme de nature hystérique. Le
malade est en effet un hystérique avéré, comme le témoi-
gnent encore les traces d'une hémi-anesthésie sensitivo-
sensorielle et d'une hémiparésie. Le bégayement d'autre
part, survenu à la suite d'une altercation, a été précédé
d'une attaque d'hystérie et d'aphonie. M. Ballet a eu l'occa-
sion d'observer deux autres cas de bégayement hystérique qui
furent transitoires. Le premier avait fait son apparition en
même temps qu'un hémispasme facial. Le second était sur-
venu chez un artiste dramatique à la suite d'une émotion.
Le bégayement hystérique n'a jamais été décrit d'une façon
complète. Il a été sommairement indiqué par MM. Charcol
et Cartaz dans leurs travaux sur Taphasie et l'aphonie hys-
tériques.
M. Ballet endort son malade devant la Société et lui
suggère qu'il peut articuler correctement les mots. Après
deux ou trois minutes de cet exercice, le bégayement de cet
homme semble diminuer et sa parole est un peu plus nette
682 — N^ 42 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Octobre 1889
au réreil. M. Ballet n'en affirme pas moins la nature hysté-
rique de ce bégayement. De même qu'il y a des aphasiques
hystériques, il y a donc des bègues hystériques.
H. Desnos trouve que le sujet avait un peu la Taçon de
parler d'un individu atteint de paralysie générale.
M. Gérin-Roze demande à M. Ballet si le trouble de la
parole présenté par son malade mérite bifn le nom de
Dégayement, si on ne pourrait pas lui trouver des ressem-
blances avec le tremblement de la parole dans la sclérose
en plaques ou dans la paralysie glosso-labio-laryngée.
M. Ballet répond que son malade, comme un bègue, était
pris d'un spasme respiratoire en commençant à parler, puis
répétait les syllabes qu'il voulait prononcer.
— M. Féréol fait une communication sur un cas de pleu-
résie hémorrhagique, avec cancer delaplèvre consécutif àun
épithélioma du nez opéré avec succès cinq ans auparavant.
(Voy. p. 674).
M. Rendu n'est pas tout à fait de l'avis de M. Féréol tou-
chant la dernière conclusion de sa communication. Il croit
que le malade a pu faire un néoplasme de la plèvre, en vertu
de sa prédisposition générale au cancer. II ne croit pas
nécessaire d'invoquer ici une généralisation de répilhéliuma
dunezàlaplèvre, d'autaut que les ganglions intermédiaires
ne paraissent pas touchés.
M. Cadet de Gassicourt ne partage pas l'opinion de
M. Hardy rapportée par M. Féréol, à savoir que la pleurésie
hémorrhagique est fréquente chez les enfants. Il n'en a ob-
servé ^ue trois cas dans une pratique déjà longue des ma-
ladies infantiles.
Fernand Widal.
Société de biologie.
SÉANCE DU 5 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD, PRÉSIDENT.
Sur la nutrition du foie : MM. Arthaud et Batte. — Action physio-
loglqae de Tacide cyanhydrique : M. Or61iant. — De la diurèse
produite par les sucres : M. Dastre. — Variations thermomôtriques
dans les appartements : M. Onimus.
M. Quinquaud présente une note de MM. Arthaud et
Butte sur la nutrition intime du foie : des fragments de
tissu hépatique, privés de sang, et placés dans une atmo-
sphère aoxygène, contiennent, après six heures, une plus
grande quantité de glucose que d'autres fragments placés
dans les mêmes conditions dans une atmosphère d'acide
carbonique. MM. Ârthaud et Butte concluent que la pro-
duction du sucre est d'autant plus abondante dans le foie
que la circulation artérielle se fait mieux, c'est-à-dire
apporte plus d'oxygène au tissu hépatique.
— M. Gréhant a fait quelques recherches sur l'action
physiologique de l'acide cyanhydrique, en urenant de grandes
précautions pour éviter les effets fouaroyants de celte
substance. Il sufiit de 2'%3 d'une solution d'acide cyan-
hydrique à i/400, c'est-à-dire de O^^OOSô d'acide cyan-
hydrique anhydre, injectes dans la veine jugulaire pour
tuer en cinq minutes un chien pesant 6'''',500. Il se pro-
duit un peu d'agitation, la respiration s'arrête très vite; le
cœur bat encore quelque temps après. Lesphénomènessont
de même ordre chez la grenouille.
— M. Dastre présente quelques remarques au sujet de
la diurèse produite par les sucres, étudiée dans ces dernières
années par MM. Moutard-Martin et Ch. Kichet, Bourquelot
et Troisier, Germain Sée. Il ne croit pas, d'après ses propres
recherches, et contrairement à ce qu'ont admis MM. Mou-
tard-Martin et Richet, que ce soil l'excès du sucre dans
le sang qui détermine la polyurie; l'hyperglycémie amène
nécessairement la glycosurie, mais «on la polyurie ; ou
voit quelquefois, par exemple, que le sang contient nn^
quantité de sucre quadruple ou quintuple de la quantité
normale, sans qu'il y ait polyurie. D'autre part, on ne peut
considérer avec M. G. Sée la'iactose comme un diurétique
rénal, puisque ce sucre passe dans le sang à l'état de glu-
cose. En somme, nous ne connaissons pas bien les cause-
de la diurèse que produisent les sucres.
— M. Onimus montre une série de tracés obtenus ave»
des thermomètres enregistreurs placés à l'air libre et dan-
des appartements avec fenêtres entr'ouvertes. Ces tracé*
prouvent que dans une chambre dont les fenêtres restent
ouvertes nuit et jour, la température varie très peu et Irê-
lentement; on peut conclure qu'il n'y a aucun inconvénient
à laisser, pendant la nuit, les fenêtres entr'ouvertes.
Société de tbérApenttqae.
SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNLT.
Compte rendu des travaux de la Société pendant l'année 1888-
1889 : M. ConetanUn Paul, secrétaire général. — Rapport sur It
travaU de M. Poulet (de Planoher-leS'Mines) sur l'Inée.
M. le Secrétaire général lit le compte rendu destravaui
de la Société pendant l'année 1888-1889. Le rapport est
divisé en deux parties: dans la première, comprenant les
questions ayant rapport à la thérapeutique, nous relevons
fiarticulièrement les discussions relatives au traitement de
a diphthérie, des affections tuberculeuses, de la coque-
luche, de la gravelle urique, des maladies cardio-vascu-
laires ; les communications ayant pour sujet les réactifs
des acides de l'estomac, le diabète et la glycosurie, la
pathogénie et le traitement du tétanos.
La seconde partie du compte rendu, concernant la
matière médicale et la pharmacie, sera communiquée dans
la prochaine séance.
— M. Kiigler lit son rapport sur le travail de M. Poulet
(de Plancher-les-Mines) sur l'Inée. Au point de vue de la
chim'e, le mémoire de AI. Poulet ne présente rien de nou-
veau. L'auteur distingue bien les différentes espèces de
strophantus: il s'est servi du strophantus glabre surtout,
ainsi que de ïhispidus et du Kombé. Il donne le stro-
phantus glabre ei hispidus à la dose de 20 centigrammes
de poudre en vingt-quatre heures, tandis qu'il est loin de
pouvoir atteindre celte dose avec le strophantus Komhé.
celui-ci étant beaucoup moins bien supporté. D'après
M. Poulet, le strophantus glabre et l'hispidus seraient
équivalents entre eux à dose thérapeutique, et préférable^
au Kombé qui demanderait beaucoup de circonspection
dans son emploi. Ces conclusions sont en désaccord complet
avec les données de l'analyse chimique, carie strophantus
glabre contient 5 pour 100 de strophautine, tandis que le
Kombé en renferme seulement 1 pour 100. Les doses sup-
portées, d'après le travail de M. Poulet, seraient donc
inversement proportionnelles aux quantités de principe actif
que renferme chaque variété.
La discussion sur cette question est renvoyée à une séanre
ultérieure. Georges Baudouin.
BIBLIOGRAPHIE
Les champli^noiia, traité élémentaire et pratlc|iie de
mycoioftie, suivi de la description des espèces utiles,
dangereuses, remarquables, par J. Moyen, prêtre de
Saint-Sulpice et professeur d'histoire naturelle. Paris,
J. Rothschild, 1889.
Il n'est point de médecin qui ne connaisse le rôle que
jouent certains champignons dans la genèse et l'étioJogie
i8 OcTofiRÊ 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 42 — 683
des maladies les plus diverses. Les aliments d'origine vé-
gétale sont fréquemment altérés par des productions cryp-
togamiques dont il importe de connaître les conditions
d'existence, car elles peuvent donner naissance à des affec-
tions graves et dont la propagation rapide prend le carac-
tère épidémique. 11 nous suffira, à ce point de vue, de citer
Vergotisme.
D'autre part ces mêmes champignons, si nuisibles (juand
ils sont ingérés en trop erande quantité, peuvent au point de
vue médical rendre les plus signalés services. Dans l'introduc-
tion de ce livre M. de Seyne rappelle les expériences qui
font espérer que les alcaloïdes et divers autres principes
tirés des Agaricinés passeront bientôt du domaine de la
toxicologie dans celui de la thérapeutique.
Enfin dans la pratique médicale on emploie encore quel-
Sues agents pharmaceutiques fournis par les champignons,
itons l'ergot de seigle, l'agaric blanc, la fausse oronge.
Sans doute on aura peine à revenir aux pratiques anciennes
et à attribuer au lactaire poivré, à l'agaric amer, au poly-
pore officinal, etc., les vertus que leur reconnaissaient les
anciens. Il est probable cependant qu'on trouvera un jour
ou Tautre parmi les champignons non comestibles des
espèces qui pourront être utilisées en thérapeutique.
On comprend dès lors l'intérêt que doit avoir pour tous
les médecins un livre qui traite de la mycologie considérée
à un point de vue exclusivement pratique.
L'ouvrage que vient de faire paraître H. l'abbé Moyen a
le mérite de donner avec une grande précision les carac-
tères botaniques qui peuvent servir de guide à ceux qui
voudront étudier les champignons comestibles et les cham-
pignons nuisibles. Il est orné d'un très grand nombre
de figures et d'un atlas de planches en chromotypographie
qui représentent les types les plus connus des espèces co-
mestibles et dangereuses. L'un de ses chapitres traite de
la nécessité d'apprendre à reconnaître les champignons co-
mestibles des champignons nuisibles. On sait combien sont
vaines et insuffisantes les méthodes indiquées parfois encore
pour arriver à savoir, après les avoir cueillis, si les cham-
pignons sont inoffensifs. M. Moyen reconnaît l'inexactitude
des règles trop souvent encore tracées à ce point de vue,
mais il croit à l'efficacité ae la méthode indiquée par
Gérard et ne semble pas avoir lu les travaux de Bertillon
père, qui a exposé avec tant de lucidité et d'exactitude dans
ses articles du Dictionnaire encyclopédique tout ce qui a
trait à la mycologie envisagée au point de vue médical. On
peut regretter aussi que la question des relations qui existent
entre certains champignons et la genèse des maladies infec-
tieuses n'ait pas été soulevée'.
Tel qu'il est toutefois, ce livre, c clairement conçu, con-
sciencieusement exécuté >, comme le dit M. de Seyne, et
édité avec un soin très digne d'encouragement et d appro-
bation, mérite d'être signalé à tous les médecins, en
particulier à ces praticiens de campagne à oui s'adressait
bertillon en les conviant à étudier la mycologie, certains
(ju'ils seraient d'arriver rapidement à des découvertes scien-
tifiques qui leur donneraient autant de satisfaction morale
que de renommée.
L. L.
VARIETES
Instructions réglant les conditions d'admission dans le ser-
vice DE santé de la marine ET DANS LES ÉCOLES DE MÉDECINE
ET DE PHARMACIE NAVALES.
I. Corps de santé. — Le service médical et pharmaceutique
dans les hôpitaux et arsenaux maritimes, à bord des bâtiments
de la flotte, dans les colonies, dans les régiments d'artillerie et
d'infanterie de la marine, est attribué aux officiers du corps de
santé de la marine
L'organisation de ce corps est réglée par le décret et l'arrêté
du 24 juin 1886. Les ofticiers du corps de santé de la marine
sont placés sous le régime de la loi du 19 mai 1834, concernant
l'état des officiers.
La hiérarchie des grades est établie comme suit :
Service médical. — Directeur du service de santé, asssimila-
tion, grade intermédiaire entre le colonel et le général de bri-
gade. — Médecin en chef, assimilation, colonel. — Médecin
principal, assimilation, chef de bataillon. — Médecin de première
classe, assimilation, capitaine. — Médecin de deuxième classe
(titulaire ou auxiliaire), assimilation, lieutenant.
Service pharmaceutique, — VhKrmBcien en chef, assimilation,
colonel. — Pharmacien principal, assimilation, chef de bataillon.
— Pharmacien de première classe, assimilation, capitaine. —
Pharmacien de deuxième classe (titulaire ou auxiliaire), assimila-
tion, lieutenant.
Le personnel du service de santé de la marine se recrute par
l'admission des docteurs en médecine ou des pharmaciens uni-
versitaires de première classe, qui sont nommes, sans concours,
à l'emploi de médecin ou de pharmacien auxiliaire de deuxième
classe.
Le candidat à l'emploi de médecin ou de pharmacien auxiliaire
de deuxième classe doit remplir les conditions suivantes :
1" Etre Français ou naturalisé Français;
â** Être âepé de moins de vingt-huit ans au moment de son
admission, a moins qu'il ne compte assez de services à l'Etat
pour avoir droit à une retraite à cinquante-trois ans;
3* Etre pourvu du diplôme de docteur en médecine ou du titre
de pharmacien universitaire de première classe ;
4^ Etre reconnu propre au service militaire, après constatation
faite par un médecin de la marine ou par un médecin militaire.
II doit produire, en outre, un extrait^ pour néant, de son
casier judiciaire, un certificat de bonnes vie et mœurs et un cer-
tificat constatant sa situation au point de vue de la loi sur le
recrutement de l'armée.
Les médecins et pharmaciens auxiliaires de deuxième classe
sont employés à terre en France, dans les hôpitaux de la marine,
à la mer ou aux colonies. Ils portent l'uniforme et les insignes
du grade de médecin ou pharmacien titulaire de deuxième classe.
Après deux années de stage, les médecins et pharmaciens
auxiliaires de deuxième classe sont nommés, par décret, au
grade de médecin ou de pharmacien titulaire de deuxième classe.
L'avancement aux graoes du corps de santé a lieu :
Pour les médecins et pharmaciens de première classe, un tiers
au choix, deux tiers à l'ancienneté ;
Pour les médecins et pharmaciens principaux, la moitié au
choix, la moitié à Tancienneté.
Pour les médecins et pharmaciens en chef et pour les direc-
teurs du service de santé, Tavancement a lieu exclusivement au
choix.
Les médecins et pharmaciens auxiliaires, docteurs en médecine
on pharmaciens universitaires de première classe provenant des
Facultés civiles, promus au grade de médecin ou oe pharmacien
de deuxième classe, reçoivent, s'ils contractent l'engagement de
servir six années dans la marine, une somme représentant le
montant des frais nécessaires à Tobtention des diplômes uni-
versitaires.
Il est compté, poui* la retraite, quatre années de service, à
titre d'études préliminaires, aux méclecins et pharmaciens admis
dans le service de santé de la marine, avec les diplômes de doc-
teur en médecine ou de pharmacien universitaire de première
classe.
II. Écoles de médecine navale. — Les Ecoles de médecine
navale, qui existent à Brest, Kochefort et Toulon, ont pour but
de préparer les élèves du service de santé de la marine aux
diplômes de docteur en médecine ou de pharmacien universitaire
de première classe, et d'initier aux connaissances spécialement
requises pour le service de la marine et des colonies les candi-
dats provenant des Facultés admis, avec les diplômes universi-
taires, en qualité d'auxiliaire de deuxième classe, dans le corps
de santé de la marine.
§ 1. Conditions d'admission. (Application de l'article 29 de
la loi du 15 juillet 1889. — Décret du 8 octobre 1889.) —
Lorsque l'admission a été prononcée, l'élève est inscrit sur une
matricule spéciale, tenue au conseil de santé. Le directeur du
684 — N* 42
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 18 Octobre 1889
service de santé adresse au commissaire aux revues une copie
des inscriptions et annotations portées sur cette matricule.
§ 2, Régime des Ecoles» — L'effectif des élèves pour l'ensemble
des trois Ecoles de médecine navale est (ixé chaque année pîir
le ministre de la marine, la préférence étant acquise aux candi-
dats qui sont les plus avancés dans leurs études, et qui ont satis-
fait aux examens universitaires correspondants.
Aucun élève ne peut être autorisé à redoubler une année
d*étudës, à moins que des circonstances paves ne lui aient occa-
sionné une suspension forcée de travail pendant plus de deux
mois.
Tout élève qui a subi, à un même examen de la Faculté ou de
TËcole, deux échecs successifs, est exclu do TEcolo. Le conseil
des professeurs donne son avis, le ministre statue.
Sauf le cas où il en aurait été renvoyé pour indiscipline ou
inconduite, Télève qui a cessé de faire partie de TEcole peut être
admis de nouveau s'il remplit encore les conditions générales
d'admission.
Des indemnités annuelles de liOO francs, dont le nombre est
lixé par le ministre, sont mises au concours chaque année au
mois de septembre.
Sont admis à se présenter à ces concours les élèves du service
de santé de la manne comptant deux années d'études dans les
Ecoles de médecine navale. Les étudiants en médecine doivent
justifier de la passation avec succès du premier examen du doc-
torat.
Les élèves du service de santé de la marine sont exonérés des
différents droits de scolarité et d'examen, qui sont payés par le
ministre de la marine.
Les élèves démissionnaires ou exclus de TEcole sont tenus au
remboursement des frais de scolarité et, s'ils ont été titulaires
d'une indemnité de 1200 francs, au pay>?ment du montant de
cette indemnité.
La discipline d.^s Ecoles navales est assurée par l'arrêté minis-
tériel duSojuin 187i et par le décret du 9 octobre 1889. Lorsque
le ministre prononce l'exclusion d'un élève, la mention de cette
exclusion, avec l'indication des motifs qui l'ont déterminée, est
consignée sur la matricule des étudiants et portée à la connais-
sance des deux autres Ecoles de médecine navale.
§ 3. Enseignement. — L'année scolaire commence le 3 novem-
bre et finit le 31 août. L'année d'études compte du 3 novembre,
mais le registre d'admission des étudiants n'est clos que le
30 novembre au soir. L'anné»; scolaire se divise en deux semestres :
l'un, d'hiver, s'étend du 3 novembre au 31 mars; l'autre, d'été, du
l*"" avril au 31 août.
Dans chaque Ecole, le directeur du service du santé règle, en
conseil des professeurs, la répartition des matières de chaque
cours, de manière que Pc-ivancement des études médicales soit
conforme à l'ordre de succession des examens des Facultés.
A la fin du semestre, chaque professeur rend compte de son
enseignement; il indique le nombre des leçons qu'il a faites et
les matières exposées dans chaque séance.
Une expédition de ce compte rendu est adressée au ministre.
Chaque professeur jre m et également au directeur des notes sur
les médecins et pharmaciens qui ont dû suivre son cours.
Ces notes, complétées par les notes de service que donne le
directeur, sont envoyées au ministre.
Le professeur a la police de son cours.
L'appel est fait à chaque séance, afin de constater l'assiduité
des élèves aux cours auxquels ils sont tenus d'assister. La liste
d'appel est remise au directeur; elle porte l'indication de la date
du jour, celle du sujet de la leçon et la signature du professeur.
Le directeur apprécie les motifs d'absence et inflige les punitions,
s'il y a lieu.
Les docteurs en médecine et les pharmaciens universitaires
de première classe, nommés auxiliaires de deuxième classe, sont
dirigés sur les ports militaires où ils suivent, pendant une période
de SIX mois, des cours d'application. A l'expiration de cette période,
les professeurs remettent des notes concernant ces auxiliaires;
le directeur du service de santé les transmet, avec son appré-
ciation, au préfet maritime, pour être adressées au ministre.
Les docteurs en médecine et les pharmaciens universitaires do
première classe formés par le département de la marine ne
suivent pas de cours d'application, après leur nomination à
l'emploi d'auxiliaire.
A la fin de chaque semestre d'enseignement, les professeurs
s'assurent, par des interrogations, du degré d'instruction et des
progrès de ceux de leurs auditeurs qui sont tenus de suivre leurs
leçons. Ils expriment leur appréciation sur chacun d'eux paruiH*
note qui varie de zéro à vingt. Ces notes, accompagnées de Tcpî-
nion du professeur sur chaque médecin ou pharmacien, sont
remises au directeur, pour être transmises au ministre avec
l'aopréciation du préfet maritime.
Des bibliothèques, des cabinets d'histoire naturelle, des jardin>
botaniques, des amphithéâtres de dissection, des musées d*aiia-
tomie, des laboratoires d'histologie, de chimie, des cabinets <)<
physic|ue, sont à la disposition des élèves,\qui doivent verser an
trésorier de la bibliothèque une somme de 50 francs destinée à
l'achat des livres.
Concours de l'internat en médecine. — La composition
écrite du Concours de Tinternat aura lieu à la date fixée, !*•
lundi 21 octobre, à midi, dans l'une des salles de l'Hôtel-Dieu
annexe (bâtiments de l'ancien Hôtel-Dieu, entrée rue de la
Bûcherie, 33). — La lecture des copies sera faite, comme par If
passé, dans l'amphithéâtre de l'Administration centrale, avenue
Victoria.
Concours de l'externat. — Le jury du concours de rexlernat
est définitivement constitué comme suit : MM. Dreyfous, Talanion.
Brault, Faisans, Jalaguier, Michaux et Nélaton. — Les candidat^
inscrits pour ce concours sont au nombre de 468.
Corps de santé de la marine. — Ont été promus dans J*
corps de santé de la marine :
Au grade de directeur du service de santé : M. .Martialis.
médecin en chef.
Au grade de médecin en chef : M. Gardies, médecin prin-
cipal.
Au grade de médecin principal : M. Bohau, médecin d**
1'*^ classe.
Au grade de médecin de 1" classe : MM. Durbec, Salauii.
Gauran, Pons, du Bois Saint-Sévrin et Castellan.
Cours d'accouchements. — MM. les docteurs G. Lepage vi
J. Potocki commenceront, le lundi 4 novembre, à quatre heures
et demi du soir, un cours d'accouchements. — Ce cours gratuit
aura lieu tous les jours, à quatre heures et demie, dans la Salle
des conférences de l'Association générale des étudiants, -41, rur
des Ecoles. Il sera complet en trente-six leçons et comprendia
des exercices pratiques sur le mannequin.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi 20 oc-
tobre). — Ordre du jour : M. Comby : L'urticaire chez li->
enfants. — M. Josias : Sur le bain froid systématique dans la
fièvre typhoïde. — M. Troisier : Pneumo-thorax survenu dans W
cours d'un accès d'asthme et guéri par la thoracentèse. —
M. Hayem : Sur l'anémie.
Nécrologie. — On nous annonce la mort de M. le docteur
Jean-Baptiste-Jules Bouillon-Lagrange, ancien interne des liôpi-
taux de Paris, ancien maire de Saint-Chéron.
Mortalité a Paris (40* semaine, du 29 septembre au 5 octohrr
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, :M.
— Variole, 3. — Bougeole, 16. — Scarlatine, 0. — Coque-
luche, \L — Diphlhérie, croup, 27. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 241. — Autres tuberculoses, 26. — Tumeurs:
cancéreuses, 48 ; autres, 9. — Méningite, 35. — Conges-
tion et héraorrhagies cérébrales, 54. — Paralysie, 7. —
Hamollissement cérébral, 8. — Maladies organiques du cœur, 45.
— Bronchite aiguë, 36. — Bronchite chronique, 20. — Broncho-
pneumonie, 22. — Pneumonie, 49. — Gastro-entérite: sein, 16;
biberon^ 58. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 4. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 23. — Sénilité, 19. — Suicides, 14. — Autres morts
violentes, 3. — Autres causes de mort, 159. — Causes
inconnues, 20. -— Total: 1012.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
206S3. — MOTTBROZ. — Imprimeries rtfanies, ▲, rue MifBOB, 9, Paris.
Trente-sixième année
N* 43
"ib Octobre 1889
GAZETTE nEBDOMÀDÀIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D^ L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANÇOIS-FRANCK, A. HÉNOCQUE, A.g. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lbreboullbt, ii, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Pathologii gÉnkralR. L'hér(;dilô dans \ei maladies infec-
tlcu:>c$. — Formulaire thbkapbutiuue. De la posologie des préparations do
digitaline. — Rkvci des COURS ET des cliniques. Hôpital Beaiijon : M. Fcrnet.
Sur un cancer probable d« rcslomac. — Travaux orioimaux. Clinique médi-
cale : ll^iiiipl«i^ie h|wtôrifiue avec atrophie musculitire survenuç à la suite d'une
diplilhério. — Xantliélasma disséminé et symétrique, sans in^urfiianco liépa>
tique. — Ubvub DES CONORKS. Quatrième Congrès français de chirurgie, tenu
ù Pari» du 7 au 13 octobre 1889. Traitement des anévrysuics des membres. —
Sociétés savantes. Acadt-mie des sciences. — Académie de médecine —
Société de chirurgie. — Société do biologie. — Revue des IOURNaux. Théra-
peutique. — Bibliographie. Manuel pratique d«>s maladies des yeux. — The
lucdical and surgical Htst<>ry of thc war of the Rébellion. —VARi^Téâ. Ricord.
— Fkuilleton. Maurice Perrin.
PATHOLOGIE GÉNÉRALE
L'hérédité dans les nalndieB Inlccilensc*.
(Fin. — Voyez les numéros ii et iî.)
V
1) est une dernière question qui se raltaclie à Thisloire
lie Hiérédiié des maladies infectieuses; uous voulons parler
de rimmunilé que peuvent acquérir les fœtus dans Tulérus
maternel, et réciproquement de l'immunité que peut
acquérir la mère quand elle porte un fœtus contaminé.
Nous avons déjà dit que Tenfant issu d'une mère atteinte
de variole et venant au monde sans aucune manifestation
appréciable de la maladie, pouvait néanmoins avoir acquis
l'immunité contre cette infection.
La vaccine se comporte-t-elle de même? La question
semblait facile à juger. iNombre d'auteurs ont essayé en
effet de résoudre expérimentalement le problème; ils ont
vacciné des femmes enceiutesel ont inoculé l'enfant quelque
temps après la naissance. Les résultats ont été assc;e varia-^
blés : Burckhard opéra sur huit enfants; quatre provenant
de femmes vaccinées avec succès pendant la. gestation furent
réfraclaires; l'un deu.x l'était encore au bout de six mois;
dans deux cas la levaccinalion fut douteuse et sur les deux
enfants nés de ces femmes, il y en eut un de réfraclaire;
enfin l'auteur observa encore un enfant réfractaire sur deux
issus de mères revaccinées sans succès à la fin de leur gros-
sesse. Les résultats obtenus par M. Chambrelent furent à
peu près semblables : cet auteur vaccina quarante femmes;
sept fois seulement il obtint chez les enfants une vacx^ine
légitime. Dans les recherches de Bebm, nous trouvons des
chiffres bien différents : deux enfants seulement sur vingt-
neuf furent réfractaires. Enfin tout récemment Wolff, ayant
vacciné avec succès dix-sept femmes, vaccina également avec
succès tous les enfants, d'un à six jours après la nais-
sance. Tous ces faits contradictoires nous amènent donc pour
la vaccineàla conclusion qui s'est imposée pour le passage
intraplacentaire des germes morbides: l'immunité, comme
l'infection, ne se transmet que d'une façon inconstante. En
additionnant les résultats rapportés ci-dessus, nous trou-
vons que sur quatre-vingt-dix enfants nés de mères revac-
cinées avec succès à la fin de leur grossesse, trente-neuf
avaient acquis l'immunité contre le vaccin; cela fait une
proportion de 43 pour 100.
On sait l'analogie qui existe entre la variole, la vaccine
et la clavelée. Pour cette dernière maladie, l'expérimen-
tation était facile.
Rickert inocula sept cents brebis pleines pendant les six
FEUILLETON
Mttnrlee Perrin*
La guerre de 1870 le trouve médecin principal au 12' corps
de l'armée du Hhin, et près de lui, dans 1 ambulance du
quartier général qu'il dirige, nous assistons aux lugubres
journées de Beaumont et de Sedan. Sous son impulsion
vigoureuse, îe service de l'ambulance du Fond de Givonne
s'organise rapidement après la capitulation de l'année, et
nos mille blessés sont déjà en grande partie évacués, quand
nous vient des Allemands, le lO septembre. Tordre de nous
en séparer. De Rouen, M. Perrin regagne Paris et reprend à
Thopital du Val-de-Grâce un important service de chirurgie
qui ne peut être confié à de meilleures mains. C'est là que,
médecin principal de 1'* classe et officier de la Légion
d'honneur, il assiste aux premiers événements de la Com-
«• SÉRIE, T. XXVI.
mune; mais bientôt aux sombres jours de la démagogie,
craignant pour sa liberté plus encore que pour sa vie^ il
s'échappe de la capitale et reçoit à Versailles la direction
médicale du 5* corps d'armée. Rentré dans Paris avec
les troupes victorieuses, notre maître reprend à l'Ecole du
Val-de-Gràce ses fonctions de professeur en même temps
que ses travaux scientifiques.
Dans un mémoire sur Ylnfection putride aigue\ lu à
rAcadémie de médecine, le 2y octobre 1872, il condense le
résultat de ses observations sur les accidents seplioucs
graves, à forme gangreneuse, à intoxication rapide, fou-
droyante, qui pendant les deux sièges ont enlevé un certain
nombre de ses blessés. L'alcool à 40 degrés, en immersions,
en irrigations continues, est pour lui le meilleur préservatif
de ces phénomènes d'empoisonnement putride.
Dans la même année 1872, M. Perrin fait paraître un
Traité pratique d^ophthalmoscopie et d'optométrie, avec un
Allas de vingt- quatre planches en chromolithographie et
686 — W 43 -- GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
dernières semaines de la gestation; l'inoculation tua
5 à 6 pour 100 des animaux et en fil avorter sept. Sur les
petits des autres brebis, les inoculations pratiquées quatre
à six semaines après la naissance, restèrent négatives;
trente-six agneaux témoins furent inoculés avec sucés.
Trois ans plus tard, on réinocula tous ces animaux; ceux
qui s'étaient montrés réfractai res à la première inoculation,
prirent la clavelée; les trente-six autres ne contractèrent
pas cette maladie. Ainsi la vaccination intra-utérine est
moins efficace que l'inoculation pratiquée après la nais-
sance.
Ackeirmann, RolofT ont également observé une immunité
congénitale en clavelisant la mère à la fin de la gestation.
Le charbon symptomatique donne des résultats sem-
blables, comme l'ont établi les recherches de MM. Arloing,
Cornevin et Thomas et celles de Kitasato : les animaux issus
de mères vaccinées, même quelque temps avant la fécon-
dation, sont souvent réfractaires. Dans ce dernier cas, il
s'agit de ce qu'on peut appeler avec Toussaint une vaccina-
tion ovulaire.
Récemment Hœgyes a soutenu que la rage se comporte
de même : quatre petits chiens, provenant d'un couple
réfractaire, furent inoculés à Tàge de trois mois ; l'un d'eux
résista; les trois autres succombèrent, mais chez deux
rincubation fut plus longue que d'habitude; la transmis-
sion de l'immunité rabique semble donc possible, mais il
résulte de l'expérience même de l'auteur qu'elle est loin
d'être constante.
Une des maladies qui ont le plus servi à l'étude de ces
importantes questions de pathologie générale, est sans
contredit la syphilis. Nous avons déjà rappelé qu'une femme
qui porte un fœtus syphilitique, alors même qu'elle ne
contracte pas la maladie, devient réfractaire à l'infection :
elle peut impunément nourrir son enfant, qui au contraire
contaminerait une nourrice étrangère. C'est ce qu'on
appelle la loi de Colles. Sa réalité peut même s'appuyer
sur une véritable expérience, due à Caspary : une femme
fécondée par un homme syphilitique, en apparence guéri,
avorte au sixième mois; or la mère, qui ne présenta à
aucun moment d'altérations spécifiques, consentitàse laisser
inoculer; elle résista à l'épreuve, qui, il est vrai, fut unique.
Mais dans d'autres cas, le résultat est différent ; le fœtus
ne communique pas l'immunité à la mère; il lui transmet
la maladie elle-même : c'est ce qu'on nomme la syphilis
par conception. H. Diday, un des premiers, appela l'atten-
tion sur ces faits dont le nombre est aujourd'hui as.sez
considérable. Cette syphilis par conception évolue coiiiuk
la syphilis congénitale, dont elle est en quelque sorte hi
contre-partie : dans les deux cas, l'infection se fait par If
sang ; l'agent pathogène pénètre directement dans le système
circulatoire; de là l'absence de tout accident primitif. On
verra donc une femme enceinte présenter des symptômes df
syphilis secondaire, sans avoir jamais eu ni chancre ni
adénopathie chancreuse.
Enfin, Profela a formulé un pendant à la loi de Colles ;
d'après lui, un enfant sain, né d'une mère syphilitique, est
à l'abri de la syphilis et ne contracte pas la maladie par !*•
lait ouïes baisers maternels. C'est du reste un résultat ana-
logue à celui que nous avons déjà signalé pour d'autre>
infections, la variole par exemple.
Parmi les maladies expérimentales, c'est encore le char-
bon qui a servi aux recherches les plus intéressantes sur It
sujet qui nous occupe. M. Chauveau en inoculant des brebis
algériennes, à la fin de la gestation, a constaté que le-^
agneaux qui en naissaient, ne présentaient aucun sym-
ptôme morbide quand on leur inoculait la maladie; en op<^-
rant sur des brebis indigènes qui subissaient les inocula-
tions préventives souvent réitérées et toujours suivies dr
l'épreuve avec le virus fort, M. Chauveau a reconnu que le^^
petits étaient également réfractaires; la plupart éprouvaient
des malaises passagers, mais aucun n'a succombé. Voilà
donc un nouvel exemple de l'immunité que peut acquérir
le fœtus dans le sein maternel.
Le charbon a pu servir aussi à démontrer expérimenta-
lement la réalité de la loi de Colles. Lingard a inoculé cette
maladie à des fœtus de lapin, encore contenus dans l'utérus :
les petits succombèrent, tandis que le plus souvent lesmm»s
restèrent vivantes. L'examen microscopique et les cultures
ne permirent pas de trouver de bacilles dans Torganisme
maternel et pourtant les animaux avaient acquis une immu-
nité parfaite, qui persistait encore au bout de huit mois.
Le fait est d'autant plus intéressant que tous les expéri-
mentateurs savent combien il est difficile de vacciner le
lapin contre la maladie charbonneuse. Lingard a établi de
plus que, pour qu'il y ait immunité, il faut que l'inoculation
du fœtus précède d'au moins trente-six heures son expul-
sion; les autres fœtus peuvent devenir réfractaires, si le
petit inoculé reste six jours dans l'utérus. Dans quelques
cas enfin, comme lors de syphilis par conception, la mère
contracte l'infection charbonneuse; mais alors il existe des
une Echelle typographique en dix-sept tableaux. Nous ne
[mouvons malheureusement, faute d'espace, analyser ici ce
ivre, l'un des premiers en France où les affections profondes
de l'œil, où les anomalies de la réfraction sont étudiées avec
les détails qu'elles comportent, avec des types exactement
reproduits qui se gravent sans peine et sans fatigue dans
l'esprit et dans la mémoire du lecteur.
L ordre, la méthode, la clarté de Texposition, dans des
détails de physique peu présents au souvenir de l'élève
comme à celui du praticien, la simplicité des explications
tour l'emploi d'instruments nouveaux, tout, jusqu'à la
onne foi du maître avertissant charitablement que long
sera l'apprentissage; tout est à louer dans ce volume, auquel
nous avons, comme bien d'autres, beaucoup emprunté.
Actuellement encore, après quinze années d'enseignement,
devenu le successeur de M. Perrin àl'Ecole du Val-de-Gràce,
nous relisons avec plaisir ces pages pleines d'observations
exactes, de remarques judicieuses, et auxquelles les progrès
de la science n'ont rien enlevé de leur valeur et de leur à
propos.
Grâce au talent de M. Régamey, les figures sont d'une
vérité rigoureuse. Par les dimensions respectives de leurN
éléments, par leur ton, elles représentent bien l'image
ophthalmoscopique telle que la fournit le miroir conca\c
aidé de la lentille convexe, dans le procédé dit de rimaj^c
renversée. Embrassant un champ considérable, elles don-
nent très exactement laspect du fond de l'œil éclairé.
Président de la Société de chirurgie en 1874, M. Perrin
inaugure un mode nouveau de publication qui, réunissaiil
dans "un même volume les Bulletins et les Mémoires, permri
de ne pas retarder pendant des mois et parfois des années,
l'impression des travaux les plus importants. Descendu du
fauteuil, il reprend le cours de ses communications : Sur
le diagnostic des sarcomes de la choroïde (1875), Swr
Vexamen histologique d'une rétinite pigmentaire (iSli^).
Sur la rétinite leucocythémique(iSll), Sur la névrotomie
25 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MjsDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 43 — 687
altérations placentaires an niveau desquelles on peut suivre
le passage des bacilles. Quand la mère résiste, les agents
pathogènes siègent exclusivement dans les vaisseaux fœtaux
du placenta.
C'est en s'appuyant sur les expériences que nous avons
rappelées que M. Chauveau avait été conduit à sa célèbre
théorie sur l'immunité : sur la foi des expériences de
Brauell et de Davaine, on admettait alors que le placenta
constitue un filtre parfait; l'immunité futattribuée à la trans-
sudation de substances solubles, produites dans l'organisme
maternel sous l'influence de la maladie charbonneuse.
Aujourd'hui que l'on sait que, dans quelques cas, les bac-
téridies traversent le placenta, on a mis en doute les déduc-
tions de M. Chauveau, et on s'est demandé si l'immunité
congénitale n'était pas due au passage des bactcridies, trop
peu nombreuses pour tuer le fœtus, suffisantes pour le vacci-
ner. A celte objection, M. Chauveau a répondu que le
passage des bactéridies à travers le placenta est un phéno-
mène inconstant; tandis que dans toutes ses expériences
— etelles sont au nombre de quarante — les petits avaient ac-
quis l'immunité. Cette constance dans les résultats a évidem-
ment une très grande valeur; seulement on peut se demander
si la même théorie peut s'appliquer à toutes les infections,
par exemple à la vaccine où l'immunité ne s'observe même
pas dans la moitié des cas. Mais nous ne voulons pas actuel-
lement entrer dans la discussion de ce point théorique:
nous aurons l'occasion d'y revenir dans un article consacré
à l'immunité naturelle ; nous compléterons alors ce que
nous avons dit des vaccinations intra-utérines.
Une dernière question se pose : l'immunité congénitale
est-elle durable? Nous avons vu que dans quelques cas, on
avait revacciné sans succès les enfants au bout de quelques
mois ; mais c'est là un laps de temps assez court. Si l'on en
croit les recherches de Maieff sur la syphilis, la résistance
varierait en degré, depuis l'immunité complète qui persiste
toute la vie jusqu'à l'immunité temporaire, ne défendant
contre la contagion que pendant un temps limité.
VI
Arrivé au terme de cette étude, si nous nous reportons
aux résultats obtenus jusqu'ici, nous voyons que les
microbes qui peuvent envahir le fœtus s'y comportent d'une
façon très différente.
Tantôt ils déterminent une infection plus grave que celle
de la mère ; en vaccinant des brebis pleines, on voit souvent
les fœtus succomber et être rejetés par avortement. La mort
du fœtus tué par l'infection à laquelle résiste la mère,
explique aussi un certain nombre d'avortements observés
dans l'espèce humaine, par exemple dans la pneumonie, la
fièvre typhoïde, la syphilis.
Souvent la maladie fœtale est semblable à celle de
l'adulte : telles sont la variole, et dans quelques cas la
syphilis. Ailleurs elle diffère, non par les caractères anato-
miques, mais par ses localisations spéciales ; tel est le cas
de la tuberculose congénitale qui envahit surtout le foie.
On peut dire du reste que dans presque toutes les infections
fœtales, c'est le foie qui est le plus profondément atteint et
renferme la plus grande quantité d'agents pathogènes. Cela
se conçoit aisément, étant donné que cette glande est placée
comme une barrière sur la route du sang qui revient du
placenta.
Il est des maladies où le fœtus renferme des microbes
pathogènes, sans qu'il existe de lésions appréciables; ainsi,
nous avons déjà dit que, dans le charbon, le sang ne pré-
sente pas l'aspect agglutinatif si caractéristique chez
l'adulte ; dans la fièvre typhoïde on ne trouve chez le fœtus
ni altération peyérique ni hypertrophie splénique.
Enfin, il peut se faire que l'enfant issu d'une mère
infectée ne présente à sa naissance aucune manifestation
morbide; puis au bout de plusieurs années, on verra éclater
les accidents de cette infection jusque-là latente ; c'est ce
qui est démontré pour la syphilis, c'est ce qu'on a admis
pour la tuberculose.
Mais il s'en faut que la mère transmette toujours la
maladie dont elle est atteinte ; il est des cas où l'hérédité ne se
traduit par aucun trouble morbide; l'enfant a néanmoins
subi l'influence de la maladie maternelle et se trouve avoir
acquis l'immunité. Cette vaccination intra-utérine est elle-*
même inconstante, et dans une dernière catégorie nous ran-
geons les faits où l'enfant vient au monde, nullement impres-
sionné par la maladie de la mère, ou ayant tout au plus un
certain degré de débilité congénitale.
Telles sont les principales éventualités qu'on peut obser-
ver; on voit en somme combien les résultats varient, depuis
l'infection grave et rapidement mortelle jusqu'à l'absence
de tout accident et même de toute imprégnation morbide.
Il nous faudrait maintenant étudier l'influence que l'hé-
rédité des diathèses et des troubles nutritifs exerce sur
l'aptitude à contracter les maladies infectieuses ; c'est un
procédé indirect de rendre l'enfant plus ou moins vulné-
opticO'Ciliaire ri878). Il est peu de discussions importantes
où il n'apporte l'appoint de son expérience. La trépanation
et ses indications l'amènent à la tribune en 1877, 1878,
1883, 1886. Il revient en 1878 sur la question toujours dis-
cutée des fractures du crâne par contre-coup, et démontre
leur existence par de nombreuses pièces expérimentales.
Même quand Vhonorariat le fait libre, il n'abandonne pas
les séances, et jusqu'en 1886, si ses apparitions se font
progressivement plus rares, c'est que, n'ayant plus de service
hospitalier, il craint de n'apporter aux travaux de la Société
que des contributions absolument théoriques.
Collaborateur du Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales^ M. Perrin y donne dans les articles:
Alcool, Anesthésie chirurgicale, Asphyxie, le résumé
de travaux dont nous avons déjà rendu compte. Les arti-
cles Cornée, Choroïde, Ophthalmoscopie et Optométrie
sont la condensation d'une pratique déjà longue, et témoi-
gnent par la précision et presque la concision du langage, ^
par la netteté des formules, de l'influence d'un enseigne-
ment journalier. Sur un seul point nous sommes et nous
avons toujours été en désaccora avec notre vénéré maître :
Sur Vimportance relative des méthodes objectives et sub*
jectires dans Vexamen de la réfraction oculaire. Inven-
teur avec M. Mascart, professeur au Collège de France, d'un
Optomètre d'un emploi très commode, le premier instru-
ment pratique de ce genre, au moins en notre pays (1869),
M. Perrin resta toujours partisan de roptométrie subjec-
tive. Il la conseillait dans ses leçons, il insiste sur sa valeur
dans son traité d'ophtlîalmoscopie,dans son Guide duméde-
cin expert pour l'examen de la vision devant les conseils
de revision, code tracé en 1877 pour ses jeunes camarades
de l'armée, et malgré les objections sérieuses qui lui sont
faites il écrit encore en 1881 dans son article déjà cité :
« Nous croyons de plus en plus que l'emploi de l'optomctre
doit être la règle, et que les procédés ophthalmoscopiques
par l'image droite ou par l'image renversée doivent être
688 — W 43 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
rable aux infeclions qui ont frappé les parents. Mais ce
serait sortir quelque peu de notre sujet que d'aborder celle
étude; nous y reviendrons dans un autre article.
En résumé, la transmission héréditaire des infections est
uu phénomène inconstant el variable, qui semble lié à
l'existence d'altérations au niveau du placenta. Si cela est,
on est conduit à rechercher quelles sont les causes qui
favorisent et expliquent les lésions placentaires, autrement
dit, un est ramené à une élude plus générale, celle des
localisations viscérales au cours des maladies infeclieuses.
Lorsque le problème que nous sommes arrivé à poser en
dernière analyse sera résolu ou au moins éclairci, le
passage iiitraplacentaire des bactéries ne nous apparaîtra
plus comme un phénomène contingent, en quelque sorte
livré au hasard, ce sera un résultat nécessaire dans des
conditions données, el c'est à déterminer ces conditions que
doivent tendre nos efforts.
ti.-H. KouEK.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
De la |»o«olO]||[^le dcM prë|iarAtlonfl de digitaline.
La digitaline amorphe ou bien cristallisée ne doit pas être
prescrite à titre de diurétique; elle est à ce point de vue
inférieure aux préparations de digitale. De plus, comme
M.Huchard le fait judicieusement observer, l'effet diurétique
est plus facile par l'emploi de celle digitaline en solution que
par son administration dans la forme pilulaire.
Par contre, la digitaline, malgré l'opinion adverse, rend
d'incontestables services comme sédatif cardiaque.
On la prescrit en granules, solution ou sirop, à la dose de
1 à 4 milligrammes pour la digitaline amorphe française
et de 1/4 à 1 milligramme pour la digitaline cristallisée.
Jamais» d'après M. Huchard, on ne doit l'administrer aux
enfants, en raison de sa trop grande activité.
^ Granules dk digitaline. — Les granules de digitaline
amorphe devront contenir chacun i milligramme de médi-
cament ; ceux de digitaline cristallisée^ 1/4 de milli-
gramme ; 1 milligramme de digitaline amorphe correspond
à 10 centigrammes de poudre de digitale.
2" Solution de digitaline amorphe (H. Huchard;. —
En voici la formule :
DigiUiline amorphe française... 10 cenligramim?>.
l'rLiiié;::::::::::::::::::l=^*»«'»'^^^^^
Dix gouttes de cette solution représentent 1/î milli-
gramme de digitaline amorphe.
3* Sirop de digitaline amorphe. — Ce sirop doit êln-
dosé de telle sorte qu'une cuillerée à bouche, ou 15 grammes.
renferme 1 milligramme de digitaline.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HÔPITAL BEAUJON : M. FERNET.
I^or DO cancer probable de l'cMomae.
Le malade couché au lit n"* 2 de la salle Monneret est xiv.
homme de quarante-cinq ans, ne présentant rien de parti-
culier dans ses antécédents héréditaires. Dans ses aiUécô-
dents personnels, à part des excès de boissons alcooIii|ue<
C\\ buvait en moyenne 3 litres de vin par jour el deu\ un
(trois petits verres), on ne trouve à signaler qu'une pneumo-
nie à l'âge de vingt el un ans.
Le début de raiïeclion pour laquelle il est entré à riiù-
pital remonte à quatre ou cinq mois. A ce moment, il
commence à se plaindre d'une perte presque complote
d'appétit et surtout d'une véritable répugnance pour la
viande. En même temps apparaît une diarrhée abondante,
continuelle, profuse, qui ne s'arrêtait un momenl que pour
reprendre aussitôt. Peu à peu son teint jaunit, devient ter-
reux, il maigrit rapidement, ses forces disparaissent. Pu't>
apparaît un peu d' œdème des malléoles qui augmente petit
à petit et remonte bientôt jusqu'aux genoux. Bref il urrive
bientôt à un tel degré de fatigue et d'affaiblissement qu^il
est obligé d'abandonner son travail.
Au bout d'une quinzaine de jours de i^pos, ces diver>
symptômes s'amendent un peu. L'œdème disparait, Tappé-
lit revient, la diarrhée s'améliore et le malade se sent assez
fort pour reprendre ses occupations. Celte amélioration
n'est que passagère et bientôt la diarrhée reparaît ainsi que
les autres accidents.
Le 14 septembre, il se décide à entrer à l'hôpital, se plai-
gnant surtout de sa diarrhée. A l'examen on lui trouve un
foie [)etit et un peu d'ascite. Etant données ses habitudes
antérieures d'alcoolisme, la première idée qui vient à l'es-
réservés pour les cas exceptionnels dans lesquels l'opto-
mètre, employé judicieusement, ne donne pas de réponses
satisfaisantes.»
Candidat à l'Académie de médecine dans la section de
pathologie chirurgicale, le professeur du Val-de-Grâce fut
élu le 6 avril 1875 à une immense majorilé» Le mémoire
sur la Valeur clinique de l'amputation sous-aslragalienne
qui précède son élection, est un chaleureux plaidoyer en
faveur de cette opération. Tout son talent n'arrive pas
cependant à la faire sortir d'un abandon que nous ne
saurions dire immérité. La première discussion à laquelle il
prend part dans la savante assemblée, met en relief ses
qualités d'exposition et l'ardeur encore juvénile de ses con-
victions. Déjà le Congrès périodique international de
Bruxelles où il était le délégué du Ministère de la guerre,
avait mis à son ordre du jour les défectuosités de la vision
au point de vue du service militaire. Peu salisfiiit des
décisions prises par la Congrès, Giraud-Teulon voulut por-
ter devant l'Académie de médecine, ce qu'il appelait juste-
ment les revendications de la science. Songeant surtout
à l'ophlbalmologie, il demandait qu'un expert oculiste fut
adjoint aux conseils de revision el de réforme. Combattue
par MM. Legouesl, le baron Larrey et M. Perrin,la proposi-
tion fut repoussée. En signalant ses inconvénients au point
de vue militaire, le créateur de la clinique ophlhalmosco-
pique au YaUde-Gràce défendait ses camarades de rarinee
contre les imputations d'incompétence auxquelles il avait pu
un instant les croire en but. Au reste, Giraud-Teulon,
dont tous appréciaient le noble caractère, n'avait pas à dé-
montrer qu'il se préoccupait uniquement des intérêts de l;i
science; ses contradicteurs n'attaquaient dans ses conclu-
sions que leur opportunité.
A partir de sa nomination» M. Perrin prend la part la
plus active aux travaux de l'Académie. En 1879, il lui com-
munique ses recherches sur la Valeur relative du panst*-
vient de Lister et du pansement à V alcool; en 1880, uu
25 Octobre Î889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 43 - 689
prit en présence des signes physiques est celle de cirrhose
atrophique du foie.
Mais ce diagnostic ne nous satisfaisait pas complètement
et pour plusieurs motifs. D'abord la faible quantité de liquide
ascilique, l'absence de circulation collatérale tendaient à
faire croire que raffeclion n'était qu'à son début, tandis que
l'état de faiblesse et même de cachexie du malade parais-
sait en rapport, dans l'hypothèse de cirrhose, avec une pé-
riode plus avancée de la maladie. La diarrhée persistante
nous embarrassait aussi. On trouve bien, à la période cachec-
tique de la cirrhose, un peu de diarrhée, mais celle-ci existe
rarement au début de la malndie, et en tout cas elle ne pré-
sente jamais ce caractère continu et rebelle.
L'hypothèse de cirrhose nous paraissant insuffisant*» pour
expliquer et l'état de cachexie du malade et les troubles
digestifs dont souffre le malade, nouspensons alors à la tuber-
culose péritonéale. Cette maladie expliquerait bien Tascile,
mais elle nous satisfait surtout au point de vue des troubles
digestifs. Ce diagnostic pourtant soulève de grandes objec-
tions. En effet, nous ne trouvons rien dans les plèvres et
Ton sait que toutes les fois qu*il y a un épanchement
péritonéal d*origine tuberculeuse, on trouve également un
épanchement pleural plus ou moins considérable. On ne
trouvait pas non plus de lésions pulmonaires. L'absence de
(PS lésions pulmonaires ne plaide pas, il est vrai, contre
l'hypothèse de tuberculose péritonéale. Dans celle affection,
contrairement à la loi de Louis, les lésions pulmonaires
sont rares, tandis que les lésions pleurales sont constantes.
La tuberculose péritonéale n'existe pas sous la forme pure-
ment péritonéale ou du moins elle est très rare. Elle existe
surtout sous la forme péritonéo-pleurale. En outre l'absence
de fièvre rémittente contribue à rendre notre seconde hy-
pothèse encore plus improbable que la première.
Le malade était déjà à l'hôpital depuis une huitaine de
jours, et sous l'influence du repos, d*un régime et d'un trai-
tement appropriés il s'apercevait d'une amélioration mani-
feste dans son état, lorsque survint chez lui un nouvel
accident qui porta nos investigations sur une nouvelle voie.
Une après-midi, après avoir fait quelques tours dans la
salle, il s'aperçoit que ses pieds sont un peu enflés. Le len-
demain et les jours suivants cet œdème augmente si bien
qu'au bout de trois ou quatre jours il arrive jusqu'en haut
des cuisses. Puis il persiste pendant une ouinzaine de
jours en diminuant cependant petit à petit. Nous savions
que le malade avait déjà eu de Tœdème des membres infé-
rieurs au début de son affection. Mais cet œdème pouvait
être expliqué par la cachexie, la fatigue, tandis qu'il n'en
était pas de même de celui que nous avions vu se repro-
duire en quelque sorte sous nos yeux. La fatigue, la misère
ne pouvaient plus être mises en cause. Depuis une semaine
le malade était au repos absolu et sa santé générale s'était
sensiblement améliorée. D'où pouvait provenir cet œdème?
Etait-il imputable à la cirrhose ou à la tuberculose? On a
prétendu que dans quelques cas la cirrhose s'était d'abord
manifestée par de l'œdème des membres inférieurs. Mais si
ces observations sont exactes, ce qui est douteux, ce sont
des cas extrêmement rares. Il est de règle que dans la cir-
rhose l'hydropisie occupe le péritoine et rien que le péri-
toine. Lorsque dans le cours d'une cirrhose, comme du
reste dans celui d'une tuberculose péritonéale, il apparaît
de l'œdème des membres inférieurs, c'est que l'épanché-
ment du péritoine provoqué par ces deux affections a atteint
un volume considérable et comprime la veine cave. Or chez
notre malade l'ascite est presque insignifiante et ne peut
provoquer aucun phénomène de compression.
L'examen du malade nous montre qu'il n'a ni affection
cardiaque, ni affection rénale, ni aucune cause locale, telle
que varices des membres inférieurs, pouvant expliquer cet
œdème. Une affection organique de l'estomac peut seule
occasionner ces troubles circulatoires, ainsi que les troubles
digestifs dont souffre le malade. En cherrhtnt alors dans
ce sens, plusieurs éléments viennent fortifier notre hypo-
thèse.
Dans la région épigastrique, du côté droit, la paroi abdo-
minale se laisse moins facilement déprimer que du côté
gauche. On ne sent aucune tumeur, même pas de Tempâte-
ment, mais on éprouve une certaine résistance. La sensa^
tion n'est pas assez nette pour faire conclure à la présence
d'un néoplasme, mais enfin c'est déjà un signe favorable. A
ce signe viennent s'en ajouter plusieurs autres. Chacun
d'eux pris isolément n'a pas une valeur absolue, mais
parleur réunion, leur concordance, ils établissent une très
grande présomption. Je les énumère rapidement pour les
discuter ensuite un à un.
Dans l'aisselle droite et dans Taine on trouve quelques
ganglions légèrement hypertrophiés.
L'analyse des urines nous donne H grammes d'urée
par vingt-quatre heures.
On constate également l'absence d'acide chlorhydrique
dans le suc gastrique.
Hénoch paraît être le premier qui ait observé l'altération
et le développement des ganglions périphériques dans le
cancer de l'estomac. En 1863, il dit à ce sujet ; « Le dia-
gnosticdecancerde l'estomac est plus certain auandon peut
trouver des ganglions dégénérés au-dessus de la clavicule, >>
et à l'appui de cette remarque il cite l'observation d'un
malade qui mourut d'un cancer de l'estomac vérifié à l'au-
topsie. Friedreich et Leube insistent aussi sur la présence de
ces ganglions. Chose curieuse, c'est surtout dans le creux
sus-claviculaire qu'ils ont été signalés et leur présence pa-
excellent rapport sur Les livres scolaires et la myopie de
son ami M. Javal. La Conjonctivite purulente rhumatis^
vinle fait l'objet de deux lectures, Tune en 188:2, la seconde
en 1883. Il n'est pas de question chirurgicale importante
sur laquelle il ne tienne à donner son opinion autorisée.
L'anesthésie chloroformique et ses accidents, leur origine,
leur traitement, l'amènent à la tribuneen 1878, puisen 1882.
Il défend avec énergie sa théorie de la mort subite par syncope
et non par asphyxie, il préconise toujours l'emploi de l'in-
sufflation laryngienne et de la respiration artificielle pour
arracher le patient au collapsus et ranimer chez lui les
sources presque éteintes de la vie. De même en 4884-, il
refuse encore à l'alcool tout rôle alimentaire, et n'admet à
aucun degré sa combustion dans l'organisme. Ses expé-
riences de 1853 lui semblent aussi probantes, aussi inatta-
quables, qu'au jour de leur publication. Il n'était pas toute-
fois de ceux dont on peut dire que d'avance leur siège est
fait, et, s'il combattit le pansement de Lister en raison de
sa complication et de sa prétention de détruire par la pulvé-
risation phéniquée les germes morbides de l'atmosphère, il
admettait, il préconisait même la méthode antiseptique.
Grâce à l'alcool, il pensait modifier le terrain et rendre les
tissus impropres à la putréfaction. 11 ne se désintéressait
pas des progrès de la cnirurgie, et prenait part aux discus-
sions sur la Caiaract^, le Traitement du strabisme (1886),
sur le Surmenage et la sédentaritê scolaires (1887), sur
le Traitement des furoncles et de Vanthrax en 1888.
Les meilleurs livres, quand ils traitent de sujets spéciaux,
quand ils ne s'adressent qu'à un public restreint, ne voient
guère se succéder des éditions nombreuses. Le Traitv
dophthalmoscopie et d'optométriede notre excellent maître
n'avait pas été un succès de librairie. Avec le concours de
notre collègue F. Poncet, M. Perrin publia, en 1879,un Atlas
des maladies profondes de VœiL Tous les ophthalmolo-
gistes connaissent les belles préparations de notre camarade
du Yal-deCràce. Elles complètent les planches en chromo-
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
rail plus fréquente à gauche. Depuis, de nombreuses obser-
vations sont venues s'ajouter à celles-là et la dégénérescence
carcinomateuse des ganglions, non seulement du creux sus-
claviculaire, mais aussi de l'aine et de Taisselle, est actuel-
lement un fait bien connu. Il nous a été donné d'en observer
cette année-ci deux ou trois cas tout à fait probants.
La diminution de la quantité d'urée qui chez notre ma-
lade est descendue à 17 grammes par vingt-quatre heures
a peut-être une valeur moins importante au point de vue
du diagnostic. Bien que Rommelaere ait prétendu qu'on a
affaire à un cancer de Teslomac toutes les fois que chez un
malade affecté d'une affection chronique de cet organe la
quantité d'urée contenue dans les urines de vingt-quatre
heures tombe au-dessous de 14 ou 15 grammes, ce signe
ne saurait être absolu. Tout le monde sait en effet que la
. plus ou moins grande quantité d'urée est intimement liée
à Talimentation du malade. En outre, on a quelques obser-
vations de cancer gastrique, notamment une de Dujardin-
Beaumetz {Société médicale des hôpitaux, 10 juillet 1885)^
où la quantité d'urée a atteint une fois seulement le chiffre
de 11 grammes et a pu s'élever jusqu'au chiffre considé-
rable de 3:2 grammes par jour. Il résulte pourtant d'un
grand nombre d'observations que si le signe de Rommelaere
n'est pas pathognomonique, c'est un nouveau symptôme de
probabilité d'une grande valeur.
L'absence d'acide chlorhydrique dans les sécrétions gas-
triques que nous avons constatée chez notre malade,
est de même que le précédent un bon symptôme de proba-
bilité. Si l'absence de l'acide chlorhydrique dans le suc
gastrique n'a pas toujours été constatée dans les affections
carcinomateuses de l'estomac (observation déjà citée de Du-
jardin-Beaumetz), on peut dire qu'elle est si fréquente que
c'est presque la règle. Dans quelques cas où le diagnostic
a été vérifié à l'autopsie, c'est elle qui avait fait reconnaître
la véritable cause des troubles bizarres de l'appareil diges-
tif. Il y a cependant des réserves à faire sur sa valeur
séméiotîque. Germain Sée {Bulletin de f Académie de
médecine, 1888) a prouvé que la disparition de l'acide
chlorhydrique n'existait pas seulement dans le cancer de
l'estomac, mais aussi dans beaucoup d'autres affections de
cet organe. Il considère même la dyspepsie comme une con-
séquence de l'absence de l'acide chlorhydrique dans le suc
gastrique. Pourtant ce signe, découvert par Leube, peut
rendre de réels services au point de vue du diagnostic aans
tous les cas, et ils sont fréquents, où l'absence de signes
physiques empêchera de reconnaître avec certitude un can-
cer de l'estomac. En outre, grâce au pompage de l'estomac
et au facile maniement des réactifs employés (fluoricine,
vanilline, violet de méthyle, tropéoline, etc.). la recherche
de l'acide chlorhydrique est facilement accessible aux cli-
lilhographie des affections oculaires, auxauelles sont venues
s'ajouter, depuis 1872, douze types de lésions jusqu'alors
peu connues, telles que la tuberculose et le sarcome de la
choroïde à son premier degré, la rétino-choroïdite palus-
tre, etc. L'histologie complète heureusement les représen-
tations de l'image ophthalmoscopique. Celle-ci donne l'ana-
lomie macroscopique prise sur le vivant, le microscope nous
livre l'état des tissus après la mort.
Nommé médecin-inspecteur de l'armée, le 18 décem-
bre 1879, M. Perrin ne quitta qu'à regret le Val-de-Grâce,
son enseignement, son service d'hôpital. Depuis onze
années, il avait élé sur la brèche, chargé en même temps
des salles d'ophthalmologie et du traitement des officiers
blessés. Bon avec les malades, attentif, prévenant, il inspi-
rait à tous la plus grande confiance en même temps qu'un
affectueux respect. Beaucoup venaient de très loin pour le
consulter et se confier à ses soins. Le remplacer était diffi-
cile; je ne l'ignorais pas et je le constatai plus d'une fois.
niciens; à peine demande-t-elle plus de temps qu'anf
simple analyse d'urine, lorsque les précautions prélimi-
naires ont été prises.
En résumé, dans le cas qui nous occupe, aucun des signes
invoqués pour prouver l'existence d'un cancer de l'estomac
n'a une valeur absolue si on les considère isolémeut.
Mais en l'absence de tous gros signes physiques ou fonction-
nels avec lesquels on fait généralement en clinique le dia-
gnostic de carcinome stomacal, la réunion de tous ces sigaes
et leur concordance absolue rendent sinon certaine, du
moins très probable, l'existence d'un néoplasme malin de
l'estomac.
Chez ce malade, la petitesse de son foie, ses habitude>
alcooliques, un léger épanchement ascitique, peuvent jus-
qu'à un certain point faire admettre l'existence d'une cir-
rhose. Mais ses troubles digestifs divers, son amaigrisse-
ment, son teint jaunâtre, l'œdème des membres inférieurs
sans cause locale, une certaine rénitence dans la région
épigastrique, un point douloureux que j'avais oublié de citer
et qui se trouve à deux travers de doigt au-dessous de l'ap-
pendice xiphoîde, la diminution très notable de la qaautitt
d'urée sécrétée en vingt-quatre heures, l'absence d'acide
chlorhydrique dans le suc gastrique font surtout pencher
la balance du côté d'une affection organique de Testoroar.
Quoi qu'il en soit, l'indication thérapeutique est formelle.
Il faut soutenir le malade par un régime approprié : du
lait, des œufs, de la poudre de viande. L'avantage de cette
thérapeutique est que, même en cas d'erreur de diagnostic,
elle ne peut être que profitable au malade.
Ch. Steeg.
TRAVAUX ORIGINAUX
Gllniqae médicale.
Hémiplégie hystérique avec atrophie musculaire scrvk-
NUE A LA SUITE d'une diphthérie. — Communication
faite à la Société médicale des hôpitaux, dans la séance
du il octobre 1889, par M. le docteur Debove, agrégé de
la Faculté de médecine, médecin de l'hôpital Andral.
Les formes frustes d'une maladie sont toujours difficiles
à reconnaître. Lorsqu'il s'agit d'une maladie à lésion carac-
téristique telle que la fièvre typhoïde, l'anatoroie patholo-
gique établit un lien commun qui a permis de réunir en un
seul faisceau des formes cliniques considérées, au commen-
cement de ce siècle encore, comme autant de pyrexies dis-
tinctes. Le problème est bien plus complexe quand il s'agit
de névroses; ici pas de lésion qui permette d'arfirnier runité
nosologique de termes cliniques diverses, si diverses même
depuis lejour où j'eus l'honneur en même temps que la lâche
de recueillir cette lourde succession.
Fort heureusement, mon professeur et mon maître était
resté à Paris, près de moi. Je le rencontrais en sortant de la
Société de chirurgie, et chemin faisant, nous discutions
ensemble les problèmes délicats de l'ophtlialmologie, aussi
bien que les questions brûlantes de l'organisation du Cor|>s
de santé militaire. Partisan convaincu, défenseur ardent de
notre autonomie, M. Perrin, membre du Conseil de santé
des armées, vit avec bonheur promulguer la loi de 188:2, qui
délivrait la Médecine militaire de la longue tutelle de 1 In-
tendance. L'année suivante, il rentrait une dernière fois à
l'Ecole du Yal-de-Gràce dont la direction venait de lui être
confiée.
Il ne la quitta qu'au moment de sa mise au cadre de
réserve, le 13 avril 1888, jour où il atteignit la limite
d'âge de son grade d'inspecteur. Son passage y fut marqué
par de nombreuses modifications de l'enseignement, par
^5 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
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que l'hystérie de l'homme, par exemple, aujourd'hui recon-
nue si iréquente, a passé longtemps presque inaperçue,
malgré la sagacité de nombreux observateurs. Aussi, pour
reconnaître les aspects variés que peut prendre une névrose,
faut-il étudier avec soin les formes types, et c'est par une
comparaison attentive de ces types avec les formes frustes
qu'on pourra établir la nature de ces dernières.
En suivant cette règle, j'ai diagnosti(^ué une hystérie
fruste anormale chez une malade que je vais vous présenter.
Plusieurs d'entre vous pourront contester mon diagnostic,
mais nous l'aurions tous rejeté il y a peu de temps encore,
c'est-à-dire avant que notre illustre maître, M. le profes-
seur Charcot, eût donné de l'hystérie une description ma-
gistrale qui nous permet aujourd'hui de la dépister là où
nous ne l'aurions jamais soupçonnée.
Notre malade, âgée de trente-cinq ans, présente les signes
d'une hémiplégie gauche avec atrophie musculaire. Au
membre inférieur gauche, le mollet et la cuisse ont un
périmètre de 4 centimètres inférieur aux mêmes parties
du membre droit. Le tronc ne présente rien de particu-
lier. Au membre supérieur gauche, le deltoïde est légère-
ment atrophié, ainsi que le bras; l'avant-bras et la main du
même côté ont leur volume normal. La parésie de ces mem-
bres n'est pas proportionnée à leur atrophie, et leur impo-
tence fonctionnelle est bien plus accentuée que ne le ferait
supposer la simple inspection. Ceci est surtout marqué pour
les extenseurs du pied et de la main, qui ont conservé leur
volume normal, et cependant il est difficile à la malade de
relever complètement le pied ou la main. Il n'y a aucun
trouble trophique de la peau ni des os, il n'y a pas trace de
contracture.
Lorsqu'on examine la face, il semble, au premier abord,
qu'il y ait une paralysie faciale droite, autrement dit qu'il
y ait une hémiplégie alterne ; mais un examen plus attentif
fait reconnaître qu'il s'agit là d'une simple apparence. Les
mouvements, du côté droit, sont conservés, mais le côté
gauche est le siège d'une contracture qui fait dévier la com*
inissurc correspondante et qui s'accompagne de petites
secousses survenant à des intervalles irréguliers. Le voile du
Ealais, contracture à gauche, entraîne la luette de ce côté,
a langue n'est pas déviée. Les mouvements de l'orbiculaire
des paupières sont indemnes. Le front, du côté gauche, est
légèrement ridé, ce qui indique que la contracture ne se
limite pas au facial inférieur. La sensibilité de la moitié
gauche du corps est très légèrement diminuée. Le seul
trouble constatable des organes des sens spéciaux est un
léger rétrécissement du champ visuel gauche (80 degrés).
Nous nous trouvons, évidemment, en présence d'une
hémiplégie avec atrophie musculaire. Quelle est la nature
de cette hémiplégie?
La première idée est nécessairement celle d'une lésion
cérébrale; mais on est aussitôt obligé de l'abandonner, car,
quoique l'hémiplégie soit ancienne, elle est absolument flac-
cide; ce caractère seul nous suffît pour faire rejeter le dia-
gnostic de lésion cérébrale.
On ne peut davantage accepter l'hypothèse d'une lésion
de la moelle ou des nerfs. La forme hémiplégique est con-
traire à cette hypothèse; il faudrait, en outre, pour expli-
quer les troubles de la face, admettre que les lésions se
prolongent dans la protubérance. Un autre signe contredit
encore ce diagnostic : les réactions électriques des nerfs
sont absolument normales.
S'agit-il d'une paralysie diphthéritique (vous verrez pour-
quoi ce diagnostic doit être discuté)? Je ne le pense pas, car
il n'^ a pas eu de paralysie du voile du palais, la forme
hémiplégique est bien rare dans les paralysies diphthéri-
ques, elles sont essentiellement transitoires et ne laissent
guère d'atrophie musculaire à leur suite.
Il ne reste qu*un diagnostic plausible, celui d'hystérie, et
je crois pouvoir l'affîrmer en me basant sur les caractères
suivants : il y a une légère diminution de la sensibilité du
côté gauche du corps, un léger rétrécissement du champ
visuel de l'œil gauche, une bizarrerie d'humeur presque
caractéristique, et surtout une déviation de la face bien étu-
diée par M. le professeur Charcot et par MM. Brissaud et
Marie. La contracture faciale me paraît ici révéler la véri-
table nature de la maladie et nous permettre d'en recon-
naître une forme fruste.
L'atrophie musculaire aurait certainement fait éliminer
le diagnostic hystérie avant les travaux de MM. Charcot,
Féréol, Babinsky. Aujourd'hui, nous avons tous observé un
certain nombre de cas semblables.
Cet exemple d'hystérie fruste avec atrophie musculaire
mérite d'être signalé; mais une autre particularité le rend
plus intéressant encore, c'est que les accidents actuels sont
survenus à l'occasion d'une diphthérie.
Vers la On d'avril 1887, notre malade fut prise d'une
angine grave, diagnostiquée diphthérie par le médecin qui
la soignait, et à diverses reprises des fausses membranes
furent détachées du pharynx. Huit jours plus tard, la malade
entrait en convalescence et se croyait même guérie, lors-
qu'au bout d'un mois survinrent des douleurs dans le côté
gauche du corps, puis de la paralysie, puis de l'atrophie
musculaire et ae la déviation de la face. On ne peut affîrmer
la filiation de ces symptômes, parce que les douleurs paru-
rent au début la seule cause de l'impotence fonctionnelle et
parce que l'atrophie musculaire ne fut remarquée que lors-
qu'elle eut atteint un degré déjà notable.
Quoi qu'il en soit, au mois d'octobre suivant, tous ces phé-
nomènes étaient des plus accentués. La malade ne peut dire
nuelques innovations qui n'étaient pas toutes heureuses, et
dont certaines ont seules survécu à sa Direction. Partant
d'idées justes, de principes excellents, notre bien vénéré
maître dut parfois constater combien il est malaisé de
passer de la théorie à la pratique. S'il est facile de dé-
truire, il est bien plus diffîcile de rebâtir et surtout de
faire mieux. Le projet de loi sur l'établissement de deux
Ecoles préparatoires du service de santé militaire, placées
l'une à Nancy au sein de la Lorraine restée française, la
seconde à Bordeaux, échoua par la mauvaise volonté de
la Commission du budget (1883). Faute d'argent, le décret
ne reçut jamais d'exécution.
Bien d autres propositions, et en particulier la création
d'une chaire d'expertise médicale, où l'enseignement de
l'optométrie et de l'otologie venait coudoyer celui de l'admi-
nistration militaire, ne furent pas accueillies avec faveur.
Alors une lutte sourde d'abord, et bientôt plus ardente,
s'engagea entre le directeur de l'École et l'autorité médicale
qui siégeait dans les bureaux de la guerre. L'issue n'en
pouvait être douteuse; mais cette contradiction perpétuelle,
ce constant mauvais vouloir qui ne se dissimulait pas
toujours sous l'aménité des formes, remplirent d'une amer-
tume profonde les dernières années d'activité de M. Perrin.
La retraite vint l'atteindre au jour où il pouvait espérer une
fois encore de faire triompher quelques-unes de ses vues ; il
l'accepta sans regret. Si la carrière militaire avait cessé de
lui fournir les satisfactions intimes auxquelles son mérite et
sa situation élevée lui donnaient bien quelques droits,
l'affection de ses élèves, l'estime de ses collègues lui appor-
taient une juste compensation. Vice-président de TAcadé-
mie de médecine pour l'année 1888, il occupait depuis huit
mois le fauteuil de la présidence, lorsque la mort l'a
subitement frappé. Que les regrets unanimes qu'a laissés
cette perte inattendue soient, pour la compagne qui le
pleure, un adoucissement à la cruelle séparation.
J. Chaitvkl.
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N- 43 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
à quelle époque sa maladie a cessé de progresser; en tout
cas» elle affirme que, depuis un an, elle n'a constaté aucune
aggravation dans son élat, qui lui paraît absolument station-
naire.
Les paralysies consécutives aux maladies aiguës forment
un groupe bi^n plus complexe qu'on ne le croyait autrefois,
car les paralysies hystériques occupent une place impor-
tante dans ce groupe. D'ailleurs, plus nous avançons dans
l'élude des névroses, plus nous constatons Tinfluence des
maladies aiguës sur leur développement. C'est à leur suite
Îue nombre de malades sont devenus neurasthéniques,
orsque autrefois un malade atteint d'accidents névro-
pathiques les attribuait à une maladie aiguë ancienne dont,
suivant son expression, il ne s'était jamais bien remis, nous
étions incrédules. Il ne faut plus Têlre, en présence de la
multiplicité des faits de ce genre.
Vous trouverez dans le travail de M. Georges Guinon
(Guinon, lesAgefits provocateurs de Vhystérie, Paris, 1889)
plusieurs observations empruntées à divers auteurs, et dans
lesquelles l'hystérie a été manifestement provoquée par
une maladie aiguë. A propos de ces faits, M. Guinon
propose une théorie pathogénique un peu vague. « L'hysté-
rie, dit-il, peut être provoijuée par (|uelques maladies géné-
rales aiguës ou chroniques par suite de Tébranlement du
système nerveux dans lequel se trouve tout sujet en proie à
l'une quelconque de ces maladies, j» Pour moi, m'inspirant
des travaux du professeur Bouchard sur les intoxications
morbides, je n'hésite pas à croire que les hystéries consécu-
tives aux maladies aiguës sont des hystéries toxiques, et que
dans notre cas particulier il s'agit d'une hystérie toxique
d'origine diphthérilique.
Permettez-moi de vous rappeler que je vous ai déjà entre-
tenus des hystéries produites par le plomb, Taicool, etc., et
que j'ai proposé de les appeler hystéries toxiques (Dcbove,
De Vapoplexie hysténque, in Société médicale des hôpi-
^flMO?, 13 août 1886). Que trouvons-nous d'extraordinaire à
ce C[ue des poisons d origine somatique provoquent les mêmes
accidents? D'ailleurs, dans un remarquable travail, notre
amietcollèsrue F. Dreyfous (F. Dreyfous, De r hystérie alcoo-
lique, in Union médicale, 1888), citant plusieurs observa-
tions de paralysies observées dans l'urémie par nos collègues
Chantemesse, Tenneson et Raymond, s'est déjà demandé
s'il ne fallait pas les attribuer à une hystérie urémique.
Revenant à la théorie de l'ébranlement du système ner-
veux proposée par M. Guinon, je ferai remarquer que l'hys-
térie est survenue chez notre malade un mois après sa gué-
rison apparente, autrement dit, que son système nerveux a
été bien lent à s'ébranler. C'est, au contraire, au bout d'un
mois qu'on voit survenir des accidents diphthériques dont
personne ne conteste aujourd'hui la nature toxique, je veux
parler des paralysies diphthériques. « Toujours, dit Main*
gault (Maingault, De la paralysie diphthérique, Paris, 1 860.
p. 107), il existe un intervalle plus ou moins long, de douz>
jours à deux mois, entre la terminaison de l'affection diphthé-
rique et le moment où les accidents paralytiques générali>4^^
se déclarent. >
Dans la plupart des maladies aiguës, les accidents hysté-
riques se manifestent de bonne heure, parce que le poi<^0L
est rapidement éliminé dans la convalescence; ils sont tar-
difs dans la diphthérie, probablement parce que le pois»*
diphthérique est éliminé lentement. En effet, dans leu-
remarquable travail sur la diphthérie, MM. Roux et Yersir
(Roux et Yersin, Contribution à l'étude de la diphthérie. ii\
Annales de V Institut Pasteur, décembre 1888) nous num-
trent que certains poisons morbides produisent immédiate-
ment tous leurs effets, tandis que d'autres ont des effets tnr
difs.
c Les essais faits par Tun de nous, disent ces auteur-,
semblent montrer que, même après un temps très long, l^•^
produits solubies du charbon, de la septicémie et du charbon
symptomatique ne causent aucune affection aux aniinanv
qui les ont reçus. Il n'en est pas de même pour la diphthérie
et la maladie causée par le bacille pyocvanique. L'avenir
nous montrera sans doute que nombre d'affections organi-
ques dont nous ne voyons pas clairement la cause sont dues
à des actions tardives de ce genre. Beaucoup de néphrites ou
de maladies nerveuses dont on ignore l'origine ou que Ton
rapporte à des causes banales sont peut-être la suite d'uni'
iulection microbienne qui a passé inaperçue. >
Nous ne saurions citer le travail de MM. Roux et Yersin
sans rappeler qu'ils ont établi la réalité du poison diphthé-
rique, poison qui jusqu'ici n'était qu'une hypothèse vraisem-
blable.
Si vous admettez l'existence d'une hystérie toxique, qu'il
s'agisse d'un poison morbide ou non, vous pouvez vous do-
mander si le poison crée la névrose ou si, jouant le rôle d unt*
cause occasionnelle, il rend évidente une névrose latente.
11 est certain que les causes morbides externes supposent
toujours quelque prédisposition interne. C'est ainsi que tous
les sujets exposés aux maladies contagieuses ne les contrac-
tent pas, que tous les sujets qui font usage d'une eau conta-
minée n'ont pas la fièvre typhoïde. Il faut de même admettre
pour l'hystérie une certaine prédisposition, mais il ne faut
pas l'exagérer; l'histoire de notre malade le prouve. Elle
avait trente-trois ans lorsque sont survenus ses premiers
accidents nerveux, et cependant elle avait été exposée à de>
causes qui auraient dû faire éclater une névrose latente.
Elle avait perdu complètement sa petite fortune, elle en
éprouva seulement un grand chagrin et une certaine irrita-
bilité; mais on pourrait, pour des causes moindres, être
Pfota. — Une orrour s'est glissée dans les prcmiôreif lïç;ni^A ilo rette biogra-
phie do Perrin. Ce n'ost pas on 1848, mais bien en 1850, le 4 mai, que furent
licenciés les hôpitaux d'instruction. U. Perrin, qui du Metz était paiisc* au Val-
de-Grftce en 1818 comme chirurgien-éWve, en sortait \o 25 septembre 1849, pour
rentrer à Metz comme chirurgien êout^aide. C'est dans ce grade qu'il fût atteint
par le licenciement, et qu'il rentra quelques mois plus tard à l'Ecole du Val-de-
Gràce. Nous remercions M. le professeur L. Le Fort, qui, frappé par la même
mesure que M. Perrin, a eu la bonté de nous signaler notre erreur de date f-nr
ce point. J. C.
Ecole de médecine d'Alger. — Noire ami, M. le docteur
A. Treille, ancien député de Conslanlino, ancien médecin de
Tarmée, est nommé professeur des maladies des pays chauds
(chaire nouvelle).
M. le docteur Planlea», agrégé d*anatoinie à la Faculté de
médecine de Bordeaux, est nommé professeur d'anatomie patho-
logique.
Mortalité a Paris (41 « semaine, du 6 au 12 oclobn-
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, il.
— Variole, 0. — Rougeole, 4. -— Scarlatine, i. — Coque-
luche, 15. — Diphthérie, croup, 21. — Choléra, 0. — Phthisir
pulmonaire, 19i. — Autres tuberculoses, 23. — Tumeur>:
cancéreuses, 49; autres, 3. — Méningite, 30. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 59. — Paralysie, 10. —
Ramollissement cérébral, 13. — Maladies organiques du cœur, 50.
— Bronchite aigué, 23. — Bronchite chronique, 43. — Broncho-
pneumonie, 21. — Pneumonie, 62. — Gastro-entérite: sein, 9;
biberon, 56. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 9. — Autres affections puerpérales, 5. — Débilité con-
génitale, 29. — Sénilité, 28. — Suicides, 18. —Autres moris
violentes, 1. — Autres causes de mort, 170. — Cau<rs
inconnues, 7. — Total: 984.
^5 Octobre 1889 GAZETTE HEBPOHADAIRE DE HÉDEGINE ET DE CHIRURGIE
— N» 43 — 693
ehagrin et irritable. Il v a quatre ans, elle était dans une
voiture dont le cheval s emporta; elle fut projetée violem-
ment sur le sol, fut plusieurs heures sans connaissance , et
revint à elle le corps couvert de contusions. Ici se trouvent
réunies les causes, émotion violente et traumatisme, qui
suffisent habituellement à faire apparaître la névrose hysté-
rique latente; il n'en fut rien. Pourquoi le système nerveux,
jusque-là si tolérant, n'a-t-il pas mieux résisté à la diphthé-
rie, je l'ignore; mais ce que je viens de dire montre que
notre malade n'avait pas une prédisposition bien marquée
ixvLX accidents hystériques.
J'arrive à la tin d'une discussion qui vous paraîtra peut-
otre un peu longue à propos d'une simple observation, mais
j'ose cependant espérer qu'elle pourra vous intéresser, en
taisant entrevoir un lien possible entre les maladies si
t'tranges que nous appelons des névroses et les intoxications
par poison morbide.
Clinique médicale.
Xanthêlasma disséminé et symétrique, sans insuffi-
sance HÉPATIQUE. Communication faite à la Société
médicale des hôpitaux dans la séance du 11 octobre
1889, par M. le docteur A. Chauffard, agrégé, mé-
decin (le l'hôpital Broussais.
Je soigne actuellement dans mon service, à Thôpital
Broussais, un malade atteint de xanthélasma, et chez qui
cette affection me parait offrir des caractères assez particu-
liers pour que je croie devoir les signalera la Société.
Je vous présente le malade, et vais vous résumer les points
saillants de son histoire.
Cest un hommt» âgé de trente-cinq ans, maçon de son étal, à
large poitrine et de robuste apparence jusqu'à ces dernières
années.
Son passé pathologiaue est déjà assez chargé ; à vingt-trois ans,
il a eu la fièvre typhoïae; à vingt-quatre ans, pendant qu'il fai-
sait son service militaire à la r^touvelle-Calédonie, il a été pris
d'une hématémèse assez abondante, accident qui s'est renouvelé à
plusieurs reprises, à vingt-six, trente et un et trente-trois ans.
l>»t été encore, il a été soigné à l'Hôtel-Dieu pour une nouvelle
hrniatémèse, et on a porté le diagnostic d'ulcère simple de
Tostomac, ou peut-être du duodénum. J'ajoute immédiatement
t|ue ces hématémèses à répétition, accompagnées de douleurs
riiigastrisques violentes et survenant chez un sujet nettement
alcoolique, me paraissent n'avoir aucune connexité avec son
vanthélasma; il s'agit probablement là d'une gastrite ulcéreuse
alcoolique.
Vers 1878, pendant son séjour à la Nouvelle-Calédonie, L... a
présenté deux autres incidents pathologiques : des accès de
lièvre paludéenne, soip^nés et ffuéris par la quinine ; et un ictère,
4|ui semble avoir dure assez longtemps, sans que notre malade
puisse donner grands détails sur ses caractères et son évolution.
En 1880, L... est libéré et revient en France, et c'est peu
après, dit-il, qu'il s'est aperçu du début de son affection cuta-
née. La marche de celle-ci semble avoir été lentement progres-
sive, et voici ce que j'ai pu constater, soit actuellement, soit
4lans un premier séjour que le malade a fait dans mon service
au mois de février de celle année.
L'éruption xauthomateuse est constituée par une série de
o^roupes évolutifs, parfaitement symétriques, et cantonnés pres-
i|ue exclusivement au niveau des différents plis de flexion; c'est
(lire qu'ils occupent la base du cou, les deux creux axillaires, les
j»lis des coudes, la paroi abdominale antérieure, surtout dans sa
jtarlie sous-ombilicale, les deux triangles inguinaux, la face
inférieure de la verge, la marge déTanus, les deux creux poplités.
Sont indemnes, la région dorso-lombaire, les mains et les
pieds, le côté de l'extension des diverses jointures envahies du
<*oté de la flexion.
Chacun des groupes éruptifs présente une constitution assez
analogue, et semble rayonner par une sorte de développement
centrifuge.
Le centre du croupe est formé par une agglomération presque
•''onthientc de plaques intradermiques, douces au toucher, légè-
SURPLÉMENT.
rement saillantes et comme papuleuses, séparées par de petits
plis cutanés : leur coloration est assez pâle, beurre frais ou
jaune-chamois; le volume des plus grosses plaques ne dépasse
guère celui d'une lentille.
A mesure qu'on s'éloigne du centre éruplif, les intervalles de
peau saine augmentent d'étendue, et les nodules ou plaques
xanthélasmiques diminuent de volume. Dans la zone la plus
périphérique, on ne trouve plus qu'un semis de points jaunes
miliaires. C'est ce qu'on voit très nettement au-dessous des plis
des coudes, sur la lace antérieure des avant-bras.
Une disposition très particulière est à noter sur un grand
nombre de plaques xanthélasmiques, et surtout au niveau des
parois antérieures et postérieures des aisselles, .où la xantho-
matose déborde assez largement, formant comme un demi-
rercle sur la région pectorale et sus et sous-épineuse : beaucoup
de plaques jaunes portent à leur centre un petit nodule à peine
saillant, gros comme une tête d'épingle, et qui se détache par
sa couleur gris cendré sur le fond chamois qui l'entoure. La
région envahie prend ainsi un aspect tatoué, gris sur jaune, qui
tranche absolument sur la coloration et l'aspect de la peau
restée saine dans le voisinage. La ligne de démarcation du
groupe éruptif est du reste bien marquée, surtout dans la région
pectorale, et une bande de peau saine assez large sépare les
groupes axillaires et sus-claviculaires de chaque côté.
Les plaques xanlhomateuses les plus larges se trouvent dans
les régions axillaires et ino^uinales.
Pour en finir avec la distribution actuelle de l'éruption, je
dois signaler l'intégrité presque absolue de la face. En février
dernier, lors du premier séjour de L... à l'hôpital Broussais, à
peine soupçonnait-on, à la commissure palpébrale gauche, le
début d'une petite plaque jaune ; aujourd'hui, bien que très peu
accusée encore, elle est cependant nettement constatable.
Au niveau du bord Hbre de la lèvre supérieure, et près de la
ligne médiane, se voient un à deux petits nodules jaune5>, gros
comme des grains de mil.
Si l'on retrousse les deux lèvres, on voit que la muqueuse de
leur face profonde est envahie ; aussi bien en haut qu'en bas.
elle présente dans son tiers moyen un semis intramuqueux de
fietits nodules jaunâtres, reposant sur un fond richement vascu-
arisé, parcauru par de nombreux capillaires dilatés et sinueux.
Pas d'autre lésion de la muqueuse bucco-pharyngée.
La muqueuse génitale est normale. Au mois de février, on
constatait en outre un phénomène assez insolite, dont aujour-
d'hui il ne reste plus guère que la trace : la zone périphérique
des groupes éruptifs était parcourue par d'assez larges réseaux
d'un rose un peu violacé, non saillants, et (jui formaient comme
une aréole congestive autour des plaques jaunes. Celles-ci sem-
blaient naître et évoluer dans cette sorte de zone d'envahisse-
ment.
Ces mêmes bandes rosées, larges souvent de près de i centi-
mètre, reliaient entre eux les différents groupes éruptifs, comme
de véritables anastomoses, surtout au-devant du bord antérieur
de l'aisselle, à la base du cou, et à la face postéro-interne des
cuisses entre les groupes poplités et ini^uinaux.
Aujourd'hui, les traces de cette hvperémie périnodulairc ne
subsistent plus qu'au niveau des régfons pectorales sur l'expan-
sion antérieure des groupes axillaires. Là encore, les plaques
xanthomateuses, jaunes avec leur centre grisâtre, reposent sur
un fond d'un rose violacé, qui donne à cette région un aspect
bigarré tout à fait particulier.
Je signale de plus que, maintenant comme au mois de février,
on constate une tumétaction très nette, indolente et assez ferme,
de plusieurs ganglions inguinaux, sous-pectoraux et axillaires.
L'état fi^énéral de L... n'est pas absolument satisfaisant. Son
teint est a la fois pâle et d'un jaune clair, tirant un peu sur le
jaune-paille. Les traits sont amaigris et tirés. Son sang contient
quatre millions trente mille globules, et est de plus très appau-
vri en hémoglobine, puisqu'il n'en contient que 55 pour ICH) de
ta teneur normale. L amaigrissement est notable, les plis cuta-
nés sont flasques et faciles à former.
Le pouls est faible et dépressible, et ne donne, au sphygmo-
ètre de Verdin qu'une tension de 650, au lieu de 750, chif
mètre
L-hiffre
moyen normal. Et cependant le cœur semble battre assez éner-
giquement, et le malade pré^nte des palpitations dès qu'il se
fatigue un peu. On entend à la base au cœur un souffle syslo-
lique aortiquc qui, de môme que les palpitations, me parait en
rapport avec l'anémie que nous révèle l'examen du sang.
J ajoute que celle anémie ne me paraît pas dépendre seule-
13.
09.i _ N« 43 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1881*
ment du xanlhélasma, car Texamen des poumons montre, surtout
au sommet droit, des signes manifestes a induration pulmonaire.
Les urines sont normales; leur quantité par vingl-quatre
heures est environ de 1500 grammes; leur densilé de lOl^i; e.les
sont transparentes, d'un jaune ambré, non sédimenteuses,
assez riches en urohcmatine ; leur teneur en urée est, par vingt-
quatre heures, de 20 à 22 grammes; elles ne contiennent ni
sucre, ni albumine, ni trace de pigment biliaire.
Tel est l'ensemble des symptômes généraux et locaux
que nous constatons chez L..., qu*en pouvons-nous con-
clure ?
Tout d'abord, Téliologie du processus xanthomateux, ici,
comme dans bien des cas, nous échappe complètement.
Aucune hérédité directe, aucune hérédité non plus, semble-
t-il, d'arthritisme ni de diabète.
Noire malade n'a, lui non plus, ni diabète (et nous
verrons bientôt l'importance de ce fait), ni manifestations
arthritiques. Malgré l'ancienneté du début de son affection,
le foie est normaly soit anatomiquement, soit fonctionnel-
lement. Ses dimensions sont physiologiques; il n'y a pas
d'ictère, et je ne crois pas qu'il faille attacher grande im-
portance à l'ictère passager qui s'est montré il y a onze
ans, deux ans avant Tapparition du xanthôme. La produc-
tion quotidienne d'urée est normale, et montre que cette
autre grande fonction du foie n'est pas altérée.
Enfin le pouvoir glycogénique du foie est conservé ; l'é-
preuve de la glycosurie alimentaire, faite à deux reprise^
avec 200 et 250 grammes de sirop de sucre, n'a donné que
des résultats négatifs.
Nous sommes donc en droit d'affirmer qu'il n'y a pas
chez notre sujet d'insuffisance hépatique.
En étiologie, pas plus qu'en pathogénie, nous ne pouvons
donc conclure.
Mais cette conclusion négative a bien son importance, car
on sait quelles connexions on a souvent constatées ou voulu
établir entre les lésions du foie (très variables du reste dans
leur nature et leur degré) et le xanthôme. De fait, les deux
coexistent souvent, sans qu'on puisse encore en formuler
une explication unîvoque. S*agit-il de deux effets d'une
même cause générale, l arthritisme par exemple? Est-ce la
lésion hépatiaue qui engendre la lésion cutanée? Ou la
filiation causale est-elle inverse? Nous l'ignorons.
Il faut au moins retenir, du fait qui précède, qu'un
xanthôme ancien et largement disséminé peut évoluer sans
lésion apparente ni trouble fonctionnel constatable du côté
du foie.
Il est encore deux points sur lesquels je voudrais attirer
Tattention de la Société.
En constatant l'existence de ces nappes congestives au-
tour des nodules de xanthôme, je me suis demandé si la
lésion ne .>erait pas auto-inoculable sur le sujet. J'ai
fait, à la face antérieure des deux cuisses, des inoculations
pratiquées soit avec le sang des zones rosées hypérémi-
ques, soit avec le sang des plaques jaunes. Le résultat a été
négatif.
Je ne sais si pareille recherche a déjà été faite; je n'en
ui trouvé aucune mention dans les travaux les plus récents
sur le xanthôme. Elle a son importance, car elle ne plaide
pas en faveur de la théorie microbienne et infectieuse du
xanthélasma.
Il est impossible, en outre, de ne pas saisir une certaine
analogie entre le fait que je viens de rapporter et quelques-
uns de ceux qui ont été étudiés récemment sous le nom de
xanthôme des diabétiaues.
Bien qu'un exemple de celle curieuse variété fiit déjà
cité dans le mémoire de Gull et Addison, ce n'est guère
qu'avec les travaux récents de Malcolm Morris (i) et de
\\\ PalhoUygical Transactions, 1X83, p. â78.
Crocker (i), qu'elle a été définitivement introduite et clas^^r
dans la science.
Cette variété de xanthôme survient chez lesglycosariqn*'>.
procède souvent par poussées successives, peut évoluer ra-
pidement, puis rétrocéder et guérir en quelques mois ou
quelques années.
Les éléments éioiptifs ont quelque chose de très spécial .
d'après la description toute récente et très détaillée qu'er.
donnent H. Foulard et L. Wickham (2), ils sont c papuleux
ou tuberculeux, d'une couleur rouge atténuée, reposant
quelquefois sur une base congeslive, et surmontés le plu>
souvent d'un point jaunâtre, d'apparence puriforme, mai^
aussi solide en réalité que le reste de la production patho-
logique >. Ils prédominent aux coudes et aux genoux, du
côté de l'extension plutôt aue de la flexion; la face, It-
cuir chevelu, la muqueuse buccale, peuvent être envahie.
mais les paupières restent constamment indemnes.
Eh bien, chez notre malade, plusieurs de ces parlicula-
rités peuvent être relevées. Même intégrité, au moins pen-
dant Je longues années, des paupières; même prédomi-
nance de la dermatose aux coudes et aux genoux, du côti?
de la flexion il est vrai ; même base congestive, très neiif
il y a quelc^ues mois, encore constatable aujourd'hui sur
quelques points ; même point grisâtre au centre deeerlaii)t>
plaques xanthomateuses. Dans le cas actuel, par sa régula-
rité d'ordination et de volume, on peut se demander si ce
point grisâtre ne correspond pas à des follicules pileux, cir-
conscrits par une' sorte de xanthomatose périfolliculaîre.
Mais c'est là un point à revoir, et aue des examens hiop-
siques permettraient seuls de résouare.
Enfin, dernière analogie, L... prétend que, depuis quel-
ques mois, son éruption s'atténue et rétrograde en certain<«
points. Or, nous savons que le xanthôme vulgaire ne rélm-
cède pas; que le xanthôme des diabétiques, au contraire.
peut aboutir à une guérison spontanée.
Voila donc une série de particularités qui rapprochent
notre cas desxanthômes dits diabétiques. Mais notre malad»'
n'a pas de sucre dans les urines, et rien ne permet de
supposer qu'il en ait eu ou qu'il doive en avoir; d'autant
que l'expérience de la glycosurie alimentaire n'a donne
chez lui que des résultats négatifs.
Il est vrai que dans un cas récent, un auteur anglais.
Carafy (3) a cru pouvoir considérer comme relevant di;
diabète un xanthôme survenu chez un sujet non glycosuriqn<\
mais dont les urines (C auraient contenu j» du sucre aupa-
ravant.
Nous nous croyons tenu à plus de réserve, d'autant qut^
cette question du xanthôme aes diabétiques divise, aujour-
d'hui encore, les auteurs les plus compétents. C'est ainsi
que, dans un travail récent, Thomas Barlow (4) considère
le litre de xanthôme comme peu justifié pour le groupe eu
question de dermatoses diabétiques.
Sans vouloir prendre position dans le débat, je me con-
tenterai de dire que certains xanthômes peuvent ressembler
aux xanthômes des diabétiques sans qu'il y ait pour cela
de sucre dans les urines.
Je ne fais donc suivre le fait c|ui précède que de conclu-
sions négatives : non-inoculabilité de la lésion cutanée.
intégrité anatomique et fonctionnelle du foie, absence de
diabète malgré les apparences assez particulières de Térup- I
tion. I
Mais tant que nous n'avons pas de notions pathogéniques
plus précises, que la nature intime du processus xantho>
mateux continue à nous rester inconnue, nous sommes bien
(1) Diseases of ihe skin, IHSH, p. 3Hi.
(i) Dict. Encycl. des sciences médicales, art. Xantiiôxb.
(3) British Journal of Dermat , janvier 1889, |». 70.
(*) British Journal of Dermat., novembre l>^x, p. :«.
^ Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N" 43 — 695
forcés de demeurer dans la période des constatations empi-
riques. C'est pourquoi, malgré toutes ses lacunes, j'ai cru
devoir présenter à la Société le fait qui précède.
REVUE DES CONGRÈS
QnAirième Congrès françalir de chirargle tenu A Pori«
dn 9 an it octobre 1889.
(Suite. — Voyez le numéro 42.)
TRÂITËHENT DES ANÉVRYSMES DES MEMBRES.
La Iroisiènie queslion mise à Tordre du jour a été formu-
lée avec le libellé le plus compréhensif. Elle s'étend, en
effet, aux anévrysmes arlério-veineux aussi bien qu'aux ané-
vrysmes artériels spontanés et Iraumatiques, circonscrits et
diffus.
I. Anévrysmes artério- veineux. — Les règles chirur-
gicales actuelles peuvent se condenser, pour les anévrysmes
artério-veineux, en quelques propositions neltes que M. Tré-
lat a développées et qui n'ont soulevé aucune contestation,
bien au contraire. Quelques mots vont suffire pour résumer
le débat, car nous avons déjà mis sous les yeux de nos lec-
teurs, il y a peu de temps, une clinique de M. Trélat sur
ce point.
A répoque où les opérations les plus simples étaient trop
souvent redoutables, on avait reconnu d'autre part que les
divers modes de la compression n'aboutissaient souvent à
rien dans le traiteOnent des anévrysmes artério-veineux. On
avait, de temps à autre, des succès par la méthode de Van-
zetti-Nélaton, et quand on échouait on prêchait l'expecta-
tion. Aussi insistait-on sur la bénignité de la phlébartérie;
on citait avec complaisance la malade sur laquelle Hunter
avait fait sa si remarquable divination, et l'on rappelait que
seize ans plus tard, abandonnée à elle-même, elle n'était
nullement incommodée. On e.xagérait toutefois. Certes,
Tanévrysme artério-veineux est moins brusquement grave
que l'anévrysme artériel. Mais Bramann, dans des in-
vestigations étendues, n'a pas pu trouver un seul sujet
chez qui l'intégrité fonctionnelle fût complète. Un des pa-
tients que Roux citait comme preuve en faveur de la non-
intervention, a été vu jadis par M. Trélat: il vivait, sans
doute, et n'était pas menacé de rupture, mais un bruit de
rouet intense l'importunait sans cesse, l'empêchait de dor-
mir s'il n'avait le bras étendu en croix hors du lit, et il était
incapable de gagner sa vie. Si donc, avant l'antisepsie, la
chirurgie ne se croyait pas en droit de risquer la vie d'un
homme pour une lésion gênante, troublante, mais non pas
dangereuse, depuis que les interventions sanglantes sont
devenues bénignes, les données du problème ont changé
et Ton n'est plus désarme lorsque l'anévrysme a résisté à la
compression. Les travaux de MM. Verneuil, Reclus, Cham-
pionnière, Trélat, nous fournissent une solution précise.
La compression est une bonne méthode pendant les pre-
miers jours. Les relevés de Delbet montrent que presque
tous les anévrysmes où elle a réussi étaient jeunes. Ontrai^-
teradoncimmédiatementlaphlébartérie, et, sil'on est appelé
de bonne heure, on aura dans la compression directe un
procédé bénin et efficace.
Plus tard, lorsque Tanévrysme est constitué, si le sac est
petit, on mettra sans hésiter la tumeur à nu, et, suivant la
méthode de Malgaigne, on liera tous les vaisseaux afférents
et efférents.
Cette ligature multiple est efficace parce que les petits
sacs ne reçoivent ni n'émettent de collatérales. Pour les
grands sacs, il en est autrement, parce que ces sacs ne
grossissent pas par distension, mais bien par extension.
Us occupent alors une grande étendue des parois vascu-
laires et ont, dès lors, les collatérales de toute celte éten-
due. Si on lie les deux bouts artériels et les bouts, en nombre
variable, de la ou des grosses veines, on a fait une besogne
incomplète: les collatérales font que l'anévrysme persiste.
Il faut donc oblitérer ces collatérales, elles aussi. On a cru,
parfois, qu'on y parviendrait après avoir incisé la poche, en
agissant directement sur les vaisseaux dont on verrait l'em-
bouchure : l'événement a prouvé à MM. Reclus et Verneuil
que c'est une illusioUi, La difficulté de Phémostase est ex-
trême, et de plus on laisse dans la place un sac peu apte à
la réunion immédiate. 11 faut, en réalité, disséquer le sac
en liant au fur et à mesure les vaisseaux qu'on rencontre ^
c'est ce qu'a fait M. Trélat avec un plein succès, car, la poche
une fois enlevée, il n'y a plus eu qu'une seule ligature à
poser sur une artériole insignifiante.
L'incision du sac semble définitivement condamnée.
H. Reclus, qui la conseillait il y a quelques années, a nette-
ment déclaré que la preuve lui paraissait faite en faveur de
l'extirpation.
IL Anévrysmes artériels circonscrits. — L'accord
est moins complet pour les anévrysmes artériels que pour
les artério-veineux. Il est cependant un point sur lequel on
ne discute plus guère: les méthodes dites de douceur sont
condamnées, à Punauimité, et les arguments contre elles ont
été développés surtout par M. Reclus* Nous n'y reviendrons
pas, car M. Reclus y a consacré ici même, il y a peu de
temps, un remarquable article. Tout au plus certains auteurs
ont-ils plaidé les circonstances atténuantes. M. Kirmisson,
d'après trois faits personnels, a mis en relief Pimportance
causale de la syphilis, de Palcoolisme, de Pathérome, de
l'arthritisme. Dans un anévrysme, la dilatation artérielle
n'est pas tout, la coexistence des lésions cardiaques, par
exemple, est fréquente. Si donc la méthode sanglante est la
méthode de choix, on n'oubliera pas que parfois des lésions
diathésiques peuvent être une indication à la compression.
Tenez compte aussi de Page, insiste M. Verneuil^ qui
cependant est aujourd'hui, en principe, contre les mé-
thodes dites de douceur qu'il vantait autrefois. Mais, si la
ligature est presque toujours un acte inoffensif, elle est
volontiers grave chez les sujets de soixante-dix, soixante-
quinze ans. A preuve un vieil athéromateux que M. Guillet
(de Caen) a vu succomber, au milieu de phénomènes céré-
braux, trois semaines après une ligature de la fémorale. La
ligature avait été faite pour un anévrysme qui n'avait pas
lardé à récidiver peu après une guérison temporaire, obte-
nue par la compression indirecte. Peut-être, dit M. Verneuil,
la guérison eût-elle été définitive si on eût pris la précau-
tion, qu'il recommande avec insistance, de maintenir au lit
pendant assez longtemps les sujets que l'on a soumis. à la
compression.
La plupart des chirurgiens conseillent même de ne pas
tenter d'abord la compression : presque toujours donc on
prendra d'emblée le bistouri. Mais deux méthodes san-
glantes sont ici en présence: la ligature à distance, par la
méthode de Anel-Hunter; l'extirpation du sac.
Plusieurs orateurs se sont prononcés en faveur de la liga-
ture: tels MM. RecluSy Verneuil^ Dudon (de Bordeaux^.
M. Dudon a relaté un succès qu'il lui a dû pour un ané-
vrysme poplité, qui avait résisté à deux applications de la
compression par le procédé de Reid. M. Reclus a publié le
fait d'un épileptique de huit ans, porteur d'un anévrysme
axillo-huméral, probablement traumatique; la ligature au-
dessus du sac donna en sept jours une guérison, qui ne s'est
pas démentie depuis deux ans. -— M. Vaslin (d'Angers)
extirpe les anévrysmes du membre supérieur, mais traite
par la ligature ceux de membre inférieur; il a guéri défini-
tivement de la sorte deux anévrysmes poplités, sur des
malades que, depuis plusieurs années, il revoit de temps à
îiutre.
690
W 43 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECIflE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre iSft
Les partisans de la ligatare s'appuient sur son innocuité
à peu près absolue depuis Tantisepsie, sur sa grande faci-
lité, sur son efficacité ordinaire. Quant à Topinion de Del-
bet, pour qui c'est une opération des plus meurtrières.
M. Reclus s est attaché spécialement à en prouver la faus-
seté, dans l'article que nous avons précédemment cité.
Mais, et M. Reclus y a insisté, on ne saurait se déclarer
partisan exclusif de la ligature, et, par exemple, le mieux
semble être d'extirper les sacs volumineux, remplis de
caillots abondants. De même nous venons de voir que les
déterminations de M. Vaslin dépendent du membre qu'oc-
tf'upe la tumeur.
Les adeptes de l'extirpation — et nous nommerons
MM. Trêlat, Peyroty D, Mollière — ne contredisent pas
âux succès obtenus par la ligature; ils ne se prononcent
pas encore définitivement contre elle. Mais c'est dans l'ex-
lirpation qu'à leur sens est l'avenir, et ils en publient des
«semples heureux.
Dans le traitement des anévrysmes par la ligature, dit
ie professeur Trélal, il faut envisager deux choses : la liga-
ture en soi, les modifications de la poche anévrysmale. Il est
démontré que la ligature aseptique est, en soi, d'une inno-
cuité à peu près absolue. Mais n'a-t-elle pas déjà pour con-
séquence l'oblitération définitive, et de l'anévrysme, et de
tout le bout artériel allant de la ligature à l'anévrysme? Si
on agit sur le sac lui-même, c'est à son étendue que sera
limitée la portion inutilisée de l'artère, et l'on ne saurait
contester que cette condition ne doive être avantageuse pour
le fonctionnement ultérieur du membre. C'est peut-être
ainsi qu'il faut expliquer une gangrène tardive, vue par
M. Letlru (de Clermont-Ferrand)audiredeM. Peyrot, après
guérison d'un anévrysme par la ligature. Mais ce n'est pas
tout et après la ligature peuvent se passer dans le sac lui-
même des phénomènes fâcheux. Les inflammations, les
suppurations même peuvent s'en emparer, parfois à longue
échéance. Quoi qu'ail l'air d'en penser M. Reclus, on se de-
mande quelle influence peut bien avoir sur les accidents de
ce genre, la septicité de la ligature. En réalité, on observe
aussi bien ces complications après la ligature aseptique ; on
1 3s observe bien à la suite des coagulations par compression.
Autre chose encore : parfois la ligature dépasse, pour ainsi
dire, le but; le sac se rétracte avec excès, comprimant,
étouffant les troncs nerveux auxquels il adhère. De là des
Iroubles trophiques, capables de nécessiter l'amputation.
Delbet a attiré l'attention d'une manière toute spéciale sur
les faits de ce genre. On se demande ce que peut l'asepsie
(le la ligature pour prévenir cet accident.
On ne saurait contester la rareté de ces évolutions fâ-
cheuses; de même les échecs simples ne sont pas très fré-
quents. On conçoit donc que, pour le moment, on se laisse
aller à la douceur d'avoir retrouvé dans la ligature asepti-
que un procédé infiniment supérieur à la compression.
Mais d'ici à quelque temps nous deviendrons plus ambitieux.
.Nous tournerons nos regards non plus vers les malades qui
ont bénéficié de la ligature, mais vers ceux, trop nombreux
encore, qu'elle a laissés en souffrance. Or ceux-là, ne les
eussions-nous pas guéris, si nous avions extirpé la poche?
On objecte, sans doute, que l'extirpation est une opération
difficile, délicate, qui demande un chirurgien consommé;
que les chirurgiens consommés s'y livrent donc sans
crainte. Faut-il recommander aux autres de commen-
cer par la ligature, quitte à extirper la tumeur si elle
persiste? Mais les suppurations, les rétractions, les troubles
trophiques? On n'eût pas amputé si dès le premier jour on
eût extirpé. Comme le disaitM. Trélat, au sortir de la séance,
dans une boutade humoristique : l'idéal serait de réserver
l'extirpation aux sacs que la ligature doit faire rétracter,
^nais cette indication ressemble à celle qu'on donne aux
enfants pour prendre un pierrot en lui mettant un grain de
<e\ sur la queue.
III. Anévrysmes diffus. — Pour les anévrysmes diffus,
traumati^ues ou spontanés, primitifs ou consécutifs, la con-
duite chirurgicale est aujourd'hui bien réglée. Les hésita-
tions anciennes venaient des difficultés de l'hémostase et des
accidents septiques. Or nous sommes en possession de la
bande d'Esmarch qui nous permet d'opérer sans précipita-
tion ; de la forcipressure, qui nous met à même de saisir aver
facilité les vaisseaux divisés; de l'antisepsie, qui nous 6te
toute crainte d'ouvrir une cavité mtme vaste et anfractueuse.
L'indication est donc formelle: après application de la
bande d'Esmarch, fendre largement la pocne anévrysmale,
évacuer tous les caillots, puis saisiravec une pince à forcipres-
sure les vaisseaux dont on voit la lumière béante. Il n'est
pas question ici d'extirpation, et nous avouons même n*avoir
pas très bien saisi le sens exact d'une observation rapportée
par M. D. AfolUère (de Lyon). Ce chirurgien aurait extirpé
avec succès un anévrysme diffus de la cuisse. Or dans une
opération de ce genre c'est le sac qu'on enlève; mais n'est-
il pas admis, par définition, que l'absence de sac est préci-
sément la caractéristique de l'anévrysme diffus traumatique :
que pour l'anévrysme consécutif à la rupture d'un sac pré-
existant, l'extirpation de ce sac, fragment médiocre ae la
paroi, ne sera qu'un complément de l'opération? C'est donc
d'incision et de ligature de deux bouts qu'il faut parler, et
non d'extirpation.
Mais, dit M. Péan, pourquoi lier les deux bouts? On n'a
qu'à laisser les pinces à demeure, sortant par la plaie sutu-
rée. Au bout de quarante-huitàsoixantèheureson les enlève
et la réunion immédiate s'achève sans incident. Il n'y a donc
de corps étrangers de la plaie que pendant quarante-huit à
soixante heures, et c'est plus favorable que la ligature à la
réunion par première intention. De plus, si l'on veut lier
le vaisseau saisi, l'opération est plus longue; enfin il faut
disséquer une assez grande étendue du bout vasculaire, ce
qui détruit les vasa vasorum. Le pincement suffît, et M. Péan
veut l'ériger en loi, soit après incision des anévrysmes diffus
des membres, quel que soit le segment atteint; soit ap^ê^
extirpation des anévrysmes circonscrits, opération dont
M. Péan se déclare partisan.
Cette manière de faire n'est peut-être pas à l'abri de toute
objection. Uneligature aseptique est uncorps étrangerqui ne
fait pas parler de lui ;saposen'allongepasbeaucoup laplupart
des opérations. D'aulre part, M. Péan a été le premierà dire
que 1 on a parfois des hémorraghies secondaires au moment
où l'on retire les pinces: si bien qu'il conseille, en pareille
occurrence, d'ouvrir et d'examiner à nouveau la poclie et de
repincer l'artère un peu au-dessus du point primitivement
saisi. Mais l'hémorrhagie secondaire n'est-elle pas à peu
près toujours évitée par la ligature aseptique (1)?
A. Broc A.
(1) A propos de ccUc discussion, je ineutioniierai uoo observation qui m c«(
liersonnclle. Eu janvier 18Ki j'ai clc appelé brusquement par niun ami, le doc-
teur Oiiinrzyc, à Luzarchcs, pour un homme qui avait reçu dans les cuisses et
le scrotum un coup de fusil à chevrotines. 11 avait été atteint par quatre ou < inq
chcTrotincs, je ne me souviens plus auju<ite du nombre. Une d'cniro elle* avait
pénétré à la face antérieure de la cuisse, à la jonction du tiers inreriout cl de»
deux ticri supérieurs, était ressortic en arrière k peu près au nidnie ui^eau.
après avoir traversé les parties molles internes. L'accident avait trois $ciu.iin«'^
de date. L'hémorrh!ii;^ic immédiate avait-clé, paraît-il, abondante, mais la c<»ui-
pression en avait eu vite raison, et d'abord tout sembla aller bien. Vers le qui»-
xiènie jour, une petite tumeur pulsatilc fut reconnue ii la réj^ion fémoro-jK»p!îlf4* :
elle s'était manifestée quand le malade commenra à i^e lever. Quelques joui-s apr% ^.
In cuisse aug^menta brusquement de volume et le» signes d'un anévrysme difi'ti'»
énorme furent évidente. C'est alors que, le lendemain, je fus mandé à la hàlc. I. .
ruisse entière était distendue et la plaie antérieure, encore (granuleuse, mena-
çait de se rompre. Je déridai donc d'iulerrenir immédiatement quoiqu'il fût cinq
heures du soir et que je n'eusse pas d'aide médical pour l'opération, car le doc-
teur Okinczyc se mit au chloroforme. J'opérai à la Inniicre d'une bougie qn«*
tenait la femme du blessé, et je fus aidé par un gendarme, qui écarta les lètrr*-
de la plaie avec des cuillers d'étain, pliées à angle droit. C.'e>t dire que, sans roo-
teste, l'antisepsie ne fut pas parfaite. Après application de la bande d'ËsuMrcli
je fis à la région aniéro-intcrnc de la cuisse une incision longitudinale de 10 coo-
limctrcs, ayant son milieu sur la plaie initiale. J'évacuai pins d'nn Mtrc de eailloi«
lerunriqnes, qui s'insinuaient entre tous les plan« uiu«cnlaires, allaient jns^pra I*
25 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 43 — 697
CommunloatlonB divenes.
Procédé de cure radicalk de i/exstropiiievésîcale. — M.Sc-
gond conslale (ju'actucllemcnt il y a deux tendances. Quelques
auteurs espèrent qu'il peut resteV assez de sphincter pour re-
constituer la vessie (procédés de Trendelenburg, de Passavant,
de Denime). Pousson juge ces opérations trop sévèrement : la
|)rudence consiste à réserver son opinion, pour les sujets ayant
moins de cinq à six ans. Mais, en tout cas, une fois le sujet arrivé
à un âge avancé, les opérations palliatives sont seules de mise.
Ij^s procédés autoplastiques créent trop souvent des vessies con-
stamment incrustées de calculs. Malgré Pousson, cet accident
nVst pas négligeable. Aussi, Sonnenhnrg conseille-t-il d'extirper
la surface exslrophiée cl de suturer les uretères dans la gouttière
pénienne, ou bien de ne réséquer que le haut de la vessie, en
conservant le trigone. Malgré Kichelot et IJerger, le procédé est
loin d'être mauvais, et c'est lui qui a donné à M. Segond l'idée
du sien. M. Segond, en effet, a commencé son opération en vou-
lent faire l'extirpation. Puis, ayant en main la vessie disséquée,
il a eu l'idée de la rabattre en avant et de suturer ses bords à
ceux de la gouttière pénienne; le gland, ensuite, a été passé h
travers un trou fait au tablier préputial, et ce tablier, dédoublé,
a été appliqué sur la face non muqueuse, cruentée, de la vessie
rabattue. En trois séances, la réparation a été excellente. Dans
les opérations de ce genre, on conçoit que l'urine n'est en con-
tact qu'avec des tissus créés pour subir ce contact : aussi, pas
de concrétions calculeuses. Et M. Segond a eu un deuxième succès
sur un homme qui, traité à deux ans par l'autoplaslie, avait
mené jusqu'à l'âge de vingt ans une existence misérable, par le
fait de calculs successifs. Cet homme a vécu pendant cinq mois
sans refaire un seul calcul, puis, quelque peu ivrogne, il a suc-
combé à une poussée d'une pyélonéphrite qu'il avait contractée
à la suite de l'autoplaslie.
Cystocèle inguinale. — M. le docteur 0. Guelliot <de Reims)
pense que la cystocèle inguinale est moins rare que ne le sup-
posent les ouvrages classiques. Mais elle est confondue souvent
avec la hernie intestinale ou épiploïque, et cette confusion peut
persister pendant et après l'opération. Les meilleurs lignes dia-
gnostiques sont : les troubles de la miction, la tension du péri-
née, et, après découverte de la hernie, son siège en dehors de la
gaine fibreuse du cordon, son épaisseur, la difficulté de former
un pédicule. La cystocèle entraîne souvent des accidents sérieux
de cystite et de pyélonéphrite, et des consécjuences graves. Il y
a donc lieu de la traiter soit par des bandages, soit plutôt par des
moyens chirurgicaux, et en particulier par la dissection suivie
d'excision et de suture.
Taille hypogastrique pour calculs. — M. Duchastelet a
extrait par cette voie deux calculs volumineux datant de l'en-
fance. Au cours de l'opération , il a constaté que la vessie était
déviée vers le flanc gauche, et qu'au sommet il y avait im diver-
ti ru le remarquable.
Hétrécissement de l'urèthre. — M. Ldvaux conseille une
méthode spéciale de divulsion progressive pour les cas où la dila-
tation simple est reconnue insuffisante.
NÉPHRORRHApniE. ~ M. Tufficr a observé treize reins flot-
tants; trois fois seulement il a cru devoir opérer, car il ne faut
agir que sur les reins mobiles douloureux, et encore faut-il que
ces douleurs soient directement liées â la luxation du rein. Pour
les cas où les douleurs sont dues à des troubles gastro-intestinaux
(et souvent alors il y a de l'entéroptose), il convient d'appliquer
une ceinture qui maintienne et le rein et l'intestin. Trois fois
donc M. Tuftîer a fait la néphrorrhaphie, et il Ta faite suivant les
f^ct* interne do fruiur; la poclic se prolonj^cait dans le creux poplil«>. Je pua voir
alors que l'arlèrc était complètement sectionnée, juste au-dessous de son entrée
daiiH le cinal de Huntci*. Je débridai l'aponévrose du grand adducteur; je saisi?
chaque bout vasculaire dans une pince a forciprcssure et je liai à la soie piiéni-
qiiée. Je n'ai pas vu la veine et n'ai p.is n<,à sur elle. Le tube élastique une fuis
enlevé, je liai quelques arlérioici et après quelques minutes d'attente, je con-
statai que riicniostafte était parfaite. Conscient des défectnosilés de mon antisepsie,^
je no réunis que la moitié supérieure de la plaie, saupoudrée d'ioduromie, tam-
ponnée à la ^aze phcniquée et munie, en bas, d'un f^ros draia sedirif^eant vers
le creux poplité. Le pansement fui assez fortement cumprcssif. Je n'ai pas revu
U; malade les jours suivants, mais M. Okinc/yc m'a dit que la suppuration a été
léjfére; que les pansements ont été rares ; qu'il n'y a eu aucun accident et qu'en
a«'ux mois la guérison était complète. En tous cas depuis cette époque je ren-
contre de temps à autre mon opéré pendant les vacances; il marche comme si de
Tïvn n'était el porto au besoin de lonrds fardeaux. A. R.
principes auxquels rexpérimenlation l'a conduit. Il suture (à tra-
vers une incision lombaire) l'extrémilé inférieure du rein décor-
tiqué, après ablation de la capsule propre du rein. Mais les fils
doivent traverser la surface rénale au delà de la région décorti-
quée, sans quoi le parenchyme, friable, se coupe sous le fil. Il
faut se métier des substances antiseptiques, car la capsule grais-
seuse, ouverte par l'opération, absorbe avec une grande facilité.
CiREFFE DE l'itretère DE LA PEAU DU FLANC dans un cas d'auu-
rie, par M. Le Dentu, sur une femme chez laquelle, après hys-
térectomie vaginale, la récidive avait comprimé les deux uretères.
Pas une goutte d'urine dans la vessie. L'uretère, disséqué,
puis sectionné, a été attiré dans la plaie du flanc. La malade,
cachectique, est morte au bout de quatorze jours; mais le méat
créé à gauche a bien fonctionné. Il n y a pas eu de pyélile infec-
tieuse, et l'urine est restée acide.
Suture nu rein dans la néphrolitiioto.*iie. — M. Le Dentu
fait voir un calcul du bassinet, qu'il a enlevé le 23 février 1889.
Il n'y avait pas de pyélile suppurée. Il a fait une suture soignée
de l'mcision et a obtenu la reunion immédiate du rein. 11 Tavail
déjà tentée une fois, avec un succès seulement partiel. Dans le
cas aciuel, M. Le Dentu a fendu la moitié inférieure du boni
convexe du rein et non point le bassinet; c'est le meilleur moyen
pour éviter tout écoulement d'urine. Le malade était guéri en
vingt jours.
NÉPHRKCTOMIE. — M. Ch. MoHOfl a communiqué quatre obser-
vations de néphrectomie où l'opération a été faite pour des lésions
où, en général, la néphrectomie est indiquée. M. Monod accorde
ce principe, mais pense que, parfois, la néphrectomie seule peut
sauver les malades, même lorsque l'autre rein est peut-être
atteint. I^e premier malade avait eu un phlegmon périnéphrique,
avec désorganisation profonde du rein : il a guéri sans encombre
et depuis se porte à merveille. La seconde a succombé en sept
jours : il est probable que l'autre rein était tuberculeux, comme
celui qui a été enlevé. Morte encore, au quatrième jour, une
femme opérée pour lithiase rénale, quoique l'autre rein ne pré-
sentât qu'un peu de néphrite, interstitielle; M. Monod avait résolu
de faire la néphrotomie, qu'il a reconnue insuffisante au cours de
l'opération. Mais, si ce décès a été une surprise désagréable, le
succès suivant fait une sorte de compensation. Après deux ans
de tergiversation, M. Monod s'est décidé à extirper une tumeur
certainement bénigne du côté droit : il est tombé sur un gros
rein polykystique, et dès lors il porta un pronostic des plus som-
bres, car, jusqu'à présent, d'après les relevés de Lejars, toutes
les interventions de ce genre ont été mortelles. La malade a
cependant guéri, après quelques incident.
M. D^jnoi. Opération faiie pour une pyélonéphrite développée
à droite, en conséquence d'une intlammation périutérine. La malade
a guéri, mais avec une fistule qui, deux mois après, donnait
issue à de l'urine au moment de la miction. La région périrénale
était à ce moment transformée en une cavité pleine de fon^o-
sités. Ces fongosilés furent grattées, et la fistule jjruéril. En prin-
cipe, dans les cas de ce genre, la bilatéralite fréquente des
lésions fait que la néphrectomie est préférable; mais ici le calhé-
lérisme de l'uretère gauche avait démontré que, de ce côté,
l'urine était normale. La fistule ne peut s'expliquer que par nnv
perméabilité assez remarquable de l'uretère.
Entérorrhaphie, — M.C^flpwt publie quelques nouveaux pro-
cédés intéressants. Les deux premiers sont spécialement appli-
cables à la cure de l'anus conlre nature.
€ 1* Le premier procédé, extrapéritonéal, consiste à sectionner
d'abord l'éperon avec un entérotome quelconque. Pour obtenir
ensuite l'oblitération du cylindre bi-intestinal, j'abrase, avec la
curette tranchante, la muqueuse sur une hauteur de 1 centimètre
environ et sur toute la circonférence du cylindre. Ce dernier est
ensuite disséqué et isolé de la paroi abdominale sur une étendue
de 2 centimètres environ, sans ouvrir le péritoine autant que
possible. Je réunis alors iVs surfaces avivées par des points sénarés
très serrés. Il ne reste plus qu'à suturer à part la paroi abdomi-
nale. Ce procédé mérite le nom de suture par abrasion et appli-
cation.
t J'ai obtenu de bons résultats avet la ligature eu masse du
cylindre bi-intestinal avec ou sans abrasion de la muqur'use; mais
ce procédé a l'inconvénient de ne pas assez ménager l'étofTe; en
outre, lorsqu'on n'a pas la précaution d'abraser la muqueuse, il
se produit une fistule plus ou moins longue à guérir.
c i," Lorsqu'on est décidé à ouvrir le péritoine pour la cure de
l'anus contre nature, le procédé le plus avantageux dans l'espèce
698 _ N* 43 ~
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
est ïentérorrhaphie longitudinale, qui ne nécessite pas de
résection et qui présente de grands avantages.
c Elle consiste à inciser longitudinalement les deux bouts de
rintestin sur une hauteur de 6 à 10 centimètres; on suture en-
suite, par des points séparés, les lèvres correspondantes des
deux incisions, de façon à établir une anastomose entre les deux
anses.
c Pour oblitérer l'extrémité du cylindre bi-intestinal, on abrase
la muqueuse et on applique Tune à Tautre les surfaces avivées,
comme dans le procédé précédent. Un lambeau d*épiploon est
ensuite fixé à la surface des lignes de suture.
c 3" Le troisième procédé, d une application générale, est uue
entérorrhaphie circulaire par abrasion et application. Je
l'exécute de la façon suivante : sur chaque bout de Tintestin,
Vabrase la muqueuse sur la hauteur de 1 centimètre et sur toute
la circonférence, je renverse ensuite en dehors les bords que je
viens de gratter et je les applique Tun contre Tautre de manière
i\ opposer les surfaces avivées. On suture à points séparés très
serres et on fixe par quelques points une bande d'épiploon à la
surface de la ligne de suture. >
MiGBOBIOLOGlE DE LA HERNIE ÉTRANGLÉE^ par M. Cloiio. — En
1861, Vernenil a émis Fidée que la sérosité des hernies étran-
glées était toxiaue; en 1867, Nepveu y trouva des microcoques.
A Tinstigalion ae M. Yerneuil, M. Clado a repris ces recherches,
et il a trouvé une bactérie spéciale dans le sac, dans les glandes
de rintestin étranglé^ dans les ganglions, dans la rate, dans le
sang. Inoculée en série, cette bactérie cause rapidement la mort
des animaux. On peut dès lors interpréter les faits où Tétrangle-
ment herniaire cause la mort sans qu'une lésion locale suffisante
en rende compte ; on comprend aussi comment se créent les
congestions viscérales à aistance, sur lesquelles M. Verneuil
insiste depuis longtemps.
Laparatonie pour étranglement interne. — M. Duret (de
Lille) pense qu'une des causes fréquentes d'échec est le défaut
d'antisepsie intestinale. M. Duret, ayant fait une laparatomie et
levé l'étranglement, constata aue l'état restait grave, que les
vomissements persistaient; il ut alors le lavage de l'estomac,
évacua un liauide fétide, et, à partir de ce moment, la guérison
fut rapide. M. Duret pense donc aue l'infection d'oric^ine intes-
tinale est une des causes principales de la mort, que l'on ait ou
non fait la laparatomie. Au reste, le lavasse de l'estomac est
aussi fort utile pendant la laparatomie, car il diminue beaucoup
le ballonnement.
Traitement du prolapsus du rectum, par M. Schwariz. —
L'auteur ne s'occupe que de la chute complète, avec invagina-
tion, chute facilement réductible, mais récidivant à chaque
instant. H a observé un cas de ce genre, fort douloureux, sur un
aliéué épileptique. Le prolapsus s accompagnait d'hydrocèle. De
là une contre-indication à la résection de la masse prolabée.
Le sphincter était d'une laxité excessive; de plus, il était facile
de constater que la paroi antérieure tombait toujours la pre-
mière. C'est sur ces deux éléments que M. Schwartz résolut
d'agir. Il fit donc six grandes raies de feu longitudinales sur la
masse herniée; puis il praticjua la réduction, et termina par une
liie en règle^ rétrécissant la partie antérieure de
l'anus ; Tavivement alla jusqu'au sphincter. Aujourd'hui, neuf
mois après l'opération, Pétat est excellent, et le prolapsus ne
se produit plus. En outre, Tépilepsie a été considérablement
améliorée, comme d'ailleurs M. Feré l'avait espéré à l'avance.
Duret (de Lille) a mis en œuvre, l'an dernier, un procédé ana-
logue.
Diverticulb du rectum, opération. — M. Terrier a observé
une dilatation sacciforme de l'extrémité inférieure du rectum. Il
l'a extirpée par l'extérieur, et, malgré la septicité de la région, il
a obtenu la réunion immédiate complète. L observation concerne
un homme assez âgé, qui présentait de la gène de la défécation.
Il y avait une légère saillie latérale de la région anale. Le tou-
cher démontrait l'existence du diverticule. Le malade a été pré-
fiaré par le réeime lacté et par l'administration du naphtol à
'intérieur. Après guérison, les tissus intermédiaires à la cica-
trice muqueuse et à la cicatrice cutanée sont tout à fait souples.
M. Terrier a fait Quelques recherches sur ce point. En 1836,
Physik (de Philadelphie) a publié un long article sur les diverti-
cules du rectum : il les compare aux hémorrhoides. Depuis,
Gross père (de Philadelphie) a tait voir que ces divertiqules sont
simplement les valvules normales décrites dans le rectum. Dans
le traité de Gruveilhier, on trouve une description importante
des hernies tuniquaires de l'intestin : ici, il s*agit sùremeni
d'une disposition pathologique. Depuis, rien de net dans le<«
traités de D. Mollière, Curling, Allingham. Donc, deux variété-
Tune est une disposition normale, et ces diverticules sont bas
situés; l'autre est une hernie tuniquaire, et de cette variété
M. Terrier n'a pas trouvé, à cette place, d'observation semblable.
Opératoirement, il faut noter la possibilité de la réunion immé-
diate de la paroi rectale.
De l'accès aux organes pelviens par la voie sacrée. -
M. Pozzi rappelle que M. le professeur Verneuil d*abord a întli-
que la possibilité de se donner du jour du côté du rectum i^n
enlevant le coccyx. Kraske, récemment, a été plus loin et a
enlevé la partie inférieure du sacrum. M. Pozzi, ayant à trail**r
un rétrécissement cancéreux du rectum, situé à la limite
extrême du doigt, chez une femme de soixante-huit ans, a pra-
tiqué la rectotomie linéaire au bistouri après résection du
coccyx et de la dernière vertèbre sacrée, qui seule a permis ûr
dépasser le rétrécissement. Il a ensuite enlevé la tumeur latf'-
raie, rétrécissant le rectum, après avoir passé derrière elle uni-
série de sutures en chaîne. L'opération a été terminée par la
suture de la muqueuse rectale a la peau, et la création d*unp
large ouverture anale en forme de vulve, remontant jusqu*à la
brèche faite dans le sacrum, et cachée dans la rainure interfes-
sière. Guérison par première intention. L'opération a été ti\w
il y a trois mois. Pas de récidive. La constipation empérhr
actuellement l'incontinence. I^ largeur de la voie iiuuvelt*'
créée permettra la défécation en cas de récidive. Il y a là nue
extension de la rectotomie linéaire du professeur Verneuil.
Fistule biliaire et cholécystectomie, par M. Michaux. -
L'auteur a été consulté par une femme qui présentait une tislulf
biliaire rebelle depuis six ans aux traitements les plus divers.
11 n'y avait pas d'écoulement de bile, mais un écoulement séro-
purulent fort sérieux. Après des essais divers, M. Michau\
prit le bistouri et fit une laparatomie qu'il pensait à Pavaner
terminer par une cbolécystectomie, car le cnolédoque nVtait
certainement pas obstrué. C'est ce (jù'il fit. La vésicule, assez
petite, contenait deux calculs. Le résultat est très bon. I^<
recherches de M. Michaux dans la littérature lui font conclure
que la cbolécystectomie, en somme, vaut souvent mieux que la
cholécystotomie. M. Michaux n a trouvé que deux cholécyslec vo-
mies -pratiquées pour fistule biliaire, ut la sienne est la pn^
mière faite en France.
Lipome du sein chez l'homme, par M. Queirel (de Marseille ).
— Les lipomes du sein sont rares, et quelques-unes des obser-
vations attribuées à A. Cooper, Velpeau, ne sont pas pro-
bantes. Au total, chez la femme, M. Queirel ne connaît aue troi^
faits ; chez l'homme, il n*en connaît pas un seul. Aussi puDiie-t-il
une observation où il a fait le diagnostic.
Résection THORACiQUE et névrectomie intercostale.— M./.^-
prévost (du Havre) a observé une femme qui souffrait depuis
longtemps d'une névralgie intercostale rebelle, ayant pour point
de départ le bord cartilagineux du thorax à gauche. En ce point
il y avait une déformation, mais non pas une tumeur. (>x
névralgies avaient résisté à toutes les médications : aussi
M. Leprévost s'est-il décidé à réséquer la partie déformée, c'est-
à-dire les cartilages du bord inférieur du thorax. Les parties
correspondantes des septième et huitième nerfs intercostaux
lurent réséqués. Guérison opératoire rapide. Depuis deux moi>
les douleurs n ont pas reparu. Mais M. Leprévost est le premier
à penser que, puisque les cartilages étaient déformés, mais non
malades, il aurait mieux valu se borner à une névrectomi''
simple. M. Leprévost entre dans des considérations anatomiqut*^
sur les sixième, septième, huitième et neuvième nerfs intercov
taux et sur leur névrectomie. 11 est prouvé, en effet, que ces nert>
sont ceux que la névralgie occupe le plus souvent.
Résection du nerf maxillaire supérieur et du g\m;li«»n
DE MeCKEL par le PROCÉDÉ DE LOSSEN-BrAUN, par M. Ptnil
Second. — Cette opération n'a pas encore été pratiquée dan<
notre pays. M. Paul Segond lui aoit trois beaux succès, dont il
^donne la relation. 11 s'est efforcé de bien régler les divers tpuip<
du manuel opératoire, et, pour lui, ce procédé doit être désor-
mais considéré comme le procédé de choix dans le traitement
chirurgical des névralgies du nerf maxillaire supérieur. M. Paul
Second insiste d'abord sur la bénignité des suites opératoire>,
puis, rappelant en peu de mots les opérations variées qui ont êt«* 1
proposées et pratiquées pour sectionner le nerf maxillaire .sur
25 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — »• 43 — 699
les divers points de son trajet, depuis le trou grand rond jus-
qu'au trou sous-orbitaire, il montre comment la résection totale
du nerf, après section au ras du trou grand rond, est en déûni-
iive rintervention qui réalise le mieux toutes les conditions vou-
lues pour éviter le retour des douleurs.
M. Segond décrit avec soin les rèdes opératoires auxquelles il
faut se conformer pour donner à rintervention les meilleures
garanties de précision et de sécurité.
l/opération comprend cinq temps : 1® Tincision des tégu-
ments ; 2"^ la résection temporaire de Tare zygomato-malaire qui
est scié à sa partie antérieure, fracturé à son extrémité posté-
rieure, et rabattu en arrière avec le masséter; 3"* la mise à
découvert de la fente ptérygo-maxillaire; 4" la recherche du
nerf, sa résection à ras du trou grand rond et son arrachement
total par le trou sous-orbitaire; 5° la remise en place des parties
divisées, la suture et le pansement.
La section de Kos malaire doit être très oblique et aussi anté-
rieure (]ue possible. De la sorte, on obtient une laree surface
de section précieuse pour la coaptation ultérieure des fragments,
et, de plus, on réduit à son minimum la saillie de Tos malaire,
saillie toujours gênante, car elle forme, avec Tapophyse coro-
noïde, deux promontoires qui défendent l'accès de la fente pté-
rygo-maxillaire. Pour la recherche du nerf et du ganglion, on a
dit à tort qu'il fallait d'abord les reconnaître à la partie supé-
rieure de la fente. En fait, lorsque la rainure ptérygo-maxillaire
est mise à nu par le décollement d'un muscle temporal, il est
impossible de rien voir, et c'est à l'aide d'un crochet à stra-
bisme manié suivant certaines règles particulières, qu'il faut
aller déloger et charger le nerf. Les hémorrhagies qui ont été
signalées au moment de la section du nerf sont exceptionnelles
et faciles à maîtriser. — Quant à la nécessité d'obtenir la réu-
nion par première intention, elle présente ici une évidence par-
ticulière. C'est, en effet, le seul moyen d'obtenir une cicatrice
cutanée convenable, d'assurer l'intégrité des mouvements de la
mâchoire, et d'éviter la formation d'un tissu cicatriciel rétractile
susceptible d'occasionner une récidive par compression des
extrémités nerveuses. 11 faut rechercher fa réunion sans drai-
nage, et il est peu d'opérations réalisant mieux les deux condi-
tions fondamentales de sa réussite : asepsie du foyer opératoire,
possibilité d'obtenir et de maintenir la coaptation parfaite des
parties diverses à l'aide du pansement compressif.
M. Mollière a pratiqué déjà trois extirpations du ganglion de
Meckel; il a obtenu une s^uérison définitive et deux récidives
très supportables. 11 l'aborae après incision du vestibule buccal,
par trépanation du sinus maxillaire, le lon^ du nerf sous-orbi-
taire, dont le canal est ouvert par la paroi inférieure. M. Mol-
lière affirme qu'il a détruit le ganglion, car il a observé des
phénomènes nerveux que cette destruction seule peut expliquer.
Trépanation pour épilepsie jacksombnne. — M. R. Larger
(de Maisons-Laffite) a observé un épileptique chez oui l'aura
partait du pied. Malgré les dénégations du malade, M. Larger
diagnostiqua une lésion traumatique, et, d'ailleurs, le patient
a fini par s'en souvenir. Trépanation sur la partie supérieure de
la zone rolandique. L'os était très épaissi, condense, adhérent
à la dure-mère. M. Larger pensa que cette lésion osseuse suffi-
sait à causer les accidents. Il s'en est donc tenu là, et le malade
a, en effet, été très amélioré. Il n'est cependant pas entièrement
guéri.
Nature do coryza CASÉEUx,par U.Bories (de Montauban). —
Duplay a décrit cette maladie, très mal connue, où les fosses
nasales sont remplies d'une matière analogue à du mastic. Les
théories données sont multiples. Pour M. Bories, il s'agit de la
nécrohiose de masses polypeuses des fosses nasales. La coïnci-
dence des polypes a, en eflet, été signalée dans la majorité des
observations. ()r M. Bories (comme M. Périer) a trouvé, dans ce
magma, des fibres conjonctives. D'autre part, il a enlevé depuis
deux polypes qui commençaient à subir la dégénérescence
caséeuse. Cette nécrohiose est due à des oblitérations vascu-
laires; ailleurs, elle relève de la compression, et les polypes
voisins des orifices échappent à la nécrohiose.
M. Cozzolino (de Naples) n'a rencontré une trois cas de cette
rhinite, très rare, mais réelle, qu'il appelle rhinite cholesléo-
mateuse. Il conteste l'opinion de M. Bories, et pense que la rhi-
nite caséeuse a une existence propre, et n'est pas un processus
secondaire. La cause est un microbe, que M. Cozzolino commence
à cultiver.
Troubles de la parole dans les divisions congénitalks du
PALAIS. — M. Ckervin rappelle que les opérations plastiques,
fort préférables à tous points de vue à la prothèse, ne rétablissent
fias la phonation correcte. Elles servent seulement à permettre
'éducation ultérieure. Mais le nasillement tient à une largeur
exagérée du canal naso-pharyngien. Aussi l'éducateur le plus
habile ne réussira-t-il pas à le faire complètement disparaître.
Hêtrécissements de l'œsophage. — M. Fort se croit autorisé
à poser les conclusions suivantes :
i« Le traitement chirurgical qui parait donner les meilleurs
résultats dans les rétrécissements de l'œsophage consiste dans
la combinaison de l'électrolyse linéaire et de la dilatation.
2^ L'opération ne doit pas être faite en une seule fois, mais
en trois ou quatre séances.
3** Le traitement peut être curatif dans les rétrécissements
œsophagiens fibreux.
4^ Ce traitement produit une amélioration très notable dans
les rétrécissements œsophagiens organiques. En permettant aux
malades de s'alimenter, il prolonge leur existence.
Laryngectomie pour cancer. — M. Démons présente un ma-
lade dont il a publié l'observation au Congrès, l'an dernier.
L'opéré est en excellent état, respire à l'aide d'une canule, et se
fait comprendre, sans prothèse, par un chuchotement intelli-
gible. L opération date aujourd'hui de deux ans et quatre mois.
Une variété d'adénopathie pseudo-tuberculeuse du cou.
— M. Ricard constate qu'actuellement, en dehors du lympha-
dénome, on tend à considérer comme tuberculeuses toutes les
adénopathies chroniques. Mais l'hypertrophie simple existe. En
clinique, on la reconnaît au petit nombre de ganêlions, à l'ab-
sence d'égrénement de petits foyers, à l'absence d adénopathies
dans d'autres régions; au siège sus-hyoïdien à peu près con-
stant; à l'évolution bénigne, sans suppuration, et cela pendant
des années. Ces ganglions une fois enlevés, on n'v voit ni à Tœil
nu, ni au microscope, ni à l'inoculation expérimentale, les
caractères de la tuberculose. C'est peut-être une adénite chro-
nique à point de départ buccal.
JEl. Larrey rappelle ses recherches, anciennes déjà, sur ces
adénopathies, d'origine mécanique, dues.au froissement du col
militaire. L'ancien col a été modifié, et, depuis cette époque, les
adénopathies ont diminué.
Sir Thomas Longmore confirme ces faits, qu'il a observés
dans l'armée anglaise.
Kyste multiloculaire du cou, par M. Buffet (d'Elbeuf). —
Tumeur observée sur une femme adulte et traitée avec succès
par l'extirpation. *
Abcès du médiastin antérieur venant faire saillie sur la
PAROI LATÉRALE DU COU. — M. le docteur Bousquet (de Cler-
mont-Ferrand) a observé un cultivateur vigoureux, sans aucune
tare appréciable, qui vit une tumeur se former sur la partie
latérale du cou (côlé droit), en arrière du sterno-mastoïdien ;
une incision faite comme pour la ligature de la vertébrale permit
de faire descendre dans la cavité du médiastin deux gros tubes
à drainage accouplés en siphon. La suppuration dura deux ans,
et le malade se rétablit parfaitement. Se basant sur la longue
durée du traitement et sur l'examen des observations qu'il a pu
recueillir, Tauteur conclut qu'en pareille circonstance if y aurait
intérêt à trépaner le sternum pour permettre au pus un écoule-
ment par la partie la plus déclive de l'abcès. C'est, du reste, par
cette voie que la nature donne issue au pus toutes les fois que
ces abcès sont abandonnés à eux-mêmes. Sur ii observations
réunies par l'auteur, dix fois les choses se passèrent ainsi
(7 guérisons et 3 morts).
Des larges incisions circumthyroïdiennes dans le cancer
DU CORPS thyroïde, par M. Poncet (de Lyon). — Un élève de
M. Poncet, M. Orcel, conclut, dans sa thèse, que le plus souvent
l'ablation complète est impossible. Le traitement de choix est
malheureusement le traitement palliatif. La trachéotomie a sou-
vent cherché à parer à la dyspnée; mais ses effets sont trop sou-
vent passagers. Aussi M. Poncet conseille-t-il de débrider large-
ment toutes les parties molles circumthyroïdiennes; puis il
suture la peau seule. Le néoplasme, plus à Taise, cesse de
causer des accidents graves de compression. Une observation
avec amélioration notaole.
Goitre kystiqus double rétro-sternal suffocant, par
M, Boutaresco (de Braïla). — Deux tumeurs situées : Tune dans
la région sus-claviculaire droite ; Tautre à la région antérieure
du cou, cette dernière s'avançant de 10 centimètres dans le mé-
700 — N* 43 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
diastin. Extirpation en deux séances différentes; guérison com-
plète sans accidents tardifs.
Tarsectomie totale pour ostêo-arthrite suppurée trauma-
TIOUE, par M. Boutaresco. — Plaie pénétrante de Tarticulalion
tibio-peronéo-tarsienne droite et carie consécutive des os. Tar-
seclomie totale (extraction de Tnslragale, du calcanéum, du
cuboïde et scapboïde) avec la résection des extrémités tibio-
péroniores; guérison; reconstitution du pied et de ses fondions
a peu prés intégralement et pouvant servir même sans appareil
orthopédique.
Ostéo-arthrite scapulo-iiumkrale, par M. Boutaresco, —
Probablement de nalure tuberculeuse. Résection, enlevants cen-
timètres de rimmérus avec Tablation de la cavité glénoMe;
guérison, régénération de Tos et reconstitution parfaite de l'ar-
ticulation et de ses fonctions.
Ostéotomie trochléiforme du coude par ankylose, par
M. Defontaine, — L'ob^^ervation de ce malade a été publiée à
la Société de chirurgie, et tout le monde a reconnu qu'il v a
une néarthrose. Or l'an dernier, M. Duzéa a prétendu avoir des
renseignements sur le malade, chez lequel Tankylose serait en
voie de récidive, et, ajoutait-il, avec une pratiqué semblable, ce
résultat est constant. M, hefontaine présente donc son opéré,
dont le coude, depuis plus de trois ans, est encore mobile
et très vigoureux. Une seconde opération date de janvier 1889;
les mouvements sont beaucoup moins bons dans le cas|)récé-
dent, mais il y en a. M. Defontaine croit n'avoir pas donne assez
de jeu aux os; d'autre part, il y a ou de la suppuration et même
un peu de nécrose. Le malade est âgé de seize ans. L'exclusion
à priori de celte méthode est donc exagérée. M. OUiei" recon-
naît que le résultat du malade présente est excellent. Mais il
Pense que, lorsque la fusion osseuse est réellement absolue,
ostéotomie trochléiforme doit donner de mauvais résultais.
Une exception ne saurait infirmer cette rè^le basée sur Fana-
tomie et la physiologie pathologique. M. Duzéa Tl lu ensuite un
mémoire ou il développe, comme Tan dernier, les idées du
maître lyonnais.
OsTÉocLASiE POUR GENU-VALGUM. — M. Robtu (de Lyon) a
opéré avec son appareil un adolescent qui a succombé, au bout
de dix-huit jours, à une néphrite méconnue. L'autopsie a dé-
montré que Je foyer de fracture était bien consolidé, sans virole
interne ni virole externe. Et même Texamen histologique semble
démontrer qu'il y a eu réunion par première intention, car on
n'observe aucun des phénomènes classiquement décrits dans la
formation du cal deslratures sous-cutanées. Au reste, M. Robin
pense qu'avec son appareil il produit à vrai dire une indexion
osseuse. La pièce actuelle démontre que le périoste n'a pas été
rompu. En général, les malades marchent au vingt-cinquième
jour, et quelquefois plus tôt.
Ostéite de la clavicule. — M, Sabatier (de Lyon) distingue,
dans les nécroses, Tenclavement de séquestre dans les parties
molles périphériques et Fincarcération aans Tos. Or souvent on
se borne à attaquer la masse osseuse, et il n'est pas rare qu'on
laisse les séquestres égarés dans les parties molles, d'où une
persistance des fistules. M. Sabatier en a recueilli deux obser-
vations, concernant toutes deux une ostéite séqnestrale diaphy-
saire de la clavicule. Ces séquestres s'enclavent dans la loge
sous-claviculaire, entre Taponévrose clavi-pectorale et le premier
espace intercostal.
(A suivre,)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémle des aeieDCca.
skance du 14 octobre 1889.
Sur le transformisme en microbiologie pathogène.
Des limites, des conditions et des conséquences de la
variabilité du « Bacillus anthracis ». Recherches sur
la variabilité ascendante ou reconstituante, par
M. A. Chaureau, — A la suite d'une série d'expériences
du plus haut intérêt et sur lesquelles nous aurons sans
doute à revenir, H. Chauveau est arrivé aux conrlusion^
suivantes :
« En tenant compte seulement des faîls largement con-
trôlés, permettant de vérifier la fixité des races nouvelle'-
créées par la mise en jeu de la variabilité du Bacitiu^
anthracis, on constate qu'il a été possible d'obtenir lr*M-
types différents, dont les propriétés respectives semMen
définitivement acquises à chacun d'eux:
« i<* Le bacille amené au bas de l'échelle de la varîatio •
descendante, type sans virulence aucune, conservant
pourtant de tt*ès solides propriétés vaccinales;
« "2° Le bacille, partiellement revivifié, par la varîatio.
ascendante, et redevenu capable de tuer le cochon dMiid»*
adulte, même le lapin, d'autre part inoffensifa i'éganl iW-
ruminants et des solipëdes, et néanmoins pour eux énerj:i-
quement vaccinal;
« 3° Enfin le bacille, dont la revivificalion a été rendue*
complète, c'est-à-dire poussée au point de restituer à l'aîrent
infectieux sa lélhalité h l'égard du mouton: type qui, s^Iom
toute probabilité, n'est apte à produire, sur le bœuf et h
cbeval, que l'infection vaccinante.
« Ces trois types sont intéressants à divers points do viif
le dernier surtout, parce qu'il démontre la réintégration du
virus dans ses nropriétés virulentes primitives, après cju'il
en a été dépouillé par la mise en œuvre de la variabilité
descendante; les deux autres, parce qu'ils représentent d»»^
agents vaccinaux fixés dans leur innocuité, à un de«:rt*
inconnu jusqu'ici, tout en possédant une aptitude élevi^e h
la création de l'immunité. »
Académie de ■aédeeine.
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. LARREY, ANCIEN PRÉSIDENT.
11. lo docteur Barthit envoie un Manurl d'hygiène tcolaire potir Ir ron. .i ^
du Prix Vernois en 18U0.
M. (Jorni/ présente, au nom dfî MM. les docienrs Babea cl M arien es* i . tt
incnioii'ft manusrrit inlituld: Recherihet »ur la pathologie de» tfrminaiè: '.t
nerveiiiet des muscles. — (Commission: MM. Charcot, Rnnrier cl CoruilA
Thalline. — A propos de la communication faite dans la
dernière séance par M. Albert Robin, M. Bronardel rappelle
qu'il a communiqué, avec M. le docteur Loyey le i4 fé-
vrier 1885, à la èociélé de biologie, des recherches sur
l'action physiologique de la thalline, dont les conclusion^
sont semblables à celles de M. Albert Robin ; de plus, ils oui
été les premiers à mettre les médecins en garde conln»
l'usage des sels de thalline (1).
Concours Vulfranc (iERDV. — L'Académie de médocini-
a mis au concours, pour l'année 1889, deux places de sta-
giaire aux eaux minérales. Les candidats devront se fairt'
inscrire au secrétariat de l'Académie, 49, rue des Sainl<-
Pères. La liste d'inscription sera close le l"*^ décembre IHHl».
Décès de M. Ricord. — M. le Président informe l'Aca-
démie du décès de M. Ricord et, après avoir rendu hommage i
à sa mémoire, lève la séance en signe de deuil, M. Riconl
ayant présidé la Compagnie en 1808. j
Société de chirurgie.
La séance du 2 octobre a été levée en signe de deuil, à
l'occasion de la mort de M. Maurice Perrin.
La séance du 9 octobre a été remise au 16, en raison du
Congrès de chirurgie.
(1) La (ia%ette hebdomadaire n'avait pas attendu cette corn munir aiion pi i
ii(^naler. à l'occasion du travail de M. A. Robin, les importantes rrchcrrtu'^ «>•
MM. Bronardel et Loyo (p. 66!^.
-25 Octobre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
No 43 _ 701
SÉANCE DU 10 OCTOBRE 1889. — PRESIDENCE
DE M. LE DENTU.
Traitement des anëvTysmea : MM. Ehrmann (de Mulhouse), Reolus,
Després. Peyrot. — Péziartbrlte du genou: MM. Terrillon, Ni-
caiee, Desprée, TiUaux, Terrier. -^ FraoUire blmallèolaire an-
cienne : MM. ChauYel, Boliwartz. Tillaux.
M. Ehrmann (de Mulhouse) communique une observa-
tion d'anévrysme poplité guéri par la méthode de Reid.
Mais il a fallu plusieurs séances de compression digitale;
dans les premiers jours il y a eu des accidents graves d'em-
bolie pulmonaire, enfin le sac a commencé à s'enflammer
el le nïalade a souffert de troubles trophiques qui s'amélio-
rent, mais persistent encore, au bout de trois ans. M. Ehr-
mann croit que la compression par le tube en caoutchouc
doit être incriminée. M. Peyrot rappelle que d'ailleurs les
anévrysmes provoquent, sans traitement aucun, des troubles
nerveux assez fréquents. M. Reclus insiste sur les méfaits
fréquents des méthodes dites de douceur et croit que dans
l'espèce les accidents inflammatoires sont la cause du mal.
(Voyez la discussion du Congrès de chirurgie.)
— M. Terrillon fait une communication sur une variété
rare de périarthrite du genou. Cette affection, décrite par
Gossd'in {Arch. gên, de m<^rf.,1873), par Trendelenburg
(mémoire analysé dans les Archives de méd., 1877), par
Spillmann dans l'arlicle Cenou du Dictionnaire encyclo-
pédique, est caractérisée par une inflammation de la bourse
séreuse située derrière le tendon du triceps (qu'il est clas-
sique, en France, d'appeler tendon rotulien, a fait observer
M. Tillaux). Déjà dans l'extension, les côtés de ce tendon
bombent un peu : la tuméfaction devient évidente dans la
llexion et on sent cette masse tendue, dépressible, mais
lion réductible, sur laquelle la main perçoit une légère
hyperthermie. La flexion est un peu gênée, la marche de-
vient aisément douloureuse; il y a quelquefois un peu de
contracture des fléchisseurs, enfin M. Terrillon a vu deux
fois l'atrophie du triceps, quoiqu'il n'y eût pas d'arthrite.
De là doiic quelques reserves dans le pronostic, d'autant
plus que la maladie est volontiei*s chronique et rebelle. Les
rauses restent parfois inconnues ; mais souvent la maladie
il été provoquée par une chute sur le gemou. Les sujets
sont presque tous jeunes (de quinze à vingt-cinq ans) et
rhumatisants. M. Terrillon ajoute l'histoire d'un gardon de
seize ans, qui, à la suite d'une chute, a eu un hématome
de cette bourse séreuse. Le traitement, comme celui des
pêriarthrites, est constitué par la mobilisation et le mas-
sage.
M. Nicaise ne croit pas qu'il faille individualiser celle
périarthrite. il y a à la fois inflammation et de la bourse
séreuse et du paquet adipeux sous-synovial (ce qui, malgré
Lancereaux, n'est pas caractérislique'de la syphilis), et cet
état est vulgaire dans les arthrites du genou, dont il est
souvent un reliquat. MM. Tillaux et Terrier partagent cet
avis.
M. Després parle à ce propos des ostéites de croissance de
la tubérosilé antérieure du tibia. Ce qui n'a rien à voir avec
celte lésion, non osseuse, répond M. Terrillon. M. Ter-
rillon a adopté le nom de périarthrite, parce que c'est celui
(ju'on emploie pour désigner en d'autres régions les inflam-
mations des bourses séreuses périarticulaires.
-— M. Chauvel présente un officier rendu indrnie par
wue fracture mallêolaire vicieusement consolidée. MM. Til-
laux et Terrier conseillent une arthrotomie qu'on termi-
nera au besoin par une résection.
— M. Schwartz présente un malade auquel il a suturé,
à l'avant-bras, le tendon fléchisseur de l'index, en prenant
point d'appui sur un collier de catgut serré autour des bouts
tendineux très dilacérés. Le résultat est excellent. Mais
M. Tillaux fait observer que la cicatrice cutanée bouge
Eendant les mouvements du doigt, ce qui prouve que les
outs tendineux ne se sont pas soudés directement, mais par
l'intermédiaire de la face profonde de la plaie. Ce mode de
restauration est le plus fréquent : M. Tillaux croyait même
autrefois qu'il était le seul possible.
A. Broc A.
Société de biologie.
SÉANCE DU 12 OCTOBRE 1880. — PRÉSIDENCE
DE M. BROWN-SÉQUARD, PRÉSIDENT.
De la nutrition ohez les tuberculeux : M. Quinquaud. — Artérlto
d'origine infectieuse : M. Gilbert. -- Présentation d'ouvrage :
M. Beaunis. — Du menthol dans la phthisie laryngée : M. Lamy,
— Importance de la netteté des images rétiniennes pour la Tision
binoculaire : M. Kalt. — Changements dans le muscle après la
mort : M. Bro-wn-Séquard. — Quelques effets de la section des
nerfs vagues au-dessous du diaphragme : M. Arthaud et Butte.
M. Quinquaud a entrepris des recherches sur l'état de
la nutrition générale chez les tuberculeux et en particulier
sur l'exhalation de l'acide carbonique. On admet générale-
ment, d'après les expériences de llannover n845) et d'après
celles plus récentes de Regnard, qu'il y a cnez ce^ malades
diminution considérable de la quantité d'acide carbonique
exhalé. Les, observations de M. Quinquaud ne s'accordent
pas avec ce résultat; en eflet M. Quinquaud a d'abord déter-
miné le taux de l'élimination de CO^ chez Thoinme sain
(40 à r>5 centigrammes par kilogramme et par heure), et il a
toujours trouvé une augmentation de ce taux chez les phthi-
siques chez lesquels raifection est arrivée à la deuxième
période. A ce sujet, il divise ces malades en deux catégories :
lesphthisiques qui ont delà fièvre et ceux qui n'en ont pas.
Or, même chez ces derniers, l'exhalation d'acide carbonique
est augmentée. Chez les phthisiques fiévreux le phénomène
est encore plus marqué. Quant à l'absorption d*oxygène, elle
suit un peu ces variations de l'acide carbonique.
— M. Gilbert, après avoir déterminé un traumatisme
de l'aorte à son origine chez le lapin, a fait dans ce vais-
seau une injection de culture du bacille typhique ; puis
l'animal a été sacrifié après dix jours. 11 a constaté une
prolifération des éléments de Tarière avec altération des
libres lisses, incrustation de sels calcaires dans le tissu
élastique et jusque dans le tissu conjonctif, bref, des
lésions d'artérite comparable à Tarlérite diteathéromaleuse
chez l'homme.
— M. Beaunis fait homuïage à la Société de son livre
sur les Sensations internes,
— M. Féré présente une note de M. Ijimy sur l'emploi
du menthol dans la phthisie laryngée.
— M. Kalt rappelle qu*actuellement les ophthalmolo-
gistes cherchent a obtenir le redressement des yeux slra-
biques par les exercices stéréoscopiques unis à l'emploi des
verres correcteurs des anomalies de réfraction. Or, pour
réussir, il faut avant tout que le choix des verres soit le
plus parfait possible afin de fournir des images rétiniennes
nettes. Ainsi M. Kalt a traité et guéri, au moyen de simples
lunettes, une malade atteinte de strabisme divergent,
datant de plusieurs années et qui avait subi déjà plusieurs
traitements par des verres et par des exercices stéréosco-
pîques, sans aucun résultat. La correction exacte d*une
myopie moyenne compliquée d'astigmatisme donna un
redressement immédiat et permanent.
— M. Broion-Séquard rappelle qu'il y a déjà longtemps
il a montré qu'il existe dans les muscles, après la mort,
une très grande vitalité manifestée par des conlractions vé-
ritables. Outre ces mouvements généraux (contractions et
relâchements lents), M. Brown-Séquard a découvert qu'il
702 — N« 43 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
se produit aussi dans les muscles, post mortem, une autre
espèce de mouvement, analogue à un tremblement, qui
dure fort longtemps et qui est très lent ; il montre de nom-
breux tracés de ce tremblement. Il est évident que le svs-
tème nerveux n'est pour rien dans la production de ce phé-
nomène.
— M. Quinquaud présente une note de MM. Arthaud et
Butte relative à quelques phénomènes consécutifs à la sec-
tion des deux nerfs vagues au-dessous du thorax. Les ani-
maux, après cette opération, succombent au bout d'un temps
variable (huit jours, trois semaines, trois mois). L'estomac,
le foie et les reins présentent des lésions vasculaires mar-
quées: on trouve même des ulcérations de Testomac. Avant
la mort et au moment même de la mort, le sucre du sang
diminue et on constate que cette diminution est parallèle à
la diminution du glycogène du foie.
REVUE DES JOURNAUX
THKRAPEUTIQUE
Bu éraltement ûe la syphlIlM par le« InJeetlonM «oiis-
enlaaéeM de préparatloDii bydrarsyrlqueif, par MM. les doc-
teurs H. Lkloir et A. Tavernier. — Les auteurs ont mis à Fessai
celle médication 1573 fois : 875 injeclions ont été pratiquées
avec Thuile de vaseline au calomcl, 642 avec Thuile de vaseline
î\ Toxyde jaune de mercure, et 56 avec le mercure éteint dans
Thuile de vaseline et la teinture de benjoin (huile grise), d'après
la formule de Neisser.
Ils ont constaté que ces injections agissent surtout sur les
éruptions érythémateuses et les syphilomes, et que, parmi elles,
les plus actives sont celles de calomel; Thuile grise possédant
une intensité moindre. Les plaques muqueuses résistent à ces
injections. 11 en est de même des syphilomes non résolutifs.
Parmi les inconvénients du traitement, les observateurs lillois
mentionnent les suivants : douleurs locales intenses, paresse
des membres inférieurs, vertiges, céphalalgie, poussées de
plaques muqueuses buccales, poussée d'hydrargyrie cutanée,
stomatites hydrargyriques persistimles, tumeurs dermo-hypoder-
iniques non suppurées ou remplies de sérosité roussâtre. De
plus, un certain nombre de malades préfèrent quitter Thôpital
plutôt que de se soumettre au traitement. Enfin, autre inconvé-
nient, les récidives seraient plus habituelles qu*après le traite-
ment par les frictions.
Ces accidents sont plus fréquents après les injections de calo*
mel. Ils sont plus rares après celles de Thuile grise; mais celle-
ci est moins énergique dans ses effets que le calomel.
Au résumé, les indications du traitement de la syphilis par
les injections sous-cutanées de préparations mercurielles peuvent
se formuler ainsi : éruptions érythémateuses, éruptions de
syphilomes résolutifs du tégument externe.
Par contre, il ne met pas â Tabri des récidives, et ne doit être
prescrit ni contre la syphilis cérébro-spinale, ni contre la syphi-
lis viscérale, ni contre celle des femmes enceintes. Son avantage
principal consiste dans la brutalité et la rapidité de son action,
(î'cst pourquoi, dans Timmense majorité des cas, MM. Leloir et
Tavernier préfèrent et recommandent les frictions. {Bulletin
médical du Nord, 27 septembre 1881K)
Du traltonicnl de psoriasis par l'Iodare de polamiiaiii à
très bante dose, par M. le docteur P. dk Molknes. — Le traite-
ment de Haslund consiste, oa le sait, à faire ingérer aux enfants
jusquïi 10 grammes d'iodurc quotidiennement, en commençant
par des doses de 3 à 4 grammes, que Ton augmente de 2 gram-
mes tous les deux ou trois jours, jusqu'à 30 et iO grammes.
Cette médication est continuée pendant cinq ou six semaines.
Il peut, cela va sans dire, se produire des moments d'intolé-
rance, des éruptions iodiques variées et même des phénomènes
d*iodism« aigu; ces accidents sont relativement plus rares que
par remploi des faibles doses. A Tappui de ces considènaion^.
M. de Molènes publie deux observations de guérison d'un \fsc-
riasis rebelle aux autres traitements. {Arch. générales de mrd,.
juin 1881).)
De la vaiear de la eréaliae, de l*hydraaaplU«l e( da
liaasilleaie de Mode eamaie «ermieide, par M. le dorteii"
Ch. J. FooTE. — Ces expériences ont été entreprises sur de-
cultures du bacille de la fièvre typhoïde, du pneumocoque d*
Fricdlander, du streptocoque de Térysipèle et du staphylocofiiif
pyogenes aureus.
M. Foote cherchait comparativement à déterminer la do-i
correspondante de bichlorure de mercure, d'acide pliéuique ou
de résorcine au moyen de laquelle on pouvait stériliser le mi^in*
bouillon de culture. A son avis, et d'après ses recherches, voi«'i
le rang dans lequel on peut placer les antiseptiques, en ce qui
concerne leur puissance germicide : 1" le bichlorure à t sur
2000; 2« l'acide phénique a 1 pour 100; 3» le thymol à t Nur
240; 'i° la créoline à 1 pour 100; 5"* l'hydronaphtol à 1 |K>ur
2300; 6'' le iluosilicate de soude à 1 sur 240, la résorrin»- à
1 pour 100 et la créoline à 1 pour 2000.
En conséquence, le pouvoir germicide des solutions de flo^
silicate de soude et d'hydronaphtol n'approche pas, même <lf
loin, celui des solutions faibles de bichlorure de mercure e\ U
puissance germicide de la créoline égale celle de Tacid»» pht-
nique, mais sans lui être bien supérieure. {The AmeriCfin Jour-
nal of med. Sciences, septembre 1889.)
Des altérations des selntlaas aqueuses de merpblsr, par
M, Lan AL. — Dans ce mémoire, l'auteur démontre que l«»s solu-
tions aqueuses de morphine préparées avec un sel absolument
pur et une eau bidistillée ne s'altèrent pas quand on les con-
serve à l'abri de Pair atmosphérique et de la lumière. Quand
elles se troublent, ce phénomène est dû au développement di*
micro-organismes : leur coloration résulte de l'action de It
lumière, et leur acidité de la présence de ferments.
Cette coloration résulterait de la présence de la niorphètinc
et les dépôts cristallins de celle de l'oxymorphine : substance^
qui toutes deux donnent une réaction acide. Ajoutons qu'il ni*
se produit pas d'apomorphine par l'altération des solution^
aqueuses des sels morphiniques. Voilà une conclusion différent*'
d'une opinion généralement reçue. {Annales de la Société 'irs
médecins d'Anvers, p. 112, juillet 1889.)
De l'anosmle eQealniqae, par M. le docteur ZwuAnnKM.VKKR.
— On sait que Anrep a insisté sur Faction que la cocaïne exerr.>
sur les nerfs gustatifs et Koller sur son inlluence sur la rétine.
Au moyen de l'olfactomètre, l'auteur a pu étudier les effets de
la poudre de cocaïne introduite dans la région antérieure de^
fosses nasales.
Une minute après Tinsufflation, le sens de Fodorat était
émoussé. Un quart d'heure après, il était presque nul, de sorte
que M. Zvoardemaker admet la production d'une anosniie tem-
poraire au contact d'une suffisante quantité de cocaïne avec la
pituitaire. Cette anosmie persiste pendant une heure, diminuant
graduellement. Elle est précédée d'une période très brêv«
d'hyperesthésie de l'olfaction. (Fortschritte der med., I" juil-
let 1880.)
BIBLIOGRAPHIE
Manuel pratique de» maladlea dea yevx^ liai' M. le
docteur L. Vachek. — Paris, 1890, 0. Doiin
Écrit pour les élèves et pour les praticiens qui ne peuvent
consulter les volumineux Traités d ophthalmologie, ce petit
livre résume aussi nettement qu'il est possible les connais-
sances actuellement acquises et indiscutables. Sobre de
théories, Tauteur, riche aujourd'hui d'une expérience de
plusieurs années, peut, sur nombre de questions pratique>.
^25 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 43 — 703
donner son opinion personnelle. Certainement ses idées ne
sont pas toujours celles qui semblent acceptées par le plus
grand nombre: telles, la supériorité de la greffe par trans*
plantation dans les lésions des paupières nécessitant une
autoplastie, la préférence à donner à la dilatation des
points et des canaux lacrymaux pour le cathétérisme du
ranal nasal avec les sondes de Bonmann, les avantages de la
synéchitomie dans les adhérences de Tiris avec la cornée,
les bons résultats de la sclérotomie antérieure et surtout de
la sclérotomie équatoriale dans certaines formes du glau-
come. Mais comme notre distingué confrère sait faire la part
des opinions adverses, on ne peut lui reprocher d'exposer
sivec plus de détails ce qu'il croit être la vérité.
Le volume débute par l'examen de l'œil et de ses
annexes, l'étude de la réfraction statique et dynamique, des
méthodes subjectives et objectives qui en permettent la
détermination précise. Nul plus que nous n'apprécie les
services aue peut rendre la kératoscopie de Cuignet, à
laquelle M. Vacher donne le nom de dioptroscopie, et
toujours nous avons soutenu la supériorité des procédés
objectifs dans la mensuration des amétropsies. Mais dans la
pratique, il en faut toujours revenir à l'essai des lunettes, et
souvent les verres convenables, les verres qu'il faut près-
crirey s'éloignent sensiblement des verres exactement cor-
recteurs d'un vice de réfraction. Il est nécessaire de rap-
l>eler ce fait aux praticiens pour ne fAS les exposer à donner
à leurs clients des lunettes plus nuisibles qu'utiles.
Nous ne pouvons suivre l'auteur dans sa description de
toutes les affections oculaires, depuis les paupières jusqu'aux
membranes profondes de Tœil et à son système musculaire.
Si l'ordre adopté par notre confrère peut être sujet à critique
en quelques parties, il faut reconnaître que dans tout
le cours de 1 ouvrage il a su garder une juste mesure,
donnant à l'étude de chaque affection une part du livre pro-
portionnée à son importance. Le style est simple, clair, la
lecture aisée, et comme l'étudiant, le praticien pressé par
le temps, j trouvera facilement le renseignement qui lui
est nécessaire, la formule dont il a besoin.
J. Chauvel.
Xhe médical aad «nri^ical Hlutory of the ivar of ihe
Bebeiiiov, 111" partie, volume I (Médical Bistory), par
Charles Smart. — Washington, Government printing
office, 1888, 1 vol. in-4» de 989 pages.
Ce volume est le troisième de la partie médicale de
V Histoire de la guerre de la Rébellion; le premier volume
avait été publié en 4870; mais la publication de ces docu-
ments a été interrompue par la mort du chirurgien
Woodward, qui avait accumulé des matériaux de la plus
grande valeur; le major Charles Smart a pris la tâche de
continuer cette œuvre remarquable, dont le chirurgien géné-
ral J. Moor a dirigé l'achèvement.
Ce dernier volume ne le cède en rien aux précédents par
la perfection typographique et par l'abondance des tableaux,
des tracés, des courbes, des planches anatomo-patholo-
giques et histologiques. Il nous eût semblé suffisant d'en
signaler l'apparition, si nous n'avions considéré que les
résultats statistiques des aflectioiis médicales communes;
mais ce volume comprend plus de cinq cents pages consa-
crées aux fièvres continues, c*est-à-dire principalement à la
fièvre typhoïde, qui constituent une monographie du plus
grand intérêt. \\ s'agit, en effet, de près de 140000 cas
observés en cinq ans et demi, sur lesquels la mortalité
a été de 30000 environ, soit 68 décès sur 1000 hommes
de troupes engagées.
La comparaison de la mortalité chez les blancs et chez
les troupes colorées mérite d'être étudiée, car la proportion
relative varie suivant les diverses maladies.
Des travaux documentaires de ce genre sont destinés aux
bibliothèques des savants; ils servent de base aux recherches
statistiques, mais l'analyse résu^mée en serait aride, et la
discussion raisonnée des résultats n'offrirait d'intérêt que
pour un travail d'ensemble sur des recherches similaires
que nous n'avons pas à exposer dans ce simple index biblio-
graphique.
VARIÉTÉS
Bicord
(1800-1889).
L'illustre doyen des syphiligraphes français n'est plus.
Atteint une première fois, il y a quelaues semaines, d'acci-
dents pneumoniques, le maître semblait avoir triomphé du
mal, èrâce à sa robuste constitution; il avait même pu, il y
a quelques jours, faire une sortie en voiture. Une rechute,
provoquée par un nouveau refroidissement, amena un rapide
épuisement de forces, et, malgré les soins empressés de
MM.Potain, Bouchut et Pignot, M. Ricord s'est éteint le
mardi 22 octobre à trois heures du matin.
Des voix plus autorisées que la nôtre rendront l'hom-
mage qu'il convient au chef de l'Ecole du Midi ; dans le
premier moment d'émotion de notre deuil, nous ne pouvons
que rappeler ici en quelques traits les principales phases de
sa longue carrière.
Philippe Ricord était né le 10 décembre 1800, aux États-
Unis, à Baltimore, de parents français. Après avoir fait ses
premières études dans son pays natal, il fut envoyé par son
père à Paris pour compléter son éducation et s inscrire à
TEcole de droit. Il aoandonna bientôt le droit pour la
médecine et se fit recevoir interne des hôpitaux au
concours de l'année 1822. Interne de Dupuytren, puis de
Lisfranc à l'hôpital de la Pitié, il soutint sa thèse inaugurale
en 1826 et eut à traiter plusieurs propositions sur divers
points de chirurgie.
N'ayant pas les moyens de rester à Paris, le jeune docteur
alla d abord à Olivet, près d'Orléans, puis s'établit à Crouy-
sur-Ourcq, petit village des environs de Meaux. Mais il
n'avait pas abandonné le projet de poursuivre ses études et
d'arriver par le concours aux divers grades qu'il ambition-
nait; bientôt il quittait son modeste poste de province pour
prendre part à un concours pour le Bureau central de chi-
rurgie en 1828; il y fut nommé le premier.
Trois ans après, le hasard des mutations l'amenait à l'hô-
pital du Midi en remplacement de Bard, et c'est dans cet
hôpital que devait s'écouler toute sa carrière jusqu'à ce que
l'âge imposé pour la retraite le forçât, vers la fin de
l'année 1860, à quitter cette maison sur laquelle il avait
jeté pendant ces trente années d'exercice une renommée
qui ne périra pas.
Placé sur un terrain nouveau pour lui, au milieu du chaos
qui régnait alors en matière de vénéréologie, le nouveau
chirurgien du Midi s'attacha avant tout à l'observation atten-
tive des faits, et, se servant de la méthode des inoculations,
il arriva à prouver d'une manière irréfutable la différence
(le nature qui existait entre la blennorrhagie et la syphilis.
La démonstration du chancre syphilitique intra-uréthral
acheva d'éclairer la question qu'avait contribué à obscurcir
la célèbre expérience de llunter.
Ce fut seulement plus tard, et l'honneur en revient
surtout à un de ses élèves, Bassereau, que le même travail
de sélection établit la doctrine de la dualité des chancres
(1852), doctrine qui fut édifiée sous les yeux de Ricord et à
laquelle il apporta tout aussitôt l'appoint de sa grande
autorité.
A ce moment l'École du Midi avait atteint son apogée ;
l'enseignement de Ricord attirait de toute part de nombreux
704 — N* 43 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobhk 1889
élèves et souvent le maître se plaisait dans la belle saison à
faire ses leçons dans le jardin de Tbôpital, à l'exemple de
ce qu'avait fait Alibert à l'hôpital Saint-Louis.
A cette première période de sa vie se rattache la publica-
tion de plusieurs travaux; divers mémoires sur les maladies
vénériennes et leur thérapeutique, et surtout le Traité pra-
tique des maladies vénériennes (1838), les annotations à la
traduction, par G. Richelot, du Traité de la maladie véné-
rienne^ par Hunier (1840), et la Clinique iconographique
de rhôpital des vénériens (1842-1851), ouvrage publié en
livraisons, et dont les planches fort belles, forment un
ensemble de documents précieux encore à consulter. Peu
après parurent les célèbres Lettres sur la syphilis dans
VUnion médicale de 1850-1851, et en 1857, les Leçons sur
le chancre, rédigées et augmentées de notes nombreuses
par son interne Alfred Fournier.
Membre de la Société de chirurgie, Ricord fut nommé
membre de l'Académie de médecine, le 23 avril 1850, dans
la section de pathologie chirurgicale ; il devint président
de la savante compagnie en 1868.
C'est peu de temps après son entrée à rAcadémie qu'eut
lieu la célèbre discussion sur la syphilisalion et la transmis-
sion des accidents secondaires. La lutte fut engagée par
Velpeau (séance du 7 septembre 185-2), et elle se continua
pendant plusieurs mois. Velpeau, soutenu par Gibert, le
médecin de l'hôpital Saint-Louis, se posa en partisan de la
contagiosité des accidents dits secondaires. Ricord défendit
la cause contraire; il avait jusque-là enseigné dans ses
leçons que ces accidents n'étaient pas contagieux.
De part et d'autre, il y eut de mémorables joutes ora-
toires, mais les doctrines du célèbre maître sortirent ébran-
lées de la lutte, et lui-même dut reconnaître dans la suite
la^art de vérité qu'il y avait dans l'opinion de ses adver-
saires.
Peu d'années après, il quittait l'hôpital du Midi (1860) et
se consacrait des lors presque exclusivement à sa nom-
breuse clientèle. Rappelons seulement que, pendant le
siège de Paris, Ricord fut le président du comité des ambu-
lances de la Presse.
Doué d'un caractère excellent, d'un esprit dont les saillies
sont devenues proverbiales, remarquable clinicien, Ricord
obtint le plus grand succès comme médecin et comme
homme du monde.
Excessivement bon, il était fort aimé de ses élèves et de
ses malades ; et c'était un touchant spectacle, nous a-t-on
dit, que de voir célébrer, à l'hôpital du Midi, chaque l*'mai,
jour de la Saint-Philippe, la fête du chirurgien en chef.
Kntouré de ses élèves, les anciens accourus chaque année
se grouper auprès des nouveaux, le maître recevait de ses
malades des compliments et des bouquets; et ce jour-là,
par sa libéralité, 1 ordinaire des malades se changeait en un
véritable festin. C'est un souvenir qu'il aimait et qu'il se
plaisait à rappeler tout dernièrement encore, alors qu'il
présidait si joyeusement le banquet de clôture du Congrès
international de dermatologie et de syphiligraphie. Ce fut
pour lui une joie véritable que de voir réunis alors tant de
mé lecins éminenls de tous les pays du monde, dont beaucoup
avaient été ses élèves à l'hôpital du Midi, et les ovations
dont il fut l'objet lui rappelèrent les plus belles journées
de triomphe d'autrefois.
Jusqu'au moment de tomber malade, Ricord avait con-
servé son cabinet de consultations et il voyait encore chaque
jour de nombreux malades. 11 suivait" assidûment les
séances de l'Académie de médecine, et, si sa démarche était
devenue difficile, son esprit restait toujours aleK*». « Je me
porte bien, répondait-il à ceux qui lui demandaient des
nouvelles de sa santé, ce sont mes jambes qui ne me por-
tent plus. »
Très amateur de choses d'art, Ricord avait réuni chez lui
de belles sculptures etdenombreux tableaux de maîtres; il
ne dédaignait pas non plus la poésie. Chéreau a publié dan^
son Parnasse médical un poème héroï-comique en lroi>
chants écrit par Ricord alors qu'il était encore le mode>te
praticien de Crouy-sur-Ourcq ; et lui-même nous montrait,
il y a deux mois à peine, un quatrain qu'il fit en l'honneur
de l'arrivée d'Edison à Paris.
Même pendant sa maladie, sa bonne humeur, on peut U-
dire, l'accompagna jusqu'au moment où les progrès du mai
lui firent perdre connaissance.
Ricord avait un frère aîné, médecin naturaliste très distin-
gué, qui est mort il y a quelques années; il était resté lui-
même célibataire. Il était grand-officier de la Légion
d'honneur depuis 1871, et décoré de presque tous les ordres
étrangers.
Parmi ses élèves préférés, de ceux qui surent se faire un**
place à côté du maître dans le domaine des études spéciale^
3u'il avait illustrées, deux sont morts avant lui, il y a peu
e temps, Bassereau et Clerc ; mais il nous reste Diday, le
doyen de l'école syphiligraphique lyonnaise, et le profes-
seur Alfred Fournier, grâce auquel l'enseignement Je celte
branche spéciale de la médecine conquit enfin son droit de
cité universitaire, etrestesi brillammenlreprésenléà l'Ecylr
de Paris.
Henri FEULxn II.
-- On annonce aussi la mort de M. le docteur Philipu4% um-
decin principal de l'arniée, en retraite à Sainl-Mandé; de M. If
docteur Répin (de Conlie); de M. le docteur Jacolot (de LorieiiU.
et de M. le docteur Micault, roédecin-major.
Faculté de médecine de Paris. — M. le professeur KicIhi
vient d'être admis, sur sa demande, a faire valoir ses droit> à
la retraite.
Faculté de mèdeclnk de Pauis. — Le personnel des lra*j«i
pratiques, pour l'année scolaire 1889-1890, est compost* coiuoi»-
suit:
Travaux pratiques de physique: MM. Weiss, agrégé, ilid
des travaux; Sandoz et Mergier, préparateurs.
Travaux pratiques de chimie : MM. Hanriot, chef des travaux.
Monange, préparateur; de Thierry, Grolous et Bourault, pn''|i3-
rateurs-adjoints.
Travaux pratiques d'histoire naturelle .* MM. Faguet, cli.*.
des travaux; Artault, Blondel et Meurisse, préparateurs.
Travaux pratiques d histologie : MM. Rémy, chef des travaui;
Variol, chef adjoint des travaux; Chatellier, préparateur.
Launois, Girode, Pilliet, Binot, Legrand et Moreau, aides-prépa-
rateurs.
Travaux pratiques d'anatomie pathologique: MM. Rrauii,
chef des travaux; Chantemesse, Toupet, préparateurs; Widjl,
Guinon, Nicollc, Parmentier, Legry, moniteurs.
Concours de i/internat. — La composition écrite du concoure
de rinternat s'est faite lundi 21 octobre, à midi. Le jury était
composé de MM. Alphonse Guérin, président; Dejérine, MoutarJ-
Martin, Hallopeau, Ueynier, Schwartzet Bonnaire. Les candidab
étaient au nombre de 386.
Le sujet, qui a été tiré, était: Muqueuse utérine; diatjuosiv
différentiel des mètrorrhagies, La lecture des copies cunnnen-
cera vendredi prochain, à quatre heures quinze, dans le graim
amphithéâtre tfe IWssislance publique.
— Le jury du concours pour la médaille d'or de riult*ri).ii
(médecine) est arrêté de la manion» suivante : MM. Cornil, Poz/'.
Ilervieux, Debove et Gombault (de Beaujon).
Faculté de médecine de Montpellieu. — Oni été noiuino^
M. Grand, professeur de botanique et histoire naturelle médi-
cales; M. Imbert, professeur de physique médicale; M.Courchct.
professeur d'histoire naturelle des médicaments et botanique.
G. Masson, Pr prié taire-Gérant,
20759. ~ MoTTinOE. ~ Imprimeries rënnied, A, rue Uit^aon, 3. Paris.
25 Octobre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE _ N<> 43 _ 705
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
DE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
THÉRAPEUTIQUE
De la médlCfia^ii laxative,
Par le docteur L. Delbord.
La médication laxative tend de plus en plus à se substi-
tuer aux anciennes méthodes purgatives, qui abusaient des
drastiques et amenaient forcément et en peu de temps une
irritation chronique du tube digestif avec tous les inconvé-
nients qui en résultent.
L'effet presque immédiat des laxatifs est de provoquer à
la surface des muqueuses intestinales une sécrétion qui
provoque Téliminalion des déchets organiques cristalloides,
tels que Furée et la créatine.
Ces produits accumulés dans le sang forment certaine-
ment un terrain favorable au développement d'un grand
nombre de maladies.
On sait, en effet, que les microbes et germes infectieux
qui sont Torigine d'une foulé d'affections, ont besoin pour
se développer d'un milieu favorable. D'où l'utilité des laxa-
tifs à certaines époques, surtout chez les personnes qui éli-
minent peu par suite d'un travail sédentaire ou usent d'une
alimentation riche en substances azotées.
Mais, parmi les nombreux laxatifs connus, un grand
nombre ont de multiples inconvénients; c'est ainsi que les
eaux minérales naturelles ou autres, dont on a tant«ibusé
<lans ces derniers temps, ont le défaut grave de n'agir qu'en
produisant une hypersécrétion trop abondante des mu-
queuses et amènent ainsi toujours, à leur suite, l'embarras
1,'aslrique et la constipation.
Les Tablettes laxatives au Convolvulus officinalis que
prépare M. Géraudel n'onl point cet inconvénient. Leur
saveur est agréable, il suffit de les laisser fondre dans la
bouche pour que l'effet se produise au moyen de la salive
qui forme ainsi une sorte d'émulsion laxative. Leur usage,
même prolongé, n'amène jamais ni constipation, ni irrita-
tion intestinale : en un mot. elles agissent suivant le vieux
pKécepte: cita, tuto etjucunde.
Nouveau Iraliomeut de la constipation et de l'anémie.
Une lies affections contre lesquelles l'expérience des praticiens
vient échouer le plus frécjuemraenl est sans contredit la constipa-
tion. Le régime joue un rôle important dans le traitement de cette
maladie, mais il arrive souvent qu'il ne suffit pas. Les malades
se laissent alors facilement aller à abuser des purgatifs et en
particulier des drastiques, aloès, coloquintes, etc....; mais les
moyens' qu'ils emploient finissent par irriter les organes de la
digestion; leur action s'épuise, et la constipation qui semblait
guérie reparait plus intense et plus grave que jamais.
Les efforts du médecin doivent tendre à mettre les malades en
garde contre l'abus de tels remèdes et à faire adopter ceux qui
procurent les résultats les plus satisfaisants, tout en n'expo-
sant pas aux mêmes dangers.
Parmi ces derniers. Te plus efficace est certainement ia
Cascara Sagrada, ou écorce du Rhamnus Purshiana, qui, expé-
rimentée d'abord en Amérioue, son pays d'origine, puis dans les
hôpitaux de Paris, est considérée aujourd'hui comme le vérilable
spécifique de la constipation chronique.
M. Demazitre, pharmacien à Paris, après avoir étudié lu
Cascara Sagrada au point de vue chimique et micrographique,
arriva à conclure que pour obtenir de ce précieux reniôde
tout l'effet qu'on peut en altendre, il fallait l'administrer à l'état
naturel, sans avoir recours aux préparations telles que l'extrait
ou la te nture; mais la poudre était d'un goût très désagréable, il
prépara donc des dragées avec cette poudre, et obtint ainsi un
méaicament d'une eflicacité certaine et facile à prendre,*même
pour les malades les plus exigeants. Les Dragées Demaziere à la •
6'a«caraSa^>'arfa contiennent 12 centigrammes et demi de poudre
par dragée. La dose ordinaire est de deux dragées le matin au
réveil, et deux le soir au moment du dernier repas ou avant de
se coucher. Si la constipation résiste à cette dose, on peut
augmenter celle-ci sans inconvénient, pour la diminuer ensuite
Progressivement^ jusqu'à ce que les selles paraissent se produire
'une façon spontanée et sans le concours d'aucun médicament.
Les remarquables effets obtenus à l'aide delà Cascara Sagrada
dans les cas de constipation, conduisirent naturellement
M. Demaziere à utiliser ce précieux remède non seulement dans
les cas où la constipation est une affection naturelle du malade,
mais encore dans ceux également nombreux où elle est la con-
séquence de l'absorption d'un médicament quelconque, du fer en
particulier. Il prépara donc des dragées dans lesquelles l'iodure
de fer est associé à la Cascara. Ce nouveau produit a l'avantage
de réunir tout à la fois les propriétés du fer et de l'iode et de ne
jamais occasionner de constipation. Déplus, la Cascara Sagrada
ayant une action stimulante manifeste, non seulement sur Tin-
testin. mais encore sur l'estomac, ces dragées sont digérées et
absorbées avec la plus grande facilité.
Les Dragées Demaziere à Viodure de fer et à la Cascara
constituent donc le remède le plus énergique contre l'anémie et
la chlorose. La dose moyenne est de deux dragées par jour pour
les enfants, et de quatre pour les adultes, prises en deux fois
au moment des deux principaux repas ; mais celte dose peut
varier suivantles tempéraments et d'après les circonstances dont
le médecin sera juge.
Dosées avec le plus graud soin, les dragées Demaziere a la
Cascara Sagrada et celles à l'iodure de fer et à la Cascara ont
toujours donné les meilleurs résultats. Expérimentées dans les
hôpitaux de Paris, adoptées par un grand nombre de médecins
de France et de l'étranger, elles ont pleinement confirmé les
observations qui avaient été recueillies en Amérique.
Du rosle, ann que chaque médecin puisse se convaincre de la
valeu» de ces aeux produits, M. Demaziere, pharmacien de
1'- classe, ancien interne des hôpitaux de Paris, lauréat de l'Ecole
de pharmacie (médaille d'or), membre de la Société de médecine
pratique, envoie franco des échantillons de ses Dragées à qui-
conque lui en adresse la demande. 71, avenue de Villiers, à Paris.
13..
706
K» 43 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 25 Octobre 1889
THÉRAPEUTIQUE
L'anémie, la chlorose, la chloro-anémie et toutes les
maladies qui ont pour cause Tappauvrisseraent du sang,
jouissent du triste privilège de nous faire parcourir constam-
ment la gamme des médications de toute espèce. Ce n*est
pas que nous ignorions qnels sont les agents qui peuvent
influer sur ces diathèses si persistantes, mais c'est que nous
hésitons sur la manière de les employer pour produire un
résultat efficace. Le fer est l'agent par excellence de la
rénovation du sang; mais il faut d'abord qu'il soit toléré,
puis qu'il soit assimilé, enfin qu'il apporte dans l'économie
ses propriétés fortifiantes sans faire naître cette déplorable
infirmité qu'on appelle la constipation. Tous les chimistes
se sont mis à l'œuvre pour résoudre le problème, et
quelques-uns sont arrivés à des résultats très utiles. Nous
voulons rechercher quelle est, dans l'état actuel de la
science pharmaceutique, la préparation qui a le mieux
réussi.
Les pilules de Valiel jouissent d'une faveur méritée ;
elles ont remplacé avec avantage ces affreuses boissons de
rouille qui étaient répugnantes, à peu près inefficaces, et
cependant indigestes. Elles n'ont pu cependant satisfaire à
toutes les exigences du programme que les chercheurs
sérieux s'étaient imposées : leur usage prolongé amène
presque toujours la constipation.
Les pilules de Blaud, recommandables à certains égards,
n'ont pas davantage échappé au même .écueil. Et nul ne
saurait nier la gravité d'un semblable danger. La constipa-
tion est une des plus cruelles souffrances infligées à l'espèce
humaine et personne n'ignore que ce sont précisément
les sujets anémiques et chloro-anémiques qui sont les plus
prédisposés à cette terrible affection.
Beaucoup d'autres préparations ont été produites, qui ont
eu la prétention d'avoir résolu le problème ; elles ne méri-
tent pas même d'être citées; elles avaient les inconvénients
des produits sérieux sans en avoir l'efficacité.
En 1839, MM. Gélis et Conté ont présenté à l'Académie
de médecine une préparation nouvelle, soigneusement
étudiée, et paraissant répondre à tous les desiderata. L'Aca-
démie a nommé une Commission qu'elle a chargée
d'examiner le nouveau produit.
Cette Commission était composée de M. Fouquier, profes-
seur à la Faculté de Paris; de M. Bally, président de l'Aca-
démie, et de M. Bouillaud, également professeur à l'École
de médecine. Il était difficile de constituer un jury plus
compétent et plus honorable.
MM. Fouquier et Bouillaud se sont livrés à des expé-
riences nombreuses, et leur verdict ne s'est pas fait attendre.
Sans nier le mérite relatif des préparations déjà connues
que nous avons citées plus haut, ils ont déclaré que les
dragées de Gélis et Conté au lactate de fer étaient supé-
rieures à ces préparations et devaient leur être préférées.
A l'appui de leur opinion, ils ont apporté la relation d'obser-
vations nombreuses dans lesquelles ils constataient les
résultats très satisfaisants qu'ils avaient obtenus de l'emploi
fait par eux-mêmes de la médication nouvelle. Le docteur
Hardy, chef de clinique du professeur Fouquier, est venu
appuyer l'opinion de son chef de ses observations person-
nelles, et les services des professeurs Andral, Bouillaud, de
MM. Bally, Beau, Nonat, fournirent bientôt leur contingent
d'observations aussi concluantes.
Sur le rapport de sa Commission, l'Académie de médecine
a voté des remerciements à MM. Gélis et Conté et l'impres-
sion dans le Bulletin de l'Académie du mémoire qui avait
accompagné la. présentation de leur produit.
La supériorité du lactate de fer sur les autres prépara-
tions martiales a été de ce moment reconnue. Plus tard, elle
fut confirmée par les nombreuses expériences, tant physio-
logiques que pathologiques, de MM. Claude Bernard.
Bareswil et Lemaire, et plus tard encore, en 1858, par le
rapport d'une nouvelle Commission de TAcadémie de méde-
cine, composée de MM. les professeurs Velpeau, Trousseau,
Depaul, Bouchardat et Boudet. Les expériences qui furent
faites alors, en présence de MM. Robiquet, BoudaïUt et
Corvisart, constatèrent d'une manière irréfutable les avan-
tages du lactate de fer au point de vue de la digestion et de
l'assimilation.
Il est donc définitivement acquis que les dragées dAiélis
et Conté sont le ferrugineux le plus efScace, et qu'aucun ne
saurait combattre l'anémie, la chlorose, la chloro-anémie.
avec une plus grande certitude de succès.
{Union médicale.)
G. Masson, Propriétaire-GéranU
'i(nh\K — MOTTEROZ. — Imprimeries réunies, A, me Mlgaon, % Paris.
Trente-sixième année
N*44
1" Novembre 1889
GÂZËTTË HEBDOMADAIRE DE MÉDECIJNË ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HËNOCQUE, A.g. lARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédactwn à M. Lereboullet, Ai, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. —BOLLETIN. — Clinique chirurgigali. Lo traitement du prolapsus
rectal par la colopexie.— Travaux originaux. Pathologie générale : Recherches
sur la nature et le mode de transmission du tétanos. — Rbvub des Conorks.
Quatrième Congrès français de chirurgie, tenu à Paris du 7 au 12 octobre 1880.
Résultats immédiats et éloignés des opérations dirigées contre les tuberculoses
locales. — Communications diverses. — SociÉTés savantes. — Académie de
médecine. -^ Société médicale des hôpitaux. — Société de biologie. — Société
de thérapeutique. — Rbvub dbs journaux. Travaux à consulter. — Biblioora-
PHIB. Encyclopédie d'hygiène et de médecine publique. — VARiiiés. Faculté
de médecine de Paris.
BULLETIN
Paris, 30 octobre 1889.
Académie de médecine : Bapport sur les vaeeinatlon*.
— La prophylaxie de la tabei^ulose. — Choléeyatcnté-
i^ostoinle.
L'étendue exceptionnelle que nous avons donnée au compte
rendu de la dernière séance de l'Académie (p. 712) en dé-
montre tout l'intérêt. L'analyse du rapport général de
M. Hervieux sur les vaccinations en France et dans les
colonies françaises méritait, en effet, de tenir la place qu'elle
occupe dans nos colonnes. Les lecteurs de la Gazette seront
heureux de pouvoir lire ce nouveau plaidoyer en faveur
d'une mesure prophylactique dont on contesterait en vain
la bienfaisante intluence.
Le savant et éloquent rapport de M. Hervieux expose une
fois de plus et démontre les résultats obtenus dans tous les
pays où la vaccination et la revaccination sont devenues
obligatoires. Ainsi que le fait observer M. le directeur de la
vaccine, on pouvait, il y a quelques années, lors de la dis-
cussion du projet de loi Liouville, craindre que la mesure ne
fût prématurée; mais aujourd'hui., grâce au développement
qu'a pris la pratique de la vaccine animale, les ressources
vaccinales ne peuvent manquer et elles ne sauraient être
onéreuses. La grande extension que le service spécial de
l'Académie vient de prendre en témoigne aisément ; le par-
lement serait sans excuse s'il s'opposait encore au vote de
la loi que le Conseil d'Etat élabore en ce moment et qui est
conforme aux conclusions, très concordantes d'ailleurs, du
rapport de M. Hervieux à l'Académie et du rapport de
M. Proust au Comité consultatif d'hygiène publique de
France.
— Grâce à une allocation ministérielle que nous avons
annoncée il y a quelques mois, l'Académie a pu construire
une petite étable, très simplement aménagée, mais dans les
2« SéRiE, T. XXYl.
meilleures conditions de salubrité, afin de récolter elle-
même le vaccin qui lui est nécessaire pour son service de
vaccine actuellement trihebdomadaire.
Puisque nous parlons ici de nouvelles constructions faites
ou à faire, il nous sera permis d'exprimer le vœu que le
gouvernement tienne aussi à ne pas laisser plus longtemps
la bibliothèque de l'Académie dans l'état de délabrement où
elle se trouve. Les poutres qui soutiennent le plafond viennent
en effet de subir de graves avaries; elles sont vraisemblable-
ment pourries, et il a fallu en toute hâte les élayeravec de
forts madriers au nombre de huit qui encombrent la grande
salle. Le péril immédiat est conjuré; mais, pour procéder
aux réparations nécessaires, il faudrait enlever une grande
partie des livres de celte riche collection, et il n'y a nulle
part, dans l'Académie, de locaux pour les recevoir. Une solu-
tion prompte s'impose, et la meilleure serait assurément
d'élever sur le jardin en bordure sur le boulevard Saint-
Germain une vaste salle de bibliothèque, à un étage, avec
combles vitrés. Une construction en fer et briques, conve-
nablement aménagée, n'absorberait pas un crédit bien con-
sidérable, et assurerait aux livres de l'Académie un abri de
plus en plus urgent, laissant à des projets définitifs d'amé-
nagement ou de reconstruction le temps d'aboutir.
— Nous ne ferons que signaler aujourd'hui les modifica-
tions apportées par la Commission de la tuberculose au
rapport dont M. Villemin a donné lecture. Les conclusions
de celui-ci diffèrent peu en effet de celles qui avaient déjà
soulevé diverses objections; mais la nouvelle rédaction est
plus claire, plus explicite que l'ancienne. La Commission,
tout en affirmant encore que la tuberculose peut se trans-
mettre par le lait, la viande mal cuite et le sang, incrimine
surtout les crachats tuberculeux et indique très nettement
les conditions dans lesquelles ceux-ci pourront transmettre
la maladie.
Dès que la discussion aura bien établi sur tous les points
en litige l'opinion de l'Académie de médecine, une ques-
tion préjudicielle, déjà posée par M. Trasbot, sera soulevée.
L'Académie devra-l-elle se borner à répandi^e dans le public
une instruction prophylactique de la tuberculose, c'est-
à-dire l'ensemble des conseils pratiques dont on trouvera
plus loin (p. 713) l'exposé succinct? Fera-t-elle mieux au
contraire de donner l'appui de son autorité aux doctrines
scientifiques dont les mesures prophylactiques conseillées
ne sont que l'application? La première solution parait
plus avantageuse. Encore est-il probable que bien des
706 — N- 44 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE !•' Novembre 1889
réserves seront faites au sujet de la nocuité du lait et des
yiandes suspectes. Il nous semble toutefois que la publicité
extra-médicale qui est donnée au compte rendu de toutes
les séances de l'Académie rend bien illusoires les réserves
formulées au sujet du rapport de M. Villemin. Si l'opinion
publique se pénètre bien des dangers qu'il signale, un pro-
grès réel pourra sans doute être facilement obtenu. C'est ce
que nous essayerons de montrer en suivant la discussion
académique.
— Nous devons signaler aussi la remarquable observation
communiquée par M. Terrier. Chacun connaît l'habileté
opératoire et l'expérience consommée dulsavant chirurgien
de l'hôpital Bichat. La nouvelle opération qu'il vient de
pratiquer est aussi difficile à réaliser que son nom est bar-
bare. Le succès obtenu par M. Terrier est d'autant plus
remarquable et plus digne d'être signalé.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Le iraiienimt da prolapsus reetal par la eolopexie.
Il est indiscutable que le prolapsus du rectum, dans cer-
taines formes tout au moins, est une des affections les plus
rebelles que le chirurgien puisse avoir à traiter. La multi-
plicité des procédés opératoires par lesquels on l'attaque
est déjà une preuve qu'il n'en est aucun dont l'efficacité soit
réelle, et M. Jeannel (de Toulouse) vient encore accroître
d'une unité cette liste déjà longue, très longue même. Nous
croyons toutefois devoir exposer ce procédé avec quelques
détails, d'après le remarquable rapport lu à l'Académie par
le professeur Verneuil. La conception en effet semble bonne,
et, si tous les temps opératoires ne sont pas fixés définitive-
ment, si la sanction du temps fait encore défaut pour per-
mettre d'affirmer que la cure se maintiendra, il y a cepen-
dant dans l'intervention de M. Jeannel une idée directrice
qui restera, qui tout au moins inspirera de nouvelles
recherches.
I
Avant de résumer l'observation de M. Jeannel, il est
indispensable d'étudier la physiologie pathologique des pro-
lapsus du rectum.
Et d'abord, chacun sait qu'il en est deux variétés : le
prolapsus partiel, celui de la muqueuse seule; le prolapsus
total, de la paroi rectale tout entière. Du premier, celui
des enfants, il ne sera pas question. Aussi bien semble-t-il
tout différent, en pathogénie comme en anatomie patholo-
gique, du prolapsus total, vraie invagination rectale, à deux
ou à trois cylindres. Car au rectum l'invagination à deux
cylindres existe. On conçoit que si l'invagination a quelque
étendue, le péritoine formera un cul-de-sac entre les cylin-
dres juxtaposés, et même l'intestin grêle peut former une
hernie, une hédrocèle comme a dit Uhde, dans ce prolon-
gement anormal.
Cette complexité anatomique de la tumeur prolabée a un
intérêt pratique assez grand : n'est-il pas bon de savoir
que si on excise cette tumeur on ouvrira souvent le péri-
toine? Aussi cette excision n'a-t-elle été faite sans danger
que depuis l'avènement de l'antisepsie. Les opérations de
Mikulicz, puis de Billroth, de Nicoladoni, ont été couron-
nées de succès. Succès immédiat, s'entend, car la plupart
des malades ne semblent pas avoir été suivis pendant assez
longtemps pour que la cure soit sûrement définitive. Or, si
nous avons bonne mémoire, nous avons vu il y a dix-huit
mois environ à l'hôpital Lariboisière une femme à laquelle
Ch. Nélaton avait enlevé un prolapsus rectal; la guériso!.
opératoire avait été remarquable, mais quelques mois apr^>
la lésion récidivait. C'est que l'extirpation de la mas<«
herniée ne constitue qu'un traitement symptomatîque. Ellr
ne s'attaque nullement — sauf si une tumeur implantée su:
la masse est, par traction, l'origine du déplacement — aai
causes premières du prolapsus. Causes complexes, d'ailleur^.
comme celles des prolapsus génitaux, avec lesquels, chez la
femme, le prolapsus rectal s'associe volontiers. Or c'e>:
l'examen attentif des moyens de fixité normaux du rectum
qui va nous permettre de comprendre quelles sont ce<
causes, tout comme l'analyse étiologique des prolapsus
génitaux n'est possible que si on possède des connais-
sances précises sur la fixité de l'utérus normal.
Le rectum, organe de la défécation, doit subir les poussées
qui résultent de l'effort expulsif. Si rien ne le retenait. i(
ferait hernie à chaque effort. Hais, avant de s'ouvrir à Texte-
rieur, le tube intestinal traverse le plancher ano-périnéaUet
là il est entouré de fibres musculaires striées, nombreuse^
et résistantes, celles du releveur de l'anus et du sphinctei
externe: vrai cône, dont la base, supérieure, s'insère aa
squelette pelvien et dont le sommet est perforé par le
rectum, à la paroi duquel se fixent nombre de ses fibre>.
L'extrémité inférieure du rectum est donc bien soutenue.
Mais la tonicité de ces muscles striés n'est pas seule en jeu.
A côté d'elle, il faut faire une large place aux faisceaux con-
jonctifs et fibreux, par places groupés en aponévroses, pla5
ou moins mélangés défibres lisses; ilfautaussi tenir compte
des cordages vasculaires qui unissent à la région lombaire
la paroi postérieure de l'S iliaque et du rectum. Trousseaux
fibreux et vaisseaux constituent surtout la charpente du
méso-côlon iliaque et du méso-rectum, tapissés qu'ils sont
sur chaque face par un feuillet péritonéal. Hais le péritoine
n'est pas, en soi, un moyen de fixité; il entoure, il réunit
en faisceaux les véritables moyens de fixité, c'est-à-dire le>
éléments conjonctifs et vasculaires.
Dans presque tous les prolapsus du rectum, un examen
clinique grossier démontre que le plancher ano-périnéal
ne fournit plus au rectum qu'un appui insuffisant, que les
muscles, striés et lisses, ont perdu toute résistance. La vue
ne fait-elle pas constater que l'anus large, dépourvu de plis
rayonnes, est au centre d'une région plane, convexe même,
et non plus concave, comme lorsque le cône musculaire a
gardé son énergie? Le doigt ne pénètre-t-il pas dans l'anus
sans que le sphincter manifeste la moindre velléité de
contraction î
De ces observations, on a déduit bien des procédés opéra-
toires. On a cherché à rétrécir l'anus par la rétraction cica-
tricielle de quatre pointes de feu profondes, enfoncées en
croix autour de lui; on a fait des excisions en V, suivies ou
non de suture. M. Schwartz a fait connaître au nlernier
Congrès de chirurgie un succès qu'il a obtenu par une véri-
table périnéorrhaphie, qui lui a permis de rétrécir en avant
l'orifice anal. En même temps, on peut agir sur la tumeur
elle-même, la faire rétracter, par exemple, par la cicatrisa-
tion de profondes raies de feu longitudinales.
Hais il faut reconnaître qu'après ces diverses opérations,
même aidées d'un traitement tonique attentif, la récidive
est très fréquente, récidive contre laquelle on reste trop
souvent désarmé. Le motif en est aisé à comprendre: la
!•' NoVENBRE 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 44 — 707
descente n'a pu se faire qu'à la faveur d*un glissement
anormal, d'une laxité pathologique du méso qui suspend le
rectum. Or les opérations précédemment éuumérées ne
remédient en rien à cet état, et le rectum, mal suspendu,
continuera à venir peser sur un plancher ano-périnéal qui,
par surcroît, restera privé de tonicité musculaire ; car on
rétrécit l'anus, mais on ne refait pas un sphincter. Et n'est-
ce pas précisément là le défaut de la cuirasse de la péri-
néorrhaphie appliquée aux prolapsus utérins; descolpor-
rhaphies dirigées contre ces prolapsus, la cystocèle, la
reclocèle? Aussi, depuis quelques années, a-t-on repris une
idée d'Alquié et a-t-on attiré l'utérus en haut en tirant sur
les ligaments ronds ; aussi, plus récemment, a-t-on été
chercher dans l'abdomen le fond de l'utérus qu'on a suturé
à la face postérieure de la paroi abdominale antérieure. On
a cherché, en somme, à raccourcir les moyens de fixité
relâchés; ou bien, à leur défaut, à fournir à l'utérus déplacé
une adhérence artificielle. C'est de cette hystéropexie que
dérive la colopexie imaginée par M. Jeannel.
II
M. Jeannel a pensé que si ou pouvait amener l'S iliaque
au dehors et tirer sur son bout inférieur, on réduirait de la
sorte la tumeur prolabée: tout comme Hutchinson, en 1871,
ouvrit l'abdomen d'un enfant de quatre ans pour réduire une
invagination dont l'extrémité inférieure, au moment de
TefTort, faisait hors de l'anus une saillie d'un pouce. Et cela
une fois exécuté, ne pourrait-on pas faire contracter adhé-
rence, en cette position, à l'anse fixée dans la plaie de la
paroi abdominale? Lacolopexie simple consisterait à suturer
aux lèvres de cette plaie deux ou trois appendices épi-
ploïques.
Mais, dit M. Jeannel, la colopexie simple serait probable-
ment inefficace contre les cas invéti^rés. Elle remédie à la
cause du déplacement, mais elle ne permet pas d'agir sur
ses effets. Or ces effets ne sont pas négligeables. La muqueuse
ne reste pas impunément exposée à l'air; elle s'enflamme,
s'exulcère, saigne, suppure, devient irritable. Cette rectite,
une fois le prolapsus réduit, se traduira par du ténesme,
des efforts; de là des tiraillements défavorables à l'établis-
sement des adhérences; et de plus, ces lésions ano-rectales
seront difficiles à guérir tant qu'elles seront soumises au
contact irritant des matières fécales et aux mouvements
répétés qu'exige la défécation. De là l'idée complémentaire
de M. Jeannel : ouvrir un anus contre nature sur l'S iliaque,
de façon à assurer le repos de la région malade.
Ce plan opératoire a été mis en œuvre sur une femme de
cinquante-sept ans, chez qui le prolapsus, ayant environ
deux mois de date, s'associait à une chute de l'utérus avec
cystocèle et avait résisté aux raies de feu longitudinales. Le
6 février, l'S iliaque fut amenée au dehors et M. Jeannel
constata d'abord que, conformément à ses prévisions, la
traction sur le bout inférieur réduisait rapidement et com-
plètement la masse prolabée. Cette traction une fois effec-
tuée, l'anse fut fixée par le procédé de Maydl, en embro-
chant le méso avec une grosse sonde uréthrale, garnie de
gaze iodoformée. Puis, le sixième jour, l'anse fut ouverte
au thermocautère.
Depuis celle époque, la malade se porte fort bien et son
prolapsus n'a pas récidivé, mais elle subit les inconvénients
d'un anus artificiel. La cure ne sera donc complète que le
jour où M. Jeannel aura, par l'entérotoraic et l'entérorrha-
phie, détruit l'éperon et suturé l'orifice anormal, et alors
seulement on pourra dire si les adhérences seront capables
de résister aux poussées de la défécation.
Un mois après l'opération, M. Jeannel dut quitter son
service hospitalier et il conseilla, en attendant le dernier
acte chirurgical, de soumettre la région périnéale à Télec-
trisation, pour combattre l'affaiblissement des muscles.
Cette prescription ne fut pas suivie et cependant au 15 sep-
tembre, quand M. Jeannel reprit son service, l'amélioration
était notable. L'anus, entouré de plis rayonnes, est encore
un peu plus ouvert que normalement, mais le sphincter
fait sentir quelque striction au doigt qui le franchit; or
avant Topération il était absolument inerte. La cystocèle et
la chute de l'utérus (chute incomplète d'ailleurs) ont
aujourd'hui disparu.
III
L'observation que nous venons de résumer est donc
incomplète et la prudence conseille de rester sur la réserve
avant d'affirmer que la malade sera guérie ; d'attendre
quelques mois encore après la fermeture de Tanus artificiel
avant de chanter définitivement victoire. Mais on peut appré-
cier et les déductions qui ont guidé M. Jeannel et le résultat
partiel d'ores et déjà obtenu.
La réduction possible du prolapsus en tirant sur l'S iliaque
est indiscutablement possible, dans certains cas tout au
moins. Cela étant, lorsque les lésions ano-rectales seront
médiocres, quand on jugera inutile la dérivation des
matières, on pourra s'adresser à la colopexie simple. Mais
on est en droit de se demander si les adhérences créées par
la fixation de quelques appendices épiplolques auront une
tonicité suffisante. Qui ne sait avec quelle facilité se mobi-
lise, sous l'influence de ses mouvements incessants, une
anse intestinale adhérente? C'est là une objection à priori ;
mais on ne saurait raisonner à posteriori avec une méthode
qui n'a pas encore été appliquée. Et cette objection a quelque
valeur, puisque après hystéropexie on a vu retomber l'utérus.
La même récidive est possible, quoique bien moins pro-
bable, après les adhérences solides qu'on provoque autour
de l'anse attirée au dehors, dans toute son épaisseur, pour
créer un anus artificiel avec éperon.
On peut négliger, de nos jours, le danger que courra la
malade le jour où M. Jeannel oblitérera l'anus artificiel.
Mais porter de la sorte, pendant plusieurs mois, une infir-
mité dégoûtante, n'est-ce pas payer bien cher une cure
encore non démontrée? La longueur du traitement n'est pas
une objection valable, car les méthodes classiques ne sont
pas toujours d'une rapidité excessive et d'autre part, de
récidive en récidive, les malades n'en sont plus à compter
les mois qu'ils passent entre les mains d'un chirurgien.
Qu'importe encore que, pendant ce temps, le patient soit
soumis aux inconvéniens de Tanus artériel : qu'on lui offre
une méthode efficace à l'abri de ces inconvénients. La seule
question à se poser est donc la suivante : la colopexie avec
anus contre nature est-elle efficace? L'avenir seul permettra
de se prononcer. Mais déjà un point semble acquis : on peut
remplacer l'infirmité du prolapsus par celle de l'anus arti-
ficiel. Or, pour les cas invétérés et rebelles, c'est peut-être
déjà un résultat. Qui n'a vu des malades que leur prolapsus
rend incapables de tout travail, de toute marche, et même de
la station debout quelque peu prolongée? Au moindre effort,
leur rectum descend à l'extérieur, et de là des douleurs, des
708 — N* 44 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i«^ Novembre 1889
suintements sanguins^ de la gêne tout au moins, sans parler
de la possibilité de complications graves. Si à ceux-là on
offrait en échange les désagréments de la colotomie iliaque,
quelques-uns sans doute n'hésiteraient pas.
A. Broca.
TRAVAUX ORIGINAUX
PatholOfcie générale.
Recherches sur la nature et le mode de transmis-
sion DU TÉTANOS, par MM. Mauean, médecin-major
de 2* classe, et Peugniez, professeur à TEcole de mé-
decine d'Amiens (1).
Nous avons entrepris, à propos de plusieurs cas de téta-
nos observés presque en même temps, des recherches sur
la nature et le mode de transmission de la maladie : nous
avons essayé de la reproduire sur des animaux et d'isoler
le bacille considéré depuis Nicolaier comme l'agent patho-
gène du tétanos. Disons-le tout d'abord; nos expériences
d'inoculations et nos essais de culture sont restés stériles.
Nous n'avons pu reproduire la maladie que dans des cir-
constances spéciales, en insérant sur des lapins un corps
étranger trouvé dans la plaie d'un homme atteint de
tétanos.
I. — Transmission du tétanos par un corps étranger.
Voici en abrégé le fait qui nous a servi de point de
départ :
Obs. — B..., vingt-huit ans, bien portant d'habitude, arrive
à Amiens le !•' mai 1889, comme réserviste au 2* escadron du
train : le 5 mai, il se plaint d'un malaise mal défini ; le 8, il est
atteint de trismus et de raideur de la nuque, et il meurt le
i6 mai d'un tétanos rapide et classique.
Au moment où le trismus s'est déclaré, B... ne présentait
d'autre lésion qu'une petite plaie, située à la face palmaire du
pouce droit et recouverte d'une croûte mince soulevée par un
Seu de pus. Cette croûte est incisée (8 mai) et le stylet introduit
ans la plaie rencontre un corps étranger oui est extrait immé-
diatement. C'est un fragment de bois long de 15 millimètres et
un peu plus gros qu'une allumette. La plaie, située au niveau
du pli interphalangien, est obli(]ue en bas : son trajet, entière-
ment sous-cutané, n'intéresse ni les os, ni l'articulation. Traitée
par riodoforme et les bains phéniqués, elle était entièrement
cicatrisée au bout de six jours, et au moment où le tétanos avait
atteint tout son développement.
B... raconte qu'il s'est fait cette plaie le 23 avril en maniant
sa pelle, dont le manche présentait une écharde saillante et
^)ointue. Aussitôt après l'accidenl, il avait essayé, au moyen d'une
épingle, de retirer le corps étranger; il avait réussi à en extraire
un petit fragment et se croyait débarrassé. La plaie d'ailleurs
n'était pas douloureuse et ne l'avait pas empêché de travailler.
Ajoutons (pour nous mettre en règle avec la théorie équine)
que le blessé était cantonnier, qu'il travaillait sur une grande
route, et que pendant la nuit il laissait sa pelle dans les champs.
Le manche de l'instrument (qui nous a été remis et qui a servi
à des expériences d'inoculations et de cultures) avait séjourné
dans une écurie pendant longtemps ; il portait des traces de
boue à son extrémité inférieure, mais pas à l'endroit où Té-
charde faisait saillie. Dans le villafi^c du blessé et dans les
environs on ne se souvenait pas aavoir entendu parler de
tétanos humain ou équin depuis plus de dix ans.
Expérience I. Premier fait de transmission. — - Aussitôt
après son extraction de la plaie, le fragment de bois avait été
placé dans un tube à essai contenant de la glycérine neutre
stérilisée : le 11 mai, après trois jours de macération, il fut
inséré sous la peau d'un lapin vigoureux : on lit une petite plaie
sur le flanc gauche de l'animal ; par cette plaie on produisit avec
(1) Travail fait au laboratoire do l'École de médecine d'Amiens.
un stylet un décollement susceptible de recevoir le corps étran-
ger et on ferma la plaie avec deux points de suture.
Dans la matinée au 13, quarante-huit heures après l'opéra lion,
on trouve l'animal replié sur le côté droit et pouvant à poin*'
se tenir debout ; au niveau de la plaie existe une tuméfaction
limitée et douloureuse. A six heures du soir, il ne peut plu» s*-
lever ; ses membres sont raides et étendus : la tète est relevv'-
et la queue rabattue sur le sacrum. Dés qu'on approche, qu*ou
fait du bruit, ou qu'on le touche, il éprouve des secousses con-
Yulsives de tout le corps ; à neuf heures du soir on le trouy
encore dans le même état et la mort survient pendant la naît.
A l'autopsie faite le 14 mai à dix heures du matin, on trouva-
sous la plaie fermée par les sutures un petit abcès entourant l*-
corps étranger et contenant un peu de pus blanc et épais. Hn
dehors de cette collection il n'existe aucune lésion apprecialile;
pas de sufTusions san^ines, ni d'oedème*, ni d'emphysème ; Iv-
parois abdominales, les viscères, le péritoine n'offrent aucune
altération.
Expérience IL — Le morceau de bois retiré de la plair
(14 mai) est inséré immédiatement sous la peau du ventre iVun
cobaye, d'après le procédé déjà décrit.
L'animal meurt pendant la nuit, dix-huit heures environ apW*-
l'opération. A l'autopsie faite le lu, on constate les lésions de li
septicémie (vive injection au niveau de la plaie et dans le voi-
sinage, œdème du tissu cellulaire avec bulles de gaz s'étendant
jusqu'à l'aine, œdème gélatineux des parois abdominales).
Comme cela arrive souvent dans les expériences de ce genre,
la septicémie avait évolué avant le tétanos. Avant d'aller plii>
loin, il nous parut indispensable d'éliminer les fermes septi-
ques : le morceau de bois fut placé dans de la glycérine stéri-
lisée et soumis ensuite dans une étuve à une température de
70 degrés pendant dix minutes.
Ekpériencb III. Deuxième fait de transmission. — Lt^
22 mai, après sept jours de macération, l'écharde fut insérée,
de la même manière que précédemment, sous la peau du ventre
d'un lapin n® 2. Pendant les cinq premiers jours, Tanimal ne
présente aucun signe de maladie ; au niveau de la plaie il esi:>le
un peu de tension et de ronflement. Dans la matiaée du
!28 mai, il se tient encore debout, mais dans une position anor-
male ; les membres sont raides et étendus, la tète est relevée ;
l'animal ne peut pas marcher; dès qu'on le touche, il tombe pour
ne plus se relever. Dans cette position il a les pattes antérieures
complètement étendues, sauf au niveau des boulets qui présen-
tent une très légère flexion ; elles forment un angle droit
avec le tronc. Les membres postérieurs non contractures peu-
vent encore .exécuter quelques mouvements. La tête est relevée
en arrière ; les muscles de la nuque sont durs ; on ne peut
écarter les mâchoires. La queue rabattue sur le dos revient
dans cette position après qu'on la fléchie. Les parois abdomi-
nales ont conservé leur souplesse; mais la respiration est lente
et pénible. Quand on soulève l'anim.il par les oreilles, le rurp>
reste raide et rien ne fléchit. Le moindre bruit et le moindre
contact déterminent des secousses convulsives qui se répètent
plusieurs fois. En un mot, l'animal offre tous les signes d'un
tétanos bien caractérisé et semblable à celui de l'homme. L»-
lendemain 29 mai, la contracture a fait encore des progès; elle
a envahi complètement les membres postérieurs qui, la veille,
possédaient encore quelques mouvements; ils sont étendus
[»resque parallèlement à l'axe du corps. L'animal est resté coucb«'
a l'endroit où il avait été placé la veille ; la respiration est dc^-
venue plus lente ; et les secousses convulsives se reproduisent
quand on marche près de lui. Il meurt dans l'après-midi, trente-
six heures après l'apparition des accidents tétaniques.
A Vauiopsie faite immédiatement après la mort, on ne
constate aucune lésion des viscères, ni des parois abdominales;
au niveau de la plaie, il existe un abcès bien limité, sans
œdème ni emphysème ; un ganglion axillaire du côté correspon-
dant à la lésion est tuméfié et rougeâtre.
ExpÉRibNGE IV. Troisième fait de transmission. — Dans l;i
matinée du 28 mai, après qu^on eut constaté sur le lapin pré-
cédent (n° 2) des signes manifestes de tétanos, on ouvrit la plaie,
pendant que l'animal était encore vivant, et on retira le corps
étranger (lui fut aussiitôt inséré sous la peau du ventre d'un
troisième lapin.
Quarante-huit heures après, on trouve l'animal couché, le?
membres étendus et contractures, la tête renversée, la queue
1*' Novembre iS89 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE — NM4 - 709
relevée, offrant en un mot les mêmes symptômes que les lapins
précédemments tétanisés. Il meurt à midi ; Tautopsie pratiquée
aussitôt après la mort, ne fait découvrir qu'une lésion locale,
analogue aux autres, un petit abcès autour du corps étranger.
Eipres ; on li usera sous la peau
livré à Téquarrissage. Mais Tanimal, plus affaibli qu'on ne Ta-
vail cru, mourut quelques heures après l'opération. Le corps
étranger ne put être extrait que le lendemain sur le cadavre
déjà putréOé.
Pour détruire les germes septiques, qui paraissaient à craindre
dans Tespèce, on soumit à une température de 80 degrés pen-
dant dix minutes, le corps étranger préalablement remis dans de
la glycérine; il séjourna dans ce liquide pendant vingt jours.
EKPÉniENCB VI. — Le 26 juin, il fut inséré sous la peau du
ventre d'un lapin n^ 4, suivant le procédé habituel. Au bout de
trois jours, il se forma un petit abcès au niveau de la plaie;
l'abcès s'ouvrit spontanément le cinquième jour et laissa sortir
le fragment qui ne put être retrouvé. L'animal gardé en obser-
vation pendant plusieurs mois n'a présenté aucun signe de
maladie.
Ici se termine Todyssée de ce corps étranger de petit
volume et d'origine banale qui, introduit sous la peau, a
communiqué le tétanos à un homme et à trois lapins et
n'a rien perdu de sa virulence bien cju'il ait été soumis à
une température de 70 degrés maintenue pendant dix
minutes.
II contenait assurément l'agent tétanique quel qu'il soit,
inicrobe ou ptomaïne. Nous avons admis la première de ces
hypothèses et nous avons recherché le bacille tétanioue soit
par des cultures in vitrOy soit par le mode de culture le
Plus sûr, la culture dans le milieu vivant, c'est-à-dire
inoculation.
II. — Inoculations.
Dans la théorie microbienne on admet pour le tétanos
une évolution analogue à celle de la diphthérie ; le bacille
resterait localisé dans la plaie d'entrée et s'y multiplierait
en sécrétant une substance soluble dont la résorption pro-
duirait un empoisonnement caractérisé par des phéno-
mènes de contracture. Cette manière de voir concorde avec
les résultats de l'expérimentation : on n'a jamais pu repro-
duire le tétanos en inoculant, soit le sang, soit le tissu
nerveux. Les seules inoculations positives ont été celles du
pus ou des tissus de la plaie. Nous avons donc limité nos
expériences à ces derniers produits : sur des blessés atteints
de tétanos, ou sur des lapins tétanisés nous avons recueilli
le pus ou les tissus de la plaie, et nous avons inoculé ces
produits soit en nature, soit associés à des corps étrangers.
Expérience VIT. Pus tétanique délayé dans Veau. — Le
M mai, à dix heures du matin, en faisant l'autopsie du lapin
n*" 1, mort du tétanos pendant la nuit, on recueille un peu de
pus dans l'abcès formé autour du corps étranger. Cfe pus,
obtenu en grattant les parois de l'abcès, est délayé dans de
l'eau stérilisée : 1 centimètre cube de l'émulsion est injecté
avec une seringue de Pravaz sous la peau du dos d'un lapin.
Le lendemain, il se produit une petite nodosité au niveau de
la piqûre et l'animal paraît un peu abattu; il est rétabli le troi-
sième jour et la tuméfaction disparait rapidement.
Expérience VIII. Pus tétanique associé à un corps étranger.
— Le 28 mai, on ouvre la plaie du lapin n<* 2 atteint de tétanos
et encore vivant ; après avoir retiré le morceau de bois, on
introduit dans l'abcès un morceau de ouate stérilisée : on l'im-
prègne du pus de l'abcès et on l'insère immédiatement sous la
peau du ventre d'un cobaye ; la plaie est fermée par deux
points de suture.
L'animal reste bien portant; on constate le lendemain un peu
de gonflement au niveau de la blessure ; huit jours après, elle
est guérie ; l'ouate a été éliminée avec les fils de la suture.
Expérience IX. Pus tétanique associé à un corps étranger.
— Le 30 mai, avec du pus recueilli dans l'abcès du lapin n*^ 3,
mort du tétanos depuis quelques heures, on imprègne un mor-
ceau de ouate stérilisée et on l'insère sous la peau du ventre
d'un cobaye, comme dans l'expérience précédente.
Même résultat négatif; guérison de la plaie au bout de six ou
sept jours.
Expérience X. Fragment de tissu emprunté à une plaie
tétanique. — Le 29 mai, en faisant l'autopsie du lapin n" 2,
mort du tétanos depuis une heure à peine, on enlève un frag-
ment des parois de l'abcès formé autour du corps étranger. Ce
fragment est inséré sous la peau du ventre d'un cobaye et main-
tenu avec deux sutures.
Même résultat négatif ; la plaie est cicatrisée au bout de
quelques jours.
Expérience XI. Pus tétanique associé à un corps étranger.
— Il s'agit du pus d'un homme atteint de tétanos a la suite de
deux plaies contuses de la jambe ; la maladie eut une marche
traînante et se termina par la guérison.
Le 6 juin, cinq jours après le début du tétanos, on recueille
avec des pipettes stérilisées du pus pris dans les deux plaies. Ce
pus sert a imprégner un morceau de bois, ayant les mêmes di-
mensions que l'écharde tétanifcre. On insère ce corps étranger
sous la peau du ventre d'un cobaye et on le maintient avec deux
sutures.
L'animal n'éprouve aucun accident ; le corps étranger est
éliminé au bout de cinq jours et la plaie se cicatrisQ rapide-
ment.
Expérience XU. Pus tétanique délayé dans Veau, — Un
homme avait contracté le tétanos à la suite de l'ablation d'un
sarcome de la cuisse : la maladie resta localisée à la mâchoire,
au cou, aux parois abdominales et finit par guérir.
Le 19 juillet, quatre jours après le début du tétanos, on
recueille ou pus dans la plaie au moyen d'une pipette flambée;
ou le délaye dans de l'eau stérilisée et on injecte l'émulsion à
un cobaye (1 centimètre cube) et à deux lapins (chacun 2 cen-
timètres eu Des).
À part une légère tuméfaction au niveau des piqûres, les
animaux ne présentèrent aucun accident.
De ces huit expériences on est en droit de conclure que,
sur le lapin et le cobaye, et dans les conditions où nous
nous sommes placés, le tétanos n'est pas inoculable par les
(produits de la plaie, que ces produits soient introduits sous
a peau en nature ou qu'ils soient associés à des corps étran-
gers.
III. — Cultures.
Pendant plusieurs mois nous avons fait de nombreux
essais de culture, soit en présence de l'air, soit le plus
souvent dans un gaz inerte (acide carbonique ou gaz d'é*
clairage); pour les ensemencements nous nous sommes
servis :
1*" Du pus recueilli dans les plaies de blessés ou de lapins
atteints de tétanos;
2* De fragments de tissu empruntés à ces mêmes plaies;
3"" De la pulpe des ganglions lymphatiques voisins ;
4"* Du sang de lapins atteints de tétanos;
5" De la glycérine dans laquelle avait macéré l'écharde
tétanifère;
6° De fragments de ce corps étrangers;
7** De poussières empruntées au manche de la pelle.
Toutes ces tentatives ont échoué, et nous n'avons obtenu
en fin de compte que les organismes habituels de la sup-
puration et quelques saprophytes peu exigeants au point de
vue de l'oxygène. Toutes les* cultures ont été inoculées à
des lapins ou à des cobayes; elles ont produit parfois des
abcès ou des eschares, mais jamais d'accidents tétaniques.
Nous ne faisons que mentionner ces résultats négatifs; ils
n'ont rien d'étonnant, car là où les inoculations avaient
échoué, les cultures devaient à fortiori rester stériles.
IV
Nous en tenant à nos faits et comparant Tinsuccès des
inoculations avec les quatre cas de tétanos produits paf le
710 — N* 44 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 1*' Novembre 1889
corps étranger, nous devons admettre que ce morceau de
bois n'a pas emprunté son pouvoir tétanigène aux plaies
dans lesquelles il a séjourné. Au moment où il a pénétré
dans le doigt du cantonnier, il était déjà imprégné du
[loison : il Ta gardé pendant ses premiers passages dans
es tissus. S'il a fini par perdre sa puissance toxique, on
peut attribuer ce résultat à une cause accidentelle, comme
la putréfaction du cadavre du cheval, ou bien le chauffage
à 80 degrés. Mais on peut croire aussi qu'il a perdu sa
virulence par l'effet mécaniçiue des trajets accomplis. Dans
cette hypothèse on ne saurait mieux comparer ce morceau
de bois tétanifère qu'à une flèche empoisonnée qui tuerait
les premiers organismes traversés et qui, n'étant plus
rechargée, finirait par s*essuyer dans les tissus et par
devenir inoffensive.
Cette hypothèse, qui fait du tétanos un empoisonnement
par un composé chimique fabriqué en dehors de l'orga-
nisme, est d'accord avec un grand nombre d'observations
et peut encore figurer honorablement en face de la théorie
microbienne, surtout depuis que l'on connaît le résultat
des recherches récentes de M. Chantemesse sur le bacille
de H. Nicolaier : cet organisme, qui n'avait jamais été isolé
et qui était regardé sans preuves suffisantes comme l'agent
pathogène du tétanos, a été obtenu à l'état de cultures
pures. Mais l'inoculation de ces cultures ne produit aucun
accident tétanique (1).
REVUE DES CONGRÈS
Quatrième Congrès ffrançalv de chirurgie tenu h Paris
dn 9 an tt octobre 1889.
(Suite. — Voyez les numéros >12 et 43.)
Résultats immédiats et éloignés des opérations diri-
gées CONTRE LES TUBERCULOSES LOCALES.
La question posée à l'avance par laquelle ont débuté
les discussions générales du Congrès était certes de celles
auxquelles tout chirurgien peut répondre, en partie au
moins. Qui n'a pas opéré un plus ou moins grand nombre
de tuberculoses locales? Qui n'a pas suivi, et trop souvent
vu mourir phthisiques, ses propres opérés ou ceux des
autres? On conçoit donc que les orateurs aient été nom-
breux, et nous avons à énumérer MM. Dêmosthène et
Léonté (Bucharesl), Guy on, Verneuil, Olliery Le Denlu,
Terrillon, Schwartz, Bœckel (de Strasbourg), Queirel (de
Marseille), Houzel (de Boulogne), Bousquet (de Clermont-
Ferrand), Vignes et Iscovesco.
Le débat comportait une étude générale à laquelle le
professeur Yemeuil s'est spécialement attaché. Hais aussi
il faut tenir compte des différences qui tiennent au siège
des lésions.
1. Etude générale. — Pendant longtemps on n'attri-
buait pas à la tuberculose les affections dites scrofuleuses.
D'autre part, quand on se trouvait en face d'une lésion tu-
berculeuse externe, on négligeait bien souvent de la traiter
chirurgicalement : la loi de Louis ne nous enseignait-elle
pas que, de par ses poumons, le malade était voué à la
i)hthisie? Hais peu à peu, surtout depuis que la tubercu-
ose a dépossédé la scrofule de la majeure partie de son
domaine, la loi de Louis est de plus en plus battue en
brèche et une doctrine nouvelle est née : le foyer externe
est souvent le foyer primitif et de lui partent les bacilles
qui envahissent de proche en proche et finalement infec-
tent l'économie entière. De là une conclusion thérapeutique:
(1) Noos laissons de côte les résullats aiiaoncés par Kita^alo (de Berlin) ; ils
n'oiitopas été confirmés et nous ne les connaissons que par des analyses peu con-
cordantes.
s'attaquer aussi énergiquement que possible à la lésiou
externe et la plupart des chirurgiens prennent sans larder
le bistouri. Tous ne sont pas cependant enthousiastes, et
M. Léonté (de Bucharest), par exemple, prolonge autant
3ue possible les essais de thérapeutique médicale. Aiusi.
it M. Verneuil, le procès est encore en instance entre la
médecine opératoire et la médication interne. Pour le juger,
il faut des lails et non des raisonnements; mais des faits
catégorisés.
Tout d'abord, qu'est-ce qu'un résultat immédiat ? Avec
H. Verneuil prenons les deux mois qui suivent l'opération.
Le résultat bon est caractérisé par le succès opératoire
complet : le foyer se cicatrise. Ce résultat, on l'obtient
souvent, surtout depuis l'antisepsie. On n'oubliera pas, tou-
tefois, aue les amputations pour tumeurs blanches réussis-
saient déjà dans la chirurgie ancienne. Hais aussi les ré-
sultats médiocres ne sont pas rares : il reste une ou plu-
sieurs fistules. Il est vrai que parfois c'est tout ce qu'on
demandait, départi pris, à une opération qu'on savait devoir
être purement palliative : c'est le cas pour certaines tailles
hypogastriques dirigées contre la tuberculose vésicale. Le
résultat médiocre est encore une amélioration. Le résultat
nul est le simple statu quo: on transforme, par exemple,
une fistule anale en un canal ouvert qui ne tend pas à se
cicatriser. Enfin, il faut malheureusement tenir comptedes
résultats mauvais et même mortels.
Certes il est des auteurs qui, depuis l'antisepsie, se
croient en droit de négliger la mortalité, ou à peu près. On
peut le leur accorder pour les complications septîques au-
jourd'hui à peu près annihilées. Hais ils ont tort d'alléger
l'acte opératoire de toute léthalité. Après les opérations
les plus simples, on peut voir évoluer une granulic, ou
bien une tuberculose viscérale préexistante reçoit un coup
de fouet; et la granulie est fatale. On n'en saurait dire
autant des simples poussées viscérales, qui n'en restent
pas moins un rappel à la prudence.
Les statistiques fournies par divers auteurs démontrent
qu'en effet les accidents sentiques ont disparu. H. Démos-
thène (de Bucharest) sur 4z9 malades a pratiqué S8i opé-
rations importantes : 7*2 pour lésions osseuses; 133 pour
abcès froids; 61 pour ganglions (dont 40 extirpations);
ISpour pleurésie purulente; 2 pour péritonite purulente.
Il a eu \± morts, soit 4,2 pour 100. H. Routier, plus favo-
risé encore, n'a que 2 décès sur 150 interventions sérieuses,
soit 1,2 pour 100; décès dus l'un à une pneumonie franche,
l'autre à une désorganisation tuberculeuse du rein droit,
lésion impossible à reconnaître, car le rein ne formait pas
tumeur et d'autre part son uretère était oblitéré.
Cette dernière observation démontre le danger des lé-
sions viscérales concomitantes. Hais ni H. Démosthène ni
H. Routier n'ont vu de ces poussées tuberculeuses aiguës
telles que H. Verneuil les décrit. La plupart des orateurs
ont également considéré ce danger comme négligeable. Une
opération quelconque chez un tuberculeux, une kélotomie
par exemple, ne donnera pas un coup de fouet à la dia-
thèse, affirmenl-ils, et ils n'incriminent guère plus les
opérations sur les foyers tuberculeux. A une condition,
cependant: c'est que Tasepsie soit parfaite et que le malade
n'ait pas à subir la fièvre traumatique. De même pour les
aggravations d'une phlhisie pulmonaire concomitante —et
aujourd'hui presque tous les chirurgiens résèquent volon-
tiers, amputent surtout fort bien un phthisique avancé, et
les lésions pulmonaires en générai s'amendent. C^esl,
dit M. D. Moilière, que la lésion externe suppurée, fistu-
leuse est le point de départ d'une infection mixte septique ;
par la suppression radicale de ce foyer on fait cesser Tag- I
gravation de l'état général engendrée par l'infection mixte.
H D. Mollière, cependant, recommande, pendant l'opéra- i
tion, d'éviter la prolongation de l'anesthésie chloroformique; |
après l'opération, de se tenir en garde contre la stagnation
i^' Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 44 — 711
dans le lit. C'est pourquoi chez un phlhisique avancé l'am-
putation sera souvent préférable à la résection.
Quelques auteurs cependant ont appuyé Topinion de
M. Veroeuil et n'ont pas partagé cet optimisme. Un sujet
auquel M. Houzel a extirpé des ganglions cervicaux est
mort au dix-huitième jour de méningite tuberculeuse.
M. SchwartZy sur 200 opérés, en a vu 5 chez lesquels des
accidents sont survenus. Trois ont eu des exacerbations de
lésions préexistantes; deux ont succombé à une granulie que
rien ne faisait prévoir. Il est à noter pourtant que tous deux
avaient été fort difficiles à chloroformiser ; que chez tous
deux les accidents ont éclaté dès le lendemain. La poussée,
latente, n'avait-elle donc pas débuté avant l'acte chirur-
gical? M. L^on^^ (de Bucharest) admet, lui aussi, les gé-
néralisations par auto-infection traumatique et en cite deux
faits.
Enfin, H. Fontan (de Toulon) a insisté sur des pous-
sées congestives, graves, mais non mortelles, dont le pou-
mon déjà tuberculeux a été quatre fois le siège sous ses
yeux, et cet accident serait plus fréquent après les suppres-
sions totales, castration ou amputation, qu'après les évi-r
déments et les résections.
On le voit, l'accord n'est pas fait sur ce point. C'est la
seule contestation qui concerne les résultats immédiats.
Mais cicatriser ou améliorer un foyer externe n'est pas
le seul but qu'on se propose. Le résultat éloigné n'est bon
que si on a réellement supprimé la cause d'infection et si
le sujet est pour le restant de ses jours à l'abri de la ré-
cidive, locale ou à distance, des lésions bacillaires. Or,
quand on suit les malades, on voit que beaucoup d'entre eux
— et c'est là le résultat médiocre — n'ont bénéficié que
d'une trêve. Sur place, dans une région quelconque, dans
un viscère, dans le poumon surtout, les noslilités recom-
mencent et le combat tourne trop souvent à l'avantage du
bacille. Autrefois, à l'époque où les amputations trauma-
tiques de cuisse ne guérissaient presque jamais, Malgaigne,
Ilutin, Bauders, n'ont pas pu trouver de moignon de cuisse
à Bicétre ou aux Invalides. Et pourtant on en amputait pour
tumeur blanche du genou. Qu'on interroge les amputés
qu'on voit à la consultation orthopédiaue du Bureau cen-
tral : ceux dont le moignon a plus de dix ans de date ont
bien rarement été opérés pour une lésion tuberculeuse.
Interrogé par M. Verneuil, M. Marjolin, qui pendant long-
temps a exercé dans un hôpital d'enfants, a confirmé ce
pessimisme, qui contraste avec l'optimisme inspiré par les
résultats immédiats.
Aussi bien qui s'en étonnerait, ajoute M. Yerneuily
puisque M. Jeannel a prouvé qu'après une inoculation
externe le bacille a passé dauis le sang au bout de huit à
dix minutes? Quand on opère, il y a toujours, à un degré
variable, une infection générale. Celte opinion, il est vrai,
n'est pas admise de tous, et nombre de chirurgiens et
d'expérimentateurs pensent que le bacille progresse souvent
avec lenteur dans le système lymphatique avant de conta-
miner le sang. Mais ceux-là mêmes reconnaissent la gravité
du pronostic définitif : l'opéré sera trop souvent apte à cul-
tiver de nouveau le bacille qu'il avait déjà trop bien accueilli
à sa première visite.
De là l'importance de conditions diverses, et l'utilité de
classifier les faits avant d'en tirer des conclusions. Toutes
choses égales d'ailleurs, l'énergie et la régularité du trai-
tement général pré et post-opéi*atoire ont un grand intérêt,
et peut-être est-ce à la médication iodoformée persistante,
qu une femme opérée de néphrectomie par MM. Verneuil
et Le Dentu doit une survie de quatre ans, sans aucune
menace. Le pronostic, les indications opératoires ne se res-
semblent pas chez l'enfant, l'adulte, le vieillard. Personne
ne conteste le rôle de l'hérédité, de la condition sociale,
de la richesse, de l'aisance, de la pauvreté, de la misère.
Prenez un toherculeux dépenaillé, qui n'a pas mangé avant
d'entrer à l'hôpital; opérez-le, puis rendez-le à son milieu
primitif: sa mort est à peu près fatale. Or ces conditions
sont malheureusement trop fréquentes dans notre clientèle
hospitalière. Envoyez au contraire votre opéré dans un
climat marin, et souvent vous assurerez la cure. De là les
statistiaues remarquables de MM. Houzel, Cazin, qui opè-
rent à Boulogne, au bord de la mer, dans un milieu béni.
Ce n'est pas tout, et la localisation du mal doit être prise
en sérieuse considération : périphérique ou viscérale;
uniçiue ou multiple. Arrivons donc à l'élude
culiers.
l'élude des cas parti-
(A suivre,)
Gommunioatlons diverses.
RÉSECTION DU MAXILLAIRE INFÉRIEUR POUR L'AMPUTATION DE LA
LANGUE. — M. L. Labbé a recommandé déjà ce procédé il y a
six à sept ans, et, depuis, ses convictions se sont affirmées.
M. Polaillon aussi a eu recours, avec de bons résultats, à ce pro-
cédé* La difformité ultérieure est grande, il est vrai> dans bien
des cas; mais M. Labbé présente un malade qui, au bout de
onze mois, se porte bien, et a un appareil qui corrige très bien
la difformité.
AMPUTATIONS DU PIED. — M. Démosthéne (de Bucharest) a
observé un jeune homme qui était atteint d*une gangrène des
deux pieds par congélation. Il a fait, à droite, Topération de Lis-
franc; à gauche, la sous-astragalienne avec résection de la tête.
Or le moignon de la sous-astragalienne est très bon, sans ren-
versement; les malléoles ne portent pas sur le sol; le raccour-
cissement n*est que de 25 millimètres. La décapitation de l'as-
tragale a été imposée par le manque d'étoffe.
Fractures de la rotule. — M. Tripier a eu deux très bons
résultats par le massage, et, avec Richelot, il admet que la con-
solidation osseuse n'a que peu d'importance. Le seul point à
considérer est Télat du triceps, et, à ce point de vue, M. Tripier
pense qu'il faut tenir ^rand compte de Vépanchement sanguin.
À l'appui de cette opinion, il cite l'autopsie d'une femme morte
en quelques heures après un trauma violent. Il y avait des cail-
lots abondants dans l'articulation, et de là le sang avait fusé
dans les deux vastes, très infiltrés. Est-ce là un fait unique? ou
faul-il considérer que cette lésion des muscles est la cause
principale de l'atrophie, jusqu'ici considérée comme d'ordre
réflexe? M. Tripier a fait quelques expériences sur la pénétra-
tion dans les vastes de liquide injecté autour de l'articulation.
Jamais il n'a trouvé une goutte de liquide dans le droit anté-
rieur. Le massage est le vrai traitement pour parer aux inconvé-
nients de ces infiltrations.
Traitement du pied bot par la méthode de Phelps, par
M. Kirmisson. — Cette méthode a été communiquée au Congrès
de Copenhague en 1884, par Phelps, élève de Sayre. Elle con-
siste a sectionner à ciel ouvert toutes les parties molles qui,
rétractées, sont l'obstacle à la réduction, c^est-à-dire la peau,
les tendons, les ligaments du bord interne de la plante du pied.
Elle s'est rapidement vulgarisée, et bien des chirurgiens, à
l'étranger surtout, n'ont plus ffuére recours qu'à elle contre les
cas qui résistent à l'orthopédie et aux simples ténotomies.
Nous n'avons pas à revenir sur le manuel opératoire, exposé il
y a peu de temps dans la Gazette d'après une clinique de
M. Kirmisson lui-môme (voy. p. 349). Au Desoin, il faut associer
à celle opération une tarscclomie cunéiforme externe, une téno-
tomie du tendon d'Achille. M. Kirmisson communique au Con-
grès les sept beaux succès qu'il a obtenus de la sorte sur quatre
malades. Les enfants ont encore un peu d'enroulement du bord
interne du pied, mais en somme ils se portent bien et marchent
sur la plante du pied. Trois d'entre eux avaient été déjà traités
sans succès, dont deux par des ténotomies et par l'extirpation
de l'astragale.
Sarcome de l'os iliaque. — M. Roux (de Lausanne) présente
un malade auquel il a résfiqué Vos iliaque droit tout entier, en
1887, pour un chondrosarcome.
Pansement a la charpie stérilisée. —M. Régnier (de Nancy)
a eu à se servir, dans un hôpital militaire, de charpie antisep-
tique réglementaire, obtenue en traitant les approvisionnements
712 _ N» 44 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÊDEGINB ET DE CHIRURGIE i" Novkmbbb 1889
3;
anciens. Or il suffit de stériliser celle charpie par la chaleur
pour pouvoir s'en servir sans danger. C'est une preuve de plus
que peu importe la substance de pansement employée, pourvu
qu'elle soit aseptique.
Anbsthésie a la cocAïNi. — M. Reclus a publié, avec M. Wall,
un article sur ce point dans la Revue de chirurgie. Malgré cela,
on objecte toujours à la cocaïne d'être infidèle et dangereuse.
Depuis, M. Reclus compte environ deux cents opérations de plus,
et il maintient ({ne c'est un bon procédé d'analgésie locale. Pour
Suelques opérations légères sur les muqueuses, le contact suffit,
e même une injection intra-articulaire donne de fort bons
résultats dans les lavaj^es articulaires phéniqués nour hydar-
Ihroses chroniques, et ici M. Reclus donne un manuel opératoire
spécial pour un lavage pour ainsi dire à grande eau. Mais
presque toujours il faut des injections intradermiques, et ces
injections sont très fidèles si Ton suit bien la technique voulue.
Il faut pousser l'aiguille dans le trajet de l'incision qui va être
pratiquée, et, quoi qu'on en dise, il faut, le long de ce trajet, faire
cheminer l'aiguille dans le derme et non pas sous lui. On pousse
peu à peu le piston à mesure que l'aiguille avance. On aura
grand soin de faire passer l'incision exactement sur la ligne
ainsi tracée. Au besoin, on peut ajouter une ou plusieurs injec-
tions profondes. On obtient ainsi une analgésie trôs fidèle môme,
quoi qu'on en dise, dans les tissus enflammés, et cette analgésie
a une durée absolument suffisante de quarante, quarante-cinq
minutes. Quoi qu'on en ait dit encore, aucune région n'y est
rebelle, même la région ano-rectale. Mais la cocaïne est-elle dan-
gereuse? Est-il vrai qu'il y a 126 cas de mort, comme Ta dit
un dentiste à M. Roux (de Lausanne)? Or M. Reclus et ses
élèves, Wall, Delboscq ont trouvé seulement 4 observations;
et, dans les quatre, on avait employé au moins 75 centigrammes.
Avec 20 centigrammes, pas de danger mortel : on peut avoir
quelques légers troubles, mais c'est tout. On cite des accidents
sérieux avec 5 centigrammes. M. Reclus n'en a jamais vu à ce
degré; il pense que c'est parce qu'il pousse l'injection lente-
ment, en faisant avancer l'aiguille. De la sorte on est certain de
ne pas faire une injection intraveineuse.
{A suivre.)
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie de médeelBe.
SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
M. le docloiir Delamare, médecin-major au 33* de li(rae, envoie un rapport sur
la vaccinations dant la garniâon de ChAlelleraull en 1888-1880.
M. Marty dépose un travail manui^crit de M. Moittonnier, pharmacie n-migor
de 1'* classe, sur la nature et ta qualité des eaux polabUt de la place et du
territoire de Belfort.
H. Proust présente: 1* un ouvrago de M. le docteur A.-J, Martin, intitulé:
Des épidémies et des maladies transmissibles dans leurs rapports avec les lois
elles règlements; Sf un rapport manuscrit do M. lo docteur Collardot sur le
typhus de 1888 à Alger.
M. Jaccoud présente : 1* la relation d'une épidémie de dengue observée
en 1880 en Sffrie, par M. lo docteur de Brun; 2* un ouvrage de M. le docteur
Mourao Pitta sur Vtle Madère.
M. Riche dépose un volume de M. Lajoux (de Reims) sur l'eau potable, le lait
et le vin,
M. Le Roti de Méricourt présente un mémoire imprimé de M. lo docteur
Maurel (de Toulouse) sur les causes de l'exaspération vespérale de la tempéra-
ture normale,
M. Albert Robin dépose un travail de M. le docteur ChiaU sur Yaction curative
des eaux d^èvian dans les perversions nutritives avec hypoa»oturie et désé-
quilibre urinaire.
M. Ollivier pix^sonte la traduction fiançaise du Traité de pathologie interne
et de thérapeutique de M. le docteur Uermann Kichhorst (de Zurich).
Obsèques de M. Ricord. — M. Péan donne lecture du
discours qu'il a prononcé, au nom de l*Âcadémie, sur la
tombe de M. Ricord samedi dernier.
Prix. — Lecture est faite par M. Cornil d'un rapport sur
le concours pour le prix Portai en 1889. Le sujet proposé
était Tanatomie et la physiologie pathologiques des capsules
surrénales.
Vaccine. — M. HervieuXy directeur du service de la
vaccine, donne lecture du rapport général sur les vaccina-
tions et revaccinations pratiquées en 1888. La majeure
partie de ce travail est consacrée à la question de la vaccine
obligatoire. Consultée en 1881 sur ce sujet à propos du
projet de loi présenté à la Chambre par Liouville^ TAca-
démie s'était prononcée pour le principe de l'obligation,
mais seulement en ce qui concerne les vaccinations. Aucun**
suite ne fut donnée au projet de loi. D'ailleurs rinsuffisaiire
des ressources vaccinales eût rendu à cette époque la loi
inexécutable. H. Hervieux s'applique à démontrer qu'au-
jourd'hui, avec la vaccine animale, on peut satisfaire aux
exigences de la loi, si elle était édictée, défier la violence
des épidémies, et remédier jusqu'aux défaillances du
budget. L'inoculation d'une seule génisse permettant de
vacciner aisément 1500 personnes, on conçoit que, si Ton
vaccinait plusieurs de ces animaux à la fois, on pourrait
alimenter de vaccin une vaste région. Il existe déjà en
France un assez grand nombre d'instituts vaccinogènes
pour subvenir à tous les besoins. Les vaccinations dans
l'armée ne coiilanl pas plus de 5 centimes par hommf,
grâce à la vaccine animale, l'application de la loi n'entraî-
nerait plus les sacrifices énormes qu'aurait exigés l'emploi
du vaccin humain. Enfin l'abondante production du vaccin
animal permettrait d'enrayer les grandes épidémies.
L'objection de l'attentat à la liberté individuelle et à
l'autorité du père de famille tombe devant cette considéra-
tion que l'intérêt particulier doit toujours être sacrifié à
l'intérêt général, et que l'obligation existe déjà d'ailleurs
pour le service militaire, l'instruction laïque, la loi sur le^:
professions insalubres, l'expropriation pour cause d'utilité
publique, les impôts de toute nature. On a dit encore:
f Puisque la vaccine préserve de la variole, il suffira à ceux
oui redoutent celte maladie de se faire vacciner pour être à
1 abri de toute conlamination. » M. Hervieux répond : c Si,
en répudiant la vaccine, vous devenez le point de départ
d'une épidémie, vous pouvez contaminer les vaccinés, la
vaccine n'ayant pas la prétention d'être un préservatif plus
certain que la variole elle-même. » On a objecté le désacconi
des médecins sur toutes les questions relatives à la méde-
cine. Or, à part <)uelques hérétiques, le public médical tout
entier reconnaît la puissance préservatrice de la vaccine
et la nécessité d'une loi sur les vaccinations et revaccina-
tions obligatoires. Les slatistiçiues établies en France et à
l'étranger font ressortir la différence énorme qui existe
entre les bienfaits de la vaccine, suivant qu'elle est faculta-
tive ou obligatoire, et démontrent avec quelle efficacité le
principe de l'obligation lutte contre les épidémies les plus
véhémentes. Les rapports des médecins militaires nous
signalent presque tous les ans le fait de quelaue garnison
restée indemne au milieu d'une population plus ou moins
éprouvée par la variole. Or cette immunité n'est due qu'aux
vaccinations annuelles.
€ La loi est vexatoire, a-t-on dit; elle fera naître des
résistances. » Toutes les prescriptions hygiéniques iinp<K
sées au nom de la loi, sont-elles donc moins tyranniques?
On croit généralement en France au pouvoir prophylactique
de la vaccine, mais on attend tout, non pas de l'action, mais
de la contrainte gouvernementale, c Quelle sera la sanction
pénale ^ > disent les adversaires de la loi. Une propagande
active ne sufûsant pas à vaincre l'apathie, les préjugés,
l'ignorance des populations, il n'y a que l'intérêt qui puis>e
triompher de la force d'inertie opposée parfois au zèle ou
au dévouement des médecins. La loi une fois édictée, l'n!-
ministralion sera armée d'une grande force morale pour
faire prévaloir le principe de l'obligation.
Quant à la puissance des revaccinations, non seulement
pour atténuer, mais pour supprimer le fléau varioiique, ellt*
est aujourd'hui un fait démontré. Mais il ne faut pas se dissi-
muler que la pratique de l'obligation rencontrera des dillî-
V' Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— R* 44 — 713
cultes de plus d'un {çenre. Supposez que Ton vaccine tous
les sujets âgés de dix ans, le nombre des vaccinations que
Ton pratiqué chaque année sera plus (jue doublé, et Ton se
demande avec quelles ressources vaccmales on réalisera un
aussi grand nombre de vaccinations.
Les rapports de M. le professeur Layet (de Bordeaui) et
de M. le docteur Boyer (de Lyon) donnent un aperçu des
moyens à Taide desqueiscette réalisation peut avoir lieu. Les
chiffres sur lesquels ils s'appuient prouvent que le système
de Tobligation, qui eût été impraticable avec la vaccine
humaine, est d'une application facile et peu dispendieuse
avec le vaccin animal. Quant aux résistances qn on serait
exposé à rencontrer pour la pratique des revaccinations,
voici la réponse de M. Hervieux : < L'obligation étant déjà
introduite dans les habitudes du public à la période sco-
laire, comme à l'époque de l'adolescence, sera facilement
adoptée jusqu'à vingt ans pour la partie de la population qui
ne passe pas par les écoles ou qui ne s'est pas soumise au
service militaire. La revaccination ayant déjà été pratiquée
plusieurs fois pendant les premières étapes de l'existence,
tl y aurait peu de chances pour que les sujets ainsi prémunis
contre les atteintes de la variole fussent frappés ultérieure-
ment par elle. Aux périodes plus avancées de la vie, la
revaccination pourrait n'être exigible qu'en temps d'épi-
démie. >
Après avoir fait connaître quelles sont dans les différents
pays les principales [)rescriptions de la loi sur la vaccine
obligatoire, M. Hervieux termine par les conclusions sui-
vantes : 1*" il est d'un grand intérêt social qu'une loi rende
la vaccination et la revaccination obligatoires sur toute l'é-
tendue du territoire français ; 2* la vaccination devra être
pratiquée dans les six premiers mois qui suivent la nais-
sance; 3" la revaccination est le complément indispensable
de la vaccination. Elle devra être pratiquée à la période sco-
laire et au plus tard à Vk^e de dix ans. Elle sera une condi-
tion rigoureuse de l'admission dans les écoles, les lycées et
tous les établissements d'instruction publique et privée.
Elle sera exigée de nouveau dans la période de l'adolescence,
à Tage de vingt ans au plus tard, sans préjudice des revac-
cinations imposées pour le service militaire, et l'admission
dans les administrations, les ateliers, les chanliers de l'Etat
et tous les établissements publics et privés; A"" aux périodes
ultérieures de la vie, la revaccinalion pourra être exigée par
les conseils d'hygiène ou les pouvoirs municipaux, toutes
les fois qu'il existera soit une menace d'épidémie, soit une
épidémie confirmée.
Tuberculose. — M. Daremberg communique ses re-
cherches sur la résistance variable des animaux à la tuber-
culose. D'après lui, on peut rendre l'organisme plus apte à
contracter une tuberculose rapidement mortelle en donnant
aux animaux du glycogène par les voies alimentaires ou
sous-cutanées, ce qui prouve que l'hyperglycémie du foie
prédispose les diabétiques à la tuberculose grave. On rend
quelquefois l'organisme moins apte à contracter une tuber-
culose rapidement mortelle, en donnant aux animaux des
huiles ou des graisses par la voie alimentaire, lorsque l'ino-
culation est faite par la voie sous-cutanée. Quand on intro-
duit le virus directement dans le sang, l'organisme, envahi
d'emblée, ne peut plus profiter des éléments favorables que
lui apportent les huiles dans sa lutte contre le virus, et il
n'y a aucune survie. L'huile de foie de morue, la plus diges-
tible des huiles, doit donc être donnée seulement dans les
tuberculoses qui ne sont pas infectantes d'emblée; cette
huile n'agit pas contre le bacille, mais elle donne de la
résistance à l'organisme, comme la suralimentation, l'aé-
ration permanente et les autres agents de l'hygiène générale.
Elle est un agent de défense et non un agent d'attaque.
D'autre part, dans toutes les maladies consomptives, les
reconstituants généraux agissent en permettant à l'orga-
nisme de lutter contre les poisons formés dans l'estomac
et l'intestin par des fermentations anormales. Ces reconsti-
tuants permettent aussi aux émonctoires (reins, peau) d'éli-
miner les poisons produits dans les cellules des organes par
une nutrition défectueuse. Les tuberculeux qui ont des
appareils digestif et urinaire sains vivent longtemps avec
leur tuberculose, parce que souvent le tuberculeux meurt
empoisonné parles produits de la dénutrition avant de pou-
voir mourir de sa tuberculose.
D'ailleurs, on peut retarder l'évolution de la tuberculose
chez quelques animaux en les accoutumant à suppoiter le
virus tuberculeux. On peut leur inoculer sous la peau de
petites doses de cultures tuberculeuses ou de cultures sté-
rilisées, avant l'inoculation mortelle. On obtient le même
résultat incomplet en inoculant sous la peau l'émulsion de
la moelle épinière d'animaux mortf: de tuberculose. De ces
faits, M. Daremberg conclut que le virus tuberculeux est un
poison que l'on peut manier à la façon des poisons miné-
raux ou organiques. On peut accroître ou diminuer sa toxicité ;
d'un autre côté, on peut augmenter la résistance de l'orga-
nisme contre son action désorganisante. Il croit donc qu'à
travers cette gamme de virulences diverses, on trouvera la
note juste qui transformera le virus en vaccin, qui fixera
avec précision l'atténuation conférant infailliblement l'im-
munité.
Prophylaxie de la tuberculose. — Au nom de la
Commission nommée à cet effet, M. Ft</emm donne lecture
des propositions ci-après, modifiant celles qu'il avait dépo-
sées il y a trois mois de la part de la Commission du Congrès
de la tuberculose :
I. La tuberculose est de toutes les maladies celle qui
fait le plus de victimes. Dans les grandes villes elle compte
pour un quart à un septième dans la mortalité. Pour s'ex-
pliquer l'élévation de ce chiffre, il faut savoir que la
phthisic pulmonaire n'est pas la seule manifestation de la
tuberculose, comme on le croit à tort dans le public; en
effet nombre de bronchites, de pleurésies, de méningites,
de péritonites, d'entérites, de lésions osseuses et articu-
laires, d'abcès froids, etc., sont des maladies de même
nature.
II. La tuberculose est une maladie infectieuse, parasi-
taire, causée par un microbe; mais elle n'est transmissible
à un individu sain par un sujet malade que dans des condi-
tions spéciales que nous allons déterminer. En dehors de
sa transmission héréditaire directe, le microbe de la tuber-
culose pénètre dans l'organisme par les voies aériennes
avec l'air inspiré, par le canal digestif avec les aliments,
par la peau et les muqueuses à la suite d'écorchures, de
piqûres, de plaies et d'ulcérations diverses.
III. La source contagieuse la plus fréquente et la plus
redoutable réside dans les crachats des phthisiqiies. A peu
près inoffensifs tant qu'ils restent à I état liquide, cest
surtout lorsqu'ils sont réduits en poussière qu ils devien-
nent dangereux. Ils revêtent promptement cette forme
lorsqu'il sont projetés sur le sol, les planchers, les carreaux,
les murs; lorsqu'ils souillent les vêtements^ les couver-
tures, les objets de literie, les tapis, les rideaux, etc. ;
lorsqu'ils sont reçus dans des mouchoirs, des serviettes.
C'est alors que, desséchés et pulvérulents, ils sont mis en
mouvement par le balayage et l'époussetage, le battage et le
brossage des étoffes, des meubles, des couvertures, des
vêtements. Cette poussière, suspendue dans l'air, pénètre
dans les voies respiratoires, se dépose sur les surfaces
cutanées et muqueuses dépouillées de leur vernis épider-
mique, sur les objets usuels servant aux usages alimen-
taires et devient ainsi un danger permanent pour les per-
sonnes qui séjournent dans l'atmosphère ainsi souillée. Le
[irincipe contagieux de la tuberculose se trouve aussi dans
es déjections des phthisiques, soit qu'il provienne des lé-
714 — N- 44 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE !•' Novembre 1889
sions intestinales si communes dans cette affection, soit
qu'il vienne des crachats avalés par les malades. Très fré-
quemment ceux-ci sont atteints de diarrhée, souillent leur
drap de Ut et leur linge et créent ainsi une source d'in-
fection contre laquelle il importe de se mettre en garde.
En conséquence il faut :
l*" Etre bien convaincu de la nécessité de prendre les
plus grandes précautions au sujet des matières de Texpec-
toration des phthisiques. Elles doivent toujours et partout
être reçues dans des crachoirs contenant une certaine quan-
tité de liquide et non des matières pulvérulentes, telles que
du sable, du son et des cendres. Ceux-ci doivent ensuite
être vidés chaque jour dans le feu et nettoyés à Teau bouil-
lante. Jamais ils ne doivent être déversés sur les fumiers
ni dans les cours et les jardins où ils peuvent tuberculiser
les volailles qui les mangent. L'usage des crachoirs ne doit
pas se borner aux hôpitaux et aux habitations privées, mais
il est indispensable de l'adopter pour tous les établisse-
ments publics (casernes, ateliers, gares de chemins de fer
et autre lieux de réunion); 2" ne point laisser sécher le linge
maculé par les déjections des tuoerculeux, mais le tremper
et le faire séjourner quelque temps dans Peau bouillante
avant de le livrer au blanchissage ou bien le brûler;
3° éviter de coucher dans le lit d'un tuberculeux et habiter
sa chambre le moins possible, si de minutieuses précau-
tions n'ont pas été prises contre les crachats et contre les
souillures de son linge par ses déjections; 4"^ obtenir que
les chambres d'hôtel, les maisons garnies, les chalets, les
villas, etc., occupés par les phthisiques, dans les villes
d'eau et les stations hivernales, soient meublés et tapissés
de telle manière que la désinfection y soit facilement et
complètement réalisée après le départ de chaque malade.
Le public est le premier intéressé à préférer les habitations
dans lesquelles de pareilles précautions hygiéniques sont
observées; b"* ne se servir des objets contaminés par les
tuberculeux (linge, literie, vêtements, objets de toilette,
tentures, meubles) qu'après désinfection préalable (étuve
sous pression, ébullition, vapeurs soufrées, peinture à la
chaux).
IV. Si les crachats des phthisiques, ainsi que leurs
excrétions alvines, sont l'origine la plus commune des
tuberculoses acquises, ils n'en sont pas la seule. Le para-
site de la maladie peut se rencontrer dans le lait, la viande
et le sang des animaux malades qui servent à l'alimenta-
tion de l'homme (bœuf, vache surtout, lapins, volailles).
1^ Le lait, dont la provenance est le plus généralement
inconnue, doit attirer spécialement l'attention des mères et
des nourrices en raison de l'aptitude des enfants à con-
tracter la tuberculose (il meurt annuellement à Paris plus
de deux mille tuberculeux âgés de moins de deux ans). La mère
tuberculeuse ne doit pas nourrir son enfant; elle doit le
confier à une nourrice bien portante, vivant à la campagne
dans une maison non hantée par des phthisiques, où, avec
les meilleures conditions hygiéniques, les risques de con-
tagion tuberculeuse sont beaucoup moindres que dans les
villes. L'allaitement au sein étant impossible, si on le rem-
place par l'allaitement artificiel avec du lait de vache,
celui-ci doit être bouilli. Le lait d'ânesse et de chèvre non
bouilli offre infiniment moins de danger, 'i^ La viande des
animaux tuberculeux doit être prohibée. Le public a tout
intérêt à s'assurer si l'inspection des viandes, exigée par la
loi, est convenablement et rigourcusementexercée. 3** L'usage
d'aller boire du sang chaud dans les abattoirs est dange-
reux; il est du reste sans efficacité.
V. Tous les individus n'ont pas au même degré l'aptitude
à contracter la tuberculose. Il y a des sujets particulière-
ment disposés et qui doivent redoubler de précautions pour
éviter les circonstances favorables à des contaminations
signalées plus haut. Ce sont : 1*" les personnes nées de
parents tuberculeux ou appartenant à des familles qui
comptent plusieurs membres frappés par la tuberculosp:
â'' celles qui sont débilitées par les privations et les excès ;
l'abus des boissons alcooliques est particulièrement néfaste ;
3^ sont aussi prédisposés à la tuberculose les individus
atteints ou en convalescence de rougeole, de coqueluche, de
variole, et surtout les diabétiques.
La discussion de ces propositions est renvoyée à la pro-
chaine séance.
Cholécystentérostomib. -— M. le docteur Terrier, can-
didat dans la section de médecine opératoire, communique
une observation d'oblitération du canal cholédoque, ayant
nécessité la cholécystentérostomie, c'est-à-dire la création
d'une fistule permanente entre la vésicule biliaire et la pre-
mière portion du duodénum ; cette opération est la première
qui ait été faite en France et la six ou septième connue ;
elle a été suivie de succès.
L'opérée était une femme de cinquante-quatre ans, mul-
tipare, ayant toujours joui d'une parfaite santé ; la méno-
pause datait de deux années; 4 cette époque elle fut asseï
souffrante de douleurs rhumatoides et se plaignit aussi du
côté droit ; en janvier dernier apparurent des troubles dige^-
tifs avec de la gêne dans l'hypochondre droit; le 10 mai elle
eut une crise hépatique suivie d'un ictère généralisé. A
son entrée à l'hôpital le 26 juin, la teinte ictérique était
foncée, le prurigo incessant, l'amaigrissement considérable,
la faiblesse extrême, la salivation abondante; les selles sont
décolorées, les urines, teintes en vert foncé, renferment de
14 grammes à 8 grammes d'urée par vingt-quatre heures, ni
sucre, ni albumine. On constate une notable augmentation
du volume du foie, au-dessous duquel existe une tumeur
ovoïde lisse, rénitente, qui parait être la vésicule biliaire
distendue par la bile. Malgré un traitement médical, diète
lactée, eau de Vichy, paquets de naphtol p, des accidefll*
S raves, fièvre à 40*,1, frissons, apparaissent; le 13 juillet,
[. Terrier se résout à pratiquer une laparotomie explora-
trice, décidé à pousser plus loin l'intervention s'il y a lieu.
L'abdomen ouvert, il trouve la vésicule biliaire peu dis-
tendue; ponctionnée, il en retire 400 grammes de liquide
biliaire. L'ouverture delà ponction est momentanément ob-
struée par une pince à pression; avec le doigt, il explore
alors le trajet du canal cystique et celui du cholédoque dans
l'épaisseur du pancréas et perçoit ainsi l'existence d'une
tuméfaction ovoïde, ayant les dimensions d'un noyau de
datte et paraissant être un calcul oblitérant le conduit cho-
lédoque. C'est alors qu'il tente la cholécystentérostomie.
Après avoir placé comme un cordon de bourse un premier Ql
de catgut fin entre les parties correspondantes de la vési-
cule biliaire et du duodénum, à 3 centimètres environ du
pylore, il ilxe au-dessus huit points de suture successive-
ment placés sur deux lignes antéro-postérieures, puis dis-
pose en bourse un dernier point comme le premier. Il serrr
ensuite successivement ces points de suture et ouvre avec uu
bistouri étroit la vésicule biliaire d'abord, puis le duodé-
num dans une petite étendue correspondant à l'ouverture
de la vésicule; il fait pénétrer dans la vésicule et dans 1 tn>
testin un bout de drain en caoutchouc rouge, long de 4 à
5 centimètres et de 4 à 5 millimètres de diamètre ; il serre
enfin le point antérieur disposé en bourse et obstrue défini-
tivement à l'aide de deux fils de catgut, passés avec l'aiguille
de Reverdin, l'ouverture faite à la vésicule par le Irocart.
Pour plus de sécurité, te fond de la vésicule est fixé à
l'angle inférieur de la plaie abdominale. Celle-ci est re-
fermée; pansement avec le salol, poudre, gaze et ouate; le
tout est maintenu par une bande de flanelle.
Dès le lendemain la salivation et le prurit disparurent;
le deuxième jour, la teinte des téguments tendit àaiminuer:
les suites de l'opération furent simples, sauf pendant cinq
jours (vers le douzième jour) où quelques accidents appa-
rurent. Le 10 août, la malade sortit de l'hôpital ; actuelle-
i'*^ Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 44 — 715
ment ses forces reviennent; elle a engraissé sensible-
ment; les urines sont normales, les selles colorées, les
douleurs nulles; seuls, les sclérotiques et le voile du pa-
lais sont encore un peu teintés en jaune très clair; son état
s'améliore de jour en jour.
Commentant ensuite les observations jusqu'ici publiées,
M. Terrier fait observer que cette opération a été faite soit
pour parer aux accidents déterminés par une oblitération du
canal cholédoque, soit pour guérir une fistule biliaire. Dans
le premier cas, quelle que soit la cause de roblitératton,
Tindication de l'opération parait évidente et même indiscu-
table; rétablir le cours de la bile par une fistule cholécys-
to-ijitestinale, tel est le but qu'il faut se proposer d'atteindre
pour guérir le malade. Et cette guérison pourra être défmi-
tive s'il s'agit d'une oblitération par calcul ou par simple
sclérose du pancréas; au contraire, la guérison est tempo-
raire lors de cancer du pancréas, mais la survie de plus
d'une année dans un cas observé par Kâppler doit encoura-
ger le chirurgien. Dans le second cas, quand il s'agit de
fistule biliaire, l'opération est peut-être plus discutable;
toutefois, si cette fistule résulte d'obstruction du canal cho-
lédoque, l'opération est tout à fait indiquée. — (Le mémoire
de M. le docteur Terrier est renvoyé à l'examen de la sec-
tion de médecine opératoire.)
Société nédleale de» hôpitaux.
SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CADET DE GASSICOURT.
Hystérie tabaglque : M. GliU>ert. — Pneumo-thorax sorrena dans le
cours d'un accès d'asthme et guërl par la thoraoentèse : H. Trol-
Bler. — L'urticaire chez les enfants : M. O. Comby. — L'anémie des
nourrissons : M. Hayem. — Fondation du prix Vincent.
M. Gilbert présente un malade de soixante-deux ans
qui, depuis Tâge de seize ans, fait un abus immodéré de
tabac. L'an dernier cet homme fut atteint dans les membres
inférieurs de désordres paralytiques et sensitifs guéris au
bout de quelques semaines. Cette année, des troubles à peu
près analogues ont reparu et le malade est atteint actuelle-
ment d'hémiplégie gauche avec hémianesthésie cutanée et
sensorielle, améliorée sous l'influence des. agents eslbésio-
gènes et qui présente tous les caractères de l'hémiplégie
hystérique. Cet homme n'a aucun antécédent névropalhique
personnel ou familial; il est bien atteint d'une hystérie
acquise, mais sous quelle influence? On ne relève chez lui
ni traumatisme, ni perturbation morale, ni maladie infec-
tieuse, ni intoxication, si ce n'est pourtant une intoxication
tabagique des plus évidentes. A la fabrique de tabac ou il
travaille et où il trempe constamment les mains dans le
Jus de tabac, le malade est soumis depuis plus de quarante
ans à une intoxication tabagique par les voies respiratoires
et par la peau ; de plus, ayant le tabac à sa disposition, il
fume, il chique et il prise avec excès.
M. Gilbert croit que son sujet présente une nouvelle va-
riété d'hystérie toxique : Vhystérie tabagique.
M. Hayem s'élève contre l'abus du mot hystérie qui ne
caractérise plus une espèce nosologique, une névrose par-
ticulière, mais un élément morbide. Pour lui, les troubles
iiysiériformes produits par les intoxications devraient rece-
voir une dénomination particulière et le mot hystérie devrait
être ramené à son sens primitif.
M. Letulle avait observé ce même malade à l'hôpital
Tenon et, comme M. Gilbert, avait conclu à une hystérie
tabagique.
M. Gilbert-Ballet Téfond k M. Hayem qu'il ne voit pas
pourquoi on ne considérerait pas l'hémianesthésie sensitivo-
sensorielle des intoxiqués comme de nature hystérique. Les
troubles de la sensibilité sont les mêmes et ils sont combinés
aux mêmes manifestations (paralysies, contractures, atta-
ques, etc.). D'autre part, les hystériques par intoxication
sont, eux aussi, des prédispoi es par des tares physiques ou
psychiques ; chez eux aussi, les manifestations hystériques
proviennent souvent à la suite d'une cause déterminante,
telle qu'une émotion, une frayeur.
— M. Troisier lit une observation de pneumo-thorax
survenu dans le cours d'une hystérie et guéri par la tho-
raoentèse. (Sera publié.)
M. Rendu a observé également un cas de pneumo-thorax
guéri par une seule thoracentèse chez un enfant de deux
ans. L'épanchement d'air dans la plèvre reconnaissait pour
cause la rupture d'une vésicule pulmonaire survenue au
cours d'une quinte de toux.
H. Juhel'Renoy a, le matin même, pratiqué une thora-
centèse d'urgence chez un malade arrivé dans son service
avec une dyspnée intense causée par un pneumo-thorax
ouvert de cause indéterminée.
M. Desnos a pratiqué la thoracentèse chez un tuberculeux
en proie à une asphyxie imminente consécutive à la forma-
tion d'un pneumo-thorax. Il retira un litre d'air, mais j^as
une goutte de liquide. Au bout de trois jours le liquide
s'était formé ; mais des ponctions successives améliorèrent
le malade, qui put retourner dans son pays natal, ki encore,
une mort imminente avait été conjurée par la thoracentèse.
— H. Comby fait une communication sur Vurticaire
chez les enfants. (Sera publié.)
M. Rendu pense, contrairement à M. Comby, (jue la
dentition peut avoir une influence sur l'urticaire des jeunes
enfants.
M. Sevestre croit également au rôle joué par la dentition;
mais il croit que l'embarras gastrique qui accompagne
si souvent l'éclosion des premières dents, sert d'intermé-
diaire pour amener l'urticaire.
M. Merklen ajoute que Turticaire dépend d'une prédis-
position générale souvent héréditaire. Cette prédisposition
est mise en éveil par des causes diverses, parmi lesquelles
la dentition, sans qu'il soit besoin d'incriminer toujours le
mauvais état des voies digeslives.
M. Brocq n'admet pas avec M. Comby que l'urticaire des
enfants puisse se transformer en prurigo de Hebra. C'est
le strophulus pruriginosus de Hardy simulant l'urticaire,
qui probablement est très souvent la première phase du
prurigo de Hebra.
— M. Hayem lit une note sur ïanémie des nourrissons.
(Sera publié).
— Dans une séance précédente, la Société a reçu de
M""* veuve Adèle Vincent, un don de iOOO francs. Confor-
mément au vœu de la donatrice, la Société médicale des
hôpitaux de Paris institue un prix à décerner en juillet
1891, par une commission de la Société, à l'auteur du
meilleur travail paru depuis le moment où le concours sera
ouvert « sur l'angine de poitrine symplomatique d'une
affection du cœur et sur Tartério-sclérose. Le travail (ou-
vrage imprimé ou manuscrit) devra avoir spécialement pour
but de soulager ou de guérir les personnes atteintes de ces
maladies li
Le prix devra se nommer Prix Auguste Vincent. La somme
de 1000 francs, non divisible, sous forme d'encouragement,
sera attribuée à l'auteur du travail qui marquera un progrès
dans l'étude et la thérapeutique des affections sus-indi-
quées.
Dans le cas où la Commission jugerait qu'il n*y a pas lieu
de décerner le prix en 1891, elle remettrait de deux en
7lè — K* 44 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRORGIE 4*' Novembre 1889
deux années l'examen des travaux relatifs à la aueslion
Eosée et ce, jusqu'à ce qu'il y ait lieu de décerner le prix,
e résullal du concours devra être proclamé à une date la
plus voisine possible du 8 juillet.
Les travaux écrits en langue française devront être
adressés au secrétariat général de la Société médicale des
hôpitaux de Paris, au siège des séances de la Société,
3, rue de l'Abbaye, à Paris, le 30 avril 1891 au plus lard
Fernand Widal.
8o«lélé de blolOi^e.
SÉANCE DU 19 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Kaladie phosphorescente de oertalns crustacés : M. Qiard. — Prô-
seatation d'ouvrage : M. Laborde. — Sur la structure de l'os
normal : M. Zaohariadès.
M. Giard a observé sur la plage de Wimereux un talilre
phosphorescent d*un éclat très intense ; la lueur, verdâtre,
provenait de l'intérieur du corps du crustacé, complètement
illuminé. La cause de cette phosphorescence était due à des
bactéries très nombreuses, grouillant entre les muscles.
M. Giard pratiqua alors des inoculations avec ces bactéries
sur un grand nombre de talitres; toutes les Inoculations
furent positives, de telle sorte qu'il obtint une foule d'ani-
maux lumineux. La maladie suit une marche régulière :
les muscles s'altèrent rapidement, l'animal s'affaiblit et
meurt après quelques jours. D'autres amphipodes ont été
également inoculés avec succès, ainsi que des cloportes.
La bactérie se cultive bien dans du bouillon actde de
morue.
— M. Labords fait hommage à la Société du volume que
vient de publier la Société d'anthropologie à l'occasion de
l'exposition qu'elle a organisée de ses travaux au Champ
de Mars.
— M. Zachariadès décrit le réseau fin qu'il a découvert
dans des coupes d'os frais*d'adultes, comme formé par les
cellules osseuses et leurs prolongements; les prolonge-
ments protoplasmiques d'une cellule s'anastomosent entre
eux et avec ceux d autres cellules rapprochées ou plus ou
moins éloignées.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Sur le traitement du strabisme par les exercices stërèoscopiques :
M. Jaral. — Sur le ferment glycosique du foie : M. Kaufmann. —
De la diurèse produite par la lactose : M. O. S6e. — Tuberculose
zooglèique : M. Nooard. ~ Présentation d'ouvrage : M. Karey. —
Sur le mèoanJsoie du pouls veineux : M. François-Franck.
M. Javal, à propos d'une note présentée par M. Kalt dans
la séance du 12 octobre, fait remarquer qu'il n'est pas exact
de soutenir que le mécanisme des mouvements oculaires
est purement réflexe ; rien, au contraire, n'est plus facile
que d'influencer par la volonté les mouvements de conver-
gence et de divergence des yeux ; seulement il faut pour
cela que les exercices stéréoscopiques soient bien employés.
Il n'est pas plus exact de prétendre que la vision binocu-
laire peut fonctionner de nouveau d'une manière complète,
plusieurs années après avoir été perdue. Il y aurait là un
fait de la plus haute importance; par malheur, le diagnostic
de la perle de la vision binoculaire pour toutes les
directions n'est pas aussi aisé qu'on pourrait le penser ;
de telle sorte qu'il est probable que dans le cas de M. Kalt
il s'est glissé une erreur de diagnostic.
— M. Kaufmann a repris l'étude de l'importante ques-
tion de Texistence dans le foie d'un ferment glycosique. Il
a eu l'idée de rechercher la présence de ce ferment dans les
produits qui s'écoulent du foie; ces produits sont au
nombre de deux, le sang et la bile; c'est à la bile q^u'il s'est
adressé. Il a recueilli ce liquide dans des conditions de
stérilisation parfaite et l'a fait agir, ainsi stérilisé, sur
l'empois d'amidon. Avec la bile de chien il n'a pas obtenu
d'action saccharifianle ; mais il a toujours vu se produirf
cette action avec la bile du chat, du fjorc, «lu boeuf, du
mouton, bref, des herbivores et des omnivores. Il existerait
donc dans la bile un ferment diastasique; or ce ferment
ne peut, d'après M. Kaufmann, provenir que du foie ou des
premiers conduits biliaires.
M. Dastre croit que la seule conclusion qu'il soil légi-
time de tirer des expériences de M. Kaufmann, c[ est qu'on
trouve dans la bile uu ferment diastasique ; mais rien ne
prouve que ce ferment soit sécrété par le foie.
— M. Dastre présente une note de M. G. Sée relalire à
la communication qu'il a faite lui-même dans la séance du
5 octobre sur la diurèse produite par les sucres. Dans cette
note, M. G. Sée maintient que la lactose paraît être, parmi
tous les sucres, le meilleur diurétique, pour la raison
d'ailleurs qu'il est très bien supporté par les malades, à
I inverse de la glucose. Quant à 1 hypothèse de l'action du
sucre de lait sur les éléments propres du rein, M. Sée ne Fa
émise que parce que les autres explications de son action
diurétique semblent inexactes.
— M. Nocard, à l'autopsie d'une vache dont le jelage.
alors qu'elle était malade, inoculé à d'autres animaux,
avait déterminé de la tuberculose zooglèique, n'a trouvé
qu'une bronchite chronique avec quelques cavernes puru-
lentes, mais pas trace de tubercules ; de plus, les inocula-
tions faites avec ces produits purulents n'ont pas donné de
tuberculose. Il faut aonc admettre qu'il s'était glissé des
impuretés dans le j étage avec lequel on avait procédé aux
premières inoculations. Quant à l'organisme même qui
donne lieu à la tuberculose zooglèique, M. Nocard a reconnu
![u'il est toujours le même, et dans les cultures qu'il a
àites il a obtenu des éléments identiques à ceux qu'ont
décrits, dans ces derniers temps, MM. Charrin et nogcr.
MM. Grancher et Ledoulx-Lebard, H. Dora Lyon, etc.
— M. François-Franck présente, au nom de M. Marey,
l'important ouvrage que celui-ci vient de publier sur le roi
des oiseaux.
— M. François-Franck a eu l'occasion d'observer ré-
cemment un cas remarquable de pouls veineux au pli de
l'aine et au creux poplité; les battements de la veine étaient
isochrones au pouls artériel, par exemple au pouls de la
carotide ; ils étaient donc de provenance cardiaque. Le ma-
lade était d'ailleurs atteint d'insuffisance tricuspidienne.
Les reflux tricuspidiens se faisaient sentir dans la caro-
tide comme dans la veine saphène. A ce propos, H. Fran-
çois-Franck discute le mécanisme du pouls veineux. La
cause de la production des battements veineux dans le cas
d'insuffisance tricuspidienne n'est pas douteuse : ils sont
dus aux reflux mêmes du sang. Mais comment explique-
t-on le pouls veineux récurrent dans les cas de ligature et
saignée, au pli du coude par exemple? M. François-Franck
rejette les interprétations admises et en propose une nou-
velle : lorsau'on a fait la ligature au pli du coude, on n'em-
pêche pas 1 arrivée du sang artériel dans le membre ; par
suite, comme il y a un obstacle à l'écoulement du sang
veineux, au bout d'un temps très court le sang artériel a
distendu les tissus ; chaque fois que ceux-ci se distendent,
une certaine quantité de sang veineux, en rapport avec la dis-
tension même, fait effort pour s'échapper et s échappe en eiïel
en un jet, si on a piqué une veine; les expansions brusques
1"^ Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 44 — 717
du tissu s'opèrent aux dépens du sang veineux. M. François-
Franck a vérifié du reste l'hypothèse par des expériences
directes pratiquées sur le sabot du cheval, très favorable
pour cette étude : le pouls veineux latéral d'une veine quel-
conque du sabot s'exagère considérablement^ si on com-
prime le sabot, la projection du sang artériel dans cet
organe déterminant une brusque sortie du sang veineux. Il
y a là un mécanisme analogue à ce qui se passe dans la
circulation veineuse de l'encéphale, en ce qui concerne les
rapports de cette circulation avec celle du sang artériel.
M. François-Franck croit que c'est par ce mécanisme que se
produit le pouls veineux récurrent, dans la plupart des cas
où on l'observe.
Boeïéié de thérApetiti^ae.
SÉANCE DU 33 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Rapport sur les travaux de la Sooièté pendant Tannée 1888-
1889 (M. Constantin Paul). — Emploi du sirop de groseiUe dans
les potions au ohlorate de potasse (M. Vigier). — I«e somnal
(M. Boismont).— Action diurétique du oiyoose (IC. Da]ardln-Beau-
mets). — Glycosurie aUmentalre (MM. C. Paul. Dujardin-Beau-
mets, Duhomme).
M. le Secrétaire général termine la lecture de son
rapport sur les travaux de la Société pendant l'année 1888-
1889 (matière médicale, pharmacie, appareils).
— M. Viaier recommande d'employer le sirop de gro-
seille dans les potions de chlorate de potasse pour en faci-
liter l'admistration aux enfants.
— M. Boismont fait une communication sur un nouvel
hypnotique, le somnal. Ce produit, qui est un éthyl-chloral-
uréthane, est représenté par la formule 7H"CP0^Az. On
remploie k la dose de 2 grammes en solution dans une po-
tion au sirop de framboise ou de réglisse, qu'on peut (or-
muler de la façon suivante :
Somnal 10 grammes.
Eau distillée 45 —
Sirop de framboise 20 —
(Une cuillerée à soupe le soir.)
Le somnal a une légère odeur de chloral et d'alcool.
D'après H. Radiauer, de Berlin, qui Ta découvert, il procu-
Ferait un sommeil calme d'une durée de sept à huit heures
environ et n'aurait d'action ni sur la circulation ni sur la
respiration.
— M. Oujardin-Beaumetz communique les recherches
qu'il a faites sur la glycose et d'après lesquelles cette
substance possède des propriétés diurétiques plus actives
que celles de la lactose. Dans ses expériences il n'a jamais
pu rendre glycosurique aucun des sujets auxquels il la fai-
sait absorber. Pour rendre un animal glycosurique, il fau-
drait lui administrer environ 30 ou 40 grammes de glycose
par kilogramme de son poids, et encore le résultat serait-il
incertain. Les malades en prennent facilement 200 grammes
par jour. Il se demande ce que devient dans l'économie la
glycose ainsi consommée puisqu'on n'en trouve pas de trace
dans les urines. Il propose que la Société engage une dis-
cussion sur la glycosurie alimentaire.
— M. C.Paul propose qu'on discute séparément la ques-
tion de la diurèse et celle de la glycosurie alimentaire.
L'action de la glycose sur le rein malade constitue un des
problèmes de physiologie pathologique des plus intéres-
sants.
M. Oujardin-Beanmetz. Comment expliquer le fait que
la glycose fait uriner le malade alors même qu'on ne trouve
pas de sucre dans ses urines après son absorption? Cela
donnerait à croire que cette substance n'irrite pas les çlo-
mérules et n'excite pas directement la sécrétion urinaire.
M. Duhomme rappelle avoir démontré depuis longtemps
que l'absorption de glycose par voie stomacale ne produit
pas de diabète et que même un diabétique auquel on faisait
prendre de la glycose ne rendait pas pour cela plus de
sucre dans ses urines.
La discussion est renvoyée à la prochaine séance.
Georges Baudouin.
REVUE DES JOURNAUX
Travaux A eoiumlter.
Du TRAITEMENT DES VARICES VISCÉRALES PAR LE CHARDON MARIE,
par M. Tripier. — S'il s'agit d'hémorrhoïdaires, chez les-
quels il y a lieu de soupçonner un état variqueux avec des
congestions viscérales, l'auteur prescrit la teinture de chardon
marie, à la dose bi-quotidienne de 20 à 25 gouttes, chaque dose
est ingérée dans une verrée d'eau, à jean ou après le repas.
Celte teinture est préparée avec les semences du chardon
marie. D'après Jolly, au témoignage du Bulletin de thérapeutique,
ces semences contiennent une huile grasse, et un extrait rési-
neux qui parait en être le principe actif. {Lyon méd.t 1889,
p. 204.)
De l'accumulation du bromure de potassium dans l'orga-
nisme, par M. DoYON. — t^n épileptiqne dont la mort brusque
avait été une surprise, détermina l'auteur à pratiquer l'autopsie,
et comme le malade ingérait le bromure de potassium à haute
dose, à rechercher les tissus dans lesquels ce médicament avait
pu s'accumuler.
Le foie et le cerveau furent incinérés et leurs cendres sou-
mises à l'action du nitrate d'argent. Le premier de ces viscères
contenait 73 centigrammes, et le second lo%934 de bromure
alcalin. Ce sont donc les centres nerveux et en particulier le
cerveau dans lesquels les bromures alcalins se localisent le
plus volontiers. {Lyon méd., 31 mars d889.)
Traitement de l'incontinence d'urine par l'antypirinë,
par MM. S. Perret et Devic. — Les auteurs ont admis en pres-
crivant cette médication que Panurèse a pour cause le spasme
et non la paralysie des fibres musculaires du sphincter vésical.
Deux enfants furent soumis à ce traitement; ils étaient atteints
d'incontinence urinaire nocturne et âgés Tun de onze ans et
l'autre de douze.
Pendant trois jours, on administra 2 grammes d'antipyrine, et
pendant six jours, 3 grammes de ce médicament. La guérison a
été obtenue. Chez l'un de ces enfants le traitement classique
par la belladone n'avait procuré que de médiocres résultats.
Ajoutons que la dose d'antipyrine était ingérée en trois fois
pendant la soirée et avant l'heure où les enfants se mettaient
au lit. {Province médicale, 8 juin 1889, p. 271.)
De l'administration du soufre a l'intérieur, par M, A.
Garrod. — C'est sous la forme de losanges que l'auteur le
prescrit. Il les formule de telle sorte que chacun d'eux contient
cinq grains de soufre et un grain de crème de tartre. Je goût
acide de cette dernière rendant la saveur du soufre moins
désagréable.
11 prescrit l'ingestion quotidienne d'un de ces losanges, contre
la constipation habituelle; au besoin il en administre deux, Tun
le soir et l'autre le malin. Le soufre, de l'avis de l'auteur, aug-
menterait la sécrétion biliaire et aurait l'avantage, dans les cas
où la constipation s'accompagne d'hémorrhagies, de diminuer
ces dernières et de calmer le prurit anal. Inutile de dire que
sous cette forme on peut l'administrer aussi dans tous les cas
où ce médicament est indiqué. {The Lancet, 6 avril 1889.)
Du traitement du tétanos par l'acétanilide, par M. Flam-
marion. — 11 s'agissait d'un cas de tétanos consécutif à une
718 — N« 44 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE !•' Notembre 1889
plaie de la main, chez un enfant de onze ans. Les phéno-
mènes tétaniques se déclarèrent vers le douzième jour et per-
sistaient depuis trois semaines, malgré l'administration du
chloral et de la morphine, quand on prescrivit Tacétanilide à la
dose de i5 à 20 centigrammes toutes les quatre heures.
On continua, il est vrai, les injections de morphine. Dans
Tespace de huit jours, l'amélioration était considérable, et on
put cesser Tusage de la morphine. {BulL gén. de thérap,,
23 février 1889.)
De l'emploi du menthol dans les maladies des voies
AÉRIENNES, par M. F. POTTER. — L'auteur a fait connaître les
résultats de sa pratique au dernier Congrès de l'Association
médicale américaine. Le menthol, dit-il, diminue les inflam-
mations superficielles et la douleur et détruit les foyers tuber-
culeux superficiels. C'est donc un antiseptique dans les maladies
du nez, du pharynx et du larynx.
M. Potter se sert d'une solution de 15 pour 100 de menthol
dans l'huile de pétrole. Le mode d'application de ce topique
varie. Il emploie des attouchements directs avec le pinceau^sur
le pharynx, et préfère l'inhalation du spray dans les cas de
maladies des fosses nasales ou du larynx.
M. F. Knight adopte un autre dissolvant, la cosmoline, et
préfère les injections directes, les inhalations du spray ou les
vaporisations du liquide médicamenteux. (The New-York med.
Record, 6 juillet 1889.)
De la valeur de la créosote dans la phthisie, par M. le
docteur J.-E. Newcomb. — C'est le résultat de ce traitement dans
seize cas de tuberculose pulmonaire que l'auteur a fait connaître.
11 prescrivait la créosote dans une potion mucilagineuse par
cuillerées après les repas.
L'influence sur la toux fut la suivante : huit fois elle dimi-
nua, deux fois elle guérit. Chez les autres malades elle ne fut
pas modifiée. La fièvre s'atténua quatre fois, disparut une fois
et ne fut pas modifiée dans les autres cas. Les sueurs devinrent
moins abondantes dans cinq cas, furent guéries dans un cas et
persistèrent chez les autres malades. Enfin, quatre malades
augmentèrent de poids et quatre ne s'amaigrirent plus. Au
demeurant, la créosote fut utile dans la moitié des ca?. Par
contre, elle ne modifia pas la vitalité des bacilles; ce médica-
ment est donc un antiseptique direct et un désinfectant, mais
non pas un spécifique contre les bacilles. {The med. Record,
10 août 1889.)
De la safranine comme réactif du sucre urinaire, par
M. Crismes. — On prépare une solution de 10 grammes de
safranine dans 100 grammes d'eau et une solution de soude
caustique au dixième. Pour rechercher le sucre dans un
liquide, on verse quelques gouttes du liquide à examiner dans
2 à 3 centimètres cubes de la solution sodique. Le mélange est
chaufl'é à 60 degrés centigrades; la safranine réduite colore le
liquide et par le refroidissement se précipite. Par l'exposition à
l'air la safranine reprend sa coloration.
Le réactif aurait l'avantage do ne pas être modifié par l'acide
urique et les diverses substances qui réduisent la liqueur de
Fehling. Par contre, l'albumine la réduit, mais plus faiblement
que le glycose. {Bull. gèn. de thér,, 18 juin 1889.)
Un cas d'empoisonnement par l'antifébrine, par M. Furth.
— Un jeune enfant ingère i grammes d'antifébrine, éprouve des
nausées et des vomissements et tombe dans le coma (refroidis-
sement de la peau, pouls faible et rapide, cyanose é^e la face
et des extrémités, dilatation pupillaire, convulsions, etc.). Cet
état dure pendant huit heures et après huit heures seulement
le malade reprend connaissance. Néanmoins, la cyanose des
téguments persista encore pendant vingt-quatre heures, et le
malade ne put se lever que deux jours après. {Wiener, med»
Press,, 1889, n° 16.)
Un cas d'empoisonnement par l'antipyrine, par M. le doc-
teur TuczEK. — Les accidents débutèrent après l'administration
quotidienne de 120 centigrammes du médicament pendant trois
semaines à un enfant de quatre ans. Ils se manifestèrent par dp>
vomissements et de la somnolence. Il survint ensuite de li
stupeur, des convulsions épileptiformes, des troubles resph*a-
toires, de l'arythmie cardiaque, de la dilatation pupillaire.
une éruption cutanée, de l'abaissement de la température ri
une tension exagérée du pouls. Trois jours après, les convul-
sions cessèrent et l'enfant guérit. Ce fait démontre le danger
de l'accumulation de l'antipyrine dans l'organisme. Les jour^
suivants, l'auteur ajoute, fait à noter, que l'enfant présenta de
l'acétonurie. {Berlin, klin, Woch, 1889, n« 17.)
Un cas d'empoisonnement par la cocaïne en applications
INTRANasales, par M. le docteur A. Rondall. — Les accid*.'nt'i
débutèrent chez un enfant de six ans, après un tamponnement
des fosses nasales avec du coton imbibé d'une solution de
cocaïne à 10 pour 100. L'enfant éprouva du délire, des halluci-
nations, des tremblements violents et de la dilatation pupillaire.
Ces phénomènes durèrent toute une nuit. Le lendemain, il:;
avaient disparu, mais le petit malade accusait de ia somno-
lence et de la faiblesse musculaire. {Philculelphia Univ. med.
Magaz.y avril 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
Encyclopédie d'hyi^i^B® «* d« médecine publique, publiée
sous ia direction de H. le docteur Jules Rochari». --
Tome !•% in-8» de 806 pages. Paris, 4889, Lecrosnierel
Babé. .
L'hvgiëne n'avait pas encore en France d'encyclopédie ;
M. Jules Rochard vient d'entreprendre cette tâche lourde* et
difficile et de publier le premier volume d'une vaste coi/ec-
tion qui ne comprendra pas moinsde dix volumes semblables,
si même, comme il arrive toujours en pareil cas, ce nombre
n'est pas sensiblement dépassé au cours de la publicalion.
Il n'est pas douteux que c'est là une œuvre qui fera époque
dans l'histoire scientifique et médicale et cela à deux points
de vue : d'abord, par la valeur de son plan, puis par le>
caractères qu'en présentera Texéculion. Le premier vo>
lume qui vient de paraître permet d'ailleurs de se faire dès
maintenant une opinion sur ces deux points.
Ce qu'il nous parait juste en effet de louer en premier lieu,
c'est la clarté, et, nous oserions dire, la sincérité, du pro-
gramme que s'est tracé M. Jules Rochard et qu'il a fait
accepter de ses nombreux collaborateurs. L'hygiène, si l'on
en croyait beaucoup de ses adeptes, aurait un domaine
exceptionnellement vaste et elle ne tendrait rien moins qu'à
embrasser toutes les sciences, médicales et autres; d'autres,
plus expérimentés, lui assignent un rôle limité et pensent
que, liée à un but bien déterminé, elle peut se borner à
emprunter à certaines sciences les données et les décou-
vertes qui sont applicables à l'entretien et à la préservation
de la vie humaine. Mais alors l'embarras n'est pas moin>
grand de savoir quelle part dominante il y a lieu de donner
aux conditions des milieux dans lesquelles l'homme évolue,
aux variations normales ou anormales des milieux ou aux
modifications de l'organisme en lui-même. De là certaines
classifications de l'hygiène, plus ou moins systématiques,
suivant le point de départ adopté par le commentateur de^
acquisitions scientifiques qui lui sont applicables.
Des ouvrages basés sur une telle conception ne penvenl
être l'œuvre que d'un auteur isolé ou d'une école nombreuse
et unie ; on en peut citer quelques-uns de ce genre qui ont
marqué dans la science et y tiennent encore une plact*
importante. Â l'étranger, une encyclopédie toute entière a
même pu présenter ce caractère. Mais en France il en serait
difficilement ainsi à l'heure actuelle. Il n'existe pas encore
V^ Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ N* 44 — 719
d'école sanitaire, à proprement parler, qui puisse fournir
un nombre suffisant et assez varié de collaborateurs pour
un tel travail ; renseignement de l'hygiène n*y est pas
encore assez développé et les doctrines y sont trop récentes
ou plutôt trop discutées. Force a donc été à M. Jules
Rochard d'être plus éclectique ; son œuvre y gagnera en
variété si elle y perd en unité.
Le programme tout au moins en est clair et complet. Il
comprend l'hygiène générale, l'hygiène alimentaire, puis la
salubrité des villes et des campagnes, l'hygiène hospitalière
et l'assistance publique, l'hygiène industrielle, militaire et
navale, l'hygiène infantile, et enfin l'hygiène internationale
et administrative. On pourrait, il est vrai, disposer dans un
autre ordre cette énumération qui ne tient peut-être pas
assez compte de Tordre naturel et scientifique des choses ;
mais les classifications importent peu en pareille matière,
pourvu que les volumes soient bien remplis et qu'ils
paraissent rapidement. Pour le moment l'hygiène générale
seule est publiée, si bien qu'elle nous donne une partie
de la synthèse de l'œuvre tout entière et qu'on y doit, comme
toujours, supposer acquises un grand nombre de notions
que nous devrons aux volumes suivants.
C'est par une longue introduction anthropologique que
débute cette encyclopédie d'hygiène et de médecine pu-
blique; ce remarquable chapitre d'histoire naturelle est
signé de la plume magistrale et autorisée de H. de Quatre-
fages ; c'est dire qu'il constitue un travail de l'intérêt le
plus élevé. On nous pardonnera de regretter qu'il appa-
raisse dans cette collection de monographie comme un hors-
d'œuvre et qu'il ne soit pas accompagné d*une esquisse de la
physiologie de l'organisme humain au point de vue de l'hy-
{;iène, esquisse qui formerait comme un pendant aux notions
de pathogénie très habilement et très savamment exposées
dans un autre chapitre du même volume par M. Jules
liochard. S'il est une science que les hygiénistes aient
besoin chaque jour de connaître et de se rappeler, n'est-ce
pas la physiologie? Il en est de même assurément de la dé-
mographie, dont les constatations et les procédés sont nette-
ment et judicieusement précisés par M. Bcrtillon, et de la
climatologie, exposée avec beaucoup de soin par MM. Le Roy
de Méricourt et Eugène Rochard. Le volume se termine par
une importante monographie de M. Léon Colin sur l'épidé-
miologie.
Tous ces chapitres sont traités de main de maître et
renferment les indications les plus complètes que l'hygiène
puisse utiliser dans l'état actuel de la science. Les lacunes
y sont rares, mais quelques-unes d'importance ; il sera
d'ailleurs facile de les combler au plus vite; mais nous ne
pouvons nous empêcher de signaler l'absence de données
sur la valeur du rôle joué par le pneumocoque dans la
pneumonie et sur les travaux de Netler, sur la curieuse
maladie pyocyanique de Charrin, sur la suelte d'après
les recherches de Brouardel et Thoinot au cours de la
dernière épidémie du Poitou, sur le rôle attribué à l'eau
potable contaminée par le bacille typhique, question si dis-
<;utée aujourd'hui, etc., etc. La science se modifie avec une
telle rapidité que ces légères incorrections pourront être
aisément effacées; elles ne servent qu'à faire désirer davan-
tage le prompt achèvement d'une œuvre aussi considérable
ei dont l'homogénéité risque de n'exister qu'à cette con-
dition.
Il serait impossible de signaler comme il convient toutes
les parties, même les plus importantes, des cinq chapitres
que comprend ce volume ; chacune d'elles forme à elle
.seule comme un traité qui a pour but de traduire fidèlement
Tétai de la science dont l'auteur s'occupe, d'après un plan
tracé à l'avance. De sorte qu'il reflète bien la variété des
doctrines entre lesquelles la science sanitaire pourrait hési-
ter si son but n'était pas bien tracé et si sa ligne de con-
duite ne pouvait, par suite, être très scrupuleusement pré-
cisée. C'est là ce oui constitue la prophylaxie à proprement
Krler, soit l'une aes branches pnncipales, si même elle ne
s embrasse pas toutes, de la médecine publique. Sans doute
le volume sur l'hygiène internationale et administrative, qui
doit porter le chiffre X de la collection, lui sera consacré ;
il devra alors ne pas trop tenir compte de la diversité des
doctrines énumérées dans les chapitres du volume sur
l'hygiène générale. D'ici là les indications pratiques for-
mulées dans les autres volumes auront montré combien les
principes de l'hygiène sont relativement simples lorsqu'il
s'agit d'en poursuivre l'application. C'est affaire d'éducation
générale et surtout d'éaucalion scientifique. Or, comment
mieux faire celle-ci qu'en présentant un tel tableau des con-
naissances d'après lesquelles elle doit se former ! L'œuvre
entreprise par M. Jules Rochard et les collaborateurs qu'il
a su grouper autour de lui est donc de celles qui sont appe-
lées à rendre les plus signalés services. Comme il le dit
justement lui-même, cette encyclopédie a pour but de
donner aux médecins les connaissances qui leur sont indis-
fiensables pour s'acquitter de leurs fonctions ; elle est éga-
ement destinée à servir de guide aux administrations, aux
conseils d'hygiène et de salubrité et à les éclairer sur toutes
les Questions qui sont de leur ressort. On pourrait ajouter
qu'elle intéresse tous ceux, et ils sont chaque jour plus
nombreux, qui pensent que les maladies évitables, c'est-
à-dire celles dont l'hygiène sait empêcher la propagation,
doivent disparaître parmi les peuples civilisés.
A.-J. M.
DlCTIONNAinE ABRÉGÉ DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES,
par MM. E. Thévenin et H. de Varigny. — Paris, F. Alcan,
Î889.
Dictionnaire abrégé des sciences médicales, par M. le docteur
L. Thomas. ~ Paris, Lecrosnier et Babé, 1889.
Un dictionnaire abrégé qui prétend contenir sous un petit
format el dans un nombre de pages relativement restreint tous
les mots de sciences aussi compréhensives que les sciences
ph^rsiques ou les sciences médicales, ne saurait être qu'un
lexique. L'utilité de ceux-ci peut être contestable si l'on songe,
d*une part, qu'il existe déjà un assez grand nombre de diction-
naires plus compacts, il est vrai, mais d'un maniement relative-
ment facile ; d'autre part, qu'une définition sans commentaires
est souvent difficile à bien comprendre. Toutefois, il faut recon-
naître que, pour les étrangers qui lisent un ouvrage français de
physique, d histoire naturelle ou de médecine, un lexique peut
présenter d'assez sérieux avantages. A ce point de vue, nous
comprenons l'intérêt du livre que MM. Thévenin et de Varigny
viennent de faire paraître. Le plus souvent leurs définitions sont
exactes et précises. Si quelques-unes d'entre elles prêtent à la
critique, ce qui est inévitable en pareille matière, il convient de
rendre justice au zèle et à l'intelligence des auteurs ainsi
qu'au soin avec lequel leur ouvrage a été édité.
— C'est avec reffret que nous ne pouvons approuver de
même l'œuvre de M. le docteur Thomas, dont les lecteurs
de laiGazette hebdomadaire connaissent l'érudition et le talent.
L'auteur du Dictionnaire abrégé des sciences médicales a voulu,
en effet, pour offrir au lecteur un c auxiliaire peu encombrant
auquel il n'hésite pas à recourir dos qu'une difficulté se pré-
sente », ajouter aux simples définitions un résumé des symptômes
et du traitement des différentes maladies dont il s'occupe. Son
livre, qui parait avoir été rédigé en suivant d'assez près d'autres
ouvrages, sans tenir compte de la date à la<|uelle ceux-ci ont été
écrits, et qui leur emprunte ainsi des définitions aujourd'hui
incomplètes (voy. Salpingite, Acide borique, etc.), renferme,
au point de vue médical, de trop nombreuses inexacti-
tudes. Il n'est pas sans danger, dans un livre de ce genre, de
dire que l'antipyrine n'est qu'un fébrifuge dont la dose journa-
lière doit être de 5 a 6 grammes (!); de résumer le traitement de
la (lèvre typhoïde en ajoutant : < Si la température monte et
arrive à 41 degrés, l'abaisser par des bains à 25 degrés. Dans le
120 — «• 44 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 1-^ Novembre 1889
cas contraire, Effusions froides (???), elc, etc. » N'insistons pas.
Un travail de ce genre est impossible à mener à bien. L'éru-
dition, le zèle et la bonne volonté ne peuvent tenir lieu de con-
naissances pratiques. Plus on veut être concis, plus il faut d'expé-
rience clinique. Alors seulement on peut discerner ce qui est
vraiment utile à retenir et à enseigner.
VABIÉTÉS
Faculté de médecine de Paris. — Les Commissions de prix
pour Tannée 1889 sont constituées comme il suit :
Prix Barbier, — MM. Le Fort, Gautier, Gariel, Ch. Richet et
Straus.
Prix i^ontyon, — MM. Brouardel, Cornil et Proust.
Prix Chateauvillard, — MM. Potain, Proust, Tarnier, Bail et
Dieulafoy.
Prix Corvisart. — MM. Germain Sée, Potain, Jaccoud, Peter
et Damascbino.
Prix Jeunesse. — MM. Brouardel, Cornil, Proust, M. Duval et
PSnard.
La Commission des thèses se compose de MM. Trélat, Le Fort,
Fournier, Laboulbène, Bouchard, Damascbino, Tarnier, Gautier
et Straus.
HdTEL-DlEU. — M. le docteur Tillaux, chirurgien de THôtel-
Dieu, commencera ses leçons de cliniaue chirurgicale le lundi
11 novembre, à dix heures du matin, et les continuera les mer-
credi, vendredi et lundi suivants à la même heure.
Hôpital Saint-Louis. — M. le docteur Le Dentu, chirurgien
de rhôpital Saint-Louis, commencera le vendredi 8 novembre, à
neuf heures et demie, des conférences de clinique chirurgicale,
qu'il continuera les vendredis suivants à la même heure.
Opérations les mercredis et vendredis.
Clinique des maladies des femmes. — Le docteur Chéron,
médecin de Saint-Lazare, reprendra ses leçons cliniques sur
les maladies des femmes, à sa clinique, 9, rue de Savoie, le
lundi 4 novembre, à une heure et demie, et les continuera les
lundis suivants à la même heure.
Légion d'honneur. — Sont nommés, à l'occasion de l'Expo-
sition, dans l'ordre national de la Légion d'honneur :
Commandeur : M. le professeur Yerneuil, président du jury
des récompenses de la classe H,
Officiers : MM. le professeur Gariel, membre du jury de la
classe 8, rapporteur des congrès et conférences; le docteur
Hamy, exposant, membre de la section [ de l'Histoire rétro-
spective du travail ; le docteur Topinard, secrétaire général de
la Société d'anthropologie.
Chevaliers : MM. le docteur Paul Berger, chirurgien des hôpi-
taux, rapporteur du comité et du jury des récompenses de la
classe 14 ; le docteur de Pezzer, secrétaire du comité de la
classe 14.
Hygiène publique. — Le Conseil d'hygiène publique et de
salubrité du département de la Seine vient de proposer les
mesures suivantes à prendre contre la propagation des affec-
tions conta^euses par les peignes, rasoirs et autres objets de
toilette. Voici les conclusions qui ont été adoptées :
l** Dans les écoles où il y a des internes, exiger que chaque
élève ait son peigne, sa brosse et que ces objets soient tenus
proprement. Interdire aux élèves de changer de coiffure entre
eux ;
2<* Instruire les barbiers et les coiffeurs des dangers de con-
tafiion inhérents à la pratique de leur profession et de la respon-
sanilité qui en résulte; leur demander d'engager chacun de
leurs clients à se pourvoir, autant que possible, des objets qui
doivent lui servir, et, d'autre part, inviter les coiffeurs a désin-
fecter, après chaque opération, les objets communs. Les peignes
et les brosses devraient être tous les jours lavés à l'eau de
savon et nettoyés à l'aide d'une poudre de son. Les ciseaux et
autres objets en acier seraient trempés dans l'eau bouillante ou
désinfectés dans une solution d'acide phcnique à 5 pour 100.
En outre, M. le docteur Lancereaux a été chargé de préparer
une instruction spéciale indiquant aux dentistes les mesures
de désinfection auxquelles doivent être soumis les instramrnu
dont ils se servent.
Corps de santé militaire. — Par décret, en date du 4i oc-
tobre 1889, ont été promus au grade de médecin aide-major
de première classe :
MM. Marcus, Simonin, Bérard, Renard, Buotte, Ecot, Lirht,
Renaud, Maison, Zipfel, Robelin, Jantet, Griffe, Jaubert, SpilU
mann, Keime, de Burine, Cahen, Castelli, Viéla, Vanner, Cardot,
Delporte, Bayle, Piquot, Rivière, Tersen, Méchin, Launuis,
Sudre, Foy, Frache, Papon, Poujol, Messerer, Ferrand, llalul,
Chevassu-Périgny, Leymarie, Campos-Hugueney, Leclerc, Baillé,
Laforgue, Arnaud, Fuzerot, Courtois, Galzin, Goulon, Benoit,
Collet, Bouchet, Augry, Wenzinger, de Montéty, Peyret, Pierron,
Manon, Riche, Martin, Cuvier, Apard, Jouet, Lévy, Barrière,
Vialetle, Marion, Beno, Barrière et Chabrol.
Obséqoes de p. Uicord. — Samedi dernier, 26 octobre, un
grand concours de médecins, d'anciens élèves et d anciens amis
du docteur Ricord lui faisaient de solennelles obsèques. LWca-
demie de médecine était représentée par son bureau, en costume
officiel, et par un grand nombre de ses membres; l'Association
générale des médecins de France, par son président, .M. H.
Roger, et son secrétaire général, M. Aiant, accompagnés dey
membres du Conseil; la Société de chirurgie, par la plupart de
ses membres ; la Société de secours aux blessés, l'Association
des étudiants, etc., par des délégations. Nous, regrettons qu<' le
défaut d'espace nous empêche de reproduire les discours qui ont
été prononcés par M. Péan au nom de l'Académie ; M. Riant, .au
nom de l'Association générale; M. le professeur Fournier et
M. Diday (de Lyon), au nom des anciens élèves de Ricord ;
M. Peyron. au nom de l'Assistance publique; M. Horteloup, an
nom des chirurgiens des hôpitaux ; M. Le Dentu, au nom de la
Société de chirurgie; M. Mauriac, au nom des médecins de l'hô-
pital du Midi, et M. de Beaufort, au nom de la Société de secours
aux blessés. Mais nous espérons que ces allocutions, et en
Earticulier celles qui caractérisaient en termes si éloquents la
onté. la générosité, la bienfaisance du maître et du vice-
président de l'Association générale des médecins de Fra/in»,
seront réunies et imprimées à la suite de la notice qui va être
écrite pour rappeler la vie et les œuvres de Ricord.
Nécrologie. — Nous avons le vif regret d'annoncer la mort
subite et prématurée de M. le docteur Danioy, ancien interne des
hôpitaux, ancien inspecteur des eaux de La Bourboule, Tun dr^
plus instruits, des plus consciencieux et des plus expérimenté^
parmi les médecins de nos stations thermales.
Société uédicale des hôpitaux (séance du vendredi 8 novem-
bre). — Ordre du jour : M. Josias: Sur le bain froid systéma-
tique dans le traitement de la fièvre typhoïde. — M. (Ihanto-
messe ; La fièvre typhoïde à Paris. — M. Dreyfous : Do
Tantisepsie des oi^anes urinaires par la voie interne. -
M. Ballet: Du délire de persécution dans le goitre exophthal-
mique.
Mortalité a Paris (4!2* semaine, du 13 au 19 octobrt
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, VA.
— Variole, 0. — Rougeole, 9. — Scarlatine, 2. — Coque-
luche, 8. — Diphthérie, croup, 25. — Choléra, 0. — Phtbisie
pulmonaire, 193. — Autres tuberculoses, 19. — Tumeurs:
cancéreuses, 49; autres, 6. — Méningite, 32. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 33. — Paralysie, 3. —
Ramollissement cérébral, 8. — Maladies orjganiques du cœur, r»i.
— Bronchite aiguë, 21. — Bronchite chronique, 36. — Broncho-
pneumonie, 15. — Pneumonie, 37. — Gastro-entérite: sein, 7;
Diberon, 48. — Autres diarrhées, 2. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 26. — Sénilité, 35. — Suicides, 13. — Autres morts
violentes, 4. — Autres causes de mort, 162. — Causes
inconnues, 6. — Total : 867.
G. Masson, Propriétaire-Gérant,
S0830.~ MOTTIROS. — - Imprimeriei réunies, A. rue Mignoo, 3, Paris.
Trente-sixième année
NM5
8 Novembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACHEZ, E. BRISSAUD, G. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANÇOIS-FRANCK. A. HENÛCQUE, A..J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, U, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. — THiRAPEuriQUK. Indications de la réTulsion para~
hépatique dans le traitement de certaines héniorrhagies.— Travaux originaux.
Clinique médicale : Note sur rancmie des nourrissons. — Sypliiliopraphie : De
la dilatation de l'estomac dans ses rapports avec la syphilis et son traitement. —
Ubvue des Concrks. Quatrième Congrès fmaçais de chirurgie, tenu à Paris du
7 au 12 octobre I8S9. Résultats immédiats cl éloignés des opérations dirigées
contre les tuberculoses locales. .^ Communications diverses. — SociiTis
SAVANTES. Académie de médecine. — Société de chirurgie. — BlBLiOfiRAPHiB.
Manuel pratique des maladies de l'enfance. — Variétés. Faculté do médecine
do Paris. Feuilleton. U médecine à l'Exposition unÏTorselIe de 1889.
BULLETIN
Paris, 6 novembre 1889.
Académie de médecine : TranamiMioB de la ■yphiiia
par les iastmineiito malpropres.
Malgré les violentes coniroverses qu'elle a,suscilées dans
la presse extra-médicale, M. Lancereaux continue la cam-
pagne qu'il a entreprise en vue d'obliger tous ceux qui se
servent d'instruments et peuvent ainsi transmettre les ma-
ladies contagieuses à prendre les précautions antiseptiques
nécessaires. Les nouveaux faits apportés par M. Lancereaux
à l'appui de sa doctrine confirment ce que l'on savait déjà
de la facilité avec laquelle les accidents syphilitiques se
transmettent par le cathétérisme de la trompe d'Eustache ou
par l'application d'appareils dentaires. Ceux-ci peuvent éga-
lement être le résultat d'une inoculation faite par un rasoir
mai essuyé ou un peigne mal nettoyé. On sait aussi combien
est fréquente, par l'intermédiaire de ces objets, la trans-
mission des maladies parasitaires du cuir chevelu. Il n'est
donc pas sans intérêt d'appeler de nouveau l'attention des inté-
ressés sur les dangers que fait courir l'usage d'instruments
contaminés. Mais quel doit être le procédé de désinfecliou
conseillé ou même imposé en vue de prévenir ces dangers?
Comme l'a fait remarquer M. Magilol, il serait très danjîe-
reux de mettre entre les mains de tous les dentistes et
surtout de tous les coiffeurs des quantités relativement
considérables de sublimé. D'autre part ce n'est point un
simple lavage à l'eau de son ou à Teau boriquée qui suf-
fira à neutraliser les germes infectieux. Le remède à un
état de choses, depuis longtemps reconnu dangereux, reste
donc assez difficile à trouver. On peut espérer que, prévenus
des accidents qu'ils peuvent transmettre, les spécialistes
pour les maladies des oreilles ou les maladies de la bouche,
s'appliqueront tous à imiter les chirurgiens et à prendre
les minutieuses précautions qu'exige Taiitisepsie et que leur
conseille si justement M. Lancereaux. Mais que faudra- t-il
demander aux coiffeurs? La propreté apparente leur sem-
blera toujours ridéal de la purification de leurs brosses et
de leurs peignes. Et l'antisepsie de ces instruments ne nous
paraît pas encore facile à réaliser. C'est sur ce dernier point
que l'instruction rédigée par le Conseil d'hygiène devrait
porter la lumière. Les observations de M. Lancereaux con-
tribueront à hâter cette solution.
Nous publierons prochainement l'intéressant travail lu
par M. Chauvel sur les accidents que peuvent causer dans
les tissus où ils séjournent, les projectiles de guerre. La
Gazette a maintes fois déjà étudié sous ses divers aspects cette
question de l'intervention chirurgicale dans les plaies d'armes
FEUILLETON
I«a médeeliie à l'ExposHIon onlveraelle de 1880.
(Septième article.)
Les indications générales et critiques que nous avons
Erésentées dans les lignes précédentes permettent d'être
ref dans l'énumération des principaux instruments qui
garnissent les vitrines des exposants de la classe 14; aussi
bien, comme nous l'avons déjà fait observer plus haut, la
plupart de ces instruments et appareils ont été déjà pré-
sentés devant les Sociétés savantes.
Auprès la maison Collin,dont il a été question dans le der-
nier feuilleton, se trouve son émule, la maison Mathieu. Celle-
ci expose en particulier une boite de laryngologiste, renfer-
mant un seul manche à levier que manœuvre le poui:e, la
main restant immobile; ce manche s'adapte à tous les in-
«• Sérik, T. XXVI.
struments contenus dans la boîte, soit une pince à polypes, à
mors verticaux ou à mors horizontaux, une pince-curetle per-
forée, unepairede petits ciseaux, des polypolomes de divers
modèles, un bistouri mousse ordinaire, etc. Signalons aussi :
une scie à amputations et à résections, don lie manche à jour,
à ressort, est pourvu d'une articulation mobile formée d'un
tenon entre deux joues et d'un cran d'arrêt; cet appareil est
ainsi facilement aseplisable ; le polytrilome de M. Péan ; la
fiincede M. Farabeufpour la luxation des doigts avec un pro-
ongement servant de point d'appui sur les métacarpiens ;
l'ostéoclasle de M. Robin; le spéculum de M. Saint-Germain
pour la bouche; l'ouvre-bouche ou bâillon de M. Mathieu avec
abaisse-langue mobile; l'amygdalotome de M. Mathieu père,
pourvu d'une pinceà grifle saisissant de haut en bas l'amyg-
dale au lieu d'une fourchette qui l'embroche ; et parmi l'ar-
senal pour le traitement des maladies des voies urinaii*es,
la canuleuréthraledeM. Lavaux; lapince en fer à cheval de
M. Horteloup pour la résection du sciolum; des lilhotriteurs
45
m — N» 45
GAZETtE HEBDOMADAIKE DE MÉDECINE Et DE CHIRURGIE 8 Novembre 1889
à feu. Les conclusions de M. Chauvel diffèrent sur plusieurs
points de celles qui ont été développées dans ces colonnes.
Ce nous est une raison de plus pour les faire connaître.
THÉRAPEUTIQUE
Indicatlolui de la réwlslon para* hépatique dans le
traitement de «ertalnea hémorrhaiclea.
Depuis plusieurs années M. Verneuil ne cesse d'appeler
notre attention sur la pathogénie des hémorrhagies et sur
les divers traitements qu^il convient de leur opposer. Il ne
s'agit pas, bien entendu, des héinorrhagies qui se font par
des vaisseaux de calibre. Je parle seulement des écoule-
ments sanguins qui peuvent se montrer, sans cause appa-
rente, sur des plaies bourgeonnantes, dans des trajets fis-
tuleux en voie de suppuration, ou encore à la surface de
muqueuses normales, comme celle des fosses nasales par
exemple. J'ai en vue, en un mot, toutes les hémorrhagies
dites en nappe, toutes les hémorrhagies, si l'on peut dire,
qui ne sont pas légitimes. Exemple : un sujet sain se fait
arracher une dent : il n'a pas le droit, pour employer une
expression familière, il n'a pas le droit d'avoir une hémor-
rhagie de quelque durée par son alvéole. De même on ne
conçoit pas qu'un sujet sain puisse être pris d'une épis-
taxis prolongée sans traumatisme. Je voudrais préciser dans
ce travail les lésions organiques ou autres qui peuvent
donner naissance à ces hémorrhagies, et montrer combien
ces lésions sont diverses. 11 en résultera évidemment que
le traitement devra varier avec la cause de l'hémorrhagie
et qu'il ne pourra être mis utilerment en œuvre que lorsque
cette cause aura été découverte.
I
Pour entrer en matière, je relaterai avec quelques détails
une observation qui montre bien comment l'étude des
causes permet d'obtenir des résultats inespérés dans le
traitement des hémorrhagies. Cette observation, comme on
va le voir, a toute la valeur d'une expérience où tout est
réglé par avance.
Léonie-Louise G..., couturière, âgée de quarante-quatre
ans, originaire d'Oran, entre le 24 janvier 1888 au n" 29 de
la salle Lisfranc dans le service de M. Verneuil à la Pitié.
Elle a eu quatre enfants de 1864 à 1870. Puis elle est
restée seize ans sans redevenir enceinte. Le 13 Juin 18H',
elle a mis au monde une petite fille à terme et elle \i
nourrit depuis cette époque. L'enfant est de superbe appa-
rence et cependant n'a pas encore de dents. Quant à I
mère, elle a toujours eu, dit-elle, une robuste conslilutioa.
n'a jamais été malade. Ce n'est que depuis qu'elle allai!»
son enfant qu'elle a commencé à c dépérir et à perdre sor
embonpoint ». Deux mois après l'accouchement qui n'avdr
d'ailleurs rien présenté d'anormal, elle remarque un écou-
lement vaginal peu abondant, mais continu. Cet écoulemrM
est devenu depuis six mois extrêmement considérable et
de plus, la malade, qui n'avait jamais souffert, est tour-
mentée par des douleurs violentes dans la région lombairr
et dans le bas-ventre. Ces phénomènes s'accenluant dr
jour en jour, elle vient consulter le chirurgien le 24 janvier
1888. Elle est pâle, considérablement amaigrie et présente
un aspect cachectique marqué. Malgré cela la sécréli-i.
lactée est encore très abondante et l'enfant tette avidt-
ment. Le toucher vaginal permet de reconnaître imraédij-
tement l'existence d'un épithélioma qui a envahi l*uleTJ^
et le vagin. Le diagnostic ne saurait être douteux un seul
instant. L'ulcération arrive à 4 centimètres environ de la
vulve. Notre attention est attirée sur ce fait qu*à aucun
moment la malade n'a eu de perte sanguine. Depuis Siiu
accouchement elle n'a jamais eu que des écoulements leu-
corrhéiques. Et pourtant les lésions que nous constaton>
s'accompagnent, on peut dire toujours, d'hémorrhapo
plus ou moins répétées, plus ou moins abondantes. Comme
le mal a débuté et s'est développé pendant que la malade
était nourrice, nous devions nous demander s'il y avait une
corrélation entre l'état d'activité sécrétoire des gUndcv
mammaires et l'absence des hémorrhagies utéro-vagiualr>.
Ne sait-on pas que, sauf exceptions, les règles sont sup^^ri-
mées pendant la lactation? Ne pourrait-il pas en être de
même des hémorrhagies du cancer de l'utérus chez W<
nourrices? Nous avions en tous cas la facilité de nou> en
assurer, en sevrant l'enfant et en faisant tarir la sécrétio i
lactée chez la mère. Si notre hypothèse était exacte, le>
hémorrhagies ne devaient pas tarder à se manifester. La
suite de l'observation va montrer que tout devait se passer
comme nous l'avions prévu.
Le 25 janvier, la malade est séparée de son enfant. Limo-
nade Rogé. Tisane de canne et de pervenche.
Le 28, les seins ne sont plus durs et la sécrétion lactée se
tarit.
à levier; la sonde utérine à double courant de M. Budin; les
d iverses pinces pour le moî'cellement des tumeurs de M. Péan;
des pinces à érignes plates, à deux, quatre, six ou huit griffes,
et àpointescachées,avecnouvellearliculation; l'hystéro-cur-
viniètre de M. Terrillon. La maison Mathieu a aussi exécuté
nombre d'appareils orthopédiques, parmi lesquels elle mon-
tre une jamoe artificielle à verrou automoteur, dans laquelle
les mouvements du pied s'appuyant sur le sol commandent
ceux de l'articulation du geiiou,sansla moindre interposition
de liens de caoutchouc, une jambe artificielle à tige excen-
trique et un curieux redresseur des doigts, sans compter
dos cuirasses et corsets pouvant répondre aux diverses exi-
gences de l'orthopédie, telle qu'elle est aujourd'hui com-
prise.
D'ailleurs, quel que soit le modèle commandé aux divers
t'onstnicteurs de ces derniers appareils, les matières pre-
mières employées dilTèrenl moins encore que les modèles
oii\-mèmes, et il est bien rare qu'une cuirasse ou un corset
satisfasse les indications trop souvent contradictoires do<
maladies osseuses avec ou sans altérations musculain >
primitives ou consécutives.
Chez M. Aubry, ce qui parait le plus digne d'intérêt, cV>t
la collection, aujourd hui si complète et si variée, qui con-
stitue l'instrumentation de M. le professeur Guyon pour les
opérations sur les voies urinaires, ainsi que la plupart des
instruments dont se sert la chirurgie dans cette région :
pinces à phimosis, à dents de souris et à branches démon-
tables, droites ou courbes; sonde cannelée démontable
en trois portions pour l'uréthrotomie externe, se compo-
sant d'une partie moyenne cannelée, pourvue à une extré-
mité d'une partie mooile et à l'autre d'un stylet effilé pour
pénétrer dans les fistules périnéo-scrotales, la patte o>l
mobile pour permettre l'introduction, à l'aide de cettr
sonde comme conducteur, d'une bougie à bout coupé :
Einces urcthrales pour corps étrangers, à deux et à trois
ranches avec chemise pour permettre plus facilement la
8 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HuiDEGINE ET DE CHIRURGIE — N» 45 — 72â
Le 2 février, bien que la malade soit au repos complet
au lit, la sérosité vaginale devient sanguinolente.
Le 5 février, une abondante hémorrhagie a lieu le soir.
Le 6, le 7, le 8, le 9, Thémorrhagie est continue.
Le 18, elle se manifeste avec une grande intensité. Issue
de caillots volumineux. La malade s'alTaiblit et se cachec-
Lise de plus en plus. Il est tout à fait urgent de tarir cet
écoulement sanguin. Voulant alors faire pour ainsi dire
la contre-épreuve de l'expérience positive qui nous avait
<]émontré que la fonction mammaire s'opposait à Thénior-
xhagie vaginale, nous faisons appliquer sous le sein droit et
:sous le sein gauche deux larges vésicatoires en forme de
croissant embrassant la face inférieure des seins. Le i9 fé-
vrier, c'est-à-dire dès le lendemain, Thémorrhagie cesse.
Et cela sans qu'on ait fait localement aucun traitement.
Inutile d'ajouter que la malade continua à décliner de
jour en jour; elle est probablement morte chez elle peu de
temps après sa sortie de l'hôpital. En tout cas nous 1 avons
perdue de vue.
Il nous a semblé que ce fait avait toute la valeur d'une
expérimentation raisonnée à l'avance. Une lésion habi-
tueliement hémorrhagipare au premier chef, évoluant
pendant quinze mois environ sans provoquer le moindre
écoulement sanguin ; les hémorrhagies apparaissant dès
que la sécrétion lactée se tarit ; ces accidents graves
cessant brusquement après une révulsion énergique sur
la région mammaire ; faut-il ne voir dans tout cela
•qu'une série fortuite de coïncidences? Evidemment non.
Il nous semble que ce fait, pour être unique, n'en a pas
moins une valeur absolue démontrant qu'il existe une
corrélation manifeste entre la fonction mammaire et les
flux sanguins de l'appareil génital. On savait que le flux
ovarien mensuel normal est ordinairement supprimé par la
lactation : cette observation (on pourrait même dire cette
expérience) montre que l'activité fonctionnelle des glandes
mammaires arrête les hémorrhagies du cancer utéro-vagi-
nal des nourrices. Faut-il conclure de là que pour se rendra
maître des hémorrhagies génitales de la femme il faudra
appliquer des vésicatoires sous les seins? Il suffit d'énoncer
cette proposition pour montrer ce qu'elle a de ridicule.
Nous savons qu'il faut avant tout distinguer les faits et
leur pathogénie. Aussi nous semble-t-il utile de revenir
en quelques mots sur cette question des hémorrhagies et
d'insister sur les distinctions qu'il y a à faire suivant les
cas.
préhension, ou bien à deux mors dont l'un peut être rendu
fixe à volonté ; lithotome double sans levier, avec vis à cur-
seur pour faire écarter les lames; uréthroscope électrique
avec spéculum pour voir l'urèthre postérieur et l'urèlhre
antérieur, avec spéculum pour voir latéralement et une
lampe à incandescence ; exciseur des petites tumeurs de la
vessie par l'urèthre; emporte-pièce iutravésical; grattoir
intravésical à lajnes cachées, ne se développant que dans
la vessie après son introduction ; dilatateur rétrograde du
col de la vessie ; pinces-curettes droites et courbes pour
l'extraction des tumeurs vésicales; cathéter hydroaérique de
M. Duchastelet ; dépresseur vésical de M. Bazy; cathéter fenê-
tre pour la taille vaginale de M. Hartmann ; ajutage-fixateur
de la bougie armée à uréthrotomie interne de M. Baudouin ;
sonde exploratrice et évacuatrice de la vessie à fermeture
excentrique de M. Créquy; curettes vésicales de M. Guyon;
lampe électrique pour l'éclairage vésical ; pince dilatatrice
uténne à quatre branches à mouvement automatique; pince
II
On se rappelle que M. Verneuil fit, il y a quelques
années, une communication à l'Académie de médecine sur
le « Traitement de certaines épistaxis rebelles » par l'ap-
plication de vésicatoires sur la région hépatique (séance
du 26 avril d887). Ce fut un cri d'étonnement général, bien
que la pratique ne fût pas nouvelle, puisqu'elle remonte à
Galien (voy. la citation de M. Verneuil, même séance). Ce-
pendant M. Verneuil citait des faits précis. Dans un cas il
s'agissait d'épistaxis répétées chez un malade atteint de
cirrhose du foie. Dans un autre c'était une congestion
chronique du foie. Une malade, qui avait subi l'amputation
d'un sein, mourut d'hémorrhagies onze jours après l'opé-
ration et l'autopsie montra que la vésicule biliaire était
remplie de calculs et que le foie était énorme, etc., etc.
Personne ne pouvait nier des faits positifs, mais plu-
sieurs membres (M. Colin (d'Alfort), M. Dujardin-Beaumetz)
prirent la parole pour discuter les effets de la révulsion
superficielle sur des organes sous-jacents qui ne sont
même pas en connexion circulatoire avec la peau. Chacun
donna son opinion sur la question de savoir comment on
peut expliquer l'action thérapeutique du vésicatoire en
pareil cas. Le lendemain les journaux de médecine, et les
journaux politiques qui ont maintenant la fâcheuse habi*
tude de rendre compte des séances académiques, propa-
geaient partout cette notion. Aussi peut-on dire que pen-
dant quelque temps il n'est guère d'épistaxis rebelle qui
n'ait été soumise à ce mode de traitement, parfois même
avant que le médecin soit mandé près du malade. Qu'est-
il arrivé? Cela est facile à deviner. Dans bon nombre de
cas le résultat a été nui. Et alors les sceptiques, les
incrédules, de vous dire complaisamment : « Vous voyez :
voilà un large vésicatoire sur la région du foie, et l'hémor-
rhagie continue de plus belle. »
Cela prouve tout simplement que toutes les épistaxis ne
sont pas sous la dépendance d'une lésion du foie ; mais
cela ne saurait en rien infirmer les faits positifs nombreux
dans lesquels le traitement a été héroïque sans qu'on
puisse d'ailleurs interpréter son mode d'action. Conclusion:
dans quels cas faut-il mettre un vésicatoire sur la région
du foie? Les règles me paraissent aisées à formuler et c'est
là le but de cet article.
On se trouve en présence d'une hémorrhagie quelconque
(il n'est pas question, je le répète, des hémorrhagies par
des vaisseaux de calibre) :
■ j=sggg ■
à polypes à clous d'ivoire mobiles; ligateur à fil élastique ;
dilatateur vaginal à six branches; pince fixatrice du col
utérin ; pince coudée de M. Périer; valve en étain à manche
de M. llichelot; axipelvimètre de M. Rey. Puis les gout-
tières à valves mobiles de M, Nicaise ; le compresseur des
ovaires de M. Féré; l'appareil-bandage pour anus contre
nature de Kirmisson, avec godet mécanique et sous-cuisse;
la pince à serrer les tubes de Galli de M. Duplay j un dila-
tateur œsophagien, muni d'olives à extrémité supérieure très
allongée, en cône renversé, pour permettre à l'instrument de
ressortir sans soubresaut et sans altérer la muqueuse ; un
amygdalotome à guillotine et à trois anneaux; le clan à
pressions parallèles des parois de l'eslomac de M. Blum ; le
trocart-injecleur pour les kystes hydaliques du foie de
M. Monod; l'aiguille de ce dernier, constituée par un chas
allongé dont un des bords latéraux, très flexible et très
mince, est sectionné à une de ses extrémités pour permet-
tre l'introduction du fil de catgut ou du crin de Horence
lu — N» 45 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Novembre 1889
l*" Si le malade a une aiïeclion quelconque du foie,
ancienne ou récente, on fera la révulsion au niveau de cet
organe.
â° Si on ne trouve rien dans son histoire qui puisse faire
penser à une lésion hépatique, on devra passer en revue
toutes les causes possibles d'hémorrhagie, telles que Tim-
paludisme, les affections rénales, les affections car-
diaques, etc.
3^ Si l'examen constitutionnel et viscéral est complète-
ment négatif, on peut encore mettre un vésicatoire empiri-
quement au niveau du foie. Et on sera surpris souvent de
voir rhémorrhagie s'arrêter, ce qui révélera chez le malade
une affection latente, ignorée, de la glande hépatique. Il
me sera facile de citer des exemples se rapportant à ces
trois catégories de faits. Je les prendrai avec intention en
dehors des observations publiées antérieurement par
M. L.-H. Petit dans le Bulletin de thérapeutique (Traite-
ment des hémorrhagies par la révulsion sur la région
hépatique, 30 juillet 1888); par M. Alexander Harkin (six
observations dont trois ont trait à des hémorrhagies hémor-
rhoïdaires et trois à des épistaxis, in The Lancet^ 30 oc-
tobre 1886); par H. Verneuil dans sa communication à
TAcadémie de médecine, etc., etc.
III
Premier ordre de faits : Ily a une affection hépatique
reconnue et manifeste. — On pourrait ici multiplier les
exemples : je n'en citerai qu'un qui me parait topique.
Dans le courant de Tannée 1887, le nommé H..., employé
à la cuisine de l'hôpital de la Pitié, se fait au bras droit et
surtout à la jambe droite une brûlure profonde au second
degré. En quelques jours les parties atteintes sont recou-
vertes de phlyctcnes qui occupent toutes la face antéro-
externe de la jambe et du bras droit.
Cet homme, qui remplit les fonctions de sommelier, est
un alcoolique atteint depuis plusieurs mois d'une cirrhose
hypertrophique du foie avec ictère considérable. Il a reçu
des soins de M. Lancereaux pour celte affection. Les jours
qui suivent son accident, l'ictère s'accentue d'une façon des
plus marquées. Je n'insiste pas sur les détails de l'obser-
vation qui sont pourtant intéressants à d'autres points de
vue. Un érysipèle des plus graves part des brûlures du
membre inférieur, gagne le tronc et s'accompagne de phé-
nomènes généraux menaçants, délire violent, hyper-
thermie, etc., qui mettent la vie du malade en péril. Ces
symptômes s'atténuent peu à peu et au bout d'un mois, !«-
malade entre en convalescence. L'ictère n'est plus au>>.
intense et les plaies résultant des brûlures commencent à
se cicatrise!^. Celles du membre supérieur sont tout à fait
guéries; il reste sur la jambe droite une ulcération en ^oit
de cicatrisation. Le malade garde encore le lit avec un
léger pansement ouaté. A cinq heures du soir, on s*apercoii
que le pansement est complètement traversé par un-
hémorrhagi(f en nappe. On enlève le pansement et on trou«r
une grande quantité de caillots. L'hémorrhagie contîiiuaiil
avec une grande intensité, on va chercher l'interne iU
garde en toute hâte.
Ici l'ictère devait immédiatement attirer l'attention sur
le foie et le traitement de l'hémorrhagie par la révulsion
sur la région hépatique s'imposait. Quand je vis le maiado
le lendemain, le vésicatoire placé la veille avait produit
l'effet prévu.
Les faits de ce genre ne sont pas rares. On en cite surtout
chez les hémorrholdaires qui ont notoirement une affectitm
du foie (obs. d'Âlexander Harkin, in The Lancetj ocu»
bre 1886). La révulsion au niveau du viscère malade e^i
pour ainsi dire héroïque pour arrêter les hémorrhagirs
hémorrholdaires des hépatiques.
IV
Deuxième ordre de faits. — Rien dans V histoire et dans
Vexamen du malade n'attire Inattention sur le foie.
C'est là le triomphe des sceptiques qui se refusent à
admettre une action thérapeutique que la physiologie
pathologique n'explique pas suffisamment. Car c'est ià
qu'on voit échouer le traitement en question. Mais encore
une fois, personne n'a jamais dit, et H. Verneuil moins que
tout autre, que la révulsion para-hépatique répondait à
toutes les indications. Citons quelques exemples résumés.
Le 20 février 1888, deux médecins grecs qui suivent
assidûment la clinique de H. Verneuil viennent me chercher
en hâte pour donner des soins à un de leurs compatriotes
de passage à Paris. Je me rends avec eux auprès du ma-
lade et je trouve un jeune homme de vingt et un ans la
tête inclinée sur une cuvette, perdant du sang par la narine
droite. L'épistaxis dure depuis la veille à huit heures du
soir et il est onze heures du matin. On a commencé par
mettre un large vésicatoire sur la région du foie, et, au
moment où je vois le malade, la révulsion est intense.
Puis on a touché la muqueuse des fosses nasales avec un
dans le chas ; la griffe de M. Duplay pour les fractures de la
rotule et son écraseur à vis et à volant brisé, dont la
chaîne est pourvue d'un câble passant dans un anneau des
chaînons; enfin des pinces à mors pointus à dérignement
automatiq^ue et à crémaillère facultative à l'aide d'une vis
mobile, ainsi que des pinces à mors pointus à dérignement
à volonté et à crémaillère facultative par mouvement de
glissière.
La préoccupation qui inspire les fabricants d'appareils et
d'instruments de chirurgie de répondre aux nécessités de l'a-
sepsie et de l'antisepsie, aélé partagée dès le premier jour
par M. Mariaud. Dans cet ordre d'idées il a construit une
étuve à air chaud, portative, pour la stérilisation des man-
ches métalliques, qui ne nous paraît ni plus ni moins pra-
tique que celles qui sont actuellement si peu encore en
usage, une trousse de poche en acier à bistouris tout en
métal, dont les manches se composent de deux châssis mé-
talliques, pouvant se démonter comme la lame, des pulvé-
risateurs à pieds et à roulettes, marchant vingt-quatre
heures, sans compter la table pour opérations et les divers
instruments dont nous avons précédemment parlé. Comme
appareils spéciaux il y a lieu de signaler un spéculum de
M.Cusco à valves en cristal dans le but de voir par transpa-
rence la surface de la muqueuse vaginale et de faciliter la
cautérisation du col, un spéculum à manche pourvu d'une
gâchette et un rpéculum cylindrique, l'appareil à douches
thermo-électriques utéro-vaginales de M. Nicolelis, le
serre-nœud de M. Pozzi, à manche démontable et à tète
mobile, un clan pour hystérectomie abdominale, l'appareil
de M. Péraire pour le curage de l'utérus, l'écouvilion de
M. Celle pour nettoyer, racler et gratter légèrement les
arrière-cavités des fosses nasales et un casse-pierre avec
perforateur actionné soit par une vis de pression, soit par
un marteau, se détachant à volonté et instantanément à
l'aide d'un cliquet, etc.
Comme la plupart de ses confrères, la maison Luer a
8 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— NM5 — 725
tampon imbibé de perchlorare de fer et enfin, Thémorrha-
gie continuant de plus belle, on a pratiqué le tamponne-
ment complet des fosses nasales. Malgré cela, le sang s'é-
coule goutte à goutte par l'orifice antérieur à travers le
tampon d'ouate.
En raison de la nationalité du sujet, mon attention se
porte aussitôt sur l'impaludisme et j'apprends qu'à plu-
sieurs reprises ce jeune Grec a eu à Athènes des accès de
fièvre intermittente tierce bien caractérisés. J'envoie alors
chercher des cachets de 50 centigrammes de sulfate de
quinine. Le malade en absorbe un sur-le-champ, et, avant
de m'en aller, j'enlève les tampons qui obstruent les fosses
nasales, puis je fais un lavage antiseptique. En quelques
heures tout était terminé.
Autre exemple du même genre :
En janvier 1887, je suis appelé auprès d'une femme de
soixante ans qui s'était fait arracher une molaire à dix
heures du matin. Le dentiste l'avait renvoyée chez elle, et,
quand je la vois à cinq heures du soir, elle était fort
effrayée par une hémorrhagie de l'alvéole qui durait depuis
sept heures et qui avait résisté à tous les traitements
usités en pareil cas : cautérisation au nitrate d'argent, au
perchlorure de fer, etc. Là, mon hésitation ne fut pas de
longue durée, car j'avais soigné déjà celte femme pour des
accès de fièvre intermittente qu'elle avait eus au bord des
étangs de la plaine du Forez. Quelques doses de sulfate de
quinine eurent raison de cette hémorrhagie, qui était, je le
répète, fort abondante.
Je pourrais citer une seconde observation en tout
pareille à la précédente. Il s'agissait encore d'une hémor-
rhagie de l'alvéole survenue à la suite d'une extraction de
dent pratiquée à TEcole dentaire dès le matin. L'écoule-
ment sanguin n'était pas encore tari à sept heures du soir,
malgré tous les moyens employés, quand il eût suffi d'une
dose de sulfate de quinine administrée en temps voulu.
Dans ce cas-là encore les accès antérieurs de fièvre tierce
devaient attirer l'attention.
Je ne multiplie pas davantage ces exemples. Malgré ces
succès si remarquables dus dans bon nombre de cas à l'u-
sage du sulfate de quinine, je ne vais pas conclure que
ce médicament doit être héroïque dans toutes les épistaxis
ou autres hémorrhagies. Cela ne serait pas plus exact que
d'attribuer au vésicaloire sur la région hépatique une action
générale sur toutes les hémorrhagies. Nous dirons donc que
les hémorrhagies chez les hépatiques s'arrêtent sous l'in-
fluence de la révulsion sur la région du foie, et que chez
les paludiques c'est le sulfate de quinine qui est le médi-
cament de choix.
Arrivons maintenant aux hémorrhagies chez les sujets
atteints de lésion rénale. Je n'ai pas eu l'occasion d'observer
des faits de ce genre. Mais on trouve dans les Bulletins de
la Société médicale des hôpitaux {sésince du 22 juin 1888)
une communication de M. E. Gaucher sur ce sujet.
II s'agissait d'un malade que M. Gaucher a observé
à l'hôpital Cochin. Ce malade, âgé de. trente-huit ans,
était entré à l'hôpital pour des saignements de nez
incoercibles. Un médecin avait appliqué sans succès un
vésicaloire sur la région du foie. M. Gaucher fit ce que
nous conseillons de faire toujours en pareil cas: il fit le
diagnostic de la cause. Ne trouvant rien d'anormal dans les
viscères thoraciques, rien dans le foie, il fit l'examen de
l'urine qui décela une petite quantité d'albumine. Il y avait
donc chez son malade un léger degré de néphrite. D'ailleurs
il s'agissait d'un distillateur qui absorbait l'alcool autant
par les poumons que par le tube digestif; c'était un alcoo-
lique avéré: le régime lacté absolu, l'extrait de ratanhia et
le quinquina à rinlérieur en s'adressant à la néphrite de-
vaient guérir les épistaxis. C'est ce qui eut lieu, et le ma-
lade put quitter l'hôpital le 28 mai, c'est-à-dire huit jours
après son entrée.
M. Huchard, dans la même séance de la Société médicale
des hôpitaux, cite un cas analogue à celui de M. Gaucher.
On voit par là de quelle importance est l'examen de l'urine
chez les malades auxquels on ne découvre aucun antécé-
dent hépatique ou paludéen. Et on conçoit bien comment
dans ces cas-là le vésicatoire, sur la région du foie, doit
être inefficace, à moins que la néphrite n*ait amené une
congestion secondaire du foie.
Je termine ce qui a trait aux lésions viscérales qu'il faut
rechercher avant d'instituer le traitement des hémorrhagies.
Il y a déjà douze ans que H. Verneuil a attiré l'attention
de l'Académie de médecine sur l'action du cœur dans les
hémorrhagies chirurgicales.
Dans le courant de Tannée 1887, je donnais des soins,
dans un taudis de la rue Yisconti, à un malade de cin-
quante-deux ans atteint d'une affection mitrale bien carac-
térisée. Ce malade fut pris d'un abcès périanal auquel
succéda une fistule à l'anus. Je le fis entrer à la Pitié dans
le service de M. Verneuil dont j'étais le chef de clinique.
Quelques jours après son entrée au n"" 52 de la salle Michon,
son appareil pour la stérilisation des instruments de chi-
rurgie ; ici, il est à vapeur humide, à pression assez faible.
L'arsenal pour les maladies du nez, des yeux et du larynx
est (les plus complets dans la vitrine de ce fabricant ; re-
marquonsy plus spécialement le dilatateur naso-pharyngien
de M. Luc ; les spéculum nasi de M. Ruault, de M. Terrier;
le spéculum auris et la pince droite de M. Boucheron ;
une curieuse canule à trachéotomie pour les opérations
sur le larynx ; l'écarteur de M. Panas pour l'angle externe de
l'œil ; plusieurs pinces à mors de caoutchouc ; la seringue
antiseptique de M. Panas pour le lavage de la chambre
antérieure, en cristal, avec ajutage en caoutchouc durci, et
le vaporisateur de M. Abadie permettant de graduer la
température du jet.
Chez M. Dubois on remarquera la seringue à injections
sous-cutanées de M. Clado, composée d'un corps de pompe
tout en verre et gradué; € sur le bout usé de l'émeri vient
s'emmancher àfrottemement le corps de l'aiguille, le piston
est fait comme les pistons ordinaires; ainsi la seringue et
son aiguille peuvent être nettoyées et antiseptisées par
l'ébulhtion, le piston ne se détériore jamais »,
A peu près seule, la maison Galante expose une collec-
tion très variée d'instruments en caoutchouc, soit en caout-
chouc rouge vulcanisé, soit en caoutchouc durci ou ébonite,
dont l'emploi se généralise de plus en plus. « On ne se borne
plus en effet à fabriquer avec celte matière des sondes
uréthrales lisses, souples, d*un calibre égal, des bougies
rectales, des sondes œsophagiennes. La chirurgie antisep-
tique utilise les tubes à drainage, parfois à l'emporle-
pièce, sectionnés par petits morceaux de quelques centi-
mètres et que l'on conserve dans des solutions antisep-
tiques; puis la thérapeutique a multiplié le nombre des
appareils dans lesquels les qualités spéciales du caout-
cnouc sont mises à contribution ». Tels sont les tubes de
MM. Faucher et Debove pour le lavage de l'estomac, l'cx
citateur des parois stomacales de M. Bardet, les nombreux
726 — W 45 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Novembre 4889
la fistule fui débridée au thermocautère. Le surlendemain
de Topération, hémorrhagie abondante au niveau de la petite
plaie ano-périnéale. Celte hémorrhagie se répète les jours
suivants. Voilà un cas où le vésicatoire de la région du foie
aurait été sans doute inefficace, quand au contraire le trai-
tement de Taffection milrale par la digitale fit immédiate-
ment cesser tout écoulement sanguin au niveau de celte
plaie opératoire insignifiante par elle-même.
Troisième ordre de faits : Enfin, il est des cas dans
lesquels V examen complet et attentif du malade atteint
d'épistaxis ou autre hémorrhagie de ce genre, reste com-
plètement négatif.
On est autorisé alors à mettre un large vésicatoire sur la
région du foie, bien que cet organe paraisse absolument
indemne. On sera parfois surpris de voir Thémorrhagie
s'arrêter, et ce sera là un signe d'affeclion hépatique
méconnue.
Gela m'est arrivé dans un cas d'hémoptysie rebelle à tous
les traitements habituels. Un vésicatoire appliqué sur la région
du foie fit cesser l'hémoptysie, probablement parce que le
malade avait — de par son ancienne tuberculose — une sléa-
tose hépatique méconnue (voy. le premier volume des Études
expérimentales et cliniques sur la tuberculose, p. 653,
deuxième fascicule). On peut considérer comme démontré
que la stéatose du foie en particulier est la cause occasion-
nelle de bon nombre d'hémorrhagies. M. Verneuil a cité
de nombreux exemples qui jugent cette question. Je trouve,
dans le cinquième volume de ses Mémoires de chirurgie
(p. 369), une observation du docteur Berlin (de Gray), qui
est très démonstrative à cet égard.
Un enfant qui a eu une coxalgie avec abcès articulaires
est pris ultérieurement de scarlatine. Cette fièvre éruptive
prend la forme hémorrhagique, et, de plus, les trajets fistu-
leux péri-articulaires sont le siège d'hémorrhagies graves,
qui mettent en péril la vie de l'enfant. Il est clair que ces
longues suppurations avaient amené une stéatose hépati*
que, c'est-à-dire une lésion hémorrhagipare au premier
chef. Mais cette lésion, est-il aisé de la diagnostiquer en
dehors de l'étude des antécédents du malade? Je ne le crois
pas, et, le plus souvent, on ne peut que la soupçonner. En
pareil cas, on peut toujours essayer la révulsion sur la
région du foie, et, le pis qui puisse arriver, est de ne pas
obtenir un résultat positif.
VI
En somme, je crois pouvoir résumer de la façon suivante
les indications de la révulsion parahépatique.
Dans le traitement des épistaxis ou autres hémorrhagie
rebelles :
1* Mettre un vésicatoire sur la région du foie toutes les
fois qu'on aura découvert chez le malade une lésion de cet
organe;
2° Quand l'examen de tous les viscères, y compris le foie,
sera resté négatif, mettre à tout hasard un vésicatoire sur la
région du foie, et cela en raison des affections latentes dont
cet organe peut être le siège ;
S"" Ne pas s'attarder à cette pratique et surtout ne pas la
condamner sans merci, si elle échoue, dans les cas on
l'examen du malade a révélé une lésion viscérale (car-
diaque, rénale, etc.) ou une intoxication générale, comme
la malaria, par exemple
Dans ces cas-là, en effet, c'est le traitement de la lési* ii
viscérale qui sera héroïque.
Je dirai donc, comme conclusion générale à cet articit-,
que la révulsion sur la région du foie a, comme toutes le^
médications, des indications précises basées sur rétudt"
étiologique des hémorrhagies qu'on veut combattre.
Aimé GuiNARD.
TRAVAUX ORIGINAUX
Clinique médleale.
Note sur l'awémie des nourrissons. Communication faite
à la Société des hôpitaux dans la séance du 25 octo-
bre 1889, par M. Georges Hayem.
Jusqu'à présent, dans les recherches que j'ai poursui\ies
sur l'anémie, j'ai négligé l'élude des états anémiques qui se
développent chez les nourrissons. Depuis quelques mois je
cherche à combler cette lacune. Mes observations ne sont pas
encore assez nombreuses pour me permettre de tracer un
tableau des particularités que présente l'anémie pendant
les premiers mois de l'existence. Je puis cependant des
aujourd'hui vous signaler un fait important qui constituera
probablement plus tard le caractère distinctif de l'anémie
des nourrissons.
Vous savez qu'au moment de la naissance le sang des
enfants à terme est plus riche en globules rouges que celui
de l'adulte. Au bout de quelques jours le chiffre de ces
éléments diminue et pendant la période d'allaitement il
se maintient à un taux un peu inférieur à la moyenne
appareils à réfrigération du tronc et des membres, les vide-
bouteilles pour les injections antiseptiques, les ampoules
pour le tamponnement des fosses nasales, les œillères à
poires, la fontaine ou poche en caoutchouc de^M. Doléris
pour douches, lavages et injections antiseptiques, les
nombreux pessaires, la tétrelle de M. Auvard, et, parmi
les objets en caoulcliouc durci, c'est-à-dire en caoutchouc
renfermant une plus grande quantité de soufre, certains
pessaires, les diverses variétés de seringues, plusieurs
pompes aspiratrices stomacales, le thermomètre à tempéra-
ture locale (le M. Constantin Paul, le pulvérisateur à chlo-
rure de méthyle.
Un nombre extrêmement restreint de fabricants étrangers
a pris part à l'exposition dans la classe 14; il en est
d'ailleurs ainsi, tout le monde l'a pu constater, dans la
plupart des autres classes, ce qui n'a pas empêché la cour-
toisie française habituelle de décerner aux étrangers un
nombre relativement considérable de récompenses, bien
qu'en général, dans les autres pays, la réciproque ne se
produise jamais. Nous n'avons guère à signaler que l'expo-
sition de M. Demaurex, dans la section suisse, où l'on peut
voir loule l'inslrumentalion dont se servent MM. les profes-
seurs Julliard, J. et A. Reverdin. On connaît la table d'ojH--
ralions, si simple, du premier, que M. Manoury a si heu-
reusement modifiée; celle de MM. Reverdin se compose do
deux parties dislinctes qui, réunies, forment un meuble de
2 mètres de largeur pour les opérations dans lesquelles le
patient est complètement étendu ; en enlevant ta partie
inférieure il reste une table de l'",30, avec dossier incliné
et appui pour les pieds, destinée plus spécialement aui
opérations qui intéressent les membres inférieurs ou la
région périnéale. MM. Reverdin ont, en outre, fait conslraire
par le même fabricant tout un arsenal des plus variée
comprenant notamment un fixateur de la mâchoire info-
rieure, un flacon d'anesihésie spécial, un pulvérisateur à
(lébouchoirs dont les deux becs peuvent se déboucher
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normale constatée chez l'adulte. Cependant je n*ai pas
encore eu l'occasion d'observer un exemple d'anémie essen-
tieile ou protopathique chez les nouveau-nés. Les causes les
plus puissantes d'anémie à cette époque de la vie sont la
syphilis infantile et les troubles digestifs, particulièrement
la diarrhée verte.
Les lésions des globules rouges sont, d'une manière géné-
rale, les mêmes que chez l'adulte. Cependant les inégalités
dans le diamètre des éléments m'ont paru plus notables que
dans les cas ordinaires d'anémie. Cette particularité parait
tenir à la richesse relative du sang des nouveau-nés en
globules de grande taille. Dès que l'anémie se colistitue et
devient un peu notable, ces grands éléments se multiplient
et Ton voit apparaître des globules géants qu'on ne rencontre
chez Tadulte que dans les anémies très prononcées du troi-
sième et du quatrième degrés.
Mais, en même temps, et c'est là le point particulier sur
lequel je désire attirer votre attention, on voit survenir
d'assez nombreux globules rouges à noyau. La présence
dans le sang d'éléments de ce genre ne constitue pas un
fait spécial au nouveau-né. Elle s'observe parfois chez
Fadulle, mais seulement dans la leucocythémie et dans
certains cas d'anémie extrême.
Si Ton considère à part la leucocythémie, à cause des
lésions particulières des organes hématopoiétiques dans
cette maladie, on peut dire que chez l'adulte les globules
rouges à noyau, ne prennent jamais qu'une part extrême-
ment minime à la constitution du sang des anémiques.
Il n'en est pas de même chez les nourrissons. Chez eux,
les cellules rouges à no^au peuvent se montrer dans le sang
à un moment où Tanémie n a pas atteint un développement
ronsidérable. De plus, ils y pénètrent en nombre relati-
vement élevé.
Au point de vue anatomique, les globules rouges
nucléés des nouveau-nés anémiques ne différent en rien des
mêmes éléments observés chez l'adulte. Leur noyau de
dimension variable est unique, petit ou de moyen volume,
parfois cependant trilobé. Les noyaux volumineux ou en
voie de kariokynèse, paraissent appartenir spécialement au
sang des enfants à grosse rate, atteints de la forme particu-
lière de leucémie que j*ai récemment signalée (Du sang et
de ses altérations anatomiques, Paris, Masson, 1889).
Les caractères particuliers de l'anémie et de la leucocythé-
mie des nouveau-nés me semblent présenter un réel intérêt
au point de vue de la physiologie générale du sang.
Dans l'espèce humaine, les cellules rouges à noyau du
sang disparaissent déjà vers la fin du sixième mois, tandis
que chez les mammifères nouveau-nés on en trouve encore
pendant quelques semaines après la naissance.
Au moment où commence la vie extra-utérine, la forma-
tion du sang par l'intermédiaire des cellules rouges à noyau
est donc éteinte, chez l'homme, depuis un certain temps.
Mais les organes qui forment ces éléments sont certainement
moins engourdis que chez l'adulte et ils passent plus faci-
lement aue chez ce dernier, à un état de nouvelle activité.
La moelle osseuse reste d'ailleurs rouge chez les nouveau-
nés et riche en cellules hémoglobiçiues, tandis que plus
tard elle devient en grande partie graisseuse et relativement
très pauvre en globules rouges nucléés.
Chez l'adulte, Tapparition dans le sang de globules rouges
à noyau est un fait des plus graves; il est le résultat d'un
effort de réparation sanguine, pour ainsi dire ultime.
Il est loin d'en être ainsi chez les nouveau-nés et je pense
que chez eux et peut-être aussi chez les jeunes enfiints
sevrés, des recherches ultérieures permettront de démontrer
la fréquence et le caractère bénin de cette modification du
sang dans les anémies. Je laisse ici de côté, cela est bien
entendu, la leucémie infantile, qui paraît être, au contraire,
une maladie des plus graves.
Pour compléter ces quelques considérations, je vais rap-
porter ici deux observations d'anémie qui ont été recueillies
avec soin dans mon service de crèche par mon interne,
M. Luzet. Elles concernent des enfants atteints de diarrhée
verte.
Obs. L — S... (Charlotte), deux mois, entre le 48 mai 1889,
salle Vulpian, n« 3.
Antécédents héréditaires, — Père, trente-neuf ans, bien
portant. Mère, vingft-deux ans, bien portante. Grands-parents
maternels morts de maladies thoraciqucs aiguës. Grand-père
paternel mort d'accident. Grand'mère paternelle bien portanlo.
Antécédents personnels et début, — Née à terme le 27 avril
1^89. Pas malade jusqu'à une semaine, où survint une diarrhée
verte, peu intense. L*enfant toussait et avait beaucoup de fièvre.
l/appétit avait complètement disparu. Quelques vomissements,
quelques convulsions. Un médecin ordonna alors du bismuth. La
mère, nu constatant pas d'amélioration, entra alors à riiôpitaj.
Etat général, — 18 mai. Enfant maigre, masses musculaires
très réduites. Faciès hlême, conjonctives décolorées, coloration
grisâtre de la peau. Pas trace d'éruption cutanée. Lan^e nor-
nîale. Appétit peu considérable. Diarrhée verte assez intense.
L'enfant salit ses couches environ quatre à cinq fois par jour.
Abdomen légèrement rétracté, pas douloureux, Teslomac ne
semble pas dilate, le foie déborde légèrement les fausses côtes.
Pas d'hypertrophie de la rate. Pas d'adénopathie inguinale.
Sonorité Ihoracique nornnale, quelques râles sibilants et sous-
crépitants. Rien au cœiir. Kares convulsions très légères. La
fontanelle antérieure est encore très marquée, la postérieure
complètement fermée. Urines: pas d'urobiline, pas a albumine,
pas de sucre, un peu d'urohématine.
Traitement, — Quinze cuillerées à café de la solution d'acide
lactique à 1 pour 100. Un verre d'eau albumineuse en suppri-
mant le lait.
Le 30 mai. — Pas d'amélioration. Aspect de Tathrepsique.
instautanément sans interrompre la pulvérisation, un pul-
vérisateur de poche à réservoir en caoutchouc, des pinces
à forcipressures aseptiques, dont les entailles des mors
sont remplacées par des ondulations qui s'emboîtent
exactement ; un grefîotome, une pince en cœur, fenêtrée
d'un côté ; un couteau à conducteur pour les débridements,
terminé par une petite gorge qui lui permet de glisser sur
un trocart sans risquer de dévier; des passe-drains, des
passe-sétons et des aiguilles diverses, dont un modèle est
installé de telle sorte que l'aiguille peut se replier pour
être mise dans la poche ou dans une trousse; enfin uu
dilatateur-irrigateur de la cavité utérine, une pince en fer
à friser, destinée à saisir les ligaments larges, etc., etc.
L'instrumentation spéciale présente, comme toujours, un
réel intérêt; elle témoigne de recherches longuement et
patiemment poursuivies, qui sont parvenues à utiliser les
multiples propriétés des diverses matières mises en usage
et à les asservir à un but bien défini. Parmi les particula-
rités les plus intéressantes que présente l'Exposition dans
cet ordre d'idées, on peut mettre en première ligne, comme
l'a d'ailleurs fait le jury, l'importante exposition d'appa-
reils prolhétiques fabriqués par M. Claude Martin (de Lyon).
Les appareils y sont nombreux qui, appliqués au moment
même de l'opération, ont été tolérés, depuis quatorze mois
et plus, par les tissus; on y voit aussi de nombreux spéci-
mens de restaurations bucco-palatines ou nasales, et des
pièces montrant les avantages de l'application d'un appa-
reil prolhétique nasal pour soutenir le lambeau nasal.
Le temps n'est plus où les chirurgiens français, désireux
de pratiquer rantisepsie,devaient s'approvisionner à Tétran-
ger. Nous nous rappelons que, dans mainis hôpitaux de
Paris, il n'y a pas plus de treize ans, les premiers essais
ont été faits avec des objets de pansement que les che's de
service avaient dû faire venir à leurs frais. L'industrie four-
nit actuellement en abondance les matériaux de pansement
et les produits antiseptiques les plus variés et les plus aisés
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GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Novembre 1889
Le 5 juin. — La diarrhée continue. Etal stationnaire.
Le 10. — Même élat.
Le 15. — Pas d'amélioration. F^éger mouvement fébrile le soir.
Cataplasmes sinapisés.
l^e 18. — Un peu d'amélioration. Même traitement. On rend le
lait. Pas de vomissements.
Le 21. — Amélioration bien marquée.
Le 22. — Sort très améliorée.
Examen du sang le 8 juin. — N. = 926 590 ; R. = 685600 ;
G. == 0,71 ; Rn. = 7U0; B. = 18910.
On désigne ici par Kn les cellules rouges à noyau qui ont pu
être distinguées des globules blancs pendant la numération
des éléments.
Dans les préparations de sang sec, on trouve un grand nombre
de cellules à noyau unique, non kariokynélique. Les globules
rouges sont remarquables par la grande inégalité de leur
diamètre.
Obs. II. — C... (François), deux mois et demi, entre le
25 novembre 1889, salle Vulpian, n« 8.
AntécédenU héréditaires, — - Père, quarante-deux ans, bien
portant. Mère, trente-trois ans, bien portante. Il en est de même
de deux oncles et de deux tantes. Grand-père maternel mort de
maladie thoraciquc aiguë. Grand-père mort d'une maladie de
reslomac. Les deux grand'mères sont bien portantes. Deux
frères et deux sœurs bien portants.
Antécédents personnels, — Né à Ris (Puy-de-Dôme), pays non
marécageux.
Avant son arrivée à Paris, l'enfant était vigoureux et bien
portant, sauf quelques coliques, dit la mère.
Début. — Le 15 mai 1889, la mère vint à Paris chercher une
place de nourrice au bureau de placement de la rue Poli veau.
Tous les enfants qui y étaient à ce moment étaient malades
(peut-être de la diarrhée verte?). Le 18. mai, c'est-à-dire trois
jours après son arrivée, l'enfant fut pris de diarrhée et se mit à
tousser. La mère donna à son enfant de l'eau de chaux, du
bismuth, etc. Le traitement étant resté sans résultat, la mère se
décida à entrera l'hôpital.
Là, pendant que persistait la diarrhée, on put constater que
l'enfant pâlissait.
4 juin. — Etat actuel. — Le petit malade est profondément
anémié, la peau présente une coloration jaune verdàtre. Pas
traces d'éruptions cutanés. Muqueuses décolorées, conjonctives
bulbaires bleuâtres. Langue normale. Appétit excellent. Depuis
quelques jours la diarrhée va en diminuant. Amaigrissement
assez considérable; l'enfant aurait, au dire de la mère, perdu la
moitié de son poids primitif. L'abdomen est volumineux, non
douloureux. Pas de douleur à la pression des fosses iliaques. Pas
de douleur au niveau des hypochondres droit et gauche, ni à la
région épigastrique. Le foie déborde notablement les fausses
côtes. Rate non augmentée de volume. Pas de tuméfaction des
ganglions de l'aine. Appareil respiratoire : sonorité thoracique
normale. A Tauscultation, quelques râles de bronchite. Rien au
cœur. Léger bruit de souflle au niveau des vaisseaux du cou.
Fontanelles: l'antérieure est facilement perceptible à la palpa-
tion; elle mesure environ :20 millimètres de long sur autant de
large. La postérieure est complètement oblitérée.
A son entrée à l'hôpital, l'enfant avait de la diarrhée slv^
selles vertes fréquentes. Le ventre n'était pas ballonné, mai:» i
existait de fortes coliques, et l'abdomen était douloureux.
Le traitement consista en : potion avec naphlhol p, 50 cen-
tigrammes; salicylate de bismuth, 1 gramme; acide lactiqof-.
Quinze cuillerées à café de la solution au lOO*; lavagos ^r-
1 estomac avec une solution de beuzoate de soude à 1 poar 1(ML
En huit jours, amélioration considérable en sorte qu'actaeU
lement la diarrhée a disparu et l'appétit renaît.
Contre l'anémie, on donne: deux gouttes de liqueur de Fowlir
et un julep gommeux et on continue l'acide lactique à la dose lU
douze cuillerées. Urine : pas d'albumine, pas de sucre, pas d*u-
robiline. •
Le 7. — Amélioration considérable, la pâleur diminue, U
face se colore.
Le 11. — Etat fort amélioré. Encore quelques coliques» la face
se colore davantage.
Le 12. — Amélioration. Bon appétit. Un peu de diarrhée. Vn
peu de bronchite. Quinze cuillerées d'acide lactique.
Le ii. — L'amélioration continue. Encore un peu de diarrh^f.
Gros râles sonores de bronchite dans la poitrine. Sirop de codéinf
et de tolu, ââ 10 grammes.
Le 15. — Même état. La mère, trouvant son enfant en Imh
état, part sur sa demande.
Le 25 mai. — Temp., 37%>l soir.
Le 26. — Temp., 3>,2 matin, 37%4 soir.
Le 27. — Temp., 37%ii matin, 38«,4soir.
Le 28. — Temp., 37^,8 matin, 3H^,i soir.
Le 29. — Temp., 37«,i matin, 38'»,6 soir.
Le 30. — Temp., 37«.8 matin, 38 degrés soir.
Le 31.*— Temp., 37 degrés malin, 37%4 soir.
Le 1"" juin. — Temp., 37%2 matin, 38 degrés soir.
Le 2. — Temp., 36%8 matin, 37»,2 soir.
Le 3. — Temp., 36°,8 matin, 37 degrés soir.
Le 4. — Temp., 36«,6 matin, 37»,2 soir.
Le 5. — Temp., 37 degrés matin, 37%2 soir.
Le 6. — Temp., 36* ,8 matin, 37 degrés soir.
Le 7. -- Temp., 36%8 matin, 37%2 soir.
A partir de ce moment, la température reste normale ju><}u 'à
la sortie, sauf exacerbation au moment de la bronchite.
Le 8. — Temp., 37 degrés matin, 37<',2 soir.
Le 9. — Temp., 36s8 matin, 37*,4 soir.
Le 10. — Temp., 37'',2 matin, 37«,6 soir.
Le 11. — Temp., 37 degrés matin, 37» ,4 soir.
Le 12. — Temp., 37»,2 malin, 37%6 soir.
Le 13. — Temp., 37«,4 matin, 37«,6 soir.
Le 14. — Temp., 37%2 matin, 38 degrés soir.
Le 15. — Temp., 38»,2 matin, 37%2 soir.
Examens du sang. — Le 2 juin 1889. — N. = 1280300;
G. = 0,71 ; R. = 9()9013; B. = 13485; Rn. = 490.
Globules géants nombreux mesurant jusqu'à 13 ja, 5. Globules
déformés et de dimensions très irrégulières.
Le 3. — Sang pur. Piles globulaires courtes, ne se rejoi-
gnant pas. Grand nombre d'éléments isolés. Globules géants très
nombreux, mais un très grand nombre sont peu colorés.
Nombreux globules déformés. La plupart de ces derniers soal
à employer. L'Exposition ne nous en montre aucun qui ne
fût déjà connu, mais elle en a un si grand nombre qu'il
n'est pas sans intérêt de constater ainsi une fois de plus tout
le chemin parcouru depuis peu d'années par l'antisepsie.
Cette rapide revue ne saurait se terminer sans signaler
tout au moins quelques-uns parmi les principaux instru-
ments de précision que Tari médical ne peut plus se passer
d'utiliser ou dont la science médicale se sert dans les labo-
ratoires ou dans les cliniques; on peut les subdiviser en
trois classes, comprenant les appareils de physiologie,
parmi lesquels les appareils d'électricité médicale, ceux
de l'optique médicale et les appareils d'histologie. C'est
ainsi que l'Exposition nous permet de considérer, dans
la vitrine de M. GaifTe, ses machines électro-statiques;
une batterie à collecteur double, composée de couples
au bioxvde de manganèse et au bichlorure de zinc, mu-
nies d'iin collecteur double, d'un galvanomètre et d'un
interrupteur pour produire les chocs voltaiques; une bat-
terie de cabinet en forme de petits meubles, renfermant
une batterie de vingt-quatre couples; une batterie à collec-
teur double au sulfate de bioxyde de mercure pour la gai-
vanocaustique; le condensateur médical, permettant de
doser l'énergie électriauo et de provoquer des interrup-
tions très régulières; l'appareil volta-faradique à hélices
mobiles de M. Tripier, modifié par M. GaifTe, et une série
d'hystéromètres en charbon pour l'électrolyse intra-utérine.
M. Chardin expose, d'autre part, une pile à insufflation
et une pile à flotteui^, un appareil galvanocaustique por-
tatif à grand effet, un appareil d'induction volta-faradique
également portatif; puis, parmi les appareils spéciaux-,
l'électrode épilaloire de M. Brocq, qu'on introduit dans le
follicule pileux pour détruire le poil; le miroir rotatif de
M. Luys pour la fascination; divers accessoires pour gal-
vanocaustique thermique, dont un manche porte-cautère
et de nombreux modelesdetetesdecauteres.il convient aussi
de signaler l'appareil galvanocaustique de M. Trouvé, son
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pelits ou nains. Cependant la déformation porte aussi sur un
grrand nombre de grands globules et même de globules géants.
Dans les leucocytes, pas de pigmentation. Pas de déformation
palustre des globules du sang.Amas d'hémaloblastes assez volu-
mineux, mais peu nombreux. La plupart des globules blancs ne
présentent pas de déformations amœboîdes. Pas de corps fila-
menteux moniles.
Au bout de vingt minutes, pas de réticulum visible. Quelques
corps filamenteux.
Le 6. — N. = 2052200; G. = 0,59; R.=: 1210700; B. = 5952.
On retrouve encore des globules rouges à noyau dans les pré-
parations de sang desséché.
Syphlllographie .
De la dilatation de l'estomac dans ses rapports avec
LA SYPHILIS ET SON TRAITEMENT, par le docleur Louis
JuLLiEN, chirurgien de Saint-Lazare.
C'est un fait jusqu'ici passé inaperçu, et que je signale
tel qu'il m'est comme fortuitement apparu en faisant le
recensement de mes observations de tt^rliaires, et c'est un
fait fréquent que la concomitance de la dilatation de Tes-
toniac avec les lésions ultimes de la syphilis. He limitant,
volontairement, d'abord au point de vue strictement séméio-
logique, et ne voulant en aucune façon prendre part à la
discussion sur son rôle pathogénique, par dilatation d'esto-
mac, je veux dire : affection qui, parmi ses caractères les
plus saillants, présente la sonorité exagérée de la région
stomacale, la sensibilité de la ligne médiane sus-ombili-
cale et le clapotement, sans parler ici de certains sym-
ptômes sur lesquels je reviendrai.
Or, sur 72 malades, j'en trouve 21 dyspeptiques, soit en
moyenne 29 sur iOO, presque un tiers. Encore dois-je
avouer que je n'ai cherché cette complication que dans ces
derniers temps, et qu'à coup siir elle a dû m'écnapper dans
un bon nombre de cas vus antérieurement.
I
En ce qui concerne l'étiologie de cette coïncidence
morbide, deux facteurs semblent devoir être incriminés
dans le cas présent : l'influence thérapeutique d'une part,
et de l'autre, celle des lésions de structure du foie.
i*» Sur le premier point, il n'est pas besoin d'une
longue démonstration, c'est chose banale que de voir les
malades se plaindre de digestions laborieuses pendant le trai-
tement hydrargyrique. Les pilules sont très souvent mal
faites, l'agent actif est irrégulièrement distribué; de là
des sensations de brûlure, parfois de véritables intoxica-
tions avec diarrhée profuse. La liqueur de Van Swieten
est souvent cause de coliques violentes. Mais de tous les
spécifiques, il n'en est pas de plus justement redoutable, à
ce point de vue que l'ioaure de potassium. Assurément son
association aux sirops, et mieux encore au lait, la frag-
mentation des doses, l'absorption précédant le repas, atté-
nuent sensiblement les effets, mais pas assez pour les
rendre négligeables, et bien souvent on se heurte au refus
absolu et très raisonné des malades. Je sais bien que, de-
venus optimistes par conviction, nous prenons volontiers
notre parti des doléances de nos clients voués à des hydrar-
gyrisations, à desioduralions de trois ou quatre ans; mais,
méconnus ou négligés, cause et effets n'en subsistent pas
moins.
2" Les lésions déstructure du foie jouent un rôle plus
fâcheux, mieux démontré, plus actif, on peut dire plus fon-
damental, et elles ne sont pas moins fréquentes. Elles dé-
pendent, soit de la syphilis, soit de l'alcoolisme, et caracté-
risent le premier slaae du processus qui, s'il n'est enrayé,
conduit à la cirrhose. Il serait superflu d'insister sur la
coïncidence de la syphilis et de l'alcoolisme. Sur mes
72 malades tertiaires, je compte 13 alcooliques notoires, et
près de l;a moitié figurent parmi les dyspeptiques sus-
mentionnés. Ce n'est pas chose facile que de reconnaître
de prime abord la nature de ces troubles digestifs. On ne
peut arriver au diagnostic qu'en tenant compte des antécé-
dents, de la profonde atteinte ressentie par l'état général
et de la résistance du mal aux traitements ordinaires. Mais
ces éléments sont bien souvent négligés; on est dans l'habi-
tude de rechercher l'alcoolisme quand la cirrhose est dé-
clarée, cela importe peu; ce qu'il faudrait s'attacher à
découvrir, c'est la cirrhose commençante, ou mieux la
précirrhose, suivant l'heureuse expression de Glénard, et la
nature soit alcoolique, soit spécifique de cette lésion.
Pour le médecin de Vichy, la précirrhose du foie, dont
la notion s'impose par la clinique en attendant qu'elle
soit vérifiée par l'anatomie pathologique, constituerait une
étape, qui peut rester définitive, dans le cycle morbide
commençant par la congestion du foie et se terminant par
la cirrhose hypertrophique ou atrophique. Le foie atteint
de précirrhose peut donc ne pas dégénérer en cirrhose,
grâce à l'intervention thérapeutique, mais il ne rétrocédera
jamais non plus ad integrum. Du reste, « il suffit que
le foie ait été, à un moment donné, le siège d'une con-
gestion pour qu'il soit désormais déchu ». Celte dé-
chéance, qui peut rester plus ou moins longtemps lat<'ntc
et dont le degré est variable suivant la cause de la conges-
tion-, se caractérise cliniquemcnl, lorsqu'elle a abouti à la
précirrhose : 1" par une déformation particulière du foie
avec élasticité spéciale du tissu hépatique, appréciâmes
par ce mode de palpation que lauteur a décrit sous le nom
explorateur électrique, bien connu; la sirène de M. Luys,
destinée à l'hypnotisation, et produisant un bruit strident
d'une façon instantanée; le photophore électrique de
MM. Hélot et Trouvé.
M. Verdin, le fournisseur habituel des laboratoires de
physiologie, expose des enregistreurs à poids de H. Marey,
avec tambours à levier, chronographe, manomètre métal-
lique, et un compteur à roues dentées; des myographes à
transmission ; le signal électrique de M. Desprez modifié ; des
métronomes enregistreurs; Thémodynamomètre deM.Lud-
wig modifié; le sphygmomètre de M. Brocq; plusieurs spi-
romètres; le chronomètre électrique de M. d'Arsonval, per-
mettant d'avoir le temps exprimé en millièmes de seconde.
Le plus remarquable de tous ces instruments est, sans con-
tredit, celui qui a été construit par la maison Bréguet pour
le laboratoire de M. Hayem,sur les indications de M. Roussy :
il s'agit d'un grand appareil enregistreur dont la bande
a 100 mètres de longueur sur 25 centimètres de large; la
vitesse de progression peut varier de 20 centimètres à
1 mètre à la minute. Il est pourvu d'une pendule qui
marche pendant quinze jours et indique les heures, les
minutes et les secondes; il enregistre le temps à l'encre, et
le tambour possède un levier-inscripteur également à
l'encre; l'encrier se trouve au centre du mouvement.
Comme annexes, il comporte un manomètre à mercure ou
un kyraographion de Fick et un commutateur en forme de
manette circulaire, permettant d'obtenir des excitations de
durée variable, soit de 1 à 60 par minute; un inscripleur
enregistre les abcisses.
(^i suivre.)
730 — N» 45
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Novembre i889
de « procédé du pouce » ; 2" par un syndrome en rapport
avec la modalité fonclionnelle encore inconnue du foie
atteint de précirrhose et très justement caractérisé par les
termes de neurasthénie hépatique. La neurasthénie
hépati(jue doit être distinguée du rhumatisme goutteux, de
la lithiase biliaire ou urique, de Tentéroptose, de la dila-
tation d'estomac, aiïections avec lesquelles elle présente
des traits communs, et dont elle revêt habituellement
l'allure apparente. Suivant l'origine de l'affection du foie,
il y aurait une précirrhose « éthylique » puerpérale, psy-
chique, syphilitique, etc. (1).
II
La dilatation de l'estomac engendre des symptômes ner-
veux qui peuvent jeter un grand trouble dans le diagnostic
de la syphilis tertiaire. Leven, mieux que personne, a in-
sisté sur les céphalres, les vertiges, parfois les convulsions,
les troubles psychiques qui caractérisent la névrose cérébro-
gastrique. A la lecture de ces pages, fidèle tableau de la
clinique, on ne peut s'empêcher d'être frappé par la simi-
litude de beaucoup de ces manifestations avec celles de la
syphilis cérébrale; et depuis que notre attention aété appelée
sur ce sujet, nous avons pu nous convaincre que la confu-
sion était non seulement possible, mais fréquente. — Les
douleurs de tête, Tasthénie profonde qui en résulte, la
prostration, l'hypochondrie, se trouvaient à leur maximum
dans une de nos observations (obs. 64). Le traitement sto-
macal est institué, et du jour au lendemain le malade est
soulagé, tout change dans l'économie, il se sent revivre. —
Un autre sujet (obs. 5) n'écrit plus qu'avec difficulté, parfois
une lettre échappe, de même il a des défaillances de mé-
moire, des obnubilations passagères, son caractère devient
irascible, il bat ses gens. En même temps, il porte sous la
langue une plaque muqueuse fort ancienne ; je le soumets
au traitement, la plaque muqueuse disparait, mais les trou-
bles nerveux persistent ; j'examine 1 estomac et constate
sans peine le flot, de la sensibilité du plexus au niveau d'un
organe démesurément agrandi, — Un autre (obs. 21) accuse
des troubles légers commençant par une sensation de vague;
il pâlit, se sent couvert de sueurs froides, et reste deux
minutes comme anéanti; c'est un vertige, une défaillance
qu'il compare à celle du mal de mer. Petit mal, absence,
dirait plus d'un syphiligraphe. Il se tromperait, ce
jeune homme n'était qu'un dyspeptique, comme le traite-
ment l'a démontré.
Je pourrais multiplier ces exemples, mais à quoi bon?
J'affirme encore que leur fréquence est extrême.
On a jadis accusé le mercure de grands méfaits. Il
y a seize ans, j'ai moi-même, me basant sur les résultats
d'une statistique considérable, démontré que les accidents
nerveux s'observaient surtout au cours des syphilis forte-
ment mercurialisées, et d'autres observateurs ont apporté
des faits nouveaux à l'appui de cette manière de voir. Il est
probable que quelques-uns de ces faits sont justiciables de
l'interprétation que je présente aujourd'hui, et qui n'infirme
pas nos résultats anciens, mais bien au contraire, les cor-
robore.
Je dois noter aussi d'autres effets susceptibles d'en im-
Eoser pour une de ces cardiopathies spécifiques que de
onnes observations nous obligent à ne jamais perdre de
vue dans l'examen des tertiaires. Chez les uns, ce sont
des douleurs du squelette précordial, des seins, des ma-
melons; chez d'autres, palpitations avec spasmes, éiouffe-
ments; chez presque tous, il y a réveil brusque pendant
{\) Voy. Glénard : De la palpation du foie par le « procédé du potme >, in
thë^e de Françon, Lyon, 1888 ; 0ht. de neurasthénie hépatique par précirrhose
ét'ylique, iii ihoAe de Kaptiély, Lyon, 4889; D' l'entéroptote, conTcrence faite à
l'hôpital de Mustaplia (Alger;, in Preste médicale belge, février 1889, et tirage à
part. Bruxelles, 1889. p. 36.
le sommeil. Un de mes malades, homme intelligent et
fort éclairé, plus versé qu'il n'eût fallu dans la lecture de^
ouvrages spéciaux, entrevoyait déjà l'artério-sclérose ou le^
gommes du myocarde (obs. 5).
III
Etant donnée lasymptomatologie que je viens d'esquisser,
on comprend la nécessité et la diflîculté d'arriver à un dia-
gnostic précis. Car, à côté des cas types où tous les sign»/^
relèvent, soit de la syphilis soit de la dyspepsie, il ne faut
pas perdre de vue ceux dans lesquels les deux processus
coïncident et se compliquent. En pareil cas, en effet, il ne
suffit pas d'avoir trouvé l'estomac en faute pour donner
l'interprétation du syndrome, il faut encore élucider si la
syphilis n'y intervient pas, et dans quelle mesure. Or, je
ne sache guère de plus difficile problème en clinique, et je
crois bien qu'il serait insoluble sans le secours de la thé-
rapeutique. On se souviendra cependant que h céphalalgie
gravative du dyspeptique est intermittente, peu lorali^ée.
rarement accompagnée de l'affreuse sensation de compres-
sion ou de déchirement qui caractérise celle du syphilitiqii'.
qu'elle cesse la nuit et permet au patient de s'endermir.
que, à l'exception des altérations de la mémoire, de la
modification du caractère exaspéré et irritable, les autrc<
troubles nerveux sont en général mal dessinés; les absence-
sont moins complètes, les vertiges moins soudains et plus
durables; enfin, Taphasie, ou mieux la dysphasîe, est e\re[»-
tionnelle. Un caractère général plus significatif encore, «>»
la lenteur avec laquelle ces désordres évoluent, les fonc-
tions restent languissantes pendant des mois, parfois des
années, sans progrès sensible. 11 semble qu'il s'établisse
une sorte d'équilibre morbide qui devient une seconde
nature pour le malade.
IV
Les moyens de la thérapeutique s'utilisent ici, et à titre
de secours, et à titre d'épreuve. D'abord, en vue de la com-
filication gastro-intestinale, il faut dès le début de la sypht-
is, n'omettre aucune des précautions nécessaires pour faire
accepter le traitement spécifique sans détriment pour Trs-
tomac. On redoublera de |)rudence si ce viscère pré>ente
quelque prédisposition, si l'on reconnaît l'existence do
troubles fonctionnels, si l'on constate un commencement
de dilatation. On a dit, et avec raison, qu'un praticien
consciencieux ne devait prescrire le mercure qu'après un
examen attentif des gencives et des dents; on doit ajouter
aujourd'hui que l'exploration de l'appareil digestif n'est pas
moins utile, une dyspepsie n'étant pas moins redoutable
qu'une stomatite.
Si la muqueuse digestive est saine, on prescrira le trai-
tement jugé convenable suivant les règles habituelles, en
ayant soin de faire prendre les médicaments au moment des
repas, avant ou après. Mais un estomac dilaté ou atonique,
par gastroplose, ou par précirrhose du foie, impose une
thérapeutique toute différente, et je me hâte de dire qu'avec
les bains, les frictions, les lavements, et surtout les injec-
tions hypodermiques, nous ne manquons pas de ressource s:
j'y reviendrai dans un instant.
Se trouve-t-on en présence de ces cas d'accidents pseudo-
tertiaires qu'une diagnose méticuleuse permet de ratt^tcher
à l'affection gastrique ou hépato-gastrique? On ne saurait,
pour ces derniers, formuler d'autre traitement, à la fois thé-
raneutique et diététique, que celui de la dyspepsie nerveuî^o
si oien établi depuis quelques années par MM. Bouchard.
Sée, Leven, Glénard, et sur lequel il ne m'appartient pa<
d'insister.
Quant au traitement d'épreuve, il est banal, mais dans
notre cas il serait déplacé de le borner au classique iodure.
Grâce aux progrès de la médication antiseptique, il est ra-
8 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 45 — 731
tionnel de commencer l'épreuve par l'emploi des agents de
cet ordre. Car ceux-là peuvent suffire, et dans ce cas ils
auront rendu un double service en dispensant de Tiodure.
La pratique, sous ce rapport, nous réserve plus d'une
agréable surprise, car il m est arrivé plusieurs fois de dissi-
per avec le régime et quelques cachets de naphtol, des
accidents d'apparence syphilitique fort redoutables.
Voyons maintenant ce qu'il convient de faire dans les cas
si intéressants où les deux processus se combinent. L'indi-
cation est alors de traiter rigoureusement la syphilis sans le
secours de l'estomac, qui lui-même est surmené et réclame
son traitement propre. Si le cas est d'une urgente gravité,
il n'y a pas à hésiter, c'est à l'injection de calomel, suivant
les principes de la méthode Scarenzio-SmirnofT, qu'il
faut avoir recours. Nous sommes peu fixés encore sur toutes
les vertus de ce moyen précieux entre tous, mais on ne
peut nier son efficacité supérieure même dans les cas d'ac-
cidents tertiaires confirmés à l'heure où la plupart des pré-
parations internes seraient radicalement inefficaces. L'huile
grise mercurielle, préparée selon la méthode de Vigier et
injectée tous les huit jours, à la dose d'un quart de centi-
mètre cube, sera réservée pour les cas ordinaires, à moins
qu'on ne lui préfère, en vertu de certaines susceptibilités,
1 injection quotidienne des sels solubles. Mais, après avoir
fait un très grand nombre des unes et des autres, je tiens à
témoigner hautement de l'innocuité de l'huile hydrargyrique
et de sa remarquable efficacité.
Y joindre l'iodure, sera le plus souvent nécessaire. Sans
méconnaître le succès des tentatives d'injections sous-cuta-
iiées de ce sel, il faut avouer que la voie rectale reste de
beaucoup préférable. Sans accidents, sans inconvénients, les
malades peuvent chaque jour, et parfois pendant des mois,
prendre des lavements à deux, trois, quatre grammes. Il y a,
je crois, avantage à choisir le lait comme véhicule, suivant
une pratique vantée par M. Guyon pour l'administration du
bromure de potassium (1).
La syphilis étant ainsi combattue, rien n'empêche de
faire pari égale à la dyspepsie, qu'il s'agisse de dilatation
simple ou d'entéroptose, et par les poudres, les élixirs, les
lavages, le traitement de Glénard (sangle, laxatifs, régime,
alcalins), suivant les dei^Tés du mal et aussi, il faut bien le
dire, la doctrine que l'on ado(>te, de poursuivre sans obsta-
cles le rétablissement de l'organe et laguérison du malade.
Je conclus :
1° La dyspepsie s'observe avec une grande fréquence dans
le cours de la syphilis, et il y a lieu de supposer que le trai-
tement spécifique, tel qu'il est le plus généralement institué,
n'est point étranger à son développement;
2*» Elle peut simuler certains accidents de la phase ter-
tiaire, et en tous cas, s'ils existent, les complique et les
aggrave ;
3° Le diagnostic exact n'est souvent possible qu'à la faveur
d'une thérapeutique d'épreuve, soit pour la syphilis, soit
pour la dyspepsie;
i** S'il est démontré que les deux processus coexistent, il
faut faire double traitement et combatte la syphilis sans l'in-
tervention de ringeslion stomacale, c'est-à-dire par les injec-
tions sous-cutanées mercurielles et les lavements iodurés.
(1) Dans un seul caa j'ai observe ceci : après un lavement contenant 2«'',50 d'io-
dure. le malade était pris de malaise général, naus($es au bout d'un qusirt
d'heure, puis envie de vomir (obs. GO).
REVUE DES CONGRÈS
f^aatrléme Congréfl françal» de chlrari^le tena à Parlv
da 9 an i» oeiobre 1889.
(Suite. — Voyez les numéros i% 43 et H,)
Résultats immédiats et éloignés des opérations diri-
gées CONTRE LES lUBERGULOSES LOCALES.
II. Localisations spéciales. — Nous envisagerons suc-
cessivement les parties molles périphériques, le squelette
et les viscères.
Pour les parités molles périphériques^ les abcès froids
tendent de plus en plus à être traités par les injections
iodoformées. Et une thérapeutique analogue, jointe, cela va
sans dire, au traitement général, prévaudra sans doute
bientôt pour les adénopathies, pour celles du cou surtout.
Presque tous les orateurs ont été d'accord pour proclamer
que cette lésion est celle pour laquelle on évite plus diffi-
cilement la repuUulation du mal sur place. H. iscovescOy
par exemple, nous a appris que M. Cazin, naguère inter-
ventionniste décidé, n'extirpe plus les paquets ganglionnaires
que s'il y a une indication spéciale. L'anatomie pathologique
enseigne, en effet, qu'autour de la masse pnncipale s'é-
grènent au loin* des ganglions extérieurement normaux,
mais déjà histologiquement infectés : M. Iscovesco affirme
que l'éradication complète du mal est une chimère. Certes,
l'ablation donne des guérisons fréquentes ; mais tout le
monde sait combien souvent guérissent les écrouelles qu on
n'a pas extirpées, mais seulement traitées à l'ancienne
mode. M. Houzel, il est vrai, reste partisan de l'extirpa-
tion, à condition de la faire par une large incision et de
chercher la réunion immédiate. De 30 malades, 3 sont
morts de tuberculose : tuberculose une fois aiguë, post-
opératoire ; deux fois tardive et à dislance; 27 sont en
bonne santé, dont 17 depuis plus d'un an et 10 depuis
un an. M. Bousquet, lui aussi, recommande d'enlever les
foyers au bistouri ou de les détruire au thermocautère. Il a
renoncé à la réunion immédiate, avec laquelle les réci-
dives sont plus fréquentes, car on enferme souvent dans la
profondeur quelques points malades : mieux vaut donc sur-
veiller attentivement la cicatrisation d'une plaie béante et
combattre à la curette et au fer rouge toute velléité de
retour offensif. On sacrifie donc le brillant à la sûreté.
Il semblerait que l'énucléation de l'œil dût, si elle est
précoce, mettre facilement à l'abri des récidives de la tuber-
culose oculaire. L'événement a déçu à cet égard les espé-
rances de M. Vignes, et deux fois une tuberculose mortelle
(car la cavité crânienne est vite prise) a récidivé dans le
moignon. Il est vrai qu'une fois l'énucléation avait été pré-
cédée d'une ablation partielle faite par M. de Wecker ; que
dans l'autre cas les gaines du nerf optique étaient déjà
anormalement développées, ainsi que l'a révélé l'autopsie
de l'œil enlevé.
La ttiberculose ostéo-articulaire peut être combattue
par l'amputation ou par la résection, et depuis longtemps
on établit le parallèle entre ces deux méthodes. Aujourd'hui,
les tendances de la chirurgie sont conservatrices, chez
l'enfant surtout. L'amputation est réservée la plupart du
temps aux cas où, le malade étant dans un état très précaire,
il faut lui supprimer au plus vite le foyer morbide, et de
plus lui faire une opération qui lui permette de quitter rapi-
dement le lit. C'est là, d'après M. OUier, un des motifs qui
rendent les résections du membre supérieur meilleures
(jue celles du membre inférieur. Pour le coude, en particu-
lier, le patient peut aller et venir au bout de peu de jours,
prendre de l'exercice et fuir, au besoin, les infections du
milieu nosocomial. Mais pour guérir complètement, sans
fistule^ une résection doit dépasser partout les limites du
732 -. N« 45 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Novembre 1889
mal. Or, dit M. Bousquet, est-on assuré d'atteindre ce but
pour la tuberculose infiltrée, envahissante? C'est alors
surtout qu'on est conduit, par la récidive, à une amputation
ultérieure, mais on peut cependant arriver au succès par
des opérations à relouches successives. Ces fistules persis-
tantes, ces continuations de la tuberculose sont le vrai
écueil des résections et tous les auteurs en ont observé :
M. Léonté semble exagérer en les considérant comme la
règle après la résection du genou. Les statistiques remar-
quables publiées par M. Jules Bœckel sont probantes à ce
point de vue. Mais, si ces repulluiations sur place sont impu-
tables à la méthode, il serait injuste de la charger des déter-
minations à dislance, viscérales ou autres, observées alors
que la jointure réséquée reste intacle. L'opération a été
alors aussi radicale qu'une amputation et les accidents ulté-
rieurs dépendent soit d'une généralisation antérieure à
l'intervention, soit d'une réinfection.
A côté des lésions tuberculeuses étendues et diffuses, la
résection et même l'amputation peuvent échouer à cause
d'une altération spéciale sur laquelle M. Le Dentu a attiré
l'attention avec grand soin. Souvent, en cas de tumeur
blanche, les os dont l'épiphyse est tuberculeuse sont ma-
lades au loin. Leur moelle tout entière est lie de vin, ou
graisseuse; presque absente même et, avec leur coque
compacte amincie, ils prennent presque l'aspect d'os d'oi-
seaux. Que l'on ampute alors, et le moignon sera voué aux
fistules, aux abcès successifs. M. Le Dentu a un opéré qui
depuis six ans va ainsi d'abcès en abcès. Aussi chez deux
autres malades est-il intervenu plus radicalement : en sec-
tionnant l'os, il l'a trouvé friable et vide, et, sans hésiter,
après avoir trépané la diaphyse plus haut pour assurer
son diagnostic, il a désarticulé l'épaule à un des patients
et la hanche à l'autre. Tous deux ont fort bien guéri.
Les résultats immédiats et éloignés de 204 opérations
et résections, pratiquées de 1875 à 1889, ont été étudiés
par M. J. BœckeL La série, on le voit, est considérable.
Elle comporte 53 amputations, 127 résections des grandes
articulations et 24 résections des os du tronc. La mortalité
immédiate des amputations est de 5,8 pour 100. M. Bœckel
n'a insisté que sur les résections de la hanche et du genou.
Malgré quelques beaux succès, les résultats sont médiocres
fiour la hanche : les fistules, les membres peu utiles sem-
ilent n'être pas rares. Pour le genou, M. Bœckel est par-
tisan déclaré de la résection et, même chez l'enfant, elle est
préférable à l'arthrectomie. Avant la fin de la croissance,
on lui objecte sans doute le raccourcissement progressif
du membre : en réalité, si la section est intra-épiphysaire,
le raccourcissement est très supportable.
M. Ollier s'est occupé tout spécialement des résections
du pied, région où les chirurgiens les plus conservateurs
sont souvent partisans de l'amputation. En principe, M. Ollier
ampute les sujets qui ont de la tuberculose pulmonaire;
ceux qui ont passé trente ou quarante ans. Mais il ne faut
pas exagérer la rigueur de ces indications. M. Ollier a pra-
tiqué 32 fois l'extirpation de l'astragale, avec ou sans
attaque du calcanéum et des malléoles : mortalité immé-
diate, 0; une mort au bout de six mois. De ces opérations,
12 ou 13 ont plus de six ans de date, elles sujets non seule-
ment vivent, mais n'ont pas de récidive et marchent avec une
grande facilité. Six autres sont en pareil état depuis trois à
six ans. Evidemment il y a aussi des morts tardives par
phlhisie ; mais celte enquête n'esl pas terminée et M. Ollier
préfère ne pas conclure encore. Il ne pense cependant pas
qu'il y ait à ce propos une grande différence avec l'amputa-
tion. L'éminenl chirurgien lyonnais conclut par une re-
marque qui s'applique à toutes les résections : avec ces
opérations, qui cherchent une restauration fonctionnelle,
il faut du temps pour arriver au but, et il est absolument
insuffisant de dire dans une statistique qu'un malade,
réuni par première intention, est sorti guéri au bout ti-
quinze jours.
Jusqu'ici il n'a été question que des lésions externes, n*t
compromettant pas d'organes indispensables à la vie. Il
n'en va plus de même pour les ttiberculosts viscérales :
celles-là ne ressortissent que depuis peu au chirurgien. Le
congrès n'a été entretenu que de la tuberculose pérîtonéale
et de la tuberculose génito-urinaire.
M. Le Dentu a mentionné l'observation d*une femme qui
a subi il y a quatre ans une népkrectoniie pour rein tuber-
cu/euâ?; elle est aujourd'hui en parfait état, guérie même
d'une fistule qui a persisté pendant longtemps. Fait peu
surprenant, d'ailleurs, car la ligature avait porté sur un
uretère tuberculeux. Les bacilles ont disparu cle l'urine. Le
même chirurgien a parlé d'un homme de trente ans auqui^l
il a fait avec plein succès le curage de la prostate tulpertu-
Icuse, pour une fistule périnéale du lobe gauche.
La tuberculose vésicale est certainement une des déter-
minations les plus douloureuses, et par la cystite, avec sc^
épreintes et ses souffrances, nombre de malades sont voués
à une existence atroce, que les narcotiques à hautes dose>
rendent à peine supportable. Heureux encore quand ii>
n'échouent pas à peu près complètement. Rien à attendre
non plus, bien souvent, des topiques intravésicaux. La taill»*
hjrpogastrique, qui supprime toute contraction de la vessie,
fait cesser les douleurs. C'est là une opération palliative,
assez rarement indiquée, il est vrai, dont M. Guyon a vanlé
les bon effets, l'an dernier devant le Congrès, et celte
année, M. Le Dentu a publié quatre faits de ce genre Deui
fois, il est vrai, en 1886 et 1887, le résultat a été médiocre.
Depuis, pendant que la fistule se fermait, M. Le Dentu a eu
l'idée d'assurer par la sonde à demeure la siccité de la
vessie, et deux malades s'en sont fort bien trouvés. La taille
hypogaslrique une fois faile, on peut aisément gratter, cau-
tériser les lésions vésicales, les enrayer jusqu'à un cerlam
point. Est-on en droit d'espérer mieux encore, de chercher
une guérison définitive ? m. Guyon le pense, car il suit
depuis quatre ans un de ses opérés, marié depuis celle
époque et devenu père; les urines sont absolument claires.
Malheureusement de ses souffrances passées, le malade a
gardé de la morphinomanie. Mais un examen purement cli*
nique est sujet à caution. Aussi est-il important de relever
une autopsie où, au bout de plus de deux ans, le malade est
mort de cachexie urinaire: depuis l'opération, son urine ne
contenait plus de bacilles, et après la mort on a vu qu'il avait
de la cystite et de la pyélonéphrite suppurées, mais pas de
lésions tuberculeuses. On peut donc détruire sur place la
tuberculose vésicale ; ce (}ue l'anatomie pathologique ex-
plique, car Clado a fait voir que le plus souvent les lésions
débutent tout contre Tépithélium et sont lentes à dépasser la
muqueuse. Cette possibilité d'attaquer directement les tuber-
cules estime supériorité indiscutable de la voie hypogastrique
sur la voie périnéale, qui permet sans doute le drainage,
mais borne-là son pouvoir.
M. Terrillon a exposé devant le Congrès les règles de Tin-
lervenlion chirurgicale dans les salpingo-ovarites tubercu-
leuses. Dans le récent traité qu'il a publié en collabora-
tion avec M. Monod, M. Terrillon s'est déclaré, en principe,
partisan de la castration pour la tuberculose limitée au tes-
ticule. Peut-on établir un parallèle avec la tuberculose
salpingo-ovarienne, elle aussi parfois localisée? Six fois, en
effet, M. Terrillon s'est trouvé face à face avec cette lésion,
et par la laparotomie a extirpé la trompe, ou bien a incisé
et drainé les cavités. Une des malades, chez laquelle les
foyers se sont rompus dans le péritoine au cours de l'opé-
ration, est morte en huit jours ; chez les autres, le résultai
a été bon. Il faut donc traiter comme toutes les salpingites
les tuberculoses lubaires, mais en sachant bien que trop
souvent les adhérences rendent impossible une intervention
absolument radicale. Et même, si l'on pose le diagnostic
8 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
«• 45 — 733
précoce, rintervention est plus indiquée encore que pour
une salpingite non tuberculeuse. Ces adhérences n'ont-eiles
pas précisément leur origine dans une propagation au péri-
toine, et n'est-ce pas là affaire de temps? mais ce diagnostic
est bien illusoire ; on le fondera sur des présomptions
fournies par la marche (pelvi-péritonites à répétition}, par
rélude générale de la femme, par les antécédents. Deux
fois seulement M. Terrillon Ta soupçonné. Reste à se
demander quels seront les résultats définitifs : pour le
moment les opérées vont bien et ont engraissé, mais rin-
tervention est de date encore trop récente pour qu'on soit
en droit de conclure avec netteté.
Lorsque les lésions ont quel(]ue ancienneté, des foyers
péritonéaux circonscrits se constituent autour de la trompe
et de Tovaire. C'est aune péritonite enkystée que le chirur-
gien s'adresse, dès lors. Et ceci nous amène à parler du
traitement chirurgical de la péritonite tuberculeuse. Ce
sujet a été traité dans la discussion sur le traitement des
péritonites, mais ne vient-il pas ici tout aussi naturelle-
ment, et il est indiscutable que l'étude de la péritonite sep-
tique gagnera en clarté si nous évitons de la surcharger de
faits absolument dissemblables.
La tuberculose péritonéale est très variée, et dans ses
lésions anatomiques, et dans ses manifestations cliniques.
Quelle parité établir entre les cas où des granulations
innombrables provoquent une ascite ; ceux où un grand
foyer caséeux se circonscrit ; ceux où des foyers caséeux
multiples envahissent le péritoine; ceux où la séreuse est
prise en premier, et ceux où Torigine du mal est intesti-
nale? Dans la discussion actuelle il n'a pas été fait men-
tion des cas d'origine intestinale, avec ou sans perforation.
La granulie péritonéale à forme ascitique a quelquefois été,
par erreur de diagnostic, soumise à la laparotomie et, con-
trairement à toute attente, on a pu enregistrer des guéri-
sons complètes après cette incision dont l'effet eût théori-
quement dû être nul. A ce point de vue, une malade que
Spencer Wells suit depuis une trentaine d'années est
devenue célèbre. M. Démons (de Bordeaux) a, dans un cas
de ce genre, opéré de parti pris. Après avoir évacué
l'ascite, il a, pour la forme, saupoudré la séreuse d'iodo-
forme. Il est bien certain de n'avoir pas touché avec le
parasiticide un centième des tubercules, et cependant,
guérie depuis quinze mois, la malade travaille aux champs
comme si de rien n'était.
M. Démosthène (de Bucharest) conseille toutefois de ne
pas se laisser aller à un optimisme exagéré ; certes il ne
méconnaît point les succès de Sp. Wells, Clarke, Cecche-
relli. Mais il a vu une malade chez laquelle les drains
introduits dans le péritoine ont fourni pendant trois mois
une suppuration abondante, et finalement la consomption a
amené la mort. Peut-être, dans ces suppurations chro-
niques, aurait-on de bons résultats par des lavages antisep-
tiques ; mais on craint l'absorption de substances toxiques
Bar celte séreuse si vaste. Sans doute, les expériences de
elbet tendent à prouver que ces craiutes ne doivent pas
être poussées trop loin ; mais la clinique ne s'est pas encore
prononcée.
Une autre forme est encore défavorable : M. Démosthène
a bien montré que parfois des tubercules multiples, avec pro-
ductions pseudo-membraneuses, créent des loges nombreu-
ses, purulentes et caséeuses. Ces loges, il est indiqué de les
ouvrir et de les drainer ; mais on ne peut rien contre
Tcxlension progressive, de proche en proche. Et iM. Démos-
thène a perdu ainsi une malade soixante-quinze jours après
l'opération.
La variété où la chirurgie peut le plus est la péritonite
tuberculeuse enkystée. Il y a quelques années, la plupart
des malades étaient opérées par suite d'une erreur de dia-
gnostic : on croyait reconnaître l'existence d'un kyste de
l'ovaire et l'on tombait, après laparotomie, sur des collec-
tions tuberculeuses que Ton désinfectait et drainait. Or,
bon nombre de malades ont guéri, radicalement même.
Pour ne parler que des cas exposés devant le Congrès, des
faits de ce genre ont été publiés par MM. Démons, Routier,
Labbé; et si la malade de M. Démons a succombé au
sixième jour, celles de MM. Routiery Labbé vivent sans acci-
dent, depuis quinze mois à deux ans. On conçoit donc que
la plupart des chirurgiens préconisent l'intervention de
parti pris. M. Démosthène recommande de ne point
attendre jusqu'à ce que la poche bombe et fluctue: assurez,
dit-il, par la ponction exploratrice un diagnostic soup-
çonné et fendez sans plus tarder le foyer. C'est ce qu'il a
fait, avec plein succès; la malade a guéri, malgré une fis-
tule stercorale qui a duré pendant sept jours ; et même des
accidents pulmonaires dont elle souffrait se sont amen-
dés. Un point de pratique est à signaler : après avoir ouvert
la cavité, il semble qu'il faille s'abstenir de grattages et se
borner à tamponner et drainer le foyer, qu'on déterge par
des lavages antiseptiques.
Si l'on cherche à tirer de toute cette discussion un enseigne-
ment général, on constate qu'elle démontre l'innocuité des
interventions les plus hardies, si elles sont antiseptiques :
les résultats immédiats des opérations sont certainement
bons. Pour les résultats délinilifs, il semble que les sujets
opérés soient moins exposés à la tuberculose viscérale
ultérieure ; mais déjà ici la netteté est moins grande.
Quant au parallèle, depuis longtemps établi, entre les
opérations conservatrices et les ablations radicales, la
question reste obscure en bien des points, et, comme Ta
montré M. Verneuil, la discussion ne peut comporter une
solution absolue. Les faits doivent être rangés en catégo-
ries multiples, difficiles à assimiler les unes aux autres.
Et qu'on ne croie pas leur analyse aisée, évidente. M. Ver-
neuil nous a déclaré, lui qui depuis quarante-quatre ans
médite ce sujet, que déjà ses opinions se sont modifiées ;
qu'il entrevoit même l'heure où elles se modifieront
encore.
A. Broca.
Ctommunioations diverses.
AUTOPLASTIE PAR LA MÉTHODE ITALIENNE MODIFIÉE, par M. Ic
docteur Berger (de Paris). — Nous n'avons pas à revenir sur le
principe même de la méthode, que nos lecteurs coimaisseut par
te résumé des travaux antérieurs de 3i. Berger sur ce point, et
par une revue analytique sur les travaux étrangers principaux
(voy. Gazette, 1887, p. 779, 794, 8()0; 1888, p. U), C'est une
méthode qui a d'assez nombreux inconvénients, aussi sera-t-ellc
souvent une méthode de nécessité, lorsque les greffes ont échoué,
lorsque les autres autoplastiesonl échoué. On combattra ainsi et
des ulcères rebelles et des cicatrices qu'on est forcé d'exciser.
Mais à côté de ces indications de nécessité, il est des cas où c'est
l'opération de choix : ainsi, pour les grandes autoplasties de la
face, car en prenant le lambeau à la face même, on crée une nou-
velle difformité : or parfois lautoplastie échoue. Le seul résultat
est donc alors une aggravation de la difformité. 11 faut d'abord
déterminer à l'avance, par une étude minutieuse, la région
où il faut prendre le lambeau, la forme et les dimensions de
ce lambeau; souvent il faut exercer pendant plusieurs jours le
malade à Tattitude où on veut l'immobiliser; et, pendant ce
temps, on préparera l'appareil iramobilisateur, appareil soit en
plâtre et fait par le chirurgien, soit en substances diverses et
construit par un fabricant. Les précautions opératoires sont :
1° bien conserver le pannicule sous-cutané; 2' absence de liga-
tures; 3^ adapter exactement, non pas les bords seulement, mais
toute l'étendue des surfaces cruentées. Le premier pansement
devra rester en place aussi longtemps que possible; mais à la
face le renouvellement devra être très fréquent. La section du
pédicule doit avoir lieu vers le quinzième jour. M. Berger a fait
ainsi 30 opérations. Il a eu un décos par intoxication iodo-
formée. Un seul des lambeaux s'est sphacélé en entier; deux
se sont gangrenés en partie, mais le résultat n'a pas été mauvais.
734 — N» 45 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 8 Novkmbrk 1889
Gynécologie. — ]je traitement électrii{ue des myomes utérins
a été étudié par MM. Apostoli et Danion qui sont venus sou-
tenir chacun les avantages de leur méthode respective. Nos
lecteurs n'ont pas oublié la discussion récente de la Société de
chirurgie sur ce point spécial, et précisément il y a été longue-
ment parlé des innovations de MM. Danion et Lharapionnière.
Innovations dont M. Apostoli conteste, il est vrai, la nouveauté,
soit pour les faibles intensités, soit pour les renversements de
courant.
M. Facieu (de Gaillac) a parlé de Vhypéresthésie papillairc
du méat chez la femme, affection signalée par Giraldès, par
Verneuil. Ce serait une cause souvent méconnue du vaginisme.
M. Goutliard (de Lyon) a recommandé le débridement vagi-
nal des collections de la périmétrite chronique , d'après La-
royenne (de Lyon). Ces collections séreuses, purulentes, héma-
tiques siègent soit dans le péritoine, soit dans la trompe, soit
dans le ligament large. Après incision du cul-de-sac vaginal, on
fait avec un trocart spécial la ponction de la poche. Puis, dans
la canule, on glisse le métrotome de Simpson, et après avoir
retiré la canule, on débride largement avec le métrotome dans
la direction de la brèche vaginale. La cavité est alors drainée
avec des mèches iodoformées. Le résultat immédiat est presque
toujours bon, et la plupart du temps il se maintient.
M. Doléris s'est occupé de la physiologie normale etpatholo-
gique du col utérin. Il pense que l'organe, indispensable à la
régularité des excrétions utérines et de la fécondation, doit,
lorsqu'il est malade, être rétabli autant que possible dans sa
structure normale. Il faut donc, en cas de déchirures, faire la
trachélorrhaphie immédiate; et pour les ectropions, pour les
déchirures anciennes, on doit renoncer définitivement aux cau-
térisations diverses, dont le seul effet est de transformer la
muqueuse en un tissu cicatriciel. De plus, il sera souvent néces-
saire, en même temps qu'on agit sur le col avec le bistouri,
de rétrécir par une opération plastique le vagin trop ample.
M. Richelot a tâché d'élucider les indications thérapeutiques
dans le traitement des déviations utérines. Pour les rétro-
déviations adhérentes il pense qu'il faut laisser de côté la dévia-
tion et s'adresser directement, par la laparotomie, aux annexes
malades, pour peu que la périmétrite ait quelque importance.
Pour les déviations mobiles, le traitement de la métrile suffit
quelquefois pour supprimer les douleurs, mais il faut aussi
redresser l'organe, et de là, suivant la gravité des accidents,
des indications au pessaire, à l'opération d'Alexander, à l'h^fsté-
ropexie. Mais parfois, les moyens simples échouant, on hésite à
ouvrir le ventre. Pour ces cas M. Richelot conseille, avec Nico-
letis, de pratiquer une amputation supravaginale du col, puis de
suturer la paroi vaginale au moignon par un procédé spécial,
de façon à faire basculer le col en avant. Il faut aussi (et cela
peut se faire dans la même séance) traiter la métrite par le
curage.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie de médeelne*
SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-HARTIN.
L'Académie reçoit de M" Lavoignat, notaire h Paris, l'extrait du teslamcnt de
M. Ricord par lequel celui-ci lui lègue la somme de iOOOO francs, nette de tous
tlroits, pour, avec les revenus, fonder un prix bisannuel, en son nom et comme
elle l'entendra.
M. Tarnier dépose un mémoire de M. le docteur A. Herrgott (de Nancy) sur
un eat de rétention fœtale.
M. Dujardin-Beautneti présente, au nom de M. le docteur Gellée, la relation
d'une épidémie de variole à la prison départementale de Bordeaux.
M. Charpentier présente un trav.iil de M. le docteur A. Briuay (de Rlo-dc-
Janciro), intitulé : Fragments de chirurgie et de gynécologie opératoires.
M. B. Bail dépose un ouvrage de M. le docteur J. Palret» ayant pour titre :
études cliniques sur les maladie* mentales et nerveuse*.
M. A. Ollivier fait hommage: 1<> d'un rapport sur la fièvre typhoïde à Pari»;
â*" d'un volume de Leçons cliniques sur les maladies des enfants.
MiCROCÉPHALiE. — M. Guéuiot montre un enfant micro-
céphale âgé de huit jours, qui présente une telle hyperossi-
lication du crâne que les fontanelles ne sont pas percepti-
bles.
Notice. — Lecture est faite par M: Larrey d'une Noitf
sur la vie et les œuvres de M. Maurice Perrin.
Prix. — M. Vallin donne lecture du rapport sur U \
concours pour le prix de la Commission de rhygiène «J^ j
Tenfance en 1889, et M. de Villiers du rapport sur Irç |
mémoires envoyés à cette dernière Commission pendant h
même année.
M. Hervteux achève la lecture du Rapport général sur
les vaccinations et les revaccinalions pratiquées en France
et dans les colonies françaises en 1888.
Hypo-hématose. — Complétant ses recherches anté-
rieures sur Thypo-hématose à l'aide d'appareils spcciaoi,
M. le docteur £. Maurel est arrivé aux conclusions ri-
après : l"* il existe un rapport nécessaire entre la taille ni
le poids d'un sujet et sa section thoracique; i"* ces rapports
varient avec les âges, mais pour chaque âge, ils sont
constants ; 3° lorsque ce rapport est insuffisant, il en ré:>ulte
une série de troubles que M. Maurel a réunis sous le nom
d'hypohématose ; A"" ces troubles constituent bien une affec-
tion spéciale ; ils représentent une forme particulière df
l'anémie, par défaut de comburant ; 5® tous ces troubli^
tiennent bien à l'insuffisance thoracique, entraînant elle-
même une respiration insuffisante, à preuve qu'il suftii
d'agrandir cette section thoracique pour que tous cr>
troubles disparaissent ; G"" cet agrandissement s'obtient
rapidement par la gymnastique respiratoire. — (Commis-
sion : MM. Gariel et Dujardin-Beaumetz,)
Syphilis. — Deux cas de transmission de la syphilis par
des instruments malpropres sont communiqués par M. Lan-
cereaux : dans le premier, il s'agissait d'un homme de
cinquante-trois ans, présentant une syphilide acnéique ou
acnéiforme due au cathélérisme de la trompe d'Euslache à
l'aide d'une sonde contaminée par l'un des malades pour
lesquels elle avait précédemment servi; le second se taj^
porte à une dame de trente-six ans, qui avait une mala<lie
syphilitique ayant eu son origine dans les opérations prati-
quées par un dentiste pour la pose d'un râtelier. Â ce sujet.
M. Lancereaux demande que les dentistes et les coiffeurs
soient tenus de ne se servir que d'instruments rigoureu-
sement propres et, comme il est difficile qu'ils aient des
instruments spéciaux pour chacun de leurs clients, que ron
veille à ce qu'il existe chez chacun d'eux des solutions
désinfectantes, et surtout à ce qu'ils en fassent usage.
M. Magitot fait observer qu en pareil cas c'est l'anti-
sepsie au bichlorure de mercure qui oiïre seule des garan-
ties sérieuses ; ira-t-on jusqu'à l'exiger des coiffeurs et dos
dentistes et à leur en confier des doses considérables?
Chirurgie. — M. le docteur Chauvely candidat dans la
section de médecine opératoire, lit un mémoire sur les
accidents dus au séjour des projectiles dans les tissus et U
nécessité d'une intervention chirurgicale consécutive. {Sera
publié.)
— L'Académie se forme ensuite en comité secret, atin
de voter les conclusions des rapports de prix lus par
MM. Vallin, de Villiers et Uervieux^ au cours de la
séance.
Soelété de chlrarg^e.
SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Suture tendineuse : M. Perler. — Sarcome utérin : M. Terrillon. —
Extirpation du rectum par la voie sacrée : M. Routier ( Disons-
8ion : MM. Deeprôe. Pozzl, Marc Sèe). — Fistules traclièales -
M. Berger. — Instruments : MM. Kirmisson, Berger.
M. Périer présente un tendon qu'il a suturé el qui.
quelques mois plus tard, a été recueilli par M. Reboul à
8 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 45 — 735
l 'autopsie du sujet, mort accidentellement. L'union est
parfaite. Le tendon adhère un peu à sa gaine, mais nulle-
ment à la peau.
— M. Terrillon a présenté à la dernière séance une pièce
de sarcome utérin enlevé par voie abdominale. La malade
est aujourd'hui à peu près guérie.
— M. Routier fait une communication sur un cas de
cancer du rectum enlevé après résection sacro-coccygienne
sur une femme de vingt-neuf ans, dont la tumeur était trop
élevée pour être atteinte par les procédés ordinaires, mais
trop basse pour être justiciable de la laparotomie. Fallait-
il donc réduire cette femme, jeune encore, au palliatif dé-
goûtant de la colotomie'^ M. Routier a préféré appliquer
lu méthode de Kraske, dont il avait vu de bons résultats au
cours d*un récent vovage en Allemagne, il enleva donc le
coccyx et un peu (fort peu) du sacrum, et eut ainsi un
large accès sur le cancer qu'il put abaisser. Puis, après un
essai de décollement, il ouvrit le périloine, excisa la partie
malade entre deux ligatures; ferma le péritoine par des
sutures au catgut, puis retira les ligatures et sutura les
deux bouts de l'intestin circulaireinent. Tout alla fort bien,
sauf une fistulette fécale, à partir du neuvième jour, et
probablement due à une alimentation (d'où une défécation)
trop précoce. Il va sans dire que la malade avait été préparée
par le régime lacté, par l'ingestion de naphthol et par des
lavages du rectum au naphthol.
Après avoir rappelé que M. Verneuil a depuis longtemps
réséqué le coccyx quand il faut remonter très haut pour
pratiquer la rectotomie postérieure, pour opérer par voie
périnéale les imperforations de l'anus, M. Routier résume
le procédé indiqué par Kraske en 1885 : on résèque la
moitié gauche du sacrum jusqu'au troisième trou, on fend
longitudinalement le rectum en arrière, de l'anus à la
tumeur, puis on enlève le cancer et la large brèche sphinc-
térienne est une bonne condition pour la réussite des
sutures péritonéales. D'autres auteurs, allant plus loin
encore, ont suturé à la peau le bout supérieur. En réalité,
un des avantages principaux de la méthode est de respecter
le sphincter: il faut donc, comme Ta fait Schede, faire une
suture circulaire totale, et la fistulette observée par M. Rou-
tier n'est pas capable de déconsidérer cette {)ratique. Mais
pour que cette suture réussisse, il est nécessaire de la bien
maintenir au repos, si bien même que Schede conseille
d'établir d'abord un anus iliaque artificiel : c'est allonger
de beaucoup la cure de malades auxquels la récidive ne
laissera trop souvent qu'assez peu de survie. Une autre
Ïuestion se pose : combien faut-il réséquer de sacrum?
ardenheuer enlève toute l'extrémité inférieure jusqu'au
troisième trou, et là remonte également la résection uni-
latérale de Kraske. Mais déjà Heinecke (dont la résection
est ostéoplaslique) ne va qu'au quatrième trou. En réalité,
dit M. Routier, il suffit d'enlever fort peu du sacrum.
Cette voie sacrée a été employée depuis, par Hégar
surtout, pour enlever divers organes pelviens, l'utérus en
particulier. Il est certain qu'on a ainsi beaucoup de jour.
M. Després, qui, il est vrai, se proclame a routinier et
rococo i>, n'aurait pas conçu cette opération et s'étonne
qu'on l'ait conçue, car la récidive du cancer du rectum est
fatale dans les trois mois. 11 n'admet pas que les sutures
puissent tenir sur un intestin dépourvu de péritoine, ce à
quoi MM. Pozzi et Routier lui répondent que les faits sont
indiscutables.
M. Pozzi pense comme M. Routier qu'il faut en principe
respecter le sphincter. Mais en le fendant largement, l'opé-
ration est plus courte, inoins laborieuse, et parfois, sur des
malades épuisés, il est bon de viser à la rapidité. C'est ce
u'il a fait sur la malade dont il a publié l'observation au
ongrès de chirurgie^ et il ne s'en repent pas. M. Marc Sée
ï
ajoute que la section du sphincter peut fort bien se cica-
triser toute seule.
M. Routier a laissé la plaie béante, et c'est précisément
pour cela que, pour les opérations sur le rectum, il
repousse le lambeau ostéoplastique de Heinecke. On est
toujours exposé, en effet, à voir manquer un point de la
suture rectale; si la brèche est large, l'inconvénient est à
peu près nul, et la malade de M. Routier en est la preuve.
— M, Berger présente daux malades auxquels il a' oblitéré
une fistule trachéale ancienne (dix-neuf ans et cinq ans).
par un procédé spécial, à deux plans de suture. Après avoir
circonscrit la fistule par deux incisions demi-elliptiques, il a
disséqué une collerette, large de 7 centimètres, adhérente
au pourtour de la fistule, puis a rebroussé cette collerette
dans l'orifice à l'aide de sutures de Lembert. Ensuite il a
disséqué, après incisions libératrices. longitudinales, deux
ponts cutanés, qu'il a suturés sur la ligne médiane, à peu
Eres comme on fait dans l'uranoplastie de Baizeau-Langen-
eck. Les deux malades ont guéri; sur lun, une fistulette a
nécessité une petite retouche. Tous deux sont aujourd'hui
en bon état. L un d'eux, celui que M. Gouguenheim a déjà
présenté à la Société, se passe de temps h antre dans le
larynx rétréci des dilatateurs de Schrôtter. L'antre, trachéo-
tomisé il y a dix-neuf ans par M. Richet, on ne sait plus trop
pourquoi, n'a même pas besoin de cette précaution.
M. Kirmisson a échoué en 1886 avec ce procédé sur une
fistule de l'urèthre.
— M. Kirmisson présente une bougie conductrice, des-
tinée à faciliter le passage de la sonde dans le bout anté^
rieur après rupture de l'urèthre.
— M. Berger présente une trousse métallique facile à
rendre aseptique.
BIBLIOGRAPHIE
Manuel pratique des maladies de l'enfance, parMM. A. d'Es-
PINE et C. Picot (de Genève). 4* édition. — Paris, J.-H. Bail-
licre, 1889.
A diverses reprises déjà (1876, p. 702 et 1880, p. 25(5), nous
avons insisté sur les mérites de ce Manuel. Le nom des auteurs,
tous deux anciens internes des hôpitaux de Paris, l'un profes-
seur à rUniversité de Genève, Pautre médecin d'hôpital; leurs
travaux bien connus; leur consciencieuse activité nous étaient
garants du succès d'un livre dont la quatrième édition nous par-
vient aujourd'hui. Comme dans les éditions précédentes, la
pathologie nerveuse de Penfance parait avoir été l'objet de la
prédilection de MM. d'Espine et Picot. Plusieurs chapitres nou-
veaux montrent qu'ils ont tenu à suivre le mouvement scienti-
fique dont l'impulsion est partie de la Salpétrière. Nous signa-
lerons aussi le chapitre Diputhékie, qui a été l'objet de nom-
breuses additions. Après Pouvrage si remarquable de M. Cadet
de Gassicourt, qui reste celui de tous les traités des maladies
d'enfance que Pon consultera toujours avec le plus de profit, ce
petit livre mérite l'attention et la sympathie des lecteurs fran-
çais.
VARIETES
Faculté de médecine de Paris (Année scolaire 1889-90,
1" semestre). Cours de pathologie chirurgicale. — M. le pro-
fesseur Lannelongue commencera le cours de pathologie chi-
rurgicale le lundi il novembre 1889, à trois heures (petit am-
phithéâtre), et le continuera les mercredis, vendredis et lundis
suivants à la même heure.
— Clinique médicale (hôpital de la Pitié). — M. le professeur
Jaccoud reprendra son cours de clinique médicale te samedi
736 — N* 45 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE S Novembre 1889
9 novembre 1889, à neuf heures et demie du matin, et le conti-
nuera les mardis et samedis suivants à la môme heure.
— Cours de pathologie interne. — M. le professeur Dieulafoy
commencera son cours le jeudi 14 novembre 1889, à trois heures
(pelit amphithéâtre), et le continuera les samedis, mardis et
jeudis suivants, à la même heure.
— Cours d'histologie . — M. le professeur Mathias-Duval
commencera le cours d'histologie le samedi 9 novembre 1889, à
cinq heures (grand amphithéâtre de l'Ecole pratique), et le con-
tinuera les mardis, jeudis et samedis suivants à la même heure.
Objets du cours : Les épithéliumset les glandes en général : le
foie, le rein; le sang et la lymphe; les vaisseaux sanguins et
lymphatiques; le système musculaire; la peau et les organes
'es sens.
ï
— Clinique d^ accouchements et de gynécologie. — M. le
professeur Tarnier commencera le cours de clinique d'accou-
chements et de gynécologie le samedi 9 novembre 1889, à neuf
heures du matin (clinique d'acpouchements, rue d*Assas) et le
continuera les mardis et sam^dis suivants, à la même heure.
Ordre du cours : Mardi et samedis, leçons à ramphithéàtre.
Visite des malades tous les malins à huit heures et demie.
— Clinique des maladies mentales (asile Sainte-Anne). —
M. le professeur Bail commencera le cours de clinit|ue des ma-
ladies mentales le dimanche 10 novembre 1889, à dix heures du
matin, et le continuera les jeudis et dimanches suivants, à la
même heure.
— Cours de clinique des maladies du système nerveux
(hospice de la Snlpêtrière). — M. le professeur Charcol commen-
cera le cours de clinique des maladies du système nerveux le
vendredi 8 novembre 1889, à neuf heures et demie du matin
(hospice de la Salnêtrièrc).
Ordre du cours : les mardis. Policlinique. Les vendredis, examen
des malados.
— Conférences de pathologie externe. — M. Kirmisson,
agrégé, commencera ces conférences le mardi 12 novembre 1889,
à cinq heures (pelit amphithéâtre), et les continuera les jeudis,
samedis et mardis suivants, à la même heure.
— Conférences d'obstétrique, — M. Ribemont-Dessaignes,
agrégé, conmiencera ces conférences le mardi 12 novembre 1889,
à six heures (petit amphithéâtre), et les continuera les jeudis,
samedis et mardis suivants, à la même heure.
— Conférences de pathologie mentale et des maladies de
V encéphale. — M. Gilbert llalïet, agrégé, commencera les confé-
rences de pathologie mentale et des maladies de Tencéphale le
mardi 12 novembre 1889, à quatre heures (salle Laennec), et
les continuera les mardis, jeudis et samedis suivants, à la même
heure.
Leçons cliniques a l'hôpital Broussais. — MM. Barth,
Chaullard et Reclus commenceront, à partir du lundi 11 no-
vembre, une série de leçons cliniques médicales et chirurgicales.
M. Reclus fera sa première leçon de clinique chirurgicale le
lundi 11 novembre a neuf heures et demie et les continuera les
lundis suivants. M. Barth fera sa première leçon de clinique
médicale le mercredi 13 novembre et les continuera les mer-
credis suivants. M. Chaulfard commencera le samedi IG no-
vembre et continuera les samedis suivants.
Clinique des Quinze- Vingts. — Le concours pour la place
de médecin-adjoint à la clinique nationale des Quinze-Vingts,
s'est terminé par la nomination du docteur Kalt.
Ecole de médecine de Rouen. — Par arrêté endate du 31 oc-
tobre, l'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie de
Rouen est autorisée à jouir des droits conférés aux écoles pré-
paratoires réorganisées par l'article 13 du décret du 1" août
1883.
Ecole de médecine de Grenoble. — Un concours s'ouvrira
le 10 mai 1890 à l'Ecole préparatoire de médecine et de phar-
macie de Grenoble pour l'emploi de chef des travaux physiques
et chimiques à ladite Ecole.
Le registre d'inscription sera clos un mois avant l'ouverture
dudit concours.
HÔPITAL Ricord. — M. le directeur de TÂssistance publiqaH
vient de décider, sur la proposition de M. Horteloup, qu'a l'avenir
l'hôpital du Midi s'appellerait hôpital Ricord.
Ecole d'anthropologie. —-L*Ecole d'anthropologie, qui entre
dans sa quatorzième année d'existence, a ouvert ses cours le
lundi i novembre 1889, à quatre heures du soir, 15, rue de
l'Ecole-de-Médecine. Les cours se succéderont dans l'ordre sui-
vant :
Lundi à quatre heures, M. G. de Mortillet : Anthropologie
préhistorique.
Lundi k cinq heures, M. Mathias Duval : Anthropogénie et
embryologie comparée.
Mardi à quatre heures, M. A. Hovelacque suppléé par M. A.
Lefcvre : Ethnographie et linguistique.
Mardi à cinq heures, M. Georges Hervé : Anthropologie zoo-
logique.
Mercredi à quatre heures, M. P. Topinard : Anthropologie
générale.
Kewc/rerfi à quatre heures, M. A. Bordier : Géographie médi-
cale.
Vendredi à cinq heures, M. L. Manouvrier : Anthropologie-
physiologique.
Samedi a quatre heures, M. G. Lelourneau : Histoire des civi-
lisations.
Cours supplémentaires. — Mercr^di à cinq heures, M. P.-G.
Mahoudeau : Anthropologie histologique.
Samedi à cinq heures, M. A. de Mortillet : Ethnographie com-
parée.
Samedi à trois heures, M. Ghudzinski : Démonstrations ana-
tomiques.
Légion d'honneur. — On été promus:
Au grade de commandeur : M. le professeur Trélat.
Au grade d'officier: M. le docteur Ségard, médecin de la
marine.
Banquet offert a MM. Ciiauveau et Arloing.-— Les oonibreui
élèves et amis de MM. Chauveau et Arloing se sont réuni^/f
30 octobre dernier pour fêler dans un banquet la présence à
Lyon du maître aimé et vénéré de la physiologie lyonnaise et li
nomination de M. Arloing comme correspondant de rAcadémie
des sciences. Nombreux étaient les membres de la Faculté de
médecine, de la Faculté des sciences, de l'Ecole vétérinaire, du
corps des médecins de Lyon qui avaient répondu à I appel des
organisateurs. Le Lyon médical auquel nous empruntons celte
note, publie les toasts portés à ce banquet par MM. Lortet,
André, Pétraux, Lépine, Biduy, Viennois et les réponses df
MM. Chauveau et Arloing.
Testament de Ricord. — M. Ricord a légué à l'Académie de
médecine une somme de 10000 francs et à la Société de chi-
rurgie une somme de 5000 francs pour la fondation d'un pri\
bisannuel; à l'Association générale des médecinsde France, une
somme de 10000 francs; à l'hôpital du Midi, sa bibliothèque
scientifique.
Mortalité a Paris (43* semaine, du 20 au 26 octobre
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 16,
— Variole, 1. — Rougeole, 6. — Scarlatine, 2. — Coque
luche, 6. — Diphthérie, croup, 21. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 206. — Autres tuberculoses, 17. — Tumeurs:
cancéreuses, 48 ; autres, 9. — Méningite, 27. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 50. — Paralysie, 7. —
Ramollissement cérébral, 9.— Maladies organiques du cœur, 53.
— Rronchite aiguë, 23. — Bronchite chronique, 27. — Broncho-
Eneumonie, 13. — Pneumonie, 55. — Gastro-entérite: sein, 16;
iberon, 43. — Autres diarrhées, 7. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 2. — Autres affections puerpérales, 4. — Débilité con-
génitale, 21. — Sénilité, 27. — Suicides, il. — Autres morts
violentes, 9. — Autres causes de mort, 178. — Causes
inconnues, 8. — Total: 922.
G. Masson, Propriétaire-Gérants
20911. ~ MOTTBROZ. — Imprimerict réunies, Ai rue Migooo, % Parts.
8 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N" 45 — TÙ7
SUPPLÉMENT THÉRAPEUTIQUE
OE LA
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
THÉRAPEUTIQUE
I.e chlorhydrate de eocaVne dans le* affections de la
gforge et du larynx.
L'action analgésique et anesthésique de \a cocaïne était
connue depuis 1862, époque à laquelle le docteur Schroiî
obtint Tanesthésie de la muqueuse linguale ; mais, comme
l'a dit M. le professeur Rossbach (d'Iéna), c'est le docteur
russe von Anrep qui, le premier, a indiqué les propriétés
anestbésiques locales de la cocaïne.
Celte découverte, faite dans le laboratoire de l'Université
de Wurtzbourg, était restée inaperçue quand, au Congrès
des ophthalmologistes à Heidelberg et à la Société império-
royale des médecins de Vienne, H. le docteur KoUer a
démontré l'action exercée par le chlorhydrate de cocaïne
sur la muqueuse oculaire.
Les expériences de Koller ont été contrôlées et reconnues
exactes ; de plus, on a étendu les recherches aux autres
muqueuses, et Ton a reconnu que toutes sont analgésiées
et ancsthésiées par l'application de chlorhydrate de cocaïne
qui annihile toute excitabilité. Mais on ne doit recourir
généralement à l'application locale d'une solution de
chlorhydrate de cocaïne que s'il y a lieu de faire une opé-
ration sur un point déterminé, ou bien si les badigeon-
nages sont indispensables pour amener la guérison d'une
lésion de la muqueuse.
Si, comme dans la pratique journalière, on a affaire sim-
plement à une maladie de la gorge, à un enrouement, à
une extinction de voix ou bien à toute autre inflammation
du larynx ou du pharynx, il suffit de prescrire l'emploi des
pastilles blondes au chlorhydrate de cocaïne pour obtenir
un prompt succès. « Les malades atteints de douleurs
pouvant gêner la déglutition, éprouveront un réel soula-
gement en faisant usage de quelques pastilles de chlorhy-
drate de cocaïne » (Progrès médical).
Cette action locale des pastilles Houdé est aujourd'hui
bien reconnue, et les expériences qui ont été faites ont
démontré qu'il est aisé, par suite de leur dosage rigoureu-
sement exact et de la pureté de leur principe actif, d'entre-
tenir et de régulariser l'action de ce médicament.
D'une saveur agréable et d'une dissolution rapide et
régulière, elles représentent un gargarisme sec d'une
administration pratique.
Nous croyons utile de rapporter ici brièvement l'observa-
tion suivante :
Obs. — M.-B..., quarante-six ans, né d'une mère luber^
culeuse, est sujet à des bronchites répétées. Depuis dcuxi
mois, le malade éprouve une certaine difficulté pour res-
pirer, les crachats sont fréquents, la voix est couverte^
Signes physiques de tuberculose au deuxième degré.
L'examen au laryngoscope montre qu'il existe un œdème
de l'aryténoïde gauche avec ulcération. Au mois de no-
vembre, l'œdème s'étend à l'épiglotle et la déglutilion» os(,
gênée par suite de nombreuses ulcérations du larynx.
Ace moment, le made fait usage de pastilles au chlor-
hydrate de cocaïne pendant quinze jours; dès le premier
jour, la douleurdiminue considérablement et la déglutitioii>
s'effectue saris souffrances. Ces pastilles ramènent en mêim^
temps l'appétit et le malade se trouve mieux par l'emploi dt^
ce médicament.
Le professeur Gouguenheim (de Paris) a conrtaté que
l'emploi du chlorhydrate de cocaïne sur la muqueuse dui
larynx produit l'anesthésie rapide de cet organe et amène
une sédalion complète des laryngites : € Grâce à la cocaïne.,
dit-il, les malades atteints d'ulcérations tuberculeuses da
larynx peuvent se nourrir ; la douleur et la gêne de U\>
déglutition diminuent; la dysphagie disparait et l'examen»
laryngoscopique devient facile, même pour le larynx le plus
rebelle. »
Dans le catarrhe aigu ou chronique du larynx, les pas-
tilles Houdé à la cocaïne modifient l'hypérémie et la tumé-
faction des tissus; les quintes de toux cessent rapidement
sous leur influence; on les conseille aussi dans les ulcéra-
tions aphtheuses de la muqueuse buccale, dans les picote-
ments de l'angine et de la pharyngite sèche, dans les pha-
ryngites aiguës et les enrouements.
Leur utilité est indiscutable dans les affections si doulour-
reuses de la bouche, de la gorge et du larynx.
(Semaine médicale,)
7:38
N« 45 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
8 Novembre 1889
THEKAPEUTIQUE
De raction dtm Ilal«aiuli|iic8 dan* les aflècdoiiii
pulmonaire*.
Il n'est peut-être pas de médicament plus populaire que
le goudron, et il Ta été de tout temps dans les contrées
maritimes du Nord. Depuis que Tévéque Berkeley en Ht
connaître les merveilleuses propriétés, il n'a cessé d*étre
employé dans le traitement d'un grand nombre de maladies
et notamment dans celui des états morbides ayant pour
siège les organes broncho-pulmonaires. Ici, son efficacité
est incontestable,
Dès 1817, Chrichton publiait de très curieuses expériences
sjur les inhalations chaudes de goudron dans le traitement
de la bronchite et de la phthisie pulmonaire. Les effets ob-
tenus ne furent pas démentis et depuis on n'a cessé d'y
avoir recours. Il est certiin qu'administré en fumigation
il agit plus sûrement et plus énergiquement que lorsqu'il
est donné sous forme aqueuse. En cet état, il diminue les
sécrétions muqueuses des bronches et en même temps la
toux et la dyspnée deviennent moins pénibles. Quand, au
contraire, la sécrétion bronchique est rare, l'expectoration
difficile, il fluidifie les mucosités et facilite leur expulsion.
Pour administrer le goudron par les voies respiratoires,
on a inventé bien des appareils qui tous ont le grand défaut
d'être fort dispendieux et peu commodes. On ne peut en
dire autant de la méthode préconisée par M. Géraudel. Ses
pastilles, composées de goudron à l'état moléculaire, en se
dissolvant dans la salive, transportent, par l'air inspiré, la
substance active jusqu'aux dernières cellules pulmonaires.
C'est ainsi qu'on explique l'action curative si prompte de ce
médicament dans les bronchites aiguës tout aussi bien que
dans les catarrhes chroniques. La toux et l'expectoration
diminuent presque aussitôt pour cesser définitivement
après quelques jours d'emploi de ces pastilles.
D^ L. DuvAï.s.
La Bévellle.
La Réveille^ célèbre source des Bénédictins de Cluny, à
Sauxilianges (Puy-de-Dôme), approuvée par l'Académie d^
médecine, autorisée par l'État, ferrugineuse, bicarbonatée,
chlorurée-sodique, gazeuse.
Analyse :
Acide carbonique 1 ,975
bicarbonate de soude :2,r>45
Hicarbonale de magiicsie 0,!230
Bicarbonate de fer 0,107
(Carbonate de chaux 0,31 i
Sulfate de potasse 0,066
Chlorure de sodium 0,065
Elle est, de toutes les eaux minérales, la plus normale-
ment minéralisée et la plus agréable à boire, tonique, re-
constituante, apéritive et digestive.
Prescrite avec succès contre chlorose, anémie, dyspep-
sies, goutte, diabète, albuminurie, fièvre intermittente, ainsi
que contre les aflections du foie et des voies urinaires.
Dans l'état ordinaire de santé, elle réveille l'appélit er
fortifie tous les organes.
Un ou deux verres en mangeant ou en dehors des repas,
coupée avec du vin ou un sirop quelconque.
S'adresser au régisseur, à Sauxilianges (Puy-de-Dôme),
ou Maison d'Esebeck, rue Jean-Jacques-Kousseau, Paris.
G. HkssoH, Propriétaire-Gérant.
^0759. — MOTTBROZ. -> Imprimerief réunlet, A, rua Mifaoo, t, Paris.
Trente-sixième année
N*46
15 Novembre 4889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. le D' L. LEREBOULLET, RÉDàCTEUR en chef
MM. P. BLACHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANÇOIS.FRAIICK. A. HCNOCQUE, A.^. MARTIN, A. PETIT. P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédactiùn à M. Lcreboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préiérence)
SOMMAIRE. — Bulletin. ^ Glimiqub chirdiioicalb. Cholécystentérostomie.
» Formulaire thkrapeutiqub.Du traitement do l'ôrysipèle par la créoline. —
Revue ubs cours et des cliniques. Hôpital Necker : M. Campcnon. Méniiigo-
encéphalite conséeut^e à un eoup dofea. Trépanation. — Travaux origiraux.
Clinique médicale: Pneumothorax survenu dans le cours d'un accc!( d'asthme
cl (^uérl par la llioraccntèsc. — Revue Diiis Congrès. Troisième Congres de
la Société allemande do gynécologie tenu a Prtbourg en Brisgau du 12 au
lijuîii. — SoGlETÉs savantes. Académie des sciences. Académie de méde-
cine. — Sociéié do chirurgie. — Bibliographie. Manuel de médecine opéra-
toire de Malgaigne. ~ VARliris. Le droit de réquisition en matière médico-
légale ; affaire de Rndez. Faculté do médecine de Paris. — Feuilleton. I.a
médecine à TExposilion universelle de i889.
Académie des sciences ,
BULLETIN
Paris, 13 novembre 1889.
Caases de l'Immiiiiité dans le*
maladie*.
JSovLs reproduisons plas loin (p. 746), d'après le texte offi-
ciel des Comptes rendus de r Académie des sciences^ le
résumé des observations que vient de faire M. Bouchard
sur le rôle et le mécanisme de la lésion locale dans les
maladies infectieuses. Il ne nous appartient pas de discuter
longuement ici les conclusions qu'il convient de déduire de
ces recherches si intéressantes. Elles s'appuient, on le
verra, sur un assez grand nombre d'expériences dont on ne
saurait contester la valeur; elles affirment, avec l'autorité
incontestée du maître qui les a entreprises, que, dans les
maladies infectieuses, la lésion locale est presque toujours
symptomatique soit d'une immunité relative de l'orga-
nisme, soit d'une virulence modérée de l'agent infectieux.
« Plus grands, dit H. Bouchard, sont la virulence ou le
nombre des microbes, plus grandes aussi sont les chances
d'infection de l'organisme. D'une façon générale, si l'im-
munité est nulle ou si la virulence est eiccessive, la lésion
locale peut faire défaut, l'infection est d'emblée générale;
si l'immunité est absolue ou si la virulence est nulle, la
lésion locale peut faire défaut, mais l'infection générale
manque également; si l'immunité est relative ou si la viru-
lence est modérée, il y a de grandes chances pour qu'il se
produise une lésion locale, et, dans le cas où cette lésion
locale sera effectuée, l'infection générale sera épargnée;
elle apparaîtra, au contraire, s'il n'y a pas eu lésion
locale. »
On lira, avec intérêt, les observations qui montrent com-
ment la diapédèse très rapide des leucocytes et la surac'^
tivité de la puissance phagocytique de ces éléments cellu-
laires sert, chez les sujets vaccinés, et, par conséquent,
doués d'immunité, à constituer la lésion locale et à éli-
miner rapidement ou à détruire sur place les agents infec-
tieux. On comprendra dès lors comment ces recherches de
pathologie expérimentale éclairent et expliquent les pro-
blèmes si obscurs de Timmunité constitutionnelle et de
l'immunité acquise par la vaccination, et combien sont
nécessaires au progrès scientifique ces découvertes déduites
des recherches microbiennes.
Sans doute, personne ne songe à y contredire, la méde-
cine dite traditionnelle, c'est-à-dire l'observation clinique,
a reconnu et afGrmé de tous temps quelques-uns des faits
qu'expliquent et que démontrent aujourd'hui les études si
FEUILLETON
I^a médeeioe à l'Expoalilon nnlveraelle de 1889.
(Huitième et dernier article.)
Arrivé au terme de ces courtes pérégrinations à travers
l'Exposition universelle de 1889, on nous pardonnera de
vouloirr en dégager les principaux enseignements. Au pre-
mier abord, il ne semble pas que ces vastes exhibitions soient
bien favorables aux industries qui s'occupent des diverses
branches de l'art de guérir ni à celles qui ont des rap-
ports avec l'hygiène ; encore moins pour les œuvres d'as-
sistance proprement dites. Ce n'est pas précisément au point
(le vue de ces industries et de ces œuvres qu'elles sont pré-
parées et installées, et d'ordinaire celles-ci y tiennent une
place fort modeste, le plus souvent très effacée. Il en a été
assurément de même cette année qu'aux expositions uni-
2* SÉEIB, T. XXVI.
verselles précédentes pour ce qui concerne la médecine et
la chirurgie, mais non pour l'hygiène et l'assistance, qui y
ont brillé d'un certain éclat et ont été exposées de façon à
attirer età retenir l'attention publique. Les palais— pour em-
ployer l'expression consacrée, bien qu'elle soit ici quelque
peu exagérée —qui leur étaient consacrés, contrastaient sm-
gulièrement avec la galerie obscure et étroite où se voyait
mal l'arsenal chirurgical contemporain. Et cependant,
celui-ci était vraiment supérieur et témoignait d'une longue
série d'efforts parvenus à une remarquable perfection; on a
Eu s'en convaincre dans les deux précédents feuilletons,
'industrie sanitaire est, nous l'avons dit aussi, chose toute
nouvelle en France; aussi ne doit-on pas s'étonner que les
objets qui la composent n'aient pas encore, pour la plupart,
atteint ce même degré de perfection; néanmoins, elle pos-
sède déjà des appareils, quelques-uns tout au moins, dont
la supériorité a été nettement établie par les travaux spé-
ciaux du jury de la classe 64.
46
738 — N* 46 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CBIRURGIE 45 Notembbb 1889
précises que Ton poursuit dans les laboratoires. Nous avons
toujours défendu ses droits, et moins que jamais nous ne
voudrions contester à la médecine clinique sa légitime pré-
pondérance. A M. Jaccoudy qui vient de protester une fois
de plus, dans la leçon d'ouverture de son cours de clinique
médicale, contre Texclusivisme des découvertes contempo-
raines, nous ne manquerons donc point d'accorder que, au
point de vue de la pratique médicale, les observations cli-
niques nous ont, depuis de longues années, fait connaître
la patbogénie et la thérapeutique d'un assez grand nombre
de maladies infectieuses. Mais nous devons aussi recon-
naître que tout autre est la doctrine qui ne s'appuie que
sur des hypothèses plus ou moins séduisantes, et celle qui
se déduit d'expériences positives. L'opinion qui consistait
à considérer )a rage comme une affection nerveuse siégeant
dans la moelle allongée se déduisait bien de l'analyse des
symptômes, mais elle est restée hypothétique jusqu'au jour
où l'inoculation du bulbe rabique lui donna une certitude
absolue. La contagiosité de la tuberculose pouvait et devait
être niée jusqu'au jour où les expériences de M.Yilleniin
eurent démontré que le virus tuberculeux était inoculable.
En affirmant aujourd'hui encore que les maladies infec-
tieuses doivent être divisées en deux classes, les unes pri-
mitivement locales, les autres générales d*emblée, M. Jac-
coud développe une doctrine très séduisante et généralement
admise. Mais, en ajoutant que cette doctrine pathologique
ne doit rien à la période microbienne des maladies infec-
tieuses, il ne peut parler que pour le passé. L'avenir est
aux recherches qui, comme celles de M. Bouchard» préci-
seront les conditions dans lesquelles l'infection peut rester
locale.
Loin de nous cependant l'idée de nier ce qu'il y a de
juste et de légitime dans les recommandations adressées
à ses élèves par M. le professeur Jaccoud. S'il convient
d'applaudir au progrès scientifique que les recherches
de laboratoire contribuent à affirmer dans le domaine
de la pathologie générale, il serait souverainement impru-
dent d'encourager les étudiants à s'adonner exclusivement
aux travaux de ce genre, et à négliger les études d'ordre
clinique et pratique. Aussi appartient-il à ceux qui diri-
gent les examens et président aux concours des hôpi-
taux et de l'agrégation de réagir, s'il y a lieu, contre
de semblables tendances. Les maîtres éminents, dont
nous louons dans ces colonnes les travaux de pathologie
expérimentale, ont été et restent toujours, dans leurs
services hospitaliers, d'excellents médecins, au courant de
tous les procédés d'exploration clinique, de tous les progrès
de la thérapeutique contemporaine. Pour eux aussi la
microbiologie n'est qu'une des sources multiples et variées
auxquelles la clinique doit emprunter les connaissances
préalables qui lui sont nécessaires pour l'achèvement de
son œuvre propre. Mais, désireux d'arriver à une solution
rigoureuse des problèmes de pathologie générale les plus
ardus et les plus discutables, ils étudient scientifiquemenl
les questions d'ordre scientifique. Il en est de môme des chi-
rurgiens qui, au lieu de se contenter des notions vagues et
incomplètes de la pathologie d'il y a trente ans, se préoc-
cupent d'introduire dans leur pratique hospitalière et d'ap-
pliquer au point de vue thérapeutique les procédés d'anti-
sepsie les plus rigoureux. Ceux-*ci, parce qu'ils attachent une
plus grande importance à l'étiologie déduite des recherches
microbiologiques, n'en considèrent pas moins comme indis-
pensable l'étude rigoureuse et approfondie de l'anatomie
chirurgicale et de la médecine opératoire! Il doit en être
de même dans tous les cours dé clinique nlédicale. Tous les
maîtres de la jeunesse française admettent que les travaux de
microbiologie ne sauraient jamais tenir lieu des études de
séméiologie clinique, et que le médecin qui, sans savoir
ausculter longuement et méthodiquement un phthisique,
prétendrait le traiter en bornant son exploration clinique
à l'analyse bactériologique de Texpectoration, ne serait pas
longtemps à s'apercevoir de l'inanité de ses tentatives; mais
tous les élèves doivent apprendre, comme leur dit H. Jac-
coud, qu'il faut que la science et la pratique marchent
parallèlement et se prêtent un mutuel appui. Les cours de
clinique médicale et chirurgicale ont précisément poor
objet et doivent avoir pour résultat de former de bons pra-
ticiens. Les laboratoires leur apprendront ensuite que les
hypothèses doctrinales ne sauraient prévaloir contre des
faits positifs.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Choléeysl enléroatomlc.
M. Terrier vient de communiquer à l'Académie de
médecine une très remarquable observation de cholécysten-
térostomie. Ainsi que son nom l'indique, cette opération a
pour but d'aboucher la vésicule biliaire à une anse intesti-
Cejury, seul a peu près parmi ceux de l'Exposition, ne s'est
en effet pas contenté de regarder les appareils qu'il avait à
examiner, en tenant compte de l'aspect extérieur, de l'ingé-
niosité de la fabrication et de l'importance de la maison qui
exposait, comme on le fait d'ordinaire; il a voulu les expéri-
menter et il s'est livré à cet effet à de longues et minutieuses
expériences qui donneront à son rapport une importance toute
spéciale, qui justifie la sévérité de ses décisions. Ces expé-
potable,
appareils destinés à la salubrité des habitations et des villes,
notamment les réservoirs de chasse d'eau, les water-closets,
les siphons obturateurs hydrauliques et les tuyaux de cana-
lisation. On trouvera sans doute quelque intérêt à connaître
certains dispositifs employés dans ces expériences, qui ont
été longues et multipliées.
Pour les systèmes et appareils de chauffage et de ventila-
tion, il y avait lieu de s'occuper d'abord de ceux qui doivent
avoir pour effet de supprimer toute exhalaison de gaz nui-
sible dans les locaux habités et de n'enlever à l'atmosphère
de ces locaux aucune de ses qualités essentielles à la vie.
tout en déterminant une égale répartition de la chaleur ou
du froid dans les diverses parties et sur tous les points.
Quelques-unes des grandes installations actuelles de chauf-
fage et de ventilation présentent ces conditions, que M. Emile
Trélat, après trente-cin<| ans d'enseignement, voit enfin se
généraliser dans la pratique. On a cessé d'envoyer à grands
frais, par de vastes orifices, de l'air chauffé ou refroidi, sah
par les calorifères, les tuyaux ou les bottes de ventilation.
sans qu'on puisse bien savoir quelle direction prennent le^
veines qu'il projette de côté et d'autre, et sans qu'on puis^tr
arriver à réchauffer suffisamment les parois elles-mêmes
des locaux occupés. On n Ignore plus aujourd'hui, et on en
connaît bien les moyens d'exécution, que l'on doit s'efforcer
de ne pas modifier les qualités normales de l'atmosphère
15 NoTRNBRB 1889" GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 46 — 739
nale, de façon à rétablir le cours de la bile lorsque le
canal cholédoque est défit) itivemeot obstrué. Les interven-
tions de ce genre se comptent encore : M. Terrier n'a pu en
trouver que six dans la liltérature médicale, et la sienne
est la première que l'on ait faite en France. Nous croyons
donc devoir attirer l'attention sur elle d'une manière
spéciale.
I
La chirurgie des voies biliaires a sans doute été pres-
sentie par les auteurs du siècle dernier. Malgré l'intérêt
qui s'attache à ces études historiques, nous considérerons
que la question est née, en réalité, depuis quelques années
seulement. Certes on doit signaler quelques tentatives im-
portantes; mais en somme il n'y a pas longtemps encore que
la pathologie des voies biliaires ressortissait à la médecine
pure. Le chirurgien était convié, de temps à autre, à fendre
un phlegmon calculeux, dont l'ouverture spontanée était
imminente. Souvent même on laissait la nature faire tous
les frais, et parfois^ cependant, on priait le chirurgien
d'aller à la recherche des calculs en dilatant la fistule qu'ils
entretenaient.
De nos jours, il n'en va plus ainsi. On ne se demande
plus si des adhérences protègent ou non la séreuse périto-
néale. Lorsque la vésicule biliaire est distendue, doulou-
reuse, enflammée, on n'hésite plus à la mettre à nu par la
laparotomie, à l'inciser, à la fistuliser, à l'extirper, à l'a-
boucher même dans* une anse intestinale voisine. Telles
sont, en effet, les opérations auxquelles on a actuellement
recours.
Chacune d'elles a ses indications spéciales, qui relè-
vent surtout de la cause du mal. Il est vrai que nos
connaissances diagnostiques sont encore trop souvent
débiles, et nous sommes réduits à agir suivant les consta-
tations que nous faisons par la vue et le toucher après avoir
ouvert le ventre.
Les lésions auxquelles le chirurgien peut porter remède
sont celles qu'engendrent les obstacles mécaniques au
cours de la bile. De ces obslacles, les calculs sont le type.
Nés la plupart du temps dans la vésicule biliaire, ils s'en-
gagent dans le canal cystique, puis dans le cholédoque, et,
si la plupart du temps le patient s'en débarrasse au prix
d'une colique plus ou moins intense, trop fréquemment ils
s'arrêtent en route et ferment le passage aux liquides
sécrétés en amont ; petits et irréguliers ils les laissent d'abord
s'écouler en partie, mais bientêt la muqueuse s'enflamme
et se boursoufle autour d'eux, et l'enclavement se parfait.
Les calculs ne sont pas la seule cause d'obstruction. Tout
d'abord, lorsque après un séjour prolongé le calcul se dégage,
sous une influence quelconque, il n'est pas rare que la paroi
enflammée devienne le siège d'une sténose cicatricielle. Il'
faut compter aussi avec certaines inflammations, mal con-
nues, de la muqueuse ; enfin, et surtout, les canaux
biliaires cheminent au milieu d'organes nombreux, qui les
compriment aisément. De là le rêle des tumeurs diverses de
la base du foie, des ganglions lymphatiques ; (les tumeurs
et des scléroses de la tête du pancréas, principalement; ou
bien le péritoine enflammé forme des brides enserrante^, ou
bien encore la compression est l'effet d'une tumeur de la
rate, du rein, de l'ovaire même.
De ces causes, il en est auxquelles on s'adresse directe^
ment: les accidents biliaires cesseront, par exemple, une
fois opéré le kyste hydatique du bile qui, par compression,
les provoquait. Mais peut-on enlever tous les ganglions
malades dai^s cette région? enlever aussi un pancréas can-
céreux ou sclérosé? Il n'y faut point songer, mais on s'a*
dressera à l'effet, puisqu'on ne peut parer à la cause. Pour
les calculs biliaires, on combattra, suivant les cas, soit
l'effet, soit la cause, soit les deux à la fois. Quels sont donc
les effets produits par l'occlusion des voies biliaires?
H
Lorsque l'obstacle siège au niveau du canal cystique^ il
arrive parfois que la vésicule, dont le contenu est prisonnier,
se rétracte peu à peu, s'atrophie. Cette terminaison est
malheureusement rare. Bien au contraire, le liquide s'ac-
cumule, la plupart du temps, et la vésicule distendue forme
une tumeur plus ou moins volumineuse, suppurée ou non.
En pareille occurrence, deux opérations sont en présence,
une fois que la laparotomie a assuré le diagnostic. On a
commencé par inciser la vésicule. Plus tard, on Ta extirpée.
A la cholécystotomie a succédé la cholécystectomie.
La cholécystotomie t idéale >, pour parler comme les
Américains, serait celle où l'on réintégrerait la vésicule dans
le ventre, après suture exacte de l'incision évacuatrice. Les
opérations ainsi conduites sont pour le moment encore
chargées d'une lourde léthalité. La plupart des auteurs
conseillent donc de fistuliser à la paroi la vésicule ouverte,
après avoir désenclavé par des manœuvres externes, si
habitée et de rejeter immédiatement au dehors toutes les
impuretés produites. En particulier pour le chauffage, il faut
environner la pièce d'une ceinture rayonnant de la chaleur
au lieu de s'exposer à en perdre par la muraille et intro-
duire l'air du dehors sans que celui-ci ait eu à subir de
variations dans son parcours. Quant aux appareils de
chauffage domestique, il en est <{\ii brûlent avec une
grande énergie les gaz de la combustion, grâce à l'interposi-
tion d'une sorte de foyer circulaire troué, formant comme
un chalumeau; mais aucun constructeur n'a osé rompre
avec les funestes habitudes des poêles mobiles, si bien que
le jurv de la classe 64 n'a pu en récompenser aucun plus
spécialement.
La question du filtrage de l'eau pour l'alimentation a pris
en ces derniers temps une nouvelle importance. La doctrine
microbienne en a changé l'aspect de fond en comble et elle
a mis les divers systèmes en présence d'une difficulté nou-
velle, que la plupart n'avaient d'ailleurs pas suffisamment
[prévue. Le jury a accordé la même valeur à l'essai bactério*
ogique des eaux filtrées et à leur analyse chimique, bien
aue celle-ci fut subdivisée en quatre épreuves, à savoir : la
Itratioo des sels solubles, tels que le plomb, celle de la
chaux, puis celle des matières organiques et la teneur en
oxygène de l'eau filtrée; il a. tenu également grand compte
de la facilité du nettoyage de l'appareil. C'est là, en effet,
une des conditions principales à remplir ; il n'est pas de filtre
qui puisse servir utilement pendant quelque temps, s'il
n'est nettoyé à de courts intervalles, qu'il s'agisse des appa-
reils à bougies de porcelaine, des tissus d amiante ou de
matières filtrantes spéciales. Sur vingt et un appareils pré-
sentés au jury, trois seulement lui ont paru mériter des
récompenses à ces divers points de vue. Plus difficile était
l'appréciation des systèmes employés ou proposés pour la
filtration des eaux destinées à 1 alimentation d'une grande
ville; ici, les procédés sont plus compliqués, et l'on peut
dire qu'aucun a'eux ne donne aes garanties absolues; si bien
740 —H* 46
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Novembre 4889
possible, le calcul auquel on fait rebrousser chemin vers la
vésicule.
Mais cette fistule, qu'elle donne ou non issue à de la bile,
sera en général permanente. Aussi, lorsqu'il a été bien
démontré que le canal cholédoque est libre, Langenbuch
conseille de disséquer la vésicule et de l'extirper, en section-
nant le canal cystique entre deux ligatures. L'avantage est
encore que, comme les calculs se forment presque tous dans
la vésicule, on met le malade à l'abri des coliques hépa-
tiques ultérieures.
Lawson Tait a porté un jugement sévère sur cette opéra-
tion. A son sens, la cholécystectomie est < intrinsèquement
absurde p. 11 s'appuie, il est vrai, en 1885, sur une statis-
tique un peu erronée. En tout cas, au mois de janvier 1887,
Langenbuch communiquait à la Société médicale de Berlin
une série de douze opérations avec deux morts seulement; et
une de ces morts, due à un tubercule cérébral, doit, en toute
justice, être défalquée. On n'a pas oublié que Michaux d
fait connaître tout récemment au Congrès de chirurgie une
cholécystectomie heureuse, la première publiée en France.
Les faits semblent donc avoir donné uû démenti à l'opinion
de L. Tail, et, quand le canal cholédoque est perméable, le
mieux semble être d'extirper la vésicule, suppurée ou
hydropique, mais en ayant soin de faire porter la section du
canal cystique au delà de l'obslacle.
III
Pareille conduite serait absurde, sans contredit, si le
cholédoque était obstrué. Ce serait barrer définitivement la
route à la bile, car le canal cystique et la vésicule peuvent
nous fournir une voie dérivatrice.
Soit un sujet dont le cholédoque est totalement bouché.
Peu importe que la cause soit un cancer ou une sclérose du
pancréas; un calcul ou une sténose du canal lui-même. Si
l'obstacle est fixe, le malade est voué à une mort certaine;
tout comme on voit succomber en quelques jours tons les
nouveau-nés dont les voies biliaires sont congénitalement
imperforées.
Nous venons de dire que la cholécystectomie est alors
condamnée à l'avance. On n'en saurait affirmer autant pour
la cholécystotomie avecfislulisation de la vésicule à la paroi
abdominale* Il est incontestable que Ton pare ainsi aux
accidents immédiatement graves; lacholémie par rétention
biliaire cesse et les lésions cirrhotiques du foie, des reins.
sont arrêtées dansleurévolttliou. Mais l'opéré est pourvu d^uof
fistule biliaire totale; de là une déperdition importante, t:
aussi une suppression d'une des humeurs utiles à la diges-
tion. Utilité contestée, sans doute, et dans un travail récerit
Rohmann prétend presque que la bile est une superfélatiou.
Tout le monde n'est pas de cet avis, et la plupart des clUth
ciens et des expérimentateurs affirment que les aninaam
— hommes ou autres — dépérissent et maigrissent apr^
l'établissement d'une fistule complète. Que la théorie les t.
blâme, c'est possible, mais le moindre gramme de bil"
ferait bien mieux leur affaire.
Aussi bien, dit Nussbaum, les chiens qui lèchent leur
fistule restent-ils en bon état. Malheureusement, Tboinror
n'en peut guère faire autant. Harley a conseillé de fairr
avaler aux fistuleux des capsules contenant de la bile de
cochon; quand ce serait bien la bile du fistuleux lui-même,
cette prescription semble médiocrement pratique.
Il faut donc, autant que possible, éviter la fistule totak\
Mais déblayer le cholédoque en broyant à travers lui ie
calcul avec une pince capitonnée est bien hasardeux, malgré
un succès de Lawson Tait; hasardeuse aussi est Textraciion
par incision proposée par Langenbuch. En principe, au
contraire, on ne saurait objecter grand'chose à la con-
ception de Nussbaum: imiter le processus parfois dû aux
seuls efforts de la nature et créer une communication entre
le fond de la vésicule distendue et une anse intestinale, le
duodénum de préférence. Il y aura ainsi une fistule totale
qui fera cesser la cholémie, et d*autre part la bile ne sera
pas perdue.
Mais il y a lOin de la coupe aux lèvres. Cette opération
est d'une grande difficulté. Winiwarter, qui le premier /«<
pratiqua, la réussit, mais il dut soumettre son malade, du
âO juillet 1880 au 14 novembre 1881, à six interveulions
successives, dont trois spécialement destinées à établir la
fistule intestinale biliaire ; et ces trois dernières séances
s'espacèrent en une année. Winiwarter a proposé ensuite
une méthode par laquelle on agirait en deux séances.
En réalité, il semble que Ton doive chercher à opérer eu
un seul temps, et c'est ce qu'a fait avec succès M. Terrier.
sur une femme de cinquante-quatre ans, atteinte depai<
deux ans environ d'accidents hépatiques assez vagues; pui^,
depuis deux mois, d'une occlusion complète du cholédoque.
Les selles étaient décolorées, les urines bilieuses, le foie
volumineux, la vésicule distendue. L'ictère était foncé, le
prurit intense, et la salivation, incessante. La malade
qu'4ine agglomération doit surtout s'efforcer d'ac(]uérir des
eaux d'une grande pureté et les mettre à l'abri de toute
souillure.
La prophylaxie des maladies transmissibles est singuliè-
rement facilitée par les divers appareils de désinfection
récemment inventés, parmi lesquels les étuves à vapeur
sous pression continuent à tenir le premier rang. Leur expé-
rimentation comporte l'examen des microbes pathogènes
que l'on place dans les tissus destinés à y être désinfectés,
la recherche de l'égale répartition delà température dans
tous les points de l'appareil et l'essai des résistances au
dynanomètre des divers tissus avant et après Topération. 11
est curieux de se rendre compte des modifications survenues
dans le choix des procédés de désinfection : après avoir
utilisé pendant longtemps les étuves à air chaud en Angle-
terre, les recherches bactériologiques ne tardèrent pas à
montrer leur insuffisance, et c'est alors qu'en Allemagne on
associa à la chaleur sèche la vapeur sans pression, ou la
vapeur à l'étal de courant, expression, d'ailleurs, assez vide
de sens ; puis vinrent en France les étuves à vapeur ï:oii>
riression, assez communément employées aujounl'hui. Ao
ieu d'opérations durant plusieurs heures à des températare>
très élevées, on est graduellement arrivé à obtenir la dé^in*
fection en vingt minutes, sans détérioration aucune de^
tissus et de façon à assurer, dans toutes leurs parties* la
destruction complète des microbes pathogènes les piQ>
résistants.
La salubrité des habitations et des villes adonné lieu à de
nouvelles expériences, afin d'exiger des appareils expose<
qu'ils assurent une évacuation complète et extrêmement
rapide des immondices. Tout un laboratoire sanitaire a et»*
installé par le jury, pour ces expériences. Les tuyaux di»
canalisation furent éprouvés au point de vue de leur rrsis^
tance à la pression extérieure, à l'aide d'un levier dVcr^-
sement, et à la pression intérieure, au moyen d'une presse?
hydraulique, puis au point de vue de leur résistance au
15 Novembre 1889 GAZETTE IHEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
~ N- 46
741
fut mise à la diète lactée, et le naphtol {3 lui fut prescrit à
la dose de 3 grammes par jour. Un accès de fièvre hépa-
tique fit faire, à peu près d'urgeuce, une laparotomie
exploratrice. La vésicule fut vid^e par ponction exploratrice
et le doigt du chirurgien put alors sentir dans le cholédoque
une tuméfaction allongée, probablement un calcul. La face
inférieure de la vésicule répondait presque directement à la
face antéro-supérieure de la première portion du duodénum.
Là fut faite l'anastomose, la cholécystentérostomie. Tous
les points de suture furent placés de façon à faire passer les
fils entre la muqueuse et la musculeuse, sans intéresser la
muqueuse, suivant le procédé classique pour les sutures
intestinales.
Grâce à un système spécial de sutures, H. Terrier put
n'inci>er les parois que tout à fait à la fin, au moment de
serrer le dernier fil ; un drain fut mis dans la communica-
tion artificielle, puis le fil fut serré. Grâce aux éponges et
aux compresses antiseptiques, il n'a pas coulé dans le ventre
une goutte de bile ou de matières intestinales. La malade a
guéri de Topiâratioa^ puis elle s'est peu à peu rétablie;
rictère a disparu presque complètement, l'engraissement
est notable, les forces reviennent, et Tétat actuel est très
satisfaisant.
Outre l'opération déjà citée de Winiwarter, et sans tenir
grand compte des expériences faites sur les chiens par
Harley, par Gaston (d'Atlanta), on trouve dans la littérature
médicale des faits de Honastyrski, Kappeler, Socin, Bar-
denheuer et Hayo Robsou. Ces cholécystentérostomies ont
été faites en un seul temps et les malades ont guéri;
H. Terrier n'a cependant pas de renseignements sur celui
de Bardenheuer.
La guérîson, cela va de soi, n'est qu'une cure palliative
quand l'obstacle est causé par un tumeur maligne, du
pancréas surtout; et les patients de Monastyrski, de Rap-
peler, moururent bientôt de leur carcinome pancréatique.
Mais ils avaient été notablement soulagés. D'autre part, le
diagnostic exact est bien souvent impossible, précisément
parce que le cancer du pancréas tue souvent par cholémie,
sans que les signes auxquels on reconnaît un cancer aient
eu le temps de se produire ; on voit parfois succomber
ainsi des malades chez lesquels l'autopsie révèle une simple
sclérose de la tète des pancréas. Chez ceux-là, comme chez
les calculeux, la cholécystentérostomie n'eùt-elle pas été
curative ?
La cholécystentérostomie n'est cependant pas approuvée
par tous les chirurgiens. Il y a quelques jours, Mayo Robson
a résumé son observation personnelle devant la Socfété cli-
nique de Londres. D'après un compte rendu du Bulletin
médical^ Knowsley Thornton a qualifié cette opération de
f monstrueuse ]» ; elle n'a pas sa raison d'être, car il n'a
pas eu de fistule à la suite des cholécystotomies qu'il a pra-
tiquées. Cette absence de fistules est bien étonnante, si
Thornton a opéré des malades dont le cholédoque était
totalement obstrué.
Malgré cet anathème, la cholécystentérostomie semble
destinée à un brillant avenir, car elle est conçue d'après
les données de la physiologie, et jusqu'à présent lés résul-
tats immédiats paraissent excellents. Dès qu'une occlusion
totale et fixe du cholédoque est diagnostiquée, il faut songer
à inlervenir; on n'est plus en droit de laisser les malades
tomber de l'ictère jaune dans l'ictère vert, de l'ictère vert
dans l'ictère noir, et de l'ictère noir dans la privation de la
vie. On en voit, sans doute, qui guérissent sans qu'on sache
trop pourquoi. Mais combien ne s'arrêtent qu'à la dernière
étape? L'abstention n'est donc plus permise, et M. Terrier
vient de démontrer que pour ces malades on peut faire
mieux qu'une fistulisation palliative delà vésicule.
A. BnocA.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Dv Iraltenient de rérsrsipèle par 1» eréollne.
Les propriétés antiseptiques de cette substance expli-
quent son application au traitement de l'érysipèle, tel
qu'il est actuellement mis à l'essai en Autriche et en
Allemagne.
Les uns emploient la créoline seule, les autres l'asso-
cient à l'iodoforme.
!• Pommade a la créoline. — Elle peut se formuler
ainsi:
Créoline 3 grammes.
Lanoline 25 —
Elle s'applique au pinceau sur la surface malade en dé-
passant de 4 à 5 centimètres les bords de la platjue érysi-
pélateuse. On recouvre ensuite de gutta-pejrcha ou de
makintosch.
2** Pommade a la créoline et a l'iodoforme. — Re-
choc d'un boulet et de leur perméabilité à l'eau. Les réser-
voirs de chasse doivent pouvoir fonclionner sans être in-
fluencés par leschangemenlsde niveau et le jet d'eau, à sa
sortie, avoir une amplitudeet une force suffisantes pour tout
entraîner sur son passage. C'est ici que la forme de la
cuvette du water-closet et du siphon hydraulique prennent
une importance toute spéciale; une fois complètement
recouverte à son intérieur de noir de fumée, il fallait qu'une
chasse d'eau déterminée enlevât celui-ci sur tous les points
des parois; en outre, une défécation représentée par quatre
pommes de terre enrobées de papier (matière lourde) et par
quatre bouchons de liège (matière légère) avec quelques
feuilles de papier mince devait être rapidement et totale-
ment enlevée. Dans quelques semaines, les résultats de
toutes ces expériences seront publiés; ils montreront com-
bien elles ont été intéressantes et quels services elles sont
appelées à rendre à l'assainissement des habitations et des
villes.
Mais, si l'industrie sanitaire, à l'égal de la construction
des instruments de médecine et de chirurgie, offrait d'in-
térêt à l'Exposition, il n'en était malheureusement pas de
même de l'hygiène hospitalière.
Nous avons déjà dit quelles lacunes elle présentait ;
seul, il faut le reconnaître, le système à voûte ogivale
témoignait d'une recherche intelligente et rationnelle des
conditions de salubrité d'un hôpital; mais en 1878 déjà il
en était de même et depuis cette époque le nombre des hôpi-
taux de ce système s'est bien peu accru. Ceux de Montpellier,
du Havre et Bichat à Paris, et ceux du Mans, de Fontenay-sous-
Bois et d'Epernay, en voie de construction, attestent heu-
reusement que la France peut, elle aussi, revendiquer l'hon-
neur d'avoir modifié radicalement la forme, classique denuis
près d'un siècle, de nos établissements hospitaliers. Ô'est
encore celui de Montpellier qui est le plus complet à cet
^gard; il est bon d'en connaître les détails principaux. II
occupe, pour 620 lits, hors de la ville et à Taltitude
m — N* 46 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 45 Novembre 1889
commandée par Mrœck (de Vienne), elle est ainsi com-
posée :
Créoline t grammes.
lodoforme 8 —
Lanoline 20 —
Plus active que la précédente, elle s'applique de la même
manière.
Sur les surfaces recouvertes de poils ou de cheveux, il
est utile de raser ces derniers avant Tapplication du
topique.
On continue le traitement pendant deux ou trois jours
après que Térysipèle s'«sl circonscrit et que la coloration
de la peau est devenue plus pâle.
Ch. Eloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOPITAL MECKER. — M. GAMPENOUf.
■èBtnffO-eBcéphaUte consécutive * un eoiip 4e feu.
Trép»aalloo.
Le malade qui va Taire Tobjet de cette conférence est un
homme âgé ae trente-quatre ans, fortement alcoolique.
Retenez bien ce fait; vous allez voir qu'il a une très grande
importance.
Le 21 octobre au soir, étant en état d* ivresse, il lirait deux
balles de revolver sur sa femme : l'une à la tète, l'autre au
poignet. Il tourne ensuite son-arme contre lui-même et se
tire une balle dans la région temporale droite.
Il est amené alors à Thôpital. Il avait une petite plaie
pénétrante entourée de grains de poudre, à deux centimè-
tres environ au-dessus de l'arcade zygomatiqne et en arrière
ée l'apophyse orbitaire externe. Hémorrhagie abondante;
pansement iodoformé. Impossible de savoir si la boite crâ-
nienne avait été perforée. Il y a, en effet, une règle chirur-
gicale absolue qui interdit, dans toutes les plaies par armes
à feu de petit calibre, de sonder la plaie et d aller à la
recherche de la balle. Cette loi est formelle et sous aucun
prétexte, dans des cas semblables, vous ne devrez agir diffé-
remment. 11 y a du reste des cas remarquables de tolérance
de Torganisme, et l'on a des exemples d'individus ayant
gardé toute leur vie une balle dans le cerveau, sans que la
présence de ce corps étranger ait amené le moindre acci-
dent. Ce qui s'est passé chez la femme de ce malheureux,
amenée à l'hôpital en même temps que lui, est une preuve
de plus en faveur de cette méthode. Nous nous sommes
contentés de lui faire des pansements; ses plaies sont ao
jourd'hui cicatrisées, et, bien que les balles soient rester
en place, elle est déûnitivement guérie.
Le lendemain matin, c'est-à-dire le 22, notre malade ri<
présentait rien de particulier. Il était bien un peu hébété
mais cela pouvait tenir à ce qu'il n'était pas encore complè
tement remis de son ivresse de la veille. Quelques vomis^r
menls dans la journée. Le soir, il avait un peu de fièvre ; ^
température s'élevait à 38%2.
Le 23 au malin,il avait encore 38%2, mais, comme la veilk
rien de spécial, sinon que la langue était un peu sèche e
saburrale. Nouveaux vomissements dans la journée.
Le soir, c'est-à-dire quarante-huit heures après i'ao*
dent, il a une attaque épileptiforme ; dans la nuit, des nan
sées et quelques vomissements. Sa température monte ;
39^,4.
Le lendemain matin^ nous ne trouvons chez notre maladt
aucun trouble, ni de l'intelligence, ni des mouvements. Le^
accidents de la veille n'ayant pas reparu, nous nous déci-
dons à ne pas intervenir, tout en nous tenant prêts pour uoe
intervention. . . ^
Depuis, la température oscillait autour de â9 degrés. Lt
pouls, qui les deux premiers jours avait été un peu fréquenU
probablement à cause de l'ivresse du malade, se maintenait
à soixante-douze pulsations. Nous vivions sur ce terrain su»
1>ect, nous demandant si nous devions intervenir, mais reçu-
ant devant une opération grave et que peut-être on pourrai!
éviter, lorsque ce matin de nouveaux accidents sont venu.<
lever toutes nos hésitations.
A quelques heures d'intervalle, le malade a eu deu\
attaques consistant en mouvements petits, saccadés, sur
place, des quatre membres. Remarquez bien ce fait que les
!|uatre membres étaient également pris. En même temps, la
ace' était tiraillée, les dents serrées, les yeux animés i^e
mouvements convulsifs, les pouces dans une adduction for-
cée et fléchis sous les doigts. Une respiration bruyante, un
véritable ronflement et la perte involontaire des urines
viennent compléter la description de ces attaques. Après
l'attaque, le malade, étonné et inconscient de ce qui venait
de se passer, avait aux lèvres un peu de mousse sanguino-
lente. En somme, ces deux crises étaient de véritables atta-
ques épileptiformes. Nous avons cherché attentivement dans
son passé, pour savoir s'il avait déjà eu de semblables acci-
dents. Notre malade, en effet, est un alcooliqjoe. Il boii
chaque jour une quantité assez considérable d'absinthe et
cette liqueur, vous le savez, a le triste privilège d'exposer
ses adeptes à des attaques épileptiformes. Mais mes recher-
ches ont été négatives sur ce point, et d'après les renseigne-
ments que nous lenons, soit de lui, soit de sa femme, il
n'aurait jamais eu auparavant de crises d'épilepsie.
moyenne de 50 mètres une surface de 9 hectares de terrain,
soit 150 mètres par tête de malade; la ligne de plus grande
pente est N.-S. et présente une certaine déclivité. Ajoutons
qu'il a coûté 2250000 francs, soit 3610 francs par lit.
Construit en pierres de taille, briques et ier, avec des
couvertures en tuiles sur liteaux en fer et des dallages en
mosaïque, il a toutes ses salles pourvues d'une double enve-
loppe en briques minces, maintenues par des nervures en
fer et faciles à flamber, à lessiver ou à renouveler. Les
malades y jouissent de 12 mètres de surface de salle et de
65 mètres cubes d'air ; celui-ci se renouvelle à raison de
100 mètres cubes par lit et par heure, par les ventouses
ménagées loin des occupants, à l'angle dièdre curviligne
du faîtage du vaisseau ogival, qui ne comporte aucun gre-
nier capable d'emmagasiner Tair vicié. Les malades ne sont
pas superposés par couches multiples séparées par un
simple plancher, soumis à la fois à l'action infectante des
habitants du dessus et de ceux du dessous, comme cela a
lieu dans les bâtiments à plusieurs étages. De larges che-
minées-glaces ornent les salles et contribuent à leur venti-
lation, en même temps qu'elles dégagent la vue sur la cam-
pagne. I
Des balcons latéraux placés au niveau des salles per-
mettent d'y rouler les lits en les abritant sous toile, ce qui
forme comme des salles de rechange pendant la belle sai-
son. Les salles sont disposées pour favoriser les grandsj
lavages; elles n'ont aucune division intérieure et elles soin
élevées sur des pilastres de 3"',20 de hauteur, laissant uij
rez-de-chaussée entièrement libre à l'accès de l'air exté-
rieur; de telle sorte que les surfaces extérieures ou d'aénè-
tion sont à peu près égales aux surfaces intérieures ai
d'infection. Ces rez-de-chaussée pourront servir, en temps
de guerre, à hospitaliser les blessés. Le gaz est installé en
dehors des salles, en attendant l'éclairai^e électrique. Ut
chemin de ceinture extérieur sépare l'hôpital des construc-
tions particulières. Un chemin de ceinture intérieur ellip^j
15 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE lŒDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 46 — 74a
En présence de ce tableau que je résume brièvement :
une balle dans la région temporale; température fébrile
oscillant autour de 39 degrés ; régularité du pouls se main-
tenant à soixante-douze pulsations et tombant aujourd'hui à
soixante-six ; attaques épileptiformes avec mouvements des
quatre membres; intelligence conservée, mais avec une
certaine lenteur de la pensée et de la parole, quel diagnostic
devons-nous poser?
J'ajoute que le malade, depuis trois ou quatre jours, se
plaint d'un peu de raideur des muscles de la nuque.
Au début, la légère élévation tbermométrique pouvait
être expliquée par Tivresse et par Tinflammation consécu-
tive au traumatisme. La crise épileptiforme constatée le
second jour après rentrée du roataae à Thôpital pouvait
aussi reconnaître pour cause la suppression brusque de
Tabsinthe. Souvent, en effet, chez les gens saturés d'alcool,
la suppression complète donne naissance à du delirium tre-
mejis et plus particulièrement chez les absinlhiques à des
attaques épileptiformes. Hais cette explication n'est plus
suffisante pour les accidents que nous constatons aujour-
d'hui. Le projectile a pénétré clans la cavité crânienne et a
provoqué une inflammation des méninges et de l'éeorce
cérébrale. Cette température élevée avec urt pouls régulier
et plutôt lent, cette fatigue des facultés intellectuelles, la
raideur de la nuaue et surtout les attaques épileptiformes
présentent le tableau clinique complet de la méningo-encé-
phalite.
Cette méningo-encéphalile est-elle localisée ou étendue?
Etant données les connaissances si précises que l'on possède
sur les localisations cérébrales, cette question est du plus
haut intérêt. Si, en effet, un centre moteur était plus spé-
cialement atteint, c'est surtout sur lui que devrait porter
notre intervention, et nous aurions alors à préciser la place
qu'il occupe par rapport à la paroi crânienne.
En l'absence de tout phénomène de localisation et en
tenant compte de la généralisation des mouvements saccadés
aux quatre membres pendant les attaques d'épiiepsie, nous
devons conclure que 1 affection est diffuse.
En présence de ce diagnostic de méningo-encéphalite dif-
fuse, quel doit être notre rôle? Devons-nous et pouvons-nous
intervenir? Oui, nous devons intervenir, car, si nous laissons
les choses suivre leur cours, la mort du malade est assurée.
Mais comment intervenir? Les phénomènes généraux ne
nous donnant aucune indication sur le lieu où doit porter
notre intervention, nous suivrons passivement le trajet de la
balle à travers les téguments et à travers le crâne. Du reste,
celte région, à cause de la profondeur des parties molles
et à cause de la présence de la méningée moyenne en
dedans du temporal, est loin d'être un lieu d'élection pour
l'application du trépan.
Peul-èlre n'avons-nous affaire qu'à une simple fracture
du temporal. Mais peu importe ; la conduite à tenir est tou-
jours la même. Nous inciserons les téguments sur une assez
grande étendue, en faisant une incision cruciale. Nous déta-
cherons le périoste, puis nous examinerons l'état de l'os.
Celui-ci sera enlevé largement, et, si l'on trouve un épanche-
ment collecté entre lui et la dure-mère, il faudra l'évacuer.
Les enveloppes cérébrales étant ensuite incisées, si nous
trouvons une méningite suppurée, nous les nettoierons du
mieux possible, ainsi que la substance cérébrale, soit en les
lavant, soit en les essuyant doucement avec une éponge fine
imprégnée de substances antiseptiques. Si la balle a péné-
tré dans la substance cérébrale et que son trajet soit indiqué
par un aspect piqueté et ramolli de l'éeorce du cerveau, nous
irons à sa recherche; sinon, nous nous abstiendrons.
Je tiens à vous signaler, en terminant celte conférence,
la différence entre les accidents de la méningo-encéphalile
consécutive à une chute ou à un traumatisme et ceux qui
accompagnent la méningo-encéphalite consécutive à une
plaie par arme à feu. Dans le premier cas, sous l'influence
de la commotion cérébrale, le malade est plongé tout de
suite dans le coma, puis, sans aucune transition, apparais-
sent les symptômes de la méningo^ncéphalite diffuse. Au
contraire, chez un individu qui reçoit une balle dans le
cerveau, s'il ne meurt pas sur le coup, il y a toujours un cer-
tain intervalle, je dirais presque une période d'incubation,
entre le traumatisme et lapparition des accidents. Cette
période est très variable, et, dans certains cas, elle peut être
assez longue.
A l'Hôtel-Dieu, il m'a été donné de voir un jeune homme
qui s'était tiré une balle dans la tête. Les trois ou quatre
premiers jours, il était en parfaite santé et causait des motifs
qui l'avaient poussé à cet acte de désespoir. Mais vers le
quatrième ou le cinquième jour, sont apparues des atlaques
a'épilepsie et le malade a succombé en moins de quarante-
huit heures. J'ai vu aussi un cas semblable à l'Hôpital des
Enfants. Une fillette avait reçu une balle qui lui avait presque
traversé le crâne de part en part. Ce n'est que huit à dix
jours après l'accident, alors qu'on la croyait hors de danger,
qu'elle a présenté les premiers symptômes d'une méningo-
encéphalite qui l'a emportée rapidement.
Aussi, dans des cas de ce genre, doit-on toujours réserver
le pronostic, même alors que le blessé parait aller bien,
et être prêt à intervenir dès l'apparition des premiers acci-
dents.
Résumé de Popération. — Le trajet musculaire de la
balle n'existe plus. Celle-ci est en totalité ou en partie trou-
vée dans l'épaisseur du muscle absolument aplatie et défor-
mée; on retire en même temps une petite esquille osseuse.
Il est alors facile de voir que le crâne est perforé sur une
tique sépare, dans quatre segments isolés, les services sus-
ceptibles de produire des émanations insalubres, tels que
les pavillons doubles de contagieux, au nombre de trois
(variole, diphthérie, fièvres éruptives), l'autopsie, la désin-
fection, etc. Les pavillons de contagieux sont placés dans
l'angle N.-O. du plan général, de telle sorte que les
vents dominants portent leur atmosphère en dehors des
autres quartiers. Les salles de contagieux sont pourvues
d'appareils spéciaux pour la destruction des microbes de
l'air des salles, avant son expulsion dans l'atmosphère. La
dislance entre les pavillons des contagieux et ceux des
malades ordinaires est de 60 mètres. Les services généraux
et de cliniques sont placés au centre. Les malades et blessés
sont divisés en deux quartiers, un pour chaque sexe, dis-
tancés de 50 mètres. Les pavillons sont uniformément
orientés du N -0. au S.-E.; ils sont séparés par des
jardins de 28 mètres de largeur entre faîtages (largeur
triple de celle des plus larges rues de la ville et presque
double de celle des routes nationales). Des espaces libres
sont réservés, dans la région nord, pour y placer des ambu-
lances mobiles en cas d'épidémie. Les pavillons sont séparés
par des jardins plantés d arbres et d'arbustes ou semés de
fielouses. Une prise d'eau spéciale, partant de la source de
a rivière, fournit l'eau pure et en abondance à l'hôpital.
Les eaux sales et les matières excrémentitielles largement
diluées sont envoyées aux égouts de la ville par une canali-
sation spéciale en grès, pourvue de. siphons et de réservoirs
de chasse. Enfin tous les services sont mis en communica-
tion entre eux et avec l'administration par le téléphone.
Des omnibus spéciaux font le service de transport à très bas
prix, et en dix minutes, entre la ville et l'hôpital. C'est là,
à notre avis du moins, le type le plus complet de l'hôpital,
tel que les exigences de l'hygiène moderne permettent de
le concevoir, et même un excellent exemple de la situation
que les villes peuvent donner à ces établissements par rap-
port à l'éloignement des centres habités. L'éOMioime y
744 — N* 46 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURaiE 45 Novbhbre 1880
largeur d'un centimètre environ et une longueur de deux
centimètres à peu près. Le grand axe de la perforation se
dirige vers l'apophyse orhitaire interne. On décolle le pé-
rioste tout autour, jusqu'au bord de l'orbite.
Au centre de la perforation est une masse où l'on recon-
naît la dure-mère perforée et une substance noirâtre, ra-
mollie, formée d'un mélange de caillots sanguins et sans
doute de pulpe cérébrale. On retire une esquille enfoncée
d'un centimètre environ dans la pulpe cérébrale. L'orifice
est agrandi avec la pince-gouge, et on voit sourdre de l'angle
interne une cuillerée à café environ de pus mal lié.
Au cours de l'opération, l'artère méningée moyenne cou-
pée par la balle donne du sang en grande quantité; on l'ar-
rête par une pince à demeure.
La plaie est lavée, nettoyée, tamponnée. On met un drain
«lUant sous la dure-mère jusqu'au contact de la pulpe céré^
brale. Pansement iodoformé.
Le soir, une attaque épileptiforme à dix heures du soir.
Le 2 novembre, l'élat général du malade est meilleur; il
n'a plus eu d'attaques depuis le jour de l'opération et la rai-
deur de la nuque a disparu. La température est descendue
à 37%8. Nouveau pansement iodoformé; la plaie a un très
bon aspect; pas de pus en dehors du trajet du drain.
En résumé, si le malade est actuellement hors de danger,
il est incontestable que c'est à Tintervenlion chirurgicale
qu'il le doit.
Ch. Steeg.
TRAVAUX ORIGINAUX
Clinique médicale.
Pneumothorax survenu dans le cours d'un accès d'as-
thme ET guéri par la thoracentèse. Communication
faite à la Société médicale des hôpitaux, dans la séance
du 25 octobre 1889, par M. Troisier, agrégé, médecin de
la Pitié.
Laennec a signalé l'emphysème pulmonaire parmi les
affections qui peuvent donner naissance au pneumothorax.
« Il paraît prooable, dit-il (t. II, p. 555, édit. Andral), que,
dans le cas d'emphysème du poumon avec rupture des
cellules aériennes et passage de l'air sous la plèvre, cette
membrane elle-même peut aussi se rompre à son tour, et
donner ainsi lieu à un pneumothorax. Je crois même avoir
vu ce cas ; mais, les notes que j'en avais prises ayant été
perdues, je n'oserais l'assurer. *
Le fait n'est pas douteux, et depuis Laennec, on en a
publié un certain nombre de cas (1). Je l'ai observé chez la
malade que je vous présente.
Cette femme, âgée de vingt-sept ans, était entrée à ia
Pitié le 25 juin 1887 pour un violent accès d'asthme. Elle
avait eu un premier accès à l'âge de dix-neuf ans, et depuis
lors, les accès se reproduisirent de loin en loin.
Lorsque je la vis pour la première fois, elle était arc-
boutée sur son lit, anxieuse, en proie à une dyspnée exces-
sive ; chaque mouvement respiratoire était accompagné d'un
tirage très pénible: la face était violacée ; le thorax dilaté;
le murmure vésiculaire affaibli dans toute l'étendue de U
poitrine ; l'expiration sifflante et prolongée, avec quelques
râles muqueux aux deux bases; l'expectoration spumeuse el
abondante; les bruits du cœur éloignés, sans souflle ; les
urines rares et très albumineuses.
* Les jours suivants, cet accès persista avec les mêmes
caractères ; l'oppression était excessive et empêchait toute
espècede repos. La température, oui jusqu'alors était restée
normale, s'éleva le 28 avril à 40 degrés et 40*,5 le soir,
sans qu'aucune complication apparente put expliquer cet
état fébrile ; le pouls était petit et fréquent. La situation de
la malade était réellement fort grave.
Le 1*' juillet, on constata pour la première fois un sooCie
amphorique et des tintements métalliques, du côté gauche,
en avant, en arrière et dans l'aisselle. Le cœur était refoulé
à droite du sternum. — Il s'était donc produit un pneumo-
thorax, d'une façon insidieuse, car la malade n'avait rien
ressenti au moment de la rupture du poumon, et la dyspnée
ne paraissait pas plus forte qu'auparavant.
Je fus assez effrayé de cette complication. Que fallait-il
faire? Je craignais que l'air évacué par la thoracentèse ne
fût immédiatement remplacé. J'attendis au lendemain, et
fieut>être cette temporisation fut-elle utile; elle permit à
a fissure pulmonaire de se cicatriser, le poumon était
refoulé contre le médiastin et par conséquent immobilisé.
Le 2 juillet, les signes physimies étant les mêmes que la
veille, l'oppression à son comble avec des menaces d'as-
phyxie, je pratiquai la thoracentèse avec le petit trocarl de
l'appareil de M. Potain. Je fis trois fois l'aspiration avec un
flacon d'un litre; comme le vide n'est jamais parfait,
j'estime que j'ai enlevé deux litres d'air environ (2).
J'ai eu le tort d'aller vite, et peut-être eût-il mieux vain
ne point se servir d'un appareil aspirateur ; car cette sous-
traction rapide de l'épancnement gazeux amena un déplis-
sement brusque du poumon comprimé, et un afOux sanguin
(1) Voy. Aii^ry, Pneumothorax camé par la rupture des v^tieuUs emphgu-
mateuscs au cours de Vemphysème (Thèse, Paris. i887). — Gaillard, Du pneu-
mothorax simple, sans liquide, et de sa curabilité {Arch. gén. deméd., 18^).
(ii II oiU été intéressant de mesurer la tension pleurale et de fairi> l'an^ >««•
du giiz épanché ; mais la thonicentcse était urg^entc cl je n'avais pas sous la niaiu
les instruments nécessaires pour faire ces recherches.
trouve également son compte et le bien-être des malades
en est considérablement accru. De petites maisons, desti-
nées aux premiers secours et au service des consultations,
suffisent à l'intérieur des villes, pourvu que le transport à
l'hôpital général soit facile, rapide et fréquent.
C'était la première fois que l'administration sanitaire
française prenait part, avec quelques développements, aune
Exposition universelle. L'une des plus précieuses préro-
gatives que procure la puissance publique est, on le sait,
celle de pouvoir, par des mesures appropriées, diminuer le
tribut que les populations payent à la maladie et à la mort.
Cette prérogative s'exerce par l'application de lois spéciales
et de règlements que l'administration appliaue en s'inspi-
rant des progrès que la science suggère et des transforma-
tions que subissent les mœurs publiques. Si bien (jue le
taux de la mortalité dans une agglomération humaine se
trouve influencé, ainsi que le démontrent de nombreux et
fréquents exemples, par l'état de la législation sanitaire et
de l'organisation administrative chargée d'appliquer cette
législation. C'est pourquoi l'administration sanitaire fran-
çaise, centralisée actuellement pour les services d'Etat au
ministère de l'Intérieur, n'a pas manqué de saisir Tocca-
sion de l'Exposition pour rendre le public témoin des efforts
qu'elle ne cesse de faire en vue d'assurer la salubrité dans
les agglomérations urbaines et rurales, de prévenir ou
arrêter les épidémies et les maladies Iransmissibles, de
€ faire jouir les habitants des avantages d'une bonne police,
notamment de la propreté, de la salubrité dans les rues,
lieux et édifices publics >, suivant les expressions du législa-
teur de 1789. Elle comprend des services d'Etat, des services
départementaux et des services municipaux, suivant que les
dispositions des lois sanitaires engagent toutes les autorités
du pays ou sont laissées à la discrétion de l'une ou de
l'autre d'entre elles. On sait d'ailleurs que la salubrité
publique est, au point de vue général, confiée en France au
pouvoir municipal. Les dispositions prises à l'Exposition
15 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
~ N* 46 — 745
vers cet organe, ce qui se traduisit, comme quelquefois
après la thoracentèse dans le cas de pleurésie, par des
Îjuintes de toux et une expectoration abondante, claire et
liante (l'analyse clinique de cette expectoration n'a pas
été faite; elle présentait les caractères de l'expectoration
albumineuse). Mais bientôt le calme se rétablit, et la
malade se sentit considérablement soulagée. Le soir, elle
était beaucoup moins oppressée. On trouvait encore dans
les parties supérieures du thorax du souffle amphorîque et
du tintement métallique ; en arrière et sur le côté, on
entendait le murmure vésiculaire affaibli et en partie mas-
qué par des sibilances.
Le lendemain matin 3 juillet, il n'y avait plus de signes
de pneumothorax; l'air restant après la thoracentèse était
complètement résorbé (on sait que la plèvre absorbe très
facilement les gaz). La nuit avait été presque bonne; la
température était revenue à la normale. Bientôt tout rentra
dans l'ordre ; la dyspnée cessa peu à peu et l'accès d'asthme
Frit fin; l'albumine disparut, et la malade put quitter
hôpital une quinzaine de jours après son entrée.
Depuis celte époque, c'est-à-dire depuis deux ans et demij
elle a eu un certain nombre d'accès d'asthme de moyenne
intensité. EHe offre maintenant les signes de l'emphysème
pulmonaire à un léger degré. Elle est forte et peut se livrer
à des occupations assez fatigantes. J'ajoute, pour être com-
plet, qu'elle ne présente aucune trace de tuberculose.
Je me bornerai à quelques remarques au sujet de ce cas
intéressant :
1" Le plus souvent le pneumothorax qui se produit dans
le cours de l'emphysème pulmonaire, ou pendant un accès
d'asthme, reste peu important et l'air se résorbe rapide-
ment. Mon observation démontre qu'il peut présenter une
extrême gravité par la quantité d'air épanché. La compres-
sion du poumon, le déplacement du cœur, augmente la
gêne respiratoire circulatoire, et ce sont de nouvelles
causes de suffocation et d'asphyxie ajoutées à l'accès d'as-
thme. Aussi la thoracentèse est-elle mdiquée dans ces cas;
ma malade aurait peut-être survécu, mais c'est grâce à celte
opération qu'elle a été mise immédiatement hors de dan-
ger.
2° Le pneumothorax est resté simple, sans hydrothorax.
L'air atmosphérique n'est donc pas un irritant pour la plèvre.
Par lui-même il est inoffensif, et les pleurésies avec épan*
chôment liquide qui accompagnent si souvent le pneumo-
thorax ne sont pas dues à la présence de l'air dans la cavité
Fileurale, mais à la pénétration de particules solides ou
iquides chargées d'éléments pathogènes.
3*" Cette observation montre que le tintement métallique
n'exige pas pour se produire, la présence de liquide dans la
plèvre, et que le souffle amphorique peut exister, bien qu'il
n'y ait pas de fistule
là des faits qui sont bien établis aujour
consonance, de Skoda>.
)ersistanle. Ce sont
l'hui (théorie de la
REVUE DES CONGRÈS
Trotalèmo Coacrès de la «oelété AllGmande de ffynéeolocle
teau à Friliourc ea BrlHPAn da t« aa 14 JalB«
(Fin. — Voyez les n" 29, 33 et iO.)
MÉCANISME DE LA RESPIRATION CHEZ LE NOUVEAU-NÉ , par
MM. Dohrn et Aeckerlein, — La conclusion la plus importante
de ce mémoire esl la suivante : d'une manière générale, les
poumons ne s'emplissent pas d'air avec les premières inspira-
tions; les alvéoles ne se déplissent que le second jour.
Deux ruptures utérines guéries par la laparotomie. —
L'une de ces ruptures s'était produite quarante-huit heures
après le début du travail. Le fœtus était hydrocéphale. Quatorze
heures plus lard, Viedow pratiqua la laparotomie et, après avoir
extrait le fœtus passé en entier dans la cavité péritonéale, con-
stata Texistence aune énorme déchirure intéressant le côté droit
du corps et du segment inférieur, ainsi que le feuillet postérieur
du ligament large. Par cette déchirure et à travers le cul-de-sac
correspondant au vagin, Viedow amena à la vulve une bande
de gaze iodoformée en guise de drain. Le péritoine fut lavé à
Teau chaude et on en fit la toilette avec de la gaze stérilisée.
L*utérus fut enlevé et le pédicule traité par la méthode extra-
péritonéale. Guérison après septicémie légère caractérisée par
quelques ascensions thermiques et Tapparition, six semaines
après l'opération, d'une phlegmatia alba dolens gauche.
Kehrer a traité et guéri de la même façon une rupture utérine*
survenue pendant une version podalique faite dans le but d'ex-
traire au travers d'un bassin oblique ovalaire un fœtus présen-
tant le sommet.
Mécanisme de l'accouchement dans les présentations du
sommet. — Frommel expose que, contrairement à l'opinion
exposée l'an dernier par Olshausen à Halle, la rotation de la
tête dans le bassin précède la rotation du tronc qui, par consé-
quent, n'en est pas la cause. Ces deux auteurs s'appnient d'ail-
leurs également sur l'observation clinique.
TECHNittUE de l^opération CÉSARIENNE. — Veil (de Berlin)
envisage la question à deux points de vue : i" A quel moment
faut-il opérer? L'auteur croit que pour se mettre à l'abri de
rhémorrnagie il est bon d'attendre l'apparition de contractions
énergiques; 2° Quelle suture employer? De recherches expéri-
mentales entreprises sur les animaux, d'une opération césarienne
pratiquée sur une guenon, Veit tire cette conclusion que la suture
séro-séreuse est inutile et qu'il sufût, pour obtenir la réunion de
la plaie péril onéale (en quatre ou cinq jours), de bien affronter
les tissus sous-jacents.
Sànger conteste qu'on puisse conclure de la guenon à la femme.
Il proclame k nouveau l'utilité de la suture séro-séreuse qui lui
a donné, ainsi qu'à ses imitateurs, les merveilleux résultats que
pour faire connaître les plus importants de ces services
étaient suffisamment explicites pour donner une idée du
rôle que chacun d'eux joue actuellement ; mais c'était sur-
tout dans des livres et des documents que l'on pouvait
trouver la trace de la surveillance incessante qui s exerce
au profit de sa santé. Trois des attributions des services de
l'hygiène ont permis toutefois des développements figura-
tifs, plus accessibles au public, à savoir,: la police sanitaire
maritime, la lutte contre les épidémies et les maLadies
transmissibles, et les eaux minérales. Aussi l'administra-
tion avait-elle surtout appliqué ses soins à rendre ces déve-
loppements aussi compréhensibles et aussi complets que
possible. Pour les eaux minérales, par exemple, elle avait
l'ait dresser une magnifique carte des richesses hydro-
minérales, si considérables et si variées, de la France, et
donné le plus d'importance possible à rétablissement d'Âix-
les-Bains. Les services de police sanitaire maritime étaient
représentés par des vues des principaux lazarets, une ma-
3 uette représentant celui de Trompeloup, à l'embouchure,
e la Gironde, et des spécimens des appareils de désinfec-
tion qui y sont utilisés. Enfin, des statistiques spéciales
montraient, mois par mois, depuis trois ans, le mouvement
des maladies transmissibles dans nos villes les plus peu-
plées. Sans doute tous ces documents sont encore insuffisants;
s'ils montrent combien notre organisation administrative
sanitaire est récente, ils prouvent aussi que les méthodes et
les procédés qu'elle emploie, les principes sur lesquels elle
appuie ses décisions sont rationnels etjudicieux ; une nou-
velle Exposition universelle ou plutôt une Exposition spé-
ciale, permettra d'en mieux apprécier les résultats.
746 ^ N' 46 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Novembre 1889
vient de mettre en relief la thèse de Caniso. Il n'est pas néces-
saire que le repli péritonéal soit considérable; 1 ou î milliraè-
tres suffisent; quinze sutures au moins sont indispensables pour
obtenir la réunion d*une plaie utérine ayant laissé passer un fœtus
•d terme.
Léopold a perdu trois opérées et a pu s'assurer sur elles que
la suture séro-séreuse assure l'occlusion parfaite de la plaie ; il
concède (jue le point essentiel est l'affrontement exact des lèvres
de la plaio. A propos du temps d'élection, il rapporte Tobserva-
lion d une femme qu'il opéra six heures après le début du tra-
cinq
minutes. L'opérée succomba' à une hémorrhagie 'abdominale
secondaire ; il y avait trois quarts de litre de sançr dans le ventre.
. Suivent plusieurs communications dénuées d intérêt au point
(le vue pratique : de Bumfh- (de Wurzbourg), sur le$ vaisseaux
utérO'placmtaires; de Leopold (de Dresde), sur la structure
du placenta; de Hofmeiery sur Vanaiomie du placenta; de
Schatz (de Rostock), sur les placentas à collerette.
— Bayer (de Strasbourg), continuant ses recherches sur
l'utérus gravide, apporte une contribution nouvelle à Vétude
du segment inférieur de Vutérus et du placenta prœvia. Il
conclut à la conservation ie la longueur du col pendant toute la
durée de la grossesse et au revêtement dû segmeiii inférieur de
l'utérus par la caduque, sans se rallier franchement encore aux
conclusions fermes de l'Ecole de Schrœder et de celle de Pinard.
— Léopold apporte des faits anatomiques précis à l'appui de
la théorie du non-effacement du col pendant la grossesse. Il
montre les dessins d'une coupe après congélation pratiquée sur
une femme multipare morte d'hémorrhagie par placenta prœvia.
Le col de l'utérus est intact et l'orifice interne fermé.
— Ahlfeld montre un bassin oblique ovalaire avec absence
d'une aile du sacrum et synostose sacro-iliaque du même côté.
Du TRAITEMENT DES hémorrhagies post partum. — DUhrssen
S de Rerlin) insiste sur la fréquence de ces hémorrhagies qui,
['après les statistiques, causeraient en Prusse la mort dune
femme au moins par jour. Il s'appuie sur cette statistique pour
vanter les avantages de la méthode qu'il a récemment préconisée :
le tamponnement intra-utérin. 11 le veut hâtif et pense qu'il
agit en excitant les contractions utérines et par compression.
Ses conclusions s'appuient sur cinquante-sept cas avec un seul
insuccès. Ce traitement serait applicable, en tant que tamponne-
ment utéro-abdominal, à l'opération césarienne et aux ruptures
utérines.
Repoussé par Olshausen^ par Veit et par Battlehner^ le tam-
ponnement intra-utérin est aéfendu par Do^m, qui s'en est bien
trouvé dans cinq cas dont une opération césarienne.
— Schatz s'occupe de la provocation et de la régularisation
des contractions utérines par le seigle ergoté. 11 assure que :
i® les contractions provoquées par le seigle ergoté ont le carac-
tère des contractions normales et nullement tétaniques; 2° le
seigle ergoté augmente non l'intensité, mais la fréquence des
contractions. Le seigle commence à agir un quart d'heure après
son adminitration et agit au maximum une demi-heure après. Il
ne faut l'administrer quç d'heure en heure e\, n'en confier l'em-
ploi qu'à une personne avisée et compétente.
H. V.
SOCIÉTÉS SAVANTES
AeiMléaile des «eleace».
RôLK ET MÉCANISME DE LA LÉSION LOCALE DANS LES
MALADIES INFECTIEUSES, par M. Ch. Bouchavd.
J'ai fait remarquer depuis longtemps aue, dans les maladies
infectieuses, d'une façon générale, plus l'aptitude morbide est
grande, moins il y a de lésion locale ; mais j'ai eu soin d'ajou-
ter : la lésion locale renforce l'immunité et diminue la gravité
de la maladie générale. Les deux formules ne se confondent pas.
Tune n'est pas implicitement contenue dans Tautre. J'emprunte
aux faits anciens et aux faits récents de la pathologie des exem-
ples de ces deux lois.
L'homme est plus réfractaire au charbon que le lapin ; rio-.*
culation de la bacléridie charbonneuse produit chez I homme Ja
pustule maligne,
ment; le même n
nérale d'emblée,
marquée et souvent imperceptible. M. Gharrina fait voir que \*
cobaye est plus réfractaire que le lapin à la maladie pyoc>a-
nique ; or il a établi que l'inoculation sous-cutanée du bacill'
Î)yocyanique, qui produit chez le lapin l'infection géDérale sar.^
ésion locale notable, provoque habituellement chez le cobaye uor
gomme limitée au point d'insertion, gomme qui s'ulcère, suhn
la nécrose moléculaire, s'élimine et se cicatrise lentement, san^
que, dans la grande majorité des cas, il survienne une infecti<'L
générale.
La résistance normale d'une espèce animale. Timmunité na-
turelle, comme on dit, favorise donc le développement d'nor
lésion locale. Une immunité absolue empêche complètement i^
développement de Finfection générale et de la lésion locale, l oe
absence totale d'immunité provoque l'infection générale, sou-
vent sans lésion locale. Une immunité relative impose habituel-
lement la production d'une lésion locale qui, d'ordinaire, n*e$i
pas suivie d'infection générale.
D'autre part, l'apparition d'une lésion locale au lieu d'inoro-
lation produit ou renforce l'immunité et diminue ainsi la graritr
de rin(6Clioi> générale., On sait depuis longtemps <|ue la vaiief^
inoculée donne, quelques jours après l'évolution des pustu^N
primaires, une infection générale sensiblement moins grave qoc
la variole ordinaire, dans laquelle l'infection générale succède à
un arrêt passager du contage dans le poumon, infiniment moins
grave que la variole fœtale, où l'infection générale se fait d^em-
lée par le sang. J'en pourrais dire autant de la syphilis acquise*,
comparée à la syphilis congénitale. Je pourrais surtout invoquer
l'exemple d'un bon nombre de maladies infectieuses expérimea-
taies.
Si la lésion locale produit une immunité relative, on pourrait
supposer que, dans les faits do la première catégorie, où \t
disais que l'immunité relative provoquait l'apparition de la If-
provoquait lapparitic
sion locale, je faisais une erreur d'appréciation; on pourrait
dire que, si ces animaux semblent être réfractaires, c*est panrr
qu'ils sont capables de faire une lésion locale et que cette feiao
locale, circonscrivant la maladie, Fempéche de devenir géDé-
rale. Je désire soumettre à l'Académie le résumé d'expériences
qui démontrent, je crois, que cette interprétation serait errooéf.
J'ai dit que l'inoculation sous-cutanée du bacille pyocjaniqae
provoque, chez le cobaye, au point d'inoculation, une tomenr
volumineuse qui s'ulcère et s'élimine lentement, et que rien df
semblable ne se produit chez le lapin. J'ai attribué cette diffé-
rence à la résistance plus grande du cobaye, à son immuDitt>
naturelle. Je prouve que, si l'on confère, au préalable, an lapio
l'immunité acquise, on peut, en l'inoculant ensuite sons la peau,
déterminer chez lui la même lésion locale que chez le cooaye.
M. Charrin a montré qu'on vaccine le lapin, à des degrés di-
vers, soit en lui injectant successivement sous la peau de petites
doses de culture du bacille pyocyaniaue, soit en introduisant
successivement dans ses veines de très petites doses de cette
même culture, soit en lui injectant sous la peau ou dans ie^
veines la culture dé^rrassée i)e tout micfobe par la chaleur ou
par le filtre. J'ai établi que la même vaccination peut être obte-
nue par l'injection sous-cutanée ou intraveineuse des urintf^
stérilisées fournies par d'autres animaux atteints de la maladi<>
λyocyanique. Si, à ces animaux ainsi préparés, on injecte dans
es veines une quantité de culture virulente qui tue en vingt-
quatre heures un lapin neuf, on observe, suivant qu'on a pousv
plus ou moins loin la vaccination, que cette inoculation ne pro-
voque aucun accident morbide, ou détermine seulement une
maladie chronique qui peut guérir. Que l'on injecte sous h
peau, à ces lapins réfractaires, une dose de culture virulente
qui ne produit pas de lésion locale chez un lapin neuf, et Ton
verra se développer chez les vaccinés, au point d'inoculation,
une tumeur qui s'ulcérera, s'éliminera lentement et n'arrivera
à se cicatriser qu'au bout de plusieurs semaines, comparable à
la gomme pyocyanique du cobaye non vacciné.
Dans ces cas, ce n'est pas la lésion locale qui a produit l'im-
munité; l'immunité préexistait et c'est parce que ranimai pos-
sédait l'immunité que la lésion locale s'est développée.
Dans cette appréciation des causes de production de la lèsioi.
locale, il est certain qu'il n'v a pas seulement à tenir comptr
des variations de l'immunité; il faut compter aussi avec le>
45 Novembre 1889 GAZETTE UEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE -- NM6 - 747
variations de \^ virulence de Tagenl pathogène^ et même avec
le nombre des microbes. Plus ffrands sont la virulence ou le
nombre des microbes, plus grandes aussi sont les chances d*in-
fection de réconomie. D*une façon générale, si Timmunité est
nulle ou si la virulence est excessive, la lésion locale peut faire
défaut, rinfection est d*emblée générale; si l'immunité est
absolue ou si la virulence est nulle, la lésion locale peut faire
défaut, mais Tinfection générale manque également; si l'immu-
nité est relative ou si la virulence est modérée, il y a grande
chance pour qu'il se produise une lésion locale et, dans le cas
où cette Jésion locale sera effectuée, l'infection générale sera
épargnée; elle apparaîtra, au contraire, s*il n'y a pas eu lésion
locale.
Mes expériences m'ont permis d'étudier le mécanisme de la
production de la lésion locale et de la protection qu'elle exerce
sur le reste de l'organisme. Ces expériences, laites avec le con-
cours de M. Charrin, ont été pratiquées avec le bacille pyocya-
nique; elles m'ont donné des résultats conformes, pour les
Ï»oints importants, à ceux qu'avait obtenus M. Metchnikoff à
'aide d'autres microbes.
A deux séries de lapins, les uns sains, les autres vaccinés
depuis des époques variables et même depuis près de deux
mois, on injecte sous la peau, au même instant, la même quan-
tité de la même culture de bacille pyocyanique; chez quelques-
uns, on \aihre enmême temps, au heu de rinoculatiOn, les eel-
Iules capillaires de Hesse, préalablement stérilisées et commu-
niquant librement par une fente avec le tissu cellulaire. A des
intervalles réguliers, on prélève, chez des animaux des deux
séries, un peu du liquide qui infiltre le foyer de l'injection où
l'on extrait les cellules de Hesse.
On reconnaît par l'examen des liquides que le gonflement de
la partie injectée, incomparablement plus prononcé chez les
lapins vaccinés que chez les lapins sains, correspond à une accu-
mulation de leucocytes (|ui se produit dans les deux séries d'ani-
maux, mais qui est très peu marquée chez les lapins sains,
très accusée au contraire chez les vaccinés; et chez eux la dia-
Eédèse va en augmentant graduellement, tandis qu'elle reste
ientôt stationnaire chez les lapins sains. Je demeure au-dessous
de la vérité en disant que, dès la fin de la quatrième heure, la
proportion des leucocytes, si elle est 1 chez les non-vaccinés,
est 100 chez les vaccinés.
La différence entre les deux séries d'animaux, très accusée au
point de vue de la diapédèse, ne Test pas moins au point de vue
du phagocytisme. Chez les non-vaccinés, il est exceptionnel de
rencontrer des bacilles dans l'intérieur des leucocytes; ch^z les
vaccinés, à partir de la quatrième heure, on rencontre déjà des
bacilles dans les cellules migratrices. Au bout de six heures et
demie, presque tous les leucocytes en contiennent; les bacilles
inclus sont alors très nets avec tous leurs caractères, plus ou
moins nombreux dans chaque cellule : j'ai pu compter jusqu'à
trente bacilles dans un leucocyte. Je ne crois pas que le phago-
cytisme se présente d'une façon plus nette dans aucune autre
maladie. Peu à peu, les bacilles inclus dans les cellules s'altè-
rent, se déforment, se fragmentent, se résolvent en granulations.
Seize heures après l'inoculation, ces modifications sont presaue
complètement effectuées ; au bout de vingt-deux heures, on dé-
couvre difficilement un bacille intracelhilaire encore reconnais-
sable: la digestion est effectuée.
I^e nombre des bacilles libres présente des différences remar-
quables, suivant qu'on l'apprécie chez les animaux sains ou chez
les animaux vaccinés. Le nombre, qui, au moment de l'inocula-
tion, est le même dans les deux séries d'animaux, augmente gra-
duellement chez les non-vaccinés : il semble rester stationnaire
chez les vaccinés et, à partir de la quatrième heure, il décroît
rapidement. Au bout de six heures et demie, tandis qu'ils four-
millent dans la sérosité des non-vaccinés, on peut n en trouver
que quatre ou cinq dans le champ du microscope, quand on
examine la sérosité des vaccinés. Chez ces derniers, après vin^t-
deux heures et demie, sur quatre préparations, je n ui réussi à
découvrir que deux bacilles libres. J'insiste sur ce fait que, à la
fin de la quatrième heure, alors que le phagocytisme commence
seulement à se manifester, la différence est déjà colossale. Cela
me donne à penser que, chez les animaux réfractaires, avant
toute intervention cellulaire, le microbe trouve des conditions
défavorables à sa multiplication, qui n'existent pas chez les ani-
maux non réfractaires. J'ignore si cette importance défavorable
prépare ou rend possible le phagocytisme. En tout cas, les ba-
cilles ne sont pas tués avant le pnagocytisme. Us restent égale-
ment mobiles chez les animaux sains et chez les animaux vac-
cinés.
Ces expériences me portent à admettre que, dans les maladies
infectieuses, dans la maladie pyocyanique au moins, l'animal
peut triompher de l'agent pathogène, à la condition d'avoir au
préalable une certaine puissance de résistance; que cette ré-
sistance, immunité relative, naturelle ou acquise, agit par des
procédés multiples ou résulte d'actes divers :
1* Chez l'animal qui a l'immunité relative, les humeurs con-
stituent un milieu moins favorable à la prolifération du microbe;
^'^ Chez cet animal, la diapédèse des leucocytes s'opère dans
la zone primitivement envahie avec une intensité beaucoup plus
grande, au point de constituer une tumeur primaire, une lésion
locale ;
3*^ Chez cet animal enfin, les leucocytes exsudés possèdent à
un haut degré la puissance phagocytique, qui est presque nulle
chez ranimai non réfractaire; et par ce procédé la lésion locale
arrive à détruire sur place les microbes;
i^ Ajoutons que, pendant la courte durée de I«;ur vie au sein
de la lésion locale, les microbes ont continué à sécréter les ma-
tières solubles vaccinantes qui, résorbées, agissent sur l'écono-
mie tout entière et augmentent encore sa résistance.
Action du sérum des animaux malades ou VACctNÉs sur
LES MICROBES PATHQGÈNES, par MM. Charrin et Roger. —
il est démontré par une série de travaux déjà nombreux que
le sérum sanguin est un milieu peu favorable au dévelop-
pement des microbes. Reprenant cette question dans son
ensemble et étudiant le développement des microbes patho-
gènes dans le sérum provenant d animaux normaux, malades
ou vaccinés, les auteurs, en se servant du bacille pyocya-
nique, ont établi que chez les animaux atteints de la maladie
Syocvanique et agonisants le sérum sanguin ensemencé avec
^SA d'une culture de bacille pyocyanique, se troublait
inuniment moins que le sérum d un animai sain ; que, chez
les animaux vaccinés à l'aide d'inociîlations de petites doses
de culture vivante et de moyenne virulence, le sérum s'op-
posait encore, mais un peu moins que celui des animaux
atteints de la maladie aiguè, au développement dii bacille
pyocyanique; en résumé, que le pouvoir parasiticide du
sérum pour un microbe augmente chez les animaux malades
ou vaccinés. D'autres humeurs (humeur aqueuse) donnent
les mêmes résultats.
€ Quelle que soit l'importance du pouvoir roicrobicide
du sénim, disent en terminant MM. Charrin et Rooer^ nous
ne voulons nullement prétendre qu'il s'agisse là d une pro-
priété capable, à elle seule, d'expliquer la résistance nux
infections; nous croyons que l'immunité est une résultante
de conditions multiples, et nous n'avons pas l'intention de
mettre en doute le rôle de la phagocytose. »
Contribution a l'étude séméiologique et patuogênique
de la rage, par M. G. Ferré. —L'auteur, étudiant de nou-
veau les accidents respiratoires observés chez le lapin
inoculé par trépanation, et recherchant si l'accélération de
la respiration devait être attribuée à l'envahissement des
centres par le virus ou bien à l'augmentation de la tempé-
rature, est arrivé aux conclusions suivantes :
« l"" Que les phénomènes indiqués dans notre première
série de rechercnes se reproduisent dans le même ordre,
mais avec une légère avance, pour l'emploi de virus plus
virulents;
€ 2* Que l'avance constatée pour ces symptômes concorde
avec une avance dans la virulence des centres respiratoires ;
< 3" Que l'apparition de ces symptômes ne peut pas être
attribuée à l'élévation thermique, puisque le maximum
absolu de température se produit à une époque plus
reculée ;
€ 4*" Que l'hypothèse émise par nous au sujet de la cause
de ces troubles, hypothèse les attribuant à l'envahissement
des centres respiratoires par le virus, reçoit une plus ample
justification du fait de cette nouvelle série de recherches. »
Statistique des inoculations préventives contre la
748 — W 48 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRDRGIE i5 Novembre 1889
FIÈVRE JAUNE, par le docteur Domingos Freire. — L'épi-
démie de fièvre jaune qui s*esi développée à Rio en 1888-
1889 et qui s'est propagée à plusieurs endroits de l'intérieur
du Brésil a servi à démontrer, pour la quatrième fois, la
valeur des inoculations au moyeu du microbe atténué de
cette maladie.
Le maximum de l'épidémie a été entre les mois de
décembre et mars, les premiers cas sporadiques ayant eu
lieu vers le mois de mai 1888 et les derniers cas en juin
1889.
Le taux pour 100 de la mortalité des vaccinés a été de
0,78. A Santos, à Rezende, à Serraria et à Cataguazes,
rimmunité a été absolue.
Uésiumé général. — Il a été vacciné, de 1883 à 1889,
10524 personnes, avec une mortalité de 0,4 pour 100 :
Vaccinations pratiquées en 4883-1884 418
3 > 1884-1885 3051
» » 1885-1886 3473
» » 1888-1889 358:2
Total 10524
La mortalité par fièvre jaune parmi les nvn-vaccinéSj
pendant les quatre épidémies mentionnées plus haut, a
dépassé 6500.
Académie de aiédeclne.
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
M. le docteur Levi enrôle un mémoiro sur VottéopériottlU externe primitive
de Vapophyte mautoUe et la tuppuration primitive des cellules mattoUiennes,
M. Ernest Besnier présente, au nom de MM. les doclcuri H. Leloir et
A. Tavemier (de Lille), une Note sur Vanatomie pathologique et ta nature de
la lésion élémentaire de l'affection désignée tous le nom de prurigo de Uebra.
M. Jaccoud dépose une observation de localisation cérébrale, de la part de
M. le docteur Chavemac (d'Aix-en-Provence).
M. François-Franck présente : 1« l'ouvrage de M. Slarey sur le vol des
oiseaux; 2* un ouvrage de M. Beaunis sur les sensations internes et fait iiom-
mage de quatre mémoires «ur des rujels de physiologie.
M. Trasbot dépose une Note de M. le docteur t'eyraud (de Ubourne; sur la
physiologie expérimentale de la rage.
M. Marc Stie présente une brochure de M. le docteur B. Duval, intitulée: Post-
seriptum scienti/igue, moral et philosophique des publications relatives à la
dernière maladie de l'empereur Frédéric II!.
M. Fournier dépose un Manuel de diagnostic médical et d'exploration cli-
nique, par M. le docteur Spillmann (le Nancy).
M. Guéniot présente le Manuel de gynécologie opératoire de M. le docteur
Holmeier (do Wurabourg), traduit pir M. le docteur Lauwers (do Courhai;.
AÉRATION. — Dans un mémoire sur l'aération perma-
nente par la fenêtre entr'ouverte, M. le docteur iVtcatj^, can-
didat dans la section de médecine opératoire, rapporte les
observations quMl a faites à Nice pendant six mois d'hiver
sur les écarts de température entre l'atmosphère extérieure
et l'air d'une chambre constamment ouverte pendant la
nuit; la différence entre les deux températures minima a
varié entre 2 et 14. L'expérience ainsi faite et les con-
statations opérées dans ces conditions ont montré qu'on
peut sans aucun danger laisser la fenêtre entr'ouverte
pendant l'hiver sur le littoral méditerranéen ; on peut
étendre cette conclusion à d'autres climats, à condition que
la température de la chambre ne descende pas au-dessous
de 4- 8 degrés ou -{- 10 degrés; alors il faudrait chauffer.
D'ailleurs ce que l'on cherche, c'est le renouvellement de
l'air et non pas de faire respirer de l'air froid.
Pathogénie de la fièvre. — Le travail lu à la séance du
12 mars dernier par M. le docteur Roussy avait pour but
d'étahlir que certaines diastases ou zymases (ferments
solubles), notamment Tinvertine, jouiraient de la remar-
quable propriété de provoquer des accès fébriles et une élé-
vation marquée de la température lorsqu'elles sont intro-
duites dans le sang. M. Schutzenberger déclare, dans un
rapport spécial, que la Commission désignée à eet effet par
l'Académie a reconnu la parfaite exactitude de cette dérou-
verle. Toutefois, au point de vue chimique, il croit devoir
faire observer que l'invertine pyrétogène est un corp>
amorphe, fixe et infusible, et qu'elle est privée par consé-
quent de tous les caractères que l'on peut invo(|uer pour
établir la pureté chimique d'un corps et décider si l'oa a ou
non un principe immédiat unique ou un mélange de deux
ou plusieurs principes.
Massage oculaire. — M. Javal loue beaucoup M. le
docteur Costomyris d'avoir, dans un mémoire lu à TAca-
demie le 10 septembre dernier, insisté sur les avantages du
massage oculaire et surtout du massage direct de la con-
jonctive et de la cornée. Quand ce travail aurait eu
pour seule utilité de faire renoncer à cette pratique barbare
d'empêcher bien des malades de trouver un soulageaient eo
suivant le mouvement instinctif qui les porte à se frotter
les yeux, il n'en faudrait pas davantage, déclare M. JavaL
pour payer Tauteur de ses peines. En outre, H. le docteur
Costomyris, qui étudie avec passion les anciens médecins
grecs, a établi combien Hippocrate était favorable a cette
pratique.
Prix. — Des rapports sur les concours de prix en 1889
sont lus: par M. Budin^ pour le prix Capuron; par H. Lan-
nelonguey pour le prix Godard; par M. Nocard^ pour le prix
Barbier, et par M. Trélaty pour le prix Laborie.
Société de elilraryle.
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1889. -
M. LE DENTU.
PRÉSIDENCE DE
Extirpation du reotam : M. Terrier. — Tétanos des nouTean-nèi
M.Lope (de MarseiUe) (M. Rlohelot, rapporteur ; diaoaasion : M. Des-
prte). — Trépanation de l'os Iliaque pour évacuer les abcte
pelviens : ;M. TerrUlon (Discussion : MM. Kirmlsaon, BouiUy.
Després, Le Dentu). — Restauration de l'uréthre chec la femace
M. Polalllon.
M. Terrier approuve complètement la conduite de M. Rou-
tier, qu'il félicite de son succès. Mais il pense qu'on p^ui
arriver presque aussi haut et conserver le sphincter saiw
toucher au sacrum, en ne réséquant que le coccyx, et mémo
seulement une partie du coccyx. En 1888 il a opéré de h
sorte un malade dont l'observation a été publiée en 18^1<
par M. Baudouin (Progrès médical). Sur un homme atteini
de cancer annulaire situé à bout de doigt, il a fait d'aboiM
une rectotomie postérieure, a sectionné circulairemnii
l'intestin au-dessous du néoplasme, a attiré en bas le bout s->
frérieur après avoir disiséoué la tumeur et ouvert 1ar{reniei»t
e péritoine; suture circulaire et suture de la rectotomie;
drainage postérieur; réunion immédiate. Même opéra-
tion sur une femme chez laquelle la dissection fut tré>
pénible, car il y avait des ganglions dégénérés dans !o
mésorectum; le néoplasme, vieux déjà de trois ans, causnii
des souffrances atroces. Plutôt que de faire la colotomio.
M. Terrier agit comme dans le cas précédent; il y eut un
peu de suppuration latérale, mais l'intestin se réunit. Cho7
ces deux malades le sphincter fonctionne parfaitement
bien.
— M. Richelot rapporte une observation de M. Lope («lo
Marseille), prouvant la nature infectieuse du tétanos </ ^'
nouveau nés. L'enfant habitait près d'une écurie régimon*
taire : les inoculations avec la terre de ces é'^uries et ifs
poussières du pansage furent négatives, mais la mère avait,
avant d'accoucher, lavé dans une mare voisine les linj;es
destinés à son futur enfant; la vase de cette mare fui
télanigène; rien par l'eau ni par la terre avoisinante.
15 Novembre 1889 GAZETTB HEDDOMADAIRB DE Mi&DECINE ET DE CHIRURGIE
K* 46 - 749
M. Lope cooflrrae donc Thypothèse de I*origine tellurique.
et, avec Beumer, il admet, malgré Parrot, que le tétanos
des^ nouveau-nés est identique à celui de l'adulte.
M. Després proteste contre ces travaux c dans le goût du
jour » qui négligent les enseignements de la médecine sé-
culaire sur le tétanos a frigore.
— M. Terrillon fait une communication sur la trépana-
tion de Vos iliaque pour évacuer les collections purulentes
du bassin. Après avoir rappelé que plusieurs auteurs ont
conseillé d'échancrer la crête iliaque pour permettre un
libre drainage, M. Terrillon dit qu'il a cherché à agir d'une
manière analogue pour les abcès qui descendent au-dessous
du détroit supérieur. Pour ceux-là, en effet, il est assez fré-
quent que les débridements classiques ne puissent pas suffire
à tarir une suppuration entretenue par un bas-fond, inac-
cessible, où stagnent les sécrétions. Deux fois M. Terrillon
a eu à traiter des sujets qui portaient ainsi des fistules in-
guinales interminables, dont l'une était probablement
d'origine osseuse. Il a mis l'os iliaque à nu en arrière du
grand trochanter, l'a perforé, est arrivé au-dessous du dé-
troit supérieur, a drainé la poche par son point le plus dé-
clive et le* malades ont guéri.
M. Kirmisson conteste qu'avec les points de repère don-
nés par M. Terrillon on arrive au-dessous du détroit Supé-
rieur. 11 déclare d'ailleurs que cette trépanation est une
excellente opération et il vient d'obtenir [^ar elle une amélio-
ration remarquable pour un abcès pelvien de coxalgie. 11
rappelle à ce sujet un travail récent de Rinne (de Greifs-
Hrald).
M. Bouiily a réséqué un large fragment de l'os coxal
pour examiner une collection stagnante; l'observation a été
publiée par Petitot Ahëse, 1883). H insiste sur la différence
(le pronostic des aocès iliaques selon leur nature : non
tuberculeux ils guérissent aisément, et si on opère de
bonne heure la trépanation est en général inutile; tuber-
culeux, ils sont rebelles à peu près à toutes les thérapen«>
tiques.
M. Després a trépané l'os iliaque en 1878 à un blessé de
1870 auquel, en 1874, H. Le Dentu avait extrait une balle
et qui ensuite avait eu une récidive, après une longue pé-
riode de cicatrisation. Mais cette opération n'est pas neuve :
elle est indiquée parLedran.
M. Terrillon dit qu'il a trépané dans un point où l'opé-
ration n'est pas classique et il maintient, contre M. Kirmis-*
son, que le trou aboutit au-dessous du détroit supérieur.
— M. Polaillon fait connaître deux procédés pour reS"
taurer Furèthre chez la femme : 1« fistule rebelle à toute
une série d'interventions. H. Polaillon, à l'aide dé deux
incisions transversales, a mobilisé un pont de muqueuse
sur la paroi supérieure de l'urèthre, juste au-dessus de la
fistule. Ce pont ayant été abaissé et suturé aux bords avivés
de la fistule, sa muqueuse faisait dès lors partie de la paroi
vaginale et au-dessus de lui, entre lui et les tissus d*où on
venait de le séparer par dissection, il existait un canal qui
se cicatrisa autour d'une sonde à demeure ; i" absence con-
génitale de toute la paroi inférieure. Restauration en sutu-
rant sur la ligne médiane la lame interne des petite.<r lèvres
dédoublées.
— M. Routier présente un malade qu'il a opéré avec
succès pour unQaukyloglosse acquise.
BIBLIOGRAPHIE
Hanuel de méd«clae opér«lolre de Mals»l8r>>e, neuvième
édition, par M. Léon Le Fort. Seconde partie : Opérations
spéciales. — F. Alcan, 1889.
Le second volume du Manuel de médecine opératoire
de Malgaigne et Le Fort a paru depuis plusieurs mois
déjà, et nous sommes bien en retard avec lui. Heureuse-
ment que ce livre excellent n'en est plus à compter avec
la publicité; il est connu et apprécié de trente générations
de praticiens; les éditions se succèdent sans relâche, et
c'est de la neuvième — tout simplement — que nous avons
à parler aujourd'hui. Nous pourrions nous contenter de
dire qu'elle se recommande par les mêmes qualités que
les précédentes : on y retrouve la même clarté, la même
richesse d'informations, une critique savante et originale
comme on est en droit de l'attendre des deux signataires
de ce livre scrupuleusement tenu au courant de la science.
Et ce n'est pas un médiocre travail en ce temps où la
thérapeutique chirurgicale se renouvelle et se développe
avec une rapidité {)rodîgieuse.
Aussi bien ne dirons-nous qu'un mot des préfaces qui
accompagnent le premier et le second volume, et donl le
bruit n'est pas encore éteint. Au début du premier volume,
M. Le Fort refait l'histoire de l'antisepsie chirurgicale,
mais avec des documents qui, pour n'être pas nouveaux,
ont été fort peu utilisés jusqu'à ce jour et même presque
méconnus, dans diminuer en rien la gloire inailtaquée
de Lister, M. Le Fort prouve que ses travaux, à lui, sur
les maternités et ses statistiques sur les grandes opérations
dans les hôpitaux avaient non seulement posé les termes du
[problème, mais en avaient fourni la juste théorie et même
a solution pratique.
Cette préface nous semble un chef-d'œuvre, et, si l'on
peut on doit faire de légères réserves sur quelques apprécia-
tions et sur quelques points de doctrine, nous estimons que
Fauteur a raison lorsqu'il revendique pour lur d'avoir
devancé les apAlres de l'antisepsie. N'a t-il pas, le pre-
mier, montré le véritable mécanisme de Tinrection : elle
n'a poiut pour cause « les poussières de Tair >, mais bien
les instruments et les mains de l'opérateur j et cela est si
vrai qu'on a pu dire, sans trop d exagération, que toute
« l'antisepsie tenait désormais dans la bros<;e et la lime à
ongles ». Depuis qu'on sait se laver les mains, stériliser
les instruments, asepsier le champ opératoire, on a sup-
primé la suppuration et toutes les complications des
plaies, et la Marmite de Ghampionnière ne nous sert plus
à purifier l'atmosphère, mais simplement à pratiquer la
pulvérisation sur les anthrax et les plaies enflammées.
La préface du deuxième volume a retenti presque à l'égal
d'un scandale; on a peu écrit sur elle, mais on en a beau-
coup, parlé entre soi et dans les couloirs des Sociétés
savantes : elle touche à des questions fort délicates; elle
dévoile des plaies secrètes, sur lesquelles M. Le Fort a posé
la main rudement. A-t-il eu raison, a-t-il eu tort? On dis-
cutera longtemps sur ce point sans s'entendre, et ceux qui
veulent qu'à l'exemple du pieux fils de Noé nous jetions un
manteau sur la nudité du père pris de vin ne manquent pas
d'arguments de valeur. Du reste, la question soulevée par
H. Le Fort est double; elle a trait d'abord au vertige opéra-
toire qui s'est emparé d'une partie de notre génération chi-
rurgicale intervenant au hasard du couteau sans indication
thérapeutique précise et sans diagnostic rigoureux.
Le reproche est quelquefois mérité, et, pour notre part,
nous avons lu avec satisfaction les pages éloquentes de
M^ Le Fort; mais, peu de jours après, nous entendions,
à la Charité, une clinique remarquable où la préface qui
nous occupe était discutée, et, en somme, critiquée par des
750 ^ N» 4é - GAZETTE HEBDOMADAIRE f)B MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 15 Novrmiirb 1889
raisons valables. N'est-ce pas dire que le problème a deux
côtés, qu'il y a le pour et le contre, qu'on ne peut rien
condamner en bloc, qu'il faut, hélas! faire de la casuis-
tique, et que, si M. Le Fort nous parait dire vrai lors-
qu'il attaque la 4c tendance», il a peut-être tort pour
certains exemples qu'il nous cite etque relevait son contra-
dicteur.
La seconde question — étroitement et malheureusement
liée avec la première, comme le montre M. Le Fort — s'oc-
cupe de certaines pratinues malhonnêtes qui ont menacé
d'entacher notre vieille devise de la Société de chirurgie :
€ ... Moralité dans l'art. » L'<iuteur ne craint pas de mettre
les points sur les t et de lever tous les voiles. On s'est encore
écrié : A-l-il raison? Doit-on le dire? El le pour et le contre
ont été soutenus avec une égale vivacité. Pour nous, nous
répéterons, à propos de la préface de M. Le Fort, ce que
nous avons dit sur le « scandaleux > discours de Grenoble :
il n'est peut-être pas mauvais, pour soulager un peu la
conscience publique, qu'à de longs intervalles, un homme
probe, d'une honnêteté scrupuleuse, d'une droiture profes-
sionnelle inflexible, vienne rappeler aux vendeurs qu'ils ne
sont pas chez eux dans Je temple.
TraKé éléineBiaire des niAladles des voles nrinAlres,
8 réface du professeur Guyon, par M. E. Desnos. —
ictave Doin, 1890.
l'enseignement de l'jïiicole de Necker, certainement le lieu
du monde où les questions relatives aux maladies des voies
urinaires sont étudiées avec le plus de sagacité.
Traité de dentisterie opératoire, par M. E. Andribu, docteur
en médecine de la Faculté de Paris, président de Tlnstitut
odontotechnique de France, etc., avec 409 figures intercalées
dans le texte. — Paris, 0. Doin, 1889.
Ce traité est consacré presque tout entier à la description des
appareils et instruments qui constituent l'arsenal du dentiste et
à 1 étude des matériaux et procédés qui permettent d^obturer les
cavités de carie. C'est un traité de technique, et quelques pages
seulement résument les points principaux de patnoloe^ie et
d'anatomie dont la connaissance est indispensable avant d'abor-
der la paroi purement pratique du métier.
Si nous nous plaçons au point de vue plutôt chirurgical, nous
signalerons la fin de ce volume, les 5*, 6* et 7" parties. Là eu
effet le chirurgien trouvera des préceptes utiles sur le traitement
des complications de la carie pénétrante; sur l'extraction des
dents et ses accidents; sur l'ablation des epiilis, sur la greffe
dentaire et sur la névrotomie auriculo-temporale.
C'est donc un livre destiné exclusivement à l'instruction
pratique du lecteur et il est indiscutable que, comme le pense
Tauteur, ce traité comble une lacune dans la littérature médi-
cale française.
A. B.
VARIÉTÉS
Le droit de réi|«leltloA en matière médleo«léy«le ;
affaire de Rodes.
Le médecin est-il tenu d'obéir aux réquisitions de la jus-
tice? Le mandat qn il tient de la confiance du magistrat lui
est-il offert ou imposé? C'est dans ces termes que notre
vénéré maître, M. lourdes {Dictionnaire encycl.,, art.
Réquisition, p. 423), pose la question qui vient de soulever
dans la presse médicale de si vives controverses. Avant
d'examiner lès circonstances particulières du fait qui a
motivé la condamnation de nos confrères de Rodez, il nous
parait nécessaire de préciser, comme l'a fait en termes si
convaincants le savant médecin légiste, quelle esta ce point
de vue la jurisprudence de la Cour de cassation, et quel doit
être le devoir de tous les médecins.
La profession médicale est indépendante. « Le médecin,
dit M. Paul Ândral, peut refuser de prêter son ministère,
lorsqu'il en est sollicité, et son refus péremptoire n'a pas
besoin d'être justifié par des motifs graves et légitimes...
Ne peut-il se faire qu un praticien consciencieux, scrupu-
leux peut-être, se défiant de sa capacité et de ses aptitudes,
refuse d'assumer la responsabilité d'un examen difficile ou
d'une opération délicate? Qui oserait l'en blâmer et à plus
forte raison l'en punir, surtout si l'on songe à la responsa-
bilité que certains arrêts feraient peser contre loi ? Au
reste, la doctrine et la jurisprudence sont d'accord à cet
égard. L'exercice de la médecine est, en général, purement
volontaire. »
Nous avons cru utile de reproduire ce passage pour l'op-
poser à diverses consultations fournies au sujet ae l'affaire
de Rodez par d'éminents avocats, dont ne neus contestoos
nullement l'autorité, maisdontnousne pouvons partager l'opi-
nion. La profession médicale, disent-ils, comme la profes-
sion *d'avocat, comme toutes les professions libérales, doit
engager, obliger même celui qui l'exerce à prêter à la jus-
tice le concours le plus désintéressé. De même que l'avocat,
sur la désignation du bâtonnier de l'ordre, doit prêter le
secours de sa parole à un criminel insolvable, de même le
médecin doit être à la disposition de l'autorité judiciaire
pour la constatation des crimes etdélits. Ceux qui soutiennent
CQ^te thèse oublient la différence capitale qui sépare les
deux professions. L'avocat, désij^né d'office, a tout le temps
d'étudier à loisir le dossier qui lui sera confié. 11 sait d'avance
quel jour il sera appelé à plaider et peut dès lors prendre
ses dispositions en conséquence ; il n'est pas, comme le mé;-
decin, dérangé d'urgence pour des visites lointaines et bli-
gantes. Plaider est sa fonction. Une plaidoirie retentissante
dans une affaire criminelle grave aide à sa renommée et
rehausse moralement et matériellement sa situation profes-
sionnelle. En outre, de par Torganisation judiciaire à laquelle
leur ordre est intimement lié, les memores du barreau ne
peuvent se soustraire au devoir d'aider la justice.
Le médecin, au contraire, peut se trouver surpris, au
moment où il s'y attend le moins, par une réouisition qui
l'obligerait^ s'il y répondait, à sacrifier les intérêts profes-
sionnels dont il a la charge et qui méritent au pins haut
degré sa sollicitude. Son rôle essentiel et principal n'est-il
pas de soigner des malades et non de procéder à une exhu-
mation ou . d'assister un magistrat pour la levée d*un
cadavre et de s'exposer, qu'il commette ou non une erreur
toujours involontaire, aux critiques souvent passionnées du
ministère public ou de la défense? Les services qu'il rend
à la justice, loin de rehausser son renom ou d'aider à s.<
fortune, sont donc le plus souvent aussi onéreux que
pénibles. Enfin un médecin, par cela seul qu'il a été admis
à ses examens de doctorat, n'est point apte à tous ie>
services qu'un magistrat peut lui demander, alors sur-
tout qu'il s'agit d'un mandat d'expertise. Aujourd'hui que
la médecine légale a progressé comme toutes les branches
de l'art médical, il faut, pour pouvoir remplir dignement
les fonctions de médecin expert, une série de connais-
sances que donnent seules une expérience sufGsamiiieni
longue et des études spéciales.
Concluons donc, avec Dechambre, que les grands mots de
dévouement à la chose publique, d'abnégation et de charité
ne sont pas de mise quand il s'agit d'une réquisition médicc^
légale. Le médecin fait acte de charité et d'abnégation
quand il soigne gratuitement les malades pauvres qui
s adressent à lui ; il sait concilier ses devoirs d'homme de
là Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE Et DE CfilhÛRGiÈ
El* 46— 751
cœur avec ses intérêts professionnels lorsque, dans les
hôpitaux ou les bureaux de bienfaisance, il consacre tant de
temps et de soins au traitement des malades qui lui sont
confiés. Mais ce n'est ni dans l'Évangile ni dans les épitres
aux Corinthiens qu'il doit chercher la solution de la ques-
tion qui se discute aujourd'hui, c'est uniquement dans le
Bulletin des lois et dans les arrêts des cours et tribunaux.
Voyons donc à ce point de vue ce que dit la loi.
c La jurisprudence, dit M. Tourdes, admet un certain
nombre de cas exceptionnels dans lesquels le médecin doit
obéir à la réquisition : Salus populi suprema lex esto. La
justice ne peut rester entravée. C'est une espèce d'ex-
propriation pour cause d'utilité publique, à la condition
d'une indemnité suffisante et d'un emploi utile des services
demandés. » Or, quelles sont les circonstances exception-
nelles qui nécessitent d'urgence le concours du médecin
légiste? Ce sont (Code pénal, art. 425) : le flagrant délit,
y accident, Vexécution judiciaire.
Nous n'avons pas à discuter ici ce qui a trait aux acci-
dents graves ou à Texécution judiciaire. Le cas spécial qui
motive cet article n'a trait qu'au fait que la loi désigne sous
le nom de flagrant délit. Or, à ce point de. vue spécial^ la
jurisprudence française — un jugement de la Cour de cas-
sation de Belgique (4 juillet 1840) affirme le contraire —
paraît constante pour appliquer aux médecins l'article 475
du Code pénal, qui punit aune amende de 6 à 10 francs
« ceux qui, le pouvant, auront négligé de faire les travaux,
le service ou cfe prêter le secours dont ils auront été requis
dans les circonstances d'accidents, tumultes, naufrages,
inondations, incendie et autres calamités, ainsi que dans le
cas de brigandages, pillages, flagrant délity clameur pu-
bliaue ou exécution judiciaire ».
Mais, que (aut-il entendre par flagrant délit? C'est, dit
la loi, le délit qui se commet actuellement ou qui vient de
se commettre. Si l'on s'en tenait à cette définition, on
devrait admettre que, lorsqu'il s'agit d'un crime commis
depuis plusieurs jours et sur lequel une information est
ouverte par un juge d'instruction, lorsqu'il n'est question
que de l'autopsie d'un cadavre, le flagrant délit n'existe
plus. Telle n'est point toutefois la jurisprudence générale-
ment admise. Le refus d'accompagner un maire à une levée
de cadavre a été jugé punissable par la Cour de cassation
(1836). Il faut une excu.se valable pour se refuser à des opé-
rations médicales urgentes dont la non-exécution pourrait
sembler de nature à compromettre la sûreté publique.
Alors que le législateur, en rédigeant l'article 475, a eu cer-
tainement en vue, non le concours scientifique et intellec-
tuel que le médecin prête à la justice, mais le concours ma-
tériel demandé à tout citoyen dans les cas où il s'agit de
sauver un naufragé, un individu prés de périr dans un
incendie, oo un blessé qiâi perd tout sou sang, d'arrêter un
coupable qui prend la fuite, d'aider à l'exécution d'un juge-
ment, en un mot de prêter secours à l'autorité dans un
danger immédiat et menaçant, les tribunaux, au contraire,
se montrent disposés à condamner tous ceux qui, sans excuse
fondée et reconnue valable, refusent leur assistance en cas
d'urgence. C'est ce que semble prouver le jugement du
4 avril 1860 (Legrand du Saulle, p. 1291), qui, dans des
circonstances moins graves, mais analogues à celles qui
nous occupent, a condamné trois médecins de Forcalquier.
Avec M. Tourdes, il nous faut donc reconnaître que, le
cours de la justice ne pouvant rester entravé, les magistrats
peuvent avoir le droit, en cas d'urgence, et à la condition
d'une indemnité suffisante et d'un emploi utile des services
demandés, de requérir le concours des médecins. Et. en
fait, les arrêts qui ont été rendus jusqu'à ce jour, aussi oien
aue les consultations médico-légales provoquées au sujet
e l'affaire de Rodez, semblent de nature à affirmer ce
droit.
Examinons maintenant quelles sont les causes du conflit
8ui vient de s'élever entre les magistrats et les médecins de
lodez, et quels sont les considérants du jugement qui a
frappé ceux-ci. Depuis assez longtemps, dans toute la région
méridionale de la France, à Montpellier aussi bien qu'à
Agen ou à Rodez, les médecins ont eu à se plaindre des
procédés du parquet. Les lecteurs de la Gazelle hebdoma-
daire n'ont pas oublié la protestation indignée de M. le
docteur Jaumes, professeur de médecine légale à la Faculté
de médecine de Montpellier, qui, après avoir exposé en
termes très dignes les vexations et les dénis de justice dont
il avait souffert, refusa nettement et définitivement de con-
tinuer son service de médecin expert.
Il s'agissait alors déjà des réductions d'honoraires opérées
par le chef du parquet sur des mémoires présentés par les
médecins experts. Le sont les mêmes difficultés qui se sont
reproduites à Rodez et ailleurs. Sans doute les mémoires
présentés n'ont pas toujours été conformes aux tarifs qu'im-
pose aux médecins légistes le décret du 18 juin 1811. Mais
ce ne sont pas les erreurs commises par les médecins experts
qui ont envenimé le conflit. Le plus souvent les réductions
ont porté sur le nombre des myriamètres parcourus, le
nombre de vacations, etc. De là des discussions pénibles,
des observations peu courtoises, et,Me la})art des médecins,
de justes causes de ressentiment. Il serait donc inexact de
soutenir, comme on l'a prétendu, que les médecins de Rodez
ont refusé de se soumettre à la loi et d'accepter les tarifs
!|u'elle a fixés. Si, d'accord avec l'unanimité des méiiecins
rançais, ils réclament une refonte de la législation qui régit
actuellement les rapports des experts avec la justice, ils
prolestent' surtout contre les procédés discourtois de la
Chancellerie et veulent affirmer leurs droits à l'indépen-
dance professionnelle. A ce point de vue, ils ne peuvent
qu'être loués de soutenir et de défendre leur dignité
méconnue. Toutefois il parait évident qu'au point de vue
strictement et exclusivement légal ils échoueront comme
leurs confrères de Forcalquier, comme tous les médecins
Jui d'un commup accord se refuseront à un service reconnu
'utilité publique. Une grève de médecins — puisque le mot
a été mainte fois prononcé, nous pouvons l'employer à notre
tour — sera toujours mal jugée par l'opinion publique et
sévèrement condamnée par la magistrature. Comme les
textes de loi sur lesquels on s'appuie sont peu nets, et par
conséquent sujets à controverse, il est bien peu probable
que dans la lutte qu'ils ont entreprise, les médecins du Midi
arrivent à obtenir de la Cour de cassation un arrêt qui
affirme leur indépendance professionnelle. Salus populi
suprema leXy répondra-t-on toujours aux revendications les
plus légitimes. Ce qui nous parait infiniment plus utile
qu'une grève générale, c'est une agitation ayant pour but
une réforme complète de l'organisation de la médecine judi-
ciaire en France. Que des émoluments en rapport avec
Timporlance et la nature des fonctions médico-légales au.
lieu des allocations dérisoires contre lesquelles on pro-
teste aujourd'hui soient attribuées aux médecins experts
choisis par la justice parmi ceux qui ont acquis des con-
naissances suffisantes, et l'on ne verra plus ni conflits
entre l'autorité judiciaire et les médecins qu'elle requiert,
ni jugements contestables, aussi bien au point de vue du
droit que de la conscience publique.
Concluons donc en conseillant à nos confrères de Rodez
de ne point poursuivre, en appel, une cause perdue d'avance
puisque, dans l'espèce, il s'agissait bien d'un flagrant délit;
mais demandons énergiquement, avec eux, la réforme de
la législation et exprimons le vœu que les médecins dépu-
tés et sénateurs obtiennent de leurs collègues delà Chambre
et du Sénat le vote d'une nouvelle loi plus juste.et dont les
articles seront rédigés d'une façon plus explicite.
L. L.
Faculté db médecine de Paris (année scolaire 1889*90,
1" trimesire). Cours de clinique médicale (hôpital Necker). —
M. le professeur Peter commencera son cours de clinique médi-
cale, àThôpital Necker, le mercredi 13 novembre 1889, à dix
heures, à I^amphilhéâlre de médecine de cet hôpital, et le
continuera les vendredis et mercredis suivants, a la même
heure.
— Clinique chirurgicale (hôpital Necker). — M. le professeur
Le Fort commencera son cours de clinique chirurgicale le jeudi
U novembre 1889, à dix heures du matin, et le continuera les
mardis et jeudis suivants, à la même heure. — Tous les jours,
visite des malades à huit heures et demie.
— Cours de médecine opératoire. — M. le professeur Duplay
commencera le cours de médecine opératoire le jeudi 14 novem-
bre 1889, à quatre heures de Taprès-midi (grand amphitliéùtre
de TËcole pratique), et le continuera les samedis, mardis et
jeudis suivants, à la même heure.
Clinique ophthalmologique (Hôtel-Dieu). — M. le professeur
Panas commencera le cours de clinique ophthalmologique le
lundi 11 novembre 1889, à neuf heures du matin, et le conti-
nuera les vendredis et lundis suivants, à la même heure. —
Clinique et opérations à dix heures. — Exercices ophlhalmo-
scopiques tous les mercredis.
Cours (thistoire de la médecine et de la chirurgie. — M. le
professeur Laboulbène commencera le cours d^histoire de la
médecine et de la chirurgie le samedi 16 novembre 1889, à
çiualrcr heures (petit amphithéâtre), et le continuera les mardis,
jeudis et samedis suivants, à la même heure. — Dans les deux
premières leçons, le professeur résumera Thistoire de Tanes-
thésie et de Tantisepsie.
Cours d^anaiomie pathologique, -- M. le professeur Gornil
dredis suivants, à la même heure (dans le même amphithéâtre),
les mercredis à une heure et demie, dans la salle des travaux
pratiques d'analomie pathologique. — M. le professeur Coruil
fait des autopsies tous les jours (amphithçâlre Bichat, â THôtel-
Dieu), et une conférence le jeudi, h dix heures. La première
conférence aura lieu le jeudi 14 novembre.
— Cours de physique médicale. — M. le professeur Gariel
commencera le cours de physique médicale le lundi 11 novem*
bre 1889, à midi (petit a niphi théâtre), et le continuera les ven-
dredis et lundis suivants, à la même heure.
Objet du cours: Phénomènes j^énéraux et applications biolo-
giques de Toptique et de rélectncité.
-- Conférences de pathologie interne. --}\.k, Robin, agréj
commencera ces conférences le vendredi 15 novembre 1889, »
quatre heures (petit amphithéâtre), et les continuera les lundis,
mercredis et vendredis suivants, à la même heure.
— Conférences d'histoire naturelle médicale. — M. Raphaël
Blanchard, agrégé, commencera ces conférences le vendredi
15 novembre 1889, à deux heures (grand amphithéâtre de rii)cole
pratique), et les continuera les lundis, mercredis et vendredis
suivants, à la même heure.
Hôpital Saint-Louis {Cours de clinique des maladies cuta-
nées et syphilitiques). — M. le professeur Alfred Fournier com-
mencera ce cours le vendredi 15 novembre, â neuf heures du
matin, et le continuera les vendredis et mardis suivants, à la
même heure.
Ordre du cours: le vendredi, leçons â Tamphithéâtre, à dix
heures; le mardi, laçons au lit des malades.
Asile Sainte-Anne. — M. Magnan reprendra, dans Tamphi-
théâtre de Tadmission, ses leçons cliniques le dimanche 17 no-
vembre 1889, à neuf heures et demie du matin, et les continuera
les dimanches et mercredis suivants à la même heure. Les con-
férences du mercredi seront consacrées â Tétude pratique du
diagnostic de la folie. Les leçons auront plus particulièrement
fiour objet, cette année. Têtu de des folies intermittentes
simple, périodique, double forme, circulaire, alterne, etc.).
Clinique ophthalmologique des Quinze-Vingts, 13, ri •
MoREAU. — Les cours et conférences faits par les médecins d-
la clinique reprendront le 20 novembre. Les leçons faite»
pendant Tannée scolaire comprendront toute la pathologir:
oculaire.
Maladies des paupières^ de la conjonctive et de Vappartd
lacrymal^ par M. le docteur Ghevallereau, le samedi à deut
heures.
Maladies de la cornée^ de la sclérotique, de Viris et de for-
bitey par M. le docteur Valude, le jeudi â deux heures.
Maladies du cristallin et des membranes internes de Vœil.
ophthalmoscopiey par M. le docteur Trousseau, le vendredi a
deux heures.
Maladies des muscles de Cœily réfraction^ par M. le docteur
Kalt, le lundi à deux heures.
Le mercredi, à deux heures, présentation, par les quatre
médecins de la clinique, des malades intéressants ; discussion.
Consultations et opérations tous les jours â une heure.
Le banquet Paul Rerger. — Hier au soir, 12 novembre, une
foule de collègues, d'élèves et d'amis du docteur P. Berçor
s'étaient réunis à Thôtel Continental pour fêter la nomination
au grade de chevalier de la Légion d'honneur de notre cher et
savant collègue. MM. les professeurs Vcrnenil, président du jurr
des récompenses de la classe 14, et Tarnier, président du comwV
d'admission, assistaient à ce banquet. Dans les toasts porté^à
M. Berger par son éminent maître M. Verneuil, par son collègue;
M. Peyrotjpar l'un de ses élèves M. Poirier, etc., etc., on a juste-
ment loué le caractère élevé, la probité scientifique, Tactivité labo-
rieuse, le dévouement professionnel du héros de cette fête, l'un
des plus sympathiques parmi cette brillante génération de jennes
chirurgiens, qui sont l'honneur et seront un jour la gloire de la
Faculté et des hôpitaux.
Cours de médecine opératoire oculaire. — M. le docteur
Gillet de Grandmont commencera son cours de médecine optera*
toire oculaire, à l'Ëcole pratique de la Faculté, le vendredi
15 novembre, à huit heures du soir (amphithéâtre n"" 3) et fe
continuera les lundis et les vendredis suivants, à la même heure.
Les élèves seront exercés aux opérations.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi ti no-
vembre). — Ordre du jour: A l'occasion du procès- verbal,
M. Burlureaux: Sur la fièvre typhoïde. — M. Dfeyfous: De Tan-
tisepsie des voies urinaires parla voie interne.--- M. Ballet : Du
délire do persécution dans le goitre exophthalmique. — M.Chan-
temesse: Sur un moyen de diagnostic rapide et sûr de la
diphthérie.
NÉCROLOGIE. — Nous avons le regret d'annoncer la mort de
MM. les docteurs Bonnemaison, professeur de clinique méiiicale
â l'Ecole de médecine de Toulouse; de Lagarde (de Bordeaux),
et Lolz (de Savigny).
Mortalité a Paris (4i^ semaine, du 27 octobre au 2 novembre
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, lU.
— Variole, 0. — Rougeole, 7. — Scarlatine, 4. — Coque-
luche, 10. — Dinhthérie, croup, 22. — Choléra, 0. — Pbthisie
pulmonaire, 194. — Autres tuberculoses, 22. — Tumeurs:
cancéreuses, 38; autres, 1. — Méningite, 26. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 45. — Paralysie, 5. —
Ramollissement cérébral, 13.— Maladies organiques du cœur, 57.
— Bronchite aigué, 21. — Bronchite chronique, 31. — Broncho-
pneumonie, 14. —Pneumonie, 5i. — Gastro-entérite: sein. 11;
biberon, 49. — Autres diarrhées, 9. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 1. — Autres affections puerpérales, 2. — Débilité con-
génitale, 30. — Sénilité, 31. — Suicides, 16, — Autres morts
violentes, 6. — Autres causes de mort, 136. — Causes
inconnues, 11. — Total: 879.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
S0065. ^ MOTTIROS. — Impriiaeriet réunies, A, me Mifnoii, t. Paris.
Trente-sixième année
N*47
22 Novembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. le D' L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD. 6. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRANC01S.FRARCK, A. HËROCQUE, A.-J. MARTIR, A. PETIT, P. RECLUS
AdreMer tout ce qui concerne la rédaction à M. Lbreboullbt, Ai, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — CUNIQUB CHinuRGiCALB. Traitement du lymphadénome cenrieal
par l'arsenic â haute dose.— Formulaire th^rapeutiquk. Traitement anlisep-
liiiuo de l'édampaie puorpérale.— Rbvok iiBS COURS BT DB8 CLINIQUBB. Hospice
Uc la Salpctrière : M. le professeur Charcol. — Travaux originaux. Clinique
médicale : Le bain froid dans la fièvre typhoïde. La révulsion para-hëpatique
dan» lo traitement des épislaxts. — Prix Bouisaon. — Rbvub dbs Conques.
Conjrès de médecine interne dcWiesbaden (avriH889).— SociéTés savantbs.
Académie des sciences. Académie de médecine. — Socicio médicale des hôpi-
taux. — Société do biologie. — Société de thérapeutique.. — Rbvub DB8 jour-
naux. — Travaux à consulter. — Bibliooraphib. Du sang et do ses altérations
anatomiques. — VARIÉTÉS.
CLINIQUE CHIRURGICALE
Traitement da Ijmphadénonaie eer«l«al par rarsenic
h hante dose.
Sous ce titre, j'ai dôjà publié ici même un article qui
date de 1887 et Tannée suivante, en 1888, M. Barlb, mon
collègue de Thôpital Broussais, traitait la même question
dans un mémoire qu'insérait la Gazette hebdomadaire : il y
montrait, en s'appuyant sur trois observations personnelles,
que Tarsenic, sans être la médication héroïque que pro-
clamait un instant Czerny et Winiwarter, peut, dans
quelques cas, enrayer la marche et même guérir les lym-
phadénomes cervicaux dont on connaît pourtant le pro-
nostic sévère. Comme j'ai recours à la médication arse-
nicale depuis huit ou neuf ans et que j'ai pu en suivre le
résultat sur six de mes malades, je crois intéressant de
reprendre à nouveau la question dans ce rapide article.
I
Le premier de mes malades est un individu de vingt-
neuf ans qui, vers la fin de 1886, sentit derrière Tangle de
la mâchoire, à gauche, une petite tumeur dure, indolente
et mobile, ganglion lymphatique qui grossit peu à peu; un
deuxième apparut au voisinage, puis un troisième, un
quatrième, qui finirent par se solidariser, et bientôt la ré-
gion tout entière se trouva soulevée par une masse irrégu-
lière, bosselée, autour de laquelle étaient groupés des gan-
glions encore indépendants. C'est ainsi que la chaîne fut
envahie d'une manière progressive de l'oreille à la clavi-
cule. Entre temps, à droite, en un point symétrique, un
ganglion se montrait, centre futur d'une néoformation sem-
blable à celle du côté opposé, et en avril 1887, lorsque le
malade nous consulta, la double chaîne avait acquis un
énorme développement.
L'engorgement bilatéral était tel que le cou avait com-
plètement disparu; le cône thoracique se continuait direc-
tement jusqu'à la face en comblant la dépression cervicale,
2« Série, T. XXVI.
mais en aucun autre point on ne trouvait de ganglions volu-
mineux; le creux axillaire, la région épilrochléenne et
poplitée,le pli de l'aine, le triangle de Scarpa, étaient nor-
maux; la palpationabdominale ne. révélait aucune tuméfac-
tion du foie, de la rate et des ganglions mésentériques;
la percussion et l'auscultation ne révélaient aucune tumeur
dans le médiastin ; il n'y avait pas un excès de globuletr
blancs et le seul point que nous puissions noter ce sont
des poussées fébriles assez vives à .chaque stade nou-
veau dans la néoformatipn ganglionnaire : un accès surve-
nait et à sa suite on constatait des tumeurs surajoutées au
massif central primitif.
Nous ne pouvions hésiter qu'entre une tuberculose gan-
glionnaire et une quelconque des variétés si mal connues
encore et décrites sous le nom de lymphadénome. Tout le
passé du malade protestait contre l'hypothèse de strume ; il
n'avait pas d antécédents héréditaires fâcheux; il n'avait eu
ni gourme, ni otorrhée, ni adénite suspecte ; son adoles-
cence s'était régulièrement passée et l'intégrité de ses
organes était absolue ; aussi avions-nous conclu à un lym*
phadénome, diagnostic qui fut accepté sans conteste par
MH. Verneuil, Trélat, Guyon, Potain, Damaschino, en
examen à l'IIÔtel-Dieu ; aucun de nos collègues et de nos
maîtres qui virent notre malade n'élevèrent la moindre
objection. Nous aurions pu enlever un ganglion pour le
soumettre à un mierographe et pour en insérer une par-
celle sous la peau d'un lapin. Mais nous reviendrons plus
loin sur cette méthode de diagnostic.
Le traitement arsenical fut aussitôt institué. Cette médi*
caiion, qui, m.algré des éclipses partielles, s'est toujours
perpétuée en France dans la thérapeutique des tumeurs
malignes, nous est revenue d'Âlletnagne depuis une dizaine
d'années, mais escortée et soutenue d'observations nom-
breuses où Czerny, Billroth, Tholen, Winiwarter, Karewski,
affirmaient l'excellence de la méthode; des succès incon
testés, des guérisous durables auraient couronné sop
emploi. Comme eux, j'ai administré 1^ liqueur de Fowler à
doses progressives, et chez mon malade j'ai prescrit jcinq
gouttes à chacun des deux principaux repas, augmentant
de deux gouttes par jour. J'y ai ajouté des injections inter-
stitiellesde liqueur dédoublée dans une quantité égaie d'eau
distillée et poussée dans la tumeur de deux jours en deux
jours avec une seringue de Pravaz. J'ai commencé par
quatre gouttes et je me suis arrêté à vingt.
Au moment où mon malade absorbait déjà soixante-:
cinq gouttes de liqueur de Fowler, des accidents d'in-
11
754 — N* 47 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE KÉDEGINE ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
toxicâtion parurent; de la sécheresse de la gorge, de
rinappétence, de la fièvre, de la diarrhée persistante avec
intolérance de Testomac. En même temps, en plusieurs
points où les injections avaient été très abondantes et très
souvent répétées, des abcès se formaient qui s'ouvraient,
donnant issue à une certaine quantité de pus, puis se
cicatrisaient spontanément. Le traitement en vigueur depuis
près de deux mois fut suspendu et le malade nous quitta
en état d'amélioration très marquée : à droite et à gauche,
la chaîne ganglionnaire avait diminué de plus d'un tiers.
Il rentre au mois de novembre en pleine récidive ; la
tumeur est aussi volumineuse qu'avant notre traitement.
Nous y revenons et au bout de trois mois la diminution est
de nouveau très considérable ; les masses s'affaissent, les
ganglions agglomérés s'isolent et deviennent indépendants.
Leur résistance est moindre. Nouvelle sortie, récidive
aussi prompte. Le malade nous suit à Bicétre, à Tenon, à
Broussais. Au commencement de 1889 nous prescrivons avec
l'arsenic, le phosphure de zinc, deux à huit pilules de
8 milligrammes par jour. Le résultat fut excellent; lorsque
le malade nous quitte, au mois de juin, la tumeur a diminué
de plus des trois quarts ; puis elle a complètement disparu
dans la suite et après les vacances je ne trouvais plus que
trois petits ganglions, deux à droite, un à gauche |et révélés
seulement par la palpation; il n'existe plus de saillie
appréciable à l'œil.
Voici une deuxième observation : en 1887 je fus consulté
par un fabricant de chaussures ayant dépassé la cinquan-
taine et qui portait au cou une énorme masse ganglionnaire;
elle descendait de l'apophyse mastoïde au sternum, déviait
le larynx en avant et en arrière, envoyait des masses bos-
selées sous le trapèze; quelques petits ganglions indépen-
dants et mobiles s'avançaient vers la clavicule. La tumeur,
comme dans le cas précédent, avait commencé par une
petite boule dure, mobile, indolente, développée en arrière
de l'angle de la mâchoire, puis, au milieu de quelques
poussées fébriles, avait pris en trois mois le volume que
nous constations alors. M. Verneuil, appelé en consultation,
avait cru tout d'abord à une énorme dégénérescence secon-
daire consécutive à un épithélioma ignoré et latent de l'ex-
trémité supérieure de l'oesophage; mais il se rattacha
bientôt au diagnostic de lymphadénome.
Le traitement arsenical fut institué : liqueur de Fowler
à doses progressives, et qui, dan$ ce cas, ne dépassèrent
jamais quarante-cinq gouttes par jour; injections intersti-
tielles de liqueur dédoublée répétées trois fois par semaine.
Celte médication fut difficilement tolérée. Il fallut une
excessive patience de notre part et surtout de la part de la
femme du malade pour faire accepter le traitement, d'au-
tant qu'au début le cou gonfla encore ; il survint même de
la tuméfaction inflammatoire, et de petits abcès se formèrent
au niveau de quelques foyers d'infection; ils s'ouvrirent,
livrant passage à des débris de ganglions, et leur cicatri-
sation fut très rapide. Bientôt la chaîne ganglionnaire com-
mence à s'affaisser. Nous cessons l'arsenic; la tumeur
reparaît; nous le reprenons; les mêmes accidents éclatent;
mais, cette fois-ci, la disparition du mal fut à peu près
complète. Au commencement de 1888, il restait à peine
quelques ganglions qui fondirent avant la fin de l'année.
Nous avons revu notre fabricant ces jours-ci, et la guérison
s'est maintenue. Toute trace de tumeurs a disparu, et nous
ne trouvons à leur place qu'un tissu légèrement sclérosé.
- Troisième observation : je soigne depuis cinq ans un
fonctionnaire de trente-sept ans, qui porte, dans la régioL
cervicale, une tumeur ganglionnaire en tout semblable x
celle que nous venons de décrire chez nos deux malade
précédents. Même apparition dans l'angle de la màchoin>
d'une tumeur indolente et mobile à laquelle se sont unie?
bientôt d'autres tumeurs de poussées successives, jusqu'à
ce que la masse morbide, plus volumineuse que le poing,
s'avance en bas jusqu'à la clavicule en débordant de tout-
part la région carotidienne. La tumeur est restée unilaté-
rale. Les poussées successives, survenues à la suite d'une
fièvre assez intense chez le premier malade, beaucoup
moins marquée chez le deuxième, éclatent ici au milieu
de véritables accès semblables par leur allure à ceux d'une
intoxication paludéenne.
Bien qu'il fût robuste et qu'il n'eût ni dans ses antécédents
de famille ni dans son passé aucun accident de scrofule, un
médecin prescrivit à tout hasard l'huile de foie de morue à
haute dose et les bains de Salies-de-Béarn ; le résultat fut
désastreux, et lorsque le malade vint nous consulter. U
chaîne ganglionnaire, étendue de l'oreille au sternum, a^aW
un énorme volume. Comme je ne pouvais à distance et loin
de Paris, pratiquer des injections interstitielles, je n'eus
recours qu'à la liqueur de Fowler à l'intérieur, mais ici à
dose considérable, puisque quatre-vingts gouttes ont été
parfois dépassées. La tumeur, après chaque période de trai-
tement, diminue dans des proportions énormes; mai>,
pour peu que notre malade demeure trois ou quatre mois
sans arsenic, les ganglions disparus se reforment. Cepen-
dant, cette année, je n'ai plus trouvé, malgré un repos de
plus de quatre mois, qu'une tumeur à peine du volume d'un
petit œuf, située en arrière de l'angle de la mâchoire, >ur
le bord antérieur du sterno-mastoïdien, mobile, sans adhé-
rence, et qu'on énucléerait facilement par une simple boa-
tonnière à la peau.
Voilà nos trois succès, trois et non pas quatre, car nous
n'oserions compter comme guérie de lymphadénome une
jeune Anglaise de dix-huit ans qui nous consulta pour une
chaîne ganglionnaire énorme développée en moins de trois
semaines; la tumeur occupait la région classique; elle était
bosselée, dure, mobile; il n'y avait ici non plus aucun anté-
cédent de strume, mais bien des attaques de rhumatisme
articulaire aigu. Nous ordonnons l'huile de foie de morue et
de l'arsenic à doses progressives; vingt gouttes n'étaient pas
atteintes que déjà, à la fin de la première quinzaine, un
mouvement de retrait se fit dans la masse, et avant que le
mois fût écoulé, la guérison était obtenue; et, depuis, il
n'y a pas eu de rechute. Nous ne saurions mettre ce succès
à l'actif de l'arsenic, car la rapidité de la délitescence nous
fait exclure le lymphadénome, et nous pensons qu'il s'agis-
sait peut-être d'un de ces engorgements d'origine rhumatis-
male, de ces c bubons rhumatismaux > sur lesquels notre ami
Edouard Brissaud a récemment appelé l'attention.
II
A côté de ces succès, nous comptons trois échecs; encore
ne parlerons-nous pas d'une journalière de vingt-cinq ans,
qui, depuis deux ans, portait dans l'aisselle et dans la
région carotidienne gauche des masses ganglionnaires
énorme.s; sous nos yeux, et en moins d'un mois, la région
cervicale droite fut envahie; et ici le ganglion rétro-maxillaire
fut le premier atteint; puis, d'une même poussée, plusieurs
masses nouvelles apparurent et la rapidité de la propagation
22 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 47 — 755
est telle que la déformation est bientôt aussi marquée qu'à
gauche. L'arsenic est administré, mais nous n'étions qu'au
vingt-deuxième jour et la dose atteinte ne dépassait pas
trente-huit gouttes, nous n'avions pu encore pratiquer d'in-
jections interstitielles lorsque la malade nous quitte ; l'ex-
périence n'est pas concluante, puisque le traitement arse-
nical demande à être poursuivi un très long temps.
Mais, si nous avons échoué chez notre deuxième malade, ce
n'est pas faute de patience de sa part; il se soumit à toutes
les exigences du traitement, et pourtant l'insuccès fut
lamentable; il s'agit d'un employé de commerce de quarante-
six ans, qui, onze mois auparavant, avait vu apparaître une
petite glande à droite, en arrière du maxillaire; puis la
chaîne ganglionnaire s'était prise rapidement en suivant la
marche habiluelle. La tumeur avait tout à fait l'aspect d'un
lymphadénome type. Nous donnons l'arsenic et nous attei-
gnons la dose de cinquante gouttes quotidiennes; nous pra-
tiquons un nombre considérable d'injections interstitielles;
rien ne lasse l'espérance de notre malheureux, pas même
la constatation des progrès du mal; l'amygdale droite est
envahie et prend un développement tel que la déglutition
en est empêchée ; la région carotidienne gauche est frappée,
puis surviennent des hémorrhagies, de la diarrhée, des
vomissements, des troubles généraux, la cachexie et la
mort au bout de six mois.
Même terminaison chez un petit paysan de cinq ans
observé et traité par nous en Béarn. Ils'agissait ici de la
forme molle du lymphadénome; la tumeur avait envahi le
cou tout entier; il y avait çà et là de grandes masses adhé-
rentes à la peau violacée ; je crus à des tubercules ramollis
et j'y plantai mon bistouri; je trouvai, lorsque la nappe
sanguine futjtarie, un tissu grisâtre, rosé, parsemé de petites
ecchymoses; l'arsenic fut administré à doses progressives:
le petit malade absorbait jusqu'à quinze gouttes de liqueur
de Fowler par jour. Mais les ganglions de l'aisselle et de
l'aine ne tardèrent pas à se prendre et la mort survint en
moins de quatre mois.
Mort aussi rapide chez un directeur de manège, qui,
après avoir consulté Poulet, Bouilly et Verneuil, se remit
dans mes mains : quatre ganglions retro-angulaires, gros
comme des noisettes, durs, mobiles, indolents, étaient restés
stationnaires pendant treize ans; ils s'accrurent tout à
coup, sous l'influence d'une émotion très vive ; une double
chaîne ganglionnaire souleva les deux régions caroti-
diennes; puis, malgré des doses élevées d'arsenic, des
injections interstitielles répétées, la peau devint adhérente
et de grandes plaques de mycosis fongoide se montrèrent au-
dessus des clavicules ; la cachexie survint et il mourait au
bout de dix mois.
fc \oici donc six observations de lymphadénome, car nous
pouvons en écarter une pour diagnostic plus que douteux, où
nous voyons six malades traités par l'arsenic à haute dose ;
trois vivent encore et trois sont morts dans un délai rapide.
Ce n'est pas fort brillant, et il y a loin de notre statistique à
celles que nous envoyaient naguère les Allemands. C'étaient
de véritables chants de triomphe que nous entendions alors,
*et on guérissait presque aussi sûrement un lymphadénome
qu'une fièvre intermittente. A cette heure, les bulletins de
victoire nous paraissent moins nombreux; en tous cas, on
garde le silence , et nous nous imaginons que là-bas on
obtient des résultats ni plus ni moins brillants que les nôtres.
Tout compte fait, bien des lymphadénomes, sans doute,
meurent entre leurs mains, et Koebel, dans un mémoire
de 1887, n'accuse-t-il pas quatre insuccès, deux améliora-
tions et un cas douteux sur sept cas, malgré la liqueur de
Fowler à l'intérieur et les injections interstitielles?
III
Faut-il aller plus loin dans celte voie et déclarer que
lorsqu'une tumeur ganglionnaire guérit, c'est qu'il ne s'agit
pas d'un lymphadénome? Le point est délicat, et nous arri-
vons à la question fort obscure du diagnostic. Aussi allons-
nous reprendre nos observations et voir si une erreur, je ne
dis pas est possible, — elle l'est toujours, — mais est pro-
bable dans l'espèce. Je laisserai évidemment de côté les
trois faits où la mort est survenue; ici on ne contestera pas
le diagnostic, car la cachexie particulière qui a procédé la
mort, les hémorrhagies, les diarrhées, les vomissements,
les accès de fièvre à forme intermittente sont des symptômeis
qui appartiennent en propre au lymphadénome ; on ne sau-
rait incriminer la tuberculose, la seule diathèse qui pro-
voque des engorgements ganglionnaires cervicaux suscep-
tibles d'être facilement confondus avec le lymphadénome.
Prenons seulement les trois cas où nos malades ont guéri.
Ce sont trois individus de vingt-cinq, trente-cinq et cinquante
ans; leur santé était vigoureuse; ils n'avaient eu jusque-là
aucune tare tuberculeuse et leurs antécédents héjréditaires
sont nuls. Ils voient survenir tous au même point, dans
l'angle rétro-maxillaire, un ganglion d'une dureté élastique,
mobile, indolent. Il se développe sans cause appréciable,
sans porte d'entrée ulcéreuse des muqu0uses ou delà peau;
il s'accroît; d'autres ganglions apparaissent par poussées
successives au milieu d'accès fébriles plus ou moins intenses ;
puis ces masses s'unissent les unes aux autres, ^è f\isionnent
et forment bientôt une chaîne énorme, bosselée, élastique,
présentant partout la même résistance ; on n'y trouve pas des
saillies ramollies et fluctuantes à côté de points durs et
ligneux; les injections arsenicales y ont bien parfois pro-
voqué des inflammations et une collection purulente; mais
après issue du pus et des débris de ganglion, la cicatrisation
de l'abcès s'est toujours très rapidement opérée, et nous
n'avons jamais vu de fistules persistantes.
Certes, il n'est pas un de ces symptômes qui ne puisse se
montrer exceptionnellement au cours delà tuberculose : oui,
des ganglions peuvent se développer à vingt-cinq ans, cin-
quante ans, même soixante ans, après une enfance et une
adolescence vigoureuses et comme première manifestation
de la diathèse; c'est même sur des cas semblables qu'est
basée la doctrine des tuberculoses locales; oui, ces gan-
glions, — quoique le fait soit bien exceptionnel, — peuvent
atteindre l'énorme volume que nous avons constaté dans
nos trois cas; ils peuvent encore à la rigueur être partout
de même consistance, ne se ramollir en aucun point, bien
que nés à des époques différentes et par des poussées suc-
cessives; ils peuvent, enfin, se cicatriser en quelques jours
si un traumatisme ou une injection les a fait suppurer, bien
que d'habitude cette cicatrisation ne survienne que lorsque
toute la matière caséeuse est évacuée: nous admettrons
qu'on observe au cours d'une tuberculose ganglionnaire
cervicale bien légitime une quelconque de ces infractions à
l'évolution habituelle de l'adénite scrofuleuse; mais je
doute que chez un même sujet on puisse me les montrer
toutes. J'ai vu bien des masses tuberculeuses, j'ai lu à
propos de cet article, un grand nombre d'observations
où la question de diagnostic a été posée et je n'ai pas relevé
756 — N* 47 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmE ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
un seul fait où toutes ces conditions se trouvent réunies;
aussi, jusqu'à preuve contraire, je considère que dans mes
trois cas il s'agissait de lymphadénomes.
Les cas où le diagnostic est difficile, impossible peut-
être, ce sont ceux où il existe un, deux, trois, quelquefois
un nombre plus considérable de ganglions développés d'un
seul ou de deux côtés, dans la région sous maxillaire ou
rélro-angulaîre chez un adulte vigoureux, sans antécédents
de stiiime. Les tumeurs restent longtemps stationnaires
ou s'accroissent lentement sans se ramollir. Est-ce un lym-
phadénome? Est-ce de la tuberculose? L'extirpation a
montré à Schiippel, à Trélat, à nous-même que dans l'im-
mense majorité des cas il s'agit de tuberculose. Aussi con-
seillerions-nous de faire ici le diagnostic de probabilité et
dans le doute de conclure à un ganglion caséeux, car plus
de neuf fois sur dix, c'est de tuberculose qu'il s'agit.
Hais ce peut être aussi un ly m phadénome et Quénu en a
observé un fait bien remarquable. Dans ces cas difficiles
toutes les erreurs ont été commises, d'autant que, à c6té
dû lymphadénome et de la tuberculose, il y aurait, paraît-
il, la pseudo-tuberculose de Verneuil, Ricard et Clado. Ces
auteurs n'ont-ils pas décrit des tumeurs sous-maxillaires,
plus rarement parotidiennes, développées dans les gan-
glions? elles ont l'aspect microscopique et macroscopique
de la tuberculose; on y trouve des cellules géantes, mais
pas de bacilles de Koch et l'inoculation resterait négative;
ces faitSj peu connus encore, demandent un nouveau
contrôle.
Pour établir le diagnostic dans un cas douteux, il serait
bon d'extirper une des tumeurs et de la soumettre à l'ana-
lyse microscopique, examen qui du reste, — et c'est Cornil
qui l'affirme, — pourra laisser l'histologiste dans l'embar-
ras. 11 faudrait en outre inoculer une parcelle de ce ganglion
pour voir si la tuberculose se développera chez l'animal en
expérience. En effet, il y a là des éléments qui donne-
raient au diagnostic une plus grande précision. Mais nous
n'oserions pas nous livrer à un supplément de recherches,
et lorsque, comme dans nos trois cas, nous avons des
raisons excellentes pour croire aux lymphadénomes, nous
penchons vers l'abstention parce que des interventions san-
glantes, même aussi peu importantes, paraissent avoir sur
le développement de la tumeur une influence désastreuse.
En 1875 et en 1876 j'ai vu opérer sept lymphadénomes
cervicaux et les sept malades n'ont pas quitté l'hôpital; le
mal a récidivé dans la plaie : les années suivantes j'ai
assisté à l'extirpation de trois lymphadénomes et le résultat
fut aussi mauvais. Berger a observé des désastres semblables
chez Dolbeau. Aussi en présence de ces faits accumulés,
Jtf . Trélat s'est constitué à la Société de chirurgie le défen-
seur éloquent de l'abstention chirurgicale en matière de
lymphadéiiome. J'en ai, pour ma part, enlevé un que portait,
au testicule, un capitaine au long cours; Ricord, deux ans
auparavant, avait diagnostiqué un cancer de la glande
sperraatique; j'extirpe la tumeur; trois semaines après mon
opéré reprenait la mer; mais il n'était pas arrivé à Porto
qu'il était en pleine récidive viscérale. Tillaux et Quénu
ont observé, je crois, un fait analogue.
Aussi n'osons-nous pas toucher aux tumeurs qui nous
paraissent des lymphadénomes; un de nos trois malades
conserve encore une masse du volume d'un petit œuf sur la
partie latérale du cou, absolument mobile, et sans adhé- .
rence superficielle ou profonde : pour l'extirper, il suffirait |
d'une simple boutonnière à la peau; nous avons résisté '
jusqu'à présent à notre malade qui demande rinterventior
avec ardeur; nous résistons, car il vil avec sa tumeur, r:
nous ne savons pas si une intervention ne serait pas le poin
de départ d'une poussée nouvelle plus grande et peut-étir
rapidement mortelle. Nous exagérons peut-être et je n'ai-
firme pas ne point jamais opérer en ce cas; cependant touv
les traités classiques, tous les mémoires sur la questior
signalent l'influence désastreuse des opérations chirur-
gicales. Les Allemands ne sont pas plus heureux que nous,
et sur neuf opérés, Busch nous dit, qu'un seul a survéro
quel(|ue temps et encore a-t-il fini par succomber à une
récidive.
Est-ce à dire que tous les lymphadénomes aient cette
extrême gravité ? Ne faut-il pas proclamer que le mot
lymphadénome est sans signification précise et il est fort
possible qu'il existe plusieurs variétés de tumeurs, consti-
tuées par du tissu adénoïde et dont les causes, les
symptômes, l'évolution, le pronostic, sont essentiellement
difficiles. Il y a des lymphadénomes malins et des lympha-
dénomes bénins, et les efl'orts des histologistes pour sanr-
tionner par des différences de structure cette différence de
gravité, n'ont pas encore abouti. Les recherches éliologique:^
et bactériologiques qui nous donneront sans doute la clef de
problème ne sont pas encore ébauchées à cette heure.
Il est possible d'ailleurs que les lymphadénomes bénins
et les lymphadénomes malins soient de même structure, de
même nature et de même origine ; il se peut qu'à un
moment donné, dans cette gangue indifférente de tissa
adénoïde, une circonstance quelconque, peut-être l'intro-
duction d'un germe, imprime tout à coup au mal une
allure envahissante. Le malade de notre dernière obser-
vation porte un lymphadénome depuis quatorze ans ; la
tumeur est restée treize ans stationnaire lorsque, à propos
d'une émotion violente, une tentative d'assassinat, la tumeur
s'accroît rapidement et le tue en dix mois ; le lympha-
dénome observé par Tillaux et Quénu n'avait pas bougé
depuis cinq ans lorsqu'il se mit à grossir; on l'opère
et le malade est emporté. Notre exemple de lymphadénome
du testicule présente une marche analogue ; l'intervenlioo
chirurgicale lui imprime une activité redoutable. Nous
pourrions multiplier les observations de ce genre.
Je crois cependant à la multiplicité des tumeurs de
structure adénoïde; on a vu certains sarcomes mélaniques
primitifs d'une extrême malignité et Bouilly en a observé
un bel exemple que nous avons vu avec lui. Certaines
diathèses peuvent retentir sur les ganglions ; notre ami
Edouard Brissaud a publié l'observation remarquable d*un
jeune homme à qui j'ai enlevé, il y a huit ans, une tumeur
du cuir chevelu et qui présentait des engorgements gan-
glionnaires, considérés comme des lymphadénomes par plu-
sieurs chirurgiens; or une poussée rhumatismale suffit pour
tes amener et pour les faire disparaître. Je m'imagine que
la jeune Anglaise de ma quatrième observation avait aussi
des c bubons rhumatismaux » de même nature. N'a-t-on
pas tenté de décrire des adédites chroniques provoquées par
î'impaludisme ? La malaria pourrait exceptionnellemenl
tuméfier le tissu adénoïde des ganglions comme elle hyper-
plasie celui de la rate.
Je ne voudrais pas m'engager plus avant sur un terrain
aussi peu solide et je désire conclure de cette courte
étude : 1"" que si les tumeurs ganglionnaires du cou sont
souvent d'un diagnostic fort difficile et que si, nombre île
32 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE|MÉDEGINE ET DE CHIRURGIE
— NM7 — 757
Jois, des ganglions tuberculeux ont été pris pour des lym-
phadénomes, nous pensons que certaines formes extrêmes,
•celles qui justement se retrouvent dans nos trois observations
de guérison, peuvent être reconnues à peu près aussi sûre-
ment que Test un squirrhedela mamelle; S*' que ces tumeurs
sont d'un pronostic extrêmement grave; l'intervention chi-
rurgicale ne paraît donner que des désastres ; aussi recom-
mandons-nous l'arsenic à doses progressives, alterné parfois
aveclephosphure de zinc. Celle médication n'est point spé-
cifique, comme on l'a prétendu, mais elle nous paraît être
encore la moins illusoire de toutes.
Paul Reclus.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Traitement «Btlsen^tlqne de l'éelaaii^le pnerpérale*
I. Traitement préventif. — 1" Il faut d'abord prescrire
le régime lacté, c'est classique, et de plus, d'après M. Mau-
rice Rivière (de Bordeaux), empêcher la formation des poi-
sons dans le tube digestif par l'administration, toutes les
heures, de l'un des cachets suivants :
Naphthol 2o%50
Salicylate de bismuth... î ^
F. s. a. et divisez en huit cachets.
â"* Administrer tous les trois ou quatre jours un verre à
bordeaux d'une eau purgative ou une cuillerée à dessert de
sulfale de soude en solution dans une demi-verrée d'eau ;
3* Favoriser l'émonction cutanée et rénale par des bains
chauds bi-hebdomadaires.
II. Traitement curatif. — i* Calme, repos absolu;
S"" Saignée de 3 à 400 grammes pour diminuer la quantité
des poisons contenus dans l'organisme ;
3^ Administrer par la voie stomacale la potion suivante :
Eau distillée 60 grammes.
Sirop de cerises 60 —
Chloral hydraté } _ ^ x t
Bromure de sodium { aa 2 à 4 grammes.
4° Lavement au chloral à la dose de 2 à 4 grammes, et au
besoin anesthésie chloroformique ;
b" Pendant l'accouchement, M. Rivière conseille l'absten-
tion obstétricale; les manœuvres pour hâter l'accouchement
produisent l'irritation du col. Après l'accouchement, la
saignée est le plus souvent inutile, l'hémorrhagie physiolo-
logique en tenant lieu.
S'il existe de la contracture, il devient difficile de faire
ingérer les médicaments parla bouche; M. Rivière conseille
alors de placer la femme dans le décubitus dorsal et de faire
couler tous les quarts d'heure, dans les fosses nasales,
trois grandes cuillerées de lait véhiculant un quart à un
demi-gramme de chloral en suspension.
Ch. ÉLOV.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
hospice de lk salpêtrière. — m. le professeur charcot.
Sclérose en plaques a longue échéance, sans embarras
DE LA PAROLE. — Le 29 octobro, il se présente à la consul-
tation externe un homme dont l'histoire clinique peut se
résumer de la {façon suivante. En 1871, cet homme
couche dans des tranchées, et est pris de raideurs dans
la jambe droite, la marche est gênée et il boite. En 1876,
après trois ou quatre ans de mieux considérable, il croit
marcher sur du coton ; il a de la difficulté pour marcher à
cause de la raideur des deux jambes; on lui met des
pointes de feu qui améliorent la situation des extrémités
inférieures; comme compensation malheureuse, les bras
deviennent incoordonnés, maladroits, les mains laissent
échapper ce qu'elles tiennent.
En 1878, la raideur des jambes revient accompagnée de
tremblement de la tète et des niains avec un peu d'em-
barras de la parole qui ne dure pas.
Depuis cette époque alternative de mieux et de plus mal :
[»ar moments les jambes sont tellement collées l'une à
'autre que la marche est impossible. 11 survient des phé-
nomènes oculaires : de la diplopie. Aujourd'hui on con-
state une incoordination manifeste dans les mouvements
inlentionnels, le malade ne peut porter un verre à sa
bouche, il marche péniblement à cause de la raideur des
jambes; il a des réflexes exaltés, son regard est tout à fait
remarquable : c'est un regard sans fixation, terne, dépourvu
d'expression. Il se plaint de quelques fourmillements dans
les jambes et de petites douleurs à type fulgurant. Il n'a
i'amais eu de trounles vésicaux. Ce ifialade nous offre un
)el exemple de sclérose en plaques; il n'y manque que
l'embarras caracléristique de la parole, actuellement du
moins. Cette absence d'un des gros éléments symptomatiques
de la maladie est à noter; il faut remarquer aussi que chez
ce malade l'affection s'est présentée à un moment (con-
tracture des mains, jambes collées) sous l'aspect qu'elle a
revêtu quand H. Vulpian l'a observée tout d'abord il y a
une vingtaine d'années.
De toutes les paraplégies spasmodiques, c'est celle de la
sclérose en plaques qui est la plus sujette à présenter des
hauts et des bas. Notre malade n'a jamais eu de maladies
aiguës; il justifie donc l'opinion de M. Charcot qui se refuse
à voir dans la sclérose en plaques une maladie microbienne.
Tares, crises gastriques et crises laryngées. — Un
malade âgé de quarante-cinq ans ressent des élancements
douloureux dans les jambes depuis huit années ; l'incoor-
dination n'est pas très accusée, non plus que les douleurs
du reste qui laissent le premier plan aux troubles viscéraux.
Ce qui est particulièrement intéressant dans ce cas, c'est
que l'on observe une certaine régularité, une périodicité
singulière dans le retour des crises. Cette régularité est
loin d'être rare ; on l'observe soit chez les tabétiques pré-
sentant une espèce de réunion de tous les symptômes tabéti-
ques, soit chez ceux chez qui ce trouble viscéral occupe pres-
que seul la scène morbide. Quand la crise est commencée,
elle dure plusieurs jours sans faiblir, sans s'atténuer. Il y a
alors trente minutes environ entre chaque vomissement.
La dernière crise date de cinq semaines. La morphine
paraît calmer ces crises gastriques. Les crises laryngées
sont moins violentes que les premières, mais elles ne sont
pas soumises à la même régularité.
Les symptômes qui avec les douleurs fulgurantes per-
mettent d'affirmer le diagnostic de tabès sont de l'inégalité
pupillaire, le signe d'Argyll Robertson et l'absence des
réflexes rotuliens.
P. B.
758 _ N« 47 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECIME ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
TRAVAUX ORIGINAUX
C/llal^ue médloale.
Le bain froid systéhatique dans la fièvre ttphoIde.
Communication faite à la Société médicale des hôpitaux
dans la séance du 8 novembre iSSQy par H. Albert Josias,
médecin des hôpitaux.
A Toccasion du rapport de M. Merklen, sur la mortalité
de la fièvre typhoïde dans les hôpitaux de Paris, je prie la
Société de me permettre de lui exposer succinctement ma
statistique.
Durant les annnées 1888 et 1889 J*ai pu traiter dans
divers hôpitaux trente-six fièvres typhoïdes par le bain froid
systématiquement donné à 18 degrés, toutes les trois heures,
lorsque la température centrale atteignait ou dépassait
39 degrés.
Ces trente-six cas se signalent par trente-cinq guérisons
et une mort, soit 2,77 pour 100 de mortalité.
Envisagés au point de vue du sexe, nous avons : pour le
sexe masculin, 29 cas; pour le sexe jféminin, 7 cas.
Etudiés quant à l'âge ces divers cas se subdivisent ainsi :
De 5 à 10 ans 3 cas;
De 10 à 15 ans 7 cas;
De 15 à 20 ans 7 cas;
De 20 à 25 ans 9 cas;
De 25 à 30 ans 3 cas;
De 30 à 35 ans 4 cas ;
De 35 à 40 ans 2 cas ;
Au-dessus de 40 ans 1 cas.
Les formes de la maladie peuvent être réparties de la
façon suivante :
Bénignes, régulières et hyper[)yrétiques : 27 cas;
Graves avec ou sans complications : 9 cas;
Rechutes, malgré les bains froids : 4 cas ;
Rechutes, traitées par les bains froids, alors que la maladie
avait été antérieurement traitée par une autre méthode :
2 cas.
La répartition dans les hôpitaux est la suivante :
Hôpital Broussais (1888), 11 cas = 11 guérisons ;
Hôpital Laennec (1888), 1 cas = 1 guérison ;
Hôpital dés Enfants-Malades (1889), 8 cas. = 8 guérisons;
Hôtel-Dieu <1889), 8 cas = 8 guérisons ;
Hôtel-Dieu (Annexe) (1889), 5 cas = 4 guérisons ;
— — =1 mort;
En ville (1888), 2 cas = 2 guérisons;
— (1889), 1 cas = 1 guérison.
Le nombre des bains a été variable depuis 1,5, 7 bains
jusauà 105, 112, 118, 138 et 168 bains.
Nos trente-six malades ont pris 2227 bains à 18 degrés, ce
ui représenterait pour chaque malade une moyenne de
1 bains.
Parmi les formes graves et les complications je signa-
lerai :
Une forme ataxo-adynaraique chez un jeune homme de
vingt-quatre ans, alleinl d'artério-sclérose généralisée, et
accompagnée d*hémorrhagies intestinales et d^eschare au
sacrum (guérison : 118 bains);
Une forme hyperthermique, chez un jeune homme de
trente et un ans, avec hémorrhagies intestinales au dix-
septième jour; albuminurie, pneumonie droite au vingt-
deuxième jour (guérison avec 168 bains froids sans aucune
interruption);
Une forme adynamique chez un alhéromaleux avec diar-
rhée colliqualive, émacialion considérable et aspect cliolé-
riforme (guérison) ;
Une forme hyperthermique chez une malade de la ville,
nerveuse,,Zfupportaiit mal les bains, ne lesprenant pas ri^gu-
lièrement (guérison avec rechute) ;
Une forme adynamique avec endocardite aiguë (gué-
rison);
Une forme ataxo-adynamique chez un malade présentant
une rechute et entrant à Thôpital le dix-septième jour <lc
sa rechute. Traité in extremis (mort);
Une forme ataxo-adynamique chez une cuisinière, â^ê<'
de quarante-quatre ans, alcoolique (guérison, 90 ba^l)^•.
mais à Theure actuelle atteinte de phlegmatia alba dolent.
Tous mes malades ont été baignés dès que le diagnostif
de fièvre typhoïde a été établi d'une façon indiscutable.
Je n*ai jamais suspendu les bains froids, si ce n*est d'une
façon tout à fait momentanée, dans les cas d'hémorrhagies
intestinales.
La menstruation, les manifestations broncho-pulmonaires
(bronchite, congestion, pneumonie, emphysème), rénale?
(albuminurie) n'ont jamais été des contre-indications à
l'emploi des bains.
Je n'ai eu qu'à me louer de ma ténacité. Je ne répéterai
Eas tout ce qui a été dit sur l'heureuse influence que Je
ain froid exerce sur les divers systèmes de l'économie.
mais je ne puis m'empécher de reconnaître que, grâce aux
bains froids, la fièvre typhoïde n'a plus de typhoïde que
le nom : les malades ainsi traités ne sont pas prostrés, ne
présentent pas de stupeur, mais restent éveillés et lucides,
leur langue se montre humide, leur soif est intense, ce oui
permet de leur administrer 4 à 5 litres environ de liquides
alimentaires ou non. On observe une diarrhée et une
polyurie excessives; cette diarrhée, mais surtout cette
polyurie sont telles que le malade peut être considtTé
comme se lessivant quotidiennement les intestins et les
reins.
Or, dans une maladie infectieuse comme la fièvre
typhoïde, un semblable lavage entraînant tous les déchets
de l'organisme, ne saurait être envisagé sans un réel
profit. Bien plus, comme ce lavage s'effectue à l'aide de
liquides alimentaires, bouillon ou lait, il en résulte que
nos malades sont ainsi soumis à une alimentation vraiment
exagérée, dont les effets heureux sont aisés à contrôler. Ces
malades maigrissent {)eu, s'affaiblissent modérément, per-
dent en moyenne 1 kilogramme à 2 kilogrammes en nuit
l'ours et peuvent sans de grands eflorls descendre de leur
lit, enjamber leur baignoire et réciproquement. Cette épar-
gne des forces n'est pas sans exercer une heureuse influence
sur la durée, sinon de la maladie elle-même, du moins de
la convalescence.
Je ne puis ici passer en revue tous les effets de la médi-
cation réfrigérante sur les divers organes de l'économie,
j'ai consigné tous ces détails dans mes observations que je
suis prêt à produire le jour où quelqu'un de mes collègues
en exprimerait le désir. Ces résultats du reste sont connus.
Lorsque je voulus contrôler l'influence du bain froid sys-
tématique sur la fièvre typhoïde, je n'étais pas sans une
certaine appréhension.
Le temps n'est pas loin où les complications cardio-puU
monaires et les hémorrhagies intestinales étaient attribuées
à celle méthoile. Loin de là, nous devons reconnaître que
ces accidents sont peu fréquents, et sont le fait non du
traitement, mais de ta maladie en évolution. Il semble que
le bain froid prévienne ou atténue les manifestations bron-
cho-pulmonaires aue nous avons coutume de rencontrer aux
diverses époques ae la fièvre typhoïde.
Lorsque je me suis trouvé aux prises avec ces complica-
lions, notamment dans un cas de pneumonie, je n'ai pa<^
cessé l'usage des bains froids, et je n'ai eu qu'à me louer de
ma hardiesse, puisque mon malade a guéri.
Et du reste mes trente-six malades ont été rigoureuse-
ment traités par le bain froid systématique, sans aucune
interruption. Je n'ai perdu qu'un seul malade traité, m
32 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ~ N* 47 -« 75»X^
extremis j le dix-septième jour d'une rechute, et présentant
un tel état vernissé des lèvres, de la langue et du pharynx
qu'il lui était impossible de boire et de déglutir un liquide
quelconque.
Quoi qu'il en soit, l'analyse impartiale de ces trente-six
malades m'autorisç à déclarer que la médication réfrigé-
rante, plus que toute autre méthode, semble combattreavec
succès la fièvre et Tadynamie et placer les typbiques dans
de meilleures conditions de résistance pour supporter leur
mnladie; mes résultats, joints à ceux de mes collègues,
MM. Juhel-Rénoy et Richard, constituent un contingent
sérieux; ils n'apportent aucune donnée nouvelle sur une
méthode aujoura'hui adoptée dans divers pays, notamment
à Lyon; ils apportent toutefois un contrôle des plus encou-
rageants, car aucune médication ne saurait répondre plus
fructueusement à un plus grand nombre d'indications, sans
Taide de médicaments antipyrétiques ou antiseptiques.
Ma statistique personnelle est minime, mais assez élo-
quente pour me décider à persévérer et à adopter dorénavant
la pratique du bain froid sptématique pour combattre la
(lèvre typhoïde, surtout si je la rapprocne des statistiques
recueillies et commentées dans ces derniers temps par mes
collègues, MM. Juhel-Rénoy et Richard.
Dans la séance du 28 décembre 1888, M. Juhel-Rénoy,
réunissant la statistique de M. Richard à la sienne et à la
mienne, vous annonçait cent huit malades parmi lesquels
cinq morts, soit 4,62 pour iOO de mortalité.
Âujourd*hui, joignant ma statistique à celles de MM. Juhel-
Rénoy et Richard, je vous rapporte cent trente cas, parmi
lesquels six morts, soit 4,61 pour 100 de morlalilé.
Or, M. Merklen, dans son rapport, s'exprime ainsi :
€ La mortalité de la fièvre typhoïde dans les hôpitaux civils
de Paris oscille actuellement entre 14 et 15 pour 100. »
Je n'ajouterai pas un mot et je laisse à l'avenir le soin de
modifier nos chiffres en les amoindrissant ou en les forti-
fiant.
CORRESPONDANCE
AU COMITÉ DE RÉDACTION DE LA C GAZETTE HEBDOMADAIRE, i
La révalslon p«r«-hépatlqae dans le traltoment
de» épistaxis.
La communication académique du professeur Verneuil sur le
traitement de € certaines » épistaxis rebelles parrapplicationde
vésicatoires sur la région du foie (il s'agissait des épistaxis dites
hépatiques) a eu un grand retentissement. Je suis de ceux qui
ont poussé un cri d'étonnement. Sans me dissimuler mon infé-
riorité notoire dans cette lutte courtoise pour la vérité, j'ai
publié — il y avait bien quelque courage à le faire — mon toile
dans le Bulletin médical des Vosges d'avril 1889. Je voudrais
brièvement revenir sur ce sujet, à propos du récent article
(8 novembre 1889) de M. Aimé Guinard dans la Gazette hebdo-
madaire.
En somme, (]u'a voulu établir M. Verneuil ?
1« Que Tépistaxis, plus souvent que l'on ne l'a cru jus-
qu'alors, est sous la dépendance d'une maladie latente ou
évidente du foie ;
!2* Qu*en cette occurrence la révulsion hépatique triomphe de
Tépistaxis.
Or la première proposition est loin d'être absolument démon-
trée. Sans parler des épistaxis qui accompagnent l'ictère grave
et la maladie de Weil, que je laisse de coté, il faut reconnaître
que deux seules maladies organiques du foie donnent des hémor-
rhinies : la cirrhose ou sclérose atrophique de Laennec et la
cirrhose hyper trophiqne biliaire; mais les épistaxis ne se ren-
contrent que dans un tiers des cas (Monneret, Ahmed-Azmi) de
la première quand elle est confirmée^ et sont extraordinaireraent
rares dans la seconde. Voilà la vérité : l'épistaxis hépatique
existe, mais n'est pas si commune qu'on veut le dire.
La deuxième proposition est-elle prouvée? M. Verneuil a-t-il
en réalité guéri par le vésicatoire au niveau du foie des gpt-
staxis bien et dûment d'origine hépatique f Sur quoi s'est-il
fondé pour affirmer cette guérison? Sur des faits c précis »,
répond M. Guinard, sur des c faits positifs > que c personne ne
pouvait nier >. J'ai regret de le dire : pour m^i ces raits ne sont
ni c précis > ni c positifs ».
Dans un cas d'épistaxis guéries par le vésicatoire para-hépa-
tique on avait affaire, écrit M. Guinard, à c un malade atteint de
cirrhose du foie ». Tel n'est point mon avis. Relisez l'observa-
tion communiq^uée par M. Garnier, le 18 août 1880, au Congrès
de Reims et insérée (p. 149) dans la Gazette hebdomadaire
de 1881, et vous verrez qu'en explorant le foie t on ne croyait
guère trouver quelque chose de ce câté >, que le patient n'avait
c aucun trouble digestif », que c ni le ventre, ni les membres
inférieurs n'étaient le siège de la moindre suffusion séreuse»,
qu'il n'y avait eu c jamais d'ictère ni de vomissements ». Et alors
sur quoi se base-t-on pour diagnostiquer une cirrhose commen-
çante (je relève l'épithète) du foie? Sur ceci d'abord : que c le
patient travaille à la forge, métier rude qui, d'après lui, le force
a boire abondamment, ce qui pourrait bien avoir modifié à la
longue le parenchyme hépatique » (la preuve n'est certes pas
péremptoire) ; sur ceci ensuite: qu' c en palpant et en percu-
tant dans différentes attitudes l'hypochondre droit, on constate,
non sans quelque surprise, une aiminution considérable dans
les dimensions du foie, résultat d'autant plus facile à obtenir
que le sujet est maigre ». Admettez avec moi que si en réalité
la réduction du foie de cet homme à c un tiers de son volume »
avait eu pour cause une cirrhose atrophique, on eût noté, en
même temps que la diminution de volume, des troubles diges-
tifs, de Vascite et des urines rares et concentrées. 11 n'y avait
rien de tout cela. Aussi me suis-je cru autorisé à afGrmer que
ce premier malade n'avait pas une cirrhose atrophique du foie.
Qu'avait-il donc ? vraisemblablement ce foie normalement trop
petit qui n'est pas excessivement rare, notamment chez des
sujets maigres. Je transcris, à l'appui de ma thèse, le texte de
Frerichs {Traité pratique des maladies du foie, etc., 2* édit.,
Paris, 1866, chap. H, p. 17, 18, 19) : € La détermination de
valeurs numériques est entourée de aifûcultés nombreuses, car
déjà, même dans l'état normal, le foie éprouve des différences
sensibles, dont la raison est souvent difficile à trouver. 11 y a
une latitude assez considérable entre les limites au delà des-
quelles il peut être question de Vhypertrophie ou de Vatrophie
simple du foie comme phénomène pathologique. Le poids de la
glande, lors de la vieillesse (le sujet de M. Verneuil était un
homme maigre de cinquante-neuf ans, vieillard par anticipation
comme les alcooliques), décroit en général plus vite que celui
du reste de Vorganisme ». Quoi qu'il en soit, un vésicatoire est
apposé sur la région du foie, et répistaxis, jusqu'alors incoer-
cible, s'arrête : ceci est indéniable, je me l'explique physiologi-
Îjuement, mais cela ne prouve pas du tout à mon sens que le
oie était malade.
Le second fait soi-disant c précis, positif » de M. Verneuil
serait encore une cirrhose commençante du foie. M. Verneuil
trouve diminué de volume le foie d'un palefrenier qui, malgré les
traitements variés mis en usage, a une hémorrhinie intermi-
nable après un coup de pied de cheval sur le nez. Diminué de
volume? Est-ce bien sûr? M. Lancereaux (son nom est cité
dans la communication) n'avait-il pas prétendu, après examen,
que le foie était de dimensions normales? Bref, répistaxis est
conjurée à la suite de l'application d'un vésicatoire sur la région
hépatique. Je ne conteste pas ce succès, je me borne à émettre
des doutes, en compagnie de M. Lancereaux, sur l'existence
d'une maladie du foie.
Le troisième fait, c précis et positif » selon M. Guinard, est
un cas de c congestion chronique du foie ». ici, certainement,
le foie était malade, ce qui ne veut pas dire, on va le voir,
qu'il était responsable des épistaxis. Une néphrite (probable-
ment interstitielle, puisqu'elle s'était compliquée d'une affec-
tion du cœur) avait précédé les autres symptômes ; l'hylper-
mégalie du foie (sans doute ime cirrhose cardiaque) était
consécutive à la cardiopathie. Contre la rhinorrhagie, réfrac*
taire aux movens habituels, M. Verneuil ordonne le sulfate de
Îuininef et place un large vésicatoire sur l'hypochondre droit,
'épistaxis cesse, c Qui du foie, aije écrit, qui du rein, qui du
cœur a occasionné ces épistaxis? M. Verneuil de répondre: le
foie. Pourquoi pas le rein? J'accuse volontiers le rein parce que
répistaxis est extrêmement fréquente dans la néphrite intersti-
tielle, autrement fréquente qu'au cours des lésions hépatiques*
760 — N^ 47 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmE ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
Ailleurs on pourra aceuser le cœur. Qui du sulfaté de quinine ou
du vésicatoire a bridé l'épistaxis? Le vésicatoire, dites-vous];
pourquoi pas le sulfate de quinine qui réussit très bien dans les
epistaxis intermittentes ou non, à type régulier ou irrégulier,
quand même elles ne relèvent pas du paludisme, qui nous a
réussi à haute dose chez un goutteux-rénal dont la vie était
menacée par une énorme epistaxis? >
Alors je suis arrivé à cette conclusion : M. Verneuil a guéri de
leurs epistaxis par la révulsion hépatique des gens qui n'avaient
pas de maladie du foie, et, dans le seul cas de ce chirurgien où
le foie était taré, ce n'est pas lui qui parait justiciable des
hémorrha^ies nasales pas plus que ce n'est la révulsion hépa-
tique (puisque c'est peut-être le sulfate de quinine) qui a
conjuré ces hémorrhagies. Oseriez- vous, vu la fréquence des
epistaxis et vu la rareté de la cirrhose atrophique, la seule
maladie du foie à vraiment parler épistaxipare, prétendre qu'ils
avaient toits une maladie du foie les éjpistaxiques qu'ont guéris
Bancius ( c'est lui {Prax. •nied.j p. 4lâ) qui l'a employé le pre-
mier) par le vésicatoire para-hépatique, Galien et Wincler par
les ventouses sur les hypochoudres? S'étonnera-t-on de mon
assertion? Contrairement à M. Guinard, j'estime que la décou-
verte d'une c affection quelconque du foie, ancienne ou récente »,
chez un épîstaxique, doit nous détourner de la révulsion au
niveau de Thypochondre droit. Les epistaxis hépatiques sont
des hémorrhagies dyscrasiques qui ne seront curables que par
des agents modiâcateurs de la crase sanguine» Le chlorate de
potasse, à forte dose, conseillé par Harkin, remplit-il les condi-
tions exigées? Pour en avoir été plusieurs fois témoin, j'ai
coniianee en l'efficacité du vésicatoire sur la région du foie
(on obtiendrait, je n'en doute pas, pareil succès avec le vésica-
toire sur la région de la rate), dans les epistaxis rebelles non
dvscrasiques. Mais je me garderais bien de déclarer avec
M. Guinard que, quand l'hémorrhagie s'arrête, c'est € un signe
d'affection hépatique méconnue ». L'hémostase a tout simple-
ment, me semble-t-il, sa raison d'être d'une part dans le mouve-
ment, divergent que la révulsion imprime au sang, d'autre part
dans le spasme vasculaire généralisé, et, conséauemment, dans
le spasme des artérioles pituitaires succédant à l'irritation de la
peau de l'hypochondre droit, qui, à preuve certains cas de
syncope cardiaque (par anémie bulbaire artério-spasmodique)
pendant les ponctions du foie, est douée d'une sensibilité surex-
quise.
D' Ch. Liégeois.
M. Liégeois reproche à M. Verneuil de vouloir établir c que
l'épistaxis est plus souvent qu'on ne l'a cru jusqu'alors, sous la
dépendance d'une maladie latente ou évidente du foie >.
Or, jamais que je sache, M. Verneuil ne s'est occupé de la fré-
quence relative ou absolue des epistaxis dans les maladies du
foie. 11 s'est toujours borné à c constater > que c certaines
epistaxis rebelles > s'arrêtaient à la suite de la révulsion para-
hépaliaue.
De la à conclure que dans ces cas-là on doit incriminer le
foie il n'y a rien que de très naturel, surtout quand le foie est
malade.
M. Liéfifeois lui-même semble abonder dans ce sens quand il
écrit : c Pour en avoir été plusieurs fois témoin, j'ai confiance
plus haut). Et pourtant par une contradiction bien singulière,
le même auteur nous dit quelques lignes plus loin que c la dé-
couverte d'une affection quelconque du foie, ancienne ou ré-
cente, chez un épistaxique, doit nous détourner de la révulsion
au niveau de l'hypochondre droit! > Ainsi voilà un vésicatoire
sur la région hépatique qiii ne guérit les epistaxis que lorsque
le foie n'est pas malade. Et M. Liégeois ne craint pas d'ajouter :
€ on obtiendrait pareil succès avec le vésicatoire sur la région de
la rate. > Je n'accepterai cette assertion (qui ne repose d'ailleurs
ue sur une théorie un peu vague) que si M. Liégeois me cite
es observations à Tappui.Ët en attendant ces observations, qui,
l
pas
de continuer à pratiquer la révulsion aussi près que possible
de l'organe malade. Quant à savoir si l'hémostase aura lieu,
comme le pense M. Liégeois, par suite c d'un mouvement diver-
gent imprimé au sang > ou par un aut^e mécanisme, j'avo-j
que je ne me sens pas préparé à suivre l'auteur sur ce terrai:
et j'imagine que son hypothèse n'a pas des bases bien assises, h
cite en effet dans mon article plusieurs cas d'hémorrhagies ch^x
des paludiques : le sulfate de quinine fut héroïque là où K' vf-
sicatoire para-hépatique avait échoué. Quel est donc ce famé».!
c mouvement divergent du sanc^ > qui a lien dans un cas el pa*
dans l'autre? Je n'insiste pas. Un mot en terminant : M. Vemeuih
M. L.-H. Petit, M. Harkin (voy. les indications bibliograptiiqotN
citées dans mon article) ont apporté ^e ne parle pas de moi'
un nombre considérable de faits positifs. M. Liégeois discute
trois de nos observations sans dire un mot des autres^ et oppi>^'
à ces faits une négation pure et simple. Cette négation est baser
il est vrai sur des vues théoriques qui sont peut-être ingt^-
nieuses..., mais le moindre fait, fût-il négatif, ferait bien
mieux noire affaire.
Aimé GuiNARD.
— La question du traitement des epistaxis rebelles est d'ailleurs
des plus complexes. Les faits cités par MM. Verneuil, GuinanL
Garnier, etc., etc., démontrent que l'application d'un vèsîcatoirv
au niveau de la région hépatique arrête souvent des épistaxi>
jusqu'alors incoercibles. Mais jamais M. Verneuil n'a songr i
soutenir que cette méthode les guérissait toutes. Le tait suir^xit
n*a donc que des rapports indiretes avec le sujet en question :
La lecture du très intéressant article de M. Aimé Guinard,
nous écrit M. le docteur Richaud, me remet en mémoire Je fait
suivant :
Le 28 avril dernier je suis appelé auprès d'une vieille dame
de soixante-dix ans, la veuve P..., à l'effet d'arrêter une hémor-
rhagie nasale, qui durait depuis tantôt douze heures. L'écoule-
ment qui se faisait parla narine droite, sans être très abondant,
inquiétait vivement la malade et son entourage, en raison d«*
sa durée.
L'examen des narines et des fosses nasales est négatif, mai>
poussant plus loin mon investigation, je découvre à la pointe du
cœur un souffle très net d'insuffisance milrale. J^pprends
d'autre part que depuis quelques jours les urines sont devenues
rares, et je constate un léger œdème des membres inférieur>.
Je prescris immédiatement la digitale; le premier jour de son
administration l'épistaxis diminue et au bout de trois jours a
complètement disparu. En même temps je constate une augmen-
tation de la quantité des urines et la disparition de l'œdème.
D' Richaud,
RcUlauroc (Basses-Alpes).
Prix BobImoii.
A M. LE RÉDACTEUR EN CHEF DE LA C GAZETTE HEBDOMADAIRE »
A l'occasion de la fête du centenaire de l'Université de Mont-
pellier, M"' Bouisson, désireuse de lier le nom de M. Bouisson à
cette solennité, a institué deux prix: le premier de 6000 fraucs;
le deuxième de 4000 francs, pour récompenser les meillears
travaux sur la vie et les œuvres du professeur Bouisson.
A cet effet, la Faculté de médecine de Montpellier a pris la
délibération suivante :
M*« Bouisson s'étant départie de la jouissance d'un legs de
100 000 francs fait par le professeur Bouisson à la Faculté de
médecine de Montpellier :
Article premier. -— Un concours est ouvert devant la Faculté
de médecine de Montpellier, ayant pour objet une étude sur In
vie et les œuvres de M* Bouisson,
Art. 2. — Sont admis à concourir tous les docteurs en méde-
cine.
Art. 3. — Deux prix sont institués pour la récompense de>
lauréats: le premier de 6000 francs; le deuxième de 4000 francs.
Art. 4. — Le concours sera clos le !•' avril 1890 et les manus-
crits destinés au concours seront adressés avant cette date,
terme de rigueur, à M. le doyen de la Faculté de médecine dt-
Montpellier.
Art. 5. — Les manuscrits seront rédigés en langue français**,
ne portant ni signature, ni aucun autre indice personnel, ft
seront simplement accompagnés d'une épigraphe, qui sera repris
duite sur un pli cacheté renfermant les noms et adresse de
l'auteur.
32 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
_N*47— 761
Art. 6. -^ Dès la clôtmre du concours, M. le doyen de la Faculté
de médecine de Montpellier convoquera le Conseil à Teffet de
nommer une Commission, qui sera chargée d'examiner les ma-
nuscrits et de rédiger un rapport sur leur mérite respectif. Ce
rapport sera lu dans une nouyelle séance, et le Conseil aécernera
alors les prix au scrutin secret.
.Art. 7.— Les manuscrits non couronnés ne seront pas rendus,
et les plis cachetés qui les accompagneront ne seront ouverts
que sur la demande des auteurs.
Je suis bien aise. Monsieur le rédacteur en chef, de vous com-
muniquer cet arrêté avec prière de vouloir bien en donner con-
naissance aux nombreux lecteurs de la Gazetie^ ou aux autres
personnes qui seraient désireuses de prendre part à ce concours,
dont les prix seront décernés à Theure où un grand nombre de
savants cle France et de l'étranger se trouveront réunis à Mont-
pellier.
Veuillez agréer, Monsieur et très honoré confrère, l'assurance
de ma considération la plus distinguée.
D' BOYE,
Cbirurgien do l'Hôtel-Dieu de Bëtie».
P.-S. — Les personnes qui désireraient concourir, pourront
s\'idresser à M"* veuve Bouisson, Grand'Rue, 27, à Montpellier,
qui tient à leur disposition les documents nécessaires à leur
travail.
REVUE DES CONGRÈS
Congrès de médecine Interne de Wlesbaden
(avril 1889).
De la nature et du traitement de la goutte^ par M. Ebstein
(Gottingue). — L'acide urique est un poison chimique qui pro-
duit des lésions inflammatoires et nécrosiques; dans ces der-
nières seulement on rencontre les dépôts d*urates. 11 se trouve
en abondance dans la moelle des os et dans les muscles. De là
il est transporté par les lymphatiques dans le sang, pour être
ensuite éliminé par les reins. Quand les lymphatiques sont tem-
porairement obstrués par Tacide urique, Vattaque de goutte
éclate.
M. Pfeiffer (Wiesbaden). — Les déterminations cutanées sont
plus fréquentes que les déterminations articulaires. Les pre-
miers tophus se montrent dans la peau et le tissu cellulaire
sous-cutané; ce n'est que plus tard qu'on en trouve sur les cap-
sules articulaires, les cartilages et les gaines tendineuses. C'est
une erreur de croire qu'il y a chez les goutteux production exa-
gérée d'acide urique. £n dehors des attaques, leur urine en con^'
tient moins que chez l'homme sain ; dans la cachexie goutteuse,
il y en a moins encore, et cela, non par défaut d'élimination,
mais par suite de diminution dans la production. L'auteur ne
partage pas l'opinion d'Ëbstein relative à la pathogénie de l'at-
taque. La diathese urique est due au manque de solubilité de
l'acide urique dans les humeurs de l'économie* Mais toutes les
fois qu'elles acquièrent une alcalescence plus forte, il se dis-
soudra en plus grande quantité et provoquera les réactions
douloureuses et inflammatoires de l'accès de goutte. Celui-ci
est donc provoqué, non par l'acide urique insoluble, mais par
celui qui est devenu soluble.
Le régime des goutteux doit surtout consister en matières
albuminoïdes, viande et œufs; il faut interdire les hydrocar-
bures, qui augmentent la quantité d'acide urique libre dans
l'urine et le sucre; il faut proscrire aussi le vin et la bière. Les
carbonates alcalins sont très utiles, mais les sels de lithine
n'ont pas d'action spécifique. Le traitement thermal ne saurait
être trop recommandé dans la diathese urique. Pour calmer les
douleurs de l'accès et favoriser l'élimination urique, l'auteur
conseille avant tout le salicylate de soude, et, en cas d'insuccès,
le colchique et la liqueur Laville. Il recommande aussi de se
méfier des massages exagérés, pendant l'accès surtout.
31. Ebstein émet l'opinion qu'il y a chez les goutteux augmen-
tation de la production d'acide urique.
Du fonctionnement de l'estomac dans la phthisie pulmo-
naire. — M. Intmermann (Bâle). — Les troubles gastriques qui
accompagnent la phthisie et l'anorexie sont souvent un obstacle
à l'alimentation, et surtout à ralimentation forcée, si utile aux
malades. A-t-on afl'aire à une véritable dyspepsie ou à des
troubles nerveux? L'auteur a administré à cinquante-quatre ma-
lades le f repas d'essai de Leube>, chez lesquels il a examiné
le contenu de l'estomac quelques heures après. Il a constaté aue
les réactions chlorhydriques sont sensiblement égales à celles
des hommes sains; il n'a trouvé ni acide butyrique, ni acétique,
ni lactique. Le contenu de l'estomac, filtré et mis en contact
avec du blanc d'œuf, a possédé le même pouvoir digestif que chez
l'homme sain. Il en conclut que les véritables dyspepsies sont
plus rares chez les phthisiques qu'on ne l'a cru, et que les
troubles gastriques observés chez eux sont plutôt de nature
nerveuse.
De l'hippocratisme. — M. Petersen (Copenhague) montre que
les doctrines hippocratiques exercent encore leur influence en
clinique, et que plusieurs axiomes hippocratiques qui, au point
de vue de la science moderne, avaient été considérés comme
nîiîfs, ont repris leur valeur, depuis que la bactériologie a éclairé
l'étiologie des maladies^ et relégué au second plan les observa-
tions purement anatomiques.
De l'impuissance virile. — M. Fûrbringer (Berlin) cite plu-
sieurs cas dimpuissance d'ordre mécanique produites par des
rétractions des corps caverneux (par suite de thrombose proba-
blement) ayant amené des incurvations angulaires du pénis.
Pour ce qui concerne l'impuissance c nerveuse >, elle provient
d'une locansation de la neurasthénie sur le système génital.
L'auteur en a observé environ 200 cas en dix ans, chez des
hommes entre dix-huit ans et cinquante-deux ans, mais dont le
plus grand nonibre avait plus de quarante ans. Au point de vue
ëtiologique, 38 pour 100 en étaient atteints par suite d'uré-
thrites; tS pour 100 par suite d'onanisme; 10 pour 100 seule-,
ment par suite d'abus sexuels; dans 11 pour 100 des cas il a
trouvé des tares nerveuses chez les parents.
Un tiers de ces malades guérit. Le traitement est surtout du
domaine de la médecine interne. L'auteur s'élève contre la pra-
tique des spécialistes qui traitent Turèthre, ce qui, en dehors
des inflammations chroniques et des rétrécissements, est dan-
gereux. Il recommande en première ligne le traitement de Mit-
chell, qui consiste dans l'emploi combiné de l'électricité, de
l'hydrothérapie, du massage, et d'une alimentation fortifiante.
Ce traitement est surtout bien suivi dans des établissemens
spéciaux.
Présentation d'un crachoir de poche. — M. Dettweiler
(Falkenstein) présente un crachoir construit dans le but d'em-
pêcher la dissémination des bacilles. Il se compose d'un flacon,
muni en haut et en bas d'une ouverture, afin de pouvoir être
facilement nettoyé. Ces ouvertures sont fermées par des cou-
vercles métalliques, appliqués hermétiquement à l'aide d'un
ressort, comme dans les encriers. Les malades peuvent se servir
de ce crachoir en toutes circonstances, et n'ont plus besoin de
se servir du mouchoir dont Cornet a montré tous les dangers au
point de vue de la contagion.
De la dilatation de l'estomac et de son traitement, par
M. Klempercr (Berlin). — La dilatation de l'estomac est souvent
accompagnée d'exagération de la production d'acide chlorhy-
drique. Dans beaucoup de cas d'hyperacidité, le système muscu-
laire de l'estomac a conservé sa tonicité, mais souvent aussi il
est affaibli. Dans un cas d'hyperacidité, la salive avait perdu une
partie de son pouvoir de saccharification, et dans plusieurs
autres cas de 1 anacidité est survenue graduellement. Le pro-
nostic n'est pas aussi mauvais qu'on le croit habituellement, car,
même dans des cas invétérés, on voit l'estomac recouvrer sa
motricité. Le régime doit surtout consister en albumine, en
graisses et en hydrocarbures. 11 est utile de faire tous les soirs
un lavage pour modérer la fermentation. Comme médicaments,
l'auteur conseille l'alcool, la créosote, les amers, l'électricité et
les massages.
M. Posner (Berlin) dit que tant qu'il n'y a que des troubles
fonctionnels, la guérison peut être complète ; mais, quand l'af-
fection est ancienne, elle n'est pas obtenue, parce que la dilata-
tion a produit des altérations organiques.
M. de Ziemssen (Munich) recommande de ne pas renoncer
au gonflement de 1 estomac avec de l'acide carbonique, cette
pratique étant précieuse pour le diagnostic et inoffensive.
(A suivre). Er. W.
762 — N» 47 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des selenecs.
SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 1889.
Sur les myélocytes des poissons, par M. Joannès
Chatin. — Poursuivant, depuis assez longtemps déjà, une
série d'études histologiques du plus haut intérêt, M. J. Châ-
tia s'est efforcé de démontrer que les éléments décrits,
dans divers groupes d'animaux, en particulier chez les in-
vertébrés, n'étaient autres que des cellules nerveuses. Re-
prenant cette même étude chez les poissons et examinant
successivement la substance grise de la moelle, la sub-
stance corticale du cerveau, les lobes inférieurs, la rétine,
l'auteur arrive à des conclusions qui confirment ses pré-
cédentes recherches. Il démontre en effet que les éléments
nerveux décrits sous le nom de myélocytes doivent être
rapportés non à un type histique spécial, mais à la cellule
nerveuse dont l'aspect normal se trouve simplement mo-
difié par quelques variations secondaires, variations qui se
traduisent surtout par les grandes dimensions du noyau
et par une réduction corrélative dans la partie somatique
de l'élément.
Sur le strabisme, par M. H. Parinaud:
On admet que la déviation oculaire, dans le strabisme, est
produite par le raccourcissement du muscle, Tantagoniste se
trouvant proportionnellement allongé. De Grsefe semble même
croire que ce raccourcissement est primitif, car il récuse toute
influence nerveuse. Cette doctrine est fausse, en grande partie,
et elle est la cause de l'incertitude qui règne encore dans le
traitement de Taffection.
Le strabisme concomitant reconnaît des influences nombreuses
ayant leur siège dans Fœil ou le cerveau, mais la cause immé-
diate de la déviation est toujours un trouble d'innervation
qui consiste dans un excès de l'innervation de la convergence
pour le strabisme convergent, dans un défaut de cette môme
innervation pour le strabisme divergent. Le strabisme conver-
fi'ent est, le plus souvent, lié à l'hypermétropie, ainsi que l'a
démontré Donders, et le point de départ de l'excès d'innervation
de convergence réside dans Teffort accommodatif, en vertu de
l'association fonctionnelle de la convergence et de Taccommoda-
tion. Pour le strabisme divergent, il faut reporter dans le cer-
veau rinfluence que J'on a attribuée à l'insufûsance des muscles
droits internes. II ne s'agit pas d'une faiblesse congénitale des
muscles, car ils se contractent normalement dans les mouve-
ments associés parallèles des yeux ; mais d'un défaut de leur
innervation pour la convergence, comme l'admet Hansen Grutt.
Ce défaut d'innervation est le plus souvent lié à la myopie ; il
tient au peu d'usage que les myopes font de leur accommoda-
tion; il peut être héréditaire ou acquis.
J'ai signalé des faits de paralysie de la convergence, observés
depuis par Stôllin^, Bruns et Alf. de Graefe, dans lesquels l'in-
nervation des droits internes est abolie seulement pour la con-
vergence el qui démontrent l'existence d'un centre présidant à
cette fonction. C'est par ce centre que s'établissent les rapports
qui unissent la convergence à l'accommodation, c'est par lui
que les vices de réfraction agissent sur la direction des yeux el
peuvent produire le strabisme.
Le strabisme au début est donc purement dynamique. Quand
la déviation est suffisamment fixe et prolongée, deux ordres de
modifications anatomiques tendent à se produire, les unes
dans le cerveau, les autres dans les tissus de l'œiL Celles du
cerveau, qui s établissent d'autant plus facilement que l'appari-
tion (lu strabisme est plus rapprochée de la naissance, intéres-
sent, d'une part, les connexions des yeux avec les centres visuels
ou ces centres eux-mêmes et déterminent l'amblyopie ; d'autre
part, l'appareil d'innervation des muscles. Les modifications des
tissus de l'œil, ou mieux de ses annexes, ne consistent pas seu-
lement dans un raccourcissement du muscle, mais encore et
surtout dans une rétraction de toutes les parties fibreuses qui
se trouvent relâchées par la position vicieuse de l'œil, particu-
lièrement de la capsule de Tenon.
Dans le strabisnfc divergent, môme ancien, il est facile de
démontrer qu'i] n'y a pas de raccourcissement du muscle ni de
rétraction d'aucune sorte, du moins dans la majorité des cas. >>
l'on explore au périmètre l'amplitude des mouvements de lat*-.
ralité, on remarque que l'arc excursif qui représente Tétendur-
de ces mouvements n est pas déplacé dans le sens de la déTÎaiioc.
comme on l'admet théoriquement. En d'autres termes, le raou-
vemenl d'adduction de l'œil dévié en dehors a la même étendu'
que celui de l'œil sain, ce qui ne devrait pas avoir liea si \*-
muscle droit externe était raccourci. En outre, lorsque Ton i
corrigé par une opération un strabisme externe, — ce qui veut
dire ramené l'axe de l'œil dévié au parallélisme de celui d*
rœil sain pour la vision à distance, — le mouvement d'addur-
lion peut être exagéré, tandis que le mouvement de convergence
reste encore insuffisant. Ces faits établissent que, dans le stra-
bisme divergent, la faiblesse ou l'abolition de TinnerTalion d^
la convergence reste, à une période avancée comme au début.
la cause essentielle de la déviation.
Dans le strabisme convergent, la rétraction a plus de ten-
dance à se produire. On constate en effet après un certain temp<:,
d ailleurs très variable suivant les suiets, un déplacement de-
Tare excursif qui, peu appréciable d abord, se prononce arec
l'âge. Lorsque le strabisme est très ancien, on peut observer,
en outre, une réduction Parfois considérable de Tamplitude dt>>
mouvements de l'œil. Mais les modifications anatomi({ues qui
limitent les mouvements résident autant dans la rétraction de la
capsule de Tenon que dans le raccourcissemenf^ du muscle.
Tous les chirurgiens ont remarqué que le seul détachement
du tendon avec une petite ouverture de la capsoJe ne donne
qu'un redressement très faible ou même nul. Pour obtenir un
effet suffisant, il faut couper plus ou moins complètement ce qui
résiste au crochet au-dessus et au-dessous du muscle, c'est-à-
dire ouvrir la capsule; car dans le temps de l'opération qui
consiste à détacher les insertions latérales du muscle, on dé-
bride surtout la capsule.
En outre, le simple débridement de la capsule, que je pra-
tique dans certains cas depuis plusieurs années, donne un
redressement de 10 à 20 degrés, on peut augmenter l'effet en
le combinant avec l'avancement capsulaire de Wecker au niveau
de l'antagoniste, et l'obstacle qui réside dans le raccourcisse-
ment du muscle peut être levé par Télongation de ee dernier.
Toutefois, le débridement de la capsule, simple ou combiné,
est moins efflcace pour le redressement de l'œil que la strabo-
tomie, ce qui tient à ce que cette dernière opération agit de
deux manières, en levant l'obstacle qui réside dans la rétraction
des tissus et en créant une insuflisance du muscle dont on
recule l'insertion. C'est à cette insufGsance que la sirabotomie
doit sa principale action ; c'est à elle en particulier qu'elle
doit son efficacité lorsque le strabisme est seulement dyna-
mique, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a pas encore de rétraction.
Mais, si cette insuffisance a des avantages au point de vue
du résultat immédiat, elle constitue un danger pour TaTcnir, car
elle ajoute son effet à la tendance qu'a tout œil exclu de la
vision binoculaire à se porter en dehors et elle peut occasionner
un strabisme externe, plus disgracieux et plus difficile à guérir
que le strabisme primitif. 11 ne faut donc pas pratiquer la sira-
botomie sans nécessité. Or^ il y a des cas, particulièrement cliez
les enfants lorsque le traitement optique est insuffisant, où h^
redressement de l'œil peut être obtenu par le débridement de la
capsule, seul ou combiné avec l'avancement, c'est-à-dire par une
opération dans laquelle on ne touche pas aux insertions des
muscles.
Activité comparée des diverses digitalines, par
M. G. Bardet:
La digitaline cristallisée et la digitaline amorphe, préparées
suivant la formule du Codex français, sont entièrement solubles
dans le chloroforme; elles ont une activité identique et sont
toujours comparables dans leurs effets.
La digitoxine allemande est incomplètement soluble dans le
chloroforme, et son activité est, suivant les échantillons, deux à
trois fois moindre que celle de la digitaline du Codex.
La digitaléine française et la digitaline^llemande, toutes deux
solubles dans l'eau et insolubles dans le chloroforme, ne sont
pas des produits définis; elles ont une action semblable el une
activité sensiblement égale, mais leur activité s'est montrée di«
vingt à trente-cinq fois moindre que celle de la digitaline du
Codex ou digitaline chloroformique. D'autre part, il est possible
que l'action sur le cœur ne soit pas exactemeni la même que
1 action de la digitaline du Codex.
n Novembre 1889 GAZETtE BEBDOMÂDAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N« 47 - 763
Académie de médecine*
SÉANCE DU 19 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN«
M. Dujardin-Beaumetx d<$po8e un Pli cacheté.
M. Larrey présente un grand nombre de mémoires publiés parstr J. Fayrer.
M. Brouardel dépose une note de M. Crié sur Uê aeddenlt causés par la
dt^compoiition des bois dt eonstruction.
M. Le Roy de Méricourt présente un mémoire manuscrit do M. le docteur
Valude (de Vierzon) sur Vemplùi thérapeutique du Ptmtobono, arbuste originaire
du Mexique, contre les fièvres intermittentes, — (Commission : MM. Du^ardin'
Baumet% et Léon, Colin.)
H. Léon Le Fort montre le modèle réduit d'une table transportable à ampu^
talions, imaginée par M. le docteur Winocouroff (d'Odessa).
Obstétrique. — M. Guéniot montre le cadavre d'un
enfant né la nuit dernière à la Maternité, à huit moîs^ et qui
présente une exencéphalie, ainsi qu'une bride amniotique
ayant sectionné la bouche, le maxillaire supérieur et l'os
malaire.
Hygiène de la vue. — M. le docteur Matais (d'Angers)
donne lecture d'un mémoire sur l'hygiène de la vue dans
les écoles et collèges de France, dont il a présenté les parties
principales au mois d'août dernier au Congrès international
d'hygiène et de démographie. — (Ce mémoire est renvoyé à
Texamen d'une Commission composée de MM. Germain
Séey Gariel et Javal.)
Trichiasis. — A la séance du 24 septembre dernier M. le
docteur Costomyris a lu un mémoire ayant pour objet d'éta-
blir le sens exact d'un passage d'Hippocrate relatif à l'opé-
ration du trichiasis. M./flt'fl/, chargé de faire un rapport
sur ce mémoire, rappelle que dix-neuf interprétations ont
déjà^ été données de ce passage par les traducteurs. Or
M. Costomyris a vu à Cos une vieille femme qui pratiquait
cette opération d'après la tradition de son père, né égale-
ment à Cos, et il admet que son procédé est bien celui qu'a
indiqué Hippocrate.
Prix. — Des rapports de prix sont lus en séance publique
et en comité secret, ainsi que le rapport général sur les
épidémies en 1888 par M. A. Ollivier et le rapport général
sur les eaux minérales en 1887 par M. Constantin Paul.
fik»elété médleale des hôpitaux.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. CADET DE GASSICOURT.
Proposition d'un prix relatif à la question de l'aUaitement des
jeunes enfants : M Blaches. — Les bains froids systématiques
dans la fièvre typhoïde : M. Albert Josias. — La fièvre typhoïde
à Paris : K. Ghantemesse.
M. Blachez propose à la Société la fondation d'un prix de
1400 francs, qui serait accordé à l'auteur de la meilleure
étude sur les /fermes d'allaitement. Les candidats devront
se prononcer sur la question de savoir s'il faut envoyer les
enfants chez des nourrices à distance ou dans des fermes
d'allaitement, c'est-à-dire dans des établissements où l'allai-
tement artillciel serait donné à la campagne avec du bon
lait, par des femmes intelligentes.
— m. Albert Josias h\[ une communication sur les bains
froids dans la fièvre typhoïde. (Voy. p. 758.)
M. Cadet de Gassicourt fait observer que la discus-
sion de cette intéressante communication sera plus fruc-
tueuse, si on attend les résultats que fourniront les statis-
tiques des divers traitements employés contre la fièvre
typhoïde dans les diflérents services de Paris. Ces résultats
doivent être publiés par les membres de la Société en jan-
vier prochain.
H. Gérin-Roze demande si M. Josias donne les bains
froids à l'exclusion de toute autre thérapeutique.
M. Josias répond qu'il donne les bains froids à l'exclusion
de toute autre méthode antipyrétique ou antiseptique.
M. Juhel-Rénoy n'a jamais remarqué comme M. Josias
que le bain froid fût une cause de diarrhée.
M. Du Cazal fait observer que la méthode de Brandt est
inapplicable dans certains cas d'épidémie. A Clermont-
Ferrand, en 1887, il avait dans le même temps cent typhi-
ques à soigner et ne pouvait qu'à grand'peine appliquer la
méthode de Brandt aux vingt malades les plus gravement
atteints.
M. Millard applique la méthode de Brandt dans son ser-
vice et en tire de bons résultats; comme M. Juhel-Rénoy,
il n'a jamais observé qu'elle occasionnât la diarrhée.
M. Chauffard soutient que, dans les cas graves, la mé-
thode de Brandt est insuffisante; il faut donner un bain
toutes les deux heures et demie et la durée de chacun
d'eux doit être de vingt minutes.
M. Gaucher a soigné dix-sept typhiques à la Charité pen-
dant la même période de temps où M. Josias observait ses
trente-six malades. Un seul malade a été traité par la mé-
thode de Brandt, seul il est mort. 11 n'accuse pas cette mé-
thode, car le cas était très ^rave, mais, faisant abstraction
de ce malade^ il en reste seize traités sans eau froide et qui
tous ont guéri.
— M. Chantemesse fait une communication sur l'étio-
' logie de la fièvre typhoïde à Paris et sa propagation par
l'eau de Seine. Pendant le mois de mai ae cette année,
l'eau de rivière a été fournie à certains quartiers de Paris.
Or, trois à quatre semaines après la substitution d'eau, le
nombre des entrées hospitalières par fièvre typhoïde
s'élève peu à peu. A mesure que cette distribution s'étend
à des arrondissements nouveaux, la morbidité typhoïde
augmente. Dans la même ville et pour le même temps, les
statistiques ont montré à l'orateur que la zone recevant
l'eau de rivière subissait un chiffre de mortalité typhique
de trois à quatre fois plus élevé que celui des régions four-
nies d'eau de source. L'eau de Seine est donc une des
causes principales de la fièvre typhoïde à Paris. Le rôle
pathogénique de l'eau potable puisée dans la Seine est
encore aggravé par ce fait que le Bulletin de statistique
municipale ne compte pas les embarras gastriques fébriles
dont un grand nomore ne sont que des fièvres typhoïdes
modiûées.
M. Ollivier a montré de son côté que cette année, l'épi-
démie de fièvre typhoïde avait apparu à Paris trois à quatre
semaines après la distribution de l'eau de Seine. Tous les
ans, à Paris, mille personnes meurent de la fièvre typhoïde et
sept à huit cents pourraient être épargnées. 11 faudrait mettre
le public malgré lui à l'abri de la contamination, en ne lui
donnant que de l'eau de source comme eau d'alimentation,
et en ne la gaspillant pas, pour l'arrosage ou les usages
industriels. On devrait faire adapter deux tuyaux de con-
duite dans chaque maison : un tuyau petit, à débit peu con-
sidérable, mais suffisant, amènerait l'eau de source; un
tuyau plus gros déverserait autant d'eau de Seine qu'on en
voudrait.
M. Vaillard^ dans les eaux consommées par quelques
garnisons qu'éprouvait une épidémie de fièvre typhoïde, a
pu six fois constater très nettement la présence du bacille
typhique.
M. Labbé demande la nomination d'une Commission
chargée d'examiner la question et de la soumettre au préfet
de la Seine ou au ministre de l'intérieur.
MM. Ferrandy Lailler^ 0//tvt^r appuient cette motion.
764 — N* 47 — GAZETTE HEBDOMADAIRE ÛE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
' La Société, sur la proposition de M. Cadet de Gassicourt,
nomme une Commission formée de MM. Laillerj Ollivier,
Chantemessey Chauffard^ Vaillard.
Fernand Widal.
Société de biologie.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1889.
M. LABORDE.
— PRÉSIDENCE DE
Phosphorescenoe animale : M. R. Dubois. — Résistance des germes
tétaniques à l'action des antiseptiques : MM. Bassano et SteuUet.
— Automatisme psychologique : M. P. Janet. — Abestlitoie looale
par la strophantine : M. Qley. — Action convulsivante de l'anis, la
badiane : MM. Cadèac et Meunier. Discussion : M. Laborde. —
Pouls -veineux de la saphène : M. François>Franck. — Dosage de
l'acide urique : MM. Arthaud et Butte. — Endocardite maligne :
M. Girod. — Noyaux des noctiluques : M. Pouchet. - - Inocula-
tion d'animaux Taccinôs : MM. Gb^rrin et Roger. — Muoilage des
graines de lin : M. Brandza.
M. Raphaël Dubois envoie une note sur la phosphores-
cence animale.
— M. Laborde présente une note de MM. Bassano et
Steullei sur la résistance des germes tétaniques à l'aclion
des antiseptiques. Les auteurs ont obtenu des cultures ino-
culables du bacille de Nicolaîer au moyen des tissus d'une
blessure préalablement cautérisée avec l'acide phénique à
25 pour 100. Ils ont également vu se développer le tétanos
chez un cheval soigné daus une stalle préalablement désin-
fectée par le chlorure de chaux et restée pendant un certain
temps inhabitée.
— M. fttcAef présente, au nom de M. Pierre Janet, un
travail sur l'automatisme psychologique.
— M. Gley a obtenu par rinslillalion sous la paupière
de 3 à 4 gouttes d'une solution au 1/1000 de strophantine
ou d'abaouine une anesthésie locale avec myosis d'une
durée de trois à quatre heures.
— MM. Cadéac et Meunier présentent un long travail
avant pour but de démontrer que dans la liqueur d'absinthe
l'essence d'absinthe est tout à fait inoffensive, tandis que
les essences d'anis, de badiane et d'hysope produisent un
élat d'hébétude qu'ils donnent comme caractéristique de ce
qu'on nomme l'alisinthisme.
M. Laborde maintient les conclusions du travail qu'il a
publié avec M. Olliviery conclusions qui corroborent les
laits précédemment démontrés par M. Magnan, savoir : que
l'essence d'absinthe est un convuisivant et que la majorité
des alcooliques du fait de Tabsinthe présentent des convul-
sions épileptiformes.
— M. François-Franck relate un nouveau cas de pouls
veineux de la veine saphène consécutif à la disparition des
valvules dans les troncs abdominaux, mais ici les pulsations
ont pourorigine les changements de pression dans l'abdomen
causés par les variations de volume des artères, et non
comme dans le cas précédemment cité un reflux du sang
jusque dans la saphène causé par une insuffisance tricus-
pidienne.
— M. Quinquaud présente une note de MM. Arthaud et
Butte sur un procédé de dosage de l'acide urique basé sur
l'insolubilité de l'urate cuivreux. Les auteurs précipitent
l'acide urique au moyen d'une liqueur titrée de sulfate de
cuivre réduit par l'hyposulfite de soude. La réaction est
terminée lorsqu'une goutte de liquide bleuit à l'air quand on
l'a préalablement additionnée d'ammoniaque.
— M. Girode rapporte sept cas d'endocardite maligne où
il a pu constater la présence des bacilles de la fièvre
typhoïde, de la tuberculose ou de la suppuration.
— M. Pouchet décrit les particularités que présenleiii l
noyaux de noctiluques à l'état normal et pendant la niul -
plication soit par segmentation, soit par gemmiparité.
— MM. Charrin et Roger, ayant inoculé le bacille pv-
cyanique dans le tissu conjonctif de la peau du nàn-
d animaux vaccinés ou non, ont vu le nombre de ces baciil
diminuer avec le temps chez les vaccinés, alors qu'ils enw-
hissaient l'organisme des non-vaccinés. La disparition li-^
bacilles dans l'endroit où s'est faite Tinocuiation ne tier
aucunement à une dissémination dans l'organisme, uonplcs
qu'à une élimination par les urines, mais paraît liée au
développement des leucocytes au point où s'est faîte Fini-
culalion.
— M. G. Bonnier présente, au nom de M. Branàza, mit
note d'où il résulte que le mucilage dont s'entourent Id
graines de lin au moment de la germination est le produit
d'une transformation de l'amidon.
SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Observations physiologiques au sujet des méthodes aotneUes if a-
nesthësie : M. Dastre. Disooasion : M. Laborde. — ExpèriAUOw
physiologiques sur la tour de 300 mètres: M. HènooqQe. Dlscas-
sion : M. Bonnier. — Mort du fœtus dans le sein maternel :
MM. Butte et Charpentier. — AnomaUe que présentent au poiot
de vue des échanges gazeux certaines plantes èpiphytes à chlo-
rophyUe : M. Bonnier.— Interprétation de l'immunité des animaux
vaccinés : M. Roux. Discussion : M. Laborde. — Innocuité de
l'oxygène préparé par le procédé Boussingault : M. Orêhant.
M. Dastre présente quelques observations physiologiques
au sujet de l'aiiesthésie par les procédés actuels: 1"* on peut
se procurer en France du chloroforme pur et on peut le
conserver en l'additionnant de 1 pour 100 d'éther; i" si la
méthode de Spencer Wells a donné des résultats différents
à MM. Polaillon et Léon Le Fort, on doit en voir la cause
dans le mode d'emploi du produit vendu sous le nom de
chlorure de méthylène, qui n'est en réalité qu'un mélange
de chloroforme et d'alcool méthylique. MM. Spencer Wells
et Léon Le Fort, qui ont constaté les bons effets de cette
méthode, font inhaler les vapeurs du produit au moyen d'an
appareil spécial, ce qui revient à produire Tanesthésie par
mélanges titrés suivant la méthode de Paul Bert, tandi>
que M. Polaillon, qui applique une compresse imbibée de ct*
produit à l'orifice des voies respiratoires, ne lui reconnaît
aucun avantage sur le chloroforme; S"* l'emploî du chloral
et de la morphine, associés au chloroforme, n'a rien de
rationnel, car le chloral est aussi un poison du cœur.
Cependant la morphine présente quelque avantage, car son
emploi permet de diminuer la dose du chloral, mais il ne
faut pas oublier qu'elle est susceptible de suspendœ la re»-
piration.
M. Laborde confirme l'exactitude des observations de
M. Dastre. Il fait remarquer de plus que M. Polaillon a
emplové un mélange contenant plus de chloroforme quo
celui de Londres dont.s'est servi M. Le Fort.
— M. Hénocque communique le premier résultat de se^
expériences physiologiques sur la tour de 300 mètres. II a
surtout constaté une augmentation de près de moitié dans
l'activité de la réduction de l'oxyhémoglobine et cette
augmentation se produit aussi bien quand on se sert de
l'ascenseur que lorsqu'on fait l'ascension à pied.
M. Bonnier demande si cette augmentation est durable
ou s'il se produit une accoutumance comme celles qu'on
remarque chez les habitants des climats d'altitude.
M. Hénocque dit que ses recherches ne sont pas encore
terminées, mais qu'il a remarqué que l'augmentation pré-
sentait un maximum au bout d'une neure et persistait iteui
à trois heures après la descente.
22 Novembre 188» GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ^ NM7 — 765
Dans les mêmes conditions^ H. Potain a constaté une
augmentation notable dans la tension artérielle.
— MM. Butte et Charpentier ont remarqué que la mort
du fœtus par hémorrhagie de la mère a lieu avant la mort
de celle-ci quand Thémorrhagie est lente ou qu'elle n'est
pas mortelle, mais que la mère meurt avant le fœtus auand
l'hémorrhagie est foudroyante ou seulement rapide, ils en
concluent qu'on doit provoauer l'expulsion du fœtus
lorsque à la suite d'une hémorrnagie de la mère on constate
un ralentissement marqué dans la circulation du fœtus.
— M. Bonnier a constaté que chez les plantes épiphytes
à chlorophylle, telles qu'Euphrazia et Bartzia, aucun déga-
gement d'oxygène ne se produit, bien que la plante soit
insolée, la respiration l'emportant sur l'assimilation du
carbone. Il n'en est pas de même pour le Gui.
— M. Roux fait hommage à la Société de la conférence
qu'il a faite devant la Société royale de Londres le
^3 mai 1889. Il fait observer qu'à cette date il avait pré-
senté au sujet de l'immunité chez les animaux vaccinés l'in-
terprétation suivante: la résistance d'un organisme à l'action
des microbes pathogènes est due à une résistance naturelle
ou à une accoutumance acquise des cellules à l'action des
poisons sécrétés par les microbes. La virulence dépend de
la faculté qu*ont les organismes pathogènes de se développer
rapidement ou de sécréter des poisons qui paralysent le
développement des phagocytes de Metschnikoii.
M. Laborde demande s'il y a lieu de croire que les
microbes sont morts dès quils ont été absorbés par les
phagocytes.
M. Roux répond que ces microbes sont si bien vivants
que M. Metschnikoff a pu les colorer et qu'il les a vus déve-
lopper des colonies c|[uand on ensemençait les phagocytes
dans des milieux nutritifs.
— M. Gi'éhant a constaté qu'après avoir fait respirer à
des chiens 150 litres d'oxygène, préparé industriellement
au moyen de la baryte par le procédé Boussingault, la capa-
cité respiratoire du sang n'avait pas changé, tandis qu'il
avait constaté une légère diminution à la suite d'expériences
où il emplovait l'oxygène préparé en chauffant des poids
égaux de chlorate de* potasse et de bioxyde de manganèse.
Soelélé de IliérApeiitIqac.
SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1889.— PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Du sonmal : M. Constantin Paol. — De Taoide solforloiniqne
M. BerUoc. — De l'action des suores aur l' économie : M. Kagler
(Diacuasion : MM. Ihihomme, Catillon. Bo3rmond, Cadet de Qasai-
court, Baoqaoy, Bardet, Hachard, Rougon).
M. Constantin Paul communique à la Société le résultat
d'expériences qu'il a commencées sur le somnal. Il adonné
ce médicament à la dose de 2 grammes par jour à une
malade de son service atteinte de rhumatisme articulaire
aigu; bien que les douleurs fussent peu violentes, le sommeil
était difficile, constamment troublé par des sensations d'é-
lancements très pénibles. La malade a pu dormir, et d'un
sommeil réparateur, grâce au médicament qui n'a d'aulre
inconvénient que d'être désagréable à prendre, même
associé au sirop de groseilles.*
— M. Berlioz fait une communication sur Vacide mlfO'
ricinique comme dissolvant de certains topiques. Cette
substance, qui a la propriété de s'émulsionner facilement
dans l'eau, a l'avantage de dissoudre le naphtol, le salol,
ce qui permet de l'employer comme excipient de ces anti-
septiques. Depuis trois mois on s'en est servi pour préparer
avec le naphtol p des liquides destinés au lavage des rosses
nasales et dont l'emploi adonné des résultats encourageants.
— M. Kiigler fait connaître les résultats qu'il a obtenus
en analysant pendant quinze jours les urines de deux ma-
lades auxquels H. Constantin Paul a administré des doses
quotidiennes de 100 grammes de lactose. Il en est résulté
une diurèse modérée (2610 centimètres cubes chez un des
naalades, S!003 chez l'autre), mais jamais de réduction de la
liqueur de Fehling ni de déviation au polarimètre. Donc
f»as de signes de la présence du sucre dans les urines. Par-
bis seulement, au moment du refroidissement, un préci-
pité vert sale se formait pour disparaître quand on chauffait
à nouveau l'urine après addition d'acide sulfurique dilué.
De même, 100 grammes de glycose et de sucre de canne
ont pu être donnés par jour sans que les urines présentas-
sent la réaction du sucre.
M. Constantin Paul, pour compléter la communication
de M. Kûgler, fait remarquer que les malades en question
étaient athéromateux.
M. Duhomme rappelle avoir antérieurement cité des cas
dans lesquels, parce «p'on n'obtient pas la réaction rouge
caractéristique, on croît à l'absence au sucre, alors même
Îu'en réalité h^ urines en contiennent de 20 à 30 grammes,
e précipité vert ne prouve rien. Ce qui est caractéristique,
c'est le brusque revirement qu'on obtient auand on chauffe
de l'urine avec la liqueur de Fehling étendue d'eau.
M. Catillon fait remarquer que ces réactions louches se
t réduisent surtout lorsqu'il existe des urates en excès,
'équivoque persiste-t-elle quand on les précipite préala-
blement par le sous-acétate de plomb et l'hyarogène sul-
furé?
M. Duhomme répond affirmativement En effet, il a expé-
rimenté avec de la créatine et de la créatinine tirées d'une
part de grandes quantités d'urines dont quelques-unes
devaient être sucrées, d'autre part de l'extrait de viande.
Dans le premier cas, la réaction jaune caractéristique du
sucre s'est produite, elle a fait défaut dans le second. Du
reste, si Ton se sert d'une éprouvette qui a contenu une
urine sucrée et n'a pas été lavée, on obtient une teinte
louche quand on opère ensuite sur une urine normale.
M. Boymond a vu une fois des urines qui, chauffées avec
la liqueur de Fehling, ne donnaient aucune réaction alors
que le polarimètre y révélait une quantité notable de' sucre
(30 à 40 grammes).
M. Duhomme se défie de l'examen avec le polarimètre
Îui Ta toujours égaré, marquant zéro, en présence d'urines
ans lesquelles les réactifs révélaient 1 ou 2 grammes de
sucre: En outre, après avoir soumis à un régime rigoureux
le malade qui avait fourni le liquide analysé, il lui est arrivé
d'observer une déviation paradoxale au polarimètre. Ce qui
résulte de ce que dans beaucoup d'urines il y a des substances
qui dévient à gauche sans être du sucre.
M. Cadet de Gassicourt demande si on a suffisamment
étudié l'action diurétique de la glycose. Quant à lui, il a
donné pendant six à sept jours à un çnfant de treize à
quatorze ans une dose quotidienne de 150 grammes de
glycose. La quantité des urines a notablement augmenté,
tant que la quantité d'eau associée au médicament a été
considérable, mais elle est devenue très inférieure lorsqu'on
a fait diminuer le véhicule aqueux. Est-ce donc l'eau ad-
ministrée avec là glycose qui produit la diurèse ?
M. Bucquoy. Pour obtenir un effet diurétique avec la
lactose, il faut lui associer près de deux litres d'eau, qui
seuls ne produisaient pas cette diurèse.
M. Bardei a constaté des déviations polarimétriques à
gauche obtenues avec des urines normales. Quelle est la
cause de ce phénomène qui est assez fréquent?
M. Huchard a fait aussi avec la lactose de nombreuses
expériences dont il résume les résultats de la ^çon sui-^
766
NM7 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
yante : la lactose administrée avec beaucoup d'eau a produit
un eflîet diurétique manifeste; avec peu d'eau, pas de diu-
rèse. Donc les faits rapportés par M. Sée et par M. Beaumetz
seraient des illusions thérapeutiques. La lactose agirait par
Peau dont elle est baptisée.
M. Rougon a donné la lactose chimiquement pure et le
sucre de lait à une personne ayant les reins sains. Les résul-
tats ont été les mêmes avec les deux substances. 50 à
80 grammes de lactose dans 300 grammes de liquide ont
à peine modifié la quantité des urines. 11 croit que l'action
diurétique dépend seulement de la quantité du véhicule.
M. Duhomme a été amené par un simple sentiment de
curiosité à s'occuper de la présence des petites quantités
de sucre, car pour lui 1 ou 2 grammes n'ont aucune im-
portance.
M. Boymond. Les urines cj^ui contiennent des peptones
dévient à gauche, et l'urobilme produit une coloration
verte dont on a raison avec l'acétate de plomb et le sul-
fate de soude.
M. Constantin Paul. Il faut distinguer entre raction
diurétique et l'action hvdragogue; cette dernière est peu
sensible à la suite de l'auministration de la lactose.
M. Kugler demande qu'on distingue le sucre de lait de
la lactose qui est son produit de décomposition.
— La séance est levée à cinq heures et demie.
Qeorges Baudouin.
REVUE DES JOURNAUX
»a Iraltement de la dlphlUérle, par M. BURGHARDT. —
L'auteur conseille de faire deux fois par jour des insufflations
d'un mélange à parties égales de fleurs de soufre et de sulfate
de quinine. II a ainsi traité 33 cas qui ont tous guéri. Il recom-
commande aussi ce traitement comme prophylactique. {Wiener
medicin. Presse, 14 avril 1889.)
De rineoBvénlene de la ehlererermisatlen à la iamière da
«as d'éelairace. — Dans cet article on donne l'opinion de divers
auteurs, tels que Langenbeck, Iterson, Fischer, qui ont observé
des accidents sous laction de la lumière du gaz d'éclairage. Ces
accidents, quelquefois mortels, sont surtout des accidents d'as-
phyxie brusque et rapide; d'autres fois des accès de toux, des
vertiges, des vomissements et des douleurs de tète. {BerL kUn.
Wocfi.y n'' 13, et Wiener med. Presse, 21 avril 1889.)
Commeat le médeeia doit MOlsner la peaa de ses mains,
par M. Meyer. — Les lavages fréquents avec ou sans antisep-
tiques irritent la peau et produisent des excoriations ou des
rougeurs. L'auteur conseille de frotter les mains, après les avoir
lavées et séchées, avec une des pommades suivantes qui lui ont
été conseillées par le professeur Liebreich : 1» lanoline, 50 gram-
mes; vanilline, 1 centigramme; essence de roses, 1 goutte;
2°lanoline,100grammes;paraffine,25grammes;vanillinc, 1 cen-
tigramme; essence de roses, 1 goutte. {Berliner klin. Wo-
chenschrifty 14 janvier 1889.)
Travaux A coa
■lier.
De l'acide lactique dans la phthisie laryngée, par M. A.
Sakolowski.— Cette médication, qui n'est plus nouvelle, obtient
les sufi'rages de l'auteur. Elle donne, dit-il, 80 pour 100 de
succès, alors qu'abandonnée à elle-même, la maladie ne s'amé-
liore que 16 fois sur 100.
Il conseille les applications de solutions titrées de 25 à
75 pour 100, et même parfois de l'acide lactique pur. Les
sjmptôraes subjectifs et objectifs s'atténuent, dit-il, après î •
badigeonnages et la dysphagic diminue. Quant à la doulf '
causée par le pansement, M, Sakolowski n'en tient guère conij.*».
faisant fond sur un des badigeonnages préalables avec la cocai'i-
pour la prévenir ou l'atténuer. Enfin, il associe ce traitenif.-
avec le grattage, complétant cette opération par des allourh'*-
ments consécutifs avec l'acide lactique. (Wiener klin. Woch .
n~ 4 et 5, 1889.)
De l'élongation nerveuse contre le torticolis, par M. 1-
docteur C. Renton. — II s'agissait d'un cas de torticolis spasmr^
dique du sterno-mastoïdien gauche, consécutif à un refroidisst^
meut, chez un malade âgé de vingt et un ans. L'échec dr-
diverses médications et la persistance du spasme décidrrci.i
M. Renton à intervenir chirurgicalement. Il mit à nu le nerf
spinal accessoire et pratiqua l'élongation, suivant en ceh
l'exemple de M. Campbell (de Morgan). La guérison fut immé-
diate; toutefois, en cas de récidive, M. Renton serait d'avis df
pratiquer la neurotomie. {Glasgow med. Journal, mai 18H9.)
Du traitement de la tuberculose infantile, par M. Ikom.
— Pendant la première enfance, l'arsenic est le médicament Jr
choix. On peut, pendant des semaines, le prescrire quotidivD-
nement à la dose de 1 milligramme d'acide arsénieux ou de deax
gouttes de liqueur de Fowler et l'associer aux toniques ou aux
excitants et surtout aux préparations d'opium qui en facilitent la
tolérance.
M. Jacobi recommande aussi la digitale parce qu'elle favorise
la circulation et augmente les sécrétions. D'ailleurs elle est bien
indiquée dans les cas fréquents où la phthisie accompagne Tin-
suffisance musculaire du cœur. 11 préfère l'extrait fluide en
capsules ou en pilules, parce qu'il est mieux toléré que Finfu-
sion ou la teinture et l'associe au fer, aux amers et aux narcoti-
ques. Cependant il peut être utile d'obtenir une action plu^
rapide. Dans ce cas, M. Jacobi essaye volontiers le strophaatiK
et surtout la caféine. {Deut. med. Zeitung, 1889, n® â7.)
Du traitement des diverses formes de rhumatisme, par M. U
docteur W.-N. Maccall. — C'est une apologie de la médication
salicylique que le mémoire de l'auteur. 11 considère cette der-
nière comme le meilleur remède de la douleur, mais il la regarde
aussi comme d'une faible utilité comme l'hyperthermie, et
pour la prévention des troubles cardiaques et des rechutes. Dr
plus, à son avis, et après vingt-cinq années d'expérience cli-
nique, il déclare que les salicylates n'abrègent pas la durée de
la maladie.
Il recommande l'administration du salicylate de soude par
prises de 1 gramme, répétées toutes les heures pendant deux ou
trois heures, suivant les circonstances. On doit en continuer
l'emploi, mais à doses moindres, pendant les huit ou dix jours
qui suivent la disparition de la douleur et la chute de la fièvre.
Chez l'enfant, l'anlipyrine peut, ajoute-t-il, lui être avantageu-
sement substituée; mais, par contre, chez l'adulte, la salicine et
le salol ne sont utiles que si les salicylates échouent. {Brit, med.
Journal, i mai 1889.)
De l'antifébrine dans le traitement de l'epilepsie, par M. Ir
docteur Th. Diller. — Malgré les inconvénients de ce renièJi-,
l'auteur Ta prescrit à sept épileptiques. La dose quotidienn**
était dans cinq cas de quatre grains et dans deux cas de huit
grains, qu'il administrait en deux ou quatre prises, soit en nature,
soit en capsules.
La médication fut continuée pendant quatre mois, et on nota
durant ce temps le nombre des attaques, qui diminua en
moyenne dans le rapport de 35 à 65 pour 100, par rapport au
nombre moyen de celles qui furent observées dans un m^me
espace de temps et en l'absence de toute médication. M. Dilli-r
attribue cet effet à l'antipyrine, constate que son administration
ne provoque pas de dépression mentale et physique comme cellf
des bromures, et qu'elle n'a pas l'inconvénient de produire dev
éruptions cutanées. (The therap. Gaz., p. 383, 13 juin 1889.)
a Novembre 1989 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
_N*47_ 767
I/URAL, UN NOUVEL HYPNOTIQUE, par M. POPPE. — Cette
substance a la forme de cristaux; se dissout dans Talcool, un
peu moins dans Teau. Elle possède une saveur désagréable et
une certaine amertume. Enfin, elle est obtenue en dissolvant
Furéthane dans le chloral. C'est donc un médicament composé.
D'après l'auteur, elle, posséderait des propriétés hypnotiques
))ien supérieures à celles de Turéthane et aurait l'avantage,
comme le chloral, de ne provoquer ni troubles cardiaques, ni
modification considérable de la pression sanguine. Jusqu'ici on
en a fait usage contre les affections cardiaques, dans le cours
des névroses et contre l'insomnie des divers aliénés. {Saint-
Petersburger med. Woch.y mars 1889.)
De l'action toxique de l'arécoline, par M. Marmé. — Cette
substance, qui existe avec Tarécaîne dans les graines des Âréca,
est toxique, et d'après les essais physiologiques de l'auteur, se
rapproche par ses effets de ceux de la pelletierine et de la mus-
cari ne.
Elle agit sur la moelle, le cerveau, les muscles striés, pro-
voque des troubles respiratoires et modifie les sécrétions. Une
injection d'atropine peut suspendre cette action. Comme la pel-
letierine, elle n'exerce aucune action sur les terminaisons des
nerfs moteurs et diffère ainsi du curare. De plus, comme la pre-
mière de ces substances, elle agit comme antihelminthique. En
résumé, l'activité de ces propriétés et la toxicité de l'arécoline
ne permettent pas de l'utiliser en thérapeutique. Sa connais-
sance présente donc surtout un intérêt toxicologique. (Nachrich-
ien d. KonigL Gesellsch. zu Gottingen, 1889, n« 7.)
Recherches cliniques sur le sulfonal et la paraldéhyde,
par M. Ë.-M. Hay. — L'auteur a employé comparativement ces
deux substances dans an grand nombre de cas et à la suite de ses
observations, croit pouvoir formuler les conclusions suivantes :
1^ La paraldéhyde est le meilleur hypnotique quand il s'agit
(l'en faire usage pendant longtemps. Elle trouve des applications
les plus nombreuses contre l'insomnie des aliénés, mais elle
peut rendre aussi des services quand il existe de la toux, de la
dyspnée et de la fièvre.
"1"* Existe-t-il de la dépression mentale et de la mélancolie ?
C'est là une contre-indication de l'emploi du sulfonal. Existe-t-il
de la manie? On doit alors le préférer à la paraldéhyde.
3** Un grand état de faiblesse doit faire éviter l'usage du sul-
fonal. De plus, dans 18 pour 100 des cas où on a. noté des
symptômes d'intoxication par le sulfonal, il s'agissait de per-
sonnes très impressionnables. Enfin, ce corps peut amener des
troubles sécréteurs et provoquer des phénomènes qui ne sont
nullement en rapport avec les doses ingérées. La paraldéhyde est
exempte de ces inconvénienis, {The American Journal of the
w^d. se, juillet 1889, p. 34.)
Des inhalations de chloroforme dans les affections car-
diaques ET pulmonaires, par M. H. Rosembach. — L'indication
principale de ces inhalations est de diminuer rapidement des
accès de dyspnée dans l'asthme, les cardiopathies et l'emphysème.
Elles diminuent aussi la cardialgie, bien que la morphine soit
préférable contre elle.
La technique de ces inhalations est simple. Elle consiste à
verser quelques gouttes de chloroforme sur un tampon d'ouate
placé dans un tube à analyse et à placer le tube sous les narines
et devant loriftce buccal. M. Rosembach ajoute même que cette
médication diminuerait l'œdème pulmonaire. (Therap. Monals,,
1889, p. 175.)
BIBLIOGRAPHIE
Da •nni^ et de «es altérations anatomlques , par
M. G. Hayem. In-8% 1035 pages, 130 figures. —G. Masson,
Paris, 1889.
Le professeur Hayem, en présentant cet important volume,
indique le but qu'il s'est proposé d*atleindre^ et nous pré-
vient qu'il ne constitue pas un traité d'hématologie. Il a 1
voulu réunir, en les groupant suivant un ordre rationnel, les
résultats de ses recherches sur Télude anatomique du sang.
Il ne lui a pas fallu moins d'un millier de pages pour
résumer ses nombreuses publications, dont plusieurs con-
tiennent des observations détaillées, des analyses, en
somme des documents qu'il est intéressant dé trouver
réunis en un seul volume. C'est, ainsi que le dit l'auteur,
une sorte de long mémoire original, et un livre d'étude
plutôt qu'un livre de lecture.
Ou comprendra que nous ne puissions faire ici une
analyse, fût-elle sommaire, d'une œuvre aussi étendue, et
encore moins en entreprendre un examen critique, d'au-
tant plus que tous ses chapitres, en raison de leur grand
intérêt, mériteraient une sérieuse discussion; c'est pour-
quoi je me bornerai à une vue de l'ensemble de l'ouvrage.
Les six parties peuvent être ramenées à deux ordres de
recherches, l'analomie et la physiologie du sang, et les
modifications du sang dans les maladies. Est-il nécessaire
de dire que l'histoire histologique du sang forme un exposé
très complet de la morphologie des divers éléments du sang,
et que l'étude des hématoblastes y occupe la plus large
place,,si bien que ceux-là même qui n'adopteraientpas corn-
Elètement les conclusions d'Hayem sur le rôle des hémato-
lastes dans la formation des globules rouges du sang,
ne sauraient contester la découverte qu'il revendique, à
savoir qu'il a montré que ces microcytes observés par les
histologistes, chez les animaux supérieurs, représentent un
véritable élément anatomique faisant partie de la constitu-
tion normale du sang.
On retrouvera, au début de cette première partie, la
technique de la numération des divers globules du sang;
mais c est dans la quatrième et la cinquième partie que
sont réunis des articles d'anatomîe et de physiologie de la
plus grande importance, tels que les altérations morpholo-
giques des hématies, des hématoblastes, des leucocytes et
du sérum, enfln les modifications des caractères généraux
du sang dans les divers processus et dans le travail de la
rénovation.
Les chapitres de pathologie renferment un grand nombre
d'observations et constituent les résultats pratiques obtenus
par Ips procédés d'analyse et par les investigations répétées
du professeur et de ses élèves ; c'est pourquoi ils ont été
largement développés. La chlorose, l'anémie pernicieuse,
l'anémie posthémorrhagique, les anémies symptomatolo-
giques, les toxbémies, occupent près de la moitié du livre;
c'est dire qu'un grand nombre de documents y sont réunis,
et que l'auteur y a groupé ses observations et exposé ses
doctrines personnelles.
A cet égard, l'étude de la chlorose est un des exemples
les plus frappants du rôle que peut remplir l'analyse mor-
fdiologique du sang dans la clinique aussi bien qu'en noso-
ogie. En effet, les modifications dans le nombre,danslaforme
et dans la richesse en matière colorante des globules du
sang expliqueraient la nature primordiale ou protopa-
thique de la chlorose, qui, pour Hayem, est caractérisée par
la déglobulisation du sang, ou, plus spécialement, par un
défaut dans l'évolution des hématies plutôt que par un
ralentissement ou un arrêt dans leur production. La con-
clusion thérapeutique de cette théorie de la chlorose, c'est
que le fer, le protoxyde de foret principalement le protoxa-
late de fer en sont les médicaments spécifiques c sans excep-
tion et sans restriction 2>. La formule est précise, et Hayem
nous affirme qu'il ne compte pas d'échecs par la médication
martiale; il faut l'en féliciter; mais les praticiens moins
exceptionnellement heureux feront bien de s'aider des mé-
dications qui excitent l'activité des échanges, telles que les
préparations de strychnine, l'hydrothérapie, l'électrothérapie
même, dans les cas où le ralentissement de la nutrition
ui, pour moi, constitue le second facteur caractéristique
e la chlorose, n'est pas sensiblement modifié par le fer*
3:
T6'8 — N* 47 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 22 Novembre 1889
Si Ton voulait se rendre compte rapidement des résultats
obtenus par les divers procédés d'observation du savant pro-
fesseur, il suffirait de parcourir le dernier chapitre, qui est
un résumé des applications de l'examen clinique du sang
au diagnostic et au pronostic des maladies. Les caractères
sont tirés^ soit du processus de coagulation, des modifications
quantitatives et qualitatives des globules rouges, de' la
numération des globules blancs, des hématoblastes, et
enfin de la coagulation du sérum in vitro.
Ces modifications peuvent être rapportées à plusieurs
types correspondant à divers états pathologiques. Parmi
ceux-ci, il est certaines maladies dont le diagnostic peut
être fait à l'aide de l'examen du sang : c'est ainsi que
l'étude du processus de la coagulation dans les maladies
aiguës vient en aide au clinicien dans des cas difficiles.
La distinction des phlegmasies et des pyrexies résulte de
l'examen du réticulum, dont la fibrine est augmentée ou
diminuée. C'est ainsi que le réticulum fibrineux existant
dans la grippe et même dans l'embarras gastrique, permet
de distinguer ces maladies de la fièvre typhoïde au début
où l'on ne trouve pas le même type de réticulum ; dans la
pneumonie, l'existence du réticulum indiquera la nature
phlegmasique ou l'absence du pyrélique ; enfin la septi-
cémie, la septicémie puerpérale, le rhumatisme cérébral
sont décelés au point de vue hématologique par des signes
tirés de la coagulation.
Dans les maladies chroniques, il faut combiner les divers
procédés; en effet, il ne suffit pas de dénombrer les globules
rougesy mais il faut compter les globules blancs, et les héma-
toblastes, pour obtenir des moyens de diagnostic, comme
dans la leucocythémie, le cancer, ou des renseignements
sur les complications phlegmasiques, insidieuses, la marche
de l'affection, enfin sur l'infiuence du traitement. Or, à ce
dernier point de vue, c'est dans les anémies que l'analyse
morphologique du sang rend les plus grands services et
s'impose au clinicien en y ajoutant l'appréciation de la
quantité d'oxyhémoglobine; telle est, dans ses faits géné-
raux, la disposition de ce livre, qui est en quelque sorte le
bilan des recherches d'Hayem et de ses élèves sur le sang.
A envisager les résultais de ses travaux et de ses obser-
vations, Ton comprend fort bien l'aphorisme placé en télé
de l'ouvrage : « L avenir appartient à l'hématologie. » C'est
une revendication et un programme auquel je m'associe bien
sincèrement à condition que l'hématologie comprenne tous
les moyens d'étude physique ou chimique du sang. Ilayem
le dit quelque part : dans la chlorose, l'étude de la quantité
d'oxyhémoglobine du sang est un moyen de renseignement
plus précieux que la numération des globules: on peut
regretter qu'il ajoute ailleurs que la question au dosage
clinique de l'oxyhémoglobine ne lui parait pas encore
résolue, et qu'en mentionnant l'hématoscopie il lui adresse
des objections théoriques qui, du reste, ne résistent pas à
l'observation pratique. Pour n'en citer qu'une, à savoir que
l'hémastoscopie ne montre que l'hémoglobine totale, ie
répondrais simplement qu'il suffit d'avoir examiné une seule
fois du sang veineux dans l'hématoscope, pour savoir qu'il
est possible, en suivant ma méthode, de reconnaître à la
fois l'oxyhémoglobine et l'hémoglobine réduite, et d'en
calculer les quantités relatives, résultat qu'on n'obtiendrait
pas par la numération des globules.
En effet, Hayem a montré, contradictôirement avec Ma-
lassez, ^ue l'écart du nombre des globules rouges dans le
sang veineux et le sang artériel n'offre que des différences
négligeables.
De même, comment ne pas admettre qu'en clinique la
détermination hématoscopique de la quantité d'oxyhémo-
globine dans le sang des capillaires, et, bien plus encore,
l'étude spectroscopiaue de la réduction de roxyhémoglobine
dans les capillaires au pouce ne puissent donner des rensei-
gnements précis sur l'état du sang dans la circulation géné^
raie, puisque dans la numération des globules on n'obserr-
également que sur le sang des capillaires?
Répétons-le pour conclure, l'avenir, en effet, est à Théma-
tologie, parce qu'elle saura bénéficier à la fois des procédrf
physico-chimiques du laboratoire et des procédés clinique>
et pratiques tels que la chromométrie, la diaphanométri-'
et rbématospectroscopie.
A. Hénocque.
VARIÉTÉS
LÉGION d'Honneur. — Ont été nommés ou promus à Toccas ion
de rÈxposition universelle:
Au grade (Tofficier : M. Arloing, directeur de rÉcole vélêri-
naire et professeur à la Faculté de médecine de Lyon.
Au grade de chevalier: MM. les docteurs Meuriot et Povft
(de Paris); Leloir, professeur à la Faculté de Lille; Planche (dr
Balarue); Affre (de Baume); Gérard (de Beauvais).
Faculté de médecine (hôpital Necker, service de M. U
Îirofesseur Guy on). M. le professeur Guyon reprendra s«»>
eçons cliniques sur les maladies des voies urinaires le mer-
credi 20 novembre, à dix heures, et les continuera les merci^di*
suivants à Tamphilhéâtre. Les mercredis : opérations, leçons 'i
Tamphithéâtre. Les samedis: opérations, visite des malades.
M. le docteur Albarran fera tous les mardis, à dix heures.
des démonstrations d'anatomie pathologique des voies urinaires;
il commencera le mardi 26 novembre.
Hôpital des Enfants-Malades. — M. le docteur de Saint-
Germain, chirurgien de I hôpilal, reprendra ses leçons clinique^
le jeudi 28 novembre à neuf heures.
Cours libres. — M. le docteur Landolt commencera son cour
de chirurgie oculaire, samedi 23 courant, à sa clini(^ue, 27, ru^
Saint-André-des-Arts, et le continuera tous les samedis.
Institut Pasteur. — Le (Conseil d'administration de Tlnstitot
Pasteur vient de se réunir pour entendre le rapport de M. Pas-
teur sur l'exercice 1888-i889.
Le service de la rage, sous la direction de M. Grancher, et par
les soins de MM. Chanteraesse et Charrin, a traité, du !•' no-
vembre 1888 au 1*' novembre 1889. 1830 personnes françaises
ou étrangères, parmi lesquelles 11 ont succombé à la rage,
malgré le traitement : mortalité, 0,60 pour 100. En écartant df
la statistique, comme il convient, i personnes mortes pendaui
le traitement ou dans les quinze Jours qui Pont suivi, la mor-
talité est réduite à 0,38 pour 100, chinre encore inférieur à
celui des années précédentes. M. Pasteur fait remarquer qui*
les personnes mordues par des animaux reconnus enragés par
certificats de vétérinaires donnent sensiblement la même mor-
talité que celles mordues par des animaux dont la rage a t'>tê
démontrée par inoculations, ce qui prouve que lexamon de-
vétérinaires est fait sérieusement et que Tadmission au traite-
ment est soumise à un contrôle sévère.
Ces résultats du traitement de la ra^e ne sont pas les senl>:
on sait que Tlnstitut Pasteur a pour objet, outre la vaccination
antirabique, Tétude des maladies virulentes et contagieuses, • '
Tapplication des découvertes de la microbie à Th^giène et auT
sciences biologiques. Un grand nombre de mémoires, trop
souvent loués ici-méme pour que nous ayons à en rappeler !•'
titres, ont été publiés au cours de Tannée dernière par le per-
sonnel attaché aux laboratoires de MM. Duclaux, Roux, Cham-
berland et MetschnikofT.
On voit avec quelle activité fonctionnent les divers servie»»*
de cette institution dont les mémorables travaux feront si gr-an>
honneur à la science française et à l'illustre fondateur de rt .
Institut.
NÉCROLOGIE. — Nous avous le regret d'annoncer la mort Ji
doyen de la presse médicale, M. le docteur G.-A. Qucsnevîll».
directeur du Moniteur scientifique, décédé. à Page de quatre
vingts ans, le 11 novembre dernier.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
21060.— HoTTKROZ. — Imprimeriei réunies, A. ruo Mignon, S, Pari*.
Trente-sixième année
N'4g
29 Novembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D^ L. LERBBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY. DREYFUS-BRISAC. FRANCOiS-FRANCK, A. NËNOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lkrebodllet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — BuLLBTiN. — TnénAPEUTiQUB. Des propriétés physiologiques et
des indications thcnipeuliquos des iodiqucs comme aj^ents vasculaircs. —
Contributions pharvagcutiques. Pommade a l'acide sulfuriquc. —Travaux
ORIGINAUX. Clinique chirurgicale : Ancvrysnic sacciforme de la portion asceii-»
dante de la crosse do l'aorte. Traitement par roleclro-punclure. Mort par
rupture de la poche dans la plèvre. — Socibtbs savantes. Acad($mi6 des
sciences. Académie de médecine. — Soriélé médicale des hôpitaux. — Société
do chirurgie. — Société de biologie. » Revue des journaux. Thérapeutique.
— BiDLiooRAPHlB. Les sensations internes. — VARiirés. Des dispenses mili-
taires applicables aux médecins. — Le droit de réquisition des médecins. —
Projet de loi sur l'exercice de la médecine.
BULLETIN
l'aris, 27 novembre 1889.
Faculté de médecine : Création 4*iBii« chaire de ellnlqne
dce auiladiee des volée urinairee. — Académie de
médecine : La vaccine nleérevee.
La Faculté de médecine de Paris vient d'émettre le vœu
qu'une chaire de clinique chirurgicale des maladies des
voies urinaires soit créée à l'hôpital Necker. Le cours de
pathologie chirurgicale professé jusqu'à ce jour par M. Guyon
serait confié à un agrégé. Nous ne pouvons qu'applaudir,
sans réserve aucune, à ce vote et souhaiter, à notre tour,
que rAdministration de Fassislance publique prenne,
sans retard, les mesures nécessaires pour en assurer Texé-
culion. Quant au ministre de Tlnstruction publique, il
n'hésitera pas à considérer comme parfaitement légitime et,
par conséquent, à sanctionner une décision dont la légalité
ne peut être contestée. Toutes les fois, en effet, qu'une
chaire est déclarée vacante dans une Faculté quelconque,
le conseil des professeurs est consulté par le ministre sur
la question de savoir s'il convient de maintenir celle-ci avec
ses attributions, premières ou s'il ne parait pas plus utile
d'en modifier le titre. Le plus .souvent, à la Faculté de
médecine surtout — car dans les autres Facultés bien des
chaires ont été transformées — on répond en désignant un
nouveau titulaire, sans modifier en rien la nature de ses
fonctions. Dans le cas actuel il n'en pouvait être ainsi.
M. le professeur Guyon, depuis qu'il dirige avec tant
d'éclat à l'hôpital Necker un service de clinique spéciale ou
son enseignement libre attire, instruit et retient un si grand
nombre d'élèves distingués, a rehaussé, en raison de la
renommée aussi incontestée que légitime qu'il s'est ac-
quise dans tous les pays, l'honneur de la chirurgie fran-
çaise. Reconnaître, en lui donnant la sanction officielle
d'un enseignement magistral, l'importance et l'intérêt de
«• SÉBIB,T. XXVI.
cette chaire clinique, c'était récompenser d'éminents service^
rendus depuis bien des années à plusieurs générations
d'élèves; c'était aussi rendre hommage au talent et au
caractère d'un de nos maîtres les plus célèbres; c'était enfin
et surtout aflirmer qu'une chaire officielle peut et doit
être créée lorsqu'il existe pour l'occuper dignement un
savant qui a fait ses preuves.
C'est cette dernière conclusion que nous tenons surtout
à retenir. Une Faculté de médecine, sans devenir une
École des Hautes Études, a le droit de ne pas négliger les
occasions d'étendre son influence el d'accroître au dehors
son autorité et son prestige. L'École de la Salpétrière, pour
ne citer qu'un seul exemple, a singulièrement aidé à la
renommée de la Faculté de Paris le jour où son illustre
chef a été investi officiellement des fonctions de professeur
de clinique des maladies nerveuses. 11 a été permis, à «ette
époque, de créer une chaire nouvelle. Les nécessités budgé-
taires s'y opposant aujourd'hui, il était bon que la Faculté
de médecine, affirmant son droit absolu de modifier au
moins provisoirement le titre d'une chaire magistrale, émit
un vœu qui ne peut manquer d'être bien accueilli*
— M. le docteur Hervieux, après avoir été une seconde
fois visiter les victimes de l'épidémie de vaccine ulcéreuse
de La Motte-aux-Bois, est venu hier confirmer définitive-
ment les hypothèses qu'il avait émises dès le début. 11 ne
s'agissait point de syphilis, mais bien d'une série d'éruptions
probablement ecthymateuses. Tous les malades sont guéris
et l'histoire médicale peut, grâce aux recherches si précises
du savant directeur de la vaccine, enregistrer une nouvelle
et curieuse observation d'accidents non syphilitiques con-
sécutifs à la vaccination. Aussitôt après avoir entendu la
lecture du premier rapport de H. Hervieux {Gaz. hebd.y
p. 006 et 62i), nous avions rendu hommage à la loyauté
avec laquelle il venait discuter scientifiquement devant
l'Académie une question d'ordre scientifique et nous avions
insisté tout particulièrement sur les arguments qu'il avait
développés avec tant dé précision pour démontrer qu'il s'a-^
gissait de vaccine ulcéreuse et non de syphilis. Nous ne
pouvons donc que regretter, avec M. Hervieux, les injustes
critiques adressées par quelques-uns de nos confrères de
la presse provinciale à son premier travail. En exprimant le
vœu que ses détracteurs apportent désormais dans tous leurs
articles autant de loyauté et un respect de la vérité égal à
celui dont il a donné la preuve, M. Hervieux a dignement
répondu à d'injustes attaques.
48
770 ^ N* 48 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 29 Novembre 1889
— La discussion sur la prophylaxie de la tuberculose
vient de s'ouvrir devant l'Académie. Un grand nombre
d'orateurs se sont fait inscrire. Pour éviter d'inévitables
redites, nous remeltons à une prochaine séance l'appré-
ciation critique du débat.
THÉRAPEUTIQUE
Des propriétés pliy«lolo{(lqaes et des ladlcatlons ihé-
rapeiillqaes de» lodlqaes eomme ayente va«ea-
lalreH.
11 y a des remèdes anciens qui, bien différents de cer-
tains vieillards, conservent, malgré leur âge, le privilège
de la puissance et de la virilité.
L'iode et les iodiques ne sont>ils pas de ceux-là?
Tour à tour, suivant les circonstances, fondants et résolu-
tifs, altérants ou substitutifs; antiputrides d'abord, antisep-
tiques et nécrophytiques depuis ; au besoin, nervins, cutro-
phiques, enpnéiques; que de vertus! Une seule leur man-
quait, celle qui depuis quelques années leur a valu le titre
envié de médicament artériel pour les uns et, tout dernière-
ment, celui de cardio-vasculaire pour les autres.
La lacune était fâcheuse. Les cliniciens soupçonnaient
bien cette propriété médicinale; c'était déjà quelque chose.
Sans en pénétrer le secret, ils l'utilisaient, c'était encore
bien; ils en retiraient des profits thérapeutiques, c'était
beaucoup mieux.
En un mot, les iodiques rendaient depuis longtemps les
services de médicaments vasculaires, sans en posséder la
juste renommée. En vérité, c'était fâcheux, j'ajouterai
même humiliant pour un médicament que, par intuition et
d'inspiration, on prescrivait si volontiers !
Naguère, Coindet, Orfila, Kuss; plus près de nous,
Uhôm, Rose, Bogolopoff, Sokolowski, Rummo, Martin (de
Lyon), etc., etc., avaient cependant signalé quelques-uns
des phénomènes cardio-vasculaires provoqués par les iodi-
ques; mais les observations en étaient incomplètes; l'expé-
rimentation directe n'avait pas déterminé leur mécanisme.
Il fallait le chercher.
Telle fut l'origine de recherches que j'ai commencées il y
a bientôt quatre ans et que je poursuis encore au labora-
toire de thérapeutique de l'hôpital Bichat.
Ces recherches ont-elles été infructueuses? Non, je le
constate d'autant plus volontiersqu'eilesont motivédes essais
de contrôle. Pour ma part, en janvier 1887, j avais déjà
prouvé leur fécondité, en discutant les indications de la mé-
dication artérielle (1).
Ce n'est pas tout : il y aura bientôt sept ans, dans un
mémoire justement estimé {Revue de médecine, 1883),
M. H. Huchard révélait les puissants effets des iodures dans
le traitement de la sténocardie. Puis, revenant maintes fois
sur cette question, en 1885, en 1886, aux Congrès de l'As-
sociation française à Grenoble et à Nancy, en 1887, en 1888
dans ses Leçonssur la tension artérielle dans les maladies,
notre cher maître et ami généralisait remploi de la médi-
cation artérielle contre les affections qu'il a décrites sous le
nom de «cardiopathies artérielles. » Pour lui, à l'heure ac-
tuelle, comme il y a six ans, les iodures alcalins restent
(1) cil. Eloy. La médication artérielle {Gaxette hebdomadaire, iSKT. n^ i) cl
nriiclcs Iode, Iodoforme et Ioduhk de potassium du Dictionnaire encyclopé-
dique de* teienees médicale».
« les médicaments artériels par excellence >; pour lui.
comme il le déclarait en 1883, c Yiodure est la digital
des artères )); pour lui, enfin, j'invoque le témoignage d^
ses récentes Leçons sur les maladies du cœur, la démons
Iration clinique est faite : elle a donc précédé la démon«^
tration physiologique.
Enfin, il y a quelques jours, le 8 octobre dernier, M. (r. S<^t
a, lui aussi, du haut de la tribune académique, raentiono'-
les expériences intéressantes de M. Lapicque, et donné une
confirmation des faits signalés ici même depuis 1887 et
observés bien avant le mois d'octobre 1889.
Les questions de priorité sont d'intérêt secondaire poui
les praticiens : je passe donc outre, et j'aborde — il en
est temps — les faits expérimentaux qui légitiment
l'emploi de ces remèdes dans les affections du cœur et de>
vaisseaux.
1
L'iode mélalloïdique, riodoforme, les iodures alca/iiu»
et l'iodure d'amyle possèdent des propriétés cardio-vasca-
laires.
Les autres iodiques sont-ils doués de ces mêmes vertus ?
Peut-être.
Suivant l'ordre chronologique, j'interroge en premirr
li€u le dossier physiologique de Viode métalloïdique.
Depuis Coindet, c'est classique, et surtout dépuis Orfila
— le fait date donc de loin — on savait que l'iode modifie la
circulation. C'étaient, j'en conviens, des connaissances som-
maires. Coindet avait ébauché seulement l'histoire physiolo-
gique de l'iode ; Orfila en avait plutôt formulé la toxicologie.
Peu importe, les faits existaient; Kuss les constatait après
eux. Ils démontrent qu'à dose élevée et ingéré à rioté-
rieur, ce métalloïde accélère les battements du cœur et du
pouls.
Plus tard, c'est encore classique. Rose l'expérimenta
sur les chiens et entrevit deux périodes dans Taction de
l'iode sur l'organisme. Durant la phase initiale, il notait
la pâleur des téguments et l'abolition des battements des
vaisseaux artériels de la périphérie. En langage plus mo-
derne et plus physiologique, c'étaient là des phénomène^
de vaso-constriction.
Pendant la seconde phase, il remarquait le retour du
pouls, son accélération et la rougeur de la peau ; en un
mot, des phénomènes de vaso-dilatation. Par contre, Rohm
— c'est toujours classique — fut moins heureux et ne con-
stata pas la vaso-constriction initiale. Reste à savoir s'il
expérimentait dans des conditions identiques.
Cette physiologie de l'iode mélalloïdique est incomplète,
je l'avoue. Qui donc n'en a pas convenu? La technique de
telles expériences offre des difficultés malaisées à vaincre,
on le sait. On n'ignore pas non plus que l'irritation dr>
tissus par ce métalloïde fait obstacle à son administratiiMi
par la voie sous-cutanée ou bien intraveineuse.
A défaut de faits plus décisifs, on est donc bien oblige
de se contenter de ceux qui sont classiques. Ils existent :
il faut en tenir compte. D'ailleurs, ils ne sont pas contraints
à la thèse que je soutiens; cela me suffit.
Et puis, l'ordre chronologique dans lequel ces pliéna>
mènes se produisent n'offre-t-il pas un intérêt tout excep-
tionnel pour interpréter les effets cardio-vasculaires de
l'iodure de potassium? Voici que l'on vient encore de le^
catégoriser en deux groupes, les uns appartenant à ce que
29 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N» 48
77i
l'on a nommé la pha$« de vaso-conslriction, les autres à la
phase de vaso-dilatalion. Sous nne désignation nonvellp,
voici encore, à des années de distance, la distinction que
Ton avait établie aux temps de Rose, de Dohm et des autres.
En vérité, il y a de récentes découvertes qui ressemblent
à des renouvellements.
L'étude physiologique d*un autre iodique, ViodoformSy
procure des résultats plus décisifs. Témoin les expé-
riences de Rummo {Archiver de physiologie^ 1883) et la
thèse de M. Martin (de Lyon) en 1882. Ce dernier a montré
riniluence de Tiodoforme sur la pression artérielle, c*est-à-
dire la principale propriété vasculaire de cette substance.
M. Rummo a étudié son influence sur le cœur, en d'autres
termes, son action cardiaque. Il est superflu de rappeler en
détail ces expériences; leur ignorance est, delà part de
ceux qui les oublient, un inexcusable délit contre la
bibliographie, à moins que ce ne soit une lacune de
mémoire.
L'iodoforme modifie la circulation en abaissant la pres-
sion sanguine. M. Martin a vu cette dernière descendre de
192 à 120 millimètres. Il opérait sur des chiens et mesu-
rait ces variations au moyen du manomètre. Ces conditions
expérimentales étaient satisfaisantes, et cet iodique se com-
portait bien à la manière des agents de dépression de la
tension vasculaire.
On déduit mieux l'action cardiaque de l'iodoforme des
observations de M. Rummo. Dans les premiers moments
qui suivent son absorption, les battements du cœur aug-
mentent de fréquence; plus tard, ils diminuent en nombre et
perdent leur régularité; l'organe se ralentit et finalement
s'arrête eu diastole. Voilà donc ici encore les deux phases
de l'action décrite; l'une initiale, d'excitation; l'autre tar-
dive, de dépression. Décidément, la théorie des deux
phases n'est point médite.
M. Rummo place la cause de ces phénomènes dans l'in-
fluence de l'iodoforme sur les centres nerveux. C'est une
interprétation; je Tenregislre sans la discuter, mais je
reliens, d'une part, l'action cardiaque de l'iodoforme et son
action vasculaire; d'autre part, la succession des deux ordres
de phénomènes : ici, une phase initiale, accélération du
cœur; là, une phase tardive, ralentissement cardiaque
(Rummo) et abaissement de la tension artérielle (Martin).
Si la chimie ne nous avait pas depuis longtemps appris à
connaître la parenté de famille des iodiques, cette
remarque suffirait pour admettre l'analogie de ces effets
avec ceux de l'iode.
J'arrive aux composés alcalins de ce métalloïde: l'iodure
de lithium, d'ammonium, de sodium et de potassium.
L'étude expérimentale de Yiodure de lithium est encore
à faire; toute conclusion physiologique à son égard serait
prématurée.
L'action de Yiodure d'ammonium sur l'organisme
n'est guère connue. Je suis contraint de mettre cet iodure
hors de débat, puisque dans toutes mes tentatives pour en
injecter les solutions même faiblement titrées, sous la peau,
j'ai provoqué la tui^escence des vaisseaux périphériques, des
convulsions violentes et la mort rapide, presque immé-
diate, des animaux. La toxicité de cet iodure est donc
grande ; sa pureté chimique laisse à désirer ; à l'heure ac-
tuelle c'est un médicament que le thérapeutiste prudent
évitera de prescrire.
Il en est tout autrement, on le sait assez, de Yiodure de
sodium et de Yiodure de potassium. On s'entend sur les
propriétés chimiques et sur les qualités physiques qui les
rendent maniables et de facile administration. La concur-
rence thérapeutique que ces remèdes se font entre eux a une
tout autre origine.
Peut-on, à l'aide de faits expérimentaux, estimer leur
valeur respective comme agents cardio-vasculaires?
Jusqu'en 1885, je le répète à nouveau, on n'avait pas
cherché à déterminer l'influence de l'iodure de sodium sur
la circulation. Si on mettait à profit ses vertus cardio-vas-
culaires, c'était sans en avoir pénétré la cause.
Pour ce motif, en novembre et décembre 1886, j'ai entre-
pris, au laboratoire thérapeutique de l'hôpital Bichat, de
mesurer les modifications de la pression sanguine sur des
lapins de grande taille, avant, pendant et après l'action de
l'iodure alcalin.
Voici le dispositif de ces expériences : je mets la carotide
en communication avec un manomètre élastique enregis-
treur. Les oscillations de la colonne mercurielle révèlent
les variations de la pression sanguine; un stylet les enre-
gistre.
L'injection est pratiquée avec une solution aqueuse au
dixième du sel iodure, et, comme moyen de contrôle, avec
une solution de bicarbonate de sonde, titrée en fonction de
l'équivalent chimique du sodium.
J'ai adopté la méthode sous-cutanée et la région abdomi-
nale, l'une pour voie d'introduction du médicament, l'autre
pour lieu d'élection de l'injection. Au demeurant, ce dispo-
sitif expérimental n'est pas dépourvu de valeur, puisque
d'autres observateurs viennent de l'adopter aussi, avec
cette difl*érence, je l'avoue, qu'ils préfèrent la voie veineuse
à la voie hypodermique pour introduire dans l'organisme
la solution médicamenteuse, et qu'ils choisissent le chien
de préférence au lapin; ce qui, somme toute, rend l'expé-
rience sinon plus probante, du moins plus aisée.
Lapin ou chien, tissu cellulaire ou veine, qu'importe!
Ces dispositifs et cette technique présentent d'heureuses
analogies. Faut-il s'en étonner? Non ; ils ne sont pas
originaux : tous ceux qui fréquentent les laboratoires les
connaissent, beaucoup les pratiquent; en fait ils consistent
dans l'adaptation à la thérapeutique expérimentale de l'in-
génieuse instrumentation de MM. Marey et F. Franck.
Voilà donc, en abrégé, les premières expériences qui
furent faites en France sur les indurés alcalins. Avaient-
elles une valeur? Je l'ai déjà établi plus haut. Démontraient-
elles l'action vasculaire, vaso-dilatatrice et artério-dépressive
de ces iodiques? Oui, et j'ai pu affirmer dès les années 1887
et 1888, qu'à la dose de 50 à 60 centigrammes par kilo-
gramme du poidsde l'animal, Tiodurede sodium produit un
abaissement de tension artérielle qui, évaluée en fonction
du temps, est dans le rapport d'un demi, voire même d'un
tiers, après quinze, vingt et trente minutes, et, comme je
l'ai vu depuis, soixante et quatre-vingt-dix minutes.
Cette période d'hypotension artérielle persiste trois, quatre
et même cinq heures, durant lesquelles la tension, exprimée
en millimètres, revenait graduellement à un chiffre normal.
Cet abaissf'ment a été jusqu'à 46 et 49 millimètres dans
mes expériences. J'ajouterai que l'injection sous-cutanée
des solutions de carbonate de soude ne donne que des ré-
sultats négatifs, preuve nouvelle et confirmativede la faible
influence des sels de soude sur la circulation.
Ce n'est pas tout; pendant la durée de l'expérience^
il existe de la turgescence des vaisseaux périphériques, une
élévation thermiquede trois àquatre degrés, — élévation dis»
m — N* 48
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 29 Novembre 1889
paraissant qaand, par une dose excessive, on provoque, non
plus des phénomènes physiologiques, mais bien des phéno-
mènes toxiques, — enfin, la congestion des muqueuses ocu-
laire et buccale. Ce sont bien là, si je ne me trompe, les
phénomènes accusateurs de la vaso-dilalation périphérique.
Dans les mêmes conditions expérimentales, Tiodure de
potassium provoque de semblables troubles circulatoires. Je
les avais notés dès le début de ces recherches, de sorte que
j'étais autorisé à écrire comme je Tai fait à la page 330 du
lome XVI (4" série) du Dictionnaire encyclopédique: « Ces
deux indurés alcalins diminuent la pression sanguine, et, à
ce point de vue, l'action de Tiodure de potassium ne difïère
pas de celle de Tlodure de sodium. » J'ajoulais : « Cette
constatation expérimentale avait son utilité pour réfuter
l'opinion de ceux qui, avec Husemann, attribuaient au po-
tassium une action vasculaire qui appartient à Tiode et aux
divers iodiques, et qui en fait des médicaments arté-
riels, j^
Ces remarques étaient-elles mal fondées ?Non , les partisans
les plus décidés de Tiodothcrapie dans lesmaladies du cœur,
en reconnaissent aujourd'hui la légitimité. Ilsatlribuent aussi
à riodure de potassium les vertus d'un agent dépresseur de
rartério-tension. Je sais bien qu'ils motivent leur préfé-
rence pour ce sel et leur répugnance pour l'iodure de
sodium sur la pauvreté du premier en eau de cristallisation
et sur sa richesse relative en iode. Ce sont, au point de vue
chimique, d'incontestables'qualités.
N'existe-t-il pas cependant un désavantage qui diminue
la valeur de ces mérites ? Oui, car cet iodure, comme
tous les sels potassiques, possède, depuis les travaux de
Ritter, de Feltz,de Cl. Bernard et d'autres, la juste réputation
d'agir sur le myocarde à la manière des poisons muscu-
laires, ou bien, de l'avis de Traube, sur l'appareil nerveux
du cœur.
MM. G. Sée et Lapicque sont moins sévères à son égard.
Ils espèrent même utiliser cette propriété, je devrais dire
cette vertu, au point de vue thérapeutique. D'où, ici encore,
comme pour l'iode, deux périodes dans l'action cardio-
vasculaire de l'iodure de potassium : avec cette différence
cependant que l'une est dite phase potassique et l'autre
phase indique. Pendant la première, le potassium élève la
tension sanguine en augmentant l'activité cardiaque; ce mé-
tal, — grand privilège, — jouerait donc, durant cette phase,
le rôle d'un médicament arlério-tenseur. Celle action serait
cependant passagère. Vient une seconde période : l'iode
agit : plus d'intervention delà base alcaline ; la pression
s'abaisse. C'est, pour ainsi parler, l'heure de la vaso-con-
striction et de la chute de la pression artérielle qui peut —
j'emprunte ces chiffres à M. Lapicque — atteindre 80 milli-
mètres.
Cette période iodique — soupçonnée par nos aines, obser-
vée, dirais-je à mon tour, en mettant de c6té toute considé-
ration théorique, dans presque toutes les expériences —
celte période est celle que le clinicien avisé provoque et
utilise. Elle a fait la puissance el elle assure la fortune
thérapeutique des iodiques comme agent de la médication
artérielle.
En fait, je me répète, c'est donc bien à deux années de dis-
tance, une validation décisive des résultats expérimentaux
que j'ai obtenus en 1887.
Voici maintenant une objection : la phase de l'iode est
tardive ; elle s'ouvre au moment où le potassium a été éli-
miné par l'organisme ; pourquoi ? Ici les avocats de la
théorie des deux périodes sontobligésd'invoquerrhypothêse
assez banale du dédoublement de l'iodure potassique parlt*
sang : en potassium qui est éliminé et en iode qui se com-
bine avec les sels de sodium contenus dans l'orgainsmo
el forme un iodure de sodium.
Celte réaction chimique est-elle réelle ? On le dit ; c'est
probable. Qu'en conclure?
Sinon que l'iodure de sodium est l'aboutissant de cette
réaction, et que, finalement, en partant de l'iodure de potas-
sium, on arrive à l'iodure de sodium. Eh bien, sans prendre
parti soit pour, soit contre la supériorité de l'un ou de l'autre
sel, il semble, ~ n'est-ce pas? — tout à fait superflu d'impo-
ser à l'organisme la fastidieuse mission de procéder à cette
opération chimique, et au thérapeute l'obligation de partir
d'un composé potassique de l'iode pour arriver à un composé
sodique du même métalloïde.
Décidément « lout chemin mène à Rome », même en thé-
rapeutique, et pour y arriver, il y a des observateurs qui
prennent la route de Canossa.
II
Ces iodiques possèdent donc la commune propriété de
provoquer l'abaissement de la tension artérielle et la dila-
tation des vaisseaux périphériques. Ici donc, à l'instar d'un
illustre physiologiste, on peut, au point de vue fonctionnel,
considérer l'ensemble des petits vaisseaux, comme une
sorte de cœur périphérique, et répéter après lui ce que j'é-
crivais à propos de la médication artérielle : c Les iodiques
soulagent le cœur central aux dépens du cœur périphérique
elle résultat de leur action est, pour ainsi parler, celui d'une
saignée interne. >
Après cela, faut-il s'atturder aux effets du chlorure de
potassium sur le cœur et sur les vaisseaux ? Cette élude
rentre, si je ne me trompe, dans celle de l'action physiolo-
gique des sels de potasse. Par contre, il est d'un intérêt plus
réel de noter que, dans la famille des iodiques, le meilleur
agent vasculaire est celui qui diminue l'obstacle circula-
toire en atténuant la tonicité artérielle, sans menacer la iihre
myocardique d'un préjudice et l'innervation cardiaque de
quelques troubles.
Cet iodique, quel est-il à l'heureactuelle? L'argumentation
précédente ne permet p-ts l'hésitation. Je n'insiste pas; ce
serait plaider la cause déjà gagnée de l'iodure de so-
dium.
Faut-il mesurer l'importance de ces faits expérimentaux ?
Non ; je rappelle, cela suffit, qu'ils servent de base physio-
logique et clinique à € Vartério-thérapie^ > médication
féconde puisqu'elle consiste, par l'emploi de l'hygiène el des
médicaments dépresseurs de la tension artérielle, à alléger
et à favoriser le travail du cœur plutôt qu'à le tonifier direc-
tement, en facilitant au profit du cœur central la dilatation
des vaisseaux. C'est là une thèse que M. H. Huchard a
longuement défendue dans ces derniers temps, c'est une
thèse qui n'est point inféconde puisque d'autres cliniciens
l'adoptent. Bref! Cette cause est entendue, et comme je récri-
vais il y aura bientôt trois ans dans ce journal : le procès
est gagné, la preuve est faite.
La connaissance de l'action physiologique des iodiques con-
duit à d'autres conclusions. Ce n'est pas le lieu de les passer
en revue, et cependant, comment ne pas établir un raccord
physiologique entre les faits expérimentaux et les observa-
tions cliniques ou toxicologiques : telle la fièvre iodique
avec élévation du pouls, l'augmentation de la température
!29 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 48 — 773
suivie de son abaissement, phénomène en rapport avec la
diminution de la température rectale que j'ai notée durant
la période toxique de l'ioduration des animaux; tels la con-
gestion oculaire, le changement de culoration des téguments,
leur rougeur au début, leur pâleur plus tard à une période
avancée de l'empoisonnement ; tels aussi à cette période,
les souffles vascuiaires comparables aux souffles vasculaires
des anémiques, et, plus tard encore, la disparition du
pouls radial, puis du pouls carotidien : la circulation allant
comme je l'écrivais naguère (Dictionnaire encyclopédique.
art. Iode, t. XVI, 4* série, p. 325), en s'amoindrissant suc-
cessivement de la périphérie vers le centre. Quand, dans
les intoxications graves, les iodiques — qu*on me piirdonne
l'expression, — finissent par amener la mort, c'est seule-
ment en tuant les vaisseaux.
Et les symptômes ébrieux de l'iodisme nettement signa-
lés par Lugol et après lui par Binz ? Et les hypérémies glan-
dulaires et les hémoptysies, les hématuries iodiques et
même ces flux sanguins hémorroîdaux dont Vallander
et Hermann ont parlé dans les empoisonnements par
l'iode ? Et... je m'arrête : l'énumération serait trop longue.
Ces faits, m'objectera-t-on peut-être, sont classiques, j'en
conviens. N'est-ce pas une raison de plus pour répondre à
ceux qui tardivement proclament les vertus vasculaires de
ces agents : la preuve physiologique de ces faits a été
donnée ; et avant de s'engager dans la voie d'une expéri-
mentation qui n'est plus inédite, il serait prudent de se
rappeler le conseil du fabuliste : pour arriver à temps il est
bon de partir à l'heure.
III
Cette avance, il y a beau temps que les cliniciens la pos-
sèdent et l'ont prise sur les expérimentateurs. Il y a beau
temps, en efl'et, et on l'a vu plus haut, qu'ils prescrivent
les iodiques contre les affections cardio-vasculaires.
Ce qu'il fallait trouver au point de vue pratique, le plus
intéressant dans l'espèce, c'était la solution du problème
dont voici la formule : Quand donc et comment doit-on
prescrire les iodiques dans les maladies du cœur et des
raisseatix? En d'autres termes : Quelles sont les indica-
tions et les contre-indications des iudiquesen tant qu'agents
de la médication artérielle ?
Le témoignage de Texpérimentation sur les animaux est
formel, on l'a vu plus haut, et dans le traitement des car-
diopathies, l'heure des iodiques est celle où il faut à n'im-
porte quel prix prévenir ou diminuer l'hypertension
artérielle.
Le témoignage de l'observation des malades est-il moins
décisif? Non; je le prouve.
La médication iodurée des anévrysmes des gros vaisseaux
n'est plus nouvelle. Bouillaud,Potain,Chukerbulty,Balfour,
Dreschfeld, Byrom Bramwell, Henry Simpson et bien
d'autres en France, en Angleterre et ailleurs — on le sait
assez — en ont admis et en admettent encore l'efficacité, en
particulier, contre les anévrysmes aortiques. A quel titre ?
Pour expliquer les succès obtenus, les interprétations ne
manquaient pas. Fallait-il attribuer ces victoires thérapeu-
tiques à la vieille réputation des iodiques comme fondants
et résolutifs? Ou bien, chez des sujets syphilitiques, les
propriétés spécifiques de Tiode intervenaient-elles?
Ou bien encore, à défaut d^autres hypothèses, fullait-ii
invoquer les principes des hydrauliciens et dire — Gu-
î)ler. si je ne me trompe, était de ceux-là — que les
iodures introduits dans l'organisme et. véhiculés par le
sang, modifient la vitesse d'écoulement de cette humeur
dans les petites artères en vertu de cette loi, connue des
physiciens, et d aprèslaquelle une solution saline traverse
un tube de petit diamètre plus facilement et plus rapide-
ment que l'eau pure. On a pu et on pourrait étayer ces
théories par des considérations ingénieuses. A quoi bon?
Les faits expérimentaux autorisent une autre interprétation.
En provoquant la vaso-dilatalion des vaisseaux périphériques,
les iodures atténuent l'encombrement sanguin dans la
poche anévrysmale. Avant d'être des médicaments résolu-
tifs ou spécifiques, suivant les cas, ils sont des agents vas-
culaires ; ils diminuent la tension sanguine ; ils soulagent
la paroi sur laquelle cette tension s'exerce.
La disparition des anévrysmes par la médication iodurée ne
tend-elle pas à prouver encore, comme certains auteurs le
déclarent, que les iodures exercent une action spéciale et
directe sur les parois artérielles ? La physiologie ne peut le
démontrer; à défaut d'autres preuves, il faut bien accepter
le témoignage de la clinique.
Bref, l'emploi des iodures dans le traitement des ané-
vrysmes a été et reste donc une heureuse utilisation de la
médication artérielle.
Les mêmes motifs physiologiques sont une indication
formelle de l'emploi des iodiques dans les cardiopathies où
il y a lieu de diminuer la tension artérielle et par là, le
travail du cœur.
Cet organe est-il en état de surcharge graisseuse? Une
niyocardile, une sclérose, l'atrophie des éléments muscu-
laires nobles étouffés par Thyperplasie du tissu conjonctif
en ont-ils afl'aibli les parois ? S'agit-il d'un coeur forcé j ou
bien d'une angine de poitrine vraie par artério-sclérose du
cœur, les indications sont les mêmes. Alors, comme M. H.
Huchard Ta démontré dans son mémoire sur l'angine de
poitrine et répété maintes fois dans ses leçons annuelles
de thérapeutique et de clinique médicales, le danger
n'est point seulement au cœur; il est ailleurs; il est
plus loin; il est dans la tonicité des vaisseaux périphé-
riques; il est dans l'hypertension vasculaire. Sans pré-
tendre paraphraser un mot célèbre, on pent dire : l'en-
combrement vasculaire, voilà le danger; l'hypertension
artérielle, voilà l'ennemie, et ajouter, dût-on s'exprimer à
la manière de M. de la Palisse : pour éviter la première,
c'est donc la seconde qu'il faut combattre.
Ces indications ne sont pas les seules ; MM. Potain et Fran-
çois Franck ont établi que dans Vinsuffisance aortique il
existe de Thyperlension artérielle. Dans les ai7thmies orga-
niques du cœur avec dégénérescence partielle du myocarde il
y a, de l'avis de M. G. Sée lui-même, impuissance fonc-
tionnelle des fibres musculaires altérées. A la diff'érence de
ce qu'on observe dans les arythmies d*origine nerveuse, une
diminution de la tension artérielle rétablira donc l'équi-
libre entre l'efl'ort exercé par le cœur et la résistance oppo-
sée par les petits vaisseaux. N'en est-il pas de même dans
la néphrite interstitielle si justement dénommée artérielle
par M. Lancereaux? Celte néphrite n'est-elle pas, comme
on l'a écrit, « une maladie du système artr riel avant d'être
une maladie du cœur )>. L'hypertension artérielle en est
tout à la fois l'un des symptômes précoces et l'un des fac-
teurs pathogéniques.
N'en est-il pas ainsi dans Vhypertrophie cardiaque de
croissance étudiée pour la première fois par Stokes et
Pfaff?
11\ — «• 48 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 29 Novembre 1889
En 1885, H. G. Sée déclarait, à ce propos, que Tiodure
de poiassiuiu « esl ua modificateur puissant des muscles,
surtout du myocarde, en même temps que des vaisseaux
dont il augmente l'énergie contractile ». D'après les faits
cliniques, il afOrmait avec raison la curabiliié de ces
affections par Tiodure de potassium. Eu 1885, le fait cli-
nique était indéniable; mais le mécanisme de ces guéri-
sons était encore obscur. Depuis 1887 et en 1889, il en est
autrement : Faction vasculaire des iodiques a été démon-
trée et cette démonstration a elle-même donné la raison de
la théorie que Ton cherchait depuis si longtemps sans la
trouver. Si les iodi<|ues diminuent le travail du cœur
hypertrophié, c'est qu'ils abaissent l'hypertension arté-
rielle; s'ils soulagent le myocarde, c'est qu'ils atténuent la
tonicité artérielle. Entre la théorie myocardique de 1885 et
l'expérimentation physiologique de 1887, il faut donc
choisir, et on doit restituer à la médication artérielle ce
qui, ajuste titre, lui revient.
Dans Vaortile aiguës dans V artériosclérose, il en est
encore de même. Due période d'hypertension artérielle en
marque le dcbut et, pour certain auteurs, en est même la
cause : d'où la nécessité d'abaisser cette hypertension pour
régulariser le cœur et prévenir l'hypersyslolie. Plus tard, à
la période d'asystolie, il en est autrement; l'heure des
iodiques et des médicaments artériels est passée; celle
des médicaments cardiaques et de la digitale est venue.
Voila donc les arguments cliniques qui, à défaut d'autres,
sont suffisants pour gagner le procès de la médication arté-
rielle, si, à l'heure actuelle, comme je l'ai déjà dit, cette
cause avait besoin d'être plaidée.
Encore un mot : la matière médicale possède des toniques
du cœur, médicaments musculaires ou médicaments ner-
vins, qui, on me permettra l'expression, sont des cardiaques
directs; parcontreelle est pauvre en agents susceptibles de
modifier la circulation périphérique, qu'ils soient vaso-dilata-
teurs, comme les iodures, ou vaso-constricteurs, comme
l'ergot de seigle. Ces médicaments vasculaires jouent
aussi, mais secondairement seulement, le rôle de car-
diaques. Ceux-là diminuent la tonicité artérielle, ceux-ci
l'augmentent. Les premiers sont donc des médicaments
artériels? Oui sans doute ; mais ce sont aussi des cardiaques
indirects.
C'est à ce point de vue, et à ce seul point de vue, que
l'on peut revendiquer en faveur des iodures le titre de
médicaments cardiaques. J'insiste; cette remarque n'est
point superflue, au moment où on établit solennellement,
el bien à tort, une comparaison entre la digitale et l'iodure
de potassium. Jusqu'ici la cardiothérapie nous avait
périodiquement réservé des surprises : il n'y avait pas lieu
de s'en étonner dans ce temps où les surprises thérapeu-
tiques ne sont pas rares. Qu'elle essaye de nous conduire
à des hérésies thérapeutiques? De grâce, ce serait trop.
IV
A quelle période des maladies artérielles ou des affec-
tions cardiaques adminislrera-t-on les iodiques? Est-ce dans
leur phase avancée, quand l'asystolie est définitive? Non :
à ce moment il est trop lard. Le malade n'est plus un arté-
riel, mais un cardiaque; atténuer l'hypotension artérielle
ne suffit plus; il faut faire appel à la tonicité des fibres
myocardiques demeurées intactes ou de celles qui sont
médiocrement compromises. C'est le moment de la digitale,
des toniques cardiaques et des médicaments de soutien.
En effet, il ne faut pas croire que la médication iodurét
doit être poursuivie aveuglément dans tout le cours des car-
diopathies artérielles. Non, celles-ci arrivent un jour ou
l'autre à la période d'hypotension artérielle, c'est le mo-
ment de cesser l'administration des iodures; la prolon<;et
plus longtemps serait préparer ces accidents que M. liu-
chard range sous le nom d'asystolie iodique. N'existe-t-il
pas d'ailleurs une asyslolie par abus de la digitale? Autiv
chose est donc de préconiser magistra ement un agent
thérapeutique, autre chose aussi de le prescrire ù son heure.
Quand il s'agit d'une action thérapeutique, la physiologit-
perd quelquefois ses droits, mais la clinique reprend tou-
jours les siens.
L'emploi des iodiques doit conséqueinment être précoce.
On les prescrira dès le début contre l'artério-sclérose et l.-i
néphrite interstitielle, dès que l'on soupçonnera le proces-
sus scléreux, dans les myocardites, l'angine de poitrine vraie,
l'aortite et les anévrysmesde l'aorte, en un mot, dèsquei'o/i
reconnaîtra Texagération de la tension vasculaire. C'est de \^
précocité du traitement que dépendent les succès. C'esl à sa
précocité et à sa continuité que l'on doit attribuer les amé-
liorations et parfois les guérisons obtenues. Au demeurant,
on ne saurait trop le répéter, c'est dans la phase initiale de
ces affections, je veux dire dans leur période vasculaire, que
l'on doit administrer les iodiques : c'est seulement à et*
moment qu'ils procurent les bénéfices des agents de soula-
gement du cœur.
Pour être complet, il faudrait discuter la posologie dv
cette médication et les moyens de diminuer l'intolérance
de certains malades pour les iodiques. Aux dose^ faibles et
quotidiennes d'un demi-gramme, employées par les tbéra-
peulistes timides, les iodures alcalins sont impuissants à
procurer un bméfice comme agents vasculaires. Les d<i>e>
fortes et massives de 8 à lOgrammes par jour sont des dose>
d exception. A moins de frapper un grand coup, dans des
cas menaçants et graves, il n'y a guère lieu d'employer le>
doses énormes de 1:1, 15 et même 20 grammes préconisée>
par Haslund dans les dermatoses.
Les doses moyennes de 2 à 6 grammes par jour
sont usuelles el nettement vasculaires. A cette dose en
solution, ou bien de préférence en large dilution dans une
eau minérale alcaline, l'iodure de sodium est bien toléré.
Au reste je n'insiste pas sur les conditions de celte tolé-
rance : elles restent à l'étude, et pour les déterminer il y a
lieu à de nouvelles recherches physiologiques et cliniques.
Mais l'iodure de sodium n'obtient pas, il faut l'avouer,
les préférences de tous les Ihérapeutistes. Quelques-ans
d'entre eux n'appréhendent pas les inconvénients bien
connus des sels de potasse. Ils ne possèdent pas la crainte
salutaire, quand elle n'est pas exagérée, de la potassiémie.
Eh bien, les avis étant partagés, l'iodure de potassium
n'agissant, dit-on, comme on l'a vu plus haut, que par s:t
transformation en iodure de sodium dans l'organisme, il
est de bonne thérapeutique de préférer l'iodure du premier à
l'iodure du second, et de ne pas imposer à l'organisme le
soin superflu de dédoubler le second, afin d'absorber
le premier.
Les autres iodiques, entre autres l'iodure de lithium et
l'iode, ont été jusqu'à présent peu employés comme a{;en(s
de la médication vasculaire. L'iodure de lithium convient
aux goutteux en puissance d'artéiio-sclérose, cela va sans
dire. L'iode en teinture, à la dose de cinq à dix gouttes par
âO Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- »• 48
775
jour, ou bien sous forme de sirop iodotannique, rend des
services que Ton est trop disposé à oublier, quand Tinlo-
lérance pour les iodures alcalins est un obstacle absolu à
leur emploi. Enfin, Tiodeforme adminislré à Tintérieur
comme agent vasculaire, est un médicament encore à
l'essai.
Ici, il me faudrait parler de l'emploi de Tiodure d'amyle,
médicament intéressant à étudier, bien différent de l'iodure
d'éthyle, et que j'expérimente actuellement au double
point de vue pbysiologîque et thérapeutique; il me fau-
drait aussi discuter l'action eupnéique des iodiques contre
les dyspnées cardiaque et pulmonaire. Tout n'a peut-être
pas été dit sur ces points discutés de physiologie et de
thérapeutique. Au demeurant, un fait pratique est acquis :
avocats et adversaires de l'un ou de l'autre de ces iodiques
le proclament, l'expérience le justifie, à savoir, comme je
l'ai déjà écrit plus haut, comme je le répète ici encore,
que l'efficacilé du traitement artériel par les iodiques ne
dépend point autant des choix de l'un ou de l'autre de ces
agents que de l'énergie du médecin à les prescrire et de la
facilité du malade à les ingérer.
Dans l'emploi de la médication artérielle, la persévé-
rence et la constance sont pour le Ihérapeutiste, des vertus
cardinales. Hors de là, point de succès.
•Ch. Elov.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Pommade A l'aelde «ulfurlqoe.
Un certain empirique de la Normandie soulage les
malades atteints de douleurs au moyen d'une pommade
dont la composition est secrète et qui n'est autre qu'une
pommade au vitriol.
J'en ai eu un échantillon sous les yeux et je lui ai trouvé
la formule suivante :
Axonge 7 grammes.
Acide sulfurique 1 —
Malgré celte composition un peu bizarre au premier
abord, il parait que la pommade en question réussit dans
les cas de névralgies, arthralgies localisées, douleurs rhu-
matismales ou goutteuses et surtout dans la sciatique où
elle parait préférable à d'autres révulsifs. Elle détermine
une légère rougeur à la peau, et une sensation de chaleur;
mais jamais de vésication, ni d'eschare. Je crois qu'il y a
lieu d'en étudier, de plus près, les effets.
On formulerait ainsi:
Axonge !28 grammes.
Acide sulfurique pur i —
Ajoutez l'acide à la graisse, petit à petit, en battant,
sans interruption, dans un mortier en porcelaine. Enfermez
te mélange dans un flacon à l'émeri à large ouverture.
Cette pommade s'emploie en frictions très douces sur le
point douloureux.
Pierre Vicier.
TRAVAUX ORIGINAUX
Cllnlf|iie elilrurylçale.
Anévrysme sagciforme de la portion ascendante de la
CROSSE DE l'aorte. TRAITEMENT PAR L'ÉLECTROPUNC-
TURE. Mort par rupture de la poche dans la plèvre,
par H. le docteur P. Spillmann, professeur de clinique
médicale à la Faculté de médecine de Nancy, et H. le
docteur P. Haushalter, chef de clinique.
Diagnostiquer un anévrysme de l'aorte qui a soulevé la
paroi thoracique, reconnaître le siège de la dilatation
anévrysmale, analyser les phénomènes stéthoscopiques,
interpréter les symptômes douloureux ou de compression
dont elle est l'origine, prévoir les complications et les acci-
dents, c'est là, pour le clinicien, œuvre relativement facile.
Mais il est permis de se demander si en face de cette terrible
affection, le médecin doit simplement limiter son rôle à
celui d'un observateur, se bornant à appliquer un traite-
ment palliatif propre tout au plus à soulager un instant le
malade ou à occuper son esprit, ou bien s'il n'est pas de
son devoir de tenter une intervention curative en cherchant
à provoquer la formation de caillots destinés à transformer
cette poche fluctuante en une tumeur solide, d'enrayer en
un mot le développement de Tanévrysme et de prévenir ou
de reculer les dangers de sa rupture. Nous nous posions ces
différentes questions au lit d'un malade atteint d'un ané-
vrysme volumineux de l'aorte ascendante, dont nous allons
rapporter l'histoire.
Obs. — B..., soixante-cinq ans, courtier en bois; nous n'avons
rien à signaler dans ses antécédents héréditaires.
11 a eu un rhumatisme articulaire aigu en 1864; n'est pas
syphilitique, mais a fait et fait encore des excès alcooliques.
A la fin de décembre 1887, il commence à ress»*ntir des dou-
leurs tntrathoraciques,un peu de dyspnée, lorsqu'il fail un effort,
et éprouve une certaine difficulté à avaler les aliments solides.
Au mois de février 1888, il voit apparaître entre le sternum
et le mamelon droit une petite tumeur qui atteint rapidement
les dimensions d'un œuf de poule, et dont le volume va du reste
en augmentant rapidement; cette tumeur est le siège de douleurs
assez vives. Mois jusqu'au moment de son entrée à la clinique,
où il vient le 15 avril, le mnlale a continué son métier fatigant.
C'est un homme bien constitué, dont l'état général est encore
bon; il se plaint uniquement d'élancements dans la tumeur
au'il porte sur le thorax. Il respire facilement; seules les veines
u cou, surtout à droite, sont légèrement dilatées; les artères
radiales, un peu athéromateuses, battent régulièrement et syn-
chroniquement.
Sur la partie droite et antérieure du thorax, on voit s'élever
une saillie globuleuse, hémisphérique, du diamètre d'une tète
de fœtus : celt»^ saillie s'étend en hauteur depuis le bord supé-
rieur de la troisième côte jusqu'à un centimètre au-dessous de
la ligne transversale qui unit les deux mam-lons ; en largeur, lu
tumeur s'élend du bord droit du sternum, sur lequel elle
empiète un peu. jusau'au delà de la ligne axillaire droite, au
niveau de laquelle elle se continue insensiblement avec la paroi
thoracique jusque dans l'aisselle; l'arc médian de la tumeur
mesure 15 centimètres transversalement et longitudinalement.
Sur la tumeur, la peau est un peu tendue ; au-dessus, au-dessous
et en dehors on sent facilement les côtes, dont on ne constate
plus de trace au nive<iu de la saillie.
Cette tumeur, dans sa totalité, est animée d*un^ mouvement
d'expansion et de soulèvement en masse dont le début précède
un peu le pouls radial.
Le thorax est mat au niveau de la tumpur, sonore tout autour;
impossible de limiter le cœur à la percussion, ni d'en déterminer
la pointe : à l'auscultation du cœur, on trouve le maximum des
bruits de la pointe entre l'appendice xiphoide et le mamelon ; ils
sont sourds et éloignés.
En auscultant la tumeur, on entend, au moment de la systole,
un bruit sourd coïncidant avec le soulèvement de la tète qui
ausculte; au deuxième temps, un claquement sec.
La respiration est emphysémateuse à droite, il existe en
776 — N« 48
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 29 Novrmbrs 1889
arrière une abolition presque complète du murmure vésiculaire,
coïncidant avec de la matité de la base, et du souffle bronchique
dans la fosse intercapsulaire.
Les fonctions digestives s'accomplissent normalement ; du
resle, il ne se plaint que de douleurs lancinantes au niveau de
la tumeur ; ces douleurs, très vives dans le décubitus dorsal, se
calment par le décubitus latéral droit.
En face de tous ces symptômes, le diagnostic ne pouvait être
hésitant : en raison du siège de la tumeur, en raison du soulè-
vement en masse qui suivait la systole, du synchronisme des pouls
radiaux, on ne pouvait douter de l'exislènce d'un anévrysme
sacciforme de la portion ascendante de Taorte, développé
sur une artère, dont une atteinte de rhumatisme «nrticulaire
aigu et surtout Fintoxication lente par Talcool avaient altéré les
parois; la rapidité avec laquelle il avait progressé à Texté-
rieur, la facilité avec laquelle il se laissait déprimer, l'ampli-
tude de son expansion systolique, tout nous indiquait sa ten-
dance envahissante et nous faisait craindre que sa paroi interne
ne fût pas tapissée d'une couche épaisse de stratifications iibri-
neuses. Sa rupture était imminente, soit à Texlérieur, ce (^ui
est rare, soit dans le thorax, ce qui est plus habituel : mais, d'un
autre côté, la tumeur, hors peut-être la bronche gauche, ne
comprimait aucun organe important ; il n'existait aucune lésion
de Torifice aorlique, le cœur n'était pas hypertrophié et n'avait
aucune tendance à défaillir : ces conditions étaient excellentes
pour tenter de transformer l'ampoule sacciforme appendue à
l'aorte en un bloc solide, qui éloignât les dangers d'une rupture
immédiate. L'état général était excellent. Le malade désirait et
réclamait une intervention.
à amener l'inflammation et la suf>puration de cette paroi; pui>
enfin, cette méthode, employée si rarement, n'a pas fait suff-
samment ses preuves pour que nous ayons cru devoir remplovffr
dans le cas que nous discutons. La méthode par l'électropuur-
ture, qui possède à son actif plus d'une centaine de cas, où son
emploi, s'il n'a pas toujours été efficace, a été au moins saa^
danger, nous semblait off'rir avec plus de chances de succ.'-s,
moins de causes d'accidents.
Le 16 avril, avec l'aide de M. le professeur agrégé Bagnèris,
qui veut bien nous ofl'rir le concours de ses connaissances phy-
siques, nous pratiquons dans l'anévrysme une opération d^eter-
trolyse; trois aiguilles en platine, minces et flexibles, endoileç
d'un vernis protecteur jusqu'à 1 centimètre de la pointe, sont in-
troduites à 2 centimètres environ de profondeur au sommet de la
tumeur, à environ 1 centimètre et demi de distance lune de
l'autre; ces aiguilles sont mises en communication avec le pôle
positif d'une pile à courant constant de Schrôder ; contraire-
ment à certains auteurs qui font passer par la poche le pôle
négatif ou même les deux pôles, comme Ciniselli et Duncan.
nous avons, avec Andersen, préféré y placer le pôle positif, aui,
dans l'albumine de l'œuf, provoque la formation de caillots clurs
et résistants, tandis qu'au pôle négatif se forme un coaguluni
mat, spongieux, contenant dans ses mailles des bulles de gaz:
de plus l'application du pôle négatif est plus douloureos^;
peut-être ces dangers du pôle négatif ne sont-ils qu'illusoire.
mais, jusqu'à nouvel ordre, il est permis de les craindre et de
les éviter.
Le pôle négatif est appliqué sur le thorax ou Tabdoroen; nous
faisons passer pendant une heure un courant dont la force attcî-
Tiacc cardio]fra|)hiquo pris au niveau de la poche.
Mais pour arriver au but désiré, quels moyens employer? Il
ne pouvait être question de soumettre notre malade a la diète
sévère d'Albertini et Valsalva, qui l'eût amené rapidement à
l'asystolie ; l'anplication de la glace sur la tumeur pouvait, par
inflammation au sac, amener peut-être la formation de caillots ;
mais l'action do la glace est lente, et, du reste, le froid provoquait
chez notre malade des douleurs atroces, qui nous forcèrent à en
suspendre l'application; l'iodure de potassium, qui a une action
si réelle et si efficace sur l'artérite syphilitique et sur les pro-
cessus scléreux en général, ne nous semble pas pouvoir produire
la rétraction d'une poche développée aux dépens d'une artère
malade; il ne parait pas prouvé non plus qu'il favorise la coagu-
lation du sang : cependant, nous l'administrâmes à notre malade
durant tout le temps de son séjour à la cliniaue, à la dose de
A grammes par jour; mais dans un cas comme le nôtre, l'action
de l'iodure, si tant est qu'elle existât, devait être lente. Res-
taient les moyens directs, qui ont pour but de produire dans la
poche une formation plus ou moins rapide de caillots : nous
voulons parler de la méthode curative de Moore et de l'électro-
puncture.
L'introduction dans la dilatation anévrysmale de corps étran-
gers, tels que fils de fer, crins de Florence, ressorts de montre,
comme l'ont fait Moore, Baccelli, Lépine, ne parait pas faire
courir de risques sérieux au malade, comme le fait ressortir
Charmeil {Rev. de méiL, août et novembre 1887) dans un
mémoire intéressant où il réunit et analyse les quinze observa-
tions d'anévryspe de l'aorte traité par cette méthode. Mais la
présence de crins de Florence dans le sac anévrysmal ne semble
pas avoir été, dans les cas où le procédé fut niis en usage, un
centre bien actif de coagulation; l'introduction dans la poche
d'un fil de fer est dangereuse parce qu'elle peut blesser
la paroi opposée au point où il a été enfoncé; nuant au ressort
de montre employé par Baccelli et par Lépine, il a l'avantage de
constituer un disque ofl'rant une large surface à la coagulation;
en s'enroulant, il ne risque pas de olesser la paroi interne de
l'anévrysme, et sa forme s'oppose en partie à ce i|uil traverse
l'orifice de communication de la poche avec l'aorte ; comme l'ont
prouvé les autopsies, il est capable de provoquer la formation
de caillots; mais il a l'inconvénient de se fragmenter spontané-
ment, au bout de quelque temps, dans la poche ; la présence de
son extrémité dans la paroi externe du sac nous semble propre
gnait 25 milliampères; pendant la séance, le malade ressent à
peine quelques élancements au niveau de la tumeur; après la
séance, les battements de la poche ne sont pas sensihiemeat
modifiés.
Le lendemain, 17 avril, le malade se trouve bien mieux; il a
bien dormi; la tumeur semble légèrement aplatie vers sa partie
interne et diminuée dans toutes ses dimensions ; et, en effet,
l'arc transversal ne mesure plus que 12 centimètres, et l'arc
vertical ii centimètres; cette diminution de la tumeur, quelque
temps seulement après l'éleclrisation, n'a rien qui doive sur-
prendre, 'car, comme l'ont remarqué tous les opérateurs, la
rétraction de l'anévrysme, qui coïncide avec la formation de
caillots, n'a lieu que quelques heures ou Quelques jours après
le passage du courant, peut-être parle fait d'une certaine inflam-
mation du sac.
Le 18 avril, nous faisons une nouvelle séance d'électrol ysf ;
au lieu d'aiguilles de platine, qui s'étaient un peu altérées, nous
employons des aiguilles en acier doré, vernies jusqu'à 1 centi-
mètre de la pointe; ces aiguilles sont mises en communication
avec le pôle positif, et laissées en place pendant vingt minutes :
progressivement, la force du courant est accrue jusau'à 50 milli-
ampères, maximum où nous la laissons pendant dix minutes,
pour la faire redescendre progressivement jusqu'à zéro.
Après la séance, la partie gauche de la tumeur semble encon^
plus affaissée qu'avant, et elle ofl're certainement une résislance
plus grande que les jours précédents.
Les jours suivants, l'aspect de la poche anévrysmale reste le
même : les douleurs sont moins vives et le malade réclame une
nouvelle intervention que nous pratiquons le 25, absolument de
la même façon que la précédente. Dans chacune de nos séances
nous avons varié le point d'application des aiguilles, de sorte
que les neuf piqûres faites dans les trois séances ont ete
réparties d'une façon à peu près régulim*e sur toute la surface
kémisphérique de la tumeur.
Malheureusement, les jours suivants, les douleurs qui s'étaient
calmées, reparaissent plus vives, l'expansion de la tumeur rede-
vient plus forte^ses dimensions s'accroissent, sa surface se tend;
le malade, à peine calmé par la 'morphine, cesse de s'alimen-
ter; il est privé de sommeil; on le trouve mort dans son lit h*
2 mai.
Voici quels furent les résultats de l'autopsie.
29 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 48 — 777
Autopsie. — Le tissu cellulo-adipeux sous-cutané est assez
développé.
Apn>s avoir enlevé les organes abdominaux, sans léser le
diaphragme, on voit la partie droite du diaphragme faire saillie
vers la cavité abdominale, tandis que la partie gauche conserve
sa concavité normale.
Lorsque le plastron thoracique est détaché sur ses parties
latérales, nous constatons dans la cavité pleurale droite une
masse considérable de caillots cruoriques, dont le poids est de
3 kilogrammes. La plèvre droite est épaissie; sa surface interne
est tapissée d*un lacis fibrineux témoignant d*une inflammation
relativement récente.
Dans la cavité pleurale droite, on voit h la partie interne, vers
le sternum, un orifice à bords déchiquetés grand comme une
pièce de cinq francs, et s'ouvrant dans la poche anévrysmale.
Le poumon droit, refoulé vers la colonne ver-
tébrale, n*est pas'atélectasié ; il semble avoir
respiré jusqu à Taccident qui a amené la mort,
sauf dans la partie oui gntoure immédiatement
le sac anévrysmal, laquelle est affaissée, grise,
compacte. Le poumon gauche est emphyséma-
teux, un peu œdémateux. Les grosses bronches
ne sont pas comprimées.
Le tissu cellulaire des médiastins, épaissi,
induré, témoigne d'une inflammation lente et
chronique.
Cœur, gros vaisseaux^ anévrysme, — Le
cœur, plutôt petit, est surchargé de graisse; le
myocardeest pâle; à la partie postérieure existe
entre les deux feuillets du péricarde une adhé-
rence lâche, sous forme de cloisonnement ver-
tical incomplet.
Origine de l'aorte, — A son origine, l'aorte
mesure 5 centimètres; à parlir de ce moment
elle commence à se dilater progressivement, au
point d'atteindre 9 centimètres au niveau de
l'endroit où elle se recourbe rn crosse.
Crosse de l'aorte, — Toute la crosse de
Taorte est dilatée en masse, surtout à sa partie
externe et droite, dans la portion qui précède
l'émergence du tronc brachio-céphalique ; le
diamètre vertical de la crosse, pris entre la
carotide gauche et le tronc brachio-céphalique,
est de 6 centimètres; après l'émergence de la
sous-clavière gauche, Taorte conserve encore
ce diamètre dans la partie descendante de la
crosse ; puis dans sa partie thoracique elle at-
teint assez brusquement le diamètre de 3 cen-
timètres et demi.
Le tronc brachio-céphalique, dilaté, sinueux,
présente 2 centimètres de diamètre; la carotide
et la sous-clavière gauche dilatées ont chacune
1 centimètre de diamètre.
Après l'émergence de la sous-clavière
gauche, l'aorte à sa partie postérieure offre
une pelite élevure papuleuse, large comme deux francs, dure,
résistante, formée par une masse fibrineuse, remplissant un
petit anévrysme cupuliforme.
La face interne de l'aorte est sillonnée, sur toute sa surface
interne, de traînées, de plaques cartilaginiformes, blanchâtres,
sans plaques calcaires.
Tout le tissu conjonctif périaortique est épaissi et adhérent.
Anévrysme. — A la partie externe du tiers supérieur de la
portion ascendante dn la crosse, en dehors et un peu au-dessous
de l'émergence du tronc brachio-céphalique, est appendu un
anévrysme sacciforme, gros comme une tête de fœtus.
L'aorte communrque avec Tanévrysme par une ouverture
grande comme une pièce de cinq francs, à bords durs, rugueux ;
après un très court pédicule, dont le diamètre est de 6 centimè-
tres, et qui semble constitué par les parois artérielles, la tumeur
prend une forme assez régulièrement arrondie.
Parois. — Abstraction faite de la partie du sac qui avoisine
l'aorte et qui parait constituée par les parois de celles-ci dila-
tées et altérées, le reste de la paroi se confond avec les tissus
avoisinants.
En arrière et en dehors, la paroi se confond avec les feuillets
de la plèvre épaissis et adhérents entre eux à ce niveau, et
tapisses à leur face externe d'une coque mince de poumon até-
lectasié; c'est là que s'est formé l'orifice qui fait communiquer
Tanévrysme avec la cavité pleurale droite.
En avant la paroi est formée uniquement par la cage thora-
cique; la face externe de cette paroi comprend la peau, et
les muscles, amincis, scléreux, un peu ecchymotiques et ramollis
par places; la face interne est constituée uniquement par les
côtes et les espaces intercostaux où les aponévroses et les
muscles intercostaux sont en partie détruits. Les quatrième,
cinquième et sixième côtes sont comprises dans le sac; le carti-
lage de la quatrième, libre a ses deux extrémités, flotte dans la
poche, à peine maintenu; la partie de la quatrième côte, qui est
comprise dans la tumeur, est erodée, rouge, friable; la cinquième
côte est détachée au niveau de son insertion avec le sternum ;
elle est échancrée, injectée, prête à se briser; la sixième côte,
à peu près intacte, traverse la partie inférieure de la poche. Lo
Pièce vue par sa Tare (loslcrietirc.
\. Anévrysmo cupuUrorme. — 2. Seciion de la poche faite à l'aulopsie. — 3. Orifice de rupture
spontanée de la poche.
bord droit du sternum compris dans la tumeur est largement
échancré, rugueux.
Contenu du sac, — Autour de rorilice de communication de
l'aorte avec le sac, se trouve dans le sac un caillot fibrineux,
annulaire, large de 2 centimètres environ, assez résistant.
Le reste du sac est tapissé par un caillot épais, limitant a
son centre une cavité, grosse environ comme une mandarine ; à
sa partie interne, celle qui limite la cavité, le caillot est formé
par une laine de fibrine mince ; le reste est constitué par un
mélangi» de caillots fibrineux et de caillots cruoriques. enchevê-
trés d'une façon irrégulière; quelques-uns de ces caillots fibrineux
se présentent sous forme de petits noyaux; la partie adjacente à
la paroi du sac est uniquement cruorique. Les autres organes
ne présenlent rien de bien spécial à signaler: le foie est un peu
granuleux, gras; les reins sont petits, un peu scléreux ; les
artères basilaires sont athéromateuses ; le cerveau est sain, un
peu œdémateux.
Cette autopsie nous a donc montré, comme nous nous y
attendions, qu'il existait un anévrysme sacciforme de la
portion ascendante de la crosse de Taorte qui, au début,
avait consité probablement en une petite dilatation cupuli-
forme des tuniques altérées, semblable à celle que nous
778 — M* 48 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE i9 Novembre 1889
avons trouvée sur la portion ascendante de la crosse; en se
développant cette petite poche s'était constitué des parois
aux dépens des tissus voisins, plèvre et parois thorariques
et étaitdevenue l'énorme sac des derniers mois. Les caillots
fibrineux qui tapissaient la face interne de cette poche
avaient été décollés avant la mort par le sang qui s'était
infiltré entre eux et la paroi, ainsi gue l'ont prouvé les
caillots cruorioues trouvés à l'autopsie. Pouvons-nous, à
l'aide de ces (tonnées anatomiques, interpréter les phéno-
mènes observés pendant la vie, et déterminer quel a été
l'effet sur la pocne sanguine du passage du courant élec-
trique?
Lorsque le malade entra à la clinique, la tumeur ané-
vrysmale, parfailement hémiphérique, était animée de
mouvements d'expansion en masse, et sa surface présentait
sur toute son étendue une consistance uniforme; en l'espace
de dix jours, du 16 au "ib avril, elle subit des modificatiims
très appréciables et dans son aspect et dans sa consistance;
la partie interne s'aplatit, devint plus résistante, les dimen-
sions de la tumeur diminuèrentdel centimètre dans le sens
vertical; évidemment ces modifications ne pouvaient corres-
pondre qu'à la formaiion de dépôts fibrineux dans le sac.
Ces dépôts fibrineux, nous les avons constatés à iautopsie
sous l'aspect de noyaux sans forme bien déterminée
et adjacents à la paroi, de stratification à la partie in-
terne, de masse annulaire autour de l'orifice de com-
munication de la poche avec l'aorte. Or la formation
incontestable d'une partie au moins de ces caillots, et la
diminution concomitante des douleurs ont coïncidé d'une
façon si exacte avec l'application de l'électricité à l'intérieur
du sac, qu'il est de toute évidence qu'ils en sont la con-
séquence ; nous croyons que le passage du courant électrique
par le sac a été la cause déterminante de ces caillots fibri-
neux informes que nous avons signalés ; peut-être
n'a-t-il eu aucune action immédiate sur la rormation
des quelques lames fines stratifiées qui tapissaient la face
interne de ces caillots, et qui ont bien pu être déposés à
leur surface les derniers jours de la vie, non plus que sur
l'anneau fibrineux qui entourait l'orifice de communication.
Quant à l'accroissement rapide de la tumeur qui s'est
produit dpns les derniers moments et qui a coïncidé avec la
recrudescence des douleurs, il est dû à l'irruption du sang
entre les caillots et la paroi, et à la disjonction des caillots
fibrineux; la pression du sang compris entre les caillots et
la paroi distendue fut la cause de la rupture de cette der-
nière en son point de moindre résistance.
Nous ne conclurons pas que l'application de l'électricité
a prolongé les jours du malade, mais nous pouvons affirmer
qu'elle a provoqué la formation de caillots fibrineux ; tel
est le moyen qu'emploie la nature pour combler les dilata-
tions vasculaires, tel est le but auquel doit tendre le
médecin dans le traitement rationnel des anévrysmes; ce
but, il peut espérer 1 atteindre, au moins en partie, s'il
intervient avant que la rupture de la dilatation artérielle
ne soit devenue imminente, ou avant que la maladie n'ait
mis l'organisme dans un état incompatible avec l'existence.
Si, tout en intervenant activement, le médecin place son
malade dans les conditions de repos physique et moral les
plus complètes, s'il le soumet à la diète lactée, absolue ou
mitigée, combinée à la médication iodurée, il semble, qu'il
a fait tout ce qui est rationnellement possible dans le trai-
tement des anévrvsmes sacciformes de l'aorte.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémie des scleneea.
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1889. >
Dk I/EXANËN OPUTHALMOSCOPIQUE du fond de L*(£fL CHEZ Lr «
HYPNOTIQUES, par M. Luys. — On sait combien, dans ce.rUiu' «
phases de l'hypnose, les yeux des sujets prennent des carart* r---
Spéciaux.
Uans la phase cataleptique, par exemple, les globes oculair»--
sont fixés, immobiles eu catalepsie statique, et doués d*un ér) *
insolite. L*hyperacuité visuelle des sujets annonce que la vita-
lité des appareils internes est le siège d'une suractivité cirruU-
toire concomitante.
Dans Tétat somnambulique, les globes oculaires ont récupt^tr
leur mobilité, mais ils ont encore un éclat spécial et une suracti-
vité fonctionnelle, qui permettent auK sujets somnamhuliqu'*-
de voir des détails qui échappent à lAtr perception lorsqoM-
sont à Fétat physiologique.
J*ai pensé qu il serait intéressant de se rendre compte, à Tait^
de rophthalmoscope, de Tétat circulatoire du fond de VœïU d^ir»^
des cas semblables, ei de constater les chanjifements survcii-jv
dans les réseaux circulatoires. La solution de ce problème. ia<i^-
pendamment de son intérêt intrinsèque, pourrait fournir a&
nouveau signe physique qui échappe à la simulation, eu donnant
un moyen de contrôle, utilisable en médecine légale, pour apré-
cier lés états hypnotiques. J'ai donc prié M. le docteur Hacrht,
anciennement attaché à la chnique ophthalmologique de L
Facilité de médecine, de me prêter son concours pour ces recher-
ches, et je rapporte ici le résultat de ses examens.
Neuf sujets (six femmes, trois hommes) ont été, successive-
ment, soumis à l'examen ophthalmoscopique du fond de rœil.
dans les périodes de catalepsie, de somnambulisme lucide ei
dans fétat mixte de fascination.
L'examen des yeux de chaque sujet, à Tétat normal, a%-aii
permis d'enregistrer l'état de coloration du fond de rœiJ, et d*-
noter l'existence des trois zones concentriques de la rétine.
Les sujets en expérience ayant été ensuite pl'icés en période
de catalepsie, Félat de pâleur de la rétine s*est subitement
modifié. Les papilles ont pris une teinte de coloration rosée. Le>
trois zones concentriques ont perdu la netteté de leur contour
et sont devenues confondues, en même temps que les veines et
les artères acquéraient un volume beaucoup plus développé. Cet
état hyperhémique s'est maintenu tel pendant tout le temps qui
le sujet est resté en période de catalepsie. Nous avons noté, en
outre, que l'iris était très dilaté et presque insensible k la
lumière. Cet état spécial d'hvperhémie de la rétine s'est prêseuic
avec les mémos caractères dans la phase de fascination.
Dans la période de somnambulisme lucide, nous avons encon*
constaté que l'état de la circulation du fond de l'œil se présenta il
avec les mêmes caractères généraux que précédemment, au
point de vue de l'ampliation des réseaux circulatoires. Sou^
avons seulement noté une certaine diminution d'intensité daiw
la coloration de la papille, qui était d'un rose moins vif qtit*
précédemment.
Dans cette phase somnambulique, l'iris était plus facile à s«»
mouvoir; il était devenu plus sensible à la lumière, et se laissent
plus aisément dilater par l'action dd ses rayons.
Académie de médeelne.
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
Rapport. — M. L. Le Fort, au nom de la Commission
dont il fait partie avec MM. Péan et Labbé, lit un rapport :
1* sur une noie de M. Nicaise, ayant pour titre : De la f/a.v-
trotomie dans les rétrécissements cancéreux de rwio-
phage;^"" sur un travail de M. Kirmisson, intitulé: Du
cnthétérisme à demeure dans le trnitement des rétrécisse-
ments cancéreux de Vœsophage; 3"" sur une note de M. Le
Dentu sur Vœsophagotomie à séances multiplts.
D'un certain nombre de faits déjà publiés, M. Le Fort
déduit les conclusions suivantes :
i9 NoTRMBRE 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 48 ^ 779
l"* Bien qu*il y ait quelques rares exceptions, on peut
4^ oser comme règle que l'introduction des aliments directe-
*inent par la fistule gastrique est insuffisante pour entrelenir
't-i. ne nutrition complète, si ces aliments n*ont pas été inipré-
S nés ou mélangés de salive ;
2"* Lorsque la gastrostomie a été suivie de gucrison, il
faut par tous les moyens possibles s'elï'orcer de rendre a
l^cesoph.'ige sa perméabilité ou tout au moins une perinéabi-
I ité suffisante pour que l'ingestion de la salive soit possible
ou facile.
Le rapporteur propose de renvoyer ces trois mémoires au
oomité de publication.
Vaccine ulcéreuse. — M. Hervietix s*est rendu le
-16 novembre à Hazebrouck visiter les enfants victimes de
l'épidémie de La Motle-aux Bois, dont il avait parlé à l'Aca-
démie dans la séance du 24 septembre dernier. Cbaque
<^nfant fut mis nu des pieds à la télé et complètement
examiné. Or voici ce qui résulte de cet examen :
l"* L*épidémie de La Motte-aux-Boisest terminée;
â"" Tous les ulcérations correspondant aux piqûres vac-
cinales; toutes sans exception sont complètement cica-
trisées ;
3'' La plupart des adénopathies observées lors de la pre-
mière visite de M. Hervieux à La Motte-aux-Bois ont
complètement disparu ;
4'' L'impétigo est la seule concomitance digne d une
mention que H. Hervieux ait observée sur les quarante-
trois sujets soumis à son examen ;
b*" Une jeune femme de vingl-six ans qui avait présenté
sur la paupière inférieure gauche une ulcération d'aspect
chancreux, selon loute apparence au contact di^ son enfant,
était complètement guérie; à la place qu'occupait cette
ulcéralion, il n'existait plus qu'une tache rougeàtre, sans
induration des lissus. Cette femme ne parait avoir éprouvé
aucun accident consécutif.
Le vaccinifere, jeune prarçon de neuf ans, n'avait plus les
adénites ganglionnaires qu'il avait au mois de septembre et
l'exploration la plus minutieuse ne révélait chez lui aucun
phénomène morbide. Le traitement a été purement externe.
Chez aucun des petits malades il n'a été inslilué de traite-
ment anlisyphiliiique. Ainsi l'épidémie a pris fui et
M. Hervieux était pleinement autorisé à révoquer en doute
la nature syphilitique des accidents de La Mottc-aux-Bois.
Du moment qu'il ne s'agit plus de virus syphilitique, reste
à savoir quel est le virus qui a déterminé chez les quarante-
trois vaccinés les accidents dont s'est émue la population
de La Motte-aux-Bois. H. Hervieux discute l'opinion de
M. Yidaly qui croit à l'origine ecthymateuse de la maladie;
mais, si les auto inoculations expérimentales d'ecthyma et
d'impétigo ont réussi, il n'en est pas de même des inocula-
tions de l'ecthyma à l'homme sain. D'ailleurs le vaccinifere
à l'époque où il a fourni le vaccin n'offrait en aucun point du
corps de pustule d'ecthyma.
Celte épidémie ofTce un précieux enseignement : elle
montre qu'avant de déclarer syphilitiques des accidents
observés après la vaccine, il faudra dorénavant peser mûre-
ment les faits. Le diagnostic pourra rester enveloppé de
grandes obscurités, mais la temporisation jusqu'à l'époque
présumée des accidents secondaires tranchera toujours la
question.
M. Vidal. L'ecthyma est parfaitement inoculable de
l'homme malade à Ihoinmesain, comme l'ont montré les
faits de Vincenzo Tarturri et d'Ainilcare Ricordi
Dans la prochaine séance, à propos du procès-verbal,
M. Kirfa/ demandera la parole pour rapprocher de Tépi-
dém e de La Hottesous-Bois l'épidémie d Ëberfeld, qui
présente avec elle de nombreux points de comparaison.
Discussion sur la tuberculose. — M. Hardy. Les con-
clusions de la Commission sont sages et le but qu'elle
poursuit est louable, mais M. Hardy craint qu*on n'y arrive
pas par la publicité extraordinaire que l'on demande. Il
reconnaît sans difficulté que la tuberculose et particulière-
nieiit celle qui attaque le système respiratoire est conta-
gieuse et inoculable, mais il voudrait qu'on le criât moins
haut. D'ailleurs les conditions dans lesquelles se fait cette
contagion ne sont pas très nettes. Tout le monde ne peut
pas devenir tuberculeux, même en vivant au milieu des cir-
constances les plus favorables au développement de cette
maladie.
Comment devient-on tuberculeux? M. Hervieux place en
première ligne rinfluence héréditaire, puis l'affaiblissement
de Féconomie par toutes les causes dépressives: nourriture
insuffisante, habitation malsaine, mal aérée, travail exagéré,
chagrins, excès de tous genres ; mais il ne croit pas, comme
M. Lancereaux, que l'abus des boissons alcooliques soit une
des causes prédisposantes les plus fréquentes de la tubercu-
lose. Parmi les &iuses dépressives, il ne faut pas oublier de
mentionner une faiblesse native de constitution, un tem-
pérament lymphatique très prononcé et la scrofule.
Une autre strie de causes susceptibles de servir de porte
d'entrée à la tuberculose, ce sont certaines affections de
l'appareil de la respiration, la rougeole, la coqueluche
Quant aux cas de contagion de l'homme a Thomme, on
en a certainement exagéré le nombre et les faits de propa-
gation de la maladie par les aliments, par le lait, parla
chair musculaire n'ont pas été suffisamment prouvés.
La tuberculose se manifeste principalement chez des
sujets prédisposés par l'influence héréditaire ou débilités.
Il faut donc, autant mie possible, modifier le terrain; et les
maladies à la suite desquelles peut apparaître la tubercu-
lose : rougeole, bronchite, coqueluche, diabète, doivent
être Tobjet de soins très minutieux.
La Commission recommande certaines précautions visant
les aliments, l'air aspiré, les crachats, les chambres habi-
tées par les malades. Ces précautions ne sont pas toujours
pratiques.
La chair musculaire des animaux, qui sert particulière-
ment à l'alimentation, n'est généralement pas tuberculeuse.
Les organes dans lesquels siègent les tubercules ne sont
habituellement p:is mangés.
Quant aux crachats, dans les familles riches, on ne crache
fias par terre, ni sur les murs, et dans les familles pauvres,
es conseils que pourra donner l'Académie ne serviront pas
à grand'chose.
Au point de vue des malades eux-mêmes, les instructions
pratiques que l'on propose, si elles étaient mises à exécu-
tion, leur feraient croire leur maladie encore plus grave
qu'elle ne l'est en réalité. Il faut s'en remettre, pour cela,
aux soins du médecin traitant.
M. Hardy termine ainsi : « Quant aux conseils spéciaux
relatifs à la contagion d^ la tuberculose, je repousse plus
fortement encore leur publicité; au nom de l'humanité, il
m'en coûte de considérer le tuberculeux comme un paria,
dont il ne faut pas s'approcher. Si on suivait à la lettre les
conseils de certains médecins ultra-contagionnistesje crain-
drais, comme on l'a déjà si bien dit, que les maladies ne
fussent abandonnés, ou du moins qu'ils ne reçussent pas
tous les soins thérapeutiques et moraux dont ils ont besoin.
Ce sont surtout ces dernières considérations qui me don-
nent le regret de ne pouvoir voter les propositions de la
Commission, en tant qu'elles sont destinées à être adressées
au public, yt
— En comité secret, et sur le rapport de M. Cusco^
l'Acadi'mie a classé de la manière suivante les candidats
à la place déclarée vacante dans la section de médecine
opératoire : 1* M. Le Dentu; 2* M. Terrier; 3° M. Nicaise;
4« M. Périer; 5* M. Berger; ()• M. Chauvel.
780 — N* 48 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 29 Novembre 18S9
Société médicale des liApliaux.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUMONTPALLIER.
Antisepsie des organes oriDaires par la Toie interne : M. F. Drey-
fous. — Canoer de l'eatomao ohez un jeune homme de dix-huit ans :
M. Debove. — Ictère par résorption dû & la rupture de la vésicule
biliaire, hémophilie, ohez un enfant d'un mois : M. Haye m. — A
propos des hématozoaires du paludisme : M. A. Laveran.
M. Ferdinand Dreyfous fait une communicalion sur
Vantisepsie des organes urinaires faite avec le salol
administré par la voie interne. (Sera publiée.)
M. Chantemesse demande si le salol agit, dans ces cas,
en nature ou bien par le produit de sa décomposition dans
l'organisme?
M. Dreyfous rappelle que, sous Tinfluence du suc pan-
créatique, le salol se décompose dans Tinteslin en acide
salicylique et en acide phénylsulfurique. C*est sous laforme
de phénylsulfate de soude gue lacide phénique est éliminé
par les reins. Quant à l'acide salicylique, il est facile d'en
prouver la présence en versant quelques goulles de per-
chlorure dans l'urine. Le salol agit comme l'acide salicy-
lique, avec cette différence que l'acide salicylique est mal
toléré, tandis que le salol est parfaitement supporté, même
h une dose fort élevée.
— M. Debove communique une observation de cancer de
l'estomac survenue chez un jeune homme de dix-huil ans.
11 y a deux mois, au cours d'une très bonne santé appa-
rente, survint subitement une hématémèse abondante, et le
malade rendit environ deux litres de sang. A l'Hôtel-Dieu,
on diagnostiqua à cette époque un ulcère de l'estomac et
Ton ordonna le régime lacté, qui parut faire merveille, car
au bout d'un mois le malade sortit en apparence guéri. Un
mois plus tard survint une nouvelle hématémèse, pour
laquelle ce jeune homme entra dans le service de M. Debove
à l'hôpital Ândral. On diagnostiqua de nouveau un ulcère
de l'estomac. Les vomissements de sang se répétèrent, une
anémie grave s'ensuivit, une ascite considérable se déve-
loppa et le malade mourut subitement dans une syncope.
A l'autopsie, on trouva une dizaine de litres de liquide dans
le péritoine et du sang dans l'estomac et dans les intestins.
Un cancer ulcéré, étalé en nappe et large environ comme
la main, siégeait sur la petite courbure de l'estomac, tout
près du pylore, sans intéresser cet orifice.
Cette observation est intéressante en raison du jeune âge
du sujet, en raison de la marche aiguë de la maladie, et
enfin en raison de l'ascite très abondante présentée par le
malade. La pathogénie de cette ascite est assez obscure. ,
Des ganglions cancéreux allant de la tumeur au hile du
foie ont bien été constatés à l'autopsie, mais ces ganglions
n'étaient pas assez volumineux pour comprimer la veine
porte et produire une ascite aussi rapide. M. Bard (de
Lyon) et un de ses élèves ont fait cette année une étude du
cancer de l'estomac chez les jeunes sujets, et ils ont montré
que, dans ces conditions, la marche de la maladie était
presque toujours aiguë.
M. Renaut demande à H. Debove si son malade avait des
antécédents cancéreux héréditaires ou s'il était arthritique.
M. Debove répond que les parents sont encore vivants et
très bien portants. Quant à l'arthritismc, on a tellement
étendu son rôle, qu'il ne sait où ses manifestations com-
mencent et où elles s'arrêtent.
— M. Hayem communique un cAsàHctère par résorption
et d* hémophilie j dû à la rupture de la vésicule biHaire,
chez un enfant d*un mois. (Sera publié lorsque l'examen
histologique aura été^communiqué à la Société.)
M. Ollivier a vu plusieurs fois chez de très jeunes enfrrfi
un amincissement considérable des parois de la vésicu \
si bien qu*une perforation semblait prête à se faire. Depi i
longtemps on a signalé cet amincissement et ces perfori*
lions au cours de la fièvre typhoïde.
M. Hayem rappelle que son petit sujet était devenu t*it^
d'un coup ictérique, sans avoir souffert d'aucun troui-^
préalable.
M. Labhé insiste sur la rareté des cas de rupture de .1
vésicule biliaire et sur leur terminaison ordinaire par pé.v
tonite suraiguê.
}^.Sevestre soutient que, chez le nouveau-né âgé de qije>
ques jours seulement, l'ictère est très fréquent; tandis qb-^
chez Tenfant âgé de plusieurs mois il est au contraire fo::
rare.
M. Chantemesse rappelle qu'expérimentalement on p^al
injecter dans le péritoine des animaux une bile aseptiqu<-.
M. Féréol insiste sur ce fait que l'intéressante communi-
cation de M. Hayem montre, contrairement aux idées con-
rantes en clinique, que la pénétration de la bile datb It
péritoine peut ne pas donner lieu à une péritonite surai^'u^.
— M. A. LaveraUj en offrant à la Société son travaii sur
les hématozoaires du paludisme^ publié récemment dan>
les Archives de médecine expérimentale^ rappelle que It-^
rechercbesde Marchiafava et Celliontétéde plusieurs annét^^
postérieures aux siennes, dont elles ont été simplement
confirmatives. Il est donc surprenant que leurs audacieust'>
réclamations aient pu tromper quelqu'un.
Fernand Widal.
Soelété de ehlrarf^e.
SÉANGBS DU 14 ET DU 21 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDEXCE
DE M. LE DENTU.
Disoussion sur le lymphadènome : MU. Reolus. Prengrueber. Ouèno
Routier. Vemeuil, Terrier, Trèlat. Berger. Riunbert. — HysU-
ropexie sans laparotomie : M. Aesaky. — Plaie de l'estomac, lapa-
rotomie, suture: M. Jalaguier (Discussion: MM. Reclus. Cham-
pionnière, Kirmisson, au6nu).
H. Reclus communique six observations de lymphadénomt
traité par Tarséniate de soude à l'intérieur et en injt c-
lions interstitielles (voy. Gazette^ n« 47, p. 753).
M. Prengrueber a traité de cette manière trois malade:>.
qui d'abord ont semblé guéris. Mais l'un d'eux, après avoir
eu plusieurs récidives lorsque l'arsenic était suspendu, si
fini par succomber cachectique. Les deux autres n'ont pas
été suivis après résorption de leur tumeur ganglionnairo.
Un quatrième malade, en apparence identique aux prôrr-
dents, n'a été aucunement amélioré; peut-être même s<iu
état s'est-il aggravé.
M. Quènu pense qu'en tout cela nos connaissances
diagnostiques sont encore trop imparfaites pour que nou^
soyons autorisés à conclure. 11 est probable que dans U
lymphadènome on englobe des lésions diverses. Ni>u>
sommes même encore bien peu avancés en anatomie patho-
logique: nous ne savons pas ce que sont les variétés de>
hypertrophies ganglionnaires. Histologiquement, on peut
presque dire que l'hypertrophie des amygdales est un Ivfn-
phadénome, et cependant sa bénignité est extrême.
M. Routier Si recueilli une observation intéressante pour
le diagnostic. Un malade avait au cou, aux aisselles, au\
aines, des ganglions hypertrophiés; il était leucocythérniqu».
Le lymphadènome fut diagnostiqué, mais le traitemon:
arsenical fut nuisible ; or il s'agissait de tuberculose e'.
après plusieurs interventions chirurgicales, le malade
guérit. M. Routier croit qu'en général il ne faut pas opéri^r
29 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 48 - 781
le lymphadénome ; il a cependant enlevé, après échec de
Tarsenic^ une tumeur qui comprimait la trachée et il a dû
laisser en place un prolongement qui s'enfonçait dans le
thorax. Le sujet, enfant de neuf ans, a eu deux ans de
survie.
M. Verneuil constate que la question n'est guère plus
avancée qu'il y a une quinzaine d'années, époque à laquelle
elle a déjà été discutée par la Société. C'est que toujours
Tanatomie pathologique est douteuse. Le diagnostic reste
non moins douteux. Dès lors il est impossible d'accorder à
M. Reclus, qu'il faille de parlî pris, proscrire le bistouri.
Tous les opérés ne meurent pas, en effet, et M. Verneuil a
communiqué à H. Bergeron, pour sa thèse d'agrégation,
l'observation d'un malade qui est mort de pneumonie six
ans après l'extirpation d'une tumeur énorme : celle d'un
autre qu'il a rencontré bien portant plusieurs années après.
Il faut aussi tenir compte des lymphadénomes bénins,
(letites tumeurs que M. Verneuil a décrites en 1853 et sur
esquelles M. Ricard vient d'attirer l'attention du Congrès
(le chirurgie. Or le diagnostic de ces diverses variétés est
bien délicat, sinon impossible : c'est à l'étude anatomîque
et pathologique qu'il faut s'atteler, la question thérapeu-
tique n'est pas encore mûre. Au demeurant, M. Verneuil
est partisan de l'arsenic, dont les effets sont parfois incon-
testables.
M. Terrier tient de M. Cornil que le diagnostic anato-
mique entre Thyperlrophie simple et le lymphadénome est
pour le moment impossible. En clinique, c'est donc bien
pis encore. Aussi est-il indispensable d'enlever à ces malades
un ou deux ganglions, de pratiquer avec le plus grand soin
l'examen histologique et bactériologique. Alors seulement
on aura une base scientifique; mais actuellement nous
n'avons pas fait un pas depuis la thèse de Bergeron. On
appelle lymphadénome tout ganglion volumineux dont on
ignore la nature: voilà pourquoi tous les traitements donnent
des résultats si variables. L'arsenic est sans doute bon, mais
M. Terrier désire affirmer que si les injections causent des
abcès, c'est qu'elles ne sont pas aseptiques; M. Terrier, lui
aussi, a fait des injections au naphtol, à Tiocloforme. Il a eu
un abcès, et cette fois l'injection avait été faite par l'externe
du service. D'autre part, Tinjection qui fait suppurer est un
trauma plus sérieux que l'énucléation d'un petit ganglion.
Voilà pourquoi M. Terrier conseille cette biopsie, qu'il a
pratiquée plusieurs fois sans donner au néoplasme le
moindre coup de fouet. II pense même qu'on est en présence
d'une infection qui gagne de ganglion en ganglion, aussi
faut-il enlever aussi vile que possible tout ganglion suspect.
Il ajoute qu'il a enlevé il y a trois ans avec M. Terrillon un
lymphadénome tesliculaire qui n'a pas encore récidivé.
L*examen histologique a été fuit au Collège de France.
M. Trélat pense comme MM. Quénu, Verneuil, Terrier.
Il connaît les hypertrophies simples dont parle M. Verneuil,
affection rare (et dans une longue pratique M. Verneuil n'en
a recueilli que cinq observations), surtout si on la distingue
bien de certaines tuberculoses torpides sur lesquelles insiste
M. Trélat. Pour les lymphadénomes proprement dits, il en
est de bénins et de malins, sans qu'on puisse le dire à
l'avance. Il faut donc enlever les tumeurs enlevables ; pour
les autres, le traitement arsenical est sans contredit quel-
quefois favorable. L'ablation précoce conseillée par
M. Terrier est peut-être excellente, mais elle ne semble pas
avoir encore été pratiquée. Ou ne voit guère les malades
que lorsque les tumeurs sont déjà bien volumineuses.
M. Berger pense que le diagnostic est facile. Il a eu à se
louer du traitement arsenical sur six ou sept malades, il a
obtenu quatre améliorations manifestes, dont au moins
deux guérisons complètes; deux ou trois autres cas ont été
des échecs complets. Mais M. Berger ajoute qu'il a vu mourir
tous les malades qu'on a opérés devant lui.
M. Humbert se refuse à proscrire entièrement le bistouri.
Il a publié l'histoire d'un malade qui eut, il est vrai, trois
récidives, mais qui vécut de la sorte pendant une dizaine
d'années. Il conseillerait absolument l'extirpation de la
petite masse ganglionnaire qui subsiste chez un des malades
de M. Reclus. Il pense, malgré M. Berger, que le diagnostic
est très souvent fort obscur.
M. Lucas-Championnière a été étonné des résultats
remarquables fournis par l'arsenic, dont il se sert depuis
longtemps. Mais il ne faut pas trop croire à la guérison, et
l'on voit succomber à la généralisation des malades chez
lesquels la tumeur primitive avait fondu comme par enchan-
tement.
M. Reclus reconnaît que le diagnostic est difficile pour
les petites tumeurs : hypertrophie simple, tuberculose,
lymphadénome. Mais là on est d'accord pour la thérapeu-
tique; il fiiut enlever. Pour les grosses tumeurs, il maintient
Sue cet ensemble clinique n'appartient guère qu'au lympha-
énome. Mais ce lymphadénome est-il bénin ou malin? Ici
nous sommes dans l'ignorance, d'autant mieux (et l'un des
faits de M. Reclus en est un exemple) qu'une tumeur volu-
mineuse, mais ancienne et stationnaire, peut subir brus-
quement une évolution maligne. Or, pour les grosses
tumeurs, il croyait que l'abstention était prêcbée par tous
les chirurgiens; il constate que la plupart sont plus hardis
qu'il ne le pensait ; peut-être même esl-il ébranlé dans ses
convictions et va-t-il consentir à débarrasser du noyau per-
sistant le malade de sa troisième observation.
— M. Jalaguier publie une observation de laparotomie
pour plaie pénétrante de l'abdomen par balle de revolver,
sur une femme qui avait tenté de se suicider. La plaie
siégeait à 9 centimètres au-dessus et 4 centimètres à gauche
de l'ombilic. Pas de nausées, pas de vomissements; pas de
signes d'hémorrhagie. Mais il y avait une sonorité exagérée,
probablement due à l'issue de gaz dans le péritoine. Lapa-
rotomie deux heures après l'accident; épanchement sanguin
abondant par plaie de la coronaire stomachique (qui fut
liée), large plaie béante de la petite courbure; suture de
l'estomac, guérison. L'hémorrhagie, à défaut de la perfo-
ration, eût été incontestablement mortelle si la laparotomie
n'eût pas é é pratiquée.
M. Reclus désire faire remarquer que pour lui, relati*
vement abstentionniste, l'hémorrhagie est une indication à
agir; que d'autre part c'était une plaie de Testomac et que
M. Jalaguier n'a pas eu à manipuler longuement l'intestin.
MM. Championnière et Kirmisson constatent que les
opinions de M. Reclus se modifient, car il a dit naguère :
gardez-vous de toucher aux plaies de l'estomac, et aujour-
d'hui il dit que M. Jalaguier a bien fait d'agir parce qu'il
s'agissait de l'estomac. D'autre part, dans l'espèce, il n'y
avait aucun signe d'hémorrhagie.
M. Reclus répond qu'il y avait un signe certain de plaie
du tube digestif: le météorisme péritonéal.
M. Quénu s'est abstenu dans un cas où il n'y avait aucun
signe de perforation. Au quinzième jour, des accidents
mortels ont éclaté.
— M. Assaky |)ropose de pratiquer Vhystéropexie sans
laparotomie, en prenant dans une aiguille courbe l'utérus
appliqué par la pesanteur au-dessus, du pubis, le bassin
étant surélevé et renversé, dans la position préconisée par
Trendelenburg pour la taille hypogastrique. Mais dans
l'opération de M. Assaky une anse intestinale interposée a
été reconnue par la percussion et il a fallu, pour l'écarter,
recommencer la manœuvre. Aussi MM. Pozzi et Terrier
s'élèvenl-ils contre cette méthode, qui d'ailleurs n'est pas
nouvelle, ainsi qu'il appert de la thèse de Dumoret.
A. Broca.
782 — N- 48 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 29 Novembbe 1889
floelété de blolog^lc.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Développement de la rate chez les Bèlaolens : M. Lagueaae. — Con-
tribution A l'étude des propriétés épileptogénes de l'essence de
romarin : BU. Gadéac et Meunier — A propos d'une communica-
tion de M. TarchanofI sur l'albumine de l'œuf de certains oiseaux:
M. Lataste. — Étude opbthalmoscopique du fond de l'œil dans
l'hsrpnose : MM Luyset Bacohi. — Appareil central de l'olfaction:
M. Trolard. — PhyBiologie et patbologle de la glande et des pro-
cès oilialres : M. Nicati — Pbysiologie des tubercules quadri-
Jumea x : M. Lahorde. — Écbouement de deux cétacés sur la côte
de France : M Beauregard (Discussion : M. Duclaux). — Dévelop-
pement du microbe pathogène dans du sérum provenant d'ani-
maux normaux, malades et vaccinés : MM. Charrin et Roger
(Discussion : BIM. Riohet, Duclaux. Chauveau).
Vi. Lagun$e a reconnu que le réticulum de la rate de
Sélaciens qu'on a pris pour un réseau de tissu conjonclif
lamineux en différait par l'absence de matière coila^ène.
En suivant le développement de ce tissu il a vu qu'il était
à l'origine constitué par des cellules à larges prolongements
anastomosés où le corps de la cellule diminue et le noyau
disparaît pendant le développement.
— MM. Luys et Bncchi ont constaté pendant les diverses
phases de l'hypnose un étathyperhémique de la rétine. L»?s
variations entre les diverses phases ne portent que sur l'état
de la papille.
— M. Laborde a répété sur les tubercules quadriju-
meaux les expériences classiques de Flourens, Langeais et
Vulpian dont les résultats viennent d'élre tout n'oemment
niés en Allemagne par Knoll et par Gudden. Par des exci-
tations mécani(|ues au moyen d*une mèche de vilebrequin
à trépan dont on vérifie le siège après autopsie, ou par
excilalion mécanique |iortée directement sur les tubercules
après qu'on a enlevé au moyen d'un filet d'euu tiède la sub-
stance cérébrale interposée, ce qui peut se faire sans pio-
voi|uer d'hémorrhagie, M. Laborde a reconnu que la sub-
stance cérébrale du tubercule était inexcitable, que la
substance blanche sous-jacente était excitable et que les
phénomènes auxquels celte excitation donnait naissance
pouvaient être rapportés aux filets pédonculaires (mouve-
ment de rotation en manège), à des filels du moteur ocu-
laire commun (mouvement du globe oculaire), aux tuber-
cules quadrijumeaux eux-mêmes (resserrement de la
pupille). Ce dernier phénomène est véritablement propre
aux tubercules. Il se manifeste encore après l'abhition des
corps opto-striés, et disparait par ablation des tubercules.
Le phénomène est croisé, mais unpartaitement, tandis qu'il
l'est absolument ch»z les poissons. Ces phénomènes sont
tellement nets, qu'on a peine à croire les observateurs alle-
mands qui disent avoir répété ces expériences sans aucun
résultat.
— M. Beauregard a pu prendre les mamelles, les pièces
génitales et l'appareil autiilif d'un Baleinoptera muscuius
femrlle échoué vivant sur les côtes de France, entre Pauil-
lac et Royan. Il remarque que le mois de novembre se si-
gnale toujours par des faits de ce genre. A une question de
M. Duclaux sur les causes de ces échouements, M. Beaure-
gard croit devoir les rapporter à des migrations, bien que
les baleines de cette .espèce habitent d'ordinaire les eaux
Trançaises.
— MM. Charrin ei Boger présentent des cultures du
bacille pyocyanique dans du sérum provenant d'animaux
normaux et d'animaux dont la résistance à la maladie pyo-
cyanique a été augmentée par des inoculations répélées.Le
bacille se développe mal dans le sérum des animaux à ré-
sistance augmentée, il a une (orme grêle et se présente en
chaînes analogues à celles que M. Guignard a observées
dan.^ les cultures contenant de faibles doses d'anlisepliqut*.
Ces mauvaises conditions de développement se rciroaver
pour les streptocoques.
M. Bichel rapproche ces faits d'un certain nombre qu :
a eu l'occasion d'observer en opérant la transfusion du san;
de chien dans le péritoine de lapins. A la même dose le saii;
était toxique ou non suivant les individus dont il provenait
FiU outre un staphylocoque pathogène, qui fait ordinairement
périr les lapins en vingt-quatre ou trente-six heures, étal!
devenu inpfTensif pour des lapins qui avaient reçu dans k
péritoine 50 grammes de sang provenant de chiens ayant en
des abcès.
M. Duclaux ne pense pas qu'on puisse, au moyen de i't>
faits, donner une explication de l'immunité.
M. Chameau, sans être d'un avis contraire, pense qu'en
raison de leur importance et de la constance avec laquelle
ils se reproduisent, ces faits constituent un premier pa<
très important vers la connaissance des causes de i'im-
munilé.
REVUE DES JOURNAUX
THERAPEUTIQUE.
Da tri»lt€if4 île P«Bèse pmr le kamae ila Pére«, par
M. le docteur W. Ebstein. — L*auteur rapporte des faits obser-
vés par M. Hosenbach, qui fait usage du procédé sairani pour
combattre Tozèue. Chaque jour il enduit la muqueuse des fo^>*->
nasales et les narines avec le baume du Pérou, au moyen d'un
lampon d'ouate imbibé d'une solution de ce luédicamenl. Il a
obtenu, parait-il, la désodorisation rapide dans des cas où on
avait inutilement fait usage des antiseptiques les plus diver^,
(Deut. med, Woch,, n° 6, 1889.)
Du CraMemrBt iln typbaa ahdomlBal par le* lavraieal»
de lanin, par M. le docteur Backhaus. — C'est en s^io^pirani
du traitement du choléra recommandé récemment par Canlani
qu'on a été conduit à essayer cette médication antiseptique «m
germicide. Pour M. Backhans Tobstacle de la valvule de Hauhiu
nVmpéche point la pénétrHlion de ces lavements, et pour h*
prouver, il invoque Toptnion de Cantani et discute les expérîemv>
de Moster sur les cadavres. Il recommande d'administrer l<>^
lavements au malade placé dans la position à genoux plutôt qm-
dans le décubitus latéral, et de pratiquer Finjcction doucement
et sans excès de pression pour éviter une distension trop rapide
de rinteslin.
l.e tanin ainsi administré diminue labondance de la diar-
rhée, exerce une action topique sur les lésions de la muqueuse
intestinale et modifie la nature septique des sécrétions. Dau^
cinq cas, il a vu les troubles nerveux s'atténuer. Par contre, t<-
tanin moditie peu ta température. Il ajoute cependa tque cetî'
méthode offre le grand avantage de diminuer les dangers a'ii>-
fection et peut-être aussi, en régularisant les selles, de mieux
désinfecter ces dernières et de prévenir la contagion. {De^t.
med. Wochcnsy 1889, n" 29.)
Wur une bJidIene loxlqn**; rilllcluni |i«r%illeraBi, par M. )<
docteur Et. Barhal. — Les fruits de ce végétal resseuiMent j
ceux de Tanis êioilé et depuis quelques années, en Anglelern
et en Allemagne, ont servi à falsifier les fruits de badiane o»
anis étoile ordinaire.
M. Barrai a étudié les effets de la décoction et de Textrait dt>
fruits dlUicium parviftontm et a constaté que ces fruits coii>
tiennent un principe toxique provoquant chez les chiens desTo>
missements, de Tinsensibilité, de la paralysie du train post«^
rieur, des convulsions toniques et cloniques et finalement l.\
mort sans diminution de la température.
Il a constaté de plus que le principe vénéneux qui exist'*
â9 Novembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 48 — 783
(in us les carpelles est surtout contenu dans l amande. (î'cst,
Hjoule-l-il, probablement un glucoside differenl de la shikinine
retirée de VlUkium reltgiosum par Eykmann. Ces e.\p<Tiences
intéressantes expliquent les accidents observés après l'adminis-
tration de préparations de badiane falsifiée. {La Province méd,y
28 août 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
E.«a scnsAtioM interaca, par M. H. Beaunis, professeur
de physiologie à la Faculté de médecine de Mancy, diree^
teur du laboratoire de psychologie physiologique à la
Sorbonne (Haute>-Études). 1 vol in-8'' de la Bibliothèque
scientifique internationale. Paris, 1889. Félix Alcan.
Condillac, dans son Traité dès sensations (1754), îma-
£^ine une statue « organisée intérieurement comme nous, et
animée d'un esprit privé de toule espèce d'idées », à laquelle
il donne successivement Tusage des différents sens externes,
afin d'étudier dans quelle mesure chacun d'eux contribue
aux connaissances de notre entendement. Cette statue,
quelque bien douée qu'elle soit, nous parait aujourd'hui
une monstruosité, son auteur Tayant dépourvue de sen.^a-
fions internes. De l'existence de celles-ci, l'école psycholo-
gique du siècle dernier ne semblait même pas se douter. Ce
sera l'éternel honneur de Cabanis d'avoir complété sur ee
point important l'élude de la nature humaine. < La ques-
tion nouvelle qui se présente, écrit-il dans le deuxième
mémoire de son grand ouvrage, est de savoir s'il est vrai,
comme Tontétabli Condillac et quelques autres, que les idées
et les déterminations morales se forment toutes et dépen
dent uni()uement de ce qu'ils appellent sensations ; si par
conséquent, suivant la phrase reçue, toutes nos idées nnus
viennent des sens, et par les objets extérieurs ; ou si les
impressions internes contribuent également à la reproduc-
tion des déterminations morales et des idées, suivant cer-
taines lois, dont l'élude de l'homme sain et malade peut
nous Taise remarquer la constance : et, dans le cas de
l'affirmative, si des observations particulièrement dirigées
vers ce point de vue nouveau, pourraient nous mettre faci-
lement en étal de reconnaître encore ici les lois de la nature,
et de les exposer avec exactitude et évidence. »
La physiologie et la pathologie ont donné raison à ces
principes de l'autenr des Rapforts du physique et du
moral de Vhomme ; elles ont suivi la voie qui leur était
indiquée et étudié scientifiquement ces < impressions in-
ternes » et leur influence sur nos idées et nos détermina-
tions. Les nombreux faits et expériences que la science a
déjà accumulés sur le sujet méritaient d'être réunis dans
un travail d'ensemble. C'est la tâche que s'est imposée
M. le professeur Beaunis, et il y a pleinement réussi. A la
fols physiologiste et psychologue, en même temps qu'habile
expérimentateur et critique avisé, il ne s'est pas contenté de
rapporter les faits connus, mais il les a contrôlés avec soin ;
il a de plus enrichi son sujet d'expériences nouvelles et
donné ainsi à son livre un caractère d'originalité.
M. Beaunis groupe les nombreuses sensations internes
en huit classes : dans la première trouvent place, sous le
nom de sensibilité organique, les sensations qui dérivent
des organes et des tissus pris individuellement à Texclusion
des organes des sens spéciaux, sensations qui peuvent du
reste être spontanées ou provoquées. La deuxième comprend
les besoins. (\p\ peuvent se diviser en besoins d'activité
(besoins d'activité musculaire et psychique, faim, soif,
besoin sexuel, etc.) et en besoins d'inaction (besoins de
sommeil et de repus). Dans la troisième classe rentrent les
sensations fonctionnelles correspondant à l'exercice des
diverses fonctions : ce sont le sens musculaire, les sensations
digestives, respiratoires, circulatoires, glandulaires et
sexuelles. Le quatrième groupe renferme l'ensemble sensitif
désigné en général sous le nom de cénesthésie ou sentiment
de l'existence. Le cin(|uième comprend les sensations émo-
tionnelles, c*est-à-dire les sensations qui accompagnent les
émotions. Dans le sixième, l'auteur fait entrer un certain
nombre de sensations d'un caractère spécial et de nature
indéterminée, comme le sens de l'orientation, les sens
magnétique et météorologique, etc. Les deux derniers
groupes, enfin, renferment l'un les sensations doulou-
reuses et l'autre les sensations de plaisir.
L'analyse est, comme on voit, poussée aussi loin que
possible, et nous ne croyons pas que dans l'étal actuel de la
science, il y ait quoi que ce soit à y ajouter. Cequi importe,
c'est que la description justifie les distinctions établies, et,
à ce point de vue, il n'y a qu'à louer. li est impossible d'ana-
lyser chaque chapitre l'un après l'autre ; il en est cepen-
dant quelques-uns sur lesquels nous devons tout particuliè-
rement appeler l'attention.
Ce sont surtout les huit chapitres consacrés à l'élude des
sensations musculaires, qui doivent être considérés comme
les plus étudiés du livre. Après avoir décrit ces sensations
au point de vue physiologique, l'auteur analyse avec soin
les notions qu'elles nous fournissent, et ces notions, on le
sait, sont nombreuses: résistance, étendue, espace, distan'^c,
direction, position, mouvement. La question de la persis-
t|Lnce des sensations musculaires appelle ensuite son atten-
tion, et le conduit à dire quelques muls, peut-être un peu
courts, sur les images motrices. Nous ferons la même cri-
tique pour ce qui concerne la pathologie du sens muscu-
laire: quatre pages sur les troubles et les illusions de cette
sensibilité paraîtront insuffisantes, et cependant que de faits
intéressants l'observation clinique des aliénés fournit sur
ce point intéressant!
Le plaisir et la douleur semblent avoir été jusqu'ici des
sujVls réservés à la psychologie ; il était intéressant de les
voir traités par un physiologiste. M. Beaunis a résolument
abordé ces délicates que^^tions en médecin, et elles y gagnent
en clarté. Toute forme et variété de douleur est décrite à
laide d'exemples tirés de la pathologie, et on assiste ainsi
au spectacle des maux sans nombre auxquels notre orga-
nisme peut être en proie. Ces maux, quelque nombreux
qu'ils soient, peuvent être classés, et notre auteur en dis-
tingue quatre genres: les douleuis mécaniques, les dou-
leurs thermiques, les malaises et les douleurs spéciales.
Quant à la douleur moraL^, elle ne présente pas, avec la
douleur physique, cette différence de nature généralement
admise ; ces doux douleurs ne sont en réalité que « les deux
branches d'un même tronc, les deux espèces d'un même
genre >. Cependant, il faut reconnaître qu'il existe des
caractères qui les distinguent l'une de l'autre. Et d'abord,
la cause diffère en général : celle de la douleur morale est
une émotion, une idée, un souvenir; celle de la' douleur
pliysique est une altération de l'activité nerveuse par une
cause extérieure et organique. Autre différence : dans la
douleur physique, l'élément physit|ue précède l'élément
moral; dnns la douleur morale, 1 élément moral est pri-
mitif et l'élément physique consécutif. Enfin, dans la plu-
part des cas, les douleurs morales sont plus persisliintis que
les douleurs physiques et survivent à la cause qui les pro-
duit.
Nous ne nous arrêterons pas au dernier chapitre qui
étudie le plaisir; nous croyons en avoir assez dit pour faire
ressortir l'importance de l'œuvre du professeur de Nancy;
elle tiendra une place distinguée parmi les nombreuses
publicationsinspirées par les méthodes scientifiques en hon-
neur dans la nouvelle école de psychologie physiologique.
Anl. RiTTï.
784
NM8 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 39 Novembre 1889
VARIETES
Des dispenses militaires applicables aux médecins. — Un
règlement d'administration publique vient de préciser, dans les
termes suivants, les conditions de dispenses relatifs aux méde-
cins.
Des dispenses résultant de robtention de certains diplômes
ou titres. — Sont, sur leur demande, envoyés ou maintenus
définitivement en congé dans leurs foyers, jusqu'à la date de
leur passage dans la réserve, pourvu qu'ils aient une année de
présence sous les drapeaux, les jeunes gens qui obtiennent ou
ont obtenu un des diplômes ou titres mentionnés au para-
f^raphe ^ de l'article ^3 de la loi du 15 juillet 1889, soit avant
eur incorporation, soit pendant leur présence sous les drapeaux
à titre d'appelés, soit pendant leur séjour en congé dans leurs
foyers dans les divers cas prévus par les articles 21, 22 et !23 de
ladite loi.
Les jeunes g[ens qui ont obtenu avant leur comparution
devant le conseil de revision un dé ces diplômes ou titres, doi-
vent produire au conseil les pièces officielles constatant cette
obtention.
Pour les jeunes soldats présents sous les drapeaux, l'envoi en
congé est prononcé par Tautorité militaire sur le vu des diplômes
ou pièces officielles. Pour les jeunes gens présents dans leurs
foyers avant leur incorporation ou qui y sont envoyés en congé,
la"^ dispense est également prononcée par Tautorité militaire,
après remise des pièces justificatives au commandant du bureau
de recrutement de la subdivision de région à laquelle appartieitt
le canton où ils ont concouru au tirage au sort. Dans ces deux
derniers cas, la production des pièces justificatives doit avoir
lieu dans le mois qui suit Tobtenlion des diplômes ou titres.
Des dispenses résultant des études scientifiques. — Les jeunes
ffens qui poursuivent leurs études en vue d'obtenir soit le
diplôme de docteur en médecine, de pharmacien de 1^* classe^
soit le titre d'interne des hôpitaux nommé au concours dans une
ville où il existe une Faculté de médecine, doivent, pour obte-
nir la dispense, présenter un certificat du doyen de la Faculté
ou du directeur de TEcole de pharmacie, ou de médecine et de
pharmacie à laquelle ils aopartiennent , constatant qu'ils sont
régulièrement inscrits sur les registres et que leurs inscriptions
ne sont pas périmées.
Les jeunes gens visés à l'article précédent doivent, jusqu'à
l'obtention des diplômes ou titres spécifiés audit article, produire
annuellement, jusqu'à l'âge de vingt-six ans fixé par 1 article 24
de la loi du 15 juillet 1889, un certificat établi par les doyens
des Facultés ou par les directeurs des Ecoles dont il s'agit, con-
statant qu'ils continuent à être en cours régulier d'études. Le
dit certificat doit être visé par le recteur de l'Académie.
Les rep^istres d'inscription des Facultés, Ecoles supérieures de
pharmacie. Ecoles de plein exercice et préparatoires de méde-
cine et de pharmacie, sont tenus à la disposition de l'autorité
militaire qui peut en prendre connaissance sans déplacement.
Les étudiants en médecine et eu pharmacie qui obtiennent
après concours le titre d'interne des hôpitaux dans une ville où
il existe une Faculté de médecine justifient de leur situation : à
Paris, par un certificat du directeur de 1 Assistance publique
visé par le préfet de la Seine; dans les départements, par un
certificat du maire, président de la commission administrative,
visé par le préfet.
Pour obtenir la dispense comme étudiant en vue du diplôme
de vétérinaire, les jeunes gens doivent présenter un certificat
du directeur de l'une des écoles vétérinaires d*Alfort, de Lyon
ou de Toulouse, attestant l'admission à l'Ecole. Ce certificat est
visé par le ministre; de l'agriculture. Après l'accomplissement
de leur année de service militaire, ils sont tenus de présenter
annuellement un certificat établi dans la même forme, et con-
statant leur présence continue à l'école.
Dispositions générales, — Les pièces justificatives aue les
jeunes gens doivent produire à l'appui de leur demande sont
présentées: 1^ au conseil de révision; 2^ au commandant du
nureau de recrutement, avant l'incorporation, si ces pièces n'ont
été délivrées qu'après la comparution de Tioléressé. La dispense
est prononcée, dans le premier cas, par le conseil de révision,
et, aans le second cas, par l'autorité militaire, sur le vu desdites
pièces justificatives.
Les dispensés pour études scientifiques doivent produire, du
15 septemnre au 15 octobre de chaque année, jusqu'à l'âge de
vingt-six ans, au commandant du bureau de recrutement Je u
subdivision à laquelle appartient le canton où ils ont concourt
au tirage, les certificats prévus au xdit s chapitres dans le bu:
d'établir qu'ils continuent à remplir les conditioos sous 1*^--
qnelles la dispense leur a été accordée.
L'année de service imposée aux jeunes gens dispensés fh
vertu des articles 21, 22 et 23 de la loi du 15 juillet 1889 diMi
être uniauement consacrée à l'accomplissement de leurs obli^'^
tiens militaires ; sous aucun prétexte ils ne pourront étir
détournés de ces obligations ni recevoir deâ exemptions de ser- 1
vice à l'effet de poursuivre leurs études. <
Dispositions transitoires. — Les diplômes ou titres obtenu^
avant la promulgation du présent décret (13 novembre 18X*m
procurent la dispense prévue par Tarticle 23 de la loi da
15 juillet 1889.
Le droit de réquisition des médecins. — Le tribunal corn^t-
tionnel de Rodez vient d'infirmer le jugement rendu par le tri-
bunal de simple police et par conséquent d'acquitter nos confrèrr^
de l'amende à laquelle ils avaient été condamnés. Ce jugement
qui affirme comme nous Tindépendance absolue de la professioo
médicale, ne reconnaît pas dans les circonstances qui ont motire
la réquisition, le caractère du flagrant délit. Nous avion» fut
remarquer combien étaient vagues à ce point de vue les diTer>
textes d4^1oi. ^us ne pouvons qu'applaudir à un précédent <\>u
engagera sans doute les magistrats aussi bien que les médecins
à demander la revision de la législation.
Projet de loi sur l'exercice de la médecine. — M. le docteur
Ghevandier (de la Drôme) a fait voter l'urgence sur une propo-
sition de loi qu'il a, pour la troisième fois, présentée ù la
Chambre des députés. Espérons que dans le cours de cette
législature notre dévoué confrère pourra faire voter une rétornie
complète de la législation médicale.
Mortalité a Paris (45* semaine, du 3 au 9 novemhn^
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, I /.
— Variole, 1. — Rougeoie, 17. — Scarlatine, 2. — Coque-
luche, i. — Diphthérie, croup, 16. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 22iL — Autres tuberculoses, 21. — Tumeurs:
cancéreuses. 36 ; autres, 5. — Méningite, 19. — Congé»-
tion et hemorrhagies cérébrales, 47. — Paralysie, 3. —
Ramollissement cérébral, 8.— Maladies organiques du cœur, Tct.
— Bronchite aigué, 17. — Bronchite chronique, 3t. — Broncho-
Kneumonie, 16. — Pneumonie, 48. — Gastro-entérite: sein, K^
iberon, 56. — Autres diarrhées, 2. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 8. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 20. — Sénilité, 23. — Suicides, 24. —Autres morts
violentes, 11. — Autres causes de mort, 159. — Causes
inconnues, 11. — Total: 899.
Mortalité a Paris (46* semaine, du 10 au 16 noverobr<>
1889. — Population : 2260945 habiUnts). — Fièvre typhoïde, ±i>.
— Variole, 1. — Rougeole, 10. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 4. — Diphthérie, croup, 33. — Choléra, 0, — Phthisie
pulmonaire, 179. — Autres tuberculoses, 22. — Tumeurs:
cancéreuses, 33; autres, 5. — Méningite, 22. — Conges-
tion et hemorrhagies cérébrales, 44. — Paralysie, 6. —
Ramollissement cérébral, 6. — Maladies orjganiques du cœur, iiK
— Bronchite aiguë, 29. — Bronchite chronique, 30. — Broncho-
pneumonie, 38. — Pneumonie, 39. —Gastro-entérite: sein, 8;
biberon, 58. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 6. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 28. — Sénilité, 37. — Suicides, 12. — Autres morU
violentes, 4. — Autres causes de mort, 181. — Ganses
inconnues, 6. — Total : 917.
OUVRAGES DtPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Recherchée tur Vinfluenee det eaux de Marienbad, sur la nulritton, la dij;osti<<i
ot la circulation, par M. le docteur Sigismond Dobiecewikt. Brochure in-S* tlf
63 pages. Paris, 0. Doin. t fr
De la congettion du foie, esquisse do sémétologie cUoiqua, par M. lo doctes
P. Uorot. Grand in-8» de di pages. Paris, 0. Doin. 1 fr. >
G. Masson, Propriétaire-Gérant,
31185. - MoTTBnoz. — Imprimcrioi réunie», A. rue Mignon, 3, Paris.
Trente-sixièms année
«•49
6 Décembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D^ L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACNEZ, E. BRISSAUD, G. DIEULAFOY, DREYFUS-BRISAC, FRAIÇOIS-FRANCK, A. NÉNOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullbt, M, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — Bulletin. — Clinique MioiCALB. De U curabilité de l'hëpatite
chronique alcoolique. — FORMULMRK THERAPEUTIQUE. Du traitement des tœnias
par le caloniel. la fougère mâle et la polletierine. — Revue des cours et des
CLINIQUES. Hospice de U Salpétriére : M. le professeur Gharcot. — Travaux
ORIGINAUX. Clinique chirurgicale : Pansements à la charpie stf^riliséc. — Cii*
nique médicale : L'urticaire chez les enfants (formes, pathogénte, évolution). —
Correspondance. Vaccine ulcéreose. — Sociéris savantes. Académie de
médecine. -» Société de chirurgie. — Société de biologie. — Société do théra-
peutique. ^ Revue des journaux. Travaux à consulter. — Bibliographie.
Leçons pratiquée de thérapeutique oculaire. — VARiétÉs. Faculté de médecine
de Paris, -~ Collège de France.
BULLETIN
Paris, 4 décembre 4889.
Académie de médecine: Prophyluxle de l» taberealoiic.
Ce n'est pas seulement un examen critique des instruc-
tions rédigées par la Commission de la tuberculose, c*est
une étude détaillée des modes de genèse et de transmis-
sion de la phthisie que nous apporte la discussion ouverte
devant l'Académie. Il ne faut pas nous plaindre de l'étendue
que va prendre le débat. La vérité scientifique ressortira
plus évidente après d'aussi intéressantes controverses. Et
lorsque viendra le moment de conclure, il est probable que
les savants aujourd'hui divisés sur des questions de détails
ou d'opportunité finiront par s'entendre.
De quoi s*agit-il en effet? M. Gornil l'a dit en excellents
termes et avec une précision qui ne laisse aucune obscurité.
La tuberculisation est-elle une maladie microbienne, par
conséquent transmissible d'un sujet malade à un individu
sain? De toutes celles dont le médecin peut avoir à s'oc-
cuper, cette maladie n'est-elle point la plus meurtrière? Or
s'il en est ainsi, et personne ne le conteste, la société a
donc le droit de chercher à se défendre en arrêtant, par
tous les moyens possibles, celte cause permanente d'abais-
sement et d'abâtardissement de la population.
D'autre part, M. Villemin, qui, le premier, il y a vingt
années déjà, a démontré les modes de contagion de la
tuberculose» était en droit, mieux que tout autre, de pro-
tester contre les tendances que trahissent encore certains
discours académiques. Sans nier, en aucun façon, l'in-
fluence des causes banales invoquées depuis des siècles, il
pense donc qu'il y a mieux à faire pour éviter la propagation
et le développement incessant de la phthisie que de con-
seiller aux jeunes gens d'être bien sages. Il croit et il
affirme qu'il est temps d'insister sur le danger que pré-
sentent dans les ateliers, les hôpitaux, les villas hivernales,
qui reçoivent des tuberculeux, etc., etc., la présence des
f Série, T. XXVI.
malades qui, sans aucune précaution, souillent de leurs
expectorations virulentes et les parquets et les tapis. Il
demande dès lors, avec la Commission dont il est le rap-
porteur, que Von fasse quelque chose.
Est-ce à dire pour cela que les instructions soumises a la
sanction de l'Académie devront être votées sans modifica-
tion aucune. Les membres de la Commission seront, au con-
traire, les premiers à admettre tous les amendements utiles,
lia paru évident, après avoir entendu M. Trasbot, que la pro-
hibition de vente de la viande d'animaux tuberculeux suffisait
et que la nécessité de ne faire usage que de viandes bien
cuites ne s'imposait pas. Nous avons déjà fait remarquer
nous-mêmes que, pour détruire tous les germes morbides,
la cuisson devrait porter sur des viandes préalablement
découpées en morceaux assez ténus, ce qui était presque
toujours impossible. On pourra donc amender le passage
des instructions qui a trait à Talimentation par les viandes
de boucherie.
Il en est de même du lait. Que l'on surveille les vache-
ries, que l'on condamne à Tabatage immédiat les vaches
reconnues tuberculeuses et il ne sera point nécessaire de
conseiller Tébullition préventive du lait qui doit servir à
l'alimentation des nouveau-nés. Dans les grandes villes,
dans la classe aisée surtout, le médecin pourra toujours et
dans chaque cas particulier donner à ce point de vue les
conseils nécessaires. Mais il devra, dans ce but, se persua-
der et faire comprendre autour de lui que sa surveillance et
ses conseils sont nécessaires. Combien de fois n'est-il point
arrivé que l'absence de toute mesure prophylactique a suffi
à provoquer les contaminations les plus douloureuses à
constater?
Nous ne saurions donc condamner la publicité déjà
donnée d'ailleurs depuis plusieurs mois à des instructions
qui, loin de jeter la terreur dans les familles, pourront
avoir, si on les modifie un peu, un réel avantage : celui
de montrer que la phthisie est curable et que les pré-
cautions hygiéniques conseillées auront pour efl'et non
seulement d'empêcher la propagation de la maladie,
mais encore d'assainir les milieux où séjournent les phthi-
siques. Parmi ces précautions hygiéniques, il en est
certainement qui ne sont pas applicables partout. Mais»
nous le répétons, plus on demandera à cet égard, plus, si
les médecins s'y prêtent un peu, l'on sera assuré d'obtenir
quelque chose. Nous ne croyons pas que lorsqu'on constate
pour la première fois un cas de tuberculose il convienne de
se taire. Nous pensons au contraire qu'avec un peu de tact
49
786
N-49 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Décembre 1889
et de bon sens le médecin peut dire toute la vérité, sinon au
malade, du moins à ceux qui Tentourent.
— Dans celle séance, notre savant et sympathique confrère
M. le docteur Le Dentu aété nommé à une grande majorité
membre titulaire en remplacement de H. Legouest.
CLINIQUE MÉDICALE
De la cnrabllltë de Thépatlte chronique alcoollqae.
La question de la curabilité de la cirrhose alcoolique du
foie, ou, pour employer avec H. Millard un terme plus
compréhensif, de rhépatite chronique alcoolique, n'est à
coup sûr pas absolument nouvelle, et nous verrons qu'un
certain nombre d'auteurs ont depuis longtemps relaté des
observations à l'appui, qu'ils considéraient comme des
curiosités cliniques; mais elle a trouvé, dans ces dernières
années comme un regain d'actualité à la suite des inté-
ressantes discussions soulevées à ce sujet au sein de la
Société médicale des hôpitaux, et nous la trouvons, cette
année même, à l'ordre du jour du Congrès de médecine
interne tenu à Rome au mois d octobre dernier.
Peut-être, s'il ne s'agissait en pareil cas que de la con-
statation du fait lui-même, trouverait-on qu'il n'est guère
besoin de revenir ainsi sur une proposition désormais
banale; mais, outre que le fait même n'est pas admis sans
conteste par tous, il s'y rattache une série de questions
connexes du plus haut intérêt, relatives à la pathogénie de
Tascite, à l'évolution du tissu de sclérose, à la subordina-
tion des divers symptômes de la cirrhose alcoolique, etc.
Bien que nous n'ayons pas l'intention d'exposer avec détails
ces multiples parties du sujet, du moins penspns-nous qu'il
n'est pa» sans utilité de résumer et de rapprocher dans une
vue d'ensemble les documents qui ont été produits jusqu'à
ce moment.
I
Il serait évidemment superflu de vouloir remonter jus-
qu'à Hippocrate pour découvrir quelque texte relatif à
l'histoire de la cirrhose de Laennec, et l'on se trouve dans
la nécessité de s'arrêter modestement au commencement
de ce siècle, à l'époque où l'individualité de la cirrhose
alcoolique du foie a commencé à se dégager du chaos dans
lequel elle était restée jusque-là confondue.
Peut-être Chrétien, de Montpellier {Arch. méd.y 1832),
est-il le premier qui ait publié un cas de guérison d'un ma-
lade atteint de cirrhose avérée : grâce an régime lacté
exclusif, prolongé pendant cinq mois, le retour à la santé se
soutint durant six années. Après lui, divers observateurs
signalent successivement des amendements prolongés, ou
même des arrêts définitifs, dans la production de l'ascite au
cours de l'hépatite chronique alcoolique, soit à la suite
d'une ponction, soit après une crise diarrhéique ou poly-
urique.
C'est ainsi que Monneret établit le fait en publiant une
observation, en 1852, dans les Archives de médecine; pour
lui, la dilatation des réseaux veineux superficiels joue un
grand rôle en fournissant une circulation supplémentaire.
Tout en admettant que des observations de ce genre
« doivent être considérées comme des exceptions inca-
pables de détruire la règle générale :> (la marche fatale-
ment progressive), Frerichs signale néanmoins « la dispa-
rition de l'hydropisie qu'on observe parfois pendant la vie?
lorsque les veines abdominales se sont dilatées >. Il adnaeU
d'ailleurs, plus volontiers la possibilité d'enrayer les
accidents d'hépatite chronique qui t signalent dans quelque^
cas les débuts de la dégénérescence cirrhotique >.
Murchison, dans ses Leçons cliniqties^ rapporte un ca^
de disparition de l'ascite, après quatre ponctions, chez ane
femme arrivée à une € phase avancée de cirrhose >. On
trouve encore une observation analogue de Duffiii, dans
7'he Lancety 1869, où la guérison de l'ascite a suivi l'usage
des diurétiques; une autre de Ilandfield Jones (Brit. med.
Journ.y 1871), après emploi de la digitale; enfin sept ca^
de ponctions d'ascite suivies de guérison, publiés par Ljon>,
de Dublin (B^t^ med. /oum., 1873).
L'année suivante, Leudet (de Rouen), dans sa clinique
médicale, établissait par plusieurs observations à Tappai,
que l'ascite ne se reproduit pas toujours après la ponction
chez les cirrhotiques, qu'elle disparait même parfois spon-
tanément et que, par suite, la cirrhose peut subir un temps
d'arrêt dans son évolution. A partir de cette époque, la
curabilité de certaines formes de cirrhose atrophique du
foie a fourni le sujet de quelques thèses inaugurales : ceUe
de M. Ribeton, en 1885, entreprise à l'instigation de
M. Raymond, et, en 1886, celle de M. Courtay de PradeK
inspirée par H. Hanot, dans laquelle l'auteur étudie sur-
tout la pathogénie de Tascite des cirrhotiques, et chercho
à déterminer durant quelles phases de la maladie elle e<t
susceptible de rétrocéder.
La même année, M. Troisier avait appelé l'attention de
la Société médicale des hôpitaux, dans la séance du 9 juil-
let 1886, sur un cas de cirrhose avec disparition de !*ascite
à la suite d'une abondante diurèse, et provoquait à ce pro-
pos une intéressante discussion à laquelle prirent part
MM. Moutard-Martin, Richard, Féréol, Legrand, E. Labbé,
Guyot : ils signalèrent des cas analogues, dans lesquels
l'ascite, symptomatique d'une cirrhose alcoolique plus ou
moins ancienne, avait dispani sous l'action du régime lacté.
des purgatifs drastiques, des diurétiques ou après la ponc-
tion évacuatrice. Mais la plupart du temps, il ne s'était agi
que de rémissions de durée variable, les accidents s'étaient
montrés de nouveau et la cirrhose avait continuée son évo-
lution progressive.
Dans les séances suivantes, cette discus.sion fut reprise «a
complétée par l'apport de nouveaux documents, et, dès lor»,
celte question est resiée pour ainsi dire à l'ordre du jour de
la Société, car, en janvier 1887 et en novembre 1888, elle a
servi de thème à des communications complémentaires.
Mais au simple apport d'observations cliniques vinrent alors
s'ajouter des considérations sur le côté théorique du sujet :
telle par exemple la note de M. Millard dans la séance du
23 novembre 1888, à propos de trois cirrhotiques guéris qu'il
présentait à la Société.
Ajoutons que, dans ce journal, ont été publiées {Gaz. heb,.
1880) deux observations analogues. L'une, relatée déjà par
Saucerotle père dans le Bulletin de thérapeutique de 185i,
est complétée par M. Saucerotte fils, qui a pu constater que
la guérison s'est maintenue jusqu'à la mort du malade,
c'est-à-dire pendant trente années. L'autre est due au doc-
teur Fritz, de TIsle-Adam, et montre la disparition de
l'ascite et la guérison, chez une femme cirrhotique, à la suite
de deux ponctions et d'une abondante diurèse.
Enfin, cette année même, au Congrès de médecine intenie
tenu à Rome, M. Pétrone a rnpporté un cas de disparition
de Tascite au cours d'une cirrhose et, à ce propos, MM. de
6 Décembre 1889
7 :
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HËDECIME ET DE CHIRURGIE
_ K» 49 _ 787
Renzi, Semmola, Maragliano ont pris la parole pour inter-
préter les conditions qui président à ce (ait, encore contesté,
la guérison de la cirrhose du foie.
II
Que faut-il, en effet, entendre par ces mots de guérison
de la cirrhose alcoolique? Est-il besoin, pour admettre la
guérison du malade, d'éUbViv hrestitutio ad integrum des
organes lésés et plus particulièrement du foie dans le cas
qui nous occupe? Évidemment non. Une cicatrice indélé-
bile ne saurait être exclusive de l'idée de guérison d*une
plaie, d'une fracture, d'une perte de substance, d'une
phleçmasie quelconque, si cette cicatrice n'altère en rien
la santé générale du sujet, le fonctionnement régulier de
ses organes, c Depuis quand, dit M. Millard, le terme de
guérison implique-t-il nécessairement le retour à l'état
parfait des organes lésés et la disparition de tout vestige
morbide ? f A coup sûr il n'a jamais eu celte signification,
et nous ne pensons pas que l'on soit en droit de la lui
attribuer.
Aussi ^argument, invoqué par quelques-uns, de la per-
sistance d'altérations hépatiques, se révélant par la dimi-
nution ou l'augmentation de volume de l'organe, ne nous
parait pas valable pour nier la guérison alors que l'ascite
et les troubles morbides constituant le tableau clinique de
l'hépatite chronique ont depuis longtemps disparu.
Mais, a-t-on dit, il s'agit en pareille circonstance non pas
d'une guérison, impossible à obtenir dans la cirrhose, mais
de simples rémissions, plus ou moins prolongées, qui n'em-
pêcheront pas la maladie de reprendre bientôt sa marche
fatalement progressive : les rechutes sont inévitables.
Rémission, si l'on veut, mais en tout cas rémission conso-
lante et équivalant, il nous semble, à la guérison, lors-
qu'elle se maintient pendant seize mois (Millard), dix-huit
mois (Féréol), plus de deux ans (Bucquoy), trois ans
(Th. de Françon, Troisier), jusqu'à quatre et six ans (Coyne,
Cal lias, Th. de Françon) et même durant trente années (Sau-
cerotle). D'autant que, dans la plupart de ces cas, l'observa-
tion constate que lors du dernier examen, à la date indiquée,
le malade, on pourrait dire le guéri, continuait à se bien
porter.
Les rechutes ne sauraient évidemment être contestées,
elles ne se sont que trop souvent produites, et ont parfois
permis à la nécropsie de confirmer le diagnostic porté dès
le débiïl (Guyot, Dujardin-Beaumetz); mais n'est-il pas une
rechute dont il faut tenir grand compte en pareil cas, c'est
celle qui ramène l'alcoolique à ses habitudes d'intempé-
rance. « Qui a bu boira, » et l'hépatite reprend sur nou-
veaux frais, d'autant plus facilement que le foie a été déjà
lésé et conserve quelque tare organique survivant à la gué-
rison de cette première atteinte.
C'est là, à n'en pas douter, un fadeur des plus impor-
tant dans la genèse de ces rechutes, qui viennent à la tra-
verse d'une guérison qu'on pouvait espérer définitive, et qui
semblent justifier en partie les réserves craintives et les
doutes émis par plus d'un bon esprit sur la possibilité
même de la guérison. Mais il n'en reste pas moins établi,
par un faisceau suffisant d'observations probantes, qu'un
certain nombre de malades, atteints d'hépatite alcoolique
avec ascite, voient leur épanchement disparaître et recou-
vrent une santé normale après un traitement approprié et
la cessation de leurs habitudes d'intempérance : rémission,
dirons-nous, de plusieurs mois, parfois de plusieurs années
et paraissant confiner à une guérison définitive dans quelques
cas heureux où la sévérité du régime a pu être maintenue.
N'est-ce pas, en tout cas, une constatation encourageante
qui nous oblige désormais à revenir sur cet arrêt d'incura-
bilité inexorable qu'entraînait avec lui le diagnostic de
cirrhose, et qui se trouve formulé d'une façon explicite dans
les traités classiques de pathologie et dans les plus récents
articles des grands Dictionnaires.
Mais, si le fait lui-même peut paraître suffisamment
établi, les conditions dans lesquelles il se peut produire,
soulèvent encore plus d'un problème dont la solution n'of-
frirait pas moins d'intérêt au point de vue de la pathologie
que de la thérapeutique. A quelle période l'hépatite alcoo-
lique est-elle curable ? Par quel mécanisme l'ascite dispa-
raît-elle et la guérison peut-elle être obtenue?
Si l'épanchement du liquide ascilique dans le péritoine
était la conséquence directe, comme on semble l'admettre
généralement, de la seule rétraction du tissu scléreux orga-
nisé dans le foie autour des rameaux de la veine porte qu'il
comprime par sa rétraction progressive, il serait assez dif-
ficile de comprendre que cette ascite, une fois constituée,
pût disparaître ou ne se pas reproduire après l'évacua-
tion par la ponction abdominale. Le tissu scléreux qui
caractérise les phases avancées de la cirrhose de Laennec
n'est pas susceptible de rétrocéder, c'est une lésion irrémé-
diable dont les effets de constriction ne peuvent fatalement
que s'accentuer. Il est vrai que la dilatation supplémentaire
du réseau veineux vient apporter un soulagement à la stase
et à la tension excessive du système porte, et nous avans vu
que Monneret et Frerichs, en particulier, accordent une
grande importance à cette circulation dérivative dans la dis-
parition de l'ascite. Mais c'est là un palliatif bien insuffisant,
semble-t-il, et de peu de durée; n'est-ce pas d'ailleurs un
phénomène presque constant, un signe pour ainsi dire
caractéristique de la cirrhose alcoolique, même dans les cas
où l'évolution, fatalement progressive, se montre la plus
régulière.
Aussi est-on conduit à penser que la pathogénie de
l'ascite dans la cirrhose est plus complexe, et que d'autres
facteurs entrent enjeu pour la produire. La ligature expé-
rimentale d'une veine, convenablement isolée, n'amène
pas, on le sait, l'œdème du territoire correspondant s'il ne
s'y joint des phénomènes inflammatoires ou des troubles
trophiques de causes diverses. Il semble en être de même
pour l'ascite, et la ligature réalisée dans le foie sur la
veine porte par les anneaux de sclérose ne parait pas pou-
voir être seule incriminée.
Les phénomènes inflammatoires doivent entrer en ligne
de compte : c'est ainsi que, soit la périphlébite des ramus-
cules d'origine de la veine porte, invoquée par MM. Dieu-
lafoy et Giraudeau, soit, dans d'autres cas, des lésions de
périhépatite ou de péritonite, peuvent expliquer l'apparition
de l'ascite chez des cirrhotiques encore au début, alors que
l'obstacle mécanique au niveau du foie est absolument in-
suffisant pour rendre compte de sa production. L'impor-
tance du processus péritonitique a été également bien mise
en lumière par M. Leudet, qui le rattache directement aux
phlegmasies gastro-intestinales de l'alcoolisme, et aussi
par M. Letulle, qui a entretenu la Société des hôpitaux de
cette forme intéressante d'hydro-péritonite subaiguê et
curable. Telles sont encore les conclusions auxquelles
arrive M. Courlay de Pradel dans sa thèse déjà citée. C'est
également ce que tendent à démontrer deux observations
788 — N* 49
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Décembre 1889
que nous a communiquées notre excellent maître, M. Potain,
et dans lesquelles Tascite serait brusquement apparue chez
deux cirrhotiques, indemnes jusque-là d*épanchement, à la
suite d'un traumatisme abdominal pour le premier, et d'un
refroidissement intense portant sur le ventre chez le
second.
Peut-être pourraît-on trouver un argument de plus en
faveur de cette origine d'un épanchemenl liquide inflam-
matoire (Letulle) au cours de la cirrhose, dans l'observation
que nous avons recueillie cette année même à la Maison
Dubois pendant que nous avions l'honneur de remplacer
M. Lécorché. Il s'agit d'une jeune femme alcoolique, atteinte
d'une cirrhose remontant à neuf mois environ, et qui entra
à l'hôpital, au mois d'août dernier, avec un épanchcment
ascitique considérable ayant déjà nécessité chez elle une
ponction. Nous assistâmes à la disparition progressive et
complète de l'ascite sous l'influence du régime lacté, des
purgatifs et des diurétiques, et nous avons pu constater que
la courbe de température, soigneusement établie chaque
jour, s'abaissait progressivement et parallèlement à la dimi-
nution de l'épanchement. Il semble que la disparition gra-
duelle du mouvement fébrile accompagnant chez elle l'évo-
lution de l'hépatite alcoolique (38%8-39%4) et celle de
l'épanchement abdominal aient été deux phénomènes con-
nexes, et que la cessation des phénomènes inflammatoires
ait eu pour conséquence l'assèchement progressif de la
séreuse périlonéale.
On voit donc que la sclérose hépatique et l'ascite ne
représentent pas les deux termes inévitables d'une équa-
tion, et Ton sait d'ailleurs que la sclérose type du foie a été
constatée à l'autopsie par Lécorché, Rendu, etc., en
l'absence de toute trace d'épanchemeut péritonéal. Il en
résulte que la formation de l'ascite peut coexister avec les
premières phases de l'hépatite alcoolique, c'est-à-dire avec
des lésions hépatiques non encore fatalement irrémédiables,
alors même que -les premiers accidents remontent à une
date déjà éloignée. C'est cette phase que M. Millard a très
heureusement désignée du nom de préscléreuse. Elle serait
caractérisée, en ce qui concerne la lésion hépatique, sui-
vant MM. Troisier et Millard, par la prolifération plus ou
moins active des cellules embryonnaires, susceptibles sans
doute de subir un processus de résolution au lieu d'évoluer
nécessairement vers l'organisation conjonctive.
On conçoit, dès lors, aisément la possibilité de la gué-
rison observée dans ces cas : la disparition des processus
irritatifs portes ou péritonéaux, causes directes de l'ascite,
permet à celle-ci de rétrocéder et de ne plus se reproduire,
tandis que le foie, non encore infiltré du tissu scléreux, au
moins en proportion notable, tout en conservant à coup sûr
quelques traces des lésions dont il a été le siège, demeu-
rera néanmoins dans un état d'intégrité relative, compa-
tible avec une santé fort acceptable.
Ce qui vient encore confirmer cette manière devoir, c'est
la constatation, faite par presque tous les observateurs qui
ontsignalédes cas de guérisonde l'hépatite alcoolique, de
l'augmentation de volume du foie. Cette hypermégalie hé-
patique n'est pas pour surprendre, car elle a été indiquée
de tout temps dans les premières phases de la cirrhose, mais
elle seraitméme plus fréquente qu'on ne le pense générale-
ment, puisque le docteur Formad (de Philadelphie) sur
deux cent cinquante cinq autopsies d'ivrognes n'aurait
trouvé que six cas de foie atrophié. La même opinion a été
soutenue par Anstie, Wilson et Osier; enfin chez les ma-
lades de MM. Troisier, Millard, Coyne, CalHas, Joffroy, etc..
et chez la jeune femme que nous avons pu suivre Técern-
ment, le foie était manifestement augmenté de volume.
Dans quelques observations, il est vrai, la diminution du
foie est signalée, mais c'est précisément dans plusieurs dt:
ces cas que l'on voit la rémission n'être que de courte du-
rée (Legroux, Letulle); ces faits du reste ne pourraient
qu'être plus démonstratifs encore en prouvant que, même
avec un certain degré de sclérose et d'atrophie hépatique,
les accidents et l'épanchement ascitique sont susceptible*
de disparaître pendant un temps plus ou moins long.
D'ailleurs, sans vouloir insister davantage, nous rappel-
lerons que la pathologie hépatique tend à subir d'impor-
tantes modifications depuis quelques années, et que la divi-
sion classique en cirrhose atrophique et cirrhose hyperlrcv-
phique peut aujourd'hui paraître un peu bien schématique
et par trop absolue. Il faut savoir tenir compte des formes
intermédiaires : elles sont à l'étude et nous réservent sa//.<
doute, lorsqu'elles seront mieux connues, de précieux ensei-
gnements pour l'interprétation des faits cliniques.
III
Arrivé au terme de cette revue, nous ne voulons en déga-
ger qu'une conclusion : c'est que, dans un certain nombre
de cas, l'hépatite alcoolique chronique, accompagnée
d'ascite, est susceptible de rémissions prolongées et même
de guérisons, qui viennent contredire l'assertion classique
d'une marche constamment progressive et toujours fatale.
Ces guérisons, momentanées ou définitives, paraissent se
produire surtout pendant les premières phases de la mala-
die, à la période que l'on pourrait nommer pr^sc/êfVtf.f^,
avec M. Millard, et qui s'accompagne fréquemment d'une
augmentation de volume du foie; elles seraient alors sans
doute un indice de lésion intrahépatique encore peu avan-
cée et de rétrocession des lésions péritonéales ou veineuses
extra-hépatiques.
Dans quelles conditions peut-on espérer un résultat aus^i
favorable, et quelles sont les indications pratiques qui en
découlent? C'est, avant tout, la suppression de la cause
productrice des accidents, la cessation absolue et persistante
des habitudes alcooliques. La sévérité du régime est indis-
pensable, non seulement pour amener la suspension des
accidents et l'arrêt dans l'évolution de la maladie, mais
aussi pour mettre le convalescent à l'abri des rechutes qui
ne manqueraient pas de se produire. Sans être aussi rude
en paroles que Chrétien (de Montpellier), disant à son ma-
lade : c le lait ou la mort! > le médecin, après avoir fait
comprendre à l'alcoolique le danger qu'il court, devra tenir
fermement la main à la continuation persévérante du ré-
gime lacté, et, plus tard, à labstention des boissons alcoo-
liijues. Tous les observateurs sont unanimes sur ce point.
Quant au traitement médicamenteux, il doit s'inspirer
des phénomènes critiques spontanés qui ont, dans quelques
cas, précédé ou accompagné des rémissions inattendues.
Nous avons vu que, parfois, une diurèse ou une diarrhée
non provoquées avaient été le signal de la disparition de
l'ascite et des accidents concomitants chez des cirrhotiques,
et c'est également les diurétiques et les purgatifs drastiques
qu'ont employés les médecins qui ont eu à enregistrer les
succès dont nous avons parlé. Faut-il donner la préférence
à la digitale, à la potion diurétique remise en faveur par
M. Millard, aux pilules de Bontius préconisées par Legroux
6 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— «• 49 — 789
père et par M. Moutard-Martin, ou à tout autre purgatif? nous
croyons que c'est affaire de tact et d'expérience pour le cli-
nicien et qu'il nous siérait mal de vouloir formuler quelque
conseil à cet égard.
Tout ce qui nous est permis de constater, c'est que le ré-
gime lacté absolu et longtemps continué, les diurétiques,
les purgatifs, aidés de la révulsion sur la région abdomi-
nale, ont permis d'obtenir, soit après la ponction, soit même
sans paracentèse, les guérisons dont nous avons cherché à
interpréter le mécanisme, et qui ouvrent à la thérapeutique
un horizon plus constant que par le passé.
André Petit.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Do iraltemciit des iaenlas par le calomel,
la Coopère mAle et la pelletlerlne.
Des discussions récentes, il semble résulter qu'il y a tout
avantage, on s'en doutait bien depuis longtemps, d'associer
le calomel aux préparations de fougère mâle contre le
tienia.
I. Traitement par la fougère mâle. — A mon avis,
voici la marche à suivre :
i*" La veille, au soir, mettre le malade à la diète;
2° Le lendemain, prescrire l'extrait éthéré de fougère
mâle et de calomel.
On le formulera en capsules chez les adultes à raison de
quinze capsules, dont chacune peut, à l'exemple de
M. Créquy, être ainsi dosée:
Extrait éthéré de fougère niAle. ... 45 centigrammes.
Calomel 5 —
Ces capsules sont ingérées trois par trois, de quart
d'heure en quart d'heure, Texlrait de fougère mâle agissant
comme taenicide et le calomel comme purgatif.
Chez les enfants, il y aurait avantage, comme M. Du-
chesne le propose, de véhiculer cet extrait dans une gelée.
On peut donc formuler ainsi :
Prendre par cuillerée de cinq en cinq minutes la gelée
suivante :
Extrait éthéré de fougt're inàJe.. 3 à 6 grammes
(suivant T&ge des enfants).
Calomel 30 à &0 ceuligrammes.
Sucre q. s.
Gélatine q. s.
Eau de laurier-cerise q. s. pour aromatiser.
II. Traitement par la pelletierine. — Le tannale de
pelletierine est préféré en général à la pellelierine.
l*On mette malade à la diète, on administre le lendemain
un lavement pour laver l'intestin et immédiatement après on
fait ingérer le taenicide à la dose de ^5 à 40 centigrammes.
2° Le malade demeure dans le repos et la position horizon-
tale pour prévenir les vomissements, les verliges et les trou-
bles oculaires.
3" Une demi-heure ou une heure après on fait ingérer le
purgatif: huile de ricin, 40 à 60 grammes, ou eau-de-vie
allemande, "10 à 30 grammes.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOSPICE DE LA SALPÊTRIÈRE. — M. LE PROFESSEUR CHARCOT.
Migraine et blépuaroptose. — L'histoire des migraines
est loin d'être encore élucidée. Un sujet de seize ans et
demi est migraineux depuis rage de six ans. D'abord irré-
gulières, ces migraines ont fini par revenir périodiquement
tous les trois mois. Elles étaient caractérisées par des dou-
leurs occupant surtout le front et ne paraissaient pas rentrer
dans la catégorie si intéressante des migraines accompa-
gnées.
Chose curieuse : chaque crise de migraine s'est accom-
pagnée d'une chute de la paupière du côté correspondant
(côté droit). Une fois les douleurs passées au milieu d'un
cortège de phénomènes gastriques, la paupière se relevait
tout naturellement.
Depuis la dernière crise migraineuse il en a été autrement :
la paupière est tombée dès l'apparition des douleurs, mais
elle ne s'est pas relevée une fois les douleurs passées.
M. Charcot cile un fait semblable chez une femme (cas
de Marie et Parinaud). La malade, migraineuse depuis long-
temps, vit assez soudainement les douleurs diminuer d'in-
tensité, mais aussi s'installer une blépharoptose qui résista
à tous les traitements. (Leçon du mardi 29 mai 1889.)
Essai de diagnostic d'une myélite non systématisée.
— L'avantage des leçons du mardi consiste dans la recher-
che des diagnostics qui ne s'appuient pas toujours sur des
données bien positives. Il arrive assez souvent que le cli-
nicien se trouve en présence de cas qui ne rentrent dans
aucun des cadres connus ; la leçon du 5 novembre nous
montre un cas de ce genre. Un malade de quarante-cinq
à cinquante ans, présente du côté du mouvement une
faiblesse très grande dans la main et le bras droit; une
parésie très accusée dans le membre inférieur du même
coté, une paraltfsie des extenseurs du pied à droite, des
secousses fibrillaires dans les muscles du côté droit.
Tous ces symptômes moteurs sont accompagnés d'une
atrophie musculaire ressemblant à celle d'Aran-Duchenne
dans le côté droit seulement.
Les réflexes sont conservés.
Du côté de la sensibilité, on note dans le genou et dans
le mollet des douleurs à type fulgurant du côté droit seu-
lement. Enfin il y a des troubles vésicaux, de la gène pour
uriner, des urines boueuses, sales et fétides.
Procédant par exclusion, M. Charcot démontre :
1" Quil ne s'agit pas d*une paralysie toxiqtie (alcoo-
lique), malgré les douleurs à fleur de peau et la chute des
pieds, il n'y a pas de signes d'alcoolisme et le malade
affirme qu'il ne uoit pas; de plus les troubles urinaires ne
rentrent pas dans le cadre de la paralysie toxique non plus
que l'amyotrophie ainsi distribuée; de plus les réflexes, au
lieu d'être abolis, sont plutôt forts. Pas de troubles céré-
braux, de rêves, d'amnésie, etc.;
i" Ce n'est pas un tabêtique (réflexes conservés, pieds
tombants, unilatéralité des phénomènes, pas de signes ocu-
laires, atrophie musculaire ; ser.oussesfibrillaires, etc., etc.);
3*" Ce n'est pas non plus un cas d'atrophie musculaire
progressive type Aran-Duchenne^ à cause des secousses
fibrillaires, des douleurs qu'a présentée? le malade, des
troubles urinaires, des pieds tombants, de la marche rapide
du mal;
4* Ce n'est pas une syringo-myélie et pour cause;
6" L'aflection rappelle la sclérose latérale amyotrophique
par la distribution unilatérale, les secousses musculaires,
la manière d'être de l'atrophie, la rapidité de la marche;
mais le diagnostic a contre lui : le début par les membres
790 — «• 49 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Décembre 1889
inférieurs, les douleurs, les troubles uriDaires, les réflexes
pas assez exaltés, etc.
Que conclure? il ne reste plus de maladie systématisée;
on peut imaginer une myélite centrale touchant les cellules
des cornes antérieures (amyotrophie), n'irritant pas trop
les faisceaux latéraux (pas d'exaltation manifeste des
réflexes), diffusant un peu en arrière (douleurs à type ful-
gurant).
Au pronostic on peut dire que l'avenir est moins effrayant
3 ne s'il s* agissait de la sclérose latérale amyotrophique
ont tout le monde ici connaît le pronostic fatal.
Chorée de Sydenham. — A propos d'un cas de chorée de
Sydenham, M. Charcot fait remarquer que, chose assez
rare, la maladie a commencé parle côté droit à l'exclusion
du côté gauche; le professeur considérerait comme parti-
culièrement extraordinaire que dans cette forme de chorée,
les mouvements incoordonnés fussent restés limités à la
moitié du corps.
La chorée a un pronostic d'autant plus sérieux que le
début se fait plus tard, aux environs de dix ans la chose
est fréquente, à quatorze ans la maladie est plus rare, plus
rare encore à dix-huit ans.
La mère de la jeune malade ayant raconté que sa fille
avait gardé le lit pendant quatre mois lors d'une première
atteinte de chorée arrivée à neuf ans et demi, M. Charcot
se demandait s'il s'agissait d'une de ces chorées paraly-
tiques ou chorées molles décrites depuis peu de temps.
Il parait résulter des explications ae la mère que ce
séjour au lit a été motivé par l'étendue et la répétition des
mouvements.
La jeune fille n'a jamais eu de rhumatismes ni per-
sonne de sa famille. Etant enfant, elle a eu des convulsions.
Angine de poitrine hystérique. — Une femme de qua-
rante à quarante-cinq ans, qui vient de dépasser l'âge de la
ménopause, a depuis six mois des phénomènes singuliers.
Elle ressent brusquement sans cause appréciable dans le
petit doigt de la main gauche un engouraissemcnt et pres-
que en même temps une angoisse terrible dans la région
précordiale.
La respiration s'interrompt, la malade sanglote sans
pouvoir s arrêter. La crise aure de quelques minutes à un
quart d'heure. Malgré toutes ces apparences d'angine de
poitrine vraie, il s'agit d'un pseudo-angorpectoris, de l'angine
de poitrine hystérique.
La première description de l'angine de poitrine hysté-
rique a été donnée par Marie dans la Bévue de médecine
vers 1882. La malade qui a servi de type à cette descrip-
tion est une nommée Oreille, la doyenne des hystéro-épilep-
tiques, entrée à la Salpêtrière à vingt-cinq ou vingt-six ans,
soignée par M. Charcot quand il était interne dans la maison
et âgée aujourd'hui de soixante-dix ans. Cette femme est
encore hémi-anesthésique.
Les crises d'angor pectoris qu'elle a eues ne se comptent
plus. La répétition de ces accès prouve la nature de l'an-
gine de poitrine; l'angine vraie ne se répète jamais aussi
souvent, elle est toujours ou presque toujours provoquée
par une marche contre le vent, l'ascension d un escalier, en
un mot par tous les efforts qui exagèrent le travail du cœur.
Chacun sait qu'on a transporté dans la pathologie cardiaaue
la théorie de la claudication intermittente émise autrefois
par M. Charcot.
H. Huchard a tout fait pour démontrer l'influence de la
coronarite, l'obstruction des artères du cœur, et l'insuffi-
sance du sang qui arrive au myocarde: chez notre malade
c'est au lit que le fait se produit, la douleur précordiale
vient sans raison au milieu du sommeil, elle s'accompagne
de sanglots convulsifs, c'est une simple crise d'hystérie
modifiée.
Cette femme est dans l'âge de la ménopause, c'est l'âge
où l'hystérie endormie se réveille ou s'éveille pour la pre-
mière fois. Elle est hémianalgésique, elle a de l'ovarie, oo
la soumettra à un examen plus approfondi demain, t^ei
accidents semblent s'être produits sous l'influence de cha-
grins et d'excès de travail. (Leçon du 5 novembre 1889.)
D^ Paul Berbez.
TRAVAUX ORIGINAUX
Clinique ehlmrfleale.
Pansements a la charpie stérilisée. Communication
faite au Congrès de chirurgie, le 12 octobre 1889, par
M. Léon Régnier, médecin-chef de l'hôpital militaire df
Nancy.
il existe, dans les hôpitaux militaires et dans les maga-
sins du service de santé, des approvisionnements complets
de pansements antiseptiques, coton hydrophvle, tourbe
Redon, étoupes goudronnées de Thomas et Wecer; mais il
existe également un stock considérable de charpie.
Cette charpie est condamnée en principe; doit-on U
détruire? est-elle aussi nuisible au'on le prétend? TeJie est
la question dont je vais étudier la solution. En prenant le
service des blessés à l'hôpital militaire de Nancy, il y a un
an, je fus désagréablement surpris de trouver, dans les
magasins, un approvisionnement de charpie de 100 kilo-
grammes. Préoccupé des moyens les plus simples à em-
ployer pour purifler cette charpie, ma première pensée fut
d'appliquer les prescriptions de la circulaire ministérielle
du 20 novembre 1886.
Cette circulaire indique, en effet, toutes les précautions
à prendre pour obtenir, après ébullition et lavage, la charpie
sublimée, phéniquée, boriquée. Les opérations conseillées
sont laborieuses, compliquées; le sublimé, l'acide pbé-
nique, s'évaporent lentement, et la chamie perd peu à peu
ses propriétés antiseptiques. Je résolus de purifier la char-
[ne par petites quantités de 5 kilogrammes au moyen de
'étuve à vapeur d'eau sous pression à désinfection de
Genest-Herscher. Chaque fois nue l'étuve fonctionnait, je
faisais placer sur les claies, pendant vingt minutes, et à une
température de 120 degrés, 10 kilogrammes de charpie
préalablement éplucbL-o. Après cette opération, la charpie
stérilisée était recueillie dans des boites en fer-blanc fer-
mant à touret.
La charpie est-elle stérilisée dans le sens absolu du mol?
Je ne puis l'affirmer. Mon ami le docteur Haushalter a bien
voulu recueillir, dans mon service, des échantillons de
charpie, avant la stérilisation, et d'autres stérilisés depuis
un temps variable. Je communiquerai prochainement les
résultats de ses recherches.
J'essayai cette charpie et fus surpris des résultats excel-
lents qu'elle me donna. Depuis le mois de février, je n'ai
plus acheté ni makinstoseh, ni coton hydrophvle. La char-
iûe stérilisée m'a donné des réunions immédiates chaque
ois qu'il était possible de l'obtenir. La préparation ou mieux
la stérilisation de la charpie peut se faire sans étuve a
vapeur d'eau sous pression. Le pharmacien de l'hôpital fait
chauffer à 120 degrés 2 kilogrammes de charpie dans
l'étuve à air, munie d'un thermomètre, dont sont pourvues
toutes les pharmacies; la charpie est recueillie dans des
bocaux à large ouverture bouchés avec du liège entouré de
paraffine.
La méthode antiseptiaue comprend, à mon avis, deux
groupes de précautions ; les unes, nécessaires, ont trait à la
[iropreté de la salle d'opérations, à la préparation du ma-
ade, des instruments, aes éponges, etc., en résumé, à tous
ces détails si bien formulés par M. Lucas-Championnière;
les autres, facultatives, sont le choix des objets de panse-
6 DÉCEMBRE 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— HM9 - 791
ment. J'emploie indifféremment le coton hydrophyle,
sublimé, la tourbe Redon ou la charpie stérilisée ; les résul-
tats définitifs sont les mômes si toutes les précautions du
premier groupe ont été bien prises.
Voici d'ailleurs la série aes opérations auxquelles j'ai
appliqué indistinctement le pansement à la charpie :
Ouverture d'abcès froids, grattage, enlèvement de gan-
glions cervicaux suppures (2 cas) ; réunion par première
intenlion;
Kystes à grains riziformes du poignet; double ponction
au bistouri; injection avec la solution phéniquée forte;
réunion par première intention;
Excision d un trajet fistuleux à la partie inférieure de
. l'abdomen au-dessus du pubis; réunion par première inten*
tion;
Kyste dermoide prélaryngien; réunion par première
intention ;
Hydroeèle enkystée du cordon; incision antiseptique;
réunion par première intention;
Résection du genou pour arthrite fongueuse suppurée;
pansement sans drain renouvelé le lendemain de l'opéra*
tion, 7 août; levé le 6 octobre; réunion par première inten-
tion sous un seul pansement à la charpie;
Arthrotomie des deux genoux pour corps étrangers arti-
culaires, pratiquée le 26 septemnre. Le malade est guéri
par première intention ;
Yaricocèle; incision antiseptique; ligature du faisceau
antérieur et excision; réunion par première intenlion.
Je n'ai pas compris, dans ces résultats, une cure radicale
de hernie pratiquée le 22 mars, qui a guéri en trois
semaines; il y eut, à la partie déclive, un peu de pus fourni
par les points de sutures.
La soie que j'avais employée pour les sutures n'était pas
aseptique; j'en ai eu la preuve ultérieurement.
Pai pratiqué, en outre, des opérations qui ne compor-
taient pas de réunion immédiate, et dans lesquelles le bour-
geonnement des plaies s'est produit d'une manière très
régulière et très rapide :
Evidement du cubitus au tiers supérieur, pour ostéide
tuberculeuse; guérison en six semaines;
Deux évidements du tibia pour ostéide tuberculeuse ; les
malades ont guéri en quarante et soixante jours ;
Un évideroent de la branche montante du maxillaire
inférieur pour ostéide due à l'évolution de la dent de
sagesse : la plaie a été comblée et cicatrisée en trois mois.
Enucléation du globe de l'œil; cicatrisation rapide.
Je pourrais multiplier ces observations; je n'ai cité que
les plus saillantes; mais, après cette énumération, il me
semble légitime de formuler les deux conclusions sui-
vantes :
l'^ La charpie stérilisée peut être employée en toute sécu-
rité; elle donne des réunions par première intention aussi
bien que la ouate hydrophile et la tourbe Redon, lorsque
toutes les précautions antiseptiques sont prises avant et
pendant l'opération.
2" Je crois donc avoir résolu le problème de la purifica-
tion et de l'utilisation de nos approvisionnements de char-
pie, le procédé est d'une exécution facile; il a le mérite
assurément rare de n'entraîner aucune dépense.
Cilnliiae inédlcale.
L'urticaire chez les enfants (formes, patuogénie,
évolution). Communication faite à la Société médicale
des hôpitaux dans la séance du 25 octibre 1889, par
M. le docteur J. Comby, médecin des hôpitaux.
L'enfant, dont les réactions cutanées et nerveuses sont si
vives et si soudaines» est plus exposé que l'adulte à toutes
les variétés d'urticaire. Chez lui, l'urticaire aiguë ou surai-
guë, qui succède à l'usage de certains aliments (poissons de
mer, coquillages), prend quelquefois des alluresalarmantes.
Les vomissements, la diarrhée, la bouffissure du visage,
l'agitation, la dyspnée, donnent l'image effrayante d'un
empoisonnement réel.
Et de fait, l'urticaire est le résultat d'une véritable intoxi-
cation; que le poison vienne du dehors, qu'il soit élaboré
dans l'estomac, qu'il émane d'un kyste hydatique, il s'éli-
mine par la peau et marque son passage par des phéno-
mènes vaso-moteurs et des troubles nerveux d'une certaine
gravité. Je n'insisterai pas sur l'essence même de l'urti-
caire ni sur le rôle d'émonctoire que la peau semble jouer
dans cette affection. Je veux surtout chercher le lien qui
unit certaines formes d'urticaire à des troubles digestifs
permanents et le pronostic réservé à ces formes spéciales.
Parmi les dermatoses en rapport avec la dyspepsie in-
fantile, l'urticaire est une des plus intéressantes et des plus
communes.
I
L'urticaire peut être aiguë et passagère, comme dans
l'empoisonnement par les moules; elle reconnaît pour
cause une indigestion ou une alimentation mal appropriée
à l'âge des enfants. Elle dure un ou plusieurs jours, elle
peut se reproduire une ou deux fois après un intervalle plus
ou moins long, elle est quelquefois vésicuteuse ou huileuse.
Dans tous les cas, elle coïncide avec un état dyspeptique
ancien ou récent. En voici des exemples :
Obs. l. Fillette de neuf mois. Allaitement artificiel. Diar-
rhée. Urticaire aiguë. — Fille de neuf mois, observée lo 8 fé-
Trier 1889, est nourrie au biberon : elle prend, en vingt-quatre
heures, un litre de lait non bouilli, sans compter l'eau rougie,
le pain trempé dans les sauces et autres aliments mauvais pour
son âge. Depuis six ou huit jours, diarrhée fétide ; depuis hier,
urticaire aiguë généralisée, nombreuses papules sur le tronc et
les fesses, bouffissure avec rougeur de la face et des mains,
démangeaisons très vives. L'enfant a un gros ventre, sans qu'it
soit possible de percevoir le bruit de clapotage ; pas de dents.
11 existe enfin une spina ventosa du gros orteil gauche; le père
est mort tuberculeux, un frère de trois ans et demi est atteint
de coxalgie. Donc, urticaire aiguë liée à une mauvaise alimen-
tation chez un enfant à hérédité scrofulo-tuberculeuse. Je
prescris du lait bouilli coupé d'eau de riz, du bismuth à l'in-
térieur, et, contre les démangeaisons, du glycérolé tartriquo
à l/iO«.
Obs. II. Fillette de huit anSf très nerveuse. Deuxième poussée
d'urticaire. Abus des liquides, — Cette enfant, âgée de huit
ans, que j'observais le 9 avril 4888, était atteinte depuis quatre
jours d'urticaire aiguë généralisée, avec fièvre et état saburral;
en un mot, c'était un cas de fièvre ortiée qui ne tarda pas â dis-
Earaltre. Déjà, l'année d'avant, j'avais soigné cette malade au
ispensaire pour une chorée nerveuse qui n'avait pas duré
moms de trois mois. Dans le cours de cette chorée, j'avais con-
staté l'apparition d'une éruption d'urticaire fébrile, qui dura
près de quinze jours. L'enfant est restée très nerveuse, elle n'a
Sas de réflexe pharyngien. De plus, elle a l'habitude de boire
éraesurément, d'où un état dyspeptique qui, concurremment
avec le nervosisme, joue sans doute un rôle dans la pathogénie
de l'urticaire.
Obs. lU, Fillette de deux mois. Tétées rares^ mais prolongées.
Vomissements et constipation. Urticaire vésiculeuse. — Cette
enfant, observée le 2\ décembre 1888, est nourrie au sein; sa
mère, qui a beaucoup de lait, lui donne le sein non pas trop
souvent, mais trop longtemps. 11 en résulte un état dyspeptique
qui se traduit par des régurgitations de lait caillé et par de la
constipation. Depuis hier, vives démangeaisons accompagnées
de l'éruption de plaques rougos, au centre desquelles se mon-
trent des vésicules petites, arrondies pour la plupart, persis-
tant après la disparition des papules. Sur le dos, on voit toute
une série de ces vésicules qui forment groupe et dont quelques-
unes sont déchirées par le grattage. Je conseille à la mère de
surveiller les tétées de son enfant et d'en réduire la durée. Au
792 — N* 49 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Décembre iS89
lieu de dix ou quinze minutes, Fenfanl ne doit rester au sein
que cinq minutes.
Ces formes aiguës d'urticaire, dont je ne parlerai pas
davantage, sont parfaitement curables et sans gravité;
l'amélioration du régime de l'enfant suffit le plus souvent
à la guérison et à la prophylaxie de la maladie. Le nervo-
sisrae, la chorée, l'hystérie rendent l'urticaire plus tenace.
II
Vurtiçaire à répétition est une forme plus sérieuse que
la précédente, quoiqu'elle reconnaisse la même étiologie.
Les enfants sujets à ces éruptions ortiées récidivantes sont
presque toujours des rachitiques ou d'anciens rachitiques,
qui ont conservé de la dyspepsie avec dilatation de Teslo-
mac, qui sont polyphagi^ues et polydipsiques. Ces enfants
mangent et boivent trop, ils mangent et boivent souvent des
substances indigestes, irritantes, qui ne conviennent pas à
leur âge. C'est surtout l'abus des li(|uides qu'il faut incri-
miner; dans la classe ouvrière, qui m'a fourni la plupart
de mes observations, on donne sans discernement aux en-
fants de l'eau, de la bière, du cidre, dû café, du vin. Ils ont
souvent des terreurs nocturnes, accident habituel de la
dyspepsie infantile; ils sont ou deviennent nerveux, irri-
tables et les démangeaisons n'en sont que plus accusées.
Quand les poussées d'urticaire vont en se multipliant et en
se rapprochant, l'urticaire mérite alors le nom d'urticaria
perstans ou d'urticaire chronique.
A la longue viennent s'ajouter, aux papules d'urticaire,
des lésions de grailage ou papules de prurigo, qui marquent
le trait d*union entre cette forme d'urticaire et le lichen
polymorphe dont je parlerai plus loin. Pour saisir ce trait
d'union, il faut suivre les malades pendant des mois et des
années, ce (}ue j*ai pu faire dans quelques cas à la polycli-
nique dont je suis chargé.
Obs. IV. Urticaire à répétition. Petite fille de trois ans et
demi. Rachitisme, Convulsions. — Cette petite fille, âgée de
trois ans et neuf mois quand je pris son observation (30 janvier
1889), avait été soumise à rallaitement mixte, d'où un certain
relard dans la marche et révolution dentaire ; la première dent
n'avait fait son apparition qu'à l'à^e de douze mois. Dans le
courant de l'année précédente, j'avais déjà traité cette enfnnt
comme rachitique et je lui avais prescrit des bains salés. Elle
est née de parents vifs, emportés, nerveux; elle-même a tou-
jours éié agitée, nerveuse et méchante. Ses fonctions digestives
laissent à désirer ; gros ventre avec clapotage épigastrique,
constipation habituelle. Elle boit beaucoup, surtout de la bière.
It y a quatre mois, l'enfant a présenté des convulsions qui se
sont reproduites pendant plusieurs jours. A la suite de ces
convulsions, des poussées quotidiennes d'urticaire, survenant
surtout le soir et la nuit, se sont montrées. C'est pour une de
ces poussées que je suis consulté : ayant fait déshabiller l'enfant,
j'aperçois un petit nombre de plaoues ortiées sur ie tronc, mais
sans aucune lésion de grattage. Les démangeaisons sont très
vives cependant. On ne peut pas dire que cette enfant ait actuel-
lement du licken agrius, mais elle y viendra tôt ou tard.
D'autre part, la persistance de cette urticaire et le prurit intense
qui l'accompagne s'expliquent bien par le nervosisme du
sujet (1). Traitement par le régime lacté et les onctions avec le
glyrérolé tartrique.
III
Quand Vurtiçaire devient chronique, c'est-à-dire quand
elle s'installe à demeure chez un enfant, sans présenter de
notables rémissions, on doit redouter une évolution fâcheuse
qui se trouve explicitement indi(|uée dans la plupart des
observations qu'on va lire. L'urticaire chronique des enfants
se transforme très souvent en une maladie incurable que
les anciens dermatologistes français nommaient licnen
agrius, que M. Vidal appelle lichen multiforme feroXj
(1) J'ai vu, quelque tempi auparavant, une fillette de huit ans, trèi nerveuse,
qui avait un prurit névropalhique, sans aucune éruption sur le dos et les jambes. '
que M. Besnier, avec la majorité des dermatologistes de
tous les pays, intitule prurigo de Hebra^ pour bien mar-
quer que c'est une maladie spéciale, distincte de toutes les
autres variétés de prurigo ou de lichen, et en même
temps pour rendre justice à celui qui l'a le mieux décrite
et isolée.
Cette évolution de l'urticaire infantile est parfaitement
connue aujourd'hui; je viens simplement la confirmer à
l'aide de quelques observations démonstratives. A Tbôpital,
les malades ne séjournent pas assez dans les salles pour
permettre d'étudier, dans toutes leurs phases, les derma-
toses à longue portée. Au Dispensaire de la Yillette, dont
la clientèle est toute locale et sédentaire, il m'est permis
de suivre les malades pendant des années (ohs. X et XI) et
d'assister aux transformations que le temps imprime aux
maladies chroniques.
.On verra, dans les observations que je signale, l*urti*
caire survenir dans la première enfance, à roccasion d'une
mauvaise alimentation (allaitement artificiel, alimentatioa
grossière et prématurée); cette urticaire, provoaaée et
entretenue par la dyspepsie, se répète à intervalles de
plus en plus rapproches, puis s'installe définitivement sous
forme d'urticaire chronique incurable. Au bout de quelques
années, les lésions changent d'aspect; les papules ornées
sont devenues rares ou manquent complètement; à leur
place, on voit des papules lichénoldes, des lésions de
grattage, des fissures, aes placards d'eczéma, Quelquefois
des pustules. La maladie ne mérite plus le nom a'urticaire;
c'est un prurigo ou un lichen avec démangeaisons atroces
et persistantes, c'est le prurigo de Hehra.
Je n'insisterai pas sur la description de cette maladie,
bien connue de tous nos maîtres de l'hôpital Saint-Louis,
et je renvoie, pour plus de dt'tails, à l'excellente étude
que M. Vidal lui a consacrée dans les Annales de dermato-
logie du !25 mars 1886.
Voici les observations que j'ai recueillies à ce sujet :
Obs. V. Garçon de trois ans et demi. Urticaire chroniqve
datant de quatre mois. Dyspeosie. —Le 18 mars 1889, j'obser-
vais, au Dispensaire de la société philanthropique, un petit
garçon de trois ans et demi, de bonne apparence, nourri aa
sein par sa mère et n*ayant pas été rachitique. Cet enfant a
toujours été gros mangeur et grand buveur; il avale ses ali-
ments avec rapidité et sans les mastiquer; la constipation est
habituelle chez lui. Son ventre est gros, sans être tendu ni
sensible à la palpation. Au mois de novembre 1888, la mère a
remarqué l'apparition de papules larges, rouges, prurigineuses,
occupant le tronc et les membres, et revenant avec ténacité
presque tous les soirs. Quoique les démangeaisons fussent tn^s
fortes, rien n'a été fait contre cette urticaire à répétition, qui
date de plus de quatre mois.
L'enfant a eu la rougeole dans le courant de fé?rier. Tinter-
vention de cette fièvre éruptive n'a pas influencé la maladie
préexistante.
L'enfant continue à être tourmenté par des démangeaisons
atroces. Il faut dire qu'il est agité, nerveux et que sa mère e^i
également nerveuse. Au moment de mon examen, il n'existe
aucune papule d'urticaire à la surface du corps, mais seulemeul
quelaues traces à peine accusées de grattage^ Il n'y a pas de
papules de prurigo ni de lichen. Cependant je ne doute pas que
ces lésions ne surviennent à la longue, et je crois que l'enfaat
est voué au lichen agrius, car c'est la temimaison habituelle de
la maladie qu'il présente actuellement.
Je prescris des onctions quotidiennes avec le glycérolé tar-
trique à 1 pour 30. Je recommande en même temps la sobriété,
le choix des aliments, la diminution du taux des boissons et
quelques laxatifs.
Le 1" avril 1889, l'état reste le môme.
Obs. VI. Garçon de quatre ans. Dyspepsie. Urticaire chro-
nique. Spina ventosa. — Le 19 décembre 1887, j'observais ud
petit garçon de quatre ans, nourri au sein par sa mère, avant
souffert beaucoup pendant sa première enfance : bronchites,
spina ventosa, racbjtisme. Actuellement l'enfant est dyspei»*
6 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOltADAIRS DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE -^ N« 49 — 793
tique, il boit énorinémeut, et présente un gros ventre avec cla-
potage épigastrique; son sommeil est agité et interrompu par
des cauchemars. Depuis trois mois, il souffre de démangeaisons
atroces accompagnées d*éruptions incessantes, d'urticaire cou-
vrant lout le corps. Au moment où j'examine reufant, il pré-
sente sur le tronc une série de larges papules ortiées sans lésions
profondes de grattage.
La maladie est encore de Turticaire et les lésions ne sont pas
polymorphes, elles le deviendront probablement.
11 est bon de relever ici l'association de Turticaire chronique
et de la tuberculose attestée par le spina ventosa signalé plus
haut. Je prescris des onctions avec le glycérolé tartrique, la
diminution des boissons, et un régime approprié.
Obs. VII. Garçon de nmf ans. Allaitement artificiel. Pru-
rigo de Hebra» — Cet enfant, âgé de neuf ans, observé le
30 avril 1888, a été élevé en nourrice à la campagne, c'est-à-dire
dans des conditions déplorables. 11 en est revenu rachitique est
couvert de boutons; ces boutons, d'après la description des
Sarents, étaient des papules d'urticaire accompagnées de vives
émangeaisons.
La maladie a bien présenté, depuis cette époque, des varia-
tions d'intensité, mais elle n'a jamais disparu; les rémissions
duraient peu et les exacerbations sont devenues de plus en plus
fortes.
L'enfant a conservé, de son premier âge, un état dyspeptique
avec polydipsie et constipation. Actuellement il présente, dissé-
minées sur tout le corps, sauf à la face, des lésions de grattage,
des papules excoriées, et quelques plaques ortiées assez nettes.
Le lichen agriuSy le prurigo de Hcbra est aujourd'hui parfai-
tement constitué, et son étiologie, dans le cas particulier comme
dans les autres, est identique. Nous retrouvons toujours la dys-
f»epsie, la mauvaise alimentation, et principalement l'abus àes
iquides.
Obs. Vin. Fille de quatorze ans atteinte, depuis Vâge de
dix-sept mofSy d'une a fection prurigineuse qui est aujourd'hui
un type de prurigo de Hebra. Pas de nervosis'f e. Abus des
liquides. — Cette jeune fille, âgée de quatorze ans, qui n'est
pas nerveuse, qui a son réflexe pharyngien et sa sensibilité
cutanée intacts, et dont les parents ne sont pas nerveux, souffre
depuis l'âge de dix-sept mois. Elle a été élevée au sein par sa
raère, mais elle a toujours été très buveuse, et, actuellement
encore, elle mange peu et boit beaucoup. Au début, l'affection a
été très prurigineuse et, sans insister sur les caractères objec-
tifs d'une éruption que je n'ai pas vue, je dirai qu'actuellement
cette éruption constitue le type du lichen agrius ou prurigo de
Hebra. Sur les membres supérieurs et inférieurs, sur la face, à
un moindre degré sur le tronc, on voit des papules excoriées
par le grattage, recouvertes de croûtelles sanguines, les unes
f petites, les autres assez grandes; guelques-unes forment, par
eur réunion, des placards eczématiformes. I.e polymorphisme
des lésions était encore plus évident il y a trois mois, auand j'ai
commencé à traiter l'enfant par les onctions à l'huile de foie de
morue. Actuellement (mars 1889) lamélioration est évidente,
elle est due sans doute à l'usage de l'huile de morue inius et
extruy et à la diminution du taux des boissons. D'ailleurs l'affec-
tion s'atténue spontanément pendant la belle saison pour s'ag-
graver l'hiver. Il faut remarquer que, chez la plupart des ma-
lades, l'aggravation, au lieu d'être hivernale, est surtout estivale.
Ces. IX. Garçon de trois ans. Allaitement artificiel et rachi-
tisme. Gros ventre et dilatation de Ve^tomac. Urticaire d^abordy
puis lichen polymorphe. — Ce petit garçon, observé le
12 avril 1887, aurait eu, d'après sa mère, des poussées d'ur-
ticaire peu de temps après sa naissance. Elevé au biberon, l'en-
fant n'a commence à marcher qu'à dix-sept mois, il est rachi-
tique. Aujourd'hui encore, l'enfant conserve un ventre énorme
avec dilatation de l'estomac, il est très vorace et boit beaucoup.
11 a des démangeaisons atroces, et quand il est déshabillé, on
aperçoit des papules d'urticaire, des papules de lichen excoriées
par le grattage et des papules plus récentes, railiaires, au
niveau des mains. Les papules d'urticaire reviennent par pous-
sées, surtout en été. En somme, la maladie, qui a commencé
comme l'urticaire, a abouti à une éruption prurigineuse poly-
morphe qui rentre dans le çrurigo de Hebra. Traitement par le
régime et la pommade tartrique.
Obs. X. Urticaire chronique suivie depuis quatre ans chez
une fillette qui a été rachitique et qui souffre de l'estomac (1).
— G .. (Augustine), nourrie au sein jusqu'à neuf mois, mais sou-
mise ensuite à une alimentation mauvaise, est devenue rachi-
tique et n'a pu marcher qu'à l'âge de dix-huit mois. Soignée
et guérie de son rachitisme au Dispensaire pour les enfants de
la Société philanthropique, elle est ramenée à la consultation
pour une éruption prurigineuse du tronc et des membres qui
a tous les caractères de l'urticaire. Cette éruption a débuté le
20 juillet 1885, sans cause appréciable ; l'enfant, qui était alors
âgée de deux ans, mangeait peu et demandait constamment à
boire. Son ventre était énorme, souple, facile à palper dans tous
les sens; la succussion directe de la région hypo^nslrique fai-
sait entendre un bruit de clapolage qui s'en'endait encore au-
dessous de l'ombilic; j'en av.iis conclu à l'existence d'une dila-
tation notable de restoaiac. Les déformations osseuses du rachi-
tisme n'existaient plus. Mon diagnostic était à cette époque :
urticaire aiguë provoquée par les troubles digestifs, l'abus
des liquides et la dilatation de l'estomac. Or cette urticaire a
persisté depuis quatre ans et mérite, par conséquent, le nom
d'urticaire chronique. J'ai revu l'enfant le 30 novembre 1888,
elle avait alors cinq ans; sa mère m'affirme qu'elle n'a cessé
d'avoir des poussées d'urticaire et des démangeaisons vives
depuis la première visite qu'elle me fit en juillet 1885.
Auiourd hui on aperçoit, su^ le tronc principalement, des
papules typiques d'urticaires et des taches très nombreuses, les
unes rosées, les autres grises, quelques-unes fortement pig-
mentées; au centre de ces taches pigmentées on rencontre, çà
et là, des points blancs rappelant le vitiligo qui accompagnent
certaines macules de zona. Le nom d'urticaire chronique pig-
mentée ne me semble pas pouvoir être refusé à ce cas. H
existe quelques croûtelles sanguines dues au grattage, mais il
est impossible de constater actuellement la présence d'éléments
lichénoïdes, ce qui ne veut pas dire que ce cas ne puisse plus
tard fournir un nouvel exemple de lichen agrius on prurigo de
Hebra.
L'enfant continue toujours à boire démesurément, elle se
réveille la nuit pour demander à hoire ; elle a des terreurs
nocturnes et sa mère me rappelle qu'elle a eu autrefois des
convulsions. Le ventre est toujours gros et le clapotage épi-
gastrique persiste; diarrhée de temps à autre.
J'ai donc pu, dans ce cas, assisier au début et suivre l'évolu-
tion d'une urticaire aiguë d'abord, puis à répétition, chro-
nique et pigmentée, chez une petite fille rachitique, dyspeptique
et buveuse. Les traitements employés : frictions avec une pom-
made à l'acide tartrique, puis avec l'huile de foie de morue,
diminution du taux des boissons, ont amélioré la situation.
Le 26 août 1889, je revois la jeune G... (Auo^ustine) ; elle aura
bientôt six ans, elle s'est développée. Depuis plusieurs mois,
elle ne souffre plus de ses démangeaisons et son corps ne pré-
sente que des macules pigmentaires, sans traces de papules ni
de lésions de grattage. La mère attribue cette guérison, peut-
être temporaire, peut-être définitive, à l'usage des frictions avec
rhuile de foie de morue. D'autre part, l'enfant est devenue plus rai-
sonnable; elle boit moins qu'elle ne faisait, son ventre est moins
gros et sa dyspepsie moins intense.
Voilà un cas d'urticaire chronique qui, contrairement
aux prévisions énoncées plus haut, ne semble pas devoir
évoluer vers le prurigo de Hebra. J'ai eu tout récemment
(octobre 1889) des nouvelles de l'enfant, elle paraît guérie.
(A suivre.)
CORRESPONDANCE
Vaccine ulcéreuse.
A M. LE RÉDACTEUR EN CHEF DE LA € GAZETTE HEBDOMADAIRE >.
Les communications récentes de M. le docteur Hervieux, à
l'Académie de médecine, au sujet de la vaccine ulcéreuse, m'ont
déterminé à exhumer du portefeuille où il se trouve depuis
trente ans le récit d'accidents vaccinaux du même genre que j'ai
observés à cette époque comme médecin de l'Assistance publique
(1) La première partie de cette observation a été présentée à la Société cH-
nique le 23 juillet i885, ainsi que la première partie de robservalion XL
794 _ N* 49 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Décembre 1889
déportementale. Voici les faits dont je parle et qui remontent à
Tannée 1859.
Après avoir recueilli dans des tubes du vaccin pris sur des
sujets sains dans un village de la banlieue de Lunéville, je Tino-
culai sur un enfant de la commune de Goimare pour m'en ser-
vir comme vaccinifère. L'enfant était sain, sinon robuste, et j'en
connaissais le père et la mère.
Le 25 mai, les pustules étaient suffisamment développées ;
elles n'offraient pas Paspect du beau vaccin que l'on rencontre
souvent, mais elles étaient incontestablement du vrai vaccin et
j'inoculai leur contenu à onze enfants du village.
Le 31, à la revision des opérés, je trouve, sur tous, des
pustules larges, ulcérées, entourées d'une auréole inflamma-
toire, d'apparence eczémateuse, d'un rouge vif. Quelques-unes
présentent des croûtes impétigineuses, d'autres des croûtes plus
semblables à celles de t'ecthyma. Sur trois de ces enfants, les
pustules vaccinales sont normales à Vun des bras; sur six pus-
tules, l'un des enfants en a Quatre de régulières ; sur un autre il
n'y en a qu'une et quatre de mauvais aspect. Quant à l'enfant
qui a fourni le vaccin, il a deux pustules normales sur cinq :
les trois dans lesquelles a plongé la lancette sont couvertes de
croûtes impétigineuses (ouinze jours après ro{)ération). Je pres-
cris des cataplasmes de recule et des applications d'amidon en
poudre.
Le 3 juin, sur quatre opérés, les pustules sont humides, pul-
peuses, étendues en surrace, déchiquetées sur les bords et en-
tourées d'une auréole inflammatoire persistante. Sur les autres»
les ulcérations, en voie de cicatrisation, sont couvertes de croûtes
brunâtres, irrégulières, et leur diamètre varie de celui d'une
pièce d'un franc à celui d'une pièce de cinq francs.
Le 7, le docteur Simon, qui visite quelques-uns de ces en-
fants, prescrit la continuation des mêmes soins, sans pouvoir
mieux que moi se prononcer sur la cause et la nature des acci-
dents.
Le 10, la plupart dés enfants sont en voie de guérison. L'en-
fant P... reste le plus sérieusement atteint. Probablement sous
l'influence des cataplasmes, prolongés trop longtemps, les ulcé-
rations se sont étendues en surface et en profondeur ; leur sur-
face est pâle, molle, pulpeuse et les plaies se rejoignent à
chaque bras. Sur l'un des enfants les plaies ont l'aspect que
présentent les papilles du derme dénudé par un vésicatoire ; sur
un autre, il s'est développé des pustules d'impétigo à la cuisse.
Je prescris des lotions avec une infusion de sureau et des appli-
cations pulvérulentes de sous-nitrate de bismuth.
Le 27 juin, les ulcères du brus gauche chez l'enfant P... sont
réduits à de petites dimensions : ceux du bras droit sont encore
étendus, blafards, à bords rouges et fermes. (Lotions à l'hypo-
chlorite de soude étendu d'eau.)
Le 30. les ulcérations, tout en gardant le même aspect, dimi-
nuent d étendue.
Le i juillet, la cicatrisation continue et la santé générale de
l'enfant est excellente.
En 1869, c'est-à-dire dix ans après, rien ne s'était produit
dans la santé de tous les opérés. 11 n'est rien survenu depuis
chez tous ces enfants qui sont devenus des hommes.
Je livre ces faits pour la première fois à la publicité, sans
pouvoir aujourd'hui plus qu'il y a trente ans, en fournir 1 expli-
cation ; je ne les ai jamais vus se reproduire ni dans ma pratique
ni dans celle des confrères à cété desquels j'ai exercé et j'exerce.
Toutefois, j'ai observé, comme d'autres, après des vaccinations
normales, rapparition d'éruptions diverses oui avaient indubi-
tablement leur cause dans Tinoculation et la fièvre vaccinales
et oui, d'ailleurs, étant individuelles, étaient plutôt dues au vac-
cine qu'au vaccinifère. La vieille médecine et le langage popu-
laire disaient en ces cas que le vaccin met les humeurs en mou-
vement. Aujourd'hui les uns y découvrent une action zymotique,
les autres une infection microbienne. J'abandonne le terrain à
leurs discussions» me bornant à leur livrer les faits bruts (^ue
l'observation m'a révélés. Le seul enseignement que j'en ai tiré
moi-même, dès ce temps-là, est que Bousquet avait tort en affir-
mant dans son Traite de la vaccine c qu'il n'y a qu'un virus
vaccin i.
IV T. Saucbrottk (de Lunéville).
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie de médeolne
SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE DE
M. MOUTARD-MARTIN.
La Correspondance comprend : i* un mémoire wr Vkffçiêmê ëê i'tnfmmft .
Tourt, par M. Bodard; 2* un rapport »ur le$ eaux miaéralu de Mitra (Laih p«-
M. le docteur Gresiet; S* une note uiaouacrile sur l'emploi dé la cocaïne camm,
moyen àborlif de la première période de la lUvre typhoïde, par M. lo dwic
LtUon (de Reims) ; 4* un rapport sur une épidémie dû rou§eole ayant aéwi i* -
U 3« régiment d'infanterie à Montargis du ii janvier au 37 avril iHfJ, par M. '
docteur DelamarCt médecio-major.
L'ÉPIDÉMIE DE VACCINE ULCÉREUSE DE La MoTTE-AUX-
Bois. — M. Vidal rapproche l'épidémie de La Motte-aui-
Bois d'accidents du même genre, observés en 1882 par
M. Commenge dans le IV' arrondissement; dans ce cas éga-
lement, comme à La Motte-aax-Bois, le vaccinifère avait élé
inoculé neuf jours auparavant. Il aurait été important de
savoir si à cette époque déjà le vaccin n'était pas puralenf.
H. Pourquier a constaté que chez la génisse au neuvième
jour, le vaccin avait déjà un aspect louche et blanchâtre; W
iiq^uide contenait des microbes, qui ont été cultivés et ino-
culés à des génisses et qui ont produit une infection de
même nature.
Ces faits semblent donner la clef des épidémies causées
par le vaccin de génisse altéré observées à Jehlebe et à
Ëberfeld. Plus de mille personnes ont présenté des acci*
dents causés soit directement par inoculation, soit indirer-
(ement par contagion, comme cela a été observé à La Motte-
aux-3ois.
Il reste à savoir si les enfants de La Motte-aux-Bois sont
réellement vaccinés, c'est-à-dire s'ils ont acquis l'immunité
contre la variole et s'il n'y a pas lieu de procéder à une
nouvelle vaccination.
M. Hervieux repousse toute analogie entre les épidémies
allemandes et celle de La Hotte*aux-Bois. En Allemagne,
on a employé le vaccin de génisse, tandis qu'à La M otte-aux-
Bois on s'est servi du vaccin jennérien. En Allemagne,
l'affection était généralisée, tandis qu'à La Motte*aux-Bois
l'accident a été purement local.
A Wittow, à Clèves, à Elberfeld, les lésions observées
avaient d'abord été rapportées à l'impétigo contagiosa, mais
H. Protze a conclu que la maladie était un herpès
tonsurans. M. Pourquier, qui a observe des faits du même
genre, en a trouvé la cause dans une altération particulière
des pustules vaccinales de ses j^énisses.
Nous n'avons encore sur l'origine et la nature de la cause
pathogénique aucune donnée précise, il nous faudra attendre
du temps et de l'expérience les lumières nécessaires pour
trancher la question.
M. Besnier. Si l'enfant vaccinifère avait, comme le croit
H. Vidal, présenté des collections purulentes à l'époque où
il a été pris comme vaccinifère, il serait bien étonnant nue
lui-même n'ait présenté aucun phénomène. Tout ce que 1 on
sait, c'est qu'il y a eu à La Motte-aux-Bois une épidémie de
vaccine ulcéreuse. La conclusion à tirer de ce fait c'est que
s'il se reproduit d'autres accidents du même genre, il faudra
envoyer sur les lieux non pas seulement un membre de
l'Académie, mais une véritable Commission, qui pourra sou-
mettre la question à des expériences de laboratoire.
Election. — L'Académie procède à l'élection d'uu
membre titulaire dans la section de médecine opératoire.
Sur 71 votants, majorité 36, M. LeDentu est élu au nremier
tour de scrutin par 63 voix contre 4 données à H. uhauvel,
2 à H. Terrier, 1 à M. Périer et 1 à M. Lucas-Cbatnpion-
nière.
Rétention fœtale chez une femme a terite. — M. Char-
6 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 48 — 795
pentier lit un rapport sur un travail envoyé par H. le
docteur Hergott (de Nancy).
Discussion sur la tuberculose. — M. Le Roy de Méri-
court, L'inoculabilité et la transmission possible de la
tuberculose sont connues des médecins depuis de longues
années, mais la promulgation solennelle de la transmissi-
bilité de la phthisie ferait au phtbisique une situation beau-
coup plus pénible que celle du lépreux. D'ailleurs, Timmu*
nité complète pour la pbthisie a été constatée depuis long*
temps parmi le personnel servant de nombreux sanatoria
de montagnes.
En Angleterre, à Thôpital de Brompton, qui contient un
p:rand nombre de phtbisiques, il n'y a eu, en trente-six ans,
dans le personnel servant, qu'un seul décès par phthisie qui
puisse être attribué au séjour dans l'hôpital. Chez un seul
interne, de même, un cas de mort par phthisie attribuable
au séjour à Thôpilal a été signalé. On trouve encore à Bromp-
ton des infirmiers qui ont séjourné à l'hôpital dix, quinze
et jusqu'à vingt-quatre ans sans contracter la phthisie. Ce
remarquable hôpital est d'ailleurs aussi bien emménagé que
possible.
Trois quarts seulement des malades sont atteints de
phthisie pulmonaire; les autres présentent diverses affec-
tions des voies respiratoires et même des affections cardia-
ques; ils sont dans les mêmes salles que les phtbisiques, et
cependant ils ne donnent pas plus de cas de phthisie qu'on
ne pourrait en observer ailleurs.
La phthisie n'est donc pas dans le sens ordinaire du mot
une maladie infectieuse.
Leudet, de Rouen, avait, avec son père, pu suivre des
familles pendant trois, quatre, cinq générations sans con-
stater la contagion de la phthisie.
Sans nier par conséquent la contagion de la phthisie,
M. Le Rov de Méricourt veut montrer les troubles qu'appor-
teraient les instructions de la Commission; d'ailleurs, il
faut indiquer que ces instructions ne sont applicables que
par les personnes riches et pour les établissements hospi-
taliers. Ces prescriptions sont à peu près impraticables pour
les personnes peu aisées.
Il est impossible d'exiger des malades qu'ils portent con-
stamment avec eux leur crachoir prophylactique : comment
pourrait-on mettre des crachoirs dans les casernes, dans les
ateliers, dans les gares et dans les wagons de chemins
de fer?
Dans les services hospitaliers, M. Le Roy de Méricourt
n'accepte pas cette prescription du lait bouilli qui est beau-
coup moins nutritif, d'autant plus qu'on n'a jamais démontré
l'existence du bacille de la tuberculose dans le lait.
Pour cette maladie, comme pour tant d'autres, les meil-
leurs préservatifs sont l'aisance et la moralité. Il y en aurait
un autre, mais qui restera toujours dans le domaine de
l'utopie, ce serait d'empêcher les mariages de phtbisiques.
M. Trasbot veut simplement montrer que l'origine bovine
de la tuberculose humaine n'est nullement prouvée et que
tout au moins elle est beaucoup moins commune qu'on ne
Fa dit. D'autre part, la contagion de là tuberculose entre
animaux de même espèce est beaucoup moins commune
u'on ne le prétend ; si la contagion était aussi facile qu'on le
it, tous les animaux de l'espèce bovine seraient tubercu-
leux et, au contraire, il y en a beaucoup de parfaitement
sains.
On n'a encore publié aucune observation de transmission,
de la tuberculose de l'espèce bovine à l'homme, et cepen-
dant cette opinion est devenue un dogme. Cette contagion
est assurément possible, mais elle n'a rien de prouvé. Par
contre, si cette contagion s'effectue, il est bien certain
qu'elle est beaucoup moins fréquente qu'on ne pense et
qu'elle ne contribue pas à la propagation de la tuberculose
humaine. La tuberculose augmente beaucoup chez l'homme,
a
tous les médecins le proclament, or, au contraire, elle di-
minue beaucoup chez les animaux.
Il n'est pas possible d'attribuer la propagation de la ma-
ladie à la viande, parfaitement surveillée; on n'est pas au-
torisé davantage à l'attribuer à l'emploi du sang on du lait.
La contagion de la maladie entre animaux de même
espèce est assurément possible puisque les inoculations ont
réussi. Cependant on n'a pas tenu un compte suffisant de
l'état antérieur des animaux et des conditions dans
lesquelles ils étaient placés. Rien ne prouve nu'on aurait
obtenu les mêmes résultats chez des animaux adultes, sains
et vigoureux, nourris aussi bien cfue possible et vivant dans
un air suffisant et en pleine activité.
Sous Tinfluence d'un régime donné, l'organisme des ani-
maux peut se modifier énormément au point de vue de la
résistance aux maladies qui le menacent. Autrefois la tuber-
culose était extrêmement commune chez les vaches des
étables de Paris, à cause du manque d'air, de la chaleur et
de l'humidité des étables. Actuellement, placées dans de
meilleures conditions hypfiéniques, les bêtes ne deviennent
plus tuberculeuses, et, s'il en existe une par hasard, on
n'observe pas de contagion dans la même étaole.
Le Congrès de la tuberculose et le rapport de M. Ville-
min ont répandu la terreur dans le public. Il convient donc
que l'Académie n'imprime pas par son approbation un carac-
tère officiel à ce qui n'est encore qu'une opinion scienti-
fique.
M. Cornil vient défendre l'oQuvre de la Commission. Il
rappelle d'abord que M. Hardy accepte la contagion de la
phtnisie, mais ne croit pas que tout le monde soit apte à con-
tracter la phthisie. Or la phthisie est assurément causée par
un bacille; n'esl-il pas naturel dès lors de chercher à lui
barrer le passage? On pourrait citer de nombreux cas de
contagion. M. Cornil se borne à citer une observation due
à M. Marfan et dans laquelle quinze personnes travaillant
dans le même atelier paraissent avoir été contaminées par
un jeune apprenti.
L'évidence de la contagion s impose lorsqu'on étudie la
marche de la tuberculose dans les pays où elle était incon-
nue jusque-là. A la Terre de Feu la phthisie était absolu-
ment inconnue jusqu'à l'arrivée de la mission anglaise. La
femme du pasteur, une phthisique, ouvrit une école, et
bientôt tous les enfants succombèrent à la phthisie. Sur le
danger des bacilles de l'expectoration il ne peut subsister
désormais aucun désaccord. La contagion de la tuberculose
par la viande et par le lait est souvent plus discutable, d'ail-
leurs elle est facile à éviter par la cuisson de la viande et
Tébullition du lait.
M. Le Roy de Méricourt vient de dire que jamais on
n'avait constaté le microbe de la phthisie dans le lait. Mais
M. Bory, vétérinaire à Copenhague, a publié un excellent
mémoire sur les bacilles de la tuberculose dans le lait et
sur les movens de les préparer. M. Cornil, de son côté, en
a rencontre souvent. M. Cornil ne retient donc qu'une grande
cause de la contagion, ce sont les crachats, et il est facile
d'y remédier par la désinfection. Répondant à M. Hardjr,
nui craint la publicité donnée à ces instructions, M. Cornil
tait remarquer que ces instructions ont déjà été publiées
par tous les journaux. Si l'Académie s'arrêtait actuelle-
ment, elle assumerait la responsabilité de donner une sécu-
rité trompeuse aux familles. Si l'on n'adoptait pas une
instruction définitive qui serve de guide au public, on
aurait l'air de dire qu'il n'y a rien à faire pour arrêter la
marche de la phthisie.
On craint que les malades soient mal soignés. Au con-
traire-, ces malades seront mieux soignés lorsque leur
entourage saura qu'il peut avec des précautions hygiéniques
éviter la contagion. On apprendra, il est vrai, aux phtbi-
siques qu'ils sont phtbisiques, mais beaucoup de malades
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N*49 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 6 Décembre 1889
viennent dire à leurs médecins qu'ils sont tuberculeux et
ne s'en porlont pas plus^mal.
Notre devoir est de renseigner exactement le public sur
les dangers de la propagation de la phthisie. La société a le
droit de se défendre contre celte cause de dépérissement.
Aussi nous lui devons une instruction détaillée sur les
moyens propres à arrêter le développement de la phthisie.
M. Nocard. M. Trasbot disait tout à Theure qu'il n'y
a pas de fait de transmission de la tuberculose du bœuf à
l'homme. Le vétérinaire Moser, de Steiner, est blessé profon-
dément en 1885 en faisant Tautopsie d'une vache tuoercu-
leuse; ce vétérinaire est devenu tuberculeux et en est
mort. Ce fait prouve absolument que la tuberculose bo-
vine et la tuberculose humaine sont la même maladie.
M. Ollirier. En 1887 une instruction a été publiée par le
Conseil d'hygiène et de salubrité du département de la
Seine et elle ne parait pas avoir répandu la terreur. H y
aurait tout intérêt à rédiger une instruction plus complète:
la population y est parfîiitement préparée.
•— La séance est levée à cinq heures.
Saelét^ de eblrarfffte.
SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Laparotomie pour plaie pénétrante de l'abdomen : MM. Berger,
Le Fort, M. 86e.— Prolapsas da reotnm : M. N61aton (Diaoutaion :
MM. Vemeuil, Begond, Routier, Le Dentu).
M. Berger communique une observation de laparotomie
pour plaie de l'intestin. Le malade a été opéré une heure
et demie après l'accident, mais il était déjà dans un col-
lapsus profond, dont il ne s'est pas relevé. Cette issue
funeste est la règle pour les plaies multiples de Tinteslin ;
l'observation de M. Jalaguier est une heureuse exception
qui s'explique par le siège de la plaie sur Testomac, et en un
point élevé de cet organe.
M. Le Fort insiste sur la différence pronostique entre les
plaies de l'intestin et celles de Testomac. Il u observé un
garçon boucher chez qui la pénétration d'un coup de cou-
teau dans l'estomac fut évidente : des haricots sortirent par
la plaie. Le blessé guérit. A ce propos, un élève de M. Le
Fort a fait sa thèse sur les plaies de Testomac, et le nombre
de guérisons spontanées publiées est surprenant.
M. Marc Sée croit que M. Berger aurait mieux fait d'at-
tendre une heure ou deux que le malade fût réchauffé.
U n'y eût rien perdu, sans doute, déclare H. Berger^ qui
néanmoins pense qu'il faut opérer vite ou pas du tout, et
que le collapsus, souvent indice d'hémorragie interne, est
au contraire une indication à intervenir au plus vite.
— M. Ch. Nelaton relate deux observations de prolapsus
du rectum traité par rextirpation. En 1887, il a opéré
dans le service de M. Périer une femme multipare, à péri-
née très relâché, atteinte depuis ti'ois ans d'un prolapsus
rectal grave, contre lequel on avait tenté plusieurs opéra-
tions périnéales inutiles. 11 a fait l'extirpation par un pro-
cédé que lui a indiqué M. Segond:deux incisions médianes,
antérieure et postérieure, faites chacune entre deux pinces-
clamp, ont divisé le boudin hernie en deux valves latérales à
la base desquelles a été faite, centimètre par centimètre, la
section annulaire chaque fois précédée d'un point de suture.
Pendant six mois tout alla bien; mais alors débuta la réci-
dive et la malade revint à l'hôpital au quatorzième mois,
avec un prolapsus long de 6 centimètres. La seconde ma-
lade de M. Nélaton explique peut-être le mécanisme de ces
rt'cidives. Cette femme de cinquante-trois ans, elle aQ<«,
multipare à chairs flasques, fut opérée par M. Périer .-
15 mai 1888, par le même procédé que la précédente. Ki -
sortit de l'hôpital le vingtième jour, mais cinq jours apr-
on l'y rapportait : dans un effort, elle avait senti une dot-
leur vive en même temps que quelque chose descend. *
entre ses cuisses. Et là on voyait pendre 25 centimètn^s d-
côlon souillés de matières fécales et de saletés diverse-
Ils sortaient entre l'anus et le coccyx. Le toucher anal r
trouver la rupture à 3 centimètres de hauteur sur la parti-^
postérieure du rectum : là le doigt recourbé pénétrait dar:>
l'intestin. Recourbé en avant, il pénétrait dans le péritoine.
La moitié postérieure de la ligne de sutures avait donr
cédé sous l'effort, puis la traction avait déchiré la paroi anté-
rieure. M. Nélaton attira au dehors tout ce qu'il put de côlon,
et excisa la masse prolabée. Il sutura à la peau le côlon eu
arrière de l'anus, qu'il transforma en un canal borgne en
infléchissant en arrière sa paroi antérieure, de iaçon à
suturer à la peau, en avant du côlon, la lèvre inférieure de
la déchirure qui conduisait dans le péritoine. Guéridon.
Ainsi, M. Périer avait réséqué 11 centimètres de rectum, et
M. Nélaton trouva encore une trentaine de centimètres d'm-
teslin mobile, qu'il dut exciser. Cette partie mobile,
toujours prête à s'invaginer, amènera sans doute toujours
la récidive après l'excision par la méthode de Mikulicz.
à moins qu'on ne la supprime tout entière après avoir,
par . traction sur le prolapsus, amené au dehors âO,
30 centimètres d'intestin, opération qui sans doute plaira
à peu de chirurgiens. La preuve de cette palhog«''nie
est que l'anus artificiel de l'opérée de M. Nélaton n'est
aujourd'hui, seize mois après l'opération, le siège d'aucun
prolapsus.
1A. Vemeuil insiste sur l'intérêt des observations de
M. Nélaton, car Mikulicz, qui a vanté les effets de l'excision,
n'a pas suivi ses malades pendant plus de trois à quatre
mois. M. Vemeuil, après avoir rappelé son récent rapport
sur la colopexie, annonce qu'il communiquera dans la pro-
chaine séance une observation de colopexie simple, et deui
d'une proctopexie par voie périnéale, extrapéritoiiéale.
M. Second a pratiqué, il y a deux ou trois ans, une extir-
pation, par le procédé que vient de décrire M. Nélaton, et
six mois après il n'y avait aucune récidive ; depuis, le
malade n'a pas reparu. Il est à noter que c'était un homme
de vingl-cinij à vingt-huit ans, atteint depuis son enfance
et ayant subi les opérations les {)lus variées. Au sommet du
prolapsus l'intestin était rétréci, et à ce propos M. TnHat
rappelle que pour Bœckel les rétrécissements du rectum
sont une cause fréquente des prolapsus rectaux chez le>
enfants.
M. Routier a vu l'an dernier une femme de vingt-cinq ans,
elle aussi malade depuis son enfance ; le prolapsus, lon^ de
"li centimètres, difficile à réduire, sortait au moindre effort.
Tous les dix à douze jours, pendant trois mois et demi.
M. Routier fit des raies de feu longitudinales sur la mo-
queuse et peu à peu la tumeur est rentrée. Trois mois après
elle n'avait pas récidivé. Mais H. Le Dentu ne se fie pas trop
à la guérison, car deux fois il a obtenu ainsi des succès qui
n'ont été que temporaires. Il a aussi pratiqué une excision
totale.
A. Broc A.
6 Décembre i889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ~ N» 49 — 797
Soelëté de blolog^le.
SÉANCE DU 30 NOVEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Ligature de rarière hépatique : MM. Artbaud et Butte. — Gyto-
diérèse dans le teatloule des soUpèdes : M. Montanè. — Cardio-
graphe direct à aiguille : M. Laulanlé. — Contribution à l'étude
biologique de l'érysipèle : M. C. Leroy. — Recherches sur l'action
physiologique de l'écorce de tige de sureau (Bambucus nigra) :
BIM. Combemale et Dubiquet (de Ulle). — Du sureau comme mé-
dicament diurétique : Mi Georges Lemoina (de Lille). •— Étude de la
nutrition dans la fièvre liée au goitre exophthalmlque : MM. Gilles
de la Tourette et Gathelioeau (Discussion : MM. Richet, Gley). -
Prèsentauon d'un chien à fistule biliaire permanente : M. Dastre.
— Toxicité des urines dans l'épilepsie : MM. Denis et Chouppe. —
Forme nouvelle de balanoposthite : MM. Bataille et Bertln. —
Métamérie de la tète des vertébrés : M. Houssaye (Discussion :
M. Dastre). ~ Vaccination préventive du choléra : M. OamaleXa.
— Sur un copépode du lao de Gimons : M. Blanchard. — Élection
d'un membre titulaire.
MM. Arlhaud et Butte ont constaté que toutes les fois
qu'on lie l'artère hépatique et que la circulation n'est pas
rétablie par l'intermédiaire de l'artère gastro-épiploïque
droite, le sang de la veine hépatique ne contient plus de
glucose et que la mort suit de très près la suppression de
la circulation artérielle du foie.
— M. Montané a étudié la cytodiérèse dans le testicule
des solipèdes et a vu la spermatogénèse chez ces animaux
se faire par multiplication indirecte comme chez les inver-
tébrés.
— M. Leroy fait connaître un cardiographe direct à
aiguille. L'instrument se compose d'une aiguille recourbée
à angle droit qu'on introduit dans la poitrine de manière à
la faire reposer sur le muscle cardiaque. Les mouvements de
cette aiguille actionnent un tambour de Harey fixé au thorax
dont il suit tous les mouvements. De cette façon les tracés
qu'on obtient ne sont pas compliqués par la superposition des
mouvements respiratoires et la grande fixité de l'appareil
permet de donner aux observations toute la durée désirable.
— M. C. Leroy (de Lille), après avoir inoculé l'érysipèle
au moyen de cultures du microbe connu^ a constaté que ces
cultures perdaient leur virulence au fur et à mesure que les
colonies disparaissaient. Mais au bout de quatre à cinq
mois on voit apparaître un nouveau développement, et, six
mois après, l'inoculation de ces cultures vieilles de près
d'un an donne lieu à des phénomènes phlegmasiques du
côté de la peau, accompagnés d'une élévation de la tempé-
rature qui atteint 4P,5. Les faits peuvent rendre compte de
ce que Ton a décrit sous le nom d'érysipèle à répétition.
— M. Gley présente deux notes, l'une de MM. Combe-
male et Dubiquet (de Lille), l'autre de M. Georges Le-
moine (de Lille), ayant toutes les deux pour objet l'action
diurétique de la seconde écorce du sureau. Les conclusions
de ces deux notes sont identiques au point de vue de l'ac-
tion diurétique. Mais pour MM. Combemale et Dubiquet,
le sureau agit sur la circulation, tandis que pour M. G. Le-
moine c'est à une action portée sur l'épithélium rénal qu'on
doit attribuer la diurèse.
— MM. Gilles de la Tourette et Calhelineau^ pour étu-
dier les variations de l'urée et de l'acide phosphorique dans
les fièvres d'origine nerveuse, se sont adressés à trois cas de
goitre exophthalmique avec fièvre et n'ont pu constater au-
cune variation sensible dans l'excrétion de l'urée et de
l'acide phosphorique. Ils pensent qu'il doit en être de même
toutes les fois que la lièvre reconnaît une origine nerveuse
et en particulier quand elle est le résultat d'une piqûre des
lobes frontaux.
M. Richet, qui est l'auteur de cette expérience, dit n'a-
voir pas examiné les excréta solides et liquides, mais déclare
que pour l'acide carbonique on constate une surproduction
qui atteint 25 pour 100.
M. Gley fait remarauer que Aranson et Sachs, qui ont
répété l'expérience de M. Richet, ont constaté une notable
augmentation des excréta azotés.
— M. Dastre présente un chien porteur d'une fistule
biliaire depuis le 1'^ juillet. C'est la première fois qu'on
voit persister pendant une aussi longue période une fistule
de cette nature. Le chien pesait à l'origine 19i^)»',500, il en
pèse actuellement 33.
— MM. Denis et Chouppe ont constaté que pendant et
après l'accès épileptique, la toxicité des urines ne ditTérait
pas de celle des individus sains; elle était identique à celle
de l'urine examinée avant l'accès.
— MM. Bataille et Bertin décrivent une forme nouvelle
de balanoposthite. Le pus provenant des malades atteints
de cette infection est inoculable et la maladie se reproduit
avec ses différentes phases qui sont : apparition de boutons
blancs dans le sillon prépucial ; ces boutons s'élargissent
laissant à leur centre une surface ulcérée et gardant une
bordure blanche, ils se fusionnent et l'ulcération gagne de
proche en proche jusqu'au méat sans pénétrer dans
I urèthre. Cette affection cède généralement aux badi-
geonnages avec le nitrate d'argent.
— Etendant les recherches de Gegenbauer qui a pour-
suivi la corde dorsale jusqu'à Tinfundibulum et d'Albrecht
Îui en a retrouvé les vestiges dans le corps de l'ethmoïde,
[. Houssaye a montré que la corde dorsale peut être suivie
jusqu'au segment olfactif. Il a pu chez l'axolotl reconnaître
dix segments crâniens catactérisés par une fente, un gan-
glion et des nerfs pré, post et sus-branchiaux et n'est pas
éloigné de penser q^i'on pourra par la suite porter à treize
le nombre de ces segments. Le développement des nerfs
crâniens et celui des nerfs spinaux sont identiques jusqu'à
un certain stade d'évolution, mais la prédominance de l'une
des branches qui n'est pas la même dans chacun des deux
systèmes les fait évoluer de deux façons différentes. L'axo*
loti a fourni de précieux résultats à cet égard, puisqu'il
met dix à douze mois pour franchir une période larvaire
que la grenouille franchit en un mois.
M. Dastre fait remarquer combien sont im()ortants ces
résultats quand on les rapproche de ceux de Robin qui fixait
à onze le nombre des segments crâniens et d'autres plus
récents qui, chez le porc, portaient ce nombre à treize.
— M. Gamaleia atténue les cultures obtenues par ense-
mencement du bacille de Koch, en portant leszooglées à une
température de 120 degrés dans l'autoclave. En délayant le
produit de cette opération dans de l'eau stérilisée, on obtient
un liquide très toxique et d'autant plus toxique qu'il est
préparé depuis longtemps. C'est ce liquide qui constitue le
vaccin. L'auteur exalte au contraire la virulence de ses
cultures en les inoculant dans la plèvre d'un rat blanc, puis
l'épanchement pleurétique dans la plèvre d'un second rat.
L'epanchementqui se produit dans la plèvre du second rat,
possède une virulence telle qu'il fait mourir tous les chiens
et cobayes non vaccinés, tandis que ceux des animaux ino-
culés avec le bouillon de zooglées, porté à 120 degrés,
résistent à l'action du virus à virulence exallée.
— M. Blanchard présente des copépodes du genre
Oiaptomus, qu'il a recueillis en quantité considérable dans
le lac de Gimons par une altitude de 3000 mètres. Ces
crustacés, fortement colorés en rouge, renferment une
matière colorante cristallisable dont l'étude n'est pas encore
terminée.
— M. Kaufmann est élu membre titulaire de la Société
de biologie par 29 voix sur 43 votants.
798
N* 49 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECIME ET DE CHIRURGIE 6 Décembre 1889
Sk»eiété de thérapeutique.
SÉANCE DU 37 NOVEMBRE 1889 : PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Recherche du sucre dans l'urine : M. Catillon. — Action diurétique
des sucres : MM. Dujardln-Beaumetz . Constantin -Paul , Bardet,
Vigier, BooquUlon, Dubomme, Kûgler. '
H. Catillon, H. Boymond, dans la dernière séance,
nous a dit avoir vu des urines qui ne donnaient presque
pas de réaction avec la liqueur de Fehling, alors que le
polarimètre y décelait de 25 à 30 grammes de sucre. A ce
propos, je dois citer un cas dans lequel Turine ne déviait
pas la lumière polarisée, tandis qu'elle précipitait très for-
tement la liqueur de Fehling.
— M. Dujardin-Beaumetz. Depuis la communication faite
par le professeur G. Sée, j'ai entrepris une série de recher-
ches sur l'action diurétique des sucres, et une de mes élèves,
M"* S. Mielak, vient d'en consigner, dans sa thèse, les points
principaux.
Le premier travail fait sur l'action diurétique des sucres
est dû à MM. Charles Richet et Moutard-Martin, et a été
publié en 1881 dans les Archives de physiologie. Ces expé-
rimentateurs opéraient sur le chien, (qu'ils avaient soin
d'abord d'anesthésier, puis ils découvraient les deux ure-
tères et recueillaient les urines en comptant la quantité
répandue par minute; ensuite, ils introduisaient dans les
veines les substances à expérimenter. Us constatèrent d'abord
que l'injection d'eau à petites doses (5 à 20 grammes par
kilogramme) ralentit la sécrétion urinaire et qu'au-dessus
de 30 grammes elle l'arrête. Puis, expérimentant un grand
nombre de corps, et en particulier les sucres, ils montrèrent
que, la quantité d'eau restant la même, les sucres aug-
mentaient considérablement la quantité d'urines, et dans
des proportions telles que si on représente par 1 la quan-
tité d'urine normale, la quantité éliminée dans le même
temps après injection intraveineuse de solution sucrée peut
être représentée par 40. Elles sont toujours sucrées. Les
auteurs ajoutent que quand la quantité d'urines sécrétées
a été considérable, de nouvelles injections ne déterminent
plus qu'une polyurie passagère. De plus, les différents
sucres, sucre de canne, glycose, lactose, sont à peu près
également tous diurétiques ; la dextrine le serait aussi.
Dans deux observations du même travail, l'application de
la lactose a été faite chez l'homme : celte médication a été
tentée par M. Duplaix, en 1879, à l'hôpital Tenon. Deux
litres d une dissolution de lactose à 45 grammes pour 1000
déterminèrent une diurèse s'élevantà2 litres et -2"*,500.
Ces faits paraissaient oubliés quand M. G. Sée a fait sa
communication. Toutefois les médecins nui se sont occupés
de la cure de lait en ont signalé tous à 1 envi l'action diu-
rétique.
Après la communication de M. G. Sée, j'ai expérimenté
dans mon service, non plus la lactose, mais la glycose, et
mes expériences ont duré jusqu'à aujourd'hui. De mes obser-
vations nui sont toutes reproduites en entier dans la thèse
de M"** Mielak, je ne vous cite que les points principaux.
A la dose de 150 à 200 grammes par jour, la glycose a
produit chez certains malades une diurèse non douteuse,
considérable même dans certains cas, et atteint 7 litres par
jour dans un cas, 4 litres dans un autre. Tous les malades
auxquels ce sucre a été donné étaient des cardiaques avec
œdème; aucun tonique du cœur ne leur était administré.
Tous les cas d'œdème cardiaque n'ont pas également profité
de cette médication; l'une des contre-indications, commune
d'ailleurs à tous les diurétiques, est la présence d'albumine
dans les urines ; plus celle-ci est abondante, raoifis il y a
d'action diurétique. D'ailleurs la glycose s'est comportée
comme la lactose. Toutefois, j'ai obtenu, dans certains cas,
plus d'effets avec la glycose qu'avec la lactose. Jamais je n'ai
constaté la présence du sucre dans les urines; même cht
les malade atteints d'affection du foie et avec la dose d*
200 grammes de glycose par jour.
Sur ce point particulier j'ai entrepris dans le laboratoir-
des expériences différentes de celles laites par MM. Moutarl-
Martin et Richet. Dans leurs expériences ces auteurs injet -
taient le sucre dans le système veineux, et ils ont constate
le passage presque immédiat du sucre dans les urines, ei
auantité proportionnelle à celle injectée. Pour nous place"
ans des conditions thérapeutiques, c'est par l'estomac qu.
nous avons fait prendre, à un lapin pesant 3480 gramroe<.
des doses croissantes de sirop de glycose. Ce n'est que quano
le chiffre de 100 grammes a été atteint que nous avon>
constaté la présence du sucre dans les urines, de sorte que
si on comparait l'homme au lapin, il faudrait à un homme
de 65 kilogrammes, poids moyen, près de 2 kilogrammes de
sucre pour qu'on vit ce dernier passer dans les urines. Ce
fait, d ailleurs, Cl. Bernard l'avait signalé en montrant que
le sucre apparaît dans les urines lorsque l'injection de
solutions sucrées est faite dans le système veineux générai.
tandis qu'il n'y apparaît plus quand l'injection est faite dans
le système porte.
Reste à expliquer l'action diurétique de ces sucres. Voui^
savez que les sucres se divisent en deux groupes : les gly
coses et les saccharoses. Parmi les glycoses> on doit distin-
guer, au point de vue alimentaire : la glycose ou sucre de
raisin, la lévulose ou sucre des fruits, la galactose qui pro-
vient de l'acide lactique. Parmi les saccharoses, il y a la
saccharose proprement dite ou sucre de lait, et enfin la
maltose.
Au point de vue physiologique, les travaux de Cl. Ber-
nard nous ont montré que le sucre se trouvait dans Téco*
nomie à l'état de glycose, et qu'à l'état physiologique le sang
contenait toujours une certaine quantité de sucre; c'est la
glycémie physiologique.
Donc les saccharoses se transforment en glycoses, sous l'in-
fluence du suc intestinal. Quant à la glycose, elle est ou
emmagasinée dans le foie ou brûlée dans l'économie et
transformée en H'O et CO^. Pour ce qui est, en particulier,
de la lactose, comme l'a montré Dastre, elle se transforme-
rait en acide lactique, puis en galactose et glycose, et fina-
lement en H^O et CO^ Cette transformation montre qu*en
résumé l'action de la lactose revient à celle de la glycose, et,
pour expliquer l'action de la première, il nous suffit de nou<
rapporter à ce qui se passe pour la seconde. A coup sûr, les
Klycoses n'ont aucun effet sur la circulation ; elles ne modi-
fient pas la tension sanguine et par cela même n'appartien-
nent pas au groupe des diurétiques tenseurs. Par leur action
physiologique, ce sont des diurétiques rénaux. J'avais tout
d'anord pensé que le faible passage de la glycose dans les
urines pouvait expliquer cette action diurétique que j'avais
comparée à la glycosurie des polyuriques. Cette première
opinion doit être abandonnée, puisque jamais je n'ai pu
trouver la glycose dans les urines des malades auxquels je
l'administrais. II faut donc croire que la présence de la glv-
cose dans le sang favorise l'osmose de l'eau à travers le
glomcrule; mais, pourque celte action osmotique se produise,
il faut une intégrité plus ou moins complète de répitbé-
lium rénal, car, lorsque cet épithélium est touché comme
dans les néphrites, cette action diurétique disparait.
En résumé, les glycoses et les saccharoses constituent
de véritables diurétiques, très inférieurs, il est vrai, aux
diurétiques tenseurs, mais venant compléter l'action de ces
derniers; les effets maximum de cette action diurétique se
produisent lorsque l'épithélium du rein est intact. Ces mé-
dicaments doivent être d'autant plus conseillés qu'ils sont,
le plus souvent, bien acceptés et bien tolérés parles ma*
lades; que de plus, ils n'ont aucune action nocive et qu'ils
rentrent dans le groupe des médicaments aliments, puis
qu'ils sont comburés par l'économie. Ils peuvent être admi-
6 DiceMBRK 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 49 — 799
nistrés sous forme de sirop de glycose à la dose de 100 à
150 graraioes par jour, dans de reau, de la tisane ou du
lait (on peut aromatiser ce sirop au goût du malade); ou
bien sous forme de lactose à la dose de 100 grammes dis-
sous dans deux litres d'eau, ou enfin sous forme de cure de
raisin. L'administration de ces diurétiaues se fait ordinai-
rement par la bouche, mais on est en droit de se demander
si on ne pourrait pas faire des injections rectales comme Ta
proposé M. Dieulafoy, avec des solutions de glycose. Je crois
donc, en terminant, que l'introduction des sucres comme
diurétiques est une médication utile, non dangereuse, et
qu'on peut toujours employer sans inconvénient.
M. Constantin-Paul. Dans la communication précé-
dente, il est un point qui demande à être éclairci. D'après
les expériences signalées, le sucre introduit par la voie
stomacale ne se retrouve pas dans les iirines. Ce qui ferait
supposer qu'il ne passe pas dans le torrent circulatoire,
sans quoi on devrait l'y retrouver absolument comme dans
le cas d'injection directe. Ces contradictions, apparentes
tout au moins, dans les faits, nous montrent combien ces
questions sont loin d'être élucidées ; aussi est-il prudent de
s'abstenir d*hypothèses pour le moment.
M. Dujardin-Beaumetz. Il ne s'agit, bien entendu, que
d'injections dans la circulation générale; car, si on introduit
les sucres par la circulation porte, c'est absolument comme
si on les introduit par l'estomac.
M. Bardet. Il ne faut pas oublier qu'il n'est rien de bru-
tal comme l'injection immédiate; contrairement à ce qui a
lieu dans l'ingestion par l'estomac, le sucre mélangé direc-
tement au sang a une action de présence à considérer et
dépourvue de but thérapeutique. Ne peut-on pas croire que
le sucre ingurgité stationne suffisamment dans le tube diges-
tif pour c[ue son absorption se fasse lentement et en raison
des besoins de l'économie qui l'utilise au fur et à mesure?
On ne le retrouve que quand il est administré en quantité
trop grande pour qu'il soit complètement comburé.
M. Vigier, L'action diurétique persiste-t-elle ou est-elle
passagère comme celle de la potasse?
M. Oujardin-Beaumetz. L'action du sucre s'épuise : lors-
qu'on renouvelle les doses, la diurèse est moins abondante
Qu'à la suite de la première, et de nouvelles injections
unissent par ne plus provoquer qu'une polyurie passagère.
M. Vigier. Au point de vue commercial, il v a deux gly-
coses, l'une vendue à l'état de miel, l'autre à l'état sec. Ce
dernier produit jouit de propriétés diurétiques plus actives.
M. Bocquillon, On ran^e habituellement dans le groupe
des glycoses les sucres qui réduisent la liqueur de Fehiing;
c'est le cas de la lactose, qui serait donc une glycose.
M. Duhomme. Les effets produits diffèrent évidemment
selon que l'absorption est plus ou moins lente. Cl. Bernard
l'a démontré pour différents poisons. Il n'y a pas de sub-
stance alimentaire qui passe d'emblée dans la circulation ;
le lait de la mère, qui cependant est tout élaboré, n'est
absorbé qu'au fur et à mesure des besoins du nourrisson.
La diurèse me semble résulter de l'effort que fait l'éco-
nomie pour se débarrasser du sucre qu'elle ne peut utiliser.
Aussi je crois qu'il ne faut pas chercher à entraver trop
vite la polyurie des diabétiques.
M. Kûgler. Le sucre de lait qui se décompose en galac-
tose ne doit pas être confondu avec la lactose.
M. Catillon. J'ai fait avec la glycérine des expériences
analogues à celles faites avec le sucre. Au-dessous de
30 grammes on n'en trouve pas de traces dans les urines;
au-dessous de cette dose elle y apparaît. De même, la gly-
cérine à haute dose provoque la diaphorèse, et cependant
ne se retrouve pas dans la sueur. Vulpian disait à ce sujet
que la glycérine n'était pas diurétique bien que s'éliminant
par le rem.
M. Dujardin'Beaumelz. MM. Richet et Moutard-Martin
ont aussi étudié l'action de la glycérine, et ont constaté
qu'elle provoque la diurèse.
M. Duhomme. Combien de temps duraient les expé-
riences de M. Richet?
M. Oujardin-Beaumetz. Les expériences duraient sept
heures.
— La séance est levée à cinq heures trois quarts.
Georges Baudouin.
REVUE DES JOURNAUX
TravAiuK A consulter.
Des éruptions rubéolipormes causées par l'antipyrine, par
MM. les docteurs S. Perret et Devic. — Les rachs antipyri-
niques sont fréquents. Ou le sait, mais ceux sur lesquels nos
confrères lyonnais attirent l'attention, consistent en papules
confluentes et nibéoliformes, qui se manifestent sur la totalité
du corps avec prédominance sur la face et bientôt sur le tronc
et les membres. Gcîtte éruption peut aussi s'accompagner d'un
catarrhe oculo-nasal.
Parfois l'analogie avec la rougeole peut aller plus loin. On
note alors une élévation thermique, et plus tard une desqua-
mation furfuracée. On comprend l'importance de ces manifes-
tations sur la peau et sur les muqueuses, pour le diagnostic dif-
férentiel de la rougeole et dans les cas où des coquelncheux sont
soumis au traitement par l'antipyrine. {La Province médicaUj
29 juin 1889.)
Trois cas de tétanos traumatique guéris par la pilocarpine,
par M. Gasati. — Dans le premier cas, on avait fait inutilement
usage du bromure de potassium et du chloral. Comme les
symptômes s'aggravèrent, M. Gasati prescrivit des onctions sur
les masses musculaires tétanisées, avec la pommade belladonée,
l'administration de 3 centigrammes d'extrait aqueux d'opium
toutes les deux heures et une injection hypodermique de 1 cen-
tigramme de chlorhydrate de pilocarpine de deux en deux heures.
Dans l'espace de six jours, tous les symptômes s'amendèrent et
la guérisonfut obtenue après une crise urinaire abondante.
Dans le second cas, on fit usage pendant une semaine de la
même injection hypodermique toutes les deux heures et on obtint
la guérison. Enfin, un troisième malade reçut par la même voie
et en quinze jours une dose totale de 70 centigrammes de pilo-
carpine et guérit également. Pour M. Gasati, la continuité du
traitement est la condition du succès pour donner à l'organisme
le temps d'éliminer Télément infectieux qui cause le tétanos.
{Gazz. degli Ospistaliy 26 mars 1889.)
De la suspension dans le traitement de la méningite
spinale chronique, par M. de Renzi. — Dans un cas de
méningo-myélite, M. de Kenzi a obtenu la guérisou du malade
ou du moins la cessation des troubles de la motilité au moyen
de la suspension avec l'appareil de Sayre. Ghaque séance durait
deux à trois minutes et se renouvelait tous les deux jours. Dès
le lendemain de la première, on constatait une amélioration. La
seconde fut suivie de l'atténuation de la douleur et d'une
augmentation de la motricité des membres inférieurs. Au
moment où le malade quitta l'hôpital, la douleur avait disparu,
et les mouvements de rotation de la colonne vertébrale étaient
rétablis. Simultanément, on avait prescrit des mouvements
gymnastiques des membres inférieurs et M. de Itenzi attribue
en partie le succès à leur emploi méthodique. {Rivista Clinica,
mai 1889.)
800
N»4> —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECIKÈ ET DE GHIRUR&IB 6 Décembre i889
BIBLIOGRAPHIE
iieçoiiM pr»tlqiac(i de thérapentlqne oeial»ire, faites à la
clinique nalionale des Quinze- Vingts, par M. le docteur
A. Trousseau. — Paris, 1889.
Nous sommes heureux de louer ce petit livré, qui, lais-
sant de côté la théorie et les détails inutiles, fournit, aux
praticiens toutes les données nécessaires pour le traitement
des affections les plus communes de Torgane de la vision.
Le style en est clair et simple comme sont les préceptes du
jeune et distingué médecin de la clinique des Quinze-
Vingts.
Si rhygiène, si le traitement général méritent d*être étu-
diés et appliqués avec soin, la thérapeutique locale est
inconlestaolement d'une importance plus grande. Les com-
presses et les lavages, les collyres, les pommades, les cau-
térisations en sont les agents principaux. Aussi la descrip-
tion de leur mode d'emploi ouvre-i-elle naturellement la
série des leçons de M. Trousseau. Puis vient Tétude de
l'antisepsie oculaire et une charge à fond contre l'abus fait
du bandeau, souvent inutile et parfois dangereux, en aug-
mentant la sensibilité de l'œil et son intolérance pour la
lumière.
Dans le cadre des affections communes sont rangées : les
blépharites, les conjonctivites, les kératites, les iritis, les
sclérites, avec leurs multiples variétés. Malgré tous ses
efforts pour en simplifier la classification, notre confrère
se voit obligé d'en étudier des formes encore trop nom-
breuses pour ne pas laisser une certaine confusion dans
l'esprit des médecins non spécialistes. Nous ne lui repro*
chons aucunement cette multiplication des espèces mor-
bides; elle est jusqu'ici nécessaire, surtout au point de vue
du traitement.
Quelques principes sur l'opportunité de l'opération de la
cataracte, une excellente leçon sur le traitement des affec-
tions des voies lacrymales, terminent le volume. Nous ne
saurions trop louer notre collègue et ami M. Trousseau
d'avoir publié ces cliniques. Si quelques-uns de ses pré-
ceptes nous semblent discutables, si certaines de ses for-
mules peuvent prêter à contestation, nous croyons que son
livre sera bientôt dans les mains de tous ceux c|ui, sortis
depuis longtemps des bancs de l'école sans pouvoir se livrer
à des éludes spéciales, seront heureux d'y trouver des indi-
cations aussi claires que précises dans les difficultés de leur
pratique.
J. (j.
VARIETES
Banquet Trélat. — Le banquet offert à M. le professeur
Trélat, à Toccasion de sa promotion au grade de commandeur de
la Légion d'honneur, aura lieu le jeudi 12 décembre, à l'hôtel
Continental. Les lettres d'adhésion devront être adressées à
M. Walther, 3, rue d'Aumale.
Faculté de médecine de Paris. — M. Hulinel, agrégé, est
chargé d*un cours de clinique des maladies des enfants, pendant
le congé accordé, sur sa demande et pour raisons de santé, à
M. le professeur Grancher.
Collège de France. — M. le docteur d'Arsonval, suppléant
M. le professeur Brown-Séquard, commencera le cours de méde-
cine, le mercredi 4 décembre 1889, à quatre heures et demie,
dans la salle n" 6, et le continuera les vendredis et mercredis
suivants à la môme heure. — II traitera des applications physio-
logiques et médicales de rélectricité.
— M. François-Franck, remplaçant M. le professeur Marey,
a commencé le cours d'histoire naturelle des corps organisés, le
mercredi i décembre 1889, à trois heures et demie, dans la salle
n° 7, et le continuera les vendredis et mercredis suivants à la
même heure. — Il traitera de la pression du sang dans \* «
vaisseaux et de ses variations normales et pathologiques.
Faculté de médecine de Bordeaux, -t M. Villar, agrégé, re-
chargé des fonctions de chef des travaux anatomiques, ea rem-
placement de M. Planteau, appelé à d'autres fonctions.
— M. Chevastelon, licencié es sciences physiques et naturellp^.
est nommé chef des travaux chimiques, en remplacement dt
M. Moment, démissionnaire.
— M. le docteur Lande est nommé chef du laboratoire de
médecine légale (emploi nouveau).
— M. Daraignez (Bernard-Joseph-Ernest) est nommé prosec-
teur, en remplacement de M. HéJon, appelé à d'autres fonctions
— MM. Barretde Nazaris et Régnier sont nommé aides d*ana-
tomie, en remplacement de MM. Labougle et Daraignez, dont 1'
temps d'exercice est expiré.
— Un concours pour la place de chef des travaux anatoniiqae>
s'ouvrira le 15 mai 1890, devant la Faculté de médecine de
Bordeaux. Les candidats se font inscrire au secrétariat de J'Aca-
démie dans laquelle ils résident. Les inscriptions seront reçQe$
jusqu'au 15 avril inclusivement.
Faculté de médecine de Lyon. -— M. le docteur Pollossoo
(Auguste) est institué chef de clinique chirurgicale, en- rempla-
cement de M. Imbert, dont le temps d'exercice est expiré.
— M. le docteur Condamin, prosecteur, est institué chef de
clinioue obstétricale, en remplacement de M. Blanc (Emile),
dont le temps d*exercice est expiré.
École de médecine d'Amiens. — M. le professeur Lenoél e<i
maintenu dans les fonctions de directeur de ladite école.
-—M. le docteur Decamps (Marie-Amédée-Josepli-Félix-Hecton
est institué suppléant des chaires de pathologie et de clinique
médicales.
École de médecine de Besançon. — M. Moria, licencié è<
sciences physiques, est institué suppléant des chaires de physique
et de chimie.
École préparatoire de médecine de Grenoble. — M. le
docteur Deschamps (Albert-Antoine-Marîe) est institué suppléant
des chaires de pathologie et de clinique chirurgicales et de cli-
nique obstétricale.
Cours public d'accouchement. — M. le docteur Paul Berthod,
ancien interne de la Maternité, a commencé le mardi 19 novem-
bre, à quatre heures du soir, un cours public d'accouchement
(Ecole pratique, amphithéâtre n« 3) et le continuera les jeudis,
samedis et mardis suivants à la même heure.
Société médicale des hôpitaux (séance du vendredi 43 dé-
cembre).—Ordre du jour: M. Ballet: Du délire de persécution
dans le goitre exophthalmique. — M- Vaillard : Sur le rOle de>
eaux potables dans la propagation de la lièvre t^plioîde. —
M. Huchard : De la tachycardie paroAystijiue essentielle. — Dt<
la mort rapide par œdème pulmonaire aigu dans les aiTection>
de l'aorte.
Mortalité a Paris '(i7" semaine, du 17 au 23 novembre
1889. — Population : 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, 1î<.
— Variole, 1. — Bougeole, 13. — Scarlatine, 3. — Coque-
luche, 10. — Diphthérie, croup, 32. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 2âz. — Autres tuberculoses, 20. — Tumeurs:
cancéreuses, 42; autres, 3. — Méningite, 24. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 50. — Paralysie, 12. —
Ramollissement cérébral, 10. — Maladies oi]^niquesda cœur, 76.
— Bronchite aiguë, 41. — Bronchite chronique, 36. — Broncho-
Eneumonie, 24. — Pneumonie, 27. — Gastro-entérite: sein, 15;
iberon, 48. — Autres diarrhées, 6. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 3. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 19. — Sénilité, 31. — Suicides, 16. — Autres morts
violentes, 19. — Autres causes de mort, 138. — Causes
inconnues, 9. — Total : 968.
G. Masson, Propriétaire-Gérant,
21294. — MoTTBROZ. -* Imprimeries réanies, A, rue Mignon, 9. Paris.
Trente-sixième année
JN» 50
13 Décembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D*" L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANCOI$.FRfANCK, A. HENOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
SOMMAIRE. — BULLBTIN. — COMTIIIBUTIONS PHARMACBUTIQUBS. Du savon Ter!
contre certaines dermatoses. — Formulairb thérapeutique. Le traitement du
psoriasis à la clinique dermatologique de Lyon. — Revue des cours et des
CLINIQUES. Hôpital de la Charité; service de M. le professeur Trélat : Cure
radicale de la hernie inguinale congénitale chez les jeunes sujets. — Travaux
ORIGINAUX. Clinique médicale : L'urticaire chez les enfants (formes, pathogénie»
évolution). -- Revue des CoivcRàs. Congrès de médecine interne de Wiesbaden
(avril 1889).-— Soci^és savantes. Académie des sciences. ~ Académie de
médecine.— Société de chirui^e. — Société de biologie. — Revue des jour-
naux. Chirurgie. — Bibliooraphie. Leçons cliniques sur les maladies des
enfants. — VARiirés. Faculté de médecine de Paris,
BULLETIN
Paris, 11 décembre 1889.
Académie de médecine : Séasiee pabllqae ansiaelle t Êlog^e
de Fonssagrlves par M. Rochard. — Rapport «or Ica
prix par M. Fêréol. — Sénat : Le droll de r^qaUllioBi
des médrelaa.
Ceux qai viennent d'applaudir si chaleureusement Téloge
de Fonssagrives s'étonneront moins de la généreuse pensée
qui, contrairement aux usages académiques, a fait choisir,
pour être Tobjet d'un solennel hommage, un correspondant
qui n'était guère connu <k que par l'importance de ses tra-
vaux ». Quant à ceux qui ont pu voir à l'œuvre le vénéré
professeur de Montpellier, l'écrivain médical aussi bien
doué que laborieux et fécond, l'hygiéniste et le thérapeute,
le savant et honnête médecin que vient de louer M. Ro-
chard, ils remercieront sincèrement son ancien collègue de
la marine d'avoir fait revivre devant eux une figure des plus
sympathiques et si bien traduit les sentiments respectueux
qu'ils garderont toujours de sa mémoire.
« Je fais de la littérature dans la matinée; la seconde
partie de ma journée est consacrée à la médecine. » C'est
en ces termes que Fonssagrives nous exposait, en 1870,
comment il était parvenu à écrire un si grand nombre d'ou-
vrages traitant des sujets les plus divers et pourquoi il se
préoccupait avec un égal souci de vulgariser les connais-
sances acquises et d'aider dans la mesure de ses forces au
progrès scientifique. Nous connaissions alors de lui ses
études d'hygiène, et, en particulier, son Traité d'hygiène
navale, quelques-uns de ses ouvrages de vulgarisation et
son remarquable travail sur la Thérapeutique de la
phthisie pulmonaire. Il n'avait pas encore écrit le beau
livre qui, développant et complétant un article du Diction--
naire encyclopédique, traite avec autant d'éiévalion de vues
que de sens critique des Principes de la thérapeutique
générale. Déjà cependant il était considéré comme un
r Série, T. XXVI.
maître et son nom, comme ceux de Rochai'd et de Le Roy
de Méricourt, était bien connu des médecins de l'armée aussi
bien que des médecins de Ja marine. Pourquoi, malgré de
si brillantes et de si solides qualités, n'avait-il pu acquérir
à Montpellier la situation professionnelle qu'il était en droit
d'espérer? Pourquoi, malgré l'estime et le respect qu'il
méritait à tant de titres et que lui accoi*daient ses collègues
et ses élèves, restait-il un peu isolé? Quand on a vu, à
l'École de Strasbourg, un homme aussi éminent que
Forget lutter contre les mêmes difficultés et souffrir des
mêmes préventions, on ne s'étonne plus; mais on comprend
la mélancolie avec laquelle Fonssagrives parlait de sa car-
rière médicale et son air de profonde triste3se lorsque, avec
l'enthousiasme du jeune âge, on l'entretenait de projets
d'avenir.
M. Rochard n'a laissé qu'entrevoir les amertumes qui ont
parfois assombri le caractère de son savant ami. Il a surtout
tait ressortir ce qui, dans les événements de sa vie ou dans
les publications qui lui font tant d'honneur, rehausse le
talent de l'écrivain et fait admirer l'homme de bien. On lira
au Bulletin de V Académie ce qui a trait aux débuts du
jeune médecin de la marine, et les nouveaux venus dans
le corps de santé feront leur profit des exemples de courage,
d'activité et de laborieuse énergie que leur ont laissés leurs
anciens.
Après avoir raconté dans quelles circonstances Fons--
sagrives fut élu professeur d'hygiène, circonstances aussi
honorables pour celui qui en était l'objet que pour c la Fa-
culté qui, dérogeant à ses usages, écarta ses propres agrégés
pour faire place à un savant qui lui était étranger > —
l'Ecole de Montpellier est coutumière de ces actes de jus-
tice — M. Rochard ajoute :
Ce ne fut pas sans douleur qu'il se détacha d'un corps auquel
il appartenait depuis vingt-trois ans, dans lequel s'étaient écoulés
ses jeunes ans, les jours mêlés de pluie et de soleil, où il laissait
des amis, comme on n'en fait plus à Tâge où nous étions par-
venus. Ces regrets, ces souvenirs l'accompagnèrent dans sa nou-
velle résidence et ne l'ont jamais quitté. Il s'éloignait de la
mi.rine au moment où nos écoles étaient dans tout leur éclat. Le
corps de santé jouissait partout d'une réputation méritée ; les
concours assuraient l'indépendance et la dignité des caractères,
en donnant les places aux plus capables, et rien ne pouvait faire
'supposer qu'ils seraient un jour remplacés par l'intrigue et le
favoritisme. Plus heureux que ses deux vieux amis, Fonssagrives
est mort avant d'avoir vu s'écrouler, sous les coups de rignorance
et de l'envie, un édifice qui s'était élevé par le travail et le savoir
et à la grandeur duquel il avait si puissamment contribué.
50
802 — N- 50
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Décembre 1889
Il appartenait au dernier inspecteur général du service
de santé de la marine de protester avec cette énergie contre
des mesures qu'au moment où elles ont été édictées, nous
avons ici même sévèrement condamnées. Et la salve d'ap-
plaudissements qui a remercié M. Rochard de sa fran(ihise
aura été entendue hors de Tenceinte de l'Académie.
La deuxième partie de cet Éloge est consacrée à l'analyse
des principaux ouvrages de Fonssagrives. Ce que dit M. Ro-
chard de l'influence exercée par son collègue sur la marche
et les progrès de l'hygiène mérite aussi d'être cité :
Son Traité d'hygiène élémentaire est, dit-il, une reven-
dication des droits de Thygicne dans le traitement des mala-
dies, une critique sévère des exagérations de la thérapeu-
ti(|ue à outrance à laquelle on se livrait il y a trente ans. Cette
critique n'est plus fondée aujourd'hui, et le livre dont je parle
n'a vraisemblablement pas été étranger à cette transformation.
Il est certain du moins que son auteur l'avait pressentie. Toutes
les excentricités delà médecine moderne, disait-il, sont nées des
excès de la pharmacologie; mais le retour à de plus saines
doctrines ne saurait se faire attendre, car les esprits, lassés de
l'abus des médicaments, sont préparés pour une restauration
hygiénique.
Celte restauration, messieurs, nous l'avons vue s'accomplir.
Les trois branches de l'art de guérir qui se sont greffées sur le
vieux tronc de l'unité hippocratique n'ont pas pris un dévelop-
pement égal. Il en est deux qui vont grandissant sans cesse, aux
dépens de la troisième.
L'hygiène a conquis le rôle qui lui revenait. Chaque jour voit
s'élargir son domaine et la thérapeutique s'inspire de ces prin-
cipes. Les médecins, ont compris que les moyens qui préservent
la santé peuvent également la rétablir. 11 suffit d'entrer aujour-
d'hui dans un hôpital pour constater l'importance que tout le
monde attache à la pureté de Tair, à son renouvellement, à la
propreté rigoureuse des malades et de tout ce qui les entoure,
ainsi qu'aux détails de leur régime alimentaire.
La chirurgie a fait plus encore. Utilisant la proniicre les con-
quêtes de la bactériologie, elle eï^t arrivée à supprimer le danger
dans les opérations. L'antisepsie lui a donné un tel degré de
sécurité et d'audace, qu'elle a doublé l'étendue de son domaine,
en empiétant sur celui de la médecine. Elle pénètre aujourd'hui
dans les cavités splanchniques comme dans les articulations, et
soumet à ses procédés cxpéditifs une foule de maladies qui ne
relevaient autrefois que de la médecine et auxquelles elle ne
pouvait opposer que des palliatifs.
Menacée par ces envahissements, la pharmacologie s'est aussi
modernisée. Elle a rejeté les neuf dixièmes de son vieil arsenal
et déblayé ses officines, pour n'y conserver que des agents d'une
efficacité expérimentalement démontrée ; mais elle s'est appliquée
à en augmenter le nombre. Chaque jour, la chimie nous offre de
nouveaux remèdes dont l'énergie nous épouvante parfois, mais
qui deviendront de précieuses ressources lorsque leurs efl'ets
seront mieux connus et leurs indications mieux étudiées.
On ne peut qu'applaudir à ce tableau des progrès de
l'hygiène tracé par l'un des plus fervents apôtres de cette
science nouvelle, par l'un de ces maîtres qui, après avoir
été chirurgien, épidémiologiste et administrateur, s'est
donné tout entier aux études de médecine publique et
d'hygiène.
S'il nous était permis d'exprimer une opinion toute per-
sonnelle, nous dirions cependant que, parmi les ouvrages
de Fonssagrives, ceux qui ont trait à la Ihérapentique et
surtout aux questions de philosophie médicale nous semblent
bien supérieurs à ses traités, manuels ou dictionnaires
d'hygiène. On peut ne point accepter toutes les idées doc-
trinales du professeur de Montpellier; il est impossible de
nier le talent avec lequel il les a défendues.
Nous aurions aimé à citer encore, si la place ne nous man-
quait, ce que M. Rochard a si bien dit du talent littéraire de
Fonssagrives: € Nul, en efTet, n'était plus habile à com-
poser un livre, à lui donner des proportions harmonieuse>
par une juste pondération de ses éléments; personne ne
savait mieux que lui allier la profondeur des idées au
charme entraînant de la forme et à la séduction du style. Ce
sont là, ajoute M. Rochard, des qualités dont on ne st^
soucie guère aujourd'hui, je lésais, peut-être parce qu'elles
ne sont pas à la portée de toutes les éducations, ni de toutes
les intelligences. > Et, après avoir parlé des goûts litté-
raires de son ami, des poésies que, à l'exemple de presque
tous les écrivains médicaux, il a écrites pour développer les
qualités du style c en pétrissant sa pensée pour la faire
entrer dans le moule inflexible du vers, pour l'asservir à la
tyrannie de la pensée >, M. Rochard termine l'éloge de
Fonssagrives en racontant, en termes d'une éloquence émue
et vraiment digne de celui qui l'a inspirée, les derniers
jours de l'homme de bien qui, fidèle aux convictions de
toute sa vie, a pu mourir < sans connaître ni les compromis-
sions ni les défaillances, ni les amers regrets que laisse le
souvenir des mauvaises actions >.
— Appelé pour la première fois^ à remplir les fonctions
si ingrates de secrétaire chargé (lu rapport général sur
les prix de l'Académie, M. Féréol ne pouvait manquer de
rendre hommage aux mérites incontestés de ses prédéces-
seurs. Mais il Ta fait en des termes qui prouvent combien
ceux qui l'ont appelé au bureau étaient en droit de compter
non seulement sur son dévouement et son zèle, mais encore
sur la distinction de son talent et l'élégance de sa plume.
Le secrétaire annuel de l'Académie est lui aussi, en
effet, un de ces savants dont l'éducation première a formé
le style et orné Tesprit. Nous n'aurions pas de peine à le
montrer en reproduisant ici quelques passages de son ra})-
port, en particulier ce qu'il a dit, en termes si élevés et si
dignes, des services rendus à la science par les membres de
l'Académie décédés dans le cours de celte année. Forcé de
renvoyer au Bulletin ceux qui voudront se donner le plaisir,
de goûter ces morceaux littéraires, nous tenons cependant i
signaler ce que, d'accord avec tous les bons esprits soucieux
de l'avenir de noire enseignement professionnel, M. Fêrt<d
nous dit au sujet de l'étude des spécialités. Si Ton compare
l'enseignement et la pratique des dermatologisles alle-
mands, viennois et français, on est frappé de la tendance
qu'ont aujourd'hui les étudiants étrangers à déserter m^i
amphithéâtres pour les écoles allemandes.
Or, il faut l'avouer, dit le secrétaire de l'Académie, et, difif
son excellent rapport, M. Bucquoy l'a répété après bien d'autn^^;
à Paris, on ne rencontre pas dans un même centre tous l4
éléments d'instruction, tels qu'ils sont matériellement rapprochai
dans l'hôpital général de Vienne.
Nous pouvons nous enorgueillir encore de certaines choses,
premier rang desquelles il faut citer cet admirable musée pall. >^
logique de Sainl-Louis qu'on vient d'inaugurer, et auquel trc
vaille depuis plus de vingt-cinq ans un homme modeste et dt*^»
téressé, iM. Baretta, que les étrangers nous auraient enlevé ^ c
n'était pasinviolahlcmenl attaché à notre pays, qui n^cst ponrt ;t
pas le sien; à la faveur de l'Exposition universelle, et gn\r(4
cette circonstance qu'il n'était pas Français, ce véritable ari: rt
que notre collègue des hôpitaux, M. Lailler, a su deviner i
attacher à l'hôpital Saint- Louis, vient enfin de recevoir la réu
13 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE Et DÉ CHIRURGIE — N» 50
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pense qui lui élait due et que les médecins de Saint-Louis
demandaient en vain pour lui depuis trop longtemps.
Mais cette merveilleuse collection de moulages, qui reproduit
la nature avec une fidélité capable de faire illusion aux malades
eux-mêmes, peut aller facilement par des reproduclions enrichir
les étrangers ; tandis que, pour avoir chez nous quelque chose
d'analogue à Thôpital général de Vienne, il faudrait pouvoir
d'un coup de baguette amener en contact l'hôpital Saint-Louis,
la Salpèlrière et Neckcr; et, même en y joignant l'Hôlel-Dieu et
tous nos autres hôpitaux, il nous manquerait encore quelques-
unes des spécialités qui sont en grand honneur à l'étranger. Il
n'y a pas bien longtemps en effet que l'École de Paris, préoc-
cupée, non sans raison, de Timportance des études générales,
faisait la guerre aux spécialités. C'est depuis peu d'années
qu'elle les a admises à l'enseignement officiel, et pour partie
seulement. Ce n'est que d'hier que la Fîiculté a décidé d'élever à
la dignité professorale la clinique spéciale de l'hôpital Necker.
Or, il est déjà tard pour Je reconnaître, la tendance moderne
est toute aux spécialités. La science est si vaste aujourd'hui que
la division du travail s'y impose comme partout ailleurs. Sans
rien laisser perdre de notre ancienne valeur, et tout en conser-
vant aux études encyclopédiques leur importance primordiale,
sachons marcher dans les voies nouvelles. Nous y sommes
engagés déjà. La récente mesure de la spécialisation des agrégés
est un progrès indiscutable dans ce sens. Mais hàtons-nous, si
nous voulons remonter au premier rang.
Espérons que, dans un avenir prochain, ce vœu sera
exaucé.
Il en est un autre que,d'annéeenannée,on s'empresse de
ir^nstneliredinx pouvoirs publics et que M. Féréol a exprimé
en commençant son rapport. La salle des séances de l'Aca-
démie de médecine, ses bureaux et surtout sa bibliothèque
sont dans un état de délabrement des plus regrettables.
Et malgré le legs de Demarquay, qui a donné le bon
exemple, personne ne songe à assurer à l'Académie un
logement digne d'elle. Il y a certainement quelque chose à
tenter à ce point de vue. Mais on comprend aisément que
l'iniliativeprivée hésite à entreprendre ce qu'il appartien-
drait à l'Ëlat de réaliser. C'est un sujet sur lequel nous
avons déjà reçu diverses communications et sur lequel nous
aurons à revenir. H en est de même des motifs qui
découragent parfois les concurrents aux prix de TÂca--
demie et des mesures que l'on pourrait prendre pour rendre
ceux-ci plus utiles et plus enviables. Ce sont là des questions
fort intéressantes, mais qui ne peuvent être discutées en
quelques lignes et à la fin d'un compte rendu que l'intérêt
de la séance solennelle de l'Académie a déjà rendu plus
long que de coutume.
L'affaire des médecins de Rodez vient d'être l'objet d'une
interpellation adressée à M. le garde des sceaux par M. La-
corabe, sénateur. Des discussions auxquelles a donné lieu
cette interpellalion, il résulte que, pour tout le monde,
ministres, magistrats et médecins, les tarifs d'honoraires
fixés par le décret du 18 juin 1800 sont absolument déri-
soires et doivent être revisés. C'est ce que demandent tous
les médecins requis par la justice. Et ce sont les procédés
humiliants et vexatoires du parquet de Montpellier qui ont
décidé les médecins de Rodez à refuser nettement tout
concours à la justice. Ils suivaient l'exemple donné par le
savant et respecté professeur de médecine légale de la
Faculté de Montpellier. Ils avaient pour objet principal de
créer une agitation qui obligerait le ministre de la justice
à sortir de la douce quiétude avec laquelle, comme Ta si
bien dit M. Cornil, il envisage trop souvent les difficultés
de ce genre.
Nous n'avons pas à répéter ici ce que nous avons déjà dit
dans un précédent article (p. 750). La question de droit qui
fait l'objet d'un recours du parquet de Rodez près la Cour
de cassation reste douteuse. Il s'agit de savoir si, oui ou
non, dans le cas particulier qui nous occupe, il y avait
flagrant délit > Et de la solution de ce cas particulier résul-
tera l'acquittement ou la condamnation définitive de nos
confrères.
Mais la discussion soulevée devant le Sénat a mis en
présence deux opinions divergentes et, suivant que l'une
ou l'autre d'entre elles sera acceptée par le législateur,
les conditions légales imposées dorénavant aux médecins
seraient bien différentes. M. Lacombe demande que, à
la condition de recevoir une indemnité supérieure à celle
que fixe le décret de 18H, le médecin soit tenu d'obéir
à toutes les réquisitions de la justice. M. Cornil, au con-
traire, réclame l'institution, dans tous les chefs-lieux de
Cours d'appel et dans la plupart des tribunaux de première
instance, de médecins légistes, munis d'un certificat d'études
spécial et seuls destinés à remplir, après réquisition de
l'autorité judiciaire, les fonctions de médecins experts.
Nous croyons avoir suffisamment insisté déjà sur ce sujet
pour ne point nous croire obligés de développer ici les
motifs qui nous font adhérer aux considérations développées
avec autant d'autorité par M. Cornil pour montrer que l'on
ne peut obliger les médecins à répondre à toutes les réqui-
sitions de la justice. Aussi longtemps qu'on n'organisera pas
la médecine judiciaire en France, on sera exposé à se
heurter à des difficultés analogues à celles qui viennent de
se produire, voire même à n'obtenir que des rapports
médico-légaux peu autorisés et par conséquent inutiles. Dès
que la Cour do cassation aura prononcé sur la question de
droit, nous examinerons dans tons ses détails la question
législative dont la solution s'impose.
CONTRIBUTIONS PHARMACEUTIQUES
Du savon vert contre certaines dermatoses.
Ce savon porte aussi le nom de savon noir. Il a une
odeur désagréable et une consistance moite. On le prépare
avec la lessive de potasse, tandis que les savons durs du
commerce sont à base de soude. Pendant qu'en France on
fait le savon noir avec des huiles de colza, navettes ou chè-
nevis, en Angleterre, on le prépare avec du suif et de l'huila
de baleine.
Quoi qu'il en soit, ces savons sont toujours très alcalins
et rapidement solubles dans l'eau, qualités qui les font
rechercher pour les nettoyages et le blanchiment.
En médecine, au contraire, dans certaines maladies chro-
niques du tégument, il est préférable de saturer cette alca-
linité par un acide.
J'ai été appelé, dernièrement, à exécuter une formule
ainsi rédigée:
Savon vert 50 grammes.
Alcool rectifié 100 —
Filtrez et ajoutez : acide salicylique, 2 grammes.
Le mot filtrez n'était pas à sa place, car l'acide sali-
cylique a donné lieu à un léger précipité d'acide oléique.
S04 — N' 50 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Décembre 1889
après avoir saturé la potasse qui se trouvait en excès dans le
savon. Il faut donc écrire: dissolvez le savon dans l'alcool à
90 degrés, ajoutez Tacide salicylique et filtrez.
Celte solution avait été prescrite en application contre un
eczéma tnarginattim de la racine de la cuisse. Peut-être
est-elle acceptable au point de vue médical. Mais je dois
rappeler la formule du savon-ponce, déjà recommandée ici
même dans un but analogue (n** de juillet 1884) : ponce
porphyrisée, 15 grammes; savon vert ou noir, 30 grammes.
Ne pas perdre de vue que, dans cette dernière préparation,
le savon conserve toute son alcalinité.
Pierre Vigier.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Le trAltemeiit da paorla«is A 1» ellnlqae
demftatolofclqae de Lyoo.
Trois indications dominent celte indication, d*après
H. Gailleton: l"" nettoyer les surfaces malades; S*" les modi-
fier; 3* prévenir les récidives.
I. Nettoyage des surfaces malades. — Prescrire des
bains alcalins, accompagnés de frictions savonneuses et les
répéter jusqu'à enlèvement des squames.
II. Pansement des surfaces malades. — M. Gailleton
préfère aux autres topiques ceux à base d'acide chryso-
phanique et d'acide pyrogallique.
La pommade à Vacide chrysophanique au dixième doit
être employée en frictions, mais en évitant d'étendre ces
dernières sur une surface très grande de la peau.
La pommade à l'acide pyrogallique au cinquième
convient aux cas de psoriasis vulgaire. On doit l'appliquer
avec ménagement, en raison des dermites que ce médica-
ment peut provoquer et des intoxications à début presque
foudroyant, observées consécutivement à son emploi. Il ne
convient pas contre le psoriasis aigu scarlatiniforme.
III. Traitement général et préventif. — L'arsenic est
le seul médicament dont l'action soit réelle, à condition de
le prescrire en dehors de la période aiguë :
!• Liqueur de Fowler. — La prescrire à doses croissantes
en commençant par cinq gouttes et en augmentant jusqu'à
vingt gouttes, sans aller au delà;
2' Sirop d'arséniate de soude. — On peut ordonner le
sirop suivant à la dose de deux à six cuillerées par jour,
une cuillerée représentant 1 milligramme et demi d'ar-
senic :
Pr. Eau distillée 180 grammes.
Sirop de pensées sauvages 60 —
Arséniale de soude 0,04 centigrammes.
'S"" On complète l'action médicamenteuse par la balnéation
simple, chaque bain devant être quotidien et prolongé
pendant une, deux ou trois heures. H. Gailleton attribue à
la longue durée du bain tous les succès obtenus dans
quelques stations thermales.
Ch. Éloy.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
hôpital de la charité. — service de m. le professecr
trélat.
Core radicale de la hcrote Inipaioale eongéalUile cIms
les Jennes sujelv.
La cure radicale de la hernie inguinale réductible,
simple, est une opération de plus en plus étudiée. Pour la
hernie congénitale le débat se complique d'un élémenl Je
plus, la possibilité de la guérison par le port prolongé el
soigneux d'un bandage bien fait. L argumentation des ad-
versaires de la cure opératoire se résume en ceci : ils se
refusent à exposer à la mort un malade atteint d'une hernie
simple, même congénitale, pour lui éviter l'ennui de por-
ter bandage alors que, dans presque tous les cas d'ope-
ralion, môme heureuse, il n'est pas délivré de cet ennui;
ils ne concèdent pas davantage que Ton soit en droit de
risquer la mort opératoire, c'est-à-dire immédiate, pour
éviter au malade les risques, fort peu probables, de voir ?a
hernie s'étrangler vingt ou trente ans plus tard.
Il est d'abord un point sur lequel je désire exprimer nel- '
temenl mon opinion. Oui, la cure est opératoire et non ra-
dicale pour les hernies que j'ai plus spécialement citées
lors de la dernière discussion de la Société de chirurgie ;
oui, pour les hernies inconstamment, incomplètement!
difficilement réductibles, l'opéré devra ultérieurement por-
ter un bandage. L'opération n'a pas eu pour but de suppri-
mer le brayer, mais bien de permettre le remplacement
d'un appareil défectueux par un appareil similaire mais
efficace. Aussi ne faut-il opérer ces hernies de faiblesse que
Quand une complication fournit une indication spéciale.
Avec la hernie congénitale des jeunes sujets, hernie d'em-
blée, faite dans un canal péritonéo-vaginal anormalement
perméable, la question change du tout au tout. Ce sojet
n'est pas un hernieux, un affaibli ; c'est un malforuié, ce
qui n'est pas du tout la même chose. A celui-là le bandage
pourra être supprimé si, par une opération sanglante, on
oblitère le canal anormal, autour duc^uel la paroi mnsculo-
aponévrotique est saine, vigoureuse, jeune en un mot.
Ici surgissent deux objections : le bandage peut être eu-
ratif; Topération expose à la mort.
Que le bandage bien fait et bien porté puisse être curattt\
je ne songe pas à le contester. Hais ce que j'affirme c'est
que la guérison parfois n'est qu'apparente et je vous en
fournirai pour preuve l'observation suivante. C'est celle
d'un jeune Autrichien de dix-neuf ans, dont un frère e>t
devenu hernieux à vingt ans et qui lui-même est hernieu\
de naissance. A l'âge de quatre ans on lui appliaue un
bandage : à dix ans on l'en délivre et la hernie semluo gué-
rie. Mais neuf ans plus tard, il y a de cela cinq semaine^.
dans un effort, il croit sentir que la hernie est sortie et efTer*
tivement deux jours après, étant au lit, il trouve par hasarl
une grosseur dans le pli inguinal gauche. C'était bien la
hernie, facilement réductible, mais non moins facile à re-
produire. Pour le moment, elle ne le gène en rien, est in-
dolente, aisément coercible; mais le malade craint qu'elle ne
grossisse, ne cause des accidents; de plus, il est incom-
modé par le bandage. Il demande donc à être opéré, et j*
vais accéder à son désir, car le bandage, facile à appliquer
dans l'espèce, ne le mettrait pas à l'abri de rélranglement
d'emblée; je vais l'opérer parce qu'en somme il n*esl pâ5
guéri, parce que son conduit vagino-péritonéal n'est pa^
oblitéré et que par suite il reste exposé à tous les accident^
de la hernie à canal ouvert.
On ne doit donc pas proclamer à la bâte les effets curalif^
du bandage : quand on suit pendant longtemps les malades.
on se convainc que les observations comme la précédentr
sont loin d'être rares. Mais reste la deuxième objection
13 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 50
805
l'opération expose à des risques mortels pour éviter des
accidents d'étranglement qui surviendront peut-être, et ra-
rement, dans vingt ou trente ans. Je répondrai d'abord,
avec une conviction absolue, nue, sur un sujet jeune et sain,
pour une hernie réductible, les risques de mort peuvenf,
doivent être négligés si l'opération, d'ailleurs fort simple,
a été bien conduite et la plaie bien pansée. Cette opinion
n'est pas seulement la mienne, mais celle de tous les chi-
rurgiens antiseptiques qui ont l'expérience de la cure radi-
cale. A côté de cela, j'ai une conviction non moins solide-
ment arrêtée : la hernie abandonnée à elle-même est plus
souvent grave que ne le prétendent les adversaires de la
cure radicale, et surtout les accidents la menacent souvent
à courte échéance. Les hernies volumineuses, adhérentes,
enflammées, sont bien de vieilles hernies, portés par des
sujets de cinquante, soixante ans et plus. Il n'en est pas du
tout ainsi pour la hernie petite étranglée d'emblée, c'est-à-
dire, en somme, pour la hernie congénitale étranglée. Ici,
l'ancienneté de la lésion n'entre pas en jeu. Ce n'est pas
un collet induré, stigmatisé, qui étrangle; c'est une bride
séreuse valvulaire, tranchante que le temps n'a guère mo-
difiée. Dans un effort brusque une anse sort, trop volumi-
neuse, et brusquement elle s'étrangle. Aussi concevez-vous
que cet étranglement d'emblée, le plus grave de tous puis-
qu'il est produit par une crête tendue et tranchante, soit
possible chez les jeunes adultes aussi bien, mieux même
que chez les vieillards.
A Tappui de cette assertion, je vous rappelle l'observation
de ce jeune homme que, sur mon conseil formel, M. Walther
a opéré le 7 novembre dernier et dont il vient depublier
l'observation à la Société anatomique. Le 25 décembre 1888
la hernie apparut pour la première fois chez ce garçon de
dix-huit ans, et immédiatement elle causa des accidents
de douleur et d'occlusion. Par le repos tout cessa, et l'in-
testin rentra. Mais à trois reprises ces phénomènes récidi-
vèrent et il y a trois mois la crise se termina par Tirréduc-
tibilité de la descente. Les troubles étaient médiocres et le
malade ne s'en préoccupait guère lorsque, le 4 novembre
dernier, des symptômes d'occlusion éclatèrent, et le 7 no-
vembre le malade fut admis à l'hôpital. La kélotomie, sui-
vie de cure radicale, montra que déjà l'intestin adhérait au
sac. Vous ne direz pas, cette fois, que la cure radicale pra-
tiquée en décembre 1888, dès la première menace, n'eût
évité au patient que des accidents de sa vieillesse.
Celte rois, il est vrai, la temporisation n'a pas eu d'in-
convénients majeurs. Les quelques adhérences de l'intestin
ont été faciles à libérer; l'intestin, peu altéré, a pu être
réduit et la guérison complète a été rapide. Mais cette bé-
nignité n'est malheureusement pas dans les habitudes de
l'étranglement d'emblée de la hernie inguinale. Notre ma-
lade n'est venu qu'au troisième jour et il n'a pas eu à s'en
plaindre. Mais n'oubliez jamais que dans ces étranglements
fiar valvules tranchantes, quelques heures peuvent suffire à
a perforation de l'intestin, même sans que les accidents
aient une intensité suffisante pour forcer l'attention du ma-
lade et la main du médecin.
Le troisième malade dont je veux vous entretenir va vous
démontrer la vérité de mon dire. Lui aussi est jeune : il a
vingt-six ans. Toujours il s'est connu une hernie, pour la-
quelle il a été exempté du service militaire, elle ne sortait
d'ailleurs que dans les efforts. Grosse comme une noix, elle
rentrait facilement et jamais le sujet ne s'en est inquiété.
Or, le 1 1 août dernier, notre homme passa la soirée en fortes
libations, avec accompagnement de cris et de chants : en se
couchant, àonzeheuresdu soir, il s'aperçutque sa hernieétait
dehors et il ne put la réduire. Bientôt survinrent quelques
coliques, quelques nausées. Le lendemain, notre homme
resta au lit pendant la matinée, puis, comme le repos ne
calmait pas ses douleurs, il essaya de la marche. La con-
stipation depuis le début de l'accident était complète et
deux vomissements avaient eu lieu quand, le 13 août à midi,
il se présenta à l'hôpital ou il était venu sans peine, à pied.
La tumeur, située à droite, est grosse comme le poing,
sonore, modérément douloureuse; la peau est normale, le
ventre n'est pas ballonné, le visage est peu altéré. M. Lyot
fit cependant la kélotomie sans taxis préalable, à trois
heures de l'nprès-midi (quarante heures après le début des
accidents) et oien lui en prit, car l'intestin, déjà en partie
mortifié, dut être réséqué, si bien que le malade porte au-
jourd'hui un anus contre nature des mieux conaitionnés,
avec prolapsus à chaque effort.
Vous voyez donc que les dangers de la hernie congénitale
abandonnée à elle-même sont sérieux et qu'ils menacent
fort bien l'individu jeune ; d'autre part, le port d'un bandage
ne met pas à l'abri des accidents brusques de l'étranglement
d'emblée. Voilà pourquoi ]€ pense que laisser subsister une
hernie congénitale, même derrière un bandage bien fait,
c'est exposer le malade à la mort bien plus que si on lui
fait courir les risques, k peu près nuls, d'une opération
bien faite. Aussi ai-je progressé depuis que j'étudie cette
question et je suis devenu beaucoup plus opérateur que ie
ne l'étais il y a quelques années. Au début, je conseillais de
n'intervenir par la cure opératoire que pour les hernies
complirjuées. Aujourd'hui, bien assuré que pour les hernies
congénitales simples, réductibles, l'opération n'offre ni
difficultés, ni gravité ; qu'elle peut, en raison des disposi-
tions anatomiques, donner une guérison réelle, une véritable
cure radicale ou totale; que toutes les hernies non guéries
sont exposées à des accidents plus ou moins graves et
prompts, parfois très prompts comme on l'a vu chez les
deux malades de notre service, je pratique et je conseille
de pratiquer la cure opératoire chez tous les adolescents ou
jeunes gens qui voient se reproduire une hernie réputée
guérie, et cela, dès que la hernie reparaît, avant toute com-
plication de volume ou de contenu.
A. BnocA.
TRAVAUX ORIGINAUX
Citnliine médleale.
L'urticaire cuez les enfants (formes, pathogénie,
évolution). Communication faite à la Société médicale
des hôpitaux dans la séance du 25 octobre 1889, par
M. le docteur J. Comby, médecin des hôpitaux.
(Fin. — Voyez le numéro 49.)
Obs. XI. Petite fille soumise à Vallaitement mixte. Rachi-
tisme^ dyspepsie avec ectasie gastrique. A Vâge de onze moiSy
poussées d'urticaire. Trois ans aprèSy l'urticaire chronique se
transforme en lichen agrius et continue à évoluer sous cette
forme. Observation suivie pendant cinq ans. — M... (Blanche)
était âgée de dix-neuf mois quand je la vis pour la première
fois au Dispensaire de la Villelte (1884). Depuis Tâge de onze
mois, elle soutTrait de démangeaisons prest^ue continuelles,
accompagnées d'éruptions ortiées manifestes. Faisant déshabiller
l'enfant, je constate la présence de très nombreuses papules
d'urticaire avec quelques lésions Je grattage sur le tronc et sur
les membres.
Cette fillette, soumise à rallaitement mixte, a marché tard et
présente les déformations osseuses habituelles an rachitisme.
De plus, son ventre est très gros et la succussion méthodique
de la paroi épigastrique fait entendre un bruit de clapotage
qu'on perçoit encore au-dessous de l'ombilic. Il semble donc
que l'estomac soit très dilaté. D'ailleurs, l'enfant est extrême-
ment vorace et demande sans cesse à boire ou à manger; elle
boit surtout énormément. A cette époque, je prescrivis un ré-
gime plus sobre, la diminution des hoissons et des bains vinai-
grés qui restèrent sans effet. Au mois deiuillet 4885, Tenfant
est dans le même état et souffre toujours de son urticaire. Deux
' ans après (22 août 1887), elle présentait encore des pa-
806 — N« 50 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Décembre 1889
pules d'urticaire et de fortes démangeaisons. Elle avait peu
grandi et souffrait de l'estomnc; il est vrai que son régime ali-
mentaire avait été peu surveillé. Elle continuait à boire déme-
surément, aussi bien la nuit que le jour. Le ventre restait j^ros
et le clapoiage épigastriquejoccupaitlamème étendue. J'insistai
de nouveau sur fimportance.du régime et j'obtins le rationne-
ment des liquides.
Le 28 novembre 1887, l'enfant revient au Dispensaire dans
une période d'amélioration ; elle a peu de démangeaisons, elle
n'a plus de papules d'urticaire, mais elle offre des papules
pelites, arrondies, les unes intactes^ les autres excoriées par les
grattages, et il est impossible de ne pas penser au lichen
agrius; le volume du ventre a diminué, la dilatation gastrique
est moins étendue.
Un an plus tard (novembre 1888), je suis consulté de nouveau
pour cette enfant qui présente une recrudescence de son éruption
prurigineuse. 11 n'y a plus une sejile place ôrtiée, mais de très
nombreuses papules petites, arrondies ou acuminées, les unes
nettes, les autres couvertes de sang desséché, avec quelques
plabards d'apparence eczémateuse. La transformation de Turti-
cnire chronique en prurigo de Hebra me parait complète.
Le 1"* avril i889, on me ramène l'enfant, non ps^s pour son
éruption qui, devenue chronique, n'inquiète plus les parents,
mais pour une légère blépharo-conjonctivite de date récente.
Actuellement d'ailleurs, le ticlien est dans une phase de rémis-
sion, les papules sont rares et les démangeaisons, quoique
toujours vives, ne sont pas suivies de grattages très énergiques.
L'enfant, qui a aujourd'hui six ans et demi, est très petite ;
elle a le développement d'une enfant de quatre ans, elle est
toujours polydipsimie.
Les frictions répelées avec le glycérolé tartriqiie étant restées
inefficaces, je les remplace par les frictions avec l'huile de foie
de morue.
Voilà donc une enfant qu'il m'a été permis de suivre pen-
dant cinq ans, et que je reverrai probablement encore pen-
dant de longues années. Atteinte, à la suite d'un régime
alimentaire défectueux, de dyspepsie et d'urticaire chro-
nique, elle n'a cessé, pendant trois ans, d'être tourmentée
par des poussées d'urticaire. Puis l'urticaire a fait place au
licheii agriusy au prurigo de Hebra; il est difficile de citer
une observation plus probante.
Obs. XII. Fille de cinq ans. Allaitement artificiel, polydipsie.
Urticaire au début Aujourd'hui prurigo de Hebra. — Cette
fillette, âgée de cinq ans, assez nerveuse, a été nourrie au bibe-
ron et n'a marché qu'à deux ans; elle était donc rachitique.
Aujourd'hui, les déformations rachitiques ont disparu, mais la
dyspepsie a persisté; Tenfant mange peu et boit beaucoup.
Depuis deux ans et demi, elle est tourmentée par des démangeai-
sons atroces, plus fortes l'été que l'hiver, accompagnées au
début de papules larges et fugaces (urticaire), coïncidant au-
jourd'hui avec des papules petites, acuminées (prurigo) et avec
des lésions de grattage. La mère est nerveose, le père est alcoo-
lique; il bat souvent la mère et l'enfant. Le prurigo de Hebra
est incontestable, quoiqu'il ne revête pas une forme très intense.
Je prescris le rationnement des liquides et les frictions avec
l'huile de foie de morue.
Obs. Xlïl. Petite fille de trois anSj nerveuse. Poussées d'urti-
Caire à la suite d'une rougeole, Actuellementprurigo de Hebra.
^Le 12 août 1889, je prends l'observation d'une petite fille, âgée
de trois ans et trois mois, conduite par sa mère au Dispensaire
de la Villette. Cette enfant, nourrie au sein, a été sevrée un peu
brusquement et prématurément à douze mois ; les suites immé-
diates du sevrage ne furent pas mauvaises. L'enfant est ner-
veuse, agitée, sa mère est émotive, son père irascible, un frère
est mort de convulsions à l'âge de auinze jours, un autre est
mort-né. Tels sont les antécédents héréditaires et collatéraux ;
je suis disposé à tenir compte de la tare nerveuse qu'ils décè-
lent, mais je crois qu'il faut invoquer aussi le sevrage pré-
maturé.
Quoi qu'il en soit, à la suite dune rougeole contractée en
janvier 1889, l'enfant a eu d'incessantes poussées d'urticaire.
Au bout de trois nmis, les papules ortiées avaient disparu,
mais les démangeaisons persistaient et l'éruption a pris les
caractères suivants:
On voit, disséminées sur l$i face, le dos, les fesses, les cuisses, 1
la face dorsale des bras et des avant-bras, d'innombrables petite^
papules acuminées, les unes intactes, la plupart excoriées ri
recouvertes de sang desséché. Entre les papules existent aussi
des taches pigmentaires et des cicatrices. Les plis articulai! f"-
et la face antérieure des avant-bras sont indemnes.
L'éruption n'est pas polymorphe, elle est exclusivement pru-
rigineuse et papuleuse ; le prurit est plus fort la nuit que h^
jour, Tété que l'hiver.
J'ai observé, pendant les remplacements que j'ai eu Toc-
câsion de faire à l'hôpital Sainl-Louis, un certain nombre
d'adolescents ou d'adultes atteints de prurigo de Hebra; la
plupart étaient malades depuis leur première enfance ; che?
une femme cependant, dont je rapporte robservation (XVI),
la maladie n'avait débuté qu'après vingt ans. C'est là un
cas exceptionnel, mais pas unique, M. Besnier et quelques
autres dermatologistes ayant observé aussi cette dérogation
à la règle. Chez tous ces malades, jeunes ou vieux, il existait
un état dyspeptique ancien avec dilatation de l'estomac.
J'ai essayé, à l'aide du naphtol (2 grammes à 2'',50 en
vingt-quatre heures), de combattre les fermentations gastro-
intestinales que je suppose être en relation avec la dermo-
pathie, j'ai obtenu quelques améliorations, j'ai échoué k
plus souvent. Marchant sur les traces de M. Bouchard, j'ai
ajouté le régime sec à l'antisepsie intestinale, j'ai prescrit
la strychnine à la dose de 5 milligrammes par jour.
L'association de toutes ces médications ne m'a pas donné
tous les résultats que j'en attendais, et le prurigo de Hebra
reste après ces essais, ce qu'il était avant, c'est-à-dire une
maladie désespérante.
Voici les observations recueillies à l'hôpital Saint-Louis:
Obs. XIV. Garçon de seize ans. Prurigo de Hebra datant dr
la première enfance. Dilatation de Vestomac. Amélioration
par le naphtoL — D... (Paul), âgé de seize ans, est un garçon
de taille moyenne, d'apparence strumeuse (blépharite ciliaire),
qui dit souffrir, depuis sa naissance, de démangeaisons persis-
tantes. 11 est entré à l'hôpital Saint-Louis (service de iM. Teooe-
son), le 25 juillet 1889, pour une exacerbation de sa niala<iie,
les démangeaisons étant toujours plus fortes Tété que l'hiver.
Au moment de son entrée dans les salles, il présentait de
nombreuses lésions de grattage (papules excoriées recouvertes
de sang desséché, fissures), des taches pigmentaires, des cica-
trices, des placards eczématiformes surtout au niveau des ais-
selles. Traité par les frictions à Phuile de foie de morue, il
offrait encore quand je le vis (12 août), toutes ces lésions. Je lis
suspendre le traitement externe à partir du 15 août et je pres-
crivis le naphtol à la dose do Jo%50 par jour, en quatre prises.
Celte médication fut continuée pendant quinze jours saii^
interruption, elle fut suivie d'une amélioration très notable. Le
28 août, Tentant ne présentait plus que les vestiges de ses érup-
tions antérieures (taches et cicatrices) et n'accusait plus la
moindre démangeaison.
Examinant son estomac, à. jeun, après lui avoir fait boire un
demi-verre de tisane, je constate que le bruit de clapotage dé-
passe Tombilic de deux travers de doigt. Cette dilatation consi-
dérable de l'estomac doit être très ancienne, malgré l'incerti-
tude des renseignements fournis par le sujet. Tout ce qu'il sait,
c'est qu'on Ta mis en nourrice à la campagne et qu'il en a rap-
porté ses démangeaisons.
Il est probable que cet enfant a passé par les mêmes
phases que ceux dont j'ai pu prendre l'observation dès le
début : poussées d'urticaire d'abord, prurigo de Ilebra
ensuite.
Voici quelques observations dans lesquelles, ayant
reconnu la dilatation de l'estomac, j'ai essayé de lutter
contre ses effets toxiques par le naphtol.
Obs. XV. Fille de seize ans. Prurigo de Hebra datant de la
première enfance. Dilatation de Vestomac. Guérison au
moins temporaire par le naphtoi et le régime. — (îette jeune
fille, â^ée de seize ans comme le malade précédent, est entrV^e
à rhôpital Saint-Louis (service de M. Tenneson) le 8 août 188**,
Elle est petite, pâle, délicate, et ses tibias ont gardé l'incurva-
13 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 50 — 807
valiori rachilique. Atleinte, depuis la oremière enfance, de dé-
mangeaisons persistantes, plus fortes Vété ique Tliiver, elle a
été déjà traitée Tannée dernière, pour la même affection, dans
le même service ; au bout de six semaines de traitement elle
sortit améliorée. Actuellement son corps est parsemé de papules
excoriées et de lésions de grattage, sans compter les taches
pigmentaires et les cicatrices qui attestent les lésions passées,
mais la forme est moins grave que dans le cas précédent. Ayant
constaté aue les frictions à Thuile de foie de morue était inefû-
caces, je les remplaçai, à partir du 15 août, par â grammes de
naphtol en cinq doses. Ayant constaté en outre une dilatation de
Testomac caractérisée, à jeun, par un bruit de clapotage des-
cendant jusqu*à Tombilic, je prescris le rationnement des
liquides (600 grammes par jour), rusage du pain grillé, la sup-
pression des aliments indigestes, des sauces epicées, des choux,
des salades, etc.
Le 1*' septembre, c'est-à-dire après quinze jours de ce traite-
ment, la malade semblait guérie et n*avait plus d'éruption ni de
démangeaisons. Il est vrai que j*avais affaire à une forme rela-
tivement bénigne de prurigo de Hebra, sujette à des rémissions
notables, que la guérison temporaire de la maladie avait été
obtenue Tannée dernière par d'autres moyens. Cependant je ne
puis pas ne pas tenir compte du prompt succès qui a suivi le
traitement de la dilatation stomacale.
Voici maintenant d'autres observations dans lesquelles
00 verra que l'action du naphtol a été moins efficace :
Obs. XVI. Femme de vingt-six ans. Prurigo de Hebra sur-
venu à vingt-quatre ans. Dilatation de restomac. Traitement
par le naphtoL le régime, la strychnine. Pas d'amélioration.
— M"»* X..., âgée de ,vingt-s!\' ans, entre, le 25 août 1889, au
pavillon payant de Thôpital Saint-Louis, pour une alopécie qui
a succède à la fièvre typhoïde et pour un prurigo de Hebra dont
le début date seulement de deux ans. Jamais avant cette époque,
la malade n'avait eu la moindre démangeaison; c'est un cas
exceptionnel, mais indiscutable, de prurigo de Hebra survenu à
l'âge adulte. Le corps est couvert de papules excoriées, de lé-
sions do grattage, ae placards eczémati formes ; les démangeai-
sons sont atroces et continuelles, et c'est à cause d'elles quo la
malade est venue de province pour se faire soigner à Paris. Tous
les traitements locaux employés jusqu'à ce jour ont échoué.
L'intervention d une fièvre typhoïde assez grave, il y a un an,
a suspendu les démangeaisons sans les supprimer ni les atté-
nuer par la suite. Il faut ajouter que la malade, sans être hysté-
rique, est nerveuse et très irritable.
Elle est aussi dyspeptique depuis longtemps et porte une dila-
tation considérable de l'estomac; le bruit de clapotage descend
au-dessous de Tombilic. Je prescris simultanément le naphtol à
la dose de 29',50 par jour et j insiste sur le régime; 600 grammes
de liquide (vin blanc étendu de trois quarts d'eau), aliments
choisis, rien en dehors des repas, etc. Au bout de dix jours,
voyant qu'il n'y avait pas la moindre amélioration, j'ajoute à ce
traitement une dose quotidienne de 5 milligrammes de sulfate
de strychnine. La malade essaye successivement des frictions au
glycérolé tartrique, à Thuiie de foie de morue. Elle sort de Thô-
pital peut-être trop tôt, sans avoir éprouvé de soulagement.
Obs. XVII. Garçon de quinze ans et demi. Prurigo de Hebra
datant de la première enfance. Dilatation de l'estomac. Trai-
tement par le naphtol et la strychnine. Pas d amélioration.
— L... (Henri), âge de quinze ans et demi, est entré à Thôpital
Saint-Louis (service de M. Tenneson) le 8 août 1889. Sa maladie
caractérisée par des démangeaisons atroces et plus accusées
Tété que Thiver, par des papules excoriées, par des fissures,
par des taches pigmentaires et des cicatrices, date de la pre-
mière enfance. Il a été traité, à deux reprises, dans cet hôpital,
par M. Fuurnier et par M. Vidal. C'est un garçon qui boit beau-
coup et dont les digestions laissent à désirer. Le bruit de clapo-
tage dépasse Tombilic. Je prescris 2 grammes de naphtui,
4 milligrammes de sulfate ae strychnine, et le rationnement
des liquides. Après quinze jours de ce traitement, il n'y avait
pas la moindre amélioration et je renonçai à continuer* Les
irictions à Thuiie de foie de morue furent plus efficaces.
Il ressort de celte élude quelques notions utilisables
pour le pronostic, la prophylaxie et le traitement de l'ur-
ticaire chronique.
On saura d'abord que Turticaire infantile peut avoir des
conséquences lointaines et graves. On ne sera plus porté à
négliger les démangeaisons passagères, intermittentes ou
prolongées qui marquent les premières atteintes du
mal.
Sans doute l'urticaire, dans la majorité des cas, ne laisse
aucune trace durable; la maladie est éphémère comme les
papules qui la traduisent objectivement.
Mais on saura qu'il n'en est pas toujours ainsi, et que
l'urticaire peut se répéter, passer à la chronicité et aboutir
enfin à cette maladie abominable qu'on appelle prurigo de
Hebra. Voilà le point noîr dans le pronostic de Turticaire.
Il faut donc, dans la pleine conscience de cette éventua-
lité fâcheuse, instituer un traitement qui vise l'évolution
redoutée.
La prophylaxie du prurigo de Hebra doit s'inspirer de
Tétiologie. On admettra que l'urticaire, aiguë, subaiguê ou
chronique, est probablement d'origine iox\(i\iQ(toxidermie).
L'urticaire s observe, en effet, chez les enfants dont l'hy-
giène alimentaire laisse à désirer, dont le ventre est gros,
dont l'estomac est dilaté ; c'est une manifestation cutanée
de la dyspepsie aiguë ou chronique.
L'hypothèse d'une substance toxique, d'un poison éla-
boré dans le tube digestif, transporté dans la circulation,
éliminé par la peau, expliquerait la relation qui unit la
dilatation de l'estomac et la dyspepsie à Turticaire.
La prédisposition nerveuse des sujets parait également
jouer un rôle, sinon dans la production de Turticaire, du
moins dans l'exagération de ses manifestations et dans
l'acuité du prurit.
Quoi qu'il en soit, la clinique infantile connaît toutes les
variétés d'urticaire observées chez les adultes. Elle nous
montre surtout la marche inquiétante et les transformations
fâcheuses de Turticaire chronique.
Un enfant mal nourri et dyspeptique présente des
poussées d'urticaire qui, aiguës et fugaces au début, vont
en se répétant et se rapprochant de plus en plus. Au bout
de quelques mois ou de quelques années, Turticaire chro-
nique prend un nouvel aspect ; Tenfant a toujours les
mêmes démangeaisons, mais il n'a plus les mêmes papules.
Au lieu des plaques ortiées primitives, son corps présente
des lésions de formes diverses, des papules, des excoria-
tions, des fissures, des placards eczématiformes, etc. La
maladie est devenue presque incurable : c'est le prurigo de
Hebra.
Voilà une des origines, certainement la plus commune,
de celle singulière dermopathie, et les observations que
j'ai rapportées démontrent nettement, pour la plupart, la
filiation des accidents.
M. Kaposi a bien vu que le prurigo de Hebra pouvait dé-
buter,, du huitième au douzième mois de la vie, par une
urticaire qui persiste jusqu'à la deuxième année.
M. Vidal, qui cite l'opinion de H. Kaposi, ajoute : Il est
probable que cette urticaire persistante n'est autre chose
aue le strophulus pruriginosus de Hardy, avec ses réci-
ives si fréquentes pendant le travail de la première den-
tition.
Sans nier la possibilité de la transformation du stro-
phulus en prurigo de Hebra, le strophulus me paraissant
avoir la même origine que Turticaire (dyspepsie infantile),
je déclare n'avoir pas encore observé cette transformation,
et je me rallie à Topinion de H. Kaposi.
Quant à Tinfluence de la première dentition, je la con-
sidère, d'après les nombreux faits que j'ai relevés, comme
absolument nulle.
J'en dirai autant de la scrofule, qui peut coïncider avec
Turticaire chronique et le prurigo de Hebra, sans avoir la
moindre relation pathogénique avec ces dermatoses.
En un mot, je crois à la prédominance du rôle joué par
le tube digestif dans la pathogénie de toutes les variétés
808
N» 50 - GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Décembre i889
d'urticaire, y compris Turticaire chronique et son aboutis-
sant, le prurigo de Hebra.
On m'objectera que les troubles digestifs ne suivent pas
toujours une marche parallèle à celle de la dermatose ;
j'accorde que la dyspepsie peut s'amender, alors même que
le prurigo de Hebra conserve sa ténacité désespérante.
Mais cette divergence n'implique pas contradiction, et
les maladies chroniques, les dermatoses en particulier,
peuvent parfaitement survivre à la cause qui leur a donné
naissance.
Dans le cas du prurigo de Hebra, le simple grattage,
passé à l'état d'habitude, suffirait à perpétuer les lésions
tégumentaires, sans qu'une élimination continuelle de pro-
duits toxiques à travers la peau fût nécessaire.
La prophylaxie de l'urticaire chronique et du prurigo
de Hebra repose tout entière sur l'hygiène alimentaire.
Les enfants nourris au sein ne sont aue rarement atteints;
il faut partir de là pourrecommander l'allaitement naturel,
exclusif et prolongé. A ceux qui sont sevrés, on donnera
une alimentation appropriée à leur âge, c'est-à-dire le
régime lacté, les œufs, les œufs au lait, le tapioca au lait,
le riz, les panades, etc., etc. Pas de viande, pas de légumes
indigestes, pas de liqueurs alcooliques.
La question des boissons a, dans la première enfance, une
f placer avantageusement ces frictions par le sparadrap i
'huile de foie de morue, dont on se sert à l'hôpital Saint-
Louis.
L'usage interne de l'huile de foie de morue est également
très utile dans la plupart des cas.
d'eau sucrée, etc. Ces liquides ne sont nuisibles que par
l'abus qu'on en fait.
Mais que dire des parents qui donnent à leurs enfants,
encore à la mamelle, le vin, le café, le cidre, la bière, etc.?
Les habitants de nos faubourgs parisiens sont coutumiers
de ces erreurs funestes à la population infantile.
Il suffit de signaler ces abus pour en montrer les dangers.
J'insiste beaucoup sur la quantité des boissons permises
aux enfants, car la polydipsie, plus encore que la polypha-
gie, me parait être la source habituelle de la dilatation de
l'estomac et de la dvspepsie.
Si 400 grammes ae liquide par jour suffisent à la rigueur
pour un adulte (Bouchard), cette quantité suffira pour un
enfant sevré et mangeant des aliments solides.
On doit chercher à atteindre cette limite et on défendra
de boire en dehors des repas.
Le lait stérilisé est le meilleur liquide à employer dans
la première enfance.
On interdira, aux enfants atteints d'urticaire ou de pru-
rigo de Hebra, l'usage de la charcuterie, de la viande de
porc, du gibier, des salaisons, des sauces épicées, des
fromages salés, des choux, des poissons de mer et des
crustacés (M. Vidal).
On essayera, à l'exemple de M. Bouchard, de faire l'anti-
sepsie intestinale à l'aide du naphtol, qu'on donnera à la
dose de 1 gramme, l'^SO .chez les enfants, par prises de
20 centigrammes (une toutes les deux heures). On y ajou-
tera la strychnine (2 milligrammes par jour pour un enfant,
5 milligrammes pour un adulte).
Le traitement local a une grande importance :
L'usage des bains et des lotions vinaigrées (un quart de
vinaigre pour trois quarts d'eau) échoue trop souvent.
Les frictions quotidiennes ou biquotidiennes avec la
pommade tartrique (1 gramme ou 2 d'acide tartrique pour
40 grammes de vaseline ou deglycérolé d'amidon) sont plus
efficaces.
Mais le traitement local qui a donné jusqu'à ce jour les
résultats les plus encourageants, aussi bien pour l'urticaire
chronique que pour le prurigo de Hebra, c'est l'emploi de
l'huile de foie de morue.
Les frictions quotidiennes avec l'huile de foie de morue
m'ont rendu de nombreux services dans la clientèle du
Dispensaire de la Société philanthropique. On peut rem-*
REVUE DES CONGRÈS
Conférés de médecine Interne de WleabndeB
(avril 1899).
Description d'un nouveau bacille en formb de komma, par
M. Rosenfeld (Breslau). — L'auteur l'a découvert dans ie pu^
d'une pleurésie. 11 en décrit les caractères physiques ainsi que
les milieux de culture où il se développe. Il ne lui a trouvé
aucune propriété pathogène, les diverses inoculations par voi<*
sus-cutanée, dans la plèvre, dans l'abdomen, ainsi que l'ingestiou
dans l'estomac étant restées négatives.
De l'influence du sol sur la propagation de la tuberculose
EN ALLEMAGNE, par M. FinkelnburQ (Bonn). — L'auteur a étu-
dié les variations de la mortalité par tuberculose du seie
féminin dans les communes rurales : il a remarqué qu'il d'j a
aucun rapport direct entre la densité de la population et la pro-
pagation ae la tuberculose. Dans l'ouest et le sud de l'Alle-
magne où le sol est marécageux, la morlalité est plus graude.
Sur le littoral elle est très faible ainsi que dans les montajçnes
où l'écoulement des eaux est facile. Dans les contrées malsaine^
les enfants et les adolescents sont plutôt influencés que leï>
adultes.
Des différentes phases de la révolution cardiaque, par
M. de Ziemssen (Munich). — L'auteur communiq^ue des traré<
sphygmographiques d'un enfant chez qui le cœur était découvert
par suite de la résection de la paroi de la poitrine. Il a, en outre,
étudié l'influence que l'alcool, la digitale et le ehloral exercent
sur le cœur. Le temps de repos du cœur et de la contraction des
oreillettes (qui coïncide avec le remplissage du cœur; est indi-
qué par une courbe doucement ascensionnelle. Cette phase a
une aurée variable, tandis que le temps de la contraction ven-
triculaire est assez constant.
Recherches sur la pression sanguine dans les cavités di:
CŒUR et les artères, par M. Krehl (Leipzig). — L'auteur a
comparé sur le chien la pression du sang dans la racine de
l'aorte, dans le ventricule gauche et l'aorte descendante. La
pression dans le ventricule s'élève vite et tombe à zéro dès»
qu'elle a atteint le maximum. Dans l'aorte, la pression com-
mence à s'élever un peu plus tard que dans le ventricule; quand
elle arrive à la dépasser, les valvules semi-lunaires se ferment.
Peu après on observe sur le tracé de l'aorte un deuxième maxi-
mum de pression, formé par l'onde c dicrote >. Celle-ci est,
d'une façon générale, plus nette quand la pression est faible,
parce qu'alors elle est plus grande, et plus éloignée du premier
maximum. Quand la pression s'él^ve, comme dans le cas d'exci-
tation après section de la moelle, l'ondée dicrote se produit
avant que les valvules aorliques soient fermées. D'où il résulte
que sa formation n'est en rapport ni avec le moment de la fer-
meture des valvules aortiques, ni avec leur occlusion.
Résultats des nouvelles méthodes de traitement de l.\
TUBERCULOSE DU LARYNX, par M. Kvause (Berlin). — L'usage du
laryngoscope a permis d'intervenir chirurgicalement. L'emploi
de l'acide lactique donne des résultats satisfaisants dans le plus
grand nombre des cas. On a exagéré la douleur que provoque
son application, et qui se calme dès (|ue l'ulcération est cauté-
risée. Il convient d'éviter les solutions trop concentrées. La
trachéotomie donne aussi de bons résultats, mais il ne faut pa>
oublier que dans un ffrand nombre de cas la canule ne peut
plu.< être supprimée. La méthode du curettement de Heryng est
très fiivorabte; sur 73 malades ainsi traités, 43 ont été' guéris
ou améliorés. Ce traitement est surtout indiqué dans les cas
d'ulcères qui s'élargissent et d'infiltrations étendues, qu'il faut
exciser avec une double curette.
Des échanges gazeux dans le diabète sucré, par M. Léo
(Berlin). — Contrairement à l'opinion de Pettenkofer et de Voit,
l'auteur conclut de ses recherches que la consommation d'oxy*
gène et l'élimination de l'acide carbonique sont identiques chèi
13 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 50 - 809
rhomme sain et le diabétique. Si rélimination du sucre non
oxydé est sans influence sur réchange gazeux, cela tient à ce
3ue, à la place du sucre, c'est la graisse et Talbumine qui sont
écomposees. L'auteur considère comme inexacte la théorie
d'Ebstein d'après lac^uelle la présence du sucre dans l'urine
dépendrait de la diminution de l'acide carbonique dans le sang
et dans les tissus ; dans cetle hypothèse, l'augmentation de
l'acide carbonique déterminerait une diminution de la quantité
de sucre. L'auteur a fait respirer à un diabétique de l'air chargé
d'acide carbonique (ce qui, d'après Paul Bert, augmente l'acide
carbonique des. tissus) sans constater de changement dans la
production du sucre.
Sur un cas db rhinosclérome, par M. Laquer (Wiesbaden).
— L'auteur communique un cas ae rhinosclérome qui a pré-
senté des difficultés pour le diagnostic. II s'agit d'une femme
habituellement bien portante, non syphilitique, qui eut il y a
deux ans au nez deux indurations d'une consistance cartilagi-
neuse, cuivrées, à bords nettement limités, non ulcérées, non
douloureuses et ne présentant aucun caractère inflammatoire;
il n'y avait aucun engorgement ganglionnaire. L'examen micro-
scopique a fait voir des bactéries caractéristiques du rhinosclé-
rome, en partie des coccus et des diplococcus avec une enveloppe
colloïde; en partie des bâtonnets courts et épais, ressemblant
à ceux qui ont été décrits par Cornil et Alvarez, Paltauf et
Eiselsberg.
Expériences sur l'origine du murmure vésigulaire, par
M. Dehio (Dorpat). — L'auteur combat la théorie de Baas et
Penzoldt pour qui le murmure vésiculaire sérail produit par la
respiration bronchique modifiée par le parenchyme pulmonaire
rempli d'air, et par le passage de l'air a travers le larynx plus
étroit. Il pense qu'il prend naissance dans le poumon même, et
s'appuie sur l'expérience suivante :
Un poumon séché avec une injection de glycérine, élastique,
dilatable, est gonflé par la trachée au moyen d'un soufflet. On
supprime les bruits bronchiques en remplissant les bronches de
ouate légère. En appliquant l'oreille sur le poumon on perçoit
nettement le murmure vésiculaire tant que le poumon se dilate
et que l'air pénètre dans les alvéoles. Le murmure vésiculaire
se produit donc sans participation des bronches et du larynx.
^ De la déglutition d'air, par M. Quincke (Kiel). - Avaler de
l'air en petites quantités est un phénomène normal; avaler de
grandes quantités d'air pendant le repas ou en c avalant à vide »
n'est pas sans inconvénients, et il peut en résulter de la dila-
tation de l'estomac. Les malades accusent des éructations plus
ou moins pénibles. Parmi les causes, il faut citer le catarrhe
pharyngé, la nervosité générale et l'usage du tabac à fumer; de
plus l'air peut pénétrer dans l'estomac non par la déglutition,
mais par aspiration de l'œsophage.
De la dyspnée cardiaque, par M. de Basch (Vienne). —
L'auteur expose une théorie de la dyspnée cardiaque, qui est
caractérisée par trois symptômes ; non seulement par la respi-
ration dyspnéique, comme on l'admet généralement, mais aussi
par la diminution de l'efl'et utile de la respiration et par l'aug-
mentation des dimensions des poumons. Celle-ci on peut la
constater par la percussion, et la diminution de l'efl'et utile de
la respiration, par la spirométrie. Ayant produit expérimen-
talement une dilatation du ventricule gauche chez un animal,
l'auteur a vu se produire de la dyspnée avec augmentation des
poumons, caractérisée par l'abaissement du diaphragme et le
soulèvement du thorax. L'augmentation du volume des poumons
dans la dyspnée cardiacjue est produite par l'œdème des pou-
mons qui sont surcharges de sang. La diminution de l'efl'et utile
de la respiration peut s'expliquer par la rigidité des poumons,
c'est-à-dire la diminution de leur élasticité. *
Recherches sur les échanges ouganiques dans la cachexie
carcinomateuse, par M. Miiller (Bonn). — L'auteur a constaté
chez les malades sans fièvre et sans œdème une élimination
d'azote par les urines et les matières fécales plus considérable
que la quantité apportée par l'alimentation, n en résulte chez
les uns un simple état d'inanition, et chez d'autres une décom-
position consicférable de l'albumine. Dans les cas qui se sont
terminés par du coma, il y eut une diminution brusque dans
l'élimination de l'azote et on put, comme dans l'urémie, ratta-
cher le coma carcinomateux à une auto-intoxication, par réten-
tion des produits azotés septiques.
Des pneumonies a streptococcus, par M. Finkler (Bonn). — •
Il y a des pneumonies causées par des streptococcus, souvent
secondaires, plus rarement primitives. Elles présentent des sym-
ptômes qui permettent de les distinguer pendant la vie. FHIes
sont lobulaires, à foyers multiples, qui quelquefois se rejoignent.
L'inflammation est non fibrineuse, mais interstitielle. Des mani-
festations typhiques se montrent, qui sont produites par un empoi-
sonnement par des ptomaïnes. Ces pneumonies sont contagieuses
et d'un caractère malin. Elles sont probablement épidémiques,
comme chez les animaux, et représentent peut-être le véritable
érysipèle des poumons.
Sur un cas de rhinite fibrineuse, par M. Seifert (Wurz-
bourg). — L'auteur rapporte le cas d'un jeune homme qui, à la
suite d'une pneumonie fibrineuse, fut atteint d'un exsudât ana-
logue sur toute l'étendue de la muqueuse respiratoire, et prin-
cipalement sur la muqueuse nasale. Il ne s'agissait pas de
diphthérie. L'exsudat était parsemé d'un grand nombre de
coccus.
De L'ALCALESr.ENCE DU SANG DANS LES MALADIES, par M. KraUS
(Prague). — Dans une série de maladies fébriles infectieuses,
l'auteur a régulièrement trouvé une diminution de l'acide car-
bonique dans le sang veineux. L'auteur a examiné trois cas de
coma diabétique : dans deux de ces cas, il y avait une diminu-
tion considérable de l'acide carbonique en même temps que de
l'élimination d'acide butyrique; dans le troisième ou celle-ci
faisait défaut, le sang a conservé pendant le coma sa richesse
normale en acide carbonique. Il a également ti*ouvé une
diminution dans un cas d'empoisonnement par le phosphore,
mais dans un cas de leucémie elle fut très légère, et dans deux
cas de chlorose la richesse en acide carbonique ne fut pas
changée.
Contribution a l'étude du diagnostic et du traitement de
LA PROSTATITE CHRONluUE, par M. Posner (Berlin). — Un grand
nombre de prostatiques sont considérés comme des neurasthé-
niques, jusq^u'à ce qu'on ait fait un examen local. A côté du
toucher, il importe d'examiner le liauide prostatique au mi-
croscope; à l'état normal il renferme des globules de lécithine,
des cellules épithéliales, et constamment, par l'addition de
phosphate d'ammoniaque, de beaux cristaux appelés cristaux
spermatiques. La présence de cellules rondes (hundzellen) est
pathologique. Le traitement doit surtout consister dans le repos
et dans des ménagements; il doit aussi être moral. 11 convient
de prescrire un régime fortifiant, de ne pas abuser des purga-
tifs; les suppositoires iodoformés et belladones à la fois sont
utiles.
Comment la petite circulation se comporte sous l'action
DE LA DIGITALE, par M. OpenckowsJcy (Dorpat). — La petite cir-
culation forme un système tout à fait indépendant, et les sub-
stances qui agissent sur la grande circulation n'ont aucune
action sur la petite tant que le cœur droit lui-même ne reçoit
pas plus ou moins de sang. La diminution de la pression que le
curare, le nitrite d'amyle, l'hydrate de chloral exercent dans la
grande circulation ne se fait pas sentir dans la petite. La digi-
taline et l'helléborine n'agissent que sur le cœur gauche et son
système de vaisseaux, et n'exercent pas d'influence sur le cœur
droit ni sur les vaisseaux pulmonaires. L'artère coronaire gauche,
sous leur influence, se remplit davantage et devient plus large,
tandis que du côté droit on n'observe rien de pareil; de même
le cœur droit bat deux fois plus vite que le gauche. On peut
ainsi expliquer certains phénomènes cliniques : si la digitale
agissait également sur les deux moitiés du cœur, rien ne serait
changé dans son fonctionnement, et malgré un travail exagéré,
il ne pourrait faire passer une plus grande quantité de sang de
la petite circulation dans la grande.
Du massage électrique, par M. Mordhorst (Wiesbaden). —
Dans le plus grand nombre des afiections chroniques, d'origine
traumatique ou rhumatismale, il existe un engorgement des
vaisseaux lymphatiques, que l'on combat par l'hydrothérapie, le
massage, l électricité. L'auteur a combiné ces deux derniers
moyens, en employant des rouleaux élastiques de forme variable,
où aboutissent les électrodes d'un appareil à courant continu.
11 a employé ce moyen dans des traumatismes, des rhumatismes,
des névralgies, des synovites, et il a obtenu dans 33 cas, 23gué-
risons complètes.
De l'emploi d'un flacon aspirateur de Bunsen pour l'aspi-
ration DES EXSUDATS PLEURÉTIQUES, ET COMME MOYEN D'OBTENIR
810 — N* 50 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Décembre 4889
UN MEILLEUR DÉPLISSEMENT DBS POUMONS APRÈS L'OPÉRATION DE
l'emptémr, par M. Storch (Copenhague), — Si, après ropéralion,
le poumon ne se déplisse pas, c'est parce qu'il est comprimé
par fatmosphère ; on arriverait peut-être à un meilleur résultat
en le soumettant à une pression plus faible. L'opération étant
faite et le drain en place, on recouvre Tincision d'une tetterelle
(analogue à celle qu'emploient les nourrices) et dont le tube est
mis en communication avec l'appareil aspirateur. Dans un cas
pareil Tauteur a va le poumon se distendre d'abord; malheu-
reusement pendant la nuit le tube fut comprimé, l'aspiration
cessa, et le poumon se rétracta de nouveau.
Er. W.
h
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie des aelenees.
SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1889.
Remarques sur les diastases sécrétées par le Ba-
cillus heminecrobiophilus dans les milieux de culture,
ar M. Arloing. — D'une série de recherches sur le Bacil-
Itis heminecrobiophilus y Tauteur déduit les conclusions
suivantes :
1^ Ce bacille sécrète dans les cultures plusieurs ferments so-
lubies, qui lui permettent de préparer pour l'assimilation toutes
les substances organiques nécessaires a la nutrition et au déve-
loppement d'un être vivant. Cette conclusion n'est pas excessive ;
car pourquoi refuserions-nous à un microbe, qui au fond est une
cellule végétale, les prproiélés que possèdent quelques cellules
glandulaires ? Le protoplasma ayant toujours les mêmes exi-
gences, à l'intensité près, doit avoir partout les mêmes apti-
tudes fonctionnelles. Seulement il les manifeste plus ou moins,
ou en plus ou moins grand nombre, suivant le milieu où il vit.
2° Parmi ces ferments, ou à côté d'eux, il en est un qui dis-
sout le tissu conjonctif anémié et transforme les matières orga-
niques, en dégageant des gaz, c'est-à-dire ajoute à son pouvoir
une modalité attribuée jusqu'à ce jour aux micro*orgauismes et
non à leurs sécrétions.
Sur la variabilité de l'action dks matières viru-
lentes, par M. G. Colin, — L'auteur s'efforce de démon-
trer que chaque espèce animale constitue un milieu tantôt
favorable, tantôt impropre à l'évolution de tel ou tel état
morbide virulent et que même, dans l'organisme, il semble
exister des milieux favorables et des milieux plus ou moins
réfractaires au développement du virus.
Il est, en effet, des animaux réfractaires à la septicémie
généralisée et qui ne contractent, par l'inoculation, que des
septicémies locales ou même qui reçoivent impunément au
fover de Tinocuiation des quantités relativement considé-
rables de matière virulente qui y reste localisée.
Il y a donc, dit-il, trois variantes nettement caractérisées
dans les effets des inoculations sepliques, savoir la septi-
cémie généralisée qui tue en rendant virulente la totalité
de l'économie; la septicémie locale qui donne seulement la
virulence aux liquides du foyer sans altérer les autres, en-
fin la septicémie stérile sans extension ni régénération des
agents introduits.
De même pour le charbon. L'inoculation de la maladie
tue rapidement certains animaux, ne détermine chez
d'autres que la pustule maligne grave ou l'œdème malin
qui s'éteignent sur place ou quelquefois donnent naissance
à une infection secondaire, enfin dans un troisième groupe
d'animaux ne donne naissance qu'à des tumeurs circon-
scrites ou à des plaques phlegmoneuses légères sans exten-
sion.
Enfin la tuberculose, dont les formes sont si variées et
l'évolution ordinairement si lente, témoigne, non moins
(}ue les deux maladies précédentes, des diversités de mi-
lieu parmi les animaux, même les plus rapprochés^ et de la
diversité, de l'autonomie des petits milieux sur le même
animal.
Les expériences de M. G. Colin lui ont prouvé que cer-
tains animaux deviennent très vite et très rapidemeul
tuberculeux, tandis que d'autres n'éprouvent, à la suite de
l'inoculation, qu'une faible réaction sans production tuber-
culeuse locale.
Chez tous les animaux d'ailleurs, les divers tissus, Icd
divers organes, sont aussi des milieux, les uns propres, les
autres réfractaires à l'évolution du tubercule. Les ganglion^
lymphatiques, les poumons, chez les mammifères, puis,
dans l'ordre de décroissance, la rate, le foie, les reins, la
muqueuse intestinale, les séreases splanchniques, les cap-
sules articulaires et les os se prêtent à cette évolution qui,
chez les oiseaux, a lieu dans le foie, la rate et quelque^
autres points, à l'exclusion du poumon.
Ces faits confirment ceux que M. Bouchard a récerameni
exposés ainsi que les idées doctrinales qu'il en a déduites.
Aeadémle de médeelne.
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 10 DÉCEMBRE 1889. —
PRÉSIDENCE DE M. MOUTARD-MAKTIN.
Après la lecture par M. Féréol^ secrétaire annuel, du
rapport général sur les prix décernés en 1889, M. le Prési-
dent fait l'énuméralion de ces prix et indique les prix pro-
posés pour les années 1890, 1891 et i89i. La séance est
terminée par VEloge de M. Fonssagrives^ prononcé par
M.iiocAard(voy. p. 801).
PRIX DÉCERNÉS EN 1889.
Paix DE l'Académie (1000 francs). — Question : Physiologie
du nerf pneumogastrique. L'Académie accorde: 1^ une nienlioD
honorable avec une somme de 800 francs, à MM. les docteurs
G. Arthaud et Lucien Butte; 2» un encouragement de 2U0franc<
à M. le docteur Charles Livon (de Marseille).
Phix Alvarenga (SOOfrancs). — L'Académie décerne : t*un prii
de 500 francs à MM. les docteurs Viault et Jolyët (de Bordeaux),
pour leur Traité élémentaire de physiologie humaine ;t* \in
encouragement de 300 francs à M. le docteur Roux, pour son
Traité des maladies des systèmes lymphatique et cutané:
Z° une mention honorable à M. le docteur Pineau (d'Oléroiu.
pour son Etude pathogénique et clinique d^une épideiMir
complexe de paludisme; i" une mention honorable à M. !«*
docteur Sicard (de Béziers), pour son mémoire intitulé : Contri-
bution à l'étude bactériologique de la variole.
Prix Barbier (2300 francs). — L'Académie partage également
le prix entre M. Pourquier (de Montpellier), pour ses Recher-
ches sur V atténuation du virus de ta variole ovine; et M. le
docteur Widal (de Paris), pour ses.Etudes sur Vinfection puer-
pérale, la phlegmatia alba dolens et rérysipèle.
Prix Henri Buignet (1500 francs). — L'Académie décerne Ir
prix à M. le docteur A. Imbert (de Montpellier), pour son uuvragt*
sur: Les anomalies de la vision.
Prix Gapuron (1000 francs). — Question : Des diter^ex
méthodes et des procédés d* exécution de l'opération césarienne.
L'Académie décerne le prix à M. le docteur Berlin (de Nice).
Une mention très honorable est en outre accordée à M. Ir
docteur Emile Blanc (de Lyon).
Prix Civrieux (800 francs). — Question : Des troubles de la
sensibilité dans le tabès. L'Académie accorde : i** une mention
honorable avec une somme de 500 francs à M. le docteiir
Germaix, aide-major de 1*^ classe au 154^ régiment d'infantent».
à Gommercy (Meuse) ; 2** une mention honorable à M. le docteur
Bernard (de Dinard-les-Baios).
Prix Daudet (1000 francs). — Question: Dm néoplasmes con-
génitaux, 1/Académie décerne le prix à M. le docteur Herl<>r
Gristiani (de Genève).
13 Dégembhe 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N* 58 — 811
Prix Desportes (1300 francs). — L'Académie ne décerne pas
]e prix, mais elle accorde les encouragements suivants:
l"" 800 francs à M. Dupuy, pharmacien à Mauriac (Cantal), pour
son étude sur les Alcaloïdes; ^^^ 500 francs à MM. les docteurs
De Bëukmann et Yillejean, pour leur ouvrage intitulé : De$
injections hypodermiques de quinine ; une mention lionorable
a été accordée, en outre, à M. le docteur E. Duval (de Paris),
pour son Trailé pratique et clinique d* hydrothérapie.
Concours Vulfranc Gerdy. — MM. Boutarel et Lamarûue,
ayant rempli leur mandat à la satisfaction de la Commission des
eaux minérales, l'Académie leur a décerné à chacun le titre de
lauréat (prix d'hydrologie) ^ et en outre, une somme de
500 francs pour chaque rapport déposé.
MM. Gauly et Gresset, nommés stagiaires au dernier concours,
ont été dirigés sur les stations thermales suivantes : M. Gauly,
à Salies-de-Béarn, et M. Grbsset^ à Miers ; ils ont reçu chacun
1500 francs pour ces missions.
Prix Godard (1000 francs^ — L'Académie partage le prix
entre M. le docteur L.-H. Petit, bibliothécaire adjoint a la
Faculté de médecine de Paris, pour son ouvrage intitulé : Des
tumeurs gazeuses du cou, et M. le docteur Jules Bœckel, chi-
rurgien des hôpitaux civils de Strasbourg, pour son travail ayant
pour titre: De la résection du genou; Etude basée sur une
série de 64 obsen^ations pet sonnelles^ dont il inédites.
Prix Huguier (3000 francs). — Le prix est décerne à M. le
docteur Cazin, chirurgien de l'hôpital de Berck, pour son
mémoire sur les fistules vésico-vaginales,
Pnix DE l'hygiène de l'enfance (1000 francs). — Question :
De la croissance au point de vue morbide. Le prix de
1000 francs est décerné à M. le docteur Fiessinger, médecin à
Oyonnax (Ain). L'Académie accorde, en outre : !• un encoura-
gement de 400 francs à M. le docteur Jules Coxby (de Paris) ;
"1"* un encouragement de 400 francs à M. le docteur Camille
Darolles, de Provins (Seine-et-Marne) ; 3" une mention très
honorable à M. le docteur Louis Barbillion (de Paris).
Prix Laborie (5000 francs). — L'Académie partaee le prix de
la manière suivante : l** un prix de 2500 francs à M. le docteur
Tupfier, chirurgien des hôpitaux de Paris, pour ses Etudes
expérimentales sur la chirurgie du rein ; 2° un prix de
1500 francs au mémoire portant la devise suivante : En tout,
l'expérience vient en aide à l observation clinique. Les auteurs
de ce travail sont MM. les docteurs Chauvel, professeur au Val-
de-Gràce; Nimier, agrégé au Val-de-Gràce ; Breton, médecin-
major au 89* de ligne; Pesme, aide-major au même régiment ;
B"* un encouragement de 1000 francs à M. le docteur Marguet (de
Paris), pour son ouvrage sur les kystes hydatiques des muscles
volontaires, histoire naturelle et clinique; 4* une mention
honorable à M le docteur PoupiNEL(de Pans), pour son mémoire
sur la stérilisation des instruments de chirurgie par la chaleur
sèche.
Prix Laval (1000 francs). — Le prix est décerné à M. Touve-
naint, élève en médecine de la Faculté de Paris.
Prix Louis (4000 francs). — Question : Des médications ànti-
thermiques. L'Académie ne décerne pas le prix, mais elle
accorde, à titre d'encouragement, une somme de 500 francs à
M. le docteur Léon Petit (de Paris).
Prix Meynot (2600 francs). — L'Académie décerne : 1« un
prix de 2000 francs à M. le docteur E. Hocquard, médecin-major
de 1" classe au 4" de ligne, pour ses Recherches anatomiques,
physiologiques et pathologiques sur l*aDpareilaccommodateur;
f une récompense de 600 francs à M. le docteur Tscherning
(de Paris), auteur d'un mémoire intitulé : Recherches sur
quelques parties de la dioptrique oculaire.
Prix Adolphe Monbinne (1500 francs). — La somuje de
1500 francs est partagée de la manière suivante: 1° un prix de
1000 francs à M. le docteur Edouard Boinet, professeur agrégé
à la Faculté de médecine de Montpellier, pour ses Recherches
microbiennes et expérimentales faites au Tonkin en 1887-1888 ;
2'» un prix de 500 francs à M. le docteur Paul Baymond (de
Paris), pour son mémoire sur YEnseignement de la deimaio-
logie et de la syphiliaraphie en Allen agne et en Autriche;
3° une mention honorable a été, en outre, accordée à M. le
docteur Baratoux (de Paris), pour son rapport adressé à M. le
ministre de l'instruction publique, sur ['Enseignement des ma-
ladies de l'oreille, du larynx et du nez aux Etats-Unis et au
Canada.
Prix Oulmont (1000 francs). — Le prix est décerné à
M. Widal, interne en médecine des hôpitaux de Paris, médaille
d'or au concours de cette année. Par suite des modifications
apportées au concours des prix de l'Internat (médaiUe d'or), le
prix Oulmont sera décerné alternativement à l'interne en méde-
cine et, l'année suivante, à l'interne en chirurgie.
Prix Portal (800 francs). — Question : De l'anatomie et de
la physiologie pathologiques des capsules surrénales. Le prix
est décerné à MM. les docteurs Henri Azelais (de Marseille) et
François Arnaud (île Marseille).
Prix Vernois (700 francs^. — L'Académie décerne : 1° le prix
à M. Neumann, professeur a TEcole de médecine vétérinaire de
Toulouse, pour son Traité des malctdies parasitaires non mi-
crobiennes des animaux domestiques; T une mention hono-
rable à M. le docteur Fleurt, de Saint-Etienne (Loire), pour son
Compte rendu du bureau municipal d'hygiène et de statistique
pendant les années 1884, 1885, 1886 et 1887.
Service des eaux minérales. — i^ Médaille d'or à M. le
docteur Japhet (de Paris), président de la Société d'hydrologie.
2" Rappels de médailles d'or à : MM. les docteurs Cadlet (de
Saint-Sauveur) ; Tillot, de Luxeuit (H au te -S ad ne).
3" Médailles d'argent à: MM. les docteurs Lavielle (de Dax) ;
Poncet (de Vichy), et Boyer (de Challes).
i^ Rappels de médailles d'argent à: MM. les docteurs Bour-
garel (de Pierrefonds) ; Boyer (de Cauterets), et Grimaud (de
Barèges).
5'' Médailles de bronze à : MM. les docteurs Nicolas (du
Mont-Dore); de Pietra Santa (de Paris), et Kodet (de Vittel).
G** Rappels de médailles de bronze à : MM. les docteurs Deli-
gny (de Saint-Gervais), et Lafosse (de Vais).
Service des épidémies. — !<" Médaille d'or k M. le docteur
Bertrand (E.-L.), professeur d'hygiène à l'Ecole navale de
Toulon.
2'' Rappel de médaille d'or à M. le docteur Coustan, médecin-
maior de l'» classe au 122* régiment d'infanterie.
3" Médailles d'argent à; MM. les docteurs G. André, profes-
seur à TEcole de médecine de Toulouse ; E. André, medecin-
major ; DardigiTAc et Collicnon, médecins-majors ; FiESSiNGEn,
médecin à Oyonnax ; Fonsart, médecin-major de 2* classe, et
Ehrmann, pharmacien à Saint-Quentin ; Geschwind, médecin-
major du 2'' régiment de tirailleurs ; Hahn, bibliothécaire en chef
à la Faculté de médecine de Paris; Michaux, médecin-major de
!'• classe au 6* régiment d'infanterie; Pedrono, médecin des
épidémies de Tarrondissement de Lorient ; Benard, médecin
principal de 1^* classe.
4*" Rappels de médailles émargent à: MM. les docteurs Aubeht,
médecin-major de 1^* classe; Botrel (de Saint-Malo) ; Ernest
Durand (de Marseillan); Senut, médecin-major de 1" classe au
19* régiment d'artillerie à Nimes; Sicard, de Béziers (Hérault).
5*» Médailles de bronze à: MM. les docteurs Bard, médecin
des hôpitaux de Lyon; Bartoli, médecin des épidémies de l'ar-
rondissement de Catvi ; Bordas (Frédéric), préparateur au labo-
ratoire de toxicologie de la Faculté de médecine de Paris;
DfiMËUNYNCK, médecin-major au 6* escadron du train des équi-
pages, à Orange; Lafforgue, aide-major au 102* régiment
d'infanterie ; Marty, de Fleury (Aude) ; Penant, médecin des
épidémies de l'arrondissement de Vervins; Saussol (de Mont-
Eellier) ; Tartière (Emile), médecin-major au 2" régiment do
ussards.
6» Raj)pels de médailles de bronze à: M. Jenot, médecin k
Dercy (Aisne); M. le docteur Neis (de Pont-Croix).
Service de l'hygiène de l'enfance. — 1** Médailles de vermeil
à: M. le docteur Blachk (de Paris), inspecteur des enfantspro-
tégés; M. Fleury, inspecteur des enfants assistés et protégés
du département du Cher; M. Jenot, médecin à Dercy (Aisne),
inspecteur des enfants assistés et protégés ; M. le docteur
Séjournet, de Bevin (Ardennes). ^
2"* Rappel de médaille de vermeil à M. le docteur Ledé,
médecin-inspecteur des enfants protégés à Paris.
Z° Médailles d'argent à: M. le docteur Bertherand, à Alger;
M. Dëlagë, inspecteur des enfants assistés du département de
la Gironde ; M. le docteur Durand-Desmons, inspecteur des
enfants assistés du déparlement de Seine-et-Marne; M. Fonné,
inspecteur des enfants assistés du département du Tarn ; M. Le-
812 — N* 50 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Dâcembre 1889
LiMOUZiN, inspecteur des enfants assistés du département du
Calvados ; M. Sourd, inspecteur des enfants assistés du départe-
ment de la Nièvre ; M. Thiébault, inspecteur des enfants assistés
du département de la Meuse; M. le docteur Verrieh (de Paris).
i"" Médailles de bronze à: M. Audoin, inspecteur clés enfants
assistés et protégés du département de la Savoie; M. le docteur
Berlin (de riice); M. Borlet, inspecteur des enfants assistés et
Srotégés du département de la Drôme ; M. Galaud, inspecteur
es enfants assistés et protégés du département des Hautes-
Alpes; MM. les docteurs Golay, à Genève; Raymond (Paul) (de
Paris); M. Rollet, inspecteur des enfants assistés et protégés du
département de l'Ain; M. Savouré, inspecteur des enfants
assistés et protégés du département de TEure.
Service de la vaccine. — !• Le prix de 1500 francs est dis-
tribué de la manière suivante: 500 francs à partager également
entre MM. les docteurs Léon Canolle et Pujol ; 500 francs à M. le
docteur Henry Girard, et 500 francs à M. le docteur Layet (de
Bordeaux).
2® Quatre médailles d'or à : M"« Bauduin, sage-femme à
Vannes (Morbihan); MM. les docteurs Bqyrr (J.), médecin con-
servateur du vaccin à Lyon ; Chonneaux-Durisson, médecin de
rhôpital de Vil 1ers- Bocage (Calvados) ; Goifpier, médecin au Puy
(Haute-Loire).
Plus 100 médailles d'argent à des vaccinateurs.
{A suivre.)
floeléié de «hirargie.
SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Traitement du prolapsus rénal : MM. Vemeull, Delens, Routier.
Bohwarts, Begond. — Hsrstèropexie : MM. Roux (de Lausanne).
— Présentation d'instruments : M. Gréquy.
M. Verneuil avait il y a quelques mois dans son service
deux malades atteints de prolapsus grave du rectutriy et,
après avoir vainement essayé les diverses méthodes dites
de douceur, il résolut de s'adresser à des opérations plus
sérieuses. Pour les motifs que nous avons déjà exposés
(voy. Gazette, p. 706), il n'avait guère confiance dans l'ex-
tirpation (réservée d'après lui aux prolapsus irréductibles);
les divers procédés classiques qui cherchent à rétrécir
l'anus en arrière (Robert), les opérations de Lange, de
Duret, de Schwartz, sont sans action sur les moyens de
suspension du rectum. Or c'est cette suspension qu'il faut
viser, et pendant que H. Jeannel proposait la colopexie,
après laparatomie, M. Verneuil imaginait une ^rocfo pexie
inférieure pour relever et suspendre la paroi postérieure,
libérée, du rectum. Son procédé est le suivant.
On détermine d'abord, en arrière, l'arc de cercle dont on
croit devoir rétrécir l'anus anormalement large. Cet arc
étant bien symétrique par rapport à la ligne médiane, on
fait de chaque c6té, sur le prolongement de la corde qui le
sous-tend, une incision longue d'environ 3 centimètres.
Puis, de l'extrémité de chacune de ces incisions à la pointe
du coccyx, on trace deux autres incisions. On a ainsi dessiné
un triangle cutané qui adhère par sa base antérieure, exac-
tement transversale. Ce triangle est disséqué à sa face pro-
fonde et rabattu en avant autour de son bord antérieur fai-
sant charnière, et l'on a ainsi sous les yeux la région
ano-coccygienne largement ouverte. Après une dissection
facile entre le rectum et la face antérieure du sacrum on a
libre accès sur une grande hauteur de la face postérieure
du rectum. Alors, avec une aiguille à grande courbure,
celle d'Ëmmet pour la périnéorrhaphie par exemple, on
passe quatre fils exactement transversaux dans l'épaisseur
de la paroi intestinale. Vu l'épaisseur des tuniques, il est
aisé de cheminer sans perforer la muqueuse. Les chefs de
ces fils sortant par la plaie ano-coccygienne, on comprend
que la striction de ces anses à concavité inférieure ne pour-
rait pas suspendre le rectum. Mais il est aisé de donner à
ces anses une concavité supérieure, en les faisant ressortir
plus ou moins haut sur les côtés du sacrum. Résultat facile
à obtenir à l'aide de la grande aiguille courbe. Cela fait,
tendons les fils, et il va sans dire que, l'anse étant ainsi
raccourcie, la ligne courbe devient droite et que la paroi
postérieure du rectum sera élevée d'autant. Les fils sont
noués deux à deux et serrés sur un rouleau de gaze iodo-
formée disposé le long de la ligne que constituent les ponc-
tions faites contre le bord du sacrum. Cela fait, Panus est
rétréci de l'arc compris entre les deux incisions latérales;
le lambeau triangulaire est rabattu sur la région qu'il recou-
vrait avant l'opération et le tout est suturé, après mise d*un
drain entre le rectum et le sacrum, oour que le long de ce
drain se constitue une colonne inoduiaire résistante.
Un jeune homme opéré de la sorte reste guéri depuis
quatre mois. Mais chez une jeune femme, dont le sphincter
il est vrai est d'une flaccidité extrême, la récidive ne se fit
Sas attendre. Elle commença par la paroi antérieure : aussi
[. Verneuil dédoubla-t-il la cloison recto-vaginale cl tam-
ponna la brèche à la gaze iodoformée pour obtenir des
adhérences. La guérison ne se maintint pas. M. Ricard pra-
tiqua alors l'excision du prolapsus. Nouvelle récidive, que
M. Verneuil tenta de combattre par la colopexie sinip/e ;
mais la malade est encore en voie de récidive. Peut-être
M. Verneuil va-t-il la soumettre à l'opération qui a si bien
réussi entre les mains de M. Schwartz.
M. Delens a mis en œuvre deux fois la méthode d'Allin-
gham. On badigeonne à l'acide nitrique/umant la muqueuse
herniée et après réduction on bourre le rectum de tampons
qu'on laisse huit à dix jours en place. On provoquerait ainsi
une inflammation adhésive salutaire. Les résultats immé-
diats ont été bons, mais M. Delens n'a pas suivi pend;inl
longtemps ses malades. D'autre part il a reculé une foi<
devant ce badigeonnage pour un prolapsus très volumineux.
Vl.Segond a vu la malade de M. Verneuil; elle est in-
contestablement très améliorée. Il se demarides'il ne serait
pas souvent indiqué de faire précéder la colopexie de l'exci-
sion, tout comme il est souvent bon d'amputer le col utérin
hvpertrophié avant de recourir à l'hystéropexie. Mais
M. Verneuil fait remarquer qu'il n'y a pas hypertrophie, et
que d'ailleurs l'excision faite par M. Ricard a précédé la
colopexie.
M. Routier a revu la malade dont il a parlé à la dernière
séance. Elle est restée guérie pendant un an, puis eu
octobre dernier la récidive a débuté à l'occasion d'une pous-
sée d'entérite peut-être tuberculeuse.
M. Nélaton admet que le malade auquel H. Segond a
pratiqué l'excision est guéri ; mais il fait remarquer que ce
Erolapsus était probablement causé par un rétrécissement.
)ès lors, la cause une fois enlevée l'effet a cessé. Cela ne
prouve pas que la méthode soit bonne pour les prolapsus
qui ne sont liés ni à un rétrécissement ni à une tumeur.
H. Segond n'est nullement convaincu que chez son ma-
lade le rétrécissement fût congénital et eût causé le pro-
lapsus.
— M. Roux (de Lausanne) adresse une observation
à'hystéropexie où il a constaté, après avoir ouvert le ventre,
qu'il y avait une anse intestinale en avant de l'utérus, bieii
qu'avant l'opération, et jusqu'à l'ouverture du péritoine, il
ait cru pouvoir exclure cette idée, si bien qu'il avait failli
recourir à l'hystéropexie* sans laparatomie. Il condamne
donc cette opération.
— M. Créquy présente: 1" des instruments pour l'extrac-
tion de corps étrangers de l'œsophage et de l'urèthre; 2» un
appareil à chloroformisation.
13 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N- 50 — 813
Soelëté de biologie,
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Emploi da ohlomra de zino pour fixer les éléments anatomiques :
M. de Grandmaison (Discaasion : MM. Réitérer et Dumontpallier).
— - Action de la calôine sur le système nerveux et musculaire :
MM. Lapicque et Parisot. — Signification morphologique des
globules polaires : M. Oiard. — Moyen expérimental de produire
le décollement de la rétine et oonséqnenoes qu'on en peut tirer au
point de vue du diagnostic et du traitement : M. Nloati.
M. de Grandmaison a reconnu qu'au moyen de solutions
aqueuses contenant 1/4 ou 1/5 de chlorure de zinc on peut
oDtenir la fixation des éléments anatomiques aussi bien que
par les procédés actuels qui emploient Talcool.
M . Retterer demande si le séjour dans la solution ne détruit
pas le résultat tou: d'abord obtenu.
M. de Grandmaison n'a pas encore fait d'expériences de
longue durée, mais M. Dumontpallier fait remarquer que
dans les eschares qu'il détermine au moyen de la pâte de
Canquoin dans les cas d'eiidoraétrite, les éléments, sont
conservés avec leurs formes pendant cinq à six mois.
— MM. LapicqueeiParizotoni constaté, après Schmied-
berg, que l'action de la caféine diflérait suivant qu'on l'ad-
ministrait à la grenouille rousse ou à la grenouille verte.
L'action de la caféine est localisée dans les muscles chez la
grenouille rousse, car les contractions généralisées qu'on
observe ne changent pas de caractère quand on détruit la
moelle, tandis que chez la grenouille verte, la contraction
musculaire qui présente un caractère tout particulier quand
on excite le nerf, encore en connexion avec la moelle,
revient au type normal quand ces connexions sont suppri-
mées. La contraction présente les mêmes particularités
quand on excite les muscles d'une patte isolée du tronc par
une ligature avant l'injection de caféine. La caféine ne pro-
duit pas les mêmes effets quand elle est injectée dans un
muscle ou dans le tissu cellulaire. Dans le premier cas l'ac-
tion est localisée, dans le second elle est générale, et cela,
quelle que soit l'espèce de grenouille mise en expérience, ce
qui ne permet pas de se ranger à l'avis de Schmiedbergqui
explique les divergences entre les résultats obtenus dans
ses expériences par des différences dans les propriétés chi-
miques du muscle des deux espèces de grenouilles.
— M. Giard fait remarquer qu'une note de M. Maups
sur le rajeunissement caryogamique des infusoires ciliés,
n'apporte aucun argument contraire à l'opinion par lui
émise relativement à la signification morpnologique des
globules polaires des métazoaires. Les infusoires ciliés ne
peuvent être regardés comme des protozoaires types, ils
constituent plutôt une branche divergente des protozoaires
|u'un lieu de passage aux métazoaires, et l'assimilation que
I. Maupas tend à établir entre certains globules et le glo-
bule polaire ne lui parait pas tout à fait juste.
— M. Nicati adresse à la Société une note sur un moyen
expérimental de produire le décollement de la rétine et
les conséquences qu'on en peut tirer pour le diagnostic et
le traitement.
Erratum. — Dans le compte rendu de la précédente séance
(p. 797) au lieu de Bataille et Berlin, lire Bataille et BerdaL
i
REVUE DES JOURNAUX
CmRURGIE.
eaneer do larynx. —M. B. FraenkEL (1) étudie les formes
dft début du cancer du larynx et les conséquences pratiques de
la précocité du diagnostic.
(1) B. Friinkel. Der KeMkopfkrebt, teine Diagnote und Behandlung (Deult. med.
Woch., 188y, n~ i à 6, p. I, 28, 50, 68, 87, 109).
Le cas le plus fréquent est le début sur une corde vocale, et
là il y a deux formes : dans Vune, la tumeur est bien limitée
{caranoma polvpoides) ; dans l'autre, elle est diffuse (carcinoma
difftisum)* La forme polypoïde ressemble d'abord tout à fait à
une tumeur bénigne, dont elle a d'ailleurs les symptômes fonc-
tionnels. Quelquefois pédiculisé, ce cancer est le plus sou-
vent sessile. On dit souvent que, dès le début, sa surface
est rouge; en réalité, elle est identique à celle des tumeurs
bénignes. Parfois cependant on observe des amas épithéliaux
sous forme de points blancs, opaoues ; cet aspect est caracté-
ristique. Quoi Qu'on en ait dit, rimmobilisation de la corde
vocale malade n est pas plus rapide dans le cancer que dans
les autres tumeurs. Quelquefois, la surface est papillomateuse.
Dans le carcinome diffus, qui tend moins que le précédent à
envahir en profondeur, mais gagne davantage en surface, le
début est à peu près identique à tous les épaississements de
la muqueuse, et en particulier la ressemblance est grande avec
certains catarrhes, avec la pachydermie décrite par Virchow. Ici
encore, malgré Semon, la corde malade conserve sa mobilité,
sauf quand la tumeur occupe sa partie postérieure,, près de
l'arytenoîde ; mais alors l'immobilisation est la même, que la
tumeur soit bénigne ou maligne. Si le carcinome diffus ressemble
objectivement à un gonflement inflammatoire chronique, loca-
lisé, la forme polypoïde ne difl^re souvent du fibrome que par
des nuances difiiciles à percevoir. D'autre part, dans un cas
comme dans l'autre, la syphilis, la tuberculose, peuvent produire
des lésions objectivement analogues; et plus tard, à la période
d'ulcération, dé périchondrite, ces causes d'erreur persistent.
Pour les cas douteux, on peut établir le diagnostic lentement,
par une étude prolongée ae la marche, de l'action du traitement
antisyphilitique; par la recherche fréquente des bacilles, des
parcelles néoplasiques dans les crachats. Tous ces moyens
doivent être employés, mais on ne s'y attardera point. Si l'efficacité
du traitement pierre de touche n'est pas d'une très grande
rapidité, on aura recours sans plus attendre à l'examen histolo-
P'ique d'un fragment enlevé à la pince coupante; manœuvre
inoffensive, quoi qu'on en ait dit. L'examen histologique donne
des résultats fort importants, à condition qu'on ait soin de faire
les coupes bien perpendiculaires à la surface muqueuse. D'après
Frânkel, le cancer polypoïde répond à la forme auatomique,
appelée par Waldeyer carcinoma keratoides; le cancer diffus, au
carcinoma simplexdu même auteur.
Cet examen n'est pas toujours possible. Ainsi, on ne peut se
procurer le fragment nécessaire quand on est en présence d'un
cancer qui, encore inclus dans le ventricule de Morgagni, se
borne à soulever la corde supérieure et le Iigamen\ ary-épi-
glottique. En pareille circonstance, le diagnostic est très difficile
avec une gomme syphilitique de même siège: il faudra donc
essayer avec soin le traitement spécifique.
A la période d'ulcération, rien de bien spécial sur les sym-
ptômes, le diagnostic. Quand un cancer cause une périchondrite
avec nécrose des cartila&^es, Frânkel signale un cas où l'erreur
est possible avec une périchondrite primitive: c'est lorsque la
nécrose relève d'un cancer pharyngien, situé à la partie infé-
rieure du cricoïde et dès lors inaccessible à l'examen laryngo-
scopique, par lequel, en effet, on ne voit que le haut du pharynx
laryngien.
Lorsque le diagnostic a été posé avec une précocité suffisante,
Frânkel affirme que l'ablation par la méthode endolaryn^ée
peut être curative. Déjà, il a publié en 1886 l'histoire d un
malade guéri depuis 1884, à la suite de quatre extirpations
échelonnées de 1881 à 1884. A ce propos, Gottstein, Krônlein,
ont insisté sur le peu de sécurité que donne cette pratique. Or
Frânkel continua à suivre son premier opéré guéri, et il a
recueilli cinq nouvelles observations, (]ui se décomposent en :
une récidive après deux ans de guérison ; deux guérisons se
maintenant depuis six et dix-huit mois ; une sans renseigne-
ments ultérieurs; une où l'opération fut impossible. Donc, si la
tumeur est encore bien limitée, la méthode endolaryngée peut
permettre l'extirpation de tout le tissu morbide; il faut seule-
ment choisir avec discernement les cas qu'on attaquera de la
sorte.
Avant de résumer les indications du traitement palliatif dans
le cancer inopérable, Frânkel résume les statistiques de Schreier
(Deuts, med. Woch,, 1888, n" 43) sur Textirpation partielle
(23 cas : 5 morts en six semaines ; 4 morts en trois mois ; 1 en
seize mois; 13 guérisons, dont 8 récentes et 5 avant plus de
quatorze mois de date) et l'extirpation totale (o8 cas avec
814 — N* 50 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Décembre 1889
R
morts ea six semaines et 9 guérisons durables) et rappelle
l'observation où H. Schmid, Landois et Strubing, ont eu, sans
)rolhèse, des résultats fonctionnels remarquables; un fait ana-
ogue est dû à Stôrck.
L'observation de H. Schmid (1) à laquelle Frânkel fait
allusion a été communiquée par 1 auteur à la Société médicale
de Greifswald en août 1888. Le résultat phonétique est remar*
quable. L'extirpation totale avait été pratiquée le 8 octobre 1886
par Ziegel. Si nous rappelons cette observation, c'est que le
malade, toujours en pariait état» a été présenté au Congrès des
chirurgiens allemands en 1889 (voy. Centr. f, Cliir.y Beil.y n**29).
Le travail de Landois et Strubing (2) a pour but d'étudier le méca-
nisme de la phonation chez ce sujet.
Dans un mémoire récent, un pamphlet plutôt, dont personne
n'ignore le but, Morell Mackenzie a donné une statistique pour
démontrer que : 1"* la laryngectomie est d*unc gravité immédiate
considérable ; 2** elle ne donne à peu près jamais de résultats
définitifs. Certes, les morts sont nombreuses, mais depuis
quelques années elles le deviennent de moins en moins; d'autre
part, Morell Mackenzie exagère la brièveté des survies. C'est ce
que MM. Schedc et Krajewski ont cherché à prouver; et en tout
cas, ils ont démontré que la statistique de Morell Mackenzie a
été établie avec une légèreté certainement étrange.
ScHEDB (3) affirme que si Mackenzie ne compte sur 35 hémi-
laryngectomies qu'une seule survie définitive (Qpéré de Hahn),
c'est qu'il omet les faits heureux de Bergmann (trois ans de
survie) ; de Semon (dix-neuf mois) ; celui de Stôrck (deux ans et
trois mois) est mentionné dans les tableaux, mais passé sous
silence dans les commentaires. Le malade de Schede est dit
c mentionné comme vivant encore au bout de dix-sept mois ».
Or, en publiant son histoire, Schede avait insisté sur Texcellence
de sa santé au bout de dix-huit mois ; il est mort d'une pneu-
monie franche, au trentième mois; quatorze jours avant sa
mort, un examen laryngoscopique avait démontré qu'il n'y avait
pas trace de récidive.
Erreurs d'un autre genre dans la statistique de laryngectomie
totale. Schede a un opéré qui, au bout ac huit mois et demi,
eut une récidive inopérable et se suicida ; Mackenzie le compte
deux fois, sous les n"^ 54 et 58 de ses tableaux.
Schede démontre ensuite que les résultats s'améliorent.
En 1882, Foulis, sur 25 extirpations pour cancer, coinotait
la moitié de morts opératoires; Solis (lohen en trouvait lo sur
29 cas, et il n'y avait dans cette série qu'une seule survie sans
récidive ali bout d'un an. En 1884, Schede réunissait 36 cas
nouveaux avec 8 morts opératoires et 6 survies sans récidive de
seize mois a deux ans. Enliu, en ajoutant une observation de
Hahn, (que Mackenzie range à tort dans les laryngectomies
partielles) et en retranchant les 25 premiers cas où la méthode
était encore incertaine, on trouve 79 faits avec 7 cures de deux
à cinq ans et 5 de quatorze à dix-huit mois. C'est moins
mauvais que ne le prétend Mackenzie et encore Krajewski a-t-il
fait voir que les causes d'erreur ne sont pas toutes relevées par
Schede.
Schede, à ce propos, communique trois autres opérations per-
sonnelles: l^une femme de cinquante-six ans vit sans récidive
et travaille depuis juin 1884 ; 2<' un homme de cinquante-cinq
ans a dû être opéré au neuvième mois d'une récidive dans la
base de la langue; nouvelle récidive; mort deux ans après la
première intervention ; 3" homme de soixante-cinq ans ; récidive
au bout d'un an; extirpation mortelle. La statistique de Schede
donne donc: 1 hémilaryngeclomie avec trente mois de survie et
mort accidentelle ; 4 laryngectomies totales avec 1 guérison
depuis cinq ans et 3 récidives (au bout de huit mois et demi,
neuf mois, un an).
Kràjëwski (4) s'est livré à un travail d'épuration fort intéressant
dans les chiffres de Mackenzie et il démontre que 22 observations
(1) H. Sdimià, jguv SlatUtik der TolalexiHrpation det Kehlkopfe$ itnfunetion'-
nellenSintie: lauU, veniandliehe Sprache (Archf. hUn, CMr., iSiS, t. XXXVIII,
p. i3i).
(2) Landoif et P. Strâbing, Erxeugung einer natûrlichen PteudoUimme bei
einem Manne mit totaler Exslirpalion des Kihlkopfes (ibid., p. 116 .
(3) Max Schede, Bin Fall von endfûUiger Heilung nach Wegnahme det
Kehlkopfe$ wegen krebtiger Entartung von mehr als vier Jahren, nebtt
einigen Btmerkungeti ûber Morell Mackemei Stalittik {Deutsche med. Woch.,
n» 4, p. 61).
(4) H. -Y. Krajewftki, Berichtigungen und Ergûnsungen xu D' Macken*ie*t
slatittiehe Angaben ûber Totalexstirpalion krebsiger Kehlkôpfe {ibid., n« i, p.6i).
sont comptées deux fois, sous deux numéros différents et so:!
sous le même nom ; soit sous le nom de l'opérateur en m
endroit, de son élève, qui a publié le fait, dans l'autre. Un d^-
faits les plus typiques est la subdivision en n" 98 (Roswell) ^î
no 125 (Park) de l'opéré de Roswell Park!
Hahn (1) avait publié. Tan dernier, sa statistique intégrale,
composée de 24 opérations sur 22 malades. On y trouva
1** 4 résections atypiques pour rétrécissement ; pas de décès;
2** 3 extirpations de tumeurs par thyrotomie ; une mort opéra-
toire ; deux récidives; 3** 6 hémilaryngectomies ; deux mort>
opératoires ; une récidive ; trois sans récidive depuis deux ans e\
sept mois, sept mois, quatre mois; i^ 11 extirpations totales
dont 2 pour récidives après les opérations précédentes; 4 mort-*
opératoires; 1 seule guérison sans récidive, datant d'octobre 188<>
et constatée en mars 1888.
A. Broca.
ProlapHoii du reetun, par M. Rudolph VOLKMANX. — Deux
observations d'extirpation heureuse, du service de Richiird
Volkmann. Il est à remarquer que ces opérations sont récente*;
que d'autre part elles concernent des enfants (un an et trois ans)
atteints de ce que Volkmann appelle < prolapsus ani invagina-
tus >, ce qui correspond à l'invagination à deux cylindres iW
Cruveilhier. Dans ces cas la lésion commence par la chute de la
muqueuse, puis le prolapsus se complète. {Ueber die Behandluntj
(ter prolapsus ani invaginatus, in BerL kl, Woch., 18 nov.
1889, n« 16, p. 995.)
BIBLIOGRAPHIE
Leçons cllniqaes sur le« niateflles des enfMils, par
H. le docteur Aug. Ollivier, médecin de l'hôpital des
Enfants-Malades. 1 vol. de 428 p. — Paris, 1889.
6. Steinheil.
Le volume de leçons cliniques sur les maladies de l'en-
fanée que H. le docteur Ollivier présente aujourd'hui au
public médical, mérite un accueil des plus favorables, car il
renferme, à côté d'observations intéressantes et instructives,
de nombreux enseignements théoriques mettant en relief la
grande érudition de l'auteur et son expérience toute spéciale
en pathologie infantile.
Parmi les quarante leçons qui composent cet important
ouvrage, quelques-unes nous sont déjà connues, car elles ont
été piibliées à diverses époques dans les journaux de
médecine, mais la plupart sont inédites et oETreut un attrait
tout particulier.
En guise d'introduction, M. Ollivier a consacré sa pre-
mière leçon à une élude bibliographique des ouvrage^
relatifs à la pathologie de l'enfance que nous a laissés le
dix-huitième siècle. La littérature médicale était alors
moins encombrée que de nos jours et la bibliothèque des
maladies des enfants se composait seulement de six ou-
vrages : ceux deCirtanner et de Zwinger pour TAlIemagne:
ceux de Waller Harris et de Georges Armstrong pour l'An-
gleterre ; le remarquable traité du professeur «ils Rosen
de Rosenstein pour la Suède; enfin le livre de notre com-
patriote Chambon de Honteux, qui date de 1799.
Dans la leçon suivante, consacrée à une vue d'ensemble
sur la clinique infantile, l'auteur montre que si les mala-
dies appartenant exclusivement à l'enfance, alhrepsie,
accidents de dentition, rachitisme, etc., sont en réalité peu
nombreuses, du moins la plupart des affections communes
à l'enfant et à l'adulte revêtent, du fait même du jeune âge.
des caractères particuliers de fréquence, d'intensité, une
allure clinique propre, des indications thérapeuti({ues spé-
ciales. C'est ainsi que se trouve justifiée la division qui
pourrait, au premier abord, paraître un peu artificielle, mais
(1) E. Hahn, Millheilung ûber die Endresultate nach Kehlkopfoperatitn- 1
{Arch. f. kUn. Chir., 188H, XXXVII. p. 523.)
i3 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 50 — 815
qui repose sur ce fait que si la pathologie infantile n'est pas
une pathologie spéciale, la séméiotique infantile est une
séméiotique spéciale.
Nous ne pensons pas pouvoir analyser ici chacune de ces
leçons et nous devons nous borner à faire connaître les
principaux sujets sur lesquels portent plusieurs groupes
d'entre elles.
Après avoir montré que la fausse hypertrophie du cœur
est un syndrome qui n'a aucune relation avec le rachitisme
ou le mal de Pott, et que caractérisent une étroitesse de la
cage Ihoracique, des palpitations et de la dyspnée, mais qui
peut disparaître par le développement complémentaire du
thorax, M. OUivier aborde Fétude de la coqueluche à
laquelle il consacre cinq leçons successives. C'est ainsi qu'il
reprend à nouveau la discussion sur la palhogénie de la
dilatation bronchique et de l'emphysème concomitants pour
laquelle il fait jouer un rôle prépondérant aux altérations in-
flammatoires des bronches ou des alvéoles pulmonaires, dès
lors incapables de résister régulièrement à i augmentation de
pression expiratoire des quintes coqueluchiales. Les acci-
dents épileptiformes qui viennent parfois compliquer la
coqueluche conduisent Fauteur à rechercher et à admettre
une relation étiologique possible entre cette afiTection et
Fépilepsie vraie débutant peu de temps après sa terminaison.
Enfin il résume d'une façon claire les diverses recherches
bactériologiques entreprises au sujet de la coqueluche et
montre que le bacille de Burger et Afanassiev parait bien
être le corpus deiicti, contre lequel devra lutter le traite-
ment curatif et prophylactique. 11 accorde dans toute cette
étude une faible importance à la théorie ganglionnaire de
Gueneau de Hussy, qui reposait sur une assimilation
inexacte et qui, d'ailleurs, « ne rallia presque personne >.
Dans les neuf leçons suivantes, on trouve élucidé plus
d'un point intéressant de Fétude de la chorée de Sydenham,
de la chorée héréditaire d'Hunlington, de Fhémichorée et
de l'alhélose. Peut-être pourrait-on s'étonner de trouver une
description de la chorée d'Huntington dans un ouvrage
consacré aux maladies de l'enfance, mais M. Ollivier
semble avoir prévu i'objeclion en traitant de la maladie
d'Huntington surtout par comparaison avec la chorée vul-
gaire infantile et au point de vue du mode d'hérédité. Il pa-
raît, d'ailleurs, regretter que l'on ait catalogué sous le nom
de chorée cette affection convulsive de l'adulte, s'éloignant en
cela, il nous semble, de l'opinion de M. Charcot pour
lequel elle ne différerait que par l'hérédité similaire de la
chorée chronique ou chorée des adultes et des vieillards,
forme tardive de la chorée de Sydenham. Quanta la nature
de cette dernière, Fauteur est nettement [)artisan de son
origine rhumatismale, contrairement à l'opinion, soutenue
encore récemment par M. Joffroy et son élève M. Saric,
d'après laquelle la chorée est une simple névrose cérébro-
spinale d'évolution, ou névrose de croissance.
Viennent ensuite plusieurs leçons consacrées à quelques-
unes des manifestations de Fhystérie chez l'enfant: aux
terreurs nocturnes, aux céphalalgies de croissance, à l'urti-
caire nerveuse, au grincement de dents. Elles renferment
des pages qu'on lira avec profit. Puis le rhumatisme avec
ses accidents d'encéphalopathie, et le rhumatisme scarlatin,
que l'auteur envisage à bon droit comme un pseudo-rhu-
matisme infectieux, servent de thème à d'intéressants déve-
loppements.
(Jitons encore des leçons sur Fangine glanduleuse et ses
rapports avec les végétations adénoïdes du pharynx que
l'auteur étudie plus loin comparativement avec la scrofulose
naso-labiale ; sur les kystes hydaliques ; sur l'incontinence
nocturne d'urine, conséquence fréquente de la débilité ner-
veuse congénitale, et qui est justiciable alors de la méthode
de Guyon^ consistant dans Félectrisation directe du sphincter
vésical; sur le diagnostic différentiel de la varioloide et de
la rougeole boutonneuse ; sur le pronostic de la rougeole
suivant les âges; sur la syphilis héréditaire tardive; sur la
tuberculose entéro-mésentérique et cérébrale.
Enfin, nous aurons donné, croyons-nous, une idée suffi-
sante des nombreux sujets abordés dans ce livre, lorsque
nous aurons ajouté que la fièvre typhoïde fournit la matière
de quatre leçons dans lesquelles sa fréquence relative
suivant l'âge de Fenfant, les accidents nerveux de la conva-
lescence et la chlorose d'inanition, qui en était autrefois la
conséquence trop fréquente, sont successivement passés en
revue. On trouve encore, dans l'ensemble des documents
rassemblés par M. Ollivier au sujet de la dothiénentérie,une
observation curieuse par sa rareté, de gangrène totale d'un
membre inférieur, chez une fillette de dix ans, résultant de
Foblitération totale de la fémorale gauche au-dessus de sa
bifurcation par un caillot embolique.
Telle est l'œuvre de M. Ollivier; nous avons essayé de
montrer son importance et d'en faire connaître le plan
général, mais nous désirons ajouter, en terminant,, que ces
leçons sont rédigées dans un langage clair et précis, qu'elles
sont réduites dans leurs proportions à la juste mesure qui
ne lasse pas l'intérêt du lecteur par la prolixité des détails,
tout en évitant la sécheresse d'une trop grande condensa-
tion. Aussi pensons-nous que l'on trouvera à en prendre
connaissance autant de plaisir que nous en avons eu nous-
même; on est assuré, dans tous les cas, d'avoir utilement
employé les instants consacrés à cette lecture.
André Petit.
De la dissémination des bacilles de la tuberculose en dehors
DU CORPS {Zeitschrift fur Hyg., vol. V. et Berl. kl. Woch.j
7 janvier i889), par M. Cornet.
Comme on n'observe jamais d'épidémie de tuberculose» on
admet volontiers l'ubiquité des bacilles, qui ne s'attaqueront
3u'à ceux qui présentent une disposition morbide. L'auteur,
ans un remarquable travail, a publié ses recherches sur la dis-
sémination des germes, faites à l'Institut d'hygiène de Berlin. On
ne saurait dire trop de bien de ce travail, que nous essayerons
de résumer en quelques lignes.
Délaissant la méthode qui consiste à chercher les bacilles dans
Fair, l'auteur a pensé qu'en raison de leur pesanteur relative, il
vaut mieux les rechercher dans les parties déclives où ils ont
une tendance naturelle à tomber. Il a recueilli des poussières
dans les hôpitaux, sur et sous les lits, sur les murs, dans les
habitations privées, dans les prisons, dans les asiles d'a-
liénés, etc.; ces poussières, suspendues dans les liquides stéri-
lisés, ont été inoculées à des animaux. 147 échantillons ont été
inoculés à 392 animaux. Sur ce nombre, 59 sont devenus tubercu-
leux (c'est-à-dire 15 pour 100), 137 sont restés en bonne santé et
196 sont morts d'autres maladies.
Le danger d'infection n'est pas aussi considérable qu'on serait
tenté de le croire, puisque 1/6 seulement des animaux inoculés
sont devenus tuberculeux. Il est à remarquer aue les poussières
des salles de pbthisiques ont fourni des résultats positifs dans
plus des 2/3 des cas ; les salles de chirurgie ont donné des
résultats négatifs; les chambres de phthisiques non hospitalisés,
qui avaient soin de ne cracher que dans des crachoirs spéciaux,
n'ont fourni qu'une seule inoculation positive.
Les germes ne sont donc pas répandus partout ; autour de
chaque phthisique existe une zone de contagion qui s'atténue à
mesure qu'on s'éloigne de lui. Koch a établi que, en dehors de
l'être vivant, les bacilles de la tuberculose ne peuvent ni se
développer, ni se multiplier; ils diffèrent en cela de presque
toutes les autres espèces qui trouvent un substratum nutritif en
dehors de l'organisme, et n'ont pas besoin d'une température
dépassant 30 degrés. De nombreuses expériences ont établi que
Fair expiré ne contient jamais de bacilles; ceux-ci adhèrent tel-
lement aux sécrétions bronchiques nu'ils ne peuvent être entraînés
dans aucune circonstance. La pluie, l'humidité de l'air, qui empêche
les crachats de se dessécher, lixe les bacilles; le danger n'appa-
raît qu'au moment de la dessiccation. A ce mpment les crachats
pulvérisés remplissent Fair de bacilles et deviennent offensifs.
11 importe donc de se pénétrer de cette idée que le phthisique
816 — N' 50 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 13 Décembre 1889
n*est nullement dangereux pour son entourage, à la condition
d'observer certaines précautions, dont la plus importante est de
s'abstenir en toute circonstance de cracher autre part aue dans
un crachoir. C'est là le seul moyen efficace d'empêcher la dissé-
mination des germes. Mais combien il est difficile d'obtenir
l'exécution de cette prescription, même dans les hôpitaux !
A propos de la prophylaxie, rauteur dit avec beaucoup de
justesse: c llya plus de sécurité à habiter une chambre anté-
rieurement contaminée, mais ensuite désinfectée, (jue d'habiter
une chambre inconnue >. Relativement à la désinfection des
locaux, il recommande le procédé d'Ësmarch, qui consiste à
essuyer les planchers, les murs, et les divers objets avec de la
mie de pain noir, fraîche, procédé, dit-il, efficace et inoffensif
pour ceux qui l'appliquent.
11 passe ensuite en revue les précautions relatives à l'entou-
rage du malade, les mesures générales qui incombent aux muni-
cipalités et à l'Etat^ telles que Farrosage des rues, la surveillance
des bestiaux au point de vue de la phthisie. 11 fait en passant le
procès des stations climatériques ou les règles les plus élémen-
taires de l'hygiène sont souvent inobservées; il recommande de
se défier des cabinets de lecture. 11 termine en disant: c Le
peuple doit être instruit dans la propreté >. Er. W.
ÉTUDE ANATOMIQUE SV» LK CIRCULATION VEINEUSE DE L'ENCÉ-
PHALE, par le docteur E. Hédon, prosecteur à la P'aculté de
niédecine de Bordeaux. — Paris, 0. Doin, 1888.
11 existe entre les artères et les veines de l'encéphale de
grandes différences de volume, de situation et de rapports. Les
troncs veineux sont superficiels et baignent dans le liquide des
espaces sous-arachnoïdiens. Les veines du cerveau forment deux
systèmes : celui de la surface des hémisphères (cerveau anté-
rieur); celui de la veine de Galien (cerveau intermédiaire). Les
veines de la surface des deux hémisphères forment deux groupes :
les unes se diri&^ent vers les sinus ae la base du crâne au niveau
de la scissure de Sykius; les autres vers les sinus de la voûte,
suivant diverses directions. Le système de la veine de Galien
est formé principalement par la réunion des veines ventricu-
laires et aes veines basilaires. Les veines des ganglions cen-
traux forment deux groupes, comme d'ailleurs les artères cor-
respondantes, les veines striées inférieures se jettent dans la
veine basilaire, et les veines striées supérieures se jettent dans
la veine de Galien. Ces deux ordres ae veines s'anastomosent
dans l'épaisseur des noyaux gris et de la capsule interne. Les
veines du bulbe et de la protubéVance ont une disposition ana-
logue à celle des veines médullaires. Ces différentes veines
s'anastomosent entre elles, et à la surface des hémisphères, en
particulier, il en résulte des communications entre les sinus de
la voûte à ceux de la base. La plupart des veines cérébrales
s'abouchent dans les sinus suivant une direction oblique en sens
inverse du cours du sang dans ces sinus. Cette disposition est
due au mode de développement des hémisphères. A. B.
VARIÉTÉS
Faculté de médecine de Paris. — M. Segond, agrégé, est
chargé d'un cours de clinique chirurgicale.
Faculté de médecine de Montpellier. — M. Brousse, agréçé,
est chargé d'un cours complémentaire de clinique des maladies
syphilitiques et cutanées.
Faculté de médecine de Nancy. — Concours jpowr une place
de chef de clinique médicale, — Un concours pour une place de
chef de clinique médicale s'ouvrira à la Faculté de médecine de
Nancy, le lundi 23 décembre 1889, à huit heures du matin.
La durée des fonctions est de trois années et le traitement an-
nuel est de 1200 francs.
Sont admis à concourir les docteurs en médecine français,
non pourvus du titre d'agrégé, et les étudiants en médecine
ayant soutenu leurs cinq examens de doctorat, à la condition
qu'ils seront docteurs dans les six mois.
La place de chef de clinique est incompatible avec celle de
chef des travaux, de préparateur et d'aide dans les différents
services.
Les épreuves sont au nombre de trois : 1° une composition
écrite sur un sujet de pathologie interne, avec les considération <
d'anatomie et de physiologie qui s'y rapportent; cinq heures sont
accordées pour la rédaction ; z*» une leçon clinique, d'une duré**
d'une demi heure au plus, sur deux malades appartenaoi à U
spécialité, après un examen de quinze minutes pour chacun de>
malades ; 3^ une épreuve pratique d'anatomie et d'histologie pa-
thologique. La durée de cette épreuve sera fixée par le jury.
Les candidats devront se faire inscrire au secrétariat de la
Faculté de médecine, avant le vendredi 20 décembre 1889, à
Suatre heures, lis auront à produire leur acte de naissance
ûment légalisé, leur diplôme de docteur en médecine ou un
certificat constatant qu'ils ont soutenu les cinq examens de doc-
torat.
Ecole de médecine d'Alger. — M. Hérail, abrégé, est nommé
professeur de matière médicale (chaire nouvelle).
Ecole de médecine de Dijon. — M. le docteur Cottin (Emile)
est institué suppléant des chaires d'anatomie et de physiologie.
Ecole de médecine de Rennes. — M. le docteur Dayot est
institué suppléant des chaires de pathologie et de clinique chi-
rurgicales et de clinique obstétricale.
École de médecine de Rouen. — M. Gascard, suppléant, est
chargé du cours de chimie.
— M. Renard est chargé d'un cours complémentaire dt»
chimie.
Mortalité a Paris (48* semaine, du 24 au 30 novembre
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, is.
— Variole, 2. — Rougeole, 17. — Scarlatine, 5. — Coque-
luche, 8. — Diphthérie, croup, 30. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 192. — Autres tuberculoses, 21. — Tumeurs:
cancéreuses. 46; autres, 5. — Méningite, 27. — Conges-
tion et hémorrhagies cérébrales, 6U. — Paralysie, 7. —
Ramollissement cérébral, 6.— Maladies organiques du cœur, 65.
— Bronchite aiguë, 46. — Bronchite chronique, 29. —Broncho-
pneumonie, 24. — Pneumonie, 63. — Gastro-entérite: sein, 11;
biberon, 42. — Autres diarrhées, 3. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. —Autres affections puerpérales, 3. — Débilité con-
génitale, 36. — Sénilité, 36. — Suicides, 17. — Autres morts
violentes, 9. — Autres causes de mort, 163. — Causes
inconnues, 14. — Total: 1020.
OUVRAGES DÉPOSES AU BUREAU DU JOURNAL
Recherches expérimentales tur les coûtes de l'exagération vesgtéraU de U
température normale, par M. le docteur E. Maiirel. Une brochure iii-8* d'«
35 pages. ParU, 0. Doin. t fr. ô«i
Du rhumatisme chronique et de son traitement thermal, par M. le docteur
Charles Laviclle. 1 vol. in-S" de 185 pages. Paris, 0. Doin. 3 fr
Contribution à l'étude des corps étrangers des voies aériennes, par M. \*
docteur E.-J. Moure. Grand in>8« de 2i pages. Paris, 0. Doin. 1 fr M>
Étude sur la culture des micro-organismes {anaérobies), par M. lo docu^nr
A. Foureur. Grand in-8« de 72 pages, arec 85 figures dans le texte. Pari».
0. Doin. S fr. 50
Étude sur la fièvre typhoïde atténuée et sur l'atténuation de la fièvre t^pkoîdt,
par M- lo docteur A. Bourgeois. Une brochure in-^ de 42 pagea. Paris. 0
Doin. i fr.
La guérison des maladies produites par l'abus de la morphine, traitées sous U
double point de vue de la psychologie et de la médecine, par M. le docteur
Constantin Schmidt. 1 vol. in-i2 de iOi pages. Parts, 0. Doin. i fr.
L'irrigation naso-pharyngienne, par M. le docteur Paul Raugé. Grand in-8* de
72 pages. Paris, 0. Doin. â fr. 51»
La grippe infectieuse à Oyonnax {Ain), novembre i .88 A avril 1889, par II. ic
docteur Ch. Fiessinger (d'Oyonnax;. Grand in-8* de 83-CI pages avec un pla<i
et 72 tracés hors texte. Paris, 0. Doin. "" 4 fr.
Le problème de la vie et les fonctions du cervelet, par M. le docteur i. Gouier.
1 vol. in -18 de 225 pages. Paris, 0. Doin. 3 fr.
Le morphinisme, habitudes, impulsions vicieuses, actes anormaux, morbides ti
d'ilictueux des morphiomanes, par M. le docteur G. Piehon. i toI. in-ii d«
490 pages. Paris, 0. Doin. 4 fr.
G. Masson, Propriétaire-Gérant.
21460. — MoTTinoz. — Imprimeries réunies, ▲, rue Mignon, 2, Paris.
TRENTE-SmÈME ANNÉE
N«5i
20 Décembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D' L. UREBOÏÏLLET, Rédacteur en chef
MM. P. BUCHEZ, E. BRISSAUD, 6. DIEUUFOY, DREYFUS-BRISAC, FRAICOIS-FRAICR, A. HElOCQUE, A.-J. MARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Libeboullkt, 44, rue de Lille (avant le mardi de préférence)
sommaire. — BuLLlTiN. — PHYSiOLOfiii EXPiRiMiNTALl. Lei propriétés
microbicides du fcntm. — Revue des cours et des cliniques. HMeUDieu de
Lyon ; M. lo professeur Lépino : Lèpre luborciilense. — Travaux originaux.
Épidômiulogie : Doux cas d'une maladie rappelant la • fièvre dénoue » et observée
à Reims. — Clinique mëdicalo : Contribution i l'étiologie de la lièvre typhoïde.
— Sociivés'^AVANTBS. Aéadémle de médecine — Société médicale dos hôpi-
taux. — Société de chinir^e. — Société de biologie. — Revue des journaux.
Travaux à consulter. —BIBLIOGRAPHIE. Traité d'analomie humaine. — VARléTés.
Banquet Glénard.
BOLLETIN
Paris, 18 décembre 1889.
lift grippe * P*rla.
La grippe — puisque tel est le nom que l'on garde à la
maladie régnante — vient de se déclarer à Paris avec une
intensité qui rappelle les épidémies de 1837, 1842 et 1858,
pour ne ciler que les plus sérieuses parmi celles dont nous
possédons une relation médicale précise. 11 est peu de
maisons où elle ne se soit montrée; et dans celles où elle
est entrée, il est peu de familles dont tous les membres ne
lui aient successivement payé leur tribut. Cependant la
maladie est moins grave en réalité, jusqu'à ce jour tout au
moins, que ne le sont chaque printemps certaines affections
broncho-pulmonaires qui se compliquent souvent de pneu-
monie et, plus souvent que la grippe épidémique, ac-
croissent la mortalité générale. C'est à peine, en effet, si
jusqu'à présent on pourrait signaler à Paris trois ou quatre
cas de pneumonie grippale.
Nous ne mourrons pas tous; tous nous sommes frappés,
pourrions-nous écrire. Car, médecins et rédacteurs de
journaux sont eux aussi atteints par la maladie, qui sans
tenir compte de l'âge, du sexe, des conditions hygiéniques
dans lesquelles on vit non plus que des néccssi4és profes-
sionnelles, pénètre partout et frappe à l'improviste. C*est
ainsi qu'il m'est possible de joindre une observation toute
personnelle aux nombreux faits que j'avais recueillis ces
jours derniers et de confirmer par des impressions très ré-
centes — pour ne pas dire présentes — la description qui
vient d'être faite à la Société médicale des hôpitaux et à
V Académie de médecine des principaux symptômes de la
grippe actuelle.
Celle-ci débute d'ordinaire assez brusquement, sans
aucun symptôme prémonitoire dans la grande majorité des
cas ; plus rarement après quelques heures ou bien une journée
de lassitude et de malaises. Encore arrive-t-il souvent que
f SÉaiB,T. XXVI.
les malaises considérés comme prodromiques indiquent
bien le début de la maladie. Si l'on prend la température,
on constate en effet que celle-ci marque déjà 38 degrés ou
même 38 degrés et 2 ou 3 dixièmes, qu'il existe de la las-
situde, de la céphalée, un peu de rachialgie, en un mot ce
que l'on considère chez les sujets plus susceptibles ou plus
émotifs comme le début de l'affection. Donc, en général, la
maladie a un début brusque. Plusieurs des malades que
j'ai vus — les uns appartenaient à ma famille, d'autres ont
pu recevoir ma visite dès les premières heures de leur
malaise — ont été ainsi très nettement atteints presque
subitement. Les symptômes accusés ont été invariablement
les mêmes : lassitude considérable, frissonnements le long
du rachis et horripilation généralisée sans frissons intenses,
courbature douloureuse dans les membres et en particulier
dans les articulations; rachialgie parfois très vive; céphalée
sus-orbitaire et douleurs occipito-rachidiennes plus fré-
quentes, plus constantes et plus vives encore que la rachial-
gie; somnolence invincible; inappétence absolue.
Si, à ce moment, on prend la température, celle-ci, très
irrégulière aux différentes heures de la journée, atteint
parfois 38%6 ou 39 degrés, mais ne dépasse guère, même
chez les enfants, ce dernier chiffre. Dans le cours de la
maladie elle peut d'ailleurs présenter les chiffres les plus
différents, souvent assez élevée la nuit pour retomber à
37 degrés le malin. Le pouls est très variable, suivant les
sujets, et de fréquence et d'intensité. La respiration reste à
peu près normale. A ce moment, s'il existe de la toux, elle
est rauque, laryngo-lrachéale, survenant par quintes, ne
durantpas. Si l'on examine la gorge, on constate par/bt5 un
peu de rougeur des piliers et de gonflement légèrement
œdémateux de la luette. Si l'on ausculte, on perçoit un
murmure respiratoire à peu près normal.
Tels m'ont paru être, dans l'immense majorité des cas,
les symptômes du début. Six fois seulement, sur une qua-
rantaine de malades vus avant d'être atteint moi-même,
j'ai constaté un peu de bouffisme de la face, un état de
congestion quelque peu marqué des conjonctives, un léger
degré de coryza ou une toux fréquente et rebelle. Or, et
c'est là un point de vue sur lequel on ne saurait trop insister,
si à ce moment la maladie est abandonnée à elle-même
sans médication d'aucune espèce, à l'exception de quelques
grogs chauds et de quelques calmants, on peut voir, après
vingt-quatre ou trente-six heures de prostration, de rachial-
gie et de céphalée, de fièvre modérée — elle l'est toujours
— et d'inappétence, tous les malaises disparaître et un état
51
818 _ N* 81 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Décembre 1889
de convalescence relativey j'insiste sur ce mot, s'établir
d'emblée. Et si, après avoir combattu les accidents d'em-
barras gastrique que l'accès fébrile a laissés à sa suite par
une purgation saline, le malade garde le repos pendant
quarante-huit heures encore, il est souvent et définitivement
guéri. Dans d'autres cas, aux phénomènes du début succè-
dent quelques accidents de nature catarrhale. C'est un
coryza assez intense ou bien une toux gutturale, déchirante,
plus souvent un état nauséeux avec diarrhée fétide et dou-
leurs abdominales, quelquefois enfin la persistance des
douleurs rhumatoïdes et leur aggravation sous forme de
névralgies, de myodynies, de crampes musculaires, etc.
Encore arrive-t-il qu'au bout de deux ou trois jours, grâce
à l'administration de faibles doses de quinine ou d'antipy-
rine, jointes à la poudre deDower et aux boissons diaphoré-
tiques alcoolisées, on voit tous les symptômes s'amender et
le malade entrer en convalescence. S'il reste au repos,
comme dans le premier cas, deux ou trois jours après la
cessation des accidents il pourra être considéré comme
guéri. S'il se surmène ou s'il s'expose au froid avant d*avoir
constaté nettement le retour absolu à la température nor-
male, il sera presque assuré d'être repris des mêmes acci-
dents et de repasser une seconde fois par toute la série
de ces malaises qui ressemblent si bien à la fièvre de fa-
tigue ou courbature fébrile qu'il est parfois malaisé de dis-
tinguer ce qui appartient à la grippe et ce qui ne dépend
— pour les médecin tout au moins — que des consé-
quences qu'elle entraîne à sa suite.
Je n'ai parlé jusqu'à présent d'éruptions d'aucune sorte.
Chez les malades que j'ai vus, je n'en ai, en effet, observé
aucune. Chez deux enfants existait dès le début un rash
scarlatiniforme assez peu marqué d'ailleurs. Or chacun sait
combien il est fréquent, chez un enfant atteint d'une affec-
tion fébrile quelconque, de constater l'existence d'un rash
de ce genre. Dans la période d'état et surtout dans la pé-
riode de convalescence je n'ai jamais constaté les éruptions
que signalent plusieurs de nos confrères. Mais celles-ci ont
été vues dans la plupart des épidémies de grippe et, en ad-
mettant même qu'elles soient très fréquentes, jamais leur
extension ne saurait faire confondre la maladie actuelle
avec la dengue. Ni son début infiniment moins grave, moins
douloureux que celui de la dengue, ni la localisation des
douleurs qui siègent à la tête, au rachis, dans les jambes,
et non spécialement à la nuque et dans les genoux ; ni
l'état de la température fébrile, ni la durée de la convales-
cence ne permettraient le doute. Dans l'épidémie actuelle
les éruptions d'ailleurs ne sont pas celles de la dengue ;
elles ne s'accompagnent ni de sueurs ni de desquamation.
Kien, en un mot, n'autorise à penser que nous ayons affaire
à cette maladie exotique. Nous publions aujourd'hui même
une observation due à M. le docteur Gueliiot (de Reims),
et qui, elle, pourrait à la rigueur être prise pour un cas de
dengue observée en France. Nous n'avons pas à insister
d'ailleurs sur des réserves que l'auteur a formulées lui-
même.
Quant aux faits observés à Paris, nous croyons qu'après
avoir lu le dernier compte rendu de l'Académie de méde-
cine, il n'est pas un médecin qui ne se rallie aux conclu-
sions formulées par tous les orateurs qui ont pris part à la
discussion. Ainsi que l'ont si nettement affirmé à diverses
reprises MM. Proust et Brouardel, la maladie régnante est
la même qui sévit actuellement à Saint-Pétersbourg, Berlin,
Munich, Copenhague, Londres, Berne et Rome. Elle est
identique aux grippes épidémiques dant l'histoire médicale
nous a transmis la relation. Sans analogie symptomatiqu^
avec la deâgue, elle n'appartient probablement pas à la
même famille nosologique. Chacun s'accorde en effet à nier
qu'elle soit contagieuse, tandis que la dengue l'est, au con-
traire, à un haut degré. On affirme aussi sa bénignité et
nous devons reconnaître que jusqu'à ce jour, à Paris da
moins, aucune complication sérieuse n'a été signalée.
Concluons donc en affirmant qu'il ne s'agit en ce moment
que d'une grande épidémie de grippe relativement bénigne
ayant en peu de jours envahi toute l'Europe.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE
Les propriétés mlcrobleldes da séran».
De toutes les questions qui préoccupent actuellement le.s
bactériologistes, il n'en est pas de plus intéressante qneceUe
de l'immunité. Les travaux publiés jusqu'à ce jour semMcnl
établir que la résistance aux infections est la résultante de
conditions multiples. L'organisme animal possède de nom-
breux moyens pour lutter contre les microbes qui l'assiè-
gent ou l'envahissent ; une seule et même explica-
tion ne saurait s'appliquer à tous les cas. La grenouille,
par exemple, trouve dans sa basse température un mode de
résistance contre le charbon, et il est bien évident que cette
même cause ne peut être invoquée quand il s*agit des car-
nassiers ou des oiseaux.
Il semble possible de grouper, sous trois chefs principaux,
les conditions qui expliquent l'immunité: il existe des con-
ditions physiques, chimiques et cellulaires.
L'état des cellules joue un rôle fort important ; on peut
admettre que, chez les animaux réfractaires, elles sont peu
sensibles à l'inHuence des sécrétions microbiennes. Quel-
ques-unes remplissent une fonction active ; elles lut-
tent contre les agents envahisseurs; elles les englobent et
les digèrent ; c'est le processus que Metchnikoff a étudié
dans une série de travaux fort remarquables et qu'il désigne
sous le nom de phagocytose.
A côté des réactions cellulaires, prend place l'influence
de la constitution chimique de l'organisme ; il convient de
tenir compte de l'état des humeurs et particulièrement du
sang : c'est ce que semblent démontrer de récentes recher-
ches.
Dans une thèse, écrite sous l'inspiration du professeur
Schmidt et soutenue à Dorpat en 1884, Grohmann a établi
que le sang modifie la vitalité des microbes qu'on y sème ;
la bactéridie charbonneuse, en particulier, s'y atténue au
point de ne plus tuer le lapin. La question a été reprise par
Fodor {Deutsche med. Wocheris., 1887, n* 34). En intro-
duisant du charbon dans du sang, pris sur un lapin qu*on
vient de sacrifier, cet auteur a constaté que le nombre des
bactéridies diminue progressivement ; puis, après un
temps variable, quelques microbes qui ont échappé à l'ac-
tion destructive du sang, finissent par prendre le dessus et
par se développer.
Mais ce sont surtout les travaux de Flûgge et de se<
élèves, Nutlal {Zeitsch. f. Hygiène, 1888, IV, p. 353), et
Nissen {ibid., 1889, VI, p. 487), qui ont appelé l'attention
sur cette question si importante. Il résulte de leurs rerhor-
ches que divers microbes, semés dans du sang, y su-
bissent tout d'abord une dégénérescence nettement accusée
20 Décembre 1889 GAZETTE flEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CRtRURGIE - N^ 51' — 819
à l'examen microscopique ; de nombreuses bactéries sont
détruites, tandis que d'autres persistent et peuvent végéter
au bout d'une période plus ou moins longue.
Les travaux que nous venons de citer, malgré leur inté-
rêt incontestable, ne laissaient pas que de soulever quelques
objections. Le sang, employé pour les cultures, contenait
des éléments cellulaires; il é(ait donc possible qu'une
part revint aux cellules dans Tàltération des microbes.
Si la plupart des bactéries dégénérées se voyaient en
dehors des leucocytes, on pouvait supposer néanmoins
que la modiGcation était sous la dépendance d'une ma-
iïèfe soluble sécfétée par ces organites. On pouvait aussi,
avec M. Duclaux, se demander si ce phénomène ne
tenais pas < à la privation d'oxygène que les bactéries subis-
sent dans les premiers moments de leur séjour dans le
sang, jusqu'au moment où la vie des éléments organiques y
est tout à fait éteinte, et les phénomènes d'oxydation ter<-
minés > (Annales de VInstitut Pasteur, 1888, p. 503). En
chaufTanl le sang entre 50 et 55 degrés, on le voit perdre
son action microbicide, ce qui peut tenir à une modification
chimique, ou à la mort des éléments figurés.
Toutes ces objections tombent devant les expériences
rapportées récemment par Buchner {CentralbLf.Bakt., V,
p. 817). Ce .avant opère non plus sur du sang en nature,
mais sur du sérum, c'est-à-dire sur un liquide dépouillé de
cellules. Il constate que ce sérum possède de notables pro-
priétés microbicides ; celles-ci disparaissent, quand on porte
la température à 55 degrés pendant une heure, ou lorsqu'on
augmente le pouvoir nutritif, soit en ajoutant à ce sérum
de la peptone, soit en soumettant le sang à une série de gels
et de dégels successifs, opérations qui détruisent les globules
ronges et mettent en liberté leur contenu.
Tels sont les principaux faits qui établissent que le sérum
possède à l'état normal des propriétés parasiticides. Ces
propriétés vont-elles augmenter chez les animaux vacci-
nés ?
La plupart des auteurs qui ont tenté de résoudre cette
question, ont répondu par la négative; ils se sont appuyés
sur ce fait que les microbes se développent dans des bouil-
lons fabriqués avec des tissus d'animaux réfractaires. Tandis
que Schottelius a constaté que le bacille du rouget pousse
péniblement dans les milieux de culture préparés avec
les muscles d'animaux ayant succombé à cette affection,
Bitter, par contre, n'a pas confirmé ce résultat. Mais
dans tous les cas, pn faisait subir une altération aux tissus,
et nous avons vu que le chauffage détruisait les propriétés
bactéricides des humeurs. Pour réaliser une expérience
concluante, il importait d'étudier comparativement le déve-
loppement des microbes dans les humeurs des animaux
normaux et vaccinés. C'est ce que fit Nuttal, qui observa
très nettement que le sang défibriné d'un mouton rendu
Téfractaire détruisait plus de microbes que le sang d'un
mouton neuf. Toutefois l'auteur n'osa tirer aucune conclu-
sion : c Les résultats que j'ai rapportés, dit-il, peuvent
être entachés d'erreur, parce que, dans d'autres recherches,
le nombre de bacilles qui s'est détruit, dans divers échan-
tillons du même sang, a présenté d'aussi grandes varia-
tions > (loc. cit., p. 388).
Aussi avons-nous cru intéressant de reprendre le pro-
blème, en opérant, non sur le sang, mais sur le sérum. Nous
avons étudié parallèlement le développement du bacille
pyocyanique dans le sérum de lapins neufs et de lapins vacci-
nés. Dans ce dernier cas, la végétation est considérable-
ment entravée : les microbes qui se développent sont bien
moins nombreux ; leur fonction chromogène est supprimée
ou diminuée ; leurs formes enfin sont anomales et rappel-
lent celles qu'on observe, lorsqu'on pratique des cultures
dans des milieux contenant des substances antiiseptiques
{Comptes rendus Académie des sciences, A novembre
1889, et Société de biologie, 16 novembre 1889). Du reste,
M. Gamaléia avait déjà noté des modifications morphologi-
ques en cultivant la bactéridie charbonneuse dans l'humeur
aqueuse de moutons vaccinés.
Nous nous sommes g&rdés de tirer une conclusion géné-
rale de nos expériences. Bien des faits, en apparence para-
doxaux, commandaient la plus grande réserve. C'est ainsi
que Ruttàl avait constaté que le sérum du lapin exerçait sur
la bactéridie charbonneuse une action destructive plus mar-
Jnée que le sérum du chien. Il y avait là une contradiction
agrante avec ce résultat connu de tous, à savoir que le
chien résiste infiniment plus que le lapin au charbon.
Nous avons pu, à maintes reprises, vérifier l'exactitude de
ce fait qui semble avoir quelque peu surpris Nuttal. Si dans
2 centimètres cubes de sérum de chien, on sème 0^%02 d'une
culture charbonneuse ensemencée la veille dansdubouillon,
on observe au bout de vingt-quatre heures un assez abon-
dant développement. Au contraire, si Ton emploie du sérum
de lapin, on peut introduire jusqu'à O'SS : le milieu reste
stérile.
De tous les sérums que nous avons étudiés, celui du lapin
est de beaucoup le plus mauvais milieu de culture pour la
bactéridie charbonneuse ; celle-ci se développe assez facile-
ment dans le sérum du chat, du pigeon, de la grenouille,
et surtout du cobaye. Toutes nos expériences ont été, cela
va sans dire, réalisées d'une façon comparative, c'est-à-
dire enemployant les mêmes quantités de sérum, les mêmes
cultures, et en maintenant les liquides ensemencés à la
même température de 38 degrés.
Mais, si l'on examine au microscope les cultures faites
dans le sérum des divers animaux, on est frappé des modi-
fications considérables qui surviennent dans la morpho-
logie des microbes. Leurs formes varient suivant le Sérum
dans lequel on les sème, et ces variations, sauf quelques
détails secondaires, sont toujours les mêmes pour une
même espèce. Il nous est impossible de donner ici une
description complète de ces variaHons morphologiques;
nous les décrirons avec délail dans un travail ultérieur.
Nous dirons seulement que c'est dans le sérum du cobaye
qde la bactéridie semble se développer le plus facilement;
elle y forme de beaux filaments réguliers, bien segmentés,
analogues h eeux qu'on observje quand la culture est faite
dans du bouillon.
Tout autre est l'aspect qu'on observe dans le sérum
du cbat ou du chien. Chez ces deux animaux, on trouve, au
bout de vingt-quatre heures, des bâtonnets assez longs et
très épais, isolés ou accouplés deux à deux; leur proto-
plasma se colore d'une façon inégale; souvent leurs bords
sont irréguliers; leurs extrémités sont parfois renfiées en
massue ; ailleurs elles sont effilées : ce sont de vraies formes
involutives, peu viables, et dont le protoplasma dégénère
rapidement les jours suivants.
Bien différentes les figures de la bactéridie semée dans le
sérum de la grenouille, lé. ce sont de longues chaînettes,
extrêmement minces, dont les segments ont des longueurs
variables.
Ces diverses modtficalions sont si marquées qu^> avec
m - N« 81 - GÂ2ËTtË HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Décembre 4889
un peu d'habitude^ on arrive, au simple examen microsco-
pique, à reconnaître dans quel sérum a poussé la bactéridie.
Ainsi, même lorsqu'ils se développent, les microbes sont
modiGés et gênés dans leur évolution ; c'est là une première
conséquence qui découle naturellement de nos recherches.
Mais nous croyons qu'on est en droit d'en tirer une autre
conclusion, c'est qu'on ne doit pas comparer le sérum des
animaux d'espèces différentes au point de vue des propriétés
microbicides. Ce serait vouloir compliquer la question. Ce
qu'il faut faire, croyons-nous, c'est étudier le développe-
ment des microbes dans le sérum d'animaux de même
espèce, et mettre en parallèle les individus neufs et les
individus dont la résistance a été renforcée par des inocula-
tions préventives. De cette façon on simplifie le problème,
et l'on évite une objection qui se présente immédiatement
à l'esprit. On peut se demander, en effet, si les propriétés
microbicides que possède le sérum ne sont pas artificielles;
existent-elles réellement dans les humeurs vivantes, c'est-
à-dire dans le corps des animaux? Cette objection n'est pas
admissible pour les expériences comparatives. Si, en effet,
l'action du sérum varie suivant qu'il provient d'un animal
neuf ou vacciné, c'est que, dans les deux cas, la constitution
chimique n'est pas la même : elle s'est modifiée sous l'in-
fluence de la vaccination.
Ce sont ces modifications dont nous poursuivons actuelle-
ment l'étude (1); nous possédons un moyen simple de les
apprécier : les différences que le réactif chimique le plus
sensible ne pei^t déceler, la cellule végétale les met facile-
ment en évidence.
Chârrin et Roger.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HOTEL-DIEU DE LYON. — M. LE PROFESSEUR LÉPINE.
Lèpre taberenlenae.
(Leçon recueillie par M. le docteur Lemoine, répétiteur à
FEcole du service de santé militaire.)
La malade qui fait l'objet de cette leçon est une femme
âgée de trente-neuf ans. Partie à seize ans pour Cayenne,
elle y est restée jusqu'en 1887, époque à laquelle elle est
revenue en France. Durant tout son séjour dans la colonie,
cette femme n'a jamais été malade jusqu'en 1886, année
où semble avoir débuté l'affection actuelle. Depuis quelc|iie
temps, habitait dans la même maison qu'elle, une famille
lépreuse; de plus elle dit avoir lavé le linge d'une femme
atteinte de cette affection. La lèpre règne d'ailleurs à
Cayenne. C'est à partir de ce moment qu'apparurent d'abord
sur le poignet gauche quelques macules blanchâtres qui
restèrent slatiounaires pendant près d'un an. Elle eut à la
suite de cette première manifestation plusieurs poussées
successives^ consistant dans l'apparition sur la face et les
membres inférieurs de boutons et de petites plaques
brunes.
Après son retour en France, à la suite d'une variole
bénigne soignée à Montpellier, la maladie s'est aggravée
d'une façon marquée. Actuellement la malade présente sur
le front, les joues, les lèvres et sur le nez un certain nombre
de tubercules gros comme un pois, les uns à peine colorés,
les autres bruns.
La peau de la face est épaissie, chagrinée, fortement
pigmentée; la peau du cou présente le même aspect, mais
(1) Traviil du laboratoire de M. Bouchard.
ne porte pas de tubercule; les lipomes occupent non seu
lemenl la superficie du tégument, mais encore la profoiidoii:
des tissus; le tissu cellulaire et les muscles sont envahi
en certains points; on sent notamment une petite tumeui
de la grosseur d'une noix dans les muscles du mollft.
tumeur mobile latéralement et dans les mouvements exé-
cutés par le pied.
Les muqueuses présentent aussi des lésions assez remar-
quables, un tubercule siège sur la langue, un autre ulct^^^
sur le voile du palais. 11 doit exister des lésions de mêm"
nature dans le larynx, car la voix est rauque, étouffée, I'
malade a peine à parler. Les conjonctives et les yeux soûl
respectés.
Comme troubles viscéraux nous n'avons rien à noter si et
n est quelques vomissements.
Pas de troubles de la sensibilité tactile ; la malade pré-
sente par contre un degré accentué d'hypereslhésie au pdinl
de vue de la température extérieure, elle se plaint conti-
nuellement du froid, surtout aux jambes.
Tous les os, sauf ceux du crâne et de la face, sont doulou-
reux à la pression ; ceux-ci sont le siège au niveau de Ja
face antérieure des deux tibias de .trois exostoses asso/.
volumineuses et douloureuses. On ne note absolument dans
les antécédents de la malade aucune manifestation syphi-
litique.
L huile de chaulmoogra a été administrée à la malade à
doses progressives jnsqu'à 70 centigrammes. Sous son
influence les lésions pharyngées ont paru s'amender, mais
les lésions cutanées se sont aggravées d'une façon notable.
En face de ces symptômes, le diagnostic ne peut être dou-
teux et nous avons bien affaire ici à une des formes de la
lèpre, à la lèpre tuberculeuse.
La lèpre, maladie que nous observons rarement aujour-
d'hui dans nos pays, existe cependant sur la plus grande
partie du globe et compte encore de nombreux foyers épi-
démiques. Maladie autrefois de nature inconnue, elle a été
l'objet dans ces dernières années d'un grand nombre de
travaux et de recherches scientifiques, qui ont abouti à la
découverte du parasite qui la produit. La lèpre en effet est
une affection microbienne caractérisée par la présence d'un
micrO' organisme spécifioue. Celui-ci, morphologiquement
assez semblable à celui de la tuberculose, s'en différencie
cependant par un certain nombre de caractères au point de
vue de son aptitude à se laisser impressionner par les
matières colorantes, au point de vue de sa vitalité et surtout
de la manière dont il infecte l'organisme humain.
Le bacille de la lèpre en effet se colore plus facilement
que celui de la tuberculose, et résiste beaucoup plus que
lui à l'action décolorante de l'acide nitrique. A peine en
dehors du corps du malade, .le premier perd d'abond très
rapidement sa virulence; on sait au contraire avec quelle
persistance le bacille de Koch conserve son action pathogène.
Son mode d'infection enfin est très particulièrement remar-
quablej tandis que le bacille de Koch peut rester localisé
au sommet du poumon sans infecter d'emblée toute Téco-
nomie, il n'en est pas de même du microbe de la lèpre :
très promptement il produit une infection lépreuse géné-
rale.
Dans la lèpre comme dans la syphilis, il y a une imprê^
gnation générale de l'individu dès le début, et la preuve en
est dans l'apparition à ce moment de symptômes généraux.
Comme dans la syphilis, comme aussi dans la rougeoie,
dans la scarlatine, on observe tout d'abord de la fièvre, du
malaise et une éruption qui peut être considérée comme
un véritable effort tenté par la nature pour se débarrasser
du poison morbipne. Aussi n'est- il pas étonnant qu'on
trouve dans les tubercules, dans les taches observées sur la
peau, un grand nombre aes bacilles spécifiques dont nou>
venons de parler.
Cette accumulation des bacilles dans les lésions cutanées
20 Décembre 1889 GAZETTE «HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE ~ N* SI — 821
end à prouver qu'il y a pullulation de cet agent dans l'or-
anisme; mais vuTextrême rareté de sa constatation dans ]e
vang on ne sait au juste si cette pullulation a lieu.
Nous venons de voir que le micro-organisine de la lèpre
3 retrouve surtout dans les tuberculoses et les taches
observées à la surface de la peau.. Ces deux genres de lésions
ni servi à différencier deux modalités symptomatiques de
affection. La lèpre en effet se présente sous deux formes :
i forme tuberculeuse et la forme anesthésiçiue.
Cette dernière forme est surtout caractérisée par la pré-
)nce sur la surface cutanée de macules pigmentées ou
pigmentées simulant les taches de vitiligo, et de troubles
e la sensibilité. C'est la forme tropho-neurotioue s'accom-
ignant d'atrophie et de déformations. Dès le début de
affection, Tanesthésie des taches érythémateuses peut déjà
.ire prévoir le développement ultérieur de cette forme,
'est probablement à cause de cette anesthésie qu'un grand
)mbre de malades affectés de troubles semblables de la
nsibililé, que beaucoup d'hystériques entre autres furent
ifermés autrefois dans les léproseries. On a observé aussi
ï l'hyperesthésie au niveau des mêmes taches. Quant à la
ilhogénie de ces troubles trophiques, elle parait découler
' la constatation faite dans ces dernières années du grand
imbre de bacilles trouvés dans les gaines nerveuses.
Il est probable en effet que c'est sous l'influence d'une
i*itation d'abord, puis d'une compression excessive de la
ire nerveuse, par accumulation des micro-organismes, que
produisent les différents troubles de la sensibilité et de
nutrition que nous venons de passer en revue. La sébor-
.ée abondante constatée chez quelques-uns de ces malades
t justiciable de la même interprétation et semble bien
voir être causée par une irritation spécifique portant sur
> glandes sébacées.
Quant à la forme tuberculeuse, nous en avons ici le tableau
js nos yeux ; elle est caractérisée essentiellement par la
oduction de tubercules qui ont pour siège de prédilection
face, les membres, les muqueuses et les organes des sens,
appareil de la vision est souvent envahi dès le début, et
lésion aboutit à la fonte du globe oculaire tout entier,
'.s tubercules, comme les taches, semblent être les foyers
t production du bacille, et c'est eu se reposant sur cette
ée qu'on avait proposé de cautériser ou d'exciser ces tuber-
les commme on avait excisé la manifestation primitive
la syphilis, le chancre induré.
Nous n'avons pas à revenir sur les différents symptômes
ésentés par cette malade, cependant nous attirons l'at-
iition en terminant sur les lésions osseuses. Celles-ci en
et ne sont pas habituelles à la lèpre tuberculeuse, et on
«urrait être tenté de les attribuer à la syphilis; mais les
nseignements donnés par la malade sont tellement alKlr-
alifs sur ce point, que Tatlribution des accidents actuels
cette affection ne pourrait être qu'une pure hypothèse
' ne reposerait sur aucun fondement. Nous devons dire en
itre que le produit d'une des ulcérations, examiné par
. L. Blanc, a laissé déceler la présence du microbe carac-
ristique de la lèpre, ce qui lève tous les doutes au point
i vue de l'affection gue nous avons sous les jeux, dont
.nt de caractères cliniques du reste assurent l'origine.
TRAVAUX ORIGINAUX
Épldémlologie.
EUX CAS d'une maladie RAPPELANT LA « FIÈVRE DENOUE )
ET OBSERVÉE A Reims, par M. le docteur 0. Guelliot.
Vers le milieu de juin dernier, arrivait à Reims une famille
«nant de Tunis; des trois enfants, le plus jeune, un petit garçon
e deux ans, était atteint d'une angine grave contractée avant le
départ et qui prit tout de suite une allure inquiétante. Bientôt la
diphlhérie s'étendit au larynx et je dus prati(|uer la trachéotomie
dans la nuit du 18 juin. La canule fut définitivement enlevée le
25 et l'enfant fit sa première promenade en voiture le i juillet.
H semblait donc complètement guéri quand survinrent des
accidents qui mirent de nouveau sa vie en danger.
Dès l'arrivée à Reims, le petit malade avait été absolument
isolé. Or, sa sœur, âgée de quatre ans, avait été prise vers
le 22 juin, soit une dizaine de jours après le départ d'Afrique,
d'un malaise simulant l'embarras gastrique : fièvre, céphalalgie,
abattement, langue étalée et blanche, anorexie complète.
Quelques jours après, apparaissait une éruption bizarre et
ressemblant peu à celles que nous avons l'habitude d'observer :
autour de la bouche et au nez. au niveau des tempes, étaient
disséminés des boutons blancs, les uns papuleux et assez durs,
les autres un peu ramollis à leur sommet et en voie de pustula-
tion. Malgré les purgatifs, le sulfate de quinine, puis les toniques,
la convalescence se faisait mal ; cependant l'enfant repre-
nait ses promenades, et, au jour indiqué plus haut, le 4 juillet,
je crus pouvoir permettre une promenade commune avec le frère
dont la santé paraissait parfaite.
Le lendemam de cette sortie, la petite fille avait une rechute,
caractérisée par un mouvement féorile peu intense, et surtout
f»ar une nouvelle éruption toute différente de la première; sur
es poignets, mais surtout sur le cou, on voyait quelques plaques
sans saillie, d'un rouge pâle, d'une largeur de 1 ou 2 centi-
mètres, en général ovalaires. Cette sorte de roséole me décon-
certait un peu ; mais un symptôme survenu en même tem(>s me
mit sur la voie du diagnostic : l'enfant avait la tête immobilisée
par un torticolis qui lui donnait une attitude spéciale : je me
souvins des descriptions de fièvre dengue que j'avais lues et
ie me rappelai que les auteurs y insistaient sur la fréquence de
la double éruption et sur les douleurs musculaires ; en consul-
tant ces auteurs, en relisant en particulier l'excellent article de
Mahé dans le Dictionnaire encyclopédique et la clinique pu-
bliée cette année même oar H. de Brun dans la Semaine medi^
cale, j'y trouvai une confirmation de mes soupçons : symptômes
gastriques, rémission et rechute, éruption polymorphe et
dichrone, torticolis (mal de girafe), tout y était.
Mais voici qui venait encore à l'appui du diagnostic.
Le petit garçon, lui aussi, commençait, dès le lendemain du
contact qu'il avait eu avec sa sœur, à refuser les aliments ; il
prenait de la lièvre, puis apparaissait la même éruption papu-
leuse suivie des mêmes plaques roses, mais beaucoup plus
étendues que chez la petite fille : il y en avait aux doigts, aux
poignets, quelques-unes très rares sur le tronc; au niveau du
cou, elles devenaient confluentes, et, leur couleur s'exagérant
quand l'enfant pleurait, elles formaient alors une sorte de
mtn^rr^ rouge ; c'était bien la fièvre rouge, la rosalia» Il fallut
une dizaine de jours pour que les dernières taches disparussent.
L'enfant, qui se plaignait de douleurs dans les jambes, reprit
très lentement son appétit et ses forces; le i août, sa sœur et
lui partirent enfin pour la campaene, ne gardant de leurs mala-
dies que des adénites sous-maxillaires dont la résolution se fit
fort lentement.
Dès que l'idée de la fièvre dengue me fut venue, j'écrivis à
Tunis au docteur Lallemand, médecin de la famille. Mais notre
confrère avait quitté l'Afrique et il ne reçut ma lettre qu'à
Valence.
c Les phénomènes qu'ont présentés les enfants de M*"* X...,
nous répondit-il, sont bien ceux de la dengue. Mais je n'en ai
observé aucun cas semblable à Tunis pendant le long séjour
que j'y ai fait... i (iS2 juillet 1889).
Tout autre diagnostic que celui de dengue nous semble cepen-
dant bien difficile à admettre. Il faut suproser que la petite
fille est partie de Tunis pendant la périooe d'incubation de la
fièvre. Celle-ci se serait déclarée une dizaine Ae jours après son
arrivée en France.
Une question intéressante et encore en suspens est celle de
la contagiosité de la dengue; elle est niée par les Anglais.
Faut-il admettre que notre petite malade a contaminé son frère
qui a été atteint dès le lendemain du jour où il passa une demi-
heure avec elle? ou bien, l'enfant aurait-il pris la dengue au
même foyer, et son évolution aurait-elle été retardée par la
diphthérie dont il a puisé les germes à peu près en même
temps? Nous avons tous été témoins du retard d'absorption
pour les médicaments chez les en&nts atteints de croup, et des
vomissements qui surviennent parfois après là tracnéotomie
m ^ N' SI — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET SE CHIRURGIE 20 Déceiibrb 1889
alors que la circulalion reprend son énergie et que l'ipéca ou le
tarlre stibié accumulés dans les voies digestivès avant Topéra-
tion se trouvent tout à coup absorbés. Peut-être pareil nhéno-
mène expliquerait-il le retard dans renvahissement de Vorga-
nisme par Tagent encore inconnu de la fîcvre dengue?
En tout cas — et bien que faisant toutes réserves voulues au
sujet d'une erreur de diagnostic possible, mais, on en convien-
dra, vraiment excusable — il nous a paru utile de publier ces
faits qui montrent, s'il s'Agit bien de dengue, que la rapidité des
moyens actuels de locomotion nous expose à t)bserver des
maladies d'origine exotique et dont la symptomatologie est en
général mal oonnue de ceyux qui n*ont pas eu Toccasion d'en
mire une étude spéciale.
Ollniqiie médleale.
CoiiTiiiBufiow A l'étiolocie de la fièvke typhoïde.
Communication faite à la Société médicale des hôpi-
taux dans la séance du 13 décembre 1889, par
H. VâiLLARD, médecin-major de première classe, pro-
fesseur agrégé du Val-de-Gràce.
Pour donner une suite à la communication si intéres-
sante de M. Chantemesse Sur to fièvre typhoïde à Paris
(séance du 8 novembre 1889), permettez-moi de vous sou-
mettre quelques documents personnels ayant trait à la
question, toujours ouverte, de Téliologie de cetle maladie,
ou plutôt du rôle qui revieul à Teau potable dans sa pro-
pagation; j'y ajouterai certains faits montrant que, dans les
habitations collectives, les poussières des planchers et de
Tentrevous peuvent aussi receler l'agent pathogène de la
fièvre typhoïde et servir à sa transmission.
Dire que Teau potable est le véhicule fréquent du germe
typbîque, que l'on en peut fournir la preuve dirimante par
les procédés dé la bactériologie, c'est, aujourd'hui. Courir
le risque de produire une affirmation quelque peu banale,
sinon inutile. Nombreux, en effet, sont les exemples d'épi-
démies imputées à la pollution des eaux ; ils se multiplient
iQ^ême tous les jours depuis que l'attention des médecins
est mieux sollicitée dans ce sens. Si pour beaucoup de ces
cas on ne peut citer d'autre preuve que le mode évolutif de
l'épidémie, la répartition des cas, la présomption sinon la
certitude du mélange plus ou moins facile des matières de
vidange avec les rivières, les puits ou les eaux canalisées,
pour beaucoup d'autres, à la vérité, nous possédons des
témoignages plus irrécusables, ceux qui résultent de la
constatation du bacille typhique dans les eaux incriminées.
Les premières preuves de ce genre sont dues à MOrs, de
Mulbeim sur le Rhin (1885), pui3 à Michael, de Dresde
(1886), qui parvinrent à isoler le bacille d'Eberth dans des
eaux fle puits dont la consommation avait été la cause d'une
épidémie typhoïde. F^resquè à la même époque MM. Chan-
temesse et Widal exposaient ici même, dans une commu-
nication dont vous n'avez certes pas perdu le souvenir, les
résultats positifs de leurs recherches sur l'eau d'une
borne-fontaine de Ménilmontant, d'un puits de pierrefonds,
du réservoir d'une maison de Clermont-Ferrand ; en même
temps ils décrivaient la technique à suivre pour la recherche
du bacille typhique dans ces conditions. Depuis lors les
constatations du même genre se sont multipliées. En France,
MM. E. Roux (épidémie de Quimper), Thoinot, Loir (eau
de Seine), Chantemesse (épidémie de Belvès), Macé (épidé-
mies de Nancy, de SéJ:anne), Arloing et Morat (épidémie de
Cluny), Marié-Davy (épidémie de Varzy), Roux (de Lyon^, etc. ,
démontrent que certames ^aux justement suspectées aans le
développement d'une épidémie de fièvre typhoïde véhi-
culaient l'agent spécifique de cette maladie. En Autriche,
Kowalski trouve cinq fois le bacille typhique dans de» condi-
tions identiques. A Coïmbro (Mello Cabrai et Da Roclia),
à Odessa, la même démohjstration est fournie. En Aile- I
magne, Beumer, à propos de l'épidémie de Wackerow pr-^
de Greisswald, isole le bacille typhique dans l'eau d*u
puits qui servait à l'alimentation du village. Tout récem-
ment enfin Pelrescû déclarait au Congrès d'hygiène avoL'
trouvé le même agent pathogène dans plusieurs puits de li
ville de Bucharest. Encore cette énumération est-elle saib
doute fort incomplète, car ie ne prétends pas connaître ton*
les faits où la recherche du bacille typhique a été pour-
suivie avec succès.
Malgré ces preuves multiples venant de points très diffé-
rents, quelçiues auteurs persistent à ne pas attribuer à h
contamination dès eaux potables la part légitime et grande
qui lui revient dans l'étiologie de la fièvre typhoïde ; s'ap-
puyant sur des expériences de laboratoire, ils essayent de
montrer que les eaux vulgaires constituent un milieu abso-
lument antipathique aux bactéries pathogènes et que, par
suite, leur adultération 5st, sinon négligeable, du moias de
faible importance. D'autres (et ce sont des microbiologistes
dont le nom fait autorité) proclament, à la vérité, le rôle
considérable des eaux potables dans la propagation de /a
fièvre typhoïde, mais affectent de considérer pomme dou-
teuses les preuves bactériologiques que l'on cite à Tappui ;
invoquant les difficultés de la recherche du bacille tjpoique
et l'impossibilité où ils se sont trouvés de déceler sa pré-
sence aans des eaux notoirement coupables d'avoir fomenté
une épidémie typhoïde, ils semblent insinuer que les consta-
tations de ce genre ne sont nulle part plus faciles qu*en
France, trop faciles peut-être pour ne pas laisser place
à quelques soupçons sur leur parfaite légitimité.
En pareille occurrence, il m'a paru utile d'ajouter aux
faits déjà signalés ceux qu'il m a été donné d'observer.
Ayant été chargé, au laboratoire du Val-de-Gràce, d'analyser
les eaux distribuées dans les garnisons de France, princi-
palement lorsque la fièvre typhoïde venait à y sévir, j'ai pu,
plusieurs fois, pendant le cours de ces épidémies, démon-
trer la présence du bacille typhique dans les eaax d'ali-
mentation. Ces faits sont au nombre de cinq. Je les rap-
Sorterai brièvement; s'ils n'ont pas le mérite de la nouveauté,
u moins ils formeront un contingent de preuves à l'actif
des vues étiologiques qui tendent de plus en plus à pré-
valoir.
I. — Au mois de mars 1889 éclate dans le régiment de
cavalerie stationné à Melun une épidémie de fièvre typhoïde
dont la répartition semblait indiquer que la cause en pou-
vait être Que à la contamination de certaines eaux potables.
Le régiment tirait son eau de sept puits creusés dans la
caserne et aussi de la canalisation en eau de Seine. Des
échantillons de cette dernière ainsi que des sept puits en
usage, prélevés avec toutes les précautions voulues, me
sont remis sans indication aucune des soupçons qui pe-
saient sur l'un ou sur l'autre. L'analyse bactériologique
Eermet de trouver facilement, et en quantité notable, le
ucille typhique dans deux de ces échantillons. Or les ren-
seignements tournis après la notification de l'analyse m'ont
appris que la fièvre typhoïde n'avait atteint précisément
que les escadrons faisant usage des puits dans lesquels Le
bacille typhique avait été trouvé ; les autres parties du régi-
ment s'alimentant aux puits non contaminés étaient restées
indemnes, à l'exception toutefois de deux cavaliers, je crois,
3ui par la nature de leur service se trouvaient à proximité
es puits souillés et y puisaient habituellement leur eau
de boisson. J'ignore la cause qui a pu provoquer la conta-
mination des deux puits.
IL — La fièvre typhoïde est endémique dans la population
civile et militaire de Cherbourg. Très frécjuente parmi les
troupes de la marine, elle est, au contraire, relativement
rare parmi celles qui relèvent de la guerre. Or toutes les
troupes de la marine boivent l'eau de la rivière la Divette,
tandis que les secondes consomment l'eau de source ou des
20 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— »• 51 — 823
eaux de citerne; exception doit être faite pour une compa-
fnie qui, logée à la caserne du Val-de-Saire, fait usage de
eau de la Divette, et c'est précisément cette compagnie
qui fournit la plupart des cas de fièvre typhoïde observés
dans l'armée de terre. Cette répartition quasi permanente
de la maladie conduisit M. le médecin-major Collignon à
incriminer nettement l'eau de la Divette comme facteur
principal dans les épidémies typhoïdes qui sévissent chaque
année à Cherbourg. A l'occasion de l'une de ces épidémies,
en septembre 1888, un échantillon de l'eau suspecte m'est
envoyé pour l'analyse bactériologique. J'y trouvai, indépen-
damment de nombreuses bactéries dites de la putréfaction
et du bacterium coli commune^ le bacille typhique. Le fait
n'avait rien de surprenant : « La Divette, dit M. Collignon,
est captée par une pompe élévatoire presque à l'entrée
de la ville. Sur tout son parcours elle est souillée par les
déjections et les immondices de plusieurs villages et de
nombreuses fermes situées sur ses bords. De plus, et c'est
le point capital, elle l'est encore davantage par les con-
séquences d'une funeste habitude locale : les populations
voisines de Cherbourg utilisent pour engraisser leurs prai-
ries artificielles, notamment celles de la vallée de la Divette,
le produit brut des fosses d'aisances de la ville. Celui-ci, lavé
par les pluies, est ramené au thalweg et à la rivière avec
tous les raicro^organismes contenus dans les matières
fécales. Or la fièvre typhoïde et la dysenterie sont endé-
miques à Cherbourg; il y a donc une sorte de va-et-vient
des germes typhogènes et autres. Les épidémies prennent
naissance, en général, à la suite des grandes pluies et sur-
tout des orages. » Tel avait été le cas pour celle qui provoqua
l'analyse de l'eau.
III. — Au mois de mai 1888, une épidémie de fièvre
typhoïde éclate brusquement dans la garnison de Mirande.
Les eaux potables sont soupçonnées. Trois échantillons sont
expédiés au laboratoire du Val-de-Grâce sans indication de
la nature des eaux soumises à l'analyse.
Dans l'un de ces échantillons j'isole le bacille typhique
et le bacterium coli commune; les deux autres paraissaient
exempts de toute souillure dangereuse. Après notification
du résultat de l'analyse, M. le médecin-major Boutié m'in-
forme que l'échantillon dans lequel le bacille typhique avait
été trouvé provenait du réservoir d'eau de la Baïse jour-
nellement utilisé par la garnison; les deux autres étaient
tires de puits presque hors d'usage. Comment s'était pro-
duite la contamination? Cela ressortira clairement des
détails suivants dus à l'obligeance de M. Boutié.
En face de la caserne de Mirande existe un bureau d'oc-
troi. Dans le courant du mois d'avril, la femme du préposé
y tombe malade d'une fièvre typhoïde grave; ses selles, à
défaut de latrines, sont déversées chaque jour dans un
ruisseau-égout contigu à la maison d'habitation. Ce ruisseau,
après un parcours peu étendu, vient se jeter dans la Baïse
à 25 mètres environ du point où une machine élévatoire
opère la prise d'eau qui sert à alimenter la caserne et une
partie de la ville de Mirande. Or, c'est vers le 15 mai qu'on
observe brusquement dans la garnison un très grand nombre
de cas de fièvre typhoïde; en même temps quelques per-
sonnes de la ville sont atteintes. Pendant les jours qui sui-
vent la fièvre typhoïde continue à sévir sur toutes les parties
de la caserne, mais disparait aussitôt que le déplacement
de la troupe est ordonné.
IV. — En novembre 1888 éclate, à Bourg-en-Bresse, une
épidémie de fièvre typhoïde dont l'histoire a été relatée par
SI. le docteur Passerat (Lyon médical, 1889). Jusqu'à celle
époque, dit ce confrère, la maladie ne s'était jamais montrée
d une manière épidémique dans cette ville. On en citait les
cas isolés comme des événements rares et curieux. L'inva-
sion se fit avec une telle rapidité qu'en moins de dix jours
dix-sept cas étaient signalés à la caserne et vingt-cinq en
ville ; le chiffre total des atteintes s'éleva à quatre-vingts.
L'affection frappe tous les quartiers, mais certains groupes
de maisons, certaines agglomérations présentent une immu-
nité remarquable. Il importe de dire immédiatement que
la ville de Bourg est alimentée en eau de boisson par la
canalisation des sources de Lent et aussi par de nombreux
puits creusés dans la même nappe souterraine. La première
distribue l'eau dans tous les quartiers, mais certains établis-
sements ont conservé leurancien mode d'approvisionnement ;
des pompes vont puiser l'eau dans la nappe aquifère locale.
€ Or l'examen de l'épidémie montra que tous les établisse-
ments tirant exclusivement leur eau de boisson de la nappe
locale sont exempts de la fièvre typhoïde, et que tous les
établissements recevant l'eau de la canalisation municipale
présentent des cas de cette maladie. Dans les premiers, pas
un cas de fièvre typhoïde ; dans les seconds, y compris la
caserne, au moins quarante cas. En comparant la popula-
tion des deux séries, on voit cependant que la population
des établissements indemnes atteint presque le chiffre de
4500 personnes, tandis que les autres n'en comptent guère
plus de 2000. »
La pollution des eaux de Lent (canalisation municipale)
semblait devoir être incriminée avec juste raison. Un échan-
tillon de cette eau me fut remis le 28 novembre et l'analyse
bactériologique y décela la fréquence du bacille typhique.
Quelle était la cause de cette contamination? L'eau a-t-elle
été souillée à son origine ou pendant son trajet entre Lent
et les bouches de distribution à Bourg? M. le docteur Pas-
serat estime que la pollution a dû se produire au niveau
des champs de capta^e des sources de Lent et par le fait de
circonstances qu'il indique avec détails dans le mémoire
auquel il a été fait allusion.
V. — Les épidémies de fièvre typhoïde sont fréquentes et
graves dans la garnison de Cha'tellerault, aussi bien, JQ
crois, que dans la population civile. Le casernement habité,
par la troupe est neuf, bien aéré, convenablement aménagé,
presque irréprochable, et cependant la dothiénentérie y
règne pour ainsi dire chaque année. A l'occasion de l'une
de ces épidémies, en juin 1888, un échantillon de l'eau
potable oistribuée à la troupe est expédié au Val-de-
Grâce; après une série d'essais d'aboîd infructueux, ie par-
viens à y rencontrer des spécimens typiques du bacille
d'Eberth.
Dans ce cas le mécanisme de la souillure est facile à
saisir. L'eau potable que consomme la garnison est fournie
par la Vienne. Cette rivière reçoit sur son parcours les
déjections de la ville et la prise d'eau qui alimente le réser-
voir de la caserne est faite en aval des points où se déversent
les égouts.
Je passerai sous silence les procédés techniques mis en
œuvre pour isoler le bacille typniaue dans ces différents cas
et me oornerai à dire que sa recnerche a été narfois labo-
rieuse, difficile, nécessitant jusqu'à 10, 15, 30 tentatives
avant d'arriver au but; que la détermination certaine de
son identité est semée d'embûches et de causes d'erreurs.
J'ajouterai encore, afin de prévenir les critiques, que j'ai
eu pour règle invariable de ne jamais affirmer la présence
du «acille typhique dans les eaux avant d'avoir soumis l'or-
ganisme considéré comme tel à l'épreuve des cultures
comparatives faites avec le bacille d'Eberth extrait de la
rate d'un typhique. Les deux organismes étaient ensemen-
cés parallèlement dans des milieux rigoureusement iden-
tiques {bouillon, gélatine, gélose faits et stérilisés le même
jours; tranches de pomme déterre taillées dans le même
tubercule, cuites et stérilisées simultanément) et placés à
la même température; l'identité n'était admise que lorsque
les cultures, par leur mode de développement et leurs ca-
ractères généraux, se montraient strictement semblables.
824 — N- 61 —
GAZETTE HEBDOMABAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Déceiibre 1889
Dans l'état actuel de la science, je ne sache pas c^ue nous
possédions un critérium plus sûr^ et j'ai cru légitime de
conclure qu'un organisme présentant tous les caractères
morphologiques du bacille décrit par Ëberth-Gaffky, se
cultivant dans les divers milieux d'une manière strictement
confornie en tout point, ne devait être, ne pouvait être, en
bonne logique, que le bacille tjphique lui-même.
Peut-être ai-je dû à ce contrôle obligatoire de ne pas
affirmer la présence du bacille typhique dans des eaux où
sans doute il existait; et ceci demande explication.
Quelauefois, en des circonstances où I observation pure
et simple semblait imposer la contamination certaine des
eaux potables, j'ai rencontré des organismes qui ne se
diiîérenciaient du bacille d'Ëberth-Gaffky que par de légères
variantes dans leurs modes de culture sur gélatine ou sur
pomme de terre. Sur ce dernier milieu, par exemple, la
culture était plus épaisse, un peu teintée de jaune. Ces
caractères n'appartiennent pas ou ne sont pas décrits au
bacille typhique récemment extrait de la rate d'un sujet
atteint de dolhiénentérie; aussi ai-je eu garde alors de
conclure à l'identité. Cependant on sait que le bacille qui
a vieilli dans les cultures peut présenter des aspects sem-
blables sur la pomme de terre. D'autre part les recherches
que je poursuis en ce moment avec mon collaborateur,
M. le docteur Vincent, me conduisent à penser que, par le
fait de certaines conditions, comme le séjour plus ou moins
prolongé dans l'eau commune ou stérilisée, le bacille
typhique peut subir des modifications qui l'éloignent singu-
lièrement du type officiel. Sans entrer dans le détail de
faits qui ferontl objet d'un travail ultérieur, je dirai seule-
ment que les conditions visées transforment le bacille
typhique au point de le rendre presque méconnaissable,
d'apporter du moins de sérieuses difficultés à son identifi-
cation. Sa culture sur pomme de terre qui, sans être abso-
lument caractéristique (1), constitue cependant un élément
de premier ordre pour la diagnose, devient alors plus
épaisse et légèrement colorée en jaune pâle ou jaune brun.
Cette particularité est bien de nature à dérouter les inves-
tigations du microbiologiste, s'il n'admet comme légitime
que le bacille typhique réunissant tous les caractères dé-
crits par GafTky et chez nous par MH. Chantemesse et Widal ;
il n'osera considérer comme tel un bacille typhique que les
conditions dans lesquelles il a vécu auront modifié suivant
le sens indiqué. Assurément j'ai rencontré des circonstances
de ce genre et je me suis abstenu de conclure à la présence
du bacille typhique; je me suis abstenu aGn de garder à mes
conclusions toute la rigueur désirable, mais peut-être,
mieux éclairé aujourd'hui, agirais-je autrement.
Les faits rapportés ci-dessus me semblent constituer une
nouvelle preuve du rôle de l'eau de boisson comme vecteur
du germe typhique et surtout de la possibilité d'y .déceler
réellement sa présence; c'est d'ailleurs le seul titre qu'ils
avaient à vous être soumis. Ajouterai-je qu'ils ont concouru
pour leur part à démontrer l'urgente nécessité de cer-
taines mesures prophylactiques? Une vaste enquête pres-
crite par le ministère de la guerre et poursuivie par le
Directeur du service de santé a établi combien souvent était
défectueuse l'eau distribuée dans les diverses garnisons
de France, combien aussi étaient fréquentes les relations
entri le règne de la fièvre typhoide et la mauvaise qua-
lité des eaux potables; l'analyse bactériologique, en dé-
montrant l'existence de l'agent pathogène dans quelques-
unes ou l'impureté notoire de beaucoup d'autres, a fourni
la preuve convaincante de leur nocuité. Aussi l'admi-
nistration centrale s'est-elle efforcée d'obtenir des munici-
palités qu'une eau pure soit servie aux troupes, que l'eau
(1) J'ai rencontré dans l'eau et dans le sol un bacille mobile, se décolorant
par la méthode do Gram et qui présente sur la pomme de terre, mais sur ce
milieu seulement, un développement tout à bit semblable à celui du bacille
typhique.
de source soit substituée partout à l'eau de rivière ou d^
puits; de là encore la décision prise, soit à titre temporaire
en attendant l'eau de source, soit à litre définitif pour puri-
fier les eaux là où les sources manquent, de pourvoir le>
casernes en nombre suffisant de filtres Chamberland. Dis-
tribuer de l'eau pure et, à son défaut, de l'eau rigoureuse-
ment débarrassée de ses germes dangereux, tel est le bot
actuellement poursuivi.
Ces mesures prophylactiques sont presque partout en
cours d'exécution et les bénéfices qui en ressortîront pour
la santé du soldât sont, je n'en doute pas, absolument
certains.
Est-ce à dire que la souillure des eaux potables constitue
l'uniaue cause de l'entretien de la fièvre typhoïde dans les
grandes agglomérations, que la visée exclusive, le seul
effort de la prophylaxie doive consister à faire distribuer des
eaux de boisson absolument pures?
Sans doute, l'eau est le véhicule le plus ordinaire, le plo^
important peut-être, le plus redoutable assurément du
germe typhique. Supprimer ce facteur, c'est diminuer sûre-
ment et dans des proportions considérables les chances de
diffusion de la maladie; c'est simplifiertaussi les recherthes
à faire sur les autres voies et moyens que peut prendre
l'agent pathogène pour arriver jusau a l'homme, car du jour
où on n'aura plus à mettre en (toute la qualité des eaux
potables, les diverses inconnues du problème étiologique
deviendront plus faciles à résoudre. Hais on ne saurait
laisser croire que le seul fait de fournir des eaux rigoureu-
sement pures assurera partout, et dans toutes les circon-
stances, l'extinction de la fièvre typhoïde. Personne, même
parmi les partisans les plus résolus de la propagation de la
maladie par les eaux potables, n'a songé à soutenir que cette
condition étiologique suffisait à expliquer tous les faits et
tous les cas, que l'eau seule était redoutable et qu'il était
inutile de chercher ailleurs les causes de la dothiéiien-
térie. On admet et on sait, au contraire, qu'il existe
d'autres modes de contamination, que l'agent pathogène
peut et doit résider en des milieux différents où nous
risquons de le puiser par des procédés multiples. Il ne
m'appartient pas d'envisager ici ce côté de la c^uestion et de
fouiller dans tous ses détails le problème étiologique. La
tâche d'ailleurs serait bien malaisée; pourra-t-on jamais
suivre un germe dans toutes ses pérégrinations possibles,
depuis sa sortie de l'organisme malade jusqu'à son arrivée
au contact de l'organisme qu'il va infecter? pourra-t*on
expliquer toujours, dans leur filiation, les cas isolés de
fièvre typhoïde, les cas dits sporadiques?
Je désire toutefois vous signaler un fait particulier qui,
s'il a été bien observé, me parait mériter attention ; il con-
firme une opinion maintes fois émise par des épidémio/o-
gistes militaires, à savoir que les poussières réparties à la
surface ou dans les interstices des planchers peuvent éven-
tuellement receler la cause de la fièvre typhoïde, et que
cette circonstance est de nature à expliquer soit la perma-
nence, soit la localisation plus accentuée de la maladie dans
certaines casernes ou dans quelques chambres d'une même
caserne. Le document dont il s'agit est un travail du médecin
militaire russe Chour, ayant pour titre : Une épidétnie de
fièvre typhoide causée par les poussières dans la caserne
Hammermann; il a été traduit du russe par M. le médecin-
major Leiong et j'en dois la connaissance à l'obligeance de
M. le Directeur du service de santé au ministère de la
guerre. Voici le fait brièvement commenté :
Deut régiments d'infanterie stationnésà Jitomir et recevant
la même eau potable sont inégalement atteints par la fièvre
typhoïde. L'un, lel27«,fournitune morbidité de9,6pour 1000
en 1885 et de 3,2 pour 1000 en 1886; l'autre, le régiment
de Kourtk, présente pendant les mêmes périodes une mor-
bidité bien plus élevée et dont l'étude détaillée aboutit à des
constatations significatives.
20 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- N* 51 — 825
Ce régimenlde Kuurik esl réparti en des points diiïérents
de la ville. La fraclion logée à la caserne Hammermann se
fait remarquer par une morbidité typhoïde de beaucoup
supérieure à celle qui esl relevée pour Fensemble des
autres parties du même corps. Tandis, en effet, que les
atteintes portant sur ces dernières étaient de 11 pour 1000
en 1885 et de 16 pour 1000 en 1886, elles se chiffraient à la
caserne Hammermann par 15 pour 1000 en 1885 et 50J
pour 1000 en 1886. Une donnée plus importante encore se
dégage des éléments de la slalistiquer : parmi les troupes de
la c^erne Hammermann, une compagnie, la 4% est surtout
frappée en 1886 et fournit à elle seule 14 cas de fièvre
lypholde sur un effectif de 90 hommes, soit la proportion
énorme de 155 pour 1000.
Cette manifestation intensive de la maladie en une partie
limitée de la caserne Hammermann suggérait l'idée d*un
facteur étiologique localisé en quelque sorte dans les
chambres dont les occu[)ants étaient si éprouvés. Aussi en
décembre 1886 le médecin en chef du corps d'armée provo-
qua-t-il l'évacuation des locaux occupés par la 4* compagnie,
et la désinfection énergique non seulement des murs et
planchers^ mais encore des effets d'habillement et de la
literie. Ceux-ci furent soumis à la vapeur d'eau, les planchers
furent enlevés, tout l'entrevous fut imprégné d'acide phé-
nique à 5 pour 100 et son contenu renouvelé. Le stucagedes
murs et des plafonds fut démoli; on fit vaporiser daus les
chambres du chlore mélangé à de l'acide phénique à
5 pour 100, enfin toutes les boiseries fureut repeintes à
neuf.
Après l'exécution de ces mesures radicales la 4' compagnie
occupe à nouveau son casernement habituel ; sa mor-
bidité typhoïde se réduisit à 1,7 pour 1000 en 1887, et
devint nulle en 1888.
Or, pendant le même laps de temps, dans les chambres
de la caserne qui n'avaient pas été soumises à la désinfection,
laHèvre typhoïde continuailàsévir avec persistance, donnant
une morbidité de 22 pour 1000 en 1887 et de 33 pour liiOO
en 1888, alors que lesatteintes n'étaient que de 11 pour lOOO
et de 16 pour 1000 dans l'ensemble des autres parties de la
garnison. ,
La disparition si remarquable de la maladie dans les
locaux soigneusement désinfectés, sa persistance, au con-
traire, et à un taux élevé, dans ceux qui n'avaient été l'objet
d'aucune mesure de ce genre, apportaient une confirmation
de plus à l'hypothèse d'une cause locale, inhérente à l'ha-
bitat lui-même. Sur l'avis du médecin en chef du corps
d'armée, les poussières du plancher et de l'entrevous des
chambres infectées furent soumises à un examen bac-
tériologique. Dans ces poussières éminemment riches en
microbes {14 millions par gramme), on parvint à déceler
la présence du bacille typhique ; c'était l'explication pré-
cise des particularités mises en lumière par la statis-
tique et fa démonstration complète du rôle Joué par les
souillures des parquets dans la fréquence plus grande de
la fièvre typhoïde à la caserne Hammermann.
Les chambres contagionnées furent immédiatement éva-
cuées et les hommes allèrent camper dans un bois voisin
de Jitomir. Trois cas furent encore constatés du 5 au
20 mars chez des hommes qui avaient quitté la caserne en
état d'incubation ; mais à partir de cette époque, aucun cas
ne fut constaté, ce qui permit de considérer la maladie
comme éteinte.
D'où provenait l'agent pathogène ainsi répandu dans les
poussières du plancher et de l'entrevous? On ne peut aue
le soupçonner. Il est plus facile d'expliauer comment il a
pu sortir de ce milieu pour infecter les individus : les
secousses imprimées par la marche, un courant d'air un
peu vif, chaque balayage soulèvent avec les poussières les
germes qu'elles supportent; ceux-ci passent dans l'atmo-
sphère ou l'appareil pulmonaire les capte, se déposent à la
surface des aliments, des ustensiles de table ou autres
objets qui facilitent leur introduction directe dans le tube
digestif.
En ce qui concerne la constatation du bacille typhique
dans les poussières des planchers et de l'entrevous, il
importe de dire que le fait rapporté par le docteur Chour
n'est pas isolé dans la science. Tryde et Salomonsen, en
1884, ont pu trouver le bacille typhique non seulement
dans le sol, mais encore dans le plancher d'une caserne de
Copenhague infestée par la dothiénentérie. Utpadel, à
Augsbourg, Birch-Hirschfeld, à Leipzig, d'après une cita-
tion que j'emprunte au docteur Chour, auraient de même
décelé la présence du bacille typhique dans des circon-
stances absolument identiques.
Ces faits ont une moralité qu'il est, je crois, bon d'en-
tendre; ils nous montrent qu'en certains cas, l'endémicité
ou la fréquence plus grande de la fièvre typhoïde dans les
habitations collectives sont peut-être imputables à la pré-
sence de l'agent pathogène parmi les poussières des par-
quets. La notion n'est pas neuve en tant qu hypothèse,
mais elle n'avait pas encore reçu de confirmation positive.
S'il est indispensable de veiller à la bonne qualité des
eaux potables, il ne sera pas inutile d'envisager aussi les
dangers qui peuvent évenluellement venir des poussières
répandues dans les locaux habités, surtout lorsqu'il s'agit
d'habitations collectives. Ces dangers sont connus pour ce
qui a trait à la tuberculose. Cornet a prouvé de la manière
la plus saisissante la présence du bacille tuberculeux à
l'état virulent dans les poussières des salles d'hôpital,
des chambres où un phthisique crache sur le plancher,
dans son mouchoir. H. Marfan en fournissait récem-
ment une nouvelle preuve par ce lamentable récit d'une
épidémie de phthisie pulmonaire (14 décès en 11 ans)
ODservée dans le bureau d'une grande administration
civile de Paris et dont le point de départ était la conta-
mination d'un plancher défectueux par les crachats d'un
[premier phthisique. Ce qui est vrai de la tuberculose parait
'être également pour la fièvre typhoïde et pour d'autres
affections transmissibles, la pneumonie, la diphthérie,
par exemple. Je ne crois donc pas trop m'avancer en disant :
la question des planchers et des poussières qu'ils recèlent
s'impose à l'attention de ceux qui s'occupent de la prophy-
laxie des maladies infectieuses.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Aeadémte 4e médecine*
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 10 DÉCEMBRE 1889. —
PIIÉSIOENGE DE M. MOUTARD-MARTIN.
(Fin. — Voyez le numéro 50.)
PRIX PROPOSÉS POUR L'ANNÉE 1890.
(Les concours seront clos fin février 1890.)
Prl\ de l'Académie (1000 francs). — Question : Des pelades.
Prix Alvarenga de Piauhy (Brésil) (800 francs). — Ce prix
sera distribué à Fauteur du meilleur mémoire ou œuvre inédiie,
dont le sujet restera au choix de Tauleur sur n'importe quelle
branche de la médecine.
Prix Amussat (800 francs). — Ce prix sera décerné à Fauteur
du travail ou des recherches basés simultanément sur ranatomic
et sur Texpérimentation qui auront réalisé ou préparé le progrès
le plus important dans la thérapeutique chirurgicale.
Prix Barbier (2200 francs). — Ce prix sera décerné à celui
qui aura découvert des moyens complets de guérison pour les
maladies reconnues incurables, comme la rage, le cancer, Tépi-
lepsie, les scrofules, le typhus, le choléra roorbus, etc.
826 — W 51 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Décembre 1889
Prix Henri Buignet (1500 francs). — Ce prix sera décerné à
Tauteur du meilleur travail, manuscrit ou imprimé, sur les
applications de la physique ou de la chimie aux sciences médi-
cales.
Prix Capuron (iOOO francs). — Question : De Vavortement à
répétition et des moyens d'y remédier.
Prix Civrieux (900 francs). — Question: Des névrites.
Prix Daudet (1000 francs). — Question : De la leucémie.
Prix Desportes (1300 francs). — Ce prix sera décerné à
Tauleur du meilleur travail de thérapeutique médicale pratique.
Prix Falret (1000 francs). — Question: Des folies diathé-
signes.
Prix Ernest Godard (1000 francs). — Au meilleur travail sur
la pathologie interne.
Prix Herpin (de Metz) (1200 francs). — Question: Traitement
abortif de C anthrax.
Prix de l'hygiène de l'enfance (lOOO francs), — Question:
De Véducation des organes des sens, de la vue et de fouie
dans la première et la deuxième enfance.
Prix Laborie (5000 francs). — Ce prix sera décerné à Tauteur
du travail qui aura fait avancer notablement la science de la
chirurgie.
Prix Laval (iOOO francs). — Ce prix devra être décerné
chaque année à Télève en médecine qui se sera montré le plus
méritant.
Prix Lefëvre (1800 francs). — Question : De la mélancolie.
Prix MevNot (2600 francs). — Ce prix sera décerné à l'auteur
du meilleur travail sur les maladies de Toreillo.
Prix Adolphe Monbinne (1500 francs).— M. Monbinne a légué
à l'Académie une rente de 1500 francs, destinée c à subven-
tionner, par une allocation annuelle (ou biennale de préférence),
des missions scientifiques d'intérêt médical, chirurgical ou vété-
rinaire. Dans le cas où le fonds Monbinne n'aurait pas à recevoir
la susdite destination, l'Académie pourra en employer le montant
soit comme fonds d'encouragement, soit comme fonds d'assis-
tance, à son appréciation et suivant ses besoins. >
Prix Orfila (2000 francs). — Question : Existe-t-il dans Vair,
dans Veau ou dans le sol, des corps, de nature animée ou
nurement chimiques, aptes à développer Vimpaludisme,
lorsque, par les moyens ordinaires ou expérimentaux, ils sHn-
troduisent dans l'économie animale?
Prix Oulmont (1000 francs). — Ce prix sera décerné à l'élève
en médecine qui aura obtenu le premier prix (médaille d'or) au
concours annuel des prix de l'Internat. (Chirurgie.)
Prix Perron (3800 francs). — Ce prix sera décerné à l'auteur
du mémoire qui paraîtra à l'Académie le plus utile au progrès
de la médecine.
Prix Portal (800 francs). — Question : Du mal perforant.
Prix Pourat (1200 francs). — Question : Déterminer par des
expériences précises s'il existe un ou plusieurs centres respi-
ratoires.
Prix Saint-Lager (1500 francs). — Ce prix sera décerné à
l'expérimentateur qui aura produit la tumeur thyroïdienne à la
suite de l'administration aux animaux de substances extraites des
eaux ou des terrains à endémies goitreuses.
Prix Saint-Paul (25000 francs), pour la fondation d'un prix
de pareille somme, qui serait décerné à la personne, sans dis-
tinction de nationalité, ni de profession, qui aurait, la première,
trouvé un remède reconnu par l'Académie comme efûcace et
souverain contre la diphthérie.
Prix Stanski (1800 francs). — Ce prix sera décerné à celui
qui aura déniontré le mieux l'existence ou la non-existence de la
contagion miasmatique, par infection ou par contagion à dis-
tance.
Prix Vernois (700 francsj. — Ce prix, oui est unique et
annuel, sera décerné au meilleur travail sur l'hygiène.
PRIX PROPOSÉS POUR L'ANNÉE 1891.
(Les concours seront clos fin février 1891.)
Prix de l'Académie (1000 francs). — Question : De /a part
de Vair dans la transmission d$ la fièvre typhoïde.
Prix Alvarenga (800 francs). — Ce çrix sera distribua
Tauteur du meilleur mémoire ou œuvre inédite (dont le sm-*
restera au choix de l'auteur) sur n'importe quelle branche de u
médecine.
Prix Barbier (2000 francs) (comme pour 1890).
Prix Henri Buignet (1500 francs) (comme pour 1890).
Prix Capuron (1000 francs). — Question : De l action du
eaux salines sur les fibromes utérins.
Prix Civrieux (900 francs). — Question : Des rémissUm
dans In paralysie générale des aliénés. «
Prix Daudet (1000 francs). — Question : Du traitement rir«-
rurgical du goitre et de ses conséquences immédiates ou
éloignées.
Prix Desportes (1300 francs). — Ce prix sera décerné 4
l'auteur du meilleur travail de thérapeutique médicale pratique.
Prix Ernest Godard (1000 francs). — Au meilleur travail sur
la pathologie externe.
Prix Itard (2700 francs). — Ce prix sera accordé à Panipur
du meilleur livre de médecine pratique ou de thérapeutiqur»
appliquée.
Prix Laborie (5000 francs) (comme pour 1890).
Prix Laval (1000 francs) (comme pour 1890).
Prix Meynot (2600 francs) (comme pour 1890).
Prix Adolphe Monbinne (1500 francs) (comme pour 1890).
Prix Oulmont (1000 francs). — Ce prix sera décerné à l'élèvt»
en médecine qui aura obtenu le premier prix (médaille d or»
au concours annuel des prix de Tlntemat. (Médecine.)
Prix Portal (800 francs). — Question: Anatomie patholo-
gique des érysipèles.
Prix Poôrat (1200 francs). — Question: De la tension san-
guine intravasculaire.
Prix Vernois (700 francs) (comme pour 1890).
PRIX PROPOSÉS POUR L'ANNÉE 1892.
(Les concours seront clos fin février 1892.)
Prix de l'Académie (1000 francs). — Question : Phénomènes
circulatoires, thermiques et chimiques de la contraction des
muscles striés.
Prix Alvarenga (800 francs) (comme pour 1890).
Prix Amussat (800 francs). — Ce prix sera décerné à Fautear
du travail ou des recherches basés simultanément sur l'anatomie
et sur l'expérimentation qui auront réalisé ou préparé le progrès
le plus important dans la thérapeutique chirurgicale.
Prix Barbier (2000 francs) (comme pour 1890).
Prix Henri Buignbt (1500 francs) (comme pour 1890).
Prix Adrien Buisson (9000 francs). -— Ce prix sera décerné i
Fauteur des meilleures découvertes ayant pour résultat de guérir
des maladies reconnues Jusque-là incurables dans l'état actuel
de la science.
Prix Capuron (1000 francs). — (Jueslion: De laphlegmatia
alba dolens au point de vue obstétrical.
Prix Civrieux (900 francs). — Question : Établir, par des
recherches cliniques et anatomo pathologiques , ta nature des
pseudo -paralysies saturnine et alcoolique
Prix Daudet (1000 francs). — Question : Leucoplasie buccale.
Prix Desportes (1300 francs) (comme pour 1890).
Prix Falret (1000 francs). — Question : Accidents nerveni
de Vurémie.
Prix Ernest Godard (1000 francs).— Au meilleur travail sur
la pathologie interne.
Prix Huguier (3000 francs). — Ce prix sera décerna
à l'auteur du meilleur travail, manuscrit ou imprimé en France,
sur les maladies des femmes, et plus spécialement sur te trai-
tement chirurgical de ces affections (non compris les accou-
chements).
Prix Laborie (5000 francs) (comme pour 1890).'
20 D&GEMBRE 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N* 51 — 827
Prix Laval (1000 francs) (comme pour 1890).
Prix Louis (5000 francs). — Question : De Veau froide dans
le traitement de la fièvre typhoïde.
Prix Mège (900 francs). — Question : Des saignées locales.
Prix Meynot aîné père et fils, de Donzère^ (Drôme)
(^600 francs) (comme pour 1890).
Prix Adolphe Monbinne (1500 francs) (comme pour 1890).
Prix OuLmont (1000 francs) (comme pour 1890).
Prix Pourat (1200 francs). — Question : Déterminer eapéri-
fnentalemént le mode de contraction et d'innervation des
vaisseaux lymphatiques.
Prix Portal (600 francs). — - Question : Anatomie patholo-
gique du corps thyroïde.
Prix Vernois (700 francs) (comme pour 1890),
Nota. — Les concours des prix de F Académie de médecine
sont clo9) tous les ans, fin février. Les ouvrages adressés pour
ces concours devront être écrits lisiblement, en français ou en
latin, et accompajj^nés d'un pli cacheté avec devise, indiquant les
noms et adresses des auteurs.
Les ouvrages présentés par des étrangers sont admis aux con-
cours, à Texception des prix Buignet et Huguier.
Tout concurrent qui se sera fait connaître, directement ou
indirectement, sera, pat ce seul fait, exclu du concours.
Les concurrents aux prix Alvarenga, Buisson, Amussat, d*Ar-
Eenteuil, Barbier, Buignet, Desportes, Godard, Huguier, Itard,
aborie, Meynot, Monbinne, Perron, Saint-Paul, Stanski et Ver-
nois, pouvant adresser à l'Académie des travaux manuscrits ou
imprimés, sont exceptés de cette dernière disposition.
Les mémoires présentés aux concours pour les services géné-
raux des Eaux Minérales, des Epidémies, de THygiéne de Ten-
fance et de la Vaccine, travaux faits en dehors des questions
posées pour les prix, doivent être adressés à l'Académie, tous les
.ans, avant le !•' juilleL
Les manuscrits^ imprimés et instruments, etc., soumis à Texa-
men de l'Académie, restent sa propriété.
Les prix seuls donnent droit au titre de lauréat de TAcadémie
de médecine.
âÊANGE DU 17 DÉCEMRRE 1889. — PRËSIDENCB DE
M. MOUTARD*MARTIN.
11. Le Dentu, élit mambro titulaire dans 1« teciion de mddeclae opératoire,
prend place parmi set collègues.
11. le ministre de rinstruclion publique et des beaux-arts consulte l'Académie
sur le lieeneUment de» ilabUttementt d'emeignement en cas d'épidémie. (Gom.
mission : MM. Brotuirdel, QUivier.)
M. le docteur E. Vidal (d'Hyèrcs) et M. le docteur Rappin (de Sautron, Loire>
Inférieure) envoient des Plit eacluté* dont le dépôt est accepté.
M. le doctear Cfi. Pilât (de Lille) se porto candidat au titro de corrcsdondant
national dans la division de médecine.
M. le docteur Courtois, médecin major au 55* régiment d'iufantcrio à Marseille,
envoie un rapport sur Ut vaeeinationt et rvMceinationt qu'il a pratiquées en
1889 à Alais.
M. Vidal présente, au nom de M. Lehir (de Lille), deux leçons, l'une sur l'épi-
4émie de vaccine ehancriforme de La Motte-aux-Boit et l'autre sur la foiliculite
dei fileun et rattaeheurt.
Déclaration de vacances. — L'Académie déclare la
vacance d'une place parmi les associés libres en remplace-
ment de H. Chevreui, décédé, et celle d'une place de
membre titulaire dans la section de pathologie chirurgicale,
par suite du décès de M. Maurice Perrin.
Dengue en Orient et grippe en Europe. — A propos
de deux mémoires envoyés à l'Académie sur la dengue par
M. le docteur de Brun^ professeur à l'école de médecine de
Beyrouth et médecin sanitaire de Francedans cette résidence,
M. Proust lit un rapport sur ces mémoires ainsi que sur
l'épidémie actuelle de grippe en Europe.
La dengue, probablement originaire des zones tofrides, a
des tendances à se propager aux régions les plus tempérées,
ainsi qu'en témoignent les coups répétés qu'elle a rrappés
depuis cet été dans le bassin oriental de la Méditerranée,
en Syrie, dans la Palestine, danslesîles de l'Archipel, puis
à ConsUntinople, à Salonique et à Athènes. Aussi M. de
Brun estime- t-îl que la nouvelle étape franchie par cette
affection est une des dernières qui la sépare de nos fron-
tières. Elle s'est attaquée à tout le monde, sans distinction
d'âge, de sexe, de constitution, de position de fortune, de
race, frappant aussi bien ceux qui l'avaient eue l'an-
née précédente, et plusieurs fois le même sujet à quel-
ques jours d'intervalle. Presque tous les habitants des loca-
lités envahies furent atteints. Elle ne respecte pas non plus
les altitudes élevées, contrairement aux épidémies anté-
rieures ; l'abaissement de la température n'a même eu
aucun effet salutaire sur la fréquence et sur l'intensité des
nouvelles manifestations. Sur un espace qui mesure en
latitude plus de dix degrés, elle a certainement touché cette
année plusieurs millions d'habitants. Enfin, contrairement
au choléra dont les épidémies, quelque violentes qu'elles
soient, s'éteignent sans que la maladie se fixe aux régions
sur lesquelles elles se sont produites, la dengue, le plus
souvent, s'établit d'une façon définitive dans les contrées
qu'elle a une première fois visitées ; c'est ainsi qu'à Bey-
routh, depuis 1861, année où elle éclata pour la première
fois, elle s'est montrée quatorze fois.
Il serait à craindre, d'après M. de Brun, que la dengue
ne continue sa marche envahissante dans le nord et dans
l'ouest, en raison de la violence de son invasion en Europe
cette année, de la facilité des communications et du nom-
bre de plus en plus grand des voies de transport ; car c'est
surtout la rareté des grandes routes et les difficultés des
déplacements oui lui ont permis de rester si longtemps
cantonnée au littoral phénicien, sans se propager dans
l'intérieur et sans s'étendre à T Asie Mineure.
A quels svmptômespeut*on la reconnaître ? Quelquefois
elle a un début très caractéristique : le malade est en quel-
que sorte immobilisé dans la position qu'il occupait au
moment de l'attaoue. L'individu est surpris, ordinairement
en pleine santé, d'un frisson léger accompagné d'une cépha-
lalgie très intense ; d'autres fois, l'invasion de la maladie
est précédée d'un malaise de vingt-quatre à quarante-huit
heures ; les yeux sont brillants, le pharynx est rouge, la
sécrétion nasale augmentée ; il y a inappétence complète.
La céphalalgie est accompagnée de douleurs arthritic^ues et
musculaires très vives, surtout aux membres inférieurs ;
l'anxiété précordiale est très considérable. La fièvre atteint
toutde suite 39degrés et monte vite & 41 degrés. On constate
des nausées et des vomissements, de la constipation ;
Snelquefois une toux nerveuse, sèche et sans crachats. La
èvre, violente, dure de vingt-quatre à quarante-huit heures,
accompagnée de sueurs profuses d'une odeur spéciale ;
avec l'abaissement de la température se présente une érup-
tion tantôt scarlatineuse, tantôt rubéolique, et quelquefois
pustuleuse, qui dure d'un à deux jours. Cette éruption,
qui n'est pas toujours constante, se termine par une desqua-
mation furfuracée.
M. de Brun ne se souvient pas d'avoir vu un seul cas de
dengue sans que d'autres personnes habitant la même mai-
son aient été atteintes en même temps ou successivement
à intervalles très rapprochés. C'est par l'arrivée dans une
localité d'une personne malade que la maladie s'est propa-
gée à toute la Syrie; on a pu suivre sa marche dans le Liban,
de village en village. En somme, partout la dengue a été
manifestement importée ; non pas en raison de la proximité
des localités, mais de la facilité des communications. M. de
Brun, dans ses mémoires, cite de nombreux faits à l'appui
(le sa manière de voir et H. Prousten ajoute plusieurs autres.
On l'a également vu^ se propager aux animaux.
Actuellement la dengue qui, comme presque toutes les
grandes épidémies, a eu pour berceau la zone intertropi-
cale, se retrouve dans cette zone, soit à l'état sporadique.
- N«51 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE GHIRUR&IE 20 Décembre 4889
soil à Tétat endémo-épidémique. Elle y occupe deux foyers
principaux : Fun en Amérique, où elle s*est montrée aussi
oien dans le Nord, surtout le sol des Etats-Unis, dans les
Antilles, la Guyane, que dans le Sud, au Pérou et au Brésil;
l'autre foyer existe sur les côtes baignées par l'océan Indien
et la mer Rouge. Bien que cette maladie ne soit pas çrave
et n'occasionne que très exceptionnellement la mort, il y a
lieu de se préoccuper d'en préserver les pays non encore
envahis. Il ne peut s'agir ici de quarantaines ; il faudra se
contenter d'une visite médicale et de prescrire la désinfec-
tion des vêtements et des linges à usage des malades et de
leurs produits de sécrétion ; il sera également utile d'isoler
les premiers malades eux-mêmes, comme on le fait pour
les maladies infectieuses exanthémaiiaues transmissibles,
affections dans la classe desquelles la aengue parait devoir
être rangée.
M. Proust se demande ensuite quelle est la nature de
l'épidémie qui sévit actuellement à Paris et à propos de
laquelle le mot de dengue est prononcé par quelques méde-
cins. Ceux-ci basent leur opinion sur la prostration du début,
l'aspect du visage empourpré, presque œdématié et pré-
sentant quelquefois un érythème dillus, l'éruption scarlati-
niforme rubéoliforme et le rash observés surtout chez les
jeunes gens, enfin sur l'aspect de la gorge, la teinte rosée des
piliers, allant se perdre quelquefois dans une rougeurdiffuse
du voile du palais et sur le caractère rhumatolde de rafTeclion .
D'ailleurs, la dengue est une maladie protéiforme et ses
aspects actuels peuvent être distincts des formes qu'elle
a revêtues sous les tropiques et même sur les bords de la
Méditerranée. On pourrait dire alors, si cette interprétation
est exacte, que le climat tempéré et froid imprime h la
dengue une modalité différente et atténue ses manifestations
et sa durée, d'autant plus que la dengue n'avait pas jusqu'ici
dépassé le 45" degré de latitude nord et le 21' degré de latitude
sud et qu'elle avait toujours coexisté avec l'extrême chaleur
et l'extrême humidité; même dans les pays chauds c'était
une maladie d été ou d'automne, il y a lieu toutefois de remar-
quer que jusqu'ici, lorsau'une épidémie envahit pour la
première fois un pays, elle est remarquable par sa sévérité.
D'autre part, dans l'épidémie actuelle, on ne note pas cet
asptct de la langue large et chargée, et souvent signalée
dans les épidémies de dengue, la douleur spéciale et carac-
téristique des genoux, et l'on n'a jamais noté dans la
dengue la détermination de l'appareil respiratoire nui
a été observée chez un certain nombre de malades
pendant l'épidémie actuelle. Enfin on n'a pas signalé
encore les sueurs fétides, la desquamation et les déman-
geaisons intolérables. Aussi M. Proust est-il d'avis que, si
l'épidémie d'influenza qui règne en ce moment à Paris ne
[présente pas tous les caractères classiques et ordinaires de
a grippe, telle que nous sommes habitués à l'observer, elle
n'oifre pas davantage l'ensemble des phénomènes de la
dengue signalés par les médecins (|ui l'ont vue dans les
pays où elle règne. Pour être autorisé à formuler le dia-
gnostic de dengue, il faudrait avoir assisté à l'évolution
complète de l'épidémie, ce qu'ont déjà pu faire les médecins
de Russie et ce que font eu ce moment les médecins des
autres capitales envahies. Ce que l'on sait seulement des
opinions exprimées dans ces capitales n'est pas favorable à
l'idée de la lièvre rouge. Ce qui augmente la difficulté, c'est
le rapprochement tout naturel existant entre la grippe et la
dengue ; toutes deux sont susceptibles d'une extension et
d'une densité presque égales; elles ont presque la même
morbidité. Les relations qui unissent la grippe et la dengue
sont si prononcées que, pour certains épidémiologistes, la
dengue serait Tinfluenza des pays chauds ayant son foyer
d'origine et de rayonnement dans la zone intertropicale,
comme la grippe aurait le sien dans les régions circom-
polaires. Qu'il suffise aujourd'hui de constater que ces deux I
maladies sont bénignes et n'exposent à aucun danger <«
mort; l'épidémie que nous observons en ce moment à Pai i
est la même que celle qui sévit à Saint-Pétersbour*;, a
Berlin, à Rome et à Madrid; elle est remarquable par .«*
peu de durée des accidents qu'elle provoque et par leur
absence de gravité.
C'est le côté important et rassurant sur lequel tous 1%
observateurs sont d'accord et sur lequel l'Académie doit
insister. |
Après avoir voté des remerciements à M. le docteur de
Brun et renvoyé ses mémoires à la Commission pour|
l'examentles candidatures au titre de correspondant nat iona!,
la discussion est ouverte sur le rapport. MM. Rochard et
Leroy de Méricourt, qui ont eu l'occasion d'obser^-er la
dengue au Sénégal, à l'Ile de la Réunion et à i'ile Maurice.
sont très affirmatifs pour déclarer que l'épidémie qui sé\ït
actuellement en Europe et notamment à Paris, n'a aucun
rapport avec cette affection ; ils en rappellent les symptômes
différentiels et déclarent en conséquence qu'il s'agit de ïd
grippe, telle qu'on l'a décrite depuis des siècles en Franre
et qu'il est inutile d'appeler du nom étranger d'influenza.
M. Léon Colin ajoute que, si cette épidémie est séparée
r>ar un long intervalle des dernières grandes explosions dt?
'affection, elle n'en est pas moins identique aux cent ou
cent cinquante épidémies de grippe signalées depuis le
seizième siècle. Sa rapidité d'expansion est la mémo
qu'autrefois, ce qui démontre une fois de plus son indépen-
dance de tout transport par les communications humaines
et l'action qu'exercent sur elle les influences atmosphériques.
Comme dans les épidémies analogues, celle-ci vient encore
du Nord et Saint-Pétersbourg a été sa première étape au
moment où elle a franchi les limites de la zone boréale.
D'ailleurs cette grippe n'est pas contagieuse au sens propre
du mot. Combien, on le voit, elle diflere de la den*;ue qui
s'était toujours éteinte dans ses expansions épidéuiiques
aux latitudes méditerranéennes jusqu'au jour où la rapidité
des communications est devenue de plus en plus grande?
M. Bouchard appuie cette manière de voir; il ne croit pas
d'ailleurs à la nature contagieuse ou à la nature microbienne
de la grippe en tant qu'infection primitive et fait obsener
que la modification de sa vitalité dépend d'influences météo-
riques et cosmiques. Comment admettre la contagion d'une
affection qui, d'après ce que l'on rapporte, atteignit cinquante
mille personnes à Paris en une nuit,aumoisdejanvierl8«58''
Depuis quelques années, fait observer M. Brouardel^ on
a détourné le nom de grippe de l'appellation qu'il avait
autrefois. Raige-Delorme, dans le Dictionnaire en iW ro-
lûmes, rappelle une série d'observations d'épidémies de
grippe, depuis 1580, qui ressemblent absolument à celle
d'aujourd'hui. Il s'agit de la grippe sans catarrhe pulmo-
naire, c'est-à-dire de la grippe des anciens, et, comme pour
celle-ci, ce n'est pas en ce moment le catarrhe pulmonaire
qui constitue la caractéristique de l'épidémie, mais l'état de
prostration et de faiblesse des malades. M. Dujardin-BeaU'
metz objecte que les médecins qui ont écrit sur la grippe
ne connaissaient pas la dengue, et que, au surplus, les
descriptions de la grippe comprennent toute la pathologie,
comme on peut s'en convaincre par l'article de M. Brochin,
publié par le Dictionnaire de Dechambre. On peut afflrmer
qu'il n est pas un symptôme pathognomonique quelconque
qui n'ait été observé dans la grippe. Or aujourd'hui TLu-
rope est envahie des deux côtés à la fois par la dengue et
parce qu'on considère jusqu'ici comme la grippe; il y a lieu
d'attendre et de réserver le diagnostic.
Sans doute, répond M. Brouardel, la grippe est une ma-
ladie protéiforme, mais elle a son unité bien nette. KVn
est-il pas de même pour la fièvre typhoïde? En voulant rap-
procher la grippe et la dengue, on risque de commetre la
20 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
- H* 51 - 829
même erreur au'on faisait autrefois en confondant le typhus
et la fièvre typhoïde. La maladie actuelle est bien la grippe
chronique des anciens auteurs, tant de fois déjà observée
en Europe.
M. Bucquoy rapporte les faits qu'il observe en ce moment
dans un grand collège de Paris où, sur 500 enfants, il
vient d'en voir 157 atteints de celte maladie; les sym-
ptômes observés sont ceux qu'a rappelés M. Proust, notam-
inent le mal de tète, le brisement des membres inférieurs,
%1qs nausées, une éruption cutanée et pas de toux. Il croit
que, en présence de ces symptômes un peu insolites, il y a
lieu d'user avec beaucoup de ménagements du mot grippe.
M. A. Ollivier prétend que Tépidémie commence à revêtir
un sérieux caractère de gravité; il vient d'observer, dans
un lycée, certaines complications pulmonaires, et demande
que des mesures de prophylaxie soient prises dès mainte-
nant, telles que le licenciement des maisons d'éducation
où des cas de grippe se présentent. M. Brouardel et TAca-
demie tout entière s'élèvent contre cette proposition, nui
aurait pour effet certain de disséminer davantage Tépidé-
mie. Si quelques complications ont pu se montrer, elles
sont exceptionnelles, et tiennent à des circonstances pure-
ment individuelles.
Aussi l'Académie, après avoir entendu les renseigne-
ments transmis à M. Proust par le docteur MendelssohUy
sur les diverses formes et le peu de gravité de l'épidémie
à Saint-Pélersbourg, qui sont conformes à ce qu'on observe
à Paris, s'erapresse-t-elle de déclarer, à la demande de
M. Proust, que celte épidémie est bénigne, et qu'il n'y a pas
lieu de prendre des mesures prophylactiques spéciales.
Société médicale des hôptlans.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE '
DE M. CADET DE GASSICOURT.
Contribution à l'étude de la fièvre typhoïde : M. VaUlard. — Étude
sur la -valeur diagnostique et prc nostique de l'urobilinurle :
M. O. Hayem. — A propos de l'influensa : M. Legroux. — Muta-
tions dans les hôpitaux.
M. Vaillard lit une note sur l'étiologie de la fièvre
typhoïde et sa propagation par l'eau polable et les pous*
siéres (voy. p. 842.)
H. Chantemesse, à propos du travail de H. Vaillard,
ajoute un post-scriptum à la communication faite par lui le
3 novembre, sur les rapports de la fièvre typhoïde avec l'eau
d'alimentation à Paris :
A la fin d'octobre, en raison de la rupture d'une conduite
d'eaUy l'eau de Seine a été substituée à l'eau de la Vannes
dans toute la ville, du 31 octobre au 5 novembre, et le
chiffre des entrées dans les hôpitaux s*est élevé de la façon
suivante :
Du 27 octobre au 2 novembre, 56 entrées ; du 3 au 9 no-
vembre, 40 entrées; du 10 au 15 novembre, 95 entrées : du
17 au 23 novembre, 77 entrées; du 24 au 30 novembre,
185 entrées; du i*^ au 7 décembre, 189 entrées. Cette fois
encore Fépidémie de fièvre typhoïde a reparu conformé-
ment à la règle qu'il a déjà formulée en 1887 avec M. Widal.
M. Richard, à propos de la possibilité du transport du
bacille typhiaue par les poussières, rappelle que, dans une
garnison de Hanovre où une épidémie de fièvre typoïde
sévissait depuis trois ou quatre ans, la maladie disparut après
que le médecin-major eut lait désinfecter tous les effets des
hommes ainsi que ceux entassés dans les magasins de réserve.
— M. Hayem lit une note sur la valeur diagnostique et
pronostique de l'urobilinurie. {Sera publiée.)
— M. Legroux résume les caractères de Vépidémie rf'tn-
fluenza que nous traversons actuellement. 11 montre que
la maladie diffère de la grippe vulgaire. Après une pé-
riode de courbature durant deux ou trois jours et carac-
térisée par des douleurs dans les reins, les cuisses, les
yeux, par des céphalalgies et des bâillements, survient
un état fébrile annoncé par des frissonnements, une chaleur
sèche à la peau, des nausées, des coliques, le tout néces-
sitant parfois le séjour au lit pendant un à trois jours. La
maladie s'éteint en général après ces symptômes, relative-
ment légers; elle prend quelquefois la fausse apparence
d'une maladie un peu plus grave.
M. Sevestre répond que, suivant lui, les malades peuvent
se diviser en deux groupes bien distincts. Les uns sont pris
de gri|)pe vulgaire avec catarrhe nasal, bronchique, ocu-
laire, intestinal. Les autres ne présentent aucun phéno-
mène catarrhal, mais seulement des douleurs de tète
extrêmement violentes, des douleurs dans les jeux, très
vives, de la constipation et de l'embarras gastrique. Chez
un tiers seulement des malades de ce dernier groupe ap-
paraît sur la face une éruption scarlati ni forme ou ruoéoli-
forme, ayant une analogie frappante avec l'éruption dont
H. de Brun a donné la description pour la dengu^
M. Chauffard se range en partie a l'opinion de M. Se-
vestre. On observe, en effet, deux catégories de malades
bien distinctes, mais peut-être ne s'agit-il que d'une seule
espèce morbide, avec ou sans exanthème. M. Chauffard a
vu chez quelques-uns de ces malades des exanthèmes scar-
latiniformes, mais ne croit pas qu'on doive assimiler la
maladie à la dengue. Cette assimilation doit d'autant moins
être faite que, dans le même foyer épidémique, on peut
voir éclater les deux types morbides, comme M. Bucquoy
vient de le constater à daintc-Barbe.
M. Gouraud demande à M. Sevestre quel traitement il
donne à ses malades.
H. Sevestre répond qu*il administre un purgatif d'abord,
un vomitif ensuite, et qu'il ajoute 1 ou 2 grammes d'anti-
pyrine par vingt-quatre heures chez l'adulte, 30, 40 ou
50 centigrammes seulement chez les enfants entre quatre et
cinq ans.
M. Legroux donne l'antipyrineàladose de 1 à 3 grammes
chez les enfants de quatre à cinq ans, et n'a jamais observé
le moindre accident.
— Mutations dans les hôpitaux. — Par suite de la mise
à la retraite de MM. Ëmpis et Labric, H. Labbé passe à
l'Hôtel-Dieu, M. d*Heilk à l'hôpital des Enfants malades,
M. Sevestre à l'hôpital Trousseau, M. Hutinel à l'hospice
des Enfants assistés, M. Straus à l'hôpital de la Pitié,
M. Houtard-ilartin à la Maison de santé, M. Letulle à l'hô-
pilal Saint-Antoine, H. Muselierà l'hôpital Tenon, M. Bris-
saud à l'hôpital Saint-Antoine, H. Merklen à Sainte-Périne,
M. Faisans à Larochefoucauld.
— Dans cette séance, la Société médicale des hôpitaux a
désigné M. Dumontpallier pour la représenter dans le
Conseil de l'Assistance publique, en remplacement de M. Si-
redey, démissionnaire.
Fernand Widal.
Société de ehtmrg^le.
SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
Rëtrodèviations ntèrines : MM. Rioheloi, Qaôna, Championnière,
Bouilly, Trèlat, Tillaux. — Greffes dermo-ôpidermifiues : MM. Ja-
iaguier, Berger, Quônu, Le Fort, Brun, Posai, Tr61at, lie Denta.
M. Richelot communique sur les rétrodéviations utérines
un mémoire semblable à celui dont il a entretenu le Contres
de chirurgie (voy. Gazette hebdomadaire ^ p. 734). Il ne
830 — W 51 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 Décembre 4889
s'occupe que des rétrodévialions mobiles (ou mobilisées, sans
se demander comment) et conseille de pratiquer, après cu-
rage, une amputation sus-vaginale après laquelle on suture
à la lèvre antérieure du moignon et de façon à respecter un
orifice utérin, les parties postéro-latérales de la muqueuse
vaginale. Par cette suture, dont M. Nicoletis esi Tinventeur,
la muqueuse vaginale postérieure tire sur la lèvre antérieure
du moignon utérin et, si la section a porté au-dessus de la
charnière que constituait Fangle de flexion, fait basculer en
haut le fond rétrodévié, par un véritable mouvement de
sonnette. C'est donc une hystéropexie vaginale et Ton
conçoit qu'en disposant les sutures dans un sens ou dans
un autre elle puisse s'appliquer aux diverses déviations an-
térieures ou latérales. Il est indispensable de chercher la
réunion immédiate totale, car il faut éviter l'atrésie cica-
tricielle de l'orifice pour ne pas frapper la femme de stérilité.
II est connu aujourd'hui, en effet, que l'amputation sus-
vaginalè n'est pas un obstacle à une gestation régulière, au
lieu que la laparo-hystéropexie a déjà causé plusieurs
avortements.
M. Pozzi fait remarçiuer que la traction a pour point
d*appai le périnée ; mais n'est-ce pas le sable mouvant que
le périnée en général flasque des femmes àrétrodévialion?
Et comme Ton sait que l'amputation du col et le curage
ont par eux-mêmes d'excellents effets, il ne faut pas trop
proclamer les bienfaits de la suture de Micoletis. M. Quénu
insiste sur celte manière de voir.
M. Championuière ajoute que toutes les interventions
sanglantes que l'on a préconisées ont des effets favorables,
mais temporaires. Elles agissent comme une saignée, et
Chapman a bien démontré que la congestion utérine joue
un rôle dans les accidents des déviations. xMais il faut suivre
ces malades. La cause première de leurs souffrances est
tout autre : elle réside, en général, dans des lésions des
annexes, aussi voil-on ces souffrances récidiver d'habitude,
même après la laparo-hystéropexie, et le seul remède est
alors dans l'ablation des annexes malades.
H. Bouilly trouve exagérées les assertions de M. Cham-
pionuière. Dire que n'importe quel acte sanglant amène
du soulagement, c'est donner raison à la chirurgie empi-
rique; on n'améliore, on ne guérit les malades que si on
pose un diagnostic exact et complet. Oui, les lésions des
annexes sont fréquentes; il faut les diagnostiquer et, si elles
existent, s'attaquer à elles. Hais aussi il y a des déviations
qui sont, en soi, la cause des accidents. Alors le redresse-
ment peut, à lui seul, donner une cure complète, instan-
tanée. En particulier, il y a des rétroflexions pures, fort
gênantes, que le port d'un pessaire de Hodge pendant plu-
sieurs mois (après redressement à l'hystéromètre) peut guérir
déGnitivement (1).
M. Tillaux a soigné une femme qui le 23 septembre
dernier, pendant un effort, r£ssentit une douleur abdomi-
nale vive, et que les souffrances ont rendue incapable de
travailler jusqu'au jour où, une rétroversion ayant été dia-
gnostiquée, l'utérus fut redressé. La guérison fut instanta-
née. C'est donc un exemple des faits, assez rares, où la
déviation est la seule cause des accidents (^).
M. Trélatj après avoir rappelé que les discussions sur le
rôle des déviations dans les douleurs pelviennes sont loin
d'être récentes, affirme que les éléments dont il faut tenir
compte sont multiples, qu'en particulier la métrite est
importante parmi ces éléments. Mais souvent une flexion
(1) A propos des pessaires, nous si^j^oalcrons un mémoire rtfeenl de Scbullxe
{Ann. de gynée., décembre i889, t. 11, p. 401) sur les pettairen tn ceUulolde,
non irritants par leur contact et de plus malléables dans l'eau chaude, en sorte
qu'il n'est pas utile do faire construire un pessaire pour ainsi dire pour chaque
malade.
(<£) L'observation vient de paraître in exUnto dans les Ann. de gynécologie,
décembre 1889, t. 11, p. 405.
cause la métrite d'un utérus qui se vide mal : sous peine de
récidive, il faut après le curage redresser ces utérus. Quelle
est alors la meilleure opération? C'est une question de fait
que le temps jugera. A priori H. Trélat n'a pas trop con-
flance dans la suture de Nicoletis.
M. Richelot répond qu'on lui a fait des objections théo-
riques. L'avenir seul prouvera si elles sont ou non fondées.
La suture de Nicoletis n'est pas bien compliquée et elle ne
peut guère qu'améliorer les résultats, déjà bons, que four-
nit l'amputation sus-vaginale.
— M. Jalaguier préseniQ un enfant qu'il a traité par les
greffes dermo-épiaermiques pour une vaste brûlure qui
depuis plusieurs mois ne se cicatrisait pas. Le résultat est
excellent : la cicatrice, rapidement obtenue, est restée par-
faitement souple.
H. Quénu a failli amputer la cuisse pour un ulcère
variqueux que M. Delagenière a guéri par ce procédé ; la
cicatrice n'a aucune tendance à l'ulcération.
M. Berger accorde que la cicatrice est bonne, mais cesi
tout de même une cicatrice, et cela ne vaut pas les vraies
réparations autoplastiques. De son côté M. Le Fort arfirme
que par la greffe cutanée telle qu'ill'a décrite, pour Tectro-
pion surtout^ la réparation a lieu par un morceau de peau
et non par une cicatrice. Hais, a après H. QuênUy par ce
procédé on n'obtient jamais ce résultat idéal : la peau
transplantée se résorbe et on n'agit que par une greffe épi-
dermique. Ce à quoi H. Brun lui répond qu'il a opéré deux
ectropions par la méthode Le Fort et que les deux fois la
peau ne s'est pas résorbée; de même M. Segond^ qui suit
un malade depuis quinze mois, et d*ailleurs trouve magni-
fique le résultat présenté par M. Jalaguier. Une autre fois,
et avec succès, il a remplacé par le prépuce qu'il venait de
couper à un individu un large naevus pigmentaire qu'il avait
enlevé à la joue d'un autre individu. M. Le Dentu se loue
également de la méthode de M. Le Fort pour l'ectropion.
M. Trélat pense que ces diverses méthodes de greffe et
d'auloplaslie ont chacune leurs indications, mais certaine-
ment celle d'Ollier-Thiersch est la plus facile.
— Mutations dans les hôpitaux. — M. Marc Sée^ atteint
par la limite d'âge, quitte la maison de santé. Il est rem-
placé par M. Schawrtz. Ce dernier est remplacé à Bicétre
par M. Segond.
A. Broca.
8ËANGE DU 14 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDBNGB
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
But les et f eu physlologifiues des laT0menUgaaeiUL d*«inmoniaqq> :
M. CoxnbemaU. — Conservatioii de moUusqaes Tivanta par l'am-
plol d'eau de mer artlUcleUe : M. Perrier.
L'opinion que la diarrhée cholériforme des enfants serait
le résultat d'une intoxication par l'ammoniaque dégagée
dans Tintestin pendant le développement du bacterium
lactis et du bacterium coli commun, ayant été émise par
M. Baginski dans une des dernières séances de la Société
de médecine de Berlin, M. Combemale a imaginé, pour
vérifier cette théorie, de faire dégager dans le gros intestin
de plusieurs chiens, du gaz ammoniac dilué dans une
grande quantité d'air. Dès les premières bulles on cesse
rinjection: l'animal souffre atrocement; à l'excitation des
systèmes musculaire, respiratoire et sécrétoire font suite
des vomissements avec hoquets, épreintes, selles sanglante<,
anurie. L'amaigrissement, la soif intense, le refus d*ali-
ments, les épreintes continuent pendant plusieurs jours. Au
20 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N* 51 - 831
bout de quarante-huit heures, à Tautopsie, on trouve du
sphacële^ de Tœdème inflammatoire avec larges ulcérations
du rectum, sans perforation toutefois, et un épanchement
péritonéal hématique. Sur Tanimal sacrifié en plein dépé-
rissement, un rétrécissement annulaire remplace le spfia-
cèle et en avant il existe une énorme dilatation du caecum.
Ces symptômes présentent bien réellement des points
d'analogie avec ceux du choléra infantile. Mais doit-on en
conclure à Tidentilé d'intoxication? La question est trop
complexe pour être soulevée. 11 reste en tous cas certain
qu'un intermédiaire autre que la pénétration directe du
gaz dans le sang se place entre la production d*ammoniauue
due au développement des bactéries dans Tinleslin et les
phénomènes par lesquels se traduit cette action de l'ammo-
niaque : c'est la nécrose des éléments cellulaires, nécrose
qui crée dès l'abord une barrière infranchissable à son
absorption, et c'est aussi Texcifation des extrémités ner-
veuses voisines répercutée à tous les systèmes ou appareils
de Téconomie par le pneumogastrique et ses anastomoses.
— M. Perrier, professeur au Muséum, a appliqué en
grand, à l'Exposition universelle de 1889, les moyens qui
lui avaient permis de conserver des mollusques vivants dans
l'eau de mev artificielle. La dépense, qui s'était élevée à
48 000 francs en 1878, alors qu'on alimentait les bacs avec
de l'eau de mer naturelle, a de la sorte été réduite. à
2000 francs.
Les grands bassins de 5 mètres et de 10 mètres de long
recevaient une épaisseur de 30 centimètres d'eau de mer
artificielle, pesant 3 degrés et demi à l'aréomètre Baume et
contenant pour 4 litres, 790 grammes de sel marin brut,
110 grammes de chlorure de magnésium, 25 grammes de
chlorure de potassium et 75 grammes de sulfate de magné-
sium. De mètre en mètre, des conduits amenaient de l'air
refoulé par un ventilateur Danthonay. La nuit, cette eau
était reprise pour être filtrée. On la renouvelait tous les
quinze jours. Dans ces conditions, la moyenne de vie pour
les huîtres a été de six semaines. Elles présentaient toutes
au moment de la mort une dilatation du corps de Bojanus.
REVUE DES JOURNAUX
Travaiix * consulter.
Sur le traitement de la coqueluche par l'oxymel scilli-
TiQUE, par M. le docteur Schnirer. — Onsait queNetter a pré-
conisé ce remède. L'auteur a observé cette méthode pour admi-
nistrer le médicament. Pendant Theurc qui suivait le repas du
soir, il faisait ingérer de dix eu dix minutes une cuillerée à café
d'oxymel scillitique à raison de quatre à six cuillerées pour les
petits malades au-dessous de trois ans et de six à sept cuillerées
pour ceux de six à sept ans. Chez les adultes, on pourrait porter
la dose à sept et huit cuillerées.
M. Schnirer a constaté la diminution dîi nombre et de la vio-
lence des quintes. Cependant la maladie n'a pas été abrégée.
{Archiv. f, Kinderh., heft IV, juillet 1889.)
La mandragorlne, un nouveau mydriatique, par M. le docteur
F.-B. Ahrens. — Cette substance a été retirée de la racine de
la mandragore automnale, dont on connaît Tanlique réputation
comme sédatif.
Ce glucoside forme des sels cristallisés avec l'acide sulfurique
et parait, au point de vue chimique, être itomérique avec
rhyoscyamine, Thyoscine et Tatropine. 11 possède aussi la
propriété de dilater la pupille quand on instille ses solutions
entre les paupières. C'est donc un mydriatique. {The Tkera-
peutic Gaz.j i5 septembre 1889.)
. Du traitement de L*ÉPmiDYMlTE PAR LA PULSATILLE, par
M. R.-J. Carter. — Ce médicament a été administré sous la
forme de teinture, à la dose quotidienne de cinq à trente gouttes
à de nombreux malades atteints d'épididymite blennorrhagique.
Un seul d'entre eux accusait des nausées après Tingestion du
médicament. Un autre présentait de rabaissement du pouls.
Tous éprouvèrent une diminution de la douleur et du gonfle-
ment, plus rapidement qu'après l'emploi des autres médications.
Il considère donc la pulsatille comme un moyen auxiliaire du
traitement de Tépididymite, alors même que le processus inflam-
matoire est intense et qu'il existe des exsudats plastiques. {The
Lancet, 3 août 1889.)
Des PULVÉRISATIONS DE CHLORURE DE MÉTHYLÈNE COM.VE ANES-
TUÉsiQUE LOCAL, par M. le docteur Windschied. — Vingt-deux
malades atteints d'afl'eclions douloureuses furent soumis à cette
médication. Les pulvérisations étaient pratiquées pendant une
minute et ont été répétées cinquante-cinq fois; trente-six fois
avec succès et dix-neuf fois sans résultat.
La douleur diminuait ou disparaissait et la durée de cette
amélioration persistait pendant une heure au minimum, mais
rarement au delà d'une demi-journée.
Ces pulvérisations seraient exemptes d'inconvénients, si ce n*est
au voisinage des muqueuses sur lesquelles elles peuvent donner
lieu à des brûlures intenses. {Dent. Arch. f. klin, Med,y
hefllV, Bd4i, 1889.)
BIBLIOGRAPHIE
Tratlé d*anatoinl« hamalne» par M. TesTUT, profes-
seur à la Faculté de médecine de Lyon. — Tome I :
Ostéologie, arthrologie, myologie. 1 fort vol. gr. in-8 de
755 pages, avec 404 ligures dans le texte, dessinées par
G. Devy, dont 200 tirées en couleur. — Paris, 1889,
0. Doin.
On admet assez facilement aujourd'hui que Tanatomie
humaine est une science achevée, dans le domaine de
laquelle il ne reste plus de découvertes à faire; aussi
semble-t-il au'en dehors de la méthode d'exposition et de
l'ordre des chapitres, on ne doive rien trouver de nouveau
dans un traité d'anatomie. Le livre de M. le professeur
Testut est là pour démentir cette erreur. « Il ne suffît pas,
dit fort bien M. Testut dans sa préface, pour avoir d'un
organe une notion complète, de s'en tenir aux simples résul-
tats d'une dissection : il ne suffît pas de connaître son nom,
sa situation, sa configuration extérieure ou intérieure, ses
rapports avec les organes voisins; il faut encore Tinter-
[fréter, c'est-à-dire déterminer sa signification en morpho-
ogie générale et représenter par une formule le pourquoi
et le comment de son existence. >
C'est à Fanatomie comparée et à l'embryogénie que
M. Testut a demandé de faire la lumière sur tous ces
points, et bien certainement c'est là un des côtés les plus
originaux de son livre. Chacune de ses descriptions reçoit
de ce fait une clarté remarquable. Une foule de dispositions
anatomiques singulières, inexpliquées, laissent nettement
voir désormais leur raison d'être, après la comparaison
des dispositions correspondantes existant chez les animaux.
Même observation pour le classement des anomalies, qui
occupent dans ce livre une place d^autanl plus importante
3u'elles jettent un jour plus précieux sur l'origine des
ispositions anatomiques actuelles. M. Testut ne décrit pas
seulement l'anatomie : il l'explique. Citons quelques exem-
ples : M. Testut fait du ligament rond de l'articulation coxo-
fémorale, le tendon d'un muscle disparu chez l'homme,
mais existant encore chez certains vertébrés (autruche,
sphénodon), et probablement homologue du pectine; de
même la bandelette fibreuse épitrochléo-olécrànienne est
regardée par lui comme le reliquat du muscle épitrochléo-
cubital existant chez les animaux dont le coude possède des
mouvements de latéralité; de même la double insertion
832 — N* Bl —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 20 D£cehbre 1889
inférieure ilu jambier antérieur rappelle pour lui les deux
muscles distincts qui, chez le singe^ s'insèrent Tun sur le
premier cunéiforme, Tautre sur le premier métatarsien. On
voit, par ces quelques exemples, quelles idées originales
ontinspiré l'auteur et quel inlérétconsidérableelles donnent
à la lecture de son livre.
L'enseignement des notions classiques n'y perd rien, si
même elles n'y gagnent pas en clarté et en logique. L'ou-
vrage est d'ailleurs écrit dans une langue remarquable,
d'une clarté et d'une précision absolues, qui n'est pas
un de ses moindres mérites. Inutile d'ajouter que le
livre est au courant des plus récents travaux parus en
France et à l'étranger. Une bibliographie très complète
termine chaque article; elle est imprimée en petit texte,
ainsi d'ailleurs que les considérations morphologiques
empruntées à l'analomie comparée, en sorte que l'élève
peut, s'il se borne à la lecture du texte en gros caractères,
avoir entre les mains la plus classique et la plus claire des
anatomies descriptives.
Pour l'étude histologique, d'ailleurs fort bien faite,
M. Testut s'est adjoint un collaborateur, M. Vialleton, dont
le travail ne dépare nullement reiisemble de l'œuvre.
Il serait injusled'oublierle dessinateur dont les planches,
très nombreuses et fort bien comprises, contribuent pour
beaucoup à la clarté de l'ouvrage. Beaucoup d'entre elles
sont tirées en couleur, avec un soin tout à fait remar-
quable.
D"^ R. Blondel.
TnAITÉ DE GHlRURGie CLINIQUE, par M. P. TiLLAUX, chirurgien
de THôtel-Dieu, membre de TAcadémie de médecine, t. H,
deuxième fascicule. — Paris, Asselin et Houzeau, 1889.
11 nous suffira d'annoncer ce fascicule et d'ajouter qu'il ter-
mine 1 ouvrage. M. Tilluux a ainsi mené à bonne fin la tâche
qu'il s'était proposée et il a réussi à condenser en deux volumes
les notions cliniques principales que l'étudiant doit acquérir.
Le fascicule actuel comurend les maladies des organes géni-
taux de l'homme et de la femme, et du membre inférieur.
The ELECTRIC ILLUMINATION OP THE BLADDER AND THE URETHRA,
par M. £. Hurrby Fenwick. — London, J. et A. Churchill,
Î889.
Nous avons étudié d'une manière complète, Il y a quelques
mois, la méthode d'endoscopie vésicale imaginée par Nitze et
nous avons tâché de montrer comment cet outillage permettait
d'utiliser en clinique une idée jusau'alors émise à plusieurs
reprises mais toujours abandonnée, il est donc inutile q^ue nous
analysions en détail le livre de M. Fenwick. Si ce chirurgien
conseille, en effet, quelques manœuvres un peu spéciales, s il a
introduit quelques légères variations instrumentales, il n'en
reste pas moins que la méthode de Nitze n'a subi entre ses
mains que des modifications peu nombreuses et peu importantes.
Mais il est intéressant de constiter que ce chirurgien, fort expert
en matière de voies urinaires, se loue fort de l'endoscopie, et
d'autre part son livre, clairement et méthodiquement exposé,
sera utile a ceux de nos lecteurs qui désirent se monter une
bibliothèque de maladies urinaires ou à ceux qui, voulant seu-
lement étudier cette méthode clinique, ne savent pas l'allemand
et ne peuvent dès lors s'adresser au livre de Nitze.
Musée de l'hôpital saint-louis. Catalogue des moulages colo-
ries, dressé par les soins de M. le docteur Henri Feulard,
chef de clinique de la Faculté. — Paris, G. Steinheil, 1889.
Nous annonçons avec plaisir la publication de ce petit volume.
Il sera fort utile aux dermatologisles, aux syphiligraphes et aussi
aux chirurgiens. Grâce à la classilicalion intelligente et com
mode donnée par notre si distingué collaborateur, il sera aisé
de trouver les moules dont on aura besoin, et ce catalogue
permettra d'utiliser les matériaux si riches dont notre Musée,
unique au monde, est redevable à l'expérience clinique des
médecins de l'hôpital Saint-Louis et au travail d'artistes tels que
Baretta et Jumelm, A. 6,
Mortalité a Paris (48* semaine, du 1"' au 7 décembiv
1889. — Population: 2260945 habitants). — Fièvre typhoïde, iô.
— Variole, 1. — Rougeole, H. — Scarlatine, 2. — Coque-
luche, 8. — Diohthérie, croup, 31. — Choléra, 0. — Phlh\s\c
pulmonaire, 20o. — Autres tuberculoses, 17. — Tumeur»:
cancéreuses, 5i ; autres, 6. — Méningite, 32. — Conges-
tion et hémorrhaeies cérébrales, 52. — Paralysie, 3. —
Ramollissement cérébral, 11.— Maladies organiques du cœur, 6t.
— Bronchite aiguë, 60. — fironchite chronique, 46. — Broncho-
pneumonie, 34. — Pneumonie, 67. — Gastro-entérite: sein, 9;
biberon, 31. — Autres diarrhées, 5. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 1. — Autres affections puerpérales, 1. — Débilité con-
génitale, 35. — Sénilité, 43. — Suicides, 15. — Autres morts
violentes, 16. — Autres causes de mort, 172. — Causes
inconnues, 16. — Total: 1091.
AVIS
MM. les Abonnés de la France à la Qmmette heh^ona-
4aire qui n'auraient pas renouvelé leur abonnement avant
le 10 janvier prochain sont prévenus que, à moins d*ordre
contraire, une quittance leur sera présentée à partir du
10 février, augmentée de 1 franc pour frais de recouvre-
ment.
Un mandat collectif, sans frais de présentation quand
la somme atteindra 50 francs, sera présenté à la même
date à ceux de nos clients qui reçoivent en même temp^
plusieurs des recueils édités par la roiison.
OUVRAGES DÉPOSES AU BUREAU OU JOURNAL
Tra'ili éléinentaire ici maladiei dit voiet unndira, par M. \o doctonr E. Dr «a -M.
nvcc uno prëraco de M. lo professeur Giiyon. 1 vol. in-1 3 cartonné dumjni.
tranclici routes, do iOOO pages avec figures dans le texte. Parit. 0. Doin
10 fr.
Ltçont tur lei maladiet du iyUème nerveux, profosst'et à la Faculië de médc-
cino do Paris, par M. le docteur F. Raymond. Un beau volume grand to-8* àr^
hÎ9 pagâs, avec figures dans le texte. Parts, 0. Doin. 10 U
Syphilit et paralytie générale, par MM. A. Morcl-Lavallée et L. BeUèrcs. ■-]%•'
une prcfdce de M. le professeur Pournier. 1 gr. vol. io-8* de KO pages. I*«rl5.
0. Ooin. • i fr
Manuel pratique dei malëdiet de Venfance, par M. lo professeur A. D'E«pinc et
M. G. Picot. 4* édition, revuo et considérablement augmentée, i beau Tolunif
iu-12 de U36 pagC5. Paris. J.-B. Baillièro et liU. tf fr.
VARIÉTÉS
Banquet Glênard. — Sur Tiniliaiive des professeurs et
apprégés de la Faculté de médecine et des membres du Conseil
d hygiène, un banquet a été offert à M. le professeur Glénard
atteint par la limite d*àge. Aux toasts portés par M. Lortet,
Sicart, Rollet, Mayet, Gazeneuve, Ferraud, Diday et Marduel
M. Glénard a répondu par une improvisation éloquente et émue.
soulignée par les applaudissements de tous les convives.
Hospice des enfants assistés. — Une consultation de chirur-
gie vient d'être créée dans cet hospice, 74^ rue Denfert-Koche- i
reau. Elle est faite par M. le docteur Kirtnisson,chef de servira,
les mardi, jeudi et samedi, à neuf heures.
Société médicale des Hôpitaux. — Séance du vendredi t'
décembre. — Ordre du jour : Elections. Compte rendu annuel
de la Société pendant Tannée 1889, par M. Desnos, secrétaire
général.
G. Masson, Propriétaire-Gérant >
215i8. ^ MOTTIROS. — Impfimarioi râuoles, ▲, rao Mignon, f , Ptris.
Trente-sixième année
N- 52
27 Décembre 1889
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
PARAISSANT TOUS LES VENDREDIS!
COMITÉ DE RÉDACTION
M. LE D" L. LEREBOULLET, Rédacteur en chef
MM. P. BLACHEZ. E. BRISSAUD, 6. DIEULAFOY. DREYFUS-BRISAC, FRANCOIS-FRANCK, A. HÉNOCQUE, A.^. iARTIN, A. PETIT, P. RECLUS
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Lereboullet, 44, rue de Lille (avant le mardi de prélérence)
SOMMAIUB. — BiLLETFN. La prippo en Euroiio. — Formulairb Tuérapeu-
TiQiK. Dn trailomcnl du choiera infanlilc. De la technique des irrigations intc«-
tin.'iSc» dans la flèvro typhoïde. — Revue UBS cours et des cliniques. Hôtel-
Difîii; M. Tillaux.: Pied bot vanis. Tar&octomio. — Travaux originaux. Syjihi-
lio^r.jphic: Myclopalliics syphiiiliques. — Clinique médicale: Con>ii«M*ation» »ur
la valeur diagnostique cl pronostique de rurohiiinuric. — SOCIÉTÉS savantes.
Académie de médecine. — Sociélé de chirurgie. — Socicté de biologie. —
So -iolé do thûrapoulique. — RevUE DES jouknaux. Tliêrapculiquc. Travaux ii
coMHulier. — BiBLtooRAPHiB. Traite pratique do chirurgie d'arme**. —
Variétés. Nécrologie: Damascliiuo. Académie des sciences: prix Lacazc. Mor-
talité à Paris
A NOS ABONNÉS
Depuis quelques années, à l'exemple du journa-
lisme quolidien, la presse médicale se transforme
cl modifie ses procédés de vulgarisation scienlidque
et d'information internationale. Chaque jour voit
naître un nouveau progrès. Et, parmi les étu-
diants et les médecins, il en est beaucoup qui
paraissent prendre goCit à des publications dont
l'objet principal est de mettre le plus rapidement
possible sous les yeux du lecteur un grand nombre
de comptes rendus de Sociétés savantes françaises
ou étrangères et de leçons cliniques.
La Gazette hebdomadaire y dont la préoccupation
a toujours été d'ofïrir à ses lecteurs des articles de
critifiue, réunissant et rapprochant, pour les mieux
éclairer les uns par les autres, les faits scientifiques
recueillis dans les Sociétés savantes, tient, elle aussi,
a hâter la publicité des documents qu'elle fait
paraître et à multiplier les éléments d'information
et d'instruction médicale dont elle dispose.
A dater du 7 janvier 1890, la Gazette hebdoma-
daire, en quelque sorte dédoublée, publiera dès le
mercredi matin, sous la même direction, avec les
mêmes collaborateurs, un organe spécial, donnant, à
l'exemple des journaux dont le mérite exclusif r'st
rintéiet d'actualité, le compte rendu de l'Aca-
t' SÉRIE, T. XXVI.
demie de médecine et des principales Sociétés
savantes.
Journal du praticien et de l'étudiant, le Mercbedi
MKr)ic.\L contiendra de plus une leçon clinique^
un précis de thérapeutique appliquée j des nouvelles
universitaires, enfin des revues de journaux. M. le
docteur A. Broca, plus spécialement chargé de la
rédaction de ce nouveau journal, annexe de la
Gazette hebdomadaire, s'appliquera à le tenir au
courant de tous les faits et de tous les travaux qui
peuvent intéresser l'étudiant.
Le numéro du samedi continuera à être un organe
d'enseignement et de critique. Une plus large place
pourra y être consacrée aux revues générales, aux
articles de bibliographie, aux revues de journaux
français et étrangers, enfin, aux questions déonto-
logiques et professionnelles.
Recevant, à la fois, sans augmentation du prix
de l'abon?iement, les deux journaux qui consti-
tueront la nouvelle Gazette hebdomadaire , et
dont l'ensemble représentera un supplément de
matières au moins égal à la moitié des articles
précédemment fournis, nos abonnés y trouveront,
nous en avons la ferme espérance, toutes les nou-
velles médicales, tous les documents, toutes les
appréciations critiques, tous les enseignements que
l'on est en droit de chercher dans un organe indé-
pendant, soucieux de se tenir au courant du mou-
vement scientifique contemporain et toujours fidèle
aux traditions d'honnêteté scientifique et de tra-
vail qui lui ont valu jusqu'à ce jour de si encoura-
geantes sympathies.
834 — N» 52 --
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Décembre 1889
BULLETIN
Paris, 25 décembre 1889.
liA ifi^ipp® «» Europe.
L'épidémie de grippe que nous subissons en ce moment
continue à sévir avec la même intensité non seulement
dans les villes qu'elle envahit peu à peu et progressivement,
mais même dans les régions ou elle s'est manifestée tout
d'abord. En Russie, d'où elle est parlie, où ses premières
victimes ont été observées à Saint-Pétersbourg, puis à
' Moscou, on constate encore de nombreux malades. A Berlin,
à Vienne, à Londres, à Madrid, partout en Europe, les cas
sont nombreux, sinon graves. On signale même à Anvers et
à Bruxelles une recrudescence épidémique très marquée.
A Genève, les écoles ont été licepciées comme à Paris.
Enfin la maladie a passé l'Océan et ses victimes paraissent
être aussi nombreuses à New-York qu'à Paris. Dans toutes
les Sociétés savantes on discute sur la nature, la symptoma-
lologie, le pronostic de l'affection. Partout on semble d'ac-
cord pour admettre des conclusions à peu près sembables
à celles que nous avions résumées dans notre précédent
article.
Au point de vue symptomatique, il est peu de médecins
qui se trouvent en mesure de confirmer les idées plus
théoriques que pratiques développées par M. Renvers de-
vant la Société de médecine interne de Berlin. Les variétés
cliniques signalées par l'auteur se confondent, en effet,
chez un grand nombre de malades et ne présentent que
rarement les types nettement définis qu'il a indiqués. Le
début brusque est la règle. Chez les enfants surtout il est
presque caractéristique. Depuis huit jours j'ai observé un
assez grand nombre de faits de ce genre. Deux ou trois fois
l'invasion très rapide provoquait des phénomènes convul-
sifs. A diverses reprises, chez les adultes, des accidents de
nature presque syncopale signalaient aussi le début de la
maladie. Comme je l'avais fait remarquer, il est rare que,
même dans ces circonstances, la température fébrile dé-
passe 40 degrés. C'est ce que MM. Lœwenstein et Guttmann
ont également constaté. Rarement aussi une médication
très active devient nécessaire pour arrêter les accidents.
M. Fuerbringer le déclare très explicitement. Les médica-
ments antithermiques lui ont paru inutiles; la fièvre dispa-
rait sans intervention active et la guérison est plus rapide
quand on n'a point abusé de l'antipyrine ou du sulfate de
quinine.
Au point de vue du pronostic, les accidents de pneumo-
nie infectieuse, signalés dans ces derniers jours, ne suffisent
pas à modifier ce qui a été dit dès le début Si les vieillards,
les cardiaques ou les albuminuriques succombent parfois à
des congestions pulmonaires venant compliquer la grippe,
celle-ci, dans l'immense majorité des cas, évolue sans
donner lieu à ces complications pulmonaires qui, si fré-
quemment dans les épidémies antérieures, déterminaient
une mort rapide. Les cas de pneumonie infectieuse restent
exceptionnels et peut-être en dehors de l'épidémie régnante.
Seuls les accidents gastro-intestinaux qui succèdent à la
période aiguë peuvent, pendant quelques jours, retarder
la convalescence. Or ces accidents (vomissements, diarrhée
fétide, inappétence, etc.) s'observent moins fréquemment
chez les sujets qui n'ont été soumis à aucune médication
active que chez les malades qui ont abusé de la quinine ou
surtout de Tantipyrine. Chez les enfants, en particulier, cher
lesquels l'expectation thérapeutique doit être la règle, o.i
observe rarement des retards dans la convalescence. Avc-t
la plupart des médecins allemands et anglais nous croyoïb
donc qu'il faut se garder d'abuser des antipyrétiques dans
une maladie qui, abandonnée à elle-même, guérit en cinq
ou six jours.
La question de la contagiosité de la maladie a été dis-
cutée par Hirsch qui, ayant constaté l'immunité des reiigieui
cloîtrés, a affirmé l'importation de la maladie dans ie>
lycées et collèges, et par un grand nombre d'autres médeci(i>
qui, au contraire, l'ont niée. Le professeur Leyden nous
semble avoir bien traduit l'opinion générale en affirmant,
comme l'avait déjà fait M. Bouchard, qu'il est difficile de
croire à la contagion d'une maladie qui présente une exten*
sion aussi soudaine et s'étend sur toute l'Europe sans pré-
senter dans sa marche ou son mode de propagation rien qui
rappelle l'évolution des grandes épidémies contagieuses.
Lorsque nous aurons réuni tous les documents que nous
avons déjà reçus et tous ceux que nous attendons encore
sur l'épidémie régnante, nous compléterons cet exposé.
FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE
Dn traUemeni da eholéra Inranttle.
Deux indications dominent la médication de cette affec-
tion : i"* suspendre les troubles digestifs ; 2^ combattre le
collapsus et l'algidité.
1* Faut-il mettre l'enfant a la diète ? Oui, d'après lo>
uns (Critzmann); non, d'après les autres (J. Simon). Ceux
qui proscrivent le lait, permettent l'ingestion de quelques
cuillerées d'eau albumineuse ou de thé au rhum, ces
boissons étant glacées, pour apaiser la soif. Ceux qui au-
torisent le régime lacté rationnent ce liquide à raison
d'une ou deux verrées par jour et en le coupant d'eau de
Vais ou de Fougues. La cessation des vomissements ou de
la diarrhée permet d'augmenter cette dose; leur retour
impose l'obligation de l'augmenter.
2" Comment combattre la diarrhée ? L'opium, maliirê
le jeune âge de l'enfant, peut être employé (Cadet de
Gassicourt, J. Simon, Widerhofer) surtout sous la forme
d'élixir parégorique et à raison de VIII à X gouttes par
jour, ou bien en potion, en l'associant à l'extrait de rala-
nhia et à l'extrait de kola :
Extrait de ratanhia. . . (K%50 à 1 gramme.
Extrait de kola 09%10 à 0«%20.
Ëlizir parégorique... VIII à X gouttes.
Sirop simple « 60 grammes.
Une cuillerée à café toute les deux heures.
M. Critzmann fait l'éloge de la potion suivante qui ré-
pond à la même indication :
Salicylate de bismuth 1 à â grammes.
Laudanum de Sydenham.. I à V gouttes.
Infusion de thé GO grammes.
Sirop de framboises 20 —
Rhum 15 à 20 grammes.
Une cuillerée à café toute les deux heures.
3*» Quels sont les agents antiseptiques que l'on pkct
PRESCRIRE ? Le calomel d'abord, l'acide lactique ensuite.
27 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 52 — 835
Le calomel, recommandé par Widerhofer, à l'imitation
des anciens médecins, s'administre en poudre et à raison
de 8 à 10 centigrammes dans les vingt-quatre heures. Voici
la formule de Widerhofer :
Calorael 5 à 10 centigrammes.
Sucre pulvérisé.. 20 centigrammes.
F. s. a. pour dix paquets. Un paquet toutes les deux heures.
L'apparition du collapsus doit faire cesser Tadministra-
tion du médicament.
L'acide lactique, recommandé par Lesage, s'emploie dès
le début. On peut le prescrire en potion. Voici celle dont
on fait usage dans le service de M. Grancher :
Acide lactique 2 grammes.
Eau distillée / . ^^
Sirop de framboises )^^^ grammes.
C'est une solution aux deux centièmes. On peut porter la
dose d'acide lactique à 3 et 4 grammes. Cette potion s'ad-
ministre par cuillerée à café tous les quarts d'heure ou
toutes les demi-heures suivant l'intensité de la diarrhée et
jusqu'à cessation de cette dernière.
M. Critzmann recommande aussi les lavements d'eau
bouillie et boriquée de 150 à 200 grammes suivant l'âge
de l'enfant.
4° Comment faut-il intervenir contre le collapsus
KT l'algidité ? Par les bains sinapisés, chauffés à 38 degrés
et de cinq à six minutes de durée; par les piqûres d'éther,
l'administration de la caféine à l'intérieur, ou si ces
moyens échouent, par l'injection sous-cutanée de 10 cen-
tigrammes de ce même médicament. M. Critzmann a for-
mulé ainsi une potion à la caféine :
Citrate de caféine 25 centigrammes.
Rhum vieux 20 grammes.
VindeMalaga 30 —
Sirop de framboises.... 40 —
A prendre par cuillerée à café de iiuart d'heure eu quart
d'heure.
D« la technique de* Irrigations Intestinales dans la
0éYre typhoïde.
L'administration des antiseptiques et des désinfectants du
tube intestinal par la voie buccale offre parfois des incon-
vénients. De plus, il y a danger à les prescrire à hautes
doses, ou bien ils sont absorbés avant d'arriver dans l'in-
testin s'ils sont trop solubles, ou n'agissent guère et s'ac-
cumulent s'ils ne le sont pas.
S'adresse-t-on aux lavements? Mêmes inconvénients.
Mieux vaut donc essayer les irrigations intestinales.
Comment les pratiquer?
1" Position du malade. — Le décubilus dorsal est néces-
saire, car celte situation est celle qui, l'expérience le
prouve, favorise la pénétration du liquide.
S*» Nombre des trnjaa'ows. — Deux au moins par jour.
M. Backhaus (de Greifswald) s'en contente. J'emploie plus
volontiers trois à quatre irrigations. Cependant voici une
objection : ces irrigations pénètrent-elles assez avant dans
le tube intestinal? Quelques médecins en doutent. Eh bien,
leur doute est illégitime, la valvule de Bauhin n'est pas
un obstacle invincible. Le tout est de savoir franchir la
valvule des apothicaires, à preuve les expériences de
Mosler, Mader, Canlani et Damman.
3* Mode d^ administration. — Il faut les administrer
avec lenteur, employer une pression modérée, les sus-
pendre de temps en temps pendant quelques instants et
employer une canule suffisamment longue*
4° Quelle solution faut-il choisir?— M. Backhaus se
sert d'une solution de tanin au millième et graduellement
en augmente le titre jusqu'à 2 pour 100. II obtient ainsi,
dit-il, la désinfection des selles dans les cas de diarrhées
profuses.
Je préfère une solution de salicylate de magnésie au
deux millième, sel dont M. Huchard a montré les pro-
priétés à la fois antiseptiques et antithermiques. A doses
modérées ce sel ne provoque pas une diarrhée abondante,
mais modifie le catarrhe intestinal.
Ch. ÉLOY.
REVUE DES COURS ET DES CLINIQUES
HÔTEL-DIEU : M. TILLATO.
Pied bot varan. Tamectomle.
Le malade qui va nous occuper aujourd'hui est un tout
jeune homme, que nous allons opérer d'un pied bot. Je
vous rappelle d abord qu'on désigne sous le nom de pied
bot une difformité permanente du pied, essentiellement
caractérisée par ce fait nue le pied, pendant la station ou
la marche, ne repose plus sur la face plantaire, soit en
totalité, soit en partie.
Le pied bot présente un certain nombre de variétés, que
l'on peut réduire à quatre. Lorsque le pied est dans l'ad-
duction, la plante regardant en dedans et le pied reposant
sur le bord externe, c'est un pied bot varus. Lorsque, au
contraire, le pied est dans l'abduction, que la plante regarde
en dehors et que, par suite, le pied repose sur le bord
interne, c'est un pied bot valgus. Cette déformation est
beaucoup plus rare que la précédente. Dans certains cas le
pied est dans une extension telle que, dans la station verti-
cale, il ne repose que sur les orteils. Cette déformation
s'appelle pied bot équin. Quand, au contraire, le pied sera
fléchi sur la jambe et reposera sur le talon, ce sera un pied
bot talus. Cette déformation est de beaucoup la plus rare
et j'ai souvenir de ne l'avoir rencontrée qu'une fois. Il va
sans dire que je ne vous parle que du pied bot congénital et
non du pied bot accidentel, celui-ci étant lié à une foule
d'états morbides très divers tels que traumatismes, cica-
trices vicieuses, ostéo-arthrites guéries avec une mauvaise
attitude, etc.
Voilà les quatre types de déformation du pied, mais je
m'empresse de vous dire qu'ils se rencontrent rarement à
l'état de pureté. Le malade qui nous occupe est atteint de
varus direct, mais c'est là une exception, et qui tient pro-
bablement à une cause que je vous expliquerai toutàl'heure.
Au varus, qui est la déformation la plus fréquente, se joint
presque toujours un certain degré d'equinisme. Cette défor-
mation, qui réunit le type varus et le type équin, a reçu le
nom de pied bot varùs équin. C'est celle que vous ren-
contrerez presque toujours.
On peut reconnaître trois périodes au traitement du pied
bot : une ancienne, une moderne et une actuelle.
La période ancienne commence aux temps les plus reculés
et ne se termine qu'au commencement de ce siècle, vers
836
N- 52 -
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HËDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Décembre 1889
1816 environ. La seule méthode en usage pendant celte
longue période peut être appelée mécanique. Elle consistait
uniquement à faire subir quelques manipulations au pied
et à appliquer des appareils de forme variable destinés à le
redresser. Si dans les déformations légères, avec beaucoup
de patience et d'excellents appareils orthopédiques» on ob-
tenait quelques résultats, on n'en est pas moins obligé de
convenir que la plupart du temps cette méthode était nulle,
en tous cas toujours insuffisante.
La seconde période, caractérisée par la ténotomie, a fait
faire des progrès considérables au traitement du pied bot ;
avant son entrée définitive dans la pratique chirurgicale
on rencontrait beaucoup plus souvent des enfants atteints
de malformations congénitales du pied.
C'est à Delpech (de Montpellier) que nous devons la
première tentative ae traitement du pied bot par la téno-
tomie. Quand Delpech eut l'idée de traiter un varus équin
par la section du tendon d'Achille, il ne connaissait ni
l'antisepsie ni la section sous- cutanée des tendons; aussi
grâce à un manuel opératoire insuffisant et compliqué n'ob-
tint-il pas un résultat encourageant. La méthode, qui avait
soulevé tout d'abord de très vives critiques, tomba rapide-
ment dans l'oubli. Il fallut les travaux de Strosmeyer et de
l'école française pour la faire sortir de l'oubli; la téno-
tomie sous-cutanée, pratiquée pour la première fois par
Dupuytren sur le faisceau sternal du sterno-cléido-mas-
toidien pour un torticolis chronique, acheva de la mettre
complètement en honneur, en facilitant le manuel opéra-
toire et en diminuant les dangers d'infection.
Cette opération, qui est encore la seule employée lorsque
la déformation du pied n'est pas compliquée de malforma-
tions articulaires et osseuses irréductibles, doit être faite
dans la première jeunesse. J'opère toujours dans la pre-
mière année et, si possible, dans le premier mois. On peut
dire qu'il faut opérer sitôt que la vie de l'enfant est assurée,
car à cette époque il sera plus facile de remédier aux
déformations osseuses et articulaires. Votre devoir sera
toujours de prévenir les parents que l'intérêt de l'enfant
exige une opération rapide, je dirai presque hâtive.
Dans presque tous les auteurs, on préconise une méthode
de traitement que je juge défectueuse. Pour eux, après la
section sous-cutanée du tendon d'Achille, avant d'appliquer
l'appareil orthopédique, il faudrait attendre que la petite
plaie fût cicatrisée, c'est-à-dire cinq ou six jours. Mais
pendant ce temps les deux bouts du tendon ont pu se res-
souder et l'opération a manqué son but, puisqu'elle était
destinée à allonger un tendon trop court par l'interposition
entre les deux bouts sectionnés d'une sorte de rallonge
fibreuse. Aussi après ce laps de temps la réduction du pied
est-elle presqueaussi difficile que si l'on n'avait pas pratiqué
la ténotomie.
Chez un enfant atteint de pied bol varus équin, après la
section sous-cutanée du tendon d'Achille, je fais immédia-
tement la réduction du pied. Puis, sans m'inquiéter de la
petite plaie, que je recouvre simplement d'un petit tampon
de coton hydrophile, j'applique l'appareil plâtré de Mai-
sonneuve, en ayant bien soin de maintenir le pied dans une
bonne position'jusqu'à ce que le plâtre soit sec. Au bout
d'un mois on retire l'appareil ; il n'y a plus trace de la
petite plaie et le pied est fléchi sur la jambe.
Ce serait une erreur de croire que le traitement du pied
bot consiste uniquement dans l'opération, et que le plâtre
une fois enlevé la guérison définitive est obtenue. Il faudra
au contraire surveiller l'enfant pendant plusieurs années,
lui faire porter un appareil orthopédique jour et nuit, lui
faire faire des chaussures appropriées et disposées de telle
sorte que le talon repose bien sur le sol. Ce n'est qu'à ce
prix que l'on conservera les résultats de l'opération et que
l'on évitera la récidive.
L'enfant qui fait le sujet de cette conférence est un
exemple de la tendance à la récidive du pied bot. Déjà il
avait été opéré à l'âge de six mois par M. de Saint-Germain
et actuellement on peut bien dire que les résultats de l'opé-
ration sont absolument nuls.
Au bout d'un certain temps, si le pied n'a pas été rédait,
lorsque les enfants ont marché depuis plusieurs années, il
se produit des déformations articulaires et osseuses qui op-
posent un obstacle invincible à la réduction. A ce moment-
là les tendons n'interviennent plus pour rien daus la défor-
mation et leur section ne peut plus être d'aucune utilité
pour le traitement. Il est intéressant de savoir jusqu'à qutl
âge la ténotomie suffit pour la réduction du pied. Presque
tous les auteurs sont d accord pour fixer comme dernière
limite l'âge de sept ou huit ans.
A partir de ce moment la déformation devient osseuse, et
l'on peut dire que là s'arrête la période moderne du traite-
ment du pied bot. Les pieds bots osseux, en effet, étaient
considérés comme incurables, et vous pouvez lire dans le
roman de Flaubert, Madame Bovary, un exemple de>
résultats pitoyables que l'on obtenait par la ténotomie.
Quelquefois des accidents locaux graves, tels que darilloris
douloureux, eschares, etc., forçaient le malade à implorer
l'amputation.
Déjà, en 1854, M. Little, dans un cas de varus, avait tenté
l'extirpation du cubolde. Mais celte opération n'eut pas le
retentissement qu'elle méritait. Elle avait le tort d'être
insuffisante, Tablation du cuboïde seul ne permettant pas la
réduction complète du pied. Mais son plus grand tort était
d'arriver à un moment où l'antisepsie n'étant pas connue,
aucun chirurgien ne voulait exposer ses malades à une
opération dont les suites pouvaient être mortelles, pour une
infirmité qui^ la plupart du temps, n'était que gênante.
Ce que j'ai appelé la période actuelle du traitement du
pied bot ne commença en réalité qu'en 1872, avec M. Lain,
qui proposa la résection de l'astragale. C'était un très grand
progrès, car dans les pieds bots osseux l'astragale est tou-
jours luxée et dans les tentatives de réduction du pied elle
s'applique contre le tibia, mettant ainsi à la réduction un
obstacle mécanique qu'il e^t impossible de surmonter. En
1877, M. Davis Colley fit ce qu'il appela la résection atypique
du tarse. Cette opération, qu'on peut appeler aussi résection
cunéiforme du tarse, consiste à enlever toute la masse
osseuse qui s'oppose à la réduction du pied en opérant
comme s'il s'agissait d'un seul os et en détachant un coin
à base externe dont le sommet répondrait au bord interne.
Ces opérations sont encore à l'étude et les résultats pa-
raissent être favorables, en tous cas ils sont encourageants.
Pour plus amples renseignements, vous n'avez qu'à con-
sulter la thèse d'agrégation de M. Schwartz (1883) ou vous
trouverez toutes les statistiques se rapportant à ce sujet.
C'est une opération de ce genre que je vais faire aujour-
d'hui devant vous, chez un jeune garçon de quatorze à quinze
ans. Comme je vous l'ai déjà dit, cet enfant est atteint de
varus direct et avait été opéré à six mois par M. de Saint-
Germain. C'est du reste très probablement à cette opération
qu'est due cette déformation en varus direct qui, je le répète,
est assez rare. La section du tendon d'Achille pratiquée sur
chaque pied par M. de Saint-Germain se sera sans doute
opposée à l'équinisme par la formation de cette rallonge
dont je vous ai déjà parlé.
Le malade était déjà entré dans mon service au mois de
ianvier dernier et, à ce moment-là, j'opérai son pied droit.
Pour cela, je fis l'ablation de l'astragale et du cuboide, mais
en voulant faire la réduction du pied je fus arrêté par l'apo-
névrose plantaire rétractée et qui, se tendant comme une
corde, empêchait le renversement du pied en dehors. Jo
dus faire alors sa section sous-cutanée. Au point de mïp
esthétique, le résultat obtenu laisse peut-être à désirer; la
pointe du pied est encore un peu subluxée en dedans, ce
qui donne à l'ensemble un aspect assez disgracieux. Mais il
27 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE GtlRURGIB
— W 52 — 83Ï
n'en est (jas de même au point de vue fonctionnel, et notre
intervention a rendu le plus grand service au malade. Au
lieu d'être réduit comme pour le pied gauche à marcher
sur le bord externe de la face plantaire, dans la station ver-
ticale le poids du corps repose sur le talon et sur la plante.
Ce n'est donc plus à un véritable pied bot que nous avons
aflaire. Le malade, du reste, s'est si bien trouvé de Topéra-
tion que sa famille est venue nous demander de la renou-
veler pour le pied gauche et que la seule chose que lui-
même désire c'est d'avoir le§ deux pieds semblables.
C'est ce que je vais m'efforcer de faire aujourd'hui. Je
lâcherai même d'obtenir une attitude moins disgracieuse du
pied en évitant, si je le puis, que l'avant-pied reste incliné
en dedans. Pour cela, j'agirai comme je 1 ai déjà fait pour
le pied droit. Après avoir pratiqué une incision sur la face
dorsale externe du pied, je mettrai l'astragale à découvert
et je l'enlèverai. J'agirai de même pour lescaphoïde et je
terminerai par la section sous-cutanée de 1 aponévrose
plantaire, en prenant bien soin de ne pas couper l'artère
plantaire, ainsi qu'on en a quelques exemples, car la défor
mation du pied modifie d'une façon considérable les rap-
ports des différents organes de cette région.
Celle ablation de l'astragale et du scaphoide sera proba-
blement encore insuffisante et peut-être me fauura-t-il
avoir recours à l'ablation du cuboide et même à la résection
de la partie antérieure du calcanéum. Au préable, j'appli-
querai la bande d'Esmarch, non pour économiser du sang,
car ce qui est épargné pendant le cours de l'opération se
répand après, mais parce qu'on facilite beaucoup ainsi celte
longue opération. Les règles les plus étroites de l'asepsie
étant observées, je suturerai le tout, de façon à obtenir une
réunion immédiate. La réduction obtenue au prix de cette
grande perte de substance sera maintenue au moyen d'un
appareil plâtré jusqu'à consolidation définitive des surfaces
osseuses. Nous aurons rendu alors un service considérable
à cet enfant, sinon en supprimant, du moins en diminuant
son infirmité.
Ch. Steeg.
TRAVAUX ORIGINAUX
s jphlllographle •
Myélopathies syphilitiques, par M. le docteur
Charles Mauriac.
Dans l'étude des déterminations de la syphilis sur la
moelle épinière, nous sommes loin d'être arrivés au même
degré de certitude que pour les cérébrosyphiloses. Malgré
tous nos efforts, notre conviction n'a pas encore acquis cette
ampleur à laquelle rien n'échappe, cette solidité sur laquelle
le doute n'a aucune prise. D'où vient ce sentiment de ma-
laise, d'inquiétude qui s'empare de notre esprit et se change
en perplexité, quand il s'agit de se prononcer catégorique-
ment sur les nombreux problèmes que suscite cet ordre
d'affections syphilitiques? Ne dirait-on pas à certains mo-
ments que le sol chancelle et se dérobe sous nos pas ? Au
lieu de le trouver saturé de tertiarisme comme dans les vis-
céropathies dont nous nous sommes occupés jusqu'ici, c'est
à peine si de temps à autre nous rencontrons, d'aventure, sur
la moelle des lésions syphilomateuses. Il semble que leur
germe, si vivace partout ailleurs, s'étiole ici et perd toute
sa vigueur spécifique. Et n'est-ce pas ce qui a lieu? Le
syphilisme s'y atténue, s'y efface, s'y noie dans les altéra-
tions d'ordre commun. A peine, dans les méninges rachi-
diennes et surtout dans le cordon médullaire, en décou-
vrirez-vous des traces sous forme de gommes ou de suffu-
sions gommeuses. Très rares sont les méningo-myélopathies
franchement syphilitiques de par leurs lésions. Presque
partout, sur la vaste étendue de ce territoire nerveux,
domine le processus de sclérose et de ramollissement, dans
ce qu'il a de plus pur et de plus exempt de spécificité.
Le stigmate anatomique fait défaut dans l'immense majo-
rité des cas. Mais du moins le trouverons-nous dans les
symptômes? Chacun d'eux en portera-t-il l'empreinte? N'y
comptez point. — D'ailleurs ne serait-ce pas trop exiger ?
Nous nous en passions bien pour le cerveau. Pourquoi ne le
ferions-nous pas ici ?
Oui, mais dans les cérébrosyphiloses, les associations
fihénoménales suppléent à ce qui manque aux éléments qui
es constituent. La bizarrerie, l'incohérence, l'éparpille-
ment, l'étrangeté des phénomènes morbides, leurs assem-
blages fortuits ou incompatibles, et toutes ces choses dispa-
rates qu'on croirait incapables de créer une physionomie,
sont précisément les traits qui la constituent et d'où elle tire
sa puissante originalité.
Dans les myélosyphiloscs il n'en est pas ainsi. Les sym-
ptômes apparaissent, se déroulent, se juxtaposent suivant un
ordre régulier, physiologique, et ne montrent que rare-
ment quelques velléités d'indépendance. Tout y est pour
ainsi dire classique. La syphilis n'ajoute rien, ne retranche
rien ou bien peu aux myélopathies ordinaires. Dans la sym-
ptomatologie et le processus, presque autant que dans les
lésions, elle abdique et ne veut pas se mettre en frais de
puissance créatrice. Là aussi le stigmate est faible, s'il ne
manque pas tout à fait.
Bien plus, l'absence de toute systématisation qu'on signale
àhdn drjoit comme .uu des. traits les plus frappants dé sa
manière,, et que nous retrouvons dans n'importe quel point
de l'organisme dont elle s'empare, n'y renonce-t-elle pas
quand elle s'incarne aussi intimement qu'il est possible de
le faire dans la plus systématisée de toutes, dans le tabeSy
avec ou sans ataxie locomotrice progressive ? C'est même là
qu'elle semble perdre tous ses droits à l'autonomie ; aussi
la lui conteste-t-on. Ne voyez-vous pas devenir plus fortes
et plus opiniâtres les résistances contre l'absorbante spécifi-
cité du tabès syphilitiaue ?
Est-ce à dire qu'elles en auront raison ? Qui pourrait
l'affirmer? N'exagérons rien ni dans un sens ni dans un
autre. Il est incontestable que la syphilis est un facteur étio-
logique de premier ordre et d'une profonde portée dans les
myélopathies de toutes formes, qu'elles soient circonscrites
ou diffuses, aiguës ou chroniques, périphériques ou cen-
trales ; qu'elles se formulent en tabès antérieur, avec pré-
dominance de la paraplégie ou en tabès postérieur, avec tout
le cortège des troubles sensoriels, sensitifs, moteurs, psy-
chiques, que complète et que couronne Talaxie locomo-
trice.
L'observation clinique, en nous faisant assister à la
filiation des accidents, depuis le début de l'infection
i'usqu'à la myélopathie, nous démontre qu'il en est ainsi. —
^ous nous disons qu'il est impossible qu'en pareil cas cette
grande maladie ne tienne pas sous sa dépendance l'affection
médullaire, comme les autres manifestations qui l'ont pré-
cédée ou qui l'accompagnent.
Et quand un pareil enchaînement se reproduit sur une
vaste échelle, suivant une proportion numérique variable,
mais toujours fort grande dans ses oscillations, nous
sommes bien forcés de nous incliner.
Il arrive un moment où le nombre qui ne dit pas grand'
chose par lui-même fait loi en éliologie. Loi dure et humi-
liante. Au lieu d'établir la nature d'une maladie sur des
particularités caractéristiques de lésions, de symptômes, de
marche, de terminaison, de traitement, en être réduit à la
statistique! Quoi de plus triste? N'est-ce pas là ce qui met
notre esprit, et je serais tenté de dire notre amour-propre
scientifique, dans cet état d'incertitude et d'embarras dont
je vous parlais plus haut ? N'est-ce pas parce que nos légi-
times aspirations vers la vérité ne touchent pas directement
838 — N* 52 — GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Décembre 1889
le but, n'y arrivent que par des voies détournées ou ne
l'entrevoient qu'au loin et comme à travers une brume qui
l'obscurcit.
Oui, nous avons conscience que la syphilis occupe une
grande place dans la pathogénie des maladies de la moelle
épinière. L'observation clinique et les chiffres nous le
disent. Mais, quant à en donner la preuve complète, nous ne
le pouvons pas. En vain faisons-nous appel à la spécificité
des symptômes, du processus et des lésions. Cet appel n'est
pas entendu.
Le stigmate syphilitique, si évident partout ailleurs, reste
équivoque, se dérobe ou même ne se montre jamais, et
notre espoir de le découvrir est si souvent frustré, qu'il en
résulte un sentiment pénible de découragement et de scep-
ticisme.
Les réflexions qui précèdent me sont suggérées, ai-je
besoin de le dire, par la question du tabès syphilitique.
Numériauement, la syphilis occupe une grande place dans
son étiologie. Mais combien ne serait-il pas préférable que
ses lésions continssent quelques parcelles de matière gom-
meuse, et qu'il copiât moins servilement le tabès ordi-
naire?
Quant aux autres myélopathies, elles sont moins sujettes
à contestation. Le stigmate n'y est pas aussi nul. C'est par
elles que je vais commencer les descriptions particulières.
Je les pouisserai aussi loin aue possible ; mais je crains
qu'elles ne démontrent ce qu il y a de fondé dans ces con-
sidérations préliminaires qu'on trouvera peut-être un peu
trop pessimistes
Jusqu'ici je ne me suis occupé que des myélosyphiloses
diffuses dans lesquelles on ne trouve aucune trace constante
de systématisation, comme symptômes et comme lésions.
Cette question, dont j'ai fait ressortir tous les côtés obscurs
et indécis, est cependant presque lumineuse quand on la
compare à celle (jue je vais aborder.
Nous n'avons jamais quitté le terrain syphilitique, en ce
sens quCy dans la lésion, on trouvait parfois quelques filons,
quelques gisements de cette matière gommeuse oui reste,
malgré qu'on ait dit, le caractère matériel le plus indé-
niable de la syphilis. Maintenant, nous voilà en plein dans
les lésions et dans les symptômes d'ordre commun. Rien,
mais absolument rien, sauf l'étiologie fondée sur les nom-
bres, ne va nous rappeler que nous sommes encore sur le
domaine de la syphilis. C'est la première fois que, dans
cette longue étude sur le tertiarisme, ce fait étrange se pro-
duit. Partout où nous avons poursuivi et dépisté les méfaits
de la syphilis à sa période tertiaire, que ce fût sur la peau,
sur les os, ou dans les viscères, etc., nous avons toujours
trouvé les stigmates qui lui sont propres. Quelquefois ils
sont rares; d'autres fois ils surabondent dans les lésions et
dans les symptômes, si bien que leur nature éclate avec la
dernière évidence.
Pour les myélosyphiloses qui vont suivre, il n'en est plus
ainsi. C'est même tout le contraire qui a lieu. Fouillez-les
dans tous les coins, retournez-les dans tous les sens, mul-
tipliez les interrogations que suscite le doute ; peine perdue,
recherches vaines. Vous voyez se dresser comme un grand
sphynx qui ne veut point dire son dernier mot, ce tabès
énigmatique, d'origine syphilitique, sur lequel on est
encore si loin de s'entendre. Quel besoin de nous fatiguer à
le décrire ? N'est-il pas, en effet, absolument identique à
celui qu'on trouve dans tous les livres, à celui qu'on ren-
contre chez tant de sujets exempts de toute teinte spéci-
fique ? Si encore le traitement par l'iodure et le mercure
avait quelque prise sur lui î Mais non. Ces deux remèdes ne
le font sortir ni de son mutisme, ni de son impassibilité.
Prtrmi les myélosyphiloses qu'on qualifie de systéma-
tiques, le tabès, avec ou sans alaxie locomotrice progres-
sive, est la seule qu'on attribue à la syphilis. Il y en a
une cependant qu'elle semblerait plus apte à produire.
C'est la sclérose en plaques. Ne trouve-t-on pas dans celle
affection la manière d'agir, les procédés de la syphilis*?
A priori, ne serait-on pas tenté de croire que c'est elle qui
produit les plaques de sclérose disséminées un peu irrégii-
lièrement partout, non seulement dans la moelle, mais
aussi dans le cerveau, sur les cordons antéro-latéraax, dans
les sillons de la moelle et même dans sa substance grise,
sur le corps calleux, sous l'épendyme des ventricules, dans
les couches profondes de Técorce, sur les pédoncules, la
protubérance, le bulbe, les bandelettes et les nerfs optiques,
etc., etc. Voilà bien la dissémination à son suprême degré,
cette dissémination irrégulière qu'on regarde à bon droit
comme un des traits de l'action syphilitique et qui se montre
d'une façon si frappante dans les cérébrosyphiloses. Chose
étrange et qui déconcerte toutes nos prévisions, la syphilis
ne figure pas dans l'étiologie de cette myélopathie ! Elle n a
été incriminée ni par MM. Vulpian et Charcot à qui revient
le mérite d'en avoir tracé la première description clinique,
ni par tous ceux qui s'en sont occupés depuis.
Les autres myélopathies systématisées, la sclérose laté-
rale amyotrophique, le tabès dorsal spasraodique, l'alrophîe
musculaire progressive, ne paraissent pas non plus être tri-
butaires de la syphilis.
Seul, le tabès sensitif avec ou sans ataxie locomotrice
dépendrait d'elle presque toujours. Elle accaparerait el
dominerait despotiquement toute son étiologie. — C'est ce
fait très extraordinaire et capital que nous allons analyser et
discuter.
Il est clair qu'en pareille matière^ le nœud de la ques-
tion se trouve dans l'analyse des conditions étiologiques,
puisque, comme je l'ai dit d'avance, le tabès syphilitique ne
se distingue en rien du tabcs ordinaire.
C'est M. Vanderlick qui, dès i85i, a mentionné le pre-
mier le tabès parmi les myélopathies d'origine svpbilitique.
Plus tard, MM. Virchow (1864), Schuize (1867), Bumrd
(1871) fournirent sur ce sujet quelques indications; mais
elles restèrent éparseset sans importance jusqu'à l'époque
où M. Fournier reprit cette question, l'enrichit d'un grand
nombre de faits, la creusa et lui donna une largeur telle
que la syphilis, à laquelle avaient à peine pensé les grands
créateurs du tabès, ceux qui en avaient fait l'étude la plus
profonde et la plus complète, devint tout à coup et comme
par un changement à vue, sinon son unique, du moins son
plus important facteur étiologique.
De nombreuses statistiques ont été faites sur les rapports
du tabès avec la syphilis. Si un grand nombre sont favo-
rables et semblent aémontrer péremptoirement que la mala-
die constitutionnelle est la cause la plus commune du tabès,
d'autres, au contraire, ne donnent que des résultats équi-
voques ou contredisent même les premières. "Voici ces sta-
tistiques :
Sur !249 malades affectés de tabès, M. Fournier en a
trouvé ^31 qui avaient eu la syphilis, et 18 seulement qui
ne l'avaient pas eue ; ce qui revient à dire que sur 100 cas
de labes, il en est 93 où ce médecin dit avoir rencontré,
d'une façon authentique, des antécédents de syphilis. Caza-
lis,Yulpian, M. Quinquaud etd'au très confirmèrent ou accen-
tuèrent ces résultats. M. Ërb, oui s'est occupé plus particu-
lièrement de celte question, a (tonné deux statistiques. Dans
la première série, il a trouvé la proportion de 8â,3 tabé-
tiques sur 100 sujets ayant des antécédants vénériens ou
syphilitiques présumés. — Sur cesi00vénériens,5â avaient
eu, outre les chancres, des accidents secondaires, et 30,3
des chancres seulement. — Dans la deuxième série, 91 labé-
tiauespour 100 vénériens, dont62 avec chancres et accidents
volontaires, et i9 avec chancres seulement. Ce qui diminue
un peu la valeur de celte statistique de M. Erb» c'est qu'il
est uniciste et compte comme syphilitique Quiconque a eu
autrefois un chancre. Beaucoup^ parmi c6ux|qui ont donné
27 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
N» 52 — 839
des statistiques favorables à Tétiologie syphilitique du
tabès, ne sonl-ils pas dans le même cas? Peut-être a-t-on
admis trop facilement l'existence de la maladie constitu-
tionnelle chez un grand nombre de tabétiques. Toujours
est-il que, sur ce sujet, où il semblerait que les chiffres
dussent mettre tout le monde d* accord, en fournissant une
moyenne à peu près semblable, on voit les résultats les
plus contradictoires. Ainsi, tandis que M. Quinquaud trouve
que, sur 100 tabétiques, 100 étaient syphilitiques, M. Lewin
nous dit que, sur 800 personnes soignées par lui de la
syphilis depuis 1865 et dont Tétat actuel lui est connu, 5 seu-
lement étaient venus le consulter pour des affections des
centres nerveux, et pas une ne présentait de symptôme
d'ataxie. — M. Oppenheim a étudié Tétat du réflexe patel-
laire chez 70 malades, syphilitiques depuis cinq ans au moins ;
or, chez un seul le réflexe manquait.
J'ai observé an certain nombre de malades dont la myé-
lopathie atfectait plus ou moins la forme et les allures du
tabès typique. Ces malades avaient eu incontestablement la
syphilis, et la filiation des accidents était de nature à ne
laisser aucun doute sur la solidarité qui existait entre Taf-
fectiou de la moelle et Tinfection dont ils avaient été vic-
times plus ou moins longtemps auparavant. Ils étaient bien
tabétiques de par la syphilis. Tout semblait le prouver, car
les autres causes étaient nulles ou insignifiantes. Mais je ne
suis guère consulté que par des syphilitiques. Combien
d'autres malades qui n'ont jamais eu la syphilis deviennent
tabéti(]ues! Aussi, tout en attribuant un grand rôle à celte
maladie dans l'étiologie du tabès, peut-être serait-il témé-
raire de l'en rendre à peu près seule responsable. Comme
elle est extrêmement fréquente, il n'est pas étonnant (qu'elle
se rencontre souvent parmi les antécédents des ataxiques.
Beaucoup de pathologistes sont disposés à croire qu'elle
n'intervient que comme une simple cause prédisposante qui
détériore tout l'organisme et particulièrement le système
nerveux. L'étiologie à peu près exclusivement syphilitique
du tabès, très en vogue il y a quelques années, semble l'être
un peu moins aujourd'hui.
M. Charcot, par exemple, dont l'opinion est d'un si grand
poids en pareille matière, refuse à la syphilis tout rôle effi-
cace direct dans la production du tabès. Il n'admet pas le
tabès syphilitique et fait, au contraire, jouer un rôle pré-
pondérant aux antécédents nerveux du sujet. Mais, tout en
refusant à la syphilis seule un rôle suffisant pour former de
toutes pièces un tabès syphilitique^ il reconnaît que diffé-
rentes causes morbides ou autres, et en particulier la syphi-
lis, peuvent hâter ou aggraver l'évolution du tabès, bien
que celui-ci ne soit pas d'essence spécifique.
D'après beaucoup de pathologistes très autorisés en neu-
ropathologie, le tabès ne serait, suivant l'expression nou-
vellement adoptée, qu'une lésion parasyphilttique.
Outre les statistiques, il y a les arguments pour ou contre,
qui ont moins de valeur que les faits, car avec quelque sub-
tilité dans le raisonnement on en peut faire une arme à
deux tranchants. Trois objections principales ont élé oppo-
sées à la doctrine du tabès syphilitique : l'' le tabès pré-
tendu syphilitique n'a ni lésions ni symptômes cjui lui
soient propres; 2*" le tabès est une maladie systématique et
il n'est pas dans les habitudes de la syphilis de produire
des lésions de cet ordre; 3"* le tabès des syphilitiques
n'est pas plus influencé que le tabès ordinaire par les spé-
cifiques.
Ce sont là des objections qui certes ne sont pas tout à
fait irréfutables, mais il est impossible d'en faire table rase.
Quand on n'a aucune idée préconçue, elles s'emparent de
l'esprit, et on ne s'en débarrasse pas aisément, même lors-
que les chiffres viennent de temps en temps brutalement
les chasser. Il reste toujours cette impression qu'il est
étrange de voir la syphilis, qui frappe d'une empreinte si
forte et si pathognomonique tout ce qu'elle produit, comme
lésions et comme symptômes, abdiquer complètement sa
spécificité, quand il s'agit du tabès, et s'incarner en lui do
la façon la plus complète.
D'après ce qui précède, on peut voir combien il est diffi-
cile de se faire une opinion solide au milieu d'un fouillis de
documents qui semblent se combattre et s'entre-détruire.
L'appel au raisonnement ne laisse pas planer moins de
doute. On sent que cette grave question est encore loin
d'être résolue, du moins sur tous ses points. Les autorités
les plus compétentes sont en désaccord. Peut-être trouvera-
t-on plus tard une formule étiologique très compréhensive
du tabès, qui classera suivant son rang et son importance
chacune des causes qu'on lui assigne. C'est alors qu'on
verra quel est le rôle réel de la syphilis. Toujours est-il que,
si ce rôle n'est pas aussi nettement déterminé qu'on le
pourrait souhaiter, nous en devons tenir grand compte et
accorder une place considérable au tabès dans les myélo-
syphiloses.
Dans le tabès syphilitique, comme dans le tabès d'ordre
commun, Tataxie est loin de constituer toute la maladie.
Avant qu'elle se produise, il survient des troubles nerveux
très variés dans différentes régions de l'économie, qui attes-
tent presque au même degré qu'elle l'invasion, non pas
seulement de la moelle épinière, mais des centres nerveux
dans leur totalité, par cette singulière et problématique affec-
tion. Son domaine est donc très vaste; il s'agrandit de jour
en jour, et nous n'en connaissons pas encore les limites.
C'est la boîte de Pandore d'où sortent tous les maux d'ori-
gine nerveuse. Quand elle n'était qu'enlr'ouverte, l'incoor-
dination semblait l'occuper tout entière. Mais, depuis,
de tous ses coins obscurs, ont pris leur vol une multitude
de symptômes qui, comme une avant-garde, précèdent et
annoncent l'ataxie, l'accompagnent ou lui font cortège, et se
mettent en campagne souvent sans elle, pendant des années,
et même parfois sans Qu'elle sorte jamais de son inexpli-
cable inertie. — I! y a, aans cette grande maladie, une ataxie
qui ne se borne pas à 1 incoordination désordonnée des mou-
vements dans les membres inférieurs, mais qui s'impose à
tous les autres phénomènes, et leur imprime un-cachet
d'incohérence dans la marche, de caprice dans les allures,
d'irrégularité dans Tordre d'apparition, de polymorphisme
protéique en tout, que résume l'épithète ataxique, prise
dans son sens le plus compréhensif. Il y a là, depuis le
début jusqu'à la terminaison, une vingtaine de symptômes
sensitifs, moleurs, sensoriels, psychiques qui s'entremêlent,
se combinent, s'isolent, entrent en scène et en sortent, y
reviennent, sans qu'aucune loi supérieure semble les gou-
verner. Ne dirait-on pas qu'ils procèdent du hasard? Et
cependant la lésion qui les produit est systématique et n'oc-
cupe que les cordons postérieurs. La syphilis, chose singu-
lière, ne change en quoi que ce soit, ni dans l'ensemble, ni
dans les détails, ni dans la marche, ni dans la durée, ni
même dans la terminaison, la physionomie, les habitudes,
je dirai presque l'humeur du tabès sensitif. Quelles que
soient ses causes plus ou moins probables, il reste toujours
identique à lui-même. Et c'est ce qui me fait croire qu'au-
dessus de l'étiologie que nous connaissons ou que nous
soupçonnons, il y a une cause première qui domine toutes
les autres. Où faut-il la chercher? Iléside-t-elle dans le sys-
tème nerveux? Est-elle en dehors de lui, dans le système
artériel? Quel est son point de départ, et par quel méca-
nisme pathogénique, encore inconnu, d'autres influences
plus contingentes la meltenl-elle en branle, et, malgré leurs
variétés, lui fout-ollos produire toujours des effets iden-
tiques?
840
N» 52 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Décembre 1889
Clinique médicale.
Considérations sur la. valeur diagnostique et pro-
nostique DE l'urobilinurie. Cdmmunication faite à la
Société médicale des hôpitaux dans la séance du
13 décembre 1889, par M. G. Hayem.
Depuis Tépocrue où je vous ai communiqué mes pre-
mières recherches sur rurobilinurie (juillet 1887), j'ai
continué à m'occuper de cette question. Il m'a été impos-
sible dans le chapitre très condensé que j'ai réservé à Tic-
tère et à Turobilinurie dans mon ouvrage sur le Sang et
ses altérations, d'entrer dans tous les développements que
comporte cet important sujet. Je crois donc utile d'y
revenir. D'ailleurs depuis la publication de ce livre j'ai
encore recueilli des matériaux nouveaux qui me permettent
de vous apporter aujourd'hui sur certains points des détails
complémentaires.
Mes recherches ont été continuées surtout dans une voie
clinique. Je me suis préoccupé, en eftel, d'une manière
toute particulière de la valeur diagnostique et pronostique
de l'urobilinurie et de l'ictère hémaphcique. Plus j'avance
dans cette voie, plus profonde est ma conviction qu'il y
a un intérêt clinique de premier ordre à pra iquer l'examen
des urines au point de vue du diagnostic de l'état anato-
mique et fonctionnel du foie.
Vous savez que les maladies du foie sont bien souvent
latentes pendant une première période de leur évolution.
Il est donc extrêmement important de découvrir des signes
pernleltant d'affirmerTexistencede lésions hépatiques avant
que celles-ci deviennent sensibles par leur haut développe-
ment, car il est clair que les chances de guérison seront
d'autant plus grandes que l'affection hépatique sera moins
avancée dans son évolution.
Ces signes cliniques, on doit les chercher du côté des
urines. J'ai déjà eu l'occasion de le dire, mais je crois qu'on
ne saurait trop y insister : l'examen des urines n'a pas
moins d'importance pour le diagnostic des maladies du
foie que pour celui des maladies des reins.
En cas d'altération rénale, on se préoccupede l'albumine,
de l'urée, de l'acide urique, etc.; pour découvrir une lésion
hépatique, il faut porter son attention d'un autre côté, c'est-
à-dire du côté des pigments. Je vous ai fait voir que
l'examen de ces pigments se pratique avec une extrême
facilité. C'est donc là un genre d'étude essentiellement
clinique et je n'ai eu aucune peine à le faire accepter par
mes élèves.
Le plus intéressant des pigments anormaux contenus
dans les urines pathologiques me paraît être l'urobiline.
Chez les animaux de laboratoire (chiens, lapins), le foie
est parfaitement sain et les urines sont complètement dé-
pourvues d'urobiline. Chez l'homme l'urobilinurie est, au
contraire, extrêmement fréquente, surtout chez les malades
des hôpitaux. Cela me paraît tenir à la rareté de l'état ab-
solument sain du foie des adultes. A partir d'un certain âge
cet organe est presque toujours un peu altéré en raison de
nos mauvaises nabitudes alimentaires et surtout de l'usage
des boissons spiritueuses.
Toutefois la présence temporaire d'urobiline en faible
proportion dans l'urine humaine à l'occasion de fatigues,
de courbature, de fièvre avec sudation, n'a pas grande
signification. Dans ces conditions l'urine est condensée,
haute en couleur, et généralement quand ce liquide pré-
sente ces caractères on dit que l'urine est hépatique. Cela
est loin d'être toujours exact. Le plus souvent, la colora-
tion foncée des urines condensées est due principalement
au pigment normal, à l'urochrome. Il importe donc de
rappeler que l'urobiline a un faible pouvoir tinctorial et
qu'on peut en trouver une proportion notable dans des
urines pâles.
C'est l'urobilinurie habituelle, durable, qui seule présent»'
une signification pathologique nette.
Toutes les fois qu'il existe dans l'urine, d'une manicrt
constante, une proportion d'urobiline même faible, pouvani
d'ailleurs varier d'un jour à l'autre dans une certain»*
limite, mais ne faisant jamais complètement défaut, on doit
en conclure que le foie n'est pas normal, que sa ron^^li-
tution anatomique a subi une modification plus ou moins
profonde.
Aussi ai-je été conduit à considérer l'urobiline comim*
le pigment de l'insuffisance hépatique. Mais celle vue gt'Mïf-
rale ne donne pas une entière satisfaction aux besoins .le
la clinique, et il y a lieu d'examiner avec quelques délai:-
quelle peut être la valeur diagnostique et pronostique de
l'urobilinurie.
C'est là une très vaste question que je ne veux pas trailtr
pour le moment dans toute sa complexité. Je me bornerai
dans le présent travail à vous présenter quelques remarqui»-
sur les points qui m'ont le plus frappé dans ces dernii-re-
années.
l** De l'urobilinurie chez les alcooliques et les buveun.
— La fréquence extrême de l'urobilinurie chez les malad. <
fébricitants ou non que j'observe à l'hôpital Saint-An-
toine, me paraît tenir à ce que la plupart de ces malades
sont des alcooliques avérés ou tout au moins des buveurs.
Un grand nombre de ceux qui n'ont aucune maladie entraî-
nant par elle-même une excrétion d'urobiline entrent à
l'hôpital avec des urines assez fortement urobiliques. Au
bout de quelques jours, parfois dès le lendemain, l'urobi-
linurie diminue par le fait du repos et du changement de
régime, mais elle ne disparait pas et les malades font fh*<
aveux ne permettant pas de douter de leurs habiludp>
alcooliques. On ne trouve cependant aucun autre symptôme
de maladie du foie, l'urobilinurie est le seul signe de l'al-
tération produite par l'alcool dans cet organe.
Dans les maladies fébriles l'urobilinurie s'observe à des
degrés très divers. Mais, si l'on prend une seule de ces nu-
ladies, la fièvre typhoïde par exemple, on sera frappé île
voir que dans certains cas l'urobilinurie sera nulle ou
insignifiante, dans d'autres, au contraire, assez prononcée.
Cette dernière particularité se rapporte encore à Talcoo-
lisme, et, lorsqu elle est bien accentuée, elle est de nature
à faire faire des réserves sur le pronostic. 11 en est de
même pour toutes les autres maladies aiguës : toutes chose<
égales d'ailleurs, l'intensité de l'urobilinurie devra faire
soupçonner l'existence de lésions hépatiques d'oriîrine
alcoolique. Dans un grand nombre de mes observations
l'urobilinurie a diminué pendant la convalescence, tout
en persistant comme témoignage d'un mauvais étal du foie
dont l'existence était antérieure à celle de la maladie
aiguë.
!2° De Vurohilinurie des nouvelles accouchées et des
nourrices. — On sait combien sont graves les maladie^
aiguës chez les nouvelles accouchées et chez les nourrices.
Evidemment la forme adynamique ou ataxo-<'idynamiquo
(lue revêtent ces maladies, notamment la fièvre typhoïde,
doit être en rapport avec un état organopalhique parti-
culier. Depuis longtemps on a signalé l'intillration grai^?-
seuse du foie chez les nouvelles accouchées et chez les
nourrices. Que l'on porte son attention du côté des urines
et l'on trouvera plus d'urobiline que dans celles des autres
malades, alors même qu'aucun excès alcoolique ne pourra
être mis en cause. La puerpéralité et la lactation ont amené
ici du côté du foie des troubles nutritifs analogues à ceux
qui ont été déterminés par l'alcool dans les faits de la
précédente catégorie.
3° De l'importance de Vurohilinurie dans le diagnostic
des cirrhoses. — Lorsque l'urobilinurie habituelle est peu
prononcée chez les alcooliques, le foie est certainement
altéré, mais ses altérations sont encore peu profondes cl
27 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE
— N« 52 -^ 841
il siifiit souvent de soumetlre les malades à un régime con-
venable pour voir les urines redevenir normales au bout
d'un temps assez court. Plus lard, il arrive un moment où
la proportion d'urobiline excrétée augmente notablement.
On doit alors soupçonner un commencement de cirrhose.
1 1 résulte, en effet, des observations que j'ai recueillies dans
ces quatre dernières années, tant à Thôpital qu'en ville,
<|ue Turobilinurieest le premier signe de la cirrhose alcoo-
1 ique. Comme elle existe déjà à une époque où l'on ne trouve
encore aucun autre symptôme de cette maladie, elle acquiert
par là une grande valeur diagnostique. Dans plusieurs des
cas où Texamen des urines m'a conduit à considérer comme
très probable l'existence d'une cirrhose du foie, j'ai eu l'oc-
casion de revoir les malades et de vérifier quelques mois
plus tard l'exactitude de mon diagnostic.
(^bez les cardiaques, dont le foie n'est pas tuméfié, l'uro-
bilinurie peut èlre également à elle seule un indice de l'al-
tération hépatique. En dehors des accès d'asystolie celte
iirobilinurie des cardiaques est d'abord peu accentuée. Elle
devient souvent considérable pendant les périodes de non-
compensation, lorsqu'il existe des troubles mécaniuues de
la circulation avec hypérémie plus ou moins notable du foie.
Plus lard, lorsque les œdèmes ont disparu, lorsque la cir-
culation s'est régularisée, l'urobilinurie peut diminuer con-
sidérablement. Mais souvent elle devient habiluelle et elle
peut faire soupçonner la persistance d'une altération du foie
dans des cas où la glande hépatiuue n'est pas sensiblement
hypertrophiée. Lorsque ies malades chez lesquels on a con-
staté ces modifications des urines viennent à succomber à
la suite d'une dernière attaque d'asystolie, on trouve à
l'autopsie des lésions plus ou moins accentuées de cirrhose
cardiaque. Il est donc extrêmement important de recher-
cher aussi chez les cardiaques la présence de l'urobiline
dans les urines.
Ce sont les malades dont nous nous occupons dans ce
j)aragraphe, c'est-à-dire les cirrhotiques par alcoolisme et
les hépatiques par affection du cœur, qui sont le plus
exposés aux atteintes de la variété d'ictère désignée par
(iubler sous le nom d'ictère hémaphéique. Cet incident
survenant dans le cours d'une urobilinurie habituelle n'in-
dique pas toujours une aggravation des altérations cellu-
laires du foie.
J'ai vu, en effet, l'ictère hémaphéique durer des semaines
et des mois, puis disparaître, sans qu'il soit survenu de
modifications appréciables dans l'état de cet organe. Les
causes de cet ictère sont d'ailleurs multiples et quelques-
unes très probablement extra-hépatiques.
En tout cas, on doit considérer l'ictère hémaphéique
comme comportant, d'une manière générale, un pronostic
encore plus sévère que l'urobilinurie pure.
Toutes les cirrhoses, quelle qu'en soit la forme, relevant
de l'alcoolisme ou d'une affection cardiaque, s'accom-
pagnent d'une urobilinurie plus ou moins notable. Mais
tous les cirrhotiques ne sont pas urobiliques. Dans la cir-
rhose hypertropbique d'origine non alcoolique, affection
d'ailleurs rare, j'ai eu récemment l'occasion de constater
que les urines renferment des traces peu sensibles et non
persistantes d'urobiline.
4** De l'urobilinurie des cachectiques. — La plupart
des cachectiques sont atteints d'urobilinurie. Cette parti-
cularité s'observe surtout dans la tuberculose avec foie
gras, à la période avancée du cancer, dans l'anémie extrême,
dans les cachexies de misère sans localisation précise. Le
plus souvent, dans ces conditions, la proportion d'urobiline
(|ue renferme l'urine reste faible ou moyenne. Elle peut
cependant devenir assez forte et même intense, soit à l'oc-
casion d'une complication, soit par suite d'une marche plus
rapide de la maladie.
Parmi les complications augmentant le plus notable-
ment l'excrétion d'urobiline, je signalerai particulière-
ment les maladies du cœur. Celles-ci, en retentissant sur
le foie et en augmentant la tension veineuse dans la
veine sus-hépatique, doivent faciliter la résorption de l'u-
robiline ou même favoriser sa formation. Aussi, parmi
les diverses formes de la tuberculose, celle du péricarde
est-elle remarquable par l'intensité de l'urobilinurie. Ce
symptôme apparaissant, dans ce cas, au milieu d'un com-
piexus obscur chez des sujets non alcooliques, est suscep-
tible de faciliter le diagnostic.
Les urobiliques, par affection cachectisante, peuvent être
également atteints d'ictère hémaphéique. J'en ai observé
plusieurs cas dans le cours de la tuberculose avec foie gras.
En résumé, le but de ces quelques remarques est d'attirer
de nouveau votre attention sur l'examen clinique des pig-
ments urinaires. J'ai la certitude que vous pourrez en tirer
un grand avantage au point de vue du diagnostic et du pro-
nostic de nombreux états morbides. En terminant, je vous
rappellerai que, en cas d'ictère, il est nécessaire, si l'on
veut se rendre un compte plus exact du processus, de
joindre à l'examen des urines celui du sérum du sang.
SOCIÉTÉS SAVANTES
Académie de médecine.
SÉANCE DU 24 DÉCKMDRE i889. — PRÉSIDENCE
DE M. MOUTARD-MARTIN.
M. LereboulUt se porlo candidat a la place déclarée vacanto parmi les assucius
libres.
MM. Chauvel et Périer envoient des lettres do candidature à la plane déclarée
vacante dans la section de patholoj^ie chiriir^^icale.
M. l,éon Colin présente un mémoire manuscrit de M. le docteur Mareschal,
médecin- major du i" classe au 2^ régiment do pontonniers, sur l'emploi (/« /a
plume métallique individuelle dant l'opération de la vaccine.
Renouvellement du bureau. — L'Académie procède au
renouvellement du bureau pour 1890. M. Tarnier est élu
vice-président; M. Féréol est maintenu par acclamation
secrétaire annuel ; M. Cavenlou est également réélu tréso-
rier par acclamation pour cinq années ; MM. Empis et Marc
Sée sont nommés membres du Conseil.
Décès de M. Damascuino. — M. le Président exprime les
regrets qu'éprouve l'Académie du décès de M. Damascliino
et M. Féréol donne lecture du discours qu'il vient de pro-
noncer sur sa tombe.
Chirurgie d'armée. — Au nom de M. Bonnafont,
M. Léon Colin rapporte l'histoire de trois balles reçues sur
le champ de bataille et qui sont restées plusieurs années au
milieu des tissus — deux dans les fosses nasales et une dans
la région fessière, la cuisse et la jambe, — sans jamais y
produire aucun accident et en manifestant à peine leur pré-
sence. M. Larrey fait observer que ces faits étaient loin
d*élre rares autrefois; il en a rapporté et constaté lui-même
un grand nombre.
Grippe. — M. Germain Sée communique les renseigne-
ments qu'il a reçus de Saint-Pétersbourg et de Berlin sur
l'épidémie de grippe qui sévit actuellement dans ces villes
comme à Paris; ces renseignements proviennent notam-
ment de la discussion à laquelle s'est livrée la Société de
médecine de Berlin, le 16 dt^cembre, sous la présidence de
Leyden. D'après cette discussion, la maladie serait la grippe,
ayant revêtu trois formes principales : la forme nerveuse,
la forme catarrhale et la forme gastrique. Le pronostic a été
parliculièrement fayorable ; les guérisons brusques sont les
plus fréquentes; des cas de mort n'ontjamais été constatés.
M. Germain Sée fait observer qu'il n'en est malheureuse-
ment pas tout à fait de même à Paris, où l'on ne peut nier
que, lorsque les malades ne prennent pas de précautions
842 — N» 52
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Décembre 1889
suffisantes, des complications redoutables se montrent,
telles que des bronchites capillaires, des broncho-pneumo-
nies et des pneumonies catarrhales et fibrineuses, assez
souvent mortelles. La mortalité s'observe surtout lorsqu'il
s'agit de personnes atteintes déjà soit du côté des bronches,
soit du côté du cœur, et non du côté du poumon, parce que
la grippe ne s'observe aue tout à fait exceptionnellement
chez les tuberculeux ; elle est très fréquente, au contraire,
chez les bronchitiques, les catarrheux et les cardiaques.
Aussi M. Germain Sée pense-t-il qu'il y a lieu d'être réservé
au point de vue de la bénignité de l'épidémie actuelle, qui
semble être une épidémie de fièvre catarrhale spéciale.
S'agit-il, dans ces cas, d'une pneumonie spéciale, grip-
pale, ou d'une pneumonie ordinaire? A Saint-Pétersbourg,
on fait en ce moment des expériences avec le sang pris
dans le poumon des personnes atteintes afin de rechercher
la présence du microbe observé il y a quelques années par
Talamon et Friedlânder; ces mêmes expériences se pour-
suivent dans le service de M. Germain Sée. Il est à craindre
qu'il ne s'agisse d'une pneumonie infectieuse, à forme
grave, comme on en a déjà observé plusieurs épidémies.
Un autre fait est aussi à signaler : au cours d'une petite
épidémie de grippe à Paris il y a cinq ans, M. Germain Sée
remarqua que la plupart des malades présentaient une
augmentation de volume de la rate, permettant de rappro-
cher la maladie de la malaria et de la fièvre typhoïde; or
M. Potain vient de constater le même fait actuellement ; si
bien qu'on peut croire qu'il s'agit d'une maladie miasma-
tiaue, non contagieuse et étrangère aux influences atmo-
sphériques puisqu'on l'observe à la fois dans des climats
très différents.
Pour AL DujardinBeaumetZy la maladie actuelle ne
ressemble nullement à la grippe telle qu'on l'a observée
jusqu'ici et telle que l'ont décrite tous les auteurs. Deux
caractères la distinguent : le début foudroyant dans certains
cas, qui a pu la faire confondre avec la dengue, et les
deux phases de la maladie : pha.se nerveuse, puis phase
catarrhale; ces deux phases se retrouvent aussi dans la
dengue, de même que les éruptions, relativement assez
fréquentes dans l'épidémie actuelle. 11 n'est pas jusqu'à la
gravité d'un certain nombre de cas qui n'oblige à èlre très
réservé sur je diagnostic aussi bien que sur le pronostic de
cette épidémie.
M. Le Roy de Méricourl a constaté qu'en 1742, il y avait
déjà eu une épidémie présentant les mêmes caractères et
à laquelle on avait donné le nom ^'influence. D'ailleurs la
grippe a toujours présenté des caractères différents suivant
les années, les climats, les saisons, les individua-
lités. Il s'élève avec force contre l'analogie qu'on semble
vouloir créer entre la maladie actuelle et la dengue. Les
éruptions observées sont des rash non permanents et ne
présentant pas le caractère merbilleux ou scarlaliniforrae
que revêt 1 éruption de la dengue, ni la desquamation
considérable oui suit cette éruption. Quant aux pneumonies
qu'on a signalées, elles n'offrent pas les signes habituels
de cette affection, ce sont plutôt des congestions avec
souffle.
Enfin, il est certain que l'épidémie semble être devenue
Elus grave et qu'elle frappe surtout les femmes ou les
ommes épuisés ou surmenés intellectuellement.
Les cas qu'a observés M. Rochard présentaient les carac-
tères de la grippe ordinaire ; plusieurs malades ont été
atteints d'une éruption tout à fait particulière, mais ils
avaient absorbé jusqu'à 2fl%50 d'antipyrine par jour ; c'est
peut-être là la cause de leur rash. Quant aux pneumonies,
on a déjà cité, en France et à Paris mêrae, des épidémies
de grippe dans lesquelles cette complication s'est rencontrée
dans 1/5 des cas.
M. Germain Sée a vu trois malades ayant des éruptions
bien caractérisées et chez lesquels on n'avait pas employa
l'antipyrine, mais bien le sulfate de quinine. A Berlin, tous
les médecins, excepté un., ont donné de l'anlipyrine à ledr>
malades et aucun n'a signalé d'éruptions.
Prophylaxie de la tuberculose. — Reprenant la dis-
cussion sur la prophylaxie de la tuberculose, il. Vallin ne
partage pas les scrupules de ceux de ses collègues qui uni
déclaré ne pouvoir approuver les instructions de la Com-
mission sur la prophylaxie de la tuberculose, par craint**
d'effrayer les malades et de les voir abandonner sans soins
par leur entourage ou même par leurs proches. L'Académie
n'a rien à cacher et, au cas même où elle ne voterait pa^
l'instruction proposée, le public n'en saurait pas moins que
la transmissibilité de la tuberculose est généralement admise,
même par ceux qui ont refusé de la sanctionner par leur
vote.
D'ailleurs, est-ce qu'on a vu un seul malade être aban-
donné, ne pas être soigné avec autant de dévouement qu'au-
trefois, depuis que Ton sait que la diphthérie et la fièvre
typhoïde sont des maladies transmissibles ? D'autre part,
nous savons aujourd'hui que très souvent le tubercule reste
local et guérit; cela est vrai pour les tubercules des os, de
la vessie, des ganglions, de la plèvre, etc. Ce qui est grave,
ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est la généralisation de la
maladie, ce sont les réintections successives par les pous-
sières oui pénètrent dans les voies digestives et respira-
toires. Or, les moyens que recommande l'instruction sont à
la fois prophylactiques pour l'entourage et curatifs pour le
malade lui-même, qu'il s'agisse de malades riches ou de
ceux de la classe indigente, reçus dans les sanatoria déplus
en plus multipliés.
L'instruction devrait toutefois adoucir certaines pres-
criptions dont l'énoncé semble à M. Vallin bien rigoureux.
Au lieu de demander qu'on < évite de coucher dans le lit
d'un tuberculeux et d'habiter sa chambre le moins pos-
sible, etc.. ]!>,il préférerait la rédaction suivante : c Entre-
tenir la pureté et le renouvellement de l'air dans Ja chambre
occupée par un tuberculeux, surtout pendant ta nuit; en
général, s'abstenir de partager la même chambre ou de faire
lit commun avec lui. ^
De même, on pourrait se borner à dire : c en cas de décès,
ne faire usage des objets qui ont servi aux tuberculeux,
qu'après une épuration par le lessivage à l'eau bouillante,
l'éluve à vapeur sous pression, les vapeurs soufrées, etc. »
D'autre part, comme le pus des lésions tuberculeuses est
égalcmentitrès riche en bacilles, avant le paragraphe i*' de
l'article III il ajouterait: c Le principe contagieux de la tu-
berculose se trouve aussi dans le pus des abcès et dans les
déjections des phthisiques. t^
Enfin, il regrette que la nouvelle rédaction n'ait pas main-
tenu la proscription générale de tout lait qui n'a pas bouilli.
M. Vallin voudrait que l'Académie ne se bornât pas à
Tapprobation d'une instiniction dont elle n'a pas eu Tini-
tiative; il propose la nomination d'une commission en vut?
d'instituer, auprès de tous les médecins français, une en-
quête sur la part qui revient à l'héréd.té et à la contagion
dans le développement et la propagation de la tuberculose.
A Paris, d'après M. G. Lagneau, la tuberculose est Taf-
fectiou qui détermine le plus de décès. En 1888, sur 53 3«i'»
décédés, il 47^, plus d'un cinquième, ii sur 100, ont suc-
combé à la tuberculose des poumons, des méninges, du pé-
ritoine ou d'autres organes. Mais il ne meurt pas an nu»' 1-
lement 2000 tuberculeux de moins de deux ans, ainsi <|u il
a été dit; en 1888 il en est mortâ74de Oàl an, et approxi-
mativement 500 deO à 2 ans.
Les vaches actuellement sont rarement tuberculeuse5
Paris. Le lait cru est souvent plus facilement digéré que 1
lait cuit. Des personnes âgées, depuis vingt ou trente ans
^27 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE -^ N* 52
843
prennent sans inconvénient du lait cru. li ne paraît pas
motivé de dire que le lait n doit toujours être bouilli -».
La tuberculose pulmonaire, la phlhisie sévit beaucoup
pins dans les villes que dans les campagnes. Beaucoup de
ruraux immigrés dans les villes y contractent la tubercu-
lose, en y exerçant des professions sédentaires. Nos jeunes
soldats, malgré les exemptions et les réformes de tous les
faibles, des prédisposés aux affections thoraciques, devien-
nent souvent phthisiques par suile de l'encombrement de la
caserne urbaine. Les camps ruraux seraient bien préfé-
rables.
Les exemptés du service militaire pour maladies de poi-
trine ou pour faiblesse de. constitution, sont très nombreux
parmi nos jeunes gens des grandes agglomérations urbaines
et des départements très manufacturiers, comme ceux du
Nord et du Pas-de-Calais; mais alors que pour toute la
France la moyenne de ces exemptions est d'environ 200 sur
100000 hommes, la proportion s'élève au double dans les
départements du Var, des Bouches-du-Rhône. Aussi, non
sans raison, on s'est demandé si les phthisiques envoyés
dans les départements du littoral méditerranéen ne tuber-
cuHsaient pas les habitants de ces départements.
Pour prévenir le développement de la phthisie pulmo-
naire il faut non seulement un renouvellement constant de
l'air ambiant, mais il faut aussi que par suite d'occupations
actives cet air pénètre profondément dans les vésicules pul-
monaires. L'air intns et extra est le meilleur prophylac-
tique de la phthisie.
Etiologie de la phthisie pulmonaire. — M. le docteur
Leudet s'est demandé ce qu'étaient devenus les conjoints
survivants des phthisiques qu'il a observés depuis vingt-
cinq ans: il a trouvé que sur 11:2 veufs ou veuves de phthi-
siques avérés, la très grande majorité vivent indemnes de
toute maladie suspecte ou sont morts sans signe de tubercu-
lose. De ces 11*2 conjoints, il n'en est que 7, dont 4 femmes
et 3 hommes, qui aient contracté la tuberculose, et de ces
7 tuberculeux, 3 hommes et 1 femme sont encore vivants.
Il reste 105 conjoints qui ne présentent pas de signe de
tuberculose, bien qu'ils aient conabité avec des phthisiques.
Sur ces 112 ménages, 80 étaient jeunes, dans la période
génésique de la vie, et j'ai pu en suivre l'histoire patholo-
gique du côté des descendants. 18 d'entre eux n'ont nas eu
d'enfants ; 35 ont eu des enfants bien portants et 27 des
enfants qui sont devenus tuberculeux. Aussi conclut-il que
dans le milieu qu'il s'est donné d'observer, c'est-à-dire dans
la classe aisée qui vit dans les conditions les meilleures d'aé-
ration et d'alimentation, la contagion de la phthisie est
extrêmement rare.
Soeléié de ehlrari^le.
SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. LE DENTU.
AJdéyrrycme cirBoIde de la main: M. Basy. Rapporteur: M. Routitr
(Discussion : MM. Quènu, PolalUon. Tillauz, Prengruetoer, Trëlat,
Peyrot, Le Dentu, Pozsl). — Désarticulation du genou : M. Poi-
rier. — Plaie des nerfs : M. Poszi. — Corps étranger de la vessie :
Ba. Routier. — Fibrome utérin: M. Pozzi.
M. Routier fait un rapport sur une observation (ïané-
rrysme cirsoide de la main^ par M. Bazy. Il s'agissait d'un
fiomme de trente-sept ans chez qui la lésion avait dix-huit
ins de date et avait succédé à un phlegmon incisé. Serait-
*e, dit M. Bazy, la preuve qu'il faut faire jouer un rôle h
i'artérite dans la pathogénie des anévrysmes cirsoïdes?
Parmi les particularités principales, M. Ba2y insiste sur
'intensité de la dilatation artérielle et veineuse, remontant
usqu'à l'axillaire. La compression sur la radiale faisait
affaisser la tumeur; sur la cubitale, elle restait sans effet.
L'anévrysme était ulcéré et donnait lieu à des hémorrhagies.
11 n'a pas été opéré.
M. Quénii. L'arlérite existe, sans contredit; la question
est de prouver qu'elle est cause et non effet. A ce point de
vue, l'observation de M. Bazy ne démontre rien. D'autre
part, il aurait fallu rechercher s'il n'existait pas dans la
tumeur un point dont la compression faisait cesser tous les
symptômes. Il y a, en effet, des observations où l'anévrysme
cirsoïde est sûrement la conséquence d'une phlébartérie:
c'était évident sur une pièce enlevée au cuir chevelu par
M. Terrier et examinée histologiquement par M. Malassez.
Dans ce cas, la lésion était d'origine traumatique. Le déve-
loppement considérable et ascendant des veines est fréquent
et s'explique bien dans cette hypothèse. En d876,M.Tillaux
a soigné une femme chez qui il était très accentué.
M. filiaux. Cette femme, atteinte d'un anévrysme
cirsoïde du médius, avait des douleurs intolérables dans le
membre inférieur, si bien nue certains chirurgiens avaient
conseillé l'amputation du doigt. Or, sans qu'on s'explique
trop pourquoi, la compression digitale de l'humérale a mis
fin à ces souffrances.
M. Polaillon a indiqué dans un article du Dictionnaire
encyclopédi(^ue l'intensité de ce développement veineux. Il
a déjà publié l'observation d'un petit anévrysme artério-
veineux de l'éminence thénar, consécutif à des contusions
répétées. H a soigné un faïencier qui, s'étant excorié la
pulpe d'un doigt en polissant avec du grès, vit l'excoriation
bourgeonner et des phénomènes d'anévrysme cirsoïde se
manifester. La pulpe du doigt ayant été extirpée, les dila-
tations vasculairesà distance cessèrent. De larges vaisseaux,
multiples, faisaient communiquer les artères et les veines.
M. Quénu ne parle pas de ces communications par
capillaires élargis. Broca déjà les signale. C'est différent
anatomiquement des véritables phlébartéries, et précisé-
ment le point important est de montrer que jusqu'à présent
il n'y a pas de différence clinique entre ces deux variétés
anatomiques. Dans les anévrysmes cirsoïdes, il y a mani-
festement des lésions de névrite, ce qui peut rendre compte
des douleurs dans le cas de M. Tillaux.
M. Prengrueber a vu à la base du médius un anévrysme
cirsoïde probablement traumatique. On avait, sans aucun
résulta^ lié la radiale et la cubitale. M. Prengrueber fit
l'ablation complète et la dilatation vasculaire à distance
cessa.
M. Trëlat rappelle au'il a vu cesser instantanément la
dilatation de la lémorale dans un cas d'anévrysme arlério-
veineux poplité où il a fait l'extirpation. Pour l'anévrysme
cirsoïde, il est arrivé à une règle thérapeutique très nette :
les ligatures à dislance sont toujours inefficaces et il faut
pratiauer l'extirpation ou, si elle est impossible, l'amputa-
tion du membre.
M. Peyrot, sur les instances d'une famille, a cherché à
guérir par la ligature de la fémorale un anévrysme cirsoïde
ulcéré et saignant du dos du pied sur une enfant de sept ans.
L'hémorrhagie persista, il fallut comprimer le pied et la
gangrène se déclara, en sorte que finalement la guérison ne
fut obtenue qu'au prix d'une amputation de cuisse.
M. Quénu est aussi d'avis que le chirurgien doit viser
directement la communication artério-veineuse, et par con-
séquent faire l'extirpation.
M.L« D^nma soigné une femme de trente anâ, atteinte
d'un énorme anévrysme cirsoïde de la fesse, gagnant dans
l'intérieur du bassin et senti par le toucher vaginal et rectal.
En présence d'hémorrhagies, il songeait à lier l'iliaque pri-
mitive, lorsque, sous l'influence de poussées inflammatoires,
il vit la partie fessière de la tumeur durcir et se rétracter*
8*4 — K» 62
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Décembre 4889
Celte amélioration considérable s'est maintenue pendant
trois à quatre ans.
}A.Pozzi rappelle que Gosselin améliorait les anévrysmes
cirsoïdes par de petites injections de perchlorure de fer,
dont chacune causait un petit abcès. Mauvaise méthode,
fiense M. Trélat, pour qui il ne faut pas trop compter sur
es résultats curatifs de l'inûammation. Mais on est bien
heureux quand une amélioration spontanée survient de la
sorte dans les cas inopérables, comme celui de M. Le
Dentu.
— M. Poirier présente un malade auquel il a désarticulé
le genou et fixé la rotule, conservée, aans Tespace inter-
condylien avivé. D'où un moignon supportant parfaitement
les pressions.
— M. Pozzi demande l'avis de la Société sur un jeune
homme à qui un coup de sabre a tranché à l'avant-bras le
médian et le cubital. Depuis plusieurs mois les progrès
sont nuls. M. Tillaux croit qu'on ne peut rien perdre à
tenter la suture nerveuse.
— M. Pozzi fait voir un fibrome utérin pesant 15 livres.
L'extirpation de cette masse incluse dans le ligament large
fut très pénible, et la vessie fut déchirée sur 12 centimètres
(le long. Cette plaie fut suturée. La malade, aujourd'hui au
sixième jour, va très bien et sa température n'a pas dépassé
37%7.
— M. Routier montre des fragments de thermomètre
qu'il a extraits de la vessie d'un jeune homme à l'aide du
redresseur de Colin. Quoiqu'il s'agît de morceaux de verre,
la taille a. été inutile.
Bureau pour 1890. — Président : M. Nicaise; vice-
président : M. Terrier; secrétaire général : M. Ch. Monod;
secrétaires des séances : MM. Marchand et Richelot; archi-
viste : M. P. Reclus,
A. Broca.
Société de biologie.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1889. — PRÉSIDENCE
DE M. DUCLAUX, VICE-PRÉSIDENT.
Subatanoes solables favorisantes sôorôtées par un certain baciUe
tuberculeux : M. Gourmont. — Stir l'endocardite infectieuse :
MBI. Rodet et Perret. — Cytodièrèse dans le testicule du rat :
M. Montanè. — Innervation vaso-motrice du poumon : M. Cou-
vreur. — Sur quelques points de technique physiologique : M. Ri-
chet (Discussion : MM. Malasaez et Laborde). — Élections.
M. Counnont revient sur un point que lui avait présenté
rhistoire d'un certain bacille tuberculeux découvert par
lui l'année dernière. Ce bacille présente cette particularité
que les produits solubles fabri(|ués par lui dans une culture
et injectés à un animal confèrent à celui-ci une réceptivité
plus grande pour l'infection tuberculeuse. Ainsi une culture
filtrée, iniectée à la dose de 1 centimètre cube par kilo-
gramme de lapin et surtout de cobaye, tout en n'étant pas
to.\ique, puisau'on a pu porter la dose à 5 centimètres cuoes
sans causer la mort de l'animal, crée chez celui-ci une
prédisposition telle que l'inoculation ultérieure d'une cul-
ture virulente a provoqué la mort du cobaye en quinze ou
seize heures et celle du lapin en vingt-trois heures, alors
que l'inoculation de la même culture ne produisait le même
résultat qu'en quinze ou vingt jours quand elle n'avait pas
été précédée de l'injection des substances solubles. L'm-
jeclion siinull.inée du bouillon, c'est-à-dire du bacille
accompagné des principes solubles qu'il a sécrétés, ne pré-
sente rien de particulier. Enfin le bacille cultivé dans un
milieu artificiel contenant déjà les substances solubles favo-
risantes ne semble pas avoir acquis des propritlés spéciales.
— A propos d'une récente communication de M. Girodf.
MM, Rodet et Perret rappellent qu'ils avaient déjà. Tannai
dernière, obtenu non seulement des cultures vert vb •
analogues à celles citées par H.*Girode, mais qu'après avor
inoculé leurs cultures dans les veines jugulaires, ils avaipi.'
pu reproduire l'endocardite infectieuse avec tous ses tarai-
lères.
— a» Montané a reconnu que la cytodièrèse dans 1-
testicule du rat suit les mêmes phases que chez les soli-
pèdes et qu'elle a lieu par segmentation indirecte, comun
il l'a déjà établi dans une communication antérieure. Il vu
conclut que c'est là un fait général chez les mammifère^
contrairement à l'opinion de M. Balbiani, qui y voit un
bourgeonnement.
— liln excitant le pneumogastrique de la grenouille après
3ue la branche qui va au cœur s'est déjà détachée du Ironr \
u nerf, M. Couvreur a vu survenir l'arrêt comulel de la
circulation pulmonaire. Ce fait est à rapprocher d une exf>«^-
rience exécutée il y a quelques années dans le laboratoire
de M. Cliauveau, à Lyon, par M. Morel. Si après avoir .sec-
tionné la moelle, ouvert l'abdomen et la poitrine et mis
l'artère pulmonaire en communication avec un hémo-ma-
nomètre, on vient à exciter les viscères digestifs : estomac,
foie, surtout dans le voisinage du canal cholédoque, on |
détermine une élévation de la pression de l'artère, sijiue I
bien évident de la contraction par voie réflexe des ?aisseaux
artériels du poumon.
— M. Ricliet a constaté que la mort des lapins sunenail
fatalement quand on fait des expériences dans des rlochr<
où la fermeture hydraulique était obtenue au moyen de
mercure.
M. Chauveau fait remarquer à ce sujet que tous les
animaux ne sont pas, à beaucoup près, aussi susceptibles à
l'égard du mercure ; les ruminants se rapprochent du lapin,
mais d'autres, et l'homme en particulier, résistent trôs
bien.
— M. Richet emploie, comme l'avait fait Vulpian, les
injections de chloral pour obtenir l'anesthésie des chiens
sur lesquels il opère, mais il y associe la morphine, et au
lieu d'introduire la solution anesthésique dans la veine sa-
phène, ce qui occasionne souvent des syncopes, il l'injecte
dans le péritoine. Les effets obtenus sont identiques à ceu\
produits par la méthode de Vulpian, mais on évite les acci-
dents. La dose anesthésique est de 50 centigrammes de
chloral et 2'"''"«S5 de chlorhydrate de morphine jwtr kili^-
gramme d'animal, mais la dose toxique en est si voi^inc
(60 centigrammes de chloral et 3 milligrammes de chlorhy-
drate de morphine) qu'il faut plutôt se tenir au-dessous de
50 centigrammes et considérer une dose de 40 à 50 centi-
grammes comme dose maniable.
Ce mode d'anesthésie a permis de constater un fait qui
confirme les résultats acquis antérieurement par M. Rich» i.
Un chien de 30 kilogrammes et un de 4 kilogrammes o'X,
reçu des doses correspondantes de chloral, de façon à u»-
terminer l'anesthésie. Le gros chien se refroidit peu. !
petit beaucoup. Cela provient d'une égalisation de l'acliMl
chimique, qui d'ordinaire est de beaucoup plus grande cln.
les chiens de petite taille que chez les gros.
Sur une question de M. Laborde^ relative aux effets lorau*.
de ces injections, M. Richet dit n'avoir pu constater aucun-
vascularisalion, mais seulement une transsudatioo abiu.-
dante sans hémorrhagie. Les solutions employées sonld\ur
leurs assez étendues : 100 grammes renferment lOgrainiur-
de chloral.
— M. Richet présente deux soupapes de Muller entiè:-
ment en verre et dont l'une permet de foire la respirali.*
artificielle.
27 DÉCEMBRE 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECmS ET DE CHIRURGIE
N- 52 — 845
— M. Richet propose un moyen qui permet de conserver
du sang sans grosses altérations. Il consiste à faire tomber
le sang dans une solution chaude et concentrée de gélatine
el à opérer rapidement le mélange. Dans ces conditions, la
fibrine ne se sépare pas, mais on a un coagulum dû à la
gélatine, qui peut se conserver assez longtemps.
M. Ualassez a depuis longtemps indiqué ce moyen, ainsi
que celui qui repose sur l'emploi d'une solution de sucrer.
Par ces procédés on peut, au bout de cinq à six ans, re-
trouver les bandes d'absorption de l'oxyhémoglobine.
— La Société de biologie constitue ainsi son Bureau pour
Tannée 1890 :
MM. Chauveau et Straus, vice-présidents.
MM. Balzer, Capitan, Netter et Kauffman, secrétaires des
séances.
Membres du conseil : MM. Bouchard, Bouchereau, Ilé-
nocque, d'Arsonval, Mathias Duval, Duclaux.
Commission de contrôle :i{M. Gley, Grimaux, Malassez.
Coînmission des échanges: MM. Brown-Séquard, Dastre,
Richet, Gellé. '
Boelété d« thérapeutique.
SÉANCE DU il DÉCEMBRE 1889 : PRÉSIDENCE DE M. FERNET.
Action comparée des digitalines : M. Bardet (Discussion : MM. Del-
pech. P. Vigier, Constantin Paul, CatiUon, Dujardin-Beaumetz).
M. Bardet fait une communication sur Faction comparée
des digitalines.
M. Delpech attire l'attention de la Société sur Timpor-
lance qu'il y aurait à ce que la digitaline prescrite par le
Codex fût seule employée par les pharmaciens. Ceux-ci
devraient éviter de se servir de produits commerciaux d'ori-
gine souvent douteuse et incertaine.
M. P. Vigier fait remarquer à ce propos que le pharma-
cien est facilement trompé sur la nature des produits qui
lui sont fournis ; il demande à un commerçant de la digita-
line du Codex et reçoit tout autre chose.
M. Constantin Paul. Homolle a retiré, il y a vingt-
cinq ans, une digitaline complexe de l'extrait aqueux de
digitale, et Nalivelle, de l'extrait alcoolique, une digitaline
cristallisée, qui devint alors la vraie digitaline. J'ai l'ait sur
(les grenouilles des expériences avec les diverses digitalines;
toutes agissaient sur le cœur, mais la digitaline cristallisée
seule avait une action régulière. J'en ai conclu que cette
dernière était la seule digitaline active, vraie, acceptable.
M. Catillon. Si la digitaline amorphe chloroformique
avait les mêmes propriétés que la digitaline cristallisée, je
proposerais qu'on supprimât cette dernière. En effet, tandis
que 1 kilogramme de feuilles de digitale produit 3 grammes
de digitaline amorphe, il fournil à peine i gramme de digi-
taline cristallisée, quelquefois même moins encore ou pas du
tout.
M. Bardet. Je partage l'avis de M. Delpech : j'ai tenu
surtout à insister sur ce fait, que dans le commerce beau-
coup de produits différents sont vendus sous le nom de
digitaline. Mais, contrairement à l'avis de M. Catillon, je
crois qu'il serait toujours préférable d'employer un produit
cristallisé bien défini, plutôt qu'un produit amorphe. Mal-
heureusement le procédé du Codex pour la digitaline
cristallisée ne permet d'extraire de la plante qu'une quan-
tité trop minime de produits.
M. Dujardin-Beaumelz. La communication de M. Bar-
det soulève la question de savoir s'il est préférable, dans
bien des cas, d'employer la digitaline plutôt que la digitale:
je suis d'une opinion tout opposée. Pour prescrire la digi-
taline, on devrait avoir recours à celle du Codex : la for-
mule de M, Potain est très précieuse : 50 gouttes ou 1 cen-
timètre cube de cette solution représentent 1 milligramme
de digitaline amorphe.
Georges Baudouin.
REVUE DES JOURNAUX
THÉRAPEUTIQUE.
Du fraiienicnt ftntluoptiqae de la variole, par M. le docteur
RiANCHi. — Les indications de ce traitement consistent : i** i\
rendre la surface cutanée aseptique; 2° à maintenir aseptique
le lit du malade; 3^ à assurer par une ventilation énergique
Tasepsic de sa chambre.
L'antisepsie de la surface cutanée est obtenue : par la balnéa-
lion dans une solution boriquée à 5 pour 100; et par des lotions
alternant avec-les bains, au moyen d'une solution de sublimé à
1 pour 1000. Pendant la période initiale on préfère la solution
boriquée; pendant la période d'élat on alterne les lotions au su-
blimé avec les bains boriques au nombre de deux dans les vingt-
quatre heures. Enfin, pendant la pustulation et la dessiccation,
on insiste sur Teraploi du sel mcrcuriel.
Après chaque lotion on pratique une onction avec une pom-
made contenant 4 1/2 pour 100 d'iodoforme. S'il y a lieu, on
ponctionne les pustules et on les panse avec la solution de
sublimé.
On doit renouveler souvent Tair de la chambre des malades
et désinfecter la literie avec une solution de sublimé à 5 pour
1000.
Ce traitement antiseptique diminue la durée de la maladie,
modère Thyperthermie et prévient ses complications : la conva-
lescence se produit plus promptement et dure moins long-
temps. Enfin, autre avantage, au témoignage de Tauteur, il
empêche la suppuration et diminue dans une grande pro-
portion les dangers de la contagion. 11 est donc tout à la fois
antiseptique et prophylactique. {Lo Sperimentale, août 1889.)
Du traltcuent de la coqaclaehe par lo toroniorormc, par
M. le docteur Steim». — Ce produit n'est guère toxique ni chez
les adultes, ni chez les enfants. 11 possède une action excitante
à la dose rie cinq à vingt gouttes. M. Siepp a fait usage d'une po-
tion alcoolique au bromoforme dont voici la formule : bronio-
forme, X gouttes; alcool, 4 grammes; eau, 100 grammes; sirop
simple, 20 grammes.
Soixante-dix coquelucheux ont été soumis à cette médication.
Au bout de quatre à six jours le nombre de leurs quintes dimi-
nuait, et la toux disparaissait vers le quinzième jour.
Le bromoforme diminuait les phénomènes de catarrhe et
agissait même dans les cas anciens dont le début datait de plu-
sieurs semaines. M. Stepp renonce à expliquer Tacliou Ihéra-
peulique du bromoforme. Est-il exhalé en nalure ou bien sous la
forme de brome? M. Stepp l'ignore, mais dans Tune et l'autre
hypothèse il agirait peut-être, on se le demande, contre les
m'icro-organismes. (Allgem. med, Zeitung, 1889, n« 62.)
De la valeur comparante do Tantipyrino, de rantifébrine
ol do la ptaénacéilno coninio aatlpYrctlque», par M. le doc-
teur A. ^CoMBUÉ. — L'auteur a fait usage comparativement de
l'un et de l'autre de cis médicaments sur des malades de l'Hô-
pital général de Calcutta. Il en a conclu, écrit-il, que l'antipy-
rine est un peu inférieure par sa puissance à l'antifébrine et à
la phénacétine. De plus, la pliénacétine, avantage en sa faveur,
n'aurait jamais provoqué de collapsus.
L'action plus rapide de l'antipyrine est probablement en rap-
port avec sa plus grande solubilité. Par contre l'action de la
phénacétine persiste pendant plus longtemps. Helativement à
l'emploi de ces médicaments sous le climat des Indes, M. Crom-
846 — N« 52 —
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE HÉDEGINE ET DE! GHIRURGIE 27 Décembre 1889
bré fait remarquer rinconvéaient de provoquer les sueurs pro-
fuses, inconvénient plus grand encore quand on prescrit la
phénacétine que .les autres antipyrétiques. Il estime que le
meilleur antithermique à employer sous le climat des Indes est
celui qui provoque la moindre transpiration. {The Pract, oc t.
1889, p. 266.)
Des iBhalatloiui d'ean ehloroformée contre la eoqaelaefie,
par M. le docteur Schilling. — Ce traitement consiste à prati-
quer des pulvérisations avec de l'eau additionnée de deux à
trois gouttes de chloroforme pour chaque année de Tâge de l'en-
fant. On répète les inhalations trois à quatre fois par jour.
M. Schilling a vu, dit-il, les quintes de toux disparaître
quatre fois après une semaine, vingt-huit fois dans l'espace de
deux septénaires, vingt et une fois après la troisième semaine,
dix-huit fois après la quatrième. Dans un seul cas ramélioration
ne se produisit qu'après cinq semaines. L'auteur déclare que
ces inhalations sont mieux supportées que les pulvérisations
avec l'eau phéniquée et qu'elles sont supérieures à l'administra-
tion de Tantipyrihe. {Munch. med. Woch., 1889, n** 29.)
Du traitement du catarrhe sastro-InleMtlnal de» enrants
par le» irrisaiion» iote»tioale», par M. le docteur DaviS. — On
sait que Léo et fiaginsky ont montré que la fermentation lac-
tique est un phénomène digestif normal chez les enfants et que la
formation de l'acide butyrique par décomposition des lactates
neutres et avec mise en liberté d'acide acétique est un phéno-
^ mène pathologique. Les changements thermiques seraient, d'a-
près M. Davis, la cause principale des troubles digestifs qui
causent ces phénomènes pathologiques.
Le traitement doit être prophylactique et antiseptique. La pro-
phylaxie consiste dans l'usage des vêtements de flanelle, les
bains tièdes fréquents, la stérilisation du lait et l'emploi de l'eau
préalablement bouillie.
Le traitement curalif consiste d'abord dans le régime, les repas
multipliés et peu abondants, la balnéation tiède, l'administration
de grogs pour combattre la prostration inséparable chez l'en-
fant d'une perte de liquide par la diarrhée. Contre les voinisse-
raents, M. Davis conseille le lavage stomacal au moyen du
siphon et d'une solution antiseptique de carbonate et de salicy-
late de soude.
Contre le catarrhe intestinal, il recommande le calomel, par
doses fractionnées et répétées d'heure en heure. A cette période
il remplace les aliments par les blancs d'oeufs, à raison de six à
huit dans les vingt-quatre heures. Puis, si ce traitement échoue,
il administre au moyen d'une sonde en gomme du u^" 11, longue
de six à sept pouces, des irrigations intestinales avec une solu-
tion de tliymol au millième ou de salicylate de soude au deux-
centième. Ces irrigations sont répétées deux à trois fois par
jour.
Au demeurant, cette médication consiste dans l'emploi des
antiseptiques et d'un régime diététique sévère. {The med.
News, 1889, n" 850.)
«Iter.
Travaux h
Du TANIN DANS LA TUUERCOLOSK PULMONAIRE, par M. Db ViTI
Demarco. — L'objectif de cette médication serait pour cet ob-
servateur d'acidlfierle milieu iuterieur, parce qu'un liquide de
culture de réaction acide est défavorable au développement du
bacille de la tuberculose. Au reste, il aurait pu ajouter que ce
traitement n'est pas nouveau et en citant les cas observés par
M. Giuseppe à l'hôpital de Parme, rappeler les auteurs français
qui le recommandent.
La formule que prescrit M. De Viti Demarco est la suivante :
acide tannique, i grammes; créosote, deux gouttes: glycérine
et alcool, quantité suffisante pour huit pilules, qu'on administre
dans les vingt-quatre heures en huit prises, une toutes les A
heures.
Cette médication, dans les cas qu'il rapporte soromairemei'
d'ailleurs, a diminué l'abondance de l'expectoration et Tint»- -
site de la fièvre. De plus, pendant sa durée, le processus nécr >
phylique a paru suspendre sa marche envahissante. L'étal g«- -
rai et la nutrition étaient augmentés {Riforma medicaj 1 1 ju i
1888, p. 804.)
De LA SUSPENSION DANS L'ATAXIE LOCOMOTRICE, par M. "
docteur Bernhardt. — Une série de 21 tabétiques, 11) homm-
el2femmes, furent soumis 266 fois à ce traitement. La dunV Je
la suspension était graduellement augmentée d'une demi à de ui
et trois minutes. Deux accidents furent observés : une attaqur
épilepliforme pendant la durée de l'opération et une syncopo. In
n'eurent pas de suites.
L'efficacité de la suspension serait due, d'après M. Bernha'iJt.
qui partage l'opinion de M. Charcot, à une modification «i *
conditions de la circulation des méninges cérébro-spinal* 5 *{
de la moelle elle-même. 11 admet que cette médication conriroi
à un grand nombre de tabétiques, ataxiques ou non, qu'elle doii
être dirigée et surveillée par le médecin lui-même et que 5\ ^\\^.
est bien conduite, elle est exempte de danger. Néanmoins il
admet aussi la possibilité des accidents, surtoul dans les ca< d^
cardiopathies et d'affections pulmonaires. Ces dernières afleelion-
sont donc une contre-indication à l'emploi de la médication. Enfin,
il ne considère pas la suspension comme une métbodo cur«itit*>
du tabès, mais seulement comme un moyen d'en soulager U^
symptômes. {Berliner klin. Woch.y 1889, n» 25.)
De l'acêtanilide dans la médecine infantile, par If. l-
docteur I -N. Love. — Ce travail a pour objet de faire connaitr<'
le résultat de l'emploi de ce médicament pendant une an net- dr
pratique. Cinquante cas de fièvre scarlatine ont été trai(c< par
l'acêtanilide jusqu'à réduction de l'élévation tbermomêtriquc.
Même emploi et même succès dans cinquante-six cas de roage<'!r.
Les quintes de coqueluche ont été diminuées en nombre et rti
intensité dans cinquante cas. Enfin, l'auteur en aurait ohleun
un bénéfice contre la chorée, l'épilepsie et les convulsions. Il
faisait usage d'une solution d'acétanilide dans l'alcool i-l lu
glycérine. {Arch. of pediatrics, août 1880.)
BIBLIOGRAPHIE
Traité pratique de ehlrnrgle d'aroaée* par MM. ClIAUvr:!
et H.NiBfïER. — Paris, G. Masson, 1890.
€ Traité pratique de chirurgie d'armée... » Peul-étre, il
y a quelque vingt ans, plusieurs auraient cru pouvoir se
dispenser de lire ce livre, indispensable seulement, au-
raient-ils pensé, aux élèves des écoles de santé mîlitain>.
Mais maintenant que tout médecin civil peut, de vingl-cin.^
à quarante-cinq ans, être appelé sous les drapeaux, incoi-
pore dans les régiments ou versé dans les ambulances, il
nous est impossible de nous désintéresser de la question v\
le traité de MM. Chauvel et Nimier s'adresse à tout le pablii
médical.
C'est un livre excellent, bien actuel et sorti des eulraill^^
de la chirurgie contemporaine. A celle heure, nous avoii:« .i
apprendre tant et de si nouvelles choses que le présent soii^
nous occupe et les histoires du passé nous laissent un pr *
froids. Nous y reviendrons sans doute lorsque les dêcM».-
verles se feront plus rares el qu'on pourra « muser t> un p'"
sans être immédiatement distance sur une route où i:
science marche d'un pas si rapide. Pour le moment. If-
vieilles théories nous intéressent aussi peu que les vieilli >
statistiques el nous savons un gré infini à MM. Chauvel «'
Nimier d'avoir écartr, .nrsi rospectueusemeat que résolu-
27 Décembre 1889 GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE — N« 52 - 847
ment, toute la thérapeutique usée, inutile et dangereuse de
l'ancienne ère chirurgicale.
Leur chirurgie est antiseptique, et, lorsqu'ils considèrent
les immenses progrès réalisés depuis les découvertes de
Pasteur par les applications de Lister, de Guérin et de
tous les praticiens actuels, ils veulent c^ue la chirurgie de
guerre profite de cette révolution et ils s'indignent lorsqu'ils
rencontrent des hommes pour déclarer Tanlisepsie en cam-
pagne une utopie, un rêve irréalisable, c Penser, croire
ainsi, c'est préparer le désastre, c'est ouvrir la porte à l'in-
curie, favoriser la paresse et le mauvais vouloir. * Les pre-
miers efforts tentés pendant la guerre russo-turque n'ont-
ils pas donné des résultats excellents qui nous sont un
garant des succès qui nous attendent lorsque nous ferons
« ce que nous nous appellerions volontiers, un essai com-
plet de la méthode ».
Dans leur introduction, MM. Chauvel et Nimier nous
donnent en quelques pages rapides une esquisse de l'orga-
nisation de la chirurgie militaire depuis la création des ar-
mées permanentes jusqu'à la récente loi « qui complète
l'autonomie du service de santé ». Ils nous montrent les
luttes incessantes qu'il a fallu livrer contre la toute-puis-
sante Intendance; « chacun chez soi, la médecine aux mé-
decins », c'est un aphorisme d'une réalité toute jeune et
que de temps il a fallu pour faire passer ce vœu dans la loi!
Un instant, en 1848, on crut toucher la terre promise, mais
les décrets de 1851 détruisirent ces réformes jugées trop
révolutionnaires et malgré les vices d'organisation épou-
vantable révélés par les guerres de Crimée et d'Italie, quinze
ans de république ont été nécessaires pour vaincre l'Inten-
dance et assurer le triomphe de l'autonomie du corps de
santé militaire.
Le traité de MM. Chauvel et Nimier comprend trois par-
ties : € la première est consacrée à l'étude des blessures de
guerre envisagées dans leur manière d'être sur les divers
tissus du corps humain ; elle renferme la description suc-
cincte des armes et des projectiles actuellement en usage ».
Dans la deuxième, les auteurs décrivent les' particularités
que présentent les mêmes blessures selon les différentes ré-
gions du corps qu'elles atteignent et le traitement qui con-
vient à chacune d'elles. Enfin « notre troisième partie est
consacrée à l'organisation du service de santé de l'armée,
d'après les règlements en vigueur. Si dans ces dernières
pages comme dans le cours de ce volume, nous nous sommes
crus autorisés à faire connaître nos idées personnelles,
c'est toujours avec modération que nous avons critiqué les
opinions des autres. »
Il n'yapasque la modération, il y a aussi la compétence.
Tout ce livre est écrit en une langue claire, précise, nette,
sans recherche, et nous sommes certain qu'il aura vite
acquis la place importante oui lui revient sans conteste
dans notre littérature médicale.
P. R.
L'ATONIE INTESTINALE ET SES COMPLICATIONS, par M. le docloUf
Charles Malikran. — Paris, 1889. A. Coccoz.
1/atonie intestinale consiste dans l'insuffisance tonique ou con-
tractile d'un segment ou de la totalité du gros intestin. Mais
tantôt cette atonie existe à peu près isolément et constitue pour
ainsi dire toute la maladie, d'autres fois elle est au second plan
des symptômes et passe presque inaperçue dans les diverses
maladies qu'elle accompagne. C'est à la première forme seule
que s'attache la description de l'auteur. Après avoir résumé la
physiologie des contractions intestinales et de la progression
normale du contenu de l'intestin, il montre que Tatonie de l'in-
testin résulte soit de l'absence on de ranioindrissement des
impressions sensitives qui atteignent la muqueuse, soit tle
1 épuisement ou de l'inhibition du système nerveux, soit enfin
d'une altération dynamique ou histologique des éléments con-
tractiles: tous modes agissant séparément ou simultanément.
L'auteur passe ensuite en revue les modifications anatomiques
que l'on rencontre dans l'atonie simple et dans Tatonie compli-
quée: légère dilatation générale ou partielle par relâchement,
et sécrétion insuffisante de mucus, pour la première; coprostase,
exsudais pseudo-membraneux, colite chronique, obstruction
iléo-rectaïe ou caBcale avec poussées de catarrhe aigu et débâ-
cles, ou bien avec perforation intestinale, dans l'atonie compli-
quée. Une étude chnique et diagnostique fort complète amené
M. Malibran à formuler les règles du traitement aue Ton devra
instituer dans chaque forme qui se présentera à robservateur.
On devra combattre les causes de l'atonie, l'atonie elle-même ;
enfin ses complications: autant de paragraphes très instructifs
où le régime alimentaire, l'antisepsie intestinale, cl les médica-
tions sont formulés avec soin.
Chimie inorganique et organique, botanique, zoologie. — Thé-
rapeutique. Ligature des artères. Trachéotomie et laryn-
gotomie (Notes servant à la préparation des premier et
quatrième examens de doctorat), par M. Lewis-Nicholas
Worthington. 2 volumes. — Paris, 1889. 0. Berlhier.
Il ne s'agit pas d'un manuel pour l'étude du programme des
premier et quatrième examens de doctorat, mais de notes rédi-
gées d'une façon succincte, trop succincte même. Elles seront
plus utiles aux étudiants pour se remettre en mémoire ce qu'ils
auront déjà appris, que pour apprendre les matières qu'ils igno-
rent. Il est bon à coup sûr de condenser, mais il peut être aan-
ffereux de pousser cette méthode à l'excès. On trouvera d'ailleurs
Sans ces notes un résumé assez com[)let des notions qu'il est
utile de posséder pour se livrer à des études plus approfondies.
Des ponctions de la glande thyroïde, par M. le docteur Joao
Paulo de Carvalho. — Rio-de-Janeiro, 1889. Leuzinger et
Filhos.
Cette thèse, présentée pour le concours d'admission à la chaire
de physiologie théorique et expérimentale de la Faculté de Uio-
de-Janeiro, constitue une fort complète étude sur la structure et
la physiologie de la glande thyroïde. L'auteur a institué de nom-
breuses et instructives expériences qui donnent à son travail un
cachet personnel et le recommandent à l'attention du public
médical.
Traitement par l'électricité et le massage, par M. le docteur
A.-S. Weber. — Paris, 1889. Alex. Coccoz.
L'auteur fait connaître le résultat des études sur le massage
qu'il a faites dans dilférents pays et qu'il a depuis un certain
nombre d'années appliqué au traitement des affections gynéco-
logiques, ainsi qu'a certains cas d'entorses, de fractures, et
même de chlorose ou d'anémie. Il préconise l'adjonction au
massage du traitement élcctrothérapique par les courants con-
tinus à faible intensité.
A. P.
Manuel d'hydrothérapie, par M. le docteur Macario, !• édition.
Paris, F. Alcan, 1889.
Ce petit Manuel reproduit une série de leçons faites à l'Ecole
pratique en 1857. Dire nue depuis celte date bien des théories
ont dû se modifier sous 1 influence des doctrines nouvelles serait
répéter une vérité des plus banales. Nous croyons donc que plu-
sieurs chapitres de ce petit livre auraient |)u être remaniés.
Celui qui traite des indications et des contre-indications de
l'hydrothérapie mériterait surtout les additions et les change-
ments que la lecture des récents articles ou traités consacrés à
l'influence de l'hydrothérapie sur les maladies nerveuses rendrait
faciles. Mais nous pensons que l'auteur n'a voulu que répandre
les idées qui lui sont chères. 11 y a déjà réussi. On ne peut que
lui souhaiter la continuation de ses succès.
848 — N« 52
GAZETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE 27 Déceubre 1889
VARIÉTÉS
Nécrologie. — Damaschino. — C'est avec un profond
senliment de tristesse que nous associons notre deuil à
celui qui frappe la Faculté, l'Académie et le corps médical
des hôpitaux. Le professeur Damaschino, si brusquement
enlevé à TafTection de tous ceux qui Font connu, était, en
elTet, non seulement Tun des plus dignes et des plus labo-
rieux parmi les jeunes mailres de l'école clinique contem-
poraine, mais encore l'un des plus sympathiques, l'un des
plus dévoués à ses amis et à ses élèves. Les titres qui lui
avaient valu sa haute situation médicale sont de ceux qui
mériteront toujours d'être rappelés. Élève et plus tard colla-
borateur de M. H. Roger, Damaschino avait étudié avec le
plus grand soin les lésions de la moelle dans la paralysie
infantile et établi que cette maladie est caractérisée analo-
miquement par des foyers de myélite dans les cornes anté-
rieures de la substance grise avec atrophie des cellules
motrices. On peul rapprocher de ces premières recherches,
aujourd'hui admises sans contestation aucune, ses étudcb
sur la paralysie pseudo-hyper îrophique. On doit aussi à
Damaschino l,a première mention des lésions dégénérative^
des racines spinales antérieures avec intégrité des cellules
motrices dans la paralysie diphihéritique.
A ces travaux d'analomie pathologique, notre savant
ami avait joint une série d'études cliniques des ulus remar-
quables. Citons une monographie remarquai) le sur la
broncho-pneumonie des enfants à la mamelle; une étude
très sérieuse et très approfondie de \dipleurésie purulente;
une thèse d'agrégation sur Vétiologie de la tuberculose;
des recherches minutieuses sur les anévrysmes des cavernes
pulmonaires et leurs rapports avec Vhémoptysie,
Parmi les nombreuses éludes entreprises par Damaschino
dans le domaine des maladies de l'appareil circulatoire, il
nous faut mentionner ses observations sur les embolies
consécutives à différentes endocardites j un mémoire sur
les lésions anatomiques de la phlegmatia alba dolens, etc.
Son traité didactique des maladies du tube digestif a été
couronné par l'Académie de médecine. Ses recherches sur
la vaccine, sur le muguet, sur les kystes hydatiques du
foie, sur les lésions des dents au cours de Vataxie locomo-
trice, etc., etc., ont affirmé non seulement ses qualités de
clinicien, mais encore l'activité et l'ingéniosité de son
esprit. Comme professeur et, disons-le dans la bonne
acception du mot, comme artiste, Damaschino avait su S3
faire une place à part. Ses leçons étaient de celles que l'on
suivait avec autant de plaisir que de profit. Les nombreux
élèves qui aimaient son caractère autant qu'ils estimaient
son savoir s'unissent à tous ses collègues et à tous ses amis
pour déplorer une mort ausçi inattendue que regrettable.
Académie des sciences. Pnix Lacaze. — Nous sommes
heureux de pouvoir annoncer que l'Académie des sciences vient
de décerner \(i prix Lacaze (physiologie) d'une valeur de dix
mille francs à notre collaborateur et ami M. le docteur François
Frank. Ce prix est décerné, sans qu'il soit nécessaire de fuire
acte de candidature, à un ensemble de travaux ayant pour
objet les applications de la physiologie à la médecine. Ce n'est
pas à nous qu'il appartient de mire ressortir ici la valeur des
recherches de physiologie normale él pathologique que l'Aca-
démie des sciences vient de consacrer en leur accordant l'une
de ses couronnes les plus enviées. 11 nous suffira d'applaudir,
avec tous les amis delà science française, à cette juste récom-
pense.
Mortalité a Paris (50« semaine, du 8 au U décembre
1889. — Population : 2260945 habitants), — Fièvre typhoïde, 51 .
— Variole, 0. -- Uougeole, 17. — Scarlatine, 2.*— Coque-
luche, 13. — Diphthérie, croup, 20. — Choléra, 0. — Phthisie
pulmonaire, 201. — Autres tuberculoses, 33. — Tumeurs:
cancéreuses, 46; autres, 4. — Méningite, 36. — Congé—
lion et hémorrhagies cérébrales, 51. — Paralysie, 0. —
Ramollissement cérébral, 1 1 . — Maladies organiques du cœur, 7'^
— Bronchite aigué, 45. — Bronchite chronique, 57. — Broncha-
pneumonie, 38. — Pneumonie, 103.— Gastro-entérite: sein, i:i:
biberon, 35. — Autres diarrhées, 4. — Fièvre et péritonite puer-
pérales, 5. — Autres affections puerpérales, 0. — Débilité con-
génitale, 34. — Sénilité, 48. — Suicides, 13. — Autres mort^
violentes, 5. — Autres causes de mort, 201. — Causer
inconnues, 17. — Total : 1188.
AVIS
MM. les Abonnés de la France à la Gazette hebdomA*
daire qui n'auraient pas renouvelé leur abonnement avani
le 10 janvier prochain sont prévenus que, à moins d'ordre
contraire, une quittance leur sera présentée à partir du
10 février, augmentée de 1 franc pour frais de recouvre-
ment.
Un mandat collectif, sans frais dç présentation quand
la somme atteindra 50 francs, sera présenté à la même
date à ceux de nos clients qui reçoivent en même temp-^
plusieurs des recueils édités par la maison.
Archive* de phyuiologie normale et palholosiqae. Direr-
teiir: M. Brown-Séquard ; sous-directeurs: MM. Dastrl (pby-
siologie normale); François-Franck (physiologie pathologique);
A. d'Arsonval (physique biologique).
sommaire du N" 1 : JANVIER 1890.
Mémoires originaux. — Contribution à l'étude de f;i pirii**
cervicale du grand sympathique, envisagée comme nerf sérn-
toire, par M. S. Arloing. — Etude sur la mesure des comliu>li<>iw
respiratoires chez le chien, par M. Charles Bichet. — Coi\ln\r.i-
tion à l'étude de la respiration périodique et du phénomène \U
Cheyne-Stokes, par M. E. Wertheimer. — Contribution ù rôlnd.'
(les monstres doubles du genre synote, par MM. Ch. Dehîerre «*l
G. Dulilleul. - Bemanines sur la sensation du relief, d'ajrN
une intéressante illusion d'optique, par M. le docteur Promit. -
De l'inncrviilion des glandes paretides chez les animaux doint-
tiques. Découverte des nerfs excilo-sécréloires dans la <»Ti»,
par M. Monssn. — Appareils à température fixe pour embryoloui
et cultures microbiennes, par M. A. d'Arsonval. — Les voi:.. ^
de la plante du pied cliez l'homme et les gvaitds animau\, [a^r
M. le docteur Lejars. — Transformation du lactose dans lorjra-
nismc, par M. A. Dastre. — Sur un spectrophotomelre diflérii.-
tiel sans polarisation, par M. A. d'Arsonval. — Etude du po'il>
total des extrémités au moyen d'un sphygmographe volutiM--
trique,parM. François-Franck. — Uecherches physiologiques swr
l'acide cyanhydrique, par M. A. Gréhanl. — Détermination d**
Taclion électro-motrice du cœur de l'homme, par M. le dod^Mjr
Auguslus D. Waller. — L'élcctro-physiologie. Rapport d.^
M. d'Arsonval. — Action de laligaturede l'artère hépatique <ur u
fonction glycogéniquc du foie, par MM. G. Arthaud el L. lUiitf
— Deux cas d'hémianopsie homonyme par lésions de Fécorre ' i
lobe occipital, par MM. J. Dejcriue, P. Sollier el E. .Vuscrer.
llecaeil de faits. — Histoire et critique. — Bibliographi .
Analyses de recueils périodiques.
G. Masson, Propriétaire-Gérant .
21571.— MoTTKHOZ. — Imprimeries rdiinici. A» rue Uignon, 2, I*ari>.
TABLE DES MATIÈRES
DU TOME XXVI, 2* SÉRIE
Abadib. Lavage» inlra-octiUiires anii-
sepliquef, 543. — Formes cliniquca de
ru|i)itiialiuie sympathique, 543.
Aba«ie trépiiiaiU«. Sl5.
Abcès. — spirillairos (des), 125. — sous-
pcriostique à pneumocoques, 565. —
pelvions, 647. — Voy. PérityphliU.
Abdomen. — par armes à feu (plaies
pénétrantes de T), 96, 113. 120. —
(plaies de T). 314. — (plaie pénétrante
de 1'), 343, 388. — (chirurgie do 1';,
499, 617. — (plaies de I'). 598. -
(laparotomie po:ir plaie pénétrante de
]•). 780, 796.
Académie de médecine. ~~ Discussion
sur le strophantus, 17, 37. 33. 48, 65,
73, 95. — Discussion sur l'intoxication
par l'oxyde de carbone (poêles mobiles),
82. 95, 201, 212. 218. 243. 248, 261.
— Discussion sur le tétanos, 101, 110,
133, 141, 177, 102. 201, 211, 2i9. 265.
273. 291. 297, 309. — Discussion sur
le diabolo. 313, 329, 340. 354, 361, 371,
377. — Discussion sur les auesthé-
siques,409. 421. 457, 460. — Discussion
sur la prophylaxie de la tuberculose,
489, 499. 505. 516, 521, 533, 567, 705,
713, 785. 705. 842. — Discussion sur
l'absinthisniR, 589. 507, 637, 648. —
Discussion sur la vaccine. 515, 618,
705, 712, 769, 779, 794. - Prix dé-
cernés. 810. — Prix proposés, 825. —
Discussion sur la grippe, 827, 841 .
Académie royale de médecine de Belgique,
100.
Académie des scienees. pûitim.
Accouchements. — normaux (inutilité et
danger de la désinfection intense dans
les). 533. — dans la présentation du
sommet. 745.
Acéianilido. —dans le tétanos, 717. —
dans la médecine infantile, 846.
Acétate de plomb dans la pneumonie,
539.
Acétique dans la pharyngite chronique
(acide). 78.
Acrodynic et arsenicisme, 91.
Aciinomycose cutanée. 582.
Addison. Vuy. Maladie.
Adénopathies. — pelviennes, 450. —
tuberculeuses, 582. — Voy. Cou.
Adonidine dans les aflëclions du cœur,
294.
Aération (de 1'). 748.
Ahlfbld. Bauin oblique-ovalalre, 746.
Ainhum. — (de 1'). 218, 228, 362. —
(observation d'). 345.
Air. — expiré (toxicité de 1'), 125, 435.
— (de la déglutition d'), 809.
Albabran. Péri néphrite, 451.
Albbrtoni. Daltonisme auriculaire, 632.
Albumine. — des CBufs (modification
2* SÉRIE, T. XXYI.
de 1'), 484. — (recherche et dosage
de 1'), 567.
Alcalescence. Voy. Sang.
Alcaloïdes toxiques dans les aliments
d'origine animale, 550.
Aleindor. Nécrologie, 588.
Alcool dans l'érysipèle. 358.
Alcoolisme. — (de 1'), 544. — Voy.
Paralytie.
Alexander. — dans les rétroflexions
utérines (opération d'), 62. — (dix
opérations d'). 214.
Aliénés. — k Paris (accroissement du
nombre des), 540. — (capacité juri-
dique des), 570.
Allaitement. — par le nés, 95. —
(fermes d'). 763.
Alopécie. -^ syphilitique ches les nou<
veau-nés, 39. — par gratUge, 379.
Amaurose. — Voy. Amblyopie.
Amblyopie et amaurose hystéro-trauma -
tique, 410.
Ammoniaque (action des lavements gazeux
d'), 830.
Amphithéâtre de la Faculté de médecine
(incendie du grand). 667.
Amputation. — interscapulo-thoracique,
144. — Voy. Chopart, LU franc.
Amygdalite traitée par le benzoate de
soude, 78.
Amyotrupbie. — chez une femme en-
ceinte, 42. — articulaire, 106.
Analgésies. — antithermiques, 538. —
Voy. Paréto-analgitie.
Anatomie humaine (traité d'), 832.
Andriku. Dentisterie opératoire, 750.
Anémie des nourrissons, 726.
Ane»lhésie. — ches la grenouille, 374. —
(moyens d'atténuer les accidents de V),
462, 476. — (dernier réflexe qui dis-
paraît dans 1'), 631. — (méthodes ac-
tuelles d'), 764. — Voy. Chloroforme,
Chlorure.
AnesUiésiques. — sur la force des mou •
vements respiratoire (influence des),
241. 632. — (sur les), 409. 431. 457, 469.
Anévrysmes. — (extirpation des), 403.
— externes (traitement des), 635. —
des membres (traitement des), 695,
701. — artério-veineux, 695. — arté-
riels circonscrits, 695. — diffus, 696. —
Voy. Artério-veineux.
Anger (Th.). Opération de l'ongle in-
carné. 484.
Anuerbr. Diagnostic et traitement do la
sténose du pylore, 531.
Angine de poitrine hystérique, 700.
Anilides (dangers des antithermiques
anali^csiques de la famille des), 590.
Aniline sur le sang (action de 1'), 44.
Animaux (rôle des principes constitutifs
des), 44.
Anis et de la badiane (action convulsivante
de l'), 764.
Ankyloglossie, 749.
Année médicale (!'). 182.
Anosmie eocautique, 703.
Annuaire de thérapeutique, 198.
Anthrarobinc dans l'eczémt et le psoriasis»
294.
Aiitifébrine dans l'épilepsle, 278, 766.
Antipyrétiques. — (action paradoxale de
certains), 634. — (antipyrine, antifé-
brine et phénacétine comme), 845. —
Voy. A*otéei.
Antipyrine. — (action anesthésique locale
des injections sous-cutanées d'), 78. —
dans la laryngite slridufeuse, 180. —
dans la coqueluche, 179. — dans la
dysménorrhée, 196. — contre la gly-
cosurie, 233, 243. — dans le diabète,
362. — dans les affections d« l'œil, 374.
— (action de 1*), 454. — (accidents dus
à 1'), 634. — dans l'ineontinenee d'urine,
634, 717. — (éruptions rubéollformes
causées par 1'), 799. — Voy. Paluttret,
SaUcylate.
Antisepsie. — appliquée à la thérapeu-
tique et à l'hygiène, 145. — médicale,
217.
Antiseptiques au naphtol (topiques), 854.
Ano-rectsie (abcès de la région), 382.
Antithermiques (les), 538.
Anus. — contre nature (section de l'épe-
ron dans 1'), 355. — (fistules à 1'), 382.
— contre nature, 598.
Aorte. — (anévrysme disséquant de l*),
437. ~ et oblitération de la soas-cla-
vière (dilatation de l'), 463. — (ané-
vrysme sacoiforme de la crosse de 1'),
775.
Apomorphine dans les empoisonnements
454.
APOâTOLl et Danion. Traitement élec-
trique des myomes utérins, 734.
Appareil vasculaire des animaux et des
végétaux, 567.
Archives do physiologie normale et pa-
thologique, 14, 31.
Arécoline (action de 1'), 767.
Argentine (assistance publique dans la
république), 553.
Arloino. Pression et vitesse du sang dans
les artères, 15. — Nécrobiose «t mi-
crobes, 26. — Effets généraux des
substances produites par le BaeiUui
hemineerobiophilut, 176.— Moyens d'at-
ténuer les accidents de l'ancsthésie.
462, 476. — Existence dans le sympa-
thique cervical de fibres excito- et fréno-
sécrétoires pour les glandes du mufle,
616. — Péripneumonie contagieuse,
617. — Diastascs sécrétées par le,
Baeillue heminecrobiophilus, 810.
Armée. — (mortalité dans 1'), 101, 111.
— (hygiène de 1'), 393.
Armes à feu (effets produits sur l'oreille
par la délonaliim des), 292.
Arnould (B.). La fièvre typhoïde dans la
première région de corps d'armée, 78.
Arnould et Martin. Proteetion des
cours d'eau et des nappes souterraines
contre la pollution par les résidus in-
dustriels, 550.
Arsenic. — (empoisonnement par T), 425.
435, 482, 556. - (vente de 1'), 568.
Arsenicisme. Voy. Aerodynie.
Arsonvau (D*). Excitation électrique et
réaction névro-musculaire, 15. — Spec-
tre d'absorption du sang, 343.
Artères (pression et vitesse du sang dans
les), 15.
Arlério-scléroso (étiologie do 1'), 319.
Artério-veineux du creux poplité (extir-
pation d'un anévrysme), 54, 143.
Artérite infectieuse, 701.
Arthaud (G.) et BUTTB. Pathogénie du
diabète. 72. — Nutrition intime du
foie. 683.
Arthritisme (de 1'), 546.
Arthrodèse pour pied bot paralytique,
373.
Arthropathies. — labétlquo supputée,
181. — (traitement consécutif des), 508,
558. — arUOcielles, 518. — Voy. Pied,
Peoriatit.
Articulaires. — (corps étrangers), 129. —
(les raideurs), 395. — (tuberculose),
418.
Aveptol dans la diphthérie, 423.
Aspirateur de Bunsen dans l'empyème,
809.
Assainissement. Voy. Parit, VUlet, etc.
Assaky. Hystéropexie sans laparotomie,
781.
Assistance. ~ publique (inspection de 1'),
83. — publique. 552. — dans la répu-
blique Argeutine, en Bohême, en Hon-
grie, en Moravie, en Massachussels, en
Houmanie, en Hotsie, en Serbie, etc.,
553 et 553.
Association générale des médecins de
France, 115, 318. 315. 330.
Association des médecins do la Seine,
861.
Association médicale mutuelle de la Seine,
116.
Association médicale britannique, 616.
Associations microbiennes (effets des),
76. 453.
AsUsic-abasie. Voy. Hyttériê.
Asihme. — des foins (traitement de 1'),
628. — Voy. Pneumothorax.
Astigmatisme. Voy. Myopie.
Astragale. Voy. Pied bot.
Astringents (mode d'action des), 570.
Asymétrie ches les nouveau-nés, 76.
Ataxie. — locomotrice et goitre exoph-
thalmique. 7. 107, 113, 141. — et
hystérie réunies, 107. —(altérations du
fond de l'œil dans 1'), 422. — Sus-
ppusion dans l'), 846. —Voy. Tabei.
Atkinson. Quinine dans la pneumonie,
619.
Atténuation. Voy. Yirui.
53
850
TABLE DES MATIÈRES.
Aulo-intoxication. — d'origine rénale,
339. — puerpérale. 466, 533.
Autoplasiie par la métiiode italienne ino-
difiëc. 733.
AUVARD. Travaux d'obatëlrique, 198. —
Trailemont de Téclampsie puerpëralo,
198.
Axillairo (anëvryame de V), 129.
Axolëes (influence des agents antipyré-
tiques sur réiimination des substances),
161.
B
Babes et Maririsgo. Pathologie des
terminaisons nerveuses des muscles,
679.
Babinski. Migraine ophtlialmique hysté-
rique, 518.
Babinski et Gbarrin. Arthropaihies
expérimentales, 518.
Bacille. — de Koch dans le pus de séton
de sujets tuberculeux (passage du),
94. — heminecrobiophilus (effets géné-
raux des substances par le), 176. —
pyocyanique, 193. — pyocyanique (in-
fluence sur le charbon de l'inoculation
du), S59, 260. — trouTé sur la viande,
401. — pyocyanique (cultures du), 782.
— en virgule (nouveau), 808. —tuber-
culeux (substances solubles sécrétées
p.ir un), 844. — Voy. Dioilate».
Bactériologie. — (traité de), 131. —
chirurgicale, 311.
Badiane. — toxique (sur une), 782. —
Voy. Ani».
Bain froid systématique dans la fièvre
typhoïde, 758, 763.
Bajbnow. Assistance publique en Russie,
552.
Balanoposlhite (forme nouvelle de), 797.
Balavcki. Assistance publique en Bohônie,
553.
Baleines (migrations des), 782.
Ball (B.). Les mélancoliques, 137. —
Alcoolisme et folio, 546.
Ballbt (6.). Coxalgie hystérique avec
atrophie musculaire, 437. — Bégaye-
ment hystérique, 681.
BALZin. Toxicité du bismuth, 518.
Baradug (H.). Traitement de la dila-
tation de l'estomac, 80.
Barbet. Activité comparée des diverses
digitaliucs, 762.
Barton (J.-U.). Divulsion digiule du
pylore, 531.
Basgii (de). Dyspnée cardiaque, 809.
Batedow, Voy. Maladie.
Basiotribe, 203.
Bassin. — (abcès du), 647. — (extraction
d'un kyste dermoido du), 6i8. — par
la voie sacrée (accès aux organes du),
698. — oblique-ovalaire, 746. ~ Voy.
Adénopathie.
Bataille et Berdal. Forme nouvelle de
balanoposthile, 797.
Battlbbnbr. Antisepsie chez les partu-
rientes, 532.
Baubouin (G.). Syphilis grave précoce,
391.
Baume de Tolu (potion au), 366.
Bayer. Segment inrérieur do l'utérus et
placenta praevia, 746.
Bazt. Anévrysme cirsoide de la main,
843.
Beaunib. Gonlrnction simultanée des
muscles antagonistes, 15. — La mé-
moire des sensations, 402. — Les ien<
estions internes, 783.
Bec-de-lièvre (opération précoce du),
342.
Bégayement hystérique, 681.
Belladone dans la coqueluche, 284.
Berbbz. Les migraines, 19, 34, 50. —
La maladie de Parkinson hémiplégique,
383. — La syringomyélie. 426. — -
Pattim,
Bbrdez. Traitement mécanique de cer-
tains cas d'emphysème, 77.
Berger (Emile). Anatomio de l'œil,
439.
Berobr (Paul). Plaies pénétrantes de
labdomen par armes à feu, 96. —
Béseclion du pio^ par l'opération de
Wladimiroff-Mikulicz, 161. — Altéra-
lions de la glande sous-maxiilaire con-
sécutivement à la lithiase salivaire, 484.
— Blépharoplastie, 681. — Autoplasiie
par la méthode italienne moditiée, 733.
— Fistules trachéales, 735. — L,aparo-
tomie pour plaie pénétrante de l'abdo-
men, 796.
BAILLON. Suggestion chci les enfants,
548.
Berlioz. De l'acide sulforicinique, 765.
B£RNHBiii. De l'hypnotiitme, 547
BsRTiLLON (J.). Causes de mort & Paris,
119.
Besnier. Alopécie syphilitique chez les
nouveau-nés, 39. — Nodosités érythé-
mateuses des membres inférieurs, 39.
— Purpura iodo-potassique, 39. —
Lupus tuberculeux aigu, 39. — Lichen
rubcr plan multiforme, 209. — Scléro-
demiie lardacée de la face, 225. — Xan-
thome glycosorique, 379. — Érytbème
vacciniforme, 379. — Le groupe lichen,
510. — Trichophyloses, 540,541.
Beta vulgarit dans la constipation habi-
tuelle et les hémorrikoïdcs, 634.
Bburmann. Contracture mortelle d'ori-
gine gastrique, 226.
Biiodomercuriques dans la phthisie (pul-
vérisations), 540.
Bile (c4iractères spectroscopiquos de la),
140.
Biliaire et cholécystectomie (fistule),
698.
BiMET. Intensité des sensations et hallu-
cinations, 547.
Bismuth (toxicité du). 518.
Blaghbz. Fermes d'allaitement, 763.
— Pattim,
Blanc (E.). Action pathogène d'un mi-
crobe trouvé dans l'urine d'éclamp>
tiques, 227.
BIcnnorrhagio. — (salicylate de mercure
contre la), 278. — (injections antisep-
tiques contre la), 409.
Blépharoplastie, 386, 680.
Blépharoptose. Voy. Migraine.
Blogh (0.). Pansement antiseptique sim-
plifié, 655.
Blondbl. Strophantut du Gabon, 194.
BOBROW. Ostéomyélite infectieuse aiguë,
419.
BçEGKEL (Eug.). Des kystes bydaliques
supérieurs du foie, 89.
Bœckbl (J.). llastite aiguë. 291. — Sup-
pression du drainage des plaies, 310.
~ Tuberculoses ostéo -articulaires, 732.
BOISMONT. Le somnal, 717.
BoRiBs. Nature du coryza . caséeux, 699.
Bornéol (action du). 98.
Botanique (notes de), 847.
Bouchard (Gh.). Les hématozoaires des
paludiques, 72. — Hôle des poisons
d'origine microbienne dans les maladies
infectieuses, 120. — Antisepsie médi-
cale, 217. — Ii^uence de l'inoculation
pyocyanique sur le charbta, 259. —
Toxicité des urines, 615. — Rôle et
mécanisme de la lésion locale dans les
maladies infectieuses, 746.
Bouchard (de Bordeaux). Pathologie
externe, 232.
Boucheron. Opération de la cataracte,
543.
BouiLLY. Opération césarienne heureuse,
193. — Traitement de la péritonite
traumatique, 676.
Bottiston (prix), 760.
Bouley (statue à), 636.
Bourgeois. Opération de la cataracte,
543.
BoURNEViLLB. L'année médicale, llQ- —
Manuel de la gtrde-maltde et de l'in-
firmière, 359. -> Recrutement des
infirmiers et infirmières, 554. — Pro-
tection des enfants idiots, épilep-
tlques, etc., 554.
Bourse de Luschka, 275.
Bourses de doctorat, 652.
BOUSQUET. Abcès du médiaslin faisant
saillie au cuu, 699. — Tuberculoses
locales, 731.
BOUTARBSCO. Goitre hystérique double
rétro-sternal suflbcant, 099. — Tarsec-
tomie pour ostéo-arthrite traumatique,
700. — Ostéo-artlirite scapulo-humé-
ralc. 700.
BowDiTCH. Portraits composites, 616.
Bricon. Nécrologie, 248.
Brissauo. Tuberculose papillomato-
crustacéo, 74. — Théorie nerveuse du
psoriasis, 134.
Brœa (la circonvolution de), 146.
Broca (A.). De la nécrose phosphorée,
66. — Exploration manuelle du rein,
88, 237. — Cystoscopie. 166. ~ Résec-
tion du tarse par le procédé de Wla-
dimirofl'-Mikulicz, 282. ~ Névralgies
vésicales, 458. — Hernies inguinales
irréductibles, 522. — Arthropathics.
508. — Tuberculose cutanée, 623. —
Inoculations par succion, 664. — Trai-
tement d'un cas d'anévrysme diiTus, 096.
— Traitement du prolapsus rectal par
la colopexie, 706. — Cholécystcntéro-
stomie,738. — Cancer du larynx, 813.
BROca. Pityriasis rubra. 540. — Dernia-
lile herpétiforme de Duhring, 542. —
Dermatites polymorphes douloureuses,
542.
Bromoforme contre la coqueluche, 649,
845.
Bromure de potassium dans l'organisme
(accumulation du), 717.
Bronches. — (effets de l'excilation da
pneumogastrique sur le diamètre des),
246. — (contraction des), 275. — (phy.
siologio des), 678.
Bronchites syphilitiques chez des adultes,
480, 646.
Brouardel. Des poules mobiles, 829. ~
Traumatismes et médecine légale, 555.
Brouardel, G. Pouchet et Loyb. Acci-
dents causés par les substances alimen-
taires d'origine animale contenant des
alcaloïdes toxiques, 550.
BROWN-SéQUARD. Inhibition, 31. —
Acide carbonique contre les douleurs,
77. — Influence des mouvements respi-
ratoires sur le cœnr, 97. 114. — Toxi-
cité de l'air expiré, 125, 435. —
Disparition de l'anesthésie de cause
organique, 341. — Influence des glandes
sur le système nerveux, 362, 405.
Brun. Péritonite aiguë. 077.
Brun (de). Dengue en Orient et grippe
en Europe, 827.
Bryone blanche (propriétés antihémor-
rhagiques de la), 649.
BucQUOY. Indications thérapeutiques du
strophantus, 27, 112. — Les toniques
du cœur, 530.
BuoiN. Rotation de la \Ale chez le fœtus,
194. — Abcès du sein, 261 . — Leçons
de clinique obstétricale, 375.
BULIU8. Dégénérescence micro-cystique
4es ovaires, 646.
Bull (G.-J.). Lunettes et pince-nez,
328.
BulLs. Voy. Dermatotet.
BuMM. Éliologiede la paramétrite, 532.
Butlin. Maladies de la langue, 391.
Buttb. Trichophytoses, 540.
Buzzi. Action du Ibyol, 633.
Cachexie carcinomateuse (échanges orga-
niques dans la), 809.
Cadavres (fluosilicates pour la conserva-
tion des). 189.
ramollissenent de»
Cad^ac et Meunier. Action coavftU-
vante de Tants et do la badiane, 761
Cadet de Gaebicourt. Traosmiscioa <w
maladies contagieuses, 106, 178.
Caféine. — dans la pleurésie, 334. -
dans les états adynamiques (injectée- •
de), 374. — sur le système nerveax «>
musculaire (action de la), 813.
Calcanéenne horizontale (ampatatÎM
intra-), 501.
Calomel. — à haute dose dans la poos-
monie, 145. — comme diurétique, 16i,
502. — dans la phthisie. 389, 007.
Campenon. Traitement de la périloni*
aiguë, 677. — Méningo-eocë('K«ltte
consécutive à un coup de feu, 741
Camphorique contre les iiiflammatioef
eatarrhalcs (emploi de l'acide I. 294.
Cancer. — (récidives du). 129, 581. -
chez le rat (grelTe du), 582. — {àimi-
nution de l'urée dans le), 635.
Capacité juridique des aliénés, 570.
Capparit eoriaeea dans l'éptlepsie 'U
graine de), 487.
Carbonique contre les douleurs (acide,
77.
Cardiographe direct à aiguille, 797.
Cardiopathies. Voy. Dytpnée.
Carie dentaire (parasites de la), 194
Carpe (fractures simples des os da). 6âl
Carrion (maladie de). 599.
Carvalho (J. P. de). Fonctions de \x
glande thyroïde, 847.
Castbx. Pseudo-tumeurs autour d« cerfS
étrangers. 679.
Castration, 647.
Cataracte. — (suture de la coraée daai
la). 273. — (opération de la), S43.
Cathblinbau et Gilles de la T.i- -
rbttb. Nutrition dans l'bysiério. hXê.
Catoir. Luxations de la hanche ta
arrière, 650.
Causeries scientifiques, 293.
Cécité subite par
deux lobes occipitaux, 607.
Célorrhaphie, 471.
Contres. — nerveux (anatoasie des). 130.
— psycho-moteurs des nouveau-tMf*,
485. — moteurs cfaex les jeases aa.-
maux (rôle des), 547.
Céphalotribe et basiotribe. 903.
Cerveau. — (scléroee 4a). 161. — {c\à-
rurgie du), 419. — (fonctions okolricrt
du). 615. — (tumevrs da), 617. —
(abcès du), 617. ~ Voy. Grite, Cyrms.
HimisphèreM, Lébet, Zone,
Césarienne opération). 745.
Cestan. Fistules à l'anus, 382.
Cétodontea (développement de \'e\€tx
chez les), 144.
Chaire de clinique det maladies des «.«^t
urinaires (cnfatioo d'une). 769.
Chaleur animale (la), 471.
Champignons (les), 689.
ChampionniÂRS. TFaiCenent des n/tuan
de l'utérus par l'électricité, 388.
CHANTBMitssB. Étiologie de la Ur^
typhoïde, 763.
Chaput. Chirurgie abdomiomU, 49!> -
Amputation intra-calcanëenae bonzn-
tale, 501. — Entérorrhaphio, 697-
Charbon. — symplomatiqne aux U^-.*
(inoculation du), 97, 24S. — \ «
BaeilU pyeeyaittf im.
Charcot. Hystérie des «nfanU. 6. -
Crises d'épilepsie, 6. — Trenbie^r;
de la tête dans la maladie de P«i ±-
son, 7. — Chorée grave. 7. — IV.-
lysie infiintile, 7. — Chorée okoDr. t &
— Hémiplégie faciale, 106. — A •>-
trophie articulaire, 106. — Auvc
hystérie, 107. — Sclérose en p;a>-
et hystérie, 107. >- Folie du i«
107. — Tabès et maladie de Basetf
107. — Vertige de Mémère cb<i
goutteux, 188. — Maladie de Ba<Hr-
188. — Mutisme hyetdriqae, 1^ -
Crises gastriques du iabes. l^^
Abasie trépidante, i»5. — La s.^
agent provocateur de l*hystén«.\ £•
TABLE DES IfATIËRES.
851
— Paralysie alcooUquo det mombro»
inférieurs, 255. — Maladies des
poumons et du système vasculsiro, 358.
— Hystoria major, 410. — Amblyopie
hystéro-tranmttique, 410. — Leçons
de la Salpétrière, 487. — EffeU
nerveux de la fottdn*, 597. — Sclérose
en plaques à longue échéance, 757. —
Tabcs, crises gastriques et laryngées,
757. — Migraine et blépbaroptose, 789.
— Diagnostic d'une myélite, 789. —
Choréo de Sydenham, 790. — Angine
do poitrine hystérique, 790.
Charcot etRiCBBR. Les difformes et les
malades dans l'art, 425.
Charrin. La maladie pyocyanique, 519,
631.
Charrim et Guio.SARO. Action du bacille
pyo'-yaniqae sur la bactéridie char-
bonneuse, 200.
Charrin et Roobr. Aciion du sérum
des animnux malades ou vaccinés sur
les microbes pathogènes, 747. -- Cul-
ture du bftcille pyocysnique, 782. —
Propriétés microblcides du sérum, 818.
Charrin et Ruffbr. Mécanisme de la
fièvre dans la maladie pyocyanique, 96.
Cbartom. Plaies de léte et méningite
consécutive, 617.
Chaslin. Sclérose cérébrale, 101.
Chat (affections ulcéreuses chez le), 373.
GoATiN (J.). Myélocytcs des poissons,
762.
Chauds (maladies des pays), 346.
Chauffard (A.). Xanthélasma disséminé
et symétrique, 693.
Chauvkau. Résultats de l'énervation
partielle des muscles, 15. — Atténua-
tion des virus, 133, 140, 149, 159. —
Transformisme en mien>biologie, 679,
700.
Chauvbl. Myopie eongénitale avec
astigmatisme, 137. — Ghoroldite macu-
laire congénitale, 137. — Abeès du
foie, 309. — Notice sur Maurice
Perrin. 660. 685. — Patiim.
Chauvbl et Nimirr. Chirurgie d'armée,
846.
Chcrvin. — Troubles de la parole dans
la division eongénitale du palais, 609.
Chevreul. Nécrologie, 247.
Chimie (notes do), 847.
Chirurgie. — (traité de petite), 216. —
d'armée, 846.
Ghioral. — (action des sulfores sur le),
597. — amide (action du). 648.
Chlorhydrate d'hyoscine, 452.
Chlorbydrique (empoisonnement par l'a-
cide), 31.
Chloroforme. — destiné à fanesthésie
(préparation du), 59. — et chlorure de
méthylène, 273. — (accidents de l'an-
esthésie par le), 48&. — (action des
solfures sur le), 597. — comme anti-
septique, 620. — dans les affeetions
cardiaques et pulmonaires (inhalations
de). 767. — Voy. Anetthétiei.
Chloroformisation. — 499, 501. — à la
lumière du gai (inconvénients de la),
766.
Chlorophylle (fonctions de la), 44.
Chlorures. — de baryum dans les mala-
dies du cœur, 570. — de linc pour
Axer les éléments anatomiques, 813.—
do méthylène comme anesthésique
local. 831.
Cholécystentérostomie, 617, 714, 788.
Cholécystolomie pour cholécystite sup-
purëe calculeuse, 192.
Choléra. — (reeherches expérimentales
sur le microbe du), 26. — (virulence
des parasites du). 60, 94. — (théra-
peutique du), 95. — en Mésopotamie,
070, 6â0. — infantile (traitement du).
844.
Chopart (modification de rampuUlion
de), 96.
Chorée. — grave, 7. ~ molle, 106. — de
Sydenham, 790.
Ghoroîdite maeulaire congénitale, 137.
Chouppb. Morphine et cocaïne, 97.
Cicatrices. — syphilitiques kéloïdienncs,
40. — vicieuses, 656.
Ciliaires (rôle glandulaire des procès),
341.
Cils (trlchophytie des), 308.
Cinabre dans la syphilis, 619.
Cinchonine sur les crabes (aciion de la),
194.
Circonvolution de Broca (la), 146.
Clado. Microbiologie de la hernie étran-
glée, 608.
Clavicule. — (résection totale de la),
127. — (ostéite de U), 700.
Qinique obstétricale (leçons de), 375.
Glopatt. Hystérie infantile. 182.
Closhaobuc (G. de). Mort subite par
injection d'éther, 612.
Cocaïne. — (posologie de la), 197. —
(anesthésie k la), 712.
0>calniame chronique, 77, 97.
Cœur. — et forme du pouls (rythme
du), 15. — (phénomènes électriques de
la contraction du), 29. — (influence
des mouvements respiratoires sur le)i
97, 114. — communication inter-
cardiaquo congénitale, 339. — (lactose
dans les maladies du), 386. — (les
toniques du), 539. — do l'embryon
(contraction du), 616. — (loi des
actions électro-motrices du). 632.
(traité des maladies du), 650. -< (mala-
dies du), 666. — (phases de la révolu-
tion du), 808. — (pression dans le),
808. — Voy. Chlorure, Bmbryocardie.
CpLiN (G.). Variabilité de l'action des
matières virulente», 810.
COLLBVILLB. Doux cas de surmenage,
287,306.
Colopexie, 706.
CoMBBMALB. Lavements gazeux d'ammo-
niaque. 830.
GoMBY. Rapport sur la prephyhutie des
maladies contagieuses dans les hôpi-
Uttx. 326, 355, 403. 437. — L'urticaire
ches les enfanU, 791, 805.
Comilial (mal), 410.
Goneoun d'agrégation (les), 182.
Confiseurs (mal des), 173, 177.
Congrès français de chirurgie, 654, 676,
695, 710, 731.
Congrès internationaux de médecine k
Paris, 537.
Congrès international de physiologie,
613, 631.
Congrès de médecine interne de Wies-
btdeii, 514, 530, 761, 808.
Congrès des médecins russes, 418, 434,
448.
Congrès de la Soeiéié allemande do
gynécologie, 446. 532, 646, 745.
Congrès de la Société allemande do clii-
rargie, 581.
Conseil d'hygiène et de salubrité de la
Seine, 488.
Constipation. ~ par le massage (traite-
ment de la). 439. — des enfants (trai-
tement de la), 462.
Contagieuses (les maladies), 133, 142,
166,178,201, 213, 314,326.
Conlagiosité des maladies épidémiques,
118.
Contracture mortelle d'origine gastrique,
226, 262, 827.
CUinvulsions, 81.
Copépode du lac de Gimones (sur un), 797.
Coqueluche. ^ (injections sous-cutanées
de quinine contre la), 144. — (anti-
pyrine dans la), 179. — (traitement de
la), 266, 439. — (médication de U).
633. —(bromoforme dans la). 649, 845.
— par l'oxymel scilli tique (traitement
de la), 831. — (inhalations d'eau chlo-
roformée contre la), 846.
CORIVBAUD. Pesage méthodique des nour-
rissons, 190.
CoRLilU. Manuscrits de Henri de Mon-
deville, 633.
Cornée. — humaine (influence des
muscles de l'œil sur bi forme de la),
15. — (action du chlorure d'éthylène
sur la), 97.
CoRNBT. Étiologie des adénopathies tu-
berculeuses, 582. — Dissémination des
bacilles de la tuberculose, 815.
CORNIL. Origine du tétanos, 549.
Cornuline (posologie de la), 444.
Coroniile dans les affections cardbiques,
368.380.
Coronilline (action de la), 276.
Corps. — élrangera articulaires, 129. — de
santé de l'armée (autonomie du), 440. —
étrangers (pseudo-tumeurs autour de),
679. — étrangère* Voy. Estomac.
CoRPUT (van den). Action du sol sur les
germes pathogèues, 549.
Coryza caséeux (nature du). 699.
Costa. Assistance publique dans la
république Argentine, 553.
CosTOMiRis. Massage de l'œil, 597, 748.
Coiard {J.), Nécrologie. 572.
Cou. — (adénopalhio pseudo-tubercu-
louse du), 699. — (kyste multiloculaire
du), 699. — Voy. Lymphadénome,
MédiûMtin,
Coude. — (incision d'un anévrysme du
pli du), 421. — (ostéotomie tro-
chléi forme du), 700.
Coupes (méthode des), 449, 466.
Courants voltaîques dans l'organisme
(diffusion des), 60.
CouRMONT. Nouveau bacille de la tuber-
culose chez le bœuf, 485, 487. — Sub-
stances solubles sécrétées par un ba-
cille tuberculeux, 844.
Cours d'eau (pollution des), 550.
Couvreur. Innervation vaso-motrice du
poumon, 841.
Coxalgie. — suppnrée (résection de la
hanche dans la), 325. — hystérique
avec atrophie musculaire, 437.
Crachoir de poche, 761.
Crampe des écrivains, 114.
Crâne. — (procédé pour désarticuler les
os du), 14. — (fractures du), 96, 195.
— (trépan dans les fractures du), 251,
419. — (traitement dei néoplasmes
perforants de la voûte du), 517. —
(traitement de la fracture compliquée
du). 583.
Crémation, 551.
Gréoline. — dans les affectiont gastro-
intestinales, 278. — dans les affections
de l'oreille et du nez, 490. — dans la
dysenterie, 649. — comme germicido
(valeur de la), 702.
Créosote. — et iodure de potassium dans
la phtiiisie, 80. — dans la phthisie,
145, 378, 585. — en injections intra-
parenchymateuses dans la phthisie, 161.
— dans la dyspeprie flatulente, 848. —
dans la phtiiisie, 718.
Crime (contagion du), 401.
Crocq. Traitement de la pneumonie par
l'acéute de plomb, 530.
Group par l'essence de térébenthine
(traitement du), 269.
Cuir chevelu (sclérodermie en plaques
du). 225.
GURSCHMANN. Occlusion intestinale, 514.
CURSIKO DB MOURA. Traitement de l'hy-
pobémie intertropicale, 338. — Bron-
chite syphilitique chez les adultes, 646.
Cyanhydrliue (recherehes physiologiques
sur l'acide). 648. 682.
Cyanure d'étiiyle (toxicité du), 245.
Cylindre-axe (formation du), 615.
Gylindromes multiples, 665.
Cystocèle. — vaginale, 509. — inguinale,
697.
Cystoscopie, 166,270.
Gylodiérèse dans le testicule du rat,
844.
D
Damatehino, Nécrologie, 848.
Danilbwski. Hypnotisme des animaux,
547.
Danion. Diffusion des courants voltaîques
dans l'organisme humain, 60.
Danjoy. Nécrologie, 720.
Darbmbbro. Résistance variable des ani-
maux à la tuberculose, 713.
Daribr. Affection parasitaire de la peau*
215. 276.
Dastrb. Accidents dus au chloroforme,
485. — Dernier réflexe qui disparaît
dans ranesthésie. 631 . — Diurèse pro-
duite par les sucres, 682. — Méthodes
actuelles d'anesthésie, 764.
Dastrb et Lotb. Injection d'eau salée
dans les vaisseaux, 31. — Lavage du
saog dans les maladies infectieuses,
246.
Davaine (l'œuvre de), 503.
David (Th.). La maladie de Fauehard, 139.
Davùl (monument de). 48.
Debovb. Crises gastriques non tabétiques,
43. — De la syringomyélie. 138. —
Appareil à thoracentèse. 207. — Dia-
bète conjugal, 501, 534. — AlimenUlion
des malades, 535. — Hémiplégie hysté-
rique à la suite de diphthérie, 690. —
Cancer do l'ostomac, 780.
Deehambre (éloge de), 297, 813.
DSFONTAINB. Arthrodèse pour pied bot
paralytique, 373. — Ostéotomie tro-
chléiforme du coude, 700.
Dégénérés (délire chez les). 343.
Déglutition, 631.
Dbhio. Origine du murmure vésiculaire,
809.
DÉJERlNB. Sur un cas do syringomyélie,
155. — Altérations du fond de l'œil dans
l'ataxie, 422. — Névrite périphérique
dans l'atrophie musculaire des hémiplé-
giques, 518.
Dblbeco (H.). Fracturet simples des os
du carpe, 651.
Dblbbt. Lavage du péritoine, 402. —
Traitement des anévrysmes externes,
635.
D'Hbilly. Syphilis tertiaire ches un
enbnt, 403.
Dbmblin. Segment inférieur de l'utérus
pendant la grossesse et l'accouchement,
359
Démographie, 371, 467, 551.
Dbmons. Occlusion intestinale traitée par
les ponctions multiples, 656. — Laryn-
gectomie pour cancer, 699. — Tuber-
culose préritonéale, 733.
DÉMOSToèNB. Traitement des tuberca-
loses locales, 710. — Amputations du
pied,'711. — Tuberculose péritonéale,
733.
Dengue. — k Reims (cas de), 821.
en Orient et grippe en Europe, 827.
Dentaires d'origine centrale guéries par
les miroirs roUtifs (douleurs), 262.
Dentisterie opératoire, 750.
Dentition (traitement de l'eeséma de la),
206.
DbnucA. Traitement de la péritonite
aiguë, 677.
Dénwé, Nécrologie, 216.
Dbnys. Ferment peptonisant dans le
sang, 632.
Dépopulation de la France, 573.
Dermatites. — exfoliantes généralisées.
540. — herpétiforme de Dubring, 542.
— polymorphes douloureuses, 542.
Dermatoses butleuses multiformes, 542.
Dermoidcs. Voy. Ky$tet.
Dbsuaybs (Ch.). Récidive de la fièvre
typhoïde. 594.
Désinfection. — des instraments, 143.
— par le gaz sulfureux, 272.
Dbsmos (E.). Maladies des voies uri-
naires, 750.
DE8P1NB. Traitement local de la diph-
thérie par l'acide salieyllque, 535.
D'Bspinb et Picot. Maladies de l'en-
fance, 735.
DbsprÉS. Résection totale de la clavi-
cule, 127. — Kystes et fistules der-
moides de la région sacro-coccygienne .
501.
852
TABLE DES MATIÈRES.
nétonation. Voy. Armes à feu.
Dbttwbilbr. PréMiiUtion d'un cra-
choir de poche, 761.
Diable. — (hyiciène alimentaire dans le),
ii. — expdrimenUl. 59. — (palhogë-
nie du), ji. — sucre (traitement du),
233, 242^ 277. — k évoluliou lento et
800 traiti>ment, 313. — (du). 3â9, 3i0.
— (antipyrine liaiis le). 363. — con-
jugal, 5ÔI, 531. — artificiel. Voy.
Syzygium -^ sucre (sciatique double
symploiuaiiquo du). 66i. — sucré
(échanges gaicux dans le), 808.
DiANOUX. Blépbaroplastie. 3*)6.
Diastases sécrétées par le baciUus hemi-
fucrubiophilut, 810.
Dictionnaire abrégé de sciences physiques
et naturelles, 7i9.
Dictionnaire delhérapcutique, 197.
DlDAY. Traitement de la syphilis, 542.
DiEULAPOY Hydarthrose blcnnorrha-
gique, 20. — Syphilis du poumon et
de la plèvre, 285. 303, 317. 335,
348, 367. — Sciatique double sympto-
matique du diabète suvé. 660.
Diiïormcs dans l'ari (les), 425.
Digitales. — et digiUliue, 76, 569. — sur
la température (action de la), 162. —
sur 11 petite circulation (action de la},
8119.
Digitulincs. — et strophantine, 144. —
(posologie de la), 688. — (action com-
parée des), 845.
Diphthérie. — et paralysie diphlhéritique,
36. — par la quinoline (traitement an-
tiseptique de la), 254. — (traitement
antiseptique local de la), 276. — (trai-
tement de la), 293. 357, 374, 405, 454,
574. — par insufflation de sucre en
poudre (traitement de I»), 453, 534,
5118. — (sel de cuisine contre la). 453.
— par le jus de citron (traitement de
In), 502. — par r.icide salicylique
(traitement local de la;, 535. — (le
poison de la), 567. —(inhalations d'oxy-
gène dans la), 635. — (traitement de
la), 766. — Voy. HémipUgie.
Diphihéritiques (influence des inlialations
d'oxygène sur le rythme respiratoire
elles les), 245.
Dispenses militaires applicables aux mé-
decins, 784.
Dithiosalicylate de soude (action du),
050.
Diurèse produite par les snores, 682.
Diurétiques. 402. \
DOHRN. Calculs vésicaux chez li femme,
647.
DOHRN et Aeckerlbin. Mécanisme de la
respiration chez le nouveau-né, 745.
Doigts (déformations consécutives k la
tuberculose osseuse des), 656.
DOLÊnis. Physiologie du col utérin, 734.
DoMiNGoa. Voy. Freire.
Dondert. Nécrologie,- 216.
DouTHEBENTK. Paralysie générale arthri-
tique. 546.
Doyen. Bactéries de l'urine, 229.
Drainage des plaits (suppression du),
310. 327.
DrBYFUS-Brisag. Des pleurésies méta-
pneumoniques, 185. — La maladie de
Wctl, 441. — Assistance publique.
553.
Drouineau. Hygiène des hôpitaux, 551.
DUDIEP et Bruhl. Désinfection par l'a-
cide sulfureux, 272.
DuBOia. Les phoUdes sensibles à la lu-
mière. 632.
Dubousquet-Labordbrib. L'antipyrine
dans la coqueluche, 179.
DUGHASTBLET. Taille hypogastrique pour
calculs. 697.
DucLAUX. Action de la levure de bière
sur les produits secondaires de li fer-
mentation. 194.
DUDON. Traitement des anérrysmes arté-
riels. 695.
Du HOMME. Dosage du sucre dans les
urines des diabétiques. 452.
DuHRSSEN. Traiiement des hémorrhagies
post partum, 746.
Dujardin-Bbauhbtz. Hygiène alimen-
taire des diabétique», 44. — Prophy-
laxie de la rnge. 185, 191. — Dirtion-
naire de thérapeutique, 197. — Déno-
mination des mé<1icamenls nouveaux,
29t. — Prophylaxie de la tuberculose.
516. — Analgésies antithormiques. 538.
— Do l'alcoulisme. 545. — Action diu-
rétique de la glyctfse, 717. — Action
diurétique des sucres. 798.
Dcjardin-Beadmetz et Bardbt. Action
du l'exalgine. 210.
Domontpallier. Métrite chronique, 387.
DUMuUTiiiBRS. Préparation du chloro-
forme destiné k l'anesthésie, 59.
DUPONGHEL. Péritonite tuberculeuse lo-
calisée d'origine traumatiquo, 92.
DuPUY. Epilepsio provoquée par l'excita-
tion de la dure-mère. 341, 357. — Dua-
lité des hémisphères cérébraux. 357.
— Effets inliibitoires dos injections
sous-cutanéoi de chloroforme, 357.
DURAN. Lavage de la vessie sans soude.
128.
Durand-Fardbl. Traiiement thermal de
la gravelle urique, 97.
Dure-mère. Voy. Epileptie.
DURET. Laparotomie pour étranglement
interne. 698.
DUVBROBR. Alcoolisme, 545.
Dynamomètre (nouveau), 388.
Dysenterie (lavements à la créoline dans
la), 619.
Dysuicuorrhée (antipyrine dans le traite-
ment des douleurs de la). 196.
Dyspepsie. — des enfants (formules
contre U), 269. — flatuleute (créosote
dans U), 348.
Dyspnée. — toxique dans les cardiopa-
thies artérielles, 405. — (pressions vas-
culaires dans la), 616. — cardiaque.
Ë
Eaux. — minérales (inspectorat des), 81.
— météoriques (toxicité des), 386. —
— de source à Paris, 652. — de mer
artiGcielle (conservation des mollus-
ques vivants par 1'), 831.
Ebstbin. Nature et traitement, 761.
Echolalie mentale, 271.
Eelampsie. -> puerpérale (traitement de
1'). 198. — (microbe trouvé dans l'u-
rine dans i'), 227. — (lésions hépati-
ques dans 1'), 245.
Eczéma. Voy. Dentition,
Ecole. — du service de santé militaire do
Lyon, 1, 199. — (hygiène de l'i. 549.
Edingbr (L.). Auatomic des centres ucr-
veux, 130.
Edwards (W^). Hémiplégie dans quel-
ques affeclious nerveuses, 599.
Ehrmann. Traitement des anévrysmes,
701.
Electrolyse linéaire, 497.
Elischbr. Calculs vésicaux chez la
femme. 047.
Eloy (Ch.). Valeur thérapeutique du
strophanlus. 2. — Indications des mer*
curieux comme diurétiques, 102. —
Antisepsie dans la pneumonie, 150. —
Traitement de l'eczéma éo la dentition,
206 — Traitement local de l'éry-
sipèle, 206. — Traitement antiseptique
de la typhlite, 225. — Traitemeut du
prurit sénile par les composés salyci-
liques, 237. — Traitement do la diph-
thérie parla quinoline. 254.— Topiques
antiseptiques au naphtol. 254. — Trai-
tement de la coqueluche, 266. — Trai-
tement du croup par la térébenthine,
269. — Traitement d« la dyspepsie
des enfants, 269. — Belladone dans U
coqueluche. 284. — Administration de
Il tréosoto à riulùricur, 303. — Rhui
aromaficiM dans rincontinertce d'urine,
317. —Caféine dans la pleurésie, 334.
— Créosote dans la dyspepsie flatu-
leute, 348. — Antipyrine dans le dia-
bète, 363. — Créosote dans la phthli>io.
378. — Menthol dans le prurit. 308.
— Injections antiseptiques contre la
blcnnorrhaïric, 409. — Etch»choU%ia
californica, 431. — Curnutine, 444. —
Constipation des enfants, 462. —
Teigne, 475. — Créoline. 490. — Trai-
tement antiseptique de la diphthérie, 574.
— Dangers des antithermiqiics analv'é-
siqucs de la famille des anilides. 590.
— Calomel dans la phthisie, 607- —
Traitement do l'asthme des foius, 628.
— Action du veratrum viride, 638. —
Naphtol dans la fièvre typhoïde des en-
fants 643. — Posologie de la digiUlino,
688. — Créoline dans l'érysipèle. 741.
— Pommade à la eniolinc et à l'iodo-
forme, 741. — Traitement antiseptique
de l'cclampsie puerpérale, 757. — Trai-
tement des ténias par le ca!oracl, la
fougère m&lo et la pellotiérine, 780. —
Traitement du psoriasis, 804.— Traite-
ment du choléra infantile, 834. — Irri-
gations intestinales dans la fièvre ty-
phoïde, 835.
Embolies graisseuses, 419.
Embryocardie ou rythme fœtal des bruits
du cœur, 258.
Emphysème. — (traitement mécaoii|oo de
certains cas d'), 77. — (danger de la
paraldéhyde dans 1'), 196. — Voy.
Pneumonie.
Empyème. — pulsntile, 403. 447, 470. —
(aspirateur de Bunsen dans 1'), 809.
Encéphale (circulation veineuse de 1'),
616.
Endocardite. — (microbe de 1'), 03. —
maligne, 764. — infectieuse. 844.
Endométrite. — chronique (traitement
del'), 473, 482.— guérie par lo curage,
597.
Endoscopie vésical^, 166.
Eofauce. — (hygiène de la première), 279.
— (hygiène de 1'), 403. — (maladies
de 1'). 735.
Enfants. — (hystérie des), 6. — (emploi
des topiques dans les iflbctions cuta-
nées des), 78. — idioU et arriérés
(protection des), 554. — (traitement
de la tuberculose des), 766. — (leçons
cliniques sur les maladies des), 814. —
Voy. Urticaire.
Enfants-Assistés (isolement et désin-
fection de l'hôpital des), 66, 74.
Enseignement supérieur en piovince, 488.
Butérorrhaphie, 697.
Épancliemenls pleurctiques traités par
les purgatifs salins, 162.
Épidémies (rapport sur les), 61.
àjpidermique spéciale (évolution). 29.
Épididymtte par la pulsatille (traitement
de I'), 831.
Épilepsie. — (crises d'), 6. — par abla-
tion d'une tumeur du cerveau (gué-
rison d'), 126. — (altération des glo-
bules rouges à la suite des accès d'),
194. — provo<iuéo par l'excitation de
la dure -mère, 341. 357. — (moditi-
ca lions de la pression artérielle dans
V), 357. — par les pointes do fou sur
lu cuir «bevelu (traitement de 1'), 437.
—jacksonietme (trépanation pour). 099.
Epistaxis (révulsion para-hépatique dans
les), 750.
Epizuoties (police sanitaire des), 589.
Ergographe (1*), 615.
Erysipèle. — (traitement local antisep-
tique de 1'), 206. — et de la lymplian-
gitc iiiguo (identité de 1'), 260. — par
I'mIcooI (traitement de I'). 358. — (anti-
septiques dans 1'), 539. - (t<ailemoiit
préservatif de I'), 568. — (créoline dans
1'), 741. — (étude biologique de 1*),
797.
El y thème. — infectieux, 30. — Taccini-
furmu syphiloïde, 379.
EtehtcholUia californica (préperstiao*
d'). 431.
ESMARCH (Von). Btiologie et diagnosU;
des tumeurs malignes. 581.
Eilimac. — fendant la digeslioa (mi-
crobcstlo 1'), 63. — (traitement de U
dilaution de T), 80. — (microbe 4*
n, 114. — (diagnoMie contre W* c^ocfr
et l'ulcère de 1'). 298. — (corps éfrat:-
gers de 1'), 342. — (eas de caor.f
probable de I'), 688. — et syphilis 'ai-
laution de 1'). 749 — (dilatatsoii dr
1'), 761. — rcancer de K). THÙ. — Voy.
Coitro^inteotinal.
Ethcr. — iodoforroé (accidents par r.n-
jection d'), 76. — («sort par nnc iiv-
jection d'), 580. 612, 64$.
Etranglement interne (laperotoraie poar .
096.
EULEMBURA et IlElfiIBL. Sespeasioa
dans le labee, 649.
Exalgine (action de T). 210.
Excitation éle«*triqtte el réaction Devrj-
niuscnUire. 15.
Excréments (nature des). 631.
Excroissances épiderniiques par l'acnle
s-tlicyliqiie (traitement des). 78.
Exencéphalie, 763.
Expertises médico-légales (moyen* «•
garantir les intéréU de la société •!
des inculpés dans les), 556.
Expositbn universelle (le nië4ecin à
1'). 441, 473, 489, 60J. 621. 637. 72t.
737.
FabRB. Pathologie dot mineurs. iOI,
551.
Face. — (scléfodennto lanboée de U .
2£S. — (roslauraUoa de la). 406.
Kalrkt. Obsessions avec conscience. 545.
Falsifications on Hollande, en AUoiiMgDr.
572.
Faho. O>ntractions du cœur de l'eai-
bryon, 616. — EfleU de l'abbtioa de
corps thyroïde. 632.
Fargi. Du diabète, H29.
Fauchard, Voy. MaladU.
Favibr (H.). Scarlatine réddivée, 580.
Favus généralisé, 39.
Fécale soluble dans raraaeulalîou des
malades, 535.
Fehlino (de Bêle). Auto-infection parr-
péralo, 532.
Fehling (liqueur de). 402.
Fémur (hyperosioeo du), 143.
Fer. — tprocédé de doaage du), 101, kii,
485. — (action et r*osologio du). U
Fbré. Crampe des écrivains. 114. — V*-
riatioiis de l'hémoglobiiie cii<-a les fat»,
tértques et les é^Hleptiqtaes. 127. —
Altérations des globale» ronfle* à U
suite des acres d'épilepsi«. IM -
Accidents produits par la lumière él«i-
trique, 357. — Modificationa de U prv«-
sion artérielle cbrt lea épilepUq.»^
357. — Traitement de rcpilcpiùr { •
les pointes de feu sur le cuir cbevtl»
437. — BIfeU du froid sur TlioaiRi
452.
Fbréol. Aniyotrophie ches une Utb *
enceinte, 42 Empyrèinc puisait
403. — Pleurésie béuiorrh«^iqii.> r
cancer de la plèvre. G74.
Fbrnbt. Traitement des ulcéiations m
berculeuses par le naphtol caiaptir.'.
470. — Petite épidémie locale de ç»
tro-entérile cb<4érifome» *207. - I -
jections tntn-pleuralos «laaa le» |4^*-
réties infectieuses, 478. — luîccii.u»
Intra-pulmonaires de naphtol tmmf
dans la tuberculose pulmonaire. 4*C
492. — CsNcer probable do l'estttn*.
6^.
Fkrrand. Anévrysffle .diaaéqoant è
l'aorte, 437.
FutHÉ (G.). Palhogéoio do U rage, 7t:
TABLE DES MATIÈRES.
853
FilssiNGBR. La grippe infecUcusû à
Oyonnax, 635.
Fièvre. — (patliogfSnie de la), 111.417,
748. — Voy. Jaune, Palustre, Ty-
phoïde, etc.
Filuirc du sang, i44.
FiNKKLNOUUG. IiiAucnce du sol aur la
propaj^mion do la luberculoae en Alle-
magne, 808.
KiNKLBK. PnoomoaioA à streplocoecu»,
9U9.
Fischer. Trépanation pour Itimcur céré-
brale, 583.
Florain. Action de la salive sur les
plantes, 401.
Ftuorliydriquo dans la phlhisio (acide),
197.
Fluorure do sodium (aclio-i du), 631.
Fluo9ilicates. — pour la conservation des
cadavres, 180. — de sonde co-ume
germicide, 702.
Fœtus. — do l'infection pnenmouiquc
(transmission an), iU3. — (loUition de
la tdie chci le), 194. — do (r«nl*-
trois ans dans le venlre maternel, 482.
— (passage du virus charbonneux de la
m^re au), 484. — dans le sein maler>
ni'l (mort du), 7tfô.
Foie. — (kystes hydatiques supérionrs
du), 89. — (maladies du). 98 —
(kystes hydatiques du), 244, 263. —
(nbcf's du), 309, 3«0. ~ guéri par
l'injection de liqueur de Van Swic-
ton (kyste hydalique du), 513. — inr les
poisons (action du), 631. — (nutrition
intime du), 68i. — (ferment glyco^-ique
du., 716.
Fo!i«î. — du doute, 107. — ehex les en-
fants, 181. - »yphililique, 321, .135,
350. — (alcooliatne et), 546.
Fonssagrives (éloge dt;). 801.
FoNTAM Pathogénic du tétanos dans les
régions tropicales. 309, 411. — Trai>
Icmcnt des tuberculoses locales, 711.
FoKBL. Fibrea nerveuses de Toculo- mo-
moteur commun du chat, tl65.
Fort (J.-A.) Ëiectrolyso linéaire, 407.
Fondre (effets nenreux do la), 527.
FoL'RNiBR. Pityriasis rosé de Gibert. 39.
— Sclérodermie tn plaques du cuir
chovclu, 225. — Svphilis vaccinale,
2<'>4. — Gomme sclércuse chronique
du jambier, 380. — Pscudo-parsilysic
syphilitique do Parrol, 380. — Syphihs
tertiaire, 511.
Fraenkbl. Cancer dn larynx, 813.
France (population de la), 467.
François-Franck. Les archives de pliy-
siologie normale et pathologique, 14,
31. — EffeU respiratoires résultant de
l'exciutioa du bout inférieur du nerf
vague, 215. ~ Contraction des bron-
ches, 275. — Méeaiiij'Hie du pouls vei-
neux. 716. — Pouls veineux de la sa-
phène, 764.
Frbdbt. Morsure de la wpère, 101.
Freire (Domingoe). Toxicité des eaux
météoriques, 386. —Inoculations pré-
ventives contre la flcvrc jaun»», 747.
FiiEU.ND junior. Grossesse extra-utérine.
647.
F r EL NO senior. Hyslcrectomie, 647.
Froid. — (conservation des viandes par
le), 405. — sur Tliomme (effets du).
452. '
Faommbl. Hy^térectomie, 648. — Accou-
chemenk dans les présentations du
sommet, 743.
Fubrbringbr. Occlusion intestinale, 515.
— De l'impuissance virile, 761.
Fusibr. Capacité juridique des aliénés,
670.
Cad cl Hbymanns. Influence de la tem.
porataro sur la contraction musculaire.
632.
Gaillbton. Trichophytie des cils. 398
Gale |iar le savon au pétrole (traitement
de la.i, 277.
Galipi'B. Recherches de stomatologie,
536.
Galtier. Transmission de la pneumo-
enlérite infectieuse du (lorc. 229.
Gamai.eïa. Vaccination préventive du
choléra. 797.
Ganglion de Mcckel (résection du), 696.
Gakgolphs. Petite chirurgie. 216.
Gangrène sé<iilc, 440.
Garde-malade (manuel de la). 359.
Garmer (P.). Accruissemenl du nombre
des aliénés à Paris. 546.
Gnstriques. ~ (glandes). 29. — non ta-
bctiques (crises), 43. — (éléments cel-
luliiircs des glandes), 276
Gastro-entérite chulériformc (petite épi-
démie locale de/, 2U7.
Castro- entérotonii*'. 471, 483.
Gastro-inteMinal des enfants (irrigations
intestinales dans le catarrlu-). 816.
Gasirostomie. — (cas remarquable de),
S7. - (de la). 342, 598.
Gastrotomie. — pour • orps étranger, 356.
— (de la). 778.
GAUCHER (E.). Traitement de la diphthé-
rie, 534.
GELLif. Troubles nerveux par excitations
auditives, 405.
Génitale (tuberculose), 646.
Génilo-urinaires (opérations sur les
voies), 598.
Genou. — (résection du), IHl, 339. -
(périartiirite dn), 701.
Genn valguui (ostcoclasie pour), 700.
Gerhahiit. Gonflement de la rate dans
les inflammations des poumons, 453.
GÉHiN-RozB. Cas de guc.ison du goitre
exuphtlial inique, 179. — Cas de rage
inutilement traité par les inoculations,
179.
Germes pathogènes (action du soi sur
les). 549.
Gerstein. Traitement de fracture com-
pliquée du crâne, 583.
Gestation oxtrn-ubérine, 143.
GlARD. Sortie des globules polaires de
l'œuf, 128. — Maladie phosphorescente
des crustacés, 710. — Signification
mor|>bologiqao des globules polaires,
813.
Gibier (P.). Vitalité des trichines, 665.
GiLBEHT. Hystérie tultagiquc, 715.
GiMBKRT (J.-L.). Système spécid d'ic-
jection hypodermique do certains mé-
dicanieuls irritants ou cau»tiques, 239,
255.
GlNGEOT. Dilatation de l'aorte et oblité-
ration de la sous-clavière, 463.
GtQUEL. Traitement des taenias, 124. •
Mort subite par une injection d'élber,
580.
Giraud'Teulon. Nécrologie, 44.
Glandes. — pinéale (structure de ta), 114.
— sur le système nerveux (influence
des). 362.
Glénard. Exploration manuelle du rein,
122.
Glby. Innervation de la glande sous-
maxillaire, 15. — Procédé d'étude des
phénomènes vaso-moteurs, 127. — Poe-
Mim,
Glby'cI Schlagdbnhauppen. Action do la
corouilline, 276.
Globules. — (mensuration drs), 44 . "
polaires (signiflcation morphologique
des), 813. — polaires. Voy. Œuf.
Glycogène et glycémie, s75.
Glycose (action diurétique de U), 717.
Glycosides sur la nutrition générale (ac-
tion dos), 63.
Glycosurie. — physiologique, 341. —
alimentaire, 717. — Voy. DtabèU.
GOGUILLOT. Comment on fait parler les
sourds-muets. 585.
Goitre. — exophthalmiquo. Voy. Ataxie.
— (Irailoment du), 144. — exophthalmi-
qne (cas de guérison du). 179.— exoph-
tlialmique (strophanttne contre le), 294.
— kystique double, 678, 098. — exoph-
thalmiquo (nutrition dans la fièvre liée
au), 797.
GoLDSCRMlDT. Traitement de la diphlhé-
rie par le pcrchlornro de fer, 357.
GoLTZ. Importance de la substance grise,
615.
Gomme scléreuse chronique du jambier,
380.
GONTHIER. Inhalations d'oxygène dans
la diplithorie. 635.
GouLLiARD. Dé ridemcnl des collections
de la périnictritc chronique. 734.
GouUe (nature et traitement de la), 701.
Grabser. Prophylaxie do la fièvre pa-
lustre par la quinine, 358.
Grancher. Los maladies éruptives con-
tagieuses, 201. 213.
Granchfr et Richard. Action du sol
sur les germes pathogènes, 549.
GrandclÉME.nt. Opiithalmio sympathi-
que, 544.
Grasset. Diagnostic différentiel entre le
cancer et l'u cèro de l'estomac, 29 . —
Cas d'hyttérie ave*: a<ttasie-abaMC,390.
Gravelle urique (irailement thermal «e la),
97.
Greffes. — osseuse rhcx l'homme, 31. —
de muqueuses. 129. — par la méthode
de Thicrsch, OôO. — autuplasliques.
656. — osseuses, 656. — derrao-épi-
dermiques. 830.
Grêhakt. Dosage de l'eau dans le sang,
371. — Dosage de l'urco dans le sang
tt dans les muscles, 371.— Rcclier-
chcs physiologiques sur l'acide cyan-
bydrique, 648, G82. — Innocuité de
l'oxygène préparé par le procédé Dous-
singault. 765.
Grippe. — infectieuse à Oyonnax, 635. —
à Paris (la). 817. — (de U), 827. - en
Europe, 834. 841.
Grise (o ganisation de la substance), 615.
Grosfossc. — extra-utérine, 178. — qua-
dri-gémcllaire. 400. — (vomissements
incoercibles de la), 005, 618. — extra-
utérine, 647. — Voy. Getlalion.
Grube. Embolies graisseuses, 419.
Grusenbbrg. Cure radicale de hernies,
419.
GUELLlOT (0.). Cystocèlc inguinale, 007.
— Maladie rappelant la fièvre dcngue
\ Reims, 821.
GuELl>A. Traitement de la diphthcric. 538.
Gué.MOT. Vomissements incoercibles de
la grossefse. 605. 618. — Ostéomala-
cie, 633.
Guerre de sécession (liistoire médicale de
la), 703.
GuiLLEMAlN. Vaccination dans l'armée.
550.
GuiLLOT et DEMANGE. Moyons de garan-
tir, dans les expertises médico-légale.^,
les intérêts do la société et des incul-
pés. 556.
Gl'INArd (A.). Révulsion parahépatique
dans le traitement de certaines hémur-
rhiigies, 722. 760.
GuiNON (G.). Agents provocateurs de l'bys-
lérie. 45 k.
GUYON. Exploration n anuclle dn rein. 88.
— Néphrorrhaphie, 126. — Endoscopie
pour inmeur vésicale, 270. — Intoxi-
cation urinaire, 290. — Traitement
conséculif des arthropalhies, 5(>8, 558.
— Tuberculose vésicale, 732.
Gynécologie (électricité en). 017.
Gyrus sigrooïde (extirpation du), 632.
H
Haas. Action de la teinture de stroplian-
tus Kombé sur le choc du cœur, 58 k.
Habitations (hygiène des), 551.
Hahn (B.). Transplantation do peau car-
cinomateuse, 358. — Récidive du can-
cer, 58 L
Hahn (L.). Zoologie médicale, 295. —
Patnm.
Hallopbau. Favus généralisé, 39. —
Pcmphigus iodique, 147. — Syringo-
myélic. 178. — Pelade et son traite-
ment, 539. — Le groupe lichen, 540.
— Trichophytoses, 541.
Hallucinations, 547.
Halter. Immunité contre la phthisie
pulmonaire ches les ouvriers des fours
à chaux, 46.
Hanau. Greffe du cancer chcx le rat, 582.
Hanche. — (résection do la). Voy. Coxal-
gie. — (luxation congénitale de la),
617. — en arrière (réduction des luxa-
tions do la). 650.
Hanot (V.) et Gilbert (A.). — Éludes
sur les maladies du foie, 98.
Hano*tb (G.). Restauration fonctionnelle
du pouce, G51.
Hare. Chlorure de baryum dans les ma-
ladies du cœur. 570.
H ASHIMO ro. Corps étrangers de rcstomac,
342.
H%8TUNG. Svphilis tertiaire, 541.
Ilay fevir (traitement de l'i. 628.
Hayem (G). Mci'anisme de la mort des
lapins transfusés ««vec le sang de chien,
159. — Hemoglobinurio paroxvsti'pie.
171. — Anémie des u urrissoiis, 72'^.
— Du sang et de se« allénitions anaio-
mîques, 767. — Valeur diagnostique
de l'urobiiinurie, 840.
Hebra. Le 1 chen, 510.
Heddacbus. Évacuition manuelle do la
vessie, 231.
Hédon Circulation veineuse de l'encé-
phale, 816.
Hegar. Castration, 647.
Hehl. Assistance d<-s pauvres dans le
Mas«achu8sels, 553.
HridivNMain (L ). Cancer du sein, 581.
— Formation de la lymphe, 615.
IIbidenrkich. Greffes par la méthode de
Tbiersch et cicatrices vicieuses, 656.
Heinz. Mode d'action des astringents. 570.
Ilelmonl {J -B. van). Son monument, 636.
Hématozoaires des palHdiques, 72.
Hémérniopie, 544.
Hémiplégie. — faciale, 106. — dans quel-
ques affections nerveuses, 599. — hys-
térique à la suite de diphtliérie. 600.
Hémisphères cérébraux (dualité des), 357.
Hémoglobine chez les hystériques et les
épileptiques (variations de \), 127.
Hcmoglobmurie paroxystique, 171.
Héniopty»ius. — (traitement des), 263. —
d'origine externe, 596.
Hémorrhagies. — (révulsion parahépati-
que dans les), 722. — post partum
(traitement des), 746.
Hémorrhoïdes (dilatation de l'anus p,ir),
419.
Henocque. Oxyhémogloblne chez les dia-
bétiques, 31.
Henrot (H ). Démographie, 371.
Hknky (Ch.). Dynamogénie et inhibition,
26.
Hépatique (ligature de l'artère), 797.
Hépatite chronique alcoolique (curabilité
d.. 1). 786.
HÉR\KO. 'lM!tem"iit éleririqiir d*' l'uli-
struclioH intestinale, iû7, 468.
Hérédité, —(de 1';, 547. — Voy. InfeC"
lieuMfM.
HÉRtcouRT et RiciiET. Transfusion péri-
tonéale et toxicité variable du sang du
chien pour le lapin 28.
Hbhmann. Nature de., excréments, 631.
Hernies. — étranglée (entérectomie pour),
143. — (cure radicale des), 419. — in-
guinales irréductibles, 522. — élran-
glôo (microbiologie de la), 698. — in-
guinale congénitale (cure radicale de
Kl), 804. — Voy. Étranglement,
Herpès tonsurant (traitement de 1'), 503.
Hervé (Ed.). La circonvolution de Broca,
146.
Hbrvibux. Vaccination et revaccination,
141. — Syphilis vaccinale, 515. — Ac<
854
(TABLE DES MATIÈRES.
cideoU dut à la vaccine, 618. — Rap>
port sur la vaccine, TON, 712. — Vac-
cine uleéreuae, 769, 779.
Hkrzbn. Rôle de« centres moteurs chex
les jeunes animaux, 547. — Extirpation
du gyrus sigmoîde, 639.
HiBTZ. Injections sous-catantfes d'huile
grise benxolnée, 71. — Pouls capillaire
dans les plaques d'urticaire, 75.
Hippocratlsme (de 1'), 761.
His. Organisation intime de la substance
grise cërébro-médullaire, 615.
Histologie (traitd d'), 978.
HCBPTMAN. Trépanation do l'apophyse
mastoïde, 583.
HoPFA. Septicémie, 589.
Hoffmann (M.). Enchondromedes glandes
paJalbies, 342.
Hongrie (assisUnee des pauvres en), 553.
Hôpital des Enfants & Bucarest (service
chirurgical do T), 979.
Hôpitaux. — (réformes hygiéniques dans
les), 111, 117, 149, 178, 201, 913. 314,
396, 355, 403, 437. — marins pour les
enfants pauvres, 494. — Voy. EnfantM-
MiUtét,
HoRSLBT. Fonctions motrices du cerveau,
615.
HonssATB. Métamério de la tôle des ver-
tébrés, 797.
HouziL. Tuberculoses locales, 731.
HUGBARO (H.). De Tartério-sclérose, 919.
— Du pouls lent avec attaques épi-
loptiformes et syncopales, 930. — Em-
bryocardio, 958. — Injections de ca-
^^ féine dans les états adynamiques, 374.
— Dyspnée toxique dans les cardiopa-
thies artérielles, 405. — Action compa-
rée des digiUIines et de lu diglule,
569. — Traitement de la maladie de
Stokes-Adam, 634.— Maladies du cœur
et des vaisseaux, 666.
HUBPPB. Virulence des parasites du cho-
léra, 60.
HUERTtiLB. Ponls artériel, 631.
Huile. — grise (préparation de T), 69,
198. — grise benzoïnée (injection soua-
Ctttanéo d'), 74.
Huménie (extirpation de l'anévrysme de
1). 403.
Humérus (ab'atiou toUle de 1'), 109.
Hyaloide (structure de la membrane),
388.
Hyiiatides. Voy. Foie, Rate.
Hydracéiine comoie antilhermique, 649.
Hydrargyrie subaiguë, 196.
Uydratlii cûnadenêit (action de 1'), 619.
Hydrocèle chyleuse. I4i.
Hydronaphtol comme germicide (valeur
de l'). 709.
Hydrothérapie, 847.
H.tdroxyiamine en dermatologie, 493.
Hydrure d'amyièiie (dangers de T), 389.
Hygiène. — (encyclopédie d'), 718.— pu-
blique (mesures d'), 790.
Hypnotique nouveau, l'uralium, 977.
Hypnotiques (examen du fond de l'cBil
ches les), 778. 789.
Hypnodsme, 486. 547.
Hypttasoturie cancéreuse, 998.
Hypo icrmiquo (méthode), 939, 955.
Hy|<oNéiiiato>e, 341. 734.
Hv|H>hcii«ie iiiterlropicale (traité do V),
33«.
Hystérertomie, 617.
Hystérie. — des enfants, 6, 189. — (la
mioère agent provocateur de 1'), 955.
— roftle avec astasie-abasio, 390. — (la
grand<'j. ilO.— (les agents provocateurs,
de i'). 454 — (nutrition dans 1'), 400.
518. - tabaglque, 715. — Voy. Ata-
xie, Sclérote.
HyUeriomca Baglahen (action de I'),
45t.
H\8toro-inft>ction. 466.
Hysléropexie, 69, 75. 96, 781.
Hystérotomie et hystérectomie par la
voit vaginale, 180»
I
Ichtyol dans la néphrite chronique, 397.
Ictdre par résorption dû à la rupture de
la vésicule biliaire, 780.
Iléus. Voy. Intestin.
Iliaque. — (résection de l'os), 711. — (tré-
panation de l'os), 749.
Illieium parviflorum (toxicité de Y), 789.
IMMBRHANN. Fonctionnement de restomac
dans la phthisie pulmonaire, 761.
Immunité dans les maladies, 737, 746.
Impuissance. — guérie par la cure radi-
cale d'un varicocèle, 160. — virile, 761.
Inée. — dans la fièvre typhoïde, 44. —
(dosage de I'), 568. — (sur 1'), 689. —
Voy. StrophantUM,
Infectieuses. — (rôle des poisons d'origine
microbienne dans les maladies), 190. —
(lavage du sang dans les maladies), 946.
— (hérédité dans les maladies), 657,
670. 685. — (rôle et mécanisme de la
lésion locale dans les maladies), 746,
InCsction (influence du système nerveux
sur 1'), 518.
Infirmiers et infirmières (recrutement
des), 554.
Influenia. Voy. Grippe,
Inhibition, 26, 31.
Injecteur sous-cutané, 940.
Inoculations. — par succion, 664. — d'a-
nimaux vaccinés, 764. 765.
Inspectorat des eaux minérales, 81.
Institut Pasteur, 768.
Institution smithsonienne (rapport annuel
• de 1'), 599.
Interdiction (intervention des experts dans
les questions d*), 555.
Internat des hôpitaux, 80.
Intestin. — (perforation de 1'), 195. —
(diagnostic de l'occlusion de 1'), 445. —
(laparotomie dans l'occlusion de Y),
455. — (traitement de l'obstniction de
1';, 457, 468, 473. - (de l'occlusion de
l'), 514. 530, 656 — (atonie de 1*), 847.
— Voy. Gatlro-inteitinal.
lodiques comme agents vasculalres (les),
770.
lodure de potassium sur le cœur (action
de l'), 653. 666, 670.
Irilis, 489.
Irrigation intestinale. Voy. Gaslro-in-
teêtinal et Typhoïde.
IscovESGO. Tuberculoses locales, 731.
Israël Palpation du rein, 937.
Jablowskc. Transmissibilité do la suette
et de la roséole, 549.
Jalaguibr. Kyste à grains risiformes, 88.
— laparotomie pour plaie pénétrante
de l'abdomen, 781.
Jambe (hypertrophie de la), 568, 618.
Jambnl. Voy. Sytygium.
Jamin. Impuissance guérie par la cure
radicale d'un varicocèle, 160.
Jarret (palmure du), 349.
Jaune (inoculalions préventives contre la
fièvre), 747.
Javal. Verres à surface torique, 568. —
Traitement du strabisme, 71d.
Jbannbl et Laulanié. Nature et origine
du tétanos, 610.
JBNDRA88IK. Localisation du tabès, 453.
Jessop. Traitement 'du cancer du rectum,
616.
JOPFROY (A.). Ataxie locomotrice ci goitre
exophthalmique, 7.
JOKASSBN (J.). Le tétanos en Islande, 434.
JORISSBNNB. Aniiiieptiques dans l'érysi-
pcle. 539.
JoaiAS (A.). Bain froid systématique dans
la fièvre typhoïde, 758.
JOHEL-RÉNOY. Traitement de la fièvre
typlioïde par la méthode de Brand, 13.
— Kyste hydatlqne du foie traité par
l'injection de liqueur de van Swieten,
513.
Juu.iBlf (L.). Dilatation do l'estomac et
syphilis, 799.
K
Kalt. Vision binoculaire, 701.
Kaltbnbagh. De rauto-infection puer-
pérale, 466.
Kaposi. Du groupe lichen, 540. — Der-
matlte herpétiforme, 549.
Kaufhann. Ferment glycoslque du foie,
716.
Kbhrer. Fistule urétéro-vaginale, 616,
Kéloïdes. — par la résorcino (traitement
de 5), 946. — Voy. CUatrieee.
Kblsgu et KiBNER. Maladies des pays
chauds, 946.
Kératites, 489.
Khambs. Assistance des pauvres en Hon-
grie, 553.
KiRMissoN. Suture de la rotule, 95. —
Suture de l'urèthre, 945. — Opération
de Shelps, 349. — Extraction de balles
logées dans le rocher, 451.
KiTASATO (S.). Microbe du tétanos, 589.
Klein. Inoculation par succion, 664.
Klbmpbrbr. Dilatation de l'estomac, 761.
Knock. Traitement de la néphrite aiguë
chex les enfants, 78.
Knoll. Pressions vasculalres dans la
dyspnée, 616.
Kœnig. Récidives du cancer, 129.
KoRBTZKi. Gangrène sénile, 449.
KORTEWBO. Résultats stiitistiques de l'am-
putation du sein pour cancer. 599.
Kraus. Alcalescence du sang dans les
maladies, 809.
Krausb. Récidives du cancer, 581. —
Traitement des ostéo»arconies è myélo-
plaves, 589. — Traitement de la tuber-
culose du larynx, 808.
Krbhl. Pression sanguine dans le cœur
et les artères, 808.
Kribs (von). Plélhysmographe, 631.
Kronbckbr et Gbrbbr. Déglutition, 631.
Kuborn. État sanitaire des ouvriers mi-
neurs, 551.
Kubolbr. Sur l'inée, 689.
KUBSTNBR. Ventro-fixstion, 646.
Kystes. — dermoïdes intermaxillaires, 70,
113. — dermoïdes, 149. — dermoïdes
intracrâniens, 910. — dermoïdes. Voy.
Sacro-coceygienne. — dermoïdes (ap-
parition Urdive des), 699, 644.
Labbé. Péritonite aiguë et phlegmon
péri-ciecal, 676. — Résection du maxil-
laire inférieur pour l'amputation de la
langue, 711.
Labonnb. Du tétanos des nouveau-nés, 94.
Laboratoire de physiologie pathologique
à l'Ecole des Hautes Etudes, 147.
LàBORDB. Troubles trophlques consécutifs
à la section du trijumoau. 198. — Di-
gitaline et strophantine, 141. — Action
de l'absinthe, 637, 648. — Physiologie
dos tubercules quadrijumeaux, 789.
LaboulbAnb. Inoculation de la rougeole,
178.
Lagasbaonb. Nécossité des examens mé-
thodiques en médecine légale, 556.
Lactate de quinine (injections hypoder-
miques de), 170.
Lactose. — (digestion et assimilation de
la), 143. — dans les maladies du
cœur, 386. — (diurèse produite par la),
716. — Voy. Sucres.
LjiDAMB. Règlements sur l'hypnotisme,
548.
Laonbau. Mortalité dans l'armée et la
flotte, 101.
LAauBSSB. Pancréas des poiuoos, 341.
— Développement de h rate clwx ^ 1
sélaciens, 789.
Latlement. NécrologiB, 164.
Lamblino. Dosage de l'ozygètts àm êwç
97.
Lancbrbaux. Intoxication par I«s p^CSr*
mobiles, 89, 95. — TraasaiBsiM i*
U syphilis par les iMlTBinurts ■»-
propres, 791, 734.
Lardbrbr. Opérations è Bac, SES.
Landouzt. Protection de la Maté de a
première enfanee, 548.
Larbloib (P.). Centres psycho-^otcm
des nouveau-nés, 485.
Lanoloib et RiCBBT. Coavatoioas. M. -
Influence des anesUiéeiqaes aar U
respiration, 941, 639.
Lanoloib et db Varignt. Aetioa à» b
einchonine sur les cnbes, 194.
Langue. — (ulcère tnbereulens de b'
199. — (exploration des moaireanaii
de la), 975. - (maladies de U). m .-
Voy. MûxiUaire.
Lanhblonoub. Kystes denaoîdas inier-
maxillaires, 76, il3. — Kjsies d«r-
moldes inlracrlntens, 910. — Déforms-
ttons coBséeatives à la tobercrisM
osseuse des doigts, 656.
Laparotomies. — exploratriee, 113, —
(adhérences péritonéales à la sajte ée],
195. — diverses, 586. — Voy. AU^
men.
Lapicqub. Procédé de dosagada fer. 151.
499. 485.
Lapicqub et Paribot. Actîoa de b
caféine sur le système nervcax et na»-
culaire, 813.
Laquer. Rhinoscléroma, 809.
Lardibr. Service sanitaire dans laa Vosges,
549.
Larobr (R.). Trépenalioa poar dpilepsic
jacksonlenne, 609.
Larrbt. Allocntiou an Goagris fruBçais
de chirurgie, 651.
Laryngeciomie pour cancer, 600.
Laryngite stridnlense (antipyriae dan^ la).
180.
Laryngo-typhos (traitement da). 419.
Larynx. — (fumigations aMrearMIes d»at
la diphthérie du), 145. — (dilatalioa
d'un rétrécissement syphiSlitM dv).
355. — (cancer da). 581. — (chimvgie
du), 598. — (acMe Ucliqoe daaa U
phthisie du), 766. — (traitement de k
tuberculose du), 808. — (cancer du).
813.
Latabtb. GesUtion extra-nlérine, 119.
LATcniCHB. Gholécysiolomie, 192.
La Toorbttb (Gilles de). Natritiaa daai
l'hystérie, 490. — TranmattaBie n
médecine légale. 555. — Nutrilioa
dans la lièvre liée an goitre exofhilul-
mique, 797.
Laubnbtein. Opération pour rétrécisse-
ment du pylore. 531.
Laulanié. Influence des excitations des
nerfs vagues sur le cceur, 599, SSfî. —
Cardiographe direct à aiguille. 797.
Lavaux. Cocaïne dans les affections des
voies urinaires, 538. >- Rétrécissement
de l'urèthra, 097.
Lavements. — et suppositoires ft la glytê-
rine, 509. — narcotiques, t06. — p-
teux. Voy. Ammoniaque.
Lbbbg. Extirpation de l'astragale et du
scaphoîde pour pied bot, 98.
Lbblang. Origine du tétanos. 278.
Ledb. Hygiène de Tenfance, 403.
Lb Dentu. Cas remarquable de gastro*
stomie, 97. — AfTections chirurgicale*
des reins, des uretères et des capsule»
surrénales, 519. — Grilb de ruretère
de la peau du flanc. 087. — Sature ds
rein dans la néphrolithotooaie, <)07. —
Tuberculoses ostéo-articulaircs, 739. -^
Néphrectomie pour rein tabetcoleai,
739. — Tuberculose Tésicalc, 799.
LBBch. Le nitrite d'étbyle eonivie ce-
pnéiqae, 994.
Lb Fort. Médecine opéntaira, 740.
TABLE DES MATIÈRES.
855
USgato (mëdeciM), W5.
LlOtHDRI, BARBTTI «t LlPAGB. TniU
pratique fd'antÎMptU appliquée à la
thérapeuliiiue et k rbyyièoe. liS.
Législation sanitaire (rëfome de la),
551.
UgoueiL Nécrologie, 160, ie3.
Lmrain. Du délire chei les dégénérés,
343.
LiOROUX et DOPRÉ. GemaMioication in-
tarcardiaque eongénitale, 380.
UiiciTiNSTiRN. Occlusion intestinale,
514.
Lriot. Action de la dtgiule, 108.
LUARS (F.). U masse do Teichmano,
S3i.
LiLOiR. Syphilis tertiaire, 541. — Trai-
tement delà syphilis. 541, 70S.
LiLOiR (H.) et B. Vidal. Maladies delà
peau, 634.
Lmoim. Action de la pyrodine, 311. —
— I^ralysie générale arthritique, 545.
Lbo. Echanges gattux dans le diabète
•ttcré, 806.
Ltomi, Traitement des tuberculoses lo-
cales, 710. •
LéoPOLD. Auto-infection puerpérale,
53i. — Opération césarienne, 746. —
^ Non*eÀcenient du col pendant la
grossease, 746.
LApiif B. Auto-infection d'origine rénale,
339. — Trépanation, 517. — Action
des nervins anllthermiqttes, 538. —
Lèpre toberealeuse, 820.
Lèpre. — en Turquie. 533. — tubercu-
leuse, 890.
LtPRÉvosT. Kystes bydatiques du foie
et de la rate, S44. — Résection thora-
cique et névrectomie intercostele, QM.
LiRBDOULLKT. Prooostle de la pleurésie
hémorrhagiqne, 56. — Droit de réqui-
sition en matière médico-légale, 750.
— PoMlm.
LiROY. Influence des muscles de I'obII
sur la forme do la cornée humaine,
15. - Biologie do l'éryslpèle. 707.
LtSCR. Actinomycose cutanée, 582.
LcTtiLLi et Vaquu. Empoisonnement
par l'acide chlorhydriqne, 31.
Lbuobt. BOologie de la phibisie pulmo-
naire. 848.
LCVAS8BUR. Population de la France,
487.
Livt. OstéopérIosUte externe primitiTo
de Tapophyse matlotde, 660.
Levure. — de bière sur les produits se-
condaires de la fermentetion (action
de la), 104. ^ du mucus vaginal, 76.
Lbydbn. Sténose du pylore, 531.
LiBBRMAMH. Étlologio de la phthlsie pul-
monaire et laryngée, 114.
Lichen. — ruber plan multiforme, t09.
— (de la constitution du groupe), 540.
LiftBBAULT. Le sommeil provoqué, 610.
LiioBOis. Action du veratrum viride»
405. — Révulsion para-hépatique dans
le traitement des épistaxis, 750.
LiRDBNBAUM. Traitement chirurgicsl de
la tuberculose articulaire, 410. — Trai-
tement chirurgical de la pleurérie
purulente, 419.
LUfrane (amputetion de), 113.
Lithuse saUvaire, 484.
Lobes occipitaux (cécité subite par ra-
mollissement des deux), 007.
Localisations cérébrales et trépanations,
450. 470.
LswBNBBRO. Furoncle de roroille, 130.
LawBNTHAL. Recherches expérimenlalos
sur le microbe du choléra, 26. 94.
Loi militaire au corps médical (applica-
tion de la nouvelle), 472.
Lombard (des États-Unis). Effets de la
fatigue sur la contraction Yotonteire
des muscles, 682.
LOMBR. Traitement du placenta previa
5S4.
Longévité, 362.
LoPB. Natare infectieuse du tetanos des
nouveau-née, 748.
LORBV. Traitement de la diphthérie. 453.
LoYB. Sécrétion urinaire cbes les oi-
seaux, 632.
LucAS-GHAHPlONNlèRB. Trépanation,
568.
Lumière électrique (accidents produite
par la), 357.
Lunettes et pince-nes, 328.
Lupus. — tttbereulenx aigu, 39. — éry-
thématenx de la bouche, 225.
LCTAUD et DB8C0UT8. Abus de lamor*
pfalne. 556.
Litton. Hydrargyrie subaiguê, 196.
Luva. Paralysie agitante, 213. — Dou-
leurs dentaires d'origine centrale, 262.
— Atlas photographique du système
nerveux, 407. — Examen du fond de
l'œil ches les hypnotiques, 778.
Ltck (van der). Assiste nce des pauvres
en Moravie, 553.
Lymphadénome. — cervical par Tanenic
à haute dose (traitement du), 753. —
(sur le). 780.
Lymphangite aiguë. Voy. EryiipèU.
Lymphe (formation de la), 615.
M
Macario. Hydrothérapie, 847.
HACft. Traité pratique de bactériologie.
131.
Magbwbn. Abcèe du cerveau, 617.
Mâchoires. — (oonstriction des), 144. —
en arrière (luxation de la), 196.
Magkbnzib. Voy. MoreU.
Mabé. Peste on Asie sur le littoral de la
mer Ronge, 550.
Mains. — (lupus érytbématenx des), 380.
>- (soins i donner aux), 766. — Ané-
vrysme ciraolde de la), 843.
Mal de mer (cocaïne centre le), 502.
Maladies. — de Parliinson (tremblement
do la tète dans la), 7. — de Baeedow.
Voy, Afoxk. — de Fauchard, 139. —
d'AddUon. 141. — de Basedow. 188.
— dea pays chauds. 246. — de Par^
kinson hémiplégique. 383. —de Woil,
t. 441. -Voy. GùUre, InfeetiêUiet,
Mai^gaiomb. Médecine opératoire, 749.
Malibrax. Atonie intestinale, 847.
Mauean et Pruonibk. Transmiaston du
tétanos, 708.
Mandragorine (action de la), 831.
Manie par l'opium (traitement de la), 453.
Mansanillo (action purgative du), .300.
Marbt. Lois de la morphogénie ches les
animaui, 15.
Marii,libr. De l'hallucination. 547.
Marqubz. Acrodynie et anenidsroe. 91.
— Vente de raraenlc. 568.
Martbll et D0CHM%NN. Traitement do
hi phthisie par le calomel, 880.
Martin (A.-i.). Chauffage par les poètes
mobiles, 234. — Réformes de la Idgis-
laUon sanitaire, 551.
Martin (Q.). Prothèse immédiate appli-
quée à la résection des maxillaires, etc.,
400.
Martin (6.). Etiologie de la myopie, 020.
Martinet. Bntérectomte pour hernie
étranglée, 143.
Jfartînf {Ch.), Nécrologie, 163.
Massage. — électrique, 809. — (électricité
et), 847.
Massr. Kystes dermoides, 142.
Masse de Teichmann (la). 232.
Mastim. Hydrocèle ehyleose, 144.
Mastîte algue, 291.
Mastotde. — (trépanation de l'apophyse),
434. — (ostéopériostite externe primi-
tive de l'apophyse), 001.
Mastoïdiennes (Inflammation purulente
primitive dos cellules). 661.
Maternités. 554.
Maurbl (B.). Hypohématose, 734.
Mauriac. Folie et paralysie générale sy-
philitiques, 321,335,350.— S>philis
terUaire, 541. — Myélopathies syphili-
tiques, 837.
Mauricbt. Mort subite après une injec-
tion d'éthcr. 645.
Mau8 (M). Désinfection des scarlatineux,
633.
Maxillaires. — (prothèse Immédiate appli-
quée à la résection des), 400. — supé-
rieur (résection du nerf), 698. — infé-
rieur pour l'amputetion de la langue
(résecUon du), 711.
Méat chez U femme (hypereslhésie pa-
piUaire du), 734.
Médecine clinique et physiologie, 378.
Médecius-ntajors de l'armée (réforme de
Texamen d'aptitude des), 115. — fran-
çais en Orient. 141.
Médtastin antérieur faisant saillie au cou
(abcès du), 699.
Médicamenta nouveaux (les), 281. 291.
Mélancoliques (les). 137.
Méloè (développement du), 77.
Membres. — inférieurs (nodosités éry-
thémateuses des), 39. — (traitement
des ancvrysmcs des), 005. — Voy.
Jambe.
MiNARD (G.). Mécanisme des fractures
Indirectes de la colonne vertébrale,
651.
Mendblsohn. Chaleur dans la contrac-
tion musculaire, 452.
Méningite. — consécutive aux plaies de
tête, 617. — spinale chronique (sus-
pension dans la). 799.
Méningo-encéphalite. — consécutive à un
coup de feu, 742. — (de la). 229.
Mentales. — (thérapeutique générale des
maladies). 487. — (classiUcalion des
maladies), 547.
Menthol. — dans les doulcura prurigi-
neuses, 398. — dans les maladies des
voies aériennes, 718.
Mercure (action diurétique des sels de),
98,102.
Mbrklbn. Mortalité par la fièvre ty-
phoïde dans les hdplteux. 534.
Mbrmann. Inutilité et dangere de te
désinfection interne dans les accouche-
ments normaux. 533.
Mbsnbt. Hypnotisme, 408. ~ Cystocèlo
vaginale opérée dans le sommeil hyp-
notique, 509.
Méthylacétentiide (propriétés de U). 389.
Métrite. — chronique, 387. — des jeunes
filles, 401.
Michaux Plaie non pénétrante de l'ab-
domen, 214. — Fislttte biliaire et cho-
lécystectomie, 698.
MiCHON. Ghloroformisatlon. 409.
Microbes. — pathogènes (emploi vaccinal
des excréta de certains), 10, 21 , 40.
— accidentellement pathogènes, 331.
— pathogènes (matières solubles éla-
borées par les), 518. — pathogénio
(antiseptiques propres à chaque), 539.
— et microbie è TExposition uni-
veraelle, 586, 590. — pathogènes (ac-
tion du sérum des animaux malades
on vaccinés sur les), 747. — Voy. Atto-
ciationt.
Microbiologie (transformisme en), 079.
Microcéphalie, 734.
Migraines. - (les), 19, 31. 50. — oph-
thalmlque hystérique. 518.— et blépha-
roplose. 789.
MiLLARO. Reformes hygiéniques dans
les services hospitaliers, 111. — Bm-
pyème pulsatile. 447. — Traitement
do l'occlusion intestinale par l'électrité.
473.
Mineure, —(pathologie des). 401.— (état
sanitaire des). 551.
MiNKOWSKi et von Mering. Diabète con-
sécutif h l'extirpation du pancréas, 631.
MiOT et Baratoux. Maladies de l'oreille
et du nex. 47.
Miroirs rotatifs. Voy. Paralytiet Den-
taires.
MlTZKDNBR. Trépanation de l'apophyse
mastuïiie, 434.
Moiteêtier. Nécrologie, 148.
MoLLiàRB (D). Traitement des «né-
vrysroes artériels, 096. -^ Traitement
des anévrysmes diffus. 696. — Traite-
ment dos tuberculoses locales, 710.
MONOBVILLB (Henri de). Ses manuscrits,
G33.
MONOD. Descente artificielle du testicule
ectopié, 274. — Gangrène du pouce
par immersion phéniquéo, 326. — Sar-
come do l'orbite, 484. — Rein poly-
kystique, 484. — Néphrectoroie, 607.
MoNOD (H.). Assistenco publique, 552.
MONTANÉ. Gytodiérèse dans le testicule
du rat, 844.
MoNTESSUB. Métrite des jeunes filles.
401.
MORAT. Nerfs vaso-moteurs de te tête,
15.
MOHAT et Dabtrb. Existence dans lo
cordon cervical du sympathique de
filets vaso-diUtateura pour la région
buccale, 016.
Moravie (assistance des pauvres en), 553.
Moromorst. Massage électrique, 809.
MOHBAU (de Tours). La folie chez los
enfants, 181. — Contagion du crime,
401.
MORBL (J.). Classification dos maladies
mentales, 547.
Morbl-Lavallâi. Syphilis des iiounlca,
556.
Morbll-Mackbnzib. Maladies du nez,
535.
MoROZOPP. Ugature de la sous-clavière.
448.
Morphine. — (abus do la ), 556. ~ (nlté-
nlionsdes solutions a^ueusesde). 702.
— Voy. Picrotoxine.
Morphogénie chei les animaux (lois do
la). 15.
Morris (H.). Chirurgie rénale, 617.
Mortalité. — dans l'armée et la flotte,
101. — à Paris (causes de), 118. - par
rougeole, coqueluche et scarlatine, 400.
MonvAN. De la paréso-analgésic. 561
575.
Morvan (maladte de), 308. 318.
Morve (vaccination de la), 105, 176.
MossÉ. Arthropathiedtabétique suppurée,
181. — Prophylaxie do la tuberculose.
550. 579.
Mosso (de Turin). L'ergographe. 615.
MOTAls. Hérédité de ta myopie, 3-^7, 401.
— Lavages intra-oculairo«, 543.
Production de la myopie, 544.
MoTBT. De l'alcoolisme, 544. — Trauma-
tismes cérébraux et uiédullairos et mé-
decine légale, 555. —Intervention dos
experte dans rintordiclion, 555.
MougeoL Nécrologie, 148.
Moulé. Bacille trouvé sur la viande. 401.
Moussu. Nerf excito-sécréteur de la pa-
rotide, 341. 388. — Innervation des
glandes molaires, 388.
Moutard-Martin. Du sulfonal, 231.
MOYBN (i.). Les champignons, 082.
MUBNCHMEYBR. Hystérectomie, 617.
MuGDAN. Les médications de la coque-
luche, 033.
MULLBR. Echanges organiques dans la
cachexie carcinomateuse, 809.
MUNBO-KUMAGAWA. — Influence des
agenta antipyrétiques sur l'élimination
des substances azotées. 161.
Muqueuses (graffes de). 129.
Murmuro vésiculairo (du). 809.
Muscles. — (résultate de l'énervation par-
tielle des), 15. — antagonistes (contrac-
tion simul tende des), 15. — (dosage de
l'urée dans les), 371. — (dialeur dans
la contraclion du). 452. — chez les
hémiplégiques (névrite périphérique
dans l'atrophie des). 518. » (effets de
la fatigue sur la contraclion volontaire
des), 632. — (influence de la tempéra-
ture sur la contraction des), 632. —
(pathologie des terminaisons nerveuses
de*), 679. — uprès te mort (cbauge-
■Muls dans les), 701.
856
TABLE DES MATIÈRES.
Mutisme hystérique. 1R8, 529.
Myélite non gystémaliséo (eu»! de dia-
l^noslic d'une), 7^.
Myélocyles des poissons, 762.
Ilyélopatliics syphilitiques, 837.
Myopie. — congënitalo avec a«tii;mntt8nie,
137. — (hérëdilo de la), 387, 401. —
(étiologie de la), 620.
Myrtol comme désinfcctanl des voies res-
piratoires (du), 294.
N
Naphtaline dans la fièvre lyohoïde, 649,
666.
Naphlol. — camphré, 52, 485. — Voy.
AntUeptique*.
Napias. Protection de la santé de la pre-
mière enfance, 548.
Nappes souterraines (pollution des). 550.
Naunyn. Strychnine dans la paralysie
diphlhéritiquc, 454.
Nccriibiosc et microbes, 26.
Nécrologie. 16, 32, 44, 64, 100. 116, 144.
160, 163. 183, 200, 216, 247, 344. 408,
472, 573, 573, 604, 620. 684. 703, 720,
752. 768, 848.
Nécro'e phosphorée (de la), 66.
Nklaton. Prolapsus du rectum. 796.
Néplipsctomio lombaire pour rein sup-
pure, 373.
Ncphrito ai(;^ië chez les enfants (traite-
ment de la). 78.
Néphrolilhotomie, 607.
Névhrorrhaphic,95, 126.
Nerveux. — dépendant d'excititions au-
ilitives (troubles), 403. — (petit atlas
photographique du sysième), 407.
Ncrvins anlilhcrmiquos. 538.
Netter. Pleurésie mcta-pncnmonique,
43. — Transmission au fœtus de l'in-
fection pneunionique, 193. — Abcès
sous-périoslés à pneumocoques, 566.
Névrcctonile intercostale, 698.
Névrite. Voy. MuicUi.
Nez. — en bas pour enlever les tumeurs
(renversement du), 355.— (maladies du),
535.
NiCAlSK. Physiologie de la trachée et des
bronches, 678. — De l'aération, 7t8.
Nie ATI. Rôle glandulaire des procès ci-
liatres, 341.
Nicolas (A.). — Fluoailicates pour la
conservation des cadavres, 189.
Nimier. Effets produits sur roreillo pnr
la détonation des armes k feu, 292.
Nitrite. — de cobalt et de potasse comme
médicament vasculaire, 77. — d'élhyle
comme eupnéiquc (le), 294.
NocARO. Étiologie du tétanos, 110. — Tu-
berculose zoogléique, 193, 710.
Noctiluques (noyaux des), 764.
Nourrices (syphilis des), 556.
Nourrissons. — (pesage méthodique des),
190. — (lavage stomacal chez les), 278.
— (anémie des). 726.
Nouveau-nés. — (tétanos des), 24. —
abandonnés aux Enfants-Assistés (sé-
jour des), 534. — (respiration chez le),
745. — (nature infectieuse du tétanos
des), 748.
NUEL. Injections intra-oculaircs, 542.
0
Obsessions avec conscience, 545.
Obstétrique (travaux d'), 198.
Occlusion. Voy. Inteitin.
OciiOROWicz. Hypnotisme, 547.
Uculo-moteur commun (fibres nerveuses
de 1). 665.
Œil. — (anatoraic normale et pathologi-
que de 1'), 439. — (affections synalgi-
ques de 1), 482. — (injections dans 1')
542. — (énucléation de 1'). 543. — (mas-
sage de T), 597. 748. — (thérapeutique
de V}, 800. — Voy. Ataxie, Yeux.
(Kufs. — (Mir la sortie des globules po-
laires de 1'), 128. — sans vilellus, 485.
Ollibr. Greffe osseuse chez l'homme, 31.
— Accroissement des os longs, 323. ~-
Béseclion ostéoplasiique du pied. 327,
338. — Résection du genou, 339. —
Ostéotomie du nez, 355. — Greffes au-
toplasliques, 656. — Tuberculoses osléo-
ariiculaires, 73t.
Ollivibr (A.). Rapport sur les épidé-
mies, 61. — Eau de source à Paris,
652. — Leçons cliniques sur les mala-
dies des enfants. 814.
Olshausen. Grossesse extra-utérine, 647.
Ombilic (tumeurs de 1*), 214.
Ongles. — (altcraliou des), 114. — in-
carné (opération de 1'), 484.
Onomatomanic, 271, 327.
Onyxis et péri-onyxis professionnelles,
173, 177.
Opemchowsky. Action de la digitale sur
la petite circulation, 809.
Opérations. — à sec, 582. — Voy. AUxan-
der, etc.
Opératoire (médecine), 740.
Ophlhalmie sympathique (formes cliniques
de 1'). 5i3.
Ophthalmotogio. 423.
Opilaçao (traitement de 1'). 338.
Optique (atrophies du nerf), 54t.
Orbite (sarcome de 1'), 484.
Orehidorrhaphie, 471.
Oré. Nécrologie. 601.
Oreille. — (maladies do 1'). 47. — (fu-
roncle de 1'), 130. — Voy.Armcf à feu.
Oi^ germé pour la culture des microbes
(ré;idu d'), 48t.
Orthann. Traitement de la sclérose du
pylore, 531.
Os. — longs des membres (mensuration
des), 198. — (structure normale de 1'),
215, 716. — longs (accroissement des),
323. — Voy. Doigtt.
Osmique dans le rhumatisme musculaire
(acide). 14i.
Ostéo-arlhrite. Voy. Pied.
Osléologio comparée, 312.
Ostéonialacie, 633.
Ostéomyélite aiguu (traitement de 1'), 342.
Ostéosarconies à niyéloplaxes par l'évide-
nent (traitement des), 582.
Otite chez les jeunes enfants, 276.
OULMONT. Cécité subite par ramollisse-
ment des deux lobes occipitaux, 607.
Ovaires (dégéncrescenre microcystiquo
des). 640.
Otariotomies, 373.
Ovaro-salpiiigitcs, 354.
Oxyde do carbone. — (action de 1*), 276.
— Voy. PoéUi mobiles.
Oxygène. — (valeur thérapeutique des
inhalations d'), 650. — préparé par le
procédé Boussingault (innocuité de 1'),
765. — Voy. Diphlhérie.
Oxyhémoglobine. — chez les diabétiques,
31. — dans la bile après la mort, 451.
— Voy. Hémoglobitu.
Ozène par le baume du Pérou (traitement
de 1'), 78*.
Ozone dans la phthisie, 400.
Palais ((roubles de la parole dans les
divisions congénitales du), 699.
Palaliucs (enchondrome des glandes),
342.
Palémon (développement dn), 311.
Palper abdominal en obstétrique, 162.
Paludiques (les hématozoaires des), 72.
Palustres. — par l'antipyrine (traitement
des lièvres), 278. — par la quinine
(prophylaxie des fièvres), 358.
Panaris auaigcslque, 308.
Panas. Enucléation pour ophlhalmie
sympathique, 543.
Panrréas des poissons, 311.
Pansements. — antiseptique simplifié,
655. — à la charpie stérilisée, 711,
700.
Papillons (développement des chrysalides
dv), 77.
Paraldéhyde. — (recherehea cliniques sur
la). 767. — Voy. BmphyièrM.
Paralysie. — infantile, 7. — diphthéri-
tique, 36. — agitante guérie par les
miroirs rotatifs, 213. — alcoolique
des membres inférioiirs, 255. — géné-
rale syphilitique, 321, 335. 350. —
générale arthritique. 545.
Paramétrite (étiologie de la), 532.
Paréso -analgésie (de la), 560, 575.
Parikaud (H.). Sur le strabisme. 762.
Paris (mortalité à), 118.
Parker (B.). Tumeur cérébrale. 617.
Parkinson. Voy. Maladie.
Parotide. — (nerf excito-sécréteur de la),
341, 338. -> (ablation de la), 567.
Parvillb(H. de). Causeries scientifiques,
295.
Pasteur (H). Prophylaxie de la rage
après morsure, 420.
Patrin. Recherche et dosage de l'albu-
mine, 567.
Pathologie externe. 232.
Paul (C). Du sulfonal. 45. — Traitement
antiseptique local de la diphlhérie, 376.
— Traitement de la ga'e par le savon
au pétrole. 277. — Saccharine. 498. —
Aniisepliques propres à chaque mi-
crobe pathogène. 539. — Du aomnal.
765.
Paulidès (D.). Arthropathies tabétiques
du pied. 79.
Pawlowsky. Tuberculoi^e articulaire. 418.
PéAN. Guérison d'cpilepsie par ablation
d'une tumeur cérébrale, 126. — Leçons
de clinique chirurgicalo, 63. — Traite-
ment des anévrysmes diffus, 696.
Peau. — (affection parasitaire de la), 21 5*
276. — carcinomateuse (transplantation
de), 358. — (courants électriques dans
la), 451. — (actinnmycose de la), 5^2.
— (maladies de la). 018, 634.— (tuber-
culose de la), 623.
Pelade et son traitement, 539.
Pelletiérine contre le tanin, 78.
Pemphigus indique, 147.
PéniER. Méiiingo-encéphalocèle, 229.
Pértmétrite chronique (débridement vagi-
nal des collections de la). 734.
Périnéphrite,451.
Périostose, 633.
Poripneumonio contagieuse du bœuf, 617.
Péritoine (lavage du;. 402.
Péritonites. — tuberculeuse localisée
d'origine traumaiique, laparotomie, 02 .
— par perforation, 195. — par élaotii-
sation d'un myome, 450. — aiguë (trai-
tement chirurgical de la). 676.
Pérityphlile, 617. — (iraitemeot des
abcès de la), 656.
Pbrribr. Conservation de mollusques
vivants par l'eau de mer artificielle,
831.
Perrin (Maurice). Nécrologie, 573, 669,
685.
Pèsc-bcbé, 190.
Pesskz. Polyuries albuminuriques d'ori-
gine nerveuse, 392.
Peste sur la mer Rouge, 550.
Petersen. Do l'hippocratisme, 761.
Petit (A.), pattim.
Petitbon. Alcoolisme, 544.
Peuch, Passage du bacille de Koch dans
le pus de séton de sujets tuberculeux,
94.
Peulevé (Y.). Nécrologie, 100.
PeYraud. Rage tanacétiqiie, 354.
I^EYROT. Traitement des ancvrj'smes ar-
tériels. 696.
PpeifPer. De la goutte, 761.
Pharyngite chronique traitée par l'acide
actti|ue, 78.
Phelpi (opération de), 348.
Phénacétine (action antipyrétique d« Im\.
180.
Phénate de camphre dacM la philù*»»
(injection do)^ 389, 502.
Piiénique (gangrènes et briUurcs par
l'acide). 355.
Phénols camphrés. 52.
Phényl-propioniqiie contre la piithi»i«
(l'acide), 535.
Pholades sensibles à ta Ismièra (le» .
03i.
Phosphate acide de chaux, 507.
Phosphore. Voy. Nécrose,
Phosphorescente des crustacés (maladir,.
716.
Phthisie. — (créosote et iodure de pulas-
sium dans la), 30. — pulmonaire chez
les ouvriers des fonrs à chaux (î«bm-
nité contre la), 46. — (étiologie de b-.
114. 843. — (fonctioanameot de l'eslo-
mac dans la), 761. — Voy. Caitmtl,
Créotûte.
Picrotoxine et de la morphine (anlago-
nisme do la), 406b
Pied. — (arthropalhioi tahëliqnea du).
79. — par l'opéntion de Wlaûimirvff'
Mikulicz (résection du), 161. — \nyef-
lion osléoplastiquo du). 327. 338. —
(amputation du), 711.
Pied bot. — (extirpation de ] astragale
et du scaphoide pour), 06. — paraly-
tique (aribrodèse pour), 373. — (on-
ploi de la force dans cerlainei forutes
de), 67U. — par la méthode de Plicips
(traitemcnl du), 711. — vams. tarscc-
tomie, 835.
PiBRRiT. De l'ajlbriltsme. 546.
Pigments (recherche des). 311.
Pl.NAKD (A). Pa'por abdominal et vcr>
sion par manœuvres externes. iOL —
Grossesse extra-utérine, 174.
Pityriasis. — rosé d«t Gibert, 39. ~
pi'aire, 379. — rubra, 540.
PlaccnU pr»via. 584. 746.
Plaies (suppression du drainage des). 310.
Playpair. Électricité en gynëoolegie,
617.
Pléihysmogr.ipbe, 631.
Pleurésies. — méta-porumoniqaes (poea-
mo-pleurésics de Woillea). 43. 70. —
hcraorrhigique (pronostic à» ia). 56. —
purulente des enfants. 144. — par le
salicylate de soude et le salol (traite-
ment de la), 145. — roeta-pneemo-
niques, 185. — infecliouses (iojcctioiis
intrapleurales antiseptiques «Um \cs),
478, 402. — purulentes roéta-poettnu»-
niques traitées par les ponctiwis avec
injections antiseptiques, 528. — hê-
morrhagiqoe et caacer de la plèvre.
674, 682.
Plèvre. Voy. Pleurésie, P»umon».
Pluvbttb. Aoévrysue du pli du coude.
421.
Pneunio-cntérite infectieuse du porc
(transmission do la). 228.
Pneuniogastriquo ( effets respiratoire»
résultant do l'cxciiation du iMut infé-
rieure du nerf). 215, 485. — sur >«
cœur (actiou du), 341. — a«tr le cow
(cffcls consécutifo avec excitation do
pneumogastrique), 422, 5.^, 5116.
Pneumonies. — (calomel à hautes dosi^s
dans la), 145. — (antiseps'e dani U.
i 45. — contagieuse du cheval» 276. —
franche (emphysème sous-cutané dans
le cours d'une), S92. — inferlieuse,
437. — (quinine dans la), GlU. —
graves exclusivement traitées par \^
inhalations do chlofulunu.*. CO:î. —
à streptococais, 809.
Pneumo-pleurésics. Voy. Pliurisie.
PneumoUiorax dana un accès d'asthme
guéri par la thoracentèsc, 744.
PooaES. Trai'emont opératoire de la
tuberculose articulaire, 41^.
Poêles mobiles. — (intoxication par les),
82. 05, 201, 212. 218. 243, 2tO, 361. -~
(chauilago par les), 23 t.
TABLE lïES MATIÈRES.
857
PoiRiBR (P.). CalhôlërisiM de* uretères,
596.
PoissoM. Néphrcclnmio lembatre, 373.
Pnissoii» (myéloeytet des), 702.
PoLAiLLON. De rhysttfropexie, 75. —
Ablation totiile de l'hamcn», i93. —
Traitement de l'endomélrite chronique,
4K2. — Ablation do la parotide. 56ë. —
Orariotomie, 569. — Reaiauratton de
l'urèthre chez la femme, 749.
Pommades miieilaginouMS. S37. 484
PoiKCBT. Greffes osseuses, 656. — Cyltn-
dromes multiples, 665.
PoNCiT (de Lyon). Cancer du eorps thy-
roïde, 699.
POPPBRT. Laparotomie dans l'iléus, 536.
f'ortraits composites, 616.
Ports (assainissement des), 556.
PoSNER. Prostaiite chronique. 860.
POTAIM. Traitement des tcnlas, 123.
Potasse dans les humeurs (dosaj^e de la)i
342.
Pouce. — par immersion phëniquée ((en-
grène du). 326. — (resUuration func-
liocincCe du), 651.
PoucHET (Gabr.). Empoisonnement par
l'arsenic. 425, i35, 556. — Pauim.
PoucHET (Georges). Ostéologic comparée,
313.
Poulet { Alfred). Nécrologie, 16.
PoitU. — (forme du), voy. Cœur. — lent
aver attaques cpileptifornics et synco-
palos, 230. -- artériel, 631. — veiiieux
(mécanisme du). 716.
Poumons. — et de la plèvre (syphilis du).
285. 303. 317, 335, 348. 367. — (injec-
tions iutra-pulmonaires de naphlol
camphré dans la luherculosi; des), 445.
— (innervation vaso-motrice du), 844.
— Voy. Phthùie, Rate.
POUSSON. Traitement des néoplasmes pei^
forante -de la voâte du crû ne, 517.
Pozzi. Suture de la vessie, 263. — Gastro-
ontérotomle, 483. — Accès aux organes
pelviens par la voie sacrée, 698. —
Fibrome uiériu, 844.
Prisons par les étudiants (visite des),
571.
Professionnelles (questions), 65.
Prostate. — (traitement de l'hypertro-
pliio de la), 374. — (hypertrophie de
la). 617.
Prostatile chronique, 809.
PHOUPP. Cas de maladie do Morvan, 308,
318.
Pnousr I>e l'aînhum, 228. — AsMtnià-
sèment des port«, 550. — Choléra en
Mésopotamie. 670. 080.
PnuNiKR. Action des sulfures sur le ciilo-
ral et sur le chloroforme, 597.
Prurit sénile par le* composés salicjiiquos
(traitement du). 2J7.
Ps<>udo-paral}sie syphilitique de Parrot,
380.
Psoriasis. — (tliéorie nerveuse du), 134.
— et arthropatliies, 147. — par l'io-
dure de poUssium (traitement du). 702.
— (traitement du), 804.
Psorospermose folliculaire végétante, 215,
27C.
Ptomaïnes, 550.
Puerpérale (instruction relative à la pro>
phylaxie de la fièvre), 584.
Pueri)ëniux (pathogéuie des accidents).
466,532.
Purpura iodo-potassique, 39.
Putréfaction (de la), 128.
Pylore (opérations pour rétrécissements
du). 531.
Pyloro|dastie, 531.
Pyocyanine. Voy. BatilU,
Pyocyautque. — (mécanisme de la fièvre
dans la maladie), 96. — (cause d'iniiiiu-
nité contre la inabdie), 311. — (la ma-
ladie). 519, 631.
Pyridine (euipoisonnement par la). 585.
Pyrodino (action de la), 311, 389. 619.
Q
QuBiREL. Lipome du sein cbes l'homme,
698.
QuiNCKi. Déglutition d'air. 809.
UUtNQUAUD. Cicatrices syphilitiques ké-
loïdiennos, 40. — Action des gluco-
sides sur la nutrition générale, 63. —
Glycogène et glycémie, 275. — Glyco-
surie physiologique, 342. — Tricho-
phytoses. 540. — Nutrition chez les
tuberculeux, 701.
R
Rachis (fracture du), 195.
Rage. — inutilement traité par les ino>
culatîons (cas de), 179. — (prophylaxie
de la). 185, 191. 420. — tunacétique,
354. — (palhogénie de la). 747.
Raideurs articulaires, 395.
Rate. — (kystes hydatiques de la), 244.
501. — dans les iitflaiiimations des
poumons (gonflement de la), 453. —
chez les sélaciens (développement de
la), 7S2.
Rauzii-r. Diagnostic entre le cancer et
l'ulcère de l'estomac. 296. — Diminu-
tion do l'urén dans le cancer. 635.
Reboul. Anestliésie chez la grenouille,
374.
Reclus Plaies pénétrantes de l'abdomen,
126. — Du trépan dans les fractuies du
crâne. 254. — Observation d'ainhnm.
345. ~ Traitement des anévrysmes
artériels circonscrits. 695. — Ancs-
thésie k la cocaïne, 712. — Traitement
du iympliadënome cervical par l'arsenic
à haute dose, 753.
Reclo-urinaires (cure des fistulc's), G78.
Rectum. — (traitement du cancer du),
616. — (prolapsus du), 665, 698. —
(diverticttle du), 698. — par la colopexie
(traitement du prolapsus du), 706. —
(cancer du), 735. — (extirpation du),
748. ' (traitement du prolapsus du).
790, 812, 814.
Rboard. Emploi de la force dans le
traitement de certaines formes de pied
bot, 679.
Rbonard. L'assistance oliliiraloire, 552.
Rbgnauld et VtLLEJEAN. Chloroforme et
chlorure de méthylène, 273.
RÉGNIER (de Nancy). Pantemenl à la
charpie stérilisée, 711. 790.
Reins. ~ (exploration manuelle du), 88,
122, 237.— (maladies des;. 502.— droit
(fibro-lipoine de la capsule ceilulu-
adi pense dn), 678. — dans la néphro-
liihutuinie (suture du), 697.
Rcinèdes secrets (répression des), 116.
IUn\ult. De la pneumonie infectieuse,
437
Renaut (J.). Traité d'histologie, 278
Rendu. Tremblement hystérique, 262.
RsHiBRCHEH (van). Suggestion, 548.
Rknzi (De). Traitement de la tuberculose
p^r l'air chaud, 634.
Réquisition. — en matière médico-légale
(droit de). 750. — des médecins (le
droit de), 784.
Respiration. — chez les animaux hiber-
nants, 14. — et exercice musculaire,
276. — Voy. Aiutthitiqiàet.
Respiratoires (désinfection des votes),
180.
Révulsion para-hépatique dans certaines
hémorrfaagici, 722, 759.
Rbynibr. Dangers de la chloroforaii-
sation, 501.
Rhamnuê frangula contre les douleura
dentaires, 375.
Rhinite libriiieose. 809.
Rhinoscléroiuo, 80*J.
Rhinoplastie a%ec appareil prothétique,
40G.
Rhumatisme. — (influence des piqûres
d'abeille sur le), 46. — (traitement du),
766.
Rhus aromatieut dans l'incootinence
d'urine, 317.
Ricard. Adénopathie pseudo- tubercu-
leuse du cou. 609.
Richard. Isolement indivMuel dans la
rougeole, 213. — SUtistique comparée
de la mortalité par rougeole, coque-
luche et scarlatine, 460.
RiCHAUD. Traitement des épistaxis re-
belles, 760.
RicHELOT. Section extemporanée de
l'éperon dans l'anus contre nature, 355.
— Bndométrite guérie par le curage,
597. _ Traitement des dévistions uté-
rines, 734. — Rétrodéviations utérines,
829.
RlCHET (Ch.). La chaleur animale, 471.
— Techninue physiologique. 844.
RicoGHON. Emploi vaccinal des excréta
solubles de certains microbes patho-
gèMos. 10, 21, 40. — ConUgion clinique
du téUnos, 497.
Ricord. Nécrologie, 703.
RiBTSCH. Ulcères de l'Yémcn, 402.
RlTTi (A.) Éloge do Dcchambre, 297,
313. — Pauim.
RODIN (A.). Dosage de la potasse dans
les humeurs, 342. — Action de la thal-
liiie, 069, 680.
RoDiN (de Lyon). Ostéoclasie pour genu
valgum, 700.
ROBSON (M.). Chirurgie abdominale,
617.
RoGHARD (E.l Opération de Phelps,
349.
RociiARD (J). Encyclopédie d'hygiène,
718. — Élo^e de Konssagrivcs, 801.
RocuBPORT (E ). Ainhum. 371.
Rocher (extraction de balles logées dans
le), 451.
Roger (G.-H.). Causes et mécanisme de
la suppuration, 84. — Inoculation du
charbon symptomallque au laidn, 245.
— Microbes aocidcntellenient patho-
gènes, 331. — Matières solubles élabo-
rées par les microbes pathogène;», 518.
— Action du foie sur les poisons. 63t.
— Hcrcdité dans les maladies infec-
tieuses, 657. 670, 685.
Roger et Gaumk. Pouvoir toxique do
l'urine dans la pne tinonie, 246.
ROLLBT (E.). Mensuration des os longs
des membres. 198. — Apparflion Ur-
dive des kystes dermuîdes, 6i9, 644.
Romniciano. Service chirur^jical de
l'hôpital des Enfants à Bucarest, 279.
ROSKNFBLD NouvcHU buclllc CD fomic de
virgule. 808.
Roséole (iransniissibilité do la), 549.
Roser. Cancer du larynx, 581.
Rolulo. —(fracture de l«), 75. —(suture
de Im), 95. — (traitement des fractures
de la). G78. — (fractures de \»). 711.
Rougeoie. — (inoculation do la), 178. —
(période contagieuse de la), 178. —
(contagion de la), 142.
RouLB (L.) et Suis (A.). Cours de zoo-
logie médicale, 295.
Roumanie (assistance publique en), 552.
Roussel (Th ). Assistance publique, 552.
RousSY. Pathugénte de la lièvre, 111,
177, 748.
ROUTIRR. Salpingites, 62. — Péritonite
aiguë, 677. — (^nner du rectum, 735.
RouviBR (J.). Hygiène do la première
enfance, 279.
Roux. Gastro-entérolomie, 471.
Roux (de Lausanne). Traitement des
abcès de la pérityphlite, 656.
RuKOWtTSGH. Traitement du laryngo-
typhus, 419.
Russie (assistance publique en), 552.
Sabatier (de Lyon). Ostéite do la clavi-
cule, 700.
Saccharine. — en thérapeutique et en
hygiène (bi), 180. — (de la), 498.
Sacro-coccygienne (kystes et fistules dcr-
moides de la région), 501.
Saiut>Laiaro (concours médical pour),
63.
Saint-Louis (sUti^tique de l'hôpital). 518.
Sabngbr. Extraction d'un kyste der-
moïdo sous-péritonéal du bassin, 048.
Sages-femmes (exercice de la médecine
par les), 425. 435.
Salicylate. — do soude et de l'antipyrino
(incompatibilité du), 206. — de mer-
cure (du), 390.
Salivaire (lithiase). Voy. Sow-maxil'
laire.
Salpêtrière (les leçons de la), 487.
Salpingites, 28. 29, 02, 646.
Salpingo-ovarites luberculetts*'S, 732.
Sang. — (dosage do l'oxygcuo du), 97.—
de substances vaccinantes (présence
dans le), 128. — (^«pcctro d'absorption
dui, 342. — (dosav'o de l'eau d«ns 1"),
371. — (dosage de l'urée dans let, 371).
(photographies du), 451. — (ferment
peptoiiisant dans le), 632. — et ses
altérations analomiqoes (le), 767. —
dans les maladies (alcalescence du), 809.
Santé publique (la direction do la), 17.
Saphèno ((K>uls veineux de la), 764.
SAi'PfeY. Méthode tbermochimique, 42J.
— Parallèle de la méthode llieriiiochi-
mique et de la méthode des coupes,
449, iOd. — Appareil vasculaire des
animaux et des végétaux, hffl.
Saucbhotte. Vaccine ulcéreuse, 793.
Sauterelles en Algérie, 114.
Savon. — antiseptique ou chirurgical, 38.
— vert contre les dernutosos. 803.
Scaphoïde. Voy. PUd bot.
Scapulo-humérile (osléo-arthritc), 700.
Scarlatine récidivée, 580.
Scarlatiiieux (désinfection des), 633.
ScHATZ. Contractions utérines par le
seigle ergoté, 746.
SCHBDE. Occlusion Intestinale, 515. —
Récidive du camer, 58t.
ScHLAMGE. Traitement do l'iléus, 530.
ScHMiuT (M.). Chirurgie du larynx, 598.
ScHNEDEL (H.). Scialiquo et scoiiuMs,
374.
SCHCLTZB (M>"). Hémoptysie d'oirgino
externe, 596.
SCHWARTZ. Dix opérations d'AIcxander,
214. — Suture de la vessie, 275. —
Traitement du prolapsus du rectum,
698. — Traitement des tuberculo»e$
locales, 711.
Sciatiqiie. — double syinptoinatique du
diabète sucré, 660. — et scoliose. 374.
Scl>rodermie. Voy. Face, Cuir.
Sclérose. —en plaques et liystério. 107.
— en plaques à longue échéance, 757.
Scoliose. Voy. Sciaiique.
Sbcueyron. Hystérotomie et hystérec-
tomie, 130.
SÉB (G,). Sur le strophantus, 6t. — Lac.
tose dans les maladies du cœur. 38C.
— Prophylaxie de la tuberculose, 51(L
Diurèse produite par la lactose. 716.
SÉB (G.) et Glby. Diabète expérimental.
59.
SÉB (G.) et Lapicqub. Action de l'iodure
de potassium sur le cœur, 653, 666.
Sis (Marc). Traitement préservatif do
l'érysipèlo. 568.
SiGLAS (J.) Deux cas d'oaomatomanie,
271.
Sbgond. Cure radicale de l'exatrophio
vésicale, 607. — Résection du nerf
maxii taire supérieur et du ganglion de
Mèckel, 698.
Sbibbrt. Traitemeat d« la diphthérie.
453.
858
TABLE DES MATIÈRES.
Seifert. Rhinite fibrineuM. 809.
Seigle ergoté. Voy. Dtirtu.
Sein.>- (cancer du), 105, S81. — (abcès
du), 961. ^ pour cancer (résuUats ata-
tisliques do l'amputalion du), 500. —
chez l'homme (lipome du), 698.
Sbiz. Traitement des hëmoptysles, S63.
SsLLiBR. Extirpation d'un anévrysme do
l'humërttlc, 403.
Skmatzki. Calculs Yëaicaux, 434.
Sbmmola. Traitement mcrcuriel do la
syphilis, S37.
Senbnko. Traitement du splTia-bifida, 4(0.
Senn (Nie). Bactériologie chirurgicale,
311.
Sensations. -^ (mémoire des), 402. — In-
ternes (les), 783.
Serbie (assisUncc publique en), S53.
Sérum. — (propriétés microscopiques du)f
818. - Voy. Microbet.
S.rvice de santé de la marine (instruc-
tions sur le), 683. ^
Seuvibr. Mécanisme' des luxations du
sicrnumt 154.
Sbvbrbanu. Fracture du racliis, 195. —
Assistance publique en Roumanie, 552.
SevBSTAE. Isolement et désinfection de
l'hôpiUl des BofanU-Assistés, 66, 74,
143. — Contagion do la rougeole, 442.
— Séjour des noavcau<nés abandonnés
aux Eiifanis-Assialés, 554.
Sexes (procréation des), 29.
Simon (P.) et Lborain. Érythèna infec-
tieux. 30.
Simulo dans lo traitement de l'épilepsie,
487.
Skutbch. Salpingites, 646.
Smart. Histoire médicale de la guerre de
la Rébellion, 703.
Société anatomiquo, pouim.
Société de biologie, patiim.
Société de chirurgie, poaaim.
Société médicale des hôpitaux, poitlm.
Société de thérapeutique, paiëim.
Société do protection des victimes du
devoir médical, 350.
Société protectrice de l'enfanee, 131.
Sociétés savantes à Paris (réunion des),
401.
Sol. Voy. Gernui, TubereuUue,
SOLOXKA. Calculs vésicauz, 434. — I^
suture après la taille périnéalo mé-
diane. 435.
Somneil provoqué (le), 620.
Soninal (du), 7i7, 765.
Sonde (nouvelle), 413.
SoRBL (F.). Statistique de la fièvre ty-
phoïde, 416, 431.
Soufre. ~ (cas d'empoisonnement parle).
389. — à l'intérieur (administration
du), 717.
Sourds-muets (comment on fait parler
les). 585.
Sous -clavière. — (aaévrysme de la), 113.
— (ligature de la), 448. — Voy. AorU.
Sous-maxillaire. — (innervation de la
glande), 45. ~ à la suite de lithiase
salivaire (altérations de la glande), 484.
Spartéine (action de la), 454.
Sphygmométrie, 451.
Spijranyi. Chirurgie cérébrale, 4f9.
Spillmann et HAU8BALTBR. Action de la
coroniile dans les affections cardiaques.
368 380.
Spillmann (P.) et Haushaltbr. Ané-
vrysme sacciforme de la crosse de
l'aorle, 775.
Spina-bifida (traitement du), 410.
SfRONGK. Poison diphthérl tique, 567.
SSUBOTIN. Ditatation de l'anus pour hé-
morrhotdes, 410.
Stachibwicz. Traitement de la phthuie
par los injections intraparenchymateutes
de créosote, 461.
Stbes. Cancer probable de l'estomac, 688.
— Méningo-eneépbalite par coup de
feu, 742. — Pied bot varus, 835.
Sternum (luxation du), 454.
Stokei'Adam (traitement de la maladie
de). 634.
Stomatologie (recherches de), 536.
Storci. Aspirateur de Bunsen dans
l'empyème. 800.
Strabisme. — concomitant amétropique,
544. — (traitement du), 716. -^ (du),
702.
STRAtTB (I.). La vaceinatiott de la morve,
165, 476.
Strophantine (anesthésle locale par la),
764.
Strophaotus. — (valeur Uiérapeutique du),
2, 47, 27. — et strophantine, 20. —
(do), 33, 42. 44. 40. 61, 65, 73, 05. —
dans les maladies du cœur, 112. -~ du
Gabon. 404. — Kumbé sur le choc du
eœ«r (action du). 584.
Strychnine dans la paralysie diphthén-
tiquo, 454.
SUARBZ DM Mendoza. Cataracte, 273.
Sucres, —dans les urines des diabétiques
(dosage du). 452. — sur l'économie
(action des), 765. — (action diurétique
des), 708. — Voy. Diuriit, Urine.
Sueite (transraissibtlité de la), 540.
Suggestion, 547,
Sulfite de cliaox (Indications du), 278.
Sulfonal. — (du), 45. 07, 231, 246. —
(exanthème provoqué par le). 180, 406.
— (intoxication par le). 180. — (ad-
ministration du), 422. — - contre t'in-
somnie, 535. — (recherches cliniques
sur le), 767.
Solforiciniqoe (de l'acide), 765.
Sulfureux (désinfection par l'acide), 872.
Solfhrique (pommade à l'acide), 775.
Suppositoires à la glycérine, 502.
Suppuration. — (causes et mécanisme de
la), 84. — (micro-organismes et), 106.
Sureau (action de l'écorce de tige de),
707.
Surmenage (deux cas de), 287, 306.
Suspension. Voy. TabeM.
Sympathique. Voy. AHoifi^, Moral.
Syphilide tertiaire superficielle. 225.
Syphilis.— héréditaire, 225. — vaccinale,
26 i, 505, 515. — grave précoce, 301.
— tertiaire cbex un enfant, 403. —
(traitement mercuriel de la), 537. —
tertiaire, 541. — (traitement de la).
541, 702. — par les instruments mal-
propres (transmission de la), 721, 734.
— Voy.' Rttomac, Vaeeinationê.
Syriogomyélie (de la), 438, 155, 178, 213,
262, 126.
Sff^ifgium jambolanum sur le diabète
artificiel (action du), 620.
Tabac. Voy. HyiUHe.
Tabbrlbt. Bronchites syphilitiques chez
des adultes, 480.
Tabès. — par suspension (traitement du),
53, 640. — (crises gastriques du), 188.
— (de la localisation du), 453. — avec
crises gaatriques et laryngées, 757. —
Voy. Àlasie.
Tagharo. Kyste hydatiqoe de la rate,
501.
Tsniaa (traitement des). 123, 780.
Taille. — périnéale médiane (suture après
la). 435. — bypogastriques pour calculs,
607.
Tait (0.). Apomorphine dans les em-
poisonnements, 454.
Tampon aseptique résorbable, 583.
Tamponnement intra-utérin, 746.
Tannin. — dans la fièvre typhoïde (lave-
ments de), 782. — dans la tuberculose
pulmonaire, 846.
Tappbinbr et ScRULZ. Action physiolo-
gique du fluorure de sodium. 634.
TaRCHanopp (ob). Production de courants
électriques dans la peau, 451. — Modi-
fication de l'albumine des OBvfs. 484.
Tarnier. Fœtus de trente-trois ans dans
le ventre maternel, 482. — Grossesse
qnadrigémellaire, 400.
Tarse par le procédé de Wladimiroff-
Mikulics (résection du), 282.
Tarseclomie. 700 885.
TartiArb (B.). Mutisme hystérique chez
un soldat, 520.
TeUhmann <la masse de), 232.
Teigne tondante (traitement de la), 475.
Teintures alcooliques avec les liqueurs de
Powler et de Pearson (mélange des),
606
Teiitier (B.). Nécrologie, 148.
Tendons (suture des), 734.
Tennebon. Syphilis héréditaire, 225.
Terphio dans les maladies du poaflM>n,
145.
TiRRiBit. Hystéropexie, 62, 75, 06. —
Gastrolomie pour corps étranger, 356
— DIvertieuIe du rectum, 608. — Cho-
lécystentéroetomie, 714. — Extirpation
du roctum, 748.
Tbrrillon. Salpingite, 28. — Myomes
utérins pédicules douloureux. 113. —
Néphrorriiapbie. 242. — Ovaro-salfdn-
gites, 354. — Ablation des myomcs
utérins par la voie vaginale. 856. —
Ovariotomie, 373.— Trépanation guidée
par les localisations cérébrales, 450. —
Pérlartbrite du genou, 701.— Salpingo-
ovarites tuberculeuses, 732. — Trépa-
nation de l'os iliaque. 740.
Testiculatre (effet des injections de li-
quide). 362, 405, 451.
Testicules. — (descente artificielle des),
263, 274, 471. — sur les fonctions
vitales (influence des), 862, 405, 451.
— Voy. Cytodiérète,
Tbstut. Traité d'anatomie humaine, 831.
Téuoio. Voy. Contracture.
Tétanos. — (étiologie dn^, 401, 107. 110,
183. 141, 201, 211. 265, 273, 291. 207.
900. — dans les ratons tropicales (pa-
thogénie da). 390, 411. —(contagion
clinique du), 401. — (origine du). 540.
— (microbe du), 589. — (nature et ori-
gine du). 610. — (transmission du), 710.
— (résisunce des germes du), 764. —
traomatlque guéri par la piloearpine,
790. — Voy. Nouveau-néi.
Télé. — (nerfs vaso-moteurs de la), 15.
—des vertébrés (méUmérie de la). 707.
Thalline (action de la), 660, 680.
Theiibn. Traitement de l'ostéomyélite
aiguë, 342.
Thérapeutique. — oculaire (mode de pré-
paration des substances employées en),
161. — (dictionnaire de), 107.
Thermoehimique (méthode), 420, 440.
Thermomètre dans les appartemento (va-
riNtioQs du), 682.
Th^vbnin et DB Variony. Dictionnaire
abrégé des selences physiques et natu-
relles, 710.
Thibm. Luxation de la mAchoire en ar-
rière, 195. — Tampon aseptique ré-
soriiable. 583.
Thimiam. Fibro-llpome de la capsule
cellulo-adipeuse du rein droit, 678.
Troinot. Microbes et microbie k l'Ezpo-
sition universelle, 586, 509.
Thomatbr. Circulation rétrograde dans
les veiaes, 452.
Thoracentèse. — (appareils à), 207. —
Voy. Pneumotkorax.
Thoraz (résection du), 696.
Thyol (action du), 633.
Thyroïde.— (effeto de l'ablation du eorpa),
682. — (cancer du corps), 699. —
(fonctions de la glande), 847.
TiLLAUX. Pied bot vams, 8S5.
TissiÉ. Hygiène du vélocipédiate. 499.
ToLBDO (Sanehes). Tranamission de hi
tuberculose, 311.
Torticolis (élongation nerveuse eonire
le), 766.
Tour de 300 mètres (azpériences physio-
logiques sur la), 764.
Trachée. — (physiologie de la), 678. —
(fistules de la). 735.
Transformisme en mtcrohiologio, 679,
700.
Transftesioa avec do sang de efalMi eha
des lapins, 150. 298.
Transport dea btoseëa. (H.
Trabbot. Aetioa de i'i«dore de potas-
sium sur la dreulafioR, 678. ~ Eti»-
lo|le du téUnos. 291 .
TRitLAT (Em.). Hygiène des habitation,
551.
TnéLAT (U.). Extirpation d'an anévrysne
artério-veiaeux, 54. — Opéraiiua
d'Alezander dans les rélroAezi«a* nié'
rines adhérentos, 62, 280.— Trailcmont
électrique do nyome atérin. 4il. —
Traitement dea anévrysmas artéri#
veineux, 605. — Cure radicale de U
hernie inguinale congénitale. 804.
Tremblement hyatériqne, 202.
Trépan. Voy. Crâne.
Trépanation, M7, 568, 882. - Voy. Lu-
catiiotiont,
Trmvbs. Typhlile et périiyphlile. (H7.
Teiairb (P.). Les difformes et los oia-
ladea dans l'art. 425.
Trichiasâa, 763.
Trichines (viulilé des), W&.
Trlchomanin, 370.
Traumatismes cérébranx et médnRaires
dans leurs rapports avec La «éécctae
légale, 555.
Trichophytie des eila, 808.
Triehophytoses (prophylaxie et traitement
des), 540.
Trichorraxis nodoaa, 200.
Trijumean (troobloB trepkiqnoe eonséca-
tifs à U section do), ifi.
Tripibr. Blépharoplasiie, 680. — Frac-
tures de la rotule, 711.
Troisibii. Pleurésiea métapnonmonigues.
70. — Pnenmotborax disas na accès
d'asthme gttéri.par la tlioraeeatèM. 744.
Troubsbau (A.). Thérapentiqne ocnlaire.
800.
Trzebicki. Traitement du goitre. 144.
Tubercules qoedr^umaans (physiologie
des), 788.
Tuhereoloae. — fénilo-«rinnirB, 30. —
papiilomato-cmsiaoéo, 74w — (alléana-
tiou de b), 143. — aoegleiqne. 193.
104. — (transmission 4e b). 111. —
chos le bœuf (nouveau badîle àê b),
485. 407. — (propbybzb de b). 489.
400, 506, 516, 521. 513. 550. S67. 570.
580, 705, 713. 785. 795, 842. -per Tair
chaud (traitement de b). 634. — (nn-
tritioo dans b). 701. — locale (traib-
ment de b). 710. 731. — (rénstanrs
variable des animaas à b). 713. —
xoogléiqne, 716. — en Albaagno (in-
fluence dn sol sur b propagalbn do b).
808. — (dissémination des baetibs de
la). 815. — Voy. MmfanU, Pamn,
PhthUU, etc.
Toptibr. Deaoente artiidoDe des leali-
cubs, 263. — NéphrocThapUe. «BTI.
Tumeurs. — malignos (éliologin et db-
gnostic des), 581 . — malignes (propriétés
pathogènes des microhos ce«tonaa dans
les), 583.
Typhlite. — (traitamont antisnpiifqne de
la). 225. — (de b). 617.
Typhoïde (fièvre). — par b nsétbode de
Brand (trailessent de b), 13. — dam
b première région de eorpa d'armée
(la). 78. — (digitab dans In). IfiS. ~
(sUUstique de b). 416, 481. — (pliénol
dans b), 502. —dans les h6pita«x (mw-
UUté par la), SU. — (réeldive de bi.
504. — des enbats (naphtol dans la).
643. - à Paris (la), 763. -. (étiologia
de b). 822, 828. — (inintiona inlesU-
nales dans la), 835. — Voy. Bntnt.
TVifinlii.
U
Ulcérations. — taberculeoana pv Vëôèê
saUcylIqne (traitoneat de), 145. — ta-
berenleuses par le naphtol cnmphie
(traitement des), 170.
TABLE DES MATIÈRES.
859
Ulcères do lYdmen, 40S.
Unna. Lichen, 540. — Tricbophytotct
540. ^ Dermatite herpëliforme, &4i.
Ural (de 1'). 767.
Uralium (!'), hypnotique nouveau, 277.
Urémie (traitement de 1'), 458.
Uretères. — (rupture do 1'). i9i. — (c«-
thëlérisme do»), 506. — de la peau du
flanc (greffe de 1'), 697.
Uréthro-vaginale (fistule), 646.
Urèthre. — (rtfirëcissement de 1'), 95,
697. — (suture de r),tiS. — ches la
femme (rosbiuration do 1'), 749.
Urinaircs. — (inloxication), 290. — (co,
caïne dans les maladies dos voies^ 538,
750. — ches les oiseaux (sécrétion),
632.
Urines. — (bactéries del*), 2i9. — dans la
pneumonie (pouvoir toxique de 1'). 246.
— (corps réducteurs des), 374. — des
diabétiques (dosage du sucre dans les),
452.- (toxicité des), 615. — (recherche
du sucre dans 1'), 798.
Urique (dosago de l'acide), 764.
Urobiiianrio (valeur diagnostique de V),
840.
Urticaire. — (pouls capilbire dans les
plaques d'), 74. — ches les enfants
715, 791, 805.
Utéro-orarien pendant la menstruation
(action des médicaments sur lo sys-
tème), 278.
Utérus. - (opération d'Alexander dans
les rétroflexions de i'), 02. — (myomes
pédicules douloureux de 1% 113. —
(traitement des déviations de T), 230,
244. — (rétro-déviaUons de T), 263.—
par b voie vaginale (ablation des
myomes do 1'), 356.— pendant la gros-
sesse et raecouebeoMnt (segment infé-
rieur de 1'), 359. — (traitement des
myomes do V), 373, 438. — par l'élec-
tricité (traitement dtfs myomes de T),
388. 404, 42i. — gravide (hernie om-
bilicale de V), 508.— (traitement élec-
trique des myomes de 1'), 734. — (trai-
tement des déviations de 1*), 734. —
(physiologie du col de 1'), 734. —guérie
par la laparotomie (ruptures de 1'), 745.
— et placenta prsvia (segoMnt inférieur
de I'), 746. — par lo seigle ergoté
(contractions do 1'), 746. — non-effiice-
ment du col pendant la grossesse, 746.
— (rétro-dévialions de 1'), 829. — (fi-
brome de 1'), 844.
VaccinaUon. — (nécessité de la), 141. —
animale et jennérienne, 249. — dsns
rarniée. 550.
Vaccine .— dans le Gard, 150. — (accidents
dut à la), 606, 618. — ulcéreuse et sy-
philis vaccinale, 62t. — ulcéreuse, 769,
779, 793, 794.
Vachbr (L.). Haladiet des yeux, 702.
Vaillakd. Étiologic de la fièvre typhoïde,
8K.
Vaisseaux (Injection d'eau salée dans les) .
31.
Val-de-Grâce (nouvelle organisation du),
203.
Vallin. Discours à l'inauguration de
l'École du service de santé militaire de
Lyon, 199. — Action du sol sur les
germes pathogènes, 549.
Varicelle (néphrite consécutive à la), 180.
Varices viscérales par le chardon marie
(traitement dos), 717.
Varicocèle. Voy. Impuiuanee,
Variole (traitement antiseptique de la),
815
Variot. Effet des injections de liquide
testieulaire, 45i.
Varnibr. Céphalotribe et liasiotribe, 203.
— Patiim.
Vascttlairo des animaux et des végétaux,
567.
Vaslin. Traitement des anévrysmes des
membres supérieurs, 606.
Vaso-moteurs (élude des phénomènes),
i27.
Vassil. AssisUnce publique en Serbie,
553.
VaUOUAII. Empoisonnement par le soufre,
389.
Veines (circulation rétrograde dans les),
452.
Vbit. Grossesse extra-utérine, 647. —
Technique de l'opération césarienne,
745.
Vélocipédiste (hygiène du), 439.
Ventro-fixalion, 646.
Veratrum viride (action du), 405, 638.
Vbrnbuil. Nouveaux faits confirmant l'ori-
gine éqnine du téUnos, 107, 141, 177,
192. — Rapport sur le tétanos. 211,
309. — Abcès sous-périostiques k
pneumocoques, 565. — Propriétés pa-
thogènes des mierobes contenus dans
les tnmeurs malignes, 583. — Traite-
ment des tuberculoses locales, 710. —
Traitement du prolapsus du rectum.
812.
Vbrnbuil et Clado. Abcès spirillaircs.
125. — Identité de l'éryslpèle et de la
lymphangite aiguë, 260. — Prolapsus
recul, 665.
Verres à surface torique et périscopiques,
568.
Verruga du Pérou, 599.
Version par manœuvres externes, 162.
Vertébrale (mécanisme des fractures indi-
rectes de la colonne), 651.
Vertige de Ménière ches un goutteux,
188.
Vessie. — sans sonde (lavage de la), 128.
— (évacuation manuelle de la), 231. —
(snture de h), 263. 275. — (calculs de
la), 434. — (exstrupfaie de la). 436. —
(des névralgies de la), 458. — ches la'
femme (calculs de la), 647. — (cure
radicale de l'exstrophie de la), 697. —
Voy. Cyitotcopie.
VlBBRT. Traumatisœes cérébraux et mé-
dullaires dans leurs rapports avec la
médecine légale, 555.
Vidal. Lupus érythéoiateux de la bouche,
225. — Syphilide tertiaire superllcietle,
225. — Èpithélioma sébacé, 225. —
Pityriasis pilaire, 379. — Lupus éry-
thémateux des mains, 380. — Du
lichen. 540. — Trichophytoses, 540.
ViBDOW. Laparotomie pour ruptures
utérines, 745.
ViolBR. Savon antiseptique ou chirurgi-
cal, 38. — Naphtol et phénols cam-
phrés, 52 — Sur l'huile gri«e, 69. —
L.avements narcotiques, 106. — Injec-
tions hypodermiques de lactate de
quinine, 170. — Conservation des solu-
tions pour injections hypodermiques,
187. — Incompatibilité du salicylate
de soude et de l'anllpyrine, 206. —
Des pommelés mucilaglncuses, 237,
284. — Potion an baume de Tolu, 366. —
Phosphate acide do chaux, 507. — Sur
los mélanges de teintures alcooliques
avec les liqueurs de Fowler et de
Pearson, 606. — Pommade è l'acide
suif urique, 775. — Savon vert contre
certaines dermatoses, 803.
Vignes. Tuberculoses locales. 731.
ViLLBiliN. Prophylaxie de la tuberculose.
409, 533. 713.
ViLLBHiN (P.), pa$Hm.
Villes françaises (assainissement des),
557.
Vipère (morsure do la), 191.
Virus. — (atténuation des), 133, 140. —
(variabilité d'action des), 810.
Vision binoculaire, 701.
Vitré au point de vue physiologique
(corps), 422.
Vœlker. Corps étranger! articuhdres,
129.
Voisin (A.). Indication de l'hypnotisme
et de la suggestion, 548.
VOLXMANN (P.). Prolapsus du rectum,
814.
Vomissements. Voy. GroMittie.
Vue (hygiène de la). 763.
W
Wahl (von). Diagnostic de l'occlusion
inlesUnale. 445.
Wallbr. Phénomènes électriques do la
contraction cardiaque, 29, 632.
Watbon. Traitement de Thypertrophie
prostatique, 374.
WbbbrI. Electricité et massage, 847.
Wkckbr (de). Opération de la cataracte,
543.
Weckbr (de) et Landolt. Traité d'oph-
thalmologle, 423.
Wehr Greffe du cancer ches le rat, 582.
WeU (la maladie de), 441.
Wbrtu. Tuberculose géniulo. 646. —
Grossesse extra-utérine, 646.
Wbrthbimbr et Mbybr. Rythm» du
cœur et formo du pouls, 15. — Carac-
tères spectroscopiques de la bile. 140.
West Roosbvblt. Le nitrite de cobalt
et de potasse comme médicament vas-
culaire, 77.
WiDAL (F.). Diphthérie et paralysie diph-
ihéritiquo. 36. -• Pauim.
WiBDOW. Abcès pelviens, 647.
WlNCKBL. Grossesse extra-utérine, 647.
WiNOCRADOFP. Plaies de l'abdomen,
598.
Wladinirofp-Mikulics (opération de).
Voy. Pied, Tarte.
Wœlpler. G cffes do muqueuses, 129.
WoLFF (J.). Opération précoce du bec-de-
lièvro, 342. — Palmure du jarret,
342.
WoRMS (J.). Diabète è évolution lento et
son traitement, 813.
WORTHINOTON. Chimie, botanique, soo-
logie, etc., 847.
WURTZ et M'tSNY. Action du sol sur h>s
germes pailiogènes, 540.
Xamhélasma. 681, 693.
Xanthome glycosurique, 379.
Veux (maladies des), 702.
YvBRNBS. Alcoolisme, 544.
Y VON et Berlioz. Liqueur de Fehiing, 402.
Zacuariadbs. Structure de l'os normal
245, 716.
Zamdaco. Lèpre en Turquie. 533.
Zbidlbr. Trépanation pour fracture du
crâne. 410.
Zbrnbr. Action de la pyrodinc, 619.
Zrzas. Gastrotomie, 342.
ZtBHSSBN (de). Différentes phases de la
révolution cardiaque, 808.
Zona de l'épaule, 40.
Zone motrice (ablation de la), 615.
Zi>ologie. — médicale, 295. — (Notes de),
847.
TABLE DES FIGURES
Topographie de l'analgésie et de la therroo-aaeathésie dans an cas de syringo-
myélie, 157.,
Cystoscope, 167.
Calculs et tumeui's de la vessie, 169, 170.
Pèse-bébé. 190.
Baslotribe de Tarnier, 205.
AppareiUâ thoracentèse, 207.
Injecleur sous-cutané, 240.
Lobes occipitaux ramollis, 609.
Tracé cardiographique pris au niveau do la poche do l'anévrysmc aortiquc, 776.
Pièce auaiomique relative à un anévrysme cupuliforme de l'aorte, 777.
PIN DIS TABLES
21573. — MOTTIROK.— Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris.
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